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WHITNEY LIBRARY,
HARVARD UNIVËRSITY.
THE GIFT OF
.1. I). WHITNEY,
Stwffis FToqper Professor
MUSEUM OF COMPARATIVE Z00L0GY
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PARIS. — IMPRIMERIE DE MALLET-BACHÏLIER, RUE OE SEINE-SAINT-GERMAIN, IO. PRES L INSTITIT.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
CONFORMEMENT A UNE DECISION DE L'ACADEMIE
Oit cette vu <i3 c)uiWe^ *835
PAR MM. LES SECRETAIRES PERPÉTUELS
TOME CINQUANTE-SIXIÈME.
JANVIER — JUIN 1863.
PARIS,
MALLET- BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES KENDUS DES SÉANCES DE LACADÉM1E DES SCIENCES,
Quai des Augustins, N° 55.
1805
ÉTAT DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
AU Ie" JANVIER 1863.
SCIENCES MATHEMATIQUES
Section Ire. — Géométrie.
Messieurs :
Lamé (o. $) (Gabriel).
Chasles (O. &) (Michel).
Bertrand f; (Joseph-Louis-François).
Hermite $ (Charles).
Serret © (Joseph-Alfred).
Bonnet & (Pierre-Ossian).
Section H. — Mécanique.
Le Baron Dupin (g. c. $) (Charles).
Poncelet (g. o. $g) (Jean-Victor).
Piobert (G. 0.$) (Guillaume).
Morin (c.$) (Arthur-Jules).
Combes (c.^s) (Charles-Pierre-Mathieu).
Clapeyron (o. $0 (Benoît- Paul -Emile).
Section III. — astronomie.
Mathieu (o. ®) (Claude-Louis).
Liouville (o. &) (Joseph).
Laugier ^ (Paul- Auguste-Ernest).
Le Verrier (c. $&) (Urbain-Jean-Joseph).
Faye (o. &) (Hervé-Auguste-Élienne-Albans).
Delaunay ^ (Charles-Eugène).
Section IV. — Géographie et Navigation.
Duperrey (o. ^) (Louis-Isidore).
Bravais (o.&) (Auguste).
De Tessan (o. ;g) (Louis-Urbain, Dortet).
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section "V. — Physique générale.
eivs :
Becquerel (o. $) (Antoine-César).
Pouillet (o.gj) (Claude-Servais-Mathias).
BaBINET $ (Jacques).
Duhamel (o. %) (Jean-Marie-Constant).
Dkspretz (o. $) ( César-Mansuete).
Fizeau ^ (Armand-Hippolyte-Louis ).
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie.
Chevreul (c.&) (Michel-Eugène).
Dumas (g.o. $) (Jean-Baptiste).
Pelouze (c.$) (Théophile-Jules).
Regnault (o.$) (Henri-Victor).
Balakd (o. &) (Antoine- Jérôme).
Fremy (o. $?) (Edmond).
Section VII. — Minera locjie.
Delafosse (o. $) (Gabriel).
Le Vicomte d'Archiac & (Étienne-Jules-Adolphe Desmier de Saint-
Simon).
Sainte-Claire Deville (o. ^) (Charles-Joseph).
Daubrée (o. ^) (Gabriel-Auguste).
Sainte-Claire Deville (o. ^) (Étienne-Henn).
Pasteur ® (Louis).
Section VIII. — Botanique.
Brongniart (o. $) (Adolphe-Théodore).
Montagne (o. $) (Jean-François-Camille).
Tulasne $ (Louis-René).
Moquin-Tandon & (Horace-Bénédict-Alfred).
Gay •& (Claude).
DUCHARTRE @ Pierre-Étienne-Simon).
ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES.
Section IX. — Economie rurale.
Messieurs :
Boussingault (C.$) ( Jean-Baptiste-Joseph-Dieudonné
Payen(o.$) (Anselme).
Rayer (c. ^) (Pierre-François-Olive).
Decaisne (o. $) (Joseph).
Peligot (o. $) (Eugène-Melchior).
N
Section X. — Anatomie et Zoologie.
Edwards (c.S) (Henri-Milne).
Valenciennes ® (Achille).
Coste ^ (Jean-Jacques-Marie-Cyprien-Victor).
Quatrefages de Bréau & ( Jean-Louis-Armaiid de'
Longet (o. ®) (François-Achille).
Blanchard $ (Charles-Emile).
Section XI. — Médecine et Chirurgie.
Serres (c. ®) (Étienne-Renaud-Augustin).
Andral (C #) (Gabriel).
Velpeau (c. $) (Alfred-Armand-Louis-Marie).
Bernard $ (Claude).
Cloquet (c.$) (Jules-Germain).
Jobert de Lamralle (c. $) (Antoine-Joseph;.
SECRETAIRES PERPETUELS.
Eue de Beaumont (G.O.^)(Jean-Baptiste-Armand-Louis-Léonce),
pour les Sciences Mathématiques.
Flourens(g.o. !$) (Marie-Jean-Pierre), pour les Sciences Physiques.
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
ACADÉMICIENS LIBRES
Messieurs :
Le Baron Séguier (o.&) (Armand-Pierre).
Civiale (O. $) (Jean).
Bussy (o. $) (Antoine-Alexandre-BrutusV
Delessert (o.$) (François-Marie).
Bienaymé (o. $) (Irénée-Jules).
Le Maréchal Vaillant (g.c.#) (Jean-Baptiste-Philibert).
Verneuil f! (Philippe-Edouard Poulletier de).
Le Vice-Amiral Du Petit-Thouars (g.c. $) (Abel Aubert).
Passy (c.#g) (Antoine-François).
Le Comte Jaubert (o. $) (Hippolyte-François).
ASSOCIÉS ÉTRANGERS.
Faraday (c.$) (Michel), à Londres.
Brewster (o. &) (Sir David), à Saint- Andrew, en Ecosse.
Mitscherlich, à Berlin.
Herschel (Sir John William), à Londres.
Owen (0.$) (Richard), à Londres.
Le Baron Plana (o. $) (Jean), à Turin.
Ehrenberg , à Berlin.
Le Baron DE LlEBlG (o. $) (Justus), à Munich.
CORRESPONDANTS.
Nota. I.e règlement du 6 juin 1808 donne à chaque Section le nombre de Correspondants suivant
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Section Ire. — Géométrie (6).
Hamilton (Sir William-Bowan), à Dublin.
Le Besgue $, à Bordeaux, Gironde.
Steiner, à Berlin.
Tchébychef, à Saint-Pétersbourg.
K.UMMER, à Berlin.
N
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. i
Section II. — Mécanique (6).
Messieurs :
Burdin $, à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme.
Seguin aîné # (Marc), à Montbard, Cole-dOr.
Moseley, à Londres.
Fairbairn^ (William), à Manchester.
Bernard (c. ^), à Saint-Benoît-du-Saulx, Indre.
N
SectioxIII. — astronomie (16).
Le Général Sir Thomas Brisbane, en Ecosse.
Encke, à Berlin.
Valz &, à Marseille, Bouches-du-Rhône.
Struve (c.®), à Pulkowa, près Saint-Pétersbourg.
Airy^ (Biddell), à Greenwich.
L'Amiral Smyth, à Londres.
Petit $g, à Toulouse, H au te- Garonne.
Hansen, à Gotha.
Santini, à Padoue.
Argelander, à Bonn, Prusse Rhénane.
HlND, à Londres.
Peters, à Altona.
Adams (J.-C), à Cambridge, Angleterre.
Le Père Secchi, à Borne.
N
N
Section IV. — Géographie et Navigation (8).
Le Prince Anatole de Démidoff, à Saint-Pétersbourg.
d'Abbadie^ (Antoine-Thomson), à Urrugne, près Saint-Jean-de-Luz,
Basses-Pyrénées.
L'Amiral de Wrangell, à Saint-Pétersbourg.
Givry (o. &), au Goulet près Gaillon, Eure.
L'Amiral Lùtke, à Saint-Pétersbourg.
Bâche Dallas, à Washington.
De Tchihatcheff, à Saint-Pétersbourg.
N.
C. R., iS63, i" Semestre. (T. LVI, 1\° |.) 2
IO ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section V. — Physique générale (g).
Messieurs :
Barlow, à Woolwich.
De La Rive >fè (Auguste), à Genève.
Hansteen, à Christiania.
Marianini, à Modène.
Forbes (James-David), à Edimbourg.
Wheatstone &, à Londres.
Plateau, à G and.
Delezenne $, à Lille, Nord.
Matteucci, à Pise.
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie (9).
BÉRARD ®, à Montpellier, Hérault.
Rose (Henri), à Berlin.
W6hler(o.^), à Gôttingue.
Graham, à Londres.
Bunsen (o. $), à Heidelberg.
Malaguti (o. ®), à Rennes, Ille-el- Vilaine.
Hofmann, a Londres.
N
N
Section VII. — Minéralogie (8).
Rose (Gustave), à Berlin.
d'Omalius d'Halloy, près de Ciney, Belgique.
Murchison (Sir Roderick Impey), à Londres.
Fournet $, à Lyon, Rhône.
Haidinger, à Vienne.
Sedgwick, à Cambridge, Angleterre.
Lyell, à Londres.
Damour, à Villemoisson, Seine-et-Oise.
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, 'il
Section VIII. — Botanique (10).
Messieurs :
De Martius, à Munich.
Théviranus, à Bonn, Prusse Rhénane,
Mohl (Hugo), à Tiïbingue.
Lestiboudois <$ (Gaspard-Thémistocle), à Lille, Nord.
Blume, à Leyde, Pays-Bas.
Candolle m (Alphonse de), à Genève!
Schimper $ , à Strasbourg, Bas-Rhin.
Hooker (Sir William), à Kew, Angleterre.
Thuret, à Antibes, Far.
Lecoq, à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme.
Section IX. — Economie rurale (10).
Bracy-Clark, à Londres.
Girardin (O.^), à Lille, Nord.
Kuhlmann (o.«j), à Lille, Nord.
J. Lindley, à Londres.
Pierre fj (Isidore), à Caen, Calvados.
Chevandier &, à Cirey, Meurlhe.
BEISET # (Jules), à Écorcheboeuf, Seine-Inférieure.
Le Marquis Cosimo Bidolfi, à Florence.
Benault (o. §?), à Maisons-Alfort, Seine.
N
Section X. — Anatomie et Zoologie (10).
Dufour.^ (Léon), à Saint-Sever, Landes.
Quoy (c.^<), à Brest, Finistère.
Agassiz, à Boston, États-Unis.
Eudes-Deslongchamps $è, à Caen, Calvados.
POUCHET &, à Rouen, Seine- Inférieure.
Von Baer, à Saint-Pétersbourg.
Carus, à Dresde.
NORDMANN à Helsingfors, Russie.
Purkinje, à Breslau, Prusse.
Gervais, à Montpellier, Hérault.
12 ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section XI. — Médecine et Chirurgie (8).
Messieurs :
Panjzza, à Pavie.
Brodie (Sir Benj.), à Londres.
Sédillot (0.$), à Strasbourg, Bas-Rhin.
Guyon (c.$), à Alger.
De Virchow (Rodolphe), à Berlin.
Denis (de Commercy), àToul, Meurthe.
N
N
Commission pour administrer les propriétés et fonds particuliers
de [Académie.
Poncelet.
Chevreul.
Et les Membres composant le Bureau.
Conservateur des Collections de l'Académie des Sciences.
Becquerel.
Changements survenus dans le cours de l'année 1862.
(Voir à la page 1 4 de ce volume.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 3 DÉCEMBRE 1862.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA
COMMISSION ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'un Vice-
Président qui, cette année, doit être pris parmi les Membres des Sections
de Sciences mathématiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 50 (majo-
rité 3 1 ),
M. Morin obtient.. . . * 3i suffrages.
M. Laugier a3 »
M. LlOUVILLE I »
M. Delaunay i »
M. Morin, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé Vice-Président pour l'année i863.
Conformément au Règlement, le Président sortant de fonctions doit,
avant de quitter le Bureau, faire connaître à l'Académie l'état où se trouve
l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements arrivés parmi
les Membres et les Correspondants de l'Académie pendant l'année 1862.
M. Duhamel, Président pendant l'année 1862, donne à cet égard les ren-
seignements suivants :
'4 )
Etat de t l'impression des Recueils de l' Académie au {"janvier 1 863.
Volumes publiés.
ci Mémoirts de i Académie. — Le tome XXVI a paru dans le courant de
l'année 1862.
» Mémoires des Savants étrangers.— Les tomes XVI et XVII ont également
paru dans le courant de l'année 1862.
» Comptes rendus de L'Académie. — Les tomes LU (ier semestre 1 86 1),
LUI (2e semestre 1 86 1) et LIV (ier semestre 1862) ont été mis en distribu-
tion, avec leurs tables.
Volumes en cours de publication.
» Mémoir es de T Académie . — TomeXXXII : il y asoixaute-quatorzefeuilles
imprimées et douze en copie. (Mémoire de M. Becquerel.) — Tome XXXIV:
il y a soixante-treize feuilles imprimées, trois en épreuves et cinq en copie.
(Ce volume est en entier de M. Chevreul.)
» Mémoires des Savants étrangers. —Tome XVIII : il y a quatorze feuilles
tirées et seize à tirer pour le Mémoire de M. Doyère, et huit feuilles en
épreuves et six en copie pour le Mémoire de M. Phillips.
» Comptes rendus de l'Académie. — Les Comptes rendus ont paru, chaque
semaine, avec leur exactitude habituelle.
Changements arrivés parmi les Membres depuis le Ier janvier 1862.
»
Membres élus.
» Section d Analomie el Zooloi/ie : M. Blanchard, le 10 février 1862, en
remplacement de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.
» Section de Géométrie : M. Ossian Bonnet, le iZj avril 1862, en remplace-
ment de M. Biot.
» Section de Minéralogie : M. Pasteur, le 8 décembre 1862, en remplace-
ment de M. de Senarmont.
Membres décédés.
» M. Biot, le 3 février 1862; M. de Senarmont, le 3o juin 1862:
M. le comte de Gasparin, le 7 septembre 1862.
Membres à remplacer.
» Section d Economie rurale : M. le comte de Gasparin.
( i5 )
Changements arrivés parmi les Correspondants depuis
le 1er janvier 1862.
Correspondants élus.
» Section de Minéralogie : Sir Charles Lyell, à Londres, le 20 janvier
1862; M.Damocr, à Villemoisson (Seine-et-Oise), le 21 avril 1862.
Correspondants décédés.
>. Section de Géométrie : M. Ostroguadski, à Saint-Pétersbourg, le
ier janvier 1862.
>■ Section de Médecine et Chirurgie : M. Bretonneau, à Tours, le 1 8 février
1862.
» Section d'Economie rurale : M. Vilmorin, aux Barres (Loiret), le
21 mars 1862.
» Section de Géographie et Navigation : Sir James Clark Ross, à Londres,
le 5 avril 1862.
» Section d! Astronomie : M. Carlini, à Milan, le 29 août 1862.
» Sectionde Chimie: M. Desormes, à Verberie (Oise), le 3o août 1862.
Correspondants à remplacer.
» Section de Géométrie : M. Ostroguadski, à Saint-Pétersbourg.
» Sectionde Mécanique : M. Eytelwein, à Berlin. (Mort le 18 août 1849)
» Section d'astronomie : M. Ito.xo, à Cambridge (Etats-Unis). (Sa mort a
été annoncée par M. Le Verrier dans la séance" du 21 mars i85g.)
M. Carlini, à Milan.
» Section de Géographie et Navigation : Sir James Clark Ross, à Londres .
» Section de Chimie : M. le baron de Lierig, à Munich, nommé Associé
étranger, le i3 mai 1861; M. Desoumes, à Verberie (Oise).
» Section cV Economie rurale : M. Vilmorin, aux Barres ( Loiret).
» Section de Médecine et Chirurgie : M. Maunoir, à Genève (mort le
16 janvier 186 il; M. Bretonneau, à Tours.
NOMINATION DE LA COMMISSION ADMINISTK ATI VE.
« A propos du renouvellement des Membres de la Commission adminis-
trative, M. Poncelet réclame la parole pour remercier ses confrères de la
bienveillance avec laquelle ils l'ont, depuis tant d'années, honoré de leurs
suffrages à ce sujet.
« Ne pouvant désormais remplir cette importante et utile mission, avec
( '6 )
l'exactitude qu'il juge indispensable, il les prie de vouloir bien reporter leurs
votes sur des confrères moins empêchés que lui d'accomplir les devoirs que
cette mission impose. »
M. le Secrétaire perpétuel exprime l'espoir que pour cette fois encore
M. Poncelet voudra bien, si ses confrères le désignent, faire partie de la
Commission.
D'après les résultats du scrutin, MM. Chevreul et Poxcelet, qui ont réuni
lé plus grand nombre de suffrages, sont déclarés Membres de la Commission
rentrait' administrative.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Exjiériences sur les effets de ventilation produits par
les cheminées d appartement ; par M. le Général Morin.
" Je me propose dans cette Note de faire connaître et de discuter les résul-
tats des expériences exécutées par mes soins sur des cheminées ordinaires;
mais je dois prévenir qu'il ne faut pas s'attendre à trouver dans ces résultats
la concordance que l'on peut espérer dans d'autres études de physique
mécanique. L'excessive mobilité de l'air, l'influence qu'exercent sur sa den-
sité, sur ses mouvements, les moindres variations de température, ainsi que
celles des vents, les circonstances même les plus imprévues, sont autant de
causes de perturbations dans les effets à observer, et dès lors tout ce que
l'on peut se flatter d'obtenir dans des expériences d'ensemble qui, la plupart
du temps, ne peuvent pas être très-prolongées, ce sont des résultats moyens
d'où il soit possible de conclure pour la science la confirmation des lois
générales déduites des principes de la théorie, et, pour l'art, quelques con-
séquences, quelques règles pratiques, qui, appliquées avec prudence, avec
une certaine latitude et non d'une manière trop absolue, conduisent à la
solution des problèmes cpie l'ingénieur doit résoudre.
» C'est dans cette vue à la fois scientifique et pratique que j'ai entrepris
les expériences suivantes.
» Expériences air les cheminées d'appartement. — Les expériences dont je
me propose de faire connaître et de discuter les résultats, ont eu pour objet
de déterminer les volumes d'air que peut évacuer une cheminée ordinaire
d'appartement dans diverses circonstances, soit par la seule action de la
ventilation naturelle, soit avec le concours d'un chauffage plus ou moins
ictif, et de comparer les résultats de l'observation à ceux que fournissent
( I? )
les formules déduites de la théorie. J'ai choisi à cet effet la cheminée du
cabinet de la direction du Conservatoire des Arts et Métiers. Cette pièce
peut à volonté être chauffée par une bouche de chaleur dépendante d'un
calorifère à air chaud et par le feu allumé dans la cheminée. J'ai profité de
cette circonstance pour faire varier le mode d'introduction de l'air, en
tenant, selon les cas, la bouche de chaleur ouverte ou fermée.
» On a d'abord mesuré à diverses reprises le volume d'air dont la
cheminée déterminait l'évacuation par le seul effet de la différence de
température de l'air extérieur et de l'air intérieur sans le concours du
chauffage.
» Ce volume constituait ce que l'on peut appeler la ventilation naturelle
de la cheminée, au moment de l'observation, et il était nécessaire de le
connaître, au moins approximativement dans chaque cas, pour le déduire
de celui qui devait être évacué par l'action des divers combustibles
employés. Il convient cependant de faire remarquer que cette ventilation
naturelle est tres-variable, que, comme elle dépend tout à fait des diffé-
rences des températures intérieure et extérieure, elle peut, dans certains
cas, non seulement devenir nulle, mais même se produire en sens contraire.
Il importe donc beaucoup pour de semblables expériences de constater
d'abord sa marche et son intensité.
» Il est résulté de ces premières expériences que, par des températures
extérieures de + i°,8 à io°et des températures intérieures de 18 etde22°,
il passait en moyenne par la cheminée de cette pièce environ 4oo mètres
cubes d'air par heure.
» Ce cabinet destiné à une seule personne et dans lequel il s'en réunit
accidentellement dix à douze pour quelques instants, est donc alors très-suf-
fisamment ventilé par la seule action apiratoire de la cheminée, même
quand il n'y a pas de feu.
« Des expériences directes ont montré que le volume d'air ramené à 200
que la bouche de chaleur introduisait dans la pièce était de 1 57 mètres
cubes par heure quand il affluait à des températures comprises entre 700 et
ioo°, et de ia3 mètres cubes seulement quand il n'arrivait qu'à 45°.
» Ce résultat, qui montre combien le volume d'air fourni par les calori-
fères croît avec le degré d'échauffenient qui lui est communiqué, explique
comment les constructeurs sont conduits à élever la température de l'air
fourni par ces appareils.
« On verra d'ailleurs plus loin que ce volume d'air amené par la bouche
de chaleur croît aussi avec l'énergie de l'appel fait par la cheminée.
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° i.) 3
( «8 )
» Volumes d'air introduits par les joints des portes et des fenêtres. — Les
observations que nous venons de rapporter ont été faites en même temps
que celles qui ont été exécutées sur la cheminée non chauffée et dont il a
été question plus haut.
» Par conséquent, si du volume d'air évacué par la cheminée on
retranche celui qui a été introduit par la bouche de chaleur ramené à la
température de la pièce, le reste donnera le volume d'air à la même tempé-
rature qui s'était introduit par les joints des portes et des fenêtres. Il s'est
élevé dans ces expériences à 246 mètres cubes par heure, pour àeux portes
et deux fenêtres.
» Expériences sur les effets de ventilation produits par les cheminées au
moyen de la consommation directe de divers combustibles. — Pour parvenir à
déterminer ces effets dans des conditions convenables, j'ai commencé par
faire améliorer la construction de la cheminée, afin d'y diminuer le plus
possible les tourbillonnements, les pertes de force vive qui en résultent et
dont j'ai montré dans une Note précédente l'influence considérable sur les
mouvements de l'air. La hotte de la cheminée a été réduite de manière à ne
présenter à sa base qu'un passage de om,/jo de largeur sur om, 22 de pro-
fondeur, régulièrement raccordé avec son conduit rectangulaire supérieur.
Par suite de ces modifications, la contraction de l'air à l'entrée a été sensi-
blement annulée, les tourbillonnements supprimés, et le mouvement de
l'air s'est graduellement accéléré depuis le bas jusqu'au conduit.
» Le chauffage a eu lieu successivement avec du bois, avec de la houille,
et avec du gaz, eii tenant compte des quantités consommées.
» Sans rapporter ici tous les détails des résultats obtenus, je me conten-
terai de signaler les principales conséquences des séries d'expériences faites
sur deux cheminées.
» La première de ces cheminées, dans laquelle il n'y avait pas d'appareil
à grille creuse et dont les conduits avaient été raccordés, comme je viens de
le dire, de manière à éviter autant que possible les tourbillonnements et les
pertes de force vive, a évacué de iaoo à i3oo mètres cubes d'air par heure
avec une consommation de 8kil,26 de bois par heure.
» La seconde, dont l'entrée était en partie obstruée par un appareil à
grille creuse et qui était moins bien disposée à l'intérieur, n'a évacué que
835 mètres cubes d'air par heure avec une consommation de 8kl1, 88 de bois
par heure.
» L'excès de la température dans la cheminée sur la température exté-
rieure était d'ailleurs peu différent dans les deux cas et même inférieur dans
le premier.
( -9)
» Le volume d'air nouveau introduit par la bouche de chaleur de l'ap-
pareil à grill e de la seconde cheminée n'a été que de 19 mètres cubes par
heure ou -~ du volume total évacué par cette cheminée, et sa température
à la sortie de la bouche était de i32°.
» Quantité de chaleur communiquée à l'air par la combustion du bois. —
Connaissant le volume d'air appelé par la cheminée, sa température initiale
et celle qu'il avait acquise, il a été facile de calculer, dans chaque cas, le
nombre d'unités de chaleur qui lui avaient été communiquées, et qu'il avait
emportées sans utilité pour le chauffage de l'appartement.
» Ces quantités de chaleur ont été :
Dans la cheminée sans appareil à grille \ le 19 mars... 3279 calories,
d'introduction d'air nouveau Me 12 avril. . . 4 '9' "
Moyenne. . . 3y35 »
Dans la cheminée avec appareil ù grille, le 4 juin 2796 »
» On voit par ces nombres que la cheminée ouverte a utilisé pour la
ventilation toute la chaleur qu'a développée le bois, et qui pour le bois bien
sec est d'environ 36oo calories.
» La cheminée avec appareil à grille de circulation d'air nouveau, offrant
une assez grande surface de dispersion de la chaleur, a donné un résultat
moins favorable. 11 y a lieu cependant de croire que, dans un chauffage con-
tinué plus longtemps, les masses voisines de maçonnerie peu conductrices
étant parvenues à une température normale, l'utilisation delà chaleur s'ap-
procherait de la valeur obtenue avec la première cheminée.
» Chaujjcuje à la houille. — Des expériences analogues aux précédentes
ont été exécutées dans la cheminée sans grille creuse, en y brûlant de la
houille sur une grille, dont on a fait varier la disposition, afin d'obtenir les
résultats les plus favorables au point de vue de la ventilation. Sans en
reproduire les résultats en détail, je me bornerai à en signaler les consé-
quences principales.
» La plus importante c'est que, à l'aide d'une cheminée ordinaire d'ap-
partement des proportions en usage dans les constructions actuelles, on
peut augmenter la ventilation naturelle de 3oo mètres cubes d'air par kilo-
gramme de houille brûlée, et, comme on peut facilement y brûler L\ kilo-
grammes de houille par heure, il s'ensuit que le volume d'air qu'une sem-
blable cheminée d'appartement est susceptible d'évacuer, peut être élevé
à 1200 mètres cubes au moins par heure. L'expérience montre aussi que
la quantité de chaleur emportée par l'air évacué s'élève à 6000 ou 65oo uni-
3..
( ™ )
tés par kilogramme de charbon brûlé, c'est-à-dire aux ^ au moins de la
chaleur totale développée par le combustible.
» Emploi du gaz d'éclairage pour activer la ventilation dans les appartements.
— Si l'usage d'un foyer alimenté par le bois ou par la houille produit dans
une cheminée ordinaire un appel énergique, il serait la plupart du temps
difficile d'y recourir pour assurer la ventilation d'appartements dont on vou-
drait empêcher la température de s'élever; on pourrait cependant y parve-
nir à l'aide de dispositions convenables. Mais il est évident qu'il est facile
de remplacer ces combustibles par le gaz que l'on peut, à l'aide de tuyaux
d'un petit volume, faire brûler dans l'intérieur de la cheminée, sans que la
flamme soit apparente et répande ni chaleur ni odeur à l'intérieur.
» Expériences sur les effets de ventilation produits dans une cheminée d'appar-
tement par la combustion du gaz. — Pour réaliser des expériences directes sur
la ventilation d'un appartement an moyen de la combustion du gaz, j'ai
fait disposer dans la cheminée où ont été faites les expériences précédentes
un conduit de forme rectangulaire de om,265 de longueur sur om,io de lar-
geur, communiquant avec un tuyau de conduite du gaz d'éclairage. Cent
six trous ont été percés dans ce tuyau.
» Un compteur établi sur le conduit d'arrivée indiquait le volume du gaz
consommé, lequel était d'ailleurs assez régulier, Des thermomètres placés à
l'extérieur et à l'intérieur du cabinet donnaient les températures. Quant à
celle de l'air qui passait par la cheminée, elle était a l'arrivée la même que
dans le cabinet, et au-dessus du tuyau à gaz elle était indiquée par un ther-
momètre particulier.
nAPPORT
VOLUME
AC-
nomun E
NOMBRE
de
VITESSE
TEMPÉRATURES
d'air
CROIS-
d'unités
d'unités
la densité
de l'air
appelé
SEMENT
de
VOLL'ME
de
de
dans
VALEUR
par
de
chaleur
du gaZ
chaleur
évacué
l'air du
le con-
de
DATES.
nrrÉRiEURE.
la che-
tempé-
reçues
brûlé
déve-
par
cabinet à
duit de
tf=T.
1 X1L-
minée
rature
par 1 air
en
loppées
mètre
celle
la che-
, —
—
en
éprou-
(olal
i iieure.
par
cube
de l'air
minée
RiEilitE
Ca-
binet.
Cbe-
raiiiée.
l heure
Total.
vé par
l'air.
évacué ■
mètre
culie de
gaz.
de gaz.
de la
chemi-
née.
V.
1802.
calories
roc
calor.
430,9
1,171
3,8i
7,28
i8 Avril.
i5
18
es
1026
5o
14796
2,"38i
Ô2l4
3oo,3
1 ,226
4,63
8,06
21 Avril.
20
»9
85
iiSo
66
22386
3,93
5722
281,2
1 ,222
4,39
7,8i
2) Avril.
12 ,5
20
55
1 1^5
35
SOQ46
4,00
5*38
I ,222
4,64
8,12
i \ Juin.
■4
20
85
1 190
M<
jyenne.
5758
( «M )
» Observations sur l'introduction de l'air nouveau. — - Dans l'expérience
faite le i/\ juin, le volume d'air écoulé par la cheminée a été trouvé égal à
[ 190 mètres cubes par heure, et en même temps le volume introduit dans le
cabinet par la bouche de chaleur qui amenait l'air frais des caves à travers
le calorifère était de 3o4 mètres cubes par heure. Cet air nouveau était
conduit près du plafond par un tuyau de om,3o de diamètre, et l'on à
ainsi réalisé l'introduction de l'air près du plafond et l'extraction près du
plancher.
» L'air extérieur étant à la température de 18 à icf, celui qui affluait des
caves était à i6°,5 ou 170.
» La température du cabinet a été maintenue à 19011 200, tandis qu'une
pièce voisine à la même exposition était à la température de 21 à 220. Ainsi
l'introduction de l'air frais venant des caves a fait maintenir la température
du cabinet à 20 environ au-dessous de celle de la pièce voisine.
» Le volume d'air évacué par la cheminée étant de 1 190 mètres cubes
par heure, tandis que la bouche de chaleur n'en fournissait que 3o4 mè-
tres cubes, le reste ou 886 mètres cubes entraient par les joints des portes
et des fenêtres. Il est évident que, si plusieurs autres ouvertures avaient
été ménagées et mises en communication directe avec les caves, on aurait
pu aspirer par ces ouvertures la presque totalité de l'air évacué par la che-
minée et faire de même arriver cet air frais au plafond.
» Deuxième série d'expériences sur les effets de ventilation produits par là
combustion du gaz d éclairage. — Du 18 août au 11 septembre 1862 on a
exécuté dans la même cheminée une deuxième série d'expériences, dans
laquelle on a fait varier entre des limites très-étendues les volumes de gaz
consommé.
» Le 18 août on a cherché, par une expérience préalable, à déterminer
quel était le volume d'air évacué par la seule action de la ventilation natu-
relle, et on a trouvé que, par une température extérieure de i9°,4 et une
température intérieure de 200, elle était de igo mètres cubes par heure.
» La différence entre les températures extérieure et intérieure ayant peu
varié pendant ces expériences, on a pu admettre, au moins comme approxi-
mation, que la ventilation naturelle a été à peu près le même pendant leur
durée.
( 22 )
Deuxième série d'expériences sur les effets de ventilation produits pur la combustion
ilu %az d'éclaitase.
NOMBRE
RAPPORT
TE M PEU AT U
I1ES
VOLUME Ii'aIR
appelé
par la chemin, c
en l heure.
ACCROIS-
SEMEM
de
lecipéra-
VOLUME
du gaz
d'unités
de
ebalear
utili-
VOLUME
d'air
évacué
par
des
densités
de fair
de la
VALEUR
de la
vitesse
VALEUR
v\
DATES
INTEliIEriiE.
^
lure
l.r.ilu
sées
cheminée
diins
EXTÉ-
RIEURE.
Caliinet
Clic-
mînéo
Total.
Il 11 a
l'action
iJu ^'az
éprouvé
par l'air
t — T
[jar
lieure.
;■ ir
mètre
cube
de fïaz
ni lie
il- .'.'!/,
brûlé
a celle
de l'air
du
cabinet
le
conduit
V'-T
brûlé.
1862.
0
0
me
me
0
roc
cal
me
1
2$ août.
16
20
26
585
394
10,0
0,2lS
4^03
181S
0,980
<l93
3,iG
2
19 août.
17,5
I<),3
28
793
602
1 1 ,5
0,333
5647
1S08
0,97°
2,65
3,/,5
3
5 sept .
•7
l8,5
-13
7/8
587
28,0
0,967
565g
607
0,900
2,7Q
5,29
4
6 sept.
'7-;:>
20
GG
ioG5
S7'i
48,25
2,636
46o3
332
0,864
3,rj5
6,97
î sol '
1 5
'9
55 , 5
9G2
77'
45,5o
2,000
4,!>3
3S5
o,8S9
3,4G
6,74
6
4 sept.
iS
'9
G5
io3G
S.'|5
47,00
2,500
4583
3;S
0,866
3,84
6,86
G sept.
'-.:''
50
75
1094
go3
57,25
3,000
4836
3oi
o,S.lo
/,,,. 6
7,58
S
1 1 sept
iS
>9,5
79,5
1129
938
61 ,5o
3,478
5',53
2C9
o,835
4,3',
7,85
» Représentation r/rapliique des résultats des expériences. — Si l'on prend pour
abscisses les volumes de gaz brûlés par heure, et pour ordonnées les vo-
lumes d'air évacués par l'action du gaz, on obtient une série de points
dont le lieu parait être une courbe de forme hyperbolique ayant pour asym-
ptotes les axes coordonnés, mais cette courbe n'est pas une byperbole équi-
latère [fig. a).
Fig. a.
( 23 )
» Sa forme générale indique avec évidence que les volumes d'air évacué
par mètre cube de gaz brûlé sont d'autant plus considérables que les vo-
lumes de gaz brûlé sont moindres, ce qui montre l'avantage que présente
au point de vue de l'économie l'emploi des températures modérées.
» Enfin si l'on prend pour abscisses les volumes de gaz bridés par heure,
et pour ordonnées l'excès t — T de la température, dans le conduit sur la
température extérieure, on obtient une courbe dont la concavité est tour-
née vers la ligne des abscisses, ce qui prouve que ces excès de tempéra-
ture croissent moins rapidement que les volumes de gaz brûlés, et comme
les volumes d'air évacués ne croissent tout au plus que proportionnellement
aux racines carrées de t — T, il s'ensuit encore que les effets de ventilation
sont bien loin de croître proportionnellement à ces excès de température et
aux consommations de gaz, ce qui est tout à fait conforme aux indications
de la théorie.
» Quantité de chaleur utilisée par mètre cube de gaz brûlé. — En cal-
culant comme nous l'avons fait pour le bois et pour la houille la quan-
tité de chaleur communiquée à l'air par le gaz brûlé, nous avons pu
en déduire le nombre d'unités de chaleur qui ont été emportées par l'air,
et qui par conséquent peuvent être regardées comme utilisées pour la
ventilation.
» La difficulté de déterminer avec exactitude le température est assez
grande et exige des précautions spéciales. Aussi les résultats ne sont-ils
pas exempts de toute incertitude.
» Je reproduis à part ceux qu'ont fournis les deux séries d'expériences :
PREMIÈRE SÉRIE.
Dates. Otiantité de chaleur utilisée par mètre cube île gaz brûle.
18 Avril : (1214
2 1 Avril 5712
?-4 Avril 5238
Moyenne. . . 5^58
» Les observations de la deuxième série où l'on a pu déterminer plus
exactement la température moyenne dans la cheminée, ont fourni les résul-
tats suivants:
( 24
DEUXIEME SEK1E.
Le 28 Août, quantité de chaleur utilisée par mètre cube de gaz brûlé.
28 Août 45 jo8 calories.
te) Août 5647
5 Septembre 565g
6 Septembre 4^°3
4 Septembre 449^
4 Septembre 4^83
6 Septembre 4$36
i t Septembre 5453
Moyenne. . . 497^
» Les valeurs des quantités de chaleur communiquées à l'air évacué par
mètre cube de g*az brûlé sont notablement inférieures dans cette deuxième
série à celles qui ont été trouvées dans la première. Mais il faut aussi obser-
ver que dans cette deuxième série les expériences ont été moins prolongées
que dans la première, et que les quantités de chaleur absorbées parles parois
de la cheminée y ont été nécessairement plus grandes à proportion. Quoi
qu'il en soit, il résulte de cet ensemble d'observations que la quantité de
chaleur que l'on peut communiquer à l'air dans une cheminée par mètre
cube de gaz brûlé s'élève en moyenne à plus de 5ooo calories, c'est-à-dire
aux | de celle que développe le gaz par sa combustion. Cette donnée d'ex-
périence pourra servir pour la solution des questions d'application.
■> Observations relatives nu chaujjage par les cheminées. — Si les expériences
précédentes mettent en évidence les effets puissants de ventilation que pro-
duisent naturellement les cheminées et le parti que l'on peut en tirer pour
l'assainissement des lieux habités, elles expliquent en même temps com-
ment pour le chauffage elles sont un moyen si peu économique.
» La presque totalité de la chaleur développée par les combustibles étant,
comme on vient de le voir, emportée par l'air, l'échaufiement des apparte-
ments n'est produit que par le rayonnement, qui n'a lieu que par une ou
deux des faces de l'espace qui contient le combustible.
» D'une autre part, si l'appel énergique d'air extérieur que produit une
cheminée est favorable à la ventilation, l'introduction de cet air froid par
les joints des portes et des fenêtres et par leur ouverture momentanée est
une cause incessante de refroidissement, et l'on sait qu'elle est parfois fort
désagréable.
( *5 )
» Au point de vue du chauffage, il convient donc de restreindre le vo-
lume d'air appelé de l'extérieur par la cheminée à ce qui est nécessaire
pour en assurer la marche stable et régulière, et d'utiliser une partie de la
chaleur développée par le combustible pour introduire dans les apparte-
ments le plus grand volume possible clair chaud, en évitant cependant cpie
la température de cet air soit aussi élevée que celle que déterminent habi-
tuellement la plupart des appareils en usage. Sous ce rapport, l'emploi des
calorifères généraux qui versent dans les vestibules, dans les escaliers et
dans une partie des pièces d'un édifice, une grande quantité d'air qui se
mêle à l'air extérieur, sera toujours un auxiliaire utile du chauffage et de la
ventilation, en introduisant dans l'intérieur des appartements de l'air mo-
dérément chauffé.
» Vérification des formules théoriques par les résultats des séries d'expé-
riences précédentes. — Les diverses séries d'expériences sur les effets de ven-
tilation produits par la consommation de quantités données de bois, de
houille ou de gaz, outre l'utilité qu'elles peuvent- avoir pour la pratique,
nous fournissent une vérification remarquable des formules auxquelles la
théorie nous a conduit. C'est ce que nous allons chercher à montrer en
rapprochant les uns des autres les résultats qu'elles ont donnés.
» Mais auparavant il convient de rappeler qu'après les premières expé-
riences faites sur cette cheminée j'en avais fait modifier la construction inté-
rieure. La partie que l'on nomme la hotte, rétrécie à sa base de manière à
n'avoir que les dimensions des passages d'accès de l'air, avait été réguliè-
rement raccordée avec le conduit proprement dit, de sorte que l'air n'é-
prouvait point de contraction' sensible à son entrée, et que le rétrécissement
graduel des sections de passage ne donnait lieu à aucune perte de force
vive. Il résultait de ces nouvelles dispositions que dans la formule qui donne
la vitesse de l'air à la température t du conduit et qui est
U =
le terme (- i] disparaissait, et que le terme — — étant à peu près
égal à l'unité, par suite de la suppression du mitron elle devenait pour cette
cheminée modifiée, en faisant a g- =19,62, rt = o,oo3665 H = 19™, 85
C. R., i863, Ier Semestre. (T. LVI, N*> l.) 4
1
aff«H(r— T)
i +«T
\m,A,y
;pit pf
niip 1p tprnip (
et T = 20°,
( *6)
U = o,473\/<-T,
en attribuant àT une valeur moyenne égale à 200, ce qui du reste influe
peu sur les résultats. Or si nous réunissons les expériences faites .en brû-
lant du bois, de la bouille ou du gaz, en mettant en regard les tempéra-
tures et les vitesses observées, nous pouvons en former le tableau suivant :
Comparaison des différences t — T des températures et des vitesses U déduites
de l'observation.
TEMPÉRATUUES
EXCÈS MOTEUIt
VALEURS
VITESSE U
COHBUSTIBLL
des
do
dans le conduit
employé.
T
t
températures
y/F-T.
de
extérieure.
dans la conduite
do la cheminée.
£ — T.
la cheminée.
0
i5
8
0
9"
.07
u
75
99
8,66
9)9J
m
5,04
5,57
■ 5
102
87
9,32
4,78
1 l5
88
73
8,54
4,6l
t i5
i5
80
129
65
114
8,06
10,68
5,o3
5,i6
i5
i43
128
11 ,3i
5,53
i8,5
42
ï3,5
4,86
2,58
,5
68
53
7,28
3,84
Gaz (irc série) ,
20
22,5
85
85
65
62,5
8,06
7,81
4,63
4,3g
•9
85
66
8,12
4,64
i5,5
23
8,5
2>92
i,85
16
26
10
3,l6
>)92
17,5
29
ii,5
3,45
2,65
'7
45
28
5,29
2,72
■7>75
56
48,25
6,97
3,95
i5
55,5
4o,5
6,37
3,46
18
65
47
6,86
3,84
■7>75
75
57,25
7,58
4,16
18
79. 5
61,5
7,85
4,34
» Représentation graphique générale des résultats des expériences faites dans le
cabinet de la direction du Conservatoire en brûlant du bois, de la houille ou du
gaz(fig. b). — Si maintenant nous prenons les valeurs de \jt — 1 pour
( 27 )
Fig. b.
abscisses, et celles des vitesses U de l'air à la température t dans le conduit
de la cheminée pour ordonnées, et que nous désignions par les lettres b
(le bois), h (la houille), g (le gaz), les points qui appartiennent à ces
diverses séries d'expériences, nous trouverons que tous les points ainsi
déterminés, malgré quelques anomalies inévitables dans des phénomènes
influencés par les moindres variations de température, sont à très-peu près
situés sur une même ligne droite passant par l'origine, et dont l'équation
serait
U = o,54V«-T,
tandis que la formule théorique nous donnerait
U = o,47v'i-T.
» Cette comparaison montre donc l'exactitude complète de cette consé-
quence de la théorie que, pour une même température extérieure les
vitesses de l'air dans les cheminées sont proportionnelles aux racines carrées
de l'excès de la température moyenne intérieure dans la cheminée sur cette
température extérieure.
i° Que la formule théorique fournit des résultats inférieurs dans le cas
actuel de \ environ à ceux de l'expérience, et que par conséquent dans
les calculs d'établissement elle peut être employée sans crainte d'erreur
grave.
4-
( 28 )
» Les expériences dont je viens de faire connaître les résultats, en mon-
trant la puissance des effets de ventilation que l'on peut obtenir par l'em-
ploi direct des combustibles ordinaires ou du gaz d'éclairage, peuvent avoir
pour la ventilation des lieux habités et des salles de réunion momentanée
des applications aussi directes que nombreuses} elles sont trop faciles à
réaliser pour que je croie utile de les indiquer. »
RAPPORTS.
Géodésie. — Rappoil verbal sur le Protocole de la Conférence géodésique
tenue à Berlin en avril 1862 [Protocole adressé à ( Académie par M. le
Ministre d'Etat).
(Rapporteur M. Faye.)
< M. le Ministre d'État a adressé à l'Académie, dans sa séance du i5 dé-
cembre dernier, une communication du plus haut intérêt sur une entre-
prise scientifique dont on s'occupe actuellement avec ardeur en Allemagne.
Il s'agit du compte rendu de la Conférence que M. le général Baeyer a
organisée à Berlin, de concert avec le général directeur du Dépôt de la
Guerre à Vienne et avec le concours de savants distingués de Saxe et d'Au-
triche, à l'effet de. relier dans un plan d'ensemble toutes les triangulations
géodésiques de l'Allemagne et de l'Italie. Le résultat final de cette vaste
opération serait la mesure d'un arc de méridien égal en étendue à l'arc
anglo-français et d'une série d'arcs de parallèles échelonnés sur le parcours
de cette grande méridienne. Par ces parallèles, les triangulations d'Angle-
terre et de France se trouveraient bientôt rattachées à la méridienne russe,
en sorte que l'Europe serait couverte d'un immense réseau où la science
puiserait pour ainsi dire à pleines mains les éléments numériques des plus
importantes recherches, tant sur la figure mathématique du globe terrestre
(pie sur les irrégularités locales dont cette figure porte l'empreinte.
» Tel est en quelques mots le projet dont l'Académie m'a chargé de lui
rendre compte. Son importance m'engage à vous prier de me permettre de
donner à mon travail un peu plus d'étendue que n'en comporte d'ordinaire
lia Rapport verbal. Une autre circonstance ajoute encore à l'intérêt de la
communication de M. le Ministre d'État, et je ne sais vraiment s'il serait
convenable de passer ici sous silence un fait qui prouve que la France n'a
pas abandonné à ses émules le soin de ces nobles entreprises : c'est la coïn-
cidence remarquable de la réunion de Berlin avec les études que le Bureau
( »9)
des Longitudes faisait faire, précisément à la même époque (avril 186a),
en invoquant l'indispensable concours du Dépôt de la Guerre, pour le cou-
ronnement du réseau français. Cette simultanéité indique assez que les
questions de ce genre, si souvent débattues dans votre sein depuis une
douzaine d'années (i), ont pris assez de consistance et d'opportunité pour
entrer enfin dans le domaine de l'exécution.
» Si l'on examine la situation de l'Allemagne au point de vue de ces
grandes entreprises géodésiques qui ont fait tant d'honneur à la France
d'abord, puis dans ces derniers temps à l'Angleterre et à la Russie, on
trouve que sa part de progrès est plutôt théorique que pratique. On lui
doit une précieuse méthode pour la détermination exacte des latitudes, la
découverte d'une erreur capitale qui entachait les anciennes observations
du pendule, une foule d'études et de procédés capables d'élever au plus
haut point la précision des mesures, et surtout l'application la plus heu-
reuse de la méthode des moindres carrés aux calculs géodésiques ou même
aux simples mesures cadastrales. Mais l'Allemagne ne se dissimule point
que son vaste territoire n'offre jusqu'ici que de minces ressources pour
l'étude de la figure de la Terre : dans les calculs qu'exige cette étude, les
petits arcs méridiens de Hanovre et de Prusse s'évanouissent pour ainsi dire
devant les grands arcs anglais, français, indien et russe; ils n'ajoutent
presque rien à la valeur des résultats.
» Néanmoins l'Allemagne possède de grandes triangulations réparties
un peu au hasard, je veux dire sans idée d'ensemble, dans toutes les parties
de la Confédération germanique. Pour leur donner une valeur scientifique,
il faudrait réviser ces triangulations, les relier entre elles, les compléter par
des déterminations astronomiques. C'est là la pensée que M. le général
Baeyer, bien connu du monde savant par sa belle triangulation des côtes
prussiennes, vient de soumettre à l'Allemagne, en la plaçant sous l'invoca-
tion d'un nom qui rallie toutes les sympathies, le nom de l'un de vos plus
illustres Associés étrangers, M. de Humboldt. Le plan du général prussien,
immédiatement accueilli par la Saxe et l'Autriche, a donné naissance à une
sorte d'association géodésique allemande qui s'est constituée à Berlin dans
une première conférence dont M. le Ministre d'État vous a adressé le proto-
cole autographié. Je laisse de côté les importants Mémoires de M. le général
(i) Voir la Lettre du général Blondel, directeur du Dépôt de la Guerre, à M. Arago, dan?
la séance du 3 janvier i853, Comptes rendus, t. XXXVI, p. 29.
( 3o )
Baeyer, parce qu'ils sont dans le domaine public ; mais je dois appeler toute
votre attention sur les séances de la Commission.
» Cette Commission , composée du général Baeyer, à qui la prési-
dence a été naturellement dévolue, de M. le général de Fligely, directeur
du Dépôt de la Guerre à Vienne, et de plusieurs savants éminents de Saxe
et d'Autriche, s'est réunie à Berlin en avril dernier. Voici l'analyse succincte
de son protocole.
» Après avoir examiné avec soin la valeur de toutes les triangulations
existantes au moyen d'un critérium posé d'avance, on a reconnu qu'à
l'exception de celles de Bohème et de Saxe elles pouvaient être utilisées
pour la formation d'un grand réseau couvrant la partie moyenne de l'Eu-
rope depuis le parallèle de Christiania ou d'Upsal jusqu'à celui de Païenne.
Il resterait donc à refaire les parties vicieuses où l'erreur de la somme des
trois angles de chaque triangle dépasse habituellement 3" et à joindre entre
eux les réseaux de Prusse, de Saxe et d'Autriche.
» De même les chaînes de triangles dans les provinces italiennes, en
Lombardie et dans les États de l'Église sont bonnes; il faudrait seulement
reprendre les triangles de jonction avec les deux chaînes latérales qui bor-
dent les côtes de Toscane et des Marches, afin de remplacer un certain
nombre d'anciens triangles mal conditionnés. On s'est assuré qu'en Alle-
magne les opérations de jonction n'éprouveront aucune difficulté sérieuse.
Les longitudes seront déterminées à l'aide du télégraphe électrique; les
bases nouvelles seront mesurées avec l'appareil de Bessel; l'unité linéaire
adoptée pour toutes les mesures et tous les calculs sera la toise du Pérou,
dont l'Allemagne et la Russie possèdent fort heureusement des copies
authentiques. On établira d'ailleurs autant de stations astronomiques qu'il
en faudra pour étudier les anomalies locales, car les promoteurs de cette
grande entreprise s'attacheront d'une manière spéciale à cette étude si sou-
vent recommandée dans cette enceinte par les voix les plus autorisées.
L'Académie apprendra, je pense, avec plaisir que l'Union Géodésique alle-
mande s'est inspirée d'une idée toute française en décidant que de nom-
breuses observations du pendule seraient faites dans ces diverses stations. Le
général Baeyer n'a pas manqué en effet de rendre hommage à la France (i)
pour ses nombreuses expéditions nautiques destinées en partie à porter le
pendule dansl'hémisphère austral, depuis celle de La peyrouse jusqu'à celles
de Freycinet et de Duperrey, et pour les travaux analogues que le Bureau
(i) Dans un de ses Mémoires également adressés à l'Académie par M. le Ministre d'État.
( 3i )
des Longitudes a fait exécuter sur notre réseau géodésique depuis les îles
Shetland jusqu'à Formentera, et depuis l'océan Atlantique jusqu'aux rives
de l'Adriatique. Cette décision comblera ainsi une lacune regrettable qui
n'est pas particulière à la géodésie de l'Allemagne, car on la retrouve par-
tout, sauf en France et en Angleterre. La Commission ne semble d'ailleurs
faire aucun doute que le plan arrêté par elle ne reçoive bientôt la sanction
des gouvernements intéressés, en Allemagne du moins.
» Tel est le résumé succinct que j'avais d'abord à vous soumettre. Mais ce
qui frappe le plus à la lecture de ce protocole, c'est, après la grandeur du
plan lui-même, la volonté exprimée d'introduire dans toutes les parties du
travail une complète uniformité de méthodes, soit pour l'observation, soit
pour le calcul (i). Cette uniformité, facile à obtenir dans la France unitaire,
n'est pas chose aussi simple en Allemagne. Il y a plus : en adressant ce pro-
tocole à notre Gouvernement, le général Baeyer semble nous convier à éta-
blir entre nos projets et les siens une concordance d'autant plus désirable
que ces deux projets sont en réalilé solidaires. La science en est venue à ce
point qu'après avoir couvert chaque contrée d'Europe de ses triangulations
elle doit s'attacher désormais à les relier entre elles. Le septième parallèle de
l'Association Géodésique allemande n'est autre chose que le prolongement
de notre parallèle moyen; celui de Vienne à Munich est notre parallèle de
Brest à Strasbourg; et le parallèle de Berlin coïncide à peu près avec cet
immense développement de triangles par lesquels la Bussie et l'Angleterre
relient, au moment où je parle, les côtes d'Irlande aux bords du Volga, et
qu'on nomme déjà le grand parallèle européen.
j> Cette conformité de vues dont se préoccupe l'Allemagne ne manquera
donc pas d'être appréciée en France; nous en accueillerons la pensée avec
empressement, et tout d'abord je demanderai la permission d'appeler votre
attention sur une dissidence qu'un examen plus approfondi fera aisément
disparaître. La question est nouvelle, je crois, pour l'Académie; elle ne
manquera certes pas d'intérêt pour les prochaines conférences de Berlin. Je
veux parler des anomalies locales et de la manière de les traiter. Les savants
allemands semblent compter, pour cela, sur l'emploi du calcul des proba-
bilités; nous, nous serions disposés à compter un peu plus sur l'expérience
directe. Or dans la pratiqué les choses changent du tout au tout selon
qu'on se place à l'un ou à l'autre point de vue. Pour le premier, il suffit
d'avoir de nombreuses stations astronomiques, et l'Allemagne n'en man-
(i) Sur la proposition de M. deLittrow.
(32 )
quera pas; pour le deuxième, il faut de plus que le terrain de chaque station
ait été l'objet d'un nivellement assez détaillent d'une reconnaissance géolo-
gique jusqu'à une distance plus ou moins considérable, a6n que le calcula-
teur puisse déterminer avec précision l'influence exercée par le relief du sol
ambiant sur la verticale de l'observateur.
» En fait d'attractions locales, il convient en effet de distinguer les causes
extérieures ou visibles des causes internes cachées dans l'épaisseur de l'é-
corce terrestre. Les premières sont les masses saillantes isolées de toute part,
collines ou montagnes détachées; les masses allongées en forme de prismes
indéfinis, telles que les chaînes de montagnes; enfin les plateaux élevés. Elles
dévient le fil à plomb chacune à sa manière, et influent, diversement aussi, sur
les oscillations du pendule; mais la déviation imprimée à la verticale peut
être calculée, aussi bien que l'altération produite dans l'intensité de la pe-
santeur, à la seule condition de connaître le relief du sol et sa densité ap-
prochée. Les beaux travaux de Y Ordnance Survej, qui tient lieu en An-
gleterre de notre Dépôt de la Guerre, nous ont prouvé tout récemment qu'il
est à la fois possible et avantageux d'introduire dans les calculs géodésiques
les corrections dues à l'action de ces causes extérieures. Un tel système de
corrections, dont les astronomes n'ont pas à s'occuper dans leurs observa-
tions, devient indispensable, au contraire, quand il s'agit d'étudier à l'aide
de la géodésie la véritable figure de la Terre et les accidents de cette surface
qui dépendent de la structure géologique de l'écorce terrestre. Pour que le
fil à plomb ou le pendule des géodésiens puissent justifier le nom d'instru-
ments géognostiques que leur ont si justement donné MM. de Humboldt
et Élie de Beaumont, il faut d'abord supprimer dans leurs indications ce qui
est dû à l'action des causes extérieures.
» Les causes internes présentent, en effet, au même point de vue, des
caractères tout semblables. On aura affaire à des masses intérieures invi-
sibles, dont la nature minéralogique et la densité tranchent fortement avec
celles des couches où elles ont pénétré. Ces masses auront une étendue limi-
tée en tous sens comme celles de certaines roches ignées qui ont traversé des
terrains anciens, mais que recouvrent des couches plus récentes; ou bien une
disposition linéaire, telles que les dykes de porphyre ou de basalte qui ont
rempli des failles rectilignes de quelque étendue; ou bien encore dévastes
nappes de matières épanchées à l'état de fusion et recouvrant de grands es-
paces horizontaux d'une couche dont l'épaisseur est à peu près constante.
Le pendule et le fil à plomb peuvent servir à distinguer ces divers cas, pourvu
qu'on possède des méthodes d'observation à la fois précises et rapides. La
( 33 )
masse perturbatrice est-elle de figuie limitée en tous sens? son attraction, assi-
milable à celle d'une sphère à partir d'une distance suffisante, décroîtra tout
autour, à peu prés comme le carré de la distance. Est-elle allongée, indéfinie
dans un sens seulement0 elle agira comme un prisme on plutôt comme un
cvlindre indéfini, en raison inverse de la simple distance. Est-elle assimila-
ble à une couche plane d'épaisseur constante, indéfinie dans tous les sens?
son action sur le pendule sera indépendante de la distance comptée vertica-
lement au-dessus de cette couche. Ainsi les perturbations dues aux acci-
dents intérieurs et invisibles sont complètement analogues à celles que pro-
duisent les accidents du relief extérieur ; pour tirer quelque renseignement
utile de l'étude des anomalies locales, il faut donc éliminer d'abord tout ce
qui tombe sous nos yeux, sous l'empire de nos mesures et de nos calculs.
» La géodésie a déjà rencontré dans cette voie de singulières difficultés
devant lesquelles de grands esprits et de grandes entreprises sont venus se
heurter. Tels sont l'accroissement peu prévu de la pesanteur constaté avec
le pendule en plein Océan, loin des côtes, et le peu d'action de certaines
chaînes de montagnes sur le fil à plomb. Le grand arc des Indes, par
exemple, aboutit à l'énorme massif de l'Himalaya sans en avoir ressenti,
pour ainsi dire, l'influence : là où la déviation de la verticale devait être
d'une demi-minute, les opérations géodésiques n'accusent rien. Ce sont là
des problèmes qu'il s'agit maintenant d'aborder ; leur heure est venue, mais
quand on en considère de près toute la difficulté, on conçoit combien une
entente commune serait utile entre tous les pays.
» S'il m'était permis de hasarder au sujet de cette entente nue sorte de
critique, je représenterais à nos savants confrères d'outre-Rhin qu'il y aurait
peut-être quelque chose de trop particulier à l'Allemagne s'ils s'en tenaient,
pour les calculs, aux éléments de l'ellipsoïde terrestre déterminés par Bessel ;
pour la mesure des bases, aux seuls appareils de Bessel; pour les obser-
vations astronomiques, aux seuls instruments, aux seules méthodes con-
çues ou expérimentées en Allemagne. Et jusque dans le choix de l'unité
linéaire recommandée par le général Baeyer, avec pleine raison d'ailleurs
tant qu'il ne s'agit cpie de géodésie, on entrevoit je ne sais quelle tendance
hostile au système métrique, qui, pour avoir été réalisé d'abord en France,
à une époque de luttes désastreuses avec l'Allemagne, n'en est pas moins
le système cosmopolite par excellence auquel les autres nations finiront
par se rallier. Sur ce point-là, j'imagine, M. de Humboldt ne se fût pas
trouvé d'accord avec le savant général.
C. R., .8*3 i« Semestre. (T. LSI. V i.) 5
( 34)
» Pour terminer cette rapide appréciation de l'opération projetée dans
l'Europe moyenne, nous ajouterons qu'elle répond parfaitement à la situa-
tion actuelle de la science. L'énorme méridienne que l'Empire Russe vient
de terminer nous apporte de nouveaux et précieux éléments; mais on peut
dire qu'elle soulève en même temps des difficultés nouvelles dont la solu-
tion exige à son tour de nouvelles mesures. Or celles que l'Allemagne va
exécuter sont admirablement placées pour y répondre, et elles offrent de
plus cette particularité unique, bien précieuse à mon avis, qu'elles com-
prennent un méridien sur lequel l'hémisphère austral présente une excel-
lente mesure de degré, celle des Anglais au Cap de Bonne-Espérance.
» La paix actuelle est éminemment favorable à ces grandes entreprises;
l'entente qu'elles doivent faire naître entre les hommes de science des pays
voisins et les corps spéciaux des armées européennes ne sera pas un des fruits
les moins précieux de la science moderne, car il est vrai de dire, avec le
général Baeyer, que c'est le privilège de la science de réunir les nations
alors même que les passions politiques tendent à les séparer.
» Je m'empresse donc de signaler à l'Académie la haute valeur de la
communication dont elle m'a confié l'examen, et je dépose sur le bureau, à
titre de document à consulter, la traduction que j'ai faite du protocole de la
première Conférence de Berlin, tout en regrettant que certaines convenances
ne me permettent pas de communiquer également à l'Académie le pro-
tocole des séances où le Bureau des Longitudes s'est attaché à formuler le
plan de l'achèvement astronomique de la géodésie française. »
M. Le Verrier présente, à la suite de ce Rapport, quelques remarques de
nature à le compléter.
« Il y a longtemps déjà, dit M. Le Verrier, qu'on s'est préoccupé en
France de la nécessité de déterminer avec exactitude les coordonnées astro-
nomiques des principaux sommets des triangles français, afin de pouvoir
les comparer aux coordonnées géodésiques.
» Dès i85o, le Corps Législatif voulait bien ajouter aux lignes télégraphi-
ques, dont la construction lui était proposée, celle de Dunkerque. Ce déve-
loppement était donné au réseau, sur ma proposition, en raison des avan-
tages qu'on en retirerait pour la détermination de la longitude de l'une des
stations extrêmes de la grande méridienne de France.
» Depuis lors, je n'ai omis aucune occasion d'insister sur l'exécution de
B
(35)
cet important travail des longitudes, soit dans diverses conférences, soit
dans mes relations avec l'étranger, soit dans mes rapports administratifs,
surtout à l'occasion du voyage et des propositions de M. W. Struve.
» En i856, dans une campagne entreprise en commun par l'Observatoire
impérial et les officiers du Corps d'État-Major, la longitude de Bourges a été
déterminée. Les opérations comportaient un procédé particulier d'enre-
gistrement électro-chimique des observations de passages méridiens, procédé
d'une valeur incontestable : s'il n'a point été mis en pratique par nous
depuis lors, c'est que nous voulions étudier successivement les diverses mé-
thodes et les amener au plus grand degré de simplicité. Notre travail va
être publié.
» A la fin de 1861, le Ministre de l'Instruction publique, pénétré
de l'utilité de ces travaux, nous donna l'ordre de les reprendre et de les
poursuivre sans interruption jusqu'à leur entier achèvement. La campagne
de 1862, malgré l'inclémence du temps, a été utilisée.
» Nous avons, avec M. Yvon Villarceau, fait une étude approfondie des
instruments et des procédés d'observation. A plusieurs reprises entre autres,
nous avons déterminé la différence de longitude de deux points de l'Obser-
vatoire dont la position relative était naturellement connue, mais en opérant
par les mêmes procédés et à l'aide de l'électricité, exactement comme s'il
s'était agi de stations éloignées l'une de l'autre. Il en est résulté un contrôle
d'une haute importance.
» La longitude du clocher du Havre a été obtenue, au moyen d'obser-
vations faites dans le même méridien sur le coteau d'Ingouville, et on l'a
rattachée directement à celle du phare delà Hève, dernière station géodé-
sique à l'extrémité de cette côte. Les résultats de ces opérations ont, avec
l'autorisation du Ministre, été communiqués à l'Académie.
» Très-prochainement, j'aurai l'honneur de lui présenter encore une dé-
termination de la longitude de Dunkerque faite cet automne par M. Yvon
Villarceau. Cet astronome, dont l'habileté etla précision sont bien connues
de l'Académie, ne s'est pas du reste borné à cette coordonnée et il a aussi
observé avec le plus grand soin la latitude d'une station de Delambre.
» L'Académie a pu voir par l'identité des résultats obtenus dans les
diverses soirées pour la longitude du Havre, et elle verra de nouveau par la
concordance remarquable des nouvelles mesures de la longitude de Dun-
kerque, que la simplicité de nos procédés constitue, pour la détermination
des longitudes, une méthode qui semble véritablement définitive.
5..
(36)
» Ainsi i;i détermination des coordonnées astronomiques des principaux
points géodésiques est aujourd'hui -en cours d'exécution, et, connue je l'ai
dit. elle sera, conformément aux instructions du Ministre, poursuivie sans
relâche jusqu'à ce que nous ayons uns entre les mains des géomètres tous
les documents dont ils peuvent avoir besoin dans les discussions relatives à
la figure du globe. Les stations principales du parallèle moyen sont déjà
choisies.
» Mais qu'on me permette une réflexion, avant de terminer.
>- Ce serait une grande erreur que de croire qu'il faille reprendre,
je ne dis pas toutes les triangulations françaises, mais peut-être même une
partie quelconque d'entre elles, avant de les avoir soumises à une contre-
épreuve qui permette de reconnaître les points où une vérification devra
èlre laite, s'il y a lieu.
» Les travaux de Méchain et de Delambre, et après eux ceux du Corps
(les Ingénieurs-Géographes et du Corps d'Etat-Major, ont été poursuivis avec
une habileté et un zèle qui font de la géodésie française un grand monu-
ment scientifique. 11 reste sans doute à conserver ce monument en lui ap-
pliquant les perfectionnements que réclame l'état incessamment progressif
de la science, mais avec réserve et intelligence.
» Le contrôle dont nous avons parlé consiste essentiellement dans la vé-
rification de ceux des résultats géodésiques qui peuvent être empruntés
à un autre système d'opérations. Les longitudes et les latitudes, après
avoir été déduites des triangles, peuvent être obtenues d'une manière in-
dépendante par les observations astronomiques.
.. Là où l'astronomie et la géodésie seront d'accord, on doit croire qu'il
ne sera point nécessaire de reprendre les opérations de triangulation. Tout
au plus y aurait-il lieu de déterminer à nouveau quelques azimuts, a cause
de leur influence sur les positions de points plus éloignés.
» Dans les lieux au contraire où une discordance incontestable se mani-
festera entre les déterminations de la géodésie et celles de l'astronomie,
une étude plus approfondie deviendra nécessaire. Néanmoins, dans ce cas
encore, on ne pourra point affirmer que ce soit la mesure des triangles qui
doive être reprise. Les discordances seront souvent dues aux attractions
locales, et ce ne sera qu'après avoir répété les opérations astronomiques
dans les environs des lieux suspects, de manière à reconnaître si les discor-
dances constatées dépendent ou non de la station choisie, qu'on pourra
prononcer définitivement. Alors, et seulement alors, il sera temps de
( 37 )
reprendre les opérations trigonométriques dont la nécessité aura été
démontrée.
» Dans tons les cas on aura mis non-seulement la géodésie, mais encore
la géologie en possession de documents dont notre illustre confrère, M. Élie
de Beaumont, dans une conversation récente, voulait bien reconnaître
l'importance en nous donnant ainsi un encouragement pour la poursuite
de nos travaux.
» Le général Baeyer a du reste reçu de l'Administration française l'assu-
rance cpie la Conférence des géodésistes et astronomes allemands trouvera
près de l'Observatoire impérial de Paris tout le concours qu'elle voudra
bien réclamer; et j'en ai moi-même informé deux de ses membres, MM. de
Littrow et Rruhns, directeurs des observatoires de Vienne et de Leipsick. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
L'Académie a reçu depuis la séance du 11 décembre, mais avant le 3i
du même mois, c'est-à-dire en temps opportun pour être admis aux Con-
cours qui se closent avec l'année 18G2, plusieurs Mémoires sur les questions
proposées comme sujets de prix, savoir :
Concours pour le grand prix de Mathématiques : Question concernant la
théorie des polyèdres. Deux Mémoires qui ont été inscrits sous les nos 10
et 1 1 . (N.B. C'est par erreur «pie, dans le Compte rendu de la séance du
22 décembre, un Mémoire destiné à ce Concours a été annoncé comme
portant le n° 1; c'est sous le n° 9 qu'il a été inscrit.
Concours pour le grand prix de Mathématiques: Question concernant la
théorie des phénomènes capillaires. Un Manuscrit qui forme complément
à un travail précédemment adressé, et qui portera comme celui-ci le n° 2.
Concours pour le prix Bordin: Question des vaisseaux du latex. Un Mémoire
qui a été inscrit sous le n° 1.
Concours pour le prix Bordin : Recherches an atomiques tendant à déter-
miner s'il existe dans la structure des tiges des végétaux des caractères
propres aux grandes familles naturelles et concordant ainsi avec ceux
déduits des organes de la reproduction. Un Mémoire inscrit sous le n° 1.
M. Ch. Sainte-Claire Deville présente au nom de M. le professeur
Pietro Peretti, de Rome , une Note sur les propriétés électro chimiques de
l'urée.
Dans cette Note, écrite en italien, l'auteur cherche à établir que l'urée,
malgré son indifférence aux papiers réactifs et son impuissance à chasser
(38 )
même l'acide carbonique de ses combinaisons, doit être considérée comme
jouant le rôle d'élément électro-négatif.
M. Ch. Sainte-Claire Deville présente également, au nom de M. Paul
Perelti fils, une Note écrite en français et ayant pour titre : De l'action
chimique de [eau sur les sels et les acides.
Ces deux Notes sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de
MM. Balard, Fremy et Fizeau.
AKATOMIE COMPARÉE. — De la signification anatomique de t appareil operculaire
des Poissons et de quelques autres parties de leur système osseux; par
M. H. Homard. (Extrait par l'auteur.) (Présenté par M. Coste.)
(Commissaires, MM. Coste, Milne Edwards, Valenciennes.)
« L'une des questions de signification anatomique les plus controversées
est celle que soulève le petit système de pièces solides qui forme l'aile
operculaire des poissons osseux. On sait qu'Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire
avait fini par le considérer comme représentant la chaîne des osselets de
l'ouïe, tandis que d'autres y ont vu un membre céplialique, d'autres encore
des formations osseuses appartenant à la peau; on sait enfin que G. Cuvier,
écartant ici toute analogie de ces pièces avec quelqu'une de celles qui ap-
partiennent au crâne ou à la face, les envisageait comme des os exclusive-
ment propres aux poissons et créés pour compléter leur appareil respi-
ratoire.
» Aucune des solutions données n'ayant été et ne pouvant être acceptée
et complètement démontrée, le débat reste ouvert et j'ai cru pouvoir abor-
der cette question de signification en profitant et des controverses anté-
rieures et de mes études sur la tête osseuse des poissons et des indications
précieuses que nous fournit l'embryogénie des animaux vertébrés.
» J'ai constaté d'abord par l'observation comparative directe que les trois
os qui composent le couvercle de la chambre branchiale et que l'on désigne
sous les noms d'opercule, sous-opercule et interopercule, ne se rattachent
pas à un même système de pièces, et que le dernier appartient à l'arc tem-
poro-mandibulaire, tandis que les deux premiers dépassent les limites
ordinaires de la tète osseuse. L'interopercule, toujours attaché à la mâchoire
inférieure et partant de celle-ci pour s'élever dans la direction des pièces
tympaniques, représente, ce me semble, non-seulement le marteau comme
(39)
le voulait Geoffroy, mais encore l'enclume, car il occupe la place et repro-
duit quelquefois jusqu'aux formes du cartilage de Meckel, formation qui
chez l'embryon se montre d'abord au côté interne de la mâchoire, s'élève
de là vers la fente ou cavité tympanique et se couronne par les deux pre-
miers osselets de l'ouïe.
« Quant à l'opercule et au sous-opercule, formés dans un pli cutané qui
vient peu à peu couvrir la chambre branchiale du jeune poisson, et qui
comprend plus bas les rayons branchiostéges, ils sortent des limites ordi-
naires du squelette, et se rattachent au grand système des pièces solides
supplémentaires développées chez les poissons tant sur la ligne médiane que
sur les côtés du corps dans les expansions de l'enveloppe qui fournissent
les nageoires dorsales, caudales, anales et même les nageoires paires; la
partie de celles-ci que l'on a coutume de donner comme les analogues des
mains et des pieds ont pour soutiens des rayons que leur nombre, leur
composition et leur mode de développement ne permettent pas d'assimiler
à des doigts. »
CHIMIE. — De quelques propriétés nouvelles du soufre;
par M. Dietzenbacher (i). (Note présentée par M. H. Sainte-Claire Deville).
(Commissaires, MM. Dumas, Daubrée, H. Deville.)
« Une petite quantité d'iode, de brome ou de chlore modifie les pro-
priétés physiques et chimiques du soufre d'une manière extrêmement
remarquable. Le soufre devient mou, malléable à la température ordinaire,
en se conservant pendant longtemps sous cette forme. De plus, il se trans-
forme en partie ou même complètement dans cette modification curieuse
du soufre découverte par M. Charles Sainte-Claire Deville et qu'il a appelée
le soufre insoluble.
» i° En chauffant à i8o° environ un mélange de 4oo parties de soufre
et de i partie d'iode, on produit par le refroidissement un soufre qui reste
assez longtemps élastique.
» On l'obtient sous forme de lames flexibles en coulant le soufre sur une
plaque de verre ou de porcelaine. Cette propriété se manifeste même avec
une proportion d'iode beaucoup plus faible.
(i) Dans une première communication sur ce sujet, mentionnée au Compte rendu de la
séance du 1 5 décembre 1862, le nom de l'auteur avait été, par suite d'une signature peu-
lisible, écrit Diethenbacher.
. I» '
» L'iodure de potassium agit comme l'iode.
» Le soufre, ainsi traité par l'iode, devient insoluble dans le sulfure de
carbone.. La liqueur se colore en violet.
» 20 L'action du brome sur le soufre présente de l'analogie avec celle de
l'iode; seulement, au lieu d'un soufre coloré en noir et possédant un éclat
métallique, on obtient un soufre couleur de cire jaune qui est beaucoup
plus mou que le précédent; cet état persiste. Il suffit d'un centième de
brome et d'une chaleur de 2000 environ pour obtenir cette modification.
« Ce soufre est composé de y5 à 80 pour 100 parties de soufre inso-
luble dans le sulfure de carbone.
» 3° En faisant passer un courant de chlore sur du soufre porté à i^o"
environ, on obtient une sorte de soufre mou qui s'étire très-facilement et
dont on peut souder les fragments entre eux.
» Il se comporte avec le sulfure de carbone de la même manière que le
soufre traité par le brome. Cependant, lorsqu'il est fraîchement préparé, le
soufre, modifié par le chlore, cède environ 10 pour 100 de plus que l'autre
de matière soluble au sulfure de carbone.
» Après avoir été malaxé pendant une ou plusieurs heures, ce soufre
durcit subitement et devient complètement insoluble dans le sulfure de
carbone. »
Ces faits peuvent servir à expliquer quelques détails de la fabrication du
caoutchouc vulcanisé par le chlorure de soufre et le soufre. Quelques-uns
d'entre eux confirment les résultats obtenus déjà par M. Berthelot sur le
même sujet.
M. Ch. Sacrel adresse, de l'Isle (département de Vaucluse), une Note sur
les modifications qu'éprouvent durant le sommeil la respiration et la calo-
rification, sur les causes de ces changements et sur leurs conséquences.
Cette Note est renvoyée, ainsi qu'une Note de M. J. Delbruck présentée
à la séance du 1 5 décembre et également relative à la respiration durant le
sommeil, à l'examen d'une Commission composée de MM. Payen et Longet.
M. Fock envoie de Fribourg de nouvelles pièces, texte et dessins, faisant
suite à ses précédentes communications sur les proportions du corps
humain.
(Renvoi aux Commissaires précédemment désignés : MM. Serres,
Flourens, de Quatrefages.)
( 4< )
CORRESPOND ANCE .
M. le Ministre d'Etat adresse à l'Académie un exemplaire imprimé
du Rapport du général Baeyer sur l'état actuel des opérations géodésiques
exécutées dans l'Europe centrale.
M. le Ministre delà Guerre adresse, pour la bibliothèque de l'Institut,
un exemplaire du volume de Tables contenant l'analyse des matières com-
posant les vingt-deux volumes de la 2e série du Recueil de Mémoires de Méde-
cine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires.
M. Poudra annonce qu'il est l'auteur d'un Mémoire présenté au concours
pour le grand prix de Mathématiques pour 1862 (question concernant la
théorie des courbes planes du quatrième ordre), Mémoire inscrit sous le
n° 2, et qui a obtenu la seconde des deux médailles décernées par l'Aca-
démie.
D'après cette déclaration, le billet cacheté annexé au Mémoire portant
le n° 2 est ouvert et porte en effet le nom de M. Poudra.
L'Académie reçoit des Lettres de remercîments de plusieurs des auteurs
auxquels elle a décerné, dans la dernière séance annuelle, des prix ou des
médailles d'encouragement pour le concours de 1862. Ces Lettres sont
adressées par les savants dont les noms suivent:
M. Teynard. Première médaille au concours pour le prix Bordin, ques-
tion des foyers optiques et photogéniques.
M. Ralbiani. Concours pour le prix de Physiologie expérimentale. Prix
décerné à son Mémoire sur les phénomènes sexuels des Infusoires.
M. Lebert. Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. Prix
décerné à ses travaux d'histologie pathologique.
M. Frerichs. Même concours. Prix décerné à son Traité des maladies
du foie.
M. Lereboullet. Concours pour le prix Jlhumbert. Modification de
l'embryon d'un Vertébré par l'action des agents extérieurs.
M. Dareste. Même concours.
Le prix a été partagé entre ces deux concurrents.
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° I.) 6
( 4* )
M. Graham. Concours pour le prix Jecker. Prix décerné à son travail
sur la diffusion moléculaire appliquée à l'analyse.
M. de Bary. Concours pour le prix Alhumbert, question des générations
dites spontanées. Mention très-honorable accordée à ses recherches sur le
développement de quelques champignons parasites.
MM. Philipeaux et Vulpian. Concours pour le grand prix de Sciences
Physiques, anatomie comparée du système nerveux des Poissons. Les
deux collaborateurs ont reçu, à titre d'encouragement, une somme de
i5oo francs.
M. Parade, directeur de l'Ecole centrale forestière, en adressant un
exemplaire de la quatrième édition de son « Cours élémentaire de culture
des bois», prie l'Académie de vouloir bien, quand elle s'occupera de
nommer aux deux places vacantes de Correspondants dans la Section
d'Économie rurale, se rappeler que l'ouvrage dont il lui fait hommage
aujourd'hui, et dont la première édition remonte à vingt-cinq ans, a servi
à fonder en France l'enseignement sylvicole.
Le livre et la Lettre sont renvoyés à l'examen de la Section d'Économie
rurale.
L'Institution royale de la Grande-Bretagne remercie l'Académie pour
l'envoi de plusieurs volumes des Recueils qu'elle publie.
L'Académie royale des Sciences de Lisbonne adresse des remerciments
pour un semblable envoi.
M. le Maire de la ville de Boulo«ne-slr-Mer prie l'Académie de
vouloir bien comprendre la Bibliothèque publique de cette ville au nombre
des établissements auxquels elle fait don de ses Comptes rendus hebdoma-
daires.
M. Sillimann, directeur du Journal américain des Sciences et Arts, qui se
publie àNew-Haven(Connecticut), adresse une semblable demande et rap-
pelle que depuis plusieurs années il envoie régulièrement son journal à l'A-
cadémie.
Ces deux demandes sont renvoyées à l'examen de la Commission admi-
nistrative.
( 43 )
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Extrait d'une Lettre de M. Cayley
à M. 3. Bertrand.
« Permettez. moi de vous soumettre «ne remarque que je viens de faire
par rapport au Mémoire de Jacobi « sur l'élimination des noeuds dans le
problème des trois corps » (Compte rendu, 8 août 1842). Il me semble que,
quoique Jacobi dise qu'il a fait dépendre le problème d'un système de
cinq équations du premier ordre et une seule du second ordre, il a réel-
lement fait plus que cela, savoir qu'il l'a fait dépendre d'un système de
six équations du premier ordre, et qu'ainsi il est allé aussi loin que vous
dans le « Mémoire sur l'intégration des quelques différentielles de la mé-
canique » (Journal de M. Liouvitle, t. XVII, i852). En effet, si dans les
équations I,..., VI, de Jacobi, pour les réduire à un système d'équations
du premier ordre, on écrit
jt(l>.r- + ^r\) = Q,
le système peut évidemment se présenter sous la forme
di di, du du, dr dr, dQ , , .
1 =X=V~~lTt—R = Rt = ~0{>= >'
et cela étant, en remarquant que les fonctions I, I,, U,..., ne contiennent
pas t, et en omettant l'équation ( = dt), on a un système de six équations
entre les quantités i, i, ,«,«,, r, r, , 0; en supposant que l'intégration soit
effectuée, on obtient alors t au moyen d'une quadrature.
» Je remarque en passant qu'il ne me paraît pas que Jacobi ait dû dire :
« Par suite l'on a fait cinq intégrations ; » les seules intégrations qu'il a faites
sont: l'intégrale des forces vives, et les trois intégrales des aires; cela étant,
on obtient, au lieu de 12 équations entre i3 variables, 8 équations entre
9 variables, et dans la solution de Jacobi il arrive que ce système de 8 équa-
tions contient, comme partie de lui-même, un système de 6 équations enSre
7 variables; mais à moins d'intégrer les 6 équations, on n'obtient pas d'in-
tégrale nouvelle. »
métallurgie. — Eludes sur ravier; Note par M. H. Caron. (Présentée
par M. H. Sainte-Claire Deville.)
•< Karsten avait remarqué qu'en attaquant l'acier non trempé par les
acides, on obtient comme résidu une matière graphiteuse, qui n'apparaît
plus lorsque l'on subslitue Y acier trempé à Y acier non trempé; cette matière
6..
( 44 ;
graphiteuse était selon lui un composé défini de 6 atomes de charbon et de
i atome de fer, matière que cependant il n'a jamais pu obtenir à l'état de
pureté.
>■ Berthier, en traitant par l'iode l'acier fondu qu'il ne dissolvait pas
complètement, a séparé un autre carbure, auquel il a attribué une com-
position représentée par des équivalents égaux de charbon et de 1er; mais
il ne semble pas qu'il ait attaché à son expérience une bien grande impor-
tance, puisqu'il n'en parle plus dans son Traité des Essais par la voie sèche.
» Dans les nombreuses analyses d'acier que j'ai été à même de faire, je
n'ai jamais pu trouver le polycarbure de Karsten, bien que j'aie attaqué
comme lui (i) les aciers par des acides très-dilués ou peu énergiques; je
n'ai pas été plus heureux en employant d'après Berthier (2) le brome et
l'iode comme dissolvants, et j'ai remarqué que, dans tous les cas, ce pré-
tendu carbure de fer variait de composition, non-seulement avec la qualité
des aciers et la nature des dissolvants employés, mais encore avec la forme
et la dimension des échantillons d'acier analysé. J'ai dû en conclure que
ce carbure n'était probablement qu'un mélange de charbon et de métal,
dans lequel ce dernier se trouve protégé mécaniquement par le charbon
contre l'action dissolvante. Les expériences dont je vais parler nie per-
mettront, j'espère, d'apporter un élément de plus clans l'étude de ces faits
en donnant des résultats numériques qui peuvent servir, selon moi, à
déterminer l'état véritable du charbon dans des aciers de différentes qua-
lilés.
» Je prends l'acier à trois états différents : i° tel qu'il sort des caisses de
cémentation ; 20 tel qu'il est après un martelage prolongé. J'en détache au
moyen d'une machine à raboter des copeaux de dimensions semblables, dont
je trempe une partie pour former un troisième lot. Je pèse 5oo grammes de
chacune de ces matières que j'introduis dans trois ballons avec les mêmes
quantités d'acide chlorhydrique concentré; le tout est chauffé dans une
étuve. On s'aperçoit bientôt que la matière graphiteuse n'est pas en égale
quantité dans les trois ballons, et même qu'elle est sensiblement nulle dans
celui qui contient l'acier trempé. On décante le liquide des ballons dans
trois grands vases et on lave bien le métal restant, de manière à laisser
a l état de pureté la matière première non dissoute et à permettre d'en
prendre le poids après dessiccation dans l'hydrogène; la matière graphiteuse
( 1 ) Karsten , t. I, p. t6t) et suivantes.
(2) Annales det Mines, 3e série, t. III, p. 209.
(45 j
enlevée en même temps que l'acide, est lavée, séchée à i' élu ve et pesée ; un
la calcine à l'air, on pèse de nouveau. Le résidu, introduit dans uns nacelle
de platine, est chauffé dans l'hydrogène et encore pesé, puis enfin traité par
un mélange d'acide chlorhydrique gazeux et d'air (i) qui ne laisse dans la
nacelle que la silice dont on prend le poids. Avec ces données, on détermine
aisément la composition de la matière graphiteuse et sa proportion dans
l'acier. J'ai obtenu ainsi les résultats suivants :
c .
Acier de cémentation, résidu pour ioo grammes de métal dissous i ,(>24 A.
Acier de cémentation, martelé, résidu pour ioo grammes de métal dissous. . 1,243 B.
Acier de cémentation, trempé, résidu pour 100 grammes de métal dissous. . 0,240 C.
» Ces résidus analysés contiennent :
ABC
er gr
Charbon 0,825 o,56o traces
Fer 0,557 °>445 traces
Silice 0,242 o,238 0,240
1 ,624 1 ,243 0,240
» Ainsi, l'effet produit d'une manière complète par la trempe se trouve
réalisé partiellement par le martelage, et les qualités qui constituent l'acier
semblent croître en même temps qu'augmente la proportion de charbon
combiné plus intimement avec le fer. Je m'exprime ainsi, parce qu'on admet
généralement que plus la quantité de charbon séparé par les acides est con-
sidérable, moins est intime sa combinaison avec le métal.
» Je ne pourrais rapporter ici toute la série des analyses que j'ai exécu-
tées d'après cette méthode sur les aciers de diverses espèces et en particulier
sur des aciers plus ou moins martelés ; voici ce qui résulte de ces analyses :
en même temps que le corroyage bonifie l'acier, en même temps il diminue
la proportion de charbon que les acides en séparent. J'ai remarqué égale-
ment que les aciers laminés laissent un résidu charbonneux plus considé-
rable que les aciers martelés, toutes circonstances égales d'ailleurs, ce qui
est d'accord avec l'observation, puisque l'action du laminoir est loin d'être
aussi puissante que l'action du marteau pour améliorer l'acier.
» Le même système d'expériences et d'analyses m'a permis d'établir que
les effets de la chaleur sont sensiblement inverses de ceux que produisent le
martelage et la trempe. Ainsi, de l'acier trempé ayant été recuit pendant un
(1) Par la méthode que j'ai décrite ( Comptes rendus, 1860, t. LI, page 938).
(4f6)
temps variant entre quelques heures et plusieurs jours, a donné après disso-
lution des quantités de charbon libre qui ont augmenté en même temps que
la durée et l'intensité des chauffes; les aciers recuits ne reprennent leurs
qualités primitives, ainsi que leurs propriétés chimiques en face des acides,
qu'après le martelage ou la trempe.
» Pour confirmer ce résultat, j'ai opéré, de la manière déjà décrite, sui-
de la fonte blanche que Karsten assimile à juste titre à l'acier trempé, et
j'ai observé la même variation, mais plus prononcée, entre les quantités de
charbon libre et la durée du recuit (1).
» L'affinité du charbon et du fer est donc assez faible, puisque la chaleur
seule (lorsqu'elle n'est pas portée jusqu'au point de fusion du métal) suffit
pour les désunir plus ou moins complètement et altérer les qualités de l'acier;
mais cette affinité peut être puissamment modifiée lorsqu'on introduit dans
l'acier une matière étrangère ou qui paraît étrangère à sa constitution. J'ai
étudié cette influence au point de vue et par les méthodes que je viens d'ex-
poser, en introduisant successivement dans l'acier fondu et en proportions
variables les différents corps simples que l'on peut trouver dans les aciers
du commerce; ce sera l'objet d'une prochaine communication. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur l'emploi du bisulfite de chaux dans la fabri-
cation du sucre de canne; par M. Alvaro Reynoso. (Extrait du Diario de
la Marina, de la Havane, 7 mars 1859.) (Note présentée par M. Dumas.)
« i° Le bisulfite de chaux employé seul, sans aucun mélange de chaux,
même dans les cas où la nature des sucs le réclame, loin d'être utile, est
extrêmement nuisible; car non -seulement il ne remplace pas la chaux
comme matière défécante, mais encore il porte avec lui des inconvénients
que son union avec un excès de chaux eût évités.
» a° Toutes les fois que l'on emploie simultanément le bisulfite de chaux
et la chaux, cette dernière doit dominer, car, si au contraire c'était le bisul-
fite qui dominât, il produirait les effets qui lui sont propres. Il est donc
nécessaire, indispensable, de travailler en toute circonstance en employant
un excès de chaux, et que les jus sucrés suffisamment alcalinisés bleuissent
(1) Cet effet n'est jamais complet et, quelle que soit la durée du recuit, il reste toujours
une petite quantité de charbon combiné. J'ai pu le vérifier après quinze jours et quinze nuits
de recuit. Je n'ai pas besoin de dire que dans les expériences précédentes le refroidissement des
fontes ou des aciers recuits s'est toujours opéré dans les mêmes conditions.
(47 )
le papier rouge de tournesol. A défaut du papier de tournesol, il y a
d'autres indices auxquels nous pouvons reconnaître si le liquide contient un
excès de chaux ; tels sont : la couleur et la transparence du liquide, la for-
mation des écumes, quelques phénomènes qui se remarquent dans l'ébul-
lition et l'apparition d'une pellicule sur le liquide que peut contenir une
cuiller d'argent quand on dirige sur ce liquide l'acide carbonique exhalé
parla respiration. Nous n'avons jamais cru (et plus nous examinons la
question, plus nos convictions acquièrent de force) qu'en aucun cas, et
bien moins encore quand on fait usage du bisulfite, il convienne d'opérer
sur des jus sucrés acides; on doit toujours les alcaliniser jusqu'à ce qu'ils
contiennent un excès de chaux. De cette manière, quoique nous obtenions
quelquefois des sucres de couleur moins claire, ils auront une qualité que
les autres ne peuvent posséder ; de plus, le jus sucré rendra davantage et le>
produit ne s'aigrira pas, s'il a été convenablement purifié.
» 3° En employant le bisulfite de chaux en excès, nous obtiendrons
d'abord une grande partie des avantages et des inconvénients qui accom-
pagnent l'usage de la chaux en petite quantité, et, de plus, cet excès de
bisulfite produira quelques phénomènes qui lui sont propres et qui peuvent
nous conduire aux résultats les plus funestes. Le bisulfite de chaux, que
nous pouvons considérer comme acide sulfureux, uni au sulfite de chaux,
se transforme, en absorbant l'oxygène,, en acide sulfurique (huile de vitriol)
et en sulfate de chaux. Tout le monde sait que l'acide sulfurique agissant
sur le sucre de canne le transforme d'abord en sucre de raisin, et, par une
action plus profonde, peut l'altérer au point de produire les acides ulmique
et formique, et de plus Fulmine. Or le bisulfite en excès nous fera perdre
une partie du sucre, parce qu'il n'est pas un agent complètement défécant,
et que de plus il altère le sucre cristallisable ; de plus, lohi de décolorer les
liquides qui le contiennent, il produira leur coloration par les composés de
couleur grise dont il est le principe.
» En résumé, il résulte de ce que nous venons d'exposer que dans les cas
où il peut être utile, l'usage du bisulfite de chaux doit être toujours accom-
pagné, non-seulement de la quantité de chaux suffisante pour saturer com-
plètement tout l'acide sulfureux, mais que de plus on doit employer un excès
de chaux. Les jus sucrés ne doivent jamais présenter la moindre réaction
acide quand on les examine au moyen du papier de tournesol. Toutes les
fois qu'on nous a consulté sur la manière d'user du bisulfite, nous avons
insisté sur la nécessité de son emploi conjointement avec la chaux en excès.
( 48)
» De cette manière, il a produit les meilleurs résultats dans les essais qui
ont été faits par nous sur la Armonia, la Concepcion, Santo-Domingo et
San-Jose, sucreries appartenant à M. de Aldama. »
M. Alvaro Reynoso, ajoute M. Dumas, adresse à l'Académie le numéro
du Diario du 7 mars i85o, qui renferme cette Noie, et il fait remarquer que,
d'après MM. Possoz et Périer {Comptes rendus, 16 octobre 1862), leurs
expériences de laboratoire datent de novembre 1860, et leur brevet du
ier avril 1861 seulement.
EMBRYOGÉNIE. — Note sur la cause des déplacements apparents de l'allantoïde
dans l'œuf de poule ; par M. C.Dareste. (Présentée par M. Milne Edwards.)
« J'ai fait connaître, il y a sept ans, des cas fort curieux de déplacements
apparents de l'allantoïde dans l'œuf de la poule.
» J'avais reconnu que, lorsque je vernissais le gros bout de l'œuf, au
début de l'incubation, l'allantoïde se dirigeait vers le petit bout ou ia
pointe. Ce fait, qui a été le point de départ de tous mes travaux sur la pro-
duction artificielle des monstres, était resté pour moi complètement inex-
pliqué. Seulement je croyais, et toutes les apparences étaient en faveur de
cette opinion, que l'allantoïde, en se développant, allait chercher l'air, et
qu'elle se dirigeait vers la partie île la coquille restée perméable aux gaz; de
la même façon que, dans le règne végétal, les tiges se dirigent vers la lumière,
tandis que les racines la fuient.
» Les nombreuses expériences que j'ai faites depuis cette époque, dans
la but de modifier le développement de l'embryon, me donnent actuelle-
ment une explication très-simple et purement mécanique du déplacement de
l'allantoïde. Mais'je ne puis la faire comprendre sans donner préalable-
ment quelques détails sur la position de l'embryon dans l'œuf.
» Dans les premiers temps de l'incubation, le jaune, qui est plus léger
que l'albumine, vient toujours se placera la partie la plus élevée de l'inté-
rieur de l'œuf : et la cicatricule, qui est plus légère que le reste du jaune,
vient toujours se placer à la partie supérieure du jaune. Il en résulte que,
dans l'incubation horizontale, qui est l'incubation naturelle, la cicatricule,
qui occupe toujours la partie culminante de l'intérieur de l'œuf, occupe
une position intermédiaire entre le gros bout et la pointe, mais un peu
plus rapprochée cependant du gros bout que de la pointe. Ces faits ont
été parfaitement démontrés en 1674 Par un anatomiste fort peu connu
(49)
d'ailleurs, qui s'appelait Langly, et qui combattaitl'opinion de tous ceux qui
jusqu'alors s'étaient occupés d'embryogénie, parmi lesquels on complaît
Harvey.
» Lorsque l'embryon se forme sur la cicatricule, il est, ainsi que M. de
Baer l'a indiqué, disposé le plus ordinairement de telle sorte que l'axe du
corps, représenté par la colonne vertébrale, est parallèle au petit axe de l'œuf,
et, par conséquent, perpendiculaire à son grand axe. Il est d'ailleurs, au
début de l'incubation, coucbé à plat sur le jaune, et dans une situation
telle, que son côté gauche est tourné vers le gros bout de l'œuf, siège de la
chambre à air, et que son côté droit est, au contraire, tourné vers le petit
bout ou la pointe de l'œuf. Plus tard, du troisième au quatrième jour,
l'embryon se retourne et se couche sur le jaune, de manière à être en rapport
avec le vitellus par le côté gauche de son corps. Dans cette position, l'em-
bryon présente le dos au gros bout, et, par conséquent, à la chambre à
air, et le ventre à la pointe de l'œuf.
» Chez des embryons ainsi placés, et c'est le cas le plus général, l'allan-
toïde qui sort par l'ouverture ombilicale, au côté droit de l'embryon, s'élève
peu à peu et se dirige vers le point culminant de la coquille, en se plaçant
dans un espace libre formé supérieurement par l'enveloppe séreuse, inté-
rieurement par le feuillet vasculaire, et à gauche par l'amnios. Puis, lors-
qu'elle s'est mise en contact avec la coquille, elle s'étale latéralement au-
dessous d'elle , à droite et à gauche, pour atteindre les deux extrémités de
l'œuf. Mais, comme son point de départ est généralement plus près du gros
bout que du petit bout, et que, d'autre part, le gros bout est occupé par la
chambre à air, dont la capacité augmente pendant toute la durée de l'incu-
bation, elle semble se diriger d'abord du côté de la chambre à air.
•< Or, s'il arrive que l'amnios ait conservé une partie de ses connexions
primitives avec l'enveloppe séreuse, aux dépens de laquelle il s'est formé;
en d'autres termes, si le pédicule amniotique persiste, il y aura là, entre
l'amnios et l'enveloppe séreuse, une barrière que l'allantoïde ne pourra pas
franchir. Elle se développera donc simplement en gagnant la pointe de
l'œuf, et ne pourra se diriger vers la chambre à air. Il y aura donc un dépla-
cement apparent, et c'est ce déplacement apparent que j'avais pris, au début
de mes études, pour un déplacement réel , produit par l'application d'un
vernis sur le gros bout de l'œuf, et, par conséquent, sur la chambre à air.
» J'ai montré, dans une communication précédente, que la persistance
du pédicule amniotique , au delà de l'époque où il disparaît ordinairement ,
C. F,., iS63, i" S-mcsirr. (T. LVI, N° I.) 7
: 5o)
s'est rencontrée dans presque tous les monstres que j'ai produits artificiel-
lement; et que, faisant obstacle au développement normal de l'allantoïde,
elle joue un rôle très-important dans les phénomènes de la vie et de la mort
de ces êtres. Or je trouve encore dans ce fait une explication tout à fait satis-
faisante de ce que j'avais observé au début de mes études. En effet, l'exis-
tence de ces adhérences entre l'enveloppe séreuse et l'amnios aura toujours
pour résultat de déterminer un déplacement apparent de l'allantoïde ; dans
tous les cas du moins où l'embryon, en se formant, prendra, relativement
au jaune, la position que je viens d'indiquer, et, par conséquent, l'allan-
toïde occupera toujours la pointe de l'œuf. Par exemple, c'est un fait que
j'ai rencontré bien souvent, lorsque je faisais couver des œufs dans une posi-
tion verticale, en les plaçant la pointe en haut. Comme, dans ces conditions,
j'agissais sur des œufs qui n'avaient pas été vernis, et dont, par consé-
quent, la coquille était complètement perméable à l'air, il était bien évident
qu'ici l'allantoïde n'allait point chercher l'air, comme j'avais cru pouvoir le
conclure de mes premières expériences-. C'est en réfléchissant aux conditions
nouvelles dans lesquelles je me trouvais placé, que je suis arrivé à déterminer
la cause, entièrement mécanique, de ce phénomène.
» Je dois ajouter maintenant qu'il semblerait résulter d'une observation
déjà ancienne de MM. Baudrimont et Martin Saiut-Ànge que l'allantoïde ne
se développerait point au-dessous des parties de la coquille recouverte par
un enduit plus ou moins imperméable à l'air. J'admets parfaitement la possi-
bilité de ce fait, que je n'ai pas constaté moi-même ; mais je crois qu'il est
toujours subordonné à la disposition anatomique que je viens de signaler.»
F'HYSIOLOGIE — Sur les modérateurs des mouvements réflexes dans le cerveau de
la grenouille; par M. Setchexow. ^Noie présentée par M. Bernard. )
« L'existence des modérateurs des mouvements réflexes dans le cerveau
de la grenouille n'a été prouvée jusqu'à présent qu'à moitié, ce fait n'ayant
pour base solide que le phénomène connu de l'accroissement de l'action
réflexe par suite de la décapitation de 1 animal. Il manquait donc à la
question, pour être complètement résolue, la démonstration directe de ces
mécanismes. Le Mémoire dont j'ai l'honneur de présenter le résumé à
l'Académie, a pour but de remplir cette lacune. L'existence des modéra-
teurs dans le cerveau de la grenouille y est démontrée directement. Cela
jettera en outre quelque lumière sur la distribution de ces mécanismes dans
les centres nerveux, sur la voie de leur excitation et sur leur mode d'action.
(5i )
» J'arrive au premier but, c'est-à-dire à la démonstration directe des
modérateurs, de trois manières d'expérimentation différentes : i° en cou-
pant le cerveau dans divers points; 2° en irritant ses différentes parties
avec des agents chimiques ou avec l'électricité; enfin 3° en excitant le cer-
veau par les voies physiologiques.
» La manière de produire les mouvements réflexes dont les changements
doivent être observés est restée dans toutes mes expériences la même. Elle
a été proposée par M. Tùrck (Ueber den Zustand derSennbilitdt nacli tlieilwei-
ser Trenmmg des Rùckènmarkes, i85o), et consiste à plonger une des pattes
postérieures de la grenouille suspendue verticalement, dans une faible solu-
tion aqueuse d'acide sulfurique. Le temps que la patte reste plongée
dans le liquide est mesuré dans mes expériences à l'aide d'un métronome
battant 100 coups par seconde, et exprime le degré de l'action réflexe.
» Avant d'aborder les faits, qu'il me soit permis d'exposer en quelques
mots l'aspect général du cerveau de la grenouille vu d'en haut. Il faut que
sa forme soit présente à l'esprit du lecteur pour que la description des faits
lui soit claire. La partie antérieure de la cavité crânienne est occupée par
les hémisphères, dont la surface ne présente absolument aucun point carac-
téristique où la section puisse être faite. Donc, quand ii va être parlé plus
bas de la section des hémisphères, on doit se la figurer divisant cette partie
du cerveau transversalement en deux parties plus ou moins égales. Entre
les hémisphères et les lobes optiques sont intercalés, sur un petit espace de
forme rhomboidAe,' glandulapineatis eltlialami optici, d'après Ecker [Icônes
physiologicœ). Viennent ensuite les lobes optiques, deux grands corps de
forme sphérique, dont la limite postérieure (avec la moelle allongée) est
nettement tracée par une ligne pigmentée. La surface delà moelle allongée
n'offre pour la section qu'un seul point précis, le bout postérieur du qua-
trième ventricule.
» On devine donc que le cerveau a été coupé dans mes expériences au
milieu des hémisphères, dans les limites communes de ses trois parties
principales et au-dessus du quatrième ventricule.
» Voici à présent 1rs faits :
» En coupant le cerveau dans quelque partie que ce soit, on obtient
nécessairement deux effets différents : la soustraction des parties restantes à
l'influence de celles qui sont enlevées, et l'irritation mécanique du cerveau
par le fait de sa section, surtout dans le voisinage de la coupure. Le pre-
mier effet est évidemment durable, tandis que le dernier est passager. Je
n'ai pu utiliser jusqu'à présent cpie le dernier effet.
7-
( 32 )
» Voici les résultats que donne la comparaison de l'action réflexe obser-
vée après les sections du cerveau dans les points indiqués plus haut. L'effet
de la section des hémisphères, comparé à celui de la section dans l'espace
rhomboïdal, donne toujours pour la dernière une dépression notable de
l'action réflexe ( parfois de 10 à 100 coups de métronome), qui se dissipe
ordinairement dans l'espace de 5 à 10 minutes.
» Tout au contraire, l'etfet de la section des hémisphères, comparé à ceux
des deux dernières coupures ( derrière les lobes optiques et au-dessous du
quatrième ventricule), donne pour résultat un accroissement de l'action
réflexe. Il importe de remarquer cependant que l'effet de la coupure der-
rière les lobes optiques ne se manifeste pas aussi rapidement que celui de
la section de la moelle allongée.
» Le fait du changement d'actions réflexes étant ainsi acquis, il fallait en
déterminer les causes et rechercher d'abord si ces phénomènes étaient pro-
duits par la section des masses nerveuses ou bien par d'autres circon-
stances qui coïncident avec la blessure du cerveau dans les points indiqués.
Une série d'expériences dont la description doit être nécessairement suppri-
mée ici , puisque cela me mènerait trop loin , ayant décidé la question en
faveur de la blessure des masses nerveuses, il m'a été permis des lors de
considérer les lobes optiques comme siège principal, sinon exclusif, des
mécanismes modérateurs de l'action réflexe.
» De là je fus logiquement conduit à employer l'irritation des différentes
parties du cerveau par des agents chimiques ou avec l'électricité.
» Comme irritant chimique je choisis le sel marin sous forme de solution
aqueuse concentrée, ou mieux encore en cristaux humides.
» Après avoir coupé le cerveau dans un des points indiqués plus haut ,
on enlève les parties au-dessus de la section, puis, le degré de l'action étant
déterminé, on applique le sel marin sur la coupe transversale du cerveau.
» Les phénomènes produits par cette irritation ont généralement la forme
suivante :
» i° L'effet de l'irritation portée sur la coupe des hémisphères est incon-
stant : le plus souvent on observe une dépression insignifiante de l'action
réflexe.
» 2° L'irritation chimique dans l'espace rhomboïdal donne une dépres-
sion de l'action réflexe aussi forte que celle produite par la section du cer-
veau dans le même endroit.
» 3° La dépression de l'action réflexe, par suite de l'irritation du cerveau
( 53 )
derrière les lobes optiques, est moins notable que dans le cas précédent,
mais plus forte que dans le premier.
» 4° L'effet de l'irritation chimique au-dessous du quatrième ventricule
est absolument nul.
» Tous ces changements de l'action réflexe se dissipent graduellement
si l'agent irritant est éloigné, et se reproduisent facilement quand il est de
nouveau appliqué au cerveau.
» La série de faits donnés par l'irritation électrique étant absolument la
même que celle qui vient d'être décrite^ il serait parfaitement inutile d'en
parler davantage. Qu'il me soit permis seulement de faire la remarque que
ces trois modes d'expérimentation combinés prouvent incontestablement
l'existence des modérateurs de l'action réflexe dans le cerveau de la gre-
nouille, et qu'ils en indiquent le siège dans les lobes optiques. »
PHYSIOLOGIE. — Note sur les nerfs moteurs de la vessie; par M. J. Giannczzi ;
présentée par M. Bernard.
» J'ai l'honneur de présentera l'Académie le résumé de mes expériences
sur les nerfs moteurs de la vessie faites dans le laboratoire de M. Claude
Bernard, au Collège de France.
» De mes expériences faites sur des chiens il résulte :
,» i° Quand on galvanise les nerfs formés ordinairement par les troisième,
quatrième et cinquième paires sacrées, et qui entrent directement dans la
constitution du plexus hypogastrique, qui à son tour donne les nerfs à la
vessie, on obtient des contractions qui ont lieu au bas-fond de cet organe,
et d'une manière plus marquée du côté des nerfs excités. A l'œil on ne peut
pas constater distinctement des contractions dans le corps de la vessie;
néanmoins on réduit cet organe à un volume très-petit, si on prolonge
quelque temps l'excitation.
» 2° Les mêmes résultats s'obtiennent par l'excitation des filets du grand
sympathique qui viennent des ganglions mésentériques et qui se rendent
aussi au plexus hypogastrique. Mais dans ce cas les contractions, accompa-
gnées d'une très-forte douleur, se manifestent plus lentement et durent
quelque temps après l'irritation ; mais ces contractions déterminées par le
grand sympathique sont aussi moins intenses que celles données par l'exci-
tation des nerfs rachidiens. Outre cela, pour obtenir des contractions avec le
grand sympathique, on a toujours besoin d'un courant électrique plus fort.
Presque toutes ces propriétés, comme on le sait, sont caractéristiques du
grand sympathique.
( 54 )
» Donc la différence qu'on observe entre l'excitation des nerfs rachidiens
et des filets du grand sympathique ne porte pas sur la forme de la contrac-
tion de la vessie, ni sur le lieu de cette contraction, mais sur le degré d'in-
tensité de cette contraction et de l'excitation qui la produit. En effet, les nerfs
rachidiens ont besoin d'une excitation moins énergique et produisent des
contractions plus fortes et plus rapides: les nerfs sympathiques, au con-
traire, ont besoin pour agir d'une excitation beaucoup plus forte, et donnent
des contractions vésicales plus faibles et plus lentes.
» Après avoir constaté ces faits, si l'on cherche a déterminer dans la
moelle épinière les points qui donnent origine aux nerfs moteurs de la
vessie, on trouve :
» i° Qu'en irritant toute la région lombaire de la moelle épinière on
produit sur quelques animaux des contractions dans la vessie ;
» 2° Que, dans tous les cas, dans cette région il y a deux points princi-
paux qui président aux contractions de la vessie : l'un situé en correspon-
dance de la troisième vertèbre lombaire, l'autre en correspondance de la
cinquième.
» Enfin si l'on veut savoir par quels nerfs les points précédents de la
moelle transmettent leur action, on trouve :
» i° Que le point correspondant à la troisième vertèbre lombaire trans-
met ses effets par les filets, qui passent préalablement par les ganglions
mésentériques, avant d'aller constituer le plexus hypogastrique; de sorte
que, quand on coupe ces filets, les irritations portées en correspondance
de la troisième vertèbre ne donnent plus lieu aux contractions de la vessie;
» 2° Que le point de la moelle placé au niveau de la cinquième vertèbre
lombaire transmet son action par des filets sacrés qui viennent directement
former le plexus hypogastrique. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la réunion bout à bout des fibres nerveuses
sensitives avec les fibres nerveuses motrices (i); par MM. «J.-M. Piiu.ipeaitx
et A. Vulpian.
« Dès le début de nos recherches sur la régénération des nerfs, nous
avons été conduits à nous occuper d'une question très-importante, posée
pour la première fois par M. Elourens, et déjà résolue en grande partie par
lui, à savoir la question de la réunion des nerfs d'origine différente.
{i) Les recherches dont les résultats sont consignés dans cette Note, ont été faites dans
le laboratoire de M. Flourens.
( 55 )
» En 1827, M. Flourens, dans un Mémoire lu à l'Académie des Sciences
et reproduit dans l'ouvrage fondamental qu'il a publié plus tard (1),
rapportait des expériences qui montrent en effet que le bout central d'un
nerf peut être réuni d'une façon assez intime au bout périphérique d'un
autre nerf pour que les excitations du premier bout se transmettent au
second, et réciproquement.
» Sur un coq, M. Flourens avait coupé les deux nerfs principaux de
l'aile et les avait joint, de telle sorte que le bout périphérique de l'un corres-
pondait au bout central de l'autre : les bouts ainsi croisés avaient été main-
tenus en rapport par un point de suture. Quelques mois après l'opération,
le coq avait repris l'usage de son aile : les nerfs furent mis à nu et furent
trouvés réunis dans l'ordre nouveau créé par l'expérience. L'irritation des
bouts périphériques produisait de la douleur; l'irritation du bout central
d'un des nerfs se transmettait au bout périphérique de l'autre nerf et déter-
minait des contractions dans les muscles auxquels se distribuait ce bout
périphérique.
» M. Flourens a obtenu en outre In réunion complète du bout central du
cinquième nerf cervical avec le bout périphérique du nerf pneumogastrique
sur un coq et sur un canard ; enfin, chez ce même canard, il a réuni égale-
ment le bout inférieur du cinquième nerf cervical avec le bout supérieur du
nerf de la huitième paire. » Dans tous ces cas, dit M. Flourens, la communica-
» tion des irritations, par les points réunis, se rétablit en entier; et il y a de
« nouveau ainsi continuité de vie et d'action dans le nerf, comme conti-
» nuité de tissu. »
» Les expériences de M. Flourens ont donc prouvé, avec toute la netteté
possible, que ies nerfs mixtes peuvent se réunir, bout périphérique de l'un
au bout central de l'autre, et que la réunion est complète non-seulement au
point de vue analomique, mais encore au point de vue physiologique,
en ce sens que les excitations de l'un des bouts peuvent se transmettre à
l'autre bout. M. lis il restait à savoir si les nerfs exclusivement moteurs
peuvent se réunir à des nerfs exclusivement sensitifs de la même manière
que se réunissent entre eux les nerfs mixtes.
a MM. Gluge et Thiernesse, qui ont publié un Mémoire .sur ce sujet (1),
( 1 ) Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux des
animaux vertébrés, 2e édit., 1842, p. 272 et suivantes.
(2) Sur la réunion des fibres nerveuses sensibles avec les fibres motrices. Bulletin de I Aca.-.
demie royale de Belgique, 2e série; t. VII, n° 7.
( 56)
rappellent les tentatives faites antérieurement par MM. Schwann, Stein-
rueck, Bidder, tentatives dont les résultats tendent tous vers une même
conclusion : l'impossibilité de la réunion des fibres nerveuses motrices
à des fibres nerveuses sensitives.
» MM.Glugeet Tliiernesse ont institué dix expériences semblables à celles
de M. Bidder : comme il l'avait fait dans six de ses expériences, ils ont
réuni sur des chiens le bout central du lingual d'un côté au bout périphé-
rique du nerf hypoglosse du même côté; et le plus souvent, quelque temps
après cette opération, ils ont réuni de même entre eux les deux nerfs cor-
respondants du côté opposé. Une seule fois, lors de l'examen des nerfs
réunis, examen pratiqué toujours plusieurs semaines après le début de
l'expérience, ces physiologistes ont vu l'excitation galvanique du bout
central du nerf lingual se transmettre à la langue; mais ils croient,
disent-ils dans la note i de la page 21 de leur Mémoire, qu'il v a eu dans
ce cas transmission de l'électricité par une mince couche de liquide
répandu sur le verre placé sous le nerf et qui a échappé à leur attention, et
ils refusent toute valeur affirmative à cette expérience. Aussi concluent-ils :
« i° que les fibres sensibles ne peuvent être transformées en fibres motrices ;
■> 20 que le mouvement organique dans les fibres nerveuses, qui détermine
» la sensation, doit être différent de celui qui produit la contraction mus-
» culaire. »
» Les expériences que nous avons faites sur les mêmes nerfs, chez les
mêmes animaux, nous permettent d'établir, contrairement à l'opinion des
auteurs que nous venons de citer, que les fibres nerveuses sensitives peuvent
s'unir bout à bout aux fibres nerveuses motrices, et que, une fois le travail
de réunion achevé, les excitations se transmettent des fibres sensitives aux
fibres motrices.
» Sur de jeui.es chiens, le bout central du nerf lingual d'un côté a été rap-
proché du bout périphérique du nerf hypoglosse du même côté et maintenu
en contact avec ce bout à l'aide d'un point de suture : on avait excisé une
notable partie du bout central de l'hypoglosse et du bout périphérique du
lingual, pour empêcher autant que possible ces segments de venir rejoindre
les bouts mis en expérience.
» Un premier fait nous a frappés : c'est la rapidité avec laquelle se régé-
nère dans ces conditions le bout périphérique du nerf hypoglosse (régéné-
ration très-avancée deux mois après l'opération ; régénération à peu près
complète en quatre mois), et cette rapidité est remarquable surtout si on la
compare à la lenteur de la régénération autogénique de ce nerf. L'influence
( 57 )
du centre nerveux avait donc agi sur le segment périphérique du nerf
hypoglosse par l'intermédiaire du segment central du nerf lingual.
» Ce résultat bien des fois observé nous donnait déjà d'assez fortes pré-
somptions relativement à l'union intime, anatomique et physiologique dans
le sens indiqué plus haut de ces deux segments; mais il fallait vérifier ces
présomptions. Nous avons donc sur plusieurs chiens ainsi opérés étudié
l'effet de l'excitation du bout central du lingual sur les muscles de la langue.
Parmi les expériences de ce genre, nous nous bornerons à citer les deux
plus récentes. Sur deux chiens opérés à l'âge de trois mois environ, nous
avons mis à découvert les nerfs réunis, quatre mois après l'opération. Le
bout central du lingual était bien reslé réuni au bout périphérique de l'hy-
poglosse, sans que les autres bouts fussent venus se mêler à la réunion.
Dans nos premières expériences, nous mettions en usage le galvanisme pour
exciter les nerfs; mais, même en opérant sur le bout central du lingual préa-
lablement séparédu centre nerveux par une section transversale au niveau du
maxillaire inférieur, nous craignions de ne pas être à l'abri de toute cause
d'erreur: aussi nous n'employons maintenant qu'un moyen moins délicat,
mais plus sûr, l'excitant mécanique. Sur les deux chiens dont il s'agit nous
avons coupé le lingual le plus haut possible, puis nous l'avons pressé entre
les mors d'une pince à dissection. A chaque excitation, il y a eu mouvement
assez fort et assez étendu de la moitié correspondante de la langue. Le pin-
cement du bout périphérique du lingual ne produisait rien, ou presque
rien : l'excitation du bout périphérique de l'hypoglosse déterminait de
très-forts mouvements dans la partie de la langue qui s'était contractée lors-
qu'on avait pincé le bout central du lingual. Sur l'un des deux chiens, après
s'être assuré que le pincement du bout central du lingual suscitait encore
des contractions très-nettes de la moitié correspondante de la langue, on
coupe en travers le bout périphérique de l'hypoglosse, et aussitôt il devient
impossible par l'excitation du lingual, en se rapprochant même le plus pos-
sible de la réunion, de déterminer des contractions des muscles linguaux.
» De ces expérience, nous pensons pouvoir tirer les conclusions sui-
vantes :
» i° Les fibres nerveuses sensitives peuvent s'unir intimement bout à
bout aux fibres nerveuses motrices et leui transmettre l'influence régénéra-
trice du centre nerveux;
» 2° Lorsque la réunion bout à bout des fibres nerveuses sensitives aux
parties périphériques des fibres motrices est complète, l'excitation des fibres
C. R., i863, i" Semestre, (T. LVI, N» 1.) "
( 58 )
sensitives se transmet aux fibres motrices, et, par l'intermédiaire de celle-ci,
détermine la contraction musculaire (i).
" Il est probable que, de même, l'excitation des fibres motrices périphé-
riques réunies intimement bout à bout aux fibres sensitives centrales se trans-
mettrait à celles-ci et produirait de la douleur.
» 3° Ces expériences portent à penser que, dans l'état normal, l'excita-
tion produite sur un point quelconque du trajet d'un nerf sensitif se pro-
page au même instant dans les deux sens, centripète et centrifuge, et qu'il
en est probablement de même des excitations d'un point quelconque d'un
nerf moteur. »
M. Sauvageon annonce qu'ayant exposé pendant un certain espace de
temps du colon en laine à la vapeur du soufre brûlant, ce coton conservait
après une assez longue exposition à l'air libre une sorte d'incombustibilité,
c'est-à-dire que, placé au-dessus de la flamme d'une lampe à esprit-de-vin, il
se racornissait, se crispait et ne prenait pas feu, tandis qu'à la même dis-
tance du coton non préparé s'enflammait immédiatement.
M. Desmartis prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission chargée de l'examen de sa Note sur l'emploi de Y extrait de cam-
pêche comme désinfectant des plaies gangreneuses. Il ajoute que, d'après
les renseignements récemment reçus du Mexique, ce médicament a été em-
ployé avec succès sur plusieurs de nos blessés. Dans certains cas il a fallu,
pour ne pas exciter de douleurs par l'application du topique, en atténuer
l'effet, en augmentant la proportion d'axonge, ce qui a pu se faire sans di-
minuer sensiblement l'effet désinfectant.
(Renvoi aux Commissaires nommés : MM. Payen, Velpeau.)
M. Mihalixez adresse d'Alexandrie (Italie) un Mémoire écrit en allemand
(i) Malgré cette communication facile des excitations des fibres sensitives aux fibres mo-
trices, la /onction de ces fibres motrices demeure abolie. Sur deux chiens opérés à la même
époque que ceux dont il a été question plus haut, et de la môme façon qu'eux, nous avons
répété la même opération du côté opposé au bout de quatre mois, et immédiatement, ainsi
qu'on pouvait s'y attendre, le mouvement de projection de la langue est devenu impossible.
Il est aisé de comprendre comment la possibilité de la propagation des excitations du
segment central d'un nerf au segment périphérique d'un autre nerf n'implique pas le
rétablissement de la fonction à laquelle participe ce dernier nerf. (Voir l'ouvrage cité de
M. Flourens : voir aussi nos Recherche!, sur la régénération des nerfs. Paris, 1860, p. 68
et suiv.)
( *9 )
et ayant pour titre : « Le Soleil et sa relation avec les autres corps célestes
considérée du point de vue philosophique. »
M. Faye est invité a prendre connaissance de cet ouvrage et a faire savoir
à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Argesti, dans une Lettre écrite de Bucharest, exprime le désir de
soumettre à l'Académie des recherches de géométrie dont il indique le
sujet.
Renvoi à l'examen de M. Serret, qui jugera s'il y a lieu d'encourager
l'auteur à envoyer son travail.
M. de Baisset-Roqcefort annonce l'envoi de deux exemplaires d'un
opuscule intitulé : « Étude sur le mouvement de la population en France
depuis le commencement du XIXe siècle. » Il exprime le désir que cette
publication puisse être admise au concours pour le prix de Statistique de
i863.
M. Vuillemenot prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen
d'une Commission un Tableau dans lequel il a réuni, sous une forme
synoptique, divers renseignements relatifs au calendrier, à la chronolo-
gie, etc.
Les usages de l'Académie relativement aux ouvrages imprimés ne lui per-
mettent pas d'obtempérer à la demande de M. Vuillemenot.
M. d'Ouncourt rappelle qu'il a adressé en 1861 a l'Académie un Mé-
moire sur un nouveau système de culture qui, en augmentant les revenus
des cultivateurs, tendrait à préserver le pays du danger des inondations II
demande si ce Mémoire a été l'objet d'un Rapport.
Cette Lettre est renvoyée à la Commission des Inondations à laquelle a
été soumis le Mémoire de M. d'Olincourt.
M. Durand annonce l'envoi d'une Note concernant l'application des lois
fie la réfraction à l'analyse chimique.
Cette Note n'est pas parvenue à l'Académie.
La séance est levée à 5 heures un quart. F.
8..
( 6o )
BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 5 janvier i «63 les ouvrages
dont voici les titres :
Faculté de Médecine de Paris. — Séance de rentrée de la Faculté, te
17 novembre 1862. Paris ; br. in-4°.
Du climat de l'Egypte; de sa valeur dans les affections de la poitrine comme
station hibernale comparée à celles de Madère, d'Alger, de Païenne, de Naples,
de Rome, de Venise, de Nice, d' H y ères, de Pau, etc.; par M. le Dr B. Schnepp.
Paris, 1862; vol. in-4°.
Cours de Mathématiques à l'usage des candidats à l'Ecole centrale des Arts et
Manufactures, et de' tous les élèves qui se destinent aux Ecoles du Gouvernement ;
par Charles DE Comberousse; t. III. Paris, 1862; vol. in-8°, avec atlas de
53 planches.
Traité d' Anthropologie physiologique et philosophique ; par le Dr F. Fré-
dault. Paris, 1 863 ; vol. in-8°.
Cours élémentaire de culture des bois créé à V Ecole forestière de Nancy; par
M. Lorentz, complété et publié par A. Parade; 4e édition. Paris et Nancy,
1860; vol. in-3°.
Reboisement des montagnes: région des Alpes; par M. A. Parade. Nancy,
trois quarts de feuille in-8°.
Mémoire sur la Mécanique céleste et sur la cosmogonie, suivi de Notes sur
la théorie des comètes et sur la méthode en mathématiques ; par M. VOIZOT.
Paris, 1862; in-8°. (2 exemplaires.)
Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires,
rédigé sous la surveillance du Conseil de Santé et publié par ordre du Ministre
delà Guerre; 2e série; Table générale (t. I à XXII). Paris, 1862; vol in-8°.
Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire ; XIe et XIIe volumes.
Angers, 1862; in-8°.
Préface d 'une réforme des espèces fondée sur le principe de la variabilité res-
treinte des types organiques en rapport avec leur faculté d'adaptation aux milieux;
par M. Adolphe Gubler. Extrait du Bulletin de la Société Botanique de
France. Paris, 1862; in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. de Qua-
trei'ages. )
Notice sur M. Marcel de Serres, professeur de Minéralogie et de Géologie à
la Faculté des Sciences, membre île l'Académie de Montpellier; par M. Paul
Gervais. 1 feuille in-4°. '
(6i )
Sur tes empreintes végétales trouvées à Armissan [Aude), et détails géologiques
et paléontologiques sur celte localité; par M. V. Gervais. (Extrait des Mémoires
de l'Académie de Montpellier, section des Sciences). In-4°.
Additions aux recherches sur les Mammifères fossiles de l'Amérique méri-
dionale; par le mèrne. (Extrait du même recueil.) i feuille in-4°.
Rapport sur les travaux de la Faculté des Sciences de Montpellier pendant
l'année scolaire i 861- 1862 ; par le même. Montpellier, 1 86a ; trois quarts de
feuille in-8°.
Recherches expérimentales sur l'action physiologique de l'ipécacuanha ; par
G. Pécholier. Paris et Montpellier; 1862; in-8°.
Quatre Mémoires : Autonomie réelle du genre Schufia. — Note sur une
publication récente de M. D. Clos. — Vrilles de la vigne vierge. — Viles Bo-
reali- Americanœ (par M. E. Durand), avec une Introduction et des Notes;
par M. Ch. Desmoulins. (Extrait des Actes de la Société linnéerme de Bor-
deaux.) Bordeaux, 1862; in-8°.
Audubon, naturaliste américain : Etude biographique; par P. -A. Cap. Paris,
1 862 ; in-8°.
Influence du gaz sur les arbres des promenades publiques ; par M. J. GlRARDlN .
(Extrait des Mémoires de la Société impériale des Sciences, de l 'Agriculture et
des Arts de Lille.) Lille; demi-feuille in-8°.
Rapport sur la composition et l'usage industriel des eaux de la Lys, du canal
de Roubaix, des puits, du sable vert, de la marne et du calcaire bleu; par le
même. (Extrait du même recueil.) Lille; br. in-8°.
Elude sur le mouvement de la population en France depuis le commencement
du xixe siècle ; par le marquis de Bausset-Roquefort. (Extrait du Réper-
toire des travaux delà Société de Statistique de Marseille.) Marseille, 1862;
in-8".
Notice sur les silex taillés des temps antéhistoriques ; par M. J. Garnier.
Amiens, 1862; in-8°.
Observations météorologiques faites à Chamounix pendant l'année 1 858,
janvier et février 1 85g, faisant suite à celles publiées en 1857; par M. Venance
Payot. (Extrait des Annales de la Société impériale d' Agriculture, d'Histoire
naturelle et des Arts utiles de Lyon.) Lyon ; br. in-8°.
Végétation de la région des .neiges, ou Flore des Grands-Mulets ( Mont-
Blanc); par le même. ( Extrait du même recueil.) Lyon ; demi-feuille in-8°.
Catalogue phytostatique de plantes cryptogames cellulaires, ou Guide du
Lichenologue au Mont-Blanc et sur les montagnes, etc.; par le même. (Extrait
62 )
du Bulletin de la Société vaudoise des Siu-wes naturelles.) Lausanne. 1860;
hr. in-8°.
Amélioration des métaux employés à la fabrication des canons rayés et à
'elle des armes blanches; pnr P. Leguen. Paris, 1861 ; in-8°.
Recherches sur les composés poly atomiques. Densité de vapeur. De la polari-
sation rotatoire et de ses applications. Du dégagement de la chaleur dans les
actions chimiques (thèses présentées à la Faculté des Sciences de Paris pour
le doctorat es sciences physiques) ; par M. A.-V. LOURENÇO. Paris, 1862 :
in-4°.
Sur les équations générales de l'élasticité et les surfaces isodynamiques. Sur la
durée des éclipses des satellites de Jupiter (thèses présentées à la Faculté des
Sciences de Paris pour le doctorat es sciences mathématiques); par M. Al-
bert de Saint-Germain. Paris, 1862 ; in-40.
Recherches sur la présence du rubidium et du cœsiwn dans les eaux natu-
relles, les minéraux et les végétaux. Du Spectre des diverses sources lumi-
neuses, etc. De l'Isomorphisme en général, etc. ( thèses présentées à la Faculté
des Sciences de Paris pour le doctorat es sciences physiques); par Louis
GrandeaU. Paris, i862;in-4°.
Mémoire sur les Conseils de discipline médicaux ; par le Dr Durant. (Extrait
du journal publié par la Société des Sciences médicales et naturelles de
Bruxelles.) Bruxelles, 1862 ; br. in-8°.
Mémoire sur l'unité de spécialité des espèces humaines, etc.; par J.-E. COR-
NAY. Paris, 1862; br. in-12.
Mémoire sur T utilité d'un Conseil dé prévision destiné à l'élude des causes
des accidents, et des moyens de les prévenir; par le même. Paris, 1 863 ; demi-
feuille in-12.
Transactions... Transactions de l'Institut américain de la ville de New-York
pour les années 1 858, i85o. et 1860. Albany, 1839, 1860 et 1861; 3 vol.
111-80. (Offert par l'Institut américain de la ville de New-York et transmis
par M. Vattemare.)
Geschichte,.. Histoire de la géographie physique de la Suisse jusqu'en 1 8 1 5 ;
parB. Studer, professeur de géologie. Berne et Zurich, 1 863; vol. in-8°.
Ueber... Sur le phénomène de friction (géologie); par M. Theodoi
Kjerulf. (Extrait du Journal de la Société allemande de Géologie pour
l'année 1860.) Br. 111-80.
Forhandlinger... Mémoires de i Académie des Sciences de Christiania pour
l'année 1861. Christiania, i862;in-8°
(63 )
Beretning. . . Compte rendu des résultats de l'emprisonnement cellulaire en
185g. Christiania, i86o;br. in-8°.
Uber. .. Sur la géologie du Tellemarken ; par Tellet Dahll. Christiania,
1860; in-4°.
Dip culturpflanzen... Les plantes cultivées de la Norwége ; par le D' F. T.
Schubeler. Christiania, i862;in-4°.
Materialien... Matériaux pour la minéralogie de la Russie; par Nicolai
v. Kokscharovv ; IVe volume (p. 1 à 96). Saint-Pétersbourg, 1862; m-8°
avec atlas in-4°.
Notizia . . . Notice historique des travaux de la Classe des Sciences Physiques et
Mathématiques de i Académie royale des Sciences de Turin pendant l'an-
née 1860-61 ; par le prof. E. Sismonda, secrétaire perpétuel de la Classe.
Turin, 1862 ; in-Zj0-
Sui modi... Sur les moyens tes plus efficaces d'approvisionner Venise d'eau
potable; par M. G. BlANCO, ingénieur en chef de la municipalité vénitienne.
Venise, 1862 ; in-8°.
The corrélation... Corrélation des forces physiques ; par M. W.-R. Grove ;
4e édition. Londres, 18625 vol. in-8°.
On the. . . Sur les reptiles dicynodons, avec une description de quelques restes
fossiles rapportés de l'Afrique méridionale en novembre 1860, par S. A. R. le
prince Alfred; Note du prof. Owen, avec planches ; in-4°.
The Zoological... Contribution ostéologique pour l'histoire naturelle des
singes anthropoïdes : comparaison des os des membres du troglodyte gorille et du
troglodyte noir, et des différentes variétés de la race humaine; par le même;
in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 12 JANVIER 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Après la lecture du procès-verbal, M. Poncelet réclame la parole et
s'exprime en ces termes au sujet du renouvellement des Membres de la
Commission administrative :
» Je prie M. le Secrétaire perpétuel et mes savants confrères de l'Acadé-
» mie d'accepter, derechef, mes sincères et profonds remercîments pour
» les témoignages d'estime qu'ils ont bien voulu m'accorder dans la pré-
» cédente séance, en me nommant, malgré mon refus, Membre de la Com-
» mission administrative; nomination d'autant plus flatteuse qu'il s'agit
» désintérêts très-graves de l'Institut. Je me vois, à regret, forcé de décliner
» cet honneur, malgré ma déférence envers l'Académie, qui comprendra,
» je l'espère, que je veuille mettre à profit la part de santé et de forces que
» j'ai eu le bonheur de recouvrer depuis un an pour me consacrer exclusive-
» ment à la publication de travaux scientifiques dont, depuis trop long-
b temps, j'ai été détourné, et qui m'obligent à refuser toute espèce de can-
» didature et de fonctions, fussent-elles même purement temporaires et
» gratuites. »
L'Académie procédera dans une de ses prochaines séances à l'élection
d un second Membre de la Commission administrative.
C. R., l863, Ier Semestre (T. LV1, N°2) 9
(66)
M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres invite l'Académie des Sciences à lui faire connaître le plus prompte-
ment possible le nom du Membre qu'elle aura choisi pour la représenter
dans la Commission mixte chargée de décerner, s'il y a lieu, le prix de la
fondation de M. Louis Fould, prix destiné à récompenser l'auteur du
meilleur travail « sur l'histoire des arts du dessin avant le siècle de
Périclès ».
L'Académie, dans une de ses prochaines séances, procédera à l'élection
du Membre qu'elle est appelée à fournir à ceïte Commission.
GÉODÉSIE. — Réponse aux observations de M. Le Verrier relativement à un
Rapport lu dans la séance précédente sur les entreprises géodésiques en Alle-
magne; par M. Faye.
« Après la lecture de mon Rapport sur les récentes entreprises géodé-
siques de l'Allemagne, M. Le Verrier a pris la parole pour présenter quelques
observations auxquelles je crois devoir répondre.
.» Bien que les discussions de priorité ne soient guère de mise en pareille
matière, il est bon d'établir sous son vrai jour la situation actuelle de la
Géodésie en France. Je n'invoquerai que des faits bien connus : c'est dans
les Comptes rendus de nos séances que je puiserai mes citations.
» Rappelons d'abord, afin de rendre la question intelligible à tous, que
le réseau français comprend trois grandes méridiennes et six arcs de paral-
lèles qui coupent les premières à angle droit, de manière à diviser la France
en grands quadrilatères. C'est là, à proprement parler, le réseau géodé-
sique. Pour arriver à la topographie, il a fallu remplir ces vastes polygones
de triangles de second ordre; ceux-ci serveut à leur tour de base à une
triangulation de troisième ordre, sur laquelle s'échafaudent enfin les levés
de détail.
» Cette œuvre immense, imitée par tous les pays, mais nulle part dépassée,
aétéentreprise sous l'impulsion du Bureaudes Longitudes; c'est le Bureau qui
a provoqué la formation de la Commission de la carte de France et qui lui a
fourni le premier de ses présidents, M. de Laplace. Mais elle a été exécutée
par le Corps des Ingénieurs-Géographes, dont la fondation remonte au pre-
mier Empire, et par celui des Officiers d'Étal-Major (i). De même la partie
il) Il faut en excepter la méridienne centrale, œuvre «le Delambre et de Méchain , et une
partie des triangulations des cotes, dues au Corps des Ingénieurs- Hydrographes.
(67 )
astronomique, comprenant la détermination de la latitude, de la longitude
et de l'azimut dans les stations principales, a été l'œuvre de l'Armée, ainsi
que les calculs immenses de toutes les opérations. Quant au prolongement
de la méridienne centrale en Espagne, et aux observations destinées à faire
connaître en chaque point, non plus la direction, mais l'intensité de la
pesanteur, c'a été l'œuvre exclusive et toute personnelle du Bureau des
Longitudes. Cette noble entente des savants Officiers du Dépôt de la Guerre
et du Bureau des Longitudes, à laquelle la France doit un ensemble de
travaux si utiles pour la science, l'administration civile et la défense du
pays, cette entente, dis-je, a duré un demi-siècle : elle dure encore, et
au premier signal on la verra porter de nouveaux fruits. Il ne dépend de
personne d'effacer de notre histoire scientifique de pareils souvenirs.
» Vint la télégraphie électrique, et aussitôt on songea au parti que la
Géodésie en pourrait tirer pour remplacer les signaux de feu dans la déter-
mination des longitudes. Il y a dix ans, à l'époque où M. le Ministre de
l'Intérieur annonçait à l'Académie qu'il allait étendre à tous les chefs-lieux
des départements le réseau de cette télégraphie nouvelle, un Membre vint
vous parler de l'emploi qu'on pourrait faire de cette vaste organisation
pour perfectionner les longitudes du réseau français, en rappelant les résul-
tats déjà obtenus dans cette voie par les États-Unis d'Amérique. Cette simple
remarque provoqua aussitôt de la part de l'Armée une démarche des plus
significatives : le Dépôt de la Guerre s'empressa de faire écrire à l'Académie
que cette pensée était depuis longtemps celle des Officiers d'État-Major
attachés à la carte de France. Voici la Lettre du général Blonde!, alors,
comme aujourd'hui, directeur du Dépôt de la Guerre ; je puis la citer en
entier, car elle est aussi courte qu'honorable pour son auteur (i) :
« Les idées exprimées dans la séance du 6 décembre dernier avaient déjà
» occupé la pensée des Officiers d'État-Major du Dépôt de la Guerre. Us
» avaient pressenti tout le parti qu'ils pourraient tirer de la télégraphie
» électrique pour vérifier ou confirmer, étendre même leur travail et celui
» de leurs prédécesseurs. Us s'applaudiraient de marcher dans cette voie
» sous les inspirations de l'Académie des Sciences. On trouverait chez eux
» un zèle éprouvé et une certaine expérience acquise qui leur donnerait
» peut-être le droit de se considérer comme les dignes agents de la savante
» assemblée. En même temps l'État ne verrait pas la moindre partie de ses
(i) Comptes rendus, t. XXXVI, p. 29 et 3o.
( 6« )
» forces se consumer sans avantage dans îles travaux faits en même temps
» et de deux côtés différents.
» Dans cette idée, j'ai cru convenable d'offrir à l'Académie des Sciences,
» sauf l'approbation du Ministre et dans des limites qu'il lui appartient de
» fixer, le concours des Officiers d'Etat-Major du Dépôt de la Guerre pour
" la réalisation des projets susdits, » que dans une autre Lettre M. le général
Blonde! présente comme le complément nécessaire des travaux de f Etat-
Major.
» A cette occasion, M. Arago fit part à l'Académie des mesures prises
par le Bureau des Longitudes pour appliquer la télégraphie électrique à
la jonction des observatoires et à la transmission de l'heure de Paris. Je
citerai également ses paroles, tout en rappelant, a6n d'éviter des méprises,
qu'à cette époque les Observatoires impériaux étaient compris dans les attri-
butions du Bureau des Longitudes, tandis qu'ils en sont complètement
séparés aujourd'hui.
« Cette idée était si naturelle, disait M. Arago (i), qu'elle est née pres-
>• que aussitôt après l'installation des premiers télégraphes et qu'on ne sau-
» rait dire où elle a pris naissance. Je puis seulement assurer que le Bureau
» des Longitudes s'en occupa dès l'origine avec persévérante, et qu'en outre
» il avisa aux moyens d'établir une communication directe entre l'Obser-
» vatoire de Paris et celui de Greenwich, des qu'il fut question de l'éta-
•> blissement du câble sous-marin entre Douvres et Calais. Si ce projet ne
» s'est pas encore réalisé, on ne doit l'imputer qu'aux difficultés qu'a ren-
» contrées M. Airy pour établir une liaison directe entre l'observatoire
> qu'il dirige et l'une des lignes électriques aboutissant à Douvres et au
» câble sous-marin. Quant à nous, nous sommes prêts depuis longtemps ,t
» faire et à recevoir les signaux. Dans cette vue, une communication a été
» établie par un fd souterrain qui longe la rue du faubourg Saint-Jacques,
» entre une des salles de l'Observatoire et l'Administration centrale située
<> au Ministère de l'Intérieur, rue de Grenelle. Les conditions sous lesquelles
» nous pouvons disposer à certaines heures du jour de la force électrique
» créée dans l'établissement central, ont été convenues et sanctionnées par
» un règlement que le Ministre de l'Intérieur a adopté. Le Bureau des
» Longitudes n'attend plus que les dispositions qui se font à Greenwich
•i pour procéder à la liaison de Dwnkerque, un drs points de la grande
» méridienne de France, avec l'Observatoire de Paris. Une Commission
(i) Comptes rendus, t. XXXVI, p. 3u e l 3 1 .
(69)
» prise parmi ses Membres a depuis longtemps été nommée à cet effet.
» J'ajoute enfin que des arrangements ont été convenus, de concert avec
» le Ministre compétent, pour qu'on transmette chaque jour l'heure de
» Paris aux divers ports tels que le Havre, Nantes, etc., les navigateurs
» devant puiser dans ces indications journalières des moyens très-exacts
» de régler la marche de leurs chronomètres. La difficulté de trouver au
» îfavre un lieu accessible à tous les intéressés, pour l'installation d'une
» excellente pendule, a seule retardé jusqu'ici la mise à exécution d'un
« projet qui donnera certainement d'heureux résultats. »
» Ces projets et ces préparatifs furent entravés par la mort de M. Arago,
qui arriva l'année suivante; puis vint la mesure qui détacha l'Observatoire
du Bureau des Longitudes. Le Bureau ne put consacrer une attention sui-
vie à la question géodésique; il avait alors à défendre son existence mena-
cée : on se rappelle les attaques incessantes dont il fut l'objet jusque dans
le sein de l'Académie. Quant à la partie des projets du Bureau des Longi-
tudes qui se rattachait plus spécialement à l'Observatoire, le nouveau direc-
teur ne manqua pas de suivre de point en point la voie qui avait été tracée.
Mais, il importe de le rappeler ici, la jonction des Observatoires de Paris et
de Greenwich, de Paris et du Havre, n'a aucun rapport essentiel avec l'œu-
vre géodésique dont il s'agit aujourd'hui : elle avait pour but, en effet
soit d'envoyer l'heure de Paris à un port de commerce pour y régler les
chronomètres de la marine marchande, soit d'obtenir, avec une grande
exactitude, des éléments de réduction nécessaires pour ramener à un même
méridien les observations astronomiques de deux Observatoires éloignés.
Quant au reseau géodésique de la France, la séparation du Bureau et de
l'Observatoire désintéressait ce dernier établissement; on eût donc moins
que jamais compris que le nouveau directeur mit de côté les Corps qui
avaient créé la géodésie française, et s'attribuât le droit de la retoucher
et de la remanier.
» M. Le Verrier le sentait bien, en 1 856, lorsqu'il s'entendit avec le
Dépôt de la Guerre afin de déterminer électriquement les longitudes d'un
certain nombre de points du réseau français. Alors il était dans le vrai; il
avait du moins obtenu de travailler à celle oeuvre avec un des Corps
qui l'avaient accomplie. Le Dépôt lui avait donné pour collaborateurs
M. le commandant Bozet, homme excellent, aimé de tous, et dont l'Aca-
démie estimait les travaux scientifiques, puis un jeune officier des plus dis-
tingués, M. le capitaine Versigny. On commença, suis avoirpublié de plan,
par la longitude de Bourges, point pris sur le troisième parallèle. Mais bientôt
( 7° )
l'entente cessa, les opérations furent brusquement interrompues; la rup-
ture fut même annoncée à l'Académie, dans sa séance du 26 oc-
tobre 1857 (1).
« Comme directeur de l'Observatoire, disait M. Le Verrier, il avait
» proposé au Dépôt de la Guerre, lequel est cbargé de la Géodésie, de com-
» biner les ressources des deux établissements pour entreprendre le travail et
» le pousserrésolument. Ilfutconvenu que les opérations seraient reprises
u au commencement de 1857 et poursuivies sans interruption pendant
» toute la campagne. Mais lorsqu'au mois de février le directeur de
» l'Observatoire de Paris réclama la mise à exécution du programme
» convenu, il éprouva le très-vif regret d'entendre le Dépôt de la Guerre
» déclarer qu'il n'était pas en mesure de continuer. »
» Personne n'imagina que le Dépôt de la Guerre eût pu se tromper sur
ses ressources au point de s'engager ainsi dans une campagne scientifique
pour la rompre immédiatement après. Chacun comprit donc que l'auteur
de cette réponse avait eu pour unique but de se dégager poliment après
avoir constaté quelque incompatibilité irrémédiable. M. Le Verrier, néan-
moins, ajoute : « L'année 1857 a donc été perdue; chose fâcheuse, surtout
» si l'on considère combien elle a été exceptionnellement favorable aux
» observations. En l'état actuel des choses, nous ne pouvons que former
» des vœux pour que ces grandes questions, dans lesquelles l'honneur
» scientifique de la France est engagé depuis des siècles, ne soient pas lais-
» sées en souffrance par le Dépôt de la Guerre. »
» Assurément ces paroles ne décèlent pas l'espoir de reprendre plus tard
les relations interrompues, et, de fait, six ans viennent de s'écouler
sans que l'on ait cherché à les rétablir. Mais ces travaux seront repris, j'ose
du moins l'espérer, dans les conditions traditionnelles, de manière à uti-
liser les progrès nouveaux que la science a faits depuis dix ans.
» Je poursuis cet exposé. Depuis le commencement de 1867, il n'a plus
été question de Géodésie à l'Observatoire : je dis à l'Observatoire seulement,
caries travaux géodésiques n'ont pas cessé pour cela en France; c'est ce
que prouveraient au besoin les Mémoires que le Ministre de la Guerre a
transmis au Bureau des Longitudes au nom des Officiers du Dépôt de la
Guerre, la triangulation de l'Algérie où M. le capitaine Versigny a trouvé
une compensation pour les travaux qu'il avait d'abord espéré faire en
(1) Comptes rendus, t. XLV, p. 61 i.
( V )
France, les instruments nouveaux si remarquables que M. le colonel
Hossard a fait construire pour observer les latitudes astronomiques avec
une grande précision, et cette jonction toute récente des réseaux anglais et
français que le Dépôt vient de terminer de concert avec VOrdnance Suivey,
au moyen de triangulations menées en commun dans les deux pays, les
officiers anglais et les officiers français opérant simultanément [quoique in-
dépendamment en France et en Angleterre.
» M. Le Verrier nous parle, il est vrai, de la longitude du Havre, entre-
prise tout à coup, après cinq années d'indifférence, en 1861. Je n'en parle-
rai moi-même qu'avec réserve; rappelons seulement qu'elle avait d'abord
pour unique but de relier à Paris un observatoire privé, fondé récemment
au Havre en vue des besoins de la navigation ; personne ne prendra donc
cette opération pour une entreprise géodésique. C'est ce qui ressort d'ail-
leurs des communications mêmes de M. Le Verrier; car, après avoir opéré
en 1861 à cet observatoire il s'avisa plus tard, vers la fin de 1862, je crois, de
s'enquérir de la situation du Havre sur la carte de France, et il apprit alors
qu'aucun des points où il avait fait observer n'était un point géodé-
sique (1).
» Ainsi, depuis la déclaration d'octobre 1857, le terrain, un instant
occupé, était redevenu libre, et libre il est resté pendant cinq longues années.
D'autres étaient en droit de reprendre des opérations publiquement aban-
données, à la seule condition de s'entendre mieux avec le Dépôt de la Guerre,
lequel est chargé de la Géodésie, comme le disait M. Le Verrier. Le meilleur
moyen pour cela était d'étudier sérieusement la question, non plus dans un
de ses détails, tel que l'emploi de la télégraphie électrique, mais dans son
ensemble, et de proposer à l'État un plan digne de son attention. C'est là
ce qui fut fait l'an dernier par le Bureau, dès le mois d'avril, c'est-à-dire
immédiatement après sa réorganisation, et son plan, qui supposait et récla-
mait le concours du Dépôt de la Guerre, fut accueilli avec les témoignages
du plus vif intérêt, de la plus entière satisfaction. Le Bureau voulait ainsi,
j'en suis profondément convaincu, témoigner, par de belles et utiles entre-
prises conçues dans le cercle de ses attributions, sa haute gratitude à l'Em-
(1) « Le clocher de Notre-Dame du Havre, disait M. Le Verrier le i3 octobre dernier
» (1862), revenant sur des assertions antérieures dont il avait sans doute mieux apprécié la
• valeur, n'est le sommet d'aucun des triangles mesurés par le Corps d'État-Major. Le poin
» géodésique important de cette région est le phare méridional du cap la Hève. Il m'a donc
• paru nécessaire de reprendre la jonction du clocher du Havre avec la Hève. » ( Voir les
Comptes rendus du i3 octobre 1862, p. 5cjo.)
( 72 )
pereur qui avait bien voulu le protéger. Mais M. le directeur de l'Obser-
vatoire" se hâta de prendre les devants (octobre 1 86a), et d'envoyer sur
quelque point, appartenant cette fois au réseau géodésique, un des astro-
nomes placés sous sa direction, comme pour prendre date.
» Je pourrais montrer maintenant qu'il y a peu d'analogie entre des pro-
jets mûrement étudiés et des opérations qui débutent ainsi ; mais je m'ar-
rête : il me suffit d'avoir rétabli les rôles si étrangement intervertis dans la
dernière séance, et d'avoir montré qu'à l'époque où furent conçus les pro-
jets auxquels je faisais allusion en rendant compte à l'Académie des projets
de l'Allemagne, nous ne marchions sur les brisées de personne. Quelque
pénibles qu'ils soient à dire, voilà les faits; l'Académie jugera. Quant au
point de droit, nul dans cette enceinte, où le souvenir de tant de savants
illustres qui se sont fait gloire d'appartenir au Bureau des Longitudes est
encore vivant , ne contestera que l'entreprise ne soit conforme aux plus
honorables traditions du Bureau et du Dépôt de la Guerre , car, s'il est en
France un Corps scientifique dont l'histoire soit indissolublement unie à
celle de l'Armée par une longue série de glorieux efforts, c'est, avec 4'Aca-
démie elle-même, le Corps dont je viens de citer le nom, c'est le Bureau
îles Longitudes. »
« M. Le Verrier s'est borné à exposer, dans la dernière séance, qu'en
conformité des instructions ministérielles l'Observatoire impérial travaille
activement à la détermination astronomique des longitudes et des lati-
tudes
» Il regrette que ce simple exposé soit devenu l'occasion des critiques
qu'on vient de lire devant l'Académie.
« Il attendra l'impression de ces critiques pour y répondre amplement,
s'il y a lieu. »
pathologie. — Note sut la durée de l'incubation de la rage chez les chiens ;
pat M. Uexault.
« Dans une communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie
en avril dernier (séance du ai.), après avoir fait remarquer que le nombre
des cas de rage semblait avoir été plus considérable depuis l'établissement
de l'impôt sur les cliiens. bien que parallèlement à l'établissement de cet
impôt la police des grandes vdles, par une surveillance plus active, obligeât
davantage les propriétaires de ces animaux à les tenir renfermés et attacliés
( ?3 )
dans leurs habitations; après avoir rappelé que notre ignorance à peu près
absolue sur la nature, le siège, les causes premières et le traitement curatif
de cette horrible maladie, nous laissait dans l'impuissance d'en prévenir le
développement ou de la guérir, je disais que, dans une pareille situation, il
ne restait qu'à essayer du moins de mettre en usage les moyens les plus
propres à s'opposera sa propagation. Or cette propagation n'ayant lieu que
par l'inoculation, c'est-à-dire par la morsure des chiens qui en sont affectés,
aux autres animaux et à l'homme lui-même, je signalais, parmi les moyens
qui semblaient les plus efficaces pour produire ce résultat :
» i° Le musèlement permanent de tous les chiens qui ne sont pas tenus
à l'attache ou enfermés;
» i° Uoccision immédiate de tous ceux des animaux chez lesquels se ma-
nifesteraient les moindres symptômes de nature à laisser craindre la nais-
sance de la rage, et surtout de tous ceux qui auraient été mordus ou
seraient soupçonnés avoir été mordus par des chiens enragés.
» A cette occasion, j'ai communiqué à l'Académie les curieux résultats
obtenus à Berlin pendant ces huit dernières années (de 1 854 à 1 86i y com-
pris) par l'emploi permanent et rigoureux de la muselière sur tous les
chiens laissés en liberté, et j'en ai inféré l'efficacité et partant l'utilité de
cette pratique, si cette expérience ainsi faite publiquement et sur une
grande échelle se continuait avec les mêmes résultats pendant quelques
années encore.
» La révélation de ces faits, que j'avais recueillis moi-même en Prusse et
qui n'étaient pas connus en France, était de nature à éveiller l'attention de
l'administration sanitaire et a paru l'émouvoir. En effet, peu de temps après
ma communication, la police de Paris avait donné des ordres prescrivant
le musèlement de tous les chiens qui seraient laissés en liberté. Mais cette
fois encore il est arrivé ce que j'avais dit s'être toujours produit dans notre
pays en pareille circonstance. Si les ordres donnés furent sévères, leur exé-
cution fut bien loin d être sérieuse. D'abord, la première émotion une fois
calmée, la vigilance municipale ne tarda pas à se ralentir; la prudence des
citoyens s'endormit avec leurs inquiétudes; de telle sorte que, depuis deux
ou trois mois, nous voyons augmenter tous les jours dans les rues le nom-
bre des chiens non muselés, sans que la police semble y mettre obstacle.
D'un autre côté, la mesure du musèlement eût-elle été plus sévèrement
maintenue, que, en vérité, la sécurité publique n'eût pas été beaucoup plus
efficacement garantie ; la plupart des muselières dont les chiens étaient pour-
C. R., i8G3, i« Semestie. (T. LVI, N» 2.) >°
( 74 )
vus empêchant et gênant si peu les mouvements de leurs mâchoire?, qu'ils
pouvaient manger et mordre tout aussi facilement que s'ils n'en eussent pas
porté. J'en ai eu, il y a quelques semaines, une preuve bien douloureuse à
la clinique de l'Ecole d'Alfort, où, en ma présence, on amenait avec un chien
atteint de rage un malheureux enfant que cet animal venait de mordre
cruellement à la cuisse malgré sa muselière, espèce d'anneau en caoutchom
dont il était porteur.
» Et on viendra dans quelque temps prétendre que, en 18Ô2, le musèle-
ment des chiens a été prescrit et mis en usage dans Paris, et que, pas plus
qu'aux diverses époques antérieures où il a été appliqué, il n'a amené au-
cune diminution sensible dans le nombre des cas de rage; que dès lors il
doit être considéré comme une mesure parfaitement inutile!
» Puis donc qu'il paraît avéré que ce moyen d'empêcher la propagation
de la rage n'est pas susceptible d'une application sérieuse et durable dans
notre pays, il convient d'insister sur une autre mesure plus rigoureuse sans
doute, mais aussi d'une efficacité d'autant plus assurée qu'il est difficile d'en
modifier l'exécution, et que, une fois appliquée, elle a fait disparaître la
source, la seule cause possible de propagation : je veux parler de l'occision,
que je n'ai fait qu'indiquer dans ma Note du 2 1 avril, et sur laquelle, a cette
époque, j'avais demandé à l'Académie la permission de revenir ultérieu-
rement.
» Mais, par cela même que l'occision est une mesure rigoureuse, qu'elle
constitue une atteinte au droit de propriété, une véritable expropriation
pour cause de sécurité publique, il importe qu'outre son efficacité, qui se
conçoit et s'indique assez d'elle-même, sa légitimité à ce point de vue soit
expliquée et mise hors de doute aux yeux de l'autorité appelée à la pres-
crire, comme à ceux des citovens qui seront tenus de s'y soumettre. C'est là
l'objet de cette seconde communication.
» Dans l'état actuel des choses en matière de règlements sanitaires, lors-
qu'un chien a été mordu on qu'on est fondé à croire qu'il l'a été par un ani-
mal enragé de son espèce, la police prescrit qu'il soit enfermé et tenu à l'at-
tache, la plupart du temps cliez son propriétaire, pendant un certain temps,
au bout duquel seulement elle permet qu'il soit mis en liberté si aucun
symptôme inquiétant ne s'est manifesté; dernière circonstance qui, soit dit
en passant, n'est constatée par personne ayant capacité pour le faire perti-
nemment. Or rien n'est moins déterminé que la durée de cette séquestration,
laissée, on peut le dire, à l'arbitraire de la police municipale, qui varie
conséquemment suivant les municipalités; mais qui, autant que j'ai pu
( 75 )
m'en assurer, n'excède nulle part quarante jours et est généralement moin-
dre dans beaucoup de localités. Donc, quand un chien mordu a été séques-
tré, c'est au bout de vingt, trente ou quarante jours au plus qu'il est rendu
à la liberté. Je me bâte d'ajouter que, dans un très-grand nombre de cas,
cette précaution de séquestration n'est même pas ordonnée, ou que son exé-
cution et son mode ne sont l'objet d'aucune surveillance après qu'elle a été
prescrite.
» Quoi qu'il en soit, pour que cette séquestration ainsi mesurée fût ration-
nelle, en supposant même qu'elle se prolongeât toujours et partout pendant
quarante jours, il faudrait qu'il fût constant que, dans aucun cas, l'incuba-
tion de la rage n'excède cette durée de temps; car, s'il était démontré qu'a-
près quarante jours écoulés depuis le moment de l'inoculation, cette mala-
die peut encore apparaître manifestement, la quarantaine serait une mesure
illusoire, puisqu'elle ne garantirait pas contre les dangers ultérieurs; ce qui
précisément, ainsi qu'on va le voir, se trouve être la vérité.
« S'il est constant, en effet, que le plus souvent l'explosion de la rage
chez un chien mordu se fasse avant le quarantième jour à partir de l'inocu-
lation; il est vrai aussi que dans un certain nombre de cas elle a lieu pinson
moins longtemps après ce délai. Déjà l'observation clinique l'avait démon-
tré. Mais des objections très spécieuses pouvaient être faites contre cette
appréciation de la durée de l'incubation par la seule observation clinique.
Entre autres, on pouvait dire, et on disait, avec une certaine raison, qu'il
était difficile d'assurer qu'une incubation avait duré 60 jours par exemple,
par cela seul qu'il s'était écoulé ce laps de temps entre le moment d'une mor-
sure et celui où se produisait la manifestation rabique. Car, si, comme c'est
presque toujours le cas dans ces sortes d'observations, l'animal mordu était
resté en liberté ou n'avait pas été constamment surveillé, on n'avait pas la cer-
titude, on n'était pas autorisé à affirmer que, dans cet intervalle, l'animal
n'avait pas été mordu de nouveau par un autre chien enragé sans qu'on
s'en fût aperçu ou qu'on l'eût connu, comme cela peut arriver tous les
jours; auquel cas, le développement de fa rage pouvant n'être que la con-
séquence de la seconde morsure, on aurait commis une erreur en en fai-
sant remonter l'origine à la première, et en en concluant à une durée de
60 jours pour une incubation qui n'aurait été, de fait, que de 25 ou
3o jours, objection d'autant plus considérable qu'elle peut s'appliquer à
presque toutes les observations consignées dans les ouvrages sur la ma-
tière, où aucuns détails, ou que de très-incomplets, ne sont donnés sur
10..
( 7«)
les précautions prises pour garantir la certitude des durées d'incubation
énoncées.
» C'est pour arriver, dans une matière aussi délicate et aussi grave au
double point de vue de la science et de l'hygiène publique, à connaître la
vérité d'une manière aussi précise et rigoureuse que possible, que j'ai en-
trepris dès i836 une série d'expériences qui se sont continuées en présence
des professeurs et des élèves d'Alfort jusqu'en 1860, toutes les fois que j'ai
trouvé l'occasion de les répéter, et dont je vais faire connaître très-som-
mairement les conditions et les résultats.
» Et d'abord, je dois dire que, afin d'être aussi assuré que je pouvais
l'être, que les animaux que j'inoculais ou que je faisais mordre par des
chiens enragés, n'étaient pas déjà, à ce moment, sous l'influence
d'une inoculation ou d'une morsure antérieure que j'aurais ignorée,
je n'y soumettais que des chiens que j'avais déjà en loge, à Alfort, de-
puis au moins deux mois. Le plus grand nombre y était depuis plus long-
temps, et puis, à partir du moment où l'expérience était commencée, je les
faisais habiter séparément, tenir à la chaîne, et surveiller journellement par
un ou deux élèves et parle palefrenier du chenil, de manière qu'il fût cer-
tain qu'aucun autre animal suspect ne les approchât jusqu'au moment où,
soit que la rage se développât sur eux, soit qu'il se fût écoulé un temps
trop long pour qu'il me parût qu'elle pût se développer encore, je croyais
inutile de continuer l'expectation.
» Dans cette période de vingt-quatre ans, i3i chiens ont été, dans ces
conditions, les uns mordus sous mes yeux, et à plusieurs reprises par des
chiens en accès de rage; les autres inoculés par moi, ou en ma présence,
avec de la bave recueillie à l'instant même sur des chiens enragés.
» Sur ce nombre, 63 n'ayant rien présenté après 4 mois d'observations,
ont cessé d'être surveillés et ont été, plus tard, soumis à d'autres expé-
riences.
• •• Sur les 68 autres, la rage s'est développée après un temps variable,
dans les proportions indiquées sur le tableau suivant :
Sur 1 chien du 5e au 10e jour.
4 » du 1 o au 1 5 »
6 . du i5 au 20 »
5 » du 20 au 25 »
9 » du 25 au 3o »
10 » du 3o au 35 »
2 » du 35 au 4° *
( 77 )
Sur 8 chiens du 4°e au 5oe jour.
n » du 4^ au 5° »
2 » du 5o au 55 »
2 » du 55 au 60 »
4 » du 60 au 65 »
1 » du 65 au 70 »
4 » du 70 au 75 »
2 1 du 80 au go »
1 » du 100 au 120 »
Sur ce dernier la rage ne s'est développée que le 118e jour.
» Ainsi, sur 68 chiens devenus enragés après avoir été inoculés ou mor-
dus,
3i le sont devenus après le 4°ej°ur-
23 » * qO »
16 ■> » 5o »
i4 » » 55 »
12 » » 60 »
o » » 65 »
n » » no 1»
3 » » 80 »
I » u I l8 »
et cela, je le répète, dans des conditions d'expérimentation où les ré-
sultats rigoureusement préparés et constatés sont à l'abri d'aucune chance
d'erreur, et conséquemment d'aucun doute et d'aucune objection sérieuse.
» Or quelle est la signification pratique de pareils faits? C'est bien évi-
demment la séquestration de chiens mordus, fût-elle toujours ordonnée,
toujours observée, ce qui n'est pas; durât-elle, quand elle est ordonnée et
observée, le maximum de temps qu'on est convenu de lui fixer, c'est-à-dire
4o jours, ce qui est l'exception ; les animaux remis en liberté après ce laps
de temps peuvent encore devenir enragés sous l'influence et par suite de
la morsure violente qui avait motivé leur mise en quarantaine, et, partant,
restent un grand danger possible pour la société. Quelle est, dès lors, la
conséquence que doit en tirer l'Administration chargée de veiller à la sécu-
rité publique? C'est évidemment que, si l'on veut s'en tenir au système de la
séquestration, il faudrait que la durée de cette quarantaine fût d'au moins
1 20 jours. Mais, attendu qu'il est peu probable que cette mesure soit jamais
aussi exactement et sévèrement observée qu'il serait nécessaire qu'elle le
fût ; attendu que rien ne prouve que, après ce délai de 120 jours, la maladie
( 78 )
ne pourra pas encore se manifester, comme des praticiens recommandables
assurent en avoir observé des cas, si rares qu'ils aient été ; il semble que la
mesure la plus certaine, là seule qui puisse satisfaire la prudence et mettre
les familles et le public à l'abri de tout danger, ce serait de faire sacrifier
immédiatement tout chien qui aurait été mordu ou seulement attaqué par
un autre chien enragé. Pour ma part, je n'ai jamais hésité à conseiller ce sa-
crifice à tous les propriétaires de chiens mordus ou seulement soupçonnés
de l'avoir été, qui m'ont consulté en semblable occurrence. »
M. Pouchet demande l'autorisation de reprendre au Secrétariat les pièces
qu'il y avait déposées pour le concours sur la question des générations spon-
tanées, pièces qu'il :e propose de donner à l'impression. « M 'étant retiré
du concours avant qu'il fût jugé, dit M. Pouchet, je pense que ma de
mande ne peut donner lieu à aucune objection. »
MEMOIRES LUS.
M. Desbois lit une Note sur un système de locomotion aérienne de son
invention.
(Renvoi à la Commission chargée de l'examen des diverses
communications relatives à l'aéronautique.)
MÉMOIRES PRÉSENTES.
L'auteur d'un des Mémoires admis au concours pour le grand prix de
Mathématiques de 1 863, question concernant la théorie des polyèdres,
adresse une Note rectificative distinguée par la reproduction de l'épigraphe
que portait le travail original.
Réservé pour la future Commission, qui décidera si elle peut tenir compte,
dans son jugement sur les pièces de concours, de cette rectification parvenue
à l'Académie quelques jours après la clôture.
hydraulique. — Note sur la loi de la variation des débits des puits artésiens
observés à différentes hauteurs; par M. Michal. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Dumas, Poncelet.)
« Darcy, inspecteur général des Ponts et Chaussées, dans l'ouvrage si
( 79 )
complet Pt si intéressant qu'il a publié sur les fontaines publiques de Dijon,
a cherché les lois générales qui régissent les puits artésiens (s).
» Les formules auxquelles cet ingénieur éminent est parvenu sont éta-
blies clans deux hypothèses distinctes comprenant : la première, les sources
artésiennes dues à la rencontre d'un courant souterrain; la deuxième, les
sources alimentées par des couches sablonneuses aquifères à travers les-
quelles l'eau chemine avec une vitesse insensible.
» Dans ce dernier cas, qui est le plus général, on peut déduire de la
formule qui s'y applique, en négligeant des termes qui peuvent être consi-
dérés comme nuls, cette loi que la différence des hauteurs de déversement
des eaux au-dessus du sol est sensiblement proportionnelle à la différence
des volumes obtenus à ces hauteurs.
» Il suit tle là que, lorsqu'on connaît deux observations du débit d'un
puits artésien, on peut former une équation du premier degré qui donnera
d'une manière approchée le produit du même puits à des hauteurs au-des-
sus du sol différentes de celles où avaient été faites les observations qui ont
servi à former l'équation du premier degré.
» Cette loi est confirmée par les expériences qui ont été faites avec le
plus grand soin au puits de Grenelle, à la fin du mois de février i844,
par MM. Mary, inspecteur général, et Lefort, ingénieur en chef des Ponts
et Chaussées.
» Mais on obtient ainsi une formule d'interpolation dans laquelle on ne
retrouve plus le diamètre du tube ascensionnel et sa hauteur depuis la
nappe artésienne jusques aux points de déversement des eaux.
» On conçoit cependant qu'il est important de se rendre compte de l'in-
fluence que peuvent avoir ces éléments sur le débit d'un puits, et d'établir
par conséquent une formule qui serait une fonction de la hauteur du tube
ascensionnel et de ses diamètres. C'est ce que je vais essayer de faire (2).
» Lorsque dans un puits artésien le mouvement est devenu uniforme
et permanent, il y a équilibre entre le travail résistant et le travail moteur
inconnu qui agit à la partie inférieure du tube pour produire l'ascension de
l'eau de la nappe artésienne. Une observation de débit dans des conditions
(1) Depuis les recherches de Darcy, M Dupuit, inspecteur général des Ponts et Chaussées,
et M. Dru, ingénieur civil, ont respectivement adressé à l'Académie des Sciences des Mé-
moires sur ces lois.
(2) J'avais établi la formule définitive que je vais reproduire dès le mois d'octobre 1861;
et dans le courant du mois de novembre de la môme année, j'en avais fait des applications
aux débits du puits de Passy, en présence de la Commission de surveillance de ce puits.
( 8o )
données fera connaître le travail moteur en fonction du travail résistant
correspondant au débit observé. On pourra donc généralement obtenir un
autre débit quelconque en égalant le travail résistant qui en provient, au
travail moteur calculé par la première observation, qui restera constant en
admettant que les nouvelles combinaisons n'apportent aucune perturbation
dans le régime de la nappe artésienne.
» On obtiendra ainsi la formule
(A) *"= 2(B0+A„) '
dans laquelle on a négligé le travail résistant provenant du frottement de l'eau
dans le tube ascensionnel et celui provenant delà perte de force vive à la par-
tie inférieure et à la sortie du tube ascensionnel. On a d'ailleurs q0 égale le
débit observé à la hauteur H0 au-dessus de la nappe artésienne, g le double
de l'espace parcouru pendant la première seconde de sa chute, w la sec-
tion de la partie inférieure du tube, qu le débit calculé à une hauteur hu au-
dessus du (joint de déversement du débit q0.
» Si on suppose que la section du tube reste constante sur toute sa hau-
teur, on déduira de la formule (A)
(B) ?"- a(H. + A„) '
en représentant par O la section constante du tube, et par V0 la vitesse
d'écoulement par seconde du débit observé.
» La formule (B) fait voir qu'en recueillant dans un même forage les eaux
par des diamètres différents, le produit, toutes choses égales d'ailleurs,
augmente avec le diamètre du forage ; mais pour que cette condition soit
remplie, il faut que la nappe puisse fournir l'eau débitée par l'orifice supé-
rieur sans éprouver de perturbations. Or l'expérience prouve que la puis-
sance des nappes artésiennes a des limites qu'on ne peut dépasser. On con-
çoit que dans un forage quelconque qui atteint une nappe artésienne, il y a
un diamètre à adopter pour le tube ascensionnel qui fournira le maximum
du débit qu'on peut obtenir à une hauteur donnée au-dessus de la nappe.
» Nous allons appliquer notre formule et celle de Darcy au calcul des
débits à diverses hauteurs des puits de Grenelle et de Passy.
Puits de Grenelle.
» Nous prendrons pour déterminer les constantes de la formule (A) l'ob-
servation n° i, et pour former l'équation de la ligne droite de Darcy les
( 8i )
observations n°9 i et 10 du tableau suivant, qui reproduit les valeurs des
débits observés à diverses hauteurs par MM. Mary et Lefort, et celles cal-
culées dans les deux hypothèses indiquées.
HAUTEUR DES POINTS
DÉBITS
nt'MEROS
des
] observa -
lions.
d
DÉVERSEMEK
e
r At'-DESSUS
OBSERVÉS
par
MM. Mary et
CALCULÉS PAU
LA FORMULE
de la mer.
du sol.
Lefort.
(A).
de Darcy.
m
m
m
m
m
1
37,90
0,00
0,02000
O,0200O
0,02000
2
4o,95
3,o5
0,01867
0,OI925
0,OI93o
3
43,oo
6, 10
0,01822
o,oi852
0 , 0 1 86 1
k
5o,oo
12,10
0,01700
0,017 1 1
0 , 0 1 7 2.4
5
52 ,4o
i4,5o
o,oi638
0, oi655
0,01669
6
53,55
i5,65
o,oi588
0,01628
0,01643
7
56, 3o
18,40
0,01524
0,01567
o,oi58o
8
62,95
22, o5
0,01426
o,oi4<5
0,01428
9
66, 40
28,50
0,01342
o,oi33g
0,01349
10
71,00
33, 10
0,01244
. o,oi236
0,01 2.44
» On voit que les débits calculés par l'une et l'autre formule diffèrent
peu de ceux observés; cependant ils sont un peu moins exactement repro-
duits par la formule de Darcy que par la nôtre, qui est complètement déter-
minée quand on connaît un seul débit.
» Ainsi donc on aurait pu par la formule (A), au moyen d'une seule-
observation de débit à la surface du sol, calculer d'une manière suffisam-
ment approchée tous ceux observés, au-dessus du premier point de
déversement, par MM. Mary et Lefort. On doit cependant faire observer
que ces résultats sont obtenus dans l'hypothèse où la nappe artésienne
communiquerait directement avec le tube ascensionnel par son orifice infé-
rieur; mais il arrive souvent que cette communication s'opère par un ori-
fice plus grand ou plus petit, soit qu'il se soit formé une excavation à
l'orifice inférieur du tube ascensionnel, soit que cet orifice soit obstrué
par des fragments de roche, soit par toute autre cause. Dans ces cas il fau-
dra employer une seconde observation pour déterminer l'orifice de com-
munication de la nappe artésienne avec le tube ascensionnel.
C. R,, i863, 1" Semestre. (T. LV1, N» 8.) ' '
. ( 8M
Puits de Passy,
» La communication de la nappe artésienne avec le tube ascensionnel
j'opère non-seulement par l'orifice inférieur dont la superficie est égale
à o"'q.335o, mais encore par des orifices auxiliaires pratiqués dans la paroi
de la partie inférieure du tube. En prenant, pour déterminer les constantes
de la formule (A), les observations nos i et 5 du tableau ci-dessous qui con-
tient celles qui ont été faites à la fin de i 86 1 et au commencement de 1862,
nous trouverons w = omq,5ii4. En formant également l'équation de la
ligne droite parles observations nos 1 et j, nous aurons le tableau suivant,
analogue au précédent.
r^"
HAUTEUR DES POINTS
DÉBITS
NUMÉROS
de
nÉYLT.SEMEXT AU-DESSUS
lies
observa-
0BSEI:\ ES
CALCULÉS PAfl
LA FOKMI li:
tions.
île la mer.
du sol.
(A).
de Darcy.
m
m
m
m
m
1
53, 3o
O ,00
0,1779
°>'779
0>>779
0
5q,3a
6,Q2
0,1441
0 , 1 5o4
0 , 1 5 1 2
3
65 , 25
Il ,95
0,1197
0,1237
0,1248
k
73,.5
i9,85
0,0846
0,088g
0,0892
5
77>'5
23,85
0,0718
0,0718
0,0718
» On voit encore que les valeurs calculées par l'une et l'autre formule
diffèrent très-peu de celles données par l'observation. »
GÉOLOGIE. — Recherches sur les produits de ii vulcanicité aux différentes
époques géoloqitptes. Deuxième partie; par M. Pissis.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Daubrée, Cb. Sainte-Claire
Deville).
L'étendue de ce Mémoire ne permettant de l'imprimer en entier, nous
nous bornerons à en reproduire les deux dernières sections, indiquant seu-
lement le sujet des premières par leurs titres et sous-titres :
Produits vulcaniques de la période comprise entre le soulèvement de la chaîne principale ries
Andes et celui des chaînes transversales du Chili.
« I.e labrador et l'bvperslène forment la base des roebesde cette période.
» Les filons qui accompagnent les masses d'bypersténite contiennent les
mêmes matières métalliques qui sont disséminées dans cette roche.
( 83)
»> La formation de ces filons est postérieure à l'injection de l'hyper-
sténite.
» Ces filons présentent certaines analogies avec ceux qui produisent ac-
tuellement les eaux thermales.
» Origine hydro-thermique de l'hyperstène, delà tourmaline et de l'a-
patite.
» Les dépôts de minerais de cuivre qui ont suivi l'injection des trachy tes
sont le résultat d'une réaction sur ceux qui dépendent de l'hypersténile.
» Action métamorphique de l'hypersténile sur les roches injectées.
» Origine hydro-thermique des hyperslénites.
» Les roches pyroxéniques du Brésil se rapportent à la même époque
que les hypersténites.
» Origine des quartzites et des schistes ferrifères.
Produits vulcaniqucs de la période comprise entre le soulèvement de la chaîne orientale
des Andes et l'injection des liypersté/iites
» Porphyres injectés lors du soulèvement de la chaîne orientale des Andes.
» Dépôts métallifères formés à la suite de ces porphyres.
Différente! phases de faction vulcanique.
» En comparant les phénomènes vulcaniques des deux périodes dont
nous venons de nous occuper avec ceux qui se rattachent au soulève-
ment de la chaîne principale des Andes, on reconnaît qu'ils se sont tou-
jours succédé dans le même ordre ; c'est d'abord l'enveloppe solide qui
se brise suivant une direction déterminée, puis des matières fluides prin-
cipalement formées de silicates alumineux, qui sont injectées dans les fis-
sures qui résultent de cette dislocation, enfin de l'eau à une température
probablement très-élevée et tenant en dissolution de la silice associée à
différentes combinaisons métalliques continue pendant longtemps à s'é-
chapper par celles de ces fissures que les masses phitoniques n'avaient point
obstruées.
» Accroissement graduel de l'intensité de cette action. — Il est toutefois
deux classes de phénomènes qui paraissent appartenir exclusivement a la
dernière période et dont on ne retrouve plus de traces dans celles qui l'ont
précédée; ce sont, d'une part, ces puissantes projections de matières
solides qui dans les éruptions volcaniques actuelles précèdent toujours
l'épanchement de la lave, et de l'autre, l'intermittence de ces épanchements
qui se succèdent pendant une longue période. Les premières projections
de matières solides paraissent avoir eu lieu en même temps que le soulève-
i r ..
( 84 )
ment de la chaîne principale des Andes, et se sont répétées ensuite pour
chaque épanchement des roches trachytiques ou phonolitiques, ainsi que
l'attestent la régularité des alternances entre ces roches et les conglomérats
d'origine vulcanique; or rien de semblable n'existe dans le voisinage des
hypersténites ou des porphyres quartzifères, et comme, d'une autre part,
les nombreux filons en rapport avec ces roches indiquent qu'il a dû y avoir
à cette époque d'abondantes sources thermales, il huit nécessairement
admettre, ou que la température des masses d'où émanaient ces sources
était de beaucoup inférieure à celle des trachytes et des laves, ou que ces
phénomènes avaient lieu sous une pression extérieure assez forte pour
maintenir l'état liquide sous une température très-élevée; circonstance qui
a pu se réaliser lorsque les terrains injectés se trouvaient sous la mer,
comme cela peut avoir eu lieu pour les formations jurassiques et néoco-
miennes, mais que l'on ne peut invoquer pour les terrains déjà émergés,
tels que le gneiss et les schistes argileux, où l'on n'observe au voisinage des
masses plutoniques aucun indice de conglomérat. Il est donc plus probable
que cette différence entre les phénomènes vulcaniques de deux époques
dépend d'une différence dans la température des roches injectées; hypo-
thèse que vient encore appuyer la situation des trachytes qui se sont éten-
dus sur la surface du sol en formant de vastes nappes à surface presque hori-
zontale, circonstance qui indique un grand degré de fluidité, tandis que
les hypersténites et les porphyres se sont à peine déversés sur les bords des
failles qu'ils ont injectées absolument comme cela aurait eu lieu pour une
matière molle soumise à une forte pression.
•i Les relations des masses hypersténiques entre elles, ainsi que celles des
porphyres, ne présentent rien qui puisse faire supposer que ces roches aient
été injectées à différents intervalles, comme cela a eu lieu pour les trachytes
dont les injections paraissent s'être répétées pendant une longue période,
depuis le soulèvement de la chaîne principale des Andes jusqu'à l'époque
actuelle où les éruptions volcaniques semblent n'être que la continuité de
cette action. Tout au contraire paraît indiquer que les hypersténites et les
porphyres sont venus au jour d'un seul jet, en même temps qu'avaient lieu
les soulèvements de la chaîne orientale des Andes et des chaînes transver-
sales du Chili, et que l'injection de chaque roche a été suivie d'un long
intervalle de repos pendant lequel la formation des filons manifestait seul<j
la continuité de l'action vulcanique.
» La composition des depuis métallifères est d'autant plus simple (pi' ils
sont plus anciens. — L'étude comparée des filons de ces différentes époques
(85 )
laisse entrevoir déjà un certain ordre dans la succession des corps que les
eaux thermales amenaient à la surface, tandis que les filons les plus mo-
dernes sont remarquables par le nombre considérable des corps qui entrent
dans leur composition; puisque l'on y rencontre la plus grande partie des
métaux et des corps simples non métalliques, ceux qui se rapportent aux
masses hypersténiques ne présentent guère d'autres métaux que le fer et
le cuivre, et parmi les autres corps le soufre y joue un rôle important;
l'arsenic, le phosphore et le fluor ne s'y présentant que d'une manière acci-
dentelle. Pour les filons encore plus anciens qui se rattachent aux masses
porphyriques, les métaux sont le fer et l'étain; les combinaisons d'arsenic et
de phosphore, •déjà très-rares dans les filons précédents, ne paraissent plus
dans ceux-ci. Enfin, d importe encore de remarquer qu'en même temps que
la composition des dépôts métallifères devient plus simple, la silice semble
jouer un rôle de plus en plus important ; en effet, tandis que le quartz n'oc-
cupe qu'un rang tout à fait secondaire dans la composition des filons for-
més après le soulèvement de la chaîne principale des Andes, il constitue
presque à lui seul tous ceux qui se rapportent aux masses porphyriques et la
majeure partie de ceux qui accompagnent l'hypersténite. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Remarque à l'occasion d'une communication récente
de M. Alvaro Reynoso, sur l'emploi du bisulfite de chaux dans la
fabrication du sucre de canne ; Lettre de MM. Perier et Possoz.
« M. Alvaro Reynoso, dans sa Note présentée à l'Académie le 5 courant,
rappelle la date de sa publication sur l'emploi du bisulfite de chaux dans la
fabrication du sucre de canne, et fait allusion à la date d'un brevet que nous
avons pris postérieurement.
» Nous croyons devoir faire observer que ce brevet ne porte pas sur
l'emploi du bisulfite de chaux, et que jamais nous n'avons conseillé d'in-
troduire du bisulfite de chaux dans du jus de canne contenant de la chaux,
ce qui donne lieu, comme on le sait, à de fâcheux et abondants dépôts de
sulfite et sulfate de chaux incrustant les chaudières d'évaporation et altérant
la pureté du sucre. »
Cette Lettre est, ainsi que la Note à laquelle elle se rapporte, renvoyée
à la Commission qui a fait le Rapport sur le procédé de MM. Perier et
Possoz pour l'épuration des jus sucrés, Commission qui se compose de
MM. Dumas, Pelouze et Payen. •
( 86)
M. Salle adresse différents spécimens d'une substance textile, qu'il
regarde comme pouvant remplacer avantageusement le coton.
Ces produits, fournis par la plante vulgairement connue sous le nom
d'ortie de Chine, se présentent, dans cet. envoi, sous divers états, depuis
l'état brut jusqu'à celui de tissu. M. Salle pense que ses procédés de pré-
paration, qu'il ne décrit pas dans la Note jointe à ces produits, mais qu'il
ferait connaître avec tous les détails nécessaires aux Commissaires que
l'Académie voudrait bien lui désigner, sont de beaucoup préférables à ceux
qu'ont employés jusqu'ici les industriels qui ont cherché à tirer parti de
cette substance.
La Note et les produits auxquels elle se rapporte sont envovés à l'examen
d'uneCommission composée de MM. Chevreul, Brongniart et Payen.
M. Gixoi'L adresse de Tarare (Rhône) une Note sur la composition et le
mode d'emploi d'un oint gras dont l'application méthodique a pour effet de
rendre les cuirs imperméables à l'eau, de telle sorte que, même après une
immersion prolongée, ils n'ont pas été trouvés augmentés de poids.
(Commissaires, MM. Payen, Seguier.)
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur M. Alph. de
Candolle un opuscule ayant pour titre : « Étude sur l'espèce à l'occasion
d'une révision de la famille des Cupnlifères ».
Et au nom de M. Nie. de Kol>seltaron> une nouvelle livraison, texte et Atlas,
de l'ouvrage intitulé : « Matériaux pour la minéralogie de la Russie ».
L'ouvrage, qui s'imprime à Saint-Pétersbourg, est écrit en allemand.
M. Delafosse est invité à prendre connaissance de ce beau travail et à
en faire l'objet d'un Rapport verbal.
M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de
la Correspondance des « Observations géologiques dans les Alpes du lac de
Thoune », par M. B. Studer, dans lesquelles sont constatésdes faits curieux
sur les gisements que présentent en Suisse le calcaire nummulitique et le
grès de Taviglianaz.
( 87 )
M. Mantellier, donl le travail sur le prix des denrées à Orléans depuis le
xive siècle jusqu'au xvme siècle a obtenu au concours de 18G2 le prix de
Statistique, adresse ses remercîments à l'Académie.
M. Cap remercie également l'Académie qui lui a décerné le prix Barbier
de 1862 pour l'ensemble de ses travaux sur la glycérine.
physique mathématique. — Théorème sur la relation entre les positions des
plans de polarisation des rajons incident, réfléchi et réfracté dans les milieux
isotropes; par M. A. Corxk.
« Un rayon de lumière polarisée en tombant sur une surface polie taillée
dans une substance isotrope donne naissance à un rayon réfléchi et un
rayon réfracté tous deux aussi polarisés.
» M. Bfewstera, le premier, déterminé expérimentalement la relation qui
lie la position du plan de polarisation de ces trois rayons. Il a trouvé qu'en
désignant les azimuts de ces plans par a pour le rayon incident, a' pour
le rayon réfléchi, a" pour le rayon réfracté, à partir du plan d'incidence,
les formules
cos (;' 4- r)
cos ( (' — r) '
tang oc' = = îang a - —,, tang a = tanga.
rendent assez bien compte des expériences.
» Fresnel, par son admirable analyse, les déduisit comme conséquences
de sa théorie, et Newmann les retrouva aussi tout en partant d'hypothèses
inverses: la question semble donc entièrement résolue.
» Cependant voici un théorème qui me paraît compléter tous ces beaux
travaux, en ce sens qu'il dégage des formules le résultat définitif et qu'il
montre d'une manière synthétique la position des plans de polarisation des
trois rayons. •
» En appelant avec Fresnel plan de vibration le plan passant par le rayon
et normal au pian de polarisation correspondant, nous l'énoncerons ainsi :
» Les plans de vibration des rajons incident, réfléchi et réfracté, se coupent
suivant une même droite normale au rayon réfracté.
» Cette proposition a l'avantage de résumer en deux lignes la théorie de
la réflexion et de la réfraction dans les milieux isotropes, et de faire suivre
des yeux, pour ainsi dire, la rotation du plan de polarisation.
>> On la déduirait aisément des formules précédentes à l'aide de quelques
triangles sphériques, mais je préfère la démontrer directement en recou-
( 88 )
rant aux idées de Newmann ; « il y a continuité complète dans les vibra-
» tions, c'est-à-dire que le polygone des vibrations est fermé; les vibrations
» sont dans le plan de polarisation. »
» Alors on voit que le polygone des vibrations se réduit à un triangle ;
les trois vibrations sont en général parallèles à un même plan; en particu-
lier, au point d'incidence,,, elles sont dans ce plan: par suite, les plans dont
ces vibrations sont les normales, se coupent suivant une même droite. Or
ces plans, perpendiculaires à la vibration, passent par le rayon correspon-
dant (caries vibrations sont transversales), et sont normaux aux plans de
polarisation : ils correspondent donc bien aux plans de vibration de
Fresnel.
» La position de la droite n'est pas déterminée par ce raisonnement tiré
de la seule condition de continuité; mais au moins la partie la plus impor-
tante du théorème devient évidente : le calcul donne le reste. »
ASTRONOMIE. — Sur le passage d'une quantité considérable de (/lobules
lumineux observés à la Havane dînant l'éclipsé solaire du 1 5 mai 1 836/ Lettic
de M. A. Poey à M. Elie de Beaumont.
« Les profondes recherches de M. Lé Verrier sur la théorie de Mercure,
son ingénieuse hypothèse sur l'existence d'un anneau de corpuscules cir-
culant entre Mercure et le Soleil, fait qui expliquerait l'accélération de
38 secondes que ce savant a trouvée dans le mouvement séculaire du péri-
hélie de cette planète, m'engagent à vous communiquer, Monsieur, une
observation faite en i83G sous cette latitude par le professeur Alejandro
Auber, personne très-versée dans les sciences physico-mathématiques et
naturelles et auteur de plusieurs écrits durant sa longue carrière scienti-
fique. MM. José Toribio de Arazoza, rédacteur aujourd'hui de la gazette
officielle, et son gendre.M. Juan Eleizegui, m'ont assuré de l'exactitude du
fait dont ils furent tous témoins.
» Lors de l'éclipsé solaire du i5 mai i 836, à 7 heures du matin, M. Auber
dirigea une lunette sur le bord oriental du Soleil; puis l'observa à travers
l'ouverture d'une piqûre d'épingle faite sur une feuille de papier. Mais
bientôt il eut l'heureuse idée de cacher le disque solaire, comme l'avait
fait le sous-préfet d'Embrun, par l'interception du toit d'une .maison, et
visant alors à quelque distance de l'astre, il fut également témoin du pas-
sage d'un nombre considérable de globules lumineux qui paraissaient partir
du Soleil et se mouvoir dans diverses directions, parfois s'entre-croisant et
(*9)
s'éteigtiant ensuite dans l'espace. D'autres globules, après s'être éloignés du
Soleil jusqu'à la distance de trois à quatre fois le diamètre de l'astre, retour-
naient sur leurs pas presque par la même route, comme s'ils eussent été for-
tement attirés vers le foyer d'où ils émanaient. Enfin d'autres paraissaient
tracer une courbe elliptique, de sorte qu'on pouvait les suivre dans leur
éloignement et leur rapprochement au Soleil, bien que l'intensité de leur
lumière s'affaiblît à mesure qu'ils se rapprochaient. Leurs mouvements
étaient très-rapides, et aucun n'était visible au delà d'une demi-seconde de
temps. Leurs directions différaient complètement, car les uns, bien que peu
nombreux, filaient du haut en bas, et C'étaient précisément ceux que l'on
pouvait suivre dans tout le parcours de leur orbile; tandis que ceux qui
filaient horizontalement disparaissaient presque tous avant de retourner sur
leurs pas. Les uns étaient de la grosseur d'une étoile de septième grandeur
et quelques autres presque inappréciables. Lorsque le Soleil commença à se
découvrir, on put toujours les observer, quoique plus difficilement, se
propageant aussi rapidement que les étoiles filantes, s'éloignanl du Soleil
dans diverses directions, et se précipitant de nouveau sur la surface. Enfin
quand ce luminaire fut à plus de la moitié découvert, M. Eleizegui put
encore apercevoir deux de ces globules d'une lumière excessivement
pâle (i).
» Bien avant le passage de la planète Vulcain, découverte par M. Lescar-
bault, un grand nombre d'observateurs anciens et modernes avaient aussi
vu traverser le disque solaire, soit par un ou plusieurs corps nu lâches
noires, soit encore par une quantité progidieuse de globules opaques ou
lumineux. M. Wolf nous a fourni en 1839 plus de vingt constatations de
cette nature, reproduites ensuite par M. Radau avec quelques cas nou-
veaux (2). Mais de toutes ces observations voici la plus importante, par la
raison qu'elle a été faite, comme la nôtre, durant, un éclipse de Soleil; et
cependant elle parait être tombée dans l'oubli, car M. Radau n'en fait pas
même mention.
« Le -j septembre 1820, environ i''45m à\\ soir, lorsque l'éclipsé se
trouvait sur son déclin, le sous-préfet et des groupes nombreux d'individus
admiraient dans les rues d'Embrun et à l'œil nu une quantité prodigieuse
de globules de feu du diamètre des plus grosses étoiles, qui se projetaient en
(1) Extrait d'une publication cubaine, La Siempreviva, Ilabana, i83g, t.H, 2eIivi\, p. 100.
(3) Annuaire du Cosmos pour 1 86 1 , p. 338.
C R., iSG3, 1" Semestre. (T. LVI, N° 2.) Ia
( 9" )
divers sens de l'hémisphère supérieur du Soleil avec une vitesse incalcu-
lable. Ces globes apparaissaient à des intervalles inégaux et assez rappro-
chés; souvent plusieurs à la fois, mais toujours divergents entre eux. Les
uns parcouraient une ligne droite, les autres une ligne parabolique et s'étei-
gnaient tous dans l'éloignement, d'autres enfin, après s'être éloignés à une
certaine distance en ligne droite, rétrogradaient sur la même ligne, et sem-
blaient rentrer encore lumineux dans le disque du Soleil (i).
» Ce n'a donc pas été sans surprise que j'ai lu un passage d'une des der-
nières Notes de M. Faye, dans lequel ce savant, pour combattre l'existence
d'un torrent de matière cosmique enflammée et circulant autour du Soleil,
comme le veulent MM. Mayer, Waterston et Thomson, avance que durant
les éclipses totales on n'avait pu entrevoir de semblables corpuscules (a).
Je n'ai pas l'intention de relever aucune erreur de la part de cet astro-
nome distingué, qui pouvait du reste parfaitement ignorer l'observation
d'Embrun, et à plus forte raison la seconde apparition du phénomène sous
cette latitude en i836. Je désire uniquement fixer de nouveau l'attention
des observateurs lors d'une prochaine éclipse, ainsi que M. Faye l'avait
déjà fait en 1860. C'est encore au triple point de vue de la belle théorie de
M. Le Verrier des perturbations de Mercure, celle de l'origine de la chaleur
solaire et du milieu cosmique résistant que je prends la liberté, Monsieur,
de vous communiquer ces deux observations, dont la première paraît être
oubliée et la seconde entièrement ignorée dans la science. »
■»■
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Cinquième Mémoire sur l'héliocliromie;
par M. Niepcf. de Saint- Victor. (Extrait.)
« Chapitre Ier. De la reproduction des couleurs en héliochromie. — Je
donne aujourd'hui le résultat des observations que j'ai faites cette année,
cl quoique l'été dernier n'ait pas été favorable à mes expériences dans la
chambre obscure, j'ai cependant pu obtenir quelques épreuves.
» L'obtention des couleurs dans la chambre noire est celle qui démontre
le mieux ce que peut donner l'héliochromie; car il ne faut pas se faire illu-
sion, l'héliochromie ne peut tout reproduire : mais elle peut cependant donner
des à présent beaucoup de choses; c'est pour cela que j'ai l'honneur d'en pré-
( 1 ) annales de Chimie et de Physique, 1 8a5, t. XXX, p. 4 ' 7-
(2) Compte rendu, séance du 6 octobre, n° <4> P- 567. Avec variante Cosmos, i5e livr.,
octobre, p. 4^9-
(9' )
senter des épreuves à l'Académie et de donner en même temps la manière
dont je prépare mes plaques.
» La couleur jaune a toujours été pour moi la plus difficile à obtenir en
même temps cpie les autres teintes; mais je viens fie découvrir le moyen de
développer le jaune avec certitude et d'obtenir en même temps les autres cou-
leurs : auparavant j'obtenais bien avec facilité le rouge, le vert et le bleu,
mais lorsque le jaune se produisait, c'était accidentellement. Je suis parvenu
à obtenir le jaune dans toutes mes reproductions en employant, pour chio-
rurer mes plaques d'argent, ira bain composé d'hypochlorite de soude de
préférence à celui de potasse. Ce bain doit être dans les conditions sui-
vantes :
» On prend un bypochlorite de sonde nouvellement obtenu et marquant
6° à l'aréomètre, on l'étend de moitié d'eau et on y ajoute | pour ioo de
soude à l'alcool, on porte le bain à la température de 70 à 8o°; alors on le
verse dans une capsule plate (dite pour demi-plaque) et on plonge la plaque
d'argent d'un seul coup, en agitant le liquide pendant quelques secondes,
temps suffisant pour que la plaque prenne une teinte presque noire. On la
rince à grande eau, puis on la sèche sur une lampe à alcool, et on lui
donne le recuit nécessaire.
» Dans 200 grammes de ce bain on peut chlorurer 5 à 6 plaques dites
de -j, parmi lesquelles il en est qui donneront de meilleurs résultats que les
autres, selon l'épaisseur de la couche et le degré de recuit.
» Dans ces conditions de chloruration, les couleurs se produisent (sur-
tout par contact) avec des teintes très-vives et les noirs souvent avec toute
leur intensité.
» Pour opérer dans la chambre obscure, on choisit de préférence les
plaques qui donnent par l'action du recuit une belle teinte rouge-cerise,
ainsi que celles qui sont les plus tendres à recuire, parce qu'elles sont les
plus sensibles à la lumière; il faut pour cela que la couche de chlorure d'ar-
gent ne soit pas trop épaisse.
» Mais pour obtenir les effets que je viens de signaler, la plaque chlo-
rurée doit être recouverte du vernis à base de chlorure de plomb que j'ai
indiqué dans mon dernier Mémoire; seulement il faut prendre une solution
aqueuse de dextrine avec du chlorure de plomb non fondu, afin de neu-
traliser l'action du bain alcalin sur le chlorure d'argent et faire blanchir
le fond de l'image, qui sans cela resterait sombre ou rosé.
» Quant au problème de la fixation des couleurs, je n'ai lait que dou-
bler le temps de durée que j'ai annoncé clans mon dernier Mémoire. Plu-
12..
( 92 )
sieurs substances ajoutées après l'action de la chaleur sur le chlorure tic
plomb donnent une fixité plus grande que si le chlorure de plomb était
seul : telles sont, entre autres, la teinture de benjoin, le chlorure d'étain et
l'aldéhyde. Mais ce cpii m'a donné le meilleur résultat, c'est encore la tein-
ture de benjoin de Siam, appliquée sur la plaque lorsqu'elle est tiède, et
après la dessiccation on chauffe la plaque jusqu'à ce qu'il se volatilise un peu
d'acide benzoïque.
» C'est au moyen de ce vernis sur le chlorure de plomb que je suis par-
venu à conserver des couleurs trois et quatre jours dans un appartement
fortement éclairé par une lumière du mois de juillet.
» Une observation que j'ai faite et que je vais signaler, c'est que si-on
incline une image héliochromique sous un certain degré d'incidence, les
couleurs apparaissent beaucoup plus vives et les noirs prennent toute leur
intensité. J'ai remarqué également que, selon que le modèle 'une poupée)
est éclairé par les rayons solaires», l'obtention des couleurs dans la chambre
obscure se trouve singulièrement modifiée et produit des effets très-avanta-
geux comme intensité de couleur et comme éclat; par exemple, la reproduc-
tion des galons d'or et d'argent et celle des pierres fines se font beaucoup
mieux.
» Chapitre II. De la reproduction pur l'héliochromie des couleurs binaires
des artistes. — Maintenant j'ai à parler d'une série d'expériences que je crois
tort intéressantes au point de vue scientifique.
» J'ai constaté que foutes les couleurs binaires étaient décomposées par
l'héliochromie (i).
» Ainsi, pour démontrer cet effet de la lumière sur une couleur mélan-
gée, je commencerai par citer l'expérience la plus frappante, en prenant
d'abord la couleur verte qui, comme on le sait, peut être naturelle ou com-
posée de jaune et de bleu.
» Si le vert est naturel comme ceux de l'émeraude, de l'arsénite de cuivre,
de l'oxyde de chrome, du sulfate de nickel, du carbonate de cuivre vert
( malachite), l'héliochromie les repronduira en vert; mais si c'est un vert
composé, par exemple celui qui est formé avec du jaune de chrome et du
(i) S'il est vrai, comme M. Edmond Becquerel l'a avancé, qu'il a reproduit un
spectre solaire complet, ti'a-t il pas constate par la même que les couleurs du spectre ne
sont pas décomposées par l'héliochromie, et n'est-on pas en droit d'en conclureque ces cou-
leurs sont simples et que le spectre solaire n'est pas formé seulement, comme le veut sir David
Brewster, de la superposition de trois spectres monochromatiques, rouge, jaune et bien?
( 9? )
bleu de Prusse, ou ceitii des étoffes teintes en vert ;tu moyen d'une matière
colorante bleue et d'une matière colorante jaune, ou celui de certains
verres verts colorés par une matière jaune et une matière bleue, ces verts,
dis-je, ne donneront que du bleu en héliochromie, soit par contact, soit
• 'ans la chambre obscure.
» Je vais citer encore une expérience bien concluante : un verre bleu
clairet un verre jaune clair superposés, donnent par transparence un très-
beau vert; mais étant appliqués sur une plaque béliocbromique, ils ne
produisent que du bleu, quel que soit le temps d'exposition à la lumière :
que le verre bleu soit dessus ou dessous, ou emprisonné entre deux verres
jaunes, les résultats seront toujours les mêmes.
» Voici d'autres exemples. Un verre rouge et un verre jaune superposés,
donnant de l'orangé par transparence, ne produiront que du rouge sur la
plaque sensible. Un verre rouge et un verre bleu superposés, donnant du
violet par transparence, produiront d'abord du violet (parce que la plaque
est rouge naturellement), puis arrive le bleu; un verre orangé remplaçant
le rouge, produit encore plus vite le bleu. Un papier blanc coloré en vert
par des feuilles vertes ou par du vert de vessie (extrait de nerprun), ne se
produit que très-lentement par contact; la plaque sensible reste rouge
fort longtemps, comme s'il n'y avait aucune action de lumière, et si on pro-
longe l'exposition à la lumière, il se produit une teinte bleue-grisâtre; il en
est de même si l'on cherche à reproduire dans la chambre obscure un
feuillage de la nature, en supposant la reproduction d'un feuillage d'un
vert pré. Mais si c'est un feuillage d'un vert bleu, comme par exemple les
feuilles d'un dahlia, la teinte bleue sera plus vive. Si le feuillage est jaune
ou rouge, comme celui de certaines feuilles mortes, la couleur se produira
d'un jaune ou d'un rouge plus ou moins pur, suivant l'absence plus ou
moins grande de la matière bleue, qui constitue avec le jaune la couleur
verte des feuilles, comme M. Fremy l'a démontré (i).
» L'œil de la plume de paon se reproduit très-bien dans la chambre
obscure, c'est-à-dire tel que la couleur apparaît sous un certain degré d'in-
cidence, tantôt verte, tantôt bleue.
» Enfin il serait bien intéressant de reproduire par l'héliochromie le vert
de Chine; on verrait si c'est un vert pur ou composé. »
(i) Dans toutes les reproductions par la chambre noire il y a toujours une plus ou moins
grande quantité de lumière blanche réfléchie, surtout dans la reproduction d'un feuillage.
( 94 )
TECHNOLOGIE. — Sur un nouveau système d'appareils d' évapora lion tl de
distillation à simple ou à multiple effet; par M. L. Kessler. (Présenté par
M. Balard.)
« Le système d'évaporation et de distillation que je vais décrire est carac-
térisé par l'usage exclusif que l'on y fait du couvercle même du vase conte-
nant le liquide à évaporer pour opérer la condensation des vapeurs et en
même temps l'élimination des liquides distillés.
» Supposons que l'on ait un premier vase cylindrique renfermant de
l'eau, placé sur le feu, et ayant à son bord supérieur une rigole déversant
par un tube à l'extérieur. Si sur ce premier vase on met un couvercle co-
nique dont le bord inférieur plonge dans la rigole et dont le pourtour soit
muni de rebords verticaux permettant d'y placer un nouveau liquide, on
aura dans sa plus grande simplicité un appareil de ce système.
» L'eau contenue dans la chaudière en s'échauffant émettra des vapeurs
qui au contact du fond plus froid se condenseront en gouttelettes liquides;
celles-ci glisseront par adhérence jusqu'à la partie inférieure du couvercle
conique, tomberont dans la rigole et viendront couler à l'extérieur par le
petit tube.
» L'eau contenue sur le couvercle s'échauffera bientôt par la chaleur
latente qu'elle recevra et elle émettra elle-même des vapeurs; mais aussi elle
se refroidira par cette émission et elle pourra continuer par conséquent à
déterminer la condensation des vapeurs du premier vase.
» Si maintenant on garnit les bords du couvercle d'une antre rigole sem-
blable à celle qui couronne le vase inférieur et si on lui superpose un
second couvercle semblable, on aura un appareil à multiple effet.
» La vapeur émise par le liquide contenu clans le premier couvercle
auquel je donnerai le nom de bain-marie, se condensera à .son tour en frap-
pant le couvercle supérieur que j'appellerai le réfrigérant et produira une
nouvelle quantité d'eau distillée que l'on recueillera à l'extérieur; elle
échauffera aussi l'eau contenue dans le réfrigérant, et celui-ci à son tour
pourra se transformer en un nouveau bain-marie produisant un nouvel effet
de plus avec la même chaleur, et ainsi de suite. Pour compléter l'appareil,
un tube de trop-plein placé dans chaque case permettra de les alimenter
constamment chacun en cascades, par le plateau supérieur.
» Il est clair qu'un appareil ainsi construit, et à quelques modifications
pies, peut servir de même à distiller dans le vide et sous pression. J'ai dû
(95 )
rechercher d'abord quelle était dans ce système la puissance condensante
cl 1 1 couvercle et j'ai trouvé que dans l'appareil à simple effet à air libre, en
échangeant l'eau à 35° ou 4°°> i décimètre carré de cuivre de i millimètre
d'épaisseur condensait i kilogramme de vapeur par heure et qu'en échan-
geant l'eau de 5o° à 55°, il fallait i décimètres carrés pour en condenser
dans le même temps 3 kilogrammes.
» Pour vérifier ensuite dans quelle proportion on approchait avec l'appa-
reil à multiple effet des données théoriques, j'ai fait marcher pendant plu-
sieurs heures mi appareil à l\ cases. La surface évaporante de chacune était
de i3oo centimètres carrés, j'ai obtenu les chiffres renfermés dans le tableau
suivant :
PERTE DES
PERTE EN EAU
PERTE EN EAU d'DEL'RE EN 111 1 UV
LIQUIDE AJOITC
lampes
d'heure en li.
I
l
de l'appareil
d'heure en h.
à Î5° d'heure
en heure.
Du 1" plaleau
Du 2' plateau.
Du 3e plaleau.
Du 4" plateau
3oo
kil
2,6oo
gr
835
gr
680
6lO
gr
4,5
kil
1
2.40
2,38o
720
680
48o
5oo
2
210
?.,i4o
74°
55o
4'o
44o
1 ,5oo
750
2,295
1,910
1 , 58o
i,4i5
4,5oo
En ajoutant 0,455 représentant la quantité d'eau vaporisée par ls
chaleur employée à élever :t
g
o°, température moyenne de l'appareil, l'eau ajoutée à i5°.
Le total "] ,5^5 représente la quantité d'eau vaporisée.
» La chaleur était fournie par des lampes à alcool térébenthine placées
sur une balance. La perte par évaporation des plateaux était donnée par le
poids des liquides recueillis aux rigoles correspondantes. L'appareil complet
était suspendu à un fléau de balance et donnait par différence la perte du
plateau supérieur. Les quantités d'eau ajoutées étaient à 1 5° et pesées préa-
lablement.
» On voit par là que si l'on suppose que le travail de la case inférieure
reste le même, qu'il s'effectue à l'air libre ou non, l'évaporation de la pre-
mière case est à l'évaporation totale de l'appareil : : 2,29,5 ; 7,573, c'est-
à-dire;: 1 '. 3,29. Le calcul indiquerait 3,35; il est probable que la diffé-
rence esl due aux pertes éprouvées par les parois.
» Il est facile de justifier l'hypothèse ci-dessus; car, en faisant marche!
(# )
la case inférieure toute seule, on a obtenu les chiffres suivants :
Perle de la lampe. Perte de l'appareil sans alimenter
180 660
» Le 1 apport de ces deux nombres est 3,66 et peu différent de celui 3, 5^
que l'on obtient en comparant la perte du combustible et la perte du pre-
mier plateau de l'appareil. Celte différence est due a la surélévation de
température de la case inférieure, à mesure que l'on superpose des cases,
élévation qui diminue d'autant les quantités de chaleur transmises.
» On voit tout de suite qu'en supprimant dans ce système l'intervention de
double fond ou de conduits séparés pour le retrait des eaux de condensa-
tion, on profite pour la multiplicité de l'effet, non-seulement de la chaleur
latente contenue dans la vapeur émise par ébullition, mais encore dans celle
qui est engendrée par émanation ; et en outre i" de celle qui s'échappe par
voie de rayonnement ; 1" de la plus grande partie de celle qui est enlevée
par le contact de l'air extérieur contre les parois.
» Piïincipales applications. — Pour les laboratoires. — Employé à sim-
ple effet, avec une bassine à feu nu et un couvercle réfrigérant, un alambic
de ce système est plus simple que ceux usités; 'ses organes réfrigérants sont
surtout plus faciles a neitoyer. Avec un ou plusieurs bains-marie interposés
entre ces deux pièces, il permet de faire économiquement une grande quan-
tité d'eau distillée par émanation, exemple par conséquent'des gouttelettes
projetées par l'ébullition. L'avantage est le même pour tous les liquides.
» Cet alambic, comme tous ceux du même genre, fonctionne encore
au-dessous du degré de l'ébullition, el pendant son refroidissement il pourra
servir à évaporer à basse température les solutions altérables par la cha-
leur, comme celles d'atropine, etc., etc.
» Exécuté en porcelaine, il permettra d'évaporer et de distiller à l'abri
des poussières atmosphériques avec ou sans ébullition, toutes les dissolu-
lions salines, acides ou alcalines, sans action sur les silicates, de faire au-
dessus d'un bec de gaz des cristallisations continues à des températures
fixes, de créer ainsi de nouvelles formes cristallines et parfois de nouvelles
combinaisons. Nous citerons pour exemple de ce nouvel emploi la cristalli-
sation du sel marin qui dans l'atmosphère en partie saturée de vapeur d'eau
tle l'appareil a lieu, non plus à la surface et en trémies, mais au fond et en
cristaux cubiques transparents.
» L'évaporatiou du carbonate de soude donne lieu à une combinai-
son nouvelle en beaux crisiaux dont la composition s'accorde le mieux
(97 )
avec la forme CO2 NaO -+- H2 O. La calcination au rouge les rend opa-
ques, n'altère pas leur forme cristalline, mais leur fait perdre 19, 5 pour 100
d'eau. Le calcul donne 17 pour 100, les 2 \ pour 100 de plus sont dus sans
doute à de l'eau mère interposée. Il n'y a nul doute qu'une foule de sels
ne puissent s'obtenir ainsi à l'état cristallisé avec un degré d'hydratation
moindre que celle qu'ils ont quand ils ont été cristallisés à la température
ordinaire.
» Pour l'industrie. — Je dois attirer l'attention des fabricants sur l'éco-
nomie de moitié dans la surface de platine que permet de réaliser l'adoption
de ce système ; la bassine seule étant en platine, le couvercle serait en plomb
constamment refroidi par de l'eau.
» Je ferai remarquer également que permettant l'évaporation à multiple
effet à la pression atmosphérique, l'ouverture même de l'appareil et sa visite
à tous moments pour le retrait des produits évaporés, les appareils de ce
genre et de formes appropriées réussissent très-bien pour la fabrication du
sel. L'emploi du combustible peut avec trois cases être réduit à moins de
moitié. Avec quatre cases on a du sel cubique dans la case inférieure.
» Enfin j'insisterai sur les avantages que les fabricants de soude trouve-
raient à préparer le sel ci-dessus décrit à 1 équivalent d'eau. Celui-ci, qui à
poids égal offre deux fois plus de soude que les cristaux ordinaires, pré-
sente desgaranties de pureté plus grandes. Outre sa forme cristalline, il ne
supporte ni le séjour dans un air humide, ni le contact avec les sels qu'on
serait tenté d'y mêler par fraude (le sulfate de soude et le carbonate de
soude cristallisé ordinaire) sans devenir opaque. Il offrirait pour les con-
sommateurs l'avantage d'être sec et de pouvoir s'emballer au sortir de son
eau mère, outre celui d'être obtenu par l'évaporation à multiple effet,
c'est-à-dire avec économie de combustible.
» En somme, on pourra remarquer que nettement défini par une fonction
spéciale, celle des couvercles réfrigérants éliminateurs des condensations,
ce genre d'appareils vient remplir une lacune qui existait dans la série des
appareils connus, dont aucun ne permettait, à simple effet, de se passer de
réfrigérant, à multiple effet, de fonctionner à air libre, sans le cortège d'appa-
reils de sûreté, de fermetures hermétiques et de dispositions compliquées,
d'obtenir des distillations abondantes par émanation de surface et des cris-
tallisations continues avec retrait facile des cristaux. »
C. R., iS63, i« Semestre. (T. LVI, N° 2.)
( 98)
GÉOLOGIE. — Mémoire sur les mines de Vialas (i); par M. Rivot.
(Commissaires, MM. Éiie deBeaumont, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)
L'extrait suivant de la Lettre d'envoi donnera une idée de ce travail.
« Appelé en 1 856 aux mines de Vialas (Lozère) comme ingénieur con-
seil, je me suis occupé activement de i'étude des filons, des croiseurs, des
failles, à Vialas d'abord, et ensuite dans toute la région schisteuse, qui
entoure le plateau granitique de la Lozère. Je suis parvenu à reconnaître
avec certitude les âges relatifs des principaux systèmes de fractures, ainsi
que les époques successives d'arrivée dans les filons des minerais et des
matières stériles.
» Partout dans la contrée ces filons présentent des caractères presque
identiques : la description des mines de Vialas, dans lesquelles ont été faits
depuis 1781 des travaux très-développés, présente donc un intérêt général ;
elle fournit des indications très-utiles pour la mise en exploitation des nom-
breux filons métallifères, dont les affleurements sont connus dans la Lozère
et dans le Gard.
» Je décris brièvement, dans mon Mémoire, l'ensemble des travaux exé-
cutés dans la mine : j'insiste principalement sur les caractères des filons,
sur la direction des fractures, sur les matières de remplissage, et sur les
croisements : j'expose en peu de mots le mode de préparation mécanique
et le traitement métallurgique.
» Les filons divers, les failles, les fentes non remplies, considérés seule-
ment comme des fractures, se sont produits dans l'ordre suivant :
i° Filons diriges hora G à ~. Direction vraie E. 1 i°N.
20 Filons dirigés hora 5. Direction vraie E. 33°3o' N.
3° Filons dirigés hora 4- Direction vraie N. 4i"3o'E.
4" F"ilons dirigés hora .S à g. Direction vraie O. 19 à 200 N.
5° Filons diriges hora 1. Direction vraie S. 3°3o'E.
6" Filons dirigés hora 3. Direction vraie N. 26" 3o' E.
7" Filons diriges hora 6. Direction vraie E. i8"3o' N.
8° Fentes dirigées N..-S. Direction vraie. N. i8°3o'0.
(1) Ace Mémoire sont joints deux pians qui résument les principales observations de
M. Rivot : l'un est la réduction du grand plan de surface sur lequel sont indiqués tous les
affleurements et la position de quelques-uns des travaux souterrains; l'autre présente
quelques exemples de croisements des filons.
( 99 )
» On connaît de plus : des failles dirigées hora 11, plongeant vers
l'ouest; des filons presque verticaux, dont la direction est comprise entre
hora 10 et hora 1 1 ; des glissements de terrain, orientés de l'est à l'ouest, et
présentant une inclinaison très-faible vers le nord. Ces trois systèmes de
cassures n'ont été reconnus que sur un très-petit nombre de points, et je
ne peux, encore leur assigner des places certaines dans le tableau qui pré-
cède. Les failles hora i i sont postérieures aux filons hora 8 à 9 : les filons
hora 10 à ii, postérieurs à ceux dirigés hora 3, se placent probablement
après les fractures hora 6 : les glissements de terrain paraissent être con-
temporains des fentes nord-sud.
» Le remplissage par les minerais et par les matières stériles s'est fait à
des époques successives dont l'ordre est le suivant :
» i° Quartz et pyrites des filons hora 4- au moment de la formation de
ces fentes ou à une époque très-peu postérieure.
» i° Galène pauvre, quartz, carbonate de chaux dans quelques veinules
hora 5, à une époque antérieure aux fractures hora 8 à 9.
" 3° Quartz blanc huileux des filons hora 8 à 9 avec pyrites, blende, ga-
lène pauvre en argent, au moment ou peu de temps après la for-
mation des fractures hora 8 à 9.
» 4° Quartz ferrugineux des filons hora 1 et hora 3, quelque temps après
la formation des fractures hora 3.
» 5° Sulfate de baryte, blanc, laiteux, cristallin, au moment de la for-
mation des fractures hora 6 ou peu de temps après.
» 6° Galène à i5o grammes d'argent ( aux 100 kilogrammes de plomb),
avec carbonate de chaux ;
Galène à a5o grammes d'argent (aux 100 kilogrammes de plomb),
avec quartz et carbonate de chaux;
Galène à 35o grammes d'argent (aux 100 kilogrammes de plomb),
avec quartz à grains fins, carbonates de chaux et de fer;
Galène à 5oo grammes d'argent (aux 100 kilogrammes de plomb),
avec quartz et carbonate de chaux cristallin:
Galène à 700 grammes d'argent (aux 100 kilogrammes de plomb ),
avec carbonate de chaux cristallin et sulfate de baryte rose.
» Ces minerais se sont répandus principalement dans les veines hora 5;
ils ont pénétré dans les filons hora 6 à 7, dans les croiseurs hora 1 et hora 3 .
L'arrivée des deux derniers minerais est certainement postérieure a la for-
mation des fentes hora 6, antérieure aux fentes nord-sud.
i3..
( ioo )
» Les divers systèmes de fractures existent dans toute la contrée ; on les
retrouve comme failles dans les bassins houillers de la Grand-Combe et de
Bességes; ils se rattachent évidemment aux grands phénomènes géologiques
qui ont marqué leur action sur l'écorce du globe. Pour vérifier cette rela-
tion, j'ai calculé pour "Vialas les directions des principaux systèmes de
montagnes; en comparant ces directions à celles des huit systèmes de frac-
tures dont les âges relatifs sont parfaitement constatés par les croisements
observés à Vialas, j'ai été conduit à rapporter :
o I II
i° Lesfractureshoraôà 'jau systèmedu FinistèredontladirectionàVialasest. E. 14.29. 7 N.
2° Les fractures liora 5 au système de Westmoreland E. 33. i3. 1 1 N.
3° Les fractures hora 4 au système de la Côte-d'Or
4° Les fractures hora 8 à 9 au système des Pyrénées
5° Les fractures hora 1 au système de Corse et Sardaigne. . . .
6° Les fractures hora 3 au système des Alpes occidentales. . .
70 Les fractures hora 6 au système des Alpes principales. . . .
8" Les fractures N.-S. au système de Tenare
E. 43.20.5oN.
0. 17.42.30N.
N. 4.49 28O.
N. 25.46. 18E.
E. 17.51 .39N.
N. 18. 18. 380.
» Les différences que présentent les directions des systèmes de frac-
tures et celles des systèmes de montagnes sont très-petites; elles peuvent
s'expliquer aisément par l'incertitude qui existe toujours sur la direction
véritable des filons, étudiés seulement sur une longueur très-limitée.
» Parmi les conclusions intéressantes qui peuvent être déduites de la
comparaison qui précède, je citerai seulement celle qui est relative à l'arri-
vée des minerais argentifères. Les galènes les plus riches en argent ont rem-
pli des réouvertures, produites dans des plans différents à une époque cer-
tainement postérieure au dépôt des dernières assises tertiaires. »
GÉOMÉTRIE. — Sur diverses approximations numériques et sur diverses sections
des solides dérivés du cube; par M. Charles M. Willich.
M. Babinet présente, de la part de M. Willich, plusieurs Notes écrites en
anglais et dont voici un extrait.
355
« Le rapport de la circonférence au diamètre — ~ donné par Metius est
en décimales
3,i4i 0929,
au lieu de
3,i/|i 5927
( IQI )
qui est la vraie valeur avec sept décimales; l'erreur est donc
0,000 0002.
M. Willich trouve pour le rapport entre le côté du carré égal en surface au
148
167
cercle et le diamètre du cercle le nombre -ï- ■ Or
-^ = 0,8862275,
tandis que le côté du carré équivalent au cercle d'un diamètre égal à l'unité
serait
0,886 22 69;
en conservant le même nombre de décimales, l'erreur serait donc
0,000 0006;
c'est, numériquement, une très-heureuse quadrature approximative du
cercle.
» Quant aux sections du cube, M. Willich trouve que si du centre on
mène six plans passant par les angles solides pris de deux en deux, on
obtient la division du cube en quatre parties égales ayant un angle solide
trièdre, précisément égal à celui de la cellule des abeilles, comme le dodé-
caèdre rhomboïdal de la cristallographie dont les trois angles plans sont
de 1090 28' 16". Comme preuve, si l'on réunit ces quatre solides parles faces
qui appartenaient primitivement au cube, on obtient la moitié du dodé-
caèdre rhomboïdal. Les sections ainsi obtenues de deux cubes composent
le dodécaèdre entier. Chaque quart du cube est composé de deux pyramides
triangulaires unies ensemble par la base et ayant l'une un angle de
1090 28' 16" et l'autre un angle droit. Alors nous trouvons que les quatre
pyramides ayant l'angle de io9°28'i6" composent le tétraèdre régulier,
dont la solidité est ainsi le tiers de celle du cube dont il est dérivé. Les
quatre autres pyramides, jointes convenablement, formeront une seule
pyramide quadrangulaire qui sera la moitié de l'octaèdre régulier, et con-
séquemment les deux tiers du cube primitif. Ainsi nous retrouvons l'ana-
logie qui existe entre le cylindre, la sphère et le cône, car le cube, la pyra-
mide quadrangulaire qui en dérive et le tétraèdre régulier sont précisément
dans le même rapport numérique, savoir : 3, 2 et 1 .
( 102 )
» En coupant le cube suivant les diagonales des laces, on en détache
quatre solides qui laissent au centre un tétraèdre régulier. Ces quatre solides
sont semblables à quatre des solides obtenus précédemment, et de la
même manière forment unt' pyramide quadrangulaire qui par suite est la
moitié de l'octaèdre régulier. »
M. Willich poursuit les divisions ultérieures du cube et en tire des consé-
quences curieuses pour la solidité de divers polyèdres, et pour leur forma-
tion au moyen de pyramides triangulaires égales entre elles et obtenues par
subdivision. Il pense que par ses procédés de section du cube il embrasse
non-seulement une grande variété de solides géométriques, mais à peu près
toutes les formes des corps régulièrement cristallisés.
Une Note sur les divers modèles en relief qui se rattachent à la commu-
nication de M. Willich et sur les solides obtenus par les diverses sections du
cube, est jointe au Mémoire de M. Willich.
M. Willich fait hommage à l'Académie des modèles en bois qui se rap-
portent à cette communication et que les Membres pourront examiner à
loisir.
M. Charvix invite les Membres de l'Académie qui s'intéressent plus par-
ticulièrement à la question des chemins de fer, à voir fonctionner un frein
de son invention qu'il désigne sous le nom de frein isolant.
La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 12 janvier 1 863 les. ouvrages
dont voici les titres :
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne; 5cf livraison. Paris,
1862; in 4° avec planches.
Etude sur l'espèce à l'occasion d'une révision de ta famille des Cupulifères ;
par M. Alph. de Candolle. (Extrait de la Bibliothèque universelle, livrai-
son de novembre 1862.)
. Observations géologiques dans les Alpes du lac de Thoune ; par M. B. Stu-
dek. (Extrait du même Recueil.) — Ces deux opuscules sont présentés au
nom des auteurs par M. Élie de Beauraont.
( >o3 )
Causeries scientifiques, découvertes el inventions; progrès de la science et de
l'industrie; par Henri deParville; 2e année, 1862. Paris, i863;vol. in-12.
! Présenté par M. Fremy.)
Revue des Sciences et de l'Industrie pour la France el l'étranger; par
MM. L. Grandeau etAug. Laugel ; année 1862. Paris, 1 863 ; vol. in-12.
( Présenté par M. Balard.)
Annuaire du Cosmos; 5e année. Paris, i863; in- 18. (Présenté par
M. Faye.)
Société chimique de Paris; séances du 7 et dis \f\ mars 1862. — Sut lei
principes sucrés; par M. Marcellin Berthixot. Paris; in-8°.
Académie des Sciences et Lettres de Montpellier : Mémoires de la Section de*
Sciences; t. V, 2e fascic; année 1862. Montpellier, 1862; in-4°.
Discours de M. Robinet, prononcé dans la séance du 3j décembre 1861.
( Extrait du Rulletin de ï Académie impériale de Médecine.) Paris ; trois quarts
de feuille in-8°.
Etude physique et chimique des eaux minérales et thermales de la Bourhoule
(Puy-de-Dôme); par M. Jules Lefort. Paris, 1862; br. in-8°.
Essais de pisciculture entrepris dans le département de l'Hérault pendant
l'année 1862; Rapport de M. Paul Gervais. Montpellier; demi-feuille in-8°.
Contributions... Contributions pour l'Histoire naturelle des Etats-Unis
d'Amérique; par Louis AGASSIZ ; 2e monographie, en 5 parties: <° Aca-
lèphes en général; 20 Cténophores; 3° Discophores; 4° Hydroides; 5° Homo-
logies des Radiées, avec 36 planches; vol. IV. Boston, 1862; vol. in-4°-
(Présenté par M. Coste.)
PIÈCES APPARTENANT AU COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DU 5 JANVIER.
Ueber... Sur le district minier de Konqsberq ; par Ch. Kjerule et Tel.
DahL; traduit en allemand par W. Christophersen. Christiania, 1860;
m-4°.
Ueber... Sur la géologie du Tellemarken, par Tellef D.\W, , traduit en
allemand par W. Christophersen. Christiania, 1860; in 4°-
Geologiske... Observations géologiques sur les environs de Bergen; pai
MM. Hiortdahl et IRGENS. Christiania, 1862 ; in-4°.
Kart over. . . Cartes géologiques du Ringriqet et du Hadeland en Nortvége; put
Th. Kjerulf, 2 pi. in-4°.
Beskrivelse... Description du Lophogaster typicus, type d'un genre nou-
veau et remarquable de Crustacés; par M. Miel. Sars. Christiania, 1862;
in-4°.
( lofA )
Remisk... Recherches chimiques sur la thorine et sur ses sels; par M. J.-J.
Chydenices. Helsingfors, 1 86 1 ; in-8°.
Synoj>sis Pezizarum et Ascobolorum Fenniœ; auct. Pet. Ad. Karsteis.
Helsingfors, 1 86 1 ; in-8°.
Om... Sur la rétinile pig menteuse ; par M. J.-W. Roschier. Helsingfors,
1861; in-8°.
0
Nagra... Remarques sur certaines inflammations des parties voisines de la
fosse iliaque supérieure [le pérityphlitis); par M. Karl-Oskar Gadd. Hel-
singfors, 1861 ; in-8°.
Om... Sur le rachitisme, par M. A.-L. LlNSEN. Helsingfors, 1 861 ; in-8°.
Om... Sur l inversion de l'utérus ; par M. And.-Gust. Bam.MERT. Helsing-
fors, 1862; in-8°.
Anatomisk... Description anatomique de quelques anomalies observées dans
l'espèce humaine; par M. G.-R. Bjorksten. Helsingfors, 1862; in-8°.
Om... Sur les fistules uréthro-périnéales et scrotales; par M. K..-R. Trapp.
Helsingfors, 1862.
Om... Sur le céphalœmatome des enfants nouveau-nés; par M. G.-\\alf.
V. Willebrand. Helsingfors, 1862; in-8°.
Ces sept opuscules sont des dissertations inaugurales pour obtenir le
degré de docteur en médecine.
ERRATUM.
Page i3, ligne 4, ou lieu de 5 décembre 1862, lisez 5 janvier i863.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 19 JANVIER 1863
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE GÉODÉSIQUE. — Réfutation de quelques critiques et allégations por-
tées contre les travaux de l'Observatoire impérial de Paris, et dénuées de toute
espèce de fondement ; par M. Le Verrier.
« Lorsque le savant Directeur de l'Observatoire de Vienne vint dernière-
ment à Paris, il m'annonça que j'allais recevoir communication du procès-
verbal d'une Conférence tenue à Berlin entre les géodésistes et les aslro-
nomes allemands, et ayant pour objet l'avancement des travaux relatifs à
la figure de la Terre. Nous nous entretînmes longuement de ces questions,
et M. de Littrow voulut bien m'assurer que quelques-unes des données qu'il
recueillait à l'Observatoire de Paris lui seraient d'une grande utilité.
» Le 1 2 décembre, le Ministre de l'Instruction publique m'adressait
effectivement le Rapport de M. le général Baeyer. Préparé à cette commu-
nication par les relations que j'avais eues avec M. de Littrow, je m'em-
pressai de répondre, des le 21 du même mois, par la lettre suivante :
« Monsieur le Ministre,.
» J'ai, conformément à votre désir, examiné attentivement la Note
» transmise par M. le général Baeyer et intitulée : Protocole de la consulta-
C. P,., i863, ier Semestre. (T. LVI, N° 3.) J4
( io6)
v tion préalable, faite à Berlin les i(\, 25 et 26 avril 1862, sur le projet d'une
n mesure des decjrés de l' Europe centrale.
» Cette pièce est signée non-seulement par M. le général Eaeyer, mais
» encore par les Directeurs des Observatoires de Vienne, de Leipsick, etc.:
» presque tous les États de l'Allemagne centrale y sont représentés.
» Les opérations géodésiques et astronomiques que ces États se propo-
» sent d'entreprendre intéressent assurément la France, puisque leur paral-
» lèle moyen passe par notre pays, et qu'il en résultera une détermination
» plus exacte des dimensions et de la forme de la Terre, déduites de la
» théorie dans laquelle entre la considération de ce parallèle.
» Dans l'état présent de ces entreprises, il me parait que le concours
» immédiat de la France consisterait en une détermination très-exacte des
» différences de longitude entre les divers points des parallèles.
» Or, conformément aux intentions de Votre Excellence, nons sommes
« précisément engagés dans ce travail... La Conférence de Berlin recom-
» mande avant tout de bien étudier les méthodes. C'est ce qui a été fait
» avec un très-grand soin, par moi dans la détermination de la longitude
» du Havre, et par M. l'astronome Y. Villarceau dans la détermination
» de la longitude et de la latitude de Dunkerque, aujourd'hui menées à
» bonne fin.
» L'Observatoire de Paris est donc en possession de méthodes dont il
» est sûr; et, en ce moment même, il prend toutes les dispositions néces-
» saires pour en continuer les applications.
» Votre Excellence peut, si elle le juge utile, assurer M. le général Baeyer
» que la Commission qu'il préside trouvera à l'Observatoire de Paris tout
» le concours qui pourrait lui devenir nécessaire pour le succès de son
» entreprise. »
» Cette lettre, qui n'était pas destinée à devenir publique, est, comme
on le voit, fort simple, et les questions y sont posées dans les mêmes
termes où je l'ai fait plus tard devant l'Académie. « Il me paraît, disais-je,
>> que le concours immédiat de la France doit consister dans une détermi-
» nation très-précise des longitudes des diverses stations des parallèles. »
» Deux sortes d'opérations, bien distinctes les unes des autres, doivent
concourir aux travaux relatifs à la détermination de la figure du globe :
les travaux de géodésie proprement dite, et les travaux d'astronomie pour
la détermination directe des coordonnées géographiques. L'Observatoire
était donc bien dans son rôle. Car, d'une part, il n'empiétait en quoi que ce
( I07 )
•soit sur les attributions du Corps d'Élat-Major, et de l'autre il remplissait
ses devoirs d'observateur. Il faudrait entendre le langage qu'on eût tenu si
la communication du général Baeyer nous eût trouvés insensibles! Comme
on eût demandé à qui donc revenait le soin des observations astrono-
miques, et quel souci nous avions de l'honneur scientifique de notre pays!
» Car, nous eût-on dit avec raison, vous savez bien qu'on compte les lon-
gitudes de l'Observatoire central de Paris. Vous savez bien que la lunette
méridienne de cet établissement est en votre possession; ainsi votre con-
cours est indispensable.
» En effet, la détermination de la longitude d'un lieu n'est pas une opé-
ration absolue. Les longitudes se rapportent toujours à un point de départ.
En France elles sont comptées de l'Observatoire de Paris, et de là vient
que, lorsqu'on veut déterminer la longitude d'un point de la France, de
Dunkerque par exemple, il faut que des observations soient faites non-seu-
lement dans cette station de province, mais encore à l'Observatoire de Paris,
aux mêmes jours, aux mêmes heures, en aussi grand n ombre et avec la
même précision.
» Lorsqu'un mois après ma réponse au Ministre, un Rapport fut lu de-
vant l'Académie touchant la même Conférence, je crus donc faire la chose
la plus simple en informant l'Académie de ce qui était à ma connaissance.
Conformément à ses usages, M. Faye annonçait de grands projets person-
nels; conformément à mes habitudes, je me bornais à exposer ce qui était
déjà fait.
» J'ose dire qu'il est très-regrettable qu'une démarche si essentiellement
simple et vraie ait servi de point de départ contre l'Observatoire impérial à
de nouvelles critiques aussi injustes et aussi mal fondées que dans toutes les
autres occasions.
» Personne ne regrette plus que moi, au point de vue académique, la
nécessité où je suis de répondre à ces critiques, encore bien que les passages
les plus vifs ne figurent point au Compte rendu. Mais, chargé d'un établis-
sement, j'ai le devoir de n'en pas laisser blâmer injustement les travaux. Je
demande donc à l'Académie la permission de continuer mon historique. Si
cette forme est un peu plus longue que ne le serait une réponse directe, elle
aura l'avantage de concilier les droits de la vérité tout en adoucissant la con-
troverse.
» La détermination delà longitude deGreenwirh, détermination qui in-
téresse fort la géodésie, quoi qu'en dise M. Fave, viendrait la première en
14.
( io8 )
suivant l'ordre des dates; je reporterai néanmoins à la fin les explications
qui la concernent, et cela en raison d'une circonstance particulière.
» Lorsqu'en 1 856 nous entreprîmes la détermination de la longitude de
Bourges, en commun avec le Dépôt de la Guerre, nous y étions autorisés par
une décision ministérielle qui, conformément à la vérité des choses, et des
termes du décret de 1 854, avait imposé cette obligation à l'Observatoire
impérial.
•> On commença, dit M. Faye, sans avoir publié de plan. Sans avoir pu-
blié de plan! Ce singulier reproche suffirait à lui seul pour caractériser
notre différente manière d'entendre la science. Je reconnais sans difficulté
que ce n'est pas M. Faye qui aurait commencé sans avoir jjublié un ou plu-
sieurs plans. Il eût bien plutôt fait l'inverse.
» Mais qu'il se rassure. C'est une habitude pour moi de ne jamais appor-
ter de projets à l'Académie et de ne venir devant elle que quand la besogne
est faite II ne s'ensuit pas toutefois que je m'engage sans savoir ou je vais; loin
de là, et il me serait facile de trouver dans cette enceinte tel illustre Con-
frère que j'ai souvent fatigué de l'exposé de mes plans.
» Bourges était choisi par la même raison que Dunkerque l'a été cette
année; parce qu'ils sont l'un et l'autre sur la grande méridienne de France,
et en second heu parce que nous avons pensé qu'il était préférable de com-
mencer à de faibles distances.
» M. le commandant Rozet voulut bien, avant tout, installer ses instru-
ments à l'Observatoire de Paris, et répéter longuement avec nous et sans
autre jonction que l'électricité, les mêmes opérations que nous devions re-
prendre ensuite, l'unàParis, et l'autre sur un plateau à environ 8 kilomètres
de Bourges. Les opérations comprirent trois séries : dans la première,
M. Rozet observait à Bourges et moi à Paris; dans la deuxième, M. Rozet
était à Pans pendant que j'observais à Bourges; dans la troisième enfin,
j'étais revenu à Paris et M. Rozet retourné à Bourges. Ces interversions
avaient pour objet, on le sait, d'éliminer les erreurs particulières aux obser-
vateurs.
» M. Faye avait désiré qu'on fît usage de la méthode de coïncidence
qu'il avait proposée pour comparer les pendules de deux stations. Mais, a
cette époque déjà, cette méthode de coïncidence ne me souriait pas, et il
nie paraissait bien préférable de se débarrasser d'une comparaison difficul-
tueuse, en n'ayant qu'une pendule pour les deux stations. C'est ce qui lut
fait par un procédé d'enregistrement électro-chimique, emprunté à un in-
( i»9 )
telligeut fonctionnaire des lignes télégraphiques, M. Pouget-Maisonneuve.
Cette marche réussit très-bien, et si nous ne l'avons pas employée depuis
lors, c'est quelle était un peu complexe et que nous sommes parvenus à en
conserver les avantages tout en la simplifiant.
» M. Rozet, comme le dit M. Faye, était aimé de tous, et j'ai eu le bon-
heur de rester son ami jusqu'à son dernier jour. Aussi éprouvai-je un vif
regret lorsque, toutes mes sollicitations étant restées inutiles, M. Rozet fut
misa la retraite et enlevé aux opérations qui, sans cela, eussent été conti-
nuées avec lui.
» Je n'irai pas plus loin sur un sujet si délicat ; mais je regrette qu'on
ne comprenne pas qu'on devrait s'interdire de porter devant l'Académie
des insinuations malveillantes et dont il serait facile défaire justice, si j'étais
libre de publier les pièces administratives, que je mets sous les yeux du
Bureau.
» Mais, dit M. Faye, depuis lors l'Observatoire n'a plus pris aucun souci
de la géodésie, et le terrain était devenu libre. Répétons encore une fois qu'il
ne s'agit pas de la géodésie proprement dite, laquelle appartient au Corps
d'État-Major, mais d'opérations astronomiques, lesquelles sont nettement
attribuées à l'Observatoire par le décret fondamental de 1 854 ot par toutes
les décisions ministérielles intervenues depuis lors; et cela dit, voyons si
j'ai cessé de m'en préoccuper pendant six ans, comme le dit M. Faye.
» Or voici ce que lui-même lisait devant l'Académie le 2 novembre 1857
à l'occasion des propositions de M. Struve :
« Aujourd'hui les choses ont complètement changé de face : il ne s agit
» plus d'un Membre isolé, comme en i85o et 1 852 ; ce sont les plus grandes
» autorités scientifiques qui s'accordent à demander devant vous la néces-
» site de reprendre les travaux géodésiques, ou du moins de les vérifier, de
» les étendre et de les mettre au niveau des exigences actuelles de la science
» pure. C'est le Directeur de l'Observatoire central de Russie qui vient
» demander à la France la jonction complète des réseaux européens; c'est
» le doyen de l'Académie qui réclame la prolongation de son arc espagnol
» jusqu'aux sommets de l'Atlas; c'est le Directeur de l'Observatoire de
» Paris qui vous parle de compléter astronomiquement la géodésie fran-
» caise; enfin, c'est M. le Maréchal Ministre de la Guerre qui se fait ici l'in-
» terprète des besoins de la science et semble vous promettre son puis-
•> sant concours. »
» Je ne mérite ni l'excès d'honneur que me faisait alors M. Faye en me
( MO }
plaçant au rang des plus grandes autorités scientifiques de l'Europe, ni les
critiques injustes qui ont succédé à ses éloges. Je retiens seulement fie ce
discours qu'il parait qu'à la fin de 1 8 5 7 , postérieurement à l'époque indi-
quée par M. Faye, je n'avais pas oublié tout ce qui intéressait la figure de
la Terre. En i858et 1 85g j'avais toujours l'espoir que les travaux pour-
raient être repris, lorsqu'enfin en 1 85g, conformément aux pièces que j'ai
sous les yeux, le Ministre de la Guerre me déclara que les longitudes et
les latitudes étaient dans les attributions de l'Observatoire, et que c'était à
lui de les continuer.
» Aussi nous occupions-nous dès 18G0 de réorganiser la mesure des
longitudes que l'Observatoire devait désormais poursuivre seul.
» C'est en 1860 que le Dépôt de la Guerre a bien voulu, avec une libé-
ralité dont nous lui sommes reconnaissants, nous confier pour cet objet
une lunette méridienne. Voici une pièce qui le prouve.
» Voici en outre un dossier qui établit que nous nous sommes dès lors
occupés des méthodes à employer pour la détermination des longitudes à
grande distance, en étudiant les communications télégraphiques avec
Madrid.
» Voici encore un dossier qui montre que nous avons construit à Biarritz
un Observatoire dans le même but.
a Madrid me parut, il est vrai, trop éloigné, non pas pour être déterminé
d'un seul jet, mais pour constituer l'une des premières opérations. Il valait
mieux ne l'aborder que lorsqu'on serait sur de la perfection des méthodes,
comme nous le sommes aujourd'hui. C'est par ce motif et aussi pour une
autre raison, que nous avons établi une station intermédiaire à Biarritz,
laquelle est, je le répète, construite. Mais Biarritz même me semblait un
peu distant. Il faudra sans doute l'emploi d'un relais dans l'intervalle, et
nous avons préféré obtenir le Havre d'abord, puis Dunkerqne un peu plus
loin pour procéder pas à pas. Bien n'empêche de terminer désormais la
station intermédiaire de Biarritz, et elle le sera. L'Observatoire étant con-
struit, les instruments étant prêts, les méthodes étudiées, quelques jours
suffiront.
>- Je me propose, il est vrai, de demander à mes collègues de Madrid de
vouloir bien exécuter en même temps la comparaison de Paris et Madrid
déjà préparée en 1860. Il sera instructif de voir si la détermination directe
de Paris avec Madrid est bien égale à la somme algébrique Paris-Biarritz
( "1 )
d'une part, Biarritz-Madrid de l'autre, et c'est ainsi qu'on avancera avec
sécurité, chaque résultat obtenu étant définitivement acquis.
» Lorsque cela sera fait, je suis convenu avec M. de Littrow que nous
essayerons la détermination directe de la différence en longitude de Vienne
et Paris. J'apprendrai encore à M. Faye qu'à cette époque où, parce que
nous n'avions pas publié de projet, il évaluait que nous ne faisions rien,
nous étudiions au contraire les communications avec l'Autriche par la
Suisse.
» Enfin, toujours en 1860, M. Yvon-Villarccau déterminait avec M. l'as-
tronome espagnol Novella, et avec MM. Ismaïl et Tissot, la différence de
longitude de Madrid et de la station où l'éclipsé totale avait été observée.
Ce fut une opération laborieuse, dont une partie fut pratiquée par le moyen
du transport des chronomètres, et l'autre par l'emploi des signaux de feu.
Comme à toutes les époques, cette dernière partie des opérations éprouva,
de la part des populations des campagnes, qu'elle inquiétait, une vive résis-
tance. Le résultat de ces travaux sera prochainement communiqué à
l'Académie.
» J'ai déjà mis sous ses yeux la conclusion des opérations faites au Havre ;
et elle a pu voir à quelle précision elles ont été portées par la simplification
des méthodes et l'étude des moyens d'expérimentation. Aucune des déter-
minations obtenues dans les diverses soirées, ne s'écarte de la vraie valeur
de plus de -^ de seconde, résultat qui, j'ose le dire sans crainte d'être
démenti, n'avait été encore obtenu nulle part.
» J'insiste sur cette circonstance; car, en permettant de limiter le
nombre des soirées d'observations, elle donnera un moyen de marcher plus
rapidement, tout en conservant la même précision. De son côté, mon savant
collaborateur M. Yvon-Villarceau a, par une étude approfondie des in-
struments portatifs, trouvé le moyen de les faire servir avec la même exac-
titude que les instruments fixes, et d'abréger beaucoup les délais des instal-
lations. Et ce sont ces raisons qui, en nous permettant d'imprimer à notre
marche une grande activité, nous rendent certains de pouvoir tenir nos
promesses.
» Contre toutes nos habitudes, me voilà publiant des projets! Au moins
ont-ils été plus qu'étudiés à Paris, à Bourges, au Havre, à Dunkerque, etc.
» J'ajoute en outre que tandis que la station centrale, Paris, ne pouvait
jusqu'ici, avec une seule lunette, tenir tète à la fois qu'à un seul instrument
en province, j'ai trouvé le moyen de répondre simultanément à deux sta-
( «12)
tions de province, et ainsi de pins que doubler' encore la rapidité des opé-
rations.
» Or, qu'en pensera tout homme de science? C'est lorsque nous sommes
ainsi engagés scientifiquement dans ces questions, lorsque nous en avons,
moi en particulier, fait notre travail personnel, lorsque nous avons étudié
les méthodes, les instruments, et que, profitant de notre expérience, nous
sommes en mesure de conduire ces travaux avec plus de précision cpie qui
que ce soit, quant à présent, qu'un de nos confrères n'a pas craint de
s'écrier, vous l'avez tous entendu, que ce dont il s'agissait dans le débat,
c'était d'enlever ces travaux à l'Observatoire!!
» Que si l'on venait proposer au sein de l'Académie qu'il fût interdit à
M. Dumas de s'occuper de la constitution intime des corps, à M. Becquerel
des températures de l'atmosphère, à M. Chevreul des couleurs, à M. Fremv
des aciers, à M. le général Morin de la ventilation, à M. Jobert de Lamballe
des tendons et des nerfs, à M. Hermitte des fonctions elliptiques, a
M. Piobert du mouvement des boulets, à M. Fizeau de la vitesse de la
lumière (je ne poursuis pas cette énumération), que répondraient tous nos
confrères? Ils passeraient outre et auraient bien raison. Je prendrai la
liberté d'en faire autant.
» M. Faye toutefois ne conteste pas l'exactitude de nos opérations. Mais
il voudrait persuader que nous n'avons rien fait avant le mois d'octobre
1862, entreprise difficile, pour laquelle il change quelque part les dates,
les faits et la science d'une si incroyable façon qu'il est absolument néces-
saire de remettre chaque chose en sa place.
1. Il commence par assurer que nous ne sommes allés au Havre que pour
y obtenir une longitude approchée, dans l'intérêt de la marine. Le Havre,
dit-il, n'est pas une station géodésique.
» En principe, ces assertions sont absolument inexactes. Lorsque j'ai
demandé k M. le Ministre de l'Instruction publique l'autorisation de déter-
miner la longitude du Havre, je me suis appuyé non-seulement sur les
besoins de la marine, mais encore sur ce que ce serait un moyen de conti-
nuer nos études des instruments à petite distance et de reprendre avec uti-
lité la détermination astronomique des positions déjà obtenues par la
géodésie.
» On sait très-bien que la marine n'a nul besoin du dixième de se-
conde et que les longitudes déterminées par le Dépôt de la Guerre sont
plus que suffisantes pour la marine. A qui des lors espere-t-on persuader
( "3 )
qu'après avoir obtenu très-exactement la longitude du Havre, en 1861. je
serais allé recommencer en 1862, au point de vue de la marine, une campagne
parfaitement inutile, sur le coteau d'Ingouville?
» Dans la description géométrique de la France par Puissant, description
où sont résumés les travaux de Delambre et Méchain d'une part, du Corps
des ingénieurs-hydrographes de l'autre, et enfin du Corps d'Etat Major, je
trouve que le phare méridional du cap la Hève est le sommet d'un des
triangles du premier ordre à l'extrémité ouest de l'espace compris entre
Paris, Amiens, la Manche et la Seine. Voilà le secret de mon insistance sur
ce point. C'est bien un lieu géodésique.
» Mais M. Faye ne comprend pas que je me sois placé à 4 kilomètres de
là. Il me faudrait, pour en expliquer les motifs, entrer dans des détails qui
montreraient toute la distance qui sépare la spéculation de la pratique. Je me
bornerai à faire remarquer, sauf à y revenir s'il est nécessaire, qu'à Bourges
le lieu de la station astronomique, très-judicieusement choisi par le Dépôt
de la Guerre lui-même, était à 8 kilomètres de la station géodésique du pre-
mier ordre à Bourges. J'ajoute encore, connaissant assez bien le terrain de
plus d'une des stations, qu'on doit s'attendre qu'il en sera de même dans la
suite, et que nous considérons, après une mûre étude théorique et pratique
de la question, que lorsqu'il sera possible de se placer à une dizaine de kilo-
mètres d'une station géodésique dans de certaines conditions bien connues,
il sera souvent utile de le faire , sauf à étudier ensuite le terrain inter-
médiaire.
» Chacun du reste comprend parfaitement que les erreurs géodésiques,
s'il y en avait, ne s'accumuleraient pas en général sur un petit intervalle et
que les opérations faites à une courte distance d'une station géodésique y sont
ensuite rapportées sans difficulté par une simple triangulation. Dans le cas
actuel, il suffisait évidemment de puiser dans la description géométrique
de la France par Puissant la différence de 2' 22", o entre le clocher du Havre
et le phare la Hève. Et si j'ai cru utile de déterminer à nouveau cette
différence par une triangulation dont je dépose les éléments et les calculs,
c'est parce que, par un penchant naturel, j'aime dans les observations,
comme dans la théorie, à faire ce qu'en arithmétique on appelle la preuve.
» Mais enfin, insiste M. Faye, M. le Directeur de 1 Observatoire envoie
» en octobre 1862, sur quelque point appartenant cette fois au réseau
» géodésique, un des astronomes placés sous sa direction, comme pour
» prendre date. »
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, N» 5.) I 5
( i«4 )
» Autant d'erreurs que de mots!
» Ce quelque point ainsi dédaigneusement désigné est Dunkerque,etl'on
veut bien, cette fois, reconnaître que c'est un point du réseau géodésique.
Mais quoi! Bourges n'appartient donc pas au réseau géodésique? Que
veut-on dire? Bourges est comme Dunkerque sur le méridien. Serait-ce
parce que la station était à 8 kilomètres de Bourges? Ce ne serait pas sé-
rieux. Bourges, la Hève, Dunkerque sont des points géodésiques.
» Quand on s'érige en censeur sans y être obligé, et qu'on discute des
questions de priorité, il ne faudrait du moins pas changer les dates dans
l'intérêt particulier que l'on voudrait faire prévaloir. Or, d'abord ce n'est
pas en octobre 1862, comme l'affirme M. Faye, c'est le 17 septembre que
le savant astronome dont il parle est parti pour Dunkerque. Voici une pièce
qui l'établit.
» Ce n'est pas tout. Voici un registre que je mets sous les yeux de mes
confrères, registre intitulé : Études avec Y. ViUarceau pour la longitude de
Dunkerque. C'est une étude sérieuse, approfondie des instruments, qui re-
commence pour la dixième fois, et à quelle date? Le 27 juin. Nous voici
bien loin en avant du mois d'octobre. Ces études sont aussi complètes,
plus complètes que les opérations faites à Dunkerque; elles font partie de la
détermination de la longitude de cette station et seront publiées au même
titre. Deux registres les contiennent. Mais encore, avant d'observer, il
avait fallu construire dans le jardin de l'Observatoire une station figurant
celle de Dunkerque. C'est le 10 mai que ces travaux ont été commencés.
» Ainsi voilà deux astronomes, M. Yvon ViUarceau et M. Le Verrier, qui
consacrent quatre grands mois, les jours et les nuits, à une nouvelle étude
de leurs instruments afin de ne rien laisser à désirer dans la perfection des
opérations! Quelle récompense trouvent-ils? Ce sont des opérations pour
prendre date, assure-t-on ! L'Académie se dira que dans ce cas probable-
ment nous nous serions un peu plus hâtés.
» Mais passons et revenons à la longitude deGreenwich faite la première
de toutes, en i85/j.
» Les travaux relatifs à la longitude de Bourges sont rédigés en leur
entier. Les travaux relatifs à la longitude du Havre sont dans le même état,
et j'ai l'honneur de présenter à l'Académie une rédaction des travaux rela-
tifs à la longitude de Greenwich. Pourquoi, dès lors, ces Mémoires n'ont-ils
pas été publiés, en commençant, comme on le devait, par Greenwich? Je
me trouve obligé de dire aujourd'hui que tandis que j'ose répondre de la
précision des travaux relatifs à Bourges, au Havre et à Dunkerque, je n'ai
( M5 )
que des garanties moindres pour ce qui concerne les observations faites à
Paris en réponse à celles de Greenwich.
» Ainsi qu'on le sait, la différence en longitude entre Paris et Green-
wich est l'angle compris entre leurs méridiens. Cet angle est mesuré par
celui que font entre eux les plans des lunettes méridiennes des deux stations,
mais à la condition que ces instruments soient exactement placés et que
leurs axes soient perpendiculaires aux méridiens respectifs.
» Pour s'assurer de cette condition , on se sert du niveau ; et la nécessité de
nivellements exacts est tellement indispensable qu'on peut dire que c'est le
point essentiel, et que la détermination des longitudes consiste dans le bon
nivellement des axes; car ce bon nivellement une fois obtenu, on pourrait
se passer de l'azimut en observant près du zénith, et de la collimation en
observant dans les deux positions directe et inverse de l'instrument.
« Cela dit, on comprendra parfaitement le sens de cet article très-précis
du règlement écrit par M. Airy pour la détermination de la longitude et
accepté par nous : Toute nuit d 'observation cl 'étoiles ne sera pas considérée
comme bonne, à moins que le niveau n'ait été appliqué. (Art. 29. )
» C'est donc avec regret qu'en rédigeant ce travail de la longitude de
Greenwich, avec un soin et une étendue qui montreraient au besoin com-
bien j'aurais été heureux d'y trouver une solution définitive, je me suis
aperçu que l'astronome français chargé de la deuxième partie des obser-
vations n'avait pris aucune espèce de souci du niveau, c'est-à-dire de la
chose la plus importante; et qu'on était réduit, sous ce rapport, aux déter-
minations faites par d'autres observateurs, dans le milieu de la journée.
Et ainsi nous nous trouvons pris dans ce dilemme, ou bien de supprimer
l'article 29 du règlement accepté, ou bien de convenir que la deuxième
partie des opérations ne se trouve pas dans les conditions requises.
» L'astronome qui pratique ainsi la détermination des longitudes est
M. Faye. Voici le registre sur lequel on peut vérifier la vérité de ce que j'a-
vance.
» Cette détermination de la différence de longitude entre Paris et Green-
wich a eu bien du malheur.
» Une mesure géodésique de cette différence par les astronomes fran-
çais et anglais, fut entreprise vers 1820. Elle a été exécutée en 1821, 182a
et 1823, par les capitaines Rater et Kolby, pour l'Angleterre et jusqu'à
Calais, et de Calais à Paris par les astronomes français. Les Anglais ont fait
connaître le résultat de leurs opérations, tandis que les Français n'ont jamais
[5..
( 1*6)
donné le résultat des leurs, qui se sont trouvées ainsi comme nulles et non
avenues.
» Après avoir attendu en vain cinq années le résultat de calculs qui ne
devaient jamais voir le jour, on ne sait par quels motifs, le capitaine Rater se
décida, en 1828, à publier la partie anglaise donnant la différence de longi-
tude entre Greenwich et Calais. Pour tirer un parti quelconque de tant de
travaux, il empruntait, à la Connaissance des temps, en l'absence d'une auto-
rité plus haute, disait-il, la longitude de Calais rapportée à Paris.
» Il est malheureux qu'on ait méconnu la nécessité de publier au moins,
sinon de calculer immédiatement, la partie de la triangulation qui a été con-
fiée aux astronomes français. Mais on ne sait même pas ce que leurs triangles
sont devenus.
» Le colonel Bonne proposa de déterminer directement par des signaux de
feu cette différence de longitude que la mesure précédente aurait dû donner.
» Les opérations furent exécutées en 1825. Tout a été publié par sir
J. Herschel, dans les Transactions philosophiques, sauf les données qu'aurait
dû fournir Paris. On est bien forcé, dit M. Henderson, en l'absence des
data indispensables, d'admettre qu'aucune erreur n'a été commise à cette
extrémité de la ligne. On sait aujourd'hui que la longitude ainsi détermi-
née semble avoir été en erreur de j5 secondes d'arc.
» Mais je m'arrête, exprimant de nouveau mon regret qu'on m'ait forcé
d'entrer dans de telles explications, et mon vif désir de n'avoir pas a y
revenir. »
Réponse de M. Faye.
« Après avoir entendu la lecture de la Note de M. Le Verrier, je me bor-
nerai à répondre à ce qui m'est personnel, afin de n'avoir à revenir qu'à
la partie scientifique.
» J'entends M. Le Verrier me reprocher l'omission de tout nivellement
de la lunette méridienne, le 22 juin i854, à l'époque où je m'occupais de
la jonction télégraphique entre Londres et Paris. Il semble imputer à cette
omission l'insuccès de toute l'opération elle-même. Je déclare à l'Académie
que c'est la première fois que j'entends parler de cette omission et de cet
insuccès. C'est donc pour les besoins de la cause actuelle que M. Le Verrier
exhume une omission dont je n'ai d'ailleurs nul souvenir, car j'ai laissé à
I Observatoire tous mes cahiers d'observations.
» A l'Observatoire de Greenwich, où j'ai été accueilli avec la plus grand»'
( "7 )
bienveillance dans la famille de l'Astronome royal, M. G.-B. Airy, je n'ai
jamais en à m'occnper de déterminer les erreurs d'azimut, de niveau et de
collimation de l'instrument méridien. Quanta l'Observatoire de Paris, ou
je ne logeais pas et où je n'étais rentré un moment que sur les plus vives
prières de M. Le "Verrier, je n'y remplissais aucune fonction régulière, on
permanente. Je ne me souviens pas, à neuf ans d'intervalle, des conventions
qui avaient pu être arrêtées relativement à ces déterminations, lesquelles
étaient du ressort de tous les astronomes de l'Observatoire indistinctement,
tandis que les observations du passage des étoiles et des signaux ne pou-
vaient être faites que par moi. Si je m'en suis cbargé, l'omission acciden-
telle du nivellement, à la date indiquée par M. Le Verrier, ne devait avoir
d'autre résultat que de prolonger un jour de plus la durée des observations,
car il avait été convenu (Comptes rendus, t. XXXIX, p. 555, ligne 5 en re-
montant) que les observations seraient continuées toutes tes nuits jusqu'à ce que
l'un et l'autre Observatoire eussent fait connaître qu'ils regardaient l'opération
comme terminée. Si, au contraire, je ne m'en suis pas cbargé, l'omission
signalée par M. Le Verrier ne peut mètre imputée. M. Le Verrier a d'ail-
leurs fait à l'Académie la déclaration suivante :
« Cette variation diurne (celle du niveau), qui a été insensible pendant
» la première série des observations faites à Greenwich, s'est au contraire
» manifestée pendant la seconde série. Hàlons-nous d'ajouter que le résultat
» de la longitude n'en a été nullement ajfecté, attendu le soin qu'on a eu de
» déterminer très-fréquemment la situation de l'axe , comme la valeur des autres
» erreurs instrumentales. » (P. 56o, ligne io en remontant.)
» En 1 854? M. Le Verrier ne donnait que des louanges à cette opération :
o Après avoir dit avec quel soin la nouvelle détermination a été traitée à
» l'Observatoire de Paris, et il en a été de même à Greenwicb, j'arrive à la
» comparaison du résultat avec les données antérieures. » (P. 56 r.)
» Dans tous les cas, je ne me reconnais responsable que de l'observation
des étoiles et des signaux télégraphiques, M. Le Verrier ayant voulu garder
pour lui la direction de l'entreprise dans tous ses détails, en se confor-
mant d'ailleurs très-ponctuellement aux instructions qu'il avait reçues de
M. Airy.
» Mais je tiens surtout à montrer à l'Académie que je n'ai jamais varié,
malgré les citations de M. Le Verrier, sur le point fondamental du débat, à
savoir la compétence du Dépôt de la Guerre. Il me suffira de citer aussi les
Comptes rendus de i853, 1 857 et 1 863, pour prouver qu'à aucune époque,
aussi bien avant l'entrée de M. Le Verrier à l'Observatoire qu'au lende-
( "8 )
main de sa rupture avec le Dépôt de la Guerre, je n'ai jamais tenu d'autre
langage.
» En 1 853, Comptes rendus, t. XXXVI, p. 3o : « Du moment où MM. les
» Officiers d'État-Major annoncent qu'ils ont conçu des projets analogues à
» ceux que m'avait suggérés la communication émanée de M. le Ministre de
» l'Intérieur, je m'empresse de renoncer à toute idée d'initiative person-
» nelle, et de mettre mes propres efforts à la disposition de ce Corps illustre,
» dans le cas où ils lui paraîtraient acceptables. »
» En 185^, Comptes rendus, t. XLV, p. 670: « Pour moi, je dus m'in-
» cliner devant cette revendication (au nom du Dépôt de la Guerre), trop
» heureux d'offrir mon zèle et mon concours à l'Administration spéciale
» (celle du Dépôt de la Guerre ) dont les titres à réclamer le privilège de ces
» entreprises étaient si bien fondés. »
» En 1 863, Comptes rendus, t. LVI, p. 28 : « Une autre circonstance
» ajoute encore à l'intérêt de la communication de M. le Ministre d'État,
» et je ne sais vraiment s'il serait convenable de passer ici sous silence un
» fait qui prouve que la France n'a pas abandonné à ses émules le soin de
» ces nobles entreprises : c'est la coïncidence remarquable de la réunion
» de Berlin avec les études que le Bureau des Longitudes faisait faire, pré-
» cisément à la même époque (avril 1862) en invoquant [indispensable con-
» cours du Dépôt de la Guerre pour le couronnement du réseau français. »
» Quant au reproche d'apporter plus souvent à l'Académie des projets
ou des plans que des travaux exécutés, je dois dire que je n'ai jamais eu à
ma disposition d'autres ressources que mes ressources personnelles, et
celles que plusieurs artistes éminents, MM. Porro, Digney et Baudoin,
Henri Robert, Ruhmkorff, ont bien voulu mettre généreusement à ma dis-
position. J'ai cru pouvoir quelquefois servir encore la science par des idées
alors que je ne pouvais ie faire par des expériences ou par des observations
auxquelles ma modeste fortune ne m'aurait pas permis de me livrer.
» Cela dit, je serai plus libre d'aborder, s'il y a lieu, les questions de
science. »
» M. Le Verrier réplique à M. Faye, qui assure que c'est la première
fois qu'il entend parler de cette capitale omission des déterminations du
niveau.
» Tout le monde sait à l'Observatoire que c'est ce qui a arrêté 1 im-
pression du travail. M. Faye, prévenu directement, n'eût pas pu fournir après
coup des nivellements qu'il n'a pas effectués. »
( "9)
THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE. — Compte rendu du traitement des calculeux
pendant l'année 1862; par M. le Dr Civiale.
« Dans le courant de l'année qui vient de finir, j'ai traité soixante-neuf
personnes attaquées de la pierre : soixante-six hommes, deux femmes et
un enfant ;
» Quarante-cinq dans ma pratique particulière et vingt-quatre à l'hô-
pital.
» Soixante et une avaient la pierre pour la première fois ; huit avaient déjà
subi des traitements pour cette affection.
» Cinquante-huit de ces malades ont été opérés :
» Quarante-cinq parla lithotritie, qui a réussi dans quarante-quatre cas;
SI y a huit guérisons incomplètes ;
» Dix par la taille ordinaire, qui en a guéri trois, soulagé deux, et cinq
sont morts.
» Trois ont été opérés par la combinaison de la taille et de la lithotritie ;
deux sont guéris, il reste au troisième une incontinence d'urine.
» Onze n'ont pas subi d'opération.
m i° Malades opérés par la lithotritie. — I. Les divisions précédemment
établies au sujet des calculeux opérés sont applicables aux cas dont je viens
de présenter le tableau.
» Dans ceux de la première série, au nombre de vingt, qui sont les plus
heureusement placés, le diagnostic et la thérapeutique présentent toute la
précision et la sûreté désirables ; pour les besoins de l'un et de l'autre, l'art
est en possession de moyens éprouvés, les règles de la manœuvre sont net-
tement tracées, et le succès de l'opération est d'autant plus facile d'ailleurs
que la pierre est plus petite.
» On obtient des succès analogues chez les calculeux d'une autre classe,
dont la pierre est également facile à détruire, mais chez lesquels on observe
des troubles fonctionnels avec inertie et catarrhe de la vessie et dépérisse-
ment de la santé générale.
» Ces calculeux qu'on redoutait de traiter par la lithotritie, il y a quel-
ques années, guérissent presque tous aujourd'hui, au moyen de précau-
tions dont l'expérience a prouvé l'utilité.
« II. Toute pierre qui séjourne dans le corps de l'homme grossit et
produit des désordres toujours nuisibles au traitement; ce sont les cas
graves et les cas compliqués, dans plusieurs desquels l'art de broyer la
( 120 )
pierre est encore possible; mais ses applications offrent des difficultés qui
proviennent, les unes du volume et du nombre des pierres, et les autres
des lésions organiques de la vessie et de ses annexes.
» Trois de ces malades avaient de grosses pierres ; le traitement a réussi,
mais le calcul remplissant la vessie et l'espace manquant pour la manœu-
vre, celle-ci a été difficile et douloureuse.
•> Sept autres avaient des pierres multiples dont la destruction a exigé un
long traitement; cependant les opérés ont obtenu une gnérison complète.
« Il n'en a pas été ainsi des malades chez lesquels se trouvaient réunies
de grosses pierres et des lésions organiques; les difficultés sont doubles
alors et d'autant plus embarrassantes pour l'opérateur que le volume et le
nombre des calculs, la nature et le développement des productions mor-
bides, le mode et l'étendue de la déformation qu'a subie la cavité) dans
laquelle il doit agir lui sont presque entièrement inconnus avant de com-
mencer l'opération.
>' En de telles circonstances il serait préférable de recourir à la taille;
mais elle n'est pas toujours acceptée par les malades; elle a d'ailleurs ses
difficultés propres et ses dangers; la lithotritie offrant plus de chance de
«uérison, le chirurgien se fait un devoir1 de l'appliquer sans se dissimuler
que presque toujours il est réduit à procéder sans règles et sans autre
guide que ses sensations tactiles, à la recherche des calculs entiers ou frag-
mentés, au milieu des tumeurs et des touffes fongueuses qui remplissent la
vessie. D'après cela on se rend facilement compte des difficultés de la
manœuvre et de l'incertitude du résultat.
» Dans ces cas exceptionnels, la lithotritie est une ressource plutôt qu'une
méthode rationnelle. Alors même qu'on réussit à détruire la pierre, il n'est
pas rare d'observer, après le traitement, des troubles fonctionnels, des
incommodités, de véritables douleurs, que je désigne sous le nom de gué-
nsons incomplètes, et qui ne doivent être confondues ni avec les accidents
produits par les éclats de pierre restés dans la vessie, ni avec certains
désordres que les manœuvres opératoires, celles de la taille spécialement,
peuvent occasionner.
» Ces effets d'ailleurs ne sauraient surprendre, puisque la gnérison des
calculeux traités par les procédés chirurgicaux, ne peut être complète en
général que dans la série des cas simples où la pierre forme toute la maladie
et produit à elle seule tous les désordres.
» Dans les cas graves et compliqués la pierre ne forme au contraire
qu'une partie de l'état morbide, et ce n'est pas la plus importante. Or.
( »*I )
comme l'opération ne détruit que la pierre, les opérés conservent forcé-
ment la part de désordres dont je viens d'indiquer la source.
» Deux de mes opérés, l'un par la taille, l'autre par la lithotritie, ont
conservé des besoins trop fréquents d'uriner, parce que la vessie n'a pas
récupéré sa capacité normale que la pierre lui avait fait perdre.
» Trois autres, traités par la lithotritie pour des calculs moyens et fria-
bles, n'ont plus de pierre, mais l'inertie et le catarrhe de la vessie, qui
avaient précédé la formation du corps étranger, n'ont pas entièrement
cessé.
» Trois malades opérés, un par la taille et deux par la lithotritie, qui
avaient en même temps la pierre et des tumeurs dans la vessie, sont délivrés
de la première, mais les tumeurs subsistent et produisent, suivant leur
situation, leur nature et leur volume, de l'agacement, des difficultés d'uri-
ner et même des douleurs presque continues.
» Ces désordres à la suite des traitements par lune ou par l'autre méthode
sont regrettables assurément; mais ce n'est ni à l'art ni au chirurgien qu'on
peut s'en prendre, ainsi que font fait quelques malades, de n'avoir pas
obtenu le bienfait complet de l'opération. La faute en est au médecin et
surtout au malade lui-même qui n'a pas eu la prudence de se faire opérer
en temps opportun et avant que la pierre ait grossi et produit dans les
organes ces mêmes désordres qui rendent la guérison incomplète.
» On a dit que les calculeux peuvent ignorer la cause de leurs premières
souffrances: cela est vrai, mais c'est rare; d'ailleurs, si la méprise est pos-
sible à celui qui souffre, le médecin peut facilement l'éviter : c'est même
pour lui un devoir de recourir aux moyens d'exploration dont l'art dispose
aujourd'hui, afin d'être à l'abri de tout reproche.
» Aussi longtemps que la taille fut la seule ressource des personnes atta-
quées de la pierre, les praticiens les plus éclairés ne conseillaient cette opé-
ration aux adultes, et surtout aux vieillards, que lorsque la vie était menacée
et que les douleurs rendaient l'existence insupportable; c'était pour eux le
moment d'affronter les dangers de la cystotomie.
» Cette règle n'est pas celle qu'on doit suivre à l'égard de la lithotritie ; il
est même formellement prescrit de recourir à cette méthode au début de la
maladie, avant qu'il existe des lésions organiques, pendant que le calculeux
se trouve encore dans la catégorie des cas simples que je viens d'indiquer, et
dans laquelle l'opération est toujours facile, sans violence sur les organes, et,
lorsque la pierre est détruite, toute souffrance cesse, la santé renaît et se
soutient.
C. R.; iS63, i« Semestre. (T. LV1, N° 3.) '6
( 122 )
» D'après l'ancienne règle, en procédant à 1 égard de la lithotritie comme
on le fait pour la taille, le médecin manque de prudence; sans doute il
épargne au malade l'effroi d'un mal qu'il redoute, il ne porte pas l'alarme
dans sa famille, mais il laisse prendre à la maladie un développement tel,
qu'un moment arrive où l'art peut soulager, mais il ne guérit pas.
» Je citerai un exemple remarquable observé depuis peu de temps. Un
homme éprouve en voyage des douleurs qui se rattachent à la pierre et qui
l'obligent de s'arrêter; bientôt elles cessent, comme à l'ordinaire, par le
repos et quelques moyens sédatifs.
» De nouveaux accidents se produisent ensuite à des intervalles plus ou
moins éloignés, ils sont combattus de la même manière avec le même succès.
» Enfin l'état du malade s'aggrave, sa vie paraît menacée, on réunit en
consultation les praticiens les plus célèbres d'une grande cité; ils consta-
tent la nature du mal, et ils conseillent l'opération de la lithotritie.
» Mais le moment opportun est passé : attaquer une masse pierreuse dans
une vessie saignante, catarrhale, ratatinée et déformée par des lésions orga-
niques, est toujours une entreprise pleine de difficultés et de périls : on a
réussi cependant à morceler la pierre et à extraire ses débris, mais les lésions
organiques de la vessie subsistent, et avec elles les désordres fonctionnels qui
s'y rattachent.
•' Ce traitement long et douloureux, qui laisse l'opéré dans un état de
malaise et d'inquiétude, eût été, au début de la maladie, facile et de peu de
durée; le malade aurait récupéré immédiatement le libre exercice de ses
fonctions, et il se serait épargné deux ans de souffrances.
» III. Une question importante, qu'on néglige cependant, est celle de la
récidive de l'affection calculeuse.
» Huit des malades du tableau qui précède avaient été traités pour la
pierre à des époques plus ou moins éloignées de celle du dernier traitement.
Celui-ci a réussi dans tous les cas ; après l'extraction des derniers débris du
corps étranger, la guérison a été complète , et elle se soutient ; mais il est
probable qu'il se formera de nouveaux calculs, dans un espace de temps
qu'on peut déterminer approximativement.
» Au point de vue de la récidive, les calculeux forment deux grandes
classes.
» i° Dans la première se trouvent les pierres d'acide urique et ses com-
posés, d'oxalate calcaire et de cystine.
» Si la pierre s'est développée lentement et sans produire de fortes dou-
leurs, si d'autre part le malade a obtenu par l'opération une guérison
(.i*3 )
prompte et complète, on est à peu près assuré que la guérison se soutiendra.
» Lorsqu'au contraire les dépôts urinaires sont abondants et persistent
sous forme de matière amorphe, de cristaux ou de graviers rendus avec
l'urine, on ne peut guère espérer que l'extraction de la pierre, par l'une ou
l'autre méthode, les fera cesser immédiatement, et qu'un organe qui aura
produit, pendant des années, des masses de dépôts uriques en excès dans
l'urine ne continuera pas à fonctionner de la même manière après l'opéra-
tion. Aussi n'est-il pas rare que des malades soient opérés plusieurs fois,
même à de courts intervalles, et le nombre en serait plus grand encore si
les opérés ne finissaient pas par succomber.
» La reproduction des pierres d'oxalate calcaire est rare, et je n'en ai
pas observé pour ceux de cystine.
» 20 Ce sont les concrétions de phosphate calcaire et ammoniaco-ma-
gnésien qui se reproduisent le plus fréquemment et avec d'autant plus de
promptitude qu'il existe des productions morbides dans l'appareil urinaire.
» Après une opération de taille ou de lithrotritie et sons l'influence d'un
catarrhe vésical qui subsiste, on voit apparaître des masses de dépôts terreux
dans l'urine, mais le plus souvent cette matière amorphe s'agglomère dans
la vessie et forme en peu de jours des pierres poreuses, grises, sans consis-
tance, qu'on détruit avec facilité, mais qui se reproduisent avec la même
promptitude. Ces cas sont très-nombreux et présentent un grand intérêt au
double point de vue de la pratique de l'art et de la formation des calculs
vésicaux.
» Du reste, ces reproductions ne sauraient surprendre, puisque le traite-
ment chirurgical employé dans ces cas n'a d'action directe que sur la
pierre, et que les organesqui la retiennent sont, après l'opération, ce qu'ils
étaient avant.
» 20 Malades opérés par la cystotomie. — L'un de ces malades, âgé de trois
ans et demi, avait une pierre d'acide urique à structure lamellée, très-com-
pacte, de 3 centimètres de long, de i | centimètres de large et de i centi-
mètres d'épaisseur. La vessie se contractait avec tant de force, que chaque
émission d'urine était accompagnée de la chute du rectum et de douleurs
tellement vives, que l'existence de l'enfant devenait insupportable.
» Cette pierre ne devait pas être attaquée par les procédés de la lithotri-
tie : je dirai à l'Académie les motifs qui m'ont déterminé à ne pas céder au
vœu des parents qui désiraient que leur fils fût opéré par la nouvelle
méthode.
» L'art de broyer la pierre n'est pas appliqué aux enfants d'une manière
]6..
( "4 )
aussi générale qu'aux autres époques de la vie. J'ai fait connaître ailleurs
les causes de cette différence ( Traité de la Lithrotritie). Je noterai les trois
principales :
» i° Avec le petit instrument dont il faut se servir chez les enfants, on
ne peut morceler qu'une très-petite quantité de pierre à chaque séance, ce
qui prolonge la durée du traitement.
» 20 Lorsque la vessie est inerte, les fragments calculeux ne sont pas
expulsés, il faut les extraire par les procédés de l'art; le petit diamètre du
canal rend cette manœuvre longue et difficile.
» 3° L'urètre de l'homme n'est pas également large et dilatable dans
toute sa longueur. Chez les enfants en particulier, le col de la vessie et la
partie profonde de l'urètre peuvent se dilater considérablement et admet-
tre des calculs entiers ou fragmentés qui seront arrêtés dans le canal, ce
qui constitue un accident grave par ses effets immédiats et surtout parce
qu'il devient la source des plus grands désordres.
» Il est prescrit de n'appliquer la lithotritie aux enfants très-jeunes, c'est-
à-dire de deux à sept ans, que lorsque la pierre peut être détruite en une
ou deux séances; à ces conditions la méthode réussit parfaitement, tandis
que cherchera détruire une grosse pierre dans ces circonstances, c'est s'ex-
poser aux plus graves mécomptes; la question capitale est de savoir où il
faut s'arrêter dans l'application de la nouvelle méthode. Cette question a
paru embarrasser quelques chirurgiens; cependant elle peut être résolue
avec autant de facilité que de certitude, il suffit de suivre les préceptes
de l'art.
» Lorsqu'un enfant soupçonné calculeux se présente, le chirurgien
reconnaît la pierre. Afin d'en déterminer le volume et la configuration, il
remplace la sonde par un lithoclaste avec lequel il s'assure en même temps
que la vessie n'en contient pas d'autres.
» Si le calcul est petit, il l'écrase sans désemparer, puis il saisit les éclats
et les brise jusqu'à ce qu'ils soient réduits en poudre. Le lendemain, avec le
même instrument il s'assure que la vessie est entièrement débarrassée, et ce
qui ne devait être qu'un complément d'exploration préalable devient une
opération définitive. Le malade est guéri. Je rappellerai un cas remar-
quable.
» Chez un petit malade, la cystotomie m'avait paru indiquée; les mé-
decins consultants et la famille paraissaient la désirer. Tout était prépare
pour l'opération ; en introduisant le cathéter, je trouvai la pierre au col de
la vessie. Je quittai le cathéter pour prendre un petit lithoclaste; la pierre,
I 125 )
repoussée dans la cavité vésicale, fut saisie et brisée instantanément; la gué-
rison fut immédiate. On connaît divers cas semblables.
» La pierre saisie par le lithoclaste est-elle assez volumineuse pour exiger
un long traitement et un grand nombre d'opérations? au lieu de l'attaquer
et de cherchera la morceler, on la lâche, on retire l'instrument et l'on pro-
cède à la taille immédiatement, ce qui est préférable, ou le jour suivant,
mais sans différer davantage.
» Six des malades taillés avaient de grosses pierres dont l'extraction
aurait présenté de grandes difficultés sans un appareil particulier dont j'in-
diquais l'emploi à l'Académie dans mon dernier compte rendu, et qui m'a
été très-utile dans ces circonstances.
» 3° Combinaison de la taille et de la lithotritie. — Trois malades ont été
opérés par un procédé qui consiste à ouvrir la partie membraneuse de
l'urètre par une incision périnéale, et à porter par cette voie et le col vésical
non divisé les instruments propres à pulvériser les pierres vésicales et en
faite l'extraction en une séance.
» Le principal élément de succès de cette méthode est dans la dilatabi-
lité du col de la vessie et de la partie profonde de l'urètre, très-commune
chez les jeunes malades. Cette disposition, nuisible à la lithotritie en ce
qu'elle favorise l'arrêt des fragments dans le canal, facilite l'extraction delà
pierre dans la cystotomie. Elle fait la base de la combinaison que je viens
d'indiquer et qui n'est pas nouvelle. En i8u8, j'en débattais les avantages
contre Dupuytren, qui la repoussait. (Voir ma IV Lettre et mon Traité de
Lithotritie, p. 456 et suiv.)
» Depuis cette époque, je l'ai souvent employée chez les enfants calcu-
leux et dans les cas de contractivité exagérée de la vessie, et j'ai eu de
beaux résultats (i).
» 4° Malades citez lesquels le traitement a été ajourné ou jugé impossible. —
Ces cas, au nombre de onze, forment plusieurs catégories :
» Deux hommes, épuisés par l'âge et les souffrances, étaient arrivés au
plus haut degré de dépérissement. L'art ne pouvait intervenir que par
l'emploi de quelques moyens propres à rendre plus supportables les der-
niers moments de la vie.
(i) En réunissant ces faits cliniques, les chirurgiens reconnaîtront peut-être l'utilité de
porter leurs regards en arrière et de s'assurer si le procédé de taille des anciens, connu sous
le nom de petit appareil, avec les nouvelles ressources de l'art pour morceler les grosses
pierres, ne réussirait pas plus sûrement que la méthode actuellement en usage.
( '*6 )
» Un autre, déjà indiqué dans les précédents comptes rendus, continue
de vivre avec une grosse pierre et des lésions organiques dans la vessie.
La lithotritie est impossible. Je détourne ce malade, dont l'existence est
très-supportable, de recourir à la taille; la réussite diminuerait peu ses
souffrances, et elle pourrait causer la mort.1
>> Un quatrième porte depuis longues années une grosse pierre qui cause
aussi peu de douleur. Les fonctions en général sont à peine troublées,
grâce aux précautions qui sont prescrites et rigoureusement observées.
n II n'est pas absolument rare de voir des calculeux dont les organes
s'habituent, pour ainsi dire, au contact de la pierre, surtout lorsqu'elle se
développe très-lentement. Souvent alors il n'y a ni catarrhe vésical, ni
trouble dans la miction. Il ne faut pas perdre ces malades de vue; une
opération peut devenir nécessaire au moment où on s'y attend le moins,
mais il serait au moins imprudent de troubler par anticipation le calme
dont ils jouissent.
» J'ai ajourné le traitement pour la pierre chez deux malades attaqués
en même temps, l'un d'une lésion grave des téguments, l'autre de désordres
dans les fonctions rénales.
» Dans cinq cas ce sont les malades eux-mêmes qui ont voulu différer
l'opération en disant qu'ils ne souffrent pas assez pour s'y soumettre.
» Deux d'entre eux cherchent même à se persuader qu'ils n'ont pas la
pierre, et ils attribuent à des causes sans portée les dérangements qu'ils
éprouvent. Jamais la peur ne fut une conseillère plus perfide.
» A l'égard de la lithotritie, on ne saurait trop se hâter de recourir à
l'opération.
* Tout retard aggrave la position du malade, augmente les difficultés
et les douleurs de la manœuvre, diminue les chances de succès et prolonge
la vie de souffrances à laquelle les hommes se condamnent en gardant leur
pierre. »
NOMINATIONS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission de cinq Membres pour l'examen des pièces admises au concours
pour le prix de Statistique de 1 863.
MM. Bienaymé, Dupin, Mathieu, Passy, Boussingault, réunissent la ma-
jorité des suffrages.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi-
( I27 )
nation d'un Membre de la Commission centrale administrative, en rempla-
cement de M. Poncelet, démissionnaire.
M. Chasles obtient la majorité des suffrages.
L'Académie procède enfin, encore par la voie du scrutin, au choix du
Membre qui devra la représenter dans la Commission mixte chargée de
décerner le prix de la fondation L. Fould (Histoire des arts du dessin avant
le siècle de Periclès).
M. Cloquet obtient la majorité des suffrages.
MÉMOIRES PRÉSENTES.
M. Pouillet présente, au nom de M. Dulos, une Note sur de nouveaux
procédés de gravure en creux et en relief, de l'invention de cet artiste, et met
sous les yeux de l'Académie divers spécimens des planches obtenues par ces
procédés, et des épreuves qu'on en a tirées.
Cette Note, trop étendue pour pouvoir être reproduite intégralement au
Compte rendu, et qui doit être d'ailleurs l'objet d'un prochain Rapport, est
renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet, Fremy
et Fizeau.
M. Floukens présente, au nom de M. Husson, pharmacien à Toul, une
Note sur la quantité d'air indispensable à ta respiration durant le sommeil.
L'auteur, déjà connu de l'Académie par un travail sur les lois de la
population dans la ville et l'arrondissement de Toul, travail qui avait été
l'objet d'une mention honorable au concours pour le prix de Statistique
de 1860, a été conduit, eu poursuivant ses recherches sur ce sujet, à s'oc-
cuper de la question qui fait l'objet d'une Note de M. Delbruck, imprimée
au Compte rendu delà séance du i5 décembre 1862. Après avoir examiné
au point de vue théorique la proposition avancée par l'auteur, que l'homme
et les animaux auraient besoin pour la respiration d'une moindre quantité
d'air pendant le sommeil que pendant la veille, M. Husson passe aux faits
qui ont été allégués à l'appui de cette assertion, et qui lui semblent mal
interprétés.
« Si la plupart des animaux, dit-il, si le lion même, au moment du som-
meil, cherchent des endroits retirés, est-ce réellement pour se priver d'air
le plus qu'ils peuvent, ou n'imitent-iis pas en cela la prudence de l'homme
( i*8 )
qui, avant de se coucher, ferme sa porte à la clef? Et si le militaire en cam-
pagne, couché à la belle étoile, se couvre la tête, n'est-ce pas, avant tout,
pour se garantir du froid? Cela est si vrai, que le moissonneur et le faneur,
pour le moment de la sieste, recherchent seulement l'ombre et ne songent
pas à se cacher le visage, si ce n'est parfois pour se préserver des insectes.
D'autre part, il faut bien le reconnaître, même à l'état de veille, l'homme
éprouve, en diverses circonstances, le besoin de se garantir la figure. Le
cache-nez n'en est-il pas une preuve?
» On a cité encore l'exemple de l'écolier qui se met la télé sous le drap
pour s'endormir. Mais cette habitude est si peu dans les besoins de la
nature, qu'on la rencontre seulement chez un petit nombre d'enfants et que,
presque toujours, celui-là même qui la contracte se découvre instinctive-
ment pendant son sommeil et ne tarde pas à la perdre dès que l'âge de la
crainte se passe. C'est dans tous les cas une habitude malsaine cpie les
surveillants doivent s'attacher à faire perdre aux écoliers.
» Il est bien vrai qu'on peut rester momentanément dans un milieu
quelque peu vicié; mais on n'y séjournerait pas constamment sans préju-
dice pour la santé.
» Quant à l'oiseau, qui dort la tète cachée sous le fin duvet de ses ailes,
n'a-t-il pas le bec placé de telle sorte que l'air puisse facilement péné-
trer?... »
(Commissaires, MM. Payen, Longet.)
PHYSIQUE. — Sur le rapport de l'intensité du courant inducteur au courant
induit; par M. A. Lallemand. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet.)
« En mesurant le courant induit par l'impulsion initiale qu'il commu-
nique au barreau d'un galvanomètre de Weber, j'établis par des expé-
riences directes la constance du rapport de l'intensité de l'inducteur à
la quantité d'électricité induite, quelle que soit la force électromotrice
de la pile et la longueur totale du circuit inducteur. Je vérifie de la même
manière que la quantité d'électricité induite est proportionnelle à la
conductibilité du fil induit et indépendante de l'induction exercée simulta-
nément par l'inducteur sur un circuit ou une masse métallique voisins. En
comparant ces résultats à ceux obtenus avec la balance électro-dyna-
mique en faisant agir les courants induits par répulsion sur eux-mêmes,
j'arrive à cette conclusion : que la durée de l'état variable du courant
( I29 )
inducteur dépend du rapport de la longueur de la partie du fil induc-
teur qui agit directement sur le fil induit, à la longueur totale du circuit
inducteur, et varie dans le même sens ; que celte durée, toutes choses égales
d'ailleurs , est d'autant plus courte que le fil induit est plus mauvais
conducteur; enfin, que l'influence mutuelle des deux circuits voisins sou-
mis à la même action inductrice n'a d'autre effet que d'augmenter la
durée et de diminuer l'intensité des courants induits simultanément, sans
altérer en aucune manière la quantité d'électricité induite dans chacun
d'eux. »
chimie. — Action de la potasse alcoolique sur le toluène bichloré et sur le toluène
trichloré; par M. A. Naquet. (Présenté par M. Balard.)
« M. Cannizzaro a ohservé que sous l'influence d'une solution alcoo-
lique de potasse le toluène monochloré se convertit en éther éthyl-benzéthy-
iique H5 t)(i). Il m'a paru intéressant d'étudier l'action du même réactif
sur le toluène bichloré, et sur le toluène trichloré que j'ai fait connaître il y
a quelques mois.
» Action de la potasse alcoolique sur le toluène bichloré. — M. Wicke a
obtenu une combinaison d'oxyde d'éthyle et d'aldéhyde benzoique,
G7HCÔ£*H1O0, analogue à l'acétal, en traitant le chlorobenzol par l'éthy-
late de soude. Il a annoncé en même temps qu'en substituant à l'éthylate de
soude une solution de potasse dans l'alcool, il se produit de l'aldéhyde ben-
zoique. Plus tard M. Beilstein démontra que le toluène bichloré est iden-
tique au chlorobenzol; néanmoins, en le chauffant avec une solution alcoo-
lique de potasse, il n'obtint aucune trace d'hydrure de benzoïle; du reste
il n'étudia pas les produits formés.
» Ayant repris cette étude, j'ai chauffé à 1 5o°, pendant plusieurs jours,
du toluène bichloré avec une solution alcoolique de potasse, dans des tubes
scellés à la lampe. A l'ouverture des tubes il ne s'est pas dégagé de gaz; le
liquide a été évaporé au bain-marie, afin de chasser l'alcool, et le résidu a
été repris par l'eau. Il s'est formé à la surface une couche d'un liquide hui-
leux que l'on a séparée à l'aide d'un entonnoir.
•> Comme au moyeu de la distillation fractionnée on ne prive jamais en-
(i) G=i2, Ô=i6, H=i.
C. R., i863, Ier Semestre. (T. LVI, N° 3.) l7
( >3o )
fièrement le toluène bichloré de toluène monochloré, ce liquide huileux
contenait une faible quantité de l'étber éthyl-benzéthylique de M. Can-
nizzaro, et par cette raison il a été nécessaire de le soumettre à la distillation
fractionnée.
» La portion de liquide passant entre 21 5° et 225° a donné à l'analyse les
nombres G — 62,76, H — 6,25, qui sont fort rapprochés de ceux qu'exige
la formule
€8H"C1Q.
Cependant, comme ils ne sont point encore suffisamment près de ceux
qu'exige la théorie, le liquide a été fractionné de nouveau. L'analyse de ce
qui a passé entre 2180 et 2220 a donné G — 62, 53, H — 6,06, qui, relative-
ment au carbone, sont plus éloignés encore que les précédents, des nombres
théoriques.
» Le liquide, ayant été fractionné une troisième fois, a fini, après quel-
ques distillations, par passer presque en totalité de 21 5° à 2200; il a donné
alors à l'analyse des nombres qui correspondent exactement à ceux qu'exige
la formule
G9H"C10,
G9H"C1©
G 63,38 63,34
H 5,86 6,04
Cl 20,77 20,82
La formation de ce corps peut être exprimée par l'équation suivante:
Alcool. Hydrate de Chlorure de Eau.
potasse potassium.
Ce composé est limpide, il a une odeur suave, il bout sans décomposition
entre qi5° et 2200, avec un point d'arrêt vers 21 8°. Sa densité à i4° a été
trouvée égale à 1,121. Il parait, d'après la formule, analogue à la chloro-
éthyline de l'aldéhyde ordinaire, que MM. Wurtz et Frapoli ont obtenue en
faisant passer un courant d'acide chlorhydrique dans un mélange d'aldé-
hyde et d'alcool absolu. Néanmoins je nemeprononce pas surce pointavant
d'avoir étudié à fond les propriétés du chlorure que je décris en ce moment.
» Action de la potasse alcoolique sur le toluène trichloré. — On a enfermé
dans des tubes scellés à la lampe un mélange d'une solution alcoolique de
potasse et de toluène trichloré. Ce mélange a été chauffé pendant quelques
( i3i )
heures à la température de ioo°; puis les tubes ayant été ouverls, on a dis-
tillé au bain-marie pour chasser l'alcool, et l'on a repris par l'eau. Il s'est
séparé une petite couche huileuse formée du corps précédent ; elle provenait
de la petite quantité de toluène bichloré, dont par la distillation fractionnée
on n'avait pu priver entièrement le toluène trichloré. On a recueilli la solu-
tion aqueuse, et, après l'avoir filtrée, on l'a traitée par l'acide chlorhydrique;
il s'est formé un précipité blanc, soluble dansl'éther.
" Ce composé, séparé de sa solution éthérée, présente des propriétés
acides, son odeur est celle de l'acide benzoïque, son sel de chaux cristallise
en aiguilles qui, vues au microscope, paraissent identiques à celles que donne
le benzoate de chaux. Ces cristaux s'éloignent d'ailleurs beaucoup de ceux
que fournit le salylate de chaux de MM. Kolbe et Lautemann, comme
M. Lautemann lui-même a bien voulu s'en assurer.
» Cet acide a été dissous dans l'alcool, et la solution a été soumise à l'ac-
tion d'un courant d'acide chlorhydrique; eu précipitant ensuite par l'eau,
on a pu séparer un liquide, qui a passé à la distillation entre 2100 et i\i°.
Ce liquide a donné à l'analyse les nombres suivants :
I. il. Théorie.
C • 7i,58. . . : . . 71,74 72,00
H 6,74 7,1 1 6,66
qui conduisent à la formule C9H10O! du benzoate d ethyle. La transfor-
mation du toluène trichloré en benzoate de potasse peut être exprimée par
l'équation suivante :
€7H5C13
Cette réaction est analogue à celle par laquelle on convertit le chloroforme
en formiate de potasse; elle rend probable l'identité du toluène trichloré
avec le corps obtenu par MM. Schiscbkof et Rosing, par l'action du per-
chlorure de phosphore sur le chlorure de benzoïle.
» Les recherches exposées ci-dessus, ainsi que celles qui ont fait l'objet
de ma précédente communication, ont été faites dans le laboratoire de
M. Wurtz, dont les conseils éclairés ne m'ont jamais fait défaut. »
Cette Note et celle que l'auteur avait précédemment présentée sont ren-
voyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Pelouze et Balard.
17..
( i3a )
CHIMIE APPLIQUÉE. -- Mémoire sur un procédé d'extraction du sucre de
betteraves; par M. L. Kessler. (Présenté par M. balard.,
(Commissaires, MM. Chevreul, Payen, Balarcl.)
« Les modifications que je propose dans le traitement de la betterave,
en vue de l'extraction du sucre, s'adressent à trois parties de la fabri-
cation :
» i° A l'extraction du jus, pour laquelle j'emploie de préférence ie de-
placement par l'eau;
» 2° A la défécation, que j'effectue avec la magnésie, en la faisant suivre
ou non d'une deuxième défécation avec un excès de chaux;
» 3° A la séparation de l'excès de chaux par un filtre gras.
o I. Extraction du jus. — Les presses dont on faitusage maintenant donnent
environ 82 parties de jus et 1 8 de pulpes ou d'absorption par lessacs pour 1 00
de betteraves. Par une pratique généralement suivie, ce rendement de jus
est porté à 85 parties lorsqu'on arrose la râpe avec de l'eau, de manière, à
en ajouter environ \. On a alors pour 100 kilogrammes de betteraves
106 kilogrammes de jus, contenant 21 kilogrammes d'eau par consé-
quent.
» Je crois avantageux de substituer à l'emploi des presses celui des tables
de déplacement, telles que je les établis depuis dans les distilleries de mou
système. On râpe fin la betterave lavée; on en débat la pulpe pour la rendre
homogène, et on l'étend à l'épaisseur de om,io à om,i5 sur une sorte de
grand filtre à fleur de terre.
» Lorsqu'on arrose cette couche de pulpe avec de l'eau pure, on en re-
tire d'abord pour 100 kilogrammes : 110 kilogrammes de jus forts, conte-
nant ^ d'eau, soit 22 kilogrammes, et 88 kilogrammes de jus pur ; ensuite
viennent des jus faibles i°oui° !, dudensimètre, qui contiennent à ^-pour 100
près tout le jus restant. Ces jus faibles peuvent être distillés; mais lorsqu'on
les utilise pour le commencement de l'arrosage d'une table voisine, on
pousse le rendement des jus forts à ii5ou 1 16 kilogrammes d'un mélange
de 4 d'eau et de | de jus pur, représentant par conséquent ?>■?. à 34 kilo-
grammes de ce dernier. Or, la betterave ne renfermant que 35 pour 100 de
jus, on peut négliger le peu de jus faibles qui viennent en travail courant et
s'en servir simplement pour laver les filtres et les appareils de l'usine. Les
tables coûtent d'installation environ le dixième des presses, n'exigent ni
iorce motrice, ni transmission de mouvement; leur manutention emploie
( «33 )
six ou sept fois moins de bras. On peut, en distillant les jus faibles, consa-
crer à l'extraction du sucre plus des trois quarts du jus à peu près sans
eau. J'ajouterai que ce procédé a fait aujourd'hui ses preuves entre les
mains des agriculteurs.
» II. Défécation à la magnésie. — On connaît les inconvénients de la dé-
fécation à la chaux. Elle est souvent impraticable, sans qu'on en sache la
raison, sur des betteraves venues dans des conditions en apparence excel-
lentes. Toujours elle est délicate, car la dose de chaux convenable est com-
prise dans une limite très-étroite en deçà et au delà de laquelle se trouve éga-
lement l'insuccès. Cette dose varie avec chaque sorte de betterave et avec
chaque saison. Elle varie même avec le degré d'acidité du jus qui change,
ainsi que je l'ai souvent constaté, avec la durée et l'étendue du contact de
l'air. D'ailleurs la même dose de chaux qui convient produit deseilets tout
différents, suivant qu'on l'ajoute en une seule ou en plusieurs portions, et
qu'on l'introduit à des températures plus ou moins élevées. A l'ébullition,
presque toutes les défécations, même réussies avant qu'on y arrive, se dété-
riorent, et l'écume devient grasse. Enfin la chaux redissout par son excès,
d'ailleurs nécessaire, certains principes colorables ultérieurement qui ont
toujours obligé à compléter son action détergente par l'intervention du
noir animal.
» Ea magnésie, an contraire, présente toutes les qualités qui manquent à
la chaux pour l'acte de la défécation. Assez alcaline pour transformer la
pectine en pectates, elle laisse cependant le jus presque neutre, en raison de
son insolubilité et de son inaptitude à se combiner au sucre. Elle entraine
sans les redissoudre les matières colorantes, et son excès ne nuit jamais.
Aussi le jus déféqué avec son secours est-il beaucoup plus dépouillé qu'avec
la chaux, et dès lors, ne se colorant plus pendant le traitement ultérieur,
il n'oblige plus à l'emploi du noir animal.
•> Nous n'avons eu encore le temps d'examiner, ni si cette base entraîne
à l'état de phosphate ainmoniaco-niagnésique tout le phosphore ou toute
l'ammoniaque, ni si, suivant les idées émises par M. Paul Thenard, l'inalté-
rabilité de la liqueur est due à l'absence des phosphates alcalins.
» On prend i \ pour ioo du poids de la betterave, ce qui représente entre
5 et 10 pour ioo de ce même poids à l'état pâteux. On la délaye dans une
partie du jus, et on ajoute à froid au reste environ un quart de ce mélange,
afin de le neutraliser. On chauffe et l'on procède à la défécation comme
d'ordinaire, seulement on a soin de ne mettre toute la magnésie que par
( '34 )
portions espacées à quelques minutes d'intervalles, à la température de 8o°
à o,5°, c'est-à-dire avant l'ébullition. On soutire le jus après un repos de
dix à quinze minutes. Les écumes sont sèches et serrées, on les fait égoutter
et on les exprime facilement. Au sortir de la chaudière, le jus doit être peu
coloré, limpide et jaune-verdâtre clair, sinon on doit ajouter plus de ma-
gnésie. On évapore la liqueur à feu nu, à la vapeur ou dans le vide, jusque
vers a5° du densimètre; on passe au débourbeur, ou bien on laisse déposer
et l'on procède à la cuite, à la cristallisation, à la purge, etc., comme d'ha-
bitude. Le sirop contient très-peu de magnésie, et son goût n'en est pas
affecté.
» Cependant, je conseille de faire suivre cette première défécation à la
magnésie d'une seconde à la chaux. La dose convenable est d'environ i cen-
tième en poids d'un lait de chaux à i5°du densimètre. Je dois faire observer
ici que l'alcalinité du jus n'est nullement une preuve que la chaux a épuisé
son action précipitante, et cette alcalinité cependant est due à celte base et
non à l'ammoniaque, attendu qu'elle persiste jusqu'à la fin de l'évaporation,
et que la liqueur continue à précipiter par CO2.
» Le dépôt provenant de cette seconde défécation est peu volumineux ;
on l'emploie à saturer à froid le jus destiné à la première défécation.
» III. Saturation de la chaux. — Si l'on a opéré par la double défécation
que je viens de décrire, on évapore également le jus jusque vers 200 ou 2 5° ;
puis, avant de procédera la cuite, on enlève l'excès de chaux qui, très-utile
pendant l'évaporation pour prévenir la transformation du sucre en mélasse,
nuirait à l'ébullition et à la cristallisation du sirop concentré.
>> Les acides gras ont été proposés avant moi pour enlever la chaux;
mais la difficulté de leur emploi les a toujours tenus écartés de la pratique.
On réussit admirablement cependant avec eux par le moyen suivant :
» A de la poudre grossière d'un corps résistant aux acides, comme le
coke ou le grès naturel, on ajoute à sec et à froid :5 pour 100 en poids
environ d'acide oléique. On charge de ce mélange un filtre et l'on passe
dessus le jus calcaire. Il se forme un oléate de chaux insoluble qui ne quitte
pas la poudre, et l'on observe que le sirop, qui, en entrant, rougissait le
papier de curcuma, le laisse jaune à la sortie.
» Lorsque le même réactif indique la présence de la chaux dans le jus
filtré, on révivifie facilement le filtre avec un peu d'acide chlorhydrique. Il
se forme du chlorure de calcium soluble, et l'acide gras n'ahandonne pas
la poudre. Si le filtre s'obstrue par des dépôts étrangers, on le remplit
( '35)
d'eau, et, en mettant la partie supérieure de son contenu (c'est la seule qui
s'embourbe) en suspension, puis décantant la boue, on le dégorge avec
rapidité.
» L'usage de cet appareil, plus utile encore pour les sucreries qui con-
tinueront à employer la chaux seule, remplace avantageusement la satura-
tion par l'acide carbonique. Il permet de pousser très-loin l'évaporation
des sirops en les maintenant très-alcalins, condition très-favorable à la con-
servation du sucre, parce qu'elle permet ensuite, du même coup, de clarifier
la liqueur et de séparer la chaux. On ne jouissait de cette facilité, ni avec
l'emploi du noir animal, dont l'affinité pour la chaux déjà peu active est
paralysée par la concentration des sirops, ni avec celui de l'acide carbonique,
dont le précipité les eût empâtés.
» Après le passage au filtre gras, le sirop reprend une saveur franche-
ment sucrée. Le faible goût huileux qu'il emporte disparaît à la première
ébullition. Il peut entrer dans la consommation directe. La cuite et les
autres opérations se pratiquent comme d'ordinaire. Le grain se forme par-
faitement, le sirop massé est peu coloré en jaune.
» La magnésie employée à la défécation devra se retirer des eaux «salées
et de l'eau de mer par une simple addition de chaux et un lavage. Les eaux
mères des marais salants, après le retrait des sels doubles alcalins par les
procédés de M. Balard, ne consistent presque plus qu'en chlorure de ma-
gnésium concentré.
» Évaporées à sec ou à 45°, elles se transporteront facilement aux sucre-
ries. Cette source de magnésie illimitée, la mer, permettra donc ainsi de
livrer la magnésie à si bas prix, qu'il ne sera nullement nécessaire de la
reprendre aux écumes.
» Enfin celles-ci devront sans doute, et sans perte pour les mélasses en
raison du phosphate ammoniaco-magnésien qu'elles pourront contenir,
rendre à la terre immédiatement les deux agents les plus fertilisants con-
tenus dans la plante : le phosphore et l'azote. »
M. Ballev, médecin militaire du corps d'occupation à Rome, adresse une
Note concernant quelques observations qu'il a eu occasion de faire sur les
inconvénients des alliances consanguines, alliances déterminées , dit-il, trop
souvent « par la seule crainte de voir passer à des étrangers le bien d'une
famille » .
De ces observations, au nombre de quatre, l'une tendrait à faire admettre,
comme quelques autres faits déjà communiqués à l'Académie, que lesrésul-
( i30 )
tats fâcheux de ces sortes d'alliances peuvent ne se faire sentir qu'à I.i
deuxième génération. Du mariage d'un Français et d'une Allemande, tous
deux sains de corps et d'esprit, le mari même connu pour un homme fres-
intelligenî, naissent quatre enfants : trois garçons, dont le plus jeune est seul
dans les conditions normales, le fils aîné étant contrefait, le second sourd-
muet; la fille est à demi idiote. Le père était né d'un mariage entre cousins
germains.
D'un autre mariage entre cousins germains proviennent deux enfants: un
garçon frappé en naissant d'alhinisme, et une fille dont l'intelligence ne s'est
que très-imparfaitement développée.
Dans un troisième mariage entre cousins germains, les premières couches
de la mère sont d'enfants mort-nés, les suivantes d'enfants contrefaits ; un
seul survit: il est petit, rachitique, et a été sujet presque dès sa naissance a
une sorte de chorée.
Le quatrième mariage, aussi entre cousins germains, n'a donné que deux
enfants chétifs et peu intelligents.
Cet^e Note est renvoyée à l'examen de la Commission chargée de s'occu-
per des diverses communications concernant les alliances consanguines,
Commission qui se compose de MM. Andral, Rayer, Bernard et Bien-
aymé.
M. Mathieu soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur les fonc-
tions elliptiques.
(Commissaires, MM. Lamé, Bertrand, Bonnet.)
M. Baudin adresse une « Note sur l'échelle densimétrique accolée a
l'aréomètre de Beaumé ».
(Commissaires, MM. Pouillet, Bienaymé, Bertrand.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre d'Etat approuve l'emploi proposé par l'Académie pour
une partie des fonds restés disponibles.
M. i.e Ministre de l'Instruction annonce qu'il vient de mettre à la
disposition de chacun des Membres de l'Académie des Sciences et de ses Cor-
respondants un exemplaire des OEiwres de Lavoisier publiées sous les
auspices et aux frais de son département.
( i37)
MM. les Membres et Correspondants de l'Académie peuvent dès à présent
faire retirer du Dépôt des livres, par une personne munie de leur autori-
sation, le 2e volume qui vient de paraître. Le Dépôt est ouvert les lundis,
mercredis et vendredis.
M. le Secrétaire perpétuel présente, an nom de M. Chevallier, Membre
du Conseil de salubrité, un travail manuscrit portant pour titre: «Statistique
des communes composant le canton de Pantin », et deux ouvrages impri-
més, concernant : l'un, les désinfectants et leur application à l'hygiène; l'au-
tre, les recherches à faire et les réactifs à employer dans les officines de
pharmacie, les magasins d'herboristerie, de droguerie, etc.
M. Naudix, dont le Mémoire sur les hybrides végétaux a été honoré au
concours de 1862 du grand prix des Sciences physiques, adresse ses remer-
cîments à l'Académie.
M. Barrallier remercie également l'Académie, qui, dans la séance pu-
blique du 29 décembre dernier, lui a décerné une récompense pour ses
recherches sur le typhus épidémique.
L'auteur d'un Mémoire présenté le 10 avril 186a au concours pour le
prix Alhumbert, « Question des générations spontanées, » demande que ce
Mémoire, qui a été inscrit sous le n° 3, soit admis à concourir pour le
prix Cuvier.
Réservé pour la future Commission, qui jugera s'il y a lieu à l'admission
de cette demande.
M. Mayer, de Bonn, l'un des concurrents pour le grand prix des Sciences
physiques de 1862 (Anatomie comparée du système nerveux des poissons),
prie l'Académie de vouloir bien l'autoriser à reprendre son manuscrit.
Quoique, d'après le programme, les concurrents aient seulement le droit
de faire prendre copie des pièces présentées par eux, l'Académie ne voit
point, pour cette fois, d'inconvénient à permettre à M. Mayer de reprendre
l'original de son travail.
M. Pastecr, en sa qualité d'Administrateur et Directeur des études
scientifiques à l'École Normale, prie l'Académie de vouloir bien coni-
C. R., i863, t"Semestie. (T. LVI, N" 5.) '^
( ;38 )
prendre cette Ecole an nombre des institutions auxquelles elle fait don de
ses publications.
Il a été constaté par l'inscription portée au livre des distributions qu'une
semblable demande a été faite depuis longtemps et accordée, du moins
quant aux Mémoires de l'Académie et au Recueil des Savants étrangers.
I/École a négligé de faire; retirer les volumes auxquels elle avait droit pai
suite delà décision favorable de la Commission administrative.
optique — Détermination de la longueur d'onde île la xiie A; /un
M. Mascart. (Présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.)
« J'ai l'honneur de présentera l'Académie le résultat de quelques expé-
riences que j'ai faites sur l'application des flammes colorées à la recherche
des longueurs d'ondulation. Si l'on compare les longueurs d'ondulation
des rayons qui correspondent aux différentes raies du spectre solaire avec
les déviations qu'éprouvent les mêmes rayons dans un prisme réfringent,
on remarque que ces deux quantités varient en sens contraires, et que le
rapport de l'accroissement de longueur d'onde à la diminution de déviation
correspondante augmente d'une manière rapide dans la partie la moins
rétrangible du spectre. Or, la raie A de l'extrême rouge est difficile à sou-
mettre à l'expérience à cause du peu d'éclat de la lumière solaire dans
cette région du spectre; on n'en connaît pas la longueur d'onde, et elle
ne se trouve pas mentionnée dans la plupart des tables de réfraction pu-
bliées jusqu'ici.
» Il m'a paru intéressant de déterminer cette longueur d'onde à l'aide
d'un réseau, et j'ai employé pour cela non pas la lumière solaire, mais la
raie brillante la moins déviée des sels dépotasse, qui coïncide exactement
avec la raie A d'après les expériences récentes de M. Kirchhoff.
>' Je me suis servi d'un goniomètre de M. Babinet, donnant les 10 se-
condes, et d'un réseau de /j centimètres carrés de surface environ, divisé en
quarantièmes de millimètre; je comparais la déviation de la raie A à celle
de la raie brillante de la soude. Pour obtenir le plus d'éclat possible dans
la source lumineuse, j'employai plusieurs procédés, notamment la combus-
tion de l'hydrogène chargé de vapeurs de potassium, comme l'ont fait
MM. Wolf et Diacon, sur les indications de M. Foucault, et la volatilisation
du chlorure de potassium dans le dard du chalumeau à gaz d'éclairage et
oxygène. C'est ce dernier moven, imaginé par M. Debray,qui m'a toujours
le mieux réussi. Malgré ces précautions, je ne pus encore observer que le
( '3Ô )
premier spectre, ce qui donnait une assez faible précision aux expériences
isolées; mais la moyenne d'un grand nombre de mesures assez concordantes
a été d'environ 768 millionièmes de millimètre.
» On admettait généralement pour longueur d'onde de la raie A le
nombre 7.^0 millionièmes de millimètre que l'on avait déduit de la loi
théorique de la dispersion trouvée par M. Cauchy, ou d'une formule d'in-
terpolation. Quand la saison sera plus favorable à ces sortes d'expériences,
je me propose de déterminer les indices de réfraction de la raie A dans
diverses substances, et de voir si la loi de M. Catichy s'accorde suffisam-
ment avec l'expérience.
» Celte étude m'a conduit encore à une autre observation. Comme
j'avais besoin d'une source lumineuse très-intense, j'ai dû songer à la vola-
tilisation du potassium entre les deux pôles d'une pile énergique; mais le
résultat n'a pas répondu à mon attente. J'ai obtenu un spectre magnifique,
plus complexe que ceux qu'on a indiqués jusqu'ici pour le potassium; la
raie rouge correspondant à la raie solaire B était très-intense et parfaitement
double; mais je cherchai vainement la raie A, et en examinant avec soin.
je vis une faible illumination rouge, de part et d'autre d'un espace obscur
situé à l'endroit de la raie brillante ; je pus même distinguer un trait brillani
entre deux lignes noires, c'est-à-dire que la raie double extrême du potas-
sium était renversée. Ce renversement partiel des raies de la potasse ne me
parait pas en désaccord avec la théorie de M. Kirchhoff, car il est à remar-
quer que la raie qui se renverse est celle qui se produit a la température
la plus basse. Le même phénomène a lieu avec le sodium, comme dans
l'expérience de M. Fizeau; 'a double raie D est la seule qui se renverse,
mais ce renversement présente encore une particularité que tout le monde a
pu observer déjà, c'est que la ligne noire renversée peut, dans certaines
circonstances, s'élargir d'une manière considérable en conservant toujours
des bords très-nets. La méthode qui précède est avantageuse pour déter-
miner la longueur d'onde de certaines raies très-brillantes, comme celles de
la chaux, de la stronliane, du thallium. Elle m'a fourni l'occasion de re-
marquer qu'à haute température le thallium n'est pas monochromatique,
comme on l'avait cru. Ce fait n'a d'ailleurs rien d'étonnant quand on songe
au grand nombre de raies que donne la soude à haute température.
» Ces résultats font partie d'un travail que je poursuis depuis plus d'un
an dans les laboratoires de l'École Normale. J'ai déjà publié, dans la Revue
des Sociétés savantes, une Note sur les spectres chimiques des métaux alca-
lins, afin de me réserver la facilité de continuer ces recherches à loisir. »
18..
( '4o )
CHIMIE MÉTALLURGIQUE. — Action de [acide sulforicfue sur le plomb; par
MM. F. C. Cai/vert ef II. Johxsox. (Présenté par M. Fremy.)
« On considère généralement les métaux comme des corps d'autant
moins attaqués par les acides qu'ils sont plus purs ; les fabricants font donc
tous leurs efforts pour livrer au commerce des métaux de plus en plus
épurés. Cette tendance devait surtout se faire sentir dans les fonderies de
plomb, puisque, tout en purifiant le plomb et en lui donnant par suite une
plus grande valeur commerciale, le fabricant en retire l'argent, qu'il a tout
intérêt à enlever le plus complètement possible.
» C'est ainsi que les fabricants de produits chimiques ont maintenant à
leur disposition et emploient pour la construction de leurs chambres de
plomb destinées à la préparation de l'acide sulfurique, des plombs d'une
pureté beaucoup plus grande que ceux qui existaient exclusivement dans
le commerce il y a une dizaine d'années.
» Seulement on aurait dû examiner d'abord si ce fait généralement admis,
« que les métaux sont d'autant moins attaquables qu'ils sont plus purs, »
est vrai en pratique, quand on prend le cas particulier du plomb, et jus-
qu'à ce moment nous ne connaissons aucune expérience faite sur ce
sujet.
» Nous avons donc pensé qu'il serait intéressant au point de vue scien-
tifique, et très-utile au point de vue pratique, d'étudier l'action des agents
acides, et plus spécialement celle de l'acide sulfurique, sur quelques-unes
des espèces de plomb que l'on trouve dans le commerce, et qui, comme
chacun le sait, sont employées en si grande quantité pour construire ou
plutôt revêtir les immenses appareils, appelés chambres de plomb, dans
lesquels on fabrique l'acide sulfurique.
» Nous avons dans ce but institué une série d'expériences dans lesquelles
nous avons fait agir de l'acide sulfurique à divers degrés de concentration,
à un état de pureté plus ou moins grand, en volumes différents, pendant
des temps variables et sous des températures différentes, sur deux espèces
de plomb du commerce, en prenant pour types à peu près les deux extrêmes
au point de vue de la pureté; l'un, portant le nom de plomb commun
(common lead, sheel lead), nous représente le plomb ordinaire; l'autre,
appelé plomb vierge ( vircjin lead), est à peu près ce que l'on peut trouver
de plus pur dans le commerce, comme le montrent du reste les chiffres sui-
vants, qui représentent la composition en centièmes d'un échantillon de
( <4« )
chacun des plombs précédents sur lesquels nous avons opéré :
Plomb commun. Plomb vierge.
Plomb 98 . 8 1 75 99 . 2060
Étain o . 3955 0.0120
Fer o . 36o4 o . 3246
Cuivre 0.4026 0.4374
Zinc Traces. Traces.
99-976° 99-98o°
» En même temps ayant préparé une assez grande quantité de plomb chi-
miquement pur, nous avons répété sur lui et simultanément toutes les expé-
riences faites avec les deux expèces commerciales, et, disons-le immédiate-
ment, après avoir répété chacune des séries d'expériences trois et quatre
fois, nous avons toujours eu des résultats concordants et qui tous nous
mènent à cette conclusion opposée à l'opinion préconçue, à savoir : « Que
» le plomb, en présence de l'acide sulfurique, dans quelque condition que
» l'on se place, est toujours d'autant plus attaqué qu'il est plus pur, >• et
cela dans des proportions quelquefois très-grandes du simple au double et
même au triple.
« C'est ainsi qu'en faisant agir sur une surface de 1 mètre carré de cha-
cun des différents plombs, à la température ambiante variant de 18 à 200,
un même volume de 16 litres d'acide sulfurique parfaitement pur et à des
densités différentes, on trouve qu'au bout de dix jours les quantités de
plomb dissoutes ou plutôt enlevées à l'état de sulfate de plomb sont les sui-
vantes :
DENSITÉ DE LUCIDE
sulfurique employé.
PLOMB COMMUN.
PLOMB VIERGE.
PLOMB PUR.
1,842
66e Beaumé.
r,7o5
60e Beaumé.
I ,600
56e Beaumé.
1 ,526
5oe Beaumé.
67,70
8,35
5,55
2,17
gr-
134,20
i6,5o
•o,34
4,34
gr-
20I ,70
K,,70
[6,20
6,84
» Nos recherches, comme nous l'avons déjà dit, n'ont pas seulement
( '4- )
porté sur l'action de l'acide sulfurique pur et à froid: nous avons voulu
varier le plus possible les conditions de nos expériences; c'est pourquoi,
après avoir essayé l'acide sulfurique encore pur, mais cette fois sous l'action
d'une température de 5o° environ, nous avons employé des acides impurs,
ou très-étendus et contenant encore des vapeurs nitreuses, c'est-à-dire de
l'acide sulfurique tel qu'il sort des chambres de plomb mêmes, ou bien plus
concentrés, ayant déjà subi une première évaporation dans les vases de
plomb ouveris, dans lesquels, dans l'industrie, on commence la concentra-
tion de cet acide.
» Le tableau qui suit indique les résultats que nous avons obtenus dans
deux séries d'expériences avec un acide de cette dernière sorte, agissant
pendant quinze jours, à une température variant de 4° à 5o°, sous un
volume de 16 litres, sur une surface de plomb de i mètre carré.
ACIDE PROVENANT DES VASES
de plomb dans lesquels
on commence sa concen-
tration dans l'industrie.
PLOMB COMMUN.
PLOMB VIERGE.
PLOMB PL'K.
Quantités
de plomb transformées en sulfate.
Densité i ,7^
j;r.
1 49,67
II. 5i,gi
I. 5o,84
II. 54,75
I. 55,00
II. 57,4.
>• Outre la nature de l'acide employé, nous avons fait varier toutes les
autres conditions de l'expérience, c'est-à-dire le volume de l'acide, la sur-
face de métal soumise à l'action de l'acide. !;. durée de l'action, la tempe-
rature, etc., etc., et dans tous les cas nous avons eu des résultats numé-
riques indiquant une attaque du plomb d'autant plus grande que celui-ci
était plus pur. »
l'ATHOLOGir. — Calcul ayant perforé les conduits biliaires et cheminé ù travers
les tissu? pour sortir par la réijion ombilicale, sans troubles notables de la
santé; extrait d'une Note de M. E. Lecleiu:, de Caen.
« Aimée Ch , âgée de soixante-sept ans, ancienne cuisinière, d'un tem-
pérament bilieux, au teint ictérique, d'une inaigreur assez prononcée, fru-
gale, buvant peu à ses repas, n ayant jamais fait de maladie grave, naturel-
lement constipée, et prenant, en conséquence de cette disposition qui lui
( «43 )
cause un malaise incessant, une purgation saline trois ou quatre fois chaque
année, éprouve tout à coup, dans le courant de décembre 1 85-^, à l'épi-
gastre, une douleur qui s'irradie jusqu'à la région sus-pubienne, à droit»
et au-dessous de l'ombilic surtout, et où se développe une tumeur qui, en
février 1 858, à pris d'énormes proportions. L'urine est rare, sédimenfeuse
et rendue avec difficulté; tout le bas-ventre est tendu, douloureux à la
pression. La malade n'éprouve ni fièvre, ni soif extraordinaire.
« Au commencement d'avril, la tumeur fait une saillie à son centre; la
peau ver» ce point, c'est-à-dire près de l'ombilic, rougit, s'amincit, et le 8
une ponction donne issue à une grande quantité de pus sanieux, d'une féti-
dité ayant de l'analogie avec celle de la gangrène. Les urines ne tardent
pas à couler normalement avec leur densité ordinaire. Des injections sont
faites avec de l'eau chlorurée, puis mélangée de teinture de quinquina, et
après un mois environ de pansement tout était rentré dans l'ordre, et la
fille Ch.... reprenait ses travaux extérieurs. Elle avait, chez elle, continué
à vaquer à ses affaires, quoique de temps en temps elle ressentît quelques
élancements au point où s'était ouvert l'abcès, d'où i! s'écoulait par inter-
valles une petite quantité de sérosité purulente; mais elle ne s'en préoc-
cupait autrement qu'en appliquant un morceau de sparadrap et en faisant
des lotions de propreté, sa santé continuant à être ce qu'elle avait été par le
passé.
» Quatre ans s'étaient ainsi écoulés sans autres circonstances que celles
ci-dessus mentionnées, lorsqu'au commencement de janvier 1861 les dou-
leurs deviennent plus aiguës; il s'écoule un liquide noirâtre d'une odeur
repoussante et plus abondant que les jours précédents. La malade voit
elle-même un point noir qui bouche l'ouverture de la fistule; il est dur au
toucher; elle s'en préoccupe peu, les douleurs disparaissant aussi instan-
tanément qu'elles se font sentir. Cependant une crise violente survient; on
me fait mander en toute bâte le a3du même mois; mais, comme j'étais absent,
ce n'est que le soirque je me rends chez ma cliente que je trouve calme, reve-
nue de la vive commotion physique et surtout morale qu'elle vient d'éprou-
ver. On me présente Un corps brunâtre, dur, pesant, ovale, ayant la forme
et à peu près la grosseur d'un œuf de pigeon, lequel, deux ou trois heures
avant mon arrivée, avait fait saillie «à la région ombilicale, apparaissant,
rentrant avec accompagnement de douleurs déchirantes comme dans un
enfantement. Une sonde de femme, introduite dans l'ouverture béante,
pénètre à droite et en ligne directe à une profondeur de 5 centimètres, ne
donnant la sensation d'aucun corps solide. Des injections et un pansement
( '44 )
faits comme la première fois amènent une guérison qui a été complète jus-
qu'à ce jour (décembre 1 862 ), et aucune douleur nouvelle ne s'est fait sentir.
» Ce calcul, formé sans doute dans la vésicule biliaire, s'était frayé un
chemin à travers les parois abdominales jusqu'à l'ombilic; il est vert
foncé, chagriné, blanchâtre à son extrémité la plus ovale, laquelle a séjourné
plus longtemps dans le pus que la partie la plus allongée et qui s'est pré-
sentée la première. Le gros bout offre une dépression qui donnerait à pen-
ser qu'il s'est trouvé en contact avec un autre calcul. Rien cependant jus-
qu'à ce jour n'est venu justifier cette supposition dans les deux années qui
se sont écoulées depuis le moment de l'expulsion. Une pression exercée sur
les conduits hépatiques ne décèle la présence d'aucun corps étranger. Pesé,
il a donné 18 grammes; mesuré, 9 centimètres de circonférence, et l\ cen-
timètres et demi d'une extrémité à l'autre. Facilement coupé, il offre toute
l'apparence et la consistance de la cholestérine ; une tranche, mise en con-
tact avec une lumière, s'enflamme et brûle comme de la bougie. »
M. d'OEfels adresse de Wildberg, près d'Uffenheim (Bavière), une Note
écrite en français et relative à Yincabation artificielle des poulets; il y indique
en particulier un moyen qu'il a imaginé pour conserver les œufs destinés
à l'incubation.
M. de Quatrefages est invité à prendre connaissance de cette Note et à
faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
La séance est levée à 5 heures un quart. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 19 janvier i8ô3 les ouvrages
dont voici les titres :
Clinique chirurgicale; par J.-G. MAISONNEUVE ; t. Ier. Paris, i863; vol.
111-80.
Des eaux publiques et de leurs applications aux besoins des grandes vides, des
communes et des habitations rurales, etc.; par G. GRIMAUD DE Caux. Paris,
186 3; vol. in-8°.
Traité des désinfectants sous le rapport de l'hygiène publique, par M. A. CHE-
VALLIER. Paris, 186a ; vol. in-8°.
( >45)
L' Année scientifique et industrielle; par Louis Figuier ; 7e année. Paris,
1 863 ; vol. in- 12.
Les petites Chroniques de la science; par S Henry BEKTHOUD. ie année.
Paris, j 863 ; vol. in-12.
Ces divers ouvrages sont présentés, au nom des auteurs, par M. Flourc'ns.
Etude sur la prophylaxie administrative de la rage; par M. le Dr Max Ver-
nois. Paris, i863 ; in-8°.
Note sur des pièces de monnaie en argent trouvées à Authon [Loir-et-Cher);
par M. Jules Chautard. ( Extrait du Bulletin de la Société Archéologique
du Vendômois.) Vendôme, demi-feuille in-8°, avec 2 planches.
Mémoire historique et scientifique sur le parement de l'isthme de Corinthe,
présenté au gouvernement grec par MM. Alex Bouvaret, A.-N. Costy et
L.-F. Lyghounes. Athènes, 1862; hr. in-8°.
Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; livraisons 1/49 à
i5ï. ; in-4°.
Alcune... Note sur quelques formules qui s'obtiennent d'une intégrale définie
relative à l'électrostatique; par le prof. Paolo VOLPiCELLl. Rome, 1862;
2 feuilles in-4°.
Cenno... Essai biographique sur l'illustre J.-B. Biot ; par le même.
(Extrait des Actes de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei ; 1 5e année,
2 mars 18G2.) Demi-feuille in-4°-
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS DE DÉCEMBRE 1862.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences; 2e se-
mestre 1862, nos 22 à 26 ; in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BOUSSINGAULT, Regnault, DE SenarmONT ; avec une Bévue des travaux de
Chimie et de Physique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet ;
3e série, t. LXVI, décembre 1862; in-8°.
Annales de P Agriculture française ; t. XX, n° ro; in-8°.
Annales de la Soiété des Sciences industrielles de Lyon, 1862; nos 5 et 6;
in-8°.
Annales de la Société d'hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances; t. IX, ire et a" livraison; in-8°.
C. R., i8C3, 1" Semestre. (T. LVI, N° ô ) '9
[46.1
Annales télégraphiques ; t. V ; septembre et octobre 1862; in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France; t. X, feuilles 5 à 12;
in-8°.
Atti délia Società italiana di Scienze naturali; vo!. IV, fasc. 3 (f. 10 à 17 ;
Milan, 1862; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXVI II, nos 3, 4, 5 et 6;
in-8°.
Bullettino... Bulletin météorologique de /' Observatoire du Collège romain .
n° 2 1 ; in-4°.
Bulletin de la Société géologique de France; 2e série, t. XIX f. 46-58),
in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique ; t. V, n° 8; in-8°.
Bulletin de la Société d' Encouragement pour [industrie nationale, rédigé par
MM. Combes et Peligot; t. IX, octobre 1862; in-4°.
Bulletin de la Société de Géographie ; 5e série, t. III; novembre 1862; in-8".
Bibliothèque universelle et Revue suisse; t. XV, n° 5o,; in-8°.
Bulletin de la Société française de. Photographie; 8e année, novembre 1862 ;
in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; t. XIV, n° 11; in-8°.
Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences </
Arts de Poitiers ; n° 7 1 ; in-8°.
Bulletin de la Société de l'industrie minérale; t. VII, 3e livraison (avril,
mai et juin 1862); in-8° avec Atlas.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Artsetà l'Industrie; t. XXI, nos 23 à 26; in-8°.
Catalogue des Brevets d'invention. Année 1862; n° 6; in-8°.
Gazette des Hôpitaux ; nos 141 à 1 5 1 , avec la table des matières pour 1862;
in-8°.
Gazelle médicale de Paris; 32e année, nos 49 à 52; in-40.
Gazette médicale d'Orient; 5e année, octobre et novembre 1862 ; in-4°.
Journal d'Agriculture pratique , 26e année, nos 23 et 24; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; t. VIII, 4e série,
décembre 1862.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. VIII, no-
vembre 1862; iu-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; 21e année, t. XLI, décembre 1862;
in-8°.
( i47 )
Journal des Vétérinaires du Midi; a5e aminée, t. V, décembre 1862; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, nos 34
a 36; 111-80.
Journal a" Agriculture Je la Càte-d' Or ; octobre 1862; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire ; t. I, décembre 1862; 111-8°.
La Culture; 4e année, nos 11 et 12; in-8°.
L'Agriculteur praticien; 3e série, t. IV, nos 4 et 5; in-8°.
L Art médical; décembre 1862; in-8°.
L'Aheille médicale; 19e année; nos 48 à 52; in-4°.
L Art dentaire; 6e année, décembre 1862; in-8°.
La Lumière ; 12e année, nos 2J et 24 ; in-4°.
L Ami des Sciences; 8e année; nos 49 à 52 et table dis matières pour 1862;
in-4°.
La Science pittoresque; 7e année; nos 33, 34 et 35; in-4°.
La Science jiour tous; 8e année ; nos 2, 3 et l\ ; in-4°-
La Médecine contemporaine ; 4e année; n° 25; in-4°.
Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufactui ier ; t. IV; i43e et
i44e livraison; in-4°-
Le Moniteur de la Photographie ; 2e année; nos 18 et 19; in-4°
Le Terhnologiste ; décembre i86a;in-8°.
Le Gaz; 6e année; n° jo, in-4°.
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine ; t. IX ; décembre 1 062 ;
in-8°.
Magasin pittoresque; 3oe année ; novembre et décembre 1862; in-4°.
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de /' Académie royale
des Sciences de Prusse; septembre et octobre 1862; in-8°.
Alonthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres ;
vol. XXIII, n° 1; in-12.
Nachricbten... y ouvelles de l'Université de Gœttingue; n° 25; in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques ; 2e série, t Ie ; décembre 1 862 ;
m-8°.
Observatorio... Publications de l'Observatoire météorologique de l'Infant
don Luiz, à l'Ecole polytechnique de Lisbonne; nos 32 33 et 34;in-foi.
Presse scientifique des Deux-Mondes; année 1 862, t. Ier, nos 23 et 24 ; in-8°.
Pharmaceutical.., Journal pharmaceutique de Londres ; vol. III; décembre
1862; in-8°.
Revue maritime et coloniale; t V, décembre 1862; in-8°.
( «48 )
Répertoire de Pharmacie ; t. XIX; décembre 1862.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; 29e année, n°24; in-8°.
Revista... Revue des Travaux publics. Madrid ; t. X, n0s a3 et i!\\ in-4°.
Revue viticole ; 4e année; novembre 1862; in-8°.
The American journal of Science and Arts; vol.XXXlV; novembre 1862;
in-8°.
ERRATA.
(Séance du 12 janvier » 863. ,
Page 78, lignes 17 et 18, au lien de Renvoi à la Commission des Aérostats, lisez Renvoi
à l'examen de M. Babinet.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 26 JANVIER 186Ô.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Morin fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il
vient de publier sous le titre de : « Des Machines et appareils destinés à l'élé-
vation des eaux ».
GÉODÉSIE. — Sur la géodésie française, et sur le rôle qu'y ont joué l'Académie
des Sciences et le Bureau des Longitudes. — Note lue à l'occasion du débat
entre MM. Le Verrier et Faye; par M. Delaunay.
« L'Académie des Sciences, des sa création, a considéré la détermination
de la grandeur et de la figure de la Terre comme une des plus importantes
questions dont elle avait à s'occuper; et, en effet, on retrouve à chaque
instant dans son histoire l'indication de travaux considérables qu'elle a
fait exécuter elle-même dans ce but.
» La méridienne de France, commencée par Picard, puis continuée jus-
qu'à Dunkerque par La Hire et jusqu'à Perpignan par Cassini II, avait con-
duit à une conséquence contraire aux indications de la théorie : il en résul-
tait pour la Terre un allongement dans le sens de la ligne des pùles. L'Aca-
démie, afin de décider la question, envoya deux Commissions prises dans
son sein, l'une au Pérou, l'autre en Laponie, pour y mesurer des arcs de
méridiens (i^35 et 1736). Deux toises furent construites avec soin pour
C. R., i8«j3, i" Semestre. (T. LVI, N° 4.) 20
( 1DO )
servir d'unité de longueur clans ces deux opérations. On sait que la toise
de Laponie, ou toise du IS'ord, fit naufrage au retour, et fut altérée par un
séjour momentané au fond de la mer. Quant à la toise du Pérou, souvent
désignée sons le nom de toise de V Académie, elle a été conservée intacte
jusque dans ces derniers temps; des copies fidèles et authentiques en exis-
tent a Berlin et à Saint-Pétersbourg : elle est devenue l'unité fondamen-
tale des mesures géodésiques, adoptée partout, excepté en Angleterre.
» Les mesures ainsi effectuées au Pérou et en Laponie montrèrent que,
conformément aux indications de la théorie, la Terre est aplatie et non
allongée, dans le sens de la ligne des pôles. C'est à l'Académie des Sciences
que l'on doit la constatation de cette importante vérité. L'Académie fit
en outre reprendre la mesure de la méridienne de France (1739); l'opé-
ration fut faite par Lacaille, et les résultats s'accordèrent avec ceux du
Pérou et de Laponie pour montrer que la Terre est réellement aplatie vers
les pôles.
» Vers la même époque (de 17H3 à 1736), l'Académie fit mesurer
diverses perpendiculaires à la méridienne, et notamment celle qui, pas-
sant par Paris, s'élend de Brest à Strasbourg. Ces travaux servirent de
base à la construction de la grande carte de France connue sous le nom
de Carte de Cassini.
» En 1790, l'Assemblée constituante ayant décidé l'établissement d'un
nouveau système de poids et mesures, l'Académie fut chargée d'effectuer
tous les travaux nécessaires pour arriver à fixer l'unité fondamentale qui a
reçu le nom de mètre, ainsi que les autres unités qui s'en déduisent. Dans
ce but l'Académie fit faire de nouveau la mesure de la grande méridienne
de France entre Dunkerque et Barcelone; l'opération fut exécutée, comme
on sait, par les astronomes Delambre et Méchain.
» Bientôt on sentit le besoin de créer un corps spécial chargé de prendre
en main les intérêts de l'astronomie proprement dite et de ses applications
à la géographie et à la navigation, intérêts qui touchent à la fois à la pros-
périté matérielle et à l'honneur scientifique des nations. Telle est l'origine
du Bureau des Longitudes (i5 juin 179,5) qui, par la nature de ses attribu-
tions et la manière dont il a toujours été composé, doit être regardé comme
une émanation de l'Académie des Sciences; c'est à proprement parler une
Académie spéciale, exclusivement consacrée aux sciences astronomiques.
» La géodésie entra naturellement dans le domaine du Bureau des Lon-
gitudes. Mais l'Académie des Sciences, qui n'avait plus à y prendre une part
directe, n'a jamais cessé de porter le plus grand intérêt, comme elle le fait
( i5i )
encore aujourd'hui, à lout ce qui concerne cette branche des sciences d'ob-
servation. Sous l'impulsion et la haute direction du Bureau des Longitudes,
la géodésie prit un nouvel essor. La méridienne de Dunkercpie à Barcelone,
reprise par ordre de l'Académie des Sciences, fut terminée, puis bientôt
prolongée vers le Sud jusqu'aux îles Baléares. D'autres chaînes de triangles
furent établies, d'abord par les ingénieurs-géographes, puis par les officiers
d'État-Major; et finalement, après de longues années de travaux, la France
se trouva dotée d'un magnifique réseau géodésique auquel on ne trouve
rien de comparable dans le monde entier. En même temps, et à diverses
reprises, le Bureau des Longitudes faisait étudier l'intensité de la pesanteur,
qui est intimement liée à la figure de la Terre, à l'aide d'observations du
pendule faites en un grand nombre de lieux, notamment le long du paral-
lèle moyen depuis Bordeaux jusqu'à Fiume en Illyrie, et sur la méridienne
de France prolongée en Angleterre et en Ecosse jusqu'aux îles Shetland.
» Lors de la création du Bureau des Longitudes, l'Observatoire de Paris
avait été mis dans ses attributions ; c'était à proprement parler le laboratoire
des Membres de ce corps savant. Mais cet établissement se réduisait presque
uniquement à l'édifice somptueux construit sous Louis XfV : il était très-
pauvre en instruments. La préoccupation constante du Bureau des Longi-
tudes fut de munir l'Observatoire de moyens d'observation dignes de noire
pays. Ses ressources étaient des plus modiques; mais avec du temps et de la
persévérance il en vint à bout. L'élan fut donné par l'immortel auteur de la
Mécanique céleste, président du Bureau des Longitudes, qui s'était pour ainsi
dire identifié avec le Bureau, et qui s efforçait constamment de donner la plus
grande activité aux travaux de ce corps savant. Laplace lit don au bureau
des Longitudes d'un magnifique cercle répétiteur de Reichenbach, qui fut
installé dans une tourelle sur la terrasse de l'Observatoire (181 1). Quelques
années après (1822), un beau cercle mural de Fortin vint prendre place
dans les cabinets d'observation. Puis l'Observatoire s'enrichit successive-
ment de trois magnifiques instruments sortis des ateliers de Gambey, savoir :
un équatorial (1826), une grande lunette méridienne (i83o), un cercle mural
dont la division est un chef-d'œuvre de précision (i8/i3). En outre, à
diverses époques, on acheta des lunettes, dont quelques-unes d'une grande
puissance. Les cabinets d'observation furent reconstruits en 1 83.1 ; la tour
de l'Est fut surmontée, en 1847, d'un immense toit tournant pour servir
d'abri à une grande lunette portée par un pied parallactique et animée d'un
mouvement de rotation concordant avec le mouvement diurne des astres.
Ce pied paiallactique fut commandé en 1 85 1 à l'habile artiste Brunner.
20..
( i5* )
Ainsi, on le voit, sous la direction du Bureau des Longitudes, et malgré
l'exiguïté de ses ressources, l'Observatoire de Paris avait grandi peu à peu
et était arrivé au niveau des premiers établissements de ce genre.
» A la mort d'Arago, on jugea convenable de donner à ce bel établisse-
ment une existence propre, ne relevant plus du corps savant qui l'avait
amené à cet état de prospérité. La séparation fut opérée par le décret du
3o janvier 1 854- D'un côté, l'établissement situé à Paris et consacré aux
observations sédentaires fut confié à un Directeur indépendant; de l'autre
côté, tout le reste des anciennes attributions du Bureau des Longitudes,
intérêts généraux de l'astronomie, recberches sur la figure de la Terre, etc.,
fut la part de ce corps savant.
» Je ne m'arrêterai pas ici à rappeler les circonstances fâcheuses qui dès
lors paralysèrent complètement l'action du Bureau des Longitudes, et mena-
cèrent même son existence. Après plusieurs années d'épreuves, des temps
meilleurs sont venus pour lui. Beconstitué à la fin du mois de mars 1862,
le Bureau tenait à honneur de montrer qu'il était digne de la haute protec-
tion dont il avait été l'objet. Il se hâta de renouer la chaîne des temps, et dans
la séance du 3o avril suivant, sur ma proposition, il nomma une Commis-
sion chargée d'étudier ce qu'il y avait à faire pour compléter la géodésie
française. Le travail consciencieux auquel la Commision se livra fut terminé
au mois d'octobre ; son Bapport, discuté dans plusieurs séances, fut adopté
à [unanimité par le Bureau, sous la présidence de M. le maréchal Vaillant,
et adressé immédiatement au Ministre de l'Instruction publique. C'est dans
ces circonstances que viennent de se produire au grand jour les singulières
prétentions dont l'Académie a été témoin dans les précédentes séances. Voici
en résumé quel est le véritable état des choses.
» L'Observatoire impérial avait touché un moment à la question géodé-
sique dont il s'agit, lorsque, en 1 856, il s'était occupé de la détermination
de la longitude de Bourges, de concert avec le Dépôt de la Guerre. Mais l'en-
tente ne fut pas de longue durée ; elle cessa bientôt, et l'entreprise fut aban-
donnée. Depuis cette époque jusqu'au mois de mai 1862, l'Observatoire
impérial laissa de côté la géodésie.
» Quant aux opérations effectuées ou projetées pour relier l'Observatoire
impérial de Paris à ceux de Greenwich (1 854) ; de Madrid, en passant par
Biarritz; de Vienne, en passant par la Suisse ; du Havre (1 86 1), elles ne tou-
chent en rien à la question géodésique. La liaison astronomique des divers
observatoires entre eux fait partie intégrante des devoirs imposés aux direc-
teurs des établissements de ce genre, et doit être l'objet de leurs préoccupa-
( i53 )
tions, tant qu'elle n'a pas été obtenue avec le degré de précision que com-
porte l'état actuel de la science.
» Le projet de compléter la géodésie française avait à peine été adopté
en principe et mis à l'étude au Bureau des longitudes (3o avril 1862), que
M. Le Verrier s'empressait de charger un de ses astronomes, M. Y von Villar-
ceau, de s'occuper de la longitude de Dunkerque; les travaux préparatoires
pour cette opération commencèrent le 10 mai (1). En même temps, chan-
geant brusquement d'idée au sujet des opérations entamées pour détermi-
ner la longitude de l'observatoire privé qui venait d'être fondé au Havre ,
M. Le Verrier se transportait lui-même dans cette ville (18 mai) pour passer
de l'observatoire au clocher de l'église Notre-Dame, dans le but de donner
aux opérations antérieures le caractère d'une recherche touchant à la géo-
désie. Et en effet, lorsque plus tard (1 5 septembre 1862) il vint faire connaître
à l'Académie le résultat de son opération du Havre, il ne dit pas un mot,
un seul mot, de l'observatoire privé qui avait été primitivement l'unique
objet de cette détermination.
» Dira-t-on qu'au mois de mai M. Le Verrier, qui n'assiste jamais aux
séances du Bureau des Longitudes, ignorait le projet de travaux adopté par le
Bureau quelques jours auparavant (3o avril)? A cela je n'ai rien à répondre,
si ce n'est que l'astronome qu'il chargeait de la longitude de Dunkerque ne
l'ignorait certainement pas, puisque cet astronome est en même temps
secrétaire du Bureau des Longitudes, et rédige en cette qualité les procès- ver-
baux des séances.
» Les choses en étaient là lorsque M. Faye, dans un Bapport verbal dont
l'Académie l'avait chargé, vint dire quelques mots du projet mûrement éla-
boré et finalement adopté par le Bureau des Longitudes pour compléter le
réseau géodésique français, avec le concours du Dépôt delà Guerre, qui, du
reste, est tout prêt à entrer dans cette collaboration. M. Le Verrier ne crut
pas devoir attendre plus longtemps pour se poser nettement en face du
Bureau des Longitudes. Dans une Note insérée au Compte rendu de la séance
du 5 janvier dernier, à la suite du Bapport verbal de M. Faye, il dit : « La
m détermination des coordonnées astronomiques des principaux points géo-
» désiques est aujourd'hui en cours d'exécution, et elle sera poursuivie
» sans relâche jusqu'à ce que nous ayons mis entre les mains des géomètres
» tous les éléments dont ils peuvent avoir besoin dans les discussions rela-
» tives à la figure du globe.» C'était dire clairement que le Bureau des Lon-
(1) Compte rendu de la dernière séance, page il 4-
( i54 )
gitu des arrivait trop tard; que ce qu'il voulait entreprendre, l'Observatoire
impérial était déjà occupé à l'exécuter.
» Tel est l'état de la question. Les dates citées plus haut montrent ce que
l'on doit penser de cette espèce de priorité mise en avant par M. Le Verrier.
D'ailleurs, quêtait la priorité dans cette affaire? Le Bureau des Longitudes
sort-il de ses attributions en voulant faire des longitudes? Tout est là.
» Quoi de plus injuste et de plus contraire aux véritables intérêts de la
science que ces efforts tendant à priver un corps savant, tel que le Bureau
des Longitudes, de toute espèce de moyens d'action? La science n'offre-t-elie
pas un champ assez vaste pour qu'il y ait place pour tous les travailleurs?
Ou bien serait-ce que, comme on l'a dit souvent, on ne veut pas souffrir
de concurrence? Quel est donc le savant, vraiment digne de ce nom, qui
hésiterait à se prononcer entre le monopole scientifique et la concur-
rence loyale qui entraine avec elle l'émulation et le contrôle des. différents
travaux?
» Du reste, que les vrais amis de la science se rassurent. Le Bureau des
Longitudes, qui, grâce à une auguste protection, a pu résister à toutes les ten-
tatives de ceux qui voulaient l'anéantir, surmontera sans peine les nou-
veaux obstacles qu'on oppose si malencontreusement au libre accomplis-
sement de la mission qui lui est confiée. »
astronomie. — Réponse à une inculpation de M. Le Verrier relativement à la
part que M. Faje a prise à la détermination de la différence de longitude
entre Londres et Paris; par M. FaVe.
« .le croyais, lundi dernier, que je pourrais me borner à traiter dans la
séance suivante la partie scientifique du débat actuel; mais la lecture du
dernier article de M. Le Verrier me montre que je n'avais pas bien saisi,
séance tenante, la portée véritable d'une inculpation sous le coup de
laquelle je suis resté, à ce qu'il paraît, pendant neuf années. La nature
de ces attaques me rend bien facile la modération dans la réponse ; car
je m'estime heureux qu'elles se soient produites au grand jour. Je prierai
seulement l'Académie de remarquer que cette discussion incidente a de
l'intérêt pour la science, puisqu'il s'agit d'une opération internationale,
la première qu'on ait exécutée en France avec le télégraphe électrique, à
savoir la détermination de la différence de longitude entre Londres et
Paris, au moyen du câble sous-marin. Le monde savant la prenait pour
une œuvre considérable, et voilà tout à coup que, pour les besoins d'une
controverse, non pas à titre d'argument dans la cause, mais pour affaiblir
( i55 i
la considération de l'adversaire, on la dénonce à l'Académie comme une
chose indigne de la publicité.
• Ce qui m'avait frappé, à la séance, c'était la date du 22 juin : M. Le
Verrier affirmait, ses registres à la main, que ce jour-là manquait abso-
lument de tout nivellement de l'axe de la lunette méridienne. C'est à
cela que j'ai répondu, un peu confusément sans doute, car à neuf années
de distance mes souvenirs n'étaient précis que pour mon séjour à l'Obser-
vatoire anglais, où tout m'avait frappé parce que tout était nouveau pour
moi ; quant à Paris, je ne me rappelais rien qui se rapportât à cette
étrange accusation. .Maintenant j'ai lu la Note de M. Le Verrier, les choses
sont devenues plus claires pour mon esprit, mais elles sont devenues aussi
beaucoup plus graves. Il i.e s'agit pas de l'oubli d'un jour, mais d'une
omission de chaque jour; la série entière des observations faites à Paris
est incriminée : On n'a pris aucun souci du niveau, c'esl-à-dire île la chose
ta plus importante. C'est exactement comme si un ingénieur faisait quarante
lieues île nivellement sans consulter une seule fois la bulle de son niveau.
D'après M. Le Verrier, pour calculer tant bien que mal les observations,
on en a été réduit, malgré les conventions, à utiliser les déterminations
faites par d'autres observateurs dans le milieu de la journée. Le 22 juin
n'offre donc qu'une particularité, c'est que ce. jour-là cette ressource même
aurait manqué totalement. M. Le Verrier déclare que c'est là ce qui arrête
l'impression du travail..
» Je suis bien forcé de vous faire remarquer, Messieurs, que les résultats
de ce travail qu'on déclare aujourd'hui ne pouvoir être publié, ont été pu-
bliés pourtant, en 1 854, dans les Comptes rendus, non pas à la hâte, mais
après trois mois d'attente, de concert avec l'astronome royal d'Angleterre,
M. Airy, à qui je demande pardon de faire figurer son nom dans une telle
affaire. Or ce n'est pas en imprimant, qu'on s'aperçoit d'une omission
pareille, c'est dès le premier jour, en réduisant les observations, c'est eu
faisant ou en examinant les calculs, car dès le premier pas on a dû se
trouver arrêté net : la convention entre les deux observatoires, rappelée
par M. Le Verrier lui-même, était là présente, et au besoin le 22 juin eût
averti, car, le 22 juin, l'élément capital du calcul manquait totalement, au
dire de M. Le Verrier.
» M. Le Verrier néanmoins a présenté les résultats de ce calcul à l'Acadé-
mie, le 22 juin y compris. Je ne les ai connus moi-même que par cette
publication. En les présentant, il n'oublie pas de parler du nivellement
de l'axe. Son attention devait se porter en effet sur ce point capital : aussi
( >56 )
relisez les Comptes rendus de la séance du 2j septembre i854, et vous verrez
comme il s'exprime à ce sujet sans hésitation, sans réticence et avec quelle
profusion de détails. Aujourd'hui il lui convient de dire que je n'ai pris nul
souci du niveau, et que cette omission réellement incroyable a arrêté l'im-
pression du travail. En i85/J, au contraire, M. Le Verrier disait à l'Académie :
» Cette variation diurne (celle du niveau), qui a été insensible pendant
» la première série des observations faites à Greenwich, s'est au contraire
» manifestée pendant la seconde série. Hâtons-nous d'ajouter que le résultat
» de la longitude n'en a été nullement affecté, attendu le soin qu'on a eu de déter-
» miner très-fréquemment la situation de taxe, comme la valeur des autres er-
» feurs instrumentales. »
» Et cette phrase n'est pas la seule : tout indique dans la publication de
1 854 une confiance absolue dans les résultats. Si, lundi dernier, M. Le Verrier
a dit à ma grande stupéfaction : ■> L'astronome qui entend ainsi la détermina-
» lion des longitudes est M. Faye, » M. Le Verrier au contraire s'exprimait
ainsi neuf ans auparavant, dans cette même enceinte : « dprès avoir dit avec
» quel soin la nouvelle détermination a été traitée à l'Observatoire de Paris, et il
>• en a étéde même à Greenwich, j'arrive à la comparaison du résultat avec
» les données antérieures. »
» Mais qu'ai-je besoin de tant de citations? Ne suffit-il pas de rappeler la
déclaration du début : « Le soin avec lequel ont été éliminées toutes les erreurs
» constantes est sans doute ce qui distingue la détei minai ion actuelle de celles qui
» l'ont précédée. »
» Que faut-il croire, des assertions d'aujourd'hui ou de celles de 1 854 ■
» Maintenant, quoique j'aie livré en i854 tous mes papiers à M. Le Ver-
rier, je vais donner une explication personnelle sur la part que j'ai eu le
malheur de prendre à cette entreprise scientifique qui forme désormais un
digne pendant à l'histoire de toutes les autres expéditions dirigées par
M. Le Verrier. La méthode qui avait été prescrite par l'astronome anglais
était excellente : on y retrouvait toutes les précautions, toutes les garanties
que la science pouvait suggérer à un astronome qui est en même temps un
grand physicien. Le seul reproche qu'on puisse lui faire, c'est d'imposer à
l'observateur chargé de l'observation des étoiles et des signaux une con-
tention d'esprit considérable, et c'est aussi là le seul motif qui m'avait fait
imaginer, en j 854, 'a simplification dont j'ai parlé l'an dernier à l'Acadé-
mie. Il fallait saisir les mouvements de l'aiguille à leur début même; or cette
aiguille était souvent agitée par des courants accidentels, d'origine atmo-
( "57 )
sphérique, presque aussi forts, plus forts même parfois, s'il m'en souvient
bien, que les courants envoyés de Greenwich ou de Paris. J'avais la satis-
faction de sentir que j'y réussissais. C'est par Londres que j'ai commencé.
Là je faisais chaque soir toutes les observations de signaux et d'étoiles :
quant aux erreurs instrumentales, je n'ai jamais eu à m'en occuper. Ces
erreurs d'azimut, de collimation et d'inclinaison étaient déterminées par
des personnes étrangères à l'opération. La seule chose qui fût de l'essence
même de la méthode, c'était que les signaux et les étoiles fussent ob-
servés par le même observateur. Cette division du travail se retrouvait
d'ailleurs dans toutes les parties de l'opération. Ainsi les observateurs ne
devaient faire aucun calcul : je livrais immédiatement mes manuscrits
sans y regarder. Jamais je ne me suis informé des résultats que d'autres
déduisaient de mes observations, car on voulait éviter jusqu'au soupçon
de cette influence singulière que la connaissance d'un premier résultat
peut produire sur les hommes les plus loyaux, à leur insu.
» Après avoir terminé à Greenwich, je revins à Paris pour y répéter des
séries d'observations exactement les mêmes, tandis que M. Dunkin, d'abord
à Paris, retournait à Greenwich opérer à l'autre bout de la ligne télégra-
phique. Si je ne me suis pas occupé à Paris de la détermination des erreurs
instrumentales, c'est que j'ai fait à Paris ce que j'avais fait à Greenwich, ni
plus ni moins. C'était à M. Le Verrier, sous les yeux de qui j'ai opéré, de
m'avertir à la première soirée, à la deuxième, à la quinzième si l'on veut,
que les choses ne devaient pas se passer de la même manière à Paris qu'à
Londres, et que je ne devais pas compter, comme à Londres, que d'autres
fussent chargés des nivellements. Certes je ne me serais pas refusé à ce sur-
croît de travail, bien qu'en vertu de nos conventions personnelles je n'eusse
à remplir à l'intérieur de l'Observatoire aucun de ces devoirs réguliers qui
s'attachent au service des instruments méridiens. Chacun comprend que je
n'aurais pas exposé le travail dont je m'étais chargé avec tant de plaisir à
une chute honteuse, par l'absurde refus d'effectuer moi-même, à défaut
d'autres observateurs, les nivellements de l'axe de la lunette méridienne. Mais
M. Le Verrier, qui s'était réservé la direction de l'entreprise à Paris et qui en
a publié tous les résultats en son nom, ne m'a pas averti. Les opérations ont
duré quinze jours sans que je pusse me douter que les erreurs instrumentales
n'étaient pas étudiées à Paris comme elles l'avaient été à Greenwich, d'après
un plan (pie M. Le Verrier s'était chargé de faire exécuter, et la meilleure
preuve que je puisse actuellement donner de mon entière bonne foi, de ma
confiance absolue à cet égard, c'est, outre la marche suivie à Greenwich,
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, N° -î ) 2 '
( i58 )
précisément ce registre d'observations qui constate, dil M. Le Verrier, que
pendant toute la série des observations je n'ai pris aucune espèce de souci du
niveau. Je ne pouvais évidemment m'abstenir ainsi, en face de la convention
dont je connaissais parfaitement le sens et la portée, que par la persuasion
où j'étais qu'à Paris comme à Greenwich le directeur prendrait soin de
faire, en dehors de moi, étudier les instruments, réduire les observations,
calculer les résultats.
» Sans doute M. Le Verrier, bien qu'il ait suivi tous ces travaux dont il
s'était, je le répète, réservé la direction, ne se sera pas aperçu de cette
omission fatale, autrement il n'aurait pas envoyé en Angleterre le signal de
la clôture des observations; il était libre de les prolonger, h après examen
il ne se trouvait pas satisfait. Mais il n'a pu manquer de s'en apercevoir
quand il s'est agi des résultats : impossible en effet de les obtenir, impossible
de faire le moindre calcul sans que l'omission sautât aux yeux. Dès lors
comment expliquer que M. Le Verrier ait présenté trois mois plus tard, en
son nom, à l'Académie ces mêmes résultats avec tant d'éloges, avec tous
les détails, toutes les affirmations qui pouvaient inspirer la confiance, et
avec une assurance où je devais naturellement puiser moi-même la con
viction d'un entier succès pour ma part de travail? Comment comprendre
encore qu'il ait tenu caché pendant neuf ans un fait dont il devait compte
à l'Etat, à l'Académie, au public, et que personne ne saurait équitablement
me reprocher, jusqu'au moment où, dans une discussion publique, il a
cru pouvoir s'en servir enfin pour placer son adversaire sous le poids d'une
accusation? »
GÉODÉSIE. — Réponse à la partie scientificpie des deux derniers articles de
M. Le Verrier; par M. Fave.
« Je ne puis trouver, dans les articles de M. Le Verrier, que deux argu-
ments et un exposé des vues de l'auteur, relativement aux opérations géo-
désiques.
» Premier argument. — Les longitudes se comptent en France à partir du
méridien de l'Observatoire. Donc c'est à l'Observatoire cpie revient le
soin et le droit de déterminer toutes les longitudes sur le territoire français.
» tl est bien vrai que les longitudes se comptent à partir du méridien de
Paris, mais c'est assurément la première fois qu'on tire de ce fait la conclu-
sion précédente. Ainsi, dans le passé, l'Observatoire proprement dit ne
s'est en aucune façon occupé de la détermination des longitudes astrono-
miques entreprise sur le parallèle moyen ou sur le parallèle de Brest à
( '%)
Strasbourg par les officiers de la Carte de France. Et cependant la besogne
d'un observatoire était alors plus simple qu'aujourd'hui. On avait soixante-
dix planètes de moins à observer; une foule de sujets d'études, qui suffi-
raient aujourd'hui à absorber l'activité d'un grand observatoire, étaient
totalement inconnus. Voilà pour le fait.
» Quant au droit, la raison est au moins singulière. Si l'on compte les
longitudes à partir du méridien de l'Observatoire de Paris, c'est en vertu d'une
convention qui ne date pas de bien loin, et qui dépend si peu de la lunette
méridienne que celle-ci est placée hors de ce méridien. On les comptait
auparavant à partir de l'île de Fer, et il s'en est fallu de peu, sous le pre-
mier Empire, qu'une partie de l'Europe n'adoptât la cime du mont Blanc
pour origine des longitudes; du moins est-ce là un des motifs (le moindre
de tous assurément) que l'illustre auteur de la Mécanique céleste avait mis
en avant, en 1811, pour décider le Ministre de la Guerre à faire entre-
prendre la mesure d'un arc de parallèle moyen. Que serait devenu dans
ce cas le premier argument? Que deviendrait-il si l'Observatoire actuel
venait à être déplacé? Mais passons au second.
» Deuxième argument. — Il faut distinguer en géodésie, dit M. Le Verrier,
les déterminations astronomiques des triangulalions : les premières revien-
nent à l'Observatoire, qui laisse les triangulations au Dépôt de la Guerre.
» C'est là cette distinction dont parlait M. Ee Verrier dans l'avant-der-
nière séance, et qui, suivant lui, devait faire évanouir tout ce qu'on avait
dit jusque-là. Toutefois il s'est borné à l'indiquer dans les Comptes rendus.
» Cette distinction fera sourire tous ceux qui se sont occupés de géodésie.
Les observations célestes pour déterminer l'azimut, la longitude et la lati-
tude de certains points, sont aussi indispensables à une œuvre géodésique
que les triangulations, aussi nécessaires pour un ingénieur-géographe que
pour un navigateur. Que serait un réseau de triangles sans les observations
célestes qui servent à déterminer la position absolue d'un de ses points? Sa
position sur le globe terrestre serait absolument indéterminée. Si vous obte-
nez la latitude et la longitude d'un point quelconque, ce point pourra être
placé sur la carte, mais rien ne déterminera l'orientation du réseau et La
situation des autres points. II faut donc encore chercher dans le ciel au
moins l'azimut de l'un des côtés. Alors, en s'aidant de la triangulation, on
obtiendra par le calcul la longitude et la latitude de chaque point, et par
suite les principaux éléments ou le canevas de la carte. Mais ce n'est là que
le minimum d'observations célestes nécessaire au géodésien, car, se borner
à opérer astronomiquement au point de départ, ce serait se priver de p:é-
21 ..
cieuses vérifications, non pas pour le réseau lui-même, niais pour les lignes
géodésiques et les coordonnées qu'on en déduit à l'aide des éléments
célestes d'une première station. L'effet des erreurs inévitables du point de
départ (attractions locales et erreurs de l'observation céleste) pourrait aller
en effet en croissant avec la distance au point initial, et comme les observa-
tions célestes sont indépendantes de cette distance, elles offrent un pré-
cieux moyen de contrôle dont la géodésie ne saurait se priver pour les
coordonnées géographiques. Il y a plus, le calcul de ces coordonnées
étant basé non-seulement sur les observations célestes au point de départ,
mais encore sur une certaine hypothèse relative à la figure de la Terre,
les discordances observées entre les calculs et les observations célestes
fournissent le moyen de contrôler, non pas le réseau, je le répète, mais cette
hypothèse. Aussi l'Académie a-t-elle vu les savants officiers de la Carte de
France venir tour à tour lui apporter les résultats de leurs recherches, soit
sur la figure du sphéroïde terrestre, soit sur celle de l'ellipsoïde qui s'en
rapproche le plus en France. Certes ce n'est pas un mince honneur pour
notre armée que d'avoir été constamment à la hauteur de cette tâche déli-
cate, et d'avoir inauguré le rôle scientifique que toutes les armées euro-
péennes, même celle de la Compagnie des Indes, ont depuis noblement
adopté. Aurait-il fallu que nos savants officiers d'État-Major ou du corps
des ingénieurs-géographes eussent appelé à leur secours, en chaque sta-
tion, les astronomes de l'Observatoire? Et s'ils ont eu raison de se passer de
leur concours, comment auraient-ils tort aujourd'hui de ne pas les dé-
tourner de leurs occupations habituelles, quand il ne s'agit plus de créer
l'oeuvre immense, mais seulement d'en améliorer, d'en compléter certaines
parties?
» La distinction sur laquelle s'appuie M. Le Verrier est donc illusoire :
les observations célestes de la géodésie ne sont pas plus du ressort d'un
observatoire fixe que les observations célestes d'un capitaine de vaisseau.
Vous n'ouvrirez pas un livre de géodésie sans y trouver réunies les deux
parties qu'on veut séparer ; vous ne jetterez pas les yeux sur le Mémorial
du Dépôt de la Guerre, ou la Description géométrique de la France, ou sur les
publications de YOrdnance Survey en Angleterre, etc., sans constater à
chaque page ce mélange intime d'observations célestes et de mesures ter-
restres exécutées d'après un plan unique et par les mêmes mains.
» Que dire après cela de cet appel nominal où M. Le Verrier demande
à M. Chevreul s'il n'aura pas le droit de s'occuper de teinture, à M. Fizeau
de s'occuper de la vitesse de la lumière, comme pour dire : Est-ce que
l'Observatoire n'aura pas le droit de faire les observations? Ici se présente
( 161 )
une distinction plus fondée que la précédente : nos confrères interpellés
sont sur leur terrain, tandis que M. T.e Verrier se place sur le terrain
d 'autrui.
» M. Le Verrier invoque les opérations qu'il a faites pour se rattacher
aux observatoires de Londres et du Havre et à la station espagnole, où
l'éclipsé de 1860 a été observée par des astronomes français. Ces opérations
j'en ai déjà expliqué la nature et le but. Personne ne contestera au direc-
teur d'un observatoire le droit delàire de pareilles jonctions, ni Futilité dont
elles peuvent être pour la géodésie, à la condition qu'elles puissent être
rapportées à des points géodésiques, condition bien rarement remplie en
France, où il n'y a que trois observatoires. Mais il y a bien loin de là à une
entreprise géodésique ; elles pourraient être, elles devraient être faites
quand bien même les travaux géodésiques n'existeraient pas. Toutefois je
dois dire ici que les nouvelles opérations de ce genre, telles que M. Le
Verrier les présente dans ses communications, inspireront à tous les hommes
compétents le désir d'en faire la preuve, avec plus de raison certainement
que M. Le Verrier n'en a eu pour entreprendre, au Havre, la vérification
d'un triangle de la Carte de France (1).
» Il suffit, en effet, de lire les indications de M. Le Verrier pour voir que
les simplifications qu'il a fait subir aux méthodes antérieures, par exemple
à celle qui a été appliquée entre Londres et Paris, sous la direction de
M. Airy, n'ont été obtenues qu'aux dépens des garanties dont on doit
chercher à s'entourer dans les applications délicates de la télégraphie élec-
trique.
» Vues géodésiques. - - Je passe maintenant à l'appréciation des vues
géodésiques de M. Le Verrier, et d'une sorte de programme qu'il a placé
à la suite de mon Rapport sur les plans de la Conférence de Berlin. Ce qui
frappe d'abord, c'est que l'auteur soutient une thèse complètement nou-
velle. Il cherche à établir en effet que les observations célestes peuvent
servir utilement à contrôler les triangles, et il déclare hautement qu'il en-
tend les employer à la recherche des parties vicieuses d'un réseau géo-
désique, à la découverte des régions où il y aura des triangles à refaire.
Les géodésistes ne me croiraient pas si je ne citais aussitôt le livre et la page:
ce livre est les Comptes rendus de l'Académie, séance du 5 janvier dernier,
p. 36 et 37.
» Cette idée de faire servir les observations célestes à contrôler des
triangulations peut être facilement appréciée, même parles personnes qui
(1) Comptes rendus de la dernière séance, p. 1 t3, ligne 5 en remontant.
( '€* )
ne s'occupent pas de ces questions : il suffit, en effet, de remarquer qu'une
seconde d'arc, en latitude par exemple, répond sur terre à un déplacement
linéaire de 3i mètres, et qu'une erreur de 3i mètres est inadmissible même
dans les opérations géodésiquesles plus longues quelhommeait jamaisexé-
cutées. En Russie, par exemple, sur un arc de 25°, représentant une longueur
de plus de 700 lieues, l'erreur à craindre atteint à peine 12 mètres : que
serait-ce s'il s'agissait d'aller de triangle en triangle à la recherche d'une
erreur, au moyen d'observations célestes? Mais je fais ici la part trop belle
a ces dernières. Nulle part on ne trouvera sur le globe terrestre une verticale
dont on puisse direà priori qu'elle n'est pas déviée par des attractionslocales
visibles ou invisibles, par le relief du sol ambiant ou par des accidents géo-
logiques. L'influence de ces déviations est évaluée en moyenne à près de 1",
et elle peut aller à 3", à l\" et même à 10" en certains cas. Or ces écarts
équivalent à des déplacements linéaires de 60, de 90, de 1 20, de 3oo mètres,
et c'est avec de tels moyens que AI. Le Verrier croit pouvoir contrôler
l'exactitude d'une triangulation: Évidemment il aura confondu l'exactitude
intrinsèque d'une observation de latitude astronomique considérée géo-
désiqnement avec celle d'une latitude (1).
a Le calcul, le contrôle d'un réseau géodésique, sa vérification soDt
complètement indépendants des observations astronomiques. Le Dépôt de
la Guerre a dû y revenir à plusieurs reprises, car notre réseau a effective-
ment un point faible, à savoir une partie de la grande méridienne, celle qui
a été mesurée par Delambre en pleine Terreur, avec des assignats dépréciés
pour payer un pain plus d'une fois refusé, et sous la crainte permanente
de la prison des suspects. C'est ainsi que 12 triangles ont été déjà refaits
entre Bourges et Fontainebleau par le Dépôt de la Guerre. Ce qui peut rester
à faire sera fait, nous en sommes certain, nous qui avons suivi avec inté-
rêt les communications que nos savants officiers ont faites à ce sujet au
Bureau des Longitudes, par l'entremise de M. le Ministre de la Guerre, ou
officieusement à plusieurs d'entre nous; seulement je puis affirmer à l'Aca-
démie que ce contrôle n'est pas effectué et ne sera pas complété par les
moyens dont M. Le Verrier compte se servir. Ceux qui voudraient, sans
s'astreindre aux ouvrages français sur la matière, se mettre au courant
1 Si même on pouvait oublier les déviations lorales dont on vient de voir l'importance,
il lesterait encore l'incertitude des observations célestes que le protocole de la Conférence
géodésique allemande évalue à '- de seconde; or \ de seconde, ou même o",i répondent
à 3 mètres et à 10 mètres, précision évidemment hors de proportion avec celle qu'exige le
contrôle d'une triangulation. Mais oublier les déviations locales en pareille matière serait un
non-sens.
( '« )
des moyens et des méthodes générales dont la science dispose à cet effet,
n'auront qu'à parcourir les beaux travaux publiés par le colonel H. James,
Superintendant de VOrdnance Survey, en Angleterre, ou ceux du général
Baeyer en Prusse.
» Qu'on juge d'après cela de tout ce que M. Le Verrier nous a dit sur
l'étude des anomalies locales qu'il prétend mêler si singulièrement à celle
des erreurs de la triangulation. Faut-il donc que je répète ici, après les Mé-
moires du commandant Rozet et du colonel Hossard, après les géomètres
allemands, après les travaux si récents et si remarquables des officiers
anglais, que la marche à suivre consiste à opérer astronomiquemeut sur un
réseau qu'il ne soit plus besoin de contrôler? Il y aura toujours dans la
détermination de ces anomalies locales, même pour les pays plats, des incer-
titudes bien supérieures à toutes les erreurs qu'on peut soupçonner dans
les triangles voisins, par la raison bien simple qu'on ne peut explorer les
couches inférieures de l'écorce terrestre. Et je ne sache pas que la discor-
dance de 10", par exemple, qui a été constatée à Cowhite, ait induit les
officiers anglais à rechercher une erreur de 3oo mètres dans leur triangu-
lation.
» Il ne m'a pas été permis, Messieurs, de glisser sur cette étrange erreur.
Je ne l'aurais pas relevée si elle se fût produite dans une communication
ordinaire, car elle ne risque assurément pas de se propager, même parmi
les débutants en géodésie; mais quand je la vois paraître sous couleur
officielle, en regard de l'annonce des grands travaux qu'on entreprend en
Allemagne, et avec l'intention avouée de supplanter deux corps savants
dont les œuvres géodésiques couvrent-la France, je suis forcé delà relever,
afin de faire apprécier ces prétentions et de signaler la voie où l'on veut
engager le pays. «
Remarques de M. Le Veriuer à l'occasion des deux précédentes
communications.
Après la lecture faite par M. Faye, M. Le Verrier se lève et dit :
« Retenu par mes fonctions au Sénat, j'étais absent lorsque, d'après ce
qu'on veut bien me dire, M. Delaunay serait intervenu dans le débat sou-
levé par M Faye.
» Absent encore au moment de la lecture de M. Faye, je n'ai entendu
que la dernière partie de ses nouvelles explications.
» 11 me serait donc impossible de répondre aujourd'hui à des allégations
que je ne connais pas. 11 ne faut pas d'ailleurs s'attendre que j'entre dans
( m )
les questions administratives que M. Faye cherche a soulever. Je ne suis
pas libre de le faire.
» J'attends au reste sans impatience. L'expérience a montré aux lec-
teurs du Compte rendu que toutes ces grandes accusations s'évanouissent
dès qu'il m'est possible d'y répondre et de mettre chaque chose eu sa
place.
» Mais j'ai dès à présent quelques explications à donner sur les ques-
tions précédemment soulevées. Je le ferai dans l'article dont je vais donner
lecture. »
ASTRONOMIE. — De l influence des erreurs systématiques dans quelques
recherches d'astronomie; par M. Le Verbier.
« Les astronomes ont été souvent, depuis un siècle, conduits par leurs
travaux à des conséquences évidemment empreintes d'erreurs dont la
cause leur était inexplicable. Leur vie en a quelquefois été troublée. Recon-
naître la source de ces erreurs, afin de parvenir à s'en garantir, démêler ce
qui provient de l'inexactitude des instruments, de l'insuffisance des mé-
thodes ou de l'imperfection des observateurs est, de nos jours, la préoccu-
pation de tout astronome soucieux de léguer à ses successeurs des travaux
durables.
» Mon intention n'est pas de traiter devant l'Académie l'ensemble d'un
sujet si délicat et qui serait vraiment inépuisable : car on pourrait dire avec-
justesse que l'art de se garantir de l'erreur constitue à lui seul toute l'his-
toire des recherches scientifiques. Je me bornerai à considérer quelques
questions limitées.
» Les instruments de précision peuvent être viciés par deux causes fort
différentes : ils peuvent manquer de solidité, de fixité par un défaut de leur
construction mécanique; ou bien ils varient par l'action de la chaleur qui
les modifie sans les laisser semblables à eux-mêmes, et trouble ainsi les
séries d'observations.
» Le défaut de fixité se produit surtout dans les petits instruments,
lorsque la nécessité de les rendre assez légers, pour permettre leur transport,
ne laisse pas l'artiste libre de donner aux diverses pièces une solidité suffi-
sante, ou bien quand on n'arrive pas à travailler les pièces délicates et
mobiles avec une perfection qui en compense l'exiguïté.
» Les grands instruments, sortis des mains de nos habiles artistes, sont
moins soumis à ces inconvénients; les pièces qui les constituent sont assez
fortes et les ajustements qui réunissent ces pièces sont assez parfaits pour que
( i65)
l'ensemble soit d'une solidité à toute épreuve. Mais cette solidité ne les
soustrait pas à la chaleur, et ils y sont même plus sensibles lorsque cette
action s'exerce sur de longues pièces dont les dispositions relatives n'ont
pas été assez étudiées dans le but de résister à cette influence.
» Les grands instruments de Gambey présentent l'exemple le plus frap-
pant de ces diverses circonstances. Les microscopes du cercle mural d'une
part, de l'autre les coussinets de la lunette méridienne étaient d'une soli-
dité mécanique irréprochable, malgré la complication un peu grande de leur
construction. Les uns et les autres donnaient au contraire prise à l'action
de la chaleur qui, en les dilatant, introduisait des causes de perturbation
influant sur les observations et leurs calculs.
» Les microscopes du cercle, tous symétriques, éprouvaient un déran-
gement tel que, le cercle restant immobile, la moyenne des lectures des mi-
croscopes variait néanmoins de 9", a pour un changement de 200 dans la
température. Il y a lieu de croire que ce mouvement n'était pas dû à un
défaut de la construction intrinsèque des microscopes, mais bien à quelque
mouvement particulier des plaques en fonte fixées sur les piliers et qui
portaient les microscopes eux-mêmes. Quelle qu'en soit la cause, on com-
prend les difficultés et les incertitudes que cette instabilité de la ligne
moyenne de repère introduisait dans la réduction des observations; aussi
nous sommes-nous décidés à remplacer en 1860 l'ensemble de ces micro-
scopes.
» Le nouveau système a été installé en lui donnant toute la symétrie possi-
ble afin de se garantir contre l'effet des dilatations. 11 résulte delà discussion
des observations faites en 1860 et 1861 que nous sommes parvenus ainsi à
diminuer la variation qu'éprouve la ligne de foi avec le changement de la
température, mais non à la faire disparaître entièrement. La variation de
9", 2 pour un changement de 200 dans la température a été réduite à l\" , 1.
C'est encore beaucoup trop !
» Les coussinets portant les tourillons de la lunette méridienne étaient de
leur côté, avons-nous dit, extrêmement compliqués, et c'était toujours un
sujet d'étonnement que de voir une construction si complexe douée d'une
grande solidité mécanique. Mais l'ensemble de toutes ces pièces n'était pas
compensé contre l'action de la chaleur, et il en résidtait à certaines époques
une variation diurne très-notable de l'inclinaison de l'axe de la lunette
méridienne. Cette instabilité, qui obligeait les astronomes à multiplier les
nivellements et troublait le calcul des observations, nous nous en sommes
C. R., i863, i"Semest,e. (T. LVI, N« 4.) 22
( iS6 )
débarrassés en 1 856 en installant un système de coussinets fixes, taillés sim-
plement dans de forts blocs en bronze, scellés dans les piliers en pierre. Là
nous avons complètement réussi. Toute variation diurne a disparu et un
seul nivellement de l'axe, exécuté vers les 4 heures du soir, suffit pour les
opérations du jour et de la nuit ; mais en 1 854 et 1 855 il n'en était pas ainsi,
et les observations de nuit ne pouvaient pas être disculées avec l'état de
l'instrument, établi durant le jour.
» Pour en donner une preuve palpable, citons les nivellements exécutés
du 29 août au 3 septembre 1 854, a 4 heures du soir et à minuit.
Inclinaison
Inclinaison
Diminution
1854.
Août 2g
à 4 heures du soir.
//
6,62
à minuit.
//
4<7'
en douze heures
» 3o
5,78
4,5o
1,28
» 3i
5,66
4,6o
1 ,06
Sept. 1
5,58
4, '9
ï>39
» 2
5,i5
4,33
0,82
» 3
5.8g
4,76
1 ,i3
» On voit que tous lesjours, sans exception, l'inclinaison de l'axe a dimi-
nué depuis 4 heures du soir jusqu'à minuit; la moyenne pour les six jours
est de i",27 en huit heures. Il est bien évident que si dans de telles circon-
stances on eût eu à réduire un système d'observations faites pendant la nuit
et en ne disposant que de nivellements exécutés pendant le jour, on aurait
commis, dans la réduction des observations de nuit, des erreurs toujours
de même sens.
» Cette appréciation générale ne suffirait pas, toutefois, pour se rendre un
compte suffisant des incertitudes auxquelles on serait conduit dans la dis-
cussion d'un système d'observations faites dans ces conditions. Pour bien
mettre en lumière les conséquences pratiques de ce mode d'essai, je vais
déterminer exactement l'erreur qui porterait sur une opération de longitude
ainsi effectuée, savoir celle qui a été pratiquée en relation avec Greenwich,
du 1 2 au i(\ juin.
» Sept déterminations ont été faites, savoir : les 12, i3, 17, 18, 20, 22 et
24 juin. Le 12 l'inclinaison de l'axe a été mesurée pendant la nuit au
moment des observations, mais c'est le seul jour où il en ait été ainsi ; poul-
ies six autres jours il n'y a pas eu de nivellement pendant la nuit, et, tandis
que les observations correspondent en moyenne à ioh20m du soir, les
nivellements ont été faits, le i3 à 3 heures, le 17 a 5h3om, le 18 à 2 heures,
le 20 à 6 heures, le 22 à 1 heure, le 24 à 4h3om.
» Faisons remarquer, en passant, une extrêmement curieuse conséquence
( M?7)
d'une déclaration de M. Faye, faite à ce sujet. « Si l'inclinaison de l'axe n'a pas
» été déterminée dans la nuit du 22, dit-il, eh bien! c'était une nuit d'ob-
» servation qui ne pouvait pas compter ; il fallait tout simplement prolonger
» pendant un jour de plus la durée des observations. » Mais, on le voit,
toutes les nuits, excepté la première, sont dans le même cas que celle du 22 ;
et puisqu'on convient que cette dernière ne pouvait pas compter, on con-
vient qu'il en est de même de six nuits sur sept. Dans ces termes, on aurait
prolongé indéfiniment ces opérations internationales sans jamais aboutir.
» Reprenons la suite de notre calcul, basé sur ce fait que l'inclinaison
aurait diminué au mois de juin, par suite d'une variation diurne de 1 ",27
en huit heures, comme à la fin du mois d'août et au commencement de
septembre. Il y a d'autant plus de raison de craindre qu'il n'en ait été ainsi,
que le 12 juin, le seul jour où des observations aient été faites pendant la
nuit et pendant le jour, ces observations accusent une diminution encore
plus forte, savoir de 1", 4o en huit heures.
» Les choses étant ainsi, on trouve que, abstraction faite d'autres causes
d'erreur, tenant aux renversements de la lunette entre les nivellements' et
les observations, et par le seul fait de la variation régulière de l'inclinaison,
entre les moments où les nivellements ont été faits pendant le jour et ceux
où les observations ont été pratiquées pendant la nuit, on aurait employé
des inclinaisons toutes trop fortes : le i3, deo",88; le 17, de o",87; le 18,
de 1", i3; le 20, de o", 68; le 22, de o", 92; le 24, de o", 83, l'inclinaison
adoptée le 12 étant seule exacte. Et ainsi, en admettant même des inter-
polations impossibles à d'autres points de vue, on aurait eu une inclinaison
trop forte en moyenne de o", 76, correspondant à une erreur de 1", 16 dans
la longitude déterminée par des observations zénithales.
» En conséquence, lorsqu'il y a neuf mois j'examinai de nouveau la
question au fond, dans le but de pourvoir à la publication, je me trouvai
arrêté court par ce raisonnement, auquel je ne trouvai rien à répliquer :
» Si les températures allaient en diminuant, au mois de juin, de 4 heures
à minuit, la longitude déterminée par les observations de la seconde série
doit être corrigée de plus de 1".
» Les nivellements faits aux différentes heures le 12 juin semblent indi-
quer qu'on se trouvait effectivement dans ces conditions. Mais une seule
journée d'observation suffit-elle pour donner la certitude?
» Conséquemtnent cette correction de plus de 1" doit-elle être acceptée
ou rejetée?
22..
( «68 )
» Tel est le point que je n'ai pas su résoudre il y a neuf mois. Telle est
la question à laquelle il me serait aujourd'hui encore impossible de ré-
pondre, sinon par une nouvelle détermination de la longitude.
» Je regrette que M. Faye croie devoir dite que cette difficulté aurait
été soulevée pour le besoin de la cause. Je lui soumets à lui-même cette
question :
» Croit-il donc véritablement que, lorsque j'ai écrit au commencement
de 1862, il y a neuf mois, le Mémoire considérable que je présente de nou-
veau, lorsquej'en ai refait seul tous les calculs, toutes les réductions, c'était
pour les laisser ensuite sans emploi, malgré ma promesse faite à M. Airy
de publier enfin, et uniquement pour ce que M. Faye appelle le besoin
de la cause d'aujourd'hui? Non! il ne le croit pas.
» Je regrette encore plus que M. Faye imagine de dire qu'il n'était pas
chargé de l'état de son instrument, qu'il n'a jamais rempli aucune fonction
régulièrement, et que c'était moi que cela regardait. Je ne répondrai pas à
M. Faye qu'il est absolument invraisemblable qu'un astronome ait pu être
dispensé du soin de son instrument. Je ne lui répondrai pas davantage
qu'en supposant que ce singulier ordre, ou plutôt désordre, eût été établi,
il a dû lui être très-pénible de s'en aller chaque soir, voyant que le nivel-
lement n'était pas fait, avec la conviction que ses observations étaient per-
dues, et sans céder à la tentation d'employer cinq minutes à l'apposition
du niveau pour utiliser sa soirée; mais je lui ferai une réponse beaucoup
plus catégorique : pendant toutes ces observations f ai été absent de Paris. Cette
réponse me dispense de tout autre commentaire sur plus d'un point.
» Mais cette erreur de plus de 1" à craindre sur le résultat de la deuxième
série des observations n'aurait-elle pas pu être négligée sans inconvénient r1
Outre qu'on ne voit pas comment eût pu être traité convenablement de
notre part l'exposé public de ces opérations internationales, je ne pense pas
que dans l'état actuel de la science de telles négligences soient acceptées.
» En 1 -ji5, l'illustre astronome anglais Bradley entreprit une suite d'ob-
servations dans le but de déterminer la distance de certaines étoiles à la
Terre. L'une des étoiles du Dragon lui présenta des changements de posi-
tion dans l'intervalle de quelques jours seulement, changements qui, suivis
de près pendant un temps suffisant, offrirent une période annuelle. Toute-
fois ces mouvements affectaient une loi différente de celle qui correspond
à l'effet des parallaxes stellaires : ils ne pouvaient par conséquent provenir
de cette cause, et bradley conclut que le phénomène qu'il observait ne
( i69 )
révélait rien qui se rapportât à la distance des étoiles. Avec une sagacité
profonde il en trouva la cause ailleurs, et découvrit le phénomène de
l'aberration de la lumière.
» De nos jours, la recherche de la distance des étoiles à la Terre a été
reprise et poursuivie par les moyens les pins précis que l'observation nous
fournisse. L'un de ces travaux a présenté des circonstances extrêmement
remarquables et dont l'exposé succinct est très-propre à montrer le soin
qu'on doit porter aujourd'hui dans les observations, lorsqu'on veut arriver
à des conséquences qui méritent quelque confiance et qui ne soient pas
rectifiées par l'étranger.
» Ces recherches, relatives à la distance d'une étoile de la Grande Ourse,
présentées d'abord à l'Académie avec réserve dans sa séance du 3i août
184G, puis comme décisives dans sa séance du 7 décembre suivant, auraient,
suivant l'auteur, fixé à i",o8 la parallaxe delà 1 83oe Grooinbridge, sans
qu'il y eût plus de o",o5 d'erreur à craindre {Comptes rendus, p. 1081). En
garantie de l'exactitude de ses conclusions, l'auteur présentait les séries de
ses observations, « montrant avec quelle netteté l'ellipse parallactique se dessi-
nait dans le ciel, au fur et à mesure que la Terre parcourait son orbite. » lies
séries étaient en effet d'une netteté irréprochable, et elles différaient à
peine de celles qu'on aurait déduites par un simple calcul de l'hypothèse
d'une parallaxe égale à i",o8. Ces recherches reçurent donc les suffrages de
l'Académie.
» Toutefois, quelques mois après, un astronome renommé pour sa pré-
cision, M. Peters, publiait le résultat de ses travaux sur le même sujet et
établissait que la parallaxe de la i83oe de Groombridge était certaine-
ment quatre fois plus petite que celle qui avait été présentée k l'Académie
[Comptes rendus, 1847, p. 1 37 ).
» Puis M. le Dr Wichmann intervenait à son tour, extrayait des papiers
de Bessel des observations faites sur le même sujet et montrait que ces tra-
vaux de l'illustre astronome allemand prouvaient que la parallaxe de cette
i83oc Grooinbridge était au plus la sixième partie du nombre annoncé à
l'Académie en 1846 (Comptes rendus, 1848, p. 65).
» Enfin, dans la séance du 28 janvier i85o, M. Otto Struve communi-
quait directement à l'Académie un travail décisif dont il concluait une
parallaxe insensible ! (Comptes rendus, p. y5) : « Je regarde comme un résul-
» tat incontestable de mes observations, disait M. Otto Struve, p. 7 5, que
» la parallaxe de cette étoile est au-dessous de o", 1 . Si elle surpassait cette
» quantité elle n'aurait pu m'échapper. »
( l7° )
» Cette troisième démonstration fut enfin acceptée comme irréfutable par
l'auteur du Mémoire de 1 846, qui reconnut (Comptes rendus, même semestre,
p. 79) qu'il serait désormais inutile de publier la suite de ses anciennes recherches
sur la parallaxe de la i83oe Groombridge!
» Nous louons volontiers M. Faye de la facilité avec laquelle il est con-
venu que ses observations qui lui avaient donné 1 ',08 pour la parallaxe de
la i83oe Groombridge étaient inexactes et qu'il serait inutile d'en publier
la suite. Et nous ne doutons pas qu'en y réfléchissant il estimera qu'il
n'y a pas davantage lieu de considérer comme suffisantes les observations
qu'il a faites à Paris pour les déterminations de la longitude de Greenwich,
et dont nous avons démontré qu'elles laissent subsister une incertitude
de i" dans la série qui, en mon absence forcée de l'Observatoire de Paris,
avait été exclusivement confiée à M. Faye. »
Réplique de M. Faye.
« M. Faye, privé de tout document, ne peut rien dire sur l'absence allé-
guée par M. Le Verrier pendant une partie des opérations. Il sait et il
répète qu'il ne les a pas plus dirigées à Paris qu'à Greenwich. Il ne peut
actuellement affirmer qu'une chose, c'est qu'il n'a pas donné et qu'il ne
pouvait donner le signal de la clôture des observations à Paris. Il s'en
réfère pour le reste à ses déclarations antérieures, et donne une seconde
fois lecture à l'Académie d'un passage très-explicite où M. Le Verrier à
déclaré à l'Académie que :
« Cette variation diurne (celle de l'inclinaison de l'axe), qui a été in-
» sensible pendant la première série des observations faites a Greenwich,
» s'est au contraire manifestée pendant la seconde série. Hdlons-nous d'a-
rt jouter cpie le résultat de la longitude n'en a été nullement ajjecté, attendu le
» soin qu'on a eu de déterminer très-fréquemment la situation de l'axe, comme
» ta valeur des autres erreurs instrumentales. » (Séance du 25 septembre 1 854,
Comptes rendus, t. XXXIX, p. 56o, ligne 10 en remontant.)
<■ M. Le Verrier, répondant à M. Faye, fait remarquer qu'un passage
cité par lui et écrit en 1 854 établit précisément qu'il y avait une variation
diurne du niveau, et est ainsi la plus éclatante condamnation de M. Faye.
» En disant qu'il n'en était pas résulté d'inconvénients, parce qu'on avait
multiplié les nivellements de l'axe, M. Le Verrier a montré évidemment qu'il
croyait que les nivellements de la nuit avaient été faits, et c'est quand, en
voulant tout vérifier par lui-même, il s'est aperçu qu'il n'en était pas ainsi,
( '7' )
qu'il s'est trouvé forcé de conclure qu'en raison de l'incroyable oubli de
l'observateur, les opérations n'étaient pas en l'état requis. »
« M. Le Verriek informe l'Académie qu'il a proposé à l'astronome royal
M. Airy, de reprendre la détermination de la longitude de Greemvich ; et
que, par une Lettre en date du 23 janvier, M. Airy a accepté cette proposi-
tion. »
« M. Le Verrier communique à l'Académie une Lettre de M. Bruhns,
directeur de l'Observatoire de Leipsick et Membre de la Conférence de Ber-
lin. (Foira la Correspondance, page i84)
CHIMIE. — Note sur les dépots des chambres de plomb dans (es fabriques d'acide
suljitrique; par M. Fréd. Kuhlmann.
« Lorsqu'en 1817 Berzélius découvrit le sélénium dans un sédiment de
chambres de plomb de la fabrique de Gripsholm alimentée par la combus-
tion de soufre extrait des mines de cuivre de Fahlun , cet illustre chimiste
était bien près de la découverte du thallium, et cependant il a fallu un
demi-siècle et la révélation d'une nouvelle et merveilleuse méthode ana-
lytique pour mettre les chimistes sur la trace du nouveau métal.
» Il est à remarquer en effet que, dans le sédiment examiné, Berzélius
a constaté l'existence, indépendamment du sélénium mêlé avec beaucoup
de soufre cjui avait échappé à la combustion, du fer, du cuivre, de l'étain,
du zinc, du plomb, du mercure et de l'arsenic, lorsqu'il n'a pu y trouver
du tellure en vue de la constatation duquel il avait entrepris ses recherches.
» Des indications non douteuses de la présence du thallium ont pu être
obtenues par l'examen au spectroscope des pyrites d'un grand nombre de
provenances, et cependant, d'après une Lettre qui m'a été adressée le
27 décembre dernier par M. Boettger, de Francfort, cet ingénieux chimiste,
malgré des recherches minutieuses, n'a pu constater l'existence du métal
nouveau dans les dépôts des chambres de plomb de la fabrique de Zwickau,
dans laquelle on brûle de la blende, pas plus que dans ceux de la fabrique
d'Aussig, en Autriche, où l'on brûle des pyrites de fer. Des résultats égale-
ment négatifs ont été obtenus par l'examen des dépôts de chambres de
plomb des fabriques de Griesheim, près de Francfort, de Nuremberg, et
enfin de celle de Hellstaedt, où l'on brûle de la pyrite cuivreuse.
» M. Boettger, à qui j'avais envoyé un échantillon de dépôts de mes
( T72 )
chambres de plomb qui avaient servi à l'extraction du thallinm clans mes
usines, m'a témoigné son étonnement de ces nombreux résultats négatifs en
m'informant qu'il n'avait trouvé de thallium, et des traces seulement, que
dans les dépôts des chambres de plomb d'une fabrique d'acide près d'Aix-
la-Chapelle, où l'on brûle à la fois de la blende et des pyrites de fer, et
d'une fabrique située près Gosslar, dans le Harz, où l'on prépare l'acide sul-
furique au moyen des pyrites de cuivre.
» Il m'importe, pour guider les chimistes dans les recherches de la
nature de celles entreprises par M. Boettger, de bien préciser les conditions
dans lesquelles le thallium s'est trouvé exceptionnellement accumulé dans
mes appareils de fabrication.
» L'acide sulfurique obtenu par la combustion des pyrites présente un
grave inconvénient pour certains emplois, c'est de contenir souvent des
quantités très-notables d'arsenic. Au moment de la substitution des pvrites
au soufre, j'ai dû m'efforcer d'écarter cette cause d'impureté de l'acide ob-
tenu dans mes établissements, et le moyen auquel je mé suis arrêté con-
siste à faire précéder la série des chambres de plomb où l'acide sulfureux
se convertit en acide sulfurique, d'une chambre supplémentaire assez spa-
cieuse où les gaz de la combustion des pyrites, en diminuant de tempéra-
ture, laissent déposer, outre les corps solides entraînés mécaniquement,
les matières volatiles facilement condensables, et en particulier l'acide
arsénieux.
» Dans cette chambre il n'y a ni injection de vapeur, ni circulation
d'acide sulfurique, de telle sorte qu'après quelques mois d'une combustion
d'environ 3ooo kilogrammes de pyrites par jour, il se rencontre des masses
relativement considérables d'acide arsénieux et de sélénium; qu'on y a
trouvé du mercure, et, comme chacun sait, le thallium susceptible d'être
obtenu à l'état métallique, en quantité qui s'est élevée jusqu'à | pour 100
dans certaines parties de ces dépôts.
» Il est probable que si ma méthode de préservation de l'acide sulfu-
rique contre l'impureté était adoptée dans les fabriques de Zwickau, d'Aussig
et autres, pour une partie du moins de ces fabriques, la présence du
thallium pourrait être constatée dans le produit de la combustion de leurs
pyrites, et qu'à Aix-la-Chapelle et à Gosslar l'on obtiendrait des dépôts
avec lesquels M. Boettger pourrait reproduire les résultats qu'il a obtenus
en analysant l'échantillon que je lui avais adressé.
» Ses résultats, le plus souvent négatifs, s'expliquent par cette circon-
stance que si le thallium entraîné lors de la combustion des pyrites vient î.
( '73)
confondre avec le sulfate de plomb qui couvre le fond des chambres, et si
ce dépôt est constamment lavé par l'acide qui se renouvelle, ce métal, au
lieu de s'accumuler dans la première chambre, est entraîné en dissolution
dans l'acide sulfurique, au fur et à mesure de sa condensation, de telle
sorte que les dépôts de sidfate de plomb peuvent ne plus en contenir que
des traces tellement faibles, qu'elles deviennent inappréciables, même au
spectroscope.
» Disons cependant qu'il est des pyrites qui peuvent ne pas contenir
de thallium. Celles qui ont donné lieu aux dépôts qui ont servi aux recher-
ches de M. Lamy provenaient des mines d'Oneux, près Spa. C'est un sul-
fure de fer traversé par des veines de blende et de galène. Cette qualité de
pyrites donne des dépôts assez riches en thallium, tandis que les pyrites de
Saint-Bel, près Lyon, qui ne contiennent ni sulfure de zinc ni sulfure de
plomb, et dont je me sers actuellement, ne donnent que des traces du
métal nouveau. »
ASTRONOMIE. — Remarques sur les images photographiques de l'éclipsé du
18 juillet 1860 prises à Rivabellosa et au Desierto ; Lettre du P. Secchi,
accompagnant l'envoi de nouvelles images.
« J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie quatre épreuves photogra-
phiques qui représentent les phases de l'éclipsé observée en Espagne le
18 juillet 1860 pendant la totalité. L'occasion de revenir sur ce sujet a été
le séjour qu'a fait à Rome pendant quelque temps, M. Warren de La Rue,
dont l'Académie connaît les surprenantes photographies faites à Rivabellosa.
M. de La Rue ayant vu les premières épreuves positives en papier tirées au
Desierto même, avant qu'on eût renforcé les matrices, a été surpris d'y trou-
ver une foule de détails tout à fait perdus dans les épreuves tirées après le ren-
forcement, et qui ont seules circulé parmi les astronomes. Vivement préoc-
cupé de ces détails et de l'importance d'une comparaison exacte entre ses
épreuves et les miennes, il m'engagea à grandir celles-ci à l'aide de la pho-
tographie jusqu'à l'échelle des siennes. On ne pouvait pas, sans doute,
espérer des positives sur papier ce qu'on aurait obtenu des positives sut-
verre, car le grain du papier reste aussi grossi, et rend les épreuves d'un
aspect peu satisfaisant; car il faut grandir l'image d'un diamètre de ;*2mm,5
à celui de 102 millimètres, c'est-à-dire presque cinq fois. Mais ici on n'avait
pas à se préoccuper de l'effet artistique, mais seulement de grossir les
épreuves, de sorte qu'en les superposant à celles de M. de La Rue, on pût
C. R., iS63, 1" Semestre. (T. LVI, N<> 4.) 23
( >74 )
voir l'accord ou le désaccord. M. de La Rue donc voulut lui-même diriger
cette opération et y assister en personne, tant était grand l'intérêt qu'il v
attachait. La plus intéressante des photographies était celle faite immédia-
tement après le commencement de la totalité, et de celle-là il garda lui-
même une négative pour y prendre les mesures avec une machine de son
invention.
» Je vais maintenant passer en revue les différentes figures, et, comme
l'Académie possède une copie de mes photographies tirées au Desierto et
de celles de M. de La Rue, j'invite les Membres qui pourraient y avoir inté-
rêt à y comparer les photographies actuelles. Pour en faciliter la comparai-
son, j'y joins un calque transparent fait à la chambre obscure, pour pouvoir
trouver plus facilement les points les plus faibles, qui sont même beaucoup
plus faibles sur le papier que sur le verre négatif. J'y ajoute aussi les
lettres par lesquelles M. de La Rue indique les protubérances dans son
grand Mémoire, PL XV, Mémoire dont il a bien voulu me faire présent,
quoiqu'il ne fût pas encore publié.
» En superposant le calque transparent à la première photograpbie de
M. de La Rue, on est surpris de trouver une coïncidence parfaite dans la
position et dans la forme de toutes les protubérances, sans autre exception
que celle-ci : la protubérance A, qui est au bas de la photographie, est
plus petite dans les nôtres que dans celles de M. de La Rue; en revanche,
la protubérance K, qui est presque diamétralement opposée à A, est plus
grande dans la nôtre que dans celle de M. de La Rue. Cela s'explique faci-
lement par la position de la lune, dont la parallaxe était un peu différente
entre le Desierto et Rivabellosa. Et il est même étonnant que cette petite
différence ait été si fidèlement enregistrée par la photographie. Ce petit
déplacement de la lune produit encore un autre effet du même ordre, c'est-
à-dire que nous n'avons pas découvert la protubérance B de M. de La Rue,
pendant que, au contraire, nous avons en haut une autre proéminence X,
entre K. et I, qui ne se voit pas en M. de La Rue, mais où cependant on
peut la soupçonner comme existant derrière la lune; car là la lumière de
l'auréole est un peu plus vive. Finalement, dans notre photographie il n'y
a pas la double impression du bord de la lune, dont M. de La Rue a donné
la véritable explication; car notre épreuve n'a été exposée que six secondes,
pendant lesquelles le déplacement de la lune a été petit; mais même ce petit
déplacement est sensiblement imprimé sur la photographie, car on voit le
bord lunaire entamé aux protubérances A, G, I, qui sont les plus vives.
» Je vais maintenant passer en revue toutes les protubérances pour en
( >75)
faire mieux relever les formes, en commençant par A : j'ai déjà dit à quoi
tient la différence des dimensions entre les deux photographies. La protu-
bérance B, quoique cachée, montre cependant un peu de clarté qui la trahit.
Le nuage C est franchement et très-bien détaché du bord, et incliné avec-
son axe allongé d'environ /|5° à la tangente du bord lunaire, et l'on peut
voir que la pointe est formée par un point plus vif, séparé, du reste, par un
trait obscur. J'avoue qu'il serait difficile de reconnaître ces détails sans les
photographies de M. de La Rue; car on pourrait attribuer de telles nuances
au grain du papier, mais je suis sûr que ces faibles traces auraient été
nettement sensibles, si l'on eût grossi les négatives sur verre avant le renfor-
cement qui les a gâtées.
» La plus intéressante de toutes les protubérances est la protubérance E,
que l'on appela en Angleterre le boomerang, et que l'on peut nommer \a fau-
cille, d'après sa forme. Cette protubérance se voit très-bien dans la positive
sur papier; mais, comme elle est plus faible que les autres, elle ne s'est re-
produite que plus faiblement encore; on peut cependant relever (à l'aide du
calque transparent) qu'elle est formée de différentes agglomérations ou
petits nuages, placés sur le prolongement l'un de l'autre en forme de fau-
cille. Cette protubérance est remarquable en ce qu'on a soupçonné qu'elle
était formée exclusivement de rayons actiniques; et, en effet, aucun observa-
teur ne réussit à la voir à l'œil dans la lunette. Dans la région y, où corres-
pond une ligne vive de lumière dans les photographies de M. de La Rue,
nous n'avons qu'une faible lumière, et la raison en est que l'épreuve de M. de
La Rue a été faite immédiatement après la disparition du dernier rayon du
soleil, pendant que la nôtre a été faite quelques secondes après, et lorsque
la lune avait déjà couvert le fil continu de protubérances rouges imprimées
dans celle de M. de La Rue. Les détails de la protubérance H sont aussi bien
intéressants : on y voit un assemblage de petits nuages qui se soulèvent d'un
amas encore plus compacte situé au-dessous, et les formes sont absolument
identiques dans les deux photographies. Le grand amas de lumière de la
protubérance Sala même forme aussi et le même contour ondulé. La pro-
tubérance I est composée d'une haute flamme avec une plus basse du côté
droit. On les trouve identiques dans les deux photographies. La protubé-
rance X est visible seulement dans les nôtres pour la raison déjà indiquée
ci-dessus. Enfin la protubérance K. est formée de deux réunies, et la gauche
a une prolongation en forme de corne très-faible, qui est aussi commune
aux deux photographies.
» La photographie n° 2, qui correspond à la troisième faite au Desierto au
23..
( i:6)
milieu de la totalité, reproduit toute l'atmosphère solaire de forme elliptique
et plus élargie dans le sens de l'équatéur que dans celui des pôles. Les deux
traînées noires nn sont l'ombre d'un fil qui donne l'angle de position des
protubérances. Le positif dans celle-ci étant plus faible que dans la précé-
dente, n° i, la copie est moins tranchée. Plus imparfaite encore est la photo-
graphie n° 3, dont l'original a trois reproductions instantanées de chaque
point lumineux, à cause du tremblement de l'instrument, ce qui prouve
la grande force chimique des protubérances. Les protubérances sont au
nombre de neuf, réparties presque uniformément sur le périmètre de la
lune, et il n'est pas difficile d'y rencontrer celles de la planche complexive
(index map) de M. de La Rue.
» Enfin le n° 4 correspond à la dernière de M. de La Rue, et l'on voit
parfaitement identique l'amas lumineux des protubérances R et q, q\ q"
presque en arc continu; on voit aussi la protubérance L, et ce qui prouve
que notre photographie a été prise un peu avant celle de M. de La Rue,
c'est qu'elle est moins découverte chez nous que chez lui. De l'autre côté
de la photographie, il y a les indices des protubérances E et C. L'arc qq"
est, dans la nôtre, divisé en deux par l'ombre du fil de fer qui servait de
repère.
» Je regrette infiniment qu'on ail renforcé les matrices sur verre ; car les
astronomes qui n'ont jugé que par les photographies qui ont circulé après
ce renforcement ont, avec raison, montré du doute sur la bonté de l'instru-
ment, et sur l'identité des objets photographiés. Cette opinion sera rectifiée,
j'espère, comme elle a été rectifiée en M. de La Rue lui-même. Il est probable
qu'on pourrait tirer encore un bon parti des négatives sur verre; mais il
faudrait qu'elles fussent dans les mains de M. de La Rue. Nous espérons
que M. Aguilar n'épargnera aucun effort pour en tirer un bon parti ; il ren-
drait un grand service à la science en relevant les précieux détails qui sont
maintenant disparus. Nous devons cependant nous féliciter en voyant que
les premières épreuves ont rétabli en partie l'état des choses. Les conclusions
scientifiques qu'on doit tirer de ces comparaisons et de cette identité des
photographies faites en onze minutes de temps et à 200 milles de distance, sont
que les protubérances ne sont pas des jeux de lumière, mais des réalités,
non des eftets de réfraction ou diffraction, mais des nuages ou des flammes
flottantes dans l'atmosphère solaire.
» Peu de temps après l'éclipsé et sur les figures insérées dans ïllluslràted
London News, j'avais été déjà conduit à ces mêmes conclusions (voir Appen-
dice nlie osservazioni dell' ecclisse Jatte in Spagna), mais les photographies
( «77 )
originales de M. de La Rue mettent cela en dehors de tout doute possible.
» P. S. Dans le n° 23 des Comptes rendus (22 décembre 1862), je trouve
à la page 917 une Note par laquelle le lecteur pourrait soupçonner que j'ai
défendu l'opinion « que le soleil n'attire à lui les planètes que parce que,
dans son double mouvement de rotation sur lui-même et de translation
dans l'espace, il met mécaniquement l'étheren mouvement, et par suite les
planètes; de sorte que celles-ci ne graviteraient pas vers le soleil sans celte
influence....» Je déclare formellement que je n'ai jamais soutenu dépareilles
absurdités. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Ollivier (Clément) adresse, d'Ingrandes, un travail portant pour titre :
Pathologie morale. Nous donnerons une idée du but que s'est proposé
l'auteur, en reproduisant l'extrait suivant de la Lettre d'envoi :
« En 1860 surgit au sein de l'Académie de Médecine une discussion qui
remit à l'ordre du jour la question toujours si délicate du vitalisme et de
l'animisme. Depuis lors, cettequestion a été diversement traitée par plusieurs
écrivains. Mais j'ai cru que le meilleur moyen de se bien comprendre sur un
pareil sujet était de mettre en relief la corrélation qui existe entre les facultés
de l'âme et les phénomènes organiques... C'est pourquoi j'ai essayé à dé-
crire le plus clairement possible le combat continuel de l'instinct sur la
raison, soit dans les différents actes de la vie, soit dans le jeu physiologique
des organes. Enfin, déterminant le siège des passions, j'ai fait ressortir leur
influence prédominante sur la raison, par suite de l'état pathologique des
organes d'où elles émanent. »
Une Commission composée de MM. Andral et Rayer est invitée à prendre
connaissance de ce travail et à faire savoir si, par la manière dont la ques-
tion est traitée, elle peut être considérée comme rentrant dans le cercle de
celles que l'Académie des Sciences considère de son domaine.
ANTHROPOLOGIE. — Sur les résultats attribués aux alliances consanguines, extrait
d'une Note deM. Bourgeois. (Présentée par M. Velpeau.)
(Commissaires, MM. Andral, Rayer, Bernard, Bienaymé.)
« Avant la publication des statistiques de M. Boudin sur un sujet aujour-
d'hui si discuté, j'avais recherché dans ma Thèse inaugurale, présentée sous
la présidence de M. le professeur Bouchardat, quelle est l'influence réelle
( 178 )
des mariages consanguins sur les générations. Je me livrais à cette étude,
non pas en vue de remplir une formalité banale, mais pour soumettre à mes
juges et faire sanctionner par eux, s'il y avait lieu, une opinion dont les
bases reposaient sur une observation personnelle déjà ancienne et favorisée
par des circonstances que je crois peu communes. C'est ce qui me détermina
a une publication dans laquelle je ne crus pas d'abord devoir désigner ma
propre famille, c'est-à-dire celle de ma mère, comme étant l'objet de mes
observations —
» Ma Tbese fut présentée à la Société d'Anthropologie par M. Broca, son
secrétaire général, après explications verbales contenant certains détails
personnels et de famille, et après l'envoi d'un tableau généalogique annoté
et inédit.
» Un Rapport sur mon travail a été lu à la même Société le ig janvier
1860 par M. Périer, médecin principal des Invalides, qui déclara son opi-
nion entièrement conforme à la mienne, pour s'en être déjà occupé lui-
même
» Si M. Périer n'était pas absent de France déjà depuis plusieurs mois,
M. Boudin aurait pu entendre une réplique compétente à ses allégations,
devant cette même Société d'Anthropologie dont il fait partie aussi bien que
moi et dont il a été président pendant l'année 1862. Mais au moins il aurait
pu, en cette qualité, connaître et mentionner, sauf à la discuter, une opi-
nion qui, tout étant contraire à la sienne, se déduit d'une observation des
plus compliquées, qui vaut à elle seule plus que toutes les statistiques du
inonde. Il s'agit en effet d'unions consanguines répétées et superposées d'une
manière plus ou moins immédiate et jusqu'à seize fois, à différents degrés
de cousins, sans production d'aucun cas de surdi-mutité, ni même d'aucune
des anomalies soutenues par divers auteurs.
» M. Boudin devra même y trouver l'occasion, que je n'avais pas sup-
posée jusqu'ici, de reconnaître, malgré ses prévisions, que par leur seul
fait les unions consanguines non-seulement ne produisent pas plus de mau-
vais effets sur une seconde génération que sur une première, mais même
n'en occasionnent pas chez plusieurs autres à la suite.
» Pour moi, j'avais déjà conclu avec M. le professeur Bouchardat, qui le
proclame hautement du haut de sa chaire d'hygiène, que les unions consan-
guines sont bonnes ou mauvaises suivant que les conjoints sont exempts ou
affectés par eux-mêmes, ou par leurs ancêtres, de vices héréditaires suscep-
tibles d'une transmission immédiate ou alterne, d'une manière essentielle
et identique, ou bien au contraire avec transformation.
( i79 )
» J'ajouterai que je ne révoque nullement en doute les résultats statis-
tiques obtenus et invoqués par M. Boudin, qui donnent dans les établisse-
ments spéciaux de a5 à 3o pour 100 sourds-muets de naissance provenant
de parents consanguins. Dans des conditions semblables les résultats seraient
apparemment partout les mêmes; mais en présence de mes observations, je
suis persuadé qu'il faut pousser les investigations plus loin, les diriger
même vers des vues nouvelles, comme par exemple vers les antécédents de
plusieurs générations, tandis qu'on paraît s'être borné jusqu'ici à l'histoire
du tempérament des parents les plus proches. Par ce moyen, on envisa-
gerait les cas d'affections constitutionnelles, qui pourraient, surtout par la
rencontre de l'union de circonstances et de tempéraments semblables, être
susceptibles de transformations en accidents tels que la surdi-mutité et
autres.
» Les difficultés sont grandes pour les familles des sourds-muets obser-
vés dans les établissements publics, appartenant pour la plupart aux classes
inférieures et rurales du peuple, généralement dépourvues de renseigne-
ments sanitaires sur leurs aïeux même les plus proches. Dans ma famille,
au contraire, où la bonne santé est aussi proverbiale dans le pays qu'elle
habite que la longévité et la multiplication des liens de parenté, la besogne
m'était en grande partie préparée, non-seulement par mon observation per-
sonnelle pour les temps actuels, mais encore par des confrères de mes amis
ou de cette même famille et paV des personnes déjà âgées dont l'esprit mé-
ditatif et la grande mémoire m'ont été d'un secours utile dans mes recherches.
» Ce que j'ai vu et appris peut encore être communiqué à d'autres, et si
l'Académie voulait vérifier les fait? que j'allègue, je serais heureux de lui
en indiquer les moyens.
» Quant à mon travail imprimé, j'ai le regret de ne pouvoir en adresser
en ce moment un exemplaire à l'Académie. Je lui demanderai donc la per-
mission de renvoyer à cet égard aux archives de la Faculté de Médecine de
Paris, i85g, n° 91 , ainsi qu'aux Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthro-
pologie, 1860, deuxième fascicule. Comme explication, je joins à cette Note
un extrait de la généalogie de ma famille, en ce qui concerne les unions les
plus remarquablement consanguines parmi les seize qu'elle renferme (voir
le tableau page 180).
» Mon projet est de publier une nouvelle édition de ma Thèse avec les
additions dont elle est susceptible et le tableau généalogique complet. Mon
premier devoir sera de les envoyer à l'Académie.
( »8o)
Frère et sœur.
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( 181 )
•> De 68 unions toutes surchargées de consanguinité île cette partie
de généalogie, je n'en connais même qu'une inféconde qui doit résulter
de l'état maladif de la femme, qui est étrangère; et il faut remonter à trois
générations pour trouver l'union consanguine dont procède le mari.
- Les unions consanguines sont numérotées de i à 8.
» Il y a lieu de remarquer que l'état général de santé a toujours été re-
marquablement bon chez les descendants des mêmes auteurs, avec une con-
sanguinité extrême chez plus de deux cents individus, contrairement à ce qui
a eu lieu chez les autres, tous petits-enfants et arrière-pelits-enfants prove-
nant de l'union désignée comme doublement germaine. Mais leur tempé-
rament scrofuleux vient évidemment de leur mère et de la famille de celle-ci,
qui est étrangère à l'autre et présente cette disposition, sans conteniraucune
consanguinité. Il ne s'agit là que d'un fait d'hérédité qui n'a pas été pallié
par des unions avantageuses, d'autant mieux que dix-huit autres petits-en-
fants provenant de la même union doublement germaine, et notamment les
six quadruplement consanguins, jouissent comme leurs pères et mères de
la belle santé commune à la famille, excepté cependant l'un d'eux, le der-
nier, dont le défaut de développement intellectuel est attribué à une cause
trâumatique et accidentelle. «
PHYSIQUE DU GLOBE — Supplément à une précédente communication sur lu
Jormation de la glace au fond de l'eau; par M. Exgf.lhardt.
Cette Note est accompagnée de la Lettre suivante qui fera connaître le
but que s'est proposé l'auteur en s'adressant de nouveau à l'Académie :
« En recevant, au mois de juillet dernier, le Rapport bienveillant que
M. de Senarmont a bien voulu faire à l'Institut, au sujet de mon Mé-
moire Sur la formation de la cjlate au fond de l'eau, j'ai eu le regret de voir
que la véritable pensée de mon travail n'avait pas été saisie, et j'alJais en
écrire à M. de Senarmont, quand me parvint la douloureuse nouvelle de
la mort de ce savant distingué, qui était certainement l'une des illustra-
tions de la France, dans les sciences physiques, et qui a laissé de vifs re-
grets dans toute l'Europe. Je suis persuadé que, si M. de Senarmont
avait reçu mes explications, il aurait rectifié son jugement et fait appré-
cier à l'Académie la véritable portée de mon travail. Je prends donc la
liberté de vous adresser, Monsieur le Président, quelques Notes très-suc-
cinctes. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Boussin-
gault, Despretz, et M. Pouillet, en remplacement de feu M. de Senarmont.)
C. R , ,863, Ier Semestre. (T. LVI, N° 4.) 24
( '82 )
CHIMIE APPLIQUÉE. —Procédés pour rendre ininflammables les étojjes employées
aux vêlements des femmes; extrait c/' une Noie deM. A. Chevallier fils.
« ...On sait que déjà des essais ont été tentés dans cette direction ; que des
brevets ont été pris pour empêcher les décors, les tissus de s'enflammer;
que MM. Darcet, Durios. Duchier, Carteron, Schesset et Thouvet, Werst-
mann et Oppenheim se sont occupés de travaux sur le sujet en question.
Les résultats de ces expériences semblaient démontrer que la question était
résolue ; mais, depuis cette époque, la question est restée pendante, et, en
1862, de nombreux et graves accidents ont été signalés La connaissance
de ces faits nous a porté à faire de nouvelles expériences sur les procédés
qui pourraient être mis en pratique pour rendre les étoffes, non point in-
combustibles, mais non inflammables Déjà nos essais ont été suivis d'un
certain succès; nous sommes parvenu :
>» i° A amener des étoffes légères à un état de non-inflammabilité qu'il
est facile de constater; car elles se charbonnent, mais ne s'enflamment pas,
elles ne peuvent donner lieu à l'inflammation des objets avec lesquels elles
sont en contact.
» 20 A préparer des apprêts qui n'altèrent pas sensiblement la couleur
de la plupart des tissus; ceux qui ont un peu changé de couleurs et baissé
de ton sont quelques bleus, étoffes pour lesquelles il faut appliquer ordi-
nairement des précautions.
» En voie d'expériences sur les modes à mettre en pratique pour obtenir
des étoffes ininflammables, nous adressons à l'Académie :
» i° Des échantillons de tissus non apprêtés;
» 20 Des échantillons apprêtés et qui ne s'enflamment pas.
» Nous continuons nos recherches et nous vous ferons connaître les pro-
duits que nous employons pour atteindre le but, les modes d'application,
les soins à y apporter pour que tous ceux qui s'occupent du blanchiment
du linge soient à même de préparer des étoffes qui puissent soustraire au
danger du feu les personnes qui sont journellement exposées à voir leurs
vêtements s'enflammer. »
Cette Note, avec les échantillons d'étoffes préparées et non préparées qui
l'accompagnent, est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Payen, Velpeau et Rayer.
( '83 )
ÉCONOMIE RURALE. — Note sur le noir animal des raffineries considéré comme
engrais; par M. Hérouard. (Présentée par M. Bussy.)
'Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés :
MM. Decaisne, Bussy, Maréchal Vaillant. )
géologie. — Sur les gypses secondaires des Corbières; par M. Noguès.
(Commissaires, MM. d'Archiac, Daubrée.)
M. Dorner, qui avait déjà adressé diverses communications concernant
un remède qu'il dit employer avec grand succès pour combattre diverses
affections du canal intestinal, y compris le choléra-morbus, transmet au-
jourd'hui comme pièces à l'appui de ses précédentes Notes deux Lettres
écrites l'une par un médecin, l'autre par un pharmacien de Bologne, qui
attestent les bons effets qu'ils ont vu obtenir de ce médicament, dont la
base parait être une huile de genévrier.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant, déjà saisie des premières
communications de l'auteur.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de la Guerre annonce que MM. Combes et Le Verrier
sont maintenus Membres du Conseil de perfectionnement de l'École Poly-
technique, au titre de l'Académie des Sciences.
M. le Directeur général des Douanes et des Contributions indirectes
adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un Tableau général des mouve-
ments du cabotage en 1 86 1 que vient de publier son administration.
L'Académie impériale des Sciences de Vienne envoie une nouvelle
livraison de ses Comptes rendus pour l'année 1862.
L'Académie royale des Sciences d'Amsterdam adresse plusieurs volumes
qu'elle a récemment publiés.
L'Académie royale de Médecine et de Chirurgie de Londres remercie
l'Académie des Sciences pour l'envoi de plusieurs volumes de ses Mémoires,
du Recueil des Savants étrangers et des Comptes reiïdus hebdomadaires.
( '84 )
L'Académie royale des Sciences de Lisbonxk adresse de même des re-
mercîments pour un semblable envoi.
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Alexis Perrey, un
exemplaire de sa « Note sur les tremblements de terre en 1860, avec sup-
pléments pour les années précédentes. »
Et au nom de M. Dubois, d'Angers, Secrétaire perpétuel de l'Académie
Impériale de Médecine, un exemplaire de son « Éloge de M. Thenard. » Il
est donné lecture d'une Lettre adressée à cette occasion par M. Dubois.
M. le Vice-Présidext présente au nom de l'auteur, M. Du Bréuil, un
ouvrage ayant pour titre : « Culture perfectionnée du vignoble ».
« Cet ouvrage, qui est un complément du Traité d Arboriculture de l'au-
teur, comprend toutes les opérations de la culture depuis la création du
vignoble jusqu'à la vendange inclusivement.
» Les améliorations conseillées par l'auteur, et déjà consacrées par l'ex-
périence, ont pour résultat de diminuer les frais de culture et d'augmenter
le produit.
» Ce double but est atteint en substituant la charrue aux bras de l'homme
partout où cet instrument peut fonctionner;
» En remplaçant les échalas par les fils de fer;
» Enfin, en employant des abris qui empêchent l'action des gelées tar-
dives et préviennent la coulure. »
« M. Le Verrier communique à l'Académie une Lettre de /)/. Bruhns,
directeur de l'Observatoire de Leipsick et Membre de la Conférence de
Berlin.
» M. Bruhns expose les travaux dans lesquels il est engagé dans son
propre pays. Après avoir traité de la détermination des longitudes et des
latitudes des points principaux de l'Allemagne centrale, M. Brunhs ajoute :
« Comme il me semble que vous devez souhaiter d'avoir aussi, outre les
» déterminations dans votre pays même, des déterminations vous reliant
« avec l'étranger, je m'empresse de vous proposer de faire la longitude de
» Paris et Leipsick, mais je désirerais rassembler encore quelques < xpé-
» riences au moyen de déterminations dans mon pays.
» Comme tous les travaux géodésiques sont finis en France et de même
» lesjonctions avec la France et la Belgique, il ne restera plus pour ce genre
( i85 )
« de travail que de se relier peut-être de nouveau avec l'Espagne lorsque
» la mesure des degrés y aura été achevée ; on n'a donc qu'à s'occuper des
» déterminations astronomiques. L'importance de ce travail est ùu reste
» reconnue par vous, occupé comme vous l'êtes depuis longtemps de dé-
» terminer des longitudes.
» J'aurai le plus grand plaisir à vous voir accepter la proposition concer-
» nant la longitude. »
» M. Le Verrier se félicite qu'on connaisse à Leipsick, mieux qu'à Paris,
ses travaux sur la détermination des longitudes II accepte de grand cœur
la proposition de M. Bruhns, qui se combinera naturellement avec ce dont
il est déjà convenu avec M. de Littrow. »
PHYSIOLOGIE. — Sur les modérateurs de l'action réflexe dans le cerveau de la
grenouille; par M. J. Setchenow. (Suite et fin.) (i)
« Ayant ainsi atteint le but principal que je me suis proposé, j'ai cru de-
voir rechercher les voies physiologiques par lesquelles ces mécanismes sont
excités à l'action. Cette question a, comme on le verra tout de suite, une très-
grande étendue et mérite de devenir l'objet d'une étude spéciale. Je n'en
présente dans le moment que quelques fragments, et cela principalement
dans le but d'élucider encore plus la question sur la distribution des modé-
rateurs dans le cerveau.
» L'idée de rechercher les voies d'excitation des modérateurs une fois
conçue, il m'a été tout naturel de supposer comme telles les filets sensitifs.
Cette supposition implique, comme on le voit, la nécessité d'expérimenter
sur tous les points sensitifs du corps, et c'est précisément cette circonstance
qui fait la question si étendue. Chez la grenouille, je me suis donc borné
aux nerfs sensitifs de la peau et delà muqueuse buccale. Voici en quoi con-
siste l'expérience. On trouve d'abord sur l'animal, avec des centres nerveux
intacts ou lésés, le degré de l'action réflexe; puis on excite fortement la
peau ou la muqueuse buccale, et après que les mouvements produits par la
douleur ont cessé, on cherche à saisir quels changements a subis l'action ré-
flexe. Celte manière d'agir n'était pas cependant à l'abri d'objections tres-
sérieuses. Il fallait donc avant tout établir sa valeur expérimentalement.
Cette tâche a été heureusement bien facile : les deux piemières expériences
ont déjà décidé de la question. La première consiste à opérer de la manière
(i) Voir Comptes rendus, t. LVI, p. 5o.
( '36)
qui vient d'être indiquée sur un animal dont la moelle épiniere est séparée
par la section de la moelle allongée. L'irritation delà peau dans ce cas, quel-
que forte qu'elle soit (j'ai brûlé la peau du ventre avec des plaques métal-
liques fortement chauffées), ne produit absolument aucun changement dans
l'action réflexe (i), tandis qu'on obtient souvent une dépression notable de
celle-ci, en agissant de la même manière sur un animal auquel la moelle
allongée a été conservée (c'est-à-dire quand le cerveau a été coupé derrière
les lobes optiques). Le dernier effet s'obtient plus facilement encore, si au
lieu de la peau du ventre on irrite avec une forte solution aqueuse d'acide
sulfurique la muqueuse buccale. Si l'on réfléchit sur les objections qui pour-
raient être faites en général contre la valeur de la méthode, on verra aisé-
ment qu'elles sont toutes écartées par les deux expériences que je viens de
décrire.
» Il ne me reste donc qu'à dire encore quelques mois sur les phéno-
mènes présentés par l'animal dans les mêmes conditions, mais avec les cen-
rres nerveux intacts ou lésés dans l'espace rhomboïdal. Dans le dernier cas,
la dépression de l'action réflexe s'obtient à peu près comme chez l'animal
avec le cerveau coupé derrière les lobes optiques.
» L'effet est au contraire presque nul si l'on opère sur l'animal avec les
centres nerveux intacts. On pourrait même croire, d'après ces dernières ex-
périences, que les hémisphères empêchent en quelque sorte à l'action modé-
ratrice de se manifester.
» Toutefois, il est clair qu'une des voies physiologiques par lesquelles
les modérateurs sont excités à l'action est donnée par les nerfs sensitifs.
Une des expériences citées plus haut prouve en outre la présence des modé-
rateurs (considérés comme centres) dans la moelle allongée.
» J'aborde enfin le dernier côté de la question sur les modérateurs : leur
mode d'action.
» Tout mouvement réflexe étant pour ainsi dire composé de deux actes
différents, de l'excitation des filets sensitifs et de l'action motrice, sa dépres-
sion pourrait à la rigueur être produite aussi bien par la dépression de la
sensibilité (consciente ou inconsciente) cpie par celle du mouvement. La
solution de cette question n'est évidemment possible que sur l'homme, et
ici encore très-imparfaitement, puisque l'étude ne peut être faite que pour
le cas de la sensibilité consciente. Je tâchai néanmoins d'élucider tant
(i) Et cela devait être ainsi, puisque les études précédentes ont démontre jusqu'à l'évi-
dence l'absence des modérateurs dans la moelle épiniere.
( >»7 )
qu'il a été possible la question, et voici les raisonnements qui servirent de
base âmes expériences. Le problème est résolu, s'il est possible de mettre
en jeu chez l'homme les modérateurs des mouvements réflexes. Dans ce cas
on n'a en effet qu'à déterminer le degré de sa sensibilité normale pour quel-
que irritant d'intensité constante, et de le comparer à celui qui s'obtient
dans les conditions où ses modérateurs sont indubitablement mis en jeu. Je
réalise cette idée en chatouillant un homme chatouilleux et en le faisant
faire des efforts pour supprimer les mouvements réflexes. Donc voici l'expé-
rience. L'homme plonge une de ses mains dans la solution aqueuse de
l'acide sulfurique et l'en retire au moment où la sensation apparaît. Le
métronome, dont il n'entend pas les coups, donne la mesure de sa sensibi-
lité. La même opération se fait après, mais avec du chatouillement. Je n'ai
que onze expériences de ce genre faites sur moi-même; mais toutes sans
exception ont donné pour résultat nue dépression de sensibilité qui était
d'autant plus forte que le chatouillement était plus efficace. Ayant enfin
remarqué que les efforts que je faisais pour ne pas éclater en mouvements
réflexes pendant le chatouillement consistaient principalement dans le ser-
rement des dents et dans la contraction continue des muscles thoraciques
et abdominaux, je fis l'expérience suivante. La main a été plongée dans
l'acide, et au moment où la sensation apparaissait déjà, je fis un effort vio-
lent sans qu'on me chatouillât : la sensation disparut pour quelques ins-
tants. L'expérience étant extrêmement pénible, je ne l'ai faite qu'une seule
fois. Mais cette seule fois la disparition de la sensation a été tellement nette,
que je n'hésite pas de considérer l'expérience comme sûre, d'autant plus
que ce fait peut expliquer une observation pour ainsi dire journalière. Il est
parfaitement connu que les hommes et en général les animaux, quand ils su-
bissent une opération douloureuse, font très-souvent, sinon toujours, ce mou-
vement musculaire complexe que je viens de décrire. Or tous les mouve-
ments réflexes, dans le corps de l'animal, lui étant toujours profitables,
quel autre but, sinon de mitiger les douleurs, aurait pu avoir ce mouve-
ment complexe? Ce sont là certes des hypothèses; mais chacun conviendra
qu'elles ont l'apparence de la vérité, qu'elles interprètent les faits observés
sur l'homme très-simplement , et qu'elles ouvrent enfin la voie pour de-
recherches nouvelles.
» Je termine en exprimant ma profonde reconnaissance à M. le profes-
seur Claude Bernard pour sa bienveillante permission d'exécuter ce travail
dans son laboratoire. »
( i88 )
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur deux nouvelles combinaisons résultant de l'action du
chlore sur le qlycol; par M. Mitscheklich. (Présenté par M. Pelouze.)
« Le chlore, en agissant sur le glycol, donne naissance à deux groupes
de combinaisons; les unes, bouillant entre 1080 et 2000, sont chlorées; les
autres ne le sont pas et commencent à bouillir vers 2000.
» Les produits non chlorés m'ont fourni deux nouveaux composés dont
1 un se présente en beaux cristaux fondant vers 3o,° et bouillant vers 2000.
Ce corps renferme le même nombre d'atomes de carbone et d'hydrogène,
mais je n'ai pas encore pu déterminer le rapport entre le nombre d'atomes
d'oxygène et celui de carbone et d'hydrogène.
» Le second composé non chloré est un liquide oléagineux entrant en
ébullition à 2/400 et qui ne se solidifie pas encore à — 5°. Sa composition
est exprimée par 3 atomes d'hydrogène, 3 atomes de carbone et 2 atomes
d'oxygène Sa formation peut s'exprimer par l'équation
3C4H60* + 2C1 = C,2H,20'+ 2HCI + 4 HO.
» La formule qu'il faut attribuer ace corps est d'après cela : C,JH,20*.
L'acide chlorhydrique qui prend naissance dans cette réaction se combine
avec un excès de glycol pour former des chlorhydrinesglycoliques.
» Je reviendrai plus au long dans un autre travr.il sur l'étude de ces
deux corps, ainsi que sur celle des autres produits résultant de l'action du
chlore sur le glycol. »
chimie. — Note sur ta préparation et sur les propriétés du rubidium; extrait
d'une Lettre de M. Bcnsex à M. Dumas.
« La matière première qui a servi à ces recherches a été extraite des rési-
dus de lépidolithe de la fabrique de lithine du Dr Struve, à Leipzig. On a
uliiisé, pour séparer le carbonate de cœsium du sel correspondant de rubi-
dium, la grande différence de solubilité que présentent le tartrate neutre
(déliquescent) de cœsium et le bitartrate de rubidium (très-peu soluble).
» La réduction du carbonate de rubidium parle charbon s'effectue plus
difficilement que celle du sodium et plus facilement que celle du potassium.
» Le mélange, traité par la chaleur dans un fourneau à potassium, était
le suivant :
Bitartrate de rubidium 8g, 55
Tartrate neutre de chaux 8,46
Suie d'essence de térébenthine 1 ,99
100, 10
( i89)
» Le métal a été recueilli dans un récipient contenant de l'huile de
naphte. 75 grammes de bitartrate ont donné 5 grammes de métal.
» Le métal fond à 38°, 5; sa densité est égale à 1, 5i6.
» Le sodium fond à 95°, 6, le potassium à 6i°,5 et le lithium à 1800,
d'après les nouvelles déterminations faites au laboratoire de Heidelberg.
» Le rubidium brûle sur l'eau en tournoyant comme le potassium.
» La réduction du ccesium n'a pu être tentée faute de matière première,
M. Bunsen n'ayant retiré que quelques grammes de sels de ce métal de
i5ooo litres d'eau de la Murquelle, à Baden.
» Le rubidium présente par ses autres propriétés les plus grandes analo-
gies avec le potassium. »
M. Janssen, qui avait précédemment présenté à l'Académie une Note sur
les raies telluriques du spectre solaire (séance du 23 juin 1862), adresse
de Borne deux pièces destinées à constater quelles étaient les disposi-
tions de l'appareil dont il s'était servi pour ses observations à une époque
antérieure à celle où M. Littrow fils a présenté à l'Académie de Vienne
un électroscope en apparence tout semblable. La présentation de M. Lit-
trow a été faite en décembre 1862, et l'instrument de M. Janssen avait
été, dès le mois de novembre, examiné à Borne par MM. Volpicelli et
Secchi, qui le décrivent tel qu'ils l'ont vu alors, dans une Note dont copie
est jointe à la Lettre.
« Il ne s'agit pas pour moi, dit M. Janssen, d'établir un droit de prio-
rité; tout ce que je demande, c'est qu'on sache que je ne dois pas à M. Lit-
trow fils l'instrument avec lequel je poursuis depuis plus de huit mois mes
études sur le spectre solaire. »
M. Castiglioni, dans la Lettre accompagnant l'envoi de son Traité de
l'affection scrofuleuse, témoigne le désir que l'Académie veuille bien, quand
elle aura à s'occuper de pourvoir à une vacance parmi les Correspondants
de la Section de Médecine et de Chirurgie, le comprendre dans le nombre
des candidats.
(Benvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. Dru demande de nouveau l'autorisation de reprendre un Mémoire
qu'il avait présenté l'an dernier sur l'écoulement de l'eau dans les puits
artésiens.
Cette autorisation avait été accordée à la première demande; mais il est de
C R., i863, ier Semestre. (T. LVI, N° 4.) a5
( i9° )
règle que l'Académie ne renvoie pas les pièces, et l'auteur a négligé de se
présenter pour retirer la sienne.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 26 janvier i8ô3 les ouvrages
dont voici les titres :
Tableau général des mouvements du cabotage pendant l'année 1861. Paris,
1862; vol. in-4°.
Des machines et appareils destinés à l' élévation des eaux ; par Arthur MORIN.
Paris, i863; vol. in-8°.
Elude sur l'orgue monumental de Saint-Sulpice et la facture d'orgue moderne ;
par M. l'abbé Lamazou. Paris, in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par
M. Séguier.)
Le Pâle et i Equateur ; études sur diverses explorations du globe; parM. I,.
Dubois. Paris, 1 863 ; vol. in-ra. (Présenté an nom de l'auteur par M. de
Quatrefages.)
Rapport duSecrétaire perpétuel de i Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
sur les travaux des Commissions de publication de cette Académie pendant le
deuxième semestre de l'année 1862. Paris, 1 feuille in-4°.
Documents sur les tremblements de terre et les phénomènes volcaniques au
Japon; par M. Alexis Perrey. Lyon, in-8°. (Présenté au nom de l'auteur
par M. Elie de Beaumont.)
Note sur les tremblements de terre en 1860, avec suppléments pour les années
antérieures; par le même. (Extrait des Mémoires de l'Académie royale de Bel-
gique.) Bruxelles; br. in-8°. (Présenté par M. Élie de Beaumont.)
Mémoires des Concours et des Savants étrangers, publiés par i Académie royale
de Médecine de Belgique. (3e fasc. du tome "V.) Bruxelles, 1862; in-4°.
Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Inscriptions et Belles- Lettres
de Toulouse; 5e série, t. VI. Toulouse, 1862; in-8°.
Notes sur la fabrication de l'acier en Angleterre; par Ed. Gkateau. (Extrait
delà Revue universelle.) Liège; br. in-8°.
Culture perfectionnée et moins coûteuse du vignoble; par A. Du Bkeuil.
Paris, 1 863 ; in-12. (Présenté au nom de l'auteur par M. Morin.)
( '9' )
Quelques considérations sur la vaccine ; par le Dr H. Montanier. (Extrait
de la Gazette des Hôpitaux.) Paris, 1862; br. in-8°.
Essai sur les institutions scientifiques de la Grande-Bretagne et d< l'Irlande;
pur Ed. Mailly. Bruxelles, i863; in- 12.
ATreatise... Traité des fièvres continues delà Grande-Bretagne; par Ch.
Murchison. Londres, 1862; vol. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par
M. Rayer.)
Journal... Journal de l' Académie tf.es Sciences naturelles de Philadelphie;
nouvelle série; vol. V, partie ire. Philadelphie, i862;in-4°-
Hippocratis et aliorum medicorum veterum reliquiœ ; mandata Âcademiœ
regiœ disciplinarum quœ Amstelodami est. Edidit Francisons Zacharias Erme-
rins ; vol. II. — Trajecti ad Rhenum , 1862 ; fort vol. in-4° (gi'«?c et latin).
Sitzungsberichte... Comptes rendus des séances de l'Académie royale des
Sciencesde Païenne; t. XLVI. 2e livraison , juillet 1862. Vienne, 1862 ; in-8°.
Verhandilengen... Mémoires de l'Académie royale des Sciences néerlan-
daise, t. VIII. Amsterdam, 1862; m-8°.
Verslagen... Comptes rendus de l Académie royale des Sciences néerlandaist
{Sciences naturelles) ; vol. XIII et XIV. Amsterdam, 1862; 2 vol. in-8°.
Jaarboek... Annuaire de l'Académie royale des Sciences néerlandaise pour
l'année 1861. Amsterdam; in-8°.
Délia scrofola... Sur la scrofule ou affection scrofuleuse ; par M. C. Casti-
glioni. Milan, 1862; in-8°.
Armonia... Harmonie de I empirisme et du rationalisme et de tous les deux
avec le spiritualisme et avec Dieu; discours prononcé par M. G. Gallo, le
1 1 décembre 1862, à sa réception comme Docteur agrégé à la Faculté des
sciences mathématiques, physiques et naturelles. Turin, i863; br. in-8°.
Anuario... Annuaire de l'Observatoire royal de Madrid; 4e année, 1860.
Madrid, 1862; in- 12.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 FÉVRIER 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Remarquis de M. Faye à l'occasion du Compte rendu de la précédente séance .
« Messieurs,
» Je viens réclamer contre un passage des Comptes rendus de la dernière
séance, ou M. Le Verrier s'est attribué des paroles qu'il n'a pas prononcées;
paroles que le sentiment qui régnait à ce moment dans l'assemblée ne lui
aurait pas permis d'articuler.
» M. Le Verrier avait à s'expliquer sur la déclaration suivante, qu'il a
portée lui-même dans cette enceinte, trois mois après la clôture des opé-
rations entre Londres et Paris. Il parlait alors au nom de deux observa-
toires; il présentait en son nom propre et au nom de l'astronome royal
d'Angleterre des résultats calculés, non par moi, mais par d'autres per-
sonnes, des résultats obtenus à la fois et séparément dans les deux obser-
vatoires de Greenwich et de .Paris :
» Cette variation diurne (celle de l'inclinaison de l'axe), qui a été insen-
» sible pendant la première série des observations faites à Greenwich, s'est,
» au contraire, manifestée pendant la seconde série. Hâtons-nous d'ajouter
> que le résultat de la longitude n'en a été nullement affecté, attendu le
C. R., iS63, 1" Semestre. (T. LVI, N° S.) 26
( '94 )
» soin qu'on a eu de déterminer très-fréquemment la situation de l'axe,
» comme la valeur des autres erreurs instrumentales (i). »
» M. Le Verrier répond, dans les derniers Comptes rendus, à cette phrase
qui est la sienne, textuellement, qu elle est la plus éclatante condamnation de
M. Faye. Je demanderai à tous les hommes de bonne foi de lire et d'appré-
cier.
» Mais il ne suffit pas de venir dire ici, comme M. Le Verrier l'a fait
dans la dernière séance, sans en rien imprimer dans les Comptes rendus,
qu'il s'est trompé en 1 854 : d f;ult encore que M. Le Verrier fasse connaître
les éléments de ce calcul, les bases de sa publication de i85/j.
» Je demande communication, au Secrétariat de l'Institut, des pièces
qui ont servi à Paris et à Greenwich à arrêter des résultats qu'on a publiés
avec tant d'assurance en i854, et qu'on vient contester aujourd'hui avec
une égale assurance. Ces pièces existent, car M. Le Verrier a présenté à
l'Académie, le 25 septembre 1 854, le dossier complet de l'opération compre-
nant toutes les pièces relatives à la mesure actuelle : correspondance, opérations
astronomiques, transmission des signaux et calculs (a). Puisque M. Le Verrier
m'accuse hautement de l'insuccès des opérations, il est de stricte justice que
ce dossier, présenté à l'Académie en i854, soit déposé en entier au Secré-
tariat, afin que chacun puisse l'étudier, y rechercher les nombreuses
déterminations des erreurs instrumentales que M. Le Verrier y voyait en
1 854, mais qu'il n'y retrouve plus aujourd'hui, et, dans tous les cas, examiner
comment ces résultats, qu'on ne peut, dit-on, calculer aujourd'hui, ont
été pourtant calculés en 1 854 et pnbliés au nom des deux observatoires de
Londres et de Paris. Il convient que la vérité se fasse jour autrement que
par des accusations sans preuves. »
Remarques de M. Le Verrier.
« M. Le Verrier déclare qu'il tient à la disposition de M. Faye tout ce
qui concerne les nivellements, c'est-à-dire le seul point en question. Il a
(i) Comptes rendus, t. XXXIX, p. 56o, ligne io, en remontant.
(2) Cf. Comptes rendus, t. XXXIX, p. 56i : « Je désire, enfin, » disait M. Le Verrier,
1 que l'Académie me permette de mettre sous ses yeux le dossier complet dans lecpiel sont
» comprises toutes les pièces relatives à la mesure actuelle : correspondance, opérations
» astronomiques, transmission des signaux et calculs. Ce dossier sera conservé avec le plus
» grand soin, comme propriété de l'État, et afin qu'on soit toujours à même de contrôler
» l'exactitude ou les défauts du travail. »
( '9$ )
d'ailleurs présenté ce document à l'Académie dès le premier jour. Le reste
du dossier est étranger au débat, et n'a nul besoin d'être produit.
» L'Académie, ajoute M. Le Verrier, a été témoin depuis plusieurs an-
nées de discussions souvent fort vives, et auxquelles la science n'a abso-
lument rien à gagner. Elles cachent, la plupart du temps, des prétentions
tout autres que celles qu'on avoue; et comme elles entraînent l'Académie
sur un terrain qui n'est pas le sien, sans que les véritables preuves puissent
dès lors être fournies, on n'en saurait retirer aucun résultat utile. C'est
donc aux plus sages, à ceux qui pensent avoir la raison pour eux, de
sortir au plus tôt de ces luttes. Ceux qui croiraient, au contraire, ne pou-
voir mieux employer leur temps continueront à discuter seuls, si bon leur
semble; pour moi, je reste exclusivement à mes travaux, avec la ferme
résolution de ne plus m'en laisser distraire. »
CHIMIE. — Sur le phénomène de la dissociation (i) de l'eau;
par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Quand on introduit dans un tube de terre poreuse un courant, même
assez rapide, d'hydrogène, et qu'on fait passer sur la cuve les gaz qui en
sortent, on recueille, au lieu d'hydrogène, de l'air pur auquel l'analyse
assigne la composition suivante :
Oxygène 21 20)9 20,8
Azote 79 78, 1 78,2
100 100,0 100,0
» Ainsi l'hydrogène se disperse dans l'atmosphère et l'air est absorbé
dans l'intérieur du tube poreux, en vertu de l'endosmose et malgré la pres-
sion de quelques centimètres d'eau ou de mercure que le tube abducteur
plongé dans la cuve maintient dans l'intérieur de l'appareil (2).
» Si on prend ce tube poreux, si on l'introduit dans un tube plus court de
porcelaine vernissée et imperméable, en fermant les deux extrémités du tube
de porcelaine par un bouchon percé qui laisse passer le tube de terre
poreuse, on enferme entre ces deux tubes un espace annulaire et cylindrique
dont on pourra composer l'atmosphère à volonté. A cet effet, on percera
(]) Voyez Comptes rendus , t. XLV, p. 821. — Archives de la Bibliothèque universelle de
Genève, novembre i85g, septembre 1860.
(2) Voyez Comptes rendus, t. LU, p. 524-
26.
( 196 )
dans les deux bouchons deux ouvertures qui laisseront passer deux tubes
de verre : par l'un d'eux on fera arriver un courant de gaz quelconque qui
pourra sortir par l'autre. Deux autres tubes de verre munis de bouchons per-
mettront d'introduire un autre gaz dans le tube de terre poreuse intérieur
par l'une de ses extrémités et de laisser s'échapper ce gaz par l'autre extré-
mité. Tout étant ainsi disposé, si l'on fait arriver un courant assez rapide
d'acide carbonique dans l'espace annulaire compris entre les deux tubes et
\ni courant d'hydrogène convenablement ménagé dans l'intérieur du tube
poreux, on pourra enflammer du gaz hydrogène à l'extrémité du tube qui
termine l'espace annulaire et par où on devrait s'attendre à voir sortir l'acide
carbonique. Au contraire le tube poreux laisse échapper de l'acide carboni-
que à peu près pur qui éteint les corps en combustion. Ainsi, en vertu de
l'endosmose, les deux gaz ont changé de lieu en traversant chacun dans une
direction opposée la cloison poreuse qui les séparait. Ces phénomènes, qui
permettent de réaliser une expérience de cours très-frappante et très-instruc-
tive, sont en concordance parfaite avec les faits observés déjà par M. Graham
et par M. Jamin.
» Si on porte l'appareil que je viens de décrire(i) dans un fourneau ali-
menté par des charbons très-denses et dans lequel on puisse produire faci-
lement une température de 1 ioo° à i3oo°, on peut le faire servir à démon-
trer le phénomène de la décomposition spontanée de l'eau, phénomène
que j'ai proposé d'appeler dissociation. Pour cela , au heu d'hydrogène , ou
fait arriver de la vapeur d'eau dans le tube intérieur en terre poreuse, un
courant d'acide carbonique dans le tube extérieur ou espace annulaire, et
on reçoit les gaz sortant de l'appareil sur une cuve contenant de la lessive de
potasse et dans des éprouvettes ou tubes de verre de 1 centimètre de large et
de 1 mètre de haut pour arrêter l'acide carbonique. Lorsque le fourneau est
en activité, on recueille un mélange gazeux fortement explosif et composé
des éléments de l'eau, hydrogène et oxygène.
« Ainsi une partie de la vapeur d'eau est décomposée spontanément ou
dissociée dans le tube de terre poreuse ; l'hydrogène, appelé par l'acide car-
bonique de l'espace annulaire, a traversé la paroi perméable et s'est séparé,
par l'action d'un simple filtre, de l'oxygène resté dans le tube intérieur. Une
quantité considérable d'acide carbonique y a été appelée par contre d'après
la règle établie déjà par l'expérience précédente et s'y est mêlée à l'oxygène.
(1) Dans ce cas je remplis exactement l'espace annulaire compris entre les deux tubes avec
t!es fragments grossiers de porcelaine, ou mieux de biscuit de porcelaine.
( '97 )
Dans mes expériences j'ai obtenu environ i centimètre cube de gaz tonnant
par gramme d'eau employée.
» Voilà donc le fait de la dissociation de l'eau démontré au moyeu
d'agents physiques, comme je l'ai démontré déjà au moyen de l'oxyde de
plomb et de l'argent, qui interviennent en dissolvant l'oxygène que l'eau dis-
sociée laisse en toute liberté vers iooo° ou 1 100" (i ).
» Cependant les choses ne se passent pas avec la simplicité que je viens de
supposer pour faciliter l'intelligence des détails du phénomène et de sa
cause.
» D'abord, toutes les fois que de l'hydrogène se trouve au contact de l'acide
carbonique, il y a formation d'eau et d'oxyde de carbone. Aussi dans les gaz
recueillis et provenant des parties de l'appareil les plus fortement chauffées
trouve-t-on une grande proportion de l'hydrogène remplacée par l'oxyde de
carbone (2).
(1) Voyez Comptes rendus, t. XLV, p. 857. Je rappellerai ici en quelques mots la dé-
monstration expérimentale de ces conclusions. Une large nacelle de platine pleine de litharge
exempte d'oxygène est placée dans un tube de porcelaine chauffé à iooo" ou 1 ioo° environ :
le tube de porcelaine est traversé par un courant de vapeur d'eau pure; la litharge se vola-
tilise en partie et se dépose en flocons sur les portions relativement froides de l'appareil, sous
la forme d'un dépôt floconneux et jaunâtre très-réguliérement disposé sur la paroi intérieure
du tube; mais à un certain point et au milieu de ces flocons s'est développée une couronne
de plomb métallique noir, et la litharge, retirée du tube au moment opportun, a parfois la
propriété d'exhaler de l'oxygène en se solidifiant, comme dans les belles expériences de
M. F. Le Blanc sur le rochage de l'oxyde de plomb.
De la vapeur d'eau s'est donc décomposée, la litharge a dissous de l'oxygène, et quand,
par le refroidissement, ses éléments se sont réunis, l'hydrogène mélangé de vapeur d'eau
reconstituée a réduit la vapeur de litharge. La température des gaz dans cette région di
l'appareil où s'est déposé le plomb métallique est la température à laquelle cesse le phéno-
mène de dissociation.
C'est pour la même raison que de l'argent fondu par SI. Regnault au milieu de la vapeur
d'eau dissout de l'oxygène en prenant la faculté de rocher et sépare l'hydrogène. On ne peut
attribuer ce phénomène à la décomposition de l'eau par le métal, comme on l'a fait jusqu'ici ,
car l'oxyde d'argent n'existe plus à la température de fusion de l'argent. Celui-ci exerce donc
une action simplement dissolvante sur des molécules d'oxygène maintenues en liberté par la
chaleur. C'est vers le point de fusion de l'argent, c'est-à-dire vers 960 ou 1000" environ,
que la dissociation de l'eau s'effectue ainsi.
(2) Cette transformation amène aussi un changement d'action des parois poreuses et con-
tribue à renverser le sens de l'endosmose, mais seulement dans les parties de l'appareil assez
froides pour que toute combinaison chimique entre les gaz soit désormais ou impossible ou
très-limitée.
( i98)
-> Ensuite, malgré les précautions qu'on prend pour fermer hermétique-
ment un appareil aussi délicat à construire, quand 60 à 70 centimètres
cubes d'hydrogène doivent le traverser en une ou deux heures, il est impos-
sible de ne pas perdre une certaine quantité de ce gaz subtil qui s'échappe
au travers des bouchons et des luts les plus soignés. Aussi l'oxygène est-il
toujours en excès dans le mélange détonant : cette circonstance est même
une preuve incontestable qu'il vient réellement de la décomposition de
l'eau (1), et c'est avec sa proportion dans le mélange qu'on peut calculer le
plus exactement, la quantité de vapeur d'eau dissociée pendant l'opération.
>> Enfin, quoi qu'on fasse, il est impossible d'éviter que l'eau employée et
l'acide carbonique produit en grandes masses n'amènent un peu d'air et par
suite un peu d'azote dans le mélange détonant; mais sa proportion est
souvent très-faible, comme le prouvent les analyses suivantes du gaz ex-
plosif :
1. 11.
Oxygène 55,7 4^)6
Hydrogène 24,3(2) i3,i
Oxyde de carbone o 25,3
Azote 20 i3 (3)
100,0 100,0
(j) Je me suis en effet méfié, mais à tort, de l'imperméabilité de mes tubes de porcelaine
qui sont recouverts à l'intérieur et à l'extérieur d'une couche épaisse de matière vitrifiée.
Aussi j'ai cherché quelle était l'action d'un tube poreux rempli d'hydrogène en mouvement
sur le gaz de la flamme, et j'ai trouvé que les gaz qui y pénètrent avaient la composition
suivante :
Au rouge Au rouge
A |5°. A i5o°. A 2000. Au rouge. vit. plus vif
Oxygène 21 16,7 i4>8 9 8 4
Acide carbonique. ..00 o 444
Azote 79 83,3 85,2 87 88 92
100 100,0 100,0 100 100 100
Ainsi donc, dans la zone de chaleur blanche où se trouve le tube de porcelaine, s'il était
poreux, il ne pourrait absorber que de l'acide carbonique et de l'azote presque uniquement.
La petite quantité de ce gaz trouvée dans les analyses prouve que la porosité de mes
tubes était sensiblement nulle.
(2) Pour séparer l'hydrogène d'une grande quantité d'azote, je recommande le procédé
très-exact et très-élégant de M. Peligot, l'emploi des oxydes de plomb et de cuivre fondus
ensemble et d'une cloche courbe.
(3) Ces quantités d'azote, correspondant à 25 centimètres cubes d'air dans la première ex-
( '99 )
» L'acide carbonique détermine dans l'opération la séparation des gaz
par endosmose; mais il peut agir aussi mécaniquement. C'est ce que je re-
cherche par une série d'expériences que j'ai tentées, mais dont l'exécution
est pleine de difficultés qu'un pareil sujet comporte, quand on veut être
rigoureux. Mais cequeje peux affirmer, c'est que l'eau seule, chauffée dans
un tube de platine à une température voisine de la fusion du métal, s'y re-
constitue entièrement à sa sortie ou ne s'y décompose pas en quantité sen-
sihle.
» L'explication de ces faits exige que j'entre dans quelques calculs que
l'Académie me permettra, j'espère, de développer.
» D'après des expériences que M. Debray et moi nous avons faites pour
déterminer la température de combustion de l'hydrogène dans l'oxygène,
je peux affirmer que cette température n'atteint pas 2 5oo°(i), et je suis per-
suadé que M. Edmond Becquerel trouve encore le chiffre fort exagéré. C'est
lepointoùles gaz occupent un volumeàpeu près décuple de leur volume pris
à o°; c'est la limite au-dessus de laquelle l'eau est entièrement décomposée.
Mais cette décomposition, comme on va le voir, est accompagnée d'une
absorption de chaleur latente considérable, nécessaire pour maintenir les
molécules d'hydrogène et d'oxygène à (une distance plus grande que le
rayon de la sphère de leur affinité. Ainsi le phénomène de la décomposition
des corps est en tout semblable au phénomène de l'ébullition des liquides,
dont le caractère principal est l'invariabilité de leur température sous l'in-
fluence d'un foyer de chaleur d'une intensité quelconque, pourvu que la
pression soitconstante. En me résumant, la vapeur d'eau ne peut résister a
l'action d'une température qui en décuple le volume pris à o, et alors elle
se décompose pendant que ses éléments absorbent de la chaleur latente que
j'appellerai chaleur latente de décomposition, dont l'existence et la quotité
sont faciles à démontrer.
» On admet aujourd'hui, d'après M. Clausius, que la chaleur spécifique
périence et à 16 centimètres cubes dans la seconde, ont été amenés par les appareils dans
lesquels on a distillé 100 grammes d'eau (sur aoo contenus dans la cornue), et dégagé plus
de 60 litres d acide carbonique. Ces quantités d'air sont très-petites relativement à d'aussi
grandes quantités de matières employées. Je n'ai pas toujours été aussi habile à purger d'air
les vases et les réactifs que j'ai utilisés.
(1) La température de fusion du platine ainsi déterminée est inférieureà 19000. {Voyez De-
bray, sur la production des températures élevées, Leçons de la Société Chimique, 1861,
p. 17.)
( 200 )
des gaz ondes vapeurs ne varie pas avec la température, et cette loi a été
vérifiée par M. Regnault pour l'air entre 3o et 225°. La quantité de chaleur
produite par la combinaison d'un gramme d'hydrogène avec 8 grammes
d'oxygène est de 345oo calories(i), d'après les nombres obtenus parDulong,
par MM. Favre et Silbermann; par conséquent 3 833 calories résultent de
la formation de i gramme d'eau. Or la quantité de chaleur qu'absorbe
i gramme d'eau pour passer de o° à 25oo° est donnée par la formule
637 + (25oo— 100)0,475 = 1680.
dans laquelle GS-j représente la quantité de chaleur qu'il faut donner à
1 gramme d'eau à o° pour transformer ce liquide en vapeur à ioo°, et le
terme (25oo — 100) 0,475 représente la chaleur qu'il faut donner à cette
vapeur pour la porter de 1000 à 25oo°. La différence entre 3833 et 16S0 ca-
lories, c'est-à-dire i\ 53 calories, représente le chiffre de la chaleur latente
de décomposition de l'eau, chaleur absorbée par ses éléments au moment
de leur séparation.
« La comparaison entre les effets de la cohésion et de l'affinité, qui sont
si instructifs pour les corps solides et liquides, se soutient donc dans les phé-
nomènes inverses, la volatilisation et la décomposition. En admettant ce rap-
prochement, on voit que le phénomène de la décomposition des corps a
une température relativement basse, ou phénomène de dissociation, corres-
pond à la vaporisation d'un liquide porté à une température inférieure à son
point d'ébullition, et que la quantité du corps dissocié a une température
donnée sera proportionnelle à sa tension de dissociation exprimée en milli-
mètres de mercure, comme la quantité de vapeur formée au-dessus d'un
liquide à une certaine température est proportionnelle à la tension maximum
de sa vapeur.
» U:i liquide ne possède aucune tension dans sa propre vapeur, et la quan-
tité d'eau vaporisée dans un espace clos (vide ou non), comparable au vo-
lume de l'eau elle-même, est petite et négligeable en général. De même la
quantité de vapeur d'eau dissociée, répandue à 12000 dans un de nos bal-
lons de porcelaine, y est tellement petite, que la densité de vapeur n'en est
pas affectée (2).
( 1 ) Ce n'ombre, si on n'admet pas qu'il v ait une clialeurlatente de décomposition , donne,
rait pour la température dégagée parla combinaison de l'oxygène et de l'hydrogène le chiffre
énorme de 68000 [voyez Debray, lor. cit., p. g), chiffre inadmissible, incompatible avec les
déterminations connues, et inconciliable avec les mesures de M. Edmond Becquerel.
(2) En se séparant en ses éléments, la vapeur d'eau s'augmente de la moitié de son volume
( 20T )
)> Si vous enfermez de l'eau à la température ordinaire dans un vase clos
et d'un petit volume, la quantité d'eau vaporisée sera très-faible, la tension
du liquide s'annulant dès que l'espace est saturé; mais si vous y introduisez
un fragment de chlorure de calcium, l'eau s'évaporera jusqu'à ce qu'elle ait
liquéfié et pour ainsi saturé le chlorure de calcium, la tension de la vapeur
restant constante pendant tout ce temps. C'est le rôle que jouent l'argent et
l'oxyde de plomb dans la vapeur d'eau dissociée à iooo°. Ils absorbent l'oxy-
gène et, si on se débarrasse en même temps de l'hydrogène, la décomposi-
tion de l'eau continuera jusqu'à saturation complète des corps auxiliaires,
la tension de dissociation (exprimée en hauteur de mercure) de J'oxygène
libre restant constante pendant l'opération.
» Enfin, si vous chauffez à haute température de la vapeur d'eau dans
l'appareil et par les procédés que j'ai décrits dans ce Mémoire, vous produi-
rez un effet analogue à celui qu'on obtient quand on expose un liquide
volatil à un courant de gaz : un vase plein d'eau dans un courant d'air sec.
Dans mon expérience, l'acide carbonique emporte, en même temps que le
tube poreux les sépare, les quantités d'oxygène et d'hydrogène que la ten-
sion de dissociation de la'vapeur d'eau à cette température permet d'obtenir
à chaque instant : de là production d'un mélange détonant.
» C'est à ce système d'explication que je m'arrête pour le moment, sauf à
chercher mieux, soit comme preuves, soit comme principe. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Noie sur la ventilation des amphithéâtres ; par
M. le Général A. Morin.
a Un grand nombre d'observations m'a prouvé que, malgré l'opinion
émise par M. Pécletdans son Traité de la chaleur, 3e édition, il n'est pas con-
et, par conséquent, sa densité diminue dans le rapport de 0,62 à 0,42. Or nous avons pris,
M. Troost et moi, la densité de la vapeur d'eau à 1 iS^", et nous l'avons trouvée égale à o, 65.
On peut donc admettre que la quantité de vapeur d'eau dissociée à cette températureest trop
faible pour diminuer sa densité. Ce sont des faits de ce genre qui m'ont toujours fait repous-
ser l'hypothèse d'après laquelle des chimistes très-distingués pensent que les corps représen-
tant huit volumes de vapeur sont décomposés en leurs éléments à la température de la déter-
mination de leur densité. J'ai aujourd'hui un certain nombre de faits qui contredisent cette
hypothèse et que j'exposerai dans une prochaine communication. J'examinerai aussi le cas
de dissociation nouveau et très-remarquable trouvé par 51. Pebal, sur le chlorhydrate d'am-
moniaque, par un procédé qui a des analogies avec celui que j'ai employé dans ces expé-
riences, et que M. Pebal vient de publier tout récemment.
C. U., iS63, 1" Semestre. (T. LV1, N° 8.) 27
( 202 )
venable pour les amphithéâtres, plus que pour tout autre local occupé d'une
manière continue, d'admettre l'air par le plancher, par les marches ou les
contre-marches. Il faut au contraire, ici comme ailleurs, le faire affluer le
plus loin possible des auditeurs, et, comme on peut être obligé souvent
le même jour et d'un cours à un autre de faire varier la température dans
certaines limites, il est nécessaire d'adopter des dispositions qui permettent
de rendre le mélange d'air chaud et d'air froid aussi complet et aussi facile
à modifier que possible, avant qu'il arrive aux auditeurs. C'est là, il faut le
dire, la condition la plus délicate à bien remplir, et les amphithéâtres sont
peut-être le cas où la difficulté se présente au plus haut degré.
» L'air vicié étant celui qu'il est nécessaire d'évacuer, il convient de l'em-
pêcher de se répandre dans la salle, et par conséquent de l'extraire là même
où il est vicié, c'est-à-dire le plus près possible des individus, par des ori-
fices ménagés dans les contre-marches ou dans le derrière des marches, poul-
ie faire passer au-dessous de l'amphithéâtre.
» Cette partie des amphithéâtres doit être mise en communication avec
une cheminée d'appel, dans laquelle un foyer à feu nu sera placé au-dessous
du sol, pour activer l'air appelé de l'intérieur de l'amphithéâtre.
» Des registres disposés en des endroits facilement accessibles aux agents
du service permettront de régler, de modérer et même de faire cesser
l'appel selon les conditions variables de température et d'affluence du pu-
blic, ou dans le cas où l'amphithéâtre sera vide.
« Dans la seconde période, il faut au contraire, peu de temps après l'en-
trée des auditeurs et suivant leur nombre plus ou moins grand, extraire une
portion de l'air vicié et déjà plus ou moins échauffé.
» Or cet air nouveau serait, ainsi qu'on l'observe journellement, fort in-
commode si sa température était très-inférieure à celle de l'air extérieur, et
surtout s'il affinait trop près des auditeurs.
» De là résulte :
» i° La nécessité d'introduire d'abord l'air nouveau dans une capacité
(pie nous avons appelée chambre de mélange, à l'aide de laquelle, par l'af-
fluence simultanée d'air chaud et d'air frais en proportion que l'on puisse
facilement régler, on se réserve le moyen de n'admettre dans la salle que de
l'air à une température convenable;
» 2° L'obligation non moins impérieuse de placer les orifices d'arrivée
de cet air frais le plus loin possible des auditeurs, c'est-à-dire vers le plafond
de l'amphithéâtre, si les dispositions locales le permettent, ou au moins à
une certaine hauteur. Quelquefois, quand les amphithéâtres seront vastes et
( 203 )
qu'il y aura d'un côlé, entre la table ou la chaire du professeur, et de l'au-
tre, entre les entrées du fond et les premiers bancs d'auditeurs, un espace
suffisant, l'on pourra ouvrir dans les parois verticales correspondantes des
orifices d'admission: Mais en général, toutes les fois que la construction le
permettra, il sera préférable de faire arriver cet air frais par le plafond ou
par les corniches au moyen d'orifices proportionnés de manière que la vitesse,
moyenne d'affluence n'excède pas o™, /jo à om,5o en i".
» Il doit être entendu d'ailleurs que l'été l'on pourra prendre cet air dans
des lieux où il sera le plus frais possible, sans cesser d'être pur, et du côté
des bâtiments qui ne sont pas exposés à l'ardeur du soleil.
» Il serait aussi fort couvenable pour les amphithéâtres destinés à des
cours du soir que des dispositions, faciles d'ailleurs à adopter, analogues à
celles que nous avons indiquées pour les théâties, pour les salles de bal,
pour les ateliers, etc., fussent prises pour utiliser au profit de l'appel de
l'air vicié la chaleur incommode et les gaz développés par les appareils
d'éclairage. Tout au moins faudrait-il, si l'on ne peut les utiliser, faire évacuer
à l'extérieur ces gaz qui altèrent et échauffent l'air intérieur.
» Les dispositions que nous venons d'indiquer seront d'ailleurs faciles à
réaliser, si l'architecte s'occupe de la ventilation et du chauffage en même
temps que de la construction, ce qui n'arrive malheureusement presque
jamais.
» Ventilation des amphithéâtres du Conservatoire des Arts et Métiers.— J'ai
cherché à appliquer, autant qu'd m'a été possible, les règles précédentes à
ces amphithéâtres dont la ventilation, insuffisante pour le plus grand et
nulle pour le plus petit, donnait lieu à des inconvénients assez graves.
» On sait que le Conservatoire a deux amphithéâtres: l'un rectangulaire,
qui contient parfois plus de 700 et même 800 auditeurs; l'autre demi-cir-
culaire, où il n'y a place que pour 400 auditeurs an plus.
» Ils sont chauffés par des calorifères à air chaud, et celui du petit am-
phithéâtre dessert en outre la bibliothèque pendant le jour.
» La disposition des bâtiments existants ne nous permettait pas de trou-
ver place pour des cheminées d'appel particulières à chaque amphithéâtre
dans leur enceinte, et nous avons été conduit à établir au milieu de la cour
une cheminée spéciale destinée à servir à l'évacuation de l'air vicié de tous
les deux.
» Cette cheminée, tronc-conique, a 18 mètres de hauteur, 2re,6o de dia-
mètre à sa base et 2™, 10 à son sommet, où sa section est, par conséquent,
de 3œi,46.
( 204 )
» Elle est entourée extérieurement par un fourneau recouvert d'un au-
vent pour le service des laboratoires, lorsqu'il y a des préparations infec-
tantes à faire.
» A sa base débouchent deux galeries de 2m,45 de hauteur sur im, 11
de largeur, offrant une section de passage de 2mq,5o,3, et qui ont leur ori-
gine au-dessous des gradins des amphithéâtres. Des portes, dont on peut
régler l'ouverture, sont placées vers cette origine, afin de permettre d'acti-
ver ou de modérer, selon les besoins, l'énergie des appels.
» Une grille de i"','22 sur im,22, ou imq,5o8 de surface, est placée à im,o8
de hauteur au-dessus du sol, à la base de la cheminée, et reçoit un feu de
houille dont la chaleur détermine l'appel de l'air vicié et subsidiaire ment
la rentrée de l'air pur.
» Dans les parois verticales des gradins des amphithéâtres sont prati-
quées des ouvertures grillées qui se trouvent immédiatement derrière les
jambes des auditeurs.
» Ces orifices d'appel sont au nombre de 1 45 pour le petit amphithéâtre
et offrent une section libre de 4mq,t>878 qui, à raison de 36o auditeurs,
revient à omq,oi3o par personne.
» Dans le grand amphithéâtre, il y en a 68 offrant une section libre de
omq,oo,yi8 par personne, en comptant sur 700 auditeurs. Il y aura heu d'en
augmenter le nombre si la disposition des charpentes le permet
» Chauffage et arrivée de l'air nouveau. — En ce qui concerne le chauffage
et l'arrivée de l'air nouveau, nous n'avons pu, en 1862, compléter que
l'installation des appareils du petit amphithéâtre et commencer seulement
en partie celle du grand. Nous nous occuperons donc principalement du
premier.
» Le calorifère à air chaud a une surface de chauffe de 49mq>5i et l'am-
phithéâtre une capacité de 1 484 mètres cubes, ce qui correspond à 33mq,4
par 1000 mètres de capacité à chauffer et à ventiler.
» La prise d'air du calorifère se fait dans la cour, et l'air extérieur arrive
dans une chambre où cet air se partage entre deux portions, dont l'une
traverse l'appareil pour s'échauffer, et dont l'autre se mêle plus loin à la
première pour fournir à l'intérieur de l'amphithéâtre de l'air à une température
convenable. Ce mélange s'opère et se varie, selon les besoins, au moyen de
registres que manœuvre le chauffeur, d'après les indications de thermo-
mètres placés à l'intérieur de l'amphithéâtre. Les dispositions dont nous
venons de parler sont relatives à l'air nouveau , qui doit être introduit dans
la partie inférieure de l'amphithéâtre, au pied et le long du mur de fond,
( ao5 )
parallèlement au plan du tableau, par des grilles placées à fleur du plancher
Je crois devoir dire à ce sujet que si j'ai dérogé à la règle, que j'ai posée
précédemment, de ne jamais faire déboucher l'air à fleur des planchers,
c'est que j'ai été arrêté par quelques difficultés locales, et que les grilles
sont à une certaine distance du public. A l'aide de dispositions particu-
lières, et surtout en ayant soin de ne faire arriver dans l'intérieur, par ces
orifices, que de l'air à une température très-voisine de celle qu'on veut y
conserver, on est parvenu à éviter presque entièrement les inconvénients
que l'on pouvait craindre de ce mode d'introduction. Cependant je n'en-
gagerais pas à l'imiter, et il est probable que je modifierai cette disposition
en faisant affluer cet air à 3 ou 4 mètres au-dessus du sol.
» La plus grande partie de l'air nouveau nécessaire à l'assainissement
de l'amphithéâtre est d'ailleurs fournie par des orifices ménagés au-dessus
de la corniche qui existe à la naissance de la voûte hémisphérique.
» Ces orifices rectangulaires ont om,4o de hauteur sur un développe-
ment de 8m, 4o, et présentent ensemble une surface libre de 3mi, 1 8 ; soit
omi',oo8 par auditeur.
» Ils sont ouverts dans la paroi d'un canal en arc de cercle compose de
deux parties, établi dans le comble, en arrière de la voûte, concentrique-
ment à la salle.
» Sur la corniche et devant ces orifices, on a placé ultérieurement, et par
des motifs dont je parlerai plus loin, une sorte de paravent de om,55 de
hauteur qui dirige l'air tangentiellement à la voûte et l'empêche d'affluer
directement vers les spectateurs.
» Enfin deux ouvertures circulaires de om,g5 de diamètre, garnies de
grilles, et offrant une surface libre de omci,']5i^, sont pratiquées dans le
tympan auquel est limitée la voûte hémisphérique et fournissent aussi de
l'air nouveau.
» Ces deux dernières séries d'orifices, comme ceux de la corniche et du
tympan, sont alimentées par un mélange d'air chaud et d'air froid obtenu
et réglé de la manière suivante : l'air chaud est envové par le calorifère dans
deux conduits rampants passant sous les gradins aux deux extrémités de
l'hémicycle; il débouche dans un conduit vertical pour gagner le conduit
circulaire de distribution établi en arrière de la corniche, dans le sens
duquel il est dirigé par une languette horizontale de 3 mètres environ de
longueur.
» Presque directement au-dessus de ce conduit d'air chaud ascendant
( ao6 )
se trouve une cheminée d'introduction d'air débouchant au-dessus du
toit, et par laquelle, sous l'action de l'appel, il se produit un courant des-
cendant, qui est dirigé, par la même languette dont nous venons de parler,
dans le conduit circulaire de distribution.
» Il se développe ainsi deux courants verticaux, l'un ascendant inférieur,
d'air chaud, passant sous la languette; l'autre descendant, d'air froid, pas-
sant au-dessus de cette languette. Ils arrivent dans le même sens dans le
conduit de distribution, et quand ils sont parvenus à l'extrémité delà lan-
guette qui les séparait, le courant d'air chaud, plus léger, se mêle nécessai-
rement au courant d'air froid.
» Ce dispositif me semble à la fois le plus simple et le plus sûr qu'il soit
possible d'employer.
» Des registres, disposés dans les deux conduits d'air chaud et d'air
froid, permettent de varier la proportion du mélange de manière à l'amener
à la température convenable.
» Pour éviter que les portes qui donnent accès au public, soit dans l'am-
phithéâtre, soit dans l'enceinte réservée, n'y produisent, parleur ouverture
ou par leur fermeture incomplète, des courants d'air désagréables, nous
avons fait disposer, dans le couloir circulaire d'arrivée du public, deux
bouches de chaleur qui y maintiennent une température inférieure à celle
de l'amphithéâtre. De plus, entre les portes qui, de part et d'autre, con-
duisent dans l'enceinte réservée et au siège des professeurs, deux autres bou-
ches, venant aussi du calorifère, versent de l'air chaud dans le même but.
>- Tel est l'ensemble des différentes dispositions prises pour le petit
amphithéâtre. Elles ont été exécutées avec beaucoup de soin et d'intelli-
gence par M. Guérin, ingénieur de la maison Léon Duvoir-Leblanc.
» De la température qu'il convient de maintenir dans un amphithéâtre. —
Au moment où l'on a commencé à faire fonctionner le chauffage et la ven-
tilation, je croyais, d'après l'expérience ordinaire des lieux habités, qu'une
température de i6° à i8° était celle qu'il convenait de maintenir dans un
amphithéâtre rempli d'auditeurs, et les appareils furent conduits en
conséquence.
» L'observation ne tarda pas à faire reconnaître qu'il y avait là une
erreur, et qu'il n'en est pas d'un lieu abondamment ventilé comme d'un
appartement qui ne l'est pas.
» Toutes les fois que la température est descendue à i8° ou un peu au-
dessous, MM. les professeurs comme les auditeurs ont trouvé qu'il faisait
( 207 )
trop frais, et nous sommes successivement arrivés à maintenir le plus habi-
tuellement cette température à 20 et 21 °, quel que soit le nombre des audi-
teurs.
» Quant à l'air affluent, pour qu'il ne causât pas une sensation désa-
gréable, il a fallu lui donner dans le bas une température presque égale à
celle de l'intérieur, et dans le haut, au pourtour de la corniche, tout au
plus 5 à 6° de moins.
» Résultais d'observations. — L'élévation de la température dans les am-
phithéâtres étant la principale cause du malaise qu'on y éprouve souvent,
notre attention s'est d'abord portée sur la réglementation des températures.
» L'on y est parvenu très-promptement à l'aide des registres qui, pour
chaque orifice d'arrivée de l'air nouveau, permettent de proportionner à
volonté les volumes d'air chaud et d'air froid, en ouvrant plus ou moins la
porte d'accès de l'air vicié dans les galeries d'appel, et enfin en activant le
foyer de la cheminée d'évacuation, selon que sa température extérieure était
plus ou moins élevée.
» Après très-peu de jours, le chauffeur est devenu si familier avec la
marche des appareils que, quels qu'aient été le nombre des auditeurs et la
température extérieure, il est parvenu à renfermer la température inté-
rieure, dans le bas et dans le haut de l'amphithéâtre, entre les limites de
19, 20 et 2i° centigrades.
» C'est ce que constate tous les jours, pour toutes les séances et depuis
plus de deux mois, un registre d'observations dont je me borne à extraire
les chiffres relatifs à une quinzaine.
„ , ,, ,. (1er Cours .
Nombre d auditeurs. . 1
( 2 e Cours .
Température extérieure.
Tempera- / , i« Cours .
tnr« \ en bas . . . „ „
. tu.re \ '2e Cours
intérieure 1 , ,_ _
del'amphi- en haut . | ' Cours '
théâtre. ! ( '2e Cours .
Températures intérieure s moyen nés
Moyenne générale . .
DÉCEMBRE
24
JANVIER
16
17
18
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20
21
22
23
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7
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20
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22
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20
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21
20
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5°
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19,50
20, 5o
20,20
19)25
20, 5o
19.5
■9>5
■9
,8, 75
19,84
( 2o8 )
» L'on voit par ces résultats, qui d'ailleurs sont obtenus par un simple
chauffeur intelligent et actif, combien les dispositions adoptées permettent
d'obtenir de régularité dans la température intérieure.
» L'on peut voir aussi par ce tableau que, pendant ces quinze jours de
cours, la température extérieure a varié de o à 8°, le nombre des auditeurs
de 35 à 365 (de i à io)dans le même local, et que cependant la température
intérieure a pu être maintenue avec une régularité telle, que la moyenne
générale ayant été de io,°,84, le plus grand écart de la température inté-
rieure par rapport à cette moyenne n'a été en moins que de i°,84 et ne
s'est produit que le 22 décembre et le 9 janvier, ou trois fois en vingt-huit
séances, et que le plus grand écart en plus n'a été que de i°,25 et ne s'est
produit que le 23 décembre, ou une seule fois sur vingt-huit séances.
» Il y a même cela de remarquable que, dés qu'on s'aperçoit qu'un sur-
croît accidentel d'auditeurs ou toute autre cause tend à élever la tempéra-
ture au delà de 20 à 210, un simple changement d'ouverture des registres
suffit pour produire en quinze minutes un abaissement de température de i°
et revenir à la température normale fixée à 19 ou 200.
» Volume d'air vicié évacué par heure et par auditeur. — Des expériences
exécutées le 10 janvier i863, alors que la température extérieure était de 6°
et la température intérieure de 200 au petit amphithéâtre et de 19 à 200 au
grand, ont montré qu'en maintenant au bas de la cheminée d'évacuation une
température de 33°, supérieure de 270 à la température extérieure, on pou-
vait faire évacuer par cette cheminée 2604 3 mètres cubes d'air par heure, en
tenant les portes des galeries partiellement ouvertes; sur ce volume total
1 3535 mètres cubes venaient du grand amphithéâtre et 1 2 5o8 mètres cubes
du petit.
» La vitesse moyenne de l'air vicié appelé des amphithéâtres était, dans
la galerie venant du grand, égale à im,45, dans celle du petit im,34, et elles
pourraient être facilement augmentées en donnant plus d'activité au foyer
d'appel ou en ouvrant davantage les portes d'entrée de ces galeries.
» L'évacuation de i2 5o8 mètres cubes d'air par heure du petit amphi-
théâtre, alors qu'il y avait dans son enceinte: au premier cours, i23auditeurs,
au deuxième i44> en moyenne i32 auditeurs, correspond à une évacuation et
.1 une introduction d'air nouveau de 96rac,75 par heure et par auditeur.
» L'intérieur de l'amphithéâtre ne laissait percevoir aucune trace d'odeui
sensible, et même le courant d'air vicié extrait qui parcourait la galerie
d'évacuation ne produisait aucune sensation perceptible.
» Mais il n'en était pas de même, le même jour, de l'air extrait du grand
amphithéâtre, dont le volume, trouvé égal à i3 535 mètres cubes alors qu'il
( *°9 )
y avait au premier cours 480 auditeurs et au second 620, soit en moyenne
53o auditeurs, correspondait à une ventilation de 24™, 43 par heure et par
auditeur.
» Quoique dans l'intérieur de l'amphithéâtre l'air parût sain et inodore,
il n'en était pas de même de celui qui en était extrait et qui affluait vers la
cheminée par le conduit d'évacuation. Il résulte de cette dernière observa-
tion que le volume de 20 mètres cubes par heure et par auditeur paraît être
une limite inférieure au-dessous de laquelle ne doit pas descendre la ven-
tilation d'un amphithéâtre ou d'un local analogue destiné à contenir mo-
mentanément un public nombreux, compacte et en repos.
» L'on remarquera d'ailleurs que, pour le petit amphithéâtre, dont nous
regardons l'installation comme à très-peu près complète, le volume de
12 5o8 mètres cubes d'air évacué le 10 janvier correspondait, même poul-
ies séances les plus nombreuses, où il y a eu jusqu'à 365 auditeurs, à 34me,28
par heure et par auditeur, et que ce volume pourrait être facilement aug-
menté par la seule ouverture de la porte d'appel et par l'accroissement
d'activité du feu.
» Je ferai connaître plus tard, lorsque les dispositions que je me propose
de prendre pour le grand amphithéâtre auront pu y être complétées, les
résultats définitifs qui auront été obtenus. Pour le moment, je me borne-
rai à dire que nous sommes également parvenus à y maintenir une tempé-
rature à très-peu près constante, malgré les variations des températures
extérieures et celles du nombre des auditeurs.
» J'en fournis ici pour preuve le relevé suivant des températures de
quinze jours consécutifs, complètement conforme d'ailleurs à l'ensemble
des résultats obtenus depuis le 4 novembre 1862 jusqu'à ce jour.
„ . ,, ( 1er Cours .
Nombre d auditeurs. ! „
2e Cours .
Dt
-CEMB
20
RE
JANVIER
16
17
18
19
21
22
23
24
4
5
6
7
8
9
53o
655
0°
20
20
20
20
55o
C8o
3°
20
20
20
20
342
675
G°
20
20
20,5
20
3i5
5i3
7°
20
19
21
20
466
64o
6°
20
21
2!
21
387
5io
8°
20
"9
20
20
48o
45o
40
18
20
20
20
48o
63o
5°
22
20
20
20
345
575
7°
21
20
20
20
278
3i3
6"
18
18
18
•9
374:
27S
8"
21
20
20
20
590
640
7°
'9
20
20
20
46o
680
7°
18
20
19
20
54o
670
5°
"9
20
20
21
46o
378
3°
18
'7
'9
iS
Tempéra- / , ( î" Cours
i en bas . . ! _
ture ] ( 2e Cours .
de l'amphi- J , ( i« Cours .
,, ... (en haut. ! , _
théâtre. \ 1 2e Cours.
10 j i\j
C. R., i863, Ier Semestre. (T. LVI, N° S.)
28
( 21° )
» Ce tableau moptre que, pendant les quinze jours qu'ont dure les
observations, la température a varié de o° à 8°, le nombre des auditeurs
de 278 à 688, ou de 1 à 2,08, et que cependant les températures intérieures
ont pu être maintenues avec une régularité telle, que la moyenne générale
de la température ayant été de 190 76, les plus grands écarts de la tempé-
rature intérieure, par rapport à cette moyenne, ont été une seule fois
de i°,76 en moins, et une fois seulement de 2°,84 en plus.
» L'on voit donc avec quelle régularité, par les dispositions encore in-
complètes qu'il nous a été possible d'exécuter en 1862, l'on parvient déjà à
modérer les températures intérieures. Ce qui nous reste à faire est relatif
aux arrivées d'air nouveau qu'il s'agit de rendre plus nombreuses, mieux
réparties et surtout moins incommodes pour le public. Nous avons la
certitude d'y parvenir facilement.
» Observations sur les avantages des dispositions employées, au point de vue
de la salubrité du chauffage. — Le mélange de l'air chaud fourni par le calo-
rifère, en proportions variables à volonté, avec l'air frais pris à l'exté-
rieur, permet de n'introduire dans les salles, pour le chauffage, que de
l'air à une température très-modérée et fait, par conséquent, disparaître
l'un des principaux inconvénients que l'on reproche à tous les calorifè-
res à air chaud employés jusqu'à ce jour.
» D'une autre part, l'aspiration énergique exercée par la cheminée d'ap-
pel tend à accroître très-notablement la distance à laquelle l'air chaud de ce
calorifère pourrait arriver, ce qui diminue encore un autre inconvénient
de ce genre d'appareils.
» En terminant cette communication, je crois devoir rappeler que les
dispositions que j'ai adoptées ont été en grande partie commandées par
l'état des lieux et des constructions existantes, et que, s'il s'était agi de
constructions neuves, elles eussent été plus simples, mieux coordonnées
et plus économiques. Aussi ai-je l'espoir de pouvoir fournir aux con-
structeurs un type plus complet et plus parfait dans le nouvel amphi-
théâtre, dont la construction sera commencée dans le courant de cette
année 1 863. »
MÉMOIRES PRÉSENTES.
M. Duhamel, qui avait été désigné pour faire partie de la Commission
mixte chargée de faire le Rapport sur l'orgue installé à Saint-Sulpice par
MM.Cavaillé-Coll, ne pouvant, en raison d'une absence prochaine, prendre
part aux travaux de la Commission, demande à y être remplacé.
M. Séguier est désigné à cet effet.
( an )
M. le Maréchal Vaillant présente au nom de l'auteur, M. Martin de
Brettes, un Mémoire « sur la similitude des trajectoires des projectiles
oblongs de forme extérieure semblable et l'application de cette propriété
au tracé des trajectoires, à l'établissement des tables de tir, à la détermina-
tion d'un projectile capable d'un effet donné et de sa bouche à feu, etc. »
Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Piobert, Morin et de M. le Maréchal Vaillant.
M. Mathieu présente au nom de M. IVibern, jeune savant suédois, une
machine très-simple avec laquelle on peut, au moyen des différences de
divers ordres, calculer et imprimer des Tables numériques.
(Commissaires, MM. Mathieu, Chasles, Delaunay.)
métallurgie. — Etudes sur Parier (Suite) ; par M. H. Caron. (Présenté par
M. H. Sainte-Claire Deville.)
(Commissaires, MM. Boussingault, Peligot, H. Sainte-Claire Deville.)
« Trempe de Parier. — Dans la dernière Note que j'ai eu l'honneur de
présentera l'Académie (i), j'ai montré analytiquement la différence qui
existe entre l'acier non trempé, l'acier martelé et l'acier trempé; j'ai (ait voir
que l'effet produit d'une manière complète par la trempe se trouve réalisé
partiellement parle martelage. Ceteffel, c'est la combinaison intime du char-
bon et du fer; il me suffira donc maintenant, pour expliquer le phénomène
de la trempe, de démontrer qu'en refroidissant brusquement un morceau
d'acier, on soumet en réalité ce métal à une compression presque instan-
tanée qui a la plus grande analogie avec le choc d'un marteau.
» Je prends une barre d'acier de qualité supérieure, je la chauffe rapi-
dement à la température nécessaire pour obtenir une bonne trempe, et je
la plonge immédiatement dans l'eau froide. Voici les changements qu'on
remarque dans les dimensions de cette barre :
Avant. A» rouge Apn's la trempe.
! 20,00 20,3?. '9>95
1 ,00 1 ,o3 1 ,01
1 ,00 1 ,o3 1 ,01
Volume en centimètres 20,000 21,557 2o,35i
>< D'après les nombres qui précèdent, il est facile de reconnaître que la
(1) Comptes rendus, 5 janvier i863.
28..
( 2'2 )
barre portée au rouge s'est dilatée de 20cc,ooo à 21™, 557; en 'a treni~
pant dans l'eau, son volume est revenu à 2OC0,35i; l'effet de la trempe
sur le métal a donc été de rapprocher brusquement les molécules les unes
des autres par un mouvement tellement rapide, qu'il ressemble dans ses effets
phvsiques au choc d'un marteau agissant en même temps dans tous les
sens. C'est ce choc qui produit la combinaison entre le fer et le charbon.
La température a pour effet de dilater le métal et de donner aux molécules
la mobilité nécessaire pour qu'elles puissent se réunir ; le refroidissement
rapide, en les rapprochant brusquement, produit la combinaison.
» L'hypothèse d'une combinaison produite par un choc n'a rien que de
très-vraisemblable; je pourrais citer bien des corps qui se combinent dans
ces circonstances; néanmoins il sera préférable, je crois, de prouver par une
expérience que la combinaison du fer avec le charbon ordinaire peut s'ob-
tenir directement par le choc. Une barre de fer portée au rouge vif est
martelée rapidement sur une enclume recouverte de charbon finement
pulvérisé; lorsque cette barre s'est refroidie jusqu'au rouge sombre, on la
trempe immédiatement dans l'eau froide. On reconnaît alors que dans
certaines places le fer s'est transformé superficiellement en acier et peut par-
faitement résister à la lime. Le même fer porté au rouge, refroidi au mi-
lieu du charbon sans être martelé, n'offre pas trace d'aciération après une
trempe exécutée dans les mêmes conditions.
» Tl est facile d'expliquer pourquoi le martelage ne peut produire une
combinaison aussi complète que la trempe. Le martelage, en effet, ne rap-
proche les molécules que dans un sens seulement, tandis que la trempe agit
en même temps dans tous les sens; de plus, la température qui persiste
dans le métal après le choc du marteau tend, comme je l'ai démontré, à
détruire la combinaison obtenue. Au contraire, après le choc résultant de
la trempe, le métal est complètement froid ; il n'y a plus de réaction possible,
et la combinaison du fer avec le charbon ne peut plus être détruite que par
une nouvelle application de la chaleur.
» Des effets de la trempe. — D'après Réaumur (i)et Rinman (2), le volume
de l'acier trempé est de -^ plus grand que celui de l'acier non trempé.
Karsteu (3), au contraire, dit qu'il n'est pas bien certain que tous les
aciers trempés augmentent de volume et diminuent de densité. J'ai fait à
(1) Réaumur, l'Art de convertir le fer forgé en acier, p. 338.
(2) Rinman, t. I, p. 220 à 228.
(3) Rarsten, t. III, p. 38o.
( »*3 )
ce sujet quelques recherches qui sont intimement liées à mes travaux chi-
miques sur l'acier; je demande la permission de les rapporter.
» Pour opérer la trempe de l'acier dans les conditions les plus favorables
à la conservation de ses formes, je l'ai chauffé à l'abri de l'air dans un tube
en terre rempli d'hydrogène.
» Une barre d'acier martelé de i centimètre carré sur 20 centimètres de
long a été trempée; après la trempe, la longueur de la barre avait diminué
de omm,5; les autres dimensions avaient augmenté de omm, 06; quant a la
densité, elle était un peu plus faible, 7,79b' au lieu de 7,817. Avec d'aussi
petites différences, il m'était difficile d'arriver aune conclusion bien nette;
je pris donc le parti de répéter plusieurs fois la même opération, et j'obtins
les nombres suivants :
Avant
Après
Après
Après
la trempe.
10 trempes.
20 trempes.
3o trempes
(A)
( 20,00
ig,5o
l8,64
■7.97
imensions en centimètres.
] °>94
0,96
°>97
i ,00
f 0,93
0,96
°>97
1 ,00
» Ainsi une barre d'acier de 20 centimètres de long, sous l'influence de
3o trempes successives, a diminué de près de 2 centimètres, c'est-à-dire d'un
dixième environ de sa longueur. Après avoir subi ces 3o trempes, elle fin
blanchie à la meule et au papier d'émeri, et je pus constater que sa densité,
qui était, avant l'opération, de 7,817, était devenue de 7,743. Le volume
avait donc augmenté, ce qu'on pouvait constater, du reste, par une mesure
directe. Je dois dire aussi que cette barre avait presque complètement con-
servé la vivacité de ses arêtes, et qu'il était tout à fait impossible d'attribuer
sa diminution de longueur à une oxydation répétée. Ces expériences, re-
nouvelées sur un grand nombre de barres d'acier de bonne qualité (1), me
donnèrent toujours les mêmes résultats, et je dus en conclure que, sous
l'influence de la trempe, l'acier en barre diminuait dans sa longueur, mais
augmentait en largeur et hauteur dans des proportions telles, que sa densité
devenait moindre.
» Néanmoins l'opinion de Karsten, que j'ai citée plus haut, et la diffé-
rence (analytiquement parlant) que je rencontrais entre les aciers diverse-
ment fabriqués, me portèrent à continuer ces recherches. Je pris alors des
aciers étirés au banc et des aciers laminés; je fis des essais sur des barres
(1) Il est nécessaire que l'acier soit de très-bonne qualité, autrement il se fend après
quelques trempes.
( 2J4 ,
prises dans des tôles d'acier d'Allemagne, soit en long, soit en travers. Voici
sommairement les résultats que j'obtins :
Acier rond étiré au banc.
Dimensions
Dimensions
avant la irempe.
après 10 trempes
j 20, o5
•9>98
i 1,16
,,i<;
1 20,00
20,45
( 1 ,5i
1 ,5i
( 3>:°
3,70
Acier lamine (tôle d'Allemagne)
» En tenant compte des chiffres donnés plus haut (A), on voit que, sous
l'influence de la trempe, i° L'acier réduit en barre au moyen du marteau
diminue dans le sens de l'étirage; i° l'acier rond obtenu en partie au mar-
teau et ensuite étiré au banc ( 1 ) change à peine de longueur; 3° l'acier
laminé pris soit en long, soit en travers des feuilles de tôle, augmente de
longueur (2).
» La densité diminue dans tous les cas de la même façon.
» Ainsi donc une barre d'acier peut, par la trempe, prendre des dimen-
sions nouvelles mais variables en plus ou en moins, suivant la manière dont
le métal a été travaillé. On s'explique facilement par là pourquoi les objets
minces, comme les limes, par exemple, peuvent se voiler à la trempe; il
suffit que, dans leforgeage, l'acier ait été plus frappé sur une face que sur
la face opposée. Au moment de l'immersion dans l'eau, le côté qui s'est le
plus allongé à la forge diminue pins que l'autre par la trempe et produit le
défaut que je viens de signaler.
» L'effet du refroidissement subit de l'acier lorsqu'on le trempe peut
être, sous d'autres rapports, assimilé à l'effet produit par le choc d'un mar-
teau. Si mon hypothèse est juste, il est bien clair que plus le refroidissement
sera brusque, plus la force vive correspondante (qui représente le choc)
sera considérable et plus l'acier devra prendre de dureté, d'aigreur, de
retrait ou d'augmentation. C'est en effet ce que l'on pourra conclure du
tableau suivant, dans lequel on trouvera la durée du refroidissement d'une
même barre d'acier plongée dans des liquides convenablement choisis et
les effets correspondants de la trempe sur le métal.
(1) C'est le procédé de fabrication employé habituellement.
(2) Je n'ai jamais pu soumettre cet acier à de nombreuses trempes, parce qu'il devient
crique et se déforme très-vite.
Eau i
et 10 pour joo
Eau.
Eau.
de clexlrine.
Alcool à 36°.
IO°
5o°
10°
IO°
22°
6i°
23°
3o°,5
4" 7
n"3
l3"2
21"-
bonne
faible
très-faible
nulle
!
i
i
insensible
( 2.5 )
Température du liquide avant la trempe.
» » après la trempe.
Durée du refroidissement du métal ....
Qualité de la trempe , .
Diminution dans la longueur de la
barre après io trempes
» Il serait trop long de rapporter ici tons les résultats que j'ai obtenus
en trempant l'acier dans un .grand nombre de liquides tels que le mercure,
l'eau chargée de différents sels ou acides, l'eau recouverte d'huile ou tenant
en dissolution des matières mucilagineuses ou sirupeuses, l'huile, etc., etc.
Je me bornerai seulement à dire que la dureté, l'aigreur, ainsi que les autres
effets produits par la trempe semblent toujours être inversement propor-
tionnels au carré de la durée du refroidissement du métal (a). Ainsi donc,
dans cette circonstance, on peut encore assimiler l'effet de la trempe à l'effet
produit par le choc d'un marteau sur le métal porté au rouge. »
HYGIENE. — Des eaux publiques : Résumé tliéorico-pratique et conclusion;
par M. G. Gkimaud de Caux.
( Commissaires précédemment nommés: MM. Chevreul, Morin, Rayer,
Combes. )
« I. On dit communément les eaux potables; il faut dire les eaux publi-
ques, attendu que, quand il s'agit d'alimenter une population, il n'est pas
question d'eau à boire seulement, il s'agit d'eau pour tous les usages
de la vie.
» Si vous ne parlez que d'eau potable, vous n'avez plus de critérium;
vous tombez dans la diversité des goûts et des habitudes. Les uns y vou-
dront des nitrates, les autres des carbonates, etc., etc.. Si vous voulez,
an contraire, une eau propre à tous les usages, les propriétés que ces
(i) Il y a quelques années, M. Blondlot a remarqué que l'acier trempe dans des liquides
mucilagineux ne prenait pas de dureté. (Extrait des Mémoires de l'Académie de Stanislas.)
(2) La durée de ce refroidissement dépend naturellement de la température, de la den-
sité, de la chaleur spécifique, de la conductibilité, et peut-être aussi de la mobilité du liquide
employé pour la trempe.
( "6 )
usages exigent vous fourniront une base certaine pour déterminer la nature
et la mesure des qualités que vous devez rechercher dans l'eau.
» Or, il se trouve que l'eau qui convient à tous les usages de la vie est
précisément aussi celle qui convient le mieux pour la boisson, au point
de vue de la santé publique. Et la chose n'est pas contestable : car un ne
contredit point les faits généraux.
» II. En quelque endroit qu'on la prenne, l'eau a toujours la même
origine; elle vient du ciel. Qu'elle coule d'une source ou dans un lit, son
origine certaine et unique est toujours la pluie. Sous ce rapport, il n'y a
pas de raison, il n'y a aucune possibilité d'établir des différences : l'eau de
pluie est la même partout.
» Les différences se prononcent quand l'eau de pluie, ayant atteint le sol,
le traverse pour venir sourdre en un point plus bas que celui sur lequel
elle est tombée, et reparaître modifiée dans sa composition première par
les éléments variés que le terrain lui a cédés.
» III. Pour juger de ces différences, il faut d'abord s'entendre sur la
composition première, sur ce qui constitue essentiellement l'eau de pluie.
» Physiquement, l'eau de pluie est le produit de l'évaporation des eaux
qui s'étalent à la superficie du sol, évaporation que l'on imite dans les
laboratoires lorsqu'on fait de l'eau distillée.
» Chimiquement, l'eau de pluie comme l'eau distillée se compose de 85
d'oxygène et de i5 d'hydrogène : je cite les chiffres de Lavoisier.
» Telle est donc la composition première de l'eau; telle est l'eau essen-
tielle, l'unité, le terme de comparaison, le type auquel il faut rapporter
les eaux de toute espèce, pour- les distinguer et les différencier.
» Telle est l'eau des chimistes, l'eau de Lavoisier, l'eau dont M. Dumas
a fabriqué de toutes pièces plus d'un kilogramme, en dix-neuf opérations
réussies et au prix de cinquante expériences de vingt heures chacune.
» Enfin telle est l'eau des hygiénistes.
» IV. Puisque cette eau est le type de toutes les eaux, elle est donc
propre à tous les usages soit économiques, soit industriels, et cela certaine-
ment, en toute vérité, sans exception d'aucune sorte. Cherchez en effet un
usage auquel l'eau de pluie ou l'eau distillée ne conviennent parfaitement.
» On dira bien que l'eau distillée n'est pas bonne pour la boisson,
qu'elle pèse sur l'estomac. Oui, si on la boit au sortir de l'alambic et avant
qu'elle ait eu le temps d'absorber de l'air, dont toute bonne eau est exces-
sivement avide. Non, si on la soumet à l'aérage, ou bien si on lui corn-
( 2I7 )
mimique un principe aromatique, ou un principe alimentaire, ou un prin-
cipe sucré, amer, acide, etc., ou un tonique quelconque.
» Peut-on ignorer, au surplus, qu'il y a des parties du monde où l'on
ne boit que de l'eau bouillie? Tels sont les Chinois, qui l'aromatisent avec
le thé, et, plus près de nous, les Hollandais qui ont imité les Chinois.
» V. Si l'on entrait dans les détails, on démontrerait que l'eau ne sert
que d'excipient, de dissolvant, de véhicule, et que, par cela même et pour
qu'elle remplisse bien son objet, il faut qu'elle soit neutre,
» En partant de ce principe conforme à la vérité scientifique, laquelle
vérité n'est jamais en contradiction avec la nature, on établit entre les
eaux des différences qui permettent de les classer selon la prédominance
des divers principes minéraux, fixes ou gazeux, qu'elles empruntent au sol
a travers lequel ou sur lequel elles coulent.
» VI. Et l'on tire de là deux conséquences générales immédiates :
» La première, qu'à l'exception de l'eau qui tombe du ciel, toutes les
eaux sont plus ou moins minçrales,
» La seconde, qu'à vouloir disputer d'une eau quelconque, ce n'est pas
de savoir si cette eau provient d'une source ou d'une rivière qu'il faut
s'enquérir, mais de sa composition élémentaire, dont la plus ou moins
grande pureté doit justifier la valeur intrinsèque relative.
» Ici, évidemment, les lumières de la chimie sont du plus grand prix,
mais elles ne donnent pas raison de tout, tant s'en faut.
» L'eau du puits de Grenelle, dit M. Dumas, étant privée d'oxygène
« libre, et étant légèrement alcaline, un tubage en fer n'en devait éprouver
» aucun effet nuisible, et, au contraire, le fer devait s'y conserver aussi bien
» que dans l'eau bouillie. Cependant l'érosion des tubes en tôle s'effectue
» par l'action lente et mystérieuse d'une matière INAPERÇUE, avec une telle
» régularité, que tout objet en fer en contact avec les eaux des puits forés
» de la Touraine, avant qu'elles aient eu le contact de l'air, se détruit tôt
» ou tard. Ainsi, un puits foré peut perdre tout d'un coup son tubage
» s'il a été tube en fer et qu'il donne issue à des eaux contenant quelques
:> traces de CEKT AiNS principes qui existent dans la nappe artésienne des sables
» verts » (Dumas, Rapport, etc. )
» En fait d'eau, la chimie ne peut pas donner raison de tout.
» VIL Venons maintenant à l'application. Ici l'observation surtout doit
être consultée. Je dis l'observation et non pas l'expérience, puisqu'il est
vrai, d'après la chimie elle-même, que l'expérience du laboratoire ne sau-
rait tout dire, ni par conséquent tout régler.
C. R., i8G3, ier Semestre. (T. LV1, N° 5.) 2Q,
( 3'S )
» L'observation, en effet, enseignera quelle est, sur l'économie animale,
l'influence de telle ou telle substance, soit minérale, soit organique, dont
l'analyse chimique aura signalé dans l'eau la prédominance.
» Une fois en possession de ce résultat pour une eau quelconque, si l'on
i affaire à une population agglomérée, s'abreuvant exclusivement de cette
eau, on trouve inévitablement, dans le caractère physique et moral de l'ag-
glomération, des traces profondes et manifestes de l'influence prévue.
» Dégager cette influence, la bien caractériser, en déduire les causes, les
éliminer, telle est la tâche imposée à l'hygiéniste, tâche dont l'accomplisse-
ment, accroissant à jamais le bien-être d'une population, d'une localité,
d'une contrée même, élève l'art médical à sa plus haute puissance et jus-
tifie ses grandes, ses bienfaisantes prétentions, aussi bien que ses aspirations
glorieuses.
» VIII. Au point de vue de l'alimentation, les matières qui altèrent la
composition de l'eau sont de deux sortes seulement. Elles sont minérales
ou organiques. Dans une eau potable, la quajitité des substances minérales
ne doit pas dépasser 60 centigrammes, et celle des substances organiques
1 centigramme. Au-dessus de ces quantités l'eau est médicinale, si l'excès
est dans les sels ou dans leurs éléments constituants : on doit la considérer
comme un /oison lent, si l'excès est dans la matière organique.
» La limpidité et la température sont des qualités accessoires, transi-
toires, parfaitement amovibles et n'intéressant en aucune façon le fond du
sujet.
» IX. L'action de l'eau sur l'économie ne se déduit pas seulement de
celle qui pénètre dans le corps par ingestion. La préparation des aliments,
la fabrication du pain, les boissons artificielles, etc., en introduisent des
quantités sensibles qu'il n'est pas permis de négliger.
» C'est bien ce fréquent emploi de l'eau sous toute forme et dans tous
les usages de la vie animale qui lui donne tant d'importance. Quelle est la
substance usuelle qui pourrait lui être comparée pour son influence géné-
rale et permanente sur la santé publique?
» X. Quand même les faits fournis par les statistiques comparées n'en
donneraient pas la preuve irrécusable, la théorie suffirait pour démontrer
que, dans les populations agglomérées, le chiffre de la mortalité est en rap-
port nécessaire avec la plus ou moins grande pureté des eaux dont ces po-
pulations sont obligées de faire usage.
» XI. La question des eaux publiques ne se juge pas avec des expé-
riences isolées. Ce n'est pas à ce qu'éprouve tel ou tel individu en particu-
( 2I9 )
lier qu'il faut s'arrêter; c'est l'action générale sur la population qu'il faut
démêler. L'analyse chimique, l'observation judicieuse des maladies parti-
culières au pays et le chiffre de la mortalité sont alors des bases solides et
des motifs certains de jugement.
» XII. La question des eaux publiques doit être considérée des hauteurs
les plus élevées de la science médicale. Le père de la médecine a signalé
l'importance qui s'y attache en lui donnant une si grande place dans son
traité des airs, des eaux et des lieux, son œuvre la plus philosophique, la
plus féconde, et aussi, dans tous les temps, la plus admirée.
» Comment se refuser à reconnaître cette importance , quand on ne peut
pas nier, d'une part, que les climats exercent sur les populations une
influence irrésistible, immédiate et permanente; d'autre part, que des trois
éléments constituants de tout climat Veau est le seul sur lequel les moyens
humains peuvent avoir quelque action positive ? »
M. lîiii-cii adresse de Bodenheim, près Francfort-sur-le-Mein, un résumé,
écrit en français, de ses recherches sur Yostéogénie, et plusieurs ouvrages ou
opuscules qu'il a publiés en allemand, et dont quelques-uns se rattachent a
la même question. Son travail manuscrit, qui se compose en partie d'obser-
vations originales, et en partie de discussions des "opinions soutenues par
ses devanciers et des faits apportés à l'appui, est beaucoup trop étendu
pour pouvoir, même en éliminant la partie critique, trouver place dans le
Compte rendu ; nous nous bornerons en conséquence à en reproduire le pa-
ragraphe suivant, qui en est comme une des principales conclusions.
« Je regarde comme incontestable que le tissu osseux, dans toutes les
classes de vertébrés, se forme par épigénèse, c'est-à-dire par couches suc-
cessives qui sont osseuses dès leur apparition, soit à l'intérieur, soit à l'ex-
térieur des cartilages. La prétendue ossification du cartilage ne produit
jamais de l'os; ce n'est toujours qu'un cartilage imprégné de substances
calcaires, dont les cellules ne changent point de forme et ne se transfor-
ment jamais en corpuscules osseux radiaires anastomotiques. »
Ce Mémoire, avec les pièces imprimées qui l'accompagnent, est renvoyé
à l'examen d'une Commission composée de MM. Serres, Flourens et
Bernard.
M. Boitviek, curé du Thil-Manneville (Seine-Inférieure), fait connaître
un nouveau cas de perforation du plomb par des insectes.
« Il y a une quinzaine de mois, dit-il, qu'on a placé à l'église du Thil ■
a9..
( 2 20 )
Manneville une gouttière en plomb de om,oo35 d'épaisseur. Aujourd'hui
cette gouttière est percée, dans la longueur de i mètre environ, d'une
douzaine de trous de forme ovale ayant 5 à 6 millimètres de longueur sur 3
de largeur. Ces trous ont été percés de bas en haut ; j'ai cherché à la surface
l'insecte perforateur, mais inutilement; il est probable qu'on le trouverait
en levant la gouttière. Si l'Académie désire faire quelques recherches a ce
sujet, je la prie de m'en avertir, je serai à ses ordres; sinon, on mettra des
ouvriers pour réparer la gouttière. »
(Renvoi à la Commission précédemment nommée pour des communications
sur des faits analogues, Commission qui se compose de MM. Milne
Edwards, Valenciennes, de Quatrefages et de M. le Maréchal Vaillant.)
M. Bloxdeac (Ch. ) soumet au jugement de l'Académie un Mémoire in-
titulé : « Du mode de constitution du pyroxyle ou coton-poudre ».
(Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Pelouze,
Peligot.)
M. Gérard envoie de Liège la description et la figure d'une pile électri-
que à gaz, avec l'indication des divers avantages que présente, suivant l'au-
teur, cette pilesur celles qu'on emploie d'ordinaire, principalement danscer-
taines applications pour lesquelles elle réduirait notablement les dépenses.
(Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Fizeau.)
M. Deschamps, d'Avallon, adresse une Note à l'appui de l'opinion émise
par M. Delbruck sur la quantité d'air nécessaire à la respiration, quantité
qui serait moindre pendant le sommeil que pendant la veille.
(Renvoi aux Commissaires désignés pour l'examen des communications de
M. Delbruck et de M. Husson : MM. Payen et Longet. )
M. Dorner envoie un flacon du médicament liquide mentionné dans ses
précédentes communications sur le traitement de diverses affections intes-
tinales, un « extrait d'huile de genévrier. »
(Renvoi à la Commission du legsBréant, déjà saisie des Notes de M. Dorner.)
( 221 )
CORRESPONDANCE
M. le Secrétaire perpétuel présente au nom ries auteurs :
i° Un « Traité d'anesthésie chirurgicale », par M. Maurice Perrin.
2° L'ouvrage de M. Démarqua/, intitulé : ■• De la glycérine et de ses
applications à la chirurgie et à la médecine ».
M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées
de la correspondance, le premier volume d'un ouvrage sur la géographie
du Pérou : c'est un ouvrage posthume de M. Maleo PazSotdàri, corrigé et
augmenté par le frère de l'auteur et publié aux frais du gouvernement Pé-
ruvien; le livre est écrit en espagnol, mais imprimé à Paris.
Un concurrent pour le grand prix de Sciences Mathématiques de 1 863
(Théorie des phénomènes capillaires), qui se fait connaître par sa devise et
la date de ses envois,- prie l'Académie de vouloir bien lui permettre de
reprendre un Supplément à son premier travail qu'il avait adressé quelques
jours avant le 3 1 décembre 1862, dans l'idée que le concours était clos à la fin
de cette année. Ayant appris depuis qu'il suffisait que les pièces de concours
fussent remises avant le Ier avril, il croit pouvoir mettre ce temps à profit
pour améliorer son travail, ce qui lui serait difficile s'il n'avait pas à sa
disposition son second manuscrit dont il n'a pas gardé copie.
Comme il est évident que cette demande émane de l'auteur du Mémoire,
et que le moyen qu'il indique pour rentrer en possession n'exige pas qu'il
fasse connaître son nom, ce qui serait contraire à une des conditions du
programme, l'Académie ne s'oppose point à la remise du manuscrit par les
voies indiquées.
M. Cohn, qui a obtenu au dernier concours pour les prix de Médecine
et de Chirurgie une mention honorable pour sa « Clinique des affections
emboliques, » adresse ses remercîments à l'Académie, et lui annonce la pu-
blication prochaine d'un second volume qui portera pour titre: «Embolie
capillaire spécifique, ou rapports de l'embolie avec certaines diathèses spéci-
fiques, comme la pyhémie, la carcinose, la tuberculose, etc. »
« En poursuivant cette voie, dit l'auteur, j'ai rencontré beaucoup de faits
entièrement nouveaux et qui me semblent d'un grand intérêt : je désire qu'ils
soient jugés tels par l'Académie, à qui j'aurai l'honneur d'envoyer mon nou-
veau volume dès que l'impression en sera terminée. »
( 222 )
chimie ORGANIQUE. — Note sur le chlorobenzol ; par M. A. Cahovrs.
(Présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.)
« Je demande à l'Académie la permission de lui faire connaître, à l'oc-
casion de la Note insérée par M. Naquet dans les Comptes rendus du 19 jan-
vier, quelques résultats inédits que je tenais en réserve pour la prochaine
édition de mon Traité de Chimie.
» Dans mon travail relatif à l'action du perchlorure de phosphore sur
les substances organiques, j'ai fait voir que toutes les aldéhydes du groupe
benzokjue échangeaient, dans leur contact avec ce réactif, leur oxvgène
contre une quantité de chlore équivalente, celui-ci se transformant en
chloroxyde de phosphore; c'est ce qu'exprime l'équation
Ph Cl5 + C2"! H2n O2 = Ph Cl3 O2 + C2m H2" Cl2 .
» Dans le cas particulier de l'essence d'amandes" amères on obtient le
composé que j'ai désigné sous le nom de chlorobenzol
Ph CI5 + CM H6 O2 - Ph Cl8 O2 + C 4 H6 CI2
Essence Chlorubenzol.
d'amandes amères.
» Plus tard, en comparant les propriétés de ce produit à celles du toluène
bichloré, je reconnus leur identité, ce que j'exprimai dans le troisième
volume de mon Traité de Chimie de la manière suivante :
« Le toluène monochloré présente, d'après M. Cannizaro, à qui l'on doit
» la découverte de tous ces faits intéressants, l'identité la plus parfaite avec
» le chlorure de benzéthyle, c'est-à-dire l'éther chlorhydrique de la série
» benzoïque.
» De mon côté, je me suis assuré que le toluène bichloré se confond par
» ses propriétés avec le chlorobenzol et peut par suite reproduire de l'huile
» d'amandes amères parla distillation avec l'oxyde rouge de mercure. Au
» moyen du toluène on peut donc facilement obtenir l'alcool et l'aldéhyde
» benzoïque. »
» Quelques mois plus tard, M. Beilstein rendit cette identité plus frap-
pante encore par l'examen comparatif de ces deux substances.
» En étudiant l'action du chlore sur le chlorobenzol, tant à la lumière
diffuse que sous l'influence simultanée de la chaleur et de la radiation
solaire, je parvins à me procurer une série de dérivés par substitution repré-
( 223 )
sentes par les formules
C,4H5Cl3,
C'*H4Cl4,
CMH2C1%
identiques aux composés qui prennent naissance dans l'action réciproque
du chlore et du toluène(benzoène) dont M. H. Sainte-Claire Devillea donné
la description si complète dans son travail sur le toluène, et que je n'eusse
fait connaître qu'occasionnellement en raison du peu" d'importance de ces
résultats considérés individuellement.
» Le dernier terme
C'MPCl6
cristallise très-bien et présente toutes les propriétés que M. Deville assigne
au toluène sexchloré. Ainsi cette action prolongée du chlore sur le chloro-
benzol, comparée à celle que cet élément exerce sur le toluène bichloré,
vient encore confirmer l'identité de ces deux substances. Cependant, à
moins que le mode d'opération que j'ai suivi dans mes recherches sur le
chlorobenzol ne soit différent de celui de M. Naquet, il faudrait admettre
entre ce corps et le toluène bichloré des différences fort appréciables, ainsi
que semblent le prouver les expériences que je vais rapporter.
» J'avais observé depuis longtemps que lorsqu'on chauffe en vases clos
du chlorobenzol avec une solution alcoolique de potasse, il se formait une
grande quantité d'essence d'amandes amères, bouillant régulièrement entre
i 8o° et 1 820, et se changeant par simple exposition à l'air en une belle cris-
tallisation d'acide benzoïque, résultat que M. Wicke obtint de son côté. En
lisant la Note de M. Naquet, je me demandai si je n'avais pas commis
quelque erreur, et avant de communiquer à l'Académie les résultats qui
vont suivre, je m'empressai de faire de nouvelles expériences, qui m'ame-
nèrent à la même conclusion que les anciennes.
» Lorsqu'on chauffe à ioo° dans des tubes scellés à la lampe un mélange
de chlorobenzol et d'une solution alcoolique de potasse, il se produit une
réaction rapide et l'on voit bientôt se déposer du chlorure de potassium,
dont la proportion n'augmente plus après quelques heures d'expérience.
On brise alors les tubes, puis on sépare la liqueur alcoolique des cristaux
qu'on lave ensuite à l'alcool. Les liqueurs alcooliques réunies étant distillées
au bain-marie et le résidu repris par l'eau, il se sépare une huile pesante
douée d'une odeur d'amandes ameres excessivement forte. Cette huile étant
lavée à l'eau, séchée sur du chlorure de calcium et soumise à la rectification,
( ™\ )
distille presque en entier entre 180 et 1840, puis la température s'élève
rapidement à la fin, et les dernières portions distillent entre 210 et 2200.
Ce produit, qui forme tout au plus le dixième du poids de l'huile brute,
renferme du chlore; c'est, selon toute prohabilité, la substance décrite par
M. Naquet.
» La première portion distillée m'a fourni par une nouvelle rectification
un liquide bouillant régulièrement entre 180 et 1820, se convertissant direc-
tement à l'air en acide benzoïque et se changeant rapidement en benzoate
lorsqu'on fait agir sur lui l'hydrate de potasse à 2000. L'ammoniaque le
convertit en hydrobenzamide, il forme des produits cristallisés avec les
bisulfites alcalins, et donne de la benzoïne par l'action du cyanure de
potassium et de la potasse alcoolique. Ce produit possède donc, comme on
voit, le propriétés de l'essence d'amandes amères, l'analyse lui assigne en
outre exactement cette composition. Ainsi l'action de la potasse sur le chlo-
robenzol, toutes les fois que j'ai répété l'expérience, m'a fourni des résultats
identiques. Le produit presque exclusif qui naît du contact de ces corps est
l'hydrure de benzoïle, résultat entièrement différent de celui que M. Naquet
signale dans l'action réciproque de la potasse alcoolique et du toluène
bichloré. Ces différences tiennent-elles aux proportions de matières réagis-
santes, ou le chlorobenzol a-t-il gardé quelque chose de sa constitution pri-
mitive qui le rend par suite si facilement apte à repasser à l'état d'hydrure
de benzoïle toutes les fois qu'on lui fournit de l'oxygène naissant?
« Ayant abandonné du chlorobenzol sous l'eau dans un flacon où l'air
avait accès, je vis se former au sein du liquide huileux une belle matière
cristallisée, soluble dans l'eau bouillante, et s'en déposant par le refroidisse-
ment sous la forme de longues aiguilles satinées auxquelles l'analyse assigne
la composition de l'acide benzoïque. La transformation éprouvée par le
chlorobenzol dans ces circonstances me conduisit à penser qu'il y avait eu
tout d'abord décomposition d'eau et formation d'essence d'amandes amèies,
qui par absorption directe d'oxygène s'était convertie finalement en acide
benzoïque. Dans le but de vérifier cette hypothèse, j'introduisis du chloro-
benzol et de l'eau dans des tubes scellés à la lampe que je chauffai pendant
vingt-quatre à trente-six heures entre ia5 et i35°; je vis alors se produire
une huile plus légère que la solution aqueuse, qui présentait une odeur
d'amandes amères des plus prononcées. La matière huileuse séparée de la
liqueur fortement acide (solution fumante d'acide chlorhydrique) étant
lavée successivement avec une lessive alcaline, puis à l'eau pure, et séchée
sur du chlorure de calcium anhydre, bout régulièrement entre 1800 et
( 225 )
1820. Sa densité, son point d'ébullition, l'action de l'oxygène, celle de l'am-
moniaque et des bisulfites alcalins démontrent que cette substance n'est
autre que l'hydrure de benzoïle parfaitement pur. L'analyse confirme en
outre cette identité. Cette réaction fort simple s'explique au moyen de
l'équation
C * C6 Cl2 4- 2HO = 2H Cl + CM H* O2
Clilorobenzo!. Essence
d'amandes amères.
» Une dissolution aqueuse de potasse donne des résultats tout sem-
blables; ici seulement l'acide chlorhydrique est remplacé par le chlorure
de potassium.
» Enfin, ayant enfermé dans des tubes scellés du chlorobenzol avec une
dissolution de gaz ammoniac dans de l'alcool à 0,80, j'ai vu se séparer une
abondante cristallisation de sel ammoniac, tandis que l'alcool retenait en dis-
solution un liquide huileux doué des propriétés de l'hydrure de benzoïle.
» En résumé, le chlorobenzol donne sous l'influence du chlore une série
de dérivés par substitution identiques à ceux que M. Sainte-Claire Deville
a vus se former par l'action de ce corps sur le toluène, tandis que sous l'in-
fluence d'un grand nombre de composés oxygénés, il tend à produire par
des phénomènes de double décomposition de l'essence d'amandes amères,
se transformant ainsi par un échange des plus simples dans la substance qui
lui a donné naissance. Ces résultats, mis en parallèle de ceux qu'a commu-
niqués M. Naquet, semblent donc démontrer que si sous certains points le
chlorobenzol et le toluène bichloré se confondent, il est des réactions qui
prouvent que cette identité n'est pas absolue. »
PATHOLOGIE.— Mémoire sur les gaz de l' hydropneumothorax de [homme;
par MM. Ch. Leconte et Démarquât.
« Depuis quelques années nous nous sommes beaucoup occupés de dé-
terminer la nature des gaz qui peuvent se répandre ou se produire dans l'or-
ganisme de l'homme, et, pour éclairer ce sujet aussi complètement que
possible, nous avons fait de nombreuses expériences sur les animaux, afin
d'étudier l'influence de chacun des gaz constitutifs de l'atmosphère sur les
tissus sains ou malades, et surtout pour déterminer les phénomènes qui
président à l'absorption de ces gaz.
» Après avoir produit des emphysèmes trauinariques sur les animaux,
C. R., i863, i« Semestre. (T. LVI, Fi" S.) 3o
( 226 )
pour étudier les modifications que l'air subit dans ces nouvelles conditions,
nous avons pu constater, et nous avons annoncé dans un Mémoire pré-
senté à l'Académie, que l'air que l'on trouve dans l'emphysème de l'homme
subit des modifications en tout analogues à celles que nous avions obser-
vées chez les animaux.
» En effet, l'air extrait du tissu cellulaire d'un vieillard, chez lequel il
s'était produit un emphysème à la suite d'une fracture de cote, présentait
en moyenne la composition suivante :
Oxygène 6
Acide carbonique 5
Azote. 8g
ioo
« Tout récemment, nous avons obtenu les mêmes résultats chez un
malade placé dans les mêmes conditions, et chez lequel l'air avait subi les
mêmes altérations. Ces faits font ressortir d'une manière frappante: i° l'inno-
cuité souvent complète de ces vastes emphysèmes, par suite de l'absorption
rapide de la presque totalité de l'oxygène et de son remplacement par une
certaine quantité d'acide carbonique; 2° enfin la lenteur de l'absorption du
gaz constitutif de l'emphysème, car nous avons démontré que de tous les
gaz, l'azote est celui qui, chez l'homme et les animaux, résiste le pins à
I absorption.
» Les résultats qui précèdent donnent un intérêt plus grand à l'étude des
gaz de l'hydropneumothorax chez l'homme, que nous avons l'honneur
de présenter aujourd'hui à l'Académie; il nous a été donné d'étudier ré-
cemment ces gaz en variant les conditions du phénomène.
» Un homme de quarante- huit ans entra à la Maison municipale de
santé pour se faire traiter d'un épanchement considérable occupant depuis
six mois la cavité pleurale gauche; la respiration s'entendait dans la partie
supérieure du poumon jusqu'à deux travers de doigt au-dessous de l'épine
de l'omoplate; toute la partie inférieure de la poitrine de ce côté présen-
tait une matité absolue.
» Loin de s'améliorer, la santé du malade paraissant s'altérer depuis un
mois qu'il était dans notre service, nous pratiquâmes, après avoir pris l'avis
de nos collègues, la thoracentèse, en nous servant des instruments de
M. Guérin; nous enlevâmes ainsi cinq litres et demi de liquide séro- puru-
lent, sans provoquer de toux, ni la moindre fatigue au malade.
( 2*7 )
» Immédiatement après l'extraction du liquide, nous constatâmes une
résonnance anormale dans toute l'étendue de la cavité pleurale gauche; la
respiration présentait à la partie supérieure un souffle amphoriqne très-
intense, et la succussion donnait un bruit hydroaérique très-manifeste; il ne
s'était pas écoulé une goutte de sang ni pendant ni après l'opération.
» L'entrée de l'air dans la cavité pleurale démontrait donc qu'il s'était
produit une petite déchirure du poumon pendant l'opération, déchirure
due sans doute à la présence d'une petite caverne tuberculeuse, ce que sem-
blaient justifier les antécédents du malade, dont l'état fut du reste considé-
rablement amélioré malgré cet accident.
» Un mois environ après l'opération, la respiration devint de nouveau
haletante, l'appétit et le sommeil disparurent; nous résolûmes d'enlever de
la cavité pleurale le plus de gaz possible, afin de soulager le malade si
toutefois la déchirure que nous supposions exister au poumon s'était cica-
trisée.
» Le gaz fut facilement recueilli à l'aide d'une petite canule très-fine- à
laquelle nous adaptions des vessies de caoutchouc dans lesquelles nous fai-
sions préalablement le vicie.
» Les résultats de l'analyse devaient nous permettre de reconnaître s'il
existait réellement une communication directe entre l'atmosphère et la
cavité pleurale, ou si ie gaz contenu dans la plèvre était rentré accidentelle-
ment pendant l'opération, ce qui était peu probable en raison des précau-
tions que nous avions prises; car dans la première hypothèse, en recueillant
plusieurs échantillons de gaz, le dernier devait contenir plus d'oxygène que
le premier; dans la seconde hypothèse, les deux échantillons devaient pré-
senter la même composition. Les nombres ci-dessous répondent d'une ma-
nière tres-nette à ces questions :
Composition de 100 volumes de gaz extrait de la plèvre.
1er échantillon. 2e échantillon.
Oxygène i ,54o 5,392
Aeitle carbonique 10,820 8,823
Azote 87,640 85,785
» Nous nous sommes assurés du reste que le gaz, qui ne possédait pas
d'odeur fétide, ne renfermait aucun gaz combustible.
>> Le malade, avant été soulagé par cette première opération, en demanda
3o..
( 228 )
une seconde qui fut exécutée quatre jours après la première ; l'analyse des
gaz nous offrit des résultats plus intéressants encore que les précédents.
Composition de 100 volumes de gaz extrait de la plèvre.
1er échantillon. ae échantillon. 3e échantillon. !f échantillon
Oxygène °>49 5,42 9»4^ 1 5 , 3^
Acide carbonique.. 11,76 9,36 7,96 1 ,53
Azote 88,35 85,22 82,59 83, 10
100,00 100,00 100,00 100,00
» Le malade se trouvant infiniment mieux et désirant sortir, nous crûmes
devoir enlever le liquide qui existait encore dans la cavité pleurale, ce qui
fut fait huit jours après l'opération précédente, et l'on obtint ainsi 1 litre
de liquide séro-purulent.
» Nous recueillîmes du gaz avant et après la ihoracentèse, et l'analyse
nous donna les nombres suivants :
Gaz avant. Gaz après.
Oxygène °>9' 18,86
Acide carbonique 10, 55 1 ,88
Azote 88 , 54 79 , 26
IOOjOO 100,00
» Les analyses qui précèdent offrent de l'intérêt à plus d'un titre, non-
seulement parce qu'elles sont les premières qui aient été faites sur les gaz de
l'hydropneumothorax chez l'homme vivant, mais parce qu'elles montrent
une différence notable entre la composition de ces gaz et celle de l'emphy-
sème. Dans ce dernier, en effet, les gaz contiennent toujours une quantité
appréciable d'oxygène (4 à 5 pour ioo); dans l'hydropneumothorax les
gaz ne contiennent que des traces de ce gaz (jamais 1 pour ioo), ce qui est
dû sans doute au contact de l'air avec le liquide pathologique que contient
la cavité pleurale.
» L'augmentation de l'oxygène dans les échantillons successivement
recueillis démontre qu'il existait une communication directe entre la
cavité pleurale et l'atmosphère; aussi la composition du gaz recueilli se
rapprochait-elle de plus en plus de celle de l'air, à mesure que l'on multi-
pliait les échantillons : il est donc facile, à l'aide de l'analyse chimique, de
diagnostiquer s'il existe ou non, dans certains cas pathologiques, une com-
munication entre l'air extérieur et la cavité de la plèvre.
( 229 )
» John Davy avait, en 1824 { Archives générales de Médecine, tome VI,
page io4), fait l'analyse des gaz de rhydropneumothorax recueillis sur le
cadavre, il y avait trouvé 7 d'acide carbonique et 93 d'azote. Les résultats
de l'expérimentateur anglais laissaient à désirer parce qu'il recueillait ses
gaz sous l'eau, aussi présentent-ils des différences notables avec les nôtres.
» Si l'on compare les rapports de l'acide carbonique etde l'oxygène dans
nos analyses des gaz de l'emphysème traumatique et de l'hydropneumo-
thorax avec ceux que M. Cl. Bernard a obtenus dans les gaz du sang veineux
et du sang artériel, à l'aide de son procédé si rigoureux de l'oxyde de car-
bone, on obtient les nombres suivants :
Ac. carbonique. Oxygène.
Gaz du sang artériel (M. Cl. Bernard) 9, 12 : 100
Gaz du sang veineux (M. Cl. Bernard) 25, 00 : 100
Gaz de l'emphysème (Leconte et Demarquay) 83,33 : 100
Gaz de rhydropneumothorax (Leconte et Demarquay ) i554,oo : 100
Le dernier nombre a été calculé d'après la moyenne de trois analyses.
» La comparaison des nombres qui précèdent montre que l'air éprouve
dans les tissus sains une altération bien plus profonde que dans le sang
veineux, et à plus forte raison que dans le sang artériel, et enfin que dans la
plèvre, ou plutôt qu'au contact du liquide pathologique qu'elle renferme,
l'altération est bien plus profonde encore, puisqu'il reste à peine 1 partie
d'oxygène pour 1 5 parties d'acide carbonique.
» L'analyse chimique des gaz de rhydropneumothorax constitue donc
un moyen de diagnostic qu'aucun autre ne saurait suppléer, et notre travail
vient éclairer un point nouveau des modifications que l'air peut éprouver
dans l'organisme des animaux. »
PHYSIQUE appliquée. — Note sur l'altération produite sur le linge par les
sirops; par M. P. Doré. (Extrait par l'auteur.)
» Les sirops en général et le sirop de sucre en particulier, déposés sur
du linge et exposés dans un endroit dont la température est modérée, se
dessèchent, enlèvent au linge sa flexibilité et sa ténacité, au point que celui-
ci se déchire sous un effort très-faible. A la première inspection de la déchi-
rure, il semble que le linge a été touché par un corrosif, par l'acide sulfu-
rique étendu, par exemple.
( 23o ',
» Dans ce cas, la flexibilité et la ténacité des filaments disparaissent et
participent aux propriétés moléculaires du sucre; ce sont des phénomènes
analogues qui se passent lorsque du linge mouillé d'eau est exposé à un cer-
tain froid : le linge devient cassant; et aussi lorsque le tisserand n'a pas
maintenu les fils de sa chaîne suffisamment humides : le paron ou parement
se durcit et les fils se brisent.
» Cette action physique d'un sirop sur le linge s'est présentée chez une
malade dont le mari inquiet m'apporta du sirop de Tolu à examiner. J'ai
cru devoir consigner ces résultats de mes recherches, car, au point de vue
delà pratique pharmaceutique et médicale, il peut arriver que ce phéno-
mène, remarqué dans la chambre d'un malade et exploité par la mal-
veillance jointe à l'ignorance, porte atteinte à la réputation d un médecin
et d'un pharmacien. Ajoutons que dans un moment d'épidémie une sem-
blable remarque pourrait pousser des hommes exaspérés jusqu'au crime! »
M. Coinde adresse de Bone une Note sur les pucerons et gallinsectes de
l'Algérie, sur lanalogie de la faune de Bone et celle du Kef (Tunisie), enfin
sur des changements instantanés de couleur observés chez certains in-
sectes, de ce pays.
(Renvoi à l'examen de M. Blanchard.)
M. Oletti envoie de Turin un petit appareil chronométrique, qu'il
désigne sous le nom de Montre luni-solaire, et qui est destiné à indiquer
en même temps l'heure moyenne, comme les montres ordinaires, et l'heure
de la haute et la basse mer. L'auteur, qui ne connaît que d'une manière
tres-vague les sujets de prix proposés par l'Académie, a pensé que son in-
vention pourrait être admise parmi les pièces de concours, non-seulement
pour le prix de mécanique, mais encore pour le prix concernant la théorie
mathématique des marées.
M. Babinet est invité à prendre connaissance de l'envoi de M. Oletti, et à
faire savoir à l'Académie si son invention est de nature à devenir l'objet
d'un Rapport.
A 4 lieures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
( a3i )
COMITÉ SECRET
M. Boussingault, doyen de la Section d'Économie rurale, présente là
liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante par
suite du décès de M. Vilmorin.
En première ligne. ... M. Ch. Martixs, professeur à la Faculté de
Médecine, à Montpellier.
En seconde ligne. . . . M. de Vibraye, agriculteur, à Chevernv
(Loir-et-Cher).
En troisième ligne. ... M. Parade, directeur de l'École forestière,
à Nancy.
Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la
prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du a février i863 les ouvrages
dont voici les titres :
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. DECAISNE; 60e livraison. Paris,
1 863 ; in-4°, avec planches.
Eloge de M. Tliénard prononcé dans la Séance publique annuelle de l Aca-
démie impériale de Médecine du g décembre 186a; par M. Frédéric Duf.oi^
(d'Amiens). Paris, i863; in-4°.
Traité d'anestliésie chirurgicale; par Maurice Perrin et Ludger-Lalle-
mand. Paris, i863; in-8°.
De la glycérine, de ses applications à la chirurgie et à la médecine; peu
M. Demarquay. Paris, 1 863 ; in-8°.
Geografia... Géographie du Pérou, oeuvre posthume du Dr Mateo Paz
( 23a )
Soldais; corrigée et augmentée par son frère Mariano -Felipe Paz Soldais.
(Publié aux frais du gouvernement péruvien, sous la présidence de M. R.
Castilla.) T. Ier. Paris, 1862; fort vol. in-4°.
Vergleichende... Osléotogie comparée du saumon du RI dn, avec un coujt
d'œil rétrospectif sur samyologie, précédée de remarques sur ta trame constituante
du squelette des vertébrés ; par C. Bruch ; sept planches lithographiées et gra-
vures sur bois. Mayence, 1862; format atlas.
Die Wirbeltheorie... La théorie des vertèbres crâniennes mise à l'épreuve
pour te squelette du saumon; par le même. Francfort-sur-le-Mein, 1862;
in-4°.
Ueber die... Sur te développement de la colonne vertébrale et le classement
systématique de la Rana fusca; parle même; 1 feuille in-8°.
Ueber osteologische. . . Sur les caractères spécifiques empruntés à iostéologic
pour le genre Carpe y par le même ; demi-feuille in- 8°.
Ueber peripherische... Sur l'ossification périphérique chez les grenouilles et
sur les différences entre les ossifications primordiales et secondaires; par le
même; demi-feuiile in-8°.
Beitràge... Contributions pour servir à i histoire du développement du système
osseux; par le même. (Extrait des Mémoires de la Société générale des Natu-
ralistes suisses; XIIe vol. Zurich, 1862.)
Vergleichend... Sur le métacarpe des poissons; par le même; 2 feuilles
in-8°, 1861.
Ueber die... Sur le développement de la clavicule et la couleur du sang ; par
le même; 2 feuilles in-8°.
Die Faim a . . . La Faune et la Flore des environs de Moscou; par E.
d'Eichwald. Moscou, 1862; br. in-8°.
{ 233
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS DE JANVIER 1865.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; i " se-
mestre i863, nos i à 4 ; in-4°-
Annales de V Agriculture française ; 5e série, t. XX, nos i i et 12; t. XXI,
n° i; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques ; i\' année, nouvelle période, t. I,
nos ii et i2;in-8°.
Annales de la Société des Sciences industrielles de Lyon, i863; n° 7; in-8°.
Annales médico-psychologiques; 4e série, t. I, 21e année; janvier i863 ;
in-8°.
Annales de la Société d' hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances; i. IX, 3e, 4e et 5e livraisons; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; janvier i863; in-8°.
Atti dell1 Academia pontificia de Nuovi Lincei; i4e année, 6e session. Rome;
in-4°.
Atti del reale Insliluto Lombnrdo di Seienze, Leltere et Arti; vol. 3; fasc. g
et 10. Milan; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, n°* 7 et 8; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; décembre 1862; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique ; 2e série, t. V, nos 9
et 10; in-8°.
Bulletin de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France; 2e série,
t. XVIII, n° 1 ; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé par
MM. Combes et Peligot; 2e série, t. IX, novembre 1862; in-4°.
Bulletin de la Société de Géographie; 5e série, t. IV; décembre 1862; in-8°.
Bibliothèque universelle et Bévue suisse; t. XV, n°6o; Genève; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; 8e ann^e, décembre 1862
in-8°.
C. R., iSU3, Ier Semestre. (T. LVI, N° S.) 3 I
( *34 )
Butlettino meteorotogico dell' Observalorio del collegio romano; vol.I, nos 22,
23 et 24; vol. II, n° i.Ronie; in-4°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 1 2e année, t.XXII,nosi à 5; in-8°.
Edinburgh new Philosophiçal journal ; nouvelle série, n° 32; vol. XVI.
n° 2, octobre 1862; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; 36e année, nos 1 à i3; in-8°.
Gazette médicale de Paris; 33e année, t. XVIII, nos 2 à 5; in-40.
Gazelle médicale d Orient ; 6e année, décembre 1862 ; in-4°.
Il Nuovo Cimento — Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle;
t. XVI, août et septembre 1862. Turin et Pise; in-8°.
Journal a" Agriculture pratique ; 27e année, 1 863, n° 2; in-8°.
Journal de Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie ; t. IX, 4e série,
janvier i863; in-8°.
Journal de l<i Société impériale et centrale d' Horticulture; t. VIII, dé-
cembre 1862; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; 22e année, t. XLI, janvier 1 863 ;
in-8°.
Journal des Vétérinaires du Midi ; 26e année, t. VI, janvier 1 863 ; m-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, nos 1.
2 et 3 ; in-8°.
Journal d'Agriculture de laCàte-d'Or; novembre 1862; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; 2e série, août, septembre et
octobre 1862; in-4°-
Journal de Médecine vétérinaire militaire ; t. I, janvier i863; in-8".
La Culture; 4e année, t. IV, nos i3 et 14; in-8°.
L'Agriculteur praticien; 3e série, t. IV, nos 6 et 7; in-8°.
L'Art médical; 9e année, t. XVII, janvier 1 863; in-8°.
L'Abeille médicale; 20e année; n°5 1 à 4; in-4°.
L'Art dentaire; 6e année, décembre 1862; in-8".
La Lumière; i3e année, nos 1 et 2; in-4°-
La Science pittoresque ; 7e année; nos 36 à 4o; in-4°.
( a35 )
La Science pour tous; 8e année; nos 5 à 9 ; in-4°.
La Médecine contemporaine ; 4e année; n° 27; 5e année, n" 1; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie ; 2e année; nos 20 et 21 ; in-4°
Le Technologiste ; 2/je année, janvier i863 ; in-8°.
Le Gaz; 6e année; n° 11, in-4°-
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; 6e année, t. X; janvier
i863; in-8°.
Magasin pittoresque; 3 Ie année ; janvier 1 863 ; in-4°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d' Astronomie de Londres ,
vol. XXIII, n°a; in-12.
Nouvelles Annales de Mathématiques; 2e série; janvier i863; in-8°.
Observatorio... Publications de l'Observatoire météorologique de l'Infant
don Luiz, à l'Ecole polytechnique de Lisbonne , nos 35, 36 et 3y ; in-fol.
Presse scientifique des Deux Mondes ; année 1 863, t. Ier, nos 1 et 2 ; in-8°.
Revue maritime et coloniale; t. VII, janvier 1 863 ; in-8°.
Répertoire de Pharmacie ; t. XIX; janvier i863; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; 3oe année, nos 1 et 2; in-8°.
Revista de obras publicas. Madrid ; t. XI, nos 1 et 2 ; in-4°-
Revue viticole ; 4e année; décembre 1862; in-8°.
The journal of materia medica ; vol. IV; novembre et décembre 1862;
in-8°.
The journal oj thc rojal Dublin Society; n°5 26, 27 et 28; juillet 1862 a
janvier 1 863 ; in-8°.
ËHRATA.
(Séance du 26 janvier i863.)
Page 184, ligne 6; au lieu de: au nom de M. Dubois, d'Angers, lises; au nom dt
M. Dubois, d'Amiens.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 9 FÉVRIER 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉLECTRO-CHIMIE. — Mémoire sur la décomposition électro-chimique des
substances insolubles; par M. Becquerel. (Extrait.)
« Depuis la découverte de la décomposition de l'eau par la pile, vers
1800, on n'a pas cessé de s'occuper de l'action chimique de l'électricité,
qui est devenue, entre les mains de Davy, le point de départ de découvertes
du premier ordre. Dans son remarquable Mémoire de 1806, il attira par-
ticulièrement l'attention du monde savant en démontrant qu'avec des piles
de i5o éléments au moins on parvenait à retirer des substances insolubles,
par l'intermédiaire de l'eau distillée et de deux lames de platine ou d'or
servant d'électrodes, les éléments acides, alcalins ou terreux qui entrent
dans leur composition ou qui s'y trouvent à l'état de mélange. C'est ainsi
qu'il est parvenu à enlever au verre et à un grand nombre de corps le
chlorure de sodium qu'ils contiennent; d'où il conclut que la plupart des
minéraux avaient été immergés dans l'eau de la mer.
» En 1808, presque au début de sa carrière scientifique, notre confrère
M. Chevreul trouva qu'une hornblende, dont il avait fait l'analyse [Jour-
nal de Physique, t. LXVI) , contenait ainsi que d'autres minéraux des
traces d'alcali et d'acide muriatique, qui ne faisaient pas partie de leur
C. R., i863, ier Semestre. (T. LVI, N° 6.) 32
( a38 )
composition. Il rappela à ce sujet que Bayen avait signalé également l'exis-
tence du sel marin dans les serpentines; les observations faites au spectro-
mètre conduisent à la même conséquence.
» MM. Al. Brongniart et Malaguti décomposèrent plus tard le feldspath
avec des piles de 25o éléments. Dans ces expériences, il est probable que
la couche liquide qui adhère aux surfaces par l'action capillaire, et dont
l'épaisseur est infiniment mince, en se polarisant, remplit les fonctions
d'électrode et opère ainsi la décomposition des substances; mais comme la
quantité d'électricité qui la traverse est excessivement faible, il s'ensuit que
l'électrolvsation l'est également.
» Quand les électrodes sont eu contact avec les substances, on obtient
dans un grand nombre de cas, avec des piles composées de 10 à 5o élé-
ments, des effets beaucoup plus marqués que ceux dont il vient d'être
question; mais l'électricité agit dans ce cas non directement, mais indirec-
tement, puisque son action se borne à présenter aux substances insolubles
les éléments à l'état naissant avec lesquels elles se combinent suivant les
lois des affinités.
» Lorsqu'on fait passer, par exemple, un courant de moyenne force a
l'aide de deux lames de platine, dans de l'eau distillée, au fond de laquelle
se trouve du soufre natif en petits fragments, en évitant le contact du
soufre avec les électrodes, l'eau seule est décomposée et le soufre reste
intact; le contact est-il établi avec les deux électrodes ou l'une d'elles,
l'eau est également décomposée, mais l'oxygène et l'hydrogène qui sont à
l'état naissant, dans les points de contact, réagissent sur le soufre et les
substances qu'il contient à l'état de combinaison ou de mélange, et il en
résulte, du côté positif, de l'acide sulfurique, et du côté négatif, de l'acide
sulfhydrique etdessulfhydrales, suivant les localités, de soude, de chaux,
de strontiane, etc., etc
» Les combinaisons de soufre soumises au même mode d'expérimenta-
tion donnent des résultats semblables. Le sulfure de carbone, quoique
insoluble, jouit de la propriété de se mélanger à l'eau en parties très-ténues
qui lui communiquent son odeur propre; il donne au pôle positif de l'acide
sulfurique et de l'acide carbonique, et au pôle négatif de l'acide sulfhy-
drique, de l'hydrogène carboné et même des su If hydrates, quand bien
même les électrodes ne se trouvent pas en contact avec le sulfure de car-
bone qui est au fond de l'eau.
» Les sulfures métalliques insolubles donnent lieu à des produits du
même genre, mais variant de nature suivant que les bases sont plus ou
( *39 )
moins réductibles. Le cinabre, le sulfure d'argent sont réduits avec for*
mation d'acide sulfhydrique et même de sulfhydrates de bases qu'ils
peuvent contenir.
» Il n'en est pas de même des sulfures, qui peuvent être transformés en
sulfures basiques. C'est ce qui arrive, suivant la force de la pile, avec les
sulfures de plomb, de fer, etc., et notamment avec le enivre pyriteux,
double sulfure de cuivre et de fer qui se transforme en peu de temps, sur-
tout en ajoutant à l'eau une faible quantité d'alcali , en cuivre panaché
irisé, en tout semblable à celui de la nature.
» Les sulfates, les carbonates, arséniates métalliques insolubles, se com-
portent de même. La malachite fibreuse, soumise à l'action d'un courant
peu intense, est transformée en cuivre métallique qui conserve la texture
du minéral.
» Les appareils électriques simples, qui m'ont servi longtemps à former un
grand nombre de composés ayant leurs analogues dans la nature, donnent
des résultats semblables. Ces appareils sont composés de substances solides
et liquides qui, en réagissant les unes sur les autres lentement, fournissent
l'électricité, dont l'action concourt avec les affinités à la production de
nouveaux composés. Je citerai quelques exemples.
» Dans un tube de verre fermé par un bout, on a introduit du protochlo-
rure de mercure, de l'eau distillée et une lame de cuivre en contact avec le
protochlorure, puis le tube a été fermé avec soin, mais non hermétique-
ment. Cette préparation a été faite en 1837 : il s'est déposé, au bout de
quelques années, des cristaux, presque imperceptibles d'abord, d'amal-
game de cuivre d'un brillant métallique éclatant et dont les faces sont d'une
netteté remarquable. Ces cristaux sont des prismes droits rhomboklaux,
terminés par des pyramides quadrangulaires. En examinant avec attention la
lame de cuivre, on voit qu'elle a constitué un couple voltaïque dont la par-
tie supérieure a été le pôle positif; il est facile ensuite de se rendre compte
des effets produits en admettant que les protochlorures de mercure et de
cuivre ne soient pas complètement insolubles dans l'eau.
» Avec le plomb, on obtient également des cristaux d'amalgame qui pa-
raissent avoir la même forme que les précédents et que celle des cristaux
d'amalgame de sodium, ce qui indique une même composition atomique.
» Dans les expériences précédentes, l'électricité n'intervenant que pour
mettre à l'état naissant les éléments de l'eau et des sels, afin qu'ils puissent
agir sur les substances insolubles, on conçoit que les matières organiques
3î..
( 240 )
ou inorganiques en décomposition, se trouvant en contact avec les mêmes
substances dans la terre, doivent donner lieu à des effets semblables.
» Je traite ensuite dans mon Mémoire de deux séries d'expériences dont
les résultats ne sont pas sans intérêt.
» Les fils ou lames de platine négatifs qui ont servi à opérer des décom-
positions chimiques, même dans les actions lentes, pendant plus ou moins
de temps, jouissent de la propriété, quand on les plonge dans la flamme
du spectromètre, de faire connaître immédiatement les bases alcalines et
terreuses qui se trouvent déposées sur leur surface, même en quantités
très-minimes.
» Dans le cours de mes recherches, j'ai été amené à m'occuper de la
silice, de l'alumine et du sesquioxyde de fer, solubles dans l'eau, que
M. Graham a obtenus dans ses belles recherches sur la dialyse; dans quel
état se trouvent ces bases? L'électricité le fait connaître : lorsque l'on soumet
ces dissolutions à l'action d'une pile d'une dizaine d'éléments, il se dépose
sur la lame négative de la silice, de l'alumine ou du sesquioxyde de fer en
gelée, ce qui ne peut avoir lieu qu'autant que ces bases forment des hy-
drates solubles; dans l'électrolysation, l'eau qui joue le rôle d'acide se
rend au pôle positif, où elle est décomposée, et la base au pôle négatif.
Pendant l'expérience, il se dégage une quantité assez abondante de gaz
hypochloreux, surtout avec la dissolution de silice, ce qui prouve que les
dissolutions, quoique neutres, contiennent encore du chlore.
» En cherchant à oxyder le silicium au pôle positif dans l'eau distillée,
avec une pile de 80 éléments à sulfate de cuivre, j'ai reconnu que ce métal-
loïde n'était pas un corps non conducteur, comme on le croyait, mais qu'il
possédait une conductibilité suffisante pour produire des effets de chaleur
remarquables quand il est traversé par un courant électrique, en raison de
la grande résistance cpi'il éprouve. Si l'on met du silicium en petits cristaux
cylindroïdes préparés par le procédé de M. Deville, et que je dois à son
obligeance, dans une capsule de porcelaine ou, mieux encore, de platine,
en communication avec l'un des pôles de la pile, et que l'on ferme le circuit
avec un fil de platine de 1 millimètre de diamètre au moins, en ne touchant
seulement avec ce fil qu'un des petits cristaux, on voit aussitôt ce dernier
devenir incandescent, ainsi que les cristaux adjacents. En élevant le fil,
tous les cristaux se suivent en formant une petite chaîne ayant une tempé-
rature rouge-blanc; il se produit en même temps une fumée blanche plus
ou moins visible, suivant la force de la pile, et ayant une odeur approchant
de celle qui se développe quand on brise un morceau de silex.
( a4i )
» Cette chaleur intense est réellement produite par la résistance qu'é-
prouve l'électricité en traversant le silicium, car on obtient ce résultat en
employant une pile d'une force telle, qu'en touchant la capsule de platine
avec le fil de même métal on n'aperçoive qu'une faible étincelle.
» Si l'on expérimente avec une pile de 20 éléments à acide nitrique, les
effets de chaleur sont des plus intenses, le vase de platine est perforé, fondu
dans la partie en contact avec la substance, ainsi que le bout de fil de pla-
tine, et il se dégage en même temps une fumée blanche avec formation de
silice qui se dépose en poussière sur le platine fondu, et de siliciure de ce
métal.
» Avec des électrodes de charbon, on obtient des effets complexes
résultant de leur combustion et des effets ci-dessus décrits. La production
de lumière est alors des plus vives, et l'œil n'en peut supporter l'éclat.
Dans ce cas et le précédent, il faut opérer sur une plaque de cristal de roche,
dont la surface se recouvre de silice : cette silice vue au microscope paraît
être à l'état vitreux.
» Les faits exposés dans ce Mémoire mettent bien en évidence l'influence
du contact des électrodes avec les matières insolubles pour opérer leur
décomposition, en employant des piles d'intensité moyenne, non par une
action directe de l'électricité, mais par l'effet d'actions secondaires que la
nature doit employer fréquemment. »
physiologie. — Note sur l'infection purulente ; par M. Floure.ns.
« Dans mes études sur les abcès du cerveau, j'ai commencé par me don-
ner un moyen de produire des abcès à volonté. L'introduction dans le cer-
veau d'un corps étranger quelconque : morceau de bois, de fer, caillou,
balle d'étain, de plomb, etc., m'a suffi pour cela.
» Dans ces études, j'ai été étonné de deux choses : d'abord, de la facilité
avec laquelle le pus se produit, et ensuite de la facilité avec laquelle il se
résorbe. Dix ou douze heures après l'introduction d'un corps étranger dans
le cerveau, il y a du pus; et du quarantième au cinquantième jour il n'y
en a plus : l'animal est guéri.
» Je lisais, en ce moment-là, le beau chapitre de M. Maisonneuve, intitulé :
Découverte de l'infection purulente. Cette découverte, car c'en est une : l'au-
teur l'a bien nommée, est l'une des plus importantes de la chirurgie contem-
poraine. L'infection purulente est un des accidents les plus terribles des
:;'|2 )
opérations chirurgicales. Sur ce point, M. Maisonneuve ne laisse aucun
cloute.
» Comment ! dans mes expériences, la résorption du pus amène la gué-
rison ; et, dans les opérations chirurgicales, la résorption du pus cause la
mort ! A quoi peut tenir une telle différence entre ces deux espèces de
résorption ?
» Je fis, au moyen d'un trépan, une ouverture sur le crâne d'un chien ,
d'ailleurs parfaitement sain; et j'introduisis par cette ouverture, entre le
crâne et la dure-mère, deux ou trois gouttes à peine de pus pris sur un
autre chien (i).
» Au bout de quelques heures, l'animal tomha dans un abattement pro-
fond; il se tenait constamment couché, il ne pouvait supporter sa tète, évi-
demment elle lui pesait, il l'appuyait par terre; mis debout, il se tenait
quelques instants sur ses jambes et se recouchait; il n'avait ni paralysies ni
convulsions; il ne se plaignait ni ne gémissait : c'était un coma profond,
mais comavigit, avec les yeux ouverts et voyants, et sans respiration bruyante.
Un flux perpétuel de pus s'écoulait par l'ouverture du crâne.
« Je n'ai guère vu de chien ainsi opéré survivre plus de deux ou trois
jours à l'opération.
» Après la mort on a trouvé une quantité énorme de pus dans le crâne,
autour du cerveau, dans les ventricules; la dure-mère en était gorgée; elle
était gorgée de pus et de sang : la véritable cause de la mort de l'animal
avait été une méningite.
» On n'a trouvé d'ailleurs de pus que dans le crâne. On n'en a trouvé
dans aucun viscère ni de la poitrine ni de l'abdomen; on n'en a point
trouvé dans les veines.
» Ainsi, deux ou trois gouttes à peine de pus, pris sur un chien et porté
sur la dure-mère d'un autre chien, ont produit une méningite. Je ne con-
nais pas, en physiologie, d'analyse plus difficile à faire que l'analyse, et, si
je puis ainsi dire, que le triage des symptômes delà méningite d'avec ceux
de Y encéphalite. Les plus habiles y ont échoué.
» Et la question est déjà ancienne. Elle date du temps de Morgagni.
« Henri Meibomius, ce grand anatomiste, dit Morgagni, pose en thèse que,
» dans la phrénésie, la substance même du cerveau n'est point enflammée.
(i) Tantôt le pus a été mis sur la dure- mère et tantôt sous (entre la dure-mère et le cer-
veau) : le résultat a été le même.
( 243 )
» Quant à moi , je ne nie point qu'elle le soit quelquefois ; mais
» je ne dissimulerai pas non plus qu'il est des cas où elle ne l'est
» point (i). »
» Je pose la question dans les termes où la posaient Meibomius et Mor-
gagni : La méningite est-elle distincte deVen<éjilinlile?
» Évidemment la méningite pure est, primitivement et en soi, essentielle-
ment distincte de l'encéphalite ; mais, évidemment aussi, les deux inflam-
mations ne tardent pas à s'associer : celle des méninges et celle de ïécorce
du cerveau, comme parle Morgagni. Dans mes expériences, le cerveau a
toujours conservé sa fermeté normale, mais il élait tout parsemé de points
rouges, signe certain de son inflammation.
» La paralysie, comme l'a remarqué M. Serres, ne se joint jamais à la mé-
ningite. Le signe palhognomonique de la méningite est le coma, tel que je l'ai
défini, et, pour le cas du moins de mes expériences où la méningite a été
produite par du pus porté d'un animal sur un autre animal : une sécrétion
de pus excessive.
» La caractéristique, j'emprunte ce mot à la zoologie, la caractéristique de
ce qu'on appelle les tissus blancs (cartilages, tendons, aponévroses, etc. ) fait
le désespoir de la physiologie. On ne peut cependant en prendre sou parti.
Combien d'incommodités, combien de malaises, combien d'affections dites
rhumatismales, goutteuses ou de tout autre nom, ont pour siège les tissus
qu'on nomme les tissus blancs! A chacun de ces tissus répond un mal pos-
sible, un mal qui peut aller de la plus insignifiante douleur jusqu'à la dou-
leur la plus atroce.
» Haller a posé l'insensibilité absolue de ces tissus; mais Haller n'a connu
que l'état normal. J'ai fait voir que, dans l'état malade, dans l'état irrité ou
enflammé, ils sont d'une sensibilité extrême. J'ai enflammé la dure-mere
par l'application d'un •vésicatoire : on ne pouvait la piquer ou la pincer
(i) Ipsi autem negari non posse, eredunt, ceiebrum, aut saltem cerebri corticem
semper in phrenetide esse inflammatum. Quod tanien diserte negabat Henrkus Meibomius,
anatomicus prœstantissimus, cuni banc tbesim proposuit : In phrenetide ipsa cerebri substan-
tiel non injlammatur. Ego vero non modo aliquando inflammari, non nego; sed eas quae
in Sepulchreto sunt, observationes addere alias possnm, ut Lanzoni, qui in adolescente ex
maligna febri délirante cerebrum maculis nigris undequaque conspersum , cum membranis
lividis invenit Sed cum lias aliasque addidero, tôt illas dissimulare non potero in qui-
bus nulla usquam in cerebro reperta est inflammatio » De sedibus et eausis morbo-
rum, epistol.i vu, p. 43 (t. III, 1764)-
( *44 )
sans produire de la douleur. Dans la méningite, la dure-mère, enflammée,
est également sensible. J'ai dévoilé, j'ai démasqué, par l'inflammation ,
la même sensibilité dans les tendons, dans les aponévroses, et jusque dans le
périoste.
» Je reviens à mon expérience, et je me résume. Deux ou trois gouttes
à peine de pus, pris sur le cerveau d'un chien et porté sur la dure-mère d'un
autre, produisent donc la méningite et causent ia mort. La théorie de l'infec-
tion purulente est, comme le dit M. Maisonneuve, une des théories qui
appellent le plus fortement aujourd'hui l'attention de la chirurgie. »
PATHOLOGIE COMPARÉE. — Méningite comateuse sans paralysie ;
iVo/e de M. Serres.
<( Un gibbon est mort il y a quelques jours à la Ménagerie, à la suite
d'un coma, sans paralysie, qui a duré quatre ou cinq jours.
« A l'autopsie, le cerveau enlevé avec grand soin nous a offert une mé-
ningite granuleuse, et de plus un ver vésiculaire enkysté qui paraît avoir
été le point de départ de la méningite comateuse ou apoplectique (apo-
plexie méningée). »
géodésie. — Appareil pour ta mesure statique de la pesanteur;
par M. Babixet.
« Sir John Herschel, dans son excellent ouvrage intitulé : Out-lines of
Astronomy (Esquisses d'Astronomie), s'exprime ainsi, au sujet de la mesure
de la pesanteur : « Les moyens par lesquels la variation de la gravité peut
» être reconnue et la quantité de cette variation mesurée sont de deux
» sortes (comme toutes les mesures des puissances mécaniques), savoir : les
n moyens statiques et les moyens dynamiques. Les premiers consistent à
» mettre le poids d'un corps en équilibre, non pas avec le poids d'un autre
» corps, mais bien avec une force naturelle d'une différente espèce, et qui
» ne soit pas dépendante de la position qu'occupe cette force sur le globe.
» Telle est la force élastique d'un ressort. » [Out-lines, art. 234.) Sir John
propose de faire usage d'un ressort en hélice chargé à son extrémité infé-
rieure d'un poids qui produirait un allongement plus grand du ressort
quand la pesanteur augmenterait d'intensité. Il estime qu'on pourrait
espérer d'avoir ainsi le moyen de mesurer l'intensité de la gravité dans une loca-
lité quelconque à un dix-millième de sa valeur totale. Il ajoute en note : « Les
» grands avantages qu'un tel appareil et un tel mode d'observation pos-
( 245 )
» selleraient sous le rapport de la commodité, du peu de frais, du facile
» transport et de l'économie de temps, comparativement au procédé ordi-
» naire qui est laborieux, fastidieux et dispendieux, rendent des essais de
» ce genre bien dignes d'être tentés. »
» J'avais pensé, il y a déjà plusieurs années, au moyen suivant d'équi-
librer la pesanteur par la force de torsion d'un fil métallique. Imaginons
qu'on prenne une balance ordinaire et que l'on fixe à l'axe de cette balance,
et dans le prolongement de la ligne du tranchant des couteaux qui portent
le fléau, un fil métallique horizontal qui soit d'une force convenable; il est
évident qu'en donnant à ce fil métallique, par son bout libre, une torsion
suffisante, on fera équilibre à un poids placé dans le plateau que la torsion
tendrait à soulever. La pesanteur serait donc balancée par la force de tor-
sion du fil métallique. Je ne m'arrêterai pas à énumérer les inconvénients
de ce procédé, qui demande un fil beaucoup trop fort, et dont la torsion
est influencée par la tension qu'on est obligé de donner au fil métallique
pour le maintenir rectiligne. Quelques essais que notre confrère M. d'Ab-
badie a bien voulu faire d'après cette idée n'ont abouti qu'à constater le
peu d'espoir de succès que pouvait laisser ce procédé d'ailleurs tout à fait
rationnel.
» J'ai été plus heureux en commençant par diminuer considérablement
l'action de la pesanteur au moyen du pendule bifilaire qui transforme l'ac-
tion verticale de la gravité en une force horizontale qui est égale à la pe-
santeur primitive diminuée dans le rapport de la demi-distance des fils pa-
rallèles du bifilaire à la longueur de ces mêmes fils. Si les fils de suspension
du bifilaire sont distants de 10 millimètres, et qu'ils aient un mètre de long,
la pesanteur ramènera le bifilaire vers son point de repos définitif avec
une force qui sera le deux-centième de la pesanteur directe. Si par exemple
le bifilaire porte un poids de i kilogramme, ou bien de iooo grammes, il
sera ramené vers son point de repos avec une force égale à 5 grammes, qui
sont la deux-centième partie du kilogramme.
» Attachons maintenant au-dessous du poids que porte le bifilaire un
fil métallique vertical tendu par un petit poids constant et qui réponde au
milieu de l'intervalle des fils de suspension. On lui donnera une torsion en
sens contraire de celle que l'on donne au bifilaire. Tl est évident que si la
torsion du fil ramène le corps suspendu au bifilaire à sa position primitive,
il y aura équilibre entre la force de torsion d'une part, et la pesanteur di-
minuée de l'autre, et comme on peut à volonté graduer l'action de la pe-
C. R., iSG'i, ier Scmcstie. (T. LVI, N° C.) 33
( 246 )
santeur par le moyen d'un bifilaire convenable, on pourra se servir pour
la torsion d'un fil métallique suffisamment délicat pour éviter de sortir des
limites de l'élasticité parfaite de torsion.
» Avant d'aller plus loin, je dois déclarer que pour la disposition de mon
appareil, pour éviter l'influence de la tension sur la force de torsion, pour
éviter le temps perdu dans les contacts qui déterminent le commencement
des torsions, enfin pour tout ce qui n'est pas l'idée du fractionnement de
la pesanteur par le bifilaire, je dois tout aux conseils et aux exigences éclai-
rées de sir John Herschel, notre illustre confrère. Sans lui mon appareil ne
serait pas sans doute devenu pratique et, suivant lui, exempt de toute ob-
jection. Il ajoute qu'autant que ses connaissances peuvent s'étendre dans
cette matière, il ne voit rien qui s'oppose à l'emploi de cet instrument, sans
cependant renoncer aux perfectionnements de détail que la pratique pourra
suggérer.
» Pour raccourcir de moitié l'appareil, on fera descendre le fil de torsion
entre les deux fils du bifilaire; mais pour ne point compliquer ici l'idée
simple d'un bifilaire qui porte un poids de i kilogramme, et qui est ramené
vers son point de repos définitif avec une force de 5 grammes, nous admet-
trons que le fil de torsion soit attaché au-dessous du poids et pende libre-
ment et rectilinéairement, sans qu'aucune traction provenant de l'attache
de l'extrémité inférieure du fil vienne influencer sa force de torsion. Cela
posé, je donne au bifilaire une rotation de 900 par le moyen de la pièce à
laquelle il est suspendu. Le poids se fixe à 900 de sa position primitive.
Maintenant, au moyen d'une pièce tournante placée au-dessous de l'extré-
mité du fil de torsion, et sans lier cette extrémité, je donne au fil métal-
lique une torsion en sens contraire du déplacement du bifilaire, de manière
à ramener le poids suspendu au bifilaire à sa position de départ. Admettons
que ce fil ait été choisi tel, que sa torsion soit alors de 1800; et comme il
serait difficile de choisir un fit qui, pour cette torsion, ramenât exactement
le poids à son point de départ, on ajoutera ou l'on retranchera à ce poids,
que j'appelle 1\ un poids convenable^, qui ramené le poids P à sa posi-
tion de départ. Alors le poids P + p, suspendu au bifilaire déplacé de 900,
lait équilibre à une torsion de 1800 du fil métallique. Alors, si l'on trans-
porte l'appareil dans une autre localité où la pesanteur soit moindre par
exemple, ici le poids P •+- p ne fera plus équilibre à la torsion du fil, et
on sera obligé d'ajouter au poids P + /> un poids additionnel p' pour
ramener la pariie inférieure du bifilaire à son point de départ. En France
( ^1 )
la pesanteur varie d'environ -nruTTô pour chaque degré de latitude, en sorte
que si pour Paris on avait P-}-pégal à i kilogramme ou 1000 grammes, il
faudrait à Bordeaux, qui est 4° ;m sud de Paris, ajouter un poids égal
à yôuôtt de 1000 grammes, c'est-à-dire 4 décigrammes, pour rappeler l'extré-
mité inférieure du bifilaire à son point de départ.
» Un décigramme ajouté au poids que porte le bifilaire pour chaque
deçré de latitude est une quantité considérable qui permet d'espérer que
les variations de la pesanteur seront très-sensibles, même pour deux stations
qui ne différeraient que d'un petit nombre de minutes en latitude. Les me-
sures du pendule exécutées en France par MM. Biot et Mathieu laissent une
incertitude d'environ jôoTô» ce I11' correspond à \ de degré et à une varia-
tion en hauteur d'un peu plus de ioo mètres.
» Il m'est impossible, sans une figure, de décrire les divers modes de
pointé qui servent à ramener le bifilaire et le fil de torsion aux mêmes points
dans les deux stations pour lesquelles on veut comparer la pesanteur. Il
faut remarquer qu'il n'y a ici aucune loi de torsion à connaître ou à
admettre. Un bifilaire dévié d'une quantité donnée est ramené à son point
de départ par un poids P + p à la première station, et cela contre l'action
d'une torsion de i8o°. A la seconde station, où la pesanteur est, je suppose,
plus faible, il est ramené au même point, contre; la même force de torsion,
au moyen d'un poids V -\- p + p' . Le rapport des deux pesanteurs sera
donc le quotient de P -+- p -+- p' par P -t- p.
» En faisant osciller un bifilaire, on pourrait avoir une mesure absolue
de la pesanteur; mais il vaudrait mieux observer le poids qui ramène le bifi-
laire dans une localité où la pesanteur ait été bien déterminée, comme à
Kcenigsberg, où Bessel a exécuté une mesure absolue de la pesanteur qui
est sans rivale. Ensuite on conclurait, au moyen du bifilaire et du fil de
torsion, sa valeur absolue pour toutes les stations du monde entier par un
procédé expéditif.
» Mon appareil ne comporte ni mesures d'angles, ni mesures de lon-
gueurs, ni emploi du temps. L'influence de la température sur le bifilaire
est nulle, puisque son fractionnement de la pesanteur dépend du rapport
de la demi-distance des fils de suspension à la longueur de ces fils, et ce
rapport sera constant si les fils sont fixés à des pièces qui soient du même
métal que les fils de suspension. Quant à l'action de la température sur le
fil de torsion, on en aura une table faite à loisir au point de départ prin-
cipal. Ainsi que le remarque sir John Herschel, l'appareil, porté sucefssi-
33.
( »48 )
vement dans deux chambres inégalement échauffées, donnera lui-même, en
peu de minutes et par deux simples pesées, le moyen de ramener le résulta!
à une température donnée et la même pour toutes les stations.
» Une balance ordinaire, chargée d'un poids de 1000 grammes, peut
être sensible au milligramme. Si, comme il est probable, la balance formée
par le bifilaire et le fil de torsion est sensible au même degré, on observerait
une variation sensible de pesanteur pour un centième de degré en latitude
(un peu plus de i kilomètre), aussi bien que pour quelques mètres d'élé-
vation. Au reste l'appareil, comme la balance ordinaire, indiquera de suite
à quel degré il est sensible par le poids qui sera nécessaire pour le faire
sortir de son pointement. Enfin, on sait que l'on combat efficacement
l'inertie des systèmes mobiles au moyen d'un diapason vibrant que l'on
pose dessus. »
astronomie. — Lettre de M. Le Verrier à M. le Président de l'Académie.
■< Ainsi que je l'ai déclaré à l'Académie, ma volonté la plus ferme est de
me tenir désormais éloigné des débats qu'on pourrait vouloir susciter. Tou-
tefois M. Faye a évidemment droit à ce que je lui fournisse une copie com-
plète de tous les nivellements effectués du 9 au 25 juin, ainsi que je l'ai
d'ailleurs, vous le savez, offert dès le premier jour.
» J'ai l'honneur de vous remettre cette copie, en vous priant de deman-
der à M. le Secrétaire perpétuel de l'insérer au Compte rendu de la séance
prochaine.
» Ce document suffit pour l'objet en litige, puisqu'il s'agit uniquement
de savoir si, avec les nivellements effectués, on peut conclure les valeurs
de l'inclinaison à ioh 20m du soir, les i3, 17, 18, 20, 22 et 2/j juin.
Ensemble des nivellements de l'axe de la Lunette méridienne,
effectués depuis le q jusqu'au 2.5 juin 1 1>54-
Date.
Heure.
Inclinaison.
u in q
2. 10
soir.
4" ,43
10
4-25
»
On retourne deux fois la Lunette.
5.29
»
4", 5.
1 1
4..2
»
4", ^9
12
3.38
»
On retourne quatre fois la Lunette
5.28
»
9">6>
10. 27
»
8" ,94
(^49 )
Ensemble des nivellements de l'axe de la Lunette méridienne,
effectués depuis le g jusqu'au i5 juin 1 854 (Suite).
Date.
Heure.
Inclinaison.
Juin i3
7 .5o
matin.
7", 09
I . 2
soir.
7", 8.
3.20
0
8" , 11
>4
8.58
matin.
7">27
2.46
soir.
7", 63
3.38
D
On retourne deux fois la Lunette.
i5
o.52
M
7" ,02
16
5.22
1
7",o3
5.58
..
On retourne deux fois la Lunette.
'7
5.3o
»
7">36
18
o.36
»
On retourne deux fois la Lunette.
2. 10
■
6", 84
'9
5. 0
»
6",75
20
4.36
»
6" ,89
5. 6
»
On retourne deux fois la Lunette.
6. 0
6",57
21
1 . 2
6", 01
22
1. 6
»
6" , 62
3.45
S
On retourne deux fois la Lunette.
5.i8
»
On retourne deux fois la Lunette.
l3
4.23
»
1", 7»
24
4.3o
»
1 0" , 0 1
5.3.
D
On retourne deux fois la Lunette.
25
8.37
matin.
8", 40
o.3i
soir.
9", 38
Réponse de M. Faye.
« Je me joins à M. Le Verrier pour demander l'insertion de cette pièce
aux Comptes rendus, pourvu qu'on y joigne les noms des observateurs que
M. Le Verrier a omis. Mais je suis obligé de faire remarquer que l'objet
en litige n'est pas seulement d'examiner s'il est possible de calculer l'in-
clinaison de l'axe pour les instants de l'opération télégrapbique entre Lon-
dres et Paris, avec les documents que nous présente M. Le Verrier. Il s'a-
git aussi de faire connaître la part de responsabilité qui incombe à chacun
dans cette opération; il s'agit encore d'en faire apprécier la valeur et même
la moralité. Or la pièce communiquée par M. Le Verrier, pièce qui ne
contient que l'indication des nivellements (même sans nom d'auteur), ne
( 25o )
répond ni à l'importance ilu débat, ni à l'objet en litige. Je reproduirai
donc encore une fois la demande que j'ai faite lundi dernier dans les
termes suivants :
" Il ne suffit pas de venir dire ici, comme M. Le Verrier l'a fait dans
» la dernière séance, sans en rien imprimer dans les Comptes rendus, qu'il
» s'est trompé en 1 854 : '' fant encore que M. Le Verrier fasse connaître
» les éléments de ce calcul, les bases de sa publication de i854-
» Je demande communication, au Secrétariat de l'Institut, des pièces qui
» ont servi à Paris et à Greenwicb à arrêter les résultats qu'on a publiés
» avec tant d'assurance en 1 854, et qu'on vient contester aujourd'hui avec
» une égale assurance. Ces pièces existent, car M. Le Verrier a présenté à
» l'Académie, le 25 septembre 1 854 » le dossier complet de l'opération com-
» prenant toutes les pièces relatives à la mesure actuelle : correspondance , ope-
r> rations astronomiques, transmission des signaux et calculs (i). Puisque M. Le
» Verrier m'accuse hautement de l'insuccès des opérations, il est de stricte
» justice que ce dossier, présenté à l'Académie en i854, soit déposé en
» entier au Secrétariat, afin que chacun puisse l'étudier, rechercher les
» nombreuses déterminations des erreurs instrumentales que M. Le Verrier y
» voyait en 1 854» mais qu'il ne retrouve plus aujourd'hui, et, dans tous les
» cas, examiner comment ces résultats, qu'on ne peut, dit-on, calculer au-
» jourd'hui, ont été pourtant calculés en 1 854 et publiés au nom des deux
» observatoires de Londres et de Paris. Il convient que la vérité se fasse
» jour autrement que par des accusations sans preuves. »
« astronomie. — M. Le Verrier présente le tome XVII de la série des
Annales de l'Observatoire impérial consacré aux observations. Ce volume
contient les observations régulières faites en l'année 1861, ainsi que leur
réduction, savoir :
» i° Observations faites à la Lunette méridienne ;
» 2° Observations faites au Cercle mural de Gambey ;
» 3° Ascensions droites et distances polaires des étoiles fondamentales,
conclues des observations ;
(i) Cf. Comptes rendus, Nouvelle détermination de la différence de longitude entre les
Observatoires de Paris et de Greenix ich ; par M. Airy, directeur de l'Observatoire de Green-
ivich, et M. Le Verrier, directeur de l'Observatoire impérial de Paris; i854. t. XXXIX,
]>. 56 1, li^ne 12 en remontant.
( »5i )
» 4° Ascensions droites et distances polaires des centres du Soleil, de I;
Lune et des planètes principales;
» 5° Observations des petites planètes faites à l'Equatorial, savoir :
(2?) Lutetia.
(5) Eugénie.
(39) Lœtitia.
(55) Pandore.
(7) Iris.
(70) Panopea.
(68) Leto.
@ Nisa.
@ Niobé.
(5Ù) Melete.
(28) Bellone.
(S) Europa.
(34) Circé.
@ Thétis.
(24) Phocea.
(43) Ariane.
(14) Irène.
(îî) Victoria.
(40) Harmonia.
@ Isis.
» 6° Observations faites à l'Equatorial, de la comète de Thatcher et de
la grande comète de 1861 ;
» 70 Observations météorologiques;
* 8° Observations magnétiques faites quatre fois par jour pendant la
durée de l'année.
» Les observations des petites planètes ont reçu en 1861 un développe-
ment nouveau. Par le soin mis dans les observations équatoriales, et en
déterminant les positions des étoiles de comparaison au moyen de plu-
sieurs observations méridiennes, on est parvenu à obtenir des positions
des petites planètes tout aussi précises que celles qu'on déduit des obser-
vations méridiennes.
« M. Le Verrier expose à ce sujet à l'Académie que dans quelques jours
l'Observatoire impérial sera en possession d'un grand Cercle méridien, dont
le pouvoir optique très-puissant permettra d'observer directement les petites
planètes. L'instrument est déjà en place, et il n'y a plus qu'à finir d'ajuster
ou régler certaines parties.
» Ce nouveau progrès permettra de reprendre et de réaliser la proposition
faite par l'astronome royal de Greenwich, M. Airy, de combiner les efforts
des deux grands Observatoires de France et d'Angleterre suivant un plan
concerté, pour en tirer, dans l'intérêt de l'observation des petites planètes,
le plus grand parti possible.
» M. Le Verrier présente encore la VIe livraison de Y Allas êcliplique de
l'Observatoire impérial, atlas construit par M. Chacornac. Cette livraison
( 25a )
coin
prend :
Carte n° 2
1610
étoiles.
1 bis.
ao3o
»
9
2184
O
i5
323o
il
39
iag5
u
46
2o4o
j
Total... 12389 étoiles.
» Cette livraison est, de toutes celles parues jusqu'à ce jour, celle qui
contient le plus d'étoiles. >>
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant de la Section d'Économie rurale, en remplacement de feu
M. Vilmorin.
Au premier tour de scrutin, le nombre des volants étant 5o.
M. Ch. Martins obtient 44 suffrages.
M. de Vibraye 6
M. Ch. Martins, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
déclaré élu.
MÉMOIRES PRÉSENTES.
M. Dumas présente, au nom de M. Aloyse Nowuk, de Prague, un Mé-
moire ayant pour titre : « Commentaire critique pour servir d'explication
à deux différents chapitres de l'ouvrage sur les orages et leurs conséquences,
par François Arago. »
Ce travail, qui a déjà été communiqué, en juin 1861, à la Société Royale
des Sciences de Bohème, a pour objet de faire ressortir tout ce qu'il y a de
fécond en conséquences dans un ouvrage posthume de l'illustre Secrétaire
perpétuel de l'Académie des Sciences, feu M. Arago, notamment dans les
chapitres XXVII et XXXII.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Mathieu, Babinet
et Faye. )
( a53 )
CHIMIE GÉNÉRALE. — Application de la vis tellurique dans ta théorie de l'acier;
par M. de Chancourtois.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Delafosse, Daubrée.)
« Je viens soumettre à l'Académie les résultats de l'application de ma
vis tellurique dans la théorie de l'acier.
» L'hélice de coefficient angulaire — -U-, qui part du caractère 44 du dia-
mant, passe sur les caractères, ou dans les champs d'oscillation des carac-
tères, de plusieurs corps essentiellement durs ou aigres et employés ordi-
nairement pour durcir les alliages. En d'autres termes, plusieurs corps
aigres ont ou sont aptes à prendre des caractères numériques multiples de
1 1. Ce sont : le bore (i i ou 22), le manganèse (55), le zinc (66, entre 65 et
68), l'arsenic (77, entre 75 et 79), l'antimoine (121 = 1 12), le tungstène (187,
entre i85et 188), l'iridium (198, limite supérieure très-voisine du type 197).
» Le nombre 1 1 paraît donc caractéristique d'une certaine dureté.
» J'indiquerai en passant qu'il y aurait à examiner si le strontium et de
didyme sont aigres.
» Maintenant le caractère du fer oscille au moins de 56 à 54; avec le
caractère intermédiaire 55, le même que celui du manganèse, le fer entre
dans la série aigre. 11 constitue alors pour moi le fer doué de la propension
aciéreuse, en un mot \efer à acier, dont la spécification a été si positive-
ment établie par M. Le Play, au point de vue métallurgique.
» La détermination de la chaleur spécifique de l'acier FTuntsman , faite par
M. Regnault, met, ce me semble, ma conclusion hors de doute, car le
caractère numérique déduit de cette détermination est précisément 55.
» Par là se trouve expliqué ce fait qui a valu au gîte principal du pays de
Siegen la dénomination significative de Stahlberg (montagne d'acier),
savoir, que les minerais de fer spathique manganèse fournissent, pour ainsi
dire quoi qu'on fasse, des produits essentiellement aciéreux. En effet,
l'association cristalline des carbonates de fer et de manganèse exigeant
un isomorphisme exact, n'est-d pas évident que dans cette combinaison le
fer doit avoir pris le même caractère 55 que le manganèse ?
» Ai-je besoin de développer les conséquences de cet aperçu ?
» L'aci'er est le fer amené au caractère numérique, ou, si l'on veut, à l'état
moléculaire qui lui assigne dans la série du carbone-diamant la place juste-
ment la plus voisine de ce prototype de la dureté cristalline, et le carbone
C. R , i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 6.) 34
( ^54 )
que l'on y rencontre en proportion indéfinissable y figure peut-être a titre
d'étiquette ou comme témoin d'une action de présence, plutôt que comme
élément composant indispensable.
» D'autre part, comme la solidité de toute cbose est en raison directe du
temps consacré à l'édification, cet état moléculaire, que tout fer suffisamment
épuré est sans doute capable d'acquérir à un certain degré par un traitement
convenable, ne résiste aux épreuves des élaborations répétées que s'il a été
créé par les lentes et régulières opérations de la nature.
» Par le tracé hélicoïdal, ou, ce qui revient au même, par la prise en
considération des facteurs des caractères numériques, on arrive à une autre
conséquence.
« Le caractère du fer ordinaire, 56, étant multiple de 7, se trouve sur
l'hélice de coefficient angulaire — | du silicium (28) et de l'azote (14) où
peuvent figurer aussi par leurs variations constatées le second silicium (42 à
43), le titane (49 = 72> entre 48 et 5i), l'arsenic (77, entre 75 et 79), l'iode
(126, entre ia5 et 127), le vanadium (137 à 140), le tungstène (189, entre
ï 85 et 193). On aperçoit dans cette série deux corps de la série précédente,
les autres sont également aigres et durcisseurs.
» On conçoit par là l'existence d'un autre genre de fer dur qui serait à
l'acier proprement dit ce que le silicium est au carbone et dont le type se
trouverait dans les fontes.
» Ici encore la détermination de la chaleur spécifique de la fonte blanche
faite par M. Regnault vient appuyer ma conclusion, sinon la mettre horsde
doute, puisque le caractère déduit de cette détermination est 5o, aussi voisin
que possible de 49 = 72- Reste à décider si le champ d'oscillation du
caractère du fer doit être étendu jusqu'à 49 ou si, à raison des proportions
notables de silicium et de carbone qui entrent dans les fontes, il y a lieu de
tenir compte de leur action de masse dans l'explication des caractères
numériques de ces matières.
» Je pourrais corroborer les deux conclusions particulières de cette
Notice par diverses remarques géologiques, concernant les gîtes de fer et
principalement le gîte de Dannemora, dont le fer oxydulé a une texture
qu'on ne saurait mieux définir qu'en la comparant à celle de l'acier trempé,
et qui fournit, comme on sait, le type du fer à acier. Mais je crois qu'il
est inutile d'ajouter beaucoup de commentaires à des chiffres qui parlent
si net.
» En dehors de la question spéciale des états du ter, les observations
( 255 )
précédentes m'amènent à perfectionner l'énoncé du principe cpie j'ai posé
touchant les spécifications des hélices de diverses inclinaisons, en préci-
sant la loi des rapports des propriétés physiques et chimiques dans les
deux séries de corps dont les caractères numériques admettent les facteurs
7 ou ii.
» Mais si l'étude des deux séries se trouve avoir été entamée à propos
et avec les résultats de la fabrication qui procure à tous les arts leurs princi-
paux instruments, depuis le marteau pilon jusqu'au canif, depuis l'aiguille
à cataracte jusqu'au canon rayé, elle a en même temps, par une coïncidence
singulière, une importance également supérieure au point de vue le plus
général de la théorie physico-chimique, parce que les deux séries compren-
nent les éléments qui, autour du carbone et du silicium, véritables premiers
sujets, jouent les rôles dominants dans les phénomènes fondamentaux de la
cristallinité et de la vitrosité ou de la viscosité. Son développement complet
doit donc être remis à une prochaine notice spéciale, et j'ajoute seulement
aujourd'hui la remarque suivante :
» La première des deux hélices en question est jalonnée sur ma vis par les
caractères du carbone-diamant (44 = 4 X 1 1) et de l'antimoine (121 = 1 12);
la seconde est jalonnée par les caractères du silicium (28 = 4 X 7) et du
titane (49 = j2) ; enfin les deux alignements viennent se couper sur l'hélice
normale au caractère moyen de l'arsenic (77 = 7 X 1 1). »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la propagation des ondes;
par M. Emile Mathieu. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Lamé, Duhamel, Bertrand.)
« Soient |, yj, Ç les projections du déplacement d'une molécule d'un
corps vibrant sur trois axes de coordonnées rectangulaires, et N,, N2, N3,
T,, T2, T, les composantes des forces élastiques agissant sur trois plans
parallèles aux plans de coordonnées au point considéré. Les équations de
l'élasticité sont :
rfN, r/T3 jTi
dx , dy T dz
d'ï
= P7^'
dT. rfNj dTi
Ite + df "*~ dz
d'r,
ŒP -2*'
dx dy dz
d2i
34..
( 256 )
et nous prenons pour les valeurs des N,-, T, les expressions suivantes :
d\ dr, dC
a-j-+«j-+e-7-
tlx d) dz
.. dl r dn dX, ( dn
' "' dx^n-dr aidz
fdr, d'.\ . /d: dl\ , -fd% dn\
,dl , dit ,dC (dn dC\ , (dC dï\ , ld\ dr,
Ty + > 5 * [dl * ay) + h> fc& + £) + *■ [dy + =
/rffl rfÇ\ , /,/C dl\ Idi dr\
a\Tz + Ty) +d> U + s) + ''' W + s)'
, '/? , '/>! , '/ï ,7-rf»l dC\ , /rfÇ rfE\ ,. l dl dn\
T> = *-S "^ +*.5 + e' U + Ifr) +^U + *) + '' U' + s)'
Ces expressions renferment comme cas particulier celles qui ont été adop-
tées par Poisson et Cauchy dans plusieurs Mémoires, et encore aujourd'hui
par M. de Saint- Venant pour les corps non cristallisés; on obtient, en effet,
ces expressions en faisant, dans celles que nous avons écrites,
ai = J\ • b, = «i . <', = <l, > (', = *, ■ / = g, > '', = **■
Si donc on n'admet pas que ces expressions conviennent à tous les cas, du
moins il est évident que le cas considéré est très-étendu.
» Supposons que nous prenions d'autres axes de coordonnées; alors les
expressions des composantes des forces élastiques deviendront
xv t<t? n'1*' dK .
, (dn' dï\ ,, fdi' dl'\ „ (dl' dn'\
et les équations de l'élasticité
rfN', dT, dT2 _ (£V
dx' + dy' + d-J ~ ? dt2 '
» D'ailleurs, on peut déterminer par une transformation de coordonnées
les valeurs des vingt et un coefficients a', b', c',d',... au moyen des vingt et
un coefficients a, b, c, d, Ce que faisant, on arrive au résultat suivant :
les expressions que l'on obtient pour les quinze quantités
a',b',c', /',,*',, K„N%, g",,^, d'+*tft, o' + ib\, /'+»«',, ^,+2/',, h\ + xe\, A'3 + 2d\,
( 257 )
sont les mêmes que celles qui donnent a', b', c\... quand on pose
!axi+by' + cz'-h4A\x3jr + b/,\xy3+ 4//,.r>3 + 4k3xz> ■+■ /\g.,yz +- 4^ rz1
+ 4(/-3 + 2rf,)Z3x/ = a'x"+b'y', + c'z'i + 4k',.v'\r'+ . . . + 4 (#, + ie/\ ) zaa ■' i '.
h Représentons donc par F le premier membre de l'équation (M ) et con-
sidérons les deux équations
F = i, F = o,
qui représentent une surface du quatrième degré et son cône asymptote, que
nous appelons le cône indicateur. Il suit de là que, pour simplifier les équa-
tions de l'élasticité, il conviendra dans chaque cas donné de ramener
l'équation de ce cône à sa forme la plus simple, et encore que, pour étudier
tous les cas qui peuvent se présenter dans celte théorie, il faudrait com-
mencer par faire l'étude de toutes les lignes du quatrième ordre, ou plutôt
une classification des cônes de ce degré, et l'on aurait à rechercher quelles
sont les ondes propagées en prenant chaque espèce de cônes pour le cône
indicateur. Et maintenant, nous fondant sur des idées souvent émises par
M. Lamé, desquelles il résulte qu'en physique mathématique un résultat
trouvé élégant, par cela seul a grande chance d'avoir son application dans
la nature, nous pensons que, dans la théorie de l'élasticité des corps solides,
on peut n'admettre que les vingt et un coefficients que nous avons
adoptés.
» Le cas qui doit sembler le plus simple est celui où la surface F == i
disparaît, c'est-à-dire où les quinze coefficients a, b, c, A,,..., kr+ idK
sont nuls, et alors nos expressions N,, N2,..., T3 coïncident avec les équa-
tions (i3) de la dix-septième leçon de la Théorie de l'élasticité de M. Lamé;
donc l'onde propagée est l'onde de Fresnel, et les vibrations sont non-seu-
lement transversales, mais encore perpendiculaires au rayon.
» Mais on n'a pas un cas vraiment plus compliqué si l'on suppose que
la surface F = 1 , au lieu de disparaître, devient une sphère double
et alors, n'ayant pas à choisir les axes de coordonnées pour simplifier
l'équation du cône indicateur ou de la surface F= i, on pourra, comme
M. Lamé l'a fait dans le cas précédent, choisir les axes coordonnés de
manière à annuler les trois derniers des sept coefficients a, a,, b,, c„ dt,
e,, /,. On trouve que l'onde se compose de l'onde de Fresnel et d'une
( a58 )
sphère aux vibrations longitudinales, qui sera seule entendue dans la
théorie de l'acoustique, et qui sera invisible dans la théorie de la lumière.
» On voit donc que cette étude commence, sans qu'on y songe, par le
mode de propagation du mouvement dans l'éther renfermé dans les corps
cristallisés. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Nouveau mode d'action de l'eau motrice, et
réalisation de très-grands sipfwns ; par M. L.-D. Girard. Extrait par
l'auteur. (Présenté par M. Combes.)
(Commissaires, MM. Piobert, Morin, Combes.)
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie de nouveaux succès que
j'ai obtenus, dans l'utilisation de la force des cours d'eau, en continuant à
travailler dans la direction que je suivais, lorsqu'elle daigna récompenser
mes premiers travaux, il y a bientôt vingt ans.
>> La présente communication a non-seulement pour but de faire con-
naître la réalisation d'un nouveau récepteur hydraulique, mais aussi celui
d'une réalisation partielle du barrage hydropneumatique, que j'avais pré-
senté à l'Académie en 1849, pour l'utilisation de la force perdue de nos
grands cours d'eau et pour faciliter aussi la navigation.
» Je rappellerai en quelques mots que je m'étais proposé de mettre
un obstacle au passage de l'eau d'une rivière, au moyen de grands siphons,
par l'interposition de l'air; et il suffisait ensuite d'extraire cet air pour
rétablir l'écoulement de la rivière ; c'était, selon moi, le plus simple bar-
rage qu'on pouvait imaginer, puisqu'il ne comportait aucun organe méca-
nique susceptible de se déranger.
» Je n'ai pas pu disposer, jusqu'à présent, d'une rivière pour y faire une
expérience complète du fonctionnement de grands siphons, mais j'ai saisi
l'occasion qui m'était offerte dans l'installation de deux grandes turbines,
à la papeterie de la Haye-Descartes, pour faire cette expérience, en con-
struisant deux grands siphons qui débitent ensemble 20 mètres cubes par
seconde, sous une charge de im,8o. Tout en établissant des appareils qui
ont fait voir que de très-grands siphons peuvent être construits et fonc-
tionner très-régulièrement, j'ai réalisé aussi un nouveau mode d'admission
de l'eau dans le récepteur, lorsque celui-ci ne peut être alimenté convena-
blement qu'en le plongeant considérablement sous l'eau d'aval.
» Dans l'exécution des deux turbines à grande puissance de la Haye-
Descartes, l'emploi des siphons pour alimenter de pareils moteurs, à
( "9 )
grande dépense d'eau pour des chutes assez minimes, a un avantage très-
important, en ce qu'il simplifie des travaux de fondation qui parfois sont
fort difficiles à exécuter et entraînent des frais si considérables, qu'on a dû,
dans certains cas, renoncer à continuer les travaux.
» Enfin, lorsqu'on parvient même à les effectuer, dans des localités moins
difficiles on a toujours l'inconvénient d'être obligé de placer le moteur très-
avant dans l'eau d'aval, ce qui en rend l'accès impossible pour le visiter,
sans faire des épuisements à la fois très-coûteux et fort longs.
» Les deux turbines à siphon de la Haye-Descartes ont de très-grands
diamètres, d'où il s'ensuit que si on avait tracé les aubes mobiles à la manière
ordinaire pour la libre déviation, que j'appelle à veine d'eau détachée, le
nombre de révolutions par minute aurait été tout au plus de dix à douze,
tout à fait insuffisant pour transmettre directement à l'arbre de couche sa
force par un seul engrenage; ce qui aurait entraîné à de très-grands frais,
et à une complication de plus.
» Fort du résidtat que j'avais obtenu dans l'édification de la roue-hélice
de Noisiel-sur Marne (séance du 3o avril 1 855), dont la vitesse de la cou-
ronne mobile est à peu près égale à celle de l'arrivée de l'eau, j'ai, en appli-
quant le même principe, fait le tracé des aubes que je nomme tracé du
triangle équilatéral, permettant de réaliser d'une manière parfaite la libre
déviation à veine d'eau moulée dans l'aube, mode qui avait été le sujet
d'études sérieuses par l'illustre maître M. Poncelet et MM. Callou père et
fils. Par des considérations qui seraient très-longues à développer ici je
n'ai trouvé que le tracé du triangle équilatéral qui remplisse les conditions
qu'exige ce mode d'action de l'eau motrice.
» Ce nouveau tracé m'a conduit aussi non-seulement à réaliser d'une
manière rationnelle ce mode d'action, mais aussi à doubler en quelque sorte
(toutes choses égales d'ailleurs) le nombre de révolutions du récepteur, ce qui
a une grande importance pour l'utilisation des basses chutes à grands vo-
lumes d'eau.
» L'espace me manque pour expliquer en détail ce nouveau tracé, mais
on peut le définir d'une manière générale.
» Il faut que la ligne, qui représente la vitesse en grandeur et en direction
de la veine d'eau injectée, forme avec celle de la direction de l'aube et celle
du premier élément du mouvement relatif dans cette aube un triangle
équilatéral.
» C'est sur ce principe que j'ai fait le tracé des aubes de la petite turbine
de M. Léon Foucault, et les nouvelles expériences de ce très-habile expéri-
( 160 )
mentateur, sur la vitesse de la lumière, ont montré avec quelle régularité le
petit moteur à veine d'air moulée entraînait le miroir dans son mouvement
de rotation, et cela avec une pression d'air très-faible due au bon emploi du
fluide moteur.
» Je dois ajouter ici que cette petite turbine à air a environ 20 millimètres
de diamètre, tandis que celles exécutées à la Haye-Descartes ont un dia-
mètre de 4ra,5oo ou sont deux cent vingt-cinq fois plus grandes.
» Malgré cette grande différence, le nouveau principe de l'action du fluide
moteur a été réalisé aussi bien à l'une qu'à l'autre.
» Disons en terminant que le désamorçage ne s'est jamais manifesté
depuis quatre années que les siphons fonctionnent sur la Creuse, et je pour-
rais citer même un exemple assez curieux sur celui qui alimente la turbine
d'Eindhoven (Hollande), dans la filature de MM. Smith et Kuyper. J'ai à
plusieurs reprises fait entrer de l'air au moyen d'un robinet manœuvré à la
main qui venait se cantonner au sommet de la courbe du siphon, et peu a
peu cet air était entraîné parle simple courant de l'eau, et ce dernier finissait
toujours par couler à pleine section, au bout d'un instant assez court.
» J'aurais pu, comme on peut le voir, faire connaître plus tôt ce résultat
à l'Académie, mais j'ai jugé à propos d'attendre qu'un grand nombre d'ap-
plications soit venu confirmer le bon résultat que j'avais obtenu primi-
tivement. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Nouvelle Note sur l'emploi des sulfites dans la
fabrication du sucre (Ce canne; par M. Alvaro Reynoso. (Présentée par
M. Dumas.) ■
(Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Payen.)
« Permettez-moi de poser nettement la question, pour éviter de fausses
et malveillantes interprétations qui pourraient conduire à me faire paraître
comme désirant m'approprier des inventions faites par d'autres personnes.
» lAisage du bisulfite de chaux est dû à M. Melsens, pour la part que
ce chimiste distingué, avec la modestie qui le caractérise, s'est assignée lui-
même dans son Mémoire, ayant en vue les travaux qui lui sont antérieurs.
» Ce point de départ étant admis, selon le document que j'ai joint à la
Lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser, c'est à moi, d'après l'ordre
chronologique, qu'est due la modification au procédé Melsens, modifica-
tion qui consiste à opérer dans des milieux alcalins.
» Le bisulfite de chaux peut s'employer, ou directement, en le préparant
( 26r )
dans un appareil spécial, ou dans le sein même du vesou, en faisant à cet
effet passer un courant d'acide sulfureux dans le vesou saturé de chaux.
» Le premier qui eut l'idée de préparer ainsi le bisulfite de chaux dans
le sein même du vesou fut M. Stowart, qui pratiqua cette méthode à la
Louisiane vers l'année 1859. Postérieurement, à la fin de 1 86 r , M. Edouard
Beanes, Anglais et non Américain, inventa un appareil pour produire l'acide
sulfureux et pour l'appliquer immédiatement au vesou saturé de chaux.
J'eus l'honneur de décrire ce système dans le Diario de la Marina du 18 fé-
vrier 1862 (n°4a), et j'y rendis à Beanes complète justice. Postérieurement
encore, dans un procès que l'on intenta à Beanes, je fis devant les tribunaux
un Rapport en sa faveur. De sorte que, quant à moi, je n'ai jamais prétendu
m'approprier la découverte de Melsens, pas plus que l'application directe
de l'acide sulfureux dans le vesou saturé de chaux, application qui appar-
tient à Stowart, à Beanes, et à d'autres qui se la disputent.
» En quoi consiste donc l'amélioration que j'ai introduite? Il est indiffé-
rent d'employer le bisulfite de chaux préparé séparément ou en le prépa-
rant dans le sein même du vesou, de sorte qu'en dernier résultat les deux
procédés reviennent à user du sulfite de chaux. Eh bien, moi, dès i858 et
1859, j'avais dit, j'avais publié, que l'usage du bisulfite de chaux devait
toujours avoir lieu dans des milieux alcalins.
» C'est là l'unique observation qui m'appartienne, et je crois que dans
cette observation réside tout le secret de l'usage rationnel, pratique et sûr
du sulfite de chaux ajouté ou préparé dans le sein du \esou.
» Je suis on ne peut plus charmé de lire que M. Melsens a bien interprété
mes communications qui, en tout temps et en tout lieu, ont sans cesse placé
son nom en première ligne dans cette question ; et pour sa satisfaction, je
puis ajouter qu'ici tous les hommes intelligents sont de la même opinion. «
GÉOLOGIE — Cycle du développement de la vie organique à la surface du globe;
par M. Dupoxciiel. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Pouillet, d'Archiac, Daubrée.)
La citation des deux passages suivants donnera une idée des vues fon-
damentales de l'auteur:
« Si nous remontons à l'époque originelle de l'incandescence de notre
planète, les simples considérations des actions chimiques se produisant
librement à une haute température suffisent pour nous rendre un compte
exact de l'état de l'atmosphère et du noyau du globe terrestre.
C. R., i863, i« Semestre. (T. LVI, N° 6.) 35
( 2Ô2 )
» Pour ce qui concerne la composition de l'atmosphère primitive, deux
points sont surtout importants à signaler.
» En premier lieu, l'oxygène, le corps électro-négatif ou comburant pat-
excellence, a dû s'unir aux corps combustibles dans l'ordre de leur plus
grande affinité, au carbone, à l'hydrogène d'abord, aux métaux alcalins et
terreux ensuite, et cette combinaison n'a dû s'arrêter que lorsque l'oxygène
est venu à manquer.
» En second lieu le carbone, le corps éminemment combustible ou
réducteur, devait se trouver intégralement en combinaison avec l'oxygène
à l'état d'acide carbonique libre, répandu dans l'atmosphère primitive: la
haute température du globe ne permettant pas d'admettre la formation ou
la conservation des carbonates.
» En résumé l'atmosphère du globe incandescent devait contenir, à part
l'azote et l'eau des mers vaporisée, la totalité du carbone à l'état d'acide
carbonique, mais ne pouvait pas en échange contenir un seul atome d'oxy-
gène libre.
» Deux causes ont successivement d'abord, simultanément ensuite, con-
tribué à dépouiller l'atmosphère primitive du grand excès d'acide carbo-
nique qu'elle contenait :
» i° La formation des carbonates, et surtout des carbonates calcaires,
produits par la combinaison de l'acide carbonique avec les oxydes terreux
résultant de la décomposition lente des silicates primitifs, action qui a dû
se produire dès que la température atmosphérique est descendue au-dessous
du point de décomposition naturelle des carbonates, et qui n'a jamais cessé
de se continuer depuis.
» i° La formation des combustibles minéraux provenant de l'amoncel-
lement des débris charbonneux de végétaux.
» L'oxygène libre de l'atmosphère n'a pu être dégagé que par la végé-
tation des premiers âges du globe. Il doit être en rapport précis avec la
quantité de combustibles minéraux enfouis dans les terrains de sédiment. Le
poids de ces combustibles de toute nature, anthracites, houilles, lignites
et tourbes, humus compris, compté en carbone pur, indépendamment des
substances étrangères qu'ils peuvent contenir, est rigoureusement égal à
la quantité que pourrait brûler l'oxygène de l'air, soit à 760 kilogrammes
par mètre carré de surface du globe, ce qui représente, pour l'ensemble de
tous ces combustibles, un poids total de 3y5 trillions de tonnes de carbone,
ou une couche moyenne de houille de om,6o d'épaisseur sur toute la sur-
face de la terre. »
( 263 )
THÉRAPEUTIQUE. — Du copahu et du styrax comme spécifiques du croup et
de ta diphthérile; par M. Trid'an. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Andral, Bernard.)
« Au milieu d'une épidémie très-meurtrière de diphthérite qui a enlevé
deux à trois cents personnes dans le canton de Criaillant, arrondissement
de Laval (Mayenne), l'idée me vint d'employer un puissant modificateur
de la membrane muqueuse qui pût changer sa vitalité, et je fis choix du
copahu et du styrax. A partir du premier jour de leur emploi, j'ai guéri
cinq cas de croup et quarante d'angine diphthéritique, depuis cinq mois et
demi environ. Je n'ai perdu qu'un seul malade. Le plus souvent, c'est dans
les vingt-quatre heures que survient l'amélioration; la guérison a ordinai-
rement lieu dans le délai de quatre à six jours.
» J'emploie le copahu sous forme de sirop (formule du Dr Puche) ou à
l'état solidifié. C'est également le sirop de styrax du Codex dont je me sers.
Pour les adultes, je prescris une cuillerée à bouche toutes les deux heures,
alternant avec le sirop de styrax pris également toutes les deux heures.
Pour les enfants de quatre à six ans, ce sont des cuillerées à café prises de
la même manière. Dans les cas graves, le malade prend 5 grammes de
copahu en lavement, deux lavements par jour. Le copahu est générale-
ment toléré tant que la maladie n'est pas dominée. .. »
M. Saurel, qui avait adressé, à l'occasion d'une communication de
M. Delbruck sur la respiration durant le sommeil-, une première Note rela-
tive aux modifications qu'apporte cet état à quelques-unes des fonctions de
l'économie animale, présente aujourd'hui, sur le même sujet, un travail
plus développé ayant pour titre : « Modifications de la transpiration cutanée
durant le sommeil; la sueur auxiliaire de la respiration ».
(Commissaires précédemment nommés: MM. Payen, Longet. )
M. Berthault adresse d'Ingrandes un Mémoire « sur la construction de
récipients ou réservoirs économiques propres à contenir l'air comprimé à
une haute pression ou à conserver le vide ».
(Commissaires, MM. Combes, Clapevron.
35..
( 264 )
M. Bai-dry envoie un Appendice, texte et figures, à son Mémoire du
21 avril 1862, sur la télégraphie électrique.
(Commissaires, MM. Babinet, Despretz.)
CORRESPONDANCE.
RI. le Ministre d'Etat transmet deux exemplaires d'un opuscule sur
la fièvre jaune qui lui ont été adressés par l'intermédiaire de S. Exe.
M. le Ministre des Affaires étrangères. L'auteur est un médecin brésilien,
M. Marques de Carualho.
M. le Ministre de la Marine adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut,
le numéro de février de la Revue maritime et coloniale, recueil qui se publie
sous les auspices de son département.
M. le Ministre de l'Instruction publique précise le sens d'un passade
de la Lettre dans laquelle il annonçait qu'un exemplaire des œuvres com-
plètes de Lavoisier serait mis à la disposition de chacun des Membres de
l'Académie des Sciences. Le nombre limité des exemplaires qui sont à sa
disposition ne lui permet pas d'étendre cette faveur à tous les Correspon-
dants, mais seulement à ceux des Sections de Physique et de Chimie.
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'État-Major des ingé-
nieurs des mines de Russie, deux livraisons de l'ouvrage de Pander publiées
par le gouvernement et relatives à la paléontographie du système devonien.
( Voir au Bulletin bibliographique.)
Et au nom de l'Observatoire physique central de Russie un exemplaire
des Annales de cet Observatoire pour l'année 1862, annales publiées par
l'Administration impériale des mines.
Ces deux publications sont adressées conformément aux ordres de M le
Ministre des Finances de Russie.
MÉTÉOROLOGIE. — Extrait de deux Lettres de M. Zantedeschi
à M. Elie de Beaumont.
« Padoue, le 9 janvier 186!.
0 J'ai l'honneur de faire hommage a l'Académie des Sciences d'un exem-
plaire du premier volume de ma Météorologie italienne [Italien Meleorotoqia).
i. 265 )
Ce volume contient les lois du climat de Vérone déduites des observations
de 1788 à 1860 inclusivement.
» Je demande la permission d'exposer ici brièvement les principes qui
m'ont guidé et les applications que j'en ai faites aux lois du climat de l'Italie.
» I. Partant du siècle de Caton et de Varron, et m'étendant jusqu'à nos
jours, j'ai reconnu la pérennité des époques de la nature ou des phénomènes
périodiques de la vie végétale.
» II. Des observations séculaires des éléments météorologiques, j'ai con-
clu la constance de leurs moyennes.
» III. Dans l'étude delà météorologie j'ai introduit la méthode de réduc-
tion des éléments, qui consiste à rapporter les moyennes mensuelles aux
moyennes annuelles, comme les ordonnées aux abscisses.
» IV. J'ai rapporté les époques de la nature aux ordonnées des éléments
météorologiques, qui représentent l'intensité et la durée des forces calori-
fiques, lumineuses, etc., de la nature.
a Voici un essai de ce système appliqué à quelques-unes des opérations
rurales les plus communes.
» Il me parait que la comparaison des courbes météorologiques aux deux
lignes de la glace fondante et de la moyenne ihermométrique annuelle d'une
longue période peut fournir les bases scientifiques de tous les travaux ruraux.
La moyenne des minima, lorsqu'elle coupe la ligne de la glace fondante en
s'élevant, marque la limite avant laquelle on ne doit pas commencer les
semences du printemps; et cette même moyenne des minima, qui atteint
ordinairement son maximum en juillet, lorsqu'elle vient, en redescendant,
couper la ligne de la glace fondante, montre de combien doit être avancée
la semence du froment, pour qu'il puisse avant les gelées germer et pous-
ser en herbe. Les ordonnées qui expriment l'intensité calorifique pour les
travaux intermédiaires de la campagne sont disposées de la même manière.
En comparant les époques de la nature avec les figures représentant la dis-
tribution du calorique dans l'atmosphère de Vérone, on verra cjue la
moyenne des minima coupe la ligne de la glace fondante en mars, et qu'en
redescendant elle la coupe de nouveau en décembre; que l'ordonnée calo-
rifique pour l'incubation de la graine de vers à soie est celle du mois d'avril,
qui donne la moyenne mensuelle de + 1 i°,6o R. = i4°,5oC; que l'ordon-
née calorifique pour la maturation du froment est celle du mois de juin,
qui donne la moyenne mensuelle de -4-1 8°, 7! R. = 23°,3o,C. ; que l'ordon-
née calorifique pour la maturation des raisins est celle du mois de sep-
tembre, qui donne la moyenne mensuelle de -f- i6°,57R. = 2i°,7iC. ; que
( 266 )
l'ordonnée calorifique pour la récolte des olives est celle du mois de no-
vembre, qui donne la moyenne mensuelle de •+- 6°,68R. = 8°,35C. On doit
raisonner de la même manière pour les autres grains et les autres fruits.
» D'après cet essai on verra pourquoi j'ai intitulé la climatologie de
Vérone : Lois du climat de Vérone. Les époques de la nature sont associées
aux moyennes qui représentent dans chaque mois de l'année la distribution
du calorique dans l'atmosphère. Les oscillations des maxima et des minima
n'ont pas eu la puissance de faire changer, dans la période historique qui
est de vinçt siècles et plus, les constantes séculaires, comme je l'ai démontré
dans mon volume.
» Pour Turin, Alexandrie, Milan et Udine, les moyennes des minima
sont négatives pour cinq mois, savoir : janvier, février, mars, novembre et
décembre. Dans toutes les autres stations italiennes, les moyennes des mi-
nima ne sont négatives que pour trois mois seulement, de même que pour
Vérone, savoir : pour janvier, février et décembre. 11 n'y a jusqu'à présent
d'exception à cette règle que pour Païenne et Ancône qui ne m'ont pré-
senté aucune moyenne des minima négative. De là résulte la possibilité d'y
cultiver les légumes en hiver, principalement en Sicile. »
Par une seconde Lettre (3 février 1 863), M. Zantedeschi fait hommage
à l'Académie d'une Lettre inédite que l'illustre astronome et géomètre de
Milan, M. le commandeur François Carlini, lui avait adressée de Milan le
q août 1 856, sur un plan de météorologie et sur Y application de la chambre
claire à la lunette d'approche pour obtenir des panoramas de montagnes sur une
grande échelle et avec la plus grande exactitude. « J'ai la confiance, dit M. Zan-
tedeschi, que le seul titre de cette publication en fera sentir l'importance
pour la géographie et la géologie. »
M. Guérix-Méxeville prie l'Académie de vouloir bien le comprendre
dans le. nombre des candidats pour la place vacante dans la Section d'Éco-
nomie rurale, par suite du décès de M. de Ga*parin, et rappelle que déjà la
Section lui a fait l'honneur, dans de semblables circonstances, de porter son
nom sur la liste de présentation.
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
ÉCONOMIE RURALE. — Soie grége obtenue par un procédé industriel des cocons
du ver à soie de iailante; Note de M. Guérin-Ménevili.e.
« Lorsque, le i5 juillet i858, je présentais à l'Académie deux papillons
( 267)
fécondés et pondant, j'introduisais le ver à soie de l'ailante en France,
pour en propager ensuite l'élevage dans toute l'Europe et à l'étranger;
mais j'étais loin de m'attendre à réussir aussi rapidement à donner ainsi
une nouvelle branche à l'agriculture et un nouveau produit à l'industrie.
Dans l'origine, je n'espérais de cette espèce qu'une bourre de soie suscep-
tible de remplacer avantageusement le coton, m'appuyant sur le travail du
P. d'Incarville, qui avait dit en i 7/j0 : « On ne dévide pas les cocons des
» vers sauvages, mais on les file comme nous faisons le fleuret. »
» Cependant j'avais démontré (Bull. Soc. d'acclim., 28 septembre 1 854)
que les cocons naturellement ouverts, tels que ceux du ver à soie du ricin,
et, par conséquent, de l'ailante, etc., pouvaient être dévidés à la main.
Continuant sans relâche des études sur cet important sujet, j'ai pu recon-
naître que depuis le P. d'Incarville, les Chinois avaient fait faire des progrès
à cette industrie, et des échantillons de soieries d'ailante, provenant de
Chine, que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le 9 janvier 1860,
m'ont permis d'établir que l'on obtient avec les cocons de ce ver de l'ai-
lante de la soie grége ou dévidée.
» L'année dernière, cette grave question du dévidage a fait encore un
progrès, grâce aux travaux de Mmé de Corneillan et de M. Forgemol, car ils
ont résolu d'une manière encore plus complète le problème du dévidage des
cocons naturellement ouverts, et il ne leur a manqué que des usines pour
passer de la théorie à la pratique industrielle. Ce grand pas est franchi
aujourd'hui par un filateur du Midi, inventeur de machines avec lesquelles
on dévide et mouline en même temps la soie du mûrier. Cet ingénieux fila-
teur, que je nommerai dès qu'il m'y aura autorisé, appliquant son procédé
breveté aux cocons de 1-ailante, dans une usine considérable montée et
fonctionnant avec le plus grand succès, depuis quelques années, a pu, en
moins de huit jours, fabriquer les flottes de soie grége que j'ai l'honneur
de présenter à l'Académie.
» Ce fait n'a pas besoin de commentaires. Je terminerai donc cette Lettre
en reproduisant ce que disait le P. d'Incarville, il y a plus de cent vingt ans:
« Tout ce qu'il convient d'ajouter à tout ce que nous en avons dit, c'est que
» ces vers (de l'ailante) sont une source de richesse pour la Chine même,
» quoiqu'elle recueille chaque année une si prodigieuse quantité de soie du
» mûrier, qu'au dire d'un écrivain moderne on pourrait en faire des
» montagnes.
( 268 )
astronomie. — Extrait d'une Lettre de M. Kriger. (Communiqué
par M. Le Verrier.)
« Helsingfors, 3i jinvier 1 863.
» Permettez-moi de vous communiquer le résultat de deux séries d'ob-
servations faites à l'aide de l'excellent héliomètre de Bonn, sur des paral-
laxes d'étoiles fixes.
» La première se rapporte à l'étoile L. 2ia58, 8-o,me grandeur, dont le
grand mouvement propre a été signalé par M. Argelander dans le n° 1288
des Astronomische Nachrichten. J'ai trouvé par 36 comparaisons avec deux
étoiles, dont l'une précède, l'autre suit, à peu près sur le parallèle :
Parallaxe annuelle de L.2i258 = +0", 260 avec l'erreur prob.±o",o20.
» La seconde recherche concerne l'étoile de 9me grandeur 174 '5.6 dans le
Catalogue de M. OEltzen, pour laquelle M. Argelander a trouvé un mouve-
ment annuel de \",i. Au moyen de 45 comparaisons avec deux étoiles
convenablement situées, le résultat suivant a été obtenu :
Parallaxe annuelle de OEltzen i^ïS.ô = +o",i^ avec l'erreur prob. ±o",02i . »
chimie organique. — Sur les combinaisons anilométalliques et sur la formation
de la fuchsine ; par M. Hugo Schiff. (Présenté par M. Balard.)
« Dans les combinaisons des acides hydratés avec l'ammoniaque, les
chimistes admettent un radical composé, l'ammonium. De même, dans les
combinaisons de certains sels métalliques avec l'ammoniaque, nous avons
le droit d'admettre l'existence de mélallamines, composés dont quelques-uns
ont pu être obtenus à l'état d'hydrate. Nous remplaçons l'ammoniaque par
la méthylamine, la phénylamine, etc. Nous pourrons former des aminés
contenant à la fois des radicaux simples de nature métallique et des radi-
caux composés de nature organique. C'est par cette méthode que j'ai
obtenu des sels d'éthyleupramine [Comptes rendus, septembre 1861), et
que j'ai réussi récemment à préparer une nouvelle série de composés phé-
niques, les phénylmétallamines ou métaniles.
» L'aniline se combine directement avec les sels de plusieurs métaux en
donnant naissance à des combinaisons métalaniliques, qui, pour la plupart,
cristallisent très-facilement. Ces faits offrent un intérêt d'autant plus grand,
que de telles combinaisons se produisent toujours dans la fabrication du
( rfg)
ronge d'aniline et font naître, par leur décomposition ultérieure, ces belles
matières colorantes qui forment aujourd'hui une branche si importante de
l'industrie chimique.
» Avec les sels de zinc, l'aniline forme les sels de zincanile
(G6H3
۔HtZnN = N Zn
(h.
» Le chlorhydrate G6H7ZnN.Cl cristallise en prismes rhomhoïdaux
obliques exempts d'eau, solublesdans l'eau et dans l'alcool, surtout à chaud.
Par une ébullition prolongée de ces solutions le sel se décompose en ani-
line et en chlorure de zinc. Il se combine avec le bichlorure de platine en
formant des cristaux grenus.
» Le bromliydiate €6H7ZnN.Br et Yiodhydrale G6H7ZnN.I ressemblent
an chlorhydrate.
» Le sulfate SG**(C6H7ZnN)2 est plus soluble que les sels précédents et
peut servir avec avantage pour les obtenir par voie de double décomposi-
tion. On ajoute de l'aniline à une solution de sulfate de zinc étendue d'eau,
de manière que la majeure partie reste en dissolution. Ensuite on ajoute
une solution assez concentrée de chlorure, bromure ou iodure de potassium,
et l'on voit aussitôt des cristaux incolores se séparer.
n Les sels de cadmiande
i G6H5
C6H6CdN = N Cd
(H
s'obtiennent de la même manière que les sels de zincanile. Ils possèdent
les mêmes propriétés physiques et chimiques que ceux de cette base. Ni les
uns ni les autres ne sont décomposés par les acides étendus à froid, et
même à la température de l'ébullition la décomposition marche très-lente-
ment.
» Le cupranile
l G6HS
C«H6CuN = n)Gu
(h
forme des combinaisons très-peu solubles dans l'eau froide et qui se décom-
posent facilement par l'eau tiède.
C. R., ■863, 1er St-mestre. (T. LVI, N° G.) 36
( 27° )
» L'étain fournit deux composés aniliques : le slannosanile,
i€6H3
C,H«SnN = iNT JSn
(H,
base monoatomique (Su = 58) correspondant aux composés stanneux, el
le stannicanile,
,Sn"
Gi,H,tSnN* = N,)a€,Hs
hase diatomique correspondant aux composés stanniques.
•> Le chlorhydrate de slannosanile, G6H7Sn NCI, s'obtient par addition
d'équivalents égaux de chlorure stanneux et d'aniline. La combinaison
s'opère avec un léger dégagement de chaleur, et au bout de quelques heures
on obtient une masse cristalline un peu soluble dans l'eau froide et dans
l'alcool, mais qui est décomposée par ces liquides à chaud.
» Le chlorhydrate de stannicanile C;2H14SnJN2Cls a été obtenu par l'union
de i équivalents d'aniline à i équivalent de chlorure staunique. Il se pro-
duit une chaleur intense au moment du mélange, et il est nécessaire, pour
éviter des explosions, de placer le vase dans un mélange réfrigérant. Dans
ces conditions, on obtient une masse cristalline parfaitement blanche. Tou-
tefois, on peut employer avec avantage une autre méthode de préparation
en mettant à profit la propriété très-curieuse et très-inattendue de certains
perchlorures métalliques de se dissoudre dans la benzine.
» Si l'on ajoute goutte à goutte de l'aniline à une solution de bichlorure
d'étain dans la benzine, on voit aussitôt une poudre blanche, cristalline, se
déposer, et cette poudre n'est autre chose que le chlorhydrate de stannica-
nile insoluble dans la benzine. L'eau décompose le chlorhydrate de stanni-
canile en précipitant de l'hydrate stannique.
» On ne peut en fondre qu'une très-petite quantité sans décomposition.
Lorsqu'on en chauffe une quantité un peu considérable, on lui fait éprouver
une transformation qui donne naissance à de la rosaniline (fuchsine). Il
résulte de mes recherches que dans la fabrication de cette matière colo-
rante p;;r la réaction du biclilorure d'étain sur l'aniline, la formation du
chlorhydrate de stannicanile précède toujours celle de la rosaniline.
» Ayant soumis à une étude particulière la transformation de ce chlor-
hydrate, j'ai trouvé que le bichlorure se convertit en protochlorure, qu'une
( *V )
certaine quantité d'aniline est mise en liberté et qu'il se forme une quan-
tité considérable d'un sublimé blanc, mélange de chlorhydrate d'aniline et
de chlorhydrate d'ammoniaque. D'après cela, on peut exprimer par les
formules suivantes la formation de la rosaniline par la décomposition du
chlorhydrate de S :
10 équiv. de chlorhydrate de stannicanile ^'*°H14°rN2°ClS0Sn".
fournissent :
3 équivalents de chlorhydrate de rosaline C60Hfi0]S9Cl3,
6 équivalents de chlorhydrate d'aniline C36H48N6C16,
4 équivalents d'aniline libre CÎ2H28^,
i équivalent de chlorhydrate d'ammoniaque. . . H* N Cl,
10 équivalents de chlorure stanneux Cl^Sn".
» Toutefois, je suis porté à croire que ce n'est là qu'une expression idéale
de la transformation dont il s'agit, et que dans la fabrication en grand des
réactions secondaires font naître encore d'autres produits.
» Je fais observer en terminant que le chlorhydrate de stannicanile sec
donne de la fuchsine lorsqu'on le chauffe dans un courant d'acide carbo-
nique soigneusement privé d'oxygène et d'humidité, ce qui prouve que ni
l'eau ni l'oxygène de l'air n'interviennent dans cette réaction, contraire-
ment à ce qu'on avait supposé. »
M. Gacgaix adresse de Bordeaux une Note concernant l'emploi d'un
topique destiné à hâter la cicatrisation des plaies et à prévenir quelques-uns
des accidents auxquels elles peuvent donner lieu, particulièrement à la
résorption purulente. Ce topique consiste en une poudre d'écaillés d'huîtres
dont on saupoudre les plaies à nu, de manière à les recouvrir d'une couche
de poudre ayant uniformément de 4 à 5 millimètres d'épaisseur. Si l'absorp-
tion purulente a déjà commencé, M. Gaugain recommande de déposer
d'abord sur la plaie une mince couche de sel commun finement pulvérisé
et de recouvrir celle-ci d'une seconde couche plus épaisse de poudre d'é-
caillés d'huitres.
M. B. Salvatore Moxdixo adresse de Païenne la description d'un appareil
barométrique destiné principalement à la mesure des montagnes, et que
pour cette destination il a cherché à rendre facile de transport et peu sujet à
se briser. Il serait difficile de faire comprendre sans le secours de figures les
36..
( 272 )
dispositions au moyen desquelles M. Mondino croit avoir réuni à ces con-
ditions, qui seraient en effet très-précieuses, la sûreté des indications. Nous
devons nous borner à dire que son instrument est un baromètre à air.
(Renvoi à l'examen de M. Babinet.)
M. L. Beltz adresse au concours pour le prix des Arts insalubres un
exemplaire de la « Dissertation inaugurale » dans laquelle il a traité des
causes de la mortalité des tailleurs de pierres et des moyens de la prévenir.
(Réservé pour la Commission des Arts insalubres.)
M. BoiNacorsi, en adressant un opuscule écrit en italien sur la couenne
du caillot sanguin et un autre sur une variété étiologique de l'érysipèle,
exprime le désir que l'Académie veuille bien s'en faire rendre compte.
(Renvoi à M. J. Cloquet pour un Rapport verbal.)
M. Durance annonce avoir trouvé, non loin de Savenay (Loire-Inférieure),
dans une argile qu'il croit appartenir aux terrains de transport, une hacbe
druidique.
M. Moreai-Lemoine demande à lire devant les deux Sections réunies
de Physique et de Chimie, si les règlements de l'Académie ne s'y opposent
point, un travail qui concerne la physique et l'électro-chimie.
Cette demande ne saurait être prise en considération , mais si l'auteur veut
envoyer son Mémoire il sera renvoyé, si l'Académie le juge nécessaire, a
l'examen des deux Sections.
M. Hkoi'ié demande et obtient d'autorisation de reprendre des pièces
qu'il avait adressées au mois de septembre dernier et sur lesquelles il n'a
pas été fait de Rapport; il s'agit d'une presse mécanique destinée à extraire
le jus delà pulpe de betteraves pour la fabrication du sucre et le suc îles
graines oléagineuses.
v
La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B.
i73)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
[/Académie a reçu dans la séance du g février ■ 8Ô3 les ouvrages
dont voici les titres :
Annales de l'Observatoire impérial de Paris, pub liées par U.-J. Le Verrier,
Directeur de l'Observatoire. Observations ; t. XVII, 1 86 1 . Paris, i863; vol.
in-4°.
Atlas écliptique ; par M. ChacomnaC; cartes nos 2, 2 bis, 9, i5, 3t) et 46.
(Annales de V Observatoire impérial de Paris; atlas. ) 6 feuilles format allas.
Réfutation des allégations contre l'administration du Muséum d' Histoirt
naturelle proférées à la tribune du Corps législatif dans la séance du 19 pun
1862 ; parM. E. Chevkeul, Membre de l'Institut, Directeur du Muséum
d'Histoire naturelle. Paris, 1 863 ; in-4°.
Traite des maladies à urines albumineuses et sucrées, ou de l'albuminurie
et <lu diabète sucré dans leurs rapports avec les maladies; par le Dr J. A.REILLE.
Paris, 1 863; vol. in-8°, avec figures intercalées dans le texte. (Adressé
comme pièce de concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.)
Traité élémentaire de pathologie générale, médicale et chirurgicale ; parJ.-M.
Reyran; 2e édition. Paris, 1 863 ; vol. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur,
par M. Velpeau.)
Elude sur les Zonites de l'Italie septentrionale; par M. G. DE MORTILLET.
(Extrait des Alti délia Società italiana, vol. IV.) Milan, 1862 ; br. in-8°.
The North-Atlantic... Le fond de la mer Nord-Atlantique, comprenant le
journal d'un voyage fait en 1 860 à bord du vaisseau de l'Etat le Bulldog, et des
observations sur l'existence de la vie animale, ainsi que sur le mode de forma-
tion et la nature des dépots qui se font à de grandes profondeurs dans l'Océan ;
par M. G.-C. Wallich. Londres, 1862; in-4°.
On the total... Sur l'éclipsé solaire totale du 18 juillet 1860 observée a
Riva bellosa, près de Miranda de Ebro, en Espagne; par M. Warren de la
Rue. ( Extrait des Transactions philosophiques.) Londres, 1862; in-4°-
( *74 )
Jahrbuch... Annuaire de l'Institut l.-R. géologique de Vienne ;\\[e volume,
i 861-1862 (n° 3, mai à août 1862). Vienne; in 4°-
Annales academici (i858-i85g et i85o,-i86o). Lugduni-Hatavorum, 1862;
2 vol. in-4°. (Envoi des Universités néerlandaises, et des Athénées d'Ams-
terdam et de Deventer.)
In che modo... De quelle manière se produisent chez une population les
changements dans les dialhèses ou dispositions morbides, et comment elles entrent
dans la formation des systèmes médicaux; par le prof. Alfonso CoitRADI.
(Extrait des Memorie dell' Accademia délie Scienze deli Inslituto di Bologna.
Bologne, i862;in-4°.
Corne oggi... Considérations historiques et médicales sur les aj ferlions scro-
fulo-luherculeuses et sur ce qui les a rendues plus communes de nos jours ; par
le même. (Extrait du même recueil.) Bologne, 1862; in-4°.
Sopra... Sur une variété éliologique de l'érysipèle non encore décrite ni indi-
quée par les pathologisles ; par G. BoNACCOHSl. Catane, 1862; in-4°-
Se la cotenna. . . La couenne du caillot du sang tiré de la veine est-elle incom-
patible avec l'existence de la fièvre essentielle intermittente? par le même.
Catane, 1869; 'n*4°-
Annales de l' Observatoire physique central de Russie ; publiées par ordre de
S. M. Impériale; par A. -T. Ivupffer, Directeur de l'Observatoire physique
central ; année 185g. Saint-Pétersbourg, 1 862 ; fort vol. in-4°.
Correspondance météorologique ; publication annuelle de l'Administration des
Mines de Russie; rédigée par le même; année 1860. Saint-Pétersbourg,
1862; in-4°.
Uber die Ctenodipterinen... Sur les Cténodiptères du système devonien ; par
le Dr C.-H. Pandeh. Saint-Pétersbourg, 1862; in-4° avec planches.
Uber die Saurodipterinen... Sur les Saurodiptères, les Dcnflrodontes, les
Glyptolépides et les Chéirolépides du système devonien; par le même. Saint-
Pétersbourg, 1860; in-4° avec 17 planches.
Intorno... Sur un plan d'observations météorologiques et sur remploi de la
caméra lucida pour fàirâ des vues panoramiques de montagnes ; Lettre inédite
( VjS )
de M. F. Cablini à M. Zantedeschi, avec Note de ce dernier; quart de
f'euilje in-8°.
Memorie... Mémoires de r Académie d'Agriculture, Commerce et Arts de
Vérone (vol. XL). — Météorologie italienne; par le prof. F. Zantedeschi,
Membre de cette Académie (vol. I). — Lois du climat de Vérone. Vérone.
1862; in-8°.
Lettera... Lettre du professeur F. Zantedeschi au P. Secchi, fondateur du
Bulletin météorologique à Rome , avec une table générale du climat de Vérone .
Padoue 1862; br. in-8°.
COMPTE RENDU
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
ii i»mn i
SÉANCE DU LUNDI 1G FÉVRIER 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Ei.ie de Reaumont fait hommage à l'Académie de son Éloge histo-
rique d'OErsted, un des huit Associés étrangers, Éloge qu'il a prononcé
dans la séance publique annuelle du 29 décembre 1862.
PHYSIQUE mathématique. — Mouvement d'un fil élastique soumis à l'action
d'un courant de fluide animé d'une vitesse constante; par M. Duhamel.
« On a beaucoup étudié le mouvement d'un fil soumis à l'action de
forces quelconques, et j'ai ramené à ce cas celui du mouvement résultant
de l'action d'un archet, ou d'un corps quelconque produisant un frotte-
ment; mais on n'a pas encore, à ma connaissance, calculé l'action d'un
courant uniforme de fluide sur un fil élastique ayant ses deux extrémités
fixes. Ce problème présente des particularités qui, je crois, ne s'étaient pas
encore rencontrées, et qu'il n'est peut-être pas sans intérêt de signaler.
» La méthode le plus souvent employée, soit dans la théorie de la cha-
leur, soit dans celle des mouvements moléculaires, consiste à décomposer
l'état général du système en une série dont les différents termes représentent
tous les états simples dont ce système est susceptible. Lorsque le phénomène
dépend du temps, un état simple est le produit d'une fonction du temps
C R., i863, 1" Semestre. (T. LV1, N° 7.) ^"]
( *78 )
par une fonction des coordonnées. Cette fonction du temps varie d'un
terme à l'autre parce qu'elle renferme dans son expression générale le
nombre qui désigne le rang du terme; mais cette expression ne change pas
de forme dans toute l'étendue de la série. Or, dans la question que nous
allons traiter, les états simples peuvent avoir deux formes réelles très-diffé-
rentes qui correspondent à des mouvements très-dissemblables. La fonction
du temps est dans les premières une exponentielle, et dans les secondes un
sinus ou un cosinus; d'où résulte pour les premières un mouvement qui
n'a rien de périodique et qui va en se ralentissant indéfiniment, tandis que
l'on a pour les autres un mouvement périodique par l'un de ses facteurs,
mais qui, par l'effet d'un facteur commun à tous les termes, se ralentit lui-
même indéfiniment sans devenir jamais rigoureusement nul. C'est cette
singularité d'un changement de forme dans la fonction réelle du temps, qui
s'opère à un certain point de la strie, qui m'a fait penser que cette ques-
tion pourrait offrir quelque intérêt aux géomètres.
» Je signalerai encore quelques différences remarquables entre le mou-
vement produit par un courant et celui qui résulte de l'action d'un corps
frottant. Ce dernier, comme je l'ai démontré autrefois, est le même que si
le fil était abandonné à lui-même, en partant d'un certain état initial,
toutes les fois que la vitesse relative du corps frottant a constamment le
même sens; d'où résulte un son indépendant de la vitesse de ce corps, qui
est le même que si la corde était pincée, et qui ne s'affaiblirait nullement
s'il n'existait aucune cause étrangère de déperdition. Au contraire, dans le
cas d'un courant, le son fondamental résultant du mouvement simultané
de tous les points du fil, lorsque toutefois il existe, est toujours au-
dessous de celui qui résulterait du mouvement libre du fil ; il varie avec la
vitesse du courant, et il s'affaiblit indéfiniment par l'action même des
causes données, et indépendamment de toute influence étrangère.
» Le nombre des vibrations qui lui correspondent ne varie pas en raison
inverse de la longueur du fil et de la racine carrée de sa densité, ni en rai-
son directe de la tension ; son expression dépend non-seulement de ces
quantités, mais encore de la vitesse du courant.
» Mais il peut arriver que le fil n'ait pas de mouvement périodique d'en-
semble, et cela dépend du rapport de la vitesse du courant avec les données
relatives au fil. Dans ce cas, le son le plus grave correspond à une division
du fil en un certain nombre de parties égales, et la durée de la vibration dé-
pend de ce nombre et de la vitesse du courant, ainsi que des autres données.
» Soient :
[ 279 )
« A et B les extrémités du fil ;
» p le poids de l'unité de longueur rapporté au kilogramme comme
unité de force;
p
• » î sa masse, ou - :
b
» l la longueur AB exprimée en mètres;
•> t le temps exprimé en secondes;
« x, y, z les coordonnées comptées, la première à partir de l'origine A
vers AB, les deux autres suivant rleux axes rectangulaires situés dans un
plan perpendiculaire sur AB;
» oj la vitesse du courant.
» Nous supposerons que cette vitesse soit plus grande que celle d'un
point quelconque de la corde, ce qui sera d'ailleurs facile à vérifier à poste-
riori.
» Cela posé, soient u, y, z les composantes du déplacement à une
époque quelconque d'un point M dont l'abscisse était x dans l'état naturel
du fil; de sorte que les coordonnées de ce même point matériel soient à
cette époque
x -f- n, y, z,
?<, y, z seront des fonctions inconnues de.r et t.
« Soient encore X, Y, Z les forces extérieures appliquées aux différents
points du fil et rapportées à l'unité de masse; les équations générales des
mouvements très-petits de ces points seront, comme on sait,
(0
» Il s'agit maintenant de les appliquer à la question actuelle. Nous sup-
poserons, pour simplifier le calcul, qu'on puisse négliger l'action de la
pesanteur, et que tous les points du fil soient d'abord dans un même plan
parallèle à la direction du courant; il est clair qu'ils resteront constamment
dans ce même plan; et cela aurait encore lieu, même en tenant £ompte de
la pesanteur, si ce plan était vertical.
» Prenons l'axe des y dans ce plan et les y positifs dans le sens de la
vitesse du courant; on devra se borner alors aux deux premières des équa-
37..
dp - * +
I
d*u
-7T- = Y +
dO
T
E
d'y
dx> '
d'z '
T
d*z
1F = Z +
S
~dF'
( 28o )
fions (i). La seule force extérieure étant la pression du fluide, et s'exerçant
perpendiculairement à la courbe qu'affecte le 61, sa direction peut être
regardée comme celle de l'axe même des ; , puisque la tangente à cette
courbe est supposée faire des angles très-petits avec Taxe des x. On aura
donc d'abord
X = o,
el la valeur de u se déterminerait d'après les valeurs initiales de u et — »
r dt
indépendamment de y. Cette discussion est trop connue pour que nous
nous en occupions; les vibrations longitudinales qu'on en déduirait coexiste-
raient avec les vibrations longitudinales déterminées par les valeurs de r,
et qui sont les seules dont nous ayons à nous occuper.
» L'équation unique du mouvement est donc ainsi
d'y t tP y
~di* = + 7 !â?'
Pour avoir l'expression de la force Y, nous admettrons que la pression du
fluide est proportionnelle à la puissance m de la vitesse relative du courant;
elle s'exercera toujours dans le sens de cette vitesse relative qui sera celui
du courant lui-même, ou des y positifs, puisque sa vitesse absolue est tou-
jours supposée plus grande que celle des points de la corde. Cette vitesse
relative étant u — —•, la pression serait de la forme p. ( o) — — L j* désignant
une constante connue. Il en résultera sur l'unité de masse du fd une force
que l'on pourra représenter par ^- ( « — -j J , A' étant la vitesse qu'il fau-
drait donner au courant pour qu'il produisît une pression totale égale au
dy
poids du fil. Si de plus nous supposons que la vitesse — soit toujours une
très-petite fraction de u', dont on puisse négliger les puissances supérieures
à la première, la force produite par le courant sur l'unité de masse, ou Y,
aura pour valeur
m dy
j £
m dt
etMéquation du mouvement sera, en remplaçant s par -,
b
d'y gr d'y mgi>>'"~' dy g a'"
dF " ~p dx> lr lit "*" 7™" '
( »afi )
d'où Ton voit que le problème est le même que si tous les points du til
étaient sollicités par la force constante >~ et que le mouvement eût lieu
dans un milieu offrant une résistance proportionnelle à la puissance m— i
de la vitesse.
» Lorsque la vitesse relative d'un corps et du milieu dans lequel il est
plongé n'est pas très-petite, et ne dépasse pas cependant une certaine limite,
l'expérience montre que la résistance est proportionnelle au carré de cette
vitesse. Si nous nous plaçons dans ces conditions, il faudra supposer m = 2,
et l'équation du mouvement deviendra
, . <Pjr _ gr d\y _ 2£w dy g«2
1 ' de p dx> p dt P
» A cette équation générale il faudra ajouter les conditions suivantes :
(3) j — o pour \_t;
(4) j|=/(x)jpour* = o.
On se débarrassera d'abord du dernier terme de l'équation (a) en posant
y = u + f,
y' désignant une fonction de x déterminée par les équations
rf2 y' p &r
dt? -zk-
1 \x = o
j=o pour|x=B|_.
ce qui donne
(5) J'=S(^-^)'
et l'on aura, pour déterminer m,
d1 u 2 g w du t s d- u
(6)
dt2 lr dt ' p dx2
1 \ \x = o
(7) ,1 = 0 pour ix = r
i u = F(x) — f\
(8) \ du ,., } pour t = o,
( 282 )
d'où l'on voit que u exprime le déplacement des points par rapport à la
position où ils resteraient en équilibre sous l'action du courant, et l'équa-
tion est la même que si ce mouvement relatif avait lieu dans un milieu en
repos, donnant une résistance proportionnelle à la vitesse, avec le coeffi-
cient ^j^-- Pour intégrer l'équation (6) nous poserons
S".
u = e v,
ce qui donnera
(9)
d2v g2w2 z d'o
df- A* ' s dx-
v satisfaisant aux équations (7) et (8) dans lesquelles on remplacerait u
par v.
» Si maintenant on pose
n-rz.r
v = w sin — —
l'équation (9) deviendra
, , rPw I grn2^ g2 o>2\
» Cette équation fait voir que le problème présente des circonstances
particulières qui ne s'étaient pas encore rencontrées, du moins à ma con-
naissance. Elle coïncide avec l'équation ordinaire des cordes vibrantes lors-
que g) = o, comme cela devait être, et s'intègre alors au moyen de sinus et
de cosinus. Il en est encore ainsi lorsque le coefficient de w est positif;
mais s'il est négatif on a des exponentielles, et ces deux formes, qui don-
nent lieu à des conséquences physiques si différentes, sont également pos-
sibles puisque le coefficient de w se compose de deux termes de signes
contraires.
» Et ce qu'il y a de singulier, c'est que s'il y a des exponentielles, ce ne
sera que pour les valeurs de n depuis zéro jusqu'à une limite déterminée,
après laquelle se présenteront indéfiniment des valeurs périodiques par rap-
port au temps, de sorte que la série qui représentera le mouvement général
du fil aura des termes dont la forme restera la même jusqu'à un point dé-
terminé où elle changera brusquement et passera des exponentielles aux
sinus et cosinus.
» Cas où tous les états simples sont périodiques. — Examinons d'abord le
( 283 )
cas où le signe du coefficient de w est toujours le même, par conséquent
positif, ce qui exige qu'il le soit pour n= i, c'est-à-dire que l'on ait
l'équation (10) donnera
/ri2n7sr svoi' ,. . n-ic'ex S: or
„,= Asin.^_JL _ «_ + iu-o». ly/ -^ - V
De là résultera une valeur de t> et par suite de u. On en aura une plus
générale en ajoutant toutes ces valeurs, depuis n = 1 jusqu'à n infini; et
la valeur générale de u sera
eal
» Et c'est bien là la valeur la plus générale de u, car on peut détermi-
ner les coefficients A et B de manière à satisfaire à un état initial quelcon-
que, c'est-à-dire aux équations (8).
» II suffira, en effet, de prendre
2 Cl . Mut f , , /->«- , . 2
du,
V ^ *
1. équation (12) fera alors connaître complètement le mouvement du fil de
part et d'autre de sa position finale d'équilibre donnée par l'équation
et qu'il n'atteindra que pour t = » qui donne « = o.
» Sons et mouvements simples. — Ce mouvement relatif résulte de la
superposition d'une infinité de mouvements simples qui s'accomplissent
dans des intervalles de temps invariables, et d'autant plus courts que n est
plus grand. L'amplitude de ces mouvements va en diminuant indéfiniment
g"' (
à cause du facteur e k' qui leur est commun; mais chacun d'eux, s'il
( ^84 )
existait seul, donnerait lieu à un son correspondant à une durée de vibra-
tion 6 donnée par la formule
V ]>P ' '■'
» Dans ce mouvement simple le fil se partage en n parties égales ayant
leurs extrémités fixes et vibrant séparément.
» Les durées relatives aux diverses valeurs de u sont généralement
incommensurables entre elles, ce qui n'empêche pas d'entendre à la fois les
sons respectifs qui leur correspondent. Le plus grave se rapporte à n = i,
et la durée de la vibration est
V-
pp /•<
On voit qu'elle est plus grande que si l'on avait a = o, ce qui serait le cas
de la corde placée dans le vide et abandonnée à elle-même, en partant
d'un état initial quelconque; et par conséquent l'effet d'un courant de
fluide est différent de celui d'un archet, dans le cas même où tous les états
simples sont périodiques.
» Le son fondamental est plus grave, et il ne varie point en raison
inverse de la longueur du fil, inverse de la raison carrée de sa densité et
directe de sa tension.
» Cas où tous les états simples ne sont pas périodiques. — Examinons main-
tenant le cas où l'on aurait
0J> -r\/— '
1 V gp
et soit m la plus petite valeur de n qui rende
„ wi1 /T
pour toute valeur de «au-dessous de m, l'équation (io) donnera
/llii- _ "'^''g~ /g'"' _ n'g'gr
it- = Ae ' +Bc '
( a85
la valeur correspondante de «sera
•y— — — -y— --^-
et la valeur générale sera exprimée par la série suivante :
k' . mz'j-\
ii —e sin — — \ A p Bc
(i 3)
»=* *' | 2Sin^(Ae'v -' '"' +b« 'v-*,_ "'
I . /7 7T X
sin — : —
Cette expression se compose de deux suites, l'une finie, l'autre infinie,
soumises à une loi unique par rapport à x, mais différente par rapport à t.
du moins tant qu'on veuf rester dans les formes réelles. Il pourrait même
arriver qu'il y eût entre les deux un terme qui ne fût ni de lune ni de l'autre
forme par rapport à t; c'est le cas où pour une certaine valeur p. de n on
aurait
§? = ?\/f' d'où e=£v^-
Il faudrait donc que cette dernière expression fût un membre entier, cir-
constance si exceptionnelle qu'on pourrait se dispenser de la considérer, si
l'on n'avait en vue que la détermination du phénomène physique. L'équa-
tion (10) se réduirait alors à
,i ■■»■
tt = o
dt'
et donnerait
w = </l + 6;
la valeur correspondante de u serait
u=e srn*-y-(a/ + 5);
la première série de la formule ( r 3) s'arrêterait à n = p. — 1 , et la seconde
C R., ,8n3, i« SrmMirr. (T. LVI, V 7.) 38
( 286 )
commencerait à n = p. -+- 1 . Quant à la détermination des coefficients de la
série (i3), ainsi modifiée quand il le faudra, elle se fera de la même ma-
nière que pour la formule (12). On fera d'abord < = o et on identifiera le
résultat à F(x) —f', ce qui donnera
(l4) F^)-^(te-^j=^^f(A-f-B)+gSin^+VNsin^.
I ,u-t-I
Développant le premier membre en série, procédant suivant les sinus
multiples de -y-> et identifiant les coefficients, on déterminera les valeurs
de A+B, êetN.
» Égalant ensuite à/(x) la valeur de — pour / = o, on aura
2(A-
1
B)sin^+6sin^f +2Nsin^
^ . nu ,. „<. /g'2"2 ri'^gt . (/Tr.r
, 1
V< *T /«VÎT £2W2 «7TX I
l-HI J
ou, en vertu de l'équation (i4)>
A - B) V (V - -]£-) sin — + as,n —
vi .. //n'iz2sr g'(»''\ nizx I
p-M J
Cette identité déterminera A— B, a, M.
» Connaissant ainsi A— B, et A-t-B étant déjà connu, on connaîtra A
et B; puis a, 6, M, N étant déterminés, tous les coefficients de la for-
mule (i3) le seront, et le problème sera complètement résolu.
» Etals simples non périodiques. — La valeur de u, qui représente un
( 287 )
quelconque de ces états, est» comme nous l'avons vu,
V^ FF~ , D "'v"^ ~
h = e si n —7— \ A p -+- B<?
Cette expression ne renfermant le temps que dans les exposants ne donne
lien à aucune périodicité clans le mouvement de chaque point du fil.
Ce mouvement tend indéfiniment à s'anéantir, à mesure que t croît, parce
que le coefficient \j ^-tt —77- est évidemment plus petit que ~\ et pat-
conséquent, après la multiplication effectuée, les coefficients de t sont néga-
tifs dans les deux exposants. Mais il ne s'ensuit pas que u décroisse depuis
le commencement du mouvement : il est possible qu'il croisse jusqu'à une
certaine valeur absolue maximum, à partir de laquelle il décroîtra d'une
manière continue jusqu'à zéro. Cela dépendra de la valeur des coefficients,
comme il est facile de s'en assurer.
>> Les points du fil qui restent immobiles sont déterminés par la condi-
tion
JITZ X - Il 77. r
sin — — = o ou — - — = mn,
m désignant un nombre entier quelconque. On tire de là
/
x = m - 1
n
ce qui donne les divers points de division du fil en n parties égales.
» Pour «= 1 il n'y a aucun point immobile entre les deux extrémités,
et l'on a un mouvement d'ensemble de tous les points du fil.
» S'il y a un terme qui renferme t au premier degré, l'état simple cor-
respondant sera représenté par
g a
u — p (a M- Sjsin ^-— >
et offrira les mêmes circonstances que les précédents; il tendra indéfi ni-
ment à s'anéantir parce que l'on a te *" nul pour t infini; et il pourra
aussi donner lieu à un maximun de valeur absolue à partir duquel il décroî-
tra indéfiniment.
38..
( «88 )
» Etats simples périodiques. — La seconde série de la formule (i3) se
compose des termes qui présentent des états périodiques et correspondant
à des sons qui se font entendre à la fois. Le plus «rave de ces sons est donné
par le premier terme de cette série; il correspond au mouvement simple
représenté par l'équation
e
. m-nx I _. . M /rn'n'gr %■&■> /m-n'gr g*a>'\
s,n-rlMsinV>/ ^-V+NcosV-^- V)-
27T
Ce son est d'autant plus aigu que — est plus petit, et par suite
m TT-gT _ g*_<S
V pi* /'
(pie m est plus grand.
» Les points du fil qui restent immobiles sont déterminés par la condi-
TtlTZ X , , 1-1
Mon sin — — =o et ne sont autre chose par conséquent que les points de
division de ce fil en m parties égales. Il n'v a donc pas alors de mouvement
d'ensemble du fil, et les choses se passent comme si sa longueur était réduite
à sa m""'" partie. »
ZOOLOGIE. — Sur le parasitisme de ta chique sur l'homme et les animaux;
par M. Guyon. ( irc partie.)
« Le sujet de cette Notice est extrait d'un Mémoire inédit sur l'Histoirt
naturelle et médicale rie la chique [Dermatophilus pénétrons, Guérin-Méne-
ville).
» La chique recherche, pour établi* sa demeure parasitaire, les tégu-
ments dont l'épiderme joint, à une certaine épaisseur, une certaine mol-
lesse ou laxité. Ces conditions sont réunies dans le rebord de l'épidémie
qui circonscrit les ongles chez l'homme, les griffes et autres productions
cornées des pieds chez les animaux, toutes parties qui sont en même temps,
pour l'insecte, un moyen de protection contre les agents extérieurs.
» La chique s'introduit sous l'épiderme obliquement, peut-être en sui-
vant le trajet d'un des pores dont ce tissu est perforé. On peut la suivre
quelque temps dans sa marche. Elle apparaît alors sous la forme d'un point
brunâtre et allongé (couleur et forme de l'insecte). Ce point disparait de
plus en plus, au fur et à mesure que l'insecte s'avance vers le derme, où il
s'arrête pour y implanter sa trompe. A partir de ce moment, et par suite du
( 289)
développement de son abdomen, consécpience de celui de ses œufs, l'épi-
démie se détache et se soulève d'autant pour en permettre l'interposition
entre lui et le derme. Alors la tète et les pattes de l'insecte, en contact
immédiat avec le derme, sont entièrement cachées sous son abdomen plus
ou moins dilaté, et dont la partie supérieure apparaît seule, à travers l'épi-
démie, sous la forme d'un (joint blanc de lait. Ce point s'élargit chaque
jour davantage, jusqu'à acquérir le diamètre d'une forte lentille, et en pas-
sant insensiblement, de sa couleur blanc de lait primitive, à celle d'un gris
de perle. Arrivé au terme de sa gestation, l'insecte est devenu à la lettre tout
abdomen, et se présente à l'extraction qu'on en peut faire alors sous la forme
et avec la couleur d'une forte perle déprimée. Au centre de la première face
sont la tèle et les pattes de l'insecte, alors comme perdues dans un sillon de
l'abdomen; au centre de la deuxième est le cloaque.
» La maturité des œufs est indiquée par leur couleur gris de cendre
perçue à travers la transparence de leur enveloppe. Parvenus à cet état, ils
se font jour à l'extérieur l'un après l'autre et avec une grande rapidité, en
suivant, dans la couche d'épiderme qui les recouvrait, le trajet suivi par
l'insecte pour y pénétrer. Plusieurs fois j'ai pu voir sortir ainsi les œufs de
la chique sur des individus porteurs de chiques ou négligées ou méconnues,
et dont je faisais alors l'extraction.
» Les œufs de la chique sont de forme allongée, de couleur grisâtre et
fort semblables, par conséquent, à ceux de la puce. Ils ont été comparés,
pour la couleur, à des lentes ou œufs de pediculus par les savants du Voyaye
historique de l Amérique méridionale. Le nom de cocos, sous lequel ils sont
connus des nègres de nos colonies, tient à leur ressemblance, bien en petit
sans doute, avec la noix de ce même nom, celle du Cocos nucifera. Ilséclo-
sent dans la poussière, comme ceux de la puce; seulement ceux-ci y sont
déposés par l'insecte lui-même, tandis que les autres y tombent des parties
cpii les recelaient.
» La sortie des derniers clôt l'existence de l'insecte ; il périt alors en res-
tant accolé tout entier, télé, pattes et abdomen, à l'épiderme qui le recouvrait,
et avec lequel il se détache à la longue de l'individu où il s'était fixé.
» Ce que nous venons de dire de la maturité des œufs et de leur sortie ou
expulsion naturelle ne s'observe guère que chez les animaux ; car, chez
l'homme, presque toujours on en fait l'extraction avec l'insecte à une
époque plus ou moins rapprochée de l'introduction de celui-ci dans les
parties. Le contraire ne s'observe parfois que chez des étrangers qui, por-
tant des chiques, ignorent la nature des accidents qu'ils en éprouvent, ou
bien chez des lépreux où les insectes ont pour siège des parties privées de
( 29° )
sensibilité. Disons à cette occasion qu'en examinant des jambes éléphan-
tiasiques, il nous est plusieurs fois arrivé d'y voir des ouvertures qui n'é-
taient autres que des sorties d'œufs de chique. Des ouvertures identiques
existent sur les pieds des animaux qui ont eu des chiques, et on les retrouve
après leur mort dans leurs dépouilles, ainsi que l'observation en a déjà été
laite par les savants du Voyage précité.
» Outre la sortie naturelle des œufs lorsqu'ils sont parvenus à leur ma-
turité, il arrive assez souvent qu'ils sortent accidentellement. Comme nous
l'avons déjà dit, c'est alors un avortement que diverses causes peuvent pro-
voquer, mais qui toutes agissent en déterminant la rupture ou de l'épaisseur
entière de la poche (abdomen) renfermant les œufs, ou seulement de la
membrane qui la tapisse, et avec laquelle les œufs sont immédiatement en
contact. Du reste, une simple piqûre de cette dernière membrane, sans au-
cune violence extérieure, suffit pour amener le même résultat. C est ce que
nous avons maintes et maintes fois expérimenté avec une aiguille introduite
ilans le trajet, toujours béant, du passage de In chique sous l'épidémie, et
en pénétrant ainsi jusqu'à la membrane à travers le cloaque.... »
M. Ch. Maiitixs, récemment élu à une place de Correspondant pour la
Section d'Économie rurale, adresse ses remercîments à l'Académie.
RAPPORTS.
ZOOLOGIE.— Rapport sur un reptile dinosaurien découvert à Polie/ ny Jura)
par MM. Pidaxcet et Ciiopard.
(Commissaires, MM. d'Archiac, Valenciennes rapporteur.)
« Il y a quelque temps que MM. Pidancet et Chopard, demeurant
à Poligny, dans le Jura, ont envoyé un dessin très-bien fait du pied gauche
d'un reptile gigantesque découvert dans les marnes irisées ou le keuper
de la formation du trias, par conséquent au-dessous de la formation juras-
sique. Ils ont accompagné le dessin dune Note descriptive des portions du
squelette, conservées dans le musée de Poligny. Le dessin et la Note ont
été renvoyés à M. d'Archiac et à moi. Je vais faire connaître le résultat (!<•
notre examen, et l'intérêt zoologique et géologique attaché à la décou-
verte de ces ossements.
» M. Pidancet a établi clairement la position et le gisement de ces restes
fossiles inférieurement au lias. Ceci admis, on voit qu'il s'agit d'un fait
tout nouveau pour ce qui concerne un reptile de la famille des dinosau-
riens, abondants et connus dans cette formation qui recèle les ichthyo-
( 29l )
saures et les plésiosaures, mais que l'on ne connaissait pas encore aussi
bas que le keuper. C'est peut-être ainsi que l'on doit expliquer comment
M. Pidancet a donné un nom nouveau à ce grand lézard : pour exprimer la
crainte que ce monstrueux reptile devait inspirer, il a imaginé le mot com-
posé de Dimodosauue. A la première vue du dessin des os du métatarse,
de la force des phalanges unguéales qui portaient de véritables griffes, j'ai
rapproché le reptile des mégalosaures. Mais la position géologique si infé-
rieure a suscité des cloutes dans l'esprit de vos Commissaires. J'ai relu alors
avec la plus grande attention la description envoyée de Poligny, en la com-
parant au grand fémur du mégalosaure envoyé à M. Cuvier par l'hono-
rable et savant professeur Buckland. La ressemblance et la concordance
sont si complètes, qu'il n'est pas exagéré de se demander si M. Pidancet
avait sous les yeux l'os découvert dans la grande oolithe de Stonesfield.On
retrouve dans cet os les mêmes proportions et les mêmes dimensions jus-
qu'à un centimètre près.
» Comme l'Académie n'avait reçu aucune pièce naturelle, j'ai écrit à
M. Pidancet, après m'en être concerté avec mon confrère M. d'Archiac,
pour demander au moins une dent de ce nouveau reptile. Il a eu l'extrême
complaisance de faire faire de nouvelles recherches ens'adressant à M. Perdu,
chef de section du chemin de fer de Nouchard à Lons le-Saunier. On a
trouvé cinq ou six dents encore engagées dans la tranchée de Villette, près
Arbois. Le gisement est, d'après M. Pidancet, le keuper supérieur, immé-
diatement au-dessus du Bone-bed. Le reste de la couronne de ces dents un
peu cassée est haut de om,02. Elles sont comprimées, très-pointues, et les
bords antérieur et postérieur tranchants et carénés sont dentelés.
» Ce sont, à n'en pas douter, des dents de mégalosaure. Elles viennent
confirmer ce que j'avais supposé en examinant tout d'abord le dessin en-
voyé à l'Académie.
» Les sauriens du genre mégalosaure ont donc une plus grande ancien-
neté sur la surface de notre planète, et leur disparition date donc de cata-
clysmes géologiques antérieurs à ceux que la science parait leur assigner
aujourd'hui.
» Toutefois j'incline à croire que le reptile de Poligny est d'une espèce
différente de celui de la grande oolithe de Stonesfield; les dentelures du
bord des dents sont plus nombreuses et un peu plus fortes que celles des
dents du mégalosaure de M. Buckland, qui a servi à la description de
M. Cuvier.
» Je n'oserais cependant établir une espècesur un document encore aussi
incertain que celui fourni par les pièces envoyées récemment à Paris.
( 2<)a )
» Il faudrait, avant de mettre dans nos catalogues scientifiques le nom
d'une nouvelle espèce, savoir aussi l'opinion de M. Ovven sur le reptile-
gigantesque qu'il vient de retrouver dans le lias inférieur d'Angleterre,
qu'il est parvenu à reconstruire. Quel est ce nouveau dinosaurien annoncé
dans le numéro de janvier 1 863, page 241, de la Revue Britannique?
» M. Pidancet a craint la trop grande fragilité des débris osseux qu'il a
réunis, pour les adresser à l'Académie. Nous croyons cependant que, si
ces os étaient communiqués, ils pourraient être consolidés, puis comparés
avec les autres sauriens que les collections de Paris possèdent déjà, et
par conséquent déterminés avec plus de certitude. Ils sont déposés dans
le musée de la ville de Poligny. Vos Commissaires n'hésitent pas à prier
l'Académie de demander, dans l'intérêt de la géologie et de la zoologie,
communication de ces ossements qui seraient exactement retournés, après
l'examen qui en aurait été fait, et seraient promptement replacés dans le
musée de Poligny,
» Vos Commissaires, en terminant le Rapport que vous venez d'entendre,
vous proposent, comme conclusions :
» i° De remercier MM. Pidancet et Chopard de leur tres-intéressante
communication parle seul dessin remis sous vos yeux;
» 20 D'engager les deux auteurs de cette Note importante a continuel
leurs recherches. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MEMOIRES LUS.
génie RURAL. — Expériences sur l'emploi des eaux d irrigation, sous divers
climats, et théorie de leurs effets; par M. Heuvé-Mangon. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Chevreul, Boussingault, Payen )
« Les irrigations, si nécessaires à l'accroissement de la richesse agricole
d'un pays, sont loin île présenter en France le développement qu'elles pour-
raient y recevoir.
» I a surface des terrains régulièrement arrosée utilise à peine le ving-
tième des eaux disponibles et représente une fraction insignifiante des prai-
ries naturelles de notre pays.
» A l'exception de la Dnrance, nos grands cours d'eau n'enrichissent que
les mers; le Rhône coule inutile au milieu des plaines desséchées du Midi:
la Seine, la Loire, le Rhin n'alimentent pour ainsi dire aucune irrigation,
et leurs affluents secondaires ne sont guère mieux employés.
( 293 )
» Les eaux d'irrigation sont une source d'engrais immédiate qui produit
pour chaque centaine de mille mètres cubes d'eau employée l'équivalent
d'un bœuf de boucherie. Le moindre de nos fleuves entraine donc à la mer,
sans aucun profit, la valeur de plusieurs tètes de gros bétail par heure, et
plusieurs milliers de tètes par année.
» L'utilité des irrigations ne saurait faire l'objet d'un doute. On comprend
dès lors tout l'intérêt qui s'attache à la solution des problèmes relatifs à ce
puissant moyen d'améliorations agricoles.
» Parmi ces problèmes, l'un des plus importants à résoudre et des plus
controversés est celui delà détermination des volumes d'eau véritablement
nécessaires aux arrosages.
« Quand on étudie la pratique des irrigations dans différents pays, on
observe en effet, non sans étonnement, que les agriculteurs emploient, en
général, d'autant plus d'eau que le climat sous lequel ils opèrent est plus
froid et plus humide.
» Les irrigations de l'Espagne et celles de l'Algérie dépensent en effet
infiniment moins d'eau que celles de l'Angleterre ou de l'Ecosse. Les irri-
gateurs de la Provence se contentent d'une très-faible fraction du volume
d'eau exigé par les irrigateurs du nord, de l'ouest et de l'est de la France.
» C'est ainsi que dans l'une de mes irrigations du département de Vau-
cluse, j'ai dépensé moins de i litre d'eau par seconde et par hectare, pour
me conformer à l'usage constant du pays, tandis que, pendant la période
correspondante, dans l'une de mes irrigations des Vosges, en prenant égale-
ment pour règle l'usage constant de la contrée, j'ai dû consommer près de
5o litres par seconde et par hectare, et plus de 200 litres en prenant le
débit moyen de l'année entière.
» Des différences de consommation aussi étonnantes que celles que l'on
vient de signaler sont-elles justifiées par la nature des choses, ou bien sont-
elles le simple résultat d'une routine aveugle, comme l'admettent sans doute
les personnes qui ont proposé de soumettre le régime des irrigations dans
toute la France à une règle unique et invariable? Telle est la question que
j'ai été appelé à résoudre.
» Cette question a été souvent agitée, car, dans notre pays, elle domine
tout le régime de l'usage des cours d'eau. Mais elle l'a été sans résullat, les
agriculteurs du Nord ayant toujours maintenu leurs exigences, et les adver-
saires de leurs opinions à cet égard n'ayant jusqu'ici a leur opposer que
des chiffres pris dans la pratique du Midi, dont le véritable sens leur
échappait.
C. R., iSG3, i" Semestre. (T. LVI, N° 7.) 3o,
( 294 )
» Ce n'est pas que la science n'ait éclairé de lumières certaines quelques-
uns des points fondamentaux de la théorie des irrigations. MM. Chevandier
et Salvétat ont indiqué le rôle qu'y jouent les matières azotées tenues en
dissolution dans les eaux; M. Boussingault a spécifié l'importance capitale
des nitrates et de l'ammoniaque; M. Maitrot de Varennes a appelé l'atten-
tion sur les effets de l'oxygène dissous dans ces eaux. Mais les expériences
isolées de ces savants ne permettaient pas de répondre par des chiffres pré-
cis à la question qui m'était posée : « Pourquoi les irrigateurs du Nord récla-
» ment-ils une quantité d'eau cent ou deux cents fois plus grande que
» celle qui semhle suffisante aux irrigateurs du Midi? »
» Pour résoudre ce problème, et j'espère y être parvenu, il a fallu non
des expériences isolées, mais de longues séries d'observations comparatives
et plusieurs années d'un travail soutenu, car on ne pourrait écarter autre-
ment tant de causes d'erreur que toute expérience isolée comporte quand il
s'agit d'agriculture.
» J'ai employé dans mes cultures, placées comme il convenait aux deux
extrémités de la France, les irrigateurs les plus habiles des localités adoptées,
et j'ai suivi leurs pratiques jour par jour, mesurant exactement les volumes
d'eau employés, constatant avec précision la composition de l'eau à l'entrée
et à la sortie, me rendant compte enfin de la quantité des récoltes obtenues
et de leur composition.
» Mes expériences, poursuivies pendant trois années sur des champs de
cultures différentes, embrassent des milliers de jaugeages, de déterminations
météorologiques et d'analyses dont l'exposé est donné dans mon Mémoire
et serait trop long à résumer ici.
» Les conclusions que j'ai dû tirer de mes expériences se résument dans
les propositions suivantes :
» i° Dans les arrosages du Midi, comme dans ceux du Nord, l'azote
contenu dans les eaux sous forme d'acide nitrique, d'ammoniaque ou de
matières organiques, intervient au profit du sol et se fixe dans les récoltes.
» Mais dans les arrosages à petits volumes du Midi, l'azote fourni par les
eaux est tellement inférieur à l'azote représenté par les récoltes, que le rôle
de ces eaux à titre d]engrais est tout à fait secondaire. Les fumiers et la fer-
tilité acquise du sol comblent le déficit, qui naturellement serait d'autant
moindre cependant que la quantité d'eau dont on pourrait disposer serait
plus grande.
» Dans les irrigations à grands volumes des pays froids, les eaux em-
ployées jouent non-seulement le rôle de véritables engrais, mais d'engrais
( 295)
indispensables ou prépondérants. Elles fournissent non-seulement tout
l'azote emporté par la récolte, mais aussi celui qui, répondant à l'accroisse-
ment de fertilité du sol, se fixe dans celui-ci.
» On pourrait donc souhaiter plus d'eau aux irrigations du Midi ; mais
réduire d'une manière notable le volume des eaux consacrées aux irrigations
du Nord, ce serait méconnaître ou dénaturer leur rôle et leur faire perdre
immédiatement leurs avantages les plus certains.
» 20 On peut envisager les irrigations du Midi comme nécessaires pour
rafraîchir le sol, pour donner l'eau de végétation aux plantes et pour favo-
riser l'état d'humidité du sol qui rend immédiatement autour d'elles la nitri-
fication abondante.
» Les irrigations du Nord réchauffent souvent le sol au lieu de le rafraî-
chir, elles lui fournissent toujours des produits azotés récoltés au loin dans
l'air ou dans lesterresque l'eau a traversées et au moyen desquelles le champ
ou la prairie arrosés empruntent à de larges surfaces des principes de fécon-
dité qu'une nitrificafion moins active ne leur fournirait pas sur place.
» 3° Les eaux d'irrigation, en passant sur les prairies des Vosges, même
pendant l'été, ne leur cèdent qu'environ 3o pour ioo de l'azote combiné
qu'elles renferment. Il n'y a pas lieu de compter qu'on puisse accroître sen-
siblement cette proportion des matières utilisées, car elle exprime aussi
le chiffre observé sur des eaux peu différentes dans les irrigations à petit
volume du Midi, réputées si parfaites et si efficaces; comme si les piaules
ne puisaient plus rien dans les eaux d'arrosage quand leur richesse en azote
descend au-dessous d'un chiffre déterminé.
» 4° Les gaz dissous dans les eaux d'irrigation y jouent un rôle sérieux.
L'acide carbonique, comme on l'a déjà remarqué, se montre plus abondant
à la sortie qu'à l'entrée. Conformément à la théorie de M. Chevreul, l'oxy-
gène offre une proportion inverse. Les eaux d'irrigation déterminent donc
dans le sol des phénomènes de combustion lente, semblables à ceux que le
drainage produit.
» 5° D'ailleurs, c'est la facilité avec laquelle une eau abandonne les
matières fertilisantes qu'elle renferme qui donne la mesure de ses qualités,
plutôt que sa composition absolue.
» 6° La chaleur, qui sera l'objet d'une étude spéciale, ainsi que la
lumière, exerce une influence considérable sur la fixation des principes
fertilisants des eaux d'irrigation. Quand le température ne dépasse pas 7",
la fixation de l'azote parait nulle ou très-faible.
» 70 En résumé, l'eau d'irrigation intervient, au point de vue physique, à
39-
( 296)
titre de régulateur de la température du sol et d'agent essentiel des phéno-
mènes journaliers d'absorption et d'évaporation qui se passent dans les
plantes, et, au point de vue chimique, comme un engrais qui selon la nature
des sols et du climat peut représenter tantôt la totalité, tantôt une faible
partie seulement des matières fertilisantes exigées par la culture.
» La valeur comparative de l'eau et des fumiers constitue par conséquent
l'un des éléments principaux de la détermination des volumes de liquide
à donner aux prairies.
» Le rôle de l'eau est donc extrêmement complexe, et, avant de modifier
la pratique des irrigations d'une contrée, l'agriculteur comme l'autorité
chargée de la répartition des eaux doivent la soumettre à un examen scru-
puleux, d'où résultera souvent la justification des habitudes locales les plus
inexplicables en apparence. »
MÉCANIQUE appliquée. — Mémoire sur un nouveau procédé, fourni par la
théorie du spiral réglant des chronomètres et des montres, pour la détermina-
tion du coefficient d'élasticité des diverses substances , ainsi que de la limite de
leurs déformations permanentes; par M. Phiixips. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Mathieu, Lamé, Delaunay. )
« J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie une nouvelle méthode, fon-
dée sur ma théorie du spiral réglant, pour la détermination des coefficients
d'élasticité et de la limite des déformations permanentes des divers corps
solides. Elle est basée sur la formule qui exprime la durée des oscillations
d'un balancier réuni à un spiral donné. Cette formule, tout à fait analogue
à celle du pendule, peut servir à rechercher le coefficient d'élasticité de la
matière dont est formé le spiral , absolument comme celle du pendnle est
employée pour déterminer l'intensité de la pesanteur. De plus, cette théorie
donnant l'expression très-simple de rallongement proportionnel du spiral
pour un angle quelconque d'écartement du balancier, on a parla un moyen
très-facile de déterminer pour chaque substance la limite d'allongement
pour laquelle commence une déformation permanente apparente.
» Cette méthode, fort aisée à appliquer, a l'avantage d'être très-exacte et
de n'exiger que de fort petites quantités des substances à expérimenter. On
n'a à mesurer directement ni allongements, ni flexions, et l'on obtient ainsi
le coefficient d'élasticité , -^- de la théorie mathématique de l'élas-
ticité.
( '^97 )
» J'ai appliqué cette méthode de deux manières différentes, qui m'ont
fourni deux séries d'expériences. Les appareils avaient été construits par
MM. Rozé, membres de la Société des horlogers.
» Dans la première série d'observations , les fils, étirés suivant un dia-
mètre d'environ i millimètre, étaient façonnés en forme de spiral cylin-
drique, comme ceux des chronomètres, mais beaucoup plus grands, avec
courbes terminales théoriques qui, dans cette circonstance, étaient suivant
une certaine demi-ellipse, puis chaque spiral était successivement adapte
à un balancier de laiton.
» L'appareil étant mis en mouvement, on comptait, à l'aide d'un régu-
lateur et d'un compteur donnant le -^ de seconde, le temps nécessaire pour
l'achèvement d'un nombre d'oscillations qui a varié, selon les substances,
de 200 à 1000. Quant au diamètre du fil, il était mesuré au moyen d'un
micromètre très-précis de M. Froment, exact à jjVïï de millimètre près.
» Pour la limite de déformation permanente, il suffisait de mesurer l'angle
du balancier pour lequel celui-ci ne revenait plus exactement à sa position
d'équilibre.
» Dans la seconde série d'observations, les fils étaient plus fins. Ils avaient
environ \ à \ de millimètre de diamètre, ce qui permettait d'en faire de vrais
spiraux de chronomètres et de les monter dans un véritable chronomètre.
On observait la marche de celui-ci pendant plusieurs heures, d'où l'on con-
cluait très-exactement la durée d'une vibration au balancier. Le diamètre
du fil s'obtenait toujours à l'aide du micromètre de M. Froment.
» J'ai soumis ainsi à l'expérience les principaux métaux et alliages , tels
que le fer, l'acier, le cuivre, le laiton, l'argent, l'or, le platine, le palladium,
l'aluminium, le zinc, le cobalt, le nickel et le bronze d'aluminium.
» Pour les substances déjà observées , les résultats de mes expériences
s'accordent avec les nombres connus. Pour trois corps : le cobalt, le nickel
et le bronze d'aluminium, dont j'ai eu de petites quantités à l'état ductile,
grâce à l'obligeance de M. H. Devdle, et pour lesquels je donne leur coeffi-
cient d'élasticité ainsi que leur limite d'allongement permanent, je n'ai con-
naissance d'aucune expérience antérieure aux miennes. Les résultats sont
ceux-ci: Le cobalt, et surtout le nickel, ont un coefficient d'élasticité au
moins égal à celui du fer et de l'acier. Leur limite de déformation perma-
nente parait être à peu près la même que celle de l'acier. Pour le bronze
d'aluminium, son coefficient d'élasticité serait supérieur à celui du laiton,
et environ le même que celui du cuivre. Quant à sa limite de déformation
permanente, elle paraît être au moins égale à celle de l'acier. Cet alliage
( 298)
présenterait donc, au point de vue de l'élasticité, des propriétés vraiment
remarquables.
» J'ai eu soin de déterminer les densités des différents fils soumis aux
expériences, à l'aide de pesées faites avec une balance de précision. Dans la
seconde série d'observations, où les fds avaient été étirés beaucoup plus
fins que dans la première, les densités étaient à peu près toujours un peu
plus fortes, et les coefficients d'élasticité étaient aussi, en général, un peu
supérieurs à ceux obtenus dans la première série, ce qui s'accorde avec des
expériences de M. le général Morin. »
PATHOLOGIE. — Du délaissement des mourants en étal de mort intermédiaire ;
par M. Josat. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Bernard.)
« J'appelle mort intermédiaire cet état dans lequel la vie générale, plu-
tôt épuisée que finie, simule la mort absolue. Cet état est fréquent au
terme des maladies organiques, dans les cas d'épuisement sénile, dans
l'atonie générale suite des maladies de longue durée. Le malade s'éteint
lentement, offrant presque tous les signes de la mort consommée sans être
mort en réalité.
» La mort intermédiaire est fréquemment confondue avec la mort par-
laite, et cette méprise donne lieu à des délaissements anticipés. Le mourant
s'éteint 10, 20, 3o minutes et plus après avoir été abandonné par ceux qui
étaient préposés à sa garde. M'étant proposé de prévenir les accidents de
ce genre, je me suis appliqué à suivre l'ordre dans lequel les sens s'étei-
gnent. Le toucher, je m'en suis assuré, survit à tous les autres; il est inéga-
lement réparti sur toute la surface tégumentaire. Le mamelon, à sa base,
offre le maximum de sensibilité. J'ai imaginé un instrument d'une simplicité
extrême et d'une application facile, à l'aide duquel on peut réveiller sen-
siblement le dernier rayon de vie et n'abandonner le mourant qu'après
avoir acquis la certitude de la mort absolue. »
M. Tremblay lit un Mémoire ayant pour titre : « Etude des questions
posées sur les sinistres de mer ».
L'auteur, en terminant sa lecture, demande l'insertion dans les Comptes
rendus de l'extrait, précédemment remis, d'un Mémoire qu'il avait commu-
niqué en 1862, et de l'extrait, qu'il doit remettre le lendemain, de son pré-
sent Mémoire.
( 299 )
Quant à la première partie de la demande, l'Académie n'a pas à revenir
sur son ancienne décision , et, quant à la seconde partie, elle est évidemment
inadmissible, l'Académie exigeant de ses Membres eux-mêmes que les
extraits de leurs communications soient déposés séance tenante.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Théorie du magnétisme terrestre dans l'hypothèse
d'un seul fluide électrique; par M. A. Renard. (Extrait par M. Lamé.)
(Commissaires, MM. Lamé, Bertrand.)
« Après avoir donné, d'après M. de La Rive, un résumé des opinions
émises jusqu'à présent sur l'origine du magnétisme terrestre, l'auteur for-
mule la sienne sur l'origine des courants d'Ampère. A son avis, ils sont dus
au double mouvement delà terre au sein du fluide étliéré. Par suite du mou-
vement de translation, le fluide pénètre dans la croûte terrestre, et, par suite
du mouvement de rotation de l'ouest à l'est, ce fluide y prend un mouve-
ment en sens inverse, c'est-à-dire de l'est à l'ouest.
» Les phénomènes magnétiques dépendent, comme on sait, de deux cir-
constances principales : la position du lieu d'observation et le temps. Le
travail de l'auteur comprend deux parties, dans lesquelles il examine suc-
cessivement l'influence propre à chacune de ces circonstances.
» Dans la première partie, il étudie le mouvement d'une molécule de
fluide étliéré dans l'intérieur de la croûte terrestre supposée homogène. Ilar-
rive à ce résultat : La molécule tend à décrire un grand cercle quinesl pas£xe,mais
uni se déplace continuellement de l'est à l'ouest sur la surface de la terre. De là
l'explication du déplacement de l'équateur magnétique. Le plan du grand
cercle fait, avec le plan de l'équateur terrestre, un angle d'autant plus
grand que le point par lequel la molécule s'est introduite dans la croûte
terrestre est plus rapproché des pôles. Au premier abord, on se croit auto-
risé à conclure de ce résultat que les courants qui traversent l'équateur le
font à peu près dans toutes les directions. Mais en observant, d'une part,
qu'une molécule introduite près des pôles ne séjourne pas dans l'intérieur
de la terre, parce qu'il faudrait que la résistance de l'air fût infiniment
grande, comme l'indique le calcul, et d'autre part que, lors même qu'elle
y séjournerait, sa vitesse varie en raison inverse de sa distance au point de
départ, comme l'auteur l'a reconnu ailleurs, on ne tarde pas à se convaincre
( 3oo )
que, rencontrant d'autres molécules dont le mouvement tend de plus eu
plus à être parallèle à l'équateur magnétique, elle finit par être entraînée
dans le courant général qui va de l'est à l'ouest dans la zone située entre les
tropiques. De là cette conclusion générale que notre globe peut, jusqu'à un
certain point, être assimilé à un solénoïde plus ou moins compliqué, qui ne
peut s'étendre très-loin de part et d'autre de l'équateur terrestre, et dont
l'axe se déplace continuellement en effectuant une révolution de l'est à
l'ouest autour de l'axe de la terre.
» Pour contrôler ces idées par l'expérience, l'auteur a cherché l'action
d'un pareil solénoïde sur l'aiguille aimantée. D'abord, en examinant son in-
fluence sur la déclinaison, il a été forcé de conclure que son axe ne peut être
rectiligne, parce que la ligne sans déclinaison devrait être constamment un
méridien terrestre, ce qui n'est pas. Passant de là au phénomène de l'incli-
naison, il a été amené à cette conséquence, que les courants doivent circu-
ler à une assez grande profondeur au sein de la terre ; car, s'ils ne circulaient
qu'à sa surface, une aiguille aimantée, déplacée de l'équateur au pôle, con-
serverait toujours la même direction, tandis qu'elle lait une révolution de
i8o°. Le même résultat aurait lieu si le solénoïde se réduisait à un seul cou-
rant à la surface de la terre, dans le plan de l'équateur magnétique. Suppo-
sant le rayon de ce solénoïde indépendant de la latitude et assez petit par
rapport au noyau de la terre pour pouvoir négliger les puissances de ce
rapport supérieures à la troisième, l'auteur a retrouvé les formules connues
de Biot, qui indiquent comment varient l'inclinaison et l'intensité magné-
tiques avec la latitude. Os formules ne peuvent être pour lui qu'une pre-
mière approximation.
» Dans la seconde partie de son travail, où la position du lieu de l'ob-
servation est supposée fixe et le temps variable, l'auteur s'occupe des va-
riations séculaires, annuelles, diurnes et irrc./ulières.
» Pour lui, les variations séculaires sont dues à la fois au mouvemen! de
translation et au mouvement de rotation de la terre, ou au déplacement de
l'équateur magnétique qui en est la conséquence. En partant des formules
établies dans la première partie, et les admettant comme approximatives,
il explique, sinon d'une manière parfaite, comme on doit s'y attendre, du
moins avec un accord général très-satisfaisant, la marche des pbénomènes
depuis les observations les plus reculées jusqu'à nos jours.
» Les variations annuelles lui paraissent dépendre plus spécialement du
mouvement de translation. Du solstice d'été au solstice d'hiver, on recon-
naît, avec la plus légère attention, que les courants doivent s'incliner vers
( 3oi )
le sud, tout en conservant leur direction générale de l'est à l'ouest, et que,
du solstice d'hiver au solstice d'été, ils doivent s'incliner vers le nord. Ré-
fléchissant ensuite que les-j-|de l'hémisphère austral sont recouverts d'une
couche peu conductrice formée par les eaux de la mer, on ne tarde uas à
pressentir que la seconde moitié du phénomène doit être peu sensible en
comparaison de la première. De là l'explication des variations annuelles
observées par Cassini, Gilpin, Arago, etc.
» Quant aux variations diurnes, l'auteur les regarde comme la consé-
quence du mouvement de rotation. Par suite de la présence du soleil au-des-
sus de l'horizon, il s'élève, dans les légions tropicales, des courants de vapeur
d'eau qui prennent du fluide électrique au sol et à la mer, puis le transportent
dans les parties supérieures de l'atmosphère. De là deux sortes de courants,
les uns supérieurs, qui vont de l'équateur aux pôles; les autres inférieurs,
dans le sol, qui vont des pôles au point de l'équateur au-dessus duquel le
soleil se trouve. Les actions de ces courants s'ajoutent pour faire dévier
chaque jour l'aiguille aûnantée dans le sens indiqué par l'observation.
» Enfin, les variations irrégulières lui paraissent occasionnées par des
courants analogues aux précédents, mais dus à des causes accidentelles,
telles que les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, etc. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Emploi de l'acide sulfureux dans l'épuration des yu<-
sucrés; Lettre de MM. Perier et Possoz.
« Nous avons l'honneur d'informer la Commission nommée pour l'exa-
men de nos procédés relatifs à l'épuration des jus sucrés, que nous ve-
nons de recevoir une caisse de cannes à sucre provenant de l'île de Cuba.
Ces cannes sont actuellement en bon état de conservation et permettraient
d'apprécier les procédés que nous avons eu l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie. En ce moment aussi, l'état actuel des betteraves nous permettrait
encore d'exposer à la même Commission les conditions nouvelles dans les-
quelles nous employons l'acide sulfureux pour l'extraction du sucre de
betteraves, application que nous venons d'effectuer avec succès dans plu-
sieurs grandes fabriques.
» Nous serions surtout désireux d'attirer l'attention de MM. les Commis-
saires sur les différences très-importantes, au point de vue de la pratique,
qui existent entre nos procédés et ceux qui avaient été précédemment re-
commandés, différences qui consistent surtout en ce que nous évitons la pro-
C. R., iSG3, i" Semestre. (T. LVt, N° 7.) 4°
( 3o2 )
duction des sulfite et sulfate de chaux, comme étant nuisibles au travail
et à la pureté du sucre, tandis que d'autres chimistes la conseillent.
» Il nous sera permis d'ajouter que notre manière d'opérer a encore l'a-
vantage qu'elle permet de diminuer les causes d'incrustations sur les sur-
faces de chauffe, et par conséquent d'éviter les inconvénients et altérations
qui en résultent, en obtenant du sucre plus pur et plus abondant. Si MM. les
Commissaires voulaient bien nous incliquer le moment qui leur convien-
drait, nous nous empresserions de nous mettre à leur disposition. »
(Renvoi à la Commission précédemment nommée, Commission qui se
compose de MM. Dumas, Payen, Balard.)
CHIRURGIE. — Troisième et tjuatrième opération d'ovariotomie pratiquées avec
succès, par M. KœberlÉ.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Velpeau, Cloquet, Jobert.)
« La troisième opération, dit l'auteur dans la Lettre jointe à ses deux
Mémoires, a présenté des difficultés extraordinaires, inattendues, qui, heu-
reusement, ont pu être surmontées. La tumeur, qu'il n'a pas été possible
d'extirper, n'a été excisée qu'en partie, et sa base a été embrassée par une
anse de fil de fer. Celle-ci, resserrée successivement, a déterminé la morti-
fication de la tumeur ovarique en totalité. Après son élimination, il est
resté une vaste poche suppurante dont l'ouverture extérieure a été main-
tenue béante pendant deux mois jusqu'à la cicatrisation complète. Cette
opération, pratiquée le l\ décembre 1862, est relative à une jeune femme,
âgée de ai ans, qui était affectée depuis onze mois d'un kyste multilocu-
laire de l'ovaire, dont le développement était devenu très-rapide. La tumeur,
dépourvue d'adhérences à la paroi abdominale, était toute zébrée d'adhé-
rences à l'épiploonet au mésentère. Déplus, elle était intimement fusionnée
avec l'utérus et avec les organes de l'excavation pelvienne. Il n'est survenu
aucun symptôme de péritonite grave. Ce n'est que du onzième au treizième
jour que l'opérée a couru quelque danger par suite de la suppression mo-
mentanée des lotions de sulfate de fer. Quoique la plaie abdominale ne soit
pas encore complètement fermée, l'opérée peut être considérée comme dé-
finitivement rétablie. Son état général est excellent.
» La quatrième opération a été pratiquée le 20 décembre 1862 sur une
jeune fille, âgée de 23 ans, dont la tumeur ovarique multiloculaire a été
ponctionnée plusieurs fois à des intervalles de plus en plus rapprochés. La
guérison, qui pouvait être considérée comme complète dès le dixième jour,
a été entravée par une hémorrhagie consécutive, à la fois interne et externe,
( 3o3 )
de l'artère ovarique, survenue au douzième jour, par suite de la traction
subie par le pédicule qui était fixé dans l'angle inférieur de la cicatrice.
L'hémorrhagie, arrêtée pendant un jour et demi par une compression
méthodique, s'est reproduite en même temps qu'il est survenu des symp-
tômes de péritonite. Alors je n'ai plus hésité; j'ai déchiré la partie infé-
rieure de la cicatrice, j'ai mis en liberté le pédicule dont l'artère ova-
rique a été saisie et maintenue dans une pince laissée à demeure, et j';u
extrait de la cavité abdominale les caillots cpii répandaient une odeur am-
moniacale prononcée. Dès le vingt-quatrième jour, l'opérée se levait, et le
trente-deuxième jour (le 20 janvier) elle pouvait être considérée comme
étant complètement guérie. L'hémorrhagie et les incidents consécutifs n'ont
retardé que de quelques jours la guérison parfaite. »
M. Zenker, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Académie
une Note « sur les Altérations du système musculaire», lui adresse aujour-
d'hui un Mémoire très-étendu « sur l'affection trichinaite chez l'homme ».
L'auteur y donne un historique très-complet des recherches relatives à cet
entozoaire, tant des découvertes qui lui sont propres, que de celles qu'on
doit aux autres naturalistes. La plus récente, et qui offrira certainement un
grand intérêt si elle est confirmée par des observations ultérieures, est celle
qui a rapport au passage de l'helminthe, du canal intestinal où il a péné-
tré avec des aliments fournis par un animal infecté, jusque dans les muscles
du mouvement volontaire , où il se montre sous une forme qui avait
d'abord empêché de le reconnaître. Quand la transformation a été démon-
trée et l'identité établie, il restait à savoir si l'animal allait chercher lui-même
sa nouvelle demeure, ou s'il y était transporté à l'état de germe par le tor-
rent circulatoire. On en était réduit sur ce point aux conjectures, et M. Zen-
ker s'était prononcé pour la dernière ; aujourd'hui il annonce en avoir
obtenu la preuve « en trouvant les embryons dans le sang d'un lapin infecté
avec des trichines, » et il ajoute que le fait a été également observé par le
l)r Fiedler, de Dresde, qui, à sa prière, a poursuivi les expériences.
Ce Mémoire, qui est transmis par M. Duchenne (de Boulogne), a été ren-
voyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Rayer, Bernard ,
Fremy et Cloquet, déjà désignés pour la première communication de
M. Zenker. Un même Rapport pourrait embrasser les deux communi-
cations, dont les sujets ne laissent pas que d'avoir quelque liaison, puisque
la malade chez laquelle le trichine a été d'abord étudié par M. Zenker avait
4o..
( 3o4 )
été d'abord supposée atteinte d'une fièvre typhoïde, à raison des douleurs
musculaires constantes dont elle se plaignait.
M. Martin adresse de Torineitis la figure accompagnée d'une courte ex-
plication d'un cas rare d' hermaphrodisme.
Le sujet qui présente cette monstruosité est un enfant né à terme et qui,
jusqu'au moment où la Note a été écrite, sept semaines après sa naissance,
a été parfaitement bien portant.
(Renvoi à l'examen de MM. Serres, Milne Edwards, Cloquet. )
M. Lemaire adresse deux échantillons d'une même étoffe, dont l'un n'a
subi aucune préparation et dont l'autre a été préparé de manière à ne pou-
voir s'enflammer, à ce qu'assure M. Lemaire qui, d'ailleurs, ne fait pas
connaître le procédé qu'il a employé pour obtenir ce résultat.
(Renvoi à l'examen de la Commission désignée dans la précédente séance
pour une communication de M. Chevalier sur le même objet, Commis-
sion qui se compose de MM. Paven, Velpeau, Rayer.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de l'Agriculture', du Commerce et des Travaux publics
adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du tome XCIII
des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791, et les numéros
7 et 8 du Catalogue des Brevets d'invention pris pendant l'année 1862.
ALGÈBRE. — Sur la théorie des formes cubiques à trois indéterminées. Extrait
d'une Lettre adressée à M. Hermite par M. Rrioschi.
n Milan, 8 février iS63.
» La théorie des formes cubiques ternaires présente une réduction à
l'intégrale elliptique où n'entre qu'un seul paramètre, tout à fait analogue
à celle que vous avez donnée dans votre premier Mémoire sur la théorie
des (onctions homogènes à deux indéterminées.
» Soit u (x,, x2, x3) une formule cubique ternaire; s, t ses invariants
du quatrième et du sixième degré; h, k ses covariants du troisième et du
sixième ordre, c'est-à-dire qu'en posant
i du i d'à . i dh . I d2h , i i//,
Ur~îdl,' U,s=6d^IFs' r=3rt^' r-s~ 6dZ~J7/ r~HdZ''
et
on ait
( 3o5 )
(a/3)H = aa2/333 -+■ «33^00 — 2a23/323,
(a/3)23 = «i2J313 +- «13Pi2 — «n^23 — UatPtti
h=6
Un
Mo
k = l{uh)rsurhs.
» Ces invariants et covariants sont connus, et on trouve leurs expres-
sions dans les Mémoires de MM. Cayley et Aronhold; mais je ne crois pas
qu'on ait encore considéré un troisième covariant qui semble devoir jouer
un grand rôle dans la théorie des formes cubiques ternaires. Ce covariant
".
u2
«3
ht
h2
*.
k,
ka
h
a des propriétés analogues aux propriétés du covariant du sixième ordre
des formes biquadratiques à deux indéterminées ; par exemple le carré de S
peut s'exprimer en fonction rationnelle, entière, des covariants u, h, k,
et des invariants s, t.
» M. Aronhold, dans son Mémoire publié dans le volume LTV du Journal
de M. Borchardt (p. 176), a donné les expressions Saj, Tab des invariants
du quatrième et du sixième degré de la formule cubique ternaire
au + bh ;
en posant dans ces expressions a = h, b = — u, et en indiquant par S, T
les expressions résultantes, on a
S —sh" — l^th3u + <os2h1u2 - f4sthu3 ■+■ (4*2 — 3i3)«<,
th* — 6 s' h"
1 5 sth* u~
,5 1
2ot2h3u3 + i5s*th2u*
— 6s (353 — it-) /tu* -+- t(gs3 — 8t'-) u\
au moyen desquelles la valeur de Q2 peut se réduire à la forme
5liS2 = (6k - 2tu2)3 - 3S(6/fc — 2te2).+- 2T.
Soient «,, a2, u3 trois quantités indéterminées; si l'on multiplie le déter-
( 3o6 )
minant 6 par le déterminant
A =
dx
.r„
d.x , dx
on obtient, en posant Icat = a, u, -+- u,u, -+- a3«3 ,
SA= '
du
k
dh
dh
Or, en supposant que a?,, -r2 . .r3 rendent «(a:,,,x2, x3) = o, on a
S = jA4, T = ^6, 0A=J-{hdk- ikdh)2au,
et par conséquent
54©2 = /i2[(^y-3,
6x
d'où , en posant
6X
h2
on tire
+ »*], 5A = ^//((^)2a«,
1*11
dz
\ (> \ :' — 3.i
2/
» De cette équation on déduit le théorème suivant : Soit «(x, j") = o
une équation du troisième degré entre x et y; en considérant y comme
une fonction de x, on aura
dx
dz
S/6 Sz
6/
3«
2/
z étant lié à x par la relation z = ,
r h-
» Cette réduction d'intégrale est très-importante. M. Aronhold avait
déjà communiqué une transformation de cette espèce à l'Académie de Berlin
dans sa séance du 1 5 avril 1 86 1 . On peut voir la liaison qui existe entre sa
transformation et la précédente, en observant que le développement du
déterminant
//, //, A;,
//,, — zuu f/,2 — ://,, //13 —
P =
D//o,
<)
lu.
Zll,,
Zll,
■'h? — 2"»5
^as
//31 - :n3
ii.
( 3o7 )
nous donne
P = - i* 2 [uuYsurhs - z2 {uh)rs u,hs + - 2 [hh'f urhs •
mais ou a
- 2 [uu)rsu,hs =—l h\ I(uh)rsurhs =*/t, 2 (hh)rsurht = o :
b
en conséquence
P=-B*'« z+*
(./
ou, en substituant pour z sa valeur,
P=-I2-'
Or, en posant
„ dV dP dP
Q;=Bl _ + „,_ + „,_,
on obtient très-facilement
P = zQ;
donc
dP dP dP
n , _6/f _ P _ '^, ^'hdJ^'hlh.
g._-2A, z_ — _-__^ _^__^,
la dernière desquelles revient à la substitution de M. Aronhold. (Monats-
bericht der Preuss. Akademie. Avril 1861, p. t\6{\.) »
PHYSIQUE. — Note sur une manière de faire varier la tension de la décharge
d'une batterie électrique et dune machine de Ruhmkorff; par M. A. C.v/.ix.
(Présenté par M. Pouillet.)
« On sait que les éléments de pile peuvent être associés de deux manières
suivant la nature des effets que l'on vent produire. J'ai pensé qu'on pour-
rait employer des dispositions analogues avec les condensateurs de l'élec-
tricité statique. Jusqu'à présent l'on n'a utilisé la décharge des bouteilles de
J^eyde qu'en les réunissant par leurs armatures de même nom, de manière à
augmenter la quantité, et l'on n'a employé l'association en série que pour
( 3o8 )
charger plusieurs batteries à la fois. Je ne crois pas que l'on ait observé les
propriétés de l'étincelle que l'on obtient en déchargeant la série par ses
armatures extrêmes, bien que l'analogie d'une série de condensateurs avec
la pile soit signalée depuis longtemps. Ainsi l'illustre Biot, clans son Traité
de Physique, décrit des expériences dans lesquelles il a mesuré à l'aide du
plan d'épreuve les tensions Sur les différentes lames d'une série isolée, et il
indique l'accroissement de la tension du milieu de la série vers les extrémi-
tés, mais sans que l'on puisse conclure de ses observations que la longueur
de l'étincelle obtenue par leur fonction soit beaucoup plus grande qu'avec
un seul condensateur. Or tel est l'effet que j'ai eu l'occasion d'observer.
» Les premières expériences ont été faites par M. Ruhmkorff à l'aide de
sa puissante machine d'induction. C'est lui-même qui a tout disposé avec
son habileté bien connue, et avec un désintéressement dont je veux ici le
remercier publiquement. Les pôles de sa machine étant mis en communica-
tion d'une part avec les armatures extrêmes d'une série de bouteilles de
Leyde isolées, d'autre part avec un excitateur, selon la disposition adoptée
pour un seul condensateur, la longueur de l'étincelle qui éclate entre les
branches de l'excitateur augmente progressivement à mesure que le nombre
des bouteilles augmente, tandis que sa grosseur, son éclat et le bruit qui
l'accompagne semblent à peine diminuer. Sans condensateur l'étincelle de
la décharge induite avait de 3oo à 36o millimètres; avec une seule bouteille
de Leyde de moyenne dimension elle avait 3o millimètres environ ; avec huit
bouteilles semblables disposées en série l'étincelle a atteint i3o millimètres.
Nous avons ensuite employé des bouteilles à peu près doubles; avec une
seule la distance explosible était 17 millimètres environ; les huit bouteilles
ont donné une étincelle de 82 millimètres. L'addition d'une neuvième a aug-
menté l'étincelle de 8 millimètres. Dans cette manière d'opérer, les conden-
sateurs successifs se déchargent immédiatement après avoir été chargés.
Pour conserver la charge, il faut réunir l'un des pôles de la machine à la
dernière armature extérieure et produire l'étincelle d'induction entre l'autre
pôle et la première armature interne. La série se charge très-rapidement et
on peut la décharger avec l'excitateur ordinaire; on observe l'allongement
de la distance explosible comme avec le premier mode.
» Les mêmes phénomènes se reproduisent avec la machine électrique
ordinaire; j'ai répété l'expérience au laboratoire du Lycée de Versailles,
devant mon excellent collègue M. Lallemant, et le résultat général concorde
avec le précédent.
( 3o9)
» Nous pensons, M. Ruhmkorff et moi, que cette nouvelle manière de
décharger les condensateurs peut être utile dans un grand nombre de cas.
Avec un certain nombre de bouteilles de Leyde associées, soit en batterie,
soit en série, on obtiendra des décharges appropriées, par la tension et
par la quantité de l'électricité dépensée, aux effets les plus variés. Déjà
M. Ruhmkorff a vu l'application de cette méthode aux belles recherches de
MM. Plucker et Hittorf. Le résultat satisfaisant que nous avons obtenu, en
faisant passer la décharge dans un tube capillaire disposé comme les leurs,
mais contenant des gaz à la pression ordinaire, nous permet d'espérer que
la disposition en série pourra leur être de quelque utilité. »
CHIMIE. — Action réciproque des protosets de cuivre et des sels d'argent ; par
MM. E. Millon et A. Commaille. (Présenté par M. Pelouze.) (Extrait.)
« En versant une solution de protochlorure de cuivre ammoniacal dans
une solution de nitrate d'argent, aussi additionnée d'ammoniaque, il se fait
immédiatement un précipité d'argent métallique dans un état de pureté
absolue. On observe en même temps les particularités suivantes :
» L'argent précipité est amorphe et dans un état de division tel, que le
diamètre de chacun des grains n'excède pas o,oo25 de millimètre. On sait
que l'argent obtenu par les courants électriques ou par l'action des métaux
est le plus souvent brillant et toujours cristallin. L'argent amorphe que
nous obtenons est d'un gris terne, mais quelquefois presque blanc; dans
tous les cas, il prend sous le brunissoir l'éclat métallique le plus vif, et, à la
faveur de son grand état de division, il est facile de l'appliquer sur les ma-
tières les plus diverses, telles que le bois, la pierre, le cuir et les tissus de
différentes sortes. On a là du même coup l'argent pur et divisé. Il est pro-
bable qu'un tel état favorisera l'application de ce métal dans plusieurs
industries.
» Pour concevoir tout le parti qu'on peut tirer de cette réaction dans
diverses circonstances chimiques, soit pour extraire, puriher et doser l'ar-
gent, soit pour arriver à une analyse plus exacte des composés de cuivre,
nous devons faire connaître tout de suite que la réaction s'opère, entre les
principes réagissants, dans la proportion même de l'équivalent chimique.
» Ainsi, par le poids de l'argent précipité, on détermine exactement la
quantité d'oxydule de cuivre engagée dans la réaction ; peu importe que le
protosel soit pur ou mélangé de bisel. On possède là un moyen tout à fait
C. R., i863, 1er Semestre. (T. LVI, N° 7.) 4'
( 3io)
rigoureux et nouveau d'analyser un mélange de protosel et de bisel de cuivre,
et de se tenir, dans l'étude des composés cuivreux, à l'abri de toutes les causes
d'incertitude auxquelles il était bien difficile précédemment d'échapper.
» Si le composé cuivreux est employé en quantité suffisante par rapport
au sel d'argent, tout le métal contenu dans le sel argentique se trouve pré-
cipité. C'est en effet ce qui a lieu et ce que nous avons pu vérifier en par-
tant d'une quantité connue d'argent dissoute dans l'acide nitrique, que
nous avons retrouvée sans changement de poids appréciable, après l'action
du protochlorure de cuivre ammoniacal.
» Ainsi igr, 1 1 5 d'argent fin ayant été dissous dans l'acide azotique et la
liqueur ayant été rendue fortement ammoniacale, nous y avons versé du
protochlorure de cuivre également ammoniacal. L'argent précipité, bien
lavé, séché, pesait igr, 1 14 , soit 99,91 pour 100.
» ogr,588 d'argent, traités de la même manière, se sont trouvés réduits à
ogr,5855, soit 99,57 pour 100.
» Enfin 0^,9827 du même métal, toujours dissous de même, puis préci-
pités par le chlorure cuivreux ammoniacal, ont pesé 0,983; soit, argent
retrouvé, ioo,o3au lieu de 100.
» Ce procédé, qui est rigoureux, donne l'argent sous un état tellement
facile à recueillir et à doser, que l'analyse des composés argentiques trou-
vera dans cette méthode une simplification et surtout une célérité par-
ticulière.
» Pour passer des faits qui précèdent à la purification et à l'extraction de
l'argent, nous avons attaché une grande importance à déterminer la solubi-
lité du chlorure d'argent dans diverses liqueurs. A cet effet, nous avons
employé comme dissolvant du chlorure d'argent caillebotté ou fondu, tantôt
de l'ammoniaque pure à différents degrés de concentration, tantôt de
l'ammoniaque additionnée d'une solution de chlorure potassique, ammo-
nique, etc. ; d'autres fois encore nous avons recherché la solubilité du
chlorure argentique à la faveur des chlorures, mais sans le concours de
l'ammoniaque.
» Nous avons employé, pour la précipitation de l'argent métallique, le
protocblorure de cuivre très-ammoniacal, et nous avons obtenu les nom-
bres qui seront indiqués plus bas, rapportés à l'argent métallique et à un-
litre de chaque liqueur.
a Les nombres obtenus sont consignés dans le tableau suivant :
(3n )
DISSOLVANT DU CHLORURE D'ARGENT.
Ammoniaque à 1 8° Cartier
Ammoniaque à i8° Cartier, additionnée de son volume d'eau
Ammoniaque à ii° Cartier
Ammoniaque à 160 Cartier,
Ammoniaque à i8°, étendue de son volume d'une solution saturée de sel
marin
Ammoniaque à i8°, étendue de son volume d'une solution saturée de chlo-
rure de potassium
Ammoniaque à i8°, étendue de son volume de chlorhydrate d'ammoniaque.
QUANTITÉ
d'argent
dissous.
5i,6
23,8
58, o
4g,6
20,8
20,4
22,4
» Le chlorure d'argent est insoluble dans les chlorures de calcium et
de zinc.
» Les nombres précédents ont été obtenus avec le chlorure d'argent
caillebotté, mais la solubilité du chlorure d'argent fondu ne paraît pas of-
frir une variation bien notable; ainsi la solubilité du chlorure sous le pre-
mier état étant représentée par 4g, fi de métal, elle se trouve de 48,4 avec
le chlorure fondu. Toutefois, il est nécessaire de prolonger le contact en
agitant de temps à autre le chlorure fondu et réduit en petits fragments.
» Le tableau précédent prouve qu'il est facile de dissoudre jusqu'à
58 grammes d'argent métallique, à l'état de chlorure, dans l'ammoniaque
amenée au titre commercial de ii° qui s'obtient le plus généralement.
Il nous semble que cette solubilité est suffisante pour qu'il soit possible
de concevoir que les minerais d'argent, convertis en chlorure, seraient ra-
menés à une exploitation dans laquelle on supprimerait l'emploi si dange-
reux et si coûteux du mercure, et dont toutes les opérations d'extraction se
trouveraient d'une simplicité toute particulière (i).
» Un litre d'ammoniaque saturée de chlorure d'argent serait précipité
par 23o centimètres cubes d'une solution ammoniacale de protochlorure de
cuivre au maximum de concentration; on maintiendrait toujours le précipi-
tant en excès, et l'on comprend que la même quantité de cuivre servirait in-
(i) Les résidus d'argent des laboratoires sont révivifiés si promptement par ce procédé,
que nous pensons que bientôt on n'aura plus recours à d'autre moyen.
4t-.
( 3.3 )
dt'finiment; il suffirait pour cela de réduire le bichlorure de cuivre formé,
par le zinc; réduction qui se fait avec la plus grande énergie au sein de la
liqueur ammoniacale et qui reproduirait incessamment le cuivre métallique
nécessaire à la formation du protochiure. On conçoit, d'autre part, qu'il y
aurait un réemploi continuel de l'ammoniaque dégagée par la chaux et
ramenée au degré de concentration voulu. Quant à la purification de l'ar-
gent, il semble inutile d'insister pour montrer combien elle est simplifiée
par la méthode qui précède. »
astronomie. — Observation de la lumière zodiacale à Yzeure [Allier); Lettre
de M. Laussedatô M. le Secrétaire perpétuel.
« Yzeure, près Moulins, le |5 février i8G3.
» Depuis quatre jours que je suis ici, j'ai eu l'occasion d'observer la lu-
mière zodiacale tous les soirs de 6b 3om à 8b 3om et même un peu au delà.
Un ciel d'une rare pureté et l'absence de la lune au-dessus de l'horizon ont
rendu cette période de temps particulièrement favorable à l'observation
d'un phénomène si difficile à saisir dans nos climats. Immédiatement après
que le crépuscule a cessé, la lueur zodiacale apparaît très-distinctement de-
puis les confins de l'horizon jusque dans la constellation du Bélier, sur une
hauteur de 5o à 6o° au moins et sous la forme d'un triangle scalène dont
le sommet s'incline vers le sud. La base de ce triangle peut avoir de 12 à
1 5°, mais la lueur s'affaiblit considérablement sur les bords et vers le
sommet, et il n'est pas facile par conséquent d'en tracer exactement les
limites. Hier, 14, vers 7h 3om du soir, je la suivais jusque dans le voisinage
de la planète Mars, située en ce moment un peu au-dessous des Pléiades, et
qui par parenthèse scintillait visiblement. L'éclat maximum de la lueur s'ob-
servait au tiers environ de sa hauteur, c'est-à-dire à i5 ou ao° au-dessus
de l'horizon (1) ; il dépassait certainement celui de la voie lactée dans les
régions les plus brillantes, par exemple dans la constellation de Cassiopée.
» Un de mes amis qui habite la campagne et à qui j'ai montré ce phéno-
mène m'a assuré qu'il l'avait remarqué tous les soirs sans interruption de-
puis dimanche dernier, 8, et qu'il ne se souvenait pas d'en avoir jamais été
frappé auparavant.
(1) Comme il n'y avait pas la moindre apparence de brume, il faut admettre que le dé-
croissement d'intensité de la lueur prés de l'horizon était produit par l'absorption des
rayons lumineux qui traversent l'atmosphère sur une épaisseur plus considérable.
l3i3 )
» Pendant toute cette semaine, le thermomètre est descendu au-dessous
de zéro vers 7 heures du soir; le baromètre a été très-élevé et à om,r]'j'i en
moyenne, à une altitude de 225 mètres environ; les vents d'E. et de N.-E.
ont toujours régné. L'air a été très-sec en général et le ciel toujours décou-
vert.
» Je joins à ma Lettre un relevé des registres météorologiques de M. Giat,
observateur consciencieux et assidu, dont la station au centre de la France
mérite d'être signalée à l'Académie et aux météorologistes.
» Au moment où j'écris, le phénomène présente exactement la même
apparence que pendant les soirées précédentes, et M. Giat en est témoin
avec moi.
THERMOMÈTRE . BAROMÈTRE. BAROMÈTRE. BAROMÈTRE. ALTITUDE
gheures du mat. 9 heures du mat. 5 heures du soir, g heures du soir, du baromètre, TÏi"1.
Février 8
0
a,o9
m
0,76571
m
0,76508
m
0,76481
9
3,45
o,?6853
0,76835
0,76955
10
— 2,5g
0,77243
0,77203
0,77319
1 1
2,11
0,77218
0,77023
0,77144
12
+ 0,48
0,77412
0,77347
0,77480
1 3
— i,8o
0,77629
0,774!2
0,77396
4
+ 0,06
0,87317
0,77128
0,77131
j5
-f- 0,06
0,77202
0,77183
physique. — Note sur l'extraction et le dosage des gaz dissous dans l'eau;
par M. Ad. Bobierre.
« Lorsqu'on mélange 53,73g volumes d'alcool anhydre avec 49,836
volumes d'eau, les 103,775 volumes se réduisent à 100; c est là un fait
bien connu. Ce qui l'est moins, c'est la nature des gaz qui, en pareil cas,
se dégagent avec abondance. De Saussure avait cru voir dans ce phéno-
mène un simple dégagement d'oxygène, l'alcool, selon cet observateur, en
dissolvant 0,1625 de son volume, tandis que l'eau n'en dissoudrait que
o,o65.
» En reprenant vers la fin de 1861 les expériences de de Saussure, je
n'ai pas tardé à reconnaître que les gaz se dégagent en abondance, alors
même que l'alcool a été soumis à l'ébullition. Dans le commencement de
1862, j'ai étudié le dosage des gaz de l'eau à l'aide de tubes gradués dispo-
sés sur le mercure, en profitant de la contraction d'un mélange de ce
liquide avec l'alcool.
( 3i4 )
» Dans les premiers mois de cette même année, je faisais construire chez
M. Salleron un appareil dans lequel je pouvais agir sur i i litre environ
d'eau alcoolisée et dont je soumets le croquis à l'Académie. M. Lallemant,
professeur à la Faculté de Rennes, a vu cet appareil en août dans mon labo-
ratoire. M. Labresson, mon collègue à l'Ecole préparatoire des Sciences de
Nantes, son préparateur, et beaucoup d'autres personnes, l'ont également
vu fonctionner entre mes mains. Voulant toutefois déterminer avec soin
les limites dans lesquelles pouvaient être comprises les erreurs du procédé,
je m'étais promis de n'appeler l'attention bienveillante de l'Académie que
sur une idée convenablement sanctionnée par l'expérimentation. Je me vois
forcé de me départir de cette réserve et de signaler dès aujourd'hui le prin-
cipe de ma méthode, car une Note lue à l'Académie de Médecine par M. le
Dr Robinet, et qui m'a été adressée par ce savant, fait allusion au procédé
dont je m'occupe depuis le commencement de 1862. M. Robinet, qui
n'avait pas connaissance de mes travaux, déclare se borner à prendre date.
Il opère comme je l'ai fait à l'origine de mes recherches, c'est-à-dire
en faisant le mélange des liquides dans un tube gradué , moyen que j'ai
abandonné comme ne comportant pas l'emploi de quantités suffisantes de
liquide.
» En attendant que je puisse soumettre à l'Académie les chiffres de mes
expériences, je la prie de vouloir bien accueillir et ma réclamation de prio-
rité et le croquis de mon appareil. Je me hâte d'ajouter que M. Robinet a
reconnu sans aucune réserve et avec un empressement plein de loyauté l'an-
tériorité de mes essais sur les siens. »
M. Cavaillé-Coll prie l'Académie de vouloir bien lui accorder, dans la
prochaine séance, un tour de lecture pour une communication relative à
une « soufflerie de cabinet armée de régulateurs de la pression del'airou des
gaz dans ses applications à des expériences d'acoustique et à la régularisa-
tion de l'émission du gaz d'éclairage ».
Mme de Corxeillan, qui avait, dans les séances des 1 3 janvier et 1 7 février
1862, fait deux communications sur les résultats qu'elle avait obtenus pour
le dévidage en soie grége du cocon du ver à soie de l'ailante, adresse un
écheveau à plusieurs brins de cette soie obtenu par le dévidage simultané
de huit cocons.
Cette nouvelle communication a été faite à l'occasion d'une Note récente
( 3i5 )
de M. Guérin-Méneville, Note dans laquelle l'auteur avait rappelé, quoique
Mme de Corneillan semble supposer le contraire, les résultats obtenus par
cette daine, comme ceux obtenus par M. Forgemol.
(Renvoi à la Commission des vers à soie.)
M. Tocrmer demande l'ouverture d'un paquet cacheté qu'il avait déposé
le i5 avril j86i .
Ce paquet, ouvert en séance, renferme une Note concernant un système
de télégraphie électrique dans lequel l'écriture des correspondants serait
exactement reproduite.
M. Poirel rappelle l'envoi qu'il a fait d'une Note concernant un appareil
destiné à prévenir la pénétration dans les poumons des poussières siliceuses
au milieu desquelles respirent les tailleurs de pierre; peu après il avait
adressé l'appareil lui-même. Il prie l'Académie de vouloir bien se faire faire
un Rapport sur son invention.
(Renvoi à M. Cloquet, déjà chargé de l'examen des deux pièces.)
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section d'Économie rurale présente, par l'organe de son doyen
M. Boussingault, la liste suivante de candidats pour la place de Correspon-
dant vacante par suite du décès de M. Bracy-Clark.
En première ligne. . . . M. de Vibraye, à Cheverny (Loir-et-Cher).
En seconde ligne M. Parade, à Nancy.
Ces candidats étant du nombre de ceux dont les titres ont été discutes
dans le comité secret de l'avant-dernière séance, l'Académie ne revient pas
sur cette discussion.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures un quart. F.
( 3i6 )
BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 16 février 1 863 les ouvrages
dont voici les titres :
Éloge historique de Jean-Christian OErsted, associé étranger de l'Académie
des Sciences de l'Institut impérial de France; par M. Élie DE BEAUMONT,
Secrétaire perpétuel de l'Académie, lu à la séance publique annuelle du
29 décembre 1862. Paris, i863; in-4°.
Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention,
de perjeclionnement et d'importation; publiée par les ordres de M. le Mi-
nistre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; t. XCIII.
Paris, i863; vol. in-4°.
Mémoires de V Académie impériale de Médecine ; t. XXV, 2e partie, année
1862. Paris, 1862; vol. in-4°.
Les Fumeurs d'opium en Chine; élude médicale , par le Dr H. Libermank.
Paris, 1862 ; in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. J. Cloquet.)
Quelques considérations sur la fièvre jaune ; moyens prophylactiques de cette
maladie, etc.; par le Dr M. Marques de Carvalho, médecin brésilien.
Paris, in-4°.
Résumé météorologique de l'année 1861 pour Genève et le grand Sairit-Ber-
nard; parE. Plantamour. (Extrait de la Bibliothèque universelle de Genève,
août 1862.) Genève, i862;in-8°.
Essais sur la Nouvelle-Calédonie; par MM. Vieillard et E. Deplanche.
(Extrait de la Revue Maritime et Coloniale.) Paris, i863; in-8°. (2 exempl.)
Notice sur une ovariotomie pratiquée le 29 septembre 1862; par E. K.OE-
berlé. Strasbourg, 18G2; br. in-8° avec 6 planches lithographiées.
Annuaire des cinq déparlements de la Normandie , publié par l'Association
Normande; 29e année, i863. Caen; vol. in-8°.
New magnetic... Nouvelle théorie magnétique; par Oméga. Tnnbridge-
wells, 1862; br. petit in-8°.
Il barometro... Note sur le baromètre aréomélrique à balance de la Loggia
d'Orgagna à Florence ,- par le P. prof. Filippo Cecchi. — Théorie analytique
élémentaire des baromètres aréomélriques à mercure; par Giov. AlNTONELLi.
Florence, 1862; br. in-8°. (2 exempl.)
Relazioni... Mémoire sur les relations entre certaines propriétés thermiques
et d'autres propriétés physiques des corps ;par Giov. Cantoni. Pavie, 1862;
br. in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 FÉVRIER 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ZOOLOGIE. — Dune espèce de Chélonien fossile d'un genre nouveau, trouvé
dans la craie du cap la Hève par M. Lennier, du Havre, et décrit par
M. A. Valenciexxes.
« Les grandes marées de la Manche laissent à découvert le pied du cap
la Hève. On peut alors marcher sur les assises de la grande formation du
Havre. Le géologue actif et chercheur voit paraître sur les blocs, mis à nu
pendant de courts instants, les débris de squelettes de grands reptiles, de
poissons, confondus avec d'autres corps organisés, et ordinairement d'es-
pèce et de genre inconnus. Quand l'habitude de ces explorations fait naître
l'espoir de trouver quelques portions importantes de squelette, il faut s'oc-
cuper de tirer les os de la gangue durcie qui les retient et qui les cache.
Ce n'est pas tout de les dégager, il faut les déterminer. C'est alors que
commence le devoir et le travail de la zoologie. J'ai déjà nommé à l'Aca-
démie M. Lennier, conservateur du musée du Havre, pour sa découverte
d'un Ichthyosaiire, que j'ai pu déterminer comme d'une espèce nouvelle.
Te l'ai dédiée à notre grand et illustre zoologiste, en appelant ce Saurien
ICHTHYOSAURUS CUVIERI.
» En explorant de nouveau les falaises qui conduisent vers ces côtes que
C. F,., i803, ier Semest,e. (T. LVI, N» 8.) 4 2
( 3i8 )
les marins nomment la Côte blanche, M. Lennier a trouvé un bloc sur lequel
il a vu saillir l'extrémité d'os semblables à des côtes de Tortue.
» Il m'a adressé ces fragments, que j'ai fini par reconnaître appartenir au
squelette d'une Tortue d'un genre Rouveau, facile à déterminer par un carac-
tère très-saillant, celui d'avoir neuf côtes. Toutes celles que nous connais-
sons aujourd'hui n'en ont que huit. Plusieurs autres particularités de l'orga-
nisation de ce nouveau Chélonien montrent qu'il tient des Tortues molles,
ou des Trionyx fluviatiles de Geoffroy et des Chélonées ou Tortues marines
d'Alexandre Brongniart. Je l'appellerai :
PAL/EOCHELYS novemcostatus.
» Je vais commencer par appeler l'attention sur la position occupée par
la béte dans la vase durcie comme le marbre le plus dur, lorsque la vague
qui l'a jetée à la côte l'a fait périr.
» L'animal, couché sur la berge par le côté gauche, s'est brisé par le
milieu de la carapace, le long de la colonne vertébrale. La portion gauche
a été empâtée dans le sol, et l'autre portion a glissé sur la carapace gauche.
Le sternum a suivi le même mouvement, de façon que la large portion de
ce plastron, formée par rhyposternurn droit, s'est collée sur celui du côté
gauche. Les quatre membres ont été emportés par ces efforts violents et
convulsifs; il n'est resté que l'omoplate droite de la Tortue.
» La tète a été en grande partie brisée; cependant quelques fragments
d'os du crâne ou de la face ont pu être retrouvés entre les carapaces et le
reste du sternum. Quelques-unes des plaques marginales qui cernent la
cavité viscérale ont été retirées dans la gangue qui a tout enveloppé.
» Tout ceci formait une grosse masse qui avait un volume supérieur
a un mètre cube. On voyait saillir quelques bouts de côtes, la plus
grande partie de l'omoplate; mais il a fallu l'adresse et la persévérance
de M. Merlieux, qui a bien voulu suivre avec moi la recherche de ces
os, pour découvrir l'ensemble que je mets sous les yeux de l'Académie.
()ue l'on me permette d'insister sur la persévérance que nous avons mise à
cette recherche : plus d'une fois nous avons été sur le point de tout aban-
donner; mais bientôt une crête osseuse s'offrait à nous et nous faisait
espérer de trouver le résultat que nous avons obtenu.
» Je vais décrire maintenant ces os; puis je reviendrai sur les considé-
rations d'ensemble à mesure que la description des dix-neuf os, dégagés
de la gangue qui les enveloppait, nous les aura fait mieux apprécier.
>• La portion inférieure de la carapace a été emportée. Ce qui reste de
( 3.9 )
cette région dorsale est haut de om, 55; la largeur du disque plein peut
être évaluée à om,45; mais il faut y ajouter la saillie des côtes, qui,
en les comptant des deux côtés, donnerait une largeur de om,i4; puis
l'épaisseur des plaques du disque qui augmentent encore le diamètre
total du corps deora,o4 à om,o5. La portion qui nous reste porte om,52.
Par conséquent nous devons croire que cet animal avait une carapace
à peu près ronde, de om, 70 au moins de largeur totale osseuse. La sur-
face extérieure de cette carapace est lisse, sans aucune rugosité. Elle ne
porte aucune trace des treize plaques cornées qui donnent à l'industrie les
écailles si recherchées dans les Chélonées. Il faut bien insister sur ce fait, que
ce que nous avons des plaques dorsales ou sternales est une ossature lisse
et fibreuse. On ne voit aucune trace des écailles des Chélonées ordinaires.
L'animal était donc couvert d'une peau qui débordait le disque osseux, comme
cela existe dans lesTrionyx vivants et fossiles que nous connaissons déjà.
Mais ces Chéloniens ont les os de la carapace et le sternum relevés par de
nombreuses rugosités.
» Un autre Chélonien a la carapace couverte d'une peau molle et
épaisse; mais il ne porte que huit côtes. C'est le genre sphargis (Testudo
roriacea, Lin.) qui vit encore dans l'Atlantique, et entre quelquefois dans
le grand golfe de Gascogne.
» Nous observons sur notre Tortue deux autres caractères que portent
quelques espèces de Trionyx. Le premier, qui appartient à la carapace, est
une forte carène dorsale aiguë, haute de om,o3, et élevée tout le long de
la colonne vertébrale. A la base du cou, était la petite nuchale, qui existe
dans les gymnopodes et les centropodes de Duméril. Ainsi la Tortue avait
des affinités avec les Trionyx : i° par la peau molle; 20 par l'absence de
plaques d'écaillés; 3° par la plaque nuchale. Cette plaque nuchale est large
de om,09 et haute de om,o4- Sa face externe est plus lisse que la face interne,
qui était adhérente à la peau de l'animal.
» Si notre Tortue se rapproche des Trionvx par la carène dorsale et pat
la plaque accessoire, elle s'en éloigne par l'absence de rugosités sur ces os;
elle en diffère encore plus par le nombre des pièces marginales qui reçoivent
l'extrémité des côtes. Il reste une suite de ces pièces réunies en un seul
morceau long de om, 36, plat en dessus et arrondi sur le côté inférieur et
externe ; il est plié en gouttière dans toute sa longueur, et un enfoncement
très-prononcé marque la place où se rend chaque côte. Ajoutons deux mor-
ceaux pleins, longs, l'un de om,07, l'autre deom,09, qui se réunissaient au
côté gauche et devaient continuer et fermer le cercle marginal qui entoure
42.
( 320 )
la cavité viscérale des Chélonées. Ces plaques étaient encore presque en
leur place normale sur le côté de la carapace.
» Ce bord osseux et la l'orme du pariétal me l'ont croire que notre Tortue
fossile doit être considérée comme étant plus voisine des Chélonées et pius
particulièrement des Sphargis que de tout autre genre. Elle devait être un
de ces grands reptiles de haute mer.
» Ayant ainsi retrouvé cette affinité de notre Tortue, j'ai été conduit à
déterminer plus aisément les quelques fragments de la tète qui ont été
conservés dans l'intervalle resté vide entre les deux portions de la carapace.
» Le premier os de la tète, de forme singulière, est le pariétal droit.
C'est l'os que l'on voit sur le haut de la tète restaurée. Il est convexe en
dessus et donne en arrière une longue apophyse qui allait s'articuler avec
l'occipital, et descendait en s'arrondissant vers les côtés. En dedans j'ai fini
par reconnaître l'apophyse lamellaire qui descend verticalement dans le
crâne, et s'applique sur celle portée par le pariétal gauche. Ce pariétal étant mis
en place, et appelant mon attention vers le crâne et sur les os qui avoisinent
cette région, j'ai pu déterminer le maxillaire. Le bord supérieur orbitaire
est intact. Il m'a donné la forme et une première idée de la grandeur de
l'orbite. Le bord inférieur du maxillaire, qui aurait dessiné le profil du bec
de la tortue, a été mutilé. Il a servi cependant, à cause de l'intégrité du bord
orbitaire, à mettre en sa place naturelle le fragment de jugal, et la plaque
plus mince du frontal postérieur, mais dont les bords ne sont pas bien
conservés; et enfin le fragment du frontal antérieur est venu se placer
naturellement sur le haut de l'orbite. Nous avons encore trouvé un cin-
quième os cassé que nous avons reconnu pour une petite portion de pala-
tin. Il est trop mutilé pour qu'il soit nécessaire d'en dire davantage. Ces os
nous donnent de bonnes indications pour déterminer la grandeur probable
de la tête de cet anima!. Si l'on compare ce qui reste du maxillaire de notre
fossile à celui d'une Tortue franche dont la tète a om,22 de long, on pourra
estimer la tête fossile d'un tiers plus grande, du moins quant à la face; et
si l'on prend le pariétal pour établir la comparaison, on arrivera à ajouter
seulement un quart, d'où l'on conclura que le museau du fossile était beau-
coup plus allongé proportionnellement que le crâne, et que la tète entière
était plus grande au moins d'un tiers que la tête des Tortues aujourd'hui
vivantes dans le sein des océans de notre terre. Toutefois ces grandeurs
présumées ne peuvent nous éclairer suffisamment sur la taille entière de
notre fossile, attendu que : i° nous ne connaissons pas bien le rapport delà
tète des Tortues à celle du corps; et 2° que nous n'avons aucune donnée
( 32« )
pour juger de l'étendue de la peau qui bordait le corps de notre tossile.
» Nous avons retiré du fond médian de la carapace la vertèbre transverse
sur laquelle le cou se meut sur les vertèbres dorsales. Nous croyons que
cette vertèbre peut être considérée comme la dernière cervicale. Elle porte
une côte grêle, arquée, comprimée, s'appuyant de la vertèbre à la cara-
pace. On retrouve cette petite côte que j'appelle cervicale dans toutes nos
Tortues vivantes, terrestres, fluviatiles ou marines.
» La saillie des tètes des côtes donne la place des vertèbres dorsales. Nous
avons trouvé la moitié du corps d'une vertèbre, que nous regardons comme
la seconde. Son épiphyse est perdue. Nous n'avons plus rien à dire de cet
os dont nous nous bornons à signaler la présence, mais il nous a permis de
décrire l'os que l'on a tout à fait intact. C'est l'os le plus entier de tout ce
squelette fossile : c'est l'omoplate; elle est replacée dans la position nor-
male et régulière qu'elle tenait dans l'animal pendant sa vie. Elle a om,29
de longueur. Amincie vers le bas elle s'élargit un peu, et a prèsdeom,o4 de
large. Sa tête est triangulaire; un léger méplat donne l'articulation de la
clavicule, et au-dessus une autre recevait le coracoïdien. Ces deux pièces
ont été enlevées par les vagues. Sous cette tète, qui n'a pas cette cavité que
l'on est habitué à nommer sur une omoplate cavité glénoïde, commence nu
rétrécissement cylindrique allongé, sorte de col qui devient bientôt triedre.
parce qu'il s'élève sur cet os une carène qui s'efface lorsqu'elle atteint le
troisième quart de l'omoplate.
» Cet ensemble montre des caractères nouveaux qui m'ont paru devoir
faire établir le nouveau genre de Tortue fossile que je présente ici.
» J'établis ces premières caractéristiques de cette Palreochelys dans cet
extrait qui précédera de peu de temps le Mémoire accompagné de planches,
dans lequel je donnerai une description des espèces vivantes, puis des fos-
siles qui conduiront à fixer les rapports de cette forme nouvelle de Chélo-
nien dans la série zoologique.
« Nota. 3e corrigeais à peine les premières épreuves de ce Mémoire, qu il
vient de m'être présenté par un jeune élève de l'École des Mines, M. Gollfuss,
du Havre, une dent fossile de mégalosaure, trouvée dans les formations
delà Hève, par l'infatigable explorateur de la falaise, M. Lennier.
» Cette découverte est un fait très-important, si l'on se rappelle ce que
j'ai dit à l'Académie dans la séance précédente.
» Les Mégalosaures ont élé découverts en 1822 par M. Bnckland dans la
grande oolithede Stonesfield. M. Pidancet nous les montre dans le kenper,
ou les marnes irisées de la formation jurassique. La grande dent fossile
( 3*2 )
que l'on vient de trouver dans les couches du cap la Hève nous montre la
longue existence de ce monstrueux reptile sur notre planète. »
M. Élie de Beaumont exprime le vœu que le Mémoire dont M. Va-
lenciennes vient de lire l'extrait soit imprimé dans les Mémoires de l'Aca-
démie, accompagné des belles figures qu'il a présentées et qui ne pourront
trouver place dans le Compte rendu de la présente séance.
CHIMIE. — Dissociation de l'eau; ]>ar M. Hexri Saixte-Claire Deville.
(2e Communication.)
« Quand on verse dans de l'eau i à 2 kilogrammes de platine fondu,
comme nous l'avons fait bien souvent, M. Debray et moi, on observe un
dégagement abondant de gaz explosif composé d'hydrogène et d'oxygène
mêlés à une certaine quantité d'azote qui est dissous dans l'eau et que
la chaleur met en liberté. C'est la reproduction en grand d'une expérience
de M. Grove, qui décompose l'eau en ses éléments par le contact du pla-
tine chauffé bien au-dessous de son point de fusion, expérience qui a été
le point de départ de mes recherches sur la dissociation.
» Comment se fait-il que le platine fonde si facilement sous l'influence
de la température développée par la combinaison de l'hydrogène avec
l'oxygène, et que le platine fondu ou même simplement chauffé au blanc
décompose l'eau? Telle est la question que je me suis posée à propos de
ces faits, en apparence contradictoires, il y a plus de cinq ans (1), et dont
alors j'entrevoyais la solution, donnée dans une récente communication (2).
Il me reste encore à expliquer le fait de la dissociation dans le cas spécial
découvert par M. Grove; c'est ce que je vais faire en peu de mots par l'ex-
posé d'une série d'expériences et d'épreuves analytiques.
» On remplit bien exactement un tube de porcelaine de 5 à 6 centi-
mètres de diamètre avec des fragments de porcelaine bien propres et préa-
lablement rougis au feu; on y fait passer un courant rapide d'acide carbo-
nique qui traverse un vase plein d'eau maintenue à la température de
900 à o,5° ; enfin on chauffe ce tube à la température élevée que peut pro-
duire un fourneau alimenté par du charbon dense et l'air d'un ventilateur
(1) Voyez Comptes rendus, t. XLV, p. 857.
[2) Voyez Comptes rendus de cette année, séance du 2 février.
( 3a3 )
ou d'un soufflet. On constate facilement qu'une petite quantité de vapeur
d'eau s'est décomposée en ses éléments, hydrogène et oxygène. Pour le dé-
montrer, on reçoit le gaz dans de longs tubes d'un mètre de hauteur fer-
més à l'une de leurs extrémités, remplis d'une dissolution de potasse et
plongés dans une petite cuve dont le liquide est aussi de la lessive caus-
tique et concentrée.
.. Au bout de deux heures on obtient de 20 à 3o centimètres cubes d'un
az violemment explosif qui, dans deux expériences, avait la composition
suivante :
Oxygène ^6, 1 4^,8
Hydrogène 35,4 3i ,9
Oxyde de carbone 12,0 10,7
Azote 6,5 10,6 (1)
100,0 100,0
» On peut donc, sans tube poreux, réaliser l'expérience que j'ai publiée
dernièrement sur la dissociation de l'eau. Mais les quantités de gaz obte-
nues dans le même temps et les mêmes circonstances sont quatre fois
moindres. Cela tient évidemment à ce qu'une proportion bien plus fortt
des gaz oxygène et hydrogène, qui ne sont pas ici séparés l'un de l'autre
par l'action d'un véritable filtre, le tube poreux, se recombine dans les
espaces moins chauds de l'appareil.
•> Mais pourquoi la totalité du mélange détonant ne se transforme-
t - elle pas en eau pendant le refroidissement? Cela tient à deux causes.
» La première, toute physique, est aussi la cause d'un fait bien connu,
l'incombustibilité d'un mélange explosif répandu dans une grande quan-
tité d'un gaz inerte, acide carbonique ou azote. Un pareil mélange, en effet,
résiste à l'action de l'étincelle électrique et ne s'enflamme pas au contact
d'une bougie allumée. Cependant il ne pourrait traverser lentement un
tube de porcelaine rempli de fragments de porcelaine et porté au rouge
sans que les éléments qui peuvent s'unir entrent intégralement en com-
binaison.
» Il y a donc une autre cause, et celle-ci est toute mécanique : c'est la
(1) Voyez dans le Mémoire cite l'explication de la présence de l'azote, de l'oxyde de car-
bone dans les gaz, et la cause de la prédominance de l'oxygène.
( 324 )
vitesse des gaz qui traversent le tube de porcelaine dans mes appareils, et
d'où dépend la rapidité du refroidissement ou du retour à la température
à laquelle l'oxygène et l'hydrogène ne se combinent plus lorsqu'ils sont
disséminés dans une grande masse d'acide carbonique.
» C'est aussi l'explication qu'il faut donner à l'expérience de M. Grove
et aux expériences du même genre que M. Debray et moi nous avons
réalisées. Le platine fondu au contact de l'eau amène d'abord autour
de lui une petite quantité d'eau à l'état de vapeur (i). Cette vapeur forte-
ment chauffée se décompose partiellement et en proportion de la tension
de dissociation qui correspond à la température du platine fondant. La por-
tion dissociée, dont le volume est considérable par rapport à son poids, est
brusquement refroidie parce qu'elle tend à monter à la surface de l'eau,
tandis que le platine descend rapidement, et la vitesse de ce refroidisse-
ment est telle, qu'une portion des gaz échappe à la recomposition. Ceci im-
plique seulement que, pour qu'une quantité finie d'un mélange explosif
s enflamme entièrement, il faut un tempsfini, et c'est démontré par l'action
dps toiles métalliques sur les gaz en combustion.
» De plus, dans les gaz ainsi obtenus, on constate la présence d'une
grande quantité d'azote. Il est probable que la vapeur d'eau dissociée ré-
siste à la recomposition sous la double influence de la présence de ce gaz
inerte et de la vitesse du refroidissement. C'est aussi la raison pour laquelle
je n'ai pas réussi à dissocier l'eau pure transportée sous forme d'un courant
très-rapide de vapeur dans un tube de platine violemment chauffé. L'eau
s'est entièrement reconstituée, d'abord à cause de l'absence d'un gaz étran-
ger qui produise l'extinction du gaz combustible, et ensuite parce que la
chaleur latente de la vapeur d'eau, qui est considérable, met obstacle à un
refroidissement très-rapide de la masse gazeuze.
» Dans une prochaine communication, j'exposerai de nouvelles ex-
périences sur la dissociation de l'acide carbonique et mes tentatives sur
divers gaz composés. ><
, i) Les chaleurs spécifique et latente de fusion du platine sont très-faibles : la tempéra-
ture de sa fusion est bien moins élevée qu'on ne se le figure ordinairement (au-dessous de
19000!, de sorte que la quantité de chaleur qui est nécessaire pour fondre 1 kilogramme
de platine est seulement égale à ce qu'il faut pour porter de o à 1000 1 kilogramme d'eau,
des nombres ont été déterminés par M. Debray et moi.
( 325 )
PHYSIQUE moléculaire. — Note sur la théorie de l'aeiéralion;
par M. Ch. Sainte-Claire Deville.
« M. H. Caron a présenté à l'Académie, dans les séances des 5 janvier
et a février derniers, deux Notes relatives à la théorie de l'aciération, qui
ne sont ni moins intéressantes, ni moins instructives que les divers travaux
entrepris jusqu'ici sur le même sujet par cet habile et ingénieux expérimen-
tateur.
» Les résultats principaux de ces dernières recherches sont les suivants:
» i° M. Caron confirme la remarque importante due à Karsten, à
savoir que, en attaquant par les acides Varier non trempé, on obtient, comme
résidu, une matière graphiteuse, qui n'apparaît plus lorsqu'à l'acier non
trempé on substitue Varier trempé.
» En outre, si l'on vient à recuire l'acier trempé, ce corps récupère la
propriété de laisser, dans la dissolution acide, des quantités de charbon
libre, qui augmentent en même temps que la durée et l'intensité des chauffes.
» -2° M. Caron confirme, d'un autre côté, les expériences de M. Re-
gnault qui établissent que l'acier non trempé possède une densité plus con-
sidérable que l'acier trempé.
» Cette double conclusion est en concordance parfaite avec les résultats
des nombreuses expériences que j'ai publiées et qui avaient pour objet
d'étudier les propriétés physiques et chimiques singulières que peut déter-
miner dans les corps un refroidissement brusque ou, si l'on veut, l'anor-
male proportion de chaleur latente (ou plutôt de chaleur de constitution)
qui en résulte pour eux (î).
» J'ai montré, entre autres faits, que les diverses substances semblent
former, à ce point de vue, deux catégories assez tranchées.
» Les unes, comme le soufre, le sélénium, le silicium (ou plutôt ses
(i) J'ai commencé cette série de recherches en i845 par l'étude comparative des silicates
à l'état cristallin et à l'état vitreux, et c'est en la poursuivant que j'ai été conduit, en 1847,
à constater l'existence du soufre insoluble. Depuis lors, j'ai défini le point de vue qui m'avait
guidé, dans le préambule de ma Thèse pour le doctorat (i852), et j'ai insisté, en particulier,
sur les propriétés que fait acquérir aux corps un refroidissement brusque, dans deux Notes
insérées, l'une aux Comptes rendus (t. XL, p. 769), l'autre aux annales de Chimie et de
Physique (3e série, t. LIX, p. ^4)- ^e reviendrai prochainement sur ce sujet qui se lie si
intimement aux études de lithologie, par les propriétés singulières que des phénomènes de
cet ordre ont communiquées aux roches d'origine ignée.
C. R., i8G3, Ier Semestre. (T. LVI, N° 8.} 4^
( :i,6 )
composés, la silice et les silicates, et les expériences de M. Jacquelain,
après celles de Lavoisier et de Silliman, autorisent à y inscrire au plus haut
degré le carbone) sont surfusibles et susceptibles d'acquérir par la trempe
1 état vitreux ou amorphe. Les autres (plomb, étain, bismuth, et probable-
ment les métaux en général) présentent, après un refroidissement ient ou
brusque, le même état moléculaire, caractérisé par une densité sensiblement
constante.
» Or, si je né me trompe, les résultats obtenus par M. Caron peuvent
s'expliquer en considérant le fer et le carbone comme appartenant respec-
tivement à ces deux catégories différentes.
» Ses expériences et celles de Karsten indiquent bien qu'aune tempéra-
ture élevée le fer et le carbone entrent en combinaison. Si, alors, on les
laisse refroidir lentement, chacun d'eux cristallise à part : la masse acquiert
un maximum de densité, et l'acide en sépare du fer doux et une matière
graphiteuse. Si, au contraire, on la refroidit brusquement, si on la trempe,
le carbone reste surfondu, et communique cette propriétéà leur combinaison
commune, comme on voit la silice la transmettre aux oxydes alcalins et
métalliques dans les silicates. On obtient alors l'acier, dur et cassant, d'une
densité moindre que Y acier doux et entièrement soluble dans l'acide fi Y.
» Si les proportions de carbone deviennent plus considérables, au lieu
d'acier et de fer légèrement mélangé de charbon, le refroidissement brusque
donne la fonte blanche; le refroidissement lent, la fonte grise.
» L'acier pourrait donc être comparé, soit au verre, qui se dévitrifie
quand on le chauffe, soit au soufre trempé, qui redevient soufre octaédrique
lorsqu'il est porté à une température inférieure à ioo°. 11 y aurait même lieu
de rechercher si, dans la trempe de l'acier, il ne se produit pas un phéno-
mène absolument semblable à celui de la trempe du soufre, c'est-à-dire
deux couches distinctes, l'une superficielle et très-mince, l'autre intérieure,
et correspondant respectivement au soufre insoluble et au soufre mou
» Dans tous ces cas, le rapprochement brusque entre les molécules dé-
terminé par la trempe, et que M. Caron assimile à l'effet du choc d'un mar-
teau, maintient, en définitive, entre les molécules une distance plus grande
que le rapprochement graduel qui résulte du refroidissement lent.
(0 Le résidu de silice que l'analyse des aciers trempés a donné à M. Caron n'infirme en
rien ce que je viens de dire. Il est probable, en effet, que le silicium n'était pas oxyde dans
la combinaison aciéreuse, et qu'il subit une action oxydante postérieure dans l'attaque
par l'acide. Dans tous les cas, je considère ce corps comme faisant là fonction de matière
aciérante, de concert avec le carbone
( 327 )
» Au point de vue de la chaleur de constitution des corps, il y aurait, en
pareil cas, emprisonnement anormal d'une certaine quantité de chaleur qui
se dégage, au contraire, lors du refroidissement lent ; il y aurait surfusion,
en entendant par ce mot le cas général d'un corps qui retient une quantité
anormale de chaleur et est ainsi maintenu dans un état d'équilibre molécu-
laire plus ou moins instable.
» Pour les divers états allotropiques du soufre, cette dernière conclu-
sion est pleinement justifiée par l'expérience, qui permet de constater, et ,
jusqu'à un certaint point, de mesurer les quantités de chaleur qui sont ainsi
mises en liberté dans la transformation en soufre octaédrique du soufre
mou et du soufre insoluble. Dans le cas de l'acier, la déduction n'est pas
aussi rigoureuse, puisqu'on ne peut encore s'appuyer que sur les preuves
indirectes tirées des densités et des capacités calorifiques (i).
» Je n'ai parlé que du carbone comme corps aciérant, parce que c'est le
seul que M. Caron cite et reconnaisse, je crois, comme tel. Mais il est évi-
dent que le même raisonnement s'appliquerait aux autres corps électro-
négatifs qui, placés dans les mêmes conditions que le carbone, seraient
susceptibles de produire avec le fer de l'acier on de la fonte blanche.
» Pour l'azote en particulier, il y a peu de substances qui , à priori, me
paraissent plus propres à jouer un pareil rôle, et, s'il était constaté d'une
manière incontestable qu'il peut aussi figurer parmi les substances aciérantes,
rien, à mon avis, ne se lierait mieux à l'ensemble de ses propriétés.
>• Je n'ai pas besoin , d'ailleurs, d'ajouter que ce que je viens de dire n'en-
lève rien au mérite des expériences par lesquelles M. Caron a mis si nette-
ment en évidence le rôle curieux que la percussion peut jouer, dans cer-
taines limites, pour amener le fer carburé à un état moléculaire tel, que,
trempé, il devienne de l'acier. »
(i) Dans les expériences de M. Regnault, la capacité calorifique de l'acier trempé ne pic-
sente qu'un très- faible excès sur celle de l'acier doux. Le métal des cymbales offre une ano-
malie : sa densité augmente par la trempe au lieu de diminuer ; mais aussi cette opération
l'adoucit au lieu de Vaigrir. On peut, d'après cela, se demander s'il n'existe pas une caté-
gorie de corps pour lesquels l'effet de la trempe serait, en certains points, l'inverse de ce
qu \\ est pour le soufre, la silice, etc. Le phosphore ne pourrait-il pas être rangé parmi ces
corps, le phosphore amorphe étant plus dense et doué d'une capacité calorifique plus faible
que le phosphore cristallisé? Enfin, ces phénomènes ne se réalisent-ils pas, pour chaque
corps , entre certaines limites , et le résultat ne peut-il pas changer de sens lorsque l'on agit à
des températures différentes? Les inégalités de vitesse que l'on observe dans le refroidisse-
ment du soufre semblent l'indiquer.
( 328 )
chimie organique. — Note sur la formamide; par M. A.-W. Hofmanx.
« La série formique, comme trait d'union entre la chimie minérale et ce
qu'on appelle généralement la chimie organique, a toujours fixé l'attention
des chimistes ; il est donc étonnant qu'elle présente encore autant de lacunes.
Dans l'enseignement surtout, ces lacunes sont souvent très-embarrassantes,
puisqu'elles nous obligent à emprunter à des groupes plus complexes les
termes qui nous manquent, ou à commencer le développement de la chimie
du carbone sur la seconde au lieu de la première marche de l'échelle.
» En traitant du formiate ammonique et de ses dérivés, qui n'a senti l'in-
convénient de ne pouvoir parler de la formamide, dont personne cependant
ne pouvait songer à nier l'existence?
» Nous savons, en effet, d'après les expériences de M. Pelouze (i), que
l'acide cyanhydrique, par l'assimilation de a équivalents d'eau, se change
en acide formique et en ammoniaque. Le même chimiste, en montrant que
le formiate d'ammonium, soumis à l'action de Ja chaleur, se transforme de
nouveau en eau et en acide cyanhydrique, indiqua le premier une réaction
qui, plus tard, entre les mains de MM. Dumas, Malaguti et Le Blanc (2),
devait fournir des résultats si remarquables. Moitié chemin entre le formiate
d'ammonium et l'acide cyanhydrique, la théorie suggère la formamide
Formiale d'ammonium CH (H1 N) 0:
Formiate d'aramoninm CH (H'N) O2— rPO = CH3 NO Formamide.
Formiate d'ammonium CH(HdN)0: — 2H!0=CHN Acide cyanhydrique.
» Mais nous cherchons en vain cette substance dans les manuels de chi-
mie. Les réactions, nous assure-t-on, qui devraient la fournir ne conduisent
pas au résultat voulu. D'après l'expérience acquise par l'étude des autres
amides, le procédé le plus simple pour la préparation de la formamide
serait l'action de l'ammoniaque sur l'éther formique. Mais selon Gerhard t (3),
qui toutefois n'indique pas d'autorité, l'ammoniaque sèche ne réagit pas sur
le formiate d'éthyle, et l'ammoniaque aqueuse, comme les autres alcalis
caustiques, le transforme en alcool et en formiate alcalin.
» En répétant celte expérience, je suis arrivé à des résultats différents,
(1) Pelouze, Annales de Chimie et de Physique, 2e série, t. XLVIII, p. 3g5.
(2) Dumas, Malaguti et Le Blanc, Comptes rendus, t. XXV, p. 383, 442 et 474-
(3) Geihardt. Traité, t. I, p. 235.
( 3a9 )
probablement parce que j'ai opéré dans d'autres conditions. Le formiate
d'éthyle anhydre, saturé par l'ammoniaque sèche, fut exposé pendant deux
jours à la température de l'eau 'bouillante, dans des tubes scellés à la lampe.
En distillant le produit de la digestion, une grande quantité d'éther for-
mique, non attaqué à cause de la faible proportion d'ammoniaque dissoute,
passa d'abord, puis le point d'ébullition s'éleva rapidement, et un liquide
incolore et transparent distilla enfin, mais non sans éprouver une décom-
position partielle. Cette substance, également soluble dans l'eau, l'alcool et
l'éther, est \aJormamide.
» og',5i73 de substance ont donné ogr, 5172 d'acide carbonique et
ogr,3i22 d'eau.
(GHO))
» La formule CH3 NO = H N exige :
H )
Théc
>rie.
Expérience
C = 12
26,66
27,27
H3= 3
6,66
6,71
N = 14
3 1 , 1 a
0 =16
45
35,56
100,00
Distillée rapidement, la formamide se scinde en grande partie en oxyde car-
bonique et en ammoniaque, des torrents des deux gaz étant dégagés pen-
dant l'ébullition :
CH,NO = CO + H3N.
» Ce fait s'est opposé à la détermination très-exacte du point d'ébullition,
qui s'est trouvé entre 19a0 et 195°. Dans un vide partiel, qui réduit le point
d'ébullition à i4o°, la formamide distille sans la moindre décomposition.
L'action des acides et des alcalis la transforme en acide formique et en am-
moniaque. Distillée avec l'acide phosphorique anhydre, elle donne de
l'acide cyanhydrique. Elle paraît exister, du moins à la température ordi-
naire, à l'état liquide seulement. Quoique je l'aie desséchée avec soin et que
je l'aie gardée pendant plusieurs semaines au-dessus de l'acide sulfurique,
je n'ai observé aucune tendance à la cristallisation. »
M. J. Cloquet fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son
« Rapport sur les travaux de la Société impériale d'acclimatation, présenté au
nom de la 4e Section de la XXIXe classe du jury de l'Exposition inter-
nationale de Londres » .
( 33o )
M. A. d'Abbadie t'ait, de même, hommage d'un exemplaire du Rapport
qu'il a fait à la Société de Géographie sur la planchette photographique de
M. Auguste Chevallier.
RAPPORTS.
mécanique. — Rapport sur la machine à calculer présentée par M. Wiberu.
(Commissaires, MM. Mathieu, Chasles, Delaunay rapporteur.)
* La machine présentée à l'Académie par M. Wiberg a pour objet de
calculer et d'imprimer en même temps des Tables numériques fournissant
les valeurs successives d'une même fonction.
» Pour bien faire comprendre la nature des opérations que cette machine
effectue, considérons les nombres j0, jrt, y2, j^,..., qui doivent être écrits
à la suite les uns des autres dans la Table que l'on veut construire. Pre-
nons les différences premières de ces nombres
Ajo=J«-Jo- Aj,=j2-r(, Aj2= )-, - J2,...:
puis les différences secondes
A2 ) 0 = Aj, - Aj0, A2j, = Aj2 — A;,, A2 )., = Aj3 - A >,,...;
et ainsi de suite, jusqu'aux différences quatrièmes que nous supposerons
avoir toutes la même valeur. Nous pourrons, à l'aide de ces divers nombres,
former le tableau suivant :
rQ
Ajo
A2Jo
A3Jo
AVo
I*
Aj,
A2J,
A3J,
à'j,
y*
Aj2
A2j2
A3J2
ASJ,
Js
Ajs
A2J3
A3>3
A4J3
Ja
Aj4
A2/,.
A3/,
A' J4
D'après la définition même des différences, il est facile de voir que chacun
des nombres de ce tableau peut s'obtenir en ajoutant au nombre situé immé-
diatement au-dessus le nombre placé à la droite de ce dernier. Ainsi A2 jv2
est égal à A2 y, -+- A3 y,, jè est égal à jj+ A j2. etc. On comprend par la
qu'ij suffit de connaître les cinq nombres j^0, Aj>'0, A2 ?*0, A3 r„. A ' > ,, de
( 33. )
la première ligne horizontale, pour trouver par de simples additions les va-
leurs des divers nombres y0, y,, y2, ?3,..., qui doivent former la Table.
En ajoutant séparément y0 et àj0, Ayn et A"jn, A2j0 et A3 j0, A"y0 et
A*j0, on trouve ?,, Ay,, A2 y,, A3 y,; d'ailleurs A^jr, est égal à A4 y0,
puisque par hypothèse les différences quatrièmes ont tontes la même valeur.
Dès lors les nombres y{, ù-ft, &* yf, A'1 y,, A'1 y, delà seconde ligne sont
tous connus, et on peut t'en servir pour calculer de même ceux de la troi-
sième ligne, et ainsi de suite. Les divers nombres y,, y2, y3,..., que l'on
cherche, résulteront donc de la suite de ces opérations qui sont toutes des
additions. Ce sont précisément ces opérations successives que la machine de
M. Wiberg effectue : voici dans quel ordre.
« Supposons que par deux additions préalables on ait obtenu
J1=Jo + Aj0, Aj, = Aj0 + A2j0.
On dispose les pièces de la machine de manière à leur faire représenter les
cinq nombres
y, Âyi A2/,, A3j0 A"y0.
En faisant tourner une manivelle, on effectue en même temps deux addi-
tions, y, ■+- A y,, A2 [) 0 + A3 y0, dont les résultats y2 et A* y, se substi-
tuent aux nombres y, et A2j0; de manière que, après cette opération, la
machine présente les cinq nombres
Ji Ayt A2j, A3 r0 A4j0.
En faisant tourner de nouveau la manivelle, on effectue deux autres addi-
tions> A; , 4- A2/, , A3 y0 -+- A* y0, dont les résultats A y., et A3 > , se sub-
stituent aux nombres Ayt et A3 ) 0; et après cette nouvelle opération la ma-
chine présente les cinq nombres
y, Ay2 A-y{ A3/, A* > , égalàA4j0).
A la suite de ces quatre additions, opérées en deux fois, on voit que les cinq
nombres mis primitivement dans la machine sont remplacés par ceux qui se
trouvent immédiatement au-dessous d'eux dans le tableau général donné
précédemment. En continuant à faire tourner la manivelle, on amènera
y3 et A2y2 à la place de y2 et A2j",, puis Ay3 et A3y2 à la place de Ay2
et A3 y,, et on aura ainsi sur la machine
y3 Ay3 A2y2 A3y2 A'jr, f égal à A4j,);
et ainsi de suite indéfiniment.
( 33a )
» Voici maintenant en quoi consiste la machine et comment elle opère
les additions dont nous venons de parler, et cela sur des nombres qui peu-
vent avoir jusqu'à i5 chiffres. Cette machine se compose essentiellement
de 75 disques métalliques exactement pareils, traversés par un axe autour
duquel ils peuvent tourner à frottement et indépendamment les uns des
autres. Chacun de ces disques présente sur son contour dix dents rectangu-
laires saillantes et très-espacées, sur les extrémités desquelles sont gravés
les dix chiffres o, 1, 2,..., 9. On peut faire tourner ces disques de manière
à amener sur une même ligne parallèle à l'axe, près d'une règle indicatrice
disposée à cet effet, les dents portant tels chiffres que l'on veut, et par suite
écrire ainsi à volonté, le long de cette règle, tous les nombres que peuvent
former ces différents chiffres. L'ensemble des ^5 disques se divise en quinze
groupes de cinq disques chacun ; chaque groupe correspond aux cinq chif-
fres de même rang dans les cinq nombres^, Ay, A* y, A3y, Ak y. Ainsi les
quinze chiffres de y doivent être marqués par les premiers disques à gau-
che de chacun des quinze groupes; les quinze chiffres de Ay doivent être
marqués par les deuxièmes disques de ces quinze groupes, et ainsi de
suite.
» Un axe parallèle à l'axe des 75 disques, et pouvant tourner autour de
ce dernier, porte 3o doigts ou crochets qui, en venant se placer derrière
certaines dents appartenant à autant de disques, les poussent devant eux
et font ainsi tourner ces 3o disques autour de leur axe commun. En même
temps une règle dentée en forme de peigne vient s'appuyer sur le contour
des 75 disques; les dentelures de cette règle sont disposées de manière à
laisser passer librement, dans les vides qu'elles présentent, les dents des
3o disques poussés par les crochets, et à arrêter au contraire les dents des
43 autres disques qui sont ainsi maintenus complètement dans l'immobilité.
D'ailleurs, dans ces 3o disques qui sont poussés simultanément par les
3o crochets, il n'y en a pas deux qui soient contigus : chacun de ces dis-
quos tourne à frottement entre deux disques maintenus immobiles par la
règle dentée dont nous venons de parler. C'est par ce mouvement de rota-
tion imprimé par les crochets à un certain nombre des 75 disques, que
s'opèrent les additions que la machine doit effectuer.
« Supposons que nous ayons amené préalablement près de la règle indi-
catrice les divers chiffres qui composent les cinq nombres
Ty AJ<i A'fo, A9j0, A4j0.
C'est par là que nous devons commencer, ainsi que cela a été dit plus haut.
^ 333 )
Les 75 chiffres dont ces cinq nombres se composent se trouveront sur une
seule et même ligne. Les chiffres de y, occuperont le premier rang clans
chacun des quinze groupes de disques ; les chiffres de A 7 -, seront placés
chacun à la droite du chiffre correspondant de y,, et occuperont ainsi le
second rang dans les quinze groupes de disques, etc. La première chose
que la machine devra faire, conformément à ce que nous avons dit, sera
l'addition de y{ et Aj,, et en même temps l'addition de A'2y0 et As y0.
Pour cela il suffira de faire tourner la manivelle; l'axe qui porte les 3o cro-
chets tournera autour des ^5 disques, et ces 3o crochets feront tourner
avec eux 3o disques, savoir: les i5 disques correspondant aux chiffres de
y,, et les 1 5 disques correspondant aux chiffres de A-y0. Ne nous occupons
que des i5 premiers, qui opèrent l'addition jK -+- Ay,, et admettons, pour
fixer les idées, que les derniers chiffres des nombres^-, et Ay, soient les
suivants :
y, = . . . 32/j,
Ay, = . . . 5i3,
de sorte que les derniers chiffres de la somme sont
y, -+- Ay, = . . . 83y.
Considérons spécialement tout d'abord les chiffres des unités 4 et 3, por-
tés par le 1 cr et le 2e disque du dernier groupe à droite, et voyons com-
ment le premier chiffre 4 sera remplacé par leur somme 7. Un des 3o cro-
chets (l'avant-dernier à droite), en tournant autour de l'axe des 75 disques,
entraîne avec lui le 1e1 disque du dernier groupe; par suite de la rotation
de ce disque, le chiffre qu'il présente près de la règle indicatrice, et qui
était primitivement 4, devient successivement 5, 6, 7. Mais aussitôt que le
chiffre 7 a été ainsi amené à la place qu'occupait primitivement le chiffre 4-,
le crochet qui a produit ce changement se relève un peu, de manière à éloi-
gner sa pointe de la dent qu'il vient de pousser; dès lors ce crochet, en con-
tinuant à marcher avec les 29 autres autour de l'ensemble des disques, cesse
d'entraîner celui sur lequel il agissait précédemment, et le chiffre 7 de ce
disque reste immobile près de la règle indicatrice. Or, ce qui détermine le
relèvement du crochet, et par conséquent la cessation de son action sur le
disque qu'il faisait tourner précédemment, c'est précisément la position
qu'occupe le disque placé immédiatement à sa droite, c'est-à-dire la valeur
du chiffre 3 de ce disque qui se trouve près de la règle indicatrice. Un pro-
C. R , i8G3, i« Semestre. (T. LVI, N° 8.) 44
( 33', )
longement de la dent qui porte le chiffre 5 sur ce 2e disque, prolongement
qui occupe une position ou nue autre, suivant que le disque montre tel ou
tel chiffre près de la règle indicatrice, est destiné à agir sur un talon latéral
fixé au crochet qui fait tourner le Ier disque; aussitôt que le talon du cro-
chet, en tournant autour des disques, atteint le prolongement dont nous
venons de parler, le crochet se relève et cesse d'agir sur le disque qu'il avait
poussé devant lui jusque-là. Si le iv disque présentait le chiffre o près de la
règle indicatrice, le crochet correspondant au ier disque se trouverait relevé
dès l'origine de son mouvement, et en tournant il n'entraînerait pas du
tout le ier disque. Si le 2 e disque présentait le chiffre i près de la règle indi-
catrice, le crochet dont nous venons de parler pousserait le Ier disque de
manière à lui faire faire un dixième de tour; puis, le talon de ce crochet
rencontrant le prolongement de la 5e dent du 2e disque, ce crochet se relè-
verait et cesserait d'entraîner avec lui le icr disque. Et ainsi de suite, de
sorte que le crochet fait faire an Ier disque autant de dixièmes de tour que
le chiffre du 2e disque placé près de la règle indicatrice contient d'unités :
et par conséquent le chiffre que le Ier disque présente près de la règle indi-
catrice se trouve augmenté de ce même nombre d'unités.
» Si l'on a bien saisi ce qui vient d'être dit, on comprendra sans peine
que, en même temps que le 29e crochet amène le ier disque du dernier
groupe à montrer près de la règle indicatrice le chiffre 7 (somme des
unités 4 et 3), le 27e crochet amène le ier disque du 14e groupe à montrer
près de cette règle le chiffre 3 (somme des dizaines 2 et 1), le 2 5e crochet
amène le Ier disque du i3e groupe à montrer le chiffre 8 (somme des cen-
taines 3 et 5), etc. Après que les 3o crochets auront fait un tour entier au-
tour des 75 disques, les i5 crochets de rangs impairs auront amené à la
place des chiffres du nombre yt portés par les premiers disques de chaque
groupe, les chiffres correspondants du nombre j2 égal à j, + Ajt. En
même temps les i5 autres crochets, de rangs pairs, auront amené à la place
des chiffres du nombre A2j0 portés par les troisièmes disques de chaque
groupe, les chiffres correspondants du nombre à2j, égal à A2 j0 -t- A3^0-
Les deux additions cpie la machine devait opérer seront donc effectuées.
» Dans l'explication qui précède, nous avons supposé implicitement que
chaque addition partielle ne donnait pas un résultat supérieur à 9; en
d'autres termes, nous avons raisonné comme si les additions à faire pou-
vaient s'effectuer sans retenues. Il nous reste donc à dire comment se font
les retenues quand il s'en présente. C'est une des plus grandes difficultés
qu'ont eues à résoudre tous ceux qui ont voulu établir des machines à
( 335 )
calculer. M. Wiberg y est parvenu par un moyen sûr et entièrement nou-
veau que nous allons essayer de faire comprendre. Nous avons dit que,
sur chaque disque, la dent qui porte le chiffre 5 présente un prolongement
destiné à agir sur le talon du crochet qui fait tourner le disque voisin ; c'est
ce même prolongement qui sert à opérer la retenue. Supposons, par
exemple, que les chiffres des unités de j, et Aj, soient respectivement
7 et 6, le 29e crochet, en avançant, fera marcher !e ier disque du 1 5e groupe
de -^ de tour, et amènera ainsi successivement près de la règle indicatrice,
au lieu du chiffre 7, qui s'y trouvait primitivement, les chiffres 8, g, o, i,
a, 3. Ainsi, la somme des chiffres 7 et 6 étant r3, le crochet amène le
1" disque du i5e groupe à présenter près de la règle indicatrice le chiffre 3
seulement; il y a donc une retenue d'une unité à reporter sur le chiffre
des dizaines porté par le Ier disque du 14e groupe. Mais ce report de la re-
tenue ne se fait pas tout de suite; il est seulement préparé pour être effectué
après coup. A cet effet, au moment même où le chiffre o du ier disque du
i5e groupe vient se présenter près de la règle indicatrice, le prolongemeni
de la dent n° 5 du même disque agit sur un nouveau système de crochets
placés au-dessous de l'ensemble des 70 disques, et prépare l'un d'eux à
faire avancer ultérieurement le ier disque du r4e groupe de -^ détour,
c'est-à-dire à augmenter d'une unité le chiffre que ce disque présente prés
de la règle indicatrice. Par un premier tour de manivelle, on effectue les
additions conformément à l'explication qui précède, sans tenir compte des
retenues, qui sont mises en réserve dans le second système de crochets
placés à la partie inférieure de l'appareil; puis, par un deuxième tour de
manivelle, qui fait tourner un axe à palettes le long de ce second système
de crochets, on saisit tous ceux de ces crochets qui ont été déplacés dans
le tour précédent, et on leur fait faire un mouvement en vertu duquel cha-
cun d'eux augmente d'une unité le chiffre indiqué par le disque correspon-
dant. L'axe à palettes n'agit d'ailleurs que successivement sur ces différents
crochets destinés à opérer les retenues, parce que l'addition d'une unité
de retenue à un chiffre quelconque peut amener une nouvelle retenue à
reporter sur le chiffre suivant (dans le cas où le premier chiffre serait un o).
A cet effet, les diverses palettes, au nombre de i5, sont disposées en hélice
sur l'arbre qui les porte; la seconde palette n'agit que quand la première
a cessé son action, puis vient la troisième, etc.
» Après que, par ces deux tours successifs de la manivelle, les addi-
tions yK +Aj-,, A'-jo-h^jg ont été complètement effectuées, les pièces qui
portent les deux systèmes de crochets et la règle dentée en forme de peigne
44-
( 336 ,
prennent un petit déplacement latéral d'une quantité égale à l'épaisseur de
chacun des y5 disques; de cette manière, ces diverses pièces sont disposées
convenablement pour opérer, par de nouveaux tours de manivelle, les deux
additions Ay, -+- A-y.. A3j-0-+- A"j-0. Puis ces pièces, crochets et règle
dentée, reviennent, par un nouveau déplacement: latéral, à leur position
primitive, pour opérer les additions r2 -+- Ay2, A'- y, -f- A3 y,, et ainsi de
suite.
» Après chacune des opérations successives que nous venons de décrire,
on peut lire le long de la règle indicatrice les valeurs obtenues pour les
quatre quantités y, Ay, A2y, A3 y, en prenant pour y les premiers chiffres
de chacun des 1 5 groupes; pour Ay, les seconds chiffres de ces groupes, etc.
Mais la machine se charge d'imprimer elle-même en creux, sur une feuille
de plomb ou de papier mâché, les valeurs obtenues successivement pour la
fonction y. Pour cela, à côté du mécanisme dont nous venons de parler, et
qui sert à effectuer les additions, se trouve un autre système de disques en
acier analogues aux 75 premiers et traversés comme eux par un axe autour
duquel ils peuvent tourner chacun séparément. Ces nouveaux disques sont
en nombre égal à celui des chiffres de y que l'on veut conserver et impri-
mer. Chacun d'eux porte 'gaiement dix dents saillantes en forme de carac-
tères d'imprimerie, présentant sur leurs extrémités et en relief les dix chiffres
o, 1, 2, . . .9. Des communications de mouvement très-simples lient ces
nouveaux disques à ceux des premiers disques dont ils doivent reproduire
les indications; chaque fois qu'un de ces premiers disques fait -^ de tour,
il fait tourner de la même quantité celui des disques imprimeurs auquel il
correspond. Lorsqu'une nouvelle valeur de la fonction j- peut se lire sur
les premiers disques, elle est en même temps figurée par les dents d'acier
en caractères d'imprimerie qui sont rangées à côté les unes des autres et
tournées vers le bas, au-dessous des nouveaux disques. Alors une petite
planche mobile, recouverte d'une feuille de plomb ou de papier mâché,
s'élève jusqu'au contact de ces caractères et s'appuie fortement sur eux de
manière à recevoir l'empreinte du nombre qu'ils forment. Après cette im-
pression, la planche s'abaisse et prend un petit déplacement longitudinal,
de manière à recevoir bientôt l'empreinte d'un autre nombre à côté de celle
qui vient déjà d'être obtenue. C'est la même manivelle qui, après avoir
effectué les quatre additions composant une opération complète, produit
l'impression de la nouvelle valeur de y résultant de cette opération.
» Telle est dans son ensemble et dans son mode d'action la tres-ingé-
nieuse machine dont nous avons à rendre compte à l'Académie. D'autres
(337 )
machines avaient déjà été imaginées pour atteindre le même but; L'idée
d'effectuer par des moyens mécaniques la suite des additions qui permettent
de trouver les valeurs successives d'une fonction, en partant d'une première
valeur et de quelques différences de divers ordres, a été depuis longtemps
réalisée par M. Babbage, de Londres, dans la belle machine qu'il a com-
mencée en 1823, et qui, devenue la propriété du gouvernement anglais,
est déposée dans le Muséum du collège de Somerset-House. Plus tard,
MM. Scheutz père et fils, de Stockholm, ont construit une machine du même
genre qui a figuré très-honorablement à l'Exposition universelle de Paris,
en 1 855 ; cette machine imprimait également les nombres qu'elle avait cal-
culés. La machine de M. Wiberg ne fait rien de plus que celle de ses com-
patriotes MM. Scheutz; mais les moyens mécaniques employés pour y arri-
ver sont entièrement nouveaux. Malgré le grand nombre d'opérations
partielles qui doivent être effectuées simultanément ou successivement par
des organes différents, ces organes ont été si bien imaginés et si bien
combinés entre eux, que la machine n'a qu'un volume extrêmement res-
treint. Elle est d'un emploi commode et d'une sûreté d'action aussi grande
qu'on peut le désirer.
» Voyons maintenant quelle peut être son utilité. L'hypothèse que nous
avons faite, que les différences quatrièmes des nombres cherchés sont toutes
les mêmes, semble en restreindre beaucoup l'emploi. Une courte explica-
tion montrera qu'il n'en est rien. Supposons, par exemple, que nous vou-
lions nous servir de la machine pour calculer et imprimer une Table de loga-
rithmes. Les différences quatrièmes des logarithmes que doit contenir la Table
ne sont pas les mêmes dans toute son étendue; aussi la machine ne peut-
elle être employée pour calculer ces logarithmes d'un seul coup, en partant
seulement d'un premier logarithme, et des différences du premier, du
deuxième, du troisième et du quatrième ordre qui lui correspondent. Mais
si l'on remarque que les différences quatrièmes successives diffèrent très-
peu les unes des autres, on peut les supposer constantes dans un certain
intervalle, puis constantes encore, mais avec une autre valeur, dans un autre
intervalle à la suite du premier; et ainsi de suite. La machine pourra donc
être employée successivement à chercher les logarithmes contenus dans cha-
cun de ces intervalles, en partant chaque fois des cinq données numériques
convenables. Les calculs étant effectués avec quinze décimales, les erreurs
provenant de ce que les cinq nombres servant de base ne sont pas rigou-
reusement exacts, et aussi de ce que les quatrièmes différences ne sont pas
rigoureusement constantes, s'accumuleront peu à peu, et les résultats cou-
( 338 )
tiendront de moins en moins de décimales exactes ; mais si l'on vent en
conserver 7 seulement dans les Tables, on pourra aller assez loin sans avoir
besoin de recommencer une nouvelle série en partant de nouvelles données
présentant quinze décimales exactes comme les précédentes. Ainsi on n'aura
qu'à déterminer directement un certain nombre de logarithmes convenable-
ment espacés dans toute l'étendue de la Table que l'on veut construire; la
machine servira à déterminer tous les logarithmes intermédiaires. Et si, par-
tant d'un logarithme connu, pour en déduire avec la machine tous les loga-
rithmes suivants jusqu'à un nouveau logarithme également connu, on arrive
à trouver pour ce dernier logarithme une valeur identique à celle que l'on
connaît d'avance, on sera sûr que la machine n'a subi aucun dérangement,
et qu'elle a donné exactement tous les logarithmes intermédiaires. D'ailleurs,
les empreintes en creux qu'elle fournit sur du plomb ou du papier mâché
permettant d'obtenir des clichés à l'aide desquels on peut imprimer direc-
tement les Tables qu'on veut établir, il en résulte qu'on a évité non-seule-
ment les erreurs de calcul, mais encore les erreurs de copie et d'impression
avec des caractères mobiles.
» Parmi les différences successives des valeurs d'une fonction, il y en
a souvent qui sont négatives, et, pour ajouter une pareille différence à une
autre qui est positive, on a à faire une véritable soustraction. Mais bien que
la machine ne puisse faire autre chose que des additions, il n'en résultera
aucun embarras pour remployer; car il suffit de remplacer la différence
négative par son complément pour que la soustraction à effectuer se change
en une addition.
» Quand on construit une Table des valeurs successives d'une fonction en
ne conservant qu'un certain nombre de décimales, 7 par exemple, on ajoute
ordinairement une unité à la septième décimale lorsque la huitième, que
l'on n'écrit pas, est un des chiffres 5, 6, 7, 8, 9. On peut facilement faire
faire cette modification par la machine elle-même, en ajoutant simplement
5 unités à la huitième décimale de la première valeur de y dont on part, sans
rien changer aux différences employées en même temps : de cette manière le
7e chiffre décimal fourni et imprimé par la machine aura toujours la valeur
qu'on doit lui donner en raison de la valeur du chiffre suivant que l'on ne
conserve pas (*).
» Rien ne s'oppose donc à ce que la machine dont il s'agit soit employée
(*) Cette idée est due à M. le général baron Wrede, Membre de l'Académie des Sciences
de Stockholm.
( 339)
à la formation des Tables de logarithmes et des autres Tables de même
nature, telles que les Tables astronomiques; son emploi paraît être le moyen
le plus sûr que l'on possède d'obtenir de pareilles Tables absolument
exemptes d'erreurs.
» Cette machine a d'ailleurs déjà servi à calculer et à imprimer des Tables
d'intérêts qui ont été publiées, et à l'aide desquelles on a pu reconnaître
l'existence d'un certain nombre d'erreurs dans les Tables du même genre
publiées antérieurement.
» En résumé, la machine à calculer inventée par M. Wiberg nous a paru
présenter un très-grand intérêt. Nous proposons à l'Académie d'accorder
son approbation à cette belle et ingénieuse machine. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant de la Section d'Économie rurale en remplacement de feu
M. Bracy-Clark.
Au premier tour du scrutin, le nombre des. votants étant 5a.
M. de Vibraye obtient 46 suffrages.
M. Parade 6
M. de Vibraye, ayant obtenu la majorité des suffrages, est déclaré élu.
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle soufflerie de précision munie d'un nouveau
système de régulateurs de la pression de Vair et des gaz, et sur quelques
applications de cet appareil à des expériences d'acoustique et à la régulari-
sation de l'émission du gaz d'éclairage ; par M. An. Cavaillé-Coll.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Babinet, Despretz.)
« Les nombreuses expériences auxquelles je me suis livré sur les souffle-
ries des grandes orgues et sur les moyens de régler la pression de l'air dans
les différentes parties de ce vaste instrument m'ont conduit à la découverte
d'un nouveau système de régulateurs d'une grande simplicité, qui peut
rendre d'utiles services, non-seulement à la construction des orgues, mais
encore à toutes les industries qui ont besoin d'obtenir un écoulement con-
stant, soit de l'air comprimé, soit du gaz en général.
( 34o )
» Régulateur angulaire à jjoicls curseur. — Ce régulateur, dont j'ai l'hon-
neur de placer un modèle sous les yeux de l'Académie, consiste en un petit
récipient formé d'un soufflet angulaire monté sur une boîte à deux com-
partiments, et muni d'une soupape régulatrice directement fixée sur la
paroi mobile du récipient.
» Le gaz arrive par le tube d'entrée dans le premier compartiment où
se trouve la soupape régulatrice, et ne peut aller dans le deuxième compar-
timent, où est l'orifice de sortie, qu'en passant par l'ouverture de cette sou-
pape dans le récipient régulateur. Il est inutile de faire observer qu'en
traversant l'appareil, le gaz se trouve réglé à la pression qu'on a assignée
au régulateur. La construction de cet appareil est en bois, les contours du
petit soufflet sont garnis en peau de chevreau doublée de baudruche, le
tout enduit d'un vernis pour boucher les pores de la peau et éviter les fuites,
lia soupape régulatrice, de forme lenticulaire, est également garnie de peau
et recouverte de baudruche. Au-dessus de ce récipient se trouve un poids
curseur qu'on peut faire varier le long d'une coulisse pour régler la pression
que l'on désire avoir.
» Ce petit régulateur est très-propre aux expériences de précision; le
poids curseur permet de régler la pression de l'air ou des gaz d'une manière
continue, depuis zéro jusqu'à la pression initiale. Son petit volume le rend
très-portatif et facile à appliquer à toutes sortes d'appareils. Indépendam-
ment de son application à l'industrie de l'éclairage par le gaz, il peut rendre
d'utiles services dans les laboratoires de chimie pour le chauffage par le gaz,
à une température déterminée, et dans les cabinets de physique pour l'étude
des lois sur l'écoulement des fluides aériformes et pour les expériences
d'acoustique.
» Une des applications les plus intéressantes qu'on puisse faire de cet
appareil est celle qui a pour objet de régler la vitesse du mouvement de
la sirène acoustique pour déterminer le nombre absolu de vibrations d'un
son donné.
» On sait que cet admirable instrument, dû au génie du savant m odeste et
regretté Cagniard de Latour, et qui se trouve aujourd'hui dans tous les cabi-
nets de physique d'Europe, n'a jamais pu servir à des expériences exactes,
par suite de la difficulté qu'on éprouve à régler la vitesse de son mouvement.
Les souffleries ordinaires des cabinets de physique donnent une pression
trop variable pour ces déterminations, et les expériences qu'on peut faire en
insufflant la sirène avec la bouche sont encore plus inexactes. Au moyen de
mon régulateur à curseur, la pression pouvant être réglée et fixée au gré de
( 34 1 )
l'expérimentateur, on peut maintenir la vitesse du mouvement et, par con-
séquent, l'accord pendant plusieurs minutes, et déterminer avec une très-
grande exactitude le nombre absolu de vibrations d'un son donné. Pour
faciliter l'expérience, je me sers d'un deuxième régulateur, placé sur la même
soufflerie, et sur lequel on monte un tuyau d'orgue qu'on accorde d'abord
avec le son dont on veut mesurer les vibrations.
» J'ai disposé aussi au-dessus de la sirène un petit appareil où se trouve
monté un compteur à secondes, et au moyen duquel on peut accoupler ou
séparer le compteur de la sirène en même temps que le compteur à se-
condes. De cette manière, il m'a été permis de faire des expériences qui ont
duré plus de dix minutes, avec une telle exactitude, qu'en répétant plu-
sieurs expériences les résultats n'ont jamais varié que de quelques vibra-
tions sur 5oooo environ.
» Ce nouveau régulateur et l'appareil qui en fait le complément seront,
je l'espère, bien accueillis des savants qui s'occupent de la science des
sons, et la sirène acoustique deviendra, par ce moyen, le plus utile et le
plus précis de tous les tonomètres connus.
» Régulateur horizontal. — Je nomme ce régulateur horizontal par oppo-
sition au régulateur angulaire que je viens de décrire. Il existe une appli-
cation de cet appareil à la soufflerie de précision que j'ai l'honneur de
soumettre aujourd'hui à l'Académie.
» Cette soufflerie a été composée sur la demande de M. P. Desains pour
le cabinet de physique de la Faculté des Sciences de Paris et présente un
résumé des divers appareils que j'ai imaginés pour régler la ptession de
l'air et des gaz. Elle se compose de deux réservoirs d'air superposés, l'un
à plis rentrants, l'autre à plis saillants. Les tables mobiles de ces réser-
voirs sont réunies de façon à rendre leur mouvement solidaire, et établir
ainsi la compensation qui résulte de l'équiangle des plis renversés pour
l'égalité de la pression de l'air.
» Cette soufflerie est surmontée d'un grand régulateur horizontal de notre
système, servant à régler la pression de l'air des embouchures situées suri un
des grands côtés du sommier. Les embouchures de l'autre côté du sommier
reçoivent directement le vent de la soufflerie. Nous avons placé sur ces em-
bouchures huit petits régulateurs à poids curseur de notre système et au
moyen desquels on peut régler en même temps huit pressions différentes.
En supprimant ces régulateurs, on a de chaque côté de la table du sommier
quatorze ouvertures sur lesquelles on peut monter toute espèce de tuyaux
C R., i863, |« Semestre. (T. LVI, N° 8.) ^5
( 342 )
et d'appareils. Aux deux bouts du sommier se trouvent deux grandes em-
bouchures à soupapes, pour faire sonner de grands tuyaux.
» Nous avons ajusté sur cette soufflerie divers tuyaux et appareils pour
faire les expériences d'acoustique ci-après :
» i° Détermination du nombre absolu des vibrations par la méthode
des battements au moyen de cinq tuyaux à bouche, montés sur des régu-
lateurs à curseur et donnant La 2, Ut 3, Ut* 3, et deux tuyaux auxiliaires
C, C", pour compter les battements.
» 2° Même détermination du nombre absolu de vibrations au moyen de
la sirène acoustique, dont la vitesse de mouvement se trouve également ré-
glée par notre régulateur.
» 3° Étude sur le timbre. — Analyse des sons composés. — Sons résul-
tants. — Accord complexe de seize tuyaux exactement accordés dans les
rapports de la série naturelle des nombres
i, %, 3, 4> 5, 6, 7, 8, 9, io, ii, 12, i3, i4, i5, 16, correspondants à
La, Lai, La 2, La 3, La4,
et les sons intermédiaires
» 4° Une deuxième série de seize tuyaux faisant suite à la précédente
série et accordés dans les rapports des nombres 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23,
24, 25, 26, 27, 28, 29, 3o, 3i et 32.
» 5° Une troisième série de six tuyaux accordés à l'octave, faisant en-
tendre les sons La3, La4, La 5, La6, La 7 et La 8.
» Le dernier tuyau de 5 millimètres de longueur donne près de trente
mille vibrations par seconde. Ce son extrême aigu peut être considéré comme
la limite des sons perceptibles. On l'entend à peine isolément, mais combiné
avec d'autres sons il domine l'accord le plus bruyant.
» Nota. — Tous ces tuyaux ont été coupés en ton au moyen de la for-
mule que j'ai eu l'honneur de soumettre l'Académie, dans sa séance du 23
janvier 1860. Cette formule est pour les tuyaux cylindriques
l - (">• l)
dans laquelle
L désigne la longueur du tuyau ;
D le diamètre du tuyau ;
V la vitesse moyenne du son égale à 34o mètres par seconde;
N le nombre de vibrations dans le même espace de temps.
( 343 )
» Nous joignons ci-après une Table des nombres de vibrations et des
longueurs d'ondes des tuyaux mentionnés ci-dessus.
Table des nombres de vibrations et des longueurs d'ondes correspondantes des tuyaux accordés
d'après le nouveau diapason normal {de 870 vibrations par seconde) et suivant les rapports
de la série naturelle des nombres 1, 2, 3, etc. à 32.
SOMBRES ■
NOTES
correspon-
dantes
NOMBRES
de
vibrations.
LONGUEURS
d'ondes
sonores .
NOMBRES .
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
NOTES1
correspon-
dantes.
NOMBRES
des
vibrations.
LONGUEURS j
d'ondes
sonores.
1
9
3
4
5
6
i
10
h
12
13
14
15
16
Mi 2+...
La 2 ....
Ut* 3—.
Mi 3 -H...
Sol 3 -..
La 3
Si 3 -4- . .
Ut* 4 — .
Ré 4 -+- ■ ■
Mi4-t--.-
Fa 4 -K..
Sol 4—..
Sul*4— .
La 4
V
108,760
217, 5oo
326,250
435 000
543,750
652, 5oo
761 ,25o
870,000
978,750
1087,500
1 196,250
i3o5,ooo
i4'3,75o
l522,50O
i63i ,25o
1740,000
m
3,,264
1,5632
1 ,o'|33
0,7816
o,6253
0,5210
0,4466
0,3908
0,3473
o,3 126
0,2824
0 , 26o5
0,2405
0,2233
0,2084
0,1954
Si t> 4 -H . .
Si 4 -+- . . .
Ut 5— ...
m*5— .
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MÏ5-T-...
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Fa * 5 — .
Fa * 5-1- .
Sol 5 -..
Sol 5-+-..
Sol* 5 — .
Sol* 5 -H.
La 5
l848,75o
1957,500
2066, 250
2175,000
2283,750
2392,500
2501 ,250
2610,000
2718,750
2827,500
2936,250
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sciences militaires. — Mémoire sur le télomètre et le naulomèlre à prismes ;
par M. C.-M. Goulier. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Poncelet, Laugier, Mono.)
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un appareil destiné à la déter-
mination de la distance à un but inaccessible, et que j'appelle télomètre à
prismes. Cet appareil comprend deux instruments distincts. Dans l'un sont
45..
( 344 )
liés à une poignée, un prisme de verre faisant équerre à double réflexion (i),
une plaque de voyant dont la ligne de foi correspond au rayon visuel de
l'observateur, et une bobine dans laquelle est enroulé un fil métallique
long d'une quarantaine de mètres. Par le jeu d'un verrou placé sur la bobine
on peut, à volonté, réduire la longueur de la base que ce fil détermine.
» L'autre instrument est lié à l'extrémité de ce fil. Il comprend une poi-
gnée, un prisme et un voyant, comme le premier; mais derrière le voyant
est fixée une coulisse horizontale dans laquelle se meut un tronçon de len-
tille plane convexe, fixée dans un châssis. Puis entre le prisme et cette len-
tille est fixée, sur la direction du rayon visuel, une petite lentille divergente
de même foyer que la première ; elle a pour effet de détruire la convergence
produite par la première sur les rayons d'un pinceau lumineux qui la tra-
verse, tout en laissant subsister la déviation éprouvée par l'axe de ce pin-
ceau, de sorte que, par la visée directe, on voit les objets déviés vers la
droite, comme ils le seraient par un simple prisme, et cette déviation est
sensiblement proportionnelle au déplacement de la lentille. Enfin le châssis
porte deux index qui marquent les distances sur deux échelles distinctes
tracées sur le bord de la coulisse.
» Voici comment on se sert du télomètre. Un observateur A porte le pre-
mier instrument, et un opérateur B le second. Tous deux s'éloignent à la
distance réglée par le fil, en adoptant l'une ou l'autre de ses longueurs sui-
vant la distance à déterminer. Alors, B restant fixe, A se déplace latéralement
jusqu'à ce qu'il voie l'image doublement réfléchie du but en coïncidence
avec le voyant de B; et, par un cri, il avertit celui-ci qui, en déplaçant la
lentille déviatrice, amène l'image réfractée du voyant de A en correspon-
dance avec l'image du butv doublement réfléchi par son prisme. Il lit
ensuite la distance sur celle des deux échelles qui correspond à la longueur
de fil employé.
» L'avantage du télomètre à prismes sur les instruments analogues tient
à la simplicité de ses éléments optiques, à leur précision, à leur invariabi-
lité, et à ce que chaque opérateur agit pour son propre compte, ce qui
permet d'employer l'instrument avec un but mobile, par le déplacement
progressif de A. Toutefois, pour obtenir la distance d'un navire, il vaut
mieux employer un instrument fixe dans lequel on diminue considérable-
ment la base en employant une lunette qui, par son grossissement, procure
(i) Deux prismes du même genre, superposés, forment une équerre à prismes qui a, sur
l'équerre à miroirs de Lipkens, l'avantage immense de ne jamais se déranger.
( 345 )
une grande diminution sur les erreurs angulaires de visée. En donnant à
cette base une direction verticale, et en disposant convenablement deux
prismes-équerreset une lentille déviatrice, on peut composer un bon naulo-
mètre à prismes pour lequel un seul observateur est suffisant.
» Des expériences nombreuses, laites avec un télomètre d'essai, ont
prouvé que, pour les distance de iooo et 2000 mètres, le maximum d'er-
reur à craindre, avec des opérateurs peu exercés, est respectivement, avec
le fil court, de l\o et 160 mètres, et avec le fil long, de 20 et 80 mètres. »
Le télomètre et le nautomètre décrits dans le Mémoire dont nous ve-
nons de donner l'extrait sont mis sous les yeux de l'Académie. L'auteur
dépose, en outre, un second Mémoire ayant pour titre : « Étude analytique
sur les appareils propres à déterminer la distance au but ».
navigation. — Noie sur les navires cuirassés; par M. le Contre-Amiral Paris.
(Commissaires, MM. Dupin, Morin, Clapeyron.)
« La marine vient d'éprouver des changements dans toutes ses parties,
et après avoir modifié l'ancien vaisseau pour lui permettre de parcourir
toutes les mers avec un surcroît de vivres, on a vu apparaître des navires à
vapeur, d'abord entraînés par des roues à aubes, puis par l'hélice, qui a
produit le vaisseau de guerre à vapeur. Enfin les navires cuirassés viennent
de changer toutes ces conditions d'une manière plus radicale encore. De
sorte qu'en moins de quarante ans la génération actuelle a vu parahre sur
les mers quatre marines ne présentant entre elles que des analogies générales.
» Les perfectionnements de l'artillerie ont exercé une grande influence
sur les constructions, en ce qu'on a produit des obus dont un petit nombre
détruirait un vaisseau, comme le sanglant épisode de Sinope et la prompte
destruction du Cumberland l'ont prouvé. De telles armes ne laisseraient pas
aux combattants le temps de vider les questions dont ils sont les champions.
On a donc repris d'anciennes expériences sur les tôles, et reconnu qu'il fal-
lait au moins om,io de 1er appliqué sur du bois pour résister aux boulets.
Le premier essai fut celui des batteries flottantes, que la volonté éclairée de
l'Empereur fit construire, malgré les difficultés inhérentes au faible tirant
d'eau nécessaire pour attaquer Cronstadt. Les premières armes de ces bat-
teries furent devant le fort de Rilbouroun, et elles prouvèrent aussitôt aux
marins que le temps des bâtiments de guerre en bois était terminé.
» Mais il fallait avoir des navires de mer au lieu de ces caisses informes
qu'il avait fallu traîner en Crimée pendant la belle saison. M. Dupuy de
( 346 )
Lôme, d^jà connu par la construction du Napoléon, construisit la Gloire,
qui ouvrit la quatrième période de la marine.
» De nouvelles difficultés se présentèrent, car il ne suffisait pas de re-
trancher les mâts et les ponts supérieurs avec leurs canons pour les rempla-
cer par un poids égal de plaques; ce n'eût convenu qu'à une mer calme;
mais avec des vagues, tout est entraîné par leur mouvement et chaque poids
du navire exerce des réactions inappréciables, suivant sa position : ainsi,
tandis que de vastes chaudières ou des câhles reposent sur des plates-formes
dans la cale, il faut couvrir les canons de cordes, parce qu'ils sont plus
éloignés du centre de rotation, et malgré ces précautions il y en a eu qui
ont été jetés à la mer. Il en résulte que les 1000 tonneaux que pèse une cui-
rasse extérieure influent beaucoup plus sur les qualités nautiques d'un na-
vire que la distribution des poids sur les ressorts et sur les essieux d'une
voiture.
» La cuirasse est formée de plaques de fer aussi doux que possible, tenues
par d?s boulons ou des vis à bois; les longues plaques situées au-dessus et
au-dessous des sabords servent seules à la liaison du navire au moyen des
clefs qui les unissent. En France, on donne om,io d'épaisseur en haut et
oul, i 2 à la flottaison et au-dessous. En Angleterre, on a adopté ora, 1 15, et les
inventeurs de canons prétendent qu'ils perceront cette épaisseur; mais s'ils
y parviennent dans des expériences, il est douteux que leurs pièces elles-
mêmes résistent au tir prolongé nécessaire entre de tels navires.
« On a différé sur les matériaux employés à la construction du bâtiment
hu-mème; les Anglais ont adopté le fer; nous, le bois. Le premier permet
de très-grandes constructions; il dure plus, mais il fait perdre une partie
de la marche par les herbes et les coquilles qui, en peu de temps, s'atta-
chent à sa surface et exigent des passages au bassin, ainsi que de nouvelles
peintures au minium. Son plus grand défaut est de souffrir beaucoup des
boulets qui, s'ils atteignaient au-dessous de la cuirasse quand le navire roule,
causeraient sa perte, en dépit des nombreuses cloisons établies pour main-
tenir l'eau. Le bois a l'avantage d'être, pour le moment, assorti aux res-
sources de la France et de craindre beaucoup moins les voies d'eau par les
boulets sous la cuirasse ; mais celle-ci souffre de l'action galvanique du dou-
blage en cuivre rouge, qui ronge le fer surtout près de la flottaison et avec
une activité dont il y a déjà lieu d'être préoccupé. La présence du bois a été
reconnue nécessaire pour soutenir les plaques, même sur la tôle du navire en
fer; elle a été prouvée par l'effet d'un boulet, qui, entré par un sabord du
Frusty, a pris le côté opposé à revers, c'est-à-dire en rencontrant d'abord le
bois et en arrachant i mètre carré de plaque. En France, nous avens con-
(347 )
struit une frégate en fer : c'est la Couronne, qui est entièrement cuirassée,
ainsi que la Gloire, l'Invincible et la Normandie.
» Ces frégates ont 34 canons protégés, qui, par le fait, coûtent chacun
176500 francs; elles n'ont pas un seul point vulnérable et détruiraient à
merci tous les navires en bois qu'elles rencontreraient. LePFarrior, au con-
traire, a une coque en fer ; mais la moitié seulement de sa longueur est cui-
rassée; il a 28 canons protégés qui valent chacun 3i2 5oo francs; les 22 au-
tres sont dans des parties tellement vulnérables, qu'il n'y a pas lieu de les
compter. De plus, la barre, la roue, le gouvernail, l'étambot et le haut du
cadre de l'hélice sont entièrement exposés aux coups, et ces parties vitales
seraient promptement détruites par un navire protégé de toutes parts.
» On peut donc alfirmer que c'est en France que cette nouvelle question
maritime a été le mieux résolue, puisque la cuirasse complète est mainte-
nant adoptée sur des constructions étrangères, telles que le Norlliumberiand.
et deux autres de 122 mètres de long, pesant au moins 1 1 000 kilos et devant
coûter 12 millions de francs.
» Il est curieux de connaître pourquoi on arrive forcément à des dimen-
sions et à des dépenses aussi exagérées, et pourquoi les quarante canons
de ces nouveaux bâtiments coûteront si cher relativement aux trente-quatre
de la Gloire. C'est que, dans un navire, chaque qualité a un poids, et par
suite un prix : ainsi les canons, les munitions et l'équipage sont la force;
les plaques, leur épaisseur et leur étendue représentent la sécurité; la
hauteur des sabords, la facilité du tir. La vitesse est l'élément le plus lourd
et le plus cher, en ce que la force de la machine augmente en raison du cube
du sillage. Il faut une machine huit fois aussi forte pour parcourir un espace
dans la moitié du temps, et cela en brûlant quatre fois autant de charbon :
ainsi l'approvisionnement de combustible est en raison de la longueur du
trajet et du carré de la vitesse. Enfin, comme il faut que le navire porte tout
ce qui précède, il devient plus grand et plus lourd lui-même. D'après cela
on peut dire que le type Gloire est la solution du problème maintenu dans
des limites rationnelles, et si on voulait faire des navires plus petits, il fau-
drait les dépouiller de leurs qualités, et en venir, soit à la protection impar-
faite du Warrior, soit à la lenteur de marche des batteries flottantes.
» La position des poids est la plus grande différence entre les an-
ciens vaisseaux et les nouveaux ; au lieu d'étages de canons et de mâts
élevés, on porte de lourdes plaques; c'est le manteau de plomb des damnés
du Dante. L'excès de stabilité, pour résister aux effets obliques des voiles
et même aux méprises, n'est plus nécessaire; on ne chavirera pas avec trois
petites voiles goélettes, auxquelles il a fallu se réduire, parce que, dans un
( 348 )
combat, l'ancien attirail de cordes et de vergues eût été un danger immi-
nent, en ce que toute corde tombée est aspirée dans le tourbillon de l'hé-
lice, tournée par 3ooo à 4000 chevaux, et en appelle d'autres de manière
à s'entortiller d'une manière inextricable autour des ailes et à annuler
l'action du propulseur, comme on en a eu déjà des exemples. Mais il faut
que le nouveau navire roule le moins possible, parce que, sans cela, ses
coups ne sont pas plus à craindre que ceux d'un chasseur ivre, et que le
défaut de la cuirasse n'est qu'à 1 mètres sous l'eau. On se figure peu la
surface de carène, qui émerge à chaque coup de roulis, lorsque, après avoir
soulevé un côté et imprimé le mouvement de rotation à toute la masse, la
vague le laisse en l'air pour passer et agir à l'opposé. Quant au mouvement
longitudinal connu sous le nom de tangage, il y a lieu d'observer qu'une
vague est une petite colline mobile qui, à son arrivée, ne soulève l'avant
que si celui-ci présente , au-dessus de la flottaison ordinaire , un assez
grand volume pour produire, par son déplacement accidentel, un effort de
bas en haut capable de remuer et faire osciller les 5 600 000 kilogrammes
que pèse le navire, et cela dans le court espace d'une on deux secondes. Si
ce volume n'est pas suffisant, l'eau passe par-dessus et tombe en partie
dans le navire, d'où les pompes seules peuvent l'extraire. Il faudra donc
couvrir ces navires d'une sorte de toiture déversant l'eau à l'extérieur avec
facilité, comme les paquebots légers et rapides ont été forcés de le faire
pour percer les vagues comme une flèche. Pour eux, c'est le temps qui
manque pour franchir la crête des vagues; pour le navire blindé, c'est en
partie la force ; l'une et l'autre cause agissent s'il lutte contre une grosse mer.
» A ces considérations spéciales, il convient peut-être d'en ajouter une
autre également importante : en quoi ces navires modifieront-ils les guerres
marines, puisque la perfection des obus en fait une nécessité? Cette ques-
tion est très-difficile à résoudre, et si ces bâtiments sont considérés en
présence les uns des autres, ils modifieront toute la tactique navale, et leur
invulnérabilité a fait penser à employer le choc de leur masse. Ils feront
disparaître les navires en bois de la surface des mers; mais ils arriveront à
se détruire mutuellement, car il faut admettre comme un axiome qu'il faut
craindre ses semblables et qu'entre semblables la force est au nombre,
c'est-à-dire au budget le plus élevé. Ce qu'ils présentent de plus nouveau
est le changement en leur faveur de la force relative de la terre et de la mer,
et ils viennent se placer sur un pied d'égalité dont le vaisseau en bois était
très-éloigné. Les escadres combinées n'ont fait qu'une diversion contre Sé-
bastopol, tandis que les trois batteries, avec leurs onze canons battants
chacune, sont venues se poster à petite distance et ont réduit Kilbouroun.
( 349 )
D'après cela, il n'y a plus de rades fermées, plus de villes du littoral proté-
gées, puisque ces navires lancent des projectiles à 5ooo mètres de distance
et ne les craignent pas à moins de 100 mètres. Les débarquements, déjà
rendus si difficiles par l'adoption des machines à vapeur, le sont devenus
encore plus, car si on renfermait mille hommps ou cent chevaux dans un de
ces navires, qui dès lors serait trop encombré pour employer ses canons, il
faudrait en sortir pour aller à terre dans des canots.
» Déplus, la disparition forcée des voiles entraîne à faire les trajets en-
tiers à la vapeur, et comme on n'a que cinq ou six jours à onze ou douze
nœuds, ou dix ou douze jours à huit nœuds, on ne saurait aller loin sans
posséder des dépôts de charbon, en pays amis. Il en résulte que jamais la
guerre maritime n'aura été plus localisée.
» D'après ces conditions générales, il est difficile d'établir ce qui est le
plus avantageux à la France; mais quelles que soient les conséquences à
venir, il y a lieu de remarquer que nous sommes tellement en avance sur
les autres nations, qu'il en résulte pour le moment une supériorité marquée.
Tel est à peu près l'état de la marine actuelle; il est impossible de dire com-
bien il durera, tant les nations font de dépenses et d'efforts pour améliorer
leur matériel naval. »
MÉMOIRES PRÉSENTES.
« M. Mii.m: Edwards entretient l'Académie des résultats obtenus pen-
dant un voyage à Bangkok, par M. Bocourt, zoologiste attaché au Muséum
d'Histoire naturelle, et chargé d'une mission scientifique dans le royaume
de Siam. Les collections formées par ce voyageur sont exposées dans une
des salles du Muséum et présentent beaucoup d'intérêt. Les nombreux
dessins faits par M. Bocourt et les photographies qu'il a rapportées sont
placés sous les yeux de l'Académie. »
Une Commission, composée de MM. Milne Edwards, Valenciennes,
Decaisne, Quatrefages et Blanchard, est chargée de l'examen des collections
et des Notes de M. Bocourt.
ANALYSE mathématique. — Mémoire sur la théorie des nombres premiers
considérés dans les progressions arithmétiques ; par M. F. Moret.
(Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Bertrand.)
Ce Mémoire, adressé de Fribourg et transmis par M. le Ministre de la Con-
C. R., i8b3, i« Semettre. (T. LVI, N° 8.; 4^
( 35o )
fédération helvétique, est accompagné d'une Lettre d'envoi de l'auteur dont
nous extrayons les passages suivants :
« Les recherches des géomètres sur la théorie des nombres et les miennes
propres, que j'ai déjà eu l'honneur de communiquer en partie à votre Aca-
démie, ont fait reconnaître que l'exposition de cette branche si difficile de
l'algèbre se simplifie considérablement par l'usage de ce poslulatum que
toute progression arithmétique indéfinie, dont les termes sont des nombres
entiers sans diviseur commun, renferme au moins un nombre premier. J'ai
l'honneur d'annoncer à l'Académie que je suis parvenu, sans recourir à la
considération des carrés ou des formes quadratiques, mais par une voie
assez simple, à démontrer non-seulement ce postulatum, mais le théorème
très-général que voici : « Dans toute progression arithmétique indéfinie,
» dont les termes sont des entiers sans diviseur commun, la somme des
» inverses des termes qui sont des nombres premiers est infinie ». J'ai
donné cette démonstration dans le Mémoire ci-joint que je me réserve le
droit d'imprimer »
En terminant sa Lettre, l'auteur rappelle une Note précédemment adressée
et mentionnée au Compte rendu de la séance du 4 juillet i85o,, sous le titre
de : « Recherches sur l'arithmétique de Diophante et de Fermât »; il prie
qu'on y veuille bien faire les rectifications suivantes : i° supprimer l'in-
dication de la valeur de ce qu'il a représenté par w; 2° supprimer le théo-
rème VI sur la formule
JC2 -+-j2 4- 23 z2.
Ces rectifications seront transmises à M. Hermite qui avait été chargé de
prendre connaissance de la Note de M. Moret.
CHIMIE APPLIQUÉE. —Sels employés pour rendre ininflammable la fibre végétale ;
par MM. F. Versmaxx et Oppexheim. (Extrait présenté par M. Payen.)
(Commissaires, MM. Payen, Velpeau, Rayer.)
« La présentation faite à l'Académie, le 25 janvier dernier, d'une Note
de M. A. Chevalier, nous amène à prier l'Académie de vouloir bien rece-
voir et examiner une brochure qui traite le même sujet, et dont la partie
essentielle a été communiquée à l'Association britannique pour l'avance-
ment des sciences, le i5 septembre i85c). D'après les procédés que nous
recommandons, on fabrique maintenant des étoffes non inflammables, dont
nous serions heureux d'offrir des échantillons à l'Académie. C'est du tra-
(35i )
vail de Gay-Lussac que nous sommes partis pour faire des recherches sem-
blables avec une méthode précise. Ainsi nous avons déterminé, pour un
grand nombre de sels, combien de chacun d'eux doit être dissous dans
l'eau, pour qu'une pièce d'une certaine mousseline, trempée dans cette
solution et desséchée après, reste non inflammable. Tous les sels qui ont
semblé applicables dans l'industrie ont été ensuite examinés industrielle-
ment dans les fabriques de M. Walter Crum et de MM. Cochran et Dewar,
à Glasgow, et dans divers établissements de blanchissage à Londres.
» Trois sels seulement, après cet examen pratique, ont été admis comme
applicables dans l'industrie. Ce sont le sulfate et le phosphate ordinaire
d'ammoniaque et le tungstate neutre de soude. Les deux premiers ne sup-
portent pas la chaleur du repassage sans se décomposer ; mais ils sont appli-
cables dans les fabriques où les étoffes sont apprêtées par l'action de l'air
chaud ou de cylindres chauffés par la vapeur. Ils n'attaquent sensiblement
ni la fibre, ni les couleurs stables des étoffes. Le phosphate d'ammoniaque
peut être mêlé sans perdre beaucoup de son efficacité avec la moitié de son
poids de chlorhydrate d'ammoniaque. Il faut dissoudre 20 pour 100 de ce
mélange pour avoir une solution efficace. On obtient le même résultat avec
une solution de 7 pour 100 de sulfate d'ammoniaque. Ce dernier est donc
le sel le plus économique qu'on puisse proposer à l'industrie. Dans le cas
seulement où le procédé du repassage est inévitable, c'est-à-dire pour
l'usage des blanchisseries, une solution de 20 pour 100 de tungstate de
soude doit lui être préférée. Pour être tout à fait sûr du procédé, on ap-
plique toutes ces solutions aux étoffes, après qu'elles ont été empesées et
desséchées, parce que l'amidon est toujours employé dans une solution plus
étendue que celle que demandent les sels. Les tungstates acides détruisent
la fibre du coton, comme font le borax, l'alun et plusieurs autres substances
qui ont été antérieurement recommandées.
» Le tungstate de soude est préparé dans le Cornwall, où les mines
d'étain fournissent de grandes quantités de wolfram. Un fabricant de Plv-
mouth, M. Oxland, a le premier appliqué ce miner;;! dans l'industrie. Après
avoir fondu le minéral avec un excès de carbonate de soude, il dissout
cette masse dans l'eau et obtient par une ou deux cristallisations de beaux
cristaux de monotungstate de soude. Il fait usage de ce sel pour faire du
tungstate de plomb, précipité blanc qui peut remplacer le carbonate de
plomb comme pigment. A l'exposition de Londres de l'année dernière,
M. Versmann a exposé d'autres couleurs obtenues par ce sel : un jaune
46..
( 35a )
(l'acide tungstique), un bleu (l'oxyde de tungstène), un brun bronzé (le
tungstate double de sodium et de tungstène) et un violet bronzé (le tung-
state de potassium et de tungstène). On applique en outre le tungstène dans
la fabrication de l'acier et le tungstate de soude comme mordant. Toutes
ces applications n'ont pas encore haussé considérablement le prix de ce sel,
qui varie de 12 a 18 livres sterling le tonneau anglais de 22/J0 livres, de
3oo à 45o fr. les 100 kilos.
» Dans toutes les fabriques d'Angleterre on fait l'appYèt des étoffes sans
repassage, en les distendant et en les agitant pendant qu'on les expose à
une ventilation forte et une température de 3o° environ. Dans toutes ces
fabriques le sulfate d'ammoniaque est préférable à tout autre moyen. Le
prix de ce sel est d'environ 14 livres sterling par tonne. Toutes les usines de
gaz, en Angleterre, convertissent leur ammoniaque en sulfate, dont le prin-
cipale emploi est comme engrais. »
M. Coulvier-Gravier soumet au jugement de l'Académie un Album mé-
téorologique.
« Dans cet Album, dit-il, j'ai représenté graphiquement les courbes des
étoiles filantes, de leurs perturbations avec leurs diverses résultantes, et
également les courbes représentant le niveau des eaux delà Seine au-dessus
ou au-dessous de l'étiage, à toutes les époques de l'année. L'Album ren-
ferme les années de 1842 à 1862 inclusivement. On y trouve :
» i° La courbe et la résultante des directions affectées par les étoiles
filantes dans une année entière, puis les divisions des résultantes de quatre
en quatre mois; de cette manière on voit mieux les périodes des hautes et
des basses eaux ;
» i° La courbe et la résultante des perturbations pour une année entière,
et également leurs divisions de quatre en quatre mois ;
» 3° En regard de ces courbes, les courbes représentant Je niveau pour
chaque année des eaux de la Seine, niveau pris chaque jour à l'échelle du
pont Royal par les soins de la division des Ponts et Chaussées du départe-
ment de la Seine confiée à M. Belgrand.
» En comparant ces diverses courbes, on y trouve la concordance existant
entre les produits météoriques que nous subissons et les signes précurseurs
fournis à l'avance par les étoiles filantes.
» J'ai donné dans cet Album les courbes générales du phénomène des
( 353 )
étoiles filantes pour le Ier mai et pour le 3i décembre, et j'ai donné égale-
ment les courbes des perturbations. Il résulte de leur examen que la forme
de ces courbes, de leurs résultantes, est à très peu de chose près la même au
Ier mai qu'au 3i décembre. J'ai construit une petite courbe représentant les
apparitions exceptionnelles des 9, 10, 11 août.
» En examinant les courbes générales des étoiles filantes, je me suis
reporté au Rapport que M. Arago a fait au commencement de l'année 1847
sur le Catalogue des observations des étoiles filantes par les Chinois, pré-
senté à l'Académie des Sciences par M. Edouard Biot. M. Arago faisait
connaître à l'Académie ce résultat singulier, c'est que de 920 à 1275 les
étoiles filantes observées à cette époque venaient principalement des direc-
tions S. -E. au S. -O. par le S. Que voyons-nous aujourd'hui? ce qui a été
signalé par les Chinois pendant plus de trois siècles. Durant cette longue
période, les Chinois ont rapporté que les grandes apparitions d étoiles
filantes étaient souvent troublées et même qu'elles disparaissaient quelque-
fois entièrement. Aujourd'hui nous voyons les maximum diminuer, et même
la grande apparition de novembre disparue. Mais comme nous ne possédons
pas de périodes assez longues de ce genre d'observations, nous ne pousse-
rons pas plus loin la comparaison des périodes. »
(Commissaires, MM. Babinet, Faye, Delaunay.)
M. Boudin adresse une Note ayant pour titre : « De l'influence de l'âge
relatif des parents sur le sexe des enfants » .
« Il résulte de cette étude, dit l'auteur dans la Lettre d envoi : i° que le
sexe masculin prédomine quand le père est plus âgé que la mère ; i° que le
sexe féminin prédomine quand la mère est plus âgée que le père; 3° que
les deux sexes tendent à s'équilibrer, cependant encore avec une légère pré-
dominance du sexe féminin, quand le père et la mère sont du même âge.
D'autres observateurs sont arrivés aux mêmes résultats que moi, en faisant
des recherches sur d'autres points du globe. Parmi ces observateurs, je me
bornerai à citer M. Hafacker à Tubingue, M. Sadler en Angleterre,
M. Goehlert à Vienne, M. Boulanger à Calais. »
Commissaires précédemment nommés : MM. Andral, Rayer, Bernard,
Bienaymé.)
( 354 )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie la première
livraison d'une publication intitulée : « Matériaux pour la Carte géologique
de la Suisse, publiés aux frais de la Confédération ».
Ce premier envoi, fait au nom d'une Commission spéciale prise dans le
sein de la Société helvétique des Sciences naturelles, se compose : i° d'un
texte in-4° contenant l'avant-propos de la Commission et la description du
Jura bàlois, par M. le professeur Alb. Muller; %° d'un Atlas renfermant la
Carte coloriée du même district, en quatre feuilles à l'échelle de .„ ' „.
M. Daubrée est invité à prendre connaissance de cet ouvrage et à en faire
l'objet d'un Rapport verbal.
M. le Secrétaire perpétuel signale encore comme pièce imprimée, mais
non publiée, le Prospectus d'une Société ayant pour but de fonder, au
moyen d'un certain nombre de souscriptions , une Ecole de chimie
pratique.
« A la suite de la dernière exposition de Londres, dit, dans une Lettre
jointe à cet envoi, M. Menier, parlant au nom des premiers souscripteurs,
plusieurs manufacturiers ont pensé que la chimie, qui rend déjà tant de ser-
vices à l'industrie, lui en rendrait encore davantage si l'enseignement de
cette science était complété par l'enseignement du laboratoire. Ils ont
conçu par suite le projet de fonder une Ecole pratique de chimie, réalisant
ainsi une pensée émise par Thenard, dans une Note qui date de l'an VIII.
Ils espèrent que l'Académie verra leurs efforts avec bienveillance. »
(Renvoi à la Section de Chimie.)
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur la formation de quelques hydrogènes
carbonés; par M. Ad. Wurtz. (Présenté par M. Balard.)
« J'ai fait voir, il y a quelque temps, que, par la réaction du zinc-éthyle
sur l'iodure d'allyle, il se forme divers hydrogènes carbonés parmi lesquels
on remarque un carbure C5H10 possédant le point d'ébullition et la densité
de vapeur de l'amylene. Ce corps prend naissance évidemment, en vertu
d'une synthèse régulière, par l'union de l'éthyle du zinc-éthyle avec l'allyle
de l'iodure d'allyle :
£sH5-t-€3H5=G5H10.
» Il n'est point le seul carbure d'hydrogène formé dans cette réaction,
(355)
qui donne naissance, je m'en suis assuré par l'analyse, aux hydrogènes
carbonés suivants :
G!H\ G3H% €5H10, G5H'% €6H'°, €10H20.
» Les deux premiers sont de l'éthylène et du propylène qui ont été aua-
lysés à l'état de bromures. Ils sont accompagnés d'autres gaz non absor-
bables par le brome, et qui sont formés probablement par de l'éthyle et de
l'hydrure d'éthyle. L'éthylène et le propylène sont le produit de la réac-
tion réciproque des groupes éthyle et allyle
e'H' + G'H^G'H' + C'H1.
» Le carbure G5 H12 possède le point d'ébullition et la composition de
l'hydrure d'amyle. Je l'ai isolé et analysé.
» Le carbure G6H10 est l'allyle çjjj°| de M. Berthelot. Il bout à 5o,°.
Il est caractérisé par la propriété qu'il possède de former avec le brome un
tétrabomure solide €6H'°Br4.
» Le carbure €10H20 a pu être isolé en soumettant à la distillation frac-
tionnée les hydrocarbures les moins volatils. Sa densité de vapeur a été
trouvée par l'expérience 4, 80. La densité de vapeur théorique du diamy-
lène est 4>847-
» Le carbure dont il s'agit a passé a la distillation vers 1600. Il possède,
comme le diamylène, la propriété de se combiner énergiquement avec le
brome. Il s'est formé évidemment par la condensation de deux molécules
du carbure €5H10.
» Indépendamment de ces hydrogènes carbonés, la réaction dont il s'agit
donne encore naissance à d'autres carbures bouillant à des températures su-
périeures à 2000 et renfermant moins d'hydrogène que n'en exige la formule
€2H2n. La formation de ces carbures, moins riches en hydrogène, explique
celle du carbure €5H'2, qui est plus riche en hydrogène que les carbures
moyens G2 H2".
» Mais le principal objet de ce nouveau travail était la comparaison des
propriétés du carbure G5H10 formé par l'action du zinc-éthyle sur l'iodure
d'allyle avec les propriétés de l'amylèue, qui prend naissance par l'action
du chlorure de zinc sur l'alcool amylique :
» i° Ce carbure G5 H10 possède, comme l'amylène, la propriété de se
combiner avec le brome pour former un bromure G5H10Br2 bouillant vers
1800. Le carbure C5H<2 mêlé avec le carbure G5H'°, et qui ne se combine
( 356 )
pas avec le brome, a pu être séparé par distillation du liquide brome (i).
Il bout à 280, point d'ébullition de l'hydrure d'amyle.
» a° Le bromure G5H'°Br2 a été transformé en amylgiycol €5H15G%
qui a été analysé.
» 3° Une autre portion de ce bromure, traitée par la potasse alcoolique,
s'est dédoublée en acide bromhydrique et en amylène brome €5H913r.
» 4° Le carbure G5H'° se combine avec l'acide iodhydrique et forme
un iodhydrate C5H'°, HI qui a été soumis à l'analyse (2). Comme l'iodhv-
drate d'amyléne, ce corps réagit à la température ordinaire sur l'acétate
d'argent, en formant de l'iodure d'argent, et en régénérant en grande partie
le carbure primitif.
» On voit que le carbure G5 H10 dont il s'agit possède toutes les pro-
priétés de l'amylène. Connue celui-ci, il peut, à l'état naissant, doubler sa
molécule pour former le carbure €10H20. J'ai cru pouvoir le désigner sous
le nom d amylène dans la première Note que j'ai publiée sur ce sujet, et je
pense que cela est encore permis aujourd'hui.
» Néanmoins, la question d'isomérie entre ce carbure d'hydrogène et
l'amvlène, question que j'ai soulevée dans ma première communication,
ne me paraît pas encore définitivement résolue par mes recherches; car il
peut exister des isoméries tellement fines, qu'il serait impossible de les
découvrir par des expériences du genre de celles que j'ai pu instituer.
» La théorie prévoit de telles isoméries, et j'ai fait remarquer antérieure-
ÎG'H1 1 €3rL
£,„. pourrait être isomérique avec le carbure „ j,
formé par l'action du zinc-éthyle sur l'iodure d'allyle.
» Ces formules expriment le mode de formation des carbures dont d
s'agit, et, considérées comme formules typiques, elles ne préjugent rien sur
leur constitution intime. Il se peut, en effet, que ces deux carbures soient
identiques; car, au moment de la réunion des deux groupes, il peut s'ac-
complir un mouvement moléculaire qui fixe la constitution, et que la for-
mule typique est impuissante à exprimer. Mais les deux formules dont il
s'agit pourraient aussi indiquer une distribution irrégulière des atomes
(1) On sait que l'amylène formé par l'action du chlorure de zinc sur l'alcool amylique
est toujours mélangé avec de l'hydrure d'amyle.
(2) Le point d'ébullition de cet iodhydrate était supérieur de quelques degrés à celui de
l'iodhydrate d'amyléne. Mais il renfermait quelques traces d'un iodure moins volatil dont on
l'avait sépare par distillation, et qui a pu élever le point d'ébullition.
( 357 )
d'hydrogène entre les atomes de carbone dans le carbure G5 H1". C'est ce
point que nous voulons développer eu terminant.
» L'hypothèse la plus simple cpie l'on puisse faire sur la constitution de
l'amylène consiste à supposer que les atomes du carbone, entourés des
atomes plus légers de l'hydrogène, comme de satellites, sont combinés cha-
cun avec i de ces atomes d'hydrogène.
» Cette hypothèse est exprimée par la formule .
GH!
G H2
GH!
GHS
€H!
» Or, puisqu'il est nécessaire, pour que les affinités du carbone soient
saturées, que chaque atome de ce corps, qui est tétralomique, soit combiné
avec 4 unités de combinaison, on voit que, des 5 atomes de carbone, seuls
les 3 intermédiaires sont complètement saturés; car chacun d'eux est com-
biné avec 2 atomes d'hydrogène et échange i unité de combinaison avec les
2 atomes de carbone voisins. Mais les i atomes de carbone placés aux ex-
trémités n'échangent chacun avec son unique voisin qu'une seule unité de
combinaison. Il en résultequ'ils ne sont point saturés et que la saturation
ne sera complète que lorsque chacun de ces atomes de carbone aura fixé
une 4e unité de combinaison. Voilà pourquoi le groupe tout entier, c'est-à-
dire l'amylène, peut se combiner avec a atomes de brome ou de chlore. Sans
vouloir représenter la position exacte des atomes, on indique par la formule
précédente cette circonstance que 3 atomes de carbone sont en relation
étroite entre eux et avec les i autres, tandis qu'il n'en est pas de même pour
les 2 derniers atomes, ceux des extrémités, entre lesquels on peut supposer
qu'il existe une plus grande distance ou une lacune.
» Mais on conçoit aussi que les atomes d'hydrogène soient irrégulière-
ment partagés entre les atomes de carbone. Sans vouloir épuiser les hypo-
thèses qu'on peut faire à cet égard, nous nous bornerons à en indiquer une
seule.
» On peut supposer que les atomes d'hydrogène sont distribués de telle
manière que 3 atomes de carbone soient combinés chacun avec 2 atomes
d hydrogène, que le 4e atome de carbone soit combiné avec 1 atome d'hy-
drogène, et le 5e avec 3. On peut admettre de plus que, suivant la place
qu'occupe dans la molécule l'atome de carbone qui n'est combiné qu'avec
C R , i863, i« Semestre. (T. LV1, N° 8.) 47
( 358 )
i atome d'hydrogène, la structure de cette molécule est différente et qu'il
doit exister dans cette molécule des lacunes qui sont indiquées par les ac-
cents ' et" et parles traits horizontaux.
[ g h y
(G H2)'
( G H2 )'
y h2
(GH)'
G H2
e 11
GH!
(GH)'
G H2
G H2
G H2
G H3
GH!
G H5
e h
*G2ET
IG3H5
G 'H9
G2 H7
G* H5
(G H2)
G H2
G H2
GHS
G H3
G4H7
G H3
» Ces formules expriment quatre arrangements moléculaires différents, et
par conséquent quatre états isomériques. Mais, quel que soit l'arrangement
moléculaire, on voit qu'en aucun cas le groupe tout entier, c'est-à-dire le
carbure G5 H10, n'est saturé. 11 en résulte que la propriété qu'il possède de se
combiner avec 2 atomes de brome ou avec i molécule d'acide iodhydrique
est indépendante de la structure moléculaire des carbures G5 H10, et que les
combinaisons ainsi formées peuvent être aussi différentes par l'arrangement
moléculaire que les carbures isomériques eux-mêmes; car le brome d'un
côté, l'hydrogène et l'iode de l'autre, se fixeront dans ces parties de la mo-
lécule où il existe des lacunes, suivant l'expression que nous avons employée
plus haut. Mais on conçoit aussi d'un autre côté que, bien que différant
par leur structure moléculaire, ces combinaisons soient singulièrement rap-
prochées par leurs propriétés. Voilà pourquoi j'ai dit plus liant qu'il peut
exister des isoméries tellement fines, qu'il serait impossible de les constater
par des expériences du genre de celles que j'ai pu instituer et qui sont rela-
tivement grossières lorsqu'il s'agit de décider des points aussi délicats de la
science. »
CHIMIE. — Action de V ammoniaque sur In poudre-coton. Nouvelle réaction
propre aux nitrates; par M. Ernest Giîignet.
« Les travaux si remarquables de M. Paul Thenard et de M. Schutzen-
berger nous ont appris que l'ammoniaque peut agir sur certaines matières
organiques neutres, notamment sur le coton, en produisant des substances
brunes fortement azotées. J'ai fait une observation du même genre, rela-
tivement à la poudre-coton, avec cette différence que la réaction est telle-
ment facile, qu'il n'est pas nécessaire d'opérer sous pression à une tempé-
rature supérieure à ioo°. Il suffit de faire bouillir dans un ballon de la
( 359 )
poudre-coton avec de l'ammoniaque liquide pour l'attaquer complètement
au bout de deux heures. On peut d'ailleurs condenser dans l'eau ou l'alcool
le gaz ammoniac qui se dégage pendant l'opération.
« J'ai fait bouillir la liqueur brune ainsi obtenue, de manière à chasser
l'excès d'ammoniaque: en ajoutant quelques gouttes d'acide acétique, la
plus grande partie de la matière brune se précipite. En la traitant à froid
par une dissolution de soude caustique, on la dissout complètement et on
la sépare ainsi d'une très-petiie quantité de poudre non attaquée.
» Ayant de nouveau précipité la matière brune par l'acide acétique et
l'ayant lavée avec de l'eau pure (qui n'en dissout qu'une petite quantité),
j'ai constaté que cette matière est fortement azotée. Elle est soluble dans les
alcalis et dans les acides concentrés; elle présente donc les mêmes carac-
tères que les corps analogues déjà décrits.
» La liqueur de laquelle la matière brune a été séparée possède encore
une teinte brune; l'acétate neutre de plonib y forme un précipité brun el
l'eau mère ne présente plus qu'une faible teinte jaune.
» Ayant alors ajouté du sous-acétate de plomb, j'ai obtenu un précipité
blanc, extrêmement abondant, formé en grande partie d'un nitrate de
plomb bibasique Az052PeO, HO, déjà connu des chimistes.
» J'ai vérifié directement cpie ce sel se produit par l'action du sous-acé-
tate de plomb sur un nitrate quelconque. Il est peu soluble dans l'eau froide
et se sépare aisément sous la forme d'une poudre cristalline. On peut d'ail-
leurs le faire cristalliser par refroidissement d'une dissolution bouillante.
» Comme les nitrates ne donnent aucun précipité caractéristique avec
les réactifs ordinaires, l'action du sous-acétate de plomb pourra, je pense,
servir à les reconnaître et même à les séparer dans certains cas. Une liqueur
qui renferme seulement i pour ioo de nitre donne un précipité sensible
avec le sous-acétate de plomb. Quand on précipite ce dernier sel par le
nitrate de plomb, l'eau mère retient en dissolution une combinaison d'acé-
tate et de nitrate de plomb qui cristallise en longues aiguilles, et que je
m'occupe de soumettre à l'analyse.
» En résumé, outre la production d'une matière brune azotée, l'action
de l'ammoniaque sur la poudre-coton donne lieu à la formation d'une
grande quantité de nitrate d'ammoniaque. J'ai constaté aussi la présence
du nitrite d'ammoniaque dans cette réaction.
» C'est la poudre-coton préparée pour collodion photographique que j'ai
employée dans mes expériences. »
47-
( 36o )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau mode de formation des anhydrides des
arides monobasiques; par M. H. Gal. (Présenté par M. II. Sainte-Claire
Deville.)
« L'éther chlorhydrique, en réagissant sur les oxydes et les sulfures
métalliques, donne, comme on le sait, naissance à l'éther ordinaire et au
sulfure d'éthyle. Ses divers homologues se comportent exactement de la
même manière. Ces réactions ont amené à rechercher comment les chlo-
rures d'acides se comporteraient dans des circonstances analogues. Je ne
parlerai dans cette Note que de l'action des oxydes métalliques sur les
chlorures d'acétyle et de benzoïle, me réservant d'étudier plus tard l'action
des sulfures sur ces mêmes corps.
» Si l'on verse du chlorure d'acétyle sur de la chaux hydratée puis cal-
cinée, la réaction est des plus vives. La chaux devient même incandescente
lorsqu'on fait intervenir une trop grande quantité de liquide. L'oxyde de
plomb au contraire est faiblement attaqué par le chlorure d'acétyle, même à
la température de iooou de i5o°. Entre ces deux corps dont l'action est
ou trop vive ou trop peu énergique, il fallait trouver un autre oxyde qui
réagît avec plus de régularité sur le chlorure d'acétyle. La baryte caus-
tique remplit parfaitement cette condition.
» Si l'on introduit un équivalent de chlorure d'acétyle et un équivalent
de baryte anhydre dans des tubes que l'on scelle à la lampe, la réaction
commence à froid et se trouve complètement achevée après quelques heures
d'exposition au bain-marie. Si l'on distille alors le contenu des tubes, la
température s'élève rapidement et reste bientôt stationnairc vers 1370. Le
liquide qui passe à cette température présente tous les caractères de l'acide
acétique anhydre. Soumis à l'analyse, il a fourni les résultats suivants :
» ogr,4i7 de substance ont donné 0,711 d'acide carbonique et 0,220
d'eau, ce qui correspond à la composition :
C 46,9
H 5,9
La formule C* H8 O3 exige
C 47'1
H3 5,8
» L'oxyde de plomb réagit sur le chlorure de benzoïle a la température
( 36 1 )
de i5o°, mais, comme précédemment, c'est la baryte caustique qui fournit
les meilleurs résultats.
» Si l'on chauffe entre i4o et i5o° un équivalent de chlorure de benzoïle et
un équivalent de baryte, la réaction est complète au bout de vingt heures en-
viron. Le liquide retiré des tubes encore chauds ne tarde pas à se prendre
en une masse cristalline; on constate en même temps la formation d'une
grande quantité de chlorure de baryum. Les cristaux distillent au-dessus
de 3oo°. Ils ont présenté tous les caractères de l'acide benzoïque anhydre,
ainsi que sa composition. En effet, osr,358 de substance ont fourni 0,973
d'acide carbonique et o,i4> d'eau, ce qui donne
c 74- !
H 4:4
La formule C1* H5 O3 exige
C 74,3
H 4,4
» La formule de la réaction peut s'écrire de la manière suivante
CMH502CI 4-BaO = CMH508+ BaCl.
Mais il est évident, d'après les travaux de Gerhardt, qu'il faut admettre dans
cette réaction deux temps parfaitement tranchés : dans le premier il y au-
rait formation de chlorure de baryum et de benzoate de baryte, tandis que
dans le second le chlorure de benzoïle réagirait sur le benzoate formé pour
engendrer l'acide benzoïque anhydre.
» Pour assurer le succès de ces expériences, il faut éviter d'employer
un excès d'oxyde, les acides anhydres étant décomposés dans ces conditions.
» Ces recherches ont été exécutées à l'École Polytechnique dans le labo-
ratoire de M. Cahours. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur deux nouveaux types de nuages observés à ht Havane,
dénommés Pallinm (Pallio-cirrus et Pallio-cumulus) et Fracto-cumulus ;
extrait dune Lettre de M. Poey à M. Élie de Beaumont.
« Le seul travail fondamental qui ait été produit jusqu'ici sur les nuages,
en dehors de la cause première de leur suspension et de leur constitution
intime, est certainement la belle classification imaginée en 1802 par Luke
Howard. Les types principaux qui ont servi de base a sa nomenclature
ont été, comme l'observe M. Rœmtz, très-heureusement choisis en ce sens
qu'ils se rattachent à des modifications atmosphériques antérieures, et nous
; 36a )
fournissent eu même temps des indications sur les changements de temps
à venir.
» Après soixante ans presque révolus aucune uouvelle tentative de ce
genre n'ayant été faite, sauf la détermination des strato-cumulus proposée
par M. Kcemtz, aujourd'hui, je viens signaler l'existence de deux nouveaux
types de nuages, que l'on observe dans tout leur développement sous la
latitude de la Havane, types qui n'ont pas encore été suffisamment distin-
gues des autres modifications.
» Je distinguerai le premier de ces types par la dénomination de pallium.
Suivant leurs caractères généraux, comme l'indique l'expression, les pallium
offrent l'apparence d'un manteau ou d'un voile d'une dimension considé-
rable, d'une texture très-serrée, ayant ses bords nettement déterminés,
d'une marche excessivement lente, embrassant au delà de l'étendue de la
voûte du ciel visible.
» Les pallium, étant uniquement le produit des cirrus ou des cumulus, se
subdivisent encore enpatlio-cirrus et en pallio-cumulus, suivant leur origine,
leur nature et leurs propriétés météorologiques, que voici :
» Les^pallio-cirrus, outre les caractères généraux déjà signalés, sont d'une
couleur blanc-perle, d'une texture plus serrée, plus lents dans leurs mou-
vements et plus élevés que les pallium qui dérivent des cumulus, bien qu'ils
se présentent au-dessous des cirrus purs. Ils sont impénétrables aux rayons
solaires, et la lumière diffuse qu'ils réfléchissent n'offre aucune trace de
polarisation, lorsque ce type est parfaitement caractérisé. Alors ils apparais-
sent généralement vers l'horizon S.-O., accusant la présence du couranl
équalorial su périeur, et déterminent la chute de la pluie tant qu'ils demeu-
rent au-dessus et en regard d'une seconde couche inférieure ou de pallio-
cumulus.
» A leur approche le baromètre baisse, le thermomètre monte, l'humi-
dité relative augmente, la tension de la vapeur d'eau diminue, et le vent
à la surface de la terre ne tarde pas à souffler de cette direction.
» Les pallio-cumulus, au contraire, sont d'une couleur noirâtre ou d'ar-
doise, moins compactes, plus rapides, moins hauts que les antérieurs, mais
comme eux ils sont encore plus élevés que les cumulus purs qui les engen-
drent. Parfois, lorsqu'ils sont moins serrés, ils offrent quelques traces très-
faibles de lumière polarisée. Dans leur développement complet ils appa-
raissent vers une direction inverse aux premiers, c'est-à-dire du N.-E.,
et accusent alors le courant polaire qui se propage dans une couche infé-
rieure. A leur approche on observe des manifestations inverses à celles qui
( 363 )
caractériseut les pallio-cirrus : le baromètre monte, le thermomètre descend,
l'humidité relative diminue, la tension de la vapeur d'eau augmente, mais
le vent ne tarde point aussi à souffler de cette direction.
« Les deux apparitions de pallium les plus remarquables qui eurent lieu
dans le courant de l'année passée furent les suivantes : le 18 mars à 10 heures
du matin le bord antérieur d'un pallio-cirrus commença à envahir l'horizon
S.-O. Ce manteau couvrit par degrés toute l'étendue du ciel, sauf une partie
du premier et du quatrième cadran, et disparut complètement à 8 heures du
soir vers le S.-E., où son bord postérieur se perdit de vue; i! avait donc mis
dix heures à traverser notre horizon apparent. Pendant ce temps, il y avait
encore un contre-courant supérieur rendu uniquement sensible par la résis-
tance qu'il opposait à la marche du pallio-cirrus vers la région du N. et par
l'apparition entre 5 et 6 heures du malin de quelques fragments de cirrus du
N.-O. très-rapides. Ces fragments reparurent à midi, mais au-dessous des
pallio-cirrus , et paraissaient être d'égale force que le courant du manteau de
cirrus; celui-ci demeura stationnaire jusqu'à 4 heures du soir que le premier
l'emporta sur ce dernier, dételle sorte que le pallio-cirrus fut refoulé vers
le zénith et disparut à 8 heures à l'horizon S.-E., ayant une inclinaison de
l'O.-S.-O. au N.-E. L'apparition des cirrus du N.-O. à midi anticipa à
3 heures l'heure de la marée minimum du baromètre qui fut de ,]65mm,\o,
phénomène qui coïncida à la fois avec le maximum du vent qui parcourait
à cette heure 7m,48 par seconde, ayant oscillé toute la journée du S.-E.
au S. La lumière réfléchie par ce pallio-cirrus remarquable n'offrit aucune
trace de polarisation.
» Voici maintenant un exemple d'un manteau de cumulus bien plus
étendu : trois jours plus tard, le i\ mars, à 4 heuresdu matin, le bord anté-
rieur d'un paltio-cumulus se présenta vers l'horizon du quatrième cadran,
le couvrant entièrement; à 5 heures il s'étendait longitndinalement du
N.-N.-E à l'O.-S.-O., progressant de plus en plus rapidement; à 6 heures,
il avait déjà dépassé le zénith, et enfin à 8 heures il atteignait l'horizon
opposé vers le S.-E. Ce manteau enveloppa ainsi toute l'étendue visible du
ciel jusqu'à 4 heures du soir qu'on vit apparaître à l'horizon du quatriemr
cadran, d'où il était parti, son extrémité postérieure, qui atteignit le zénith
entre 9 et 10 heures du soir et disparut à l'horizon S.-E. du second cadran
à 3 heures de la matinée du 22, où le bord antérieur avait déjà disparu
la veille à 8 heures du matin. Ainsi, entre la première apparition du bord
antérieur auN.-O. etla dernière disparition du bord postérieur au S.-E., il
s écoula vingt-trois heures. La lumière réfléchie par ce pallio-cumulus
( 364 )
considérable était parfois légèrement polarisée dans ses portions les moins
compactes.
» Je proposerais en outre le nom de fracto-cumultts pour ces fragments
de cumulus qui diffèrent soit physiquement, soit quant à l'époque de leur
apparition, soit encore quant à l'état atmosphérique qu'ils déterminent, des
cumulus (balle de coton) proprement nommés par Howard, ou nuages
d'été, se montrant presque toujours sous la forme d'une moitié de sphère,
reposant sur une base horizontale, et semblables dans le lointain à des
montagnes couvertes de neige. Les fraclo-cumulus sont au contraire dis-
tancés, sans forme déterminée, couleur d'ardoise ou gris, moins denses,
plus rapides, plus bas, visibles le jour et la nuit, en dehors d'autres considé-
rations météorologiques dans lesquelles il serait trop long d'entrer pour le
moment. »
M. Guérin-Mêxeville, dans une Lettre adressée à M. le Président, fait
connaître le nom de l'inventeur du procédé au moyen duquel ont été obte-
nues les flottes de soie grége de cocons du ver à soie de l'ailante qu'il avait
présentées à l'Académie dans l'avant-dernière séance. Cet inventeur est
M. Aubenas fils, de Loriol (Drôme).
« M. Aubenas, ajoute l'auteur de la Lettre, a mis en pratique, dans une
usine considérable, un appareil de torsion à dévidage régulier et simultané
pour la filature de la soie, au moyen duquel il obtient, entre autres, des co-
cons doubles, une soie de première qualité. Ces cocons doubles, qui entrent
dans la production indigène et étrangère pour une moyenne de 5 à 10
pour ioo, n'avaient produit jusqu'ici que de la soie dont le prix varie de
■2oà 25 francs le kilogramme. Au moyen de son appareil, M. Aubenas en tire
un fil de la valeur de 45 à 55 fr. le kilogramme. »
La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B.
ERRATA.
(Séance du 16 février 1 863. i
Page 291, ligne 23, au lieu de au-dessus, lisez au-dessous.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2 MARS 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HYGIENE PUBLIQUE. — Note sur la ventilation des nouveaux théâtres de Paris;
par M. le Général A. Morin.
« En offrant à l'Académie, dans sa séance du 26 août 1861, le Rapport
de la Commission chargée d'examiner les projets présentés pour le chauffage
et la ventilation des nouveaux théâtres, alors en construction sur la place
du Chàtelet, j'ai eu l'honneur de lui dire que je ferais ultérieurement
connaître les résultats qui seraient obtenus à l'aide des dispositions que
nous avions cru devoir proposer.
» Rien que dans l'exécution l'on se soit notablement éloigné en certains
points de ces indications déduites des principes de la science et des expé-
riences directes que nous avions faites pour étudier la question, les résultats
obtenus, quand les appareils fonctionnent régulièrement, sont généralement
assez favorables pour montrer que nous étions dans la véritable voie qui
pouvait conduire à la solution, et que, si on nous y avait plus complètement
suivis, l'on n'aurait pas éprouvé certains inconvénients plus ou moins gra-
ves pour le public.
» Avant de faire connaître les résultats obtenus, je rappellerai d'abord
les bases principales du programme et des projets approuvés par la Com-
C. R., i863, \" Semestre, (T. LVI, N° 9.) 4^
( 366 )
mission dont j'avais l'honneur d'être le Rapporteur, et qui comptait dans
son sein MM. Dumas, président, et Chaix-d'Est-Ange, sénateurs; Pelouze,
Rayer, Caristie, Gilbert et Baltard, membres de l'Institut, et Grassi, phar-
macien. Ces bases consistaient à introduire l'air :
» i° Comme l'avait proposé Darcet, au-dessous des loges des galeries et
des amphithéâtres, par des doubles fonds ou entrevous, disposés à cet
effet sur tout le pourtour de chaque étage;
» 2° Par l'avant-scéne et par des ouvertures ménagées dans les parois
verticales du mur de refend qui sépare la scène de la salle ;
» 3° Par des ouvertures auxiliaires destinées à la ventilation d'été, ména-
gées sous les planches des corridors à chaque étage de loges, et prenant l'air
à l'extérieur.
» Quant à l'évacuation de l'air vicié de la salle, elle devait avoir lieu par
des bouches d'appel placées au niveau et au fond des loges et des galeries,
ou dans les parois verticales des gradins des amphithéâtres.
» La chaleur des tuyaux de fumée pendant l'hiver, celle de tous les appa-
reils d'éclairage en toute saison, des foyers et des becs de gaz auxiliaires
pendant l'été, devaient donner à l'appel l'énergie nécessaire.
» Le volume d'air à extraire des salles ne devait pas être inférieur a
3o mètres cubes par heure, par spectateur, en supposant ces salles pleines.
» Le projet rédigé, d'après ces bases, pour le théâtre du Cirque, malgré
l'approbation accordée aux principes qui y avaient été suivis, fut écarté par
le Conseil municipal, et celui qui était relatif au Théâtre-Lyrique fut seid
adopté dans son ensemble.
» Sans entrer ici dans des détails qui ne seraient pas à leur place, je me
bornerai à dire que pour le Théâtre-Lyrique, parmi les dispositions pres-
crites par la Commission pour l'admission de l'air nouveau, l'une a été re-
connue gênante, surtout pour les musiciens, et l'autre a été omise, malgré
nos réclamations, par l'architecte.
» La première, à laquelle nous avions été conduits à regret, consistait à
admettre une partie de l'air nouveau par un long et étroit orifice, ménagé
concentriquement à la rampe d'éclairage du côté des acteurs. Il était à crain-
dre, et il est arrivé en effet, que l'air affluent chaud ou frais fût trouvé in-
commode par les artistes placés à proximité. Il fallut y renoncer peu de
temps après l'ouverture du théâtre : ce qui m'a de plus en plus confirmé
dans l'opinion qu'il ne faut laisser affluer l'air nouveau que loin des per-
sonnes.
» Mais outre cette suppression reconnue nécessaire, il en a été fait, contre
( 367 )
nos avis, une autre plus fâcheuse et que rien ne motivait, c'est celle des
prises d'air extérieur destinées à introduire directement, pendant l'été, dans
les entrerons des divers étages de places de l'air frais, au lieu de l'obliger à
parcourir inutilement les conduits venant du soubassement de l'édifice. Il
esta craindre, en effet, cpie dans la saison des chaleurs, l'alimentation d'air
frais ne soit pas suffisante pour empêcher l'élévation de la température inté-
rieure. Après avoir fait à diverses reprises ce qui dépendait de nous pour
l'exécution de cette disposition, dont l'expérience a prouvé ultérieurement
toute l'efficacité au théâtre du Cirque, où elle n'a été introduite que tardive-
ment, nous ne pouvons accepter la responsabilité de son omission.
» Si les moyens d'introduction de l'air nouveau, que nous avions pro-
posés, ont été restreints, d'abord dans la construction, et bien plus encore
ensuite par le directeur du ce théâtre, l'énergie de l'appel de l'air vicié a été
à l'inverse considérablement augmentée par l'adoption d'un mode d'éclairage
qui consiste, comme on lésait, en un plafond entièrement vitré, au delà duquel
sont disposés 1 160 becs pouvant brûler par heure jusqu'à 236 mètres cubes
de gaz, mais dont la consommation a été successivement réduite à 1 27 mètres
cubes. La chaleur considérable que produit cet éclairage détermine dans
la coupole et à la base de la cheminée d'évacuation une élévation de tem-
pérature qui active l'appel de l'air vicié.
» Pour ne pas fatiguer l'attention de l'Académie, je me bornerai à lui
faire connaître les résultats des expériences exécutées par mes soins, pour
déterminer les volumes d'air nouveau introduit et d'air vicié extrait pen-
dant les représentations, ainsi que ceux des observations de température.
Résultats des observations faites au Théâtre-Lyrique.
VOLIMES D'AIR
DATES introduit extrait
par heui e par heure.
me me
24 septembre 1862. 19685 67 7^8
9 décembre 1862. . 3o85o 6oo5i
ml [ Ml. D'AIR
extrait
TEMPÉRATURE
par heure
extérieure. intérieure.
et par place.
me
0 • 0
4o,8o
l6,8 22
36,28
8,0 20 à 22°
Moyenne 38,54
» Nota. Nous devons indiquer que la faiblesse du volume d'air intro-
duit le i(\ septembre par le conduit d'appel tenait à la présence d'une abon-
dante végétation de lierre, que l'on avait planté à son entrée dans le square
Saint-Jacques, pour la masquer aux yeux. Dès que ce lierre a été enlevé, le
43..
( 368 )
volume d'air introduit par ce conduit s'est élevé à 26000 mètres cubes par
heure, ainsi que cela avait déjà été observé précédemment.
» Le volume moyen de 38mc,54 d'air vicié évacué par heure et par place
excède de 0,28 celui de 3o mètres cubes qui avait été demandé.
» Quant aux températures, des observations suivies le 9 décembre pen-
dant toute une représentation, depuis 81' 3o' jusqu'à iib3o', ont montré
(pie la température intérieure avait été à très-peu près la même à tous les
étages de places, et en moyenne de 22°,5.
<> D'autres observations continuées pendant vingt et un jours, du 18 no-
vembre au 21 décembre 1862, ont donné pour les valeurs moyennes des
températures :
A la scène 1 8°,q
Aux stalles d'orchestre et aux baignoires. . . 21 ,6
Aux divers étages de loges 22 ,4
A l'amphithéâtre, 4e étage 23 ,3
» Pendant cette période le jour le plus froid a été le 16 décembre, où la
température extérieure a été égale à — o°,5, et malgré cela les températures
intérieures ont été
A la scène 18 à 190
Aux stalles d'orchestre et aux baignoires. . . 22°
A l'amphithéâtre a3
» Le jour le plus chaud a été le 7 décembre où la température extérieure
a été de -+- i3°. Les températures intérieures ont été
A la scène 1 8°,5
Aux stalles d'orchestre et aux baignoires. . . 23 ,5
Aux loges 22 ,5
A l'amphithéâtre 23°, 5 à 24",5
» Des dispositions analogues à celles du Théâtre-Lyrique ont été intro-
duites au nouveau théâtre de la Gaîté. L'on y a aussi omis l'emploi des ori-
fices directs de prise d'air pour la saison d'été aux différents étages ; mais
on les a remplacés par des ouvertures ménagées au pourtour du cadre du
rideau et qui sont spécialement réservées pour cette saison.
» Des expériences exécutées le i3 janvier dernier ont montré que, mal-
gré les proportions trop faibles données aux conduits et surtout aux débou-
chés d'arrivée de l'air nouveau, le volume de cet air pouvait s'élever à 12
( 369)
ou i5 mètres cubes, et celui de l'air vicié extrait à 29™% 2 par heure et par
place.
» L'observation des températures faite le même jour nous a montré
qu'elles étaient :
o
A l'extérieur n , o
Au parterre. 22 ,0
A l'orchestre 2 1 , 5
A lu première galerie ; 22,0
A l'amphithéâtre 25 jO
» Mais il convient de dire que la consommation de gaz qui, d'après le
nombre de 1689 becs ou trous, devrait être voisine de 202 mètres cubes par
heure, est réduite par économie, en moyenne, à 63 mètres cubes, ce qui
restreint considérablement l'activité de l'appel et favorise l'élévation de la
température.
» Ce qui prouve la grande influence de cette restriction de l'éclairage,
c'est que des expériences préliminaires, faites avec un éclairage complet,
avaient montré que le volume d'air évacué pouvait s'élever alors à 94 000 mè-
tres cubes par heure.
» Il est bien rare d'ailleurs que toutes les places soient occupées; et
comme l'on peut, quaud cela arrive, donner à l'éclairage plus d'activité, les
sections des passages, quoique un peu trop faibles à ce théâtre, permet-
traient l'introduction d'un volume d'air suffisant pour empêcher la tempé-
rature intérieure de s'élever au delà de 220 à i'5° aux étages des loges, et
de 24° à a5° à l'amphithéâtre.
» Nous en avons eu tout récemment la preuve, le 23 février, jour où Leurs
Majestés ont assisté à une représentation. La salle contenait 1 434 specta-
teurs, et pendant toute la séance, qui a duré quatre heures, la tempé-
rature intérieure, aux loges de première galerie, est restée comprise entre
22° à 23°, 5.
» Quant au théâtre du Cirque, quoique les dispositions adoptées pour
l'introduction de l'air et même pour l'évacuation soient beaucoup moins
complètes que celles que la Commission avait indiquées, nous avons pu y
constater, le 11 août 1862, que le volume d'air évacué s'élevait alors a
près de 107 000 mètres cubes par heure, ce qui, pour les 2976 places qui
existent à ce théâtre, correspond à 36 mètres cubes par heure et par place.
» Mais le volume d'air introduit par les orifices réguliers disposés à cet
effet, s'est trouvé réduit à moins du tiers de ce chiffre par suite des dispo-
sitions incomplètes qui ont été prises.
(37o)
» Il convient d'ajouter que depuis que, les observations précédentes ont
été faites, il a été apporté au service des appareils de telles restrictions et de
telles négligences, que les résultats sont loin d'être les mêmes. Des résultats
d'expériences faites le 16 janvier 1 863 semblent en effet indiquer que le
volume d'air évacué ce jour-là n'était que de 53ooo mètres cubes environ
ou de i7mc,8o par place, au lieu de celui de 3o mètres cubes qui avait été
fixé comme limite inférieure.
» Dans ce théâtre on a pu constater un fait important au point de vue
de l'art : c'est l'efficacité des prises d'air extérieur directes que nous avions
prescrites pour la ventilation d'été; car l'ingénieur chargé de la construc-
tion des appareils y ayant eu recours pour les deux étages inférieurs, en
revenant en quelque sorte par nécessité aux indications de la Commission,
il a obtenu l'introduction de près de i3ooo mètres cubes d'air par heure
à ces deux étages, quoique les passages qu'il a pu ménager n'eussent que
que om,07 àom,o8 de hauteur, au lieu de om, i5 qu'on aurait pu leur don-
ner à l'origine. Si cette disposition avait été prise, comme nous l'avions
demandé primitivement pour tous les étages, avec des proportions conve-
nables, il est évident que l'on eût pu, par ces seuls orifices, obtenir l'intro-
duction de près de 5o ooo mètres cubes d'air nouveau par heure.
» 11 faut espérer que cette démonstration expérimentale si con-
cluante de l'exactitude des principes qui nous avaient guidés quand nous
avons insisté sur l'utilité de ce mode d'introduction de l'air pour la saison
d'été, paraîtra désormais assez claire pour que, dans des travaux futurs, on
en tienne compte.
» Il convient de dire que la Commission avait indiqué pour le théâtre
du Cirque la construction d'une cheminée spéciale d'évacuation qui, d'après
le projet qu'elle avait approuvé, devait être placée au-dessus de la scène
pour le cas des représentations où il y aurait des combats simulés dans
lesquels on consommerait beaucoup de poudre. Cette cheminée, qui ne
devait être ouverte qu'au moment nécessaire, aurait été munie de becs de
gaz pour activer l'appel de la fumée et pour l'empêcher de se répandre
dans la salle. L'on a négligé cette indication, et l'expérience n'a pas tardé
à manifester les conséquences de cette omission. Pendant les représenta-
tions de la pièce nouvelle, intitulée ta Bataille de Marengo, la fumée de la
poudre, entraînée par le courant d'air général qui, par suite des disposi-
tions prises, se forme de la scène vers le fond de la salle, arrive à tous les
étages de places et devient très-incommode pour les spectateurs. La tem-
pérature s'élève aux étages supérieurs de places à 29 et 3o°, tandis qu'elle
ne devrait pas dépasser 2a à 2/J0-
(37. )
» Lorsque des appareils donnés, bien construits et en bon état, ont
fourni facilement pendant un certain temps des résultats comme ceux que
nous avons obtenus, il suffit évidemment d'une surveillance active et d'une
bonne volonté intelligente pour obtenir ces mêmes résultats avec conti-
nuité. Par conséquent si, dans quelqu'une de ces salles de spectacle, il fait
tantôt trop froid, tantôt trop chaud, il est bon que le public sache que ce
n'est pas aux appareils ni aux dispositions adoptées qu'il doit s'en prendre,
mais bien à ceux qui, au lieu de les maintenir en activité comme ils en ont
contracté l'obligation, s'efforcent dans des vues d'économie mal entendue
d'en restreindre les effets.
» L'administration de la ville de Paris saura prendre, nous n'en doutons
pas, des mesures pour que les sacrifices qu'elle a si libéralement faits pour
procurer au public une amélioration désirée depuis longtemps pour les
théâtres ne soient pas rendus inutiles.
» En résumé, les expériences exécutées au Théâtre-Lyrique et au théâtre
de la Gaîté, où l'on a appliqué, quoique d'une manière incomplète et un
peu trop restreinte, les principes posés dans le Rapport de la Commission
des nouveaux théâtres de Paris, ont montré que l'on y avait obtenu par
une ventilation peut-être encore insuffisante une uniformité et surtout une
modération satisfaisante des températures à tous les étages.
» Il y a donc lieu de penser que si, profitant de l'enseignement de ces
premiers essais pour lesquels, malgré une réserve prudente, l'administra-
tion de la ville de Paris a eu le mérite assez rare d'accorder confiance aux
indications de la science, l'on en étend plus largement encore l'application,
l'on parviendra à faire jouir le public qui fréquente les théâtres d'un bien-
être tel, qu'il n'achète pas, comme aujourd'hui, les plaisirs de l'intelligence
et du goût au prix de trop de malaise physique; l'art profiterait par là des
améliorations apportées à la salubrité.
» Et, pour donner une idée de la valeur des progrès déjà réalisés et à
réaliser encore, il n'est pas inutile de dire, en terminant, que des obser-
vations recueillies en juillet 1869 et auxquelles nous sommes tout à fait
étranger ont montré qu'à l'Opéra, aux premières loges, il y a parfois,
à 10 heures du soir, une température de 3o à 32°, et dans les places supé-
rieures 38 à 4o°.
» D'autres observations, que je fais suivre avec continuité cet hiver,
indiquent aux premières loges une température de 22 à 23°, et aux étages
supérieurs celle de 29 à 3o°, malgré la communication permanente de ces
( 37* )
derniers étages avec les couloirs dont la température n'est en moyenne que
de 20°.
» Tel était l'état des choses, lorsque nous avons été appelés à nous occu-
per de la question de la ventilation, et l'on peut voir que si nous avons pu
déjà lui faire faire quelques progrès, nous pouvons espérer de les rendre
plus complets pour des constructions futures. »
GÉODÉSIE. — Nouvel appareil pour mesurer les bases qéodésiques ;
Note de M. Faye.
« Les entreprises géodésiques, loin de se ralentir à l'étranger, depuis l'a-
chèvement des travaux successivement entamés en France, en Angleterre et
en Russie, prennent au contraire un nouvel essor. Aujourd'hui on s'occupe
de la jonction des réseaux de triangles européens ; mais, avant peu d'années,
le hesoin toujours croissant de grandes voies de communication terrestres
conduira probablement à d'autres opérations géodésiques encore plus gran-
dioses. L'activité présente, les perspectives de l'avenir donnent donc aux
questions de géodésie un aspect nouveau, et me font espérer que l'Acadé-
mie n'accueillera pas sans intérêt les résultats de nouvelles recherches sur
l'une des opérations les plus délicates de cette science.
» On sait que toutes nos notions, en fait de distances célestes ou ter-
restres, reposent, en dernière analyse, sur quelques bases mesurées çà et là,
principalement par les Français. Toutes nos unités de mesure linéaire, telles
que le rayon équatorial du globe pour l'Astronomie, le mille marin pour le
navigateur, le mille géographique pour les voyageurs ou les géographes, ont
été déduites, comme le mètre lui-même, de la mesure directe de certaines
lignes connues sous le nom de bases de Tarqui et de Yaraqui, au Pérou, de
Melun et de Perpignan, en France, etc .
» Chaque pays emploie, pour ces mesures difficiles, des appareils diffé-
rents : la France a adopté l'appareil de Borda, l'Allemagne et la Belgique
l'appareil de Bessel, l'Angleterre l'appareil du major Colbv, la Russie l'ap-
pareil deStruve; l'Espagne vient d'appliquer un appareil nouveau, construit
en France par Brunner. Cette diversité même, jointe à l'appréhension que
les géodésiens ont toujours manifestée à l'égard de ces mesures aussi péni-
bles qu'indispensables, prouve, ce me semble, que la science attend encore
un système définitif.
» Le seul moyen d'apprécier sûrement l'exactitude de ces procédés, ce
serait de répéter plusieurs fois la mesure d'une même base : c'est là ce qu on
( 373 )
avait coutume de faire au siècle dernier; mais plus lesappareilssesontperfec-
tionnés, plus les opérations sont devenues longues, pénibles et coûteuses,
à tel point qu'on ne se sent plus le courage de les recommencer dans le seul
but d'obtenir une vérification. Les sept grandes bases établies en France
depuis la méridienne de Dunkerque n'ont été mesurées qu'une fois; si en
Allemagne on a pu mesurer deux fois la même, ligne, c'est qu'en Allemagne
on a adopté le système des petites bases six, sept, huit, neuf et dix fois plus
courtes que les nôtres.
» La base de Berlin, la seule d'ailleurs qu'on puisse citer en Europe
comme exemple d'une double mesure, a été partagée en deux parties, et
chacune d'elles a été mesurée séparément deux fois par le général Baeyer :
l'excès delà deuxième mesure sur la première a été, pour le premier tron-
çon, de 1^345 (sur 58g toises), et pour le deuxième, de i',074 (sur
610 toises). En discutant ces écarts et en tenant compte de tontes les
sources d'erreur, le savant général prussien évalue à yy^'ôriï ^a précision de
cette base, et en général à 6 „ 5'0 „ 0 le degré d'exactitude qu'on peut obtenir
avec l'appareil de Bessel.
» Les officiers espagnols ont suivi une méthode toute différente, dont le
principe a été approuvé il y a quelques années par l'Académie des Sciences.
M. Porro ayant soumis à l'Académie, en i852, un appareil à microscopes
pour mesurer les bases, une Commission, dont j'avais l'honneur de faire
partie, fit un Rapport favorable par l'organe de M. Largeteau. Le Dépôt de
la Guerre fit construire un appareil de ce genre en le modifiant. La Commis-
sion de la Carte d'Espagne adopta un système analogue, et M. Brunner,
chargé de la construction des appareils, y apporta d'heureux perfectionne-
ments qui en firent un ensemble d'une précision extraordinaire. Il vient
d'être appliqué à la mesure de la base de Madridejos longue de i45oo mè-
tres. Quand on suit les détails de cette mémorable opération, on comprend
qu'on n'ait pu se décider à la recommencer en entier : on a dû se borner
à en mesurer une seconde fois la cinquième partie, analogue pour la gran-
deur aux petites bases belges et prussiennes. Or il se trouve que les deux
mesures ne discordent que de omra, 19. En discutant les écarts partiels, jour
par jour, j'arrive à cette conclusion que l'erreur moyenne de la base en-
tière est probablement inférieure a 2mm,'], c'est-à-dire à 60uô00(j ae sa 1°""
gueur(i).
(1) Cf. Expériences faites avec l'appareil à mesurer les bases, traduit de l'espagnol par
M. A. Laussedat. Paris, 1860, p. 210.
C. R., 1863, i« Semestre. (T. LVI, N° 9.) ^9
( 374)
» Si l'on remonte aux mesures des Académiciens français un siècle aupa-
ravant, on jugera des progrès réalisés depuis i 7/40 par le tableau suivant :
i^4°- Bases de Juvisy, de Dunkerque, de Bourges, etc., règles en bois
posées bout à bout r7^~
1795. Bases de la méridienne, appareil de Borda (1) , Q a'0 0 0
1840. Petites bases de Prusse et de Belgique, appareil de Bessel
1 858. Base de Madridejos, appareil de Brunner
1; <. h 11 h 11
1^
5000000
» Mais aussi il faut dire qu'en 1740 les Académiciens français mettaient
un ou deux jours à mesurer une base dont le charpentier et le forgeron fai-
saient tous les frais, tandis qu'en 1 858 les officiers espagnols, après des
préparatifs de plusieurs années, ont employé quatre mois d'un travail
obstiné sur le terrain, et se sont servis d'appareils qui sont un véritable
chef-d'œuvre du génie et de l'industrie moderne.
» Le point que viennent d'atteindre les officiers de la Carte d'Espagne
est un nec plus ultra qu'il n'est pas possible, je dirai même qu'il ne serait
guère utile de dépasser. Si je viens proposer un nouvel appareil, ce n'est
pas pour faire mieux, mais pour atteindre un autre but sans rien sacrifier
de cette précision merveilleuse.
» Afin de faire apprécier le point de vue où il convient de se placer ici,
examinons le rôle des bases en Géodésie, et tâchons de résoudre une ques-
tion souvent discutée dans ces derniers temps, celle de la préférence à don-
ner aux grandes bases françaises ou aux petites bases allemandes.
» L'exactitude d'une triangulation dépend à la fois de ses angles et de sa
base. On n'en peut juger complètement que par une épreuve directe, qui
consiste à rattacher au réseau de triangles plusieurs bases disposées de telle
sorte qu'on puisse calculer un même côté de plusieurs manières indépen-
dantes, c'est-à-dire par des chaînes de triangles distinctes qui s'appuient à
des bases différentes. L'exemple le plus simple va nous être fourni par la
Géodésie prussienne.
» Le côté TrunzJVildenliof, calculé au moyen de la base de Kœnigsberg
et d'une chaîne de sept triangles, est de 3o i25,,748i ; par celle de Berlin,
et 35 triangles, on trouve 3o i23l, 5o4i ; on en conclut que l'erreur due à
celte dernière voie est d'environ o', 2, en sorte qu'à 35 triangles de distance
l'erreur relative d'un côté s'est accrue de YTihifû & 1 s i/o u 0 •
(1) D'après l'estime de Delambre lui-même; je crois que Delambre s'est exagéré, non pas
la précision, mais au contraire l'erreur à craindre par ses propres mesures; la précision de
nos bases doit dépasser ,,„',,,
( 375 )
b Ei) Russie. !a magnifique chaîne de triangles qui va du ca j> Nonl au
Danube sur une longue ligne de 700 lieues s'appuie sur dix bases de moyenne
grandeur.
» L'application complète qui a été faite pour la première fois de la mé-
thode des moindres carrés à l'ensemble du réseau scandinavo-russe permet
d'apprécier l'erreur probable du résultat définitif, c'est-à-dire de l'amplitude
linéaire des diverses parties du méridien qui traverse la chaîne des triangles.
Voici quelques-unes de ces évaluations :
Latitude. Amplitude Erreurs
o , linéaire. probables.
Staro Nekvassowka . ... fô. 20 n t t
Belin..- 5a. 3 382.943,521 ± 2,61 1
Dorpat 58.23 744-7^4*4^4 — 4* '77
Tornea 5.5n 1 . 170 .810,973 ± 4*9^7
Fuglcnœs. , 70.40 1 .447 -786,783 rfc 6,226
>> L'incertitude serait donc, en ne considérant que l'erreur moyenne,
d'environ YXëWô- ^e résultat est d'une grande importance scientifique.
» Nous allons obtenir des conséquences analogues en considérant le
réseau français, mais à la condition de faire concourir plusieurs bases à la
détermination des dimensions linéaires. Je dois les éléments du calcul sui-
vant à l'obligeance de M. Levret, colonel d'état-major attaché à la Carte de
France. Le côté Bourges-Dun-ie-Roi, pris pour exemple, peut être calculé
de diverses manières au moyen des chaînes primordiales du réseau fran-
çais, avec plus d'avantage encore que dans une triangulation linéaire comme
celle de la Russie :
Ecarts.
m m
Par la base de Plouescat, 44 triangles 25612,46 — 0,62
Par la base de Bordeaux, 38 triangles 256i2,i8 — o,34
Par la base du Tessin, 5a triangles 256i 1 ,65 -+- o, 19
Par la base d'Ensisheim, 44 triangles 256i 1 ,80 -+- 0,04
Par la base de Melun, 21 triangles (1) 256 1 1 ,45 -t- o,3g
Je trouve que la moyenne, eu égard aux poids des déterminations par-
tielles (ces poids sont réciproquement proportionnels aux nombres des
triangles), est de 26611,84 avec une erreur moyenne de om, 21, c'est-à-dire
1 ) Non par la méridienne de Dunkerque, mais par les triangles de premier ordre choisis
dans le grand quadrilatère Paris - Bourges - Chollet - Mortain.
49..
( 376)
une erreur relative de , „ „'u 0 0 . En faisant concourir d'autres bases, celles
de Goubera, d'Aix et de Perpignan, on parviendrait à réduire encore cette
incertitude. Quant à l'arc de distance de Paris à Bourges, comme l'erreur
partirait de „0(l'00u- (incertitude de la base de Melun) pour aboutir à tïooïïô
(incertitude d'un côté pris à 20 triangles de là), on comprend qu'elle serait
sensiblement du même ordre que celles des mesures analogues en Russie.
» Servons-nous du résultat que nous venons d'obtenir pour contrôler la
partie défectueuse de la grande méridienne (que j'ai en occasion de rappeler
dans une discussion récente), celle de Paris à Bourges (1). En partant delà
base de Melun, non plus avec les triangles de premier ordre qui remplissent
le grand quadrilatère situé à l'est de cette région, mais avec les triangles de
la méridienne de Delambre, on trouve 256ogm,23. L'erreur est donc 2m,6i,
erreur inadmissible, du genre de celle qui a décidé le Dépôt de la Guerre à
faire recommencer une partie de celte méridienne. On peut vérifier les
nouveaux triangles eux-mêmes, en calculant le même côté Bourges-Dun-
le-Roi à l'aide de la base de Melun et de la petite méridienne de Fontaine-
bleau : on trouve ainsi s56i3,2i. L'erreur est réduite de moitié (im, 37),
mais elle est encore trop forte et donne à penser que les nouveaux triangles
eussent dû remonter jusqu'à la base elle-même. On voit par là comment
s'opère le contrôle d'une triangulation, et à ce sujet j'oserai émettre le vœu
qu'un travail d'ensemble soit entrepris pour faire concourir au calcul défi-
nitif du réseau français les précieux éléments de vérification qu'il renferme.
Il est évident que la partie la plus récente l'emporte en précision sur la par-
tie la plus ancienne ; celle-ci ne saurait emprunter à la première une valeur
supérieure qu'elle pourrait au contraire lui communiquer par l'adoption
d'une marche systématique dans les calculs.
» Quelles conclusions devons-nous tirer de ce qui précède? N'est-il pas
évident que les bases ne servent pas seulement de vérification? Leur emploi
simultané a pour effet d'augmenter considérablement, comme Laplace l'a
montré le premier, la précision des résultats. Or, comme moyen de vérifi-
cation, les bases doivent être distribuées aux extrémités des chaînes princi-
pales; mais, considérées sous l'autre rapport, elles doivent satisfaire à la
condition qu'un côté quelconque soit le moins possible distant d'une base.
De là l'obligation, quand il s'agit d'une triangulation linéaire comme en
(1) Comptes rendus de la séance du 26 janvier dernier, p. 162 et i63.
( 377)
Russie, d'échelonner régulièrement les bases sur tout le parcours, et quand
il s'agit d'une triangulation compacte comme en Espagne, d'avoir au moins
une base centrale comme celle de Madridejos.
» Il reste à savoir s'd faut préférer les petites bases allemandes de goo à
1200 toises aux bases russes de 3ooo toises ou aux grandes bases françaises
de 6000 à 7000 toises.
» Pour tripler une base au moyen de triangles passables, il faut une série
de trois ou quatre triangles de jonction. Si donc on avait eu recours, en
Russie, aux petites bases allemandes, au lieu d'employer des bases moyennes
de 3ooo toises (elles sont au nombre de 10), il aurait fallu une quarantaine
de triangles de plus. Or ces triangles n'ajoutent absolument rien à l'étendue
du réseau proprement dit : ils ne servent qu'à en diminuer la précision.
Pour atténuer ce défaut capital qui ressort encore mieux quand on prend
pour terme de comparaison les grandes bases de France ou d'Espagne, on
est obligé de donner des soins extrêmes aux triangles de jonction et aux
signaux qui en marquent les sommets ; mais il vaudrait mieux, évidemment,
reporter ces soins, ce temps, ce travail sur la mesure directe d'une base plus
longue, et si, par des procédés nouveaux, on parvenait à diminuer notable-
ment la difficulté propre aux mesures linéaires, la question serait définitive-
ment tranchée.
» Ce sont ces considérations qui m'ont déterminé à rechercher le moyen
de supprimer la partie la plus pénible de ce travail, tout en conservant la
précision obtenue dans ces derniers temps. L'artifice dont je nie suis servi
pour cela consiste à reporter, du terrain au cabinet, toutes les opérations
délicates.
» Les appareils énumérés plus haut se rangent en deux catégories : les
appareils à bout, munis de languettes, de coins ou de leviers, et les appa-
reils à traits, que l'on observe sur le terrain à l'aide de microscopes mesu-
reurs. Celui que je présente et que j'ai pu expérimenter ces jours-ci, grâce à
l'obligeance de l'un de nos plus habiles constructeurs, M. Brunner fils qui
a bien vouhi se charger de réaliser mes idées, n'est ni à contact, ni à micros-
copes.
» Il se compose essentiellement d'une règle en bois ou plutôt d'un
châssis métallique muni à ses deux extrémités de tracelets dont l'intervalle
actuel est complètement arbitraire. La base étant jalonnée, des supports très-
bas sont fixés au sol de 4 en 4 mètres, et portent de petites plaques de
cuivre bien alignées. D'autres supports sont placés en regard des premiers
!7*
pour soutenir et fixer la règle à tracelets (r). Celle-ci est portée successive-
ment devant chaque paire de plaques avec les précautions nécessaires pour
que la flexion ne varie pas ; puis on fait jouer les tracelets sur ces plaques.
En disposant du jeu des tracelets, de manière que le trait d'avant soit plus
long que le trait d'arrière, il sera toujours aisé de distinguer, du premier
coup d'œil, si l'intervalle marqué sur chaque plaque doit être ajouté à la
portée ou doit en être retranché. En s'arrangeant de manière que la somme
de ces intervalles soit sensiblement nulle à la fin de chaque journée, on
n'aura pas à s'occuper d'une foule de petites réductions qui ont de l'im-
portance dans les anciens systèmes. Ainsi l'ordre des plaques sera parfaite-
ment indifférent : on les recueillera au fureta mesure, sauf la dernière de
chaque journée qu'il suffira de laisser en place pour marquer le début de
la journée suivante; puis on mesurera à loisir, dans le cabinet, les inter-
valles tracés sur toutes ces plaques.
» Quant aux tracelets, on sait combien leur jeu est sûr : c'est là l'outil
qui, sur la plate-forme à diviser des artistes, trace /jooo traits de suite sans
se déranger. Pour en déterminer l'intervalle aux diverses températures de la
journée, et prendre des garanties contre toute chance de dérangement, on
les fera jouer, d'heure en heure par exemple, sur la tranche d'une double
règle portative en fer et en zinc, un peu plus longue que l'appareil a tra-
celets, et suivant l'opération sur un chariot spécial. Cette règle, portant
les traits d'une centaine d'opérations de ce genre, jouera en même temps
le rôle de thermomètre et fera connaître la dilatation et la température de
l'instrument principal : il suffira de la placer ensuite sous un comparateur
ordinaire pour rapporter toutes ses indications a l'unité de longueur.
» On voit par là que l'opération entière pourrait être indéfiniment con-
servée, car elle serait représentée matériellement par une petite caisse rem-
plie de plaques et par ces deux règles de fer et de zinc rivées à une de leurs
extrémités, et soutenues de manière à éviter toute flexion appréciable. On
reprendra l'opération, on la vérifiera autant de fois qu'on le jugera con-
venable, sans sortir de la salle de dépôt.
» Te ne fais pas mention de l'inclinaison des portées : on l'obtiendra, soi!
par un nivellement préalable, soit à la manière ordinaire.
i) J'espère même qu'on pourra n'employer qu'une seule série de supports à ras terre,
yiàce à leur peu d'élévation, leur stabilité ne sera pas sensiblement troublée par le poids d/>
la règle à tracelets. Il en serait autrement avec les supports actuellement en usage. C'est un
point que je me propose d'examiner.
( 379)
» M. Brunner a bien voulu construire pour moi un appareil <Jc ce genre
en montant deux tracelets sur une règle en bois de 4 mètres. I! s'est servi
de supports semblables à ceux que son père avait construits pour le gouver-
nement espagnol, à cette seule différence près que les microscopes étaient
remplacés par de simples plaques, que je mets sous les yeux de l'Académie.
On a mesuré ainsi deux portées, dans un atelier, à deux reprises différentes.
Voici les résultats des deux mesures :
iie plaque, a' a, ae plaque, b'ba2a2; 3e plaque, b\b\.
Les traits a et b sont tracés par des tracelets A et B ; l'indice i répond a
la deuxième portée; les lettres accentuées appartiennent à la seconde opé-
ration. Les deux mesures seront vérifiées par la relation
b'a2 = a' a -f- ha., -+- b2 b\ .
» Les plaques ont été passées au charbon, placées sous un microscope
et mesurées. Voici les résultats obtenus, à deux reprises, par deux obser-
vateurs, à l'aide d'un instrument qui n'avait été ni construit ni rectifié
pour des mesures de ce genre :
mm mm
n'a = i ,o4i6 i ,t>465
b a, = i ,37 iG I ,3701
èjb1= i,4335 i,4345
Somme. ... 3,8466 3,85ii
b'a\ = 3,8457 3,8496
Différence. . o , oooq o , 00 1 5
L'erreur serait ici d'environ 1 millième de millimètre sur une longueur
de 8 mètres; quant aux différences constantes de lecture, comme celles
qu'on peut supposer ici, elles disparaîtront toujours entièrement, grâce
aux alternatives de signes des intervalles mesurés (1).
» Sans doute l'opération sur le terrain est plus difficile que dans un
atelier; mais ces mesures suffisent, ce me semble, pour montrer que l'ap-
pareil à tracelets comporte beaucoup plus de précision que l'appareil de
(1) Ce degré de précision n'est rien inoins qu'illusoire : il est dépassé de beaucoup dans
l'étalonnage des règles, même quand il s'agit de règles à bout. On sait, par exemple, que les
comparaisons effectuées entre les étalons à bout de Prusse et de Belgique (copies de la toise
du Pérou) ont été faites à un dix-millième de ligne près, ce qui répond à une erreur rela-
ie de ,,»!.,„■■
( 38o )
Borda, et tout autant que les meilleurs appareils à microscope. Quant à
l'importance delà suppression des mesures micrométriques sur le terrain,
on en jugera lorsqu'on en viendra à mesurer dans le cabinet les 3ooo pla-
ques d'une base de 12000 mètres, ainsi que la règle thermométrique, qui
donne la longueur effective de la portée. La nouvelle méthode présente
donc les avantages suivants :
» i° Elle supprime, sur le terrain, douze mille pointés et lectures micro-
métriques ainsi que les écritures correspondantes ;
» 20 Elle permet de recommencer sur de nouveaux frais l'opération
entière;
» 3" Elle matérialise en quelque sorte la base elle-même et la conserve
indéfiniment pour tout contrôle ultérieur ;
» 4° 0° opère très-près du sol, sur des supports très-stables ;
» 5° Le nombre des observateurs et des aides peut être notablement
réduit. »
A la suite de cette Note, M. Faye présente une appréciation comparative
des systèmes de bases mesurées en France, en Angleterre, en Russie, en
Prusse, en Belgique et en Espagne.
Communication de M. Le Verrier.
« M. Le Verrier demande la parole. Il espère que l'Académie apprendra
avec satisfaction que l'importante question de la mesure des bases n'a pas
cessé d'être l'objet des préoccupations de l'Administration.
» Soulevée dès i856, la solution de cette délicate affaire dut être
différée parce qu'il était nécessaire de pourvoir à de plus pressants besoins
et d'échelonner l'emploi des ressources consacrées aux travaux astronomi-
ques. Mais, à la fin de 185g, le Ministre nous donna l'ordre de lui faire un
Rapport sur les appareils relatifs à la mesure des bases, sur les opérations à
entreprendre, enfin sur les moyens d'exécution. Ce Rapport fut remis le
21 janvier 1860. Il y était proposé :
» i° De construire de nouveaux appareils de mesure avec tous les moyens
d'étude nécessaires;
» 2° De reprendre immédiatement avec ces appareils les mesures des
bases de Melun et de Perpignan;
» 3° D'établir, pour les grandes règles, des procédés de comparaison
irréprochables.
(38i )
" Ce travail préliminaire servit de texte à de nouvelles études, et il tut
complété en 1 86 1 par un projet dû à M. l'astronome Yvon Villarceau.
» Sur ces entrefaites, notre confrère M. le général Morin voulut bien me
communiquer, en 1862, une demande faite par un gouvernement étranger,
et qui lui avait été remise par M. le Ministre du Commerce et des Travaux
publics II en résulta, sinon de nouvelles études, du moins de nouveaux
actes qui hâtèrent la solution de la question encore en suspens.
» M. le Ministre de l'Instruction publique, dont on connaît l'active sol-
licitude pour toutes les questions qui intéressent l'avancement de la science,
voulut bien, en effet, approuver nos projets et nous donner l'ordre de les
mettre à exécution.
» Rien ne sera négligé pour assurer à ces travaux toute la haute préci-
sion que comporte l'état de la science et que réclament ses besoins. Lorsque
nous en viendrons à la mesure des bases, et nous tâcherons que cela soit
le plus tôt possible, i! sera fort a désirer qu'on puisse reprendre deux fois
la mesure de chacune d'elles; et si, dans la partie microtnétrique de la me-
sure, divers procédés se recommandent à un même degré, nous adhére-
rons avec empressement à une combinaison qui aurait pour objet d'effec-
tuer les deux mesures par des procédés distincts. »
M. de Vibraye, récemment nommé à une place de Correspondant de la
Section d'Économie rurale, devenue vacante par suite du décès de M. Bracy-
C/arck, adresse ses remercîments à l'Académie.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission de cinq Membres, qui sera chargée de décerner le prix Cuvier.
MM. d'Archiac, Milne Edwards, Valenciennes, Daubrée et Flourens
obtiennent la majorité des suffrages.
MEMOIRES LUS.
analyse MATHÉMATIQUE. — Sur les quantités ultra-géométriques;
par M. de Polignac.
(Commissaires, MM. Liouville, Duhamel, Bertrand.)
« Dans une précédente communication, j'ai indiqué les notations que
C. R., lS63, Ier Semestre. (T. LVI, N° 9.; 5o
( 38a )
j'emploie pour désigner une ligne dans l'espace, et j'ai appelé cette ligne
quantité ultra-géométrique, par extension à la dénomination choisie par Cau-
chy pour exprimer une ligne dans un plan.
» Sous forme monôme, une quantité ultra-géométrique s'écrit ainsi
ai -+- Si
pe
et cet algorithme permet de la soumettre à tous les calculs algébriques;
mais sous forme trinôme
x-hfi-h zj,
les quantités ultra-géométriques ne suivent plus les règles ordinaires de la
multiplication, et il est nécessaire d'introduire un signe spécial ■£- indiquant
une opération que nous appellerons multiplication géométrique.
» Il est toujours vrai de dire qu'on peut intervertir l'ordre des facteurs,
mais il serait inexact de dire que le produit d'un polynôme par un mo-
nôme est égal à la somme des produits partiels. Cela n'a lieu que dans cer-
tains cas.
» L'analogie remarquable qui existe entre certaines propriétés des
« quantités idéales » et des « quantités ultra-géométriques » m'avait fait
penser que les quantités idéales pouvaient bien n'être que des quantités
ultra-géométriques, ou, si l'on veut, qu'on pouvait les exprimer par des
lignes dans l'espace, comme les quantités imaginaires ordinaires s'expriment
par des lignes dans le plan.
» On sait que, pour multiplier ensemble deux quantités ultra-géomé-
triques écrites sous forme monôme, il suffit de multiplier algébriquement
les modules et d'additionner respectivement les longitudes et les latitudes.
Ainsi
pe*1*9' * p'e"', + 'J'' = p x p'X e(w + w'); + (fi + 0/.
» Si les facteurs idéaux peuvent être représentés par des lignes dans l'es-
pace, plusieurs théorèmes relatifs à leurs propriétés deviennent presque
évidents, parce qu'ils tiennent à la nature même des lignes dans l'espace.
» En admettant notre hypothèse, on sera frappé de l'analogie qui existe
entre certains théorèmes sur les propriétés des nombres idéaux et quel-
ques théorèmes élémentaires des nombres ultra-géométriques. [Foir la
page 443 et les suivantes du tome XVI du Journal de Mathématiques pures
et appliquées (Théorie des Nombres complexes, par Ruminer)]. Je cite le
texte :
( 383 )
« Tous les nombres complexes idéaux qui donnent des produits existants,
» lorsqu'on les multiplie par un même nombre idéal, seront appelés nombres
» idéaux équivalents, et ils seront attribués à une même classe des nombres
» complexes idéaux. »
» Si un nombre complexe idéal est une ligne dans l'espace, d'après la
classification adoptée par Rummer, tous les nombres idéaux équivalents
auront même latitude. Soit 6 cette latitude : en multipliant chacun d'eux
par y(a)e^9° " ;, on aura un nombre complexe existant, c'est-à-dire un
nombre complexe dans le plan.
« Les classes des nombres équivalents sont toujours les mêmes pour
» tous les multiplicateurs qu'on pourra choisir.
» Deux nombres idéaux équivalents à un troisième nombre idéal sont
» équivalents entre eux.
» Des nombres équivalents multipliés par des nombres équivalents don-
» nent toujours des produits équivalents.
» La classe du produit de deux nombres idéaux est complètement déter-
» minée par les classes des facteurs.
» Il correspond à chaque classe une certaine classe, en sorte que ces
» deux classes composées produisent la classe principale, c'est-à-dire que
« le produit de deux nombres quelconques de ces deux classes est un
» nombre complexe existant. »
» Tous ces théorèmes deviennent évidents si un nombre idéal peut être
représenté par une ligne dans l'espace, et, en effet, ils expriment des pro-
priétés générales des lignes dans l'espace.
» Mais ce n'est pas seulement par les analogies dont je viens de donner
quelques exemples que j'ai été conduit à étudier les quantités ultra-géomé-
triques; j'y ai été poussé aussi par la pensée de généraliser, s'il était pos-
sible, Ja belle méthode de M. Liouville, relative aux fonctions doublement
périodiques, et de l'étendre, au moins dans certains cas, aux fonctions
triplement périodiques.
» Je ne donnerai pas ici toutes les formes sous lesquelles se présentent
les nombres ultra-géométriques, ni les formules qui permettent de passer
d une forme à l'autre. Cependant il est une forme qui mérite une étude
spéciale, c'est celle où le nombre dans l'espace se présente sous forme
polygonale, c'est-à-dire où il est formé avec des coefficients entiers et les
racines solides de l'unité. Un pareil nombre sera dit un nombre complexe
dans l espace.
5o..
( 384 )
» Si l'on appelle a.k une laeine de l'équation
vm — i = o
et pA une racine de l'équation
p — 1 = 0,
a désignant les racines dans le plan des XY et |3 les racines dans le plan
des XZ; alors la ligne
a + nlakfi"+ rt2a2*/32/l -+- a3uîk^3h + . . . -+- am^ «<"»-•>*. f3<*"-'>A
sera dite un nombre complexe dans l'espace, et nous le désignerons par
/•(**, fi").
a, a,, à2, ■ • ■ , ocm _, sont des nombres entiers qui sont les coefficients du
nombre complexe; donnons à k et à h toutes les valeurs entières de o à
m — 1 , nous aurons nr nombres de la forme
en les multipliant ensemble, nous aurons un nombre qui sera dit la norme
de j\ct, /3), et que nous désignerons par
où je démontre que cette expression, multipliée par une puissance de 1
convenablement choisie, est toujours un nombre entier. C'est là un résultat
fondamental, en ce qu'il montre comment un nombre entier peut se décom-
poser en facteurs complexes dans l'espace.
•> Voici l'analyse dont je me suis servi : je commence par chercher le
produit géométrique de deux nombres complexes complémentaires
et je trouve que ce produit multiplié par 4 » pour expression
9 (a) x <p(cr') -+■ ^(a)x lO-1),
<p et ty dépendant de h et k, et étant d'ailleurs faciles à déterminer. Si l'on
donne à h et à k toutes les valeurs dont ces nombres sont susceptibles, nous
aurons un produit que nous désignons par
et qui, multiplié par •2(m~,)", donne un nombre réel et même entier.
( 385 )
» En examinant plus attentivement la composition de
N/(a,/3),
on voit qu'en posant
m — i
= p.:
T
et désignant par
«4/(a, /3), tuj\c/.,$).
"3 /'(a»
m.
/(a,./3), . ., itu.J{a, ,S
/j. nombres dont les facteurs complexes sont faciles à trouver, on a
[»,/(*, J3) x nj (a, /5) x *,-/(«, /3)- • • «,,/(«- Z3)]2 = ^""""2 N / [a, (3 .
La recherche des facteurs premiers de la norme d'une quantité complexe
dans l'espace, ou, si l'on veut, d'un polygone dans l'espace, formé de coef-
ficients entiers combinés avec les racines solides de l'unité, se ramène donc
à la recherche des facteurs premiers de p. nombres entiers. En désignant
par h un indice quelconque inférieur ou égal à p., si l'on a
nh = 0 (mod. p),
p étant un nombre premier, on aura
N/(a, /3) = o(mod. p),
et réciproquement.
« On voit donc que la condition que la norme d'un nombre dane l'es-
pace j («5 P) soit divisible par un nombre premier p amènera certaines
conditions de divisibilité de nombres entiers intimement liés à J[a, jS), et
s'en déduisant.
« Donc toute notre nouvelle théorie repose sur l'étude des nombres
72(, /22, ^3, • • • , ^u"
» Sans entrer dans des détails qui dépasseraient le but de cet exposé,
qu'il me suffise de dire que chaque nombre n peut être considéré comme la
racine carrée de la norme d'une quantité complexe de la forme
(f et <J> étant des fonctions des coefficients entiers de J(a, ]3) et des racines
planes de l'unité. Un cas intéressant est celui où chacun de ces nombres est
égal à 2 ; alors, en effet,
etf(a, /3)est une unité complexe dans l'espace. Ce qu'on peut ajouter,
( 386 j
c'est que, de cette façon, on aura tous les nombres complexes clans l'espace
dont la norme est l'unité. Dans une prochaine communication, j'indique-
rai l'emploi des nouvelles imaginaires dans la théorie des fonctions pério-
diques. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE MINÉRALE. — Production du peroxyde de fer magnétique.
M. Roiîisixs adresse de Londres une Note écrite en anglais destinée à éta-
blir la date à laquelle ont été rendus publics les résultats auxquels il est
arrivé sur ce sujet, date qu'il donne comme antérieure de plusieurs années
à celle des premières communications de M. Malaguti.
« C'est en poursuivant des recherches sur l'oxyde ferroso-ferrique, dit
M. Robbins, que j'ai été conduit à la découverte du mode de préparation
qui m'a donné un peroxyde de fer attirable à l'aimant. Le 6 juin i85g j'en
fis le sujet d'une communication à Y Association de discussions chimiques.
Mes résultats ayant été contestés, je revins sur ce sujet dans la séance sui-
vante et établis par de nouvelles expériences l'exactitude de mes premières
conclusions.
« La même année je fis paraître dans le premier numéro des Chemical
Neivs (10 décembre 1859) une Note sur le même sujet. J'ai l'honneur,
Monsieur le Président, de vous adresser ci-joint ce numéro du journal ainsi
qu'un exemplaire du Rapport sur la deuxième séance annuelle de l'^sso-
cialion de discussions chimiques (2 janvier 1860), Rapport où se trouvent
mentionnées mes premières communications. ■•
Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission nommée le
•20 octobre à l'occasion d'une seconde Note de M. Malaguti sur le peroxyde
de fer magnétique, Commission qui se compose de MM. Chevreul, Dumas,
Pelouze, Pouillet et Regnault.
M. Ozanam présente comme pièce de concours pour les prix de Méde-
cine et de Chirurgie delà fondation Montyon un Mémoire ayant pour titre:
« De l'Anéslhésie par les gaz carbures ».
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. ïIusson adresse deToul (Meurthe) une seconde Note « sur la quantité
d'air indispensable à la respiration durant le sommeil ».
(Commissaires précédemment nommés : MM. Payen, Longet. )
( 387 ) '
M. Durand, de Lunel, soumet au jugement de l'Académie une Note
ayant pour titre: « Théorie électrique du froid, de la chaleur et de la lu-
mière ».
(Commissaires, MM. Dumas, Pouillet, Regnault.)
CORRESPONDANCE.
M. de Jonquières, par une Lettre écrite le 29 janvier 1 863, à bord du
Bertliollel, en racle de Vera-Cruz, se fait connaître comme auteur d'un
Mémoire présenté au concours pour le grand prix de Mathématiques de 1862
(Théorie des courbes planes), Mémoire qui avait été inscrit sous le n° 1 , et
qui a obtenu la première des deux médailles décernées dans ce concours.
M. le Surintendant du relevé géologique de l'Inde adresse deux nou-
veaux volumes des publications de la Commission, et indique les voies par
lesquelles l'Académie pourra faire parvenir ses propres publications à la
Bibliothèque du Musée Géologique de Calcutta, établissement qui se rat-
tache à cette grande opération.
M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de M.Doyère un « Mémoire
sur la respiration et la chaleur humaine dans le choléra », Mémoire auquel
l'Académie, dans sa séance annuelle du 14 mars i85t), a décerné un prix de
la fondation Bréant.
Au nom de M . L. Marchand des « Recherches botaniques et thérapeu-
tiques sur le Croton tiglium » .
Et au nom de M. cl ' Anareviik deux exemplaires de la Flore Vallaisanne.
M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées
de la Correspondance : i° le Rapport sur la XXXIe réunion de l'Asso-
ciation Britannique pour l'avancement des sciences;
20 Un ouvrage de M. de Cammas, ayant pour titre « la Vallée du Nd,
impressions et photographies ». Plusieurs grandes images photographiques,
qui se rattachent à cet ouvrage et représentent quelques-uns des plus remar-
quables monuments de la vallée du Nil, sont mises sous les yeux de l'Aca-
démie.
( 388 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle classe de combinaisons chimiques;
par M. J. Nicklès.
« Eh faisant connaître, il y a seize ans [Comptes rendusul. XVI, p. a85),
l'acide butyro-acétique C'H'O4, j'ai fait voir qu'il faisait avec le chlorure
de plomb une combinaison particulière que l'on obtient facilement en ver-
sant du chlorure de baryum dans une dissolution moyennement concentrée
de butyro-acétate de plomb et en abandonnant ensuite à la cristallisation.
Le produit qui se dépose constitue de beaux prismes à base carrée, forte-
ment striés, solubles dans l'eau et contenant du chlorure, du plomb, du
baryum, de l'acide butyro-acétique avec 2,5g pour 100 d'eau de cristal-
lisation, de manière à former un sel quadruple, résultant de l'union de
deux sels doubles.
« Ayant, depuis lors, réussi à produire de l'acide butyro-acétique par
voie de synthèse (Journ. de Pliarm., t. XXX, p. 35 1), j'ai préparé aussi une
quantité suffisante dudit sel quadruple, afin de l'étudier plus à fond.
» Le chlorure de plomb y est associé à du chlorure de baryum, du
butyro-acétate de plomb, ainsi qu'à du butyro-acétate de baryte. La pré-
sence de l'acide butyro-acétique y est d'ailleurs reconnaissable par la pro-
priété que possède le composé réduit en petits fragments, de tournoyer sur
l'eau avant de se dissoudre, et par les produits cacodyliqnes qu'il donne
ipirind on le chauffe avec de la potasse et de l'acide arsénieux.
» La composition cadre avec la formule
ClPb,ClBa-+-3(C6H503PbO,C6Hs03BaO, HO)
qui veut un chlorure double uni avec un butyro-acétate double, en d'autres
termes, un sel quadruple
Calculé.
^ t^ Trouvé.
Cl 35,5 5,8o 6,oi
Ba! 1 3"j 22,33 33,35
Pb: 207 33,82 33,87
C" 108 17,64 17,45
H"^ i6,5 2,69 2,55
0'3' 108 >7>64 "6,77
Équiv. . . 612,0 100,00 100,00
» La forme cristalline consiste dans le prisme à base carrée co P modifié
par 20 P oc et par oP. Les faces octaédriques P rencontrent oP sous l'angle
i32° et « P sous l'angle de i38°.
( 389 )
» Déjà, en 1846 (voyez mon Mémoire, loc. cil.), j'ai cherché à réaliser
de pareilles combinaisons avec des homologues de l'acide bntyro-acétique.
J'y suis arrivé depuis, en substituant le chlorure de sodium au chlorure de
baryum.
» Quand, dans une dissolution concentrée et chaude d'acétate de plomb,
on introduit du chlorure de sodium solide, il se forme, sans contredit, un
précipité de chlorure de plomb, mais, en même temps, on remarque que
l'eau mère devient de plus en plus dense. Abandonnant le liquide à la cris-
tallisation, on obtient avec ClPb libre des croûtes opalines, formées de
cristaux très-distincts, mais fortement striés, qui, au contact de l'eau, se
décomposent en donnant lieu à un dépôt de chlorure de plomb et à un sel
quadruple moins riche en chlore qui reste en dissolution.
» Il a pour formule
ClPb, ClNa, 2C"H303PbO-t-C4H803NaO+2HO,
conformément au tableau que voici :
Calculé
- h Trouve.
Cl 7 1 ii,4' 12>°7
Na' 46 7,39 8,43
Pb3 3io 46,83 5o,i9
C" 72 11 ,57 1 1 ,20
H" 11 1,76 1,79
0" 112 18,04 '6,3a
Equiv. . . . 622 100,00 100,00
» Sa forme primitive dérive d'un prisme rhomboïdal oblique ±00 p, dé
1 i8°i, formant avec oP les angles 107 et 1 17°; son axe brachydiagonal est
modifié par Pco qui coupe oP sous l'angle 1 170.
» Ce n'est qu'avec des précautions particulières, qui sont exposées dans
le Mémoire, qu'on a pu obtenir ces cristaux avec une netteté suffisante pour
pouvoir les examiner au goniomètre.
» Quoique décomposable par l'eau, ce sel est soluble à chaud, dans son
eau mère, ainsi que dans de l'eau salée à saturation; par évaporation, il
s'en sépare de nouveau à l'état cristallin, semblable en ceci aux bromo-
bismuthates et aux bromo-antimoniates cpie j'ai fait connaître en 1861 .
» Au contact des acides, il se décompose promptement en se recouvrant
de chlorure de plomb; sous l'influence d'un courant de chlore, ses disso-
C. R... i863, ier Semestre. (T. LV1, N° 9.) 5i
( 39o)
lutions donnent lieu à tous les phénomènes qui ont été observés par
MM. Sobrero et Selmi et qui les ont conduits à conclure à l'existence d'un
composé CPPb.
» J'avais pensé pouvoir remplacer par voie de substitution le plomb
par d'autres métaux et obtenir ainsi d'autres sels quadruples; mes tentatives
à cet égard ont été, jusqu'ici, sans résultat. Les différents chlorures métal-
liques, moins toutefois celui de sodium, occasionnent, il est vrai, un préci-
pité de chlorure de plomb, mais par l'évaporation ils se séparent, soit à
l'état de chlorure cristallisé (ClMn, par exemple), soit à l'état d'acétate
(ClCu est dans ce cas). De même aussi, une eau mère à peu près épuisée
peut-elle donner lieu à des cristaux d'acétate de soude, mais aucun sel qua-
druple n'a pu être obtenu sans plomb. Il serait intéressant de savoir si le
thallium est capable de produire de ces composés.
» Engagé dans ces combinaisons, le chlorure de plomb peut donc être
rendu bien plus soluble qu'il ne l'est quand il est libre ou en présence d'un
chlorure alcalin. Cette circonstance donne aux sels quadruples un intérêt
pratique, en raison du parti remarquable que M. Niepce de Saint-Victor a
récemment tiré du chlorure de plomb dans ses belles recherches sur la
fixation des couleurs héliochromiques.
» M. Carius vient de faire connaître des combinaisons semblables dans
le dernier numéro des Annalen derChemieund Pharmacie. Je ferai remarquer,
en terminant, que ce genre de corps me préoccupe depuis bien des années;
j'en ai fait connaître un au moins dès 1846 (Compte rendu de Gerhardt
dans le Journ. Pliarm., X, p. 376); je puis ajouter que les faits consignés
dans cette Note ont été communiqués par moi le 7 juillet 1862 à l'Acadé-
mie de Stanislas. »
PHYSIQUE. — Sur la production de l'ozone par iélectrolyse et sur la nature de
ce corps; par M. J.-L. Soret. (Présenté par M. Regnault.)
« Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie il y a
déjà plusieurs années (1), j'ai signalé le fait que l'on augmente beaucoup la
quantité d'ozone obtenue par la décomposition électro-chimique de l'eau,
quand on opère à une température très-basse ; j'ai indiqué également les
proportions d'ozone que j'avais déterminées à l'aide d'une méthode ana-
logue à celle dont on fait usage dans les essais chlorométriques.
(1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences; i854> t. XXXVIII, p- 445-
( 3g- )
» J'ai entrepris récemment quelques nouvelles recherches sur ce sujet,
en me servant de la méthode beaucoup plus précise de M. Bunsen qui
emploie l'acide sulfureux très-dilué et une dissolution titrée d'iode pour
doser les corps oxydants. Le gaz contenant une certaine proportion d'ozone,
qu'il s'agissait de déterminer, était traité par une dissolution d'iodure
de potassium; l'iode mis en liberté était alors dosé par la méthode de
M. Bunsen.
» J'ai réussi à obtenir par l'électrolyse de l'acide sulfurique dilué (i vo-
lume d'acide concentré pour 5 volumes d'eau) des proportions d'ozone
beaucoup plus considérables que lors de mes premières expériences.
» Les conditions que remplissaient les appareils à décomposition et qui
m'ont paru favoriser la production de cette substance sont les suivantes :
» Les gaz dégagés à chaque pôle étaient séparés l'un de l'autre. A cet
effet, l'électrode négative était entourée d'un diaphragme en terre poreuse
au-dessus duquel on plaçait une petite cloche en verre terminée par un tube
par lequel s'échappait l'hydrogène.
» Les électrodes étaient formées de 61s très-fins en platine allié d'iridium.
» Le vase dans lequel se produisait la décomposition avait un volume
assez considérable. Dans ce cas, et particulièrement si l'électrolyse s'effectue
dans les couches inférieures du liquide, réchauffement résultant du passage
du courant est très-faible et la température ne dépasse celle du milieu
ambiant que d'un petit nombre de degrés.
» Dans ces conditions, en employant une pile de Bunsen de io à 12 élé-
ments, et en refroidissant seulement l'appareil dans de l'eau à 5° ou 6°,
j'ai obtenu déjà une proportion de près de 1 partie d'ozone sur 100 parties
d'oxygène dégagé (en admettant qu'à 1 équivalent d'iode mis en liberté
dans l'iodure de potassium, correspond 1 équivalent d'ozone considéré
comme une modification allotropique de l'oxygène).
» En entourant l'appareil d'un mélange réfrigérant de glace et de sel
marin, et en faisant arriver immédiatement le gaz dans la dissolution de
l'iodure de potassium, j'ai obtenu plus de 2 pour 100 d'ozone. Si l'oxygène
chargé d'ozone était recueilli dans un ballon sur l'eau distillée, cette pro-
portion devenait un peu moindre, et l'eau déplacée par le gaz contenait une
quantité très-sensible d'ozone en dissolution.
» Ces chiffres sont beaucoup plus forts que ceux trouvés par les obser-
vateurs qui ont dosé l'ozone électrolytique, à ma connaissance du moins.
» Ce gaz paraît supporter sans altération la dessiccation par l'acide sulfu-
5i..
( 392 )
rique. Au contact de l'iodure de potassium, il donne des fumées blanches
très-persistantes.
» Cette possibilité de préparer facilement une quantité notable d'ozone
doit permettre de donner une solution à quelques questions encore contro-
versées. Les chimistes ne sont pas d'accord en particulier sur la nature de
ce corps, dans le cas au moins où il est produit par l'électrolyse ; les uns le
considèrent comme un état allotropique de l'oxygène, les autres comme un
oxyde supérieur d'hydrogène répondant à la formule HO3. Cette dernière
opinion est principalement fondée sur un travail de M. Baurnert (1) dont les
recherches paraissent avoir été faites avec beaucoup de soin. L'expérience la
plus concluante de ce savant est celle qu'il rapporte à peu près en ces termes:
Sur les parois d'un tube de verre long et étroit, on opère un dépôt léger
d'acide phosphorique anhydre. Si Ton fait arriver dans ce tube l'oxygène
électrolytique chargé d'ozone et préalablement bien desséché, on n'observe
aucune altération de l'acide phosphorique; mais si l'on vient à chauffer ce
tube en un point, de manière à détruire l'ozone, on voit se liquéfier l'acide
phosphorique au delà de la flamme, tandis qu'il reste intact en deçà.
M. Baurnert attribue cette liquéfaction à une dissolution dans l'eau qui serait
un produit de la décomposition de l'ozone. M. Marignac (2) a fait contre
cette manière de voir l'objection que rien ne prouve suffisamment que
l'oxygène électrolytique ne soit pas mélangé d'une petite quantité d'hydro-
gène qui aurait traversé par diffusion la paroi en terre poreuse par laquelle
les électrodes étaient séparées; la formation d'eau, après une élévation de
température, se trouverait ainsi expliquée.
» J'ai cherché à décider cette question de la manière suivante : il est
facile d'obtenir un dégagement électrolytique d'oxygène chargé d'ozone
sans qu'il se développe simultanément de l'hydrogène. Il suffit pour
cela de prendre un vase contenant de l'eau acidulée où l'on plonge di-
rectement l'électrode positive; dans ce vase on place un diaphragme
poreux rempli de sulfate de cuivre en dissolution et l'on y introduit une
lame de cuivre comme électrode négative. J'ai fait passer l'oxygène qui se
dégageait, dans ces conditions, au travers de longs tubes contenant de
l'acide sulfurique concentré; il arrivait ainsi parfaitement desséché dans un
petit vase d'où l'on pouvait le diriger à volonté, soit dans une dissolution
(1) Annales de Poggcndorf; i853, t. LXXXIX, p. 38.
(2) Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève; i853, t. XXIV, y. 3b4-
( 3<>3 )
d'iodure de potassium pour déterminer la proportion d'ozone, soit dans un
tube revêtu d'acitle phosphorique anhydre pour réfuter l'expérience fonda-
mentale de M. Baumert. En opérant ainsi, je n'ai pas pu constater la moindre
altération du dépôt d'acide phosphorique, et cependant la quantité d'ozone
déterminée par une analyse au commencement et à la fin de l'expérience était
très-consid érable; dans une des expériences, on aurait dû obtenir plus de
18 milligrammes d'eau, en prenant les nombres au plus bas, si l'ozone avait
pour formule HO3. Si l'on remplaçait l'appareil à sulfate de cuivre par un
voltamètre où les gaz étaient séparés le mieux possible à l'aide d'une paroi
poreuse, on voyait, au contraire, au bout de peu d'instants, s'opérer la
liquéfaction de l'acide phosphorique.
» J'ai contrôlé cette expérience en remplaçant le tube à acide phospho-
rique par un simple tube?n verre, chauffé en un point par une lampe à gaz,
de manière à détruire l'ozone. A la suite de ce tube était disposé un tube
en U contenant de la pierre ponce imbibée d'acide sulfurique et préalable-
ment taré. Je n'ai obtenu aucun changement de poids de ce dernier appa-
reil, entre les limites des erreurs d'observation; or l'analyse du gaz faite au
commencement et à la fin de l'expérience indiquait que, dans l'hypothèse
de M. Baumert, on aurait dû recueillir de 1 5 à 20 milligrammes d'eau sui-
vant les cas.
» Ces résultats me paraissent démontrer la réalité de l'objection de
M. Marignac, et prouver que l'ozone électrolytique n'est pas un oxyde
d'hydrogène (1). »
chimie GÉNÉRALE. — Recherches sur (es affinités. — Sur la limite de combinaison
entre les acides et tes alcools; prMM. Berthelot et Péan de Saixt-Gilles.
( Présenté par M. Dumas.)
« Toutes les fois que l'on met en présence un acide et un alcool, leur
combinaison s'effectue et donne naissance à deux nouveaux produits, l'eau
et un éther composé. A mesure que la proportion de ceux-ci augmente,
l'action se ralentit, en se rapprochant sans cesse d'un terme fixe avec lequel
elle finit par ne plus offrir aucune différence sensible à l'expérience. Ce
(1) Je dois témoigner ici toute ma reconnaissance à M. Bunsen, qui a bien voulu me per-
mettre de faire ces expériences dans son laboratoire à Heidelberg, et m'aider de ses précieux
conseils.
( 394 )
terme fixe ne répond pas à une saturation complète de l'acide par l'alcooi,
quelles que soient leurs proportions relatives; quand ce terme est atteint, il
subsiste donc un mélange, désormais invariable, des quatre corps suivants :
alcool, acide, éther neutre et eau.
» Ces phénomènes sont dus, comme nous l'avons démontré ailleurs, à
l'équilibre qui s'établit entre l'affinité de l'acide pour l'alcool, qui tend à
les combiner, et l'affinité inverse de l'eau pour l'éther neutre, qui tend à
régénérer l'acide et l'alcool. Il suffit en effet d'éliminer l'eau pour obtenir
une combinaison complète. Ces faits établissent une distinction fondamen-
tale entre la réaction des acides solubles sur les alcools et la réaction de ces
mêmes acides solubles sur les bases solubles, c'est-à-dire entre la forma-
tion des éthers et celle des sels.
» Nous avons soumis à une étude approfondie ce genre d'équilibre qui
caractérise plus spécialement la chimie organique, et nous avons déterminé
la limite de combinaison pour plusieurs centaines de systèmes formés par
des mélanges de divers acides et alcools.
» Nous allons exposer les résultats généraux auquels nous sommes par-
venus.
» I. La limite dépend des proportions relatives d'acide, d'alcool et d'eau
qui sont en présence. Pour un même système, elle est pour ainsi dire indé-
pendante de la température et de la pression, pourvu que ce système de-
meure liquide en totalité ou à peu près. L'état de dissolution dans un
liquide étranger à la réaction, tel que l'acétone ou l'éther hydrique, ne mo-
difie pas sensiblement la limite de combinaison. C'est cette limite, caracté-
ristique pour chaque système, dont nous allons donner les valeurs numé-
riques.
» IL Action des acides sur les alcools, à équivalents égaux (sans addition
(feauK — Lalimite représente la proportion centésimale d'acide neutralisé.
i° Acides monobasiques.
Conditions de l'expérience.
Systèmes expérimentés. Durée. Température. Limite.
\lcools monoatomiques, série C2"H2"+202.
Alcool ordinaire et aride acétique ' ^hear" 170° 66,5
» butyrique 28 200 70,2
j> valérique. .'. . . . 4^ 2I° 65,8
stéarique 24 210 72,0 environ.
• benzoïque 20 200 66,5
( 395)
Alcool méthylique et acide acétique 2gheures 200o ^ ) 5
» valérique 22 200 65,9
» benzoïque 20 200 64,8
Alcool amylique et acide acétique /p 210 68,2
u butyrique 42 '7° 7°) 7
» valérique 3o 210 69 , 7
» benzoïque 21 210 70,0
Alcool éthalique et acide acétique 10 200 68,4
» valérique 110 23o 72,8
» Autres séries :
Alcool mentholique, CM H10 O2 et acide acétique. . 1 14 '5o 60,0
Alcool campholique, C2°H's02 et acide acétique. 4^ 2io 71,4
Alcool benzoïque, C" H* O2 et acide acétique. 4^ 2I° 63,3
Alcool cholestérique, C" H" O2 et acide acétique, tfè 210 61 ,3
» Alcools polyatomiques :
Glycérine, triatomique, et acide acétique 24 170 68,7
Glycérine et acide valérique 42 t7° 7 ' »4
Glycol, diatomique, et acide acétique n4 i5o 68,8
Erythrite, C8H'°Os, tétratomique, et acide acétique. 114 i5o 69,5
a Ces nombres montrent que les divers acides monobasiques et les di-
vers alcools se combinent suivant une proportion équivalente à peu près
constante, malgré l'extrême diversité de propriétés physiques et chimiques
qui existe entre ces divers acides et alcools. Il est digne de remarque
qu'un équivalent des alcools polyatomiques agit sur un équivalent d'acide
exactement de la même manière qu'un équivalent d'alcool monoato-
mique.
» Nous nous sommes demandé si les légères différences que l'on observe
entre les limites ci-dessus devaient être attribuées à la diversité inévitable
des propriétés physiques des systèmes mis en expérience. Pour éclaircir ce
doute, nous avons opéré avec des systèmes métamères, c'est-à-dire avec des
systèmes pondéralement identiques, dans lesquels toutes les propriétés
physiques étaient aussi comparables que possible. Nous avons opéré d'à-
bord avec les deux systèmes suivants :
Acide acétique et alcool amylique... C4 H4 O4 -4- C,0H,2O2,
Acide valérique et alcool éthylique.. C,0H,0O4 4- C4 H6 O2
( 396 )
Voici les résultats :
Volume du tube
correspondant
à i gramme
Noms des systèmes Température Durée. du mélange. Limite
o h ce
t Amyl acétique 210 43 3,7 65,8/
/ Éthyl valérique 210 43 2,8 68,2 <
Amyl acétique 210 43 !4j5 %j6
Éthyl valérique 210 43 i3,3 72,4
» On voit que les limites sont sensiblement différentes et que leur diffé-
rence, quoique faible, a cependant quelque chose de spécifique. La même
conclusion peut être tirée des quatre couples métamères qui suivent: méthyl
valérique et éthyl butyrique, éthyl benzoique et benzyl acétique, éthyl sé-
bacique et amyl succinique.
2° Acides poly basiques (2).
Conditions de l'expérience.
Systèmes expérimentés. Durée. Température Limite.
» Acides bibasiques + 2C'H602, série C2nH2"-208.
Alcool ordinaire et acide succinique
» pyrotartrique
» subérique
» sébacique
» oxalique [entretto (3) et 70].
Alcool méthylique et acide succinique
Alcool amylique et acide succinique
Glycérine et acide succinique
Alcool ordinaire et acide tartrique
» Acides tribasiques + 3 C4 H8 O3 .
Alcool ordinaire et acide citrique 11 \fyi 66 ,6
» Dans ces essais 1 équivalent d'acide bibasique répond à 2 équivalents
d'acide monobasique, et 1 équivalent d'acide tribasique joue le même rôle
que 3 équivalents d'acide monobasique .
(1) Ces deux derniers systèmes sont en partie gazeux, ce qui élève la limite.
(2) Nous reviendrons sur l'acide sulfurique dont l'action est plus compliquée que celle des
acides organiques.
(3) Un dosage plus exact n'a pas été possible.
26"
200°
65,7
22
20O
67,2
22
140
65, :
22
200
66,3
22
200
66,1
21
210
65,2
■4
t5o
7i»2
22
1 jo
66,6
(397 )
» D'après ces nombres, les limites relatives aux acides polybasiques sont
plus voisines encore les unes des autres cpie celles des acides monobasiques;
ces dernières répondent d'ailleurs à peu près à la même proportion
d'acide neutralisé.
» Cette proportion presque identique d'éther formé dans les systèmes
équivalents les plus divers est un fait fondamental. Elle prouve que les
idées d'affinités particulières et individuelles, auxquelles on était accou-
tumé à faire jouer un si grand rôle dans l'éthérification, doivent faire place
désormais à une notion d'équilibre très-simple et qui dépend principale-
ment des équivalents.
» Dans nos procbaines communications nous montrerons qu'il en est
de même, que l'on opère avec un excès d'alcool, d'acide ou d'éther neutre,
avec ou sans l'intervention de proportions variables d'eau. »
physique appliquée. — Expériences tendant à prouver que lorsqu'un paraton-
nerre ordinaire est foudroyé, son conducteur devient foudroyant pour les corps
voisins; Note de M. Perrot. (Présentée par M. Dumas.)
« J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie quelques-uns des résultats
d'expériences nouvelles qui viennent à l'appui des trois propositions sui-
vantes :
» Première proposition. — Le conducteur du paratonnerre ordinaire pré-
sente à l'eau du sol dans laquelle il est plongé une surface de contact
tellement insuffisante pour le prompt écoulement de l'électricité d'un coup
de foudre, que ce paratonnerre ne peut être foudroyé sans que son con-
ducteur ne foudroie en même temps les objets les plus rapprochés.
» Deuxième proposition. — La surface immergée du conducteur du pa-
ratonnerre ordinaire, excessivement trop petite dans le cas précédent, est
cependant assez grande pour livrer passage à un courant constant d'élec-
tricité capable de neutraliser l'électricité contraire du nuage orageux qui
s'approche.
» Troisième proposition. — Il suffit donc, ainsi que le pensent M. Babi-
net et M. Gavarret, pour mettre le paratonnerre ordinaire à l'abri des
coups foudroyants, toujours dangereux aux corps voisins du conducteur,
d'armer la tige de ce paratonnerre de pointes longues, divergentes, nom-
breuses, effilées et très-conductrices.
» Avant de décrire les expériences, je crois devoir rappeler que l'in-
C R , i8G3, i" Semestre. (T. LVI, N° 9.) 5a
( 398)
struetion sur les paratonnerres dit avec raison (sauf ce qui regarde la direc-
tion de l'électricité) : « On ne saurait prendre trop de précautions pour
» procurer à la foudre un prompt écoulement dans le sol, car c'est de cette
» circonstance que dépend l'efficacité des paratonnerres. »
» Mais cette circonstance essentielle ne me paraît pas exister dans les
para ton n erres ordi n a i res .
» En effet, il résulte des belles expériences de M. Pouillet et de
M. Ed. Becquerel, que l'eau pure conduit l'électricité 6^54 millions de fois
moins que le cuivre (i).
» Il me semble résulter de là que l'écoulement de l'électricité entre
l'eau du sol et le conducteur ne peut avoir lieu aussi facilement que dans
le conducteur même, à inoins que celte eau ne présente au conducteur
une surface de contact 6754 millions de fois plus grande que la section
de ce conducteur.
» En supposant que la section du conducteur soit de 1 centimètre carré,
la partie immergée de ce conducteur devrait donc offrir à l'eau du sol une
surface de 675400 mètres carrés, qu'en raison de la plus grande conduc-
tibilité de l'eau des puits, et de plusieurs autres causes qu'il serait trop long
d'énumérer ici, nous supposerons seulement de 1000 mètres carrés.
» Mais la surface immergée dans l'eau du sol n'atteint guère qu'un dixième
de mètre carré dans les paratonnerres ordinaires.
» Il me semble donc rationnel d'en conclure :
» i° Que la surface immergée du conducteur du paratonnerre ordinaire
qui reçoit le coup de foudre est environ dix mille fois moindre qu'elle ne
devrait être;
» i° Que cette surface présente au passage de l'électricité une résistance
dix mille fois environ plus considérable que la tige même du conducteur:
» 3° Et enfin, que lorsque le paratonnerre ordinaire est foudroyé, il
existe sur son conducteur une tension électrique proportionnelle à cette
résistance, tension qui le rend foudroyant pour les corps les plus voisins.
» Voici quelques expériences nouvelles qui viennent à l'appui de ces
déductions :
» Après avoir placé l'extrémité d'une tige représentant un paratonnerre
à distance explosive du conducteur d'une machine électrique en communi-
cation avec l'armature intérieure d'une bouteille de Leyde, j'ai plongé
l'autre extrémité de cette tige dans l'eau d'un vase métallique communi-
ai) Traité d'électricité de M. Gavarret, t. II, p. 36.
( 399 )
quant avec l 'armature extérieure de la bouteille et aven le sol. Cette tige, po-
sée sur un support isolant, ne permettait pas a une des électricités de venir
neutraliser l'autre, sans passera travers l'eau.
» La machine étant mise en action jusqu'à décharge spontanée, j'ai re-
connu que l'eau était foudroyée à dislance par le conducteur.
» En effet, au lieu île traverser l'eau sans lumière et sans éclat, l'élec-
tricité formait a la surface du liquide une étode bnllante dont les rayons
aboutissant au conducteur immergé avaient souvent une longueur triple
de celle de l'étincelle foudroyante partie de la machine.
» Voulant constater la tension électrique à divers points de la longueur
de la tige, et par suite le danger que présente le voisinage d'un paratonnerre
foudroyé, j'ai approché une sphère métallique de ces différents poinls; la
sphère a été foudroyée à une distance variant du quart au triple de la lon-
gueur de l'étincelle foudroyante de la machine. »
chimie. — Note sur la coloration de la flamme de l'hydroqène par le> phosphore
et ses composés. — Spectre du phosphore; par M 'II. P. Chkistofle et
F. Beilstei.w (Présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.)
« M. Wœlher a le premier, et depuis longtemps (i), annoncé que l'acide
phosphoreux communiquait à la flamme de l'hydrogène une belle colora-
tion verte, et qu'il suffisait d'une très-petite quantité de ce corps pour pro-
duire ce phénomène. Depuis, M. Dusart (2) a développé ces expériences
en les étendant au phosphore, et M. Blondlot (3), se fondant sur ces faits,
a donné différentes méthodes pour la recherche toxicologiquedu phosphore.
Nous avons repris ce travail, et, au moyen de l'analyse spectrale, nous
sommes arrivés à des résidtats d'une très-grande précision.
» Nous avons pris un ballon d'une capacité de 1 litre environ et muni
d'un tube à dégagement à l'extrémité duquel nous avons fixé une pointe en
platine. Nous avons produit dans ce ballon un dégagement d'hydrogène,
et, après nous être assurés que cette flamme ne produisait aucune raie dans
l'appareil spectral, nous avons introduit une quantité de phosphore à peu
près équivalente à celle qui se trouve au bout d'une allumette. L'intérieur
de la flamme a pris presque immédiatement cette belle coloration vert-éme-
raude dont il a été parlé plus haut.
(1) Jnn. der Pharm. und Chcm., vol. XXXIX, p. 25i ( 1 84 0 -
(•2) Comptes rendus, vol. XLIII, p. 11 26.
(3) Journal de Pli a mincie et de Chimie, 3e série, vol. LV, p. 25.
52..
( 4oo )
» Nous avons approché cette flamme de l'appareil de MM. Kirehhoffet
Bunsen, et nous avons vu apparaître à gauche de la raie du sodium deux
raies vertes magnifiques, plus une troisième un peu moins visible entre les
deux premières et celle du sodium.
« Nous donnons une planche représentant le spectre que nous avons
observé : les deux raies a el /3 ont à peu près la même intensité; la raie y
est la plus faible, la raie « est la plus forte. Nous donnons aussi les cinq
raies vertes du baryum, parce que deux de ces raies présentent une grande
analogie avec celle du phosphore. D'abord, les raies Ph(S et Bac? corres-
pondent parfaitement, et les raies Phec etBa^ ne sont séparées que par
deux divisions. Nous avons répété un grand nombre de fois ces expériences
tant avec le phosphore ordinaire qu'avec le phosphore rouge, et nous
sommes chaque fois arrivés à un résultat identique.
» Le même phénomène se produit avec les acides phosphoreux et hypo-
phosphoreux.
» On voit, d'après la sensibilité extrême de cette réaction et les résultats
certains qu'elle permet de constater, tout le parti qu'on peut tirer de ce pro-
cédé pour la recherche du phosphore dans les cas d'empoisonnement. Dans
le Mémoire signalé plus haut, M. Dusart annonce que l'odeur particulière
de l'hydrogène obtenu par le fer, ainsi que la coloration verte de cette
flamme, tiennent uniquement à la présence du phosphore. Des recherches
entreprises dans ce moment au laboratoire de Gœttingue tendent à prouver
que cette odeur est due à la formation d'un hydrocarbure.
» Quant à la cause de la coloration de la flamme, nos propres expériences
nous ont donné les mêmes résultais que M. Dusart a obtenus.
» Nous avons pris du fil de fer qui est regardé comme ne contenant pas
de phosphore; nous l'avons introduit dans un appareil semblable a celui
que nous avons décrit plus haut, et, pour éviter toute coloration pouvant
provenir de l'acide chlorhydrique, nous avons attaqué le fer par l'acide
sulfurique. La flamme de l'hydrogène ainsi obtenu a pris immédiatement la
couleur verte ci-dessus mentionnée, et, approchée de l'appareil spectral,
elle nous a donné exactement les mêmes raies que nous avions observées
pour le phosphore. Nous avons pris aussi du fer chimiquement pur, réduit
de l'oxalate par l'hydrogène, et, après l'avoir attaqué par l'acide sulfurique,
nous n'avons obtenu qu'une flamme parfaitement incolore, et ne produisant
aucune raie dans le spectre.
» Il est à remarquer que le phosphure de fer préparé, soit en fondant le
métal avec un mélange d'os calcinés, de charbon et de sable, soit en atta-
( 4oi )
quant directement le fer par le phosphore, ne dégage pas d'hydrogène. Ici
le fer est complètement rendu passif. Mais dans l'autre cas, comme le phos-
phore se trouve en quantité relativement beaucoup moindre à la faveur de
l'excès de fer, le phosphore se volatilise. Nous fondant sur cette remarque,
nous avons introduit du phosphure de fer préparé par l'une des méthodes
dont nous venons de parler dans un ballon dégageant de l'hydrogène pro-
duit par le zinc, en ayant eu toutefois le soin d'éprouver la flamme avant
d'introduire le phosphure de fer. Nous avons obtenu ainsi la coloration verte
et les trois raies caractéristiques du phosphore.
» Ce fait paraît analogue à celui qu'on observe avec l'antimoniure de fer,
qui ne dégage pas d'hydrogène, m;iis qui est introduit dans un ballon déga-
geant le gaz produit de l'hydrogène assez riche en antimoine, ainsi que cela
résulte d'un travail que l'un de nous publiera prochainement.
» Avant de terminer, nous ferons remarquer que vu la quantité sensible
de phosphore entraîné par l'hydrogène lorsqu'on dissout le fer par un acide,
il serait utile d'éviter cette perte dans les analyses. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur un moyen cl 'obtenir un synchronisme parfait pour
un nombre quelconque d'horloges reliées entre elles par un fil conducteur de
courants électriques; extrait d'une Lettre de M. Vérité à M. Seguier.
« Ayant eu à m'occuper de la répartition de l'heure dans la nouvelle gare
du chemin de fer du Nord à Paris, j'ai cherché à obtenir un synchronisme
parfait entre un certain nombre d'horloges différentes. C'est de la solution
de ce problème que je vais avoir l'honneur de vous entretenir. Peut-être
cette idée nouvelle trouverait-elle son application en astronomie ou pour
la détermination des longitudes. Ce n'est pas à moi qu'il appartient déjuger
cette question, mais assurément je regarde mon moyen comme très-avan-
tageux pour l'usage civil. Voici ce que j'ai expérimenté ici avec un succès
complet. Une première horloge type ferme un circuit voltaïque toutes les
secondes, ou tontes les deux secondes; le courant électrique est dirigé tout
simplement dans un électro-aimant placé au-dessous du pendule d'une
deuxième horloge; l'extrémité de la tige en fer de ce pendule vient passer
à proximité des pôles de l'électro-aimant. En supposant maintenant que
cette deuxième horloge avance ou retarde tous les jours même de 5 ou
10 minutes, par le seul fait que l'attraction magnétique viendra en temps
voulu ajouter ou retrancher à l'attraction terrestre , cette avance ou ce
retard se trouve corrigé immédiatement, et le synchronisme est définiti-
joa )
veinent établi avec l'horloge type; il arrive toujours aussi que si le circuit
n'est fermé que toutes les deux secondes , tous les pendules oscillent du
même côté que celui de l'horloge type.
» Or, avec ce moyen, et volontiers sans autres frais que la pose d'un fil,
on pourrait donc relier les horloges d'une ville avec la meilleure qui ser-
virait d'horloge type, et on aurait dans chaque ville l'heure d'une manière
parfaitement uniforme; à Paris, par exemple, l'Observatoire donnerait
l'heure exactement à toutes les horloges. J'ai des piles qui fonctionnent
pendant une année et plus : on serait donc certain que l'électricité ne ferait
pas défaut, et, le cas échéant, aucune horloge n'arrêterait «
toxicologie. — Empoisonnement par des huîtres draguées sur un banc voisin
lime mine de cuivre; constatation de la présence du métal dans ces
mollusques ; Note de M. Cuzext.
« Appelé en qualité d'expert à démontrer la présence du cuivre dans des
huîtres vertes saisies sur le marché de Rochefort, et à déterminer la quantité
qu'elles contenaient de ce toxique, j'ai été à même de faire quelques obser-
vations intéressantes. En attendant que mon travail soit achevé, je viens
indiquer deux procédés qui permettent de reconnaître à l'instant la présence
du cuivre dans ces mollusques.
i° Le premier consiste à employer Y ammoniaque pure. Si l'huître con-
tient du cuivre, sa teinte, au lieu d'être d'un vert bleuâtre plus ou moins
foncé, est d'un vert clair [vert d'herbe), et le mollusque parfois laisse suinter
des lobes de son manteau une matière visqueuse qui ressemble à un préci-
pité de vert-de-gris. Versée sur la chair de l'huître, l'ammoniaque, par son
contact, produit la couleur bleu foncé qui caractérise le sel de cuivre am-
moniacal, et l'on peut alors suivre la trace du poison jusque dans ies vais-
seaux les plus déliés du foie de l'animal.
» 2° Le second procédé a pour but d'isoler le cuivre à l'état métallique .
Il consiste à piquer une aiguille à coudre dans les parties vertes de l'huître,
à verser ensuite sur le mollusque une quantité de vinaigre suffisante poui
l'immerger, et à laisser le tout en contact pendant quelques secondes.
» Il ne faut pas une minute pour que la partie de l'aiguille enfouie se
recouvre d'un enduit rouge de cuivre métallique. On devra préalablement
■> assurer de la pureté du vinaigre. Ces procédés sont tellement sensibles,
que j'ai pu isoler le cuivre de plusieurs de ces mollusques qui n'en conte-
naient que de faibles quantités. Il suffit, dans ce cas, lorsqu'on opère avec
( 4o3 )
les aiguilles, de prolonger plus ou moins le temps de leur contact avec la
partie verte soumise à l'expérience.
» Les huîtres saisies provenaient de l'Angleterre; elles ont été draguées
sur un banc de la rivière de Falmouth et voisin d'une mine de cuivre. Ces
mollusques ont occasionné plusieurs symptômes d'empoisonnement. »
RI. A. Gaudin adresse un Mémoire ayant pour titre : « Équation géné-
rale aux différences finies, par le moyen de laquelle, dans la supposition
que yx représente une fonction des puissances entières et positives de la
variable x, on peut obtenir une différence d'un ordre quelconque, et déter-
miner immédiatement une sommation d'un ordre quelconque sans faire usage
de constantes indéterminées. »
(Renvoi à l'examen de M. Bertrand.)
M. Jacobs, dans une Lettre datée de Harlem, indique quelques con-
ditions auxquelles il faudrait principalement avoir égard dans la construc-
tion des machines à vapeur, pour diminuer la dépense en combustible.
(Renvoi à l'examen de M. Clapeyron.)
M. A. Gérakd adresse de Liège une Note de divers documents ayant
pour objet d'établir ses droits de priorité pour l'invention d'un télégraphe
imprimant les lettres; la priorité pour cette invention ayant été à tort, sui-
vant lui, attribuée à une autre personne, dans un volume récemment publié
par M. duMoncel. C'est à l'auteur de cette publication que M. A. Gérard
devra s'adresser pour cette rectification. L'Académie n'a point à intervenir
dans le débat.
La séance est levée à 5 heures un quart. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du a3 février 1 863 les ouvrages
dont voici les titres :
Rapport sur les travaux de (a Société Impériale d'acclimatation, présenté au
nom de la quatrième section de ta vingt-neuvième classe du jury de l'Exposi-
tion internationale de Londres; par M. Jules Cloquet (de l'Institut). (Extrait
( 4"4 )
du Bulletin de la Société Impériale d'acclimatation , décembre 1862.) Paris,
quart de feuille in-8°.
Rapport sur le Jardin zoologique d'acclimatation, présenté à la Société
Impériale d'acclimatation dans sa séance de rentrée du 12 décembre 18G2 ; par
M. E. Rufz dk Lavison. (Extrait du même recueil.) Paris, quart de feuille
in -8°. (Présenté par M. J. Cloquet.)
Rapport sur lu planchette photographique de M. Auguste Chevallier; par
M. A. d'Abbadie. (Extrait du Bulletin de laSociété de Géographie , décembre
1862.) Paris, 1 feuille in-8°.
Sur ta viticulture du sud-ouest de la France; Rapport à S. Exe. M. Rouher,
Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; par le Dr
Jules Guyot. Paris, 1862; vol. in-8°. (2 exemplaires.)
Précis des Recherches sur les Météores et sur les lois qui les régissent; par
M. Coulviek-Gravier. Paris, i863; vol. in-12.
Guide du meunier et du constructeur de moulins; par P.-M.-N. BENOIT;
,re ef 2e partie. Paris, 1 863 ; 2 vol. in-8°.
Actes de l'académie Impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bor-
deaux ; 3e série, 24e année, 1862, 2e trimestre. Paris, 1862; in-8°.
Matériaux pour la carte géologique de la Suisse, publiés par la Commission
géologique de la Société lielvétique des Sciences naturelles, aux frais de la Con-
fédération; ire livraison. Neufchâtel, i863; in-4°, avec atlas in-folio.
Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neufchâtel ; t. VI, 1" cahier.
Neufchâtel, 18G2; in-8°.
Congrès scientifique de France; 3oe session à Chambéry (Savoie), du 10
au 20 août 1 863. Questions proposées pour les diverses sections. 1 feuille in-4°.
Newton et Leibnitz; écrit sans nom d'auteur. Pau, 1 863 ; 1 feuille in-/j°,
imprimée sur trois colonnes, en français, anglais et allemand. (Plusieurs
exemplaires.)
On tlie... Sur la valeur comparative de certains sels pour rendre ininflam-
mables les substances fibreuses; par MM. F. VERSMANN et A. OPPENHEIM. Lon-
dres, 1859; br. in-8°. (Présenté au nom des auteurs par M. Payen.)
( 4o5)
L'Académie a reçu dans la séance du 2 mars 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Mémoire sur la respiration et la chaleur humaine dans le choléra; par
M. L. Doyère. Paris, i863; in-8°.
La Flore vallaisan ne ; par M. J.-E. d'A.NGREVILLE. Genève, i863; in-12
(2 exemplaires).
Du Croton tiglium; recherches botaniques et thérapeutiques; par h. Mar-
chand. Paris, 1861 ; in-4° (2 exemplaires).
Etude géologique sur les couches situées à la jonction des trois départements :
Meurthe, Moselle et Meuse; par Husson. Nancy, i863; br. in-8°.
Précis analytique des travaux de l'Académie impériale des Sciences, Belles-
Lettres et Arts de Rouen pendant l'année 1861-1862. Rouen, 1862; in-8°.
Revue des Sociétés savantes : Sciences mathématiques, physiques et naturelles.
1 feuille in-8°.
La vallée du Nil. Impressions et photographies; par MM. H. Cammas et A.
Lefèvre. Paris, 1862; vol. in-12. 6 planches photographiées, format atlas,
représentant des monuments de la vallée du Nil, sont mises sons les yeux
de l'Académie.
Report... Rapport sur la 3 Ie réunion de l'Association Britannique pour l'a-
vancement des sciences de Manchester (septembre 1862). Londres, 1862;
in-8°.
Memoirs... Mémoires relatifs au levé géologique de l'Inde; vol. IV,
ire partie; publiés par ordre de S. Exe. le Gouverneur général de l'Inde,
sous la direction de Th. Oldham. Calcutta, 1862; in-4°.
Memoirs... Mémoires relatifs au levé géologique de l'Inde (Paleontologia
Indica) ; figures et description des restes organiques découverts dans le coins des
opérations pour le levé géologique ; Flore fossile du Rajmahal; II livraisons 1
et 2; par MM. Th. Oldham et J. Morris. Calcutta, 1862; in-4°.
Annual Report... Rapport annuel sur le levé géologique de l'Inde et sur le
Muséum de Géologie; année 1 861-1862. Calcutta, 1862; br. in-8°.
Untersuchungen... Recherches sur l'histoire naturelle de l'homme et des
animaux; par Jac. MfJLESCHOTT; VIIIe volume, 6e livraison. Giessen, 1862;
in-8°.
C R„ 1863, 1er Semestie. (T, LVI, N° U.) 53
( 4o6)
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE FÉVRIER 1865.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; Ier se-
mestre i863, noa5 à 8; in-4°-
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BOUSSINCAULT, Regnault ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Phy-
sique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LXVII,
février 1 863 ; in-8°.
Annales de V Agriculture française; 5e série, t. XX, nos 1 1 et 12; t. XXI.
n° 2; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques; 22e année, t. II, janvier 1 863_; in-8u
Annales de la Société d'hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances; t. IX, 6e et 7e livraisons; in-8°.
Annales télégraphiques ; t. V ; novembre et décembre 1862; in-8°.
Atti delV Academia pontificia de Nnovi Lincei; 1 5e année, ire session. Rome :
in-4°.
Bulletin de la Société géologique de France; 2e série, t. XVIII (f. 59-68),
111-80.
Bulletin de t Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, n° 9; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; janvier 1 863 ; in-8°.
Bulletin de la Société impériale et centrale d Agriculture de France; 2e série,
t. XVIII, n° 2; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour [industrie nationale, rédigé par
MM. Combes et Peligot; 2e série, t. IX, décembre 1862; in-4°.
Bulletin de la Société de Géographie ; 5e série, t. V; janvier i863; in-8°.
Bulletin des travaux de la Société impériale de Médecine de Marseille; 7e an-
née; janvier i863; in-8°.
Bulletin de ta Société française de Photographie; 9e année, janvier et février
.863; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique; 3 Ie année, 2e série, t. XIV, n° 12; in-8°.
Bullettino meteorologico dell' Observatorio del collegio romano;\o\. II, n" 2.
Rome; in-4".
Catalogue des Brevets d'invention ; année 1862; nos 7 et 8; in-8°.
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
( 4o7 )
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 1 2e année, t. XXII, nos6 à o; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; 36e année, nos i4àa5; in-8°.
Gazette médicale de Paris; 33e année, t. XVIII, nos 6 à 9; in-40.
Gazette médicale d'Orient; 6e Année, janvier i863; in-4°.
Journal d'Agriculture pratique; 27e année, i863, nos 3 et 4; 111-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4e série
février i863; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. IX, jan-
vier i863, avec la liste générale des Membres arrêtée an ier février 1863;
ni-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; 22e année, t. XLI, lévrier 1 863 ;
in-8°.
Journal des Vétérinaires du Midi ; 26e année, t. VI, février i863; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, nos 4,
5 et 6; in-8°.
Journal d'Agriculture de la Cote-d'Or; décembre 1862 ; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; 2e série, novembre et dé-
cembre 1862; in-4°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire ,• t. I, février i863; in-8°.
La Culture; 4e année, t. IV, nos i5 et iG; in-8°.
L'Agriculteur praticien; 3e série, t. IV, nos 8 et 9; in-8°.
L'Art médical; 9e année, t. XVII, février i863; in-8°.
L'Abeille médicale; 20e année ; nos 5 à 9 ; in-4°.
L'Art dentaire; 7e année, nouvelle série; n° i4; in-8°.
La Lumière; i3e année, nos 3 et 4 ; in-4°.
La Science pittoresque; 7e année; nos4i à 44; in-4°.
La Science pour tous; 8e année; nos 10 à i3; in-4°.
La Médecine contemporaine; 5e année, nos 2 et 3; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie ; 2e année; nos 22 et 23; in-4°.
Le Technologiste; i[f année, février i863 ; in-8°.
Le Gaz; 7e année; n° 1 , in-4°.
L'Association médicale; ire année; nos 2 et 3 ; in-8".
Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; 6e année, t. X; février
i863; in-8°.
Magasin pittoresque; 3 Ie année ; février 1 863; in-4°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres
vol.XXHI, n° 3; in- 12.
( 4o8 )
Nouvelles Annales de Mathématiques; 2e série; février i863;in-8°.
Nachrichten... Nouvelles de [Université de Gœttingue ; i863; n° 3; in-12.
Presse scientifique des Deux Mondes; année 1 863, t. Ier, nos 3 et 4 ; in-8°.
Pharmaceutical journal and Transactions; vol. IV; nos 7 et 8 ; in-8°.
Revue maritime et coloniale ; t. VII, février i863; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; t. XIX; février i863; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; 3oe année, nos3,4et 5; in-8°.
Revista de obras publicas. Madrid ; t. XI, nos 3 et 4; in-4°.
The american journal of Science and Arts ; janvier 1 863 ; in- 8°.
-»«-o-«
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 9 MARS 186,">.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Le Verrier présente à l'Académie un volume des Annales de l'Ob-
servatoire impérial de Paris (série des Observations , t. VI).
Ce volume est consacré aux observations faites en i845 et en 1 846 à
la lunette méridienne et aux cercles muraux de Gambey et de Fortin.
M. Flourens fait hommage à l'Académie d'un volume qu'il vient de
publier sous ce titre : De la Phrënologie et des Etudes vraies sur le cerneau
physiologie. — Note sur r infection purulente; par M. Flourens.
« M. Maisonneuve, avec ce talent précieux de la clarté qui le caracté-
rise, a mis dans tout son jour la théorie de l'injection purulente. J'ai pré-
senté, dans une des dernières séances, un fait qui rentre dans cette théorie
et qui la confirme. Quelques gouttes de pus, pris sur la dure-mère d'un
chien et porté sur la dure-mère d'un autre chien, ont produit une ménin-
gite violente et causé la mort.
» J'ai fait porter quelques gouttes de ce même pus, pris sur la dure-mère
d'un chien, sur la plèvre d'un autre chien parfaitement sain. Au bout de
trente=six heures, l'animal est mort. On a trouvé une double pleurésie
C.B., i863, ^'Semestre. (T. LVI, N° 10.) 54
( 4io )
purulente. Toute la plèvre, et la plèvre des deux côtés, était remplie de
pus. On n'a trouvé de pus dans aucun autre viscère.
» On a porté du pus sur les muscles abdominaux d'un chien parfaite-
ment sain. L'animal est mort au bout de quatre jours; une énorme infil-
tration de pus s'était glissée entre les divers muscles de l'abdomen.
» Jusqu'ici le pus avait été porté d'un animal sur un autre. Sur le même
animal, j'ai fait porter du pus d'un viscère sur un autre viscère. Du pus
pris sur la dure-mère a été porté sur la plèvre. Le cinquième jour, l'animai
est mort. La cavité pleurale gauche était remplie de pus.
m Ainsi, du pus porté d'un animal sur un autre animal, ou, sur le même
animal, d'un viscère sur un autre viscère, transmet à cet autre animal ou à
cet autre viscère une affection purulente des plus violentes, et qui finit par
causer la mort.
» J'ai multiplié ces expériences. Elles ne peuvent laisser de doute. La
théorie de l'infection purulente est donc démontrée. C'est, d'ailleurs, une
théorie admise. Les faits que l'on vient de voir n'en sont que de nouvelles
preuves, mais singulièrement remarquables, d'abord parla circonscription
du mal dans le lieu où on le porte : porté sur les méninges il se borne aux
méninges, porté sur la plèvre il se borne à la plèvre, etc. ; et, en second
lieu, parla rapidité de sa terminaison, presque toujours funeste. Mais que
d'études encore demaudent de pareils faits ! Je commence à peine.
» Je terminerai cette Note par des considérations d'un ordre très-différent.
i> Je ne connais pas, en pathologie, de problème plus difficile que celui
de la distinction des affections des viscères d'avec les affections de leurs
enveloppes.
» Indépendamment de ce mouvement général qui leur est commun avec
tout l'organisme , chacun de nos viscères a un mouvement propre : le
cœur a son mouveaient de contraction et de dilatation; les poumons ont
leur mouvement d'expansion et de resserrement; les instestins ont mille
mouvements qui leur appartiennent; le cerveau a son mouvement d'éléva-
tion et d'abaissement, qui se voit sur la fontanelle des enfants, etc.
» Or, pour ce mouvement propre, chaque viscère a besoin d'être isolé
des autres et parfaitement libre. Aussi chaque viscère a-t-il reçu une enve-
loppe particulière : le cœur a son péricarde, les poumons ont leur plèvre,
les intestins ont leur péritoine, le cerveau a ses méninges.
» Ici la physiologie doit venir en aide à la pathologie. Par mes dernières
expériences, j'ai mis le physiologiste en mesure de produire à volonté des
abcès quand il veut étudier les abcès; de produire des méningites quand il
( 4i i )
veut étudier la méningite; il en est de même pour la pleurésie, pour la périto-
nite, etc. A force d'étudier ces affections, on finira par en déterminer les
symptômes. Chaque tissu a son symptôme, son signe, son caractère; et c'est
à la physiologie de le donner clairet précis.
» Il y a dans l'homme deux hommes : l'homme sain et l'homme malade.
Ce n'est pas connaître nos organes que de n'en connaître que l'état sain.
Morgagni est une mine inépuisahle pour le physiologiste. Morgagni est la
contre-partie de Haller. Haller n'a vu que l'état sain ; Morgagni n'a vu que
l'état malade; ils se complètent l'un par l'autre ; à eux deux ils ont tout vu.
« Pour reconnaître les maladies très-cachées, ad abditissimos morbos inter-
» noscendos, disait Morgagni, on ne peut se passer de la physiologie. «
Comhien de fois, quand il s'agit de fonctions très-obscures, le physiologiste
n'a-t-il pas occasion, à son tour, d'invoquer la pathologie ! »
OPTIQUE PHYSIQUE. — Sur un nouveau mode de propagation de la lumière;
par M. Babixet.
« Il s'agit ici des ondes lumineuses multiples auxquelles les réseaux
donnent naissance en avant et en arrière de leur plan. On verra que ces
ondes, pour leur origine et pour plusieurs de leurs propriétés, ont des
caractères tout à fait différents des ondes produites par la propagation
directe, par la réflexion, par la réfraction et par la diffraction.
» Si, de tous les points d'une onde lumineuse comme centres, on décrit
des sphères d'égal rayon, on aura la position de l'onde à un moment donné
en menant la surface enveloppe de toutes ces sphères. C'est le principe
d'Huygens vérifié de mille manières. En prenant l'onde plane, pour plus de
simplicité de langage, cette onde plane deviendra subséquemment une
seconde onde plane donnée par le plan tangent à toutes les sphères qui ont
pour centre les divers points de l'onde dans sa position primitive. Ce nou-
veau plan sera parallèle au premier, et les rayons qui sont perpendiculaires
à ces ondes marcheront en ligne droite. C'est alors la propagation directe
de la lumière. Il n'y a qu'aux limites de l'onde que les rayons s'inflé-
chissent par les mouvements vibratoires dérivés qui donnent naissance à
la diffraction.
» La diffraction a été indiquée plutôt qu'étudiée dans le livre posthume
de Grimaldi publié en i66/j. Fresnel nous en a donné une théorie com-
plète qui est un des plus beaux monuments de la science de ce siècle. On
peut voir dans Huygens comment la propagation de l'onde par réflexion
54-
( 4ia )
et par réfraction se ramène an cas de la propagation en ligne droite. C'est
toujours la surface enveloppe de toutes les sphères de propagation des vibra-
tions élémentaires partant des divers points de l'onde primitive qui donne
l'onde réfléchie et l'onde réfractée dans leur nouvelle position.
» Si sur le trajet d'une onde on place des obstacles de très-petites dimen-
sions, tels que des grains de poussière ou de sable répandus sur une lame
de verre à faces parallèles, l'onde se reforme derrière ces obstacles et la
netteté de la vision n'en souffre pas. On observe la même chose dans les
nndes de la mer et des nappes d'eau et dans celles du son. Il est évident
que si dans l'un quelconque de ces cas les obstacles interceptent la moitié
de l'onde incidente, la vitesse vibratoire sera réduite à moitié et la force
vive qui mesure l'intensité de la lumière sera réduite au quart de la lumière
propagée librement. Le reste est dispersé de tous côtés à l'entour des
obstacles. Les lois de la diffraction donnent l'illumination résultante pour
chaque point de l'espace environnant; j'aurai l'occasion de revenir sur ce
sujet important dont j'ai fait une étude spéciale.
» Considérons maintenant un réseau formé de fils très-fins tendus paral-
lèlement entre eux et à des distances égales; on pourra considérer le milieu
de chacun des intervalles libres laissés entre les fils comme étant le centre
d'une onde élémentaire qui se propagera circulairement, et la tangente à
tous ces cercles sera l'onde qui se sera reformée derrière les fils du réseau.
L'expérience prouve que cette onde, sauf l'intensité, est parfaitement iden-
tique avec l'onde qui n'a traversé aucun obstacle; elle n'éprouve aucune
altération dans sa netteté, dans sa direction, dans sa réflexion ultérieure,
ni dans sa réfraction et sa dispersion.
» Disons tout de suite que des traits équidistants tracés sur nue lame de
verre ou sur une plaque de métal transmettent ou réfléchissent l'onde comme
les réseaux de fils parallèles. Ici les traits entaillés dans la surface jouent
le même rôle que la portion opaque des réseaux de fils équidistants qui est
formée par les fils eux-mêmes; mais voyons ce qui se passe hors de la
direction primitive des rayons lumineux.
» Soient A, B, C, D,..., les milieux des intervalles laissés libres entre les
lils du réseau : je suppose le plan de ce dernier perpendiculaire aux rayons
incidents, et par suite parallèle à l'onde incidente; au moment où celle-ci
atteindra le plan du réseau, tous les points A, B, C, D, deviendront des
centres d'ondes élémentaires. Considérons en particulier la vibration élé-
mentaire partie du point A et qui est produite par la première onde arri-
vant sur le réseau: au moment où l'onde suivante atteindra le réseau et
( 4.3)
ébranlera le point B, l'onde élémentaire du point A aura produit un ébran-
lement circulaire dont le rayon sera égal à la longueur d'onde X de la
lumière incidente, et si du point B on mène une tangente au cercle ayant X
pour rayon et A pour centre, le point de tangence pris dans l'onde élémen-
taire propagée circulairement autour de A et le point B seront en accord de
vibration puisqu'ils différeront dans la marche de la lumière d'un intervalle
d'onde entier, l'ébranlement du point A étant produit par la première onde
et celui du point B par Tonde suivante; de même, au moment où la troi-
sième onde atteindra le point C et le rendra centre d'onde, la vibration cir-
culaire émanée du point A sera sur un cercle d'un rayon 2X et celle du
point B sur un cercle ayant X pour rayon. On pourra donc mener du point
C une tangente commune aux deux cercles qui ont pour centre A et B avec
des rayons égaux à 2X et à X, en sorte que les deux points de tangence et
le point C différant de deux fois et d'une fois l'intervalle X tout entier, ces
trois points vibreront d'accord. Si l'on prend sur le réseau à partir de A
un point M qui soit tel, que Tonde élémentaire partie de A aitpour rayon
«X, Tonde élémentaire partie de B aura pour rayon (n — i)X, celle de
C [n — 2)X, et toutes ces circonférences auront une tangente commune
menée du point M, lequel se trouvera en accord de vibration avec tous les
points de tangence pris sur toutes les ondes dérivées de A, de B, de C,...;
l'ensemble de tous ces points vibrant d'accord donnera donc une onde
tout à fait analogue à Tonde directe qui traverse le réseau. Comme X n'est
pas le même pour toutes les couleurs, les ondes de chaque lumière ne
seront pas superposées, et il en naîtra des spectres comme dans le cas du
prisme ; seulement nous verrons tout à l'heure que le réseau dévie davan-
tage le rouge que les autres couleurs, ce qui est le contraire du prisme.
» Ces specties sont de la plus grande netteté, et dans la lumière du soleil
et dans celle du jour on reconnaît toutes les raies de Wollaston si bien
étudiées par Fraunhofer. Nous verrons plus tard que ces ondes, que le
réseau propage latéralement, sont plus parfaites que les ondes directes,
c'est-à dire que hors de leur ligne directe de propagation elles dispersent
par diffraction beaucoup moins de lumière que les ondes ordinaires pro-
pagées librement.
» Il est facile de calculer l'angle que Tonde latérale engendrée par le
réseau fait avec Tonde directe. En effet, si Ton appelle £ la distance des
intervalles du réseau, en sorte que z — AB = BC = CD..., si Ton prend à
partir de A le point M pour lequel AM soit égal à nz, le cercle d'onde qui
a pour centre A aura pour rayon «X, et Tonde donnée par la tangente coin-
( 4M )
mu ne à tous les cercles de vibration sera le côté d'un triangle rectangle
dont l'hypoténuse serait m et dont le côté opposé à l'angle que fait l'onde
avec le plan du réseau serait n).; le sinus de cet angle qui mesure la dévia-
tion de l'onde engendrée par le réseau sera donc égal à — on bien à -•
ci ° «s e
Soit â cet angle, on a sine? = -• On voit tout de suite que la déviation ne sera
pas la même pour les ondes de diverses longueurs, et qu'ainsi le réseau
comme le prisme les séparera. De plus, aux plus grandes valeurs de X cor-
respondront les plus grandes déviations, ce qui est l'inverse de l'effet du
prisme.
» L'onde latérale engendrée par les réseaux ne ressemble donc en rien
aux ondes de propagation directe, de réflexion et de réfraction. Dans ces
trois cas c'est toujours une seule et même onde qui donne naissance à tous
les ébranlements qui constituent l'onde directe, l'onde réfléchie et l'onde
réfractée, tandis que l'onde latérale produite par les réseaux emprunte à
chaque onde successive un ébranlement élémentaire pour en composer
une onde résultante complète.
» On aura encore une onde très-parfaite en considérant le point A
comme ébranlé par la première onde, le point B par la troisième, le point
C par la cinquième, et ainsi de suite; alors on a sine? = — Une troisième
onde propagée latéralement résultera de A ébranlé par la première onde
incidente, de B ébranlé par la quatrième onde, de C par la septième, et
ainsi de suite; alors sin<? = — Fraunhofer a pu non-seulement reconnaître
les raies solaires dans le treizième spectre d'un réseau à fds parallèles, mais
en mesurer même la déviation. En prenant les spectres de chaque côté de
la direction primitive de la lumière, il avait vingt-six spectres, et comme avec
un réseau de traits entaillés sur le verre on voit autant de spectres par ré-
flexion que par transmission, cela faisait plus de cinquante spectres obser-
vables au moyen d'un réseau unique. Cette multiplicité des spectres, aussi
bien que la déviation plus grande des rayons à grandes oncles, est encore ce
qui établit une complète différence entre les effets du prisme et ceux du
réseau; à déviation égale à partir du rayon incident, le réseau disperse
beaucoup plus les couleurs que le prisme.
» On peut donc affirmer sans crainte d'erreur que la propagation latérale
des ondes engendrées par un réseau est d'une nature spéciale, et de même
que Grimaldi, en tète de son livre, affirme que la lumière se propage non-
( 4*6 )
seulement en ligne directe, puis par réflexion et par rétraction, mais encore
d'une quatrième manière, par diffraction, on peut affirmer aujourd'hui que
les réseaux, par une action totalement différente de l'action des miroirs et
des prismes, propagent la lumière par une cinquième manière tout à fait
différente des quatre modes de propagation déjà connus.
» Plusieurs excellents compilateurs de traités d'optique ont cru devoir
rapporter l'effet des réseaux à la diffraction qui ne donne que des ondes
confuses et des propagations non en ligne droite. C'est une grave erreur. 11
n'y a dans les ondes des réseaux que des interférences, comme dans 1*
propagation directe, la réflexion et la réfraction.
» J'essayerai de faire comprendre comment, dès qu'on s'écarte de L'angle
c? dont le sinus est --, la lumière engendrée par le réseau faiblit rapidement
Remarquons que dans la direction pour laquelle sine? = - l'œil reçoit toutes
les vitesses vibratoires concordantes, et si leur nombre est n la lumière aura
pour intensité comparative «2; mais si l'on est hors de cette direction, parmi
ces n vitesses vibratoires élémentaires il y en aura qui se détruiront entre
elles par désaccord, et le carré de leur différence sera beaucoup plus petit
que celui de leur somme.
» La propriété la plus importante et la plus exclusivement caractéristique
des ondes des réseaux, c'est que le mouvement du réseau influe sur la
déviation de l'onde, tandis que dans les ondes directes, dans les ondes de
réflexion et dans celles de réfraction, il s'établit une compensation telle,
qu'aucun dépointement n'a lieu dans tous les appareils autres que le réseau,
suivant que la terre marche dans un sens ou dans l'autre par rapport à la
source lumineuse. Après l'expérience faite je donnerai la théorie de l'in-
fluence qu'exerce le mouvement du réseau sur la direction des ondes aux-
quelles il donne naissance. »
M. Morin présente quelques remarques sur l'expression de jorce vive
employée par M. Babinet.
M. Babinet montre dans quel sens l'expression doit être entendue.
M. Guasles présente quelques remarques dans le même sens.
( 4i6 )
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Nouvel exemple de fermentation déterminée par des
animalcules injusoires pouvant vivre sans gaz oxjcjène libre, et en dehors de
tout contact avec l'air de l'atmosphère; par M. L. Pasteur.
« L'Académie se rappellera peut-être qu'il y a dix-huit mois environ, j'ai
eu l'honneur de lui soumettre une Note sur l'existence d'animalcules infu-
soires jouissant de la double faculté de pouvoir vivre sans gaz oxygène libre
et d'être ferments. C'était le premier exemple connu de ferments animaux,
et aussi d'animaux pouvant vivre et se multiplier indéfiniment, en dehors
de tout contact avec l'air de l'atmosphère, considéré à l'état gazeux ou en
dissolution dans un liquide.
» Les animalcules infusoires dont je parle constituent le ferment de la
fermentation butyrique, fermentation que l'on avait expliquée jusque-làde la
manière suivante. Toutes les fois, disait-on, que le sucre ou l'acide lactique
éprouvent la transformation qui caractérise la fermentation butyrique, sous
l'influence des matières plastiques azotées, ces matières, altérées plus ou
moins au contact de l'air, communiquent au sucre ou à l'acide lactique un
ébranlement moléculaire intestin qui leur est propre, d'où résulte la fer-
mentation.
» Je crois avoir démontré que cette théorie, qui était appliquée à tous
les cas de fermentations proprement dites, est inadmissible, qu'une substance
albuminoïde quelconque ne devient jamais ferment, que le véritable fer-
ment butyrique, par exemple, est un être organisé du genre des vibrions,
dont le germe est apporté par l'air, ou par les poussières de l'air répandues
dans les matériaux de la fermentation.
» Je viens faire connaître aujourd'hui un nouvel exemple de fermenta-
tion, la fermentation du tartrate de chaux, déterminée également par un
animalcule infusoire vivant sans gaz oxygène libre, et appartenant aussi au
genre vibrion, mais très-différent, en apparence du moins, de l'animalcule
de la fermentation butyrique.
» Afin d'abréger, j'indiquerai tout de suite une expérience décisive. Je
place sous l'eau du tartrate de chaux, mêlé de quelques millièmes de
phosphate d'ammoniaque et de phosphates alcalins et terreux, soit artifi-
ciels, soit provenant de cendres de levure de bière, ou de cendres d'infu-
soires (i).
(i) Je préfère les cendres provenant de la combustion d'êtres analogues à ceux qui doivent
prendre naissance, afin d'être plus sûr de ne pas omettre quelque principe utile, connu ou in-
connu. Il est peut-être bon d'ajouter aussi des traces de sulfate de chaux ou d'ammoniaque.
( 4i7 )
» Le vase est une fiole, de verre à fond plat, dont le col effilé est sondé ;>
un tube de verre recourbé. La fiole est remplie d'eau pure, après avoir reçu
le tartrate, puis portée à l'ébulhtion, au moyen d'un bain de chlorure de
calcium, pendant que le tube recourbé plonge par son extrémité dans un
vase contenant de l'eau distillée soumise elle-u.ême à l'ébullition. Par ce
moyen tout l'air qui est en dissolution est expulsé. Je couvre alors d'une
épaisse couche d'huile la surface de l'eau du vase dans lequel plonge le
tube recourbé, et j'abandonne l'appareil au refroidissement pendant vingt-
quatre heures. Dans ces conditions, le tartrate ne peut offrir le moindre
indice de fermentation. Mais si l'on vient à semer rapidement dans, la fioie
une très-petite quantité d'infusoires provenant d une fermentation sponta-
née de tartrate de chaux, en substituant immédiatement, à la petite quan-
tité d'eau que cet ensemencement déplace, de l'eau désaérée par ébullition,
voici ce qui se passe : les infusoires semés se multiplient peu à peu dans le
dépôt de tartrate, qui disparait progressivement sans qu'il en reste la plus
petite quantité, et sans que l'intérieur du vase ait à aucun moment le con-
tact de l'air extérieur, ce qui est facile à réaliser, si l'on a eu le soin de
plonger le tube recourbé dans le mercure aussitôt après l'ensemence-
ment (i).
» Le tartrate fait place à un dépôt uniquement formé de cadavres de
vibrions qui ont environ un millième de millimètre de diamètre, mais dont
la longueur très- variable a atteint dans certains cas un vingtième de milli-
mètre. Comme tous les vibrions, ils se reproduisent par fissiparité, et pen-
dant toute la durée de la fermentation la plus petite quantité du dépôt en
offre une foule à mouvements plus ou moins rapides et flexueux.
» La fermentation du tartrate de chaux, quelle qu'en soit d'ailleurs la
cause intime, est donc déterminée par la présence d'un infusoire jouissant
de la faculté de vivre sans gaz oxygène libre, en dehors de tout contact avec
l'air atmosphérique.
>• Sans doute, on pourra dire qu'il y a un moment, celui de l'ensemen-
cement, où je ne puis soustraire la liqueur au contact de l'air. Mais je vais
démontrer que les précautions de plus en plus parfaites auxquelles j'avais
cvn nécessaire de recourir jusqu'à présent, pouf éliminer le contact de
i ! Je reviendrai sur les produits de la fermentalion du tartrate et du lactate de chaux,
sur la composition chimique des infusoires et sur une sorte de fibrine qui les accompagne
toujours, ainsi que certaines matières colorantes.
C. Rij iS6'3, 1=' SemHlrù. (T. I.VI, N" 10.) ''5
( 4'8 )
l'oxygène ou de l'air, et dont je viens de donner un exemple, sont complè-
tement inutiles et exagérées. Les observations qui suivent serviront en outre
de réponse à la question de savoir comment des germes d'infusoires, qui
non-seulement vivent sans air, mais que l'air fait périr, car ils partagent
cette propriété avec les infusôires butyriques, peuvent prendre naissance
d'eux-mêmes dans des liquides qui, après tout, sont exposés à l'air, dans
tous les cas de fermentations spontanées ordinaires.
» Reprenons notre fiole pleine d'eau, avec le tartrate de chaux déposé
et les phosphates qui y ont été ajoutés. Le tube soudé au col de la fiole est
rempli d'eau lui-même et plonge dans le mercure. L'eau est de l'eau distillée
aérée. Je suppose cette fois qu'on ne la fasse pas bouillir. L'expérience dé-
montre que dans ce cas d'aération de la liqueur, et sans y rien semer, le
tartrate de chaux fermente néanmoins spontanément au bout de Ires-peu
de jours, et qu'il est alors mêlé à une foule d'animalcules vivant sans gaz
oxygène libre
» Comment cela peut-il avoir lieu? Rien n'est plus simple ni plus
facile à concevoir. Voici, en effet, ce que l'on observe dans tous les cas.
Les plus petits des infusôires, le monas, le bacterium tenno..., se déve-
loppent dans cette eau distillée aérée, parce qu'elle renferme en dissolution
des traces d'ammoniaque, de phosphate et de tartrate de chaux, et ces pe-
tits êtres lui enlèvent intégralement, avec une rapidité incroyable, jusqu'aux
dernières proportions, le gaz oxygène qu'elle renferme, en le remplaçant
par un volume un peu supérieur de gaz acide carbonique. Cet effet s'accom-
plit dans l'espace de vingt-quatre ou de trente-six heures au plus, à la tem-
pérature de i5 à 3o°. Alors seulement apparaissent les infusoires-ferments
qui n'ont pas besoin de gaz oxygène pour vivre. A cette question, par con-
séquent, comment peuvent prendre naissance des êtres qui vivent sans gaz
oxygène, et que l'air fait périr? la réponse est naturelle. Ils naissent a la
suite d'une première génération d'êtres qui détruisent en peu de temps des
quantités relativement considérables de gaz oxygène et en privent absolu-
ment les liqueurs.
» Je reviendrai bientôt sur ce fait très-général de la succession d'êtres
qui consomment de l'oxygène et d êtres qui n'en consomment pas, du
moins à l'état libre.
» Dans le cas actuel, il nous permet de comprendre avec quelle facilité
peut se produire une fermentation spontanée de tartrate de chaux, toutes les
fois que l'on ne prend pas des précautions spéciales pour éloigner les germes
disséminés dans l'air, ou dans les poussières que cet air dépose sur tous les
( 4<9)
objets. Il nous permet de comprendre également la fermentation du tar-
trate de chaux dans des liqueurs librement exposées au contact de l'air,
pourvu que l'épaisseur de la couche liquide soit suffisante. On constate
alors qu'à la surface se multiplient les infusoires qui consomment du gaz
oxygène, tandis que dans le dépôt et au sein de la liqueur se développent
ceux qui n'ont pas besoin de ce gaz pour vivre, et qui sont préservés par les
premiers de son contact nuisible.
» En résumé, il n'y a nul besoin de recourir à des artifices pour priver
les liqueurs de gaz oxygène. Toutes les précautions que je m'étais efforcé de
mettre en pratique sont complètement superflues. La soustraction du gaz
oxygène se fait par la nature même des choses, avant que la fermentation
commence, dans tous les cas de fermentation spontanée.
» La disposition des expériences que je viens de faire connaître, et la
composition des matériaux qui y concourent, méritent une mention parti-
culière lorsque l'on envisage quelle peut être la cause première de la fer-
mentation. J'ai rappelé que les anciennes théories jugeaient indispensable
à l'accomplissement de toute fermentation le concours des substances albu-
minoïdes ; d'autant plus indispensable qu'on les croyait être les ferments
eux-mêmes. Pour moi je rends compte, non de la nécessité, mais de l'utilité
de leur emploi, en disant qu'elles apportent certains aliments du ferment ,
qui est un être organisé dont le germe ne peut évidemment se développer
ni se reproduire s'il n'a à sa disposition de l'azote et des phosphates. Ce
sont là surtout les deux sortes d'aliments que les ferments trouvent dans les
substances albuminoïdes. Cette théorie est si vraie, que nous venons de
reconnaître, une fois de plus, que l'on peut supprimer complètement la
matière plastique azotée et la remplacer par un sel d'ammoniaque mêlé à des
phosphates alcalins et terreux.
» Mais il résulte en outre de la composition de la liqueur tartrique dont
nous parlions tout à l'heure que, dans le cas actuel, le seul aliment carboné
possible pour le ferment est l'acide tartrique, qui est le corps fermentant.
On arrive dès lors à cette autre conséquence que, pour le moins que l'ani-
malcule emprunte à la matière fermentescible, c'est d'abord tout son carbone.
» Il n'est pas douteux, abstraction faite de toute idée préconçue sur la
cause de la fermentation, que, dans les conditions où nous sommes placés,
il y a nutrition du ferment aux dépens de la matière fermentante, et qu'aussi
longtemps que dure la vie de l'infusoire, aussi longtemps dure un transport
de matière de la substance qui fermente à celle qui provoque sa transforma-
tion. L'hypothèse d'un phénomène purement catalytiqne ou de contact
55..
( 4ao )
n'est donc pas plus admissible que l'opinion que je combattais tout à l'beure,
et qui place exclusivement le caractère ferment dans des matières albumi-
noïdes mortes.
» Assurément le fait de la nutrition du ferment aux dépens de la matière
fermentescible n'explique pas pourquoi le vibrion est ferment. Nous savons
même que le mode habituel d'action des végétaux et des animaux sur les
principes immédiats dont ils se nourrissent, n'est pas lié à des actes de fer-
mentation proprement dite de ces principes. Mais ce qu'd faut bien consi-
dérer clans cette comparaison des êtres qui étaient connus antérieurement
avec les êtres nouveaux dont je parle, c'est que ces animalcules-ferments,
offrent une particularité physiologique ignorée jusqu'à ce jour, puisqu'ils
vivent et se multiplient en dehors de la présence du gaz oxygène libre.
» Nous sommes donc conduits à rattacher le fait de la nutrition accom-
pagnée de fermentation, à celui de la nutrition sans consommation de gaz
oxygène libre. Là certainement est le secret du mystère de toutes les fermen-
tations proprement dites, et peut-être de bien des actes, normaux ou anor-
maux, de l'organisme des êtres vivants. S'il pouvait y avoir encore quelques
incertitudes dans l'esprit, elles seront levées, je l'espère, par les résultats
qu'il me reste à soumettre ultérieurement à l'Académie.
» Dès aujourd'hui, on peut affirmer que l'on rencontre deux genres de vie
parmi les êtres inférieurs, l'un qui exige la présence du gaz oxygène libre,
l'autre qui s'effectue en dehors du contact de ce gaz et que le caractère fer-
ment accompagne toujoin's.
» Quant au nombre des êtres pouvant vivre sans air, et déterminer des
actes de fermentation, je le crois considérable, qu'il s'agisse de végétaux,
c'est-à-dire d'organismes qui n'ont pas de mouvement propre , ou qu'il
s'agisse d'animaux, c'est-à-dire d'organismes qui ont un mouvement en
apparence volontaire.
» J'espère démontrer, en effet, dans une prochaine communication, que
les animalcules infusoires, vivant sans gaz oxygène libre, sont les ferments
de la putréfaction, quand cet acte s'effectue à l'abri de l'air, et que ce sont
aussi les ferments de la putréfaction au contact de l'air, mais alors associés à
des infusoires ou à des mucors qui consomment de l'oxygène libre , et qui
remplissent le double rôle d'agents de combustion pour la matière organique,
et d'agents préservateurs de l'action directe de l'oxygène de l'air pour les
înlusoiies-ferment's (i ).
(i) Les cires inférieurs qui peuvent vivre en dehors de toute influence du gftz oxygène
( 4a« )
» Les résultats que j'ai fait connaître s'appliquent exclusivement au tar-
trate de chaux ordinaire, le tartrate droit. J'aurai l'honneur de présenter
ultérieurement à l'Académie l'étude de la fermentation des trois autres tar-
trates de chaux, le gauche, Pinactif et le paratartrique. Cela me donnera
l'occasion de revenir sur mes recherches cristallographiques d'autrefois, que
je sais être encore très-mal comprises par quelques personnes, ce qui est
regrettable, car les résultats de ces recherches ont conservé rigoureusement
le même degré d'exactitude, et rigoureusement aussi le même degré de géné-
ralité que mes Mémoires leur attribuent, et qui leur ont été également attri-
bués dans les Rapports académiques de MM. Biot et de Senarmont. »
OKGANOGRAPHlE VÉGÉTALE. — Note sur les vaisseaux du latex : les vaisseaux
propres; les réservoirs des sucs élaborés de véc/étaux ; par M. Lestiboudois.
« Les anciens botanistes ont considéré les liquides colorés comme spé-
ciaux à quelques végétaux, et les ont nommés sucs propres; ils ont nommé
vaisseaux propres les vaisseaux qui contiennent ces sucs; les plantes qui en
sont pourvues ont été nommées laiteuses ou lactescentes.
» Outre les liquides colorés, on rencontre dans les végétaux certains
sucs bien distincts : ce sont des liquides gommeux, résineux, huileux, etc.
» Grew nomme vaisseaux résinijères (lurpeutine vessels) les réservoirs
des sucs résineux des Conifères, tandis qu'il nomme vaisseaux laiteux (milk
vessels) ceux qui contiennent des sucs blancs.
» Linck les désignait sous le nom de réservoirs des sucs propres.
» DeMirbel [Elém., p. 3/j, Pi. 10, fig. 16-17) donne le nom de vaisseaux
propres à tous les réservoirs qui contiennent des sucs laiteux, résineux, hui-
leux, etc. ; il nomme solitaires ceux qui sont isolés au milieu des tissus;
jasciculaires ceux qui sont réunis en faisceaux, et place dans cette catégorie
les fibres textiles de l'Asclépias, du Chanvre, etc., qui ne contiennent pas
de sucs laiteux, et qui ne sont que les fibres corticales de ces plantes.
» De Candolle (Florejranç., i8od, p. 1 83 et 184), tout en reconnaissant
que les sucs propres sont d'une nature fort hétérogèue, admet qu'ils sont ie
liquide nourricier; mais il abandonne ensuite cette opinion (Organogr., 1827);
il range les sucs colorés parmi les produits sécrétés, comme ceux qui sont
préparés par les glandes vésiculaires, et ceux qui remplissent les lacunes
libre n'ont-ils pas la faculté de pouvoir passer au genre de vie des autres et inverse-
ment? C'est une question difficile que je réserve. Je ne l'ai encore étudiée qiie dans un cas
particulier.
( 422 )
du lissa utriculaire qui les contiennent, et donne, avec Lmck, le nom de
réservoirs des sucs propies aux cavités. Dans sa Physiologie végétale (i83a),
bien qu'il connaisse les premiers travaux de M. Schultz, il persiste dans la
pensée (p. 270 et 272) que les sucs laiteux doivent être considérés comme
des sécrétions.
» Le savant botaniste de Berlin, que nous venons de citer, a étudié les
vaisseaux propres avec beaucoup de précision, et est arrivé à faire d'in-
téressantes découvertes. (Bibl. de Genève, 1827; Ann. Se. natur., 1 83 1 ;
Mém. des Savants étrangers, t. VII.)
» Dans ses travaux M. Schultz professe l'opinion que les sucs colorés des
plantes ne sont rien autre chose que le liquide nourricier du végétal; qu'il est
coagulable et caractérisé par la présence de granules nageant dans un liquide
transparent ; qu'il circule dans des vaisseaux minces, transparents, sans pores
ni fentes, rameux, anastomosés, contractiles; il nomme le liquide nourricier
latex, les vaisseaux qui le contiennent laticifères, le mouvement de circulation
qui l'anime cyclose ; il explique la cyclose par la contractilité des parois vas-
culaires, et par la propriété qu'ont les granules de se rapprocher les uns des
autres ou des molécules des parois, et de s'éloigner ensuite; il nomme le
mouvement d'attraction autosyncrisis, le mouvement de répulsion auto-
diarrisis. Il pense que les végétaux qui n'ont pas de sucs colorés ont un
latex analogue à celui des plantes laiteuses, contenant des granules orga-
niques entraînés par un mouvement de cyclose, contenu dans des vais-
seaux laticifères semblables, se distinguant seulement parce que les gra-
nules ne colorent pas le liquide dans lequel ils nagent. Selon M. Schultz,
les laticifères se présentent : en état d'expansion, ou dilatés et pleins de gra-
nules ; en état de contraction, ou ne présentant qu'une fine raie de granules;
en état d'articulation, gorgés de sucs, mais partagés, ensuite de l'âge, par des
cloisons complètes.
» Ainsi les végétaux auraient un liquide analogue au sang et un appa-
reil circulatoire analogue au système vasculaire des animaux.
» Les faits exposés par M. Schultz eurent un grand retentissement et
furent acceptés par un grand nombre de botanistes; mais sa théorie fut
bientôt vivement attaquée. M. H. Mohl, Meyer, Tréviranus n'en ont pas
adopté les bases. M. Mohl (Ann. des Se. natur., janv. 1 844? P- 5) a nié
l'existence du mouvement moléculaire des globules du latex (autosyncrisis,
autodiacrisis) , il a même nié la cyclose: selon lui, si le liquide contenu
dans les vaisseaux propres éprouve un mouvement de translation, ce mou-
vement ne s'effectue pas dans les conditions normales; il n'a lieu que
lorsque les tissus incisés permettent l'écoulement du liquide, ou lorsque,
( 4*3 )
soit par l'effet d'une pression, soit par l'action de la chaleur, etc., le liquide
est poussé d'une branche vasculaire dans une autre.
» Enfin, on a nié jusqu'à l'existence des vaisseaux propres; un les a
considérés comme des méats, qui, secondairement, se revêtent de parois,
et on a repoussé l'assimilation du latex avec le sang des animaux.
» Ces objections ont conduit beaucoup de botanistes, qui avaient adopte
les opinions de M. Schultz, à les abandonner plus ou moins complètement.
» A. de Jussieu (Cours éléni., ire édit.) avait entièrement adopté la théorie
de M. Schullz. Mais plus tard (5e édit.) il écarte la description des laticifères
île M. Schultz (p. 20), et les considère comme des lacunes revêtues, par
l'effet de lâge, d'une paroi propre. Il n'admet plus la cyclose (p. 167I ni
le caractère nutritif des sucs colorés.
» A. Richard (Élcin. de Bntan., 6e édit., i838) adopte aussi les opi-
nions de M. Schultz (p. 33); il repousse (p. 35 et 10a) l'opinion de M. de
Mirbel, qui pensait que les vaisseaux laticifères constituent les fibres de
l'écorce. Mais après avoir insisté sur le rôle important de ces vaisseaux
conducteurs de la sève élaborée, il s'exprime ainsi (p. 291): «C'est spé-
» cialement par les tubes fihreux du liber et par leurs méats interceilu-
» laires que se fait le mouvement descendant des sucs élaborés.
»> Il va sans dire que toutes les fois qu'il y a des vaisseaux laticifères, ils
» doivent également contenir des sucs; mais leur existence est loin d'être
» constante, surtout dans les végétaux dicotylédones, tandis que les fibres
» du liber ne manquent jamais. Ainsi donc, ce sont les fibres du liber qui
» sont les conduits de la sève descendante. »
» Dans la septième édition de son livre, A. Richard déclare plus formel-
lement (p. 44) que " les vaisseaux du latex existent dans la généralité des
» végétaux monocotylédonés et dicotylédones, » et (p. 46) que les vais-
seaux laticifères contiennent les liquides colorés, et que ces liquides
« semblent le fluide réparateur qui doit porter et déposer dans les organes
» les matériaux de l'assimilation. »
» Mais à la page 253 il dit: « Les sucs propres (il parle même de ceux
» contenus dans les vaisseaux) ne nous paraissent être que des fluides ex-
» crémentiliels, analogues, non point au sang des animaux, mais à la bile,
» à la salive, qui ne concourent qu'indirectement à la nutrition. Les sucs
» propres ne sont pas la sève descendante. » Il insiste sur ce fait (p. 54
et 258).
» On voit quelle obscurité règne encore sur cette partie de la Botanique.
» Nous allons essayer, en interrogeant les faits, de rencontrer la vérité au
milieu de tant de contradictions.
( 4M )
» Il s'agit de savoir si les végétaux sont pourvus d'un système vasculaire
dans lequel circule un liquide comparable au sang; en d'autres termes, s'il
v a un liquide général, essentiellement nourricier, nommé latex, distribué
à tous les organes par un ensemble de vaisseaux nommés lalicifères.
» Pour résoudre cet important problème, nous étudierons d'abord les
végétaux pourvus df>s liquides colorés, qu'on a plus spécialement compares
au sang des animaux, puis les végétaux à sucs limpides.
« Nous nous proposons d'examiner les questions suivantes :
n i° Les sucs colorés des végétaux sont-ils analogues au sang?
» 20 Ces sucs se rencontrent-ils dans des vaisseaux disposés comme les
vaisseaux sanguins des animaux?
» 3° Ces sucs sont-ils animés d'un mouvement de cvclose?
» 4° Se rencontrent-ils dans d'autres réservoirs que des vaisseaux ?
» 5° Les sucs colorés des différents réservoirs peuvent-ils être distingués?
>• 6° Trouve-t-on dans la généralité des végétaux non lactescents les
analogues des vaisseaux propres?
» 70 Trouve-t-on dans les végétaux non lactescents des réservoirs qui
peuvent être comparés aux réservoirs non vasculaires des liquides colorés J
» 8° Rencontre-t-on dans les végétaux un appareil organique plus uni-
versel que les appareils qui renferment les sucs colorés, et qu'on puisse
considérer comme chargé de transporter le suc nutritif?
» Pour suivre la série de ces questions, nous demanderons d'abord si
les liquides colorés des végétaux lactescents sont analogues au sang?
>. Ces liquides contiennent des globules; ils se coagulent par le repos,
et présentent conséqnemment quelques-uns des caractères du sang.
» Mais si les liquides colorés s'épaississent, ils ne présentent pas un phé-
nomène analogue à la coagulation du sang : dans celle-ci, la partie fibri»
neuse du liquide se prend en une masse qui renferme les globules et consti-
tue le caillot solide; l'autre reste liquide et constitue le sérum; dans les
liquides colorés, ce sont les globules qui s'agglutinent, pour former une
masse épaisse, tandis que la partie liquide s'évapore.
» Dans le sang, les globules ont une forme bien déterminée; ils ont une
organisation spéciale. Dans les sucs propres des végétaux, ils sont souvent
irréguliers, sans organisation et d'une composition fort diverse.
» La composition du sang est en harmonie avec la composition des Iism^
des animaux ; il en contient les éléments; au contraire, on ne trouve pas
d'analogie entre les sucs propres, dont la composition est si variée, si com-
plexe, et le tissu fondamental des végétaux formé de cellulose.
» Enfin, les sucs propres ne se trouvent pas dans toutes les parties, ei
( 4^5 )
même généralement ils ne se rencontrent pas clans les tissus les plus jeunes,
qui sont le siège principal de l'accroissement.
» Les sucs colorés, ni par leurs propriétés physiques, ni par leur compo-
sition, ni par le lieu où ils se rencontrent, ne ressemblent donc au liquide
qui fournit aux organes les matériaux de leur accroissement.
» Mais au moins les sucs propres sont-ils contenus dans des vaisseaux
semblables aux vaisseaux sanguins? C'est la deuxième question à résoudre.
» Après les observations de M. Scbultz, que tout le monde peut répé-
ter, on est forcé d'admettre que certains végétaux lactescents ont leurs sucs
colorés contenus dans des vaisseaux rarnenx, anastomosés, à parois simples
et translucides, sans pores ni fentes.
» Pour les bien voir, M. Scbultz a conseillé de les examiner dans les sti-
pules du Ficus elasticct, dont les membranes épidermiques se séparent avec
une grande facilité du tissu intermédiaire : si on place ce tissu sous la len-
tille du microscope, on voit aisément le réseau des vaisseaux laiteux. Si l'on
soumet à fébullition les parties d'un grand nombre devégétaux lactescents,
on peut sans peine reconnaître les vaisseaux qui renferment les sucs colorés :
ceux-ci se concrètent, de sorte que les granules qui entrent dans leur com-
position forment une masse plus ou moins compacte, plus ou moins conti-
nue, qui rend les tubes qu'ils remplissent fort visibles.
■> Par une macération plus ou moins longue, on détruit les utricules qui
les unissent aux autres tissus, on les isole et on en constate nettement les
caractères-, ils se rencontrent dans les feuilles, dans les tiges, dans les ra-
cines. Il nous est facile de montrer par des dessins les faits que nos dissec-
tions ont mis sous nos yeux. On peut observer les vaisseaux propres dans
les Campanula Médium, pjrnmidalis, rapunculoïdes, les Euphorbia sylvestris,
Lalhyris, le Cichorium lnlybus, le Lnctuca sativa, le Papaver somnijèrum ,
YAsclepias syriaca, le Ficus elastica, le Broussonetia papytïjera, le Chelido-
nium majus, etc.^ etc.
» Dans ces plantes, les réservoirs des liquides colorés constituent bien
un système vasculaire, tel qu'on est habitué à le concevoir : ce sont des
tubes plus ou moins déliés, souvent isolés, quelquefois agglomérés entre
eux, anastomosés, se réunissant en troncs plus volumineux, souvent
flexueux, à parois minces, transparentes, non doublées par une lame tra-
versée par des fentes ou des pores, sans traces d'organisation cellulaire; ils
contiennent un liquide coloré, d'une manière variée, par une multitude de
petits grains tenus en suspension. Ces grains sont quelquefois assez rares,
C. R , i863, i" Semestre. (T. LVI, N° 10.) 56
( 4*6 j
quelquefois assez nombreux pour rendre les tubes tout à t'ait opaques.
Lorsque le liquide granulifère est épaissi, après ébullition, par exemple,
les grains restent uniformément répandus, ou agglomérés par masses irré-
gulières. Les tubes des liquides colorés se rompent facilement en travers;
souvent les fragments qui proviennent de cette partition restent en contact
et imitent des articles; parfois les fragments se séparent, et alors on voit
fréquemment le liquide coagulé se continuer entre eux, sous forme d'un
filet extensible.
» Dans les feuilles, les vaisseaux propres sont généralement placés en
dehors des faisceaux formés par le tissu fibreux cortical et les vaisseaux
trachéens ; on les trouve aussi, bien sur les côtés qu'au-dessus ou au-des-
sous de ces faisceaux. Ex. : Ficus, Asclepias.
>> On arrive à bien constater leurs dispositions sur Y Asclepias, par exemple,
en faisant subir à la feuille les préparations suivantes: on la fait bouillir,
on la laisse macérer pendant quelques jours, on enlevé l'épidémie de la
face inférieure des nervures, on enlève le tissu fibreux transparent placé
sous les vaisseaux trachéens, et on le place sous la lentille du microscope;
on distingue alors nettement les vaisseaux propres, opaques, flexueux, ra-
meux, tandis que le tissu fibreux est formé de tubes transparents, très-,
minces, droits, simples, terminés en pointes plus ou moins aiguës; ces
tubes sont vides ou contiennent des granules plus ou moins nombreux.
» Les ramifications des vaisseaux propres s'opèrent de manière à for-
mer des branches qui suivent les divisions des nervures. Ex. : Asclepias.
Cependant les branches des vaisseaux propres se séparent quelque-
fois avant la division des nervures, ex. : Asclepias, de sorte qu'elles sem-
blent être des vaisseaux collatéraux plutôt que des ramifications des vais-
seaux propres; mais le nombre de ces derniers ne serait pas suffisant
pour fournir tous les vaisseaux qui accompagnent les subdivisions des
nervures, s'ils ne se subdivisaient pas eux-mêmes. On peut constater, du
reste, leur ramification. Quelquefois les branches vasculaires qui se sépa-
rent pour suivre une division des nervures produisent une branche récur-
rente qui remonte vers le prolongement de la nervure d'où elle est partie,
ex. : Asclepias, de sorte que les vaisseaux propres qui accompagnent
celle-ci semblent avoir diverses origines.
» Les divisions des branches vasculaires accompagnent les plus petites
nervures : lorsqu'on fait la section des dernières veinules, dans le Ficus, le
Chelidonium , par exemple, on voit suinter des sucs propres. Ces divisions
deviennent de plus en plus ténues.
( 4*7 )
» Les vaisseaux propres des tiges appartiennent plus spécialement au
système cortical. Ainsi dans le Papaver, le Lactuca, on ne voit pas de sucs
propres suinter de la moelle centrale, ou, au moins, il en sort de très-faibles
quantités. Mais, dans d'autres plantes, comme les Campanules, le Clielido-
nium majus, il y a de nombreux vaisseaux propres en dedans des faisceaux
ligneux. Il est même des plantes dans lesquelles les vaisseaux propres sont
plus abondants dans la moelle que dans les zones corticales. Tel est VAscle-
pias syriaca. On peut en détacher une très-grande quantité et les isoler en
faisant macérer une tige qu'on a préalablement fait bouillir; c'est un des
moyens les plus faciles de démontrer incontestablement l'existence des vais-
seaux propres. Les vaisseaux propres de l'écorce sont répandus dans les
différents tissus qui constituent le système cortical ; ainsi, dans les Campa-
nules, ils sont répandus dans le parenchyme, et dans la couche fibreuse de
l'écorce; dans le Chetidonium ils sont distribués en dehors des faisceaux,
comme dans l'épaisseur même de ces derniers. Les vaisseaux propres des
tiges sont généralement peu ramifiés, pourtant ils présentent encore de fré-
quentes divisions. Dans YAsctepias, à chaque nœud, les vaisseaux propres
s'anastomosent, de manière à former un plexus et comme une sorte de
cloison dans la moelle. Des branches vasculaires émanant de ce plexus se
rendent au pétiole de la feuille qui s'insère sur le nœud et au rameau qui
naît de son aisselle; elles traversent ainsi l'espace médullaire laissé entre les
faisceaux ligneux et s'anastomosent avec les vaisseaux propres de l'écorce,
faisant communiquer le réseau vasculaire de la moelle avec celui du système
cortical.
» Les sucs propres sont généralement d'une densité d'autant plus grande
et d'une couleur d'autant plus intense, qu'on les observe dans des parties
plus inférieures et plus anciennes du végétal. Dans les jeunes pousses ils
sont pâles et peu épais; vers le bas de la tige ils sont habituellement d'une
nuance beaucoup plus foncée. Ainsi, dans Y Asclepias syriaca, les sucs, d'un
blanc pur supérieurement, prennent une teinte jaunâtre dans la partie infé-
rieure. Dans le Chelidonium, les sucs des extrémités des rameaux sont d'un
jaune très-pâle ; ils sont d'un jaune très-prononcé vers la souche, et dans
la racine ils sont d'un orangé rougeâtre.
» Cependant des dispositions inverses se rencontrent dans certaines
espèces : dans le Papaver les sucs propres sont d'un blanc laiteux, très-
caractérisé dans les capsules, à peine opalin dans la racine. Les sucs pro-
pres de cette plante paraissent avoir leur source principale dans les fruits;
56..
( 4*8 )
si on leur fait une incision, le suc blanc sort en abondance; si on fait une
incision au pédoncule, elle laisse exsuder peu de sucs propres; une incision
plus inférieure encore n'en laissera pas extra vase r.
» Dans d'autres plantes les sucs propres, en devenant plus colorés et
plus épais dans les parties inférieures, deviennent moins abondants; ainsi
dans le Chelidonium les sections de la racine laissent couler les sucs propres
en quantités bien plus limitées. L' Ascle.pias syriaca, dont la tige possède
des vaisseaux propres si nombreux, a une souche dont la partie geinmi-
fère contient un très-petit nombre de vaisseaux propres, et qui, dans la
partie qui n'a plus de bourgeons, n'en laisse bientôt voir aucun. Aussi la
partie voisine des tiges aériennes ne laisse suinter que de très-faibles propor-
tions de sucs colorés; celle qui en est éloignée et les racines n'en laissent
plus échapper d'une manière appréciable. Je dois dire pourtant que j'ai
observé parfois quelques vaisseaux propres isolés dans les racines.
» Ces organes sont imprégnés d'un liquide mucilagineux, épais, qui
paraît susceptible de se réunir en petits globules de diamètres différents,
qui deviennent quelquefois confluents, et qui semblent des sucs propres.
» Dans certaines plantes les sucs colorés, loin de devenir moins abondants
dans les racines, y semblent en plus grandes quantités que dans les parties
aériennes; ainsi, dans la tige du Lactuca sativa, les vaisseaux propres ne
constituent pas la principale partie des faisceaux corticaux qui sont com-
posés de fibres, tandis que, dans la racine, ils forment presque exclusive-
ment les faisceaux corticaux, et les fibres sont très-peu apparentes. Aussi
cette partie contient des sucs laiteux en très-grande quantité : quand on
l'arrache, on voit sortir des gouttelettes de sucs blancs de l'extrémité de
toutes les fibrilles radicales qui ont été brisées.
» Généralement les vaisseaux propres se distinguent des tissus voisins,
et notamment des fibres corticales, parce qu'ils sont pleins d'un licpiide
granulifère d'une couleur particulière, et parce qu'ils sont flexueux, min-
ces, rameux , anastomosés, isolés; tandis que les fihres sont droites,
parallèles, serrées, souvent vides. Pourtant, dans certaines plantes, les
vaisseaux propres sont droits, très-longs, à ramifications rares, à granules
excessivement petits, peu abondants ; d'un autre côté, les fibres corticales
peuvent être fines, minces, plus ou moins remplies de matière granuleuse,
de sorte qu'il devient difficile de les distinguer des vaisseaux propres. C'est
ce qui arrive dans \esCampanula Médium, rapunculoïdes, pyramidalis, dans les
Euphorbia Latltyiïs, sylvatica, etc., etc. La distinction devient encore plus
difficile quand les vaisseaux propres sont articulés. Selon M. Schultz,
( 4*9)
les articulations ne se montrent pas dès l'origine, elles ne sont qu'un état
des vaisseaux, qui est le résultat de l'âgj : nous dirons plus tard ce que
nous pensons de cette opinion. Nous nous occuperons aussi de l'état
d'expansion et de contraction qu'il a admis. En ce moment il nous suffit de
signaler les difficultés qu'on éprouve pour constater l'existence des vais-
seaux propres dans quelques cas.
» Nous devons dire, cependant, que, lorsqu'on éteint rapidement la vie
des plantes par l'ébullition et qu'on maintient ainsi les vaisseaux pleins d'un
suc dense et fortement granuleux, l'opacité du liquide, l'abondance et la
tonne des grains, la couleur spéciale qu'ils présentent, font reconnaître
immédiatement les vaisseaux qui les contiennent.
» Il n'est donc pas possible de mettre en doute l'existence des vaisseaux
contenant des liquides colorés dans certaines plantes. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOLOGIE. — Profils des chemins de fer de Paris à Rennes, de Tours au Mans,
du Mans à Alencon et d Alencon à Mézidon, transformés en coupes qéolo-
aiaues; par M. Trigeu. (Extrait.)
« N'ayant pas cessé depuis trente ans de m'occuper d'études géologiques,
je peux citer aujourd'hui comme résultat principal de mes travaux les car-
tes géologiques détaillées, à l'échelle de iulu— (échelle des minutes de l'État-
Major), de la plus grande partie des départements de la Mayenne, de l'Orne
et de Maine-et-Loire, faisant suite à la carie géologique complète de la
Sarthe, exécutée à la même échelle, carte que M. Elie de Beaumont m'a fait
l'honneur de visiter lors de sa dernière excursion dans nos contrées, avec
les élèves de l'École des Mines.
» Cette dernière carte a été déposée aux Archives de la préfecture,
en 1 85 1 ; elle a été subdivisée en 33 cartes géologiques cantonales, au moyen
de reports sur pierre; elle est accompagnée de 66 coupes et d'une collection
de roches et de fossiles qui viennent à l'appui des divisions adoptées.
» M'étant ainsi constamment occupé de géologie, je ne pouvais manquer
d'être frappé du parti que l'on peut tirer des plans, et surtout des profils a
grande échelle qui servent en France à l'exécution des chemins de fer;
j'appréciais d'autant mieux l'avantage de ces documents si exacts, que j'avais
dû, pour les cartes ci-dessus, faire moi-même de nombreuses réductions
cadastrales. Lors de l'exécution de la carte géologique de la Sarthe, je fus
obligé de fournir pour tout le département des réductions semblables au
( 43o )
corps d'État-Major, qui me donna en échange sa triangulation, et plus tard
sa topographie que j'appliquai à mes travaux.
» Frappé, dis-je, de la précision que l'usage des profds gravés par les com-
pagnies de chemin de fer permet d'apporter aux travaux scientifiques, j'at-
tendais depuis longtemps l'occasion de me procurer quelques profils des
lignes de l'Ouest, lorsqu'à la demande de ses collègues de la Sarthe,
M. Mille, ingénieur en chef du contrôle, voulut bien mettre à ma dispo-
sition ceux de Tours au Mans, et de Paris à Rennes, et un peu plus tard
ceux du Mans à Alençon, et d'Alençon à Mézidon, que j'ai transformés de-
puis en coupes géologiques, que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à
l'Académie.
« Beaucoup de géologues ont eu sans doute la même idée, et ont relevé
des coupes géologiques dans les tranchées de chemin de fer. J'ai souvent en-
tretenu moi-même mes collègues de la Société Géologique de l'utilité que
pouvaient acquérir ces coupes en leur donnant plus de développement, mais
on m'a presque toujours objecté que j'en exagérais les avantages, que sur
la plupart des grandes lignes l'étendue des parties en remblai en rendait
l'intérêt à peu près nul, et qu'il en était de même lorsque le tracé suivait la
direction des couches, cas très-fréquent, surtout dans les terrains anciens.
» Reconnaissant ce que ces objections avaient de fondé, j'ai essayé de
faire disparaître ces inconvénients, et je pense y être arrivé en rendant
aux coupes géologiques des chemins de fer tout leur intérêt, en les complé-
tant. Il m'a suffi pour cela d'accompagner le profil longitudinal de coupes
transversales plus ou moins nombreuses, suivant la nature et la disposition
du terrain, mais toujours assez rapprochées pour constituer une étude géo-
logique continue dans toute l'étendue du parcours, et offrant une largeur
moyenne de 12 a i5 kilomètres, au moyen des coupes transversales.
» Si l'on réfléchit maintenant à l'exactitude de ces tracés et à leur grande
échelle (—7^) pour les longueurs, et 2-5V0 Pour 'es hauteurs, n'est-on pas
frappé de la précision qu'ils apportent dans l'étude stratigraphique des cou-
ches variées que traverse une grande voie ferrée?
» Cet ensemble de profils en long et en travers ne fait-il pas connaître
avec toute l'exactitude possible la composition géologique du sol? Ne repré-
sente-t-il pas en réalité une véritable carte géologique de la surface par-
courue?
» Exécutés avec la conscience et le soin que je me suis efforcé de
mettre dans ceux que j'ai l'honneur de présenter, de semblables profils ne
doivent-ils pas rendre de grands services pour rectifier, s'il est nécessaire,
( 43 1 )
les cartes géologiques déjà faites dans plusieurs départements, et être très-
utiles également pour guider les géologues dans les autres départements où
de semblables travaux n'ont pas encore été entrepris?
» Qu'il me soit permis d'ajouter que l'utilité pratique de la géologie a
été appréciée depuis longtemps déjà par MM. les ingénieurs des Ponts et
Chaussées de la Sarthe, et que l'utilité des profds géologiques, surtout, n'a
pas échappé à MM. de Capella et Thoré, qui font exécuter en ce moment
des travaux de ce genre pour toutes les routes principales du département,
par un conducteur intelligent qu'ils ont mis à ma disposition et que j'ai
formé à la connaissance des terrains; de manière que notre département
se trouve en quelque sorte doté aujourd'hui d'un nouveau service géo-
logique.
» Déjà même ce service a porté ses fruits pour la science, car il a con-
duit à la découverte de plusieurs gisements de fossiles, celui de la tranchée
du Creux, par exemple, où l'on vient de recueillir tous les fossiles des ardoi-
sières d'Angers, dans une bande de terrain silurien inférieur intercalée
entre des schistes à cjraplolilhes et à Cardiola inierrupta, et des grès proba-
blement à lingutes, comme ceux sur lesquels s'appuient directement des
schistes semblables à Saint-Léonard-des-Bois (i), ce qui détermine exacte-
ment la position des schistes à Calimena Iristani et Araqo , et en fixe
beaucoup mieux la place qu'on n'avait pu le faire dans le département de
Maine-et-Loire, où cette faune a d'abord été signalée.
» Je prie l'Académie de vouloir bien nommer, pour l'examen des pro-
fils que j'ai l'honneur de lui soumettre, une Commission qui pourra en
rendre compte et faire valoir beaucoup mieux que moi tout le parti que la
science doit tirer des profils de chemins de fer ainsi transformés en coupes
géologiques.
» Il lui sera facile de se convaincre que dans les seuls profils géologiques
que j'ai l'honneur de présenter, on traverse une série presque complète
de toutes les formations, depuis les dépôts tertiaires les plus récents jus-
qu'aux terrains les plus anciens; qu'on peut y étudier en détail toutes les
couches crétacées et jurassiques de l'Ouest, les terrains carbonifères, plu-
sieurs étages siluriens, une grande variété de roches éruptives et métamor-
phiques, et qu'on peut en tirer un très-grand parti pour faire une étude
comparative, pleine d'intérêt, des différents dépôts de même âge repré-
(1) Les schistes de Saint-Léonard-des-Bois ont fait l'objet d'une Note présentée à l'Aca-
démie par MM. de Verneuil et Triger.
( 432 )
sentes à la fois dans la Bretagne, le Maine, la Normandie et la Tou-
raine. »
Le travail de M. Triger est renvoyé à l'examen d'une Commission com-
posée de MM. d'Archiac, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.
En signalant le mérite et l'utilité du travail de M. Triger, M. Eue de
Beaumoxt exprime le regret que l'auteur n'ait pas joint à ses profils, dans
lesquels les hauteurs, comparées aux distances, sont exagérées dans le rap-
port de 20 à i , d'autres profils où les hauteurs seraient figurées sur la même
échelle que les distances. Les profils où les hauteurs et les distances sont
tracées sur la même échelle sont, en effet, les seuls qui puissent donner
une idée exacte de la disposition des couches, quand elles sont flexueuses,
comme le sont fréquemment celles que traversent les profils de M. Triger.
GÉOLOGIE. — Notice sur quelques terrains crétacés du Midi; par M. A. Meugy.
(Commissaires, MM. d'Archiac, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)
L'étendue de ce Mémoire ne permettant pas de l'imprimer en entier, nous
nous bornerons à en reproduire les conclusions que l'auteur présente dans
les termes suivants :
« Il résulte de tous les faits relatés dans cette Notice :
» Qu'il existe dans l'arrondissement d'Uzès, au-dessus du terrain néoco-
mien, un dépôt crétacé qu'on peut diviser en deux parties : l'une, inférieure,
principalement sableuse et fluvio-marine; l'autre, supérieure, principale-
ment calcaire. Ce dépôt paraît avoir son analogue dans le département de
Vaucluse, à Montdragon pour la partie inférieure, et à Mornas pour la
partie supérieure. Les deux étages dont il se compose se retrouvent égale-
ment entre Vagnas et Salavas (Ardèche);
» Qu'il y a discordance de stratification entre ce dépôt et les roches du
grès vert et du gault auxquelles il est quelquefois superposé;
» Qu'il y a aussi discordance entre les marnes argilo-sableuses qui re-
couvrent le système à lignites inférieur de Vaguas et le calcaire à hippurites
qui leur succède ;
» Qu'au-dessous de la formation fluvio-marine inférieure de Vagnas, se
trouvent des grès argilo-calcaires et des marnes noirâtres qui reposent sur
les tranches relevées du terrain néocomien en stratification complètement
discordante, et qui semblent être l'équivalent du lower-greensand , du
( 433 )
gault et de Y upper-cjreensand des Anglais, ou du système hervieu de
Diimont; ,
» Que par conséquent le système sableux à lignites des environs d'Uzès,
comme celui deSaint-Julien-de-Peyrolas,et celui du Cliamp-des- Pauvres de
Vagnas avec la formation argilo-calcaire qui le surmonte, y compris le
calcaire à hippurites, correspondrait aux systèmes cénomanien et turonien
d'Alcide d'Orbigny ou au système hervien de la Belgique ;
» Enfin, que la formation ligniteuse supérieure de Vagnas, qui paraît être
contemporaine de celle de Piolenc (Vaucluse). appartient à une époque
distincte de celle du calcaire à hippurites et se rapporte vraisemblablement
à la base des terrains tertiaires. »
hydraulique. — Expériences en grand sur un nouveau système d'écluses
de navigation, principes de manœuvres nouvelles; par M. A. i>e Caligny.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Morin, Combes.)
« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, le 3 avril 1848 [voir les
Comptes rendus, t. XXVI, p. 4oo<)> des expériences sur un modèle de ce
système, qui ont été l'objet d'un Rapport favorable au Conseil général des
Ponts et Chaussées, en 1849, par M. l'ingénieur en chef Bélanger. La Com-
mission dont il était rapporteur avait constaté que ce système épargnait
environ les trois cinquièmes de Véclusée. En i85i, des expériences furent
faites plus en grand, mais sur une écluse de petite navigation ; elles ne firent,
quant à l'effet utile, que confirmer les expériences précitées. Elles furent
l'objet d'un Rapport favorable de M. Méquet, inspecteur général des Ponts
et Chaussées.
» A la fin de l'année dernière, des expériences beaucoup plus en grand
ont été faites, sur un Rapport fait au Conseil général des Ponts et Chaus-
sées, par MM. les inspecteurs généraux Lebreton, Bommart, et Mary rap-
porteur. L'effet utile a été beaucoup augmenté, et voici surtout par quelle
raison.
» Dans les petits modèles, ou dans les appareils dont le tuyau fixe n'est
pas assez long par rapport à la chute, il est beaucoup plus difficile de ré-
gler les premières périodes, parce que l'inertie de l'eau, qui se met en mou-
vement dans ce tuyau de conduite fixe, n'en laisse pas le temps. Il en ré-
sultait qu'on laissait l'eau acquérir trop de vitesse dans les premières pé-
riodes, où agissait la plus grande partie de la hauteur de chute. Cela était
C. R., i8G3, Ier Semestre. (T. LVI, N° 10. 5,7
( 434 )
facile à voir, dans certains cas, à l'époque où l'écluse se vidait, en jetant
de l'eau par le sommet d'un tuyau vertical. Dans les nouvelles expériences,
le tuyau de conduite fixe a i mètre de diamètre intérieur et environ
[\i mètres de long. La chute étant d'environ im,6o, et pouvant même être
notablement plus grande, on a tout le temps nécessaire pour lever chaque
tuyau mobile; en un mot, pour faire les manœuvres de manière à ne pas
laisser échapper à chaque période plus d'eau qu'on ne le veut : aussi, en
vidant l'écluse, on a relevé les deux cinquièmes de l'éclusée.
» La seconde partie de l'appareil, nécessaire pour remplir l'écluse, en
tirant une partie de l'eau du bief d'aval, n'a pas encore été essayée en grand ;
mais il résulte des phénomènes suffisamment étudiés dans les expériences
sur un modèle, que l'effet utile de cette seconde opération ne peut pas dif-
férer beaucoup de celui de la première.
» De sorte que l'épargne totale résultant des deux opérations ne peut pas
être moindre que les quatre cinquièmes environ de l'éclusée. Quanta l'effet
utile de l'opération déjà faite en grand, je n'ai pas cru devoir m'en rappor-
ter à moi-même; il a été vérifié en mon absence par M. Briquet, conducteur
principal des Ponts et Chaussées en retraite, qui m'autorise à m'appuyer
sur son témoignage.
» Dans le système tel que je l'avais présenté d'abord, l'eau relevée au
bief supérieur ne devait sortir que par un seul orifice. Je me propose de
faire une manœuvre nouvelle au moyen de l'appareil tel qu'il est disposé
aujourd'hui; et j'espère résoudre ainsi une difficulté très-bien comprise
dans le savant Rapport de M. l'ingénieur en chef Bélanger. Il serait évidem-
ment utile d'évaser l'extrémité d'aval du tuyau de conduite, destinée a re-
cevoir un tuyau vertical mobile qui rejette alternativement de l'eau au bief
supérieur, à l'époque où l'écluse se vide. Mais on se demandait si l'augmen-
tation de diamètre qui en résulterait pour ce tube mobile, etc., n'augmente-
rait pas la difficulté de la manœuvre. Maintenant l'eau peut sortir, non-
seulement par le sommet de ce tube, mais par le sommet d'un autre tube
disposé sur le tuyau de conduite fixe, dans une capacité remplie d'eau en
communication avec celle du bief supérieur.
» Il en résulte que la colonne liquide ascensionnelle se divise en deux, et
que la vitesse de sortie par les deux sommets est nécessairement diminuée,
sans qu'il soit nécessaire d'élargir pour cela aucun des tuyaux mobiles,
selon la crainte qui avait été judicieusement exprimée. Il y aura évidemment
plus de perte de force vive pendant cet écoulement supérieur que s'il n'y
( 435)
avait qu'un seul orifice de versement supérieur convenablement évasé.
Mais on peut assigner par le calcul une limite à cette perte de force vive, et
il est facile de voir qu'elle ne compensera pas l'avantage qui doit résulter
du nouveau mode de versement dont il s'agit, surtout si l'on tient compte
de ce que, dans les tuyaux d'un très-grand diamètre, il faut pour tous les
cas analogues un gonflement du liquide nécessaire à l'évacuation latérale au
sommet. La hauteur de ce gonflement est souvent, d'ailleurs, comme on
sait, bien plus grande que la hauteur due à la vitesse moyenne dans l'inté-
rieur de chaque tube. En définitive, si l'on a relevé les deux cinquièmes
de l'éclusée pendant l'époque de la vidange, on doit espérer, au moyen de
cette nouvelle manoeuvre, un effet utile plus considérable, d'autant plus que
les essais qui ont conduit à l'effet utile ci-dessus, ayant été interrompus par
des causes de force majeure qui n'ont aucun rapport à l'appareil, il est
probable que, même avec un seul tuyau d'ascension, la manœuvre aurait
pu être perfectionnée.
» Sans rappeler ici les détails de la seconde opération destinée à remplir
l'écluse en tirant une partie de l'eau du bief inférieur, et qui sera prochaine-
ment étudiée très en grand, je crois intéressant de signaler une simplifica-
tion dans la disposition des contre-poids, m'étant aperçu qu'ils pouvaient
être formés pour les deux balanciers d'une seule chaîne se développant alter-
nativement pour chaque balancier, quoique attachée à l'un et à l'autre, en
produisant des effets analogues à ceux d'une chaîne à la Poncelet.
» J'ajouterai seulement, pour compléter l'idée sur le versement par deux
colonnes liquides au bief supérieur, qu'il n'est plus même nécessaire que
l'eau sorte par le premier tuyau d'ascension dont le sommet peut être indé-
finiment prolongé. Elle peut sortir aussi par deux tuyaux, mais qui seraient
disposés l'un et l'autre verticalement sur le tuyau de conduite horizontal,
l'un d'eux étant toujours fixe, l'un et l'autre étant disposés dans la capacité
précitée qui est en communication avec le bief supérieur. Cette disposition,
sur laquelle je reviendrai en décrivant les phénomènes nouveaux étudiés à
l'occasion de cette machine, permet de ne plus avoir à s'embarrasser d'au-
cun jaillissement entre un tuyau mobile et un bout de tuyau fixe, comme
pour la forme de l'appareil, qui a été l'objet d'un Rapport favorable rédigé
par M. Combes au nom de la section de Mécanique agricole et Irrigations
de la Société centrale d' Agriculture (Mémoires de cette Société, 1er semestre
1842, p. i35 à i/Ja). »
57..
( 436)
astronomie. — Nouveaux compagnons de Sinus; Lettre de M. H. Goldschmidt
à M. le Secrétaire perpétuel.
(Commissaires, MM. Mathieu, Le Verrier, Delaunay.)
« J'ai essayé depuis quelque temps s'il ne me serait pas possible devoir
le compagnon de Sinus avec ma petite lunette de 46 lignes d'ouverture, et
j'ai réussi à le voir par moments. Mais j'ai été bien surpris de découvrir que
ce compagnon de M. Clark n'était pas le seul, et qu'il se trouve plusieurs
autres étoiles dans le voisinage immédiat de Sirius, et à des distances variant
de i5" à !■' d'arc. Mes moyens restreints d'observation ne me permettaient
pas de mesurer les distances de ces points lumineux immergés dans l'éblouis-
sante lumière de Sirius, car on rencontrera même des difficultés sérieuses
avec les instruments les plus puissants. Tout ce que je peux dire aujourd'hui,
et avant d'avoir eu recours à une plus grande lunette, c'est qu'une première
étoile (sans aucun doute un compagnon) se trouve au sud de celui qu'a
découvert M. Clark, et j'évalue son angle de position à 95°-97° compté
du nord vers l'est. Ce nouveau compagnon est assez visible par moments, et
paraît un peu plus éloigné que celui qui est déjà connu. Vient ensuite une
autre étoiie (C n" 2) sur le prolongement de Sirius et du compagnon Clark,
point lumineux presque imperceptible. A l'est de Sirius et du compagnon
(n° 1, F) se trouve, sur le même parallèle que celui-ci, une autre petite étoile
(n° 3, D). L'étoile n° 4, E, a un angle de position de 1700, et n° 5, de 25°
à 3o°, et sont distantes de Sirius par rapport au compagnon n" 1 .
a Je me permets de vous faire l'observation que mes recherches ont été
complètement indépendantes des théories remarquables des MM. Peters,
Auwers et Safford ; c'est de ce matin seulement qu'une conversation sur ce
sujet avec M. Radau m'a fait reconnaître un accord frappant avec les
données de M. Auwers et l'observation du compagnon n° 1. (Voir Asir.
Naclirichten, 13^1.) »
MÉTÉOROLOGIE.— Énumération des observations horaires faites à l'observatoire
physico-météorique de la Havane durant [année de 1 86a; Lettre de M. A. Poey
à M. Élie de Beau m un t.
(Commissaires, MM. Pouillet, Babinet.)
« Jai l'honneur, Monsieur, de vous adresser le tirage à part de onze
séries d'observations horaires faites de jour et de nuit, et qui ont paru
( 48* )
dans la Gazette officielle de cette ville du 1er mai a la fin de décembre de
l'année passée.
» Ces observations embrassent la pression barométrique réduite a zéro.
la température à l'ombre et au soleil, la tension de la vapeur d'eau, l'humi-
dité relative, la direction et la vitesse du vent en mètres par seconde, la
direction des cumulus, des cirro-ciimulus et des cirrus, accusant la pré-
sence de quatre courants aériens qui concordent rarement entre eux, sur-
tout ceux des cumulus ou courants polaires et ceux des cirrus ou courants
équatoriaux, et enfin la quantité de nuages visibles.
» L'ensemble des observations horaires qui ont été faites de jour et de
nuit à l'observatoire de la Havane en 1862 est tellement considérable, qu'il
s'écoulera encore une nouvelle année avant qu'il me soit possible de le
livrer au public, attendu le grand nombre de réductions et de déductions
scientifiques que ces observations exigent.
» Cette circonstance m'engage à vous communiquer la relation complète
de la nature et du nombre desdites observations, croyant rendre un service
à la science en portant à la connaissance des météorologistes l'existence des
données qu'ils pourraient dès à présent utiliser. Dans ce but, je serais tres-
heureux de pouvoir fournir aux savants, qui en feraient la demande, tous les
renseignements dont ils auraient besoin, suivant la nature de leurs recher-
ches spéciales.
» Voici le nombre des observations effectuées sur chacun des instruments
signalés ou bien sur chaque phénomène observé :
1 . Baromètre Fortin, réduites à zéro 8,732
2. Thermomètre annexé au baromètre 8,i32
3. Thermomètre à l'air et à l'ombre 8,732
4- Thermomètre noirci et à l'ombre 7 ,q44
5. Thermomètre au soleil 3,828
6. Thermomètre noirci et au soleil , 3,828
7. Nébulosité du soleil 1 . 046
8. Thermomètre à la pluie 276
9. Thermomètre maximum à mercure 1 ,737
10. Thermomètre maximum et noirci à mercure 25 (*)
1 1 . Thermomètre minimum d'alcool rouge 1 ,990
12. Thermomètre minimum d'alcool noirci 1 ,991
1 3. Thermomètre minimum d'alcool rou>;e clair 1 ,998
Ce thermomètre s'est dérangé dès le commencement.
( 438 )
i4- Thermomètre minimum d'alcool rouge noirci i ,998
i5. Thermomètre minimum d'alcool bleu , 1 ,g45
1 6. Thermomètre minimum d'alcool bleu noirci 3 (
17. Thermomètre minimum d'alcool blanc 1 ,g83
18. Thermomètre minimum d'alcool blanc noirci 1,9-71
19. Thermomètre dans la citerne de l'observatoire 1 ,336
20. Thermomètre dans l'eau de la mer 1 ,253
21. Thermomètre à l'air au bord de la mer i ,076
32. Thermomètre dans un puits près de la mer 1 ,4<>3
23. Tension de la vapeur d'eau, psychromètre d'Auguste 8,732
24. Humidité relative, psychromètre d'Auguste 8,732
• "1 Atmidomètre de Gasparin 1 ,096
26. Température de l'eau évaporante 1 ,096
27. Direction du vent 8,782
28. Vitesse du vent en mètres par seconde 8,732
?,g. Brouillards 117
30. Rosée g36
3 1 . Foyers d'orages à l'horizon 488
32 . Foyers de pluie à l'horizon 4° '
33. Direction des pluies 792
34- Heure et durée des pluies 1 1079
35. Quantité de pluie tombée (nombre d'annotations) 1 15
36. Nature des nuages dans les quatre cadrans 25,56g
37. Quantité de nuages dans les quatre cadrans 25,56g
38. Directions des nuages dans les quatre cadrans 25 ,56g
3g. Vitesse des nuages dans les quatre cadrans 25,56g
4o. Éclairs sans tonnerre 1 ,323
4 r . Tonnerre sans éclairs 244
42. Éclairs avec tonnerre et vice versa 60
43. Arcs-en-ciel n3
44- Halos solaires 26
45 . Halos lunaires 1 o 1
46. Rayons crépusculaires 80
47 • Couleur du ciel au lever et au coucher du soleil 187
48. Ozone à l'observatoire 2 ,oo4
4g. Ozone au bord de la mer 9^°
5o. Ozone au-dessus d'un bourbier au bord de la mer 888
5i. Étoiles filantes 1 jOOO
52. Courbes barométriques tracées de cinq en cinq minutes à l'aide
d'un barométrographe d'une nouvelle combinaison et construit
par M. Hardy 334
(*) Ce thermomètre s'est dérangé dès le commencement.
(439)
» Je n'ai point compris dans l'extrait de cette liste une multitude d'ob-
servations et de recherches que j'ai entreprises sur diverses questions, la
plupart nouvelles ou imparfaitement connues, telles que sur l'électricité
atmosphéro-terrestre statique et dynamique, sur la polarisation atmosphé-
rique, celle des éclairs, des nuages, des halos, des arcs-en-ciel, de la lumière
lunaire, de la lumière zodiacale, sur la température de l'espace céleste et
du disque de la lune, sur les taches solaires, sur les trombes et autres
déductions théoriques que m'a fournies l'étude combinée des phénomènes
entre eux.
» J'ai encore établi une correspondance météorologique, dans diverses
localités de l'île, que vous trouverez imprimée à la suite des bulletins
journaliers que j'ai l'honneur de vous adresser, où se trouvent également
• mentionnés les grandes perturbations atmosphériques ou phénomènes
anormaux, tels que les chutes de grêle, les tremblements de terre, les
inondations, les ouragans, les trombes, etc. »
M. Séguier met sous les yeux de l'Académie un compas à ellipse de
l'invention de M. Carmien, mécanicien à Suze, près Héricourt (Haute-
Saône).
L'auteur a, clans une Note, donné de cet instrument une description qui
serait difficilement comprise sans le secours d'une figure; il nous suffira de
dire que c'est une sorte de pantographe dont un des deux styles traçant en
l'air un cercle dans un plan incliné à l'horizon, l'autre style en trace, sur le-
papier disposé horizontalement, la projection verticale, qui est une ellipse.
(Commissaires, MM. Mathieu, Chasles, Séguier.)
M. Bœrsch adresse de Strasbourg diverses substances colorantes vitrijia-
liles au moyen desquelles on peut imprimer sur verre des images qui, par
l'action du feu, seront amenées à faire corps avec lui.
Une Commission composée de MM. Payen, H. Sainte-Claire Devilie et
Pasteur est invitée à examiner ces produits qu'accompagnent plusieurs spé-
cimens des impressions obtenues et une Note explicative.
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de la Marine adresse, pour la bibliothèque de l'Institut,
le numéro de mars de la Revue maritime et coloniale.
{ 44o )
31. I.' ADMINISTRATEUR GÉNÉRAL, DIRECTEUR DE I.A BlBLIOTHEQUE IMPERIALE,
annonce que les travaux d'installation provisoire des collections de M. te
duc de Lujnes étant terminés au département des médailles et antiques, il
a pensé qu'il pourrait être agréable à MM. les Membres de l'Académie de
visiter cette riche collection avant l'époque fixée pour l'ouverture ; en con-
séquence, la galerie sera ouverte pour eux, du 7 au i\ mars, les mardi et
vendredi depuis 10 heures jusqu'à 4; ils seront admis sur la simple pré-
sentation de leur médaille.
La Société royale des Sciences d'Upsal remercie l'Académie pour l'envoi
de plusieurs volumes des Mémoires et des Comptes rendus, et lui adresse en
retour ses plus récentes publications.
31. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur M. Hervé-
Mangon, un exemplaire du « Rapport sur les machines et instruments
d'agriculture de l'Exposition universelle de 1862 0, et un exemplaire de la
3e édition du « Traité pratique sur le drainage ».
« 31. Piobert offre à l'Académie, de la part de M. Favé, le IVe vo-
lume des Etudes sur le passé et l'avenir de l'artillerie. Les deux premiers
volumes, qui ont paru en 1846 et en 1 85 1 sous le même titre, sont de l'Em-
pereur. L'ouvrage a été continué à l'aide de ses Notes et sur le même plau,
par M. le colonel Favé, son aide de camp. Le IIIe volume, qui a paru
l'année dernière, contient l'histoire des progrès de l'artillerie depuis l'in-
vention de la poudre jusqu'à i65o. Elle est continuée dans ce IVe volume
jusqu'au commencement de notre siècle. Un Ve volume, qui est sous presse,
contiendra la suite de cette même histoire jusqu'à nos jours. «
GÉOLOGIE. — Note sur In constitution géologique des dunes des Zahrez-Rharbi
et Cher gui [ lacs salés), et du Sahara algérien ; pur M . Ville.
« Nous avons campé le 20 décembre 18G2 au lieu dit Zebaret-Sidi-Aïssa,
dans le Delta marécageux compris entre l'Oued-el-Fesekh au nord, l'extré-
mité occidentale du Zahrez-Chergui à l'est, et les dunes de sables qui
s'étendent d'un bout à l'autre du bassin des Zahrez, et passent au sud de
Zebaret-Sidi-Aïssa. Entre les dunes et le bord sud du Zahrez-Rharbi, il y a
une traînée de joncs d'où s'échappe une nappe d'eau potable de bonne qua-
lité, alimentée par les eaux d'infiltration qui ont traversé les couches
( 44' )
sableuses supérieures du terrain saharien (pliocène supérieur), et qui sont
arrêtées par une couche de sable argileux affleurant le long du bord méri-
dional du Zahrez:
» DeZebaret-Sidi-Aïssa, nous nous sommes dirigé vers le sud en coupant
les dunes dans toute leur largeur qui peut être fie i kilomètres environ.
Après avoir traversé quelques ondulations de sables, la route monte sur le
plan supérieur des dunes qui bientôt s'affermit, se couvre de végétation et
se relie d'une manière insensible à un plateau sableux, tenace, qui se relève
régulièrement en pente douce contre le massif crétacé du Djebel-Alia, limi-
tant au sud le bassin du Zahrez-Chergui. Dans la région des dunes éminem-
ment sableuses, nous avons observé sur les flancs fie quelques-unes d'entre
elles des couches sensiblement horizontales de quelques centimètres d'épais-
seur, formées par des sables argileux colorés en gris noirâtre par un peu
cle bitume.
Un échantillon de cette roche nous a donné la composition suivante :
»
Pour i gramme.
gr
Sable quartzeux blanc 0,7312
Argile pure , o, 1072
Peroxyde de fer 0,01 54
Carbonate de chaux o, i25o
Carbonate de magnésie traces.
Carbonate de fer o ,0029
Eau, matières organiques ammoniacales. . . . 0,0171
Total 0,9988
» Enfin, au sommet même d'une dune, nous avons vu une couche hori-
zontale de travertin calcaire de om, 3o d'épaisseur, qui nous a présenté la
composition suivante :
s<-
Carbonate de chaux o,9353
Carbonate de magnésie o.oozjo
Carbonate de fer 0,001 4
Sulfate de chaux 0,0077
Eau évaporée à i3o" o,oo4o
Matière organique ammoniacale o,oi3o
Sable quartzeux blanc . . o,o256
Argile 0,0016
Peroxyde de fer et phosphates terreux o,oo5o
Total 0,9976
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 10.) 58
( 44* )
» Quant aux sables des dunes, ils sont essentiellement quartzeux; ils
contiennent cependant de faibles quantités de carbonate de chaux et
d'argile ferrugineuse.
» En rentrant au poste caféd'El-Mesran, sur la route d'Alger à Laglioua,
nous avons coupé de nouveau les dunes, en marchant du S.-E. au N.-O.,
et nous avons remarqué à diverses hauteurs au milieu des sables des assises
de grès argilo-calcaires grisâtres, contenant à l'état fossile le Biilimus decol-
latus et VHelix candidissima. Tous ces faits prouvent d'une manière incon-
testable que les dunes du bassin des Zahrez ne sont pas, comme le pensent
beaucoup de personnes, le résultat de l'accumulation des sables apportés
par les vents. Ce sont des couches régulières de sables de la période saha-
rienne (pliocène supérieur) qui ont été déposées par les eaux douces ou
saumàtres. Parfois ces sables ont été agrégés par un ciment calcaire; il en
résulte alors des couches régulières de grès calcaire, qui permettent de
déterminer la stratification des couches de sables qui les enclavent. Les
vents modifient légèrement le relief exlérieur des dunes, qui peut varier
d'un jour à l'autre; mais la masse générale dessables ne se déplace pas, et
les dunes sont aujourd'hui dans la position qu'elles occupaient à l'origine
de la période géologique actuelle. Nous avions déjà reconnu ce fait pendant
notre voyage à Ouargla en 1861. Les grandes dunes des environs d'Ouargla
sont également de la période saharienne, comme celles du bassin des
Zahrez.
» A notre retour d'Ouargla, nous avons coupé les dunes du Zahrez-
Rharbi, du sud au nord, en suivant le cours de l'Oued-Malah, et nousavons
remarqué également, à diverses hauteurs au milieu de ces dunes, des cou-
ches tenaces de sables argileux de couleur grisâtre, indiquant d'une manière
incontestable que les sables formant les dunes étaient le résultat d'un trans-
port par les eaux, et non d'un transport par les vents. Du reste, l'exécution
des sondages de l'Oued-Malah et d'El-Mesran (dans le bassin du Zahrez-
Rharbi) vient à l'appui de cette manière de voir. On a trouvé en profondeur
des couches de sables fluides qui ont opposé une grande résistance à l'en-
foncement des tubes de retenue. Puisqu'il y a des couches de sables en pro-
fondeur dans le terrain saharien, on ne doit pas trouver étonnant qu'il y en
ait également à la surface du sol. »
k 443 )
MÉCANIQUE CÉLESTE.— Sur une équation pour le calcul des orbites planétaires;
par M. A. de Gasparis.
« 1. On connaît le rôle important que joue, dans cet argument, l'équa-
tion
Celle donnée par Gauss est exacte jusqu'aux termes de deuxième ordre.
L'autre, de même forme, que j'ai donnée implicitement dans les nos noi
et 1 1 1 1 des Âstronomiscke Nachrichten, est exacte jusqu'aux termes de troi-
sième ordre. Or je viens de trouver que l'on peut obtenir une autre équa-
tion plus exacte en tenant compte rigoureusement des termes de troisième
ordre. Cela posé, je suppose
A = tangp, sin(«8 — a2) — tangj32 sin(a3 — a,) -t- tang/3,, sin («a — a,), '
B = tang/38 sin(Z, — a,) — tang/3, sin (/, — a3),
C = tangp3 sin(/2 — a,) — tang/3, sin(/, — a,),
D = tangj3, sin(/3 — a,) — tang/3, sin(Z, — <z3),
E2=R2 — R^cos/?2. cos(/2— a2)2,
F = R2 cos/32, cos(Z2 — <z2).
» Maintenant si, dans l'équation connue
o= m2ïR,B — «,3(Ap2 + R2C) + «l2R8D,
on tient compte que l'on a
et
il vient
sin£ _ 9J3R,B — 9,3 R,C + 9, ,R3D -+- 9, 3 AF— 9, , AE cosp,cotz
6E> "= ej,.R,B — ej3R,C + 9^R3D 4- 6,' 3 AF — 9f , AE cosfi, cots'
qui prend tout de suite la forme
E
r, = -z — »
sin z
pt = E cos/3, cot;
nl2 _ 9,, 6r3, — 9J2
»u — 6,3 6r2 — e;3'
»n _ On 6'î — «ï,
«,3 9,3 6/'32 — 9; 3
, . 3 sin(z— o)
?« sin Z3 = -T-; — 'j
sin (a — ?,)
58.
( m
en faisant
0j,R,B - ôlsR2C-r-6)2R3I) + 6)3 AF == h cosy,
6,3AEcosjS2 = h sinç,
eisRjB— e?3Ri!C-J-0ïjRI(D4- 5?3AF = //,cos7,,
9?3 AE cos|32 = h, sine/,,
et
, 9' , sinr/
/K =
6E3 sin 7,
» L'application à l'orbite de Junon (Gauss, Tlieoiïa motus) donne
log m' = 0,6044070, (j — i3°4o'4",37, ^f, = o°3i'45",97,
et l'on trouve
z = i4°33'i4",53;
la valeur vraie est
r:= i4°33'i9",5o
Erreur — 4"i97
» 2. Pour le calcul des orbites avec quatre observations, les latitudes
extrêmes exceptées, je pose (voir Aslron. Nach., 1 1 1 1)
. Ô23R,sin(/, — a,) 9,3R2sin(/2 — a,) R3sin(/3 — a,)
A = ~^ — ~r r~ 7, — w r +
9,2 sin (a3 — a,) 9,2sin(a, — a,) sin (a3 — a,)
923Rssin;/< — a4) 934R2sin(/2 — a,) R3sin(/3 — a,)
sin(a3 — a,) 9„ sin(x3 — st,) sin (a, — a,)
9„R,sin(/, — a,) .,, fl2 . 9,3R2sin(/2— a,) .-2 ,2
B - 9rJsin(a3-2l) ^&I2 ~ ^ ~ 0,2sin(«3-«,) ^'2 ~ ^3''
9„R, sinf/. — a,) /fl, ,2 . 834R2sin(/2 — a,),A2 fi2 .
+ 921sin(«:1-a4) t&24 ~ &23J + 0„ sin (»,-«,) i&2» ~ '**>'
, 9,3sin(a2 — a,) 931 sin(a2 — a,)
3,) sin (a3 — a,) 9,, sin (a3 — a4)
9,3sin(a2 — a,) r.7 ,2 . 931 sin (a, — a,) ,fl2 fls,
9,,sin(a, — a,) v ' 92,sin(a3 — a,)
Les symboles E, F ayant la même valeur que ci-dessus, on a
sin z3 _ A + CF — CE cos p2 col z
6E3 " ~ B -h DF — DEcos32cotz'
et par suite
„ . , sinfz— o)
m sin;3 =
sin(z — '/:
posant
et
( 445 )
A -+- CF = h cosçf, CE cosj3o = h siïrç,
B -+- DF = hfCosc/,, DE cos|32 = //, sin y,,
D sin a
m =
6 CE3 sin q,
» L application numérique à l'orbite de Vesta [Theoria motus) a donné
log/w"= o, 1 126819, q = 2i°56' i5",44j 7, := i° 1 7'o",g8,
et l'on en déduit
z= 23°48'37",4o;
la valeur vraie est
z = 23°48'i6",7o
Erreur -\- 20", 70
On trouve aussi
log/-3 = o,3466384;
la valeur vraie est
logr2 = o,346638o
Erreur + o,oooooo4
» Dans un Mémoire que l'on a imprimé dans les Atli de notre Académie
des Sciences, je calcule les autres éléments en tenant compte jusqu'aux
termes de sixième ordre. »
chimie ORGANIQUE. — Sur te rouge d'aniline ; par M. G. Delvaux.
« Lorsque l'on chauffe pendant six à huit heures à une température
d'environ i5o° C. un mélange de chlorhydrate d'aniline sec et d'aniline
(1 équivalent de chaque corps), il se forme une certaine quantité de fuchsine
(dans ce cas, chlorhydrate de rosaniline), que l'on peut extraire en traitant
la masse par l'eau. On peut opérer en mélangeant l'acide chlorhydrique du
commerce et l'aniline ; on chauffe : lorsque l'eau est chassée, la matière
rouge se forme.
» Au reste, tous les sels d'aniline chauffés avec l'aniline à i5o° C. donnent
de la fuchsine (sels de rosaniline). Le sulfate d'aniline sec chauffé vers
( 446 )
200 à 220°C. devient noir violacé, et, traité par l'eau, donne également de
la fuchsine (dans ce cas, sulfate de rosaniline).
» Une réaction curieuse m'a permis d'obtenir de notables proportions
de matière colorante. On mélange du chlorhydrate d'aniline sec avec du
sable (ou avec d'autres substances telles que : fluorure de calcium, silice
gélatineuse, etc.) ; on chauffe trois heures à i8o°C. En traitant la masse par
l'eau, la matière colorante se dissout.
» En combinant ce dernier procédé avec celui dont j'ai parlé en com-
mençant (chlorhydrate d'aniline et aniline), on obtient de très-forts rende-
ments, même en chauffant à de basses températures. Voici la manière
d'opérer :
» On mélange 1 équivalent de chlorhydrate d'aniline sec avec 10 fois
son poids de sable sec et avec i équivalent d'aniline; on chauffe quinze
heures à noou i20°C, ou cinq à six heures à i5o°C, ou bien encore deux
à trois heures à i8o°C. On traite la masse par l'eau bouillante et l'on ob-
tient une grande quantité de matière colorante rouge (dans ce cas, chlorhy-
drate de rosaniline).
» Le résidu, insoluble dans l'eau, se dissout en rouge dans l'alcool ; il
renferme donc une certaine proportion de matière colorante que l'on peut
difficilement lui enlever par l'eau; mais en le traitant par un alcali (ammo-
niaque, chaux, soude), et en saturant ensuite par un acide, la liqueur,
d'abord incolore, devient rouge; ce traitement permet d'enlever complète-
ment la matière colorante formée. »
CHIMIE. — Modifications de t appareil analytique employé dans les
analyses organiques pour le dosage de C hydrogène et du carbone;
par M. Ch. Mène.
« Je n'ai pas besoin d'insister sur les inconvénients de l'appareil
employé jusqu'ici pour l'analyse organique. Outre la peine inévitable de
l'installation du tube, avec l'oxyde de cuivre et la matière, ainsi que la
mauvaise allure du chauffage et de la conduite de l'opération, la pro-
priété hygrométrique de l'oxyde de cuivre, son défaut de ne céder l'oxy-
gène nécessaireà comburer la matière qu'au contact même de la substance, et
à une température élevée (ce qui cause presque toujours la déformation et
la brisure des tubes), de même que l'oxygénation souvent insuffisante, etc.,
ont fait de cette méthode une expérience difficile, et malheureusement
( V.7 )
négligée et rare, du reste peu sûre clans bien des cas, tant à cause du peu
de matière qu'il faut nécessairement employer, que par les manipulations
délicates et exceptionnelles qu'elle exige. Je crois avoir réussi à remédier
à presque tous les anciens inconvénients, en substituant le chlorate de
potasse fondu à l'oxyde de cuivre, et par conséquent avoir rendu l'analyse
organique plus facile, en modifiant de la manière suivante la méthode
usitée jusqu'à présent.
» Je prends un tube de verre blanc, d'environ 5o centimètres de long
sur i centimètre de diamètre, avec i millimètre d'épaisseur (i) ; je le ferme
à l'une de ses extrémités, comme cela se fait ordinairement; j'y introduis
du côté bouché une quantité de chlorate de potasse (fondu et pilé) égale à
•2 centimètres environ, puis j'y verse le mélange de la matière à analyser,
intimement unie avec du chlorate de potasse, de manière que cela
tienne la presque totalité intérieure du tube. Le mélange de la matière avec
le chlorate de potasse est préparé en prenant i gramme de substance à ana-
lyser, la broyant finement dans un mortier de cristal ou d'agate, et la
remuant ensuite intimement avec du chlorate de potasse fondu et pilé aupa-
ravant. Pour connaître la quantité de chlorate de potasse nécessaire a
introduire dans le tube, avec la substance à analyser, je mesure ordinaire-
ment et directement la contenance du tube avec le chlorate de potasse lui-
même, et c'est cette quantité qui me sert à l'analyse : je puis l'évaluer à
5o grammes. Comme il est facile de le comprendre par le calcul, les
5o grammes de chlorate de potasse me fournissent environ 18 litres d'oxy-
gène, ce qui donne un milieu gazeux capable de brûler toute espèce de
matière organique. Comme dans l'ancien procédé, j'introduis le tout dans
le tube, avec un entonnoir, mais à la température ordinaire, et sans crainte
de voir absorber de l'humidité par mon mélange. Quand le tube est rempli,
je ferme avec un rampon d'amiante, puis avec un bouchon de liège (traversé
d'un petit tube pour le dégagement des gaz) ; je lute même souvent le bou-
chon avec de la cire à cacheter. Mon tube à analyse ainsi préparé est sus-
pendu par deux fils de fer à un support quelconque, afin de le faire tenir
libre, et à la portée de l'opérateur; puis il est mis en communication, au
(i) Je recommande ces dimensions, parce qu'en général les tubes plus épais se fendent
facilement par le chauffage, et les plus minces se fondent : en toufcas, il faut avoir soin de
ne pas mettre la flamme de la lampe à alcool brusquement sous le tube, à cause de la mau-
vaise conductibilité du verre pour la chaleur.
( 448 )
moyen d'un tube de caoutchouc, à des appareils de Liebig et en U, pleins
d'acide sulfurique et de potasse, etc., nécessaires, comme cela se fait habi-
tuellement, pour les dosages «le l'hydrogène et du carbone.
» En résumé, le principe de la modification que je propose consiste à
mettre la matière dans du chlorate de potasse, et à la brûler par ce sel, dans
des conditions telles, que la décomposition ne s'opère que peu à peu et len-
tement, de manière à permettre le dégagement régulier des gaz comme dans
l'appareil à oxyde de cuivre. Pour faire marcher l'appareil, je prends une
lampe à alcool ordinaire, je la mets sous le tube à analyse, en commençant
à chauffer près du bouchon d'amiante. Au bout de quelques instants, le
chlorate de potasse fond, brûle la matière en formant de l'eau et de l'acide
carbonique qui se dégagent tranquillement, suivant comme l'on chauffe.
Quoique dans beaucoup de cas (quand la substance contient beaucoup
de carbone) la combustion ait lieu avec ignition, et quelquefois même avec
déflagration, cette expérience est sans danger. Quand la matière est brûlée
à l'endroit que l'on a chauffé d'abord, on place la lampe sous une autre
partie du tube, et ainsi jusqu'à ce que toute la longueur du tube ait été suc-
cessivement et peu à peu soumise à la flamme. La quantité de chlorate de
potasse placée à l'extrémité fermée du tube est finalement chauffée, afin de
dégager de l'oxygène et d'entraîner ainsi tous les gaz analysables qui peuvent
rester dans le tube. Quand on juge l'opération terminée, on détache le tube
desappareils à peser, et on peut en faire sortir (par le lavage) toutle chlorure
de potassium, afin de préparer dans ce tube de nouvelles analyses. Le temps
nécessaire à l'exécution d'une analyse de ce genre est de vingt minutes; du
reste l'opérateur fait marcher l'expérience à son gré; il peut la suivre, l'in-
terrompre, la reprendre, la voir, la surveiller comme il l'entend, sans crainte
d'y faire naître des absorptions ou des réactions inconnues et malheu-
reuses. »
M. Dorner, qui avait adressé plusieurs communications successives con-
cernant sa méthode de traitement du choléra-morbus, et avait envoyé récem-
ment un échantillon du médicament principal, exprime la crainte que ce
dernier envoi ne soit pas parvenu à l'Académie.
Le flacon contenant ce médicament a été reçu : on le fera savoir a
M. Dorner.
Un auteur qui s'est aussi occupé de la question du choléra-morbus et qui
( 449)
se présente comme concurrent pour le prix du legs Bréant, s'est cru à tort
dans l'obligation de placer son nom sous pli cacheté.
Son travail a pour titre : « Lésions anatomiques, étiologie et traitement
du choléra-morbus épidémique », et pour épigraphe : « Sublata causa, tollilur
effectus. »
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission
spéciale.)
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 9 mars 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
De la plirénologie et des éludes vraies sur le cerveau; par P. Flourens.
Paris, 1 863 ; vol. in-12.
annales de l'Observatoire lmpérialde Paris; publiées par U.-J. Le Verrieiî,
Directeur de l'Observatoire; Observations, t. VI (i845-i846). Paris, i863;
vol. in-4°-
Etudes sur le passé et l'avenir de l artillerie, ouvrage continué sur le plan
de r Empereur; par Favé ; t. IV. — Histoire des progrès de l'artillerie; livre IL
Paris, 1 863 ; vol. in-4°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Piobert.)
Des rétentions d'urine, ou pathologie spéciale des organes unitaires au point
de vue de la rétention; par Ch. Horion. Paris, 1 863 ; in-8°.
Tumeurs du genou ; leçon sur leur diagnostic différentiel, donnée le 3 fé-
vrier 1 8(53 , pour la dernière épreuve de l'examen spécial de docteur es sciences
chirurgicales ? par Je même. Liège, j 863 ; br. in-8°.
Opération de hernie crurale étranglée; ablation, après ligature, du sac hyper-
trophié; cure radicale de la hernie; par le même. (Extrait des Annales de la
Société Médico-Chirurgicale de Liège.) Liège, 1862; br. in-8°.
Nouvelles considérations sur les polypes naso-pharyngiens ; par M. le Dr
C. R., iS' 3, i« Semestre. (T. LVI. N» 10. ) 5o,
( 45o )
Michaux. (Extrait du Bulletin de V A endémie royale de Médecine de-Belgique ,■
2e série; t. V, n° 1 i . ) Bruxelles, i863; br. in-8°.
Cet ouvrage et les trois précédents sont présentés au nom des auteurs par
M. Velpeau.
Notice sur la vie et les travaux désir Benjamin C. Broclie , lue dans la séance
solennelle de la Société de Chirurgie le i4 janvier 1 863 ; par J.-A. GlBALDÈS.
Paris, i8G3 ; br. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Rayer.)
Instructions pratiques sur le drainage , réunies par ordre du Ministre de V A-
griculture, du Commerce et des Travaux publics; par M. Hervé-MangON;
3e édition. Paris, i863 ; vol. in-ia.
Machines et instruments d'agriculture; par le même. (Extrait des Rapports
du Jury international de l'Exposition de 1862.) Paris, i863; br. in-8°.
Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres, Arts, Agriculture et
Commerce du dépattement de la Somme; année 1861, 2e série, t. H. Amiens.
1862; vol. in-8°.
Répertoire des travaux de la Société statistique de Marseille ; publié sous la
direction de M. P. -M. Roux, secrétaire perpétuel; t. XXIII. Marseille,
1859; vol. in-8°.
Bulletin de la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du département du
Far séant à Toulon; 28e et 29e années. 1860-1861. Toulon, 1861 ; in-8°.
Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts du Far, séant à Toulon. Compte
rendu de la séance du 16 juin 1862. Toulon, 1862 ; br. in-8°.
Société des Sciences naturelles du grand-duché de Luxembourg ; t, V, années
1857-1862. Luxembourg, 1862; in-8°.
Bévue Scientifique italienne ; par Gabriel DE MORTILLET; ire année, 1862.
Paris, i863; in-18. (Présenté par M. d'Archiac.)
Algèbre de la comptabilité universelle; par J. -B. -J. DESSOYE. Paris, 1.862;
in-4°.
L'absolu dans un principe, ou Magie numérale; par le même. Paris, 1 863 ;
br. in- 8°.
Nova acta regiœ Societatis Scientiarum Upsaliensis; seriei tertine, vol. IV,
fasc. 1 (1862). Upsaliœ, 1862; in-4°.
Upsala Cinversitets... Annuaire de l'Université d Upsal pour 1861 : Mé-
decine, — Théologie, — Mathématiques et Histoire naturelle, — Législation et
Politique, — Philosophie, Philologie et Philosophie de l'Histoire; Upsal, 1862;
5 parties, formant un volume, in-8°.
Annalen... Annales de l'Observatoire de Vienne; 3e série, XIe volume,
année 1861. Vienne, i86a;in-80.
( 45 1 )
Meteorologische... Observations météorologiques fuites à l'Observatoire
Impérial de Vienne, de 1775 à 1 855, publiées aux frais de l'Etat; par Cari.
V. Littrow et Cari. HOBNSTEIN; 3e volume, 1810-1822. Vienne, 1822;
in-8°.
Atti... Actes de la Fondation scientifique Cagnola depuis son institution jus-
qu'à ce jour; 3e volume, comprenant les années i 860 et 1 861. Milan, 1862:
vol. in-8°.
Ricerche... Rechercbes sur l'anatomie normale et pathologique des capsules
surrénales, et considérations sur l'apoplexie de ces orc/anes et sur la maladie
d'Addison; par RaHaello Mattei. (Extrait du Sperimentale, 1 863.) Br.
in- 8°.
Memorie... Mémoires de l'Institut royal Lombard des Sciences, Lettres et
Arts; vol. IX (3e vol. de la 2e série), fasc. 2. Milan, 1862; in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 16 MARS 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire d'un
de ses Membres, M. Despretz, décédé le i5 mars dans sa 71e année.
MÉTÉOROLOGIE. — Nouvelles recherches sur la température de l'air, tes maxima
et les minima ; par M. Becquerel. (Extrait.)
« Parmi les éléments à consulter dans la classification des climats, on dis-
tingue la latitude et le rayonnement calorifique delà surface terrestre; l'in-
fluence de ce dernier est souvent telle, qu'à latitude égale deux pays ont des
climats bien différents, selon qu'ils sont situés près de la mer ou dans l'in-
térieur des continents. Ainsi, dans le nord-est de l'Irlande, sur les côtes de
Glenarn, latitude 54-56°, situées sous le parallèle de Kœnigsberg en Prusse,
le myrte végète avec la même force qu'en Portugal ; à peine y gèle-t-il en bi ver,
mais aussi la température de l'été n'est pas suffisante pour faire mûrir le
raisin. Sur les côtes du Devonshire, des effets semblables se sont produits :
on y a vu des orangers en espalier, à peine abrités, rapporter des fruits. Rien
de semblable n'a lieu dans l'intérieur des continents où les hivers sont plus
froids et les étés plus chauds. Ces effets sont dus à des différences dans le
rayonnement terrestre.
» Pendant longtemps, on a étudié l'état calorifique d'un pays en cher-
C. R., i863, 1er Semestre. (T. LV1, N° il.) 60
( 454 )
chant la température moyenne de l'air, à une distance plus ou moins rap-
prochée du sol et à la proximité d'un bâtiment, sans avoir égard à l'influence
exercée par l'un et par l'autre, laquelle ne saurait être négligée dans l'étude
des climats.
» En plaçant à 20 ou 3o mètres au-dessus du sol les instruments ther-
mométricpies, on se met bien à l'abri de l'influence terrestre; mais les dé-
terminations de température obtenues ainsi intéressent plutôt la physique
terrestre que la climatologie. Il existe dans chaque lieu deux températures
moyennes, l'une dépendante de la latitude, l'autre de la nature de la sur-
face terrestre. Notre confrère M. Boussingault a eu égard à cette considé-
ration, quand il a cherché dans le nouveau monde l'influence des sols
boisés ou dénudés sur la température moyenne, à latitude égale, à des hau-
teurs où l'on trouve les climats des latitudes moyennes.
» Ce n'est que depuis quelques années que l'on observe avec suite la
température des couches d'air contiguës au sol et celle des couches superfi-
cielles de ce dernier, jusqu'à la profondeur où se trouvent les racines des
végétaux; mais on néglige ordinairement la nature et les propriétés phy-
siques du sol, et des corps qui le recouvrent; il en résulte que l'on ne peut
comparer ensemble les résultats obtenus dans deux localités voisines, ne
réunissant pas sous ce rapport les mêmes conditions. Nous en citerons
quelques exemples : les sols siliceux, calcaires, argileux, ceux composés
d'humus, etc., etc., s'échauffent plus ou moins selon qu'ils sont secs ou
humides; les deux premiers, possédant la plus grande faculté de retenir la
chaleur, en raison d'une moindre conductibilité, conservent en été, même
pendant la nuit, une température élevée, tandis que l'humus, qui n'a pas
le même pouvoir émissif, se refroidit promptement Des thermomètres placés
dans ces différents terrains ne donneraient pas à certaines heures de la
journée les mêmes indications.
» Il faut donc avoir égard aux influences locales, si l'on veut comparer
les températures de deux points peu éloignés; on y parvient au moyen de
coefficients dont j'indique la détermination dans mon Mémoire.
» Les observations thermométriques étant faites à l'Observatoire, au nord,
à 7 mètres au-dessus du sol et à la proximité d'un grand bâtiment, et au
Jardin des Plantes, au nord, à im,33, dans une enceinte entourée de con-
structions à quelques centaines de mètres, il était intéressant de voir quelles
seraient les différences dans les températures moyennes et les températures
maxima et minima de ces deux localités qui sont peu éloignées l'une de
l'autre. En comparant les observations faites en 1861 , 1862 et pendant l'hiver
io
,68
IO
>67
10
,83
[0
,88
( 455 )
météorologique de i86'3 avec le thermomètre ordinaire et les thermo-
mètres à maxima et à mi ni ma, on a obtenu les résultats suivants :
Température moyenne de l'air en i8f>i, à l'Observatoire, „
déduite des observations diurnes
Id. au Jardin des Plantes
Id. à l'Observatoire en i86i et 1862, déduite des
maxima et minima, sans correction
Id. au Jardin des Plantes
On voit que la température moyenne de l'air à l'Observatoire et au Jardin
des Plantes, obtenue avec les températures diurnes ou avec les maxima et
inhuma est la même, puisque dans la première série les températures ne
diffèrent que de o°,oi, dans le deuxième de o°,o5; mais si les moyennes
annuelles sont égales, il n'en est pas de même des moyennes des saisons :
on voit que les températures moyennes de l'air en 1861, à l'Observatoire et
au Jardin des Plantes, obtenues par les deux méthodes, sont égales, puisque
les différences ne portent que sur les centièmes de degré; mais il n'en est
pas de même des moyennes des saisons :
1861.
â l'Observatoire Au Jardin îles Plantes.
Hiver météorologique composé des mois de décembre, „ „
janv. et fev. (moyennes déduites, tempér. diurnes). 3,i6 2,3i
Printemps, Id. Id IO)'27 10>?-7
Été, Id. Id '7>59 18,82
Automne, Id . Id. ..... . 1 1 , 5 \ 1 1 , 06
{8GI et I8CÎ2.
A l'Observatoire. Au Jardin des Plantes.
Hiver (tempér. moyenne déd. des maxima et minima). 3, 12 2»79
Printemps, Id. Id 11, 23 11, 23
Été, Id. Id 17,7g 18, 38
Automne, Id. Id 1 1 ,63 u.,3'2
» Ces résultats montrent que si les températures moyennes annuelles
obtenues avec les maxima et les minima sont égales dans les deux localités,
il n'en est pas de même des températures moyennes des saisons, les étés
étant un peu plus chauds et les hivers un peu plus froids au Jardin des
Plantes qu'à l'Observatoire.
60..
( 456 )
» L'hiver météorologique de :863 a donné un résultat semblable :
o
Température moyenne à l'Observatoire 5,4t)
Température moyenne au Jardin des Plantes. 4>7°
Différence 0,76
» .Mais si pendant 1861 et 1862 les températures moyennes hivernales
d'une part et les températures estivales de l'autre ne sont pas égales et pré-
sentent des différences égales à o°,3 et o0,5c), les différences entre les maxima
et celles entre les minima diurnes s'élèvent quelquefois à 2", 5 et 5°,5o et
même plus.
« Ces effets, qui assimilent la température de l'air au Jardin des Plantes
à t,0,33 au-dessus du sol à celle des climats extrêmes, relativement à la tem-
pérature de l'Observatoire à 7 mètres d'élévation, sont évidemment dus à
des différences dans le rayonnement du sol et des bâtiments voisins; de là
la nécessité de prendre en considération les influences locales dans la déter-
mination des températures devant servir à la classification des climats. »
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur l emploi de la méthode de la variation des arbitraires
dans la théorie des mouvements de rotation ; par M. J.-A. Serret.
«' 1. Poisson a le premier appliqué la méthode de la variation des arbi-
traires à la théorie des mouvements de rotation des corps célestes, et il a
ainsi donné le moyen de ramener à une même analyse les deux grands pro-
blèmes qui constituent l'astronomie mathématique. Mais voulant mettre à
profit les circonstances favorables qui se présentent dans le système du
monde, ce grand géomètre n'a donné que des formules approchées, et il
en résulte que parmi les conséquences tirées de ces formules, il en est
plusieurs qui ne sont pas établies peut-être avec toute la rigueur qu'on doit
désirer.
» La théorie générale des mouvements de rotation présente une circon-
stance particulière que l'on n'observe pas clans les mouvements de transla-
tion, et à laquelle Poisson n'a point eu égard. Lorsque l'on néglige les ac-
tions perturbatrices, l'intégration des équations différentielles introduit six
arbitraires ou éléments du mouvement non troublé, et les éléments relatifs
au premier problème présentent les plus grandes analogies avec ceux qui
se rapportent au second; mais dans le cas du mouvement de rotation il y a
deux moyens mouvements tres-distincts (c'est-à-dire deux quantités multi-
pliées par le temps sous les signes sin et (os), au lieu d'un seul qui figure
dans les formules du mouvement de translation. Os deux moyens mouve-
( 457 )
inents dépendent de deux arbitraires introduites par le principe des forces
vives et par celui des aires; il en résulte que la différentiation relative à l'une
ou à l'autre arbitraire fait sortir le temps des signes sinus et cosinus dans les
équations qui déterminent les éléments du mouvement troublé. Toutefois.
on évite cet inconvénient par les procédés connus et en faisant usage d'une
équation remarquable à laquelle satisfont les dérivées partielles des deux
moyens mouvements. Le rapport de ces moyens mouvements diffère très peu
de l'unité lorsque l'axe instantané de rotation n'exécute que des oscillations
d'une faible amplitude (*), et c'est en raison de cette circonstance qu'ils se
sont confondus dans les formules approcbées sur lesquelles Poisson a fondé
sa théorie du mouvement de rotation de la terre; mais leur distinction est
indispensable si l'on tient à appuyer sur une base solide les grandes théories
de l'astronomie.
» Je me propose ici d'établir les formules rigoureuses qui se rapportent
aux mouvements de rotation; je n'insisterai pas en ce moment sur les
conséquences qu'on peut tirer de ces formules; j'aurai l'occasion d'y
revenir plus tard.
» 2. Soient O le centre de gravité du corps, ou le point fixe autour du-
quel il peut tourner; Ox, Oy, Oz trois axes rectangulaires fixes dans l'es-
pace; Oj„ Or,, Oz,, trois axes rectangulaires coïncidant avec les axes
principaux d'inertie du corps, et formant un système superposable à celui
des axes fixes; A, B, C les moments d'inertie du corps, par rapporta ces
axes, tels que B soit le moment moyen; ]> l'angle que l'intersection du plan
desx.j', tt du plan des xy fait avec l'axe Ox; <p l'angle que cette inter-
section forme avec Ox, ; m l'angle que l'axe des z, fait, avec l'axe des z;
a, b, c ; a, b', c' ; a", h", c" les cosinus des angles que les axes Ox, O v, Oz
forment respectivement avec Ox,,Or,,Oz,, cosinus qui s'expriment en
fonction des angles ty, u, ç> par les formules connues; enfin /;, q, r les vites-
ses angulaires de rotation autour des axes Ox,, Oj,, Oz,.
» La force vive du corps est égale à Ap2+ Bry2+ C/'2, et on peut l'ex-
primer en fonction des angles <]>, w, <p et de leurs différentielles par les for-
mules connues
p = sincssmrjj -4- — cosi — ■> a = cosœsin w
' ' lit ' lit l '
\) C'est pour abréger le discours que je m'exprime ainsi; en réalité, pour obtenir un rap-
port peu différent de i , il faut multiplier l'un des moyens mouvements pjr un certain nombre
qui dépend des rapports des moments d'inertie.
d-h . ttio
dt " dt
dm
il-l
r=tt~
- cosu —
lit
( 458 )
la jonction des forces étant donnée, on forme ensuite immédiatement l'équa-
tion aux dérivées partielles du premier ordre à l'intégration de laquelle se
ramené la solution du problème.
» Si l'on néglige d'abord les forces qui agissent sur le corps, on a les
trois intégrales suivantes
i A/>:4-B'/2+C./- = 'jH. A2/"'- + B37- + C2/' = G2, — (À/>sinç4-B(7COS!p)sinw+Crcosw = F,
dans lesquelles F, G, H désignent trois arbitraires; la première intégrale
est celle des forces vives, les deux autres sont données parle principe des
aires. En vertu de ces équations les variables p, q, r peuvent être regardées
comme des fonctions connues de 9 et m, et d'après les théorèmes de
M. Hamilton et de Jacobi, si l'on pose
(2) • S= — F'} -î- j [Crdz + (B^siny — kpcos(p)dw ],
puisque l'on désigne par y', g, h trois nouvelles arbitraires, les trois inté-
grales finies du problème seront comprises dans la formule unique
(3) &S — JdF -+- g#G •+- (/+ h)âU,
où la caractéristique â se rapporte aux seules arbitraires F, G, H; la valeur
de ç?S est fournie par la formule (2) qui donne
! ',) <?S = - «!»*F + AcoV/o 4- tBJgsiuy - Adpcosyuho],
l'intégrale commençant à partir de valeurs quelconques de <p et o>.
» Enfin , si l'on veut tenir compte des forces perturbatrices que nous avons
négligées et que, dans la fonction V de ces forces, on substitue à $, w, (p leurs
valeurs en fonction des arbitraires et du temps, on pourra conserver les in-
tégrales (3) pour le mouvement troublé, et les six équations qui détermine-
ront alors les arbitraires devenues variables seront comprises dans la formule
V [dFàf-dJÙY) -h (r/G âg - dgdG) + {dHdJi - dhùft) = dt âY,
où e?V désigne la variation totale de V par rapport aux arbitraires.
» 5. Admettons que A désignera le plus petit ou le plus grand moment
d'inertie, suivant que la quantité G2 — 2 BH sera positive ou négative, et
que, les radicaux étant toujours pris positivement, le signe ambigu ± ou rp
sera remplacé par le signe supérieur si A< B < C, et par l'inférieur dans le
ras contraire. (Jacobi fait la convention inverse dans son Mémoire sur la
rotation d'un corps.) Alors les deux premières équations (1) exigent que les
quantités
C, -A, C-B, B-A, G2-2AH, G2— 2BH, 2CH - G2
( #9 )
soient de même signe, et, si l'on introduit la nouvelle variable /, ces équa-
tions pourront être remplacées par les suivantes
(6) /> = /cosx, q = q'sinx, r=±r'A%,
en posant
- 2 AH
AT
i/'iCH-G2 , /■iCH-G- /li-iBH , /G2— ai
/'-y A(C-A)' f/"\/ B(C-D)' '•- VC(C^BV ''-\/c(C-
/ ^ /B^A /aCH - GJ ,, /'„ /C=Â /G'-aBH k
Faisons encore, pour abréger,
r«ï „_, /(C — A)tC — B)
(8) v-y/ — ,
et considérons les trois angles ç»,, u,, <j>, déterminés par les équations
, Au By O
(9) sinw(sincp| = p-> siiw.j, cosy, = — ^> cosw, = — 5
_ _G l'y (Ç — B)cos'x + (C— A)sin'x r/y,
^IO) *' -jr' Jo A(G — B)cos]x + B(C — A)sin2x AZn
si l'on prend w, pour variable indépendante à la place de çp dans la lor-
mule(4), on trouvera facilement que les trois intégrales contenues dans la
formule (3) sont
r , Gcosw, — Fcosw , F cosw,— G cosw , , 1 rx</~/
11 f= — ■•l + arccos — ' ; g = y, — arccos — , 1 t + n = — , I -t-
^G'— Psinw b T' ^G'-F'sinw, "• J, ±Z
Les deux premières équations (1 1) et la troisième équation (1) donnent, en
se servant des formules (9), les valeurs de >|, m, 9 en fonction de <[,, w,, y,.
Si l'on suppose les arbitraires F et G égales entre elles, ce qui revient a
prendre le plan invariable pour le plan fixe des xjr, les équations dont
nous parlons donnent w = &>,, ç = y,, <J> -+-J = ty, — g, et même ^ = i]>, en
fixant convenablement la direction de l'axe des x dans le plan invariable.
En outre si, dans les mêmes équations, on remplace ^,, u,, <p, par zéro, ce
qui revient à faire coïncider le système des axes d'inertie avec le système
des axes fixes qui répondent au plan invariable, on trouvera
. / F
y = — J , ç> = g, w = arc cos — = w ;
d'où il suit que ces constantes — J , g, w' sont précisément les angles ana-
logues à <\i, <jj, (ùj qui déterminent, par rapport aux axes fixes arbitraires, la
position des axes fixes particuliers relatifs au plan invariable.
( 4f>o )
» i. Dans le Mémoire déjà cité, Jacobi a donné des formules très-simples
et tres-élégantes pour exprimer les valeurs at,bnc,; d^b,,e\; a'\ , b\ , c'\ ,
auxquelles se réduisent les neuf cosinus a, b, . . . , lorsqu'on prend le plan
invariable pour le plan fixe des xy, et que l'on attribue aux axes des x et
des y un mouvement de rotation autour de l'axe des z, dont la vitesse a
une certaine valeur constante N, dans le sens où l'angle i[>, décroît. Si l'on fait
la
et
>3)
K= f'—Jf==, K'= / dx , q = e K, Ç'=" *'=ÇV,
,,;.,, - /C(B-A) 7T /"* rf0
/C(B-A) _ _^ /*" i
Va(C-B)' "° 2kJq vj7^^7
(*» + «')'
,0''
— ) = i — 2<>cpS2u + a g* cos/j" — 2q9 cos6« +
TT /2K«\ 4 _ ■ 4 — n ■ o *,"ss • ►
H I J = a yq sinu — 2 \ iy sinow + avî sinaa — .,
les neuf cosinus «,, b,, . . . , sont égaux à des fractions qui ont pour déno-
minateur commun la fonction 0 ( - — ) et dont les numérateurs sont formés
par les fonctions 0, H, dans lesquelles la variable u se trouve seulement
augmentée de la constante imaginaire ±u0\J — i ou n±u0\j — i. On peut
aussi développer les cosinus eux-mêmes en des séries très-simples, qui sont
encore fort convergentes et qui procèdent suivant les cosinus ou les sinus
îles multiples de u ; on trouve tous ces développements en séries dans le
Mémoire de Jacobi {Journal de Crelte, t. XXXIX, p. 297). L'illustre géo-
mètre a donné aussi l'expression de la vitesse N au moyen des fonctions 0;
mais cette vitesse peut être exprimée très-simplement par les intégrales
elliptiques ordinaires de première et de troisième espèce. En posant
,4) n=/'
1 fiy
1 + a'sin'jf \y'
'i51
N / t.' iK C-A2III
n y y} \_ t. A r. J
» Quant aux cosinus a, b, c, ..-., qui se rapportent aux axes fixes arbi-
traires, on obtient immédiatement leurs valeurs en fonction du temps par
( 46. )
la transformation des coordonnées. Nous poserons
(•6) /="-"+'. tr'=*t.< + *)+*.
et
. A. = cosw'siniji'sinU+cosJi'cosU, <A>'= cosw'cos^'sinU— sin-j/cosU, A/'= — sinw'sinU,
(17) • T)b = cosM'siniîi'cosU— cos-VsinU. ifi,'=cosw'cos^'cosU-|-simj/sinU, i)b"= — sinw'cosU.
= sinw'sin-y, ©'= sinw'cos-^', S" = cosw'.
on aura alors
!a = A.«, + tJV/, + £»", «' = AV/,+ UbV, + £V, , a"= A"«, + ubV, + S"«" ,
c = JU, + *,</, +Sf';, <-' = Jl.'c, + Db' c',+ 8'f' , '■" = «W, -f-uW, + £"<" .
On tire aisément des formules précédentes, en convenant que l'angle <\>, se
rapportera ici aux axes mobiles situés dans le plan invariable,
i sinw sin (^ — ij/) = c,cosU — c', sinU,
19) • sin u cos (<j> — ((/'.) = (c, sinU -h c', cosU) cos m' •+- c"( sin w',
cos w = — (c, sinU -t- c\ cosU) sin w' + c" cosw',
et
20)
[c, sin U + c. cosU . |
cos m H „ sinw U
) ■ , ... , TT T / c,siriU+c',cosU' . ,~1
f sinw cos (<p — <j>t-)-i|'. — U) = sinw — (qsinlU-^cosU cosw H 5 sinw -,
d'où l'on peut conclure que si le plan fixe des xj est assez éloigné du plan
invariable pour que l'on ait constamment &>,<&)', les cosinus des angles
ty — <]/, w — «' et o — 9, + ^,— U ne pourront s'annuler. Il suit de là
que, dans cette hypothèse, si l'on pose
(21) n = ~N — vn\ <p' = n(t ■+• h) ■+■ g — -3
les valeurs moyennes des angles }, w, <p seront
<\i = '}', w = 0/, ç- = 9'.
Par conséquent, si le plan fixe des xj est suffisamment éloigné du plan
invariable, la ligne des nœuds du plan x, y, sur le plan fixe ne pourra exé-
cuter que des oscillations périodiques autour d'une ligne fixe, tandis que
sur le plan invariable, ou sur un plan voisin de celui-ci, la ligne des nœuds
C. R., (863, i« Semestre. (T. LV1, N° II.) 6l
( 46a )
a un mouvement moyen progressif. Aussi les développements de ty, u, a
en séries, dont Poisson a fait usage dans son Mémoire, développements que
l'on tire facilement des formules (19) et (20), ne sont-ils admissibles que si
la constante »' a une valeur suffisamment grande.
» 5. Ces préliminaires indispensables étant établis, j'arrive à l'objet que
j'ai surtout en vue dans ce travail. Nous avons posé n' = ÇV, et nous ferons
de même
(aa) tt = Çr';
on aura donc
1 2K Ç / p TaK C-A an]
v;
or, en différenciant le produit 1/ 1 -+- — Il par rapport à k, on trouve faci-
lement
■Ve?-
«M
V^ï
ËS*H'
et
ç C /■' . C *
_ z= _____ . _ _i
enfin, en faisant usage des relations
G = Cry^|, .H-Cr* (_+££)■,
on donne à l'équation précédente la forme très-simple
di "5
et cette formule (a4) exprime précisément la condition nécessaire pour le
succès de l'opération que nous avons à exécuter.
» 6. Revenons maintenant à l'équation (5) et désignons par (c? V) la valeur
à laquelle se réduit â\ quand on regarde n et «' comme des constantes
IdG-hdGâK),
( 463 )
indépendantes des six éléments du mouvement. On aura
v ' dn dn
,att\ ,, 7\Trfv.» (dy d\\Sn'l
on, en faisant usage de la formule (5),
(a5) dtâV = dt(âV) ■+- (t -4- h) ïdGdn-h {dE - ndG)~l-
» Mais les quantités n, n' sont fonctions de G, H et inversement; si l'on
introduit dn et dn' au lieu de dG, dH, et dG, e?H au lieu de an, dn', on
trouve facilement que le coefficient de t -+- h dans la formule (a5) se
réduit à
et la dernière partie disparaît en vertu de l'équation (a4); si donc on pose
(26) l = n'(t-hh),
on aura, en se servant des équations (21) et (26),
( 27 ) dtâY = dt(&V) + U9'- ^dl- dg) dG + ^dl-dt- dh\dE.
» Les équations comprises dans la formule (3) sont alors
(28)
les dérivées partielles — > — - devant être prises, nous le répétons, en
regardant l et <p' comme indépendantes de G et H. Si l'on veut mettre en
évidence les parties de dl et de dy' dues aux forces perturbatrices, on
posera, comme dans la théorie des planètes,
\ <lS , d®' 7 Dl lu,
et, au lieu des deux dernières équations, on aura
dF _ dV
~dt ' ~ ~df'
dG dX
~d7 ~ rff'
dH. dV ,dV
17 —n~T' +" T77'
dt dnj dl
df _ dV
dt ~ dt''
dl
— = n' —
dt
,dV
d<f' dV dV
— —n — n — — jç
,o n dT ,d\ dt d\ dV
(30) ^=-"^H' dt=-ndR-dG-
6l. c
( 4«4 )
» 7. Substituons enfin à F, G, H, f les quatre autres arbitraires ;', k, u',
<Y qui sont liées aux premières par les équations
* \/,+S
C — A
dG —
C(C— A)r'
du
(3.)
kdk
c(c-k)Y~^~dl{
HëV
k' -I
du>' =
O'sin
V-
= (coso/*/G — dF), dty = — df;
on trouvera
dr' dV dV
] dk d\ dV
dx _ rfV
75 = ~ ^7#'
lit
=
—
a
dV
do>'
75
=
dl
dl/
+ g
dV
diï
do'
dV
dV
= H — S — ; + <? — i
rff </» dk
en remarquant que V ne contient r' que flans n et «', et en posant, pour
abréger,
117 1
AÇ
(33;
3)1 =
sa, =
* =
C C — A
A<;'
A«!
■2 — C(C — A)\
Ktë-
C(C — A)
.'d =
i-t-
Âdv,+?-(,+?)c
^s.n./y/. + i;
2C/
i C — A yf '
,3 = ^ cos w
2 A -j}
» Enfin les deux moyens mouvements n et vn' sont tels que n' = Ç'r',
n = -, Ç'r'; on a donc
— — r — - ' — — — — f — ' r ■' ( * ^ — >• rf £ )—
~dl ~^ ~Tt ^ v dk dt1 Tt~~^~dt+^' \~dT~ -7m/ 75'
et, par les formules précédentes, on trouve
(34)
rf« </V d\ dn' d\ ,dV
t = ST7+1',t- -77 = 5' -r-, -h ©' -y- 7
rff r/v c/t <7f r/c/ rfT
( 465 )
en posant, pour abréger,
F = Çsk - r'Z9, © = - Ç x -+- r'Z^,
*=?■*,-* g* , 0' = ^5'* + r',(tt
;35)
» 8. Si l'on néglige A% les formules (33) donnent simplement
si l'on néglige A2, les formules (35) donnent
et on a, par la première formule (34),
dn _ i /,/V <£V
777 c l^TTë + dT
en6n si l'on confond les deux moyens mouvements ri et n, on pourra écrire
du _ 1 d\
~dt ~ C 7/9 '
ce qui est précisément la formule approchée que Poisson a obtenue. »
économie rukale. — Note sur l'acclimatation du Séquoia giganlea;
par M. de Vibrave.
« 11 y a quelques semaines, lorsque je n'avais pas encore l'honneur d'ap-
partenir à l'Académie des Sciences, je faisais part à la Société impériale et
centrale d'Agriculture de France de la première fructification féconde de
Y Abies Pinsapo (Boissier), et je crus devoir solliciter des lettres de natura-
lisation pour cet arbre assez récemment introduit chez nous, et, chose
étrange, si longtemps ignoré comme espèce dans son pays natal. Une fruc-
tification féconde est à mon sens le critérium de la véritable naturalisation,
d'un milieu retrouvé, d'un nouvel habitat, satisfaisant à toutes les conditions
d'une espèce introduite.
» Aujourd'hui , lorsque j'ai l'honneur de présenter à l'Académie des
Sciences les premiers cônes du Séquoia aigantea (Endlicher), IVellinqtonia de
I indley, ce colosse de la Californie, cet habitant des parties élevées rie la
( 466 )
Sierra-Nevada, près des sources du San- Antonio, par 38° de latitude boréale,
à i5oo mètres environ d'altitude, je n'ai pu malheureusement satisfaire
encore à toutes ces conditions, mais c'est, à mon sens, une question de
temps.
» Ces premiers cônes du Séquoia gigantea n'ont point été fécondés, mais
ont atteint probablement leur maximum de développement, ce qui m'a dé-
terminé pour la récolte. Sans cloute , les cônes peuvent atteindre om,07 de
longueur sur un diamètre de om,oZj, mais à la condition peut-être d'une
fécondation, ou lorsque le sujet comptera plus d'années d'existence. Le
jeune arbre sur lequel s'est opérée la récolte a produit 3o, cônes : 3o ont été
recueillis, les 9 plus beaux sont demeurés sur l'arbre, afin de conserver la
possibilité d'étudier ultérieurement les phases de leur problématique déve-
loppement ultérieur.
» Les fleurs femelles sont apparues sur le sujet en plus grand nombre
que les chatons mâles, contrairement à ce qu'on observe habituellement
chez les essences résineuses monoïques. Au dernier printemps je n'ai pu
constater sur le sujet précité que 3 chatons mâles, dont un seul a pris un
développement normal ; il était placé à om,4o au moins au-dessous des trois
cônes les plus inférieurs, et à im, 5o environ des 36 antres. Il est donc
permis de supposer que cet unique chaton mâle n'a pu servir à féconder les
39 fleurs femelles qui le dominaient.
» Sans doute j'aurais pu tenter pour cette conifère, ainsi que je l'avais
antérieurement pratiqué pour la Tsuga Douglasi et autres une fécondation
artificielle qui m'avait permis de propager utilement et prématurément des
espèces récemment introduites; mais le Séquoia me semble aujourd'hui suf-
fisamment multiplié dans nos cultures pour ne point nécessiter la répétition
d'une opération minutieuse en toutes circonstances, mais ici très-problé-
matique en raison du nombre trop restreint de grains de pollen laissés à ma
dipnsition et péniblement recueillis sur un unique chaton mâle.
» On accusera sans doute, comme tant d'autres, le Séquoia gigantea de
fructifier trop prématurément; neuf années après l'introduction de ses pre-
mières graines envoyées en Angleterre par M. Lobb (1 854), lorsque, l'an-
née suivante, la France en recevait de notre consul en Californie, M. Bour-
sier de La Rivière. Qu'est-ce à dire si les arbres ne sont pas ralentis dans
leur développement ? C'est une accusation que j'ai vu déjà porter contre un
certain nombre d'arbres à haute tige récemment introduits, sur lesquels on
n'avait pas recueilli des données suffisantes; mais ici nous sommes en pré-
sence du témoignage irrécusable des voyageurs et des éloquents et prodi-
( 467 )
gieux spécimens de Séquoia offerts à notre admiration : cette maturité pré-
coce ne peut en aucune manière invalider ou même atténuer les observa-
tions faites à l'endroit de cette plante gigantesque. Nous avons des exemples
de cette précocité de fructification chez un certain nombre d'arbres exo-
tiques. Je pourrais citer encore au besoin, dans mes cultures, le Tsuga Dou-
glasi, qui fructifiait après neuf années d'introduction, et qui, depuis cette
époque (environ dix années), n'a cessé de croître avec une rapidité con-
stante, et de se multiplier au moyen des nombreux sujets provenus de ses
graines.
» Nous sommes dispensés d'aller réclamer au loin d'autres exemples,
alors qu'un arbre indigène atteint dans les Alpes une hauteur de plus de
cinquante mètres sur une circonférence de sept à huit mètres, le Picea
excelsa (Link). L'Epicéa de nos jardins paysagers porte souvent ses pre-
miers cônes à l'âge de huit ou dix ans.
» J'ai l'honneur de mettre sous les yeux des Membres de l'Académie des
Sciences un certain nombre de graines du Séquoia giganlea : aucun ovule
ne me semble présenter les apparences de la fécondation. Je crois devoir y
joindre plusieurs écailles portant leurs graines; ces dernières sont attachées
un peu au-dessus de la moitié supérieure de l'écaillé; elles sont au nombre
de trois pour les écailles supérieures, au nombre de six pour les écailles
médianes, et au nombre de cinq pour les écailles inférieures.
» J'ai cru devoir entrer dans ces quelques détails relatils à l'organisme,
parce qu'il m'a semblé qu'Endlicher a donné, dans le Synopsis conifera-
nun, les caractères du genre, et n'a pu sans doute se procurer à cette époque
le fruit des deux espèces de Séquoia pour en étudier comparativement les
caractères spécifiques.
» J^es ramilles fructifères, légèrement épaissies, sont entièrement re-
couvertes de feuilles squammifères , très - rapprochées , imbriquées; les
cônes se montrent, il est vrai, solitaires au sommet des ramilles fructifères,
mais sont groupés ou verticillés autour des rameaux et de la tige prin-
cipale. »
chimie MINÉRALE. — Production du pet oxyde de Jer magnétique ; Remarques-
de M. Malaguti à l'occasion d'une Note récente de M. Rohbins.
« Si j'ai bien compris les quelques paroles de M. Robbins, insérées dans
le Compte rendu de la séance de l'Académie du i mars, il paraîtrait que ce
chimiste revendique la découverte du peroxyde de fer attirahle à l'aimant;.
obtenu par la suroxydation de l'oxyde ferroso-ferrique.
( 468 )
« Je n'ai pas à me prononcer sur la légimité de cette réclamation; je me
permettrai seulement de faire remarquer que je ne me suis jamais approprié
l'honneur de cette découverte.
» Ma communication du a5 août 1862 à l'Académie avait pour but de
démontrer qu'il existe des hydrates amorphes de peroxyde de fer et des
sels de fer qui, tout en n'étant pas magnétiques par eux-mêmes, le devien-
nent à la suite d'une légère calcination. A cette occasion, j'ai indiqué trois
procédés pour constater le fait :
» i° La calcination légère, mais soutenue, des sels organiques à hase de
protoxyde de Jcr ,■
» 20 La calcination de la rouille, préalablement épurée de tout ce
qu'elle peut contenir de magnétique ;
» 3° La calcination de Y hydrate de protoxyde de fer suroxydé spontané-
ment, à l'air.
» Dans cette même communication, ainsi que dans celle du io novembre
dernier, j'ai nommé, il est vrai, le peroxyde de fer attirable à l'aimant et
provenant de la suroxydation de l'oxvde ferroso-ferrique, mais d'une ma-
nière incidente, puisque j'avais déjà reconnu que M. Pelouze avait observé
que le fer suroxydé à l'air, sous l'influence de la chaleur, a la propriété d'être
attiré par l'aimant. Or, je crois que tous les chimistes admettront comme
extrêmement probable que, dans ces conditions, le fer ne peut se suroxyd^r
sans passer, au moins en partie, par l'état intermédiaire d'oxyde ferroso-
ferrique.
» Quoiqu'il en soit, M. Robbins a le droit de m'accuser d'avoir ignore
ses travaux, mais non pas de m'étre approprié la découverte pour laquelle
il réclame. »
STATISTIQUE. — Sur la mortalité dans les hôpitaux de l'île de Cuba ,
Note de M. Ramox de la Sagra.
« Voici quelques-unes des conclusions les plus saillantes d'un travail que
je viens de terminer sur la mortalité, en général, dans les hôpitaux civds et
militaires de l'île de Cuba, et celle par la fièvre jaune en particulier, pen-
dant une période de cinq années, 1 855 à 1859.
» Le nombre total d'entrées dans les hôpitaux monte à 748320, dont
189992 dans les hôpitaux militaires: le nombre total de décès, 54272
dont 9222 dans ces mêmes hôpitaux.
» Le total de malades, par la fièvre jaune, a été de 53673, et celui des
(46g)
morts de i3 75o. Les chiffres respectifs pour les militaires ont été de 16486
et 44°9 pendant ladite période.
» Les rapports des décès aux malades, en général, entrés dans les hôpi-
taux militaires, n'a pas dépassé 6,7 pour 100; dans les hôpitaux civils
10 pour 100.
» Les rapports, pour la fièvre jaune seulement, ont été au maximum
de 32,4 pour ioo chez les premiers, et de 28,8 pour 100 chez les seconds.
» Les rapports, pour les maladies ordinaires, en dehors de la fièvre
jaune, n'ont pas dépassé 3,2 pour 100 dans les hôpitaux militaires et
8 pour 100 dans les hôpitaux civils.
» Voici, maintenant, les moyennes des cinq années :
» Hôpitaux militaires. — Toutes maladies, moins la fièvre jaune, 2,7
pour 100; fièvre jaune, 26,7 pour 100.
■» Hôpitaux civils. — Maladies ordinaires, 6,8 pour 100; fièvre jaune,
25,i pour 100.
» Généralement parlant, les mortalités par toute espèce de maladies ainsi
que par la fièvre jaune sont plus nombreuses pendant les mois chauds de
l'année que dans les mois tempérés; mais les rapports entre les décès et les
malades n'offrent pas la même loi. Pour les maladies ordinaires, parmi
l'armée et la marine, ce sont les mois d'août, septembre, octobre et
novembre, qui donnent les rapports plus élevés entre 4,1 et 3,i pour 100;
mais pour la fièvre jaune, les maxima de mortalité relative, 44> 36. 35
pour 100, se trouvent, au contraire, dans les mois les moins chauds de
l'année, savoir : décembre, novembre, janvier. La même chose a été obser-
vée dans les hôpitaux civils, quant à la fièvre jaune. Les maladies ordinaires
n'offrent pas une série progressive dans les rapports des décès aux malades.
» En comparant les observations que j'avais recueillies il y a trente-cinq
ans, à la Havane, avec les précédentes, j'ai pu constater deux faits curieux
qui demandent à être examinés, savoir : i° que si les maxima de la
mortalité, par la fièvre jaune, avaient lieu, comme aujourd'hui, dans les
mois chauds de l'année, ces mois étaient mai, juin et juillet, c'est-à-dire
avant la période des maxima actuels qui est juillet, août et septembre;
20 que la distribution de ladite mortalité, par la fièvre jaune, était plus
régulière alors que maintenant, car ici les maxima ni les minima n'étaient
aussi considérables. La maladie, donc, semble avoir gagné en intensité et
s'être déplacée quant aux mois des plus forts ravages.
» Quant aux pertes annuelles de l'armée de terre, dont la force numé-
C. R , i863, Ier Semestre. (T. LVI, N° 11.) 62
( 47°)
rique moyenne était de i8 23o hommes, elles n'ont pas dépassé le 7,2
pour 100 en moyenne. L'année 1 858, la mortalité a atteint 10,7 pour 100.
» Quoique la fièvre jaune fasse de grands ravages dans l'île de Cuba,
puisqu'elle donne /174 décès sur iooo, dans les hôpitaux militaires,
d'autres maladies sont plus fréquentes dans le cours de l'année. Dans chaque
iooo, 26 seulement sont de la fièvre jaune, 328 de fièvres diverses, 89 de
syphilis, etc. Les chiffres des rapports des décès aux malades donnent, pour
les six années, de 1 854 à 1 85g, 26,2 pour 100 pour la fièvre jaune, 4>,8
pour 100 pour la phthisie pulmonaire, 1 1,4 pour la petite vérole, etc. »
M. Ranon de la Sagra fait hommage à l'Académie de quelques articles
qu'il a publiés dans le » Journal des fabricants de sucre » sur l'histoire de
l'application des bisulfites à la clarification du vesou de canne à sucre dans
l'île de Cuba.
M. Carus, Correspondant de l'Académie pour la Section d'Atanomie et
de Zoologie, récemment élu Président de l'Académie impériale Léopoldo-
Caroline, en remplacement de feu M. Kieser d'iéna, adresse en cette qua-
lité le premier numéro d'une nouvelle série des Communications officielles de
cette Académie, et annonce qu'il adressera régulièrement les numéros sui-
vants, de même que les nouveaux volumes des Mémoires que publie cette
savante compagnie.
MÉMOIRES LUS.
chimie appliquée. — Sur de nouveaux procédés de yravure et de reproduction
des anciennes gravures; Mémoire de M. E. Vial. (Extrait par l'auteur. ) •
(Commissaires, MM. Becquerel, Dumas, Regnault. )
« Mon Mémoire se divise en trois parties.
» La première repose : i° sur les précipitations métalliques; 20 sur l'affi-
nité des acides pour les différents métaux. Elle consiste à faire sur papier
un dessin qu'on décalque ensuite sur métal par application humide, ou
mieux encore à dessiner directement sur le métal avec une encre métallique
formée, par exemple, d'un sel de cuivre en dissolution pour l'acier et
pour le zinc, d'un sel de mercure pour le cuivre, d'un sel d'or pour l'ar-
gent, etc., etc., à graver ensuite par un acide approprié.
» C'est ainsi qu'un dessin fait avec une encre de sulfate de cuivre et
décalqué sur acier peut donner instantanément une gravure en taille-
douce sans morsure ultérieure à l'acide.
( 47> )
» C'est encore ainsi qu'un dessin fait sur zinc avec une encre formée
d'un sel de cuivre permet une morsure en relief à l'acide; le cuivre jouant
dans ce cas sur zinc le rôle d'un vernis protecteur, par suite des affinités
que l'acide azotique possède pour le zinc, relativement au cuivre.
» La deuxième parlie comprend la reproduction des anciennes gravures,
sans altération de l'original, et elle s'applique aux gravures qui n'ont pas
été recouvertes d'un enduit spécial pour les besoins publics ; elle ren-
ferme deux procédés.
» A. Le premier repose : i° sur l'antipafiiie de l'eau pour les corps gras ;
2° et comme le précédent, sur les précipitations métalliques et l'affinité des
acides pour les métaux.
» En effet, une gravure est imprégnée par son verso d'une dissolution
cuprique et le liquide aqueux ne pénètre qu'autour des traits formés
d'encre grasse. Tout autre sel métallique approprié, sel de plomb, de bis-
muth, d'argent, etc., produirait le même effet. L'épreuve est alors retour-
née par son recto sur une planche de zinc, par exemple, et soumise à une
pression uniforme. Le sel est aussitôt décomposé, réduit et précipité sur la
planche qu'il recouvre en entier, sauf à l'endroit des traits, de manière à
donner une image négative en relief, représentant avec la plus grande exac-
titude le dessin qui a servi à la produire. Il suffit de quelques secondes
pour obtenir cet effet. La photographie n'opère pas avec plus de prompti-
tude ni plus de fidélité. On peut déjà en tirer des épreuves négatives.
» Pour avoir une gravure en taille-douce, il suffit de plonger la planche
dans un bain d'acide azotique qui creuse le zinc et respecte le cuivre.
» B. Le deuxième procédé repose : i° sur les transports; i° comme les
précédents, sur les précipitations métalliques et l'affinité des acides; 3° enfin
sur les phénomènes de l'électro-chimie.
» On fait sur acier un transport, on décalque d'une ancienne gravure
au moyen d'un savon de térébenthine ou de pétrole appliqué sur l'épreuve,
et on plonge la planche dans un bain acide de sulfate de cuivre qui se pré-
cipite sur l'acier avec son brillant métallique, tout en respectant les traits,
de telle sorte que le cuivre sert alors de vernis, tandis que l'acier, ayant pour
1 acide plus d'affinité que le cuivre, est mordu sous le dessin avec autant
d'instantanéité que le dépôt a eu lieu. Le problème se résume alors en ces
deux mots : couvrir et mordre en même temps.
« Enfin, la troisième partie n'est que l'extension du dernier procédé, qui
constitue un nouveau genre de gravure. Elle consiste à faire sur acier un
transport autographique, lithographique ou autre, non plus avec un savon
6a..
(472 )
de térébenthine, mais à l'encre grasse, à faire un dessin héliographique au
bitume de Judée, ou photographique au perchlorure de fer, à dessiner sur
acier à l'encre de Chine, au crayon noir, à la mine de plomb, à peindre à
l'huile ou au pastel, à dessiner au perchlorure de fer ou à l'acide, en un mot
avec tout corps susceptible de résister au dépôt du cuivre sans s'opposer a
l'attaque de l'acide, ou avec tout corps susceptible de dépolir l'acier par
parties qui se graveront ensuite lorsqu'on mettra la planche dans un bain
acide de snlfate de cuivre. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Recherches expérimentales sur la distinction de la
sensibilité el de C excitabilité dans les différentes parties du système nerveux
d'un insecte, le Dytiscns marginalis ; par M. E. Faivre. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Milne Edwards, Bernard, de Quatrefages.)
« En poursuivant des recherches entreprises depuis huit années sur les
fonctions du système nerveux d'un insecte, le Dytiscus marginalis, nous
avons été conduit à examiner, au point de vue expérimental, la question
restée indécise de la sensibilité et de l'excitabilité dans le système nerveux
des Invertébrés. Voici quelques-uns des résultats de nos recherches :
» Nous agissons légèrement sur la face supérieure^du ganglion prothora-
cique, et nous constatons qu'elle n'est pas sensible, mais excitable.
» Si, au lieu de piquer superficiellement cette face supérieure, on la
lèse plus profondément en introduisant une aiguille sous le périnèvre, dans
le sens antéro-postérieur et parallèlement à la face du ganglion, on déter-
mine une paralysie persistante du mouvement avec conservation de la sen-
sibilité.
» En agissant sur la face inférieure du ganglion, on constate d'abord
qu'elle est sensible, et cette sensibilité se traduit par des mouvements géné-
raux. On reconnaît également que, par une lésion de cette face, il est pos-
sible de déterminer une paralysie de la sensibilité avec conservation du
mouvement. Pour obtenir ce résultat, deux conditions sont indispensables :
pratiquer l'opération dans la région voisine de l'origine du nerf sur lequel
on veut agir; opérer très-superficiellement par pression réitérée, et non par
pénétration dans la substance nerveuse. La pénétration, même très-peu
profonde, détermine presque immédiatement une double paralysie de la
sensibilité et du mouvement. La difficulté d'éviter cette double paralysie est
très-grande et démontre que la région de la face inférieure affectée à la
( 4?3 )
sensibilité est restreinte, superficielle et intimement unie aux éléments mo-
teurs de la substance nerveuse sous-jacente.
» Les paralysies isolées de la sensibilité sont moins persistantes que les
paralysies du mouvement.
» Les expériences pratiquées sur le ganglion prothoracique nous ont dé-
montré que la paralysie complète du mouvement et de la sensibilité des deux
pattes n'entraîne pas l'abolition des propriétés conductrices du centre
nerveux; en effet, si, après avoir produit cette double paralysie, on pince
les antennes de l'insecte, il agitera ses pattes postérieures, et si l'on pince
les pattes postérieures, il agitera ses antennes.
» En nous plaçant dans les conditions précédemment déterminées, nous
avons également réussi à produire sur le ganglion mésothoracique des para-
lysies partielles du mouvement et de la sensibilité.
» Les remarquables expériences de M. Flourens ont fait connaître la
distribution de la sensibilité et de l'excitabilité dans les diverses parties du
système nerveux des animaux vertébrés. Guidé par la méthode instituée et
les résultats obtenus par M. Flourens, nous avons essayé de déterminer,
de démêler les mêmes propriétés dans les différentes régions de la chaîne
ganglionnaire de l'insecte.
» Nous agissons sur le ganglion sus-œsophagien ou cerveau, et nous
constatons que sa sensibilité est presque nulle, quelle que soit la face que
l'on irrite; c'est un trait frappant de ressemblance avec le cerveau propre-
ment dit chez les animaux supérieurs.
» Nous agissons sur les renflements nerveux, ou connectifs pédoncu-
laires, situés à la face inférieure et latérale du cerveau; l'insecte manifeste
des signes d'une vive douleur.
» Si nous opérons à la face inférieure du ganglion sous-œsophagien,
nous produisons dans les membres et dans les pièces de la tète une agita-
tion convulsive permanente, violente, qui dénote une excessive sensibilité ;
aucun autre ganglion ne donne lieu à des troubles généraux aussi marqués.
La face supérieure du centre nerveux sous-œsophagien est beaucoup moins
sensible, mais elle est excitable.
» Les ganglions méso et métathoraciques sont sensibles à la face infé-
rieure, excitables à la face supérieure.
» Les deux centres nerveux qui se rattachent au nerf stomato-gastrique,
savoir: le frontal et le ganglion gastrique, ne présentent pas de sensibilité
manifeste, quelle que soit la face irritée.
( 474 )
>• Les connectifs sont sensibles, mais ils le sont peu; en effet, l'excitation
doit être vive pour produire des mouvements d'ensemble.
» Sur un insecte nous coupons le cordon du connectif droit, en laissant
ie gauche intact, et nous irritons tour à tour les deux bouts du connectif
coupé ; le pincement de l'extrémité supérieure ou céphalique détermine
aussitôt de violents mouvements généraux ; l'impression transmise au centre
nerveux céphalique a donc été réfléchie et transmise par le connectif intact
aux membres placés en arrière de la section; le pincement de l'extrémité
périphérique détermine des mouvements dans les pattes du côté corres-
pondant.
» Les connectifs sont donc à la fois sensibles et excitables ; ils conduisent
les impressions de la périphérie au centre, et du centre à la périphérie.
» En répétant sur les nerfs des pattes thoraciques des expériences ana-
logues, nous avons également constaté qu'ils sont à la fois sensibles et exci-
tables; sensibles par leur extrémité centrale, excitables par leur extrémité
périphérique; ils sont mixtes dès leur origine, et sans racines distinctes à
l'extérieur du ganglion.
» Des expériences que nous venons de rapporter, nous tirons les consé-
quences suivantes :
» i° La sensibilité et l'excitabilité sont distinctes dans les centres ner-
veux des Dytisques, comme elles sont distinctes dans la moelle épiniere des
animaux supérieurs; on peut les isoler en produisant, soit une paralysie du
mouvement, soit une paralysie de la sensibilité.
» 20 Pour produire l'abolition de la sensibilité, il faut agir superficielle-
ment à la face inférieure du ganglion : cette face est sensible. Pour produire
l'abolition du mouvement, on peut agir profondément à la face supérieure:
cette face est seulement excitable.
» 3° On peut déterminer une double paralysie sans abolir la propriété
conductrice du ganglion.
» 4° Le ganglion sus-œsophagien est très-peu sensible ; la sensibilité
est bien marquée à sa face inférieure, au niveau de l'origine des connectifs
pédonculaires. Elle est excessivement vive à la face inférieure du centre
nerveux sous-oesophagien.
» 5° Les ganglions du système nerveux stomato-gastrique sont insen-
sibles, mais excitables.
» 6° Les connectifs sont à la fois sensibles et excitables.
» 7° Les nerfs des pattes, mixtes dès leur origine ganglionnaire, et sans
racines apparentes, distinctes, jouissent des mêmes propriétés.
(475 )
» Pendant longtemps la signification du système nerveux des animaux
invertébrés a été l'objet de vives controverses. Nos expériences peuvent
contribuer à jeter quelque jour sur ce sujet encore obscur; elles indiquent,
au point de vue des propriétés, de profondes analogies entre la chaîne gan-
glionnaire des Invertébrés et la moelle des animaux supérieurs; elles véri-
fient et confirment les inductions basées sur l'anatomie et l'histologie.
a La distinction établie par Ch. Bell, entre la sensibilité et l'excitabihti' .
apparaît comme un des traits les plus généraux, les plus constants du plan
physiologique d'après lequel le système nerveux semble constitué.
» Ces incontestables analogies montrent combien il est logique d'étudier
d'abord les êtres les plus simples, si l'on veut mieux comprendre l'organi-
sation des êtres plus parfaits. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE. — Mémoire sur la distribution des élasticités autour de chaqut
/joint d'un solide ou d'un milieu de contexlure quelconque, particulièrement
lorsqu'il est amorphe sans être isotrope; par M. de Saint- Venant. (Extrait
par l'auteur. )
(Commissaires, MM. Pouillet, Combes, Clapeyron.)
« L'élasticité d'un corps dépend, en chaque point, d'un certain nombre de
coefficients qu'un raisonnement péremptoire de G. Green a réduit de 36
21 inégaux (*). Un autre raisonnement très-simple, fondé sur une loi d'ac-
tions moléculaires qu'on invoque toujours, au moins tacitement, fournit
entre eux six égalités complémentaires réduisant ainsi leur nombre à i5;
mais ce qu'on va dire sera à peu prés indépendant de ce point encore con-
testé.
» Les 2i coefficients changent de grandeur avec les directions des axes
x, j, z sur lesquels on prend les trois projections u, v, w du déplacement
de chaque point, ou suivant lesquels on compte les six petites déforniations
élémentaires, qui sont les trois dilatations 3X, ^., >>, de l'unité de longueur,
et les trois glissements gyz, gzx, g^, l'un devant l'autre, pour l'unité de leui
distance, des côtés opposés des trois faces adjacentes yz, zx, xj d!uh
élément parallélipipède. Si l'on appelle, en général, pns la composante, sui-
vant une direction quelconque s, de la pression sur l'unité superficielle d'une
(*) Comptes rendus, 16 décembre 1861, t. LUI, p. 1107.
( 4;6 )
petite face intérieure dont n représente en direction la normale; p° la va-
leur qu'elle pouvait avoir antérieurement aux déformations, et // s ce qu'elle
serait par l'effet des seules déformations, ou s'il n'y avait eu, dans le corps,
aucune pression antérieure p°, tout le monde admet qu'on a, en désignant
par a x , etc., divers coefficients, l'expression linéaire
( ' ) Pm = an,« *x + anw Ôj, + ans:s it + an,„ g^ + an„x g„ + allizr gXJ .
» Et, quant aux parties des six composantes pxx, pyx, ..., provenant des
pressions antérieures p°, on démontre, non-seulement comme a fait C-au-
chv, mais encore sans invoquer comme lui la loi contestée des actions
moléculaires, en composant le potentiel des forces élastiques, etc., que
lorsque non-seulement ^x, ..., gxr, mais même u, v, w sont très-petits,
l'on a
(2)
„ / du dv dw\ o du „ du ,
0 / dit \ 0 dw „ du a do o dw ,
*• =ry y-dT*} +^ dj +p;- il +p~d-x +p°rdï +/V p-<=- • • '**=
i. En cherchant l'expression des valeurs ax,x,xx-, a^^y,, etc., que pren-
nent les 21 coefficients quand on change les axes x, y, z en d'autres
.r', y', s', en fonction des coefficients relatifs aux axes anciens, nous avons
trouvé la formule symbolique suivante, plus générale en ce qu'elle s'ap-
plique même aux coefficients de l'expression, telle que (î), d'une compo-
sante oblique pnS en fonction de ^x,..., gxr>
(3)
a
nny
—
an
ai,axay>
si,
en
général,
a.
—
a*
cos(/, X j
ar cos (/, y) -+- as cos (i, z),
x, y étant deux directions prises parmi celles des axes nouveaux x',y', z',
et ax, ar, a, étant de purs symboles (comme ceux qui sont appelés, par
M. Sylvester, umbrœ, ou skadows of quantifies), dont les produits quadruples
donnent les coefficients axxxx, etc., quand on met leurs sous-lettres à la
suite les unes des autres dans le même ordre.
« Il en résulte, par exemple,
( *?*>*>*>= |[à*cos(*, x') H- arcos(j, x') -h a, cos(z, x')2];2
W / = axxxxcos*(.r,x') + etc.,
( 477 )
d'où une équation du quatrième degré connue pour la surface dont les
rayons vecteurs sont les inverses des racines quatrièmes des élasticités
directes 3ix,x,x,x, dans leurs directions x' . Si jz, zx, xy sont trois plans de
symétrie de contexture, elle se réduit à
. ( I = *XXXX * A "+- arW j" + ih^ Z" +2(2 C\,yl + *yyZZ )f Z2
\ -+- ^(îa^+a^jz2^ -+- 2{iiixy„. + aUijy)x2j2.
» Il y a généralement treize maxima ou minima de ax,x,x,x,, mais ils se ré-
duisent à trois si certaines conditions d'inégalité sont remplies.
» Et si l'on a les relations
1 a ayzyz -+• 'Ayyzz — v ar.w a*sz- »
( 6 ) a a zxzx -+- a zzxx — \'azzzzaxxxx ,
I 2 axyxy + aXXyy — y axxxx ayyyy ,
la surface se réduit à un ellipsoïde.
» Ce cas est remarquable non-seulement parce que les équations en
u, v, w s'intègrent alors par les potentiels analytiques aussi facilement que
quand il y a isoti opie, mais encore parce que ce genre de contexture élas-
tique doit être ou exactement ou très-approximativement, comme un calcul
le prouve, celui des corps ou des milieux dont l'isotropie primitive a été
altérée par des rapprochements ou écartements moléculaires opérés inéga-
lement en divers sens.
» Les modules d'élasticité E de Young et de Navier se distribuent ellip-
soïdement dans les mêmes cas que les ax,x,x,x,.
» Mais la formule (3) conduit à d'autres conséquences. On sait que
Green, voulant concilier l'analyse des vibrations moléculaires de l'éther avec
la théorie de Fresnel, a posé, entre les ai coefficients d'élasticité, 14 con-
ditions ou relations pour que les vibrations de deux des trois ondes planes
qui se propagent à l'intérieur des corps biréfringents soient exactement
parallèles à leurs plans, conditions que l'on reconnaît être les mêmes, au
moyen des formules (2), quand il y avait des pressions antérieures/?^, etc.
Or, en exprimant alors les divers coefficients axx,x,x,, ax>xyy, etc., pour de
nouveaux axes quelconques, on reconnaît entre eux diverses relations qui
appartiennent aux corps isotropes, et même que a^^^y ou a^y.^ est tou-
jours nul, et ax,x,x,x, égal en tous sens; de sorte qu'une égale dilatation V
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° il.) 63
( -178 )
produit, dans toutes les directions x', sur des faces perpendiculaires, des
pressions non-seulement toujours exclusivement normales, mais aussi con-
somment égales.
» Une pareille égalité ne saurait exister dans l'intérieur du verre com-
primé inégalement, ni même des cristaux des formes non symétriques.
Quelle que soit la loi moléculaire qu'on substituerait à celle des actions
suivant les lignes de jonction des points matériels composant les molécules,
si l'on refuse d'admettre celle-ci, un rapprochement moléculaire inégal dans
les trois sens .r, y, z, en produisant trois élasticités latérales inégales a/r„,
axxm donnerait aussi, nécessairement, des inégalités entre les élasti-
,i
zzzzi axxyy
Lires iiit ctivs **xxxx) yyyy zzzz*
•> Les conditions Green ne font donc qu'exprimer l'isotropie, et elles en-
traînent l'uniréfringence. D'où l'impossibilité de l'exact parallélisme des
vibrations aux plans des ondes dans L'intérieur des corps doués de la double
réfraction.
» Faut-il pour cela renoncer à l'onde courbe qui résume si admirable-
ment les principales découvertes dues au génie de Fresnel, ou bien la re-
garder comme ne donnant qu'une première et très-grossière approximation?
Nullement. On obtient exactement cette onde du quatrième degré en posant
entre les coefficients des conditions qui sont moins nombreuses et plus géné-
rales que celles de Green, qui permettent des rapports quelconques entre
les trois élasticités directes, et qui n'ont rien de bizarre ni d'arbitraire, car
quand ces rapports n'excèdent pas i i et même 2, elles coïncident numéri-
quement, à très-peu près, avec les relations (G) de distribution ellipsoïdale,
d'où il suit qu'elles doivent être réellement remplies, d'une manière ou
exacte ou approchée, par Féther à l'état de simple inégalité de condensa-
tion, que tous les physiciens lui attribuent dans l'intérieur des corps même
cristallisés. Ces conditions sont celles de Cauchy (j83o), comme on peut
voir en reprenant son analyse, qui peut être présentée d'une manière simple
quoique plus générale et indépendante de la loi moléculaire controversée,
et à laquelle on peut joindre quelques développements peu connus dus à
M. Haughton, qui a fait une étude intéressante de la polaire réciproque
i\f l'onde générale à trois nappes (îrish Academy, vol. XXI).
» Et, quant aux corps solides et terrestres, ce qui précède n'est pas de
pure spéculation, car, d'après ce qu'on a vu, la contexture élastique ellip-
soïdale définie par les relation* (6) doit être celle des corps amorphes ou à
cristallisation confuse, tels que ceux qui sont employés comme matériaux
dans les constructions et auxquels le forgeage, l'étirage ou les circonstances
( 479)
de la solidification ont donné un certain degré d'hétérolropie dont il faut
tenir compte dans le calcul de leur résistance. »
chimie GÉNÉRALE. — Suite du Mémoire de la vis telluriqae, du 7 avril 1860,
adressé à propos du ihtdlium; par M. B. de Chancouktois.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Delafosse, Daubrée, Dumas.)
« La détermination approximative du nombre thermique du thallimn.
faite par M. Regnault (102), permet d'adopter io3 comme caractère numé-
rique de ce corps qui se trouverait ainsi placé sur la génératrice de mon
tableau déjà occupée par le lithium, le sodium, le potassium, le manganèse,
le rubidium, précisément au-dessous du rubidium, comme le manganèse
est au-dessous du potassium. Je n'ai pas besoin d'insister sur les analogies
que présentent le thallium et le manganèse, qui peuvent former tous deux
des bases et des acides. Le thallium remplacerait ainsi avanlageusement Je
ruthénium, dont le caractère secondaire, que j'avais marqué à la treizième
spire, dans le voisinage du platine et de l'iridium, deviendrait alors le
caractère principal, en le diminuant peut-être un peu. Je laisserais d'ailleurs
un caractère secondaire du thallium ( 206) à la même spire, à côté même
du plomb.
» La coïncidence d'un caractère secondaire du ruthénium avec le carac-
tère principal du thallium serait un fait du même ordre que la coïncidence,
au nombre 55, du caractère du manganèse et d'un caractère secondaire de
l'aluminium, qui se déduit immédiatement du nombre proportionnel 27,5,
en prenant pour formule de l'alumine AlO3, et place l'aluminium sur la
génératrice du sodium et du potassium, rendant ainsi parfait le parallélisme
des éléments des feldspaths et des pyroxènes, point de départ de mon
système.
» Le thallium, à la case io3, forme avec le rhodium un terme de la série
des couples d'éléments de formes numériques i6h + 7 et iG«+ 8, qui
fournit l'exemple le plus continu de la tendance générale des corps élémen-
taires à se présenter par groupes binaires des formes (\n — 1 et (\n.
» Le rhodium se trouve avec le sélénium sur l'hélice du coefficient angu-
laire — 3 que j'ai déjà signalée comme réunissant le soufre et le fer, le
tellure et l'or. De là la probabilité que le rhodium soit associé à certaines
pyrites sélénifères et se trouve particulièrement dans les résidus riches en
thallium. D'un autre côté, la présence du thallium dans les pyrites doit
63..
( 48o )
être rapprochée de leur altérabilité. Il serait surtout intéressant de le recher-
cher dans les pyrites blanches.
>■ Une hélice de coefficient — 7 partant du caractère io3 du thalhum, et
remarquable parce qu'elle ne passe que sur des points vacants ou sur des
caractères de corps rares, singuliers ou virtuels, comme l'arsenic, le radical
de l'orthose et le fluor, aboutit sur la première spire au point 5. Je propose
le caractère 5 pour l'ozone qui est évidemment le fluor des corps atmos-
phériques ou atmides modernes, en faisant d'ailleurs remarquer qu'il peut
ne représenter qu'une sorte d'oxyde d'azote — =
» J'arrive ensuite à des points de théorie fondamentale.
» Si l'on observe que l'hydrogène, avec son caractère numérique actuel 1,
entre toujours en double dans les combinaisons, ne semble-t-il pas plus
naturel de prendre 2 pour son caractère numérique, ce qui ramènerait la
formule de l'eau à la plus grande simplicité HO?
>- L'unité resterait alors dégagée de toute spécification. Elle caractérise-
rait la matière dans sa nature la plus générale, tout à fait indifférente, et
représenterait une sorte de monnaie de compte, que l'on pourrait appeler
archisome ou prolliyle, et qui serait la base commune théorique de tous les
corps, de même que l'unité est la commune mesure de tous les nombres.
Cette idée est le complément logique indispensable du système général vers
rétablissement duquel j'ai déclaré tendre dès l'abord, savoir : la parfaite
concordance de la série matérielle des corps élémentaires et de la série
abstraite des nombres naturels.
» Maintenant faudrait-il s'arrêter à 2 pour le caractère de l'hydrogène?
Le nombre Zj, qui donnerait pour l'eau la formule HO2 représentant le
rapport des volumes simplement renversé, me paraît mériter d'être pris en
considération à divers égards.
« Je montre ensuite que l'on peut actuellement assigner aux corps ré-
putés simples des caractères numériques compris dans les formules N,
v , N ± 1 , _ ,
!M — ij — - — > ou IN ngure un nombre premier.
» Je fais en outre remarquer que la dernière catégorie contient plusieurs
corps qui offrent des chances particulières de décomposition ou de réduc-
tion à d'autres types. Le potassium, par exemple, qui a tant d'analogies
avec l'ammonium, pourrait fort bien n'être qu'un radical composé de thal-
I: . 1 i- Tl -4- /j jNa io3 + Q2 0 T , , . , ■ ,,. i
lium et de sodium ~ — = ë~ == ty- ^e plomb, qui a I état de
(48. )
pureté est si notablement altéré dans l'eau distillée, et dont le caractère {207)
est exactement neuf fois celui du sodium, n'a-t-il pas tout l'air d'un sodium
condensé?
» Je note en passant que la caractérisation par des multiples de 23
semble un indice de mollesse et de fusibilité.
» Dans une Note spéciale sur l'application de ma vis à la théorie de l'acier,
j'ai donné un premier aperçu des rapports qui lient les propriétés de dureté
cristalline et vitreuse des corps et les divisibilités par 1 1 et par 7 de leurs
caractères numériques. J'ajoute aujourd'hui quelques remarques concer-
nant le cuivre, qui, outre son caractère 63 = 7 X 9» a aussi un caractère
possible, 66 = 6 x 11, et le bronze d'aluminium , qui, avec la formule
=-* — » prend le caractère du fer, 56 = 7 X 8.
» Enfin, pour ne négliger aucune de mes précédentes ouvertures, j'insiste
sur l'efficacité probable de la combinaison des études numériques et spec-
trales pour la détermination des actions physiologiques des éléments ou des
radicaux, en recommandant à l'attention des expérimentateurs tous les
corps qui prennent place sur les hélices principales (c'est-à-dire partant du
point o) de coefficients angulaires — 5 et — 1 3, où figurent déjà plusieurs
corps, soit indispensables , soit, au contraire, notoirement nuisibles aux
organismes. Je fais aussi remarquer à cet égard que, d'après la singulière
ressemblance de l'esprit et de la délicatesse des méthodes, le rôle principal
dans ces recherches semble, par le secours réclamé de l'analyse speclr;ile.
dévolu à la doctrine homœopathique.
» Mais, avant toutes choses, il faut s'adresser directement à la théorie des
nombres, dont l'intervention semble d'ailleurs d'une grande opportunité.
» Du fait seul de 1 ambiguïté des équivalents de la plupart des corps sim-
ples admis, résultent déjà des confusions continuelles entre les nombres qui
les représentent et les nombres également flottants de la théorie atomique.
Les recherches spectrales, en même temps qu'elles démontrent clairement
l'existence d'un nombre illimité de corps élémentaires, offrent des indica-
tions pratiques et déjà fécondes pour le dégagement des éléments nouveaux.
En présence de l'accroissement rapide de la liste des éléments que les chi-
mistes et les physiciens doivent considérer, il devient urgent de synthétiser
toutes les notions de capacités physiques et chimiques dont l'exposé devien-
drait bientôt une tâche inabordable.
» Il n'est donc pas inutile de rappeler l'attention sur les idées de Pytha-
gore , je puis mieux dire, sur la vérité biblique qui domine toutes les
( 48a )
sciences et que je crois pouvoir y faire passer pratiquement par la vulgari-
sation suivante, première conclusion générale de mon travail :
« Les propriétés des corps sont les propriétés des nombres.
» On sent bien que tout système hélicoïdal, qui est nécessairement une
table graphique de divisibilité, offre le moyen le plus commode de faire
ressortir les rapports de deux ordres de faits. On sent aussi que le système
particulier que j'ai adopté met en relief les rapports des propriétés de la
matière les plus considérables et les plus usuels, parce que la divisibilité
par !\ , base de mon tracé, est la première qui se présente dans les spécu-
lations arithmétiques, après la divisibilité par 2, à laquelle répond directe-
ment, ce qui saute aux yeux de prime abord dans mon tableau, l'existence
de couples naturels d'éléments à caractères impairs et pairs consécutifs.
» J'ai donc l'espoir que ma vis tellurique offrira, jusqu'à ce qu'elle soit
effacée par une invention plus parfaite, un cadre pratique, une échelle
commode, pour marquer et comparer toutes les mesures des capacités, et
cela à quelque point de vue que l'on se place, quelque élasticité, quelque
mobilité, quelque interprétation que l'on donne aux caractères numériques
par lesquels on sera toujours obligé de représenter ces capacités.
» Le développement plan du cylindre quadrillé à 16 lignes me semble en
un mot une portée sur laquelle les savants, à l'instar des musiciens, pour-
ront toujours, et chacun avec la clef qui lui conviendra, noter les résultats de
leurs études expérimentales ou spéculatives, soit pour coordonner leurs
travaux, soit pour en livrer le résumé le plus concis et le plus clair aux pra-
ticiens et au public. »
chimie OBGanique. — Sur les toluènes bi et trichlorés; par M. A. Naquet.
(Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, H. Sainte-Claire Deville.)
« Dans la dernière communication que j'ai eu l'honneur d'adresser à
l'Académie, j'annonçais qu'en faisant agirdu toluène bichloré sur la potasse
alcoolique, j'avais obtenu un chlorure dont la formule est€9H"C10 d'a-
près l'équation :
C-h.CI. + c,hh je + I^o = ^| + ^e + G.H.cio.
» Quelque temps après, M. Cahours parlait de résultats obtenus par lui
et quelque peu différents des uiiens. En traitant du chlorobenzol par la po-
tasse alcoolique, il était arrivé à donner naissance à de l'essence d'amandes
( 483 )
amères et à un corps chloré probablement identique à celui que j'ai décrit.
Il faisait remarquer en même temps que, du moment où l'identité du toluène
bichloré et du chlorobenzol était démontrée, mes résultats lui paraissaient
contraires à tout ce qu'on était en droit d'attendre.
a Le toluène bichloré dont je m'étais servi dans mes expériences, con-
tenant du toluène monochloré, j'avais obtenu avec le chlorure €9HllClO
une certaine quantité de l'éther éthyl-benzéthylique de M. Canizzaro, vo-
latil à i85°.
» En lisant la Note de M. Cahours, je me suis demandé si ces portions de
liquide ne contiendraient pas de l'hydrure de benzoïde. Je n'y avais pas re-
cherché ce dernier corps, et il pouvait d'autant mieux s'y rencontrer, que la
composition centésimale de l'aldéhyde benzoique et de l'éther éthyl-benzé-
thylique étant fort rapprochées, dans un mélange de ces deux corps avec-
grand excès de l'un d'eux, l'autre pouvait échapper à l'analyse élémen-
taire.
» J'ai traité les liquides par une solution concentrée de bisulfite de soude.
La plus grande partie du produit est restée inattaquée; mais néanmoins
j'ai obtenu quelques cristaux d'où j'ai pu extraire un liquide doué de
l'odeur des amandes amères. Ce liquide était en trop faible quantité
pour être analysé , mais il est évident que ce doit être de l'aldéhyde
benzoique.
» Ainsi donc, comme M. Cahours, j'ai obtenu dans ma réaction de l'es-
sence d'amandes amères et un corps chloré ; seulement, lesquantités respec-
tives de ces deux corps étaient renversées.
•> Je me suis demandé si la production de l'essence d'amandes amères
dans l'action de la potasse alcoolique sur le toluène bichloré n'était pas su-
bordonnée à la température. Pour m'en assurer, j'ai mêlé 200 grammes de
toluène bichloré avec une solution saturée de potasse dans l'alcool. Le mé-
lange s'est considérablement échauffé. Lorsque la température a paru s'a-
baisser, j'ai porté le ballon qui le contenait dans un bain-marie, et j'ai eu
soin de le faire communiquer avec un récipient de Liebig, afin que l'alcool
réduit en vapeurs retournât constamment dans le ballon.
» Après quatre à cinq heures, j'ai évaporé l'alcool et repris par l'eau ;
l'huile qui surnageait a été distillée, puis agitée avec du bisulfite de soude
en solution très-concentrée. Cette fois, je n'ai pu obtenir de cristaux, ou,
du moins, je n'en ai pas obtenu en quantité sensible.
» Comme dans mes précédentes expériences j'avais chauffé à i5o°, j'ai
dû conclure qu'à une basse température l'essence d'amandes amères avait
( 484 )
moins de tendance à se former. Néanmoins, tous mes efforts pour transfor-
mer le chlorure €9 H' 'Cl Q en hydrure de benzoïde, soit par l'action ullé-
rieure de la potasse alcoolique, soit par l'oxyde d'argent, ont échoué.
» Je dois ajouter que mes expériences confirment celles de M. Beilstein
qui. faisant agir la potasse alcoolique sur le toluène bichloré et ayant re-
cherché spécialement l'essence d'amandes amères dans les produits de la
réaction, n'y en a pas trouvé la moindre trace.
» Après cela, doit-on admettre ou non l'identité du toluène bichloré et
du chlorobenzol? Si l'on songe que l'identité signalée ici ne se poursuit pas
dans les autres séries, ainsi que l'a démontré M. Friedel, on sera tenté de
nier cette identité. II est cependant certain que ce n'est là qu'une hypothèse
qui n'est pas démontrée. J'ai obtenu, comme M. Cahours, de l'essence d'a-
mandes amères. Peut-être les conditions dans lesquelles nous nous sommes
placé (concentration des liqueurs, température, durée de l'expérience) ont
seules été cause de la divergence de nos résultats.
» Avant de terminer cette communication, j'entretiendrai l'Académie
d'une nouvelle observation que j'ai faite sur le toluène trichloré.
» Après que j'eus démontré que ce corps se transforme en acide benzoïque
par l'action des alcalis, je fus conduit à penser qu'il était identique avec
un composé de même formule que MM. Schischkoff et Roling avaient ob-
tenu en faisant réagira 2000 le perchlorure de phosphore sur le chlorure de
benzoïde.
m Pour m'en assurer, j'ai chauffé du toluène trichloré pendant plusieurs
jours avec de l'eau à la température de 2000; il ne s'est pas produit d'acide
benzoïque.
» MM. Schischkoff et Roling ayant annoncé au contraire que leur chlo-
rure se transforme déjà en acide benzoïque lorsqu'on le chauffe à i5o° avec
de l'eau, il est évident que le corps qu'ils ont décrit et le toluène trichloré
ne sont pas identiques.
» Ce fait, que les dérivés chlorés du toluène, quoique pouvant se trans-
former en acide benzoïque, sont isomères et non identiques avec les com-
posés de même formule qu'on prépare directement au moyen de l'acide
benzoïque, viendrait à l'appui de l'hypothèse que j'ai faite, et d'après la-
quelle on cesserait d'admettre l'identité du toluène bichloré et du chloro-
benzol, bien que, dans une foule de réactions, le toluène bichloré se trans-
forme en hydrure de benzoïle.
» Une autre remarque qui appuierait cette manière de voir, c'est que
jamais le toluène bichloré, abandonné à l'air, ne se transforme en acide
( 485 )
benzoïqiie, tandis que dans ce cas M. Cahours a vu le chlorobenzol subir
cette métamorphose. Donc, en résumé, la production de l'hydrure de
benzoïle au moyen de la potasse alcoolique et du toluène bichloré est faible
dans les conditions où je me suis placé. Ces conditions s'expliquent si l'on
cesse d'admettre l'identité du toluène bichloré et du chlorobenzol, hypo-
thèse que justifient plusieurs observations, mais qu'on ne peut encore ad-
mettre que sous toutes réserves. »
ANTHROPOLOGIE. — Mémoire sur la question des alliances consanguines;
pur M. Bo.vxafoxt.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Andral, Rayer, Bienaymé.)
L'auteur, en terminant son Mémoire, l'a résumé dans les termes suivants
qui font suffisamment connaître le point de vue auquel il s'est placé :
« Des considérations qui précèdent, on peut conclure :
» i° Que les mariages consanguins ont été considérés de tout temps et
par tous les peuples comme nuisibles au perfectionnement des races;
» i° Que leur prohibition a été de tout temps proclamée par les lois ci-
viles et celles de la religion ;
» 3° Que les unions consanguines agissant très-probablement autant
sur les autres appareils que sur celui de l'audition, les relevés de la surdi-
mutité ne peuvent donner que des renseignements curieux sur un des côtés
de la question, mais ne sauraient constituer un argument sérieux en faveur
d'une solution depuis longtemps reconnue et proclamée;
» 4° Que les documents qui existent sont suffisants pour prouver les
mauvais effets des mariages consanguins, et pour faire sentir toutes les
nécessités des mesures prises ou à prendre à l'égard de ces sortes d'unions.»
M. Pouillet présente la description et la figure d'un manomètre à sifflet,
de l'invention de M. Declieu.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet
et Combes.)
M. Tkideau donne quelques détails sur la manière d'administrer dans la
diphthérie le copahu et le styrax. Dans une précédente communication
sur le même sujet (9 février 1 863), son nom, par suite d'une signature
peu lisible, avait été écrit Trklan.
(Commissaires précédemment nommés: >1M. Andral, Bernard.)
C. R., |863, i"Semestre. (T. LVI, N° 11.) 64
( 486)
M. Saurel adresse une addition a sa Note « sur la quantité d'air néces-
saire à la respiration durant le sommeil ».
(Commissaires précédemment nommés: MM. Payen, Longet.)
M. Potier soumet au jugement de l'Académie des considérations sur les
tumeurs blanches et les affections scrofuleuses en général.
(Commissaires, MM. Andral, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.)
M. Lemaire, dans une Note qui se rattache à celle qu'il avait précédem-
ment adressée sur des moyens propres à rendre les divers tissus incapables
de s'enflammer, s'attache à faire ressortir les avantages qui résulteront d'une
large application de ces sortes de préparations.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Payen, Velpeau, Rayer.)
CORRESPONDANCE.
AI. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Tigri, un
opuscule écrit en italien et ayant pour titre : « Des effets du pus et de la
sanie gangreneuse sur le sang circulant dans les vaisseaux ■>. En adressant
cet écrit à l'occasion des dernières communications qui ont été faites à l'A-
cadémie sur l'infection purulente, l'auteur s'est proposé de rappeler que
dès l'année 1849 son attention s'était portée sur les désordres qui recon-
naissent une semblable cause. La Note est terminée par le paragraphe sui-
vant : « Ce qui vient d'être exposé suffit pour montrer que l'action exercée
sur le sang par un liquide formé dans l'organisme même est tout à fait com-
parable à l'action d'un poison et souvent d'un poison mortel. Le médecin
doit donc s'attacher à reconnaître les maladies dans lesquelles entre pour
cause cet agent toxique et employer sans perte de temps les moyens que
peut lui offrir la science pour en paralyser les effets. »
M. le Secrétaire perpétuel présente également au nom de l'auteur,
M. Heivé-Mangon, un exemplaire d'un ouvrage intitulé : >■ Expériences sur
les eaux d'irrigation sous divers climats ».
Et au nom de M. Netter un opuscule ayant pour titre : n Des cabinets
ténébreux dans le traitement de l'héméralopie ».
AI. le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts transmet une
Lettre de M. Àmerigo Barberi qui demande qu'un ouvrage précédemment
adressé par lui et ayant pour titre : « La Science nouvelle de l'harmonie des
( 487 )
sons... », soit examiné par une Commission composée de Membres de
l'Académie des Sciences et de l'Académie des Beaux-Arts.
MM. PouilletetFizeau sont désignés pour faire partie decette Commission.
« M. Chasles fait hommage à l'Académie, de la part de l'auteur, M. L.
Cremona, professeur de Géométrie supérieure à l'université de Bologne, d'un
Mémoire intitulé : lntroduziont ad un a Teoria geometrica délie curve piane.
Bologna, j 862. Dans ce travail, qui fait partie du tome XII des Mémoires de
l'Académie des Sciences de l'Institut de Bologne, M. Cremona démontre, par
de simples considérations de géométrie, et avec une facilité et une rapidité
remarquables, les propriétés des courbes d'un ordre quelconque, qui pa-
raissent devoir être la base d'une théorie étendue de ces courbes.
» Les géomètres liront avec intérêt surtout un paragraphe relatif aux
courbes polaires, où se trouvent, avec beaucoup d'autres propositions
empruntées de divers auteurs, toujours cités très-fidèlement, les beaux
théorèmes que M. Steiner a énoncés sans démonstration, il y a quelques
années, dans le Bulletin des séances de l'Académie royale des Sciences de Berlin. »
ANTHROPOLOGIE. — Baces humaines de la Perse; par M. Duhoitsset.
En présentant ce travail, M. de Quatrefages s'exprime ainsi :
« M. le commandant Duliousset, envoyé en Perse pour contribuer à l'in-
struction militaire des armées du Schah, a employé ses loisirs d'une manière
dont doivent lui savoir gré tous les amis de la science. A la fois sculpteur et
dessinateur, il a appliqué ses talents à l'étude de quelques animaux domes-
tiques, du chameau et du cheval surtout. Il s'est en outre occupé d'une
manière toute spéciale des races humaines. Je n'entretiendrai l'Académie
que de ces dernières recherches.
» Les études anthropologiques de M. Duliousset ont porté sur huit popu-
lations distinctes, savoir : les anciens Persans, représentés encore par les
Guèbres et les Parsis; les Tadjiks et les Iliates; les Turcomans, les Kurdes,
les Afghans, les Bakhtyaris, les Beloudjes et les Arians Indiens.
» Chacun de ces groupes est représenté dans le travail de M. Duliousset
par de nombreux dessins reproduisant les traits de l'homme et ceux de la
femme. Ces dessins, exécutés par un homme instruit, et dans un but scien-
tifique, ont une valeur tout autre que ceux qu'aurait pu faire un artiste
ordinaire, possédant même un talent supérieur, mais étranger aux questions
anthropologiques. Aussi est-il vivement à désirer que cette belle suite de
dessins soit publiée. Si ce vœu n'est pas exaucé, nous savons au moins
64..
( m )
qu'elle entrera dans quelqu'un de nos établissements publics. Le Ministre
de l'Instruction publique et le Ministre d'État viennent d'en faire l'acqui-
sition, et je n'hésite pas à ajouter que sa place naturelle serait à côté des
vélins où le Muséum fait représenter depuis tant d'années les animaux et les
plantes les plus remarquables de ses collections.
» Mais M. Duhousset ne s'est pas borné à nous rapporter l'iconographie
remarquable que je viens d'indiquer, et dont l'Académie peut juger par
elle-même. Dans le Mémoire que je dépose au nom de l'auteur, il a donné
avec détail les caractères de chacune des races mentionnées plus haut, et
ajouté des dessins à la plume reproduisant les formes typiques du crâne qui
leur sont propres. Ces croquis sont accompagnés de nombres indiquant les
moyennes des mesures prises par M. Duhousset. La plus grande circon-
férence horizontale de la tète, la demi-circonférence verticale, le diamètre
antéro-postérieur, et le diamètre transversal, ont été pour chaque race et
pour les principales variétés de chacune d'elles l'objet de mesures rigou-
reuses. Cette partie du travail de M. Duhousset comble des lacunes réelles
dans l'histoire des races asiatiques, et en publiant le résultat de ses recher-
ches, l'auteur rendra à l'anthropologie un service très-sérieux. »
CRISTALLOGRAPHIE. — Note sur les formes cristallines et sur les propriétés
optiques biréfringentes du castor et du pétalite ; par M. Des Cloizeaux.
(Présenté par M. Ch. Sainte-Claire Deville. )
« M.Gustave Rose a fait voir, il y a quelques années (Pogc/endoiJJ's
Annalen de i85o, vol. LXXIX), que le castor de l'ile d'Elbe, décrit par
M. Breithaupt comme une nouvelle espèce minérale, devait être réuni au
pétalite dont il possède les deux clivages principaux, avec une densité un
peu moindre et une composition chimique à peine différente. Seulement
l'imperfection et la rareté des échantillons connus jusqu'ici n'avaient pas
encore permis de décider quel était leur type cristallin. L'opinion la plus
généralement admise était que le pétalite appartenait au système du prisme
doublement oblique, tandis que d'après M. Breithaupt le castor présentait
la symétrie propre au prisme rhomboïdal oblique.
» J'ai eu récemment l'occasion d'examiner un certain nombre de cris-
taux de castor de l'île d'Elbe, et je suis parvenu à déterminer exactement
leurs formes cristallines et leurs propriétés optiques biréfringentes. Les
résultats que j'ai obtenus sur ces cristaux et ceux que m'a fournis le pétalite
d'Uto confirment pleinement la réunion proposée par M. G. Rose, tout en
maintenant l'exactitude de la remarque cristallographique faite par
( 489)
M1. Breithaupt. Ils montrent de plus une relation curieuse et inattendue
entre le pétalite et le triphane, ces deux substances restant d'ailleurs des
espèces parfaitement distinctes.
« On peut choisir, pour forme primitive du castor, un prisme rhomboidal
oblique de 87°2o'. Si l'on compare ses dimensions et les incidences de ses
modifications avec celles du triphane, on trouve :
Castor. Triphane.
b : h :: iooo : 487,099 1000 : 422,44
Angle plan de la base = 8i°5o' 58" 83° 19' 38"
Angle plan des faces latérales. = ro6° 45' 26" io5° 2' 45"
O i O f
87 o en avant.
1 36 . 3o
mm
= 87 20
m g'
= i36.5o
g' g'
= i54-52
po'
= 1 54 . 26
P<>*
= I49- 7
p °~
= i4' -23
ph<
= I 12.26
pa* adjacente
= 9023
pe1'
= 126. 2
i3o
. 0
t4o.
. 0
90.
0
io3.
5o
10.20 en avant.
c'g< =i43. 58
! pg< = 90. O
pm- antérieure =io5. 8
e1 m antérieure = 1 38. 1 i35ii
» Les cristaux cpie j'ai observés offrent diverses combinaisons de formes
X _L
dont les plus habituelles et les plus développées sont : [>, o'2, fi4, m, g1 ; ils
sont ordinairement aplatis suivant g1. Les faces de la zone p o2 h' sont seules
unies et miroitantes; toutes les autres sont fortement cannelées et souvent
comme corrodées. On voit, par le tableau précédent, que dans les trois
zones dont les axes sont respectivement parallèles à l'axe vertical, a la dia-
gonale horizontale et à la diagonale inclinée de la base, le castor et le tri-
phane possèdent des formes semblables et dont les angles correspondants
ont des valeurs très-rapprochées; mais il existe dans chacun de ces miné-
raux un certain nombre de modifications cpii n'ont pas encore été rencon-
trées dans l'autre. Quoi qu'il en soit, on peut les considérer comme gèntné-
( 49° )
triquement isomorphes ou comme plésiomorphes. Ils présentent, au contraire,
dans la direction de leurs clivages, dans leurs densités et dans leurs pro-
priétés optiques biréfringentes, des différences aussi tranchées que dans
leur constitution chimique. En effet, les clivages faciles ont lieu dans le
castor parallèlement à ses faces p et o2, et dans le triphane suivant les
plans h* et m; la densité du castor varie de 2,382 à 2,401, celle du tri-
phane de 3,i à 3,2; enfin, dans le castor, le plan des axes optiques et leur
bissectrice aiguë positive sont perpendiculaires au plan de symétrie, tandis
que dans le triphane le plan des axes est parallèle au plan de symétrie et que
la bissectrice aiguë positive fait un angle d'environ 5° 4o' avec une normale à
la base et un angle de 64° avec une normale à h* antérieure (1). J'ai trouvé
pour les constantes optiques du castor les nombres suivants :
/ 92°3o' avec une normale à. p,
Le plan des axes rouges ) 1
fait des angles d'environ 53°53' avec une normale à»!",
I 24° 2^' avec une normale à A'.
I g3° 4' avec une normale à y»,
Le plan des axes bleus ) 1
fait des angles d'environ j 54°27' avec une normale à o; ,
\ 25° 3o' avec un normale à h'.
» L'écartement apparent dans l'huile et l'écartement réel qu'on en déduit
a l'aide de l'indice moyen mesuré sur un prisme dont l'arête réfringente
est à très-peu près perpendiculaire au plan des axes, sont :
2H = 86°27'3o" 2V = 83°26' (5= 1,5078 rayons rouges,
2H = 86° 3o' 3o" 2V = 83° 34' p = 1 ,5og6 rayons jaunes (alcool salé),
2H = 86°42' 2V=83°58' p= 1 ,5i8o rayons bleus.
» La double réfraction est énergique. La dispersion des axes optiques
est très-faible; toutefois les bordures des hyperboles annoncent bien p < v.
La dispersion croisée , indiquée par la mesure directe de l'orientation du
plan des axes, est également assez peu sensible pour ne produire, sur les
couleurs des courbes isachromatiques vues dans l'huile, aucune dissvmé-
trie appréciable.
» Le castor, par sa transparence parfaite en lames minces, se prête beau-
coup mieux à des observations optiques rigoureuses que le pétalite d'Uto,
toujours plus ou moins laiteux. J'ai cependant pu constater sur cette der-
nière variété : que le plan des axes optiques est, comme dans le castor,
(1) Voy. Manuel de Minéralogie, par M. Des Cloizeaux; Ier vol., p. 35i.
( 49« )
presque exactement parallèle à l'un des deux clivages faciles qui se coupent
sous l'angle de i4i°; que la bissectrice aiguë positive est parallèle à l'arête
d'intersection de ces deux clivages; que l'écartement apparent des axes
optiques vus dans l'huile est
2 H := 86°24' rayons rouges, 86"28' rayons jaunes, 86"43' rayons bleus,
et que leur dispersion propre, ainsi que la dispersion croisée, est à peine
appréciable par les couleurs des anneaux. Il y a donc identité complète
entre les caractères optiques du pétalite et ceux du castor. Quant à la com-
position des deux substances, elle ne présente que des différences très-mi-
nimes, et l'examen au spectroscope accuse même dans le castor la présence
de la soude qui avait échappé à l'analyse. Les résultats numériques que
M. Rammelsberg a obtenus en analysant le pétalite d'Uto sont presque
identiques à ceux que le castor de l'île d'Elbe a fournis à M. Plattner ; leur
interprétation a seule donné lieu à quelques divergences, et tandis que
MM. G. Rose et Rammelsberg proposent d'adopter, entre les quantités
d'oxygène contenues dans les éléments constituants du pétalite, les rapports
R : Ai : Si : : i : 4 : 1 8,
M. Plattner admet pour le castor i : 6 : 27. Or, d'après l'identité qui existe
entre les propriétés physiques de ces deux variétés, et d'après l'isomoi -
phisme géométrique que je viens de signaler entre le castor et le triphane
pour lequel on a
lA : ai : Si : : i : /j : i o ,
il me semble hors de doute que la véritable formule du pétalite et du castor
est celle de Rerzélius ,
Li3, Al\ Si30,
basée sur les rapports 1 '. 4 '. 20. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les mercuraniles; par M. H. Schiff.
« Dans un premier Mémoire, je me suis occupé des métalaniles du zinc,
du cadmium, du cuivre et de l'étain. Aujourd'hui je demande la permission
de soumettre à l'Académie quelques détails sur les métalaniles formés par le
mercure.
!€fi H5)
„ ,.,[■> NO3 s'obtient en forme d'un pré-
HgrPj
cipité blanc, si l'on verse de l'aniline dans une solution de nitrate mer-
curique. La poudre devient cristalline, si elle est mise en digestion, encore
( 49* )
humide, avec de l'acide nitrique froid et étendu. On obtient de petites
feuilles brillantes, si l'on se sert d'une solution de nitrate légèrement aci-
dulée, ou si la solution mercurique neutre est ajoutée goutte a goutte à une
solution acidulée de nitrate d'aniline. Dans tous ces cas il se forme le même
composé et point de sel double. Le sel est inaltérable à l'air, et un peu so-
luble dans de l'acide nitrique étendu. Cette solution se prête à la double
décomposition.
» Chauffé avec de l'eau, le sel cède du nitrate d'aniline et se transforme
en une poudre dense et cristalline blanche, qui représente le nitrate de di-
mercuranile N jftTj!!' NOs + iHsO.
n Ce dernier sel, délayé pendant quelques jours dans une grande quan-
tité d'eau bouillante, cède de nouveau du nitrate d'aniline, et se trouve
ÎGC H5)
,t » I' N03HsO. Chauffé
Hg )
encore avec de l'eau pendant huit jours, ce dernier composé n'éprouve plus
d'altération.
« On voit bien que les trois sels que nous venons de décrire correspon-
dent aux sels des mercuramines; mais ce ne sont pas seulement les formules,
ce sont aussi les propriétés qui correspondent; le mercure ne peut être dé-
celé par les réactifs ordinaires, et à l'analyse l'hydrogène sulfuré a été le seul
moyen de décomposer les sels.
» Aussi le protonitrate de mercure se combineavec l'aniline et forme un
(G6 H5|
nitrate de mercurosanile N j ? KO3, poudre cristalline blanche, très-
facilement décomposée par une faible élévation de température, sous réduc-
tion de mercure.
» Une combinaison d'équivalents égaux d'aniline et de sublimé corrosif a
déjà été obtenue par Gerhardt. J'ai préparé ce composé, que jeregarde comme
[G6 H5)
le chlorhydrate de mercuranile N ) ■ [Cl, en mélangeant les solutions
J / Hg H- ) °
alcooliques des constituants, et j'ai pu vérifier les propriétés signalées
par Gerhardt. En outre, j'ai trouvé que le sel sec, chauffé à l'abri de l'air
à ioo°, se décompose en fournissant de la fuchsine. Dans la préparation de
la fuchsine par le bichlorure de mercure, notre sel est toujours la combi-
naison intermédiaire, et elle se décompose d'après l'équation que j'ai donnée
pour le chlorhydrate de stannicanile.
» Le protochlorure de mercure, même à ioo°, ne se combine pas avec
v 493 )
l'aniline. A i5o°, il y a formation de fuchsine, tandis que le mercure est
réduit. Le deutoxyde de mercure ne se combine pas non plus directement
avec l'aniline.
» L'iodhydrate de mercuranile forme de petites feuilles jaunâtres, qui
peuvent être obtenues par double décomposition avec le nitrate. A ioo° le
sel sec forme de la matière colorante rouge. Le cyanhydrate de mercuranile
( Ge H5 )
Nj Cy cristallise en longues aiguilles magnifiques, si l'on ajoute de
l'aniline à une solution aqueuse chaude de cyanure de mercure. Par le re-
froidissement le liquide se trouble, mais tout à coup le trouhle laiteux dis-
paraît et le liquide se trouve rempli d'aiguilles. Les propriétés du sel nous
donnent une explication de ce phénomène curieux. Le sel fond très-faci-
lement, et déjà à 8o° il se décompose en aniline et en cyanure de mercure.
Or, la solution saturée bouillante contient du cyanure de mercure et de
l'aniline non combinés. A une température où la combinaison ne peut pas
encore exister, l'aniline se sépare et occasionne le trouble laiteux. Par un
abaissement continu de température le cyanure se dépose, mais au moment
de la séparation il se combine avec l'aniline délayée dans le liquide, et le
trouble disparaît. On voit bien qu'on a ici, dans des limites très-étroites de
température, le même phénomène de dédoublement (dissociation) et de re-
composition qu'on a observé pour des hautes températures, pour des corps
réduits en vapeur. Le cyanhydrate n'est attaqué ni par les alcalis, ni par le
bi-iodure de potassium. Il ne fournit point de matière colorante.
» Dans un prochain Mémoire je donnerai quelques détails sur la
décomposition des nitrates de mercuranile par la chaleur, et sur la théorie
générale de la formation de l'azaléine. »
PUYSIQUE APPLIQUÉE. — Recherches d'analyse spectrale;
Noie de M. P. Volpicelli.
« Moyennant l'appareil Drummond pour la lumière, construit par
M. Duboscq, avec les perfectionnements apportés par M. H. Debray (i),
et en m'aidant soit du gaz d'éclairage, soit du gaz hydrogène pur, j'ai
reconnu que la lumière Drummond présente un spectre discontinu. Ce
résultat expérimental, que j'ai pu vérifier plusieurs fois, ne s'accorde pas
avec le résultat indiqué dans le Précis d'analyse chimique qualitative, 2e édi-
tion, Paris, 1862, où à la page 690 on lit : « La lumière Drummond, dont
(1) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LXV. Juillet 1862, p. 33i.
C. R., i8G3, \" Semcstie. (T. LVI, N° H.) 65
( 494 )
» le spectre est continu, est entièrement dépourvue de raies brillantes ou
» obscures. » Un pareil résultat est également en contradiction avec ce
cpion lit dans un Cours élémentaire de physique, Paris, 1862, où à la
page 726 il est écrit : « Si l'on remplace la lampe à gaz par la lumière de
» Drummond, que l'on obtient en projetant sur la chaux un jet enflammé
» de gazoxybydrogène, on n'aperçoit clans la partie jaune du spectre ni raie
» brillante, ni raie obscure. »
» A cette occasion, j'ai fait des recherches plus étendues sur les raies
que l'on obtient par le spectre de substances calcaires diverses, avec la
même lumière. Dans tous les spectres obtenus au moyen de ces minéraux,
j'ai vérifié ce qu'affirme M. Bunsen sur les raies appartenant au spectre du
calcium (1); seulement, j'ai aperçu, dans le bleu correspondant à la divi-
sion 186 de l'échelle millimétrique du spectroscope, une ligne dont il ne
fait pas mention. Cela s'accorde avec la Note de M. L. Grandeau (2), quand
il dit que le spectre de la chaux présente dans le bleu une raie située entre
la raie bleue Sr<? du strontium et la raie violette du potassium.
» Pour mieux préciser la position de l'échelle, nous signalerons une fois
pour toutes que nous avons mis la division 100 sur la raie D du spectre
solaire, de manière que l'échelle croissante s'étendait vers la partie la plus
réfrangible du spectre.
» J'ai expérimenté en particulier sur cinq minéraux de chaux, savoir :
i° sur les petits cylindres de chaux envoyés de Paris avec l'appareil pour
la lumière Drummond; i° avec la chaux vive communément employée par
les fabriques provenant des carrières de Monticelli, près de Tivoli; 3° avec
le travertin commun des carrières de Tivoli; 4° avec le marbre statuaire de
Carrare; 5U avec un plâtre d'origine inconnue.
» Ce que montrèrent de commun les spectres de ces cinq minéraux se
peut résumer comme suit. En commençant par la région la moins réfran-
gible du spectre, on trouve à la division G5 une ligne rouge, visible avec
tous les minéraux indiqués, quoique très-faible dans quelques exemplaires.
Cette raie, qui coïncide avec l'A du spectre solaire, n'appartient pas au cal-
cium, même suivant les spectres de M. Bunsen (3); mais elle coïncide, sui-
vant les mêmes dessins, avec la Ka . a du kalium, ou moins exactement avec
la Bb. y du rubidium. La seconde raie, elle aussi assez faible, était rouge et
(1) Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LXII, p. ^6S.
(2) ld., p. 4(iy.
(3) Zd.,%, LXII, PL II.
(495)
coïncidait avec la division 82 de l'échelle. Cette ligne non plus, selon ces
dessins, ne peut appartenir au calcium, car le spectre du calcium ne s'étend
pas au delà de la division 85 ; mais la ligne en question coïncide avec la
Li . a du lithium : cette raie aussi était quelquefois très-faible. La bande sui-
vante, également rouge, placée sur la division 85, était si large, qu'elle attei-
gnait à la ligne 87; puis on en voyait une autre entre le rouge et l'orangé,
s'étendant de la division 90 à la division 95. Les deux dernières lignes, très-
vives, appartiennent au calcium. Sur la division 100 se trouve une double
ligne jaune brillante, qui appartient au n atrium et qui se présente dans
tous les spectres : il est très-difficile de s'en débarrasser, ainsi que l'ont
observé plusieurs physiciens. Nous reviendrons une autre fois sur cette
double raie. Une ligne verte très-vive s'étendait depuis 1 10 jusqu'à 1 12, et
celle-ci appartient aussi au calcium. On vit, comme nous l'avons déjà dit
plus haut, une ligne bleue coïncidant avec la division 1 86, qui doit pareille-
ment être attribuée au calcium. Cette ligne variait beaucoup d'intensité dans
les divers minéraux; mais elle ne manquait jamais. Enfin on a vu quelquefois
dans la lumière des petits cylindres de chaux une raie très-faible sur la
division 2o5 dans l'extrême violet. Cette ligne semble coïncider avec la Ka.jS
du kalium. En outre on a vu, dans quelques-uns des calcaires indiqués
plus haut, diverses raies rouges qui pouvaient impliquer la présence du
strontium.
» On peut conclure des observations précédentes que la raie 65 annonce
la présence du kalium. Il est vrai que la seconde lignecaracteristiqueKa.fi
de ce métal ne fut aperçue que quelquefois dans la chaux des petits cylindres
cités plus haut; mais ce fait doit être attribué à la faiblesse de la lumière
dans cette partie extrême du spectre. La raie 82, toujours plus ou moins
visible, est due à la présence du lithium; et, enfin, la raie 100 à celle du
natrium.
» Nous en concluons que dans les cinq substances minérales que nous
avons soumises à l'analyse spectrale, il paraît que l'on doit reconnaître la
présence du natrium, du kalium et du lithium; en outre, nous doutons de
la présence du strontium, qui cependant nous semble très-probable dans
quelques-uns de ces cinq minéraux. «
M. Gerbeault adresse de Thouars (département des Deux-Sèvres) une
Note sur la construction et l'usage d'un instrument d'arpentage qu'il dé-
signe sous le nom deTrigonomètre.
(Renvoi à l'examen de M. Babinet.)
( 4ï)6 )
M\ Locazel adresse une Note sur un système de machines à vapeur qui
fonctionneraient, suivant lui, avec une très-petite dépense de combustible,
utilisant la plus grande partie de la chaleur qui se perd dans les systèmes
ordinaires, celle qu'emporte la vapeur projetée dans l'air à chaque coup
de piston.
(Renvoi à l'examen de M. Clapeyron qui jugera si cette Note est de nature
à devenir l'objet d'un Rapport.)
M. Roblet prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission à laquelle a été soumise sa Note sur le magnétisme terrestre.
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés : MM. Duperrey et deTessan.)
M. Dessoye adresse une nouvelle Note concernant ses méthodes de calcul
ft les principes sur lesquels il appuie ces méthodes.
(Renvoi à M. Rienaymé.)
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
M. Serres présente, au nom de la Section de Médecine et de Chirurgie,
la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante par
suite du décès de M. Maunoir :
M. Rocisson, à Montpellier.
M. Ehrmann, à Strasbourg.
M. Eandouzy, à Rheims.
3° M. Gintrac, à Rordeaux.
4° M. Serre (d'Uzès), à Alais.
2° Ex œquo.
M. Cloquet expose les titres de ces candidats. Ces titres sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures. F.
fil
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 25 MARS 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président de l'Institut rappelle que la prochaine séance trimes-
trielle aura lien le 8 avril prochain, et invite l'Académie des Sciences à lui
faire connaître en temps opportun les noms des Membres qui seraient dis-
posés à faire quelque communication dans cette séance.
M. Milne Edwards annonce que le Musée d'Histoire naturelle vient de
recevoir un Aurochs vivant, le premier qui ait été vu en France depuis les
temps historiques.
HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES. — Appréciation des travaux des Savants anté-
rieurs à la création de l'Académie des Sciences. — DESARGUES et La HlRE;
par M. Piobert.
« La création de l'Académie des Sciences, en 1666, facilita beaucoup les
relations des savants entre eux, et fit connaître plus généralement la part
qui revenait à chacun, ainsi que nous l'avons exposé dans une séance pré-
cédente; mais les travaux des savants antérieurs à cette époque restèrent
encore souvent l'objet d'appréciations faulives; ce n'est qu'avec le temps
que ces injustices peuvent être réparées. Nous allons en rapporter un
exemple qui montre que ces erreurs, si évidentes qu'elles soient, ne sont
pas toujours relevées, et qu'elles peuvent se propager pendant des siècles.
» \j Histoire de l'Académie royale des Sciences, année 1 7 1 8, contient l'éloge
C. R , i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 12.) 66
( 498 )
de LaHire, par Fontenelle, secrétaire de cette Académie; on y trouve, p. 77,
une assertion sur des relations de ce savant, qui ne peut se concilier ni avec les
dates, ni avec les faits connus ; la voici : « Il ( Philippe de la Hire) l'entreprit (le
» voyage d'Italie) en 1660...; à Venise,.. . il s'appliqua fortement à la Géomé-
» trie, et principalement aux Sections Coniques d'Apollonius. La Géométrie
» commencaità prévaloir chez lui.... Il revint au bout de quatreans,...
» Étant de retour ici, il continua ses études géométriques toujours plus
» profondes et plus suivies. M. Desargues, qui était du petit nombre des ma-
» thématiciens de Paris, et M. Bosse, fameux graveur, avaient fait une pre-
» mière partie d'un Traité de la coupe des pierres, matière alors toute nou-
» velle; mais quand ils voulurent travailler à la seconde partie, ils sentirent
» que leur Géométrie s'embarrassait, et ils s'adressèrent à M. de la Hire, qui,
» dans leur besoin, les secourut de sept Propositions tirées de la Théorie des
» coniques. M. Bosse les fit imprimer en 1672 dans une brochure in-folio.
» Ce fut par là que M. de la Hire avoua an public qu'il était géomètre. »
» Une partie de ce passage, qui a fait dire à plusieurs biographes que
» La Hire rendit des services à Desargues dont il termina le Traité surin
» coupe des pierres, » est complètement inexacte; car ce dernier, qui avait
quarante-sept ans à la naissance de La Hire, quitta Paris à une époque où
celui-ci n'avait guère que huit ans (1), et ne revint depuis lors à Paris qu'une
seule fois et pour très-peu de temps, en i658, à l'occasion du mariage d'un
neveu qu'il institua son héritier. Il ne reprit pas les travaux qui l'avaient
occupé pendant qu'il habitait cette ville, à cause des tracasseries sans nombre
qu'ils lui avaient attirées depuis la mort du cardinal de Bicbelieu, son pro-
tecteur, auquel il était resté attaché, après avoir servi sous ses ordres, en
qualité d'ingénieur, au siège de La Bochelle (2). La Hire n'avait encore que
dix-huit ans en i658, et venait de perdre son père, Laurent de La Hire,
qui avait suivi dans le temps les leçons de Desargues sur la perspective; ce
ne fut que plusieurs années après la mort de ce savant qu'il revint d'Italie.
( 1 ) A. Bosse, Moyen universel de pratiquer la Perspective sur les tableaux, nu sur/aces irre-
gidières. Paris, i653, p. 69 : « Ayant écrit à M. Desargues, à Lyon, où il est à présent
» depuis quelques années >
(2) Dans la Vie de Descartes, par Baillet, on lit, p. 1 55 et l5-j : « Le siège de La Rochelle
» étoit déjà fort avancé quand M. Descartes y arriva... Il ne se contenta pas d'en repaître
.. ses yeux, il se procura encore le plaisir de s'en entretenir avec les ingénieurs, et pard-
y culièrement avec son ami M. des Argues, qui avoit eu quelque part à tous ces desseins,
» et qui etoit considéré du cardinal de Richelieu par la grande connoissance qu'il avoit de
» la mécanique. »
( 499 )
d'où il rapporta, d'après Fontenelle, de fortes études sur les sections coni-
ques, qu'il continua, après son retour, « toujours plus profondes et plus
suivies » ; enfin il ne publia son premier ouvrage sur les sections coniques
que neuf ans après ce retour, en i6^3.
« Indépendamment de ces dates qui prouvent que La Hire était bien jeune
du temps de Desargues, comment admettre qu'il eût à tirer d'embarras,
à propos de Géométrie, Un homme comme ce savant qui, plus de trente
années auparavant, avait publié une Théorie des coniques, avec une telle
supériorité sur les anciens et une méthode d'une si grande généralité, qu'il
fut fort applaudi par les Descartes et les Fermât, et placé au premier rang
parmi les géomètres. On lit, en effet, dans le Traité des Propiiélés projectives
des figures, par M. Poncelet (Introduction, p. XLti) : «De La Hire écrivait peu
» de temps après Desargues et Pascal ; son travail, qui fit beaucoup de
» bruit dans le temps, surtout à l'étranger, doit être placé bien au-dessous
» de celui de ces illustres géomètres, tant pour l'invention que pour l'expo-
» sition, et parce qu'il n'est point, à beaucoup près, aussi complet et aussi
» étendu que le leur; sous ce rapport même on peut dire que cette partie
» de la science avait rétrogradé. » Le même auteur, si compétent en cette
matière, dit dans les Applications d 'Analyse et de Géométrie (Paris, 186a,
p. a^/^i''11 note) : « Les considérations qui précèdent et les suivantes sur les
» doubles coniques dans un plan, ne doivent pas être confondues avec
» celles des géomètres philosophes Desargues et Pascal, dont, un des pre-
» miers en 1822, j'ai tâché de faire revivre les ingénieuses théories fort
» appréciées de Descartes et de Leibnitz, et plus ou moins bien saisies par
» leurs successeurs De La Hire et Le Poivre. » Dans X Aperçu historique sur
l'origine et le développement des méthodes en Géométrie, M. Chasles dit,
p. 118 : « Il (De La Hire) fut aussi le digne continuateur des doctrines
» de Desargues et de Pascal,... » Page 119: « H commença [Sectiones coni-
» cœ..., Parisiis, i685) par établir les propriétés du cercle qui devaient se
» représenter dans les coniques, particulièrement celles qui tiennent à la
« division harmonique; et ensuite, il en fit usage pour découvrir et démon-
» trer dans les sections du cône les propriétés analogues Cette manière
» de procéder était, comme on voit, dans l'esprit de celle de Desargues et
» de Pascal, qui, par la perspective, transportaient aux coniques les pro-
» priétés du cercle. » Page 122 : « Il s'y trouve aussi quelques cas parti-
» culiers de la relation d'involution de six points (de Desargues), quoique
» cette relation ne s'y trouve pas dans toute sa généralité. » La Hire lui-
même rend plus de justice à Desargues que Fontenelle; on lit dans son
66..
( 5oo )
Traité de. Mécanique, Paris, i6g5, et dans les Mémoires de ('Académie
royale des Sciences, depuis iri66 jusqu'en 1699, t. IX (p. vin et vi de la
préface) : « M. Desargues qui était un des plus excellens géomètres de
» nôtre siècle. »
» Les positions respectives de Desargues et de La Hire comme géomètres
auraient dû, à défaut de concordance des époques de leurs travaux, avertir
Fontenelle de son inadvertance ; mais il paraît qu'il ne prisait pas l'originalité
des travaux du premier de ces savants autant que l'avaient fait Descartes,
Fermât et Pascal; cependant, en reproduisant dans son Histoire de i Acadé-
mie royale des Sciences, depuis son établissement en 1666 jusqu'en 1699, t. I,
les motifs que Du Hamel, son prédécesseur comme secrétaire perpétuel,
avait donnés de la création de cette Académie, il avait pu voir le nom de
Desargues dans la liste du petit nombre des mathématiciens cités comme
faisant partie de l'élite des savants français de l'époque.
» La grande prééminence que Fontenelle semble donner à La Hire sur
Desargues n'est pas précisément une appréciation personnelle; elle peut être
excusée dans un éloge académique, surtout à cause de la grande réputation
dont La Hire jouissait alors; nous ne nous en occuperons pas davantage;
mais il est intéressant de rechercher comment Fontenelle a pu être induit à
commettre une erreur que les dates rendent aussi évidente ; pour cela il faut
se reporter à une époque antérieure à la publication de la Coupe des pierres,
dont parle Fontenelle, et qui eut lieu en 1 643.
» Desargues avait publié à Paris, en août 1 640, un écrit de quatre pages in-
folio, ayant pour titre : Brouillon-Project d'exemple d'une manière univer-
selle DU S. G. D. L., touchant la practique du trait à preuves pour la coupe des
pieires en l' Architecture: Et de l'esclaircissement dune manière de réduire au petit
pied en Perspective comme en Géométral, et de tracer tous Quadrans plats d'heures
égales au Soleil. Quelque temps après parurent plusieurs cahiers in-4°, qui
furent réunis en un volume portant le titre de : Advis charitables sur, les
diverses œuvres et ftuiltes volantes du Sieur Girard Desargues Lyonnois, publiées
sous tes titres : i° de Brouillon-Projet, etc. Paris, Melchior Tavernier, 1642.
Le premier cahier, de 14 pages, avait pour titre : Réponse a un ami conte-
nant un examen d'un Brouillon-Projet, donné au public depuis quelques années
en çù par le sieur DESARGUES, sur le fait particulièrement d'un exemple qu'il
propose d'une manière universelle touchant la pratique du trait ci preuves, pour
la Coupe des pierres en l'Architecture. A. Bosse ayant publié l'année sui-
vante (1643) un ouvrage sous le titre de La pratique du trait a preuves,
de M. Desargues Lyonnois, pour la Coupe des Pierres en l'Architecture, celui-ci
( Soi )
y ajouta, p. 5i et 55, une approbation de ce livre, en date du ao juillet i6£3
et commençant ainsi : « Reconnoissaince de MONSIEURS Desargues. Je
» soussigné confesse avoir vu ce que M. Bosse a mis dans ce volume -ci,
» de la pratique du trait pour la coupe des pierres en l'Architecture,
» reconnois que tout y est conforme à ce qu'il a voulu prendre la
» patience d'en ouïr et concevoir de mes pensées, et espère que par
« cela seul on connoistra que l'auteur des premiers cahiers des libelles
» que le sieur Melchior ïavernier a fait imprimer de diverses méthodes,
» pour pratiquer la Perspective et d'avis charitables sur mes œuvres,...
» n'est pas non plus que les auteurs des deux autres cahiers de ce libelle
» d'avis, un de ces excellents hommes aux sciences que j'ai suppliés de
» vouloir dire leur sentiment de mes projets, et que au contraire il n'a pas
» une bien grande connoissance, ni de la théorie ni de la pratique des
» traits pour les arts de Perspective et Cadrans au Soleil, non plus que de la
» Coupe de pierres sur laquelle il s'arreste davantage, et dilate plus ample-
» ment son escrit, et où l'on voit à la vérité qu'il en a ouï parler à quelques
» ouvriers, il voudroit persuader aux crédules qu'il entend mon projet à
» fonds, et en effect il monstre qu'il ne l'entend pas; en ce qu'il en escrit
» des choses si peu raisonnées que je lui cotterai très-volontiers s'il vient a
» se nommer et à vouloir reconnoistre franchement la vérité, sans employer
«> ainsi toutes sortes de moyens pour l'obscurcir : Mais ces façons de faire
» jusques à cette heure font douter qu'il se puisse jamais résoudre à cela.
» Quand il a veu qu'il ne pouvoit entendre mes propositions, ni conséquem-
» ment connoistre s'il y a de l'erreur, et qu'il lui étoit aisé de ne rien dire
» qui vaille et imposer hardiment tout sans dire son nom, il s'est mis à
» escrire contre moi des galimatias
» Quant à moi, je lui veux donner de quoi me convaincre quand j'assure
» qu'il n'entend pas à fonds ma manière de trait. Entre plusieurs sortes d'en
» achever la préparation générale, il y en a une après laquelle pour trouver
» les paneaux, il ne faut plus mener qu'une seule ligne pour chacun, et Ion
» a de quoi le faire : Or, je n'ai pas voulu dire cet achèvement à Monsieur
» Bosse avant son deuxiesme volume de cette matière, afin que ce vieux
» docteur ait cependant moyen de la trouver s'il peut, et en la publiant par
» avance justifier qu'il m'entend à fonds, autrement on ne le croira pas. »
» Curabelle, dans son Examen des OEuvres du Sieur Desargues, Paris, 1644,
p. l\-j, parle de ce défi et indique qu'il se rapporte aux planches g5, 96 et 97,
et qu'il consiste à trouver une manière générale de tracer tant le lit que la
douelle au moyen d'une ligne seulement. A. Bosse dit, en effet, dans l'éx-
( 5oa )
plication de la planche g5 : « Il (M. Desargues) m'a dit qu'il pourra m'en
» monstrer une (manière abrégée de tracer les paneaux de première tête),
» en laquelle, après que la préparation est achevée au point qu'il faut, il
» n'y a plus à tirer qu'une seule ligne pour chaque paneau qu'on veut faire,
» en voici deux autres en attendant que je sache celle-là. »
» Le deuxième volume de la Coupe des Pierres n'étant pas publié lors.de
la mort de Desargues, A. Bosse ignorait encore la construction annoncée,
qui dépendait de la Théorie des Coniques, et que le premier s'était réservée:
il dut naturellement s'adressera La Hire qui s'occupait alors de cette théo-
rie, et dont il connaissait depuis longtemps la famille, ayant étudié la Per-
spective avec le père (c) et ayant été son collègue à l'Académie royale de
Peinture et de Sculpture.
» L'assertion de Fontenelle est donc très-vraisemblable en ce qui touche
Bosse, et ce qui la confirme complètement, c'est un passage d'une bro-
chure assez rare aujourd'hui, de 16 pages in-8°, ayant pour titre : Gatalogue
des Traités que le sieur Bosse a mis au jour, avec une déduction en gros de ce nid
est contenu en chacun. Puis par dii/ression quelques Récits et Avis nécessaires ;
octobre 1674- Après l'indication des dix œuvres principales de Bosse , on
lit : ■■■ Il a depuis donné au public, en deux feuilles volantes, des observa-
» lions géométriques de la découverte de M. de la Hire sur les points
» d'attouchement de trois lignes droites qui touchent la section d'un Cône
» sur quelques-uns des diamètres, et sur Je centre de la même section ; Et
» ensuite une Règle universelle très-juste et facile pour décrire toutes sortes
» d'Arcs rampans sur des points donnés de sujettion, soit elliptiques, para-
» boliques et hyperboliques, avec une règle mince et pliante, sans se ser-
« vir des axes, des foyers, ni du cordeau ; ensemble la manière d'y tracer
(1) On lit au commencement du BROUILLON-PROJECT... touchant la practique du trait
h preuves pour la coupe (les pierres en V Architecture cité précédemment, qui correspond au
sous-titre : Esclaircisscmcnt a"une manière de réduire au petit pied en Perspective comme en
Géométral : « Cette manière de prartiquer le trait pour la coupe des pierres est de la même
production que la manière de practiquer la perspective..., dont un exemple est imprime
dès le mois de mai 1 636... matière d'achopement à plusieurs, dont aucuns le rejettent à
faute de l'entendre... des ouvriers qui sçavent réduire au petit pied, les communs pour-
ront apprendre la perspective en peu de jours, et les bons en peu d'heures : comme entre
autres ont fait, à Paris, M. Buret, maistre menuisier, M. Bosse, graveur en taille-douce,
M. de la Hire, peintre, chacun des plus excellens hommes du temps en son art,... MM. Bosse
et de la Hire et autres, qui la mettent (la manière de réduire en perspective) chaque jour à
exécution,.. . tout ce qu'on a intention de faire en cela s'y trouve réduit en art, ce que sçavent
lesdits sieurs Bosse et de la Hire,...
( 5o3 )
« les joints de face de leurs pierres. Elles sont grand in-folio, faîtes en sep-
» tembre et décembre 1672. » Ce travail correspond précisément aux con-
structions géométriques dont Desargues s'était réservé la connaissance, et
dont il avait promis la communication à Bosse, lorsque paraîtrait le second
volume du Traité de la coupe des pierres. En admettant qu'après quarante-six
;mnées d'intervalle, un peu de confusion ait pu s'introduire sur la succession
des faits qui viennent d'être rapportés, on concevrait que Fontenelle eût pu
commettre une erreur relativement à Desargues, dont il ne connaissait pro-
bablement cpie très-peu les ouvrages, à peu près oubliés à cette époque ;
mais La Hire ne parle nullement de Desargues, en rappelant le travail qu'il
fit pour A. Bosse , car il termine ainsi , p. 9,4 , les Plani-coniquës publiées
en 1674 et placées à la suite de sa Nouvelle Méthode en Géométrie pour les
Sériions des superficies coniques et cylindriques. Paris, i6y3 : « Cette propriété
» des Courbes (coniques) est entièrement nécessaire pour tracer des arcs
» rampan s dans toutes sortes de sujétions données; et c'est ce que je fis,
» et qui fut imprimé en 167a, par M. Bosse, avec des particularités sur
» la pratique de ces arcs selon la méthode d'Apollonius, après avoir veu
» ce que M Rouget l'aisné, maître maçon fort intelligent dans la Coupe des
» pierres, avoit fait sur cette pratique. »
' » Les faits qui précèdent donnent lieu à une antre difficulté moins facile à
résoudre ; c'est qu'en raison des relations établies au sujet de la théorie des
coniques, entre La Hire, dont le père avait suivi les leçons de Desargues sur
la perspective, et Bosse, qui devait posséder tous les écrits de ce savant^ dont
il était l'élève, l'ami et le collaborateur (1), on se rend difficilement compte
d'une déclaration du premier, relativement à son ignorance, jusqu'en 1679,
du contenu de l'ouvrage de Desargues ayant pour titre: Brouillon-Project
(Cuite atteinte aux événemens des rencontres du Cône avec un plan, et impnméen
i63g. La Hire avait cependant ditdans l'avant-propos de sa Nouvelle Méthode
en Géométrie pour les Sections des superficies coniques et cylindriques : « Il n'y
» a personne qui en ait rien mis au jour en nostre langue (sur les sec-
» lions coniques), hormis M. Desargues, qui en a donné quelque chose
» sous le nom de Brouillon-Projet d'une atteinte aux événemens des rencontres
» du Cône avec un plan, qui n'a point esté mis en sa perfection. » La déclàra-
(1) Dans les dispositions testamentaires de Desargues, en date du 5 novembre t85S, se
trouve le paragraphe suivant : « Ledit sieur Desargues donne et lègue au sieur Abraham Bosse,
» graveur en eau forte, demeurant en l'isle du Palais , son obligeant et bon ami , et à son
» défaut aux siens, la somme de deux mille livres payables en quatre payements, etc. «
( 5o4 )
tion de La Hire, quoique ne s'accordant pas complètement avec le passage
précédent, est trop positive pour qu'on ne la rapporte pas ici textuellement,
telle qu'elle est écrite et signée par La Hire, à la fin de la copie qu'il a faite
lui-même du Brouillon-Project de Desargues (manuscrit de la Bibliothèque de
l'Institut) :
m L'an 1679, au mois de juillet, j'ai leu pour la première fois et transcrit
» ce livret de M. Desargues, pour en avoir une plus parfaite connoissance.
« Il y avoit plus de six ans que j'avois fait imprimer mon premier
» ouvrage sur les Sections Coniques, et je ne fais point de doute que si j'avois
» eu quelque communication de ce traité-ci, je n'aurois pas découvert la
» méthode dont je me suis servi, car je n'aurois pas cru qu'il eût esté possible
» de trouver quelque manière plus simple et qui fût aussi générale. Toutes
» les démonstrations qui sont ici sont si fort remplies de compositions, de
» raisons, et sont prises par des détours si longs, que si on les compare à
» celles que j'ai données des mêmes choses, où il n'y a aucune de ces coin-
« positions, et qui comprennent dans le premier cahier beaucoup plus uni-
» versellement tout ce qui est ici , il ne sera pas mal aisé de juger de l'avan-
» tage de ma méthode par-dessus celle-ci. Elles ont toutes deux pour but
» commun de démontrer dans le cône les principaux accidens de ses sec-
» tions, par les propriétés de la division d'une certaine ligne droite, qu'Apol-
« lonius connoissoit très-bien, puisqu'il l'a appliquée dans toutes ses ren-
» contres avec la section du Cône, et dont M. Desargues fait un cas de son
» Involution, laquelle j'ai nommée, après Pappus, harmoniquement cou-
» pée, ce qui me fait juger qu'Apollonius avoit bien découvert dans le solide
» la propriété de cette ligne , mais que, n'ayant pu en faire l'application
» d'une manière assez simple, il avoit préféré les démonstrations sur le plan
>. dont il s'est servi à ce qui lui auroit fait découvrir toutes ces propriétés, et
» ce fut en considérant attentivement toutes les propriétés de cette ligne et
» tous les cas qui sont dans Apollonius, et en les comparant tous ensemble,
» que je trouvai le moyen de n'en faire qu'un seul, que je donnai dans la
>> méthode que j'ai publiée. >• De la Hire.
» Les savants les plus compétents, dont on a cité précédemment les opi-
nions, sont loin de regarder la méthode exposée par La Hire, en 1673,
dans son premier ouvrage sur les sections coniques, comme plus générale
que celle de Desargues, ainsi qu'il est dit dans la déclaration précédente; ils
pensent plutôt le contraire. Aussi le grand traité de La Hire sur le même
sujet, qui parut en 1 G 8 5 , six ans après l'époque à laquelle il dit avoir pris
connaissance du Brouillon-Project des coniques, est bien supérieur, sous tous
( 5o5 )
les rapports, au premier essai de sa méthode qu'il avait fait paraître avant
cette même époque.
« Fontenelle est donc dans le vrai quant aux relations de La Hire avec
A. Bosse; mais il s'est trompé en y associant Desargues, mort longtemps
auparavant , et qui d'ailleurs était assez supérieur en Géométrie pour n'avoir
besoin du secours de personne quand il s'agissait de « propositions tirées de
la théorie des coniques. »
CHIMIE organique. — Recherches sur les pétroles d'Amérique;
par MM. J. Pelouze et Aug. Cahours.
« Dans un premier examen que nous avons fait des produits les plus
volatils de l'huile provenant des forages qu'on pratique depuis quelques
années sur plusieurs points de l'Amérique, et notamment au Canada, nuus
avons signalé l'existence d'un homologue du gaz des marais dont la com-
position est représentée par la formule
C,2H'1 = 4 vol. vap.
» Ce composé, que nous avons désigné sous le nom cYlrydrure de caproy-
lène en raison de la propriété dont il jouit de pouvoir engendrer les com-
posés de la série caproïque, par un mécanisme tout semblable à celui qui
permet de faire dériver du gaz des marais les différents termes de la série
méthylique, nous a servi de point de départ pour la formation de l'alcool
caproylique et de quelques éthers simples ou composés qui s'y rattachent.
Nous nous proposons de faire connaître aujourd'hui quelques termes de la
série caproylique qui servent à combler les lacunes que présentait notre
premier travail, et de plus d'autres carbures homologues appartenant à la
même série.
» Lorsqu'on fait agir l'iodure de caproyle sur le cyanate d'argent, le
mélange s'échauffe légèrement en même temps qu'on voit apparaître la cou-
leur jaune caractéristique de l'iodure d'argent. Si l'on distille ce mélange
au bain d'huile, on voit se condenser dans le récipient un liquide incolore
et très-limpide accompagné d'une matière solide et cristalline. Ces deux
substances peuvent être séparées l'une de l'autre à l'aide d'une rectification
ménagée en raison de la différence de leur point d'ébullition.
» La première est une huile limpide, incolore, insoluble dans l'eau, so-
luble dans l'alcool et l'éther, dont l'odeur rappelle, à un plus faible degré,
celle de l'éther cyanique ordinaire.
» L'analyse de ce produit lui assigne la composition du cyanate de
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 12.) 67
( 5o6 )
caproj /c
([ c2 o2v
C'2H'3 = C"H'! Az°2
» Mis en présence d'une dissolution aqueuse d'ammoniaque, ce liquide
ne tarde pas à se concréter en formant une bouillie cristalline qui, jetée sur
un filtre, lavée, puis séchée, se présente sous la forme d'écaillés blanches
douées de beaucoup d'éclat. Cette substance, qui se dissout avec facilité
dans l'alcool ainsi que dans l'éther et qui se sépare de ces dissolvants en
cristaux bien définis par l'évaporation spontanée, n'est autre que l'urée ca-
proylique dont la génération est analogue à celle des diverses urées compo-
sées à radical d'alcool.
» La composition de ce produit est représentée par la formule
s. (coy
Az3 C'2 H13 =(.'." H'8 Az-O2.
( HJ
S.i formation s'explique au moyeu de l'équation
\z
,{c?m„ iH ((c2o2r
\%^l +Az H = Az2 C'2H"
|C H |H I Rï>
» L'eau réagit sur L'éther caproylo-cyanique de la même manière que
sur l'éther éthylcyanique engendrant un composé très-nettement cristallisé
qui selon toute probabilité n'est autre que la dicaproylurée.
» Fait-on bouillir les produits précédents avec une lessive alcaline moyen-
nement concentrée, l'odeur des bases ammoniacales conjuguées se mani-
feste, et si l'on opère avec un appareil distillatoire, on recueille dans le réci-
pient de l'eau que surnage une huile limpide, soluble dans les acides avec
lesquels elle forme des sels cristallisables, et qui paraît n'être autre que la
caproyliaque.
» Nous avons dit dans notre premier travail que l'acétate caproylique se
dédoublait sous l'influence de la potasse ou de la soude, à la manière des
étbers composés en acétate alcalin avec production d'alcool caproylique.
Ce composé, dont nous avons indiqué les principales propriétés physiques
et qui bout régulièrement entre i5oet i5i°, s'échauffe en se colorant, lors-
qu'on le mêle avec environ son volume d'acide sulfurique concentré. Si la
digestion de ces deux substances est prolongée pendant plusieurs heures,
l'addition de l'eau ne sépare qu'une quantité d'huile insignifiante. La
liqueur acide étant saturée parle carbonate de baryte, filtrée, puis soumise
( 5o7 )
à l'évaporation, laisse déposer un sel blanc, gras au loucher, cristallisabJe
en écailles nacrées qui présentent la plus grande ressemblance avec le sulfo-
amylate de baryte. C'est le sulfo-caproylate
S204 1
Ba(C,2H,3))°''
» Nous avions pareillement annoncé que le mercaptan caproylique était
vivement attaqué par l'acide azotique, même étendu, lorsqu'on élève légè-
rement la température. Dans ce contact, on observe la formation de vapeurs
nitreuses abondantes; le liquide huileux prend une coloration verte, puis
rongeâtre, et disparaît graduellement. Si l'on arrête l'action avant que tout
le mercaptan soit attaqué, qu'on sépare à l'aide d'une pipette le liquide
acide de l'huile inaltérée, puis qu'on évapore au bain-marie, on obtient
finalement un liquide sirupeux. Traité par les carbonates de baryte et de
plomb, d donne des sels cristailisables qu'on sépare de la petite quantité
d'azotate qui pourrait les souiller en les reprenant par l'alcool bouillant.
Une partie de ces sels se sépare par le refroidissement; l'autre, par l'évapo-
ration. On obtient ainsi des écailles cristallines d'aspect nacré. Ces produits
sont entièrement analogues à ceux que fournit le mercaptan éthylique.
Nous les avons soumis à l'analyse, après les avoir préalablement desséchés
dans un courant d'air à ioo° et finalement par exposition dans le vide.
Nous avons obtenu les nombres suivants :
Sel de baryte.
I. oe\ 5o3 de matière ont donné o«r, 258 d'eau et oer,567 d'acide carbonique.
II. oBr,4&) de matière ont donné o8r, 23g de sulfate de baryte.
D'où l'on déduit pour la composition en ioo parties :
Théorie.
Carbone.. 30,74 » C'2 72 3o,p,o
Hydrogène 5,69 » H13 i3 5,57
Barium „ >g,i6 Ba 68 29,18
S3 32 i3,73
0e 48 20,62
233 100,00
Sel de plomb.
osr,646 du sel de plomb nous ont donné oe\ 365 de sulfate de plomb, ce qui correspond
à 0^,249 de plomb métallique, soit 38,54 P°1"' '°°- Le calcul donne 38,66.
67..
04 = C,2H,3BaS206,
!o4 = C12 H,3PbS206.
( 5o8 )
» La composition de ces sels est donc exprimée par les formules
S2 O2 »
Ba(C,2H'3)
S2 O2 ) (
Pb(C,,Huj)
» L'éther chlorhydrocaproylique réagit à l'aide de la chaleur sur une
dissolution alcoolique de sulfocyanure de potassium. Afin de rendre cette
action complète, on introduit le mélange de ces deux corps dans des tubes
qu'on scelle à la lampe et qu'on maintient pendant plusieurs heures au
bain-marie à la température de l'eau bouillante. Du chlorure de potassium
se sépare en abondance sous la forme de cristaux, tandis que l'alcool retient
en dissolution un produit qu'on sépare par l'addition de l'eau. Purifié par
la rectification, ce produit présente les propriétés suivantes :
» C'est un liquide incolore ou faiblement ambré, doué d'une odeur
désagréable qui rappelle celle de l'éther sulfocyanhydrique. Sa densité est
de 0,922 à la température de 120.
» Enfin l'éther iodhydrocaproylique, étant mis en digestion pendant
plusieurs heures dans des tubes scellés à la lampe avec du butyrate et du
benzoate d'argent, fournit des liquides neutres et incolores dont l'odeur
aromatique rappelle celle du butyrate et du benzoate amyliques. Nous
n'avons pas fait l'analyse de ces produits, que nous n'avons préparés du
reste qu'en faible proportion; mais leur mode de génération ne saurait
laisser aucun doute sur leur véritable nature. Il est bien évident que si
l'on se reporte à ce que nous avons dit sur la production de l'acétate de
caproyle, les composés précédents ne doivent être autres que le butyrate et
le benzoate de caproyle.
» Un examen attentif des pétroles d'Amérique purifiées par des rectifi-
cations exécutées en France, telles qu'on en rencontre aujourd'hui d'assez
abondantes quantités dans le commerce, nous a démontré dans ces produits
l'existence de deux carbures d'hydrogène plus volatils que l'hydrure de
caproylène. L'un bout à quelques degrés seulement au-dessus de o°, et
paraît renfermer une certaine quantité d'hydrure de butyle; le second bout
régulièrement à la température de 3o". Ce dernier produit, qu'on rencontre
dans certains échantillons d'huiles redistillées du commerce dans des pro-
portions qui peuvent s'élever jusqu'à environ | à y de leur poids, est un
liquide incolore et très-mobile, insoluble dans l'eau, soluble dans l'éther,
doué d'une odeur éthérée fort agréable et qui présente toutes les pro-
( 5o9)
prié tés qu'on assigne à l'hydrure d'amyle. De même que l'hydrure d'amyle
obtenu par l'action réciproque du zinc et de l'iodure d'amyle, il résiste à
l'action des réactifs les plus énergiques, tels que le brome, l'acide sulfiï-
rique de Nordhausen et l'acide azotique fumant.
» Nous avons trouvé sa densité de 0,628 à la température de 170.
» En outre, la combustion de ce produit, opérée par l'oxyde noir de
cuivre, nous a fourni les résultats suivants :
I. oer,37o d'un premier échantillon nous ont donné ogr,553 d'eau et 1 , 128 d'acide car-
bonique.
II. o6r,325 d'un second échantillon nous ont donné ogr, 492 d'eau et oBr,9g4 d'acide car-
bonique.
» Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres suivants :
Théorie.
Carbone 88,09 83>4° C'° 60 83,33
Hydrogène 16,59 l6>79 H" 12 16,67
72 100,00
» La détermination de la densité de vapeur de ce produit vient enfin
confirmer la formule précédente, et démontre l'identité la plus complète
de cette substance avec l'hydrure d'amyle. En effet, l'expérience fournit les
nombres suivants :
icr échantillon. 2e échantillon.
Température de l'air 1 1° 8°
Température de la vapeur. . . . ioo° 98°
Excès de poids du ballon oer , 329 oer , 34o
Capacité du ballon 273" 294rc
Baromètre . . om,7Ôo om,75o
Air restant o o
D'où l'on déduit pour le poids du litre 3,333 3,282
Et par suite pour la densité cherchée 2 , 577 2,538
Le calcul donne 2,535
» Ainsi la portion de l'huile d'Amérique qui bout à 3o° ne serait donc
autre que l'hydrure d'amyle pur. Ce liquide, qui dissout avec la plus grande
facilité les matières grasses et qui brûle avec une flamme exempte de fu-
mée, pourrait donc être avantageusement employé soit à l'éclairage, soit
pour détacher les étoffes. Ce produit absorbe rapidement le chlore, même
à la lumière diffuse et à la température ordinaire en s'échauffant. Si l'on
évite de faire intervenir un excès de ce gaz, qu'on lave à l'eau chargée de
carbonate de soude le liquide provenant de cette réaction et qui fume for-
( 5io )
tement à l'air en raison de l'acide chlorhydrique qu'il retient en dissolution,
puis que finalement ou le fosse digérer sur du chlorure de calcium anhydre,
on obtient un produit complexe, qui, soumis à une rectification ménagée,
laisse dégager au commencement une petite quantité du carbure inaltéré,
tandis que les dernières parties qui passent à la distillation renferment des
dérivés par substitution du carbure primitif dans lequel plus d'un équiva-
lent d'hydrogène a été remplacé par du chlore. Si l'on met à part la portion
intermédiaire et qu'on la redistille, on peut recueillir une certaine quan-
tité d'un liquide limpide et très-mobile bouillant entre 980 et io3°, dont la
composition est exactement celle du chlorure d'amyle.
» C'est ce que démontrent du reste les analyses suivantes :
I. o6' ,4^6 de matière nous ont donné, par leur combustion avec l'oxyde noir de cuivre
osr,392 d'eau et oer,877 d'acide carbonique.
II. osr,394 du même produit nous ont donné o6r,537 de chlorure d'argent, soit oEr, i3î
de chlore.
». Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres sui-
vants :
I. Il Théorie.
Carbone 50, 1 4 « C'u 60,0 56,33
Hydrogène 10,-21 » H " 11,0 1 o , 33
Chlore » 33, 5o CI 35,5 33,34
io6,5 100,00
» La densité de vapeur de ce produit confirme pleinement les résultats des
analyses précédentes. En effet, voici les nombres que nous a fournis l'expé-
rience :
Température de l'air 1 i°
Température de la vapeur i55"
Excès de poids du ballon osr,4°3
Capacité du ballon 209"*
Baromètre om , 754
Air restant o
D'où l'on déduit pour le poids du litre 4)9^4
Et par suite pour la densité cherchée 3,854
Le calcul donne 3,721
» Traité par une dissolution alcoolique de monosulfure de potassium, ce
produit échange son équivalent de chlore contre un équivalent de soufre et
donne naissance au sulfure d'amyle.
» Remplace-t-on le monosulfure par le sulfhydrate, on engendre le mer-
captan amylique.
( 5i. )
» Nous n'avons pas poussé plus loin ces réactions, qui ne nous auraient
rien appris de plus.
» Si l'on soumet à des rectifications ménagées l'huile volatile d'où l'on a
séparé les hydrures d'ainyle et de caproylène, on voit la température se
fixer pendant assez longtemps entre gou et 96"; si l'on met à part tout le
liquide qui passe entre ces limites de température et qu'on le redistille avec
soin, ou parvient, en opérant sur des quantités de matière un peu notables,
à isoler un produit qui, purifié par l'agitation avec l'acide sulfurique au
maximum de concentration, des lavages à l'eau chargée de carbonate de
soude et la dessiccation sur du chlorure de calcium, bout entre 920 et 94°-
C'est un liquide incolore et très-limpide dont l'odeur rappelle celle de l'hv-
drure de caproylène. Sa densité est de 0,6995 à la température de 160. Le
chlore l'attaque surtout à l'aide d'une douce chaleur et donne des produits
analogues à ceux que fournit l'hydrure de caproylène.
» Plusieurs analyses concordantes de ce produit conduisent à la for-
mule
C"H,C,
qui se trouve confirmée par la densité de vapeur.
» En effet, l'expérience nous a fourni les nombres suivants :
Température de l'air. . . n"
Température de la vapeur i52°
Excès de poids du ballon o6r,877
Capacité du ballon 5o8cc
Baromètre o1",^2
Air restant o
D'où l'on déduit le poids du litre 4)^7^
Et par suite pour la densité cherchée 3, 616
Le calcul donne 3,5a2
» Ce composé ne serait donc autre que l'hydrure d 'œnanthyle et par suite
le point de départ des divers dérivés de la série cenanthylique.
» En continuant la distillation du liquide, d'où le produit précédent a
été séparé, on observe encore que le thermomètre oscille pendant assez
longtemps entre 1 i5°et 1200. Le produit condensé, soumis comme les pré-
cédents à l'action successive de l'acide sulfurique et du carbonate de soude,
séché sur du chlorure de calcium anhydre et redistillé, se présente sous la
forme d'un liquide incolore et très-mobile, dont l'odeur se rapproche de
celle des carbures précédents. Sa densilé est de 0,726 à la température de
i5°. I! bout entre 11 6° et 11 8°. L'analyse de cette substance, qu'on peut
considérer comme Vhjdnire de capiyle, nous a donné des nombres qui con-
( 5ia)
duisent à la formule
C,8H",
formule qui se trouve confirmée par la densité de vapeur. En effet :
L'expérience fournit le nombre 4)009
Le calcul donne 4 > ° ' 5
» En continuant la rectification de l'huile restée dans la cornue, nous
sommes pai venus à isoler trois autres carbures d'hydrogène, qui présentent
après la purification les caractères suivants :
» Le premier bout entre i36° et i38°, sa densité est de 0,741 à la tempé-
rature de i5°; son odeur, analogue à celle des composés précédents, a quel-
que chose de légèrement citronné.
» L'analyse élémentaire conduit à la formule
C,8H20,
qui confirme la densité de vapeur. En effet :
L'expérience fournit le nombre 4i54'
Le calcul donne 4)5oS
» Le second bout entre 1600 et 1620. C'est un liquide incolore et tres-
limpide, qui présente une odeur citronnée plus manifeste que le précédent.
Sa densité est de 0,767 à la température de i5°. Le chlore l'attaque ainsi
que les autres en fournissant des produits de substitution régulière.
» L'analyse conduit à la formule
C20H22,
qui correspond à 4 volumes de vapeur. En effet :
L'expérience fournit le nombre. .... 5,o4o
Le calcul donne 5, 001
» Enfin le troisième produit que nous avons extrait de l'huile volatile
d'Amérique bout entre 1800 et 1840. C'est un liquide incolore et limpide,
dont la densité est de 0,765 à la température de 160. Son odeur est moins
agréable que celle des composés précédents.
» Son analyse conduit à la formule
C22H2\
qui correspond à 4 volumes de vapeur. En effet :
L'expérience fournit le nombre 5,458
Le calcul donne 5,494
» A cette classe de produits intéressants vient se rattacher la paraffiue qui
les accompagne constamment dans les pétroles d'Amérique, et qui se carac-
térise comme eux par une grande indifférence chimique. Peut-être même
( 5i3)
existe-t-il plusieurs carbures solides constituant des paraffines distinctes,
formant des mélanges analogues à ceux que nous présentent les carbures
liquides : c'est un problème que nous nous proposons de résoudre.
» En résumé nous avons retiré de la portion des huiles volatiles d'Amé-
rique, qui bout an-dessous de 2000, sept carbures d'hydrogène homolo-
gues, appartenant à la série remarquable dont le gaz des marais forme le
premier échelon. Chacun d.e ces carbures est attaqué par le chlore, et le
premier terme de cette substitution représente l'éther chlorhydrique de l'al-
cool correspondant, ces carbures pouvant à juste titre être considérés comme
le point de départ des divers alcools de la série éthylique.
» A l'exception de l'hydrure de caproylène, dont nous avons fait une
étude assez complète, nous n'avons fait qu'esquisser dans ce travail l'his-
toire de ses homologues supérieurs; mais il est facile de prévoir quels sont
les composés qui pourraient naître de l'action réciproque de ces carbures
avec divers réactifs.
» Bien que ces recherches soient encore fort incomplètes, nous venons les
offrir à l'Académie, nous proposant de les poursuivre avec activité.
» Nous donnerons en terminant, sous forme de tableau, la composition
de ces différents carbures, en disposant en regard les chiffres qui représen-
tent leurs densités ainsi que leurs points d'ébullition.
Noms. Formules. Densité. Point d'ébullition.
Hydrure d'amvle C'°H" = 4 vol. vap. 0,628 3o°
» de caproylène. . . CH" = » 0,669 ^8
d'œnanlhyle. . . C"H'6= » 0699 920 à 94
» de capryle C'6H,8= » 0,726 1 16 à 118
de pélargylé. . . C,8H2°= » 0,741 i36à 1 38
de rntyle C°H22 = » °>757 160 à 162
C!2H2' = » 0,766 180 à 184
ASTRONOMIE. — Mémoire sur l'équation séculaire de In Lune;
par M. Dei.aunay.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un exemplaire d'un Mémoire
que je viens de publier (1), et qui a pour objet l'équation séculaire de la Lune.
L'Académie n'a pas oublié la vive controverse dont cette question a été
récemment l'objet. Les arguments divers qui ont été fournis à cette occa-
sion, pour défendre telle ou telle manière de voir, ont laissé des traces qui
ne me paraissent pas conformes à la vérité. C'est pour rectifier les idées sur
ce sujet que j'ai écrit ce Mémoire. En y retraçant aussi exactement que
(1) additions à la Connaissance des Temps de 1864.
C. R., |8'.3 1" Semestre. (T. LVI, N° 12.) 68
( 5r4 )
possible l'histoire des diverses phases par lesquelles la question a passé suc-
cessivement, je cherche à bien montrer le véritable état où elle a été
amenée dans ces derniers temps, et cela au double point de vue des indi-
cations fournies par les observations et des données que l'on a pu déduire
de la théorie.
» Voici les conclusions auxquelles je suis conduit :
» i° La variation séculaire de l'excentricité. de l'orbite de la Terre pro-
duit une accélération du moyen mouvement de la Lune qui est d'environ
6" par siècle (6",n est la valeur fournie par les calculs les plus complets
qui aient été effectués jusqu'à présent sur ce sujet);
» 2° Les anciennes observations d'éclipsés ne prouvent nullement que
le moyen mouvement de la Lune soit affecté d'une variation séculaire plus
grande que celle qui vient d'être indiquée;
» 3° On n'est nullement autorisé jusqu'à présent à penser que la décou-
verte faite par Laplace de la cause qui produit l'accélération du moyen
mouvement de la Lune soit insuffisante pour expliquer la totalité du phé-
nomène;
» 4° Enfin, pour éclairer la question à ce point de vue, il esl indispen-
sable qu'on reprenne les recherches sur les éclipses chronologiques, en
partant de la valeur 6", i i que la théorie indique comme étant celle de
l'accélération séculaire due à la cause trouvée par Laplace. »
NAVIGATION ET PHYSIQUE DU GLOBE. — Courants généraux de l'atmosphère :
système des vents; Note de M. Diperrey.
« Dans un Mémoire qui fait partie de la Revue maritime et colonialt
et qui a pour titre : Renseignements nautiques recueillis à bord du vaisseau
leDuperré et de la /régate la Forte pendant un voyage en Chine, l'auteur,
.17. Rourgois, fait connaître les principaux résultats des observations nom-
breuses d'hydrographie, de météorologie et de physique du globe aux-
quelles il s'est livré, d'abord sur le vaisseau le Duperré, qu'il fut chargé
de conduire en Chine en 1860, puis ensuite sur la frégate la Forte dont il
effectua le retour en Europe en 1862.
» Au nombre de ces belles et nombreuses observations, celles qui sont
relatives au régime des vents et des courants sont d'un haut intérêt, en ce
que, ayant été faites avec une attention soutenue, scrupuleuse et indépen-
dante de toute idée préconçue, elles permettent, en présence des faits irré-
vocables que l'auteur en déduit, de distinguer quels sont, parmi les divers
systèmes plus ou moins hypothétiques proposés jusqu'à ce jour, ceux qui
(5,5 )
méritent de fixer l'attention d'avec ceux qui ont le grave inconvénient d'in-
duire en erreur les navigateurs et les physiciens.
» Cet important Mémoire que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau est
terminé par des conclusions dont je demande à l'Académie la permission dé
citer quelques fragments.
« Nous avons rendu compte, dit M. Bourgois, avec une fidélité trop
» scrupuleuse peut-être, des observations de vents faites sur la route d'Eu-
« rope en Chine et de Chine en Europe, à bord des bâtiments de l'Etat que
» nous avons successivement commandés ou dont les journaux sont tom-
» bés entre nos mains.
» Le lecteur a pu voir se révéler à chaque pas un complet désaccord
» entre les faits observés et les hypothèses admises par M. Maury (des États-
» Unis) dans son système des vents, et se vérifier fréquemment au contraire
» les faits généraux établis par M. Lartigue sur la circulation de l'atmo-
« sphère à la surface du globe.
» Les observations relatées dans le présent Mémoire seraient assurément
« trop peu nombreuses, en comparaison de celles inscrites par l'auteur de
» la Géographie physique de la Mer, pour infirmer les conséquences de ces
» dernières, si elles contredisaient les nôtres. Mais cet auteur ne semble
» guère avoir eu recours, en écrivant son livre, à la vaste compilation de
» faits dont ses laborieux efforts ont doté la Météorologie. Il s'est laissé
» guider surtout par sa vive et fertile imagination, et il a dû le succès de
» son oeuvre bien moins à l'exactitude de ses hypothèses et à la rigueur de
» ses déductions qu'à l'originalité hardie de ses conceptions et an charme
» entraînant de son style.
> Ee système des vents de M. Maury, comme tous ceux qu'on voudrait
» lui substituer, ne sauraient cependant avoir de base plus solide que lïn-
» terprétation intelligente des innombrables observations de vents inscrites
» sur ses propres cartes.
» C'est à l'aide de ces observations que M. Maury aurait dû fournir à
>• ses lecteurs la preuve de l'existence des zones continues de calmes équa-
» toriaux et tropicaux qui forment la base de son système. L'aridité de ce
» genre de preuves aurait nui peut-être à la vogue du livre, en rebutant les
» lecteurs superficiels; mais la science et la vérité y auraient trouvé leur
» compte. Peut-être aussi M. Maury eût-il reculé devant les hypothèses
» hasardées qu'il n'a pas craint d'introduire dans sa Géographie physique
» de la Mer, en négligeant ainsi l'enseignement des faits d'observalions re-
» cueillis par lui-même. »
68..
( 5i6 )
» M. Lartigue, dans les Nouvelles Annales maritimes de 1860, avait déjà
donné de nombreuses preuves du désaccord qui existe entre ces faits et la
théorie des vents de M. Maury. Ce désaccord n'est pas moindre qu'entre la
même théorie et les observations de vents recueillies à bord du vaisseau le
Duperré, de la frégate la Forte et d'autres bâtiments de l'expédition de Chine,
tels sont i Andromague , la Vengeance, le Rhin, l Entreprenante et le Rhône. »
PALÉONTOLOGIE. — Note sur deux nouveaux genres de bois fossile recueillis dans
tes environs de Constantinople ; par M. P. de Tchihatchef.
« La puissante nappe de diluvium qui revêt les environs de Constanti-
nople, en pénétrant bien avant dans la Thrace, contient sur plusieurs points
des bois fossiles qui n'ont pas encore été l'objet d'une étude quelconque
de la part des paléontologistes. Et cependant, les débris végétaux en géné-
ral sont d'autant plus importants pour la constitution géologique des régions
situées des deux côtés du Bosphore, qu'ils y sont extrêmement rares, ainsi
que j'ai pu m'en convaincre pendant mes longues explorations en Asie
Mineure, où les terrains qui composent cette péninsule m'ont fourni de
nombreux représentants du règne animal, mais à l'exclusion presque com-
plète de toute trace végétale. J'ai donc dû considérer comme une véritable
bonne fortune la découverte d'un gisement de bois fossiles dans la proxi-
mité même de Constantinople, et nommément à i3 lieues environ au N.-O.
de cette capitale sur les bords du lac Derkos, situé près du littoral de la
mer Noire. C'est la description de deux formes nouvelles recueillies par
moi dans cette localité que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie.
Je dois ce travail à l'obligeance de M. le professeur Unger, qui a bien voulu
soumettre les échantillons que je lui avais transmis à une étude approfon-
die, dont il vient de me communiquer les résultats, savoir : deux diagnoses
d'espèces appartenant à deux genres nouveaux qu'il a appelés Tchihatche-
wia et Consîantinium, ainsi que des dessins admirablement exécutés par le
même savant (à un grossissement de 110 fois), représentant des coupes
horizontales et verticales de ces bois. Comme ces dessins ne pourraient
trouver place ici, et qu'ils sont destinés à paraître dans le grand ouvrage
que je prépare sur la géologie de l'Asie Mineure, de l'Arménie et du
Bosphore, je demande la permission de reproduire les diagnoses de
M. Unger ainsi que les observations qui les accompagnent.
« TchiuatchEWIA BYZANT1NA Uug. Ligiti slrata coiicenlrica, conspicua duas
» tincas et ultra lata. liadii medullares homomorphi conjerli c cellulis duplicis
» ordinis confiât/', majoribus stralo simplici cellulas minimas cingentibus Vasa
( 5i7 )
« porosa vacua bi-pluries connata, in limite slrati annui ctmpla, sensim minora
• et in fine strati minima cetérum œquabililer dislributct. Cellulœ ligni prosen-
ii cbymalosœ leptotuhœ.
» Ce bois, très-remarquable par l'excellente conservation de toutes ses
i parties élémentaires, n'a encore jamais été trouvé à l'état fossile. Il appar-
» tient à la section dans laquelle ont été rangées la Klippsteinia et la Rosthor-
i nia (Ung. Gen.ct spec. plant. foss.,\>. 53 1), mais il se distingue de celles-ci
» par ses rayons médullaires qui dans la Tt hihatchewiù sont composés de
» cellules de deux dimensions différentes, les petites se trouvant enchâs-
i. sées dans les grandes. Les cellules prosenchymatiques sont fort étroites
« et à parois minces. La largueur des vaisseaux ponctués varie considé-
ii rablement, selon que ces vaisseaux se trouvent au bout ou au commence-
» ment des couches annuelles.
» Constantinium PUOTEOinES Ung. Lii/ni strata concenlrica, inconspicua.
» Radii meclul lares heteromorphi, majores rariores corpore longissimo usque
» j lin. lato, minores creberrimi uni-quatuor-seriales. Vasa porosa copiosa
» angusta utplurimum simpticia cellulis impleta, œquabililer distribuiez, Cetlula-
» ligni prosenchymatosœ pachytiebœ.
» Jusqu'à présent les deux genres Quercinium et Lilia (foc. cit., p. 53 1)
» figuraient seuls dans la section qui était destinée aux bois caractérisés
» |>ar des rayons médullaires de deux dimensions, c'est-à-dire les uns
» grands et d'autres petits. C'est à cette section que vient se joindre le
» Constantin ium, auquel ce nom a été donné pour rappeler sa provenance.
» 11 n'est pas dans toutes ses parties aussi bien conservé que le précédent,
» en sorte que l'on a souvent de la peine à y constater la ponctuation des
» vaisseaux; de même, les cellules paraissent généralement avoir des parois
» assez minces, ce qui au reste n'est que l'effet de l'action dissolvante de
» la fossilisation, puisque çà et là on aperçoit des cellules encore munies
» de leur membrane primitive à parois épaisses.
« Le bois dont il s'agit se distingue du Qnercinium par l'absence ou du
» moins par le caractère très- peu prononcé des couches annuel les, tandis que
» la nature des spiroïdes ainsi que plusieurs autres traits^différentiels l'éloi-
» giient de Lilia. Le nom spécifique de proteoides est destiné à rappeler
" certaines analogies de ce bois fossile avec celui des Protea. »
» Sans doute les formes intéressantes dont je viens de reproduire la
description d'après le manuscrit allemand de M. Unger sont loin de repré-
senter la totalité des richesses végétales fossiles accumulées dans la localité
susmentionnée où je n'ai fait que passer rapidement. Aussi suis-je décidé à
( 5.8 )
m \ transporter très-prochainement, afin de la soumettre a une exploration
détaillée. Je m'estimerai heureux non-seulement d'offrir à l'Académie les
résultats de ces nouvelles recherches que j'ai tout lieu de croire fructueuses,
mais encore d'enrichir les helles collections paléoutologiques du Muséum
d'Histoire naturelle, en y déposant les échantillons de bois fossiles qui
j'aurai recueillis, et que le savant professeur de Vienne a bien voulu me
promettre de décrire et de figurer, double tâche dont il sait s'acquitter avec
une égale habileté. »
RAPPORTS.
BOTANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Duval-Jouve, mlilutr :
Histoire naturelle des Equisetum de France.
; Commissaires, MM. Decaisne, Tulasne, Brongniart rapporteur. )
« Le genre Prèle ou Equisetum constitue à lui seul une des familles les
plus remarquables parmi les cryptogames supérieures ou vasculaires.
» La forme extérieure si particulière de ces végétaux, la nature et la
disposition de leurs organes végétatifs et les caractères de leurs organes
de reproduction les isolent en apparence complètement des familles au-
près desquelles cependant quelques points essentiels de leur structure
et les phénomènes les plus importants de leur reproduction doivent
nécessairement les placer. Aussi, ces plantes ont-elles été de tout temps
l'objet d'études spéciales, et, dans ces dernières années surtout, des
(•■couvertes importantes ont été faites sur leur mode de reproduction;
car, grâce aux recherches de MM. Thurel, Hoffmeister, Milde, dans
l'espace de quelques années, de 1848 à i85a, le mystère de la fécon-
dation a été dévoilé dans ces plantes aussi bien que clans les fougères, et
1 démontré l'intime affinité qui existe entre ces végétaux.
» Ces travaux récents auraient pu faire croire qu'il 11') avait plus lieu
à de nouvelles études sur ces végétaux; aussi M. Duval-Jouve dit-il lui-
même que d'abord il n'avait eu l'intention que de résumer et de combiner
les travaux des autres en en vérifiant les points les plus essentiels; mais
l'intérêt du sujet, les résultats intéressants auxquels l'ont conduit ses propres
observations, les points laissés obscurs et les contradictions de quelques
observateurs l'ont engagea approfondir et à étendre ses recherches, et il en
est résulté, après plusieurs années d'études continuées avec persévérance,
un travail original aussi complet qu'on peut le concevoir sur cette famille
si remarquable.
» Sans doute, beaucoup des observations de M. Duval-Jouve ne font
(5.9)
que confirmer celles de ses devanciers, mais celle vérification même d'ol>
servations délicates et difficiles faite par la même personne pour tous les
points de l'organisation de ces plantes, cette vérification, étendue à toutes
les espèces de ce genre, donnerait à elle seule déjà une grande valeur aux
études de M. Duval-Jouve.
» Il était impossible, cependant, que des recherches si bien dirigées ne
lui fournissent l'occasion d'ajouter aux résultats obtenus par les savants
qui l'avaient précédé; en effet, cet excellent observateur a suivi la plupart
des espèces <X Equisetum depuis leur premier développement au sortir de la
spore jusqu'à leur accroissement complet et à la formation de ces mêmes
spores, et par l'étude successive et comparative des mêmes orgaues à toutes
les périodes de leur évolution, il a nécessairement mieux saisi plusieurs
points importants de leur organisalion.
» Ainsi, il a étudié avec un soin tout particulier non-seulement lat struc-
ture des tiges, des rameaux et des racines adultes dans les diverses espèces,
et il a montré les rapports qui existent entre les divers tissus qui les consti-
tuent, mais il a suivi le mode de développement de ces divers tissus, la for-
mation et la multiplication des cellules qui au sommet du bourgeon dé-
terminent la première évolution de la tige, la première apparition des gaines
qui, dans ces plantes, remplacent les feuilles, la formation des stomates et
des vaisseaux, et il a montré les changements qui s'opèrent dans ces or-
ganes aux divers âges de ces plantes. Sur plusieurs points, ses observa-
tions ainsi dirigées ont ajouté des faits très-intéressants à ceux déjà connus.
» Dans ces plantes, les gaines qui entourent de distance en distance
les tiges et les rameaux sont généralement considérées comme formées par
un verticille de feuilles imparfaites; M. Duval-Jouve, en étudiant leur for-
mation et en montrant qu'elles résultent, dès l'origine, d'un anneau ou
bourrelet continu dont le bord libre ne se divise que plus tard pour formel-
les dents de ces gaines, rend l'assimilation de ces organes avec les feuilles
très-douteuse, et ce mode de formation, joint à la différence de position
des dents de ces gaines, relativement aux rameaux, doit porter à consi-
dérer chacune des parties constituantes de ces gaines comme très-diffé-
rente des véritables feuilles.
» L'étude de 1'épiderme et des modifications accidentelles qu'il peut
éprouver l'a conduit à considérer la couche siliceuse qui le recouvre,
et qui lui donne cette dureté remarquable qui fait employer les liges de
Prêles dans l'industrie, comme une sécrétion de la partie des cellules de le-
( 520 )
piderme qui est en contact avec l'air, et non pas comme entrant dans la
constitution même de leurs membranes, ainsi que le pensent plusieurs au-
teurs. C'est, sans doute, un exemple très-remarquable d'une sécrétion de
matière inorganique en dehors des cellules; sécrétion qui, malgré sa na-
ture si différente, rappelle celle des matières cireuses qui recouvrent sou-
vent la surface externe de Fépiderme des feuilles et des fruits.
» Des détails pleins d'intérêt sur le développement et la structure des
stomates de ces végétaux, sur leur position toujours limitée aux parties de
l'épidermequi recouvrent un parenchyme rempli de chlorophylle, sur leur
perméabilité par l'air et sur leur occlusion dans d'autres circonstances,
fournissent de nouvelles preuves du rôle de ces petits organes dans les
fonctions respiratoires des plantes.
» Le système vasculaire des Prèles est très-peu développé, mais il pré-
sente quelques faits intéressants mieux étudiés par M. Duval-Jouve qu'ils ne
l'avaient été précédemment. Ce système vasculaire est constitué par un
cylindre de faisceaux distincts très-réguliers composés de vaisseaux annelés
ou spiraux dont l'auteur du Mémoire a suivi le mode de formation et de
développement graduel avec beaucoup de précision, grâce au mode d'ac-
croissement de chacun des mérithalles. Mais il a constaté en outre que
bientôt les plus internes des vaisseaux de chacun de ces faisceaux se dé-
truisent, sont résorbés et produisent ainsi des lacunes régulières et con-
stantes qui accompagnent à l'intérieur chacun des faisceaux vasculaires
dans la plante adulte. Cette existence temporaire de vaisseaux qui se dé-
truisent plus tard et dont les fonctions paraissent ainsi transitoires avait
déjà été signalée par M. Chatin et par quelques autres anatomistes, mais
spécialement dans des plantes aquatiques dont les parties adultes en étaient
complètement dépourvues; mais les Equisetum fournissent peut-être le pre-
mier exemple de cette résorption parmi des plantes non aquatiques et qui
conservent un système vasculaire pendant toute leur vie.
» L'étude du mode de végétation des Prèles, de leurs rhizomes, des tu-
bercules qui en naissent, de la multiplication de ces plantes par la division
de ces rhizomes, multiplication malheureusement trop facile dans les terres
cultivées, a été poursuivie avec une égale persévérance par M. Duval-Jouve
pour toutes les espèces, soit en Alsace, soit en Provence, et on peut dire
qu'aucun des phénomènes qui touchent à la vie de ces plantes singulières
n'a été négligé par lui.
» Les organes de la reproduction méritaient une égale attention; ce ne
( 5ai )
sont pas en effet les parties les moins remarquables de ces curieuses cryp-
togames.
» Tout le monde connaît les épis qui terminent les tiges des Prêles et
qui laissent échapper de l'intérieur des conceptacles qu'ils supportent,
lorsqu'ils sont arrivés à leur entier développement, une immense quantité
de corpuscules sphériques accompagnés de filaments contournés en spirale
et doués de mouvements hygroscopiques que détermine le moindre change-
ment dans le degré d'humidité de l'air ambiant.
» Ces corps sont les spores des Equiseïum, et les filaments auxquels on a
voulu autrefois attribuer des fonctions fécondatrices ne sont destinés qu'à
faciliter leur sortie et leur dissémination.
» M. Duval-Jouve a suivi avec le plus grand soin la formation des con-
ceptacles ou sporanges et des spores qu'ils renferment; il a déterminé les
divisions successives qu'éprouvent les cellules avant d'arriver à la produc-
tion de la cellule mère de chaque spore; il a constaté pour ces cryptogames,
comme on l'avait déjà fait pour d'autres et pour les Equisetum eux-mêmes,
l'analogie complète qui existe entre le mode de formation des spores et
celui des grains de pollen dans l'anthère; il a enfin parfaitement démontré
Ja manière dont se forment les filaments spiraux qui entourent chaque
spore et qui résultent de la division en une double bande spirale de la
membrane épaissie de la cellule mère, ou, si l'on veut, de la membrane la
plus externe de la spore elle-même.
« La germination de ces spores donne naissance, comme dans les fou-
gères, à une petite fronde verte irrégulièrement lobée, qui n'est pas encore
la nouvelle plante et qu'on a nommée proembryon ou prothallium, et cpie
M. Duval-Jouve désigne parle nom de sporophyme.
» En suivant sur de nombreuses germinations des spores de la plupart
des espèces d'Ecpùsetum de France le développement de ces petites fron-
des, M. Duval-Jouve a pu constater de nouveau et étudier dans leurs plus
petits détails les phénomènes si singuliers signalés dans ces plantes pour la
première fois par M. Thurel et par M. Hoffmeister, et qui les rattachent si
intimement aux fougères chez lesquelles des phénomènes analogues avaient
été observés depuis peu d'années.
» On sait en effet que dans les fougères, comme dans les Prêles, les spores
donnent naissance à une petite fronde de quelques mdlimètres dont la crois-
sance s'arrête bientôt, mais qui produit des anthéridies remplies d'anthé-
rozoïdes et des archégones contenant chacune une cellule embryonnaire des-
C R., i863, i« Semestre. (T. LV1, N° 12.) 69
( Saa )
tinée, après la fécondation, à devenir le germe de la nouvelle plante qui
s'est ainsi foruiée librement au centre de l'archégone.
» Ces faits si inattendus, découverts dans les fougères et les Prèles de
1848 à 1862, avaient eu pour résultat non-seulement de faire rentrer toute
cette grande classe de végétaux cryptogames sous les lois de plus en plus
générales de la reproduction sexuelle, mais en outre de signaler un mode
de fécondation dont on n'avait jusqu'alors aucune idée et dont les phéno-
mènes se passaient, au moins en apparence, à une période de la vie de la
plante pendant laquelle on ne pouvait pensera les chercher.
» M. Duval-Jouve, par les semis qu'il était parvenu à obtenir facilement
et en abondance de toutes les espèces de Prèles, a pu suivre mieux que ses
prédécesseurs toutes les circonstances de la production et de l'accroisse-
ment de ces organes; il a pu constater que, dans la majorité des cas, ces
sporophymes ou prolliallium étaient unisexués, que le développement des
anthéridies etdesarchégones sur une même fronde étaituncas exceptionnel,
et que, dans ce cas même, un de ces organes était toujours très-prédomi-
nant. Il a vu que l'humidité de la rosée déposée sur ces petites frondes favo-
risait l'expulsion des anthérozoïdes et leur transport d'une de ces frondes
sur les frondes voismes, ces petites plantes, de 2 à 3 millimètres seulement,
se développant en général en gazons serrés, de manière qu'il a pu voir sou-
vent les animalcules sortis des anthéridies transportés jusqu'à l'orifice des
archégones.
» Toute la première partie du grand travail de M. Duval-Jouve, dont
nous venons de faire connaître quelques-uns des résultats les plus saillants,
est ainsi un exposé organographiqne, anatomique et surtout organogé-
nique de tout ce qui concerne la structure et le développement des divers
organes des Eqidselum depuis leur première origine jusqu'à leur état adulte.
» Une seconde partie est consacrée à l'étude particulière des diverses
espèces de Prèles, au nombre de onze, qui croissent en France, à leur dis-
tinction fondée également sur les caractères tirés de leurs formes extérieures
et de leur structure anatomique, enfin à l'examen de la variation des formes
et du mode d'existence de chacune d'elles.
» Dans cette partie, qui n'est pas susceptible d'analyse, on reconnaît
également l'observateur scrupuleux qui a suivi sur le vivant toutes ces
plantes et qui les a étudiées dans toutes les périodes de leur vie.
» Pour nous résumer, V Histoire, naturelle des Equisdum de France, par
M. Duval-Jouve, est un des travaux les plus complets qui aient jamais été
faits sur une famille naturelle, assez limitée, il est vrai, mais des plus re-
( 023 )
marquables par sa structure. Les études auatomiques et organogéniques si
étendues et si exactes que ce Mémoire comprend lui donnent un caractère
plutôt physiologique que de botanique purement descriptive, et nous pro-
posons à l'Académie d'en ordonner l'insertion parmi les Mémoires des Sa-
vants étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres-
pondant pour la Section de Médecine et de Chirurgie, en remplacement de
feu< M. Maunoir.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 53,
M. Bouisson obtient l\B suffrages,
MM. Erhmann et Serres (d'Uzès) chacun. ... 4
M. Bouisson, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu.
MÉMOIRES LUS.
orographie. — L'Oberland du Valais et le mont Rose; Note deM. Civiale fils.
(Commissaires, MM. Regnault, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, en la priant d'en agréer
l'hommage, une nouvelle série de vues formant la quatrième partie de la
description photographique des Alpes.
» J'ai dit (i) que, pour fournir à la géographie physique et à la géologie
les indications qu'on peut en attendre, les épreuves doivent être orientées
et choisies de manière à reproduire le mieux possible la structure des roches,
la disposition des couches du terrain, les formes et les pentes des gla-
ciers. A l'aide d'une carte topographique détaillée, on déterminera, sur les
épreuves obtenues d'une même station, les coordonnées d'un point quel-
conque par rapport au plan horizontal passant par cette station; pourvu
toutefois que l'appareil ait été rendu rigoureusement horizontal.
» Le procédé photographique employé est le papier sec, ciré à l'aide
d'un mélange de quatre parties de paraffine et d'une partie de cire vierge.
Une modification, qui consiste à remplacer le verre antérieur de l'ob-
jectif de 83 millimètres de diamètre et d'un foyer de 5m,34 par un verre de
(i) hoiries Comptes rendus des 3o avril 1860, 22 avril 1861 et 17 mars 1862.
69..
( 5a4 )
même diamètre et d'un foyer de im,67, m'a permis de réduire de 18 à 14 le
nombre des épreuves embrassant la circonférence entière, tout en conser-
vant à ces épreuves une netteté satisfaisante. Le foyer de l'objectif double
est réduit de om,']i à om,55.
» Le travail que je mets sous les yeux de l'Académie comprend trois
grands panoramas, deux petits et un album de vues de détails.
» Le premier panorama, composé de dix feuilles, pris du sommet de
l'Eggisbhorn, à 2941 mètres au-dessus de la mer, embrasse un angle de
2670 et représente la chaîne de l'Oberland bernois à partir du Galenstock;-
du nord-est au nord-ouest se développe dans toute son étendue le glacier
d'Aletsch; à l'ouest et au sud les brouillards voilent les cimes de la chaîne
du mont Rose; au sud-sud-est apparaissent le Monte-Leone et quelques-uns
des sommets de la chaîne qui sépare le Valais de l'Italie.
» Deux petits panoramas complètent le panorama de l'Eggishhorn :
» L'un, composé de trois feuilles, pris de l'hôtel, à a3io mètres au-dessus
de la mer, embrasse un angle de 1060 et représente la chaîne qui domine
le Binnenthal.
» L'autre, pris des environs du lac de Betten, à 2207 mètres au-dessus de
la mer, embrasse un angle de 700 et représente les abords du Simplon, le
Fletschhorn et quelques sommets des vallées de Saas et de Zermatt.
« Le deuxième panorama, composé de treize feuilles, pris du Monte-Moro,
à 2720 mètres au-dessus de la mer, embrasse 347° et représente de l'est au
sud-ouest les montagnes de l'Italie dominant la vallée de Macugnaga, le
Pizzo-Bianco, le mont Rose, la Cima-di-Jazzi et le Faderhorn; du sud-ouest
au nord, le Strahlhorn, l'Allelinhorn, les Mischàbel borner, la vallée de
Mattmark et quelques cimes de l'Oberland, le Bietschhorn, etc.; du nord à
l'est, les montagnes qui séparent la vallée de Mattmark de l'Italie. Les
brouillards venant du sud -est ont empêché de prendre une dernière épreuve
pour compléter la circonférence.
» Le troisième panorama, composé de quatorze feuilles, est pris de la
Pierre-à-Voir (environs de Martigny), à 2476 mètres au-dessus de la mer, et
embrasse toute la circonférence. Ce panorama a été fait clans de mauvaises
conditions de lumière; les vallées étaient voilées par la brume, quelques
sommets trop éloignés manquaient de netteté; cependant la reproduction
des chaînes de l'Oberland, du mont Blanc, du .mont Rose et des grandes
vallées qui les séparent m'ont paru offrir assez d'intérêt pour les mettre
sous les yeux de l'Académie.
» Les vues de détails comprennent le glacier de l'Oberaar, Viesch, la
vallée du Rhône, Sion, les Diablerets, Martigny, le Bonveret, la vallée de
( 5a5 )
Mattmark et ses glaciers, le Strahlhorn, la route du Monte-Moro et le grand
bloc erratique de serpentine aux environs de l'hôtel du lac Mattmark. Ce
bloc, le plus considérable de ceux qui sont dispersés dans la vallée, est
moutonné, strié et poli sur une partie de sa surface, mesure 7000 mètres
cubes environ et fait partie de l'ancienne moraine du glacier de Schwartz-
berg. Ce glacier aboutit par sa partie supérieure aux aiguilles de serpentine
du Strahlhorn, et barrait autrefois la vallée, comme le fait aujourd'hui le
glacier d'Allelin. Son ancienne moraine ne laisse aucun doute à cet égard.
Toutes les montagnes d'où le bloc aurait pu se détacher ne renferment pas
de serpentine. Le glacier de Schwartzberg l'a donc amené du Strahlhorn a
la place qu'il occupe maintenant dans la vallée. »
OROGRAPHIE. — Plans-reliefs topographiques des montagnes françaises ;
fjar M. Iïakdix. (Extrait.)
(Commissaires, MM. d Archiac, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)
« Transporter à Paris nos montagnes françaises, les Alpes, les Pyré-
nées, les Vosges, le Jura, l'Auvergne, réduites à une échelle commune et
rapportées au niveau moyen de la mer, afin de les rendre comparables à
première vue dans leurs formes et leurs hauteurs relatives, tel est le travail,
le grand œuvre, que je me suis imposé en prenant ma retraite de professeur
aux Écoles d'Artillerie et à l'École Polytechnique. Il ne s'agit point ici de
l'exposition d'un simple projet; je ne m'adresserais pas si haut pour si
peu. Après deux ans defforts combinés, je puis mettre sous les yeux de
l'Académie des Sciences et livrer à son appréciation des spécimens dont
l'étendue et l'exécution ne laissent aucun doute sur la réalisation possible
de mon entreprise.
» L'échelle de réduction de ces plans-reliefs, assez petite pour permettre
d'embrasser de grandes étendues dans des modèles d'un usage commode,
est cependant assez grande pour que les principaux détails du relief ne
soient pas amoindris jusqu'à disparaître. Cette échelle commune, le qua-
rante-millième, est la même pour les distances horizontales et pour les
hauteurs; de sorte qu'il en résulte des plans-reliefs naturels dont la réalité
est complète. En présence de ces images vraies, on les rapports des hauteurs
sont conservés, où les pentes du sol sont naturelles, l'observateur le plus
novice ne confondrait plus entre eux des phénomènes orographiques qui
n'ont de commun que leur nom générique. L'aspect chaotique des Alpes,
l'arête étroite et en baïonnette des Pyrénées, les formes ballonnées des
Vosges, les combes jurassiques, les pustules volcaniques de l'Auvergne le
( 5a6 )
frapperaient immédiatement, lui communiqueraient des impressions ineffa-
çables et lui donneraient la connaissance défaits qu'il eût saisis difficilement
sans le secours de ces images.
» Qu'on se figure dans le musée d'une de nos anciennes provinces, dans
le musée d'Épinal par exemple, le plan-relief topographique et le plan-relief
géologique de la chaîne des Vosges placés l'un à côté de l'autre et en regard
de leurs cartes respectives ; n'est-il pas de toute évidence qu'il sortirait de ce
simple rapprochement une foule de notions utiles ou intéressantes pour la
population vosgienne? Qui ne connaît d'ailleurs l'amour des montagnards
pour leurs montagnes^
» On conçoit l'impossibilité et, par bonheur, l'inutilité d'exécuter le
plan-relief de la France entière, à cause de l'immense étendue du sujet qui
forcerait à prendre une échelle de réduction si petite, qu'il n'y aurait plus de
relief appréciable, même pour nos plus hautes montagnes. Il est vrai qu'on
pourrait recourir à l'artifice du surhaussement; mais on sait ce que valent
ces représentations contre nature. M. le Président m'a permis de déposer sur
le bureau de l'Académie quelques exemplaires d'un imprimé où l'usage des
plans-reliefs surhaussés est combattu à outrance. Nos régions montagneuses,
et non les plaines et les plateaux qui constituent la plus grande partie du
sol de la France, nos montagnes seules, considérées isolément, peuvent être
traitées par des plans-reliefs. Et encore ne peuvent-elles l'être, à cause de
leur étendue dans le sens horizontal, que par des fragments choisis de
manière à mettre en évidence les caractères distinctifs des chaînes auxquelles
ils appartiennent.
» Le jour où j'ai appris que les minutes au quarante-millième des offi-
ciers d'état-major étaient terminées, j'ai formé le projet de construire à cette
échelle les plans-reliefs des montagnes françaises. C'est avec l'agrément de
M. le Maréchal Ministre de la Guerre, avec la bienveillante et large assis-
tance de M. le général Blondel, directeur du Dépôt de la Guerre, et sous
l'impulsion de M. Élie de Beaumont, que j'ai entrepris ce travail sur l'oro-
graphie française; travail énorme, dont les détails d'exécution, quoique
indispensables pour justifier cette épithète, ne sauraient trouver place ici.
En résumé, il est sorti des précieuses minutes du Dépôt de la Guerre
une suite de plans-reliefs qui sont le complément naturel, on pourrait dire
nécessaire, de l'œuvre monumentale de la Carte de. France.
» Voici les objets qui sont exposés dans la salle d'attente de l'Académie :
» i° Un Fragment des Alpes, le col du mont Cenis. Ce plan-relief et la carte
dont il dérive ont été exécutés, par exception, avec les levers-nivelés de la
brigade topographique du génie militaire. Je dois la communication de ces
( 5,7 )
matériaux à la bienveillance de M. le Maréchal Vaillant, alors qu'il était
général de division et président du Comité du génie. Le même sujet, on le
verra, est traité comparativement par le dessin et suivant toutes les métho-
des. Il n'y manque que la géologie, qui m'a été souvent promise et que
j'attends encore, ne pouvant aller la chercher.
» Deux vues, l'une qui montre le couvent du mont Cenis et les mon-
tagnes neigeuses sur lesquelles il se projette, l'autre prise du lac Noir, et
montrant le sommet du glacier de Bar, donnent sur la physionomie de cette
haute région des renseignements qu'on ne peut que soupçonner sur la
carte et même sur le plan-relief.
» 20 Un Fragment des monts Dômes de l'Auvergne, la chaîne des Puys.
Grâce à la carte géologique de M. Lecoq, ce plan-relief et sa carte seront
traités topographiquement et géologiquement. J'ai été assez heureux pour
rencontrer dans M. Edouard Vimont, jeune géologue de Clermont, non
point un aide, mais un véritable collaborateur, de sorte que c'est en notre
nom commun que je présente ce travail, moins avancé que les autres par
suite de retards imprévus.
» Le paysage s'allie si bien à la topographie, en la complétant, que le
Dépôt de la Guerre compte dans le personnel de ses employés deux habiles
paysagistes qui, chaque année, enrichissent ses archives de vues emprun-
tées aux diverses régions montagneuses de la France. L'année dernière, ils
ont été envoyés dans l'Auvergne. Nous sera-t-il permis de tirer quelque
chose de cette source au profit de notre description? Encore une région
oubliée des photographes qu'attirent sans cesse la Suisse et ses glaciers!
N'est-ce donc rien que cette imposante chaîne de cinquante volcans surgis-
sant sur une étendue de quelques lieues, au centre de la France?
» 3° Un Fragment de la chaîne des Vosqes, les hautes Vosges. Ce plan-
relief carré, de im,6o de côté, a été traité complètement au point de vue
topographique, c'est-à-dire qu'on a dessiné à quatre crayons sur sa surface
les principaux détails topographiques qu'elle porte : les eaux en bleu, la
végétation en vert, les lieux habités en rouge, les écritures et les courbes de
niveau centésimales à la mine de plomb. Ce spécimen montre, à part l'exé-
cution qui pourrait être encore plus soignée, ce qu'on peut faire de plus
complet en ce genre de travail.
» La carte, élément indispensable de la construction du plan relief, ne
manquera pas d'attirer, par son caractère purement orographique, l'atten-
tion des ingénieurs chargés des grands travaux publics.
( 528 )
» On a pu remarquer, à l'Exposition de i855, les belles vues des Vosges,
peintes par les paysagistes du Dépôt de la Guerre.
» Le plan-relief géologique des Vosges se fera avec les cartes géologi-
ques de MM. Levallois (Meurtrie), de Billy (Vosges), Daubrée (Bas-Rhin),
Dufresnoy et Élie de Beaumont (Haut-Rhin, de la Description géologique de
In France). En attendant, M. Edouard Collomb a bien voulu ébaucher la
carte géologique de la chaîne entière, sur la réduction au trois-cent-vingt-
millième de la carte de l'état-major, c'est-à-dire faire le travail ingrat d'as-
sembler des cartes établies à des échelles différentes et teintées d'après des
classifications de terrains différentes.
» Un plan-relief et sa carte, si exacts et bien exécutés qu'on les suppose,
si explicites et si expressifs qu'ils soient, ne disent pas tout et ne peuvent pas
tout dire. De là la nécessité de Mémoires descriptifs ou de légendes expli-
catives qui les accompagnent et les complètent. Pour les Vosges, je pui-
serai à pleines mains dans le premier volume de la Description géologique
de la France.
» Une collection déroches, choisies parmi celles qui jouent un rôle im-
portant et bien constaté sur le relief du sol, a sa place marquée à côté de
chaque plan-relief. Ces collections sont commencées.
•< 4° Un Fragment d'un pays de collines, les environs de Metz. Bien que ce
sujet soit d'une étendue encore moindre que celle du mont Cenis, faible
elle-même comparativement au plan-relief de l'Auvergne et à celui des
Vosges surtout, j'ai cru devoir le comprendre dans cette exposition topo-
graphique. C'est un terme de comparaison de plus. Une vue prise de l'es-
planade de Metz développe en hauteur les pentes douces et les contours de
ces charmantes collines que le plan-relief et la carte accusent d'ailleurs
assez bien.
» Il serait certainement d'un grand intérêt d'étendre le plan-relief du
col du mont Cenis jusqu'au mont Thabor, où l'on est en train de percer
le fameux souterrain de i2 5oo mètres, si improprement appelé tunnel du
mont Cenis. En passant sous le col du mont Cenis, au lieu de percer l'arête
relativement étroite du mont Thabor, le chemin de fer, entre Saint-Jean-de-
Maurienne et Turin, aurait eu un tunnel de 20000 mètres environ. Il con-
viendrait aussi d'étendre le plan-relief des hautes Vosges à l'est, un peu
au delà d'Epinal, pour y faire entrer les formesorographiques du grès bi-
garré et du niuschelkalk, et au sud jusqu'à Béfort, pour atteindre les der-
nières pentes des Vosges méridionales et englober les collines tertiaires
( 5*9 )
d'entre Mulhouse, Aitkirch et Béfort. Je le reconnais; toutefois je în'eri
tiendrai aux fragments que j'expose aujourd'hui, bien résolu à ne les éten-
dre que si ces essais de stéréotomie topographique sont goûtés et encou-
ragés. S'ils l'étaient, j'entreprendrais bientôt un fragment du Jura français,
emprunté probablement à la feuille de Saint-Claude de la carte de l'état-
major, puis une des magnifiques vallées des Pyrénées, dont le choix n'est
pas encore fixé.
» J'ai l'espoir qu'arrivé là les minutes des officiers d'état-major chargés
de la carte des départements de la Savoie seront terminées, et que je pour-
rai, avec ces matériaux et les belles photographies panoramiques de
MM. A. Civiale, Bisson frères et autres artistes, reproduire dignement le
mont Blanc, ce géant des montagnes de l'Europe, et clore par lui ma car-
rière de vulgarisateur. »
« Après la lecture du Mémoire de M. Bardin, M. Eue de Beaimont
fait remarquer que le hasard seul a été cause que les photographies de
M. A. Civiale et les plans-reliefs de M. Bardin ont été présentés à l'Acadé-
mie le même jour, mais que cette rencontre fortuite peut servir à mettre en
plus grande évidence les avantages signalés par M. Bardin dans la propor-
tionnalité conservée par lui entre les hauteurs et les distances horizon-
tales. En effet, cette proportionnalité existe nécessairement dans les pho-
tographies, et lorsqu'on regarde les plans-reliefs de M. Bardin horizonta-
lement et dans la direction convenable, on voit reparaître les silhouettes
données par la photographie; tandis qu'on n'en retrouverait plus que la
caricature s'il avait exagéré l'échelle des hauteurs. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie des échan-
tillons des aérolithes trouvés par M. Domeyko dans le désert d'Atacama au
Chili, et dont il avait annoncé l'envoi dans une précédente communication
concernant ces aérolithes (voir le Compte rendu de la séance du i5 dé-
cembre 1862).
M. le Secrétaire perpétuel présente également une Lettre dans laquelle
M. Larroque, chargé par le gouvernement chilien d'une mission dans ce
même désert d'Atacama, indique les premiers résultats de ses explorations
dont il se propose d'ailleurs de faire prochainement l'objet d'une communi-
cation plus complète.
C. E., iK63, 1" Semestre. (T. LV1, N° 12.) 70
( 53o )
Les échantillons adressés par M. Domeyko et la Lettre de M. Larroque
sont renvoyés à l'examen de la Commission nommée dans la séance du
i5 décembre, Commission qui se compose de MM. Élie de Beanmont et
Charles Sainte-Claire Deville.
PHYSIQUE GÉNÉRALE. — Mémoire sur la cause de la pesanteur et des effets
attribués à l'attraction universelle; par MM. F.-A.-E. et Ém. Keller.
(Extrait par les auteurs.)
« Pendant les cinquante dernières années de sa vie, de 1670 à 1726,
Newton n'a pas cessé de chercher la cause de la pesanteur, tantôt dans les
mouvements, tantôt dans les différences de densité de l'éther, et, ne par-
venant pas à la préciser, il tenait du moins à ce que personne ne pût jamais
lui attribuer d'avoir pris au sérieux l'hypothèse de l'attraction. Cette préoc-
cupation est nettement exprimée dans un grand nombre de ses écrits, et
notamment dans la 2e édition de son Optique et dans sa Lettre au Dr Bentley,
où figure le passage suivant :
« Il est insoutenable que la matière inerte puisse exercer une action au-
» trement que par le contact ; que la pesanteur soit une qualité innée, inhé-
» rente, essentielle aux corps, qui leur permette d'agir les uns sur les autres
» au loin, à travers le vide, sans qu'un intermédiaire quelconque serve à la
» transmission de cette force, cela me paraît d'une absurdité si énorme,
» qu'elle ne saurait, à mon sens, être admise par personne capable de
» réflexion philosophique sérieuse. »
» Voici en quels termes énergiques et saisissants la même pensée est
exposée et justifiée par M. Lamé, à la fin de ses savantes Leçons sur l'élas-
ticité :
« L'existence du fluide éthéré est incontestablement démontrée par la
» propagation de la lumière dans les espaces planétaires, par l'explication
» si simple, si complète, «les phénomènes de la diffraction dans la théorie
» des ondes; et, comme nous l'avons vu, les lois de la double réfraction
» prouvent avec non moins de certitude que l'éther existe dans tous les
» milieux diaphanes. Ainsi la matière pondérable n'est pas seule dans l'uni-
» nivers, ses particules nagent en quelque sorte au milieu d'un fluide. Si
» ce fluide n'est pas la cause unique de tous les faits observables, il doit au
» moins les modifier, les propager, compliquer leurs lois. Il n'est donc
» plus possible d'arriver à une explication rationnelle et complète des
» phénomènes de la nature physique sans faire intervenir cet agent, dont la
( 53. )
» présence est inévitable. On n'en saurait douter, cette intervention, sage-
« ment conduite, trouvera le secret ou la véritable cause des effets qu'on
» attribue au calorique, à l'électricité, au magnétisme, à l'attraction univer-
» selle, à la cohésion, aux affinités chimiques; car tous ces êtres mystérieux
» et incompréhensibles ne sont, au fond, que des hypothèses de coordi-
» nation, utiles sans doute à notre ignorance actuelle, mais que les progrès
» de la véritable science finiront par détrôner. »
>• D'après ces témoignages dont personne ne récusera la haute autorité,
il est donc permis de chercher l'explication de la pesanteur dans l'inter-
vention de l'éther, et c'est la nature de cette intervention qui seule puisse
faire question.
» Pour la découvrir, rappelons que Fresnel, après avoir suivi les traces
de Huyghens, qui attribuait la lumière à des ondes éthérées analogues aux
ondes sonores de l'air, et constituées par des vibrations longitudinales sur
les rayons de ces ondes, a fini par reconnaître que les vitesses vibratoires
lumineuses étaient au contraire perpendiculaires aux rayons; ce qu'il a dé-
montré rigoureusement en partant des faits généraux de la polarisation et des
phénomènes d'interférence.
» Ce résultat ayant fixé l'attention des analystes, M. Cauchy, et plus par-
ticulièrement M. Lamé, constatèrent que tout ébranlement excité dans un
milieu élastique homogène donnait naissance à deux systèmes d'ondes se
propageant sphériquement avec des vitesses très-différentes, et constituées,
les unes par des vibrations perpendiculaires aux rayons sans changement
de densité, les autres par des vibrations longitudinales sur les rayons et y
déterminant des condensations et dilatations alternatives.
» Ainsi, en même temps que l'analyse sanctionnait la découverte de
Fresnel en ce qui concerne la propagation des vibrations lumineuses per-
pendiculaires aux rayons, elle établissait aussi l'existence réelle des ondes
condensantes et dilatantes, admises par Huyghens , mais définitivement
dépouillées du rôle qu'il leur attribuait dans la propagation de la lumière.
Cependant ces ondes, restées depuis sans emploi utile dans la science ac-
tuelle, doivent évidemment servir à quelque chose, et le moment semble
venu de chercher et de trouver une explication plausible, simple et natu-
relle de la pesanteur dans l'action incessante de ces ondes sur les corps
résislants ; action analogue à celle des ondes liquides qui drossent les
navires par l'excès de la force vive de leur flot sur celle de leur jusant, car
les vibrations longitudinales des ondes éthérées, condensantes et dila-
tantes, n'étant aussi que des impulsions suivies de réaction, et les réactions
70..
( 532 )
étant toujours plus faibles que les impulsions, il reste en définitive un excès
de force dans le sens de la propagation qui doit se communiquer aux corps
denses et résistants faisant obstacle à la propagation, et qui doit les pousser
les uns vers les autres. C'est ainsi que des corps inertes de faible densité
transmettent leur impulsion à des corps plus denses, lorsque, placés pêle-
mêle dans une boite longue, on frappe coup sur coup l'une de ses extrémi-
tés ; alors les particules les plus denses vont se réunira l'autre extrémité,
et si les deux extrémités étaient frappées à la fois, ces particules se réuni-
raient au centre de la boîte, et les autres se trouveraient disposées par ordre
décroissant de densité en s éloignant du centre.
- On se rendra compte de ce pbénomène, en supposant d'abord une
simple file ou bande de particules spbériques soumise à des chocs à son
extrémité; si l'une d'elles est plus dense, après chaque impulsion elle
prendra une vitesse moindre, mais plus durable que les autres, et se dépla-
cera dans le sens de l'impulsion. Ainsi, en traversant cette particule, la force
impulsive se modifie et se partage en deux portions, l'une qui reste en quel-
que sorte inhérente à la particule, l'autre qui continue à se propager, et qui
est moindre que la force primitive.
» Si l'on suppose maintenant des chocs dans les deux sens, et deux par-
ticules plus denses que les autres, elles se feront mutuellement écran en
absorbant une portion de la force impulsive dirigée de l'une à l'autre, et la
force qui tend à les éloigner devenant ainsi plus faible que celle qui tend
à les réunir, elles s'approcheront l'une de l'autre, absolument comme si
elles s'attiraient.
» Si au lieu d'une seule file de particules ou en prend une certaine masse,
et si, au lieu de chocs dans deux directions opposées, on suppose des chocs
dans tous les sens, il est aisé de voir que les particules plus denses absor-
bant mutuellement une partie des impulsions dirigées de l'une à l'autre, se
rapprocheront comme si elles s'attiraient réellement. Comme tous les
écrans, ces particules agiront les unes sur les autres en raison inverse du
carré de la distance et en raison directe de leur nombre : action qui, à pre-
mière vue, offre une analogie frappante avec la loi de l'attraction univer-
selle.
» On peut ainsi, par une expérience facile à faire, réaliser une image
sensible de l'action impulsive sur les corps résistants que doivent exercer les
ondes éthérées condensantes et dilatantes, qui d'ailleurs suppléent à la fai-
blesse de leurs chocs par l'immensité de leur nombre et l'incroyable rapi-
dité de leur succession, à raison de 420000000000 par seconde. En effet,
( 533 )
nous démontrerons que le mouvement moléculaire de ces ondes, plus vif
dans le sens de la propagation qu'en sens inverse, constitue une force vive
impulsive, plus grande pour les corps de forte densité que pour ceux de
faible densité; cpie sous l'action d'une infinité de systèmes d'ondes se croi-
sant en tous sens, les corps denses sont poussés les uns vers les autres en rai-
son directe de leur masse et en raison inverse du carré de leur distance
mutuelle, conformément à la loi attribuée à l'attraction universelle ; mais
qu'il n'en est pas de même pour les corps très-peu denses, tels que les nébu-
losités cométaires dont le régime mystérieux échappe à cette loi , parce que
l'action impulsive des ondes éthérées sur ces corps est d'autant plus faible
que leur densité est moindre et se rapproche davantage de celle de l'éther.
En effet, en désignant par g la force accélératrice des corps denses, celle
des gaz et vapeurs de densité p' serait
Y-
e
P
e étant la densité d'équilibre de l'éther.
» Nous établirons ainsi une distinction importante entre les planètes ,
leurs satellites, les noyaux des comètes d'un côté, et de l'autre les nébulo-
sités ou les couches atmosphériques qui les environnent.
» Cette distinction, évidemment, met hors de cause les conséquences
tirées des lois de l'attraction universelle par les célèbres analystes du siècle
dernier et par l'illustre auteur de la Mécanique céleste , en tant que ces con-
séquences s'appliquent à des corps denses. »
Ce Mémoire est renvoyé à une Commission composée de MM. Lamé.
Delaunay, Fizeau.
pathologie . — Mémoire sur l'inosurie; par 51. Gallois. (Extrait par l'au-
teur d'un travail présenté par M. Bernard.)
(Commissaires, MAL Pelouze, Rayer, Bernard.
« L'inosite, qui par sa composition chimique appartient à la famille des
sucres, peut quelquefois se montrer dans l'urine, et je désigne ce phénomène
sous le nom d'inosuiie. Pendant l'état de santé, l'urine de l' homme et des
différents animaux que j'ai observés ne contient point d'inosite. Mais il est
des conditions pathologiques, dans lesquelles l'inosite se retrouve dans le
produit de la sécrétion rénale.
» M. Cloetta, qui a le premier découvert l'inosite dans l'urine, l'a trouvée
( 534 )
accompagnée d'albumine ou de glycose, et la même observation a été faite
par MM. Lebert et Newkomm. Mes recherches personnelles ont abouti au
même résultat, et sont venues confirmer cette première donnée. L'inosurie et
la glycosurie peuvent donc exister simultanément; mais il est juste de dire
que la réunion de ces deux symptômes est relativement rare, et que la gly-
cosurie est plus souvent observée seule qu'associée à l'inosurie.
» Quand une urine sucrée est en même temps inositique, la proportion de
glycose peut être considérable on au contraire presque nulle, et on ne saurait
établir de règle à cet égard.
j> Quand l'inosite se rencontre dans une urine albumineuse, il y a lieu
d'y rechercher très-attentivement la glycose, soit qu'elle y existe actuelle-
ment, soit qu'elle s'y montre dans un temps prochain, soit qu'elle y ait été
observée à une époque antérieure.
« Dans la polyurie, qui par plusieurs de ses symptômes se rapproche du
diabète sucré, je n'ai jamais constaté le passage de l'inosite dans l'urine. Je
n'ai jamais réussi à en découvrir non plus, en dehors du diabète sucré et de
la néphrite albumineuse aigué ou chronique, dans les nombreuses urines
pathologiques que j'ai analysées. Je n'en ai point trouvé dans l'urine des
femmes en lactation, qui réduit si énergiquement la liqueur cupro-potas-
sique.
■> Il résulte de mes recherches, que l'inosurie ne doit point être consi-
dérée comme une maladie proprement dite, mais seulement comme un
symptôme.
» L'inosite qui se produit dans l'organisme ne paraît point empruntée le
plus ordinairement aux aliments ingérés, et elle ne résulte pas non plus
d'une transformation de la glycose.
» La formation de l'inosite dans l'économie semble étroitement liée à la
fonction glycogénique du foie, et l'inosite, comme ladexlrine et la glycose.
paraît être l'un des produits qui résultent de la transformation de la matière
glycogène. Ce qui le prouve, c'est qu'on peut dans certains cas, en piquant
le plancher du quatrième ventricule du cerveau, déterminer artificiellement
l'inosurie, comme on détermine artificiellement la glycosurie. »
ZOOLOGIE APPLIQUEE. — Noie sur le ver à soie de l'ambtevate ,
par M. A. Vixsox. (Extrait par l'auteur.
(Commissaires, MM. Milne Edwards. Blanchard.
« Dans un récent voyage dans l'intérieur de l'île de Madagascar, j'ai étudié
( 535 )
]a sériciculture chez les Hovas, et les moyens de naturaliser clans les pays fran-
çais cette espèce nouvelle et spéciale à cette île. L'élève se fait en plein champ et
sans frais. Les indigènes recueillent les cocons, les immergent dans l'eau bouil-
lante, les ouvrent pour en retirer la chrysalide qui est comestible. Ils car-
dent ces cocons et les filent à la main. Ils font de deux à quatre récoltes pat
an. Les procédés de teinture sont encore grossiers chez les Malgaches : ils
emploient pour obtenir le rouge les semences du Rocou (Bixia orellnna, L.) et
les écorces de Natte [Imbricaria maxima, D. CL); pour le jaune, le Safran (Cur-
cuma longa, Rcemf.); pour le bleu, l'Indigo [Indigojera tincloria, h.); pour la
couleur brune, ils se bornent à enfouir la soie dans les marais. Ils se servent
comme mordant d'une dissolution de sulfite de fer ou d'acides végétaux.
Le ver à soie est d'un gris rougeâtre, armé de piquants : le cocon est d'un
gris jaunâtre, long de 45 millimètres. Le papillon appartient au genre Boro-
cera (Boisduv.). Le mâle est d'un rouge brique ; la femelle est d'un gris perle :
chez les deux les ailes supérieures ont deux raies brunes. Je l'ai nommé
Borocera Cctjani, du nom de la plante dont se nourrit ce ver. Si j'ai cru devoir
appeler aujourd'hui l'attention de l'Académie sur ce ver à soie nouveau,
c'est que sa naturalisation peut devenir un jour une branche d'industrie
très-importante pour la France et ses colonies. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Fermeture hydraulique des bouches d'écjnut;
par M. Landoïizy. (Extrait.)
(Commission des Arts insalubres.)
« Le principe de ces nouvelles bouches repose scientifiquement sur une
loi élémentaire d'hydrostatique, et pratiquement sur l'absence de tout méca-
nisme. Une simple cuvette en fonte, à section sensiblement parabolique,
et divisée par une cloison transversale qui plonge légèrement dans le liquide,
constitue tout l'appareil. L'eau du ruisseau passe sous cette cloison par
siphonnement et s'épanche librement par le déversoir. Toute communica-
tion a ainsi cessé entre l'atmosphère de l'égout et le dehors*, le but hydrau-
lique est réalisé, et la bouche est devenue inodore.
» L'évaporation à la surface extérieure de la cuvette ne dépassant pas
un millimètre par jour, à moins de conditions exceptionnelles, et se trou-
vant très-largement compensée, d'ailleurs, par les eaux de pluie et de mé-
nage, la saillie de 5 millimètres de cloison a été adoptée comme saillie
moyenne, mais elle peut être diminuée avec avantage et descendue même à
i millimètre.
( 536 )
» La partie supérieure de l'appareil se continue avec le trottoir et se
trouve pourvue d'une large ouverture fermée par une plaque mobile qui
se renverse avec facilité, si l'aération des égouts devient nécessaire les
jours de curage. A la partie inférieure de la cuvette existe un fort tampon
maintenu par une chaîne, et qui s'enlève à volonté pour un nettoiement
complet.
» Les eaux d'orage sont fort peu retardées par la cloison, grâce à sa
faible immersion, et l'examen des faits observés à Reims depuis un an auto-
rise même à dire que ce retard, s'il existe, est absolument inappréciable. »
M. de Seré présente un Mémoire sur divers instruments de son invention,
Mémoire portant pour titre : « Du Couteau hémorrhagique. — Du Couteau
hémorrhagique galvano-caustique hémostatique à chaleur graduée. — De
l'Échelle mécanique de graduation » .
(Commissaires, MM. Velpeau, L Cloquet, Maréchal Vaillant.)
M. Dax soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé :
« Observations tendant à prouver la coïncidence constante des dérangements
de la parole avec une lésion de l'hémisphère gauche du cerveau. »
(Commissaires, MM. Serres, Flourens, Andral.)
M. Marville adresse de Reims un Mémoire sur un appareil hygiénique
de son invention qu'il désigne sous le nom de Couvre-Oreille, et dont il s'at-
tache à faire ressortir l'utilité dans certains cas d'otite et d'affections de
l'oreille externe.
(Commissaires, MM. Pouillet, Velpeau, Bernard.)
M. MorelLa vallée, en présentant au Concours pour les prix de Médecine
et de Chirurgie un opuscule sur un « moyen de prévenir la roideur et
l'ankylose dans les fractures », y joint, pour se conformer à l'une des condi-
tions du programme, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans
son travail.
(Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.
M. Phœrus, doyen de la Faculté de Giessen, adresse au Concours, pour
( 537 )
les prix de Médecine et de Chirurgie, un opuscule écrit en allemand « sur
le catarrhe d'été typique ou la fièvre dite fièvre de foins ».
Un Mémoire destiné au Concours pour le prix des Arts insalubres, et dont
l'auteur a cru à tort devoir placer son nom sous pli cacheté, est renvoyé à
la Commission qui jugera si ce travail rentre bien dans les conditions du
programme.
Un autre Mémoire, portant de même sans nécessité le nom de l'auteur
sous pli cacheté et relatif au choléra-morbus, est renvoyé à la Commission
du legs Bréant.
CORRESPONDANCE.
31. LE MlNISTRE DE L1 AGRICULTURE, DU COMMERCE ET DES TrAVALX PURL1CS
adresse des billets d'admission pour la séance de distribution des prix aux
lauréats du concours d'animaux de boucherie de Poissy, séance qui aura
lieu le ier avril prochain.
M. le Ministre adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exem-
plaire du XLIII" volume des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi
de 1844? et du n° 9 du Catalogue des Brevets d'invention pris pendant
l'année 1862.
M. le Ministre de la Guerre adresse, de même pour la Bibliothèque de
l'Institut; un exemplaire du XIIe volume du Becueil de « Mémoires et Ob-
servations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires militaires ».
L'Académie royale des Sciences de Lisbonne remercie l'Académie pour
l'envoi de ses dernières publications.
La Société royale de Victoria adresse de Melbourne (Australie) le vo-
lume V de ses Transactions et remarque que les volumes précédents por-
taient le titre de Transactions de l'Institut philosophique de Victoria.
M. le Secrétaire perpétuel donne connaissance à l'Académie de la cir-
culaire du Comité chargé de s'occuper de l'érection du monument à la
mémoire de Kepler.
La ville de Weilerstadt, patrie du célèbre astronome, a résolu de lui
ériger un monument (une statue en bronze); elle a réuni en très-grande
C. R., [863, 1" Semestre, (T. LVI, N° 12.) 71
( 538 )
partie les fonds nécessaires, mais elle serait Irès-flattée de recevoir des
savants français une marque d'intérêt pour les travaux de Kepler et s'a-
dresse dans ce but à l'Académie des Sciences.
Le Comité a autorisé M. Mohl, Membre de l'Institut, à recevoir, pour les
lui transmettre, les fonds destinés au monument de Kepler.
M. lk Secrétaire perpétuel présente, au nom des auteurs, les ouvrages
suivants :
— « Animaux fossiles et géologie de l'Attique, d'après les recherches
faites en 1 855-56 et 1860 sous les auspices de l'Académie des Sciences »:
par M. A. Gaudry, tf livraison;
— « Le terrain de transition des Vosges : partie géologique, par M. J.
Kfcchlin-Sclilumben/er ; partie paléontologique, par M. TV.-Ph. Schimper »;
— « Note pour servir à la géologie du Calvados»; par M. Eug. Deslonc/-
champs ;
— « Richesses ornithologiques de la France »; par /)/. J.-B. Jaubert, mé-
decin inspecteur des eaux thermales de Gréoulx, et M. Bailliélemy-Lapom-
meraye, directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Marseille; 6e et 7e fas-
cicules. Ces livraisons complètent l'ouvrage.
OPTIQUE. — Sur les raies telluriques du spectre solaire; Note de M. Janssex.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie les principaux résultats
des observations que je poursuis en Italie, par ordre du Ministre d'État, sur
les raies atmosphériques ou telluriques du spectre solaire. J'ai déjà eu
l'avantage de communiquer à l'Académie, en juillet, une Note sur les pre-
miers résultats ohtenus sur ce sujet. Alors j'étais parvenu, au moyen de dis-
positions optiques cpie j'indiquais, à constater dans le spectre solaire des
groupes de raies toujours visihles, variant d'intensité suivant la hauteur du
soleil et dans la mesure même que semble exiger la hauteur de notre atmos-
phère, telle que nous la connaissons. Ces premiers résultats ont été pleine-
ment confirmés par une étude assidue du spectre depuis cette époque.
» Je puis résumer l'ensemble des faits en disant qu'il existe dans le
spectre solaire un système très-nombreux de raies toujours visihles, de po-
sition fixe, quels que soient l'époque de l'année, le lieu d'observation, mais
dont l'intensité est incessamment variable et se trouve être en rapport avec
l'épaisseur d'air traversée parles rayons solaires, aux différentes heures du
( 539)
jour, autant qu'on peut l'établir d'après la hauteur probable de notre atmos-
phère. Il paraît donc démontré qu'il existe dans le spectre solaire un système
de lacunes dues à l'action de notre atmosphère, et qu'on devra distinguer
désormais des raies solaires proprement dites.
» Je me suis attaché dès lors à construire des cartes qui présentassent
cette distinction capitale. C'est un travail très-long et très-pénible, à cause
de la fatigue qu'on éprouve à contempler longtemps les couleurs éblouis-
santes du spectre solaire. Quand je dirai que mon instrument montre dans
le spectre environ trois mille raies, et que la meilleure partie a dû être l'ob-
jet d'une étude spéciale, on comprendra que pour mener à bonne fin un
pareil travail, je devais être soutenu par la perspective d'ajouter une vérité
importante et féconde à nos connaissances en physique céleste.
» En attendant que je publie les grandes cartes qui résultent de toutes mes
observations, je joins à cet extrait un croquis montrant les groupes de raies
telluriques les plus importantes. Ou remarquera un groupe vers la région R
de Fraûnhofer, trois entre C et D, le premier placé très-près de C, le second
au tiers environ de la distance entre C et D, versC; le troisième, très-près
de D. Au delà de D, existe encore un groupe remarquable, mais plus diffi-
cile à résoudre en raies. Dans les parties verte, bleue, violette, l'action de
l'atmosphère s'exerce d'une manière plutôt générale que particulière sur
certains rayons; aussi, quand le soleil s'abaisse, l'intensité lumineuse de ces
espaces décroît-elle rapidement, et il parait difficile d'y reconnaître des
groupes de raies importants. Les petites bandes au contraire s'y rencontrent
très-nombreuses; mais, comme elles se détachent sur un fond très-obscur,
elles ne supportent pas de grossissement capable de les résoudre en raies
déterminées. Il faut remarquer aussi que les raies telluriques diffèrent entre
elles, non-seulement par la largeur, mais encore par l'intensité, ce qui nous
montre que l'action absorbante de l'atmosphère ou le coefficient d'extinc-
tion est variable pour chaque radiation lumineuse élémentaire. Les raies
produites par une action énergique ou assez énergique sont visibles pen-
dant toute la journée dans mon instrument; celles au contraire qui sont
iaibles, même le soir et le matin, c'est-à-dire quand les rayons solaires ont
traversé l'épaisseur plus que décuplée de notre atmosphère, deviennent né-
cessairement très-difficiles à suivre pour les grandes altitudes du soleil ; mais
on comprend très-bien que leur invisibilité n'est qu'une conséquence de
l'imperfection relative de nos moyens optiques, et qu'il suffit pleinement,
pour asseoir notre doctrine, que nous ayons démontré qu'il existe dans le
71..
( 5/,o )
spectre un système de raies toujours visibles et dont l'intensité varie comme
les épaisseurs d'air traversées.
» Je ferai remarquer, comme conséquence immédiate de ces principes,
que dans un avenir très prochain il nous sera sans doute permis d'acquérir,
sur la nature des atmosphères des autres planètes de notre système solaire
des notions qu'on aurait vainement demandées à d'autres méthodes d'ana-
lyse. Mais la conséquence, à mes yeux la plus importante, qui découle de
ces faits nouveaux, c'est l'appui solide qu'ils viennent donner à la théorie
émise par M. Rirchhoff, sur la cause des raies du spectre solaire. Lorsqu'on
voit, en effet, une mince couche gazeuse comme celle qui entoure la terre,
faire naître dans le spectre un système de raies si nombreuses et si caracté-
risées, comment se refuser à admettre que les autres raies du spectre ne sont
pas dues à une cause analogue? Dès lors l'hypothèse si belle et si hardie de
l'illustre physicien allemand, sur l'existence d'une atmosphère autour du
noyau d'où émane surtout la lumière solaire, reçoit ainsi une confirmation
aussi éclatante qu'inattendue.
» Je propose de nommer raies telluriques les lacunes que notre atmo-
sphère fait naître dans le spectre du soleil ou des autres astres; la dénomi-
nation d'atmosphériques pouvant laisser dans l'esprit une certaine confu-
sion, puisqn'en définitive toutes les raies des spectres cosmiques sont produites
par des atmosphères.
» J'ajouterai que je viens de reconnaître la présence des bandes tellu-
riques ou atniosphériquesdu spectre solaire dans le spectre de Sirius, lorsque
l'étoile était fort près de l'horizon. On comprend tout de suite l'appui que
ce nouveau fait apporte à la théorie que je m'efforce d'établir. »
météorologie. — Sur la connexion entre les bourrasques et les variatio7is
magnétiques; par M. J.-A. Broun.
L'auteur, après avoir rappelé les opinions émises par le P. Secchi dans
sa Note du îG novembre 1 86 1 [Comptes rendus, t. LUI, p. 899), annonce
que pour les mieux réfuter il a voulu se placer dans les conditions indiquées
par le savant Italien.
« Dans ce but, dit-il, j'ai pris les observations faites dans les années 1 844
et i845, pendant lesquelles la force maximum du venta été observée chaque
heure, et j'ai cherché d'abord les jours où le vent avait soufflé avec une
force d'au moins quatre livres par pied carré; j'ai considéré ces jours
( 54> )
comme des jours de bourrasques. J'ai cherché en second lieu les dix jours
de chaque année dans lesquels la force du vent était au maximum.
» Alors pour la perturbation magnétique, ayant trouvé la courbe diurne
moyenne du bifilaire pour chaque mois (toutes les observations ayant été
préalablement corrigées pour les effets de la température), j'ai comparé
cette courbe moyenne du mois avec la courbe pour chaque jour du mois,
et les différences des ordonnées donnaient la mesure indiquée par le
P. Secchi en excès ou en défaut.
» En voici les résultats :
» i° Pour les 3 1 jours de 1844 et les 55 jours de 1 845 pendant lesquels le
vent avait enregistré une force d'au moins 4 livres par pied carré, voici, en
plus (+) ou en moins ( — ) que la différence moyenne mensuelle, la diffé-
rence moyenne du bifilaire :
Différence moyenne du bifilaire.
1844. 184!î Moyennes.
Le jour avant la bourrasque ■+- 0,08 -+• 0,95 -+- o,5t
Le jour de la bourrasque — ViÇ)1 "+" Qi^l — 0>'7
Le jour après la bourrasque — 9,52 -f- o,56 — °>54
» L'unité est toujours la dix-millième partie de la force horizontale.
» Il paraît donc, d'après la moyenne de deux ans, que la courbe diurne
pour les jours des bourrasques et pour les jours après les bourrasques
s'accorde mieux avec la courbe normale que les courbes diurnes pour les
jours sans bourrasques; mais, pour les jours avant les bourrasques, la dif-
férence est plus grande que la moyenne.
» Les résultats pour les deux années se contredisent; on peut à peine en
excepter les jours avant les bourrasques.
» On se demandera aussi si la différence est de celles que le P. Secchi
considère comme « assez notables. » La plus grande différence de la der-
nière colonne est o,54, et la courbe diurne serait déplacée de cette
quantité par une variation de o, 1 (un dixième) de i° centigrade dans la
température de l'aimant, ce que le P. Secchi ne peut pas considérer
comme assez notable, puisqu'il néglige tout à fait les variations de la tem-
pérature.
» 20 Pour les 10 jours de la plus grande force du vent de chaque année,
moyenne 6,4 livres (1844) et 8,5 livres (i8zj 5), j'ai trouvé, en plus ou en
moins que la différence mensuelle du bifilaire, la différence moyenne sui-
vante :
( 542 )
Différence moyenne du bifilaire.
1844. 184o. Moyennes.
Les jours avant les bourrasques. . . -+- i ,53 — °,46 -H o,53
Les jours des bourrasques — i ,64 — 0,82 — 1 ,23
Les jours après les bourrasques. . . — 1,60 — 0,71 — 1,1 5
» Cette fois-ci, ce sont les jours avant les bourrasques qui se contredisent,
dans les deux années les jours des bourrasques et les jours après se ressem-
blent, mais les deux derniers indiquent que pour ces jours-là la courbe
diurne du bifilaire s'accorde mieux avec la courbe normale que pour tous
les autres jours de l'année, c'est-à-dire que la différence au lieu d'être
notable est moindre qu'à l'ordinaire.
» 3° D'un autre côté, j'ai pris dans chaque année les 10 jours de plus
grande perturbation du bifilaire, c'est-à-dire les 10 jours pour lesquels la
différence moyenne était la plus grande (1), et j'ai trouvé la force maximum
du vent pour ces jours-là et pour les jours avant et après. Je donne ci-
dessous les moyennes de ces forces maximum et aussi les différences de ces
moyennes mensuelles :
Force maximum du vent par pied carré.
1844. 1848. Moyennes,
liv. liv. liv. liv. liv. liv.
Les jours avant les perturbations. . . 2,14 -+- o,32 i,i3 — i>°9 ',64 — 6,38
Les jours des perturbations 1 ,34 — o,/{6 2,4o + 0,18 1,86 — o,i4
Les jours après les perturbations. . . 1,60 — 0,22 2,89 -f- 0,67 2,24 ■+- 0,22
» Ainsi la force maximum du vent était quelquefois un peu plus grande,
quelquefois un peu moindre que sa force maximum normale, et les signes
se contredisent dans les deux années. En moyenne, tes jours rapprochés des
perturbations étaient plus calmes au à l'ordinaire.
» On peut juger ainsi si ces pressions par pied carré sont notables.
» 4° Ces résultats m'ont paru conclure suffisamment contre les idées du
P. Secchi, mais afin que ma méthode de discussion ne laisse rien à désirer,
j'ai pris une autre mesure d'une perturbation. J'ai cherché les 10 jours de
chaque année pour lesquels la courbe diurne du bifilaire avait la plus
(r) Les différences moyennes pour les 10 jours de chaque année sont
1844. 20,64.
1843. '9)39,
ou près de la cinq-centième partie de la force horizontale.
( 543 )
grande oscillation comparée avec l'oscillation moyenne du mois, c'est-à-dire
que j'ai cherché la « perturbation par excès d'excursion. » J'ai trouvé de
la même manière les 10 jours de chaque année pour lesquels la courbe
diurne avait la plus petite oscillation ou « la perturbation par défaut d'ex-
cursion. » Je donne ci-dessous la moyenne des forces maximum du vent ces
jours-là, et leurs différences avec la force maximum moyenne :
Force maximum du vent par pied carré.
1844. 184S. Moyennes,
liv, liv. ]iv. Hv. liv. liv.
Les jours avant les plus grandes oscillations. 2,o5 + o,o3 i,32 — o,gg 1,68 — 0,48
Les jours des plus grandes oscillations 1,01 — 1,01 2,27 — o,o4 1,64 — 0,5.'
Les jours après les plus grandes oscillations. 1,88 — 0,14 2,62 + 0,31 2,25 + 0,08
» Il paraît ici aussi, d'après les quantités moyennes, que pour les jours
des plus grandes oscillations du bifilaire la force maximum du vent était
moindre que la force maximum moyenne.
» 5° Voici les résultats pour les 10 jours des plus petites oscillations du
bifilaire :
Force maximum du vent par pied carré.
1844. 184;>. Moyennes,
liv. liv. liv. liv. liv. liv.
Les jours avant les plus petites oscillations. 2,41+0,22 i.g5 — o,i5 2,18 + 0,01
Les jours des plus petites oscillations 3,23 + 0.97 1,70 — o,3g 2,46 + o,2<S
Les jours après les plus petites oscillations. 2,43 + 0,17 i,85 — o,25 2,14 — 0,04
» Ici les résultats pour les deux années se contredisent et la plus grande
des quantités moyennes indique que la force maximum du vent n'était que
de o,3 (trois dixièmes) d'une livre par pied carré plus forte que la force
maximum normale.
» 6° Finalement, j'ai cherché les valeurs des oscillations de la courbe
diurne du bifilaire pendant les 10 jours des plus fortes bourrasques de
chaque année, et afin d'inclure la définition des perturbations par excès
comme par défaut d'excursion, je donne les moyennes des excès et les
moyennes des défauts pour les 20 jours des deux années :
Moyennes des oscillations du bifilaire.
Des excès. Des défauts.
Les jours avant les bourrasques. . . + 19,8 — 11,7
Les jours des bourrasques + 3,3 — 12, 5
Les jours après les bourrasques . , + 4i9 — i 3 , 1
( 5/,/, )
» Ici, on se demandera si ces quantités sont « assez notables. » Pour ré-
pondre à cette question, il faut connaître l'excès et le défaut moyens pour
les mois durant lesquels se trouvaient les jours des bourrasques. Je trouve
pour ces mois que l'excès moyen est de 29, 8 et que le défaut moyen est de
12, 7. Ainsi pour les jours de bourrasques, l'excès d'excursion a été toujours
moindre que l'excès moyen, et le défaut d'excursion est à peu près le défaut
moyen.
» Afin de mieux faire comprendre le poids des quantités trouvées dans
la dernière discussion, je devrais ajouter que l'excès moyen des dix plus
grandes excursions de chaque année est de !o6, 00 et le défaut moyen des
10 plus petites de chaque année de 29, 18.
» J'espère avoir donné ici des preuves suffisantes que les perturbations
magnétiques sont tout à fait indépendantes de la force du vent. Je n'aurais
rien ajouté, si le P. Secchi n'avait parlé de nouveau des avantages de sa mé-
thode de discussion, c'est-à-dire par comparaison des constructions gra-
phiques (Compte rendu, 1 7 février 1 862, p. 3/|6). Je devrais donc dire là-dessus
que cette méthode est la première que j'ai employée, et comme lui j'ai
trouvé beaucoup de coïncidences assez remarquables, mais qui disparais-
saient trop souvent après des examens numériques. Il est vrai que je n'ai
jamais trouvé aucune autre coïncidence entre les forces ou directions du
vent et les variations magnétiques, qu'une coïncidence évidemment acciden-
telle, mais j'en aurais trouvé, si mes observations (comme les siennes)
n'avaient pas été préalablement corrigées pour les effets de la température
sur l'aimant.
« I,a science demanderait du savant directeur de l'Observatoire de Rome
un examen numérique plus exact après avoir corrigé ses observations; que
dans cet examen les mois fussent remplacés par des chiffres et qu'une bour-
rasque comme une perturbation eussent des valeurs déterminées.
» Pour d'autres coïncidences entre les époques des variations diurnes
d' électromètre atmosphérique, du bifilaire et du baromètre, qui ont été
longtemps remarquées, il me paraît que le P. Secchi se hâte trop d'y trouver
des liaisons. Les époques pour les uns sont constantes ou à peu près con-
stantes dans toutes les parties du globe et en toute saison, tandis que pour
les autres les époques varient avec la latitude ou avec la saison. Ainsi
l'époque du minimum du bifilaire en Europe est précisément l'époque de
son maximum ici, près du cap Comorin. Une coïncidence en Europe n'a
pas une bien grande signification, si elle n'existe pas ailleurs. »
( 545 )
chimie organique. — Théorie de la formation du rouge d'aniline ;
par M. H. Sciiiff.
« Les formules d'après lesquelles l'aniline est transformée en fuchsine
par le bichlorure d'étain ont été données dans notre premier Mémoire sur
les métalaniles. Aujourd'hui nous avons à nous occuper de la formation de
l'azaléine par le nitrate de mercure. Selon notre théorie, le nitrate de mer-
curanile, décrit dans notre second Mémoire, est ici le composé intermédiaire
et la réaction est analogue à celle du bichlorure d'étain; néanmoins, les
produits des deux réactions ne sont pas identiques. L'équivalent de 10 équi-
valents de chlorhydrate de stannicanile diatomique, c'est-à-dire 20 équiva-
lents de nitrate de mercuranile monoatomique, entrent en réaction et four-
nissent :
3 équivalents d'azaléine G60 H60 N9, 3N03,
6 équivalents de nitrate d'aniline Gu' H48 N6, 6 NO3,
4 équivalents d'aniline libre G24 H28 N4,
1 équivalent de nitrate d'ammoniaque H* N, N03.
10 équivalents de protonitrate de mercure iojN©3Hç20.
10 équivalents de protonitrate de mercuranile.. . G120 H140 N20, 2oN03Hg.
» En effet, si l'on chauffe le nitrate sec, très-peu de mercure est réduit
et celte faible quantité provient d'une réaction secondaire. Les 4 équiva-
lents d'aniline libre se combinent en partie avec le protonitrate de mercure,
et nous avons déjà relaté que le nitrate de mercurosanile se décompose
très-facilement avec réduction de mercure. Comme contrôle, nous avons
chaftffé notre sel, en ajoutant encore un équivalent d'aniline, et alors en
effet le mercure s'est réduit presque entièrement. La décomposition du nitrate
s'accomplit déjà à 8o°,etla réaction est tellement élégante, que nous avons
pu instituer des recherches quantitatives. A quelques centièmes près, nous
avons obtenu les quantités voulues des matières recherchées. Une petite
quantité de matière violette, qui se forme toujours, est due à une décom-
position du rouge sous l'influence de la chaleur.
» D'après notre théorie, l'azaléine serait le nitrate de rosaniline. Déjà
les travaux d'Hofmann faisaient entrevoir celte probabilité, mais nous avons
cru utile de nous en assurer par d'autres moyens. Nous avons décomposé
le chlorhydrate par le nitrate d'argent; nous avons saturé l'hydrate par
C. R., i8G3, iel Semestie. (T. LVI, N" 12. ) 72
( 546 )
l'acide nitrique, et les produits montraient les mêmes propriétés que l'aza-
léine obtenue par le nitrate de mercuranile.
» Le nitrate de rosaniline, sel que M. Hofmann n'a pas décrit, est cris-
tallin ; mais, opérant sur de petites quantités seulement, je n'ai pu en obte-
nir des cristaux nets. Quoique assez hygrométrique, le sel est à peine soluble
dans l'eau. La solution alcoolique possède une coloration rouge légèrement
violacée, coloration qui est propre à la dissolution de ce sel et ne peut être
attribuée à une souillure par du violet. Par une dessiccation prolongée à
une température élevée, le sel perd de l'acide et se transforme en un mélange
de nitrate et d'hydrate de rosaniline. Nous démontrerons plus tard que
MM. Bolley et Sehulz ont analysé un tel produit.
» D'après notre théorie, 2 équivalents d'aniline, pour se transformer
en sel de rosaniline, exigent : ou 2 équivalents de chlore, de brome ou
d'iode, ou une molécule d'acide anhydre -+- 1 équivalent d'oxygène (©= 16I.
Contrôlons notre théorie par un mode de formation qui rentre dans une
autre série de réactions. D'après les recherches récentes de M. Bolley, con-
cernant le procédé par l'acide arsénique, le tiers seulement de l'acide est
réduit en acide arsénieux. Or, pour 1 équivalents d'aniline, notre théorie
exige As2©5 -+- 0; mais cet oxygène est fourni par une autre demi-molécule
d'acide arsénique, c'est-à-dire que sur 3 molécules d'acide arsénique, une
molécule est réduite en acide arsénieux. On voit bien que notre théorie
n'aurait pu trouver une confirmation plus concluante que l'analyse de
M. Bolley. Mais ce même chimiste a, en outre, confirmé un autre point im-
portant de notre théorie, en ce sens qu'il a retiré des quantités assez consi-
dérables d'ammoniaque des eaux de lavage d'une fabrique travaillant avec
de l'acide arsénique.
» L'acide arsénique agit sur l'aniline comme un arséniate d'arsenyle
Ira ai^3' f°rmule typique dans laquelle jSAsO peut être remplacé par
des métaux. Cette notation, adoptée par bien des chimistes modernes, nous
a suggéré l'idée d'un second contrôle. D'après la théorie, le radical acide
aAsô persiste, tandis que le radical basique est réduit; or, si jSAsO est
remplacé par un radical qui ne se prête pas à la réduction, nous aurons un
composé qui n'engendie pas du rouge avec l'aniline. En effet, l'arséniate de
potasse et de soude n'en a pas fourni. D'un autre côté, nous avons rem-
placé jSAsO par le mercure, radical réductible, et dans la réaction sur
l'aniline le rouge n'a pas tardé à se former. Nous sommes incliné à croire
( 547 )
que notre théorie, énoncée seulement pour les métahuiiles contenant des
métaux réductibles, pourra peut-être devenir une théorie générale de la for-
mation du rouge d'aniline; nous croyons qu'elle s'appliquera aussi au pro-
cédé de M. Hofmann par le tétrachlorure de carbone.
» En terminant, nous annonçons encore que le bleu d'aniline, obtenu
d'après la méthode générale de l'action de l'aniline sur la fuchsine, aban-
donne, par l'addition de la potasse caustique, l'hydrate d'une base qui.
au contact de l'air, se colore rapidement en ronge et en violet. La solu-
tion alcoolique, additionnée de différents acides, se colore en bleu foncé
et donne lien à la formation d'une série de composés salins à beaux reflets
cuivreux. »
PHYSIQUE. — Sur la diffusion des vapeurs, comme moyen de distinguer entre
les densités de vapeur apparentes et les densités de vapeur réelles; nui
Ml!. J.-A. Wasklyn et J. Robixson.
<• La densité de la vapeur qui se forme lorsqu'un composé chimique est
chauffé n'est pas nécessairement sa densité de vapeur réelle. Quelquefois
elle est seulement la moyenne de la densité de vapeur de ses produits de
décomposition. Quelques-unes des substances les mieux connues, telles que
l'acide sulfurique hydraté, les sels ammoniacaux, le pentachlorure de
phosphore, se décomposent lorsqu'elles se volatisent, et possèdent ainsi une
densité de vapeur apparente qui n'est autre chose que la densité de vapeur
moyenne de leurs produits de décomposition.
» Nous reconnaissons de tels cas de densité apparente de vapeur en
recourant à une analyse par diffusion. Cette méthode de résoudre des
questions de ce genre a été proposée par l'un île nous il y a deux ans (i).
Dans l'application, nous nous sommes déterminés tout d'abord à ne pas
employer des diaphragmes poreux, mais à recourir au procédé primitif de
M. Graham, la diffusion à travers l'ouverture étroite d'un tube effilé.
» Indépendamment des difficultés expérimentales qui résultent de l'em-
ploi de diaphragmes poreux à de hautes températures, cette méthode
donne prise à une objection capitale, l'action chimique de la matière du
diaphragme. Nos scrupules à cet égard n'ont pas été apaisés par les résul-
tats récemment obtenus par M. Pébal concernant la diffusion de la vapeur
(i) Playfair et Wanklyn, Sur les densités de vapeur, Trans. Roy. Society of Edinburgh,
1861, vol. XXII, part. III, p. 458.
72..
( 548 )
de sel ammoniac à travers un tampon d'amiante. Ne doit-on pas craindre
en effet qu'un silicate finement divisé (sel formé par un acide d'une capacité
de saturation presque indéfinie) ne soit capable de décomposer un sel
ammoniacal à une haute température.
« L'appareil que nous avons employé est des plus simples et consiste en
deux ballons dont les deux cols courts s'engagent l'un dans l'autre sans
fermer hermétiquement. Dans la paroi du ballon supérieur est soudé un tube
recourbé pouvant donner passage à un gaz. Le ballon inférieur, plus volu-
mineux que l'autre, sert à former et à recevoir la vapeur que l'on veut faire
diffuser, le ballon supérieur sert à recevoir le gaz dans lequel la vapeur doit
se diffuser. L'atmosphère de ce ballon supérieur (air sec ou un autre gaz) se
renouvelle lentement par un courant de gaz qui pénètre par le tube soudé.
Ce gaz s'échappe par l'intervalle laissé entre les deux cols. Dans tout le cours
de l'expérience, l'appareil est plongé dans un bain d'air chaud et maintenu
à une température supérieure au point de condensation de la vapeur.
» La diffusion ayant eu lieu pendant quelque temps, on laisse refroidir
l'appareil et on analyse le contenu du ballon inférieur. Dans nosexpériences,
ce ballon offrait une capacité de 5oo centimètres cubes et son col un dia-
mètre de i centimètre. La capacité du ballon inférieur était de ioo centi-
mètres cubes environ.
» La première substance sur laquelle nous avons expérimenté est l'acide
sulfurique monohydraté, qui est converti à une température élevée en va-
peur d'acide sulfurique anhydre et en vapeur d'eau. Comme la vapeur
d'eau est plus légère que la vapeur d'acide sulfurique, la première doit diffu-
ser plus rapidement que la dernière. Par conséquent le résidu après la dif-
fusion doit être plus riche en acide anhydre que l'acide avant la diffusion.
C'est ce qui arrive.
>■ Dans une expérience nous avons opéré sur un acide renfermant :
Acide sulfurique monohydraté g5 parties.
Eau 5 parties.
100 parties.
•> Après avoir fait diffuser pendant i heure à une température de 520°, le
résidu du ballon inférieur était formé de
Acide sulfurique monohydraté 60 parties.
Acide sulfurique anhydre 4° parties.
100 parties.
( 54g )
Dans une autre expérience, ayant employé un acide renfermant
Acide sulfurique monohydraté 99 parties,
Eau 1 partie,
nous avons obtenu, après une diffusion à 435° prolongée moins longtemps
que dans le cas précédent, un résidu renfermant :
Acide sulfurique monohydraté 75 parties.
Acide sulfurique anhydre a5 parties.
100 parties.
Dans les deux cas le résidu renfermait des cristaux baignés par un liquide
et répandait d'abondantes fumées à l'air.
« D'autres expériences ont eu pour objet la diffusion du perchlorure de
phosphore qui se décompose à une température élevée en perchlorure de
phosphore et en chlore.
» f.e perchlorure de phosphore employé ne renfermait pas de chlore
libre; caril n'exerçait aucune réaction sur l'iodure de potassium ainsi donné.
Il ne renfermait pas de protochlorure de phosphore; car dissous dans
l'eau, il n'a donné aucun précipité par le sublimé corrosif. Tl renfermait :
Chlore 84,67
Nombre théorique 85 , 1 3
» Dans une expérience on l'a fait diffuser pendant 45 minutes dans une
atmosphère d'acide carbonique à 3oo°. Le résidu ayant été dissous dans
l'eau, on a ajouté à la solution de l'acide chlorhydrique et du sublimé. On
a obtenu 0,0175 grammes de sublimé. Dans une seconde expérience, la dif-
fusion ayant été prolongée pendant deux heures, on a obtenu o,oa85
grammes de calomel.
» Ces expériences ne laissent aucun doute sur la présence du piotochlo-
rure de phosphore dans le résidu après la diffusion, car la réduction du
sublimé corrosif ne peut pas recevoir d'autre explication. Nous avons con-
staté d'ailleurs la présence du chlore libre dans le gaz qui s'échappait de
l'appareil; car l'iodure de potassium amidonnée a pris une teinte bleue
intense au contact du gaz contenu dans le ballon supérieur. »
M. R. Mattei adresse l'analyse suivante d'un Mémoire sur l-anatomie
normale et pathologique des capsules surrénales, etc., qu'il avait précédem-
ment envoyé à l'Académie.
'< Ce Mémoire a pour objet de montrer :
( 55o )
» i " Que les capsules surrénales ne sont pas des organes appartenant à la
vie foetale seulement, puisqu'elles augmentent de poids et de volume à
partir de l'âge de trois mois delà vie intra-utérine jusqu'à l'âge adulte;
» 1° Que la couche brune des capsules surrénales n'est que le résultat de
la putréfaction cadavérique, et que, par conséquent, on ne peut pas la con-
sidérer comme un élément anatomique;
» 3° Que les altérations pathologiques des capsules surrénales, bien
qu'étant parmi les moins fréquentes dans l'organisme, ne sont pas aussi
rares qu'on le croit généralement, puisque sur 3io autopsies j'ai trouvé :
deux fois l'apoplexie, une fois le cancer, une fois une tumeur adipeuse,
quatre fois la tuberculose, une fois du tissu fibroïde avec de la matière
caséeuse , une fois l'atrophie, une fois l'arrêt de développement, plusieurs fois
des changements déforme et des adhérences aux organes contigus, quatre
fois la congestion sanguine, une fois l'inflammation de l'enveloppe cap-
sulaire;
» 4° Que l'apoplexie capsulaire peut devenir une cause de mort, en pro-
duisant la compression des ganglions semi-lunaires;
» 5° Que l'état morbide de la maladie d'Addison n'est pas constitué par
l'altération des capsules surrénales, mais par une névrose du nerf grand
sympathique. »
M. Carlo Robekti, de Vérone, adresse de Florence une Note sur un
moyen nouveau d'augmenter l'énergie des piles voltaïques appliquées aux
arts et à l'industrie.
« L'idée d'appliquer directement la chaleur à une pile pour en aug-
menter l'intensité m'a été, dit l'auteur, suggérée par une observation for-
tuite. Poursuivant, il y a quelque? jours, des expériences de mesure d'in-
tensité que je faisais dans un autre but avec l'appareil de Gauss, je fus
frappé de l'irrégularité d'abord, puis de l'accroissement périodique pro-
gressif d'intensité de la pile que j'employais; j'eus bientôt à en reconnaître
la cause dans la variation de la température, due à l'avancement horaire,
sans appareil, d'un rayon de soleil qui pénétrait dans le laboratoire. J'ai
donc aussitôt songé à l'application de ce moyen à l'industrie, et notamment
à la télégraphie électrique, et je m'occupe maintenant à arriver, par des
expériences rigoureuses, à des nombres exacts qui établissent les avantages
qu'on en pourra retirer. »
( 55, )
M. D. Rivière adresse de Libourne la description et la figure d'une
machine hydraulique centrifuge.
(Renvoi à l'examen de M. Combes.)
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Médecine et de Chirurgie présente, par l'organe rie son
doyen M. Serres, la liste suivante de candidats pour la place de Correspon-
dant vacante par suite du décès de M. Bretonneau:
i° M. Ehrmax\n, à Strasbourg;
2° M. Landouzy, à Reims;
3° M. Gixtrac, à Bordeaux;
4° M. Serre (d'Uzès), à Alais ;
5° M. Pétreqiin, à Lyon.
Les titres des quatre premiers candidats ayant été discutés dans la précé-
dente séance, ceux du cinquième seulement ont dû être discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B.
Itl'I.l.ETIX BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 16 mars i 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Expériences sur l'emploi des eaux dans les irrigations sous différents < limais;
par M. IIervé-Mangon. Paris, 1 863 ; vol. in-8°.
De l'alcool et des composés alcooliques en chirurgie; par MM. J.-F. Ba-
tailhé et Ad. Guillet; 2e édition. Paris, i85g; br. in-8°.
Lettre sur l'insalubrité des hôpitaux de Paris à M. Malcjaitpie ; par M. le
Dr Batailhé. (Extrait de la Revue Médicale du i5 avril 1862.) Paris, 18C2;
br. in- 8°.
{ 552 )
Essai sur l'infection purulente, son mécanisme , son traitement (Thèse pour
le Doctorat en Médecine, présentée et soutenue le 26 décembre 1861); par
Henri Blanc. Paris, 1861; in-4°-
De la réunion immédiate, de ses avantages, de ses inconvénients, et de l'in-
fluence des topiques sur ce mode de guérison des plaies ; Thèse pour le Doctorat
en Médecine, par Al. Dkakaky. Paris, 1861 ; in-4°. (Cet ouvrage et les trois
précédents sont destinés au concours pour les prix de Médecine et de Chi-
rurgie de i863.)
Examen des matières colorantes artificielles dérivées du goudron de houille ;
par E. KOPP. — 2e partie, Matières colorantes dérivées du phénol et de la
naphtaline. (Extrait du Moniteur Scientifique du Dr Quesneville.) Saverne,
1862; in-4°.
Résumé des observations météorologiques faites à la Faculté des Sciences de
Montpellier pendant l'année 1862; par M. Edouard Roche. Montpellier,
trois quarts de feuille in-8°.
Elude analytique sur le principe de la vie : conséquences et résultats nou-
veaux pour le traitement des maladies; par le D' J. Leoni. Chalon-sur-Saône,
1859; br. in-8°.
Recherches sur le principe de la vie, sur les phénomènes de l'inflammation et
sur les maladies épidémiques ; par le même. Chalon-sur-Saône, 1861; br.
in-8°.
Notes oii sont exposés les principes d'une réforme radicale dans l'art de
guérir; par le même. Chalon-sur-Saône, 1 863 ; br. in-8°.
Le marquis de Turbilly, agronome angevin du XVIIIe siècle; par GuiL-
loky aine; 2e édition. Paris, 1862; in- 12.
On the higher... Sur les subdivisions supérieures de la classification dès
Mammifères; par J.-D. Dana. (Extrait de \' American Journal oj Science
and Arts, vol. XXXV.) Demi-feuille in-8°.
\nmerkungen .. Commentaires de M. A. Gether sur divers passages d'un
ouvrage précédemment publié par lui sous le titre de : « Pensées sur les forces
de la Nature ». Oldenbourg, 1 863 ; br. in-8°.
Beobachtungen... Observations des étoiles variables faites à l'Observatoire
royal de Ronn; Note de M. le DrE. SciiONFELD. (Extrait du tome XLII des
Comptes rendus de l' Académie royale des Sciences de Vienne.)
Introdnzione... Introduction à la théorie géométrique des courbes planes,
pai le l)r T.. CREMONA Bologne, 1 862 ; in-/j°.
( 553 )
L'Académie a reçu dans la séance du ï3 mars 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Mémoire sur l'équation séculaire de la Lune; par M. Delaunay. (Extrait
de la Connaissance des temps pour 1864.) Paris, br. in-8°.
Notice sur la vie et les travaux de M. Cordier; par M. le comte Jaubert.
Paris, 1862; 1 feuilles in-8°.
Richesses ornilhologiques du Midi de la France, ou Description méthodique
de tous les oiseaux observés en Provence et dans les départements circonvoisins ;
par MM. J.-B. Jaubert et Barthélemy-Lapommeraye ; 6e et ne fascicules
(fin de l'ouvrage). Marseille, h>4°, avec planches coloriées.
Le terrain de transition des Voscjes. — Partie géologique ; par J. Koechlin-
Schlumberger. — Partie paléontologique; par W.-Ph. Schimper. (Extrait
des Mémoires de la Société des Sciences de Strasbourg.) Strasbourg, 1862;
vol. gr. in-4°, avec de nombreuses planches.
Animaux jossiles et géologie de l'Attique, d'après les recherches faites en
1 855-56 et en 1860, sous les auspices de l'Académie des Sciences ; par Albert
Gaudry; 4e livraison. Paris, in-4°, avec planches.
Notes pour servir à la géologie du Calvados; par M. E. Desloingchamps.
Caen, 1 863 ; br. in-8°.
Moyen nouveau et très-simple de prévenir la roideur et l'ankylose dans les
fractures: bandage articulé; Note lue à l'Académie de Médecine, par le Dr
Morel-Lavallée. Paris, 1860; br. in-8°. (Desiinéau concours pour les
prix de Médecine et de Chirurgie de i863.)
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d' invention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844 j *• XLIII. Paris, i863; vol.
in-4°.
Cours d'agriculture pratique : les plantes fourragères ; par Gustave Heuzé;
3e édition. Paris, 1861 ; vol. in-8°. (Destiné au concours pour le prix
Morogues de i863. )
Recueil de Mémoires et Observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires
militaires; t. XII. Paris, 1861 ; vol. in-8°. (2 exemplaires.)
Traité général de Photographie, contenant tous les procédés connus jusqu'à
ce jour, suivi de la théorie de la Photographie et de son application aux sciences
d'observations; par D.-V. Monkhoven ; 4e édition. Paris, j863; vol. in-8°,
C R , i8G3, 1" Semestre. (T. LVI, N° 12.) fê
( 554)
avec figures intercalées dans le texte. (Présenté, au nom de l'auteur, par
M. Delaunay.)
Recherches sur la physiologie el la pathologie du cervelet; par MM. Leven
et Aug. Ollivier. (Extrait des Archives générales de Médecine, nos de no-
vembre 1862 et suivants.) Paris, 1862; br. in-8° (Présenté, au nom des
auteurs, par M. J. Cloquet.)
Renseignements nautiques recueillis à bord du Duperré et de la Forte pendant
uu voyage en Chine, 1860-1862; par M. S. Bourgois. (Extrait de la Revue
maritime et coloniale, mars i863.) Paris, 1 863 ; br. in-8°.
Société Philomatique de Paris : Extraits des procès-verbaux des séances pen-
dant l'année 1862. Paris, 1862; in-8°.
Éloge du professeur Lallemand, prononcé à la séance de rentrée des Facultés^
te i5 novembre 1862; par A. Courty. Montpellier, 1862; br. in~4°.
Recherches sur les conditions météorologiques du développement du croup et
de la diphthérie, sur le traitement de cette affection et sur les médicaments qui
remplissent le mieux les indications de ce traitement, précédées d'une observation
de croup guéri par la trachéotomie ; par le même. Montpellier, 1862; br.
in-4°.
La Topographie enseignée par des plans-reliefs et des dessins, avec texte expli-
catif; parh.-3. Bardin. [Introduction.) Metz, i85g; in-4°.
Transactions... Transactions de la Société royale de Victoria, de janvier
à décembre 1860 inclusivement ; vol. V; publié sous les auspices du Conseil
de la Société, par J. Macadam, secrétaire honoraire. Melbourne (Australie;,
vol in-8°.
Der typische... Le catarrhe typique d'été vulgairement appelé fièvre des
foins ou asthme des foins; par Ph. PhoebuS. Giessen, 1862; vol. in-8°. (Des-
tiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1 863. )
( 555 )
ERRATA.
(Séance du 16 mars 1 863. )
Page 453, premier paragraphe, au lieu r/c dans sa 71e année, lisez dans sa 74e année.
M. Despretz, né le i3 mai 178g, est mort le i5 mars i863, à l'âge de 73 ans m mois.
Page 4'jo, ligne i5, lisez - rt h» \j — 1 j au lieu de 7r± ua \' — 1 •
Page 4')2> 'e facteur — a été omis dans le dernier terme du second membre de l'équation
, C C /■
a —
Ç A a2 I
qui donne la valeur de -jt-\ ce ternie est
dk
I F?
Page 476) ligne 6, au lieu de pns, lisez p'„,.
Page 476, ligne 1 4, au lieu de p°î — -, lisez p", ■ —
Page 476, ligne 2 en remontant, au lieu de (z, •»,')2]K Usez (z, x')]' ' 2.
Page 477, ligne 5 en remontant, au lieu de p\s, lisez p°xx.
Page 477, ligne 12 en remontant, au lieu de ellip-soïdement, lisez ellip-soïdalenient.
Page 478, ligne 10, au lieu de aun, lisez aIJIt.
Page 478, ligne i3 en remontant, au lieu de ou approchée, lisez ou fort approchée.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 50 MARS 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Owen annonce l'envoi de deux nouveaux opuscules qu'il vient de
publier, un Mémoire sur l'Aye-Aye, et la partie septième et dernière de sa
Comparaison des squelettes du nègre, du gorille et du chimpanzé. M. Owen
remercie en même temps l'Académie pour quatre nouveaux volumes de ses
publications qu'elle lui a fait parvenir.
« M. Babinet fait hommage à l'Académie du septième volume de ses
Etudes et lectuies sur les sciences d'observation. Il indique les principaux objets
auxquels il a appliqué les notions exactes de la physique, de l'astronomie
et de la mécanique. La météorologie occupe, dans ce volume, une place
considérable ainsi que la télégraphie électrique.
» M. Babinet réclame pour son livre le mérite d'une grande exactitude
de faits et de théories résultant de l'attention scrupuleuse qu'il a donnée
à ces écrits, qui n'étaient cependant pas destinés à des savants de profes-
sion . »
GÉODÉSIE. — Sur tes instruments géodésicjiies et sur la densité moyenne de la
Terre; par M. Paye.
« A cette époque de grandes entreprises géodésiques en Europe, l'esprit
se reporte naturellement sur l'homme éminent qui, vers la fin du dernier
siècle, a doté la science d'un système instrumental complet, et sur les corps
C. Et., i863, i" Semestre. (T. LVI, N° 13.) 74
( 558 ;
qui furent chargés alors d'en diriger l'application. C'est en considérant ainsi
les choses dans leur ensemble et dans leur développement historique qu'on
apprécie sainement ce qu'il convient de tenter aujourd'hui.
■> Le premier système instrumental de la géodésie moderne est dû tout
entier au génie d'un homme :
» La mesure des bases, par les règles de Borda ;
» La mesure des angles, par le cercle répétiteur de Borda;
» La mesure de l'intensité de la pesanteur, par le pendule de Borda.
» Il est impossible de rien imaginer de plus simple et de plus partait,
théoriquement, que le cercle de Borda, qui servait à lui seul à déterminer :
» Les angles des triangles géodésiques ;
» Les altitudes ;
» Les latitudes;
» Les azimuts ;
» L'heure et par suite les longitudes.
» Et cet admirable système était le seul exécutable à l'époque difficile
où il fut appliqué. On lui doit la création de la moderne géodésie française
qui, sans Borda et sans le Bureau des Longitudes, n'existerait probable-
ment pas.
>■ Aujourd'hui un système différent prévaut : au lieu d'un instrument
unique pour tous les genres de mesures, on veut un instrument spécial
pour chaque genre de mesure. Ainsi le théodolite réitérateur a remplacé
le cercle répétiteur pour les angles des triangles; les instruments zénithaux
le remplacent pour les latitudes; la lunette méridienne portative du
Dépôt de la Guerre le remplace pour l'heure et l'azimut; le niveau simple
de Bourdaloue le remplace, en France du moins, pour les grands nivelle-
ments. J'ajouterai que l'on a reconnu que le pendule de Borda ne donne
pas, comme on l'avait cru d'abord, des résultats d'une exactitude absolue :
il a besoin, soit d'une correction qu'il serait indispensable de déterminer
directement pour nos anciens appareils français, soit d'une disposition
nouvelle qui fasse disparaître la cause d'erreur correspondante. Enfin on
peut faire un peu mieux que nos prédécesseurs en remplaçant les signaux
de feu par la télégraphie électrique, et mieux encore en introduisant la
photographie dans certaines observations célestes, afin d'éliminer l'ob-
servateur lui-même. Quant aux bases géodésiques, j'ai traité ce sujet à part
dans la séance du i de ce mois.
» Voilà, en quelques mots, le système instrumental qui tend à se sub-
( 559)
stttuer au système de Borda, et que j'étudie moi-même depuis dix-sept
ans, dans le but d'y introduire quelques perfectionnements.
» Je ne m'occuperai ici que d'une partie de cet ensemble, celle qui est
relative aux latitudes astronomiques et géodésiques. Je désire appeler l'at-
tention de l'Académie et des géodésiens allemands sur deux points capitaux,
à savoir : i° l'instrument qui doit servir, à mon avis, à mesurer les latitudes
astronomiques; 2° l'élément capital de l'opération qui doit servir à corriger
cftte latitude de l'influence des anomalies locales. Il s'agit donc d'examiner
de près les moyens que nous possédons pour déterminer la direction de la
pesanteur, et d'examiner aussi les évaluations actuelles de la densité moyenne
du globe, nombre devenu usuel depuis qu'on a eu l'idée de corriger nu-
mériquement tout ce qui peut altérer cette même direction de la pesanteur.
» Direction de ta pesanteur. — Les seuls moyens connus au commence-
ment du siècle étaient le fil à plomb et le niveau à bulle d'air. Ces deux
moyens exigent l'attirail du retournement, opération qui, à elle seule,
détermine la forme de l'instrument et le mode des observations.
» Le capitaine Rater présenta, en 1828, à la Société Astronomique de
Londres, un nouvel appareil basé sur les lois de l'équilibre des corps flot-
tants. Cet appareil se compose d'un flotteur annulaire en fer reposant sur
np bain annulaire de mercure et portant centralement une lunette verticale,
dont l'axe devait naturellement décrire un cône de révolution autour de la
verticale lorsqu'on faisait circuler le flotteur sur le bain qui le supportait.
De là le collimateur zénithal du capitaine Rater, c'est-à-dire le moyen de
pointer vers le zénith une lunette placée verticalement sous le collimateur.
» Je pensai, il y a dix-sept ans, qu'il vaudrait infiniment mieux se servir
optiquement du bain de mercure que de l'employer mécaniquement comme
faisait le capitaine Rater, et, mettant à profit la détermination optique du
nadir, dont on se servait depuis quelques années à l'étranger pour les instru-
ments méridiens (1), je réduisis le collimateur zénithal du capitaine Rater
aune lunette, non pas flottante sur le bain de mercure, mais pointée sur ce
bain (2). Je fis voir en même temps que cet instrument si simple permettait
d'étudier, sans l'aide du retournement, les erreurs les plus complexes des
(i) J'apprends à la séance que M. Élie de Beaumont se servait autrefois de cette détermi-
nation optique du nadir pour faciliter la mesure, avec le sextant, de directions voisines de
l'horizontale.
(■2) Comptes rendus, 1846, t. XXIII, p. 872 et 873.
74-
( 56o )
instruments méridiens, et en particulier de réduire la détermination de la
latitude à une simple mesure micrométrique effectuée au milieu du champ
d'une lunette placée verticalement dans une position fixe. C'est de là que
datent mes études géodésiques : l'instrument nouveau permettait en effet de
déterminer à la fois l'heure et la latitude par des procédés entièrement
exempts de toute erreur instrumentale, avec une précision pour ainsi dire
illimitée; il s'appliquait à la fois aux travaux géodésiques comme aux études
purement astronomiques des grands ohservatoires (i).
» Cet instrument attira, il y a douzeans, l'attention des savants officiers du
Dépôt de la Guerre. Le colonel Peytier en inséra la description dans le
tome IX du Mémorial. Le Dépôt voulut en tirer parti et en fit la commande
à un constructeur dont il savait apprécier le génie d'invention. Mais
M. Porro ne se borna pas à suivre mes idées; il voulut les améliorer, et fit
de la lunette zénithale que j'avais conçue un instrument nouveau, sinon
quant au principe, du moins cpiant à la construction. Tout en appréciant
ce qu'il y a d'extrêmement remarquable dans les appareils de M. Porro, je
crois que ma lunette zénithale à bain de mercure est préférable; je la préfère
aussi à l'ingénieux secteur zénithal de M. le colonel Hossard. Aussi ai-je
continuellement cherché toutes les améliorations dont elle est susceptible.
L'inconvénient était la hauteur exagérée de l'instrument comprenant deux
lunettes pointées verticalement lune sur l'autre. Il était facile de faire dis-
paraître ce défaut en brisant, à l'aide de prismes ou de miroirs inclinés à 45°,
les axes optiques de ces lunettes, et en les couchant horizontalement l'une
sur l'autre. On peut aussi remplacer le collimateur zénithal par un artifice
encore plus simple, consistant en deux prismes ou deux miroirs assemblés
sous un angle droit et placés au-dessus de la lunette verticale de manière à
briser deux fois le faisceau émergent, pour le faire tomber sur un bain de
mercure placé latéralement. L'avantage de cette disposition consiste en ce
que la détermination du zénith est indépendante de la situation plus ou
moins inclinée du couple des miroirs, et cela en vertu d'une propriété inhé-
rente au système de deux miroirs accouplés, déjà utilisée dans le sextant.
Elle dépend, il est vrai, de l'angle des deux miroirs, qui ne sera pas toujours
de 900 juste; mais l'erreur est facilement éliminée en plaçant alternative-
ment le bain de mercure à droite et à gauche de l'instrument immobile. On
( 1 ) Comptes rendus, iS5o, t. XXX, p. 802 el stiiv.; i85>, t. XXXV, p. 820, t. XXXVI;
passim, et 1861, t. LU, p. 177.
( 56. )
parviendrait ainsi à utiliser les télescopes eux-mêmes, qui n'ont guère péné-
tré jusqu'ici dans l'astronomie de mesure, et encore moins dans la géo-
désie.
» La cause la plus cachée et la plus dangereuse qui affecte tous les instru-
ments munis de niveaux et à retournement, c'est l'inégale distribution de
la chaleur : i° dans le niveau; 2° dans l'air de la lunette. Les caprices des
niveaux et une foule de discordances inexpliquées dont les astronomes se
plaignent si souvent tiennent à cette double cause qui rend illusoire, jus-
qu'à un certain point, la précision apparente d'un grand nombre de déter-
minations délicates. Ma lunette zénithale est complètement exempte de cette
double cause d'erreur. La seule chose qu'on pût craindre, ce serait l'im-
perceptible dénivellation que produit l'inégale répartition de la chaleur
dans le bain de mercure (i). Ce liquide est en effet, par sa très-médiocre con-
ductibilité, susceptible de présenter, dans sa masse en repos parfait, de
petites différences de densité, s'il est exposé à des variations de température
dont la source n'agisse pas sur lui de tous les côtés à la fois. Une simple
variation progressive d'un dixième de degré par décimètre, allant de tran-
che en tranche verticale dans un bain de mercure de i centimètre de pro-
fondeur, donnerait une inclinaison temporaire de o",36 à la surface exté-
rieure. Si le bain était d'éther, un centième de degré par décimètre don-
nerait la même inclinaison. La surface d'un liquide en repos n'est donc
pas toujours rigoureusement horizontale ni même plane : cette horizon-
talité, incessamment troublée dans des limites qui n'intéressent que les obser-
vations les plus délicates, a besoin d'un temps appréciable pour se rétablir.
Mais il est facile d'éviter cette cause d'erreur en abritant le bain de mercure
contre l'action des sources de chaleur et en agitant sa masse à l'avance (2).
L'astronomie et la géodésie sont donc en possession d'un instrument exempt
d'erreur, pourvu qu'on en limite l'emploi à des distances zénithales micro-
métriques. Le cercle répétiteur et le théodolite offrent, au contraire, h:
réunion complète de toutes les causes d'erreur, parce que ce sont des instru-
ments uuiversels destinés à observer dans toutes les régions du ciel et de la
terre. Ainsi, pour me servir d'une sorte de comparaison, de même qu'en
(1) Cf. Comptes rendus, i85o, t. XXXI, p. 635 et 657.
(2) Les mêmes précautions sont bien autrement nécessaires quand on se sert de niveaux
à bulle d'air, où des variations imperceptibles de température produisent des elfets sensibles
et compliqués, à cause de la grande dilatabilité du liquide employé.
( 56a )
mécanique on n'obtient d'un moteur donné une grande force qu'en sacri-
fiant la vitesse, de même ici l'on n'obtient une grande et certaine précision
qu'en sacrifiant l'étendue ou le champ des observations.
» Nous avons vu ailleurs que cette précision extrême est devenue plus que
jamais désirable en géodésie; non que nous puissions nous flatter d'obte-
nir, même par des latitudes rigoureuses, l'amplitude d'un arc géodésique
un peu étendu à une trentaine de mètres près, mais parce qu'en écartant
toutes les sources d'erreur qui sont en notre pouvoir, nous parviendrons à
étudier plus sûrement les causes d'anomalies qui sont hors de notre pou-
voir. Cette réflexion nous conduit à la seconde partie de cette Note, c'est-
à-dire à la densité moyenne du globe terrestre, laquelle vient de faire son
apparition en géodésie à titre d'élément des corrections numériques qu'il
est indispensable de faire subir désormais aux latitudes observées, afin de
les purger, autant que possible, de l'influence des irrégularités du sol
ambiant.
» Densité moyenne de la Terre. — Pour apprécier, en effet, cette influence
que le relief du sol exerce sur la direction de la verticale en un point donné,
il faut être en état de calculer les attractions exercées par ce relief, dont
l'œuvre nouvelle de M. Bardin donne une idée si exacte (i), soit dans le
sens du méridien, soit dans le sens perpendiculaire. Pour cela, il est néces-
saire d'évaluer très-approximativement, à l'aide de la géologie locale, la
densité des masses qui composent ce relief, non par rapport à l'eau, mais
par rapport à la densité moyenne du globe terrestre. Or cette dernière
^st-elle sûrement connue? On en jugera par le tableau suivant, où j'ai réuni
toutes les évaluations jusqu'ici acquises à la science :
Densité
Observateurs et méthodes employées. Je la Terre.
Carlini et Plana, par le pendule, sur le mont Cenis 4<3p
Maskelyne, Hutton, Playfair, déviation de la verticale, mont Schehallien. . 4 >7 ■
Le colonel H. .lames, déviation de la verticale, colline de l'Arthur-Seat. . . 5,32
Reich, par la balance de torsion de Mitchell 5,44
Cavendish, par la balance de torsion de Mitchell 5,^5
Kaily, par la balance de torsion de Mitchell 5,66
Aii y, par le pendule, puitsde mine de zfoo mètres de profondeur 6,5^
» Dans telle station où la correction de latitude dont nous nous occu-
pons ici serait de 4", avec la densité moyenne obtenue par M. Airy, cette
(i ) Comptes rendus de la dernière séance.
( 563 )
même correction irait à ô" avec la densité obtenue par Carlini et Plana. On
voit que le bénéfice de la grande précision de nos observations célestes serait
entièrement perdu par le fait seul de cette incertitude. Il serait donc à
désirer que cet élément fondamental, qui n'avait jusqu'ici qu'un intérêt
de théorie pure, mais qui prend aujourd'hui une grande importance pratique
pour toutes les déterminations futures de longitude, de latitude et d'azi-
mut, en géodésie, fût fixé d'une manière définitive. Examinons les procédés
divers qu'on a suivis pour l'obtenir; j'indiquerai en même temps quelques
préparatifs que j'ai faits de mon côté pour aborder la question.
» Par l'attraction des montagnes. — Déterminer ainsi le poids du globe
terrestre par une combinaison d'opérations géodésiques et géologiques,
c'est une des plus belles opérations de la science. Mais on a peut-être
trop oublié les anomalies souterraines qui échappent a toute mesure
directe : de là l'incertitude d'abord inaperçue de ce procédé. On vient de
voir, par le tableau précédent, que le nombre fourni par le Schehallieii
est probablement trop faible. Ce n'est pas là un fait isolé : déjà l'expé-
rience plus ancienne mais très-douteuse de Bouguer sur le Chimborazo
avait donné un chiffre encore plus faible. Dans ces derniers temps, on a cru
reconnaître un indice semblable pour le massif pyréliéen. L'expérience de
Carlini et de Plana en dit autant pour le mont Cenis. Enfin les Anglais ont
constaté que le voisinage du massif de l'Himalaya se fait à peine sentir
sur l'extrémité du grand arc des Indes (i). Ainsi paraît être confirmé
aujourd'hui le premier aperçu de Bouguer, qui interprétait ce fait en
admettant de grandes cavités dans les montagnes volcaniques. Ce fait, pris
en dehors de toute hypothèse semblable, consisterait en ce que l'attraction
des grandes montagnes, partout où elle a été directement observée, s est
trouvée inférieure à l'attraction caleulée d'après leur relief extérieur, comme
s'il existait en dessous quelque cause compensatrice.
» Voici l'explication que plusieurs savants ont adoptée en Angleterre, ou
la question a été récemment agitée. Un massif étendu formant saillie au-
dessus de l'écorce terrestre ne peut subsister qu'à la condition de plonger
plus ou moins profondément par sa base inférieure dans les couches fluides
sous-jacentes dont la densité est plus forte. Autrement, sous l'influence
d'une surcharge énorme, il se serait produit des ruptures dans l'écorce ter-
restre, à la limite du massif; car, d'après un calcul de M. Airy, en supposant
(i) L'effet sur la latitude de l'extrémité nord de cet arc devrait être de îS", d'après
X Archdeacon Pratt, de Calcutta.
( 564 )
un massif de 100 miles de large sur i miles de hauteur, la force tendant
à opérer la rupture serait quatre fois plus grande que la cohésion qui s'y
oppose, même en admettant une épaisseur de ioo miles pour l'écorce ter-
restre. Or l'effet d'une rupture aurait été précisément de faire pénétrer plus
avant la base du massif dans les couches plus denses qui supportent la
croûte solidifiée. Mais il me paraît plus conforme aux doctrines géologiques
actuelles, et à la lenteur avec laquelle la densité interne croît avec la pro-
fondeur, d'admettre que, sous les grandes chaînes de montagnes, de forma-
tion récente surtout, lescouchesnon encore solidifiées remontent beaucoup
plus haut que partout ailleurs. Cela résulte évidemment du fait même du
surgissement des couches ignées sous-jacentes, lesquelles se sont fait jour
par les grandes fractures de l'écorce terrestre, et en ont relevé les bords. La
texture cristalline, qui avec le temps augmente si sensiblement la densité
des couches solidifiées, doit avoir fait là moins de progrès, et par suite il
doit y avoir, sous certaines grandes chaînes de montagnes, une diminution
locale de densité relative capable, malgré la profondeur, de compenser en
partie les effets de l'attraction de leur relief extérieur dans les opérations
géodésiques. Car, comme cette attraction varie pour une chaîne plutôt en
raison inverse de la première que de la deuxième puissance de la distance,
l'effet d'une anomalie souterraine est beaucoup moins atténué par la pro-
fondeur à laquelle elle se trouve que l'effet d'une anomalie circonscrite de
toute part.
» Ces réflexions, dont les géologues détermineront la valeur, m'ont porté
à croire, depuis longtemps, qu'il serait bon de répéter en plusieurs lieux
l'expérience célèbre du Schehallien : j'avais même proposé un moyen de
contrôle qui consiste à déterminer, avec le même instrument (ma lunette
zénithale), l'effet en latitude et en longitude, c'est-à-dire dans deux sens rec-
tangulaires, chose facile si on opère sur un pic isolé. Ayant eu, l'an passé,
l'occasion de parcourir une partie de l'Auvergne, j'ai trouvé dans le Puy-
de-Dôme, déjà si célèbre dans les fastes de la physique, une disposition
favorable pour ce genre d'opérations. Un professeur de la Faculté de Cler-
moiit, M, Bourget, connu de l'Académie par de beaux travaux, voulut bien
me guider dans mes excursions et faire pour moi le calcul approché de
l'attraction de cette montagne (i). L'Académie jugera de la disposition des
lieux par le plan-relief ci-joint, dû à M. Bardin. On y trouve aisément les
(i) La masse est d'environ 555 millions île mètres cubes de domite dont la densité
moyenne dépasse certainement 2.
( 565 )
quatre stations nécessaires pour mon système. Toutefois la proximité du
Puy de Pariou, celle d'autres grandes inégalités et diverses complications
géologiques, rendront l'opération très-complexe. J'espère trouver plus tard
d'autres localités encore plus favorables. D'après les calculs préalables de
M. Bourget, on peut compter sur une somme de déviations de ioou 12 se-
condes, soit dans le sens du méridien, soit même dans le sens est-ouest.
Pour l'opération eu longitude, il faudrait installer autour du Puy-de-Dôme
deux lunettes zénithales, une pendule et un fil électrique. On rencontrerait
pour cela toutes les facilités désirables dans la localité.
» Par le pendule. — La méthode suivie par Carlini et Plana consistait à
comparer la longueur du pendule observée au sommet du mont Cenis, à
celle qui avait été déterminée à Bordeaux par MM. Biot et Mathieu, à peu
près au niveau de la mer. Mais la réduction au vide présente là une diffi-
culté grave, ainsi que l'éloignement des stations (1). Au Puy-de-Dôme, on
pourrait observer aisément au sommet et au pied. Je fais construire un
nouveau système de pendule oscillant dans le vide, système d'un transport
et d'un établissement très-facile, et donnant indifféremment des mesures
absolues ou des mesures différentielles; mais j'ignore si cet appareil, que
M. Ruhinkorff a dû déjà modifier une première fois, réussira finalement.
» Par la balance de torsion. — La méthode de Cavendish, adoptée par
Reich et Baily, donne très-probablement les meilleurs résultats; mais on
lui a opposé une objection délicate, celle de l'influence de l'air et de ses
courants. L'objection a paru sérieuse aux auteurs eux-mêmes : malgré
toutes les précautions, les variations de pression et de température pro-
duisent des courants continuels dans l'air ambiant; or la force qu'il s'agit
d'évaluer est excessivement faible; la moindre influence doit donc être con-
sidérée en pareil cas comme étant digne de considération. L'appareil 'qui
je prépare, depuis deux ans, pour étudier la force répulsive due à la cha-
leur, d'une manière plus directe que parl'intermédiaire des stratifications de
l'étincelle d'induction auxquelles j'avais d'abord eu recours, avec succès, me
semble suffisant pour les essais que je désire tenter dans ce sens. M. Ruhin-
korff a bien voulu se charger de le construire; il serait même terminé de-
puis longtemps, si l'on ne m'avait donné l'espérance de mettre à profit une
nouvelle manière de faire le vide plus commode que l'action du sodium en
(1) Cf. la Physique du Globe de M. Saigey, 2e partie.
C. R., i863, ier Semestre. (T. LVI, N° 13.) 7$
( 566 )
vapeurs sur l'oxygène déjà épuisé par la machine pneumatique. Mais comme
cette espérance ne s'est pas réalisée jusqu'ici, je retourne à mon premier des-
sein, et j'espère qu'avant peu de mois je pourrai joindre, aux expériences
dont j'ai déjà plusieurs fois entretenu l'Académie sur la force répulsive,
une répétition plus ou moins complète de l'expérience de Cavendish dans un
vide parfait.
» Par le pendule souterrain. — Quant à l'expérience de M. Airy sur la pe-
santeur observé au fond et au haut d'un puits de mine, je n'ai aucun moyen
de la reprendre, malgré l'intérêt qu'un nouvel essai de ce genre pourrait
avoir dans la question actuelle.
» L'Académie jugera, d'après ces rapides indications, des idées et des
entreprises que les progrès récents de la géodésie mettent en mouvement.
Malheureusement pour moi mes efforts sont limités, au moins dans le temps,
par la construction d'appareils délicats et coûteux. Ce que j'ai fait jusqu'ici
est dû en grande partie à l'obligeance de nos artistes, principalement de
MM. Porro, Ruhmkorff et Brunner. »
« M. Boussixgault rappelle que M. Élie de Beauinont a fait connaître,
il y a environ vingt-cinq ans, une méthode d'observation ayant, autant
qu'il lui semble, beaucoup d'analogie avec celle dont M. Faye vient d'en-
tretenir l'Académie, méthode qui permettrait de prendre une hauteur du
Soleil avec un sextant, sans le secours d'un horizon. »
« M. Elie de Beacmoxt dit qu'il a trouvé avec plaisir, dans la commu-
nication de M. Faye, la confirmation de l'exactitude du procédé qu'il
emploie depuis l'origine de ses voyages pour mesurer l'angle formé par un
rayon visuel avec la verticale; procédé qu'il a publié deux fois, d'abord
en 1837 (1), dans son Mémoire sur le mont Etna, et ensuite en i845, dans
ses Leçons de Géologie pratique.
» M. Elie de Beaumont présente aussi à l'Académie quelques considéra-
tions qui viennent à l'appui des idées exprimées par M. Faye sur l'intérêt
qu'il y aurait à faire des expériences sur les déviations éprouvées par le fil à
plomb dans le voisinage du Puy-de-Dôme, et en général dans la chaine des
monts Dômes. »
(1) Recherches sur le mont Etna. — Annales des Mines, 3' série, t. IX, p. 52q.
( 567 )
« M. Regnaclt fait observer à l'Académie qu'il a décrit, à plusieurs re-
prises, dans son cours du Collège de France, un appareil destiné à répéter
l'expérience de Cavendish pour la détermination de la densité moyenne
de la Terre. Le principe de ce nouvel appareil est connu de plusieurs
Membres de l'Académie. M. Regnault croit utile aujourd'hui de signaler
ce fait, afin de pouvoir établir, lorsqu'il publiera son travail terminé, qu'il
n'en a pas puisé les principes dans des projets d'expériences qui auraient
été annoncés antérieurement à l'Académie. >>
PHYSIOLOGIE. — Note : i° sur la distinction entre le coma produit par la
méningite et le sommeil produit par le chloroforme; et 2° sur la distinction
entre la méningite et /'apoplexie ; par M. Flourexs.
Si-
« J'oppose ici l'un à l'autre deux phénomènes très-différents : le coma
produit par la méningite, et le sommeil produit par le chloroforme.
» Dans le coma , l'animal est plongé dans une prostration profonde,
mais il ne dort pas ; il a les yeux habituellement fermés, mais, à tout
moment et pour la moindre cause, il les ouvre ; il voit, il regarde, il entend ,
il sent ; il éprouve un frisson continuel.
« Dans l'état naturel , le chien a de ioo à 120 pulsations par minute. Ses
respirations sont, par minute, de 20 à 3o.
» Pendant le coma, ses pulsations ne sont que de 80 à 90 ; ses respirations
sont au nombre de 24.
» A côté de l'animal, pris de coma, je place l'animal endormi par le
chloroforme. L'animal dort réellement ; il ronfle; il a les yeux fermés et ne
les ouvre pas ; il ne voit pas, il n'entend pas, il ne sent pas; la sensibilité
de tout l'organisme est momentanément suspendue.
» Pendant le sommeil du chloroforme, les pulsations sont au nombre
de 60 par minute ; les respirations sont au nombre de 16.
» Je compare maintenent le cerveau de l'animal, mort pendant le coma ,
au cerveau de l'animal, mort pendant le sommeil du chloroforme, et par
une chloroformisation à dessein trop prolongée.
» Le cerveau de l'animal, mort pendant le coma, est tout parsemé de
points rouges, c'est-à-dire qu'il est traversé, dans toute sa substance, par des
vaisseaux gorgés de sang, tl est dans un état de congestion complète.
» L'animal, mort pendant l'action du chloroforme, n'offre pas de points
' 75..
{ 568 )
rouges; il a sa coloration normale : il n'y a d'injectés que les vaisseaux de la
dure-mère, et particulièrement ceux du crâne.
» La cause de la différence profonde qui sépare le coma du sommeil pro-
duit par le chloroforme est évidente. Dans le premier cas, la congestion est
intra-cérébrate ; elle est extra-cérébrale dans le second ; c'est le cerveau lui-
même qui est injecté pendant le coma; dans le sommeil produit par le
chloroforme, ce ne sont que les vaisseaux du crâne et de la dure-mère. Mais
ceci même doit être un avertissement sérieux pour ceux qui emploient le
chloroforme : d'une congestion extra- cérébrale à une congestion inlra-
cérébrale, il n'y a qu'un pas.
§ H-
» Je disais, dans ma précédente Note, que rien n'est plus difficile, tant
en physiologie qu'en pathologie, que de séparer nettement, par les sym-
ptômes, les affections des viscères d'avec celles de leurs enveloppes. Com-
ment distinguer l'affection du cerveau d'avec celle de ses méninges ; celle du
cœur d'avec celle du péricarde ; celle des poumons d'avec celle de leurs
plèvres; celle des intestins d'avec celle du péritoine?
» Aujourd'hui, je m'en tiens à la méningite.
» C'est à dessein que je n'ai parlé jusqu'ici que du pus, à propos des
méningites, des pleurésies, des péritonites provoquées pour mes expériences.
Les sérosités y ont toujours été en plus grande abondance que le pus. Je
me suis tu sur les sérosités; je me réservais d'en tirer des conséquences d'un
ordre plus important encore.
« On met quelques gouttes de pus sur la dure-mère d'un chien bien por-
tant. L'animal mort, on trouve du pus, mais surtout des sérosités, sur la dure-
mère, sous la dure-mère, dans les ventricules du cerveau, jusque sur le
bulbe rachidien, jusque sur le commencement de la moelle épinière; enfin,
une énorme quantité de sérosité, mêlée à du pus, était sortie par l'ouver-
ture du trépan, et inondait le muscle temporal du côté correspondant à
cette ouverture.
» On met du pus sur la plèvre d'un chien. L'animal mort , on trouve dans
la plèvre une énorme quantité de liquide séro-purulent.
» On met du pus dans l'abdomen d'un chien. L'animal mort, on trouve
la cavité du péritoine remplie d'une sérosité sanguinolente.
» Tous ces faits parlent, et particulièrement dans la méningite. Ici le fait
a sa plus grande portée. Les apoplexies séreuses ne sont que des méningites (i).
: i) Le même <]ue les apoplexies dites méningées [Comptes rendus, t. LVI, p. 244)-
( 569)
« Qu'est-ce qu'une apoplexie séreuse? Je le demande à Morgagni , et il me
répond par un exemple où il n'y a point d'apoplexie, où tout le cerveau était
sain. Cranio sublato, gelalinosa concretio animadversa est, quce vnsn sanguMèra
per lenuem meningem reptantia a laleribus comitabalur. Ea méninge ad basitn
cerebri taeeraia, copia aquœ exivil, colore et crassitie vctc inum sérum referentis.
Cœterum tolwn cerebrum eràt sanum (r).
» Aujourd'hui nous savons quels sont les caractères sûrs de l'apoplexie.
Nous savons surtout que le cerveau n'est pas sain dans l'apoplexie. Nous
savons mieux : nous savons que le cerveau seul est malade. Je ne cherche
ici , bien entendu, que les faits simples.
» D'un autre côté, le rôle des méninges nous est parfaitement connu.
» J'ai prouvé que la dure-mère est le périoste intra-cranien des os du
crâne; et nous voyons, par ces expériences-ci, qu'elle est, dans l'état d'in-
flammation, la source d'une suppuration excessive. Nous savons enfin,
grâce à Bichat, que l'arachnoïde est une membrane séreuse, et, grâce à Ma-
gendie, que la pie-mère est la source du liquide cérébro-spinal.
» Or, ce qui caractérise, absolument et immédiatement, la méningite, c'est
la production abondante, la production excessive du pus et des sérosités. Les
apoplexies séreuses ne sont donc que des méningites.
» Reste le coma. Le coma est un phénomène purement cérébral. Ce qu'il
prouve directement, c'est la congestion du cerveau ; ce qu'il prouve indirec-
tement, c'est la méningite. Le cerveau n'est à l'état de coma ou de congestion
que parce que les méninges sont en état de méningite.
•> Je continue mes expériences sur Y infection purulente , expériences péni-
bles mais nécessaires. »
ÉCONOMIE RURALE. — Expériences sur l'alimentation et l'engraissement
du bétail; par M. Jules Reiset. (Extrait par l'auteur.)
« En dehors des herbages et des pâturages, l'engraissement méthodique
du bétail donne généralement peu de bénéfice à l'agriculture.
» Les animaux nourris à l'étable payent difficilement, par leurs produits,
les fourrages et les grains d'une grande valeur commerciale : aussi, le fumier
obtenu sur place est-il trop souvent le solde d'une opération d'engraisse-
ment bien conduite.
» C'est là un fait admis en pratique par beaucoup de cultivateurs intel-
(i) De scd. etcaus. morb., Epistola VII, p. .{2 (édition de 1714)-
( ^7° )
ligents, et je dois dire que j'ai eu le regret de le voir, de temps eu temps,
confirmé à mes dépens par les comptes de mon exploitation.
» Cette production des fumiers sur place est assurément très-nécessaire;
mais il conviendrait d'établir sa valeur sans l'exagérer; il serait intéressant
de voir si cette valeur est en rapport avec les chances de toutes sortes que
supporte l'agriculteur qui entreprend de nourrir dans ses étables ou dans
ses bergeries des animaux destinés à la boucherie.
» De bons esprits sont frappés de cette pensée que l'animal à l'engrais
doit recevoir le plus promptement possible une ration alimentaire supé-
rieure à sa ration d'entretien; ils admettent comme un principe incontes-
table que l'engraissement ne peut être avantageux qu'a la condition d'être
mené très-rapidement. Suivant ce principe, les animaux reçoivent donc,
des le début, d'abondantes rations de grains, de tourteaux, de fourrages.
» J'ai moi-même pratiqué cette méthode, mais sans obtenir tous les avan-
tages qu'elle semble promettre.
» On ne tient pas, suivant moi, assez compte de cette loi physiologique
qui tend à maintenir l'équilibre dans l'économie animale. La nature s'op-
pose par les sécrétions à un engraissement trop rapide. Tandis que l'ani-
mal absorbe une ration alimentaire abondante, supérieure à sa ration
d'entretien, ses différents organes ont pour fonctions d'éliminer les éléments
de cette alimentation exagérée, laquelle, sans doute, n'est pas en rapport
avec la force d'assimilation, qu'on ne peut augmenter à volonté.
» Pour arrivera bien apprécier toute l'influence de cette force de I assi-
milation, pendant l'engraissement du bétail, on est tout naturellement
amené à chercher un moyen d'établir un compte de balance entre les prin-
cipes élémentaires mis en circulation pendant l'alimentation, les principes
assimilés ou fixés, et les principes qui sont éliminés, soit à l'état d'excré-
ments, soit à l'état de gaz, par la respiration.
» Parmi les principes élémentaires qui se retrouvent dans les aliments,
dans les excréments ou dans les tissus, l'azote est celui qui possède la plus
grande valeur. Les engrais les plus azotés sont incontestablement les
plus fertilisants, et c'est à leur richesse en azote qu'il faut attribuer le prix
élevé des tourteaux et des grains.
» On devait espérer qu'une étude assez prolongée des transformations
successives que l'animal à l'engrais fait subir aux matières azotées donne-
rait des indications utiles pour la pratique agricole.
« Les beaux travaux de M. Boussingault avaient ouvert la voie : je pou-
vais donc suivre cette voie avec confiance, et j'ai entrepris une série d'ex-
( 57i )
périences dans le but de rechercher les conditions économiques de la
production de la viande.
» Expériences sur les moulons. — Le vendredi 5 décembre 1 856, on a
pesé cinq moutons nés à la ferme au mois de mars 1 855 ; ils avaient été
choisis dans le troupeau aussi pareils cpie possible.
» Ils étaient tous cinq, produits d'un second croisement de la race de la
Charmoise.
» Immédiatement après cette pesée, trois moutons portant les nos 6o, 67
et 71 on été placés dans une petite bergerie disposée pour l'expérience.
» Les deux autres moutons ont été abattus ce même jour à 3 heures
devant moi, à la ferme.
» En prenant pour base la moyenne des produits fournis par les deux
moutons abattus le 5 décembre, on pouvait en déduire par le calcul des
quantités de viande, de toison et de suif, que les trois moutons nos 60, 67
et 71 mis en expérience auraient donné ce même jour.
» Les moutons ainsi pesés ont été placés, sans litière, sur un carrelage
parfaitement imperméable et convenablement disposé pour Recueillir ensem-
ble tous les excréments liquides et solides. Ces excréments mixtes ou mélan-
gés étaient chaque jour pesés et analysés.
» Une légère pente était combinée de manière à laisser couler facilement
les urines dans un vase placé sous le carrelage, et ce carrelage était lui-
même gratté quatre fois par jour avec une palette de fer pour rassembler
les excréments solides et les réunir aux urines.
» Les animaux ont pu rester ainsi pendant plus de cinq mois sans litière
dans un état de propreté convenable.
» D'un autre côté, les aliments donnés aux moutons étaient exactement
pesés et analysés On les déposait dans une profonde mangeoire de zinc
pour éviter toute perte.
» Avant de donner une nouvelle ration, on avait soin d'enlever les ali-
ments non consommés. On pesait et on tenait compte de ces résidus de
manière à établir le poids exact des aliments réellement absorbés.
» Pour éviter les lenteurs et les inconvénients de la dessiccation, toutes
les analyses d'azote ont été faites en mêlant directement avec la chaux sodée
les excréments mixtes en nature, bien mélangés et réduits à l'état de pâte
dans un mortier de porcelaine.
» Comme ces excréments en nature contiennent une très-grande propor-
tion d'eau, il est nécessaire, pour éviter l'absorption pendant la combustion,
d'ajouter à la chaux sodée qui doit remplir le tube 1 gramme d'un mélange
( 57a )
de sucre et d'acide oxalique à parties égales. Une production constante de
gaz permanent rend alors la marche de l'analyse très-régulière, et aucun
accident n'est plus à craindre.
« Cette méthode simple et facile a été appliquée à l'analyse des aliments
secs ou humides.
» Je rappelle que la proportion d'ammoniaque obtenue parla combus-
tion des matières avec la chaux sodée est déterminée avec l'acide sulfu-
rique titré et normal, ainsi que l'a indiqué M. Peligot (Comptes rendus des
séances de l'Académie des Sciences, t. XXIV, p. 55o).
» L'expérience, commencée le 3 décembre 1 856, et prolongée pendant
cent soixante-huit jours, jusqu'au 21 mai 1857, est divisée en quatre pé-
riodes, afin de suivre mieux les résultats.
» Des tableaux détaillés indiquent :
» i° Le poids des excréments mixtes pesés chaque matin à huit heures;
» 20 La quantité d'azote trouvée pour 100 d'excréments en nature;
» 3° Le poids total de l'azote émis chaque jour dans les excréments ;
m 4° Le poids des aliments consommés; betteraves cuites, son, avoine;
» 5° La composition de ces aliments.
» Première période. — Pendant cette période, qui comprend quarante
et un jours, du 5 décembre i856 au 14 janvier 1857, les trois moutons
avaient perdu ensemble i5 kilogrammes de leur poids vivant. Pour un seul
de ces moutons, le n° 7 1 , la perte s'élevait à 9 kilogrammes.
)> Ces indications si précises de la balance étaient d'ailleurs confirmées
par l'aspect et le maniement des animaux : ils mangeaient sans se remplir,
le flanc restait creux, la laine était piquée; il importait donc de changer au
plus vite un régime qui amenait le dépérissement et une perte de sub-
stance.
» On ne pouvait songer à augmenter la ration d'avoine en grains ou
celle des betteraves cuites, puisque, pour ainsi dire, à chaque distribution.
les moutons laissaient une partie assez notable de ces aliments. Le son était
seul entièrement consommé, et je me proposais de l'augmenter, lorsque
l'instinct des animaux me révéla ce qui manquait essentiellement à leur
régime.
» Le jour où on les conduisit à la balance, les moutons trouvèrent sur
leur passage un lien de paille qui traînait dans la cour de la ferme. Ils se
jetèrent, comme des affamés, sur cet aliment qui, ordinairement, leur
parait peu friand, et le lien de paille fut dévoré en quelques instants.
» En réfléchissant à cette révélation de l'instinct même des animaux, je
( 573 )
n'ai plus hésité à introduire la paille dans la ration journalière. On lui
attribue généralement une valeur nutritive presque nulle; niais, comme on
le verra par le reste de ces expériences, elle joue cependant un rôle très-
important dans l'alimentation des ruminants.
» Il ne suffit pas de fournir à ces animaux une nourriture riche en prin-
cipes alimentaires, il faut encore que les rations contiennent des aliments
occupant un certain volume, présentant certaines formes, pour remplir et
lester les cavités dont se compose l'appareil digestif.
» Deuxième période. — Dans cette seconde période de l'alimentation
des moutons, les nos 60 et 67 reçoivent régulièrement, chaque jour, outre
les betteraves cuites, le son et l'avoine, deux distributions de menue paille
de blé. A ce. régime, les animaux regagnent en très-peu de temps le poids
qu'ils ont perdu, et leur engraissement s'opère progressivement.
» Le troisième mouton, n° 71, était rentré dans la bergerie le 1/4 jan-
vier avec le reste du troupeau. Il était dans un grand état de dépérissement,
puisqu'il avait perdu g kilogrammes de son poids primitif. Les moutons
avec lesquels il était en expérience l'avaient pris pour victime ; ils lui don-
naient de violents coups de tète, et lui arrachaient même la laine sur le
dos. Le pauvre animal, soustrait à tous ces mauvais traitements et remis au
seul régime d'entretien (paille et fourrage), n'a pas tardé à se rétablir; le
3o janvier, il avait repris 7 kilogrammes.
« Dans la troisième période l'engraissement des animaux a été continu
et progressif; chaque pesée indique généralement une nouvelle augmen-
tation de poids.
Le mouton n° 60 a gagné 1 1 kil.
Le mouton n° 67 8
Ensemble 19 kil.
» L'alimentation a mis en circulation 3k,836 d'azote pour produire
1 gkilogrammesde poids vivant ; ce qui donne une proportion de 202 grammes
d'azote dans les aliments pour un accroissement de 1 kilogramme de poids
vivant.
« Déduction faite du fumier produit, le chiffre de la dépense est de
2ifr, 55 pour obtenir 19 kilogrammes de poids vivant, et le prix dei kilo-
gramme de poids vivant ressort à ifr, i3.
» Il est bon toutefois de remarquer que, dans la période choisie pour
obtenir ce prix de revient de 1 kilogramme de poids vivant, les animaux
C. R., i863, i« Semestre. (T. LVI, N° 15.) 7^
( 574 )
bien lestés se trouvaient déjà dans les meilleures conditions de régime et
d'assimilation.
» L'expérience est terminée le 21 mai, et les moutons sont abattus en
ma présence, à la ferme, le lendemain, après vingt-quatre heures de jeune.
» On se rappelle que j'ai cherché à établir par analogie, au commence-
ment de l'expérience, le poids des quatre quartiers, suif, peau et toison de
chaque mouton.
» Pour connaître la proportion des produits formés pendant l'alimenta-
tion, il était donc nécessaire de rapprocher les données déduites par le cal-
cul des données fournies directement par la pesée après la mort.
» Établissant ainsi, d'une manière à peu près absolue, le poids des pro-
duits formés pendant l'engraissement, j'ai trouvé que les divers produits
fournis par les deux moutons pendant la durée de l'expérience contiennent
ensemble g42b'r, 554 d'azote.
» Pour chacune des périodes de l'expérience, nous avons établi la diffé-
rence existant entre l'azote contenu dans les aliments et l'azote contenu dans
les excréments.
» Le relevé de ce compte de balance pour l'ensemble des quatre périodes
tlonne 3o72gr,o,, comme excédant total, de l'azote fourni par les aliments.
» L'azote fixé dans les divers produits étant de o,42sr, 554, d fa li t admettre
que 2i3o grammes d'azote ne se retrouvent ni dans les excréments, ni dans
les principes fixes de l'organisme.
» Cet azote a été nécessairement exhalé sous forme gazeuse par la res-
piration.
» Cette quantité d'azote exlialé parait d'abord considérable, et l'on serait
tenté déjuger ce résultat comme inadmissible. Mais il faut se rappeler que
l'expérience a duré cent soixante-huit jours, et, d'un autre côté, il faut en-
core faire remarquer que les deux moutons avaient éprouvé une perte tres-
notable de substance pendant la première période de leur alimentation : cette
perte de substance était de 6 kilogrammes; pour la récupérer, l'organisme
a dû fixer une certaine proportion d'azote dont on n'a pu tenir compte, et je
pense me rapprocher beaucoup de la vérité en admettant que, sur 6 kilo-
grammes de substance, 3 kilogrammes constituent de la chair musculaire
renfermant environ io5 grammes d'azote à déduire des 2i3o grammes.
» L'azote exhalé à l'état gazeux par la respiration serait ainsi 202S gram-
mes pour deux moutons pendant cent soixante-huit jours, soit 12 grammes
en vingt-quatre heures, ou 6 grammes en vingt-quatre heures pour un
mouton soumis à un régime très-riche en matières azotées.
( 575 )
» Je rappellerai à l'Académie que, dans un Mémoire sur la Respiration
publié en 1849(1), nous avons démontré, M. Regnault et moi, que les ani-
maux des diverses classes dégagent constamment de l'azote, quand ils sont
à l'état d'entretien : la proportion de ce gaz exhalé est aussi considérable
que celle qui vient d'être déduite par la méthode indirecte.
» D'ailleurs, pour ne laisser aucun doute sur ce fait, j'ai entrepris une sé-
rie d'expériences, dans le but d'étudier directement la respiration des grands
animaux de la terme : j'aurai l'honneur d'en communiquer prochainement
les résultats à l'Académie. Je me bornerai à dire que j'ai trouvé 5gr,4 d'azote
exhalé en vingt-quatre heures pour une brebis à la ration d'entretien, et
4gr, 3 pour un mouton dans les mêmes conditions. Je tenais à signaler dès
à présent la concordance remarquable des résultats obtenus par deux
méthodes d'observation tout à fait différentes.
» M. Boussingault avait déjà reconnu ce fait intéressant, que les animaux
exhalent par la respiration une portion de l'azote contenu dans les aliments.
En soumettant pendant plusieurs jours une vache et un cheval à une ali-
mentation réglée dont il connaissait rigoureusement la quantité et la com-
position chimique, en pesant et analysant avec le plus grand soin toutes
les déjections solides et liquides, ce savant observateur a trouvé a.3 grammes
d'azote exhalé en vingt-quatre heures par le cheval, et 27 grammes dans
le même temps par la vache (2).
» Un porc de neuf mois a exhalé 48ri4 d'azote en vingt-quatre heures.
« Enfin, dans une expérience faite sur le mouton, un savant Danois.
M. Jorgensen, a trouvé igr, 3 d'azote exhalé en vingt-quatre heures.
» De son côté, M. Barrai a fait, en juillet 18/19, trois expériences sur le
mouton (3). En suivant la méthode de M. Boussingault, il a trouvé succes-
sivement 2sr, 89, 9sr, 38 et 6gr, 17 d'azote exhalé en vingt-quatre heures
pour un animal dont les aliments et les excréments ont été exactement pesés
et analysés pendant un espace de temps qui a varié de quatre à cinq jours
» Je résume les autres faits consignés dans mes recherches.
» Pour 100 d'azote mis en circulation par les aliments,
58,3 se retrouvent dans les excréments.
i3,7 se retrouvent dans les produits fixes, viande, suif, toison.
28,0 sont exhalés par la respiralion.
100,0
(1) Annales'de Chimie et de Physique, 3e série, t. XXVI.
(2) Économie rurale, 2e édition, t. II, p. 383.
(3) Barral, Statique chimique des animaux, publiée en i85o, p. 3li.
76..
( 576)
» Ces chiffres représentent les moyennes obtenues pendant toute la durée
de l'alimentation.
» Dans la première période de l'alimentation, on a retrouvé dans les
excréments les 72 centièmes de l'azote contenu dans les aliments.
» Dans la deuxième période, les excréments ne contiennent plus que les
57,7 centièmes de l'azote des aliments.
» Dans la troisième période, la proportion se fixe à 56,67, pour arriver
à 49,47 centièmes dans la quatrième période.
» La force de l'assimilation, quant à l'azote, a donc augmenté tres-nota-
blement et d'une manière progressive dans les trois dernières périodes.
» Le tableau suivant présente la proportion d'azote et la valeur en argent
des excréments mixtes fournis pendant vingt-quatre heures par un mouton
à l'engrais.
Excréments
mixtes <Uote Valeur
en 24 heures. émis. en argent.
„.,,., er gr rr
Première période 910 6,70 0,018
Deuxième période 1871 '2,96 o,o34
Troisième période 2377 i5,oo o,o3g
Quatrième période 25o3 12,70 o,o33
« Le prix de 1 kilogramme de poids vivant, produit pendant l'expérience,
revient à ifr, i3 dans les meilleures conditions d'assimilation et d'engraisse-
ment.
» Pour obtenir cet accroissement de 1 kilogramme de poids vivant, les
moutons ont absorbé une quantité d'aliments dosant 201 grammes d'azote.
» Je n'ai pas la prétention d'avoir trouvé, dans cette expérience, les con-
ditions les plus économiques de la production de la viande. Privés de fouil-
ler les fourrages et la paille dans les râteliers, mes animaux n'étaient pas
tout à fait placés dans les conditions normales, et on a vu qu'après une pre-
mière période d'essai j'avais dû complètement modifier un régime qui
amenait le dépérissement.
» Dans une autre série d'expériences, que j'ai le désir de présenter
très-prochainement à l'Académie, je montrerai que l'on peut obtenir 1 kilo-
gramme de poids vivant pour une dépense moyenne de ofr,65.
» Les indications qui ressortent d'observations scientifiques inspirent
généralement peu de confiance aux agriculteurs praticiens : je ne pouvais
partager une si injuste méfiance, et j'ai immédiatement appliqué à l'engrais-
( 577 )
sèment fait dans mes bergeries les principes que ces études sur l'alimenta-
tion mettent eu évidence.
» Je repousse tout d'abord un système d'engraissement trop rapide qui
n'est pas en rapport avec la force d'assimilation des animaux.
» Je condamne, comme inutile et trop onéreux, l'usage des grains et des
tourteaux, dès le début de l'engraissement.
» Avant de donner des aliments riches en azote, grains ou tourteaux, il
importe de bien lester le bétail avec une nourriture abondante, mais d'un
prix peu élevé. Une ration composée de betteraves, on mieux encore de
pulpes de betteraves, avec de la paille à discrétion, m'a toujours parfaite-
ment réussi pour amener, soit des moutons, soit des bètes de race bovine,
à un état tel, qu'une très-pelite quantité de grains suffisait ensuite pour
terminer l'engraissement .
» En suivant cette méthode, j'obtiens de bons animaux de boucherie,
pavant leur nourriture, et laissant encore quelques bénéfices à la fin de
l'opération.
» Pour justifier cette pratique agricole adoptée depuis plusieurs années
dans mon exploitation, je crois utile de publier, à la suite de mes expériences,
une série de comptes d'engraissement qui portent avec eux leur enseigne-
ment. »
GÉOLOGIE. — Les silex ouvrés dans le diluvin/n de Loir-et-Cher ;
par M. de Vibra ye.
« Un savant archéologue se préoccupait, il y a quelque vingt ans, de la
présence en quelque sorte accidentelle ou si rarement constatée de l'homme,
au milieu des nombreux débris des espèces éteintes appartenant, comme
le Rhinocéros lichorltinus, Elephas primigenius et tant d'autres, aux plus
récentes révolutions du globe. Il avait supposé qu'on devait au moins
en retrouver la notion par la présence d'instruments appartenant, comme
chez les peuples celtiques, à des substances en quelque sorte incorrup-
tibles. Ces vestiges sont apparus dans les assises les plus récentes des couches
géologiques : c'est alors que Y archéo-géologie prit naissance, grâce à M. Bou-
cher de Perthes et à sa louable persévérance.
» Une circonstance peut contribuer à rappeler de nouveau l'attention
sur cet ordre d'idées, lorsque la générosité du savant dont je viens de
mentionner les recherches enrichit le musée de Saint-Germain d'une pré-
cieuse collection.
( 578 )
»> Mais la science ne pouvait demeurer stationnaire, elle a dû généraliser
les études. Abbeville, Amiens, Saint-Acheul et Menchecourt ne lui suffisaient
plus; un vaste champ d'exploration s'ouvre aujourd'hui devant elle : c'est
toute la France, toute l'Europe, tout le monde! On devra fouiller toutes
les cavernes, toutes les brèches osseuses, explorer tous les terrains de trans-
port, tous les sables diluviens.
» Depuis cinq années, je me suis mis à l'œuvre, et j'appelle de tous nies
vœux les collaborateurs.
» Dans une question de cette importance, on ne saurait toutefois préci-
piter les jugements : il faut se recueillir et classer les idées comme les maté-
riaux avant de hasarder une solution définitive.
» Et d'abord, la stratigraphie doit s'appliquer à toutes les recherches
dans le sol. L'archéologue fait de la stratigraphie lorsque, relativement aux
différents âges historiques, il étudie la superposition des édifices; lorsqu'il
retrouve, comme on l'affirme, l'époque des instruments de pierre au-dessous
des monuments assyriens; lorsqu'il a pu constater qu'une construction
romaine a servi de base à une crypte romane. Il fait encore de la strati-
graphie, lorsqu'il interroge l'intégrité d'une couche de terre ou son rema-
niement afin de déterminer l'emplacement d'une cité, soit même dune sépul-
ture gallo-romaine, et l'enfouissement des urnes cinéraires.
» Qu'est-ce à dire? La stratigraphie, qui sert de guide à l'archéologue
dans un si grand nombre de circonstances, peut-elle être négligée dans les
recherches qui se rattachent intimement à la géologie, sous prétexte que
ces recherches seraient exclusivement paléontologiques? La stratigraphie
ne doit-elle pas servir, ou tout au moins aider à circonscrire les faunes? C'est
pourtant ce qu'on avait oublié de faire jusqu'à nos jours, notamment dans
les cavernes à ossements, et c'est pourquoi, sans doute, cette nouvelle
branche de la science, la découverte de l'homme ou de ses œuvres, a dû
rencontrer tout d'abord un si grand nombre de redoutables dénégations.
Dans les cavernes, les couches appartiennent à des âges très-différents,
depuis l'ère gallo-romaine où les aborigènes ont été chercher un refuge
contre l'invasion des Césars, jusqu'aux âges correspondant aux habitations
lacustres, où se retrouve la faune moderne, c'est-à-dire les dépouilles d'ani-
maux analogues à ceux qui vivent encore aujourd'hui sur les lieux; jus-
qu'aux brèches osseuses, ou diluvium ronge, caractérisé par une faune
d'animaux ayant opéré leur migration vers des milieux plus appropriés à
leur organisation, comme le renne entre autres exemples; puis enfin jus-
qu'au diluvium inférieur où l'homme s'associe, je crois pouvoir l'affirmer
(579)
par les débris que j'ai recueillis en place, à un certain nombre d'espèces
éteintes : Ursus spelœus, Hyœna spelœa, Cervus megaceros, Rhinocéros tichoihi-
nus, Eiephas primigenius, etc. S'associant encore à des espèces existantes,
mais ayant déserté nos climats, le renne apparaît de nouveau; on y ren-
contre encore le boeuf et le cheval. Cette couche inférieure, comme toutes
les autres, semble renfermer partout, soit dans les cavernes, soit à la base
des sables diluviens, un certain nombre d'instruments plus pu moins gros-
sièrement fabriqués. C'est l'homme qui se dévoile, c'est la pensée qui se
matérialise en quelque sorte.
» La France est jonchée de débris de pierres façonnées par la main de
l'homme ; il ne s'agit plus que d'assigner à ces instruments une époque rela-
tive, soit historique ou même géologique, lorsqu'on doit appeler de ce nom
les âges ayant immédiatement précédé les dernières grandes révolutions du
globe et l'extinction des races que la science a qualifiées d'antédiluviennes.
» Sur tous les points où les assises géologiques, directement recouvertes
par le diluvium, affleurent, on retrouvera, j'ose ici l'affirmer, les silex ouvrés :
c'est ainsi que M. Boucher de Perlhes les signale à la surface des formations
crétacées qui les empâtent ; entamées elles-mêmes, sans doute, ou corro-
dées par le passage des grands courants diluviens. Aussi va-t-il beaucoup
trop loin lorsqu'il prétend rendre les instruments contemporains des couches
crétacées elles-mêmes, évidemment bien antérieures à l'apparition de
l'homme à la surface du globe. C'est ainsi que nous retrouvons encore
ces mêmes instruments à la surface du falun dans le département de Loir-et-
Cher, ou reposant sur le calcaire lacustre de la Beauce, suivant que l'un
ou l'autre des deux systèmes se montre subordonné directement et sans
intermédiaire aux sables diluviens et se présente en affleurement. Lorsque,
d'autre part, la faible épaisseur des sables diluviens permet à la charrue de
pénétrer jusqu'à la formation géologique sous-jacente, les instruments sont
ramenés parfois à la surface. Mais un caractère que j'ai d'abord constaté sur
les linches de Saint-Acheul, puis sur les silex ouvrés recueillis dans la brèche
osseuse de Vallières (Loir-et-Cher), peut servir à constater leur position
primitive ou normale. Je veux parler de surfaces brillantes, polies comme
du jaspe ou de l'agate; quelques points même, polis en creux, dénotant, sur
ces instruments ou leurs débris, l'énergie d'un frottement, d'une pression
sans égale, qu'on doit attribuer, ce me semble, au passage des blocs erra-
tiques et des sables, débris pulvérisés des roches préexistantes.
» Je pourrais citer environ douze localités sur la rive gauche de la Loire,
où les silex ouvrés se retrouvent en abondance. Nous sommes encore au
( 58o )
début de nos explorations en Sologne, et déjà plus de mille instruments de
pierre, ou leurs débris, ont été recueillis à Huisseau, Fontaine, Cheverny,
Contres, Oisly, Fougères, Sambin, Phage, Thenay, Pontlevoy, Vallières,
Saint-Georges, etc. A Contres, notamment, à 124 mètres d'altitude, on re-
trouve à la surface des couches faluniennes subordonnées aux sables dilu-
viens, sur les parties déclives d'une colline, aux expositions nord et sud , où les
sables diluviens qui forment le couronnement du coteau disparaissent, un
dépôt de silex ouvrés qui semble dénoter un emplacement de fabrication.
On y rencontre un certain nombre de silex arrondis portant des traces évi-
dentes d'une percussion réitérée, entourés d'éclats de silex analogues en
tous points à ces débris qui jonchent le sol aux bords du Cher, autour des
ateliers de fabrication des pierres à fusil. C'étaient sans contredit les mar-
teaux remplacés de nos jours par les instruments de fer. A Contres, un cer-
tain nombre de ces débris de silex, fendillés, étonnés, craquelés comme les
porcelaines de Chine ou du Japon, semblent dénoter l'emploi du feu pour
essayer d'attendrir les matières siliceuses; la loupe a permis d'observer, à la
surface d'un certain nombre d'échantillons, des incisions microscopiques.
» Tous ces faits ne peuvent s'apprécier individuellement ; il faut un
échange d'observations, d'objections même, avant d'être dûment coor-
donnés et jugés impartialement et sainement.
» Je réclamais des explorateurs, et je voudrais pouvoir ajouter des colla-
borateurs, quand je me suis permis d'affirmer, au commencement de l'année
dernière, que la brèche osseuse de Vallières, exploitée beaucoup trop exclu-
sivement au point de vue paléontologique, devait renfermer des silex ou-
vrés. Les anciens explorateurs ont nié tout d'abord, puis sont retournés en
arrière, puis en définitive ont trouvé, comme je l'ai fait moi-même. Toute-
fois, les recherches exclusivement paléontologiques avaient, en quelque
sorte et malheureusement, épuisé la brèche de Vallières dès l'année 1849,
c'est à-dire treize années avant l'époque où les recherches archéo-géologiques
ont été comprises et mises en pratique.
» Une autre question va surgir : quelques haches sur lesquelles se mani-
festent des traces, ou, si l'on veut, des essais de polissage, des haches même
entièrement polies, appartiendraient-elles au diluvium? On nous le dira
sans doute (1)! Ces questions me paraissent trop graves pour être soulevées
(1) Il y a quelques années, je recueillais au bord du lac de Soing, dans une couche dilu-
vienne qui se superpose à un banc d'huître falunien (Ostrea crassissima) d'un mètre environ
de puissance, et servant à l'amendement des terres, une hache ébauchée, portant des traces
( 581 )
prématurément. J'avais jugé prudent jusqu'à ce jour de réserver un juge-
ment, afin de le rendre impartial et consciencieux. Une année s'est à peine
écoulée depuis que les explorations ont sérieusement commencé dans le
département de Loir-et-Cher, et j'apprends qu'en mon absence d'infati-
gables explorateurs ont été conviés par un adepte, entraîné sans aucun
doute par son zèle, à venir contrôler des recherches en quelque sorte rudi-
mentaires.
» Devais-je en cette occurrence demeurer silencieux, attendre encore,
lorsque mon nom peut-être devra figurer dans les publications qui auront
bientôt un retentissement de l'autre côté du détroit de la Manche?
» Vous seriez en droit, Messieurs, de vous étonner de ma trop grande
réticence à votre égard.
« Je me suis réservé sans doute la faculté de recueillir et de classer les
matériaux, avant de publier un travail sur une épineuse question soulevée
tout d'abord par les archéologues; j'avais quelques raisons pour désirer un
sursis alors qu'on me signalait un certain nombre de points à visiter en
France, et que je croyais utile et sage d'explorer avant de me permettre un
jugement. Toutefois je ne pouvais consentir à laisser interpréter mon silence
comme un acte d'ingratitude, ou tout au moins un manque de déférence
envers l'Académie des Sciences, lorsqu'elle a bien voulu m'accorder l'hon-
neur de lui appartenir. »
M. Bouisson, récemment nommé à une place de Correspondant pour la
Section de Médecine et de Chirurgie, adresse ses remercîments à l'Aca-
démie.
de polissage. La matière de cette hache est un grès lustre fort analogue à certaines pointes
de flèches recueillies au Canada, près des lacs Supérieurs. Depuis, le conservateur de rues
collections, M. Franchet, jeune savant plein d'espérance et d'avenir, a constaté le même fait
aux environs de Contres (les Devidières). Je ne prétends aucunement tirer des conclusions,
mais il faut prendre date à côté des empressements qui nous entraînent. Dès ce jour il serait
aussi hasardeux de se décider pour une origine antédiluvienne, que de considérer sans rai-
sons déterminantes de semblables objets comme le produit d'une industrie postérieure au
grand cataclysme. La prudence exige que la question demeure aujourd'hui pendante. II en
sera de même pour les haches entièrement polies, trouvées enfouies à une assez grande pro-
fondeur dans les sables diluviens des rives de la Loire ou du Beuvron, mais sans observa-
tions stratigraphiques suffisamment concluantes.
C. R., iS63, i" Semestre. (T. LVI, N° 15.) 77
( 582 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Seciion de Médecine et de Chirurgie, en remplacement
de feu M. B retonneau.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Ehrmann obtient 35 suffrages.
M. Serre (d'Usés) 8
MM. Landouzy et Pétrequin, chacun i
M. Ehkmann, ayant réuni la majorité absoluedes suffrages, est déclaré élu.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
L'Académie reçoit dans cette séance un grand nombre de pièces ma-
nuscrites ou imprimées, destinées à des concours dont la clôture est fixée
au 3 i mars, savoir :
Concours pour fe grand prix de Mathématiques de i863, question concernant la Théorie des
p k en o m eues cap i lia ires .
— Un Supplément, en trois parties, à un Mémoire précédemment adressé,
et reproduisant la même épigraphe : « Quà ex causa in cahalibus fluidorurn
pendent fujurœ ... . »
Concours pour le prix de la fondation Morogues.
— Une série d'ouvrages imprimés concernant diverses parties de l'éco-
nomie rurale, adressés par M. Is. Pierre, Correspondant de l'Académie :
« Études comparées sur la culture des céréales, des plantes fourragères
et des plantes industrielles. — De l'Alimentation du bétail au point de vue
de la production, du travail, de la viande, de la graisse, de la laine, du lait
et des engrais. — Notions élémentaires d'analyse chimique appliquée ;i
l'agriculture. — Prairies artificielles; des causes de diminution de leurs
produits; étude sur les moyens de prévenir leur dégénérescence. — Re-
cherches analytiques et Essais pratiques sur diverses questions d agrono-
mie. — Recherches théoriques et pratiques sur divers sujets d'agronomie
et de chimie appliquée à l'agriculture; nouvelle série, 1869-1862. — Chi-
mie agricole ou l'Agriculture considérée dans ses rapports principaux ave<
la Chimie ».
( 583 )
- Un Traité des constructions rurales; par M. L. Bouchard.
— Le Ier volume d'un Traité d'économie rurale; par M. Loxdej.
Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.
— Mémoire sur l'acide arsénieux dans le traitement des congestions qui
accompagnent les affections nerveuses; par M . Cahex (travail manuscrit et
accompagné d'une analyse indiquant, conformément à une des conditions
du programme, les parties que l'auteur considère comme neuves).
— Recherches sur le catarrhe des organes génitaux intérieurs chez la
femme; par M. Ch. Henmg (ouvrage imprimé, en allemand, et accom-
pagné d'une Note écrite en français, indiquant les parties considérées
comme neuves).
— Recherches sur la physiologie et la pathologie du cervelet ; par
MM. M. Leven et A. Ollivier (manuscrit et accompagné de l'indication
exigée).
— Cure radicale de la tumeur et de la fistule du sac lacrymal, à l'aide
de l'oblitération du sac; par M. A. Magne (sans l'indication des parties
neuves).
— Trois opuscules de M. Debout, sur des anomalies de conformation
congénitales : hernies ombilicales — fissure horizontale de la joue — arrêt de
développement des membres pelviens (imprimés et accompagnés d'une
analyse manuscrite).
— Etudes cliniques et histologiques sur l'ataxie locomotrice progressive;
par M. Hipp. Bourdon (deux opuscules imprimés, accompagnés d'une
analyse manuscrite).
M. Gallois, qui avait présenté dans la séance précédente un Mémoire
sur l'inosurie, demande que ce travail soit compris dans le nombre des
pièces de concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.
Concours pour le prix de la fondation Barbier.
M. Condy adresse comme pièces de concours pour ce prix : une Note
manuscrite concernant l'emploi des manganates et des permanganates
comme substances désinfectantes, et divers documents imprimés se ratta-
chant plus ou moins directement a ces recherches.
77-
( 584 )
Concourt pour le prix du legs lirèaul.
M. Deroy, en adressant pour ce concours une Note manuscrite intitulée:
« Delà non-absorption des médicaments dans la période algide du choléra ».
remarque que ce fait, qu'il dit avoir signalé le premier à l'attention des mé-
decins, ne doit pas être considéré comme n'ajoutant rien aux connaissances
propres à éclairer le traitement, puisque la période algide ne constitue
pas toute la maladie, mais que, avant et après, les agents thérapeutiques
conservent leur activité, et qu'il importe beaucoup de savoir précisément
quand on en peut attendre quelque effet.
31. Daxis adresse pour le même concours un opuscule sur la dyssenterie,
travail dans lequel il a eu l'occasion d'exposer des considérations générales
« sur toute une classe de maladies, les septicémies, ou maladies par empoi-
sonnement du sang ».
Un Mémoire destiné au même concours et portant pour titre : « Nouveau
traitement des fièvres continues du choléra, etc. », avait été adressé avec
le nom de l'auteur, sous pli cacheté; ce concours n'étant point de ceux
pour lesquels le nom doit rester caché jusqu'après le jugement de la Com-
mission, le pli a été ouvert; l'auteur est M. J. Barr Mitcheix, de
Londres.
Une semblable mesure a été prise pour un Mémoire adressé dans la pré-
cédente séance, et qui a pour titre : « Traitements proposés pour prévenir
ou combattre le choléra asiatique » ; l'auteur est M. J. Hoffmann.
Deux autres Mémoires destinés au concours pour le prix annuel du
legs Bréant ont pour titre :
« Éclaircissement sur l'étiologie et le traitement des dartres ». par
M Cerix Rose;
« Sur l'étiologie et la thérapie des dartres » ; par M. Em. Poor, médecin
en chef de l'hôpital de Pesth (Hongrie).
CORRESPONDANCE,
M. le Secrf.tairi: perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
correspondance un Mémoire de M. Paotiiii, de Bologne, sur le mouvement
intestinal, et le renvoie au concours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie.
( 585 )
« M. le général Moitix présente à l'Académie, de la part de M. le lieute-
nant général d'artillerie piémontais /. Cavalli, un Mémoire sur la théorie
de la résistance statique et dynamique des solides, considérée principale-
ment au point de vue des impulsions analogues à celles du tir des canons.
» Dans ce travail, l'auteur, dont le nom est bien connu depuis longtemps
îles artilleurs de tous les pays, s'est proposé d'étudier, à l'aide d'appareils
nouveaux, les lois des flexions, des compressions et des déformations des
solides, et de les appliquer à la difficile question qui préoccupe à des points
de vue opposés la marine et l'artillerie des nations militaires, celle de ht
défense et de l'attaque des bâtiments cuirassés. »
L'Académie des Sciences de Lisbonne adresse des remercîments pour
un nouvel envoi des dernières publications de l'Académie.
ASTRONOMIE. — Remarques de M. G. de Pontécoul.vnt, à l'occasion dune
communication récente de M. Delaunay sur P équation séculaire de la Lune.
« L'Académie des Sciences dans sa dernière séance, a reçu de l'un de ses
Membres l'hommage d'un Mémoire extrait de la Connaissance des Temps
pour 1864, et relatif à la détermination de l équation séculaire de la Lune.
L'Académie ayant annoncé précédemment qu'elle ne s'occuperait plus de
cet objet, je respecte trop ses décisions pour me permettre aucune obser-
vation sur le fond même de la question scientifique traitée dans le Mé-
moire dont il s'agit, mais j'y trouve en outre une assertion qui, si elle n'était
réfutée sur-le-champ, pourrait peut-être jeter quelque doute sur ma véracité,
ou pour mieux dire sur ma probité scientifique; j'ose donc espérer que l'Aca-
démie me permettra, sur ce sujet, une explication que je rendrai d'ailleurs
aussi courte que possible pour ne pas abuser de ses précieux instants.
» L'auteur du Mémoire dont je m'occupe, après avoir annoncé, pour la
centième fois, qu'il était arrivé, relativement au coefficient du terme en m* de
l'équation séculaire de la Lune, au même résultat que M. Adams, ce que per-
sonne ne conteste, et ce qu'il eût été même, pour le dire en passant, assez
difficile d'éviter, puisqu'il partait des mêmes principes et des mêmes don-
nées, dit que l'expression de ce même coefficient, déterminé autrefois par
M. Plana, a été trouvée inexacte, « quoique M . de Pontécoulanl eût assuré
l'avoir vérifiée, » d'où il semblerait résulter, ou que cette vérification n'a pas
eu lieu, ou du moins que les calculs ont été très-imparfaitement exécutés;
or ces deux suppositions sont également contraires à la vérité, et rien n'est
plus facile que de le démontrer en replaçant dans son véritable jour cette
( 586 )
question très-simple, que l'auteur du Mémoire, on ne sait clans quel but.
semble se complaire à obscurcir.
» En effet, tous les géomètres qui se sont occupés de la question savent
très-bien que le coefficient proposé par M. Adams ne diffère de celui de
M. Plana que par l'introduction de nouveaux termes auxquels M. Adams
à jugé à propos d'avoir égard, tandis que M. Plana, d'après Laplace et tous
les géomètres qui l'ont suivi, les avait négligés en supposant qu'ils ne pro-
duisaient que des quantités insensibles. J'ai moi-même longtemps partagé
cette idée (si elle est fautive, je m'en accuse), parce que l'introduction des
nouveaux termes dont il s'agit conduisait à un résultat qui ne présentait
aucun accord avec l'observation, et que cet accord doit être, comme l'a très-
justement observé M. Le "Verrier, le premier objet d'une saine théorie, et en
second lieu parce que l'analyse de M. Adams, fondée sur des développe-
ments de séries dont on ne considère que les premiers termes en ne tenant
aucun compte du reste, ne me semblait pas assez rigoureuse pour établir un
point aussi important dans la théorie lunaire(i). Quoi qu'il en soil, dans le
passage cité, il est évident que je n'ai voulu parler que du coefficient donné
par M. Plana dans son grand ouvrage, et qui par conséquent devait être
indépendant des termes introduits depuis par M. Adams, puisqu'il n'en a
eu l'idée que dix ans plus tard; ce terme ainsi que les suivants, avec cette
restriction, se sont trouvés parfaitement exacts, et c'est d'ailleurs ce qui a
été confirmé par toutes les vérifications qu'ils ont subies depuis (2). Je pense
(1) Une autre raison qui m'avait porte à rejeter les termes dont il s'agit, c'est que leur
existence me semblait contraire au théorème général de V invariabilité des grands axes et
des moyens mouvements planétaires, cette grande découverte des géomètres modernes; mais
je dois dire qu'une analyse rigoureuse du problème m'a démontré depuis que le grand axe de
l'orbe lunaire se trouve à cet égard dans un cas d'exception qui avait échappé à l'analyse de
Laplace et de Lagrange. Je regrette que les bornes de cette Lettre ne me permettent pas de
développer iri ce point curieux de la théorie du système du monde.
(2) Le terme multiplié par m', dans l'expression de l'inégalité séculaire donnée par
M. Plana à la page 485 de sa Théorie de la Lune, était ~ m' ; en considérant les termes
introduits par M. Adams, M. Plana a trouve qu'ils ajoutaient à cette expression le terme
5355
—m' [Supplément à la Théorie de la Lune, p. 10). En faisant la somme de ces deux
1 20
termes, on obtient le suivant lA—m', donne par .M. Adams dans le volume des Trait-
64
sortions philosophiques pour l'an ■ 853, p. 4°5.
Il ne sera pas inutile d'observer que lorsqu'on traite la théorie de la Lune par les foi mules
: 587 )
que cette explication doit suffire à ma complète justification et je n'insiste-
rai pas davantage, par respect pour les décisions de l'Académie, bien que
le Mémoire dont il s'agit contienne beaucoup d'autres propositions qu'il se-
rait difficile d'admettre sans restriction ou du moins sans faire des réserves
pour une occasion plus opportune.
» Permettez-moi, Monsieur le Président, de profiter de cette occasion poiu
vous prier d'appeler l'attention de l'Académie sur une question purement
astronomique, qui se rapporte au même sujet et où son concours pourrait
être d'une immense influence à l'avancement de la science. Quelle que soit
l'opinion qu'on adopte relativement à la détermination théorique du coeffi-
cient de l'inégalité séculaire de la Lune, il est évident, par toutes les recher-
ches qui ont eu lieu dans ces derniers temps, que ce coefficient que Laplace
avait supposé de 10" environ, et qu'on avait porté successivement jusqu a
i [" et iz", doit être considérablement diminué et ne dépasse pas 7 " ' 1 '. Il
s'agirait donc de savoir si en employant toutes les données nouvelles et plus
exactes que les anciennes, que nous possédons aujourd'hui, sur les varia-
tions séculaires des autres éléments du mouvement lunaire, il serait tout a
fait impossible, comme on l'a cru jusqu'à présent, de représenter les ancien-
nes éclipses avec une variation séculaire du moyen mouvement aussi
affaiblie.
» Or, pour se livrer avec fruit à une pareille recherche, il faudrait avoir
à sa disposition des ouvrages et même des manuscrits qui se trouvent ren-
fermés, sans doute, dans les archives de l'Observatoire ou du Bureau des
ordinaires des mouvements planétaires, le terme ■ ■ — rf nv est celui qui résulte naturelle-
1 20
5355
ment de la variation séculaire de l'époque, tandis que le tenue — nr dépend d'une
120
inégalité séculaire introduite dans l'expression du grand axe et par conséquent contraire au
théorème général de l'invariabilité des grands axes planétaires.
(1) On pourrait peut-être objecter que M. Hansen persiste à dire que ses calculs l'ont
conduit à une détermination de 1 3" pour ce coefficient : mais quoique ces calculs n'aient
point été publies, il est évident, d'après ce que l'auteur en a dit lui-même, qu'ils sont fondes
sur les anciennes formules, et tout à fait indépendants des nouveaux termes considérés par
M. Adams. La différence de son résultat avec ceux de Laplace, Damoiseau, etc., tient donc
uniquement à celle des données employées dans le calcul; il n'y a donc pas lieu d'en tenir au-
cun compte. Il est étonnant qu'une remarque si simple ait échappé à MM. Le Verrier et
Delaunay, qui ont cité, comme pouvant avoir quelque importance dans la question, le résul-
tat évidemment fautif de M. Hansen.
( 588 )
Longitudes, qu'une puissante intervention pourrait seule ouvrir à un étran-
ger. Ce serait donc à l'Académie des Sciences qu'il appartiendrait de sti-
muler le zèle des géomètres et des astronomes, en faisant de cette importante
question le sujet d'un de ses prix, comme elle l'avait déjà fait, à une autre
époque, lorsqu'elle couronna le beau travail de Bouvard. L'Académie ne
doit pas oublier que l'un de ses plus beaux titres de gloire est d'avoir, par
ses encouragements et ses travaux persévérants, amené la théorie de la Lune
à l'état de perfectionnement qu'elle a atteint aujourd'hui; les tables lunaires
fondées sur la seule théorie sont supérieures de beaucoup à toutes celles qu'on
avait déduites autrefois du concours de la théorie et de l'observation, et
c'est à l'Académie des Sciences de Paris qu'on doit ce bienfait, puisque
c'est elle qui en a eu la première idée, lorsque la plupart des géomètres
jusque-là l'avaient regardé comme impossible à réaliser. Sans doute l'Aca-
démie ne voudra pas laisser son ouvrage incomplet, ou abandonner à
d'autres mains le soin d'éclaircir le seul point qui semble y laisser encore
quelque obscurité : Noblesse oblige. »
PHYSIQUE. — Sur la conductibilité pour l'électricité du thallium; pareil. Lucien
de La Rive. (Présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.)
« La conductibilité du thallium a été mesurée par la méthode de Wheat-
stone, en comparant la résistance d'un fil du métal à celle d'un étalon de mer-
cure distillé. Le thallium qui a servi à ces mesures provient d'un échantillon
donné par M. Lamy au laboratoire de chimie de l'École normale. Pour
mettre le métal sous la forme de fil, on l'a d'abord fondu, puis battu au
marteau pour allonger le lingot, et enfin passé à la filière. Cette dernière
opération est rendue difficile par le peu de ténacité du thallium ; il faut hu-
mecter souvent le métal et tirer avec précaution le fil pour l'obtenir à un
certain degré de finesse.
» La conductibilité d'une substance, évaluée en mesurant la résistance
d'un fil cylindrique, a pour expression
_ L'D
c- PR'
» L est la longueur du fil, P le poids, R la résistance et D la densité.
• » Mesure de la densité. — On ne peut pas obtenir directement la densité
du thallium par rapport à l'eau, car le métal s'y dissout dans une propor-
tion qui n'est pas négligeable; 5 grammes perdent, durant l'opération, en-
viron 10 milligrammes. On s'est servi d'huile de naphte ayant séjourne
( 589)
sur du sodium, et les densités suivantes sont rapportées à celle de l'huile
de naphte à la température de 1 1°.
I i° i4 35i )
Thallium en lames préparé par M. Lamy j o ^' . j Moyenne. 1 4 , 346
( i° i4 33t )
Thallium fondu 0 ,\ ~ Moyenne . 1 4 , 33o
(2 1 1\ , 02C) |
ii° i4 260 )
, [ Moyenne. i4,2t5
20 14,292 \ ] ^' '
» Les actions mécaniques du marteau et de la filière déterminent, d'après
ces résultats, une faible diminution de densité, environ — Vô- La densité de
l'huile de naphte ayant été trouvée égale à 0,8275, la densité du thallium
fondu à n° est 11, 853, valeur qui est bien en accord avec les nombres
donnés par M. Lamy, 1 1 , 862 à o°, et la densité du même métal en fil
est 1 1,808.
» Mesure de la conductibilité. — On a expérimenté sur quatre fils différents ;
les extrémités du fil étaient serrées dans des pinces en cuivre, et le fil
plongeait dans un flacon rempli d'huile de naphte.
Longueur du fil.
Toids.
Résistance.
Valeur de
L
P
R
U_ PR
Température.
311°""
I773m^
120,0
5,36
i5°
190
1255
64,6
5,38
10
260
1182
129,6
5,21
1 1
190
5o4
«6l,4
5,24
12
Moyenne 5 , 3o 1 1°
» La mesure de la résistance a toujours été faite très-peu de temps après
que le fil avait été tiré, mais sa surface n'en était pas moins déjà couverte
d'une couche d'oxyde. Toutefois, comme il n'a pas été possible de consta-
ter, à partir de ce moment, une augmentation de résistance, il est à présu-
mer que cette circonstance n'a qu'une influence négligeable sur la conduc-
tibilité. Un fil laissé à l'air pendant vingt-quatre heures a éprouvé une
augmentation de résistance d'environ -~. La moyenne des valeurs de C
est 5,3o à la température de ia° rapportée au mercure à i4°. La conducti-
bilité du mercure est i,63, celle de l'argent étant 100, ce qui donne pour
le thallium 8,64, valeur comprise entre celle du plomb, 7,77, et celle de
l'étain, 11, 45, et qui est de beaucoup inférieure à la conductibilité des
métaux alcalins.
C. R., iS63, ier Semestre. (T. LVI, N» 15.) 7^
( 59o)
" Variation de la résistance avec la température. — La résistance d'un
même fil a été déterminée à trois températures différentes :
Température. Résistance.
l5° I20,O
35 128,6
53 i37,4
» Le coefficient K étant calculé par la formule Rt = R0 (c -+- K.T), on
trouve R = o,oo38, nombre compris dans les limites entre lesquelles se
trouvent, pour la plupart des métaux, les valeurs de ce coefficient. >
CHIMIE. — Sur quelques nouvelles combinaisons otr/aniques du silicium et sur le
poids atomique de cet élément; par MM. C. Friedel et J.-M. Crafts.
(Présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.)
« Au point où en est arrivée la chimie dans la connaissance des combi-
naisons appelées organo-métalliques , à la suite des beaux travaux de
MM. Bunsen, Frankland, Caliours et Riche, Strecker, Baeyer, Wan-
klyn, etc., il nous a semblé qu'il y avait opportunité à reprendre l'étude
des combinaisons organiques du silicium, si brillamment commencée par
Ebelmen dans son Mémoire sur les éthers siliciques.
» Nous avons pensé qu'il serait possible de trouver dans cette étude une
vérification de l'exactitude du poids atomique du silicium tel qu'il a été
déduit dans ces derniers temps par quelques chimistes, en particulier par
MM. Odling (i), Cannizaro (2) et Wurtz (3), de l'hypothèse d'Avogadro et
d'Ampère, d'après laquelle les molécules des corps composés occupent à
l'état de vapeur un même volume. Quelque importance qu'on puisse attacher
à cette loi, en présence des beaux résultats auxquels elle a conduit Gerhardt
pour les combinaisons organiques, et de l'ensemble si satisfaisant de poids
atomiques qu'on en a tiré depuis pour la plupart des corps simples, elle
n'en reste pas moins une frypothèse physique qu'il est indispensable de
soumettre au plus grand nombre possible de vérifications chimiques.
» Nous croyons avoir trouvé quelques-unes de ces vérifications dans les
faits que nous avons l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie.
u Si l'on pose H2 = 2 volumes, 2 volumes de chlorure de silicium en
(1) Répertoire de Chimie pure, t. H, p. 45.
(2) Sunto di un corso de Filosojta chimiea. Pisa, 1 858.
(3) Répertoire de Chimie pure, t. II, p. 449-
( 59' )
vapeur renfermeront CI4 ou \l\i de chlore combinés avec 28 de silicium,
En prenant le chlorure de silicium comme type des combinaisons silici-
ques, la manière la plus simple de le formuler sera Si Cl4, Si, dans cette
expression, représentant 28 de silicium. Il résulte de là que l'acide siliciqne
anhydre sera SiO2 et que l'acide siliciqne hydraté normal dérivé du chlo-
rure de silicium de la même manière que l'acide acétique l'est du chlorure
d'acétyle, par substitution au chlore du résidu monoatomique HO, aura
pour formule
Si
H1
O*.
C'est à cet hydrate silicique que se rapporte le silicate éthylique d'Ebelmen,
dans lequel Gerhardt admettait déjà l'existence de 4 fois le radical éthyle.
»Enchauffantà i6o°envase clos, pendant une demi-heure, l'éthersilicique
avec du chlorure de silicium, dans la proportion de 3 équivalents du pre-
mier corps pour 1 du second, nous avons obtenu un produit dont la plus
grande partie a distillé de i52°à i58°. Ce produit ne fume pas à l'air et ne
possède pas du tout l'odeur du chlorure de silicium. Il réagit immédiatement
sur l'alcool en dégageant de l'acide chlorhydrique et en régénérant le sili-
cate d'éthyle. Après un certain nombre de distillations fractionnées, nous
avons analysé la partie recueillie entre i55° et 1570. Les nombres obtenus
pour le carbone, l'hydrogène, le chlore et la silice s'accordent exactement
avec ceux qu'exige la formule
Si
3€2H5 (°5"
Cl
Ladensitéde vapeur du produitaété trouvée de 7,05 au lieu de 6,87 qu'exi-
geait la théorie.
» La réaction s'est passée comme nous l'espérions; elle peut être expri-
mée par l'équation
34C^Î04+SiCl; = 43^H5Jœ.
Cl
» Ainsi, dans l'éther obtenu, le quart de l'éthyle et 1 molécule d'oxygène
ont disparu et ont été remplacés par 1 atome de chlore; on ne peut donc
pas supposer que l'éther silicique renferme moins de quatre fois le radical
éthyle, ni par suite que le chlorure de silicium renferme moins de Cl4.
» Les portions du produit distillant à une température un peu inférieure
78..
( 5gà)
h i 5o° renferment un excès de chlore, ce qui nous a fait supposer l'exis-
tence d'un corps présentant avec l'éther chlorosilicique ou monochlorhy-
drine de l'éther silicique les mêmes relations que celle-ci avec l'éther
silicique.
» D'après les analyses que nous avons faites de divers produits recueillis
entre les limites de i33° et i4o°, nous nous croyons en droit de conclure
que ces liquides renfermaient une grande proportion de dichlorhydrine
Si
pjij, i O2 bouillant vers i36°.
CI2
» Le même produit se forme en petite quantité, en même temps qu'une
proportion considérable de monochlorhydrine, lorsqu'on fait réagir sur
l'alcool absolu un excès de chlorure de silicium.
» La monochlorhydrine éthylsilicique se produit dans diverses autres
réactions, entre autres dans celles du perchlorure de phosphore et du chlo-
rure d'acétyle sur l'éther silicique. Avec le chlorure d'acétyle, on n'obtient
que de l'éther acétique et des chlorhydrines, mais pas trace d'un acéto-sili-
cate d'éthyle que nous avions espéré obtenir par ce moyen.
» Lorsqu'on mélange la monochlorhydrine avec de l'alcool amylique, à
équivalents égaux, le liquide s'échauffe ; il se dégage de l'acide chlorby-
drique, et si l'on soumet le produit à la distillation, on le voit passer presque
tout entier à 2o5° et 225°. Le liquide recueilli entre 2i6°et 225° a donné à
l'analyse des nombres correspondant exactement à la formule
Si )
3€2HS O4,
€5H" )
c'est-à-dire à celle du silicate d'éthyle, dans lequel le quart de l'éthyle est
remplacé par le radical amyle.
» Ce corps est plus difficilement décomposable par l'ammoniaque alcoo-
lique que le silicate d'éthyle, fait signalé par Ebelmen pour le silicate d'amyle.
» Silicium-élhyle. — Le chlorure de silicium ne réagit pas sur le zinc-
éthyle, à la température ordinaire. Lorsqu'on chauffe le mélange de ces
deux corps à équivalents égaux de chlore et de zinc, dans un tube scellé,
la réaction ne commence à se produire que vers i/jo0; à 1600, elle est
complète au bout de trois heures.
» Lorsqu'on ouvre le tube, on voit s'en dégager une quantité considé-
rable d'un gaz qui brûle avec une flamme peu éclairante. Le liquide restant
( Sg3 )
contient un autre hydrocarbure très-volatil brûlant avec une flamme très-
éclairante, une quantité notable de chlorure de silicium, puis enfin un
liquide bouillant entre i52° et i54°- Le résidu solide est formé de chlorure
de zinc mélangé avec du zinc métallique, ce qui explique la formation des
hydrocarbures.
»•• Le liquide bouillant vers i53°, lavé à l'eau pour le débarrasser d'une
petite quantité de chlorure de silicium et redistillé, estparfaitement limpide,
insoluble dans l'eau et plus léger qu'elle, inattaquable par une solution con-
centrée de potasse et par l'acide azotique ordinaire. Il brûle avec une
flamme éclairante, en répandant les fumées blanches de silice.
» Il renferme des quantités de carbone et d'hydrogène qui s'accordent
avec la formule
Si 4 G2 H5.
» La densité de vapeur a été trouvée de 5 , 1 3. La théorie exige 4, 99.
•> Le produit obtenu est donc le silicium-éthyle dérivé du chlorure de
silicium, par remplacement de 4 atomes de chlore par quatre fois le radical
éthyle, et correspondant au distannéthyle de M. Frankland, si l'on formule
ce composé
Sn4G!H5.
» Nous nous occupons, dans le laboratoire de M. VVurtz, d'étudier ce
corps ainsi que la réaction qui lui a donné naissance, et nous continuons
nos recherches sur les éthers siliciques, en portant particulièrement notre
attention sur ceux qui renferment plus de silice que le silicate d'éthyle. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur des essais de fontes au wolfram; par M. Le Guew.
(Note présentée par M. Pelouze.)
« Il résulte des expériences que j'ai faites dans le port militaire, à Brest,
les faits suivants :
» Les fontes composées de fonte neuve et de vieille fonte, dans des pro-
portions propres à leur donner une grande résistance, ont acquis un nou-
veau degré de force par une addition de wolfram inférieure à 2 pour 100.
Dans l'une, formée à parties égales de fonte neuve anglaise d'Yféra-
Anth et de vieille fonte traitée, l'augmentation de résistance à la rupture
par centimètre carré a été, avec du wolfram français, de 44S4- Dans une
autre formée de -| de la même fonte anglaise et | de fragments de vieux
canons, l'augmentation, avec du wolfram allemand mis dans la même pro-
portion, a été de 67"% 9 par centimètre carré.
(594)
» Soumises à une seconde fusion, les fontes au wolfram ont conservé leur
supériorité sur les fontes ordinaires correspondantes. Après cette opération
la différence en laveur de la première fonte au wolfram était de 2Ôk,2
c'est-à-dire un peu moins forte; la même différence en faveur de la seconde
était 6o,k, i5. Ainsi, l'efficacité du wolfram allemand, déjà plus grande, à
la première fusion, que celle du wolfram français, lui est encore restée
supérieure après la seconde.
» Une troisième fusion des mêmes fontes, ayant été opérée cette fois di-
rectement dans un fourneau à la Wilkinson, au lieu de l'être en creuset,
comme précédemment, la ténacité de la fonte au wolfram a encore dépassé
celle de la fonte ordinaire correspondante.
» D où l'on peut conclure que l'action du wolfram subsiste lorsque la
fusion a lieu directement dans un fourneau, et qu'elle se maintient après
plusieurs fusions successives.
« Dans la fonte wolframée, composée de 3 d'Yféra-Anth et ^ de fragments
de vieux canons, la résistance à la rupture, après la seconde fusion, a dé-
passé de près d'un tiers celle de la fonte ordinaire correspondante. Cette
résistance pour la même fonte, après la première fusion, a dépassé de 20k,8
par centimètre carré celle de la fonte la plus tenace composée antérieure-
ment dans la fonderie du port de Brest, et, après une seconde fusion, elle
l'a dépassée de [\i kilogrammes.
» Une autre preuve de la supériorité des fontes au wolfram résidte de
l'examen des flèches de courbure produites par des poids égaux. Elles sont
moins grandes que pour les fontes ordinaires correspondantes; d'où il suit
que celles au wolfram sont plus élastiques et plus résistantes.
" Dans toutes les circonstances où l'on aura intérêt à douer la fonte
d'une résistance supérieure à celle qu'on a pu lui communiquer jusqu'à
présent, on en aura donc la facilité en l'alliant à une légère dose de
wolfram.
■> Il suffît, pour la fonte, que le wolfram soit pulvérisé, mais non réduit.
!,(• minerai français est, en outre, grillé pour le dépouiller le plus pos-
sible du soufre et de l'arsenic qu'il contient. Quant au wolfram allemand,
on le pulvérise seulement, et il n'avait pas subi d'autre préparation, étant
probablement plus pur. La réduction se fait au milieu de la masse liquide,
aux dépens du carbone de la fonte, et celle-ci, par la diminution de son
carbone et l'alliage avec le tungstène, tend à se rapprocher de la nature
de l'acier. «
( 595 )
CHIMIE. — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Nickles :
par M. Carius.
« M. Nicklès vientjde publier (Comptes rendus, t. LVI, p. 388 ) un Mé-
moire portant pour titre : Sur une nouvelle classe des combinaisons chimiques.
Dans ce Mémoire M. Nicklès décrit comme des sels quadruples des sub-
stances auxquelles manquent beaucoup des propriétés des véritables com-
binaison s chimiques. Encore les analyses de M. Nicklès sont-elles loin d'être
d'accord avec les formules que lui-même déduit de ces analyses. En ter-
minant, M. Nicklès dit: «M. Carius vient de faire connaître des combinai-
sons semblables, etc. »
„..,.,'■ x , • O I t2HsO . , ,
» J ai décrit ( i ) une combinaison „. { p, et les analogues du brome
et de l'iode; ceux-ci se dissolvent dans une solution d'acétate de plomb, en
formant des combinaisons, par exemple :
Oji2H30 t(t2H30)s
CliPb "■" \Pb
Toutes ces combinaisons sont très-bien caractérisées, et les résultats de me»
analyses sont parfaitement d'accord avec les formules cpie j'en avais
établies.
» Ainsi il me faut déclarer à l'Académie des Sciences, vis-a-vis de cette
assertion de M. Nicklès, que les combinaisons décrites par moi ne sont pas
semblables aux substances découvertes par M. Nicklès, et nommées par lui
des sels quadruples, quoique ses résultats analvtiques ne les montrent que
comme des mélanges impurs. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouvelle analyse chimique de l'eau du Bouloti,-
par M. A. Béchamp.
« La source du Boulou est située dans le département des Pyrénées-
Orientales, sur la gauche de la route qui conduit en Espagne par le Pertus, a
24 kilomètres de Perpignan et à 26 de Port-Vendres. La première analyse
est d'Anglada, en 1 833.
» La composition, d'après la nouvelle analyse, est la suivante, rapportée
(1) Ànnalen dcr Chemie und Pharmacie, t. CXXV, p. 87.
( 596)
à 1000 centimètres cubes :
g""
Acide carbonique 5, 50170
» sulfurique o,oo520
» nitrique traces
o arsénique traces
» phosphorique 0,00087
» borique traces
» silicique o ,07850
» chlorhydrique o , 54o,5o
Oxyde de potassium 0,04189
» de sodium 1,84172
» de lithium traces
» de calcium o, 5 1000
» de magnésium o, 16700
» d'aluminium o,ooi3o
» ferrique 0,00680
» mangancux 0,00080
» cuivrique o , 000 1 5
» de cobalt? de nickel? traces
Sulfate de baryte o ,00220
Matière organique traces
8,70763
» La température de l'eau du Boulon est de 170, 5. Sa densité à i5° est
i,oo52. Le poids du résidu fixe, séché à i3o°, est 4gr>7< par litre.
» Cette composition est sensiblement la même que celle des eaux de Vi-
chy, conformément à la dernière analyse de M. Bouquet {Annales de Chimie
et de Physique, 3e série, t. XLII, p. 278). L'eau du Boulou contient seulement
beaucoup plus d'acide carbonique, moins de soude et d'arsenic, plus de
chaux et de manganèse, de la baryte au lieu destrontiane(i), et en pins une
quantité de cuivre dosable dans 3o litres et démontrable dans 1 litre. C'est,
depuis que j'ai découvert le cuivre dans l'eau de Balaruc, la quatrième eau
cuivreuse du Midi. M. Moitessier l'a trouvé dans les eaux de Lamalou, et
récemment M. Filhol dans celles de Saint-Christeau.
» Cette analyse a donné lieu à quelques remarques que je crois utile de
signaler.
(1) J'ai cherché en vain l'iode, le brome et le fluor. L'iode y a notamment été recherché
par le procédé délicat que j'ai décrit dans l'analyse de l'eau de Balaruc ( Comptes rendus de
V 'Académie des Sciences, t. LU, p. 864). La présence de la lithine a été signalée dans l'eau
du puits Chomel à Vichy, à l'aide du spectroscope, par MM. Diacon et Moitessier.
( ô97 )
» La première concerne la baryte. Voici un procédé qui doit être préféré
au procédé classique dans la recherche de cette base. Si l'eau que l'on ana-
lyse contient déjà de l'acide sulfurique (c'était ici le cas), on la neutralise
par l'acide chlorhydrique, et l'on concentre dans un ballon de verre. Dans
l'expérience présente, 3 litres ont été réduits jusqu'au moment où le chlo-
rure de sodium commençait à se déposer. On jette sur un filtre, on lave
d'abord avec un peu d'eau, puis avec une dissolution étendue de potasse
caustique pour enlever un peu de silice qui pouvait s'être séparée, et enfin
avec de l'eau acidulée. Après l'incinération du filtre, on pèse en tenant
compte du poids îles cendres laissées par le filtre. J'ai obtenu ogr,oo65 de
sulfate de baryte. Pour analyser ce sel et constater rigoureusement sa na-
ture, il suffit alors de le calciner, en creuset fermé, avec du sucre pur. Le
résidu, repris par l'acide chlorhydrique, dégage de l'hydrogène sulfuré, et
la dissolution filtrée précipite abondamment par la dissolution du sulfate de
chaux. On s'est assuré, en outre, par l'analyse spectrale, de l'absence de la
strontiane dans le précipité de sulfate transformé en chlorure.
» La seconde est relative à la recherche du manganèse. Lorsqu'on a préci-
pité par le carbonate de baryte le peroxyde de fer, qui est mêlé au manga-
nèse, et que l'on veut séparer ce dernier du cobalt et du nickel, il est avan-
tageux d'ajouter à la dissolution chlorhydrique acide une certaine quantité
d'acétate de soude et d'y faire passer un courant de chlore. Le bioxyde de
manganèse se précipite bientôt sous la forme d'une poudre brune. Mais il
peut arriver que la liqueur brunisse seulement et ne précipite point. Dans ce
cas, pour détruire la combinaison que l'oxyde singulier contracte avec
l'acide acétique, il suffit de concentrer à l'ébullition : peu à peu la liqueur
se décolore et le bioxyde se précipite avec des caractères connus.
» La troisième regarde Y acide nitrique. Le réactif le plus sensible de cet
acide est celui de Desbassyns de Richemond, un mélange de sulfate ferreux
cristallisé et de quatre à six fois son volume d'acide sulfurique concentré.
Mais, pour cela, il est essentiel qu'il n'y ait pas de chlorures en présence.
J'ai donc concentré 2 litres d'eau à 100"; j'ai séparé le dépôt, exactement
saturé la partie soluble par l'acide sulfurique, et précipité tout le chlore par
une dissolution de sulfate d'argent. La liqueur filtrée, évaporée à siccité
au bain-marie, laisse un résidu qui peut être alors introduit dans le réactif.
La coloration fleur de pêcher se manifesta alors avec netteté. Dans les cas de
très-petites quantités d'acide nitrique, il est bon de conserver une partie du
réactif comme témoin. »
C. R., 186Ï, Ie' Semestie. (1. I.VI, N" 15.J 79
( 598)
ANATOMlE COMPARÉE. — Note sur un corps ({apparence glanduleuse observé
dans la baudroie; par M. Jourdain. (Présenté par M. Mil ne Edwards.)
« Dans le courant des recherches que j'ai entreprises, il v a deux ans, sur
le système lymphatique des Poissons, j'ai rencontré dans la haudroie [Lophius
piscalorius L ) un corps d'aoparence glandulaire qui m'a semblé mériter
une attention spéciale.
» Les lymphatiques de la nageoire pectorale, au niveau de l'articulation
de la portion radio-cai pienne de cet appendice avec l'humérus, se réunissent
au tronc humerai et constituent un large sinus [sinus humerai) sous-jacent
a la peau. Quand on enlève cette dernière par une dissection ménagée, on
aperçoit dans tous les individus l'organe glandulaire dont je veux parler.
Il adhère à la face interne de la membrane transparente qui forme les parois
du sinus humerai : il est donc compris dans la cavité même de ce sinus. Il
se présente sous la forme d'un corps aplati, oblong, qui rappelle par sa
configuration le rein de la grenouille. Sur une baudroie d'une taille de
om,c)o, il mesurait om,o4 environ de longueur. De sa surface on voit
se détacher plusieurs tractus celluleux qui vont se fixer aux parois in-
ternes du sinus humerai. Les vaisseaux cpii s'y rendent ont été figurés dans
une planche jointe à cette Note. Une branche artérielle née de l'artère bra-
chiale donne des rameaux à ce corps glandulaire : cette branche ne lui est
donc point uniquement destinée, mais fournit aussi aux tissus environnants.
Les veines qui en rapportent le sang ne lui sont point non plus spéciales.
Elles se jettent d'une part dans la veine brachiale, d'autre part dans une
des veines portes antérieures du rein, que j'ai signalées dans un précédent
travail [Description de l'appareil porte rénal- hépatique de la Baudroie, journal
l'Institut, 1861). Les injections fixes mettent en évidence un réseau capil-
laire d'une grande richesse.
» Cette glande est d'un tissu très-ferme et très-dense. Examinée sur une
coupe pratiquée à l'aide d'un instrument tranchant, elle rappelle la texture
du corps thyroïde. L'examen microscopique rend parfaitement raison de
cette structure. La glande, en effet, est constituée par une trame d'un tissu
cellulaire très-condensé, dont les lamelles entre-croisées donnent naissance
à une infinité de logettes ou vacuoles d'une capacité très-inégale. Chacune
de ces vacuoles est remplie par un noyau de matière granuleuse, d'une
couleur brune très-apparente, quand il est bien développé, auquel cas il
mesure jusqu'à -fa de millimètre. Nous avons pu suivre les capillaires jusque
( %9 )
sur les parois des vacuoles, mais nous ne les avons pas vus se distribuer au
corps granuleux qui y est contenu.
» L'homologie de ce corps pseudo-glandulaire est assez embarrassante.
Doit-on le regarder comme l'analogue de la glande thyroïdienne desChon-
droptérygiens ? La structure intime n'infirme point cette assimilation, mais
on peut objecter : i° que, dans cette hypothèse, la situation du corps thy-
roïde devient tout à fait anormale; i° que ce corps est impair et médian
dans les Chondroptérygiens, tandis que la glande que nous décrivons est un
organe constamment pair.
» Quant au rôle physiologique de ce corps singulier, nous conjectu-
rons, d'après sa situation dans l'intérieur même du sinus humerai, qu'il est
en relation avec le système lymphatique. Les ganglions paraissent man-
quer chez les poissons : ce corps ne pourrait-il pas, jusqu'à un certain
point, les représenter, c'est-à-dire faire subir à la lymphe des modifications
de même nature que celles que ces ganglions y déterminent chez les mam-
mifères et chez les oiseaux ? Si des observations ultérieures venaient appuyer
ces conjectures, et si on admet en outre que les ganglions, outre l'élément
vasculaire, renferment un tissu propre, le mode de formation des ganglions
lymphatiques fournirait une nouvelle confirmation des idées théoriques que
M. Milne Edwards a si lumineusement exposées sur la constitution et le per-
fectionnement du système vasculaire général. »
TÉRATOLOGIE. — Note de M. Larcher, accompagnant la présentation de deu\
pièces anatomiques.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie deux pièces ayant trait à la
tératologie.
» La première de ces pièces est un exemple à'agénésie intéressant exclu-
sivement la moitié droite du corps d'un jeune gallinacé; l'aile est absente
et le membre inférieur est à l'état rudunentaire. Je ferai remarquer qu'ici,
c'est le côté du corps qui semble davantage devoir s'y soustraire qui est
frappé d'agénésie.
n J'appellerai encore l'attention de l'Académie sur un fait qui me semble
d'un plus grand intérêt, au point de vue physiologique: c'est la loi de coïn-
cidence que je signale entre l'absence du radius et celle du pouce; trois
fois, pendant mon internat à la Maternité de Paris, j'ai pu constater l'exac-
titude de cette loi, et j'en soumets aujourd'hui un exemple à l'examen de
79-
( 6oo )
l'Académie. En voyant cette coïncidence de l'absence du pouce avec celle
du radius, je pense que l'on pourrait se demander, en effet, comment, en
l'absence du radius, existerait le pouce, organe de préhension, alors que,
chez les animaux qui en sont pourvus, le radius est précisément le centre
des mouvements qu'il exécute.
» On remarquera que, dans cette pièce, le cubitus est incurvé en dehors,
incurvation facile à expliquer par l'absence même du radius. »
La Société Lixnéexne de Normandie prie l'Académie de vouloir bien
la comprendre dans le nombre des Sociétés savantes auxquelles elle fait don
de ses Comptes rendus; elle rappelle l'envoi qu'elle a fait régulièrement,
depuis sa fondation, de toutes ses publications.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. Moreau-Lemoine demande un tour de lecture pour un Mémoire
concernant un galvanomètre de son invention. Autant qu'on en peut juger
d'après les termes de la Lettre, l'auteur ne voudrait pas soumettre son in-
vention au jugement d'une Commission déterminée, mais la communiquer
simplement à l'Académie. Dans ces conditions, la demande de M. Moreau-
Lemoine ne saurait être admise; s'il veut envoyer son Mémoire, l'Académie
jugera s'il y a lieu de le renvoyer à l'examen d'une Commission.
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. r
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 3o mars i863 les ouvrages dont
voici les titres :
Connaissance des temps ou des mouvements célestes, à l'usage des astronomes
et des navigateurs, pour l'année 186/j ; publiée par le Bureau des Longitudes.
Paris, i863; vol. in-8°.
( 6oï )
Etudes et lectures sur tes sciences cl 'observation et leurs applications pratiques ;
par M. Babinet; VIP volume. Paris, 1 863 -, vol. in-18.
Mémoire sur la théorie de la résistance statique et dynamique des solides, sur-
tout aux impulsions, comme celle du tir des canons ; par Jean Cavalli. Turin,
1 863 ; in-4°. (Présenté au nom de l'auteur par M. le général Marin.)
Recherches théoriques et pratiques sur divers sujets d'agronomie et île chimie
appliquée à l'agriculture; par M. J. Isidore Pierre; nouvelle série, i85o,-
r862. Caen, 1 863 ; in-8°.
Recherches analytiques et essais pratiques sur diverses questions d'agronomie :
par le même. Caen, 1862; in-8°.
Chimie agricole, ou l'Agriculture considérée dans ses rapports principaux avec-
la Chimie; par le même. Paris, i863; vol. in-8°.
Etudes comparées sur la culture des céréales, des plantes fourragères et de
plantes industrielles; par le même. Paris, 1 859 ; in-12.
De l'alimentation du bétail aux points de vue de ta production, du travail, de
la viande, de la graisse, de la laine, du lait et des engrais ; par le même. Paris,
1860 ; in-12.
Notions élémentaires d'analyse chimique appliquée à l'agriculture ; par le
même. Paris, 1861; in-12.
Prairies artificielles : des causes de diminutions de leurs produits ; études sur
tes moyens de prévenir leur dégénérescence ; parle même. Orléans, 1861; in-12.
Les sept ouvrages de M. Isidore Pierre, destinés au concours poul-
ie prix Morogues, seront, de plus, soumis à l'examen de la Section d'Éco-
nomie rurale, l'auteur ayant annoncé l'intention de se présenter comme
candidat pour la place vacante dans cette Section, par suite du décès de
M. de Gasparin.
Traité des constructions rurales et de leur disposition ; par Louis BOUCHARD ;
t. I, ire et 2e livraisons; t. II, 3e livraison. Paris, 3 vol. in-8°.
Habitations à l'usage des cultivateurs ; par le même. Paris, 1 863 ; in-8°.
Disposition des j umières et des latrines dans les exploitations rurales; par le
même. Paris, in-8°.
Bibliographie. Ouvrages publiés jusqu'à ce jour sur tes constructions rurales
et sur la disposition des jardins; par le même. Paris, 1860; in-8°.
Ces divers ouvrages de M. L. Bouchard sont destinés au concours pour
le prix Morogues.
Traité d'économie rurale; par L.-A. LONDET ; t. I. Paris, vol. in-8°. (Des-
tiné au concours pour le prix Morogues. )
( 6oa
Considéra lions pratiques sur les hernies ombilicales congénitales el leur trai-
tement ; par M. le Dc Debout. (Extrait du Bulletin général de Thérapeutique.)
Pans, br. in-8°.
Coup d'oeil sur une des formes tes plus rares du bec-de-lièvre, les fissures ho-
rizontales: Remarques et observations ; par le même. Paris, br. in-8°.
Enquête sur les ressources de la prothèse dans les cas d'arrêt de développement
congénital des membres abdominaux el spécialement de l'un d'eux; par le
même. Paris, br. in-8°. (Cet ouvrage et les deux précédents sont destinés
au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i863.)
Nouvelles recherches cliniques el analomiques sur l'ataxie locomotrice pro-
gressive; parie Dr Hipp. BOURDON. (Extrait des Archives générales de Méde-
cine, n° d'avril 1862.) Paris, 1862; br. in-8°. (Destiné au concours pour les
prix de Médecine et de Chirurgie de 1 863.)
Der katarrh... Catarrhe des organes génitaux intérieurs de la femme; par le
Dr Cari Hennig. Leipsig, 1862; in-4° avec planches. (Destiné au concours
pour les prix de Médecineet de Chirurgie de 1 863. )
Sul movimento... Mémoire sur le mouvement intestinal; par le prof.
Paolijni. Bologne, 1 863 ; br. in \". (Concours pour les prix de Médecine el
de Chirurgie. )
Eludes sur la dysenterie aux points de vue de l'éliologie, de la nature el du
I rarement, suivies de considérations générales sur toute une classe de maladies,
les septicémies, ou maladies par empoisonnement du sang; par le Dr Danis.
Valenciennes, 1862; br. in 8°. (Destiné au concours pour le prix du leg
Hreant. )
Théorie électrique du froid, delà chaleur el de la lumière; par le Dr F.-Aug.
Durand (de Lunel). Paris, i863; br. in-8°.
La faune de Sainl-Prest, près Chartres [Eure-et-Loir); par M. Laugel.
(Extrait du Bulletin de la Société Géologique de France.) Paris, trois quarts
de feuille in-8u.
Note sur la grandeui apparente des objets vus au moyen des instruments d'op-
tique s conditions qui doivent présider à l'appréciation de leur pouvoir ampli-
fiant; par M. Giraud-Teulon. (Extrait des Mémoires des Concours et des
Savants étrangers, publiés par l'Académie royale de Médecine de Belgique.
Bruxelles, i863; br. in -4°.
Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres el des Beaux- A ris
de Belgique pour 1 863. Bruxelles, i863; in- 12.
Menton... Essai climatologique sur ses différentes régions; par le Dr J.-F.
Farina. Paris, i863; in-12.
( 6o3 )
On the theory... Sur la théorie des polyèdres; par le Rev. Thomas P.
K.IKKMAN. 1862; br. in-4°.
On maximum groups... Sur les groupes maximum; par le même; demi-
feuille in-8°.
Applications... Applications de la théorie des polyèdres à t'énumérctlion et
au classement des résultats; par le même. (Extrait des Proceedings of the
Royal Society. ) Br. in-8°.
Almanaque... Almanach nautique pour l'année 1864 ; calculé par ordre
de S. M. à l'Observatoire de marine de la ville de San-Fernando. Cadix,
1862; in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI G AVRIL 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d'une Lettre de M. C. Bravais
annonçant à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de
M. Auguste Bravais, son frère, Membre de la Section de Géographie et de
Navigation, décédé à Versailles le 3o mars 1 863.
Quoique cette Lettre, qui était adressée à M. le Président, lui soit parve-
nue trop tard pour que les convocations d'usage aient pu être faites, plu-
sieurs Membres de l'Académie ont pu assister aux obsèques de leur regretté
confrère, et M. de Tessan a prononcé sur sa tombe un discours dont un
exemplaire est déposé sur le bureau.
économie rurale. — Expériences sur l'alimentation et C engraissement du
bétail (Suite) ; par M. Jules Reiset. (Extrait par l'auteur. )
Valeur alimentaire comparée de la betterave crue, de la betterave cuite et des pulpes de
betterave fourmes par les distilleries agricoles.
« Depuis que la culture de la betterave se répand, depuis que cette pré-
cieuse racine est devenue la matière première d'industries annexées avec
avantage aux exploitations rurales, on s'est posé souvent la question de
savoir quelle valeur alimentaire il faut attribuer, soit à la betterave natu-
relle, contenant tous ses principes sucrés, soit aux résidus privés de sucre
que fournissent les sucreries ou les distilleries.
C. R , 186Î, Ier Semestre. (T. LVI, N° 14.) 8o
( 6o6 )
» La betterave, sous toutes les formes, a trouvé des partisans exclusifs:
les uns déclarent que cette racine cuite à la vapeur procure l'engraissement
le plus rapide, le plus avantageux; les autres préfèrent la betterave crue ;
d'autres enfin vont jusqu'à proclamer que les principes sucrés sont nuisi-
bles, ou tout au moins inutiles pendant l'alimentation; suivant eux, la
pulpe privée du sucre vaut la betterave ou vaut mieux que la betterave.
» L'établissement d'une distillerie agricole sur mon exploitation devait
m'amener nécessairement à faire quelques expériences comparatives sur
une question si intéressante et si vivement débattue.
<• Au mois de novembre i856, j'ai composé trois lots de cinq moutons
chacun.
» Ces moutons, nés à la ferme et produits d'un premier croisement
South-Down, étaient âgés de vingt-trois mois; on les a choisis aussi sem-
blables que possible.
» Ces lots ont été installés dans une vaste bergerie, chacun clans un com-
partiment distinct; une galerie intérieure permettait défaire commodément
le service des mangeoires et des râteliers sans troubler les animaux.
» On pesait régulièrement chaque jour la nourriture, en tenant compte
des aliments non consommés.
» Des tableaux indiquent le poids de la consommation totale pour chaque
lot de moutons, déduction faite des résidus, pendant les 166 jours que dure
l'expérience.
» En constatant la différence des rendements dus aux différents régimes,
les tableaux montrent que ces trois lots de moutons étaient parvenus à un
état satisfaisant d'engraissement. J'ajoute que la viande des moutons livrés
au boucher a été trouvée de première qualité.
» Le lot n° 1 à consommé 3io/3 kilogrammes de betteraves crues,
167 kilogrammes de menue paille et 161 kilogrammes de son.
» L'augmentation de poids vivant a été de 4^k,3.
» Le lot n° 2 a consommé 4o5a kilogrammes de pulpes, 63 kilogrammes
de menue paille et 161 kilogrammes de son.
» L'augmentation de poids vivant a été de 3o,k,g.
0 Le lot n° 3 a consommé 4 1 5o, kilogrammes de betteraves cuites à la va-
peur, soit 3466 kilogrammes de betteraves naturelles, 167 kilogrammes de
menue uaille et 161 kilogrammes de son.
» L'augmentation de poids vivant a été de 58k,y.
» La quantité de son et de menue paille restant invariable pour tous les
( «o7 )
moutons, on peut attribuer sans erreur aux rations de betteraves et de
pulpes les différences observées dans l'augmentation du poids vivant.
» Le simple rapprochement des chiffres permet d'établir, dès à présent,
la valeur alimentaire de la betterave crue, de la betterave cuite et de la
pulpe.
» Pour produire i kilogramme de poids vivant, les moutons du lot n° i
ont consommé 70 kilogrammes de betteraves crues.
>> Pour produire, dans les mêmes conditions, 1 kilogramme de poids
vivant, les moulons du lot n° 1 ont dû consommer 101 kilogrammes de
pulpes de distillerie.
» Enfin, pour produire 1 kilogramme de poids vivant, les moutons du
lot n° 3 ont consommé 70 kilogrammes de betteraves cuites à la vapeur,
poids correspondant à 5g kilogrammes seulement de betteraves naturelles
avant la cuisson.
» On voit que les partisans exclusifs de la pulpe de distillerie ont tort de
vouloir exagérer sa valeur, en disant qu'à poids égal elle vaut la betterave,
ou même qu'elle vaut mieux cpie la betterave. On fait ainsi trop bon marché
des principes sucrés et de leur rôle pendant l'engraissement. La vérité, c'est
que, pour obtenir les mêmes produits, il faut en chiffres ronds 100 kilo-
grammes de pulpes et 65 kilogrammes de betteraves, en prenant une
moyenne entre les betteraves crues et les betteraveo consommées après
cuisson.
» En d'autres termes, le prix de la pulpe ne peut dépasser 8 francs, si
dans la ferme on donne à la betterave une valeur de 12 francs par 1000 ki-
logrammes.
» Avant d'établir le prix de revient de 1 kilogramme de poids vivant,
pour chacun des trois lots, il eat intéressant de fixer exactement la valeur
des fumiers produits.
» La pesée de la litière imprégnée des excréments ne pouvait conduire
à un résultat exact, la quantité de paille dont elle est formée étant essen-
tiellement variable. J'ai eu recours à la méthode que j'avais déjà employée :
je plaçai pendant vingt-quatre heures trois moutons dans la petite bergerie
spéciale, dont le sol carrelé permet de recueillir sans perte les excréments
libres de tous corps étrangers, pour les livrer ensuite à l'analyse.
» Les cinq moutons du lot n° 1 ayant fourni en moyenne 46gr,5 d'azote
en vingt-quatre heures par leurs excréments, on trouve que la valeur en
argent de ce fumier est de \i centimes par jour, en adoptant comme base
80..
( 608 )
de comparaison le prix de l'azote contenu dans le guano ou dans les
tourteaux.
» Les cinq moutons du lot n° 2 ont fourni 66gr,75 d'azote en vingt-
quatre heures. La valeur de ce fumier est donc de 17e, 5 par jour en adop-
tant les mêmes bases de calcul.
« Enfin, les cinq moutons du lot n° 3 fournissent 54 grammes d'azote en
vingt-quatre heures dans leurs excréments. On doit estimera 14 centimes
la valeur de ce fumier.
» Cette donnée obtenue, un simple compte de balance va fournir le
prix de revient du kilogramme de poids vivant.
« J ai pris pour base de ces calculs les prix établis précédemment, soit
12 francs pour la betterave et 8 francs pour la pulpe de distillerie par
1000 kilogrammes. Dans ces conditions, la pulpe produit le kilogramme de
poids vivant à ofr,8o, la betterave crue à ifr, i5, et la betterave consommée
après cuisson à ofr,8g.
» Je n'ai pas tenu compte de la paille donnée aux moutons dans les râ-
teliers. Les animaux n'en mangeaient qu'une quantité insignifiante; la ra-
tion de menue paille leur suffisait. Cette paille des râteliers était donc em-
ployée presque entièrement à former la litière; elle augmentait d'autant la
valeur des lumiers obtenus. Mais cette plus-value ne peut figurer dans un
compte régulier d'engraissement, puisque, suivant les circonstances, il peut
être avantageux de tirer parti de la paille autrement qu'en litière, les ani-
maux pouvant être placés, soit sur des planchers, soit sur la terre elle-même
dans des bergeries mobiles, ainsi que je le pratique pour une partie de mon
troupeau.
» Pour produire 1 kilogramme de poids vivant, le lot n° 1, régime des
betteraves crues, a consommé 235 grammes d'azote; le lot n° 2, régime
des pulpes, 327 grammes d'azote; le lot n° 3, régime des betteraves cuites,
187 grammes d'azote.
» La comparaison de ces résultats donne un avantage marqué à la bet-
terave cuite.
» Mais avant de conclure d'une manière positive sur la valeur aliim n-
taire qu'il convient d'attribuer à la betterave crue, à la betterave cuite et à
la pulpe, j'ai cru devoir entreprendre une nouvelle expérience dans laquelle
on supprimerait aux moutons la ration de 200 grammes de son par tête,
qui avait pu jouer un certain rôle dans l'engraissement par son mélàng<
avec les autres aliments.
» Je n'avais pas osé tout d'abord soumettre mes animaux à un régime
(6o9)
composé exclusivement soit de betteraves, soit de pulpes, les praticiens
n'admettant pas que le bétail puisse être engraissé, ni même entretenu con-
venablement, dans de pareilles conditions.
» Deuxième expérience. — Dans cette seconde expérience, commencée le
iq novembre 1861, un premier lot de cinq moutons a reçu, pour toute
nourriture, de la betterave crue et de la paille; un deuxième lot, delà
pulpe et de la paille; un troisième lot, des betteraves cuites à la vapeur et
de la paille; enfin un quatrième Iota reçu chaque jour, pendant toute la
durée de l'expérience, 2 kilogrammes de grain, avec une abondante ration
de pulpe.
» Je devais suivre avec d'autant plus d'intérêt les résultats compa-
ratifs de cette expérience, que le régime donné au quatrième lot était pré-
cisément celui des Zjoo moutons nourris sur mon exploitation pendant
plusieurs campagnes. Il m'importait de savoir d'une manière positive com-
ment les animaux payent la ration de grains, et dans quelle proportion
elle augmente les produits. Les hommes de ma ferme, les cultivateurs voi-
sins, avaient jugé par avance : suivant eux, toutes les bonnes chances étaient
en faveur du quatrième lot, et j'avais quelque peine à justifier l'utilité d'une
pareille expérience.
» Les vingt moutons, choisis bien semblables, provenaient d'un premier
croisement Sou th-Down; ils étaient nés à la ferme et avaient environ 22 mois
au i5 novembre. Chaque Iota été installé séparément dans la grande ber-
gerie, en suivant les dispositions prises dans la première expérience.
» Je mets en regard le poids des moutons, leur rendement après la mort,
et le poids des aliments consommés pendant les 1 56 jours qu'a duré l'expé-
rience.
» En cherchant à établir d'après les chiffres obtenus la quantité d'aliments
nécessaire pour produire un accroissement de 1 kilogramme de poids vivant,
on trouve qu'il faut : 61 kilogrammes de betteraves crues ; o,8k, 07 de pulpe :
71 kilogrammes de betteraves consommées après cuisson ; 75 kilogrammes
de pulpes avec ration de grain.
» Ces résultats confirment ceux de la première expérience : pour obtenir
un même accroissement de poids, il faut, en chiffres ronds, 100 kilogrammes
de pulpes et 65 kilogrammes de betteraves, en prenant toujours la moyenne
entre les betteraves crues et les betteraves consommées après cuisson. On
doit remarquer ici que la ration de grain donnée au lot n° 4 a remplacé
25 kilogrammes de pulpes, puisque, pour obtenir 1 kilogramme de poids
vivant, il n'a plus fallu que 75 kilogrammes de ce même aliment.
( 6.o )
» Au point de vue économique, nous pouvons déjà constater que c'est ]a
un assez médiocre résultat.
» La proportion du prix à établir reste toujours la même : la pulpe aura
les deux tiers de la valeur de la betterave.
» Pour établir la balance entre les dépenses de la consommation et la valeur
des fumiers produits, j'ai admis, dans cette seconde expérience, les données
analytiques obtenues dans la première.
>• J'adopte un prix moyen de 3 centimes par jour et par mouton, comme
valeur des fumiers; soit i5 centimes pour les cinq moutons composant
chaque lot.
» Pour gagner 65k, 25, les moutons du lot n° i ont consommé 4002 kilo-
grammes de betteraves crues, et 3i2 kilogrammes de menue paille.
» Le prix de revient du kilogramme de poids vivant est de ofr,6i, déduc-
tion faite de la valeur des fumiers.
» Pour gagner 58k, 75, les moutons du lot nu 2 ont consommé 5797 kilo-
grammes de pulpes et 3i2 kilogrammes de paille.
» Le prix de revient de 1 kilogramme de poids vivant est de ofr,65.
» Pour gagner 59 kilogrammes, les moutons du lot n° 3 ont consommé
5070 kilogrammes de betteraves après cuisson, représentant 4226 kilo-
grammes de betteraves naturelles et 3i 2 kilogrammes de paille.
» Le prix de revient de i kilogramme de poids vivant est de ofr, 73.
» Pour gagner 6ik, 5 , les moutons du lot n° 4 ont consommé 4588 kilo-
grammes de pulpes, 122 kilogrammes d'orge, i38k,5 d'avoine, 3i2 kilo-
grammes de paille, et 34 kilogrammes de son.
» Le prix de revient de 1 kilogramme de poids vivant est de ifr,32.
» L'expérience dont je viens de rendre compte offre des résultats pra-
tiques d'une nature importante qu'il convient de signaler. Un régime
exclusivement composé, soit de betteraves, soit de pulpes avec de la paille,
a pu amener les moutons à un état complet d'engraissement.
» Le lot n° 1 , qui n'a mangé que de la betterave crue, sans un seul grain, a
même donné le plus grand poids vivant. Le rendement à la mort ne laissait
rien à désirer, et j'ai pu constater par moi-même que la viande était excel-
lente et de première qualité.
» Une forte ration de grain, ajoutée au régime de la pulpe, n'a pas sensi-
blement augmenté le produit en poids vivant.
» Pour obtenir, en faveur du lot n° 4? une différence qui n'atteint pas
3 kilogrammes de viande, on a dépensé 3oo kilogrammes de grains, ayant
une valeur de 52 francs.
( 6n )
n Un pareil résultat n'a pas besoin de commentaires : je me suis empresse
de mettre à profit une si utile indication, et, depuis cette époque, j'ai mo-
difié avec un grand avantage l'alimentation de mes 4oo bètes.
» J'ai réservé pour la fin de l'engraissement l'emploi des tourteaux ou des
grains. Une nourriture un peu stimulante, dans cette dernière période de
l'engraissement, produit un effet utile en augmentant très-notablement la
force d'assimilation ; sous cette influence, le bétail gagne en finesse et en
qualité; c'est là un fait dont il faut tenir compte dans la pratique, et, tout
en recherchant les conditions les plus économiques pour la production de
la viande, on ne doit pas oublier que l'augmentation de poids ne constitue
pas seule la valeur qui sera attribuée à la béte de boucherie. Par un engrais-
sement convenable, le kilogramme de viande acquiert une plus-value con-
sidérable, qui devient le principal profit de l'opération. On sait que la
viande maigre, payée sur pied i franc le kilogramme, atteint souvent le prix
de i francs après un bon engraissement.
<> J'ai vu des cultivateurs sérieux continuer à nourrir chèrement des ani-
maux déjà gras, en disant que la qualité exceptionnelle des produits obtenus
leur permet de réaliser des prix de vente leur remboursant généreusement
les sacrifices exceptionnels qu'ils se sont imposés.
» J'avoue que j'ai quelque peine à considérer ce système comme vérita-
blement avantageux, et je dois dire que je ne l'ai pas encore pratiqué. Les
animaux si remarquables que présente chaque année le concours de Poissv
donneraient, je pense, peu de bénéfices à leurs propriétaires, si l'on ne
pouvait faire entrer en ligne de compte le solde d'une prime considérable.
» Produire économiquement beaucoup de bons animaux de boucherie, tel
est le but que nous devons tous poursuivre dans l'intérêt de l'agriculture
^t de la consommation.
» A ce point de vue, il faut reconnaître que l'établissement des sucreries
et des distilleries agricoles a réalisé un grand progrès, presque un bienfait,
en fournissant dans les fermes d'abondantes nourritures, très-profitables au
bétail, et permettant d'obtenir une production de viande peu coûteuse. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Machine à air chaud d'un nouveau système;
par MM. Burdin et Bolrget.
« D'après le Moniteur du o.5 novembre 1860, une machine à air chaud,
construite suivant le système de M. Belou, a fontionné avec succès devant
S. M. l'Empereur lui-même. Pendant l'expérience, la dépense n'a été que
( 6ia )
île ok,8 de charbon par heure et par force de cheval. Depuis, M. Tresca, eu
soumettant l'appareil à de nouvelles épreuves, n'a plus trouvé les mêmes
résultats, et il semble que ces machines, remarquables, au début de leur
fonctionnement, par leurs avantages économiques, s'abaissent rapidement
au niveau des machines à vapeur ordinaires. Convaincus, par nos longues
études sur cette matière (études qui datent de près de trente années), que
l'air chaud employé comme moteur a une supériorité relative bien réelle sur
la vapeur, nous croyons que M. Belou et son honorable compagnie ne doi-
vent nullement désespérer du succès de leur entreprise, et nous venons
aujourd'hui les encourager en proposant une combinaison mécanique qui
présente des avantages incontestables sur tout ce qui a été fait jusqu'à pré-
sent , et notamment sur ce que nous avons proposé nous-mêmes dans des
.Mémoires précédents (i). Nos calculs s'appuient sur les formules connues
de la théorie des gaz permanents, et par suite nos résultats théoriques sont
aussi certains que les lois de Mariotte et de Gay-Lussac qui leur servent
de base.
» Conformément au principe que l'un de nous a émis (2), la machine
Belou emploie comme gaz moteur le produit même de la combustion dans
un cylindre alésé ordinaire. On comprend que l'impureté de l'air doit être,
dans la pratique, une cause d'encrassement rapide. La température du gaz
moteur varie de 3oo° à 4oo°; cette température est trop élevée pour qu'il n'y
ait pas grippement des métaux, et d'autre part elle est trop basse pour qu'il
soit possible d'opérer une récurrence de la chaleur des gaz à leur sortie.
La théorie indique en outre cpie la machine fonctionnant à cette température
doit être encombrante , si la pression de l'air n'est pas considérable. Enfin,
elle agit par différence, car elle offre, à côté du cylindre moteur, un soufflet
destiné à comprimer l'air à son entrée. Si donc, par suite des détériora-
tions inévitables , le travail du cylindre moteur diminue dans une certaine
proportion, et celui qui est nécessaire à la compression augmente, le travail
disponible, qui en est la différence, diminue rapidement, par double raison :
:'esl une objection grave formulée par M. Reech.
■ La machine que nous proposons de lui substituer présente les avan-
tages suivants: i° elle agit à une haute température, à 6oo° environ : son
(1) Théorie mathématique des machines à air chaud, Comptes rendus de l'Académie.
i-SSy, t. XLV, p. ^42 et io6q.
(2) Annales des Mines, i835, p. 47'- — Comptes rendus de V Académie, i3 avril i836. —
Compte': rendus- de V Académie, 3o octobre 1837.
(0.3 )
encombrement est donc moindre; 20 malgré cette haute température du gaz
moteur, le piston est dans le même état de frottement que celui des cylin-
dres à vapeur ordinaires; 3° la soufflerie ne constitue plus une machine à
part; c'est le piston moteur lui-même qui comprime l'air dans une partie
de sa course : les espaces nuisibles sont donc diminués, et l'on échappe
complètement, si le piston n'offre pas de fuite, à l'objection de M. Reech ;
4° l'air moteur est parfaitement pur, sa température s'obtient par un sys-
tème de tubes surchaufléurs ; 5° la chaleur du gaz à sa sortie est reprise par
le foyer sans addition d'appareils embarrassants; 6° en résumé, la théorie
démontre avec certitude que cette machine doit être au moins trois fois plus
économique que les machines de Cornouailles qui dépensent 1 kilogramme
de charbon par heure et par force de cheval.
» Voici les dispositions générales que nous adoptons; nous supprimons
la description des détails, que les praticiens pourront modifier, et qui n'en-
trent pas dans le plan général.
» i° Imaginons un cylindre ordinaire alésé avec beaucoup de soin, et
un piston se mouvant dans ce cylindre absolument comme dans les machines
à vapeur ordinaires.
» a° Les deux faces de ce piston sont surmontées de manchons cylin-
driques ayant pour longueur chacun celle du cylindre, de telle sorte que le
piston est la base commune de deux cylindres ouverts par les deux autres
extrémités. Les parties extérieures sont en tôle; la surface interne est garnie
de terre cuite.
» 3° Pour loger ces manchons dans les mouvements de va-et-vient du
piston, il faut placer sur chacun des deux fonds du cylindre moteur un
espace annulaire en tôle de même longueur, de telle sorte que ce cylindre
présente de part et d'autre deux prolongements qui triplent sa longueur.
» 4° Deux pistons imparfaits, c'est-à-dire ne frottant que très-peu, se
meuvent, de part et d'autre du piston principal, dans l'intérieur des man-
chons décrits ci-dessus. Chacun de ces pistons imparfaits est un cylindre
ouvert par un bout et fermé du côté du piston principal ; une tige traver-
sant le fond du cylindre alésé le met en mouvement; la surface cylindrique
ouverte se loge dans l'espace annulaire dont on a parlé précédemment.
» 5° Un tube porté par ce piston imparfait, et muni d'une soupape con-
venablement disposée ou de tout autre organe équivalent, met en commu-
nication avec l'extérieur du cylindre moteur l'intervalle compris entre le
C R., i863, 1" Semestre. (T. LV1, N° 14.) 8l
( 6.4 )
piston principal et ce piston imparfait. Ce tube traverse à frottement doux
le fond du cylindre alésé.
» Ces dispositions indiquées, décrivons le jeu de la machine. Suppo-
sons-la verticalement placée et le piston moteur au haut de sa course, pour
fixer les idées. Nous supposerons l'air chaud à 6oo°, sa pression égale à
8 atmosphères, et la détente poussée jusqu'à la pression atmosphérique.
» Le piston moteur descend, poussé à pleine pression. En même temps,
le piston imparfait inférieur vient à sa rencontre, et son tube est ouvert de
dedans en dehors. L"air détendu qui avait agi précédemment part à travers
le tube, et en même temps ce piston imparfait aspire derrière lui, c'est-à-dire
entreson fond et celui du cylindre, une quantité convenable d'air ordinaire.
Une fois arrivé au contact du piston moteur, le piston imparfait rebrousse
chemin, poussé par l'autre que la détente de l'air chaud fait mouvoir dans
cette partie de sa course, et tout l'air aspiré est refoulé à travers un tube qui
s'ouvre à propos dans le réservoir-chaudière où il doit s'échauffer. Les deux
pistons sont maintenant au bas de leur course.
» Par le mouvement d'un tiroir, l'air chaud et comprimé arrive sur la
face inférieure du piston; il remonte. Le pistou imparfait inférieur reste
immobile; le supérieur descend à la rencontre du piston moteur; une sou-
pape s'ouvre qui permet à l'air du coup précédent de s'échapper par un
tuyau décrit, et, comme précédemment, une quantité d'air ordinaire est
aspirée en même temps pour être refoulée dans le réservoir-chaudière après
la rencontre des deux pistons. Les mêmes phénomènes se reproduisent indé-
finiment.
» L'air détendu qui s'échappe par le tuyau dont le piston imparfait est
muni est parfaitement pur et à la température de 2o3° environ; c'est lui
qui au moyen d'un régulateur alimente le foyer.
» Le foyer est ordinaire ; il n'est pas clos, comme dans les machines Belou
ou Pascal. Nous admettons qu'il n'utilise, pour réchauffement de l'air, que
la moitié du combustible consommé.
« Le réservoir-chaudière est formé d'un régulateur qui maintient sa pres-
sion constante, qui reste à la température de l'air comprimé à 8 atmo-
sphères, c'est-à-dire à 227°, et qui communique avec un système de tubes
surchauffeurs. Ces tubes, que l'air comprimé traverse pour se rendre dans
le cylindre moteur, ont leurs extrémités plongées dans le foyer. Pour rendre
plus rapide l'élévation de la température, on pourra garnir l'intérieur de
ces tubes de toiles métalliques formant comme des éponges qui diviseront
(6rS )
et tamiseront l'air, de telle sorte que son échauffement sera presque in-
stantané (i).
» La fumée du foyer, qui possédera à sa sortie environ 3700, servira à
chauffer une petite chaudière tubulaire donnant de la vapeur d'eau. Les
tubes seront inclinés, la fumée entrera par le côté le plus élevé et sortira
par l'extrémité la plus basse, de telle sorte que l'eau et le courant d'air
échauffent* marcheront en sens contraire, et la plus grande partie du calo-
rique de la fumée sera enlevée; nous recommandons cette disposition à l'at-
tention des constructeurs. La vapeur d'eau formée aura 8 atmosphères, et
par conséquent environ 1720. Elle servira à mettre en marche la machine,
et de plus, pendant le jeu normal, elle sera dirigée dans l'espace situé entre
le manchon adapté au piston et la paroi interne du cylindre alésé, pendant
tout le temps de l'admission de l'air chaud à la même pression. Le piston
se trouvera donc dans le même état de température cpie celui des loco-
motives ordinaires. Pendant la détente de l'air, cette vapeur se détendra
aussi, et l'équilibre de pression se maintiendra. Cette vapeur sera dirigée
ensuite avec l'air détendu sur le foyer : il n'en résultera aucun inconvénient
au point de vue de la combustion du charbon; on pourra aussi la jeter dans
l'atmosphère, si on le juge nécessaire. Si, malgré l'écran de terre cuite, la
température de la circonférence frottante du piston s'élevait trop, rien
n'empêcherait de lancer quelques gouttes d'eau mêlées à la vapeur.
» Nous avons soumis au calcul la machine que nous venons de décrire,
et, en employant les mêmes notations que dans un autre Mémoire (2), nous
avons obtenu pour l'effet U d'un mètre cube d'air pris à zéro, pour la tem-
pérature r due a la compression, pour la température 0 après la détente,
les formules suivantes
U-i[f. + .T)(,-.-') -(«'-.)],
i + ar = n, 1 -1- a9 = (t -t- <xT)n ,
dans lesquelles H = io333A-, |3 = 0,291, a = o,oo3665, T désigne la tem-
pérature de l'air moteur, n la pression exprimée en nombre d'atmosphères.
Nous supposerons T= 6oo° : c'est la température que l'air, chauffé exté-
(1) On pourra même munir ces tubes de patouillets destinés à produire une agitation de
ces toiles, si l'on veut faciliter encore réchauffement de l'air.
(2) Théorie mathématique des machines à air chaud (présentée à l'Académie dans la
séance du 28 décembre 1857).
81..
(0,6 )
rieuremenl par un foyer ponté à près de 8oo°, pourra acquérir facilement.
« Le tableau suivant résume nos calculs pour diverses pressions :
» Les quatre premières colonnes de ce tableau n'ont pas besoin d'expli-
cation; la cinquième donne le rendement en travail d'un kilogramme de
charbon dépensé clans notre machine : ce rendement a été calculé au moyen
d'une formule que nous ne rapportons pas, et dans laquelle on a tenu
compte de ce cpie le foyer n'utilise que la moitié du combustible qui l'ali-
mente. Les nombres de la cinquième colonne s'obtiennent immédiatement
au moyen des précédents, quand on sait qu'une bonne machine de Cor-
nouailles produit 270000 kilogrammetres par kilogramme de houille.
» Ce tableau montre qu'un mètre cube d'air porté à 6oo° produit le
maximum d'effet à une pression comprise entre 7 et 8 ; la formule de l
donne 7,4- Il fait voir encore que la machine est d'autant plus économique
que la pression de l'air augmente davantage, cpioiqu'à partir de 7,4 atmos-
phères elle fournisse moins de travail par mètre cube d'air débité. Les for-
mules de notre théorie rendent compte de toutes ces particularités.
» Il est facile de prouver que la combustion de la houille dans notre
foyer sera complète et ne donnera pas d'oxyde de carbone. D'après les
expériences de M. Combes, il faut au moins trois fois plus d'air que ia
quantité chimiquement nécessaire pour transformer en acide carbonique
un kilogramme de houille; il faut donc, par kilogramme de charbon ou
65oo calories,
3xii,6 = 34,8 kilogrammes d'air;
la température résultante est 785°, mais notre foyer doit fournir, d'après le
(6i7 )
tableau ci-dessus, 6oo° — 227° = 373° à l'air, et en tenant compte de la
chaleur apportée par l'air de la détente, il suffit de 168 calories ou de ok,026
-!e charbon pour cet effet. Pour transformer ce combustible en acide car-
bonique, il faudra ok,9o5 d'air; comme nous en fournissons ik,2g3, nous
vjmmes dans des conditions plus avantageuses. La température finale rie
>>era que de 75o°, au lieu de 786, à cause de l'excès de gaz; mais c'est une
température bien supérieure à celle qui est nécessaire à la combustion de
l'oxyde de carbone.
>. Les intermittences du foyer feront nécessairement varier la tempéra-
ture de l'air autour de 6oo°; mais nos formules montrent que l'économie
<!u combustible restera la même. La quantité de travail produite par 1 kilo-
gramme de charbon est indépendante de la température de l'air chaud.
» Il nous resterait à décrire notre système de tiroirs, qu'il faut combiner
de manière à abriter les surfaces métalliques de la température de 6oo°;
inais cette description ne peut se faire sans figures. Qu'il nous suffise de dire
que nous préservons par de la terre cuite les parties que l'air chaud tou-
chera, et que les parties rodées et frottantes sont maintenues à une tem-
pérature convenable, comme le piston, au moyen de jets d'eau ou de vapeur
en petites quantités.
» Il ne faudrait pas regarder noire machine comme une machine mixte.
a cause de la vapeur employée pour lubrifier les pistons et les tiroirs; cette
dernière est en effet insignifiante relativement à la quantité d'air chaud qui
fonctionne. D'ailleurs, elle est fournie par la cbaleur d'une fumée qui serait
perdue sans cette utilisation. »
RAPPORTS.
économie kurale. — Rapport sur un Mémoire intitulé : Études physiologiques
et économiques sur la toison du mouton ; par M. J. Beaudocin.
(Commissaires, MM. Chevreul, Isidore Geoffroy Saint— Hilaire, A. Passy
rapporteur.)
« M. Jules Beaudouin est à la fois un cultivateur intelligent et un savant
distingué.
» Il a étudié sous tous les points de vue scientifiques l'arrondissement de
Ohàtillon-sur-Seine qu'il habite, et dans lequel son exploitation agricole est
établie depuis seize années.
» Dans cet arrondissement il s'est formé une race nouvelle de moutons
( 6i8 )
distinguée désormais sous le nom de race du Cluilittonnais, et M. J. Beau-
douin a concouru à sa formation et à son amélioration.
» Il s'est appliqué constamment à l'étude de la race ovine, sous les rap-
ports scientifiques et pratiques, et il a offert à l'Académie le résultat de ses
recherches.
» Le Mémoire de M. J. Beaudouin est divisé en deux sections: la pre-
mière comprend l'étude de la peau et de ses dépendances ; la seconde l'étude
de la toison. Il ne s'est pas occupé des questions chimiques, qui sont l'objet
d'études approfondies par notre confrère M. Chevreul, et qui sont plus par-
ticulièrement du domaine de l'industrie.
» Cette première section traite donc seulement de la peau, et la descrip-
tion qu'il en donne repose sur des observations connues. L'auteur a voulu
seulement poser les bases des études qu'il a entreprises sur la toison.
» Dans la seconde section, M. J. Beaudouin passe en revue toutes les
propriétés du brin de laine pris isolément, puis celles de la toison prise dans
son ensemble.
» Il s'est livré, à cet égard, à une étude nouvelle, celle de la comparai-
son des longueurs du brin suivant la partie de la peau qui le produit. Il
donne les chiffres des diamètres comparés du jarre et de la laine sur le même
animal, comme aussides calculs sur la force du brin dans les différentes races
de moutons.
» Les caractères du brin isolé, ainsi que ceux de l'ensemble de la toi-
son, étant donnés, il examine les conditions dans lesquelles se produit la
toison .
» Il a délimité les diverses régions de la peau, tant sous le rapport du
degré de finesse du brin (fuj. i) qu'au point de vue du degré de longueur
qu'il peut atteindre {fig. a). C'est à l'aide du microscope que l'auteur a
étudié ces détails, qui n'étaient connus que d'une manière incomplète.
» L'aptitude a produire le brin laineux au détriment du brin jarreux est
le point le plus important des découvertes de M. J. Beaudouin, et l'on com-
prend combien ses observations peuvent être utilisées pour l'amélioration
et le perfectionnement de la toison.
» L'examen des causes de ces modifications l'a conduit a reconnaître
qu'il fallait les chercher dans les conditions physiques des localités, dans
les conditions physiologiques de l'individu , enfin dans les conditions de
race et de croisement.
» Pour les conditions de localité, l'auteur confirme les observations déjà
( 6ig )
faites sur l'influence du sol et de la température sur la physiologie des
animaux.
» A l'égard des conditions individuelles, le travail de M. J. Beaudouin est
nouveau. On savait déjà d'une manière empirique que le mâle porte un lai-
nage plus grossier et plus abondant que la femelle, mais l'influence de la
castration et de la puberté n'avait pas été étudiée jusqu'à lui.
» On savait aussi que le brin s'affine, mais devient moins abondant avec
l'âge. L'auteur a repris cette première donnée; il a suivi l'animal depuis le
fœtus jusqu'à la vieillesse, et décrit les différences qui se font remarquer dans
les diverses phases que parcourt l'individu.
» C'est encore une étude nouvelle que celle qu'il a faite de la produc-
tion de la laine dans l'état de santé comparé à l'état de maladie. La chute
de la toison, sa renaissance, le feutrage et les lésions accidentelles de la peau
offrent des phénomènes qu'il a suivis avec une précision complète, et
dont la connaissance est d'un grand intérêt pour les soins à donner aux
troupeaux.
» L'influence du régime alimentaire était connue : on sait que mieux
une bête est nourrie, plus elle donne de laine et plus le diamètre de celle-ci
est fort; mais les observations qui sont révélées par le Mémoire que nous
analysons, sur la manière d'agir du sel dans la nourriture, sur l'effet du
régime de la feuillée et les causes, dans certains cas, de la diminution de
la toison, nous ont paru nouvelles et propres à guider les agriculteurs dans
leurs spéculations.
» Les conditions héréditaires, l'influence des parents sur les produits
forment une partie intéressante du travail de M. J. Beaudouin.
» A l'égard des croisements de races, on procède, en général, dit-il, par
tâtonnements plus ou moins raisonnes. L'auteur est arrivé à cette conclu-
sion, qu'à part quelques cas exceptionnels les résultats des croisements
peuvent être ordinairement prévus et soumis à des règles qu'il examine et
dont voici les principales :
» Le lainage est une moyenne entre celui du père et de la mère lorsqu'ils
sont d'un âge à peu près égal.
» Quand la dissemblance entre le père et la mère est très-marquée, le
lainage est un mélange de celui du père et de la mère, mais non une com-
binaison, ce qui diminue la valeur de la toison.
» Lorsque les parents diffèrent quant à l'âge, c'est le plus âgé qui trans-
met le plus de ses qualités.
( Oao )
« Les parents très-âgés, surtout le mâle, ont une tendance marquée à do: -
ner du jarre au produit.
» Toutes ces observations sont importantes, on le voit.
» Le Mémoire dont nous venons de rendre compte, fruit d'une patience
raisonnée et de la connaissance, préliminaire du sujet que s'était propose
de traiter M. J. Baudouin, nous a paru atteindre un degré d'exactitude très
rare.
» La concordance qui existe entre les faits de la pratique et les principes
de la science est établie par la méthode qu'il a adoptée de mettre toujours
en présence ces deux éléments, en les contrôlant l'un par l'autre. Nous de-
vons le louer d'avoir suivi cette méthode avec persévérance.
» La Commission propose à l'Académie d'adresser à M. J. Beaudouin des
remercîments pour la communication qu'il lui a faite. »
Les conclusions de ce Bapport sont adoptées.
ZOOLOGIE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Mémoire de M. le Dr Aire. Vixsox .
relatif à un ver à soie propre à Madagascar.
(Commissaires, MM. Milne Edwards, Emile Blanchard rapporteur.';
« On sait que, dans la plupart des pays chauds, on rencontre de grandes
espèces de Bomhyx qui produisent de la soie propre à tisser des étoffes.
Dans quelques contrées, les habitants tirent parti de cette matière textile,
et souvent déjà on a mis sous les yeux du public des tissus de l'Inde fabri-
qués avec des soies fournies par des Bombyx de grande taille appartenant à
la division zoologique des Àtlacus de Linné. Depuis une quinzaine d'années
surtout, plusieurs naturalistes ont songé à introduire en Europe quelques-
unes de ces espèces séricigènes, dans l'espérance de faire naître de nouvelles
ressources pour nos populations. La soie de ces Bombyx est plus ou moins
belle, mais aucune ne possède l'éclat de celle de notre espèce du mûrier.
Après les explorations nombreuses qui ont été faites sur toutes les terres, on
doit croire aujourd'hui que les nations européennes ont eu le bonheur de
s'approprier du premier coup la plus belle matière textile qui soit au monde.
« S'il convient de rechercher activement des soies d'autres espèces qui
d'ailleurs se recommandent en général par leur extrême solidité , c'est donc
dans le but d'obtenir des produits dont le prix de revient serait notablement
inférieur à celui de la soie ordinaire.
( 62, )
» Jusqu'à présent les Bombyx qui ont semblé offrir le plus d'avantages
pour des exploitations industrielles sont du genre des Atlacus. Ge ne sont
pas les seuls cependant qui forment de volumineux cocons. M. le Dr Aug.
Vinson, médecin de l'île delà Réunion, qui s'est livré à des éludes scienti-
fiques pendant un séjour à Madagascar où il a résidé comme attaché à la
mission chargée de nouer des relations entre le gouvernement de ce pay.f
et celui de la France, a soumis au jugement de l'Académie un Mémoire
concernant un Bombyx qui, à Madagascar même, est l'objet d'une indus-
trie fort importante.
» Le ver à soie de l'ambrevate [Borocera Cajani) comme l'appelle
M. Vinson, d'après le nom de la plante qui nourrit l'insecte, appartient à la
même grande famille naturelle que les autres espèces séricigènes, mais elle
fait partie d'un genre distinct, établi il y a une trentaine d'années sous le
nom de Borocera pour un lépidoptère recueilli dans les parties basses voi-
sines de la côte de Madagascar. Celui qui a été observé par M. Vinson est
abondamment répandu dans l'intérieur du pays, en particulier dans la pro-
vince d'Émirne, et c'est aux environs de Tananarive, la capitale de l'île,
qu'ont été pris des renseignements très-dignes d'arrêter l'attention. L'espèce
n'étant pas encore connue des naturalistes, l'auteur a dû la décrire sous
ses différentes formes et signaler ses conditions d'existence; il s'est acquitté
de ce travail d'une façon qui ne laisse absolument rien à désirer.
» Les Hovas, nous apprend M. Vinson, recueillent sur les arbustes les
vers à soie de l'ambrevate et les ouvrent afin d'en retirer les chrysalides ;
les unes alors sont conservées pour en obtenir les papillons, tandis que les
autres sont consommées comme aliment. Au pays des Malgaches, ces chry-
salides constituent un mets des plus estimé?.
» Les indigènes, qui font de deux à quatre éducations par année, sur-
veillent l'accouplement des papillons, la ponte et l'éclosion des jeunes che-
nilles, qu'aussitôt la naissance ils transportent en plein champ, sur des pieds
d'ambrevate ( Cytisus cajanm Lin.) plantés pour les recevoir. Les oiseaux in-
sectivores étant peu nombreux dans la contrée, les éducations se font ordi-
nairement en plein air; néanmoins certains sériciculteurs préfèrent opérer à
couvert afin de parer aux chances d'accident. Depuis une époque sans doute
fort reculée la sériciculture est ainsi pratiquée à Madagascar sur une vaste
échelle; les produits de cette industrie servent à fabriquer des étoffes d'une
grande solidité.
» Les cocons du ver à soie de l'ambrevate exigent une première prépa-
C. P.., 186J, \" Semestie. (T, LVI/N0 14.) 82
(6m )
ration indispensable. Ainsi que tous les cocons des chenilles poilues ou épi-
neuses qui abandonnent leurs poils au moment de se transformer, ceux-ci
ont leur tissu rempli de fines aiguilles qui ne permettent pas qu'on les
manie sans danger. Pour remédier à un aussi grave inconvénient, les Hovas
les soumettent à une ébullition dans l'eau, qui amène la chute des piquants
et rend la soie plus lâche, plus facile à carder. L'art de dévider ces cocons
est inconnu à Madagascar ; les indigènes obtiennent simplement une bourre
que l'on file ensuite à la main. La couleur naturelle de la soie étant d'une
agréable nuance gris clair, on l'emploie souvent sans lui donner aucune
teinture.
» Les faits recueillis par M. Vinson ont par eux-mêmes un intérêt réel ;
mais en les signalant, ce voyageur a eu surtout pour but d'appeler l'atten-
tion sur un insecte qui lui semble pouvoir être introduit avec avantage dans
nos possessions. L'île de la Réunion, par exemple, où croit spontanément
l'ambrevate, ou Cytisus cajanus, paraît à l'auteur fournir les meilleures con-
ditions pour une acclimatation. Elle serait en effet fort à désirer dans notre
colonie, les éducations du ver à soie ordinaire n'y ayant eu jusqu à présent
qu'un très-médiocre succès, à cause des pluies torrentielles qui, à certains
moments, imprègnent les feuilles d'une quantité d'eau, en général très-pré-
judiciable aux Bombyx du mûrier, dont les éducations, comme on le sait,
exigent beaucoup de soin.
» M. Vinson croit qu'on introduirait facilement le ver de l'ambrevate
dans le midi de l'Europe, en Algérie, en Corse, peut-être dans quelques-uns
de nos départements méridionaux. Certes, nous aimerions voir tenter l'ex-
périence, surtout si l'insecte est susceptible de vivre sur les cytises propres
à ces contrées; mais nous devons remarquer qu'il s'agit des pays où l'an-
tique ver à soie prospère à merveille, et une telle concurrence semble fort
redoutable.
» S'il en était bien réellement ainsi, y aurait-il un motif pour attacher
moins d'importance aux observations si précises et si complètes de M. Vinson?
Nous ne le pensons pas. Aujourd'hui, où l'on attend de nos relations avec
Madagascar de nouveaux avantages pour le commerce de la France, l'in-
térêt le plus grand, nous demandons-nous, ne sera-t-il pas de prendre la
matière première, c'est-à-dire les cocons, au lieu même de production? Ob-
tenus à un prix minime, ces cocons seraient probablement bientôt exploités
par notre industrie. Par le dévidage, auquel on parviendrait certainement
à les soumettre, on obtiendrait, suivant toute apparence, une nouvelle ma-
tière textile précieuse.
( 6*3 )
» La Commission pense que les observations de M. le Dr Vinson méritent
des éloges, et propose à l'Académie de remercier ce savant de son intéres-
sante communication. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui sera chargée de l'examen des pièces destinées au concours pour
les prix de Médecine et de Chirurgie.
MM. Andral , Velpeau, Bernard , Rayer, Jobert , Serres, Cloquet, Flou-
rens el Longet réunissent la majorité des suffrages.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi-
nation de la Commission chargée de décerner, s'il y a lieu, le grand prix
de Mathématiques pour i863 (question concernant la théorie de la chaleur).
(Commissaires, MM. Liouville, Bertrand, Lamé, Chastes, Serret.)
MÉMOIRES LUS.
ÉCONOMIE RURALE. — Note sur un terrain appelé vulgairement herbue troide
dans le centre-est de la France; par M. P. Thenard.
(Renvoi à l'examen de la Section d'Economie rurale. )
« Ce genre de sol, qui, dans les départements de l'Est, est généralement
désigné sous le nom d'herbues froides, semble être le résultat d'un dépôt
limoneux dépendant des alluvions de la Bresse, épuisé pendant des siècles
par des forêts qui depuis longtemps ont disparu.
» C'est d'ailleurs un mélange d'un grès impalpable avec une petite quan-
tité d'une argile très-plastique qui, par l'humidité, relie les particules du
grès avec une grande perfection et leur communique ensuite beaucoup de
cohésion par la sécheresse.
» Quoique peu perméable, ce terrain, pris en temps opportun, est géné-
ralement d'une culture assez facile et s'ameublit parfaitement; si bien qu'un
œil peu exercé, ne consultant que les apparences, lui accorderait alors
beaucoup de qualités.
» Cependant il ne faudrait pas le croire d'une composition partout iden-
tique, car si partout il est mauvais ou médiocre, ses propriétés varient sui-
82..
( 624 )
vant qu'il est en plateau, ou en rampes inclinées de pins de 4 centimètres
par mètre, ou qu'il résulte, comme dans les parties basses, de remblais
récents descendus des parties hautes : aussi pour mieux préciser, quoique
ce que je vais dire, surtout en ce qui concerne le mode de culture, s'ap-
plique généralement à chacune, je n'appellerai cependant l'attention que
sur le sol des plateaux dont le type est à la fois plus net, plus régulier et
plus accentué.
» Plus encore que par l'absence d'éléments utiles, il pèche par son état
physique; car il redoute à l'excès le moindre contre-temps. En effet, s'il est
bien ameubli, il suffit d'une pluie douce qui le pénètre à fond pour qu'il se
niasse d'une façon singulière; par une pluie serrée et battante, il se glace
au contraire à la surface, et se revêt en quelque sorte d'une couche de mor-
tier imperméable, sur lequel, suivant l'inclinaison, l'eau glisse ou séjourne
comme sur une toile cirée.
» Sa capillarité est telle, que, même dans les champs drainés, l'eau re-
monte parfois du fond à la surface à détremper celle-ci, pendant qu'à i ou
3 centimètres plus bas la terre est relativement sèche.
» Quant à la sécheresse, loin de rétablir les choses, elle les rend pis
encore : combinant, en effet, son action avec celle de cette excessive capil-
larité, elle active l'évaporation dans des proportions inusitées ; alors, pen-
dant cette période, le sol se refroidit outre mesure. Cependant, une fois sec,
au lieu de se fendiller, d'ouvrir quelques fissures à l'air, il se serre davan-
tage, et finit par devenir aussi dur et aussi imperméable qu'une aire de
grange. Dès lors sa conductibilité pour la chaleur augmentant encore: à un
froid intense succède presque sans transition une chaleur excessive, et les
plantes ne trouvant pas à emprunter à l'argile, qui est en trop faible pro-
portion, ou aux autres éléments de même nature, un peu de leur eau d'hy-
dratation, périssent à la fois de soif et de chaleur.
» De leur côté, les gelées de printemps sont aussi plus funestes qu'ail-
leurs, parce qu'en raison de la masse d'eau qui remonte du fond à la sur-
face, de l'évaporation plus grande et des froids plus vifs qui en sont les
conséquences, elles ont plus de prise, elles soulèvent davantage la surface
du terrain, qui, entraînant alors les plantes avec elle, déchausse les racines
quand elle ne les brise pas.
» Tels sont les caractères des herbues jroides; si par leur nature ils ne
différent pas de ceux de nos meilleurs terrains, par leur amplitude ils en
font évidemment un type spécial et qui demande des soins particuliers.
» Or ces soins n'avaient pas été compris : car les confondant avec les
( 625 )
autres terres, on les cultivait sensiblement de même, sauf qu'une jachère
façonnée succédant en troisième année au blé et à l'avoine, venait rem-
placer les plantes sarclées et les artificielles qu'on obtenait ailleurs.
» Le fumier, il est vrai, y était singulièrement ménagé; et en cela on avait
bien raison, car, faute d'agents conservateurs, les pluies le délavaient, et
faute d'air ou de silicates solubles, le peu qu'elles n'entraînaient pas ne s'as-
similait que difficilement.
» Mais, par contre, quand il s'agissait du blé surtout, la semence n'était
pas épargnée, et 420 litres à l'hectare au lieu de 270 au plus qu'on répandait
ailleurs était la dose normale.
» C'est qu'il fallait faire large part à la pourriture, qui, dans cette terre-
tombant en boue ou en pierre, était considérable. Cependant, quand les
intempéries étaient insuffisantes, avec cette masse de semence, un autre
inconvénient se produisait alors : toute la graine levant, le blé poussait trop
serré, et l'épi se tournant en mouche, c est-à-dire ne venant pas plus gros
qu'une mouche, comptait à peine six ou sept mauvais grains.
» En sorte que subissant les pertes les plus considérables par les mau-
vaises années où le blé est cher, et la compensation étant insuffisante par
les bonnes où il est bon marché, le cultivateur devait se contenter d'une
moyenne générale de 8 hectolitres à l'hectare net de semences.
» L'avoine, il est vrai, n'ayant pas à subir les intempéries de l'hiver,
venait mieux; car elle rendait de 10 à 18 hectolitres.
» A mes débuts, plein de confiance dans le drainage, dont l'Angleterre
venait de démontrer les merveilles, dans les amendements calcaires tout à
fait ignorés dans la contrée, dans le noir animal et les fumiers à haute dose,
dans des instruments plus parfaits, je crus pouvoir me rendre maître des
herbues froides : mais après des dépenses considérables, qui dépassaient de
beaucoup la valeur du terrain, je n'obtins que des résultats insuffisants; par
ma moyenne en blé ne monta guère que de 5 hectolitres; celle en avoine
fut relativement moins favorable encore, seulement je pus obtenir des
trèfles; mais, tout décompte fait, la spéculation restait détestable et mes
voisins ne furent pas sans s'en apercevoir.
» Mais tout cela avait demandé du temps, et mes études sur les propriétés
des sols arables avaient marché; déjà je pressentais, ou plutôt je vérifiais
une partie des conclusions que j'ai publiées depuis, et les allures des her-
bues froides m'étaient connues; je savais que c'était au procédé de culture
bien plus qu'aux agents chimiques encore qu'il fallait m'attaquer. Aussi,
après divers essais, je m'arrêtai au coup de main suivant.
( 626 )
» Au lieu de cultiver le terrain en larges planches de 8 mètres, de bien
ameublir le sol, puis de semer (je parle ici du blé, la récolte la plus aléatoire
dans de telles conditions), et de l'enfouir avec soin à la herse, je défonçai le
sol une fois pour toutes avec une puissante piocheuse à roue, puis, quand
après diverses façons vint le temps des semailles, je semai le blé sous raie,
par petits billons de im,20 de largeur, en profitant des jours où par le labour
la terre se met exclusivement en mottes, et je supprimai tout hersage ou
roulage.
» Dans ce procédé, ou plutôt ce tour de main, sauf le semis sous mottes
en l'absence de tout hersage et de tout roulage ultérieurs, il n'y a rien d'ori-
ginal; mais en pratique agricole on n'invente pas, ou au moins bien rare-
ment; on transpose, heureux quand on transpose bien!
» Cependant, à regarder l'aspect des champs, cette méthode blesse l'œil
et on est bien près de la trouver barbare; mais en l'analysant, et surtout en
comptant les rendements, on perd un peu de ses préventions.
» En effet, pour que le blé germe et commence à pousser, il lui suffit
d'un peu d'eau, d'un peu d'air et d'une température de quelques degrés;
mais il ne tolère pas d'alternatives brusques. Or, avec l'ancien système,
rarement le blé rencontrait toutes ces conditions; mais, avec le nouveau,
dans un sol où la capillarité est si grande, couvant d'ailleurs sous les
nombreuses cavités qui se forment entre les mottes et le sous-sol, il les
rencontre toutes : il les rencontre même parles plus grandes pluies, qui ne
peuvent désagréger les mottes et dont les eaux s'écoulent presque instan-
tanément en raison du peu de largeur des billons et des nombreuses fissures
qui subsistent dans le terrain.
» D'autre part, comme toute plante tend à gagner la lumière par le che-
min le plus court et le plus facile, le blé sort, non pas au sommet, mais à
la base des mottes, qui, de même qu'un mur despalier, le protègent des
vents froids et des pluies battantes, qui ne tassent plus autant la terre avec
laquelle il est directement en contact.
» Les gelées et les dégels d'hiver, en désagrégeant petit à petit les mottes,
viennent combler ensuite les vides souterrains dans lesquels le blé a germé,
et réchauffer de cette façon les racines avec une terre bien ameublie.
» La neige aussi, en s'accumulant de préférence entre les sommets des
mottes, qui, malgré les gelées, ne disparaissent jamais, le tient plus long-
temps à l'abri des grands froids.
» Les gelées du printemps ont également moins de prise sur les racines
plus profondément enfouies ; de plus, tout en restant un abri, les sommets
( 6*7 )
des mottes, en attirant par capillarité l'eau qui est à leur base, rendent en-
core de ce côté la gelée moins intense.
» Par le défoncement, la capillarité elle-même est singulièrement di-
minuée, et avec elle cette évaporation considérable qui refroidissait trop
la terre, et ces sécheresses brûlantes qui succédaient immédiatement au
froid.
» Enfin, par sa disposition même, le terrain offrant plus de surface et
s'imperméabilisât) t moins, s'aère davantage, et les fumiers, qui trouvent
aujourd'hui dans les amendements calcaires qu'on a ajoutés l'agent con-
servateur qui leur manquait, s'assimilent mieux et plus rapidement.
» Quant aux résultats, le tableau suivant des rendements en blé depuis
cinq ans montre qu'ils sont en tout conformes à la théorie.
18o8. 1889. 18G0. 1881. 1802. Moyenne.
Culture ancienne. . 3o5 ii5o 220 61 5 33o ,-24,u
Culture antienne avec augmentation d'engrais
(moyenne des six années antérieures) 1253
Culture nouvelle. . 65o i5o5 820 11 10 970 121 1
Culture nouvelle avec augmentation d'engrais. 253o 2365 J2i5 2240 1600 iqqo
» Ces chiffres ont frappé tous les cultivateurs qui commencent à pratiquer
la méthode. »
<
TÉLÉGRAPHIE ÉLECTRIQUE. — Note sur un télégraphe écrivant;
par M. Sortais.
(Commissaires, MM. Becquerel, Babinet, Morin.)
« C'est le télégraphe système Morse considérablement perfectionné et
simplifié. i° Tous les électro-aimants ou organes actifs sont ramenés sur le
devant de l'appareil et îe plus près possible du rouleau conducteur, pour
qu'ils soient sans cesse sous l'œil de l'employé qui surveillera mieux leur
action. 2°La pointe sèche a été remplacée par un système nouveau d'encrier
et d'encrage qui satisfait pleinement à toutes les conditions du problème;
le godet-encrier, de forme conique, avec un double retrait intérieur s'oppo-
sant à la sortie brusque de l'encre, avec son petit tire-ligne et le petit res-
sort qui le maintient à distance tant que le moment d'écrire n'est pas venu,
avec son couvercle et l'appendice circulaire qui détermine un repérage cer-
tain, est un organe nouveau dont le fonctionnement ne laisse rien à désirer.
3° Les rouleaux conducteurs et le godet encreur sont disposés de telle sorte
qu on voit et qu'on discerne le signe écrit jusque sous la pointe du tire-
( Ca8 )
ligne, sans qu'il soil nécessaire de laisser le papier se dérouler d'une cer-
taine longueur avec une perte de temps assez considérable. Un mécanisme
de déclanchement ou de départ automatique permet au correspondant de
déterminer la mise en marche du papier à l'impression de la dépèche sans
aucune intervention du stationnaire; ce mécanisme est si sensible, qu'il suffit
pour opérer le déclanchement d'une petite fraction du courant qui met en
jeu le style écrivant; il opère ainsi à toutes distances sans addition d'élé-
ments à la pile ordinaire. Le déclanchement, le tracé de la dépêche, l'en-
clanchement se font ainsi automatiquement avec une régularité et une
précision extraordinaires; il suffit d'un instant indivisible pour interrompre
instantanément les fonctions du récepteur. l\° En poussant du bout du doigt
une petite coulisse, on empêche le déclanchement ou départ automatique
de s'opérer; l'employé établit alors sa commutation et force la dépèche à
passer à une autre station.
» Simplicité du mécanisme, facilité du travail, netteté de l'impression,
contrôle permanent, indépendance autant qu'il est nécessaire de la volonté
du stationnaire, mouvements automatiques d'une efficacité et d'une régula-
rité absolues, tels sont les avantages principaux du nouvel appared, qui
fixe en ce moment à un haut degré l'attention de l'administration. »
M. Bathaillé donne lecture de deux Notes sur l'infection purulente
déposées par lui le i3 et le 22 mars dernier.
Ces Notes sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de
MM. Andral, J. Cloquet et Bernard.
MÉMOIRES PRESENTES.
L'Académie a reçu depuis sa dernière séance , mais encore en temps
utile, diverses pièces, manuscrites et imprimées, destinées aux concours pour
les prix suivants :
Grand prix de Mathématiques : Théorie des phénomènes capillaires.
Un Mémoire portant pour épigraphe : « Les phénomènes de la nature, dans
leur infinie variété, sont régis par un petit nombre de lois fondamentales ».
Ce Mémoire a été inscrit sous le n° 3.
Grand prix des Sciences physiques : Étude des changements qui s'opèrent pendant
la germination dans l'embryon et le périsperme.
Ce Mémoire, qui a pour épigraphe : « Vivre, c'est en même temps changer
;jt demeurer sans cesse, » a été inscrit sous le n° 1 .
( 629 )
Prix de Pliysiolugie expérimentale.
M. Moreau (Armand) présente pour ce concours un Mémoire manuscrit
ayant pour titre : « Expériences pour servir à l'histoire physiologique de la
vessie natatoire des poissons ».
M. Oré adresse de Bordeaux des « Recherches expérimentales sur l'intro-
duction de l'air dans les veines, et sur les moyens les plus efficaces pour
combattre les accidents qui en sont la conséquence » .
Un premier travail de l'auteur sur cette question , présenté au concours
de 1862, avait attiré l'attention de la Commission, qui cependant ne l'avait
pas considéré comme complet. M. Oré a poursuivi ces recherches, et il vient
aujourd'hui en présenter les résultats.
Prix de Médecine et de Chirurgie.
M. Girard de Cailleux adresse, conformément à une des conditions du
programme pour ce concours, l'indication des parties qu'il considère
comme neuves dans un ouvrage intitulé : « Études pratiques des maladies
nerveuses et mentales ».
M. Peter (Michel) adresse une semblable indication concernant son livre
sur les '< maladies virulentes comparées chez l'homme et chez les animaux ».
Concours pour le prix du legs Bréant.
M. Baquet adresse de Saint-Simon (Aisne) un Mémoire manuscrit sur le
meilleur mode de traitement à appliquer au choléra.
L'auteur avait cru, à tort, devoir placer son nom sous pli cacheté.
M. J.-G. de la Pena adresse, de Lugo, un Mémoire en espagnol ayant
pour titre : « Théorèmes concernant les causes du choléra-morbus asia-
tique, sa prophylaxie et les antidotes contre l'intoxication cholérique ». Il
y a joint un opuscule qu'il a publié en i855 « sur l'efficacité des sulfureux
contre le choléra-morbus ».
Concours pour le prix de la fondation Morogues.
M. Barrai, adresse, comme pièces de concours pour ce prix, les trois
ouvrages suivants : « Le bon Fermier », deuxième édition; le livre intitulé:
« Drainage, irrigations, engrais », deuxième édition; le « Journal d'agri-
culture pratique. [Voir au Bulletin bibliographique.)
C. R., iS63, i" Semestre. (T. LVI, N<> 14.) 83
( 63o )
Concours pour le prix dit des Arts insalubres.
M. Grimaud, deCaux, prie l'Académie de vouloir bien admettre comme
pièces de concours ses diverses communications « sur les eaux publiques ».
M. PiMONT adresse une semblable demande pour l'invention qu'il désigne
sous le nom de Calorifuc/e plastique.
PHYSIQUE. — Beclierclies sur les propriétés optiques développées dans les corps
transparents par l'action du magnétisme (quatrième partie); par M. Veruet.
[Extrait par l'auteur. (Présenté par M. Pasteur.)]
(Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Pasteur.)
" J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie les résultais d'une série
d'expériences sur la relation qui existe entre la rotation magnétique du plan
de polarisation d'un rayon de lumière bomogène et sa longueur d'onde. Une
expérience de M. Edmond Becquerel, consistant à compenser l'action d'un
fragment de verre pesant placé entre les branches d'un électro-aimant par
l'action d'une colonne d'eau sucrée, paraissait indiquer que pour cette
substance au moins la loi des rotations différait peu de la loi de la raison réci-
proque du carré des longueurs d'ondulation. Des recherches plus récentes
de M. Wiedemann conduisaient au contraire à admettre : i° que la loi ne
s'appliquait pas au sulfure de carbone et manquait par conséquent de géné-
ralité; 2° mais que, lorsqu'on soumettait à l'influence magnétique une
substance active, telle que l'essence de citron ou l'essence de térébenthine,
il y avait, pour chaque couleur, proportionnalité entre la rotation magné-
tique du plan de polarisation et la rotation due à l'action propre de la
substance.
» Je me suis servi, dans mes expériences, de la méthode générale de
MM. Fizeau et Foucault, qui consiste, comme on sait, à recevoir sur un
prisme la lumière primitivement polarisée et transmise parle corps transpa-
rent, et à étudier l'état de polarisation des diverses parties du spectre. Aux
rayons dont le plan de polarisation est parallèle à la section principale du
prisme de Nicol analyseur correspond une bande noire, dont on amène
successivement le milieu à coïncider avec les raies pour lesquelles la lon-
gueur d'ondulation est connue par les expériences de Fraunhofer; le dépla-
cement qu'il faut donner à l'analyseur pour rétablir la coïncidence avec une
raie donnée, lorsqu'on change la direction du courant, est précisément le
double de la rotation due à l'action des forces magnétiques.
( 63, )
» Le tableau suivant contient les valeurs relatives des rotations corres-
pondantes aux cinq raies C, D, E, F, G(i), pour les substances que j'ai
étudiées, la rotation correspondante à la raie E étant prise pour unité:
C D E F G
Eau distillée o,63 0,79 1,00 1,20 i,55
Dissolution de chlorure de calcium 0,61 0,80 1,00 ','9 1 ,54
Dissolution de chlorure de zinc o,6t 0,78 1,00 'j'9 1,61
Dissolution de protochlorure d'étain » 0,78 1,00 1,20 ',5g
Essence d'amandes arriéres 0,61 0,78 1,00 1,21 »
Essence d'anis o,58 0,76 1,00 i,25 »
Sulfure de carbone 0,60 °?77 ' î00 'i22 '>65
Créosote (du commerce) 0,60 0,76 1 ,00 1 ,23 1 ,69
Essence de Laurus cassia (essence de cannelle
de Chine) 0,59 0,74 1,00 i,23 »
» La loi exacte de la raison réciproque du carré des longueurs d'onde
;uiraif exigé la série de rotations
C D E F G
0,64 0,80 1,00 1,18 i,5o
qui ne diffère beaucoup d'aucune des séries du tableau précédent. Si l'on
a égard à la nature des liquides qui s'écartent le plus de la loi (sulfure de
carbone, essences, créosote), on résumera, dans les trois propositions sui-
vantes, les résultats de mes expériences :
» i° Les rotations magnétiques du plan de polarisation des rayons de
diverses couleurs suivent approximativement la loi de la raison inverse du
carré des longueurs d'onde;
» 1° La loi exacte des phénomènes est toujours telle, que le produit de la
rotation par le carré de la longueur d'onde aille en croissant de l'extrémité
la moins réfrangible à l'extrémité la plus réfrangible du spectre;
» 3° Les substances pour lesquelles cet accroissement est le plus sensible
sont aussi celles qui ont le plus grand pouvoir dispersif.
» Une discussion mathématique, qui ne peut trouver place dans cet
extrait, montre que ces lois ne permettent pas d'attribuer aux équations
II) Pour les raies B et H toute observation est impossible, et je n'ai même obtenu de
résultats un peu satisfaisants p'our les raies C et G qu'en mettant au devant de l'œil des verres
colorés qui éteignissent la région moyenne et brillante du spectre, sans affaiblir sensiblement
l'éclat de la portion voisine de ces raies.
83..
i 63a )
différentielles du mouvement d'un système d'ondes planes normales a l'axe
des z, dans un milieu soumis à l'influence magnétique, la forme
d:l . d'i ,'."<*«? dr.
-TT — Ao "TV ~t A, -—+...-)- 771— ,
r/73 " c/z2 dz* dt
d- y, d2 r, ii' r, dt.
que M. Charles Neumann a déduite d'une hypothèse particulière sur la
cause des phénomènes, et que M. Airy avait déjà proposée il y a dix-sept
ans, peu de mois après la publication des découvertes de M. Faradav. Au
contraire, ces lois s'accordent également soit avec les équations
d21-k rf2?+A
dr- - A° d^ + A'
dzr,
+ "ldSd,-
d' n , d1 y,
dF - A°"^7+ A<
d'r,
d2%
dz' dt
que M. Maxwell a déduites d'une hypothèse entièrement différente de celle
de M. Charles Neumann, soit avec les équations
d1 \ d2£ d'i d' r,
d'n
k d'r, . d'n
d'i
= A0 — 1- A , — ; h . . .
— m -r1
dt-
0 dz- ' dz'
dt3
» La précision des expériences ne permet pas d'ailleurs de faire un
choix entre ces deux systèmes (i).
» Enfin des expériences sur les rotations magnétiques de l'acide tartrique
dissous m'ont fait voir que la proportionnalité supposée par M. Wiedemann
entre les rotations magnétiques et les rotations propres d'une substance
active n'existe pas réellement. J'ai, en effet, obtenu pour les deux ordres de
phénomènes les séries suivantes de résultats :
C D F G
Rotations magnétiques °i79 i ,oo i ,5?. 2,01
Rotations naturelles o,85 1,00 1,01 0,89
La loi exacte du carré des longueurs d'onde aurait exigé
C D F G
0,80 1 ,00 1 ,48 1 ,88 »
(1) Il est indifférent à ces conclusions qu'on admette avec Cauchy que les coefficients
A0, A,, A,,..., forment une série rapidement décroissante, ou avec M. Christoffel que les
coefficients A„ et A, sont du même ordre de grandeur, tous les autres étant négligeables.
( 633 )
ANATOMlE COMPARÉE. — De la distribution des pièces qui composent l'arc
suspenseur de la mâchoire inférieure chez les poissons osseux, et de leur
signification analomique ; par M. H. Hollakd. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Coste,
Milne Edwards, Valenciermes.)
« Les anatomistes qui ont cherché à ramener le squelette facial des ani-
maux vertébrés à un même type de composition, et à retrouver dans celui
des poissons celui des mammifères, n'ont pas encore réussi à se mettre d'ac-
cord sur cette importante question d'anatomie comparée. Les difficultés
qu'ils ont rencontrées et leurs hésitations portent tout particulièrement sur
le groupe de pièces osseuses qui s'interpose entre le crâne et la mâchoire
inférieure des poissons osseux.
» Ces pièces, ordinairement au nombre de cinq, ont-elles toutes leurs
analogues chez les mammifères, et quels sont leurs équivalents anatomiques?
Ou bien se partagent-elles en pièces communes à tous les vertébrés et en
pièces propres aux poissons? Pour résoudre ces questions et pour sortir des
indécisions et des divergences qui existent encore à cet égard, il faut assister
en quelque sorte à la naissance et au développement des os dont il s'agit,
au lieu de se préoccuper de leur nombre et de vouloir les retrouver tous et
toujours.
« En procédant ainsi, c'est à-dire en étudiant l'état primitif du squelette
facial, et plus spécialement de la portion fournie par le premier arc viscéral,
derrière le cartilage de Meckel, j'ai trouvé, à la place qu'occuperont plus
tard les cinq os en question, deux cartilages dont la forme et les relations
réciproques correspondent tout à fait à celles de ce groupe. L'un de ces
cartilages, l'antérieur, s'articule avec le cartilage de Meckel, comme plus
tard la pièce osseuse que Cuvier nommait à tort le jugal s'articule avec la
mâchoire inférieure. Ce même cartilage répond à cet os, et de plus à celui
que Cuvier nommait tympanique; il représente donc deux pièces ou un
premier groupe secondaire du système suspenseur. L'autre cartilage, placé
derrière le précédent et un peu au-dessus de lui, s'éloigne davantage de
l'extrémité du cartilage de Meckel et représente les trois autres pièces, c'est-
à-dire celles que Cuvier a nommées le temporal, le symplectique et le préo-
percide. Cette distribution et cette classification des éléments de l'arc tem-
poro-maiulibulaire nous conduit à reconnaître les homologies sinon de
chaque pièce, du moins celles de chaque groupe, substituant ainsi l'idée du
groupe ou de la région squélélique à celle des os particuliers et à la préten-
( 634 )
tion de les retrouver toujours en même nombre. En partant des données
précédentes aussi bien que de la situation et des relations des deux groupes
qui procèdent de nos deux cartilages primitifs, j'espère avoir réussi à démon-
trer que l'antérieur correspond aux portions écailleuse et zygomatique du
temporal, le postérieur à la portion tympanique. Le vrai suspenseur de la
mâcboire est en avant, tandis que 1p système postérieur se met au service
de l'appareil respiratoire, comme suspenseur de l'arc hyoïdien et point
d'attache de l'opercule. »
M. Grad soumet au jugement de l'Académie une Note sur la possibilité
d'une mesure de degré au Spitzberg.
(Commissaires, MM. Dnpin, de Tessan.)
M. Papexhei.m adresse, à l'occasion d'une communication récente con-
cernant l'influence qu'exerce l'âge respectif des époux sur le sexe des enfants,
des remarques sur les précautions cpi'il faut prendre, dans de pareilles
recherches, pour ne pas aller dans les conclusions au delà de ce qui est
légitime, pour ne faire dire aux relevés statistiques que ce qu'ils expri-
ment véritablement. Tout en reconnaissant que de telles conclusions ne
peuvent se déduire que de nombres très-grands, il s'attache à montrer que
l'étude d'un nombre restreint de faits, bien observés chacun dans toutes ses
circonstances, fait plus pour éclairer la question qu'une comparaison de
deux chiffres considérables, quand on n'a eu égard dans la formation des
deux groupes qu'à un seul caractère. Sans nier l'influence que peut avoir
l'âge relatif des parents sur le sexe des enfants, il s'attache à faire voir que
d'autres conditions physiologiques ou pathologiques ont aussi leur influence
sur le résultat, et il le montre par quelques exemples choisis dans ses obser-
vations personnelles qui ont porté sur 45o familles.
(Renvoi à la Commission déjà chargée de l'examen d'un Mémoire sur
la même question (a3 février 1 863), Commission qui se compose de
MM. Andral, Raver et Bienaymé.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de la Marixe adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut,
le n° d'avril de la Revue Maritime et Coloniale, et un exemplaire d'un Mé-
moire extrait de ce Recueil ayant pour titre : « Renseignements nautiques
recueillis à bord du Duperré et de la Forte, pendant un voyage en Chine »;
par M. Bourgois, capitaine de vaisseau.
( 635 )
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, M. de la Ro-
quette, une « Notice sur la vie et les travaux de M. Jomard ».
Et au nom de M. Alexis Perrey les « Tableaux des observations météo-
rologiques laites à Dijon durant les années 1861 et 1862 ».
M. Chamrrelent prie l'Académie de vouloir bien le comprendre au
nombre des candidats pour la place vacante dans la Section d'Économie
rurale, et demande à être inscrit pour la lecture d'un Mémoire sur les tra-
vaux de dessèchement, d'irrigation et de mise en valeur des terrains maré-
cageux voisins de l'Océan.
(Renvoi à la Section d'Economie rurale.)
GÉOLOGIE. — Note sur les mines de cuivre du Canada oriental; extrait d'une
Lettre de M. le D' Charles T. Jackson à M. Élie de Beaumont.
(f Boston, le 7 octobre iSb-j
» J'ai examiné dans le cours de l'été dernier plusieurs mines de cuivre
importantes situées dans le Canada. La plus remarquable est la mine de
cuivre d'Acton, dans la vallée d'Acton (Canada oriental). Cette mine est une
immense couche de calcaire magnésien gris rempli de minerai de cuivre
pourpre, gris et jaune, renfermé entre des parois de schiste taconique. Le
gite a moyennement 1 8 à 20 pieds ( 5m i à 6 mètres j de puissance et est mis
à découvert par des travaux exécutés à la surlace sur une longueur de
800 pieds (2/jo mètres). Des ouvriers exploitant le minerai à ciel ouvert en
ont extrait en deux ans pour un demi-million de dollars ( a millions et demi
de lrancs)decuivre. On va maintenant entreprendre des travaux souterrains
réguliers dont j'ai dressé le plan, et on réalisera des bénéfices encore plus
considérables. Les minerais sont fondus à l'usine Rivero, près Boston, et à
celle de Bergen-Point (New-York). La mine d'Acton appartient maintenant
à des personnes de Boston et de New-York.
» J'ai aussi examiné un gisement de minerai de cuivre gris riche, situe
près d'Halifax (Canada oriental), à quelques milles du chemin de fer de
Québec à Boston. Le filon a une puissance moyenne de 3 pieds (1 mètre),
et je l'ai suivi sur une longueur de 1000 pieds ( 3oo mètres). Il appartient à
une Compagnie de Boston et de New-Bedford. On y commence actuelle-
ment des travaux, et je visiterai de nouveau cette mine la semaine pro-
chaine pour faire un Rapport sur les progrès de 'exploitation. Elle se
( 636 )
trouve clans un schiste argileux satiné, qu'on prend généralement, mais
à tort, pour un schiste talqueux et qui ne contient pas de magnésie.
» J'ai en outre étudié une mine de cuivre gris près de Richemond (Ca-
nada oriental), mais j'ai vu qu'elle était trop irrégulière pour payer les frais
d'exploitation. Elle est située elle-même au milieu de la série taconique,
comme le sont toutes les mines de cuivre du Canada oriental.
» La semaine prochaine j'irai examiner deux mines de cuivresur la route
de Québec. L'une est appelée mine de la Rivière-Noire, et l'outre, qu'on sup-
pose être une continuation delà mine d'Acton, est située à six milles au delà
de cette dernière vers le nord-est.
» Les mines d'or de la Nouvelle-Ecosse sont en ce moment fort contra-
riées par l'action que les pyrites arsenicales exercent sur le mercure dont on
se sert, et elles perdent une grande partie de leur or, faute d'une bonne
direction scientifique. »
ASTRONOMIE. — Sur la découverte d'une nouvelle planète télescopique ; Lettre de
M. R. Luther à M. Élie de Beaumont (r).
Bilk, près DûsseldorI', le i^ mars 1 363 .
» J'ai l'honneur de vous annoncer , en vous priant d'en faire part à l'In-
stitut impérial, la découverte que j'ai faite le r5 mars 1 863, d'une nouvelle
planète qui est de 10e grandeur.
» Voici deux observations de cette planète :
@ Diana.
i863. T. m. de Bilk. Ase. droite.
k / il d i h
1 5 mars. 1 3. 25. 14, 4 180.12. 6,8
21 • i2.5o.2o,i 170.41.59,2
Mouvement diurne. . . — i5', 1
ASTRONOMIE. — Taches du Soleil.— Période de l'étoile variable yi du Navire Arqo;
Lettre de M. IV Wolf à M. Elie de Beaumont.
« J'aurai l'honneur d'adresser sous peu à l'Académie des Sciences le
numéro i5 de mes Miltheilungen ïtber die Sonnenflecken. En attendant, je
(1) Bien que la découverte qu'annonce ici M. Luther soit déjà connue par la voie des
journaux, nous avons dû reproduire cette Lettre qu'il n'a pas été possible de communiquer
plus tôt à l'Académie.
Nombre
Dtcl . australe.
do compaf «
il / //
-7.20. 3,4
5
- 7. 9.52,1
6
+*'-,7
t 63.7 )
vous prie de communiquer à l'illustre Compagnie quelques résultais de mes
recherches.
» En désignant par r le nombre relatif à la fréquence des taches solaires,
j'ai trouvé pour les années :
18iî8 I8iî9 1860 1861 1862
r= 5o,g 96,4 98,6 77,4 59,4
ainsi que le dernier maximum de 1860, -i se vérifie par la seule inspection de
ces nombres. En introduisant le nombre 5g, 4 dans les formules que j'ai
déduites, pour démontrer la relation entre la fréquence des taches solaires
et les variations magnétiques, je trouve que la variation en déclinaison aura
été, en 1862 :
à Munich. . . g', 27 à Prague. . . . 8', 38
» En outre, je viens de trouver, conjointement avec un de mes collègues
a l'École polytechnique, M. Fritz, que la fréquence des taches solaires cor-
respond tout à fait avec la fréquence des aurores boréales, ainsi qu'on re-
connaît dans cette dernière, et la période de 1 1 £ ans, et la grande période
de Sd ans dont j'ai démontré l'existence pour les taches solaires. Cette
grande période de 56 ans coïncide avec la période séculaire des aurores
boréales cherchée depuis longues années.
» Enfin, j'ai réussi dernièrement à trouver la période de l'étoile variable
n Argo navis. Les observations établies par Halley, Lacaille, Herschel,
Powell, etc., sur la grandeur apparente de cette étoile s'accommodent assez
bien avec une période de l\6 années, dès qu'on fait la supposition que le
maximum principal soit précédé et suivi d'un maximum secondaire. »
ASTRONOMIE. — Nébuleuse variable de Ç Taureau; Noie de. M. Chacornac,
présentée par M. Le Verrier.
« En construisant à Marseille la carte n° 17 de l'Atlas écliptique pour la
recherche des petites planètes, j'enregistrai, du 3 décembre 1 853 au
20 février i854, un grand nombre d'étoiles qui se trouvent dans cette
région du ciel, et entre autres, du 26 au 3 1 janvier de cette dernière année,
j'observai une étoile de onzième grandeur, dont la position moyenne pour
le ier janvier i85a était en ascension droite de 5h28m35%6, et en décli-
naison de + 210 7' 18". A cette époque et plus tard je n'aperçus aucune nébu-
leuse en cet endroit du ciel; par exemple à l'Observatoire impérial de Paris, le
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 14.) &4
( 638 )
ier septembre et le 17 décembre 1 854, en me servant d'un réfracteur de
■ii centimètres d'ouverture, je ne vis aucune trace de nébulosité se proje-
tant sur la petite étoile de onzième grandeur, dont je viens d'indiquer la
place; cependant l'atmosphère était très-transparente, et ces étoiles étaient
■ m méridien.
» Le to, octobre de l'année suivante, en vérifiant de nouveau cette région
du ciel pour la recherche des planètes télescopicpies, j'observai une faible
nébuleuse se projetant sur la petite étoile désignée, et j'inscrivis au lias de-
là carte manuscrite la note suivante : « Avoir trouvé une nébuleuse nou-
velle très-près de Ç Taureau. »
» Je dessinai ensuite sur la carte l'apparence et la configuration de cette
nébuleuse, par rapport aux étoiles voisines.
» J'étais alors loin de penser que ces astres, considérés généralement
comme des amas de petites étoiles très-rapprochées les unes des autres, pus-
sent varier d'éclat comme certaines étoiles isolées, et attribuant leur degré
de visibilité à la transparence plus ou moins grande de l'atmosphère ter-
restre, je ne m'arrêtai pas davantage à cette observation.
» Cependant le lendemain, en réfléchissant que cette nébuleuse pouvait
être une comète très-éloignée de la terre, je regrettais de n'avoir comparé
plus longtemps sa position à celles des étoiles voisines, afin de m'apercevoir
d'un mouvement qui pouvait être très-lent. Les jours suivants, le ciel resta
couvert, et le 28 la pleine lune gênait les observations. Ce ne fut que le 10
novembre que l'état de l'atmosphère permit de revoir cette nébuleuse, et la
note inscrite à cette date sur mon cahier d'observation constate que la nou-
velle nébuleuse de Ç Taureau n'avait varié ni de place, ni d'étendue, ni
de forme.
» Enfin le 27 janvier 1 856, en vérifiant de nouveau la position des
étoiles de cette carte, la nébuleuse m'apparut si brillante, que j'écrivis en
note : « 11 est étonnant que M. Hind ne l'ait pas aperçue avec sa lunette
» de 7 pouces d'ouverture; elle offre l'apparence d'un nuage transparent
» qui semble réfléchir la lumière de l'étoile Ç Taureau, et son aspect, tout
m différent de celui de la nébuleuse 337 (Herschell II), ne fait naître au-
» enne idée de points stellaires visibles sur toute l'étendue de sa surface. »
» Cette nébuleuse d'Herschell se présente en effet comme un amas
d'étoiles qui s'aperçoivent distinctement séparées les unes des autres, même
i\ecun faible grossissement, tandis que le souvenir que je garde de la nébu-
leuse variable me l'a fait comparer à un léger cirro-stratus strié de bandes paral-
lèles; cette description est, du reste, en tout conforme au dessin de la carte.
(639 )
» Depuis le 27 janvier 1 856, je n'ai plus inscrit les dates des comparai-
sons de cette carte au ciel, et le 20 novembre 1 862, en disposant un nouveau
canevas de cette région de l'écliptique pour la publication de la dix-septième
carte, je fus surpris de ne pas retrouver la moindre trace de cette nébuleuse,
tandis que la petite étoile de onzième grandeur, sur laquelle elle se projetait,
n'offrait aucune variation d'éclat. Je n'ai pas manqué d'inspecter souvent le
lieu de cette nébuleuse depuis que j'ai constaté sa disparition, mais je n'ai pu
en saisir le moindre indice avec les instruments de l'Observatoire impérial
de Paris.
» Elle offrait une forme presque rectangulaire dont le plus grand côté me-
surait un arc de 3 minutes et demie, et le plus petit 2 minutes et demie. »
MÉGANIQUE CÉLESTE. — Sur les modifications que doit subir, relativement à la
Lune, le théorème général de l'invariabilité des grands axes et de la perma-
nence des moyens mouvements planétaires; par M. G. de Poxtécoulant.
« Parmi les grandes découvertes analytiques qui ont signalé la fin du
dernier siècle, on doit mettre au premier rang la démonstration générale de
l'importante propriété qu'on a nommée « l'invariabilité des grands axes des
orbites des planètes et la permanence de leurs moyens mouvements ». On sait
que cette propriété consiste en ce que, tandis que tousles autres éléments des
orbites planétaires sont sujets à des variations séculaires, qui altèrent lente-
ment, mais par une progression toujours croissante, leurs valeurs détermi-
nées à une époque quelconque, les grands axes, ainsi que les moyens mou-
vements qui s'en déduisent, restent inaltérables et conserveront dans tous
les siècles les valeurs qu'ils ont aujourd'hui. C'est à Laplace qu'est due la
première notion qu'on ait eue de ce principe, si remarquable dans la con-
stitution du système du monde; mais il y était parvenu simplement par des
calculs numériques. Lagrange le généralisa et en donna une démonstration
analytique, en montrant qu'il résulte directement de la forme qu'il venait
de faire prendre à la fonction perturbatrice dans les équations différen-
tielles du mouvement des planètes. Poisson a depuis perfectionné encore
cette démonstration en l'étendant aux termes dépendants du carré de la
force perturbatrice, que Lagrange n'avait pas considérés. Le principe est
donc parfaitement démontré pour les planètes et en général pour un sys-
tème de corps réagissant les uns sur les autrrs d'une manière quelconque;
mais il reste à savoir s'il subsisterait encore dans le cas où une force étran-
gère au système, telle, par exemple, que l'action à\\n fluide qu'aurait à
traverser quelqu'un des corps qui le composent, venait à agir sur lui, ou
84-
( 6/jo )
bien si, outre les attractions qu'une planète éprouve par l'action des autres
planètes, elle avait encore à subir l'influence d'autres corps tout à fait étran-
gers au système dont elle fait partie. Or, c'est là une de ces questions que
l'analyse seule peut résoudre, et comme elle trouve dans la théorie de la
Lune une application immédiate, nous avons pensé qu'il ne serait pas inu-
tile de la traiter ici avec tout le développement qu'elle exige, pour éclairer
quelques points encore obscurs de cette importante théorie.
» Soit a le demi-grand axe de l'orbite de la planète m soumise à l'action
de la planète m', R la fonction perturbatrice qui exprime leur action
mutuelle ; la variation différentielle du grand axe a, qui en résulte, sera
donnée par la formule suivante (i) :
da = — ia-d'R,
la différentielle d' se rapportant aux seules coordonnées de la planète /«,
et aux quantités qui varient avec elles.
a Si l'on désigne par la caractéristique & les variations finies, en différen-
tiant par rapport à <? la formule précédente et en l'intégrant ensuite, pour
déterminer les inégalités dépendantes du carré et des produits des masses
perturbatrices, on aura
âa= -2a2 fd'.àR -8n3 j'id'R fd'RY
C'est de cette formule que nousaurons principalement à nous occuper ici.
Considérons d'abord le premier terme du second membre : R étant supposé
représenter une fonction déterminée des éléments des orbites des deux pla-
nètesmetm', en ne faisant varier dans R que ce qui est relatif à la planète m,
on aura pour sa variation :
,„ A, /* . <IR . r/R . dR ^ rfR . dK % (/R s
ndt J da ds de rfw dp ' dq l
Si l'on substitue dans cette expression pour èa, c?£, de, etc., leurs valeurs
données par la théorie de la variation des constantes arbitraires, on sait que
la fonction (<JR —&. j ndt) qui en résultera pourra se décomposer en
différents groupes de la forme M INdt — N JMdt, où MetN sont suppo-
sés représenter une suite de cosinus d'angles proportionnels au temps delà
(1) Mécanique céleste, supplément au 3e vol.
(64i )
i'ormekcos[ïn' t — int -f-jt + A ),i et ï étant des nombres entiers quelcon-
ques positifs ou négatifs, Jt un terme introduit par les variations séculaires
dont peuvent être affectés les éléments des orbites de m et de m', en sorte
que / est par sa nature un très-petit coefficient, puisque ces variations s'ef-
fectuent en général avec une grande lenteur, et A une quantité qu'on peut
regarder comme absolument constante. Supposons que le terme précédent
appartienne àM, et soit à' cos (/'«'£ — int + ft -+- A') le terme correspondant
de N, c'est-à-dire le terme dépendant du même argument i'n't — int, il
faudra combiner entre eux ces deux termes pour avoir dans
d'Ul /Nrft-N fmdt\
des termes non périodiques ou indépendants des moyens mouvements nt
et n' t des planètes m et m, les seuls dont nous nous occuperons ici. Cela
posé, pour former cette différentielle il faudra d'abord différentier complè-
tement les quantités affectées du signe intégral / , et alors elle se réduit
d'elle-même à zéro ; il suffira donc de différentier par rapport à nt les quan-
tités hors du signe / > après avoir mis à la place de M et de N leurs valeurs.
On aura ainsi
r'Bsin(z"/t'£ — int -+- ft + A) j B'cos [i'n't — int +J't -+- A')
— i'Bsin [i'n' t — int -hf't + A') j B cof, [i' 71' t — int -t- fi ■+- A).
Si l'on effectue maintenant les intégrations indiquées, qu'on néglige les
termes périodiques dépendants de l'angle i[ïri — in)t, on trouvera,
toute réduction faite, que cette quantité produit dans l'expression de
d' [M jfidt — N nvr^j le terme suivant :
-m — ■ , ,:,., , . 777 cosff /'-/> + A'-Al.
i[i'n' — M-\-f)(i'n' — in-\-f) >-\J Jl J
Cette quantité est évidemment une véritable inégalité séculaire; elle est,
comme on voit, du second ordre par rapport aux forces perturbatrices,
puisque B et B'sont de l'ordre de ces forces, et, de plus, elle est multipliée
par le facteur y-'— y qui est nécessairement très-petit, puisque les coefficients
/ etj' sont supposés, par ce qui précède, de très-petites quantités. Cett<-
inégalité acquiert par l'intégration, dans l'expression de la fonction / d'R, le
( 642 )
très-petit diviseur f — J égal au coefficient qui la multiplie; elle demeure
donc encore du second ordre dans l'expression finie du grand axe, et peut
tout au plus s'abaisser au premier dans l'expression du moyen mouvement :
on peut donc se dispenser d'en tenir aucun compte dans la théorie des pla-
nètes, résultat conforme au théorème général de l'invariabilité des grands axes
et des moyens mouvements planétaires (i). Mais il n'en est pas de même rela-
tivement à la Lune, troublée par l'action du Soleil dans son mouvement
autour de la Terre, parce qu'on est obligé de porter quelquefois dans sa
théorie les approximations jusqu'aux termes du quatrième ordre par rapport
à la force perturbatrice, et qu'on ne peut négliger, par conséquent, des
termes qui dépendent simplement de son carré. Bien ne s'oppose donc à
l'existence d'une semblable inégalité séculaire dans l'expression du grand
axe de l'orbite lunaire; toutefois, on verra que les inégalités de ce genre qui
entrent dans celte expression, sont multipliées par de si petits coefficients,
qu'elles demeureront toujours à peu près inappréciables, et qu'on peut
continuer, par conséquent, à étendre au grand axe de l'orbite de la Lune le
théorème général de l'invariabilité des grands axes planétaires. Mais on ne
saurait appliquer la même conclusion à ce qui concerne le moyen mouve-
ment, parce que la fonction / dt l d'R, qui entre dans son expression,
acquiert par la double intégration un très-petit diviseur de l'ordre du
carré J' — /et peut, par conséquent, devenir très-sensible, quoiqu'elle soit
de l'ordre du carré de la force perturbatrice. Comme d'ailleurs tout ce qui
affecte le moyen mouvement, et, par suite, la longitude de la Lune, est de la
plus haute importance à considérer, il est indispensable d'y avoir égard, et
ce ne sera qu'après avoir exécuté le calcul que l'on pourra décider si l'iné-
galité précédente et celles de la même espèce qui pourront s'introduire
dans l'expression du nioven mouvement de la Lune doivent être ou non
prises en considération.
» Cet examen fera l'objet d'une nouvelle Note que j'aurai l'honneur de
présenter à l'Académie. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la méthode d'observation adoptée à l'observatoire
physico-météorologique de la Havane, suivie de quelques déductions; extrait
d'une Lettre de M. Poey à M. Élie de Beaumcnt.
« J'ai eu l'honneur de vous adresser dernièrement la liste de 214471 OD*
• Selon la définition qu'en donne Laplace (Supplément cite, n° 2).
( 643 )
servations effectuées à cet observatoire en 1862; permettez moi maintenant
d'entrer dans quelques considérations sur la méthode que j'ai suivie, afin
d'obtenir dans la période la moins longue possible la somme la plus con-
sidérable de déductions et de résultats pratiques applicables à toutes les
branches de nos connaissances.
» Profondément convaincu que les appareils enregistreurs ne peuvent
être que des auxiliaires de l'observation visuelle, je n'ai point hésité à orga-
niser des le début une série très-complète d'observations horaires effectuées
jour et nuit.
» Les i3 annotations distinctes que l'on a faites sur la température de l'air
et des eaux ont fourni 54 o/j3 observations thermologiques. Les thermo-
mètres de l'échelle centigrade ont été construits avec les plus grands soins
par M. Baudin. La série d'observations entreprise à i'aide des minima et
d'alcool diversement coloré a été, d'après l'invitation de M. Charles Sainte-
Claire Deville, dans le but de contrôler celles de même nature qu'il avait
déjà effectuées à la Guadeloupe en 1840 (1) et reprises avec ardeur à Paris
depuis 1861 (2). Ainsi, les données que ces observations nous ont fournies
sont du plus haut intérêt et inattendues. Le thermomètre maximum à mer-
cure et noirci s'étant dérangé dès le premier mois, on n'a pu l'observer que
vingt-cinq fois. Il en a été de même avec le minimum d'alcool bleu et
noirci ; les éléments qui entrent dans la composition de cette liqueur bleuâtre,
du moins ici, se modifient et se condensent sur les parois du tube capillaire,
de telle sorte que l'index ne peut plus se mouvoir. Ce fait servira à prévenir
les coustrucleurs contre les agents physico-chimiques qui altèrent consi-
dérablement les appareils de précision sous notre atmosphère tropicale.
» Les 17464 observations sur la direction et la vitesse du vent ont été
faites, les premières à l'aide de l'anémoscope électrique de M. du Moncel,
et les secondes avec l'anémomètre à ailes hémisphériques du Dr Robinson.
construits par M. Salleron. Cet anémomètre est aussi simple que peu coû-
teux, très-sensible et très-exact. Dans les grandes bourrasques, hors de la
lecture directe et horaire, j'observe chaque rafale de vent avec la plus
grande facilité et sans bouger de mon bureau. Pour cela, sans rien changer
à la disposition électrique imaginée par M. Piazzi Smith, j'ai uniquement
remplacé le galvanomètre, qui ne fonctionne pas bien durant les orages,
(1) Voyage géologique aux Antilles, etc. Paris, 1849, t- *"> 2e partie, p. 60. — Annuain
de la Société Météorologique de France, iS53, t. Ier, p. l35.
(2) Annuaire delà Société Météorologique du France, 1861, t. IX, p. 86.
( 644 )
par une sonnette électrique que l'on peut entendre même d'un appartement
à l'autre, ou l'installer aussi loin que l'on veut de l'appareil qui se trouve
ici élevé sur la terrasse. Avec une montre à secondes, on compte alors le
temps écoulé d'un coup de sonnette à l'autre, puis on le divise par 4oo,
qui représente le chemin parcouru par le vent dans cet intervalle, et l'on
obtient de la sorte sa vitesse par seconde.
» Le 26 mars, par exemple, à o,h45m du soir, durant une bourrasque,
j'ai pu calculer la vitesse d'une seule et unique rafale qui parcourait
4o mètres par seconde, lors de la rencontre du courant polaire du N.-N.-O.
avec le courant équa tonal du S.-S.-O., vitesse presque égale à celle géné-
ralement attribuée aux grands ouragans, à savoir de 45™, 3o.
» Cette observation capitale et autres déductions m'ont fait penser que
les tableaux des vitesses et surtout des pressions exercées par le vent sur
mètre carré, déduites ces dernières d'après la formule attribuée à Borda
(P = o,n ds'-'Y2), laissent encore beaucoup à désirer, par la raison que
l'on suppose toujours la pression barométrique égale à om,755 et la tempé-
rature égale à 120; ce qui donne c/ = ik, s3i ou soit le poids de 1 mètre
cube de l'air en mouvement. Or, ma rafale du 26 mars, qui parcourait
40 mètres par seconde sous une pression barométrique de om,765 et une
température de 23 degrés centigrades, exerçait une pression de 255k,28 par
mètre carré, force qui n'est pas certainement en rapport, et qui diffère
peu de celle de ^']']k, 87 déduite d'après la formule de Borda de 45m, 3o de
vitesse attribués aux grands ouragans. En outre, j'ohserve ici très-souvent
des rafales de 20 à 25 mètres dans des coups de vent moins violents.
» D'un autre côté, ces tableaux des vitesses des différents vents ancien-
nement calculées et reproduites jusqu'à nos jours sans aucune vérification
fondée sur les nouvelles données que pourraient nous fournir nos anémo-
mètres perfectionnés, ne peuvent plus présenter une très-grande exactitude
même du point de vue pratique. Il faudrait encore tenir compte du fait que
ces vitesses ne sont que des moyennes, tandis que les anémomètres auto-
matiques ou électriques nous donnent des vitesses absolues d'une seule 011
de quelques rafales.
» Les 102276 observations sur la nature, la quantité, la direction et la
vitesse des nuages ont été scrupuleusement annotées dans chaque cadran
durant les 24 heures du jour et de la nuit, lorsqu'ils traversaient le firma-
ment, soit formant une seule couche, soit constituant jusqu'à quatre et
cinq couches superposées. On a de même soigneusement distingué, quant à
leur nature, les cinq types de nuages établis par Howard, plus les trois
( 67,5 )
nouvelles modifications que j'ai dernièrement dénommées palliant; qui se
subdivisent en pallio-cirrus et pallîo-cumulus, et enfin les fracto-cumulus.
» Les 385a observations ozonoscopiques ont été faites tant à l'observa-
toire qu'au bord de la mer, à l'air libre, et au-dessus d'un bourbier immé-
diat, en dehors d'autres recherches entreprises à la campagne. On a fait
usage du papier réactif de M. Jame(de Sedan) et de l'échelle chromatique
de M. Bérigny, préparée par M. Salleron. Cette échelle, bien supérieure à
toutes celles en usage, est cependant un peu en défaut, du moins sous cette
latitude et à la ville, par la prédominance du ton bleuâtre, surtout dans
les six dernièrement fournies par M. Salleron. J'ai trouvé, d'après des expé-
riences simultanées, que le ton violet prédominait à la ville dans la teinte
de l'ozone ou du réactif, tandis qu'en rase campagne et dans la végétation
c'était au contraire le ton bleuâtre qui devenait très-sensible. Ces variations
de teintes paraissent être intimement liées aux causes multiples qui déve-
loppent l'oxygène naissant.
» Un autre défaut de l'échelle de M. Bérigny (je fais toujours allusion à
cette localité) est que très-souvent le réactif ozonoscopique se colore d'une
teinte tellement foncée, qu'elle dépasse le numéro 20 du ton extrême de ladite
échelle. Cette forte coloration a lieu subitement dans les orages électriques,
à l'instant même que lèvent et les cumulus effectuent leur rotation azimu-
talc duS.-O. à l'O. et au N.-O. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Remarques au sujet d'une communication de M. Vérité
sur un moyen d'obtenir le synchronisme des horloges publiques; Note de
M. L. Foucault, présentée par M. Faje.
« Dans la séance du 2 mars dernier, M. Vérité a proposé d'établir le syn-
chronisme entre plusieurs horloges dont chaque pendule serait influencé à
distance par un électro-aimant rendu périodiquement actif au moyen de
courants distribués par une horloge type.
» A l'occasion de cette communication, qui a été favorablement accueillie,
il convient peut-être de rappeler comment ce principe de la subordination
d'un pendule à un autre a été énoncé, dès l'année 1847, a 'a s,u,e d n"
Mémoire où M. Faye étudie avec beaucoup de soin les moyens de sous-
traire la pendule astronomique aux différentes causes d'erreur.
» Le moyen consistait principalement à placer l'horloge sous terre, dans
la couche de température invariable et enfermée dans une enveloppe her-
C. E., i863, 1" Semeslre. (T. LVI, N» 14.) 85
( 646 )
métique; mais pour tirer parti de l'instrument clans de telles conditions il
fallait recourir à l'électricité.
•< L'ordre des lectures, dit alors M. Faye {Comptes rendus, t. XXV,
» p. 38o), n'ayant pas permis à M. Foucault de présenter lui-même le Mé-
>. moire qu'il avait préparé à ma demande, je me bornerai à indiquer suc-
» cinctement le point capital. L'auteur a recours à l'électricité dyna-
>< mique; sans altérer dans sa construction l'échappement de la pendule
» type, il profite du mouvement oscillatoire de l'axe qui porte la foiir-
» ehelte, pour opérer alternativement la distribution de l'électricité dans
» deux fils métalliques, lesquels allant s'enrouler sur deux électro-aimants
)> les aimanteront chacun à son tour pendant la durée d'une seconde.
» Ces électro-aimants seront affectés à diriger la marche dune seconde bor-
« loge placée sur le lieu de l'observation. Pour cela, de chaque côté et à
» une petite distance de la tige de son pendule, armée d'ailleurs d'une
» pièce en fer doux, on fixera les électro-aimants, qui devront être très-
» petits et qui exerceront sur les oscillations une action accélératrice ou re-
» tardatrice, suivant que l'horloge subordonnée tendrait à retarder ou à
» avancer sur la pendule principale. »
»- Ce passage, écrit il y a seize ans, par M. Faye, est rédigé avec une
clarté qui ne me laisse aucun regret de n'avoir pas publié le Mémoire. »
chimie organique. — Sur un isomère de bromure de butylène bibromé et
sur les dérivés bromes du bromure de butylène; par M. Caventou. (Note
présentée par M. Dumas.)
« On sait que lorsqu'on décompose la vapeur d'alcool amylique par la
chaleur, en la faisant passer à travers un tube de porcelaine chauffé au rouge,
il se produit divers hydrogènes carbonés parmi lesquels M. Reynolds a
signalé le premier l'éthylène et le propylène, et M. A. Wurtz le butylène.
J'ai constaté qu'il se formait en outre un peu d'acétylène.
» Ces hydrogènes carbonés peuvent être facilement convertis en bro-
mures en les faisant passer à travers une couche de brome; pendant leur
formation, il se produit aussi un bromure cristallisé très-soluble dans les
bromures liquides, renfermant 4 équivalents de brome, et que mes expé-
riences tendent à faire considérer comme un produit de substitution du
bromure de butylène. On l'isole de la manière suivante :
« Lorsqu'on soumet ces bromures à la distillation fractionnée, il passe
d'abord le bromure d'éthylène, puis le bromure de propylène, et lorsque la
( 6/l7 )
température atteint i5o° à i55°, et que le dégagement de vapeurs bromhv-
driques devient plus abondant, on cesse la distillation; il reste alors dans
la cornue un liquide noir, épais, piquant fortement les yeux, qui laisse dé-
poser par le refroidissement un magma noir ayant l'apparence d'un dépôt
de charbon. On sépare ce dépôt charbonneux du liquide qui le surnage en
le jetant sur un linge, et on le traite par l'alcool à 33° bouillant. La solution
filtrée bouillante laisse déposer par le refroidissement une grande quantité
de cristaux qu'on obtient parfaitement blancs après plusieurs cristalli-
sations.
» Ces cristaux sont insolubles dans l'eau, peu solubles dans l'alcool
froid, très-solubles dans l'alcool bouillant et dans l'éther. Leur forme cris-
talline n'a pu être déterminée d'une manière exacte à cause de leur grande
ténuité. Examinés au microscope, on a pu voir qu'ils cristallisaient en lon-
gues aiguilles ou en aigrettes. Chauffés dans une cornue, ils se subliment
en partie si la température monte lentement; à iio° ils commencent à
fondre; entre i il\° et 1 i5°, la masse est entièrement liquide; par le refroi-
dissement le liquide se prend de nouveau en masse cristalline, le point de
solidification est placé entre i io° et 1 1 1° Mais si l'on continue à chauffer,
à mesure que la température s'élève, vers i35° à i4o°, les cristaux fondus se
décomposent, le liquide noircit, et il se dégage une grande quantité d'acide
bromhydrique;vers 1900, le liquide entre en ébullition ; enfin, entre 235° et
2/jo0, il distille un liquide jaunâtre qui ne se solidifie pas par le refroidis-
sement, et il reste dans la cornue un grand dépôt de charbon.
» L'analyse élémentaire et le dosage du brome des cristaux desséchés
à ioo° leur assignent la formule CH6Br4.
» La potasse alcoolique chauffée avec les cristaux leur enlève les trois
quarts du brome qu'ils contiennent, et il reste dissous dans l'alcool un corps
brome de nature indéterminée.
» L'acétate de potasse ne donne pas de réaction bien nette avec les cris-
taux, tout le brome n'est pas enlevé; il reste après l'expérience un liquide
contenant du brome, et qui se dissout dans l'eau, l'alcool et l'éther, et
dont les analyses ne conduisent à aucune formule; on trouve en outre, mé-
langée au bromure de potassium formé, une poudre grisâtre à peu près in-
soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, et à laquelle l'analyse assigne la même
formule que celle du butylène bibromé liquide, ce qui permet de supposer
qu'elle est une modification isomérique de ce dernier. M. Regnault avait
déjà observé une modification analogue dans l'éthylène bichloré et
M. Sawitsch dans l'éthylène bibromé.
85..
( 648 )
» Ces expériences ne jetant aucun jour sur la vraie constitution du bro-
mure auquel l'analyse assigne la formule €* H6 Br4, il a paru utile alors de
comparer les propriétés de ce corps avec celles d'autres bromures analo-
gues, en particulier du bromure de butylène bibromé.
» Le bromure île butylène nécessaire à mes opérations a été obtenu par
le procédé indiqué au commencement de cette Note, en soumettant à la
distillation fractionnée le liquide noir, au sein duquel s'était formé le dépôt
charbonneux d'où l'on avait retiré les cristaux ci-dessus décrits. Le bromure
de butylène, d'après mes expériences, passe à la distillation entre i55°
et 1680, en dégageant beaucoup de vapeurs d'acide bromhydrique.
» La méthode suivie pour obtenir les dérivés bromes du bromure de
butylène est celle que M. Regnault a indiquée dans ses belles expériences
sur la liqueur des Hollandais, et les produits de substitution qui en dé-
rivent.
» On a pu obtenir ainsi :
» i° Le butylène brome G4 H' Br. — Liquide incolore qui passe à la dis-
tillation entre 820 et 920 ;
» 20 Le bromure de butylène monobromé Gu H7 Br.Br2. — Liquide lourd,
huileux, passant à la distillation entre 2080 et ai5°, en se décomposant eu
partie en acide bromhydrique et en charbon;
» 3° Le butylène bibromé G4 H6 Br*2. — Liquide incolore, mobile, distil-
lant sans altération entre i4o°et i5o°;
» 4° I-e bromure de butylène bibromé G* HG Br.Br*. — Corps blanc, solide,
cristallisé, inaltérable à l'air, ne paraissant pas se volatiliser sensiblement à
la température ordinaire, même au bout d'un temps très-long; soluble dans
l'éther et clans l'alcool chaud, cristallisant de nouveau par le refroidisse-
ment. Examiné au microscope, il se présente sous forme de feuilles de fou-
gère ou de dendrites analogues à celles du chlorhydrate d'ammoniaque.
Chauffé graduellement dans un tube, d se volatilise en partie vers 1201',
mais à mesure que la température s'élève, la masse noircit légèrement et,
\e1s2000, point où l'opération a été suspendue, le bromure commence à se
décomposer sans qu'on puisse réussir à le fondre. »
CHIMIE générale. — Recherches sur les affinités. — Sur l'équilibre dans divers
systèmes formés d'acide, d'alcool et d'eau; par MM. Berthelot et Péax de
Saixt-Gilles. (Note présentée par M. Dumas.)
« Quatre substances existent en général ou prennent naissance dans la
(649)
réaction d'un acide sur un alcool, savoir : i° l'alcool; n° l'acide; 3U l'éther
neutre; l\° l'eau. Chacun de ces corps donne lieu à des phénomènes d'équi-
libre d'autant plus frappants que toute proportion qui excède un équi-
valent agit seulement par sa présence.
I. — Influence d'un excès d'alcool.
ACIDES MONOBASIQCES.
Alcool ordinaire et acides : i acide -+- n C Hs02.
Limile.
Nombre d'équivalents — -^ — ■ -"^ —
d'alcool. Acide acétique. Acide butyrique. Acide benzoi'que.
n=i,o 66,5 70,2 66,5
i,34 71,2
i,5 77,9
2,0 82,8 85,9 83>'
2,8 85,6
3,o 88,2 » 87,0
4,o 9°>2 " 89'3
5,4 92>° "
12,0 93>'2 u "
'9'° 95>°
5oo,o ne rougit plus le tournesol. » »
Alcool méthylique et acides : 1 acide -f- n C: H'0J.
Limite
Nombre d'équivalents n — — -=-=-
d'alcool. Acide acétique. Acide benzoi'que.
n = 1 , o 67 , 5 64 , 8
1,5 ?5,9 »
2 84,0
3 » 87,4
Alcool amylique et acides : 1 acide-f-«Cl0H'2O'.
n = 1 68 , 2
86,9
89,4
Glycérine et acides : 1 acide -+- n G H" ( 1 .
,,5.
6,1.
68,7
72,0
89.0
» Il résulte de ces nombres que :
» i° La proportion d'éther formé s'accroît avec le nombre d'équiva-
lents d'alcool, et tend de plus en plus vers la combinaison totale. Le phé-
nomène peut être représenté par une courbe hyperbolique.
( 65o )
» 2° F/ accroissement de la limite s'opère d'une manière continue et non
par sauts brusques.
» 3° La presque identité des limites observées dans la réaction de i équi-
valent d'acide sur i équivalent d'alcool, quels que soient cet acide et cet
alcool, subsiste lorsque l'on fait agir sur i équivalent d'acide plusieurs
équivalents d'alcool. Dans tous les cas, le phénomène dépend principale-
ment des équivalents et non de la nature individuelle des corps.
ACIDES POLYBASIQUES.
» Il faut considérer ici 2 équivalents d'alcool pour 1 équivalent d'acide,
puisque la capacité de saturation d'un acide bibasique est double de celle
d'un acide monobasique.
Alcool ordinaire et acides : i acide -+- 2/îC'H'0:.
Nombre Limite.
de doubles équivalents M, , ,.ri
d'alcool. Acide succinique. Acide lartriqne
" = 1 ,0 65,7 66,6
'>5 •■ 77»9 74.S
2,0 80,9 79,0
5,o . 8*8,2
53,o 99>2 »
» Ces nombres prouvent qu'un acide bibasique, en présence d'un excès
d'alcool, se sature suivant les mêmes rapports qu'un acide monobasique;
résultat d'autant plus remarquable que l'acide monobasique ne forme
qu'une seule combinaison, tandis que l'acide bibasique en forme deux,
l'une neutre, l'autre acide, et dont la proportion relative change avec la
composition du système (ce dernier point sera traité ailleurs).
II. — Influence d'un excès d'acide.
Alcool ordinaire et acides : C H602 -f-/2 acide.
Limite (proportion d'alcool élhérifiée).
Nombre d'équivalents — ■ ■■ ■ ~ — ,. ■
d'acide. Acide acétique. Acide butyrique.
n = 1 66,5 70,2
1,5 81,9 83,8
2 85,8 87,2
2,24 87 ,6 «
5 96>6_ »
( 65i )
i alcool + «C'H'O1.
Limite.
Nombre d'équivalents
d'acide. Alcool métbylique. Alcool amylique. Alcool minlholique.
« = i 67,5 68,2 60,0
',5 79,2
2 86,0 87 ,0 »
3 " 90 , o 8g , 2
Alcool ordinaire et acide succinique : 2 C4 Hc O- -f- «C3H608.
n = 1 65 , 7
«>5 79>°
2 85, o
2,25 9°,°
» i° On voit que la proportion d'éther s'accroît avec le nombre d'équi-
valents d'acide. L'accroissement est même plus rapide pour un certain
nombre d'équivalents d'acide que pour le même nombre d'équivalents d'al-
cool : cependant la différence ne dépasse pas 4 à 5 centièmes.
» i° Les limites relatives aux divers acides et aux divers alcools de-
meurent très-voisines les unes des autres et dépendent principalement des
équivalents.
» L'action d'un alcool potyatomique sur plusieurs équivalents d'acide est
toute différente de celle d'un alcool monoatomique, comme il était facile de
le prévoir, en raison de la multiplicité des combinaisons auxquelles l'alcool
polyatomique peut donner naissance. Voici des nombres :
Glycérine et acides : C6 H3 0e -f- n acide.
Limite (rapportée à 1 seul équivalent d'acide).
Nombre d'équivalents — mi ^» ,
d'acide. Acide acétique. Acide valérique.
" = > 68,7 7'»4
2 1 12,6 »
3 1 36 , 2 1 34, 7
( 65a )
III. — Influence d'un excès d' éther neutre.
i alcool -+■ i acide acétique -+- n éther acétique.
Nombre d'équivalents
d'élher préexistant. Limite.
n = o 66 , 5
o,o5 63,9
o, i3 62,6
o,43 58,9
o,85 56,3
1 ,6 52, 1
» Jl résulte de ce tableau que la présence de l'éther acétique agit pour
diminuer l'éthérification. L'éther acétique se comporte donc ici tout autre-
ment qu'un dissolvant étranger à la réaction. Ce fait pouvait être prévu,
puisque la préexistence de l'éther acétique diminue évidemment l'action
des affinités qui tendent à en produire une nouvelle proportion.
IV. — Influence d'un excès d'eau.
» Cette influence peut s'exercer, soit dans la réaction d'un acide sur
un alcool, soit dans la décomposition inverse d'un éther neutre par l'eau.
1 éther benzoïque -H (n + 1) H:0'.
Nombre de doubles
équivalents d'eau. Limite.
n = o 66,5
0,5 61 ,4
• 54,7
1,5 48,6
1 45,8
4 34,.
6,5 28,4
n ,5 19,8
l alcool + 1 acide acétique -f- n HJ O'.
Limite.
Nombre de doubles ■ — ■■' — — ■— — — -
équivalents d'eau. Alcool ordinaire. Alcool mélbylique. Alcool amylique.
« = o 66,5 67,5 68,2
0,55 6l,4 » "
1 55,9 57,4 60,0
2 •• 45,2 49>7 49.4
3 4°>7 * 45>o
23 n ,6 » »
49 8,0 » «
( 653 )
» Nous avons également étudié les systèmes éthylbutyriques, éthylva-
lériqucs, amylbutyriques, amylvalériques
» D'après ces résultats : i° la décomposition d'un éther ne devient pas
complète, même en présence d'un grand excès d'eau; i° cette décomposi-
tion varie d'une manière continue avec la quantité 'd'eau : le phénomène
est représenté par une courbe hyperbolique; 3° la décomposition des
éthers par l'eau et la réaction des acides sur les alcools en présence de
l'eau s'opèrent suivant des proportions équivalentes à peu près constantes,
quels que soient les acides et les alcools employés.
» Enfin nous avons fait varier dans des limites encore plus étendues et
simultanément les proportions d'acide, d'alcool et d'eau. Mais l'espace nous
manque pour exposer ces dernières expériences. Nous nous bornerons à
dire que : i° Si l'on fait réagir un certain nombre d'équivalents d'eau sur
un éther neutre, la décomposition est la plus grande possible lorsqu'il n'y a
ni excès d'acide ni excès d'alcool. Un excès de l'un de ces deux corps
augmente la stabilité de la combinaison. L'action d'un excès d'eau ou
d' éther acétique est inverse. i° Dans tous les cas, les quantités d'éther
formées dépendent principalement des équivalents et non de la nature indi-
viduelle des acides et des alcools. Cette loi caractérise donc la statique des
réactions éthérées. »
PHYSIQUE appliquée. — De [emploi du chalumeau à cldor-hydroqène pour
l'étude des spectres; par M. E. Diacox.
« Il était permis de penser que l'absence de spectre est due, pour la
plupart des métaux, à la décomposition des chlorures par la flamme oxy-
dante dans lacpielle on les place et à la non-volatilité des oxydes produits,
et que plusieurs d'entre eux donneraient des systèmes de lignes caractéris-
tiques si on pouvait les mettre dans des conditions telles, que les chlorures
pussent se volatiliser sans décomposition. C'est ce que je cherchai à réali-
ser, au commencement de l'année dernière, dans les laboratoires de la Fa-
culté des sciences de Montpellier, en les portant dans une flamme produite
par la combinaison vive de l'hydrogène et du chlore. Mais les difficultés
que j'éprouvai dès les premiers essais, surtout pour me mettre à l'abri des
vapeurs d'acide chlorhydrique et du chlore, me démontrèrent, tout en me
donnant l'espoir de réussir, la nécessité de dispositions particulières.
» Reprises au mois de novembre dernier, avec le nouvel appareil quej'a-
C. R., i863. i" Semestre. (T. LVI, N° 14.) 86
( 654 )
vais fait construire, ces expériences, auparavant si pénibles en plein air.
peuvent être faites sans incommodité dans l'intérieur du laboratoire. J'ac-
quis alors la certitude que je ne m'étais pas trompé en supposant que plu-
sieurs chlorures métalliques devaient donner des spectres dans ces con-
ditions : le cuivre, le plomb, le manganèse, le nickel, le cobalt, etc.,
donnèrent en effet des systèmes de raies assez compliqués, mais caracté-
ristiques. Mais un fait non moins intéressant, quoique moins attendu, fut
présenté par les chlorures des métaux alcalins et alcalino-terreux. Le chlo-
rure de potassium donnait en effet un spectre à peine visible, les raies bleue
et orangée du strontium semblaient avoir disparu, le calcium et surtout le
baryum avaient un spectre bien différent de celui qu'ils donnent dans la
flamme de la lampe à gaz. C'est en ce moment que je connus, par un extrait
de son travail (i), l'opinion émise par M. A. Mitscherlich. La conformité
presque complète des résultats que nous avions obtenus par des méthodes
différentes ne me laissa plus aucun doute, et j'admis complètement avec lui
que les chlorures ont un spectre propre.
» L'étude des spectres des chlorures des métaux alcalino-terreux ne de-
mande aucune précaution, mais il n'en est pas de même pour les métaux
alcalins. Aussi, ai-je tout disposé pour les produire dans des conditions
semblables à celles que nous avons employées, M. Wolf et moi, pour obte-
nir les lignes secondaires de ces métaux dans une flamme oxydante (2). C'est
alors seulement que les différences présentées parleurs chlorures pourront
être nettement déterminées. Quant aux spectres des autres chlorures mé-
talliques, je n'ai pu jusqu'à présent les comparer avec les spectres que don-
nent ces métaux employés comme électrodes.
» Pour acquérir une nouvelle preuve de l'influence de 1 élément électro-
négatif, j'ai tenté d'étudier les bromures dans des conditions semblables;
mais je n'ai pu jusqu'ici obtenir de flamme par la combinaison du brome
et de l'hydrogène. J'ai lieu toutefois d'espérer que je pourrais obtenir la
combinaison vive de ces corps par une disposition particulière et en portant
tout l'appareil à une température élevée.
» Il résulte de ce qui précède que les chlorures placés dans une flamme
qui ne tend pas à les décomposer par une réaction chimique permettent
d'obtenir des spectres avec un plus grand nombre de métaux. De plus, les
(1) Répertoire de Chimie, janvier 1 863.
(2) Sur les spectres des Métaux alcalins (Mémoires de l'Académie des sciences et lettrt
de Montpellier), 1862.
( 655 )
conditions pins simples dans lesquelles ont été faites ces expériences me
paraissent mettre hors de doute l'opinion émise par M. A. Mitscherlich. On
peut donc dire que les chlorures ont un spectre différent de celui que don-
nent les oxydes ou les métaux eux-mêmes, et admettre, contre l'opinion
adoptée, que l'élément électro-négatif intervient dans les radiations émises
par un sel volatilisé dans une flamme convenablement choisie. »
hydraulique. —Expériences en c/randsur un nouveau phénomène de succion des
veines liquides. Objections résolues par des faits; Note de M. A. deCaligny.
« Divers auteurs français et étrangers ont mentionné avec bienveillance
dans leurs ouvrages, dont plusieurs ont été présentés à l'Institut, l'appareil
de mon invention, que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie des
Sciences le i février i852, et dont la description se trouve dans les Comptes
rendus (t. XXXIV, p. 174 à 177). Mais les descriptions et les figures qu'ils
en ont données ne s'accordant pas toutes avec celles que j'ai publiées,
quelques détails nouveaux sur mes expériences deviennent d'autant plus
nécessaires, que cet appareil est maintenant enseigné dans la plupart des
universités de l'Europe.
» Voici d'abord de quelle manière on a cherché à expliquer, sans me
consulter, la cause qui ramène le tube mobile sur son siège fixe, en vertu
du mode d'écoulement de l'eau entre ce siège et une sorte de parapluie ren-
versé attaché à la partie inférieure de ce tube mobile cpii est vertical. Comme
on a cru que ce siège devait toujours être plongé à une certaine profondeur
au-dessous du niveau de l'eau du bief d'aval, on a remarqué que, dans
l'état de repos, la pression était sensiblement la même dans le bief d'aval
au-dessus et au-dessous du parapluie renversé, et l'on a cru qu'il suffisait de
tenir compte, à l'époque où l'écoulement se fait de l'amont à l'aval, quand
cette dernière pièce est soulevée, de ce que la pression étant diminuée
comme elle l'est en vertu du mouvement acquis dans les tuyaux de con-
duite à l'intérieur de l'espèce d'ajutage troncotnque dont il s'agit, cela suffi-
sait pour expliquer la force qui ramène le tube mobile sur son siège. En un
mot, ou attribuait seulement cette force à la pression de l'eau du bief
d'aval sur une des faces du parapluie renversé, la pression étant diminuée
sur l'autre face. On en a conclu que, si cette dernière pièce et le siège fixe
étaient au-dessus du niveau de l'eau du bief d'aval, non-seulement le tube
mobile ne serait point ramené sur son siège en entraînant un contre-poids
plus pesant que lui, mais qu'il serait au contraire repoussé de bas en haut en
86..
( 656 )
vertu d'un reste de pression de l'eau d'amont. Or cela est entièrement con-
traire aux faits observés dans des expériences en grand trop nombreuses et
ayant duré trop longtemps pour qu'il ait pu rester le moindre doute aux in-
génieurs qui y ont assisté.
» Je conviens qu'il vaut mieux, eu général, que le parapluie renversé soit
plongé dans l'eau du bief d'aval à une certaine profondeur. C'est en effet
dans ces conditions que j'ai tâché de me mettre quand j'ai eu l'honneur
d'inviter des Commissions à mesurer l'effet utile. Heureusement je n'ai pas
toujours pu faire ainsi plonger cette pièce, à cause des difficultés du service
des eaux. De sorte qu'il est arrivé plusieurs fois qu'aux bassins de Cbaillot,
en 1 853, des Commissions ont vu marcher très-régulièrement un appareil
de ce système dont le tuyau fixe avait 6o centimètres de diamètre intérieur,
la chute motrice moyenne au-dessus du siège fixe dont il s'agit étant de plus
de2m,2oet le siège fixe étant hors de l'eau d'aval. On sait d'ailleurs à Cbaillot
que cet appareil, employant toute l'eau élevée par la pompe à feu, quand
j'arrivais avant que le bassin servant de bief d'aval fût suffisamment rempli
pour l'immersion dont il s'agit, je faisais cependant marcher l'appareil,
quelquefois même pendant des heures, pour étudier le phénomène sous
toutes ses faces.
» Il est bien à remarquer que la marche entièrement régulière dans ces
conditions ne devenait plus aussi sûre quand le siège fixe et le parapluie
renversé n'étaient plongés qu'à une petite profondeur. Ainsi, lorsqu'il y
avait seulement une hauteur d'eau de /jo centimètres dans le bief d'aval au-
dessnsdu siège fixe, il se présentait, il est vrai, une série d'ondes assez cu-
rieuses qui semblaient devoir être favorables à l'effet utile; car, pendant la
sortie de l'eau en aval, il se présentait une onde annulaire plus élevée que
le liquide dont le niveau baissait au-dessus du parapluie renversé, qui au
contraire était recouvert d'une onde plus élevée que le niveau d'aval quand
le tube mobile était retombé sur son siège. Or, ce n'était pas à cause d un
défaut de succion que la sûreté du jeu de l'appareil était diminuée dans ces
conditions ; mais c'était parce que le tube mobile ne se relevait pas toujours
assez complètement, par suite des conditions purement hydrostatiques, ré-
sultant soit des ondes positives, soit des ondes négatives annulaires, combi-
nées d'ailleurs avec la forme de la partie inférieure du tuyau mobile qui,
quoique ayant encore un diamètre plus grand que celui du tuyau fixe, était
cependant un peu conique, ce qui contribuait au soulèvement du tuyau
mobile quand l'immersion était plus complète. On conçoit d'ailleurs que le
gonflement alternatif au-dessus du parapluie renversé ne donnait pas lieu
( 657 )
iux mêmes conditions d'équilibre qu'un exhaussement uniforme de l'eau
lans le bief d'aval.
» Dans les expériences plus en grand dont je m'occupe maintenant avec
in tuyau fixe de i mètre de diamètre intérieur, la disposition générale du
tube mobile n'est plus la même. Ce tube avait de l'analogie avec celle d'une
sorte de carafe sans fond, c'est-à-dire que la partie comprise au-dessous
du niveau d'amont s'élargissait, la partie très-allongée comprise au-dessus
de ce même niveau se rétrécissait pour s'évaser ensuite au sommet. Le cy-
lindre central fixe, destiné à diminuer la section libre du tube mobile au-
dessus de ce même niveau, mais qui en général ne doit pas descendre bien
sensiblement au-dessous, était combiné avec le système de manière à faire
terminer l'oscillation en retour quand le niveau du sommet de la colonne
liquide oscillante atteignait à peu près celui de l'eau du bief d'aval. Cette
forme de carafe est toujours celle que je préfère dans les limites où elle est
possible, quand on veut élever l'eau beaucoup plus haut que la chute mo-
trice. Mais pour le cas d'une élévation à de très-petites hauteurs, par exem-
ple dans un certain nombre de périodes d'un appareil vidant une écluse de
navigation en relevant une partie de l'eau au bief supérieur, le cas n'est pas
le même. Le tube vertical mobile peut alors sans inconvénient être cylin-
drique, sauf un évasement au sommet. Or, je l'ai même étudié sans cet éva-
sement, son diamètre intérieur étant de im,io, et n'étant rétréci à sa partie
inférieure que par un anneau de i mètre de diamètre intérieur. Dans ces
conditions, l'appareil ne pourrait pas marcher abandonné à lui-même sans
parapluie renversé, si l'explication qu'on a cherché à donner, sans me con-
sulter, était suffisante. Or, quand le niveau est convenablement baissé dans
l'écluse, s'il marche avec moins d'avantage lorsqu'on supprime le parapluie
renversé, il est incontestable qu'il marche abandonné à lui-même. Déjà, pen-
dant plusieurs années, un appareil d'essai, provisoirement établi sur une
écluse de petite navigation, a fonctionné dans ces conditions en présence
d'un nombre considérable de personnes compétentes. Le parapluie renversé
s'était détaché et n'avait pas été rétabli, parce qu'on n'avait pas besoin de
l'appareil à cette écluse.
» Ce genre de phénomène peut d'ailleurs être reproduit en petit dans
tous les cabinets de physique.
» En 1 85 1 , j'ai montré à une Commission d'ingénieurs, au Collège de
France, un appareil avec parapluie renversé entièrement hors de l'eau du bief
d'aval, et fonctionnant régulièrement avec un tuyau fixe de 5 centimètres
seulement de diamètre intérieur. Aussi, tout en désirant exprimer ma re-
( G58 )
connaissance aux savants qui nie font l'honneur de signaler mes expé-
riences, je désire qu'on veuille bien ne pas oublier qu'il y a des phénomènes
tellement tranchés, que l'illusion n'est pas possible quand on les observe
pendant des heures; que d'ailleurs je n'attache ordinairement de l'impor-
tance qu'aux faits qui ont été vérifiés par d'autres personnes, et surtout à
ceux que je peux reproduire quand on le voudra, soit très en grand, soit
très en petit, dans les cabinets de physique. Si ces faits sont ensuite contes-
tés par une véritable autorité scientifique, n'est-ce pas une preuve qu'ils
étaient bien imprévus?
» Je dois encore signaler une erreur matérielle. On s'est imaginé que cet
appareil ne pouvait marcher abandonné à lui-même qu'avec des variations
assez limitées dans les hauteurs des niveaux d'amont et d'aval, et qu'il fal-
lait par conséquent un surveillant assez intelligent pour régler le contre-
poids ou le flotteur qui en tient lieu quand le système est réduit à n'avoir
qu'une seule pièce mobile. Cette méprise paraît être venue de ce qu'il s'ar-
rête, en effet, quand le niveau d'amont s'élève à une certaine hauteur pour
un contre-poids donné, parce qu'il faut que l'oscillation en retour descende
assez bas pour que, la pression sur l'anneau inférieur du tube mobile étant
convenablement diminuée, ce tube puisse se lever de lui-même, soit en
vertu d'un contre-poids, soit en vertu d'un flotteur. On conçoit donc qu'il
faut un trop-plein au bief d'amont en l'absence d'un surveillant, à moins
qu'on n'ajoute au système un appendice qui n'a pas encore été étudié par
l'expérience.
» Mais des expériences en grand ont démontré, pendant plusieurs années,
que l'appareil entièrement abandonné à lui-même marchait régulièrement,
malgré des variations énormes dans la hauteur du niveau du bief d'amont,
c'est-à-dire en vidant une écluse de navigation. Quant au niveau d'aval, on
a constaté en 1 853, dans les bassins de Chaillot, pendant le remplissage du
bassin servant de bief d'aval, que les variations du niveau de l'eau dans ce bief
pouvaient être énormes sans arrêter l'appareil. En définitive, soit en amont,
soit en aval, les niveaux peuvent avoir de très-grandes variations, mais on
ne peut se dissimuler qu'il faut jusqu'à présent un trop-plein quand il n'y a
pas de surveillant pour le bief d'amont.
» L'étendue de cette Note ne me permettant pas de discuter les principes
de ce système, j'ai seulement ici pour but de rétablir les faits dernièrement
encore observés sur une plus grande échelle. J'ajouterai donc seulement
que, dans mes dernières expériences sur un tuyau de i mètre de diamètre,
en tôle, je suis parvenu à diminuer beaucoup l'angle du parapluie renversé
( 659 )
avec la verticale, en étudiant le degré d'immersion dans le bief d'aval, qui
permet d'obtenir de la manière la plus avantageuse une sorte de remous
annulaire reposant sur les mêmes principes que les remous ou ressauts qui
ont été observés dans les coursiers en aval des roues bydrauliques verticales
à grande vitesse, et que ce remous ma permis de combiner d'une manière
utile à la succion la force centrifuge de l'eau qui se plie sous le parapluie ren-
versé. Cet appareil fonctionne aussi de lui-même quand il n'y a pas d'eau
dans le bief d'aval. Cette expérience a été répétée en mon absence par
M. Loyal, conducteur des Ponts et Chaussées. »
ANALYSE mathématique. —Extrait d'une Lettre de M. Brioschi à M. Hermite.
« Soient u (x, y) une forme à deux indéterminées d'ordre n; ç x, >
un covariant d'ordre m de la même forme. En posant
les coefficients <p0, tptJ . . . , <p„ sont, comme vous l'avez démontré, des cova-
riants de la forme u et précisément ses eovariants associés. Soit x, \y, une
racine de l'équation u(x, y) = o; en substituant x, à x, y, à y dans
l'équation supérieure et en posant
a x = x,X p-Y, r = y,X+- — -f- Y,
* ' m d\ , J J m dr,
on aura u [x, y)= (o, <p„ «t2, , <f,/ (X, Y)",
dans laquelle <p,, <p2, . . . , sont des fonctions de x,, y,.
» Les deux équations (a) nous donnent les suivantes :
(if dm __ du du _.
x-f- +J-T1 = rnœX, .7 hy -j- — n^{\ ;
x/-, ■' dr, ' c/j'i J dyt '
par conséquent si l'on fait
:3)
du do
a.r, dyt
du du
x (- y
rfx, " dr,
on aura X = — Yz,
m s
et, en substituant,
"(■*-. j)=Y".(o,ç,,?2,...,?/, (-^r, i )
( 66o )
'Ii(z) étant un polynôme du degré n — i. Mais de la relation (3 ) on a
ydx — xdy = — cp,Y2dz;
par conséquent, en supposant n pair et égal à ir, on aura
y dx — xdy v,dz
(4)
Soit n
4, et
v'tt (x, y)
d- u d* u
s y
3'. 4'
dx7 dx dy
d'u d'u
dxdy dy'
du
du
I
dx
tr
8
dh
dh
dx
4r
soient les deux covariants irréductibles de la forme biquadratique u {x,y) ;
en supposant y = h et x= x,, y =y,, on aura
/?0 = o, A, = — -0, h,
».=
O
*52,
$, £ étant les invariants de la forme u. En substituant ces valeurs dans
l'équation (4), on obtient, après quelques réductions, la formule
y dx — xdy dz
\ u x, y
V'4 i3 — sz t
>■ J'avais déjà donné celte transformation dans une Note publiée dans les
Annalidi Matematica, t. III, année 1860, mais par une méthode particulière
Je pourrais donner d'autres exemples; mais, sans insister plus longtemps
sur les formes à deux indéterminées, je passe aux formes ternaires, en me
limitant pour le moment aux formes cubiques.
» Soit u(x,, x2, x3) une forme cubique ; A, k, 0; s, i ses covariants et
ses invariants. En se rappelant que
u, u2 u3
h, h2 h
A", A"2 n
si l'on pose wT = — ■> vr = —- , et si l'on substitue dans u, au lieu de x, ,
1 dur dkr
x3, x3, les y,, y.,, y3 données par les équations
| yt = xt Y, + p,Y, -h iv,Y3,
- ja = xsY, + v2Y2 -+- waY,,
' y3 = x3Y, + t>3Y, + tv3Y3,
(66i )
on aura
«ij-,,j2,j3) = rtYj + bt | -h cY* + 3f/Y*Y3 + 3e Y* Y, + 3/Y?Y2
+ 3gYaY|+ 3/Y3Yf+3/Y,Y= + 6/Y,Y2Y3;
et les coefficients rt, è, c,..., seront des covariants de la forme «(a •,, „r2, x3)
Si l'on suppose
«(a:,, x2l ar3) = o,
on peut calculer facilement ces coefficients, et l'on trouve
a = z* (a?,, a?2, .r3) = o, b = u{v{, va, e3) = — «8= o,
c = u[ îv,,u>2, (*>3) =1$ ( sth* -+- 3 s- h2 A- — 36*A-2), 3d = V ic^ =3À0,
3*f'2pSs?i*^f*"-3^'
Les équations (5), multipliées par h, , «2, «3 ; A,, A2, /«3 ; kt, k2, A3, nous
donnent :
1 I> "' ■+■ y '* »2 + j3 "3 = 5 Y3,
(6) j 7-, A, +,,/., -+-;-, A3 = AYj,
( r, />', + .v2/fa+j3A\i = aA-Y, 4- 0Y2;
par conséquent, en supposant
(7) Z==
on aura Y< = — -j Y3 z,
9
I
et
(8) K(jrM<ril<r,}i==ôY,(AY; + aBY1-T,-.+ CY»))
étant
A = -(ft"z + 6*j, B= 3!7i[(^/''' - i8A2}z + A2(*Aa - 3i*J],
C= i^ 52z2-2/r(g^J+3^-A-^/r'')z+//-(.9//^+;^^2X-36M-:!)],
ou
Y3
bien u{ri, j2, Js)= 5 f [(AY, -+- BY3)? - Y* (B2 - AC)],
étant B2-AC= -62 (il -h 3sz - :').
C. R., i863, 1er Semestre. (T. LV1, N° 14.) 87
( 662 )
Des équations (6), (7) 011 a
Donc, en dérivant par rapport à Yr l'équation (8), on obtiendra
du ur du dz
dY3 J + Tfzdy/
dit du llhr lllllr
hQ
et. en conséquence,
du du du du .,, ,.., __. .
Or, en supposant u (j-, , j\, y3 ) = o,
AY2 -+- BY3 = - Y3 0 v'6(2«h-3jz — s3) ;
on a
donc
du
ytv?r = 62Ylsj6{2t + 5sz-z3),
mais de l'équation (7) on déduit aussi
dy{ dj2 dj
V\\dz
s
= A,
donc la substitution (7) conduira à la transformation
A dz
2>
du
dy
^6(2^ + 3^2 — z3)
On peut obtenir les valeurs de la substitution inverse, c'est-à-dire les va-
leurs des rapports j, : y2 : j3, qui annulent la Fonction u(jit j2, jr3), en
fonction de z, en substituant dans les équations (5), au lieu de Y,, Ys, lents
valeurs
Y,=-ÎY3Z, Y1.=r-i(inifl-B)Y„
ayant posé m = \6 (il -+- '5sz — s8). Mais des équations
e\, rtl-h.T„u.,-h.r3ii3=:o, x, h, -{-x2Ii2-\-x3h3=fi, .r, i,-\-x2k2 -f- x3k3 = nk.
1 déduit $.rr == fipr -+- 2 /: vr,
( 663 )
; nar rnnsénnent. i
étant pr = — -; par conséquent, en indiquant avec à une indéterminée, on
aura
jr— à ~mQvr-h A [wr — zpr) — ( i y Az-f- B j vr <
ou encore, en introduisant le déterminant P de ma première Lettre,
Cette transformation est celle donnée par M. Arotihold, dans les Comptes
rendus de /' Académie de Berlin (avril 1861). »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur [altération des sirops par une ébullilion
prolongée; j>arM. En. Momek. (Présentée par M. Payen.)
« Mes expériences ont été faites sur des sirops de canne et de betterave
préparés avec des sucres de même nuance, la bonne 4e- Ces sirops,
placés dans des matras de même capacité, ont été soumis à une ébullition
régulière, en faisant en sorte que l'eau évaporée fût exactement remplacée
dans chacun des matras. Les sirops, après une ébullition de 10 heures, ont
été essayés comparativement par le procédé de M. Barreswil et ont donné
les résultats suivants :
Sucre Sucre
crîstallUable. inciïsuHi sable.
(1) Sirop de sucre de canne avant l'ebullition. . . 61 ,3 1,70
Après une ébullition de 10 heures 35, o 28,60
(2) Sirop de betterave avant l'ebullition 61 ,8 0,20
Après 10 heures d'ébullition 60, y 1,10
>» Il s'est donc produit, dans ces expériences comparatives, 26 plus de
glucose dans le sucre de canne (Martinique) que dans celui de betterave,
et, par une ébullition continue de 18 heures, le sucre de canne s'est com-
plètement transformé en glucose; quant au sucre de betterave , sa transfor-
mation complète eût exigé une ébullition beaucoup plus prolongée.
» Acide libre. — La transformation si rapide des sucres exotiques en
mélasse est due à une petite quantité d'acide libre que renferment presque
toujours ces sortes de sucres, et surtout ceux de la Martinique. Ainsi,
dans mes expériences, il a fallu jusqu'à iêr,4 de chaux pour neutralise!
l'acide de 1 kilogramme de sirop à 35° Baume. En recommençant ces expé-
riences, en rendant le sucre légèrement alcalin, j'ai trouvé les résultats
suivants :
87..
( 664 )
Sucre Sucre
cristal lisable. incristallisable.
Avant l'ébullition 61 ,3 ',7<>
Après 10 heures d'ébullition 57,6 5,4o
» Ainsi, grâce à la présence de la chaux, la proportion de glucose a été
cinq fois moins grande que dans le sirop de canne(i) non saturé de chaux. »
géométrie.— M. Babinet présente, au nom de M. Cli.-M. Wiltich, quia
déjà transmis à l'Académie des approximations numériques remarquables,
une table plus complète des résultats auxquels il est parvenu par un travail
opiniâtre.
355
■k = — ^ — 0,0000002 = 3,1415927 (Métnis!.
2:7 = — - — 0,000 000 5 '— 6,283 1 85 3
— 0,00000007 =10,78539816
— 0,00000007 =10,52359875
— o , 000 000 09 = 1 , 047 1 97 55
— 0,000000 1 = 2,0943951
— 0,0000004 = 4 11 88 790 2
-^— = —*— —0,0000016 = 0,0087266
36o 802 ' ' . '
-== ttjtj: -f- 0,000 000 o3 = o,3i8 3og88
t. 355
n
1 —
4
355
452
T.
355
6~
678
r =
355
339
2
3W =
710
339
4
3r =
1420
339
36o _
■77
81 36
7'
-+- 0,000 010
=
1 i4)5gi 55g
7T2 =
227
-4- 0,000 o3g
=
9,869604
ÎT3 =
23200
763
— 0,000 022
=
3o,4o6 276
7T!
23
227
— 0 ,000 000 4
—.
0,101 321 2
\Ztt =
296
167
h- 0,000 001
=
.,772454
y 77 —
33.
226
— 0,000 010
=
. ,464 592
./î=
145
— 0,000 012
=
o,564 '9°
( 665 )
l/-'= -yn +0,0000008 = 1,1283702
v C = ^ïï^ ~~ 0,0000000 — 0,80599(30
y / - = ^£ + o ,000 000 0 = t ,240 701 o
V if 437
Log. hyperbolique de n = —^ —0,000007 = 1,1 44 7 ^°
195
Module des log. ordinaires.. . . = ■—- +0,000004 — 0,434294
449
Réciproque du même nombre. = — g -1-0,000021 = 2,3o2.585
95
1 264
Base des log. hyperbol.. . = c = +0,000002 = 2,718282
Sa réciproque == — ,== — -77 — o,ooocoooo2 3= 0,367879744 s
Côté du carré équivalent au J ._
cercled'un diamètre égal à> = —I- —0,0000006 == 0,8862269
1. ■ ■ ■ i 107
I unité ]
M. Eudes -Desloxgchamps, doyen de la Faculté des Sciences de Caen,
remercie l'Académie qui a bien voulu comprendre cette Faculté au nombre
des corps savants auxquels elle fait don de ses Comptes rendus hebdomadaires.
M. le Doyen de la Faculté de médecine de Montpellier demande, pour
la bibliothèque de la Faculté, les volumes qui lui manquent des Mémoires
de ['Académie et du Recueil des Savants étrangers.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. Béghin adresse de Lorient (Morbihan) une Note sur un nouveau mode
de production d'électricité dynamique.
M. Becquerel est invité à prendre connaissance de cette Note, et à faire
savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
M. Chylinski prie l'Académie de vouloir bien lui désigner des Commis-
saires devant lesquels il puisse répéter, avec des appareils de son invention,
certaines expériences sur la pression de l'air.
Si M. Chylinski veut faire connaître, dans mi Mémoire, ses expériences
( 666 )
et les appareils qu'il y emploie, l'Académie renverra, s'il y a lieu, son ma-
nuscrit à l'examen d'une Commission ; jusque-là elle n'a pas à s'en occuper.
A 5 heures et un quart l'Académie se forme en comité secret.
COMTE SECRET.
M. Mathieu présente, au nom de la Section d'Astronomie, la liste sui-
vante de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du
décès de M. le général Brisbane.
A u premier rang. .
Au second rang et
par ordre alphabétique.
M. Cayley..
' M. Challis.
M. CoOPER..
M. Galle. .
M. Gasparis.
M. Graiiam..
M. Hexcke. .
M. L AMONT..
M. Lassell.
M. LlTTROW.
M. Mac Lear
M. Plaxtamour
à Londres.
à Cambridge.
à Markree (Irlande).
à Berlin.
à Naples.
à Markree.
à Driessen (Prusse).
à Munich.
à Liverpool.
à Vienne.
au Cap de Bonne-Espérance.
à Genève.
M. Robixsow
M. Struve(Otto). à Pulkowa près St-Pétersbourg.
à Armagh.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures trois quarts.
E. D. B.
BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 6 avril i863 les ouvrages dont
voici les titres :
Discours de M. deTessain, Membre de l'Académie des Sciences, prononcé
aux junérailles de M. Bravais, au nom de la Section de Géographie et de Navi-
gation, le mercredi Ier avril i863. Paris, i feuille in-4°.
Renseignements nautiques recueillis à bord du Duperré et de la Forte, pen-
(667 )
/tant un voyage en Chine, 1860-1862 ; par M. S. Bourgois. (Extrait de la
Revue Maritime et Coloniale.) Paris, i863; in-8°. (Adressé par S. Exe. M. le
Ministre de la Marine, avec le numéro d'avril de la Rev. Mûrit, et Col. )
Ouvrages destinés au concours pour le prix de Physiologie expérimentale de i86j.
Le nerf pneumogastrique considéré comme agent excitateur et comme agent
coordinateur des contractions œsophagiennes dans l'acte de la déglutition; pat
A. ChaUVEau. (Extrait du Journal de la physiologie de l'homme et des ani-
maux.) Paris, 1862; in-8°.
Recherches physiologiques sur l'origine apparente et sur l'origine réelle des
nerfs moteurs crâniens: détermination de cette dernière ; par le même. (Extrait
du même recueil.) Paris, 1862; in-8°.
Ouvrages adressés par M. J.-A. Barral pour le concours Morogues.^
Journal d'agriculture pratique; années 1 858 à 1862. Paris, 10 vol. in— 8°.
— Le bon Fermier, aide-mémoire du cultivateur; ie édition . Paris, 1 86 1 ; in- 1 2 .
— Drainage, irrigations, engrais liquides; 2e édition, 1. 1 à IV. Paris, 4 vol.
iu-12.
Ouvrages destinés au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.
Des maladies virulentes comparées chez l'homme et chez les animaux ,- par
Michel Peter. Paris, i863; in-8°.
Études pratiques sur les maladies nerveuses et mentales ; par le Dr H. Girard
de Cailleux. Paris, 1 863; in-8°.
Recherches sur l'appareil générateur des Mollusques gastéropodes (Thèse pré-
sentée à la Faculté des Sciences de Paris pour obtenir le grade de docteur
es sciences naturelles); par M. E. Baudelot. Paris, 1 863 ; in-4°.
Notice sur quelques Aléochariens nouveaux ou peu connus, et description de
larves de Phytosus et Leptusa; par M. A. Fauvel. (Extrait des Annales de la
Société enlomologique de France.) Paris, 1 feuille in-8°.
Sur les genres Calyptomerus Redl., et Comazus Fairm.; par le même.
(Extrait du même recueil.) Paris, quart de feuille in-8°.
Synopsis des espèces normandes du genre Micropeplus Lalr., de la famille
des S taphyl inides (insectes coléoptères) ; parle même. (Extrait du Rulletin de la
Société linnéenne de Normandie.) Caen, 1861 ; br. in-8°.
Catalogue des insectes recueillis à la Guyane française par M. E. Déplanche,
chirurgien auxiliaire de la Marine impériale; par M. A. Fauvel ; 1 re et 2e par-
tie. (Extrait du même recueil.) Caen, 1861 et 1862; deuxbroch. in-8°.
( 668 )
Notices entomotocjiques, par M. A. FAUVEL. ire partie : Coléoptères de la
Nouvelle-Calédonie , recueillis par M. E. Déplanclie. (Extrait du même re-
cueil.) Caen. i86a;in-8°.
Le Soleil de la photographie, traité complet de la photographie pour poi-
trails, vues, paysaijcs, monuments, stéréoscopes, etc.; par M. I.EGBOS. Paris,
vol. in-8°.
Mémoires de ta Société d'agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du
département de l'Aube; t. XIII, 2e série; n0' 63 et 64, 3e et 4e trimestres
1862. ïroyes; in-8°.
Répertoire des travaux de la Société de Statistique de Marseille; t. XXIV
;iYe<le la 5e série). Marseille, 1 86 1 ; in-8°.
On theorigin... Sur l'origine, l'accroissement, la substructure et la chro-
notogie des récifs de la Floride; Lettre du capitaine E.-B. Huïnt, du
corps des ingénieurs des États-Unis, au professeur Bâche, surintendant de
l'hydrographie des États-Unis. (Extrait de V American Journal of Science
and Arts.) In-8°.
ERRATA.
(Séance du a3 mars 1 863.)
Page 535, ligne 8 en remontant, au lieu de but hydraulique, lisez lut hydraulique.
f Séance du 3o mars 1 863.)
Note adressée par M. Faye.
Je m'en] presse de corriger une inadvertance dans ma dernière communication à l'Acadé-
mie. Elle consiste en ce que le nombre trop faible, donné par le Schehallien pour la densité
de la Terre, est rapproché des attractions trop faibles reconnues récemment avec plus ou
moins de certitude pour les Pyrénées et l'Himalaya. La densité moyenne obtenue par cette
voie étant, comme je le fais remarquer quelques lignes plus haut, inversement proportion-
nelle à ia déviation observée, un résultat trop faible pour la densité ne peut indiquer qu'une
déviation trop forte par rapport à l'attraction présumée de la montagne. Il faut donc corriger
les lignes i5 à 9.8 de la page 563 en ce sens que l'expérience du Schehallien contredit, au lieu
de corroborer les résultats obtenus autrefois, de deux manières différentes, par Bouguer et
La Condamine ( valeurs beaucoup trop fortes de la densité de la Terre ), et dans ces derniers
temps par les géodésiens anglais et français pour l'attraction de grandes chaînes de monta-
gnes, telles que les Andes, les Pyrénées, l'Himalaya. C'est aussi à ces grands massifs que
s'appliquent exclusivement les considérations de la page suivante. »
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 13 AVRIL 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Ehrmaxx, récemment nommé à une place de Correspondant pour la
Section de Médecine et de Chirurgie, adresse ses remercîments à l'Aca-
démie.
PHYSIQUE. — Recherches sur la propagation de l'électricité à travers les fluides
élastiques très-raréfiés ; par M. A. de La Rive. (Extrait par l'auteur.)
« Les recherches dont je viens présenter à l'Académie un simple résumé
ont pour ohjet l'étude des phénomènes qui accompagnent la propagation
de l'électricité dans les fluides élastiques très-raréfiés. Je supprime ici, pour
abréger, l'exposition des travaux qui ont déjà été faits sur ce sujet, me
bornant à rappeler qu'il est bien établi maintenant, principalement par les
expériences concluantes de M. Gassiot, que le vide absolu ne transmet en
aucune façon l'électricité, mais qu'il suffit de la présence de la plus petite
quantité de matière pondérable pour que cette transmission puisse avoir
lieu.
» Mes expériences dans ce premier travail, qui avait surtout pour objet
l'étude des phénomènes généraux, n'ont porté que sur l'hydrogène et l'azote,
deux gaz bien différents quant à leurs propriétés physiques et chimiques,
et présentant cependant l'un et l'autre l'avantage d'être des gaz simples,
inaltérables et sans action sur les métaux. L'air atmosphérique, sur lequel
j'ai aussi opéré, se comporte très-approximativement comme l'azote.
C. R , i863, i« Semestre. (T. LVI, N° 1S.) 88
(67o)
» L'électricité, dans mes expériences, est produite par un appareil d'in-
duction de Ruhmkorff. La force élastique des gaz est mesurée par un ma-
nomètre à mercure construit avec beaucoup de soin et avec lequel on peut
apprécier jusqu'à ■£$ de millimètre de différence de pression. Enfin l'inten-
sité du jet électrique est déterminée au moyen du courant dérivé perçu par
deux fils de platine insérés chacun dans un tube de verre a la manière de
Wollaston, et dont les extrémités inférieures plongent dans de l'eau distillée
qui fait partie du circuit principal, tandis que leurs extrémités supérieures
communiquent avec les bouts d'un galvanomètre très-sensible. Au moyen
d'une vis micrométrique on fait varier la distance des deux pointes de pla-
tine, de manière que le courant dérivé produise toujours une même dévia-
tion, de 3o° par exemple, au galvanomètre; et la longueur de cet inter-
valle de dérivation, qu'on peut apprécier à -^ de millimètre près, est dans
un rapport simple et facile à déterminer avec l'intensité du jet électrique.
§ I. — Phénomènes généraux que présente la transmission de l'électricité
dans les gaz raréfiés.
» Le milieu gazeux sur lequel j'opère est renfermé soit dans des tubes
de 4 à 5 centimètres de diamètre et de i5 à 100 centimètres de longueur, soit
dans des bocaux de 16 à 20 centimètres de diamètre et de 20 à 25 centi-
mètres de hauteur. Dans le tube le plus long, les boules en platine servant
d'électrodes peuvent être rapprochées l'une de l'autre jusqu'au contact, la
tige qui porte l'une d'elles traversant une boîte à cuir.
» J'ai d'abord cherché à déterminer l'influence de la raréfaction du gaz
sur la résistance au passage de la décharge. Les résultats que j'ai obtenus
sont généralement d'accord avec ceux auxquels étaient parvenus les autres
expérimentateurs, en particulier en ce qui concerne l'hydrogène, dont le
pouvoir conducteur est très-supérieur à celui des autres gaz. J'ai trouvé en
utre qu'une fois parvenus à un degré de raréfaction voisin de celui qui
correspond à leur maximum de conductibilité, les gaz sur lesquels j'ai
opéré suivent exactement la loi de la conductibilité inverse de la longueur.
>- Mais je passe à des phénomènes d'un autre ordre. On sait que dès que
la force élastique du gaz a diminué suffisamment pour que le jet devienne
sensiblement continu, on voit se manifester le phénomène des stratifica-
tions, qui commence par l'apparition de quelques légères stries du côté de
l'électrode positive. C'est surtout avec l'hydrogène que ces stries apparais-
sent le plus vite et le plus nettement, alors que le jet ne consiste encore que
dans un petit filet rosé de 2 à 3 millimètres de diamètre. Puis graduellement,
o
(671 )
à mesure que la force élastique diminue, le jet s'élargit ainsi que les stries;
un espace noir qui va aussi s' agrandissant graduellement, et qui peut
atteindre jusqu'à 5 à 6 centimètres de longueur, sépare l'extrémité de la
colonne lumineuse de l'électrode négative qui demeure entourée d'une atmo-
sphère bleuâtre.
» Le phénomène des stratifications a lieu exactement de la même ma-
nière, que le gaz soit sec ou qu'il soit plus ou moins humide; il ne dépend
donc nullement de la nature élémentaire ou composée du milieu gazeux.
» A une pression très-faible, de i à 2 millimètres, les tranches annu-
laires, alternativement obscures et lumineuses, qui forment les stries, de-
viennent, d'immobiles et très-étroites (± de millimètre de largeur) qu'elles
étaient sous une pression plus forte, animées d'un mouvement oscillatoire
très-prononcé et d'une largeur qui va jusqu'à 5 millimètres. Quand la pres-
sion est inférieure à 2 millimètres, on voit apparaître dans la partie noire une
lueur d'un rose pâle et quelques anneaux plus lumineux qui font contraste,
par leur immobilité et leurs contours parfaitement bien déterminés, avec
les stries agitées du reste du jet électrique. Au reste, même à une pression
supérieure à 2 millimètres, on aperçoit dans l'espace noir, quand on l'ob-
serve attentivement dans l'obscurité, une lueur blafarde qui se sépare net-
tement de la colonne lumineuse stratifiée dont elle est comme le prolon-
gement.
» Un fait important à noter est ce qui se passe quand on fait rentrer dans
le tube, pendant que l'électricité s'y propage, une petite quantité addition-
nelle du même gaz qu'il renferme déjà, qui correspond à |-ou4 millimètre
d'augmentation dans la pression.
» Si l'introduction a lieu du côté de l'électrode négative, on voit aus-
sitôt se former dans l'espace noir des stries annulaires d'une belle couleur
rosée, dont le diamètre est celui de la colonne stratifiée, c'est-à-dire celui
du tube, mais qui sont très-étroites et très-nettes. Elles se propagent gra-
duellement dans tout le tube en s'enchevêtrant avec les anciennes stries
beaucoup plus larges et moins bien limitées; puis l'issue du gaz une fois
fermée, la colonne lumineuse s'éloigne lentement de l'électrode négative
et reprend peu à peu son apparence primitive. Si le gaz est introduit du
côté de l'électrode positive, au lieu de stries occupant toute la largeur du
tube, on voit un jet brillant d'un très-petit diamètre (de 2 à 3 millimè-
tres), strié très-nettement et semblable à un petit ressort à boudin, s'avan-
cer le long de l'axe du tube dans l'intérieur relativement obscur de la
colonne lumineuse, qui elle-même occupe immédiatement tout l'espace
88..
( 672 )
noir voisin de l'électrode négative. Puis, l'issue du gaz étant fermée, tout
revient graduellement à l'état normal. Dans ce cas comme dans le pré-
cédent, on voit apparaître, avec l'introduction de la quantité additionnelle
de gaz, un brouillard très-subtil, d'un blanc rosé, qui se propage dans le
tube, mais qui, dès que l'introduction du gaz a cessé, chemine de l'élec-
trode négative à la positive, cachant, en les enveloppant momentanément
comme un léger nuage, les stratifications des différentes parties successives
de la colonne.
» Cette dernière expérience, en montrant la perturbation qu'apporte un
déplacement de la matière gazeuse dans le phénomène de la stratification
de la lumière électrique, est de nature à confirmer l'opinion émise par l'il-
lustre physicien de Berlin, M. Riess, savoir : que ce phénomène est pure-
ment mécanique. Il consisterait en effet dans des dilatations et contractions
alternatives du fluide élastique raréfié, produites par la série des décharges
toujours plus ou moins discontinues dont est formé le jet électrique. C'est
au reste ce que l'on peut constater, pour ainsi dire directement, en suivant la
marche du manomètre demeuré en communication avec l'intérieur du tube.
On y découvre des oscillations très-prononcées de la colonne de mercure
qui accompagnent la propagation de l'électricité dans le gaz. Ces oscillations,
qui vont jusqu'à ~ et même -fe de millimètre, atteignent leur maximum
d'amplitude au moment où le gaz est parvenu au degré de raréfaction au-
quel les stratifications commencent à paraître. Elles diminuent à partir de
ce moment, et cessent complètement, pour l'azote à la pression de 9. mil-
limètres et demi, et pour l'hydrogène à celle de 5 millimètres. Je n'ai pu
en apercevoir la moindre trace, quelle que fût la pression, quand le tube
qui renferme le gaz est long de 5o centimètres ou plus, tandis qu'elles
sont très-prononcées dans un tube de i5 centimètres. Cet effet négatif
lient évidemment à l'influence des parois dans les longs tubes, et non à
celle d'un volume plus considérable de la matière gazeuse, car avec un
bocal cylindrique d'une capacité au moins double de celle du plus long des
tubes, on observe des oscillations très-prononcées sans employer un jet élec-
trique plus fort.
§ II. — Phénomènes particuliers que présentent les différentes parties du jet électrique stratifié.
» La colonne gazeuse traversée par le jet électrique se composerait,
avons-nous dit, quand elle a été amenée à un certain degré de raréfaction,
de couches alternativement dilatées et contractées avec un espace noir très-
dilaté dans le voisinage de l'électrode négative. Les couches dilatées plus
(673)
conductrices restent obscures, tandis que les contractées plus résistantes
deviennent lumineuses, exactement comme dans le cas de la chaîne formée
d'une succession de fils alternativement de platine et d'argent qui, mise dans
ie circuit d'une pile voltaïque, présente tous les fils de platine incandes-
cents, tandis que ceux d'argent, plus conducteurs, restent opaques et froids.
» Pour prouver que c'est bien ainsi que le phénomène se passe, j'ai disposé
deux petits disques de platine de 7 millimètres de diamètre, fixés chacun
par un point de leur circonférence à l'extrémité d'un fil de platine renfermé
dans un tube de verre, de façon à être maintenus parallèles à une distance
fixe de 3 centimètres l'un de l'autre. Les deux disques liés ainsi ensemble
sont placés dans le jet électrique de manière à le couper transversalement et
à avoir leurs centres situés sur l'axe même du jet. Ils servent comme de
sondes destinées à dériver une portion du courant, et l'intensité de cette por-
tion dérivée est mesurée par un galvanomètre dont les bouts sont respec-
tivement mis en communication avec les extrémités des fils de platine qui
portent les disques. Il suffit de changer le sens du courant pour que les
sondes, sans être déplacées, se trouvent plongées, ou dans l'espace noir voi-
sin de l'électrode négative, ou dans l'espace lumineux voisin de la positive.
L'appareil est disposé de façon qu'on peut également placer les sondes dans
d'autres portions du jet.
» Un très-grand nombre d'expériences faites dans l'air atmosphérique,
dans l'azote et dans l'hydrogène à différents degrés de raréfaction, et dont
les résultats sont consignés dans mon Mémoire, montrent que, lorsque le
gaz est très-raréfié , les sondes placées dans l'espace noir ne dérivent qu'un
courant nul ou très-faible, tandis que dans la partie lumineuse le courant
dérivé est relativement très-fort ; ce qui prouve que cette dernière partie
offre bien plus de résistance au passage de l'électricité que la portion
obscure. Ainsi, dans l'hydrogène, sous la pression de 2 millimètres, le pre-
mier de ces courants est nul , tandis que le second est de 35° ; à la pression
de 4 millimètres, le premier est de 20 et le second de 52°; à la pression
de 6 millimètres, le premier est de 4° et le second de 820. Ces différences,
quoique très-grandes aussi, sont moins considérables avec l'air atmosphé-
rique et avec l'azote, ce qui tient à ce qu'ils sont spécifiquement moins bons
conducteurs que l'hydrogène.
» Nous voyons donc que l'espace noir voisin de l'électrode négative offre
bien moins de résistance au passage du courant que n'en offre la partie
lumineuse voisine de l'électrode positive. Il en résulte qu'il doit y avoir aussi
nécessairement entre ces deux portions du jet une différence de tempéra-
( 674)
Mire. C'est ce que l'expérience a confirmé. Deux thermomètres placés res-
pectivement clans le voisinage des deux électrodes, mais à une distance suffi-
sante pour que l'influence plutôt refroidissante de ces électrodes fût nulle,
ont accusé une très-grande différence de température. 11 faut distinguer la
température absolue à laquelle s'élèvent chacun des deux thermomètres, de
la différence qui se manifeste entre leurs températures respectives. Ces diffé-
rences, entre les pressions de i à 10 millimètres, conservent à peu près les
mêmes rapports, lors même que les températures absolues varient avec cette
pression et avec la nature des gaz. Mais si la première devient plus consi-
dérable, les températures des deux thermomètres tendent à se rapprocher;
elles deviennent égales quand il n'y a plus d'espace noir.
» Dans l'hydrogène, la différence de température entre les deux thermo-
mètres n'a jamais été aussi grande cpie dans l'azote et dans l'air atmospbé-
rique. Elle a été au maximum de 4° sous la pression de 8 millimètres ; dans
l'azote, la différence maximum a été, à 5 millimètres de pression, de 5°; dans
l'air atmosphérique, la différence maximum a été, à 6 millimètres de pres-
sion, de 6°. A 18 millimètres de pression, la différence n'était plus, dans
l'hydrogène, que de 2°; dans l'azote elle n'était plus que d'un demi-degré, et
dans l'air atmosphérique elle devenait nulle.
» Je ne puis m'empècher d'observer en passant qu'il faut que la puis-
sance calorifique et lumineuse de l'électricité soit bien considérable pour
qu'un corps aussi subtil que l'hydrogène, amené à la pression de i milli-
mètre, c'est-à-dire à une densité telle, que i centimètre cube ne pèse plus
que i cent-millième de milligramme, puisse être encore lumineux et se
réchauffer assez pour élever dans deux minutes de i" à 3°, la température
d'un thermomètre dont le réservoir est un cylindre de mercure de i \ milli-
mètres de diamètre sur 3 centimètres de longueur. N'y aurait-il pas là
quelque analogie avec la matière si subtile et cependant lumineuse qui con-
slitue les corps cométaires?
§ III. — Influence du magnétisme sur la propagation de l'électricité dans les milieux gazeux
très-rarcfîés.
» Je crois être le premier qui aie constaté cette influence en montrant
en i84g, à l'occasion de recherches sur l'origine de l'aurore boréale , l'ac-
tion rotatoire exercée par le pôle d'un électro-aimant sur un jet électrique
produit dans un espace rempli d'un mélange d'air et de vapeur très-raréfié.
M. Plucker a dès lors déterminé par une série d'expériences importantes la
loi de l'action du magnétisme sur un courant qui se propage dans un milieu
(675)
gazeux en la rattachant à la formation des courbes magnétiques. Les re-
cherches qui sont l'objet de ce paragraphe ont un autre but, car elles ont
essentiellement pour objet de déterminer les modifications qu'apporte dans
la propagation de l'électricité à travers les fluides élastiques très-raréfiés,
l'action du magnétisme exercée par de puissants électro-aimants. Je n'in-
sisterai ici que sur deux points particuliers, n'ayant pas le temps d'ex-
poser entièrement ce sujet, qui exigerait un développement assez considé-
rable.
» Le premier point est relatif à l'action du magnétisme sur le jet lumi-
neux qui se propage dans le long tube de i mètre, qu'on place axiale-
ment ou équatorialement entre les deux pôles d'un fort électro-aimant.
Le tube étant rempli d'hydrogène à la pression de 8 millimétrés, la con-
ductibilité du milieu diminue dans le rapport de 3o° à io° si c'est l'espace
noir qui est près des pôles magnétiques; elle ne varie pas si c'est la partie
du jet voisine de l'électrode positive qui est près de ces pôles, et elle dimi-
nue dans le rapport de 3o° à 20° si c'est le milieu de la colonne lumineuse
qui est soumis à l'influence de l'électro-aimanl.
» Cet effet est dû évidemment à la concentration du milieu raréfié resté
obscur, qu'opère l'action magnétique en agissant sur lui par attraction ou
répulsion, car ce milieu en étant plus condensé devient immédiatement
lumineux en même temps qu'il devient plus résistant. Si l'hydrogène est
plus raréfié, l'effet est moins considérable; ainsi, quand il est à la pression
de 5 millimètres, l'action du magnétisme sur l'espace noir ne diminue plus
la conductibilité que dans le rapport de 33° à 200; mais alors cette action,
quand elle s'opère sur la partie lumineuse voisine de l'électrode positive, la
diminue aussi un peu, mais seulement dans le rapport de 33° à 3o°. A 2 mil-
limètres de pression la diminution est encore moins sensible; elle n'est plus
que dans le rapport de 4o° à 3o°. Il est vrai qu'alors la colonne gazeuze tout
entière est beaucoup plus conductrice.
» Le second point que je signalerai est relatif à l'action exercée par le
magnétisme, dans le cas où la propagation de l'électricité a lieu à travers
le m ilieu gazeux, entre le sommet d'une tige de fer doux aimantée et un
cercle dont ce sommet est le centre. A un certain degré de raréfaction du
milieu, l'électricité se manifeste sous la forme d'un jet lumineux qui tourne
comme une aiguille de montre avec une grande régularité et une vitesse
qui peut aller jusqu'à 100 tours par minute. Le sens de la rotation dépend
de celui de l'aimantation et de la direction du courant; mais si un change-
ment dans le sens de l'aimantation ne fait que modifier le sens de la rota-
( 676 )
tion sans altérer sa* vitesse, un changement dans le sens du courant modifie
à la fois et le sens et la vitesse de rotation. Cette vitesse est toujours beau-
coup moindre quand c'est le cercle qui sert d'électrode négative que quand
il sert d'électrode positive, ce qui tient probablement à ce que l'épanouis-
sement du jet le long de la surface du cercle, quand l'électrode est néga-
tive, occasionne un frottement plus fort. La différence de vitesse est d'au-
tant plus grande, que le milieu est plus raréfié et que l'épanouissement du
jet à l'électrode négative est, par conséquent, plus considérable. Ainsi on
avait, avec de l'air imprégné de vapeur, dans une minute :
Pression. Cercle positif. Cercle négatif.
8 millimètres roo tours. 52 tours.
10 « 72 » j6 >
12 » 62 » 44 "
\ une pression plus grande les vitesses deviennent presque égales.
» J'ai obtenu avec de l'air tres-raréfié une vitesse de 1 5o tours par minute.
Les vitesses varient beaucoup avec la nature et le degré de raréfaction du
milieu; mais dans chaque cas donné elles sont très-constantes et le mou-
vement est très-régulier.
» Je ne signalerai plus, en terminant;, qu'un dernier fait assez curieux qu'on
observe quand l'électricité positive arrive par le cercle. A un certain de-
gré de raréfaction, d'autant plus considérable que le milieu gazeux est
moins conducteur, le jet lumineux s'épanouit sous l'influence de l'aiman-
tation en une nappe mince qui occupe un secteur plus ou moins grand
du cercle, et même toute sa surface. La rotation, qui devient très-rapide
quand le jet prend la forme d'un secteur, ne peut plus s'apercevoir quand
il forme une nappe circulaire complète.- Mais ce qu'il y a de plus remar-
quable, c'est que, si le gaz, au lieu d'être très-sec, renferme un peu de va-
peur d'eau, au lieu de s'épanouir sous l'influence du magnétisme, le jet se
divise en plusieurs petits jets parfaitement distincts et équidistants qui tour-
nent très-rapidement, comme les rayons dune roue, autour du pôle magné-
tique central.
» Cette différence très-marquée entre la manière dont se comporte sous
l'influence magnétique l'air sec et l'air chargé de vapeur, quand l'électri-
cité s'y propage, mérite d'être étudiée de près, car elle semble indiquer
entre ces deux milieux, même à un très-grand degré de raréfaction, une
constitution moléculaire qui n'est point la même. Du reste, tous les phéno-
mènes relatifs à l'action de l'aimant sur les courants électriques qui se pro-
( 677 )
pagent dans les fluides élastiques très-raréfiés, me semblent, en étant exa-
minés avec soin, de nature à jeter un jour nouveau, à la fois sur la constitu-
tion physique des corps, et particulièrement sur la manière dont s'y opère
la propagation de l'électricité. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches expérimentales sur la composition de la
graine du colza, et sur les variations qu'éprouve celte composition pendant les
diverses phases du développement de ta plante; par M. Isidore Pierre.
(Extrait par l'auteur.)
« Dans deux séries de recherches antérieures, dont les résultats ont été
présentés à l'Académie en 1860 et en 1862, j'avais essayé de suivre, au
moyen de l'analyse chimique, la marche du transport et de l'assimilation de
la matière organique, des substances minérales et des matières ginsses dans les
différentes parties de la plante, depuis le moment où elle est sur le point de
fleurir, jusqu'à l'époque de sa maturité, c'est-à-dire pendant cette période
de sa vie où les phénomènes d'assimilation, de transport et de transforma-
tion se manifestent avec le plus d'énergie.
» Si j'avais choisi le colza pour objet principal de ces longues études,
c'est parce que cette plante offrait, par la rapidité de sa croissance et par la
masse de ses diverses parties, l'avantage de se prêter facilement aux recher-
ches que je me proposais de poursuivre, et auxquelles j'ai déjà consacré
plusieurs années de travail.
» En complétant aujourd'hui mon travail par une étude spéciale de la
graine, je me suis proposé de montrer, une fois de plus, que l'agriculture
et l'industrie peuvent tirer quelque profit des recherches de chimie appli-
quées à la physiologie végétale, puisque c'est principalement dans ia graine
que viennent s'accumuler les principes les plus énergiques des engrais, et
les matières que recherche ici l'industrie; puisque c'est pour leur graine
que sont cultivées nos plantes oléagineuses. En étudiant la composition de
la graine du colza, je me suis proposé de suivre les variations qui se mani-
festent dans cette composition, pendant que la graine se développe et par-
court successivement les diverses phases qui la conduisent jusqu'à sa
parfaite maturité.
» Il serait difficile de suivre les détails numériques des résultats de l'ana-
lyse qui concerne chaque série d'expériences; il en serait de même poul-
ies tableaux d'ensemble par lesquels j'ai cherché à résumer cette partie de
mon travail. Je sortirais d'ailleurs ainsi des limites rationnelles d'un sim-
ple extrait. Je me bornerai donc à résumer ainsi les principaux résultats de
C R., iSG3, 1" Semestre. (T. LV1, N° IS.) 89
( C78 )
ce travail, en faisant observer, une fois pour toutes, qu'ils se rapportent a
des matières entièrement privées d'humidité :
» i° A partir du moment où le poids de chaque graine de colza s'élève
à environ un demi-milligramme jusqu'à la semaine qui précède l'époque
habituellement adoptée pour la récolte, la proportion d'huile contenue
dans un poids donné de graines suit une marche constamment ascendante,
et l'accroissement peut s'élever à plus de 35o pour ioo de la richesse ini-
tiale.
» 20 La richesse en huile de la graine ne paraît pas éprouver d'accroisse-
ment appréciable pendant la dernière semaine de végétation de la plante,
bien que le poids de la graine puisse encore augmenter d'environ
>o pour 100.
» 3° Les proportions d'azote, d'acide phosphorique, de potasse et de
chaux suivent, au contraire, une marche décroissante jusqu'à la dernière
semaine de végétation, pendant laquelle elles restent sensiblement con-
stantes.
» /40 Si, au lieu de considérer la graine, on considère le tourteau qui en
provient après complet épuisement de matières grasses, on y voit les pro-
portions d'azote, d'acide phosphorique et de chaux croître jusqu'à ce que
la graine ait acquis environ les deux tiers de son développement, puis rester
ensuite à peu près stationnaires.
« La proportion de potasse, au contraire, va constamment en diminuant
dans le tourteau, depuis le commencement des observations jusqu'à la ma-
turité de la graine, et la diminution finale représente environ Zjo pour 100
de la proportion initiale de potasse.
» En étudiant la composition centésimale de la graine, en suivant les
variations de cette composition dans un poids donné de graines, je n'avais
encore envisagé qu'un des côtés de la question, celui que nous pourrions
appeler le côté industriel, parce cpie, dans l'industrie des graines oléagi-
neuses, on se préoccupe avant tout <\u rendement qu'on peut obtenir d'un
quintal de graines; mais il importait aussi de se placer au point de vue cul-
tural ou agronomique, en considérant le produit total fourni par une
récolle entière on par une étendue superficielle déterminée.
» C'est ce que j'ai fait en comparant entre elles non plus les proportions
relatives des divers principes constitutifs d'un même poids de graines, mais
les quantités totales de ces divers principes contenus dans des récoltes for-
mées d'un même nombre de graines diversement développées. Je suis arrivé
à reconnaître ainsi :
(679)
» i° Que les accroissements de poids de ces différentes substances ne
se faisaient ni dans le même rapport que celui de la graine, ni dans un
même rapport entre eux.
» Ainsi, pendant que le poids de la graine augmente dans le rapport
de i à 7 (i)
Celui de Y huile croît dans le rapport de i à 33
Celui de la chaux dans le rapport de i à 6, 5
Celui de Y acide phosphorique dans le rapport de. . . i à 5,5
Celui de Yazote dans le rapport de i à l\,S
Celui des matières organiques, autres que l'azote et les
matières grasses, dans le rapport de i à l\
Enfin, celui de la potasse clans le rapport de i à 2,5 environ.
« 2° Que l'accroissement de poids de la potasse contenue dans une ré-
colte de graines semble s'arrêter avant la maturité de ces dernières, alors
que le poids des autres principes constitutifs n'est encore parvenu qu'aux
trois quarts de la limite qu'il doit atteindre à l'époque de la maturité de la
plante.
» 3° Que le poids total de l'huile contenue dans une récolte de graines
augmente jusqu'à l'époque de la maturité, ainsi que le poids de la récolte
elle-même, tandis que nous venons de voir plus haut que, pendant la der-
nière semaine de végétation de la plante, la richesse en huile de la graine
cesse d'augmenter.
» H y a donc pour le cultivateur avantage à ne récolter son colza que
lorsque la graine est parvenue à son entier développement ; il obtient ainsi
un poids de graine plus considérable, sans que cet accroissement se fasse
aux dépens de la qualité industrielle de la graine.
>> /j° Par \ejavelage, c'est-à-dire par la dessiccation spontanée de la plante
à l'air libre, au milieu des champs, la richesse en huile ne paraît pas aug-
menter dans la graine; mais comme celle-ci peut encore éprouver, pen-
dant cette sorte de lente agonie de la plante, un accroissement sensible de
poids, il s'ensuit que la masse d'huile produite par la récolte peut encore
éprouver elle-même une légère augmentation pendant le temps qui s'écoule
entre la coupe de la plante et le battage de la récolte.
» 5° En nous reportant, par la pensée, aux résultats obtenus dans mes
recherches antérieures puhliées en 1860 et en" 1862 dans les Annales de
(1) De 1 demi-milligramme à 3 milligrammes et demi.
89.
( 68b )
Chimie et de Physique el dans les Bulletins de la Société Linnéenne de Nor-
mandie et de la Société d'Agriculture el de Commerce de Caen , nous voyons di-
minuer simultanément, et dans une proportion assez considérable, dans la
partie inférieure de la plante qui se termine aux plus basses siliques: le poids
total des matières contenues dans cette partie de la plante; le poids de l'azote;
celui de l'acide pliosphorique ; celui de la chaux, et celui des sels alcalins.
» Cette diminution progressive et continue parait commencer vers
l'époque de la formation de la graine, et dure jusqu'au moment de la
récolte; mais il ne m'a pas été possible de constater l'indice d'un trans-
port de matières azotées, pendant le javelage de cette partie de la plante,
vers la région supérieure.
» 6° En rapprochant ces derniers résultats de ceux que nous venons de
résumer plus haut, on se trouve conduit à admettre que, pendant les der-
nières semaines de la végétation de la piaule, la plupart des éléments consti-
tutifs dont la graine s'enrichit doivent provenir en très-grande partie, si ce
n'est entièrement, de la masse des produits similaires accumulés et en quel-
que sorte emmagasinés dans la partie supérieure des rameaux jusque vers
l'époque de la formation de la graine. Il resterait encore, pour compléter
cette étude sur le développement de la graine et de la plante en général, à
pénétrer plus avant dans la nature intime des principes qui s'y développent
et s'y accumulent successivement; mais c'est un travail extrêmement com-
plexe, qui exigerait encore de longues études pour conduire à des résultais
utiles. J'avais signalé, dans un travail antérieur, l'abondance et la rapidité
avec laquelle, sous l'influence de l'air, la graine de colza normale dégage
de l'acide carbonique, dans les greniers où elle est habituellement emma-
gasinée. En suivant d'un peu plus près ce dégagement, et en opérant sur
de la graine récoltée et conservée dans de très-bonnes conditions de siccité,
j'ai pu constater :
» i° Que la graine de colza, lorsqu'elle est parvenue à son état hygro-
métrique normal, absorbe l'oxygène de l'air et dégage del'acide carbonique;
« 20 Que cette absorption d'oxygène et ce dégagement d'acide carbo-
nique, qui commencent immédiatement après la récolte, se manifestent
encore, au bout de cinq mois, avec une intensité peu différente de ce qu'elle
était an début;
» 3° Que la proportion d'oxygène absorbée ne paraît pas complètement
représentée par l'acide carbonique exhalé; c'est-à-dire que cette sorte de
respiration de la graine aurait quelque analogie, dans un de ses résultats
apparents, avec la respiration des animaux. Que devient l'oxygène absorbé
( 68. )
qui ne concourt pas à la production de l'acide carbonique exhalé? C'est
une question dont je n'ai pas encore complété l'étude, et dont j'espère
entretenir un jour l'Académie. »
RAPPORTS.
physique appliquée. — Rapport sur un appareil photographique présenté
par M. E. de Poilly.
(Rapporteur, M. Fizeau.)
« M. de Poilly, de Boulogne-sur-Mer, a soumis à l'Académie, dans sa
séance du 3 novembre dernier, la figure et la description d'un appareil
imaginé par lui, dans le but de rendre plus faciles et plus sûres, en les sim-
plifiant, quelques-unes des opérations les plus délicates de ia photographie.
» L'Académie m'ayant chargé d'examiner ce tiavail et de lui eu rendre
compte, je vais indiquer d'abord la nature du sujet traité par l'auteur, et
je rapporterai ensuite les moyens qu'il a imaginés pour résoudre la question
qu'il s'était proposée.
» On sait avec quelle rapidité la lumière modifie certaines couches im-
pressionnables employées dans la photographie; la promptitude de cette
action est généralement avantageuse en ce qu'elle permet d'obtenir des
dessins en ne soumettant la plaque sensible à l'influence de l'image lumi-
neuse de la chambre noire, que pendant un intervalle de temps très-court ;
mais à côté de cet avantage se manifestent des inconvénients qui, dans cer-
taines circonstances, peuvent augmenter beaucoup les difficultés des opé-
rations. En effet, plus la couche est impressionnable, plus on a à redouter
l'altération accidentelle de toute sa surface, sous l'influence de la lumière
diffuse, pendant les manipulations que la plaque doit subir, depuis le mo-
ment où elle a acquis toute sa sensibilité jusqu'à celui où le dessin, ayant
pris naissance, a pu être définitivement fixé. On sait, de plus, qu'avec les
substances les plus impressionnables, les préparations ne peuvent être faites
longtemps à l'avance sans nuire an succès des opérations. Il est donc né-
cessaire de soustraire la plaque sensible à l'action de la lumière diffuse pen-
dant une certaine période des opérations, et de plus de ne la préparer qu'au
moment d'obtenir l'image; double condition d'autant plus indispensable à
remplir, que la sensibilité de la couche impressionnable est plus grande.
On comprend qu'il doive, en général, résulter de là des difficultés particu-
lières dans les opérations photographiques, alors même que ces opérations
sont exécutées soit dans les villes, soit dans la campagne, près des endroits
( 68a )
habites, on l'opérateur peut toujours trouver un abri suffisamment clos et
obscur pour préparer ses plaques sensibles an moment convenable et hors
de l'influence de la lumière diffuse.
« Mais les difficultés deviennent bien plus grandes lorsqu il s'agit d'exé-
cuter ces opérations soit dans la campagne loin des habitations, soit dans
les solitudes des montagnes ou des forêts, et surtout dans les régions loin-
taines explorées par les voyageurs. Dans ces diverses circonstances, en
effet, toutes les opérations doivent être exécutées sur le lieu même où l'on
veut obtenir les images; et bien que, depuis longtemps, on ait imaginé
divers appareils, tels que tentes, manchons ou vases en connexion avec la
chambre noire, dans le but de faciliter ces opérations en mettant la couche
sensible à l'abri de la lumière extérieure, la question ne paraît pas avoir
reçu jusqu'ici de solution pratique qui ait eu l'assentiment général.
» Tel est le problème qui a attiré l'attention de M. de Poilly et dont il
propose une solution nouvelle dans le travail dont je rends compte à l'Aca-
démie.
» L'auteur y décrit un ensemble de dispositions mécaniques très-simples,
destinées à permettre d'exécuter les dessins photographiques en rase cam-
pagne, sous les rayons du soleil le plus ardent, sans que l'opérateur ait
besoin d'aucun abri, tente ou appareil analogue, dont les inconvénients ont
été souvent signalés par les voyageurs.
» Après avoir pris connaissance du Mémoire et des dessins présentés par
M. de Poilly, j'ai prié l'auteur de me rendre témoin de l'application de sa
méthode; en conséquence M. de Poilly s'est transporté avec son appareil
dans une localité choisie à dessein tout à fait découverte (c'était au milieu
du Jardin des Plantes), et là, sans abri d'aucune espèce, il a pu obtenir sur
verre, par le procédé bien connu de M. Legray, c'est-à-dire au collodion,
plusieurs clichés qui ne mont paru différer en rien de ceux que ion obtient
d'ordinaire, lorsqu'on fait une partie des opérations sous un abri clos et
obscur.
» Le principe qui a permis à M. de Poilly d'arriver à ce résultat intéres-
sant consiste à faire passer la plaque de verre qui doit recevoir l'image
dans plusieurs bassines et châssis hermétiquement clos et obscurs, le pas-
sage d'une enceinte à l'autre s'effectuant par la seule action de la pesanteur
siii' la plaque entièrement libre, et sans cpie la main de l'opérateur inter-
vienne pour ces déplacements, si ce n'est en faisant exécuter à ces appareils
des mouvements de bascule qui déterminent la chute de la plaque dans
l'enceinte qui doit la recevoir. Pendant ces mouvements divers, les réactifs
( 683 )
chimiques auxquels la plaque est soumise ne passent pas avec celle-ci d'une
enceinte dans l'autre, mais sont retenus dans le vase qui les contient par des
cloisons ingénieusement distribuées.
» Les différentes parties qui composent l'appareil de M. de Poilly sont
exécutées en gutta-percha et dans des conditions qui m'ont paru très-favo-
rables à la facilité et à la promptitude des manipulations, ainsi qu'à une
réduction très-notable dans le bagage nécessaire aux opérations photogra-
phiques. Ces avantages paraîtront surtout précieux pour les voyageurs qui
s'empresseront, sans doute, de mettre à l'épreuve le nouvel appareil; et si^
comme tout le fait espérer, une expérience prolongée, au milieu de circon-
stances variées, ne vient pas y révéler quelque inconvénient inaperçu
jusqu'ici, M. de Poilly aura réalisé, par son ingénieuse invention, un pro-
grès important dans l'art de la photographie.
» En conséquence, j'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'adresser
des remercîments à M. de Poilly à l'occasion de son intéressante commu-
nication. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant de la Section d'Astronomie, en remplacement de feu
M. le général Brisbane.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Cayley obtient 38 suffrages.
M. Otto Struve 5 »
MAL Goldschmidt et Plantamour chacun., i »
M. Cayley, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi-
nation de la Commission chargée de décerner, s'il y a lieu, le grand prix
de Mathématiques (question concernant la théorie des polyèdres).
MM. Bertrand, Bonnet, Chasles, Serret et Liouville réunissent la majorité
des suffrages.
L'Académie procède enfin, toujours par la voie du scrutin, à la nomina-
tion de la Commission chargée de décerner le grand prix des Sciences phv-
( 684 )
siques production des animaux hybrides au moyen de la fécondation arti-
ficielle).
(Commissaires, MM. Milne Edwards, de Quatrefarges, Flourens,
Blanchard, Coste.)
M. Axdkal, nommé dans la précédente séance Membre de la Commission
pour les prix de Médecine et de Chirurgie, est sur sa demande remplacé
dans cette Commission. M. Milne Edwards, qui avait obtenu le plus de suf-
frages après M. Longet, le dernier des Membres désignés par le scrutin,
occupera la place laissée vacante.
MÉMOIRES LUS.
économie rurale. — Mémoire sur les travaux de dessèchement, d'irrigation
et de mise en culture des marais du littoral de l ' Océan, situés entre l'embouchure
de ta Gironde et le bassin d' Arcachon ; par M. Cha.mbrelext. (Extrait par
l'auteur.)
« Toute la partie du plateau des Landes, située entre 1 embouchure de
ia Gironde et le bassin d'Aroachon, présente une superficie d'environ
2000 kilomètres carrés, dont la pente, inclinée vers l'Océan, y renvoie
directement la totalité des eaux qui tombent sur cette vaste étendue de
terrain. Mais ces eaux, arrivées au pied du versant, le long du littoral de
l'Océan, y sont arrêtées par les dunes de sable qui se sont formées sur cette
partie du rivage de la mer. Ces dunes forment une chaîne d'environ
60 mètres de hauteur, qui règne d'une manière continue depuis la Gironde
jusqu'au bassin d' Arcachon, sur une longueur de 100 kilomètres. 11 n'existe,
sur ces 100 kilomètres, absolument aucune voie, aucune issue quelconque
pour écouler dans la mer l'énorme masse d'eau qui arrive de toutes les
parties de ce versant des Landes. On peut se faire une idée des effets qu'avait
produits, depuis des siècles, l'accumulation d'une aussi grande masse d'eau
sur une vaste étendue de terrain généralement peu inclinée.
» Entre le pied de ce versant des Landes et la chaîne des dunes du litto-
ral, régnaient, il y a quelques années encore, de vastes marais, des étangs
et des lacs, dont quelques-uns présentaient jusqu'à 17 kilomètres de lon-
gueur, sur 5 mètres de largeur. Non-seulement la population des environs
était décimée par les fièvres endémiques qui régnaient au milieu du pays,
mais elle était souvent inondée par l'envahissement des eaux des étangs.
( 685 )
que refoulait vers l'intérieur des terres la marche incessante des dunes mo-
biles, poussées elles-mêmes par les flots de l'Océan.
» Les travaux d'assainissement que nous avions jugés nécessaires, dès
l'année 1 84 '-* » pour assurer la mise en culture des 200000 hectares de cette
partie du plateau des Landes, devaient encore augmenter l'étendue et la
profondeur de ces marais et étangs, en y jetant rapidement de bien plus
grandes masses d'eau par l'ouverture des fossés d'assainissement. Il con-
venait donc, avant d'entreprendre les travaux d'assainissement et de mise
en valeur de cette partie des Landes, d'assurer le dessèchement de ces
marais et étangs. Ce dessèchement, nécessaire à la mise en valeur des
Landes, devait d'ailleurs avoir pour résultat d'assurer la mise en culture
d'une étendue de marais de i/jooo hectares, dont le sol, couvert d'eau
depuis des siècles, avait reçu de nombreux dépôts qui devaient lui donner
une grande fertilité.
» Il y avait lieu en même temps, tout en cherchant à débarrasser ces
marais des eaux qui les couvraient, de chercher à conserver dans les vastes
étangs qui s'étaient formés naturellement, des réservoirs d'eau destinés à
irriguer en été les terrains desséchés.
» C'est cet ensemble de travaux, dont nous avions étudié les projets
depuis 1842, et cpii s'exécutent aujourd'hui avec un plein succès, qui fait
l'objet du présent Mémoire.
» Dans un Rapport plus détaillé, que nous demandons à l'Académie la
permission de lui soumettre, nous avons rendu compte de tous les calculs
et de tous les travaux nécessaires pour assurer le débit de toutes les eaux
des marais, et arriver à leur complet dessèchement. Voici quel est, au point
de vue du dessèchement, le résultat définitif de l'opération.
» Le montant des travaux, estimés 760000 francs, s'élèvera à la somme
de 800000 francs.
» L'étendue des terrains marécageux desséchés présentera une surface
totale de 1 3 858 hectares, dont une partie est irrigable, et dont l'autre par-
tie peut être mise en valeur avec succès.
» L'augmentation de 40 000 francs dans les dépenses prévues provient
en partie d'une cause que nous devons signaler, car elle a amené un résultat
important.
» Au moment de commencer les travaux au milieu de ces marais où l'on
ne pouvait séjourner sans être atteint des fièvres paludéennes, nous étions
effrayé des maladies que développaient dans les chantiers les terrassements
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 13.) 9°
( 686 )
et les premiers moments du dessèchement. Dans une visite que la Commis-
sion d'hygiène du département voulut bien faire avec nous, avant la mise
en activité des chantiers, elle indiqua une série de mesures qui lui parais-
saient les plus propres à conjurer le mal pendant le moment de crise que
nous avions à traverser.
» Les concessionnaires du dessèchement, qui exécutaient les travaux a leurs
frais, n'ont reculé devant aucun des sacrifices qui leur ont été demandés
pour se conformer aux mesures indiquées, et, grâce à ces mesures, nous
avons eu la satisfaction de maintenir dans les chantiers un état sanitaire
plus satisfaisant que dans bien d'autres chantiers du département, placés
dans des conditions hygiéniques beaucoup moins défavorables.
» Une autre précaution a contribué encore à éviter les inconvénients des
premiers effets du dessèchement. Quand notre canal arrivait l'été dans des
parties de marais qu'il pouvait dessécher immédiatement en permettant
l'écoulement de la totalité des eaux qui couvraient le sol, nous ne laissions
pas le dessèchement s'opérer tout de suite. Nous maintenions les eaux dans
le marais, ou nous en faisions venir de nouvelles des étangs supérieurs, jus-
qu'aux premières pluies de l'hiver. Ce n'était qu'au commencement de ces
pluies que nous faisions évacuer la totalité des eaux du marais. Nous évi-
tions une dessiccation trop rapide du marais, dans les moments de fortes
chaleurs.
» L augmentation de dépense de 4oooo francs, que ces précautions ont
nécessitée, est bien faible a côté des avantages que nous en avons obtenus.
» Les eaux d'irrigation que nous utilisons sont celles provenant des étangs
de Lacanau et d'Hourtins, présentant une superficie de 10 ooo hectares.
» Les eaux de ces étangs proviennent principalement des eaux pluviales
qui tombent sur le sol sablonneux de cette partie des Landes: c'est-à-dire
qu'elles contiennent très-peu de sels minéraux et de matières fertilisantes,
dont le dépôt puisse agir comme engrais sur les terrains arrosés.
» D'après plusieurs analyses faites sur ces eaux, elles n'ont jamais donné
plus de ogr,i3, par litre, de sels de chaux auxquels se trouvaient mêlés au
plus os',o6 de chlorure de sodium, de silice et d'oxyde de fer.
» Ces eaux ne peuvent agir efficacement que pour rafraîchir la terre:
mais c'est déjà un grand avantage dont on peut retirer de bons résultats.
» La quantité d'eau à donner à un hectare pour une irrigation come-
nable varie suivant la qualité du terrain et la culture qu'on y fait.
» Les terres desséchées des marais du littoral, qui peuvent être arrosées,
sont des terres en partie sablonneuses, mais au-dessous desquelles règne, à
(687 )
une faible profondeur, une couche imperméable d'alios. Sur la zone
située du côté de la Gironde, les parties basses contiennent une certaine
proportion d'argile qui va cpielquefois jusqu'à 3o pour ioo, et qui pourra
être encore augmentée par le colmatage. Sur ces terres on peut faire, avec
le plus grand avantage, des cultures arables qui, d'après les essais déjà
faits sur des parties isolées, donneront les plus beaux résultats. Sur des
terrains déjà desséchés, situés entre la pointe du fleuve et l'embouchure de
notre canal de dessèchement, des terrains bordant le fleuve ont donné, sans
engrais, 25 à 28 hectolitres de froment à l'hectare.
» Pour les parties sablonneuses où il n'est pas possible de faire arriver
les alluvions de la Gironde, le meilleur parti est de les convertir en prairies
auxquelles on donne une forte fumure, et qui, avec l'irrigation de l'eau des
étangs supérieurs, pourront donner de 4ooo à 45oo kilogrammes de foin.
» Ces terrains ou prairies nécessiteront plus d'eau que les terres exploi-
tées en cultures arables; mais on peut admettre qu'en comptant en moyenne,
pour les unes et pour les autres, 5oooo mètres cubes d'eau par hectare et
par an, elles auront une irrigation bien convenable. En supposant une irri-
gation pendant six mois, du ier avril au 3o septembre, cela ferait 277 mè-
tres cubes d'eau par jour; c'est une irrigation favorable qu'on peut consi-
dérer comme d'autant plus suffisante, que sur ces côtes de l'Océan où sont
situés les terrains à irriguer, il est très-rare que nous ayons une longue
sécheresse: le mois d'avrd notamment est si généralement pluvieux, que
bien souvent on pourra se dispenser d'irriguer dans ce mois, et conserver
une partie des 5o 000 mètres cubes pour les donner plus abondamment dans
les plus fortes sécheresses. Des prairies bien faites, et recevant ainsi
Soooo mètres cubes d'eau par année, pourront nous donner 3ooo kilo-
grammes de foin et 1 200 kilogrammes de regain.
» D'après les calculs exposés dans notre Mémoire, la quantité d'eau dont
nous pouvons disposer chaque année est de 100 millions de mètres cubes.
Nous pouvons ainsi irriguer 2000 bectares dans les étés les plus secs.
» Nous rendons compte, dans notre Mémoire plus détaillé, du résultat
des différentes cultures les plus convenables à faire dans ces terrains.
» Les indications que nous donnons sur ces différentes cultures sont
généralement suivies par les propriétaires; mais elles n'ont cependant rien
d'absolu et sont souvent modifiées avec avantage p'ar des petits propriétaires
vivant sur les lieux du produit de leur travail, et qui peuvent trouver plus
d'avantages dans certaines cultures plus appropriées à leurs besoins, à leur
goût et aux ressources particulières dont ils disposent.
» L'œuvre d'ensemble était le dessèchement complet de tous les terrains
90..
( 688 )
marécageux, et la création de moyens d'irrigation pour une partie des ter-
rains desséchés; c'est l'œuvre que nous avons cherché à accomplir et que
nous sommes sur le point de terminer. Elle aura rendu la salubrité aux
habitants, créé pour les propriétaires 14000 hectares de terrains précédem-
ment incultes et malsains, et elle aura eu enfin pour résultat définitif de
permettre l'assainissement et la mise en valeur de 200 000 hectares de landes
autrefois incultes et sans valeur, et qui, moyennant de faibles dépenses,
représenteront dans moins de vingt ans une valeur de aoo millions.
» On citerait difficilement un si grand résultat, obtenu avec si peu de
frais, dans les annales de l'agriculture en France. »
( Renvoi à l'examen de la Section d'Economie rurale.)
MÉMOIRES PRESENTES.
ht ni CI CULTURE. — Culture du mûrier et élevage du ver à soie dans leurs rapports
avec la pébrine. — Nouvelles études et expériences séricicolesj ailes pendant les
dernières campagnes de 1860, 1861 et 1861, Jaisant suite aux « Observations
pratiques sur la maladie actuelle des vers à soie, faites en Orient en 1857, 1 858
et 1859 >• ; Note de M. R.-J. Difour, présentée par M. de Quatrefages.
(Renvoyé à la Commission des Vers à soie.)
L'auteur analyse succinctement ses observations pratiques de 1807,
1 858 et 1 85g ; il démontre la supériorité des habitudes séricicoles de l'Orient
sur les errements de l'Occident, tout en signalant une lacune dans l'éle-
vage oriental, savoir : le manque de soins de la part des éducateurs pour
prémunir les vers à soie contre les intempéries. Ce défaut a été la seule
c;:',ise des mécomptes de l'Orient pendant les campagnes de i85^ et j 858.
Il établit aussi que le système oriental de culture et de recepage annuel du
mûrier sauvage, qui cadre avec l'élevage aux rameaux, est on ne peut plus
supérieur à la méthode occidentale. Ainsi traité, l'arbre produit 25 pour 100
«le feuilles en plus, et la feuille du sauvageon recepé annuellement contient
25 pour 100 de substances assimilables et 5 pour 100 de matière soyeuse
«le plus que celle du mûrier greffé, même lorsqu'il est rerepé comme le pré-
cédent. Ces différences ont été accusées par deux petites éducations du
même nombre de vers et de même race, alimentés les uns avec des feuilles
de mûrier greffé et recepé annuellement, et les autres avec des feuilles de
mûrier sauvage aussi recepé annuellement. Les premiers ont consommé et
rendu en excréments 3o pour 100 de plus que les seconds.
» La manière de distribuer la fouille attachée au rameau aux vers éla-
( 68y )
blis sur le plancher des magnaneries procure aux éducateurs de l'Orient
une économie de 70 pour 100 de main-d'œuvre. En outre, l'élevage aux
rameaux, sur le plancher même des magnaneries, n'exige pas plus d'espace
que l'élevage occidental.
» S'appuyant sur l'expérience ci-dessus relatée, et tout en constatant cpie
la maladie actuelle est une épidémie héréditaire se compliquant accidentel-
lement de maladies intercurrentes variables, l'auteur pose en fait que ce
fléau n'a apparu en Orient, pour ainsi dire, qu'à l'état de symptôme et
seulement dans quelques localités à plantations de mûrier greffé, notam-
ment à Demerdéche, en Anatolie, et à Andrinople, en Roumélie. Il con-
clut, à raison même de ces deux exceptions, que l'immunité dont jouissent
les autres parties de la Turquie ne doit être attribuée qu'à la culture du
mûrier sauvage et à son recepage annuel. Il explique ce résultat par la
remarque que, en empêchant le développement des fruits, cette pratique
donne à la feuille un principe nutritif qui tourne tout entier à l'avantage
des vers à soie. Par suite, il conclut que l'origine de la maladie ne peut être
imputée qu'à la qualité de la feuille servie aux vers à soie ainsi qu'au mode
erroné d'élevage en Occident, et qu'en définitive l'épidémie ne peut dis-
paraître qu'à la condition d'adopter les habitudes séricicoles de l'Orient et
ses races robustes.
» L'auteur revient à la question qui domine toutes les autres, celle des
expériences pratiques. Voici le résultat de l'une d'elles qui a été faite chez
M. Apostole, propriétaire -cultivateur à Demerdéche. 3oo vers, race de
Eefké, nourris avec des feuilles de mûrier greffé recepé annuellement, et
3oo vers, même race, nourris avec des feuilles de mûrier sauvage recepé
annuellement, élevés simultanément et à côté l'un de l'autre, ont donné,
au profit des vers nourris avec les mûriers sauvageons:
» i° 27 pour 100 de plus en vers ayant filé;
» a0 23 pour 100 d'économie de feuilles pour la nourriture;
» 3° s3 pour 100 d'assimilation de plus, ce qui est prouvé par la diffé-
rence de poids entre les deux résidus excrémentitiels, pour le même nombre
de vers de part et d'autre;
» 4° 5 pour 100 de rendement en plus de poids pour les cocons;
» 5° 23 pour 100 de rendement en plus en soie.
» Outre ces différences au détriment des éducations alimentées avec des
feuilles de mûrier greffé, même recepé annuellement, l'expérimentateur
constate encore à l'avantage des habitudes séricicoles de la Turquie en
opposition aux errements de l'Europe :
( 690 )
» 6° a5 pour ioo d'économie de feuilles résultant de la distribution des
feuilles attachées aux rameaux;
» 70 85 francs d'économie de main-d'œuvre par élevage de chaque once
métrique de graines, au moyen du recepage annuel et de la distribution des
feuilles attachées aux rameaux ;
» 8° Et 2o pour ioo de production de feuilles de plus en cultivant les
mûriers à l'orientale.
» Les diverses expériences physiologiques de 1861 ont été faites contra-
dicloirement et ont donné relativement les mêmes résultats qu'en 1860,
résidtat démontré par le poids relatif des deux échantillons de soie an-
nexés : le sauvage pesant 88 grammes, le greffé pesant 69 grammes. L'au-
teur a démontré l'exactitude de ses calculs en établissant la balance des
rendements par entrée et sortie.
« M. Dufour rend compte aussi d'une expérience qui a été suivie pendant
trois années consécutives; il s'agit d'un essai de quelques vers en race jaune
de Toscane, dont l'élevage et la ponte des œufs ont été surveillés très-atten-
tivement. L'auteur regarde cette éducation comme très-remarquable par le
changement de couleur qui s'est opéré du jaune au blanc, en trois ans,
et au fur et à mesure que l'économie animale de l'insecte était rétablie par
la nourriture (feuilles de mûrier sauvage recepé annuellement et servies
avec les rameaux). Il a vu la maladie héréditaire disparaître à la troisième
génération, ainsi que cela est prouvé par les trois échantillons de cocons
annexés. Suivant l'auteur, le changement de couleur bien constaté du jaune
au blanc sur un terrain calcaire, en regard de la transformation contraire
du blanc au jaune dans des localités à base argileuse, serait la justification
complète de ses doctrines.
» Relativement à la campagne de 1862, l'auteur, tout en constatant que
le résultat de nouvelles expériences physiologiques corrobore complètement
les données des précédentes années, en relate une encore plus péremptoire
que les autres : en effet, cette éducation comparée a produit le même écart
au détriment des vers nourris avec la feuille des mûriers greffés, quoi-
que les vers aient été nourris des deux côtés avec des feuilles détachées des
rameaux, ce qui constate toujours le même résultat dans toutes les condi-
tions possibles, voire même avec l'élevage occidental. Et par surcroît l'au-
teur fait remarquer une différence de 3o pour 100 au détriment de cette édu-
cation alimentée avec des feuilles détachées des rameaux, comparativement
aux autres expériences dont les vers ont été nourris avec des feuilles attachées
aux rameaux, c'est-à-dire en élevant à l'orientale.
( 69i )
» L'auteur fait suivre l'exposé des expériences susmentionnées d'obser-
vations générales et de déductions; et, afin de se faire mieux comprendre,
il résume son Rapport par une appréciation graduée des diverses qualités
de feuilles de mûrier, faite en vue de leur influence sur la santé des vers et
de leur bon rendement. Il établit ensuite le bilan des résultats obtenus el
relatés dans son travail. L'ensemble montre aux éducateurs de l'Occident la
cause et le remède de la maladie, et prouve qu'il est possible d'obtenir an-
nuellement une production séricicole de plus du double de la récolte avant
l'épidémie, soit pour la France le résultat annuel de 38o millions de francs,
au lieu de 17^ millions. M. Dufour termine en demandant qu'on veuille
bien contrôler en Occident, par des expériences pratiques, les résultats
qu'il a obtenus en Orient pendant les trois dernières campagnes séricicoles
de 1860, 1861 et 1862. »
En présentant le travail de M. Dufour, M. de Quatrefages ajoute :
« Dès 1860, j'avais présenté à l'Académie un premier Mémoire de
M. Dufour et signalé l'intérêt sérieux qui s'attachait aux renseignements
el aux chiffres apportés par cet honorable délégué du commerce français à
Constantinople. L'extrait du Mémoire que je remets aujourd'hui en son nom
me semble plus digne encore de fixer l'attention de toutes les personnes qui
s'intéressent à l'industrie des soies. L'auteur a fait pendant trois ans des
expériences comparatives, et les chiffres qu'il apporte ont une éloquence
que l'Académie appréciera aisément. Parmi ces expériences, i! en est une
fort curieuse à bien des titres, c'est celle qui, en trois ans, a transformé des
cocons jaunes en cocons blancs. Qu'on accepte ou non les conclusions
théoriques tirées par l'auteur, le fait n'en est pas moins intéressant.
» Laissant de côté quelques-unes des opinions théoriques de l'auteur,
qui seraient peut-être discutables, il est facile de voir que les moyens pra-
tiques proposés par M. Dufour, pour lutter contre la pébrine, s'accordent de
tout point avec les principes acceptés aujourd'hui par tous les sériciculteurs
éclairés, et que la Commission des vers à soie a souvent rappelés ici même.
» Il me sera permis d'ajouter que les expériences de M. Dufour justi-
fient entièrement l'opinion que j'ai émise depuis longtemps, savoir : qu'en
sériciculture, les grands progrès doivent s'accomplir surtout par la simplification
des procédés.
» Il reste maintenant à constater par des expériences en grand faites en
France que la pratique est ici d'accord avec la théorie, et que notre pays se
prête aussi bien que l'Orient au recepage annuel des mûriers, à l'élevage
( 69^ )
aux rameaux. C'est ce que M. Dufour demande tout le premier, et je me
joins à lui pour exprimer le vœu que ces expériences soient promptement
tentées. »
médecine vétérinaiee. — Nolesuriin nouveau procédé d 'inoculation de la péri-
pneumonie exsudalive et contagieuse des bêles bovines; par M. Ch. Lexglen.
(Extrait.)
(Commissaires, MM. Andral, Rayer, Bernard.;
« Il y a une douzaine d'années, un médecin belge, M. le Dr Wilhem, de
Hasselt, eut l'idée d'extraire de la sérosité du poumon d'une bête abattue
pour cause de péripneumonie, et d'inoculer cette sérosité à d'autres bétes
bovines saines, dans le but de les rendre réfractaires à la contagion de cette
maladie. Le succès a couronné cette tentative, et il est avéré aujourd'hui
que ce genre d'inoculation met les animaux qui l'ont subi à l'abri des
atteintes de la péripneumonie exsudative et contagieuse.
» Jusqu'à présent, on s'est borné à suivre cette méthode primitive en lui
faisant subir quelques modifications dans le but de rendre moins fréquents
les accidents que l'on constatait souvent après cette opération. J'ai dû,
moi-même, chercher à mettre mes opérés à l'abri de ces accidents si fré-
quents et si funestes, en modifiant les procédés suivis précédemment. Après
diverses tentatives qui ont eu plus ou moins de succès, je me suis arrêté au
moyen suivant, qui rend l'inoculation delà péripneumonie exsudative une
opération aussi simple et aussi bénigne que celle de la vaccine chez les
enfants.
» J'ai, du reste, employé ce procédé sur plus de mille têtes, et je n'ai eu
a déplorer aucun accident, si mince soit-il.
» i° Le 17 janvier 1861, j'ai pris du virus dans le poumon d'un bœuf
affecté de la péripneumonie depuis quatre à cinq jours, et j'ai inoculé ce
virus à quatre vaches maigres habitant une étable où régnait cette affection.
» 20 Le 10 février, c'est-à-dire vingt-quatre jours après l'inoculation, la
queue de ces quatre vaches était le siège d'un engorgement chaud, dou-
loureux, s'étendant, du bout de la queue, à une hauteur de 25 centimètres
environ.
» 3° Je coupai, ce même jour, 10 février, la queue d'une de ces vaches,
juste à la limite de l'engorgement, et je la transportai dans une autre étable
où régnait la péripneumonie.
» 4° J'incisai d'un bout à l'autre cette portion que j'avais excisée, et
( 693)
immédiatement de la sérosité claire, citrine, se répandit dans le fond de l'in-
cision. C'est cette sérosité qui m'a servi à inoculer douze autres bêtes qui
ont présenté les phénomènes consécutifs à l'inoculation avec des caractères
identiques à ceux qu'elle revêt alors qu'elle est faite par les moyens ordi-
naires.
» 5° J'ai excisé ensuite la queue de ces vaches, qui m'ont servi à en ino-
culer d'autres, de la même manière, sur lesquelles j'ai ensuite pris du virus
que j'ai transporté sur un quatrième lot, et ainsi de suite, de sorte qu'au-
jourd'hui je me sers d'un virus arrivé à la vingt-cinquième génération,
lequel n'a en rien perdu de sa vertu préservative. Les phénomènes locaux
de l'inoculation sont beaucoup moins sensibles que lorsque l'on se sert de
virus pris directement dans un poumon malade, et on est à l'abri des acci-
dents de gangrène générale ou partielle de la queue et, quelquefois, de gan-
grène septique qui entraînait la mort des animaux opérés. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Reproduction des gravures sur métal et verre par filtra -
lion de substances actives à traveis les blancs et par l'action des courants.
Impression électrique sur tissus; par M. A. Merget.
(Commissaires, MM. Becquerel, Balard, Fizeau.)
« M. Vial ayant fait connaître, dans la séance du 16 mars dernier, de
nouveaux procédés de reproduction des gravures, je décrirai sommairement
dans cette Note le résultat des recherches que j'ai depuis longtemps entre-
prises sur la même question, et que j'ai déjà consignées dans un paquet
cacheté, à la date du 5 décembre i85o,.
» Pour obtenir des empreintes métalliques d'une gravure, au lieu de la
traiter par la méthode de M. Vial, je l'applique sur une plaque de métal
immergée dans un bain d'eau pure et je la recouvre de plusieurs doubles
de papier collé ou d'étoffe, dont le dernier est imprégné d'une solution
saline dont le métal est précipitable par celui de la plaque. En pressant le
tout, la solution filtre d'abord lentement à travers les doubles, puis à tra-
vers les blancs de la gravure au-dessous desquels elle vient se précipiter, en
formant un dépôt adhérent ou pulvérulent, suivant la nature des sels em-
ployés. Dans le second cas les traits sont marqués par un léger relief.
» Je crois avoir observé le premier que cette image métallique peut, à
volonté, se graver en creux ou en relief. Si, par exemple, elle a été formée sur
zinc, par le dépôt pulvérulent d'un métal des trois dernières sections, l'acide
C. K. iSfij, i*p Semesiie. (T. LVI, N" 15.) 91
( 694)
nitrique faible, attaquant les parties préservées par les noirs, a pour effet de
les creuser; les acides chlorhydrique, sulfurique, etc., produisent l'effet
contraire.
» Cette propriété peut être utilisée pour la préparation de clichés propres
à l'impression typographique.
» Lorsqu'une gravure a été décalquée sur zinc, par les méthodes ordi-
naires de report, ou un dessin effectué au crayon gras, on éprouve des dif-
ficultés très-grandes à produire une première morsure un peu profonde en
conservant les traits les plus délicats. Cette difficulté disparaît si on plonge
préalablement la plaque dans la solution d'un sel des trois dernières sec-
tions dont le métal soit précipitable à l'état pulvérulent.
» En attaquant ensuite par l'acide chlorhydrique faible on obtient, sans
risque d'accident, une morsure assez nettement accusée pour permettre les
nouveaux encrages nécessaires pour augmenter les creux.
» Des essais, entrepris en commun avec un habile typographe bordelais.
M. Gagnebin, nous ont conduits à la préparation industrielle de clichés qui
joignent au mérite d'une grande fidélité de reproduction celui d'une sim-
plification très-prononcée du manuel opératoire.
» Les dessins tracés sur zinc avec les encres métalliques sont mis en relief
par i'acide nitrique, en creux par les acides chlorhydrique, sulfurique, etc.
» La reproduction des gravures par voie de filtration à travers les blancs
s'obtient également en remplaçant les sels des expériences précédentes par
toutes les substances capables d'agir chimiquement sur le métal de la plaque,
et les doubles superposés portent alors, dans la plupart des cas, des images
négatives ou positives qu'on peut utiliser pour la teinture.
» Les gaz eux-mêmes sont aptes à jouer le rôle d'agents reproducteurs, et
une plaque de verre, recouverte d'une gravure mouillée avec de l'eau légè-
rement gommée, se grave par l'exposition aux vapeurs de l'acide fluorhy-
drique qui attaque seulement, en les dépolissant, les surfaces correspon-
dantes aux blancs.
» J'ai encore employé l'électricité dynamique à graver sur métal, en
creux ou en relief, une épreuve imprimée avec une encre non conductrice.
Il suffit pour cela de placer cette épreuve sur une plaque de métal, dans un
bain électrolytique, tel qu'une solution saline, de la recouvrir de plusieurs
doubles de papier sans colle ou d'étoffe, et d'une seconde plaque de même
dimension que la première. En faisant passer un courant à travers ce sys-
tème, on obtient des effets faciles à prévoir. Si la plaque en contact avec
l'épreuve est positive, elle est corrodée en regard des blancs par l'acide du
(695)
sel, et les noirs se dessinent alors en relief; si elle est négative, le métal du
sel se dépose galvaniquement au-dessous des mêmes blancs, en formant des
réserves qui permettent ensuite d'obtenir une taille-douce.
» Si l'électrode positif est recouvert d'une mince couche d'un métal diffé-
rent, l'enlèvement de celui-ci au-dessous des blancs donne lieu à des effets
de damasquinure.
» Ces expériences ont mis en évidence un mode particulier de propaga-
tion des courants à travers les électrolytes gênés dans leurs mouvements. Ces
courants, au lieu de s'irradier dans toutes les directions dans la masse élec-
trolytique, se propagent normalement, ou à peu près, aux surfaces de sortie,
et l'image de la gravure appliquée sur l'un des électrodes peut ainsi se re-
produire sur l'autre à une distance assez grande.
» De plus, les doubles interposés reçoivent sur le trajet des courants des
dépôts de substances insolubles, qui se fixent toujours en regard des blancs
et donnent des empreinles ordinairement négatives, qui, lorsqu'elles sont
formées par des oxydes, peuvent servir de mordants et fixer des couleurs
dans les bains de teinture.
" J'étudie en ce moment les questions théoriques et pratiques qui se
rattachent à ces faits, qui sont, je le crois, signalés pour la première fois. »
Sur la demande de l'auteur, deux Notes relatives à ce procédé de gravure
qu'il avait déposées sous pli cacheté, à la date du 5 décembre 1859 et du
8 octobre 1860, sont ouvertes et paraphées par M. le Secrétaire perpétuel.
PATHOLOGIE. — De la déviation des règles et de son influence sur l'ovulation ;
par M. A. Puech.
(Commissaires, MM. Milne Edwards, Rayer, Bernard.)
L'auteur, en terminant son travail, le résume sous forme de conclusions
dans les termes suivants :
« i°On dit qu'il y a déviation des règles, hémorragie supplémentaire, lors-
qu'il se fait à des époques périodiques un écoulement de sang par des parties
autres que les voies génitales.
» 20 Toutes les parties du corps peuvent donner naissance à ces hémor-
ragies; néanmoins, elles ont des sièges de prédilection parmi lesquels il
faut signaler l'estomac (32 fois), les mamelles (20 fois), les poumons
(24 fois), la muqueuse nasale (18 fois).
» 3° Toutes les observations bien prises accusent comme antécédents,
soit des phénomènes hystériques, soit une sensibilité nerveuse exagérée.
91..
( %6)
» 4° Les règles font le plus souvent défaut (i83 fois), mais (i5 fois) au
même moment que l'hémorragie supplémentaire on a noté un léger suinte-
ment de sang.
» 5° Les organes génitaux sont le plus souvent sains; on les a trouvés
cependant altérés. Dans onze cas, il existait une atrésie soit congénitale, soit
accidentelle.
» 6° Hors ces derniers cas, l'absence des règles n'implique pas la sté-
rilité : à moins de désordres graves clans l'économie, l'ovulation continue à
s'effectuer et la rupture de la vésicule de Graaf coïncide avec l'époque de
la déviation.
» 70 La grossesse est donc possible et a été observée : elle suspend la dé-
viation, sauf à la voir reparaître soit après les couches, soit à la cessation
de l'allaitement.
» 8° Quoique compatible avec la santé et pouvant durer de la puberté
jusqu'à l'âge critique, la déviation est un acte pathologique : c'est même
un état grave, puisqu'il a causé plusieurs fois la mort. »
anatomie philosophique. — Mémoire de M. Foltz sur tliomolofjie des
membres pelviens et thoraciques de l'homme.
(Commissaires, MM. Serres, Floureus, Milne Edwards.)
L'extrait suivant delà Lettre d'envoi donnera une idée des conclusions
auxquelles l'auteur s'est arrêté sur cette question si souvent débattue :
« Pour résoudre le problème posé par Vicq d'Azyr, j'établis que le type
homologique, bien qu'au fond il reste le même, se révèle à nous sous deux
aspects différents, l'un symétrique, l'autre direct. Quand on compare deux
membres d'un même côté, on a l'homologie symétrique; quand ou compare,
à la manière de Vicq d'Azyr, deux membres de côtés opposés ou en diago-
nale, on a l'homologie directe.
» L'homologie symétrique est facile à démontrer entre le bassin et
l'épaule du même côté, entre la cuisse et le bras, entre la jambe et l'avant-
bras; mais il n'en est plus de même entre le pied et la main, car, la main
devant être placée dans la supination et l'extension pour établir la symétrie,
il arrive que le gros orteil est en dedans et que le pouce est en dehors.
» Cette difficulté grave, qui a résisté jusqu'ici aux efforts des anatomistes,
me semble heureusement résolue par la formule suivante:
» Le gros orteil est binaire et homologue des deux derniers doigts; le
pouce est binaire et homologue des deux derniers orteils.
» Le faisceau de preuves que j'ai rassemblées, pour la démonstration de
( 697 )
ce théorème, est, si je ne m'abuse, de nature à entraîner la conviction et .'
résoudre le problème de l'homologie des membres, a
M. Bloxdeau soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé :
« Action de l'iode et du brome sur l'amidon : étude de la matière colorante-
des végétaux ».
(Commissaires, MM. Pelouze, Fremy, Balard.)
OPTIQUE. — Nouvelle formule de la troisième partie de la loi de la réfraction de
ta lumière; par M. A. Baudrimont.
(Commissaires, MM. Pouillet, Fizeau.)
M. Vérité adresse une Note à l'occasion d'une communication récente de
M. Foucault « sur un moyen d'obtenir le synchronisme des horloges ».
« L'idée d'obtenirau moyen decourants électriques le synchronisme entre
deux ou plusieurs appareils chronométriques n'est pas certainement, dit
M. Vérité, le point sur lequel pourrait porter une réclamation de la part de
M. Foucault, et cette idée a été émise bien avant la communication laite à
l'Académie par M. Faye. M. Foucault a proposé un moyen de réaliser cette
idée; moi j'en ai non-seulement conçu, mais exécuté un autre : c'est ce que
je tiens à établir. »
La Note de M. Vérité et celle de M. Foucault sont renvoyées à l'examen
d'une Commission composée de MM. Pouillet, Faye et Séguier.
CORRESPOND ANCE .
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. Steiner, de Berlin, l'un de ses Correspon-
dants pour la Section de Géométrie. Le célèbre mathématicien est décédé
le ier de ce mois à Berne, ainsi qu'on l'apprend d'une Lettre de M. G. Sidler,
professeur de mathématiques dans cette ville.
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Plantamour, an
Mémoire « sur le climat de Genève »;
Et au nom de M. Arist. Dumont, la quatrième et dernière partie de son
ouvrage « sur les eaux de Lyon et de Paris ».
M. Scharoubine adresse de Pétersbourg une Note écrite en russe sur un
théorème de géométrie.
(Renvoi à l'examen de M. Bertrand.)
( 698 )
CHIMIE — Note relative aux acides càmphoriques inactifs ;
par M. J. Chautard, présentée par M. Pasteur.
« J'ai fait connaître, il y a quelques années, les propriétés d'un camphre
retiré delà matricaire, identique avec celui du Japon, tant sous le rappoi t
physique qu'au point de vue chimique, mais offrant cette particularité es-
sentielle que son pouvoir rotatoire s'exerce à gauche d'une quantité rigou-
reusement égale à celle que le camphre ordinaire présente à droite. Ces deux
camphres, mêlés à poids égaux, produisent un camphre complètement in-
actif que Ton peut appeler camphre racémique. J'ai indiqué, déplus, qu'en
traitant le camphre gauche et le camphre racémique par l'acide nitrique,
ils fournissent chacun un acide camphorique spécial ayant même com-
position, mêmes propriétés que l'acide camphorique droit ordinaire. Tou-
tefois, ces divers acides diffèrent l'un de l'autre par des propriétés optiques
et cristallographiques de même ordre que celles qui distinguent les divers
acides tartriques si bien étudiés par M. Pasteur.
» Les deux nouvelles séries que j'ai découvertes se composent donc
chacune de trois termes : le droit, le gauche et le racémique ou inactif pat-
compensation. Restait à trouver le quatrième terme, c'est-à-dire linactif par
constitution ; c'est sur lui que j'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Aca-
démie aujourd'hui, tout en indiquant le mode de préparation et les pro-
priétés de l'acide para ou racémo-camphorique, que je n'ai fait que signaler
jusqu'à présent.
» Acide camphorique inactif par compensation, para ou racémo-camph<>-
rique. — L'acide racémo-camphorique s'obtient soit en oxydant directe-
ment le camphre racémique, soit en mettant en présence, à poids égaux, les
deux acides càmphoriques droit et gauche. Il n'existe pas la moindre diffé-
rence entre les acides obtenus par ces deux procédés. Si l'on mélange une
solution alcoolique concentrée de chacun de ces deux acides, il se produit
immédiatement un abondant précipité blanc, en même temps que la tem-
pérature s'élève d'une manière notable. Dans une de mes expériences, cette
élévation a été de plus de 3o° au-dessus de la température ambiante.
» L'acide paracamphorique est bien moins soluble que ses congénères;
ainsi, dans l'alcool, sa solubilité est de 33 pour 100; dans l'éther, de
23 pour 100; dans l'eau elle est seulement de i pour 100. Le chloroforme
le dissout plus difficilement encore.
» A part ces différences de solubilité et son inactivité complète sur la
( 699 )
lumière polarisée, l'acide paracamphorique présente de grandes analogies
avec les deux acides actifs : même composition, même capacité de saturation
des bases. Les cristaux sont plus difficiles à obtenir ; cependant ils rentrent
dans le système du prisme oblique à base rhomboïdale et ne présentent pas
de traces d'hémiédrie.
» Les paracamphorates alcalins sont très-sol ubles dans l'eau et. in-
cristallisables. Le paracamphorate de baryte se dépose sous forme de
petites aiguilles prismatiques et exige environ 10 parties d'eau pour se
dissoudre.
•> En faisant bouillir un mélange de 10 parties d'acide paracampho-
rique, 20 d'alcool absolu et 5 d'acide sulfurique, on obtient, à la suite
d'une ébullition lente, un résidu qui, étendu d'eau, laisse déposer un pro-
duit huileux qui n'est autre chose que de l'acide paracamphorique.
» Ce liquide très-visqueux, d'une odeur particulière, plus dense que
l'eau, se décompose par la chaleur en élher paracamphorique et en acide
paracamphorique anhydre. Ces deux corps sont séparés à l'aide de l'alcool
bouillant, qui, en refroidissant, laisse déposer l'acide anhydre, tandis que
l'éther retenu en dissolution peut, après filtration, être précipité par l'eau.
» L'acide anhydre cristallise en petites aiguilles par l'emploi du chloro-
forme, qui en dissout environ 25 pour 100. L'éther en retient 4 pour 100,
et l'alcool seulement 1 \ pour 100. Sa composition et sa forme cristalline
sont les mêmes que celles des acides anhydres droit et gauche.
» L'éther paracamphorique est une huile incolore, très-odorante ; entre
en ébullition de 2700 à 275°, d'une densité égale à i,o3à i5°.
» Acide camplioriquc inactif par constitution. — En traitant par une dis-
solution de potasse concentrée et bouillante l'éther paracamphorique, on
régénère de l'alcool et un acide inactif différent de celui qui a servi à la
préparation de l'éther. En effet, cet acide est. pulvérulent, incristallisable,
d'une insolubilité à peu près complète dans les divers liquides ordinaire-
ment employés comme dissolvants. Il produit avec les bases alcalines des
combinaisons non cristallines; celle qui se forme avec l'ammoniaque est
très-soluble et se décompose lorsqu'on en concentre la dissolution,
» Cet acide est fusible et se sublime en perdant de l'eau, tandis qu'une
autre portion se décompose. Son pouvoir rotatoire est nul, autant qu'on a
pu en juger à i'aide d'une dissolution chloroformique dans un tube de
5oo millimètres.
» Sa composition , déduite de deux analyses, peut se représenter en cen-
( 7°° )
tiemes par
Carbone 5g, 7 58, 9
Hydrogène 8, 6 8,1
» En constatant autrefois l'inactivité du camphre de certaines labiées,
tant sur celui que j'avais extrait de la lavande des jardins qu'à l'aide de
quelques grammes de ce produit dû à l'obligeance de M. Biot, je me de-
mandais si cette passivité tenait à la nature propre de ses molécules, ou bien
à ce qu'il était formé par la réunion de deux substances de rotations con-
traires, de deux camphres droit et gauche, qui, se trouvant en proportions
égales, donneraient un système dépourvu de propriétés rotatoires. La trans-
formation du camphre de lavande en acide camphorique m'a permis, je
crois, de résoudre cette question, l'acide obtenu étant complètement iden-
tique à celui que j'ai obtenu directement par le procédé indiqué plus haut.
» La science se trouve donc aujourd'hui en possession de deux nouvelles
substances, le camphre et l'acide camphorique, offrant un exemple frap-
pant de ces modifications dont M. Pasteur nous a révélé l'existence par ses
découvertes relatives à l'acide tartrique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les alcools amyliques. — Action de la
chaleur sur l'aldéhyde; Note de M. Beuthelot, présentée par M. Balard.
« Deux méthodes générales permettent de former les alcools au moyen
des carbures d'hydrogène : l'une consiste à fixer de l'oxygène sur les car-
bures C2"H2"+2; l'autre à fixer les éléments de l'eau sur les carbures
C2*H2". C'est par la première méthode que j'ai changé le gaz des marais,
C2H% en alcool méthylique, C2H* O2, par l'intermédiaire de l'éther C2H3C1.
Les belles recherches de MM. Pelouze et Cahourssur les pétroles américains
et celles de M. Schorlemmer sur certaines huiles de houille ont prouvé
que cette méthode s'applique à toute la série des homologues du gaz des
marais.
» L'hydratation des carbures C2nH2n s'effectue par l'intermédiaire de
leurs combinaisons avec l'acide sulfurique ou les hydracides. C'est ainsi que
j'ai formé les alcools ordinaire et propylique, me bornant ensuite à établir
que les carbures d'un ordre plus élevé jouissaient, comme le gaz oléfiant et
le propylène, de la propriété de s'unir directement avec les hydracides.
M. Greville Williams a montré récemment que cette réaction s'appliquait
généralement aux carbures homologues du gaz oléfiant qui sont contenus
dans l'huile de boghead.
( 7GI )
» Divers faits conduisent à se demander si les hydrates dérivés des car-
hures C2"H2n sont identiques avec les oxydes formés par les carbures
C2nH2n+2, et aussi avec les alcools obtenus par fermentation. Voici ce que
l'on sait à cet égard :
» L'identité de l'alcool éthylique préparé par synthèse avec l'alcool de
fermentation ne nie paraît pas douteuse : toutes les propriétés physiques et
chimiques de ces deux corps et de leurs éthers, la forme cristalline des deux
éthylsulfates de baryte spécialement, sont absolument identiques.
« Les deux alcools propyliques, au contraire, diffèrent par l'odeur, par
la solubilité dans l'eau, par le point d'ébullition des alcools (i), et proba-
blement de leurs éthers butyriques et autres.
« Des différences analogues distinguent les alcools amyliques. En indi-
quant la formation synthétique des composés amylchlorhydrique et amyl-
bromhydrique, j'avais prévu que l'alcool amylique qui en dériverait ne
serait pas identique avec l'alcool amylique de fermentation (2). Et en effet,
M. Wurtz, obtenant pour la première fois cet hydrate artificiel, a reconnu
qu'il se distinguait par son odeur, son point d'ébullition et celui de ses
composés, situés i5° à 200 plus bas, son aptitude plus grande à être déshy-
draté, etc. (3). Les différences sont telles, qu'on peut se demander si cet
hydrate jouit réellement des propriétés d'un alcool. C'est pour éclaircir ce
doute que j'ai entrepris les expériences que je viens présenter aujourd'hui à
l'Académie.
» J'ai d'abord essayé de préparer l'hvdrate d'amylène au moyen de l'acide
sulfurique. Je l'ai obtenu en effet, mais en quantité trop petite pour en per-
mettre l'étude, presque tout le carbure se transformant soit en polymères,
soit en lin acide complexe et stable, analogue à l'acide iséthionique. J'ai eu
alors recours aux hydracides. Je me suis adressé de préférence au composé
chlorhydrique et à sa réaction sur les sels alcalins, désirant éviter les affini-
tés spéciales et perturbatrices de l'iode et de l'argent. Le composé C,0H,0HC
s'obtient aisément et à froid en dissolvant Pamylène dans quatre fois son
volume d'alcool absolu préalablement saturé de gaz chlorhydrique. Au
bout de vingt-quatre heures de repos, on étend d'eau et l'on distille la
couche qui surnage. Ce chlorhydrate bout vers 85° (4) et possède une odeur
(1) L'alcool propylique artificiel bout 120 à i5° plus bas que l'alcool de fermentation.
(Voir Chimie organique fondée sur la synthèse, t. I, p. i i^.)
(2) Même ouvrage, t. II, p. 754.
(3) Comptes rendus, t. LV, p. 371.
(4) Ce point est situé notablement plus bas que celui que j'avais indiqué d'abord.
C. R., iSG3, i« Semestre, (T. LVI, N° la.) 9"2
( 7°2 )
analogue à celle de la liqueur des Hollandais. J'ai fait agir sur ce corps:
i° la potasse aqueuse; 2° le benzoate et l'acétate de soude. Les décompo-
sitions sont lentes; elles exigent une température de i20°à i5o° soutenue
pendant quatre-vingts à cent heures.
» i° La potasse a fourni de Famylène, produit principal, et de l'hydrate
d'amylène, produit accessoire;
» 2° Le benzoate de soude sec a donné de l'amylène, qui est encore le
produit principal, et de l'éther amylbenzoïque C,0H'°, C" IIe ()*, formé
cette fois en proportion considérable. Cet éther régénère l'hydrate d'amy-
lène. L'acétate de sonde donne lieu à des résultats analogues, si ce n'est que
l'amylène domine davantage. Le benzoate de soude, additionné d'alcool,
a fourni de l'amylène, de l'éther, C4H50, un peu d'hydrate d'amylène,
Cl0Hl2O2, de l'éther éthylbenzoique, etc.
» Pour apprécier la valeur de ces résultats, il faut reproduire les mêmes
expériences avec l'éther amylchlorbydrique de fermentation.
» On sait déjà, par les expériences de M. Balard, que l'hydrate de potasse
le change en amylène. Le benzoate de soude a donné naissance à une petite
quantité d'amylène et à une quantité considérable d'éther amylbenzoïque
ordinaire. L'acétate de soude a produit également un peu d'amylène et de
l'éther amylacétique, apte à régénérer l'alcool de fermentation. Enfin le
benzoate de soude, additionné d'alcool, a fourni un peu d'amylène, de
l'éther C4 H50, des éthers éthyl et amylbenzoïque, etc.
» Il résulte de ces expériences que l'hydrate d'amylène artificiel forme
des éthers, soit avec les oxacides, soit avec les hydracides, aussi bien que
l'alcool amylique de fermentation. Les éthers à hydracides de ces deux
alcools subissent les mêmes décompositions. En présence d'un ôxysel, ils
fournissent également de l'amylène et un éther correspondant au sel ; seu-
lement l'amylène domine avec les éthers de l'alcool artificiel, tandis qu'il
se produit en proportion beaucoup plus faible avec les éthers de l'alcool
de fermentation. C'est une différence de degré dans les réactions et non une
différence de fonction chimique.
» Pour compléter ces résultats, il resterait à examiner l'alcool préparé au
moyen du carbure C,0H'". Le point d'ébullition de l'éther amylchlorby-
drique C'°H"Cl, dérivé de ce carbure par MM. Pelouze et Cahours, in-
dique qu'il est isomère et non identique avec le dérivé du carbure Cl0H'0 :
il se rapproche au contraire de l'éther fourni par l'alcool de fermentation (i).
(i) On sait, par les recherces de M. Pasteur, que l'alcool de fermentation est lui-même
un mélange de deux isomères, l'un doué, l'autre privé du pouvoir rotatoire.
( ?o3)
Grâce à l'obligeance de M. Cahours, j'ai pu examiner le composé homo-
logue CI2H,3C1 (éther caproylchlorhydrique), dérivé du carbure C,2HM.
Cet éther, chauffé avec l'acétate de soude, a fourni du eaproène, C,2H12, en
proportion sensible et une quantité prédominante d'éther caproylacétique,
dont l'odeur rappelait à la fois la poire et le pétrole. Cet éther chlorhydrique
se rapproche donc de l'éther amylchlorhydriqne de fermentation.
» Il parait résulter de ces faits que les alcools préparés au moyen de
carbures différents, tout en possédant la même composition et la même
fonction chimique, ne sont pas identiques. Ici, comme dans un grand nombre
d'autres cas, les corps de même composition, mais obtenus par des réactions
diverses, conservent certaines différences qui constituent en quelque sorte
un cachet d'origine, et qui sont d'autant plus manifestes que la molécule est.
d'un ordre plus élevé. Remarquons d'ailleurs que l'on peut concevoir faci-
lement le passage de l'alcool dérivé d'un carbure C2"H2" à l'alcool isomère
dérivé du carbure £2"H2"+2, et réciproquement. En effet, l'un et l'autre
de ces alcools fournissent par déshydratation le même carbure Ca"H2". Or,
ce carbure peut être uni au brome, C2"H2"Br2, puis le brome remplacé
par de l'hydrogène, ce qui fournit le carbure C2"H2"+2, à l'aide d'une mé-
thode générale que j'ai développée ailleurs. On passe donc à volonté d'un
carbure à l'autre et, par conséquent, d'un alcool à son isomère. »
Action de la chaleur sur l'aldéhyde.
« L'aldéhyde pur, maintenu à 1600 pendant cent heures, se décompose
complètement. Aucun gaz n'apparaît. Il se forme de l'eau et un produit
résineux dont la composition répond sensiblement à un mélange de carbures
polymères, ra(C4H2), analogues ou identiques avec ceux qui dérivent de
l'alcool acéthylique et du glycol soumis à l'influence du chlorure de zinc.
En même temps prennent naissance une petite quantité d'alcool et d'un
acide qui paraît être l'acide acétique :
2C*H<02 + H202 = C'H602 + C*H'0\ »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les corps isomères; Note de M. Avu. Cahours,
présentée par M. Fremy.
« Le but de la présente Note est d'établir qu'il n'existe qu'une isomérie
pure et simple entre le chlorobenzol et le toluène bichloré, et non une iden-
tité réelle, ainsi qu'on pouvait l'admettre en se basant sur leur conversion
92..
( 7°4 )
en huile volatile d'amandes amères par leur contact avec l'oxyde rouge de
mercure.
» Dans l'action réciproque de la solution alcoolique de potasse et du
toluène bichloré, l'huile d'amandes amères n'apparaît que comme un acci-
dent, tandis qu'avec le même réactif et le chlorobenzol, le produit de
M. Naquet ne se forme qu'en proportions excessivement faibles. De plus,
tandis que par l'action de la vapeur aqueuse en vases clos, à la température
de i3o° à i4°°î ï;l conversion du chlorobenzol en huile d'amandes amères
est complète, le toluène bichloré n'en fournit pas de traces.
» Ces deux faits, dont la constatation est des plus faciles à établir, suf-
fisent évidemment pour détruire relativement à ces deux substances toute
pensée d'identité de constitution. L'identité réelle entre deux composés ne
saurait être admise, en effet, qu'à la condition que ces deux composés,
doués de caractères physiques qui tendent à les faire confondre, engendre-
ront sous l'influence des mêmes réactifs des produits constamment iden-
tiques. Or, comme il n'est guère de corps isomères qui, sous l'influence de
forces un peu brutales, ne soient susceptibles d'engendrer un même pro-
duit, ii faudrait bien se garder de conclure que deux corps sont identiques
par ce seul fait qu'une réaction déterminée leur a permis de se résoudre
dans la même substance.
» C'est ainsi que le salicylate de méthyle et l'acide anisique, corps formés
des mêmes éléments unis dans les mêmes proportions, mais dont la consti-
tution si différente se révèle immédiatement, et par les caractères extérieurs
et par les réactions fondamentales, peuvent se résoudre en un même pro-
duit, l'anisol, lorsqu'on les soumet à l'action simultanée d'une base alcaline
et d'une température d'environ 3oo°. Eh bien, il me parait en être de même
entre le chlorobenzol et le toluène bichloré, dont les propriétés physiques
sont très-sensiblement les mêmes.
» Sous l'influence de l'affinité prépondérante du chlore pour le mercure,
l'oxyde de ce métal se détruit, l'oxygène naissant prenant la place du chlore
pour former, quel que soit celui des deux produits que l'on considère, de
l'essence d'amandes amères, ce qui fait conclure à leur identité. Fait-on in-
tervenir des réactifs plus stables, tels que la potasse ou la vapeur d'eau, le
chlorobenzol, dont le chlore paraît exister dans un état de mobilité plus
grand que chez le toluène bichloré, peut seul l'échanger complètement
contre une quantité d'oxygène équivalente pour engendrer de nouveau
cette essence d'amandes amères, source de sa production.
» Fait-on agir le chlore sur le toluène bichloré, ce gaz engendre, sui-
( 7°5 )
vant M. Naqnet, un produit de substitution auquel il assigne la compo-
sition
C"H5C13.
» J'ai reconnu de mon côté que le chlorobenzol se comporte d'une ma-
nière toute semblable avec le chlore, et qu'il engendre une substance de
composition identique.
» Or ces deux produits tendent à se rapprocher davantage cpie le chloro-
benzol et le toluène bichloré. En effet, le composé de M. Naquet se change
en benzoate sous l'influence de la potasse alcoolique, et il en est de même
du produit que m'a fourni le chlorobenzol, ce qui pourrait faire conclure
à leur identité; mais tandis que cette dernière se convertit en acide ben-
zoïque sous l'influence simultanée de la chaleur et de l'eau, ces deux liqui-
des étant introduits dans des tubes scellés et maintenus pendant plusieurs
heures à la température de il\o° environ, le produit engendré par le toluène
bichloré ne donnerait pas trace d'acide benzoïque dans ces circonstances,
suivant l'observation de M. Naquet. Il est probable, et c'est un point que
je me propose d'éclaircir, que les dérivés chlorés supérieurs du chlorobenzol
et du toluène bichloré se rapprocheront de plus en plus pour arriver à se
confondre. C'est ainsi que l'acétate de méthyle et 1 ether formique bichlo-
rés, corps isomères mais doués de propriétés chimiques fort différentes, se
résolvent, suivant M. Cloèz, en un produit unique par l'action ultime du
chlore, l'accumulation dans la molécule primitive de ces deux éthers iso-
mères d'un corps dont les propriétés sont antagonistes de celles de l'hydro-
gène qu'il remplace, tendant à produire dans les deux cas un état d'équilibre
identique.
» Le chlorobenzol et le toluène bichloré doivent donc être considérés
aujourd'hui comme deux corps purement isomères. Si l'extrême ressem-
blance qu'ils présentent dans leurs propriétés physiques et la faculté dont
ils jouissent d'engendrer, sous l'influence de certains réactifs, des produits
entièrement identiques, tendent à les faire confondre, les différences radi-
cales de réactions qu'ils manifestent dans des circonstances exactement sem-
blables repoussent toute idée d'identité. Si le toluène bichloré présente
dans quelques cas particuliers une certaine tendance à fournir des com-
posés du groupe benzoïque, il offre, il faut l'avouer, dans le plus grand
nombre une résistance qu'on n'observe jamais dans le chlorobenzol qui
semble avoir conservé quelque chose de l'arrangement moléculaire de
l'essence d'amandes amères qui lui a donné naissance, et en vertu duquel il
(;o6)
tend à revenir à cette forme toutes les fois qu'on lui fournit l'occasion d'é-
changer son chlore contre une quantité d'oxygène équivalente.
» Ce n'est pas là un fait isolé; et, pour n'en citer qu'un seul, je rappel-
lerai que tandis que le composé
C6H5Br3,
désigné sous le nom de tribromhydrine par M. Berthelot et obtenu par lui
ilans l'action réciproque du bromure de phosphore et de la glycérine, tend
à reproduire cette substance avec la plus grande facilité sous l'influence de
la potasse ou de l'oxyde d'argent, tandis que le tribomure d'allyle obtenu
par M. Wurtz au moyen de l'action du brome sur l'iodure d'allyle, et dont
la composition est identique à celle de la tribromhydrine, tend également à
reproduire de la glycérine dans les circonstances précédentes, le bromure
de propylène brome, corps isomère avec les précédents, et formé par l'action
successive du brome, de la potasse et finalement du brome sur le propy-
lène obtenu par la destruction ignée de l'alcool amvlique et de ses ho-
mologues supérieurs, ainsi que des acides qui s'y rattachent, n'engendre
pas trace de glycérine lorsqu'on le place dans les circonstances que nous
venons de rappeler.
» Or, la tribromhydrine dérive directement de la glycérine; le tribro-
nuire d'allyle de M. Wurtz en dérive également, quoique d'une manière
plus éloignée : il y a dès lors dans ces produits des aptitudes particulières
à revenir sous l'influence de forces chimiques au produit primitif, ce qui
n'existe pas pour le bromure de propylène brome, dont la génération ne se
rapporte ni de près ni de loin à la glycérine.
» Lorsque deux corps possédant la même composition centésimale, le
même équivalent et le même groupement mécanique, et présentant en outre
des caractères physiques sensiblement identiques, ont deux modes de
génération bien distincts ils semblent conserver dans toutes les transfor-
mations qu'on opère en eux par le contact des réactifs, en tant qu'il n'y a pas
dislocation de la molécule, quelque chose qui rappelle leur origine pre-
mière, et qu'on retrouve dans leurs différents dérivés. C'est ainsi que les
composés qui ont pris naissance sous l'influence des forces dont dispose la
nature offrent des différences très-tranchées avec leurs isomères, qui sont
engendrés sous l'influence de températures plus ou moins élevées ou de
reactifs énergiques. Il y a chez ces premiers comme un cachet indélébile
qui se retrouve dans toutes les modifications qu'on leur imprime plus tard,
( 7»7 )
et qui fait qu'on peut revenir des divers dérivés a la substance niere
sous une foule d'influences, alors que les isomères de ces différents dé-
rivés ne peuvent engendrer cette dernière que dans des conditions toutes
spéciales, ce qui ferait conclure à tort à l'identité de ces isomères si
l'on s'en tenait à une réaction isolée (i).
« J'ajouterai en terminant que le chlorocuminol obtenu par l'action
réciproque du perchlorure de phosphore et de la partie oxygénée de l'es-
sence de cumin (cuminol) se convertit en cette substance à la manière ciu
chlorobenzol, soit sous l'influence d'une solution alcoolique de potasse, soit
par l'action de la vapeur aqueuse en vases clos à une température de
i4o° à i5o°.
« Ce moyen de repasser d'une combinaison chlorée au produit oxygéné
correspondant, qui, dans ces deux cas particuliers, s'effectue d'une manière
très-nette, pourra, si elle se généralise, fournir dans certaines circonstances
des réactions dignes d'intérêt. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du biome et de l'acide bromhydrique sur l'acétale
d'élhyle ; Note de M. J.-M. Crafts, présentée par M. Balard.
« Les recherches qui ont été faites sur l'action du chlore sur l'éther acé-
tique ont fait connaître un certain nombre de produits de substitution
chlorés de ce corps; mais jusqu'ici le premier terme de la série, le com-
posé G'rTClQ2, n'a pas été isolé. Comme il paraissait probable que le
brome agirait de la même manière, mais avec moins d'énergie que le chlore
sur l'éther acétique, M. Wurtz m'a engagé à préparer, en traitant une
molécule d'éther acétique par i équivalents de brome, le composé
brome, CH'Brô2, correspondant à celui qui manque dans la série des
produits chlorés, afin d'étudier ensuite sa réaction sur la potasse caustique.
La question était de savoir si cette réaction serait représentée par la pre-
(i) Si nous admettons deux séries d'alcools engendrés les uns par voie de fermentation
tels que l'alcool ordinaire et ses homologues supérieurs, les autres par décomposition ignée
de certains principes organiques, tels que l'esprit-de-bois et l'alcool caprylique de M. Bonis,
il est excessivement probable que par la comparaison de deux produits isomères de ces séries
on obtiendrait des dérivés très-voisins, mais non identiques. Il serait fort intéressant de re-
chercher, par exemple, si l'alcool engendré par la fermentation des liquides sucrés, offrirait
une identité complète avec l'alcool obtenu par la fixation de la vapeur aqueuse sur l'hydro-
gène bicarboné produit par la destruction des matières organiques à une température élevée.
( 7o8 )
mière ou la deuxième des équations suivantes :
G2HsBr0J v„^ €2H2Ô) €SH5)
I. G,R!, jô + 2KHO= HR J02 + j ô + KBr.
Glycolate de polasse. Alcool.
n. c.HHOje + 2KHÔ = G.H.oj e + e'H;!e,+ KB„
En d'autres termes, si le brome remplace une partie de l'hydrogène dans
le radical acétyle ou dans le radical éthyle.
» Je n'ai pas pu résoudre la question proposée, parce que la réaction
filtre le brome et l'acétate d'éthyle s'est passée d'une manière différente de
celle prévue, et n'a pas fourni un produit de substitution ; mais comme la
décomposition qui a lieu dans ces circonstances présente quelque intérêt
tu point de vue de la théorie, je demande la permission de communiquer
à l'Académie les résultats de mes expériences.
>. Le brome se dissout dans l'éther acétique avec production de chaleur :
mais on ne remarque pas de dégagement d'acide bromhydrique, et on peut
abandonner le mélange à lui-même pendant plusieurs semaines, à la tem-
pérature ordinaire et à la lumière diffuse du laboratoire, sans qu'il se
produise une quantité notable d'un corps bouillant au-dessus de 6o° à 8o°.
Une dissolution alcaline enlève le brome au mélange et en sépare l'acétate
d'éthyle inaltéré.
» Mais si l'on chauffe à i5o°, dans un tube scellé, une molécule d acé-
tate d'éthyle et i équivalents de brome, la couleur du brome disparait
instantanément; à ioG°, la décoloration ne se produit qu'après douze à
vingt heures. Cette réaction n'est pas accompagnée de la formation d'um
quantité considérable d'acide bromhydrique, et on remarque, en distillant
le produit dans le tube, qu'il se sépare en un liquide bouillant vers 4o° et
en un autre qui bout au-dessus de 2000, et qui se prend en grande partie
par le refroidissement en une masse de cristaux qui paraissent avoir la
forme de rhomboèdres.
« De la première portion on a facilement isolé, par des lavages avec une
dissolution de potasse, un corps bouillant entre 38°, 5 et 3()0 qui avait les
propriétés du bromure d'éthyle, et qui a donné à l'analyse des chiffres cor-
respondant à la formule €sHbBr. Le corps cristallisable qui bouillait au-
dessus de 2000 possédait les propriétés et la composition de l'acide broma-
cétique.
» La petite quantité de liquide, qui distillait entre les limites de p°
( 7°9 )
à 2oo°, contenait outre le bromure d'éthyle et l'acide broniacétique de
l'acide acétique, et ia partie de la portion bouillant au-dessus de 2000, qui
ne se solidifiait pas a o°, renfermait 67,70 de brome, au lieu de 57,6
qu'exige la composition de l'acide broniacétique; elle consistait sans doute
en un mélange de cet acide avec l'acide bibromacétique. En laissant de coté
la formation de ces derniers produits, qui est évidemment secondaire, la
décomposition qu'éprouve l'acétate d'éthyle par l'action du brome est
exprimée par l'équation :
G'H* lÔ+Br= H)° + <?**'
Acide bromacctiiiuc. Bromure d'éthyle:
Il ne reste qu'à rendre compte de la formation des acides acétique et bibro-
macétique.
» L'explication la plus simple consiste à admettre que, pendant la décom-
position de l'éther acétique, le brome, en agissant sur une portion de l'acide
broniacétique, donne naissance à une certaine quantité d'acide bibroma-
cétique dont la formation est accompagnée par celle d'acide bromhydrique,
et que ce dernier réagit sur une portion de l'éther acétique pour former du
bromure d'éthyle et de l'acide acétique. Une expérience a démontré que
cette dernière réaction a lieu quand on chauffe l'acétate d'éthyle avec l'acide
bromhydrique.
» L'acétate d'éthyle absorbe à la température ordinaire une fois et demie
de son poids d'acide bromhydrique sec. Cette quantité correspond à plus
de 1 équivalent d'acide bromhydrique, et il suffit de chauffer la dissolution
saturée pendant une demi-heure à ioo°, dans un tube scellé, pour décom-
poser complètement l'éther en acide acétique et en bromure d'éthyle:
G2HSÔ) Br G'EPO) „„HSR
G>W \Q+H= H jO + G-FPBr.
» La décomposition de l'acétate d'éthyle par le brome et par l'acide
bromhydrique répond exactement à celle de l'acide acétique anhydre ré-
cemment étudié par M. Gai. Ce parallélisme prouve une lois de plus l'ana-
logie qui existe entre les éthers et les acides anhydres. »
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LV1, N° 13.) 9^
( 7'° )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les réactions et la génération des acides de la série
thionique; Note de MM. G. Chancel et E. Diacon, présentée par
M. Balard.
« Nous nous sommes proposé, clans le travail dont nous présentons la
première partie, de faire ressortir par des faits, la plupart nouveaux, les
métamorphoses par lesquelles on peut passer de l'un à l'autre des acides de
la série thionique et les réactions qui permettent de les reconnaître avec
certitude.
» Acide pentathionique. — Nous n'avons aucune modification essen-
tielle à proposer quant au mode de préparation de. cet acide indiqué par
Wackenroder. Nous ferons cependant remarquer qu'il se forme dans des
circonstances qui n'avaient pas encore été signalées. Ainsi la décomposition
des hyposulfites par les acides ne donne pas uniquement, comme on le
pense, du soufre et de l'acide sulfureux; il y a de plus production d'acide
pentathionique. On peut même, en choisissant convenablement l'hyposulfite
et l'acide, obtenir ainsi de l'acide pentathionique pur : c'est ce qu'on réalise
en décomposant l'hyposulfite de baryte par l'acide sulfurique dilué.
« Les principales réactions que nous avons à indiquer pour cet acide
sont les suivantes :
» Uacide sulj hydrique le décompose lentement en donnant lien à un
dépôt de soufre.
» La potasse détermine, dans les dissolutions de cet acide, un précipité
presque immédiat de soufre; cette réaction est importante en ce qu'elle
permet de le distinguer nettement de l'acide tétrathionique sur lequel elle
est sans action.
» Le Inoxyde de plomb exerce à chaud une action aussi nette que remar-
quable sur l'acide pentathionique, qu'il transforme intégralement en acide
tétrathionique :
4S505+ 5PbO- =5(PbO, S'O5).
» Le monosul/ure de potassium détermine un précipité de soufre avec for-
mation d'hyposulfite.
» Sont caractéristiques pour cet acide le précipité jaune avec l'azotate
mercureux, le dépôt de soufre par la potasse et la présence du plomb dans
la dissolution après qu'elle a été chauffée avec du bioxyde de plomb.
» Acide tétrathionique. — Aux procédés connus pour la préparation
de cet acide, nous ajouterons les réactions suivantes qui permettent de l'ob-
tenir facilement.
( 7"' )
» Si l'on fait réagir des quantités convenables d'hyposulfite de baryte et
de sulfate de cuivre, on obtient rapidement une dissolution exclusivement
composée de tétratbionate cuivreux. Ce sel est peu stable, même à froid; à
chaud il se transforme par l'ébullition en sulfure de cuivre et acide sulfu-
rique
Cu*0, SUJ5= 2C11S + 2SO3,
tandis que le tétrathionate cuivrique n'éprouve rien de semblable dans les
mêmes circonstances.
» On peut aussi obtenir cet acide en ajoutant peu à peu de l'acide su! •
furique sur un mélange d'hyposulfite de plomb et de bioxyde de plomb,
tenus en suspension dans l'eau :
aPbO, S202 + Pb02 + 2S03 = PbO, S405-f-2PbO, SO3 ;
une réaction semblable a lieu avec l'hyposulfite de baryte et le bioxyde de
baryum, et en général avez un hyposulfite quelconque et un bioxyde.
» On l'obtient encore en attaquant à une température voisine de l'ébul-
lition du bioxyde de plomb par de l'acide pentathionique. Au bout d'un
certain temps on n'a dans la dissolution que du tétrathionate de plomb qui,
traité par l'acide sulfurique, peut donner de l'acide pur.
» Nous indiquerons pour cet acide les réactions suivantes :
» Le monosulfure de potassium donne, avec les tétrathionates, un dépôt
de soufre avec formation d'hyposulfite
KO, S'05 + KS = 2(Na,0, S302) + S.
» Par l'ébullition avec le sulfate cuivrique, il ne se présente pas de sulfure
de cuivre. La potasse n'y détermine pas de précipité de soufre. L'acide libre
est sans action sur le bioxyde de plomb.
» Ces réactions, jointes au précipité jaune donné par le nitrate mercu-
reux, sont caractéristiques pour cet acide.
» Acide trithionique. — On ne connaissait pas jusqu'ici de procédé
rationnel pour la préparation de cet acide; nous pouvons donner le suivant
qui repose sur la réalisation des réactions indiquées par l'équation
RS + a(RO, aS02) + 4S02 = 3(KO, S'O5).
» Il consiste à transformer 2 parties de potasse en bisulfite de pot.tsse par
un courant d'acide sulfureux, à préparer parla méthode connue du mono-
sulfure de potassium avec une autre partie de cet alcali, et à verser rapide-
ment le bisulfite dans le monosulfure, en agitant continuellement le mé-
93..
( 7<2 )
lange. La liqueur s'échauffe et ne laisse pas déposer de soufre. On termine
l'opération en faisant passer de l'acide sulfureux à refus.
» Pour obtenir le sel cristallisé, il faut faire évaporer rapidement le
liquide en le plaçant en couche mince dans des vases plats, reprendre par
de l'eau à 6o° environ, additionner d'un peu d'alcool, filtrer et abandonner
au refroidissement. Le sel cristallise en petits prismes.
» Les trilhionates donnent, par l'ébullition avec le sulfate cuivrique, du
sulfure de cuivre et de l'acide sulfurique.
» Le monosulfure de potassium le transforme en hyposulfite, sans dépôt
de soufre,
KO, S305 4-KS= 2 (KO, S302).
» Sont caractérisliques pour cet acide le précipilé noir que détermine
dans ses dissolutions le nitrate mercureux, et la manière dont il se comporte
avec ie sulfate cuivrique et le monosulfure de potassium.
» Les réactions nouvelles indiquées dans ce travail, réunies à celles que
l'on connaissait déjà, permettent de déterminer avec facilité et certitude les
acides de la série thionique. Nous espérons que la suite de ces recherches
nous conduira à des méthodes qui rendront possible la séparation des
nombreux acides du soufre, du moins dans les cas les plus importants. »
chimie ORGANIQUE. — Sur un nouvel hydrogène carboné de la série G"U-"~
et de ses combinaisons avec le brome; Note de M. Eue Cavextou, présentée
par M. Balard.
« Dans une précédente communication, j'ai fait connaître un tétra-
bromure cristallisé, obtenu dans des circonstances particulières que j'ai
indiquées, et auquel l'analyse assigne la même formule brute que celle du
bromure de butylène bibromé G*H6Br4. J'ai indiqué aussi les expériences
qui me le font envisager comme un isomère de ce dernier.
» Comme complément de cette étude, j'ai pensé qu'il serait intéressant
d'obtenir l'hydrogène carboné G'' H6 et d'étudierses combinaisons avec le
brome : ces recherches font le sujet de cette Note.
» Mais avant de chercher à produire l'hydrogène carboné €4HC. j ai
voulu m'assurer s'il prenait naissance pendant la décomposition de la
vapeur d'alcool amylique par la chaleur. Pour cela, j'ai fait passer les gaz
provenant de cette décomposition à travers une solution de protochlorure
de cuivre ammoniacal, avant de les combiner au brome. Si l'hydrogène
carboné C4H6 se formait dans cette circonstance, on devait le retrouver
( 7*3 )
dans la solution cuivrique qui possède, comme on sait, la propriété de rete-
nir les carbures d'hydrogène de la formule G"H'"~2, et les bromures for-
més ultérieurement ne devaient plus contenir de cristaux en dissolution.
Mais c'est le contraire cpii a lieu, la liqueur cuivrique ammoniacale ne
retient qu'un peu d'acétylène, et la distillation fractionnée des bromures
donne à peu près la même quantité de cristaux. Ainsi l'hydrogène car-
boné G4H6 ne se forme donc pas dans les conditions indiquées ci-dessus,
et cette expérience ajoute encore un nouvel appui à celles qui ont fait envi-
sager les cristaux précédemment décrits comme un produit de substitution
du bromure de butylène.
» Le procédé suivi pour la préparation de ce carbure d'hydrogène
est celui que M. Sawitsch a indiqué pour obtenir l'allylène. En effet, en
traitant le butylène brome par l'éthylate de soude à la température de
l'eau bouillante pendant quelques heures, il se produit du bromure de
sodium, de l'alcool et l'hydrogène carboné cherché.
» L'équation suivante rend compte de cette réaction :
» Cet hydrogène carboné est liquide au-dessous de i5°, et il se volatilise
avec rapidité s'd n'est maintenu dans la glace. Il possède une odeur très-
forte, légèrement alliacée; il bout vers i8° et distille entre i8°et!»40. La
densité de vapeur a été trouvée de i , o,36; la densité calculée est de i , S68.
» L'analyse répond à la formule G4 H".
» On voit que le carbure d'hydrogène dont il s'agit est nouveau, et qu'il
appartient à la série de l'acétylène et l'allylène : je propose de le nommer
çrolonjlène pour rappeler ses liens de parenté avec l'acide crotonique autre-
fois découvert par mon père et par M. Pelletier. Cet acide, dont la composi-
tion est exprimée par la formule G''H6Q%peut être envisagé, en effet, comme
un produit d'oxydation du carbure d'hydrogène G* H6, et il existe entre
ce carbure et l'acide crotonique la même relation qu'entre Féthylidène
(radical de l'aldéhyde) et l'acide acétique.
G1 H6
G4H602
Crolonylène.
Acide crolonique.
G2 H4
G2H4G2
EthyliHène.
Acide acétique.
Le brome se combine avec une grande énergie avec l'hydrogène car-
( 7'4 )
boné €4H6; la combinaison se fait en ajoutant le brome goutte a goutte
dans l'hydrogène carboné, et en maintenant dans un mélange de glace et
de sel le vase où se fait l'opération. On obtient ainsi un liquide plus lourd
que l'eau qu'on purifie convenablement, et qui distille entre 1480 et i58°
en dégageant un peu d'acide bromhydrique, et en laissant un dépôt de
charbon. Il est représenté parla formule €"H6Br.
» Ce bromure est une combinaison de 2 équivalents seulement de
brome avec l'hydrogène carboné G4 H6. Mais si on le laisse en contact
pendant plusieurs jours avec un excès de brome, on voit bientôt se former
des cristaux qu'on peut obtenir blancs en les purifiant convenablement, et
dont la cristallisation est tout à fait analogue à celle du bromure de buty-
lène bibromé. J'ai eu à ma disposition une si petite quantité de ces cristaux,
que je n'ai pu en faire l'analyse élémentaire, cependant j'ai pu doser le
brome, et les chiffres obtenus correspondent bien à la quantité de brome
contenu dans la formule €4H6Br'\
» Quoique ces nombres s'accordent aussi bien avec la formule G4H4Br*
qu'avec la formule G4HcBr4, je préfère cependant cette dernière, parce que
je n'ai point observé de dégagement d'acide bromhydrique pendant la for-
mation des cristaux, et qu'ils ont pris naissance dans des conditions sem-
blables à celles où se sont produits les cristaux de bromure de butylène
bibromé.
» Je rappellerai que dans la série acétylique M. Berthelot a signalé un
bromure contenant 2 équivalents de brome, et M. Reboul un bromure en
contenant 4 (qu 'il a appelé bromure d'éthylène bibromé).
» Quoique l'étude des deux bromures que j'ai obtenus dans la série
t"B2"_% correspondante à la série butylique, soit insuffisante, les quelques
faits que j'ai pu observer tendent à me prouver qu'il n'y a pas identité
entre les bromures obtenus avec l'hydrogène carboné €4H6 et les corps qui
leur correspondent dans la série butylique. Ainsi le butylène bihromé
distille entre i4o° et i5o° sans se décomposer, le bromure obtenu avec
l'hydrogène carboné €4H6 passe à la distillation de 1480 à i58°, en déga-
geant de l'acide bromhydrique et laissant un dépôt de charbon.
•' Le bromure de butylène bibromé et les cristaux du bromure décrit
dans la Note précédente, abandonnés dans une capsule à la température
ordinaire, ne se volatilisent pas sensiblement (j'en ai conservé pendant plus
de six mois dans ces conditions); le bromure cristallisé obtenu avec l'hy-
drogène carboné G*H6, abandonné dans les mêmes circonstances, s'est vola-
tilisé complètement au bout de dix à douze jours.
( 7*5 )
» J'aurais désiré établir par d'autres expériences l'isomérie de ces diffé-
rents bromures, mais la matière première, si difficile à obtenir, m'a fait
défaut, et ces faits ne pourront être éclaircis que quand j'aurai de nouveau
du bromure de butylène à ma disposition.
» Toutes ces recherches ont été faites au laboratoire de M. Wurtz. »
chimie organique. — Sur les hydrates des hydrogènes carbonés ;
Noie de M. Ad. Wurtz, présentée par M. Balard.
« J'ai fait voir dans une précédente communication (i) que l'amylene,
en s'unissantà l'acide iodhydrique ou bromhydrique, donnait naissance a
des composés isomériques avec l'iodure ou le bromure d'amyle. En traitant
l'iodhydrate d'amylène par l'oxyde d'argent humide, j'ai obtenu un hydrate
isomérique avec l'alcool amylique.
» Après avoir indiqué quelques-uns des caractères par lesquels l'iodhy-
drate et l'hydrate d'amylène se distinguent de l'iodure et de l'hydrate
d'amyle, j'ai complété cette étude, et je vais montrer qu'on rencontre
rarement des "cas d'isomérie plus tranchés et fondés sur des différences
de propriétés plus frappantes.
» Lorsqu'on chauffe l'hydrate d'amylène pendant quelques heures à
200°, il se décompose en amylène et en eau.
)> Il absorbe le gaz iodhydrique avec avidité et en s'échauffant. Si l'on
maintient le liquide à une basse température, il ne tarde pas à se séparer en
deux couches : la supérieure est de l'iodhydrate d'amylène pur bouillant
à i3o°, l'inférieure est une solution aqueuse saturée d'acide iodhydrique.
Ainsi, cet acide décompose l'hydrate d'amylène à la température ordinaire,
en se combinant avec l'amylene et en mettant l'eau en liberté.
» lorsqu'on dirige du gaz chlorhydrique dans de l'hydrate d'amylène,
maintenu dans l'eau glacée, la réaction s'accomplit à froid, de l'eau est
séparée, et il se forme du chlorhydrate d'amylène. Celui-ci possède la même
composition que le chlorure d'amyle ; mais son point d'ébullition est infé-
rieur de io° environ à celui de ce dernier composé.
» Le brome réagit énergiquement sur l'hydrate d'amylène. Chaque goutte
de ce corps simple qui y tombe produit un sifflement. En mêlant les deux
corps dans le rapport de 2 atomes du premier pour 1 molécule du second,
on obtient un liquide rouge si l'on opère à une très-basse température;
mais dès que ce liquide atteint la température ordinaire, le brome réagit
(1) Comptes rendus, t. LV, p. 3^0.
( 7'6)
subitement sur l'hydrate, et les deux produits principaux decette réaction
sont l'eau qui se sépare et du bromure d'amylène. J'ai constaté que la quan-
tité d'eau qui est ainsi éliminée se rapproche sensiblement de celle qui est
combinée avec l'amylène dans l'hydrate; une réaction secondaire donne
naissance à une certaine quantité d'acide bromhydrique.
» Le chlore réagit d'une manière analogue, mais moins nette. 11 se
forme, indépendamment de produits chlorés bouillant à une température
élevée, et qui sont probablement un mélange de chlorure d'amylène avec ses
dérivés chlorés, du chlorhydrate d'amylène bouillant vers 900. Ce dernier
composé prend naissance en vertu d'une action secondaire, par l'action de
l'acide chlorhydrique formé sur un excès d'hydrate d'amylène.
» Lorsqu'on chauffe pendant longtemps au bain-marie l'hydrate d'amy-
lène avec de l'acide acétique, de l'amylène est mis en liberté, et l'on n'obtient
qu'une très-petite quantité d'un produit bouillant vers 125° et dont la com-
position se rapporte à celle de l'acétate d'amylène.
» Le sodium décompose l'hydrate d'amylène avec dégagement d'hydro-
gène. J'ai réussi à dissoudre dans ce liquide sensiblement 1 équivalent de
sodium, et j'ai obtenu une masse incolore, demi-transparente, fusible, et
offrant la composition de l'amylénate de soude €sHuNa© = G5II10,]\aHO.
Ayant traité ce corps par l'iodhydrate d'amylène, j'ai obtenu, en vertu
d'une réaction très-nette, de l'amylène, de l'hydrate d'amylène et de
l'iodure de sodium
GSH'\ NaHO -+- GbH10, HI = G5H10 -+- €5H"\ H2© -4- Nal.
En réagissant sur l'amylénate de soude, l'eau en sépare de nouveau l'hydrate
d'amylène bouillant à io4°.
» L'iodhydrate d'amylène, traité par le sodium, se décompose entière-
ment en iode qui se combine avec le sodium, en amylène et en hydrogène
libre. Il ne forme pas trace d'un carbure d'hydrogène bouillant à une tem-
pérature élevée. On sait que l'iodure d'amyle donne dans les mêmes cir-
constances de l'amyle bouillant à i58°.
» Lorsqu'on introduit de l'iodhydrate d'amylène dans une solution alcoo-
lique de potasse, le liquide s'échauffe et il se dépose de l'iodure de potas-
sium. Par la distillation on en sépare une grande quantité d'amylène.
» Enfin l'ammoniaque décompose de même l'iodhydrate d'amylène. Il
se forme de l'iodure d'ammonium, et il se sépare de l'amylène. Mais en
même temps il se forme une certaine quantité d'une base ammoniacale qui
est identique ou peut-être isomérique avec l'amylamine.
« On le voit, dans toutes les réactions auxquelles j'ai pu soumettre soit
( 7»7 )
l'hydrate, soit l'iodhydrate d'amylène, de l'amylène s'est séparé. C'est là la
propriété caractéristique de ces combinaisons; elle les distingue nettement
de leurs isomères, l'hydrate et l'iodure d'amyle. Tandis que le groupe
amyle C5HU, qui n'existe pas à l'état de liberté, passe facilement d'une com-
binaison dans une autre, le groupe amylène, dans l'hydrate et dans l'iodhy-
drate, est pour ainsi dire mis en liberté au moindre choc. Il semble qu'il n'est
que faiblement enchaîné soit à l'eau, soit à l'acide iodhydrique, et cette cir-
constance nous permet d'expliquer les relations d'isomérie qui existent entre
l'hydrate d'amyle et l'hydrate d'amylène, et entre leurs dérivés respectifs.
> L'amylène est un carbure d'hydrogène non saturé : il se combine avec
l'acide iodhydrique pour arriver à l'état de saturation. Pourquoi le com-
posé ainsi formé est-il isomérique et non pas identique avec l'iodure
d'amyle? Cela peut tenir à cette circonstance que l'iode occupe dans la
molécule de l'iodhydrate une certaine place, tandis qu'il en occupe une
autre dans la molécule de l'iodure; qu'il complète, dans la première, la
saturation d'un certain atome de carbone, tandis qu'il complète, dans la
seconde, la saturation d'un autre atome de carbone.
» Mais il se peut aussi qu'en se combinant avec l'amylène, l'iode et l'hy-
drogène ne viennent pas combler une lacune en se fixant sur tel ou tel
atome de carbone incomplètement saturé d'hydrogène, mais s'ajoutent
en quelque sorte à la molécule", tout entière, agissant comme un tout et en
quelque sorte par la résultante de ses affinités. Cette dernière hypothèse
s'accorde mieux avec les faits que la première; elle rend compte, en effet,
de la facilité avec laquelle l'amylène se sépare de nouveau de l'iodhydrate
ou de l'hydrate dans les réactions les plus variées. L'ensemble de ces réac-
tions ainsi que le mode de formation des composés dont il s'agit sont expri-
més par les noms d'iodhydrate, d'amylène et d'hydrate d'amylène, et par
les formules rationnelles
G8Hi9j^ et ^5H'»jJJ0 ou GsH",ff©.
Choisir d'autres noms et construire d'autres formules rationnelles eût été
s'écarter des faits et s'aventurer dans des hypothèses injustifiables.
» Quoi qu'il en soit, l'isomériedont il s'agit n'est point de celles qui se tra-'
duisent seulement par des différences dans les propriétés physiques. On sait
que l'alcool amylique inactif de M. Pasteur ne se distingue de l'alcool amy-
lique ordinaire que par le pouvoir rotatoire et par une différence de i° dans
le point d'ébullition, les propriétés chimiques des deux substances étant
d ailleurs les mêmes. De telles isoméries, qui n'affectent que les caractères
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, N° 18.) 94
; :>s )
physiques, méritent à peine ce nom, et dans tous les cas il convient de les
distinguer des isoméries fondées sur des différences dans les propriétés chi-
miques. J'ai fait voir que pour les corps dont il s'agit ces différences sont
profondes.
» J'ajoute en terminant que l'hydrate d'amylène n'est pas le seul corps
de son espèce. Ayant combiné l'hexylène avec l'acide iodhydrique, j'ai
obtenu un iodhydrate GCH'% HI, qui, en présence de l'eau et de l'oxyde
d'argent, régénère une partie de l'hydrogène carboné, mais donne aussi une
certaine quantité d'hydrate d'hexylène GeH12,H2ô bouillant vers i3o°.
J'ai préparé l'hexylène par une réaction nouvelle que je ferai connaître pro-
chainement. D'autre part, j'ai constaté que l'hexylène retiré de la mannite
selon le procédé élégant de MM. Wanklyn et Erlenmeyer se combine de
même avec l'acide iodhydrique. L'iodbydrate ainsi obtenu m'a paru pos-
séder un point d'ébullition supérieur à celui de l'iodhydrate d'hexylène dont
il vient d'être question.
» L'octylène (caprylène de M. Bonis) se combine avec l'acide iodhy-
drique; mais lorsqu'on fait réagir sur l'iodhydrate formé de l'oxyde d'argent
et de l'eau, l'hydrogène carboné est régénéré, et il ne forme que des traces
d'un corps oxygéné.
» Il résulte de ce qui précède que l'hydrate d'amylène constitue en
quelque sorte la réalisation expérimentale de la théorie par laquelle
M. Dumas représentait autrefois la constitution des alcools, théorie qui s'ap-
plique non pas à ces derniers composés, mais à leurs isomères. A l'hydrate
d'amylène il faudra rattacher peut-être l'alcool hexylique de MM. Wanklyn
et Erlenmeyer, ainsi que l'alcool que M. de Luynes pourra obtenir avec
l'iodure qu'il a récemment décrit. Ces composés viendront se ranger à côté
des hydrates d'essence de térébenthine qui sont connus depuis longtemps. »
thérapeutique. — Rechercha expérimentales sur l'action physiologique du
tarlre stibié ; Note de M. G. Pécholier, présentée par M. Bernard.
« Dans un Mémoire dont les conclusions ont été précédemment publiées
{Comptes rendus, numéro du 17 novembre 1862), nous avons étudié l'action
physiologique de l'ipécacuanha. Aujourd'hui, nous venons apporter le
résumé d'expériences faites sur les lapins et les grenouilles pour éclaircir
l'histoire de l'action physiologique du tartre stibié.
« i° Le tartre stibié n'a point toujours et à tous les moments exercé une
action contro-stimulante sur les animaux auxquels nous l'avons administré.
( 7'9)
L'action dépressive du sel d'antimoine sur la circulation, la respiration et
l'innervation est bien l'effet le pins saillant, mais non l'effet constant de
cette substance.
» 1° Dans une première période, sous l'influence de doses de i , i, 3,
5, io, 20 et 4o centigrammes de tartre stibié, nous avons constaté, durant
quinze à vingt minutes, une augmentation d'une dizaine de pulsations et
de respirations par minute, et un peu d'excitation nerveuse. Nous attri-
buons ces phénomènes à la frayeur de l'animal et surtout aux efforts de
vomissement qui se sont produits chez lui. Cette période a complètement
manqué lorsque, la dose ayant été énorme (t à i grammes), il n'y a eu aucun
effort de vomissement.
» 3° Pendant la seconde période, qui n'a jamais manqué et qui a duré en
moyenne trois à quatre heures, nous avons observé, d'une manière plus
ou moins prononcée suivant la dose employée, le ralentissement du pouls;
la diminution du nombre des mouvements respiratoires; l'abaissement de
la chaleur animale, surtout dans les organes extérieurs, et un collapsus évi-
dent dans les fonctions du système nerveux. Le ralentissement du pouls
était en moyenne de ao à 25 pulsations pour des doses de 5 à io centi-
grammes; mais il a été de plus de ioo pour une dose de i gramme. La
diminution des respirations a été proportionnelle à celle des pulsations.
Quant à la chaleur animale, son abaissement maximum a été de 3°.
» 4° Pendant une troisième période que nous nommons période de
réaction, le pouls et la respiration sont d'abord revenus à leur état normal
pour s'accélérer ensuite. La chaleur animale s'est ranimée, elle a été même
plus élevée qu'avant l'expérience. La sensibilité et la motilité, un moment
réveillées, n'ont pas tardé à s'engourdir de nouveau. Cette réaction fébrile,
dont les conséquences ont été habituellement mortelles, nous a paru liée à
des irritations et à des congestions organiques constatées à l'autopsie. Elle a
manqué quand les doses ingérées ont été trop faibles (au-dessous de 5 cen-
tigrammes) ou trop fortes (i gramme). Dans le premier cas, en effeL, après
une perturbation passagère, tout est rentré dans l'ordre; dans le second
cas, la mort est survenue directement par les progrès de la prostration.
» 5° L'affaiblissement de l'innervation s'est manifesté surtout du côté des
nerfs sensitifs. La motricité nerveuse et la contractilité musculaire ont été
mieux conservées, quoique très-amoindries.
» 6° Les autopsies de nos animaux morts empoisonnés ou sacrifiés pen-
dant l'émétisation nous ont fait constater l'action irritante du tartre stibié,
soit sur les organes avec lesquels il entre immédiatement en contact, soit
94.
( 72° )
sur ceux qu'il atteint après son absorption et lorsqu'il est mélangé au sang.
C'est ainsi que nous avons noté l'injection primitive de l'estomac et de
l'intestin, et l'injection secondaire, variable dans son existence et son inten-
sité, du foie, des reins, du cerveau et même du poumon. Nous avons pu
retrouver l'antimoine dans le foie; nous avons également constaté dans cet
organe la présence du sucre normal. Le sang a toujours été diffluent, surtout
lorsque de fortes doses avaient été administrées.
» 70 En comparant l'action contro-stimulante de l'ipécacuanha avec celle
du tartre slibié, on note entre ces deux médicaments des différences très-
importantes : l'hyposthénisation due au premier atteint vite son maximum,
menace très-promptement la vie, mais elle décroît avec une aussi grande
rapidité et ne donne pas lieu à cette période réactive si dangereuse, quand
on emploie le tartre stibié. L'action de celui-ci, au contraire, est plus lente,
plus profonde, plus durable, et devient progressivement et presque néces-
sairement mortelle, dès qu'un certain point a été dépassé. Nous n'avons
trouvé cbez les animaux soumis à l'action de l'ipécacuanha ni la diffluence
du sang, ni ces irritations organiques nombreuses, et spécialement 1 hy-
pérhémie pulmonaire, que le tartre stibié a manifestement produites. En
revanche, le sel d'antimoine ne détruit pas la fonction glycogénique du foie
comme la racine du Brésil et abolit moins sûrement qu'elle l'activité des
nerfs sensitifs. »
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Su> les modifications que doit recevoir relativement à
ta Lune le théorème général de l'invariabilité des grands axes des orbites
des planètes et de la permanence de leurs moyens mouvements ; par
M. G. DE PoNTECOULANT. (Suite.)
« Soit ni le moyen mouvement de la Lune dans son orbite elliptique
a le demi grand axe de cette orbite, e son excentricité, s la longitude de
l'époque, « celle du périhélie; représentons par les mêmes lettres affectées
d'un accent ce que deviennent ces quantités relativement au Soleil, et par
R la fonction perturbatrice; si l'on désigne de plus par Ç = / ndt le moyen
mouvement dans l'orbite troublée, on aura
'//
andt .c/'R
et, en n'ayant égard qu'aux quantités de l'ordre du carré de la force per-
turbatrice, on aura pour sa variation
(i) *Ç=- 3™ Ç Çdtd'.$R+î£ Crtdt ( f d'.B
( 72i )
en désignant, comme précédemment, par la caractéristique iï les intégrales
finies.
» La constante s étant toujours jointe au moyen mouvement rit, on a
généralement
— (ï)""'-
et par suite, pour la variation de cette même fonction,
,, ,_ , . /r/R\ fdR\ . ,
a. ij.R = «aï a . I — i + I -j- \ 'i a <li .
ou bien, en substituant pour §n sa valeur,
« Calculons les différentes parties de cette formule en nous bornant aux
termes non périodiques du second ordre, et indépendants de l'excentricité
et de l'inclinaison à l'écliptique de l'orbe lunaire, qu'elle peut renfermer.
» La fonction perturbatrice R, dans la théorie de la Lune, peut se déve-
lopper en une série de cosinus d'angles proportionnels aux mouvements
moyens de la Lune et du Soleil, et ordonnée par rapport aux puissances
ascendantes des excentricités des orbites de ces deux astres et de leur incli-
naison mutuelle. Si l'on désigne, pour abréger, par | la longitude moyenne
de la Lune moins celle du Soleil, par tp et <p' leurs anomalies moyennes, ce
qui suppose
y = «?-)-£ — ta , y'=n't-\-s' — a', % = nt — n't-\-z — i' ,
en nous bornant aux termes qui nous seront utiles dans ce qui va suivre,
la fonction R, développée de cette manière, contiendra les suivantes :
«R = /H2FeoS2? + /«2Gccos(2Ç — y) + r>rG'ecos (2? + <p )
-|-//;2FVcos (2Ç — <f') + m2¥"e'cos (2? + ?')
+ ni- H ee ' cos ( y — y ') -+- m2 H'ee' COS ( <p + y' )
-t-H;2Kee'cos(2Ç— y — y') + m2K'ee'cos(2Ç — y + f')
+ m2K"ee'cos{i% + y — y')-\-m2K'"ei-'cos(iZ, + y + y').
Dans cette expression, m est une petite fraction qui représente le rapport
du moyen mouvement du Soleil à celui de la Lune, en sorte qu'on a /« = — ,
et par conséquent ri = mn.
» On peut considérer généralement la différence — comme une fonction
des éléments des orbites de la Lune et du Soleil, en ne faisant varier dans
son expression que ce qui est relatif à la Lune; on aura ainsi
, /rfR\ f/R „ ,P\\ ^ rf2R f/2R ,/2R
o.l -r- =-ràÇ-\-—— rja+ — — de + -r^:-'}e+-— — dw +
\rf£ J f/î dida de1 eteàe deda
( 722 )
En substituant pour c?Ç, âa, cte, . . . , leurs valeurs, cette fonction devient
+"-g=/(|)*-S/(S)*]
+"" [^ /(§) ■" - S /(S) ■"]
Il ne s'agit plus que de substituer dans cette expression à la place de R sa
valeur précédente, et de déterminer les termes non périodiques qui en
résulteront.
» Considérons d'abord, parmi les termes dépendant de l'excentricité de
l'orbite solaire, les suivants :
«R = /H!F'e'cos(2Ç — 'i') + 7«3F"e'cos(2? + y i.
Dans cette valeur, ë représente l'excentricité de l'orbe terrestre et w' la
longitude du périhélie; ces deux éléments varient de siècle en siècle par
l'action des autres planètes, et nous nous proposons de déterminer dans le
mouvement de la Lune les inégalités séculaires de l'ordre m* qui peuvent
provenir de cette cause; pour y parvenir avec toute la rigueur que la ques-
tion comporte, il est nécessaire d'introduire dans R les expressions finies de
ces variations, relatives à un temps quelconque t. Or, si l'on remplace o
par sa valeur n't -t- e' — w', on a
cosl2? — »') = cosfîH — n't — ='-4- m') = cos(2? — n't — t') cosw' — sin( il — n' t — s')sinc>'.
On sait d'ailleurs, par la théorie des planètes, que les valeurs finies des
deux quantités e'cosw' et e'sinw' sont données par deux suites de cosinus
et de sinus d'angles proportionnels au temps t multipliés par des coefficients
constants, en sorte qu'on peut supposer
^'cosm' = 2.Bcos(fa+€), s'sinu'= ï.Bsin(fo-t-é).
On aura donc généralement
e'cos(a? — <p') = cos(2| — n't — e') 2. Bcos (&/ + §) — sin(2? — //'/ — e')Z.Bsin(è/
= Z.Bcos(2Ç — n't — e'+fo+S).
Il est évident que la même transformation s'appliquant aisément à tous les
termes semblables, on pourra substituer aux deux termes que nous avons
considérés dans aR les suivants :
77R = />rF'ï.Bcos(2i — <f' + bt + Z) -+- m-F"Z.bcos{il + '<' - l>t - f. 1.
Si l'on substitue cette valeur dans le deuxième ternie de la formule (3),
qu'on effectue les opérations indiquées, en ayant soin de combiner deux a
deux les termes dépendant des mêmes angles | et ©', et qui ne diffèrent que
( 7^3)
par les angles bt + S, b't -4- S', . . . , qui entrent dans leurs arguments, qu'on
néglige de plus tous les termes d'un ordre supérieur à /«', on trouvera qu'il
en résulte dans è. [*-r\ l'inégalité suivante :
^\ =_A^(F'J+F"1)2.(è'-6)BB,sin[(i'-£)«+ë'-ê].
°ir
» Si l'on considère maintenant les termes du développement de R qui
dépendent du produit eë des excentricités des orbites de la Lune et du
Soleil, et qu'on effectue à leur égard la même suite d'opérations que pré-
cédemment, on trouvera qu'il en résulte dans ('— ) l'inégalité séculaire
\di
J.(g<\=_g(HJH-H'a-K1-K'2+iK»J + jK"'2)2.(i'-è)BB'sin[(6'-è)f + S'-ê].
» Il nous reste à considérer dans le développement de R les quatre termes
suivants :
aR= nr V cos^t A- m' G e cosy + m- G' ecos(i'i — 'f)+m2G"ecos('i.ï + y).
Chacun des coefficients F, G, G', G" peut être regardé comme composé
d'une partie constante et d'une partie variable, à raison de la variation de
l'excentricité ë qu'ils renferment implicitement. Pour déterminer la varia-
tion séculaire qui peut en résulter dans â. ( — )> on peut substituer a la
place de e'2 sa valeur en série de sinus et de cosinus d'angles proportionnels
au temps et effectuer ensuite les intégrations ; mais il est plus commode,
dans ce cas, d'opérer par la méthode des intégrations par parties, et j'ai
reconnu qu'on était conduit d'ailleurs, par les deux procédés, à des résul-
tats parfaitement identiques. Ayant donc déjà effectué ce calcul par le pre-
mier procédé, je me contenterai de rapporter ici les valeurs que j'en ai
déduites.
» En vertu des quatre termes précédents, j'ai trouvé (*)
/ ,/RA m* ( d¥ dd , dW i „ dG" \
Enfin, en ne considérant que le premier terme de cette même formule, on a
trouvé
, Jdsa\ C, ffdR\ , 3/«< /FrfF ^e' de' _,,,, e'de'\
En réunissant maintenant les différents termes que nous venons de déter-
(*) Supplément au livre VII de la Théorie analytique du système du monde.
( 7^4 )
miner et en observant qu'eu vertu des valeurs de e'cosw' et e'sinu', on a
en = [1 .Bcos (ht + êl]! 4-[2.Bsin( bt + S)]2 .
d'où il est aisé de conclure, par la différentiation,
?^L = -2.(b'-b)BB'sm[(b'-b)t+ê'-G],
on trouvera
\ de j an \ dt dt dt J
m'f dG d& i d&\
an \ 3 3/ dt
Il est aisé de s'assurer d'ailleurs, en suivant l'analyse précédente, que le
second terme de la formule (2) produit l'équation séculaire
On aura donc, en réunissant les différentes parties de la formule (2), en
multipliant par dt la fonction résultante et en intégrant ensuite,
fd'.SVi = 11 — (F2 + F'V2 + F"V2)
J 1 a
+ — (g2 - G'V2 + iG"vA
ia\ 3 /
+ -Y H2 -4- H'2 - K= - K'2 + i K"2+ ^ K'"2 V
ta \ 3 3/
résultat qui concorde avec celui que j'avais obtenu par une méthode d'in-
tégration plus expéditive dans le Supplément à la Théorie de la Lune, mais
qui avait besoin d'être confirmé par une analyse rigoureuse pour ne laisser
aucun doute dans les esprits. »
M. Vaillant prie l'Académie de vouloir bien lui renvoyer une N ote sur la
direction des aérostats qu'il lui avait précédemment adressée.
M. Dorxer fait une semblable demande relativement à des pièces justifi-
catives précédemment adressées à l'appui de ses communications concernant
un remède contre diverses affections intestinales et contre le choléra-morbus.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
( 7*5 )
COMITÉ SECRET
M. Mathieu, doyen de la Section d'Astronomie, présente la liste sui-
vante de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du
décès de M. Bond.
Au premier rang.
Au second rang et
par ordre alphabétique-
M. Mac Lear.
M. Challis. .
M. CoOPER.. .
M. Galle. . .
M. Gasparis. .
M. Graham.. .
M. Hencke.. .
M. Lamoxt.. .
M. Lassell. .
M. LlTTROW. .
M. Planta mour
M. Robinson. .
au Cap de Bonne-Espérance.
à Cambridge.
à Markree (Irlande).
à Berlin.
à Naples.
à Markree.
à Driessen (Prusse).
à Munich.
à Liverpool.
à Vienne.
à Genève.
à Armagh.
M. Strcve (Otto\ à Pulkowa près St-Pétersbourg.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
M. Chevreul, doyen de la Section de Chimie, présente la liste suivante
de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite de la nomi-
nation de M. Liebicj à une place d'Associé étranger.
Au premier rang. . . M. Schœxbein.. . à Bâle.
/M. Frankland. . à Londres.
Au second rang en M. Marignac. . . à Genève.
par ordre alphabétique. JM. Piria à Turin.
(M. Schrœtter. . à Vienne.
M. Fremy expose les titres des candidats : ces titres sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures et demie.
C. E., i863, ^Semestre. (T. LVI, N» 13.)
95
( 7*6)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu dans la séance du i3 avril 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Paléontologie française, ou description des animaux invertébrés fossiles de la
Fiance, continuée par une réunion de paléontologistes, sous la direction d'un
Comité spécial. Terrain crétacé; livraisons 9 et 10. Paris, 1862; in-8°.
Pratique des distributions d'eau; par Aristide Dumont. Paris, 1 8(53 ; in-4u.
Le climat de Genève; par E. Plaintamour. Genève, i8G3 ; n-4°.
Discours prononcé aux obsèques de M. Ambroise IFdlaume , par M. le baron
Larrey, au nom Au corps des Officiers de santé militaires, le 22 mars i863.
Paris, 1 863; br. in-8°. (Présenté, au nom l'auteur, par M. J. Cloquet.)
Note sur l'étage barrémien de M. Coquand et sur la place qu'il doit occuper
dans la série crétacée ; par M. F.-J. PlCTET. (Extrait de la Bibliothèque uni-
verselle et Revue suisse.) Br. in-8°.
Discussion de quelques points des méthodes paléontologiques au sujet d'un
Rapport de M. Agassiz sur V arrangement des collections du Musée de
Cambridge ; par le même. (Extrait du même recueil.) Br. in-8°.
Bulletin mensuel de la Société d' Agriculture et de Commerce de Caen;
année 1862. Caen, 1862; vol. in-8°.
Société d'Agriculture et de Commerce de Caen. Comptes rendus des Concours
cl Fêtes qui ont eu lieu à l'occasion de la célébration de l'anniversaire sécu-
laire de sa fondation , du 21 au 3o juillet 1862. I11-80.
Elementi... Eléments de Géométrie , de Trigonométrie et de Géométrie ana-
lytique, pour servir d introduction à la Géométrie descriptive; par Giusto
Bellavitis. Padoue, 18G2; in-8°.
Rivista... Revue des Journaux. (Extraits des Actes de i Institut vénitien ;
3e série; 5e et 6e Revue.) 5 br. in-8°.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS DE MARS 18G5.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 1 er se-
mestre 1 863, nos g à i3 ; in-4°.
Annales rie Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BoussiNGAULT, Regnault ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Phy-
sique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LXVII,
mars i863; in-8°.
Annales de l' Agriculture française ; 5e série, t. XXI, nos 3, 4 et 5; in-8°.
Annales forestières cl métallurgiques; 22e année, t. II, février i863; in-8°.
( 727 )
Annales médico-psychologiques; 21e année; t. I, mars i863; in-8°.
Annales télégraphiques; t. VI ; janvier et février i863; in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France; t. VIII, 1860, ire partie,
feuilles 1 à 8, livraison de février 1 863 ; in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse; t. XVI, nos 60 et 62; Genève; in-8°.
Bulletin de lu Société géologique de France; 2e série, t. XX, feuilles 1 à 5,
livraison de mars 1 863 ; avec la table générale des articles contenus dans le
volume XVIII; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, nos 10 et 1 1 ; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; février ! 863 ; in-8°.
Bulletin de l Académie royale de Médecine de Belgique ; 2e série, t. V, n" 1 1 ;
in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé pu 1
MM. Combes et Peligot; 2e série, t. X, janvier i863; in-4°.
Bulletin de ta Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe 1862,
2e, 3e et 4e trimestre; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie ; 5e série, t. V; février j863; in-8°.
Bulletin de la Société de l'industrie minérale; t. VIII, ire livraison (juil-
let, août et septembre 1862); vol. in-8° avec Atlas in-4°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de
Belgique ; 32e année, 2e série, t. XV, n° 1; in-8°.
Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers ; décembre 1862, janvier et février 1 863 ; in-8°.
Bullettino meteorologico dell' Observatorio del collegio romano, -vol. II, nos 3,
/| et 5. Rome; in-4°-
Catalogue des Brevets d'invention ; année 1862; n° 9; in-8°.
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 1 2e année, t. XXII, nus 1 o à 1 3; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; 36e année, n03 26 à 3^; in-8°.
Gazelle médicale de Paris: 33e année, t. XVIII, nos ioà i3; in-40.
Gazelle médicale d'Orient; 6e année, février i863 ; h>4°.
Journal d' Agriculture pratique ; 27e année, i863, nos 5 et 6; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4e série,
mars i863; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture; t. IX, février
i863; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; 22e année, t. XLI, mars 1 863 ;
in-8°.
Journal des Vétérinaires du Midi ; 26e année, t. VI, mars 1 863 ; in-8c'.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, nos 7
et 8 ; in-8°.
Journal d'Agriculture de la Càte-d' Or ; janvier 1 863 ; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; 2e série, janvier 1 863;
in -4°.
Journal de la Section de Médecine de la Société académique du département
de la Loire-Inférieure; 38e vol., 2o3e et 204e livraisons; in-8°.
( 7*8 )
Journal de Médecine vétérinaire militaire ■ t. I, mars 1 863 ; in-8°.
Journal des fabricants de sucre; 3e année, nos 46 à 49; in-4°.
Les Mondes. . . Bévue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications au\
Arts et à I Industrie; i'e année, t. I, livraisons 187; in-8°.
La Culture; 4e année, t. IV, nos 1 7 et 18; u>8°.
L'Agriculteur praticien; 3e série, t. IV, nos 10 et 11; in-8°.
L'Art médical; 9e année, t. XVII, mars t 863 ; in-8°.
L'Abeille médicale; 20e année; nos 10 à i3; in-4°.
L'Art dentaire; 7e année, nouvelle série; mars 1 863 ; in-8°.
La Lumière; i3e année, n° 5; in-4°-
La Science pittoresque; 7e année; nos ^5 à 48; in-4°.
La Science pour tous; 8e année; nos 14 à 17 ; in-4°.
La Médecine contemporaine ; 5e année, n° 4; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie ; 2e année, n° 24; 3e année, n° 1; in-4'
Le Technologiste ; oJf année, mars i863 ; in-8°.
Leopoldina. . . — Organe officiel de l'Académie des Curieux de la Nature ;
publié par son Président le Dr C. Gust. Carus; 4e livraison; février 1 863 :
in-4°.
L'Europe. . . Journal français de Francfort; 71e année, nos6, 20, 27. - ,
4'j 48, 55, 62, 69, 76, 83; in-4°-
Magasin pittoresque; 3 Ie année ; mars 1 863 ; in-4°.
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; 6e année, t. X; 111,11-
i863; in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres,
vol. XXIII, n°4; in-12.
Nouvelles Annales de Mathématiques ; 2e série; mars i863;in-8°.
Nachrichten... Nouvelles de l'Université deGœttingue; 1 863 ; n° 4; in-12.
Observatorio... Publications de l 'Observatoire météorologique de l'Infant
don Luiz,à l' Ecole polytechnique de Lisbonne; nos 40 et 4 1 , et 1 , 2 et 3 ; in-fol .
Presse scientifique des Deux Mondes ; année 1 863, t. Ier, nos 5 et 6 ; in-8°.
Revue maritime et coloniale ; t. VII, mars 1 863 ; in-8°.
Répertoire de Pharmacie ; t. XIX; mars i863; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; 3oe année, n° 6; in-8°.
Revista de obras publicas. Madrid ; t. XI, nos 5 et 6; in-4°.
The american journal oj Science and Arts ; n° io4, mars 1 863 ; in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 AVRIL 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président entretient l'Académie de la perte douloureuse qu'elle
.i faite depuis sa dernière séance dans la personne de M. Moquin-Tandon,
enlevé par une mort soudaine et que rien ne pouvait faire prévoir quelques
heures auparavant. Mardi dernier, i4 avril, il assistait à une réunion des
Membres du bureau de la Société des Amis des Sciences, et le i5, à trois
heures du matin, il avait cessé d'exister. Dans les derniers devoirs qui lui
ont été rendus, aucun discours n'a été prononcé sur sa tombe. On a dû se
conformer aux intentions qu'il avait plus d'une fois formellement exprimées
à cet égard.
M. Brewster fait hommage à l'Académie de cinq Mémoires qu'il a
publiés dans les tomes XXII et XXIII de la Société Philosophique d'Edim-
bourg. [ Voir au Bulletin bibliographique.) Il signale quelques lacunes qui
existent dans sa collection des publications de l'Académie, et demande si,
en sa qualité d'Associé étranger de l'Académie, il ne peut pas espérer rece-
voir un exemplaire de la nouvelle édition des « Œuvres de Lavoisier » .
(Renvoi à la Commission administrative.)
CHIMIE. — De la dissociation de C acide carbonique et des densités des vapeurs;
par M. H. Sainte-Claire Deville.
« J ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans ces six dernières
années, une série de Mémoires dans lesquels j'ai étudié les circonstances qui
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, K° 1C.) 96
( 73o)
accompagnent la décomposition spontanée des corps sous l'influence de la
chaleur. J'ai proposé d'appeler dissociation ce phénomène, toutes les fois
qu'il se produit partiellement et à une température inférieure à celle qui
correspond à la destruction absolue du composé, ou plutôt à sa réduction
complète en ses éléments. La transformation d'un corps composé en un mé-
lange de corps moins complexes ou de corps simples est un véritahle chan-
gement d'état, accompagné de toutes les circonstances au milieu desquelles
s'opèrent les changements d'état, lorsque la cohésion seule intervient. En
effet, partout où il y a dégagement de chaleur par combinaison ou absorption
de chaleur par décomposition, l'invariabilité delà température des matières
qui réagissent ou se séparent est une condition nécessaire du phénomène :
celui-ci dépend seulement de la chaleur de combinaison ou de la chaleur
latente de décomposition. Mais tout y est constant et tout se passe, pour la
combinaison, comme dans la condensation des vapeurs, en vertu d'une perte
de chaleur latente invariable; pour la décomposition complète, comme dans
lebullition des liquides, en vertu d'une absorption de chaleur latente con-
stante pour chaque espèce composée. J'ai comparé la dissociation ou décom-
position au-dessous de son point fixe à l'évaporation d'un liquide au-dessous
de son point d'ébullition, phénomène nécessairement incomplet et dont la
quantité varie avec la température et le milieu dans lequel il se produit; et
j'ai appelé tension de dissociation la quantité d'un corps qui se décompose
dans sa propre vapeur, comparée à la masse totale soumise à l'action de la
chaleur.
» J'ai déjà démontré la dissociation de l'eau à une température moyen-
nement élevée, en séparant ses éléments par l'action d'un dissolvant ou l'in-
tervention d'un phénomène mécanique. Je réussis encore plus facilement
avec l'acide carbonique, à cause de la résistance que montrent l'oxygène et
l'oxyde de carbone à se combiner, quand ils sont disséminés dans une
grande masse de gaz inerte : heureusement pour la rigueur de ma démons-
tration, ce gaz peut être l'acide carbonique lui-même.
» Je prends un tube de porcelaine dans lequel j'en fais entrer un autre
plus étroit et que je remplis de fragments de porcelaine. Cet appareil, en-
touré d'un tube de fer bien lutè à l'argile, est porté à une température que
j'estime à i3oo° environ. Il est traversé par un courant d'acide carbonique
absolument pur, venant d'un générateur dont la description ne peut trouver
place ici. Les gnz se rendent sur une petite cuve en porcelaine pleine de
potasse concentrée où plongent de longs tubes fermés par un bout, remplis
de potasse et dans lesquels on recueillera les gaz pour les séparer en même
temps de l'acide carbonique en excès.
( ?3i )
» Quand l'appareil est bien chaud, l'acide carbonique, qui s'en échappe
avec une vitesse de 7',83 à l'heure, cesse d'être entièrement absorbé, et
l'on recueille en même temps de 20 à 3o centimètres cubes d'un gaz forte-
ment explosif dont la composition est constante et qui renferme:
Oxygène 3o
Oxyde de carbone 62 , 3
Azote 7,7
100,0 (1)
» Si l'on fait passer la même quantité d'acide carbonique au travers de
la potasse de la cuve, on obtient, au bout du même temps et dans les mêmes
tubes, une quantité de gaz égale à icc,4 dont la composition est :
Oxygène 14
Azote 86
100
ce qui explique parfaitement la présence accidentelle de l'azote dans les
produits bruts de la dissociation de l'acide carbonique.
» Je ferai remarquer que cette expérience, toute simple qu'elle est, ne
permet pas, en supposant même que la température soit connue, de calculer
la tension de dissociation de l'acide carbonique à cette température, car
une portion des gaz dissociés a pu se recombiner pendant le refroidissement.
» Je demanderai à l'Académie la permission de discuter ici des expé-
riences d'une haute importance qui ont été introduites dans la science tout
récemment par M. Pebal (2) d'abord, puis par MM. Wanklyn et Ro-
binson (3).
» M. Pebal chauffe du chlorhydrate d'ammoniaque dans un appareil
très-ingénieusement combiné et traversé dans toutes ses parties par un cou-
rant d'hydrogène. Une cloison perméable formée par un tampon d'a-
miante (4) sépare en deux parties l'appareil tout entier et permet de con-
(1) Ces analyses sont une moyenne de plusieurs observations concordantes.
(2) Jnnalcn der Chemie und Pharmacie, p. igg, t. XLVIT (série nouvelle), août 1862,
ou Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LXVII, p. g3.
(3) Comptes rendus, t. LVI, p. 547 (2^ mars i863).
(4) J'ai vérifié que le sel ammoniac n'exerce aucune action sur l'amiante à basse tempe-
rature. La critique de MM. Wanklin et Robinson, relative à l'expérience de M. Pebal, n'est
donc pas fondée.
96..
( 732 )
stater dans l'une de ces parties la présence de l'acide chlorhydrique (en
petite quantité, sans doute, puisque le papier de tournesol est le seul réactif
employé par l'auteur), et dans l'autre partie la présence de l'ammoniaque.
Le sel ammoniac a donc été décomposé par diffusion à une température de
4oo° à 5oo° (d'après mon estime) ; M. Pebal l'a prouvé en faisant une judi-
cieuse application des admirables méthodes de M. Graham.
» MM. Wankiyn et Robinson se sont appuyés sur les mêmes phénomènes
de diffusion pour décomposer avec un tout autre système d'appareils le per-
chlorure de phosphore et l'acide sulfurique ordinaire. Je supposerai connus
du lecteur ces résultais très-curieux qui ont été publiés il y a quelques
semaines dans les Comptes 7-endus.
» Ces expériences sont inattaquables dans leur principe; mais je crois
que les conséquences qu'on en tire sont inexactes. Je les interpréterai au
moyen du langage que M. Graham a introduit lui-même dans la science.
» Quand on soumet à la diffusion du bisulfate de potasse ou de l'alun,
ces corps, dont l'existence, à la température ordinaire, est incontestable
assurément, ne peuvent se répandre dans une quantité indéfinie de liquide
sans être décomposés, à cause du pouvoir diffusif différent de l'acide sulfu-
rique et du sulfate de potasse, du sulfate d'alumine et du sulfate de potasse.
Les divers compartiments de l'appareil à diffusion de M. Graham contien-
nent en effet des sels de composition variable; l'alun et le bisulfate de po-
tasse ont été décomposés par diffusion. Il y a donc une véritable force qui
provoque la séparation des éléments et qu'il ne faut pas négliger (car elle
est considérable) dans l'explication des phénomènes dont MM. Pebal,
Wankiyn et Robinson ont publié la description. Le même raisonnement
est, en effet, applicable à la diffusion dans les gaz de vapeurs dont les élé-
ments possèdent un pouvoir diffusif on de transpiration différent. L agent
nouveau de décomposition introduit par M. Graham est assez énergique
pour qu'on ne puisse plus aujourd'hui considérer comme spontanées les de-
compositions produites sous son influence. Celles-ci ne prouvent en aucune
manière que le sel ammoniac, l'acide sulfurique, le perchlorure de phos-
phore soient décomposables dans leur propre vapeur, aux températures em-
ployées par les auteurs. Les expériences de M. de Marignac sont bien plus
probantes à l'égard de l'acide sulfurique; mais elles montrent aussi que
cette décomposition est bien faible.
» MM. Cannizzaro et H. Ropp sont les premiers qui se soient appuyés
sur mes expériences de dissociation pour essayer de démontrer que les va-
peurs même les plus complexes ne pouvaient jamais représenter huit vo—
( 733 )
lûmes pour un équivalent. Je dois dire d'abord que le nombre des matières
qui rentrent dans cette catégorie est aujourd'hui tellement considérable,
d'après des expériences nouvelles que M. Troostet moi nous allons publier
très-prochainement, qu'il devient peu logique de rejeter désormais les faits
de l'expérience par une fin de non-recevoir qui consiste à considérer comme
décomposés, au moment où l'on en prend la densité de vapeur, tous les
corps qui représentent huit volumes. De plus, ce raisonnement devient dan-
gereux quand il sert seulement à appuyer des idées conjecturales sur la
constitution atomique des combinaisons chimiques. J'ai donc cru nécessaire
de faire à ce sujet une expérience qui levât tous les doutes.
» Dans une enceinte chauffée extérieurement à la température invariable
de 35o° par la vapeur de mercure, j'introduis un thermomètre à air, qui
se met bientôt en équilibre avec les parois. Puis je fais arriver rapidement,
au moyen de deux tubes distincts, deux courants gazeux de même vitesse,
l'un d'acide chlorhydrique et l'autre d'ammoniaque. Ail moment où les gaz
se combinent, l'air sort brusquement du thermomètre à air et indique une
élévation subite de température; et si l'on ferme la tige du thermomètre au
moment où le dégagement des vapeurs est suffisamment abondant, on voit
que la température de l'enceinte a été portée à 3g4°,5, malgré le refroidisse-
ment incessant causé par les vapeurs de mercure, qui ramènent constam-
ment à 35o° les parois de l'enceinte.
» Ainsi, non-seulement le sel ammoniac ne se décompose pas à 394°,5,
mais ses éléments s'unissent à cette température avec dégagement de cha-
leur, chaleur bien plus considérable sans doute que ne peuvent le faire sup-
poser les nombres cités plus haut. Or, en prenant la densité de vapeur du
sel ammoniac à 35o°, dans la vapeur de mercure, nous l'avons trouvée égale
à i ,00 , au lieu de o,g3 = 8 vol. qu'indique la théorie.
» Cette expérience fait voir combien il faut être prudent avant de rejeter
comme inadmissibles les résultats de l'expérience, parce qu'ils sont en dés-
accord avec des théories atomistiques, excellentes assurément pour diriger
dans les voies nouvelles de la science, mais que l'histoire de leurs varia-
tions doit nous faire considérer comme essentiellement transitoires.
» Dans une prochaine communication je donnerai, en mon nom et au
nom de M. Troost, un grand travail expérimental sur les densités de vapeur,
dont le résultat final est de généraliser encore les grands faits introduits
dans la science par Gay-Lussac, MM. Dumas, Mitscherlich et Cahours. »
( 7^4)
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Examen du rôle attribué au gaz oxygène atmosphé-
rique dans la destruction des matières animales et végétales après la mort ;
par M. L. Pasteur.
a L'observation la plus vulgaire a montré de tout temps que les matières
animales et végétales, exposées après la mort an contact de l'air, ou enfouies
sous la terre, disparaissent à la suite de transformations diverses.
» La fermentation, la putréfaction et la combustion lente sont les trois
phénomènes naturels qui concourent à l'accomplissement de ce grand fait
de destruction de la matière organisée, condition nécessaire de la perpétuité
de la vie à la surface du globe.
» Dans mes travaux de ces dernières années, et plus particulièrement
dans une communication récente, j'ai indiqué avec précision quelles étaient,
suivant moi, les vraies causes des fermentations, et j'ai annoncé le principal
résultat de recherches que je poursuis sur la putréfaction proprement
dite.
» Partout la vie, se manifestant chez les productions organisées les plus
infimes, m'apparaît comme l'une des conditions essentielles de ces phéno-
mènes, mais la vie avec une manière d'être inconnue jusqu'à ce jour, c'est-
à-dire sans consommation d'air ou de gaz oxygène libre.
» La matière morte qui fermente ou qui se putréfie ne cède donc pas,
uniquement du moins, à des forces d'un ordre purement physique ou chi-
mique. Il faut bannir de la science cet ensemble de vues préconçues qui
consistaient à admettre que toute une classe de matières organiques, les
matières plastiques azotées, peuvent acquérir, par l'influence hypothétique
d'une oxydation directe, une force occulte, caractérisée par un mouvement
intestin, prêt à se communiquer à des substances organiques prétendues
peu stables.
v Je vais essayer d'établir aujourd'hui expérimentalement que les com-
bustions lentes dont les matières organiques mortes sont le siège, lorsqu'elles
sont exposées au contact de l'air, ont également, dans la plupart des cas,
une étroite liaison avec la présence des êtres les plus inférieurs. Nous arri-
verons ainsi à cette conséquence générale, que la vie préside au travail de
la mort dans toutes ses phases, et que les trois termes, dont je parlais
tout à l'heure, de ce retour perpétuel à l'air de l'atmosphère et au règne
minéral des principes que les végétaux et les animaux en ont empruntés,
sont des actes corrélatifs du développement et de la multiplication d'êtres
organisés.
( 735 )
» L'exposition de quelques expériences et analyses suffira pour faire com-
prendre à l'Académie les faits et les conséquences dont je me propose de
l'entretenir.
» Le i5 mai 1860, j'ai brisé en plein air, dans un jardin, la pointe effilée
et fermée d'un ballon de 25o centimètres cubes, vide d'air, renfermant
80 centimètres cubes d'eau de levure sucrée qui avait été portée à Pébulli-
tion. Aussitôt après la rentrée de l'air, j'ai refermé la pointe du ballon à la
lampe. Si l'on se rappelle l'un des procédés d'expérimentation de mon Mé-
moire sur les générations dites spontanées, on verra que cet essai est l'un
de ceux que j'ai employés pour démontrer qu'il n'y a pas continuité dans
l'atmosphère de la cause de ces générations. Il arrive, par exemple, très-
souvent, que le liquide du ballon ne donne naissance ultérieurement ni à
des infusoires, ni à des mucédinées, et qu'il conserve toute sa limpidité
première, bien que le ballon ait reçu, au moment de son ouverture, de l'air
commun ordinaire. Tel a été précisément le cas, en ce qui concerne le
ballon dont je viens de parler. Son liquide était encore intact le 5 fé-
vrier 1 863, jour où j'ai analysé l'air qu'il renfermait. Cet air contenait :
Oxygène 18,1
Acide carbonique 1 ,4
Azote par différence 80, 5
100 ,0
On voit donc que, dans l'espace de trois années, les matières albuminoïdes
de l'eau de levure de bière, associées à de l'eau sucrée et exposées à Pair
ordinaire, mais dans des conditions où il ne s'est pas développé d'animal-
cules ou de mucédinées, ont absorbé 2, 7 pour 100 de gaz oxygène qu'elles
ont rendu en partie à l'état d'acide carbonique. L'oxydation directe, la
combustion lente de ces matières organiques a donc été à peine sensible.
Néanmoins, sur les trois années, le ballon avait été pendant dix-huit mois
dans une étuve chauffée de 25° à 3o°.
» Le 22 mars 1860 j'ai rempli d'air, 'privé de germes par une température
élevée, un ballon de a5o centimètres cubes, renfermant 60 à 80 centimètres
cubes d'urine bouillie en suivant la méthode indiquée au chapitre III
[fig. 10, PI. I) de mon Mémoire sur les générations dites spontanées. Le
liquide avait encore une parfaite limpidité au mois de janvier i863. Sa
couleur tirait un peu sur le rouge brun très-clair. Une poussière cristalline,
sablonneuse, formée d'acide urique, s'était déposée en très-petite quantité
sur les parois du ballon. Il y avait en outre quelques groupes aiguillés
( 736 )
que j'ai reconnus être du phosphate de chaux cristallisé. L'urine était encore
acide, mais cette acidité avait plutôt diminué qu'augmenté. Son odeur rap-
pelait exactement celle de l'urine fraîche après ébullition. L'air du ballon
renfermait :
Oxygène 11,4
Acide carbonique. 1 1 ,5
Azote par différence. 77,1
100,0
» Ainsi, après trois années environ, il restait encore 1 1 à 12 pour 100 de
gaz oxygène. En outre, tout l'oxygène qui a été absorbé se retrouve exacte-
ment dans l'acide carbonique produit, moins la différence toutefois qui peut
résulter des coefficients de solubilité des deux gaz dans le liquide en expé-
rience.
» Quoi qu'il en soit, on voit combien est lente et difficile l'oxydation
directe des matériaux de l'urine par l'air atmosphérique, lorsque cet air a
été placé dans des conditions où il est impropre à provoquer le dévelop-
pement des êtres organisés inférieurs.
» Le 17 juin 1860, j'ai rempli d'air porté à une température rouge un
ballon de a5o centimètres cubes, renfermant 60 centimètres cubes de lait
qui avait été tenu en ébullition deux ou trois minutes à 1080. J'ai étudié le
lait de ce ballon et analysé l'air en contact le 8 février 1 863. Le lait était
presque neutre aux papiers réactifs, avec tendance non douteuse à l'alcali-
nité. Il avait la saveur du lait ordinaire, mais rappelant un peu celle du
suif. Far le repos, sa matière grasse se séparait sous forme de grumeaux. Il
fallait agiter le lait dans le ballon pendant quelques instants pour qu'il
reprît l'aspect du lait frais. Du reste ce lait n'était nullement caillé. L'air du
ballon renfermait :
Oxygène 3 , 1
Acide carbonique 2,8
Azote par différence 94 > '
100,0
» Cette analyse nous montre que la matière grasse du lait a absorbé une
lorte proportion d'oxygène, comme dans les expériences de de Saussure sur
les huiles. Mais, malgré cette oxydation directe, et réputée très-facile, des
matières grasses, on voit qu'il reste encore, après un intervalle de trois
années environ, plusieurs centièmes de gaz oxygène dans l'air du ballon.
» Si l'on répète, au contraire, toutes les expériences précédentes, dans les
( 737)
mêmes conditions, mais sous l'influence du développement des germes des
organismes les plus inférieurs de nature végétale ou animale, tout l'oxygène
de l'air des ballons est absorbé dans l'espace de quelques jours seulement,
avec dégagement simultané en proportions variables de gaz acide carbo-
nique.
» Je citerai encore deux expériences comparatives très-dignes d'attention.
Le 26 février dernier j'ai rempli d'air, privé de ses germes par une tempé-
rature rouge, un ballon de 25o centimètres cubes, renfermant 10 grammes
de sciure de bois de chêne, qui avait été portée à la température de l'ébul-
lition avec quelques centimètres cubes d'eau. Un mois après, le 27 mars,
l'air du ballon renfermait :
Oxygène 16,2
Acide carbonique 2,3
Azote par différence 81 ,5
100,0
« Par conséquent, dans l'espace d'un mois (à la température constante
de 3o°), de la sciure de bois de chêne exposée au contact de l'air n'a absorbé
que quelques centimètres cubes de gaz oxygène.
» Au contraire, ayant placé, le 21 février 1 863, 20 grammes de sciure de
bois de chêne humide dans un grand ballon de 4 litres, sans prendre aucune
précaution pour éloigner les germes disséminés dans l'air ou dans la sciure,
et ayant analysé l'air du ballon quatorze jours après, j'ai trouvé qu'il renfer-
mait déjà 7,2 pour 100 d'acide carbonique, et que près de 3oo centimètres
cubes de gaz oxygène avaient été consommés. Cette combustion facile de la
sciure de bois exposée au contact de l'air atmosphérique ordinaire a été
signalée depuis longtemps par Th. de Saussure, dans des essais bien
connus sur la formation du terreau.
» D'où provient la différence considérable entre les résultats des deux
expériences que je viens de rapporter ? Au premier aperçu rien ne met sur
la voie. Mais si l'on examine à la loupe et au microscope la surface de la
sciure de bois dans le cas où l'on n'a pris aucune précaution pour éloigner
les germes des mucédinées, c'est-à-dire dans l'essai fait à la manière de
de Saussure, on voit que la sciure est couverte d'un duvet léger et à peine
sensible de sporanges et de mycéliums de mucédinées diverses.
» En résumé, si l'on étudie la combustion lente des matières organiques
mortes sous l'influence seule de l'oxygène de l'air atmosphérique, on trouve
que cette combustion n'est pas douteuse et qu'elle varie d'intensité et de
C B., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° IG.) 97
( 738 )
manière d'être suivant la nature des substances organiques, à peu pies
comme on rencontre des métaux que l'air n'oxyde pas, tels que l'or et le
platine, d'autres médiocrement oxydables, tels que le cuivre et le plomb,
d'autres enfin très-oxydables, tels que le potassium et le sodium.
» Mais ce qui est digne de remarque, et c'est précisément le fait principal
sur lequel je désire aujourd'hui appeler l'attention de l'Académie, la com-
bustion lente des matières organiques après la mort, quoique réelle, est a
peine sensible lorsque l'air est privé des germes des organismes inférieurs.
Elle devient rapide, considérable, sans comparaison avec ce qu'elle est dans
le premier cas, si les matières organiques peuvent se couvrir de mucédinées.
de mucors, de bactéries, de monades. Ces petits êtres sont des agents de
combusiion dont l'énergie, variable avec leur nature spécifique, est quel-
quefois extraordinaire, témoin l'exemple saisissant de la combustion de
l'alcool, de l'acide acétique, du sucre, par les mycodermes que j'ai fait con-
naître il y a une année à l'Académie.
» Les principes immédiats des corps vivants seraient en quelque sorte
indestructibles si l'on supprimait de l'ensemble des êtres que Dieu a créés
les plus petits, les plus inutiles en apparence. Et la vie deviendrait impos-
sible, parce que le retour à l'atmospbèrc et au règne minéral de tout ce qui
a cessé de vivre serait tout à coup suspendu.
» Cependant, si je m'étais borné aux expériences précédentes* une objec-
tion sérieuse aurait pu m'ètre présentée. Dans les essais dont je viens d'en-
tretenir l'Académie, j'ai opéré constamment sur des matières organiques
non-seulement mortes, mais qui avaient été en outre préalablement portées
à la température de l'ébulrition. Or il n'est pas douteux que les matières orga-
niques sont profondément modifiées par une température de ioo°. Il fallait
donc étudier, s'il était possible, la combustion lente des matières organiques
naturelles, non chauffées préalablement, telles, en un mot, que la vie les
eonslitue.
» Par un procédé expérimental assez simple, mais dont la description
allongerait outre mesure cette communication (i), j'ai réussi à exposer au
contact de l'air, privé de ses germes, des liquides frais, putrescibles à un
très-haut degré, je veux parler du sang et de l'urine.
» J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie des ballons renfer-
mant de l'air pur et du sang veineux (ou artériel) récueilli sur un chien en
(i) Je dirai seulement, afin que l'un soit bien assuré des bonnes dispositions des expe-
riences, que M. Claude Bernard a eu l'extrême obligeance de présider lui-même à la prise du
sang.
8
( 739 )
bonne santé le 3 mars dernier. Ces ballons ont été exposés depuis le 3 mars
dans une étuve constamment chauffée à 3o°. Le sang n'a éprouvé aucun
genre de putréfaction. Son odeur est celle du sang frais.
» Mais ce que je veux surtout faire observer présentement, c'est le peu
d'activité de la combustion lente, de l'oxydation directe des principes du
sang. Si l'on analyse l'air des ballons après une exposition d'un mois à six
semaines à l'étuve, on ne constate encore qu'une absorption de i à 3
pour ioo de gaz oxygène, qui est remplacé par un volume égal de gaz acide
carbonique.
» Je dépose également sur le bureau de l'Académie des ballons pareils
aux précédents, mais renfermant de l'urine fraîcbe, naturelle, telle qu'elle
existe dans la vessie. Elle est intacte. Sa coloration s'est un peu avivée, et
quelques cristaux lenticulaires, probablement d'acide uriqne, se sont dépo-
sés. L'oxydation directe des matériaux de l'urine est également insensible.
Apres quarante jours, j'ai trouvé dans un des ballons :
Oxygène ic) , ?.
Acide carbonique ... o ,8
Azote 8o,o
ioo,o
» Les conclusions auxquelles j'ai été conduit par la première série de
mes expériences sont donc applicables dans tous les cas aux substances
organiques, quelles que soient les conditions de leur structure.
» Je ne puis passer sous silence en terminant un résultat bien curieux,
qui est relatif à ces cristaux du sang dont on a fait le sujet de beaucoup de
travaux dans ces dernières années, particulièrement en Allemagne.
» Dans les circonstances dont je viens de parler, où le sang exposé au
contact de l'air pur ne se putréfie pas du tout, les cristaux du sang se forment
avec une remarquable facilité. Des les premiers jours de son exposition a
l'étuve, plus lentement à la température ordinaire, le sérum se colore peu
à peu en brun foncé. Au fur et à mesure que cet effet se produit, les glo-
bules du sang disparaissent, et le sérum et le caillot se remplissent de cris-
taux aiguillés très-nets, teints en brun ou en rouge. Au bout de quelques
semaines, il ne reste pas un seul globule sanguin ni dans le sérum ni dans
le caillot. Chaque goutte de sérum renferme par milliers ces cristaux, et la
plus petite parcelle de caillot écrasée sous la lame de verre offre de la fibrine
incolore, très-élastique, associée à des amas de cristaux en nombre incalcu-
lable, sans que Ion puisse nulle part découvrir la moindre trace des glo-
bules du sang.
97--
( 74o )
» Il sera superflu sans doute de faire remarquer que les expériences
dont je viens d'entretenir l'Académie au sujet du sang et de l'urine portent
un dernier coup à la doctrine des générations spontanées, aussi bien qu'à
la théorie moderne des ferments. »
ÉCONOMIE RURALE. — Piecherches chimiques sur la respiration des animaux
d'une ferme; par M. J. Reiset. (Extrait par l'auteur. )
« L'étude de la respiration des animaux a été faite principalement, jus-
qu'ici, à un point de vue physiologique ou médical. Mais cette étude pré-
sente également un grand intérêt pour l'agronomie, car elle nous fournit
des renseignements utiles pour diriger l'hygiène, l'alimentation et l'engrais-
sement des bestiaux; enfin, elle se lie d'une manière intime aux phéno-
mènes de la vie des végétaux, qui puisent incessamment dans l'atmosphère
l'acide carbonique et les produits azotés fournis par la respiration de ces
milliers d'êtres vivants qui sont répandus à la surface du sol.
» Nous avons publié en 1849, M. Regnault et moi, les résultats de nom-
breuses expériences sur la respiration des animaux des diverses classes. Dès
cette époque, j'avais formé le projet de poursuivre ces recherches en me
préoccupant, avant tout, de l'intérêt agronomique, c'est-à-dire en cher-
chant les variations de composition que les animaux ordinaires d'une
ferme font subir à l'air atmosphérique.
» Lorsque je mis ce projet à exécution, je n'avais plus le secours direct
de i'éminent collaborateur qui avait présidé à nos premiers travaux, mais
ses conseils et sa bonne amitié ne m'ont pas fait défaut, et M. Regnault a
bien voulu faire exécuter, à Paris, les appareils qui m'étaient nécessaires pour
opérer, dans ma ferme, sur des animaux d'un grand volume.
» Dans mes nouvelles expériences, j'ai suivi la méthode directe adoptée
dans nos premières recherches ; je me suis imposé la condition de faire
séjourner les animaux, pendant longtemps, dans un volume d'air limité,
mais qui était ramené constamment à l'état normal par le jeu même des ap-
pareils. L'oxygène nécessaire à la respiration était fourni incessamment par
des gazomètres qui contenaient un grand volume de ce gaz préparé avec le
plus grand soin. L'acide carbonique, qui est le produit principal delà res-
piration, était régulièrement absorbé par des dissolutions alcalines, et l'on
pouvait, à la fin de l'expérience, connaître avec une grande précision et la
quantité d'oxygène consommé par l'animal, et celle de l'acide carbonique
formé. Quant aux autres produits gazeux provenant de la respiration, on les
trouvait dans l'atmosphère de l'espace dans lequel l'animal avait séjourné,
( 74i )
et les proportions de ces gaz étaient toujours assez petites pour que la com-
position de cette atmosphère différât peu de celle de notre atmosphère
terrestre.
» Telle était la disposition générale des expériences; mais le volume des
animaux de la ferme sur lesquels j'ai dû opérer dans ce nouveau travail, les
poids considérables d'oxygène absorbé et d'acide carbonique exhalé, ajou-
taient des difficultés nouvelles qu'on n'a pu surmonter qu'avec des moyens
mécaniques puissants.
» Ainsi l'oxygène était fourni par deux gazomètres, dont chacun avait
une capacité de 220 litres, équilibrés de façon à avoir seulement un excé-
dant de pression de imm,5 de mercure sur l'atmosphère de la cellule dans
laquelle se trouvait l'animal. Un compteur à gaz d'une disposition parti-
culière indiquait à chaque moment les quantités de gaz consommé.
» L'absorption de l'acide carbonique se faisait dans deux grandes pipettes
en verre, dont chacune jaugeait 35 litres, et renfermant à elles deux 43 litres
d'une dissolution de potasse caustique régulièrement titrée. Les oscillations
périodiques de ce système de pipettes étaient produites par la machine à
vapeur de ma distillerie, qui faisait faire au système une oscillation double
en 72 secondes, c'esl-à-dire qui amenait dans cette période de temps 70 litres
d'air au contact de la dissolution alcaline, laquelle absorbait à peu près
complètement l'acide carbonique. L'une des pipettes prenait l'air au som-
met de la cellule, l'autre puisait l'air au bas et sur la face opposée, de sorte
que le jeu des pipettes n'avait pas seulement pour effet de débarrasser l'air
de l'acide carbonique exhalé, mais il produisait une agitation continuelle de
l'air de la cellule et le maintenait ainsi à une composition uniforme.
» Un appareil manométrique, convenablement disposé, permettait, à un
moment quelconque de l'expérience, de puiser dans l'atmosphère qui en-
toure l'animal un volume déterminé d'air pour le soumettre à l'analyse
eudiométrique.
» Mes expériences ont été faites :
» i° Sur des moutons adultes de 4 à 6 ans;
» 20 Sur des veaux de 5 à 9 mois;
» 3° Sur des animaux de l'espèce porcine : verrat de 8 mois, verrat
de 2 ans, grosse truie de 2 ans;
» 4° Sur de grosses volailles de la ferme, dindons et oies.
» Les dimensions de mes appareils ne me permettaient malheureusement
pas d'opérer sur de plus gros animaux adultes, tels que vaches, bœufs et
chevaux, mais je ne désespère pas d'y parvenir.
{ 7'»2 )
Moutons.
» J'ai soumis à l'expérience :
» i° Une brebis A de 6 ans pesant 66 kilogrammes ;
» 2° Un mouton B de l\ ans pesant 65 kilogrammes;
» 3° Une brebis G <!e 6 ans pesant 66 kilogrammes.
« Je donnerai d'abord les résultats obtenus avec les animaux A et B ; je
séparerai ceux qui ont été fournis par la brebis C qui s'est trouvée dans des
conditions particulières.
Rrebis A. Mouton B.
Oxygène consommé pendant l'expérience ^6osr, o65 33gcr, 259
Icide carbonique produit 628e1", 900 452er,555
Azote exhale 38% 200 2cr, 323
Hydrogène protocarboné exhalé 181", 789 1 3'",4^7
D'où l'on déduit, carbone brûlé par heure 1 2sr, 080 96r, 546
Rapport entre le poids de l'azote exhalé et celui
de l'oxygène consommé o, 0069 0,0068
Oxvcène disparu dans l'acide carbonique qq, Ao 1 07, o3 )
r, , ' w'7 100,00 y" (100,00
Oxygène employé autrement o, 00 ( 2, 97 )
Durée de l'expérience i4h I2m i3b56'"
» Les animaux sortent de l'appareil en parfaite santé.
» La presque totalité de l'oxygène disparu se retrouve donc dans l'acide
carbonique produit; l'exhalation d'azote est très-manifeste, mais on remar-
que, en outre, un dégagement d'hydrogène protocarboné beaucoup plus
considérable, qui s'élève à 18'", 8 dans la première expérience A et à i3'", 1
dans la seconde expérience B.
» Les trois expériences qui suivent ont été faites sur la brebis C. Dans la
première expérience C, cette brebis avait été gavée d'aliments en dehors de
son régime habituel qui se composait, comme celui des antres moutons, de
pulpes de betteraves et de paille. Peu d'heures avant son entrée dans l'ap-
pareil, le berger lui avait donné une copieuse ration de son, mélangé avec de
l'avoine. La bète a éprouvé une indigestion, et à la fin de l'expérience, qui
a duré i4b'2m, on la retire de l'appareil dans les plus mauvaises condi-
tions; elle ne peut se tenir sur ses jambes; elle laisse tomber sa tète; son
ventre est méléorisé. Le trouble subi par l'animal se montre nettement dans
les produits de la respiration. La proportion d'azote exhalé s'élève
à 4,sr?88o; cette proportion est i4 fois plus considérable que pour un ani-
mal dans les conditions normales. L'hydrogène protocarboné produit est
de 22 litres; tout l'oxygène consommé se retrouve dans l'acide carbonique.
( 743 )
c
Oxygène consommé pendant l'expérience 4"88r, 0N8
Acide carbonique produit 66isr-, 875
Azote exhalé 4 ' er, 880
Hydrogène protocarboné exhalé ai1'1, 923
D'où l'on déduit, carbone brûlé par heure 1 2er, oqa
Rapport entre le poids de l'azote exhalé et celui de l'oxygène consommé oer, 087(1
Durée de l'expérience i4'' 1 2"'
» Les deux expériences D et E, faites à quelques jours d'intervalle sur
cette même brebis C parfaitement rétablie et se trouvant d'ailleurs dans des
conditions normales de régime, montrent que les produits de la respiration
reviennent aussi aux conditions normales. On retrouve pour l'azote exhalé
et pour l'hydrogène protocarboné produit des proportions qui se rappro-
chent de celles obtenues dans les précédentes expériences sur la brebis A
et sur le mouton B.
D E
Oxygène consommé pendant l'expérience 326sr, 4<)| 365gr, 61 5
' ;
21
Acide carbonique produit 448s%9'29 5o2er.
Azote exhalé 3Br, 338 7Br,5i4
Hydrogène protocarboné exhalé i5''',238 iolil, 774
D'où l'on déduit, carbone brûlé par heure i2er, 180 o",84o
Rapport entre le poids de l'azote exhale et celui de
l'oxygène consommé ■. 0,012 o, o2o5
Durée de l'expérience ioh3m i3b5(;)m
» La brebis sort de l'appareil dans le meilleur état.
» Les expériences faites sur les veaux montrent que chez ces ruminants
le phénomène de la respiration s'accomplit, comme chez les moutons, avec
une exhalation d'azote et une production considérable d'hydrogène proto-
carboné. Dans l'expérience n° 3, un veau de 9 mois a exhalé 20 litres de ce
gaz en i4h37m. Le rapport entre le poids de l'oxygène contenu dans l'acide
carbonique et le poids de l'oxygène consommé reste constant dans les
trois expériences. Pour 100 d'oxygène consommé, on en retrouve en
moyenne 86,44 dans l'acide carbonique. La proportion d'oxygène fixé est
plus considérable que chez les moutons.
Veaux.
I. Un veau mâle de 5 mois; poids, 62 kilogrammes. Durée de l'expérience, 1 31' S1".
II. Un veau mâle de 9 mois; poids, 1 i5 kilogrammes. Durée de l'expérience, 1 ill22m.
III. Un veau mâle, le même que dans l'expérience précédente; poids, 1 i5 kilogrammes.
Durée de l'expérience, i4h37m. Ces animaux étaient au pâturage.
( 744 )
Oxygène consommé pendant I. il. m.
l'expérience 433l;r;559 629^,692 7 1 9^ , 3 1 7
Acide carbonique produit. . 5i3sr,453 747er,i62 85ger,458
Azote exhalé 3*r , 576 3^ , 848 £p , 34g
Hvdrogène protocarboné. . . i4lit>526 i6,H,4l3 20m,38i
D'où l'on déduit, carbone
brûlé par heure io6r,668 17^,928 i68r,o38
Rapport entre le poids de
l'azote exhalé et celui de
l'oxygène consommé. .. . 0,0081 0,0061 0,0060
Oxygène disparu dans l'a- j Q„ ) QC I oc o i
., , . { bb,i3 86,29/ 86,09/
cide carbonique ( > 100,00 > 100,00 /
Oxygèneemployéautrement. 13,87! 13,71 I i3,ii '
100,00
» La production de l'hydrogène protocarboné pendant la respiration
des ruminants est un fait général qui me paraît lié, d'une manière absolue,
aux phénomènes de la digestion. Ce gaz doit prendre naissance au sein des
masses alimentaires, de nature végétale, qui sont en voie de fermentation
et d'élaboration dans le premier estomac. J'ajouterai à l'appui de cette
pensée que j'ai eu l'occasion de retrouver l'hydrogène protocarboné en
proportions considérables dans l'estomac des ruminants qui succombent à
la suite de l'indigestion gazeuse connue sous le nom de météorisation.
» Nos anciennes expériences n'ont pas porté sur des ruminants; mais
nous avons étudié la respiration des lapins, dont l'alimentation est très-peu
différente. Nous avons reconnu également pour ces animaux une exhala-
tion d'azote. La proportion de ce gaz, rapportée au poids de l'oxygène
consommé, était en moyenne de 0,004 1. Le rapport entre le poids de
l'oxygène contenu dans l'acide carbonique et le poids.de l'oxygène con-
sommé était 0,92 en moyenne. Enfin on a trouvé constamment une exha-
lation notable d'hydrogène protocarboné. On voit que la respiration des
rongeurs diffère peu de celle des ruminants. Ces résultats confirment la
conclusion que nous avons tirée de nos premières recherches, savoir : que
les produits de la respiration dépendent bien plus de la nature des aliments
que de l'espèce animale. Cette grande similitude dans les produits de la
respiration d'animaux d'espèces, diverses soumis à une alimentation sem-
blable, mais de poids très-différent, donne à penser que la respiration des
grands animaux adultes, bœufs et chevaux, doit se rapprocher beaucoup
de celle des moutons et des veaux.
» Chez les animaux de ['espèce porcine, les produits de la respiration
( 745 )
deviennent très-différents; on trouve peu ou point d'azote exhalé. Le verrat
de 8 mois, expérience III, en a même absorbé un demi-litre. La quantité
d'hydrogène protocarboné produit devient presque nulle, tandis que l'on
trouve dans l'une des expériences 8 litres d'hydrogène libre, sans mélange
de gaz carboné. Nos méthodes d'analyse eudiométrique ne peuvent laisser
aucun doute sur l'exactitude de ces résultats.
» Pour îoo d'oxygène consommé, on en retrouve 82 et 85 dans l'acide
carbonique produit ; cependant dans l'expérience III, faite sur le jeune
verrat, il y a une exhalation d'acide carbonique. Le poids de l'oxygène
consommé étant de 4^3 grammes, on en retrouve 5og dans l'acide carbo-
nique.
» C'est là un fait que nous avions eu plusieurs fois l'occasion de signaler
dans nos premières expériences, surtout pour des animaux nourris avec des
grains. On voit que, dans les produits de leur respiration, les animaux de
l'espèce porcine n'offrent pas cette régularité, cette précision que présentent
les moutons ou les veaux. Mais il faut bien remarquer que, tandis que les
ruminants ont un régime exclusivement composé de matières végétales, les
animaux de l'espèce porcine deviennent indistinctement carnivores ou her-
bivores.
Espèce porcine.
I. Verrat de 2 ans, poids de 1 35 kilogrammes. Durée de l'expérience, i3h2gm.
II. Une truie de 2 ans, poids de io5 kilogrammes. Durée de l'expérience, i3h2qm.
III. Verrat de 8 mois, poids de 77 kilogrammes. Durée de l'expérience, i3b23nl.
» Ces animaux étaient en liberté dans la cour de la ferme; ils pâturaient
de l'herbe dans la journée et recevaient le soir une ration de son avec du
lait caillé.
Oxygène consommé pendant l'expé- |. II. 111.
rience 712^,01 5 795e', 23g 4^36',347
Acide carbonique produit 806e', 4'^ g35Er,i84 700sr,453
Azote exhalé osr,g3o o6l',io<| oe',ooo
Hydrogène libre exhalé 8''',467 0,000 2Ht, 4i 6
Hydrogène protocarboné exhalé 0,000 tl;t,3o6 i,u,8oo
D'où l'on déduit, carbone brûlé par
heure i6cr,3o8 i8er,gi8 \^r,ifô
Rapport entre le poids de l'azote exhalé
et celui de l'oxygène consommé o,ooi3 0,00024 0,000
Oxygène disparu dans l'acide carbonique. 82,37) 85,54 I
n ■ 1 nU ï IOO.OO , ' > [On, 00
Oxygène employé autrement 17,63 \ i4>4b )
C. R., '>63 i« Semeitrè, ,T. LV1, !N° 16.) 98
( 746 )
» L'expérience faite sur les dindons confirme les résultats que nous avions
obtenus avec les poules : il y a eu exhalation d'azote. Le rapport entre le
poids de l'azote exhalé et celui de l'oxygène consommé est o,oo85 pour les
dindons. Nous avions trouvé en moyenne 0,0075 pour ce même rapport
avec des poules nourries au grain. Pour 100 d'oxygène consommé on re-
trouve 77,7 d'oxygène dans l'acide carbonique. Pour les poules, cette pro-
portion s'élevait en moyenne à 92,7.
» Avec les oies, il y a eu également exhalation d'azote. Dans ces deux
expériences l'hydrogène libre et l'hydrogène protocarboné ont complète-
ment disparu.
Dindons et Oies.
I. Deux dindons adultes; poids, i2k,25o. Durée de l'expérience, i8h22m.
II. Quatreoies; leur poids est de i8k,4oo. Durée de l'expérience, 25h 2m.
I. II.
Oxygène consommé pendant l'expérience 1 16, 025 3i2,3i 1
Acide carbonique produit 177,915 298,948
Azote exhalé '>4'9 2>°74
D'où l'on déduit, carbone brûlé par heure 2>64' 3,257
Rapport entre le poids de l'azote exhalé et celui de
l'oxygène consommé o,oo85 0,0066
Oxygène disparu dans l'acide carbonique nn , 71 ) 6o,6i )
-, , ■ ., . > 100,00 -" 100,00
Oxygène employé autrement 22,2g \ 3o,3q )
» Les résultats de ces nouvelles expériences trouveront des applications
utiles dans la pratique agricole : j'en citerai un exemple. J'ai cherché à éta-
blir ce que deviendrait, au bout d'un certain nombre d'heures, l'air d'une
bergerie composée de 5o moutons d'un poids moyen de 70 kilogrammes, en
admettant qu'il n'y ait aucune ventilation. Je suppose à cette bergerie
7 mètres de côté sur 3 mètres de hauteur. Ce sont des dimensions que l'on
retrouve dans les anciens bâtiments de nos fermes. Déduction faite du vo-
lume d'air déplacé parles 5o bètes, la bergerie renferme 1 33,5 mètres cubes
d'air. Chaque mouton a donc à sa disposition 2,670 mètres cubes d'air.
Partant des données fournies par mes expériences, on trouve qu'en ih i2m
l'air de cette bergerie contiendrait déjà 1 centième d'acide carbonique, soit
10 centièmes en 12 heures. En 25 heures, l'oxygène serait tout entier
transformé en acide carbonique; l'air contiendrait 2 millièmes d'azote
exhalé, et 12 millièmes d'hydrogène protocarboné. Or, pendant les lon-
gues nuits d'hiver les animaux sont généralement entassés dans des ber-
( 747 )
geriesqui n'ont aucun moyen de ventilation, et d'ailleurs, pour le plus grand
bien de ces mêmes animaux, les bergers calfeutrent soigneusement toutes
les ouvertures. L'air que respirent les pauvres bêtes, placées dans de sem-
blables conditions, doit rapidement contenir des proportions considérables
d'acide carbonique. On voit donc combien il est nécessaire d'établir un
système permanent de ventilation dans les bergeries et étables. »
(Renvoi à l'examen de la Section d'Économie rurale.)
M. Reiset demande le renvoi à l'examen de la même Section d'un autre
travail qu'il dépose sur le bureau, et qui a pour titre : « Mémoire sur un
système de bergeries à étables mobiles » .
ÉCONOMIE RURALE. — Recherches expérimentales sur tes variations de poids
que peut éprouver l'hectolitre de graine de colza, suivant les proportions
diverses d'humidité que renferme celte graine; par M. J. -Isidore Pierre.
(Extrait par l'auteur.)
« Au point de vue pratique de la loyauté des Iransactions commerciales,
l'étude de cette question a peut-être plus d'importance pour la graine de
colza que lorsqu'il s'agit du blé, parce que l'appréciation courante du degré
d'humidité présente quelques difficultés de plus.
» J'ai d'abord commencé, dans mon Mémoire, par préciser la nature et
l'état de la graine, en indiquant sa composition et son état hygrométrique
normal primitif, afin de mieux définir les conditions dans lesquelles je me
suis placé.
» Mes observations peuvent se partager en trois séries distinctes.
» Dans la première, la graine, après avoir été soumise à un trempage d'une
heure et demie dans l'eau froide, était ensuite abandonnée à une dessiccation
lente et spontanée successive, pendant laquelle on la soumettait à diverses
épreuves de pesage ; elle était ensuite soumise à un étuvage progressif pen-
dant lequel de nouvelles pesées étaient effectuées à divers états de dessicca-
tion de la graine.
» Dans la seconde série d'observations, la graine, au lieu d'être trempée,
était soumise à des mouillages ou arrosements successifs à l'eau froide, après
lesquels on observait, comme dans la première série, les variations qu'é-
prouvait le poids total de la graine ou le poids de l'hectolitre, soit dans l'in-
tervalle des mouillages, soit pendant la dessiccation spontanée ou forcée qui
leur succédait.
98..
( 748 )
» Enfin, clans la troisième série, j'ai étudié de la même manière les effets
du mouillage à l'eau chaude qui constitue la plus habituelle des pratiques
frauduleuses introduites dans le commerce des graines oléagineuses.
•> Il serait assez difficile, dans un simple extrait, de donner un résumé
complet de l'ensemble de ces recherches sans donner les tableaux dans les-
quels sont inscrits les résultats observés.
» Je dois me borner à signaler quelques-uns des faits généraux qui me
paraissent résulter de l'ensemble de mes observations.
« Au nombre des circonstances qui peuvent compliquer les recherches
de cette nature, il faut signaler en première ligne le tassement de la graine.
En elfet, une simple petite secousse suffit pour faire entrer en plus, dans
une mesure d'un hectolitre, plusieurs centaines de grammes de graine.
» J'ai cherché, dans chacune de mes observations, à me placer aussi pies
que possible des deux limites extrêmes opposées, et j'ai reconnu ainsi qu'il
existe, entre le poids de l'hectolitre de graine tassée le moins possible et le
poids de l'hectolitre de la même graine tassée au maximum par de petites
secousses répétées, une différence qu'on peut évaluer, en moyenne, à envi-
ron i* pour ioo.
u Cette différence est à peu près indépendante de la proportion d'humi-
dité contenue dans la graine.
» Un autre fait m'a également frappé dès le début de mes recherches,
c'est la facilité, c'est la rapidité avec laquelle la graine de colza peut absor-
ber l'humidité, même à froid.
» La différence des volumes apparents occupés par la même quantité
primitive de graine, évalués de la même manière, c'est-à-dire constamment
tassée ou constamment soulagée, peut s'élever, dans chacun de ces deux
cas, jusqu'à l\o ou 5o pour ioo, par suite de la présence dans cette graine
d'une proportion plus ou moins grande d'humidité.
» Lorsqu' après avoir été trempée ou mouillée la graine revient peu à peu
à son état normal primitif d'humidité, elle ne reprend jamais son volume
primitif, et il en résulte que dans ce nouvel état le poids de l'hectolitre reste
moindre qu'avant le mouillage ; ce poids reste même encore au-dessous de
son état primitif, lorsque la graine, par l'étuvage, a été amenée à contenir
moins d'humidité qu'au début des expériences. Toutefois, la différence est
notablement moindre pour la graine tassée que pour celle qui ne l'a pas été.
» Le poids brut de l'hectolitre, considéré dans les mêmes conditions de
tassement, est bien loin d'éprouver des variations qui soient en rapport
( 749 )
direct avec la proportion d'humidité, puisque ce poids peut être le même
avec des différences de plus de i5 pour 100 dans la proportion d'humidité
contenue dans la graine. Cette observation s'applique également et à la
graine tassée, et à celle qui ne l'a pas été.
» Les quantités de matière sèche réelle contenues dans un hectolitre de
graine, à divers état de siccité , sont en général d'autant plus grandes que
la graine elle-même contient moins d'humidité ; toutefois, il n'est pas
permis, sous ce rapport, de comparer entre elles la graine normale et celle
qui a été soumise à un mouillage quelconque.
» En un mot, il résulte de l'ensemble de mes recherches : que l'achat à la
mesure de la graine de colza peut donner lieu à de très-notables chances
d'erreur; qu'il en est de même de l'achat au poids; que la combinaison
des deux modes d'évaluation ne suffirait pas toujours pour corriger les
défauts de chacun d'eux, et qu'il importerait souvent d'ajouter à l'estimation
du poids brut et à l'appréciation de la qualité apparente de la graine cer-
taines données relatives à son état hygrométrique réel, que les hommes les
plus experts ne sauraient évaluer à première vue avec une assez rigoureuse
exactitude. »
(Renvoi à l'examen de la Section d'Economie rurale.)
MÉTÉOROLOGIE, — Éludes sur le climat de Toulouse. Remarques sur quelques
conséquences générales qui paraissent résulter de il\ années d'observations
météorologiques faites à l'Observatoire ; par M. Petit.
« En acceptant de l'Académie des Sciences de Toulouse la mission de
répondre aux questions que lui adressait, il y a bientôt trois ans, M. le
Ministre de l'Instruction publique sur le climat du midi de la France ,
j'avoue que je ne me faisais pas une idée très-nette de l'étendue du travail
dans lequel j'allais m'engager. Je viens aujourd'hui communiquer à l'Aca-
démie le résultat de ce long travail dont j'ai dû, seul, sans aucune espèce
d'auxiliaire intelligent, au milieu d'ailleurs de mille occupations diverses,
effectuer péniblement les interminables calculs.
» Toutefois, je ne consignerai pas ici les nombreux tableaux, formant un
ensemble de plus de 3oo pages, que j'ai déduits de mes 24 années d'obser-
vations météorologiques. Ces tableaux seront incessamment publiés dans
un volume spécial. Pour le moment, je me bornerai à en extraire les résul-
tats les plus généraux, en faisant remarquer néanmoins que puisque les
( 75o)
phénomènes oscillent chaque année, on pourrait presque dire chaque mois,
autour de certaines moyennes, leurs écarts finiront peut-être, à la longue, par
mettre en relief quelques-unes des lois si mystérieuses encore qui les
régissent, et des diverses causes (physiques ou astronomiques) qui en
troublent la régularité.
» C'est ainsi que l'influence des corpuscules qui circulent autour du
Soleil, après avoir paru se manifester sur la marche générale des tempéra-
tures dans une série de cinq ans seulement, faite à l'ancien Observatoire de
Toulouse, et dans la série correspondante de l'Observatoire de Paris, semble
se montrer de nouveau, mais avec quelques modifications dont l'étude
n'est point elle-même à dédaigner, soit dans la courbe thermométrique des
24 ans, soit dans les courbes de chacune des périodes partielles de cinq ou
de quatre ans, comprises entre 1839 et 1862; car si l'on construit ces
diverses courbes à l'aide des températures moyennes dont je donnerai les
valeurs ci-après de 5 en 5 jours, on voit immédiatement que du 4 au 19 fé-
vrier par exemple, à cause sans doute des météores du mois d'août, qui
passeraient alors entre le Soleil et nous, il y a d'habitude un abaissement,
ou du moins un arrêt marqué dans la marche de la chaleur. On voit de
même que des phénomènes analogues se reproduisent ordinairement pen-
dant les premiers jours de janvier, de mars et surtout de mai, que les cor-
puscules météoriques des mois d'août et de novembre, que ceux du
commencement de décembre, etc., paraissent également exercer une ac-
tion sensible sur les quantités de chaleur reçues du Soleil ; mais que les
courbes présentent néanmoins, en quelques-uns de leurs points, certaines
fluctuations alternativement concordantes ou divergentes, qui sembleraient
indiquer ici des périodes de 10 ans, là des périodes de i5, ailleurs enfin,
conformément à l'opinion de M. Chasles, des mouvements de précession
dans les nœuds des anneaux de météores, et qui fourniraient de la sorte un
premier aperçu relatif, soit à la distribution de la matière cosmique sur le
contour des divers anneaux, soit aux durées des révolutions de ces anneaux
eux-mêmes.
» Il serait certes avantageux, sous plus d'un rapport, d'arriver graduelle-
ment à connaître les diverses modifications que subit l'une des actions per-
turbatrices les plus considérables sans Joute de la chaleur solaire, de savoir
après quels intervalles de temps, dans chaque saison, la Terre se retrouve en
présence des mêmes portions d'anneaux et ressent aussi par conséquent les
mêmes effets de la cause qui paraît de nature à troubler si fortement le cours
( 7$' )
régulier des températures. Et comme, avant tout, pour qu'il soit permis
d'entrevoir la simple possibilité de pareils résultats, les valeurs moyennes des
éléments météorologiques devront, ainsi que dans la recherche des pertur-
bations planétaires, être préalablement déterminées, j'ose espérer que les
résumés suivants, destinés à donner la marche générale des principales par-
ticularités pour le climat de Toulouse, ne paraîtront pas complètement
dénués d'intérêt.
» En jetant un coup d'œil sur les nombreux tableaux dont il a déjà été
question, on remarque, entre autres, comme résultats plus immédiatement
usuels, que nous devons compter moyennement par année, sur environ
95 beaux jours, 147 jours nuageux, ia3 jours couverts, 36 jours de brouil-
lard, 35 jours de gelée, 9 jours de neige, 5 jours de grêle ou de grésil,
3i jours d'éclairs, 21 jours de tonnerre et 1 45 jours de pluie; que la tempé-
rature moyenne est un peu inférieure à 1 3 degrés centigrades, que les aurores
boréales sont tout à fait exceptionnelles à Toulouse, qu'il pleut le jour plus
fréquemment que la nuit, enfin que la quantité annuelle d'eau pluviale est
égale à 58o millimètres, et que les plus violentes averses fournissent au maxi-
mum 3o à 35 millimètres d'eau, à raison, par minute, de 1 millimètre, don-
nant 160 000 hectolitres sur chaque lieue carrée de 4ooo mètres.
» On peut voir également, dans les mêmes tableaux, que les tempéra-
tures moyennes mensuelles vont en croissant de janvier à juillet, et en clé-
croissant de juillet à janvier; que l'humidité suit une marche inverse; que les
écarts extrêmes du thermomètre ne s'éloignent guère de 45°; que la pression
barométrique augmente vers les solstices et diminue vers les équinoxes; que
la hauteur moyenne du baromètre est sensiblement égale et à peine in-
férieure à celle du midi ; que les vents les plus humides viennent du S.-O.,
les plus secs du N.-N.-E. ; que les vents du S.-E. tiennent à peu près le
milieu entre les deux extrêmes; que les vents dominants sont les vents op-
posés de N.-O. et de S.-E. ou de S. -S.-E.; que ces derniers font générale-
ment baisser le thermomètre, tandis que les premiers le font monter; que,
pendant deux mois environ après les équinoxes, ainsi que l'avait déjà re-
connu Marqué Victor, le baromètre est au-dessous de sa hauteur moyenne;
qu'il est au-dessus pendant les mois de janvier et de février, de juillet et
d'août, c'est-à-dire pendant deux mois après les solstices, etc., etc. ; qu'a
l'inverse de ce qui a lieu pour l'hygromètre et pour le thermomètre, les oscil-
lations mensuelles du baromètre sont plus grandes en hiver, plus faibles en
été; que ses oscillations diurnes, dont la valeur moyenne = i^jooga.
( 7^2 )
décroissent vers les solstices et croissent an contraire vers les équinoxes ;
que ses hauteurs extrêmes n'excèdent guère 7 1 5 et ^65 millimètres; qu'il
suffît souvent d'une faible variation de distance pour changer le régime des
vents, puisqu à l'ancien Observatoire le S.-S.-E. soufflait à peine et se trou-
vait de beaucoup dominé par le S.-E., tandis que le contraire a lieu sur le
plateau du nouvel Observatoire; que la densité des couches de neige qui
tombent à Toulouse ne paraît pas devoir dépasser le cinquième et même
souvent le dixième de la densité de l'eau, etc.
» Je signalerai aussi comme digne d'être remarquée, au point de vue de
la physique générale, l'indication hygrométrique 78°,28 (1) qui correspond
aux vents de S.-E. et S.-S.-E. par lesquels on voit si bien les Pyrénées, de
Toulouse. En se rappelant combien, dans certains jours d'été, lorsque par
un ciel pur l'hygromètre marque une sécheresse presque complète, 1 at-
mosphère est néanmoins peu diaphane, combien au contraire brillent les
étoiles pendant certaines nuits humides de l'hiver et du printemps, ne
serait-on pas conduit à penser que la transparence de l'air sec doit être assez
imparfaite, et même que le maximum de transparence doit correspondre
sensiblement au degré d'humidité marqué par le nombre hygrométrique
78°,28, c'est-à-dire à la moitié à peu près de la saturation ? Résultat intéres-
sant, que les expériences les plus délicates delà physique auraient été peut-
être impuissantes à faire connaître, etc.
» Lesresumessuivantspermettront.au resic, de saisir d'un coup d'œil
les particularités principales résultant des vingt-quatre années d'obser-
vations.
(1) Privé d'aides capables, à l'Observatoire, et surchargé de détails, j'ai dû me résigner b
faire usage de l'appareil de Saussure, qui, malgré ses inconvénients pour une observation
isolée, me paraît de nature à fournir cependant d'intéressantes indications dans des résultats
d'ensemble.
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de 1839 à 1862.
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6,482
( 755)
MÉTÉOROLOGIE. — Remarques à l'occasion d'une Note récente de M. Broun
concernant ta question des rapports entre les variations météorologiques et les
perturbations magnétiques ; Lettre du P. Secchi à M. Elie de Beaumont.
« Dans un des derniers numéros des Comptes rendus (séance du a3 mars
1 863_, p. 54o), M. Broun revient sur la question de la connexion entre les
variations météorologiques et les perturbations magnétiques, et il déclare que
mes opinions sous ce rapport sont tout à fait dénuées de fondement. Comme
c'est un point très-intéressant pour la science, et que le mérite bien connu
de M. Broun donne un grand poids à ses objections, et surtout parce qu'il
charge d'une grave inexactitude mes discussions, je crois indispensable de
répondre après avoir déjà répondu autrefois : mais ceci servira à éclaircir ia
question et ne sera pas inutile à la science.
» M. Broun commence en disant qu'il a voulu se placer dans les mêmes
circonstances que moi, et pour cela il considère : i° comme jours de bour-
rasque ceux dans lesquels les vents ont une pression supérieure à 4 livres
par pied carré. Mais ce qui est bien surprenant, M. Broun ne fait pas sépa-
ration de plusieurs éléments très-intéressants, c'est-à-dire la direction du
vent et les moments des changements. Or j'ai discuté non la force, mais la
direction : nous ne sommes pas dans les mêmes circonstances. De plus j'ai
trouvé que les moments de changement sont ceux qui produisent le plus d'in-
fluence sur les barreaux. M. Broun prend pêle-mêle toutes les directions
des vents forts ; mais comme le vent du sud fait baisser et celui du nord
relever le barreau (même après l'avoir corrigé de la température), l'effet
d'une telle discussion doit être nul, comme le trouve en effet M. Broun.
M. Broun rapporte ses comparaisons au bifilaire seulement : il est vrai que,
dans le commencement, j'avais discuté seulement la force magnétique hori-
zontale, mais après j'ai vérifié cela sur la force verticale et le déclinomètre,
et comme il arrive que bien souvent la perturbation d'un instrument est
complémentaire de celle d'un autre, j'ai démontré que le bifilaire quelque-
fois reste sans trouble pendant que la perturbation se manifeste dans les
autres instruments. Donc la méthode de M. Broun n'est pas dans les mêmes
conditions que la mienne.
» 20 M. Broun cherche les dix jours de plus grande force du vent, et il
ne trouve pas que les plus grandes perturbations magnétiques correspon-
dent à ces jours, pas même an jour avant ou au jour après. Ici il y a lieu à
plusieurs différences entre lui et moi. Je n'ai jamais dit que le maximum
99-
( 756)
des vents coïncide avec le maximum des perturbations, donc la savante dis-
cussion de M. Broun n'est pas sur le même terrain. De plus, en mêlant
ainsi tous les vents, on doit trouver comme j'ai dit un résultat nul, comme
il trouve en effet. J'ai démontré en outre que l'anticipation des perturba-
tions sur la bourrasque va quelquefois jusqu'à quatre jours, plus communé-
ment trois ou deux : pourquoi se limiter à un simple jour? Cette nécessité
est imposée sans doute par la circonstance que M. Broun n'a pas fait comme
moi les constructions graphiques de toutes les observations; c'est seulement
à l'aide de celles-ci qu'on peut voir toutesles circonstances des phénomènes,
et cela montre la relation bien mieux que des limites de temps fixées à l'a-
vance et à volonté. La nature ne se plie pas toujours à nos désirs. Avec les
constructions, on voit encore les diversités des perturbations qui quelquefois
sont en excès, quelquefois en défaut, et se partagent sur plusieurs instru-
ments. Ue plus M. Broun paraît supposer que le seid élément d'une bour-
rasque est la force du vent : il ne fait pas distinction de sa durée, ni des
mouvements barométriques ou de l'état du ciel, qui quelquefois sont des
indices manifestes qu'une bourrasque s'est fait sentir à une petite distance
de nous, et alors lèvent n'amené qu'une petite variation. La considération de
tous ces éléments, je l'avoue, est fatigante et pénible, elle demande une étude
prolongé", patiente; elle exige qu'on prenne la peine de placer les variations
en rapport les unes avec les autres. Cette étude, je Vai faite, et des travaux
continués pendant cinq années m'ont conduit à conclure que la con-
nexion existe, c'est-à-dire à une conclusion opposée à celle à laquelle j'étais
arrivé en consultant seulement les livres, et les livres les plus estimés. Tous
ceux qui se borneront à faire faire les observations par leurs assistants, et
les discuteront après sur les registres toujours incomplets qu'on tient com-
munément, n'aboutiront à rien, même avec toutes les moyennes possibles.
Il faut se persuader que dans la nature il y a des problèmes qu'on ne peut
pas résoudre avec des moyennes, et si on s'était arrêté aux moyennes en
astronomie, on aurait trouvé qu'il n'y avait pas de perturbations.
;> 3° M. Broun choisit dix jours des plus grandes perturbations (et un joui-
avant et après), et il trouve qu'on ne voit pas non plus de relation entre la
force du vent et la perturbation. 11 est étonnant qu'on ait donné sérieuse-
ment telle discusMon sur dix jours seulement. Tout le monde connaît que
les grandes perturbations sont dues à des aurores boréales ou australes, qui,
quoique de la classe des phénomènes atmosphériques elles-mêmes, cepen-
dant elles ont lieu dans des régions si éloignées de nous, que s'il y a des
changements de temps qui les accompagnent, ils ne nous arrivent que très-
( 757 )
tard, et un jour n'est pas une limite suffisante pour leur propagation; Mais
par les constructions graphiques, même pour celles-ci, on voit clairement
que ces perturbations sont bien souvent les avant-coureurs des forts chan-
gements de saisons et des longues bourrasques de plusieurs jours. Mais dans
mes dernières études insérées dans le Bulletin météorologique de l'Observa-
toire du Collège Romain publié par la libéralité de M. le prince Buoncom-
pagni, j'ai fait une longue discussion sur ce point et démontré les causes
probables de ces retards, et montré que s'il y a perturbation plus ou moins
grande, dans un instrument ou dans l'autre, il n'y a pas toujours réciprocité,
et que des perturbations arrivent sans être suivies toujours immédiatement
des bourrasques pour les raisons indiquées. Ces réflexions sont suffisantes,
je crois, pour démontrer que la discussion faite par M. Broun est vicieuse en
principe, et, quoique conduite avec beaucoup de travail et d'habileté, elle ne
pouvait le conduire qu'à ce qu'il a trouvé, c'est-à-dire à des résultats négatifs.
» M. Broun passe après à indiquer les sources de mes conclusions jugées
erronées, qu'il attribue à ce que je n'ai pas fait les corrections des tempéra-
tures des barreaux, car il dit que, avant d'avoir appliqué ces corrections,
il était lui-même arrivé à de telles conclusions. Je le crois en partie, parce
que je n'ai pas pu profiter des observations anglaises, justement par cette
raison que la variation de température produisait des changements supé-
rieurs à ceux de la force ; et quoique j'aie essayé, comme je ne pouvais pas
me soumettre au grand travail des corrections, je les ai ainsi abandonnées.
C'est justement pour rendre cette correction la plus petite possible que nos
instruments ont été placés dans une salle dont les murs extérieurs ont
im,5o d'épaisseur, et qu'on tient les fenêtres fermées, excepté au moment
de l'observation ; qu'on a enveloppé les boîtes avec double couverture et
avec des draps : tout cela fait que les variations diurnes ne s'étendent pas
au delà de i°F., ce qui porte la correction à une division au plus. Pour
apprécier à leur juste valeur ces variations, j'apporterai ici les variations des
températures de quelques jours d'été, faites exprès et déjà publiées.
Thermomètre Fahrenheit.
Jours. 7" A. 8" 9" io1' 12" i^o"1?. 3" 4" 5'' 0" S" 9"
OOO 00 00 00 OOo
Juin 27. 74,1 74,1 74,1 74,0 74,0 74,2 74,2 74,7 74,7 74,9 75,4 75,4
.Tuill. 7. 78,2 78,1 78,1 78,1 78,3 78,3 78,5 78,5 78,5 78,5 77,8 77,8
12. 78,4 78,4 78,3 78,1 78,0 78,0 77,9 77,9 78,3 78,7 78,7 79,0
18. 77,5 77,5 77,5 77,3 77,2 77,2 77,2 77,3 77,6 77,9 77,9 78,2
( 758)
» Toile est la variation diurne de température dans nos instruments :
pendant qu'extérieurement elle variait jusqu'à 280 F., le maximum était
de i°,4 F., et les autres jours moindre de i°. Or, nulle variation dans notre
discussion n'est jugée être une perturbation si elle n'arrive à cinq divisions au
moins, en plus ou en moins, sur la moyenne des jours environnants. Je dis
des jours environnants, car je n'ai jamais comparé que de cette manière les
variations météorologiques aux perturbations. Cependant, comme M. Broun
demande qu'on applique ces corrections, j'ai le plaisir de lui annoncer que
ce travail avait déjà été commencé, mais interrompu à cause de son inu-
tilité; cependant, il sera repris.
« La science, dit M. Broun, demanderait du savant directeur de J'Obser-
» vatoire du Collège Romain, un examen numérique plus exact, après avoir
» corrigé ses observations (on vient de voir quelle est la portée de cette cor-
» rection) ; que dans cet examen les mois fussent remplacés par des chiffres,
» et qu'une bourrasque comme une perturbation eût des valeurs détermi-
» nées. « [Comptes rendus, p. 544-)
» J'avoue que je ne comprends pas comment remplacer les mois par des
chiffres ; peut-être cela veut-il dire de donner des moyennes mensuelles et
de leur comparer les chiffres propres des perturbations. Mais alors, voici
un inconvénient : après une grande perturbation, j'ai trouvé que la force
magnétique reste altérée d'une manière profonde et revient peu à peu à sa
valeur primitive; si une onde de perturbation se manifeste, elle est sensible
sur cette grande onde comme une vague plus petite sur une grande ondée.
En tel cas, la moyenne mensuelle est tout à fait illusoire, et il faut fraction-
ner la période. Mais, avec les chiffres, on ne voit rien de tout cela ; le
conseil de M. Broun (qu'il me pardonne) n'est pas bon, et je ne le suivrai
pas. Si M. Broun veut une discussion longue et prolongée avec tous les détails
nécessaires, il n'a qu'à recourir au Bulletin de l'Observatoire. Le désir de
M. Broun de voir bien définies les perturbations et les bourrasques est aussi
le mien, et je l'ai anticipé dans mon Mémoire publié dans le Bulletin; mais
si cela est facile pour les perturbations, est-il également facile de le faire
pour les bourrasques? Il y a tant d'éléments dans celles-ci qu'on ne saurait
en fixer \m comme caractéristique ; et c'est pour cela que j'ai employé le
moyen, plus long et plus laborieux il est vrai, mais plus sur, des construc-
tions graphiques, car en celles-ci on voit mieux ces rapports. Surtout lorsque
la bourrasque passe à vue et loin de la station, la complication croît; car
l'onde électrique que produit la perturbation magnétique s'étend même bien
( 7%)
plus que l'onde barométrique : le vent subit alors tout au plus un petit
changement, et le ciel une petite variation. Mais en réunissant tous ces
signaux, surtout en été, on voit que la bourrasque a existé, et pas loin ; et
j'en ai plusieurs fois constaté le fait matériel, comme j'ai dit dans le Mémoire
cité du Bulletin.
« M. Broun termine par une proscription générale de toutes les coïnci-
dences que j'ai signalées entre les faits d'électricité, variations barométriques,
bifilaires, etc.; comme il ne dit pas en termes précis ce qu'il rejette et ce qu'il
admet, il me sera impossible de répondre. Il dit seulement que les époques
du maximum du bifilaire au cap Comorin sont celles du minimum en Europe,
et il paraît que cela est apporté comme une preuve que je me suis trop
bâté à tirer des conclusions de faits peu nombreux. Je suis étonné de cela,
car justement, selon mes vues, je serais arrivé à une conclusion différente"
de celle qu'on m'attribue. i° Je n'ai prétendu fixer les relations que pont-
Rome, et non pour le cap de Comorin; i° d'après mes principes, les varia-
tions magnétiques étant dépendantes des phénomènes météorologiques qui
sont systématiquement différents dacs différentes régions du globe, on doit
trouver des lois différentes dans les différents pays. J'ajouterai que c'est
justement pour avoir trouvé toutes ces différences selon les climats que
j'ai abandonné l'action solaire directe comme cause principale des pertur-
bations, et je me suis porté sur les variations météorologiques, quoiqu'on
continue encore, dans plusieurs publications populaires, à dire que je sou-
tiens l'action directe du Soleil. C'est donc avec surprise que je vois me repro-
cher une telle conclusion déduite du cap de Comorin.
» L'éloignement de M. Broun de l'Europe ne lui permet pas peut-être
de se tenir au courant de mes dernières publications, où toutes ces questions
sont discutées; et comme cela peut être utile à la science, je prie l'Académie
de permettre d'exposer les conclusions auxquelles je suis arrivé, ce que je
ferai dans une autre communication, et l'on verra que je n'ai pas épargné
les chiffres comme je n'ai pas épargné les constructions. »
« P. S. En profitant des belles journées de février, j'ai réussi à voir le
satellite de Sirius; mais la distance serait un peu douteuse : 7", 5; position, 890.
Quelques autres points que j'ai vus sont-ils des réalités ou des illusions? Un
surtout, à 1800 environ de position et 5" de dislance. L'instabilité énorme
de vision ne permet pas de décider, et je ne donne l'observation ci-dessus
que pour une preuve de la bonté de la lunette. »
( 7«° )
ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE. — Sur le j ouuoir électro- ■moteur secondaire des nerfs,
et son application à I électro-physiologie ; par M. Cil. Mattekcci.
« Ayant pu, depuis quelque temps, reprendre mes expériences sur ce
sujet, je m'empresse de communiquer à l'Académie les nouveaux résultats
■ auxquels je suis parvenu, et qui me permettent, je crois, sans aucune in-
certitude, d'expliquer avec un principe bien connu de l'électricité un des
phénomènes électro-physiologiques les plus obscurs et en même temps des
plus importants que nous connaissions.
» Dans mes deux communications précédentes, qui sont du i r février 1861
et du 16 septembre de la même année, j'ai montré que tout corps solide
déstructure capillaire, imbibé d'un liquide conducteur quelconque, étant
"traversé par un courant électrique, devient un électro-moteur secondaire,
comme un fil de platine qui est plongé avec ses extrémités dans des liquides
communiquant avec les électrodes delà pile. Des tiges végétales, des mor-
ceaux de membranes, des cordons imbibés, des filaments nerveux, acquiè-
rent tous plus ou moins cette propriété, et ne diffèrent du til métallique
que pour être doués de la propriété de produire le courant secondaire dans
tous leurs points, tandis que, pour les corps métalliques, cette propriété
est bornée aux points en contact avec les liquides.
» Il y a déjà bien des années que les polarités secondaires sur les métaux,
découvertes par Ritter et si bien étudiées par MM. Marianini et de La Rive,
ont été expliquées par les travaux de M. Becquerel et de moi, et rapportées
aux produits de l'électrolysalion recueillis sur les électrodes, et qui réagis-
sent sur l'électrolyte intermédiaire lorsque le courant principal est inter-
rompu. C'est par l'application de ces principes que j'ai pu, comme l'avait
aussi imaginé M. Jules Regnault, introduire un grand perfectionnement
qui est aujourd'hui adopté par tous les expérimentateurs dans les recherches
de Pélectro-physiologie, et qui consiste à employer des lames de zinc amal-
gamé plongées dans une solution de sulfate de zinc pour extrémités du gal-
vanomètre, ce qui détruit les polarités secondaires et rend les courants des
électro-moteurs animaux constants et plus forts.
» Le passage du courant électrique agit de la même manière dans les corps
solides imbibés de liquide. Pour faire l'expérience, on fixe avec de la cire à
cacheter des coussinets de flanelle ou de papier dans des petits verres; les
extrémités de la pile plongent dans les liquides des deux verres, et le corps
qu'on veut étudier est posé avec ses extrémités sur les coussinets. Aussitôt
que le courant est passé, le corps, posé sur une lame de gutta-percha. est
( 76i )
porté en conlact des extrémités du galvanomètre, dont l'aiguille montre
alors un courant constant en sens contraire du courant voltaïque.
» En variant ces expériences sur un grand nombre de corps, j'avais noté
dès le commencement que le nerf présentait des différences marquées, de
sorte que j'ai dit dans ma première communication que le nerf, soit par sa
structure, soit par sa composition chimique, est, parmi tous les corps étu-
diés, celui qui manifeste avec le plus d'intensité et de constance les phéno-
mènes des polarités secondaires dans tous les points et à la distance de 10
à 12 centimètres des extrémités de la pile.
» Il n'est pas difficile de s'assurer de l'identité de la cause des polarités
secondaires développées dans les métaux el dans les corps poreux et hu-
mides; il n'y a pour cela qu'à toucher ces corps dans les points rapprochés
des deux électrodes de la pile avec des papiers reactifs, et on verra des
traces d'acide dans la portion tournée vers l'électrode négatif, et des traces
d'alcali dans la portion tournée vers l'électrode positif. Ce résultat est
constant et mériterait des études plus approfondies pour expliquer com-
ment des agrégations des particules solides, qui ne conduisent l'électricité
que par les couches liquides dont elles sont recouvertes, donnent lieu à
l'électrolysation, surtout dans les points où il y a changement de structure
et de liquide. Je m'occupe de ce sujet, et j'espère pouvoir en faire matière
d'une communication prochaine à l'Académie.
» J'ai essayé d'abord de me rendre compte de la différence notée dans
les nerfs, et j'espère y avoir réussi de la manière suivante. J'ai pris un fil de
platine très-mince, à peu près |- de millimètre, et je l'ai recouvert d'une
double couche de fil de lin ou de coton en spirale. Les fils ainsi préparés
étaient, couverts de cire à cacheter aux deux extrémités, puis bien imbibés
d'eau de source ou de puits dans toute la longueur. Un de ces fils, long de
5o centimètres, a été posé sur les coussinets des deux verres que j'ai décrits,
et dont les liquides étaient ou de l'eau légèrement salée, ou de l'eau de
puits. Après le passage d'un courant de 8 à to petits couples (zinc amal-
gamé, charbon et eau salée), le fil décrit est devenu un électro-moteur se-
condaire dans tous ses points. En touchant avec les extrémités du galvano-
mètre un intervalle de la même longueur, on trouve, comme pour les nerfs,
que le courant secondaire va en diminuant du milieu du fil vers les extré-
mités. De même, en laissant deux longues portions de ce fil en dehors des
électrodes, on a comme pour le nerf des courants secondaires dirigés dans
le même sens, et qui est celui qu'a le courant voltaïque entre les électrodes.
C. R , iS63, i" Semestre. (T. LVI, N° 16.) I OO
( 762 )
On peut préparer des fils semblables en employant une couche de papier
an lieu du fil de chanvre, ou bien en introduisant le fil de platine dans des
tiges végétales ou dans des prismes coupés dans de l'argile, dans du bois,
dans une pomme de terre, etc. Il n'y a aucune difficulté à concevoir les
polarités secondaires ainsi développées dans un fil métallique couvert d'une
couche liquide : évidemment les filets électriques passent de la couche
liquide dans le fil métallique, avec une intensité qui doit varier générale-
ment avec l'intervalle de dérivation. Ce qui importe pour notre cas, c'est
l'analogie de structure ainsi mise en évidence entre les fils métalliques pré-
parés et les nerfs dont la partie axiale ou le cilinder-a.xis représente le fil
métallique. Cette structure n'existe pas dans les autres corps solides expéri-
mentés, et on conçoit ainsi pourquoi les nerfs donnent des effets de pola-
rités secondaires distincts et analogues à ceux des nerfs que je me permet-
trai d'appeler artificiels et que j'ai décrits.
» En étudiant les réactions chimiques des fils de platine préparés comme
je l'ai dit, et soumis au passage d'un courant électrique, on est frappé de la
grande différence qu'il y a entre les portions en contact des deux électrodes.
Je ne rapporterai ici qu'une expérience.
« Je prends le fil de platine long de 5o centimètres, recouvert de fil de
chanvre, et, après l'avoir imbibé d'eau de puits, je le pose avec ses deux
extrémités sur les coussinets de flanelle imbibés d'eau légèrement salée.
J'étends en contact des deux moitiés du fil deux bandes de papier de tour-
nesol, c'est-à-dire la bande bleue sur la portion tournée vers l'électrode
négatif, et la bande du même papier rougi sur la portion tournée vers
l'électrode positif. Après le passage du courant pendant quelques minutes,
on voit déjà une différence très-distincte dans les deux papiers, et, après
i5 à 20 minutes, la bande rouge est devenue bleue, avec une intensité
décroissante jusqu'à la moitié du fil, tandis que l'autre n'a rougi que par
l'espace de 4 à 5 centimètres du point de contact. Tous les fils ainsi pré-
parés présentent la même différence: soit diffusibilité inégale des produits
électrolytiques, soit réaction successive de ces produits avec les liquidesenvi-
ronnants, la différence est constante, et on la prouve au galvanomètre aussi
bien qu'avec les papiers réactifs. Pour voir cette différence au galvano-
mètre, il y a une expérience bien simple et bien nette à faire. Le fil de pla-
tine préparé, et après avoir été soumis au passage du courant, est replié à
moitié, et on porte en contact des extrémités du galvanomètre, d'une part
les deux extrémités libres, et de l'autre le milieu. On a alors un courant dif-
férentiel très-fort, qui indique que la portion du fil tournée vers l'élec-
( 763 )
Irode négatif a acquis un pouvoir électro-moteur secondaire bien plus fort
que l'autre. On obtient exactement les mêmes résultats en opérant sur un
uerf sciatique de poulet, de brebis ou de grenouille : avec les deux premiers
les courants secondaires persistent davantage et ont plus d'intensité. J'ai
déjà montré dans mes communications précédentes que les polarités se-
condaires se manifestent longtemps après que les nerfs ont perdu toute trace
d'excitabilité, et qu'on obtient les nerfs sciatiques d'un poulet polarisés sur
une préparation qui consiste à avoir les deux nerfs attachés d'une part aux
jambes, et de l'autre au morceau de moelle épinière, et en faisant passer le
courant d'une jambe à l'autre. Après le passage du courant on a la même
réaction chimique dans les différents points du nerf, telle que nous
l'avons vue sur les fils de platine couverts du fil de chanvre.
» II est très-facile de montrer la différence du pouvoir électro -moteur
secondaire d'un nerf dans les deux parties en contact des électrodes. J'ai
déjà décrit autrefois ce résultat, mais j'ai réussi dernièrement à l'obtenir
d'une manière encore plus facile et plus nette qu'auparavant. Je prends
deux nerfs sciatiques égaux sur le même animal, je les pose à côté l'un de
l'autre sur les deux coussinets de flanelle, et je fais passer le courant de
8 à 10 éléments, qui se partage à peu près également entre les deux nerfs.
Le courant secondaire fixe obtenu par un des nerfs est de 35°, et celui de
l'autre nerf est sensiblement le même. Ces deux nerfs opposés ne donnent
aucune trace de courant différentiel. En repliant séparément à moitié cha-
cun de ces nerfs, et en les essayant au galvanomètre, on a un courant dif-
férentiel de 24° à 25°, dû à la portion la plus rapprochée de l'électrode po-
sitif. J'ai aussi constamment vérifié que, en comparant deux nerfs traversés
par le même courant, l'un en sens contraire à la ramification, l'autre dans
le sens de la ramification, on a constamment un courant différentiel dirigé
par le nerf parcouru en sens contraire de la ramification.
» Il ne me reste plus maintenant qu'à appliquer ces résultats à l'électro-
physiologie. Nous savons aujourd'hui qu'en agissant avec le courant le plus
faible possible sur un nerf doué du plus haut degré d'excitabilité, le résultat
qu'on obtient et qu'on doit considérer comme le phénomène électro-
physiologique le plus simple, c'est la contraction en fermant par le courant
direct. Avec un courant plus fort et en prolongeant l'action de l'électricité,
on a la contraction par le courant inverse à l'ouverture du circuit. C'est
Ritter qui a vu le premier un fait très-remarquable et qui consiste dans la
contraction tétanique et très-prolongée du membre parcouru par le cou-
rant inverse, réveillée à l'ouverture du circuit. J'ai étudié longuement
ioo..
( 7^4 )
ce fuit dans un Mémoire publié dans les Plnlosoplùcal Transactions, et j'ai
prouvé que si on coupe le nerf précisément à son entrée dans le muscle
de la cuisse on n'obtient pas le phénomène de Ritter, tandis qu'on est sûr
de réussir en coupant le nerf plus en haut. J'ai réussi également à obte-
nir la contraction tétanique du membre parcouru par le courant inverse en
mouillant, avec la pointe d'un pinceau imbibé d'eau, une très-petite por-
tion du nerf, qui est celle très-rapprochée du muscle, tandis que cela n'ar-
rive pas en mouillant la partie plus éloignée. Le fait de Ritter exige un pas-
sage très-prolongé du courant, et si alors le nerf est mouillé, on n'a plus la
contraction tétanique et on obtient seulement une contraction passagère à
l'ouverture du circuit.
» Rappelons-nous maintenant que l'excitabilité mise en jeu par les stimu-
lants ordinaires, indépendamment de l'électricité, persiste davantage dans
le nerf parcouru par le courant inverse que dans le nerf parcouru par le
courant direct. Nous sommes ainsi amené à expliquer le phénomène de
Ritter et en général les contractions éveillées par le courant inverse à l'ou-
verture du circuit, en les attribuant au courant secondaire, qui est direct,
dans un nerf qui a été parcouru par le courant voltaïque inverse, et qui cir-
cule au moment où l'on ouvre le circuit de la pile, surtout dans la partie la
plus rapprochée du muscle où le pouvoir électro-moteur secondaire est plus
fort. D'après ce que nous avons vu, on peut présumer que c'est principale-
ment dans la partie axiale du nerf que la polarité secondaire se développe;
en ouvrant le circuit, cette polarité doit circuler comme il arrive dans le
fil de platine couvert d'une couche humide de l'intérieur à la coucbe qui
enveloppe la partie axiale du nerf et excite ainsi le nerf qu'elle parcourt
suivant sa ramification. Telle est l'explication physique et établie par l'ex-
périence, que nous croyons avoir réussi à donner d'un phénomène électro-
physiologique jusqu'ici très-obscur. »
« M. Antoine d'Abbadie fait hommage de ses deux Cartes contenant
Inàrya et Kaffa, points extrêmes atteints par lui dans ses longs voyages en
Etbiopie. La couleur rouge est employée dans ces Cartes tant pour indiquer
les routes suivies par le voyageur que pour écrire les noms et les altitudes
déterminées par la géodésie. »
M. Cavley, récemment nommé à une place de Correspondant pour la
Section d'Astronomie, adresse à l'Académie ses remerciments.
( -fi& )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Correspondant pour la Section d'Astronomie, en remplacement de feu
M. Bond.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Mac Lear obtient. ... 4° suffrages.
M. Plantamour i »
M. O. Struve 2 »
Un billet porte un nom évidemment écrit par erreur.
M. Mac Lear, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi-
nation d'un Correspondant de la Section de Chimie, en remplacement de
M. Liebig, devenu Associé étranger.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44,
M. Schœnbein obtient. . . 43 suffrages.
M. Piria r »
M. Schœnbein, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est dé-
claré élu.
Deux autres scrutins ont pour objet la nomination de deux Commissions
des prix, et donnent les résultats suivants :
Grand prix de Mathématiques : Question concernant la théorie mathéma-
tique des phénomènes capillaires.
Commissaires, MM. Pouillet, Bertrand, Liouville, Fizeau, Duhamel.
Prix Bordin: Question concernant les vaisseaux du latex.
Commissaires, MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre, ïulasne, Montagne.
MÉMOIRES PRESENTES.
CHIMIE appliquée. — Note sur la statique chimique des êtres organisés;
par M. J.-A. Rarkal.
(Commissaires, MM. Regnault, Bernard.)
« Dans leur Essai de Statique chimique des êtres organisés, MM. Dumas
( 766)
et BoussingnuU ont donné les traits généraux d'une grande loi naturelle,
mais il reste plusieurs questions de détail à résoudre, et, parmi elles, une
des plus importantes est celle du passage de l'azote des animaux dans l'at-
mosphère et de son retour de l'atmosphère dans les plantes, et delà dans les
animaux.
» Parmi les expériences faites sur les animaux, les unes ont été directes,
c'est-à-dire qu'elles ont consisté à examiner les produits de l'expiration ; les
autres ont été indirectes, c'est-à-dire qu'elles ont consisté à analyser les ma-
tières ingérées, puis les matières excrétées, et à conclure par la différence,
s'il y avait une différence, quelle quantité d'azote avait pu être exhalée. Les
expériences directes d'Edwards, de Dulong, de M. Despretz, et enfin de
MM. Regnaultet Reiset, ne laissent pas de doute sur la réalité même du
phénomène : les animaux expirent réellement une quantité d'azote supé-
rieure à celle qu'ils inspirent dans l'acte de la respiration. Cette quantité
n'est qu'une fraction assez faible, un centième tout au plus de l'acide car-
bonique rendu dans l'atmosphère; elle varie selon le mode d'alimentation
et suivant diverses circonstances dépendant de l'état de santé de l'animal.
i> Cette manière d'envisager les faits suffit pour la physiologie, mais elle ne
montre pas l'intérêt qui s'y attache pour la physique du globe et l'économie
rurale. La détermination du rapport entre l'azote ingéré par les animaux et
la portion de ce corps qui n'est pas restituée par les sécrétions est de la plus
grande importance en agriculture. Dans le calcul de la produclion du
fumier, les agronomes, pour la plupart, comptent qu'en dehors de ce qui
est assimilé par le bétail pour son accroissement, toutes les matières azotées
des aliments se retrouvent dans les déjections solides et liquides. Or, rien
n'est plus inexact qu'une telle manière de voir.
» Lorsqu'en 1847 je me proposai d'étudier expérimentalement cette
question, il n'existait dans la science que deux expériences faites par
M. Boussingault sur un cheval e( une vache laitière, et desquelles il résul-
tait que l'azote exhalé dans l'atmosphère, perdu pour les fumiers, avait été
dans un cas de 17 pour 100, dans l'autre de i3 pour 100 de l'azote des ali-
ments. Le cheval avait exhalé 24 grammes d'azote en vingt-quatre heures,
la vache 27 grammes par vingt-quatre heures.
» Dans le cours des années 1847 et 1848, j'exécutai sur le corps humain
une série d'expériences que j'eus l'honneur de soumettre à l'Académie des
Sciences. Il y fut démontré, entre autres résultats, qu'un homme adulte
exhale par vingt-quatre heures de 9 à i4 grammes d'azote, un enfant de cinq
ans 3 grammes, et une femme adulte 12 grammes ou environ. Ces chiffre*
( 7^7 )
correspondaient à plus du tiers de la quantité d'azote contenue dans les
aliments.
» En 1849, Je ûs sur Ie mouton trois expériences analogues qui furent
également soumises à l'Académie, et qui durèrent chacune de quatre à cinq
jours. Je laisse de côté, comme pour mes expériences sur le corps humain,
les autres questions que j'étudiais en même temps, pour ne m'occuper ici
que du problème de l'azote. Mes recherches démontrèrent que le mouton
exhale par vingt-quatre heures environ 6 grammes d'azote, ou du quart au
tiers de l'azote contenu dans les aliments. Ce sont, à peu de chose près, les
mêmes nombres qui ressortent des intéressantes expériences récemment
communiquées à lWcadéniie par M. Reiset sur l'alimentation et l'engraisse-
ment du bétail. .T'ai aussi montré que des changements dans l'alimentation
introduisent dans le phénomène des variations marquées.
» De toutes les expériences faites sur ce sujet, j'ai conclu, dès i85o, qu'il
faut pour chaque vingt-quatre heures 48 grammes d'azote dans les aliments
par chaque 100 kilogrammes de poids vivant, et que le quart, c'est-à-dire
\i grammes, est exhalé dans l'atmosphère. Far an, ioo kilogrammes de
poids vivant exhalent 438o grammes d'azote. En d'autres termes, une tète
de gros bétail, en pleine production de viande, de lait ou de travail, con-
somme par année une quantité d'aliments correspondant à environ 6000 kilo-
grammes de foin; sur les matériaux azotés qui se trouvent dans cette consom-
mation fourragère, d y a une perte, par suite de l'exhalation atmosphérique,
de i5oo kilogrammes de foin. C'est là une vérification d'un principe déjà
démontré par M. Boussingault, et qui consiste à dire que les animaux
domestiques ne sont pas, comme on le répète trop souvent, des produc-
teurs d'engrais, mais bien des consommateurs ; ils ne transforment les ma-
tières organiques de leurs aliments en matériaux rapidement assimilables
par les plantes qu'au prix d'une perte notable. Il en résulte la justification
de l'avantage de l'enfouissement des récoltes vertes pour fumure, lorsqu'on
n'est pas pressé d'avoir des matériaux très-rapidement assimilables par les
plantes, ou bien lorsque l'engraissement, ou l'élève du bétail sont des opé-
rations trop peu rémunératrices. Il en résulte encore que la fertilité d'un
domaine rural entretenant du bétail, et n'exportant d'ailleurs aucune denrée,
ne pourrait se maintenir entière sans une importation d'engrais extérieurs,
tirés du commerce ou introduits par les irrigations. Il ne saurait en être au-
trement quesi les cultures fourragères reprenaient à l'atmosphère l'azote que
le bétail y exhale incessamment. On se trouve ainsi conduit à examiner la
( 768)
contre-partie du problème de statique chimique posé par l'économie rurale,
et qui n'est pas moins intéressant à résoudre pour la physique du globe.
On ne pourrait pas, en effet, admettre la stabilité de la composition de
l'air atmosphérique, si les êtres animés cpii vivent à la surface de notre pla-
nète exhalaient, sans qu'il y eût une cause de restitution, une quantité
d'azote aussi importante que celle que les expériences sur les animaux
signalent. 11 faut que des causes naturelles enlèvent à l'atmosphère de 4 à
5 kilogrammes d'azote par hectare et par an; car on doit évaluera environ
ioo kilogrammes le poids moyen des êtres vivants qui existent sur chaque
hectare.
» C'est en vain que l'on a cherché à mettre en évidence l'assimilation
directe de l'azote gazeux par les végétaux. Toutes les expériences bien faites,
c'est-à-dire qui ne laissent rien à désirer sous le rapport des précautions
prises dans le but d'éviter des erreurs trop faciles à commettre sur ce sujet
délicat, ont abouti à des résultats négatifs. Et cependant les belles recher-
ches de M. Boussingault ont incontestablement établi que les plantes em-
pruntent une partie de l'azote que l'on trouve dans leurs tissus à une autre
source que le sol ou les engrais avec lesquels leurs racines sont mises en
contact, ou en d'autres ternies à l'azote atmosphérique absorbé par une
voie indirecte. Pour essayer d'élucider cette question, j'ai entreprisen 1 8 j i
mes expériences sur les eaux pluviales de Paris. Ces expériences, exécutées
jusqu'en 1 854 a la campagne et à Paris, ont prouvé la permanence du ni-
trate d'ammoniaque dans l'atmosphère et son entraînement par les eaux
météoriques qui arrosent toutes les cultures. J'ai fait voir le premier, je
le crois du moins, que l'acide nitrique et l'ammoniaque n'existent pas seu-
lement accidentellement dans les pluies d'orage, mais que les deux corps,
sans se saturer nécessairement équivalent à équivalent, se rencontrent régu-
lièrement en quantité dosable dans toutes les eaux pluviales. Néanmoins la
proportion, constatée plus grande dans les eaux ayant lavé l'atmosphère
des villes cpie dans celles ayant lavé l'atmosphère des campagnes, ne suffit
pas complètement pour expliquer l'exhalation de l'azote par 1rs ; nimaux,
quoiqu'elle puisse rendre compte en partie de la production des lécoltes
dans les terrains soumis au système de culture par la jachère non fumée.
» La nitrification de l'azote atmosphérique, dans le sein mèn e <!<• la (erre
arable, m'a paru devoir être la source à laquelle les plantes puisent la pins
grande partie de leurs matières azotées supplémentaires. Pour contribuer
pour ma part à prouver cette vue, partagée depuis longtemps par les savants
( 7% )
les plus illustres, je songeai à rechercher la présence des nitrates dans les
eaux du drainage; j'ai trouvé ces eaux d'autant plus riches en nitre qu'elles
provenaient de terrains plus fertiles. L'écoulement des eaux par les drains
souterrains peut ainsi donner lieu dans les exploitations rurales à une perte
à laquelle on obvie en employant ces eaux à des irrigations.
» On a prétendu que la nitrification s'effectue au sein de la terre par le
fait même de la végétation. Mais j'ai fait, dans le courant des années
1861 et 1862, végéter plusieurs plantes, et notamment du lupin, de l'orge
et du cresson alénois, dans des atmosphères confinées et complètement
privées d'azote, ne contenant que de l'oxygène et de l'acide carbonique, et
j'ai retrouvé constamment un dégagement d'azote. D'où on peut conclure
que la ^végétation, loin de prendre directement de l'azote à l'atmosphère,
peut lui en restituer. Il est vrai que l'azote dégagé dans ces expériences peut
provenir en partie des semences, en partie de la putréfaction de quelques
organes de la plante produite, ou bien encore des matières organiques du
sol.
» Quoi qu'il en soit, comme l'accroissement de la fertilité de toutes les
terres arables que j'ai pu observer ne dépend pas seulement de l'emploi des
fumures abondantes, mais qu'il faut en même temps que la profondeur des
labours et la facilité de l'aération du sol s'augmentent pour qu'il y ait une
plus grande abondance dans les récoltes, il est excessivement probable que
la nitrification de l'azote de l'air est le moyen employé par la nature pour
ramener à la terre l'azote exhalé dans l'atmosphère par les êtres vivants.
Partout où le rendement moyen des terres a été doublé, on peut dire qu'é-
galement on a aussi doublé, par des labours profonds ou d'autres opéra-
tions mécaniques, le volume delà couche meuble, et en même temps on y a
accumulé les divers éléments qui, d'après les intéressantes expériences de
M. Cloèz, sont les plus propres à l'accomplissement du phénomène.
» Lorsque dans une ferme on augmente le bétail qu'elle nourrit, ce que
l'on regarde comme le signe le plus probant des améliorations effectuées, on
accroît aussi la consommation des matières azotées produites par la respira-
tion des animaux. En revanche, on n'y maintient et on n'y augmente lafer-
tilité du sol qu'en y favorisant une plus abondante nitrification par l'addi-
tion de matériaux convenables et par des méthodes de culture appropriées. »
C R.. i863, Ier Semestre, (T. LVI, N° 16.) IOI
( 77° )
GÉOLOGIE. — Note sur l'existence de nodules de phosphate de chaux, analogues
à ceux de tun, de la Flandre, dans les terrains crétacés du déparlement de
la Dordogne ; par M. Meugy. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Boussingault, Payen, Passy.)
« Je viens de constater auprès de Périgueux un nouveau gisement de
phosphate de chaux, dans le terrain crétacé. Ce gisement se trouve immé-
diatement au-dessus des calcaires à rudistes, entre la zone à Ammonites
peramplus et celle à Spondylus truncalus, c'est-à-dire entre le turonien moyen
et le turonien supérieur.
» Je l'ai ohservé dans la tranchée de Gourd-de-1'Arche, sur le chemin
de ter de Périgueux à Limoges. On voit dans cette tranchée des calcaires
marneux compactes, bleuâtres ou grisâtres, quelquefois jaunâtres et cris-
tallins, avec Hippurites organisans et cornuvaccinum de grandes dimensions,
recouverts par un système glauconieux qui se compose principalement de
calcaires blanchâtres, compactes ou noduleux, en couches alternatives,
mêlés de grains verts en plus ou moins grande quantité et avec divers fos-
siles (ostracés, ptérodontes, trigonies, mytilus, ammonites, lima, venus,
cyprines, actéonelles, etc.).
» Ce sont les couches noduleuses dans lesquelles j'ai soupçonné la pré-
sence du phosphate de chaux, à cause de la ressemblance qu'elles présenlent
avec celles de la côte Sainte-Catherine, à Rouen.
» J'ai recueilli quelques échantillons de ces nodules, que j'ai soumis a
un essai qualitatif sommaire, en suivant le procédé, aussi simple que ra-
pide, indiqué par M. Malaguti.
•> Le premier échantillon que j'ai essayé m'a donné un précipité notable.
Cet échantillon était d'un blanc un peu jaunâtre, compacte, légèrement
micacé avec grains verts disséminés et concentrés en masse en certains
points. Cinq autres échantillons, pris à divers niveaux, ne m'ont donné
que de très faibles précipités. Je me hâte d'ajouter que la présence des co-
quilles ne peut m'avoir fait prendre le change à ce sujet, car les échantil-
lons où elles étaient le plus nombreuses n'ont fait reconnaître en quelque
sorte que des traces d'acide phosphorique. La plus grande proportion dé
cet acide semble coïncider avec la présence des grains verts et la compacité
de la roche. Les nodules, très-durs et sans grains verts, sont au contraire
les moins riches. Dans tous les cas, on peut recommander aux agriculteurs
( 77' )
du pays d'employer de préférence la chaux provenant de ces calcaires pour
le chaulage de leurs terres.
» Maintenant, quel est l'âge de ce terrain? Il repose sur le calcaire à hip-
purites, et se trouve placé à la base d'une craie glauconieuse exploitée
comme pierre à bâtir autour de Périgueux, et renfermant entre autres fos-
siles : Oslrea auricularis, rynchonelles, pentacrinites, lima, Micraster breins
et Spoitdjlus truncatus. A cette craie glauconieuse succèdent des calcaires
plus friables toujours avec grains verts, un calcaire bleuâtre à sphérulites,
puis des craies marneuses à silex, avec Ostrea vesicularis et matlieroniana,
puis enfin des craies jaunâtres avec Hippurites radiosus et autres rudistes.
» La forme du terrain qui nous occupe paraît différente de celle qui
caractérise par ses rudistes les couches turoniennes inférieures; mais ce
terrain se rapproche beaucoup, au point de vue minéralogique, des couches
glauconieuses qui recouvrent, clans le nord de la France, les cornus de Va-
lenciennes et de Mons. Ainsi les craies micacées, parsemées de grains verts,
des environs du Cateau, me paraissent tout à fait analogues aux craies friables
de même nature qu'on observe à Périgueux sur la rive gauche de l'Isle. La
présence des nodules phosphatés serait encore un caractère qui permettrait
l'assimilation des deux terrains.
» Un fait général qui m'a frappé, c'est l'analogie qui existe entre les
couches crétacées du bassin pyrénéen et celles du bassin de Paris, sous le
rapport minéralogique; analogie qu'on ne reconnaît plus dans le bassin de
la Méditerranée, ou au moins dans le département du Gard.
» Un second fait qui a aussi sa valeur, c'est que, nulle part sur le terrain
crétacé de la Dordogne, on ne rencontre des sols nus, arides et dépourvus
de bois comme dans la Champagne ; et la cause en est que la craie blanche
pure n'existe pas, et que presque partout les couches crayeuses sont de
natures diverses et plus ou moins mêlées d'argile, qui leur permet de retenir
une certaine quantité d'eau à l'avantage de la végétation.
» Si la craie sénonienne existait dans la Dordogne, on se demande en
effet comment il pourrait se faire qu'elle ne s'y présentât pas avec les
caractères qu'on lui connaît aux environs de Paris, lorsqu'il y a tant de
rapports minéralogiques d'ailleurs dans l'ensemble des couches crétacées
des deux bassins.
» Je suis donc porté à penser que la craie blanche n'est pas représentée
dans ce pays, mais que la craie glauconieuse, souvent phosphatée, placée
à la partie supérieure de l'étage nervien, et qui n'a qu'une faible épaisseur
ior..
( 77- )
dans le Nord, où elle est connue sous le nom de tun, prend au contraire ici
un grand développement.
<> Cette opinion concorderait avec les indications de la carte géologique
de France, où on a compris dans la craie inférieure (C, ) toutes les
couches glauconieuses inférieures à la craie blanche proprement dite, et
dont la plus élevée dans le Nord est celle qui surmonte les silex cornus de
Valenciennes.
» Quoi qu'il en soit, j'ai cru devoir signaler les craies phosphatées des
environs de Périgueux, parce qu'elles peuvent servir à établir un lien entre
les terrains qui les renferment et ceux d'autres contrées, et aussi permettre
de retrouver les mêmes nodules en d'autres points. Je vois signalée, par
exemple, dans une note de M. l'abbé Bourgeois [Bulletin de la Société géolo-
gique, septembre 186a, p. 65o, à 662), une craie noduleuse ou un calcaire
compacte noduleux, caverneux, à la partie supérieure de la zone à Ammo-
nites peramplus et sous la zone à Spondylus truncatus, c'est-à-dire au même
niveau géologique que les calcaires phosphatés de Périgueux. Or, il serait
intéressant de rechercher si ces calcaires noduleux et plus ou moins glau-
conieux de la Touraine reuferment aussi de l'acide phosphorique. »
chimie agricole. —Sur la nutrition des arbres forestiers, des arbres employés dans
les constructions et des arbres fruitiers; par M.. Em. Gpevmard. (Extrait. )
(Commissaires, MM. Elie de Beaumont, Boussingault, Payen.)
« M. Berthier, mon illustre maître, avait analysé les cendres de plusieurs
arbres, dans un but métallurgique. Il avait déterminé la quantité de char-
bon de chaque espèce d'essence, il avait dosé les éléments des cendres des
charbons employés pour la fusion des minerais. Occupé depuis quelques
années des études sur la nutrition des végétaux, j'ai recherché dans tous
les ouvrages les analyses des cendres des arbres de toute espèce. J'ai réuni
celles des docimastes dont les noms inspirent toute confiance. J'ai trouvé
des lacunes pour les arbres fruitiers et j'en ai fait les analyses. J'ai com-
posé le tableau ci-joint qui présente les éléments constitutifs d'un grand
nombre d'arbres et de vignes. Dans la première colonne se trouvent les
noms des éléments des cendres de ces végétaux.
773)
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( 774 )
» Les sels solubles sont composés en très-grande quantité de carbonate
de potasse. Il y a souvent du carbonate de soude et une petite quantité de
sulfates et de chlorures. La silice se trouve dans toutes les cendres des
arbres, mais en très-faible quantité; elle varie de 1 à 10 sur 100 en géné-
ral. Les exceptions se font remarquer pour les feuilles de chêne, les buis et
le cep de vigne du treillage. La chaux est le principe dominant, et les chif-
fres varient de 3o à L\i. pour 100, sauf quelques exceptions. Heureusement
cet élément se trouve dans presque tous les terrains à l'état de carbonate ou
de silicate. Pendant longtemps on a cru que la magnésie frappait de stéri-
lité tous les végétaux. Dans les cendres de notre tableau, presque tous les
arbres en contiennent. Les lacunes que l'on peut remarquer n'excluent pas
la magnésie, que l'on a souvent précipitée avec la chaux. Je l'ait fait moi-
méme dans quelques analyses. Dans les cendres des végétaux, il y a peu de
soude par rapport à la potasse, comme il y a peu de magnésie par rapport
a la chaux ; en d'autres termes, l'assimilation de la chaux et de la potasse
est beaucoup plus forte que celle de la magnésie et de la soude.
» Un élément impérieusement nécessaire à tous les végétaux, c est
l'acide phosphorique combiné avec la chaux, la magnésie, les oxydes de fer,
de manganèse. Les proportions, dans les cendres de mon tableau, varient de
1,62 à 10,09 sur 100. Ces chiffres sont assez considérables et donneront
lieu plus tard à quelques observations. Le sixième élément est désigné sous
le nom d'acide carbonique, etc., etc. Les chiffres sont considérables là où
l'on trouve beaucoup de chaux et de magnésie, mais les nombres indiqués
comprennent aussi quelques principes divers qui ne jouent aucun rôle im-
portant et la perte que l'on fait dans toutes les analyses.
» Ce qui peut frapper d'abord, dans l'examen de ce tableau, c'est la
petite différence qui existe dans les quantités des six éléments. Dans les cé-
réales, la silice joue un rôle immense, et dans les arbres la quantité est
faible; les arbres assimilent peu de silice et beaucoup de chaux.
» L'acide phosphorique se trouve dans toutes les essences avec des chiffres
qui ne présentent pas de grandes différences. Là où les phosphates sont
abondants dans le sol , l'assimilation ne dépasse pas le chiffre de 1 o pour 1 00
d'acide phosphorique. Les différences sont plus grandes dans les sels solu-
bles, mais indépendamment des engrais qui en fournissent, la potasse et la
soude se trouvent dans tous les terrains calcaires argileux, dans les granits,
les porphyres, les terrains volcaniques anciens et modernes...
» Je vais terminer cette Note par l'étude des arbres fruitiers, des vergers.
» Ces arbres ont une durée variable suivant la richesse du sol, suivant
( 775 )
leur nature, etc. ; clans tous les cas ils appan\ risseut davantage le sol que les
arbres forestiers. On fait beaucoup d'élagages, on enlève les bois morts, les
branches inutiles, gourmandes ou trop rapprochées, pour bien aérer. On les
couronne quelquefois. A l'automne, les feuilles tombent ; elles sont empor-
tées par les vents et ne profitent pas aux arbres qui les ont produites. Il y
a des fruits annuels, souvent en grande quantité, et l'enlèvement contribue
dans de fortes proportions à l'appauvrissement des arbres. Il faudrait donc
venir en aide par des engrais, par des amendements, si on veut entretenir
la végétation et la production des fruits.
» Les racines des arbres, depuis le tronc jusqu'à leurs extrémités, ont en
moyenne pour les beaux arbres 3 à 4 mètres de longueur, ce qui fait que
ces racines occupent une surface de 27 mètres carrés à 48. Quand on fume
un arbre, on pioche autour du tronc sur 2 mètres de côté, ce qui fait une
surface de 4 mètres carrés recevant l'engrais, et cependant ce n'est pas la
qu'il faudrait fumer, mais partout où se trouvent les petites racines qui
portent la sève dans le tronc, les branches, les feuilles et les fruits. Quand
un arbre a vécu cinquante ans et plus sur la place où il a été planté, il a
dévoré les phosphates et les sels de potasse, et dans quelques terrains le
carbonate de chaux; il faut donc qu'il meure faute d'aliments
» J'ai fait remarquer que les cendres de tous les arbres fruitiers ont
pour éléments les sels de potasse, l'acide phosphorique, la chaux et
très-peu de silice. Il n'y a de variable que les proportions dans des limites
qui ne sont pas très-grandes. De là la conséquence que lorsque, par
exemple, un pommier, un poirier, etc., viennent à périr de vétusté, il ne
faut pas les remplacer par un pommier, un poirier, etc., mais par des
essences dont les éléments diffèrent par les quantités. Il faut également
avoir égard aux profondeurs où arrivent les racines. Ainsi un arbre pivo-
tant peut être planté à la place d'un arbre à racines traçantes. Mon tableau
synoptique servira de règle pour la conduite des arbres fruitiers, mais
d'avance il doit être considéré comme incomplet. Il faut y ajouter l'analyse
des feuilles et des fruits qui disparaissent tous les ans.
» Les analyses ont été faites sur le bois de la tige, et il faut y joindre
celle des branches, des feuilles et des fruits. On voit que la docimasie porte
le flambeau de la lumière depuis la composition des cendres des racines
jusqu'à celle des feuilles et des fruits, et, quand l'analyse du sol est connue,
on peut faire le bilan de toutes les phases de la vie d'un arbre. Avec un bon
tableau synoptique, on peut remplir les lacunes de la mortalité des arbres
dans les vergers; mais toutefois, quand la décadence est presque complète.
( 77^ )
il faut abandonner le terrain occupé par les arbres et se transporter sur un
sol nouveau, n'ayant jamais reçu des arbres à fruit. •>
PALEONTOLOGIE. — Fossiles nouveaux provenant du terrain néocomien du
hassin de Gréoutx ( Basses-Alpes); par M. le Dr J.-B. Jaubert. (Extra.!
par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Valenciennes, d'Archiac, Daubrée.)
« Ces corps, que nous avons la plus grande tendance à rapprocher des
Polypiers, se trouvent, dans toute la couche, sous forme de cylindres cal-
canes, ajoutés bout à bout, dont le diamètre varie depuis i jusqu'à 3o cen-
timètres. Si la roche est friable, on peut en détacher des branches plus ou
moins longues, souvent bifurquées, formant les courbes les plus variées et
présentant comme caractères : un mode de cassure analogue aux articula-
tions des his, une tige centrale constante, et, à la surface, quelques traces
de stries ; cette surface, toujours altérée, ne permet guère de saisir d'autres
caractères organiques. Les terminaisons sont de trois sortes : i° en queue
de rat; 2° en cône, à la manière des Cyatophyllum ; 3° arrondie. La tige
suit probablement les mêmes modifications que son enveloppe. Quand plu-
sieurs de ces corps sont en contact, ils se moulent les uns sur les autres,
se confondent, au point qu'on ne peut les reconnaître qu'en les brisant.
Plusieurs d'entre eux nous présentent cette singularité : un cylindre devient
conique, donne naissance à deux tiges qui, un peu plus loin, se ressoudent
à laide d'une pièce conique semblable à la première.
.. S'il ne nous a pas été possible, après plusieurs années d'observation,
de rattacher ces corps à rien de connu, il ne l'a pas été davantage aux
hommes les plus autorisés dans la science, à qui nous les avons montrés
et pour qui ils n'ont cessé d'être une énigme. La présentation dont nous en
faisons l'objet aura donc pour but d'appeler l'attention des savants de tous les
pavs sur une existence d'autant plus intéressante qu'elle nous semble s'écar-
ter en quelques points de ce qui nous est connu des lois actuelles de l'orga-
nisation. »
Deux échantillons de ces fossiles, ainsi que de nombreux dessins qui
accompagnaient le Mémoire dont on vient de lire l'extrait, sont mis sous
les yeux de l'Académie.
( 777 )
CHIMIE APPLIQUÉE. — Remarques à l'occasion d'une communication d<-
M. Merget sur son procédé de gravure; extrait d'une Note de M. Viai.,
présentée par M. Dumas.
« .... La méthode de M. Merget, quoique reposant sur le même prin-
cipe que mon deuxième procédé, est plus compliquée, et il est difficile de
s'expliquer pourquoi il opère en interposant tant de doubles de papier,
quand il était si simple de superposer directement l'épreuve imprégnée du
sel métallique, ce qui a l'incontestable avantage de donner un dépôt rapide
adhérent et non pulvérulent, comme dans la méthode de M. Merget, quelles
que soient d'ailleurs la plaque et la solution métallique employées.
» J'ai toujours eu un relief si sensible par ce procédé, que j'ai pu faire
tirer des épreuves qui sont insérées dans mon Mémoire, sans même avoir
besoin d'enlever le dépôt, ce qui m'a suggéré l'idée de l'appliquer au damas-
sage et au damasquinage des armes en le faisant ou sans le faire disparaître.
» M. Merget semble croire qu'il a été le premier à s'apercevoir qu'on
pouvait à volonté avoir le relief ou le creux en changeant la nature de l'acide;
il sera intéressant de voir s'il en a fait mention dans les Notes qu'il a dépo-
sées sous pli cacheté. Pour ce qui me concerne, ces faits se trouvent con-
signés pour la première fois dans mon Mémoire, où je cite l'exemple de
l'acide nitrique produisant le relief, et celui des acides sulfurique et chlor-
bydrique produisant au contraire le creux par un phénomène électrique
qui fait du zinc, au contact du cuivre, un élément de pile si bien que, de-
venu seize fois plus vite attaquable dans les parties couvertes, le zinc y est
aussitôt littéralement dévoré par ces deux derniers acides.
» J'ajouterai que j'avais aussi songé à tirer parti des réactions des sels
métalliques les uns par les autres, et à utiliser les doubles décompositions,
en imprégnant d'azotate d'argent une feuille de papier blanc, et la pressant
ensuite contre une gravure imprégnée d'acide pyrogallique ou d'un sulfure
alcalin, ce qui permettait d'obtenir un nombre illimité d'épreuves, sans
avoir recours à une planche, la gravure mère pouvant, après les nettoyages,
resservir autant de fois qu'on le désirait.
» Quant au procédé par la pile, j'en laisse la responsabilité à M. Merget.
» Ma rencontre sur le même terrain avec M. Merget prouve tout l'intérêt
du sujet. Sa méthode se rapproche de mon deuxième procédé par le fond
plutôt que par la forme : c'est là ce que je tenais surtout à établir pour
sauvegarder l'importance de mes autres procédés sur acier. En conséquence,
C. R., i863, ier Semeslte. (T. LVI, N° 16.) 102
( 77» )
je prie l'Académie de renvoyer devant la Commission les Notes déposées
sous pli cacheté, qui permettront d'établir d'une manière précise quels
sont les droits de M. Merget à la priorité. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment désignés pour le
Mémoire de M. Vial et celui de M. Merget : MM. Becquerel, Dumas,
Rpgnault, Balard, Fizeau.)
ÉCONOMIE RURALE. — Formation d'alluvions artificielles;
Mémoire de M. Dupoxchel.
(Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Aca-
démie, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, se rapporte aux améliorations
agricoles qu'il me paraîtrait facile de réaliser par la fabrication et l'emploi
d'alluvions artificielles.
» En régularisant l'action des torrents, en utilisant leur travail aujour-
d'hui perdu, pour désagréger les terrains alfouillables des montagnes, et les
répandre en couches fertiles sur les régions inférieures, on arriverait à re-
couvrir une grande partie de la surface du globe d'une couche uniforme de
terre éminemment propre à la production végétale —
» Si mes idées sont justes, on verra, dans un avenir plus ou moins éloigné,
le territoire des nations civilisées sillonné d'un nombre infini de canaux de
colmatage, analogues à ceux que j'indique déjà, et qui porteraient la vie et
la fécondité sur les contrées actuellement les plus déshéritées. »
M. Verxois adresse, à l'occasion d'une communication de M. Deroj sur
la non-absorption des médicaments durant la période algide du choléra,
des recherches historiques sur l'époque à laquelle ce fait a été signalé pour
la première lois, et sur la part qu'il a eue lui-même à sa constatation.
(Renvoi à la Commission du prix Bréant comme pièce à joindre à la Note
de M. Deroy.)
CORRESPONDANCE .
M. LE MiXISTKE DE l' AGRICULTURE, DU COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS
adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, le n° iodu Catalogue des Brevets
d'invention pris pendant l'année 1862.
M. le Ministre de la Guerre envoie, pour la bibliothèque de l'Institut.
( 779 )
un exemplaire du tome VIII de la 3e série des « Mémoires de Médecine, de
Chirurgie et de Pharmacie militaires ».
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom des auteurs :
Un exemplaire du Rapport de M. Delesse sur les matériaux de construc-
tion compris dans la partie française de l'Exposition universelle de 1862;
Une Notice sur les travaux agricoles de M. Chambrelent ;
Le « Bulletin de l'Observatoire physico-météorologique de la Havane »,
publié par le directeur M. Poe/, numéros de juillet à décembre 1862.
PALÉONTOLOGIE HUMAINE. — Mâchoire humaine découverte à sibbeville dans
un terrain non remanié; Noie de M. Boccher de Perthes, présentée
par M. de Quatrefages.
n Une longue expérience m'ayant appris qu'une des causes qui empêchent
le naturaliste de recueillir des ossements humains dans les terrains qu'il
explore est l'habitude qu'ont les terrassiers de faire disparaître ces débris ,
j'avais depuis quelques années offert une assez forte prime à ceux qui m'en
apporteraient, m'engageant à doubler la récompense s'ils me faisaient voir
ces restes sans les déplacer ou dans le lieu même où ils les auraient décou-
verts.
» Dès ce moment il m'en fut, beaucoup présenté. On m'en signala d'au-
tres que j'allai reconnaître sur les lieux. Dans ces ossements il y en avait de
fort anciens, quelques-uns de curieux, mais pas un seul qui tût fossile.
» Vers la fin de j 86 1 , en faisant fouiller dans la sablière de Moulin-
Guignon, banc situé près d'Abbeville, à 3o mètres au-dessus du niveau de
la Somme, je remarquai à l\ et 5 mètres au-dessous du sol un lit de sable
brun tranchant très-fort sur les couches supérieures de sable jaune ou gris
et reposant sur la craie.
» Cette veine argilo-ferrugineuse , presque noire, imprégnée d'une
matière colorante s'attachant aux doigts, et qui doit contenir des matières
organiques, varie de 3o à 60 centimètres d'épaisseur; elle ne se confond pas
avec les bancs supérieurs, et suit toutes les ondulations de la craie sur
laquelle elle repose à une profondeur de 4 à 5 mètres de la superficie.
» Pendant l'année 1862 et les premiers mois de 1 863 la carrière de
Moulin-Guignon étant restée ouverte, je pus y étudier cette couche et j'y
trouvai plusieurs silex taillés en hachettes, les unes fort grossières et diffé-
rant, par la couleur et par leur coupe, de celles des bancs supérieurs; les
102..
( 7»o )
uitres beaucoup mieux faites, rarement roulées et peu endommagées, ce
<|ue j'attribuai à la nature du lit moins caillouteux que ceux du dessus.
» L'état de conservation de ces haches, dû à l'absence de gros silex dans
cette couche, et, comme je viens de le dire, une certaine apparence de
matières organiques, me firent espérer d'y trouver des ossements ou des
coquilles. Je le dis aux terrassiers, en leur renouvelant ma prescription de
laisser en place ce qu'ils pourraient découvrir.
» Le a3 mars, l'un de ces terrassiers, Nicolas Halattre, m'apporta dans
une masse de sable deux haches en silex trouvées à 4m>5o de profondeur. A
i5 centimètres plus bas, près de la craie, était, dans ce même sable, un
fragment d'os, ou ce qu'il prenait pour tel, mais qu'après avoir dégagé
de sa gangue je reconnus pour une dent humaine.
» Une demi-heure après j'étais à Moulin-Guignon : je vis la place d'où
les deux hachettes et la dent avaient été extraites, et l'exposé de Halattre
me fut confirmé par les autres terrassiers.
» De la découverte de cette dent j'ai dû conclure que la mâchoire était
proche ; je fis ouvrir le terrain, j'y trouvai une troisième hachette, mais la
nuit vint interrompre mes recherches.
» Les jours suivants, les terrassiers étant occupés ailleurs, les travaux
furent interrompus.
» Le 26, je chargeai deux autres ouvriers, Dingeon et Vasseur, de conti-
nuer la fouille.
» Le 28, Vasseur se présenta chez moi : il m'apportait une seconde dent,
trouvée non loin de l'endroit où avait été découverte la première, ajoutant
qu'à côté était un os, ou quelque chose qui y ressemblait, dont on ne voyait
qu'une petite partie. Je me rendis immédiatement à la carrière, en me fai-
sant accompagner d'un archéologue de notre ville, M. Oswald Dimpre,
habile dessinateur, bien connu des géologues qui ont visité nos bancs.
» Arrivé sur le banc, après avoir retrouvé l'excavation telle que je l'avais
laissée à 5 mètres au-dessous du sol, j'aperçus, dans la couche noire, le
bout de l'os que m'avait signalé Vasseur. Ce terrain était fort compacte, il
fallait user de précaution pour ne rien endommager. Je fis dégager les alen-
tours de l'os, dont je voyais l'extrémité; je pus le tirer de son lit sans le
rompre, et, malgré une masse de sable qui y adhérait, je reconnus la moitié
d'une mâchoire humaine.
» A 20 centimètres de là, dans la même veine noire, était une hachette
que M. Dimpre ne put détacher qu'après quelques efforts et avec l'aide
d'une pioche.
( 781 )
» Près de la mâchoire je trouvai une seconde hache brisée, et, dessous,
une troisième dent. Enfin, dans une niasse du même sable que j'ai fait trans-
porter chez moi, je découvris une portion d'une quatrième dent.
» Cette mâchoire humaine était au plus bas de la couche de sable noir,
et à quelques centimètres de la craie.
» Voici le détail des couches qui la recouvraient, que je mesurai, et dont
M. Dimpre fit le dessin :
» i° Couche terre végétale om,3o
» i° Terrain non remanié, sable gris mêlé de silex brisés. . . om,7o
» 3° Sable jaune, argileux, mêlé de gros silex peu roulés, s'ap-
puyant sur une couche de sable gris im, 5o
» 4° Sable jaune, ferrugineux ; silex moins gros et plus roulés,
au-dessous desquels est une couche de sable moins jaune. J'ai
trouvé dans celte couche des fragments de dents de VElephas
primigenius et des hachettes en silex im,70
» 5° Sable noir,argilo-ferrugineux, colorant la main et s'y atta-
chant, paraissant contenir des matières organiques; petits cailloux
plus roulés que dans les bancs supérieurs; silex taillés de main
d'homme; mâchoire fossile humaine om,5o
4", 70
» 6° Banc de craie sur lequel repose le lit de sable argileux noir, a une
profondeur de 5 mètres au-dessous de la superficie.
» C'est donc dans la cinquième couche , couche couverte par quatre
autres couches superposées de sable et d'argile mêlés de silex, qu'était
cette mâchoire qui m'a frappé tout d'abord par la similitude parfaite de sa
teinte noire avec celle des hachettes trouvées à côté ou au-dessous, et les
silex roulés ou non ouvrés au milieu desquels elle était.
» A la première vue, cette mâchoire me parut présenter certaine diffé-
rence avec une mâchoire ordinaire. M. Jules Dubois, médecin de l'Hôtel-
Dieu d'Abbeville, et M. Catel, chirurgien-dentiste, bon anatomiste, à qui
je la montrai, firent la même remarque. M. Jules Dubois trouva que la
branche ascendante était plus oblique d'arrière en avant qu'elle ne l'est
chez l'homme de nos jours, et que le condyle lui-même est déjeté en
dedans et un peu en bas. Sa conclusion fut que cet homme devait appar-
tenir à une autre race qu'à la nôtre.
» Son confrère le docteur Hecquet, connu, comme M. Dubois, par de
bons Mémoires sur les sciences naturelles et médicales, partagea cette opi
( ?S* )
mon, ajoutant que cette différence avec la forme ordinaire pouvait être une
anomalie, mais qu'elle était tellement prononcée, qu'elle devait fixer sérieu-
sement l'attention.
» Je joins ici le dessin de la mâchoire fossile et la coupe du banc de
Moulin-Guignon, faite sous mes yeux par M. O. Dimpre, et d'après les me-
sures prises par moi-même.
» Comme la première dent trouvée est une molaire de gauche, et que je
n'ai que la partie droite de la mâchoire, je suis maintenant à la recherche
de l'autre moitié, et je continue les fouilles à Moulin-Guignon.
» Sons peu de jours j'expédierai à Paris, pour être mis sous les yeux de
l'Académie à l'appui de ce Rapport, la mâchoire que j'ai trouvée et les autres
débris que je pourrai trouver encore, n
paléontologie humaine. — Note sur la mâchoire humaine découverte
par M. Boucher de Perthes dans le diluvium d'Jbbeville ; par M. de
Qlatrefages.
« Informé de la découverte faite par M. de Perthes, je me suis hâté
d'aller en constater la réalité aussitôt qu'il m'a été possible de quitter Paris.
J'ai eu la bonne fortune de me rencontrer à Abbeville avec M. Falconer,
réminent paléontologiste anglais, qui déjà m'avait précédé. J'ai visité le lieu
de la découverte avec ce juge si compétent à tant de titres et qui avait déjà
étudié la question. Or l'espèce d'enquête que nous avons faite ensemble
nous a conduits, l'un et l'autre, à une conclusion identique. Tous deux
nous avons accepté comme incontestables les faits annoncés par M. de
Perthes. Néanmoins nous nous sommes quittés avec l'intention de faire
subir aux objets eux-mêmes un examen ultérieur.
» Il est bien entendu que je laisse de côté la question géologique.
N'ayant aucune qualité pour émettre un avis personnel quant aux discus-
sions que soulèvent encore les terrains du diluvium d'Abbeville, je m'abs-
tiens entièrement d'en parler. En parlant dé la mâchoire trouvée par
M. de Perthes, j'emploierai néanmoins l'expression de fossile, qui me
semble aujourd'hui consacrée.
» Mais jusqu'à présent il me paraît certain que la mâchoire trouvée par
M. de Perthes reposait dans la couche qu'il indique, et qu'elle y a séjourné
depuis l'époque à laquelle furent déposés à côté d'elle les silex taillés, dési-
gnés sous le nom de haches. M. Falconer avait déjà retiré de ses propres
mains une de ces dernières, et moi-même j'en ai trouvé deux placées à
( 733)
quelques centimètres l'une de l'autre et à 5o ou 60 centimètres au plus du
point où reposait la mâchoire, d'après l'évaluation de M. de Perthes. J'ai
l'honneur de les placer sous les yeux de l'Académie.
» Or il me paraît impossible, d'après l'état de la carrière, que ces silex
aient été introduits là récemment. Ils ont été retirés du sol après que j'eus
moi-même enlevé quelques déblais qui le recouvraient; le point où ils se
montrèrent sous la pioche de l'ouvrier était au fond d'un enfoncement assez
fortement creusé pour faire craindre un éboulement imminent ; l'un d'eux,
au moment où je l'aperçus, était encore à demi engagé dans le terrain que
n'avait pas atteint la pioche; enfin ils sont encore incrustés de la gangue
colorée qui enduit les cailloux de la couche entière et qu'on retrouve sur
la mâchoire dont il s'agit. En outre, lorsqu'on examine à la loupe la manière
dont cette gangue est distribuée à la surface d'une dent encore en place,
on voit qu'elle y adhère par granulations fines, exactement comme sur cer-
tains cailloux polis de la couche. Enfin, M. Falconer a retiré une certaine
quantité de la même gangue de la cavité même de la dent et des alvéoles.
Telles sont les raisons qui, indépendamment des précautions prises par M. de
Perthes, m'ont fait regarder la mâchoire a" Abbevilte comme authentique.
» On comprend le très-grand intérêt qui s'attache à ce fossile humain, à
tous les points de vue, et en particulier au point de vue anthropologique.
A ce point de vue, le seul que je veuille aborder ici, je n'ai pu encore en
faire qu'un examen très-sommaire; mais cet examen conduit déjà à quelques
résultats intéressants.
« Ea mâchoire d'Abbeville est dans un état remarquable de conserva-
tion. Elle ne paraît pas avoir été roulée. L'extrémité de l'apophyse coro-
noïde elle-même est intacte. Ce fait doit faire penser qu'elle n'est pas venue
de bien loin, et donne à espérer qu'on retrouvera quelque autre partie
du squelette dont elle a fait partie.
» M. de Perthes a désiré qu'on respectât avec le plus grand soin la gan-
gue qui adhère encore à quelques points de sa surface, toutefois il a lavé
l'extrémité de l'apophyse coronoïde et une partie de la tête du condvle. Là
on reconnaît que la teinte brune que présente l'ensemble de l'os n'a pas
pénétré profondément. Des graviers lavés avec soin m'ont présenté, du
reste, une particularité semblable.
» La gangue cache quelques détails, surtout à la face interne; mais elle
permet pourtant une étude assez complète.
» Lorsqu'on examine cette mâchoire, on est tout d'abord frappé de
deux particularités.
( 7»4 )
» L'angle formé par la branche horizontale et la branche ascendante est
extrêmement ouvert; la quatrième molaire, qui seule est encore en place,
est légèrement inclinée en avant. Ces deux traits avaient même été quelque
peu exagérés dans un dessin qui m'avait été d'abord communiqué, et peut-
être est-ce à cette cause qu'est due l'attention qu'ils ont tout d'abord
éveillée chez moi.
« Faut-il y voir un caractère de race? Avant de les examiner à ce point
de vue, faisons remarquer que pour l'homme, aussi bien que pour les
animaux, l'ostéologie comparée des races, en ce qui touche aux détails, est
encore bien peu avancée. C'est une élude nouvelle à laquelle vont être
obligés de se mettre les paléontologistes, aussi bien que les anthropologistes,
par suite même des faits qui tendent à mettre en contact l'histoire des ani-
maux et celle de l'homme.
» L'ouverture de l'angle dont je viens de parler est un de ces traits que
l'âge et peut-être d'autres circonstances, en dehors même des traits indivi-
duels, fout considérablement varier. Parmi les pièces de la galerie du Mu-
séum, j'ai trouvé que, sur une tête d'Esquimau, il était peut-être plus grand
que dans la mâchoire d'Abbeville, tandis que dans une autre tète de même
race il était presque droit. J'ai d'ailleurs trouvé dans diverses races d'autres
exemples d'angle aussi obtus et des variations analogues. Une nouvelle
étude et des mesures exactes prises sur plusieurs individus, d'âges et de
races différents, sont encore ici nécessaires.
» L'inclinaison de la molaire est-elle un caractère de race? Peut-on v
voir en particulier un signe de prognathisme dentaire?
» Il est très-facile de répondre à cette dernière question en examinant les
alvéoles des incisives encore intactes. Celles-ci accusent une implantation
verticale. L'inclinaison de ces incisives n'était certainement pas différente
de celle qu'on observe chez les races les plus franchement orthognathes.
» C'est là un fait très-important, car il tend à résoudre définitivement une
question controversée.
» Quelques anthropologistes, parmi lesquels se trouvent des hommes
dont je respecte également le jugement et la science, ont pensé que les races
nègres, c'est-à-dire des races essentiellement prognathes, devaient être les
plus rapprochées du type primitif de l'humanité, et que les races supé-
rieures avaient pris naissance par suite d'un développement progressif;
qu'elles étaient, par conséquent, postérieures au nègre.
» Or, des 1 86 1 , dans mes leçons au Muséum, je m'étais efforcé de mon-
trer que la science actuelle ne fournit que des données en petit nombre.
( 785)
très-vagues et très- conjecturales, sur les caractères qu'a pu posséder
l'homme primitif: mais qu'elle nous permettait de préciser presque avec
certitude quelques-uns de ceux qu'il ne possédait pas. En m'appuyant sur
les phénomènes d'atavisme et sur les données de la linguistique, j'avais cru
pouvoir affirmer que la race nègre n'avait pas été la première à paraître,
que jamais le blanc, pour si haut qu'il remontât dans sa généalogie, ne
trouverait le nègre parmi ses aïeux.
» L'orthognathisme du fossile d'Abbeville ajoute un argument de plus
et des plus sérieux à ceux que j'avais alors à faire valoir. L'homme à qui
a appartenu cette ma hoire était contemporain des Éléphants et des Rhino-
céros qui ont disparu, si l'on admet l'opinion de plusieurs géologues émi-
nents. En tout cas, il reste jusqu'à présent le représentant des plus an-
ciennes races connues, et rien dans la disposition de ses dents ne rappelle
le prognathisme, ce caractère essentiel de toutes les races nègres et qu'elles
transmettent par le métissage avec une si grande persistance.
» Je me crois donc de plus en plus autorisé à répéter que le nègre et le
blanc représentent les modifications extrêmes du type primitif, lequel était
placé quelque part entre les deux.
» Quant à l'inclinaison de la molaire dans le fossile d'Abbeville, elle
n'a certainement rien de caractéristique. D'une part, j'ai retrouvé des faits
analogues sur plusieurs tètes de diverses races faisant partie des collections
du Muséum. D'autre part, l'inclinaison me paraît être ici le résultat d'un
accident. La molaire placée en avant de celle qui existe encore était
tombée du vivant de l'individu. L'alvéole a été comblée par le travail d'os-
sification qui. se fait en pareil cas. On comprend qu'avant ce comblement,
la dent placée en arrière de ce vide a dû être poussée ou entraînée aisément
dans la direction où elle ne rencontrait plus le point d'appui habituel.
» M. Falconer, avec qui j'ai eu l'avantage d'examiner la mâchoire, a été
vivement frappé de la particularité suivante. Le bord de l'angle de la
mâchoire et la portion postérieure du bord inférieur de la branche horizon-
tale, au lieu d'être verticaux, se recourbent légèrement en dedans. La face
interne de l'os présente ainsi au-dessous de la ligne oblique une sorte de
canal ou mieux de large gouttière s'étendant jusque dans le voisinage du
menton et sensiblement plus prononcée qu'elle ne l'était dans une mâchoire
moderne, mise par un dentiste à notre disposition.
» J'ai recherché à ce point de vue les faits que pouvait m'offrir la
galerie d'anthropologie. J'ai trouvé des traces très-marquées d'inversion
en dedans de l'angle de la mâchoire chez un Bengalais, un Javanais, un
C. 1!., iSC3, i"Semestre. (T. LVI, N° 16.) 103
( 786 )
Bellovaque; des indices seulement chez un Lapon, une jeune négresse et
une momie égyptienne; en revanche, une momie égyptienne âgée et un
Néo-Calédonien m'ont montré ce trait très-prononcé, et chez un Malais de
Batavia il est aussi caractérisé que dans notre fossile, ou bien peu s'en faut.
Ainsi diverses races humaines présentent presque tous les degrés de ce ca-
ractère; mais en même temps le caractère inverse se présente chez la majo-
rité des individus de toutes les races ( 1).
» De nouvelles comparaisons sont nécessaires, sans doute, pour appré-
cier la valeur et la signification de ces traits. À quoi peuvent tenir ces deux
dispositions contraires? Sans vouloir être trop affirmatif, j'y vois, quant à
présent, le résultat de l'action et de l'antagonisme du masséter agissant en
dehors et des ptérygoïdiens internes agissant en dedans. La faiblesse rela-
tive de ces derniers explique fort bien pourquoi le masséter l'emporte d'or-
dinaire. Leur prépondérance accidentelle tiendrait à l'habitude du broie-
ment des aliments, habitude que prennent souvent les personnes avancées
en âge (2).
" Quant au canal ou gouttière, on peut n'y voir que l'exagération de ce
qui existe normalement. C'est en effet sur ce point qu'on trouve la fossette
destinée à loger la glande sous -maxillaire. L'inflexion du bord de l'os la
rend seulement plus sensible et plus profonde.
» Le même savant appela mon attention d'une manière spéciale sur la
forme du condyle. Le bord inférieur interne de la tête est ici, en effet,
assez peu accusé. La tète est en outre peut-être plus arrondie et plus large
en dehors que d'ordinaire; mais ces particularités ne peuvent être considé-
rées comme des caractères bien essentiels. Dans la même race on constate
des différences très-grandes. Dans les Tahitiens et les Néo-Calédoniens, la
tète du condyle est quelquefois presque triangulaire avec un des côtés du
triangle placé en dehors et un des angles en dedans. Enfin, l'âge ne peut-il
ici encore exercer une influence? J'en dirai tout autant de la grande ou-
verture que présente l'échancrure sigmoide.
» On voit combien il faudra faire encore d'études et de comparaisons
avant de prononcer sur la valeur réelle des particularités que présente la
mâchoire d'Abbeville.
(1) J'apprends que M. Falconer est arrivé à des résultats analogues à la suite des compa-
raisons qu'il a faites depuis son retour à Londres.
(2) Cette dernière observation est de M. Jacquart, aide-naturaliste de la chaire d'An-
thropologie.
( 787 )
» Grâce à M. Lartet, j'ai pu comparer déjà cette mâchoire à nue portion
médiane du même os, recueillie par lui dans les déblais de la grotte d'Au-
rignac, et au corps du même os découvert par M. de Vibraye dans la grotte
d'Arcy. M. Pruner-Bey voulut bien se joindre à M. Lartet dans l'examen
comparatif que nous fîmes de ces précieux restes. Sur tous les points nous
nous trouvâmes être du même avis.
» Dans les portions qui leur sont communes, ces trois os présentent de
légères différences, mais aussi des ressemblances. Ainsi le canal ou gout-
tière dont je parlais tout à l'heure se reconnaît sur la mâchoire d'Auri-
gnac comme sur celle d'Arcy, quoiqu'il paraisse peut-être un peu moins
accusé sur la première. Ici même on pourrait n'y voir que la fossette que
je rappelais il y a un instant.
» Quant à la mâchoire d'Abbeville, elle nous a paru à tous les trois être
celle d'un individu très-probablement âgé et en tout cas de petite taille, ou
approchant tout au plus de la taille moyenne.
» J'ajouterai que clans cette mâchoire absolument rien ne vient à l'appui
des idées soutenues par quelques esprits aventureux, et qui feraient des-
cendre l'homme du Singe par voie de modifications successives. Cette mâ-
choire est plutôt faible que forte; tout en elle rappelle l'homme, et elle n'a
rien de la physionomie Jéroce,q\ï on me permette l'expression, qu'offre par-
fois la même partie du squelette dans les races actuelles.
» En résumé il est facile de constater entre les mâchoires inférieures
d'individus et de races de nos jours, des différences autant et plus marquées
qu'aucune de celles qui distinguent la mâchoire d'Abbeville de plusieurs
des mâchoires faisant partie des collections du Muséum. En d'autres termes,
ces différences, sur tous les points, rentrent dans les limites de variation
actuelles.
» Il va sans dire que je ne présente la Note actuelle que comme un
premier aperçu. L'Académie a pu voir déjà que les questions anatomiques
et anthropologiques soulevées par ce fossile humain sont nombreuses et
délicates. Pour être résolues avec exactitude, elles exigeront des recherches
minutieuses et longues que je ne pouvais faire en si peu de temps et au
milieu d'occupations impérieuses. Mais j'ai pensé qu'elle ne s'en intéresse-
rait pas moins à ces quelques détails.
« Sans doute, dans une question aussi grave, un fait unique, quelque bien
démontré qu'il paraisse, ne peut être considéré comme apportant la solution
définitive. Mais, j'en ai la conviction, il en sera des fossiles humains comme
des haches taillées de main d'homme. Dès que l'attention publique a été
io3,.
( 788 )
appelée sur ces dernières, on en a rencontré, non plus seulement à Abbeville,
où M. de Perthes les avait trouvées le premier, mais partout. Aujourd'hui
que l'existence de restes humains dans ces mêmes couches semble être mise
hors de doute, on ne manquera pas d'en découvrir d'autres, s'ils y existent
réellement, par cela seul qu'on les cherchera. Mais quelles que soient les
richesses scientifiques mises au jour, il y aurait injustice criante à oublier
que c'est aux convictions ardentes, à la persévérance infatigable de M. de
Perthes qu'on aura dû cette double découverte, une des plus importantes
à coup sûr que pussent faire les sciences naturelles. »
Avant de lire la Note qui précède, M. de Quatrefages a mis sous les
yeux de l'Académie : la mâchoire même qui en est l'objet et que M. Boucher
de Perlhes avait bien voulu lui confier; deux haches qu'il a retirées de ses
mains, l'une des déblais faits par l'ouvrier, l'autre de la paroi même de la
brèche ouverte sous ses yeux, et qui portent encore une couche de la gangue
qu'on remarque sur la mâchoire; enfin un coffret rempli de cette gangue.
11 annonce, en outre, à l'Académie que M. Chevreul a bien voulu se charger
d'en examiner la composition.
géométrie analytique. — Sur les principes fondamentaux de la Géométrie
algébrique à coordonnées quelconques; Note de M. Clayeix, présentée par
M. Lamé.
« Pour asseoir le calcul des imaginaires sur une base rationnelle, Cauchy
a considéré ces expressions algébriques comme représentant des droites
tracées dans un plan sous des directions déterminées par leurs arguments.
Il a créé ainsi le calcul des quantités géométriques, qui opère sur des grandeurs
concrètes. Les conventions servant de point de départ y conduisent à des
formules dont les propriétés et la physionomie matérielle coïncident avec
celles des formules à quantités imaginaires. Ces dernières participent alors
à la certitude qui appartient aux premières. Mais cette théorie ne jette aucun
jour sur la vraie nature des quantités imaginaires, dont elle diminue l'uti-
lité en masquant leur caractère abstrait. On sait, en effet, que les idées
s'éclaircissent en s'étendant, lorsqu'on les généralise; ce qui revient à
élever le point de vue d'où l'esprit les aperçoit. Or l'abstrait embrasse le
concret.
» Fondez, au contraire, la théorie des imaginaires sur des principes pure-
ment algébriques, et tirez parti de leurs analogies avec les quantités géo-
métriques au profit de la science concrète, vous rentrez dans l'ordre naturel
des choses et vous arrivez, à priori, à une géométrie analytique plane non-
( 789 )
velle, dont les formules générales sont indépendantes de tout système par-
ticulier de coordonnées, en même temps qu'elles sont faciles à trouver,
pour ne pas dire intuitives, plus simples, plus faciles à appliquer, plus
fécondes que les formules correspondantes de la Géométrie à coordonnées
rectilignes ou polaires qu'elles renferment comme cas particuliers.
» L'importance de cette doctrine neuve est manifeste. En supposant
admises les propriétés les plus élémentaires des imaginaires, on peut l'ex-
poser indépendamment de toute idée préconçue sur la signification réelle
de ces expressions, sujet du Mémoire que S. Exe. M. le maréchal Vaillant
a bien voulu présenter de ma part à l'Académie le 22 décembre dernier.
Tel est l'objet de la présente Note, où je propose, comme ayant pour
unique but l'abréviation du langage et de l'écriture, quelques dénomina-
tions et notations nécessaires, que des considérations plus puissantes m'ont
fait adopter dans le Mémoire précité.
» 1. On sait que toute expression imaginaire peut se réduire à la
forme aé^~ ', a étant une quantité réelle positive qu'on appelle le module,
et a. une autre quantité réelle, positive ou négative, qu'on appelle l'argu-
ment. Plusieurs géomètres modernes écrivent eal au lieu de ey^~ '; nous
pousserons la simplification un peu plus loin en écrivant z\ Alors la for-
mule si connue é"*~l = cosa -+- sin a. y — 1 donnera, comme cas parti-
culiers, n étant entier,
(0
? = <?
v^T
M
«-+■ 2 1171
= s«,
(3)
a-t-(2n-t-l)7T _
en devenant elle-
même
== cos
+ sin - • y/— 1 = sj — 1,
(4) s" ; = cos ce + sina.y/— 1 = cosa -f- siiïa.z1.
» 2. Théorème. — Toute équation de la forme
ai -+- bi + ci1 — mz!X + ni -h . . .
entraîne les deux suivantes, où w est une quantité réelle arbitraire :
(5) a cos(a-i-tv) -\-b cos(ê + <v) + ccos (7-)-»') = m cos (p + w) -f- n cos [v + tv) -(-. . . .
(6) «sin (a + ii') -+- bsin (g 4- «<) 4-. . .= m siD (p 4- w) 4- n sin (v -i- w) -+-..'.. ,
( 79° )
car le produit de la proposée par sw est
ne
+'-+J£6+w + ... = ra£'^'.
équation qui, en vertu de l'équation (4), se décompose d'elle-même en les
deux précédentes.
» Cette transformation des relations imaginaires en équations ordinaires,
entre des cosinus et des sinus contenant une arbitraire, nous autorisera à
donner le nom ahréviatif de cosinelle à toute expression imaginaire.
» 5. La propriété de ea, indiquée par la relation (2), de ne point changer
lorsque son argument varie d'un multiple de a.n, la rend très-propre à
représenter une direction dans un plan, savoir, la direction unique qui fait,
avec une direction de repère tracée dans le plan, les angles a, a ±an,
a± l\n, . . . . Pour ce motif, nous appellerons orienteur toute cosinelle dont
le module est l'unité.
» 4. Alors nous sommes conduits à considérer comme se représentant
mutuellement une cosinelle et une grandeur orientée dans un plan (telle
qu'une droite, une force, une vitesse, un flux de chaleur, etc.), lorsque la
mesure de la grandeur et sa direction sont indiquées respectivement par le
module et par l'orienteur de la cosinelle.
» 5. Pour représenter des points du plan, il suffit de poser la con-
vention suivante, bien distincte de la précédente, savoir :
» Un point et une cosinelle se correspondent, ou se représentent mutuel-
lement, lorsque le point est l'extrémité de la droite orientée que la cosi-
nelle détermine en grandeur et en direction, si l'on particularise la position
de cette droite en lui assignant pour origine un point fixe pris pour repère
dans le plan.
» 6. Si la cosinelle renferme une variable, elle représentera la courbe,
ou l'arc, lieu du point variable correspondant.
» Si la cosinelle renferme deux variables indépendantes, elle représen-
tera deux familles de trajectoires, les trajectoires de chaque famille étant
engendrées par une des variables pour diverses valeurs constantes de l'autre.
» La même cosinelle représentera aussi, sous un autre point de vue, l'un
quelconque des points du plan que donne chaque couple de valeurs simul-
tanées des deux variables. Ces points pourront n'occuper que des parties
limitées du plan ; alors les contours de ces parties seront des courbes enve-
loppes communes aux deux systèmes de trajectoires, ou certaines trajec-
toires de positions extrêmes.
( 79i )
» 7. Liez entre elles les deux variables d'une cosinelle représentant le
plan, par une équation ordinaire qui n'en laisse qu'une indépendante, vous
aurez un autre mode de représenter les courbes, qui renferme, comme cas
particulier, les systèmes de coordonnées usités jusqu'à ce jour.
» Ainsi, la géométrie de Descartes revient à représenter les courbes par
la cosinelle x -\-yf\, jointe à une équation ordinaire f{oc, y) = o; dans
la géométrie polaire, les courbes sont représentées par la cosinelle pî" jointe
à une équation ordinaire J\p, eo) = o.
» Prenez, au hasard, une expression imaginaire à deux variables, et
vous aurez un système correspondant de coordonnées, en ce sens qu'il
suffira d'établir une dépendance entre les variables par une équation ordi-
naire, pour que cette équation représente une courbe. Rien n'empêche
même de prendre des expressions à 3, l\, . . . , variables et de coordonner
celles-ci par 2, 3,..., équations ordinaires.
» Ce qui précède renferme toute la philosophie de la géométrie plane a
coordonnées quelconques. C'est plus encore, car, si je ne me trompe, on
n'a considéré jusqu'à présent que d'une manière indirecte des systèmes de
plus de deux coordonnées, et l'on n'a point encore représenté les courbes
au moyen d'une seule variable restant indépendante. Ce dernier mode,
auquel tous les autres se ramènent par des éliminations, est cependant le
principal et le plus simple.
Exemples.
at +xt .. Droite illimitée, de direction e , et passant par le point aia .
as'x -+- bcosx.e Segment de cette droite, de longueur b, dont le milieu esta ca .
as" -+- btx Cercle de rayon b, ayant son centre au point aeK.
at* -\- be +ccosx Arc de cercle, d'amplitude c, dont le milieu est aea-+- bê .
aîa-\-bt cosx ■+■ cz'/sinx. . . . Ellipse dont le centre est «eK et dont deux rayons conju-
gués sont bt et czy .
g . 1
ai"--^-bt x ■+■ et' - Hyperbole à centre aea, dont les asymptotes ont les direc-
tions ê et £v .
aeK-t- be. x + ci*x' Expression générale des paraboles.
«î' + Je j + c£i"t" Expression générale des cycloides.
aea-)-èsê"t"mx-(-ce>"f""x . .. Expression générale des épycycloïdes.
. ê-t---{-x
aea-\- bt tangx-|-ce 2 . Expression générale des conchoides de INicomède. »
( 793 )
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur les modifications que doit recevoir, relativement à
la Lune, la propriété générale de /'invariabilité des grands axes et de la
permanence des moyens mouvements des planètes; par M. G. de
PoNTECOULANT. (Suite.) (*)
« Pour réduire cette valeur en nombres, on observera que par le déve-
loppement de la fonction R (Théorie analytique du système du monde, n° 6,
livre VII) on a
-K'-i"> •"'-¥■
1 \ 1
H- 3 H'- 3-
iz — v — 9 v" — 2I ir'"_
k~t' K_8' K -y K -~r
» En substituant, dans l'expression précédente de / c/'R, ces valeurs, on
trouve
-3a /V.*R=~/hV.
J 128
Le second terme de la formule (1) a donné (**)
?(/'■»)'= SI— '
On aura donc, en vertu de ces deux termes,
d.Sj _ /mo5 4o5 4o5o\
«a*« V 128 128 64 /
» Tel est le terme qui résulte, dans l'expression différentielle du moyen
mouvement de la Lune, de la variation séculaire de son grand axe, prove-
nant de la variation de l'excentricité de l'orbe terrestre ; c'est cette partie
à laquelle les géomètres, depuis Laplace, avaient négligé d'avoir égard ;
eu lui ajoutant le terme du même ordre -=22 m* e'2? qui résulte de la varia-
tion de l'époque dans l'expression différentielle de la longitude moyenne
/ ndt -h s d'après les formules ordinaires, on trouve pour le terme non
(*) Vair\c numéro des Comptes rendus du i3 avril 1 8(53.
(**) Supplément cité.
( 793 )
périodique dépendant du carré de la force perturbatrice que renferme cette
expression. -\- ~-~ mi e'2 , ce qui est conforme au résultat que M. Adams
avait obtenu depuis longtemps, mais par un calcul qui ne semblait pas suf-
fisamment rigoureux pour établir un résultat aussi important dans la théorie
du système du monde (*). L'analyse précédente semble ne devoir rien laisser
à désirer à cet égard, et elle montre clairement, d'ailleurs, comment se
forment les différentes parties de ce coefficient si longtemps contesté. On
ne doit pas oublier enfin, sans vouloir diminuer en rien le mérite de
M. Adams, que c'est à Poisson qu'est due la première idée de ces nouveaux
termes introduits dans la détermination de V équation séculaire de la Lune,
puisque pour les retrouver tous nous n'avons eu qu'à compléter un calcul
qu'il avait donné dans son Mémoire de 1 834- »
chimie organique. — Note sur i hydrate d'arriylène; par 'BI. Ad. Wurtz.
« Je lis dans le dernier numéro des Comptes rendus (t. LVI, p. 701) :
« En indiquant la formation synthétique des composés amylchlorhydrique
» et amylbromhydrique, j'avais prévu que l'alcool amylique qui en déri-
» verait ne serait pas identique avec l'alcool de fermentation [**). Et en effet,
» M. Wurtz, obtenant pour la première fois cet hydrate artificiel, a reconnu
» qu'il se distinguait par son odeur, son point d'ébullition et celui de ses
» composés, situés 1 5° à 200 plus bas, son aptitude plus grande à être déshy-
» draté, etc. Les différences sont telles, qu'on peut se demander si cet
» hydrate jouit réellement des propriétés d'un alcool. »
» Et plus loin, l'auteur de la Note dont j'extrais ce passage, M. Berthelot,
décrit plusieurs expériences qu'il a faites pour résoudre cette question. Deux
de ces expériences consistent à faire réagir le chlorhydrate d'amylènesur le
benzoate et l'acétate de soude.
(*) Non-seulement M. Adams avait employé dans ses calculs les formules où la longitude
vrai? de la Lune est prise pour la variable indépendante, formules tout à fait insuffisantes
pour la détermination des inégalités autres que les inégalités périodiques, mais de plus il avait
cru devoir s'appuyer sur un nouveau principe qu'il appelait vitesse aréalaire de la Terre,
principe absolument inutile à la question, ce qui avait dû contribuer encore à jeter du doute
sur les résultats auxquels il était parvenu.
(**) Chimie organique fondée sur la synthèse, V. II, p. ^54-
C. R., 1863, I" Semestre. (T. LVI, l\° 16.) • O/4
( 794)
» M. Berthelot a ainsi obtenu, comme produit principal de L'àmylène, et
un composé qu'il nomme « éther amylbenzoïque, » et il ajoute que l'acé-
tate de soude donne lieu à des résultats analogues, si ce n'est que l'àmylène
domine davantage.
» Je ferai observer d'abord que dans la première communication que j'ai
faite sur l'hydrate d'amylène, j'ai décrit une expérience semblable qui m'a
donné le même résultat. Voici cette expérience :
« Lorsqu'on met en contact Piodhydrate d'amylène avec une quantité
» équivalente d'acétate d'argent délayé dans l'éther et refroidi à o°, la réac-
» tion s'accomplit immédiatement avec formation d'iodure d'argent jaune.
» Le tout étant soumis à la distillation, il passe d'abord de l'éther avec de
» l'àmylène, puis de l'acide acétique, enfin le thermomètre monte jusque
» vers i 3o°. Le liquide qui avait passé au-dessus de i oo° a été agité avec une
» solution de carbonate de soude, décanté et distillé. On a recueilli ce qui
» a passé entre 1200 et i3o°. La quantité de ce liquide était relativement
» peu considérable et offrait, à peu de chose près, la composition de l'acétate
» d'amyle, sans être identique avec ce corps, car son odeur était entière-
» ment différente (1). »
» J'ai dit « à peu de chose près, » parce cpie les analyses que j'ai faites
de ce corps n'étaient pas aussi correctes que je pouvais le désirer. Les
voici :
C'^G^'O'
I.
II.
Acétate amylénique
64,8
65, 0
64,6
Hydrogène. . . .
11,0
1 1 ,6
10>77
Tels qu'ils sont, ces nombres ne laissent aucune incertitude sur la com-
position du corps obtenu. J'ai fait plus : j'ai saponifié cet acétate par la
potasse et j'ai analysé l'hydrate mis en liberté en petite quantité. Cette ana-
lyse a donné C = 66,o, H = 12,5, au lieu de C = 68,a, H=:i3,6; mais
comme cette analyse est incorrecte, je n'ai pas cru devoir citer l'expérience.
» En second lieu, je tais remarquer que j'ai obtenu l'acétate amylénique
non-seulement par double décomposition avec l'iodhvdrate, mais encore
directement en chauffant l'hydrate d'amylène avec l'acide acétique (a). Mes
expériences ne laissent donc aucun doute sur ce point que l'hydrate d'amy-
lène peut former des combinaisons analogues aux éthers composés, et je
(1) Comptes rendus, t. LV, p. 370; 25 août 1862.
(2) Comptes rendus, t. LVI, p. 716.
( 795)
cherche en vain ce que la communication de M. Berthelot contient de nou-
veau à cet égard. Il a remplacé l'iotlhydrate d'amylène par le chlorhydrate!
et l'acétate d'argent par l'acétate et le henzoate de soude. 11 a constaté,
comme je l'avais fait avant lui, que, dans cette réaction, de l'amylène est
mis en liberté en quantité notable. La Note de M. Berthelot ne m'a donc-
rien appris; mais je m'estime heureux néanmoins qu'un chimiste aussi dis-
tingué ait confirmé mes expériences au moment où j'étais occupé moi-même
à les compléter.
« Je suis d'accord avec M. Berthelot lorsqu'il constate les différences cpii
existent entre l';.lcool amylique et l'hydrate d'amylène, et qu'on peut expri-
mer ainsi : que tandis que le premier composé et ses dérivés ne se conver-
tissent en amylène que sous l'influence de réactions relativement énergiques,
telles que l'action du chlorure de zinc sur l'alcool amylique (Balard) ou
celle de l'oxyde d'argent sec sur l'iodure d'amyle (i), etc., l'amylène est
au contraire mis en liberté, dans l'hydrate d'amylène et dans l'iodhy-
drate, sous l'influence des réactions les plus variées, et en quelque sorte au
moindre choc. M. Berthelot pense sans doute, comme moi, que les faits
d'isomérie que j'ai observés entre les composés dont il s'agit sont d'un
ordre tout différent que ceux que M. Pasteur a découverts entre l'alcool
amylique actif et l'alcool amylique inactif. Mais ce que je tiens à établir,
c'est que M. Berthelot n'a pas prévu le cas d'isomérie dont il s'agit, c'est-à-
dire la différence de propriétés chimiques que j'ai constatée le premier entre
l'alcool amylique et l'hydrate d'amylène. Après avoir prouvé que les hydro-
carbures G"PP" possèdent la propriété remarquable de se combiner avec
les hydracides, ce savant a décrit sous les noms d'éther amylchlorhydrique
(bouillant à ioo°) et d'éther amylbromhydrique (bouillant entre 120-1250) les
produits de la combinaison de l'amylène avec les acides chlorhydrique et
bromhydrique. Il a regardé ces composés comme identiques avec l'élher
amylchlorhydrique ou chlorure d'amyle et. l'éther amylbromhydrique ou
bromure d'amyle, en faisant toutefois une réserve concernant le pouvoir
rotatoire. « On a montré, » ce sont ses propres expressions, « que l'alcool
amylique C,0II,2O2 pouvait être obtenu avec l'amylène C,0H'0, c'est-à-dire
» avec un corps formé lui-même par synthèse totale au moyen des élé-
» ments; mais il est à peu près certain que l'alcool amylique artificiel ne
» possède pas le pouvoir rotatoire (2). » Ayant été amené à m'occuper de
(1) Ad. Wurtz, Jnnales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XLVI, p. 223.
(2) Chimie organique fondée sur la synthèse, t, II, p. 754-
Io4-.
( 79« )
ce sujet à l'occasion de mes recherches sur la formation synthétique de
l'hydrocarbure G!H10, j'ai montré que le composé nommé élher amylbrom-
hydrique par M. Berthelot bout à iio°, qu'il est isomérique et non pas
identique avec le bromure d'amyle, et que l'hydrate qu'il donne par l'action
de l'oxyde d'argent et de l'eau n'est pas l'alcool amylique inactif, confor-
mément aux prévisions de M. Berthelot, mais l'hydrate d'amylène, corps
nouveau, appartenant à un nouveau type, et qui, bien que jouant dans
une certaine mesure le rôle d'un alcool, se distingue complètement des
alcools ordinaires. »
chimie organique. — Observation sur une communication de M. Cahours,
concernant les corps isomères, le chlorobenzol et le toluène bichloré; Note de
M. A. i\aqcet, présentée par M. Balard.
« M. Cahours a, dans sa dernière Note, conhrmé par un fait nouveau
l'isomérie du toluène bichloré et du chlorobenzol que j'avais considérée
comme très-probable dans ma dernière communication. S'appuyant en
outre sur les résultats que j'ai obtenus avec le toluène bichloré, il suppose
que les dérivés par substitution du chlorobenzol et les dérivés par substitu-
tion du toluène contenant plus de 3 équivalents de chlore sont de plus en
plus rapprochés dans leurs propriétés. Ce fait serait de même ordre que
celui découvert par M. Caventou. (On sait que ce dernier chimiste a montré
l'identité du bromure d'éthylène brome et du bromure d'éthyle bibromé.)
Enfin M. Cahours annonce qu'il se propose d'étudier les dérivés chlorés
supérieurs du toluène pour les comparer aux dérivés chlorés du chloro-
benzol.
» Dans la première communication que j'ai eu l'honneur d'adresser à
l'Académie, j'annonçais également l'intention où j'étais d'examiner les pro-
duits de substitution du toluène.
» M. Cahours ayant manifesté après moi le même désir, je ne puis
mieux faire que d'abandonner à ses mains habiles le soin de continuer ces
recherches, me réservant d'étudier désormais les produits de substitution
du cumène et les divers termes de la série xylénique que l'on pourra pro-
bablement obtenir avec les dérivés. »
chimie. — Remarques au sujet d'une Note de M. Carius ; Note de M. J Nu:klès,
présentée par M. Pasteur.
« M. Carius me reproche, dans ces Comptes rendus, t. LVI, p. 595, de (ni
( 797 )
avoir attribué une découverte qu'il n'a pas faite, lorsqu'en appelant, il y a
quelques semaines {Comptes rendus, p. 388), l'attention de l'Académie sur
une nouvelle classe de combinaisons chimiques, j'ajoute que « M. Carius
» vient de faire connaître des combinaisons semblables. »
» Je donne à ce chimiste acte de sa déclaration. Si j'ai péché par excès
de générosité, je ne puis pas faire le même reproche à M. Carius qui juge
avec un peu trop d'empressement des composés nouveaux qu'il n'a jamais
vus. Selon lui, en effet, ces composés ne sont que des mélanges impurs,
" auxquels manquent beaucoup des propriétés des véritables combinaisons
» chimiques. »
» Si ce chimiste s'était donné la peine de préparer les substances qui
font l'objet de ce débat, il aurait infailliblement reconnu son erreur, car
elles sont parfaitement définies et possèdent une forme cristalline très-nette
dont les incidences se maintiennent même quand la cristallisation s'est
effectuée dans des milieux très-différents, caractères qui, avec beaucoup
d'autres rapportés dans mon Mémoire, excluent l'idée d'un mélange et ne
peuvent appartenir qu'à des combinaisons définies.
» Au reste, l'Académie a entre les mains le moyen de vérifier les asser-
tions du chimiste allemand et les miennes, car l'une de mes combinai-
sons, le sel prismatique à base carrée, contenant de la baryte et de l'acide
butyro -acétique, est entre les mains de l'un de ses Membres, M. Pasteur (i).
CHIMIE. — De C action du soufre sur des dissolutions de sels à réaction alcaline.
Décomposition de teau bouillante par ce corps; par'M. J. de Girard. (Extrait
présenté par M. Balard.)
•» Cette Note a pour sujet l'exposé succinct de quelques expériences
exécutées dans le laboratoire de M. Béchamp et à son instigation sur la
décomposition de l'eau par le soufre, soit quand on le fait agir seul, soit
avec le concours des sels à réaction alcaline.
» i° Action du soufre sur une dissolution de pyrophosphate de soude. — Dans
un appareil clos, disposé pour éviter l'entraînement mécanique d'une por-
(i) Je saisis cette occasion pour rectifier une erreur typographique qui, du reste, se cor-
rige d'elle-même. A la page 389 de ce volume, dans le tableau qui est relatif à la compo-
sition de mon sel quadruple à base de plomb et de sodium, il y a pour la proportion théo-
rique du plomb 46,83 au lieu de 49,83. C'est ce dernier nombre que j'ai indiqué : on en
trouve la preuve dans le journal l'Institut du 4 mars dernier (p. 68), où mon Mémoire se
trouve reproduit avec le nombre 49>83 dont s'agit.
( 798 )
lion des composés formés et pour recueillir des gaz, s'il s'en dégageait, on a
fait bouillir du pyrophosphate de soude dissous dans l'eau (5 grammes de
ce sel pour i5o grammes d'eau) avec un excès de fleurs de soufre bien iavées.
La liqueur se colora rapidement en brun rougeâtre foncé par la formation
d'un polysuifure. L'ébullition étant continuée pendant plusieurs heures,
de l'hydrogène se dégagea en abondance et l'on obtint une grande quan-
tité de sulfure de plomb. Peu à peu la liqueur se décolora complètement
tout en dégageant encore du gaz sulfhydrique. Arrivé à ce point on mit fin
a l'expérience. La dissolution fut filtrée pour séparer l'excès de soufre cpii
avait pris une teinte particulière. Il était évident que cette liqueur ne devait
plus contenir que de l'hyposulfite de soude et un sel renfermant de l'acide
pyrophosphorique ou cet acide modifié. Pour l'analyser, on y ajouta du
nitrate d'argent aussi longtemps que le précipité blanc, qui se formait
d'abord, devînt noir par sa transformation en sulfure d'argent. Ce dernier
étant séparé, une nouvelle addition de sel argentique fit naître un précipité
jaune de phosphate d'argent.
» Cette expérience prouve donc trois choses : l'action du soufre sur la
soude du pyrophosphate, par suite la transformation de l'acide pyrophos-
phorique, un instant libre, en acide nhosphorique ordinaire, enfin la
décomposition du polysuifure primitivement formé. Cette dernière remarque
a conduit à tenter l'expérience suivante.
» 2° Action du soufre sur une dissolution de sulfure de sodium. — Dans les
conditions de l'expérience précédente, j'ai porté à l'ébullition une dissolu-
tion de sulfure de sodium (NaS) en présence d'un excès de soufre. Lepolv-
sulfure qui prend d'abord naissance se détruit en dégageant de l'hydrogène
sulfuré, et la liqueur décolorée, devenue complètement neutre aux papiers
réactifs, ne contient plus que de l'hyposulfite de soude. En effet, filtrée et
évaporée, elle a donné des cristaux de ce sel caractérisés par leur forme et
par leurs réactions.
» Dans les mêmes circonstances le sulfure de sodium seul décompose
l'eau. Un dégagement d'hydrogène sulfuré témoigne de la réaction. Ces
deux dernières expériences m'ont amené à penser que le soufre lui-même
est capable de décomposer l'eau à ioo°.
» 3° Action du soufre sur tenu bouillante. — Pour cette expérience on a
lavé la fleur de soufre à outrance, d'abord à l'eau distillée bouillante, et puis
à l'eau froide. Le soufre encore humide introduit dans l'appareil précédent
avec de l'eau distillée a été chauffé jusqu'à l'ébullition du liquide. 11 s'est
bientôt dégagé une grande quantité d'acide sulfhydrique. L'eau condensée
( 799 )
dans le flacon récipient répandait l'odeur de ce gaz et précipitait par l'acé-
tate de plomb. Un tube abducteur, partant de ce flacon, amenait la portion
du gaz non dissoute dans une dissolution de ce même sel. Là aussi on a
obtenu un dépôt considérable de sulfure de plomb.
» Il est donc démontré que le soufre est capable, soit à l'état de polysul-
fure, soit à l'état de liberté, de décomposer l'eau à ioo°(i).
PHYSIQUE. — Sur la capacité inductiye des corps isolants; Xote de
M. J.-M. Gaugaix, présentée par M. Regnault.
« La nouvelle théorie de Y influence, mise en avant par M. Faraday il y a
une vingtaine d'années, a donné lien, comme on le sait, à de nombreuses
controverses, et il n'est pas généralement admis que la capacité inductive
soit une propriété à part, distincte de la conductibilité ordinaire. Mais le
problème de la détermination des capacités inductives, envisagé de la ma-
nière que je vais indiquer, est une question purement expérimentale qui
peut être traitée, abstraction faite de toute idée théorique.
» Suivant les vues de M. Faraday, la capacité inductive consiste dans la
facilité plus ou moins grande avec laquelle l'électricité neutre se décom-
pose et se recompose dans l'intérieur d'une même molécule, tandis que la
conductibilité consiste dans la facilité plus ou moins grande avec laquelle
l'électricité d'une molécule se transmet aux molécules voisines. Mais si l'on
s'en tenait à ces notions, il paraîtrait fort difficile, sinon impossible, de
distinguer les effets de la capacité inductive de ceux de la conductibilité
ordinaire, et pour isoler les premiers M. Faraday n'a trouvé d'autre
moyen que de charger et de décharger rapidement les condensateurs dont
il s'est servi. Or, il me paraît évident qu'en opérant de cette manière, on
introduit implicitement une nouvelle notion qui consiste à admettre que la
capacité inductive peut se manifester complètement dans un temps inap-
préciable, tandis que la conductibilité exige toujours, pour développer ses
effets, un temps plus ou moins long. Si l'on prend ce caractère comme une
définition, on peut poser en termes précis le problème de la détermination
des capacités inductives.
(i) M. Planche (Journal de Pharmacie, t. VIII, p. 3^1 ; 1822) a vu ce corps chauffé avec
de l'eau donner naissance à de l'hydrogène sulfuré; mais il attribue la formation de ce gaz
à la présence de l'hydrogène dans le soufre.
M. Dumas (Annales de Chimie et de Physique, 2e série, t. L, p. i56) a trouvé aussi de
l'hydrogène dans ce métalloïde, mais en quantité trop petite ("environ rvn) Pour atténuer
la valeur de mes conclusions.
( 8oo )
» Comme je l'ai indiqué dans une précédente Note [Comptes tendus,
séance du 8 septembre 1862), la charge d'un condensateur donné, mis en
communication avec une source d'électricité déterminée, dépend du temps
pendant lequel cette communication reste établie (du moins quand le dié-
lectrique est un corps solide). D'après cela, cette charge doit avoir une
valeur maxima et une valeur mini nia, et la recherche de ces deux limites
constitue deux problèmes parfaitement déterminés. Or, il résulte des consi-
dérations précédentes que la limite inférieure des charges est précisément
ce que l'on a désigné sous le nom de capacité inductive.
. Dans la Note que j'ai rappelée plus haut, je me suis occupé de la dé-
termination de la limite supérieure des charges; le travail dont je vais
rendre compte a eu pour principal objet de rechercher leur limite inférieure.
J'ai suivi dans les deux cas le même procédé d'expérimentation. J'ai con-
struit avec des diélectriques différents une série de carreaux fulminants de
mêmes dimensions; je les ai successivement chargés en les mettant en com-
munication, pendant un temps déterminé, avec une source électrique de
tension invariable, et dans chaque cas j'ai mesuré la quantité d'électricité
condensée par l'armure influençante en me servant de la méthode que j'ai
appelée méthode de jaugeage.
» En procédant de cette manière, j'ai constaté que la quantité d'électri-
cité condensée diminue en même temps que la durée de la charge, alors
même que l'on se borne à considérer de petits intervalles de temps. Ainsi
j'ai trouvé que les charges d'un carreau fulminant construit avec de l'acide
stéarique du commerce étaient exprimées par les nombres suivants, en pre-
nant pour unité la charge d'un condensateur à air de mêmes dimensions que
le condensateur à acide stéarique.
Durée Quantité
delà charge. d'électricité condensée.
Une fraction de seconde 1 ,3
2 secondes 1,8
4o secondes . 2,7
Plusieurs heures 7,0
» Il résulte de là que, si la conductibilité et la capacité inductive sont
deux propriétés distinctes, il faut, pour éliminer la première, opérer plus
rapidement qu'on ne l'a fait jusqu'ici. Les physiciens qui se sont occupés
de la détermination des capacités inductives n'ont pas, en général, noté le
temps pendant lequel leurs condensateurs sont restés chargés. M. Faraday
se borne à mentionner qu'il a opéré rapidement; mais je crois qu'il faut au
( Soi )
moins trois ou quatre secondes pour exécuter les manœuvres que sa mé-
thode comporte, et il est hors de doute que dans cet intervalle de temps
la conductibilité peut manifester son action, puisque, dans l'exemple
cité, la quantité d'électricité condensée se trouve réduite à peu près d'un
quart lorsqu'on passe de la durée de charge 2 secondes à une durée que
j'évalue grossièrement à j~ de seconde.
» Il ne m'a pas été possible, jusqu'ici, de réduire la durée de la charge
au-dessous de cette fraction de seconde ; mais je regarde comme certain
que, dans ce petit intervalle de temps, la conductibilité peut exercer encore
une certaine action, et je suis porté à croire que, pour l'acide stéarique, la
véritable valeur de la limite inférieure des charges est l'unité, ce qui revient
à dire que l'acide stéarique a précisément la même capacité inductive que
l'air.
» Tous les corps isolants que j'ai mis en expérience ne se sont pas, je
dois le dire, comportés comme l'acide stéarique, et les résultats obtenus
avec quelques-uns d'entre eux semblent, au premier abord, fournir un ar-
gument décisif en faveur de la théorie de M. Faraday. Par exemple, si l'on
compare deux carreaux fulminants de mêmes dimensions formés l'un avec
de l'acide stéarique, l'autre avec du soufre, on trouve que le premier l'em-
porte de beaucoup sur le second lorsque la durée de la charge est de quel-
ques secondes, et qu'au contraire le second l'emporte notablement sur le
premier lorsque la durée de la charge est réduite à jj^ de seconde. Au
premier coup d'ceil, il semble impossible d'expliquer cette interversion
sans faiie intervenir une propriété distincte de la conductibilité; mais
pourtant il est aisé de reconnaître que l'on peut se dispenser de recourir à
cette propriété nouvelle, si l'on admet que l'un au moins des diélectriques
présente une certaine hétérogénéité de composition ou de structure. Con-
cevons en effet, d'une part, un diélectrique homogène doué d'une faible
conductibilité; d'une autre part, un diélectrique composé d'une masse ab-
solument isolante au milieu de laquelle se trouvent disséminés des fragments
d'une autre substance parfaitement conductrice, il est aisé de comprendre
que le second diélectrique pourra l'emporter sur le premier lorsque la durée
des charges sera suffisamment petite, et qu'au contraire le diélectrique
homogène prendra le dessus lorsque les charges seront suffisamment pro-
longées.
» Je suis parvenu à démontrer directement cette influence de l'hétéro-
généité au moyen de deux gâteaux de fleur de soufre qui contenaient l'un
une très-minime quantité d'eau, l'autre une proportion un peu plus grande
C. R , i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 16.) lo5
( 8oa )
d'huile d'olive. Ces deux gâteaux, dont les dimensions étaient exactement les
mêmes, ont été comparés de la même manière que les disques compactes,
et m'ont fourni les résultats suivants : le gâteau contenant de l'eau a donné
une charge presque double de celle qui a été obtenue avec le gâteau im-
prégné d'huile, lorsque la durée des charges n'a été qu'une fraction de
seconde; quand au contraire cette durée a été portée à quelques minutes,
c'est le gâteau imprégné d'huile qui l'a emporté de beaucoup sur le gâteau
contenant de l'eau. Il est donc certain que l'interversion observée dans
l'ordre de grandeur des charges peut être expliquée par l'hétérogénéité des
diélectriques.
» Maintenant, est-il possible d'attribuer au soufre une structure hétéro-
gène telle que celle dont je viens de parler? Les travaux de MM. Regnault,
Ch. Deville et Berthelot nous ont appris que ce corps peut subir des modi-
fications très-diverses, et il paraît assez naturel d'admettre que sa conduc-
tibilité électrique se modifie en même temps que ses autres propriétés; mais
j'ai pu vérifier directement cette supposition, grâce à l'extrême obligeance
de M. Berthelot, qui a bien voulu mettre à ma disposition des échantillons
de soufre amorphe et de soufre octaédrique. J'ai formé avec ces échantillons
des gâteaux pulvérulents sur lesquels j'ai opéré comme sur des disques
compactes, et je suis arrivé aux résultats suivants : la quantité d'électricité
accumulée parle condensateur formé avec le soufre octaédrique croît très-
sensiblement avec la durée de la charge et reste très-supérieure, même poul-
ies plus petites durées de charge, à la quantité accumulée par un conden-
sateur à air de même dimension. La charge du condensateur formé avec le
soufre amorphe ne varie point avec le temps et se trouve précisément égale
à la charge d'un condensateur à air de même dimension.
» En résumé, toutes les recherches que j'ai faites sur les propriétés des
corps isolants rne conduisent à penser qu'ils se laisseraient tous traverser de
la même manière par l'influence électrique, si l'on pouvait les dépouiller
complètement de leur conductibilité. Je crois, en conséquence, qu'il y a
lieu de modifier en un point la théorie de M. Faraday. D'après les vues de
cet illustre physicien, l'induction et la conduction ne sont, comme on le
sait, que les deux termes extrêmes d'un même mode de propagation qui
s'effectue, dans tous les cas, par l'intermédiaire des molécules matérielles.
Or, il paraît effectivement établi, par mes recherches antérieures [Annales
de Chimie et de. Physique; février 1862), que les lois mathématiques de la
transmission sont les mêmes dans le cas de l'induction et dans le cas de la
conduction ; mais il ne résulte pas de là que ces deux modes de propagation
( 8o3 )
s'effectuent dans le même milieu; il me parait probable, au contraire, que
l'électricité, comme la chaleur, peut se propager par l'intermédiaire de
l'éther, aussi bien que par l'intermédiaire de la matière pesante, et je suis
porté à croire que l'influence ou induction se transmet par la première de
ces deux voies, tandis que la conduction emploie la seconde. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles observations sw l'éryllirile; Note deM. Victok
de Luynes, présentée par M. Dumas. (Extrait par l'auteur.)
« i° L'érythrite présente à un haut degré le phénomène de la surfnsion.
» 20 Chauffée à i/\o° avec l'hydrate de potasse, elle se transforme en
acide oxalique en produisant un dégagement considérable d'hydrogène.
» 3° En solution aqueuse concentrée, et au contact du noir de platine,
elle absorbe l'oxygène avec tant d'énergie, que la masse devient incandes-
cente. Avec une solution étendue, l'action est moins vive, et il se produit
un acide analogue à celui que M. Gorup Besanez a obtenu par l'oxydation
de la mannite et sur lequel je me propose de revenir.
» 4° J'ai fait voir dans une précédente communication que l'acide iodhy-"
drique concentré transformait l'érythrite en un liquide présentant la même
composition que l'iodure de butyle, et j'annonçais en même temps que je
me proposais d'étudier comparativement les produits dérivés de cet iodure
et ceux obtenus directement au moyen de l'alcool butylique de fermenta-
tion. Cette étude était rendue nécessaire après les travaux récents qui ont
été publiés par M. Wurtz sur l'isomère de l'alcool amylique. Voici à quels
résultats je suis arrivé.
» L'iodure que j'ai obtenu réagit si énergiquement sur l'acétate d'argent,
que c'est à peine si l'on a le temps de fermer les tubes qui contiennent le
mélange. De l'iodure d'argent se forme, et il se produit un dégagement de
chaleur très-considérable. La réaction étant achevée, les tubes renferment
deux liquides différents : l'un bouillant vers 5°, qui paraît surtout formé de
butylène; l'autre volatil de iii° à ii3°, d'une odeur agréable, plus léger
que l'eau et présentant la composition de l'acétate de butyle.
» Ce dernier, saponifié par la potasse, se transforme en un autre liquide
bouillant de 1070 à 109°, et dont la composition est la même que celle de
l'alcool butylique. Mais ce composé doit être considéré comme identique,
non avec l'alcool butylique de fermentation, mais avec celui qui dérive du
butylène, car il existe entre lui et l'alcool de fermentation les mêmes diffé-
rences que celles que M. Wurtz a signalées entre l'hydrate d'amylène et
io5..
( 804 )
l'alcool amylique dans le beau travail qu'il vient de publier. En effet, le
brome réagit sur lui énergiquement à la température ordinaire, de plus il
absorbe le gaz iod hydrique en proportion considérable vers o°, et par l'ad-
dition d'une petite quantité d'eau il se sépare un liquide qui présente les
mêmes propriétés que l'iodure primitif.
» L'alcool butylique de fermentation, traité de la même manière, n'a rien
présenté de semblable.
» 5° Je terminerai par quelques détails sur la préparation de l'érythrite
et de l'orcine.
» L'érythrite s'obtient toujours en décomposant l'acide érythrique par
les alcalis. 11 se forme en même temps de l'orcine et de l'acide carbonique
qui se combine avec la base employée. La réaction n'a lieu que sous l'in-
fluence de la chaleur, et donne naissance à une quantité assez considérable
de matière résineuse qui provient d'une oxydation partielle de l'orcine au
contact de l'air et en présence de la base. On évite la production de ces
corps résineux en opérant à l'abri du contact de l'air.
» L'acide érythrique complètement lavé, et seulement égoutté, est intro-
duit dans une chaudière en tôle et chauffé pendant deux heures environ
à i5o° avec une proportion de chaux éteinte un peu inférieure à la quan-
tité nécessaire pour le décomposer. La transformation est alors complète;
il suffit de filtrer la liqueur pour séparer le carbonate de chaux, et de la con-
centrer un peu si l'acide érythrique n'a pas été suffisamment égoutté, pour
que, par le refroidissement, l'orcine se dépose en beaux cristaux.
» Les eaux mères qui contiennent le reste de l'orcine et toute l'érythrite
sont évaporées; la liqueur en refroidissant se prend en une masse cristal-
line dans laquelle on sépare l'orcine et l'érythrite au moyen de l'éther.
» Ces expériences ont été faites au laboratoire de recherches et de perfec-
tionnements de la Faculté des Sciences de Paris. >>
L'Académie des Sciences de Munich remercie l'Académie pour l'envoi
d'une nouvelle série des Comptes rendus hebdomadaires, et signale quelques
lacunes qui existent dans sa collection.
M. de Saint- Venant demande et obtient l'autorisation de reprendre un
Mémoire qu'il a présenté le iG mars dernier, et sur lequel il n'a pas été fait
de Rapport. Ce Mémoire a pour titre : « Distribution des élasticités autour
de chaque point d'un solide... »
( 8o5 )
M. Al. Perrey adresse une semblable demande pour ses « Propositions
sur les tremblements de terre », présentées à la séance du 8 avril 1861, et
obtient la même autorisation, son travail n'ayant pas été l'objet d'un Rapport.
M. Pourriau prie l'Académie de vouloir bien comprendre parmi les
pièces de concours pour le prix Morogues six ouvrages qu'il lui a adressés
à diverses époques, et qui se rattachent tous plus ou moins directement à
l'Économie rurale. Comme ces ouvrages étaient déposés longtemps avant la
clôture du concours à la bibliothèque de l'Institut, l'auteur espère que sa
demande, quoique adressée un peu tardivement, sera priseen considération.
(Renvoi à la future Commission.)
MM. Escallier et Franceschini prient l'Académie de vouloir bien hâter
le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé leur
Mémoire sur un médicament composé qu'ils désignent sous le nom A huile
des Alpes.
(Renvoi aux Commissaires nommés : MM. Andral, Bernard.)
■'
M. Alciator adresse de Marseille un Mémoire sur deux inventions
relatives aux moyens d'atténuer les accidents résultant du choc de deux
convois de chemin de fer et de deux bâtiments en mer, et sur une troisième
ayant pour objet un moyen d'évacuer, sans pompes, l'eau de la cale d'un
navire.
(Renvoi à l'examen de MM. Morin et Clapeyron.)
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. R.
( 806 )
BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE
L'Académie a reçu dans la séance du 20 avril 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
On the action... De l'action des lames non cristallisées sur la lumière com-
mune et la lumière polarisée; par sir David Brewster. Edimbourg, i863:
in-4°.
On t lie existence... Sur l'existence d'acarus entre des lames de mica en con-
tact optique, et sur certaines formations végétales et minérales dans le spath cal-
caire; parle même. Edimbourg, 1 863 ; in-4°.
On the polarisation... Sur la polarisation de la lumière par des surfaces
blanches et âpres; par le même. Edimbourg, i863; in-40.
On the pressure... Sur les cavités par pression [intérieure) dans la topaze, le
béryl et le diamant, et sur les conséquences de ce Jait par rapport aux théories
(jéolocjiques ; parle même. Edimbourg, i863; in-4°.
On the structure. .. Sur la structure des anciens verres décomposés, et les phé-
nomènes optiques qu'ils représentent ; par le même. Edimbourg, 1 863 ; in-4°.
f Extraits des Transactions de la Société royale d'Edimbourg , vol. LU et LUI.)
Bulletin de la Société de Chirurgie de Paris pendant l'année 1862 ; 2e série,
t. III. Paris, i863; in-8°.
Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires;
3e série, t. VIII. Paris, 1862; in-8°.
Notice sur tes travaux agricoles de M. Chambrelent. Paris, 1 863 ; in-4°.
Exposition universelle de 1862: Matériaux de construction; par M. DELESSE.
(Extrait des Rapports des Membres de la section française du Jury international.)
Paris, 1 863 ; in-8°.
Instruction pratique pour l'usage du pendule balistique à induction; pat
Martin de Brettes. Paris, 1862; in-8° avec planches.
Instruction sur l'emploi du chronographe à induction [pendule conique) dans
les expériences balistiques ; par\e même. Paris, i863;in-8°, avec une planche.
Ces deux ouvrages sont présentés, au nom de l'auteur, par M. le Maré-
chal Vaillant.
Notice à l'appui de la candidature de M. le Dr Maxime Vernois à la place
vacante dans la section d'Hygiène, Médecine légale et Police médicale de I ' A-
cadémie impériale de Médecine. Paris, in-4°.
Société d'Horticulture de la Gironde, sous le patronage de S. M. ilmpéra-
( 3o7 )
trice Eugénie. Exposition de septembre 1 863. Bordeaux, i863; br. in-8°.
Annales de la Société de Médecine de Saint-Etienne et de la Loire; t. II
(suite), ie partie, année 1862, livraisons 1 à 4- Saint-Etienne, ! 863 ; in-8°.
L'Economiste français; Journal de la Science sociale, etc., paraissant tous
les quinze jours, sous la direction de M. J. Duval; ire année (n°* 1 à 24),
année 1862. Paris; in-4°.
Ethiopie. Carte n° 9 : Inarja et pays limitrophes. Carte n° to : Frontière
septentrionale du Kajja; par M. Ant. d'Abbadie. Paris, 1862; 2 cartes in-foi.
Astronomical... Observations astronomiques et météorologiques faites à l'Ob-
servatoire naval des États-Unis pendant l'année 1861 ; publié par l'autorité du
Ministre de la Marine, sous la surintendance du commodore J.-M. GiLUS.s.
Washington, 1862; vol. in-4°. (Oflert par l'Observatoire naval.)
Expérimental... Recherches expérimentales sur les granits de l'Irlande;
3e partie : Sur tes granits du Donegal; par le Rév. Samuel Haughton.
(Extrait du Quarterly Journal of the Geological Society, novembre 1862.
Londres, 1862 ; in-8°.
On the use... Sur l'emploi de la nicotine dans le tétanos et dans tes empoi-
sonnements par la strychnine ; par le même. (Extrait du Dublin Quarterly
Journal oj médical science, août 1862.) Dublin, i862;in-8°.
Note... Note sur les observations anémographiques pour le comté de Claie
en 1861 , d'après les observations météorologiques de M. F.-J. FOOT; par le
même. In-8°.
Notes... Notes sur la minéralogie; par le même. (Extrait du Philosopliuid
Magazine; janvier 1862.) 1 feuille in-8°.
Rainfall... Pluie et évaporation de l'eau à Sainte-Hélène, par John
Haughton. Dublin, i862;in-8°.
Short account... Sur quelques expériences f entes à Dublin pour déterminer
le mouvement azimutal du plan de vibration d'un pendule libre. (Extrait des
Proceedings of the royal irish Academy ; avril i85 1 .) (Compte rendu d'expé-
riences faites par M. S.-V. Haughton, ingénieur mécanicien.)
Notices... Comptes rendus des réunions de l'Institution royale de la Grande-
Bretagne ; partie XII, 1861-1862. Londres, 1862; in-8°.
Journal... Journal de la Société Géologique de Dublin; vol. IX, partie H
1861-1862). Dublin, 1862; in-8°.
Denkschriften. , . Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de tienne,
(■■lasse des Sciences Mathématiques et des Sciences Naturelles; XXIe volume.
Vienne, 1 863; vol. in-4°.
Sitzungberichte... Comptes rendus des séances de l'Académie impériale des
( 808 )
Sciences de Vienne (classe des Sciences Mathématiques et Naturelles); t. XL VI,
livraisons 4 et 5 (novembre et décembre 1862). Vienne, 1 863 ; in-8°.
Ueber... Sur la diffusion des feldspath , albite, oliqoclase et labrador dans les
roches prétendues plutoniques de la Forêt-Noire ; par le prof. H. Fischer.
Annali... Annales de l'Académie des aspirants naturalistes ; 3e série, 2e vo-
lume, année 1862. Naples, i863; in-8°.
Sull' attuale... Sur le mouvement scientifique actuel en Italie, considéré seule-
ment au point de vue des sciences naturelles; par le prof. Oronzio-Gabriele
Costa. JNaples, i863; br. in-8°.
lstruzioni... Instructions pratiques pour le montage et l'emploi de la pile de
Daniell modifiée; par Giov. Minotto. Turin, i863; in-8°.
Giudizii... Jugements et expériences sur la pile à sable Daniell; par le
même, in-4°-
Bolelin... Bulletin de l'Observatoire physico-météorologique de la Havane;
publié sous la direction de don Andres Poey ; part. I : Observations horaires.
juillet à décembre 1862. Havane, 1862.
i i\ÎA
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 27 AVRIL 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
paléontologie humaine. — Deuxième Note sur la mâchoire d ' Abbeville ;
par M. DE QuATKEFAGES.
« Depuis la lecture de nia première Note sur la mâchoire humaine
trouvée par M. de Perthes dans le diluvium d'Abbeville, j'ai appris que des
doutes graves s'étaient élevés sur l'authenticité de cette découverte. Cette
circonstance m'engage à préciser quelques faits que je m'étais borné à indi-
quer dans ma communication précédente.
» Je dois faire remarquer d'abord que parmi les personnes qui ont émis
ces doutes, pas une, que je sache, n'a étudié de près l'objet sur lequel porte
la discussion (i). La plupart ne l'ont pas même entrevu. C'est sur l'examen
des haches retirées de la couche où a été trouvée la mâchoire que reposent à
peu près toutes les objections. On affirme que celles de ces haches qui ont
été portées en Angleterre ont toutes été reconnues pour être fausses.
• ^i) Je dois excepter M. Falconer. Je recois à l'instant le Times du 25 avril, et j'y trouve
une Lettre par laquelle ce savant se déclare convaincu de la fausseté du fossile d'Abbeville;
il ne voit plus dans toute cette affaire qu'une leçon de prudence et de circonspection. Ces
nouvelles convictions résultent pour lui de l'examen de haches et d'une dent prise aussi
dans les carrières d'Abbeville. — Mais elles ne reposent pas sur une nouvelle étude de la
mâchoire. — Aussi, quelque grave que soit à mes yeux la déclaration d'un juge aussi baut place
que M. Falconer, je ne trouve rien à changer à la Note actuelle, rédigée avant d'avoir reçu
son article du Times.
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, N° |7.) Io6
( 8io)
» On assure, en effet, que les haches de silex sont aujourd'hui devenues
l'objet d'une industrie frauduleuse, que certains ouvriers les imitent fort
habilement, et que quelques savants distingués ont été dupes de pièges
tendus à leur curiosité scientifique et à leur bonne foi.
» Mais de ce qu'une ou plusieurs de ces haches ont été reconnues fausses,
s'ensuit-il que toutes le soient également? Raisonner ainsi ce serait nier qu'il
existât aux environs de Rome des médailles vraiment authentiques, des
antiquités véritables, parce que l'art de les contrefaire a été porté assez
loin pour tromper parfois les plus habiles connaisseurs.
» Quand il s'agit d'une découverte de ce genre, chaque objet exige un
examen séparé, et l'authenticité ou la fausseté ressortent de deux ordres de
faits : des circonstances même dans lesquelles a été faite la trouvaille, des
conditions dans lesquelles était placé l'objet trouvé; puis des caractères
propres de cet objet. C'est à ce double point de vue que je veux examiner
aujourd'hui d'abord les deux haches que j'ai rapportées d'Abbeville.
» Rendu sur les lieux avec MM. de Pertb.es et Falconer, je descendis
dans la carrière et enlevai moi-même les quelques déblais restés au pied
d'une légère excavation déjà pratiquée dans les graviers. Je voulais ainsi
reconnaître si la couche on on allait piocher avait été déjà travaillée. Il me
parut que non. Mais cependant mon examen ne fut pas assez minutieux
pour qu'une petite cavité préparée à l'avance, et dans laquelle on aurait pu
placer une !iaehejausse, n'eût pu in' échapper. — Je laissai donc subsister,
je le dis franchement, une possibilité de fraude.
» L'ouvrier donna sous mes yeux un certain nombre de coups de pioche
en approfondissant l'excavation, si bien qu'un éboulement pouvait être
à redouter par suite du peu de solidité des matériaux. Les derniers coups
mirent au jour une première lia die que je m'empressai de recueillir.
» Cette hache, trouvée au milieu des déblais faits par l'ouvrier, pouvait
avoir été déposée frauduleusement en terre avant mon arrivée; car elle s'est
montrée au milieu des déblais, et je n'ai pu juger des conditions de son
gisement. — La possibilité a" une fraude existe donc encore ici.
» Mais, en me relevant, j'aperçus dans les parois mêmes de la fouille, ;<rt
un point (pie l'outil n'avait pas atteint, une seconde hache. Celle-ci ne montrait
que 3 ou 4 centimètres de son extrémité; elle était engagée dans des gra-
viers qui n'avaient évidemment subi aucun remaniement récent ; en la re-
tirant de mes propres mains, je fis tomber plusieurs de ces graviers qui
étaient en contact immédiat avec elle. — Ici existent, ce me semble, toutes
les conditions de V impossibilité d'une fraude.
» Les circonstances de la découverte établissent donc une différence réelle
( 8.i )
entre les deux haches. Voyons ce qu'indique l'examen de leurs caractères
propres.
» La première hache, celle qui avait été retirée des déblais faits par l'ou-
vrier, a été lavée et brossée avec le plus grand soin, et pourtant à la loupe
on voit que la gangue adhère encore aux anfractuosités de la taille. Elle
montre des arêtes et des tranchants presque aussi vifs que s'ils étaient faits
de la veille ; sa teinte extérieure diffère très-peu de celle des éclats qu'on en
obtient, et ceux-ci, frottés de la gangue colorée qui entoure les graviers de
la carrière, prennent une teinte presque identique (i); enfin sa surface pré-
sente des reflets mats, et on y trouve à peine des traces de cette espèce de
patine regardée jusqu'à présent comme indiquant à coup sûr une hache
vraiment authentique. Toutefois, placée à côté d'une hache vraiment fausse,
celle dont il s'agit s'en distingue aisément. Tous ces caractères se retrouvent
dans certains échantillons dont l'authenticité n'est pas douteuse. M. Gaudry
en a déposé de pareils sur le bureau de l'Académie, lesquels avaient été
retirés par lui de tranchées ouvertes dans un sol vierge et à une époque
où, la cupidité n'étant pas encore excitée, les fraudes actuelles ne s'étaient
pas produites. M. Lartet m'a même dit avoir en sa possession une hache
qu'il a regardée comme fausse pendant longtemps, et dont l'authenticité ne
s'est révélée à lui que lorsque, en employant la loupe, il découvrit des den-
drites à sa surface.
i' Ainsi la hache dont il s'agit est très-probablement vraie; mais les con-
ditions de sa découverte permettent de regarder une fraude comme pos-
sible; ses caractères propres prêtent à des doutes. — J'admettrai donc, pro-
visoirement, qu'elle peut être considérée comme Jausse. — En agissant ainsi,
je vais certainement au delà de la vérité. Cette hache est tout au plus dou-
teuse (2).
» Les caractères de la seconde hache, de celle que j'ai extraite des parois
de la carrière, sont différents à certains égards. Les arêtes et les tran-
chants en sont moins vifs; l'extérieur présente des reflets plus brillants,
comme si un commencement de patine le revêtait ; les cassures que j'ai pra-
tiquées sur quelques points ont des reflets manifestement plus mats.
(1; Cependant, à la loupe et à un grossissement médiocre, on reconnaît aisément les points
fraîchement cassés. Au reste, comme on le verra tout à l'heure, la matière colorante de cette
couche est fort peu pénétrante.
(2) M. Desnoyers, qui l'a examinée avec soin, n'a pas hésité à la regarder comme authen-
tique. Le même savant a porté le même jugement sur d'autres haches provenant de la même
localité et que M. de Perthes a bien voulu m'envoyer.
106..
( 8ia )
» Néanmoins la couleur de l'intérieur et celle de l'extérieur de cette
hache sont semblables ou très-voisines dans les points que j'ai entamés.
Mais des cailloux de la même couche m'ont montré exactement les mêmes
particularités.
» Une autre circonstance me frappa vivement, et je crus d'abord y voir
un signe de fabrication récente. Sur un des points que j'avais lavés se trouve
une fissure assez profonde dans laquelle la matière colorante n'a pas
pénétré. Mais en examinant des cailloux pris dans les graviers de la car-
rière, j'en ai trouvé un qui présente sur deux points exactement le même
fait. Là aussi deux fissures analogues à celle que porte la hache, fissures
bien certainement anciennes, ne montrent aucune trace de matière colo-
rante. — La circonstance que je signale ne peut donc être regardée comme
un signe de fausseté (i). Tout au contraire indique une hache parfaitement
authentique.
» J'ai dit que j'avais lavé la hache dont il s'agit sur certains points, mais
j'ai conservé la gangue sur la plus grande partie de son étendue; car, à des
yeux exercés, cette gangue elle-même devait présenter des caractères propres
à faire reconnaître la fraude si elle existait. Un examen minutieux fait par
un homme spécial devenait ici nécessaire : M. Delesse a bien voulu s'en
charger. Ce juge si compétent a longuement examiné la hache dont il
s'agit, et la conclusion a été qu'j/ lui paraissait impossible d'imiter ce qu'il
voyait sur la hache. A diverses reprises, je lui ai fait des objections; je l'ai
prié d'être aussi sévère que possible et à' étudier cette hache avec l'intention
de la trouver fausse. Il a repris son examen, et la réponse est restée la même.
» Ainsi, en ce qui touche les deux haches que j'ai rapportées de Moulin-
Quignon, je crois pouvoir conclure que si l'une d'elles peut, rigoureusement
parlant, être considérée comme douteuse eu même fausse, l'autre présente toutes
les garanties possibles d'authenticité.
» Reste la mâchoire elle-même. Que doit-on en penser?
>> Remarquons d'abord que cette question n'est nullement liée à la pré-
cédente d'une manière aussi intime que semblent l'admettre quelques per-
sonnes. Les haches pourraient être vraies et la mâchoire jausse. La réciproque
est également exacte. La fausseté ou l'authenticité d'une médaille prise sur
(i) Je ne sais si un examen comparaiif analogue à celui que j'indique a été fait par quel-
ques-uns des savants qui ont déclaré fausses toutes les haches retirées de la couche dont il
s'agit; mais je n'en ai trouvé aucun indice dans les communications qui m'ont été faites à ce
sujet.
( 3.3)
un point quelconque de la campagne romaine ne préjuge rien pour on contre
l'authenticité d'un buste retiré du voisinage (i).
» Remarquons encore qu'en dehors des controverses géologiques dont
les terrains dont il s'agit sont le sujet, bien des causes devaient faire admettre
avec difficulté tout fait analogue à celui qu'a annoncé M. de Perlhes. D'u
côté la découverte d'une mâchoire humaine, qui par sa forme et ses pro-
portions rentre complètement dans ce qui se voit aujourd'hui, vient à ren-
contre de théories très-chaudement adoptées et soutenues par des savants
qui jouissent de l'autorité la plus haute et la mieux méritée. D'autre part,
des consciences se sont très-vivement alarmées en voyant l'existence de
l'homme reportée jusqu'à une époque pour laquelle il n'existe, quant à
présent, aucune date précise possible. Ces deux causes, bien différentes et
on pourrait dire opposées, ont agi dans le même sens et sont venues évidem-
ment s'ajouter aux doutes exclusivement et franchement scientifiques (2).
» Que faire en présence de cet état de choses? Evidemment, il n'y a qu'à
agir pour la mâchoire elle-même comme pour les haches, et à rechercher
en dehors de toute idée préconçue les faits qui militent en faveur, soit de
son authenticité, soit de sa fausseté. C'est ce que je me suis efforcé, ce que
je m'efforcerai encore de faire.
» Malheureusement, il manque ici un des éléments essentiels de l'en-
quête. Nous ne pouvons pas reproduire les conditions de la découverte. Sur
ce point, nous sommes tous forcés de nous en tenir au récit de M. dePerthes.
Sans mettre le moins du monde en doute sa parfaite et incontestable hono-
rabilité, ses contradicteurs pourront toujours regarder comme possible que
sa bonne foi ait été surprise. En ce qui me concerne, je n'ai pas même à
émettre une opinion ; car, en pareille matière, pour avoir le droit de porter
témoignage, il faut pouvoir parler de visu, et je n'étais pas présent au moment
de la découverte.
» Reste l'examen des caractères propres. J'ai fait sur ce point les études
qui me sont seules permises jusqu'à présent. En voici le court résumé.
» J'ai lavé avec soin, en le frottant avec du coton, un point de la face
( 1 ) Ce que je dis des haches s'applique également à la dent dont l'examen a si vivement
frappé les savants de Londres.
(2) Tout le monde d'ailleurs n'a pas partagé ces doutes. Pendant l'impression même de
ma Note, j'apprends que M. Carpenter, lequel a étudié la mâelioire chez M. de Perthes avec-
grand soin, n'a pas hésité à la déclarer authentique devant la Société Royale. Des com-
munications dansle même sens ont été faites à la Société Ethnologique et à la Société Anthro-
pologique de Londres.
( M )
extérieure. L'os s'est alors montré d'une couleur d'un jaune peu foncé légè-
rement teinté de brun. A la loupe, on voit que la gangue générale a pénétre
dans les très-petites anfractuosités de la surface et qu'elle continue à v
adhérer.
» Des graviers pris sur les lieux et présentant des parties blanches, traités
de la même manière, m'ont montré exactement les mêmes particularités.
» La faible coloration de la mâchoire n'est donc pas un indice de Li ns-
selé. Au contraire, elle exclut au moins toute pensée que cet os puisse pro-
venir des tourbières qui communiquent aux ossements une couleur assez
semblable à celle que présente le fossile d'Abbeville avant le lavage.
» J'ai gratté avec la pointe d'un petit scalpel et d'une manière compara-
tive un point de la face interne de l'os et des graviers blanchâtres. Les traces
de l'outil ont produit des résultats presque identiques, surtout en tenant
compte de la différence de dureté des corps soumis à cette petite opération.
» J'ai examiné avec grand soin la manière dont la gangue adhère aux
graviers et â la mâchoire. Il m'a paru qu'il y avait identité avec ce cpte je
trouvais chez plusieurs des premiers. La façon dont cette gangue se désa-
grège et se détache quand on opère sous la loupe m'a semblé aussi être
exactement la même pour certains graviers et pour la mâchoire.
» Par contre, des silex taillés ont été lavés avec soin, puis enduits d'une
couche de pâte faite avec la gangue de la carrière Celle-ci a d'abord
adhéré, mais sans présenter les caractères qu'on observe, soit sur la mâchoire,
soit sur la hache, soit sur les graviers dont j'ai parlé. Puis, une fois dessé-
chée, cette couche artificielle s'est détachée avec la plus grande facilité et
en se dégagrégeant d'une manière tout autre.
» Enfin, j'ai soumis à l'examen de M. Delesse la mâchoire aussi bien cpie
la hache dont j'ai parlé plus haut. Ce savant a trouvé aux deux gangues les
mêmes caractères. Pour la mâchoire comme pour la hache, il a résumé ses
impressions en disant : Il me paraît impossible qu'on aitjait artificiellement a
que j'ai sous les yeux (i).
» Ainsi, rien jusqu'ici ne vient encore confirmer les doutes émis au sujet
de l'authenticité de la mâchoire d'Abbeville. — Tout, au contraire, vient à
l'appui de ce que M. de Perthes a annoncé quant aux circonstances de la
découverte.
» Mais cette étude, je suis le premier â le reconnaître, n'est pas encore
complète. Il faudra maintenant laver la mâchoire en entier et examiner avec
(i) M. Lartet assistait à cet examen. Comme moi, à diverses reprises, il a invité M. Delesse
à y apporter la plus grande sévérité.
( 8*5 )
soin les eaux de lavage pour voir si elles contiendraient une substance
propre à faire adhérer la gangue à sa surface. Il faudra aussi analyser au
moins une partie de l'os lui-même, pour s'assurer de sa composition
» Toutes ces recherches devront èlre faites d'une manière comparative.
La dernière, en particulier, n'aura de valeur réelle qu'autant qu'il sera pos-
sible d'analyser en même temps un autre fragment d'os pris dans la même
couche ou dans une couche entièrement semblable. On sait, en effet, com-
bien la composition du sol influe sur la conservation des ossements, et, pour
mon compte, je puis citer à ce sujet un fait bien frappant.
» On trouve en Alsace, en particulier sur deux points assez éloignés, dans
les environs de Schelestadt et dans les environs de Bischwiller, des tumuli
que leur contenu a fait connaître pour être du même âge et de l'époque de
bronze. Les premiers sont placés, m'a-t-on dit, dans un terrain tourbeux;
les seconds, que j'ai vus, sont dans un terrain entièrement sablonneux. Dans
les fouilles qui ont eu lieu près de Schelestadt on a trouvé souvent des sque-
lettes entiers avec leurs parties les plus délicates en parfait état de conser-
vation (i). Or, clans les fouilles exécutées sous mes yeux il y a trois ans, dans
la forêt de Schirein, l'absence à peu près complète d'ossements fut remarquée
par tous les témoins. On trouva, entre autres, dans une de ces antiques
tombes, la parure entière d'une femme, ceinture, collier, bracelets, pendants
d'oreille, espacés à peu près comme ils devaient l'être quand le corps y avait
été déposé. Mais de tout le squelette il ne restait qu'un petit fragment de la
portion rocheuse d'un temporal : le reste avait été dissous.
» D'après ce fait, on comprend que, pour être concluante dans un cas
comme celui dont il s'agit, l'analyse chimique doit porter à la fois sur l'ob-
jet en litige et sur un autre objet de même nature, dont l'authenticité est
hors de doute et qui sert de point de comparaison. Toutefois, même isolée,
une analyse de la mâchoire d'Abbeville offrira un intérêt réel et pourra éta-
blir au moins des présomptions.
» J'espère donc que M. de Perthes permettra bientôt de séparer un frag-
ment de cet os, de même qu'il permettra de le séparer de sa gangue. Son
amour bien connu de la vérité nous en est un sûr garant. Mais on com-
prend qu'avant d'en venir là il désire faire constater par le plus grand
(i) Malheureusement aucun de ces squelettes n'a été conservé, pas même les tètes osseuses.
Espérons cjue le moment viendra où les archéologues comprendront que les ossements de ces
antiques tombes ont pour la science un intérêt tout aussi grand que les objets de bronze
ou de fer. Mais combien de richesses anthropologiques ont déjà disparu par la faute même
des plus ardents amateurs de l'antiquité !
( 8.6)
nombre de témoins qu'il se pourra l'état actuel de la mâchoire, car cet état
une fois détruit ne pourra pas plus se reproduire que ne le peuvent les cir-
constances de la découverte.
» (Cette Note était rédigée quand j'ai reçu de M. Delesse la Lettre ci-
jointe, qui répond au désir que je lui avais exprimé après qu'il eut examiné
les pièces dont je viens de parler.) »
Lettre de M. Delesse à M. de Quatrefages.
« Je crois me rappeler que vous m'avez demandé mon avis relativement
» aux curieux fossiles qui viennent d'être trouvés à Moulin-Quignon.
» 11 me semble que les haches en silex et surtout la mâchoire humaine
» sont bien réellement des fossiles authentiques. Leur surface est encroûtée
« par une limonite brune manganésifère , présentant sur certains points
» l'éclat métallique, en sorte que son dépôt accuse une œuvre inimitable de
» la nature. Sur la mâchoire comme sur les silex taillés, cette limonite
» cimente de l'argile, des débris de silex et des grains arrondis de quartz
» hyalin. Les fossiles qui ont été trouvés avaient visiblement le même gise-
» ment ; ils étaient enveloppés dans l'argile brune dont vous avez constaté
» l'existence vers la base du terrain diluvien de Moulin-Quignon. »
op.ganogra.phie végétale. — Deuxième Note sur les vaisseaux propres,
les vaisseaux du latex, etc.; par M. T. Lestiboudois.
« Nous avons établi qu'il n'est pas possible de mettre en doute l'existence
des vaisseaux contenant des liquides colorés dans certaines plantes.
» On a dit, il est vrai, que primitivement ces vaisseaux n'étaient que des
méats, remplis par un filet de liquide granulifére, que la paroi vasculaire ne
se formait que postérieurement à l'existence de ce liquide. Mais qu'importe?
N'y a-t-il pas des utricules dont les parois ne se constituent qu'après le
noyau? ils n'en sont pas moins des utricules aussi bien caractérisés que les
antres. Si donc ces vaisseaux propres ont des parois ténues qui ne devien-
nent apparentes que tardivement, ils n'en constituent pas moins un système
vasculaire se distinguant par la structure que nous avons énoncée. C'est la
un fait acquis à la science.
» Mais il faut dire que ce système ne ressemble pas en tout point à celui
(pie constituent les vaisseaux sanguins : à leur origine, dans les feuilles, ils
forment un réseau capillaire par leurs ramifications; mais à leur terminai-
son, ils ne se divisent plus en rameaux ténus, pour distribuer aux organes
les éléments nutritifs, comme les vaisseaux sanguins des animaux; ils ne se
répandent pas dans toutes les parties; ils laissent des espaces souvent con-
( 8.7)
sidérables entre eux, et les liquides qu'ils renferment ne peuvent arriver
aux tissus qui les entourent qu'en traversant leurs parois; ils ne sont donc
pas plus aptes à les distribuer que les fibres et les utricules; ils sont moins
aptes que les méats et les lacunes. Il y a donc entre eux et le système san-
guin, distributeur des sucs nutritifs, une différence notable, qui peut faire
pressentir qu'ils n'en remplissent pas complètement le rôle.
» Nous avons à rechercher maintenant si, dans les vaisseaux propres, les
liquides éprouvent un mouvement de circulation ; c'est là l'objet de la troi-
sième question que nous avons posée. Quand on place sous le microscope
un pétale qu'on a rendu transparent en l'imbibant d'huile, on voit les glo-
bules suivre un cours rapide. Quand surtout on place sous la lentille gros-
sissante le parenchyme encore vivant de la stipule du Ficus elastica, dont les
deux épidémies ont été enlevés, on voit le liquide, entraînant vivement les
globules, parcourir les vaisseaux, se porter dans leurs ramifications anasto-
motiques, arriver dans les branches collatérales où il rencontre, soit un cou-
rant semblable, soit un courant dirigé en sens inverse. Quelquefois les glo-
bules s'entassent dans un point du vaisseau et semblent l'obstruer, puis,
par un effort de la puissance organique, l'obstacle est vaincu, les matériaux
agglomérés sont entraînés et le liquide reprend sa marche ordinaire, ou
bien est porté dans une direction contraire.
» Au point où les vaisseaux sont rétrécis, on voit souvent les globules
éprouver un mouvement de soubresaut en franchissant la barrière incom-
plète. Tous ces phénomènes apparaissent avec la dernière évidence; ils con-
stituent un mouvement circulatoire, ou au moins un mouvement d'oscilla-
tion qu'on ne saurait nier. On lui a donné le nom de cyctose pour le
distinguer de la circulation ordinaire, qui conduit régulièrement les liquides
vers un organe déterminé.
» On a dit que le mouvement n'est dû qu'à l'écoulement des liquides
causé par les plaies qu'ont subies les vaisseaux avant d'être soumis à
l'examen, ou par la chaleur, ou par les pressions, les torsions exercées sur
les tissus ; mais on peut observer ce mouvement sur les organes entiers, et l'on
ne peut expliquer par des pressions ni sa constance ni sa rapidité. Si on
niait la cyclose, il faudrait aussi, et à plus forte raison, nier la giration ou
la rotation des liquides dans les utricules. Leurs mouvements y sont quel-
quefois si compliqués, que leurs granules, parcourant des lignes réticulées
d'une substance d'apparence mucilagineuse, semblent circuler dans un
réseau capillaire extensible, se porter du centre à la périphérie, ou de la
périphérie vers la partie centrale, se condenser, se disperser. La translation
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, N° 17.) IO7
( 8'8 )
des liquides granulifères dans les vaisseaux propres n'est ni moins remar-
quable, ni moins constante que celle qu'on peut constater dans les utricules.
» On peut repousser les explications données par M. Schultz : nous
ne sommes pas disposé, pour notre compte, à adopter la répulsion et l'at-
traction des granules des sucs propres; nous ne trouvons pas démontrée
la contractilité du vaisseau, mais nous ne pouvons nous empêcher de regar-
der comme constant que les liquides des vaisseaux propres éprouvent un
mouvement de transport, non pas régulièrement d'un point vers un autre,
mais qui pousse les granules dans toutes les branches d'un réseau plus ou
moins compliqué. La force qui les fait circuler contribue probablement à
les faire écouler avec une rapidité souvent considérable, lorsque les tissus
sont incisés : cette force est détruite par la cessation de la vie. Aucune goutte
de liquide coloré ne s'échappe lorsqu'on fait la section d'une plante qui a
été plongée quelques instants dîîtis l'eau bouillante.
m On devrait donc accorder une très-grande importance aux sucs colores
et à l'appareil qui les contient, si cet appareil se montrait le même dans tous
les végétaux qui en sont pourvus.
» Mais ce système conserve- 1- il dans son organisation le caractère
d'uniformité que semble exiger la fonction universelle qu'on a voulu lui
attribuer? En d'autres termes, tous les végétaux lactescents ont-ils un
système vasculaire? C'est ce qu'il faut rechercher pour répondre complète-
ment à la quatrième question que nous avons posée.
» Nous avons déjà fait remarquer que les vaisseaux propres devenaient
plus rares dans certaines parties des plantes laiteuses; qu'ils finissaient
même par ne plus se rencontrer dans quelques-uns de leurs organes impor-
tants, notamment dans les racines. Ainsi, les vaisseaux, si abondants dans
la tige de Y Asclepias syriaca, deviennent rares dans la partie de la souche
qui est munie de bourgeons; ils disparaissent, en partie ou en totalité, dans
la partie inférieure de cet organe.
» Les vaisseaux propres peuvent, en outre, changer de caractère et per-
dre, pour ainsi dire, leur conformation primordiale, leur continuité, leurs
divisions et leurs anastomoses.
» Dans le Sambucus Ebulus, j'ai vu, dans l'écorce et dans la moelle, des
tubes rigides, isolés, droits, simples, à parois épaisses, contenant une sub-
stance d'une grande consistance, colorée, devenant d'un rouge intense au
contact de l'air, se réunissant en masses irrégulières confusément unies.
Ces tubes ressemblent certainement davantage à des fibres qu'à des vais-
seaux propres; mais ils contiennent des sucs spéciaux. J'ai vu les mêmes
( 8i9 )
tubes dans le Sambucus nigra; la matière qu'ils contenaient était seulement
d'une teinte moins foncée.
» Dans le Ferula tinrjitana et plusieurs plantes de la famille des Ombelli-
fères, les sucs propres sont aussi renfermés dans des tubes à parois épaisses.
» Les réservoirs des sucs colorés, en arrivant aux racines, changent de
nature : ainsi, dans le Chelidonium majus, les sucs jaunes de la tige circulent
dans des vaisseaux longs et continus; dans la racine, les sucs, qui ont pris
une couleur orangée, sont contenus dans des utricules plus ou moins épais,
unis bout à bout, et formant des fibres irrégulières.
» Dans les racines de plusieurs Convolvulacées, on trouve aussi les sucs
colorés renfermés dans des utricules; c'est ce qu'on peut observer, par
exemple, dans l'écorce extérieure et dans les écorces interposées entre les
formations ligneuses d'une convolvulacée du Brésil.
» On peut voir la même chose dans le Convoluulus neruosus.
» Dans la racine du Convolvidm Turpethum, dont le suc propre si abon-
dant se concrète en une substance résineuse jaunâtre, les utricules qui le
renferment sont quelquefois assez allongés.
» Ce n'est pas seulement dans les racines que les réservoirs des sucs
colorés peuvent prendre cette conformation ; dans l'écorce extérieure comme
dans les écorces intermédiaires de la tige du Glycine, on trouve des
points rougeâtres, épars en dehors des fibres corticales, et formées d'utri-
cules plus ou moins longs, plus ou moins réguliers, colorés par une sub-
stance qui en tapisse la cavité et qui paraît jaunâtre au microscope : ces
utricules sont disposés de manière à former des fibres ou des faisceaux ,
qu'on ne peut s'empêcher de considérer comme les analogues des vaisseaux
propres, quoique les sections de cette plante ne laissent pas suinter de
liquides colorés. Certaines espèces de Sapindacées présentent aussi des
séries d'utricnles colorés, qui se présentent dans la tranche de la tige sous
forme de points colorés, et dont l'organisation est analogue à celle des utri-
cules du Glycine.
» On ne peut donc toujours donner le nom de vaisseaux aux organes
qui renferment les sucs propres, le nom plus général de réservoirs leur con-
viendrait mieux.
» On serait d'autant plus porté à adopter cette opinion, qu'en certains
cas les utricules ne sont même plus unis en séries linéaires. Par exemple,
dans le Piper sisiboa le parenchyme de l'écorce extérieure, comme celui des
écorces intermédiaires et la moelle, sont tout parsemés de points rougeâtres
composés d'utricnles dont les parois sont difficiles à discerner, parce qu'elles
107..
( 8ao )
sont entièrement recouvertes d'une matière colorée, inégalement répandue
et analogue à celle qui tapisse les utricules des Glycines et des Sapindacées.
Mais ces utricules, au lieu de former des séries rappelant la disposition des
vaisseaux, constituent des amas irréguliers plus ou moins arrondis. Les sucs
élaborés des végétaux peuvent se trouver renfermés, non-seulement dans
des vaisseaux et des utricules, ils peuvent encore être répandus dans les
méats interutriculaires, qui ne sont que les vides naturels existant entre
les utricules, principalement aux angles de jonction. Ils peuvent encore
être contenus dans des lacunes régulières formées par l'écartement des utri-
cules, et enfin dans des lacunes irrégulières résultant de la déchirure des
tissus. Lorsqu'ils remplissent les méats interutriculaires, ils ne peuvent,
dans leur largeur, montrer un utricule entier, puisqu'ils sont contenus dans
les espaces que laissent entre eux les utricules dont les parois ne sont pas
adhérentes dans toute leur étendue. C'est ce qui les distingue des réservoirs
formés par des lacunes plus ou moins grandes, formées par la dissociation
complète des utricules. Ils se montrent comme des vaisseaux flexueux, dont
le diamètre est fort inégal; cette apparence tient à ce que la ligne de jonc-
tion des parois utriculaires, qui est obscure dans une certaine étendue,
imite une paroi spéciale, et à ce que les méats suivent exactement les con-
tours des utricules entre lesquels ils sont placés, et s'élargissent aux points
de jonction des utricules. Leur liquide granulifère pénètre quelquefois
dans les lignes de jonction transversale des utricules, et quand le liquide
n'y pénètre pas, on voit la ligne obscure qui limite le réservoir s'infléchir
entre ces utricules, et on n'aperçoit pas de paroi vasculaire passant direc-
tement vis-à-vis la jonction, ce qui fait reconnaître que le réservoir du
liquide n'est pas un vaisseau véritable. J'ai observé cette disposition dans
plusieurs Monocotylédones, ordre de plantes qui sont moins fréquem-
ment pourvues de sucs laiteux que les Dycotylédones ; ainsi, dans plu-
sieurs Aroïdées, par exemple dans le Pollios aurita, le Caladium seguinum,
on voit des utricules contenant un liquide granulifère; on voit surtout
des méats renfermant ce liquide. Dans certains cas la masse du suc propre
accumulé dans ces méats est si dense et si obscure, qu'on ne peut voir si elle
est contenue dans un vaisseau ou dans l'espace formé par l'écartement des
parois utriculaires ; mais, dans les cas les plus nombreux, on reconnaît bien
aux caractères que nous venons d'indiquer qu'elle n'est pas contenue dans
une cavité vasculaire. Dans le Caladium seguinum le suc laiteux n'est pas
aussi abondant que dans le Pothos aurita, et dans quelques feuilles anciennes
la section du pétiole ne laisse pas suinter du suc blanc; mais quand on
( 821 )
choisit des feuilles jeunes et bien fraîches, on voit sortir un suc pâle, mais
décidément laiteux, et on peut constater au microscope, après ébullition, qu'il
est contenu dans des utricules et surtout dans des méats interutriculaires.
» Nous verrons que le Colocasia odorata n'a pas de suc laiteux, mais la sec-
tion de son pétiole laisse suinter abondamment un suc mucilagineux, épais,
granulifère, qui est renfermé dans des utricules et qui se répand dans les
méats d'une manière caractéristique.
» Cette observation démontre tout à la fois d'une manière péremptoire
qu'il y a une grande analogie entre les divers sucs propres des végétaux,
et que les liquides peuvent se répandre dans les méals interutriculaires.
n Nous allons le voir maintenant dans les lacunes plus ou moins régu-
lières qui se forment par la désunion des tissus.
» Dans le Rluts typhinum (Sumac) nous trouvons des réservoirs de sucs
propres, qui conservent peut-être mieux l'apparence vasculaire, mais qui,
en réalité, ont une structure encore plus éloignée de celle que nous sommes
habitués à considérer comme celle des vaisseaux proprement dits.
» Dans la couche extérieure de l'écorce les sucs sont renfermés dans des
conduits cylindriques, droits, simples ou présentant quelques anasto-
moses, occupant le centre des faisceaux fibreux de l'écorce. Ils ont un
diamètre si considérable, qu'ils sont visibles à l'œil nu ; et lorsqu'on racle
leur surface avec la lame d'un instrument tranchant, on voit le liquide
refluer sous cette pression.
» Dans les couches plus profondes de l'écorce, les conduits des sucs
propres deviennent de plus en plus petits et plusrameux, mais ils occupent
la même position, c'est-à-dire qu'ils restent au centre des faisceaux fibreux.
» Sur la face interne de l'écorce, ils se présentent comme un réseau
vasculaire dont les ramifications sont très-déliées, très-irrégulièrement
anastomosées.
» Ces conduits, malgré leur apparence, ne sont pourtant pas des vais-
seaux véritables. Lorsqu'on examine au microscope les parois de ceux qui
occupent le centre des vaisseaux corticaux primitifs, on voit qu'elles sont
formées d'utricules courts, rectangulaires, à parois assez minces, qui
paraissent eux-mêmes remplis du suc laiteux. Ces conduits sont donc fort
analogues aux lacunes qui dans les Conifères renferment les sucs résineux,
à celles qui dans les Cycadées renferment les sucs gommeux ; on ne peut pas
plus les considérer comme des vaisseaux à parois cellulaires, qu'on ne pour-
rait doter du titre de vaisseaux les lacunes gommeuses ou résineuses dont
nous venons de parler. On ne pourrait assigner la limite précise de leurs
( 8aa )
parois. Les conduits des sucs laiteux des couches corticales moyennes ont
des parois organisées comme celles des lacunes extérieures.
» Quant au réseau des couches intérieures, il est formé d'utricules qui
paraissent rendus opaques par le suc laiteux; on ne découvre pas entre
eux de lacunes appréciables. On doit cependant admettre qu'elles existent
réellement, car lorsqu'on coupe des lames très-minces du tissu contenant
une portion du réseau intérieur, pour le placer sous le verre du microscope,
ce réseau, d'un blanc opaque, disparaît presque entièrement, comme si le
liquide qui déterminait son opacité s'était épandu, et que les utricules qui
l'entouraient, devenus semblables aux autres, ne pussent plus être distingués.
» La racine du Sumac contient des sucs laiteux, qui suintent abondam-
ment de l'écorce des branches et des plus petites ramifications qui sont enta-
mées. Lorsqu'on fait une section transversale d'une grosse racine, on voit
sortir les sucs blancs de points circulairement disposés entre les couches
corticales et séparés par l'épaisseur de ces couches, comme si chacune ne
contenait que dans sa partie extérieure les conduits laiteux. Les sucs des
couches extérieures sont un peu jaunâtres, au moins à l'époque où je les
observai (novembre à février); ceux qui sortent de la partie extérieure de
la couche la plus interne de l'écorce sont d'un blanc pur.
» Ces sucs s'épaississent et se coagulent assez promptement, et sont fort
poisseux. Ils sont contenus dans des lacunes plus petites, moins apparentes,
et moins régulières que celles de la tige. Leur cavité est bien visible dans
les couches extérieures, beaucoup plus petite, puis tout à fait inperceptihle
dans les couches intérieures ; de sorte que les lacunes ne sont plus distinguées
que par le point opaque formé par le suc laiteux. Elles sont entourées d'utri-
cules grands, courts, rectangulaires, pleins de grains arrondis de volume
variable; ces utricules, placés bout à bout de manière à imiter des fibres
flexueuses réunies en réseau; mais ces fibres forment des faisceaux moins
bien limités que ceux des tiges, de sorte que les lacunes sont bien moins
régulièrement circonscrites que celles des tiges, et ne se présentent plus
comme des canaux cylindriques à parois utriculaires ; le tissu qui les entoure
se confond avec le tissu voisin. Outre les utricules pleins de grains nom-
breux et volumineux, on trouve souvent immédiatement autour des lacunes
un tissu mince, vide ou contenant une matière granuleuse jaunâtre qui sem-
hle être un suc propre. Quelquefois cependant la cavité des lacunes est en-
tourée immédiatement du tissu à grains arrondis, le tissu mince manquant,
au moins par place.
» Lorsqu'on place sur un verre mouillé le liquide laiteux, même lors-
( 823 )
qu'il est en partie coagulé, il se montre au microscope (au moins de novembre
à lévrier) comme formé d'une multitude de grains globuleux de toutes dimen-
sions, dont l'aspect est le même que celui des grains qui remplissent les
utricules avoisinant les lacunes, de manière qu'on est tenté de considérer
ceux-ci comme contenant un suc propre séparé en goutelettes globuleuses :
mais on reconnaît que les grains des utricules sont des grains de fécide, parce
qu'ils conservent leur forme globuleuse malgré la pression ou la malaxation
auxquelles on les soumet, et parce qu'ils se colorent en bleu foncé quand
ils sont humectés par la teinture d'iode; tandis que les globules du suc lai-
teux se confondent lorsque, placés entre deux verres, ils sont soumis à un
mouvement de glissement et de rotation. Ils ne se colorent pas en bleu par
la teinture d'iode, ils deviennent seulement jaunâtres. La teinture d'iode a
souvent pour eltet de leur faire éprouver une segmentation remarquable,
de sorte que les grains, surtout ceux qui sont d'un volume considérable,
apparaissent comme formés d'une multitude de granules d'une ténuité
excessive. Lorsque les grains sèchent sur le porte-objet, ils restent quel-
quefois distincts, en conservant leur apparence globuleuse; mais souvent
ils s'aplatissent, s'unissent et forment des enduits d'une irrégularité singu-
lière, transparents, excessivement minces. Lorsqu'on verse de la teinture
d'iode sur une tranche de tissu cortical, cette teinture enlève rapidement
des grains nombreux de sucs propres qui étaient contenus dans les lacunes.
Le plus grand nombre des utricules se teint en bleu, avant comme après
l'ébullition, bien que celle-ci ait fait disparaître les grains de fécule poul-
ies transformer en une substance amorphe. Il y a cependant certains
utricules qui ne se colorent pas et qui contiennent une matière granuleuse
jaunâtre. Les utricules allongés sont vides ou contiennent peu de grains
jaunâtres : ainsi dans le Sumac les sucs colorés peuvent être contenus dans
des utricules, et se trouvent certainement répandus dans des lacunes;
celles-ci se rencontrent dans la racine comme dans les tiges; elles sont
tantôt régulières comme des vaisseaux, tantôt moins bien limitées, moins
uniformément cylindriques. Le suc laiteux de l' Acer platanoïdes se montre
aussi composé de grains arrondis susceptibles de devenir confluents et de
former des taches régulières ou irrégulières en se desséchant, sur le verre.
» Il est enfin des plantes, comme quelques Euphorbes, dont les sucs
propres extravasés remplissent des lacunes irrégulières formées par la dé-
chirure des tissus.
» Il résulte de ce que nous venons de dire que les sucs propres des végé-
taux sont renfermés dans des réservoirs de structures fort diverses : ce sont
ou des vaisseaux, ou des utricules, ou des méats, ou des lacunes. Ceux
324 )
qu'on doit regarder comme des vaisseaux sont quelquefois longs, rigides,
épais, sans anastomoses, ou pourvus de rares communications ; d'autres fois
ils sont minces, flexueux, rameux, s'abouchant fréquemment entre eux,
formant un réseau de plus en plus ténu ; ils présentent quelquefois des rétré-
cissements, quelquefois des articles non cloisonnés ou munis de cloisons.
Les réservoirs qui ne sont que des utricules conservent dans certaines
plantes une apparence vasculaire, parce que les utricules sont disposés en
séries linéaires plus ou moins bien tracées. Ces utricules sont d'ailleurs
allongés ou courts, réguliers ou irréguliers, minces ou doués de parois
fermes et épaisses. Dans d'autres plantes, les utricules constituent des amas
arrondis, de forme fort dissemblable, ne rappelant en rien des séries vasi-
fortnes. Les réservoirs qui sont des méats se présentent comme des vais-
seaux peu rameux, formant parfois une sorte d'encadrement autour des
utricules. Ceux qui sont des lacunes se présentent comme de gros vaisseaux,
réguliers, peu anastomosés, ou bien ils se montrent sons la forme d'un ré-
seau dont les anastomoses sont plus ou moins fréquentes, et les mailles plus
ou moins nombreuses et régulières. Enfin ces réservoirs peuvent n'être que
des cavités irrégulières formées par déchirure. »
M. Schœxbeix, récemment nommé à une place de Correspondant pour
la Section d*e Chimie, adresse ses remercîmenls à l'Académie.
M. Chevreul fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Reiset,
d'un ouvrage ayant pour titre : « Recherches pratiques et expérimentales
sur l'Agronomie ».
(Renvoi à l'examen de la Section d'Économie rurale.)
NOMINATIONS.
L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de la Commis-
sion chargée de décerner, s'il y a lieu, le grand prix des Sciences physiques,
question concernant les changements qui s'opèrent pendant la germina-
tion dans les tissus de l'embryon et du périsperme.
MM. Tulasne, Brongniart, Duchartre, Decaisne, Montagne, réunissent la
majorité des suffrages.
L'Académie procède ensuite, également parla voie du scrutin, à la nomi-
nation de la Commission chargée de décerner le prix de Physiologie expé-
rimentale.
Commissaires, MM. Bernard, Flourens, Milne Edwards, Longet et Coste.
( 8a5 )
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Imitation de la grêle et nouvelle théorie de ce météore; extrait
d'un Mémoire du P. J.-M. Sanna-Solako.
(Commissaires, MM. Becquerel, Dumas, Pouillet.)
« Tous les physiciens et les météorologistes, sans exception, veulent que
la grêle se forme dans l'atmosphère par encroûtement successif. Les gréions
jusqu'ici ont été considérés comme formés d'un noyau autour duquel se
sont ensuite déposées les différentes couches dont ils sont composés. C'est là
précisément ce qui a toujours empêché de découvrir la véritahle origine du
météore. Cette hypothèse laisse sans explication différents phénomènes qui
accompagnent la grêle. Quant à nous, nous croyons que les grêlons se pro-
duisent, dès le premier instant, tels, à peu près, qu'ils sont au moment de leur
chute. La congélation commençant par l'extérieur, il est aisé de nous rendre
compte de toutes les particularités que présente le centre, et de tous les
autres phénomènes qui accompagnent le météore.
» L'enveloppe extérieure s'étant formée (nous dirons plus loin de quelle
façon), la partie du liquide en contact avec la croûte commence à se re-
froidir, des bulles d'air s'en dégagent et convergent vers le centre. Il en
résulte une pression à laquelle la croûte finit par céder. La secousse dé-
termine la congélation d'une couche nouvelle. Celle-ci doit être formée
de deux parties distinctes: l'une privée de bulles d'air, et pour cela transpa-
rente; l'autre opaque, par cela même que les bulles d'air s'y trouvent réunies.
Ce même phénomène se reproduit à chaque congélation successive. Si les
grêlons atteignent le sol avant leur complète congélation, leur centre pourra
être liquide ou contenir à la fois des bulles d'air, de l'eau et des filets de
glace. Ce dernier cas aura lieu lorsque le liquide intérieur se refroidira très-
lentement, car les filets de glace ne se montrent dans l'eau qu'en pareilles
circonstances. Si la congélation s'achève brusquement, le noyau sera de la
blancheur de la neige. Si le froid qui saisit les masses d'eau est très-intense,
la croûte sera plus épaisse et plus solide : la pression intérieure causée par
la dilatation du liquide pourra augmenter de telle sorte, qu'elle fasse voler
les grêlons en éclats, surtout au moment où la congélation s'achève. On
comprend ainsi pourquoi des grêlons tombent en forme de pyramide.
» J'ai fait geler différentes quantités d'eau dans des enveloppes en caout-
chouc entièrement transparentes, et j'ai obtenu artificiellement tous ces
C. R., 1663 i« Semestre. (T. LVI, N° 47.) 1 08
( 826 )
phénomènes. Entre les grêlons naturels et artificiels, il n'y a d'autre diffé-
rence que dans le nombre des couches qui, à volumes égaux, est plus grand
dans ces derniers. Ceci prouve que le froid qui produit les grêlons naturels
est bien plus intense que celui de — i^°par lequel j'ai obtenu les grêlons
artificiels. Il est vrai que le nombre des couches diminue si, toute autre con-
dition restant égale, on agite fortement le volume d'eau qu'on veut congeler;
mais alors les zones opaques présentent une structure fibreuse ou radiée.
Dans mes expériences j'ai comparé des grêlons artificiels à des grêlons na-
turels d'un volume égal qui n'offraient pas cette structure, et j'ai trouvé tou-
jours le nombre des zones plus grand dans les grêlons artificiels. D'ailleurs,
il est évident que la congélation de la croûte doit se faire presque instanta-
nément, sans cela on n'aurait jamais que de petits grêlons. Or, dans la con-
gélation artificielle, il faut plus ou moins de temps pour obtenir une croûte
déglace capable de contenir le reste de l'eau qui n'est pas encore gelée;
par conséquent, il faut que le froid qui saisit les masses d'eau dans l'atmo-
sphère soit, comme nous disions, bien au delà de — ij°.
■■> Dans la congélation artificielle, il arrive un phénomène qui nous rend
compte en même temps d'un phénomène semblable qui accompagne sou-
vent la formation de la grêle. Au bout de quelques minutes que le liquide
est resté dans le mélange réfrigérant, on commence à entendre de petits
craquements. Ces bruits sont dus à l'effort produit par la dilatation de l'eau
qui brise plus ou moins violemment l'enveloppe à chaque congélation suc-
cessive. Lorsque la croûte n'est pas assez épaisse ni assez compacte, ces bruits
sont peu sensibles; ils ne pourront être perçus par les observateurs. Voilà
pourquoi ce phénomène n'accompagne pas toujours le météore. Mais lors-
qu'il l'accompagne, il faut que les croûtes des grêlons soient compactes, et
par conséquent le froid qui les a produites a dû être très-intense. Nous
croyons que ce froid peut aller quelquefois au delà de 3o° et de [\o" au-
dessous de zéro.
» Aucune des causes de froid assignées jusqu'ici n'est capable de pro-
duire un abaissement de température aussi grand que celui dont nous
venons de parler; et de plus, même en supposant qu'elles puissent le pro-
duire, ce refroidissement ne pourrait être instantané. Dans la théorie que
nous proposons, nous avons à rendre compte de deux choses : la première,
comment se forment dans l'atmosphère les masses liquides qui doivent se
changer en gréions; la deuxième, comment se produit le froid qui saisit
ces masses et en congèle plus ou moins brusquement toute la surface jus-
qu'à une certaine profondeur. Or, nous expliquons la première par la
( 8a7 )
réaction de l'électricité sur un nuage à l'instant qu'elle s'en échappe, et la
deuxième par l'expansion subite qui suit la réaction.
» Développons notre pensée. Soit un nuage orageux chargé d'électricité :
ce fluide, au moment où il a atteint son maximum de tension, doit s'échap-
per. En s'échappant il exerce sur le nuage une réaction violente qui force
une partie des vapeurs à passer à l'état liquide. Mais d'un autre côté ,
comme cette réaction a produit aussi une condensation dans le nuage dans
lequel flottaient les vapeurs, cet air, pour reprendre son volume primitif,
se précipite instantanément dans le vide occasionné par la décharge élec-
trique, et, par conséquent, elle se dilate en proportion de la condensation
elle-même. Ainsi les masses liquides doivent subir une évaporation rapide,
et par là même une perte de calorique plus ou moins considérable; d'où
la congélation de toute la surface à une plus ou moins grande profondeur.
Lorsque le froid n'est pas assez intense pour congeler les masses d'eau, elles
tombent à l'état liquide, ce qui nous explique pourquoi les premières
gouttes de pluie des orages sont ordinairement les plus grosses, et pourquoi
de prodigieuses quantités d'eau tombent souvent immédiatement après un
coup de tonnerre. Voyons par les faits si les choses se passent ainsi que
nous l'avons énoncé.
» M. Beudant dit d'une grêle observée par lui en i838 : « Un coup de
» tonnerre éclata, et presque aussitôt le nombre des grêlons devint beau-
» coup plus considérable. » [Comptes rendus, t. VI.) M. Elie de Beaumont,
parlant de la grêle qu'il observa en 1837, dit: « Trois coups de tonnerre d'une
» force moyenne sont survenus pendant l'averse; chacun d'eux a donné lieu
» à un redoublement assez marqué dans la chute des grêlons.» (lbid.,t.IV.)
Tessier, en parlant de l'endroit où il observa la grêle qui, en 1788, ravagea
la France, dit : « La grêle suivit de près l'éclair et le coup de tonnerre. »
(Mémoires de l'Académie, efc, an 1789.) Nous pourrions citer plusieurs
autres faits à l'appui de notre opinion; nous en avons rapporté quelques-
uns dans le Mémoire. Ceux-ci cependant suffisent pour montrer que la
grêle, très-probablement, se forme à l'instant que l'électricité se dégage du
nuage orageux.
» Dans cette théorie, il n'est pas nécessaire de supposer la présence de
deux nuages, qui souvent n'existent pas. Il n'est pas nécessaire de supposer
l'existence de deux vents contraires, qui souvent aussi n'ont pas lieu. Il n'est
pas nécessaire non plus de supposer les nuages orageux très-élevés. Au
contraire, on comprend pourquoi la grêle tombe dans nos climats pendant
l'été, et aux heures les plus chaudes du jour. C'est qu alors, l'air étant plus
108..
( 828)
sec, la tension électrique peut devenir plus considérable que dans les cou-
ches d'air plus élevée? et aux heures moins chaudes.
» En résumé, la première des deux parties de cette théorie n'est pas une
hypothèse, c'est une vérité qui s'impose d'elle-même. Quant à la seconde
partie, s'il est incontestable que les grêlons se forment presque instantané-
ment, il faut donc aussi que leur cause soit instantanée; et il n'y en a
aucune autre qui puisse agir de la sorte. »
M. A. Caron lit une Note sur l'affection scrofuleuse, ses causes et sa
prophylaxie.
Cette Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Serres, Andral et J. Cloquet.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
chimie métallurgique. — Études sur l'acier ; Note de M. H. Carox, présentée
par M. H. Sainte-Claire Deville. (Suite.)
(Commissaires, MM. Boussingault, Daubrée, H. Sainte-Claire Deville.)
« Presque tous les bons aciers du commerce proviennent originairement
de minerais carbonates ou d'hématites fortement chargés de manganèse, et
l'on a remarqué depuis longtemps que la présence de ce métal était à peu
près indispensable pour obtenir des aciers de qualité supérieure. Quel est le
rôle du manganèse dans la fabrication de l'acier? Les expériences que je de-
mande à l'Académie la permission de lui soumettre aujourd'hui ont pour
but d'expliquer cette partie intéressante de la fabrication de l'acier. Je vais
faire voir que, par une addition convenable de manganèse métallique, on
peut débarrasser les fontes du soufre et du silicium qu'elles contiennent;
mais que le phosphore résiste à l'action épurative du manganèse.
» La fonte de fer qui me sert de point de départ a été faite de toutes
pièces en fondant du fer de très-bonne qualité avec du charbon de bois
exempt, autant que possible, de phosphore, de soufre et de silicium. Cette
fonte, qui ne contient que des traces de silicium, peut être considérée
comme une fonte relativement pure.
» Je partage ma fonte en trois lots : le premier est refondu avec une
certaine quantité de phosphure de fer, le second avec du sulfure de fer, et
enfin le dernier avec du siliciure de fer. J'obtiens ainsi trois espèces de
( 82g )
fontes, phosphorée (A), sulfurée (B), silicée (C), sur lesquelles vont porter
mes expériences.
Fonte phosphorée (A).
» Deux quantités égales de la fonte (A) sont placées dans deux creusets,
l'une sans addition d'aucun autre corps, l'autre avec 6 pour 100 de manga-
nèse métallique (i); on maintient le métal en fusion pendant une heure et
on coule. Dans cette opération, les fontes sont soumises à un léger affinage
produit par l'atmosphère oxydante du creuset.
» En voici l'analyse :
Pour ioo de fonte.
Phosphore. Manganèse.
Fonte phosphorée (A). o,83 »
N° r. Fonte phosphorée refondue seule 0,82
N»î, Fonte phosphorée refondue avec 6 pour 100 de manganèse. 0,80 4>58
Les fontes n° 1 et n° 2, refondues une deuxième et une troi-
sième fois de la même manière, mais sans additions nouvelles,
donnent à l'analyse :
N° 1 . Deuxième fusion sans addition ° > 79 *
N° 2. Deuxième fusion sans addition 0,78 3,^4
N° 1. Troisième fusion sans addition 0,78 »
N° 2. Troisième fusion sans addition 0,76 1 ,62
Enfin, on soumet la fonte phosphorée (A) à un affinage plus
énergique en la fondant avec 10 pour 100 d'oxyde de fer; on
obtient ainsi :
Fonte phosphorée (A) refondue avec 10 pour 100 d'oxyde de fer. 0,76 »
Fonte phosphorée (A) refondue avec 10 pour 100 d'oxyde de fer
et 6 pour 100 de manganèse °>74 ' >5;
» On peut conclure de ces analyses que, dans l'affinage d'une fonte
phosphorée, le manganèse ne peut servir efficacement pour l'expulsion du
phosphore. 11 n'en est pas de même pour la fonte sulfurée.
Fonte sulfurée (B).
» La fonte sulfurée (B) est traitée absolument de la même manière, et
j'adopterai la même notation que pour la fonte précédente.
(1) Ce manganèse, dont j'indiquerai plus tard la préparation, contient :
Fer 1,0
Charbon 5,5
Silicium o,5
Manganèse p. d.. . . q3, o
100,0
( 83o )
Pour ioo de fonte.
Soufre. Manganèse.
Fonte sulfurée ( B ) 1 , 1 5
N° i . Fonte sulfurée refondue seule i , i /J „
N° 2. Fonte sulfurée refondue avec 6 pour ioo de manganèse. . . i , i5 3>Q2
N° i. Deuxième fusion sans addition i ,o5
N° 2. Deuxième fusion sans addition o,io 2,81
N° 1 . Troisième fusion sans addition o ,96
N° 2. Troisième fusion sans addition 0,08 1 ,73
Fonte sulfurée (B) refondue avec 10 pour 1 00 d'oxyde de fer. .. . 1,08 >■
Fonte sulfurée (B) refondue avec 10 pour 100 d'oxyde de fer et
6 pour 100 de manganèse °>°7 1 >22
» On voit, d'après ces résultats, que, par une simple fusion dans un
creuset où l'air a accès, le manganèse enlève à la fonte plus des -fa du soufre
qu'elle contient. Cette opération, recommencée plusieurs fois sans addition
nouvelle de manganèse, ne produit plus d'aussi grands effets, et il semble
que la proportion de manganèse nécessaire pour l'épuration doive être
encore assez considérable, car en refondant cette même fonte avec une
nouvelle dose de manganèse, on parvient à ne plus lui laisser que des
traces de soufre.
Fonte silicée (C).
» La fonte silicée (C), traitée comme les précédentes, donne aussi des
résultats particuliers.
Pour 100 de fonte.
Silicium. Manganèse.
Fonte silicée (C) ' o ,99 »
N° 1 . Fonte silicée refondue seule o ,88
N° 2. Fonte silicée refondue avec 6 pour 100 de manganèse. ... 1 ,3o 4>77
N" 1 . Deuxième fusion sans addition o ,80 »
N° 2. Deuxième fusion sans addition 1 ,66 2>9(t>
Le manganèse employé dans ces conditions augmente la quan-
tité de silicium de la fonte, d'abord parce qu'il en contient lui-
même, et ensuite parce qu'il réduit la silice des creusets. Il n'en
est plus ainsi lorsqu'on affine la fonte par une addition d'oxyde
de fer.
Fonte silicée (C) 0,99
K° 1. Fonte silicée refondue avec 10 pour 100 d'oxyde de fer.. . . 0,61
N° 2. Fonte silicée refondue avec 10 pour 100 d'oxyde de fer et
6 pour 1 00 de manganèse °>37 2,5a
N° 1. Deuxième fusion avec 10 pour 100 d'oxyde de fer o,52 »
N° 2. Deuxième fusion avec 10 pour 100 d'oxyde de fer (sans
manganèse) 0,18 1,10
( 83i )
» On peut conclure de ces analyses que, dans l'affinage de la fonte, le
manganèse sert à expulser une grande quantité de silicium.
» 11 résulte de toutes ces expériences que, dans les opérations d'affinage
telles qu'elles se pratiquent dans l'industrie :
» i° Le phosphore des fontes n'est pas enlevé par le manganèse;
» 20 Le soufre, même sans affinage, peut disparaître en présence du
manganèse;
» 3° Le silicium est en grande partie entraîné par le manganèse lorsqu'on
affine la fonte.
» Ces observations sont, du reste, confirmées par l'expérience; les
minerais cités plus haut et qui donnent les meilleurs aciers contiennent
très-souvent du soufre, mais jamais de phosphore; et, chose remarquable,
bien que ces minerais renferment des pyrites cuivreuses, les fontes qui en
proviennent ne contiennent cependant pas de soufre.
» Là ne se borne pas cependant le rôle du manganèse; quoique ce métal
ne soit pas un corps aciérant, comme l'a fort bien démontré Karsten, il est
néanmoins incontestable qu'il a la propriété de rendre les aciers meilleurs
et surtout plus durables. Cette propriété est facile à expliquer en s'appuyanl
sur les faits que j'ai signalés dans une de mes Notes précédentes.
» Lorsqu'on ajoute à une fonte grise, dont le charbon est en grande par-
tie à l'état libre, une quantité suffisante de manganèse métallique, on ob-
tient une fonte blanche dans laquelle le charbon est presque complètement
à l'état combiné. L'effet est le même dans l'acier : une dose très-faible de
manganèse suffit pour retenir le charbon à l'état de combinaison et donner
par suite au métal les propriétés qui caractérisent si nettement l'acier de
bonne qualité. Cependant, l'acier ne devra jamais contenir plus de y^oô c'e
manganèse; au-dessus de cette limite il devient dur et cassant, la cassure
prend l'aspect cristallin et le métal perd une grande partie de sa ténacité.
Le manganèse a de plus la propriété de rendre soudables les aciers qui ne
l'étaient pas.
» Les maîtres de forges font souvent, dans le but d'améliorer leurs pro-
duits, des mélanges de fontes ordinaires et de fontes manganésifères qui
sont ensuite affinées ensemble. D'après les expériences dont je viens de
donner les résultats, il est facile de voir que les fontes manganésifères au-
( 832 )
ront une action d'autant plus épurative qu'elles contiendront plus de man-
ganèse; il y aurait donc un grand intérêt pour l'industrie à réduire les
minerais manganésifères de manière à obtenir le plus possible de manga-
nèse dans les fontes. Ainsi, par exemple, le fer spatbique du pays de Siégen
contient environ i5 à 20 de manganèse pour 100 de fer, et cependant les
fontes qui proviennent de ce minerai n'en renferment guère plus de 6 à
7 pour 100. Si l'on parvenait, en changeant l'allure du haut fourneau ou la
nature et la quantité des fondants, à porter ce dernier nombre à 10 pour 100,
on obtiendrait certainement des fontes d'une plus grande valeur commer-
ciale. J'ai fait à ce sujet quelques expériences que j'aurai prochainement
l'honneur de communiquer à l'Académie. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur les matières organiques suljurécs qui se forment dans
les fumiers; Note de SI. P. Thexakd, présentée par M. Dumas.
« Au début de mes études sur les sols arables, j'avais remarqué que l'acide
fumiqiie, extrait du fumier et même du terrain, donnait à la distillation des
produits qui, par leur odeur, révélaient la présence du soufre organique-
ment combiné; cependant la proportion en était si faible, que je n'appro-
fondis pas la question davantage. Mais, dans les recherches que je viens de
faire sur les mélanges de plâtre et de fumier, recherches qui font partie de
mon Mémoire sur les causes des effets du plâtre, mon attention ayant été
frappée de la présence de dépôts souvent très-abondants de soufre cristal-
lisé sur les parties pailleuses, je suis revenu sur ce sujet.
» Faut-il en effet attribuer la présence de ce soufre à la décomposition
de quelque hvposulfite ou de quelque sulfure, ou bien à une réaction plus
complexe et encore inaperçue ? Telle est la question que je me suis posée, et,
sans trop vouloir dénier la possibilité de la première interprétation , mais
consultant cependant les affinités des corps en contact et tenant compte
du milieu réducteur dans lequel se passe la réaction, j'ai incliné vers la
seconde.
» Frappé d'ailleurs de l'odeur particulière et alliacée que prennent les
fumiers au contact du plâtre, de la plus grande quantité de soufre que
contient l'acide fumique extrait île pareils fumiers, j'ai pensé que les sul-
fures et les hyposulfitesqui se forment en cette circonstance pourraient bien
soit par eux-mêmes, soit surtout par leurs produits de décomposition, en-
gendrer avec les matières végéto-animales, au milieu desquelles ils se trou-
( 833 )
vent, des produits sulfurés particuliers, du genre de ceux qu'on retrouve
dans les végétaux eux-mêmes.
» Revenant alors, par la pensée, sur les expériences qui m'ont permis de
reproduire artificiellement les corps de la série fumique, et sur les phéno-
mènes qui se passent pendant la fabrication du fumier, considérant aussi
que les matières organiques appelées neutres par Gay-Lussac et Thenard
peuvent être représentées par du charbon et de l'eau, et qu'en supposant
que l'eau se sépare du charbon, celui-ci doit se reporter sur les corps am-
biants, comme il arrive dans la formation des produits fumiques, j'ai été
conduit à penser que^ si on traitait du sucre ou quelque autre matière du
même genre par du sulfhydrate de sulfure d'ammonium, on devait obtenir
non-seulement des substances organiques sulfurées et non azotées, mais
encore des produits sulfo-azotées.
» Or, l'expérience est venue confirmer mes prévisions. En effet, si on
chauffe vers i3o° dans un tube scellé à la lampe un mélange de sucre
et de sulfhydrate de sulfure d'ammonium, on voit au bout de quarante-
huit heures surnager à la surface de la dissolution aqueuse une couche de
8 à 12 millimètres d'un liquide insoluble dans l'eau, peu soluble dans
l'alcool, mais très-soluble dans l'éther, qui, lavée aux acides, puis aux
alcalis et enfin desséchée, donne à la distillation, sans décomposition, une
essence presque incolore, et une résine noire tout à fait semblable à celle
qu'on obtient dans la rectification de l'essence d'ail.
» Quant à l'essence, elle est caractérisée par une odeur extrêmement
forte et qui ressemble plus à celle de l'oignon que de l'ail ou de Vassajœtida,
par une réfringence considérable, par l'absence complète d'azote et la pré-
sence de plus de 27 pour 100 de soufre combiné, enfin par une grande avi-
dité pour l'oxygène qui à froid la résinifie, et une grande sensibilité aux
dissolutions métalliques. Cependant, faute d'une quantité suffisante de pro-
duits, l'essence que j'ai jusqu'ici n'est pas pure, car elle bout entre 95° et i4o°,
et elle a besoin d'être rectifiée. Elle se dédoublera donc par des rectifica-
tions successives, et donnera de nouvelles substances qui devront être étu-
diées.
» Mais, à côté de ces résines et de ces essences, il se forme aussi d'autres
produits, parmi lesquels il en est au moins un certainement fort curieux,
car il a toutes les allures d'un alcali puissant.
» Enfin, si au sulfhydrate de sulfure d'ammonium on substitue du sulf-
hydrate de sulfure de sodium, des sulfures alcalins simples, des polysulfures
C. R , i8C3, 1" Semestre. (T. LVI, N° 17.) ' °9
( 834 )
ou du soufre lui-même; si on remplace le sucre par d'autres matières orga-
niques, on obtient encore des produits très-divers.
» Cependant, en s'en tenant pour le moment à l'action du sulfhydrate
de sulfure d'ammonium sur le sucre, on peut dire qu'elle paraît bien telle
que je l'avais supposé d'abord; car, outre les substances particulières dont
je viens de parler, il se forme simultanément, et en quantité qui semble pro-
portionnelle, du polysulfure d'ammonium, qui, en supposant les actions
conformes, explique la présence du soufre dans les fumiers.
■> Tel est le début d'un travail qui, en étant continué, semble devoir jeter
quelque lumière sur la formation des matières organiques sulfurées au sein
du sol et des végétaux eux-mêmes. »
(Renvoi à l'examen de la Section d'Economie rurale.)
ÉCONOMIE RURALE. — Etude analytique sur le blé, la farine et le pain;
par M. J.-A. Barkal.
(Renvoi à l'examen de la Section d'Économie rurale.)
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie est le résultat
d'expériences et de recherches poursuivies depuis quinze ans, tant dans les
champs que dans le laboratoire.
» Historique. — Dès le siècle dernier, des Commissions de l'Académie
des Sciences se sont occupées de rechercher le rendement possible du blé
en farine, selon les divers procédés de mouture, et celui de la farine en
pain, selon les modes de panification et de cuisson. Il s'est agi d'abord des
quantités seulement, lorsqu'on n'avait pas de moyen d'apprécier scientifi-
quement les qualités. Au fur et à mesure des conquêtes de la chimie, on est
entré dans le détail des faits. Toutefois, jusqu'à ce jour, sauf de rares et in-
suffisantes exceptions, on n'avait pas examiné l'influence que les méthodes
culturales peuvent exercer sur la constitution du blé, et par suite sur celle
de l'aliment principal des populations européennes ; c'est une des questions
que je me suis principalement proposé d'éclaircir. Sur la composition du
pain lui-même, on n'avait non plus que des renseignements incomplets, et
il était utile d'accumuler les analyses pour faire jaillir quelque lumière nou-
velle.
» Du blé. — J'ai envisagé le blé, comme tous ceux qui m'ont précédé,
( 835 )
sous le triple rapport de la composition en principes alimentaires, des varia-
tions des principes immédiats et de la richesse en principes minéraux. Mais
au lieu d'étudier les blés tels que les donne le commerce, sans s'enquérir
de toutes les conditions de leur production, je me suis surtout attaché à
rechercher les relations qui peuvent lier leur constitution aux procédés de
culture et aux engrais ajoutés aux sols sur lesquels on les récolte. J'ai voulu
surtout reconnaître si les forts rendements, que l'agriculture poursuit avec
raison, ne diminuent pas la richesse en principes particulièrement nutritifs,
et notamment en gluten.
» Dans ce but, j'ai recueilli, d'une part, des blés choisis convenablement
dans quelques-unes des nombreuses fermes que j'ai visitées, et, d'autre part,
j'ai institué des cultures spéciales où la même espèce de blé était cultivée
dans le même sol sons l'action des engrais les plus divers; j'ai semé moi-
même, surveillé tous les travaux de culture et procédé à la récolte et au
battage, en ayant soin de tout peser et de tout analyser. De l'ensemble des
faits que j'ai observés, je crois pouvoir conclure que pour la même variété
de blé, dans le même sol, dans les mêmes circonstances météorologiques, le
rendement par hectare et la proportion centésimale des matières azotées peu-
vent varier du simple au double, selon la fumure; mais en même temps c'est là
où la récolte a été sinon la moindre, du moins toujours relativement faible,
que s'est aussi trouvée la moindre richesse en gluten.
» Ainsi, en prenant, dans une de mes expériences de culture, la
movenne des dosages en azote relatifs aux quatre champs où le rendement
a été le plus faible, et qui correspondent à l'absence de fumure et à l'emploi
de l'engrais le plus pauvre, on ne trouve que 1,898 d'azote pour 100 de
blé sec; par comparaison, en prenant la moyenne des dosages relatifs aux
quatre champs où le rendement a été le plus fort et qui correspondent à
l'emploi du guano du Pérou, du phosphate d'ammoniaque, de vidanges, et
d'un engrais fait avec du sang et de la poudrette, on obtient 2,o55 d'azote,
toujours pour 100 de blé sec. Ainsi, en même temps que les agriculteurs
accroissent les récoltes par une meilleure culture, ils améliorent aussi les
blés produits. Cette conclusion a de l'importance, car elle combat victorieu-
sement, par des analyses et par des chiffres, cette assertion d'un des Rapports
du jury de l'Exposition universelle de Londres eu 1862 : « que les qualités
» des blés sont en raison inverse de l'état d'avancement dans lequel se
» trouve l'agriculture de chaque localité; ou que ce sont les pays les plus
» neufs, ceux qui possèdent des terres vierges produisant naturellement
109..
( 836 )
» sans le secours d'engrais artificiels, qui donnent des grains très-beaux et
» très-riches en gluten; tandis qu'au contraire, dans les contrées où l'agri-
» culture est très-avancée, les espèces souvent seraient pauvres et dégéné-
» rées. » En fait, les blés d'Australie, jugés les plus beaux de l'Exposition,
et d'ailleurs estimés au plus haut prix par le commerce, n'ont donné, à l'état
sec, qu'une richesse de 2, 16 d'azote ou ia,5 de gluten pour 100, richesse
très-souvent et très-régulièrement dépassée dans les blés de nos bonnes
cultures. Ce n'est que dans nos mauvaises terres, les moins productives,
celles où depuis longtemps on prend des récoltes de céréales, en suivant
l'assolement biennal, et sans faire au sol des restitutions suffisantes d'engrais,
que les blés s'appauvrissent en gluten, en même temps que le rendement
reste à sa limite inférieure.
» Farine.— Je me suis proposé d'approfondir les questions très-graves que
soulève le mode de moulure adopté dans presque tous les moulins qui ali-
mentent Paris et qui prend chaque jour une extension plus grande. Ce
système consiste principalement à diviser la farine en plusieurs produits,
selon leur finesse et leur blancheur, après plusieurs repassages à la meule,
de manière à assortir les nuances. On ne laisse pas toutes ensemble les di-
verses parties de la farine de blé, en s'attachant exclusivement à extraire le
son. Non-seulement on ne moud pas assez fortement pour réduire le son à
sa plus simple expression, et on y laisse adhérentes et de la farine et la
céréaline de M. Mège-Mouriès ; mais encore on fait ce que M. Dumas a jus-
tement appelé de la farine incomplète. Aussi il en résulte que, tandis que
100 de blé sec peuvent être considérés comme renfermant, pour 100, plus
de 2 d'azote, soit plus de 12, 5 de gluten, tandis qu'encore le minimum
trouvé sur plus de cent cinquante échantillons a été de 1, 54» l'analyse des
farines de Paris m'a donné les résultats suivants :
Azale pour 100. Gluten pour 100.
Farine de gruau des pâtissiers ayant une plus-value de 20 fr.
sur le prix du sac de la farine première 1 ,87 11 ,69
Farine de l'une des six marques 1 ,g<3 17. ,i5
Farine id 1.74 lo>87
Farine id 1,42 8.88
Farine id i , 1 1 6,94
Farine type Paris 1 ,61 io,o(>
Farine première achetée chez un boulanger 1,16 7 ,25
■> Au contraire, dans les farines complètes, telles qu'on les fait à l'usine
(837 )
Scipion, ou telles qu'on les trouve dans la meunerie anglaise, on constate
en moyenne seulement un peu moins de 2 pour 100 d'azote.
» On voit, d'après cela, qu'il est très-important de considérer dans la
farine, non pas seulement son degré d'hydratation, comme on le fait le pins
souvent, mais encore d'en déterminer le gluten, comme l'a, du reste, pro-
posé un boulanger émérite, M. Boland.
» En général, dans toutes les farines commerciales, on trouve plus d'eau
et moins d'azote que dans les blés. La diminution de la proportion d'azote
est de plus du quart, et comme on ne tire du blé, en France, que 70 de
farine pour 100 de blé, on peut admettre, du moins c'est ce que mes re-
cherches établissent, que la moitié des principes nutritifs du blé sont perdus
pour l'alimentation de l'homme, dans le système de fabrication de pain
blanc à outrance qui tend à prévaloir.
» Pain. — J'ai étudié le pain de plus de cent cinquante boulangeries de
Paris, de plusieurs boulangeries de la banlieue, de la boulangerie de l'Assis-
tance publique, située sur la place Scipion, enfin le pain de ménage des
campagnes. J'ai soumis à l'analyse 36 pains différents.
» Le rapport moyen de la croûte à la mie est de i!\ à 76 pour 100 de
pain; les proportions extrêmes de croûte ont été de 1 5 et de l\i pour 100.
» Tandis que l'hydratation de la croûte s'est trouvée comprise entre 8,67
et 35,44 pour 100, celle de la mie s'est maintenue entre 33, 16 et 49,20;
l'hydratation du pain, considérée dans son ensemble, a présenté, comme
limites extrêmes, 3 1 , 19 et 46,9. Les pains de fantaisie ont, en général,
moins de 36 pour 100 d'eau; les autres pains en contiennent près de 4o.
» M. Rivot, dans un travail sur le pain, présenté à l'Académie il y a quel-
ques années, s'est occupé des différences que peuvent offrir, au point de vue
des matières minérales, la croûte et la mie du pain. Il a trouvé plus de cen-
dres dans la croûte, les deux parties du pain étant ramenées au même degré
de dessiccation; il en a conclu que, pendant la cuisson, la croûte devait
éprouver une perte sensible de matière organique, mais il ne s'est pas occupé
de rechercher en quoi cette perte pouvait consister. En dosant l'azote de la
croûte et de la mie du pain par le procédé de M. Peligot, je suis arrivé à ce ré-
sultat inattendu que toujours la croûte est plus riche en matières azotées que
la mie du même pain. À l'état de siccité le rapport moyen de l'azote de la
croûte à l'azote de la mie est de 2,37 pour 100 à t,g3 pour 100, ou de ia3
à 100. Dans l'état normal, la différence de richesse nutritive est bien plus
considérable encore. En effet, le rapport moyen de l'azote de la croûte nor-
( 838 )
maie à l'azote de la mie normale est de 1,97 pour 100 à 1,06 pour 100, ou
de 186 à 100, presque celui de 2 à 1 . Parfois le rapport s'élève jusqu'à celui
de 2,5 à 1. En d'autres termes, les personnes qui peuvent manger de la
croûte de pain au lieu de mie prennent, sous même poids, un aliment deux
fois plus nourrissant. En même temps j'ai constaté que la croûte est plus so-
luble dans l'eau que la mie. Ainsi s'expliquent la préférence que l'on doit
donner au pain bien cuit sur le pain qui a subi une cuisson insuffisante, les
conseils donnés par les médecins de faire pour les jeunes enfants des panades
préparées avec de la croûte, l'emploi de l'eau panée faite avec de la croûte,
l'usage des biscottes, etc.
» Je n'ajouterai plus, pour terminer ce résumé de mes recherches, que ce
fait important, savoir: le pain fabriqué par la boulangerie Scipion avec de
la farine complète et que la Préfecture de la Seine fait vendre sur les mar-
chés de Paris, à 5 centimes de moins le kilogramme que le pain de première
qualité des boulangers, est plus riche en matières azotées dans une propor-
tion qui s'élève le plus souvent de r5oà 100. C'est la pleine vérification de
mes recherches comparatives sur le blé et sur les farines complètes et in-
complètes. »
M. Garrigou adresse de Tarascon-sur-Ariége une Note sur la com/io-
silio)i de l'air de diverses cavernes situées dans les montagnes qui environ-
nent cette petite ville, sur la température de l'air et celle de l'eau qui se
trouve dans quelques-unes de ces grottes. Dans toutes ses analyses, il a
constaté une diminution dans les proportions normales de l'oxygène et la
présence de l'acide carbonique en quantité variable, mais pas suffisante
pour produire l'asphyxie. L'auteur ne dit pas d'ailleurs s'il a, pour une
même caverne, examiné comparativement l'air pris à diverses hauteurs au-
dessus du sol.
(Commissaires, MM. Cbevreul, Boussingault, Peligot.)
M. Arth. Chevalier soumet au jugement de l'Académie deux modèles
de microscope, l'un simple, l'autre composé, destinés principalement aux
jeunes gens qui s'occupent d'études histologiques, et qu'il s'est efforcé de
mettre à des prix accessibles aux étudiants.
(Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Regnault.)
(83g)
CORRESPOND ANCE.
L'Académie royale des Sciences de Lisbonne remercie l'Académie pour
l'envoi de ses dernières publications.
La Société de Géographie annonce que la prochaine séance publique
aura lieu le icr mai et adresse des billets pour MM. les Membres de l'Aca-
démie qui désireraient assister à cette solennité.
M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Beneke, un
Mémoire écrit en allemand, « Sur l'apparition, le développement et la
fonction de la cholestérine dans les organismes animaux et végétaux ».
MM. Chevreul et Bernard sont invités à prendre connaissance de cet ou-
vrage et à en faire l'objet d'un Rapport à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale encore, parmi les pièces imprimées de
la Correspondance, un volume intitulé : « Les Mondes, causeries astrono-
miques», par M. GuiUemin; — de « Nouvelles Considérations sur la lon-
gévité humaine », par M. Gujelant père, — et les numéros a et 3 de la
Revue de Sériciculture comparée, publiée par M. Guérin-Méneville.
ANATOMIE COMPARÉE. — Remarques sur la Sirène lacertine;
par M. L. Vaillant, présentées par M. Milne Edwards.
« L'occasion qui nous a été offerte par M. Martin-Magron de disséquer
à l'état frais, et même d'observer pendant un certain temps à l'état de vie,
une Sirène lacertine [Siren lacertina, Linné), nous a permis de constater cer-
tains faits anatomiques qui jusqu'ici avaient échappé aux recherches des
différents observateurs qui se sont occupés de cet animal. Au reste, si les
travaux publiés sur la Sirène sont relativement assez multipliés, le nombre
des individus observés n'est pas, à ce qu'il semble, considérable, puisqu'un
même échantillon paraît avoir servi aux observations d'Ellis, de Hunter, de
Camper et de M. Owen ; un second aux observations de G. Cuvier.
» Le système musculaire a été peu étudié jusqu'ici. Sans entrer dans des
détails que ne comporte pas l'étendue d'une simple Note, et qui d'ailleurs
( 84o )
se prêteraient mal à une description non accompagnée de figures, nous
nous bornerons à dire qu'il présente, comme la forme de l'animal pouvait
le faire pressentir, un type intermédiaire à celui des Poissons et des Batra-
ciens, et qu'il se distingue de celui des êtres plus élevés de sa classe par la
complication des muscles destinés à mouvoir l'appareil branchial et par la
présence de muscles destinés à mouvoir la lèvre et la mâchoire supérieme.
L'étude de la myologie de cet animal jette un certain jour sur les appareils
actifs de mouvement chez les têtards des Batraciens élevés, et confirme en
plusieurs points l'excellent travail de Dugès sur ce sujet.
» Le système nerveux n'avait non plus jamais été examiné. L'encéphale
nous a montré la plus grande ressemblance avec celui que MM. Configliachi
et Busconi ont décrit dans le Protée. Toutefois, l'interprétation des parties
donnée par ces auteurs demande, suivant nous, à être modifiée. En avant
sont les hémisphères cérébraux ; derrière eux existe une masse centrale , qui
nous paraît représenter les lobes optiques soudés en un seul corps, ce qui
les avait fait prendre chez le Protée pour le cervelet ; enfin celui-ci est
représenté, à la partie tout à fait postérieure, par une mince bande ner-
veuse.
« L'état dans lequel ce Batracien s'est trouvé entre nos mains nous a per-
mis de faire des injections qui nous ont montré assez complètement le sys-
tème vasculaire. TNous avons pu sur les globules sanguins observés a l'état
frais examiner la structure de ces organites. Il nous a été possible, grâce à
leur volume considérable,de reconnaître que le noyau est homogène, s'il n'a
été soumis à l'action d'aucun réactif, contrairement à ce que M. Owen avait
pensé. En second lieu, les changements de forme observés sur le globule qui,
au contact de l'eau, d'ovoïde devient sphérique par la diminution de son
grand diamètre, nous semblent prouver, comme l'a déjà fait remarquer
M. Milne Edwards , qu'il existe autour du globule une véritable membrane.
Le cours du sang s'effectue partout au moyen de canaux nettement limités,
sauf pour la veine cave postérieure, qui, dans sa portion sus-hépatique, se
transforme en un sinus creusé dans la substance du foie. La circulation, au
point de vue physiologique, peut se résumer ainsi :
» i° Il n'existe de sang entièrement hématose que dans la veine pulmo-
naire et l'oreillette droite ;
» 20 Le sang ne passe qu'en partie dans les branchies, de nombreuses
anastomoses le conduisant directement dans l'aorte ;
« 3° Une portion du sang revient directement au cœur ; il provient des
(84i )
parties antérieures du corps, de la partie moyenne du canal rachidien, un peu
de la partie postérieure du corps, enfin des ovaires ;
» 4° Une portion du sang de la veine caudale, celui des veines rachi-
diennes abdominales postérieures, et peut-être celui de l'oviducte, s'héma-
tosent dans le système porte rénal ;
» 5° Une portion du sang de la veine caudale, celui des parois abdomi-
nales et de la vessie, le sang de l'intestin, de l'estomac, de la rate, de la vési-
cule du fiel, le sang des parties moyennes et dorsales du corps, s'hématosent
dans le système porte hépatique.
» La respiration de la Sirène s'effectue à la fois par des houppes branchiales
et des poumons. La surface interne de ces derniers est assez aréolaire; ils
présentent aussi cette particularité tout à fait spéciale, qu'en avant la portion
qui représente la trachée est creusée dans la paroi supérieure du péricarde.
» Parmi les organes de sécrétion les reins présentent une disposition spé-
ciale. Ils se soudent en arrière en une seule masse, comme on l'observe chez
certains Poissons.
» Telles sont les notions nouvelles que notre examen nous permet d'ajou-
ter à la connaissance anatomique d'un animal qui, par la classe à laquelle il
appartient , par ses rapports avec l'état transitoire d'êtres plus élevés et avec
les Poissons, mérite de fixer à plus d'un titre l'attention des naturalistes. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques caractères des alcools;
Note de M. Berthelot, présentée par M. Balard.
« L'étude de la formation des éthers conduit à des notions nettes et pré-
cises, propres à caractériser la fonction chimique des alcools. Les alcools
véritables, en effet, ceux que tous les chimistes reconnaissent comme tels,
s'unissent directement avec les acides : la combinaison s'opère d'une ma-
nière lente, mais régulière; elle a lieu même en présence d'une grande
quantité d'eau ; enfin, elle obéit à des proportions fixes qui dépendent prin-
cipalement de l'équivalent des acides et des alcools, et non de leurs affinités
particulières. Ce sont là des phénomènes aussi généraux et aussi nécessaires
que ceux qui caractérisent la comhinaison saline.
» J'ai pensé qu'il était utile de soumettre aux mêmes épreuves diverses
substances neutres, choisies dans les principaux groupes organiques, les
unes analogues aux alcools, les autres fort différentes. Ce sont :
» i° Un acétone; 2° deux aldéhydes; 3° un éther simple ; 4° deux hydrates
C. R., i863, i« Semettre. (T. LVI, N° 17.) I IO
( 842 )
qui présentent certaines analogies avec les alcools, la terpine et la saligé-
nine ; 5° un composé complexe, la salicine; 6° deux phénols.
I. Acétone très-pur, CrTO' 44 >4 l ,o équivalent. ) 0
T. Z~l 7- no heures vers ibo*
Acide acétique 55,6 1,2 » (
1 gramme du mélange sature, avant l'expérience : baryte normale. 61", g.
Après l'expérience , 6i<c,8.
» Il n'y a donc pas formation d'une combinaison comparable à tin éther.
1 ,0 équivalent. / 0 .
• 1 10 heures vers 1800.
1 , 23 » (
II. Aldéhyde pur, C'H'O' 37 ,5
Acide acétique 62 , 5
1 gramme sature avant l'expérience 6i)cc, 3.
Après l'expérience. 78e', 4-
» Non-seulement il ne s'est pas formé de combinaison stable, mais il y
a accroissement d'acidité : ce qui s'explique par une décomposition de l'al-
déhyde que j'ai signalée.
1 ,0 équivalent. /
„ 1 1 4 heures vers 150°.
1 , oh >. | T
III. Aldéhyde campholique (camphre). 70,3
Acide acétique 29>7
1 gramme sature avant l'expérience 33cc,2.
Après l'expérience 33lc, o.
» Il n'y a donc pas de combinaison comparable à un éther.
» IV. L'éther ordinaire, C4H50, chauffé avec l'acide acétique, soit pur,
soit hydraté (1 18 heures vers i8o°\ donne lieu à une perte d'acidité égale à
4 on 5 centièmes: ce qui s'explique, soit par la présence d'un peu d'alcool,
non éliminé dans les purifications, soit par un commencement de formation
d'éther acétique, semblable à celle qui a lieu rapidement au-dessus de 3oo°.
d'après mes anciennes expériences.
V. Terpine, C3"HI0O'-|- 2 Aq 80,8 I 1 ,33 équivalent. / ,
..... ' 4° heures vers 8o°.
Acide acétique 19,2 | 1 ,0 » (
» Pas de combinaison stable en proportion appréciable, soit que l'action
nait pas lieu, soit qu'elle demeure trop lente à 8o°; mais l'altérabilité dt-
la terpine ne permet pas de la chauffer à 1800 en présence d'un acide.
VI. Saligénine, C'H'O* 63,8
\cide acétique 36,2
1 ,0 équivalent. /
l 40 heures vers .So".
1,10 » I
» Il y a neutralisation de 7 centièmes d'acide (1); la réaction n'était évi-
(1) Acide total = 100, ce qui s'applique également aux expériences VII, VIII et IX
( 843 )
déminent pas terminée, mais la matière a manqué pour faire une expé-
rience plus prolongée. On voit ici la saligénine se comporter comme un
alcool, ce qui s'accorde avec sa transformation régulière en aldéhvde et en
acide. Jusqu'ici on lui avait refusé cette propriété, parce que ce corps émi-
nemment altérable se sépare en eau et salirétine sous l'influence des acides
énergiques.
VII. Salicine, CMHlsO" 80,0 1,00 équivalent.
Acide acétique 20,0
,08
[ 4° heures vers 80".
» Il y a neutralisation de 14 centièmes d'acide: ce qui s'accorde avec la
théorie générale qui envisage la salicine (glucoside saligénique) comme
une sorte d'alcool complexe, susceptible de s'unir aux acides, au même
titre que le glvcéride monacélique.
VIII. 1. Phénol, C'^H'O2 68,3 1,37 équivalent.
Acide acétique 3i ,7 1 ,00 »
Au bout de 4° heures vers 1600, acide neutralisé 6,1
Au bout de 1 36 heures (limite) 7,0
2. Phénol 72,0 I t ,64 équivalent.
Acide acétique 28,0
1 ,00
4 heures vers i5o°.
Acide neutralisé 9 centièmes.
3. Phénol 55,9 1 ,64 équivalent.
Acide benzoïque 44 1 ' ' >°° "
Au bout de 4° heures vers 1600, acide neutralisé. a5,8
Au bout de 1 36 heures (limite) 26,7
IX. Thymol cristallise, C-°ti"02 74,0
Acide acétique 26,0
, i3 équivalent. I , , -
> 114 heures vers 1000.
,00 » )
Acide neutralisé 8 centièmes.
» Il résulte de ces faits que le phénol et son homologue le thymol s'unis-
sent directement aux acides à la façon des alcools. Les combinaisons s'ar-
rêtent également à des limites 6xes; mais ces limites sont beaucoup plus
faibles pour les phénols que pour les alcools : la proportion neutralisée
est trois fois aussi faible avec l'acide benzoïque, dix fois aussi faible avec
l'acide acétique; de plus les deux acides expérimentés ont fourni deux
limites très-différemes; au contraire les deux phénols diffèrent peu. II y a
là tout un ordre de faits, parallèles à ceux qui se présentent avec les alcools
véritables, mais qui paraissent obéir à d'autres lois.
« Les faits ci-dessus manifestent entre les phénols et les alcools de nou-
velles analogies et de nouvelles différences, analogies et différences qu'il faut
joindre à celles qui obligent à envisager les phénols, soit comme une classe
1 10..
( m )
spéciale de composés organiques, voisins de la classe des alcools, soit comme
un groupe à part dans la classe générale des alcools. D'ailleurs il importe
peu au fond de décider entre ces deux manières de voir, dès que la compa-
raison des faits eux-mêmes est nettement posée : car les classifications et les
symboles sont des instruments relatifs et conventionnels dont l'esprit
humain se sert pour concevoir les choses. »
chimie ORGANIQUE. — Remarques concernant une Aote de M. Wurtz, sur
t'hydrate d'amylène; Lettre de M. Beuthelot.
« La Note présentée par M. Wurtz me paraissant de nature à causer quel-
que méprise relativement à l'objet de mes recherches sur les alcools amy-
liques, je crois nécessaire de donner sur ce sujet de nouvelles explications.
» Il ne s'agissait pas d'établir une isomérie, fort bien démontrée par
M. Wurtz, mais de comparer les réactions de l'éther amylchlorhydrique de
l'amylène avec celles de l'éther amylchlorhydrique de l'alcool de fermen-
tation. J'ai montré, ce qui était nouveau, que ce dernier éther, traité pai
des actions douces, telles que celles de l'acétate et du benzoate de soude,
pouvait fournir de l'amylène, précisément dans les mêmes conditions où
le chlorhydrate d'amylène en produit. J'ai montré de plus que l'on pouvait
préparer avec l'éther amylchlorhydrique de l'amylène des éthersamyliques
à acides oxygénés, capables de reproduire l'hydrate d'amylène, ce qui était
également nouveau, et cequi constitue la seule démonstration rigoureuse de
la constitution de ces éthers.
» J'ai conclu de ces faits : i° que l'éther amylchlorhydrique de l'amy-
lène ne diffère pas en général de l'éther amylchlorhydrique de fermenta-
tion par la nature de ses produits de décomposition; la différence réside
surtout dans leur proportion relative; 2° que l'hydrate d'amylène est un
alcool, aussi bien que l'alcool amvlique de fermentation. Cette dernier»
opinion est fort différente de celle que M. Wurtz avait indiquée implicite-
ment dans sa première Note, en refusant les noms d'alcool et d'éther à
l'hydrate et à ses dérivés, et qu'il a exprimée explicitement à la fin de sa
deuxième Note, en déclarant que l'hydrate d'amylène et ses analogues
n'étaient pas des alcools, mais leurs isomères. C'est précisément le contraire
qui me paraît résulter de mes recherches et demeurer acquis à la science
par la présente discussion. >
( 345 )
astronomie. — Etoile double de y de la Balance; Lettre de M. Goi.ds<:h.uid
à M. le Secrétaire perpétuel.
« J'ai l'honneur de vous annoncer la découverte de la duplicité de l'é-
toile gamma de la Balance. Une très-petite étoile s'y trouve à environ 20"
d'arc de distance, et avec un angle de position que j'évalue à 1 53°. Une autre
étoile plus au sud de gamma se trouve à une distance de 79", et dont l'angle
de position est de 173°. Cette dernière étoile est très-visible, mais le com-
pagnon avait échappé jusqu'à ce jour aux investigations des astronomes
qui s'occupent des étoiles doubles. Je m'empresse de signaler ce fait à l'A-
cadémie, vu qu'il s'y rattache un intérêt particulier, car gamma de la
Balance pourrait se trouver système binaire. Les quatre positions de cette
étoile données par Lalande, dans le catalogue, sous les numéros a836o
à 28363, diffèrent d'une seconde de temps en ascension droite. J'ai encore
observé cette petite étoile la nuit dernière, pendant quatre heures consécu-
tives. En cachant l'étoile principale dans le champ de la lunette, on doit
voir le compagnon et l'étoile immédiatement. »
CHIMIE ORGANIQUE. — action de l1 hydrogène développé par l'ammoniaque et
le zinc, pour la transformation de l'aldéhyde et de l'acétone en alcool corres-
pondant; Note de M. Loiîix, présentée par M. Balard.
« On sait que MM. Wurtz et Friedel ont transformé divers aldéhydes, et
notamment l'aldéhyde ordinaire et l'acétone, en alcools au moyen de l'hydro-
gène naissant. Le mode de production ordinaire de ce gaz, par lequel on
peut cependant transformer la nitrobenzine en aniline, ne leur a point
réussi; mais ils sont parvenus à produire ces transformations au moyen de
l'amalgame de sodium. J'ai eu la pensée, pour résoudre les mêmes pro-
blèmes, de recourir à une autre source d'hydrogène, celle qui est fournie
par la décomposition de l'eau à une température peu élevée, au moyen du
zinc en présence de l'ammoniaque. On sait que cette méthode est due à
M. Berthelot, qui s'en est servi pour transformer l'acétylène en éthylène,
et pour compléter ainsi le cercle des métamorphoses relatives à la synthèse
totale de l'alcool ordinaire.
» Dans ma première expérience, l'aldéhyde, employé sous forme d'al-
déhydate d'ammoniaque sec, a été mis en contact avec une solution aqueuse
d'ammoniaque pure et du zinc en petits fragments. Le dégagement de l'hy-
drogène avait lieu sous une légère pression et à la température de 3o° à /jo°.
» Après avoir filtré et distillé le liquide de manière à en recueillir
( «46 )
ht moitié, j'ai saturé le produit de la distillation par de l'acide sulfurique
dilué, puis distillé de nouveau au bain-marie, en ne recueillant que le quart
de la liqueur. Le carbonate de potasse en a isolé une couche d'un liquide
inflammable, décomposable par l'acide sulfurique avec production de gaz
oléfiant, donnant, avec l'acétate de soude et l'acide sulfurique, de l'éther
acétique, et possédant, en un mot, tons les caractères de l'alcool or-
dinaire.
» J'ai appliqué aussi à l'acétone, purifié avec soin et employé à l'état libre,
le même mode d'expérience. Des traitements convenables ont mis en éu-
dence la formation de l'alcool propylique.
» Les quantités d'alcool ordinaire ou propylique qui m'ont été fournies
par ces deux expériences n'ont représenté, en poids, que le quinzième en-
viron de ce qu'aurait donné l'aldéhyde ou l'acétone, si les transformations
avaient été complètes. C'est que l'hydrogène naissant et l'ammoniaque ont
pu agir, dans ces réactions, soit directement sur l'aldéhyde et l'acétone, soit
sur les alcools résultants, pour donner naissance à des produits accessoires,
et particulièrement à des ammoniaques composées.
» En effet, pour le cas de l'aldéhyde, la formation de ces ammoniaques a
été mise en évidence. Le résidu, traité à saturation par la potasse, a été dis-
tillé avec ménagement, en faisant rendre les produits dans de l'acide chlor-
hvdrique pur. L'évaporation de la liqueur chlorhydrique a fourni un corps
cristallisé déliquescent, soluble en grande partie dans l'alcool absolu, et
donnant par l'action de la chaux une vapeur alcaline et inflammable.
« En résumé, sous l'action de l'hydrogène produit par le zinc en présence
de l'ammoniaque, l'aldéhyde et l'acétone se changent en alcools correspon-
dants, et ce résultat est d'ailleurs accompagné, pour l'aldéhyde, de la for-
mation d'ammoniaques composées.
>■ J'ai constaté que la même méthode de réduction transforme la nitro-
benzine en aniline, ainsi qu'il était naturel de le penser.
» Ces recherches ont été faites dans le laboratoire de chimie du Collège
de France. »
minéralogie. — Sur t'aslropliyllile el l'œgirine de Brevig en Novwéije; Note
de M. F. Pisaxi, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« L'astrophyllite, décrite par M. Scheerer, est un mica qui se trouve
dans un feldspath laminaire de la syéuite zirconienne, où elle est accom-
pagnée de catapléite, d'cegirine et de gros prismes de mica noir.
» Elle se présente sous forme de cristaux tabulaires à six faces, très-
( 847 )
allongés suivant la petite diagonale et souvent groupés en étoiles. Clivage
facile suivant la base ; transparente en lames minces. Sa couleur est d'un
jaune de bronze et celle de la poussière d'un jaune d'or mussif. Son élasti-
cité est très-faible. Dureté: 3 environ. Densité: 3,32/j. Au chalumeau, l'astro-
phyllite fond facilement, avec boursouflement, en un émail noir magné-
tique. Avec le carbonate de soude et le salpêtre, elle donne un forte réaction
de manganèse. Au spectroscope, on voit la chaux, la soude, la potasse et
la lithine. L'acide chlorhydrique l'attaque avec dépôt de silice en écailles ;
la solution, chauffée avec du zinc ou de l'était], donne la réaction du
titane.
)- Sa composition n'a été connue jusqu'à présent que d'une manière
imparfaite : M. deKobellya signalé dernièrement de l'acide titanique, mais
j'y ai trouvé en outre une certaine quantité de zircone et de la lithine. Il est
à remarquer qu'elle ne contient que fort peu d'alumine et une assez grande
quantité de manganèse et de fer.
) Elle m'a donné à l'analyse :
Oxygène.
Silice 33,23 '7>72 )
Acide titanique 7 ,09 2,80 > 21 ,87
Zircone 4 '97 1 ,3o
Alumine 4?°° ' >86
Oxyde ferrique 3,75 1,12
Oxyde ferreux 23,58 5,23
Oxyde manganeux 9>9° 2,22 ,
Chaux 1,1 3 o,32
Magnésie 1 ,27 o,5o
Potasse 5,82 °i98
Soude. 2 ,5i o ,64
Lithine Peu.
Perte au feu 1 , 86
99» '»
» On sait que dans la plupart des micas l'oxygène de la silice est ordi-
nairement égal, à peu près, à celui des bases R et R réunies; dans ce mica,
au contraire, si l'on joint à la silice l'acide titanique et la zircone, l'oxygène
de ces trois acides dépasse de beaucoup celui des bases. Pour ramener
l'astrophyllile à avoir les rapports d'oxygène des autres micas, il faudrait
ajouter aux autres bases la zircone et l'acide titanique, en considérant ce
dernier comme y étant à l'état de sesquioxyde de titane ; on aurait alors :
Pour l'oxygène de la silice — 17,72, pour celui des bases R-i-R_ 16,87.
( 848 )
» Il existe dans la syénite zirconienne de Barkevig, près Brevig, un pyroxène
en prismes d'un vert foncé, ordinairement cannelés, et qui accompagne la
cancrinite, l'élœolithe et différentes autres espèces de celte même localité. Ce
pyroxène possède un clivage assez facile suivant m et un autre suivant h'.
Sa couleur est d'un vert sombre et celle de la poussière d'un vert clair.
Densité : 3,464- Au chalumeau, il fond facilement en un verre noir. Au spec-
îroscope, on voit la soude et la chaux.
» L'acide chlorhydrique l'attaque à peine.
» Sa composition est presque la même que celle de l'œgirine de Brevig,
analysée par M. Rammelsberg; elle contient seulement plus de soude et
moins de chaux.
» En voici les résultats :
Oxygi'ne- Rapport.
Silice 52,ii 27>79 2
Alumine 2j47 i , i5
Alumine 2j47 i , io )
Oxyde ferrique 22,80 6,84 ) "
Oxyde ferreux 8,4o 1,86
Chaux 2,60 0,74
'3, 87
Magnésie 0,4' o, 16 ( '
Soude 12,10 3,i2 )
Perte au feu o , 3o
101 , 19
» En réunissant les bases R aux bases R, le rapport de l'oxygène de la
silice à celui des bases est exactement comme 2:1. Ce même rapport
existe dans l'arfvedsonite du Groenland dont la composition est presque
identique à celle de l'œgirine de Barkevig ; seulement la première a les
clivages de l'amphibole, tandis que l'œgirine possède ceux du pyroxène. »
CHIMIE. — Action delà magnésie sur les fluorures alcalins; par M. Ch. Tissier.
« On sait que la chaux hydratée décompose avec une grande facilité le
iluorure de sodium, en donnant naissance à de l'hydrate de soude
NaOHO) soluhle et à du fluorure de calcium insoluble. C'est d'après cette
réaction qu'ont été utilisés jusqu'ici les résidus de la fabrication de l'alu-
minium par la cryolithe :
Al2Fl33NaFl+ 3Na =J^ + ^NaJl
Cryolithe. Sodium. Alumi- Fluorure
m mu de sodium.
6NaFl 4- 6CaOHO = 6NaOHO -t-JiCaFl.
Chaux hydratée. Hydrate Fluorure
de soude. de calcium.
( 8/i9 )
» L'action de la magnésie (MgO) sur le fluorure de sodium est un peu
différente, par suite de la formation d'un fluorure double de magnésium
et de sodium; aussi, quel que soit l'excès de magnésie employée, l'on ne
transforme en soude que les deux tiers du fluorure de sodium soumis à l'ex-
périence. Pour m' assurer de la réalité de cette réaction, j'ai comparé les
poids de sulfate de soude obtenus, d'un côté, en décomposant simplement
le fluorure de sodium par l'acide sulfurique; de l'autre, en décomposant
la même quantité de fluorure de sodium par un excès de magnésie, puis
transformant en sulfate l'hydrate de soude produit.
Sulfate
de smide.
ioo parties | Directement par l'acide sulfurique 170 3 équivalents.
de fluorure sodique < En décomposant le sel par la magnésie, puis
ont fourni : ( saturant la soude obtenue 121 ,4 2 équivalents.
- Pour contrôler ces chiffres, j'ai décomposé par la chaux le fluorure
double de magnésium et de sodium provenant de 100 parties de fluorure
sodique, et j'ai obtenu une nouvelle quantité d'hydrate de soude, qui,
transformé en sulfate, a formé le complément de 170 parties données par
le traitement direct.
» L'équation suivante rend compte de la réaction :
3NaFl H- aMgOHO = aNaOHO ■+■ (MgFl)2NaFl.
» Un fait assez remarquable, c'est que, si la magnésie agit jusqu'à un
certain point comme la chaux sur le fluorure de sodium, il n'en est pas
de même à l'égard de la cryolithe (Al2 Fl3 3NaFl), qui résiste à peu près
complètement à l'action de la magnésie, peut-être parce cpie le fluorure
douhle, qui pourrait prendre naissance, est encore plus soluble que la
cryolithe.
« Le fluorure de magnésium, à son tour, paraît résister à l'action de la
chaux; car, en décomposant par un excès de cette base le fluorure double
de magnésium et de sodium, j'aurais dû obtenir une quantité de soude
équivalente à la fois au fluorure de magnésium et au fluorure de sodium,
tandis que je n'ai obtenu que le tiers de cette quantité, proportion corres-
pondant précisément au fluorure de sodium, d'après la formule
(MgFl)2NaFl.
» J'essaye en ce moment d'extraire le magnésium du fluorure double de
magnésium et de sodium par le procédé suivi jusqu'ici pour extraire l'alu-
C. F,., i86'3, 1er Scmcstie. (T. LVI, N" 17.) I I I
( 85o )
minium de la cryolithe; j'aurai l'honneur de rendre compte prochainement
à l'Académie des résultats obtenus. »
hygiène générale. — De la construction d'une carte hygiénique de la France;
par M. G. GlilMAUD, DE C.4UX.
« En 18/19, M. Dumas, alors Ministre du Commerce et des Travaux publics.
créa une Commission spéciale pour étudier les eaux de la France. Cette
Commission a fonctionné pendant quelques années; elle a publié deux
volumes in-4°> contenant l'analyse de quelques eaux de vingt-neuf dépar-
tements. J'ai reproduit les chiffres de ces analyses dans mon livre Des Eau*
publiques. A la même époque, je continuais, depuis quinze ans, des recher-
ches analogues relatives à plusieurs grandes villes que j'ai habitées plus ou
moins longtemps ou que j'ai fréquemment visitées, et dont j'ai étudié le
climat. Le résumé que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie dans sa
séance du 6 janvier 1862, résumé qui concerne la capitale de l'Autriche, est
un résultat de ces études. (Voyez Comptes rendus, t. LIV, p. 45.)
» Pour conclure quelque chose touchant le climat, il ne suffit pas d'en
étudier les eaux, il faut étudier aussi l'air et les lieux; et, comme contrôle
de l'action combinée de ces trois éléments, il faut recueillir en outre les
chiffres relatifs à la mortalité et au mouvement des hôpitaux. Dans les villes
de quelque importance, de pareilles études sont faciles. Cela est incontes-
table pour les quatre-vingt-neuf chefs-lieux de départements, par exemple,
même pour les villes d'arrondissement; mais, si l'on veut faire quelque
chose de complet, il faut appliquer la même étude à tous les centres de
population. L'objet de la présente Note est de démontrer qu'un tel travail
peut être accompli, et qu'on peut l'étendre aux moindres communes. L'ex-
position du plan suffira pour démontrer aussi que son exécution aura des
conséquences pratiques immédiates d'une utilité éminente incontestable.
» Les populations réparties sur le sol de la France sont desservies par
vingt mille médecins environ : un médecin à peu prés pour deux communes.
Ces médecins n'ignorent aucun détail de la circonscription dont les habitants
se sont mis sous leur tutelle. Il ne s'agit donc que de leur dicter un pro-
gramme de questions simples, appelant, de leur part, des réponses d'autant
plus faciles à formuler, qu'elles seront le résultat naturel et nécessaire d'ob-
servations journalières commandées par la profession.
» Les questions d'un pareil programme sont de trois ordres; elles cor-
respondent aux trois éléments du climat d'Hippocrate : l'air, les lieux et les
eaux.
( 85. )
» I. Élude de Vqir. — Il suffit, pour l'objet présent, de constater :
» i° La direction des vents et leur fréquence respective dans chaque sai-
son de l'année;
» a° Les températures moyennes et la durée habituelle des plus grandes
chaleurs et des plus grands froids.
« IL Etude des lieux. — Cette étude comprend :
» i° La situation topographique. Tout centre de population est néces-
sairement situé en plaine et rase campagne, ou sur un point culminant,
l'un et l'autre ouverts à tous les vents; on bien dans une vallée plus ou
moins sèche, ou humide et marécageuse; ou bien sur les rives d'un cours
d'eau.
« Elle comprend encore : i° pour le cas d'un coteau ou d'une eau cou-
rante, leur direction rapportée aux quatre points cardinaux, levant, cou-
chant, midi et nord.
» 3° Enfin la distance, la direction et l'élévation connue ou approxima-
tive des montagnes les plus voisines.
» III. Élude des eaux. — Les populations ne peuvent s'abreuver qu avec
de l'eau de pluie, de l'eau de source ou de l'eau courante et de rivière.
» i° Eau de pluie. — Comment la recueille-t-on? Dans des réservoirs ar-
tificiels ou dans des mares et étangs? Quelle est sa condition dans les uns
et les autres ?
» i° Eau de source. — Elle coule à l'air libre et à la superficie du sol, ou
se ramasse au fond d'un puits, près ou loin des habitations : nature du ter-
rain qu'elle a traversé.
» 3° Eau de rivière. — Où le cours d'eau prend-il sa source et à quelle
distance du centre habité ? Nature du sol parcouru, des cultures pratiquées
sur ses bords, clans une longueur de plusieurs kilomètres en amont; usages
industriels que l'on fait de son courant, aussi en amont.
» 4° Qualités de l'eau. — Au point de vue de son emploi dans les besoins
domestiques.
» IV. Eléments numériques. — Aux trois ordres de renseignements ci-
dessus il faut joindre le chiffre delà population, celui des naissances et des
morts; l'indication des maladies particulières à la localité, et, quand il y a
un hôpital, le nombre des malades admis et celui des morts.
» Les conditions de ce programme sont simples et les réponses qu'il appelle
faciles à formuler. Qui ne voit pourtant que l'hygiène générale des popula-
tions est là tout entière ? Quand on connaît l'air, les eaux et les lieux d'un
pays, on a le secret non-seulement des influences générales auxquelles est
I I !..
( 852 )
soumise inévitablement la santé de la population qui l'habite, mais encore
la théorie des principales conditions physiologiques de cette population,
conditions régies par ces influences.
» Conséquences pratiques et application . — Les données préliminaires feront
connaître les conditions locales. En coordonnant systématiquement ces
conditions, on construira sans effort un tableau fidèle de la constitution
hygiénique du pays.
» Il ne restera plus qu'à représenter graphiquement ce tableau. Dans
ce but, les documents coordonnés seront rapportés à la carte géologique de
MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy. Cette carte, faisant connaître la com-
position du sol, donnera la raison fondamentale de l'élément du climat
constitué par les lieux. On rapportera ensuite les mêmes documents à la carte
du Dépôt de la guerre; celle-ci figure les reliefs dans les plus grands détails,
elle concourt ainsi à expliquer les mouvements de l'atmosphère de chaque
localité; elle donnera donc en grande partie la clef d'un antre élément du
climat, qui est l'air.
» Tel est l'ensemble au moyen duquel on construira la Carte hygiénique
de l'Empire, carte qui existe déjà pour un pays voisin, mais sur un plan
moins précis.
» Quant à l'interprétation et à la lecture de cette carte, il suffira d'un
petit nombre de teintes spéciales et d'une courte légende. »
THÉRAPEUTIQUE. — Du permanganate de potasse comme désinfectant;
par M. Demarquay.
« Depuis quelques années, l'Académie des Sciences a reçu de nombreuses
communications sur l'emploi des divers désinfectants; M. le professeur
Velpeau a fait sur ce sujet un Rapport qui a fixé l'attention des médecins.
Depuis la publication de ce travail, je n'ai cessé d'employer dans mon ser-
vice, à la Maison municipale de santé, divers agents désinfectants dont
l'emploi avait paru avantageux. Cependant, ayant reconnu des inconvé-
nients plus ou moins sérieux dans l'application des uns, et souvent l'inef-
ficacité des autres, j'ai eu recours à la solution de permanganate de potasse
que j'avais vu employer en Angleterre comme désinfectant des plaies. La
belle couleur violette de la solution de permanganate de potasse, l'absence
de toute odeur, avaient tout d'abord fixé mon attention, car beaucoup de
désinfectants ne font que masquer l'odeur au lieu de la détruire. J'ai em-
ployé la solution de permanganate de potasse sur un grand nombre de
( 853 )
malades, et je puis affirmer que, dans les circonstances suivantes, il agit
avec une grande efficacité. Quelques injections ou lavages faits avec une
solution de ce sel suffisent, lorsqu'ils sont bien faits, pour enlever l'odeur si
désagréable: i° des cancers cutanés; i° des cancers utérins; 3° des abcès
profonds ; 4" des plaies superficielles ou profondes; 5° de l'ozène, etc.
» Les plaies de mauvaise nature , soit cancéreuse ou autre , perdent rapi-
dement leur mauvaise odeur sous l'influence de lavages avec une solution
de permanganate de potasse ou avec un pansement fait avec des plumas-
seaux de charpie imbibés de cette substance. Les foyers fétides sont promp-
tement modifiés dans leur odeur. J'en dirai autant de l'ozène et de la
fétidité des pieds, maladies généralement si repoussantes; des lavages fré-
quemment répétés suffisent pour cacher ces infirmités. Tous nos confrères
connaissent l'odeur infecte que laissent aux mains certaines autopsies ou
préparations anatomiques: eh bien, il suffit d'un lavage bien fait avec une
solution de permanganate de potasse pour faire disparaître cette fétidité.
» La solution que j'emploie à la Maison de santé m'a été fournie par
M. Leconte; elle contient io grammes de permanganate cristallisé pour
iooo grammes d'eau. Il suffit de verser i5 à 25 grammes de cette solution
dans îoo grammes d'eau ordinaire pour avoir un liquide parfaitement désin-
fectant. Il importe de répéter plusieurs fois par jour les lavages ou les injec-
tions pour prévenir le retour de la mauvaise odeur; il importe aussi que ces
injections et ces lavages soient faits avec soin, afin que le liquide désinfec-
tant vienne baigner toutes les surfaces des parties infectées.
» J'ai été parfaitement secondé par M. Sicard , interne en pharmacie dans
mon service; il a bien voulu se charger avec moi, pendant près d'un an, du
soin de désinfecter les plaies ou les foyers purulents des malades qui m'ont
été confiés. C'est avec une confiance absolue que je recommande aux
médecins l'emploi d'un agent désinfectant qui me parait appelé à rendre
un grand service aux malades et aux familles, pour lesquelles certains
malades sont souvent une cause de maladie et un foyer d'infection. »
PATHOLOGIE. — Affection comateuse due à une méningite suraiguë : forma-
tion rapide d'une collection purulente considérable ; extrait d'une Note de
M. BlLLOD.
« Une femme âgée de quarante et un ans entra à l'Asile des aliénés de
Maine-et-Loire, le 19 mars 1 863, dans un état mental qui revêtait les carac-
tères de la démence; le début de cette affection remontait à deux ans : des
( 854 )
accidents de congestion cérébrale avaient été suivis dix-sept mois après d'une
attaque d'apoplexie, à la suite de laquelle le côté gauche était resté hémi-
plégie quelque temps et n'avait recouvré qu'incomplètement depuis la sensi-
bilité et les mouvements. Jusqu'aux jours qui précédèrent l'admission à
l'Asile, la démence avait conservé un caractère tranquille, mais des symp-
tômes d'excitation excessive avec délire général survinrent alors, et ne per-
mirent plus à la famille de garder la malade chez elle.
» Apres l'admission, l'excitation persista à un degré extrême et sans
aucune rémission de nuit ou de jour; vingt-huit jours après son entrée dans
l'établissement, l'excitation cessa tout à coup et fit place immédiatement à
un état de coma profond qui se prolongea pendant trente heures environ et
se termina par la mort.
» Autopsie Jaile vingt-six lieures après la mort. — Les téguments non plus que
les os du crâne n'offrent rien de particulier. La dure-mère apparaît forte-
ment distendue, et par son incision laisse écouler un liquide séro-purulent,
dont la quantité totale peut être évaluée à 60 centilitres au moins. La tex-
ture de cette membrane ne paraît nullement altérée. La surface du feuillet
pariétal de l'arachnoïde a perdu son poli ; la surface externe du feuillet vis-
céral est recouverte dans toute son étendue d'un pus presque concret;
cette couche de pus est plus épaisse à la base que sur les parties convexes
du cerveau, et elle l'est plus encore dans les points correspondant aux fosses
sphénoïdales. Le tissu delà même membrane est épaissi, friable et parfai-
tement adhérent à la pie-mère dans toute son étendue. La pie-mère est in-
jectée, friable aussi, et dans quelques points l'inflammation dont elle a été le
siège semble s'être propagée à la surface du cerveau.
» De l'étude comparative des altérations anatomiques et des dernières
phases de la maladie, il semble résulter évidemment que la malade, après
avoir présenté depuis deux ans une série d'accidents cérébraux, dont le début
avait été marqué par de la congestion, a été affectée en dernier lieu d'une mé-
ningite suraiguë, dont la durée a coïncidé avec toute la période d'excitation
qui a précédé de quelques jours l'admission, et s'est prolongée jusque vers
les trente heures qui ont précédé la mort; que cette méningite s'est terminée
par la suppuration ; que cette terminaison n'ayant pu que coïncider avec la
transition qui s'est opérée dans la nuit du 14 au i5, de l'excitation la plus
extrême au coma le plus profond, a dû s'opérer d'une manière bien brusque
et bien prompte, car le coma consécutif n'a pas duré plus de trente heures:
d'où il ressort que l'abondante quantité de pus que nous avons constatée a
dû se former avec une rapidité extraordinaire, et qui confirmerait pleine-
( 855 )
aient, si elles avaient besoin de l'être, les données récemment établies par
M. Flourens, sur la rapidité avec laquelle s'établit la suppuration consécu-
tivement aux lésions des méninges. Un autre cas observé par nous il v a
environ sept ans ne fait pas ressortir avec moins d'évidence l'autre donnée
établie par le savant professeur, savoir que le pus formé dans les conditions
précitées peut, dans certains cas, se résorber avec une extrême promp-
titude. »
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Description et figure d'une transformation
morbide des enveloppes du testicule; extrait dune Note de M. Martin
(de Tonneins).
» L'homme chez qui a été observée cette transformation avait été opéré,
il y a vingt ans environ, de l'hydrocèle du testicule droit, et opéré impar-
faitement, car il en était résulté une dégénérescence de la tunique du testi-
cule. Au premier abord, il était permis de supposer que le testicule seul
était malade. Une ponction exploratrice fut faite avant l'ablation complète,
et il s'échappa une quantité notable de pus grisâtre ; la peau se gangrenait
visiblement; le testicule gauche présentait déjà un volume excessif, et il v
avait indication d'opérer pour arrêter les progrès du mal. L'opération n'a
présenté rien de particulier. La pièce anatomique que j'envoie pour être
déposée au Muséum montre bien le testicule atrophié, hors de sa place,
mou, friable, d'une couleur anormale; mais son enveloppe est remarquable
par son développement, et surtout par son état fibro-cartilagineux à la partie
supérieure et moyenne, et presque ossifié en quelques points. »>
(Renvoi à l'examen de M. Serres.)
Le P. Nardini adresse de Rome une Note relative à une correspondance
qui a eu lieu entre lui et le P. Secchi, relativement à la nature des forces
cosmiques, et à laquelle il a été fait deux fois allusion dans les Comptes ren-
dus hebdomadaires, t. LV, p. 917, et t. LVI, p. 177.
L'Académie, d'après ses usages constants, doit s'abstenir de toute inter-
vention dans un débat qui a pris naissance hors de son sein et pour lequel
les auteurs ont déjà fait appel au public par des Mémoires imprimés.
A t\ heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
( 856 )
COMTÉ SECRET.
M. Dlperrey présente, au nom de la Section de Géographie et de Navi-
gation, la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante
par suite du décès de sir James Clark-Ross.
Au premier rang. . M. le contre-amiral Fitz-Roy (Ro-
bert) à Londres.
f M. Livingstone (David) à Londres.
Au second rang et\ M. Mac-Clure (Robert) à Londres.
par ordre alphabétique, j M. le contre - amiral Washing-
( ton (John) à Londres.
Les titres de ces candidats, exposés par M. de Tessan, sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures et demie. F.
Bl'LLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
L'Académie a reçu dans la séance du 27 avril i863 les ouvrages dont
voici les titres :
Recherches pratiques et expérimentales sut t agronomie ; par J. Reiset.
Paris, i863; vol. in-8°, avec planches. (Renvoi à l'examen de la Section
d'Économie rurale.)
Notice sur les travaux de M. P. Thenard. Paris; in-4°.
Matériaux pour la paléontologie suisse, ou Recueil de monographies sur les
fossiles du Jura et des Alpes; publié par F.-J. PlCTET ; 3e série, 9e, 10e, 11e
et 12e livraisons. Genève, i8Ô2-i863; in-4°, avec planches.
Les Mondes, causeries astronomiques ; par M. Amédée GuiLLEMiN ; 2e édi-
tion. Paris, 1 863 ; in-12.
De la prostitution publique, et parallèle complet de la prostitution romaine et
delà prostitution contemporaine; par le Dr J. Jeannel; 2e édition. Paris,
i863; in-8°.
Revue critique de la durée des plantes dans ses rapports avec la photographie ,
lu le 5 février i863, par M. D. Clus. (Extrait des Mémoires de V Acadèmn
impériale des Sciences de Toulouse.] Toulouse; hr. in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 MAI 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Eue de Beaumont présente à l'Académie au nom de M. Plana, l'un
des huit Associés étrangers, un ouvrage intitulé : Mémoire sur l'expression du
rapport qui [abstraction Jaite delà chaleur solaire) existe, en vertu de la cha-
leur d'origine, entre le refroidissement de la masse totale du globe terrestre et le
refroidissement de sa surjace.
« Dans ce volume de 80 pages, ajoute M. le Secrétaire perpétue!, notre
illustre confrère, partant des derniers travaux de Fourier et de Poisson, où
il corrige quelques inexactitudes, donne sur les parties de la théorie de la
chaleur qui touchent de plus près à la physique du globe et à la géologie
des développements qui, par leur protondeur et leur nouveauté, ne man-
queront pas de fixer l'attention des géomètres, des physiciens et des géo-
logues. »
paléontologie humaine. — Troisième Note sur la mâchoire d 'Abbeville ;
par M. A. de Quatrefages.
« La dernière Note que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie concer-
nant la mâchoire humaine retirée par M. de Perthes du diluvium d'Abbe-
ville paraît avoir reçu de quelques personnes une interprétation que je
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, N» 18.) 112
( 858 )
tiens à rectifier. On a cru v trouver la preuve que, moi aussi, je mettais en
doute l'authenticité de la découverte.
» J'espère que la lecture attentive de ma Note aura déjà montré com-
bien ma pensée avait été mal comprise. Bien loin que mes convictions pre-
mières aient été ébranlées par l'examen minutieux et souvent répété que j'ai
dû faire de mes haches et de la mâchoire, elles n'ont fait que se fortifier.
» La méprise que je tiens à relever provient sans doute du ton général
lies deux Notes que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie. En effet,
lors de ma première communication , je ne savais pas encore que toults
les hacbes provenant du Moulin-Quignon avaient été déclarées fausses ou
douteuses, et que, par suite, on se croyait en droit de nier l'authenticité
de la mâchoire elle-même. Je m'étais donc borné à indiquer les motifs qui
me faisaient admettre cette authenticité et à traiter la question anthropolo-
gique qui, à ce moment, primait évidemment toutes les autres.
« Mais du moment où l'authenticité des objets de cette étude a été mise
en doute, j'ai dû m'efforcer d'en fournir les preuves. Or, dans une question
de cette nature, le savant ne doit pas, selon moi, agir comme un avocat qui
expose seulement les faits et les arguments favorables à sa cause. Il doit au
contraire contrôler ses propres observations avec toute la sévérité que pour-
raient apporter dans cet examen ses contradicteurs eux-mêmes, présenter à
ses lecteurs le pour et le contre, et les mettre ainsi à même de juger. C'est ce
que je me suis efforcé de faire; mais eu même temps j'ai formulé très-nette-
ment mes conclusions personnelles, savoir : que toutes mes recherches
avaient pour résultat <je confirmer les faits énoncés par M. de Pet thés.
» J'ai eu le plaisir de voir mes convictions partagées par toutes les per-
sonnes qui ont bien voulu vérifier par elles-mêmes l'exactitude des faits sur
lesquels elles reposent. M. Delesse, à la suite d'un second examen plus
long, plus minutieux encore que le premier, est resté pleinement con-
vaincu de l'identité des gangues qui recouvrent l'une de mes haches et
une partie de la mâchoire, de l'ancienneté de cette gangue, de l'impossi-
bilité de l'imiter artificiellement. MM. Desnoyers et Gaudry ont accepté
comme parfaitement authentique la mâchoire, aussi bien que les deux
haches que j'ai rapportées d'Abbeville. M. deVibraye, M. Lyman, qui vient
d'étudier les silex du Danemark, m'ont exprimé les mêmes convictions.
M. Pictet, après avoir examiné la mâchoire avec le plus grand soin, m'a
déclaré qu'il ne s'était pas attendu à « lui trouver des caractères aussi pro-
» hauts, » et m'a autorisé à répéter à l'Académie qu'il partait pleinement
convaincu de son authenticité.
( 859)
» A ces témoignages qui commencent à contre-balancer ceux qu'on au-
rait pu m'opposer jusqu'ici, j'ajouterai quelques courtes considérations.
» Et d'abord remarquons que la plus grande objection faite à l'authen-
ticité de la mâchoire repose sur l'examen d'une dent qu'on aurait trouvée,
dit-on, très-blanche et conservant au moins une grande proportion de la
gélatine normale.
» J'ai répondu d'avance en partie à ce dernier argument. Il est évident
que les conditions dans lesquelles est placée une partie quelconque du sque-
lette doivent influer considérablement sur sa conservation plus ou moi ns
complète. Il est évident aussi que la texture propre de cette partie exerce
une influence analogue. Or aucune, dans tout le squelette, n'est aussi bien
protégée que les dents contre les actions des agents extérieurs. On a con-
staté, si je ne me trompe, la présence de la gélatine dans divers os propre-
ment dits appartenant à des fossiles bien plus anciens que ne peuvent l'être en
tout cas ceux du diluvium. Qu'y aurait-il d'étrange à ce qu'une dent pro-
venant de ce dernier gisement conservât encore une portion notable de sa
substance organique première? Ici, plus cpie jamais peut-être, les analyses
comparatives dont je parlais dans ma Note précédente auraient été néces-
saires pour autoriser les expérimentateurs à regarder comme récent l'objet
même sur lequel ils opéraient Or aucune analyse de celte nature n'a été
faite, que je sache; la conclusion, tirée d'une observation isolée, manque
donc d'une base positive, lors même qu'on l'appliquerait seulement à la
dent mise en expérience.
» Mais admettons pour un moment que, dans ces limites, la conclusion,
que d'ailleurs je ne regarde pas comme légitime, soit réellement fondée :
comment ce résultat autoriserait-il à déclarer que la mâchoire elle-même
est fausse? La dent examinée à Londres n'appartient pas à la mâchoire.
C'est là un fait constaté avant toute discussion. — On ne peut donc rien
conclure de l'une à l'autre.
» Bien plus, des détails que m'a donnés M. de Perthes il résulte que
cette dent lui laissait à lui-même des doutes, et jamais, m'assure-t-il, il n'a
voulu en répondre. Comment dès lors chercher dans cette dent, récusée
d'avance par M. de Perthes, des arguments sérieux contre l'authenticité de la
mâchoire?
» Pour nier cette authenticité on se fonde encore sur la faible coloration
de l'os, sur le peu de profondeur à laquelle cette coloration a pénétré.
» Mais ce sont là encore des particularités qui dépendent en très-grande
112..
( 86o )
partie de la composition du sol et de la nature de la matière colorante. Si
celle-ci est insoluble, il est clair qu'elle s'arrêtera à la surface des os et ne
pénétrera pas leur substance même.
» J'ai déjà indiqué des faits qui tendent à montrer que la matière colo-
rante de la couche dont il s'agit ici est très-peu pénétrante. En voici un
autre plus significatif encore.
» En examinant à la loupe un morceau du plancher de cette couche,
M. Desnoyers y aperçut un fragment malheureusement fort petit et fort
mince de ce qui nous a paru être une lamelle de dent, peut-être un fragment
de coquille. Quoi qu'il en soit, cette petite lame était en entier noyée dans
la gangue colorée. J'enlevai sous la loupe et simplement avec la pince une
partie de cette gangue, et le petit corps dont il s'agit se montra presque aussi
blanc que du papier, bien moins coloré en tous cas que l'os en litige. La
matière colorante n'a même pas teint la surface. Comment après cela s'é-
tonner du peu de coloration de la mâchoire (i)?
» Un mot encore au sujet de ma seconde hache, de celle que j'ai retirée
des parois à vif de la carrière. Sur la demande de M. Delesse, j'ai lavé par
affusion avec de l'eau bouillante une de ses extrémités. Un gravier de la
carrière a été lavé de la même manière. Tous deux ont été nettoyés avec la
même facilité.
» On comprend que si, pour faire adhérer une gangue factice, on avait
employé la gélatine ou la gomme, l'une et l'autre eussent été faciles à re-
connaître sur les surfaces humectées de la gangue. On n'en a pu découvrir
la moindre trace.
» Au contraire,, ce lavage a mis à nu sur la hache un point où la limonite
forme une couche mince qui suit les sinuosités du silex et qui présente cet
aspect métallique qui avait frappé si vivement M. Delesse, lors du premier
examen qu'il fit de ces objets.
» L'Académie peut voir que, dans l'espèce d'enquête à laquelleje me livre,
je n'ai à enregistrer aujourd'hui que des faits favorables à l'authenticité de la
mâchoire d'Abbeville. S'il s'était produit des faits conduisant à une conclu-
sion contraire, je les aurais publiés de même; mais jusqu'à présent tout
milite en faveur de cette authenticité, tout tend à confirmer la réalité de la
découverte de M. de Perthes. »
(i) Je conserve ce petit corps blanc encore engagé dans sa gangue.
( 86. )
M. de Vibraye, à la suite de cette communication, présente de vive voix
quelques remarques sur les caractères qui permettent de distinguer les silex
travaillés anciens des contrefaçons modernes.
MINÉRALOGIE. — Notice et analyse sur le jade vert. Réunion de cette matière
minérale à la famille des Wernerites ; par M . A. Damour.
« J'ai exposé, il y a plusieurs années [Annales de Chimie et de Physique,
3e série, t. XVII), les caractères et l'analyse d'une substance minérale géné-
ralement connue sous le nom de jade blanc, ou jade oriental. Cette matière,
qui provient des contrées orientales du continent asiatique, est apportée
en Europe sous forme d'objets façonnés de diverses manières, tels que vases,
coupes, manches de poignard, bracelets, etc., souvent ornés de ciselures
d'une délicatesse remarquable. Je crois avoir démontré que cette matière
minérale, par l'ensemble de son caractère, et surtout par sa composition,
devait se rattacher à la famille des Amphiboles et particulièrement à l'espèce
désignée, dans les traités de minéralogie, sous le nom de trémolite.
» Dans ces dernières années, à la suite de l'expédition française en Chine,
il est arrivé à Paris des échantillons travaillés sous diverses formes d'une
substance que l'on désigne sous le nom de jade vert parce qu'elle présente
habituellement une teinte vert-pomme assez semblable à celle de la chryso-
prase ; on en voit aussi d'une nuance plus foncée qui se rapproche parfois
de la couleur de l'émeraude. A raison de son agréable effet, et probable-
ment aussi de sa rareté, ce jade est plus recherché que le précédent, et ses
moindres échantillons conservent dans le commerce une valeur assez con-
sidérable. J'ai pensé qu'il y avait lieu d'examiner si cette matière ne différait
du jade blanc que par sa couleur et si elle ne devait pas en être distinguée
par des caractères minéralogiques plus importants.
» En comparant les caractères physiques des deux substances, on remar-
que, tout d'abord, une différence très-appréciable entre leurs densités. Celle
du jade blanc est représentée par le nombre 2,97, tandis que celle du jade
vert s'élève à 3,34- La dureté de ce dernier est supérieure à celle du jade
blanc ; elle peut s'exprimer par le nombre 6,5o intermédiaire entre la du-
reté du feldspath orthose et celle du quartz. Il montre aussi un certain
degré de translucidité et une structure un peu cristalline. Sa cassure est
esquilleuse, finement lamellaire et parfois un peu fibreuse. Il fond aisément
( 86a )
a la flamme du chalumeau, en un verre transparent, un peu bulleux,
tandis que le jade blanc, se transforme en un émail blanc mat. La ténacité
paraît être à peu prés la même sur ces deux substances et tient sans doute à
l'agrégation, au contournement de leurs lamelles ou fibres cristallines.
Toutes deux résistent à l'action des acides nitrique, chlorhydrique et sul-
furique.
» Si les caractères physiques établissent déjà une notable différence
entre ces matières, leur composition chimique nous apporte un moyen de
distinction beaucoup plus net encore.
» Pour faire l'analyse du jade vert, j'ai dû suivre l'excellente méthode
que M. Henri Sainte-Claire Deville a fait connaître, pour attaquer et sépa-
rer les éléments des silicates insolubles dans les acides.
» La matière a été fondue avec moitié de son poids decarbonate de chaux
pur, artificiellement préparé. On a obtenu, par cette fusion, un verre trans-
parent un peu bulleux et légèrement coloré en vert. On l'a pulvérisé, puis
dissous dans l'acide nitrique étendu de son volume d'eau. On a évaporé la
liqueur acide à siccité, et chauffé le résidu, pendant quelques heures, à une
température de -+- i5ou à -t- 3oo° centigrades. La masse sèche et refroidie a
été traitée par une dissolution bouillante de nitrate ammoniacal à laquelle
on a ajouté quelques gouttes d'ammoniaque; on a prolongé l'ébullition
pendant une demi-heure environ.
•> Les éléments qui constituaient la matière soumise à l'analyse ont été,
par cette méthode, séparés en deux parts : la silice, l'alumine et l'oxyde
fèrrique sont demeurés insolubles, tandis que la chaux, la magnésie et les
alcalis ont été dissous dans la liqueur ammoniacale.
» On a séparé l'alumine et l'oxyde de fer de la silice, en mettant ces trois
matières, encore humides, en digestion avec l'acide nitrique, à une tempé-
rature de -+- 6o°. L'alumine et l'oxyde de fer ont été dissous ; la silice inso-
luble a été séchée, chauffée au rouge et pesée. Cette silice, traitée ensuite par
l'acide fluorhydrique additionné d'une goutte d'acide sulfurique, s'est entiè-
rement dissoute et volatilisée à l'état de gaz fluosilicique. La liqueur acide
évaporée à siccité n'a laissé qu'un faible résidu alumineux s'élevant à peine
à 4 milligrammes.
» La liqueur nitrique contenant l'alumine et l'oxyde de fer a été éva-
porée à siccité, et le résidu chauffé au rouge-cerise. On a pris le poids de ce
résidu. On l'a fondu ensuite avec du bisullate de potasse, à la tempéra-
ture du rouge sombre. La masse fondue et refroidie s'est entièrement dis-
(863)
soute dans l'eau chaude, et la dissolution a été sursaturée par la potasse
caustique. L'alumine, d'abord précipitée, s'est redissoute dans l'excès de
potasse. L'oxyde ferrique est resté insoluble. On l'a repris par l'acide nitri-
que, précipité par l'ammoniaque et calciné. Sa proportion s'élevait à moins
de i pour ioo du poids de la matière employée. Retranchant l'oxyde ferri-
que du poids trouvé précédemment pour cet oxyde et pour l'alumine réunis,
on a obtenu le poids de l'alumine.
» On a séparé ensuite l'alumine de sa dissolution dans la liqueur potas-
sique, afin de vérifier ses caractères et de s'assurer si elle n'était pas unie à
quelque autre base terreuse, et notamment à la glucine. Mise en digestion,
à l'état gélatineux, avec du carbonate ammoniacal, elle n'a rien laissé dis-
soudre : humectée de nitrate de cobalt et calcinée au rouge blanc, elle a
pris une teinte d'un bleu pur. Ces réactions, jointes à la solubilité dans la
potasse caustique, sont caractéristiques de l'alumine pure.
» La liqueur renfermant les matières terreuses et alcalines dissoutes par
le nitrate ammoniacal a été étendue de beaucoup d'eau et traitée à froid
par l'oxalate d'ammoniaque. Il s'est précipité de l'oxalate de chaux qu'on a
chauffé progressivement jusqu'à la température du rouge blanc pour le
transformer en chaux caustique dont on a pris le poids. Retranchant la
quantité de chaux ajoutée pour la fusion de la matière, delà quantité trou-
vée par cette pesée, ou a obtenu la proportion de chaux contenue dans le
minéral.
» La liqueur, séparée de l'oxalate de chaux, a été évaporée à siccité. On
a chassé par la chaleur la majeure partie des sels ammoniacaux, et l'on a
décomposé le reste par l'acide oxalique, mis en excès, et qu'on a volatilisé
ensuite. Le résidu chauffé au rouge contenait de la magnésie et des carbo-
nates alcalins. On a traité ce résidu par l'eau qui a dissous les alcalis et laissé
la magnésie dont on a déterminé le poids après l'avoir calcinée.
» Les carbonates alcalins dissous dans l'eau ont été transformés en chlo-
rures. Par une lente évaporation, la liqueur a laissé déposer des cristaux
cubiques semblables à ceux du chlorure de sodium. On a pris le poids, et
après les avoir redissous dans une faible quantité d'eau, on a traité la disso-
lution par le chlorure platinique. La liqueur restant d'abord limpide a laissé
apparaître, à la suite d'une lente évaporation, un léger dépôt jaune clair
indiquant la présence de la potasse. Des cristaux très-distincts de chlorure
platinico-sodique s'y sont en même temps formés. D'après le poids du
chlorure sodique, on a déterminé la proportion de soude contenue dans la
matière.
( 864 )
» Voici, en résumé, les résultats de l'analyse :
Oiygine. Rapports.
Silice °>59'7 o,3i55 6
Alumine o,2258 o,io5i 2
Soude 0,1293 o,o333j
Chaux 0,0268 0,0076' .
t- /- } 0,0400 . 1
Magnésie 0,01 15 0,00451
Oxyde ferreux o,oi56 o,oo35 '
Potasse Traces.
1 ,0007
» En l'absence de caractères cristallographiques, si l'on doit s'en rappor-
ter aux résultats de l'analyse, on voit que la matière minérale qui a fait
l'objet de ce travail semble se rapprocher notablement d'une espèce com-
prise dans la famille des Wernerites, et connue sous le nom de dipyre. On
observe, en effet, entre les éléments du jade vert le rapport approché de
I : a : 6 ou bien 3 : 6 : 1 8 exprimé par la formule
3(Na,Ca,Mz,F) + 2ÂI + 9S1.
La composition de ces minéraux peut donc être représentée sous la même
formule générale :
3R + 2Àl + o.Si.
II est à remarquer toutefois que dans le jade vert, la soucie est en proportion
qui excède beaucoup celle des autres bases à 1 atome d'oxygène, tandis
que, dans le dipyre, la chaux et la soude sont en quantités à peu près égales.
Il y a aussi une différence notable entre la densité de ces matières, celle du
jade vert étant, comme nous l'avons dit plus haut, de 3,34 , et celle du
dipyre ne s'élevant qu'à 2,66.
» On voit encore par ce qui précède qu'il n'est plus possible de réunir
le jade vert au jade blanc, dans la classification des espèces, le dernier
étant essentiellement formé de silice, de chaux et de magnésie, dans la pro-
portion exprimée par la formule générale
RSi,
et rentrant dans la famille des Amphiboles.
» J'aurais voulu reconnaître et isoler le principe colorant qui produit
l'agréable teinte du jade vert : le peu de matière que j'avais à ma disposi-
( 865 )
tion ne m'a pas permis cette recherche. Je présume que la couleur verte,
dans cette substance, est due à la présence de l'oxyde de nickel, comme on
l'observe sur plusieurs minéraux, et particulièrement sur la chrysoprase et
un grand nombre de roches serpentineuses.
» Il ne faut pas confondre la matière minérale que je viens de décrire
avec certains jades de couleur vert sombre, vert-poireau ou vert-olive, qui
viennent également de l'Asie, sous forme d'objets travaillés. Un échantillon
de ces derniers m'a montré la même densité, les mêmes caractères minéra-
logiques que le jade blanc dont il paraît n'être qu'une simple variété de
couleur.
•> D'après ce qui vient d'être exposé, je pense qu'il y a lieu de classer
le jade vert comme espèce à part, enle rattachant à la famille des Wernerites.
Je propose de lui donner le nom dejadéite pour le distinguer ainsi du jade
blanc qui reste uni à la famille des Amphiboles. »
Note de M. A. d'Abbadie accompagnant la présentation des calculs manus-
crits relatifs à sa « Géodésie d'une portion de la haute Ethiopie».
« Le 3e fascicule de cet ouvrage va paraître et comprendra la suite du
texte jusqu'à la page 455, ainsi que les planches, les profils des montagnes
employées comme signaux, et enfin deux des onze cartes.
» Comme cette publication embrasse une période de douze années de
voyages, l'impression de toutes les observations originales aurait accru outre
mesure un ouvrage déjà considérable. D'ailleurs, la répétition continuelle
d'observations faites presque toujours de la même manière, et suivies des
longs calculs numériques qui ont servi à les réduire, devait paraître fasti-
dieuse au public. Les astronomes scrupuleux, toujours en petit nombre,
seront seuls à se préoccuper des pièces probantes d'un long travail dont la
plupart des savants se contenteront de comparer et de juger les résultats.
Ces pièces probantes sont contenues dans les trois vol urnes de manuscrits in-4°
que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie pour être déposés dans sa biblio-
thèque, où l'on pourra toujours les consulter.
» Ces manuscrits contiennent les noms des stations, rangés par ordre al-
phabétique dans les deux premiers volumes ; les observations originales ;
les numéros de renvoi au manuscrit original, qui sera plus tard offert à
l'Académie; les constantes employées, et tous les éléments des calculs pré-
cédés de leurs désignations, non données en simples lettres symboliques,
C. R., i8G3, î" Semestre. (T. LVI, N° 18.) I l3
( 866 )
niais écrites au long, afin d'éviter l'incertitude ou la confusion, si fré-
quentes lorsqu'on est obligé de consulter un ouvrage manuscrit sans y être
préparé à l'avance par l'étude de son contenu.
» Le Ier volume de ces calculs renferme, dans ses 334 Pages, les angles
originaux et les calculs des latitudes, basées sur plus de 1200 observations
faites dans 60 lieux différents ou 6g stations, plusieurs stations, réduites
d'ailleurs ensemble, ayant été quelquefois employées pour le même lieu.
Les résultats ou latitudes définitives ont été extraits de ce volume et donnés
aux pages 49-67 de la Géodésie d 'Ethiopie. Le verso en regard de chaque lati-
tude contient les éléments du calcul, c'est-à-dire les latitude, longitude, baro-
mètre et états de chronomètre assumés, ainsi que la température, le logarithme
delà réfraction moyenne, etc. Ces calculs étant faits sur un plan uniforme, il
a suffi d'en donner un exemple aux pages ^7. et 43 de la Géodésie précitée.
» Le IIe volume contient plus de 1700 observations d'angles horaires dis-
tribuées en 33^ séries indiquées aux pages 26-3 1 de la Géodésie. Comme au
volume précédent, la feuille qui forme le titre de chaque station contient,
sous le nom du lieu, la liste des dates des observations et des résultats
obtenus, et, au verso, les éléments assumés dans les calculs. Ce long travail
est terminé à la page 36i. Les pages 363 — 38o contiennent les calculs
donnant les coefficients différentiels pour de petits changements possibles
dans les apozéniths, les colatitudes ou les apopôles assumés. Puis vient
une récapitulation des constantes , des résultats , etc. , laquelle finit à la
page 397.
» Les pages 399-410 contiennent les angles horaires que j'ai observés,
en 1837, à Olinda (Brésil), dans mon voyage pour l'observation de la
marche horaire de l'aiguille aimantée. Puis viennent les calculs des obser-
vations faites pour la déclinaison de l'aiguille à Olinda, et enfin pour la
longitude de cette ville, résultant soit des distances lunaires, soit des éclipses
ou occultations observées. Les résultats des observations faites au Brésil ont
été publiés aux pages 3i, 66, 91 et 1 16 de la Géodésie. Le IIe volume de ces
calculs manuscrits contient 4Î4 pages.
» Le IIP volume renferme jusqu'à la page 198 les calculs des longitudes
déduites de 637 distances et de 56 apozéniths lunaires observés en voyage.
La deuxième section de ce volume finit à la page 24 1 et donne les détails et
les calculs des 22 occultations observées, les calculs indépendants pour la
longitude de Adwa faits par M. Yvon Villarceau, et le calcul de la position
de Saqa refait indépendamment par M. J.-C. Houzeau, astronome de l'Ob-
servatoire de Bruxelles.
( 867 )
» Comme dans les deux tomes précédents, les notes et indications sont
pour la plupart écrites en anglais. La langue française est employée dans
les 160 dernières pages qui contiennent les calculs détaillés des 5 1 5 azimuts
disposés selon le même ordre que les 3u5 tours d'horizon déjà publiés dans
la Géodésie. A la fin de chaque résultat azimutal on trouve les coefficients
différentiels qui servent à déterminer promptement l'influence que peut
exercer sur l'azimut une petite variation dans la latitude du lieu ou dans la
distance polaire de l'astre observé.
» Par leur nature très-variée et par l'influence qu'un seul changement
peut exercer sur tout le réseau, les calculs géodésiques n'ont pas pu être
coordonnés et assemblés méthodiquement comme ceux de l'astronomie.
C'est souvent par une suite d'approximations successives et quelquefois
même plus commodément par des tâtonnements et des constructions méca-
niques qu'on répartit sur une grande étendue de pays les erreurs résidues
de la géodésie expéditive.
» Au reste toutes les observations purement géodésiques ont été publiées
en détail , et, en s'aidant des exemples qui expliquent les cas particuliers,
on sera toujours à même de remonter aux erreurs d'observation ou de con-
struction qui pourraient être constatées plus tard par mes successeurs dans
des explorations en Ethiopie.
» Il arrive parfois qu'en l'absence d'un voyageur, ou même après sa
mort, on ait besoin de consulter ses calculs, et la garantie d'un bon résul-
tat, dans des observations nombreuses destinées à fournir un réseau com-
pliqué de triangles, dépendra toujours du soin qu'on aura eu de rendre
accessibles au public savant les données et les calculs de chaque problème
à résoudre ou à vérifier. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant qui remplira, pour la Section de Géographie et de Navigation,
la place vacante par suite du décès de sir James Clark-Ross.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Fitz-Roy obtient 3g suffrages.
M. Livingstone 3 »
Il y a trois billets blancs.
M. Fitz-Roy, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est dé-
claré élu.
n3..
( 868 )
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi-
nation de trois Commissions chargées de l'examen des pièces de concours
pour les prix ci-dessous indiqués, savoir :
PrixBordin pour 1 863 : « Recherches anatomiques tendant à déterminer
il existe dans la structure des tiges des végétaux des caractères propres aux
s
grandes familles naturelles et concordant aussi avec ceux déduits des organes
delà génération ». Commissaires, MM. Montagne, Duchartre, Brongniart,
Tulasne, Decaisne.
Prix dit des Arts insalubres : Commissaires, MM. Chevreul, Boussingaulf.
Raver, Dumas, Payen.
Prix Mororjues : Commissaires, MM. Boussingault, Decaisne, Paven,
Raver, Peligot.
AIE. NOIRES PRÉSENTES.
L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le prix Barbier
et portant le nom de l'auteur sous pli cacheté.
Ce Mémoire, qui a rapport au citrate de magnésie considéré comme
agent thérapeutique, rentre par son sujet dans la classe des travaux que le
fondateur du prix a voulu encourager, mais il eût dû être présenté avant
le ier avril. La Commission chargée de décerner le prix jugera si malgré ce
retard le Mémoire peut être admis au nombre des pièces de concours.
chimie APPLIQUÉE. — Supplément à un Mémoire intitulé: Reproduction de
gravures sur métal et verre par filtration de substances actives... ; par
M. Meisget en réponse à des remarques de M. Vial sur cette première com-
munication.
(Commissures précédemir.ent nommés: MM. Becquerel, Balard, Fizeau.j
« ... M. Vial, dit l'auteur, paraissant reprochera mes procédés de gravure
le défaut de ne pouvoir fournir que des images métalliques constituées par
des dépôts pulvérulents, il me suffira, pour repousser cette imputation, de
rappeler, en le citant textuellement, un court passage de ma Note du
i3 avril :
» La solution saline filtre d'abord lentement à travers les doubles, puis
» à travers les blancs de la gravure, au-dessous desquels elle vient se préci-
» piter en formant un dépôt adhérent ou pulvérulent, suivant la nature des
» sels employés. »
( 869)
» Pour compléter cette citation , j'ajouterai que les copies de gravures
que j'ai présentées à l'Institut sont toutes, à l'exception d'une seule, for-
mées par des dépôts métalliques adhérents.
i> Si j'ai dit que je croyais avoir signalé le premier la possibilité de gra-
ver les images métalliques en creux ou en relief, par un simple changement
dans la nature des acides, c'est que j'avais alors sous les yeux, non pas le
Mémoire où M. Vial annonce qu'il a consigné de son côté la même re-
marque, mais une Note extraite de ce Mémoire par l'auteur, et qui se tait
sur cet important résultat. Je prouverai d'ailleurs, s'il le faut, que j'en
suis en possession depuis plusieurs années; je n'en ai jamais fait un mys-
tère, et le procédé de clichage que j'ai pu en tirer, avec le concours de
mon collaborateur M. Gagnebin, est en pleine activité depuis bientôt un
an dans un des principaux ateliers typographiques de Bordeaux. »
M. Garrigoc adresse, comme supplément à sa Note sur la composition
de l'air des cavernes de l'Ariége, une indication des hauteurs au-dessus du
niveau de la mer du plancher des principales grottes.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Boussingault,
Peligot.)
CORRESPONDANCE .
M. le Maréchal Vaillant communique une Lettre que lui a adressée
M. Vattemare en lui transmettant la liste de divers ouvrages, opuscules et
publications périodiques qu'il envoie pour la Bibliothèque de l'Institut.
« Plusieurs de ces ouvrages, dit l'auteur de la Lettre, font suite aux publi-
cations qu'ont antérieurement adressées par mon intermédiaire divers États
de l'Europe et de l'Amérique : ce sont de nouveaux fruits de ce système
d'échange international à la propagation duquel j'ai déjà consacré plus de
trente années de ma vie »
M. Eue de Beaumont présente, au nom de l'auteur M. Aib. Mousson,
professeur à l'École polytechnique de Zurich, trois des quatre livraisons
dont se composera la seconde partie de son Traité de Physique expérimen-
tale.
— Et au nom de M. Sedillot, un opuscule intitulé : « Courtes observa-
tions sur quelques points de l'histoire de l'astronomie et des mathématiques
chez les Orientaux » .
( 87o)
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la diagnose des alcools; Note de M. Bertbelot.
présentée par M. Balard.
« Parmi les conséquences que l'on peut tirer de nos recherches sur la
formation des éthers, il en est une que je crois utile de signaler; car elle
permet de fixer l'équivalent d'un alcool et de déterminer, dans une certaine
mesure, le degré de son atomicité.
« Nous avons montré en effet que les divers alcools s'unissent aux acides
suivant des proportions à peu prés fixes et qui dépendent principalement
des équivalents. Si l'on fait réagir par exemple équivalents égaux d'un
alcool et d'un acide, la proportion limite d'acide neutralisé sera comprise
en général entre 65 et 70 centièmes du poids total de l'acide. Ce résultat
s'applique également aux alcools monoatomiques et polvatomiqties. Réci-
proquement, s'il s'agit de déterminer l'équivalent d'un alcool, il suffira de
faire réagir sur un équivalent d'acide divers poids de cet alcool et de cher-
cher quel est celui qui donne lieu à une neutralisation d'acide comprise
entre 65 et 70 centièmes. Ce poids représentera l'équivalent de l'alcool, ou
un nombre très-voisin de cet équivalent. Cette méthode n'est pas destinée
à déterminer avec une précision absolue la valeur numérique d'un équi-
valent, mais elle permettra de décider aisément entre deux formules dont
l'une serait par exemple double de l'autre, et telles, que la dernière condui-
rait à déclarer l'alcool monoatomique, tandis que la première exprime qu'il
est diatomique. Citons quelques exemples s'appliquant à des cas connus et
qui ne laissent aucune incertitude.
» L'analyse du glycol conduit à la formule brute. . . C2 H3 O* ;
il s'agit de savoir si cette formule est la véritable ou bien
si elle doit être doublée C'H60*.
Nous prenons 1 équivalent d'acide acétique =60
et un poids de glvcol exprimé par la formule la plus
élevée =62
et nous chauffons le tout vers i5o°, jusqu'à ce que la limite de saturation
soit atteinte. Si 62 parties de glycol expriment 1 équivalent, nous devons
trouver que 65 à 70 centièmes de l'acide (c'est-à-dire 4o à t\i parties sur
60 = 1 équivalent) ont été saturées. Au contraire, si 62 parties de glycol
expriment 2 équivalents, le poids d'acide saturé sera voisin de 80 centièmes.
L'expérience indique 68,8 centièmes (c'est-à-dire 4i>3 sur 60= 1 équi-
valent).
( 87i )
» Soit encore l'érythrite ; l'analyse conduit à la for-
mule brute C'IFO';
il s'agit de décider entre cette formule, la formule
double C8H'°Q8
et la formule triple C,2H,50'2.
Prenons i équivalent d'acide acétique =.60
et un poids d'érythrite représenté par la seconde for-
mule, par exemple — 122
» Quand la limite est atteinte, nous trouvons que la proportion d'acide
neutralisé s'élève aux 69 centièmes du poids total de l'acide : ce nombre
indique que la formule C8 H10 O8 exprime 1 équivalent d'érythrite. Si nous
avions fait agir sur 60 parties d'acide le poids d'alcool correspondant à
C4 H3 O4 = 61 parties, nous aurions trouvé la proportion d'acide neutralisée
beaucoup plus faible. Au contraire, si nous avions pris le poids corres-
pondant à C'2 H,50'2 = 1 83 parties, nous aurions trouvé une saturation
plus forte et voisine de 75 centièmes.
» Ce genre d'épreuves s'applique en général aux alcools, pourvu qu'ils
ne soient pas susceptibles de présenter des phénomènes spéciaux de
déshydratation ou d'hydratation qui troublent l'équilibre. C'est malheu-
reusement ce qui arrive avec la plupart des principes sucrés : la mannite,
C,2HM0,a, se change en mannitane, C,2H,20,°, et la glucose, C^H^O12,
en glucosane, C,2H'0O'°, lors de leur combinaison avec les acides.
Réciproquement la mannitane et la glucosane, dès qu'elles sont en pré-
sence de l'eau, tendent à repasser à l'état de mannite et de glucose. De là
des phénomènes spéciaux qui changent les conditions normales de l'équi-
libre. Mais en dehors de cette exception qui s'explique d'elle-même, la mé-
thode que je signale ici fournit un contrôle pour l'équivalent des alcools,
et ce contrôle est d'autant plus net qu'il est tiré de leur fonction fonda-
mentale. »
chimie organique. — Méthodes nouvelles pour- apprécier In pureté des alcools
et des éthers; Note de M. Berthelot, présentée par M. Balard.
« On sait que lorsque les alcools et les éthers ont été purifiés avec soin
par distillation et dessiccation, on manque jusqu'ici, dans la plupart des
cas, de moyen de contrôle En voici quelques-uns qui résultent de mes
recherches :
( 8'P )
» i° Je rappellerai pour mémoire qu'un éther composé, s'il est pur,
doit pouvoir être décomposé par un alcali, en saturant un poids équivalent
de cet alcali. Ceci permet, comme je l'ai établi il y a près de dix ans, de
ramener l'analyse des éthers et des composés analogues à un essai alcalimé-
trique, fondé sur l'emploi d'une solution titrée de baryte.
m 2° L'emploi de la même liqueur permet de reconnaître et de doser la
présence de quantités, même très-petites, d'étbers composés dans un alcool
ou dans un éther simple (i). Il suffit d'enfermer dans un matras 10 centi-
mètres cubes d'une solution titrée de baryte et un poids connu du corps que
l'on veut éprouver. On chauffe pendant une centaine d'heures à ioo°: si
l'alcool est pur, comme il arrive le plus souvent avec l'alcool ordinaire, le
titre de la baryte ne change pas. On trouve au contraire que l'alcool amy-
lique renferme presque toujours une petite quantité d'éthers composés. Il
en est de même de l'éther ordinaire, même après digestion sur un lait de
chaux.
» Le glycol préparé par les méthodes ordinaires et rectifié à point fixe
se montre comme particulièrement impur. J'y ai manifesté jusqu'à 22 pour
100 d'acide acétique combiné, ce qui répond à 4o pour 100 de glycol 1110-
nacétique. C'est un fait qui a dû donner lieu à plus d'une erreur et dont il est
bon de prévenir les chimistes qui s'occupent de cette curieuse substance.
» Pour reconnaître la présence d'un éther neutre dans un alcool, sans le
doser, il suffit de chauffer cet alcool avec 2 fois son volume d'eau à i5o°
pendant 20 heures. L'éther neutre se change en grande partie en acide.
» 3° La présence d'un acide libre dans un alcool ou dans un éther est
trop facile à déceler et à doser par la baryte pour m'y arrêter. Les éthers
formiques, par exemple, sont toujours acides; mais, par exception, leur dé-
composition est trop prompte pour permettre de doser exactement l'acide
libre. Les autres éthers se prêtent au contraire à des dosages précis de
l'acide libre qu'ils peuvent renfermer.
» 4° La présence d'une petite quantité d'eau dans un éther neutre peut
être reconnue en chauffant cet éther à i5o° pendant 20 ou 3o heures : l'eau
décompose une quantité presque équivalente d'éther en acide et alcool. On
dose alors l'acide par la solution titrée de baryte. En soumettant à cette
épreuve l'éther acétique , purifié avec grand soin par les méthodes ordi-
(1) Pourvu que ces corps ne soient pas altérables par les alcalis.
( 873 )
naires, on voit qu'il retient opiniâtrement un centième d'eau qu'il est fort
difficile de lui enlever.
» 5° La présence d'une petite quantité d'eau dans un alcool pourrait
être également accusée en mêlant cet alcool avec un éther composé rigou-
reusement anhydre et éprouvé comme ci-dessus. On chauffe alors vers i5o°
pendant vingt à trente heures. Si l'alcool est anhydre, le mélange ne doit
pas devenir acide.
» 6° La présence d'une petite quantité d'alcool dans un éther neutre et
anhydre, daiisl'éther acétique par exemple, peut être décelée en chauffant
cet éther avec un poids connu d'acide acétique très-pur. Pour peu que cet
éther renferme d'alcool, le titre de l'acide diminuera. »
CHIMIE. — Séparation de la magnésie de la potasse et de la soude; extrait d'une
Note de M. Alvaro Reynoso, présentée par M. Peligot.
« La méthode que je propose permet d'employer en toutes circonstances
l'acide phosphorique, puisque les inconvénients de sa présence deviennent
nuls, par la raison que l'excès est complètement éliminé.
» Supposons le cas le plus fréquent : un mélange de chaux, de magnésie,
de potasse et de soude. La liqueur est acidulée par l'acide chlorhydrique,
ou, s'il est possible, on emploie seul l'acide nitrique; on y ajoute de l'am-
moniaque en excès et ensuite de Poxalate d'ammoniaque. C'est ainsi que
l'on sépare la chaux. Dans la liqueur filtrée on ajoute du phosphate d'am-
moniaque, ou simplement de l'acide phosphorique, et on recueille le phos-
phate ammoniaco-magnésien précipité. On filtre et on calcine pour éliminer
les sels ammoniacaux, et par ce seul fait il s'opère une réaction par laquelle
la plus grande partie ou la totalité de l'acide chlorhydrique est éliminée,
dans le cas où l'on en aurait fait usage, et les deux bases peuvent rester
unies seulement à l'acide phosphorique. Cependant, pour procéder avec
plus de sécurité, on traite le résidu deux ou trois fois avec l'acide nitrique
concentré, on le calcine, et tout l'acide chlorhydrique étant ainsi éliminé,
il reste seulement de l'acide phosphorique, de la potasse et de la soude. On
recueille le résidu dans un ballon et on l'y traite par l'étain en grand excès
et par l'acide nitrique; on élimine ainsi l'acide phosphorique, on filtre et
l'on concentre. On calcine le résidu composé de nitrate de potasse et de
soude pour les décomposer complètement, et aussitôt que la capsule se
refroidit on pèse les alcalis caustiques ou on les transforme en carbonates.
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, N° 18.) Il4
( 874 )
Ensuite on les convertit en chlorures, plus tard on les fait passer à l'état de
sulfates, en finissant par ajouter du carbonate d'ammoniaque pour décom-
poser le bisulfate de potasse. Avec ces éléments combinés, il est possible de
déterminer, en les associant pour les corriger, la quantité d'alcali par voie
indirecte, et l'on peut aussi les séparer directement par le bichlorure de
platine.
» D'après tout ce qui précède, on voit que la nouveauté de ce procédé,
ahlsî que sou exactitude, repose dans la méthode suivie pour éliminer l'a-
cide phosphorique, méthode basée sur la propriété (découverte par moi, il
v a des années) que possède l'acide stannique de former avec l'acide
phosphorique une combinaison complètement insoluble dans l'eau et dans
l'acide nitrique. Pour que ce procédé soit exact, comme je l'ai indiqué plus
haut, il faut éliminer l'acide chlorhydrique, ce que l'on obtient facilement.
» Je dois affirmer, en terminant, que l'acide stannique nous fournit le
meilleur moyen d'éliminer l'acide phosphorique dans une multitude
de cas. »
chimie ORGANIQUE. — Sur quelques matières ulmiques dérivées de t acétone ;
Note de SI. E. Hardy, présentée par M. Pelouze.
« Un mélange de chloroforme et d'acétone en présence du sodium se
décompose avec rapidité, produit une quantité de gaz considérable, et laisse
un dépôt de matières brunes et incristallisables, accompagnées de sel
marin.
p. Les gaz, d'après l'analyse eudiométrique, sont composés d'hydrogène,
de gaz des marais, et d'oxyde de carbone.
» Les matières fixes sont solubles dans l'alcool, d'où elles se déposent
par évaporation, sous l'apparence d une masse noire brillante. Cette niasse
contient des suhstances, les unes solubles, les autres insolubles dans
l'éther.
» Les substances solubles dans l'éther sont formées, outre les produits
accessoires, d'un corps brun visqueux qui se comporte comme un acide
chloré. Cet acide appartient à un ordre de composés dont l'ensemble, afin
de rappeler leur origine, peut être nommé série acélulmiquc ; l'acide chloré
devient l'acide chloracétulmique.
» Les substances insolubles dans l'éther, épuisées par l'eau, donnent le
chloracétulmate de soude; il reste en dernier lieu une matière soluble dans
(875 )
l'alcool, qui présente la même composition que l'acide chloraeélulmique,
et en représente seulement un isomère. La réaction peut s'écrire de la ma-
nière suivante, en faisant abstraction des produits secondaires :
6C6He02-4-C3HCl3 + 2Na=C"H"CIO' -f- Cl4H'0ClNaO< -+- 2C202H-3C,H, + 4H+NaCI.
Acétone. Chloroforme. Acide Ghloracétulmate
chloracélulmiqne. de soude.
» Acide cliloracétulmique. — Cet acide se présente sous deux modifica-
tions, l'une soluble dans l'alcool et l'éther, l'autre soluble dans l'alcool et
insoluble dans l'éther. Cette même différence se retrouve dans la série de
leurs dérivés.
» Bouillis avec une solution dépotasse, ces acides subissent une même
transformation, et se dédoublent en acide acétulmique et bioxyacélul-
mique, d'après l'équation :
2(C,2H"C104)+ >KH02=2KCl+CMH'-04 + C14H,208.
Acide Acide Acide
cnloracétulmique. acétulmique. bioxyacétulmique.
» La dissolution contient les deux acides à l'état de sel de soude; en
ajoutant de l'acide sulfurique, on les isole sous forme de précipité volumi-
neux. On sépare l'acide acétulmique à l'aide de l'éther qui le dissout en se
colorant en jaune, et on reprend par l'alcool l'acide bioxyacétulmique.
L'évaporation des deux dissolutions donne les deux acides libres.
» Acide acétulmique. — Cet acide est une poudre brune. Il donne des
dérivés par substitution, en échangeant successivement 1, 2, 3 équivalents
d'hydrogène contre un même nombre d'équivalents de chlore, de brome,
ou de vapeur nitreuse.
Acide acétulmique C'ECO',
Acide cnloracétulmique C"H"C10',
Acide bibromoacétulmique Cl,H",Br2Ol,
Acide chloronitroacétulmique CNH",C1(N0') 0%
Acide bibromonitroacétulmique C'H'Br^NO'JO',
Acide bromobinitroacétulmique C"H9Br(NO') 2 0*.
» Acide bioxyacétulmique. — Il se forme en même temps que l'acide acé-
tulmique, il est monobasique, et change un équivalent d'hydrogène contre
114..
( 876 )
des produits de substitution :
Acide bioxyacétulmique C"H"Os,
Bioxyacétulmate d'argent C"H" AgO%
Bioxvacétulmate de potasse C" H"KOs,
Acide bioxybromoacétulmique Cl<H"BrO*,
Acide bioxynitroacétulmique C"H"(N05)08.
» Acide trioxyacêtuimique. — En faisant bouillir l'acide bioxybromoacé-
tulmique avec une dissolution de potasse, on obtient le trioxyacélulmate de
potasse :
C,4HMBr08 +KHO°- = RCl + C,4H,20'°,
Acide Acide
bioxybromoacétulmique. trtoxyacctulmique.
» On ajoute de l'acide sulfurique, l'acide trioxyacêtuimique se sépare à
l'état de liberté. »
chimie ORGANIQUE. — Action du soufre sur un certain nombre de substances
organiques; Note de M. Brion, présentée par M. Pasteur.
« Cette action donne des produits sulfurés avec dégagement d'acide suif-
hydrique.
» Mes premiers essais ont porté sur l'alcool ordinaire, l'alcool méthy-
Jique, l'alcool amylique et l'acide acétique crislallisable. En faisant bouillir
le liquide sur du soufre, on constate bientôt un dégagement d'hydrogène
sulfuré.
» Il est presque superflu de dire que la nature du gaz a été reconnue à
son action sur les sels de plomb, et à son absorption complète par une
dissolution de potasse.
» La formation d'une faible quantité de produit sulfuré favorise la disso-
lution du soufre; de nombreuses aiguilles cristallines se déposent par le
refroidissement; dès lors la réaction s'accélère un peu, mais elle est toujours
très-lente. 750 centimètres cubes d'alcool absolu, après une ébullition de
trois cent soixante heures sur du soufre, n'ont donné, à la distillation, qu'un
résidu assez faible, au moment où la température atteignait 8o°. On n'a pas
été beaucoup plus heureux avec le polysulfure anhydre de sodium, qui
cependant, dès le début, avait produit un dégagement d'hydrogène sulfuré
plus abondant que ne le faisait le soufre. Les alcools amylique et méthylique
ont donné des résultats analogues; néanmoins ils sont attaqués un peu plus
facilement que l'alcool ordinaire.
( 877 )
» En faisant arriver à plusieurs reprises la vapeur du liquide sur du
soufre porté à une température voisine de l'ébullilion, ou bien en opérant
en vase clos, on a pu se procurer des produits sulfurés plus abondants; mais
leur température d'ébullifion s'élève progressivement jusqu'au delà de aoou.
Une quantité considérable de liquide écbappe toujours à la réaction, malgré
des opérations prolongées. 11 a donc encore été impossible d'obtenir par
ces moyens des composés définis.
» Avec les carbures d'hydrogène, tels que la benzine, l'huile de naphte.
1 essence de térébenthine, les huiles minérales d'Amérique, on a un dégage-
ment abondant d'hydrogène sulfuré par la simple ébullition. La naphtaline
et la paraffine sont également attaquées par le soufre à une température
inférieure à celle de leur distillation. Avec cette dernière surtout la réaction
est très-énergique. Malheureusement, les produits solides fournis par ces
deux dernières substances, quoique solubles dans un grand nombre de
véhicules, ne cristallisent pas.
» Avec l'essence de térébenthine, on obtient des produits qui n'ont pas
encore complètement distillé à 36o°.
» Les carbures que MM. Pelouze et Cahours ont découverts dans les
huiles minérales d'Amérique donnent des mélanges de composés sulfurés
dont la séparation semble devoir se faire facilement. Quoique j'aie déjà
entrevu certaines de leurs réactions, je ne veux prononcer à leur sujet le mot
de substitution que quand je serai parvenu à recueillir des preuves suffi-
samment concluantes.
» L'extrême obligeance avec laquelle M. Pelouze a bien voulu me donner
les renseignements que j'ai pris la liberté de lui demander me permet main-
tenant de me procurer ces huiles en quantité suffisante pour continuer mes
expériences. »
M. Balard, à la suite de la présentation de cette Note, déclare que
M. Brion lui avait communiqué depuis un mois, au moins, les résultats de
ces recherches déjà commencées depuis longtemps.
M. Ekmax, bibliothécaire de la Société Littéraire et Philosophique de
Manchester, fait connaître le nom de l'auteur du Mémoire qui avait été
inscrit sous le n° 3 au concours pour le grand prix de Mathématiques de
1860 (question concernant le nombre de valeurs des fonctions bien définies
dans un nombre donné de lettres).
( 878)
Cet auteur est M. Kirkman, qui, poursuivant ses recherches sur cette
question, bien qu'elle eût été retirée du concours, croit être parvenu à en
établir la ihéorie complète ; en attendant qu'il en puisse présenter la rédaction
définitive qui ne se fera pas attendre, tous les calculs étant déjà terminés, il
envoie une analyse de son travail dans l'espoir que l'Académie, si elle y
trouve en effet la solution de la question, cherchera les moyens de récom-
penser des efforts qu'elle a en quelque sorte provoqués.
(Renvoi à l'examen de la Commission qui avait été appelée à juger le
concours de 1860, Commission qui se compose de MM. Liouville,
Hermite, Bertrand, Lamé et Serret.y
Mrae de Corxeillan annonce, dans les termes suivants, être arrivée à un
résultat intéressant pour l'industrie séricicole :
« Je suis parvenue à dévider les cocons du Bombyx mori, percés et
ouverts par l'éclosion du papillon, et qu'un préjugé généralement accepté
prétendait coupés par l'insecte, et considérait comme déchets, rebuts et
indévidables. La soie continue que j'en retire, ainsi que le constatent les
échantillons que j'ai l'honneur de présenter, est aussi belle que la plus belle
obtenue des cocons où la chrysalide a été préalablement étouffée, et cela se
comprend, les cocons affectés au grainage étant toujours choisis parmi les
plus sains et les plus beaux. Sans susciter aucuns frais nouveaux aux éduca-
teurs, je restitue donc à nos fabriques des masses considérables de matière
première perdues jusqu'à ce jour •<
(Renvoi à l'examen de la Commission des vers à soie.)
M. Coixde présente des considérations sur l'habitude qu'ont certain*
oiseaux insectivores de rechercher particulièrement une espèce déterminée
d'insectes, même dans des lieux où d'autres espèces beaucoup plus nom-
breuses sembleraient leur offrir une nourriture tout aussi convenable et
moins difficile à se procurer.
(Renvoi à l'examen de M. Valenciennes. )
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. E. D. B.
879 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
L'Académie a reçu dans la séance du 27 avril 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Recherches sur les combinaisons de l'antimoine avec les différents métaux.
(Thèse présentée à la Faculté de philosophie de l'Université de Gôttingen,
pour obtenir le grade de docteur en philosophie); par P. Christofle.
Gôttingen, i8G3; br. in-8°.
Notices sur quelques instruments de physique construits à Genève dans l'atelier
dirigé par M. E. Scliwerd. Genève, i863; br. in 8°. (Présentées au nom de
M. le Professeur Thury, par M. de La Rive. )
De la rage chez le chien et des mesures préservatrices ; par le Dr H. Blatijn.
Paris, 1 863 ; br. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. J. Cloquet.)
Nouvelles considérations sur la longévité humaine ; par le Dr Guyétant père.
Paris, 1 863 ; in-12.
Studien... Etudes sur l'apparition, le développement et les fonctions de l'élé-
ment constitutif de la bile dans les organismes animaux et végétaux; par le Dr
F.-W. Beneke. Giessen, 1862; in-/j°. (Renvoyé à l'examen de M. Chevreul.)
Rapporte. Rapport fait au 10e Congrès des Savants italiens, tenu à Sienne
en septembre 1862, par le Secrétaire général de la Section des Sciences phy-
siques, mathématiques et naturelles, le prof. Giov. Campani; br. in-4°.
Intorno... Sur les maladies du ver à soie; Mémoires de A. ClCCONE. Naples,
i863; in-8°. (Cet ouvrage, qui est en grande partie une reproduction de
divers travaux précédemment publiés par l'auteur, est présenté en son nom
à l'Académie par M. Montagne.)
Planta... Plantes cryptogames de l'ordre des Champignons, du genre Asper-
gellus et de l'espèce Glaucus (Fries) trouvées dans le poumon humain ; par le
Dr C. May Figueira. Lisbonne, 1862; br. in-8°.
L'Académie a reçu dans la séance du 4 mai 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Observations... Observations sur la polarisation de l'atmosphère faites à
Saint- Jndrews en 1 84 1 -45 ; parsir David BREWSTER. (Extrait des Transactions
of the royal Society of Edinburgh.) Edimbourg, i863;in-4°.
( 88o )
Mémoire sur l'expression du rapport qui (abstraction faite de la chaleur
solaire) existe, en vertu de la chaleur d'origine, entre le refroidissement de la
masse totale du globe terrestre et le refroidissement de sa surface; par Jean
Plana. Turin, t 863 ; in-4°.
Gouvernement général de l'Algérie; Tableau de la situation des Etablisse-
ments français dans i Algérie; i858-i86i. Paris, 1862; in-4°-
Nouveau procédé de laçage de filets à la main; par J. LÉGAL. (Extrait de la
Revue Maritime et Coloniale.) Dieppe, i863; br. in-8°. (Présenté au nom de
l'auteur par M. Coste et destiné au concours pour le prix Tréraont. )
Courtes observations sur quelques points de l'histoire de l'Astronomie et des
Mathématiques chez les Orientaux ; par M. L.-P.-E.-A. SÉDILLOT. Paris, 1 863 ;
br. in-8°.
Société Littéraire et Scientifique de Castres (Tarn); Procès-verbaux des
séances; 5e année. Castres, 1862; in-8°.
Société de prévoyance des Pharmaciens de la Seine : Assemblée générale tenue
a l'Ecole de Pharmacie, le i3 avril i863, présidence de M. Marcotte. Paris.
i863; br. in-8°.
Illustrations des Rafflesias rochussenii et patma, d'après les recherches
faites aux îles de Java et de Noessa kambangan , par MM. J.-E. TEYSMANN et
S. Binnendyk; et au jardin de l'Université de Leyde, par W.-H. DE Vriese.
Levde et Dusseldorf, 1 854 > livraison in-fol., avec 6 planches.
Annales d' Horticulture et de Botanique, ou Flore des jardins du royaume des
Pays-Bas et Histoire des plantes cultivées et ornementales les plus intéressantes des
possessions néerlandaises aux Indes Orientales, en Amérique et au Japon; publiées
par la Société royale d'Horticulture des Pays-Bas, rédigées par MM. Ph.-F. DE
Sïerold et W.-H. de Vriese; vol. I, livraisons 1 à 12. Leyde (Pays-Bas);
111-80, avec planches. (Ces deux ouvrages sont transrais par M. Yattemare.)
Sitzungsberichte... Comptes rendus des séances de l'Académie impériale des
Sciences de Vienne (classe des Sciences Mathématiques et Naturelles); t. XLVI,
livraisons 3, t\ et 5 (octobre, novembre et décembre 1862). Vienne, i863;
111-80.
Die Physik... Traité de Physique expérimentale; par le Dr Alb. MOUSSOS,
professeur à l'École Polytechnique suisse ; ie partie; livraisons 1, 2 et 3.
Zurich, i858-63; in-8°.
Ensayo... Essai sur la culture de ta canne à sucre ; par D. Alvaro Reynoso.
Havane, 1862 ; in-8°.
( 88. )
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT
LE MOIS D'AVRIL 18G3.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des Sciences ; ier se-
mestre i863, nos i4 à 17 ; ii>4°-
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BOUSSINGAULT, Regnault ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Phy-
sique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LXVII,
avril i863; in-8°.
Annales de l'Agriculture française ; 5e série, t. XXI, n05 6 et 7; in-8°.
Annales de la Société d'hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances; t. IX, 8e et 9e livraisons; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; n° 207; mars i863; in-8°.
Annales télégraphiques ; t. VI ; mars et avril i863; in-8°.
Atti délia Società italiana di Scienze naturali; vol. IV, fasc. 4 (f- 18 à a3).
Milan ; in-8°.
Atti dell'imp, reg. Instituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arli; t. VII,
10e livr.; t. IX, irc, 2e et 3e livr. Venise, in-8°.
Annales de l'Electrothêrapie ; ire année, i863; n° 1, janvier, el n° a, avril;
in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse ; t. XVI, n° 63. Genève; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, nos 12 etx3; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; mars 1 863 ; in-8°.
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France;
2e série, t. XVIII, nos 3 et 4; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé par
MM. Combes et Peligot; 2e série, t. X, février i863; in-4°.
Bulletin de la Société de Géographie ; 5e série, t. V; mars i863; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; 9e année, mars 1 863; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; 32e année, 2e série, t. XV, n° 2; in-8°.
Bulletin de la Société médicale d'Emulation de Paris; nouvelle série, t. I,
fasc. 1, in-8°.
Bullettino meteorolocjico dell' Observalorio del collecjio romano; vol. II, n° 6.
Rome; in-4°.
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 18.) I I 5
( 882 )
Bulletin de la Société d'acclimatation et d'Histoire naturelle de l'île de la
Réunion; t. I, n° i; janvier i863. Saint-Denis (Réunion) ; in-8°.
Bulletin du Laboratoire de Chimie scientifique et industrielle de M. Ch. MÈNE;
avril i863. Lyon; in-8°.
Catalogue des Brevets d'invention; année 1862; n° 10; in-8°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
eurs applications aux Arts et à l'Industrie; 1 2e année, t. XXII, nos 1 /| à 1 7; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; 36e année, nos 38 à 49; in-8°.
Gazelle médicale de Paris; 33e année, t. XVIII, nos 1 4 à 17; in-/}0.
Gazelle médicale d'Orient; 6e année, mars i863 ; in-4°.
Journal d'Agriculture pratique; 27e année, i863, nos 7 et 8; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4e série,
avril i863;in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. IX, mars
1 863 ; 111-80.
Journal de Pharmacie et de Chimie; 22e année, t. XLI, avril 1 863 ;
in-8°.
Journal des Vétérinaires du Midi ; 26e année, t. VI, avril i8G3; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, nos 9,
10 et 1 1 ; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; 2e série, février 1 863;
in-4".
Journal de Médecine vétérinaire militaire; t. I, avril 1 863 ; in-8°.
Journal des fabricants de sucre; 3e année, nos 5o et 52; 4e année, nos 1 et 2;
in-4°.
Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications aux
Arts et à l'Industrie; 1" année, t. I, livraisons 8 à 1 1; in-8°.
La Culture; 4e année, t. IV, nos 19 et 20; in-8°.
L'Agriculteur praticien; 3e série, t. IV, n° i3; in-8°.
L'Art médical ; if année, t. XVII, avril i863; in-8°.
L'Abeille médicale; 20e année; n09 14, i5 et 16; in-4°.
L'Art dentaire; 7e année, nouvelle série; avril 1 863 ; in-8°.
La Lumière; i3e année, n° G; in-4°.
La Science pittoresque ; 7e année; n08 49 à 52; in-4°.
La Science pour tous; 8e année; nos 18 à 21; in-4°.
La Médecine contemporaine; 5e année, nos 6 et 7; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie; 3e année, nos 2 et 3 ; in-4°-
( 883 )
Le Gaz; 7e année, n° 2; in-4°-
Le Technologiste ; iff année, avril 1 863 ; in-8°.
L'Europe... Journal français de Francfort; 71e année, nos io3, 110 et
117; in-4°.
Magasin pittoresque; 3ie année ; avril 1 863 ; in-4°.
Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; 6e année, t. X; avril
i863; in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d' Astronomie de Londres;
vol. XXIII, n°5; in-12.
Nouvelles Annales de Mathématiques; 2e série; avril i863;in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; année 1 863, t. Ier, n°9 7 et 8 ; in-8°.
Pharmaceutical Journal and Transactions ; 2e série, vol. IV; n° 10; in-8°.
Revue maritime et coloniale; t. VII, avril i863; in-8°.
Répertoire de Pharmacie ; t. XIX; avril i863; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; 3oe année, nos 7 et 8; in-8°.
Revista de obras publicas. Madrid ; t. XI, nos 7 et 8; in-4°.
Revue de Sériciculture comparée ; nos 1, 2 et 3; in-8°.
ERRATA.
(Séance du 20 avril 1 863. )
Page 763, ire ligne où on lit : l'électrode négatif a acquis un pouvoir de... il faut lire :
l'électrode positif a acquis un pouvoir de....
(Séance du 27 avril i863.)
Page 83o, ligne 3 « N° 2 : Fonte sulfurée refondue avec 6 pour 100 de manganèse i,i5...»
Au lieu de 1,1 5, lisez 0,1 5.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 MAI 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PALÉONTOLOGIE. — Note sur deux articulations ginglpndidales nouvelles exis-
tant chez le Gljrptodon, la première entre la deuxième et la troisième vertèbre
dorsale, la seconde entre la première et la deuxième pièce du sternum;
par M. Serres.
« La multiplicité des os qui composent la colonne vertébrale de l'homme
et des mammifères, rend nécessairement très-nombreuses les articulations
de cette partie du tronc. Ces articulations, destinées à en faciliter les mou-
vements, peuvent se considérer sous deux rapports :
» I. Il en est de générales qui sont les mêmes pour toutes les vertèbres,
et qui unissent le corps des vertèbres, leurs lames et leurs apophyses arti-
culaires et épineuses.
» II. Il en est de particulières, qui s'écartent entièrement de la disposi-
tion des précédentes, et qui toutes sont relatives aux mouvements de la tête
sur le tronc; ce sont :
» i° L'articulation de l'occipital avec l'atlas;
» 2° Celle de l'atlas avec l'axis ;
» 3° Celle de ces deux vertèbres entre elles.
» En dehors de ces articulations spéciales, la colonne vertébrale des
mammifères n'est mobile sur aucun autre point de son étendue.
C. R., 1863, i« Semestre. (T. LVI, N» 19.) 1 l6
( 886 )
» l ne exception 1res- remarquable à cette l'ègle générale se rencontre
chez le glyptodon, et c'est sur cette particularité si insolite chez les mammi-
fères cpie nous désirons fixer l'attention des anatomistes.
» Chez cet animal fossile, de la famille des édentés, animal déjà si singu-
lier par la vaste carapace qui le recouvre presque entièrement, il existe
une articulation ginglymoïdale entre la deuxième et la troisième vertèbre
dorsale, articulation qui permettait un mouvement de flexion de la région
cervicale et de la tète sur cette partie de la colonne vertébrale.
» Les surfaces de cette articulation si insolite sont disposées de la ma-
nière qui suit : en avant, et sur le bord de la lame vertébrale de la troisième
vertèbre dorsale, on remarque, à droite et à gauche de la ligne médiane,
une surface lisse, ovalaire, légèrement convexe, de 4 centimètres de long
transversalement, sur 3 centimètres de large. Dans l'état frais, ces deux sur-
faces étaient vraisemblablement revêtues d'un cartilage d'incrustation, des-
tiné à favoriser le glissement de la lame concave de la surface articulaire de
la deuxième vertèbre dorsale. Cette lame articulaire, située sur le bord pos-
térieur de la lame vertébrale, était double; il y en a une à droite et l'autre
à gauche de la ligne médiane, et leurs concavités s'emboîtent exactement
sur les convexités articulaires de la vertèbre précédente. Vraisemblable-
ment un ligament jaune unissait les deux vertèbres et s'insérait à la base
de l'apophyse épineuse de la deuxième vertèbre dorsale, apophyse épi-
neuse dont le volume énorme résulte de l'ankylose de ces deux vertèbres (i)
dans leur partie postérieure.
•■ L'articulation brièvement décrite, essayons d'apprécier son action, lin
mécanique animale l'usage se joint toujoursà l'utilité. Or, chez le glyptodon.
cette utilité paraîtra évidente, si on considère que dans les actes de la vie
ordinaire la tète et le col de l'animal, quoique garantis en haut par une
plaque dernioïde de la même nature que celle de la carapace, néanmoins
la plus grande partie de ces régions fût restée exposée aux attaques des
autres animaux, si le glyptodon n'avait eu la faculté de la soustraire à leur
action. H est donc vraisemblable qu'au moment du danger, peut-être nieu;i'
que, dans le repos ou le sommeil, le glyptodon fléchissait le col pour
ramener la tète sous la coupole de la carapace; ainsi abrité il se trouvait sous
( i ) C'est en rassemblant et en coordonnant avec M. Merlieu les pièces osseuses de la colonne
rerlébrale du glyptodon, pour en monter le squelette, que M. le docteur Sénéchal, anatomiste
distingue, découvrit cette articulation ginglymoïdale, dont il trouva deux exemples apparte-
nant à deux individus de grandeur différente.
( 887 !
une tente inattaquable, car, d'une part, la queue qui la déborde en arrière
est elle-même revêtue d'un fourreau épineux d'une résistance à toute
épreuve, et d'autre part, en se fléchissant, la tête se recouvrait entièrement
du casque solide qui in protège. Il est à remarquer, en effet, que par sa dis-
position, ce casque semble une espèce d'opercule, destiné à clore en avant
la chambre dans laquelle le glyptodon était renfermé.
» Tant de précautions prises par la nature pour protéger cet animal
étaient nécessitées par la lourdeur de son habitation, qui le mettait bors
d'état de se soustraire par la fuite à un danger qui l'eût menacé.
» Si, par la disposition des surfaces de l'articulation vertébro-dorsaie du
glyptodon, dont nous avons deux exemplaires sous les veux, nul doute ne
pouvait s'élever relativement au mouvement de flexion dont elle était le
siège, il n'en fut plus de même lorsque nous cherchâmes à nous rendre
compte de son effet relativement aux viscères contenus dans la partie su-
périeure de la cavité du thorax. On sait que chez tous les mammifères
vivants, la cavité du thorax qui correspond à la troisième vertèbre dorsale
est occupée, d'une part, par le lobe supérieur du poumon de chaque côté,
et loge au milieu la base du cœur, à laquelle aboutissent d'une part les gros
troncs veineux qui ramènent le sang de toutes les parties de l'organisme, et
d'autre part le gros tronc, aortique qui projette ce fluide dans foutes les
parties du corps.
» Comment ces viscères pouvaient-ils s'accommoder d'une flexion s'o-
péiant sur cette partie du thorax sans être comprimés et sans gêner par
conséquent l'entrée de l'air dans le lobe supérieur du poumon, de même
que l'arrivée et la sortie du fluide sanguin dans les cavités du cœur? L'or-
ganisation tles mammifères vivants ne présente aucune donnée pour ré-
soudre cette question. Nous croyons en avoir trouvé la solution dans une
particularité de structure du sternum du glyptodon. En effet, la pièce supé-
rieure du sternum de cet animal fossile, ankylosée chez l'adulte avec l'extré
mité sternale de la première côte, offre dans son bord inférieur une double
facette articulaire concave, qui lui servait de moyen d'union avec la grande
pièce inférieure du même os, qui doit offrir deux surfaces convexes s'adap-
tant avec les deux précédentes pour permettre le mouvement de flexion
indiqué. Cette articulation sternale, qui n'a rien d'analogue chez les mam-
mifères vivants, correspond à l'articulation vertébrale, et sa présence avait
pour effet de permettre une flexion de la pièce supérieure du sternum sur
sa pièce inférieure; mouvement de flexion qui, concordant avec celui de la
colonne vertébrale, agissait sur les médiastins antérieur et postérieur sans
116..
( 888 )
compromettre l'action des viscères logés clans la partie supérieure de la
poitrine.
» Au reste, on conçoit que l'articulation ginglymoïdale de la colonne
vertébrale et celle de l'articulation de la première pièce du sternum sur la
seconde étaient nécessairement solidaires l'une de l'autre; sans la seconde,
la première eût été sans effet : il y avait donc là chez le glyptodon une
double articulation insolite chez les mammifères vivants, prévue par la na-
ture pour sauvegarder l'animal. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Nouvelle méthode pour graduer les aréomètres à
degrés égaux destinés aux liquides plus pesants que l'eau, comme les pèse-
acides et les pèse-sels de Baume; par M. Pocillet.
« Dans un Mémoire sur les densités de l'alcool et des mélanges alcoo-
liques que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie en 1839 et qui se
trouve imprimé dans le tome XXX de nos Mémoires, j'avais été conduit à
examiner la question des aréomètres et les causes de leurs discordances. Ces
instruments, on le sait, se divisent en deux catégories : l'une destinée aux
liquides plus légers que l'eau, l'autre aux liquides plus pesants que l'eau,
savoir : les acides, les dissolutions salines, les sirops, etc.
» Sur ces deux points j'étais arrivé à cette conclusion : qu'en suivant les
procédés admis jusqu'à présent pour graduer les aréomètres, il y avait peu
de chances de remédier aux imperfections dont se plaignent à la fois la
science et l'industrie; je proposais donc une nouvelle méthode de graduation
fondée sur d'autres principes, qui me semblait praticable pour tous les con-
structeurs, et propre à donner des instruments fidèles et véritablement
comparables.
» A cette époque je m'étais surtout occupé des instruments de la première
catégorie, parce qu'ils se trouvaient plus étroitement liés à mon sujet ; ce-
pendant il me restait peu de chose à faire sur les aréomètres de la seconde
catégorie pour montrer que non-seulement cette méthode s'y applique avec
de grands avantages, mais qu'elle en simplifie la construction d'une manière
remarquable. Détourné par d'autres recherches, ce n'est que depuis quel-
ques semaines que j'ai eu l'opportunité de reprendre ce travail, et je m'em-
presse de le présenter à l'Académie comme un complément de mon Mémoire
de 1859.
» Quand il s'agit d'aréomètres à degrés égaux destinés à marquer les
densités supérieures à celle de l'eau, la relation qui existe entre les densités
(88g)
et les degrés aréométriques est exprimée par la formule
d d étant la densité,
» n le nombre des degrés,
» a une quantité constante.
» La valeur de a est la base de la graduation ; elle est tout à fait arbitraire
en ce sens qu'elle dépend des conventions que l'on adopte. En prenant la
densité de l'eau pour unité, le degré zéro de l'instrument doit être écrit sur
la tige au point où elle est coupée par la surface de niveau ou de flottaison,
quand l'aréomètre est en équilibre dans l'eau distillée à la température
de i5° , qui est généralement admise pour ces sortes d'instruments.
» Mais cette convention ne suffit pas, il en faut une seconde pour déter-
miner la valeur de a.
» Baume avait proposé de marquer le i5e degré de son aréomètre au
point de la tige qui affleure le niveau quand l'instrument s'est mis en équi-
libre dans une dissolution composée, en poids, de 85 parties d'eau et de
i5 parties de sel marin; de diviser en i5 parties égales la longueur de la
tige comprise entre les deux affleurements de l'eau et de la dissolution
salée, et de continuer ensuite ces divisions sur la tige supposée cylin-
drique.
« Cette dernière convention paraît d'abord beaucoup plus simple qu'elle
ne l'est en réalité; le sel marin est loin d'être identique à lui-même, plusieurs
éléments étrangers s'y associent au chlorure de sodium en diverses propor-
tions, et la dissolution salée dont il s'agit prend, suivant les circonstances,
des densités notablement différentes.
» Il faut remarquer, de plus, qu'un seul millième de variation dans cette
densité, qui est à peu près 1,109, fait varier la valeur de a de plus d'une
unité, d'où il suit qu'en suivant fidèlement les prescriptions de Baume le
même constructeur peut fabriquer, à quelques jours d'intervalle, des in-
struments dont la constante a diffère peut-être de 4 ou 5 unités.
» Or, deux appareils parfaitement gradués, l'un avec une constante a
égale, par exemple, à i5a,62, comme elle serait pour une dissolution salée
de densité 1,10g, l'autre avec une constante a égale à 148,93, comme elle
serait pour une dissolution salée de densité 1,112, se trouveraient en désac-
cord presque de 20 lorsqu'on les plongerait dans le même liquide marquant
environ 700 aréométriques.
( 89o )
» Les difficultés de la graduation tiennent donc essentiellement au choix
du deuxième liquide et aux variations de densité que ce liquide type peut
éprouver accidentellement par une foule de causes.
» On a fait bien des tentatives pour remplacer la dissolution de Baume
par d'autres liquides, mais on ne gagne rien ou presque rien à ces change-
ments; la difficulté semble inhérente à la nature même des choses. Il arrive
en effet que les liquides auxquels on peut avoir recours pour cette opéra-
tion, acides, dissolutions salines, ou autres composés, changent rapide-
ment de densité par le seul contact de l'air, les uns à cause de la volatilité
de quelques éléments, les autres à cause de leur vive action hygroscopique ;
s;uis compter qu'il est toujours extrêmement difficile de les avoir purs et
identiques à eux-mêmes, parce qu'ils dissolvent un grand nombre de corps
étrangers à leur composition propre.
» On se plaint beaucoup des constructeurs parce que leurs aréomètres
sont rarement bons; mais tout en admettant cette vérité comme incontes-
table, je suis loin de m'associer aux critiques qu'on leur adresse. Il ne faut
pas juger le fabricant d'un produit médiocre sans apprécier les difficultés
qu'il aurait à vaincre pour le rendre meilleur ; or, en tenant compte de ces
difficultés, au lieu de condamner les constructeurs d'aréomètres, je serais
plutôt disposé de les féliciter de ne pas foire plus mal, tant il y a d'obstacles
sur la voie qui leur a été ouverte et qu'ils sont obligés de suivre.
» Pour échapper à tous ces embarras, ils essayent volontiers de fabriquer
un étalon auquel ils donnent tous les soins possibles et dont ils se servent
ensuite pour marquer les degrés extrêmes sur les aréomètres à graduer.
Mais si cet étalon porte le zéro de l'échelle, ses degrés ne peuvent avoir
qu'une petite longueur, et les erreurs de comparaison deviennent considé-
rables ; si, an contraire, il ne porte pas le zéro, il a fallu, pour le faire, re-
courir à deux liquides plus denses que l'eau, et les chances d'erreur sont en
quelque sorte doublées. Dans les deux cas on a à redouter l'erreur originelle
de l'étalon lui-même et l'erreur de comparaison avec les aréomètres dont
il devient le type.
» Au reste, la grande abondance des aréomètres défectueux que l'on
trouve dans le commerce semble être une preuve de fait que l'étalon ne
donne pas une véritable garantie.
» La nouvelle méthode de graduation que je propose est expliquée dans
1p Mémoire avec tous les développements théoriques et pratiques dont elle
m'a paru avoir besoin ; les formules et les tables calculées qui en foui
essentiellement partie n'étant pas de nature à trouver place dans cet extrait.
( 89> )
je me borne à résumer ici en peu de mots les caractères clistinctifs de cette
méthode :
» i° Elle n'admet que l'eau distillée pour marquer les degrés de l'aréo-
mètre ; ainsi elle exclut les erreurs provenant de l'intervention d'un second
liquide plus dense que l'eau ;
» 2° Elle donne à l'instrument des formes régulières que le souifleur
obtient sans peine et cpii permettent de résoudre à coup sûr les problèmes
les plus importants de l'aréométrie, problèmes dont la solution restait très-
incertaine et ne pouvait se chercher que par de longs et pénibles tâtonne-
ments ;
» 3° Elle est en même temps une méthode directe de vérification [joui
les aréomètres de toute espèce, à la seule condition que l'on connaisse les
densités qui se rapportent aux degrés que l'on veut soumettre à la vérifi-
cation. ■>
CH IM1E. — De la densité des vapeurs à des températures très-élevées;
par MM. H. Sainte-Claire Deville et Titoosr.
« L'étude des analogies que présentent entre eux les corps simples ou
composés a fait d'immenses progrès depuis que la loi des volumes de
Gay-Lussac nous a permis d'établir un nouveau système de comparaison
auquel on attribue chaque jour une plus grande importance. M. Dumas,
en créant de fécondes méthodes expérimentales, a contribué à donner à la
loi des volumes une généralité qui lui manquait dans les premiers temps île
sa découverte et que les recherches de M. Mitscherlich ont encore agrandie.
Quelques substances cependant semblaient échapper à la règle établie, non
pas à cause de la densité de vapeur que l'observation leur assignait : car,
chose étrange, le hasard a voulu que ces densités de vapeur eussent, avec
les nombres théoriques, un rapport simple; mais à cause de ce rapport
lui-même qui n'était pas celui auquel on devait s'attendre.
» M. Cahours, en faisant voir la variabilité, entre certaines limites, de la
densité de vapeur avec la température, a, le premier, établi la règle que
nous suivons aujourd'hui et qui nous force à expérimenter à une tempéra-
ture assez haute par rapport au point d'ébullition des liquides vaporisables
pour que la densité, des corps à l'état gazeux devienne fixe désormais. Le
progrès déterminé par cette donnée nouvelle a été considérable, et l'on a vu
peu à peu toutes les densités de vapeur rentrer dans la loi des rapports
simples que Gay-Lussac, M. Dumas et M. Mitscherlich avaient établie pour
un grand nombre de substances.
(«9* )
« Le soufre pourtant offrait une exception ; pour la faire disparaître, il
fallait trouver des méthodes sûres qui permissent de déterminer les densités
de vapeur à haute température. C'est ce progrès que nous avons essayé
de réaliser en reculant la limite des températures auxquelles on peut opérer
jusqu'au point d'ébullition du zinc fixé par nous à io4o°.
» Les principes de cette méthode, que nous avons publiée dans les Annales
de Chimie et de Physique (3e série, t. LVIII, p. iS'j), ont reçu déjà de nom-
breuses applications. Nous rappellerons seulement que nous avons comparé
à des températures fixes et déterminées par l'ébullition de liquides divers
les poids de volumes égaux des vapeurs d'iode et du corps mis en expé-
rience.
» Les liquides employés par nous jusqu'ici sont le mercure, le soufre, le
cadmium et le zinc : leurs points d'ébullition (dont nous n'avions d'ail-
leurs pas besoin ) ont été fixés par nos prédécesseurs et par nous à 35o°
(M. Regnault) pour le mercure, à 44°° (M- Dumas et nous ensuite) pour
le soufre (i), à 86o° pour le cadmium et io4o° pour le zinc.
» Mais ces températures ne suffisent pas encore pour un bien grand
nombre de substances, et les ballons de porcelaine (2) dont nous nous ser-
vons peuvent supporter sans se déformer l'action d'une chaleur bien plus
intense.
» Nous opérons alors dans une moufle construite avec des soins parti-
culiers et placée dans un fourneau de forme telle, que nous pouvons porter
partout sa température à très-peu près au même degré. Le combustible que
nous employons est très-dense, c'est le charbon des cornues à gaz : il déve-
loppe une chaleur considérable, et la maintient presque constante à cause
de sa masse qui est très-grande. Nous décrivons dans notre Mémoire la
forme et la dimension de ces appareils dont l'emploi est des plus faciles.
» Deux ballons de porcelaine contenant de l'air sec, tarés avec leurs
(1) M. Regnault a trouvé tout récemment 447°>7 Pour 'e point d'ébullition du soufre. Ce
chiffre ne change en rien nos densités c|tii en sont indépendantes; mais dans le cas où quel-
ques corrections exigent l'emploi de cette température, comme elle est une fonction du coeffi-
cient de dilatation de notre verre, lequel nous est encore inconnu, nous conservons notre
chiffre, en admettant, non pas qu'il est plus correct, mais qu'il convient aux circonstances
dans lesquelles nous avons opéré.
(2) Nous devons beaucoup à l'obligeance de M. Gosse, de Bayeux, qui nous a fourni des
vases en excellente porcelaine fabriqués avec le plus grand soin et présentant les formes les
plus variées.
( 893 )
petits bouchons ( i ) et enveloppés d'une lame de platine qui prévient les
adhérences du vernis avec les parois terreuses de la moufle, sont placés symé-
triquement dans cette moufle. L'un contient la substance en expérience,
l'autre contient de l'iode ou seulement de l'air sec. Ces deux ballons faits
dans le même moule ont sensiblement le même volume. Lorsqu'ils sont arri-
vés à la température voulue, on les ferme tous les deux à la fois au moyen
du chalumeau à gaz tonnants, en prenant les précautions déjà décrites dans
notre Mémoire auquel nous renvoyons pour tous les détails qui concernent
la pesée des matières, la mesure des gaz ou des volumes et le calcul des
résultats de l'expérience.
» Nous allons donner les nombres fournis par nos expériences en les
comparant aux densités de vapeur théoriques calculées en effectuant le pro-
duit de la densité de l'hydrogène 0,0693 par l'équivalent du corps simple
ou composé que l'on considère. Quand ce produit doit être doublé pour
devenir égal ou à peu près égal à la densité observée, on dit que l'équiva-
lent représente un volume de vapeur. Quand ce produit doit être multiplié
par 1, -|, ^, on dit que l'équivalent représente 2, 4 ou 8 volumes de vapeur.
Pour ces comparaisons nous nous sommes servis des équivalents chimiques
tels qu'ils sont rapportés clans presque tous les livres classiques et répandus
dans l'enseignement. On peut à volonté, et on l'a fait sourtout dans ces
derniers temps, doubler ou même quadrupler l'équivalent d'un corps pour
représenter, dans un système particulier d'explications, ses analogies avec
les corps qui l'avoisinent : or ces changements sont fondés sur des consi-
dérations théoriques très-souvent plausibles, souvent suffisantes, mais aux-
quelles il manque toujours d'être nécessaires.
" Nous avons donc rapporté nos résultats en employant le langage clas-
sique et les formes généralement adoptées dans l'enseignement, notre sujet
se rapportant d'ailleurs aux phénomènes sur lesquels sont établis les prin-
cipes fondamentaux de la science.
i° Corps dont l'équivalent représente i volume de vapeur.
Densité
Température. Observée. Calculée
o
Oxygène (2) o i,io56 1,1082
Soufre 860 2,23 2,22
( 1) Voir Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LVIII, p. 273.
(2) M. Dumas et M. Regnault.
C. R, i8G3, Ier Semrslrc. { T. LVI, N° 19.) 117
( 8g4 )
Densité
Température. Observée. Calculée.
o
Soufre io4o 2,23 2,22
Sélénium i42° 5,68 5,54
Tellure 1390 9,00 8,93
Tellure i439 9>°8 8,g3
Phosphore vers 5oo ( 1 ) 4>35 4>29
Phosphore 1 o4o 4 1 5o 4 > 29
Arsenic vers 564(2) io,6 10, 38
Arsenic 860 10,20 10, 38
» Il est intéressant de voir la famille de l'oxygène ne compter que des
corps qui représentent un volume de vapeur. Deux d'entre eux, le soufre
et le sélénium, présentent en outre cette singulière propriété d'avoir une den-
sité de vapeur, ou, ce qui revient au même, un coefficient de dilatation à
l'état de vapeur très-rapidement variable entre certaines limites avec la tem-
pérature. Voici des nombres qui nous ont servi à constater le fait de cette
variation pour le sélénium et nous permettront plus tard, en les complétant,
d'en déterminer la loi.
Densité
Température. Observée. Calculée. Rapports.
86o° 7,6; 5,54 !
io4o 6,37 » I
1420 5.68
1 0 ?
1 et
» Nous n'avons pu, faute de matière bien pure, constater cette variabilité
sur le tellure, en opérant à des températures plus basses que celles auxquelles
nous avons expérimenté. Il sera aussi très-curieux de rechercher si, aux tem-
pératures basses que l'on peut produire aujourd'hui, le coefficient de dila-
tation de l'oxygène augmente et, en ce cas, avec quelle rapidité.
2° Corps dont l'équivalent représente 2 volumes.
Température. Densité observée.
0
Chlorure de tantale 35o 9,6
Chlorure de niobium 35o IO>9
( 1 ) M. Dumas ne parle pas dans son Mémoire de cette température : c'est sans doute au-
dessous de 5oo°.
(2) M. Mitscherlich.
(895 )
3° Corps dont l'équivalent représente 4 volumes.
Dens
ne
Température. Observée. Calculée,
o
Sulfhydrate neutre d'ammoniaque 99>5 ! ,26 1,18
Acide sulfurique monohydraté 44° ' '74 ■ >7°
» Le sulfhydrate neutre d'ammoniaque est composé de 4 volumes d'am-
moniaque et de 2 volumes d'acide sulfhydrique. D'après la règle de Gay-
Lussac, ces volumes doivent se condenser en 4» ce que l'expérience confirme,
comme on le voit.
4° Corps dont l'équivalent représente 8 volumes.
Densité
Température. Observée. Calculée,
o
Chlorhydrate d'ammoniaque 35o 1,01 0i9^
Chlorhydrate d'ammoniaque io4o 1 ,00 »
Bromhydrate d'ammoniaque 44° t ,67 1 ,70
Bromhydrate d'ammoniaque 860 1 ,7 1 »
Iodhydrate d'ammoniaque. 44° 2)5g 2,5o
Iodhydrate d'ammoniaque 860 2,78 »
Bisulfhydrate d'ammoniaque 56, 7 0.89 0,88
Cyanhydrate d'ammoniaque 100 °'79 °i76
Chlorhydrate d'éthylamine 35o ' i44 ' >4'
Chlorhydrate d'aniline (1) 35o 2''9 ' >83
Chlorure d'ammonium et de mercure ClHg,
ClAzH' 44o 3,5o 3,25
» Toutes les substances complexes qui donnent 8 volumes de vapeur sont
composées avec 4 volumes de l'un des éléments combinés avec 4 volumes
de l'autre (en y comprenant le perchlorure de phosphore, si on admet l'in-
génieuse hypothèse de M. Cahours). On a supposé dans ces derniers temps
que ces substances correspondaient réellement à 4 volumes, mais que leurs
éléments se séparaient au moment où l'on en prenait la densité de vapeur
qui dès lors ne représenterait 8 volumes qu'en apparence. Nous avons cru
devoir faire quelques expériences pour démontrer le peu de fondement de
cette hypothèse devenue d'ailleurs inadmissible depuis la publication de
quelques faits incompatibles avec elle (Comptes rendus, t. LVI, p. 733).
» i° Le chlorhydrate d'ammoniaque ne se décompose pas à une tempé-
(1 ) Et sans doute les sels analogues.
II7..
(896)
rature où l'ammoniaque est déjà en grande partie décomposée. Deux tubes
de porcelaine, l'un bouché à l'une de ses extrémités et contenant du sel
ammoniac, l'autre traversé par un courant d'ammoniaque, et chauffés tous
deux côte à côte dans un même fourneau, nous ont servi à démontrer cette
proposition. Pendant que la vapeur du sel ammoniac ne manifestait aucune
trace de décomposition, les gaz sortant du tube traversé par l'ammoniaque
contenaient :
Ammoniaque non décomposée. ...... 53,2
Azote et hydrogène 4^>8
ioo ,o
» Lorsque la température a été convenablement augmentée, le tube à sel
ammoniac a laissé dégager des gaz composés de :
Observé. Caltule.
Acide chlorhydriqiie 32, o 32,2
Hydrogène 49 >4 5° » '
Azote 18,6 16,7
ioo,o ioo,o
Au même moment le gaz ammoniac était décomposé dans les proportions
suivantes :
Gaz ammoniac 24 , 2
Hydrogène et azote 75,8
ioo,o
La température doit être alors voisine de i ioo°, car en essayant de prendre
la densité du chlorhydrate d'ammoniaque, nous avons les résultats suivants :
Capacité Gaz Sel ammoniac
Température. du ballon, resté dans le ballon, resté dans la vapeur.
o ce ce
A io^5 3o3,o 3o,o
B 1080 3oc),« 36,i 25pourioo.
» Les gaz restés dans les ballons avaient la composition suivante :
Observe.
A B Calculé.
Hydrogène 49 "5>'?- 7^»°
Azote 49 24>8 -5,o
Oxygène 2 «
ioo too,o 100,0
» Nous avons de plus constaté qu'un mélange d'acide chlorbydrique.
( «97 )
d'azote et d'hydrogène gazeux passant au travers d'un tube porté au rouge
sombre, même quand on y met de la mousse de platine, ne produit pas de
sel ammoniac.
» Il est donc impossible d'admettre que le sel ammoniac se soit décom-
posé, puis reconstitué dans nos ballons.
» Des expériences semblables faites sur le bromhydrate et l'iodhydrate
d'ammoniaque conduisent au même résultat.
» 20 Le cyanhydrate d'ammoniaque qui se forme aux températures les
plus élevées par le contact de l'ammoniaque et du charbon possède à ioo°
8 volumes; s'il se décomposait d'ailleurs, il ne produirait pas un mélange
d'acide cyanhydrique et d'ammoniaque, qui l'un et l'autre se détruisent bien
avant le cyanhydrate (i).
» 3° Le chlorhydrate d'éthylamine s'est décomposé en très-petites pro-
portions en éther chlorhydrique et ammoniaque dans nos ballons (expé-
rience faite avec la participation de M. Berthelot). Ces gaz ne se recombinent
pas dans les circonstances où nous sommes placés.
» Nos expériences serviront sans doute à montrer l'importance de la loi
de Gay-Lussac et son immense généralité, à faire voir quelle heureuse
influence a exercé sur les doctrines chimiques l'introduction des méthodes
si pratiques de M. Dumas et du procédé de M. Mitscherlich que nous avons
imités le plus possible. Les conséquences des observations si précises de
M. Cahours se trouvent inscrites à chaque page dans cette communication :
les nombres que nous avons trouvés les confirment intégralement. En
outre, la règle de Gay-Lussac sur la contraction des corps composés, cal-
culée d'après le rapport des volumes des gaz qui se combinent, en recevra
plus de généralité. Enfin nous croyons que le véritable progrès de la science
consistera à faire rentrer dans cette règle les rares exceptions qu'elle pré-
(i) L'acide cyanhvdriqne se résout au rouge sombre en un mélange de cyanogène et d'hy-
drogène avec un petit dépôt de charbon dans le tube en porcelaine où l'on fait l'expérience.
Quand, au moyen de la potasse, on sépare le cyanogène du mélange gazeux, on trouve rpie le
résidu se compose de :
Hydrogène... 9li3 83. 7
Azote 8,7 i6,3
100,0 ioo,o
la quantité d'azote augmentant avec la température à laquelle on recueille les gaz.
(898)
sente encore, en multipliant et en étudiant avec persévérance les faits qui se
rattachent à l'histoire des volumes des combinaisons chimiques.
» Nous n'avons parlé dans cet extrait que des découvertes de nos
devanciers qui ont traité comme nous la question au point de vue purement
chimique. Mais nos expériences et les conclusions que nous en avons tirées
ont une liaison étroite avec les belles expériences et les vues nouvelles intro-
duites dans la science par M. Regnault, auquel on doit la fixation de la
plupart des constantes qui entrent dans nos calculs, et les notions les plus
précises sur la manière dont le volume des gaz varie avec la température et
la pression. La manière dont il a interprété les irrégularités qu'il a décou-
vertes dans les lois de Gay-Lussac et de Mariotte lui ont servi à expliquer
les irrégularités que présentent les densités de vapeur dans les circon-
stances de température et de pression que nous avons étudiées dans ce Mé-
moire et dans nos Mémoires précédents. »
M. Flourens présente, au nom de M. Owen, deux Mémoires publiés par
le savant zoologiste et ayant pour titre, l'un : « Monographie de l'Aye-Aye
de Madagascar », l'autre : « Étude ostéologique pour servir à l'histoire na-
turelle des singes anthropoïdes ». {Voir au Bulletin bibliographique.)
M. Flourens présente encore, également au nom de l'auteur, une Note de
M. Gervais « sur les notions relatives aux Céphalopodes consignées dans
l'Histoire des animaux d'Aristote », avec un Appendice sur le grand Calmar
de la Méditerranée et un Tableau d'une classification générale des animaux >■ .
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Hussox adresse un nouveau Mémoire « sur la quantité d'air indis-
pensable à la respiration durant le sommeil ».
Ce travail, qui résume et complète deux précédentes communications de
l'auteur, séances du 19 janvier et du 1 mars i863, est renvoyé à l'examen
des Commissaires alors désignés: MM. Payen et Longet.
M. Poulet soumet au jugement de l'Académie deux Mémoires : l'un sur
la maladie de la vigne et la maladie de la pomme de terre, considérées dans
leurs rapports avec certains phénomènes météorologiques, l'autre sur le
double mouvement de la sève et sur les causes de cette circulation.
Ces deux pièces sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée
de MM. Brongniart, Decaisne et Duchartre.
( 899)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre delà Marine adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut,
le numéro de mai de la Revue Maritime et Coloniale.
M. le Ministre d'Etat autorise l'Académie à prélever sur les fonds restés
disponibles une somme de "j^o francs, pour couvrir une dépense nécessaire
à l'exécution de recherches scientifiques qu'elle avait provoquées.
M. le Ministre d'État transmet l'ampliation d'un décret rendu sur sa
proposition, en date du 6 mai courant, à l'effet d'autoriser l'Académie à
accepter le legs d'une rente de 1000 francs instituée par feu M. le DT Godard,
pour la fondation d'un prix qui sera décerné chaque année à l'auteur du
meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des
organes urinaires.
M. le Secrétaire perpétuel, après avoir donné lecture de ce décret,
communique une Lettre de M. Ch. Robin, professeur à la Faculté de Méde-
cine et exécuteur testamentaire de feu M. Ern. Godard, qui, au nom de la
famille du défunt, annonce que le capital de cette rente de iooo francs sera
à la disposition de 1 Académie du moment où elle aura reçu de l'État l'au-
torisation d'accepter le legs.
M. le Secrétaire perpétdel présente au nom de l'auteur, M. Joly, pro-
fesseur à la Faculté des Sciences de Toulouse, un « Éloge historique de
M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire ».
M. Flourens lit, en second lieu, l'extrait suivant d'une Lettre de M. Joly,
concernant un œuf de poule monstrueux.
«... Cet œuf pesait 1 1 5 grammes; sa grande circonférence mesu-
rait om,2io; la petite om, ig5. Il était revêtu d'une coque calcaire, à pôles
très-obtus. A l'un des pôles, celui qui correspond au gros bout de l'œuf,
était fixée ou plutôt articulée une sorte d'opercule conique, creux à l'inté-
rieur, et percé à son sommet d'une ouverture par laquelle s'échappait un
cordon albumineux, continuation évidente de l'une des chalazes. Outre un
jaune et un blanc plus volumineux qu'à l'état normal, le gros œuf en ren-
fermait un autre à coque épaisse, mais à peine légèrement encroûtée de
substance calcaire. On n'y voyait pas d'albumine, et le jaune était formé
par une masse granuleuse, de couleur orangée, mêlée de stries sanguines.
( 9°° )
Ce petit œuf pesait i3 grammes, ce qui réduit a 102 grammes le poids du
gros œuf, y compris la coque de celui-ci, qui pesait 7 grammes. »
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les ouvrages suivants :
— « Histoire des trois invasions épidémiqnes du choléra-morbus au
Havre, en i832, 1848-1849 et 1 853-1 854 »; par M. Lecadre.
— « Guide de l'Asthmatique. Nature de l'asthme, ses complications,
son traitement rationnel »> ; par M. Berger.
— « La Térabdelle, ou machine pneumatique opérant à volonté la sai-
gnée locale et la révulsion aux principales régions du corps humain » ; par
M. Damoiseau.
— « La Science populaire, ou Revue du progrès des connaissances et de
leurs applications aux arts et à l'industrie » ; par M. J. Rambosson.
M. Léox Foucault, dans une Lettre adressée à M. le Président, prie
l'Académie de vouloir bien ne plus le compter au nombre des candidats
pour la place vacante dans la Section de Physique.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Recherches sur tes densités de vapeur anomales ,
par M. Aug. Cahours.
.i Dans une Thèse que j'ai présentée au mois de mars 1 845 à la Faculté
des Sciences de Paris, pour obtenir le grade de Docteur, j'ai fait voir que
les vapeurs de certains liquides ne se comportaient à la manière des gaz
permanents qu'à des températures de beaucoup supérieures à celles de leur-
point d'ébullition. Or, lorsqu'on détermine la densité d'une de ces vapeurs
anomales, à partir de la température d'ébullition du liquide qui la fournit
jusqu'à la température à laquelle le nombre qui la représente n'éprouve plus
de variations, il est facile de s'assurer, en effectuant celte détermination à
des intervalles très-rapprochés, qu'il n'existe relativement à cette vapeur,
jusqu'à ce que cette limite soit atteinte, aucun équilibre particulier corres-
pondant à un état défini, mais bien que ces différents points appar-
tiennent à une courbe qui va se rapprochant de plus en plus de l'axe des
abscisses pour lui devenir finalement parallèle et le demeurer jusqu'au
moment où s'opère la dissociation des éléments qui constituent la molécule.
» Cette anomalie, qu'on observe dans les produits les plus divers (corps
\ 901 ï
simples, acides, huiles essentielles, chlorures), paraît indépendante de la
nature des parois des vases qui renferment ces vapeurs, ainsi que j'ai pu
m'en assurer en introduisant des fils et des feuilles de platine dans les vases
destinés à contenir la vapeur; il en est de même pour les ballons argentés
à l'intérieur. Ne pourrait-on pas l'attribuer à ce qu'à des températures rap-
prochées de celle de l'ébuilition du liquide et de sa transformation en un
fluide aériforme une portion de ce liquide reste en dissolution dans la
vapeur et vient par suite augmenter le chiffre qui représente la densité? Cette
proportion de liquide dissous à saturation dans la vapeur, diminuant gra-
duellement à mesure que la température s'élève, finit par disparaître com-
plètement; seulement ce serait à partir de cette limite que la vapeur
obéirait aux lois qui régissent les gaz permanents.
» Un composé défini susceptible de fournir une vapeur anomale étant
donné, nous pouvons nous demander maintenant quelle modification pour-
rait apporter dans la constitution moléculaire de cette vapeur la substitu-
tion de certains éléments à ceux qui forment ce composé. Considérons,
pour fixer nos idées, l'acide acétique dont la vapeur présente cette ano-
malie de la manière la plus frappante.
0 Si nous représentons avec Gerhardt ce composé par la formule
C* H3 O-
H
O2
nous pourrons effectuer à volonté dans cette molécule des substitutions
soit relativement à l'hydrogène du radical acétyle, soit à l'hydrogène ou à
l'oxygène qui sont en dehors de ce radical. Les expériences que j'ai faites à
ce sujet conduisent à cette conclusion : que lorsqu'on substitue dans ce
produit à l'hydrogène en dehors du radical des corps susceptibles d'engen-
drer des composés volatils, les divers dérivés qui résultent de cette substi-
tution ne présentent plus dans leur vapeur d'anomalies semblables à celles
que j'ai signalées relativement à l'acide normal. C'est ainsi que les acétates
de méthyle, d'éthyle, d'amyle et l'acide acétique anhydre lui-même, qui
ne diffère de l'acide normal qu'en ce qu'uu second équivalent d'acétyle
remplace la molécule d'hydrogène en dehors du radical, fournissent des
vapeurs qui rentrent dans la loi commune et se comportent comme de véri-
tables gaz à des températures très-rapprochées de celle de leur ébullition.
C'est ce dont il est facile de se convaincre en jetant les yeux sur le tableau
C. R., iS63, 1" Semestre. (T. LVI,N° J9. ) ll&
( 9°* )
suivant :
Temp. à laquelle
Tempér. a été déterminée la Densité Densité
Noms des composés. d'ébullition. densitédevapeur. trouvée. théorique.
Acétate de méthyle. .. . 58° 77 2,595 2,585
id. d'éthyle 74° 98 3,087 3>°79
id. d'amyle 125° 148 4,602 4,558
i37«ài38° i52 3,673 3,562
» 172 3,58o »
i85 3,563
Acide acétique anhydre. < » _ ,.-.
» 228 3,534 "
» 242 3,487 »
» 255 3,489 »
» Remplace-t-on au contraire une molécule d'hydrogène dans le radical
acéryle, l'anomalie présentée par l'acide normal reparaît de nouveau, mais
d'une manière beaucoup moins marquée, comme on peut s'en convaincre
à l'inspection du tableau suivant :
Temp. à laquelle
Tempér. a été déterminée la Densité Densité
Nom du composé. d ébullition. densitédevapeur. trouvée. théorique.
/ 1880 2o3 3,8io 3,278
I » 208 3,762 »
I • 222 3 55o *
Acide monochloracétique. { , „' , A
1 240 3,44J *
p 261 3,366 »
270 3,283 •
» Remplace-t-on l'oxygène en dehors du radical par un corps analogue
tel que le soufre, l'anomalie se montre beaucoup plus faible, ainsi que j'ai
pu le constater en opérant sur de l'acide thiacétique incolore de la pureté
duquel je m'étais assuré. Mais il est impossible ici de pouvoir tracer la
courbe qui représente la décroissance de la densité jusqu'au moment où elle
devient fixe, en raison de l'altération qu'éprouve cette substance à 4o° à
peine au-dessus de son point d'ébullition. Je me contenterai donc de rap-
porter les nombres que j'ai obtenus jusqu'à la température où l'altération
se manifeste.
Température à laquelle
Température a été déterminée Densité Densité
d'ébullition. la densité de vapeur. trouvée. théorique.
/ 93 à g5 incolore no 2,936 2,634
. \ » incolore n5 2,889 *
Acide thia- ! ..... . ., 0
\ » jaune faiblement roueeatre. i-.it 2,770 »
cetimie. ' ., ,Q '',
I » fluide, rougeatre 100 2,704 *
» rouge-brun i5t 2,864 *
(9o3 )
» Les expériences précédentes démontrent donc de la manière la plus
nette que lorsque, dans la vapeur acétique, on remplace l'hydrogène métal-
lique par un corps de fonction analogue, l'anomalie disparaît, tandis qu'elle
persiste lorsque le remplacement s'effectue relativement à l'hydrogène du
radical. Mais, dans le cas que nous avons considéré, le corps qui se substitue
possédant des propriétés antagonistes de celles du corps qu'il remplace, il
serait intéressant de rechercher si les choses se passeraient encore de la
même manière dans le cas où i équivalent d'hydrogène du radical serait
remplacé par un corps de fonction chimique analogue, tel que le méthyle,
l'éthyle, etc. Malheureusement toutes les tentatives quej'ai faites dans le but
d'engendrer l'acide éthylacétique
C'H^C'H^O2
H
Oa
ont échoué jusqu'à présent, de sorte que je ne saurais dire si le radical
éthyle, qui, substitué à l'hydrogène remplaçabîe par des métaux, détruit
l'anomalie, la détruirait encore en se substituant à l'hydrogène du radical
acétyle. Je me suis assuré que l'acide butyrique fournissait des résultats
analogues à ceux que je viens de rapporter.
» Je passe maintenant à des considérations d'un autre ordre.
» Gay-Lussac, dans ses belles recherches sur les combinaisons gazeuses,
nous a fait voir que, lorsque deux gaz s'unissent à volumes égaux, la com-
binaison considérée sous forme gazeuse nous offre un volume égal à la
somme des gaz qui concourent à la former, tandis qu'on observe toujours
une contraction plus ou moins forte lorsque les gaz s'unissent à volumes
inégaux. On ne connaît que deux exceptions à cette loi, les acides chloro-
carbonique et chlorosulfurique.
» Lorsqu'on met en présence des volumes égaux de gaz chlorhydrique
et de gaz ammoniac, ils s'unissent intégralement, et la combinaison par-
faitement, neutre qui naît de ce contact présente, d'après MM. Mitscherlich
et Sainte-Claire Deville, un volume rigoureusement égal à la somme des
volumes des gaz employés à la former, c'est-à-dire à 8 volumes.
» MM. Cannizzaro, H. Kopp, Pebal, Wanklyn et Robinson attribuent
cette différence à la dissociation des éléments du sel, ce qu'on ne saurait
admettre d'après les belles expériences de M. Sainte-Claire Deville, qui
démontrent que, bien loin qu'il y ait dissociation, le sel ammoniac formé
présente plus de stabilité que l'un de ses deux éléments, le gaz ammoniac.
118..
[ 9°4 )
Ce n'est pas là un fait isolé, et j'ai démontré depuis longtemps que le pet-
chlorure de phosphore, dont la molécule correspond également à 8 volumes
de vapeur, et que j'ai considéré par suite comme résultant de l'union de
volumes égaux de protochlorure de phosphore et de chlore, fournit ces
résultats à des températures hien inférieures à celle à laquelle la dissocia-
tion peut s'opérer.
» Met-on maintenant en présence l'acide chlorhydrique et l'essence de
térébenthine, l'acide chlorhydrique et l'amylène, le caproylène, le caprv-
lène, etc., 4 volumes de ces carbures s'unissent à la manière de l'ammo-
niaque à 4 volumes de gaz chlorhydrique pour former des composés neutres
comme le sel ammoniac; dès lors on devait s'attendre à voir la combinaison
fournir 8 volumes de vapeur. Eh bien, il n'en est rien, et l'expérience m'a
prouvé qu'à la manière de la plupart des composés organiques volatils la
molécule de ces produits correspond à 4 volumes de vapeur. C'est ce dont
on peut s'assurer à l'inspection du tableau suivant :
Température
à laquelle Densité
a été déterminée théorique
Température la densité Densité rapportée
Noms des composés. d'ébullition. de vapeur. trouvée. à \ volumes
Chlorhydrate d'essence de té- | 23t 6,121)
rébenthme j ^ g^ j ™yenne 6,o83 6,o5o
Chlorhydrate d'amylène. .. . 85 à 90 141 3,75o 3, 721
Chlorhydrate de caproylène. 108 à 112 162 4>2^6 4>2,4
Chlorhydrate de . caprylène. . 1 55 à 160 196 5,3 1 1 5,2on
» Or, comment expliquer la différence qu'on observe dans ces deux cas.
si parfaitement semblables et) apparence? Comment la molécule du chlor-
hydrate d'ammoniaque correspond-elle à 8 volumes de vapeur, tandis que
la molécule des chlorhydrates de térébenthine, d'amylène, de caproylène.
de caprylène, correspond à 4 volumes? La réponse me paraît facile.
» Dans le contact du gaz chlorhydrique et du gaz ammoniac, corps
doués de propriétés éminemment antagonistes, mais dans lesquels la satu-
ration est satisfaite, il y a pour ainsi dire simple juxtaposition des deu\
binaires mis en présence, chacun conservant dans la combinaison ses pro-
priétés constitutives. Lorsqu'on met, au contraire, ce même hydracifle en
présence de l'amylène et de ses homologues, dans lesquels le carbone n'a
pas atteint la limite de saturation, il tend à se produire des composés de la
( 9°5 )
forme
C2mH2mX2,
X2 pouvant représenter un corps simple, tel que H2, Cl2, Br2, Cy2,
ou leur équivalent, HCl, HBr, etc. Dans la molécule des composés
engendrés par ce contact, le chlore ou le brome n'y existent plus à l'état
d'acides chlorhydrique ou bromhydrique unis à une matière qui les neu-
tralise, ni sous forme de chlore ou de brome associés à un radical analogue
aux métaux; il y existe en quelque sorte à l'état latent, et ce qui le prouve
d'une manière incontestable, c'est l'inactivité de ces corps à l'égard d'une
solution alcoolique d'azotate d'argent, alors que le sel ammoniac éprouve
une décomposition immédiate avec précipitation de chlorure d'argent. La
désignation de chlorhydrates et de bromhjdrales qu'on applique à ces com-
posés est évidemment impropre; il est plus convenable de les considérer
comme des groupements isomères des éthers chlorhydramilique, bromhy-
dramilique, etc., et n'en différant que par une tendance supérieure à se
scinder en hydracides et en hydrocarbures qui ont concouru à leur
formation.
» L'acide acétique formant avec l'ammoniaque un composé neutre résul-
tant de l'union de volumes égaux de la vapeur acide et du gaz alcalin, je
pensai que la vapeur de ce produit devait correspondre à 8 volumes comme
celle du sel ammoniac. Les expériences que j'ai faites a ce sujet m'ont donné
des nombres complètement en désaccord avec cette hypothèse. Comme ce
sel perd de l'ammoniaque à la distillation et se change en biacétate, il était
assez probable que la densité trouvée devait se rapporter à ce sel ; or il n'en
est rien non plus. Pour résoudre cette question, j'ai chauffé de l'acétate
d'ammoniaque bien cristallisé dans un ballon, au bain d'huile, à une tempé-
rature de 200° environ; la vapeur dégagée présentait tantôt une réaction
alcaline, tantôt une réaction acide; le résidu renfermé dans le ballon était
magnifiquement cristallisé, ne présentait de réaction ni acide, ni alcaline; il
dégageait de l'ammoniaque en abondance lorsqu'on le chauffait avec de la
potasse caustique et bouillait régulièrement sans éprouver d'altération entre
21 8° et 220°. Il représentait tous les caractères de l'acétamide, résultat que
l'analyse a pleinement confirmé. Or, trois nombres concordants obtenus
dans la recherche de la densité de vapeur m'ont donné en moyenne. 2,10
» Le calcul donne pour densité de la vapeur de l'acétamide. . . 2,06
» Les sels ammoniacaux formés par les oxacides fournissent des résultats
semblables; nous ne saurions donc arriver à connaître leur densité sous
(9«6 )
forme gazeuse et sa\oir par suite si leur molécule est comparable à celle des
composés formés par des hydracides. »
GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Des transformations doubles des figures. Transfor-
mation des figures par normales à la sphère réciproques; Note de M. l'abbé
Aoist, présentée par M. Le Verrier.
o Définition. —Soit une sphère dont le centre est en un point donné O,
et dont le rayon est d'une longueur donnée ft; si d'un point a appartenant
à une figure on mène une normale à la sphère, elle la rencontre en deux
points diamétralement opposés a, a, ; si l'on choisit un point A situé sur
cette normale, et satisfaisant à la relation aa X Aa = p.-, le point A est le
point transformé du point a par normales à la sphère réciproques suivant
le carré du rayon. On peut choisir sur la même normale un second point A,
satisfaisant à la relation A, a, -+- aa, = pr; le point A, est un second point
transformé du point a. Ainsi, dans ce système, chaque point de la figure
donnée a deux points correspondants dans la figure transformée. Ces deux
points sont dits conjugués entre eux.
» Propriétés des points correspondants à un point donné. — Si l'on décrit du
point O une sphère de rayon 2 p., et qu'on appelle x, Xt ses intersections
avec le rayon vecteur Oa, on a les deux relations :
l 12
1 1
2
. — 4— — *"~ ? — ^— •
H 777T
— ^
Or OR 0*1,
Or OR,
OA,,
un rayon vecteur étant positif ou négatif suivant qu'on le compte d'un côté
ou du côté opposé à partir du point O. On déduit de là :
» i° Tout point R transformé d'un point r est son conjugué harmonique
par rapport au centre O, et au point X où la normale rencontre la sphère
de rayon 2/x.
» i° Deux points R, R, transformés d'un même point /•, ou leurs symé-
triques par rapport au point O, sont conjugués harmoniques entre eux par
rapport au point O et au point r.
» Il résulte de là une construction générale des points transformés R, R,,
ainsi qu'une discussion facile des positions de ces points lorsque le point r
prend toutes les positions possibles.
» 3° Tout point r situé sur la sphère de rayon au. est lui-même l'un de
ses transformés.
( 9°7 )
» Formules de transformation. — Soient x, y, z; X, Y, Z les coordonnées
des points r, R dans le système rectangulaire dont l'origine est enO. Repré-
sentons par les lettres/', R, . . . les distances Or, OR, ...;nous aurons K-s
deux séries de formules :
pR ftX f*Y f»Z
'-r-j;' *-*=? /-r^' Z-T^'
/• — fi r — p r — f/. r — fi
» Principes de transformation. — i° Une surface du degré m a pour trans-
formée une surface du degré im.
» i° La transformée du plan est une surface du second ordre de révolu-
tion dont le foyer est en O, et dont le plan directeur est le symétrique du
plan donné par rapport au point O ; le plan mené par le point O parallèle-
ment au plan donné partage la surface en deux régions dont l'une contient
les points transformés de première espèce, et dont l'autre contient les points
transformés de seconde espèce. Suivant cpie le plan est extérieur, tangent
ou sécant par rapport à la sphère de rayon p., la surface est un ellipsoïde,
un paraboloïde ou un hyperboloïde à deux nappes.
» On déduit de là que tout plan passant par le point O est lui-même son
transformé; que deux plans quelconques ont pour transformées deux sur-
faces de révolution du second ordre ayant un foyer commun, et dont les
plans directeurs font entre eux le même angle que les plans donnés.
» 3° La transformée d'une droite est une conique dont le foyer est en O,
et dont la directrice est la symétrique de la droite donnée par rapport au
point O. La parallèle menée par le point O à la droite donnée partage la
conique en deux arcs dont l'un contient les points transformés de première
espèce et dont l'autre contient les points transformés de seconde espèce.
» Toute droite passant par le point O est elle-même sa transformée. Deux
droites quelconques ont pour transformées deux coniques de même foyer,
et dont les directrices font entre elles l'angle des deux droites données.
» 4° Une courbe située sur une surface a pour transformée la courbe
d'intersection de la transformée de sa surface avec le cône qui a son sommet
en O, et qui passe par la courbe donnée.
» Propriétés descriptives d'une figure et de la fi pire transformée. — Une pro-
priété descriptive d'une figure existe aussi dans la figure transformée, pourvu
qu'on remplace les lignes droites par les arcs de conique qui en sont les
( 9°8 j
transformées. C'est ainsi que les théorèmes de Pascal et de Bnanchon sur
l'hexagone s'étendent à l'hexagone transformé, etc.
» Propriétés métriques. — Une propriété métrique et projective d'une
figure existera dans la figure transformée, pourvu que tout segment linéaire
de la figure donnée, tel que ab, soit remplacé dans la relation projective par
un triangle ayant pour base la distance AB des deux points transformés et
son sommet au point O.
» C'est ainsi que le théorème de Desargues sur l'involution des points
d'intersection d'une transversale avec les côtés et les diagonales d'un qua-
drilatère donnant la relation projective :
ab X cb' xa'c' — a'b' X c' b xac,
a, a'; A, b'', c, c' étant les points situés sur les côtés opposés ou sur les
diagonales, dans la figure transformée on aura
tr. AOB X tr. COB' x tr. A' OC = tr. A' OB' X tr. C'OB X tr. AOC.
» Si la propriété métrique n'est pas projective, la transformation se fera en
remarquant que si l'on appelle p la perpendiculaire menée du point O sur
!e segment linéaire ab de la figure donnée; «, |3, les points d'intersection
des rayons vecteurs oa, ob, avec la sphère de rayon pi ; A, B, les points cor-
respondants des points a, b, on a la relation
, „ tr. AOB
Soient trois points en ligne droite, a, b, c ; on a
ab-{- bc -hca—o.
On aura donc, pour le triangle inscrit dans une conique, la relation
AOB BOC COA _
7ÂX~p "*" PB X7C + 7CX«A_0'
» Tangente à ta courbe transformée. — Soit une courbe passant par un
point r, et sa transformée passant par le point correspondant B. Soit I le
point d'intersection des tangentes à ces deux courbes aux points r, B ; nom-
mons i la projection du point I sur le rayon vecteur or : on a la re-
lation
Or ir
OR — Tr'
On déduit de là : la projection du point d'intersection de la tangente a une
courbe, et de la tangente à sa transformée, en deux points correspon-
( 9°9 )
dants r, R, est le conjugué harmonique du centre O par rapport aux deux
points correspondants r, R. Ce point est le point d'intersection X du rayon
vecteur Or avec la sphère de rayon a p..
» Pour construire les tangentes des deux arcs transformés d'une courbe
donnée, aux points conjugués R, R, correspondants du point r, menez la
tangente au point rk la courbe donnée, les plans tangents à la sphère ap.
aux points où le rayon vecteur rencontre cette sphère; par les deux points
d'intersection I, I, de la tangente avec ces deux plans, tirez les deux
lignes 1R, I, R, aux deux points conjugués R, R,. Ces deux droites seront
les tangentes des courbes transformées.
» Il faut remarquer que le point d'intersection M des deux tangentes aux
points conjugués R, R, se trouve à la fois situé sur une perpendiculaire au
point O au rayon vecteur Or, et sur la droite symétrique par rapport au
point O de la tangente en /• à la courbe donnée. Donc, si dans la construc-
tion précédente on faisait usage du point M, en joignant ce point aux
points I, I,, on déterminerait par une seule opération, et les points conju-
gués R, R,, et les tangentes en ces points aux deux courbes transformées.
La construction du plan tangent à une surface transformée se fait de la
même manière.
» Rayon de courbure géodésiquc. — Soient p et m les rayons de courbure
géodésique de la courbe et de sa transformée aux points correspondants /•, R,
ces rayons de courbure géodésique se rapportant à la surface conique qui
contient ces deux courbes, et dont le sommet est en O; soient n, •£ les pro-
jections triples successives de ces rayons de courbure sur le rayon vecteur,
de telle sorte que
/\ /~\
n = p cos3 rp , $ = a cos3 Ra ;
on aura les deux relations harmoniques :
I I 2 ! I ?.
Û + <r — ÔX ' ï + <£ ~ ôx , '
Ainsi la proportion harmonique qui a donné les points correspondants, les
tangentes correspondantes, donnera d'une manière analogue les rayons de
courbure géodésique correspondants. »
chimie GÉOLOGIQUE. — Analyse d'une eau acide du volcan de Popocatepetl,
au Mexique; par M. J. Lefort.
« Tous les géologues et les chimistes savent que certains volcans en
C. R , |863, Ier Semestre. (T. LVI, N» 10.) I IO,
( 9'° )
activité, appartenant plus particulièrement à l'Amérique centrale et à l'Amé-
rique méridionale, émettent, avec des gaz, parmi lesquels existent surtout
les acides sulfureux, chlorhydrique, carbonique et suif hydrique, des eaux
acides qui empruntent leur minéralisation spéciale aux produits de décom-
position de quelques-uns de ces gaz entre eux et aux terrains qu'elles tra-
versent. Comme exemples les plus remarquables, nous citerons les eaux
provenant directement du Paramo de Ruiz et l'eau courante du Pasambiô
ou Rio Vinagre, qui reçoit les sources acides du volcan de Puracé.
a Devant à l'obligeance d'un voyageur français, M. J. Laveirière, chargé
en 1857 par le gouvernement mexicain de diriger une mission scientifique
aux montagnes volcaniques du Popocatepetl et de l'Iztaccihuatl, un litre
environ d'eau puisée dans le cratère du premier de ces volcans, nous avons
pensé que l'analyse de ce liquide nous fournirait peut-être l'occasion d'en-
registrer des faits nouveaux ou au moins de confirmer quelques-uns des
résultats observés par nos devanciers.
» D'après M. Laveirière, qui a bien voulu nous communiquer la relation
de sa mission, la paroi supérieure du cratère est recouverte de neiges
éternelles. Au-dessous de la limite de celle-ci, l'air est chargé d'émanations
sulfureuses provenant en partie de l'intérieur du cratère, en partie de la
précipitation des vapeurs qui sortent des fumerolles supérieures.
» Le centre du cratère est couvert de neige ou de glace mélangée à des
matières étrangères, telles que sable, cailloux et soufre. Tout autour, et à
des niveaux variables, on voit vomir des jets de vapeur et d'eau que l'on
désigne sous le nom de respiraderos. Les respiraderos ressemblent à une
colonne de fumée sortant de la cheminée d'une locomotive et n'ont pas
moins de G à g mètres de diamètre. La puissance du jet est très-forte,
et la température est si élevée, qu'un thermomètre, dont le maximum mar-
quait 94 degrés centigrades, mis en travers, a éclaté.
» Tout autour des respiraderos se trouve le soufre précipité soit par les
gaz, soit par les eaux. On le rencontre à des états différents : en petites
masses compactes, à cassure brillante et d'une grande pureté; en granules
mélangés à du sable; à l'état de poudre déposée par les vapeurs qui se sont
condensées sur les parois verticales.
» L'eau qui s'accumule dans l'intérieur du cratère a une couleur jaune-
verdâtre, par suite du soufre qu'elle tient en suspension. « Elle ronge, dit
» M. Laveirière, tont ce qu'on y jette, ce qui fait présumer qu'elle con-
.. tient des acides. »
Apres sa filtration, c'est un liquide incolore, inodore, d'une saveur
( 9" )
fortement acide, précipitant abondamment en blanc par les nitrates de
baryte et d'argent, en blanc rongeâtre par les alcalis caustiques ou leurs
carbonates; ne donnant, après sa neutralisation au moyen de l'ammo-
niaque, que des réactions très-peu apparentes avec l'oxalate d'ammoniaque
et le phosphate de soude, et enfin dégageant de l'hydrogène en présence
du zinc.
» Exposée progressivement à l'action de la chaleur, celte eau s'est
colorée vers la fin de l'opération en même temps qu'elle a laissé dégager
des vapeurs chlorhydriques. Elle a enfin abandonné un résidu brun foncé
qui répandait l'odeur caractéristique des matières organiques soumises à
l'action combinée de la chaleur et des acides minéraux concentrés.
» ioo centimètres cubes de ce liquide nous ont donné après son évapora-
tion un résidu qui, chauffé au rouge, pesait ogr,6g6, et 1000 centimètres
cubes nous ont fourni à l'analyse les résultats suivants :
Acide chlorlivdrique i i ,009
Acide sulfurique 3,643
Alumine i ,080
Soude °;t>99
Chaux, magnésie, silice Indices
Arsenic Id.
Oxyde de fer 0,081
Matière organique Proportion très-sensible.
17 ,5l2
» Nous n'avons pu constater dans cette eau la présence de l'iode, du
brome, de l'ammoniaque et de l'acide phosphorique.
» En admettant que toutes les bases sont saturées par l'acide sulfurique
et par une partie de l'acide chlorhydrique, on trouve que l'eau acide du"
Popocatepetl contient 1 pour 100 environ de son poids d'acide chlorhy-
drique à l'état de liberté. Sous ce premier rapport, elle diffère un peu des
eaux acides volcaniques de la Nouvelle-Grenade, puisque, d'après les ana-
lyses de MM. Boussingault et Lewy, l'eau du Paramo de Ruiz renferme
deux fois plus d'acide sulfurique que d'acide chlorhydrique à l'état de
liberté, et que les eaux du Rio Vinagre, moins acides, il est vrai, que la
précédente, contiennent des quantités à peu près égales d'acide sulfurique
et d'acide cblorhydrique libres.
» Une remarque assez intéressante, c'est la prédominance de l'alumine
119..
( 9'2 )
par rapport aux autres bases, prédominance que Ton observe encore dans
les eaux du Paramo de Riiiz et du Pasambiô.
» L'absence presque complète de la chaux, de la magnésie et de la
silice dans cette eau, alors que les eaux volcaniques de même nature en
renferment des quantités très-pondérables, mérite d'être signalée.
» La proportion très-sensible de matière organique qu'elle contient a
sans doute la même origine que l'hydrogène carboné doué d'une orleur
bitumineuse que M. Ch. Sainte-Claire Deville a constaté en 1861, à l'entrée
de la ville de Torre del Greco, dans l'une des fissures de la dernière érup-
tion du Vésuve. A cet égard, nous ferons observer que les sources miné-
rales qui émergent des terrains volcaniques anciens, telles que celles de
l'Auvergne, renferment presque toujours de la matière organique bitumi-
neuse, et cela en quantité d'autant plus appréciable, que les eaux sont plus
riches en chlorure de sodium.
» Si on compare maintenant la nature des gaz et des produits fixes qui
proviennent du grand volcan mexicain avec ceux qui ont été signalés parmi
les substances émises par quelques-uns des volcans de l'Italie et de la Nou-
velle-Gi'enade, comme les centres éruptifs de Vulcano, de l'Etna, du Pa-
ramo de Ruiz et du Puracé, on constate d'abord une certaine analogie, et
de plus que ces volcans, qui donnent naissance à des vapeurs chlorhydro-
sulfureuses, sont alimentés par les mêmes principes, c'est-à-dire par des
gisements de soufre, de sel gemme et de bitume, association si fréquente
comme on sait en Sicile, en Espagne, dans les Pyrénées et peut-être en
Auvergne. »
GÉOLOGIE. — Remarques de M. Ce. Sainte-Clause Deville sur le Mémou <
de M. Jules Lefort.
« L'intéressant travail de M. Lefort, qui fournit les premières données
chimiques certaines sur les émanations du plus élevé des volcans de la chaîne
mexicaine (1), m'a engagé à remettre à cet habile chimiste, pour être étudiés
comparativement, quelques produits analogues que j'ai recueillis dans mes
divers voyages aux centres volcaniques de l'Italie méridionale, et que d'autres
occupations m'avaient toujours empêché, jusqu'à ce moment, d'examiner
moi-même.
(1) M. de Humliolùt (Essai sur la Nouvcllè-Espagnë) attribue respectivement au Popoca-
tepetl et à l'Iztaccihuatl les altitudes de 5 4oo et 47^ mètres.
(9'3)
» Voici la liste de ces produits, dans lesquels M. Lefort a dosé le soufre
à l'état d'acide sulfurique et le chlore à l'état d'acide chlorhydrique.
» Etna. — I. Produit de la condensation de fumerolles qui, au sommet
du volcan, déposaient une grande quantité de soufre. Ce liquide est très-
acide et contient :
Pour ioo centimètres cubes.
er
Acide chlorhydrique i ,481
Acide sulfurique °»299
1,780
« Vulcano. — IL Condensation des fumerolles, qui, dans l'intérieur du
grand cratère, donnent l'acide borique, accompagné de substances très va-
riées (voir ma Neuvième Lettre à M. Elie de Beaumont).
Pour 100 centimètres cubes.
S'
Acide chlorhydrique 0)671
Acide sulfurique o ,653
1 ,324
» Les gaz qui s'échappaient avec la vapeur d'eau condensée, recueillis par
moi sur les lieux, le 8 juillet i856, puis analysés par M. Le Blanc et moi,
contenaient 3ç), i3 pour 100 d'acide sulfureux, le reste étant de l'air mé-
langé.
» III. Condensation des fumerolles sulfureuses de la fissure située sur le
flanc nord du cône.
Pour 100 centimètres cubes.
er
Acide chlorhydrique 0,002
Acide sulfurique 0,061
o,o63
» J'ai trouvé sur les lieux, dans lesgazqui accompagnaient là vapeur con-
densée, jusqu'à 89 pour 100 d'acide sulfureux, et l'un des échantillons re-
cueillis nous a encore donné, à M. Le Blanc et à moi, 8/4 pour roo de ce
gaz.
« Vésuve. — IV. Eau de lavage des vases exposés aux fumerolles sèches de
la lave de 1 855. A peine acide, ne donne qu'un très-faible précipité par
le nitrate d'argent.
» V. Eau de condensation des fumerolles acides de la même lave. Liquide
jaune clair, très-acide, précipitant abondamment parle nitrate d'argent et
donnant avec le chlorure de baryum un précipité faible, mais pondérable.
» Ces deux condensations ont été faites le 6 juin i856, dans la Vetrana,
(9'4)
a deux points de la lave très-voisins l'un de l'autre. Je renvoie, pour les
conditions du gisement et pour l'analyse de l'air cpii accompagnait les
deux ordres d'émanation, à ma Sixième Lettre à M. Elie de Beaumont. Il
sera facile, d'ailleurs, de s'assurer que les deux analyses suivantes confir-
ment remarquablement mes conclusions.
« M. Lefort a trouvé :
Pour ioo centimètres cubes de chaque liqueur.
IV. \.
Sr C
Acide chlorhydrique o,oo4 io,3?.i
Acide sulfurique 0,000 °>44°
o,oo4 10,761
y. VI et VII. Les deux produits suivants résultent de la condensation de
vapeurs acides qui se dégagaient, en 1 355 et 1 856, du bord oriental d'un des
gouffres formés, en février i85o, sur le plateau supérieur du Vésuve.
Pour 100 centimètres cubes de la liqueur.
VI. VII.
gr gr
Acide chlorhydrique 1 ,289 3,54i
Acide sulfurique 0,327 o,o55
1 ,616 3,696
» On est frappé de la différence que présentent ces deux liqueurs, con-
densées aux mêmes fumerolles.
» Mais il faut remarquer que les époques étaient différentes. Le premier
échantillon a été recueilli en juillet 1 855, le second en septembre i855. Or.
en lisant mes Lettres, on verra comment, à la première époque, les mani-
festations éruptives se concentraient autour au foyer advenlif on de la lave
récente, tandis que, plus tard, l'intensité éruptive maxima tendait à se re-
constituer à son centre normal, c'est-à-dire au sommet du volcan.
» Cette conclusion s'applique sans réserve aux quantités d'acide chlorhy-
drique trouvées; quant aux proportions relatives entre l'acide chlorhy-
drique et l'acide sulfurique, on n'en peut rien déduire d'absolu sur leur
variation, parce que, dans le premier cas, les vapeurs étaient condensées
dans une dissolution de soude caustique, tandis que dans le second elles
étaient simplement condensées par le refroidissement, et qu'il a pu, par
conséquent, s'échapper, dans ce dernier cas, une petite quantité d'acide
.sulfureux.
* Grande solfatare de Pouzzoles, 3i juillet i85G. -VIII, IX. Vapeurs
(9i5)
condensées, dans une dissolution de soude caustique, à la bouche même de
la grande solfatare, et sur de petits orifices situés dans la roche immédia-
tement au-dessus de cette bouche.
Pour ioo centimètres cubes.
VIII. IX.
Acide chlorhydrique °>279 0,068
Acide sulfurique o,35o 0,019
0,629 0,087
» X. Enfin le dernier produit examiné par M. Lefort a une origine en-
tièrement comparable à celle du produit provenant du Popocate|jetl, et
examiné par lui. C'est une eau qui se condense naturellement sur les parois
ntérieures de la grotte de la grande solfatare, et dont j'ai recueilli le suin-
tement. Ce liquide possède une réaction fortement acide. Exposé progres-
sivement à l'action de la chaleur, il acquiert une teinte jaunâtre vers la fin
de la concentration. Lorsque les sels minéraux qu'il contient commencent
à paraître, le résidu, d'un brun foncé, dégage des vapeurs chlorhydriques
et répand l'odeur propre aux matières organiques soumises à la double
action de la chaleur et des acides minéraux concentrés. Cette circonstance
est sans doute en rapport avec l'existence du chlorhydrate d'ammoniaque
que l'on a constatée dans les émanations.
Pour 100 centimètres cubes.
Acide sulfurique 1 ,744^
Acide chlorhydrique 1 ,0298
Acide silicique 0,0166
Acide borique Indices
Soude o,i 828
Alumine - 0,4666
Chaux, magnésie, oxyde de fer Indices
Matière organique Proportion très notable
3, 4401
» Si l'on considère les bases comme combinées dans cette eau avec
l'acide sulfurique de préférence à l'acide chlorhydrique, on obtient la for-
mule hypothétique suivante :
Acide chlorhydrique libre 1 ,0298
Acide sulfurique libre o ,432 1
Sulfate d'alumine 1 ,5436
Sulfate de soude o ,4180
Silice 0,0166
Acide borique Indices
Sulfates de chaux, de magnésie et de fer Indices
Matière organique Proportion très-notable
3,4401
( 9'6 )
» Je rappellerai que les divers produits de la grande solfatare ont présenté
les corps simples suivants: soufre, sélénium, chlore, carbone, oxygène,
hydrogène, azote, phosphore, arsenic, cuivre, fer, aluminium, bore, sili-
cium, calcium, magnésium, potassium, sodium.
» Si on calcule les proportions relatives de chlore et de soufre que pré-
sentent ces divers produits des émanations pour lesquelles j'ai proposé le
nom de chloi hydrosulfureuses, en y ajoutant quelques données fournies par
des travaux antérieurs, on obtient les nombres suivants :
Produits solides, incolores, des fumerolles sèches de la lave de i855..
Rio Vinagre ou Pasambio
Eaux acides par conden- ) Paramo de Ruiz
sation naturelle 1 Popocatepetl
Grande solfatare de Pouzzoles .
Soufre.
I
I
I
[
Chlore.
5o,6G
,,98
o,4>
1,62
1 ,n8
—
=
3
Etna. Fumerolles du sommet (sept. i855, r=i25°)
» » (juill. i856, t — 900). ......
» Fumerolles du sommet, déposant beaucoup de soufre.
3
-o
o
Vésuve. Fumerolles sèches de la lave de i855 (eau de lavage
des vases ) •
Vésuve. Fumerolles acides de la même lave
» Sommet. Gouffre de i85o (sept. 1 855, f=i8o°)
* » » (juin i856, f = i54°)
Vulcano. Fumerolles donnant l'acide^ borique
a Fumerolles sulfureuses de la fissure nord (mélange
d'acide sulfureux et d'acide sulfhydrique produisant
un dépôt de soufre)
Grande solfatare de Pouzzoles. Eau de condensation de la bouche
principale
» Condensation des fissures au-dessus
de la bouche
1
22, 5o
33,56
12,00
Pas sensiblement de
soufre : faible quan-
tité de chlore prove-
nant des chlorures
entraînés.
56,84
9,55
i56,54
4>°7
o, 10
'»93
8,45
» En terminant cette Note, je ferai observer qu'il faut se garder de tirer
des conséquences absolues du simple examen analytique des produits solides
ou liquides d'un orifice volcanique. En effet, ces derniers ne proviennent,
en définitive, que du lavage des roches altérées par les vapeurs acides, ou
delà dissolution des matières solides entraînées et déposées par ces vapeurs.
Or, il est facile de voir qu'au bout d'un certain temps, des réactions plus ou
moins variées, dont tous les éléments se trouvent réunis sur les lieux, quel-
( 917 )
quefois même une simple différence dans la solubilité, fractionnent et loca-
lisent ces divers produits. Les nombres qui précèdent en offrent un exemple
frappant dans ce qui se passe à la solfatare de Pouzzoles, où l'acide sdl-
furique est fixé, en grande partie, par les éléments basiques des roches et
constitue desaluns, tandis que l'acide chlorhydrique, libre et entraîné parla
haute température, s'échappe en plus fortes proportions par les orifices
placés immédiatement au-dessus de la bouche principale.
» On ne peutse rendre compte, d'une manière complète, des élémentschi-
miques rejetés par un orifice volcanique, en un moment donné, qu'en re-
cueillant, à la fois, et les produits solides ou liquides qui s'y accumulent en
ce moment, et les substances qui s'en échappent à l'état de gaz ou de
vapeurs. »
organographie végétale. — Remarques sur (es laticifères de ptusieurs
plantes du Brésil; par M.. Lad. Netto.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences quelques re-
marques d'organographie végétale détachées d'un travail assez considérable
que je communiquerai par la suite avec de nombreuses planches.
» Les laticifères, si développés dans la famille des Euphorbiacéeset dans
les Ficacées, m'ont présenté plusieurs faits saillants dans l' Anda Gomesii,
dans Y Euphorbia coccorum, dans les Cecropia et dans le Ficus doliaria.
» Sur les racines aériennes du Cecropia concolor, dont la disposition dans
les plus grands de ces arbres est très-remarqùable, j'ai aperçu des latici-
fères se courber de l'écorce vers le bois, où, en s'anastomosant avec d'au-
tres laticifères, ils circulentautour des vaisseaux lymphatiques sous la forme
d'un réseau peu serré.
» Dans la partie inférieure de la tige du même arbre, j'ai vu ces vais-
seaux se diviser en trois ou quatre branches très-grèles, lesquelles tantôt se
prolongent dans le sens primitivement suivi, tantôt s'introduisant courbées
dans les rayons médullaires vont se terminer vers les proximités de la
moelle. Ces laticifères ainsi divisés sont généralement assez minces.
» Les précieuses observations de M. Trécul sur ces vaisseaux m'ont
poussé à faire quelques recherches au point de vue de la communication
qu'on croit exister entre eux et les vaisseaux lymphatiques, et, quoique je
n'aie pu trouver rien de définitif à cet égard, je peux cependant exhiber en
faveur des observations de cet habile phytotomiste un fait assez remar-
quable, soit pour l'organographie proprement dite, soit pour la physio-
C. R., i863, \" Semestie. (T. LVI, N° 19.) I 20
(9«8 )
iogie des végétaux. En effet, outre un certain rapport constant observé
chez la majeure partie des plantes entre la quantité des laticifères et celle
des lymphatiques, j'ai remarqué une liaison intime dans ces deux ordres de
vaisseaux.
«> Si on fait une coupe transversale sur une jeune tige du Ficus doliaria,
on y voit que la plus grande quantité de sève se trouve dans la moelle. En
examinant des coupes longitudinales, j'ai observé une portion considé-
rable de vaisseaux ponctués d'un assez gros diamètre répandus indistincte-
ment dans toute la moelle et parfois accolés aux nombreux laticifères qui
y circulent abondamment, sans que toutefois il existe des communications
directes.
» Dans les pétioles des feuilles, dans les parties les plus jeunes comme
dans les plus anciennes du même individu, j'ai vu ces deux espèces devais-
seaux étroitement liées au milieu du tissu médullaire.
» Poursuivant mes recherches sur les jeunes tiges de X Anda Gomesii
ainsi que dans la partie pleine du tronc du Cecropia concolor, j'ai vu de
gros vaisseaux rayés le plus souvent entourés des laticifères qui, tantôt se
prolongent parallèlement à ces vaisseaux, tantôt, se croisant et s'anastomo-
sant entre eux, jettent de très-minces ramifications du côté de l'écorce,
lesquelles vont se perdre entre les parois du tissu utriculaire de cette
région.
» J'ai comparé ensuite cette disposition avec celle des laticifères du Jatro-
plia Curcaset du Carica Papaya, et j'ai observé ce même rapport entre ces
deux ordres de vaisseaux à peu près identiques. Dans la tige de YEupliorbia
coccorum, des laticifères peu anastomosés entre eux s'agglomèrent générale-
ment autour des vaisseaux réticulés et s'en approchent parfois tellement,
que je serais porté à les croire en communication immédiate avec ces vais-
seaux, si un examen minutieux ne m'avait pas plusieurs fois détrompé.
» Dans cette plante, les laticifères sont en général très-lisses, minces et
toujours engorgés de latex.
» Dans 1' 'Anda Gomesii, ces vaisseaux ont toujours les parois composées
de tissu cellulaire, comme dans les parties jeunes de certains végétaux, et
cela quel que soit l'âge de la partie de l'arbre où ils se trouvent. _»
M. Huette envoie en double exemplaire les tableaux résumés des obser-
vations météorologiques faites à Nantes en 1862.
( 9T9 )
M. Coinde présente une Note « sur quelques Coléoptères communs à la
faune du Kef et à celle des environs de Bone ».
(Renvoi à l'examen de M. Blanchard.)
A 4 heures un quart l'Académie se forme en comité secret.
COMITE SECRET
M. Pouillet, au nom de la Section de Physique, présente la liste sui-
vante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Despretz.
En première ligne. M. Edmond Becquerel.
/ M. Jamin.
En deuxième ligne, ex œquo l MM. de La Provostaye et Paul
et par ordre alphabétique. . j Desains.
\ M. Verdet.
En troisième ligne, ex œquo et l M. Edouard Desains.
par ordre alphabétique . . . j M. Lissajous.
MM. Babinet et Fizeau présentent les titres des candidats.
Ces titres sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du n mai i863 les ouvrages dont
voici les titres :
Cours de Médecine comparée ; par P. Rayer (Introduction). Paris, i863;
in-8°.
Monography... Monographie de V Aye • Aye (Chiromys Madagascar
riensis, Cuv.); parle prof. Richard Owen. Londres, i863; in-4°.
Osteological. . . Recherches ostéologiques pour servir à l'histoire naturelle des
singes anthropoïdes, n° 7 ; Comparaison des os des membres du Troglodyte
gorille, du Troglodyte noir et de différentes variétés de la race humaine ; parle
( 9ao )
même. (Extrait des Transactions de la Société Zoologique , vol. V, part. ire.)
Londres,1 i663 ; inwf0.
Des notions relatives aux Céphalopodes, qui sont consignées dans Aristote.
— Sur le grand Calmar de la Méditerranée. — Tableau d'une classification géné-
rale des animaux; par M. Paul Gervais. Montpellier; in-4°.
Eloge historique d'Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire ; par le Dr N. JOLY.
(Extrait des Mémoires de i Académie impériale des Sciences de Toulouse.)
Toulouse, br. in -8°.
La Science populaire, ou. Revue des progrès des connaissances et de leurs appli-
cations aux arts et à /' industrie ; par M. J. RAMBOSSON. Paris, i863; in-12.
Guide de l'asthmatique. De l'asthme, sa nature, ses complications, son traite-
ment rationnel; massage ; par C.-J . BERGER. Paris, 1 863 ; in-8°.
La Térabdelle ou machine pneumatique opérant à volonté la saignée locale
et la révulsion aux principales régions du corps humain; par le Dr DaMOISEAU.
Paris, 1862; in~8°.
Histoire des trois invasions épidémiques du choléra-morbus au Havre en i832
1848 et 1849, i853 et 1 854 ; pâi le Dr Lecadre. Paris, i863; in-8°. (Des-
tiné au concours pour le prix Bréant.)
De l'ictère grave des femmes enceintes ; par le Dr L. CaradeC. (Extrait des
Archives générales de médecine.) Paris; br. in-8°.
Richard Simoiï; Notice personnelle autographe; par M. Éliacim JOURDAIN.
Dieppe, 1 863 ; quart de feuille in-8°.
Sulla vera epoca. .. Notice historico-critique sur la véritable époque de
la mort de F. Cesi, second duc d' Acquasparta et fondateur de l'Académie dei
Lincei, avec différentes Notes concernant celte Académie et treize Lettres iné-
dites du duc d'Acquasparla; par le prof. P. VOLPICELLI. (Extrait des Atti
délia Accademia pontificia de' Nuovi Lincei.) Rome, 1 863 ; in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 18 MAI 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PALÉONTOLOGIE. — Note sur les résultats fournis par une enquête relative à
l'authenticité de la découverte d'une mâchoire humaine et de haches en silex,
dans le terrain diluvien de Moulin-Quignon; par M. Milne Edwards.
« Vers 1837, un archéologue d'Abbeville, M. Boucher de Perthes, com-
mença à appeler l'attention des naturalistes sur des silex qui lui parais-
saient taillés de main d'homme, et qui se trouvaient en nombre considé-
rable dans un grand dépôt de gravier sur divers points de la vallée de la
Somme. Il pensa que la présence de ces silex, façonnés en forme de hache,
prouvaient l'existence de l'homme à l'époque où ce dépôt, désigné commu-
nément sous le nom de terrain diluvien (i), s'était formé, et que ce phéno-
mène géologique était antérieur à la période actuelle. Au premier moment,
les opinions de M. Boucher de Perthes ne trouvèrent, il est vrai, que peu
de faveur devant le public, et il lui a fallu plusieurs années pour bien éta-
blir que ces objets sont réellement des produits de l'industrie humaine.
Pendant longtemps il exista aussi beaucoup d'incertitude relativement au
caractère du terrain qui renferme ces silex, et des bouleversements qu'il
pouvait avoir subis postérieurement à l'époque de son premier dépôt. Mais
(1) Voyez d'Archiac, Histoire des Progrès de la Géologie, t. II, i rc partie, p. 3 et p. 1 34-
C. P.., iST.3, i« Semestre. (T. LVI, ri" 20.) 121
( 922 )
aujourd'hui il n'y a aucun doute possible louchant l'origine de ces pierres
en forme de hache. La plupart des géologues s'accordent aussi pour recon-
naître, avec M. Prestwich, M. Evans, M. Lyell, M. Desnoyers, M. Lartet,
M. Gaudry et plusieurs autres observateurs, que les couches où on les dé-
couvre n'ont pas été dérangées depuis l'époque où le continent européen a
reçu son relief actuel et qu'elles appartiennent à la période quaternaire.
Enfin il paraît résulter aussi des recherches de M. Boucher de Perthes,
ainsi que des observations de plusieurs autres paléontologistes, parmi
lesquels je citerai en première ligne Schmerling, Tournai, M. Lartet
et M. de Vibraye, que les anciens habitants de ce qui est aujourd'hui la
France étaient contemporains du mammouth ou Eleplias priinUjenius, du
Rhinocéros tichorhinus, et de quelques autres animaux remarquables dont les
espèces sont éteintes. Aux environs d'Abbeville et d'Amiens, où des osse-
ments fossiles appartenant à ces grands mammifères avaient été rencontrés
à plusieurs reprises, les haches en silex sont même très-communes; mais
dans le terrain de transport de la Somme, si riche en objets fabriqués par
des hommes, on n'avait encore aperçu aucun débris de squelette humain,
et cette circonstance semblait difficile à expliquer. Beaucoup de naturalistes
attendaient donc avec une sorte d'impatience, mêlée d'inquiétude, la mise
à jour de quelques fossiles, qui serait une preuve directe de l'existence de
l'homme à l'époque reculée où cette partie du globe était envahie par les
eaux.
» On comprend ainsi tout l'intérêt excité par l'annonce d'une découverte
faite le 28 mars dernier, par M. Boucher de Perthes, qui, disait-on, avait
trouvé dans une des couches inférieures du terrain diluvien, exploité
comme carrière de cailloux à Moulin-Quignon, près d'Abbeville, la moitié
d'une mâchoire humaine.
» Le Professeur d'Anthropologie du Muséum d'Histoire naturelle fut un
des premiers à vouloir contrôler, sur place, toutes les circonstances qui
pouvaient jeter quelque lumière sur la valeur scientifique des nouvelles
observations du persévérant explorateur des antiquités de la vallée de la
Somme, et, dans la séance du 21 avril dernier, il vint entretenir l'Académie
des résultats de cette investigation, à laquelle avait pris part un éminent
paléontologiste anglais, M. Falconer. Notre savant confrère, M. deQuatre-
fages, déclara que l'os trouvé par M. Boucher de Perthes était bien la
mâchoire d'un homme; que cet os lui paraissait être indubitablement un
fossile de la couche inférieure du terrain, dit diluvien, de Moulin-Quignon;
que dans le même dépôt de gravier il avait constaté l'existence de deux
( 9*3 )
haches en silex, et que ces produits de l'industrie humaine, ainsi que la
mâchoire, lui paraissaient avoir reposé dans ce terrain de transport depuis
l'époque où celui-ci avait été formé; mais il déclara aussi qu'il ne voulait
émettre aucune opinion touchant 1 âge de ce grand dépôt géologique. Il
avaitété confirmé dans cette manière devoir par M. Desnoyers, parM. Delesse
et par M. Pictet, à qui il avait montré la mâchoire, et il crut avoir des raisons
de penser que M. Falconer avait jugé les choses de la même manière. Mais
un examen plus approfondi d'un certain nombre de haches provenant de
Moulin-Quignon, et de quelques autres objets, ne tarda pas à faire naître des
doutes dans l'esprit de ce dernier savant, et bientôt après, s'appuya nt sur
l'opinion de plusieurs autres naturalistes habiles de l'Angleterre, M. Falco-
ner crut devoir aller plus loin. Dans une lettre qui fut publiée dans un des
principaux journaux de Londres, le Times, et qui eut un grand retentisse-
ment, ce savant déclara formellement que toutes les haches provenant de
la couche noire de Moulin-Quignon, couche dont la mâchoire avait été
extraite, étaient fausses, c'est-à-dire de fabrication récente, et que dans cette
circonstance les paléontologistes français avaient été victimes d'une super-
cherie habilement préparée par les ouvriers delà carrière ou par quelque
autre personne. M. Falconer ajouta qu'une molaire humaine dont M. Boucher
de Perthes lui avait fait présent comme étant un fossile du même terrain
était en réalité une dent très-récente; que la constatation d'une pareille
fraude devait nécessairement ôter toute valeur à la découverte de la
mâchoire humaine trouvée dans les mêmes conditions par M. Boucher de
Perthes, et que cette affaire servirait au moins à donner une leçon de pru-
dence aux naturalistes qui s'étaient laissé tromper par des imposteurs.
» Partagés ainsi d'opinion, mais également désireux de connaître la
vérité, MM. Falconer et de Quatrefages résolurent de reprendre en commun
l'examen des points en litige, et d'ouvrir sur ce sujet une enquête à laquelle
prendraient part quelques-uns de leurs confrères. M. Falconer annonça
qu'il se rendrait à Paris accompagné de MM. Prestwich, Carpenter et
Busk, tous membres de la Société Boyale de Londres ; il engagea MM. Lartet,
Desnoyers et Delesse à prendre part au débat, et, au nom de tous ces savants,
il me pria de diriger les travaux de la réunion, comme modérateur, disait-il,
entre les partisans des opinions contraires. Je ne pouvais qu'accepter avec
reconnaissance une mission si honorable, car j'étais bien persuadé que nos
conférences auraient toujours ce caractère de franchise et de courtoisie
sans lequel les discussions scientifiques ne sauraient être agréables à en-
tendre, quelque instructives qu'elles pussent être. C'est aussi pour me con-
1 2 r ..
( 9=4 )
former aux désirs de cette réunion d'amis, que je viens aujourd'hui expo-
ser devant l'Académie les résultats de nos investigations, et je dois ajouter
que plusieurs autres naturalistes se sont joints à nous pour poursuivre
cette enquête toute scientifique. Ainsi MM. Delafcsse, Daubrée et Hébert ont
bien voulu nous aider de leurs lumières, et MM. Gaudry, l'abbé Bourgeois,
Buteux et Alphonse Edwards ont pris part à nos discussions. Enfin, M. De-
lesse a eu ia complaisance de tenir la plume comme secrétaire, et de dresseï
un procès-verbal très-détaillé de tout ce qui s'est passé dans nos réunions,
pièce qui sera publiée ultérieurement.
» Ainsi que je l'ai déjà dit, nos savants confrères de la Société Royale de
Eondres avaient été portés à révoquer en doute l'authenticité de la décou-
verte de M. Boucher de Perthes, parce que les haches retirées de la couche
noire du diluvium de Moulin-Quignon leur avaient paru être fausses, c'est-à-
dire fabriquées récemment et introduites frauduleusement dans le dépôt de
gravier où ce paléontologiste les avait trouvées. Dans notre premier)
séance, tenue au Muséum le g de ce mois, nous avons donc cru devoir pro-
céder d'abord à un examen approfondi des caractères à raison desquels
les objets de ce genre peuvent être reconnus vrais ou faux.
» Tous les membres de la réunion ont été d'accord pour admettre que
dans beaucoup de cas, à raison de l'existence de certains caractères qui
semblent ne pouvoir être imprimés que par le temps, on peut, par la seule
inspection d'une hache en silex, constater son authenticité, c'est-à-dire
son origine ancienne. Mais les avis ont été partagés au sujet des bases d'un
jugement légitime en sens contraire.
« MM. Falconer, Prestwich, Carpenter et Bush pensaient que l'absence
de tout signe évident de vétusté et l'existence de certaines particularités
dans la forme ou dans les fractures de ces haches étaient des preuves irré-
cusables de leur fabrication récente. Ces savants se considéraient, par consé-
quent, comme fondés à nier l'authenticité des haches dont la surface ne
présentait ni patine ni incrustations, dont les arêtes étaient très-vives et dont
la forme s'éloignait plus ou moins- de celle des haches reconnues vraies.
Puis, faisant l'application de ces principes aux haches tirées des diverses
couches du terrain de transport de Moulin-Quignon ou d'autres lieux, ils
admettaient l'authenticité des unes, tandis qu'ils déclaraient fausses beau-
coup d'autres, nptamment: toutes celles provenant de la couche noire où
M. de Perthes avait trouvé la mâchoire humaine.
» MM. de Quatrefages, Desnoyers et Lartet, ainsi que les autres natura-
listes français qui prirent part à cette partie de l'enquête, soutinrent qu'il
( 9*5 )
fallait être plus réservé; que très- rarement, peut-être même jamais, des
particularités de forme, une apparence de fraîcheur ou d'autres caractères
intrinsèques du même ordre, ne pouvaient suffire pour bien établir la faus-
seté d'une de ces haches en silex ; que des caractères de ce genre pouvaient
inspirer des doutes, et qu'à défaut d'autres données ces doutes devaient
peser beaucoup dans nos jugements; mais que les considérations tirées du
mode de gisement de ces instruments et des circonstances dans lesquelles
leur découverte a eu lieu devaient avoir à nos yeux une valeur bien plus
grande; enfin, que des preuves d'authenticité obtenues de la sorte doivent
toujours l'emporter sur les soupçons que pourraient faire naître les parti-
cularités dont je viens de parler. Ainsi ces naturalistes furent unanimes
dans le jugement qu'ils portèrent sur l'une des haches trouvées dans la
couche noire de Moulin-Quignon par M. de Quatrefages : malgré la faci-
lité avec laquelle la surface lisse de ce silex se laissait dépouiller de sa gan-
gue, malgré sa forme, la vivacité de ses arêtes, et malgré son aspect de
fraîcheur, ils n'hésitèrent pas à en admettre l'authenticité, par cela seul
que les circonstances dans lesquelles ce savant l'avait découvert dans le
sein de la terre leur paraissaient exclure toute idée de supercherie. Par con-
séquent, MM. Desnoyers, Lartet et Delesse, aussi bien que tous les autres
naturalistes français qui assistaient à cette discussion, ont déclaré que dans
leur opinion le jugement porté sur les haches de la couche noire de Mou-
lin-Quignon, par M. Falconer, ne pouvait légitimer aucune conclusion tou-
chant l'introduction frauduleuse de la mâchoire humaine dans le dépôt de
gravier où M. Boucher de Perthes avait trouvé cet os.
» Après deux longues séances consacrées principalement à un examen
approfondi des haches de Mautort, de Mencbecourt, de Saint-Acheul et de
quelques autres localités, comparées à celles de Moulin-Quignon , nous pro-
cédâmes à une nouvelle étude de la dent molaire isolée que M. Boucher de
Perthes avait donnée à M. Faiconer comme provenant de cette dernière car-
rière. Mais à ce sujet M. de Quatrefages fit remarquer qu'il pouvait y avoir
quelque incertitude relativement au gisement de cette pièce , parce que
M. Boucher de Perthes possédait plusieurs dents humaines trouvées dans
le même terrain, sur différents points des environs d'Abbeville, et que ce
savant , ayant retiré tous ces objets de leurs boites respectives pour les
montrer eu même temps à M. Falconer, craignait de n'avoir pas remis cha-
que chose à sa place, ce qui pouvait avoir occasionné quelque erreur dans
l'application des étiquettes fixées sur ces mêmes boîtes.
» Quoi qu'il en soit, les résultats de l'examen de cette dent humaine
( <P6)
turent semblables à ceux obtenus précédemment par l'étude des bâches de
Moulin-Quignon, dont l'ancienneté n'était pas évidente, mais, selon nous,
ne pouvait être niée. MM. Falconer, Prestwicb, Carpenter et Busk pensèrent
qu'à raison de la blancheur et de l'éclat satiné du tissu dentaire de cette
molaire, de la proportion considérable de matière animale contenue dans sa
substance, et de quelques autres caractères du même ordre, on devait néces-
sairement la considérer comme étant très-récente, et dans un article imprimé
qui avait été placé sous nos yeux le premier de ces savants avait déjà déclaré
formellement qu'à raison de ces circonstances le débat était clos et la cause
jugée. Les naturalistes français ne partagèrent pas cette opinion absolue.
Ils virent là des motifs de doute, mais rien de plus. En effet, ils savaient que
des fossiles, non moins anciens que le terrain diluvien lui-même, offrent
parfois des caractères de fraîcheur remarquables. Ainsi un des aides-natu-
ralistes du Muséum qui assistait à nos conférences, et qui avait fait précé-
demment beaucoup de recherches chimiques sur la composition des os et
des dents, plaça sous les yeux de la réunion une canine de l'ours des ca-
vernes qu'il avait trouvée dans le terrain diluvien, aux environs de Com-
piegne, et qu'il avait traitée par de l'acide chlorhydrique pour en extraire les
sels calcaires; or cette dent fossile, ainsi dépouillée de sa substance ter-
reuse, contenait assez de matière gélatineuse pour conserver sa forme
générale. M. Delesse nous montra aussi des dents fossiles dont la section
présentait la blancheur et l'aspect satiné dont M. Falconer avait argué pour
établir que la molaire de Moulin -Quignon était tout à fait récente. Enfin
un autre membre de la réunion fit remarquer que l'état de conservatio n
des dents et des autres débris d'animaux trouvés dans la croûte solide du
globe ne dépend pas seulement du laps de temps pendant lequel ces objets
ont été enfouis dans la terre, mais aussi des circonstances qui ont précédé
ou accompagné leur enfouissement et des diverses conditions de gisement
dans lesquelles ils ont été placés; que des fossiles de même âge géolo-
gique peuvent offrir ainsi des caractères très-différents, et que les parti-
cularités dont nos savants confrères de Londres arguaient pour établir
que la molaire en question était très-récente ne pouvaient nous convaincre.
» Procédant enfin à l'examen de la mâchoire elle-même et des échantil-
lons de la couche noire du diluvium de Moulin-Quignon, les membres de
la réunion furent unanimes à reconnaitre, avec M. de Quatrefagcs, qu'il
paraissait y avoir identité entre la matière constitutive de ce dépôt et la
gangue colorée par du fer et du manganèse qui adhérait à cet os; que sauf
sur un point où l'on voyait quelques stries, dues peut-être au frottement
( 927 )
des doigts lorsque cette gangue était encore humide, on n'apercevaii rien
qui fût de nature à corroborer l'hypothèse de l'application factice de la-
dite gangue; enfin que cette matière terreuse d'un brun noirâtre remplissait
non-seulement les alvéoles, mais aussi une cavité produite par la carie par-
tielle de la molaire restée en place, qu'elle bouchait le trou mentonnier et
qu'elle obstruait l'entrée du canal dentaire.
» A la demande de MM. Falconer, Prestwich, Carpenter et Busk, la
mâchoire fut alors sciée verticalement, de façon à mettre à nu le fond de
l'alvéole occupée par la dent unique qui était restée en place; puis une
grande partie de la surface de la portion antérieure de l'os ainsi séparée
du reste de la mâchoire fut à plusieurs reprises lavée très-fortement avec
de l'eau chaude et une brosse. Au moyen de ces lavages on parvint à enlever
la presque totalité de la gangue sur une étendue assez considérable, et la sur-
face de l'os ainsi nettoyée ne resta que faiblement colorée. Les deux tables
de l'os étaient très-compactes et le diploé ne paraissait être que peu altéré.
On trouva que la racine de la dent implantée dans son alvéole était
encroûtée de grains ferro-manganésiques, ainsi que la paroi correspondante
de la cavité alvéolaire. Enfin on remarqua dans l'intérieur du canal de
l'artère dentaire un léger enduit de sable grisâtre qui différait complète-
ment de la gangue noirâtre située à l'extérieur de l'os, et ce dépôt nous
a semblé indiquer que la mâchoire, avant d'être enfoncée dans la couche
noire du diluvium de Moulin-Quignon, avait dû être exposée à l'action
d'une eau chargée de particules arénacées incolores.
» M- Falconer plaça sous les yeux des membres de la réunion plusieurs
mâchoires provenant de cimetières, et il fit remarquer que l'aspect de ces
os était assez analogue à celui de la portion de la mâchoire réputée fossile
qu'on venait de laver. 11 montra aussi une mâchoire qui avait été trouvée
dans une tourbière dont l'âge géologique n'est pas aussi grand que celui du
dépôt de gravier de Moulin-Quignon, et il fit observer que cet os était
beaucoup plus altéré que ne l'était la mâchoire en question. De l'ensemble
de ces faits, MM. Falconer, Prestwich, Carpenter et Busk conclurent qu'il v
avait eu fraude au sujet de cet os aussi bien que pour les haches de la
couche intérieure du terrain de Moulin-Quignon; que tous ces objets de-
vaient être considérés comme très-récents et que, suivant toute probabi-
lité, les ouvriers de la carrière, après les avoir enduits artificiellement avec
de la matière terreuse provenant de cette couche noire, les avaient enfouis
dans une excavation de la carrière, où leur présence aurait été ensuite
signalée à M. Boucher de Perthes comme une découverte inattendue.
(9*8 )
» M. de Quatrefages et les autres membres français de la réunion ne
crurent pas devoir tirer les mêmes conclusions des faits observés. Ils con-
statèrent que des cailloux ordinaires tirés de la couche noire de Moulin-Qui-
gnon, pour servir à l'entretien des routes, se laissaient quelquefois nettoyer
par le lavage non moins facilement que la mâchoire, et que tous les argu-
ments déjà présentés au sujet de l'influence des différentes conditions de
gisement sur le degré d'altération des fossiles étaient applicables à cet os
aussi bien qu'à la molaire isolée.
» La question ne nous sembla pas pouvoir être élucidée davantage par
un examen plus prolongé dps pièces; mais nous avons pensé qu'il serait
utile d'étudier de nouveau les lieux où on les avait trouvées et de trans-
porter notre enquête à la carrière de Moulin-Quignon. Par conséquent nous
résolûmes de nous y rendre. A notre grand regret, M. Carpenter, obligé de
retourner à Londres, ne put assister à cette seconde partie de nos investi-
gations, mais plusieurs paléontologistes qui avaient déjà pris part à nos
discussions ou qui étaient, comme nous, désireux d'obtenir de nouvelles
lumières sur les points en litige, ont bien voulu nous accompagner. De ce
nombre étaient M. Hébert, M. de' Vibraye, M. Gaudry, M. l'abbé Bour-
geois, M. Delanoue, M. Garigou, M. Alphonse Edwards, M. Bert et M. le
nr Vaillant.
» La valeur d'une pareille enquête dépend beaucoup de la manière dont
les investigations sont conduites, et par conséquent j'espère que l'Académie
m'excusera si j'entre dans quelques explications un peu minutieuses
peut-être au sujet de la marche que nous avons suivie.
« Notre projet d'excursion à Moulin-Quignon ne fut arrêté que lundi der-
nier à deux heures de l'après-midi; aucun avis ne fut transmis à Abbeville;
les parties intéressées dans la discussion furent même les seules à en être
informées, elle lendemain matin, longtemps avant le jour, j'étais déjà rendu
i Abbeville pour y établir la surveillance qui me paraissait désirable. A
cet effet, une personne investie de toute ma confiance (mon fils) alla
s'établir à la carrière de Moulin-Quignon avant que notre arrivée à Ab-
beville eût été annoncée à qui que ce soit. Puis, accompagné de M. de
Quatrefages et de M. Desnoyers, je me rendis chez M. Boucher de Perthes
pour l'informer de nos intentions et demander son concours. Ce savant
répondit avec empressement à nos désirs; il fit appeler un de ses amis,
M. Dimpre, qui avait été témoin de la découverte de la mâchoire; il obtint
de M. Dariotte, propriétaire de la carrière, les autorisations nécessaires
pour les fouilles que nous voulions entreprendre, et il nous accompagna
( 929 )
immédiatement à la carrière, où nous fûmes bientôt rejoints par MM. Fal-
coner, Prestwich, Bnsk, Lartet, Delesse et les autres savants dont j'ai déjà
cité les noms.
» Les travaux furent organisés immédiatement; le nombre des ouvriers
présents ne nous paraissant pas suffisant, nous fîmes venir des environs
une douzaine d'autres terrassiers, et il fut convenu que ces hommes seraient
payés, non à raison des trouvailles qu'ils pourraient faire, mais à la
journée. Enfin nos savants confrères de la Société Royale de Londres e!
plusieurs des naturalistes français qui faisaient partie de la réunion voulu-
rent bien se charger des fonctions de surveillants et se tenir constamment à
côté des ouvriers pour en contrôler les mouvements.
» Nous fîmes d'abord enlever les débris qui encombraient le front de
l'exploitation et mettre à nu la craie blanche sur laquelle repose le grand
dépôt, dit diluvien, de Moulin-Quignon. Cela fait, nous étudiâmes la dis-
position des lieux, pour nous former une opinion sur la facilité avec laquelle
des carriers ou d'autres personnes auraient pu pratiquer une fraude de la
nature de celle que M. Falconer supposait avoir été effectuée.
» La carrière de Moulin-Quignon s'exploite à ciel ouvert, au moyen
d'une tranchée d'environ 5 mètres de profondeur sur [\o à 5o mètres de
long. Les cailloux que l'on en tire se trouvent dans les parties inférieures
et moyennes du dépôt dit diluvien qui est recouvert par une couche peu
épaisse de terre végétale, et pour les extraire on attaque à coups de pioche
le front de la carrière, puis, à la pelle, on rejette en arrière tout ce qui
s'éboule et on en retire les cailloux, en laissant sur place les autres débris
qui remplissent les parties abandonnées de la carrière, à mesure que la
tranchée s'avance. Il en résulte que la section verticale de la carrière recule
toujours à mesure que le travail avance, et que si l'on voulait y pratiquer
une excavation pour y enfouir quelque corps étranger dessiné à être remis
au jour ultérieurement, en présence des personnes auxquelles on désirerait
en imposer, il faudrait interrompre sur ce point les travaux d'exploitation,
depuis le moment où les préparatifs de cette fraude seraient commencés
jusqu'à celui où on pourrait en tirer parti. En effet, il nous a paru impos-
sible d'admettre qu'une supercherie de ce genre pourrait être pratiquée à
l'aide d'un trou percé de liant en bas dans le sol à quelque distance en
avant de la tranchée. Il est aussi à noter que les ouvriers carriers de Mou-
lin-Quignon sont payés à la tâche, c'est-à-dire d'après le nombre de mètres
cubes de cailloux qu'ils tirent de la carrière; que le salaire de chaque ou-
C. R., i863, i" Semestre. (T. LV1, N° 20 ï '^2
( 93o)
viier calculé de la sorte s'élève ordinairement à 2 francs 5o centimes par
jour, et que le prix auquel ils vendent à M. Boucher de Perthes les haches
en question, après avoir été pendant longtemps de 10 centimes, est mainte-
nant de 25 centimes pièce; par conséquent il serait difficile de croire qu'en
vue d'un bénéfice illicite de ce genre ils interrompraient le travail plus lu-
cratif de l'exploitation régulière, lors même que le propriétaire de la car-
rière voudrait consentir à une pareille suspension.
» Nous avons étudié également avec soin la disposition des puisards ou
cavités naturelles qui parfois existent dans le banc de gravier et qui ont été
remplis à une époque très-ancienne par des matériaux provenant de la
partie supérieure du dépôt ou par de la terre superposée à celui-ci. Un
naturaliste distingué de Harlem, M. Van Breda, avait cru pouvoir attribuer
à l'existence de ces puisards l'introduction plus ou moins récente des
haches dans un terrain diluvien de la vallée de la Somme précédemment
déposé par les eaux; mais il nous a semblé impossible d'admettre qu à
Moulin-Quignon les choses se soient passées de la sorte, car les puisards sont
en très-petit nombre, et les masses de sable et d'argile qui descendaient ainsi
vers la craie sont toujours parfaitement reconnaissables, nettement circon-
scrites, et composées de matières très-différentes de celles des couches du
diluvium qu'elles traversaient. Par conséquent un objet qui aurait été enfoui
par l'une d'elles serait entouré d'une gangue semblable au contenu du pui-
sard et non d'une gangue analogue à la substance constitutive des couches
circonvoisines. Or nous avions déjà constaté que la gangue adhérente à la
mâchoire et aux haches attribuées à la couche noire était identique à la
matière dont cette couche se compose, et par conséquent très-différente du
sable argileux, assez analogue au lœss qui se voit dans les puisards.
» En étudiant la section verticale du terrain de Moulin-Quignon, nous fûmes
frappés d'une particularité qui, dans les circonstances ordinaires, nous aurait
paru sans importance, mais qui eu a acquis beaucoup à raison d'un inci-
dent dont j'ai déjà parlé. Nous avons vu précédemment qu'en sciant la mâ-
choire trouvée par M. Boucher de Perthes dans la couche noire, nous
avions remarqué dans l'intérieur du canal de l'artère dentaire un peu de
sable grisâtre qui ne pouvait provenir de cette couche, et cette circonstance
avait été considérée par quelques membres de la réunion comme fournissant
un argument puissant contre ceux qui pensaient que cet os reposait de
temps immémorial dans le terrain diluvien de Moulin-Quignon; cardans
les coupes géologiques de cette carrière qui avaient été placées sous nos
yeux, nous n'apercevions aucun dépôt ayant ce caractère. Mais à peine
( 9'3i )
eûmes-nous fait mettre à vif la section, que l'un de nous 6t remarquer im-
médiatement au-dessus de la couche noire plusieurs lits très-minces de sable
grisâtre qui nous a paru à tous identique au sable précédemment observé
dans l'intérieur de la mâchoire. Cette couche grise se trouvait à quelques
centimètres du niveau où la mâchoire avait été rencontrée, et on concevait
facilement que si L'oSj après avoir séjourné quelque temps dans de l'eau
chargée de ce sable, avait été exposé à l'action de quelque petit remous, il au-
rait pu être enfoui plus profondément dans le gravier noirâtre sous-jacent.
Ainsi l'existence de ce sable grisâtre dans l'intérieur de l'os, qui la veille
nous avait paru fournir un argument plausible en faveur de la non-au-
thenticité de la découverte de M. Boucher de Perthes, est devenue tout à
coup une preuve très-forle du séjour prolongé de l'os dans le lieu où ce sa-
vant l'avait trouvé.
» Cet incident contribua, je pense, à ébranler beaucoup la conviction des
paléontologistes qui avaient attribué à une supercherie la présence de la mâ-
choire dans le diluvium de Moulin-Quignon, et du reste les résultats de la
fouille qui se poursuivait activement sous les yeux de la réunion ne tar-
dèrent pas à convaincre tous les incrédules.
» En effet, en enlevant par tranches verticales le gravier et les cailloux
accumulés entre la craie et la terre végétale, nous ne tardâmes pas à ren-
contrer sur place, à une profondeur de plus de quatre mètres au-dessous
de la surface du sol, un silex taillé en forme de hache, et avant la fin de la
journée nous en découvrîmes quatre autres. Ces produits de l'industrie
humaine reposaient au milieu d'une couche analogue à celle dont on avait
extrait la mâchoire; quelques-uns d'entre eux se trouvaient à plus de vingt
mètres du puisard naturel dont il a été déjà question ; enfin, les circonstances
dans lesquelles nous les trouvâmes ne laissèrenttians l'esprit d'aucun mem-
bre de la réunion le moindre soupçon au sujet de leur authenticité. M. Fal-
coner lui-même vint aider M. Alphonse Edwards à retirer du dépôt diluvien
encore en place une de ces haches.
» Or, sur les cinq haches ainsi obtenues en présence de vingt hommes de
science et sous la surveillance active de personnes qui ne sont pas étrangères à
l'art d'observer, hachesdont l'authenticité était par conséquent indiscutable,
il y en avait quatre qui ressemblaient en tout à celles précédemment tirées
de la couche noire par M. Boucher de Perthes; elles présentaient tous les
caractères à raison desquels, au début de l'enquête, plusieurs membres de
la réunion avaient déclaré que toutes ces haches étaient fausses et avaient
attribué à quelque fraude habilement pratiquée la présence d'une mâchoire
122..
( 932 )
humaine dans le dépôt de gravier où M. Boucher de Perthes avait découvert
cet os.
» Le désir d'arriver à la connaissance de la vérité était Tunique senti-
ment dont étaient animés tous les paléontologistes qui, de Londres et de
Paris, s'étaient rendus à Abheville pour étudier les questions dont je viens
d'entretenir l'Académie, et dés que l'obscurité dont le sujet était d'abord
entouré disparut ainsi, tous les membres de cette réunion d'amis adoptèrent
la même opinion. Ecartant toute idée de fraude, ils ont reconnu, de la
manière la plus franche, qu'il ne leur paraissait plus y avoir aucune raison
pour révoquer en doute l'authenticité de la découverte faite par M. Boucher
de Perthes d'une mâchoire humaine dans la partie inférieure du grand dépôt
de gravier, d'argile et de cailloux de la carrière de Moulin-Quignon.
» Ce n'est pas sans quelque satisfaction que j'ai vu de la sorte les opi-
nions de M. de Quatrefages, de M. Lartet, de M. Desnoyers, de M. Delesse,
et des autres naturalistes français réunis à Moulin-Quignon, obtenir la haute
sanction d'hommes dont l'autorité est si grande dans la science et dont le
jugement est d'autant plus précieux qu'il a été plus lentement formé.
» En effet, M. Prestwich, qui doutait encore en arrivant avec nous à
Abheville et qui est parti convaincu comme nous l'étions nous-mêmes, est
un des géologues les plus estimés de l'Angleterre et un des savants qui ont
fait de la constitution géologique de la vallée de la Somme les études les
plus approfondies. M. Busk, dont l'opinion finale est partagée par M. Car-
penter, est aussi un observateur excellent et dont la valeur est incontestée.
Enfin M. Falconer, qui, dans cette occasion comme dans toutes les autres
circonstances de sa vie, a fait preuve d'un caractère des plus honorables,
d'un savoir profond et d'un amour ardent de la vérité, est sans contredit
un des paléontologistes 1* plus habiles de notre temps; les naturalistes
n'oublient jamais ses longs et beaux travaux sur la faune fossile des mon-
tagnes de l'Inde où vivaient jadis le Sivatherium et une foule d'autres
animaux dont l'étude offrait de grandes difficultés. La dissidence d'opinion
qui, pendant un instant, l'a séparé des naturalistes français, ne diminue
en rien, à leurs yeux, ses droits à la reconnaissance des hommes de
science, et la candide loyauté dont il vient de nous donner de nouvelles
preuves l'élève dans l'estime de tous les gens de bien.
» La nouvelle découverte de M. Boucher de Perthes pourra donc, sans
contestation ultérieure, prendre place à côté de celles de Schmerling, de
Tournai, de M. Lartet, de M. de Vibraye, et des autres paléontologistes qui
ont constaté précédemment des faits du même ordre.
(9^3 )
» L'Académie a pu remarquer que, dans tout ce que je viens de dire, il
n'a jamais été question de l'âge géologique du terrain dans lequel on
trouve tant de preuves de l'existence de l'homme à une période bien recu-
lée, mais dont la date nous est inconnue. En effet, nos investigations n'ont
pas porté sur ce point de l'histoire du globe, car plusieurs d'entre nous
n'auraient pas eu autorité pour en traiter, et nous étions tous désireux de
ne pas sortir des limites de la question de fait dont l'examen était le motif
de notre réunion. Dans ses communications précédentes à l'Académie,
M. de Quatrefages avait déjà fait de sages réserves à ce sujet, et en ter-
minant ce compte rendu je crois devoir ajouter qu'à mon avis on ne
saurait montrer trop de prudence dans les conjectures auxquelles on se
livre lorsque, par la pensée, on remonte dans la série des temps et qu'on se
demande quand ont pu avoir lieu les inondations qui semblent avoir fait
périr les hommes, les éléphants, les rhinocéros et les autres animaux dont
l'existence à ce moment parait être prouvée par les vestiges découverts dans
le terrain cpie la plupart des géologues appellent le diluvium. On doit croire,
ce me semble, que tous ces êtres existaient dans cette région du globe à
une époque où le continent européen n'avait pas encore sa configuration
actuelle, mais il est peut-être permis de se demander si leur destruction a
dû être antérieure aux temps historiques, et si le phénomène qui a modifié
si profondément l'état de cette partie de la surface du globe a dû avoir
nécessairement quelque retentissement dans les parties de l'Asie où l'his-
toire place le berceau de l'espèce humaine et où les traditions des premiers
âges ont été conservées. Ce sont là des questions que je n'ose effleurer,
mais j'ai voulu les indiquer pour motiver la réserve extrême que j'ai cru
devoir montrer dans la partie géologique du débat qui vient de se ter-
miner. »
PALÉONTOLOGIE HUMAINE. — Mâchoire de Moulin-Quignon. Observations de
M. de Quatrefages.
« Je demande à l'Académie la permission d'ajouter quelques mots au
Rapport d'ailleurs si complet de M. Edwards. Je désire me joindre à mou
honorable confrère pour exprimer les seutiments de haute estime que m'ont
inspirés la démarche des savants anglais et toute leur conduite pendant les
quelques jours que nous avons passés, pour ainsi dire, en discussion perma-
nente. Il est impossible d'apporter dans des débats de cette nature un amour
plus désintéressé pour la science, une loyauté plus complète; d'accepter
avec une franchise plus entière les faits une fois constatés. Au début de nos
( 934 )
conférences, les convictions opposées étaient également entières, et pour-
tant la sévérité minutieuse que chacun apportait à l'examen des choses n'a
jamais altéré un seul instant la cordialité envers les personnes, et j'ose espé-
rer que cette lutte scientifique aura fait naître entre tous ceux qui v ont
pris part une amitié sincère et durable.
» Je dois ajouter que la discussion a mis pleinement en lumière un fait
facile à admettre, et dont, pour mon compte, je n'ai jamais douté. Il n'a pu
venir à l'esprit de personne que des hommes aussi éminents que MM. Fal-
coner, Busk, Prestwich, etc., aient embrassé à la légère, et sans des motifs
sérieux, les opinions qu'ils sont venus défendre à Paris; on comprend que
ces mêmes motifs aient dû faire naître quelques doutes dans l'esprit de
M. Carpenter. Aussi suis-je le premier à reconnaître que ces motifs exis-
taient. En l'absence de tout autre moyen de contrôle, l'apparence exté-
rieure de certaines haches soumises au lavage, la conservation remar-
quable de la matière animale dans la dent examinée en Angleterre et les
conséquences qu'entraînait cette conservation, pouvaient fort bien paraître
motiver pleinement les conclusions adoptées par nos confrères de Londres.
Pour contre-balancer l'entraînement qui devait résulter de la constatation
de ces faits, pour conserver et défendre des convictions contraires, il fallait
avoir par devers soi une base vraiment inébranlable et un terme de compa-
raison pour ainsi dire absolu. Or, ces deux éléments manquaient à nos sa-
vants amis de Londres, tandis que j'avais l'immense avantage de les posséder.
» En effet, seul, je pouvais avoir la certitude entière que l'une de mes deux
haches était incontestablement authentique, car moi seul l'avais vue en place,
dans les parois à vif de la carrière, sur un point que l'outil n'avait pas même
effleuré. Ici toute fraude, comme je le disais dans ma seconde Note, était
rigoureusement impossible.* Dès lors, quels que fussent les caractères pro-
pres de cette hache, ils ne pouvaient rien prouver contre son authenticité.
Tout au contraire, l'étude de ces caractères devait évidemment m'éçlairer
sur la valeur de ceux que présentaient les autres objets de même nature
et la mâchoire elle-même; elle devait surtout démontrer si cette dernière
avait été frauduleusement introduite dans la couche où l'avait trouvée
M. Boucher de Perthes, ou bien si elle datait de la même époque que cette
couche.
» Or, cette étude, minutieusement faite à tous les points de vue, condui-
sait toujours à admettre la contemporanéité de la hache servant de point de
comparaison, des autres haches de même provenance, et de la mâchoire
humaine. — Je ne pouvais donc douter de l'authenticité de cette dernière
(935 ;
» On voit sur quelle base sûre reposait l'opinion que j'ai défendue. Sans
elle, je n'hésite pas à le reconnaître, mes convictions premières eussent
sans doute été, sinon changées, du moins rudement ébranlées, par les faits
graves que leur opposaient des juges aussi compétents que MM. Falconer,
Prestwich, Busk, Evans; sans elle aussi peut-être, les savants qui, les pre-
miers, ont hautement accepté avec moi l'authenticité de la mâchoire,
MAI. Delesse, Desnoyers, Lartet, Gaudry, Lyman, Pictet, eussent-ils hésite
davantage à se prononcer, et je suis heureux de les remercier ici de la
confiance qu'ils ont témoignée dans la sûreté de mes observations (i).
» Mais le même fait, venant à se reproduire, devait amener chez les autres
un résultat tout semblable, et c'est ce qui est arrivé. Dès que nos éminents
confrères de Londres ont pu disposer des mêmes éléments d'appréciation,
des qu'ils ont eu vu retirer des haches de la carrière, — et surtout constaté la
présence de la hache n° 5 dans les parois mêmes de l'exploitation, — dès
qu'ils ont pu comparer les caractères de cette hache avec les caractères des
haches jusque-là regardées par eux comme fausses ou douteuses, ils se
sont ralliés à notre opinion avec la loyale franchise dont ils avaient fait
preuve pendant toute la discussion.
» Au reste, le désaccord même qui nous a séparés pendant quelques jours
aura été très-utile à la science. « Le procès de la mâchoire (tlie triai qf tlit
» jaw), m'écrit M. Carpenter (2), prendra place parmi les causes célèbres de
>■ la science. » Or, ce procès a été instruit de telle sorte, qu'il me parait impos-
sible de ne pas accepter le verdict porté a l'unanimité par un jury naguère
si profondément divisé. L'authenticité de la découverte faite par M. Bou-
cher de Perthes est donc désormais hors de doute. »
M. Eue de Beaumont demande la parole et s'exprime dans les termes
suivants :
■« J'espère que mes honorables et savants confrères, M. Milite Edwards
et M. de Quatrefages, voudront bien ne pas trouver que je manque de cour-
toisie en exprimant l'opinion que le terrain de transport exploité dans la
carrière de Moulin-Quignon n'appartient pas au diluvium proprement dit.
» Dans mon opinion ce terrain détritique, d'apparence clysmienne, doit
être rapporté aux dépôts auxquels j'ai appliqué la dénomination de dépôts rntu-
(1) M. Alphonse Edwards, qui vint étudier ces objets chez moi après la lecture de ma
troisième Note, reconnut aussi leur authenticité avant toute discussion contradictoire.
(2) M. Carpenter, qui du reste n'a manifesté nulle part officiellement les doutes qu'il a pu
concevoir, adopte toutes les conclusions de la réunion, et m'exprime son opinion à ce sujet
dans une lettre à laquelle j'ai été extrêmement sensible.
(936)
blés sur des pentes. La spécification de ce terrain n'est pas une invention née
de la discussion actuelle ; j'ai figuré et désigné ainsi le terrain dont il s'agit,
de concert avec M. Dufrénoy, sur la Carie géologique détaillée du nord de la
France à l'échelle de -g^nnr, 1n* a ^ exposée en 1 855 au Palais de l'In-
dustrie. Déjà, plusieurs années auparavant, M. du Souich, ingénieur en
chef des mines, l'avait figuré sur sa Carte géologique du département du
Pas-de-Calais, et notre savant confrère, M. Antoine Passy, l'a également
figuré sur sa Carte géologique du département de la Seine-Inférieure, pré-
sentée l'année dernière à l'Académie.
» La Carte géologique détaillée n'indique dans la vallée delà Somme,
près d'Abbeville (je ne parle pas ici d'Amiens), que trois terrains : la craie
blanche supérieure, Yalluvion tourbeuse et les dépôts meubles sur des pentes.
» La Carte géologique générale de la France, à l'échelle de 60O'0ut), en
figurait seulement deux, la craie blanche c2 et Yalluvion a2, parce que les
dépôts meubles sur des pentes n'y étaient pas distingués de Palluvion, et
avaient dû même souvent être négligés.
» Les dépôts meubles sur des pentes sont contemporains de l'alluvion
tourbeuse ( i ) et de même que la tourbe ils peuvent contenir des produits de
l'industrie humaine et des ossements humains. Mais ces mêmes dépôts
(sortes de post-diluvium), étant formés de débris détachés et entraînés par
les agents atmosphériques (les orages, les gelées, les neiges, etc. ), peuvent
contenir en même temps que ces débris, tout ce que contiennent les petits
dépôts diluviens répandus partout à la surface et dans les anfractuosités des
roches en place, notamment des dents et des ossements d'éléphant, d'hippo-
potame, etc., qui sont au nombre des matières que le transport et l'action
des agents extérieurs détruisent le plus difficilement (2).
(1) Je reproduis ici, pour mieux préciser les idées, le commencement de la légende de la
Carte géologique détaillée, imprimée en i855 :
Terrains superficiels.... A. dépôts meubles sur des pentes. — a:. alluvions. — L. dunes et
cordon littoral. — T. tourbes.
Terrain erratique ou diluvium a', dépôt erratique supérieur.
!P3. limon jaune de Picardie.
P2. dépôt erratique inférieur.
P1. sable de Diest.
Terrain tertiaire moyen.
(2) Dans nos départements de l'Est (Moselle, Meurthe, Meuse, Haute- Marne, etc.) on
désigne par le nom spécial de groise , les dépôts de débris incohérents qui forment des talus
plus ou moi,ns inclinés sur les pentes et au pied des escarpements des calcaires jurassiques-
( 937 )
» Les hommes et leséléphants, dont lesosseménts seraient confondus dans
un pareil dépôt, n'auraient pas été nécessairement contemporains, et l'état
de conservation différent de leur matière gélatineuse suffirait, suivant moi,
pour avertir qu'ils remontent à des époques très-différentes. Quant aux haches
en silex véritablement antiques, il serait naturel, ce semble, de les rapporter
à Vàge de pierre des habitations lacustres de la Suisse : or les habitations la-
custres étant coordonnées au niveau actuel des lacs, on peut affirmer qu'elles
sont post-diluviennes; car dans les lacs de la Suisse, dans ceux même, s'il
en existe, dont le lit n'a pas été façonné par le phénomène erratique ou di-
luvien, le niveau actuel des eaux ne ilate que des derniers effets de ce puis-
sant phénomène, qui ont laissé le seuil de chaque lac tel que nous le voyons
aujourd'hui.
» Je ne crois pas que l'espèce humaine ait été contemporaine de VEle-
phas primigenius. Je continue à partager à cet égard l'opinion de M. Cuvier,
\1 opinion de Cuvier est une création du génie; elle n'est pas détruite. »
Observations de M. Milne Edwards à l'occasion des remarques précédentes.
« M. Milne Edwards répond qu'il ne se considère pas comme ayant
autorité pour discuter avec son savant confrère, M. Elie de Beaumont, la
question stratigraphique relative à l'âge du grand dépôt de cailloux, de
gravier et de sable qui occupe la vallée de la Somme autour d'Àbbeville et
d'Amiens, et qui renferme sur plusieurs points, notamment à Moulin-Qui-
gnon, à Menchecourt et à Saint Acheul, des produits de l'industrie hu-
maine à côté d'os fossiles du mammouth et d'autres animaux dont l'espèce
est éteinte aujourd'hui. Il laisse cette discussion aux géologues dont l'opi-
Feu M. Duhamel parle souvent de la groise, dans le précieux journal encore inédit de ses
tournées géologiques faites avant l'année iS5o, dans le département de la Haute- Marne; et
dans une Notice fort intéressante que j'ai lue il v a plusieurs années, un auteur, dont le nom
m'échappe en ce moment, a signalé la présence d'ossements d'éléphant dans ces talus
de matières meubles : il est évident que des produits de l'industrie et même des ossements
humains doivent se trouver aussi dans ces dépôts qui sont accrus et souvent remaniés à chaque
dégel, à chaque orage. La groise est, de même que les dépôts meubles sur des pentes auxquels
on peut la rattacher, un terrain d'un caractère mixte, au point de vue paléontologjque
comme au point de vue de sa formation par des éboulis accumulés.
Rien n'est plus complexe et souvent plus difficile à débrouiller et à expliquer que la couche
de matériaux incohérents qui existe presque partout au-dessous de la couche de terre vé-
gétale que retourne le soc de la charrue. Confondre impitoyablement tous ces amas de ma-
tières détritiques sous le nom de diluvium, c'est simplement éluder les difficultés auxquelles
ils donnent naissance.
C. [\., i863, i" Semestre. (T. LVI,.2P> SD;) ' 23
( 938)
nion est déjà connue par leurs écrits, et il ajoute qu'il a employé le mot
diluvium pour désigner ce terrain, parce que ce nom, quelque fausse que
puisse être l'idée que l'on y attache quelquefois, avait été souvent prononcé
dans l'enquête dont il rend compte, et lui avait paru être accepté par
tous les géologues qui se trouvaient avec lui à Abbeville. Il y avait entre ces
savants quelque dissidence d'opinion relativement au synchronisme de cer-
taines divisions de ce terrain , mais il lui semble que tous s'accordaient
avec M. Prestwich pour considérer l'ensemble de ces dépôts comme appar-
tenant à la période quaternaire, et comme n'ayant pas été remanié depuis
l'époque actuelle. M. Mil ne Edwards croit devoir ne pas discuter cette ques-
tion géologique, qui n'est pas de sa compétence, mais il ne s'imposera pas
la même réserve au sujet de la question zoologique touchant l'existence
contemporaine de l'homme et de divers animaux dits antédiluviens dont
les os se retrouvent à l'état fossile dans le terrain de transport de la vallée
de la Somme ainsi que sur beaucoup d'autres points en Europe, mais dont
l'espèce est éteinte aujourd'hui. Cette contemporanéité lui semble, sinon
démontrée, du moins extrêmement probable, et, dans une autre occasion,
il développera les motifs de son opinion; car la négation absolue pro-
noncée par son savant collègue porte non-seulement sur le fait particulier
de la vallée de la Somme, mais aussi sur tous les faits analogues signalés
depuis une dizaine d'années tant en Angleterre et en Belgique qu'en
France. »
Observations de M. de Quatrefages au sujet de la déclaration Jaite
par M. Élie de Beaumont.
« Un de nos confrères me fait remarquer que la déclaration de notre
illustre Secrétaire perpétuel semble enlever toute valeur scientifique à la
mâchoire dont on s'est tant occupé; que si cette mâchoire appartient à
l'époque actuelle, elle n'offre guère plus d'intérêt que tout ossement retiré
d'un ancien cimetière.
» Je ne sais quelle est sur ce point la manière de voir de M. de Beaumont,
mais en ce qui me concerne j'ai une opinion fort différente. Quelle que
soit la doctrine géologique reconnue pour vraie, la mâchoire trouvée par
M. de Perthes n'en aura pas moins une très-grande importance au point de
vue de l'anthropologie. Ses caractères la distinguent des ossements de
même nature ayant appartenu aux époques gallo-romaines ou celtiques; la
présence seule des haches avec lesquelles on l'a trouvée lui assigne une plus
haute antiquité. D'autres faits de la même nature que celui qui vient de
nous occuper seront en outre sous peu mis sous les yeux de l'Académie.
(939 )
Mais dès à présent on peut affirmer que la mâchoire de Moulin-Quignon
appartient à une des plus anciennes et bien probablement à la plus ancienne
des races qui ont habité le sol de l'Europe occidentale. Cette conclusion est
à mes yeux entièrement indépendante des questions géologiques.
» Quant à ces dernières, je déclare encore une fois n'avoir aucune qua-
lité pour les traiter, et si, dans mes communications précédentes, j'ai em-
ployé des expressions qui semblaient indiquer un parti pris à cet égard,
c'est que je croyais me servir de termes consacrés par un usage généial. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences sur la décoloration des fleurs du
Lilas (Syringa vulgaris L. ) dans ta culture forcée; par M. P. Dcchartre.
« Le Lilas commun [Syringa vulgaris \j.) est devenu dans ces derniers
temps l'objet d'une culture spéciale, curieuse par le résultat qu'elle donne,
et qui a pour les physiologistes un intérêt évident, puisqu'elle montre avec
quelle énergie les circonstances extérieures peuvent agir sur le principe co-
lorant de certaines fleurs. Elle consiste en elfet à prendre dans les pépi-
nières, à un moment quelconque de notre long hiver, des pieds de cet
arbuste appartenant aux variétés colorées, particulièrement à celle qui est
connue sous le nom de Lilas de Marly [Syringa vulgaris Lin., var. purpurea
D.C.), et, en les soumettant à une culture forcée, c'est-à-dire opérée en
serre chaude, à en obtenir, clans l'espace de deux à trois semaines, des
fleurs dépourvues de leur couleur normale, en d'autres termes, à peu
près entièrement blanches.
» La marche suivie par les jardiniers en vue d'obtenir ainsi des fleurs
blanches du Lilas naturellement violet a subi successivement des modifi-
cations qu'il ne sera pas inutile de rappeler en peu de mots.
» A l'origine et à la date d'environ quarante ans, les rares horticulteurs
parisiens qui savaient obtenir, en hiver, du Lilas blanchi par la culture, creu-
saient dans le sol une fosse profonde, au fond de laquelle ils établissaient
une bonne couche de fumier; lorsque la fermentation avait échauffé cette
couche au degré convenable, ils la couvraient de touffes de Lilas fraîche-
ment ai radiées en motte. Ils fermaient ensuite la fosse au moyen de châssis
vitrés qu'ils couvraient de paillassons, et dont ils garnissaient tout le tour
avec du fumier, formant ce qu'on nomme en horticulture un réchaud. Ainsi
disposé, le Lilas développait, dans l'espace de 17 à 20 jours, des fleurs remar-
quablement blanches. Or, comme on le voit, les influences auxquelles on
le soumettait dans ce cas étaient une forte chaleur produite parla fermen-
123..
( 94o )
tation du fumier, et la suppression presque complète de la lumière, due a la
profondeur de la fosse e( à la présence de paillassons sur les vilres des châssis.
» Plus récemment, un horticulteur de Paris, aussi ingénieux qu'habile
dans son art, M. Laurent aîné, a substitué à ce procédé primitif et dispen-
dieux une marche nouvelle qui offre le double avantage d'être moins coû-
teuse, grâce au remplacement des couches et réchauds de fumier par des
appareils de chauffage, et de donner en moins de temps un résultat plus
assuré. Dans le vaste établissement qu'il a créé pour cet objet, et dans le-
quel il obtient aussi en abondance, pendant tout l'hiver, des roses d'une
fraîcheur parfaite, il consacre à la culture du Lilas trois grandes serres
à un seul versant, où l'exposition vers le nord ne laisse arriver que la lu-
mière diffuse, affaiblie encore, pendant le développement des fleurs, au
moyen de grands panneaux de bois goudronné qu'on pose sur la moitié en-
viron de la surface vilrée. Là de puissants thermosiphons maintiennent une
température constante de 3s à 35° C. Les touffes de Liias, immédiatement
après avoir été arrachées, sont plantées dans le sol qui forme le tond de ces
serres, bien que le temps leur manque pour s'y enraciner, et dans le court
espace de i4 jours, en moyenne, elles développent de belles panicules de
fleurs blanches, égales en ampleur à celles que le printemps fait épanouir,
dans les conditions normales de la végétation.
» Ici encore, quelles sont les circonstances extérieures les plus saillantes
sous l'action desquelles est placé le Lilas et par lesquelles il semble naturel
d'expliquer le résultat obtenu, c'est-à-dire la décoloration des fleurs? Ce
sont, si je ne nie trompe: i° la haute température, qui accélère beaucoup
l'ouverture des bourgeons à contre-saison, et le développement des inflores-
cences; 2° l'affaiblissement de la lumière, dont on connaît la puissante in-
fluence sur la coloration des fleurs et qui manifeste, dans ce cas, son action
en signes irrécusables par le demi étiolement des rameaux feuilles ; 3° peut-
être l'arrachage, qui a placé l'arbuste dans un état peu favorable à sa nutri-
tion. De ces trois circonstances extérieures, l'affaiblissement de la lumière
est celle à laquelle j'ai cru pouvoir attribuer l'action la plus puissante,
lorsque, à la date de trois années, j'ai examiné avec quelque détail, dans
\e Journal de la Société impériale et centrale a" Horticulture, les cultures forcées
de Lilas de M. Laurent aîné; cependant je n'ignorais pas alors que la dé-
coloration des mêmes fleurs était obtenue par d'autres jardiniers sans cet
affaiblissement de la lumière, mais toujours à l'aide d'une haute tempéra-
ture et d'ailleurs par une culture notablement différente.
•> Cette année, une circonstance heureuse, dont je me suis empressé de
( 9-'i' )
profiter, ma permis de reprendre l'étude de cette question intéressante et
d'en poursuivre l'élucidation par des expériences variées dont je vais avoir
l'honneur de communiquer les résultats à l'Académie.
» Au mois de février dernier, un motif particulier m'ayant conduit à
Rocquencourt, près de Versailles, dans la belle propriété de M. Furtado,
j'y ai vu avec surprise les heureux résultats d'une culture hivernale de Lilas
faite dans des conditions différentes de celles que je viens d'indiquer.
M. Fournier, qui y dirige avec une rare habileté de vastes cultures jardi-
nières, eut l'idée, il V a deux ans, de coucher simplement, sous la larçe
tablette d'une serre médiocrement chauffée, quelques touffes de Lilas arra-
chées avec une motte peu volumineuse. Il vit cet essai réussir au delà de ses
espérances, et les arbustes ainsi placés développer de belles panicules de
fleuis blanches. Dès lors, éclairé par cette expérience, il a établi, dans une
serre hollandaise ou à deux versants, une culture simplifiée qui lui a donné
sans interruption, pendant tout l'hiver dernier, une quantité considérable
de fleurs de Lilas dépourvues de principe colorant. Les conditions dans les-
quelles il a obtenu ce résultat sont : une température de i5°C. en moyenne
et une lumière affaiblie, les arbustes arrachés avec une petite motte étant
mis dans une fosse maçonnée qui a été creusée pour cet objet sous une
large tablette de la serre.
» Dans ces nouvelles conditions, il est évident que la chaleur ne peut être
regardée comme empêchant la formation du principe colorant, puisque le
Lilas ainsi cultivé n'est soumis qu'à une température de -+- i5°C, égale à
peu près à la moyenne diurne sous l'influence de laquelle il épanouit habi-
tuellement ses fleurs, dans les circonstances normales, au printemps. Il ne
reste donc, dans ce cas, parmi les trois causes probables de cette décolo-
ration, que l'affaiblissement de la lumière, et peut-être l'arrachage, aux-
quels on puisse recourir pour essayer une explication du fait. C'est afin de
m'éclairer sur l'action que pouvaient exercer ces deux dernières causes, et
plus particulièrement la première, que j'ai fait les expériences suivantes aux-
quelles M. Fournier a bien voulu se prêter avec une parfaite obligeance.
» i° Comme je l'ai dit, les pieds de Lilas commun, destinés à la produc-
tion de fleurs blanches, sont placés à Rocquencourt dans une serre basse,
entièrement vitrée par-dessus; après avoir été arrachés avec une motte peu
volumineuse, ils sont posés, plus ou moins obliquement, dans une longue
fosse maçonnée, creusée au-dessous d'une tablette en bois qui est large
d'environ im,5o, et qui supporte habituellement de nombreuses plantes en
pots. Cette fosse reçoit une lumière affaiblie qui y pénètre, du côté du nord,
( 942 )
par l'intervalle dont la tablette s'élève au-dessus du sol de la serre. Là on ne
donne pas à ces arbustes d'antres soins que les arrosenients nécessaires pour
entretenir leur végétation. La lumière à laquelle ils sont soumis est d'autant
plus affaiblie qu'ils se trouvent plus éloignés de l'ouverture de la fosse, et cette
différence se traduit par l'état des feuilles qui, sur les pieds voisins de cette
ouverture, sont très-vertes et fermes, tandis que, sur ceux qui sont placés
plus en arrière, elles sont jaunâtres et visiblement étiolées. Malgré cette iné-
galité dans la lumière sous l'influence de laquelle s'opère leur développe-
ment, toutes les fleurs de ces Lilas sont uniformément blancbes, circonstance
remarquable qui m'a fait penser qu'il y aurait de l'intérêt à voir s'il en
serait de même dans le cas où l'on exagérerait la différence d'intensité
lumineuse.
» Dans ce but, sur deux touffes de Lilas placées en deux points différents
de la serre, on a redressé plusieurs branches à coté et en dehors de la
tablette; on les a fixées ensuite dans la direction verticale, de telle sorte
que leur extrémité supérieure se trouvât au plus à om,3o d'éloignement des
vitres. C'est le i5 février que cette expérience a été commencée. Le temps
a été fort beau pendant toute la fin de ce mois et le commencement du
mois suivant. Pendant tout ce temps, le versant nord du toit vitré est resté
constamment découvert, et on s'est borné à jeter un peu de paille sur les
vitres du versant sud durant la portion la plus chaude de la journée. C'est
donc sous l'influence d'une vive lumière, le plus souvent même sous l'action
directe des rayons solaires, que les branches de Lilas redressées avec inten-
tion ont ouvert leurs bourgeons et développé leurs inflorescences dont les
fleurs étaient déjà tout à fait épanouies et remarquables pour leur blancheur,
le 5 mars, c'est-à-dire au bout de dix-huit jours. Les corolles étaient égale-
ment blanches sur les branches des mêmes pieds qui étaient restées sous la
tablette, c'est-à-dire à une lumière beaucoup plus faible. De part et d'autre,
les jeunes boutons de fleurs s'étaient montrés légèrement violacés; mais le
principe colorant, qui s'y était produit d'abord en très-taible quantité, n'ayant
pas continué de s'y former, s'était en quelque sorte délayé dans le tissu de
la corolle de plus en plus agrandie, et n'avait pas tardé à devenir dès lors
inappréciable à l'œil.
» Cette expérience a été répétée avec des résultats identiques sur quelques
autres touffes de Lilas, du 23 mars au 6 avril suivant, période pendant
laquelle le temps a été encore presque constamment beau.
■ a° Un pied de Lilas, arraché comme les autres en pépinière, a été
placé, le ïo mars dernier, sur un autre point de la serre, sous le versant
(943 )
vitré dont la pente est dirigée vers le nord. Comme là il n'existe pas de
fosse, on en a enfoncé la motte dans le sol de la serre, afin de diminuer la
hauteur de l'arbuste; néanmoins, les branches de celui-ci étaient encore un
peu plus hautes que le toit vitré, et on a dû les incliner sous les châssis.
Aucun abri n'a été posé à un moment quelconque sur les vitres; néanmoins,
le 6 avril, chaque branche de cette touffe portait une belle panicule de fleurs
blanches.
» Ces diverses expériences me semblent autoriser cette conclusion bien
peu en rapport avec les principes admis en physiologie, relativement à la
généralité des plantes, que les fleurs du Lilas commun [Syringa vutgaris L.),
lorsqu'elles se développent en hiver, dans une serre, soit fortement chauffée,
soit maintenue à la température modérée de +iS° C, ne produisent à peu
prés pas de principe colorant dans le tissu de leur corolle, même sous l'in-
fluence d'une vive lumière.
« Je ne dois pas oublier de dire que, pendant les trois ou quatre heures
de la journée durant lesquelles le soleil aurait trop élevé la température de
la serre, on soulevait légèrement le côté inférieur des châssis de manière a
donner accès à un peu d'air plus frais.
» 3° Un pied de Lilas a été laissé en pleine terre et à l'air libre, dans la
pépinière, jusqu'au i a avril. A cette date, il avait ses boutons de fleurs déjà
formés et nettement colorés en violet, comme ils le sont normalement dans
ces conditions. On l'a retiré alors de cette place en l'arrachant avec une
motte peu volumineuse, et on l'a transporté dans la serre, où ses branches,
sont restées à la lumière. Le principe colorant n'a plus continué à se pro-
duire, dans ces nouvelles conditions, et, par suite, ces jeunes boutons colo-
rés sont devenus des fleurs blanches, que j'ai vues bien épanouies le
19 avril.
» 4° Dans les premiers jours du mois d'avril dernier, une touffe de Lilas,
arrachée comme de coutume, a été placée dans la serre, sa motte enfoncée
dans le sol. La plupart de ses branches sont restées dans l'atmosphère de
cette serre et tout près des vitres; quant aux autres, on les a fait passer à
travers une ouverture qu'on a pratiquée dans un châssis en en retirant une
vitre, de telle sorte qu'elles s'élevaient d'environ i mètre, à l'air libre, en
dehors delà serre; on a fermé ensuite soigneusement avec de la mousse
l'ouverture ainsi pratiquée. Grâce à cette disposition, une partie de l'arbuste
mis en expérience végétait en serre, tandis que l'autre subissait l'influence
des circonstances extérieures qu'on avait cependant le soin d'affaiblir pen-
dant la nuit, en enroulant autour d'elle un paillasson.
( 944 )
» Dans cette expérience, deux faits se sont produits : d'abord, comme on
devait s'y attendre, le développement des branches renfermées dans la serre
a été beaucoup plus rapide que celui des autres; le 19 avril, je les voyais
chargées de fleurs blanches déjà épanouies en partie, tandis que les
branches placées à l'air libre ne portaient encore que de petits boutons
dont les dimensions étaient celles d'une tète d'épingle et qui se mon-
traient nettement violacés. Il a fallu encore deux semaines pour amener
ces boutons à l'état de fleurs; en second lieu, les branches reportées à l'ex-
térieur de la serre ont donné, sous l'influence de l'air libre, des fleurs colo-
rées comme dans l'état normal. Ainsi, dans ce dernier cas, le même pied
de Lilas commun a donné des fleurs, les unes blanches, les autres violettes,
selon qu'elles se sont développées dans l'atmosphère confin.ee de la serre ou
à l'air libre extérieur.
» Les expériences dont je viens de rapporter les résultats me semblent
prouver que, si le Lilas commun (Syringa vulgaris L. ) produit des fleurs
blanches lorsqu'il est cultivé en serre pendant l'hiver, cette absence du prin-
cipe colorant dans ses corolles n'est due ni à la chaleur, m à l'affaiblisse-
ment de la lumière, ni à l'arrachage, auquel je n'ai jamais cru pouvoir
attribuer une grande influence sous ce rapport. Peut-être la rapidité du
développement des fleurs intervient-elle, dans ce cas, comme Tune des causes
efficientes du phénomène; j'avoue néanmoins que je ne conçois guère la pos-
sibilité de son action. En dernière analyse, je me trouve conduit à cher-
cher l'explication du fait dans l'influence de l'oxygène ozonisé, principe
décolorant par oxydation des matières organiques, qui, d'après diverses
observations, notamment d'après celles de M. Kosmann (1), doit exister en
plus forte proportion dans des serres remplies de plantes que dans l'atmo-
sphère libre. C'est sous toutes réserves que je hasarde cette hypothèse, et je
n'aurais même pas osé en parler devant l'Académie si des chimistes distin-
gués, à qui j'ai soumis mes conjectures à ce sujet, ne les avaient regardées
comme admissibles. Si cette manière de voir était fondée, on pourrait dire
que les fleurs du Lilas commun sont une sorte de réactif vivant pour l'oxy-
gène ozonisé; mais, je le répète, je ne hasarde cette explication cpie faute
d'en trouver une qui soit plus en harmonie avec les idées admises aujour-
d'hui par les botanistes; j'ose croire toutefois que, même en restant inex-
pliqués, les faits consignés dans cette Note ne sont pas entièrement dépourvus
(1) Comptes rendus, I. LV, p. ^3 1 .
( 945 )
d'intérêt et qu'ils méritaient d'être portés à la connaissance du monde
savant. »
M. le Secrétaire perpétuel communique une courte Note de M. Hof-
mann conçue dans les termes suivants :
« Bleu d'aniline. — En poursuivant mes recherches sur les couleurs
d'aniline, je suis arrivé à un résultat très-simple : le bleu d'aniline est la
rosauiline triphénylique : une molécule de rosaniline et trois molécules
d'aniline renferment les éléments d'une molécule de bleu d'aniline et trois
molécules d'ammoniaque. »
M. Elie de Beaumoxt fait hommage à l'Académie, au nom de (M. Petit,
directeur de l'Observatoire de Toulouse, du premier volume des Annales
de cet Observatoire.
M. le contre-amiral Fitz-Roy, récemment nommé à une place de Corres-
pondant de l'Institut, Section de Géographie et de Navigation, adresse ses
remercîments à l'Académie.
NOMINATIONS.
L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'un Membre
de la Section de Physique en remplacement de feu M. Despretz.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 55,
M. Edmond Becquerel obtient. . . l\i suffrages.
M. Léon Foucault. 9 »
M. Jamin 2 »
Il y a deux billets blancs.
M. Edmond Becquerel, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no-
mination de trois Commissions chargées de décerner, s'il y a lieu, les prix
suivants :
C. R., 1863, i« Semescre. (T. LVI, 1N° 20.) I M
( 946 )
Prix d' Astronomie, fondation Lalnnde : Commissaires, MM. Mathieu, Lau-
gier, Delaunay, Liouville, Le Verrier.
Prix de Mécanique, fondation Montyon : Commissaires, MM. Morin,
Piobert, Combes, Ponceler, Clapeyron.
Prix Barbier (Découvertes intéressant l'art de guérir , ou la botanique
médicale) : Commissaires, MM. Brongniart, Montagne, Rayer, Cloquet,
Decaisne.
MÉMOIRES LUS.
M. Moreau-Lemoine commence la lecture d'un Mémoire sur le galva-
nisme, et en général sur les forces qui président à la formation et à la
décomposition des corps inorganiques et organiques.
(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Babinet
et Pasteur.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Mémoire sur le calcul des perturbations absolues
dans les orbites d'une excentricité et d'une inclinaison quelconques ; par
M. G.-J. Serret (de Saint-Omer). (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires, MM. Liouville, Bertrand, Serret.)
« L'objet que nous nous sommes proposé dans ce travail est de simplifier
considérablement le calcul des perturbations, et de le rendre possible dans
le cas même où les excentricités et les inclinaisons atteignent de très-grandes
valeurs.
« Jusqu'ici, presque tous les auteurs qui ont traité de la théorie des per-
turbations se sont surtout attachés à développer les inégalités suivant les
puissances croissantes des excentricités et des inclinaisons, et l'on sait que
les séries ainsi obtenues sont inapplicables dès que les orbites sont inclinées
ou dès que l'une d'entre elles a une excentricité un peu grande. M. Hansen
paraît être le seul qui ait essayé de traiter le cas des excentricités et des incli-
naisons quelconques. Ses méthodes exigent toutefois que le rapport — des
rayons vecteurs soit constamment plus grand ou constamment plus petit
que l'unité; si cette condition n'est pas remplie pour les orbites que l'on
considère, on est obligé de partager l'orbite troublée en un certain nombre
de parties qu'il faut considérer chacune isolément. De plus, les coordonnées
( 947 )
dont M. Hanseti fait usage dépendent de quantités purement analytiques
toutes différentes des quantités géométriques dont l'emploi est si familier aux
astronomes. La méthode que nous proposons ici est à l'abri de ces incon-
vénients; la convergence y est générale, bien que ne pouvant pas, évidem-
ment, être aussi rapide dans tous les cas. La marche des calculs est d'ailleurs
d'une régularité et d'une simplicité si remarquables, que, dans le cas même
des faibles excentricités, nos formules présentent des avantages marqués
sur toutes celles qu'on a données jusqu'à ce jour.
» Lorsqu'on emploie, à la place des anomalies moyennes, les anomalies
excentriques u et «', le carré de la distance du corps troublant au corps
troublé se ramène aisément à une fonction composée d'un terme constant
et de six termes périodiques. Le développement d'une puissance négative et
fractionnaire de cette fonction constitue le terme principal de la fonction
perturbatrice ou d'une quelconque de ses dérivées.
» C'est surtout par la manière d'effectuer ce développement que notre
méthode se distingue de toutes celles qui ont été publiées jusqu'à présent.
Nous considérons successivement des fonctions comprenant un, deux,
trois, quatre, ou un plus grand nombre de termes périodiques, et nous
montrons que leurs puissances sont données par des séries infinies, dans
lesquelles chaque coefficient est une transcendante d'une nature particu-
lière. Nous distinguons ensuite ces transcendantes en divers ordres, et nous
les nommons transcendantes du premier, du second, du troisième, etc., ordre,
suivant que la fonction qui les donne par son développement contient elle-
même un, deux, trois, ou un plus grand nombre de termes périodiques.
Cela posé, nous arrivons aux théorèmes suivants :
» Théorème I. — Les transcendantes du premier ordre sont égales aux
produits par un facteur constant de fonctions analogues aux b['} de Laplace,
mais donnant une convergence plus grande, parce qu'au lieu de dépendre
du rapport fractionnaire des demi grands axes clés orbites, elles dépendent
d'une quantité fractionnaire beaucoup plus petite.
» Théorème II. — Les transcendantes d'un ordre quelconque se déduisent
de séries infinies formées avec les transcendantes de l'ordre précédent; les
modes df formation sont d'ailleurs d'autant plus variés, que les transcen-
dantes dont il s'agit sont d'un ordre plus élevé.
» Théorème III. — Lorsqu'on connaît A + i transcendantes du k""' ordre,
convenablement choisies, on peut en déduire successivement toutes les
autres transcendantes du même ordre par de simples relations algébriques.
I24--
( 9^ )
» Théorème IV. — On peut également déduire les unes des autres, par
de simples relations algébriques, les transcendantes de même ordre dont
dépendent les développements des puissances s et s -+- 1 de la même fonction
périodique.
» Théorème V . — Le développement de la fonction perturbatrice ou de
ses dérivées partielles dépend, lorsqu'on se borne au terme principal de
cette fonction, c'est-à-dire à l'action directe du corps troublant sur le
corps troublé, de transcendantes du sixième ordre, le coefficient de chaque
argument étant donné par une seule transcendante de cet ordre.
» Remarquons toutefois qu'il ne serait pas toujours avantageux de
recourir à des transcendantes d'un ordre aussi élevé. En général, dès qu'il
ne reste plus que des termes périodiques à coefficients assez petits pour
qu'on puisse en négliger les troisième ou quatrième dimensions, il vaut
mieux développer suivant les puissances et les produits de ces petites quan-
tités que de les faire servir à la formation de transcendantes d'un ordre plus
élevé. Les développements en série s'effectuent d'ailleurs par une marche
extrêmement régulière, ainsi que nous le faisons voir dans notre Mémoire
ien considérant spécialement les cas où l'on se borne à employer des trans-
cendantes du second ordre. Notre analyse s'étend immédiatement au cas
où l'on veut employer des transcendantes d'un ordre plus élevé, et l'on
peut même observer qu'alors les calculs se simplifient par la disparition
d'un grand nombre de termes.
» Nous montrons également que lorsqu'une des excentricités est très-
approchante de l'unité, il en résulte de notables simplifications dans le
calcul des transcendantes du quatrième ou du cinquième ordre.
» Quant au second terme de la fonction perturbatrice qui, comme l'on
sait, provient de l'action directe du corps troublant sur le Soleil et de la
réaction de ce dernier astre sur le corps troublé, nous faisons voir que le
développement en est encore bien plus aisé, chaque coefficient ne dépendant
que de quelques fonctions algébriques, composées chacune de trois termes
seulement.
» La méthode que nous venons d'exposer très-sommairement donne les
différentielles des perturbations en fonctions des anomalies excentriques u
et u' ; l'intégration des expressions de ce genre a déjà été traitée par divers
auteurs et ne présente d'ailleurs aucune difficulté. Lorsque ensuite on forme
les Tables des perturbations, une simple interpolation et une substitution
d'arguments suffit pour passer, si on le désire, de l'emploi des anomalies
excentriques à celui des anomalies moyennes.
(949)
» Nous nous proposons de donner, par la suite, une application numé-
rique complète de notre méthode; nous nous bornerons à dire, pour le mo-
ment, que ses avantages consistent dans une convergence aussi grande que
possible donnée aux séries, une loi simple et régulière de formation assignée
à leurs différents termes, et, le plus souvent, une diminution notable du
nombre des arguments qu'il est indispensable de considérer pour obtenir
avec toute la précision requise les inégalités périodiques d'un astre quel-
conque. »
PHYSIQUE. — Mémoire sur [évaluation des actions électrodynamiques en
unités de poids; par M. A. Cazin, présenté par M. Pouillet. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Fizeau.)
« L'action mutuelle de deux portions d'un même circuit voltaïque est
une expression de la forme
F = k*p2V,
dans laquelle F désigne la valeur en unités de force de l'action mutuelle,
p l'intensité du courant, W une fonction qui dépend de la forme et de la
position des conducteurs et de la direction donnée de la composante de
l'action électrodynamique, et k un coefficient constant qui dépend des unités
adoptées. J'ai déterminé ce coefficient en mesurant directement la force F
en milligrammes à l'aide d'un nouvel appareil que j'appelle balance élec-
trodynamique, en prenant pour intensité du courant le poidspmsr d'hydrogène
que peut dégager le courant en une seconde, et en calculant W par la for-
mule d'Ampère, le millimètre étant pris pour unité de longueur.
» La balance électrodynamique se compose essentiellement de deux
fléaux de balance fixés l'un à l'autre par des pièces d'ivoire; leurs couteaux
formant l'axe de suspension reposent sur deux plans métalliques commu-
niquant respectivement avec les réophores. Le double fléau ainsi établi
porte à l'une de ses extrémités le conducteur mobile, au-dessous duquel
est placé le conducteur fixe, et à l'autre un bassin dans lequel on met une
tare pour équilibrer le conducteur mobile. Pour que ce dernier ait une
mobilité suffisante, il est suspendu par deux faisceaux de fils très-fins de
platine, qui partant des extrémités du conducteur viennent passer respec-
tivement dans les gorges de deux petites poulies de métal adaptées trans-
versalement aux extrémités des deux fléaux, et s'attacher dans l'intervalle
( 95o )
des poulies à un fil de soie. Par cette disposition la tension se répartit éga-
lement et le bras de levier du conducteur mobile est rendu invariable. Le
courant entre par l'un des couteaux du double fléau, traverse le conduc-
teur mobile par l'intermédiaire des poulies, et sort par l'autre couteau;
puis il se rend dans le conducteur fixe et agit par répulsion, de sorte qu'on
mesure la composante verticale de l'action électrodynamique en équilibrant
cette répulsion par des poids marqués.
» En faisant passer un courant dérivé à travers une boussole de sinus,
j'ai constaté très-aisément que les forces électrodynamiques sont propor-
tionnelles aux carrés des intensités. Ayant calculé *F pour diverses distances
des deux conducteurs, j'ai aussi vérifié que la variation des forces suivait la
loi prévue par la formule d'Ampère. Ces deux vérifications sont analogues
à celles que M. Weber a effectuées à l'aide de son électrodynamometre
bifilaire, et offrent une garantie pour l'exactitude des indications de la
balance.
» Enfin, en disposant dans le circuit un voltamètre, j'ai mesuré directe-
ment l'intensité p. Connaissant alors F par l'observation directe, et W par
le calcul, j'ai obtenu k2 = 1 88. La comparaison de la boussole et du volta-
mètre m'a aussi permis de déduire ce coefficient des expériences faites avec
la balance et la boussole seule.
» Finalement on peut connaître la valeur en milligrammes d'une action
électrodynamique en se servant de la formule
F = i88./>2.¥;
il suffit de calculer W par la formule d'Ampère et de mesurer l'intensité p,
en prenant les unités définies plus baut.
>> Je suis arrivé à la même valeur de A2 en partant des observations de
M. Weber et son unité d'intensité électrodynamique. La méthode dont je
me suis servi a l'avantage d'être simple et directe.
» La connaissance de la grandeur des actions électrodynamiques peut
servir de point de départ à d'importantes considérations, par exemple lors-
qu'on compare ce genre d'effets aux quantités d'électricité mises en jeu
dans les circuits voltaiques. •>
(95> )
chimie. — Mémoire sur le dosage du mercure par les volumes à l'aide de
liqueurs titrées; Note de M. J. Personne, présentée par M. Bussy.
(Commissaires, MM. Pelouze, H. Sainte-Claire Deville.)
« Le dosage du mercure n'a jusqu'à présent été effectué que par deux
méthodes, la voie sèche et la voie humide, selon qu'on avait affaire à des
composés solides ou à des solutions mercurielles. Par la voie humide, on le
dose à l'état de protochlorure, et mieux de mercure métallique, au moyen
de réducteurs appropriés, ou à l'état de sulfure. Cette méthode, nécessai-
rement longue, ne présente pas toujours ijn degré de précision convenable.
La voie sèche, d'une exécution plus rapide et qui donne des résultats plus
exacts, exige encore un temps assez long; elle ne peut s'appliquer qu'indi-
rectement au dosage d'une solution mercurielle, ce qui rend son emploi
peu praticable dans ce cas. Les exigences d'un travail que j'avais entrepris
m'ayant mis dans la nécessité de faire de nombreux dosages de solutions
mercurielles dans un temps donné, je fus obligé, pour ne pas renoncer à ce
travail, de rechercher un mode de dosage sur et plus rapide que ceux que
je viens d'énumérer : c'est celui que je fais connaître dans la présente Note.
» Le procédé auquel, après bien des tentatives infructueuses, je me suis
arrêté, est basé sur un fait bien connu : la combinaison du biiodure de
mercure avec l'iodure de potassium, qui est l'iodure double de Polydore
Boulay HgI,KI, donnant un dissolution incolore. C'est ainsi que, deux
solutions d'un égal volume étant données, l'une renfermant i équivalent de
bichlorure de mercure, l'autre i équivalents d'iodure de potassium, si on
mélange ces dissolutions en versant la solution mercurielle dans celle d'io-
dure de potassium, on voit le biiodure de mercure, produit au contact des
deux liqueurs, se dissoudre au fur et à mesure de sa formation, et cela jus-
qu'à ce que la solution mercurielle ajoutée soit égale en volume à celle de
l'iodure alcalin employée, selon l'égalité suivante : HgCI + 2KÏ = Hgl,
Kl -+- KG. La plus petite trace de bichlorure, ajoutée en excès, fait naître
dans la liqueur un précipité rouge persistant, qui lui communique une teinte
rose très-sensible, même à la lumière artificielle. Cette coloration de la
liqueur, qui indique le terme de la saturation, donne à ce mode de dosage
une précision et une netteté aussi grande que celle du tournesol employé à
accuser la saturation d'un acide par une base. Il est important de ne pas
opérer autrement qu'il vient d'être dit, c'est-à-dire en versant la solution
d'iodure alcalin dans celle de chlorure mercuriel. Dans ce cas, quoique la
(.9&)
réaction finale soit la même, il est cependant impossible d'obtenir des résul-
tats exacts. Cela tient à ce que le biiodure de mercure produit, ne se
trouvant pas aussitôt sa formation (à l'état naissant) en contact avec l'iodure
alcalin auquel il doit se combiner, prend assez de cohésion pour ne plus
se dissoudre que lentement dans l'iodure de potassium. Ainsi, en opé-
rant avec les mêmes liqueurs, les quantités d'iodure alcalin qu'il faudra
ajouter pour redissoudre le précipité de biiodure de mercure formé varie-
ront en raison du temps employé à effectuer le dosage, et cela dans des
proportions considérables. Je suis convaincu que c'est pour avoir voulu
opérer de cette manière qu'on a rejeté, jusqu'à ce jour, l'emploi de l'io-
dure de potassium comme moyen. rigoureux de dosage du mercure.
» Deux liqueurs normales sont nécessaires pour effectuer ce dosage :
» i° Liqueur normale titrante d'iodure de potassium. — Elle s'obtient en dis-
solvant 33gr,ao d'iodure de potassium pur dans l'eau, de manière à faire
i litre de dissolution; 10 centimètres cubes de cette solution représentent
o, i de mercure métallique.
» 20 Liqueur normale étalon de bichlorure de mercure. — Elle se prépare en
dissolvant i3gr,55 de bichlorure de mercure dans l'eau, de manière à ob-
tenir i litre de dissolution ; la solution du sel mercuriel est facilitée par l'ad-
dition de 5 équivalents ou 3o grammes de chlorure de sodium qui n'exerce
aucune influence sur la réaction, de même que tous les sels alcalins
neutres: io centimètres cubes de cette solution représentent, comme la
première, o,i de mercure. Si ces io centimètres cubes sont divisés en
ioo parties, chaque division représentera o,ooi de mercure. Cette solution
mercurielle sert à contrôler la pureté de la solution d'iodure alcalin ou a
prendre le titre d'une solution inconnue.
» On peut préparer des liqueurs dix fois plus faibles sans nuire à la sen-
sibilité de la réaction et à l'exactitude des résultats, ce qui permet de doser
des fractions de milligramme.
» Le titrage s'effectue de la manière suivante : io centimètres cubes de
solution normale d'iodure étant mesurés dans un petit vase à saturation, on
y verse, en agitant sans cesse le vase, la solution de bichlorure mesurée
dans la burette chlorométrique de Guy-Lussac, dont io centimètres cubes
représentent ioo divisions. Si les deux liqueurs sont pures, il faudra exac-
tement ioo divisions de la burette pour faire apparaître une légère teinte
rose dans la liqueur saturée, ce qui indique la fin de l'opération. Si la
Jiqueur mercurielle est plus faible, il faudra en ajouter davantage et en
quantité proportionnelle: inversement, il en faudra moins si elle est plus
( 953 )
riche. Comme on le voit, c'est exactement semblable au procédé chloro-
métrique.
» Ce nouveau mode de dosage du mercure ne pouvant être employé que
pour le bichlornre, il convenait de le rendre applicable au plus grand nom-
bre des composés mercuriels, sinon à tous. Cette seconde phase de la ques-
tion a présenté de sérieuses difficultés pour arriver à la résoudre d'une ma-
nière satisfaisante. Il fallait, en effet, transformer en solution complètement
neutre de bichlornre tous les composés mercuriels. J'ai été forcé de re-
noncer successivement à l'emploi de l'eau régale et même à celui de l'acide
hypochloreux, mode de chloruralion si commode et si élégant, proposé
par M. Henri Sainte-Claire Deville. La grande volatilité du bichlornre de
mercure, même en solution bouillante, était une cause de perte trop grande.
Celui qui m'a donné les résultats les plus satisfaisants et qui ne laissent rien à
désirer est le procédé de M. Rivot, c'est-à-dire l'action du chlore au sein
d'une solution d'hydrate de potasse ou de soude. Soit comme exemple de
chloruration et de dosage, le dosage du mercure dans le cinabre : on
prend. ,1 gramme de cinabre réduit en poudre fine; cette poudre est pesée
sur un petit papier dont on fait une cartouche qui est introduite dans un
matras d'essayeur; on verse dans le matràs 20 centimètres cubes de solu-
tion de soude caustique (lessive des savonniers) dans laquelle on divise la
cartouche et son contenu par une agitation vive, puis on fait arriver dans la
liqueur un courant de chlore qui n'a pas besoin d'être lavé. On aide l'ac-
tion du chlore par une très-légère chaleur qu'on porte successivement jus-
qu'à l'ébullition, quand toute la matière a disparu. La dissolution ne s'opère
bien que si la chaleur est convenablement ménagée au commencement; si
elle est élevée trop vite, une partie fie la matière refuse de se dissoudre. La
dissolution étant opérée et la liqueur saturée de chlore, on la maintient en
ébullition le temps nécessaire pour chasser complètement tout l'excès de
chlore. Cette ébullition peut se prolonger, dans ce cas, sans crainte de perte
de bichlorure, qui n'est plus volatil en présence du chlorure alcalin. La
liqueur refroidie est versée dans un tube gradué; le matras ainsi que le
tube abducteur du chlore sont lavés à plusieurs reprises avec de l'eau qui
est ajoutée à la liqueur primitive, de manière à obtenir 100 centimètres cubes
de solution. Je me suis servi, pour effectuer le dosage, de la liqueur titrante
d'ioduré, dont 10 centimètres cubes représentent 0,1 de mercure; pour
saturer ces 10 centimètres cubes, d a fallu employer ii5 divisions de la
solution chloromercurique obtenue; ces ii5 divisions renferment donc
C. R , i863, 1" Semestre. (T, LVI, N° 20.) I 25
( 954 )
o, io de mercure; or, comme toul le mercure existant dans le cinabre
analysé se trouve réparti dans ioooo divisions de solution, on a la quan-
tité de mercure trouvée par l'expérience au moyen de la simple proportion
i 1 5 ' o, i • : i o ooo : x = ~- = 68, q5 de mercure. Le calcul donne 68,2 1 .
' 110 •'
Le léger excès trouvé par l'expérience provient bien certainement de la
perte en soufre que le cinabre a éprouvée par une nouvelle sublimation que
je lui ai fait subir. »
M. Mercadier adresse de Perpignan une deuxième Note complémentaire
sur la théorie de la gamme.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Babinet.)
M. Bœsch soumet au jugement de l'Académie une Note sur divers pro-
cédés chimiques pour la gravure et ciselure sur métal et sur verre, avec indi-
cation de diverses applications industrielles de ces procédés. A cette Note
sont joints quelques-uns des résultats obtenus de cette sorte de gravure.
(Renvoi à l'examen de MM. Chevreul, Pelouze et Pouillet.)
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Landouzy,
un opuscule intitulé : « De l'endémie pellagreuse sans maïs, » et lit l'extrait
suivant de la Lettre d'envoi :
« Les endémies pellagreuses de l'Espagne sont absolument identiques aux
endémies pellagreuses des Landes et de l'Italie, et absolument identiques aux
pellagres sporadiques de la France. L'endémie pellagreuse de l'Aragon, où
l'on récolte d'excellentes céréales et où l'on ne mange pas un grain de maïs,
est absolument identique à l'endémie pellagreuse des Asturies, où le mais
forme la base de l'alimentation.
» Les déductions à tirer de ces faits sous les rapports étiologiques et
hygiéniques se présentent d'elles-mêmes à l'esprit. •>
M. Elie de Beacmont présente au nom de l'auteur, M. L. Zejszner, un
opuscule intitulé : « Des gypses miocènes et des dépôts de sel gemme dans la
( 955 )
partie supérieure de la vallée de la Vistule, près de Ciacovie » (r), et donne,
dans les termes suivants, une idée du contenu :
<• Dans ce Mémoire, publié en polonais, M. Zejszner, après avoir signalé
le gypse dans quelques localités voisines de Cracovie, s'étend surtout sur
les salines de Wieliczka, dont il donne la coupe. Il décrit les trois assises
salifères qui ont reçu des noms particuliers, et présente la liste des fossiles
animaux et végétaux qu'on y a reconnus jusqu'à présent et qu'on ren-
contre principalement dans l'assise moyenne. Il discute en outre les opi-
nions émises quant aux rapports qui existent entre ce dépôt salifère et les
grès qui constituent les flancs de la vallée.
» Il donne également la coupe des salines de Bochnia, et il distingue
quatre divisions dans ce second dépôt salifère.
» La description du dépôt de soufre à Swoszowice est accompagnée de
la liste des fossiles qu'on y a découverts et qui ont été déterminés par
M. Unger, professeur à Vienne.
» M. Zejszner conclut que les calcaires, les marnes salifères avec les
dépôts de sel gemme, les gypses, les grès et les sables, constituent un seul
ensemble géologique, et il termine eu donnant la série des assises qui
composent cette formation avec les noms des localités où elles sont déve-
loppées. »
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les deux opuscules suivants écrits en italien : i° « Études
sur l'essence vraie et la structure intime des corps », par M. Gallo ; i° « Étude
d'une urine patbologique et particulièrement de l'urée qu'elle renferme » ;
par M. A. Galuani.
Ces opuscules sont renvoyés, le premier à M. Regnault, le deuxième à
M. Rayer, qui en feront, s'il y a lieu, l'objet de rapports verbaux.
PALÉONTOLOGIE. — .Sur In non-contemporanéité de l'homme primitif et des
grandes espèces perdues de Pachydermes; Note de M. E. Robert, présentée
par M. Dumas.
« L'absence complète d'objets en ivoire travaillé et même d'ivoire non
travaillé dans les gisements celtiques ne témoignerait-elle pas que les habi-
(i) Extrait de la Bibliothèque de Varsovie, livraisons d'octobre, novembre et dé-
cembre 186 1.
ia5..
(956)
tants primitifs des Gaules n'ont jamais été contemporains des grandes es-
pèces perdues de Pachydermes?
» Les partisans de la contemporanéité de l'homme primitif et des
grandes espèces perdues de Pachydermes dans nos contrées s'appuient sur
la coexistence des silex taillés et des débris de ces animaux dans les mêmes
couches inférieures des atterrissements fluviatiles, qu'ils considèrent, il est
vrai, comme un dépôt diluvien. Au premier abord, rien ne paraît plus spé-
cieux ; mais si l'on cherche à vouloir contrôler ces observations par d'au-
tres observations faites dans des circonstances toutes différentes et ioin
des lieux où se présentent ordinairement ces associations de produits de
l'industrie humaine et de débris de grands mammifères, c'est-à-dire dans
l'intérieur des plaines et sur le sommet des plateaux, de très-grands doutes
s'élèvent. Je ne me servirai également que d'un exemple pour soutenir
ma thèse.
» On connaît aujourd'hui assez bien la nature des objets travaillés qui
se trouvent dans les sépultures celtiques les plus anciennes, ainsi que l'ori-
gine des débris d'animaux qui accompagnent ordinairement les ossements
humains. Il n'y a pas \m seul de ces débris, que je sache, qu'on ne puisse
rapporter aux espèces d'animaux actuellement vivantes ou d'animaux
considérés comme fossiles, mais qui leur sont très-voisins, tels que
YUrsus arcloideus dont j'ai trouvé des canines et des phalanges unguéales
dans les tourbières d'Albert (Somme), avec des objets gallo-romains, no-
tamment de longues épingles (acus ciïnalis) en bronze. N'a-t-on pas lieu
alors de s'étonner de ne jamais rencontrer dans tous ces gisements des objets
en ivoire comme nous en voyons si souvent qui sont empruntés au bois
de cerf? Comment se fait-il aussi que, dans la Sibérie où les défenses d'élé-
phant (c'est toujours la même espèce, Elephas primigenius) sont d'une abon-
dance extrême, on n'ait jamais recueilli une seule pièce portant les traces
d'un travail quelconque exécuté par les peuples primitifs de cette contrée?
Vous voulez que les hommes qui habitèrent les cavernes, nos troglodytes.
y aient dépecé pour leur nourriture des animaux de ce genre dont on re-
trouve les brèches osseuses associées à des produits de l'industrie humaine .
et cependant vous ne pouvez pas découvrir dans l'aire de ces cavernes, au
milieu de ces ossuaires de l'ancien monde, le plus petit fragment d'ivoire
portant ou non les traces d'un travail humain! De ce que des objets de na-
ture si diverse et d'origine si opposée se trouvent ensemble reunis sous le
même toit, il ne s'ensuit pas qu'ils soient nécessairement contemporains.
» Il ne serait donc pas raisonnable de supposer, pour expliquer cette
( 957 )
absence complète d'objets en ivoire travaillé ou non travaillé, que les Celtes
eussent méprisé une substance aussi belle que 1 est l'ivoire, une substance
qui a été employée à profusion par les anciens pour en revêtir les murs
des temples et jusqu'à des statues colossales; une substance qui, de tout
temps, a été recherchée et façonnée sous toutes les formes, par tous les
peuples des contrées que fréquentent les éléphants; si, dis-je, les Celtes
lavaient eue à leur disposition, s'ils avaient connu les animaux qui la pro-
duisent, il n'y avait rien de trop précieux, dans ce temps-là, pour mettre à
côté des dépouilles mortelles, puisqu'on retrouve sous les dolmens, au
pied des menhirs, le peu d'objets en or qui fussent en la possession du dé-
funt, ainsi cpie les haches en jade venues originairement de l'Inde ou de la
Chine, lesquelles étaient peut-être encore d'un prix plus élevé.
» L'explication naturelle de tout cela est, je crois, facile à donner. Lors-
que les Celtes se rendaient sur les bords de la Somme ou de toute autre ri-
vière pour se tailler des haches avec les pierres que les eaux charriaient, ils
durent parfois rencontrer, an milieu des cailloux roulés, des défenses d'élé-
phant arrachées au véritable diluvium ; mais comme cet ivoire était déjà
profondément altéré par le poids des siècles qui avaient passé dessus, ils ne
cherchèrent pas à en tirer parti. C'est pour la même raison qu'ils délaissèrent
aussi ces grands ossements de Pachydermes qui gisent dans les mêmes atter-
rissements, après les avoir sans doute essavés avec leurs instruments de
pierre tranchants, ainsi que le témoigneraient des empreintes de coups de
hache qu'on s'est plu à voir sur d'aucuns de ces ossements.
» Par conséquent, tant qu'on n'aura pas rencontré de V ivoire travaillé
ou non travaillé dans les stations ou gisements celtiques, ainsi que dans les
hypogées les plus anciennes de cette époque, nous estimons qu'il v aurait
une grande présomption à dire que l'homme primitif, sous nos latitudes, a
été contemporain des grandes espèces perdues de Pachydermes; en d'autres
termes, qu'il est antédiluvien dans le sens géologique de ce mot. Rien, jus-
qu'à présent, ne démontre, suivant nous, qu'il faille reculer on changer la
place que les illustres Cuvier et Brongniart lui ont assignée dans l'échelle de
la création. »
MÉCANIQUE. — Chute <tcs corps qui tombent d'une grande hauteur;
par M. Fixck.
« On lit dans Y Astronomie d'Arago, t. III, p. 34, lignes i3 et suiv. .
« Mais ce que ne donnait pas le calcul de Laplace et de M. Gauss, c'est
» que le corps tombant tombe avec une petite déviation au sud. •>
(9^ )
» Le calcul suivant donne cette déviation : on s'y aide de la théorie des
mouvements relatifs (Coriolis, Mécanique des corps solides, etc.).
» Soit A la position initiale du point matériel ; PP' l'axe de la terre ; AN la
méridienne dirigée au nord ; l'axe des z est Oz, prolongement de AO; Taxe
des y est Oy, parallèle à AN; l'axe des x est Ox, c'est-à-dire la perpen-
diculaire dirigée à l'est; la latitude sera nommée X; p, q, r seront les pro-
jections de la vitesse de rotation ut de la terre sur Ox, Oj, Oz; le demi-
axe de rotation directe (de gauche à droite) est OP', et l'on a
l p — u> cosux = o, vu que Ox est perpendiculaire à OP,
) /x
i ) j q = w cos w y = w cosPO'j" = — oj cosX ,
/S
r = oj cos w z = w sinX.
» Cela posé, pour traiter le mouvement relatif comme un mouvement
absolu, il faut aux forces absolues (ici le poids du mobile) joindre : i° la
force d'inertie d'entraînement, qui se décompose en force tangentielle
nulle, parce que la rotation est uniforme, et en force centrifuge, et celle-ci
sera supposée combinée avec le poids de la molécule représenté par mg;
20 la force centrifuge composée, qui a pour projections sur les x, y, z
(dz dx\ I dx dy\
Pdi-'dj)' ^yidi-Più)-
dy di
dt ~ ' 1~dt
Remplaçant p, q, r par les valeurs (i), on formera les équations du mouve-
ment
, , d'x I . ., dy . dz\
(2) — ^a^smX^+cosX^j,
_ . d'y . . dx
(3) _=-2UsniX5r
(4) Âr = S-2wcosXsr
Ces deux dernières intégrées, et vu que les valeurs initiales de x, jr,
—s -fi -=- sont nulles, donnent
dt dt dt
(5) -f- = — 2w sinX.x,
s ' dt
(6) -f- = gt — 2 0) cosX.x.
(9^9 )
Substituant dans l'équation (2), on a
— - -+- 4«2.r — 2<j)gt cos>. = o,
équation dont l'intégrale générale est
„ • /-., fcosX
( 7 ) x = L sin 2 w < -+- C cos 2«< 4- g
Les constantes déterminées par les valeurs initiales donnent
(8) x = ——— [iwt — siii2wf)-
C'est la déviation à l'est, car x>o.
» L'équation (5), au moyen de cette valeur de x; donne
d'où
dy g cosi sinX , .
-y- = — " (2to2 — S1112«< ,
^= -o-SJpr(w2^-sin2^0;
y étant < o, il y a une déviation au sud. Si on substitue (8) dans l'équa-
tion (6), on trouve, après intégration et en notant que la valeur initiale
de z est — a,
z + a = -gt* -g-— r(«Ji--sm-u*j;
: + « est la hauteur de la chute, et comme z -+- a < - gt'\ on a
ou, en posant z + a = h,
<>#
» Ainsi le mobile est retardé par le mouvement diurne de la terre.
» Si on néglige wa, »8,. . . , on trouve
j-=o(!), z+a ou A = - gt*,
d'où
A/i . I , . 2 , Il h
l — \J — i Pllls ■* = y grj>i cos/ = - oort y— ■ cos)..
( Fbï»' Delaunay, Mécanique.)
( 96° )
» Pour le mouvement d'ascension, le calcul donne une faible déviation
au nord, et une déviation à l'ouest = jh<x> y — cosX, si le mobile s'éiève
à la hauteur h. En retombant, il dévie encore à l'ouest; sa déviation
= ^ «cocos A 1/ "
3 V S
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur ta condensation des vapeurs pendant la détente
ou la compression ; Note de M. A. Dupré, présentée par M. Bertrand.
« La théorie mécanique de la chaleur fournit le moyen de prévoir si la
détente, avec travail complet, d'une vapeur saturée se fait avec condensation.
» Désignons par v le volume du kilogramme de vapeur, par p la pression
en atmosphères, par c la capacité à volume constant, par L la chaleur
latente et par ). la chaleur totale de vaporisation, ces deux expressions étant
prises dans le sens que leur donne M. Regnault.
» Le travail mécanique intérieur dépend, suivant lés cas, du volume seul
ou bien du volume et de la température; soit <p (vt) la fonction qui l'ex-
prime; dans le passage de l'état (c, t) à l'état (v -+- dv, t -+- dt), il s'accroîtra
dv dt
» Cela posé, concevons qu'on opère une détente infiniment petite et
qu'on donne la chaleur dq nécessaire pour maintenir la saturation. Le prin-
cipe de l'équivalence donne l'équation
(i) io333/Kfc -f- ^dv + '.§ dt -+- Ecdt = Edq
qui exprime que la somme du travail externe et du travail interne égale le
produit de l'équivalent mécanique E de la chaleur par la somme de la cha-
leur donnée et de la chaleur correspondant à l'abaissement de température.
« J'ai d'ailleurs démontré précédemment qu'à saturation on a. d'après le
principe de l'égalité de rendement.
(a) io333 udv + chdv+d-^dt + Ecdt = Ed). - -^ dt.
\ / ' de dt i + af
» L'équation (i) peut donc être beaucoup simplifiée: elle devient
(3) ^ = ^(x'-irb
(9<5i )
Si dq est positif, c'est une preuve que la détente sans addition de chaleur
entraîne une condensation que caractérise l'inégalité
(4) aL — (i-t-es*)X'>o,
car ilt est négatif.
» La vapeur se refroidit au contraire pendant la détente moins qu'il ne
faut pour rester saturée eu égard à l'accroissement de volume quand on a
(5) txh — (n-a«)X'< o.
Enfin la saturation persiste d'elle-même pendant la détente dans le cas de
l'égalité
(6) ocL — (i + aï)X' = o.
» Si on remplace la détente par une compression, les conclusions sont
évidemment inverses.
» Les belles recherches expérimentales de M. Regnault permettent de
faire application de cette théorie à plusieurs substances. En résolvant l'équa-
îion (6), on trouve les nombres — n6°, ii8°, 1210,. 1270, i35°, 1420, 1970,
2000, 520° pour l'éther sulfurique, la benzine, le chloroforme, le chlorure
de carbone C2 Cl8, l'alcool, l'éther chlorhydrique , l'éther iodhydrique,
l'acétone et l'eau. Pour le sulfure de carbone, les racines de l'équation (6)
sont imaginaires; pour l'éther sulfurique et l'eau, elles sont incertaines
parce que les nombres — 1 160 et 52o° sortent des limites des expériences et
que les formules empiriques ne leur sont pas applicables. Les termes du
second degré dans la valeur que prend la fonction «L — (i-hat)l', lors-
qu'on y introduit les expressions de L et deX' dues à M. Regnault, sont très-
petits; en les négligeant, on obtient promptement une première valeur ap-
prochée de la seule racine utile.
» Il arrive pour toutes ces substances qu'au-dessous de la température
qui vérifie l'équation (6), l'inégalité (4) est satisfaite et la détente amène une
condensation comme pour l'eau et le sulfure de carbone. Au-dessus, c'est le
contraire qui arrive, comme pour l'éther sulfurique; de sorte qu'un même
corps paraît devoir être classé sous ce rapport tantôt avec l'un, tantôt avec les
autres de ces liquides qui ne présentent point eux-mêmes un lel changement,
du moins dans les températures abordables.
» Il est bien à souhaiter qu'un observateur habile s'applique à confirmer
par expérience cette prédiction de la théorie : pour la benzine, le chloro-
C. R., i863, i« Semestre. (T. LVI, N° 20.) I 26
( 9G2 )
forme et le chlorure de carbone, les difficultés ne paraissent pas du tout
invincibles.
» Avec l'équation (3) on peut calculer facilement la quantité de chaleur
qu'il faut donner ou enlever à un kilogramme de vapeur pour qu'il passe,
avec saturation maintenue, d'une température à une autre, et aussi une valeur
approchée du poids de la vapeur qui se précipite dans les cas de con-
densation. »
physique. — application de l'analyse spectrale à la question concernant
l'atmosphère lunaire; Note de M. J. Janssen.
« L'éclipsé solaire partielle qui vient d'avoir lieu le 17 de ce mois four-
nissait aux physiciens qui s'occupent d'analyse spectrale un moyen nou-
veau de corroborer les indications astronomiques touchant l'atmosphère de
notre satellite. J'avais moi-même pris des dispositions dans cette intention ;
l'état du ciel à Paris, au moment du phénomène, ne m'a pas permis de les
utiliser. Cependant, comme il sera intéressant de joindre cette étude à celles
qu'on a coutume de faire en cette circonstance, je pense qu'il ne sera pas
inutile de faire connaître les dispositions instrumentales qui me paraissent
propres à atteindre ce but.
» L'étude de l'action de notre atmosphère sur les lumières solaires et
stellaires m'a convaincu que si notre satellite avait une atmosphère, quelque
rare qu'elle soit, elle manifesterait sa présence par une action absorbante
particulière sur les rayons lumineux qui la traverseraient, ou, en d'autres
termes, qu'elle ferait naître des bandes ohscures ou des raies dans le spectre
de ces rayons. D'un autre côté, la rareté de cette atmosphère, si elle
existe, nous conduit à admettre que ces raies ou bandes atmosphériques
seraient probablement très-légères, d'où il résulte qu'il faut des spectroscopes
d'un pouvoir dispersif considérable pour les déceler; or, ces instruments
nécessitent une grande intensité lumineuse. Nous sommes ainsi conduits à
rechercher les circonstances où une lumière extrêmement intense traverse
cette atmosphère hypothétique, pour la soumettre à l'analyse ; et c'est préci-
sément ce qui a lieu au moment des éclipses solaires.
» Parmi les méthodes qui pourront être employées alors, la suivante me
paraît être la plus propre à résoudre la question.
» Je suppose qu'on se procure, à l'aide d'un bon objectif, une image de
l'éclipsé dont le diamètre soit inférieur à la hauteur de la fente du spec-
troscope. Je suppose de plus qu'on fasse tomber cette image sur la fente,
(c|63 )
de manière que celle-ci déborde l'image des deux côtés, et qu'elle la divise
en deux segments symétriques. La fente de l'instrument coïncidera alors
avec la ligne des centres des deux astres et sera éclairée par les points du
disque solaire qui lui appartiennent, mais le point de cette fente où se pro-
jette l'échancrure de l'astre recevra des rayons qui auront rasé la surface
de la Lune, et par conséquent traversé son atmosphère, si elle existe. Consi-
dérons maintenant le spectre produit. Dans ce spectre , on retrouvera
d'abord toutes les raies solaires proprement dites, et, suivant la hauteur de
l'astre, des raies telluriques (ou atmosphère terrestre) plus ou moins accu-
sées. Mais si l'on considère le bord qui correspond à l'échancrure, il présen-
tera des lignes nouvelles, mais qui s'évanouissent bientôt à une petite dis-
tance de ce bord. Ces lignes, par leur position, leur nombre, leur intensité,
pourraient donner sur la nature de l'atmosphère lunaire des indications
précieuses. Il est aussi infiniment probable que l'expérience , même con-
duite avec toute l'habileté voulue, et dans les circonstances les plus favo-
rables, donnera un résultat négatif. Mais alors, même dans ce cas, l'analyse
spectrale aura apporté aux indications astronomiques un nouvel appui.
Il sera donc toujours très-intéressant d'instituer une semblable expérience
aux prochaines éclipses.
» On conçoit tout de suite que cette méthode d'analyse peut s'appliquer
à tout astre qui passe sur le disque du Soleil. Si l'on voulait en faire usage
pour l'étude de l'atmosphère de Vénus, il faudrait d'abord amplifier consi-
dérablement le disque de cette planète, afin de donner aux lignes atmosphé-
riques une hauteur appréciable dans le spectre produit.
» Je m'occupe, depuis longtemps déjà, d'appliquer ce mode d'analyse à
l'étude de la constitution physique du Soleil.»
CHIMIE APPLIQUÉE. —Sur une coloration rose développée dans les fibres végétales,
particulièrement dans celles de l'e'corce, par Faction ménagée des acides;
Note de M. Vax Tieghem, présentée par M. Pasteur.
« J'ai été conduit à étudier l'action de l'acide chlorhydrique et des autres
acides sur les fibres végétales, en vue de faciliter aux élèves, dans les ma-
nipulations de botanique que je dirige à l'École Normale, la distinction du
liber dans les coupes de tiges et de racines. Cette étude m'a conduit aux
résultats que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie.
» L'acide chlorhydrique produisant l'effet le plus prompt et le plus stable,
j'en parlerai d'abord.
126..
( 964 )
» Si on plonge une coupe de tige ou de racine dans une goutte d'acide
chlorhydrique concentré, et qu'on l'examine au microscope, on voit tous les
dots du liber se colorer en un beau rose, d'un ton très-riche. Quelques mi-
nutes suffisent pour que la coloration ait gagné non-seulement tous les fais-
ceaux, mais encore toutes les fibres isolées qu'elle met en évidence. Le réac-
tif n'agit d'ailleurs ni sur les cellules de l'écorce, ni sur le cambium. Le
bois se colore d'abord en jaune : puis la teinte rose y apparaît dans la zone
voisine du cambium et dans celle qui entoure la moelle ; elle s'y limite le
plus souvent, même après un contact longtemps prolongé, et d'ailleurs, en
raison de la moindre épaisseur des fibres, son ton y est toujours plus sombre
et différent de celui qu'affecte le liber.
» On rend l'action plus régulière et plus sûre, mais un peu plus lente, en
étendant l'acide de son volume d'eau.
» Cette réaction est générale. Je l'ai réalisée sur plus de quinze végétaux
dicotylédones, tiges et racines ; je l'ai trouvée partout la même ; les dif-
férences ne se montrent que dans l'intensité de la coloration et la rapidité
avec laquelle elle s'effectue, mais elles sont quelquefois assez grandes : il
en résulte que si elles ont été reconnues constantes entre les fibres corti-
cales de plusieurs végétaux, cette réaction permettra de distinguer ces
fibres dans un tissu où elles se trouvent mélangées.
» Dans les conifères et les cycadées la coloration se fait bien ; et dans ce
dernier groupe, le réactif est très-utile, car il met en évidence les fibres
isolées, éparses au milieu du tissu cellulaire. Sur les fibres des monocotylé-
donés, l'action du réactif est lente, mais elle devient très-nette parmi contact
prolongé, surtout dans la zone qui entoure le cambium de chaque faisceau.
» Le mode d'action de l'acide chlorhydrique sur les fibres végétales ne
lui appartient pas en propre; il le partage avec les acides nitrique, sulfu-
rique, phosphorique, etc.
» On sait que l'acide nitrique jaunit les fibres végétales ; mais ce n'est
que le résultat définitif de son action ; il y a une phase intermédiaire qu'il
est facile de saisir en y prenant attention. Une goutte d'acide nitrique con-
centré placée sur une coupe y détermine un dégagement de gaz et la colore
en jaune ; mais, étend-on l'acide de son volume d'eau, on voit le liber se
colorer en un beau rose qui n'est que fugitif et fait bientôt place à la cou-
leur jaune si on laisse la coupe plongée dans l'acide, qu'on rend permanent
en ne faisant que l'en imbiber et en la laissant sécher à l'air.
» L'acide sulfurique étendu de son volume d'eau produit comme l'acide
(965)
chlorhydrique, mais plus lentement que lui, une coloration rose très-riche
dans le liber, jaune dans le bois.
» L'acide phosphorique sirupeux, étendu de son volume d'eau, produit
le même effet, niais au bout d'un temps plus long.
» Enfin, il n'est pas jusqu'aux acides oxalique et acétique qui ne pro-
voquent à la longue dans les fibres du liber une teinte rosée, assez faible,
mais très-nette encore pour l'acide oxalique, à peine sensible pour l'acide
acétique.
» Ainsi tous les acides énergiques colorent en rose les fibres végétales,
mais surtout celles du liber ; il n'y a que des différences de degré quand on
passe d'un végétal à un autre, ou d'un acide à un autre.
» D'ailleurs, quand on les plonge pendant quelque temps dans l'eau, les
coupes perdent la faculté de se colorer, et si l'immersion a lieu après la co-
loration, la teinte s'affaiblit peu à peu.
» Il résulte de ces observations que les fibres végétales sont imprégnées
d'une substance incolore, soluble dans l'eau, capable, par l'action ménagée
des acides, de se convertir en un composé rose, et que les fibres du liber
la contiennent en plus grande quantité que celles du bois, ou du moins à
un état où sa transformation est plus facile. De là un moyen pratique
commode de reconnaître le liber, mais surtout de le faire voir aux personnes
peu familiarisées avec les tissus végétaux.
» Quand la réaction qui fait l'objet de cette Note n'aurait pas d'autre im-
portance, je m'estimerais heureux d'avoir pu faciliter en quelque manière
la démonstration de la structure anatomique des végétaux. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur le plâtrage des terres arables; Note de
M. P. -P. Dehérain, présentée par M. Decaisne.
« 1. Bien que les cultivateurs aient reconnu depuis longtemps que le
plâtre favorise la végétation des prairies artificielles, bien que les chimistes
agronomes aient essayé à différentes reprises de se rendre compte des effets
de cet amendement, il est reconnu cependant que la théorie du plâtrage est
encore à trouver.
» On avait pensé que le plâtre, en se décomposant dans la terre arable,
peut brûler les matières organiques qui s'y trouvent et les amener à un état
plus favorable à leur assimilation par les plantes, mais les essais que j'ai
entrepris, pour reconnaître si le plâtre favorise en effet la nitrification, ont
(966)
donné des résultats complètement négatifs. On a même trouvé que la terre
arable, divisée par du sable, forme une quantité d'acide nitrique plus grande
que la terre plâtrée.
» En recherchant dans les terres plâtrées et non plâtrées l'ammoniaque
toute formée, à l'aide des procédés de M. Boussingault, on a constaté encore
que le plâtrage ne favorisait pas la formation de cette ammoniaque ; enfin,
il n'a pas été possible de montrer que la solubilité de l'acide phosphorique
fût augmentée par le plâtrage comme elle l'est par le chantage (i), de telle
sorte que si, en ajoutant du gypse dans la terre, on y ajoute en définitive de
la chaux, et si, à ce point de vue, un plâtrage peut, dans une certaine
mesure, être comparé à un chaulage, il y a cependant des différences fonda-
mentales entre la manière d'agir de ces deux amendements.
» Il était impossible cependant d'en revenir à l'idée émise autrefois par
H. Davy, à savoir que le plâtre pénétrait en nature dans les plantes, car
M. Boussingault a montré par l'analyse de cendres de trèfle et de luzerne
plâtrés et non plâtrés que les quantités de chaux et d'acide sulfurique qui
existent dans les plantes sont loin d'être dans le rapport où elles se trouvent
dans le gypse, et il fallait persister à chercher l'effet du plâtrage dans les
modifications que la terre pouvait subir sous son influence.
» 2. En examinant la composition des cendres de trèfle, de luzerne et
de sainfoin, plantes sur lesquelles les effets du plâtre sont surtout mani-
festes; en reconnaissant que la quantité de potasse contenue dans ces cen-
dres était considérable, et qu'elle augmentait dans les récoltes plâtrées, je
fus conduit à penser, malgré le peu de probabilité que cela présentait au
premier abord, que le plaire favorisait peut-être la solubilité de la potasse
enfouie dans la terre arable, et je résolus de rechercher comparativement
la potasse que l'eau pouvait enlever à une terre normale et à une terre
plâtrée.
» Apres s'être assuré qu'on dosait convenablement la potasse en plaçant
une certaine quantité de celle-ci dans du plâtre et en l'y recherchant, on
plâtra un grand nombre d'échantillons de terre au dixième ; cette quantité
énorme fut employée pour que les résultats fussent très-sensibles ; quelques
terres furent aussi chaulées; mais tandis qu'on trouva que dans toutes les
terres plâtrées la quantité de potasse soluble dans l'eau froide augmentait
(i) Dehékain, Comptes rendus, t. XLVII, p. 988-1858. Recherches sur l'emploi agricole
des phosphates, 1860.
( 967 )
beaucoup, on trouva au contraire qu'elle diminuait dans les terres chaulées
jusqu'à devenir nulles.
» Le tableau suivant indique les résultats auxquels on est arrivé :
Potasse extraite par l'eau froide de \ hilog. de terre séchée à l'air.
TERRES MISES EN EXPERIENCE.
Terre noire de Russie, n° 2 (*)... .
Id
Id
Id
Terre noire de Russie, n° 1
Terre desChapelles (Seine-et-Marne)
Terre de Verclives (F,ure) (**)....
Terre du Rio-Parana
Terre de Sologne
Terre franche du Jardin des Plantes
POTASSE
dans la terre
normale.
_ /o
0,040
0,o48
o, 12b
0,017
0,487
0,00 3
0,192
o , 046
POTASSE
dans la terre
plâtrée.
o, i36
°) '4°
0,288
0,428
o,i38
o, 1 15
o,556
0,067
0,202
o,355
DIFFERENCE
due
au plâtrage.
0,089
0,092
DUREE
de
l'expérience.
-t-
o,38o
•+•
0,010
+
0,098
■i-
0,069
-+■
0,064
■+■
0,010
+
0,309
4 mois.
i5 jours.
1 mois.
1 mois j.
1 mois.
1 mois.
i mois.
1 mois.
1 mois.
24 heures.
( * ) L'analyse de quelques-unes de ces terres a été communiquée à l'Académie dans la séance du
i3 janvier 1862.
(**) Terre très-riche provenant d'une fosse d'asperges.
» Ces premières expériences avaient été tentées sur des terres prises au
hasard parmi celles que je pouvais me procurer, mais je pensai ensuite à les
vérifier sur d'autres terres choisies spécialement dans le but de voir si,
comme les faits précédents semblaient le montrer, le plâtrage favorisait la
solubilité de la potasse. Il devenait évident, en effet, que dans une terre que
le cultivateur ne plâtre jamais, on devait trouver de la potasse soluble dans
l'eau en quantités assez notables, tandis que dans celles que le cultivateur
plâtre avec avantage, il ne devait y avoir de potasse soluble dans l'eau
qu'après le plâtrage. La première de ces deux vérifications me fut suggérée
par mon élève et ami M. Camille Arnoult, qui m'a prêté, dans le cours de ce
travail, le concours le plus aclif et le plus habile.
(968)
Potasse extraite par l'eau froide de i kilog. de terre sêchèe à Pair.
TERRES MISES EN EXPÉRIENCE.
POTASSE
dans la terre
normale.
POTASSE
dans la terre
plâtrée.
DIFFÉRENCE
due
au plâtrage.
DCRÉE
de
l'expérience.
Terre d'Éragny (Seine-et-Oise), ja-
Terre d'Alfort (Seine), jamais pla-
0,o84
0,082
traces,
traces.
0, io5
0,192
o,io5
0,192
1 2 heures.
12 heures.
Terre de la Guéritaude (Indre-et-
Loire) plâtrée avec grand avantage.
Autre terre de la Guéritaude, plà-
» Ainsi ces expériences établissent de la façon la plus nette que le plâtre
ajouté à ia terre arable y favorise la solubilité de la potasse. On comprend
dès lors pourquoi il excite la végétation des légumineuses riches en potasse,
pourquoi au contraire il ne produit pas d'effets sur les céréales, avides avant
tout d'engrais azotés, de phosphates, de silice, matières dont le plâtre, nous
l'avons constaté, n'augmente en rien la solubilité. On comprend enfin pour-
quoi le cultivateur remplace souvent avec avantage le plâtre par des cendres,
riches en carbonate de potasse, puisque le plâtre sert surtout, suivant nous,
à déterminer la dissolution de la potasse; on comprend enfin que la pratique
ait reconnu utile de répandre le plâtre sur une terre déjà couverte de la
récolte, car la potasse, devenant immédiatement soluble, pouvait être en-
traînée par les eaux pluviales, sans aucun avantage si le plâtre était répandu
sur une terre dépouillée.
» 5. Comment le plâtre peut-il favoriser la solubilité de la potasse? C'est
ce qu'il reste maintenant à examiner.
» MM. Huxtable et Thompson, M. Way, plus récemment M. Bruestlein,
ont étudié les propriétés absorbantes de la terre arable. Ils ont vu que la
terre était un filtre retenant absolument certaines dissolutions, en laissant
passer d'autres au contraire plus ou moins complètement. En répétant quel-
ques-unes de ces expériences, j'ai trouvé que les terres plâtrées laissaient en
général passer plus facilement les dissolutions salines que les terres normales,
mais que cet effet était particulièrement sensible pour le carbonate de potasse.
Dans une expérience faite comparativement sur une terre d'Indre-et-Loire
( 969)
plâtrée et non plâtrée, mise en contact pendant quelques heures avec des
dissolutions de ce sel, prises en égales quantités, on trouva qu'il n'était
passé que des traces de potasse au travers de la terre normale, tandis que la
terre plâtrée en avait laissé passer ogr,472-
» En essayant d'autres dissolutions, on reconnut que le bicarbonate de
potasse passait presque aussi bien à travers une terre normale qu'à travers
une terre plâtrée. Peut-on en conclure que si le plâtrage favorise la solubilité
de la potasse, cet effet est dû surtout à la transformation du carbonate
neutre de potasse en bicarbonate ? C'est là une hvpothèse qui n'est pas
complètement démontrée.
» Si, en effet, l'expérience nous apprend qu'une certaine quantité d'acide
sulfurique disparaît dans la terre plâtrée, ce qui semble indiquer une réduc-
tion du sulfate de chaux, si nous avons remarqué qu'il y a pendant la durée
du plâtrage une faible diminution du carbone des matières organiques,
qu'en général, enfin, il y a plus d'acide carbonique dans les terres plâtrées
que dans les terres normales, la rapidité avec laquelle se manifestent les
effets du plâtrage ne nous permet pas de croire à une combustion lente due
à l'oxygène du plâtre, et par suite à une production d'acide carbonique
venant transformer les carbonates neutres en bicarbonates.
» Faut-il conclure seulement que les propriétés absorbantes du sel arable
sont paralysées par la présence du plâtre? faut-il croire que le rôle de
celui-ci serait de mobiliser plus ou moins complètement les principes so-
lubles fixés dans la terre arable? C'est ce que nous ne pouvons affirmer da-
vantage, bien que la facilité plus grande que présentent les terres plâtrées
à se laisser traverser par les azotates, les sels ammoniacaux, etc., vienne
appuyer cette manière de voir.
» Nos expériences mettent hors de doute qu'un des effets du plâtrage est
de favoriser la solubilité de la potasse contenue dans la terre arable ; nous
espérons pouvoir dans la suite expliquer comment se produit cet effet si
inattendu. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide acétique et les acides gras volatils de la
fermentation alcoolique ; par 'M. A. Iîéchamp.
« L'acide acétique est un terme constant et nécessaire de la fermentation
alcoolique : il n'est peut-être pas le seul acide gras de la série qui prenne
naissance dans cette opération. J'ai été amené à m'occuper de cet objet à la
suite de mon travail sur les vins.
C. R , i863, Ier Semestre. (T. LVI, N° 20.) 127
[ 97° )
» Le 2 juin 1862 j'ai eu l'honneur de communiquer a l'Académie une
Note où je disais : « Le produit de la distillation des vins est toujours
acide » et j'ajoutais dans mon Mémoire : « Il est impossible, en effet,
que tous les vins ne contiennent point d'acide acétique, puisqu'ils renfer-
ment tous de l'aldéhyde. »
» J'atiribuais donc l'acidité du produit de la distillation des vins à l'acé-
tificalion de l'alcool; je ne me figurais pas que l'acide acétique pût avoir
une autre origine. Mais en m' occupant, l'automne dernier, de vinification,
j<- fus très-surpris que les vins obtenus, récents, et même ceux qui avaient
fermenté à l'abri de l'air, fournissent constamment un produit acide a la
distillation. En saturant par le carbonate de soude le produit distillé de
80 litres de vin nouveau et en concentrant dans l'alambic le produit saturé,
j'ai obtenu près de 3oo grammes d'acétate de soude cristallisé. Dès lors il
me fut impossible d'admettre que l'acide acétique soit nécessairement et
toujours le résultat de l'oxydation de l'alcool. Je résolus donc de rechercher
directement l'acide acétique, non-seulement dans le moût fermenté à l'abri
de l'air, mais dans le résultat de la fermentation du sucre lui-même.
» Trois fermentations (1) faites dans de bonnes conditions ( dans une en-
ceinte dont la température varie de i5 à 3o°, en purgeant les appareils de
l'air qu'ils contenaient par un courant d'acide carbonique) ont fourni un
liquide qui a été soumis à la distillation. Le liquide distillé est, dès le début,
à réaction acide; il rougit lentement mais franchement le papier de tour-
nesol ; l'acidité est la même jusqu'à la fin de l'opération, que l'on arrête
lorsque l'appareil distillatoire ne contient plus que le trentième, environ, du
volume initiai. J'ai saturé les liqueurs acides par du carbonate de soude
pur, et, après avoir rapidement distillé l'alcool, j'ai achevé l'évaporation a
l'air libre. Le résidu salin a été décomposé par l'acide sulfurique dans un
appareil distillatoire. J'ai obtenu un liquide très-acide dont l'odeur est celle
de l'acide acétique altérée par celle d'acides gras supérieurs. Après une
nouvelle saturation par le carbonate de soude, on concentre de nouveau
sans faire cristalliser.
» Le sel de soude à acide volatil que l'on obtient dans les trois expé-
riences offre cette particularité inexpliquée, que lorsque la dissolution est
1 ) Les deux, premières avec 8 kilogrammes de sucre de canne très-pur, 4?- litres d'eau
et 800 grammes de levure en pâte bien lavée ; la troisième avec 3 kilogrammes de sucre,
if> litres d'eau et une partie de la levure qoi avait été retirée de la première, de la levure mieux
lavée par conséquent.
( 97' )
sur le point de cristalliser, elle se gélatiniseen se refroidissant, mais peu à
peu ; à l'étuve elle se prend en beaux cristaux transparents. Ces cristaux
sont des prismes qu'd est impossible de confondre avec autre chose que
l'acétate de soude ; toutefois ils sont constamment enduits d'une couche
liquide, déliquescente.
» Les cristaux obtenus pesaient, dans les trois fermentations réunies,
65 grammes. 19 kilogrammes de sucre de canne, en fermentant sous l'in-
fluence de la levure alcoolique, dans les conditions normales et à l'abri de
l'air, fournisssnt donc des acides volatils qui sont capables de former
65 grammes de sel de soude cristallisé.
» Ces cristaux ont été décomposés, sur un entonnoir, par un léger excès
d'acide sulfurique. Après 12 heures la surface du liquide était recouverte
d'une mince couche d'acides gras odorants, dont le volume était d'environ
2 centimètres cubes ; ils furent séparés et la partie aqueuse soumise à la
distillation. L'odeur de l'acide recueilli était celle de l'acide acétique, fran-
che,mais mêlée de celledes acides gras bouillants an-dessus de 1600. L'acide
fut de nouveau transformé en sel de soude, celui-ci a été desséché et fondu.
J'ai obtenu 4° grammes de sel anhydre qui ont été décomposés par 2 équi-
valents d'acide sulfurique concentré. L'acide obtenu a été rectifié par distil-
lation fractionnée. Le thermomètre monta rapidement à 1200 et s'y main-
tint pendant longtemps; à la fin il s'éleva rapidement aussi à i4o° et atteignit
1600. Une partie de l'acide qui avait passé à 120° fut transformée en chlorure
d'acétyle par le protochlorure de phosphore.
» La majeure partie des acides volatils de la fermentation alcoolique est
donc de l'acide acétique. L'autre partie est formée d'acide gras volatils, les
uns solubles dans l'eau, les autres insolubles. Dans le courant de cet été, en
opérant plus en grand, j'espère pouvoir déterminer la nature de ces acides
supérieurs.
» Mais peut-être que ces acides ne se forment que dans les fermentations
faites un peu en grand ? Il n'en est rien.
» J'ai dissous i36 grammes de sucre candi très-pur dans 900 grammes
d'eau bouillie; la liqueur a été maintenue en ébullition pendant un quart
d'heure et on l'a laissée refroidir dans un courant d'acide carbonique ;
lorsque la température se fut abaissée à 3o° on y introduisit 20 grammes
de levure en pâte bien lavée. L'appareil étant fermé, on fit barboter dans le
liquide un courant de gaz carbonique jusqu'à ce que le gaz qui s'en déga-
geait fût complètement absorbable par la potasse. Tout étant ensuite dis-
posé pour empêcher l'entrée de l'air, on plaça l'appareil dans un lieu chaud.
127..
( 972 )
La fermentation a été singulièrement vive. Après 36 heures et avant que
tout le sucre fût détruit, on filtra rapidement et on distilla dans un appa-
reil rempli d'avance d'acide carbonique et dans un courant de ce gaz. Le
produit distillé est acide. Il a été saturé comme plus haut et concentré,
d'abord dans un appareil distillatoire, puis à l'air. Le résidu salin distillé
avec de l'acide sulfurique étendu de son poids d'eau fournit un produit
acide sur lequel nagent des gouttes huileuses ; ce produit, saturé par le
carbonate de soude, se comporte comme nous l'avons dit, se gélatinise et
finit par cristalliser.
» Lavoisier [Traité de Chimie, t. Ier, p. 147, édition de i8o5) indique net-
tement la présence de l'acide acéteux (2 livres 8 onces par quintal de sucre)
dans la fermentation alcoolique. Malheureusement il renvoie aux Mémoires
de l'Académie pour les détails, et je n'ai pas trouvé ce Mémoire.
» M. Pasteur (Mémoire sur la fermentation alcoolique, Annales de Chimie
et de Physique, t. LVIII,p.36o) contredit formellement l'assertion de Lavoi-
sier. Nonobstant la remarque d'un savant aussi compétent et qui m'a fait
réfléchir, je publie avec confiance les résultats qui précèdent. «
PHYSIQUE DU GLOBE. — Relation d'une pluie de terre tombée dans le midi de la
France et en Espagne; par M. J. Boris (présentée par M. Peligot).
« Dans la nuit du 3o avril au Ier mai, vers 3 heures du matin, un orage
violent avec tonnerre a éclaté sur Perpignan, et le matin on a reconnu sur
plusieurs points de la ville et à la campagne une poussière rougeâtre, dont
on a d'abord ignoré l'origine, mais on a reconnu bientôt qu'elle était tombée
avec la pluie pendant la nuit.
» La pluie terreuse s'est produite dans la plaine du département des
Pyrénées-Orientales comme sur les parties élevées; seulement, sur les mon-
tagnes, la pluie était transformée en neige de couleur rouge.
» La pluie et la neige rouges, dans la plaine et sur les montagnes, ont eu
lieu le matin du ier mai. Dans la plaine, cela ne s'est plus renouvelé, tandis
que sur les Cerdagnes française et espagnole, la neige colorée est tombée
de nouveau vers les quatre heures du soir.
n Partout les habitants des campagnes ont dit que les plantes s'étaient
recouvertes d'une couche de rouille, et beaucoup ont vu leurs récoltes com-
promises.
» Dans un village appelé Enweigt, on a recueilli des flocons de neige
rouge, qu'on a crus teints de sang, et ce phénomène a causé une certaine
terreur aux habitants de ce pays.
(973)
» Le même jour, iec mai, un phénomène semblable s'est passé sur plu-
sieurs points du littoral de la Méditerranée, notamment dans la basse Ca-
talogne, aux environs de Figuères, de Girone; dans l'Aragon, à Mora del
Ebro.
» Dans le Messager du Midi du 8 mai 1 863, on lit :
« La pluie tombée dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, dit la Ruche
» d'Orange, a offert un phénomène assez rare; nous voulons parler d'une
» pluie accompagnée d'une substance colorante. Vers le matin, les feuilles,
» fortement tachées, paraissaient atteintes d'une maladie semblable à la
» rouille; mais, en y regardant de près, on reconnaissait bien vite la pré-
» sence d'une poussière rose. Le vent ayant été au sud pendant cette même
» nuit, il y a lieu de présumer que le dépôt est tout simplement du pollen
» enlevé par un coup de vent, etc. »
» Lesnuages chargés de poussièreet poussés par le ventdu sud-ouest, après
avoir quitté les environs de Mont-Louis, sont allés s'abattre, quelques heures
plus tard, dans l'Ariége; car on écrit de Foix :
« Dans la nuit du ier au », il est tombé, dans la vallée de Vicdessos et dans
» les environs de Foix, une quantité prodigieuse déneige teinte de rouge.
» Cette coloration est attribuée à la présence d'une substance analogue à
» celle que les botanistes appellent pollen. »
» Examinons maintenant la nature de cette matière colorée, que l'on a
considérée généralement comme du pollen. J'en ai reçu deux échantillons
recueillis, l'un à Perpignan, l'autre à l'établissement thermal d'Olette, par
conséquent pris à un soixantaine de kilomètres l'un de l'autre.
» Ils sont complètement identiques, et par l'aspect, et par la composi-
tion.
» La terre, desséchée à l'air, est jaunâtre; humectée, elle devient rouge
brique. Lorqu'on la chauffe en vase clos, elle noircit et dégage d'abondantes
vapeurs ammoniacales, en répandant une odeur de matière animale carbo-
nisée; chauffée à l'air, la terre prend un aspect rougeâtre. Les acides, versés
sur la terre, produisent une vive effervescence, enlèvent des carbonates de
chaux et de magnésie, de l'oxyde de fer, et laissent de l'argile mêlée à des
débris très-ténus de sable quartzcux et de mica qui brillent dans l'eau. L'al-
cool enlève à la terre une petite quantité d'une matière résineuse très-soluble
dans les alcalis. L'examen microscopique n'a montré que quelques rares
débris de matière organique. La présence de l'acide phosphorique a été
constatée d'une manière évidente.
( 974 )
L'analyse m'a fourni les résultats suivants :
Pluies de terre tombées, le Ier mai i863, à Perpignan et à Olette .
69.90
Sable et argile
Oxyde de fer et alumine
Carbonate de chaux .
Carbonate de magnésie.
Matière organique azotée
Eau
Acide phosphorique . .
Perpignan.
6o'95 l 68 45
7,5o ) °°'4D
:>. 1 , 55
2, i5
2,00
5,85
Traces sensibles.
100,00
Olette
64,90
5,oo
21 ,5o
2,26
2,25
4,09
Traces sensibles.
1 00 , 00
» Ces deux terres sont donc identiques, et il est probable que les ana-
lyses faites sur les produits recueillis dans d'autres localités conduiront au
même résultat.
» La matière colorante tombée avec la pluie ou la neige le ier mai n'est
donc pas du pollen; elle est due à des marnes argileuses ferrugineuses mê-
lées de sable micacé tres-fin. Cette poussière, en traversant l'atmosphère, a
agi comme un filtre : elle l'a dépouillée d'une partie de ses immondices et
s'est chargée de matière organique. Je considère ces terres comme utiles
pour l'agriculture, et l'on pourrait les appeler, sans trop d'exagération, des
pluies d'engrais.
» Les habitants des campagnes, loin de les regarder comme un châti-
ment ou un objet de terreur, doivent, au contraire, remercier le ciel de ce
bienfait. »
M. H. de Gennes prie lAcadémie de vouloir bien lui faire savoir si une
Note de M. Mac Kintosh sur un « Nouveau propulseur des machines ma-
rines », présentée en 1861, a été ou doit être prochainement l'objet d un
Rapport.
(Renvoi à MM. les Commissaires chargés de l'examen de cette Note:
MM. Dupin, Duperrey, Clapeyron.)
La séance est levée à 5 heures et demie.
E. D. B.
(97M
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 18 mai 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Annales de l'Observatoire de Toulouse; par M. F. Petit; t. [. Toulouse,
i863; ui-4°.
Résumé des observations recueillies en 1862 dans le bassin de la Saune et
Quelques autres régions, par les soins de la Commission hydrométrique de Lyon;
par M. J. Fournet. Lyon, 2 feuilles in-8°, avec des Tableaux d'observations
Jaites chaque jour de l'année 1862 sur différents points du bassin du Rhône et
de la Saône.
Sur les relations des orages avec les points culminants des montagnes et sur
leur distribution spéciale dans les environs de Lyon; par le même. (Extrait des
Annales de la Société impériale d Agriculture, d'Histoire naturelle et des Arts
utiles de Lyon, 1.862.) Lyon; 3 feuilles in-8°.
Recherches expérimentales sur l'action physiologique du tartre stibié; pai
G. Pécholier. (Extrait du Montpellier médical.) Paris et Montpellier, 1 863;
br. in-8°. (2 exempl.)
Nouvelle analyse de l'eau minérale acidule-alcaline-Jerrugineuse du Boulou;
par A. BÉCHAMP. (Extrait du Montpellier médical.) Montpellier, 1 863 ;
br. in-8°.
Ouvrages adressés par M. A. F. Pouriau :
Eléments des Sciences physiques appliquées à l'Agriculture; vol. in-12. —
Observations météorologiques et agricoles Jaites à l'Ecole impériale d'Agricul-
ture de la Saulsaie (Ain); années 1 85o-58, livraisons in-8°. — Climatologie
de la Saulsaie (Ain). Résumé de neuf années d'observations ; br. in-8°. —
Etudes géologiques, chimiques et agronomiques des sols de la Bresse et particu-
lièrement de ceux de la Dombes ; in-8°. — Comparaison de la marche de la
température dans l'air et dans le sol pendant les années 1 856-6o ; in-8°. — Eludes
sur l'ozone (extrait des Etudes météorologiques lues à la Société impériale
d'Agriculture de Lyon); in-8°. — De la fabrication du fromage de Hollande
dit d'Edam. (Extrait des Annales du Génie civil.)
Reise... Voyage de circumnavigation de la frégate autrichienne Novara, exé-
cuté dans les années 1857-59, sous le commandement ducommodore WuLLERS-
TORF-Urbair ; partie nautico-physique, 2e section : Observations magnétiques.
Vienne, 1 863 ; in-4°.
Einige. . . Quelques remarques sur les variations séculaires du moyen mou-
(976)
vement de la Lune; par P.-A. Hansen. (Extrait des Comptes rendus de
l'Académie royale de Saxe.) i feuille in-8°.
Studi... Eludes sur la véritable essence et la structure intime des corps ; par
Gius. GALLO. (Extrait du Giornale di Farmacia, di Chimica, etc., du mois
d'avril i863.) Turin; br. in-8°. {i exempl.)
Intorno. . . Sur la vraie origine de la résistance considérable qu'offrent quelque-
fois, dans les tubes capiltaires, les colonnes discontinues, c'est-à-dire formées
d'index d'eau séparés par des bulles d'air, et sur l'ascension de la sève dans les
plantes; par le prof. C. Toscani. (Extrait du Nuovo Cimento , t. XVI.) Pise,
i863; br. in-8°.
Intorno... Etude d'une urine pathologique et principalement de l'urée
qu elle contenait ; par Antonio Galvani. (Extrait des Atlx delV Islituto Veneto
di Science, Lettere ed Àrti.) Venise; br. in-8°.
Des gypses miocènes et des dépôts de sel gemme dans la partie supérieure de
la vallée de la Fistule, près de Cracovie; par M. L. Zejszner. (Extrait de la
Bibliothèque de Varsovie, livraisons d'octobre, novembre et décembre 1861.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2o MAI 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
M. le Ministre d'Etat transmet une ampliation du décret impérial qui
confirme la nomination de M. Edm. Becquerel à la place devenue vacante
dans la Section de Physique générale par suite du décès de M. Despretz.
Il est donné lecture de ce décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Edmond Becquerel prend place
parmi ses confrères.
PHYSIQUE. — De la mesure des températures élevées; par MM. H. Sainte-
Claire Devtlle et Troost.
« Dans les recherches que les chimistes ont chaque jour à poursuivre
aux températures les plus élevées, ils sont souvent arrêtés par la difficulté
de trouver des vases convenables. Les vases de platine, au premier abord,
paraissent irréprochables, mais nous les avons toujours rejetés à cause de
la défiance qu'inspire un métal auquel on attribue généralement la faculté
de condensera sa surface les gaz avec lesquels il est en contact. La lecture
du dernier Mémoire que vient de publier M. Edmond Becquerel (i) nous
a suggéré les expériences qui nous ont fait trouver la véritable cause pour
(i) Voyez Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LXVI1I, p. 49.
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI, I\° 21. ) T ^8
( 978)
laquelle le platine ne présente aucune sécurité, lorsqu'il s'agit d'expériences
à haute température faites sur les gaz ou les vapeurs.
» Nous prenons un tube de platine, extrait d'un lingot (i) bien travaillé,
que l'on emboutit et qu'on passe à la filière, de manière à obtenir un tube
très-sain, très-homogène et sans soudure. (Les deux tubes sur lesquels
nous avons expérimenté étaient dans ces conditions et avaient été fabri-
qués avec la plus grande perfection par MM. des Moutis, Chapuis et
Quennessen.) On introduit ce tube dans un autre tube en porcelaine
de Bayeux, beaucoup plus large et moins long, et l'on ferme l'espace annu-
laire compris entre eux au moyen de bons bouchons de liège. Cet espace
annulaire, rempli de fragments de porcelaine, est traversé par un courant
d'hydrogène sec et pur qui, entrant et sortant par deux tubes de verre, ne
peut avoir aucune communication directe avec l'intérieur du tube de platine.
Celui-ci, fermé par deux bouchons de caoutchouc préalablement chauffés,
reçoit de l'air desséché par son passage au travers d'un laveur de M. Alver-
gniat, d'une éprouvette pleine de ponce sulfurique et enfin d'un vase rempli
de fragments de potasse fondue. Le système ainsi préparé (2) est introduit
dans un fourneau alimenté d'air et de charbon des cornues à gaz.
» Ainsi, dans notre appareil, l'air et l'hydrogène circulent séparés par
une cloison intacte et continue de platine. Si, à la température ordinaire,
on recueille l'air qui sort du tube de platine, on lui trouve la composition
normale :
Oxygène 2°j9 2I
Azote 79, 1 79
100,0 100
L'hydrogène sortant de l'espace annulaire, également à la température
ordinaire, est entièrement absorbable par l'oxyde de cuivre et sans résidu.
» Mais, si l'on élève lentement la température, le phénomène change
avec une régularité surprenante; l'air perd peu à peu son oxygène et il se
condense dans le tube abducteur de l'eau que nous avons recueillie et pesée;
sa proportion va en augmentant avec la température. Enfin, quand celle-ci
est arrivée à 1 ioo° environ (par estimation), le tube de platine, qui reçoit
(1) Nous ne parlons ici que du platine ordinaire en mousse rapprochée par le marteau,
tel qu'il a été préparé exclusivement jusqu'à ces derniers temps. Nous faisons fabriquer en
ce moment un tube en platine fondu sur lequel nous expérimenterons à nouveau.
(2) C'est le même appareil que l'un de nous a déjà utilisé en y mettant un tube de terre
poreux au lieu d'un tube de platine. (Voir Comptes rendus, t. LU, p. 5a4)
( 979 )
de l'air sec, ne fournit plus que de l'azote et de l'eau (i); en même temps
on voit diminuer d'une manière sensible le nombre des bulles d'hydro-
gène qui sortent par le tube abducteur communiquant à l'espace annu-
laire (2).
» Bien plus, quand on dépasse la température de 1 ioo° (par estimation),
les gaz sortant du tube de platine contiennent une quantité notable d'hy-
drogène.
( 1 ) Composition de Cair à des températures constamment croissantes h partir du rouge :
Oxygène.... 19,0 16,7 i5,5 12, 3 10, 5 8,8 5,9 3,o »
Azote 81,0 83,3 84,5 87,7 89,5 91,2 94 ,1 97, o 100,0
100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 ioo,o 100,0 100,0 100,0
A partir de 1 1 00° environ et en dépass.int peu cette température :
Hydrogène i,3 2I>9
Azote 98,7 78,1
100,0 100,0
Quantités d'eau obtenue à l'heure avec une vitesse d'air d'un litre à l'heure environ :
89 milligrammes
i83
282 0
554 milligrammes.
Cette eau contient une faible quantité d'acide nitrique.
Si on remplace l'hydrogène par l'oxyde de carbone, ce gaz ne pénètre pas en quantité sen-
sible dans le tube de platine. L'air qui sort du tube possède, à très-peu près, la composition
normale :
Oxygène 21 , 7 21,6
Azote 79 , 3 79.4
Des tubes de Liebig, traversés par les courants d'air et d'oxyde de carbone sortant de
l'appareil, ne changent pas de poids et les gaz sont absolument secs.
Ces essais ont été faits sur deux tubes de 1 millimètre d'épaisseur environ chauffés sur une
longueur de i5 centimètres ou le quart de la longueur totale. Ces tubes, destinés à des ap-
pareils de concentration pour l'acide sulfurique, tiennent le vide et sont essayés sous de fortes
pressions à la température ordinaire.
(2) Les courants d'air et d'hydrogène sont fournis par des appareils à production rigou-
reusement constante.
128..
( 9«° )
« Si on laisse refroidir l'appareil, les phénomènes se reproduisent, mais
en sens inverse, jusqu'à ce que le gaz qui traverse le tube de platine rede-
vienne de l'air pur.
» Pendant toute la durée de l'expérience, l'hydrogène qui sort de l'es-
pace annulaire est entièrement absorbable par l'oxyde de cuivre.
» Au moment où la température est très-élevée, si l'on ferme brusque-
ment le robinet qui amène l'hydrogène dans l'espace annulaire, en plon-
geant aussitôt dans une cuve à mercure le tube qui donne issue au gaz, on
voit le mercure monter peu à peu dans ce tube jusqu'à la hauteur de
602 millimètres (le baromètre étant à y53 millimètres). L'hydrogène péné-
trait donc encore dans le tube de platine, et un vide presque complet se
produisait dans l'espace annulaire. Et cependant nous avons constaté que
notre appareil, assez difficile à construire, n'était pas parfaitement clos.
C'est peut-être la seule raison qui explique cette faible différence de 1 5 cen-
timètres entre la hauteur barométrique et la hauteur du mercure dans le
tube abducteur, différence qui mesure la pression du gaz resté ou introduit
par des fuites dans le manchon de porcelaine.
» Il résulte de ce qui précède que le platine se conduit à haute tempéra-
ture comme ces vases poreux avec lequels on réussit si facilement les belles
expériences d'endosmose gazeuse de M. Jamin et celles que l'un de nous a
déjà publiées.
» On peut avoir encore une preuve aussi convaincante de cette porosité,
en remplaçant, dans l'expérience précédente, l'air par de l'acide carbonique
pur et 'sec et en maintenant, dans l'espace annulaire, le courant d'hydro-
gène. A l'extrémité du tube de platine, on recueille, en même temps que de
l'acide carbonique, une grande quantité d'oxyde de carbone et d'hydro-
gène (r).
» On comprendra ainsi l'impossibilité de construire des pyromètres a gaz
(1) En opérant sur les mêmes tubes, à températures élevées et croissantes, on obtient des
gaz renfermant :
Hydrogène 12,7 7,3
Oxyde de carbone .... » 17,7
Acide carbonique 87,3 75, o
100,0 100,0
La dernière analyse se rapporte au gaz sortant du tube de platine et recueilli à la tem-
pérature la plus élevée, ce qui justifie la présence de l'oxyde de carbone et de l'humidité
dans les gaz recueillis.
( 98' )
avec du platine quand ces pyromètres doivent être mis en contact avec les
gaz réducteurs ou l'hydrogène d'un foyer (i); on comprendra également
pourquoi les températures que M. Ed. Becquerel a déterminées, et qui
diffèrent de celles que nous avons publiées nous-mêmes, sont plus basses
de ioo° environ que toutes celles qui ont été obtenues, soit par nous,
soit par d'autres.
» Cette porosité du platine l'empêche peut-être de conserver les gaz à
haute température et à haute pression, mais surtout l'endosmose force,
malgré une pression contraire, les gaz du foyer d'entrer en contact avec
l'air du pyromètre. Il se forme alors de l'eau avec diminution de volume
due à la disparition de l'oxygène. Dès lors on comprend pourquoi, dans les
expériences de M. Edmond Becquerel, il était nécessaire de maintenir con-
stamment dans le pyromètre des fragments de chlorure de calcium, qu'il
faut même changer d'une expérience à l'autre (voir page 88 du Mémoire).
» On comprend aussi comment la masse de gaz, qui, dans le pyromètre
en platine, devrait rester constante (constante C), a varié, au contraire, fie
2^,8622 à 19,9164 dans la série d'expériences à laquelle M. Ed. Becquerel
parait accorder le plus de confiance. Cette variation de la constante atteint
la proportion de 16, 5 pour 100 de sa valeur maximum, ce qui se rap-
proche de la proportion d'oxygène que contenait l'air au début de l'expé-
rience. M. Ed. Becquerel explique (page 90) cette variation considérable
en supposant que le mercure de son manomètre a pu se combiner à froid
avec l'oxygène de l'air contenu dans l'appareil. Cette hypothèse est inad-
missible : elle annulerait la précision de toutes les expériences faites avec
son appareil et les appareils semblables; elle devrait faire suspecter tous les
coefficients de dilatation, etc , tous les nombres enfin qui ont reçu de
l'expérience toutes les sanctions possibles.
(1) M. Pouillet, dans ses expériences sur le pyromètre qu'il a employé le premier, a évire
en grande partie cette cause d'erreur, parce qu'il a chauffe son appareil dans une moufle en
fer à très-peu près close. Aussi ses températures sont-elles beaucoup plus élevées que celles
de M. Ed. Becquerel, surtout si l'on modifie les résultats de M. Pouillet en adoptant, comme
il le prescrit lui-même, le nouveau coefficient de dilatation — -, au lieu du coefficient de
273
Gay-Lussac, avec lequel ils ont été calculés. (Voir le Traité de Physique de M. Pouillet,
6e edit., i853, t. Ier, p. 237, 238, 23g, 269, PI. IX,fig. 8.) M. Ed. Becquerel place son
réservoir de platine dans un tube de terre, c'est-à-dire dans une matière poreuse où l'hydro-
gène du foyer trouve le plus facile accès.
1 98a )
» La véritable explication se tire d'une manière évidente de nos expé-
riences; c'est qu'à une température qui n'a pas besoin d'être bien élevée,
le platine devient capable de produire les phénomènes d'endosmose, peut-
être même les pertes par pression qu'on observe avec les matières po-
reuses.
a Les différences qui existent entre les températures observées par
M. Ed. Becquerel et nous sont les suivantes :
Point d'ébullition du cadmium.
Point d'ébullition du zinc
MM. Deville
M. Ed. Becquerel.
et Troosl.
Différence
746", 3
860°
n3°,7
932°,o
io4o°
io8°,o
» Nous nous sommes servis, pour nos déterminations, d'un procédé direct,
indépendant de toute hypothèse, exempt de toute cause capitale d'erreur:
c'est la mesure, sous la même pression, du volume d'air pris successivement
à o°, puis à la température que nous voulons mesurer, et enfermé dans des
vases de porcelaine de Bayeux imperméables et absolument rigides à cette
température, puisqu'ils y tiennent le vide absolu, et qu'ils sont encore fort
éloignés de leur point de fusion ou de ramollissement. Ces vases, traversés
jusqu'au rouge naissant par un courant d'air sec, sont fermés, à la fin de
l'expérience, avec un chalumeau à gaz tonnants, comme on ferme le ther-
momètre à air en verre avec le chalumeau à bouche. Les seules causes
d'erreur résident dans l'observation de la pression barométrique, de la
température ambiante, enfin de la lecture du volume des gaz dans un tube
gradué. Celle-ci étant seule à considérer, nous dirons qu'en opérant avec
des ballons de 3oo à 33o centimètres cubes, une erreur très-grossière et
inacceptable d'un demi-centimètre cube n'influerait pas bien sensiblement
sur nos résultats. Les températures trouvées par M. Becquerel nous met-
traient en erreur d'environ 10 centimètres cubes sur 80, ce qui est inad-
missible.
» Les seules causes d'incertitude peuvent venir des appareils dans les-
quels on chauffe les métaux dont on veut déterminer les points d'ébullition.
Pour arriver à une exactitude dont nos densités de vapeur sont indépen-
dantes, nous reprenons en ce moment toutes nos mesures de température,
en employant les procédés les plus délicats. Mais, comme M. Ed. Becquerel
paraît s'êtie placé à très-peu près dans les mêmes conditions que nous, il
fallait trouver ailleurs la cause de nos divergences. C'est cette considération
qui nous a fait rechercher dans le platine une propriété encore inconnue,
( 983 )
quoique en parfaite harmonie avec ses actions catalytiques et la faiblesse de
sa conductibilité pour la chaleur et l'électricité (1). »
MATHÉMATIQUES APPLIQUÉES. — Note sur la marc lie à suivre pour découvrir te
principe, seul véritablement universel, de ta nature physique ; par M . Lamé.
« [Cette Note est identique, par le fond, avec celle que j'ai déposée,
l'année dernière, dans un paquet cacheté. Je croyais, alors, être le seul
géomètre qui travaillât ce genre de questions. Mais, depuis, plusieurs
• communications faites à l'Académie, et d'autres que j'ai directement reçues,
m'ont signalé des collaborateurs, tant en France et en Angleterre, qu'en
Italie, en Suisse, en Allemagne, en Autriche; et je pense que la Note ac-
tuelle pourra les aider dans leurs recherches.]
» Des travaux incessants m'ont conduit à une sorte de définition nou-
velle de la physique mathématique, à la prévision du but réel vers lequel
converge celte science générale. Un aperçu historique, succinct et rapide,
des progrès scientifiques de notre dix-neuvième siècle, dictera clairement
et ce but , et cette définition.
» Au début, la Mécanique céleste avait déjà déduit les conséquences
astronomiques les plus importantes du principe de la pesanleur univer-.
selle. Depuis lors, les formules de cet ouvrage monumental, habilement
développées, ont expliqué toutes les perturbations successivement signalées,
déduit même, de ces explications, la présence nécessaire d'astres inconnus
aux limites du système solaire, et dont l'existence a été constatée. Un tel
concours de vérifications, si nombreuses et si complètes, tout imprévues,
tout inespérées qu'elles pussent être, devait enraciner dans l'esprit des
savants deux idées distinctes et diversement fécondes.
» La première , c'est que l'homme pourra découvrir tous les secrets de
(i) Pendant l'impression de cette Note, nous avons reçu du grand fabricant de Londres,
M. Matthey, un tube de platine fondu pesant 1,070 grammes, de 60 centimètres de longueur
et de 2 millimètres environ d'épaisseur. Toutes nos expériences déjà décrites ont été ré-
pétées avec ce tube et ont donné exactement le même résultat, en déterminant la formation
de l'eau au moyen de l'hydrogène et aux dépens de l'air, en produisant le vide dans l'espace
annulaire, etc. L'énorme épaisseur de ce tube et sa qualité n'ont en rien altéré les phénomènes
ni dans leur sens, ni dans leur intensité, ni dans leur activité. M. Matthey, connaissant nos
besoins, a fait fabriquer immédiatement ce tube avec une portion du lingot de 100 kil. de
platine fondu qu'il a exposé en 1862 et, prévenant nos désirs, nous l'a gracieusement en-
voyé pour être utile à la science. Nous lui en exprimons publiquement notre reconnaissance.
( 9«4 )
la nature, en s'attachant à suivre, clans l'étude de chaque nouvelle classe
de phénomènes, la marche progressive de l'astronomie, marche si hien
réussie, savoir : observer et expérimenter les faits, dans toutes les cir-
constances réalisables; coordonner ces expériences et ces observations, de
manière à les grouper sons un certain nombre de lois; puis, le calcul
aidant, diminuer successivement le nombre de ces lois , en les faisant rentrer
les unes dans les autres, pour arriver finalement à une seule loi, qui sera le
principe partiel de la classe de phénomènes étudiée.
» Ainsi pensent et travaillent, ont pensé et travaillé, nos cliimistes et nos
physiciens, nos géologues et nos minéralogistes. Les travaux de ces illustres*
savants ont établi un nombre fini de lois, homologues de celles de Kepler,
mais plus complètes, en ce sens qu'elles ne font pas abstraction des pertur-
bations, qu'elles signalent elles-mêmes et leurs écarts et leurs anomalies:
sortes de jalons qui serviront de guides lorsqu'il s'agira de fondre les prin-
cipes partiels de toutes les sciences en un dernier principe, seul véritahle-
ment universel, dont l'attraction newtonienne ne sera que le corollaire le
plus simple, ou celui qui devait être découvert le plus facilement.
» Tout aussi nombreux, quoique moins concluants, ont été les travaux
des géomètres partis de cette seconde idée, que l'analyse mathématique a
seule la puissance, si bien manifestée par la Mécanique céleste, de conduire
rationnellement au principe partiel de chaque science , d'en déduire
l'explication complète de tous ses phénomènes, et celle de leurs perturba-
tions.
>• Nous pourrions ici passer en revue les travaux mémorables, et si nom-
breux, de la période dont il s'agit, concernant l'analyse pure, la géométrie
supérieure, la mécanique rationnelle, et constater que tous tendent vers le
même but : celui d'aider les applications entrevues, en perfectionnant à
l'avance les instruments qui leur sont indispensables; mais bornons-nous
à citer rapidement les travaux qui concernent plus directement les diverses
branches delà physique mathématique proprement dite.
» Leur marche uniforme est celle-ci : partant d'un principe partiel
hypothétique, posé à priori, emprunté à une théorie voisine, ou que l'en-
semble des phénomènes paraît dicter, le géomètre soumet ce principe à
l'épreuve analytique de l'explication des faits, afin de rapprocher les nom-
bres ainsi calculés de ceux que donne directement l'expérience ou l'obser-
vation, et de pouvoir déduire, de leurs coïncidences ou de leurs écarts, la
vérification ou le rejet du principe admis. C'est ainsi qu'ont été successive-
ment travaillées : la capillarité, l'électricité statique, les actions magnétiques,
(935)
la propagation de la chaleur, celle de la lumière, enfin l'élasticité des
solides.
» Des six théories partielles inaugurées par ces travaux, les trois der-
nières seules ont fait et font journellement des progrès incessants. Car la
première, celle de la capillarité, est restée stationnaire, soit que son épreuve
analytique ait paru douteuse, soit que l'occasion ou la nécessité de la
compléter n'ait pas encore surgi. La seconde, ou celle de l'électricité
statique, toute parfaite qu'elle soit, embrasse un groupe de phénomènes
trop restreint pour y faire de nouveaux progrès; c'est une sorte d'oasis, qui
va se resserrant de plus en plus depuis la découverte d'OErsted. El la troi-
sième théorie est forcément arrêtée par la même découverte, qui réclame
une nouvelle branche de la physique mathématique, celle de l'électro-
magnélisme, dont il faut attendre le véritable avènement.
» Ce résumé historique conduit, très-naturellement, à trois prévisions
que je vais énoncer, comme autant de propositions a vérifier. Premièrement:
de l'état stationnaire de trois des théories précédentes, et de la marche
incessamment progressive des trois autres, on déduit que les principes
partiels de la capillarité, de l'électricité et du magnétisme ne pourront être
atteints que lorsqu'on connaîtra ceux de la lumière, de l'élasticité et de la
chaleur. Secondement : de ce que les deux théories de l'élasticité des corps
solides homogènes, et de la double réfraction des cristaux diaphanes, ont
eu le même initiateur, Fresnel, on déduit que ces deux théories doivent se
fondre en une seule ou se grouper sous le même principe partiel.
Troisièmement : enfin, de ce qu'il ne restera plus que deux théories actives
et distinctes, on peut conclure que de leur rapprochement, de leur fusion
future, devra jaillir, tôt -ou tard, le principe, seul véritablement universel,
de la nature physique. Quelques développements suffiront pour justifier
ces prévisions et légitimer les espérances qu'elles font naître.
» Malgré le grand nombre d'essais infructueux que l'on connaît aujour-
d'hui, des savants distingués persistent encore à regarder la loi de l'attrac-
tion newtonienne comme devant être réellement universelle, ou comme
devant expliquer les réactions moléculaires aussi bien que les gravitations
célestes. A ces partisans exclusifs du premier principe partiel que la science
humaine ait reconnu, nous opposons les considérations suivantes.
» Les phénomènes constatés de la nature physique sont très-divers : les
uns se manifestent à des distances très-appréciables, ou même excessivement
grandes; les autres, à des distances insensibles ou excessivement petites. Le
C R., 186Î, \'rSemeslie. (T. LVI, N° 21.) I 2f)
( 986 )
principe véritablement universel doit les expliquer tous. Il comprendra
donc nécessairement le principe partiel de l'attraction, qui doit être sa
limite supérieure, ou le seul terme subsistant efficacement, quand la distance,
prise pour variable, dépasse une certaine grandeur. D'après cela, croire à
l'omnipotence de l'attraction, c'est vouloir déduire, du dernier terme, seul
connu, d'une longue série, tous les autres termes, même le premier, ce qui
est évidemment impossible. La conclusion serait très-différente, si nous
connaissions, en outre, le premier terme, seul subsistant à la limite inférieure,
ou quand la distance cesse d'être appréciable, et si, de plus, les perturba-
tions observées donnaient des indications suffisantes pour évaluer les termes
suivants. Et c'est pour acquérir ces dernières connaissances que notre
dix-neuvième siècle a tant travaillé et travaille encore.
» Gardons-nous d'appeler arriérés ceux qui s'arrêtent trop longtemps au
principe du passé, caria mèmeépithète nous serait immédiatement renvoyée
par d'antres savants qui s'élancent trop rapidement vers celui de l'avenir.
La propagation de la lumière dans le vide et les espaces planétaires, jointe
au phénomène des interférences, signale incontestablement l'existence d'un
fluide éthéré; seconde espèce de matière infiniment plus étendue, plus uni-
verselle et très-probablement beaucoup plus active que la matière pondé-
rable. Partant de cette définition caractéristique, je suis arrivé depuis long-
temps à deux nouvelles conclusions : la première, que la science future
reconnaîtra, dans Véther, le véritable roi de la nature physique; la seconde.
que ce serait retarder infiniment sa solide installation que de vouloir le
couronner dès aujourd'hui.
» En effet, ce nouveau venu, nous le connaissons par notre seule intel-
ligence, et l'ancienne matière, saisie et diversement définie par nos sens,
nous ne la connaissons encore que très-imparfaitement. Et si le géomètre
veut soumettre à l'épreuve analytique ce monde pressenti, combien d'hy-
pothèses ne doit-il pas poser à priori? Car l'action de l'éther sur lui-même,
celle qui existe entre des particules pondérables très-voisines; la forme, la
constitution, les mouvements internes de ces mêmes particules; la nature,
le sens, l'intensité des actions mutuelles de l'éther et de la matière pondé-
rable; tout cela est inconnu. Alors, que de fonctions indéterminées à faire
entrer dans l'élément différentiel de l'intégrale définie qui devra être éprou-
vée! Quel degré de multiplicité ne faudra-t-il pas donner à cette intégrale!
A moins que l'on n'ajoute, à tant d'hypothèses, des restrictions presque aussi
nombreuses. Enfin, quelle puissance prodigieuse ne faudra-t-il pas pour
faire ressortir d'un mécanisme aussi compliqué une loi, qui sera inévitable-
( 987 )
ment aussi incertaine que tout son cortège de restrictions et d'hypothèses!
» Cet immense travail, tenté par Cauchy et dont la difficulté principale
a été admirablement vaincue par M. Blanchet, n'est plus sur la route qui doit
conduire à la véritable loi universelle. Il a dépassé le but sans l'apercevoir.
Son utilité réelle est d'une autre nature : il constate à l'avance que l'analyse
mathématique ne faillira pas quand il s'agira d'expliquer les perturbations
de la loi trouvée ; il rendra très-facile l'érection d'un second ouvrage monu-
mental. Courage donc! cherchons ailleurs, atteignons le but, et cela suffira,
puisque au delà le terrain est tout préparé. En un mot, rivés que nous
sommes à la matière pondérable, placés sur une des îles de l'océan éthéré,
étudions d'abord ses vallées, ses baies, ses ports; les marées du nouvel
élément, les vents qui l'agitent, ses vagues, ses déjections de toutes sortes,
avant d'essayer d'y voguer à pleines voiles. Rectifions nos instruments, pu-
rifions notre équipage, n'embarquons rien de douteux, rien d'indéterminé.
» Il résulte d'une de nos premières conclusions cpie tous les détails de
cette longue préparation pourront être obtenus à l'aide du seul couple des
deux théories de la chaleur et de l'élasticité, appliquées aux seuls corps
solides et homogènes! Certes, une telle prétention doit paraître exorbitante,
et même chimérique; car, et les solides hétérogènes, et les liquides, et les
gaz, et les mille et une combinaisons de la chimie, presque tout ce qu'il
s'agit d'expliquer est en dehors de ce groupe si restreint et si singulièrement
choisi! Et cependant, cette prétention est très-légitime.
» En effet, supposons qu'un habile expérimentateur soit miraculeusement
doué de la faculté de voir, saisir, isoler successivement les atomes d'un cer-
tain sel, et qu'il se propose d'utiliser cette faculté pour étudier complètement
la forme, la constitution, les mouvements internes de ces atomes, ainsi que
les lois de leurs agglomérations. Que fera-t-il de la grappe qu'il a recueillie?
Il ne la disposera d'abord, ni en gaz, ni en liquide; car cette fluidité serait
trop gênante pour les premières observations qu'il a en vue. Il rapprochera
le plus possible tous ces atomes, les disposera de telle sorte que leurs centres
de figure soient fixes; en un mot, il en formera un corps solide; et, afin de
faciliter encore plus sou étude, il les orientera tous de la même manière;
c'est-à-dire que le solide résultant sera homogène.
» Mais à quoi bon le miracle? La nature ne s'est-elle pas chargée de
toute cette opération, en faisant cristalliser le sel dont il s'agit? Ainsi la cris-
tallographie, où Fresnel a créé la théorie de la lumière, est toujours le labo-
ratoire qu'il faut choisir pour faire marcher la science générale. C'est là que
129..
( 9^8 )
Mitsclierlich et Pasteur ont fait des découvertes capitales, et c'est précisément
là que les théories de l'élasticité et de la chaleur se réunissent aujourd'hui.
Lue convergence aussi persistante est une indication naturelle bien suffisante
pour légitimer nos espérances.
» Ces espérances sont d'ailleurs en partie réalisées par une extension
importante, qui résulte de la fusion aujourd'hui complètement opérée des
deux théories de la lumière et de l'élasticité; car non-seulement tous les
phénomènes si nombreux et si variés de la double réfraction sont expliqués
par cette fusion, mais, en outre, la nouvelle théorie met hors de doute
l'existence d'un troisième rayon, jadis annoncé par Cauchy; elle donne les
lois qui régissent la propagation, et même la polarisation de ce troisième
rayon.
» Les cristaux diaphanes, à un ou à deux axes optiques, sont donc réelle-
ment triréfringents; un faisceau solaire se trifurque en les traversant. Le
spectre émergent est réellement la superposition de trois spectres distincts,
desquels deux seulement sont lumineux; le troisième spectre est calorifique
et chimique; notre rétine a la faculté d'en faire le départ, à moins qu'il ne
la brûle ou ne la décompose. Ainsi la théorie de l'élasticité, après s'être assi-
milé celle de la lumière, s'étend maintenant à la chaleur rayonnante, à la
photographie, etc., ce qui justifie déjà plusieurs de nos prévisions.
» Mais il y a plus encore : les formules de l'élasticité, ici seules employées,
supposent que le milieu ne contient que des molécules pondérables, simi-
laires et solides. Si les corps diaphanes recèlent réellement la matière éthé-
rée, leur appliquer les mêmes formules c'est admettre que l'éther y fait partie
intégrante des particules pondérables, qu'il n'obéit qu'à leurs mouvements,
qu'à leurs déplacements de totalité. S'il n'en est pas ainsi, si une partie
de l'éther contenu dans l'alvéole d'une particule peut y changer de place,
les formules employées sont-elles encore exactes, et, sinon, comment faut-il
les modifier, surtout quand il s'agit des ondes lumineuses ?
» Or, en consultant la théorie du travail des forces élastiques inaugurée par
Clapeyron, j'ai démontré tout récemment, avec une rigueur et une simplicité
inespérées, que la vitesse de propagation d'une onde plane dans tout solide
diaphane doit diminuer avec la longueur d'ondulation, cette diminution
étant nulle s'il n'y a pas d'éther libre ; insensible dans tous les cas, lors des
ondes sonores; très-sensible, au contraire, lors d'une onde lumineuse, si le
fluide existe et si les distances qui séparent les particules pondérables sont
comparables à la largeur de l'onde; c'est-à-dire que, dans les formules
employées, les coefficients d'élasticité, au lieu d'être constants, doivent cou-
(989)
tenir la longueur d'ondulation et diminuer avec elle-, telle est la modifica-
tion nécessaire et suffisante.
» De cette seconde extension théorique résultent : premièrement } la seule
preuve rigoureuse qu'il existe de l'éther libre dans les corps diaphanes, ce que
l'on avait admis à priori et non démontré; secondement, la seule explication
complètement rationnelle du phénomène de la dispersion; troisièmement
enfin, toute une série de conséquences nouvelles sur les pouvoirs dispersifs,
sur la coloration des milieux diaphanes, sur les distances réelles qui séparent
les particules pondérables, et d'autres encore. Une telle richesse de déduc-
tions provenant de la première fusion, devinée et complètement opérée, ne
nous donne-t-elle pas le droit d'espérer qu'il en sera de même de la
seconde?
[» Quoi qu'il en soit, la véritable tendance de l'œuvre physico-mathéma-
tique de notre siècle étant reconnue, il importait de bien définir son état
présent et de préparer son avenir. La plupart des ouvriers du travail déjà
exécuté n'existent plus, et je suis le doyen de ceux qui restent. Avant de
quitter cette place, j'ai pensé que j'avais un devoir à remplir : celui de
recueillir, de purifier, de simplifier les résultats obtenus, afin de faciliter
à nos successeurs l'achèvement de l'œuvre totale. Tel a été le but des quatre
Cours que j'ai successivement publiés. Le suivant devait les résumer tous,
sous la forme la plus concise et en même temps la plus complète; mais
je sens que les forces et le temps me feront défaut pour terminer ce dernier
Cours, auquel la Note actuelle devait servir d'introduction. »]
CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur la présence de l'acide acétique parmi les produits
de la fermentation alcoolique; par M. L. Pasteur.
« Je lis dans le Compte rendu de la dernière séance de l'Académie que
M. Béchamp signale, parmi les produits de la fermentation alcoolique, la
présence de l'acide acétique et d'acides gras volatils.
» Cette observation est exacte. Les liquides sucrés qui ont éprouvé ce
genre de fermentation donnent, lorsqu'ils sont soumis à la distillation, un
alcool très-légèrement acide. En saturant par la chaux le liquide distillé,
évaporant et décomposant par l'acide phosphorique, on développe l'odeur
des acides de la série acétique. Je crois que ce fait est connu depuis long-
temps, du moins en ce qui concerne l'acidité faible des produits de la dis-
tillation des liqueurs fermentées. Si je ne l'ai pas rappelé dans mon Mémoire
sur la fermentation alcoolique, et surtout si je n'ai pas fait figurer une très-
( 99° )
petite quantité d'acides de la série acétique au nombre des produits de la
fermentation du sucre, c'est que je pensais que ces acides volatils provien-
nent non du sucre, mais de l'altération de la levure. D'autie part, je n'étais
pas assez sûr des preuves qui motivaient cette dernière opinion pour oser
les publier. C'est un point qui mérite encore d'être éclairci, et qui était
parmi les nombreux desiderata de mes études sur la fermentation alcoo-
lique.
» Quant au reproche que m'adresse M. Béchamp, d'avoir à tort con-
tredit l'assertion de Lavoisier sur la production de l'acide acétique dans la
fermentation alcoolique, je ne puis l'accepter. Lavoisier, en effet, a con-
staté la présence de 3 parties environ d'acide acétique pour ioo de sucre,
dans la fermentation alcoolique(2liv8oncessur95liv x 4<>r>ces 3gtos ^.ains desucre).
Assurément Lavoisier ne s'est pas trompé sur la nature de l'acide qu'il a
eu entre les mains, mais ce qui est certain pour moi, c'est que l'acide acé-
tique obtenu par Lavoisier était presque exclusivement, pour plus des -^-
peut-être, un acide acétique formé accidentellement dans la fermentation,
soit par l'action de l'air dans des conditions particulières que nous savons
aujourd'hui être déterminées par la production d'un mycoderme, soit par
des levures spéciales autres que la levure alcoolique.
» Beaucoup d'auteurs ont parlé de l'acide acétique du vin et des liquides
fermentes. Mais il y a trop peu d'acides volatils à l'état normal, pour que
l'on n'admette pas que ces auteurs ont eu affaire, ainsi que Lavoisier, à de
l'acide acétique accidentel. Il faut une étude spéciale du genre de celle que
vient défaire M. Béchamp, pour reconnaître l'acide acétique dans les pro-
duits de la distillation des liquides fermentes. Au contraire, l'acide acétique
accidentel, provenant de levures spéciales (mycoderme ou autres), est
toujours en assez grande quantité pour que sa présence soit accusée faci-
lement par son odeur, pendant une évaporation rapide et à feu nu du
liquide alcoolique. L'odeur de l'acide acétique et des acides plus élevés
dans la série, s'il y en a, se fait sentir vers la fin de l'évaporation, bien avant
celle de l'acide succinique qui est en outre très- différente, et qui provoque
la toux d'une manière irrésistible. Bien de pareil ne se présente avec les
liquides fermentes qui n'ont éprouvé que l'action des levures alcooliques
pures. L'évaporation la plus ménagée ne permet pas alors de reconnaître
par l'odorat la présence des acides volatils, bien que néanmoins la vapeur
ait toujours une réaction très-faiblement acide aux papiers réactifs, ce qui,
je le répète, était généralement connu. »
( 991 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Remarque au sujet de la Note communiquée
par M. Van Tieghem dans la dernière séance de l'Académie; par M. L.
Pasteur.
« J'ai eu l'honneur de présenter lundi dernier à l'Académie une INote de
M. Van Tieghem sur la coloration rose-violet que les acides développent
dans les fibres végétales du liber et du bois.
» M. Chevreul a eu la bonté de m'apprendre que tout récemment un fait
de cette nature avait été communiqué par notre savant confrère, M. Payen,
à la Société d'Agriculture. J'ai recherché dans les Bulletins de cette Société
la mention des expériences de M. Payen qui ont en effet un rapport direct
avec une partie des observations de M. Van Tieghem.
» Il me paraît utile de consigner ce fait dans les Comptes rendus de l'Aca-
démie, et de reproduire même, parce qu'elle est très-courte, la Note de
M. Payen, telle que la donne le Bulletin des séances de la Société d'Agricul-
ture, afin que l'on juge mieux de ce qui est vraiment nouveau dans la com-
munication de M. Van Tieghem :
« L'acide chlorhydrique, étendu de 9 volumes d'eau, détermine une
» coloration en violet-rouge plus ou moins foncé dans le corps ligneux des
» rameaux des :
» Larix europœa;
» Taxas baccata;
« Cupressus sempervirens ;
» Juniperus virginiana;
» Thuya gigantea;
v Pinus silvestris;
» Pinus pinaster ;
» Cedrus Libani;
» Cedrus atlanticus;
» Cryptomeria japonica ;
» et généralement de tous les conifères qui ont été soumis a l'expérience.
» Cette coloration s'étend assez vite à la superficie du bois et jusqu'à i5 à
» 3o centimètres sons l'écorce, ainsi qu'on peut le constater en soulevant
» celle-ci, ou la détachant des rameaux qui ne plongeaient cependant qu'à
» leur partie inférieure sur une hauteur de 4 à 5 centimètres. »
(Payen. — Société impériale d 'Agriculture, séance du 25 mars i863.)
( 99* )
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les diamines isomères;
par M. A.-W. Hofmann.
« Dans une communication précédente, j'ai décrit la phénylène-diamine,
diamine aromatique obtenue par l'action des agents réducteurs puissants
sur le dinitrobenzol. La formation de la phénylène-diamine, dernier produit
de cette réaction, est précédée par celle d'un composé intermédiaire, la
nitraniline, substance découverte, il y a déjà longtemps, par M. Muspratt
et moi :
C6H4N02 CH'NO2 C6H4NH3
NO2 NH2 NH2
Dinitrobenzol. Nitraniline. Phénylène-diamine.
» La nitraniline, comme on devait s'y attendre, est susceptible d'être
directement convertie en phénylène-diamine.
« Les recherches de M. Arppéont fait connaître l'existence d'une deuxième
nitraniline, formée par l'action de l'acide nitrique fumant sur le phényl-
pvrotartramide et par le traitement subséquent du composé nitré avec la
potasse. On peut préparer plus facilement cette substance en traitant de la
même manière d'autres phényl-amides moins difficiles à obtenir, tels que la
phényl-acétamide et la phényl-succinamide. Elle est isomère de la nitrani-
line ordinaire, mais elle en diffère par ses caractères physiques et chimiques
d'une manière telle, qu'on ne peut douter de l'individualité de ces deux
corps. On s'est donc décidé à les distinguer sous les noms d'alpha-nitrani-
line et de bèta-nilraniline; l'on ne s'est pas encore bien expliqué leur iso-
mérie singulière.
» En examinant la phénylène-diamine, l'idée m'est naturellement venue
devoir si la bêta-nitraniline soumise à l'action des agents réducteurs donne-
rait un composé isomère ou identique à la phénylène-diamine obtenue au
moyen de l'alpha-nitraniline du dinitrobenzol. La bêta-nitraniline est faci-
lement réduite par un mélange d'acide acétique et de fer; le composé qui
distille a la même composition que la phénylène-diamine C6II8N2, et pré-
sente beaucoup d'analogie avec elle, sans lui être cependant identique. Ces
deux bases diatomiques ayant entre elles les mêmes rapports que les deux
nitranilines dont elles dérivent, je propose de les distinguer par les noms
i\' alpha et de bêla-phénylène-diamine.
a La bèta-phénvlène-diamine diffère de son composé isomérique par la
(993)
plus grande facilité avec laquelle elle cristallise : l'alpha- phénylène-diamine
ne se concrète qu'après plusieurs jouis et même quelques semaines; la pre-
mière base, au contraire, se sépare immédiatement en une belle masse cris-
talline, si l'on décompose ses sels par les alcalis.
» L'alpha-phénylène-diamine fond à 63°, la bêta-phénylène-diamine
à i/jo°. Le pointd'ébullition de la première est 2870, celui de la seconde ■267°.
» Le sels de la bèta-phénylène-diamine, quoique plussolubles que ceux
de l'alpha-phénylène-diamine, se distinguent par leur grand pouvoir de
cristallisation ; la première base a la propriété remarquable de se sublimer
à une température même inférieure à celle de son point de fusion ; l'expé-
rience réussit surtout dans un courant d'hydrogène : on obtient alors la
substance en paillettes semblables à l'acide pvrogallique.
» Je n'ai examiné que trois de ces sels :
» Hydrochlorate de bêla-phénylène-diamine. — Ce sel cristallise en larges
prismes, très-solubles dans l'eau, moins dans l'alcool, et presque insolubles
dans l'acide chlorhydrique. Il contient :
C6H"N2, 2HCI.
» V ' hydrobromate de bêla-phénylène-diamine lui ressemble sous tous les
rapports. Les cristaux ont la formule
C6H8JN2, 2HBr.
» Us prennent une couleur rougeâtre s'ils restent en contact avec l'air.
» Sel de platine. — Lames jaune clair, extrêmement solubles dans l'eau
et facilement décomposées par la chaleur. Composition :
C6H8N2, aHCl, aPbCl2.
» Le sulfate et le nitrate cristallisent bien; ils sont moins solubles dans
l'eau que le chlorhydrate.
» La bèta-phénylène-diamine et ses sels prennent de belles couleurs
violettes et bleues sous l'influence des agents oxydants tels que le chlore,
le brome, l'acide chromique, le perchlorure de fer et de platine.
» Et l'alpha et la bêta-phénylène-diamine sont facilement attaquées par
les iodures des radicaux alcooliques; cette réaction m'a permis de décider
si la substitution dans ces deux substances s'opérait au même degré. Les
derniers produits de substitution seuls présentant de l'intérêt, j'ai soumis
les deux bases à l'action de l'iodure méthylique. Cette expérience m'a
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LV1, N° 21.) I 3o
( 994 )
prouvé que l'alpha et le bèta-phénylène-diamine sont capables de fixer six
équivalents de méthyle pour produire un composé ammonique à substitu-
tion parfaite. D'après ce résultat, on doit représenter ces deux corps par la
formule
(C6H4)")
H2 >N2.
H2 )
En effet, les bases traitées à trois reprises différentes et alternativement avec
l'iodure de méthyle et l'oxyde d'argent donnent naissance à un iodure bien
cristallisé dont la formule est
■(C6H4)"
C,,2H22N2P
N! I2
C H3*6
» Ce composé, préparé de l'alpha ou de labèta-phénylène-diamine, cris-
tallise en paillettes extrêmement solubles dans l'eau, moins solubles dans
l'alcool. Je n'ai vu d'autre différence, si ce n'est que le composé obtenu a\e<
la bêta-phényiène-diamine est moins soluble que le dérivé de l'autre base.
» En étudiant les dérivés méthyliques de ces deux bases phényléniques,
j'ai rencontré plusieurs fois les bases inférieures que j'ai soumises à quelques
expériences. Le composé
C'°H'6N2 = |CH3)J4JN2,
obtenu avec la bèta-phénylène-diamine, traité par l'iodure de méthyle, pro-
duit d'abord un iodure monoatomique très-peu soluble :
C"H,8N2I = 1^ ' N2, CHM.
(C H ) )
» Avant de donner naissance au composé final hexmélhylique
ri2H22N2T2 _ (^'6 H")" ) Mn2 F,
C " N ' -(CH'rr L(C H3)0 S J '
l'iodure monoatomique, soumis à l'action de l'acide iodhydrique au lieu
de l'iodure de méthyle, m'a donné le diiodure d'un diammonium phé-
nylène-pentaméthylique
["(C6 H4)" M
~~[(G H3)5H
C"Hl9N2l2r= „ „,x,TT?N
p.
(995 )
» Les deux phénvlènes-diamines sont donc non-seulement isomères, mais
présentent encore le même degré de substitution. En présence de ce résnltnt
j'ai observé avec plaisir quelques phénomènes additionnels écartant tous les
doutes qui pourraient encore s'élever sur l'individualité des deux sub-
stances.
» En mélangeant une solution de bèta-phénylène-diamine dans l'acide
sulfurique avec du peroxyde de manganèse, on remarque de suite une forle
odeur de quinone ; si l'on chauffe le mélange, le quinone distille et le résidu
contient les sulfates ammonique et manganique :
C6H8N'- + 2H2SO'+Mn202 = C6H402 + M.rSO4 + (H4N )2SO'.
Béta-phénylcne- Quinone.
diamine.
» La réaction s'accomplit avec tant de facilité, que si l'on soumet à ce
traitement quelques milligrammes de cette diamine dans un tube à expé-
rience, on obtient encore un sublimé de quinone, facilement reconnaissable
par ses propriétés caractéristiques. L'alpha-phénylène-diamine traitée de la
même manière dégage une faible odeur de quinone, mais ne donne pas la
moindre trace de cette substance. La transformation nette et facile d'une dia-
mine en quinone que je viens d'indiquer présente quelque intérêt, pouvant
probablement servir à la préparation des homologues supérieurs du quinone.
» J'ai encore observé la formation de la bèta-phénylène-diamine dans
deux nouvelles réactions dont je ferai mention en finissant.
» Dans l'espoir d'obtenir la triamine de la série phénique
'(C6H3)'"\
C6H9N3_) H3 [N»j
H3
j'ai soumis la dinitrophénylamine (dinitraniline)
([C6H3(N02)2])
C0H5N3O4 = ) H N
à l'action des agents réducteurs; mais au lieu du composé que j'attendais,
j'ai toujours obtenu la bèta-phénylène-diamine et de l'ammoniaque :
C6H9N3 = C6H8N2 + H3N.
Triamine- Bêla-phcny-
phénylique. lène- diamine.
i3o..
( 996 )
» Le dinitrobenzol
C,2H8N'04 _ C,2H6(N02)2N2
soumis à l'action des agents réducteurs puissants donne aussi la bèta-phé-
nylène-diamine :
C,2H8N'0' -l- 8H2 = 4H20 -+- 2C6H8N2.
Dinitrobenzol. Bêtaphcnylène-
diamine,
» Ici encore, la béta-phénylène-diamine est le produit final de la réac-
tion; sa formation est précédée parcelle d'une autre base, la diphénine de
Gerbardt et Laurent.
» D'après ces chimistes, la diphénine est
C,2H,2N%
formule se basant surtout sur la présence indubitable de G'2 dans la molé-
cule d'azobenzol C'2H,0N2, dont elle dérive; mais la facilité avec laquelle la
diphénine, sous l'influence de l'hydrogène naissant, est convertie en bèta-
phénylène-diamine semble indiquer que la molécule de la diphénine doive
se représenter par
C6H6N2.
On aurait alors entre la diphénine et la bèta-phénylène-diatnine une relation
semblable à celle qui existe entre le quinone et l'hydroquinone :
Quinone C6IT02, Diphénine C6H6N2,
Hydroquinone. . . . C6H602, Bèta-phénylène-diamine. . C6H8N2.
» J'ai essayé vainement de transformer le quinone en diphénine ou bèta-
phénylène-diamine; mais je dois ajouter que M. Woskresensky, en traitant
le quinone par l'ammoniaque, a obtenu une masse cristalline d'un beau vert,
la quinonamide C6 Hb NO, qui tient le milieu entre le quinone et la diphénine:
C6 H4 O- -t- H3 N = Cc H5 NO -+- H2 O.
Quinone. Quinonamide.
» La même réaction répétée devrait produire la diphénine :
C6H5NO -+- H5N = C6H6N2 + H20.
Quinonamide. Diphénine.
( 997 )
MÉTÉOROLOGIE AGRICOLE. — Du refroidissement nocturne superficiel des
diverses espèces de terres pendant l'hiver sous le ciel de Montpellier :
par M. Ch. Martins.
« L'hiver à Montpellier est en général une saison sèche. Les pluies sont
rares, la neige presque inconnue. Le ciel étant sans nuages et l'air sec, à
des journées relativement chaudes succèdent des nuits sereines pendant
lesquelles le sol se refroidit prodigieusement par rayonnement. A son tour
la température de l'air s'ahaisse, et l'on observe souvent entre le maximum
du jour et le minimum de la nuit des écarts qui atteignent et dépassent
même 1 5° centigrades à l'ombre. J'ai mis à profit ces heureuses circonstances
pour étudier le refroidissement nocturne du sol.
» La théorie nous apprend que les différentes espèces de terres ne doivent
pas se refroidir également; mais l'expérience n'avait pas encore déterminé
les limites de ces différences. Le sujet cependant n'est pas sans intérêt pour
l'agriculture et pour l'horticulture. Les graines des plantes annuelles semées
en automne sont soumises à ces températures, et nous verrons que l'exis-
tence des végétaux vivaces, qui ne peuvent supporter les hivers de Paris et
résistent très-bien à ceux de Montpellier, est liée aux conditions géother-
miques du sol autant et plus peut-être qu'aux températures de l'air. Les
terres sur lesquelles j'ai opéré sont : i° un sable calcaire blanc très-fin
appelé à Montpellier eable de Pompignane; a° le sable calcaire jaune plio-
cène du faubourg Saint-Dominique; 3° la terre du Jardin des Plantes dont
le sol est du sable calcaire blanchâtre peu riche en matières organiques;
4° de la terre rouge ou terre argileuse colorée par l'hydroxyde de fer;
5° de la terre de bruyère siliceuse provenant de la Salle dans les Cévennes;
6° de la terre de feuilles, résultat de la décomposition de ces organes;
7° de la terre de saule, c'est-à-dire un humus produit delà décomposition
du bois des saules creux; 8° un terrain composé de f de terre de feuilies,
{-de terre rouge, {- de fumier de cheval et \ de crottin de mouton.
>' J'ai fait creuser dans une banquette du Jardin huit trous que j'ai remplis
des diverses espèces de terres énumérées précédemment : chacune de ces
espèces de terres formait un parallélipipède dont la surface supérieure avait
25 décimètres carrés et dont l'épaisseur était de i décimètres. Ces surfaces
ne dépassaient pas le niveau du terrain environnant. J'avais couché sur ces
huit carrés autant de thermomètres à alcool et à index. Leur boule enfouie
dans le sol était recouverte d'une légère couche de terre de quelques milli-
( 998 )
mètres d'épaisseur. Le diamètre de ces boules étant de 2 centimètres, il en
résulte qu'elles occupaient la tranche superficielle du sol de même épais-
seur, le centre de la boule correspondant à peu près à la profondeur de
1 centimètre. La tige était enterrée jusqu'au point zéro. Les expériences ont
été faites pendant les mois de décembre 1 855, janvier et février 1859. ïjes
index des thermomètres à minima étant disposés convenablement, je lisais
le lendemain les positions des index qui marquaient les minima de la nuit.
Les terres rangées suivant le degré de leur refroidissement occupent l'ordre
suivant : terre de saule, terre argileuse rouge, sable calcaire blanc, terre de
feuilles, terre de bruyère, terreau, sable jaune, terre du Jardin. La diffé-
rence entre la terre de saule qui se refroidit le plus et celle du Jardin qui
se refroidit le moins est de i° centigrade. L'écart n'est pas grand, mais mé-
rite cependant d'être pris en considération: car un degré de différence,
c'est la vie ou la mort d'une graine. Le minimum moyen de l'air, pris à
iID,3o au-dessus du sol, était supérieur de i°,32 au minimum du sol à 5 mil-
limètres au-dessous de la surface.
» Pour me faire une idée du rayonnement de la surface même des diffé-
rentes espèces de terres, j'ai eu recours à un procédé qui serait désavoué
par la physique de cabinet, mais qui me paraît suffisamment exact pour
des expériences de météorologie agricole. J'ai fait faire des capsules de fer-
blanc ayant exactement 1 décimètre carré de surface et 2 centimètres de
profondeur. J'ai rempli chacune de ces capsules de l'une des principales
terres que j'avais expérimentées. Le soir, lorsque je prévoyais pour le len-
demain une forte gelée blanche , je faisais la tare de chacune de ces capsules
et de son contenu, puis je les exposais, renfermées chacune dans une seconde
capsule en bois, sur une table élevée de im,20 au-dessus du sol. Le lende-
main matin, avant le lever du soleil, les fenêtres de mon cabinet restant
ouvertes et la température de l'air encore au-dessous de zéro, je repesais
ces terres couvertes de gelée blanche. Cinq expériences bien concordantes
m'ont donné des nombres à l'aide desquels j'ai pu ranger les terres d'après
le poids moyen de la gelée blanche déposée à leur surface. Cet ordre est le
suivant : terre rouge, terre de saule, terre de feuilles, terreau, terre du
Jardin, terre de bruyère, sable jaune. Le lecteur voudra bien remarquer
que cet ordre esta peu près celui que j'avais trouvé pour le refroidissement
à j centimètre de profondeur mesuré à l'aide des thermomètres à minima.
J^es différences tiennent à ce que les terres n'absorbent pas également
l'humidité de l'air. Voilà pourquoi la terre argileuse rouge se trouve avant
la terre de saule, le terreau et la terre du Jardin avant la terre de bruyère et
( 999 )
le sable jaune. Le poids moyen de l'humidité absorbée et de la gelée
blanche déposée dans une nuit a été de 1 55 centigrammes.
» J'ai profité de ces pesées de gelée blanche pour estimer approximative-
ment la quantité d'eau qu'elles abandonnent au sol. Les cinq gelées
blanches que j'ai pesées donnent un poids moyen de i55o kilogrammes
par hectare, et ce poids moyen correspond à celui cpie donnerait le terreau
considéré isolément. Deux expériences m'ont montré qu'une partie de cette
oélée blanche s'évapore directement. Ainsi, au bout de trois heures on ne
voit plus de gelée blanche sur les terres exposées au soleil. Si alors on les
repèse, on constate que 22 pour roo se sont évaporés, 78 pour 100 restent
dans le sol. Par conséquent i55o kilogrammes de gelée blanche recouvrant
un hectare rendent à l'atmosphère 34o kilogrammes; le reste, savoir
1210 kilogrammes, pénètre dans le sol. Ce résultat se rapproche sensible-
ment de celui que M. Boussingault (1) a obtenu pour la rosée. Dix-sept expé-
riences faites à Liebfrauenberg , en Alsace, pendant les mois d'août, de
septembre et d'octobre 1857, lui ont donné 1400 litres d'eau pour un
hectare, nombre qui ne diffère du mien que d'un neuvième.
» Dans une seconde communication j'aurai l'honneur de soumettre à
l'Académie les résultats que j'ai obtenus sur le refroidissement du sol à
om,o5, om,io et om,3o de profondeur. »
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle a faite
d'un de ses Correspondants pour la Section de Physique, M. Barlow, dont
le décès, qui remonte à l'an passé, n'avait pas encore été notifié.
MÉMOIRES PRÉSENTES.
PHYSIQUE. — Mémoire sur les dix-sept premiers arcs-en-ciel de l'eau;
par M. Rillet, présenté par M. Babinet.
(Commissaires, MM. Babinet, Edm. Becquerel.)
« Il s'agit dans ce travail d'une étude sur les arcs-en-ciel de l'eau : on
y trouvera la mesure des déviations subies dans ces arcs par diverses cou-
leurs et la comparaison des positions que leur accorde l'expérience avec
celles delà théorie. On y trouvera surtout l'étude des variations angulaires,
croissantes avec le numéro de l'arc, qu'amènent pour une même couleur
(1) agronomie, Chimie agricole et Physiologie, t. II, p. 32 1.
( IOOO )
les changements de température du liquide, et le moyen de déduire de ces
variations angulaires les variations correspondantes d'indice.
» Comme MM. Babinet et Miller, qui, avant nous, se sont occupés de ce
sujet, c'est avec un filet d'eau vertical fourni par un tube cylindrique que
nous réalisons nos arcs. La grosseur du filet influant sur la visihilité des
.arcs, nous avions eu soin de préparer plusieurs de ces tubes métalliques
rodés, nous proposant d'appliquer les plus larges à la production des arcs
plus faibles d'ordre élevé; mais la pratique nous a montré, d'une part,
qu'outre l'inconvénient d'une plus grande dépense de liquide, les tubes
larges avaient celui de donner des veines moins tranquilles et plus aisé-
ment accessibles à des renflements qui brisaient l'arc en tronçons disconti-
nus, et de l'autre, qu'en prenant certains soins on pouvait tirer de nos deux
tubes les plus fins des arcs dont la visibilité se soutenait jusqu'au dix-
septième inclusivement, dans une chambre où on laissait pénétrer assez de
jour pour assurer les lectures. Leur diamètre, mesuré, dans deux sens rec-
tangulaires choisis, avec un microscope qui donnait le millième de milli-
mètre, s'est trouvé valoir, pour l'un imm,3i8 et ïmw,3i\ (moyenne i mm,^ 196),
pour l'autre irarn, 991 et imm, 970 (moyenne imm, 981.) C'est donc avec l'un
ou l'autre de ces tubes, et après nous être assuré qu'ils donnaient bien les
mêmes résidtats, que nos lectures définitives ont été faites.
» Quoiqu'une lumière artificielle suffise à la production des premiers
arcs, nous avons eu recours exclusivement au soleil qui, outre la vivacité
de la lumière, a pour lui l'étroitesse du diamètre apparent. Nous n'avons
pas trouvé d'avantages bien marqués à réduire encore ce diamètre par l'em-
ploi d'une lentille cylindrique de court foyer, et nous avons toujours opéré
avec le trait solaire direct. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Détermination de la retalion qui existe entre la
chaleur rayonnante, la chaleur de conductibilité et la chaleur latente; par
M. Coi.NET d'HuART.
(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Fizeau.)
M. Omvieri soumet au jugement de l'Académie une Note intitulée : « Re-
lations chimiques entre l'électricité, le calorique et la lumière ».
(Commissaires, MM. Pelouze, Pouillet, Regnault.)
M. Chipault communique une observation à l'appui de ce qui a été avance
des inconvénients des mariages consanguins; il s'agit d'un homme bien
( IOOI )
constitué qui, ayant épousé successivement deux de ses cousines, elles-
mêmes d'une bonne constitution, n'a eu de ces mariages que trois enfants
maladifs, dont le seul qui ait survécu, une fille bègue, a mis au monde un
enfant hydrocéphale.
(Renvoi à la Commission nommée pour les diverses communications
relatives aux mariages consanguins, Commission qui se compose de
MM. Andral, Rayer, Bernard, Bienaymé.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
adresse pour la Bibliothèque de l'Institut le n° 1 1 du Catalogue des brevets
d'invention pris en 1862.
L'Académie royale des Sciences de Lisbonne remercie l'Académie pour
l'envoi d'une nouvelle série de ses Comptes rendus hebdomadaires.
M. Flourens présente au nom de l'auteur, M. Seemann, un Mémoire im-
primé sur l'histoire naturelle du genre Borassus, traduit en français par
M. de Borre.
PALÉONTOLOGIE HUMAINE. — Examen de la mâchoire de Moulin-Quignon
au point de vue anthropologique ; par M. Pruner-Rey.
« Vu la discordance entre les géologues en ce qui concerne le terrain
où la mâchoire a été trouvée, voyons si la science anthropologique nous
fournit les moyens de la classer.
» Examinée sommairement, cette pièce nous indique par ses proportions
et par l'absorption de quelques alvéoles dentaires qu'elle appartenait à un
individu de petite taille et d'un certain âge; et j'ajouterai que cet individu
était très-probablement brachycéphale. Voici la série des faits qui militent
en faveur de cette opinion. M. Morlot (voy. Etudes géologico-archéolo-
giques, etc., 1860) constata dans lt section du cône de la Tinière, près
Villeneuve, trois âges successifs représentés par étages. La couche la plus
profonde représentant l'âge de pierre offrit un crâne brachycéphale ainsi
que l'âge de bronze dans les environs. Enfin, j'ai constaté la présence de
ce type à l'âge de fer et même parmi les vivants dans les mêmes localités,
et j'ai tracé ailleurs le portrait détaillé de ce type par lequel commence,
C. R , i863, Ier Semestre. (T. LVI, N° 21.) l3l
( 100a )
jusqu'à plus ample informé, l'histoire de l'homme dans nos contrées, sans
que sa souche se soit éteinte.
» En second lieu, les recherches et les découvertes paléontologiques faites
en France, bien que le nombre des données en ce qui regarde l'homme soit
fort restreint, n'infirment pourtant en rien ce que je viens d'alléguer. Ainsi le
menton osseux humain trouvé par M. de Vibraye annonce par ses contours
arrondis qu'il n'appartient point à la race celtique, et par ses dimensions que
le crâne dont il faisait partie devait être petit et par conséquent brachycéphale.
Il en est de même de la pièce dont je dois la connaissance à l'obligeance de
M. Lartet. Le célèbre paléontologue trouva ce demi-rameau externe de la
mâchoire inférieure humaine dans la grotte d'Aurignac, associé aux ani-
maux antédiluviens, etc. Cet os nous frappe encore par sa petitesse même
pour ce qui concerne les trois dents molaires qui s'y trouvent implantées.
» Un dernier fait me paraît pouvoir servir de pierre de touche dans cette
question aussi épineuse qu'importante. Je possède une petite série de mâ-
choires inférieures appartenant à la souche brachycéphale de la Suisse.
Ces ossements, se rapportant à l'âge de fer, furent retirés d'un immense
tumulus de gravier qui contenait de nombreux kistvaens dans lesquels on
trouva des squelettes et leurs débris pour la plupart celtiques, et à leur
côté quelques-uns au crâne brachycéphale et de petite taille. Eh bien,
une de ces dernières mâchoires, à part le prolongement de son apo-
physe coronoïde, correspond pour tous les autres détails à la mâchoire d'Ab-
beville. Ceci est applicable non-seulement à la forme, mais même aux di-
mensions. Maintenant, si nous considérons le peu de stabilité des caractères
que présente généralement cet os chez les individus de la même race, et si
nous y ajoutons l'immense intervalle de temps qui les sépare, je pense rester
dans les limites d'une haute probabilité si j'ose énoncer ceci:
» i° La mâchoire de Moulin-Quignon appartenait à un individu brachy-
céphale, de petite taille, de l'âge de pierre ;
» 20 On peut suivre la présence de cette même race humaine à travers
divers âges successifs; et enfin
» 3° Elle a laissé des descendants reconnaissables parmi les vivants du
haut nord de l'Europe, en suivant la lisière occidentale de notre continent,
jusqu'en Sicile. »
( ioo3 )
Observations de M. de Quatrefages à propos du Mémoire de M. Pruner-Bey
et de la Note de M. Élie de Beaumont.
« Depuis plusieurs années M. Pruner-Bey setait occupé de réunir les
matériaux propres à éclairer la question des caractères que présentait la
race la plus ancienne de l'Europe. Il s'est donc trouvé tout prêt à profiter
mieux que personne de la découverte de M. Boucher de Perthes. Toutefois,
son travail avait été entrepris d'abord seulement à l'aide des photogra-
phies que j'avais fait exécuter; mais en voyant l'importance des résultats
auxquels était déjà arrivé mon savant confrère de la Société d'Anthropo-
logie, je me suis empressé de mettre la mâchoire de Moulin-Quignon elle-
même à sa disposition. M. Pruner-Bey a bien voulu me communiquer tn
revanche celle qui lui servait de terme de comparaison. Nous avons pro-
cédé ensemble à un examen détaillé et rigoureux qui n'a servi qu'à faire
ressortir davantage l'exactitude des appréciations de M. Pruner-Bey et
la similitude vraiment surprenante de ces deux échantillons appartenant
l'un à l'âge de pierre, l'autre à l'âge de fer.
» L'Académie comprendra certainement, d'après ce qui précède, que
la mâchoire de Moulin-Quignon, envisagée au point de vue de l'ethnologie
et des origines des populations européennes, présente le plus haut intérêt.
Cet intérêt, je le répète, est entièrement indépendant de la question géo-
logique. Voilà pourquoi j'ai cherché dès l'origine de ces débats, et en-
core dans la dernière séance, à distinguer nettement la question de V au-
thenticité de la mâchoire de toutes celles que je prévoyais devoir soulever
des discussions.
» Aussi mon regret a-t-il été très-vif lorsque j'ai vu que le Compte rendu
ne faisait pas mention de l'opinion exprimée à ce sujet dans la dernière séance
par notre illustre Secrétaire perpétuel. M. Élie de Beaumont avait bien voulu
répondreàmes observations qu'il acceptait comme entièrement authentiques
et comme contemporaines la mâchoire et les haches de Moulin-Quignon.
Or c'est là tout ce que j'avais voulu démontrer dans mes communications
précédentes; car c'est là ce qu'on avait presque universellement nié à Paris
comme à Londres. On comprend combien m'était précieux dès lors l'as-
sentiment de M. Élie de Beaumont, et combien j'ai dû être peiné de ne pas
en trouver de traces au Compte rendu. J'espère que notre illustre confrère ne
verra dans l'expression de ce sentiment qu'une preuve de plus du haut prix
que j'attache à son opinion.
i3i..
( ioo/j )
» Qu'il me soit permis de faire encore une observation au sujet de la
Note de M. Élie dp Beaumont.
» Cette Note soulevé deux questions, toutes deux nouvelles, toutes deux
entièrement distinctes de la question d'authenticité de la mâchoire et des haches
de Moulin-Quignon. En outre ces questions sont fort différentes l'une de
l'autre à certains points de vue.
» D'une part, M. Élie de Beaumont déclare partager l'opinion de
Cuvier, et ne pas croire à la contemporanéité de l'homme et de YElephas
primigenius; d'autre part, il exprime l'opinion que le terrain de transport
exploité à Moulin-Quignon n'appartient pas au diluvium proprement dit.
» La première de ces questions, celle de la contemporanéité de l'homme
et de certaines espèces animales perdues, peut être résolue, ce me semble, en
se tenant en dehors de toutes les controverses géologiques. Je me crois donc
autorisé à avoir sur ce point une opinion personnelle; et je dois déclarer
qu'après avoir longtemps partagé les croyances de Cuvier, je suis arrivé
à la croyance contraire.
» La seconde question, celle qui touche à l'âge et à l'origine des terrains
de Moulin-Quignon, de Menchecourt, de Saint-Acheul, etc., est exclusive-
ment du ressort de la géologie.
» Encore une fois, je n'aurais aucune autorité pour traiter ce dernier
problème, et j'entends rester entièrement étranger aux discussions qu'il
pourra soulever. Mais par cela même je devais tenir à le distinguer très-
nettement des deux autres, afin de prévenir, autant qu'il dépend de moi,
une confusion qui s'est évidemment produite dans un grand nombre
d'esprits. »
M. Élie de Beaumont répond ainsi qu'il suit à M. de Quatrefages :
« Dans la Note qui a été insérée au dernier Compte rendu, j'ai abrégé le
plus possible ce que j'avais dit à l'Académie; mais l'idée à laquelle mon sa-
vant et honorable confrère a la bonté de faire allusion s'y trouve cepen-
dant implicitement exprimée.
» En effet, la Note contient cette phrase : « Les dépôts meubles sur des
» pentes sont contemporains de l'alluvion tourbeuse, et de même que la
» tourbe ils peuvent contenir des produits de l'industrie humaine et des
» ossements humains. » Or les tourbières renferment des squelettes hu-
mains et même des cadavres entiers, ainsi que des objets travaillés en bois,
en corne de cerf, en cheveux, en pierre, en bronze, en fer. Dans les tour-
bières de la Somme on a trouvé des fers de captifs, un petit bateau, etc.
( ioo5 )
Dans le département du Nord, une voie romaine est recouverte par la
tourbe.
» Je conçois donc qu'on puisse trouver réunies ou même séparées, dans
le terrain de Moulin-Quignon, toutes les parties d'un squelette humain,
ainsi que des objets travaillés de main d'homme, même en très-grand
nombre, et l'opinion que j'ai énoncée ne me fournit, par elle-même, aucun
motif pour suspecter l'exactitude des faits, constatés avec des soins minu-
tieux dont l'appréciation a été soumise à l'Académie. Le cercle de la dis-
cussion relative au gisement de Moulin-Quignon est peut-être bien loin
d'être épuisé; mais quant à l'exhumation d'un certain nombre de haches
en silex et d'une mâchoire humaine, remontant probablement à l'âge de
pierre, je ne puis que m'en rapporter aux savants honorables qui ont mis un
si louable empressement à en contrôler l'authenticité. »
GÉOLOGIE. — Observations sur l'existence de l'homme pendant la période
quaternaire; par M. Hébert; extrait d'une Lettre à M. Milne Edwards.
« Vous m'avez fait l'honneur de me citer parmi les géologues qui se
sont rendus avec vous à Abbeville et qui ont rangé le terrain détritique de
Moulin - Quignon dans le diluvium. Les observations présentées par
M. Élie de Beaumont m'ont fait vivement regretter que les discussions qui
ont eu lieu relativement à l'âge de cette portion du terrain quaternaire
n'aient point été mentionnées plus explicitement dans votre compte rendu.
» L'illustre Secrétaire perpétuel aurait vu que notre attention s'était spé-
cialement portée sur cette partie de la question; que nous étions loin de
confondre en un seul tout les divers amas de matières détritiques; que nous
n'avions voulu éluder aucune difficulté; mais que ces difficultés ne sau-
raient en rien infirmer le fait, incontestablement acquis, de l'existence de
l'homme dès le commencement de ce qui constitue en France la période
quaternaire ou diluvienne.
» En ce qui concerne plus spécialement le gisement de Moulin-Quignon,
j'ai déclaré à Abbeville que cette formation détritique, composée en
partie de silex brisés ou entiers, quelquefois volumineux et paraissant
arrachés à la craie sous-jacente , souvent empâtés pêle-mêle dans une
argile brune, compacte, renfermant, çà et là et sans ordre, des parties
sableuses sous forme de portions de couches de peu d'étendue, coupées
brusquement par la masse caillouteuse et argileuse, et placées dans toutes
les inclinaisons possibles, ne représentait pas à mes yeux le diluvium infé-
( ioo6 )
rieur de Saint-Acheul, près d'Amiens, ni celui de Menchecourt et des autres
localités des environs d'Abbeville, où se rencontrent si fréquemment à la
fois des silex taillés de main d'homme et des ossements d'Eleplias primigenius
et de Rhinocéros tichorhinus.
» Je considère le dépôt de Moulin-Quignon comme plus récent, me
rapprochant, sous un rapport, de l'opinion de M. Élie de Beaumont ; mais
l'illustre géologue ajoute que ce dépôt est contemporain des alluvions
tourbeuses, ce que je ne saurais admettre: sa position à un niveau bien
supérieur, sa nature indiquant des eaux violemment agitées, ne permettent
en effet d'établir aucune liaison entre le phénomène auquel il doit nais-
sance , et les conditions sous lesquelles s'est produite l'alluvion tourbeuse.
Dans mon opinion, cette dernière est plus récente; le régime des eaux, à
l'époque de sa formation, présente avec le régime actuel des rapports que
l'on chercherait vainement dans les conditions que suppose le dépôt caillou-
teux de Moulin-Quignon.
» Je place donc ce terrain dans le diluv ium, mais j'ai, dès l'abord, déclaré
que je ne pouvais en déterminer la position précise, comme il est possible
de le faire pour les gisements si connus de Menchecourt et de Saint-Acheul.
» Pour préciser davantage, je demande la permission de rappeler briève-
ment la série des phénomènes quaternaires du nord de la France, telle que
je la considère comme établie, d'une manière positive, par les travaux des
géologues qui se sont occupés spécialement de cette question.
» i° Creusement par voie d'érosion de nos vallées actuelles, opération
longue et nécessitant l'intervention de masses d'eau considérables.
» 2° Développement de la faune de YElephas primigenius sur le sol de la
France ainsi accidenté, et qui alors était couvert de forêts, peuplées d'élé-
phants et de rhinocéros, forêts qui, pour le dire en passant, ont à peine
laissé de traces, quand les animaux qu'elles contenaient ont parsemé le sol
de leurs débris.
» Formation, par voie de courants aqueux, du dépôt erratique inférieur
de nos vallées, caillouteux en bas, sableux en haut, avec nombreux osse-
ments d'Elephas primigenius et de Rhinocéros tichorhinus, et quantité de silex
taillés de main d'homme dans la vallée de la Somme. Ce dépôt a comblé la
vallée précédemment creusée sur une hauteur de 10 à i5 mètres, s' élevant
ainsi à une altitude de 3r> à 40 mètres au-dessus du niveau de la mer, à Paris.
C'est à cette partie du terrain quaternaire que l'on donne souvent, en raison
de la couleur qu'il présente, le nom de diluvium gris.
» 3° Dépôt du limon calcarifèrc appelé loess, caractérisé par des conrré-
( io°7 )
tions calcaires constantes de forme et de nature, aussi bien sur les bords du
Rhin qu'à Paris, recouvrant directement le précédent, et indiquant une
phase nouvelle dans la période quaternaire.
» 4° Formation d'un dépôt caillouteux composé d'argile rouge et de
gravier quartzeux empâtant des silex brisés, sans débris organiques, ne
présentant presque jamais de stratification bien nette, reposant soit sur le
diluvium gris, soit sur le loess, comme on peut le voir aujourd'hui bien
nettement autour de l'église nouvelle du quartier des Deux-Moulins (1), soit
sur le calcaire grossier, comme cela se voit sur le plateau de la Maison-
Blanche, de Montrouge, etc.
» Le contact de ce dépôt, que nous appelons ordinairement diluvium
rouge, avec les dépôts sous-jacents, se fait généralement par voie de ravine-
ment. Tous les géologues connaissent ces poches curieuses, qui passent
quelquefois à de véritables puits verticaux de 5, 10 ou i5 mètres de profon-
deur, et qui traversent de la même façon les roches meubles et les roches
dures; c'est encore le produit de phénomènes parfaitement distincts de la
période quaternaire.
» Lorsque le contact de ce dépôt avec les couches diluviennes sous-
jacentes ne présente pas de ravinements, on remarque à la base une ou deux
couches horizontales d'argile compacte brune ou rougeâtre, comprenant
quelquefois entre elles un lit de sable ferrugineux, et lorsqu'il y a des
poches, il est assez fréquent de retrouver cette argile tapissant les parois et
enveloppant le diluvium rouge, ainsi séparé du loess et du diluvium gris.
» Le diluvium rouge s'est étendu d'une manière générale sur le fond et
les flancs des vallées déjà en partie comblées, et s'est élevé jusqu'à une alti-
tude qui atteint au moins 65 mètres aux environs de Paris, mais qui reste
inférieure aux plus grandes altitudes du loess.
» 5° La surface du diluvium rouge a été soumise elle-même à un lavage
par des eaux qui en ont stratifié la partie supérieure et l'ont mélangée avec
de l'argile grise. Ce dernier dépôt est visible encore auprès de la porte
d'Ivry.
» 6° Postérieurement à tous ces phénomènes successifs, nos vallées ont été
creusées de nouveau, évidemment sous de nouvelles conditions. Les dépôts
que nous venons d'énumérer sont restés appliqués contre les flancs des
coteaux, et la forme du sol est devenue ce qu'elle est aujourd'hui, bien que,
(i) On a cru jusqu'ici que le loess était supérieur au diluvium rouge, c'était une erreur.
( iùo8 ;
dans ces vallées ainsi creusées à nouveau, il se soit encore passé de nom-
breux phénomènes géologiques dont l'étude est à peine ébauchée, mais qui
reportent incontestablement à une très-haute antiquité l'époque de la der-
nière érosion générale.
» Le diluvium gris et le diluvium rouge se retrouvent avec tous leurs
caractères à Saint-Acheul, aussi bien qu'à Menchecourt et dans beaucoup
d'autres points du département de la Somme. Le loess lui-même y est repré-
senté, quoique d'une manière rudimen taire.
» C'est dans le diluvium gris, recouvert par son double manteau intact,
qu'ont été trouvées ces nombreuses haches qui attestent l'existence de
l'homme au commencement de la période quaternaire.
» Le gisement de Moulin-Quignon ne présente les caractères ni du dilu-
vium gris, ni du diluvium rouge, il semble être le résultat du mélange des
deux par des eaux violemment agitées, peut-être celles auxquelles est dû le
dernier creusement des vallées.
•> Peut-être même ce dernier creusement est-il un phénomène multiple,
car le dépôt de Moulin-Quignon est traversé, comme cela a été établi, par
des puits verticaux naturels, analogues à ceux produits par le diluvium
rouge, mais bien distincts cependant, en ce que ces derniers sont remplis,
comme on peut le voir à Saint-Acheul, aussi bien qu'à Paris, par le dilu-
vium rouge lui-même, tandis que ceux de Moulin-Quignon le sont par un
dépôt limoneux évidemment plus récent et assez analogue à la terre végé-
tale. Il y a donc là l'indication d'une septième phase dans la période qua-
ternaire.
» C'est postérieurement à ces diverses époques que, selon moi, doivent
venir se placer les alluvions tourbeuses.
» Je termine en disant que les puits naturels qui traversent le dépôt
caillouteux de Moulin-Quignon ne peuvent, en aucune façon, être consi-
dérés comme ayant pu faciliter l'introduction récente de la mâchoire hu-
maine à la base du dépôt. Cette mâchoire appartenait bien, en effet, à une
couche de cailloux noirs, complètement indépendante des puits, et la ma-
tière ferrugineuse y était descendue par une fissure sans épaisseur, traver-
sant toute la masse, de la surface du sol à la base, encore remplie de la
même matière ferrugineuse, et qui lui avait servi de conduit à une époque
indéterminée, mais ancienne. Cette coloration, aussi bien que l'incrustation
de la mâchoire qui en a été la conséquence, est donc accidentelle, mais
c'est aussi une garantie infaillible contre toute idée de supercherie. »
( loog )
PHYSIOLOGIE. — Note sur une modification physiologique qui se produit dans le
nerf lingual par suite de l'abolition temporaire de la motricité dans le nerf
hypoglosse du même côté (i) ; par MM. J.-M. Phiupeacx et A. Vulpiax.
« Nous avons montré par des expériences variées que les nerfs, dont les
relations avec le centre nerveux ont été détruites, se régénèrent après s'être
altérés profondément dans toute leur partie périphérique, et recouvrent les
propriétés physiologiques qu'ils avaient perdues.
» Le nerf hypoglosse a été un des nerfs que nous avons surtout mis en
expérience, en tirant du crâne, par avulsion, sa portion centrale avec ses
racines et en excisant toute cette portion de façon à empêcher complète-
ment le rétablissement des connexions de ce nerf avec le centre nerveux.
Lorsque la régénération partielle ou totale s'était faite dans ces conditions,
c'est-à-dire au bout de trois ou quatre mois, ou même après un temps
plus long, le pincement du nerf hypoglosse, ainsi privé de sa portion cen-
trale, produisait des mouvements très-étendus dans la moitié correspon-
dante de la langue. Si nous pincions comparativement le nerf lingual du
même côté, nous observions aussi un mouvement plus ou moins marqué
dans la même moitié de la langue. Pendant quelque temps nous avons
pensé que ces mouvements de la langue, sous l'influence d'une excitation
du bout périphérique du nerf lingual (préalablement coupé pour abolir
les mouvements réflexes), avaient pour cause la présence normale d'un
petit nombre de tubes nerveux moteurs au mileu des éléments sensitifs du
nerf. Cette explication, qui paraissait si naturelle et cjui était fondée sur la
notion anatomique de l'anastomose du nerf lingual avec des fibres mo-
trices, en particulier avec celles de la corde du tympan, ne put cependant
tenir contre l'évidence des faits. Chez un chien sur lequel on avait prati-
qué, quelques mois auparavant, l'avulsion et l'excision de la partie cen-
trale d'un des nerfs hypoglosses, on pressa successivement entre les mors
d'une pince les deux nerfs linguaux, et l'on vit, non sans quelque sur-
prise, que l'excitation du nerf lingual, du côté où le nerf hypoglosse avait
été mutilé, déterminait des mouvements très-nets dans la moitié correspon-
dante de la langue, tandis que l'on n'observait pas la moindre contraction
(i) Les expériences dont les résultats sont consignés dans cette Note ont été faites dans le
laboratoire de M. Flourens.
C.B., 1863, i« Semestre. (T. LVI, N° 21.) 1^2
( IOIO )
quand on pinçait le nerf lingual du côté opposé. Notre attention une fois
dirigée sur ce fait qui nous parut intéressant, nous avons institué plusieurs
expériences du même genre, et nous avons pu nous convaincre qu'il s'agis-
sait là d'un résultat constant.
» Voici le résumé d'une de ces expériences. Le 29 septembre 1862, on
arrache la portion intracranienne du nerf hypoglosse droit sur un chien
presque adulte. On excise la partie centrale de ce nerf dans une longueur
de 5 centimètres. Ce chien ayant été sacrifié le 16 février 1 863, on met à
nu, aussitôt après la mort, le nerf hypoglosse et le nerf lingual du côté
droit. On maintient la gueule de l'animal ouverte, puis on pince le nerf
hypoglosse : mouvement tres-élendu de la langue. On pince alors le nerf
lingual; à chaque pincement il y a un mouvement de la langue presque
aussi fort que lorsque l'on excitait l'hypoglosse. On découvre les deux nerfs
homologues du côté gauche. Le pincement du nerf hypoglosse détermine
des mouvements violents de la langue, tandis que le pincement du nerf
lingual ne produit pas la plus petite contraction. On coupe en travers les
quatre nerfs, et le pincement des bouts périphériques donne encore les-
mêmes résultats, c'est-à-dire mouvement de la langue lorsque l'on agit sur
l'un ou l'autre hypoglosse, mouvement également très-net lorsqu'on pince
le nerf lingual droit, immobilité complète de la langue lorsqu on serre
aussi fort que possible le nerf lingual gauche en s'approchant de plus en
plus de la périphérie.
» Toutes nos expériences concordent avec celle-ci (1). De plus, sur plu-
sieurs chiens non opérés, nous nous sommes assurés, à l'aide des excitants
mécaniques, ou même par les excitants galvaniques, en nous mettant autant
que nous le pouvions à l'abri des courants dérivés, que l'irritation du seg-
ment périphérique du nerf lingual coupé au niveau du bord inférieur du
maxillaire inférieur, ne produit aucune contraction dans la langue. Enfin,
en employant la méthode de M. Waller, nous avons reconnu que les fibres
motrices fournies au nerf lingual par le nerf facial ont toutes abandonné le
lingual avant qu'il soit arrivé à ce niveau.
» On voit donc par nos expériences que lorsque le nerf hypoglosse est
privé de ses connexions avec le centre nerveux, il se fait dans les extrémités
périphériques du nerf lingual du même côté une modification qui établit
(1) Dans plusieurs de ces expériences, nous avons examiné les propriétés physiologiques
des nerfs sur l'animal vivant, et nous avons vu que le lingual, tout en gagnant des proprié-
tés motrices, conserve toute sa sensibilité.
( ,011 )
entre ces extrémités et les fibres musculaires de la langue une relation phy-
siologique qui n'existe point dans l'état normal.
» A quel moment s'établit cette nouvelle relation? Nous ne pouvons
point encore l'indiquer d'une façon précise. Nous pouvons dire toutefois
que nous avons vu le nerf lingual manifester une propriété motrice très-
marquée deux mois après l'avulsion du nerf hypoglosse correspondant,
alors que la régénération de ce dernier nerf était à peine commencée et que
les excitations produites sur lui ne déterminaient dans la langue que des
mouvements presque inappréciables.
» Mais si le nerf lingual est devenu moteur, a-t-il pris, au moins en
partie, les fonctions du nerf hypoglosse soumis à l'expérience? Un fait que
nous avons observé tend à donner à cette question une réponse négative.
On a arraché le nerf hypoglosse gauche deux mois après avoir arraché le
droit, et, pendant les dix jours qui ont précédé la mort (accidentelle) de
l'animal, il n'a pas été possible de provoquer le moindre mouvement spon-
tané ou réflexe de la langue. L'avenir montrera ce qui se produira, en lais-
sant plus d'intervalle entre les deux opérations, et surtout en conservant
l'animal plus longtemps après la seconde extirpation.
» En résumé, pour ne parler que de la conséquence immédiate de nos
expériences, elles démontrent qu'en anéantissant pendant un certain temps
lesproprietesphysiologiqu.es du nerf hypoglosse, nerf moteur de la langue,
le nerf lingual, nerf sensitif de cet organe, acquiert la propriété motrice
qu'il n'avait point auparavant. Ce sont des expériences qu'il faut nécessai-
rement étendre à d'autres nerfs avant d'en généraliser le résultat; mais, tel
qu'il est, ce résultat nous a paru mériter l'attention des physiologistes. »
THÉRAPEUTIQUE. — Nouveaux faits concernant t 'utilité des bains d'oxygène
dans tes cas de gangrène sénile; Note de M. Laugier.
« L'Académie des Sciences a bien voulu entendre avec intérêt la com-
munication que j'ai eu l'honneur de lui faire sur l'utilité des bains d'oxy-
gène dans le traitement de la gangrène des extrémités, dite sénile. L'an-
nonce de ce moyen a naturellement éveillé l'attention des praticiens, et j'ai
reçu de divers côtés des renseignements plus ou moins favorables à son em-
ploi suivant le degré et les circonstances de la maladie. Je regarde comme
un devoir de transmettre à l'Académie deux faits, qui n'ont pas été recueillis
par moi, et qui me semblent propres à prouver l'efficacité de ce nouveau
traitement.
i3a..
( IOI2 )
» Voici ce que m'écrivait M. le Dr Debouges, de Rollot, département de
la Somme, au sujet d'un malade pour lequel il m'avait consulté, et auquel,
d'après mes indications, il avait administré les bains d'oxygène pour une
gangrène du pied:
« Je pense vous être agréable en vous faisant en quelque sorte assister à
» la résurrection de mon malheureux malade ; si je ne m'abuse, si le mieux
» continue, il est sauvé! la grande escarre du cou-de-pied est tombée di-
» manche dernier, huit jours après le premier bain d'oxygène, laissant une
» plaie d'assez mauvais caractère, mais dont l'aspect est beaucoup meilleur
» aujourd'hui ; le gros orteil sphacélé s'ébranle de plus en plus, les douleurs
» sont infiniment moindres, et pourtant le malade ne prend plus d'opium
» depuis le troisième bain oxygéné ; la tuméfaction diminue, la couleur livide
» est remplacée par une couleur rosée, l'état général présente une grande
» amélioration; cet homme qui s'épuisait de jour en jour semble reprendre
« vie : tout va donc pour le mieux, etc. »
» Je retrouve dans l'observation de M. Debouges les phénomènes obser-
vés dans mes expériences, à savoir: la diminution des douleurs, de la tumé-
faction, la substitution de la couleur rosée à la teinte livide des parties
menacées de gangrène, enfin l'amélioration progressive.
» Deuxième fait :
» M. Breuning, âgé de 35 ans, notaire à Plieningen, près de Slut.tgard
(Wurtemberg), était déjà depuis un an attaqué de la gangrène sénile au
pied droit; tous les orteils avaient perdu la dernière phalange, celle qui
porte l'ongle, mais la gangrène s'était bornée d'elle-même, et la cicatrisa-
lion des plaies était en bonne voie, lorsque le pied gauche fut attaqué à son
tour. Le premier et le second orteil, dans le mois de juillet 1862, ont pris,
comme me l'écrit le malade lui-même, un air suspect ; ils étaient légèrement
gonflés et offraient une couleur rouge-bleue, il y avait aussi des douleurs.
» Ce fut alors que M. Breuning, qui m'avait consulté sur l'emploi des
bains d'oxygène, en fit usage; il rend compte du résultat dans les termes sui-
vants :
« Mous nous sommes donc servi et nous nous servons à présent encore
» de votre oxygène, et nous croyons pouvoir dire que le mal s'arrête et se
» retire ( sic). Une ampoule s'est formée à l'orteil, nous l'avons ouverte avec
» une aiguille (écoulement de sérosité); depuis, la douleur a commencé a
» cesser et l'orteil paraît devenir bon. Le deuxième orteil a commencé à Ibr-
» mer deux petites ampoules dont nous espérons le même succès. »
» J'ai tenu à conserser le français de M. Breuning, qui est étranger, mais
( ioi3 )
on voit, à n'en pouvoir clouter, qu'à dater de l'emploi de l'oxygène la dou-
leur cesse et l'aspect des orteils devient bon. Quant aux phlyetènes, que
M. Breuning noie comme un bon signe, d'heureux augure et comme un
résultat de l'oxygène, je n'ai pas eu occasion de les voir se développer dans
mes expériences, qui ne sont pas, il est vrai, encore nombreuses. Nous con-
naissons ici les phlyetènes comme effet et signe de la gangrène ; elles précè-
dent souvent et masquent l'escarre ; mais il ne semble pas que dans la ma-
ladie de M. Breuning elles aient eu cette signification, puisque c'est après
les avoir ouvertes qu'il conclut au bon état de l'orteil; il aurait à n'en pas
douter signalé une escarre, si elle s'était produite sous la phlyetène.
» M. le Dr Kuhn, médecin de M. Breuning, ajoute quelques détails in-
téressants qui cadrent parfaitement avec mes observations et les conditions
de succès que j'ai signalées dans la Gazette des Hôpitaux (i 862, n° 1 54), c'est-
à-dire la perméabilité des artères pédieuse et tibiale postérieure.
« On n'observe (dit M. Kuhn) aucun obstacle de la circulation du sang
» dans les artères des membres inférieurs; le pouls se fait sentir assez dis-
» tinctement en divers lieux explorés de la jambe, par exemple, entre la
» malléole interne et le calcanéum (arteria tibialis postica) sur le dos du pied
» ( arteria dorsalis pedis ) . »
>» J'avais noté avec soin cette circonstance chez mes deux malades trai-
tés avec succès à l'Hôtel-Dieu. C'était en effet le seul rapport favorable que
j'eusse pu saisir entre des cas de gangrène sénile survenus chez deux vieil-
lards de 75 ans et les exemples de gangrène des extrémités signalés par
M. le Dr Maurice Baynaud chez de jeunes sujets, enfants ou femmes, avec
conservation de la perméabilité des voies circulatoires des membres.
» C'est pour avoir méconnu ces conditions essentielles que MM. lesD"De-
marquay, Parmentier et Pellarin ont publié dans le journal de médecine
rU/iion médicale des observations d'insuccès des bains d'oxygène dans la
gangrène des extrémités. En vérité, il y a lieu de s'étonner que ces hono-
rables praticiens aient cru pouvoir espérer quelque succès des bains d'oxy-
gène lorsque l'artère fémorale (MM. Demarquay et Parmentier) et l'artère
poplitée (M. Pellarin) étaient complètement obstruées. Encore faut-il que le
sang arrive dans les parties menacées de gangrène pour qu'il puisse y être
modifié par le contact de l'oxygène. Il est d'ailleurs un principe générale-
ment admis dans les sciences, c'est que pour vérifier des expériences nou-
velles on doit les répéter en se plaçant dans les conditions où elles ont été
faites. Il est ici question de phénomènes de combustion nécessaires à l'en-
tretien de la vie, et qui s'opèrent dans le système capillaire.
b
( ioi4
» En résumé, de nouveaux faits produits dans ies mêmes circonstances
que ceux que j'ai déjà fait connaître confirment la conclusion que j'avais
tirée des premiers, à savoir que la gangrène imminente des extrémités, dans
les cas où la circulation des troncs artériels principaux est conservée, peut
être avantageusement combattue à l'aide des bains d'oxygène dans lesquels
la partie menacée est plongée. »
CHiMlt; . — Sur la manière dont se comporte le soufre en présence de l'eau;
Note de M. A. Gélis, présentée par M. Balard.
« Dans le courant du mois dernier l'Académie a reçu deux Notes sur le
soufre et ses composés oxygénés, dans lesquelles je remarque des faits qui,
les uns, présentés comme nouveaux, sont connus depuis longtemps, tandis
que d'autres sont en contradiction avec des travaux antérieurs qui ne pa-
russent pas être arrivés à la connaissance des auteurs de ces publications.
L'une de ces Notes est de MM. Chancel etDiacon, l'autre est de M. de Girard.
Comme la plupart des faits reproduits ou contredits ont été publiés par
M. Forclos et par moi, je me permettrai de présenter ici quelques observa-
tions. Mais bien que j'aie à faire sur chacune de ces deux Notes en particu-
lier des réclamations de même nature, je répondrai uniquement aujour-
d'hui à la publication de M. de Girard ; les remarques relatives a celle de
MM. Chancel etDiacon, exigeant plus de développements, trouveront leur
place dans un travail que je publierai bientôt sur les acides de la série thio-
nique.
» Dans la séance du 20 avril dernier, M. de Girard indique comme
un fait nouveau la décomposition de l'eau par le soufre, en présence des
sulfures alcalins; or, ce fait a été indiqué et étudié en 1846 par M. Fordos
et par moi dans un Mémoire publié clans les Annales de Chimie et de Physique,
Zv série, t. XVIII, p. o,5 et suivantes.
» La connaissance de ce fait, en tant que première observation, n'appar-
tient donc pas à M. de Girard ; toutefois, je n'aurais peut-être pas réclame
s'il ne s'était agi que d'une question de priorité; mais, en dehors de ce
fait, je trouve, dans la suite de la Note, une erreur que je crois d'autant
plus utile de redresser qu'elle se produit pour la seconde fois.
» Après avoir établi la décomposition de l'eau par le soufre en présence
des liqueurs alcalines, M. de Girard ajoute que le soufre décompose égale-
ment Peau à la température de ioo° lorsqu'il est à l'état de liberté. M. Co-
renwinder avait déjà dit la même chose en 1861 {Répertoire de Chimie ap-
( ioi5 )
pliquée, p. 44° )■, e* cette assertion est en contradiction avec ce que j'ai pu-
blié avec M. Foi dos dans le même travail de 1846. Or, comme cette asser-
tion est loin d'être prouvée, suivant moi, malgré l'autorité qu'elle acquiert
par suite de ces deux affirmations successives, je vais examiner quelle est
sa véritable valeur. Je commencerai par citer quelques expériences.
» J'ai fait bouillir dans un ballon de verre, muni des tubes convenables.
100 grammes de soufre en canon pulvérisé avec i5oo grammes d'eau dis-
tillée; lorsque l'ébullition de l'eau a été bien prononcée, j'ai vu apparaître
l'acide sulfhydrique, reconnaissable à la teinte brune que les vapeurs com-
muniquaient à une dissolution étendue d'acétate de plomb. Ce dégagement
d'acide sulfhydrique était peu abondant, mais il a persisté pendant
sept heures.
» Le précipité de sulfure de plomb recueilli, lavé et calciné, a fourni un
résidu d'oxyde de plomb qui ne pesait que 0,01. En admettant la décom-
position de l'eau, les 100 grammes de soufre employés auraient donc
décomposé en sept heures un peu moins d'un milligramme d'eau.
» Dans une seconde expérience j'ai porté à l'ébullition les mêmes quan-
tités de soufre et d eau que dans la première; mais au moment où l'hydro-
gène sulfuré a commencé à se produire, j'ai ajouté au mélange , au moyen
d'un tube en S, 20 centimètres cubes d'acide chlorhydrique ; le dégagement
de l'acide sulfhydrique a été de beaucoup augmenté au premier moment,
mais au bout d'une heure il a complètement cessé. Alors le soufre a été lavé
a grande eau et débarrassé entièrement de l'acide ajouté ; après ce traite-
ment on a pu le faire bouillir pendant plusieurs heures sans remarquer
la moindre production d'acide sulfhydrique.
» J'ai constaté en outre que, lorsque la fleur de soufre possède la pro-
priété de fournir de l'acide par son ébullition dans l'eau, il suffit de la tri-
turer pendant quelque lemps avec une petite quantité d'iode pour la lui
enlever. Dans ce cas, après la trituration, je chassais l'iode par l'ébullition.
puis je lavais le soufre tant que l'eau de lavage rougissait le tournesol.
» J'ai obtenu des résultats identiques en remplaçant l'iode par du rnan-
ganate de potasse. J'enlevais l'oxyde de manganèse produit par l'acide
chlorhydrique à chaud et des lavages.
» On peut donc établir, d'après ces expériences :
» i° Que tous les échantillons de soufre ne donnent pas d'acide sulrbv-
drique, lorsqu'on les fait bouillir avec de l'eau ;
» i° Que la quantité d'acide sulfhydrique, lorsqu'il s'en produit, est tou-
jours très-faible;
( ioi6 )
» 3° Que les soufres qui en donnent d'abord cessent d'en produire,
lorsqu'on prolonge l'ébullition pendant longtemps;
» 4° Que la propriété de produire de l'acide sulfhydrique que possède
quelquefois le soufre peut lui être enlevée rapidement par certains traite-
ments chimiques.
» Or la conséquence que l'on doit tirer de tous ces résultats, c'est que la
production de l'acide sulfhydrique par l'ébullition du soufre dans l'eau est
purement accidentelle, et qu'elle peut être attribuée à la présence d'une ou
de plusieurs matières étrangères dans le soufre du commerce. Mais quelle
est la nature de cette matière étrangère? M. Planche a supposé, il y a déjà
longtemps, que c'était de l'hydrogène.
» Sans prétendre décider la question, je citerai une expérience qui tend
à confirmer cette dernière opinion. J'ai traité parle sulfure de carbone un
échantillon de fleur de soufre qui fournissait une quantité assez notable
d'acide sulfhydrique par son ébullition avec l'eau, et j'en ai séparé les deux
modifications du soufre qu'elle contenait : chacune d'elles a été traitée sépa-
rément; celle qui provenait de la dissolution dans le sulfure de carbone a
donné de l'hydrogène sulfuré, tandis que le soufre insoluble n'en a fourni
aucune trace.
» Cette expérience pourrait faire supposer que la matière étrangère con-
tenue dans le soufre est un hydrure de soufre; toutefois il ne faut pas ou-
blier qu'il ne s'agit ici que de traces de matière, et que dans ce cas il est
toujours très-difficile de se prononcer. Plusieurs causes, du reste, pour-
raient concourir au même résultat; ainsi j'ai reconnu qu'il suffisait de l'ad-
dition d'une petite quantité de cendre ou de carbonate de chaux pour déter-
miner la production de l'acide sulfhydrique dans un ballon où du soufre
et de l'eau bouillaient ensemble sans en fournir.
» L'action lente de l'eau sur le verre, en mettant en liberté une petite
quantité d'alcali, suffirait même pour expliquer danscertains cas la minime
proportion d'acide sulfhydrique que l'on observe.
» Quoi qu'il en soit de ces explications je crois avoir démontré le fait
principal indiqué par M,. Fordos et par moi en 1846, à savoir : que l'eau
n'est point décomposée à ioo° par le soufre à l'état de liberté.
» Or, ce fait établi, il m'a paru curieux d'examiner s'il en serait de même
en opérant à des températures différentes. Pour cela, au lieu d'opérer à
l'air libre, j'ai chauffé le mélange de soufre et d'eau dans un tube effilé à la
lampe et plongé dans un bain d'huile.
» J'ai fait quatre expériences.
( i°'7 )
» Dans les deux premières j'ai chauffé le tube pendant trois heures à i 5o° ;
il ne s'est pas produit d'acide suif hydrique, et l'eau du tube est restée sans
action sur le papier bleu de tournesol.
>> Dans la troisième expérience «n tube semblable a été chauffé trois
heures de plus à 1900, température qui correspond à dix atmosphères, et là
encore les résultats ont été négatifs.
» Mais dans la quatrième expérience, faite exactement dans les mêmes
conditions cpie la troisième, les résultats ont été différents: à l'ouverture du
tube le liquide avait l'odeur de l'acide suif hydrique ; il précipitait la disso-
lution d'acétate de plomb; il rougissait le papier de tournesol, et il a été
facile d'y constater la présence de l'acide sulfurique.
» Dans cette expérience, l'eau avait-elle été réellement décomposée par
le soufre seul, ou l'alcali du verre ou toute autre cause était-elle intervenue
dans la réaction? c'est ce que je ne puis décider. La haute température à
laquelle on avait opéré ne m'a pas permis de savoir si l'acide sulfurique
trouvé résultait de la destruction de l'acide pentathionique. «
CHIMIE MÉTALLURGIQUE. — Etudes sur l'acier; Note de M. H. Caron, présentée
par M. II. Sainte-Claire-Deville. (Suite.)
« De l'expulsion du phosphore des fontes. — Les fontes qui contiennent du
soufre ou du phosphore donnent des fers cassants à chaud ou à froid ;
mais, en affinant un mélange convenable de ces deux espèces de fonte, on
obtient un métal dans lequel ces défauts sont beaucoup moins sensibles.
De là on a conclu assez généralement que le soufre et le phosphore se détrui-
saient mutuellement, ou plutôt formaient une combinaison solide ou gazeuse
susceptible de disparaître, soit avec les scories, soit avec les gaz des fours.
Il m'a paru intéressant d'étudier analytiquement cette question et de con-
stater s'il existait réellement un moyen d'expulser le phosphore des fontes.
Je demande la permission d'exposer les expériences que j'ai faites à ce sujet.
» Deux fontes, l'une sulfureuse, l'autre phosphoreuse, faites de toutes
pièces, ont été analysées; elles contenaient pour 100 de métal :
Fonte sulfureuse.
Soufre. 1 ,o4
Fonte phosphoreuse.
Phosphore o,85
» Des poids égaux de ces deux fontes ont été fondus ensemble et coulés;
C. R., i863, ter Semestre. (T. LVI, N° 21.) ' 33
( .o,8 )
le lingot contenait :
Soufre pour 100 de fonte o,5i
Phosphore pour 100 de fonte 0,42
» Il n'avait disparu sensiblement ni soufre ni phosphore ; seulement
chacun de ces corps se trouvait réparti dans une quantité double de métal.
» Le lingot de fontes mélangées a été affiné au moyen d'une addition
d'oxyde de fer ; ii contenait encore après cet affinage :
Soufre pour 100 de fonte °j49
Phosphore pour 100 de fonte 0,40
>. L'effet de l'affinage a donc été presque nul .
» Enfin, on a refondu ce dernier lingot avec 6 pour 100 de manganèse
métallique pour voir si ce corps, qui a la propriété d'entraîner le soufre,
n'expulserait pas en même temps le phosphore; la tonte analysée a donné :
Soufre pour ioo de fonte o,i5
Phosphore pour 100 de fonte °>3ç)
» Le soufre avait disparu en grande partie, mais le phosphore était resté.
» Ainsi donc, lorsque, dans l'industrie, on mélange des fontes sulfureuses
et phosphoreuses destinées à être ensuite affinées ensemble, on ne fait dispa-
raître en aucune façon ni le soufre ni le phosphore ; cette opération n'a
d'autre effet que de disséminer les métalloïdes nuisibles dans une plus
grande quantité de métal ; autrement dit, au lieu d'obtenir des fers très-
cassants à chaud ou très-cassants à froid, on a des fers qui possèdent en
même temps ces deux défauts, mais à un degré moindre, qui permet de les
employer plus avantageusement dans l'industrie. »
minéralogie. — Mémoire sur le pseudodimorphisme de quelques composés
naturels et artificiels; par M. Des Cmhzeaux, présenté par M. Ch. Sainte-
Claire Deville.
« On a généralement admis jusqu'ici qu'une des propriétés essentielles
des corps doués de l'isomorphisme, tel que l'a reconnu et défini M. Mit-
scherlich, était de pouvoir s'allier en toutes proportions dans les combinai-
sons dont ils font partie. D'intéressantes recherches sur les propriétés
optiques biréfringentes des corps isomorphes dues à H. de Senarmont,
tout en montrant que l'isomorphisme chimique et géométrique n'entraînait
pas forcément l'isomorphisme optique, ont ajouté aux exemples bien
( !QJ9 )
connus des péritlots, des grenats, des carbonates rhomboédriques, des
spinelles, des aluns, etc., ceux des cristaux mixtes formés par le mélange
en proportions variables de sels à propriétés optiques contraires, tels que
l'hyposulfate de plomb et l'hyposulfate de strontiane, le sel de Seignette
potassique et le sel de Seignette ammoniacal. L'azotate ammonicocéreux
et l'azotate ammonicolanthaneux, préparés par M. Damour, m'ont fourni
des résultats analogues, et, comme l'a fait remarquer de Senarmont, c'est
probablement par des alliages cristallins de cette nature que s'expliquent
certaines particularités optiques qu'on rencontre dans les micas, les topazes,
les pennines, les clinochlores, et dans quelques variétés d'apophyllite. Mais
si la substitution, en quantité indéterminée, d'un corps isomorpbe à un
autre est incontestable dans un grand nombre de cas, elle ne paraît pour-
tant pas offrir toute la généralité qu'on lui a attribuée, souvent par suite
d'une étude incomplète des propriétés physiques décomposés s'exprimant
par une même formule chimique. On avait déjà remarqué que des éléments
isomorphes par eux-mêmes, et dans plusieurs de leurs combinaisons homo-
logues, cessent de l'être dans la plupart de leurs autres combinaisons; c'est,
par exemple, le cas de la soude et de la potasse. Dans une communication
précédente que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie (1), j'ai signalé le
changement caractéristique que l'absence complète ou la présence en plus
ou moins grande quantité de plusieurs autres bases, telles que la chaux,
la magnésie, les oxydes ferreux et manganeux, qui jouent ordinairement
le même rôle dynamique, apportent dans le système cristallin de diverses
substances chimiquement isomorphes. Ces substances n'ayant que des con-
stitutions atomiques semblables, avec des formes géométriques différentes,
ne peuvent pas être considérées comme réellement dimorphes, puisque le
dimorphisme suppose l'identité absolue de composition. Il me semble que
le nom de pseudodimovphes indiquerait assez bien l'espèce d'état intermé-
diaire qu'elles présentent. Voici, en abrégé, les principaux résultats que
fournit l'examen des corps où le pseudodimorphisme a été constaté jus-
qu'ici.
>■ Dans la combinaison RSi, la magnésie dominante ou la magnésie et
l'oxyde ferreux produisent les prismes rhomboïdaux droits de l'enstatite,
de la bronzite et de l'hypersthene; la chaux seule produit le prisme rhom-
boidal oblique de la Wollastonite incompatible avec celui du pyroxène ;
(i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 22 avril 1861.
1 33 . .
( 1020 )
l'oxyde nianganeux dominant (3o à 4g pour 100) produit le prisme dou-
blement oblique de la rbodonite. La présence simultanée de la chaux et
de la magnésie, ou de la chaux et de l'oxyde terreux, paraît au contraire
indispensable à la formation des véritables pyroxènes en prisme rhom-
boïdal oblique, dont les trois principaux types sont le diopside, l'Héden-
bergite et 1 augite.
» La constitution des amphiboles R8 Si9 bien cristallisées, ayant pour types
principaux la trémolite, l'actinote et la hornblende, semble exiger, comme
celle des pyroxènes, de la chaux et de la magnésie, avec des quantités
d'oxyde ferreux variant de i à 27 pour 100 environ. Lorsque la chaux
disparaît complètement, il se forme de l'anthophyllite en prisme rhom-
boïdal clroil ou de la cummingtonite en prisme rhomboïdal oblique, suivant
que la magnésie ou l'oxyde ferreux est la base dominante.
» Entre la Zoïsite Ca6,Al\Si9 et l'épidote Ca6 (AÏ, Fe)*, Si9, dont j'ai
démontré l'incompatibilité absolue de formes cristallines et de propriétés
optiques biréfringentes, il n'y a guère qu'une différence du simple au
double dans la proportion de l'oxyde ferrique, les Zoïsites les plus ferru-
gineuses en renfermant 4 pour 100, et les épidotes les moins ferrugineuses
seulement 8 pour 100; il est vrai que celles-ci contiennent souvent une
petite quantité d'oxyde ferreux qui manque toujours aux premières. On
sait, du reste, que des aiguilles des deux minéraux se trouvent quelquefois
entrelacées ensemble.
» Dans le feldspath orthose (K, Na), Al, Si0, la moitié de la potasse peut
èlre remplacée par de la soude sans que le type cristallin soit altéré. Cette
substitution semble influer seulement sur l'écartement des axes optiques et
sur l'orientation du plan qui les contient, indépendamment de la tempéra-
ture à laquelle les cristaux sont ou ont été soumis. Mais lorsque la soucie
devient tout à fait prédominante, et que sa quantité est au moins égale à
trois ou quatre fois celle de la potasse, c'est de l'albite qui se produit.
» M. Mitscherlich avait cru trouver dans le sulfate de potasse un exemple
de véritable dimorphisme; mais l'illustre physicien avait négligé de s'assurer
de la composition des cristaux hexagonaux formés dans une eau chargée de
carbonate de soude. Or, d'après M. Penny, les cristaux examinés par
M. Mitscherlich se rapporteraient à la formule NaS + 3KS; et, d'après
une analyse récente de M. Grandeau, de très-beaux cristaux à un axe qui se
déposent dans les eaux mères des salins provenant de la fabrication du
sucre de betterave, au milieu de liqueurs contenant à la fois du sulfate et
( 1021 )
du carbonate de potasse et du carbonate de soude, renferment de 12 à i5
pour 100 de soude; leur formule est donc probablement Na S + 2R S. Des
cristaux verdàtres de sulfate de potasse uniaxes, formés accidentellement
dans une cuve de bichromate de potasse, contiennent aussi une proportion
notable de soude, tandis que des cristaux à deux axes, produits en même
temps, n'en renferment pas d'une manière appréciable.
» Dans les spinelles octaédriques R, Al, la magnésie peut être remplacée
en tout ou en partie par les protoxydes de fer, de cobalt et de zinc, en
même temps qu'à une portion de l'alumine se substituent des quantités
variables d'oxydes ferrique et chromique. Mais lorsque la base est la glu-
cine, que, d'après l'ensemble de ses propriétés, presque tous les chimistes
s'accordent aujourd'hui à regarder comme isomorphe des monoxydes, on
obtient la cymophane en prisme rhomboïdal droit. Quant aux bases, chaux,
baryte et oxyde manganeux, leur affinité pour l'alumine ne parait pas
assez grande pour donner naissance à des aluminates.
» Parmi les Wagnérites R3Ph, R (FI, Cl), que MM. H. Sainte-Claire Deville
et H. Garon ont réussi à préparer artificiellement, l'une, exclusivement
calcaire et chlorée, cristallise en prisme rhomboïdal droit, tandis que les
autres, à base de magnésie avec chlore, ou à base de chaux et de magnésie
avec chlore et fluor, offrent le même prisme rhomboïdal oblique que la
Wagnérite naturelle Mg'Ph, MgFl.
» L'isomorphisme géométrique partiel, que divers auteurs ont signalé
dans plusieurs groupes naturels, se manifeste dans la majorité des corps
dont je viens de citer le pseudodimorphisme , car on trouve une zone
commune dans les groupes suivants : enstatite, bronzite, hypersthène, rho-
doniteet pyroxène; anthophyllite et amphibole; orthose et albite; Wagné-
rites naturelle et artificielles. Cette relation n'existe pourtant pas toujours,
puisqu'il n'y a aucun rapport entre les formes de la Wollastonite et celles
du pyroxène, entre les formes de la Zoïsite et celles de l'épidote, entre les
formes des spinelles et celles de la cymophane. Le sulfate de potasse rhom-
bique est le seul qui offre une forme limite, comme cela se rencontre fré-
quemment parmi les corps véritablement dimorphes.
» Quoique les exemples de pseudodimorphisme ne soient pas encore
assez nombreux pour permettre d'en tirer des conclusions générales sur les
éléments qui doivent être regardés comme essentiels dans la composition
des espèces minérales cristallisées, ils pourront cependant servir de guide
à la synthèse dans ses tentatives pour la reproduction de ces espèces. Avec
( 1022 )
les faits déjà connus parles travaux d'Ebelmen (i), de deSenarmont (2), de
M. Daubrée (3 ) et de MM. H. Sainte-Claire Deville et H. Caron (4), il y a
lien d'espérer que des recherches ultérieures nous apprendront à fixer les
limites entre lesquelles le remplacement de certaines bases par leurs iso-
morphes peut avoir lieu sans amener de changement fondamental dans la
forme géométrique des composés cristallisés, et à préciser ainsi des rapports
sur lesquels M. Ch. Sainte-Claire Deville a le premier appelé l'attention des
savants (5). »
cfiimie aghicole. — Production de nitrates; leur application eu agriculture;
Note de M. BoiîTiEit, présentée par M. Pasteur.
« L'auteur traite dans ce travail des avantages que présente en agriculture
l'emploi du fumier de ferme additionné de craie.
» Il constate, par des expériences pratiques, qu'en choisissant l'espèce
de craie convenable et en opérant dans les conditions qu'il indique, on
peut augaienter notablement la propriété fertilisante des engrais.
» Il entre aussi dans quelques considérations théoriques, et attribue ces
résultats heureux a la formation de divers nitrates alcalins dont l'analyse
chimique constate en effet la présence dans ces engrais. »
31. Becquerel fait connaître, dans les termes suivants, une pile com-
binée par M. Arnaud pour les usages médicaux et qu'il désigne sous le nom
de pile sacrifiée :
« M. Arnaud est parvenu à réduire la pile à sulfate de cuivre à une très-
petite dimension, capable néanmoins de faire fonctionner avec éner«ie les
appareils d'induction électro-médicaux. La modicité du prix, ofr, 25, permet
de sacrifier la pile après chaque application d'une heure environ, ce qui
donne l'avantage d'avoir des surfaces toujours neuves et permet d'obtenir
un résultat toujours identique. »
1 1 ) Annales de Chimie et de Physique, t. XXXIII, p. 66.
1) Annales de Chimie et de Physique, t. XXX, p. 137.
(3) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XXXIX, p. l35.
(4) Mémoire sur l'apatite, la Wagnérite et quelques espèces artificielles de phosphates
métalliques; Annales de Chimie et de Physique, t. LXVIï.
5) Études de lithologie; Annales de Chimie et de Physique, t. XL, et Essai sur la
répartition des corps simples dans les substances naturelles; Comptes rendus de l'Académie,
t. LIV, p. 782.
( 1023 )
M. Grimaud, de Caux, qui avait précédemment présenté le plan d'une
carte hygiénique de la France avec indication des renseignements divers qu'il
était indispensable de réunir pour chaque localité, transmet le résumé d'une
Note dans laquelle M. Damoiseau satisfait à ces desiderata pour la ville
d'Alençon, chef-lieu du département de l'Orne.
M. Verxier adresse de Besançon des images photographiques des phases
successives de Yéclipse partielle de soleil du 17 mai courant et indique les
circonstances particulières que présentent ces images comparées à celles du
1 S juillet 1 836 et du 3i décembre 1861, qu'il avait également fait parvenii
à l'Académie.
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
M. le Secrétaire perpétuel lit une Lettre de M. le Ministre d'Etat jointe
à l'ampliation d'un décret impérial autorisant l'Académie à accepter la do-
nation faite par Madame la baronne Damoiseau d'une somme de aoooot'r.
dont le revenu formera le montant d'un prix annuel dit Prix Damoiseau.
Il est donné lecture d'une Lettre de M. le Ministre de l'Instruction
publique qui invite l'Académie à lui présenter deux candidats pour la place
vacante de troisième Membre du Bureau des Longitudes appartenant à la
marine.
Une Commission formée par la réunion des trois Sections de Géographie
et Navigation, d'Astronomie et de Géométrie est chargée de préparer une
liste de candidats.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du a5 mai 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de
Belgique; t. XIII et XIV. Bruxelles, 1862 ; 1 vol. in-8°.
Bulletins de l'Académie royale de Belgique ; t. XIII, 2e série; t. XIV.,
2e série, 3ie année, 1862. Bruxelles, 1862 ; 2 vol. in-8°.
( 1024 )
Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts dt
Belgique; 29e année, i863. Bruxelles, i863; 1 vol. in-8°.
Académie royale de Belgique : Bibliothèque de M. le baron deStassart, léguét
à r Académie royale de Belgique. Bruxelles, i863; 1 vol. in-8°.
Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles, publiées aux frais de l Etat, pai
le directeur A. Quetelet; t. XV. Bruxelles, 1862; 1 vol. in-4°-
Différence des temps entre Bruxelles et Vienne pour les époques critiques des
i)lanles et des animaux. — Aurore boréale du i{\ au i5 décembre 1862. — Bolidt
observé dans la soirée du 4 mars 1 863. — De la variation annuelle de l'inclinai-
son et de la déclinaison magnétiques à l'Observatoire royal de Bruxelles depuis
1827 jusqu'à ce jour. — Sur les nébuleuses, sur i hygrométrie , sur les varia-
tions périodiques de l'atmosphère. 5 brochures in-8°, par M. A. Quetelet ,
secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique. (Extraits des Bulle-
tins de l'Académie royale de Belgique.)
Annuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles ; par A. QUETELET, directeur
de cet établissement; 1 863, 3oe année; 1 vol. in-12. Bruxelles, 1862.
Climat de la Belgique. (Extrait de l'Exposé de la situation du royaume,
période décennale de i85i-i86o.) Br. in-4°.
Note recommandée par un Membre de i Académie des Sciences à l'attention
île ses confrères (M. le comte Jaubert).
Le Jardin fi ailier du Muséum ; 61e liv. in-4°, par M. DECAISSE.
Annales des Mines; t. Il, 6e liv. de 1862 ; 1 vol. in-8°. Paris, 1862.
Bulletin de la Société impériale des Naturtdisles de Moscou, publié sous la
rédaction du Dr Renard, année 1862, n° 1, avec 4 planches; 1 vol. in-8°.
Moscou, 1862.
Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne,
année 1862, 16e volume, 3e trimestre. Auxerre, 1862; 1 vol. in-8°.
Thèses présentées à la Faculté des Sciences de Paris, pour le doctoral
es sciences physiques, par M. P. Schutzenrerger, docteur en Médecine, etc.
ire Thèse. Essai sur les substitutions des éléments électro-négatijs aux métaux
dans les sels, et sur les combinaisons des acides anhydres entre eux.
2e Thèse. Propositions de physique données par la Faculté. Strasbourg,
i863; br. in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 1er JUIN 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. Renault, l'un de ses Correspondants pour la
Section d'Economie rurale.
Le savant professeur d'Alfort, ainsi qu'on l'apprend par une Lettre de
son fils M. L. Renault, est mort à Bologne, le 27 mai dernier, enlevé par
une fièvre pernicieuse dont il avait pris le germe dans les marais Pontins où
il s'était rendu pour étudier le typhus des bétes à cornes.
PHYSIOLOGIE. — Note sur r infection purulente; par NI. Flourens.
« J'ai montré quelle est l'action du pus, dans certaines conditions don-
nées. Le pus d'un animal, porté sur la dure-mère d'un autre animal, produit
une méningite et cause la mort. Le jnts de la méningite, porté de la dure-mère
sur la plèvre, produit une pleurésie; le pus, porté sur le péritoine, produit
une péritonite, ou, sur le péricarde, une péricardite.
» J'ai eu, d'abord, quelque difficulté pour arriver jusqu'au péricarde.
J'y suis enfin parvenu. J'ai porté du pus à la fois sur les deux plèvres et sur
le péricarde. L'animal est mort au bout de deux jours.
» J'ai trouvé : i° un épanchement considérable dans la plèvre droite,
avec une injection sanguine très-prononcée delà plèvre; a0 un épanche-
ra R., i863, 1er Semés Ire. (T. LVl, N° 22.) I 34
( I02Ô )
ment plus considérable dans la plèvre gauche, avec une injection plus vive
delà plèvre; 3° enfin un épanchement tout à fait purulent dans la cavité
du péricarde.
» Dans tous ces cas, le pus a agi comme virus ou comme poison. En serait-
il de même de toute espèce, ou plutôt de toute qualité de pus ?
» M. Jules Guérin, L'habile inventeur de la méthode sous-cutanée, et dont
l'opinion sur le sujet qui m'occupe est d'un si grand poids, pense que \epus
n'agit comme poison que lorsqu'il a été altéré par [air (i).
» Ceci est une question nouvelle, et très-importante. Mais comment la
résoudre? comment porter le pus d'un animal sur un autre animal, sans
l'exposer au contact de l'air? comment lui faire traverser l'air sans qu'il
touche l'air?
» Le lapin est un animal sur lequel les abcès se forment avec la plus
grande facilité. On n'a qu'à introduire un corps étranger quelconque : un
morceau de bois, d'os, de corde, etc., dans le tissu cellulaire d'un lapin,
le corps étranger est bientôt entouré de pus. A mesure que le pus s'accu-
mule, il refoule le tissu cellulaire en tous sens; le tissu cellulaire, refoulé,
se condense en une sorte de membrane, véritable kyste ou sac sans ouverture
qui enveloppe le pus de toutes parts. Le pus est ainsi parfaitement clos, par-
faitement enfermé dans la membrane où il se génère. Il y est contenu
comme un fruit l'est dans sa peau. On peut détacher ce fruit, ce kyste, sans
l'ouvrir, sans exposer le pus au contact de l'air.
» J'ai retiré plusieurs de ces kystes sans les ouvrir. Assurément, l'air n a
pu toucher le pus.
» J'ai introduit ces kystes, non ouverts, dans l'abdomen de plusieurs
chiens. Presque tous ces chiens sont morts au bout d'un ou deux jours.
A l'examen des parties, j'ai trouvé le kyste ouvert, le pus épanché, et le
péritoine rempli de sérosité.
» J'ai fait pratiquer une couronne de trépan sur le crâne de plusieurs
chiens.
» Sous la dure-mère d'un de ces chiens, j'ai porté quelques gouttes du
kyste d'un lapin. Ce chien est mort d'une méningite.
» Sur un autre de ces chiens à crâne ouvert, on a fendu la dure-mère, et
l'on a placé sur l'hémisphère gauche un morceau de corde, noyau d'un abcès
de lapin. Ce morceau de corde était tout imbibé de pus.
» Quarante heures après l'opération, le chien meurt. On trouve un épan-
(i) Gazette médicale, p. 187; i863.
( '027 )
chement de pus et de sang sous la dure-mère du côté gauche, et un épan-
cheuient tout pareil dans les ventricules.
» Voici quelque chose de plus décisif encore. Tous les chiens, soumis à
l'infection purulente, ne meurent pas. Dans mes précédentes expériences où
j'opérais avec un pus malsain, mêlé de sérosité, vicié par l'air, tous les chiens
ne mouraient pas. Dans ces nouvelles expériences, j'ai opéré avec un pus
exactement préservé du contact de l'air; la plupart des chiens ont néan-
moins succombé.
» Bien plus, j'ai pris un abcès, un kyste de lapin; je l'ai ouvert, je l'ai
tenu pendant trois jours exposé à l'air. J'ai porté alors du pus de ce kyste
sur la dure-mère et sur le péritoine de plusieurs chiens. Parmi ces chiens,
quelques-uns n'ont rien éprouvé. Presque tous les autres sont morts de
méningite ou de péritonite.
« Le pus a donc une virulence propre, et indépendante de l'action de
l'air (i).
» Quant au pus, resté en place et dans l'organe où il se forme, ce pus est
inoffensif. Il séjourne quelquefois longtemps dans un même lieu, sans
donner aucun signe de sa présence. En disséquant des lapins pour une re-
cherche quelconque, on trouve souvent de petits corps, gros comme une
noix, ou même plus gros. On ouvre ces corps, on les trouve pleins de pus.
L'animal n'avait point paru en souffrir.
» Dans les abcès du cerveau, provoqués pour mes expériences, ordinai-
rement le pus se résorbe et l'animal guérit. Ce n'est que lorsqu'il est trans-
porté d'un animal sur un autre, ou d'un organe sur un autre, que le pus agit
comme poison.
» Je finis en répétant ce que j'ai déjà dit, savoir : que je ne fais ici
qu'apporter de nouvelles preuves à l'appui d'une théorie reçue. La théorie
est reçue, elle est établie, tout le monde en sent l'importance : « Qu'on ne
» s'y trompe pas, dit M. Maisonneuve, la théorie de Yinjection purulente est
» destinée, d'ici à peu de temps, à transformer profondément la chi-
" rurgie (i). »
» Je laisse à M. Maisonneuve, juge si compétent, le soin d'apprécier tout
(i) Cependant ce pus, préservé de l'action de l'air, m'a paru produire, ordinairement,
des méningites moins violentes. On verra, dans une prochaine Note, le parti que j'ai tiré de
repus à moindre énergie pour déterminer des affections distinctes des diverses méninges.
(2) Clinique chirurgicale, p. vm.
i34..
( 1028 )
ce qui a été fait sur l'infection purulente, depuis M. Velpeau jusqu'à lui. Je
tiens moins à ajouter quelque nouveau détail à ces beaux travaux qu'à les
signaler. »
PALÉONTOLOGIE. — Deuxième Note sur le développement de l'articulation
vertébro-sternale du Glyptodon et les mouvements de flexion et d'extension de
la tête chez cet animal fossile; par M. Serres.
« Tout se suit dans la disposition de l'organisme des vertébrés. Une
modification dans une de ses parties en entraîne nécessairement d'autres qui
lui sont corrélatives, et qui se rattachent à la première comme un effet à sa
cause. Les modifications des parties peuvent être distinguées en initiales ou
naturelles, et en secondaires ou artificielles et acquises. Les premières,
toujours plus profondes, sont inhérentes à la constitution même de l'animal,
et ont été créées avec lui; les secondes, plus superficielles, très-rares et en
quelque sorte accidentelles, peuvent être produites, soit par ['habitat des
animaux, soit par des habitudes contractées sous l'influence de leurs besoins.
A laquelle des deux causes peut-on attribuer la formation de la double
articulation vertébro-sternale du Glyptodon, dont nous avons donné la
description dans la première Note?
» Cette double articulation, étrangère aux Mammifères vivants, s'est-elle
faite d'elle-même par la répétition de l'acte qui rendait son existence néces-
saire à la vie de cet animal fossile? ou bien a-t-elle été faite primitivement
et par une volonté créatrice? Tels sont les deux problèmes qui se posent
d'eux-mêmes devant les physiologistes et qui, présentement, offrent une
actualité d'un grand intérêt, depuis que les vues de Lamark sur le dévelop-
pement des espèces et des modifications organiques, ont reçu des travaux d<
M. Darwin une extension nouvelle.
» Or, si nous montrons, d'une part, que l'habitude ou la répétition de
l'acte qui fléchissait la tête et amenait chez le Glyptodon le retrait de cette
partie sons la voûte de la carapace était impropre h donner naissance à
une articulation vertébrale; si nous montrons, d'autre part, qu'en supposant
cette articulation produite ainsi artificiellement, elle eût été impropre à se
transmettre par voie de génération, il en résultera, ce me semble, que l'ar-
ticulation du Glyptodon a dû être produite initialement, ou au moment où
l'animal a été créé.
» A l'appui de la première assertion, je rapporterai d'abord le fait si
fréquent en tératologie de l'incurvation de la colonne vertébrale de l'homme
( i°29 )
au niveau de la deuxième et troisième vertèbre dorsale, c est-à-dire au lieu
même où se manifeste l'articulation chez le Glyptodon. Dans ces cas, dont
j'ai sous les yeux quatre exemples que j'ai préparés moi-même pour en
étudier avec soin le mécanisme, le corps de ces deux vertèbres est infléchi
l'un vers l'autre, le fibro-cartilage est beaucoup plus épais en arrière qu'en
avant, et la flexion est aussi prononcée que chez le Glyptodon. Dans aucune,
nulle trace d'articulation ne se manifeste. Dans un cinquième cas, le corps
de la deuxième vertèbre dorsale était en partie carié. Dans un sixième, un
mouvement de torsion s'était opéré sur le corps de ces deux vertèbres sans
y produire de vestiges d'articulation. Dans tous, la flexion insolite de cette
partie de la colonne vertébrale en avait déterminé une seconde à la jonction
de la première pièce du sternum avec la seconde, de manière à grandir la
loge du médiastin antérieur.
» De tous les Mammifères, l'homme est celui dont les mouvements de la
colonne vertébrale sont les plus variés et les plus grands, facultés qui déri-
vent nécessairement de sa rectitude. La flexion est surtout très-étendue, ce
qui était indispensable, puisque c'est principalement en avant que nous
dirigeons nos efforts sur les corps qui nous environnent. Indépendamment
de la flexion qui s'exerce sur la partie de la région dorsale que nous venons
d'indiquer, il en est une autre où ce mouvement est beaucoup plus étendu
et plus facile : c'est la région lombaire. Aussi est-ce dans cette région que
les incurvations anormales se manifestent de préférence, et c'est vers le point
central de ce mouvement si fréquent dans les exigences de la vie ordinaire
que pourrait se développer une articulation insolite, si la répétition de cet
acte était propre à lui donner naissance.
» Or, sur dix cas (i)de cette incurvation lombaire dont la flexion a atteint
ses dernières limites, il n'en est aucun sur lequel on remarque la moindre
tendance à la production d'une articulation ginglymoïdale. La répétition
du même acte de flexion est donc impropre par elle-même à donner nais-
sance à une articulation sur le trajet de la colonne vertébrale.
>» Voilà pour la première question; arrivons maintenant à la seconde, et
montrons que, lorsqu'une articulation insolite et artificielle en quelque
sorte se développe sur une surface de l'organisme, elle reste individuelle
(i) De ces dix cas que j'ai sous les yeux, six appartiennent au musée de l'École anato-
mique des hôpitaux, quatre sont dans la belle collection orthopédique de M. le D1 J. Gue-
rin, déposée provisoirement, sur la demande de S. Exe. le Ministre de l'Instruction publique,
dans l'une des salles de ce musée.
( io3o )
et ne se transmet jamais par voie de génération. La coxalgie, si fréquente
chez l'homme, va nous en fournir la preuve. On sait que cette affection
de nature scrofuleuse, consiste dans la luxation spontanée du fémur. La tète
de cet os, chassée de la cavité cotyloïde, vient se loger sur la face externe de
l'os coxal, où il se développe une articulation artificielle qui remplace la
cavité articulaire naturelle effacée plus ou moins complètement. Or, ces
cas, dont nous ohservons plusieurs exemples tous les ans chez des adultes
dans les salles de dissection de l'École anatomique des hôpitaux, sont et
restent purement individuels; jamais leur transmission n'a lieu par voie de
génération. La nécessité de pouvoir fléchir le col pour ahriter la tête sous
la carapace nous paraît donc la cause déterminante delà création, chez le
Glyptodon, de la douhle articulation vertéhro-sternale; c'est un fait initial.
Cette douhle articulation a été faite avec l'animal et ne s'est point faite elle-
même ; elle est le résultat et le moyen de réalisation d'une idée préconçue au
moment de la création de cet animal, et ce qui le prouve, ce sont les modi-
fications que nécessite cette faculté nouvelle dans d'autres parties de l'orga-
nisme; car, la tête ainsi fléchie, il fallait la redresser, et pour redresser une tète
si lourde, si massive que celle du Glyptodon, il était nécessaire d'accroître la
force de ses muscles extenseurs. J'ai signalé dans un autre travail le contraste
qui existe entre la faiblesse du corps vertébral des cinq dernières vertèbres
cervicales chez le Glyptodon et la force que présentent les masses latérales
de ces vertèbres. Cette faiblesse du corps des vertèbres cervicales est d'au-
tant plus étrange chez cet animal, que, dans la queue, ce même corps des
vertèbres caudales est très-fort, et contraste également avec la faiblesse
relative des masses latérales de ces vertèbres.
» Je n'ai indiqué que le fait : il faut maintenant chercher la raison de
l'excès de développement des masses latérales des vertèbres cervicales et des
deux premières dorsales. On la trouve, cette raison, dans la force que de-
vaient nécessairement avoir chez cet animal fossile les muscles releveurs de
la tête, et particulièrement les complexus et les splénius.
•> Ici se décèle l'admirable loi de la corrélation du système musculaire
avec le système osseux dans l'ensemble des Vertébrés en général, et parti-
culièrement chez les Mammifères vivants et fossiles. En voyant chez le Glyp-
todon la force des apophyses transverses des trois premières vertèbres
dorsales, et celle des mêmes apophyses dans les cinq dernières vertèbres cer-
vicales, on juge avec certitude que les insertions postérieures des muscles
grand complexus devaient avoir une grande étendue et par suite une grande
force. Les digitations musculaires insérées sur les masses latérales des deux
( io3i )
premières vertèbres dorsales devaient surtout être remarquables sous ce
double rapport. Les insertions occipitales de ces muscles aux empreintes
rugueuses de la moitié interne de l'espace compris entre les deux lignes
courbes de cet os, très-développées cbez le Glyptodon, concordaient avec
la force des faisceaux musculaires qui venaient y prendre leur point d at-
tache. Il en était de même du petit complexus, dont lesdigitations, partant
en arrière des tubercules postérieurs des quatre dernières vertèbres cervi-
cales, s'implantaient à l'apophyse mastoïde, et faisaient suite aux insertions
occipitales du grand complexus et du splénius.
» Les complexus étaient les muscles qui agissaient le plus activement
pour redresser la tête du Glyptodon. Or, dans cette action, le point fixe
avait lieu sur les masses latérales des deux premières vertèbres dorsales, qui,
dans ce but, étaient ankylosées et formaient ainsi en arrière une masse
unique.
» Les muscles splénius sont en quelque sorte les satellites des complexus.
Leur insertion en arrière aux apophyses épineuses des deux dernières ver-
tèbres cervicales étaient très-fortes chez le Glytptodon ; mais ce qui distin-
guait cet animal fossile, c'est que chez lui l'ankylose des deux premières
vertèbres dorsales avait produit, par la fusion des apophyses épineuses de
ces vertèbres, une éminence osseuse énorme d'une forme conique (i), émi-
nence à laquelle les faisceaux les plus inférieurs du muscle venaient s'im-
planter, ainsi que le ligament cervical. On peut juger, parle volume de cette
éminence, de la force des faisceaux musculaires qui venaient y prendre leur
insertion, ainsi que sur le ligament cervical, comme cela a lieu chez les
grands Mammifères.
» Chez les Mammifères et chez l'homme, supérieurement chez ce dernier
et intérieurement chez les premiers, le splénius est divisé en deux parties si
distinctes, que plusieursanatomistesen ont fait deux muscles différents. Chez
le Glyptodon, le volume des apophyses transverses de l'atlas et de i'axis
devait rendre cette distinction très-tranchée par l'insertion de la partie
(i) Le plateau de cette éminence, sur lequel reposait en avant la carapace, est plane; il a
d'arrière en avant 3 centimètres }, et 5 centimètres transversalement. Sa surface inégale est
lisse et polie, elle semble indiquer qu'un mouvement de glissement de la carapace pouvait
s'opérer en cet endroit pour favoriser la flexion du col. Aux quatre extrémités de ce plateau
on remarque des éminences saillantes qui, sans doute, donnaient attache à de forts ligaments,
et qui étaient destinés peut-être à faciliter ce glissement. Au reste, la dissection des moyens
d'attache de la carapace du Tatou Encoubert nous donnera peut-être quelques éclaircissements
à ce sujet.
( !o32 )
cervicale sur ces deux apophyses. Quant aux insertions occipitales, elles
faisaient suite à celles du complexus et occupaient la moitié externe de l'es-
pace compris entre les deux lignes courbes de l'occipital, eu s étendant en
dehors au delà de l'apophyse mastoïde. Si on suppose la tète du Glyptodon
fléchie, on voit par cette disposition des muscles splénius combien leur
action devait être puissante pour en opérer le redressement, surtout lorsque
leur action était combinée d'une part avec celle des complexus, dont ils ne
sont que les satellites, et d'autre part avec les muscles qui environnent
l'articulation atloïdo-occipitale.
» La force des masses latérales des vertèbres cervicales et des deux pre-
mières dorsales est donc déterminée chez le Glyptodon par le volume que
devaient avoir les muscles extenseurs du col, afin de relever la tète lors-
qu'elle était fléchie par l'animal ; d'où l'on voit, d'une part, comment cette
hypertrophie des masses latérales des vertèbres se liait nécessairement à la
présence de l'articulation vertébro-sternale, qui permettait la flexion de la
tète ; d'où l'on voit, d'autre part, d'après le principe du balancement des
parties organiques, comment l'hypertrophie de ces masses osseuses déter-
minait l'atrophie des corps vertébraux de cette région. Or, de cette hyper-
trophie des masses latérales des vertèbres cervicales et de l'atrophie de leurs
corps résulte, chez le Glyptodon, une gouttière profonde sur la région anté-
rieure du col, gouttière dans laquelle étaient logés.la trachée-artère et l'œso-
phage. J'ai déjà dit que les vertèbres caudales offraient une disposition
inverse de celles du col; dans la queue, l'hypertrophie du corps vertébral
a produit l'atrophie des masses latérales des vertèbres; aussi ne remarque-
t-on dans cette région nulle trace de la gouttière dont nous venons d'indi-
quer la formation dans la région cervicale (i).
» Au reste, du moment qu'une double articulation nouvelle avait été
reconnue chez le Glyptodon, il nous a paru nécessaire d'en étudier avec
soin toutes les conditions. Son siège, si inattendu dans l'organisation des
Mammifères vivants; le mouvement de flexion dn col qu'elle favorisait
pour abriter la tète sous la carapace et présenter de front son armature;
les modifications musculaires que ce mouvement exigeait pour la redresser
quand elle avait été fléchie, tout jusqu'à son origine ou à son mode de dé-
veloppement, donnait à cette étude sur un animal fossile un intérêt parti-
(1) Occupé depuis plusieurs mois avec MM. Gratiolet, Sénéchal et Merlieu au montage
du squelette du Glyptodon, nous reviendrons plus tard, en décrivant le crâne, sur quelques-
uns des détails relatifs au mécanisme des mouvements du col et de la tête.
( .o33 )
culier. L'occasion nous a paru aussi des plus favorables pour rechercher
si cette double articulation pouvait s'être produite d'elle-même ou par la
simple répétition du même acte, comme le faisait supposer l'hypothèse de
Lamark, renouvelée et soutenue avec talent par M. Darwin. Elle permettait
en outre de rechercher si une articulation ainsi développée artificiellement
eût été susceptible de se reproduire par voie de génération. Or nous avons
établi que ni l'un ni l'autre de ces résultats n'était admissible. Nous avons
ainsi été conduits à conclure que cette double articulation était initiale et
que sa formation remontait à la pensée même de la création de l'animal ; les
exigences du redressement de la tête ont confirmé cette conclusion, en nous
montrant que pour obtenir cet effet la nature avait considérablement déve-
loppé les masses latérales des vertèbres cervicales et celles des deux pre-
mières dorsales, qui par leur soudure donnent naissance en haut à une
apophyse épineuse énorme, excès de développement dont le but manifeste
était de multiplier les surfaces d'insertion des faisceaux musculaires des
complexus et des splénius appelés à exécuter ce mouvement. Car, ainsi
que nous l'avons dit au commencement de cette Note, tout se suit et se
coordonne dans l'organisation si admirable des Mammifères vivants et
fossiles. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Faits pour servir à l'histoire des matières colorantes
dérivées dit goudron de houille; par M. A.-W. Hofmann.
« Dans un travail que j'ai eu l'honneur de soumettre dernièrement à
l'Académie, j'ai signalé l'existence de deux diamines aromatiques, toutes
les deux représentées par la formule
C6H8N2= ( H2' \N>
2
H
Ces deux corps, quoique se ressemblant dans la généralité de leurs pro-
priétés, diffèrent cependant entre eux par certains caractères fondamen-
taux, à tel point que je n'ai pas hésité à affirmer leur individualité et à les
distinguer par les noms de alpha-phénylène-diamine et de bèta-phénylène-
diamine.
» L'existence de deux variétés de phénylène-diamine devait naturelle-
ment suggérer l'idée de chercher les deux monamines analogues de la série
phénylique. C'est dans ce but que pendant la dernière semaine je me suis
occupé à comparer des échantillons d'aniline obtenus par différents pro-
C. R., 1863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 22.) 1 35
( io34 )
cédés. Cette étude comparative est loin d'être terminée, mais je demande
même dès à présent la permission de signaler une observation qui me paraît
digne de l'attention des chimistes.
» J'ai d'abord examiné L'aniline provenant de la distillation de V indigo
avec la potasse.
» La base ainsi préparée bout à 182 degrés et possède les caractères gé-
néralement attribués à l'aniline. Cependant l'aniline dérivée de l'indigo,
soumise à l'action du chlorure mercurique, du chlorure stannique ou de
l'acide arsénique, ne fournit pas le rouge d'aniline.
» J'ai ensuite préparé l'aniline au moyen de la benzine.
a La benzine employée dans mes expériences a été obtenue par deux
procédés différents, savoir : i° la distillation de l'acide benzoïque avec la
chaux; 20 la distillation fractionnée et la solidification à une basse tempé-
rature de la benzine du goudron de houille.
» L'aniline provenant de la benzine obtenue au moyen de l'acide ben-
zoique bout à 182 degrés. Traitée par les chlorures mercurique et stan-
nique, ou par l'acide arsénique, elle ne se transforme pas non plus en rouge
d'aniline.
» L'aniline obtenue au moyen de la benzine pure dérivée du goudron
de houille bout également à 182 degrés. Soumise aux agents d'oxydation
déjà cités, elle refuse également de se transformer en rouge d'aniline.
» Je dois avouer que, tout, préparé que j'étais à trouver de légères varia-
tions dans les propriétés des différentes anilines, je ne m'attendais guère à
un pareil résultat.
» En faisant part de ces observations à mon ami M. E.-C. Nicholson,
je me suis convaincu que dans ce cas, comme dans tant d'autres, la pra-
tique avait devancé la théorie. Le fait que je viens de découvrir était depuis
longtemps connu à ce fabricant distingué, qui, en réponse à ma commu-
nication, m'a envoyé quelques litres d'aniline absolument pure bouillant à
182 degrés, provenant de la benzine de houille et parfaitement incapable,
ainsi que les échantillons que j'avais moi-même préparés, de fournir par les
réactions ordinaires le rouge d'aniline.
» J'ai eu l'occasion, dans ces derniers temps, d'examiner un grand nombre
d'anilines du commerce et surtout des échantillons que MM. Renard frères
et Franck en France, et MM. Simpson, Manie et Nicholson en Angleterre,
ont eu l'obligeance de mettre à ma disposition. Toutes ces anilines, traitées
par les procédés ordinaires, m'ont fourni le rouge en quantité notable ;
mais toutes ces substances, bouillant à une température supérieure, possé-
( io35 )
daient en effet un point d'ébullition qui vaiiait entre 180 degrés et 220 de-
grés. Il y a donc dans le produit commercial une base autre que l'aniline
normale, et dont la coopération est indispensable à la production du rouge.
» Est-ce un isomère de l'aniline? On sait que M. Churcli a isolé du gou-
dron de bouille un carbure d'hydrogène isomère de la benzine et bouillant
à 970, 5, \a. parabenzine. Ce corps, traité par l'acide nitrique, et soumis ensuite
aux agents réducteurs, se transformerait-il en base isomère de l'aniline et
susceptible de se changer en rouge? ou l'aniline du commerce renferme-
rait-elle une autre base nécessaire à la formation de la rosaniline?
» Voilà des questions pleines d'intérêt, et pour la théorie et pour la pra-
tique, et dont la solution jetterait peut-être du jour sur la genèse encore tout
à fait énigmatique du rouge d'aniline.
» Des travaux sérieux ne manqueront pas de résoudre ce problème. »
MÉMOIRES LUS.
M. l'abbé Sanna-Solaro lit un Mémoire ayant pour titre : <■ De l'élec-
tricité de la lumière solaire dans l'air et dans le vide ».
Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Becquerel, Pouillet et Fizeau.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Sur les caractères particuliers du courant électrique qui
traverse l'enveloppe isolante des câbles télégiaphiques immergés;
par M. J.-M. Gacgain.
(Commissaires, MM. Pouillet, Fizeau, Edm. Becquerel.)
« J'ai remarqué depuis longtemps que le flux électrique, transmis par le
fil intérieur d'un câble télégraphique au liquide ou au métal qui enveloppe
extérieurement ce câble, peut suivre et suit en général deux chemins diffé-
rents; une partie de l'électricité se propage en suivant exclusivement la
surface plus ou moins humide de la gaine de gutta-percha, l'autre partie
traverse l'épaisseur de cette dernière substance. Mais j'ai indiqué une mé-
thode très-simple pour écarter le premier de ces deux flux (Gavarret,
Télégraphie, p. 329), et c'est le second seulement qui jouit des propriétés
que je vais faire connaître :
» i° En général, lorsqu'un système de conducteurs est mis en communi-
i35..
( io36 )
cation par l'une de ses extrémités A avec la terre et par l'extrémité opposée B
avec une source constante d'électricité, il s'établit à travers le système un
flux qui devient uniforme au bout d'un temps plus ou moins long, et si
alors on met l'extrémité B en rapport avec le sol et l'extrémité A en com-
munication avec un électroscope à décharges, on peut constater aisément
que cet appareil reçoit de l'électricité positive lorsque la source employée
est elle-même posilive. Les choses se passent tout autrement lorsque le mou-
vement électrique se propage à travers une couche de gutta-percha. Sup-
posons que le fil intérieur d'un câble télégraphique soit mis d'abord en
communication avec une source constante d'électricité positive, l'autre
extrémité restant isolée; que le conducteur extérieur soit mis en rapport
avec la terre et qu'on laisse pendant un temps plus on moins long le flux
électrique se propager à travers la gutta-percha; cela fait, imaginons que le
fil intérieur soit à son tour mis en rapport avec la terre et que l'on fasse
communiquer le conducteur extérieur avec un électroscope à décharges, on
verra toujours cet instrument traversé par une quantité plus ou moins
notable d'électricité négative: la distribution des tensions dans l'intérieur
du câble n'est donc pas celle que la théorie d'Ohm indique.
» On peut acquérir des notions plus complètes sur cette distribution des
tensions, en répétant l'expérience qui vient d'être décrite sur un carreau
fulminant formé d'un disque de gutta-percha et de deux armures métalli-
ques mobiles. Si l'on met l'une des armures en communication avec une
source constante d'électricité, et l'autre armure en communication avec le
sol, on pourra constater, comme dans le cas du câble, qu'un flux d'électri-
cité traverse le système des disques, et lorsque ce flux sera devenu uniforme
on pourra, en enlevant les armures, reconnaître, par le moyen que j'ai pré-
cédemment indiqué, que la face qui touchait l'armure positive est électrisée
négativement, et que la face qui touchait l'armure négative est électrisée
positivement. La cire, le spermaceti et l'acide stéarique donnent les mêmes
résultats que la gutta-percha.
» D'après cela on voit qu'il existe aux surfaces de contact du diélectrique
et des armures une résistance particulière qui ne s'oppose pas d'une manière
absolue à la transmission du mouvement électrique, mais qui modifie la
nature de ce mouvement. Pour rendre compte des faits que je viens d'expo-
ser, il me paraît indispensable d'admettre que pendant toute la durée du
mouvement le fluide neutre est incessamment décomposé dans l'intérieur
du disque isolant et incessamment recomposé dans chacun des petits espaces
qui séparent ce disque de ses armures.
( io37 )
» Il est intéressant de remarquer que ce genre de mouvement est préci-
sément celui qui doit se produire au sein de tous les corps conducteurs, si
le mécanisme intime de la conduction est tel que plusieurs physiciens l'ont
admis. Les disques de l'expérience précédente se comportent exactement
comme les molécules des corps conducteurs doivent le faire suivant la
théorie adoptée par M. de La Rive (Traité d'électricité, t. II, p. 5).
» 2° Lorsqu'une source d'électricité constante est mise en rapport avec un
électroscope à décharges par l'intermédiaire de l'un des conducteurs hygro-
métriques que j'ai précédemment étudiés, d'un lil de coton par exemple,
les décharges de l'électroscope se succèdent d'abord avec une rapidité crois-
sante à partir du moment où les communications sont établies; en d'autres
termes, le flux va en augmentant pendant la durée de V état variable et sa
valeur maximum correspond à l'état permanent. Il en est tout autrement
lorsque le mouvement électrique se propage à travers l'enveloppe isolante
d'un câble télégraphique : alors le flux diminue graduellement pendant la
durée de l'état variable, et la valeur qui correspond à l'état permanent est
un minimum.
» Ce résultat est facile à expliquer au moyen des considérations exposées
plus haut. Le flux d'électricité que reçoit l'électroscope à décharges dépend
de la décomposition du fluide neutre que subit l'armure extérieure du câble.
Or, dans l'état permanent cette décomposition est précisément équivalente à
la recomposition qui s'effectue dans le petit intervalle compris entre l'ar-
mure et la couche de gutta-percha, elle est équivalente aussi à la décompo-
sition de fluide neutre qui se produit dans l'intérieur de cette couche. Dans
l'état variable, au contraire, la polarisation de la gaine de gutta-percha va
en augmentant, et il en est de même de la charge accumulée sur l'armure
extérieure (liquide ou métallique). Il résulte de là que pendant la durée de
l'état variable, la décomposition de fluide neutre qu'éprouve l'armure doit
non-seulement compenser la recomposition qui s'effectue entre elle et l'en-
veloppe de gutta-percha, mais encore faire face à l'accroissement graduel
que subit sa propre charge. Il est donc tout naturel que les décharges de
l'électroscope aillent en se ralentissant graduellement tant que l'état perma-
nent n'est pas établi.
» 3° Lorsqu'un système de conducteurs qui ne présente que des résis-
tances intérieures (résistances ordinaires) est mis en communication par
l'une de ses extrémités avec le sol et par l'autre extrémité avec une source
constante d'électricité, le flux qui traverse le système est proportionnel à la
tension de la source. Le flux qui se propage à travers l'enveloppe isolante
( io38 )
d'un câble télégraphique croît beaucoup plus rapidement que la tension de
la source.
>. On voit que le mouvement électrique qui fait l'objet de cette Note n'est
pas complètement soumis aux lois déduites de la théorie d'Ohm. Cette ano-
malie tient à ce que le circuit renferme l'espèce particulière de résistance
à laquelle j'ai donné le nom de résistance extérieure; cette sorte de résistance
au passage me paraît être tout à fait distincte de la résistance au passage
ordinaire, que l'on rencontre dans le cas de la transmission électrolytique;
mais elles ont cela de commun qu'elles altèrent l'une et l'autre les lois de
la propagation. »
PHYSIQUE. — Etincelle d'induction appliquée à différents phénomènes ; extrait
d'une Note de M. l'abbé Laborde.
(Commissaires, MM. Becquerel, Regnault.)
» Dans une Note que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie sur les
vibrations transmises et reproduites à distance par l'électricité, j'ai donné la
description d'un appareil dans lequel plusieures lames vibrantes accordées
sur les notes de la gamme sont destinées à produire dans le fil conjonctif
d'une pile des interruptions régulières et plus ou moins rapides. Des tiges
vibrantes en fer doux accordées sur les lames in terra ptrices sont dressées
devant les pôles d'un électro-aimant placé lui-même dans le circuit de la
pile, et chacune d'elles ne vibre que sous l'influence de la lame interrup-
trice qui lui correspond. J'ai remplacé l'électro-aimant et les tiges en fer
doux par une machine de Riihnikorff dont le fil inducteur fait partie du
circuit. Chacune des lames interruptrices produit alors à l'unisson de ses
vibrations une série d'étincelles que j'ai appliquées aux faits suivants:
» On fait apparaître immobile telle ou telle lettre de l'alphabet, tel ou tel
chiffre, en les mettant en mouvement dans l'obscurité, et en faisant concor-
der avec l'étincelle leurs apparitions successives. Pour réaliser cet effet, on
trace sur un disque de carton plusieurs cercles concentriques, et en suppo-
sant que les lames interruptrices aient été accordées sur les notes de 1 ac-
cord parfait : ut, mi, sol, ut, mi, etc on écrit huit a sur le contour du
plus petit cercle ; dix b sur le second cercle ; douze c sur le troisième ;
seize d sur le quatrième, et ainsi de suite en continuant à doubler ces nom-
bres et conservant ainsi pour les lettres suivantes les nombres qui les met-
tent en rapport avec les vibrations des lames interruptrices. Les lettres
placées sur le contour d'un même cercle doivent y être parfaitement équi-
( Io39 )
distantes, et, présenter exactement la même forme. Le disque étant fixé sur
un axe qu'un mouvement d'horlogerie fait tourner, on le présente dans
l'obscurité devant l'étincelle d'induction, et l'on règle la vitesse de manière
que la première lame interruptrice étant mise en mouvement, le cercle
des a paraisse complètement immobile ; on peut être certain dès lors
qu'un tour du disque sur lui-même correspond à huit interruptions:
la lumière instantanée de l'étincelle éclairant toujours à la même place les
lettres qui se succèdent leur donne cette immobilité apparente. Si l'on fait
vibrer la seconde lame qui produit dix interruptions dans le même temps,
le cercle des b paraîtra seul immobile ; la troisième lame immobilisera les c
et ainsi de suite, en sorte qu'avec une série de lames interruptrices on dési-
gnera telle lettre que l'on voudra, toutes les autres paraissant animées d'un
mouvement de progression en avant ou en arrière qui empêche de les con-
fondre avec celle que l'on veut indiquer. »
A la suite de développements relatifs à l'expérience dont il s'agit ici, le
Mémoire de M. l'abbé Laborde contient encore la description de plusieurs
autres expériences curieuses faites avec l'électricité.
GÉOMÉTRIE. — Note sur la moyenne des rayons vecteurs dans t ellipse en général
et dans les orbites planétaires ; par M. Ed. Dubois.
(Commissaires, MM. Laugier, Delaunay, Bertrand.)
« En m'appuyant sur une expression de la moyenne des valeurs d'une
fonction, considérée par Cauchy (Comptes rendus, t. XXVI), je fais voir, dit
M. Dubois, que la moyenne des rayons vecteurs, en nombre infini, et fai-
sant entre eux des angles égaux infiniment petits, est le demi petit axe b et
non le demi grand axe, comme on pourrait le supposer à priori. Je démontre
aussi qu'en raison de la première loi de Kepler la moyenne des rayons vec-
teurs (en nombre infini) également distribués, quant au temps, dans les
ellipses planétaires, esta I i
- 1-
M. Poey adresse de l'île de Cuba, en date du 7 mai, une Note « sur l'ac-
tion chimique de la lumière diffuse observée à la Havane à l'aide d'un nou-
vel actinographe chimique ».
(Commissaires, MM. Regnault, Fizeau.)
( io4o )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, M. Alexis
Perrey, un opuscule ayant pour litre : « Propositions sur les tremblements
de terre et les volcans, adressées à M. Lamé, Membre de l'Institut ».
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un « Essai sur la constitution des corps célestes », par
M. E.-E. Regneault, professeur à l'École impériale forestière.
D'après le désir exprimé par l'auteur dans la Lettre d'envoi, cet ouvrage
est renvoyé à la Commission chargée de décerner le prix de la fondation
Lalande.
GÉOLOGIE. — Nouvelles observations relatives à [existence de [homme pendant
la période quaternaire; Note de M. Hébert, présentée par M. Serret.
« Dans les observations présentées par M. Élie de Beaumont dans la
séance du 18 mai, il y a deux points sur lesquels je suis obligé de revenir,
ayant été forcé, faute de place, de ne donner dans ma Note du 25 qu'un
simple énoncé de mon opinion, sans l'appuyer d'aucun des arguments qui
pouvaient militer en sa faveur.
» Premier point. — Le terrain de transport exploité dans la carrière de
Moulin-Quignon a-t-il été formé par des matériaux entraînés sur la pente
du coteau par les agents atmosphériques?
» L'étude de la configuration du sol, en ce lieu, et de la nature des maté-
riaux qui constituent le terrain détritique suffit, il me semble, pour ré-
pondre à cette question.
» Le Moulin-Quignon n'est pas au bas d'un coteau plus ou moins élevé;
il est à l'extrémité occidentale du plateau qui domine la ville à l'est. Ce
plateau va, il est vrai, en s'élevant, mais en pente tellement douce, qu'on
ne saurait en vérité admettre que les orages, les gelées ou les neiges y
puissent rien entraîner.
» D'ailleurs, quels sont les matériaux qui pourraient être entraînés?
» Le plateau est formé par la craie qui en constitue la presque totalité,
et qui n'est recouverte que par un dépôt de transport très-peu épais, uni-
quement composé de silex brisés, empâtés dans une terre argileuse rou-
geâtre.
( io4i )
» Or, le dépôt erratique exploité renferme de gros blocs de grès ter-
tiaire, et quantité de ces petits galets noirs, arrondis comme des dragées,
dont la position originaire, à la base du terrain tertiaire inférieur, est bien
connue.
» Le plateau de Moulin-Quignon ne contient rien d'analogue, pas plus
qu'il n'offre de ces sables, dont ma précédente Note signale l'existence au '
milieu du dépôt erratique en litige.
» La cause, quelle qu'elle soit, qui a mélangé ces grès et ces galets du
terrain tertiaire inférieur avec les silex et l'argile rouge compacte pour en
constituer le terrain de Moulin-Quignon, cette cause a arraché ces débris,
soit à des lambeaux de terrain tertiaire alors en place et qui n'existent
plus, soit au diluvium inférieur qui en contient de semblables, et qui existe
dans le voisinage, à la porte Mercadé et à Menchecourt, mais à un niveau
bien inférieur. Cette cause est donc tout autre que celle assignée par
M. Élie de Beaumont. Elle rentre exclusivement, par la nature de ses effets,
dans le domaine de la période quaternaire ou diluvienne.
« Deuxième point. — J'ai dit dans ma Note précédente que l'existence de
l'homme, au moment des dépôts qui constituent dans le nord de la France
le commencement de la période quaternaire, me semblait un point complè-
tement acquis à la science. Cette doctrine est aujourd'hui enseignée ouver-
tement, et un Membre de l'Académie, qu'on peut compter parmi les géolo-
gues cpii ont le plus fait pour élucider l'histoire de la période quaternaire,
la professe au Muséum.
» Cependant M. Élie de Beaumont déclare que ce n'est pas son opinion,
et, en présence d'une affirmation aussi nette et partant de si haut, il m'a
paru qu'il était de mon devoir de motiver mes conclusions. Je puis le faire
avec d'autant plus de liberté, que ces conclusions ne résultent pas de mes
propres recherches, mais de celles des savants qui se sont occupés de la
question, en France et en Angleterre.
» De tous les faits cités sur des points aujourd'hui si nombreux, je n'en
retiens qu'un seul, Saint-Acheul.
» i° Ije terrain de transport de Saint-Acheul est-il du diluvium?
» Tous les géologues ont été de cet avis, je ne connais pas encore d'ex-
ception à cette opinion que je partage complètement. Ce terrain, si riche
en ossements d'Eleplias primigenius, Rlùnoceros tichôrhinus, etc., est du
diluvium ancien.
» 20 Les silex taillés qu'on y trouve sont-ils des œuvres de l'industrie
humaine? Cela est de la dernière évidence.
C. R., 1863, i" Semestre. (T. LYÏ, N° 22.) I 36
( 1042 )
i- 3° Se trouvent-ils dans le même dépôt que les ossements?
» Est-il permis d'en douter en face des constatations faites par MM. Prest-
wich, Gaudry, Desnoyers, et tant d'autres observateurs distingués? Ces
constatations ont été soumises au jugement de l'Académie, elles n'ont sou-
levé aucune contradiction.
» 4° Les débris de l'industrie humaine ont-ils été enfouis en même temps
que ceux des espèces perdues?
» Cette question, le point capital du débat, a été résolue affirmativement
par tous ceux qui ont visité ces gisements. Le dépôt, qui renferme ces dé-
bris, étant recouvert par des assises diluviennes plus récentes, quoique an-
térieures au dernier creusement des vallées, leur intégrité et l'impossibilité
de tout mélange postérieur sont, par cela même, démontrées.
» S'il en est ainsi, y a-t-il moyen d'hésiter, et ne devons-nous pas con-
sidérer l'existence de l'homme pendant la période quaternaire comme l'un
des faits aujourd'hui les mieux constatés? »
GÉOLOGIE. — Diluvium de la vallée de la Somme; Note de M. F. Gakeigoc,
présentée par M. de Quatrefages.
« A Abbeville, la série complète des terrains reposant sur la craie peut
être indiquée comme il suit, en partant du sommet des coteaux et descen-
dant dans la vallée :
» i° Dépôt des plateaux élevés, probablement tertiaires;
» 2° Alluvions du sommet des coteaux qui longent la Somme, les plus
anciennes de l'époque quaternaire;
» 3° Alluvions du milieu des coteaux, plus récentes que les précédentes;
» l\° Tourbe et alluvions modernes dans les bas-fonds des vallées.
» Les dépôts tertiaires qui occupent une immense surface des plateaux
supérieurs reposent directement sur la craie. Ce sont ces dépôts qui, sur la
carte géologique de France, ont été marqués, avec raison sans doute, comme
appartenant à l'étage miocène.
» Les dépôts les plus anciens de l'époque quaternaire que l'on rencontre
sur les coteaux d'Abbeville sont ceux de Moulin-Quignon et de Saint-
Gilles, sur la rive droite de la Somme; à ces dépôts en correspondent
d'autres semblables du côté opposé de la vallée.
» A Saint-Gilles le terrain quaternaire n'existe que par lambeaux assez
faibles, souvent même il n'y est qu'à l'état rudimentaire. Si l'on veut l'étu-
dier avec quelque fruit, c'est à Moulin-Quignon qu'il faut se transporter.
( io/,3 )
Voici la coupe que l'on peut prendre actuellement dans la carrière de
M. Denjean :
» i° Terre végétale, om,4°;
» 2° Lœss, composé par le lœss lui-même, mélangé à des silex anguleux
et quelquefois à des silex roulés, ayant une légère couleur ocreuse, im,3o;
» 3° Couche argilo-sableuse quelquefois assez dure, légèrement brune,
om,o5 ;
» 4° Alternances de sable gris et rouge, avec débris de silex non angu-
leux, quelquefois assez développés, om, io ;
» 5° Couche de sable argileux assez fortement cimenté pour être brisé
avec effort assez violent, om,4o;
» 6° Conglomérat gris, avec silex de toute dimension, dont quelques-
uns sont incomplètement roulés, om,4o;
» 70 Conglomérat rouge ocreux, avec silex mieux roulés, mais assez
difficile à distinguer au premier coup d'œil du précédent quant aux silex
roulés ; épaisseur variable, quelquefois i mètre;
» 8° Couches argilo-sableuses dont la supérieure est rouge et l'inférieure
jaune et quelquefois grise, ora, 06 environ ;
» 90 Conglomérat rouge avec des silex incomplètement roulés et sub-
anguleux, contenant par places la couche noire où a été découverte la
mâchoire humaine ;
» io° Craie.
» Disons-le tout de suite, l'étude très-attentive de cette couche et de celle
de Saint-Acheul à Amiens, ainsi que la comparaison de toutes les coupes de
ces deux couches données jusqu'ici, m'avait fait penser que Moulin-Qui-
gnon et Saint-Acheul, occupant le sommet des coteaux à Abbeville et à
Amiens, étaient des couches exactement semblables. Je trouvais seulement
à Moulin-Quignon les couches supérieures de Saint-Acheul représentées à
l'état rudimentaire, tandis que les couches inférieures avaient autant de
développement dans l'une que dans l'autre localité. Je crois que tout
géologue qui étudiera minutieusement ces couches ne pourra pas s'empê-
cher d'admettre l'exactitude de ce rapprochement.
» Ce sont les couches 6, 7 et 9 qui ont fourni les silex supposés taillés
de main d'homme, et les ossements de mammouth et de rhinocéros.»
» Au-dessous des couches de Moulin-Quignon, en descendant le coteau,
nous en trouvons de plus récentes, telles que celles de Manchecourt, con-
tenant aussi des silex taillés et des ossements d'animaux d'espèces éteintes.
i36..
( io44 )
Mais les bancs diluviens de Manchecourt présentent une alternance de dé-
pôts marins et de dépots d'eau douce, ce qui n'existait pas pour Moulin-
Quignon où tout est d'eau douce.
» Enfin, dans le fond de la vallée existent les alluvions actuelles de la
Somme et les tourbières qui, par les fragments qu'elles contiennent, sont
bien contemporaines et de formation récente. »
En recevant des mains de M. de Quatrefages la Note de M. Garrigou,
M. Eue de Beaumont rappelle que dans les dernières séances, ainsi qu'il
l'a positivement remarqué, il n'a pas parlé d'animaux, ni de Saint-Acheul,
faubourg d'Amiens, mais seulement de la carrière de Moulin-Quignon :
« Hoc opus, hic lubor est. »
TECHNOLOGIE. — Sur un procédé d'argenture à froid du verre, par l'emploi du
sucre interverti ; Note de M. A. Martin, présentée par M. Le Verrier.
« Parmi les nombreux procédés d'argenture, celui qui semblait le mieux
s'appliquera la construction des télescopes en verre est le procédé Drayton,
tel qu'il a été décrit par M. Léon Foucault, avec des détails très-précis, dans
le tome V des Annales de l'Observatoire impérial. Toutefois, ce procédé exi-
geant une très-grande habileté de la part de l'opérateur, il y avait lieu de
rechercher une méthode qui, par sa simplicité et sa sûreté, pût devenir
populaire.
« Après avoir étudié et expérimenté avec soin tous les procédés connus
(aldéhyde, sucre de lait, glucosate de chaux, etc.), je suis arrivé à en adopter
un cpii, par la facilité de sa mise en œuvre d'une part, et de l'autre par
l'adhérence et la constitution physique de la couche d'argent déposée, me
paraît remplir toutes les conditions désirables.
» On commence par préparer :
» i° Une solution de 10 grammes de nitrate d'argent dans ioo grammes
d'eau distillée ;
» 20 Une solution aqueuse d'ammoniaque pure marquant i3 degrés a
l'aréomètre de Cartier;
» 3° Une solution de 20 grammes de soude caustique pure dans
5oo grammes eau distillée;
» 4° Une solution de 25 grammes de sucre blanc ordinaire dans
200 grammes eau distillée. On y verse 1 centimètre cube d'acide nitrique
à 36 degrés, on fait bouillir pendant vingt minutes pour produire Tinter-
( io45 )
version, et on complète le volume de 5oo centimètres cubes à l'aide d'eau
distillée et de 5o centimètres cubes d'alcool à 36 degrés.
» Ces liqueurs obtenues, on procède à la préparation du liquide argen-
tifère. On verse dans un flacon 12 centimètres cubes de la solution de nitrate
d'argent (i°), puis 8 centimètres cubes d'ammoniaque à i3 degrés (20), enfin
20 centimètres cubes de la dissolution de soude (3°); on complète par
60 centimètres cubes d'eau distillée le volume de 100 centimètres cubes.
» Si les proportions ont été bien observées, la liqueur reste limpide, et
une goutte de solution de nitrate d'argent doit y produire un précipité per-
manent; on laisse reposer, dans tous les cas, pendant vingt-quatre heures,
et dès lors la solution peut être employée en toute sécurité.
» La surface à argenter sera bien nettoyée avec un tampon de coton im-
prégné de quelques gouttes d'acide nitrique à 36 degrés, puis elle sera lavée à
l'eau distillée, égouttée et posée sur cales à la surface d'un bain composé de
la liqueur argentifère ci-dessus indiquée que l'on aura additionnée de ~ à y?
de la solution de sucre interverti (4°).
» Sous l'influence de la lumière diffuse, le liquide dans lequel baigne la
surface à argenter deviendra jaune, puis brun, et au bout de deux à cinq mi-
nutes l'argenture envahira toute la surface du verre; après dix à quinze mi-
nutes, la couche aura atteint toute l'épaisseur désirable, il n'y aura plus
qu'à laver à l'eau ordinaire d'abord, puis à l'eau distillée, et on laissera
sécher le verre à l'air libre en le posant sur la tranche.
» La surface sèche offrira un poli parfait recouvert d'un léger voile blan-
châtre. Sous l'action du moindre coup de tampon de peau de chamois sau-
poudré d'une petite quantité de rouge à polir, ce dernier voile disparaîtra et
laissera à nu une surface brillante que sa constitution physique rend émi-
nemment propre aux usages de l'optique auxquels elle est destinée. »
analyse mathématique. — Sur la théorie algébrique des formes homogènes du
quatrième degré à trois indéterminées; Note du P. Joubert, présentée par
M. Hermite.
« La théorie des courbes du quatrième degré a été dans ces dernières
années l'objet d'études persévérantes de la part de plusieurs savants distin-
gués, les uns se plaçant principalement au point de vue de la géométrie
pure, comme MM. Chasles et de Jonquières, les autres au point de vue de
l'algèbre. Parmi ces derniers, nous devons citer M. Hesse et M. Clebsch,
dont les travaux nous semblent doublement importants; car en même
temps qu'ils ouvrent la voie à la découverte des propriétés géométriques
( io46 )
de ces courbes, ils mettent en évidence l'existence de plusieurs éléments
analytiques essentiels, sans lesquels on ne peut établir la théorie algébrique
des fonctions homogènes du quatrième degré. On ne peut mettre en doute
qu'on parvienne un jour à rapprocher ces deux points de vue d'une manière
plus intime qu'on ne l'a fait jusqu'à présent, en sorte que les notions algé-
briques si multipliées, qui se rapportent aux fonctions homogènes d'un
degré déterminé à trois variables, aient leur signification parfaitement
déterminée en géométrie. C'est dans cette intention que je n'ai pas cru
inutile de mettre à profit les moyens d'investigation qui nous ont été donnés
principalement par M. Cayley et M. Sylvester, pour compléter en quelque
point la revue des éléments algébriques qui doivent entrer nécessairement
dans la théorie des formes du quatrième degré.
» Déjà M. Salmon, dans son excellent ouvrage (Lessons on higher Algebra .
en avait indiqué plusieurs: après les avoir retrouvés, nous nous sommes en
particulier préoccupé de rechercher si l'on pouvait être parfaitement certain
de l'existence de contrevariants et de covariants de degré impair, et surtout
du premier degré. Il ne peut être douteux que ces expressions aient une
signification géométrique importante dans la théorie des courbes du qua-
trième degré; mais sans nous arrêter à ce point de vue, le rôle qu'elles
jouent en algèbre justifiera, il nous semble, les longs calculs que nous
avons dû entreprendre pour établir en effet leur existence. En arithmé-
tique, la notion des covariants linéaires conduit à une solution immédiate
du problème de l'équivalence de deux formes : en algèbre, on en déduit
une transformée de toute forme donnée en une autre dont les coefficients
sont des invariants. On voit, sans que j'aie besoin de m'étendre davantage,
les motifs qui m'ont engagé dans la recherche dont je vais présenter dans
cette Note les principaux résultats.
» On sait que x3 -h y3 -+- z3 + Glxyz est la forme canonique pour le
troisième degeé : l'analogie nous a conduit à adopter provisoirement,
comme forme canonique, dans le cas actuel :
F = x\-hy* + s4-f 6ay2z2-h 6pz2x- + Gy.r2jr
-+- 12XX2 yz -+- xiy.xy^z -+- iivxyz".
» Nous avertissons, avant de commencer, que les variables seront repré-
sentées, conformément à l'usage, par x, y, z dans le cas d'un covariant,
et par |, vj, 'Ç dans le cas d'un contrevariant. De plus, nous désignons par
des numéros d'ordre les diverses fonctions dont nous avons à faire l'énu-
mération. la première est le Hessien, dont voici la valeur :
( 'o47 )
I.
X"
0-À
y*z'
xy — u.
2 scX — i «'
4 av
2 (3u — 4 '■'
2 7'J — 4 Xu
2a>-4f
2 Sot— 4>,v
xf
2 yii — 4 \<*
7+2j3-3227
U- 3 x i*3 — 4 "2
fc+fty — 3a(52
4-3pv3— 4 "a3
x'i;
j;) "'3
6).î-4xA
— <juv— G67/
6, a2— 4 (3a
— 4X11 — Sayp.
s+ay-3e7:
+ 3V).2-4y.:
.n :.'
(3 + ay — 3?.3S
7+a(3-36-7
a+p7 — 3ay2
+ 37/,'- 4 >,2
2A — Ga'X
+I2ativ
2a- 6S:u.
+ 1 2 BXv
ij — Gy3v
-+- 1 2 yku.
6v3-4yv
— 4Xu — GaSv
.r)- :
-6yf/+6a|3a
+12 RV2
-6av+G(3yv
+ 12 A2 v
r..r'J r"
xz2y*
yx'y
— 6pX+6ayX
+ I2).y.2
— 6fSv+6ayy
+I2R2v
— 6yX+6«pX
+ I2).V3
-6aa-|-667(«
+ I2Va
u Les
i — 3a3 — 3|53 — 3yI + i8aPy + I83ip
deux contrevariants suivants ont été obtenus par les méthodes
connues.
II.
w
n'
V
-r 1
+ 3 a3
+ i
+ 3S3
+ 1
+ 373
4 "a
■lis' A
- 6 'J U.V
12(3X
?5?
Pu
;3»
£3 >.
/, ' ;
— I2'/fA
I 2 5CÏ
— 1 2 y A
— 1 2 M
— 12 (5v
»sç2
ÇSÇ2
?V
?V:
H2ïï
+ 6a
-rbp/
4- 12X3
+ 6(3
+ 6 «7
+ 1 2 y.'
+ (>7
+ 6aS
+ I2V2
+ 24 «X
— 1 2 y.v
+ 2i(3y.
— 1 2 ) V
<'::
"3 -
?V
.,2 vi
7
+ GaS
— 3 6'y
+ GS7
- 3a72
+ 6x7
— 3 a3 (3
+ 6xy
- 3,Çy2
— I 2 $12
- 9'"
— 127U.3
— 9?-3
— 1 2 zv:
— 9.u-:
-12 y).3
t «
- 24 7«
■ I2Xa
III.
>i5ï
SSS
?a'i
ïî?s
??s
ïr;1
— 2À + 6S2X
— 2a+673u
— 2v + 6a2v
— 2A + GX73
2fA + 6z2f/.
— 2 v + 6 62 v
Ç.g<
çV
7
a
+ 6 «S
+ 6 £7
— 3sc3y
— 3aS3
- gv-
— 9^
— 12a u*
-12 Sv3
„=£> •
Ç3£3
I5»5
— 1 2 k).
— 1 2 Sot
— I 2 7V
+ i2,2yX
+ I207K
+ 1 2 a(3v
+18 rv
+ l8Xï
+ 18)0.
+ 8 À3
+ Sa3
+ 8v:
rra
Ç'Ç*i
WC
ri'-:V
«V
KV
«?3<;3
■CrrV
4«
— I 2 S3 (A
- 6SXv
4v
-I2 7!V
- 67Xr
Gaa
- Gf_7f-
+3o 7AV
— 1 2 À3 a
G(3v
— 6«7-j
+3o aA«
I2!A2V
67).
- 6a£X
+3op>v
— 72XïS
6 a-,
— GÊy-j
+ 3o (3X«
-J2X3v
6 S'a
— G ayA
+3o 7p
— I2)ti3
G y u
— G a(3a
+3o aXv
— iajAï:
SVÇ3
, _ 3 7} - 3 (52 - 3 73 - 3o aX2 - 3o Sa2 _ 3ov,,= + 43 Kpy + 48 Xp
( io48 )
» En faisant opérer TI sur F, on obtient l'invariant cubique
i + 3 or2 4- 3/324- 3 y2 -+- ôtzfiy 4- ï-iak2 4- \i[i\û- -+- isyv2 — i^Xp-v;
et, en faisant opérer F sur 111, on obtient un contrevariant quadratique
du quatrième degré par rapport aux coefficients.
IV.
3a4-4 ^7 — 3 a3 + 5 x6= + 5 37»
- 2<xs V/ — 8 (3vJ — 8 y/- — 1 7 a' V
-20 3tj3p! —20 -J.-/J' + ^9. a'/.y,v
4-).2 — i2(jrv2
2>)Ç
- X — iirt!>+3fr!).-[-3y->
-22<x(3X4- igapi
- g Py-py — 4 a) " -j- 2 f3) .«-' + 2 7/.V2
+ 4'A>v
3 p 4- 4 37 - 3 63 + 5 p7s+ 5 p«5
-h 2 «p5 7-8 7V — 8 3tv2 — 1 7 p2 p2
—20 hyj- — 20 (id-A2 + 32 p\j.-j
+ u.2 — iaX'v"
— fi — 1 1 (52 a + 3 7S p. 4- 3 z y
+22 «P7(i + 1 9 Vi-j
4- gzyXv — 4 Pp3 4- 2 7[*vJ 4- 2 aX5 u
4 4 V-" "
3y4-4a& — 3734-57z24-:>ï -,
4- 2<xp72 — 8 zy.: — 8 6'a- — 1 7 -f -
— 20 cr/X2 — 20 p7p.2 4- 32 7/p
4-v2 — iaVft"
— -11 — ii7Jv4-3«sv4- >'Vv
+22 «^711 4- 1 9 7V
4- gap/u — 4 yv 4- 2 kX*v -t- a '
4-4>.av:
» On obtient encore ce même contrevariant en faisant opérer le contre-
variant biquadratique II sur le concomitant mixte :
S
■4
d'F
dx*
d-F
dx dy
d"-F
dxdy
d2F
'(Y1
d-F
dx dz
rf'-F
dydz
d"-F
dx dz
d*F
dydz
d2F
dz2
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches concernant les fonctions des vaisseaux .
Note de M. Gris, présentée par M. Brongniart.
« Les botanistes sont loin d'être d'accord sur le rôle physiologique qu'on
doit attribuer aux vaisseaux ponctués, rayés, ou aux vaisseaux proprement
dits du bois.
» Adrien de Jussieu et Achille Richard, dans leurs Traités classiques de
Botanique, admettent qu'au printemps, les vaisseaux charrient de la sève,
mais deviennent plus tard des vaisseaux aériens.
v '^9 ;
» M. Ad. Brongniart, se fondant sur ses propres observations et sur les
rapports manifestes qui existent entre la structure plus ou moins vasculaire
des tiges et la plus ou moins grande quantité de sève qui les parcourt, pro-
fesse depuis longtemps au Muséum que les vaisseaux, au moins à certaines
époques de l'année, sont les conduits naturels de la sève.
» Enfin, dans un ouvrage récent et qui est aujourd'hui entre les mains
de tous les amis de la science, MM. Decaisne et Naudin assignent en termes
tres-précis le même rôle physiologique aux éléments vasculaires des tiges
dont il est ici question.
» Mais cette manière de voir ne paraît point être celle de la plupart des
botanistes allemands, qui admettent qu'une fois formés les vaisseaux ne
charrient plus que de l'air. Cette opinion a du reste été soutenue en 1 858 ,
au sein de la Société Botanique de France, par MM. Payer et Guillard.
n Si les avis sont partagés sur une des questions les plus fondamentales
de la physiologie des végétaux, cela tient sans doute à l'insuffisance des
moyens d'investigation et aux causes d'erreur inhérentes au mode de pré-
paration des vaisseaux. Il m'a donc paru utile de faire connaître un moyen
facile de démontrer la présence de la sève dans ces organes.
» Ce moyen c'est remploi de la liqueur de Fehling. Cette liqueur, très-
usitée pour déterminer la présence du glucose, et dans la constitution de
laquelle entrent le sulfate de cuivre , la lessive de soude, le tartrate de soude
et de potasse , et l'eau, dans des proportions déterminées, conserve sa limpi-
dité lorsqu'on la soumet à l'ébullition ; mais si on ajoute à cette dissolution
bouillante une très-petite quantité de glucose, il se fait un précipité rouge
d'oxydule de cuivre qui, observé sous le microscope, est formé de grumeaux
assez petits dont la coloration est d'un brun foncé presque noir.
» Si au lieu de glucose on a fait tomber dans la liqueur quelques gouttes
de sève, on observera le même précipité rouge d'oxydule de cuivre.
» Enfin , que l'on plonge pendant quelques instants dans cette même
liqueur bouillante des fragments épais de bois de châtaignier, de bouleau,
de peuplier, de cytise, etc., comme je l'ai fait au commencement de ce
printemps, et que dans l'épaisseur de ces fragments on pratique de minces
coupes propres à l'observation microscopique, on pourra s'assurer aisément
qu'un abondant précipité d'oxydule de cuivre tapisse la face interne des
gros vaisseaux, en sorte que leur trajet dans Fépais?eur des couches
ligueuses est indiqué même à l'œil nu ou à l'œil armé d'une simple loupe
par des filets rougeâtres très-visibles.
» Comme ce même précipité est généralement très-abondant dans les cel-
C. R , i8G3, i" Semestre. (T. LVI, IV° 22.) l^7
( io5o )
Iules des rayons médullaires, je crois pouvoir conclure de celte expérience
que les vaisseaux dits lymphatiques contiennent (au printemps au moins)
une sève d'une constitution très-analogue, sinon identique, à celle qui se
trouve dans les éléments cellulaires des mêmes tiges, et que le précipité
d'oxydule de cuivre est probablement déterminé de part et d'autre par la
présence du glucose dans ces mêmes éléments.
» J'ai soumis à l'influence du même réactif, et dans des conditions que je
signalerai bientôt, les vaisseaux qui entrent dans la constitution de certaines
plantes herbacées. J'aurai prochainement l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie le résultat des recherches que je complète en ce moment. Je me con-
tenterai de signaler aujourd'hui seulement ce fait remarquable que la spiri-
cule des vaisseaux réticulés, annulaires, spiro-annulaires, etc., offre dans
son intérieur un précipité rouge formé de petits grumeaux d'un brun noi-
râtre (lorsqu'on les observe sous un fort grossissement) et qui parait iden-
tique à celui que j'ai signalé plus haut.
» Ce phéifomène, remarquable au double point de vue de l'anatomie et
de la physiologie, me paraît être une heureuse confirmation des idées de
M. Trécul sur la structure de ces spiricules. »
chimie ORGANIQUE. — Note relative à la réaction du chlorure de benzoïle sur
l'indigotine et l'isatine; par M. Alf. Schwartz.
« J'ai fait réagir en excès du chlorure de benzoïle sur de l'indigotine
cristallisée et pure, obtenue par le procédé de M. Fritzsche.
» En chauffant ces deux corps au bain d'huile à 180 degrés, j'ai vu la
matière colorante se transformer peu à peu en une substance brune, en
même temps qu'il se dégageait de l'acide chlorhydrique. Ce produit diffère
de l'indigotine par la substitution de i atonie de benzoïle à i atome d'hy-
drogène, et s'est formé comme le montre l'équation
C8H5AzO -+- C7H5OCl = CI H + C8H4(C7ll50)AzO.
» Pour l'isoler, il suffit de chasser par distillation la plus grande partie
du chlorure de benzoïle employé en excès, et de laver un grand nombre de
fois le résidu, d'abord à l'eau bouillante chargée de carbonate de soude,
puis à l'eau bouillante seule. Il reste après ces traitements une niasse d'un
brun foncé, friable à froid et se ramollissant à 100 degrés, fusible à
1 08 degrés, insoluble dans l'eau et l'acide acétique, un peu soluble dans
l'alcool bouillant et assez soluble dans l'éther.
» L'acide sulfurique dissout facilement la benzoïle indigotine; l'eau la
reprécipite intacte de cette solution A 240 degrés, elle commence à se dé-
( io5i )
composer, en dégageant d'abord des vapeurs blanches, puis d'abondantes
fumées jaunes. Cette matière que je n'ai pu obtenir cristallisée, étant séchée
à 140 degrés, a donné à l'analyse les résultats suivants :
« I. ogr,42a de matière ont donné igr, 180 d'acide carbonique et ogr, i54
d'eau ;
» II. osr, 263 de matière ont donné ogr, 742 d'acide carbonique et
ogr,o88 d'eau;
» III. ogr, 253 de matière ont donné d'acide carbonique et
ogr, 087 d'eau;
» IV. ogr,422 de matière ont donné 10,8 centimètres cubes d'azote à
22 degrés et ogr,745 de pression;
» Nombres qui conduisent à la formule C'H'AzO2 :
Théorie.
„ . I. II. Ut. IV.
C" 180 76,59 76,26 76,36 » »
H» 9 3,82 4,o5 3,68 3,82 '
Az i4 5, g5 >> » » 5,67
0! 32 i3,64 » » » »
235 100,00
» En chauffant le chlorure de benzoïle avec l'isatine on obtient un pro-
duit analogue se formant d'après l'équation
C8H5Az02 + C7H5OCl =C1H + CH4 (CH50)Az02.
» Pour le purifier, on le traite de la même manière que le produit obtenu
avec l'indigotine. Après ces traitements il reste une masse d'un brun foncé,
différant peu par ses propriétés du produit de l'indigotine.
« Cette matière est insoluble dans l'eau, assez soluble dans l'alcool,
l'éther, la soude et l'acide acétique. L'acide sulfurique dissout aisément la
benzoïle isatine; l'eau la reprécipite de cette solution ; elle se décompose à
23o degrés, en dégageant d'abondantes fumées jaunes. Séchée à i4o degrés,
elle a donné à l'analyse les résultats suivants :
» I. ogr,3o,6 de matière ont donné igr,o36 d'acide carbonique et ogr, 124
d'eau;
» Nombres qui conduisent à la formule C,5H9 AzO* :
Théorie.
C" 180 7')7! 7 1 ,34
H» 9 3,58 3,47
Az i4 5,57 »
03 48 19,14
25 1 100,00
.37..
( io5a )
» Ces recherches ont été faites, sous la direction de M. Schutzenberger.
an laboratoire de l'École professionnelle de Mulhouse. »
M. Oré, qui avait adressé au concours pour le prix de Physiologie de
i863 des « Recherches expérimentales sur l'introduction de l'air dans
les veines », exprime le désir que son travail ne soit plus compris parmi
les pièces de concours, mais puisse devenir l'objet d'un Rapport spécial.
Le Mémoire de M. Oré sera renvoyé à l'examen d'une Commission com-
posée de MM. Milne Edwards, Velpeau et Longet.
M. IVauck, professeur de mathématiques à l'Institut d'éducation d'Hofwil,
près Berne, annonce l'intention de soumettre au jugement de l'Académie
un Mémoire sur les équations du troisième degré, et demande s'il doit le
rédiger en français ou en allemand.
L'Académie préfère que les Mémoires qui lui sont soumis soient écrits
en français : on le fera savoir à M. Nauck.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B.
BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du i5 mai 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Thèses présentées à la Faculté des Sciences de Paris pour le doctorat es
sciences physiques , par M. François Raoult, professeur de Physique au
Lycée impérial de Sens.
ire Thèse. Etude des forces électromotrices des éléments vollaupies.
2e Thèse. Propositions de chimie données par la Faculté. Paris, 1 863 ;
br. in-4°.
Du climat de l'Espagne sous le rapport médical; par Edouard Ca/.kn.we,
docteur en Médecine, etc. Paris, [863 ; i vol. in-8°.
La Vérité dans les Sciences physiques ; par G. ROBLET, d'Épinal. Epinal,
i863; br. in-8°.
De la meilleure manière d'extraire la pierre hors de la vessie; par André
Uyherhoeven. Bruxelles, i863; br. in-8°.
( io53 )
Études complémentaires, sur la loi du travail appliquée au traitement de l'alié-
nation mentale; par J.-B.-P. Brun Séchaud, docteur-médecin. 3e Mémoire.
Limoges, 1 863 ; br. in-8°.
Essai sur l'hygiène publique considérée dans ses rapports avec l'instruction
primaire ; par Je Dr Demarquette. Douai, i863; in-8°.
Preuves tératologiques de la construction vertébrale et de ta dualité de (a tête;
par M. A. Lavocat, professeur à l'École impériale de médecine vétérinaire
de Toulouse, etc. Toulouse, 1 863 ; br. in-8°.
Recherches d'anatornie comparée sur l'appareil temporo-jucjal et palatin des
vertébrés (nouvelle édition); par le même. Toulouse, 1 863 ; br. in-8°.
First, second and third Reports... Premier, deuxième et troisième Rapports
faits à la Division commerciale par la Commission des Boussoles de Liverpool;
années i855-i86o. Présentés par ordre de Sa Majesté aux deux Chambres
du Parlement. Londres, 1857-1862; 2 vol.
Second number... Second numéro des Mémoires météorologiques publiés
par l'autorité de la Division commerciale. — Table des traversées et instructions
générales pour les passages. Londres, 1 862 .
Eleventh number... Onzième numéro des Mémoires météorologiques, arrangés
par le vice-amiral Fitzroy, publiés par ordre de la Division commerciale.
(Appendice au Rapport.)
Arrangements... Arrangements pris pour la télégraphie météorologique.
Londres, 1862; in-8°. (2 exempl.)
Reports... Rapport du Bureau météorologique de la Division commerciale;
( 1862-1863) présentés aux deux Chambres. Londres, 1 862-1 863; 2 br. in-8°.
Barometer Manual... Manuel barométrique [Division commerciale), pré-
paré par le vice-amiral Fitzroy; 7e édition. Londres, i863; in-8°. (2 exempl.)
Coast or Fishery... Manuel barométrique pour les côtes ou les pêcheries
[Division commerciale), préparé par le vice-amiral Fitzroy. Londres,
1 863. ( 2 exempl. )
The Veather book... Manuel de Météorologie pratique ; par le vice-amiral
Fitzroy; 2e édition. Londres, 1 863; 1 vol. in-8°.
Verhandlungen... Mémoires de la Société d'Histoire Naturelle et de Méde-
cine d' H eidelb erg. Vol. III, ire livraison ; in-8°.
L'Académie a reçu dans la séance du 1"' juin 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Essai sur la constitution des corps célestes; par E.-E. REGNEAULT. Nancy,
1 863 ; in-8°. (Renvoyé à la Section d'Astronomie.)
( io54 )
Propositions sur les tremblements de terre et les volcans, formulées par
M. Alexis Perrey, adressées à M. Lamé, Membre de l'Institut. Paris, i863 ;
111-80.
Etude chimique et médicale des eaux sulfureuses d'Ax (Ariége); par Félix
Garrigou. Paris et Toulouse, 1862; in-8°.
Intorno... Sur la recherche d'un remède efficace contre la pébrine des vers
à soie; Mémoire du Dr Gins. Rotta, en réponse à une question mise au con-
cours par le Conseil général de l'Isère. Varallo, 1 863 ; 1 feuille in-8°.
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE MAI 1865.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des Sciences; \" se-
mestre i863, noa 18 à aï ; in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BOUSSINGAULT, REGNAULT ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Phy-
sique publiés à l'étranger, par MM. Wurtz etVERDET; 3e série, t. LXVIII,
mai i863; in-8°.
Annales de l'Agriculture française ; 5e série, t. XXI, n° 8; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques ; 22e année, t. II, avril 1 863 ; in-8°.
Annales de la Société d'hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances; t. IX, 10e livraison ; in-8".
Annales médico-psychologiques ; 4e série; t. I, n°3, mai i863; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; n° 208; mai i863; in-8°.
Annales de rÉlectrothérapie; ire année, i863; n° 1, janvier, et n° 2, avril;
111-80.
Atti délia Società italiana di Scienze naturali; vol. V, fasc. 1 (f. 1 à 3).
Milan ; in-8°.
Atti dell'imp. reg. Institulo Vcneto di Scienze, Lettere ed Arti,- t. IX,
4e livr. Venise, in-8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse; t. XVI, n° 64. Genève; in-8°.
Bulletin de la Société géologique de France; t. XX, feuilles 6 à 12, in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, n° i4; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. ; avril 1 863 ; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique ; 2e série, t. VI, nos 1 ,
2 et 3; in-8°.
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d Agriculture de France;
2e série, t. XVIII, n°9 5 et 6; in-8°.
( .o55 )
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé pai
MM. Combes et Peugot; 2e série, t. X, mars i863; in-4°.
Bulletin de la Société française de. Photographie; cf année, avril 1 863 ;
in-8°.
Bulletin des travaux de la Société impériale de Médecine de Marseille; 7e an-
née; n° 2, avril i863; in-8°.
Bulletin de l' Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique ; 32e année, 2e série, t. XV, nos 3 et 4? in-8°.
Bulletin de la Société d'Acclimatation et d'Histoire naturelle de l'île de la
Réunion; t. I, n° 2; avril 1 863. Saint-Denis (Réunion) ; in-8°.
Bulletin du Laboratoire de Chimie scientifique et industrielle de M. Ch. Mené;
mai 1 863. Lyon; in-8°.
Butleltino meteorologico dell' Observatorio del Collegio romano; vol. II, nos n.
8 et 9. Rome; in-4u.
Catalogue des Brevets d'invention ; année 1862; n° 11; in-8°.
Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 1 2e année, t. XXII, nos 1 8 à 22; in-8°.
Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle. Livraisons 1 53 à
1 59 ; in-4°.
Gazette des Hôpitaux; 36e année, nos 5oà6i ; in-8°.
Gazette médicale de Paris; 33e année, t. XVIII, nos 18 à 22; in-40.
Gazette médicale d'Orient; 6e année, avril i863 ; in-4°.
Il Nuovo Citnento Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle;
t. XVI, octobre et novembre 1862. Turin et Pise; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique; 27e année, i863, nos 9 et 10; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4e série,
mai i863;in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. IX, avril
j 863 ; 111-80.
Journal de Pharmacie et de Chimie; 22e année, t. XLI, mai 1 863 ;
in-8°.
Journal des Vétérinaires du Midi; 26e année, t. VI, mai 1 863 ; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, n05 12
à 1 5 ; in-8°.
Journal d'Agriculture de la Càte-d'Or ; mars 1 863 ; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées ; 2e série, mars 1 863:
in-4°.
( co56 )
Journal de Médecine vétérinaire militaire,- t. I, n° 12, mai i863; in-8°.
Journal desjabricants de sucre; 4e année, nos 3 à 8; in-4°-
L Abeille médicale; 20e année; nos 17 a 21 ; in-4°-
L Agriculteur praticien; 3e série, t. IV, nos i4 à 16; in-8°.
L'Art dentaire; 7e année, nouvelle série; mai 1 863 ; in-8°.
LArt médical; cf année, t. XVII, mai i863; in-8°.
La Culture; 4e année, t. IV, n05 21 et 22; in-8°.
La Lumière; 1 3e année, n05 8, 9 et 10; in-4°-
La Médecine contemporaine; 5e année, nos 8, 9 et 10; in-4°-
La Science pittoresque ; 8e année; nos 1 à 5; in-4°-
La Science pour tous; 8e année; n°9 22 à 25 ; in-4°.
Le Gaz; •f année, n° 3; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie ; 3e année, nos 4 et 5, avec la table des
matières contenues dans le 2e volume; in-4°.
Le Technologiste ; 24e année, mai i863;in-8°.
Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications aux
Arts et à l'Industrie; 1" année, t. I, livraisons 12 à 16; in-8°.
Magasin pittoresque; 3 Ie année ; mai 1 863 ; in-4°.
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; 6e année, t. X; mai
■ 863; in-8°.
Monatsbericht. . . Compte rendu mensuel des séances de t Académie royale
des Sciences de Prusse; novembre et décembre 1862, janvier et février i863;
in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres,
vol. XXIII, n°6; in-12.
Nouvelles Annales de Mathématiques; 2e série; mai i863;in-8°.
Pharmaceutical Journal and Transactions ; 2e série, vol. IV; n° 11; in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; année 1 863, t. Ier, nos9et 10; in-8°-
Répertoire de Pharmacie ; t. XIX; mai i863; in-8°.
Revista de obras publicas. Madrid ; t. XI, nos 9 et 10; in-4°-
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; 3oe année, n°*9 et 10; in-8".
Revue maritime et coloniale; t. VII, mai i863; in-8°.
Revue viticole ; 5e année; n° 4> avril 1 863 ; in-8°.
The American journal of Science and Arts; n° io5, mai 1 863 ; in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 8 JUIN 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE terrestre. — De ta détermination des températures à de (/rondes
profondeurs dans la terre avec le thermomètre électrique ; par M. Becquerel.
(Extrait.)
« Le soleil lance continuellement sur la terre des rayons lumineux et calo-
rifiques, variant d'intensité avec la latitude; les effets calorifiques qui en résul-
tent sont sensibles dans les couches superficielles jusqu'à la profondeur où se
trouve une couche à température constante, dite invariable, au-dessous de
laquelle la température va enaugmentant, sur la même verticale, en moyenne
et en nombres ronds, de i degré par 3o mètres, en ne tenant point compte
par conséquent de la nature des terrains, de leur conductibilité et d'autres
causes encore; mais comme dans la même formation, pour un accroisse-
ment égal de température, la profondeur varie du simple au triple et même
au delà, ce rapport n'est donc pas l'expression d'une loi.
» Le thermomètre électrique permet d'étudier toutes les questions rela-
tives à la distribution de la chaleur depuis le sol jusqu'à de grandes profon-
deurs, puisque l'on peut observer la température à moins de -fa de degré
près à des distances aussi rapprochées qu'on le désire.
» Pour calculer l'accroissement de température au-dessous de la couche
invariable, comme on ne connaît pas la plupart du temps la température de
cette couche et sa distance au sol, on prend pour l'une la moyenne du lieu
qu'on suppose lui être égale, et pour point de départ de l'autre, le sol.
C. E., i863, 1" Semeure. (T. LVI, N° 25.) ■ 38
( io58 )
» La moyenne du lien étant rarement connue, on y substitue la tempé-
rature des puits qui ne la représente pas toujours exactement, puisque,
d'après les observations de M. L. de Bncb. la température des sources
paraît dépendre de la saison des pluies, de la quantité d'eau tombée et de la
nature des terrains; dans les pays à pluies d'été, la température est plus
élevée que la moyenne; dans les pays à pluies d'hiver, le contraire a lieu.
» D'un Autre côté, quand on fait abstraction de la distance de la couche
invariable au sol, on s'éloigne d'autant plus de la vérité que la distance
est moindre; la méthode en usage ne donne donc que des valeurs appro-
chées.
>> M. Cordier a mis hors de doute l'influence de la nature du terrain et
de sa conductibilité sur la distribution de la chaleur; en comparant les oh-
servations faites dans trois mines de houille, il a reconnu qu'il y avait un
accroissement de r degré pour une profondeur de 36 mètres à (.'.anneaux,
de 19 mètres à Littry, et de i5 mètres à Decize.
» MM. Arago et Walfenlin ont constaté de leur côté que, dans le puits
foré de l'abattoir de Grenelle, jusqu'à la profondeur de 548 mètres, dans le,
terrain du bassin tertiaire de Paris, composé d'atterrissements, de calcaire
grossier, d'argile plastique, de craie et de sable vert, il y avait : de 28
à 66 mètres, 1 degré d'accroissement par 3i mètres; de 66 à 173 mètres,
1 degré par 3o mètres; de 173 à 248 mètres, 1 degré par 20 mètres; de 248
à 298 mètres, 1 degré par 22 mètres; de 298 à 400 mètres, 1 degré par
62 mètres; de 4oo à 5oo mètres, 1 degré par 38m,9; de 5oo à 548 mètres,
1 degré par 3i mètres: en moyenne, i degré par 3i mètres.
» On voit par là que dans une même formation et dans un même lieu,
pour uu accroissement de 1 degré de température, la profondeur peut varier
de 1 à 3.
« Parmi les exemples remarquables d'accroissement de température avec
la profondeur que je rapporte dans mon Mémoire, je mentionnerai seule-
ment ici les résultats obtenus dans le puits foré de Neuffen (Wurtemberg),
ayant 338 mètres de profondeur, et dans lequel on a trouvé' 1 degré
d'accroissement pour 10 mètres de profondeur. M. Daubrée, qui a étudié
avec soin les causes de cet accroissement rapide, l'attribue non à des causes
météorologiques ou à des propriétés physiques du sol, mais bien à la cha-
leur d'origine des basaltes de la localité, non encore entièrement dissipée.
Ce qui tend à confirmer cette opinion, c'est l'observation qu'il a faite que
les sources du Kaisersthal ont une température plus élevée que celles de
tout le pays environnant; il se pourrait aussi que ce fût là une des causes
( lo59 )
pour lesquelles le climat de cette contrée est plus doux cpie les climats de
Fribourg, de Karlsruhe et de Mannheim.
» On a du reste des preuves de l'extrême lenteur avec laquelle les roches
volcaniques de formation récente se refroidissent, puisque Dolomieu a
trouvé au Vésuve des masses de laves sorties depuis dix ans, qui avaient
encore une chaleur sensible.
» M. Élie de Beaumont a vu également sur l'Etna une coulée de lave, s'é-
levant de 10 à i5 mètres au-dessus des terrains environnants, qui possédait
encore, vingt-deux mois et demi après sa sortie, une température élevée.
» La température de la terre au-dessous de la couche invariable peut
donc être influencée par la conductibilité des terrains, les infiltrations des
eaux, le voisinage de roches qui conservent encore une partie de leur cha-
leur d'origine, les réactions chimiques, etc , influences d'autant plus inté-
ressantes à étudier qu'elles peuvent réagir sur les climats : aussi a-t-on in-
térêt à connaître les changements qui en résultent dans la température des
couches superficielles; c'est cette question que j'ai commencé à aborder
avec le thermomètre électrique auquel je suis parvenu à donner un grand
degré de précision.
» Il n'a pu entrer dans ma pensée de rechercher si le refroidissement de
la terre était sensible, car on admet, d'après des observations astrono-
miques, que, depuis l'école d Alexandrie, la température de la terre est
restée sensiblement stationnaire.
» [je thermomètre électrique, réduit à sa plus simple expression, est un
circuit fermé, composé d'un fil de fer et d'un fil de cuivre soudés à leurs
points de jonction, et dans lequel se trouve un galvanomètre gardant par-
faitement le zéro, ou mieux encore un magnétomètre solidement établi et
divers accessoires, tels qu'appareils pour échauffer ou refroidir la soudure
libre, thermomètres, lunettes, etc. Voici le principe à l'aide duquel on dé-
termine la température: quand celle ci est la même aux deux soudures, l'ai-
guille aimantée resle à zéro, mais s'il y a une différence de température, il
y a déviation. Si l'une des soudures se trouve donc dans un lieu dont on
ne puisse observer la température avec un thermomètre, en élevant ou
abaissant celle de l'autre soudure, jusqu'à ce que l'aiguille aimantée soit
revenue à zéro, on sera assuré alors que cette température sera égale à celle
qui est inconnue. En donnant aux fils métalliques des diamètres suffisants,
on peut ainsi observer la température à de grandes profondeurs; je dois
dire qu'il faut s'assurer, comme je l'ai fait, que les températures données
par les soudures sont les mêmes que celles des thermomètres placés à côté.
i38..
( io6o )
» Cette opération exige trois choses : i° un puits foré; ss°un câble thermo-
électrique; 3° un galvanomètre et divers accessoires.
» Du puits foré. — L'administration du Muséum d'Histoire naturelle a
mis à ma disposition un puits abandonné revêtu en maçonnerie, qui tra-
verse les carrières et dont la profondeur est de i2m,36. A partir du fond
de ce puits, un forage a été effectué par les soins de M. Dru, ingénieur civil;
la sonde a traversé le calcaire grossier et les marnes qui l'accompagnent,
jusqu'à la profondeur de 23m,8o, puis l'argile plastique jusqu'à celle
de '$Ç>m,Ç>o, terme du sondage.
» Du câble thermo-électrique. — Ce câble est formé de sept fils de cuivre
de 2 millimètres de diamètre chacun et de 5o mètres de longueur, et de
sept fds de fer, de même diamètre et de même longueur, soudés deux à
deux, un fil de fer à un fil de cuivre, par une de leurs extrémités; chaque
fil (formé lui-même de sept autres fils) est recouvert d'une couche de
gutta-percha de 3 millimètres d'épaisseur et d'un ruban de coton gou-
dronné ; les sept fils sont enroulés les uns sur les autres en forme de torsade,
chaque soudure étant placée à 5 mètres de distance les unes des autres. Le
tout est enveloppé d'une toile épaisse de coton goudronnée. Ce câble, cpii
sort des ateliers de MM. Rattier et Compagnie, a été fabriqué avec beaucoup
de soin, sous la direction de M. Barbier; après l'avoir introduit dans un
mât de sapin évidé intérieurement, goudronné et calfaté de manière à le
rendre parfaitement étanche, on l'a descendu dans le puits foré; après quoi
on a coulé dans ce dernier du béton de Portland liquide, afin de remplir
les interstices en expulsant l'eau. Toutes ces opérations, qui n'étaient pas
sans difficultés, ont été exécutées avec beaucoup d'intelligence et de soin
par M. Dru.
» Le câble, après sa sortie du puits foré, a été dirigé, en le maintenant
sous terre et le plaçant dans des tuyaux de poterie, dans une pièce ou se
trouvaient le galvanomètre et le magnétomèlre, ainsi que les appareils des-
tinés à observer les températures de 5 mètres en 5 mètres de distance.
» Avant la descente du câble, on a mesuré avec des thermomètres ;i
maxima et à déversement la température de l'eau du puits à 36m,Go et
à 18 mètres; on a trouvé en moyenne pour la température de l'eau :
A 36'", 6o i2°, 29
A 18 mètres. . 1 i°,89
» Quinze jours après la descente du câble on a procédé aux observations
de température, de 5 mètres en 5 mètres, la première soudure n'étant placée
seulement qu'à 36 mètres et la septième à G mètres.
( io6i )
» Voici la moyenne des résultats, qui ne différaient entre eux que de o°, i
environ.
o
Première soudure, dans l'argile plastique, à 36 mètres 12,46
Deuxième soudure » à 3i i2,3o
Troisième soudure » à 26 12,4"
Quatrième soudure, en partie dans l'argile, en partie dans
les marnes, à 21 12,2
Cinquième soudure, dans le calcaire, à 16 12,2
Sixième soudure, dans le remblai sableux du puits, à 11 i3,o
Septième soudure » » à. . , . . 6 llil
» Or M. Quetelet, en comparant toutes les observations de température
faites à différentes profondeurs, en a conclu que dans nos climats, de i5
à 16 mètres tle profondeur, la variation annuelle n'est plus que de o°, 1, qu'au
delà elle n'est plus sensible; je ne m'en suis tenu, par conséquent pour le
moment, qu'aux cinq premières soudures.
» A 36 mètres la température ne diffère que de o°, 17 de celle de l'eau
à 36m,6o, avant la descente du câble ; à 18 mètres la différence est de o°,48
avec celle à la même profondeur, ce qui s'explique facilement par le mou-
vement de l'eau dans le puits foré.
» La température de 36 à 26 mètres est invariable dans le moment actuel.
et si à 3 1 mètres on trouve une différence en moins de o°, 16, cela tient à
des causes accidentelles que l'on n'aperçoit pas encore, mais qu'il est diffi-
cile d'attribuer à l'instrument, en raison des précautions prises pour rendre
toutes les soudures identiques; j'ai contrôlé ces résultats en réunissant et
opposant l'un à l'autre les circuits 1 et 2, 1 et 3, 2 et 3, d'où résultent deux
courants en sens contraire, dont l'action sur l'aiguille aimantée est nulle
quand les deux courants sont égaux.
» De 16 à 36 mètres, pour une profondeur de 20 mètres, dont 8 mètres
dans le calcaire et les marnes et 12 mètres dans l'argile plastique, l'accrois-
sement n'a été que de o°,a5; dans l'argile il a été nul.
» A 28 mètres, dans l'argile plastique, la température est donc de i2°,38,
tandis que celle du calcaire dans les caves de l'Observatoire, à la même pro-
fondeur, le thermomètre étant plongé dans l'air, elle n'est que de 1 i°,7o;
différence, o°,68 en faveur de l'argile.
» Dans une autre localité, où la formation calcaire a plus d'épaisseur, la
couche invariable ne s'y trouve plus à la même profondeur; il en est de
même dans l'argile plastique.
» A la gare de Saint-Ouen, dans du sable à gros grains, et 3o mètres plus
( 1062 )
bas qu'au Jardin des Plantes, on n'a trouvé que i2°,ç>, et à Maisons-Alfort
i4 degrés à 54 mètres.
» On voit par là : i° que, sans sortir du bassin tertiaire de Paris, la couche
invariable n'est pas à la même profondeur; a° que l'on peut déterminer
rigoureusement la marche de la propagation de la chaleur dans le sol et la
position de la couche invariable; 3° qu'au Jardin des Plantes, de 26
a 36 mètres, la température est constante, ainsi que de 16 à 21 mètres;
j'ajouterai qu'en passant d'un terrain à un autre la température paraît
changer, et qu'il sera possible de déterminer avec une grande exactitude la
propagation de la chaleur solaire dans la terre, depuis le sol jusqu'aux
couches où les variations annuelles cessent d'être sensibles.
» J^'établissement d'un thermomètre électrique, dans un puits foré
a 36 mètres de profondeur, soustrait au contact de l'eau, présentant une
longue durée, et que l'on peut considérer comme un spécimen pour diverses
localités, n'a pu être exécuté sans quelques dépenses ; les fonds nécessaires
pour les acquitter ont été alloués par M. le Ministre de l'Instruction publique
sur la demande qui lui en a été faite par mon ami, M. Chevreul, dont on
connaît le dévouement aux progrès des sciences; je prie donc M. le Ministre
d'agréer mes remerciments pour son concours bienveillant, sans lequel il
ne m'eût pas été possible de mettre à exécution le projet auquel je pensais
depuis longtemps et qui n'est pas sans importance pour la physique ter-
restre.
» Il serait à désirer, et je crois en avoir démontré l'utilité, que ce nouveau
mode d'observation, qui donne des températures à moins de -^ de degré
près, fût exécuté jusqu'à 100 ou 200 mètres de profondeur, afin de voir
comment la nature du terrain, l'infiltration des eaux, les réactions chimi-
ques et d'autres causes encore influent sur la distribution de la chaleur
dans les couches terrestres, et quelles sont les modifications qu'elle éprouve
avec le temps; distribution dont les effets peuvent réagir sur la température
du sol, et par suite sur le climat: c'est là une des plus grandes questions de
physique terrestre que l'on puisse se proposer de résoudre et qui est digne
de fixer l'attention. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Faits pour servir à i histoire des matières colorantes
dérivées de la houille; par M. A.-W. Hofmanx.
«. Dans une Note précédente j'ai démontré qu'on n'obtient pas de rouge
en soumettant l'aniline normale aux agents employés dans l'industrie à la
( to63 )
production de celle matière colorante. Chercher dans l'aniline commerciale
le corps qui donne naissance à la rosaniline, tel était le développement
naturel de cette observation.
» J'ai déjà fait remarquer que le produit commercial qui se prête le
mieux à la formation (\u rouge bout à des températures notablement supé-
rieures au point d ebullition de l'aniline normale. L'idée se présentait donc
de soumettre cette substance à la distillation fractionnée; ou bien on pou-
vait remonter à la séparation méthodique des carbures d'hydrogène qui
font le point de départ de la fabrication des bases. Mais on sait combien ces
procédés sont longs et pénibles et qu'on ne peut espérer de succès qu'en
opérant sur une vaste échelle.
» Dans le désir d'abréger le chemin, j'ai songé à examiner l'action des
sels mercuriques et sta uniques, elc, sur les homologues de l'aniline dont
heureusement j'avais à ma disposition des échantillons purs. Le terme con-
tigu supérieur, la toluidine, devait d'abord fixer mon attention. La présence
de celle base dans l'aniline du commerce ne pouvait être douteuse puis-
qu'on emploie à sa fabrication des benzines dont le point d'ébullilion s'élève
jusqu'à 100 degrés et même au delà. M. Nicholson, s'étant convaincu que
l'aniline normale était impuissante à produire la rosaniline, était même dis-
posé un moment à croire que la toluidine était la véritable source du rouge
dit d'aniline. Mais la toluidine, dont j'avais constaté par sa combustion la
pureté parfaite, soumise dans les circonstances les plus variées aux agents
déjà cités, ne m'a fourni aucune trace de matière colorante.
» La question, qui s'obscurcissait de plus en plus, devait s'éclaircir par
une expérience heureuse.
» Un mélange d'aniline pure et de toluidine pure, chauffé avec le chlo-
rure mercurique ou stannique, ou avec l'acide arsénique, a produit instan-
tanément nu rouge magnifique d'un pouvoir tinclorial des plus intenses.
Cette expérience paraît indiquer que le rouge appartient à la fois aux séries
phénique et toluique.
» Je n'ai pas pour le moment poursuivi plus loin mes expériences dans
la voie nouvelle ouverte par ce résultat. J'ajouterai seulement que la trans-
formation en oxalate de l'aniline commerciale, et surtout d'un échantillon
qui m'avait été fourni par M. Nicholson comme très-propre à la production
du ronge, m'a permis de préparer des quantités notables de toluidine à
l'état de pureté.
» Ayant à nia disposition les matières nécessaires, j'espère résoudre la
question que je n'ai fait qu'effleurer jusqu'à présent. »
( io64 )
MÉTÉOROLOGIE AGRICOLE. — Des températures du sol pendant l'hiver,
à om,o5, om, 10 et om, 3o, sous le ciel de Montpellier. Deuxième Note ;
par M. Cn. Martins.
« Dans une première Note (i) j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie le résultat de mes expériences sur le refroidissement nocturne super-
ficie! des diverses espèces de terre; je la compléterai en montrant comment
le froid se propage dans l'intérieur du sol. Pour le savoir, j'ai employé des
thermomètres à minima coudés dont la boule était enfoncée àom,5 au-des-
sous de la surface. En rangeant les six espèces de terre essayées dans
l'ordre de leur refroidissement, j'obtiens la série suivante : terreau, terre
du Jardin, sable jaune, terre argileuse rouge, terre de bruyère, terre de
saule. Ainsi la terre de saule, celle de toutes qui rayonne le plus, est celle
qui se refroidit le moins à l'intérieur, et le terreau, dont le pouvoir émissif
est faible, se laisse pénétrer facilement par le froid. La différence entre ces
deux extrêmes s'élève à 2°, 2; c'est-à-dire qu'à température atmosphérique
égale la terre de saule sera plus chaude de a°, 2 à om, 5 de profondeur que
le terreau, écart notable démontrant que des graines ou des racines enfon-
cées à om, 5 dans la terre sont soumises à des degrés de froid très-différents,
suivant la nature du sol.
» Je n'ai pas étudié le mode de propagation du froid à de plus grandes
profondeurs dans les différentes espèces de terre, mais je l'ai suivi dans le
sol du Jardin. Il est, si on se le rappelle, celui qui se refroidit le moins à la
surface, mais un de ceux dans lesquels le froid se propage le plus facile-
ment. Deux thermomètres coudés enfoncés, le premier à om,io, le second
à om,3o, ont été observés tous les jours pendant cinq ans ( 1 859-1 863). Si
l'on compare la moyenne des minima extrêmes de l'air observés à la hauteur
de im, 5o au-dessus du sol avec la moyenne des minima du sol à om,ïo de
profondeur, on trouve que la différence moyenne a été pendant ces cinq
années de 70, 2 en faveur du sol, et qu'une seule fois le thermomètre y est
descendu à — i°, 5. I.es gelées n'ont point pénétré à la profondeur de om,3o ;
en effet, la différence entre le minimum moyen de l'air et celui du sol s'é-
lève à 10 degrés, et jamais le thermomètre n'y est descendu au-dessous de
2 degrés.
» Un cas particulier va mettre ces vérités dans tout leur jour. Je choisis
(1) Comptes rendus, séance du 25 mai i863.
( io65 )
le mois de février 1860 et je compare les observa lions faites à Montpellier
et à la ferme-école de la Saulsaie (Ain) par M. Pouriau et ses élèves (1). Ce
mois fut très-froid dans les deux localités. A la Saulsaie, les minima thermo-
métriques se tinrent au-dessous dezéro pendant vingt-six jours. La moyenne
des minima de l'air, expression du froid, fut de — 4°->28; le minimum
extrême — 9 degrés; le maximum moyen o°,8o, et le maximum extrême
6°, 5. La terre était couverte d'une épaisse couche de neige. A Montpellier,
il y eut vingt-quatre jours de gelée, seulement deux de moins qu'à la Saulsaie.
La moyenne des minima de l'air fut de— 3°, 44> le minimum extrême — 90, 9;
mais le maximum moyen a été de 9°,3o, c'est-à-dire supérieur de 8°,5o à
celui de la Saulsaie, et le ag février le thermomètre a marqué ig degrés
à l'ombre. Étudions l'influence de ces deux régimes météorologiques sur les
températures du sol. A la Saulsaie la gelée pénètre à la profondeur de om,25
où le thermomètre descend à — o°, 1, malgré la couverture de neige qui
protégeait le sol. A Montpellier on observe — o°,3, mais à la profondeur de
om,io seulement. A la Saulsaie, à om,4o la gelée ne se fait pas sentir, car le
thermomètre ne descend pas au-dessous de o°, 3 ; mais à Montpellier, à une
profondeur moindre, om, 3o, il se maintient à 2 degrés. Je constate donc
que malgré l'absence d'une épaisse couche de neige, des froids atmosphéri-
ques de même durée et sensiblement de même intensité ( — 4°i 2§ et — 3°, 44)
ont pénétré beaucoup moins dans le sol à Montpellier qu'à la Saulsaie.
L'écart desmaxima moyens de l'air, o°, 8 et 9°,3o, nous explique parfaitement
ces différences et nous fait comprendre pourquoi avec des nuits également
froides les gelées sont moins à craindre dans le Midi que dans le Nord. La
chaleur du jour remplace et au delà l'effet préservatif de la neige. Tous les
agriculteurs du Nord savent combien son absence est préjudiciable aux
semences d'automne. Dans le Midi, celles-ci avec des froids égaux n'ont
rien à craindre ; la chaleur du jour annihile les effets de la gelée noc-
turne.
» Pour Bruxelles, M. Quetelet(a), opérant sur les six années comprises
entre 1 836 et 1842, a cru pouvoir établir les deux lois suivantes : i° quand
les gelées ont pénétré à l'intérieur de la terre, elles n'avaient pas duré moins
de huit jours, et le thermomètre à minima s'était abaissé à — 1 1 degrés
centigrades ; 20 les fortes gelées ne descendent guère plus bas qu'un demi-
(1) Observations météorologiques [Annales de la Société d'Agriculture de Lyon, 1859).
(2) Le Climat de la Belgique, t. I, p. 187.
C. R., i863, i« Semestre. (T. LVI, N» 23.) I 3g
( io66 )
mètre. A Montpellier, leur limite habituelle est à om,i5 environ de pro-
fondeur. Voilà pourquoi on peut y conserver en pleine terre : l'Olivier, le
Pistachier, le Jujubier, le Laurier, le Grenadier, l'Arbousier, le Pin d'Alep, le
Camellia simple, Melia Azedarack, Sterculia platanifolia, Bumelin tenax, Asi-
mina iïiloba, Jlbizzia julibrizin, Cassia corymbosa, Poinciana Gilliesii, Hiln>-
cus syriacus, Cocculus laurifolius, Cereus peruvianus, Opuntia decipiens,
0. inennis, Stiltinc/ia sebijera, Agave atnericana, Dasylirion gracile, Pbœnix
daclylifera, Sabnl Adansonii, Chamœrops humilis, C. exceha, Jubœa spectabilis,
et probablement bien d'autres arbres de la Chine, du Japon, des hauts
plateaux de l'Amérique du Sud et de l'Australie, qui n'ont point encore été
essayés. Ces végétaux ne périssent même pas dans les périodes de froid
exceptionnelles (i), comme celle de janvier i855, où il tomba om,4ode neige,
et où le thermomètre descendit pendant vingt-six nuits de suite au-dessous
de zéro et marqua dans celle du i\ janvier — 14 degrés, — ifi degrés et
même — 18 degrés, suivant les localités plus ou moins élevées ou plus ou
moins abritées du Jardin des Plantes. Si le froid survient au printemps, ces
végétaux peuvent succomber, mais la souche ne meurt pas, et ils repoussent
vigoureusement du pied. Ces faits justifient ce que M. Charles Naudin (2) a
dit de la culture géothermique comme favorisant le développement des
plantes pendant l'été et prévenant leur mort pendant l'hiver. »
chimie appliquée. — Recherches nouvelles sur la conservation des matériaux
de construction; par M. Fréd. Kihlmaw.
« Dans mes précédentes recherches sur le durcissement des pierres et la
conservation des matériaux de construction, je me suis appliqué exclusive-
ment à faire pénétrer dans les pierres poreuses et dans les enduits en plâtre
ou en mortier à la chaux des substances minérales pouvant faire corps avec
la pierre ou les enduits. Entre toutes les combinaisons chimiques inaltéra-
bles et susceptibles d'en augmenter la dureté, la substance qui m'a paru
mériter la préférence est le silicate de potasse.
» Mais de ce que cet agent est d'une efficacité générale, il n'en saurait
résulter qu'il n'y ait pas des circonstances où son action se trouve en
partie paralysée par des causes dépendantes de la nature même des ma-
tériaux ou des conditions où ils se trouvent placés au moment de son
application.
(1) Revue horticole, 4e série, t. IV, p. 288; i855.
[?.) Serres et Orangeries en pleine terre ; Aperçus de la Culture géothermique ; 1860.
( 1067 )
» C'est ainsi que l'expérience a démontré que lorsque la silicatisation est
appliquée à d'anciennes constructions, son efficacité peut être incomplète,
s'il existe déjà dansles murs un commencement d'altération développée sous
l'influenced'émanationsammoniacaleset d'une constante humidité. Dansces
cas, les couches extérieures des enduits de murailles, quoique durcies par la
silicatisation, sont repoussées et finissent par se détacher par la formation do
cristallisations nitrières, et l'altération continue à faire des progrès. L'expé-
dient qui m'a le mieux réussi dans ces cas, pour les murailles de briques en
particulier, consiste à enlever tout l'enduit ou plâtrage, à gratter profondé-
ment les joints en mortier, et après avoir chauffé, par l'approche d'une grille
mobile chargée de coke en combustion, les parties de mura protéger contre
une altération ultérieure, à les imbiber au moyen d'une brosse ou par pro-
jection de brai provenant de la distillation de la houille et appliqué aussi
chaud que possible. Après le refroidissement, les parties de mur revêtues
de brai peuvent être recouvertes d'un nouveau plâtrage qui adhère parfai-
tement bien et auquel la silicatisation assure les meilleures conditions de
dureté et d'inaltérabilité.
» Le goudron de gaz est devenu, dans nos villes du Nord, d'un usage
fréquent pour protéger contre l'humidité extérieure le soubassement des
constructions, mais on ne peut empêcher ainsi l'eau de s'élever par la capil-
larité dans les parties centrales.
» Dans mes fabriques de produits chimiques, je fais un emploi plus général
encore de ce goudron; je l'applique à chaud sur tous les murs extérieurs
des fours à décomposer le sel, à brûler les pyrites, à concentrer l'acide sul-
furique, etc., et j'imprègne par immersion de goudron bouillant les tuiles
destinées à la couverture des ateliers, de ceux surtout où il se produit des
émanations acides.
» En Angleterre, dans les fabriques de soude où l'acide chlorhydrique
est généralement condensé dans des cheminées ou tours prismatiques ren-
fermant du coke constamment humecté par un filet d'eau, les dalles en
pierre qui servent à la construction de ces tours, lorsqu'elles sont poreuses,
sont imprégnées par immersion de goudron chaud avant d'être mises en
place.
» Dans d'autres circonstances le goudron a servi à colorer en noir des
carreaux en poterie poreuse.
» Si dans certains cas où, pour conserver les murs de l'altération, les
matières minérales sont difficilement applicables, on ne saurait s'adresser
139..
( io68 )
à des matières organiques moins altérables que les résines et les bitumes dont
les anciens avaient fait la base de leurs procédés de conservation des cada-
vres, et qui par leur inaltérabilité représentent, de même que la houille, un
point d'arrêt dans la marche de la décomposition des matières organiques.
» L'efficacité d'enduits gras ou résineux, même superficiels, contre
l'action destructive des vents de mer entraînant avec eux de l'eau salée, m'a
été révélée en particulier l'été dernier à l'occasion de l'examen des progrès
rapides de l'altération d'un grès poreux qui a servi à construire la chapelle
de Sainte-Eugénie, sur les bords de la mer, à Biarritz. Les pierres de cette
chapelle, dont la construction ne remonte qu'à 1 858, sont, sur les points les
plus exposés aux vents de mer, profondément corrodées; et j'ai remarqué
cette particularité sur les pierres, qui avant d'être mises en place avaient été
numérotées avec de la couleur noire à l'huile, que les parties couvertes de
couleur ont été protégées contre l'altération, de telle so;*te qu'aujourd'hui
les numéros se présentent avec un relief considérable et d'une grande
netteté.
» L'exemple de ces chiffres en relief, où la conservation de la pierre a été
assurée par une application seulement superficielle de matière grasse ou
résineuse, m'a fait penser que dans une infinité de circonstances les bitumes
et les résines pourront utilement intervenir pour augmenter la durée de nos
constructions ou de nos ornements en sculpture, si au lieu de les appliquer
superficiellement on fait pénétrer ces corps profondément dans l'intérieur
des pierres sans altérer leur surface, comme je l'ai recommandé pour les
applications de matières minérales.
» J'ai fait de nombreux essais pour m'assurer de la possibilité de cette
pénétration, en me servant de brai provenant de la distillation du goudron
de gaz; c'est une matière dont la production est très-considérable, d'un
prix très-peu élevé (4 à 5 francs les ioo kilogrammes^, et qui sert aujourd'hui
presque exclusivement à faire des briquettes combustibles par l'agglutina-
tion de menue houille.
» Je fais bouillir sans pression autre que celle de l'atmosphère les pierres
brutes ou sculptées, les briques, objets façonnés en terre cuite ou même
en argile seulement raffermie à l'air, pouvant former une poterie sans cuisson
ni vernis, dans des chaudières en tôle ou en fonte, et j'obtiens ainsi la péné-
tration de ces matériaux de brai à une très-grande profondeur avec une
augmentation considérable de dureté et une parfaite imperméabilité. Ces
propriélés rendront ces matières essentiellement aptes aux constructions dos
soubassements de nos habitations, au couronnement des murs, aux travail
( i°69 )
hydrauliques et particulièrement à ceux exposés à l'eau ou aux vents de
mer (i).
» J'ai formé aussi avec du brai et des substances minérales en poudre
des pâtes plus ou moins fusibles à chaud, suivant qu'il est entré une plus ou
moins grande quantité de brai dans leur composition, et qui sont suscep-
tibles d'être moulées avec ou sans compression en briques, en dalles ou en
ornements d'architecture de toutes formes.
» La matière dont l'incorporation m'a donné les meilleurs résultats est
l'oxyde de fer résultant de la combustion des pyrites et qui, agglutiné avec
un quart de son poids de brai, donne une pâte qui, refroidie, présente une
dureté et une sonorité remarquables.
» Je n'ai pas besoin d'insister sur les applications fréquentes que ces pâtes
artificielles et imperméables à l'eau peuvent trouver dans nos constructions
hydrauliques, celles surtout baignées par l'eau de mer où l'expérience a
démontré que tous les ciments éprouvent en peu de temps de grandes alté-
rations.
» Ces matériaux assemblés avec du brai fondu ou mis en œuvre de la
même manière que les argiles dans les constructions en pisé formeront des
monolithes dont il serait important de faire un essai dans quelque grand
travail de nos ports.
» L'application des dissolutions siliceuses a le plus laissé à désirer sur
le plâtre moulé, et cela parce qu'au moment même du contact il y a échange
d'acide et qu'il se produit un silicate gélatineux qui forme à la surface du
plâtre un enduit imperméable empêchant la silice de pénétrer dans le centre.
Cela n'a pas lieu pour les pierres calcaires, pas même pour l'albâtre, où
l'isolement de la silice ou sa combinaison avec la base calcaire s'effectue
plus lentement. Les enveloppes siliceuses produites sur le plâtre moulé
par le silicate de potasse présentent en outre l'inconvénient, lorsqu'elles
sont produites par des dissolutions concentrées, de se fendiller et de se
détacher en écailles.
» L'application des substances bitumineuses à la conservation du plaire
(i) Engagé par M. le général Tripier, à l'occasion d'une inspection qu'il fit à Lille, à
rechercher un moyen de garantir contre une prompte altération les murs de revêtement en
briques de nos fortifications, j'eus d'abord recours au vernissage de la face de ces briques
destinée à être exposée à l'air. A cette méthode trop dispendieuse je crois pouvoir propo-
ser avec confiance de substituer l'emploi de briques bituminées qui s'opposent à la nitrifi-
cation et à la végétation à leur surface.
( '07° )
devait donc fixer toute mon attention, et je suis heureux d'avoir pu con-
stater que la constitution chimique du plâtre, au lieu d'être un obstacle,
comme dans la silicatisation, au durcissement et à l'inaltérabilité de ce
corps, en assure au contraire la plus entière réalisation.
» En effet, non-seulement le brai fondu pénètre dans le plâtre à la faveur de
sa grande porosité, de même qu'il s'infiltre entre les molécules des pierres
calcaires ou siliceuses friables et en détruit la perméabilité, mais il vient en-
core prendre la place de l'eau d'hydratation au fur et à mesure qu'elle
s'échappe, lorsque les objets en plâtre moulé sont plongés dans un bain de
brai fondu dont la température peut être élevée sans inconvénient jusqu'à
3oo ou même 4oo degrés, bien que l'eau d'hydratation du plâtre commence
à s'échapper de uoà 120 degrés (1).
« On se rend facilement compte de l'expulsion de l'eau d'hydratation dans
ces circonstances, mais ce qui était difficile à espérer et ce que la réaction
présente d'intéressant au point de vue scientifique, c'est que les objets de
plâtre moulé conservent sans la moindre altération la forme qu'ils ont reçue
par le moulage, et que la substitution du brai à l'eau s'est produite à de
grandes profondeurs lorsque les ornements ou statues en plâtre restent un
temps suffisant plongés dans le brai bouillant.
» J'ai obtenu une confirmation bien éclatante de cette substitution mo-
léculaire par la transformation de cristaux de sulfate de chaux hydraté na-
turel en une matière d'un noir éclatant, ayant la même forme cristalline et
dans laquelle l'eau de cristallisation est remplacée par du brai. C'est un
exemple très-remarquable de pseudomorphisme.
» J'ai démontré, dans un travail sur les éthers publié en i84i5 que l'al-
cool et l'éther sulfurique pouvaient former, de même que l'eau, des combi-
naisons cristallisables avec certains acides et des chlorures anhydres; mais
il est difficile d'admettre que quelque chose d'analogue ait lieu pour le
plâtre; car ce n'est pas seulement le brai qui, sans altérer la forme cristal-
line du gypse, peut se substituer à son eau d'hydratation, mais aussi d'autres
matières résineuses ou grasses : l'acide stéarique est de ce nombre. Lors-
qu'au lieu de fondre l'acide stéarique au bain-marie, comme cela se pratique
aujourd'hui pour y plonger les figurines de plâtre moulé et les imprégner
(1) S'il s'agit de faire pénétrer de brai du bois on d'autres matières organiques po-
reuses, la température doit s'arrêter à i5o ou 160 degrés. J'ai constaté d'ailleurs que le brai
ne pénètre pas dans le bois à la même profondeur que dans le plâtre ou les pierres
poreuses.
( io7i )
superficiellement de cet acide gras, on chauffe le bain d'acide stéarique à
i5o ou 200 degrés, on s'aperçoit facilement que l'eau d'hydratation est
expulsée par un grand bouillonnement dû à l'échappement de la vapeur
d'eau à travers le liquide réagissant.
» Il s'agit donc, dans mon opinion, d'une simple infiltration déterminée
par le vide que forme l'eau d'hydratation au fur et à mesure de son élimi-
nation, d'une infiltration ou pénétration intime qui se fait dans des con-
ditions telles, que le corps cristallin ne cesse pas d'avoir sa forme et
acquiert une plus grande consistance, ce qui n'a pas lieu lorsque l'eau d'hy-
dratation est chassée par la chaleur seulement. Il faut en effet que cette
pénétration, quoique résultant exclusivement d'une action physique, soit
bien intime; car des lavages très- fréquents avec de l'éther ou de la benzine
enlèvent incomplètement le brai aux cristaux transformés, si bien pulvérisés
qu'ils soient.
» Ma manière d'envisager le phénomène observé paraît d'autant plus
admissible, que le nombre des corps qui peuvent ainsi se substituer à l'eau
est très-considérable; on serait cependant dans l'erreur si l'on pensait que
tous les corps liquides n'exerçant sur le plâtre aucune action chimique, et
qui sont présentés au plâtre hydraté à une température suffisante pour
chasser l'eau de cristallisation, peuvent se substituer à cette eau comme
le brai, l'acide stéarique, l'huile, etc. Il faut, pour que cette substitution
puisse avoir lieu, que le liquide en question puisse en quelque sorte mouillei
le plâtre; car il m'a été impossible de substituer à l'eau d'hydratation le
soufre ou le mercure.
» J'ai démontré d'ailleurs, dans un travail sur les épigénies, qu'il existe
des exemples nombreux où des corps cristallisés conservent leur forme mal-
gré la perte d'un ou de plusieurs de leurs principes constitutifs : c'est ainsi
que j'ai transformé du bioxyde de manganèse en protoxyde et en oxyde
intermédiaire ; de l'oxyde de cuivre et du carbonate de plomb naturels en
cuivre et en plomb ; du formiate de plomb en sulfure, toujours en conservant
aux corps nouveaux les formes cristallines du corps qui leur a donné
naissance, avec de simples modifications apportées à leur porosité ; c'est
encore ainsi, comme je l'ai démontré récemment, que des cristaux d'acer-
dèse peuvent être transformés en hausmannite sans altération de leur
forme.
» Quoi qu'il en soit, la substitution du brai à l'eau d'hydratation du
plâtre moulé, de l'albâtre gypseux et des cristaux isolés de sulfate de chaux
fixera l'attention des géologues et des cristallographes, et il n'est pas impos-
( i°72 )
sible qu'une étude plus approfondie de ce phénomène ne conduise à des
observations nouvelles qui puissent trouver leur place dans l'histoire des
transformations du globe.
» Quel que soit d'ailleurs l'intérêt scientifique qui s'attache à ces recher-
ches, j'ai l'espoir que cet intérêt sera rehaussé aux yeux de l'Académie par
les grandes ressources que les faits que j'ai constatés vont créer pour l'art de
bâtir et l'ornementation de nos habitations. Ils permettront à nos construc-
teurs de transformer le plâtre moulé ou l'albâtre sculpté en ornements imper-
méables à l'eau et inaltérables par la gelée, n'ayant enfin aucun des défauts
qui font écarter le plâtre de la décoration extérieure de nos habitations et
de nos monuments. »
. M. Païen cite à l'appui des observations de M. Kuhlmann quelques-uns
des faits qui démontrent l'influence remarquable des goudrons épaissis et
des matières grasses sur la résistance et l'imperméabilité des matériaux de
construction.
» De grands exemples ont été donnés à cet égard en immergeant dans le
brai fondu, à la température d'environ 200 degrés, des briques plus ou
moins tendres qui ont été employées avec succès dans la construction des
chambres à chlore, en les cimentant avec du mastic de bitume.
» Des grès tendres de Fontainebleau ont acquis par là une grande cohé-
sion.
» Des dalles en pierres poreuses sont devenues très-dures et complètement
imperméables à l'eau.
» Champy, en 181 3, parvint à conserver le bois en faisant pénétrer par un
semblable procédé le suif dans tous les interstices et les canaux du tissu
ligneux. »
NOMINATIONS.
La Section de Géographie et de Navigation ayant à présenter une liste de
candidats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. Bra-
vais, l'Académie doit, suivant l'usage, adjoindre pour cette présentation,
aux deux Membres restants, un Membre pris dans une autre Section.
Il est procédé par la voie du scrutin à cette nomination.
M. Dupin, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, concourra avec
les deux Membres de la Section, MM. Duperrey et de Tessan, à la forma-
tion de la liste des candidats.
( io73 )
MEMOIRES LUS.
GÉOLOGIE. — PALÉONTOLOGIE. — Note sur des indices matériels de la coexistence
de l'homme avec /'Elephas MERIDIONALIS dans un terrain des environs de
Chartres, plus ancien que les terrains de transport quaternaires des vallées de
la Somme et de la Seine; par M. J. Desxoyeus.
« Les paléontologistes et les géologues s'accordent aujourd'hui, depuis
les savants travaux publiés récemment par M. Falconer et par M. Lartet sur
les Proboscidiens fossiles, à reconnaître que parmi les espèces d'Eléphants
dont les ossements ont été découverts en si grande abondance dans les ter-
rains de transport, trois au moins, parfaitement distinctes par leurs dents
et d'autres parties de leurs squelettes, caractérisent, en général, autant
d'étages différents.
» U Elephas primigenius ( Blum.), ou Mammouth de Sibérie, celui auquel
on a longtemps rapporté, comme l'avait fait Cuvier lui-même, presque tous
les débris se rapprochant [dus ou moins de l'espèce d'Eléphant vivant au-
jourd'hui dans l'Inde, est le plus anciennement connu, le plus communé-
ment répandu dans tous les terrains quaternaires ou terrains de transport
diluviens de l'Asie aussi bien que de l'Europe. Il s'y rencontre surtout dans
les dépôts supérieurs et moyens, soit des vallées, soit des cavernes, avec le
Rhinocéros tichorhinus (Cuv.), une espèce d'Hippopotame, l'Aurochs, le
Cheval [Equus fossilis\ le grand Cerf Megaceros, le Renne, plusieurs Cerfs,
de grands carnassiers, tels que YHyœna spelœrt, VUrsus spelœus, et d'autres,
ainsi que plusieurs antres espèces de Mammifères.
» M Elephas antiquus (Falconer), beaucoup moins connu, se trouve
tantôt seul, tantôt réuni à V Elephas primigenius, soit dans les mêmes dépôts,
soit dans les dépôts moyens, soit surtout dans les dépôts pins anciens de
ces mêmes terrains quaternaires; on en a constaté depuis peu d'années
d'assez nombreux exemples en France, en Angleterre et en Italie. Cette
même espèce s'est aussi trouvée, mais plus rarement, avec V Elephas meri-
dionalis (Val d'Arno, en Toscane, forest-bed de Cromer en Norfolk); elle
forme en quelque sorte, au double point de vue géologique et zoologique,
un intermédiaire entre les deux autres espèces d'Eléphants.
» L" Elephas meridionalis, signalé depuis longtemps par Nesli comme l'un
des grands Mammifères les plus caractéristiques du célèbre dépôt d'osse-
C. P.., iS63, Ier Semestre. T. LVI, N°25.) '4°
( Iu74 )
mets fossiles du Val d'Arno, s'y Irouve avec le Rhinocéros teplorhinus (Cuv.),
Y Hippopolumus major, et d'autres espèces de Mammifères distinctes de
presque toutes celles des terrains quaternaires. Les géologues sont d'accord
{jour rapporter ce riche dépôt au terrain tertiaire supérieur ou pliocène, et
partout où l'on a retrouvé les mêmes espèces, soit en Italie (Piémont,
Lombardie, environs de Rome), soit en France (Auvergne, Bourbonnais,
Bresse, Bourgogne et bassin du Rhône), soit en Angleterre [jorest-bcd et crag
ossifere du Norfolk), on leur a assigné le même âge.
» D'un autre côté, on s'accorde aussi à reconnaître trois vestiges ou
indices principaux de la coexistence de l'homme avec les animaux d'espèces
détruites, savoir :
» i° Les ossements humains eux-mêmes;
» -2° Les objets de son industrie et surtout les instruments de pierre,
enfouis dans les mêmes couches qui contiennent les débris des grands
Mammifères;
» 3° Enfin les traces de la main de l'homme sur ces ossements.
» Cette dernière sorte de témoignage offre une valeur peut-être supé-
rieure aux deux autres, puisqu'elle réunit l'action de l'homme et l'indication
de l'espèce. C'est ce qu'ont très-bien montré, par de nombreux exemples,
les observateurs qui, depuis de longues années, ont signalé dans les cavernes
ces sortes d'ossements travaillés. C'est un fait sur lequel Ai. Lartet a plus
particulièrement et [dus directement appelé l'attention des géologues pour
les cavernes des Pyrénées et pour les ossements des terrains de transport des
vallées de ia Seine et de la Somme.
» Or, si l'on peut démontrer que cette dernière sorte d'indices de la
coexistence de l'homme et des Mammifères éteints se rencontre sur des
ossements de YElephas meridionalis et d'autres espèces de Mammifères des
mêmes gisements, d'époque relativement ancienne, les incertitudes qui
peuvent encore exister sur la contemporatiéité de l'homme avec YElephas
primigenius, l'espèce la plus récente des Éléphants fossiles, dans les terrains
quaternaires, perdraient, ce me semble, une grande partie de leur valeur.
» C'est un fait de ce genre que je vais avoir l'honneur de communiquer
a l'Académie, sans aucune idée préconçue ou systématique, car plusieurs
fois, depuis trente ans (i), j'ai essayé démontrera combien d'erreurs pouvait
entraîner la constatation des mélanges de vestiges humains avec les o>-se-
(i) Rapport, lu en février i832, sur 1rs Travaux de la Société Géologique de France, dont
j'étais alors secrétaire;— Recherches sur les cavernes, article publié en i845 au mot
Grottfs, dans le Dictionnaire universel d'Histoire naturelle de M. Cli. d'Orbignv.
( io75 j
ments d'espèces perdues, enfouis dans les cavernes, et quelle réserve exi-
geait l'admission de ces faits contraires à des opinions anciennes et géné-
ralement admises autrefois.
» Vers le milieu du mois d'avril dernier, je visitais aux environs de
Chartres, dans la vallée et sur la rive gauche de l'Eure, les sablonnières de
Saint-Prest, très-connues des géologues comme le gisement le plus remar-
quable, le seul même connu jusqu'ici, dans l'ouest de la France, d'ossements
d'Elephas meridionalis réunis à des débris de Rhinocéros leptorhinus, cXHippo-
potamus major, de plusieurs grandes espèces de Cerf, de grand Bœuf, de Che-
val semblable à celui du Val d'Arno, et d'autres Mammifères détruits qu'on
s'accorde à reconnaître comme exclusivement propres au terrain tertiaire
pliocène.
» Le nombre des ossements découverts depuis quinze ans dans cette loca-
lité est tellement considérable, qu'on peut estimer à plus de vingt individus
le nombre des Éléphants, seulement, tous delà même espèce (Elephcts meri-
dionalis), dont les dents ou d'autres parties du squelette ont été conservées.
» Signalé pour la première fois en i8/|8, par feu M. de Boisvillette, alors
ingénieur en chef des ponts et chaussées du département d'Eure-et-Loir,
qui, le premier, en réunit le plus grand nombre d'ossements d'espèces diver-
ses, ce gisement a été décrit en 1860 et en 1862 dans le Bulletin de la So-
ciété Géologique, par M. Laugel, alors ingénieur des mines pour le même
département, qui en fit connaître les principales espèces, avec le concours
de M. Lartet. Ce fut surtout d'après la détermination et l'opinion de ces
deux savants et l'examen que M. Falconer fit aussi d'une partie de ces dé-
bris, que le rapport du gisement de Saint-Prest avec les terrains ptiocènes a
été généralement admis par tous le* géologues qui l'ont cité depuis (1).
» Ce dépôt est un dépôt de transport d'aspect fluviatile comme celui du
Val d'Arno avec lequel il offre tant d'analogie (2), comme le dépôt qua-
ternaire plus moderne des vallées de la Somme et de la Seine, comme le
dépôt tertiaire miocène plus ancien des graviers à mastodontes de l'Orléa-
nais, qui est contemporain des faluns marins de la Loire (3). Il est corn-
(1) L'ensemble de celte faune, dil M. Laugel, a le caractère éminemment pliocène (Bull,
de la Soc. Géolog., t. XIX, p. 717; séance du 7 avril 1862).
(2) J'ai remarqué des indices ayant beaucoup de rapport avec ceux des os de Saint-Prest,
sur d'autres os des mêmes Mammifères provenant du Val d'Arno et conservés dans la collec-
tion de M. le duc de Luynes. Ce gisement célèbre a été très-bien décrit, après Targioni,
Breislack et Nesti, par M. Bertrand-Geslin, en i833, et par M. le marquis Stroazi, en i858.
(3) Ce fut surtout par l'étude comparative des débris de Mammifères des graviers de
l'Orléanais avec ceux des faluns que j'essavai, en 1828, de démontrer la contemporanéité
i4...
( i°76 )
posé de sables diversement colorés, tantôt ferrugineux, tantôt blancs, et de
graviers de silex de la craie, brisés et énioussés sur les angles, avec quelques
blocs de grès tertiaires (ladères du pays Chartrain).
» Les sables eu forment la partie moyenne et inférieure, les graviers s'y
trouvent entremêlés ; les uns et les autres s'y présentent en lits ondulés et en
amas alternatifs très-irrégulièrement répéléset diversement inclinés, dans une
épaisseur de i 2 à 1 5 mètres, au moins. Ces sables et graviers sont recouverts
par un épais dépôt de lœss et de terrain de transport plus récent; ils sont
superposés et adossés à la craie dont ils remplissent les anfractuosités et
dont ils ne sont séparés, à leur base, cpie par un lit de gros silex qui peuvent
représenter l'argile à silex du Perche.
» Ce dépôt ne peut être, en aucune façon, confondu avec le terrain de
transport moderne de la vallée de l'Eure, beaucoup inférieur et plus rap-
proché de la rivière, et dont les sables de Saint-Prest, plus élevés de 25 à
3o mètres, sont complètement indépendants.
» Le terrain sableux de Saint-Prest occupe à la surface de la craie, dans
le département d'Eure-et-Loir, une étendue qui n'est connue que fort impar-
faitement, car des ossements analogues n'ont encore été découverts sur
aucun autre point. Le calcaire d'eau douce de la Beauce, qui forme les
plaines au sud et à l'est, sur la rive droite de la vallée de l'Eure, est certai-
nement plus ancien que les sables de Saint-Prest; il est même recoin ert
ça et là par quelques lambeaux d'autres sables et graviers qui paraissent
plutôt correspondre aux dépôts miocènes flu viables de l'Orléanais. On sait
que le diluvium proprement dit parait manquer sur les plaines calcaires de
la Beauce; mais on le retrouve un peu plus au nord, dans cette même vallée
de l'Eure, vers Dreux et lvry, avec des débris à' Elephas primigenius.
» Lorsque je visitai la sablonnière de Saint-Prest, les ouvriers venaient
d'y découvrir quelques ossements dont une partie était encore engagée
dans le sable sous plusieurs lits de graviers et à 10 mètres environ au des-
sous de la terre végétale. Leur gisement ne pouvait laisser la moindre in-
ceititude : aucun puits naturel de dépôts de transport plus modernes ne
se voyait dans le voisinage, et les ossements occupaient l'un des deux
niveaux où l'on avait constamment découvert depuis quinze ans ceux d'Élé-
phants et d'autres grands Mammifères. Les os découverts en ma présence
et que je pus recueillir étaient surtout de Rhinocéros; le mieux conservé
de ces deux terrains si différents, qui a été admise depuis par tous les géologues. (Observations
sur un ensemble de dépôts marins plus récents nue les terrains tertiaires du bassin de la Seine:
Annales des sciences naturelles, février et mars 1 82g. )
( 1077 )
était une moitié de tibia; je me procurai aussi quelques dents d'Hippopo-
tame et d'Éléphant, ainsi que la base d'un bois de grand Cerf, trouvés
peu de temps auparavant.
» Je fus frappé, en dégageant en partie le tibia de Rhinocéros du sable
qui le recouvrait, d'y voir apparaître des stries variant de forme, de pro-
fondeur et de longueur, qui ne pouvaient être le résultat de cassures ou
de dessiccation, qu'on y remarquait aussi, car elles leur étaient évidemment
antérieures, coupaient l'os dans le sens de sa largeur et passaient même par-
dessus ses arêtes, en en suivant les contours. Ces stries ou traces d'incisions,
très-dettes, quelques-unes très-fines et tres-lisses, les autres plus larges et
plus obtuses, et comme si elles avaient été produites par des lames tran-
chantes ou dentelées de silex, étaient accompagnées de petites incisions ou
entailles elliptiques, nettement limitées, comme les aurait produites le choc
d'un instrument aigu.
» Des dendrites ferrugineuses et le sable recouvraient une grande partie de
ces cavités et stries qui, d'ailleurs, étaient presque toutes un peu usées par
suite du frottement et du roulis que la plupart des os et des dents avaient
subis, sans doute avant et pendant leur enfouissement.
» Je nie rappelai aussitôt les incisions analogues, parfaitement constatées
sur des os de Mammifères fossiles des cavernes, des terrains de transport,
des tourbières et même des dépôts infiniment plus modernes d'établisse-
ments ou de tombeaux gaulois, gallo-romains et germaniques.
» L'analogie me paraissait évidente. Mais, craignant d'embarrasser la
science d'un fait incomplètement observé, j'attendis pour le faire connaître
d'avoir vérifié s'il ne se rencontrerait point de semblables indices sur d'au-
tres ossements recueillis plus anciennement à Saint-Prest.
» Je savais qu'il existait plusieurs collections de ces ossements : la pre-
mière avait été formée à Chartres par M. de Boisvillette; les objets les plus
précieux en avaient été donnés par lui à l'École des Mines; une autre col-
lection existait au Musée de cette même ville, et une quatrième, plus riche
encore que les précédentes, avait été recueillie de 1849 a 1 855, pour le beau
Musée d'histoire naturelle que M. le duc de Luynes a formé dans son
magnifique château de Dampierre, par un naturaliste instruit et modeste,
M. Gory, digne de toute l'estime que lui montre ce savant et illustre aca-
démicien.
» Connaissant la part que mon ami, M. hartet, avait prise à la première
détermination des ossements fossiles de Saint-Prest, et sachant qu'il se pro-
posait d'en compléter les descriptions spécifiques dans un travail qu'il
publiera prochainement, je lui confiai ma petite découverte et je lui de-
( 'o-rô )
mandai de vouloir bien m'accompagner dans l'examen que je désirais faire
de ces collections; ce qui a eu lieu en effet. M. le duc de Luynes nous a
accueillis au château de Dampierre avec sa bienveillance habituelle; les col-
lections de M. de Boisvillette nous ont été très-obligeamment communi-
quées par son fils; celles du Musée de Chartres, de l'École des Mines et
du Muséum d'Histoire naturelle nous ont été aussi ouvertes avec le même
empressement. J'ai pu alors vérifier, successivement, avec une surprise de
plus en plus grande, que le fait isolé, dont les premiers indices m'avaient
frappé dans la carrière de Saint-Prest et dont je cherchais le contrôle, était
pleinement confirmé par l'examen attentif et scrupuleux que je fis de tous
les ossements recueillis depuis plusieurs années, sans aucune vue systéma-
tique, dans ces précieuses collections; pendant que M. Lartet étudiait, de
son côté, les caractères des espèces. Ma conviction s'accrut alors progressi-
vement, avec la surprise qu'un fait aussi évident, quelle qu'en soit la cause,
eût échappé jusqu'ici à l'attention des observateurs.
» L'examen de plus d'une centaine d'ossements, dont plusieurs ont
un mètre de longueur, m'a démontré que les entailles, que les traces d'inci-
sions, d'excoriation ou de choc, que les stries transversales, rectiligues,
ou sinueuses, ou elliptiques, plus aiguës à une extrémité qu'à l'autre,
tantôt polies, tantôt subdivisées en plusieurs stries plus fines occupant la
cavité des premières; en un mot, que des traces tout à fait analogues à celles
que produiraient des outils de silex tranchants à pointe plus ou moins
aiguë, à bords plus ou moins dentelés, se voyaient sur la plupart de ces
ossements. On pouvait aussi apercevoir sur quelques-uns, et particulière-
ment sur une portion de crâne d'Éléphant appartenant au Muséum
d'Histoire naturelle de Paris, qui ne possède presque aucun autre ossement
fossile de ce gisement, les traces de flèches qui sembleraient avoir glissé sur
la matière osseuse, après avoir traversé la peau et les chairs; on y peut
même distinguer la cavité triangulaire aiguë laissée par la pointe, et des en-
tailles latérales produites par les dentelures d'une flèche de silex ou d'os (1).
» Les Mammifères dont les ossements présentent ces différents vestiges
sont : l'Éléphant (Eleph. merid.), le Rhinocéros (Rh. leptorhinus), l'Hip-
popotame [Hipp. major), plusieurs espèces de Cerfs, dont deux de très-
grande taille [Megaceros Carnutorum, Laugel), un grand Bœuf et un autre
de plus petite espèce.
(i) Toutes ces marques sont parfaitement distinctes de celles qu'auraient pu laisser des
dents de carnassiers, ou des vermiculations sinueuses très-bien décrites par M. Deslong-
champs sur des os du diluvium de Normandie, ou le frottement des galets.
( >°79 )
>> Les crânes de ces espèces de grands Cerfs, dont j'ai vu plusieurs
échantillons dans les collections, présentent tous une particularité des plus
remarquables. Ils paraissent avoir été brisés par un coup violent, près du
point d'insertion des deux bois, donné sur l'os frontal, vers leur naissance,
ainsi que M. Steenstrup l'a remarqué sur d'autres crânes fossiles de rumi-
nants plus nouveaux et comme le font encore certains peuples du Nord. La
base de ces bois porte aussi des traces dirigées latéralement et de haut en bas,
analogues à celles qu'aurait laissées un outil tranchant, en enlevant les
chairs et en détachant les tendons. Les bois séparés sont brisés de la même
façon, la plupart à peu de distance de la couronne. Quand ces portions
de bois, inférieures à la couronne, sont isolées, eiles sont uniformément
cassées et rappellent des fragments de bois de cerf destinés à emmancher
des instruments de silex, comme on en a trouvé quelques-uns dans des
dépôts beaucoup plus modernes, surtout dans les tourbières de Picardie
et dans les habitations lacustres de la Suisse. Un de ces fragments de bois
du Musée de Chartres et un autre de l'École des Mines montrent les inci-
sions les moins contestables. J'ai aussi observé, mais plus rarement, des os
de ruminants brisés en long ou en travers, dans le but présumé d'en retirer
la moelle, comme on en a tant signalé dans les cavernes ou dans les tertres
littoraux du Danemark.
» Les os les plus remarquables, portant des traces d'incisions transver-
sales de différentes profondeurs, sont des os longs d'Éléphant (cubitus, hu-
mérus, radius et fémur) de la collection de M. le duc de Luynes et de celle
de l'École des Mines. Les os de Rhinocéros qui m'ont présenté ce caractère
sont moins nombreux, cependant j'en possède un parfaitement marqué, et
il en existe au moins cinq dans ces deux collections. On voit, dans la col-
lection de M. le duc de Luynes, plusieurs os d'Hippopotame, surtout un mé-
tatarse, finement sillonné, dans tous les sens, de stries très- vives que je serais
disposé à rapporter moins à l'action de l'homme qu'à une autre cause dont
je vais parler.
» En effet, à côté de ces empreintes, qui pour la plupart semblent bien
indiquer la main de l'homme, on en voit d'autres auxquellesje n'ose attribuer
la même origine. Ce sont des stries d'une très-grande finesse, d'une grande
précision, se prolongeant dans une longueur de plusieurs centimètres et
entre-croisées par d'autres stries non moins nettes et non moins régulières.
La vue de ces stries et de ces surfaces qu'on dirait avoir été régulièrement
polies avec du sablon, et qu'on s'expliquerait très-difficilement si on les attri-
buait comme les autres à la main humaine, m'ont rappelé tout à fait les
stries causées par les blocs de glace remplis de grains de quartz et ayant
( io8o )
■'lissé soit dans les glaciers actuels, soit sur l'emplacement d'anciens gla-
ciers, au-dessus de roches ou de galets qui ont été polis et burinés, par leur
mouvement tantôt rapide, tantôt lent, mais presque toujours régulièrement
prolongé, soit aussi par l'effet de glaces flottantes (i).
» Cette explication, qui ne saurait convenir aux autres entailles dont j'ai
fait mention, serait peut-être d'autant plus acceptable que, suivant l'opinion
à peu près unanime des géologues, opinion développée surtout par M. Lyell
dans son ouvrage récentsur l'antiquité de l'homme (Jnticjuily ofMan), V Ele-
phas meridionalis et les grandes espèces qui l'accompagnent seraient anté-
rieurs à la période glaciaire la plus ancienne, celle qui a précédé et accom-
pagné les transports, les blocs erratiques, et la formation des terrains nommés
diluviens, et qui aurait sans doute le plus contribué à la destruction des grands
Mammifères vivant alors sur le sol de l'Europe.
» La conséquence qu'un pourrait tirer de cettecoïncidence effrayerait sans
doute beaucoup l'imagination, si l'on acceptait avec confiance les estima-
tions de dates présentées avec plus ou moins de vraisemblance, pour cette
période, par les géologues les plus renommés, qui, comme MM. Agassiz,
Darwin, Vogt, et surtout M. Lyell, portent leurs calculs au delà décent mille
ans. Mais la base de leurs raisonnements est trop incertaine pour qu'il soit
possible d'y attacher plus de valeur qu'on ne ferait à des hypothèses tout à
fait gratuites et plus ou moins ingénieuses.
» Néanmoins, les indices de l'existence de l'homme fournis par le gise-
ment de Saint-Prest seraient les plus anciens, selon l'état actuel des obser-
vations géologiques. Les débris humains, signalés depuis plusieurs années
par MM. Aymard et Robert dans une brèche volcanique des environs de
Denise en Velay, et qui ont suscité tant de doutes et de contradictions, ont
été quelque temps considérés comme pliocènes et par conséquent auraient
pu être presque aussi anciens que les ossements de Saint-Prest. Mais, même
(i) Ces stries des galets et des roches, dues au phénomène glaciaire, ont été parfaitement
décrites, surtout dans les Mémoires de M. Collomb sur les glaciers anciens et modernes. Le
même géologue, s'appnyant sur l'étude du bassin du Rhin et des Vosges, avait aussi émis
l'opinion qu'une partie des terrains quaternaires, contenant les débris de V Elephas primige-
nius, pouvaient bien être antérieurs à la période glaciaire (De l'ancienneté <lc l'Homme, 1861).
M. Desôr a combattu cette théorie. L'opinion la plus générale des géologues, surtout en
Angleterre, place la principale et plus ancienne période des glaces qui auraient recouvert
l'Europe, entre les dépôts avec Elephas primigenius et les dépôts avec Elephas meiidinnnlis.
M. d'Archiac a parfaitement exposé, soit dans son excellente Histoire des progrès de la
Géologie, t. II, soit dans son cours de Paléontologie au Muséum, ces différentes périodes
des terrains quaternaires.
( io8r )
en ayant égard aux espèces de Mammifères dont on a trouvé les débris daus
les portions de cette brèche dont l'âge est bien certain, on ne remonterait
qu'à la période de VEléphasprimigenius, tandis que la faune del'Elephasme-
ridionalis et des autres espèces qui offrent d'assez grands rapports avec
celles de Chartres est antérieure en Auvergne, comme dans les autres pays.
» Quelques découvertes nouvelles qu'on puisse ajouter, même pour
des époques beaucoup plus anciennes, à celles que M. Boucher de Perthes
poursuit avec tant de dévouement depuis nombre d'années, il serait injuste
de ne pas toujours tenir compte de sa persévérante sagacité et de sa lutte
infatigable contre les doutes et les objections. Il ne serait pas moins injuste
de ne pas reconnaître que, dès 1823, M. Boue signala dans le lœss du Rhin
des débris de squelettes humains, qu'avant i83oMM. Tournai, de Christel,
Dumas, pour les cavernes du midi delà France, et surtout en i833 M. Schmer-
ling pour celles de la province de Liège, ont fait connaître avec précision
des mélanges de vestiges humains et d'espèces éteintes de Mammifères ; que,
vers le même temps, M. Jouannet et M. Delpon signalèrent des mélanges
analogues, mais probablement plus modernes, dans les cavernes de la Dor-
dogne et du Lot. Plus récemment, les observations se sont tellement mul-
tipliées, avec un plus grand degré de précision, qu'on peut regarder comme
définitivement acquis à la science les faits constatés dans les cavernes des
Pyrénées par MM. Lartet (i), Fontan, Alphonse-Milne Edwards, Filhol, Gar-
rigou, et dans les terrains erratiques de cette contrée par M. Noulet; dans
les cavernes du Vivarais, par M. Delbos; dans celles du Châtillonnais, par
M. Baudouin; dans celles d'Arcy, par M. de Vibraye; dans la Loire, par
le même observateur et par M. l'abbé Bourgeois; dans la Seine, par
M. Gosse et plusieurs autres observateurs; dans l'Oise, par M. de Saint-
Marceaux ; dans l'Aisne, par M. Melleville ; en Italie, par MM. Gastaldi, Forel,
Çapellini; en Sicile, par M. le baron Ancaet par M.Falconer; en Angleterre
surtout, soit dans les cavernes, soit dans les terrains diluviens, par MM. Prest-
wich, Falconer, Evans, G. Auslen et d'autres géologues distingués. On
connaît les observations multipliées dont les mélanges d'Amiens et d'Ab-
beville ont été le sujet depuis quelques années. La plus grande partie de
ces témoignages a été réunie et discutée tout récemment par M. Lyell dans
son intéressant ouvrage : Antiquity oj Man, 1 863. M. Pictet, dans son Traité
(i) C'est dans le travail de M. Lartet Sur la coexistence de F Homme et des grands Mam-
mifères [Annales des Sciences naturelles, t. XV), que les faits ont été présentés avec le
plus de détails précis.
C. ['.., i863, i« Semestre. (T. LVl, N» 25.) <4>
( io8a )
de Paléontologie (aeédit., i853), et depuis, ainsi que M. Gervais dans sa
I '(déontologie française, ont aussi résumé les faits principaux concernant
l'homme fossile (i).
» Plus je me suis efforcé autrefois d'exciter le doute et de tenir en garde
contre l'interprétation prématurée de faits qui ne me semblaient point encore
offrir toute la certitude désirable, plus je me fais aujourd'hui un devoir de
reconnaître, après le contrôle fourni par tant d'observations isolées, recueil-
lies de sources si différentes et sans idées préconçues, que la contempora-
néi'té de l'homme et de plusieurs périodes de grands Mammifères détruits,
en Europe, offre la plus grande probabilité, pour ne pas dire une certitude
complète.
» Il serait bien désirable que des faits aussi universellement constates et
admis le fussent aussi par un savant dont l'opinion, appuyée sur une longue
expérience et tant d'importants travaux, exerce à juste titre la plus grande
influence (2).
» Je résumerai en quelques mots les résultats de l'observation que j'ai en
l'honneur de communiquer à l'Académie des Sciences :
» i° Des ossements fossiles à'Elephas meridionalis, de Rhinocéros lepto-
rhinus, d'Hippopotamus major, de plusieurs grands et petits Cerfs, de plu-
sieurs espèces de Bœuf, et d'autres espèces de Mammifères, considérées
comme caractéristiques des terrains tertiaires supérieurs ou pliocènes, et
découverts dans un dépôt non remanié de cetre période géologique, portent
des traces nombreuses et incontestables d'incisions, de stries, de coupures.
» 20 Ces entailles et ces stries sont parfaitement analogues à celles cpii
ont été observées sur des os fossiles d'autres espèces plus nouvelles de
Mammifères, les unes détruites et accompagnant VElephas primigenins. Fe
Rhinocéros tichorhinus, V Hyœna spelœa, etc., les autres vivant encore aujour-
(1) f'oir pour les débris humains de l'âge de pierre plus nouveaux que lus terrains qua-
ternaires : en Danemark, les Mémoires de MM. Thompson, Worsae, Steenstrup, IN'illson,
Lubbock (Mémoire traduit en 1861 par M. Alp.-Milne Edwards ) ; et sur les anciennes ha-
bitations lacustres de Suisse, Recherches de MM. Keller, Troyon, Morlot, Rutinieyer.
(2) On remarquera peut-être que j'ai évité de parler, dans celte Note, de la découverte
récente de la mâchoire humaine de Moulin-Quignon, qui a eu un si grand retentissement des
deux côtés de la Manche, et aussi à l'Académie des Sciences; je l'ai fait à dessein, désirant
laisser à chacun des deux faits sa valeur isolée. Mais je me reprocherais de ne pas au moins
rappeler, en finissant, la part de lumière et de véritable critique scientifique que mes savants
confrères, .MM. de Quatrefages et Milne Edwards, ont apportée dans ce débat, où la re-
cherche de la vérité a été le but unique des observateurs réunis pour discuter les éléments de
cette découverte, dont l'authenticité et le gisement quaternaire paraissent bien incontestables.
( io83 )
d'hui, telles que le Renne, plusieurs Cerfs, l'Aurochs, trouvés dans les
cavernes ossifères et dans les terrains de transport ou diluviens. On a reconnu
«les vestiges semblables sur de nombreux ossements d'espèces actuelles
recueillis dans les fouilles d'établissements ou de tombeaux gaulois, gallo-
romains, bretons et germaniques.
» 3° Ces marques constatées sur les ossements les plus anciens paraissent
avoir, en très-grande partie, la même origine que celle des ossements plus
modernes et ne pouvoir jusqu'ici être attribuées qu'à l'action de l'homme.
» 4° D'autres stries plus fines, rectilignes, entre-croisées, qui se voient
aussi en grand nombre sur les ossements du terrain pliocène des environs
de Chartres et d'autres localités, paraissent être analogues à celles qu'on a
observées sur les galets et blocs striés, burinés et polis des glaciers anciens
et modernes.
» 5° Le gisement de Saint-Prest, aux environs de Chartres, unanimement
reconnu comme tertiaire supérieur ou pliocène, et certainement comme
antérieur à tous les dépôts quaternairesqui contiennent Y Elephas primkjenius,
présente de nombreux ossements d' Elephas meridionalis et de la plupart des
grandes espèces caractéristiques des terrains tertiaires supérieurs, sur les-
quels on remarque ces deux sortes d'entailles et de stries.
•> 6° De ces faits il semble possible de conclure, avec une très-grande
apparence de probabilité, jusqu'à ce que d'autres explications plus satisfai-
santes viennent mieux éclaircir ce double phénomène, que l'homme a vécu
sur le sol de la France avant la grande et première période glaciaire, en
même temps que Y Elephas meridionalis et les autres espèces pliocènes, carac-
téristiques du Val d'Arno en Toscane; qu'il a été en lutte avec ces grands ani-
maux antérieurs à Y Elephas primicjenius et aux autres Mammifères dont on a
trouvé les débris mêlés avec les vestiges ou les indices de l'homme dans les
terrains de trausport ou quaternaires des grandes vallées et des cavernes.
>> 70 Enfin le gisement de Saint-Prest serait jusqu'ici en Europe l'exemple
de l'âge le plus ancien, dans les temps géologiques, de la coexistence de
l'homme et de Mammifères d'espèces éteintes. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ÉCONOMIE rurale. — Premiers cocons du ver à soie du chêne ;
extrait d'une Note de M. Gcérin-Méneville.
(Commission des vers à soie.)
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie quelques-uns des premiers
i4i..
( io84 )
cocons du ver à soie du chêne {Bombyx Yama-Mai, Guér.-Mén. ), espèce
provenant du Japon, et dont les œufs ont été introduits en Europe par
M. le Dr Pompe de Meer de Woort. Quelques grammes de ces œufs, remis
par M. Pompe au Ministre des Colonies de Hollande, ont été envoyés à
MM. les Ministres des Affaires étrangères et de l'Agriculture, qui les ont
offerts à la Société impériale d'acclimatation. D'autres m'ont été donnés par
ML le Dr Bleeker.... Ces œufs, éclos un peu prématurément, ont donné des
chenilles qui ont pu être élevées avec succès sur divers points de la France.
Celles que j'élève dans mon laboratoire de sériciculture comparée de la
ferme impériale de Vincennes sont dans le meilleur état et feront leurs
cocons dans douze à quinze jours. Celles dont j'ai commencé l'élevage à
Toulon, et qui ont été soignées ensuite par M. Auzende, directeur du Jardin
public de la ville, ont déjà donné plus de cinquante cocons pareils à
ceux-ci.
» Outre cette espèce, j'ai dans l'établissement de Vincennes une seconde
espèce de ver à soie du chêne (Bombyx Pernyi, Guér.-Mén.) provenant du
nord de la Chine. L'introduction de cette précieuse espèce, tentée vaine-
ment depuis bientôt dix ans, sera due à M. le Ministre de l'Agriculture, du
Commerce et des Travaux publics, qui a reçu des cocons vivants envoyés de
Pékin par M. Eug. Simon, et qui m'a fait l'honneur de me charger de la
délicate mission d'introduire cette espèce dans notre agriculture.
» J'ai déjà fait connaître aux Sociétés impériales d'agriculture et d'accli-
matation les difficiles débuts de cette tentative. Aujourd'hui je puis annon-
cer qu'elle est en pleine voie de succès, car ces vers à soie, nés le 19 mai
dernier, sont déjà arrivés à leur seconde mue sans montrer le moindre
symptôme de maladie. Pendant leur premier âge, ces vers étaient d'un non-
profond ; aujourd'hui ils sont d'un beau vert avec des tubercules orangés
et bleu d'outremer.
« J'ai l'honneur de déposer sur le bureau des échantillons de cocons et de
soie produits par ces deux vers à soie du chêne. »
M. J.-A. Vincent de Jozet soumet au jugement de l'Académie un tra-
vail très-étendu ayant pour titre : « Exposé des principes tant généraux que
particuliers de la musique moderne » .
Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de
MM. Pouillet, Duhamel et Chasles.
MM. Caillaux et Guiixet adressent, de Menars (Loir-et-Cher), un
résumé de leurs observations sur l'éclipsé de lune du Ier juin.
( io85 )
MM. Mathieu et Laugier sont invités à prendre connaissance de cette
Note pour en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport.
M. Colxet d'Huaht, auteur d'un Mémoire précédemment présenté sons
le titre de : « Relation entre la chaleur rayonnante, la chaleur de conduc-
tibilité et la chaleur latente », adresse une nouvelle rédaction de son travail
en demandant qu'elle soit substituée à la première.
(Renvoi aux Commissaires désignés dans la séance du ier mai,
MM. Becquerel, Pouillet et Fizeau.)
M. Husson envoie, de Toul (Meurthe), une Note « sur L'albuminurie
chronique », Note dans laquelle il cite, d'après ses propres observations,
le cas de deux jumeaux, une sœur et un frère, qui ont succombé à cette
maladie, l'une à trente-huit ans, l'autre à quarante.
(Commissaires, MM. Andral, Rayer, Bernard.)
CORRESPONDANCE.
M. i.e Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. le profes-
seur./os. Bianconi, de Bologne, trois opuscules ayant pour titre, l'un : « De
la chaleur produite par le frottement entre des solides et des fluides, consi-
dérée par rapport aux sources thermales et aux aérolithes » ; l'autre :
« Notices historiques sur les études paléontologiques et géologiques qui se
font à Bologne, et Catalogue raisonné de la collection zoologique de l'Apen-
nin bolonais » ; le dernier enfin : » Des écrits de Marco Polo et de l'oiseau
Rue mentionné par lui ».
Le premier de ces opuscules, qui reproduit un premier travail rédigé en
latin et imprimé en iS/Jo dans les Nov. Comment. Acad. Bonon., avec une
addition en italien datée de 1862, peut être considéré comme une réclama-
tion de priorité à l'égard des expériences de MM. Joule et Thomson.
Le dernier n'est en quelque sorte que l'introduction à des recherches sur
le célèbre oiseau dont a parlé le voyageur vénitien, oiseau que quelques na-
turalistes ont voulu identifier avec VEpiornis de Madagascar, tandis que
d'autres ont pensé qu'on le devait chercher parmi les Rapaces. Le premier
soin à prendre pour établir la discussion sur ses vraies bases était de déter-
miner quelle est la rédaction primitive de l'illustre voyageur. Dans cette
question déjà fort débattue, quelques-uns des critiques se sont prononcés
pour le texte italien tel que "l'a reproduit Ramusio, d'autres ont soutenu que
( io86 }
fa rédaction française était celle qui avait été dictée par le voyageur lui-
même, à ce moment en prison. M. Bianconi se prononce pour cette dernière
opinion et l'appuie de preuves nouvelles en discutant le texte du manu-
scrit 7367 de la Bibliothèque impériale, manuscrit qu'a reproduit par la voie
de l'impression la Société de Géographie de Paris. Le savant bolonais montre
qu'il est facile de comprendre comment de ce texte ont pu dériver lous ceux
que l'on connaît, tandis que l'inverse est impossible : il signale dans le fran-
çais des mots et des tournures étrangères qui montrent que l'auteur du récit
était non-seulement Italien, mais Vénitien ; et de même dans les textes ita-
liens il montre des mots qui ne se comprennent qu'autant qu'on se reporte
an français. Ainsi, de «Syanfu, une très-noble ville^» on a fait«fre nobilicillàn
( tre = 3), parce qu'on a compris très comme s'il y avait tiois.
M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de
la Correspondance un Mémoire de M. F. Brioschi « sur la résolvante de
Malfatti pour les équations du cinquième degré ».
M. Peytier, qui déjà plus d'une fois a été présenté comme candidat pour
une place vacante dans la Section de Géographie et de Navigation, prie l'Aca-
démie de vouloir bien lui continuer la même bienveillance et de le conserver
sur la liste des candidats dont elle discutera les titres dans la prochaine
élection pour le remplacement de feu M. Bravais.
(Benvoi à la Section de Géographie et de Navigation.)
CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur l'acide acétique, de la fermentation alcoolique;
par M. A. Béchamp.
« Le Compte rendu de la séauce du 25 mai dernier contient une Note de
M. Pasteur relative à celle que j'ai publiée sur la présence de l'acide acé-
tique parmi les produits de la fermentation alcoolique. « Cette observa-
» tion est exacte, » dit M. Pasteur; mais il ajoute : « Je crois que ce fait
» est connu depuis longtemps, du moins en ce qui concerne l'acidité faible
» des produits de la distillation des liqueurs fermentées, etc. »
» J'ai eu le soin d'expliquer comment j'ai été amené à m'occuper de cet
objet : c'était pour vérifier directement un fait qui, pour moi au moins, était
encore inexpliqué, savoir : non pas l'acidité faible et accidentelle des pro-
duits de la distillation des liqueurs fermentées, mais la présence bien con-
statée de l'acide acétique dans le vin fermenté à l'abri de l'air, et nullement,
comme on pourrait le penser, pour contrôler les expériences toujours si
( 1087 )
exactes de M. Pasteur, encore moins pour empiéter sur l'objet de ses re-
cherches. Je m'en défends, et je ne me pardonnerais pas d'être intervenu
dans les travaux d'autrui pendant qu'ils sont en cours d'exécution : le tra-
vail de M. Pasteur a été publié en mars 1860; il est complet, et, en ce qui
touche l'acide acétique, le sujet est épuisé pour l'éminent auteur; quand il
y est question de cet acide, c'est pour nier sa formation ou pour dire qu'a-
vant sa publication on ne connaissait rien sur la véritable nature de l'acide
qui prend naissance pendant la fermentation alcoolique. Je cite :
« Le travail de Lavoisier renferme un résultat précieux sur la formation
» d'une petite quantité d'un acide organique pendant la fermentation alcoo-
» lique, fait confirmé par M. Thenard et par tous les observateurs qui se
» sont occupés de cette fermentation. La nature de cet accident est mal con-
» nue. Lavoisier dit que c'est de l'acide acétique, et les auteurs modernes
» affirment que c'est de l'acide lactique. Sur ce point on ne rencontre en-
» core dans les ouvrages aucun travail suivi (1). »
» En effet, sauf dans le Traité de Lavoisier, je n'ai lu nulle part, ni en-
tendu dire qu'il y eût de l'acide acétique parmi les produits normaux de la
fermentation alcoolique.
» Je ne me suis pas permis (M. Pasteur sait très-bien quelle profonde
estime je professe pour sa personne et son admirable talent) de lui adresser
le reproche d'avoir contredit l'assertion de Lavoisier sur la production de
l'acide acétique dans la fermentation alcoolique. L'avouerai-je? je n'ai relu
le Mémoire de M. Pasteur que lorsque mes expériences étaient terminées;
je me souvenais trop bien des importants résultats qui y sont consignés.
J'ai cité Lavoisier, comme cela était convenable (on a pris l'habitude de le
citer trop peu), en exprimant le regret de ne pas posséder Je Mémoire au-
quel il renvoie pour les détails; j'ai relu ensuite le Mémoire de M. Pasteur,
et j'ai ajouté, pour montrer que je comprenais l'importance du sujet, mais
sans commentaire, que M. Pasteur contredit formellement l'assertion de
l'immortel chimiste. Voici les propres paroles de M. Pasteur :
« J'ai rappelé, dit-il, l'opinion commune des chimistes sur la nature de
» l'acide que Lavoisier signala le premier parmi les produits de la fer-
» mentation alcoolique. Lavoisier croyait que c'était de l'acide acétique. Plus
» tard on le prit pour l'acide lactique. La vérité est que l'acide lactique, pas
» plus que l'acide acétique, ne sont des produits de la fermentation alcoo-
» lique. Lorsque l'on trouve del'acide acétique, c'est que le liquide fermenté
(1) Pasteur, Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LVIII, p. 3a8.
( io88 )
» a eu lé contact de l'air dans des conditions tontes particulières; quant
» à l'acide lactique, c'est également un produit accidentel (i). »
» Il est incontestable, d'après mes recherches, qui sont encore incom-
plètes en ce qui concerne le dosage, que Lavoisier indique peut-être une
trop grande quantité d'acide acétique. Je ne puis dire à quoi tient 1 erreur,
ne connaissant ni les conditions, ni les détails de son expérience. Toutefois
il paraît que Lavoisier n'a pas opéré sur une très-grande quantité de sucre ;
il est probable qu'il n'a opéré que sur un petit nombre de livres, et que,
par suite, puisqu'il a interrompu l'opération avant que tout le sucre fût
détruit, le contact de l'air n'a pas dû être trop prolongé. Je lis en effet
dans son Traité (édition de i8o5, t. I, p. 1 48) les lignes suivantes : « Quoi-
» que, dans ces résultats, j'aie porté jusqu'aux grains la précision du calcul,
» il s'en faut bien que ce genre d'expériences puisse comporter encore une
» si grande exactitude ; mai? comme je n'ai opéré que sur quelques livres de
» sucre, et cpie, pour établir des comparaisons, j'ai été obligé de les réduire
» au quintal, j'ai cru devoir laisser subsister les fractions telles que le cal-
» cul me les a données. » On conçoit, d'après cela, qu'il est difficile pour
moi de me prononcer sur la valeur des nombres que Lavoisier a consignés
dans son livre. Mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'il a bien vu.
» Je ne m'explique pas encore sur la manière dont il convient d'inter-
préter cette formation de l'acide acéticpie et celle des autres acides gras
volatils. Je le ferai lorsque les expériences que j'ai instituées seront termi-
nées. En finissant, j'ajoute seulement ceci : assurément, si je m'étais con-
tenté de signaler l'acidité faible des produits de la distillation de liqueurs
fermentées quelconques ou de celle de leurs vapeurs, mon travail n'aurait
aucune signification. C'est parce que rien d'étranger n'est intervenu, que
j'ai isolé, distillé l'acide acétique lui-même, que je l'ai transformé en sel de
soude et en chlorure d'acétyie, ne me fiant pas à l'odorat pour le caracté-
riser, que j'ai publié ce résultat avec confiance comme ebose nouvelle. »
analyse MATHÉMATIQUE. — Sur (a théorie algébrique des fonctions homogène*
du quatrième degré à trois indéterminées; Note du P. Joibert, présentée
par M Hermite. (Suite.)
« En faisant opérer IV sur la forme, nous obtenons un premier covariant
quadratique du cinquième degré par rapport aux coefficients. La combi-
naison de II et du Hessien conduit à un second covariant quadratique du
même degré par rapport aux coefficients. Voici leurs expressions :
il Pasteur, Annales île Chimie et fie Physique, loc. cit., p. 36o.
( 'o89 )
V.
3 y. 4- 1 o py — 3 a3 4- g apJ 4- g ay2
4- 12 s- py 4- 2 p3 7 + 2 Py3 4- 4 ap2 y2
— iy~ 77P-2 — 39 **'>? — 2p2X2 — 2v2
— 28 a?f/.2 — 28 ayv2 4- 4 apyX2
— 37 p2 yfx2 — 37 (3y2 v2 4- 70 aXp
+ 82 p7Xp — 8 aX4 — 8 pX2 fx2 — 8 7X2 v2
— /'•'— 12 u.2 V2 4- 8 V p
y'
z2
3p + ioaV-3(53 + 9^72 + 9a2p
3 7 4- 1 0 ap — 3 73 4- 9 a2 7 + 9 yp2
-+- I2ap2y 4-2ay3 4- 2 a3 y 4-4 a2py2
4- I2apy24-2a3p4-22p34-4a2p2y
— 7 V'2 _ 7 a'j2 — 3g p2 p2 — 2y2 jx2 — 2 x2fx2
— 7 x;x2 — 7 pX2 — 39 72 v2 — 2 x2 V2 — 2 S' »J
— 28 pyv2 — 28 apX2 + 4 af7u2
— 28 ayX2 — 28 pyfx2 4- 4 a^yv2
— 37 c<72 v2 — 37 a2 7A2 4- 70 pXp
— 37 pa2 X2 — 37 a^2 [x2 4- 70 yXp
+ 82 c^Xp — 8 pfxs — 8 7p2 v2 — 8 aX2 fi2
4- 82 apXp — 8 yj> — 8 a).2 v2 — 8 pfx2 v2
-p2-I2).2V2 + 8)fA3V
— v2 — i2),2v24-8y/
%yz
2x2
a ./i
■xl 4- 4 PyX — 25 a3 X 4- 1 1 «p2 X 4- 1 1 ay'X
p(x4-4ayft — 25p3fx4-n p72(x4-n:<2p|x
yv 4- 4aP" — 25 71 v 4- 1 1 a2yv 4- 1 1 p2yv
4- 4'> 7" S"/'' — 4 f v + 5o a2 jxv — 1 6 p2 p
4- 46 ap27fx — 4 Xv 4- 5o fi2 Xv — 1 6 y2 Xv
4- 46 stpy2 v — 4 Xix 4- 5o y2 Xjx — iO a2 /.jx
— i6y2fxv 4- io6a(3yu.v 4- 3opXv2
— 1 6 a2 Xv 4- 1 06 apyXv 4- 3o 7X2 ;x
— 1 6 p2 Xu. 4- 1 06 apyXfx 4- 3o afx2 v
4- "ioy'iy."' — 25 ot2 X3 4- 2 a&Vfx2 4- aayiv2
4- 3o ap2 — 25 p2 u? 4- 2 pyp J 4- 2 apX2 ft
4- 3o pX2 v — 25 72 v3 4- 2 ayX2 v 4- 2 67».' v
- 4 pu3 v — 4 yp3 4- 48 jcX2 p
— 4 yXv3 — 4 aX3 v 4- 48 pXjx2 v
— 4 aX3 p. — 4 pX;x3 4-48 yXtxv2
Mj+4y»!
4- /x3 4- 4 X2 fXV2
4--/4-4X2fx2v
VI.
a 4-10 Py — a34- 3 ap24- 3 yf + 24 y.2 (5y
- 6 p3 7 — 6P73— i2ap272 — 9pv2
-97v2-33a2X24-6p2X24-672X2-36ap^2
-36ayv2— i2a(5yX24-2i p2yp.24-2i pyV
- 90 aXp — 60 p yXp 4- 2 4 xV 4- 24 pX2 fx2
- 24 yX2v2 — 7 X2 — 24 fx2 v2 — 24 X3 p
p4-iozy-p34-3py24-3a2p+24ap27-6a7
— 6 a3 y - 1 2 22 py2 - g 7X2- 9 zv2 — 33 p2 |x2
4-6y2|x24-6a2fxJ-36pyv2-36xpX2
— 1 2 ap7fx2 4- 2 1 ay2 v2 4- 2 1 a2 7X2 4- 90 pXp
— 66 ayXp 4- 24 p/x' 4- 24 7fx2 v2
4- 24 aX2 f/2 — 7 fx2 — 24 X2 v2 — 24 Xjx3 v
z'
y4-io ap—y34-3a2
7+3 p2 y+24 apy 2— 6 a3 p
— 6ap3-i2«2p2y
-gafx2-
-9pX3-33y2v2
4-6a2v24-6p2v2-
- 36 ayX2 -
- 36 p7fx2
— I2 2pyv24-2I a2
pX2 4- 2 1 ap2 (x2 4- 90 yXp
— 66 apXp 4- 24 y
/ 4- 24 seX
'v2
4-24pfx2v2-7v2-
-24X2p2
- 24 Xp3
7Z> — i2pyX — i5a3X — 3ap2X — 3a72X
4- 42 a2 pyX — 8 p 4- 3o y? p — 1 2 p2p
- I272p 4- 42afyp 4- 3opXv24- 3oyXfx2
- 1 5 y? X3 — 6 apXfx2 — 6 ayXv2 4- 1 2 pfx3 v
4- 1 5 yp3 4- 36 aX2 p 4- 7 >.3_ 1 2 Xu2 v2
1XZ
2 .11
7p,ix — I2ayft — i5p3(x — 3py2(x — 3x2pf.
7 y v — 12 xpv — 1 5 y3 v — 3 a2 yv — 3 p2 yv
4- 4* ap2 yf — 8 Xv 4- 3o p3 Xv — i2y2Xv
4- 42 apy2 v — 8 Xu. 4- 3o 72 Xfx — 1 2 z2 Xjx
— i2a2Xv4-42apyXv4- 3oyX2fx 4- 3o«p2
— 1 2 p2 Xfx 4- 42 ap7Xfx 4- 3o a;x2 v 4- 3o pr v
- 1 5 p2 [x3 - 6 pyp2 - 6 apA2 fx 4- 1 2 y Xv3
— 1 5 72 v3 — 6 517X2 v — 6 p7fx2 v 4- 1 2 a).3 fx
4- i2aX3v4- 36 pXjx2 v 4- 7 fx3 — i2X2p2
4- 1 2 pXfx3 4- 36 7X1XV2 4- 7 v3 — 1 2 X2 fx2 v
» Remarquons qu'en faisant opérer III sur le carré de F, on obtient
encore un covariant quadratique du même degré par rapport aux coeffi-
cients, et qui se trouve être une combinaison linéaire des deux précédents.
» L'existence de deux covariants quadratiques du cinquième degré par
rapport aux coefficients nous paraît être un fait important dans la théorie
des formes homogènes du quatrième degré à trois indéterminées. Elle nous
permet d'indiquer une forme canonique qui semble plus appropriée à
l'étude approfondie de ces fonctions. On sait, en effet, qu'il est possible de
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LV1, N° 23.) '42
( i°9° )
transformer, par une substitution linéaire, deux fonctions homogènes du
second degré en une somme de carrés. D'après cela, nous pouvons adopter
comme forme canonique celle des transformées qui se déduit de F par la
substitution linéaire pour laquelle les deux covariants quadratiques se
réduisent simultanément à des sommes de carrés. Nous montrerons plus
loin comment l'emploi de cette forme canonique permet d'établir sans
calcul l'existence de deux covariants linéaires. Ajoutons encore qu'une
combinaison linéaire de nos deux covariants fournit une fonction de
même espèce contenant un paramètre variable.
» En faisant opérer II sur le carré de F on obtient un covariant biqua-
dratique du quatrième degré par rapport aux coefficients; et en retran-
chant de la fonction à laquelle on est ainsi conduit un multiple conve-
nable du produit de F par l'invariant cubique, on parvient à une expression
plus simple de même espèce que nous plaçons ici.
» Le même covariant est susceptible d'un second mode de formation :
il suffit effectivement, pour l'obtenir, de prendre l'émanant cubique de F,
et de calculer ensuite l'invariant S de M. Aronhold de cet émanant.
VII.
v-
• 2 SyA2 — SfJ
y — 2 K7f* — 7V — yJ ■'
-t-ipi + p.4
+ V-H
';-j-
f*
■A-
- 2 ap~k -(- a2 y\ — 2 ayftv
- sàft2 — Sftv + 2 f/3 v
t — 2 pyu. -(- a^2 ft — 2 u&hi
— {3pv2 + yh> -+- 2 h>s
fin — 2 ayv -+- (5y'J v — 2 ' '/> y
— y^2 v + a/p. + 2 '/ s y
pï. — 2 zyk + a2 (3À — 2 aSuv
— zÀv2 -)- yiiv -+- 2 ul-j3
3y _ a(ï2 — xf — a2 (3y -H «2 V
-+- aSfi2 + ayv2 — 4 a^f*v
+v+1u:- + y + iu.>s
y ti — 2 a8u -+- S2 y t* — 2 (3yta
— [?A2fi + aXv+2>3v
z2.r2
a7_pv=_a2^-a^y4-^fi2
+ Pyv2 + a|3)l2-4(3V-'
+ u!-4-av2 + y).2 + 3/2v2
soi — 2 Byv -(- ay- v — 2 ay >f/
— y tt2 v -(- |5Xu -+- 2 ift*
'"'.'
aS-
+
+
ay).2 -f- Syy.2 — 4 7\uv
K'-hpV + afjt' — 3V(*!
— i + 22A+4a&yl— 2ap — 42V
— 4 pty1— 4 y>v2+3 pyp + 7 V p
— (*+ !r y. -(-4 a^yp — 2 y'k-i —4 ^ri3
— 4yp5— 4aVft+3ay)v+7).ft2v
« --
— v -l-y'v-)-4 aSyv — ayAjt — 4 y/
— 4aVv— 4|5u2v+3apV+7>uv2
( i°9x )
» Jusqu'ici les contrevenants ou covariants qui se sont offerts à nous
sont tous de degré pair, et on pourrait multiplier assez facilement le
nombre de ces expressions. Mais peut-on être sûr de l'existence de fonc-
tions de cette espèce, de degré impair par rapport aux variables? Pour
répondre à cette question, nous avons dû, ce qui suffit évidemment, nous
renfermer dans un cas particulier. Celui auquel nous nous sommes arrêté
nous était indiqué d'avance par les résultats énumérés dans les tableaux pré-
cédents. Un coup d'oeil jeté sur eux suffit effectivement pour voir que toutes
nos expressions deviennent très-simples, lorsqu'on suppose nuls les trois
coefficients a, [i, y. Nous nous bornerons donc, dans ce qui suit, aux fonc-
tions homogènes du quatrième degré à trois variables, pour lesquelles la
forme canonique devient
x* 4- y* 4- z4 4- 61x2jz 4- 6p.xy2 z 4- ôvxyz*.
» Avant d'entrer dans rénumération des contrevariants et covariants de
degré impair que nous avons rencontrés, nous donnons un covariant du
quatrième degré par rapport aux variables, et du septième par rapport aux
coefficients, dont nous aurons à faire usage un peu plus loin, obtenu en
faisant opérer IV sur leHessien.
VIII.
1 26 X' — 24 p' — 24 v4
- 264 Xp -+- 600 X* p2 V' -
4.r
144 >sp
8 1 Xv' — 1 32 pi3 v — 90 X3
+ 432).2p3 + 72V1vî
: X2 pi — 1 32 Xv3 — 90 p3 v2
-432AVv + 72/W
— 126 V* — 24).' — 24 fi'
4- 264 Xpn 4 600 X2 p2 v2 4- 1 44 Xp
4x3/
8 r p.2 -j — 1 32 X3 p — 90 A2 v3
4- 432 Xp3 v2 4- 72 X' p2 v
4-3.,
i 1 x.p2 — 1 32 p3 — 90 x3 -y-
4-432 X2 p3 v + 72 Xp2 v'
4**3
81 pa —
+ 432 /p.
l32/3V —
!v3 + 72)
90/
<p2
F-3
4r3^
X2 v — 1 32 Xu.3 — 90 p.2 v3
•432).3pv2-f-72À2p"v
6r2z2
• 17 X2 — r32p2v2 + goX3pv
-288 X2 p.4 4-288 X2 v' + 72 Xu.3 v3
■ 1 7 p.2 — 1 32 X2 v2 4- 90 Xu.3 v
- 288 p2 v" 4 288 X4 y.2 4- 72 X3 p3
6x2^2
— 17V2 — i32X2p2 + goXpv3
4- 288 X4 v2 4- 288 p4 v2 4- 72 X3 p.3 •.
12 aryz
•2X4-18X5 — ii2X2pv4-i8Xp'4-i8Xv4
■ 144 p3*3 — 216 X3 p.2 v2
— 2p4-i8ps— ii2Xp2v4-i8p-/4-i8X4p
4-i44>-V — 216 X2 p.3 v2
1 2 xyz'
— 2*4-i8vb— H2)p2 + i8).4v +-i8p'v
4-i44X3p3 — 2i6X2p.2v3
l42..
( ><>92 )
chimie. — Sur quelques nouvelles combinaisons du fer et sur l'atomicité
de cet élément; par M. A. Schecrer-Kestner. (Extrait présenté par
M. Pelouze.) (Deuxième partie.)
« Dichlorolétracétate jerrique . — Sel cristallisé en prismes rouge-jaunâtre,
obtenu soit en faisant réagir l'hydrate ferrique sur les quantités conve-
nables d'acide chlorhydrique et d'acide acétique, soit en oxydant par l'acide
azotique du chlorure ferreux dissous dans l'acide acétique. Sa formule
est :
Fes
,0'+3H!&.
4(G2H3Ô)'
Cl2
Ce sel se décompose lentement par l'azotate d'argent; on obtient une dis-
solution qui fournit une belle cristallisation de tétracéto-diazotate :
Fe2)
4(C2H3Ô)' ©64-6H2©.
(îAzô')1!
» Triacélo-diazotate ferrique. — Sel cristallisé en prismes rhomboidaux
d'un rouge foncé, obtenu en décomposant i molécule de dichlorotriacé-
tate ferrique par 2 molécules d'azotate d'argent; la liqueur séparée du
chlorure d'argent, qui ne se dépose que peu à peu, évaporée dans le vide,
fournit ce sel. Il a pour formule :
Fe2
3(G2H3©)'
H^AzO2)'
©6 + 8H2Ô.
» Acétate ferrique basique. — Lorsqu'on laisse une dissolution d'acétate
ferreux neutre exposée à l'action de l'air, la surface du liquide ne tarde pas
à se recouvrir d'une pellicule brune qui touche au fond du vase. Ce dépôt,
lavé et séché à 100 degrés, est constitué par un acétate ferrique basique
insoluble dans l'eau, dont la composition correspond à la formule
3Fe2
2(C2HaO),|0'2.
H*
» F ormiate ferreux. — La tournure de fer se dissout dans l'acide formi-
( 1093 )
que bouillant. On obtient une dissolution verdâtre qui dépose pendant le
refroidissement des tables rhomboïdales. Ces cristaux, peu solubles dans
l'eau froide, se décomposent dans l'eau bouillante et déposent un sous-sel
de couleur jaune. La présence d'un excès d'acide formique empêche com-
plètement cette décomposition. A l'analyse, le formiate ferreux a donné des
résultats qui conduisent à la formule
Fe
2(GHÔ)'
O2 + aH20.
» Formiate ferrique. — L'hydrate ferrique se dissout facilement dans
l'acide formique. On peut même obtenir des sels basiques solubles dans
l'eau. Le formiate ferrique est beaucoup plus stable que l'acétate, il cristal-
lise en petits prismes jaunes très-brillants. Son analyse conduit à la formule
.06 + H2ô).
Fe2
6(GHO)<
« Formiate jerrique basique. — Le formiate ferreux, exposé à l'air, se dé-
compose promptement lorsqu'il ne contient pas d'acide formique en excès;
de l'oxyde ferrique se dépose, et il reste en dissolution un formiate plus ou
moins basique. Lorsqu'on porte à l'ébullition une dissolution neutre de
formiate ferreux, on obtient un précipité jaune insoluble dans l'eau et dont
l'analyse correspond à la composition suivante :
Fe2 j
(€HO)' O6.
H5 )
» Formio-azotale ferrique. — Lorsqu'on oxyde par l'acide azotique du
formiate ferreux neutre chauffé au bain-marie, il y a fixation de nitrile dans
le composé qui se forme; la dissolution jaunâtre ainsi obtenue, évaporée
sur l'acide sulfurique ou dans le vide, produit une belle cristallisation d'un
sel diacide. Les cristaux obtenus sont rouges par transparence et d'un reflet
jaune brillant; ils se décomposent très-promptement, même à la tempéra-
ture ordinaire, en dégageant des vapeurs nitreuses. La composition est
représentée parla formule ,
Fe2 1
3(6HO)* 06+3H20.
H2(Az02)' )
» Cldoroformiate jerrique. — On prépare ce sel en oxydant par l'acide
( 1094
azotique du chlorure ferreux cristallisé dissous dans l'acide foruiique.
Ce corps forme des cristaux mamelonnés d'un jaune rouge, solubles dans
l'eau, peu solubles dans l'alcool, et dont la composition est exprimée par
la formule
Fe*
4(€H0)"O4+3H?O-
Cl2.
w Pendant la réaction, il se forme en même temps que le sel précédent
du chlorure ferrique.
» Selsjerriques triacides. Formio-acéto-azotate ferrique. — Cristaux rouges
obtenus, soit en faisant réagir les acides azotique, foruiique et acétique, en
proportions convenables, sur l'hydrate ferrique, soit en oxydant par l'acide
azotique un mélange composé de quantités équivalentes d'acétate et de for-
miate ferreux. On obtient d'abord une dissolution rouge contenant le sel à
•a molécules de nitrile :
Fe2
a(Gl,HO)1
2(€2H3Ô3)'
2(Az02)'
Ô6
Ces cristaux se décomposent lorsqu'on concentre leur dissolution et four-
nissent un nouveau sel, ayant pour formule :
Fes
2(GHO)'
2(€sH3Gv)1
H(AzÔ!)1
06-t-5H20.
qui représente le diformio-diacéto-azotate ferrique.
» Ce sel perd 3 molécules d'eau lorsqu'on le desséche sur l'acide sulfu-
rique.
» Combinaison du fer avec lejluor. — Le fluorure ferreux obtenu par la
dissolution du fer dans l'acide fluorhydrique forme des cristaux d'un vert
clair, peu solubles dans l'eau et contenant
Fe 1 +8HS0. »
FI2
( I095 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les trimétalaniles; par M. Hugo Schiff.
« Dans mes Mémoires antérieurs, j'ai démontré que les métaux mono
et diatomiques peuvent fournir des composés anilométalliques. J'ai con-
staté que les métaux triatomiques se comportent d'une manière analogue,
et je vais exposer les résultats de mes expériences. On obtient les triméta-
laniles d'après les méthodes générales que j'ai déjà indiquées, ou par l'ad-
dition directe, ou en ajoutant de l'aniline à une solution des différents sels
dans la benzine.
» 3 équivalents d'aniline se combinent avec i équivalent de chlorure
d'antimoine anhydre, avec un dégagement très-faible de chaleur, et four-
nissent au bout de quelques heures une masse blanche et cristalline qui
représente le
l'Sb
Chlorhydrate de stibanile N3 3G6H5, 3HCI.
(H3
» Le seul dissolvant que j'aie pu trouver pour ce composé, c'est l'aniline;
la solution chaude laisse déposer par le refroidissement des aiguilles fines et
soyeuses. L'eau décompose le sel, l'acide chlorhydrique le transforme en
un sel double. Il entre en fusion à environ 80 degrés, toutefois en se colo-
rant un peu, mais sans éprouver une décomposition. Le sel fondu se soli-
difie en des aiguilles magnifiques de 10 à i5 millimètres de longueur. A une
température plus haute, aucune formation de fuchsine n'a pu être cons-
tatée; la combinaison distille, mais elle est décomposée en partie.
» Pour opérer la combinaison du triiodure d'antimoine avec l'aniline, il
faut une température de 100 à 120 degrés. Si l'on se sert d'un excès d'ani-
line, le composé se dépose en petites aiguilles jaunes, colorées sans doute
par une faible quantité d'iode. La composition est analogue à celle du
|S'b
chlorhydrate N3 j 3 G6HS, 3HI. Par la distillation, une grande partie est dé-
fi3
composée. Les alcalis caustiques dissolvent le sel ; au point d ebullition de
cette solution, il y a décomposition d'après l'équation
G18H2'SbN3I3 -+- 4 KHÔ = 3 G6H'N + 3 Kl ■+- SbKQ5 + 2 H20.
» Le chlorure d'arsenic s'échauffe assez fortement avec l'aniline, et
( I096 )
fournit le
i As
Chlorhydrate d'arsénanile. . . . N3 3€6H5, 3HC1,
(H3
composé cristallin qui se comporte comme la combinaison antimonique.
11 fond à environ 90 degrés et distille sans décomposition à ao5-2io de-
grés. Le sel est un peu soluble dans l'eau, mais la solution dépose bientôt de
l'acide arsénieux.
» L'iodhydrate d'arsénanile, qui se forme à une température élevée, n'est
altéré ni par l'eau froide, ni par l'acide chlorhydrique étendu; il est un
peu soluble dans la benzine et dans l'alcool froid. L'alcool bouillant le
décompose d'une manière curieuse; on obtient des flocons bruns de mono-
îodure d'arsenic, et l'alcool abandonne par l'évaporation de longues ai-
guilles d'iodhydrate d'iodaniline :
G18H31 AsN3!3 — AsI -H- €6H6IN, HI + 2G6 HTN.
» Si l'on chauffe 1 équivalent de trichlorure bismuthique avec 3 équi-
valents d'aniline, on obtient une masse indistinctement cristalline; c'est le
Chlorhydrate de bismanile. . . N3 3 G6H5, 3HC1.
H
» L'eau le décompose très-lentement, le sel est fusible; chauffée à une
température plus élevée, la masse se colore en violet, mais il n'y a pas for-
mation de matière rouge. On sait que le trichlorure de bismuth, traité par
des agents réducteurs, est transformé en bichlorure, et je suis tenté de croire
que la coloration est due à une réduction partielle. On se souvient que seuls
les métalaniles, qui contiennent des radicaux réductibles, donnent lieu à
une formation de matière colorante.
» Si, au lieu du chlorure anhydre, on se sert d'une solution aqueuse, il
se forme un précipité blanc qui, d'après mes analyses, serait le chlorhy-
(BiO
drate d'anilobismuthyle N G6H\ HCI.
(H
» Entre ce composé et le chlorhydrate de bismanile il existe les mêmes
rapports qu'entre le trichlorure bismuthique Bi Cl3 et l'oxychlorure BiOCl
( le chlorure de bismuthyle). »
( io97 )
GÉOLOGIE. — Sur le diluvium de Saint- Acheul et le terrain de Moulin-Qui-
gnon; Lettre de M. Scipion Gras à M. le Secrétaire perpétuel.
« Dans une Note communiquée à l'Académie dans sa dernière séance,
M. Hébert a dit que tous ceux qui ont visité Saint-Acheul avaient résolu
affirmativement la question de savoir si les débris de l'industrie humaine
trouvés dans le dilïivium de cette localité y avaient été enfouis en même
temps que ceux des espèces perdues. Je crois devoir réclamer contre cette
assertion : elle suppose une unanimité qui n'existe pas. En ce qui me con-
cerne, après avoir étudié avec beaucoup de soin le diluvium de Saint-
Acheul, il m'est resté la conviction cpiece terrain avait pu être fouillé à une
époque très-ancienne pour l'exploitation des silex destinés à être taillés, et
que ces fouilles ayant probablement consisté en galeries de petites dimen-
sions, depuis longtemps éboulées, les traces du remaniement avaient dû
s'effacer. Mon opinion motivée a été insérée dans les Comptes rendus
de 1862, t. LIV, p. i 126.
» Quant au terrain de Moulin-Quignon, il me paraît également pos-
sible qu'il ait été fouillé. Le défaut d'usure de la mâchoire trouvée au mi-
lieu de cailloux très-durs, tous plus ou moins roulés ou tout au moins
émoussés, est un fait d'une grande importance sur lequel on a passé trop
légèrement. Il est suffisant, à mon avis, pour faire douter que ce soit un
courant diluvien qui ait transporté et enfoui ce débris humain là où il a
été découvert. »
physiologie végétale. — Sur la présence normale de gaz dans les vaisseaux
des plantes; par M. P. Dalimier; extrait d'une Lettre à M Pasteur.
« Je viens de lire dans le Compte rendu de la dernière séance de l'Aca-
démie une Note de M. Gris dans laquelle cet habile observateur propose
un moyen chimique de démontrer la présence normale de la sève dans les
vaisseaux proprement dits du bois. Permettez-moi de vous exposer, à cette
occasion, une série d'expériences que j'ai conçues il y a quatre ans, et que
je répète chaque année dans mon cours de Botanique à l'École Normale.
Elles ont servi à me confirmer dans l'opinion que professaient autrefois
Adrien de Jussieu et Achille Richard, opinion que je croyais, je l'avoue,
définitivement adoptée dans l'enseignement classique.
» Pour reconnaître si, dans les végétaux, les vaisseaux renferment uni-
C. R., i863, Ier Semeslie. (T. LV1, N"25.) '43
( io98 )
quement des gaz, si cet état est pour eux normal ou accidentel, j'ai eu
recours à un réservoir d'air comprimé que je mets en communication, à
l'aide d'un tube en caoutchouc, avec l'extrémité inférieure d'une branche
fraîchement coupée. J'avais toujours soin de choisir un rameau intact à
feuilles non déchirées; après avoir fait la section, je la recouvrais d'une
couche de cire molle, et en quelques minutes je pouvais l'adapter au tube
de caoutchouc. Je tournais enfin le robinet du réservoir et je déterminais
une nouvelle section à la pointe de la branche. Dans le cas de végétaux
très-tendres, pour lesquels la pression du caoutchouc eût pu être nuisible,
j'adaptais le caoutchouc à un tube de verre à l'autre extrémité duquel j'in-
troduisais la plante que je soudais avec un mastic.
» Voici les résultats que j'ai obtenus :
» Première série d'expériences. — Pendant le mois de mars 1860, j'ai fait
des expériences suivies sur des végétaux dont les bourgeons n'étaient pas
encore développés, vigne, érable, robinier, pêcher, tilleul, etc. Dans tons,
l'air comprimé a traversé avec la plus grande facilité le tissu ligneux et n'a
chassé devant lui aucun liquide. En déposant une petite couche d'eau sur
la section de sortie de l'air, on peut, même à l'œil nu, reconnaître que le
gaz sort uniquement par les ouvertures des vaisseaux dans la partie lignifiée
de la tige. La longueur des branches n'a jamais été un obstacle dans ces
expériences, et j'ai pu constater que sur des longueurs de 4 mètres, le pas-
sage de l'air était aussi instantané que sur des branches très-courtes; il peut
se produire simultanément par toutes les branches latérales. La moindre
piqûre, faite à l'extrémité d'un bourgeon, suffit pour déterminer par ce
point un écoulement gazeux.
» Ces résultats demeurèrent constants jusque vers la fin d'avril, époque
à laquelle je reconnus l'impossibilité de faire de nouveau passer le courant
gazeux à travers plusieurs des végétaux précédents. J'avais prévu ce fait et
réalisé à l'avance une expérience décisive : prenant une branche dans
laquelle le passage de l'air se faisait régulièrement, j'avais injecté dans les
vaisseaux une petite quantité de liquide, et mis ensuite la tige en commu-
nication avec le réservoir d'air comprimé. Le courant gazeux ne s'établissait
plus. Les ingénieuses expériences de M. Jamin sont venues depuis me donner
l'explication de ces faits, en même temps qu'elles me semblent apporter
quelque valeur démonstrative au procédé que j'ai l'honneur de vous
exposer.
» Il résulte de ce qui précède que dans les plantes où il y a ascension
( io99 )
rapide de sève au printemps, les vaisseaux peuvent renfermer une certaine
quantité de ce liquide. Mais combien de temps dure cet état de choses?
>< Dès la fin de mai, je rétablissais le courant gazeux à travers les vais-
seaux des végétaux précédents, et il en était de même pendant tout le reste
de l'été. Encore cette limite de temps, d'avril à mai, aurait-elle été beaucoup
resserrée, si j'avais pu reprendre plus tôt mes expériences. Il n'y avait donc
plus trace de liquides dans les vaisseaux, et cependant la sève était loin
d'avoir terminé son ascension. Les fibres et les cellules ont donc été, pen-
dant la majeure partie de l'année, la voie suivie par le liquide séveux.
.. Hier matin, 7 juin, j'expérimentais encore sur des branches d'érable,
de tilleul, de coudrier, et même sur une branche verte de clématite déve-
loppée cette année. Dans tous ces végétaux, les vaisseaux ne renferment que
des gaz.
» Deuxième série d'expériences. — Les plantes à feuilles persistantes se
comportent différemment. Je ne parlerai pas des conifères, où il y a absence
de vaisseaux, et, par conséquent, impossibité de passage pour l'air com-
primé. Mais d'autres plantes telles que le Laarits nobilis, le Camellia JapO'
nica, etc., peuvent servir à la démonstration. Adaptez, par exemple, à notre
appareil un rameau de camellia chargé de feuilles; plongez l'une des
feuilles sous une nappe d'eau et exercez la pression. Ici comme toujours, il
ne sortira pas une seule bulle d'air, ce dont on s'assurera avec un mano-
mètre. Mais faites à l'extrémité de la feuille une légère piqûre sur la plus
délicate des nervures, vous verrez instantanément le courant gazeux s'éta-
blir, quelle que soit d'ailleurs l'époque de l'année. Dans ces végétaux, le
rôle unique des vaisseaux semble donc être de renfermer des gaz que l'on
rencontre jusqu'aux extrémités des nervures.
» Telles sont les conclusions auxquelles m'ont conduit ces recherches
qui auraient besoin d'être poursuivies sur beaucoup de végétaux. Levais-
seau en voie de formation dans les tissus jeunes peut conduire la sève ; mais
lorsqu'il est complètement formé et ouvert aux deux bouts, époque à
laquelle il reçoit le nom de vaisseau poreux, spirale, etc., son état habi-
tuel, c'est de renfermer des gaz. Il ne contient de sève que chez certains
végétaux et pendant un temps relativement très-court.
« Beaucoup de botanistes allemands professent identiquement la même
opinion. Je ne citerai en passant que M. Schleiden, qui affirme que c'est
tout au plus pendant quelques semaines de printemps que l'on trouve de
l'eau dans les vaisseaux de quelques-unes de nos dicotylédones vivaces, et
i43..
( I IOO )
cela d'une manière temporaire et non normale. (Grundzùge der IVissen-
srliifilichen Botanik; 1861.)
« En présence de ces opinions, il me semble que l'on est bien près d'être
d'accord.Que veut en effet démontrer le savant auteurde la Notequej'ai citée
en commençant? C'est que, au moins à certaines époques de l'année, les vais-
seaux sont les conduits naturels de la sève. Je ne veux pas m'arrèter à cette
expression : conduit naturel; mais pour ce qui est d'une présence momen-
tanée de la sève dans les vaisseaux, pendant quelques semaines de prin-
temps, on ne saurait nier ce fait. Le but essentiel de cette Note est d'en
indiquer une démonstration expérimentale, facile et immédiate, qui permet
d'apprécier avec une exactitude pour ainsi dire mathématique la durée du
séjour de la sève dans les vaisseaux. J'espère qu'après avoir été contrôlée,
cette méthode expérimentale recevra la sanction générale. »
THÉRAPEUTIQUE. — Note sur l'application des bains d'oxygène au traitement
de la gangrène sénile; par M. Demarquay. (Extrait.)
« M. le professeur Laugier, dans une Note récente, donne deux nouveaux
faits de guérison de la gangrène sénile par les bains d'oxygène. Voilà donc
quatre malades affectés de gangrène sénile et tous guéris par les bains d'oxy-
gène. Ces quatre faits de guérison d'une maladie généralement très-grave
devraient fixer l'attention du monde médical. Mais malheureusement les
succès n'ont été obtenus que par M. Laugier, tandis que M. Pellarin dans
un cas et moi dans quatre autres nous avons complètement échoué, malgré
tous les soins dont nous nous sommes entourés. M. le professeur Laugier
explique, il est vrai, nos revers en disant que nous ne nous sommes pas placés
dans les mêmes conditionsque lui, et que pour se livrer à l'expérimentation
de nouveaux moyens thérapeutiques, il faut se placer dans des conditions
identiques. Cela est juste ; mais ce qui n'est pas moins vrai, c'est que pour
affirmer un fait clinique il faut aussi tenir compte de la marche de la maladie
que l'on cherche à guérir. Or les faits de gangrené sénile observés par M. Lau-
gier nous sont bien connus. J'ai eu occasion comme lui d'en observer deux
cas : mes deux malades ont perdu successivement, à des époques plus ou
moins éloignées, les extrémités des orteils, les orteils eux-mêmes ; un de mes
deux malades a perdu le pied. Après chaque attaque de gangrène, tout ren-
trait dans l'ordre et mes deux malades jouissaient d'une santé passable. Les
parties sphacélées se détachaient, une cicatrice se formait, et au bout de
( HOI )
quelques mois de nouveaux accidents survenaient. Finalement ils ont suc-
combé après plusieurs années de maladie et une série de manifestations
gangreneuses. Cela se conçoit facilement, car chez mes deux malades il
existait, comme M. Laugier l'a observé, une perméabilité des artères pé-
dieuses. Mes malades ont vu guérir les accidents de gangrène dont ils ont
été atteints aux extrémités inférieures, par le repos, les calmants, etc. On
peut se demander si les deux malades de M. Laugier n'auraient pas guéri
de la même façon. Depuis six ans que j'emploie journellement les gaz au
traitement de diverses maladies chirurgicales, j'ai eu recours quatre fois, et
sans succès, aux bains d'oxygène pour guérir la gangrène sénile ; mais si
l'oxygène et d'autres gaz sont insuffisants pour guérir une maladie généra-
lement mortelle, il faut cependant reconnaître que l'oxygène en particulier,
et dans des conditions que nous ferons connaître plus tard, peut rendre des
services. C'est ainsi que, tant que la gangrène n'a pas envahi les parties très-
musculaires des membres, il momifie admirablement les tissus, prévient
l'exhalation des liquides et l'odeur fétide qui en est la conséquence; si dans
plusieurs cas il a aggravé les douleurs, dans un cas il les a fait cesser instan-
tanément. »
PHYSIOLOGIE. — Influence des nerfs sur les sphincters de la vessie et de l'anus ;
Note de MM. Giannuzzi et IVawrocki, présentée par M. Bernard.
« i° Sphincter de la vessie. — Nous avons observé que la force du
sphincter de la vessie s'amoindrissait beaucoup après la section dt s nerfs
qui s'y rendent. Les expériences ont été faites de la manière suivante. Après
avoir injecté de l'acétate de morphine dans la veine jugulaire d'un chien,
pour le rendre insensible, on mettait la vessie à nu en pratiquant une large
incision des parois abdominales ; on prenait soin de mettre la vessie à l'abri
de toute pression de la part des intestins, et on liait le rectum pour empê-
cher l'abaissement des matières fécales; enfin on liait un uretère, et on
introduisait dans l'autre une canule munie d'un robinet qui, moyennant un
tube en caoutchouc, communiquait avec un entonnoir rempli d'eau à
3o et 35 degrés centigrades, et glissant sur une tige verticale divisée en cen-
timètres.
» La force ou la résistance du sphincter était ainsi donnée par la hauteur
de la colonne d'eau qui était nécessaire pour qu'il y eût écoulement conti-
nuel par l'urètre. Ce qui prouvait que l'écoulement ne dépendait pas des
( I 102 )
contractions de la vessie, c'est qu'il cessait immédiatement quand on sup-
primait la pression en fermant le robinet mentionné.
» Voici une expérience laite sur un chien mâle de taille moyenne. Dans
l'état normal, on avait besoin d'une pression d'une colonne d'eau de
63 centimètres pour déterminer l'écoulement continuel. Après avoir coupé
les nerfs et attendu au moins une demi-heure pour laisser s éteindre l'irrita-
tion produite par la section, on n'avait plus besoin que de 34 centimètres
pour produire le même effet. Après la mort de l'animal, nous n'avons
observé l'écoulement que sous la même pression de 34 centimètres.
» Chez un chien femelle, nous avons obtenu dans les mêmes conditions
72 centimètres dans l'état normal, 22 centimètres après la section des nerfs.
» Ces expériences ont été répétées quinze fois et ont donné les mêmes
résultats, à savoir, qu'après la section des nerfs, de même qu'après la mort,
il y a encore une résistance notable du sphincter. Cela nous semble tenir
à cette circonstance, que la voie par laquelle l'urine se rend au dehors,
loin d'être une simple ouverture, se prolonge dans le long tuyau qui forme
l'urètre, et comme l'urètre est plus long chez le mâle que chez la femelle,
par cela s'expliquent les différences observées (1).
» Cette opinion est encore appuyée par cette observation, que quand
nous avons divisé l'urètre chez les animaux morts jusqu'au voisinage de
la vessie, il y a eu immédiatement un écoulement, même sous une pression
très-petite.
» 20 Sphincter de l'anus.— Des expériences semblables ont été faites sur le
sphincter de l'anus, et nous ont conduits aux mêmes résultats relativement
à l'action des nerfs. On introduisait ici la canule par un trou pratiqué dans
l'S iliaque du côlon, et on lavait auparavant bien le rectum en y injectant
à plusieurs reprises de l'eau tiède. Dans un cas, par exemple, on avait besoin
d'une pression de Zjo centimètres pour obtenir l'écoulement continu. Après
avoir coupé les nerfs qui se rendent au rectum, on voyait l'eau s'écouler
sous une pression de 18 centimètres. Après la mort de l'animal, la même
pression de 1 8 centimètres étaitnécessaire pour donner lieu à un écoulement
continu.
•> Pour nous mettre à l'abri de l'objection que, dans les cas que nous
(1) Sous la dénomination de sphincter nous comprenons tout l'amas des fibres circu-
laires qui se trouvent soit autour, soit au devant de l'ouverture vésicale, sans nous préoccuper
des limites données par les anatomistes entre la vessie et l'urètre.
( no3 )
avons cités, l'animal pendant la durée de l'expérience s'affaiblissait, et que
par suite la résistance du sphincter s'amoindrissait, nous avons fait des
expériences dans lesquelles nous avons déterminé à plusieurs reprises la
force du sphincter. En agissant ainsi, nous n'avons pu, même au bout de
trois beures, apercevoir aucun changement dans la pression aussi longtemps
que les nerfs étaient conservés intacts.
» Les observations qui précèdent nous semblent démontrer que les
sphincters de la vessie et de l'anus se trouvent pendant la vie dans un état
de tonicité ou de contraction involontaire et continuelle, qui dépend des
nerfs. Les expériences citées dans ce travail ont été exécutées dans le labo-
ratoire de M. le professeur Claude Bernard, au Collège de France. »
PHYSIQUE. — Sur la forme globulaire que peuvent prendre certains liquides
sur leur propre surf ace ; N ote de M. Stanislas Demain. (Extrait présenté
par M. Balard.)
« Quels sont les liquides qui peuvent donner lieu au phénomène
des globules? J'ai observé ce phénomène pour la première fois (janvier 1 863)
en préparant du noir de platine par le procédé connu, qui consiste à faire
bouillir dans un matras une dissolution de bichlorure de platine avec du
carbonate de soude et du sucre. On sait qu'il se dégage de l'acide carbo-
nique dans cette réaction. En retirant de temps en temps le ballon du feu,
je vis de petits globules noirs parcourir en tournoyant la surface du liquide
en repos; et quand ces globules étaient rentrés dans son sein, il suffisait
d'une nouvelle ébullition de quelques secondes pour qu'ils réapparussent.
Le phénomène se manifesta tant que le noir de platine resta en suspension
dans la liqueur noirâtre ; mais dès que la réaction fut terminée et que le
dégagement gazeux eut cessé (ce qui avait lieu quand le noir de platine
s'était ramassé au fond du ballon), il devint impossible de produire de
nouveaux globules. Cette expérience curieuse fut le point de départ de
mes recherches. Elle me fit penser que le phénomène de la forme globu-
laire que pouvaient prendre les liquides sur leur propre surface pourrait
bien tenir à l'existence d'un continuel dégagement de gaz provenant à la
fois et de la périphérie des globules et de la surface du liquide.
» Guidé par les idées théoriques que j'ai exposées, j'ai expérimenté sur
un certain nombre de liquides (douze environ), donnant lieu par l'ébulli-
tion à un dégagement gazeux assez faible , et j'ai toujours réussi à produire
( no4 )
le phénomène. J'indique ici les liquides qui m'ont procuré les meilleurs
résultats :
>> Une dissolution concentrée de bicarbonate de potasse (dégagement
d'acide carbonique) ;
» Une dissolution concentrée de bicarbonate de soude (dégagement
d'acide carbonique) ;
» Une dissolution concentrée de sesquicarbonate d'ammoniaque [sel
volatil d'Angleterre] (dégagement d'acide carbonique);
» Une dissolution de carbonate de potasse ou de soude additionnée
d'acide borique (dégagement d'acide carbonique);
» Acide chlorhydrique étendu de son volume d'eau environ (dégage-
ment de gaz chlorhydrique; l'expérience réussit difficilement) ;
» Eau régale (dégagement de produits nitreux, chloro-azoteux et chloro-
azo tiques; l'expérience réussit mieux quand on y ajoute un peu d'acide
oxalique);
» Une dissolution de sucre, ou de glucose, ou de dextrine assez concen-
trée, additionnée d'un excès d'acide azotique (formation d'acide oxalique
et dégagement d'acide carbonique et de vapeurs nitreuses) ;
» Une dissolution de bicblorure de platine, de carbonate de soucie et de
sucre (dégagement d'acide carbonique)
» Il est à remarquer que toutes ces dissolutions doivent être suffisamment
concentrées; on réussit moins bien quand elles sont étendues. »
ZOOLOGIE. — Observations sur les habitudes d'une poule d'eau apprivoisée ;
extrait d'une Lettre de M. Iti.i. \>i v
« Il y a un an, on apporta chez un de mes voisins une petite poule d'eau
tout récemment éclose; dès le lendemain elle venait prendre sa nourriture
à la main, et de jour en jour elle devint plus vive et plus familière. La pro-
priété dans laquelle on Pélevait étant bornée par un cours d'eau, elle allait
s'y baigner plusieurs fois par jour, et au bout de quelques mois elle avait
acquis la grosseur et la beauté de plumage d'un adulte : le rouge de
la plaque au-dessus du bec et le cercle du tibia étaient d'un rouge
très- vif, ce qui me fit croire que l'individu était un mâle. Bien que près de
l'eau, cet oiseau est le plus souvent à terre dans le jardin, sans jamais s'y
cacher, et il accourt à la voix de son maître chaque fois qu'il l'appelle.....'
» Au printemps de cette année notre oiseau est entré en amours et s'est
( no5 )
échappé plusieurs fois à travers la prairie pour répondre à l'appel des
femelles de son espèce; toujours cependant il est revenu à la maison. Bientôt
il s'est occupé à construire un nid avec des roseaux qu'il allait chercher sur
les bords du bras d'eau; il n'a pas pondu, ce qui nous a confirmé dans la
croyance où nous étions que l'individu était mâle. On s'est alors procuré
deux œufs de poule d'eau sauvage, et l'oiseau les a couvés sur le nid qu'il
avait façonné ; ses petits sont éclos, et depuis il les soigne, les nourrit avec
les insectes qu'il va chercher; il les mène en gloussant à sa manière et les
rappelle quand ils se sont écartés. Chaque soir il les fait coucher au nid avec
lui, absolument comme fait une poule de ses poussins. »
M. Artcr, à l'occasion d'une communication récente de M. Lamé, pré-
sente quelques remarques sur un passage dans lequel le savant académicien,
parlan t incidemment de la théorie mathématique des phénomènes capillaires,
représente cette théorie comme étant restée depuis assez longtemps stàtfon-
naire. M. Artur proteste pour sa part contre ce jugement : il rappelle ses
travaux sur cette question et en particulier un Mémoire présenté à l'Acadé-
mie dans sa séance du 7 juin 1 858 sous le titre suivant : « Indication des
principales erreurs sur lesquelles Laplace a basé sa théorie capillaire...
Résumé des principales applications de la théorie établie par l'auteur à la
physique, à la chimie et à l'organisation ».
« Depuis la publication de ma «Suite «à la Capillarité », j'ai fait à l'Académie,
ajoute l'auteur, cinq communications sur des questions qui se rapportent aux
conséquences déduites des actions capillaires; de plus, je suis inscrit pour
la lecture d'une Note dans laquelle j'explique, d'après les conséquences dé-
duites de cette théorie, les retards d'ébullition des liquides observés par
M. L. Dufour, professeur à Lausanne. »
M. de Paravey, à l'occasion des diverses communications faites récem-
ment à l'Académie sur le fossile humain de Moulin-Quignon et sur l'exis-
tence de l'homme durant la période quaternaire, rappelle les indications
que renferment quelques-uns des ouvrages conservés en Chine sur des po-
pulations humaines détruites par le déluge. Il signale d'autres concordances
entre les récits bibliques et certains passages de ces ouvrages, et annonce en
particulier que la cosmogonie de Moïse se retrouve dans l'ancien Diction-
naire connu sous le nom cYEul-Ya. Il reproduit la copie d'une des planches
qui accompagnent ce livre, et retrouve, dans un des êtres monstrueux qui
C. R., «863, i« Semestre. (T. LVI, N° 23.) I 44
( i io6 )
y sont figurés, l'androgyne de Platon. Il cite enfin divers autres passages
tendant à prouver une thèse qu'il ramène à chaque nouvelle communication,
savoir que ces livres n'auraient point été écrits en Chine, mais y auraient été
apportés de Chaldée à une époque où ce dernier pays était déjà en posses-
sion de la science égyptienne.
M. Bovs de Loury prie l'Académie de vouloir hien l'autoriser à re-
prendre les planches qui accompagnaient un Mémoire qu'il avait précé-
demment présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie
de la fondation Montyon.
Toutes les pièces sur l'ensemble desquelles a porté le Rapport de la Com-
mission doivent rester aux Archives de l'Académie. Ainsi le Mémoire de
M. Boys de Loury ne pourrait lui être rendu; quant aux figures, il est
autorisé à les reprendre.
La Société des naturalistes Scandinaves annonce que sa neuvième réunion
aura lieu à Stockholm du 8 au i5 juillet, et invite les savants français qui
désireraient y assister à le faire connaître d'avance au secrétaire général de
la Société.
La Société Philosophique américaine de Philadelphie envoie de nou-
velles livraisons de ses Transactions et remercie l'Académie des Sciences
pour l'envoi de ses plus récentes publications.
M. Cavalli d'Olivola transmet un programme relatif à un monument
qui doit être élevé par souscription à Casai de Montferrat, en l'honneur de
L. Catiina, architecte et archéologue célèbre.
La Société impériale et centrale d'Horticulture adresse des invita-
tions pour sa séance du n juin, dans laquelle seront distribués les prix
accordés par le jury à la suite de l'exposition.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. F.
( u°7 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 8 juin 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Etude des forces électromotrices des éléments vollaïques; par F. -M. Raoult.
(Thèse présentée et soutenue devant la Faculté des Sciences de Paris le
i3 mai i863.) Paris, i863; in-/|°.
Entretien sur le mal de mer ; par le D1 Armand Jobert. (Extrait de la
Publicité, de Marseille.) Paris, in-8°.
Jaundice... La jaunisse, sa pathologie et son traitement avec l'application dt
la chimie physiologique pour la connaissance et le traitement des maladies du
foie et du pancréas; par George Harley. Londres, 1 863 ; in-8°. (Présenté
par M. Cl. Bernard.)
Transactions... Transactions de la Société Philosophique américaine de Phi-
ladelphie pour l'avancement des connaissances utiles; vol. XII, nouvelle série,
parties i et 3. Philadelphie, 1 862-1 863; 2 livraisons in-4°.
Proceedings... Comptes rendus de la Société Philosophique américaine de
Philadelphie pour i avancement des connaissances utiles ;vol. IX, janvier 1862,
n° 67. Philadelphie; in-8°.
Abstract... Résumé des observations météorologiques faites en Tasrnanie
dans le premier semestre 1862; par F. Abbott. Hobart-Town ; 1 feuille
format atlas.
Sulla... Sur la résolvante de Malfalti pour les équations du 5e degré; pur
M. F. BRIOSCHI. Extrait des Mémoires de l'Institut rojal lombard des
Sciences, Lettres et Arts. Milan, i863; in -4°. (Présenté par M. Hermite.)
Degli... Des écrits de Marco Polo et de l'oiseau Rue qui y est mentionné;
Mémoire de M. Gius. Bianconi. Bologne, 1862; in-4°.
Cenni... Indications historiques sur les études paléontologiques et géologiques
faites à Bologne, et Catalogue raisonné de la collection géognostique de
l'Apennin bolonais ; par le même. Bologne, s. d.; in-8°.
Del calore... De la chaleur produite par le frottement entre les fluides et les
solides, en rapport avec les sources thermales et (es aérolilhes; par le même.
Bologne, 1862; in-8°.
( no8 )
ERRATUM.
(Séance du ier juin 1 863.)
Page io44> lignes 8 et 9, au lieu de : « M. Élie de Beadmont rappelle que dans les der-
nières séances, ainsi qu'il l'a positivement remarqué, il n'a pas parlé d'animaux ni de Saint-
Acheul, faubourg d'Amiens. . ., te : « il n'a pas parlé à' Amiens ni de Saint- Acheul, fau-
bourg d'Amiens. »
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 JUIN 1863.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président de l'Institut rappelle que la prochaine séance trimes-
trielle aura lieu le ier juillet prochain et invite l'Académie des Sciences à
procéder au choix du lecteur qui devra la représenter dans cette séance.
CHIMIE. — Note relative à une communication de M. Béchamp insérée au
Compte rendu de la dernière séance; par M. L. Pasteur.
« La première Note de M. Béchamp relative à la présence de l'acide
acétique parmi les produits de la fermentation alcoolique soulevait deux ob-
jections très-sérieuses. Il n'est plus possible aujourd'hui de ne pas tenir
compte, clans toutes les recherches sur cette fermentation, des nombreuses le-
vures filiformes qui accompagnent très-souvent la levure de bière dans son
action sur le sucre. Ce sont ces levures qui donnent iieu à la plupart des
maladies des vins, qui provoquent la formation de l'acide lactique et des
divers acides de la série acétique que l'on observe fréquemment clans les
liquides fermentes. Or, M. Béchamp ne s'est nullement préoccupé de la
présence possible de ces levures. Sa Note ne fait aucune mention d'obser-
vations microscopiques de la levure de bière qu'il a employée, soit avant,
soit après les opérations.
» En confirmant l'exactitude de son observation, j'ai donc rendu à
C. B., iS63, i<*Semest,e (T. LVI, N° 24 ) '45
( 'no )
M. Béchamp le grand service d'éloigner l'objection que je viens de
développer et qui se présentait immédiatement à l'esprit d'un lecteur
attentif.
» En second lieu, la première Note de M. Béchamp laissait supposer
cpie les acides volatils dont il parle proviennent du sucre. Cela est pos-
sible, mais rien ne le démontre dans la Note de M. Béchamp. Je le répète,
c'est un point essentiel qui reste à éclaircir.
» M. Béchamp cite des passages de mon Mémoire établissant, ce qui est
très-vrai, que je croyais cpie le sucre ne fournit pas du tout d'acide acétique
dans la fermentation alcoolique. Je dis le sucre, car M. Béchamp aurait dû
remarquer que ces passages sont extraits de la première partie de mon tra-
vail, intitulée : Ce que devient le sucre dans la fermentation alcoolique. Tous
les paragraphes de cette première partie s'appliquent à cet objet spécial.
Or, M. Béchamp, à l'heure qu'il est, n'est pas du tout autorisé à affirmer
que mes assertions sont erronées et que Lavoisier avait bien vu.
» En résumé, je crois qu'il n'est plus permis de s'occuper des fermenta-
tions sans apporter dans ce sujet un peu plus de rigueur que parle passé.
En agissant autrement, on continuerait de rassembler des faits isolés, sans
signification bien nette, n'ayant aucune place déterminée, et qui donnent
lieu à toutes sortes de vues préconçues, o>i d'hypothèses plus ou moins
erronées. Je ne parle pas ici de cette rigueur absolue vers laquelle nous
marchons toujours sans jamais l'atteindre, mais de cette rigueur relative qui
est exigée et indiquée par l'état de la science sur le sujet dont on s'occupe.
J'ai déjà consacré et je consacrerai encore tant de temps à la révision des
travaux anciens sur les fermentations, que je me crois autorisé à donner
ce conseil.
» Quant aux travaux sur cette matière, je les appelle de tous mes vœux.
11 y a longtemps que j'ai senti qu'elle forme un fardeau trop lourd pour
être porté par moi seul. »
chimie ORGANIQUE. — Sur l'Iijdrazobenzole, nouveau composé isomère de la
benzidine; jiar M. A.-W. Hofmanx.
" La découverte de la xén\ lamine parmi les produits secondaires de la
préparation de l'aniline, et le rapport probable de cette substance avec la
benzidine (xénylène-diamine), que j'ai déjà signalé, m'ont conduit à sou-
mettre cette dernière base à quelques expériences.
» "En préparant la benzidine parle procédé de M. Zinin, savoir, le liai-
( "II )
tement de l'azobenzole par le sulfhydrate d'ammoniaque, j'ai observé quel-
ques phénomènes qui semblent avoir échappé à mes prédécesseurs.
» On suppose généralement que l'action des agents réducteurs sur
l'azobenzole produit directement la benzidine :
ClîH,0Na + H» = C,2H,îNî.
Cette supposition n'est pas exacte; la benzidine n'est qu'un produit secon-
daire. La première substance qui se forme dans cette réaction est un corps
neutre ou faiblement basique, qui diffère par toutes ses propriétés de la
benzidine, avec laquelle il est toutefois isomère, et dans laquelle on peut le
transformer en le traitant simplement par les acides minéraux.
» En faisant passer un coilrant d'hydrogène sulfuré dans une solution
alcoolique et ammoniacale d'azobenzole, le liquide rougeatre est déco-
loré rapidement, et l'addition de l'eau donne un précipité cristallin d'une
odeur de camphre caractéristique. A cette substance se trouve mélangée
une petite quantité de soufre provenant de la réaction avec le sulfhydrate
d'ammoniaque, mais la plus grande partie du soufre reste dissous à l'état de
polysulfure d'ammonium. On peut facilement purifier le corps ainsi obtenu
par deux ou trois cristallisations dans l'alcool très-faible. Soumis à la com-
bustion, il a donné des résultats qui coïncident avec les nombres fournis
par l'analyse de la benzidine.
» Voici les propriétés qui distinguent de la benzidine celte nouvelle sub-
stance pour laquelle je propose le nom à'hydrazobenznle. Une dissolution
de ce composé dans l'alcool, et surtout dans la benzine (dans laquelle il est
un peu moins soluble), donne par le refroidissement des lames bien défi-
nies; la benzidine, au contraire, se dépose toujours de ces dissolvants en
aiguilles caractéristiques. Cette dernière est assez soluble dans l'eau bouil-
lante, et cristallise en une masse d'un aspect nacré. L'hydrazobenzole, de
son côté, est si peu soluble dans l'eau, qu'il est impossible de le faire cris-
talliser dans ce liquide. Son point de fusion est i3l degrés, celui de la ben-
zidine 1 18 degrés. Les propriétés basiques de la benzidine sont très-pro-
noncées; elle se dissout dans les acides les plus faibles, tels que l'acide
acétique, tandis que l'hydrazobenzole y est complètement insoluble. Les
acides, tels que l'acide chlorhydrique et l'acide sulfurique, dissolvent l'hy-
drazobenzole, surtout à l'aide de la chaleur; mais la solution ainsi obtenue
ne le contient plus inaltéré, et par l'addition d'un alcali fixe ou volatil on
obtient un précipité qui possède toutes les propriétés de la benzidine.
» Ces caractères sont suffisants pour définir l'hydrazobenzole; mais sa
i45..
( "13 )
différence d'avec la benzidine va devenir encore plus évidente. La ben-
zidine distille lorsqu'on la soumet à une haute température; une certaine
portion est décomposée, mais la plus grande quantité se \ olatilise à l'état de
benzidine. Au contraire, si l'on chauffe l'hydrazobenzole au delà de son
point de fusion, on observe une vive réaction et la chaleur dégagée suffit
pour volatiliser la presque totalité de la substance. Le produit condensé
consiste en une huile rougeâtre qui laisse déposer par le refroidissement
des cristaux d'azobenzole; l'addition d'un acide augmente le dépôt cris-
tallin, et la solution contient alors une forte proportion d'aniline. La réac-
tion est assez simple :
2 (C,2H,2N2) = C'-H'ON'- + a(C«HTN).
Qydrazobenzole Azobenzole. Aniline.
» Je n'ai pas réussi, comme je l'avais espéré, à constater la présence de
la paraniline i (C6H7N) = C12 HMN2 parmi les produits de la réaction.
» La reproduction de l'azobenzole avec notre nouveau composé, l'hydra-
zobenzole, peut être accomplie de beaucoup d'autres manières : l'acide ni-
treux, le chlore, le brome, l'iode, le chromate et le permanganate de po-
tassium, le nitrate d'argent, donnent le même résultat. Dans ces différents
cas, il n'y a pas formation d'aniline comme produit secondaire, mais sim-
plement élimination de l'hydrogène qui n'est que faiblement combiné.
Même humecté d'alcool et soumis à l'action de l'atmosphère, l'hydrazo-
benzole se retransforme peu à peu en azobenzole.
» Il est évident que plusieurs des chimistes qui ont étudié la benzidine
ont eu affaire à l'hydrazobenzole. M. Noble, qui, il y a quelques années,
préparait de la benzidine dans mon laboratoire, remarqua que la substance
qu'il avait obtenue redonnait de l'azobenzole par l'action de l'acide nitreux.
Je me suis assuré que la benzidine ainsi traitée ne reproduit pas une trace
d'azobenzole.
» D'après ces expériences, il faut admettre que, dans la formation de la
benzidine au moyen de l'azobenzole, il y a deux phases bien distinctes.
Dans la première, la molécule d'azobenzole s'assimile une molécule d'hydro-
gène qui reste à l'état de faible combinaison et peut être éliminée par de
nombreux agents. Sous l'influence des acides, cet hydrogène est incorporé,
fixé dans le système, si je puis m'exprimer ainsi, et l'on obtient la benzidine.
substance d'une grande stabilité.
» De quelque façon qu'on envisage la nature de l'azobenzole, dont la
constitution reste inconnue, la nouvelle substance doit être regardée comme
( '"3)
son composé hydrogéné, et c'est cette considération qui m'a engagé à pro-
poser le nom d'hydrazobenzole. »
chimie. — De l'activité cataly tique dans les substances organiques ;
extrait d'une Lettre de M. Sckonbein à M. Dumas.
« Les substances qui jouissent du pouvoir de développer des phé-
nomènes catalytiques sont tellement répandues, soit clans les végétaux, soit
dans les animaux, qu'on peut dire que les deux règnes des êtres organisés
en sont pénétrés.
>> Notamment, les semences et les racines de toutes les plantes que j'ai
examinées contiennent des substances catalysantes. La germination est si in-
timement liée à la présence d'une substance de cette espèce, que tout moyen
(et il y en a plusieurs) qui annule l'activité catalylique fait aussi disparaître
le pouvoir de germer que possédait la semence. Vous recevrez bientôt un
Mémoire étendu que je prépare sur cet objet qui m'a beaucoup occupé. »
MÉMOIRES PRÉSENTES.
M. Dumas présente, au nom de M. Aloys Nowak, de Prague, quatre opus-
cules concernant des questions de météorologie, opuscules publiés de
septembre 1861 à avril 1862 dans un journal de sciences naturelles, le Lotos,
et que l'auteur adresse dans l'intention de faire plus complètement con-
naître un travail sur la théorie des orages qu'il a précédemment soumis au
jugement de l'Académie. Son premier Mémoire était rédigé en français : il
craint que ses idées, exprimées dans une langue qui lui est peu familière,
n'aient pas toujours été présentées avec une suffisante clarté. Si tel était le
cas, les Commissaires trouveraient dans les Notes qu'il adresse aujourd'hui
et qui sont écrites en allemand des développements cpii ne leur permettraient
pas de se méprendre.
Ces Notes et la Lettre d'envoi, qui en contient une courte analyse, sont
renvoyées à la Commission nommée clans la séance du 9 février, Commis-
sion qui se compose de MM. Mathieu, Babinet et Faye.
M. Vei.peau présente au nom de M. Kœberlé une relation de deux nou-
velles opérations pratiquées par cet habile chirurgien, une cinquième opé-
ration d'ovariotomie, et une extirpation d'un corps fibreux de la matrice et des
ileax ovaires, avec amputation de la partie sus-vaginale de la matrice.
« Ce serait, dit l'auteur clans la Lettre d'envoi, le premier cas de succès
( ï"4 )
d'extirpation de la matrice par la méthode sus-pubienne, si le Dr Ch. Cla\
n'avait pas réussi presque simultanément avec moi dans une opération très-
analogue. Les résultats sommaires de l'opération pratiquée par l'émincnt
chirurgien ont été publiés dans la Gazette médicale de Londres, le 18 avril,
et c'est le 20 avril cpie j'ai fait l'opération que j'ose vous prier de soumettre
à l'appréciation de l'Académie.
» Les tumeurs fibreuses de la matrice développées vers la cavité péri-
tônéale donnent lieu dans certains cas à des accidents sérieux qui rendent
la vie insupportable, ou qui entraînent la mort dans un temps rapproché.
Elles étaient considérées jusqu'ici comme étant complètement incurables
par une intervention chirurgicale. Deux succès obtenus sur trois opérations
(Sawyer, Ch. Clay et Kceberlé) prouvent que la matrice peut être extirpée
avec chances de succès dans les cas de tumeurs fibreuses utérines, lorsqu'il
n'existe pas de complication grave.
». En comptant la dernière opération, j'ai pratiqué jusqu'ici six ovariô-
tomies, dont cinq avec succès, la cinquième opérée étant morte subitement
à la suite d'un accident qui n'est pas directement inhérent à l'ovariatomie.
» V. Ovariatomie, le 16 février. —Femme âgée de trente-huit ans, mala-
dive, affectée d'un kyste de l'ovaire droit, uniloculaire, avec tumeurs épi-
théliales à sa face interne. Adhérences à Pépiploon, à la paroi abdominale,
a la matrice, etc. Pédicule court. L'opérée va bien pendant trois jours. Le
matin du quatrième jour, elle est prise d'hémorragie pulmonaire. Mort
subite.
• VI. Ovariatomie double. Extirpation de la matrice et d'une tumeur fibreuse
de cet organe. — Mme S..., de Saverne, âgée de trente ans, s'est aperçue il y
a cinq ans et demi, à l'occasion d'une fausse couche, de l'existence d'une
tumeur considérée alors comme étant constituée par un corps fibreux de la
matrice. Cette tumeur prit un accroissement très-rapide dans les deux der-
nières années. Elle remontait à trois ou quatre travers de doigt au-dessus
<!e l'ombilic. Sa nature était douteuse et il était impossible de déterminer si
elle était utérine on ovarienne. L'extirpation de la tumeur ayant été décidée,
je pais mes dispositions pour l'une ou l'autre alternative. L'opération a été
pratiquée le 10 avril, avec le concours de M le professeur Coze et de
M. Sarrazin, agrégé...
» L'extirpation de la matrice et des deux ovaires n'a été suivie que de
douleurs très-modérées que l'opérée comparait à celles qu'elle éprouvait
durant les périodes menstruelles. Ces douleurs se sont calmées peu à peu
et ont disparu vers le soir pour ne plus revenir. Depuis, la cicatrisation et
( i"5 J
l'élimination des tissus mortifiés ont marché très régulièrement, grâce à la
manière dont elles ont été dirigées, et l'opérée ne s'est pas même doutée de
l'extirpation de ses organes générateurs avant qu'on l'en eût informée. La
température de la chambre a été assez élevée, mais néanmoins l'opérée,
quoique couverte de flanelle, s'était lelroidie pendant que le ventre était
resté à découvert. Il est survenu une bronchite grave très-inquiétante, dès
le premier jour, donnant lieu à des quintes de toux très-prolongées et
très-douloureuses, mais dont je suis heureusement parvenu à conjurer les
effets. Les serre nœuds et les ligatures ont été extraits le treizième et le
quatorzième jour. Les tissus mortifiés ayant été complètement éliminés,
la suppuration est devenue blanche des le dix-septième jour. Le vingt-hui-
tième jour, il n'est plus resté qu'une petite plaie superficielle de 3 centimè-
tres de longueur qui a été complètement fermée le trente et unième jour, le
■20 mai. La cicatrice abdominale est linéaire, réduite à 11 centimètres de
longueur. Il n'existe aucune éventration. La hernie ombilicale est entière-
ment guérie. Le ventre est également souple, mou de toutes parts. Les
règles n'ont plus paru. li n'est résulté aucun trouble dans les fonctions du
tube digestif et de la vessie. »
PHYSIQUE. — Sur la condensation des vapeurs pendant, la détente
ou la compression ; par M. M.-R. Clausius.
« Le Compte rendu du 18 mai contient une Note de M. Dupré dans
laquelle l'auteur donne une formule qui peut servir à prévoir si la délente,
avec travail complet, d'une vapeur saturée se fait avec condensation. Que
l'Académie veuille bien me permettre de lui communiquer, à cette occasion,
quelques équations relatives au même sujet, que j'ai développées dans
mes Mémoires sur la théorie mécanique de la chaleur.
« Dans mon Mémoire de i85o (*), j'ai introduit une quantité que j'ai
nommée //, et dont la signification est la suivante. Supposons qu'une unité
de poids de vapeur saturée d'un liquide quelconque doit être chauffée de
la température t à / -+- dt, et en même temps comprimée autant qui! est
nécessaire pour qu'elle reste dans l'état de saturation : alors la quantité de
chaleur qu'il faut communiquer à la vapeur dans cette opération est dési-
gnée par hdt. Si cette quantité h, qui est une nouvelle espèce de chaleur
spécifique, eut positive, il s'ensuit qu'il faut communiquer à la vapeur, pen-
(*) annales de Poggendorff, t. LXXIV, et Philosophiral Magazine, 4e série, t. II.
( '"6 )
dant la compression, de la chaleur, pour l'empêcher de se condenser en
partie, et qu'au contraire, pendant la détente, la vapeur peut rendre mie
quantité de chaleur sans qu'une condensation en soit la conséquence. Si h
est négative, c'est l'inverse qui a lieu. Pendant la compression la vapeur
peut rendre de la chaleur, et pendant la détente elle doit en recevoir, sans
quoi il s'opère une condensation partielle.
» Pour cette quantité, j'ai trouvé dans le Mémoire cité, p. 5i\, l'équa-
tion suivante :
L dr
h = -7- -+- c
tlt a -+- C
où r est la chaleur latente de vaporisation, c la chaleur spécifique du
liquide, et a l'intervalle entre le zéro absolu de température et le zéro
ordinaire, intervalle qui est, en degrés centésimaux, approximative-
ment 273. Quand on introduit dans cette équation, au lieu de r et c, les
fonctions de température que M. Regnault, pour plusieurs substances, a
déduites de ses excellentes expériences, on obtient tout de suite la valeur
de h en fonction de température.
» M. Du pré, dans sa Note, donne une équation de la forme
dq . , «L
■ A —
dt i+af
dr
dt
où '-y- est la même quantité que celle que j'ai nommée h, L correspond à r,
a à la fraction -, X à la somme r-f- l cdt et par suite X' à la somme
« Jo
On voit par là qu'il suffit de changer les lettres pour faire coïncider l'équa-
tion de M. Dupré avec la mienne.
» Dans deux autres Mémoires publiés un peu plus tard, « Sur les phé-
nomènes qui accompagnent les changements de volume de la vapeur ( ) »
et « Sur l'application de la théorie mécanique de la chaleur aux machines
à vapeur (**) », j'ai fait usage de la même équation pour effectuer quelques
calculs. Dans ce dernier Mémoire j'ai traité entre autres le cas suivant. Sup-
posé qu'une enveloppe imperméable à la chaleur contienne la quantité M
d'une substance, partie a l'état liquide, partie à l'état de vapeur; si la capa-
cité de l'enveloppe augmente 0:1 diminue, la grandeur de la partie à 1 état
• Annales de Poggendorff t. LXXXII, et Philosopkical Magazine, 4e série, t. I; ana-
lysé par M. Verdi't, Annales de Chimie et de Physique, 3r série, t. XXXVII.
Innalcsde Poggendorff, t. XCVII, et Philnsaphical Magazine, 4° série, I. XII.
( IJI7 )
de vapeur changera, et en même temps il y aura un changement de tempé-
rature. En cherchant la connexion entre ces deux changements, supposé
que l'augmentation de volume se fasse avec travail complet, j'ai trouvé
l'équation suivante :
où r et c ont les significations déjà rappelées, m est la quantité variable de
la partie qui est à l'état de vapeur, et T la température comptée à partir du
zéro absolu. Par l'intégration on obtient, si mt, r, et T, sont les valeurs
initiales de rn, ret T,
»T
1 — M /
T T,
mr m,r, r l dT
» Par cette équation on peut facilement calculer la condensation on la
vaporisation qui a lieu, si, par suite d'un changement de volume, la tem-
pérature varie. »
Cette Note est renvoyée, ainsi que celle adressée par M. Dupré le 18 mai
dernier, à l'examen d'une Commission composée de MM. Lamé, Bertrand et
Clapeyron.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur des grêlons d'une forme particulière;
Note de M. F. Laroque.
« Dans la séance du lundi 27 avril t863, l'Académie a reçu communi-
cation d'un Mémoire du P. J.-M. Sanna-Solaro ayant pour titre : Imitation
de la grêle et nouvelle théorie de ce météore. A cette occasion je viens vous
prier de donner connaissance à l'Académie de l'observation suivante que
j'ai faite à Toulouse.
» Pendant la matinée du 8 août i85a, le ciel fut nuageux. On observa
des cumulus entraînés par un vent du nord-ouest. Dans les couches infé-
rieures de l'atmosphère à celles où s'amoncelaient ces cumulus, on vit se
développer des nimbus entraînés par des coups de vent soufflant par ra-
fales. A 1 ib45m un nimbus très-obscur, couvrant toute la ville, laissa tom-
ber une averse de pluie suivie d'une forte averse de grêle accompagnée de
pluie, à laquelle succéda une pluie fine de très-courte durée. A midi le
ciel était découvert; le passage du nimbus sur la ville ne dura qu'un quart
d'heure environ. Pendant ce temps, on entendit plusieurs coups de ton-
C. R., i8C3, Ier Semestre T. LVI, N°24.) I 46
e
( '"8 )
neire très-ronflants ; et immédiatement après chaque coup l'averse de-
venait plus abondante, puis elle diminuait peu à peu. Le bruit précur-
seur de la grêle ne se fit pas entendre; peut-être fut-il étouffé par celui
de la ville. Les grêlons tombèrent dans une direction inclinée indiquant
qu'ils étaient poussés par un vent violent du sud-est. Telles furent les
circonstances qui précédèrent et accompagnèrent la chute des grêlons dont
j'ai à faire connaître la forme et la structure.
» Ces gréions avaient tous sensiblement la même forme, mais avec des
dimensions différentes variant peu de l'un à l'autre. Cette forme était celle
d'un disque de 10 à i5 millimètres de diamètre, de 3 millimètres environ
d'épaisseur, à faces bien unies, à peine bombées. Le pourtour était arrondi
t convexe. Toutefois j'observai sur le pourtour de la plupart des gréions,
et faisant saillie an milieu du pourtour, une lame de glace transparente, très-
mince, découpée très-irrégulièrement sur le bord externe.
» Les grêlons recueillis (leur nombre dépassait une centaine) avaient la
transparence de l'eau la plus pure; ils étaient cassants et se brisaient en
éclats quand on essayait de les rompre avec un instrument tranchant.
Chacun d'eux contenait des bulles d'air. Mais tandis que dans les uns ces
bulles, tantôt sphériques, tantôt oblongues, étaient disséminées très-irré-
gulièrement, dans les autres il existait seulement une grosse bulle centrale.
On s'est assuré que les cavités creusées dans la masse congelée étaient rem-
plies d'air. En effet, après avoir lavé rapidement et à grande eau plusieurs
des gréions recueillis, on les a introduits dans une éprouvette renversée sur
l'eau et préalablement pleine de ce liquide. Après la fusion complète de
tous les grêlons, l'éprouvette a contenu 1 centimètre cube d'air environ. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de
M. Sanna-Solaro : MM. Becquerel, Dumas, Pouillet.)
CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur In croûte de /juin et le gluten;
pnr M. J.-A. Oarral.
« Dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter récemment à
l'Académie sur le blé, la farine et le pain, après avoir montré que sous
un même état de siccité la croule de pain est plus azotée que la mie, j'ai
ajouté que j'avais constaté que la croûte est aussi plussoluble dans l'eau. On
a fait remarquer avec raison que M. Payeii avait déjà reconnu cette plus
grande solubilité et qu'il avait trouvé qu'elle était due à la transformation,
pendant la cuisson, de l'amidon en dextrine ou en amidon grillé (léio-
( »i'9 )
comme). Dans la partie historique de mon Mémoire ce fait est d'ailleurs
rappelé.
» Mais un autre résultat important est établi par mes recherches. Si, en
effet, on épuise par l'eau les même poids de croûte sèche et de mie sèche,
on trouve que la partie soluhle de la croûte dose de 7 à 8 pour 100 d'azote,
tandis que la partie soluble de la mie ne dose que de 1 à 3 pour 100. Aussi
la plus grande solubilité de la croûte provient notamment de ce que le
gluten de la croûte, exposé directement à la température de 200 à
220 degrés que présentent les fours de boulangerie, a subi une transforma-
tion remarquable. On peut dire que la partie soluble de la croûte est plus
azotéu que le jus de viande.
» Une pareille conséquence méritait d'être confirmée par des expériences
directes. Ayant introduit du gluten dans des tubes eu verre suffisamment
résistants et fermés à la lampe, j'ai soumis ces tubes à une température de
220 degrés, dans xm bain d'huile. Dans cette expérience, on voit au bout
de quelques instants le gluten se liquéfier. Cette liquéfaction, ainsi opé-
rée sous l'influence de la vapeur d'eau et de la pression, donne lieu à un
dégagement d'acide carbonique; car si on brise le tube où le gluten est
devenu liquide, on constate une petite explosion, et, en recueillant le gaz,
on trouve qu'il contient de l'acide carbonique, mais qu'il ne présente plus
aucune trace d'oxygène. Le liquide brun obtenu est notablement alcalin et
est doué d'une odeur particulière ; après filtration il précipite en jaune par
les acides, mais il ne donne rien avec les alcalis ni avec l'alcool.
» Je poursuis l'étude de ces faits qui me paraissent jeter un nouveau
jour sur la panification. »
Celte Note, qui fait suite au Mémoire adressé par l'auteur le 27 avril
dernier, est renvoyée, comme l'avait été ce travail, à l'examen de la Section
d'Économie rurale.
M. Meiu:adier adresse un second Mémoire sur la théorie des gammes.
« Le premier Mémoire sur ce sujet, les deux Notes destinées à être placées
au commencement de la seconde partie de ce Mémoire et le nouveau Mé-
moire que j'adresse aujourd'hui forment maintenant, dit l'auteur, un tout
complet, et dont j'espère que la Commission chargée de l'examiner voudra
bien s'occuper. »
(Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés :
MM. Pouillet et Babinet.)
i/|6..
( I 120 )
M. Dalemagne adresse, à l'occasion d'une communication récente de
M. Kulilmann, une Note dans laquelle il rappelle les procédés qu'il emploie
lui-même pour la conservation des monuments et des sculptures, et les in-
convénients qu'il a reconnus aux procédés de silicatisation dont l'effet n'est
pas durable, ainsi qu'il l'a depuis longtemps annoncé et que le reconnaissent
aujourd'hui ceux qui les ont autrefois préconisés.
(Renvoi à l'examen de MM. Dumas et Balard.)
M. B. Boulard adresse de Bordeaux un Mémoire très-étendu ayant pour
titre : « Dualité élémentaire, cosmique, dynamique, organique, atomique,
thermique et lumineuse, d'après les observations astronomiques et les prin-
cipes les plus certains de la physique expérimentale. »
Une Commission composée de MM Becquerel, Pouillet et Regnault est
invitée à prendre connaissance de cet écrit et à faire savoir à l'Académie s'il
est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.
COBBESPOND ANCE .
M. d'Abbaoie prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le
nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Géographie
et Navigation par suite du décès de M. Bravais.
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.)
M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de M. cl ' Abbndie le troisième
fascicule nouvellement publié de son ouvrage intitulé : a Géodésie d'Ethio-
pie ou Triangulation d'une partie de la haute Ethiopie exécutée selon des
méthodes nouvelles.... » [Voir au Bulletin bibliographique);
Au nom de MM. Delesse et Laugel, un volume ayant pour titre : « Revue
de Géologie pour l'année 1861 »;
Et au nom de M. Grimer, un opuscule intitulé : « Dieu et la Création
révélés par la Géologie ".
M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance un opuscule de M. Garrigou portant pour titre : « L'Homme
fossile, historique général de la question et discussion de la découverte
d'Abbeville ».
( H2I )
« En énumérant les faits relatifs à cette intéressante question, dit l'auteur
dans la Lettre d'envoi, j'ai voulu prouver qu'il existe des observations faites
par les savants les plus autorisés, tendant à prouver que l'homme a réelle-
ment été le contemporain de YElephas primigenius, du Rhinocéros tichorhi-
nus et de beaucoup d'autres espèces éteintes. »
GÉOLOGIE. — Sur la non-contemporanéité de l'homme et des grandes espères
éteintes de Mammifères ; nouvelle Note de M. Epg. Robert.
« Dans la Note que AI. Dumas m'a fait l'honneur de communiquer à
l'Académie, le 1 8 mai dernier, sur la non-contemporanéité de l'homme et de
plusieurs grandes espèces éteintes de Pachydermes, j'avais invoqué à l'ap-
pui de mon opinion l'absence complète d'ivoire dans les gisements celtiques,
tandis que la corne de cerf et les défenses de sanglier s'y rencontrent très-
fréquemment. Je crois que si l'on voulait tenir compte de l'état dans lequel
se trouvent les silex taillés qui accompagnent dans la vallée de la Somme les
restes d'éléphants, de rhinocéros, etc., il serait possible d'y emprunter un
argument de plus en faveur de la non-contemporanéité.
» J'ai recueilli pour ma part, tant à Amiens qu'à Abbeville, un grand
nombre de silex dont la taille remonte certainement à une époque très-
reculée (j'insiste sur ce point, afin de ne pas confondre les pierres façonnées
anciennement avec celles que les ouvriers ne se font aucun scrupule de vous
présenter comme telles après les avoir préparées eux-mêmes), et dont les
arêtes sont si fraîches, qu'on éprouve la plus grande répugnance à supposer
qu'Us ont dû subir le même sort que les matériaux proprement dits du dilu-
vium ; en d'autres termes, qu'ils sont contemporains d*es ossements fossiles
de Mammifères. J'en possède un deSaint-Acheul que j'ai déjà soumis à plu-
sieurs savants français et étrangers qui ont pris la peine de venir voir mes
collections, lequel mesure om,3o de longueur, om, 1 1 dans sa plus grande lar-
geur, et pèse i kilogrammes environ. L'examen de cette hache gigantesque,
dont les facettes et les arêtes aiguës sont incrustées d'un ciment calcaréo-
silicéo-ferrugineux, éloigne à coup sûr toute idée de transport ou de frotte-
ment violent ; car si elle eût seulement changé de lit dans l'endroit où elle
gisait, à la suite d'un effort quelconque, elle se fût certainement brisée ou
tout au moins ébréchée. Par conséquent, il faut admettre que cet instru-
ment, aussi bien conservé que s'il sortait des mains de l'ouvrier, a été fait
sur place aux dépens de quelque grand silex très-allongé, comme il en
( 112 2 )
existe tant dans la même localité, qui seraient encore propres à faire des
instruments semblables.
» Or, je le demande, si les pierres taillées qu'on trouve en si grande abon-
dance dans les sablières de la Somme avaient été charriées en même temps
que les cailloux roulés au milieu desquels elles reposent, elles seraient au
moins usées sur les angles ; elles auraient perdu leurs aspérités aussi bien
que les ossements d'éléphant qui se trouvent quelque ois dans le voisinage.
Il faut, en vérité, que le transport des débris de ces grands animaux ait été
bien violent, puisque les mâchelières ont, non-seulement été arrachées des
alvéoles dans lesquelles elles étaient enchâssées, mais sont souvent réduites
à quelques lames éparses dans le sable.
» Quant aux ossements humains qui paraissent devoir accompagner les
silex taillés à Abbeville, ce dont je ne doute nullement, je ferai remarquer
qu'il n'est pas rare d'en rencontrer à Saint-Acheul dans le fond des sablières,
et qui proviennent évidemment des couches supérieures dans lesquelles on
peut voir encore des sépultures gallo-romaines (nid doute qu'il n'y en eût eu
de semblables dans les environs d'Abbeville). C'est ainsi que j'y ai recueilli une
mâchoire humaine au milieu d'éhoulements venus incontestablement du
faîte des sablières ouvertes en cet endroit sur la rive gauche de la Somme.
On peut, au reste, se livrer avec le même succès à des recherches du même
ordre dans la grande sablière de Précv sur-Oise, qui fournit presque tout le
balast du chemin de fer du Nord ; et même à Paris, dans les sablières de la
gare d'Ivry, sur la rive gauche de la Seine, la physionomie de tous ces ter-
rains d'atterrissements fluviatiles cpii revêtent ies pentes des vallées, offrant
la plus grande ressemblance avec celle des rives de la Somme depuis Amiens
jusqu'à Abbeville. »*
GÉOLOGIE. — Note sur une grauwacke devonienne fossilifère des Pyrénées ;
par M. A. -F. NoGufes.
« Au mois de décembre dernier, j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie des Sciences un Mémoire sur les sédiments inférieurs et les tetrains
cristallins des Pyrénées-Orientales (Comptes rendus, t. LV, p. 874). Dans ce
travail, je suis arrivé, pardes considérations purement statigraphiques et par
des caractères lithologiques, à distinguer deux grands étages dans les sédi-
ments primaires des vallées du Tech et de la Tet : l'étage inférieur, essen-
tiellement schisteux, plus ou moins métamorphosé, que j'ai rangé dans le
( 1123 )
groupe silurien; l'étage supérieur, principalement calcaire, que j'ai rap-
porté au devonien.
» Cet étage devonien renferme sur certains points des grauwackes (ou
grès très-fins) associées aux calcaires ou à des schistes calcarifères.
» La justesse de mes divisions stratigraphiques a été confirmée par la pa-
léontologie : c'est là le fait saillant que je communique à l'Académie pour
prendre date.
» M. Dufrénoy avait signalé, dès i 834 (Mémoires pour servir à une des-
cription géologique de la France, t. II, p. 197), des traces, indéterminables
spécifiquement, de nautiles, d'orthocératites, de térébratules, de polvpiers,
il encrines, dans les calcaires amygdalins des environs de Prades.
» Mais à l'époque où remontent les recherches du célèbre minéralogiste,
la paléontologie n'était pas assez avancée pour déterminer par elle seule
l'âge des calcaires de transition de Villefranche et de Sirach. Dans les
grauwackes associées aux calcaires marmoréens de mon étage supérieur
(devonien), j'ai trouvé une faune qui, en Angleterre et en Bretagne, dénote
la présence du devonien.
» La grauwacke fossilifère se montre surtout entre Corneilla et Fillols,
dans la vallée du Tech; la montagne qui sépare ces deux villages en est
formée: elle s'y trouve associée à des calcaires et à d'autres roches que je
décrirai dans le texte de la carte géologique des Pyrénées-Orientales.
» Ces grauwackes, d'un gris jaunâtre, sont parfaitement semblables aux
mêmes roches devoniennes du Cotentin et de la Bretagne. J'y ai trouvé des
empreintes de Slromalopora concentra a (Goldf.), Fenestrelln antiqua(Go\df.),
Favosites polymorpha (Lam.), Bereincia. .., Terebralula pucjnus (Sow.), va-
riété du système devonien à l'état de moule intérieur. Cette faune devo-
nienne ne peut plus laisser aucun doute dans notre esprit sur l'âge de l'é-
tage supérieur des terrains de transition des vallées du Tech et de la Tet.
» Ainsi la paléontologie a confirmé ce que la stratigraphie m'avait déjà
prouvé, et m'a permis d'assigner encore plus exactement leur véritable place
dans la série sédimentaire aux calcaires et aux grauwackes qui recouvrent
les schistes dans les vallées du Tech et de la Tet. »
analyse mathématique. — Sur la théorie ali/ébrique des fondions homogènes
du quatrième degré à trois indéterminées; Note du P. Joibert, présentée
par M. Hermite. (Fin.)
« Nous obtiendrons un contrevariant linéaire de la manière suivante :
( II 24 )
désignons par f et g les deux covariants quadratiques V et VI et formons
le déterminant
'Il
dx
dg
dx
*
dy.
dz
dg
dz
Nous avons ainsi un concomitant mixte, linéaire en ç, n, Ç, et du second
degré par rapport à .r, jr, z. En faisant opérer sur lui le contrevariant qua-
dratique IV, nous aurons un contrevariant linéaire du quatorzième degré
par rapport aux coefficients, dont voici la valeur :
IX.
'■' y ■ — A V — 2 AfiS" -f- a Afi" Ve
- 1 5 ).' p.s v - 1 5 V y.-/' — 1 8 /.' y." + 1 8 V v4
pV ~i*p.3~-2AIpi<i-f-2Aeps
4-i5X(i«a5 — i5a'^v — i8pV+i8XV
).' v' — fi* V3 — 2 X6 p2 v -|- 2 Z" fl'
[ 5 a5 F/ — 15 Xf»s •/ — 1 8 V v' + 1
» Il est maintenant bien facile d'établir l'existence de deux covariants
linéaires du dix-neuvième degré par rapport aux coefficients. Supposons,
en effet, qu'on ait adopté pour forme canonique celle pour laquelle les
deux covariants f et g se réduisent à des sommes de carrés, et posons
/ = A.r2 + Bj2 + Cz2, g = k'x- + B'r- ■+- G z2 ;
soit, de plus, dans la même hypothèse,
L| +■ Mvj + NÇ
le contrevariant linéaire. En Je faisant opérer successivement sur f et g,
nous trouvons deux covariants linéaires évidemment distincts, savoir :
LAx + MBj -f-'NCz,
LA'x+ MR'j + NC'z.
« Nous donnons plus loin un troisième covariant linéaire un peu plus
simple.
( I (25 )
» L'expression IX est susceptible d'un second mode de formation :
F [x, y, z) étant la forme considérée, concevons qu'on opère sur le produit
F(xt, jr„ s,).F(xa, jr%, zs).F(.rs, j3, z3) avec le symbole
Çl*.Çl3:
^
d
<tf
v
d
d
ç
,/,,
</.r.
(L'\
d.i\
rf
rf
d
d
4r,
'(r,
*r,
<'y.
s
rf
rf
d
d
*,
rf??
dzt
dz3
suivant les notations de M. Cayley, en ayant soin d'effacer les indices après
les différentiations; nous obtenons un concomitant mixte du troisième
degré en £, yj, Ç, et du sixième en x, y, z, dont l'expression est trop com-
pliquée pour trouver place ici. Opérons sur ce concomitant en employant
successivement les contrevariants II et IV; nous trouvons un contreva-
riant cubique du neuvième degré par rapport aux coefficients. Voici sa
valeur :
X.
- 2 ).(*'
+2p.V4
+î1'ï
»2Ç
— r--j
-aV
+ 2y.= v3
— il).3 p2
— 61V
— 6Vp*v
+ 36>pV
1 1
-V
— ÎIU'
+2P1
-6>y
+ 36Vftv3
?-'«
«<;=
??J
W
'-■■'-
— p/2
+X>
+ y.L"v
+ )■/-'
0
— 2 À3 V
+ 2 ).■/•
+ 2 Vf*
+ 2f/3v
+ lVu?
— 2 v.V
2 V V3
— 2 ).3 IA2
— 11 >ftV
+ 1 I )' 7."v
+ n)y-V
+IlVfi<J3
-6pS2
+ 6V(*S
+ 6pV
+ 6 A5-/
-6)'p»!
+6 Vf»4
+ G).'p2v
+ 6),,aV
4-36VfL*«
— 36) y. lv
— 36 Vu»4
— 36),'y.:v
» Cela posé, que l'on fasse opérer sur X l'un des covariants V ou VI, ou
bien une de leurs combinaisons linéaires, on parvient, soit à une expres-
sion identiquement nulle, soit au contrevariant linéaire IX.
» La combinaison de X avec la forme, ou bien avec le covariant biqua-
dratique VII, conduit à des expressions identiquement nulles. Mais en
faisant opérer X sur VIII, on obtient un covariant linéaire du seizième degré
par rapport aux coefficients, savoir :
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 24.)
l47
( na6 )
XI.
7 / y — 7 X-/ 4 1 65 V fts ï — 165 V fV
— 82 "/■' fi' -+- 82 X5 •/ — 90 fi3 •/ + go y.' /'
— 28XfA84-28Xï84-6l6X3fiV — 6l6X3ft2v'
4-84oX6fiv5 — 84o>>sv
4-288Xsfi8 — 288 XV,
4- 576 XV — 576 XV
+ 288 )(*'•/— 288 V-/
y
7 F''
— 7 V fi + i65)a2vs
— i65).sp2-j
-82 p5
/ + 82/'f*s — 90 V
v3 4- 90 XV
— 28 fiï
+28X»,i4-6i6X2(i3
,«_6i6Xyvs
H- 840'/.
fx8v— 84 0X11V
+ 288 p.
S" — 288 X8 fi5
+ 576).
fi9 — 576 u? V*
+ 288}
fi-/ — 288 >.' («8
z
7XS
— 7fiN + i65X5fiv2-
-i65XfiV
-82/'-
-s + 82fi,v5 — goX3fi"
+ 90'/' fi
— 28 xs
+28ptBv+6i6Vyv3
-6i6'/Vv:
+ 84o).
xsv« — 84ols(iv*
+288 V
v5 — 288 f*V
+ 576f/
V — 576 XV
+ 288)
fi8v — 288 A8 a' v
» Ce même covariant peut s'obtenir d'une autre manière. En combi-
nant X avec le Hessien, nous avons un covariant cubique du douzième degré
par rapport aux coefficients, dont voici la valeur :
XII.
x3
r3
z3
y-z
33.r
x-y
J21
zx~
xy2
1 1 z
4-22 uv*
4 22 X! V
4" 22 X|AS
+ p2*
+ Xv2
+ X>
— u.v2
— A2 'J
— Xti2
0
— 22 fi5 -J
— 22 Xvs
— 22 X5 fi
4- 11 X3 fi
4- 1 1 fi3 v
4- 1 1 Xv3
-IlX3»
- 1 1 Xji5
- 1 1 p3
-96),y
— g6fiV
— 96 XV
+ 28 XV
+ 28X3f/.J
4 28 y.3 v2
-28X2fi3
— l8fiV
— 28 X3 V2
+96 XV
+ 96IV
+ 96 a' v3
4-I7XJIV
+ i7X2p/
4-r7X3ft2v
— I 7 Xfi2 -J3
— 1 7 X3 fiv2
— 17 A2 U.3 V
— 72 Au.2-/
— 72A6pv2
— 72 X2 fi6 v
+ 20 1 X1 fi2 V
+ 201 XfiV
4201 X2ii-/
— 201 X4 fiV2
— 20lX2fiS
— 20I .V v
— 72'AftV
+- 72 À2 fiV6
-f- 72 Xe y v
-t-84fiS
+84 v
4-84 Xe {*
- 84 pc
— 84 /' v
— 84 Xf*6
-432 '/';/'/'
4 432 X5 fi' v
+ 432XaV
-ig8fiV
— rg8XV
— 198 XV
4- 198 ^ V
4- 198 XV
4- 198 Xs fi2
43a - .
— 432XftSs
— 432X5fui«
+ goX3fis
+ 90 fi3 v5
4- 90 XV
— 90 XV
- 9° '■' (*'
— 90 fiS V3
■+- 1 1 4 X3 ftv4
+114 >'/ '»
4-n4Xfi4»3
— u4X3fi4 v
— Ii4>y'v
— II4X*P'
— 72 Xe v ;
-72X3fie
— 72 fi3 vc
+ 72/' fi
4 72 ,"'' v>
4-72 Xsv«
— a52XJ(tV
— 252A '/'■/
— 252X*f/.V
4252X2fi3v«
4" 2 32 A' fi2 V3
4-252X'ft'vJ
+ I44XV
+ i44XT;i;
4-144 fi' ï2
-i44X2fi'
-144 fi v
- 144 XV
+ 432X5fi3v2
4-432X2ftV
4-432'/ 3fiV
— 432XsjiV
— 432X3fiV
— 432XVV
— 864XjiV
- 864 Xe fiV3
— 864 A3 fi6 V
4- 864 XfiV
4864X3pe
4-864 '>■ f/ v
» Faisons maintenant opérer sur XII le contrevariant quadratique IV,
nous retrouvons le contrevariant linéaire XI. Enfin la combinaison de XII
et de II conduit encore au contrevariant linéaire IX, obtenu déjà à l'aide
de deux procédés distincts. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur la coloration que les acides peuvent communiquer
aux organes végétaux, dans certaines familles; Note de M. A. Gciixard,
présentée par M. Ducbartre.
« A l'une des dernières séances de l'Académie ( 18 mai), il a été lu une
( U27- )
Note sur la coloration des fibres végétales par les acides. Cette Note a été
rappelée et un peu modifiée par M. Pasteur à la séance suivante.
» L'action colorante des acides sur certaines matières organiques avait
été déjà signalée par les chimistes et par les botanistes. — L'acide chlorhy-
drique colore la fibrine en violet (Pelouze et Fremy, t. III, p. 7^2). Cette
action, sur les fibres du liber et sur des cellules particulières de l'écorce, est
indiquée au Bulletin de la Société botanique île France ( t. V, p. 1 02 ) et dans la
Presse scientifique des Deux Mondes (t. II de 1861, p. 3a 3 et 3i/j). Elle est
énoncée plus expressément, avec son application à un grand nombre de
familles, dans un Mémoire accompagné de dessins coloriés, qui a été pré-
senté pour un concours et remis à l'Académie le 3i décembre.
» L'action colorante ne s'exerce pas seulement sur les tubules du liber;
elle peut teindre complètement les tubules ligneux, les trachées et vaisseaux,
les rayonnements médullaires, les cellules tubuliformes de la moelle annu-
laire (étui médullaire), et quelquefois la moelle centrale elle-même, no-
tamment à l'approche des nœuds. Les tubules, loin de subir cette influence
avec plus d'intensité que les trachées et vaisseaux, n'en reçoivent au con-
traire, dans la plupart des cas, qu'une teinte adoucie. Le liber la reçoit
plus promptement ou plus lentement que le corps ligneux, selon les familles.
Il y a même des plantes (parmi les Urlicées, par exemple), où les fibres
rayonnantes acceptent la teinte déterminée par les réactifs, tandis que le
liber s'y refuse {Presse scientifique, loc. cit. ).
» L'organe qui reçoit la coloration avant tous les autres est la jeune tra-
chée. On l'obtient d'un beau violet, non-seulement au haut du rameau, à
l'époque où le réactif ne colore encore aucune sorte de fibres, mais dans le
pétiole, dans la feuille, même avant son évolution hors du bourgeon.
» Le violet, avec ses nuances, vineuse, rose, n'est pas la seule couleur
que les organes allongés reçoivent des acides et spécialement de l'acide
chlorhydrique; dans quelques plantes les fibres se colorent en vert d'eau
(Staphylea, Dianthus) , en jaune (Sacjina, Pliiinl>a<jo, le liber; Mpica, les
fibres de la feuille), on en orangé (Épacridées).
» Que les colorations soient dues à des substances spéciales, incolores na-
turellement, mais colorables par les réactifs, nous n'oserions l'affirmer avant
d'avoir obtenu séparément ces substances.
» Le phénomène de coloration, manifesté par l'emploi direct de la goutte
acide, peut s'obtenir ordinairement de toutes les plantes delà même famille.
Mais il faut se garder de croire qu'il en soit ainsi de tous les phanérogames.
Il est des familles nombreuses qui s'y refusent, on peut même dire, des
147..
( II2S )
classes entières. Cette Note ne comporte pas les détails de l'infinie variété
de ces phénomènes. Nous soumettrons le plus tôt possible à l'Académie la
double liste des familles chez lesquelles nous avons reconnu la faculté ou
l'incapacité de la coloration immédiate par les acides. Celles que nous con-
naissons jusqu'à présent comme colorables sont toutes ou presque toutes
dicotylées. Nous indiquerons seulement ici, parmi celles où le phénomène
>e manifeste le plus vivement, les classes suivantes de l'École botanique du
Muséum :
Classe 27 (Primulinées) )
A ,j. ■ .. ». > 1 non sans Quelque exception ;
» 28 (Encoidees) ) 111
•> 64 (Rosinées);
■» 66 à 68 ( Amentacées, Conifères et Cycadées);
et parmi celles qui résistent le plus constamment à cette action , les
Classes 16 à 18 (Monopétales périyvnes) ;
» 20 à 26 (Monopétalcs hypo-anisogvnes);
» 3g à 47 J (Dialvpétiles à placentation pariétale
» et 49 à 5i, 53 ) ou ovaires uniloculés) ;
» 56 à 58, 60.
» Si quelque habileté chimique peut suppléer, pour ces familles et d'au-
tres encore, à l'insuffisance de l'action directe et immédiate, ce sera incon-
testablement un service rendu à la science encore peu avancée de l'analyse
végétale. On peut s'assurer que les matières solubles qui garnissent soit les
cellules, soit les espaces intercellulaires, sont loin d'être de même nature
dans les diverses plantes, puisque le traitement par les réactifs (acides,
alcalis, azotate mercurique, etc.), tantôt éclaircit la préparation au point
d'en révéler tous les détails, et tantôt la laisse dans un demi-jour où les
organes microscopiques sont moins discernables que sous l'eau pure. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur les matières colorantes des suppurations
bleues, pyocyanine et pyoxanthose ; Note de M. Fonnos, présentée par
M. Dumas.
« M. Claude Bernard a présenté en mon nom, à l'Académie des Sciences,
en 1 860 , un premier travail sur la matière colorante des suppurations
bleues , que j'étais parvenu à isoler et à obtenir cristallisée, et que je pro-
posais d'appeler pyocyanine. Ce travail avait été fait avec quelques milli-
grammes seulement de matière colorante. Immédiatement après cette
( «1*9 )
communication à l'Académie, j'eus à l'hôpital de la Charité, dans le service
de M. Velpeau, deux cas de suppuration bleue dont un très- remarquable
par sa durée. Je reçus aussi de différents hôpitaux des linges colorés en
bleu et en vert, et je pus continuer mes recherches. Je commençai par sim-
plifier le procédé d'extraction décrit dans mon Mémoire à l'Académie,
tout en m'appuyant sur les mêmes réactions, et en employant les mêmes
dissolvants. Je parvins à obtenir quelques centigrammes de pyocyanine et à
isoler en même temps une matière colorante jaune que je désignai sous le
nom de pyoxanthine dans une communication faite, en 1860, à la Société
d'Émulation pour les sciences pharmaceutiques.
» Voici comment j'opère depuis cette époque pour isoler ces matières
colorantes : j'enlève la matière colorante aux linges en les traitant avec de
l'eau et j'agite avec du chloroforme la dissolution colorée qui en résulte ; le
chloroforme entraîne avec lui, en se déposant, les matières colorantes et des
matières grasses; je sépare le chloroforme à l'aide d'un entonnoir à robinet,
et, après l'avoir filtré, je l'agite avec de l'eau contenant un peu d'acide sul-
furique ou chlorhydrique; la pyocyanine abandonne le chloroforme et passe
dans l'eau acidulée à l'état de combinaison rouge; le chloroforme retient
la matière jaune et les matières grasses; je sépare la dissolution aqueuse
rouge et je mets de côté le chloroforme, coloré en jaune, pour le traiter plus
tard afin d'en retirer la matière colorante; je filtre la dissolution aqueuse
rouge qui contient la pyocyanine combinée avec l'acide employé, et je la
sature avec du carbonate de baryte; la liqueur devient bleue; je la filtre de
nouveau et je l'agite avec du chloroforme; celui-ci entraîne la pyocyanine et
se colore en bleu ; je sépare la dissolution chloroformique, et je l'abandonne,
après filtration, à l'évaporation spontanée dans une capsule de verre.
J'obtiens ainsi la pyocyanine cristallisée; mais elle est encore le plus sou-
vent accompagnée d'un peu de matière colorante jaune, que l'on peut enlever
par un traitement avec de l'éther pur; l'éther dissout rapidement la matière
jaune et touche à peine à la pyocyanine, celle-ci étant très-peu soluble dans
l'éther.
» La pyocyanine se présente sous la forme de cristaux bleus prismatiques
groupés de diverses manières ; on a assez souvent des groupes de prismes
disposés en croix ou en rosaces; on obtient aussi de longues aiguilles
réunies en faisceaux, ou partant d'un point et se dirigeant de divers côtés.
» Je renvoie pour les propriétés chimiques de la pyocyanine à mon pre-
mier Mémoire , inséré dans les Comptes rendus de l'Académie, t. LI, p. 21 5.
( n3o )
» La pyocyanine cristallisée, ou en dissolution dans le chloroforme,
éprouve avec le temps une altération remarquable.
» Les échantillons de pyocyanine cristallisée que je conserve depuis
trois ans sont aujourd'hui plus ou moins altérés. Les cristaux ont pris, pour
la plupart, une teinte verte ou vert-jaunâtre, tout en ayant conservé leur
forme. Si on les traite avec de l'éther pur, celui-ci se colore fortement en
jaune, et la pyocyanine non altérée reparaît avec sa couleur bleue. La disso-
lution éthérée donne, par l'évaporation spontanée, un produit jaune, formé
de cristaux microscopiques, que je désigne sous le nom de pyoxanlhose.
» La pyocyanine en dissolution dans le chloroforme subit la même trans-
formation. La dissolution, qui est d'un beau bleu au moment où l'on vient
de la préparer, prend avec le temps une teinte verdâtre ; si alors on l'agite
avec de l'eau acidulée, la pyocyanine se sépare du chloroforme, et celui-ci
reste coloré en jaune et fournit de la pyoxanthose par l'évaporation.
» La pyocyanine est plus stable quand elle est combinée à un acide. Je
conserve depuis trois ans des cristaux rouges de chlorhydrate de pyocyanine
qui ne paraissent pas avoir subi d'altération.
» La pyoxanthose accompagne la pyocyanine dans les suppurations bleues.
Je l'ai désignée antérieurement sous le nom de pyoxanthine. Je préfère
l'appeler pyoxanlhose parce qu'elle ne joue pas le rôle de base. Pour l'isoler
je distille avec de l'eau le chloroforme coloré et jaune que j'ai mis de côté
dans la préparation de la pyocyanine. J'obtiens pour résidu delà distillation
un liquide aqueux légèrement coloré en jaune, et accompagné de matières
grasses que je sépare à l'aide du filtre; j'agite le liquide filtré avec du chlo-
roforme; celui-ci s'empare de la matière colorante jaune; je le sépare de
l'eau, je le filtre, et parévaporation il medoniiede la pyoxanthose; mais dans
ce cas la matière colorante est rarement cristallisée.
» La pyoxanthose présente au microscope des cristaux aiguillés groupes
de différentes manières; ils sont le plus souvent enchevêtrés les uns dans
les autres, ou réunis en petites masses, jaunes au centre, et laissant rayonner
des aiguilles dans toutes les directions.
» La pyoxanthose est peu sol uble dans l'eau; elle estsoluble dans l'alcool,
l'éther, le chloroforme, le sulfure de carbone et la benzine; ces quatre der-
niers dissolvants enlèvent à l'eau la pyoxanthose, et pourraient être employés
a l'isoler.
» La pyoxanthose devient rouge au contact des acides chlorhydriquc,
sulfurique et nitrique. La potasse et l'ammoniaque la colorent en violet.
( i'3i )
» Les caractères chimiques de lapyoxanthose la distinguent nettement de
la matière jaune de la bile.
» La présence de la pyocyanine et de la pyoxanthose dans les produits des
suppurations bleues explique suffisamment les colorations bleues et vertes
que l'on observe sur les linges à pansement. L'apparition de la pyocyanine
dans les produits des suppurations me paraît être d'un pronostic favorable,
du moins quand la matière colorante y existe en quantité notable. Les cas
de suppuration bleue que j'ai été à même d'observer ont été, en général,
suivis de guérison , bien que plusieurs de ces cas fussent très-graves.
» J'ai dit dans mon premier Mémoire que la pyocyanine différait complè-
tement des matières bleues trouvées dans l'urine, le sang, la bile. Mais c'est,
je crois , à la présence de cette matière colorante, qu'il faut attribuer la co-
loration bleue que produit quelquefois sur le linge la sérosité des vésica-
toires.
» Je crois aussi que quelques sueurs bleues doivent leur couleur à la pré-
sence de la pyocyanine. Je me propose de revenir plus tard sur ce sujet.
» Je n'ai pas trouvé de pyocyanine en examinant des morceaux de cadavre
colorés en vert. »
CHIMIE générale. — Recherches sur les affinités, action des acides sur l'alcool
étendu d'eau; Note de M. Berthelot, présentée par M. Bâtard.
« La formation des éthers a été surtout étudiée, dans nos précédentes
communications, en envisageant les systèmes formés par les alcools purs et
les acides purs, ou par ces mêmes corps additionnés d'une petite quantité
d'eau; mais les mélanges dans lesquels l'eau prédomine se trouvent pour
la plupart compris en dehors de cette série île recherches. Cependant, les
systèmes très-dilués présentent un grand intérêt, non-seulement au point de
vue théorique, par la détermination du genre d'équilibre qui s'y produit,
mais aussi au point de vue des applications et en particulier de l'étude des
réactions qui se produisent dans les liqueurs spiritueuses, telles que les
eaux-de-vie, les vins et les liquides fermentes en général. C'est pourquoi j'ai
cru devoir instituer des séries régulières pour étudier la formation des
éthers dans l'alcool étendu de diverses proportions d'eau. J'ai examiné la
réaction des acides sur les mélanges suivants :
i° Alcoot, 75; eau, 25. 4° Alcool, io; eau, 90.
20 Alcool, 5o; eau, 5o. 5° Alcool, 5; eau, g5.
3° Alcool, a5; eau, ^5.
( il 3a )
» Voici les résultats :
/. Mcool, 75; eau, a5: iC*H602 + o,85H202-+-nC''H'0\
Limite rapportée
Température,
o
180
180
180
u
180
160
» On voit que la proportion absolue d'acide éthérifié diminue lentement
à mesure que le poids de l'acide augmente. La seconde colonne met en
évidence ce fait déjà signalé, que la proportion d'éther neutre est la plus
faible possible quand il n'y a ni excès d'acide, ni excès d'alcool.
//. Alcool, 5o ; eau, 5o : 1 C4 H6 O2 -4- a,55H202 + n C'H1 0".
Limite rapportée
Proportion d'acide «
;
en équivalents.
Durée.
0, l3
h
54
o,33
54
",71
54
1 ,00
Calculé
t,4o
54
2,0(1
48
à l'acide total.
à 1 équivalent d'aci
74»7
68,4
60,2
74,7
.',8,4
60,2
55,o
55,0
47, 9
;'7,7
67,6
75>°
Proportion d acide
"■
en équivalents.
Durée.
Température.
à l'acide total.
à 1 équivalent
o,10
h
69
0
160-180
52,5
52 ,5
..,18
69
160-180
49,6
49,6
o,3i
%
160-180
46,8
46,8
o,83
69
160-180
4<>,7
4o,7
i ,00
Calculé.
»
38,5
38,5
i,65
69
160-180
3(),2
49>8
» Remarques analogues. Les quantités d'éther formées sont moindres
d'ailleurs que dans le système précédent, ce qui s'explique par la présence
d'une plus grande quantité d'eau.
///. Alcool, a5; eau, 75 : 1 C4H°02 + 7,65H202 4- nC4H*0\
Limite rapportée
Proportion d'acide
on équivalents.
Durée.
Température.
à l'acide total.
à 1 équivalent d*
.175
69
0
1 60- 1 80
24,0
24,0
0,38
69
1 60- 1 80
23,9
23,9
0,76
69
160-180
21,4
•i,4
1 , 00
Calculé.
»
21 ,0
SI ,0
i,33
69
160-180
so , 5
"7-7
> , 00
69
160- [80
19,1
37.8
( n33 )
» Indépendamment des remarques analogues aux précédentes, on voit
ici que les proportions d'éther formé dans l'alcool étendu de 3 parties
d'eau, en présence de quantités d'acide très-diverses, varient très-peu,
de 24 à '9 seulement, c'est-à-dire que l'éther formé est à peu de chose près
proportionnel au poids de l'acide employé, du moins jusqu'à 2 équivalents.
IV. Alcool, 1 o ; eau, 90 : 1 C ' H° Os -f- 23 H2 O2 4- a C4 H4 O* .
Limite rapportée
Proportion d'acide — -i ■■■■*,. — - ^ — _
en équivalents. Durée. Température. à l'acide total. à i équivalent d'acide.
Systèmes éthylacétiques.
o,o3
11
>57
0
160-180
.4 environ.
i4 environ
0,06
.57
160-180
12,0
12,0
0,20
i57
160-1S0
12,7
12,7
o,38
66
160-180
12,4
12 &
i_,4
o,45
.57
160-180
■'-7
">7
0,80
66
160-180
11 ,0
1 1 ,0
1 ,00
.57
160-180
..,6
1 1 ,6
» On voit que la proportion d'acide éthérifié, dans un système renfer-
mant 1 partie d'alcool contre 9 parties d'eau, est presque constante, même
lorsque l'acide varie de o,o3 à r,o. La quantité d'éther formé dans un
pareil système demeure cependant assez considérable; elle est pour ainsi
dire proportionnelle au poids-de l'acide.
« Le mélange de 1 partie d'alcool avec 9 parties d'eau présente un inté-
rêt spécial, car il répond à la composition moyenne des liqueurs vineuses;
c'est pourquoi j'ai cru devoir en faire l'objet de diverses autres expériences
relatives aux acides tartrique et succinique.
V. Alcool, 10; eau, 90 : 2(C4H802 -+- 23 H2 O2) -l- 11 acide bibasique.
Limite rapportée
Proportion d'acide thti» . — . ■ ■
en équivalents. Durée. Température. à l'acide total. a i équivalent d'acide.
Systèmes éthyltartriques .
0 ,o55
126
i35
i3,o
i3,o
0,067
96
i3o
12,9
I2>9
O, 125
96
i3o
1 1 ,0
11,0
0,19
96
i3o
■'.7
">7
C. R., 1
B6Î, 1
el Se/natie.
(T. LVI,
W«
24.)
148
( u34 )
Limite rapportée
Proportion d acide
en équivalents.
Durée.
Température.
Systèmes étltylsucciniq
à
ues.
l'acide total.
à 1 éq
uivalent
0 ,o3
Ii
64
0
160-180
4,o
4,o
o,o55
,57
160-180
12,0
12,0
0,20
.5.,
160-180
12,5
12,5
» Ces expériences conduisent aux mêmes conclusions que les précédentes;
elles montrent en même temps que la quantité d'éther formé dépend des
rapports équivalents et non de la nature spéciale des acides. Cette conclusion
subsiste lorsqu'on remplace l'alcool par la glycérine, comme le prouve le
tableau suivant :
VI. Glycérine, 20; eau, 80 : 1 C6H8Ofi + ao,5H202 -+- n acides.
Limite rapportée
Proportion d'acide - — ■'■ — —*- — -^
en équivalents. Durée. Température. à l'acide total. à i équivalent d'acide.
Systèmes acétoglyccriqucs.
o,o5
h
,5,
0
160-180
12,0
12,0
0,18
96
i3o
12,3
12,3
Systèmes succinogtycériques . . . 2{C6H8Os -j- 2o,5H20!) -(- nC8H60".
Il o
0,l8 96 1 3o 12,1 12,1
» Voici enfin une série relative à l'alcool trés-dilué :
VII. Alcool, 5; eau, 95 : 1 C4riG02 -r-/j8,5H20J 4- nC4H40\
Limite rapportée
Proportion d'
en équivale
acide
nts.
Durée.
Température.
à l'acide total.
à I é(jl
avalent cl
0,25
11
0
160-180
7-5
:,5
o,5o
%
160-180
7,3
7>3
1 ,00
Calculé.
-
8,0
8,0
1,27
%
160-180
8,0
10 , 1
,,5
69
160-180
8,,
12,1
3,o
69
160-180
8,2
7.4,2
» La quantité d'étber formé est ici tout à fait proportionnelle au poids de
l'acide depuis o,25 jusqu'à 3 équivalents : les différences sont de l'ordre
des erreurs d'expérience.
» Cette relation qui se manifeste dans l'action des acides sur les liqueurs
( u35 )
alcooliques étendues est d'une grande importance; car elle s'applique à
toutes les liqueurs vineuses proprement dites. Elle devient évidente, parce
que la proportion d'éther formé n'est pas assez considérable pour modifier
notablement la composition initiale des systèmes. Il est probable que cette
relation répond à l'une des causes générales qui déterminent l'équilibre
dans tout système formé d'acide, d'alcool et d'eau; car elle représente la
proportionnalité entre la masse du produit de la réaction et celle de l'acide
qui lui donne naissance. »
PHYSIQUE. — Lettre de M. Bkol.x sur un appareil de son invention pour lu
mesure statique de la pesanteur.
« Montagnes de Travenoore, 20 avril i863.
<■ Je viens de lire une description par M. Babinet d'un appareil pour la
nipsure statique de la pesanteur, lue à l'Académie des Sciences le 3 fé-
vrier 1 863. Cet appareil a été aussi imaginé par moi il y a plusieurs années,
et d a été construit d'après mes ordres, en 1861, par M. Adie, opticien,
395, Strand, Londres.
» Il y a dix ans que j'ai employé, pour déterminer le coefficient de
l'échelle du magnétomètre bifilaire, une méthode dans laquelle quelques
grammes étaient ôtés ou ajoutés au poids de l'aimant suspendu (1). Cette
méthode m'a fait penser que la variation de l'attraction de la lune pourrait
bien avoir quelque part dans le résultat trouvé pour l'effet de la lune sur
la force horizontale magnétique. Un simple calcul m'a démontré que la
variation de l'attraction ne serait pas visible sur le magnétomètre bifilaire.
Mais j'ai vu aussi qu'on pourrait arriver à une disposition assez sensible
pour montrer cette variation, et j'ai essayé, en 1 858 et 1 809, en me ser-
vant d'ouvriers indiens, de faire un appareil dans lequel la force magnétique
serait remplacée par une force de torsion constante.
» Cet essai n'a pas été complété à cause des défauts des parties faites, et
j'ai dû renoncer à la construction jusqu'à mon retour en Europe.
» En juin 1860, j'ai communiqué le principe de l'appareil à l'opticien
déjà nommé; ensuite je lui envoyai des dessins, et je crois que l'instru-
ment a été fait dans les premiers mois de 1 86 1 . Mais nous avons trouvé que
le ressort (comme le balancier d'une montre) emnlojé sous le poids
(1) Voir Rapport sur les Observatoires du rajah de Travencorc, 1 85"j . Un exemplaire a
été présenté à l'Académie des Sciences.
148..
( u36 )
agissait mal, et j'y ai substitué, dans la même année, un simple fil d'or.
» Je devrais ajouter à ce récit qu'à la fin de j86o (étant absent de chez
moi, je ne peux pas donner la date exactement), j'ai envoyé une descrip-
tion de mon appareil pour être communiquée à la Société Rovale d'Edim-
bourg; que l'appareil a été vu en 1 86 r , dans l'atelier de M. Adie, par
plusieurs personnes auxquelles il l'a expliqué; que j'ai parlé de l'instru-
ment et de son principe bifilaire à différentes personnes à Paris, et je dois
à M. Henri Robert, le célèbre horloger, le fil d'or qu'il m'a recommandé
comme le meilleur pour le but de mon instrument.
» Je ne devrais pas finir sans indiquer une différence dans les méthodes
d'observer employées par M. Babinet et par moi.
» Mon appareil consiste en un poids cube soutenu par deux fils d'or:
trois côtés au cube ont des miroirs, les plans des deux sur les côtés oppo-
sés faisant chacun un angle de près de g3 degrés avec le plan du troi-
sième : un simple fil d'or est suspendu au centre de la face inférieure du
cube (j'ai aussi indiqué la manière de la fixer plus haut, donnée par M. Ba-
binet). Ce fil soutient, parle milieu, un bras du levier, qui peut être tourné
par un anneau dans lequel le levier se trouve sans y être attaché. Sur l'exté-
rieur de ce cylindre il y a un miroir. L'instrument est ajusté afin qu'une
révolution du cylindre (et du fil inférieur) produise un mouvement du
poids de près de. 90 degrés; le nombre de degrés de moins de 90 dépend
de l'exactitude désirée et dont l'arrangement est capable.
« On peut voir que si W représente le poids suspendu, et AW une varia-
tion quelconque produite par une variation de la pesanteur, on aurait
AW
— = cot.vAv,
où v est l'angle de rotation du poids, à une station ou à un temps donne. e(
Ai' la variation de cet angle à une autre station ou à un autre temps, la force
de torsion étant supposée constante.
» Ainsi, si nous faisons v assez voisin de 90 degrés, nous pourrons voir
une excessivement petite variation de W.
» Un petit télescope muni d'un prisme de verre derrière le fil de l'ocu-
laire permet de voir la coïncidence de l'image du fil réfléchi dans un des
miroirs, et du fil vu directement par l'oculaire (selon l'arrangement des
appareils ingénieux de M. Lamont), et deux échelles sur verre, l'une au-
dessus de l'autre, sont employées pour déterminer les variations des angles
normaux, ou de la torsion des fils.
( "37 )
» Je crois pouvoir, par le moyen de cet instrument, déterminer la hau-
teur des montagnes avec plus d'exactitude que par les autres méthodes, la
méthode de trigonométrie exceptée. J'espère publier bientôt les résultais
de mes essais sur ce sujet et sur les autres questions qui se rattachent à la
variation de la pesanteur. »
chimie. — vSiir la décomposition de l'eau par \t soufre; NotedeM. E. Gripon,
présentée par M. Balard.
« L'Académie a été entretenue à diverses reprises de la décomposition de
I eau parle soufre. J'avais réalisé il y a déjà assez longtemps, en 1802, l'ex-
périence publiée par M. Corenwinder : je faisais passer dans un tube de
grès chauffé au rouge un mélange de vapeur d'eau et de vapeur de soufre.
J^'air était préalablement chassé de l'appareil par un courant d'acide car-
bonique.
» Dans de telles circonstances, on perçoit facilement l'odeur de l'acide
sulfhydrique, mais la quantité de gaz qui se forme est tres-minime. Si l'ap-
pareil est terminé par un tube de dégagement, on n'obtient aucun dégage-
ment de gaz malgré la grande quantité d'eau et de soufre qui traversent l'ap-
pareil. Mais, et c'est, je crois, ce qui n'a pas encore été remarqué, et ce qui
fait l'objet principal de cette Note, on trouve dans les eaux de condensation
de l'acide pentathionique. En saturant ces eaux parle carbonate de baryte
et filtrant,, on a par évaporation dans le vide des cristaux de pentathionate
de baryte. Ainsi l'eau est décomposée par le soufre, mais les deux gaz acides
sulfureux et sulfhydrique qui se forment réagissent l'un sur l'autre, repro-
duisent de l'eau, du soufre et aussi de l'acide pentathionique, ce qui est
conforme à une réaction bien connue.
» Ces faits avaient été communiqués par moi à MM. Balard et Pasteur,
qui peut-être en ont gardé le souvenir. »
chimie APPLIQUÉE. — Reproduction sur pierre des lithographies nouvelles ou
anciennes; extrait d'une Noie de M. Rigau», présentée par M. Dumas.
« .... J'applique la lithographie par son verso sur une couche d'eau
pure pendant quelques minutes; elle s'humecte uniformément, l'eau ne
mouille pas les noirs. Je retire cette feuille et je la place entre des doubles
de papier; l'excès de liquide est absorbé, j'étends la feuille sur la pierre par
le recto, elle adhère à la pierre lithographique dans toutes ses parties au
moyen d'une légère pression. Je prends alors une feuille de papier ordi-
( ii 38 )
naire, je l'étalé sur une dissolution d'acide azotique du commerce étendu
de 10 fois environ son volume d'eau. Cette feuille imprégnée d'acide azoti-
que est mise clans des doubles de papier qui absorbent l'acide nitrique en
excès ; je la place alors sur la feuille litbographique qui adbère parfaite-
ment à la pierre; j'exerce une pression uniforme sur les deux feuilles.
» L'acide azotique ne pénètre ainsi que lentement à travers l'épreuve
lithographique humide: il agit sur la pierre d'une manière plus uniforme;
l'acide carbonique qui se dégage pénètre lentement à travers les pores des
feuilles de papier à mesure qu'il se produit; l'épreuve lithographique n'est
point soulevée, et la pierre est attaquée aussi également que possible. »
M. Lambotte prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com-
mission à l'examen de laquelle a été renvoyée sa Note concernant l'action
du manganèse sur la végétation.
(Renvoi aux Commissaires précédemment nommés: MM. Decaisne,
Peligot, Duchartre )
A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret.
COMITÉ SECRET.
La Section de Géographie et de Navigation, complétée par l'adjonction de
M. Dupin, présente, par l'organe de M. Duperrey, la liste suivante de can-
didats pour la place devenue vacante par suite du décès de M. Bravais.
Au premier rang M. le contre-amiral Paris.
Au deuxième rang, ex a?quo et I M. de Moxtravel.
par ordre alphabétique | M. Mouchez.
[ M. d'Abbadie (Amt.)
Au troisième ranq, ex a^quo et \ ., „
, . i . i \ M. Daroxdeau.
par ordre alidiabetique \ _, _
' ' ' I M, Feytier.
Les titres de ces candidats, exposés par MM. Duperrey et de Tessan,
^ont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
Présentation pour une place vacante au Bureau des Longitudes.
La Commission chargée de cette présentation fait, par l'organe de
M, Cliasles, la déclaration suivante :
( n39 )
« Les seules personnes qui aient manifesté le désir d'être considérées
comme candidats sont :
MM. Lamé. . . .
DE TeSSAN. .
Membres de l'Académie. »
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du i5 juin 1 863 les ouvrages dont
voici les titres :
Observatoire impérial. Bulletin du Ier au i/j juin 1 863. Feuilles autogra-
phiées in-folio.
Géodésie d'Ethiopie ou Triangulation d\me partie de la limite Ethiopie, exé-
cutée selon des méthodes nouvelles ; par Antoine d'Abbadie, vérifiée et rédigée
par Rodolphe Radau; 3e fasc. Paris, 1 863 ; in-4°.
Revue de Géologie pour Vannée 1 86 1 ; par MM. DELESSEet LauGIER. Paris,
1862; in-8°.
E Homme Jossile, historique général de la question et discussion de la dé< ou-
verte d ' Abbeville ; par F '. Garrigou. Paris et Toulouse, 1 863 ; br. in-8°.
Dieu et la Création révélés par la Géologie ; par L. Gruner. (Extrait de la
Revue chrétienne du i5 mai i863.) Paris, i863; br. in-8°.
Matériaux pour l'étude des glaciers; par DOLLFUS-AUSSET; t. II et III. Pans.
i863; 2 vol. in-8°. (Présentés au nom de l'auteur par M. d'Arcbiac.)
Eludes théoriques et pratiques sur le mouvement des eaux dans les canaux
découverts et à travers les terrains perméables; par J. Dupuit ; ie éditio
Paris, 1 863 ; vol. in-4°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Combes
Théorie mécanique de la chaleur : Confirmation expérimentale et démonstra-
tion analytique de la seconde proposition de la théorie; par M. G. -A. HlRN.
(Extrait du Cosmos.) Paris, i863; br. in-8°.
Exposé de la théorie mécanique de la chaleur, présenté à ta Société des
Sciences naturelles de Seine-et-Oise ; par M. Achille Cazin. (Extrait des Mé-
moires de la Société des Sciences naturelles de Seine-et-Oise.) Versailles, 1 863 :
br. in-8°.
1.
( "4o )
Siteungsberichle... Comptes rendus des séances de l'Académie royale des
Sciences de Vienne (classe des Sciences mathématiquts et naturelles); t. XLVII,
i™ et 2e livraisons (année i863, janvier et février). Vienne, i 863 ; m-8°.
General register... . Table générale des di.x premiers volumes [vol. I fi85o;
à X (1859)] de l'Annuaire de l'Institut J. R. Géologique de Vienne ; par A. -F .
comte de Burgholzhausen. Vienne, 1 863 ; in-8°.
Specimina zoologica Mosambicana , cura J. Josephi Bjanconi; fasc. XV.
Bononiae, 1862; br. in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 22 JUIN 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Morin fait hommage à l'Académie, en son nom et en celui de son
collaborateur M. Tresca, du premier volume d'un ouvrage intitulé : Des
Machines à vapeur, et s'exprime en ces termes :
« Depuis l'année i 8/|2, où je publiai les Leçons de Mécanique pratique sur
les Machines à vapeur, que j'avais professées au Conservatoire des Arts et
Métiers, des circonstances diverses et les devoirs de mon service militaire
m'ont continuellement empêché de me livrer aux études et aux recherches
nombreuses qui eussent été nécessaires pour tenir cette partie de l'enseigne-
ment de la Mécanique appliquée au niveau des progrès de la science et de
l'industrie. Aussi, quoique l'édition de cet ouvrage fût épuisée depuis plu-
sieurs années, je n'aurais, de longtemps, été à même d'en publier une
seconde digne d'être offerte aux ingénieurs, si je n'avais trouvé, dans mon
successeur à la chaire de Mécanique appliquée, M. H. Tresca, sous-directeur
du Conservatoire des Arts et Métiers, le collègue le plus dévoué et le plus
capable de mener à bonne fin ce travail considérable et difficile.
» Cédant à ma prière, que des motifs d'une délicatesse exagérée l'avaient
d'abord porté à rejeter, il a consenti à se charger de la rédaction complète
de l'édition que nous publions aujourd'hui en commun.
» Ses nombreuses recherches, les renseignements qu'il a su recueillir et
C. R., i8(53, i" Semeure. (T. LVI, N° 23.) I /(C(
( I<42 )
discuter, les expériences variées qu'il a exécutées, ont fait de cette édition
un travail presque entièrement neuf, dans lequel ma part personnelle se
trouve réduite au cadre général de l'ouvrage et à quelques parties spé-
ciales qui auront même reçu, de sa main, d'importants développements.
» Si donc mon nom figure avec le sien en tète de cette édition, c'est pour
moi un devoir, en même temps qu'une satisfaction de cœur, de déclarer
qu'elle est, pour la plus grande partie, l'œuvre de mou savant collabora-
teur et ami, AI. Tresca. Les ingénieurs y reconnaîtront, sans peine, les
traces de son esprit d'investigation infatigable et de critique éclairée, ainsi
que celles de la métbode qu'il sait apporter à tous ses travaux.
» La machine à vapeur est devenue, depuis 1° commencement de ce
siècle, d'un usage si général, sa construction alimente aujourd'hui de si
nombreux ateliers, qu'elle a été l'objet d'un grand nombre de modifica-
tions; chacun de ses organes a reçu des changements importants; beau-
coup de moyens nouveaux ont été proposés, soit dans l'ensemble, soit
dans les détails; et c'est à peine si l'on peut, au milieu de toutes ces indi-
cations, distinguer ce qui constitue un progrès réel de ce cpii n'est sou-
vent que la reproduction d'idées déjà émises et depuis longtemps aban-
données.
» Nous nous sommes proposé, dans l'ouvrage dont nous publions au-
jourd'hui le premier volume, d'examiner, dans un ordre méthodique, et
surtout en nous appuyant sur les faits les mieux constatés, l'influence que
peut exercer, sur l'effet général, chacune des parties dont se compose l'en-
semble d'une machine à vapeur.
» Le travail développé dans les machines à vapeur a sa source dans les
phénomènes mécaniques que la chaleur manifeste principalement par le
changement d'état moléculaire de l'eau contenue dans la chaudière; et
c'est peut-être dans les moyens de produire la vaporisation qu'il convient de
chercher les améliorations les plus importantes, introduites ou à introduire
dans l'établissement des chaudières à vapeur. C'est pour cette raison que
nous avons dû entrer dans de grands détails sur Ls dispositions diverses
qu'on peut adopter pour ces chaudières.
« Dans le premier volume de ces études, nous considérons surtout les
chaudières à vapeur dans leur mode général de fonctionnement et dans
les lois physiques qui y président, nous proposant de revenir sur les détails
de construction et d'utilisation, dans les chapitres spéciaux dont voici la
désignation :
» VIL Construction et entretien des chaudières à vapeur.
( m 43 )
« VIII. Appareils de sûreté.
» IX. Appareils d'alimentation.
» X. Séchage et surchaufjage de la vapeur.
» XI. Incrustation des chaudières à vapeur.
» XII. Explosion des chaudières à vapeur.
» XIII. Consti uclion , entretien et conduite des journeaux.
» XIV. Cheminées et autres moyens de produire le tirage.
» XV. Suppression de la fumée.
» Après avoir ainsi passé en revue les questions les plus importantes
relativement à la production de la vapeur, nous nous occuperons de la
machine proprement dite, en nous attachant, de la même manière, à étudier
les faits en eux-mêmes avant d'examiner séparément les différentes parties
qui constituent la machine complète.
» Il ne suffit pas de produire la vapeur dans les meilleures conditions, û
faut aussi en savoir tirer le parti le plus utile. A ce point de vue, la théorie
de l'équivalent mécanique de la chaleur nous fournira de précieux enseigne-
ments, et nous pourrons comparer, sous ce rapport, i'emploi de la vapeur
à celui des autres fluides élastiques, soit qu'on les chauffe directement
comme clans les machines à air chaud, soit qu'on détermine leur expansion
par des réactions chimiques, par la combustion directe, ou seulement par
le mélange des gaz brûlés.
» Nous comparerons entre eux les différents systèmes de machines à gaz,
et nous reconnaîtrons qu'aucune d'elles ne permet d'utiliser, dans l'état
actuel des choses, qu'une minime portion de la chaleur dépensée, la plus
grande partie de cette chaleur étant conservée, sans utilité réelle pour l'effet
mécanique, par les fluides auxquels on l'a communiquée.
» Les matériaux de ce long travail sont tous préparés, et nous avons lieu
de croire que les différentes parties dont il se compose pourront être publiées
sans interruption. »
chimie organique. — Note sur le quinone ; parM. A.-W. Hofmann.
» La transformation nette et facile de la bêlaphénylène-diamine en cptinone,
que j'ai signalée dans une Note précédente (i), m'a engagé à étudier l'ac-
tion des agents oxydants sur quelques autres dérivés de la série phénique.
» En effet, V aniline, soumise à l'action d'un mélange de peroxyde de
(1} Comptes rendus, t. I.VI, p. 995.
■ 49..
( n44 )
manganèse et d'acide sulfurique étendu, donne des quantités appréciables
de quinone qui se sublime, tandis que le résidu contient les sulfates man-
ganique et ammonique :
C6H'N + îO = CH'O3 -4- H3N.
Aniline. Quinoue.
Mais cette équation ne représente qu'une phase de la réaction; la plus
grande partie de l'aniline subit des altérations plus profondes.
» L'expérience réussit beaucoup mieux en traitant la benzidine de la
même manière. Soumis à l'action de la chaleur, le mélange dégage instan-
tanément des torrents de quinone, qui se condense en aiguilles magni-
fiques dans le récipient. La benzidine paraît se changer moléculairement
en quinone
(J,2H,2N2 -H- HaO + 30= aCH'O2 + 2H'N.
Benzidine. Quinone.
» En préparant le quinone par l'oxydation de l'aniline, l'idée m'est natu-
rellement venue d'étudier la réaction réciproque entre ces deux corps.
» Le liquide rouge-brunâtre, qu'on obtient en dissolvant le quinone
dans l'aniline, ne tarde pas à se prendre en masse. Le produit cristallin de
la réaction étant insoluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, de sorte qu'il est
impossible de le purifier par cristallisation, il est préférable de faire réagir
le quinone et l'aniline en présence d'une grande quantité d'alcool bouil-
lant. La solution brune dépose par le refroidissement des écailles rouge-
brunâtre d'un éclat presque métallique, qu'un simple lavage à l'alcool permet
d'obtenir à l'état de pureté parfaite.
» Soumise à l'analyse, la nouvelle substance a donné des chiffres qui
s'accordent avec la formule
(CeHs)2 |
C"Hl*N2Oa = (C,H2Oï)" [N*.
H2 )
» Le produit complémentaire de la réaction s'élimine facilement de I eau
mère des cristaux bruns. Le résidu salin qu'on obtient en ajoutant de
l'acide chlorhydrique et évaporant à siccité est un mélange de chlorhy-
drate d'aniline et de Y hydroquihone qu'on sépare sans difficulté par l'éther.
» L'hydroquinone se dissout, tandis que le sel d'aniline reste à l'état
insoluble. En évaporant la solution éthérée, j'ai obtenu les aiguilles inco-
( n45 )
lores de l'hydroquinone avec toutes les propriétés saillantes qui distinguent
ce corps remarquable. La solution aqueuse, traitée par le chlorure fer-
rique, a déposé aussitôt les cristaux verts à reflet doré de l'hydroquinone
intermédiaire.
» L'action du quinone sur l'aniline se représente donc par l'équation
suivante :
aCH'N-l- 3CeH*Oa = C4»H,4NïOï-r-2C«H«02.
Aniline. Quinone. Cristaux bruns. Hydroquinone.
» Les observations que je viens de faire m'ont engagé à répéter une
expérience décrite par M. Hesse (i) dans son beau travail sur la série qui-
rionique.
» En taisant agir le chloranile (quinone tétrachloré) sur l'aniline, M. Hesse
a obtenu un corps cristallisé en écailles brun-rougeâlre, dont les pro-
priétés générales rappellent le dérivé quinonique décrit ci-dessus.
» La composition de la substance obtenue par le chloranile, M. Hesse
l'exprime par la formule
(C6H5)5 \
C*2Hs,Cl'N404 = (CeCl202)"2 IN5.
H6 )
Mes analyses ne confirment pas cette formule hardie. La substance que j'ai
préparée, et dont les propriétés se confondent avec celles décrites par
M. Hesse, renferme moins de carbone et se représente par l'expression
(C6H5)2 ,
C,»H,2C12N202 = (C6C1202)"' N2.
H2 )
C'est la formule du dérivé quinonique avec i atomes d'hydrogène rem-
placés par le chlore. L'action du chloranile sur l'aniline est en quelque
sorte analogue à celle du quinone.
4C6H7N-+- C6Ci402 = C,8H,2Cl2N202+ 2(C6H'N, HCl).
Aniline, Chloranile. Cristaux rouge-brun. Chlorhydrate d'anfrhne.
» La formule que je viens de proposer est rapportée d'ailleurs par l'action
réciproque entre le chloranile et l'ammoniaque, qui donne naissance a la
i ) Annulai der Chemie und Pharmacie, t. CXIV, p 307.
( n46 )
formation de la chloramlamide découverte par Laurent (i)et représentée par-
la formule
C'H4ClNaOs = H2 *N3.
H2 )
» Je me suis convaincu que la toluidine produit des composés analogues
et avec le quinone et avec le chloranile. La présence de la toluidine dans
l'aniline qui a servi aux expériences de M. Hesse expliquerait peut-être le
carbone plus élevé trouvé par ce chimiste. »
chimie APPLIQUÉE. — Nouvelles recherches sur la conservation des matériaux
de construction ; par M. Fréd. Kuhlmaivn.
<• Mon opinion sur le rôle, en quelque sorte mécanique, que j'ai assigné
au brai lorsqu'il pénètre dans le plâtre moulé et se substitue à son eau
d'hydratation, se trouve confirmée par les résultats suivants :
» Lorsque l'eau d'hydratation des matières minérales ne peut être dé-
placée qu'à de très-hautes températures, ou lorsque les matières sont
anhydres, le brai s'infiltre seulement dans les fissures qu'elles présentent.
J'ai constaté ce fait sur des échantillons de quartz, de spath d'Islande, de
sel gemme, et sur d'autres minéraux anhydres et inaltérables au degré de
température auquel l'opération doit avoir lieu.
» Lorsque les cristaux sont fibreux ou manifestement poreux, comme
ceux île l'arragonite, de l'analcime, des stalactites, etc., la pénétration est
plus intime. Je dois constater à cette occasion qu'une topaze et un cristal
de roche, dont les fissures ont été pénétrées par le brai, ont présenté vus
par transparence, sur les bords amincis de la couche de brai, une couleur
grenat sombre, analogue à celle qu'on remarque quelquefois sur le quartz
enfumé et assez rapprochée de celle que prend le verre fondu sous l'in-
fluence de la fumée, et qui disparaît par l'addition d'un peu de salpêtre.
Il est cependant permis d'admettre aussi que cette coloration est inhérente
aux propriétés du brai, lorsqu'il se présente à l'état d'une couche excessi-
vement mince.
» Sur un échantillon d'opale, soumis pendant quelque temps à l'action
du brai bouillant, j'ai pu constater qu'indépendamment de l'infiltration du
(i) Comptes rendus, t. XIX, p. 323.
V "47 )
brai par des fissures, la faible perte d'eau que cette pierre a subie s'est ma-
nifestée par une teinte bleue enfumée, teinte exactement pareille à celle
d'une variété girasol, de l'opale du Mexique, qui se trouve au musée de
l'École des Mines.
» Cette coloration de l'opale mérite de bxer l'attention des minéralo-
gistes; car c'est la pâte elle-même qui est uniformément pénétrée de bitume,
et qui a pris des nuances qui pourraient être utilisées par les joailliers. Elle
me semble conduire aussi à des recherches nouvelles sur l'origine des ma-
tières bitumineuses qui se trouvent quelquefois engagées dans le cristal de
roche.
» Le silex pyromaque m'a donné des résultats analogues. Lorsque ce
silex est engagé dans des poudingues siliceux, la matière agglutinante plus
poreuse s'imprègne facilement de brai, tandis que la couleur du silex s'as-
sombrit faiblement.
» Lorsque l'on soumet à l'action du brai bouillant, ou d'autres matières
résineuses ou grasses, certains marbres peu compactes et veinés, de
l'onyx, etc., des phénomènes analogues ont lieu. Les modifications de cou-
leur très-variées et la grande consolidation que les marbres acquièrent par
cette opération pourront être mises à profit dans les travaux de décor (i).
» Ce n'est pas seulement la perte de l'eau d'hydratation qui facilite la
pénétration du brai ou d'autres corps résineux dans les matières minérales;
mais ce peut être aussi la perte des autres principes constituants de ces ma-
tières.
» Ainsi, de la malachite soumise à l'action du brai à une température
graduée se transforme d'abord en une matière noire où le cuivre est à l'état
d'oxyde, et qui conserve la forme fibreuse et rubanée de la malachite.
» Mais la malachite, de même que l'azurite, sont réduites et se présen-
tent à l'état métallique lorsque la température du brai s'élève à 3oo
ou 35o degrés.
» Le cuivre arséniaté, dans les mêmes circonstances, est également ré-
duit, et l'arsenic est entraîné par les vapeurs que donne le brai bouillant.
(1) Dans un travail que j'ai publié en i855, j'ai indiqué diverses méthodes de coloration
des pierres poreuses par des matières minérales. On sait que, d'ancienne date, les artisles qui,
en Italie, travaillent l'agate, tirent parti de la porosité variable dans les diverses parties de
cette pierre, pour en modifier les couleurs. Ils font séjourner pendant quelque temps, à une
douce chaleur, les agates à colorer dans du miel, puis attaquent par l'acide sulfurique
concentré le miel qui a ainsi pénétré dans la pierre en plus ou moins grande quantité.
( nA8 )
>? Le carbonate de plomb natif est réduit à des températures moins éle-
vées encore.
» Un de mes résultats les plus nets consiste dans la transformation, au
moyen du brai bouillant, du bioxyde de manganèse en protoxyde, sans alté-
ration de la forme cristalline du bioxyde, le brai ayant pris la place de
l'oxygène déplacé au profit du corps réducteur. L'oxyde de manganèse,
après la réaction, ne donne plus une trace de cldore par son contact avec
l'acide chlorhydrique.
>• Dans toutes ces réactions, soit que le brai déplace l'eau ou quelque
autre principe constituant des matières minérales, soit qu'il n'intervienne
qu'en pénétrant dans les fissures de ces matières, il importe que sa tempé-
rature ne soit élevée que graduellement pour éviter la rupture des corps
soumis à son influence.
» Cette précaution est particulièrement nécessaire lorsqu'il s'agit de sou-
mettre à l'action du brai des argiles façonnées et seulement raffermies à
l'air sec ou dans des étuves, et qu'on désire par cette opération les con-
vertir en une poterie imperméable. Lorsque la chaleur est appliquée trop
brusquement, les minéraux et les argiles façonnées sont exposés à se briser
avant que le brai y ait pu pénétrer.
» En usant delà précaution que je viens d'indiquer, je suis arrivé à ob-
tenir avec des argiles façonnées une poterie qui, indépendamment de l'éco-
nomie extrême de sa production, se recommande par son imperméabilité,
sa dureté et une grande résistance à l'action des acides.
» Les applications de cette sorte de poterie à la confection des tuyaux
de drainage, des tuiles, des carreaux et à une infinité d'autres objets usuels
pour lesquels le bon marché est d'un puissant intérêt, me paraissent sus-
ceptibles de se généraliser, à en juger par les résultats des premiers essais
tentés dans cette direction d'expérimentation, et que j'ai l'honneur de pla-
cer sous les yeux de l'Académie. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Note relative aux fonctions des vaisseaux des plantes;
par M. H. Lecoq.
» A l'occasion de la communication de M. Gris sur la présence de la
sève dans les vaisseaux des plantes, et de celle de M. Ddimier, qui indique
le procédé qu'il a suivi pour démontrer le contraire, je me permettrai de
rappeler en quelques mots à l'Académie des observations qui ne laissent
aucun doute sur la présence des gaz dans le système vasculaire.
( "49 )
» Mes expériences, dont les résultats ont été soumis à l'Académie, il y
a plusieurs années, ont été faites sur des plantes aquatiques, et la nature du
milieu où vivent ces plantes m'a permis de suivre avec la plus grande faci-
lité le dégagement de l'air qui s'échappe toujours du tissu vasculaire.
» Non-seulement les vaisseaux contiennent de l'air dont la composition
est variable, mais il existe une véritable circulation d'air, plus active que
celle des trachées des insectes ; l'air, dans ces plantes, au moyen des vais-
seaux, va au-devant de la sève, et marche certainement avec plus de
vitesse.
» Les Myriophyllum, les Polamoçjelon, sur lesquels j'ai continué mes
études depuis que j'ai eu l'honneur de soumettre mes observations à
l'Académie, offrent constamment un dégagement de petites bulles visibles
à l'œil nu, et en quantité suffisante pour remplir bientôt une éprouvette.
» Si l'on pique le tissu cellulaire des feuilles avec une aiguille, on n'ob-
tient rien ; mais si la piqûre atteint un vaisseau, on voit immédiatement les
bulles de gaz sortir, se grouper et se rendre à la surface ou dans le vase des-
tiné à les recueillir.
» La quantité de gaz ainsi fournie spontanément, lé long des nervures
seulement, ou provoquée par des issues artificielles, est considérable. Elle
peut, dans certaines circonstances, modifier la composition de la couche
d'air qui repose sur l'eau.
» Je n'ai pas besoin de rappeler que la température, et surtout la lumière,
ont la plus grande influence sur le dégagement du gaz. Le fait important,
c'est la circulation active de l'air qui a lieu au moyen des vaisseaux, dont
le rôle ne peut être méconnu, au moins pour les plantes submergées. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'un Mem-
bre de la Section de Géographie et de Navigation, en remplacement de feu
M. Bravais.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 5t ,
M. le contre-amiral Paris obtient. . . 45 suffrages.
M. d'Abbadie 6
M. le contre-amiral Paris, ayant obtenu la majorité absolue des suf-
frages, est proclamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
C. R., iS63, i« Semestre. (T. LVI, N° 2S. ) I 5o
( n5o )
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à l'élec-
tion des deux candidats qu'elle est appelée à présenter à M. le Ministre de
l'Instruction publique, pour une place vacante au Bureau des Longitudes.
Election du premier candidat. — Nombre des votants^ 5i .
M. Lamé obtient (±i suffrages.
M. de Tessan g »
Election du deuxième candidat. — Nombre des volants, 5o.
M. de Tessan obtient. . . . 45 suffrages.
Il y a 4 billets blancs et un billet portant un nom écrit par erreur.
D'après les résultats de ce double scrutin, l'Académie propose comme
candidats pour la place vacante :
En première ligne. . . M. Lamé.
En seconde ligne. . . M. de Tessan.
MÉMOIRES LUS.
MÉCANIQUE. — Sur les flexions et torsions que peuvent éprouver les liges courbes
sans qu'il y ait aucun changement dans la première ni dans la seconde cour-
bure de leur axe ou fibre moyenne ; par M . de Saint-Vexant.
(Commissaires précédemment nommés )
« Soit ABC une tige solide élastique naturellement
courbe, dont nous supposons, pour fixer les idées,
que la forme soit celle d'un arc de cercle. Concevons
qu'en appliquant des forces convenables vers ses ex-
trémités B, C, on lui fasse éprouver une flexion telle, qu'elle se change en
un second arc de cercle A'BC de même rayon que le premier, et ayant,
avec le même point milieu B, et la même tangente en ce point, sa courbure
en sens opposé, et imaginons qu'ensuite, en maintenant la tige dans son
état nouveau, on lui fasse faire une demi-révolution autour de cette tan-
gente, en sorte que son axe revienne justement à sa situation ancienne ABC.
» La tige aura certainement été fléchie; elle aura opposé et, continuera
d'opposer aux forces qui maintiennent sa flexion une résistance plus ou
moins énergique, tenant à ce que les fibres du côté primitivement convexe,
qui étaient les plus longues, sont devenues les plus courtes, et de ce que
les fibres du côté primitivement concave, qui étaient les plus courtes,
( n5i )
sont devenues les plus longues. Et cependant son axe ou sa fibre
moyenne ABC se trouve finalement dans la même situation et a partout la
même courbure que primitivement.
» On peut même opérer cette flexion sans que l'axe change aucunement
de place non plus que de forme. Il suffit pour cela de faire tourner simulta-
nément et également sur elles-mêmes ses sections extrêmes A, C en conte-
nant les sections intermédiaires entre des arrêts qui les empêchent de s'é-
carter latéralement sans les empêcher de tourner. La tige n'aura pas été
tordue si toutes ses sections ont tourné du même angle, mais elle aura été
fléchie puisque ses fibres les plus longues se seront accourcies, ses fibres les
plus courtes allongées. Et si les rotations ont été d'une demi-circonférence,
la tige aura été amenée précisément au même état que dans le premier cas
examiné. Donc la flexion ne tient point ou ne tient pas uniquement au
changement des angles de contingence d'un fil ou d'une tige élastique,
même de forme plane. Une flexion considérable peut être imprimée sans
que ces angles, ou sans que les rayons de courbure changent aucune-
ment de grandeur.
» Semblable chose peut être dite de la torsion. Qu'on fasse tourner sur
elle-même la section d'une des deux extrémités d'une tige à double courbure,
en forme d'hélice par exemple, en maintenant fixe la section de l'autre extré-
mité. Si elle est contenue latéralement en un nombre suffisant de points in-
termédiaires, comme dans l'appareil qu'on met sous les yeux de l'Académie,
son axe conservera sa situation et sa forme, et cependant elle aura été
tordue d'un bout à l'autre. Donc la torsion ne tient point ou ne tient pas
uniquement au changement de la seconde courbure, ou des angles que
forment entre eux les plans oscillateurs successifs de l'axe d'une tige. Une
torsion considérable, à laquelle l'élasticité de la matière résistera fortement,
peut être prise sans que ces angles ou sans que les rayons de seconde cour-
bure changent aucunement.
» Que s'est-il donc passé dans ces tiges, l'une fléchie, l'autre tordue,
quoique leurs axes courbes soient restés exactement de même forme, et, si
on l'a voulu, dans la même situation à travers l'espace?
» La polarité ou l'azimut des diverses sections a changé par rapport
aux rayons de courbure correspondants de l'axe; les sections ont tourné
relativement aux rayons restés fixes, ou, ce qui revient au même, les rayons
ont tourné sur les sections de manière à ne plus passer par leurs mêmes
points. Si, par exemple, la section était carrée, le rayon, dirigé d'abord sui-
vant une médiane, l'est maintenant suivant une diagonale de la section, etc.
i5o..
( II5a )
Dans le premier exemple, où la rotation est de deux angles droits, le rayon
de courbure passe finalement par les points qui se trouvaient dans le pro-
longement de sa direction primitive.
» L'angle de rotation ou le déplacement angulaire du rayon de courbure
sur le plan de la section doit donc entrer dans le calcul au même titre que
les changements de grandeur des rayons de première et de seconde cour-
bure.
» Vainement, pour se soustraire à la nécessité de prendre en considéra-
tion cet élément essentiel, dirait-on qu'on nes'occupe que d'une ligne élastique.
Une ligne ne résiste à la flexion due au changement de la première courbure
(pie si elle a une épaisseur. Or alors, comme l'a fait remarquer Binet, elle
résiste aussi à la torsion due au changement de la deuxième courbure.
» Alors aussi, et nécessairement, elle s'oppose aux flexions et aux tor-
sions qui ont une autre cause que le changement des courbures, à savoir :
le déplacement angulaire des rayons de courbure sur les sections transver-
sales. Pour la torsion, les deux effets dus au changement de la seconde
courbure et au déplacement angulaire du rayon de première courbure sur
la section s'additionnent purement et simplement. Soient «<• et t les gran-
deurs primitive et ultérieure de ce qu'on appelle le rayon de cambrure ou
de seconde courbure, ou —■> — les angles primitif et ultérieur des plans
oscillateurs aux deux extrémités de l'arc élémentaire ds\ £ l'angle (évalué en
arc d'un rayon = i) de la rotation dont on parle, ou l'angle que forment
les directions primitive et ultérieure du rayon de première courbure ou de
la trace du plan osculateur sur la section; on a pour la torsion, ou pour
l'angle (évalué de même) dont deux sections voisines ont tourné l'une
devant l'autre, rapporté à l'unité de leur distance :
i i de
1- .
t l'a as
Cette torsion augmente indéfiniment, comme on voit, avec l'angle de rota-
tion s.
» Pour la flexion, l'influence de l'angle e a une limite : elle est à son
maximum quand a = une demi-circonférence, et elle ne s'additionne pas
purement et simplement à l'augmentation de la première courbure
[p0 et p étant les valeurs primitive et ultérieure de son rayon). La flexion,
c'est-à-dire le rapport constant de la dilatation d'une fibre à la distance où
elle se trouve de la ligne des fibres invariables ou non dilatées, est exprimée
( h 53 )
par
^
I 2 COS £ I
?' PP° Po
Elle n'a ainsi la valeur que lorsque 3 = 0 ou que le rayon de cour-
bure n'a pas tourné sur la section. L'influence de sa rotation est la plus
grande possible quand s = n, et la flexion est alors, non pas la différence
des courbures antérieure et actuelle, mais leur somme
P P»
I + I.
P P»
C'est ce qui arrivait dans l'exemple du commencement de cette Note.
Comme la courbure ultérieure était égale à la courbure primitive, et comme
l'effet était le même que si celle-ci eût été opposée à celle-là, la flexion était
bien évidemment
2
— 1
P»
c'est-à-dire était le double de la courbure conservée.
» En général, quand p = p0 ou quand la courbure ne change pas, la
flexion est
1 , 2 . 1
- V2 — 2 COS£ = _ sin-s.
?o po 2
Si z = -7T ou un quart de circonférence, la flexion n'est pas la même que
si l'on avait redressé la courbe, car elle serait -, tandis qu'à cause de là
Po
conservation supposée de la courbure, elle est plus grande dans le rapport
de 1 à \ji.
» Lagrange a donné de la courbe élastique à double courbure des équa-
tions différentielles incomplètes, parce que, se bornant à étendre à cette
courbe le principe donné par Jacques Bernoulli pour la courbe plane solli-
citée dans son plan, il regardait la résistance comme due uniquement au
changement de la courbure dans chaque plan oscillateur. Poisson, à la
suite des considérations présentées par M. Binet, y a ajouté des termes pour
les résistances dues au changement des angles que les plans oscillateurs font
entre eux ; il en a déduit que, d'un bout à l'autre, le moment de torsion ou
le moment des forces autour des tangentes à la courbe devait être con-
stant. Mais ce théorème n'est vrai que quand la forme primitive de la tige
( u54 )
est rectiligne et que ses sections, égales d'un bout à l'autre, sont de celles
qui ont, comme le cercle, le carré, etc., des moments d'inertie tous égaux
autour de droites passant par leur centre de gravité : ce qui vient de ce qu'on
peut toujours prendre la direction du rayon de courbure nouveau pour celle
du rayon primitif et infini qui est arbitraire, et de ce que ce rayon se trouve
toujours dirigé suivant un axe principal de la section. Il n'est plus vrai, et
les équations données par l'illustre géomètre sont encore incomplètes, si la
tige est primitivement courbe ou si, bien que droite, elle a des sections
dont les axes d'inertie ne sont pas tous principaux. Alors, outre les moments
des forces autour des tangentes à la courbe d'axe et autour des perpendicu-
laires à ses plans oscillateurs, il faut tenir compte d'un troisième moment com-
posant qu'il a omis, savoir : leur moment autour du rayon de courbure. Les
équations complètes doivent contenir l'angle de ce rayon avec un des axes
d'inertie de la section correspondante et le déplacement angulaire que ce
rayon subit sur cette section. Même dans le cas envisagé par Poisson, et
pour lequel MM. Biuet et Wantzel ont donné des intégrales ramenables aux
fonctions elliptiques, et aussi dans le cas plus simple où les flexions et tor-
sions étant très-petites, l'intégration est toujours facile, l'expression des con-
ditions aux extrémités de la tige, et par conséquent la solution pratique des
problèmes particuliers, exige absolument qu'on prenne en considération
cet angle e, sur lequel nous avons appelé l'attention en 1 843 (i). »
MÉMOIRES PRÉSENTES.
CHIRURGIE. — Polypes du larynx et delà trachée-artère reconnus au moyen du
laryngoscope et extirpés par les voies naturelles; extrait d'une Note de
M. Ch. Ozanam.
(Commissaires, MM. Serres, Bernard, Jobert.)
« Mme X... , âgée de trente-neuf ans, demeurant rue de l'Ouest, 9, était
atteinte depuis trois ans d'une affection des voies respiratoires, caractérisée
par une aphonie complète et une oppression qui allait en augmentant de
plus en plus. L'auscultation n'indiquait rien d'anormal dans la poitrine; la
percussion y était sonore; l'absence de fièvre et le teint naturel de la malade
(1) Dans un Mémoire des 3o octobre et 6 novembre que l'Académie a approuvé ( Comptes
rendus, t. XVII, p. g52, 1027, 1234), et aussi dans des Notes de 1 844 » '• XIX, p. 4°
et 181.
( n55 )
indiquaient d'ailleurs une assez bonne santé. Le fond de la gorge était un
peu rouge, sans gonflement. La toux était fréquente, éteinte comme dans le
croup avancé; la respiration, bruyante dans l'inspiration comme clans l'expi-
ration. Les symptômes subjectifs ne rendant pas suffisamment compte
de la maladie, je fis l'examen direct du larynx avec le miroir de Czermak.
Les deux faces antérieure et postérieure de l'épiglotte, les cordes vocales
supérieures et les ventricules du larynx n'offrirent à l'examen d'autre lésion
qu'une rougeur vive de la membrane muqueuse. Les cordes vocales infé-
rieures apparaissaient ensuite avec leur blancheur nacrée, parfaitement pure.
Mais en faisant respirer largement la malade, en lui faisant prononcer pen-
dant l'examen certaines lettres, j'obtins la dilatation de la glotte, et je vis
apparaître, tout à fait à sa base et à son angle postérieur, deux tumeurs
d'un blanc rosé, à surface mamelonnée, disposées symétriquement sur les deux
côtés de la ligne médiane, et qui prenaient leur insertion au-dessous des
cordes vocales inférieures, au point de jonction du larynx et de la trachée;
elles se touchaient par leur face interne, mais dans les mouvements de dila-
tation extrême des cordes vocales on les voyait nettement se séparer l'une de
l'autre jusqu'à la base.
» L'apparence de ces végétations et leur ressemblance avec les condy-
lomes vénériens me firent d'abord soupçonner cette cause, mais jamais la
malade ni son mari n'avaient eu cette maladie. J'employai cependant un
traitement interne...; au bout de trois mois d'un traitement varié, l'op-
pression augmentant, ainsi que le volume de la tumeur, je résolus de faire
l'opération.
» Deux méthodes s'offraient alors : la première, plus facile pour le chi-
rurgien, plus dangereuse pour la malade : c'était la laryngotomie externe ;
la seconde , bien plus difficile comme manuel opératoire , mais sans
danger pour la malade : c'était V ablation par les voies naturelles. Je résolus de
tenter cette dernière.
» Après avoir exercé plusieurs fois la malade, pour lui apprendre a
supporter le contact des instruments, je fis une première séance opératoire
le 12 juin, en présence et avec l'aide de deux jeunes chirurgiens italiens,
les docteurs Barachi et Barberi. J'étais armé de l'instrument si ingénieux de
M. Mathieu, le poljpolome en guillotine, modelé sur l'amygdalotome, mais
fonctionnant à l'extrémité d'un long manche recourbé et disposé pour agir
avec son anneau sur la partie postérieure du larynx. Jamais la malade n'avait
été plus mal disposée, son oppression extrême ne supportait pas d'obstacles.
Deux fois j'introduisis l'instrument dans le larynx et dus le retirera cause
( h 56 )
de l'abondance des vomissements. Mais à la troisième fois, l'ayant enfoncé
avec rapidité dans la glotte , je sentis au ressaut de l'instrument qu'il avait
saisi l'obstacle, et je l'incisai d'un seul coup.
» L'instrument retiré, la malade eut un accès de toux convulsive et rejeta
avec effort un polvpe divisé en deux masses charnues, accompagnées de
plusieurs morceaux, de petit volume, écrasés au passage, et quelques gor-
gées-de sang pur. J'explorai l'organe avec le laryngoscope ; tout le côté droit
de l'organe était libre, mais le polype gauche existait encore. La malade
étant très-fatiguée, je remis à deux jours la suite de l'opération. 11 n'y eut
dans l'intervalle ni fièvre ni inflammation; seulement, une légère douleur
dans un point bien déterminé indiquait le lieu précis où avait porté l'inci-
sion.
» La deuxième opération fut pratiquée le 16 juin : le contact de l'instru-
ment fut bien mieux supporté ; d'un premier coup j'enlevai les deux tiers du
deuxième polvpe, et après trois tentatives vaines j'obtins la dernière portion.
La malade était guérie et cependant elle avait de nouveau perdu la voix!
L'examen laryngoscopique nous donna la clef de cette énigme. Dans une
des tentatives, la corde vocale inférieure gauche avait été légèrement
éraillée par la pince dans une étendue d'un millimètre environ : la voix
s'était perdue à l'instant. Je rassurai la patiente, et en effet la voix reparut
le troisième jour, avec la cicatrisation.
» Une dernière séance d'exploration eut lieu le 19 juin ; je pus constater,
ainsi que les docteurs Barachi et Barberi, que le larynx et la trachée étaient
parfaitement libres ; il ne restait aucune trace de polypes. »
M. Hauchecorne adresse de Rouen un Mémoire sur le cacao et sur les
produits qu'on en obtient, considérés aux points de vue hygiénique et théra-
peutique. Un chapitre est consacré aux falsifications assez nombreuses qu'on
fait subir à ces divers produits, et au moyen de reconnaître les sophisti-
cations, dont quelques-unes peuvent être nuisibles à la santé.
(Commissaires, MM. Payen, Longet.)
M. Czemichowski soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur le
miel et sur les différences qu'il présente selon les climats, la nature du sol,
les plantes croissant dans la région où butinent les abeilles, etc.
(Commissaires, MM. Payen, Blanchard/
( n57 )
CORRESPONDANCE .
M. Parade, Directeur de l'École Forestière, à Nancy, prie l'Académie de
vouloir bien le comprendre parmi les candidats pour une place de Corres-
pondant de la Section d'Économie rurale, vacante par suite du décès de
M. Renault.
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
L'Académie des Sciences de Vienne remercie l'Académie pour l'envoi
d'une nouvelle série des Comptes rendus, et lui transmet une publication du
Dr Lorenz « Sur les conditions physiques et la distribution des êtres organisés
dans le golfe de Quarnero ».
M. Flourexs présente au nom de l'auteur, M. Fan Kempen, professeur
d'Anatomie à l'Université de Louvain, de « Nouvelles recherches sur les
fonctions du nerf pneumo-gastrique et du nerf spinal ».
Ce travail est renvoyé à l'examen de M. Longet, avec invitation de le faire
connaître à l'Académie par un Rapport verbal.
M. Flourens présente, également au nom de l'auteur, M. Cap, une
« Étude biographique sur Scheele ».
PALÉONTOLOGIE. — Sur l'origine récente des traces d'instruments tranchants
observées à la surface de quelques ossements fossiles; Note de M. Eue Rorert.
« L'importance qu'a prise au sein de l'Académie la question de savoir
si l'homme est contemporain ou non des grandes espèces éteintes de Pachy-
dermes, en d'autres termes, s'il peut être rangé ou non parmi les véritables
fossiles, ainsi que les réfutations dont cette haute question est l'objet, m'o-
bligent à faire les remarques suivantes.
» Dans la séance du 8 juin dernier, M. J. Desnoyers a lu une Notice sur
des « Indices matériels de la coexistence de l'homme avec VEIeplias meri-
» dionalis dans un terrain des environs de Chartres, plus ancien quelester-
» rains de transport des vallées de la Somme et de la Seine, qui contien-
» nent les débris de YElephas primigenius ». Ces indices, suivant l'auteur de
la Notice, consistaient en traces d'entailles, de stries et de coupures sur les
os d'Éléphant, de Rhinocéros, etc.
» Or, m'étant rendu à l'École des Mines pour y étudier les indices signa-
lés par M. Desnoyers, la personne qui prépare les ossements fossiles de cet
C. R., !863, I" Semestre. (T. LV1, N° 23.) l5l
( n 58 )
établissement me déclara formellement que les blessures des ossements des
environs de Chartres résultaient de sa maladresse à les débarrasser de la
ferre qui les enveloppait, et qu'il ne fallait y voir que des coups du burin
ou du ciseau employé par elle dans leur nettoyage.
» Néanmoins, avant d'avoir reçu cette déclaration importante à laquelle
j'étais bien loin de m'attendre, j'avais jeté rapidement un coup d'œil sur tous
les ossements provenant des sablières de Jouy, près de Chartres, recueillis la
plupart par M. l'ingénieur en chef de Boisvillette; et ma première impression
avait été que ces traces d'entailles, d'éraflures et de coupures avaient eu lieu
depuis leur extraction du sol qui les renfermait. J'avais cru notamment y
reconnaître un coup de pioche de terrassier, et je m'apprêtais à attribuer
quelques stries profondes, qui m'avaient paru, dans ce rapide examen, être
plus anciennes, au frottement de quelque pierre aiguë à la surface des os,
pendant le charriage des cailloux roulésau milieu desquels ils se sont trouvés
confondus, lorsque le préparateur de paléontologie à l'École des Mines est
venu me donner l'explication qui précède. »
physique mathématique. — Rapports entre les accumulations électriques sur-
deux sphères conductrices de rayons connus, déterminés généralement, et en
termes finis ; Note de M. P. Volpiceixi.
« Dans le premier Mémoire de M. Poisson (*) sur la distribution de l'élec-
tricité à la surface des corps conducteurs, i° on exprima par A, B (§ 24, p. 57,
I. 18) les accumulations respectives des couches électriques qui recouvrent
uniformément les surfaces de deux sphères métalliques de rayon 1 et b,
lorsque, après avoir été chargées pendant qu'elles se touchaient, elles étaient
soustraites ensuite à leur influence réciproque; 20 on désigna (§ 28, p. 64,
1. 5 et 8) par Y, Z les accumulations maximum sur les mêmes sphères aux
pôles opposés au point de leur contact, lorsque, en se touchant, elles restent
soumises à leur influence réciproque; 3° le rapport entre l'accumulation
maximum Z sur la sphère de rayon b, et l'accumulation moyenne A sur
celle de rayon 1, fut exprimé (§ 29, p. 66, 1. 1 1) par
(«.) 7=1 =
dt
(*) Mémoires de l'Institut impérial de France, année 181 1, p. 1.
( ii59)
» Cela posé, je me propose d'assigner généralement en termes finis les
rapports suivants
Z B Z Y
T V b' â'
qui sont utiles pour l'électrostatique, et qui n'ont pas été donnés par
Poisson.
» Premièrement, pour trouver l'intégrale du numérateur de l'équation (a,),
que l'on mette
i + b = n, d-" = t, sera dt = 2n62n-,d6,
çonséquemment nous aurons
/ b \
" I t ,-Hi
(a2)
/ r :=co r = co
> j -£< (ar* + sr+i)' _ ^ 2b[2b(r-h IJ + 2/-+- ip
\ r = o r = o
Mais, dans ma précédente Note (*), j'ai établi
p 14-&-I
A (fc-f-1)
2
1 7 / / x 77 & w-, 2 Z)OT . . 11/
logaA'lo +i) + -cot jT. — 'x > cos r7ilo«sin — r--;
donc, en substituant dans l'équation [a,), l'on aura
— z
7 ~~ Â
f«4
^'+ M ^ (arè + 2r+ i)2 2d [aô (r-(- 1) -f- 2r+ ip |
' /■ — o r = o
log2/(è + i)
m<
2
t: b ri 26'H
> COS rTTlOl/.Sin
COt r 7! — 2
i+b
1 + 6
/t(l-l-£)
(*) Comptes rendus, t. LV, séance du 22 décembre 1862, p. 928, formule ( 2)
l5l..
( i 160 )
» Pour arriver à ce résultat, j'ai suivi une voie plus explicite et plus élé-
mentaire que celle adoptée par l'illustre M. Plana (*).
» Secondement, puisque le célèbre Poisson a trouvé (Mémoire cité, § 2/j,
p. 5g) le rapport
A -5
ÏJ~ A
7T COt — r
i-t-A
rf<
il s'ensuit que, moyennant l'équation (a3), on aura
B
n
(«.) H*"
A
ir cot •
m<
A (4 + 0
, ,, . 7r 6 v< ibm
\os,ik(b-\- i)-f--cot -jr — 2 > cos r7r loii.sin-— 7-
' 2 1 + 1O ^ i-hb k{b
. I
comme je l'ai simplement indiqué (**) dans ma Note précédente.
» Troisièmement, en divisant l'équation (aA) par l'équation [as) nous
aurons aussi en termes finis le rapport
1 — -
P B
» Enfin Poisson (Mémoire cité, § 3i , p. 68, 1. i5) établit
Y _ 4(i + ^:
A ~~
2(1 -H 4)
I — t
loir - • dt
0 t
1 + * 1
~iti + b_ ,
j' On trouvera l'intégrale du numérateur de ce rapport en posant - au
lieu de b dans l'équation (as). Puis, réfléchissant que
1 -t-6
/„ 1 — ' I -+- * «/o ' — '
(*) Mémoires de l'Académie des Sciences de Turin, t. VII, sorie II, année i845, § XII.
(**) Comptes rendus, t. LV, année 1862, |). 929, I. 3.
( "6i )
nous aurons, moyennant l'équation (fl3), aussi l'intégrale contenue dans le
dénominateur du même rapport; c'est pourquoi l'on aura
/ r = co r = co
~> \ 2à [ir-f-(2r+i)i] ,i[al(rH-i)H-(2/--+-i)*]a(
, . Y \r=0 /• = o
K) T =
A A(i-r-l)
ni <-i — i
2 i»i
, ît 0 ^> 10m m
l0L'2A (&+l)+-COt tIT — 2 > COS r7rloi!.Sin-— ; ,71
' 2 i + è ^ n-6 b /(6-t-i)
m = l
» Il faut observer que chaque terme ^ dans les formules précédentes.
pris entre co et o, représente une série convergente puisque, en faisant dans
les mêmes termes b = o, ils deviennent
r = co /■ = co i- = ce
^ 2 (,r+l)»' 2 (17)"»' 2 2-<(,-+ ,,■:'
r = o r = o r = o
qui, comme on le voit facilement, correspondent par la série (4) de Cauchy (*)
à des séries convergentes. D'où on doit conclure que les termes dont on
a déduit l'équation («,) expriment des séries qui sont encore plus con-
vergentes. »
PHYSIQUE DU GL'OBE. — Sur la distribution de la température et les types des liynei
isothermes dans l'Inde; par M. Hekm. de Schlagixtweit.
« Le nombre des stations basées sur des observations de plusieurs années,
que j'ai reçues spécialement par la médiation du docteur Macpherson,
a atteint le nombre de deux cent huit. Ces séries d'observations météoro-
logiques ont été faites originalement en connexion avec les établissements
du service médical de la Compagnie des Indes ; j'ai pu y joindre aussi les
stations françaises de Karikal, Pondichéry et Chandernagor; je leur ai
ajouté encore plusieurs localités d'un intérêt particulier pour la question
de la diminution de la température avec l'élévation, stations auxquelles
nous avons laissé, mes frères et moi, des instruments et des instructions
d'observation.
» Nos propres recherches pendant les voyages nous offraient, par
suite du changement des places, des dates d'un caractère différent; elles
(*) Cours d'Analyse; Paris, 1821, p. 107.
( I1Ô2 )
nous aidaient à déterminer la marche de la température dans la période
journalière et à juger des extrêmes; quant à la marche, je me limite ici à
remarquer la modification curieuse que le minimum du matin, générale-
ment coïncidant avec le lever du soleil, est suivi clans les tropiques,
5-io minutes plus tard, par une dépression secondaire qui souvent dé-
passait un demi-degré centigrade et que je trouvai dépendre de la variation
de l'humidité relative.
» Le colonel Syhis avec le docteur Lamb(i) avaient publié déjà un grand
nombre de ces stations pour l'année 1 85 1 ; mais comme on ne leur avait
présenté que les résultats qui n'étaient que la moyenne arithmétique des
observations basées sur des heures bien variées et souvent choisies assez
arbitrairement, la communication des observations originales dans tout leur
détail et l'occasion que j'ai eue de connaître personnellement les instru-
ments employés et leurs positions ont été pour moi particulièrement pré-
cieuses.
» Les valeurs que je présente sont la moyenne du minimum et de
4 heures du soir, une combinaison dont les résultats ont été examinés dans
le quatrième volume de mes Résultats, aussi pour des stations hors des tro-
piques; cette combinaison s'est trouvée très-favorable. Pour l'Inde spécia-
lement je puis ajouter, en faveur des publications qui ont précédé, que
la variation journalière n'étant pas très-grande, les erreurs produites par
des combinaisons moins soigneuses ont aussi montré des déviations moins
grandes qu'elles ne l'auraient été pour des stations dans de plus hautes lati-
tudes.
» Les éléments numériques ont été réunis dans un tableau général dont
j'ai l'honneur de présenter un exemplaire à l'Académie. Pour la construc-
tion des lignes isothermes, il était nécessaire de réduire les valeurs abso-
lues au niveau de la mer; sans entrer dans les détails de ces calculs, je me
limite à dire que la diminution de la température avec l'élévation s'est
montrée très-lente dans le Dekhan et dans la partie centrale de l'Inde; elle
a été plus rapide dans les montagnes des Nilgiris et de l'île de Ceylan, où
elle ne différait pas beaucoup de la dépression que j'avais trouvée dans
l'Himalaya et dans les Alpes.
» Quant aux types qui caractérisent la température des régions exami-
(l) Rapport de l'Association britannique pour i852 et Journal de la Société asiatique du
Bengale pour i85a. M. Dovc, dans ses publications bien connues, et M. Schmidt, Cours de
Météorologie , leur avaient ajouté encore plusieurs stations nouvelles.
( n63 )
nées , je ne saurais mieux les condenser en peu de mots que par une expli-
cation descriptive des systèmes des lignes.
» Les isothermes de l'année sont comprises entre les valeurs de 29 à
23 degrés centigrades; la partie la plus chaude coïncide avec la partie méri-
dionale du terrain, elle est partagée assez uniformément par l'écpiateur
thermique qui la traverse, et sa forme montre en même temps une influence
très-marquée de la Péninsule sur l'élévation de la température comparée à
celle des mers environnantes.
» Les saisons présentent dans ces régions un caractère particulier, non-
seulement par la variation des valeurs numériques des lignes, mais bien plus
encore par la variété de leurs formes.
» La saison fraîche (décembre, janvier et février) montre des différences
comprises entre les valeurs de 26 à i4 degrés centigrades, et les lignes tra-
versent le terrain assez uniformément de l'ouest à l'est, avec une légère
inclinaison méridionale.
» La saison de notre printemps (mars, avril et mai) est la saison chaude
pour ces terrains, à l'exception des parties les plus avancées au nord-ouest,
et les lignes présentent maintenant un espace de maximum central qui suit
distinctement les formes de la Péninsule; la chaleur est grande, elle atteint
32 degrés centigrades, et dans les parties littorales, où l'humidité relative
reste néanmoins assez grande , cette période de l'année a un effet particu-
lièrement oppressif.
» La saison des pluies (juin, juillet, août) m'a donné des résultats, très-
inattendus. L'équateur thermique, qui dans la saison précédente s'est élevé
jusqu'à 25 degrés de latitude nord, se trouve maintenant dans une latitude
dépassant 32 degrés, et nous trouvons dans cette même latitude, dans la partie
orientale de la carte , une zone extrême isolée , dont la valeur dépasse
33 degrés centigrades et qui peut bien être considérée comme une des
régions les plus extrêmes de tout le globe; car c'est là même où, en hiver,
nous avons vu descendre la valeur des isothermes jusqu'à 14 degrés centi-
grades. Ce fait m'a d'autant plus surpris, que la sensation de la chaleur n'est
pas en proportion avec sa valeur absolue; la sécheresse y étant plus grande,
la plupart des habitants souffrent moins de ces températures extrêmes que
nous de celles de la partie méridionale de l'Inde, où cependant la tempéra-
ture est de 4 à 5 degrés centigrades moins élevée.
» La période correspondante à notre automne (septembre, octobre et
novembre) montre la variation de la température la moins grande, si nous
( n64 )
comparons les parties du sud à celles du nord : pour les parties littorales,
cette saison se distingue en même temps très-peu de la saison fraîche.
» Les notices que je viens de donner sont toutes en relation avec les
régions de l'Inde, au tropique et aux plaines du Penjab; les chaînes de
l'Himalaya, du Karakoroum et du Kuenluen suivent, par leurs formes, des
lois dans la distribution de leur climat qui ne pourraient être brièvement
ajoutées à celles de la distribution de la température réduite au niveau de
la mer. »
CHIMIE organique. — Action du chlorure de zinc sur l'alcool am^li(jue;
Note de M. Ad. Wurtz, présentée par M. Balard.
« On sait, par les expériences de M. Balard, que l'alcool amylique se dé-
double par l'action du chlorure de zinc en eau et en plusieurs carbures
d'hydrogène polymériques. Indépendamment de l'amylène €5H10 et du
paramylène ou diamylène G10HS° décrits par M. Balard, M. Bauer a
signalé récemment le triamylène G1SH30 et le tétramylène €20 H*°.
» On sait, d'un autre côté, que l'amylène qui se forme dans cette réac-
tion est toujours accompagné d'hydrure d'amyle €5HIS. J'ai appelé l'atten-
tion sur ce fait, il y a dix ans, en décrivant l'action du chlorure de zinc sur
l'alcool butylique, action qui donne naissance à du butylène et à de l'hy-
drure de butyle; et j'ai fait voir que la formation de l'hydrure, dans cette
circonstance, est liée à celle de carbures moins hydrogénés et peu vola-
tils. La réaction dont il s'agit est donc loin d'être simple, et je vais montrer
qu'on n'avait aucune idée, jusqu'ici, de la complication qu'elle offre en
réalité.
» J'ai rencontré, en effet, parmi les produits de la réaction du chlorure
de zinc sur l'alcool amylique, non-seulement tous les homologues supé-
rieurs de l'amylène jusqu'au diamylène et au delà, mais encore les homo-
logues supérieurs de l'hydrure d'amyle. Ces corps ne se forment pas en
grande quantité : ils constituent des produits secondaires; mais leur forma-
tion, dans cette circonstance, est très-digne d'intérêt, au point de vue de
!a génération des carbures d'hydrogène et du mode de complication de
leurs molécules; elle soulève aussi des questions d'isomérie qui méritent
de fixer l'attention.
» Ne pouvant donner ici la description détaillée de mes expériences, je
me contente de dire que j'ai séparé par la distillation fractionnée les car-
( i i65 )
bures d'hydrogène compris entre l'amylène et le diamylène, après les avoir
chauffés à plusieurs reprises avec du sodium. Je ne me suis pas contenté
de les analyser et d'en prendre la densité de vapeur. Sachant avec quelle
facilité les carbures d'hydrogène voisins se mêlent dans les distillations, et
ne pouvant obtenir des produits à point d'ébullition parfaitement fixe, vu
les quantités limitées de matière sur lesquelles je pouvais opérer, j'ai en-
gagé chaque carbure d'hydrogène dans une ou plusieurs combinaisons qui
ont été analysées à leur tour. J'espère avoir donné ainsi à mes démonstra-
tions la rigueur suffisante. En outre, j'ai fait l'expérience suivante : j'ai
mêlé quantités égales d'amylène et de diamylène, et ayant distillé ce mé-
lange, j'ai constaté qu'après trois distillations fractionnées on parvenait à le
séparer entièrement en une partie passant au-dessous de 5o degrés, et en
une partie passant au-dessus de i3o degrés. Il n'y avait plus de parties
intermédiaires.
» M. Faget ayant signalé, dans les résidus de la distillation de l'alcool
amylique, la présence des alcools hexylique (caproyque) et beptylique
(œnanthylique), on pouvait craindre que Fhexylène Ge H12 et l'hepty-
lène €7H14 rencontrés dans le mélange d'hydrocarbures ne fussent formés
par l'action du chlorure de zinc sur des traces de ces alcools entraînées avec
l'alcool amylique. Voulant aller au-devant de cette objection, j'ai fait plu-
sieurs opérations avec de l'alcool amylique qui avait été purifié avec soin
et analysé. J'ai toujours obtenu les carbures intermédiaires entre l'amylène
et le diamylène, non-seulement l'heptylène et l'hexylène, mais encore l'oc-
tylène G8 H16 qui ne pouvait avoir une semblable origine.
» He.xylène et lijdnue d'Lexyle. — lis sont contenus dans la partie des
hydrocarbures passant entre 60 et 70 degrés. Densité de vapeur trou-
vée, 2,8g et 3,o5; densité théorique, 2,908.
)' i° On a formé un bromure d'hexylène en plaçant cette partie des hy-
drocarbures dans un mélange réfrigérant, et ajoutant par petites portions
un excès debrome. Le liquide, décoloré par une lessive alcaline et déshydraté,
a d'abord laissé distiller de l'hydrure d'hexyle; puis le thermomètre s'est
élevé rapidement à 180 degrés. Ce qui a passé entre 190 et 200 degrés pré-
sentait la composition du bromure d'hexylène G6H12Br2. Des vapeurs
bromhydriques se sont dégagées à la fin de la distillation.
» 20 On a chauffé la partie des hydrocarbures dont il s'agit, en vase clos,
avec un excès d'une solution concentrée d'acide iodhydrique. On a distillé
le produit. Il s'est d'abord dégagé de l'hydrure d'hexyle, qui a été recueilli
C. R., iSG'J, Ie' Semestie. (T, LVI, Nn 23.) I 52
( u66 )
et mis de côté, puis le thermomètre s'est élevé rapidement à i3o degrés et
au delà. Ce qui a passé vers i 5o degrés a présenté la composition de l'iodhj -
drate d'hexylène G6H'%HI. Des vapeurs d'iode apparaissent toujours a la
lin de cette distillation. On a fait réagir cet iodure sur l'oxyde d'argent et
l'eau, et on a obtenu, indépendamment d'une certaine quantité d'hexylène
régénéré, de l'hydrate d'hexy lène G" H12, H2 O bouillant à i3o degrés environ.
» le dois ajouter que l'iodhydrale d'hexylène, que j'ai préparé directe-
ment en unissant l'hexvlènc de MM. Wunklyn et Erlenmeyer à l'acide
iodhydrique, a passé à la distillation entre i65 et 168 degrés. Il est donc
possihle qu'on rencontre ici un cas d'isomérie. En général, les points d'ébul-
lition des carhures d'hydrogène, que j'ai analysés et dont j'ai pris la densité
de vapeur, m'ont paru un peu inférieurs à ceux qu'on attribue aux carbures
aujourd'hui connus. Et cette remarque s'applique aussi à certains hydrures.
M. Schorlemmer place le point d'ébullition de l'hydrure d'amyle retiré des
pétroles d'Amérique, de 39 à I\o degrés. D'après mes expériences, qui
s'accordent avec celles de M. Frankland, le point d'ébullition de l'hydrure
d'amyle est situé de 28 à 3o degrés (*). Il se peut donc que les deux hy-
drures soient isomériques, et cette isomérie serait purement physique; car
on conçoit difficilement la possibilité d'une isomérie chimique, fondée sur
une différence dans l'arrangement des atomes dans l'intérieur de la molécule,
alors qu'il s'agit de deux corps saturés et dans lesquels toutes les affinités
libres du carbone sont satisfaites par de l'hydrogène.
» L'hydrure d'hexyle, séparé par distillation île l'iodhydrate, ayant été
purifié convenablement, a passé de 60 à 6/4 degrés ; sa composition répondait
exactement à la formule CCH14; sa densité de vapeur a été trouvée = 2,8/|.
Densité théorique, 2,98.
.. Heplylène el hydrure d'heplyk. — Ils sont contenus dans la partie des hy-
drocarbures bouillant entre 85 et 93 degrés. Densité de vapeur trouvée
pour ce liquide, 3,5 1. Densité de vapeur théorique, 3,427. On a formé un
bromure d'heptylène qui a passé à la distillation à 110 degrés, sous une
pression de 20 millimètres, et qui a donné à l'analyse des nombres voisins
de ceux qu'exige la formule G7Hu,Br. L'hydrure d'heplyle a été séparé de
(*) On peut retirer des quantités notables d'hydriiie d'amyle de l'amyléne provenant de
l'action du chlorure de zinc sur l'alcool amylique, en saturant cet amylène avec du brome à
une basse température, et distillant le liquide après l'avoir décoloré par la potasse et séché.
L'hydrure d'amyle passe de 3o à 5o degrés. On le chauffe avec du sodium, puis on le dis-
tille de nouveau. Il passe alors de 28 à 3o degrés, et la plus grande partie à 3o degrés.
( ,i67 )
l'heptylène en distillant le bromure. Il a passé d'abord à la distillation. On
n'en a obtenu qu'une petite quantité, les matras dans lesquels on chauffait
avec du sodium cette partie des hydrocarbures ayant fait explosion à deux
reprises.
» Octylène et hydrure d'octyle. — Ils sont contenus dans la partie du
mélange bouillant entre no et 122 degrés. On en a préparé une quantité
notable. Densité de vapeur = /\,o3. Densité théorique, 3,878.
» 35 grammes de ce produit ayant été traités par 5o grammes de brome
avec les précautions précédemment indiquées, on a obtenu 62 grammes
d'un mélange de bromure d'oclyléne et d'hydrure d'octyle qu'on a séparés
par distillation sous une pression de 20 millimètres. On a arrêté la distil-
lation lorsque le thermomètre avait monté à 80 degrés.
» Le résidu, coloré en jaune d'ambre, possédait la composition du bro-
mure d'octylène G8H'6,Brs, Ce bromure ne peut être distillé dans le vide
sans décomposition. La potasse alcoolique l'attaque avec formation de bro-
mure de potassium et formation d'un liquide brome dont le point d'ébulh-
tion n'est pas constant. 3o grammes de ce bromure ont été traités par
38 grammes d'acétate d'argent. Une réaction énergique s'est accomplie. On
a ajouté de l'éther et on a chauffé le mélange pendant quelques jours, en
vase clos, an bain-marie. La liqueur éthérée, séparée du bromure d'argent,
ayant été soumise à la distillation fractionnée, on a recueilli une petite
quantité de liquide passant entre 2/10 et 245 degrés. Ce liquide possédait la
composition du diacétate octylénique
£8H,«
O2
» Soumis à l'action de la potasse, il a donné de l'acétate de potasse.
» L'hydrure d'octyle, séparé du bromure par distillation dans le vide, a
été chauffé avec du sodium à 120 degrés, puis distillé. Le produit a passé
tout entier de 1 10 à i3o degrés. Comme il pouvait renfermer de l'octylène,
il a été traité par du brome jusqu'à ce qu'il fût coloré en rouge, puis dis-
tillé dans le vide. Presque tout a passé à 60 degrés sous une pression de
20 millimètres. On a chauffé de nouveau avec du sodium et on a distillé
ensuite. La plus grande partie a passé de 1 1 5 à 118 degrés. Cette partie
possédait la composition, la densité, la densité de vapeur et le point d'ébulli-
tiondel'hydrure d'octyle G8H19.Densitéào° = o,728. Densitédevapeur, 4,0 r .
Densité de vapeur théorique, 3,g47. M. Schorlemmer a trouvé pour la den-
l52..
( i i68 )
site de l'hydrure d'octyle (de caproyle) à 17 degrés le nombre 0,719; il
place son point d'éhullition entre 119 et 120 degrés.
» Désirant ajouter à ces preuves physiques une preuve fondée sur les
propriétés chimiques, j'ai traité cet hydrure par le chlore, et j'ai obtenu
un produit chloré bouillant vers 167 degrés, et qui présentait la composition
€sHnCI.
» Nonylène et hydrure de nonyle. — Ces corps sont contenus dans la
portion du mélange bouillant de i35 à i5o degrés. Densité de vapeur d'un
produit qui a passé à 140°= 4,54- Densité de vapeur théorique, 4i35g. On
a séparé le nonylène de l'hydrure en traitant par le brome et en distillant
dans le vide. Le résidu offrait exactement la composition du bromure de
nonylène CH^Br'. L'hydrure de nonyle purifié convenablement a passé
entre 1 34 et i3y degrés. Il offrait la composition €9H20, et possédait une
densité de vapeur de 4, 5o. Densité de vapeur théorique = l\^l\ii. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Recherches sur les affinités. Réaction simultanée de plusieurs
acides et de plusieurs alcools; par M. Eerthelot, présentées par M. Balard.
« L'examen de cette réaction constitue un problème fort intéressant, soit
au point de vue de la mécanique chimique, soit au point de vue de l'étude des
liqueurs fermentées, lesquelles renferment à la fois plusieurs acides et
plusieurs alcools. Aujourd'hui je m'occuperai seulement de la propor-
tion totale d'acide et d'alcool qui se trouve neutralisée, sans chercher sui-
vantquels rapports individuels se distribuent les divers acides et les divers
alcools.
i° Un alcool et deux acides.
1' Alcool ordinaire. 2 équivalents.
1 . < Acide acétique 1 équivalent.
( Acide benzoïque 1 équivalent.
» Quantité d'alcool éthérifié (limite): 66,5.
» Cette limite est exactement la même que celle qui répond à chacun des
acides pris isolément.
i Alcool 5 équiv. + (5 X a3 H; O '.
2. ] Acide acétique o,5C« H*0*.
( Acide succinique o,5XïCa«0'.
» Limite : 12,9.
( n69 )
» Or, le système équivalent, renfermant l'acide acétique seul, a fourni la
limite 12,7; le système équivalent, renfermant l'acide succinique seul, a
fourni la limite 12,5.
/Glycérine... 5,6C6HaOs+ (5,6 X 2o,5)Hi02.
3. ] Acide acétique o^C'H'O'.
(Acide succinique o,5xiC8HeO\
» Limite : 12,2.
» Or, le système équivalent, renfermant l'acide acétique seul, a fourni 12,3;
le système équivalent, renfermant l'acide succinique seul, 12,1.
» J'ai fait des expériences semblables en faisant agir les acides acétique
et succinique sur 18 équivalents d'alcool étendu de 9 fois son poids d'eau.
Dans tous les cas, l'identité des limites, observée à l'égard des acides pris
individuellement, subsiste quand on opère sur les acides mélangés.
2° Un acide et plusieurs alcools.
Acide benzoïque. ...... 3 équivalents.
I Alcool méthylique 1 équivalent.
I Alcool ordinaire 1 équivalent.
Alcool amyliqne 1 équivalent.
» Limite : 65,8.
» Voici maintenant un alcool polyatomique :
En poids. lin cquiv. Durée. Tcmpér. Limiii?.
Acide acétique.. 25,0 1,0 1
i..i"
l Alcool
( Glycérine
I Acide acétique.
\ Alcool
I Acide acétique.
| Glycérine
34,o 1,8
4 1,0 i,i
» i,oj
» 2,9^
» 1,0
» 2,9
3. { \ Acide acétique..
Alcool
Acide acétique. .
Glycérine
2,91
Acide acétique.. 3g, 3 1,0
Alcool 36, o 0,8
.Glycérine 24,7 0,6
',4
1,0
i,4
1 ,0
i,4
114
4"
1600 84,0
1600 87,3
J Moyenne pour le
\ système ci-dessus
9,0 environ.) 84,2.
OG1' 1O0-1800 72,2
GO1' 160-1800 76,5
G61' 160-1800 71,0
I Moyenne pour le
■ système ci-dessus
I 73,7-
( n7o )
» Voici une série analogue avec des systèmes dilués :
En poids. En équivalents. Durée. Tempér. Limite.
\cide acétique 2. 35 1
Alcool 4,77 2,7 /
(
n\ ' ■ r "o 1 5,5 , Q6h l3o° 12,1
Glycérine 10,00 2,8 \ t a
o.
4 J \ Eau 82,82 5,5X2i,5H:0;
\ Système équivalent renfer- /
mant de l'alcool seulem'. 1 tj6' l3°t' I2>7
De la glycérine seulement. 96'' i3o" 12. 3
,' Acide succinique 2,34 ix jC'H'O'
1 Alcool 4,75 2,6) f
\ ,., , ■ « ; 5,4 ■ 96 i3o 12,6
j Glycérine 10,11 2,8 ( 1 J
(Eau 82,80 5,4X2i,5H'0- '
i Système équivalent renfer- ) », » » »
u 1. 1 1 1 t S 96 l3° ,a>5
( mant de 1 alcool seulem'. )
De la glycérine seulement. yô'1 i3o° 12,1
» Ainsi le mélange de divers alcools donne sensiblement les mêmes
limites que chacun de ces alcools agissant isolément.
3° Plusieurs acides et plusieurs alcools.
•> Voici enfin une expérience dans laquelle on a fait réagir à la fois l'acide
acétique, monobasique, et l'acide succinique, bibasique, sur l'alcool ordi-
naire, monoatomique, et sur la glycérine, triatomique, en présence de l'eau.
Ses résultats résument en un seul tous les précédents :
En poids. En équivalents. Durée. Tempér. Limite
Acide acétique 1,17 o,5C'H'CV ( j
\ Acide succinique 1,17 o,5x|C!H'0'j I
Alcool 4,76 2.7C*HG0! j 9G" i3o" 12,6
Glycérine 10,0g 2,8CCHS06 ( ' l
Eau 82,81 5.5 x 21,5 H=0:
CHIMIE. — action de l'ammoniaque sur le cuivre en présence de l'air; action du
cyanogène sur l' aldéhyde ; par MM. Berthelot ei L. Péan de Saint-Gilles.
(Lettre à M. Balard.)
« En parcourant les notes des expériences communes, si malheureuse-
ment interrompues par la mort prématurée de mon collaborateur, j'y ren-
contre deux faits qui me paraissent mériter d'être signalés aux chimistes :
le premier est relatif à l'oxydation du cuivre sous l'influence simultanée de
l'air et de l'ammoniaque; le second, à l'action du cyanogène sur l'aldéhyde.
( n7' )
» i. Dans un grand nombre de réactions chimiques, la substance active
se partage entre deux autres corps qui se combinent avec elle simultané-
ment; souvent même il arrive que la substance se combine à la fois avec
deux corps qui seraient l'un ou l'autre, ou tous deux, pris individuellement,
sans action sur elle. Nous nous étions proposé de chercher quelle loi pré-
side à ce partage : s'il existe, par exemple, une relation régulière, soit con-
stante, soit variable d'une manière continue, soit variable par sauts brusques,
entre les équivalents des deux corps qui réagissent simultanément. C'est là
un problème de statique chimique très-général et qui mérite un examen
approfondi. Malheureusement je n'ai pas l'espérance prochaine de pouvoir
reprendre sur ce point les expériences inachevées; c'est ce qui me décide à
publier le fait suivant, le seul que nous ayons constaté avec la précision
convenable.
» On sait que si l'on arrose d'ammoniaque la tournure de cuivre, elle
absorbe l'oxygène de l'air et forme de l'oxyde de cuivre. En même temps
une partie de l'ammoniaque s'oxyde et se transforme en acide nitreux.
Tout le monde a présents à l'esprit les travaux de M. Peligot sur cette
matière.
» Nous avons cherché quel rapport existe entre la quantité de l'oxyde de
cuivre et celle de l'acide nitreux qui prennent naissance. Dans les divers
essais que nous avons faits, en opérant avec de l'ammoniaque concentrée,
nous avons trouvé que ce rapport peut être regardé comme constant. La
proportion d'oxygène qui se fixe sur le cuivre est précisément double de
celle qui se fixe sur l'ammoniaque :
0e -+- AzH3 = AzO3 -+- 3HO,
G{- •+ iaCu= 12C11O.
Ces proportions ont été vérifiées très-exactement par l'analyse.
» 2. On sait que M. Licbig a observé (i) qu'une solution aqueuse de
cyanogène, additionnée d'aldéhyde, se transforme régulièrement en oxa-
mide : la métamorphose résulte d'une simple addition d'eau aux éléments
du cyanogène.
C4 Az2 h- 2 H2 O2 = C* W Az2 0\
Cyanogène. Oxamido.
» En répétant cette expérience, dans des vues qu'il est inutile de signaler
(i) Annalen der C/icmie und Pharmacie, t. CXIII, p. 246 (1860).
( "72 )
ici, et dans une condition un peu différente, nous avons obtenu un autre
résultat. Nous avons fait passer du cyanogène à travers de l'aldéhyde brut,
obtenu par la condensation directe des produits les plus volatils de l'action
de l'alcool sur le bichromate de potasse et l'acide sulfurique. Il s'est produit
bientôt un abondant précipité blanc et pulvérulent, tout semblable à
l'oxamide. Mais sa composition était bien différente, car cette matière a
donné à l'analyse les nombres suivants :
C = 36,3
H= 5,i
Az= 26,4
O =32,2
La seule formule qui s'accorde avec ces nombres est la suivante :
C,2H,0AzU)8,
laquelle exige
C =35,7
H= 5,o
Az= 27,7
O = 3i,6
Cette formule représente les éléments du cyanogène, réunis à ceux de
l'aldéhyde et de l'eau :
2C4 Az2 + C4 H4 O2 + 3H2 O2 = C'2 H,0Az" O8.
» Quant à la constitution de ce composé, il est vraisemblable qu'elle ré-
pond à une combinaison d'aldéhyde et d'oxamide,
C4H402 + 2C4H4Az204 — I1202,
comparable aux combinaisons que l'aldéhyde forme, soit avec les alcools
(acétal, etc.) :
C4 H ' O2 + -i C4 H° O2 - H2 O2,
soit avec les acides :
C*H40* -4- 2C4H401 - H202. »
chimie organique. — De l'action de la chaleur sur farséniate d'aniline et de
Information d'un anilide de l'acide arsénique; par M. A. Béciiamp
« L'acide arsénique est un acide facilement réductible. J'ai fait voir
(Comptes rendus de l'académie, t. LU, p, 538) que par l'action de la chaleur
sur le nitrate d'aniline il se formait de la nitraniline qui, d'après ce mode de
( " 73 )
formation, n'est autre chose que la nilranilide. J'ai cherché l'anilide corres-
pondant de l'acide arsénique, Varsénianilide. Il se produit par l'action de la
chaleur sur l'arséniate d'aniline dans les circonstances que j'ai déjà signalées
(Comptes rendus, t. L, p. 872, mai 1860, et t. LI, p. 356). Je demande la
permission de rappeler le passage suivant de la seconde de ces Notes :
« Si l'on fait houillir l'arséniate d'aniline (AsO5, 2C,2H7N, 3 HO) avec
un grand excès d'aniline, son acide n'est pas réduit, la dissolution ne se
colore pas, il ne se forme pas une trace de fuchsine, même à igo degrés.
Mais l'arséniate cristallisé entre en fusion vers iZjo degrés; à 160 et même à
170 degrés il se colore à peine; il dégage de l'aniline à 180 degrés jusqu'à
ce que le résidu ait sensiblement la composition de l'arséniate acide,
AsO5, C,2II'N, 3HO, et ce sel réagissant alors sur lui-même, vers igoou
200 degrés, fournit de l'eau, de l'acide arsénieux et une quantité de fuch-
sine, libre ou représentée par les produits de sa décomposition, propor-
tionnelle à celle de l'acide arsénieux formé. »
u L'arsénianilide est un produit constant de l'action de la chaleur sur
l'arséniate d'aniline. Lorsqu'on reprend par une dissolution de carbonate
de soude le produit de cette réaction, il se fait un dégagement d'acide
carbonique; un dépôt visqueux, mélange de matières colorantes et d'ani-
line; une dissolution faiblement alcaline et colorée en rouge pâle qui con-
tient de l'acide arsénieux et le nouvel anilide. Si l'on concentre la liqueur
sodique et qu'on la traite avec précaution par un très-léger excès d'acide
nitrique pur, il se dépose peu à peu un composé cristallin. Les cristaux
sont colorés en rose et sous forme de paillettes; on les purifie par le char-
bon animal et par des recristallisalions dans l'eau ou l'alcool.
» Ces cris'aux sont incolores à l'état de pureté et constituent le nouvel
anilide qui cristallise en aiguilles prismatiques déliées, brillantes, peu so-
lubles dans l'eau et l'alcool froids, facilement solubles dans ces liquides
boni liants.
» La composition et l'équivalent de l'arsénianilide sont représentés par la
formule
C,2H8AslNO\
» Il n'est point volatil. Soumis à la distillation, il dégage de l'eau, de
l'aniline, de l'acide arsénieux et de l'arsenic métallique, en laissant un ré-
sidu de charbon.
» Sa dissolution aqueuse, acidulée ou non, n'est pas colorée ni précipitée
C. R., i863, i« Semestre. (T. LV1, M 23.) I 53
( H74 )
par l'hydrogène sulfuré; mais si l'on dirige ce gaz pendant longtemps dans
la liqueur bouillante, il se fait un précipité jaune pâle et des produits sulfu-
rés dont il sera question plus tard.
» Traité par une dissolution de potasse caustique, il se dissout facilement
sans qu'il se sépare de 1 aniline, même à la distillation. Mais si on le distille
avec de la potasse caustique solide, la matière brunit légèrement, il se dé-
gage de l'aniline pure en abondance, et il reste de l'arséniatede potasse pour
résidu.
» Il dégage l'acide carbonique des carbonates alcalins pour former des
sels cristallisables.
» Le sel de soude, C'2 H7 Na AsNO6, 10HO, cristallise en prismes droits
rectangulaires transparents, fort solubles.
» Le sel de potasse cristallise facilement aussi.
» Le sel de baryte, C,2H7BaAsN06, i HO, cristallise en prismes obliques.
» Le sel d'argent, C12 H7 Ag AsNO6, est anhydre, très-peu soluble, mais
cristallisable, toutefois, en petits cristaux prismatiques.
» Le sel de plomb est un précipité volumineux, de même que ceux de
cuivre et de palladium.
» La combinaison nouvelle est un anilide. On peut la représenter, soit
comme de l'arsénianiline ou comme de l'arsénianilide, capables de fixer
deux équivalents d'eau dont l'un serait remplaçable par un équivalent de
base métallique :
C,2H8AsO\ N, 2HO; C,2H6N, AsO\ 2HO.
Arsénianiline. Arsénianilide.
Mais, d'après ce qui précède et à cause de sa fonction acide bien tranchée,
on peut la considérer comme l'hydrate de l'oxyde d'un ammonium, le
phénarsénylammonium. D'après cette manière de voir, les combinaisons
précédentes seraient représentées par les formules rationnelles suivanles :
[(C,2H&H2, AsO')NjO, HO = hydrate d'oxyde de phénarsénylammo-
nium ou phénarsénylammoniate d'eau,
[(C,2H5H2, AsO')N]0, NaO, ioHO = phénarsénylammoniate de soude,
[(C,2H5H2, AsO*)N]0, AgO = phénarsénylammoniate d'oxyde d'ar-
gent, etc.
» Je me réserve d'achever ce travail, de même que de continuer des
études commencées en 1860 sur divers composés colorants ou métalliques
( "75 )
dérivés de l'aniline, pour lesquels j'ai en le soin de prendre date. Malgré
les expériences récemment publiées par M. H. Schiff et par M. Hofmann,
mon droit ne saurait être douteux. »
chimie organique — Sur le butylène; Noie de M. V. de Luvnes, présentée
par M. H. Sainte-Claire Deville.
« J'ai annoncé, dans ma dernière communication, que l'iodhydrate debu-
tylène dérivé de l'ërythrile donnait, au contact de l'acétate d'argent, deux
produits principaux: l'un bouillant de 111 à ii3 degrés et présentant la
composition de l'acétate de butyle, l'autre volatil vers 5 degrés et qui parais-
sait surtout formé de butylène. Ayant préparé ce dernier liquide en plus
grande quantité, j'ai pu l'étudier d'une manière plus complète, et j'ai
reconnu qu'il n'était autre chose que du butylène parfaitement pur.
» Le butylène, C8 H8, que Faraday a'obtenu le premier en décomposant
les corps gras par la chaleur, a été signalé ensuite par plusieurs chimistes
parmi les produits de décomposition de différentes substances organi-
ques (i). Mais c'est surtout à l'état de combinaison qu'il a été étudié, et à
part sa solubilité dans l'eau, l'alcool et l'acide sulfurique, ses propriétés
sont peu connues.
» Le composé que j'ai préparé présente les caractères suivants :
» Il est gazeux à la température ordinaire; il possède une odeur alliacée
très-prononcée. Il n'est pas sensiblement soluble dans l'eau; l'alcool ab-
solu le dissout assez bien, mais c'est dans l'éther qu'il est le plus soluble.
Sa solution éthérée, étendue d'alcool, puis d'eau, laisse dégager le gaz en
produisant une effervescence extrêmement vive. Il brûle avec une flamme
rouge, bordée de bleu, et fuligineuse.
» L'acide acétique cristallisable l'absorbe en assez grande proportion ; il
ne paraît pas former avec lui de combinaison définie ; une partie du gaz de-
vient libre par l'addition de l'eau. M. Berlhelot a déjà observé que le pro-
pylene se comporte d'une manière analogue avec l'acide acétique. L'acide
sulfurique concentré le dissout totalement en prenant une légère colo-
ration jaune. La liqueur, étendue d'une quantité d'eau suffisante, se
(i) Faraday, Philos. Transact.; 1825, p. 44°- — Cahours, Comptes rendus; t. XXXI,
p. 142. — Kolbe, Ann. der Chem. und Pharm.; t. LXIX, p. 258. — Wurtz, Annales de
Chimie et de Physique ; 3e série, t. LI, p. 84 — Berthelot, même recueil ; t. LUI, p. iti3.
— Boucharpat, Journal de Pharmacie; t. XXIII, p. 4^4-
i53..
( i'76 )
trouble, et il se sépare un liquide moins dense, doué d'une odeur agréable,
qui se rassemble à la surface.
» Lorsqu'on fait passer du butylène dans une solution concentrée d'acide
lodhydrique, il est rapidement absorbé, et il se produit de l'iodhydrate du
butylène qui forme une couche au-dessus de l'acide iodhydrique.
» On sait que le butylène est liquéfiable par le froid, mais il est moins
volatil qu'on ne l'avait cru jusqu'à présent. En condensant le gaz dans un
appareil convenablement disposé, j'ai reconnu que le liquide obtenu distil-
lait complètement à la température de -+- 3 degrés sous la pression ordi-
naire. Le point d'ébullition du butylène est donc de H- 3 degrés, et non
de — 18 degrés comme on l'indique dans la plupart des Traités de chimie.
" Enfin j'ai fait passer le butylène dans le brome, qui l'a absorbé com-
plètement en dégageant beaucoup de chaleur. J'ai obtenu ainsi un liquide
qui présentait toutes les propriétés du bibromnre de butylène et qui, à
l'analyse, a donné les nombres suivants :
Carbone 2i>4
Hydrogène 4 > '
Brome 74 ,3
La formule G8 H8 Br8 exige :
Carbone . .'.2,2
Hydrogène 3, 7
Brome . . 74 > '
» Ces faits et ceux que j'ai décrits antérieurement me semblent établir
d'une manière incontestable les relations qui unissent l'érythrite à la série
butylique. L'érythrite forme le quatrième terme d'un groupe commençant
par l'alcool butylique et composé de la manière suivante :
Alcool butylique. .. . C'H"0! monoatomique.
Butylglycol C8 H,0O' diatomique.
Inconnu Cs H'0 06 triatomique.
Érythrite Cs H" O" tétratomique.
* Ce qui confirme cette manière de voir, c'est que, de même que l'éry-
ihrite, le butylglycol est réduit par l'acide iodhydrique et transformé en
iodure de butyle, ainsi que l'a constaté M. Wurtz.
» Le troisième terme, C8H,0O6, qui serait la glycérine butylique, est
inconnu ; peut-être serait-il possible de l'obtenir au moyen de l'érythrite
( '177 )
chlorhydrique, par la méthode qui a permis à M. Lourenço de dériver le
propylglycol de la glycérine chlorhydrique. Dans le but de tenter cette
réaction, j'ai préparé l'érythrite chlorhydrique en me servant du procédé
employé par M. Berthelot pour les composés correspondants de la mnnnite ;
c'est une belle substance blanche, d'une saveur fraîche et amère ; elle est
fusible; elle brûle avec une flamme bordée de vert; elle donne, par l'éva-
poration lente de sa dissolution, de gros cristaux, comme l'érythrite dont
elle se distingue par sa solubilité dans l'éther.
» Ces expériences ont été faites au laboratoire de recherches et de perfec-
tionnement de la Faculté des Sciences de Paris. »
chimie. — Nouveau procédé d'extraction des métaux des résidus plalinijères ;
extrait d'une Note de M. A. Gityard, présentée par M. H. Sainte-Claire
De ville.
« Ce procédé comprend trois genres d'opérations, que je vais décrire
succinctement.
» i° Mise en dissolution des résidus. — Les eaux mères qui restent après
la précipitation du platine par le sel ammoniac proviennent de solutions de
la mine de platine, et aussi de platine du commerce. Elles renferment tou-
jours du fer provenant surtout du sulfate de fer employé à la précipitation
de l'or, et aussi du plomb, du cuivre, du palladium, de l'iridium, du rho-
dium surtout, et du platine. Ces eaux mères sont acidifiées par l'acide chlor-
hydrique et se trouvent prêtes à être exploitées. Je ne les signale ici que
comme résidus en solutions, et que pour rappeler leur composition. Qu'il
soit noté seulement qu'on se garde bien de les précipiter par le fer, comme
on le fait généralement.
» Les résidus solides, tels quels, sans préparation, sont fondus avec trois
fois leur poids d'un mélange à parties égales de soude et de nitrate de soude.
La fusion s'effectue au rouge vif dans un vase de fer à parois épaisses. Elle
se fait sans boursouflement ni projection, et exige environ une heure. Pen-
dant les dernières vingt minutes, l'ouvrier remue constamment la masse
avec une cuiller de fer. L'opération est extrêmement simple.
» Ces résidus renferment de l'osmiure d'iridium inattaquable par tous
les agents chimiques; de l'osmiure attaquable, des grains de l'alliage triple
de platine, iridium et rhodium, grains que l'eau régjile. n'a pu dissoudre,
mais que le nitre oxyde et désagrège totalement. Viennent enfin les gangues
( "7» )
réunies caractérisant tel ou tel minerai de platine : quartz, silicates de toutes
bases, titanates, hyacinthes, etc., etc.
» Le mélange que j'ai adopté oxyde donc tout ce qui est oxydable et
désugrége toutes les gangues qu'il dissout en partie; la masse fondue ren-
ferme tous les corps émnnérés plus haut, plus une grande quantité d'oxyde
de fer enlevé aux parois du vase où se fait cette opération. On coule la masse
en fusion dans des lingotières de fonte. Après solidification, on la concasse
en fragments qu'on fait bouillir avec assez d'eau, pour obtenir une forte
solution de soude pouvant maintenir en dissolution tous les acides gélati-
neux. Elle renferme en outre l'osmium à l'état d'osmiate (i); on la sépare
des oxydes insolubles, puis on la sursature par l'acide chlorhydrique. Les
oxydes insolubles sont dépouillés par la lixiviation de l'excès d'alcali qui
les imprègne; puis on les dissout dans l'eau régale.
« Cette dissolution renferme du fer, du cuivre, du plomb, de l'iridium,
ilti rhodium, du platine et du ruthénium. On la sépare de l'osmiure non
dissous; on l'évaporé pour chasser l'excès d'eau régale et on la reprend par
l'eau et l'acide chlorhydrique.
» u° Précipitation des liqueurs par le gaz hydrogène sulfuré. — Les liqueurs
ainsi obtenues sont prêtes à être précipitées par l'acide sulfhydrique.
» L'appareil dans lequel s'effectue la précipitation de toutes les liqueurs se
compose d'un générateur de gaz hydrogène sulfuré par l'action de l'acide sul-
furique sur le sulfure de fer. Ce générateur communique avec quatre ou cinq
grandes jarres de grès, de 70 litres environ, absolument disposées comme
un appareil de Wolf. Une tubulure spéciale permet de faire arriver dans
chacune d'elles la vapeur destinée à chauffer le liquide qu'elle contient.
» L'appareil tout entier est renfermé dans une étuve de bois, bien close,
située près d'une cheminée avec laquelle elle communique. Quant aux pe-
tites quantités de gaz non absorbées, elles se rendent par un long tube dans
le foyer de la cheminée, où du feu détermine un tirage énergique. On évite
ainsi toute odeur pendant la précipitation; mais, après l'opération, on re-
foule de l'air dans tout l'appareil : cet air provient de grands gazomètres;
il expulse l'acide sulfhydrique qui sature les eaux mères, et celles-ci peuvent
être manipulées sans répandre d'odeur (2).
(1) Cette solution est précipitée à part par l'acide suif hydrique; le sulfure d'osmium est
isolé ainsi.
(2) Aux gazomètres et à l'air on peut substituer un générateur d'acide carbonique : le
résultat est le même .
( 'i79 )
» Voici la marche qu'on suit pendant la précipitation. Des que le gaz
commence à se dégager du générateur', on élève la température des liquides
jusqu'à 70 degrés environ; cette température est maintenue quinze heures
à peu près, temps nécessaire à une précipitation complète des sulfures qui
se rassemblent mieux aussi sous l'influence de la chaleur. L'opération est
terminée quand l'eau mère n'a plus qu'une teinte jaunâtre fort légère due
à un peu de sulfure d'iridium soluble. Cette eau mère, séparée des sulfures
précipités, est mise dans une cuve avec des barreaux de fer à qui elle aban-
donne un peu d'iridium. Les sulfures sont mis à égoutler sur de grands
filtres de toile.
» 3° Purification et traitement des sulfures. — La masse des sulfures, sé-
parée ainsi du fer et de tous les corps non précipités par le gaz sulfuré, ren-
ferme, outre les sulfures des métaux du platine, une forte proportion de
soufre et de sulfures de cuivre et de plomb. Pour enlever ces corps, j'ai
songé à l'acide sulfurique concentré, qui les transforme en acide sulfureux
et en sulfates, tandis qu'il n'agit pas sur les sulfures des métaux précieux.
Cet affinage peut s'effectuer dans le fer; mais chez M. Matthey, qui ne néglige
rien pour l'élégance et la sûreté des résultats, on le fait dans le platine.
» Quand après une ébullition prolongée il ne se dégage plus d'acide sul-
fureux, c'est que l'affinage est complet.
» Le tout, étendu de beaucoup d'eau, est jeté sur les filtres, et la masse
des sulfures est lavée sans interruption, jusqu'à ce que l'ammoniaque ne
décèle plus dans le liquide filtré ni enivre ni fer.
» A ce point, les métaux précienx se trouvent totalement dépouillés de
fer, véritable poison de ces corps, privés de cuivre et contenant seulement
un peu de sulfate de plomb qui se séparera de lui-même dans une réaction
ultérieure. Ils sont de plus dans un état tel, que l'acide azotique seul ou
l'eau régale les dissout parfaitement, et, certes, ce n'est pas là la condition
la moins précieuse.
» Traitement des suljuies. — Les sulfures sont alors dissous dans l'eau
régale. L'eau régale ne doit pas être préparée à l'avance, car son action sur
les sulfures serait si soudaine, si énergique, réchauffement si rapide et le
dégagement de gaz si grand, que le mélange serait infailliblement projeté
hors des vases.
» On commence par mettre de l'acide azotique de force moyenne. On ne
le met que peu à peu, car son action est vive dès à froid. 11 se dégage beau-
coup de vapeurs rutilantes ; quand l'effervescence a cessé, on ajoute l'acide
( n8o )
chlorhydrique, on chauffe lentement d'abord, puis on va jusqu'à l'ébulli-
tion nécessaire pour obtenir une complète dissolution.
» Enfin on sépare cette solution d'un peu de chlorure de plomb qui se
dépose, et l'on sépare au moyen du sel ammoniac les différents métaux
qu'elle renferme, selon la méthode ordinaire.
» Tel est le procédé en faveur de qui l'expérience en grand a prouvé
pleinement. J'ose espérer qu'il pourra être utile parfois dans le laboratoire,
si toutefois il y a quelque chose à ajouter, dans l'analyse des matières pla-
linifeies, aux travaux de Berzélius, de Clans et de MM. II. Sainte-Claire
Deville et Debray. »
M. Robinet présente quelques remarques relatives au passage d'un
Mémoire récent de M. Kuhlmann, où se trouve mentionné le fait observé
sur les murs de la chapelle Sainte-Eugénie, à Biarritz, et cité comme exemple
de Y action protectrice de la peinture à l huile sur les pierres. M. Robinet rap-
pelle que cette observation a déjà été faite par lui : voici en effet ce qu'on lit
au lome XXXIX du Journal de Pharmacie et de Chimie, extrait du procès-
verbal de la Société de Pharmacie de Paris, séance du 5 décembre 1 85o:
« M. Robinet fait encore à la Société la communication suivante:
« Frappé de la propreté et de la blancheur relative des lettres tracées
» sur les monuments publics depuis de longues années, il a pensé qu'on
» pourrait arriver à préserver les monuments publics de la moisissure et
» des champignons qui recouvrent leurs murs, en les enduisant d'une
» légère couche d'huile de lin lithargyrée. Cette idée finit recevoir son
application très-prochainement. Le temps nous dira si les espérances de
» notre honorable collègue se sont réalisées. »
« Antérieurement à ma communication à la Société de Pharmacie, j'avais,
dit M. Robinet, profité de la présence de MM. les ingénieurs de la ville de
Paris à une séance de la Commission des logements insalubres, pour appe-
ler leur attention sur la conservation singulière des inscriptions tracées en
1792 et 1793 sur les monuments publics, inscriptions qui se lisent aujour-
d'hui en blanc, bien qu'elles aient été tracées à cette époque avec de la
peinture à l'huile noire. Ni le grattage de la pierre, ni l'action des agents
atmosphériques n'ont pu faire disparaître ces inscriptions. »
M. Baudei.ocqce soumet au jugement de l'Académie deux Notes, l'une
( "8i )
concernant la cicatrisation rapide de deux plaies déchirées au moyen d'ablu-
tions d'alcoolature d'arnica; l'autre concernant un succès obtenu de l'em-
ploi de l'acoolature de douce-amère dans un cas de mutisme suite d'une
rîevre typhoïde.
(Renvoi à l'examen de M. Serres.)
M. JVauck, qui dans une précédente Lettre écrite en allemand avait en-
tretenu l'Académie du résultat de ses recherches concernant les équations
du troisième degré (Compte rendu delà séance du ier juin), y revient dans une
nouvelle Lettre écrite en latin.
(Renvoi à l'examen de M. Rertrand.)
M. Ch. I>m wm.i communique une observation qu'il a faite durant la
dernière éclipse lunaire. « Il y avait, dit-il, déjà quelque temps que l'éclipsé
était entrée dans sa phase de décroissance, quand j'ai aperçu un petit point
lumineux qui brillait dans l'ombre à une distance assez grande du bord
oriental de la lnne, commençant à sortir de la pénombre... La position qu'il
occupait était très-voisine, comme je pus m'en assurer bientôt, de celle
qu'occupe le mont Aristarque sur le disque lunaire.... Ce point avait l'ap-
parence d'une étoile, et ainsi on peut s'expliquer comment d'anciens obser-
vateurs ont pu se persuader que l'on voyait quelquefois des étoiles à tra-
vers la lnne. »
(Renvoi a l'examen de M. Faye.)
A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. F.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du ïi juin i863 les ouvrages dont
voici les titres :
Des machines à vapeur; par MM. Arthur MORIN et TRESCA ; t. Ier, Pro-
duction de la vapeur. Paris, 1 863 ; vol. in-8°.
C. R., i863, i« Semestre T. LVI, N° 23.) ' 54
( il 8a )
Essai sur la constitution des corps célestes; par E.-E. Regneault. Nancv,
i863; in-8°.
Le Livre de tout le inonde sur la santé: Notions de physiologie et d'hygiène;
parle Dr Burggraeve. Paris, 1 863 ; in-12.
Causerie sur la pisciculture ; par le Dr N. Joly. (Extrait du Journal d'Agri-
culture pratique pour le midi de la France.) Trois quarts de feuille in-8°.
Cucurbitacées cultivées au Muséum <!' Histoire naturelle en 1862 ; Description
d'espèces nouvelles et de quelques formes hybrides obtenues de plantes de cette
famille; par M. Ch. NAUDIN. (Extrait des Annales des Sciences naturelles.)
Paris, br. in-8°.
Loi des deux substances et de leur concours hiérarchique, ou du principe de
la vie; par le Dr J. Fournet. (Extrait des Annales médico-psychologiques.)
Paris, i863; in -8°.
Nouvelles Recherches sur la nature fonctionnelle des racines du nerf pneumo-
gastrique et du nerf spinal; par E. M. Van Kempen. (Extrait des Mémoires
de l' Académie royale de Médecine de Belgique. Bruxelles, i863; in-4°. (Ren-
voyé à l'examen de M. Longet pour un Rapport verbal.)
Scheele, chimiste suédois. Elude bibliographique ; par P. -A. Cap. Paris.
i865;br. in-8°.
Paris immobilier; Notions sur les placements en immeubles dans les zones
parisiennes; par André Haussmann. Paris, i863; in-8°.
Coup d'œil rapide sur les avantages de la libre concurrence hydrologique ;
par le Dr J. Pujade. Montpellier, 1861 ; in-8°.
Album de la station tbermo-hjémale du Dr Pujade; par le même. Perpi-
gnan, i863 ; in-8°.
Etudes historiques sur l'ancien pays de Foix et le Couseran (suite); par A.
Garrigou. Toulouse, 1 863 ; in-8°. (2 exempl.)
New Theory... Nouvelle théorie des comètes, expliquant ce qu'elles sont et
leurs effets sur l'atmosphère, la terre et la mer, et aussi leurs effets sur les pla-
nètes et le soleil, etc. ; par Th. Dance. Birmingham ; br. in-12.
Schriftert. . Publications de la Société physico-économique de Kœnigsberg ;
( n83 )
3e année. 1862; ier et 2e parties. Kœnigsberg, 1862 et 1 863 ; 2 livraisons
in-4°.
Physicalische.. . Conditions physiques et distribution des êtres organisés dans
le golfe Quarnero ; par le D' J.-R. Lorenz; publié aux frais de l'Académie
impériale des Sciences de Vienne. Vienne, i863; in-8u.
Nuova zoonomia... Nouvelle zoonomie, ou doctrine des rapports orga-
niques; par le DrGiov. COPELLO; vol. II. Lima, 1862; in-4°.
Duemiovi... Deux nouveaux baromètres aréométriques à cuvette mobile;
parle Prof. T. Armellini. Rome, 1 863; 1 feuille in-8°.
Monatsberichte... Comptes rendus de l'Académie royale des Sciences d(
Prusse; année 1862. Berlin, i863; vol. in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 JUIN 1865.
PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce que le tome L/V des Comptes rendus
est en distribution an Secrétariat.
GÉOLOGIE. — Sur les émanations à gaz combustibles qui se sont échappées des
fissures de la lave de 179/15 à Torre del Greco, lors de la dernière éruption du
Vésuve ,- par MM. Ch. Sainte-Claire Deville, F. Le Blanc et F. Fouqlé.
(Deuxième communication.)
« Dans une première communication, faite à l'Académie le i/j juillet de
l'année dernière, nous nous sommes bornés à énoncer un fait, entièrement
nouveau, qui ressortait de nos premières expériences sur les gaz rejetés par
les fissures delà lave de 17945 lors de la dernière éruption du Vésuve,
en 1861. Ce fait est celui-ci : le gaz combustible qui s'échappait des fissures
de l'ancienne lave (sous laquelle ou dans les vides de laquelle avait, suivant
toute probabilité, pénétré une partie du courant de 1 861 ) contenait, outre
le carbure d'hydrogène, déjà signalé sur les lieux, l'hydrogène, qui n'avait
pu alors y être que soupçonné, mais que nos analyses ont mis clairement
en évidence, et même en proportion plus considérable que l'hydrogène
protocarboné.
» Depuis lors, nous avons poursuivi nos recherches et complété l'analyse
C. B., [863, i" Semestre. (T. LVI, N° 2G. ) I 55
( n86 )
de ces gaz. Nos résultats, joints à ceux qui avaient été obtenus sur les lieux
mêmes, et dont le détail a été donné par l'un de nous dans ses onzième et
treizième Lettres à M. Elie de Beaumonl, nous permettent, par leur compa-
raison, de déduire des conséquences qui nous paraissent offrir quelque
intérêt. Mais, pour rendre ces déductions plus évidentes encore, nous avons
jugé utile de réunir dans un tableau les nombres sur lesquels elles s'ap-
puient. Ce tableau présente, pour les sept époques (18 et 23 décembre 1861,
ier, 17 et 27 janvier, 5 février et 7 mars 1862) auxquelles les gaz ont été
recueillis et étudiés sur les lieux, et pour les trois stations (bord de la mer,
10 à 20 mètres de la côte, 200 mètres environ du rivage), les trois données
suivantes : rapport de l'acide carbonique à la somme des autres gaz, et,
dans les résidus laissés par la potasse, rapport de l'hydrogène protocarboné
à l'hydrogène, rapport de l'oxygène à l'azote :
A 10 ou 20 métros A 900 mètres
An bord Je la mer. ... 1
de la cote. du rivage.
1 Aciilc carbonique, pour 100. » 59.53 »
18 déc. 1861. C2H4:H » 1:2,30
( 0 : Az » 27,16:72,84 »
( Acide carbonique 95,36 38. 61 »
23 déc. 1S61. ] C2rT :H 1: 3,07 1:2,60 r: 1,45
( 0 :Az 2. ,59:78,41 25,57:74,48 (18,21:81,;.,
! Acide carbonique 95,95 84,72 44-38
C-H1 :H » « 1: a,44
0 : Az » » 28,70:71,30
17 janv. 1862. Acide carbonique 96, 1G » »
27 janv. 1862. Acide carbonique 96,^6 83. 73 37,36
3 f'évr. 1862. Acide carbonique 97.65 86,00 »
7 mars 1862. Acide carbonique 98,17 » »
» Les données de ce tableau nous permettent d'étudier les variations
relatives des éléments gazeux avec le temps et avec les lieux.
« i° Recherchons d'abord les rapports entre l'acide carbonique et la son mu
des autres gaz.
» Un même point, où l'on a le plus fréquemment opéré, et dont la posi-
tion était fixée d'une manière précise, le bord de la mer, montre avec évi-
dence que, du 23 décembre 1861 au 7 mars 1862, la proportion relative
d'acide carbonique a toujours tendu à s'accroître (1).
1 I.a température s'élevait en même temps, et même, à un certain moment, l'acide suif-
hydrique est apparu. Ce point de vue sort un peu de l'objet de notre travail acluel, et nous
sommes obligés de renvoyer, pour ce fait curieux et ses conséquences sur la répartition des
émanations gazeuses, à la treizième Lettre <i M. Élie de Benumcrit.
( "87 )
» Les expériences du ier janvier indiquent aussi qu'en un même moment
la teneur en acide carbonique diminuait au furet à mesure qu'on s éloignait
du rivage. Mais on n'en peut conclure avec certitude qu'il se produisait une
variation correspondante dans les émanations naturelles. Car on doit remar-
quer qu'en s'éloignant du rivage ces émanations avaient à traverser une
colonne d'eau de plus en plus élevée, et pouvaient se trouver en contact
avec des masses d'eau plus fréquemment renouvelées. L'acide carbonique,
le plus soluble des cinq gaz mélangés, devait donc se dissoudre en plus
grande abondance.
» i° Rapport de i hydrogène protocarboné à l'hydrogène. — Ce rapport a
varié avec le temps pour un même point; car, à 10 ou 20 mètres du rivage,
il était respectivement :
Le 1 8 décembre 1 : 2 , 3o ,
Le 23 décembre 1 : 2,70;
à 200 mètres environ de la côte, il était respectivement :
Le 23 décembre 1 ; i , 45 ,
Le Ier janvier .... I ; 2,44-
» Dans les deux points la teneur relative de l'hydrogène s'était accrue.
» Ce rapport a varié aussi, en un moment donné, avec la distance au
rivage; car, le 23 décembre, on avait respectivement, pour les trois sta-
tions, les rapports suivants :
1 : 3,07 1 : 2,70 1 : 1,45.
» La teneur relative de l'hydrogène diminuait donc à mesure qu'on
s'éloignait du rivage. C'est, au reste, ce qui résulte aussi de la comparaison
de tous les nombres du tableau rapportés à leur station respective. On a,
en effet :
Au bord de la mer. A 10 ou 20 mi'tres. A 200 mètres.
1 : 3,07 1 : 2,5o 1 : 1,95.
» Il est impossible d'attribuer les variations observées à une différence
dans la solubilité des deux gaz dans l'eau de mer. Elles étaient donc le
résultat de variations réelles dans le phénomène naturel.
» 3° Les rapports de [oxygène à [azote dans ces émanations semblent
d'abord assez difficiles à établir, et il est nécessaire pour cela de se livrer
à une petite discussion.
» En six occasions, on a déterminé, sur les lieux, les proportions d'oxy-
i55..
( n88 )
gène du gaz qui se dégageait des fissures de la lave de 1794 an bord de la
mer. Deux fois, les Ier et 17 janvier, le gaz a été recueilli sur la lave
même, et loin du contact de l'eau de mer; on a trouvé respectivement 0,00
et o,ooi3 d'oxygène dans le gaz analysé.
» Les quatre autres jours (2.3 décembre 1861, 27 janvier, 5 février et
7 mars 1862), le dégagement n'étant pas suffisant sur la petite pointe de
lave ancienne qui s'avançait légèrement en mer, on a recueilli le gaz au
pied de ce rocher et à la lame; il traversait donc quelques centimètres
d'eau de mer, et pouvait même, à la rigueur, y avoir été légèrement altéré
par un échange avec les gaz dissous dans cette eau.
» Les quatre expériences, exécutées sur des quantités considérables de
matière, ont donné respectivement 0,0021, o,oo32, o,oo25et 0,001 5 d'ox\-
gène, un peu plus, par conséquent, que lorsqu'on opérait sur la lave même.
» Néanmoins, la moyenne des six déterminations indiquant moins de
deux millièmes d'oxygène dans le gaz recueilli au bord de la mer, on a pu
en attribuer la présence à l'introduction accidentelle d'un centième d'air
environ au moment de la prise, et considérer le gaz originaire comme sen-
siblement dépourvu d'air.
» Lorsqu'on a opéré en mer, dans des conditions incomparablement
plus pénibles et plus fatigantes, il a été naturel de regarder les faibles pro-
portions d'oxygène données par l'analyse sommaire (1), comme résultant
aussi d'une pénétration accidentelle de l'air dans la cloche qui servait à re-
cueillir le gaz.
« La discussion des analyses faites dans le laboratoire montre que cet
air était, en réalité, étranger aux émanations naturelles, qui l'empruntaient,
non à l'atmosphère, mais au gaz tenu en dissolution dans les eaux de la
mer et déplacé par l'acide carbonique. En effet, le tableau donne, pour
quatre échantillons sur cinq, entre l'oxygène et l'azote, un rapport supé-
rieur à celui de 21 à 79, et qui atteint même 29 à 71. Or, on sait que l'air
dissous dans les eaux contient environ 32 pour 100 d'oxygène.
» Une seconde partie de notre travail a pour objet l'analyse des gaz qui
s'échappaient de la lave encore chaude de 1861, ou des orifices d'éma-
nations qui entouraient les divers cratères actifs. Les résultats confirment en
tout point ceux qui ont été obtenus pour l'éruption de 1 855, soit sur
les lieux, soit dans le laboratoire, et qui se trouvent consignés dans les
(1) Voir les onzième et treizième Lettres à M. Élie de Bcaumont.
Cl
( 1189 )
quatrième, cinquième et sixième Lettres à M. Elie de Beaumont, et dans un
Mémoire que deux d'entre nous avons publié dans les Annales de Chimie et
de Physique, 3e série, t. LU. »
chimie PHYSIOLOGIQUE.— Recherches sur la putréfaction; fini M. L. Pasteir.
« Toutes les fois que les matières animales ou végétales s'altèrent spon-
tanément en développant des gaz fétides, on dit qu'il y a putréfaction. Nous
verrons dans le cours de ce travail que cette définition a deux défauts
opposés : elle est trop générale, parce qu'elle rapproche des phénomènes
essentiellement distincts; elle est trop restreinte, parce qu'elle en éloigne
d'autres qui ont même nature et même origine.
» L'intérêt et l'utilité qu'offrirait une étude exacte de la putréfaction
n'ont jamais été méconnus. Depuis longtemps on a espéré en déduire des
conséquences pratiques pour la connaissance des maladies, particulièrement
le celles que les anciens médecins appelaient maladies putrides. Telle est la
pensée qui guidait le célèbre médecin anglais Pringle, lorsqu'il se livrait,
au milieu du siècle dernier, à des expériences sur les matières septiques et
antiseptiques, afin d'éclairer les observations qu'il avait faites sur ies mala-
dies des armées. Malheureusement, le dégoût inhérent à ce genre de tra-
vaux, joint à leur complication évidente, a arrêté jusqu'ici la plupart cIps
expérimentateurs, et, au demeurant, presque tout est à faire sur ce sujet.
» Mes recherches sur les fermentations m'ont conduit naturellement vers
cette étude, à laquelle j'ai résolu de me livrer, sans trop de préoccupation
du danger ou de la répugnance qu'elle inspire.
» Si j'avais besoin d'être encouragé à suivre ces recherches, je me repor-
terais à ces paroles cpie Lavoisier prononçait devant l'Académie dans une
circonstance semblable : « L'utilité publique et l'intérêt de l'humanité enno-
» blissent le travail le plus rebutant, et ne laissent voir aux hommes éclairés
» que le zèle avec lequel il a fallu surmonter le dégoût et les obstacles. »
» Les résultats que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie
se rapportent exclusivement à la cause des phénomènes. C'était là le point
à élucider tout d'abonl, et je crois y être parvenu. Cependant, c'est un si
vaste sujet, que je me persuade que j'aurai peut-être à ajouter beaucoup
par la suite à mes premiers aperçus. Je réclame donc toute l'indulgence de
l'Académie.
» La conséquence la plus générale de mes expériences est fort simple,
c'est que la putréfaction est déterminée par des ferments organisés du genre
Vibrion.
( "9° )
» Ehrenberg a décril six espèces de vibrions, auxquels il a donné les
noms suivants :
1. Vibrio lineola. h. Vibrio rugula.
2. T'ibrio tremulans. S. Vibrio prolifer.
3 Vibrio subtilis. G. Vibrio bacillus.
» Ces six espèces, déjà en partie reconnues par les premiers rnicrographes
des derniers siècles, ont été vues depuis par tous ceux qui se sont occupés
des Infusoires. Je réserve, en ce qui me concerne, la question de l'identité
ou de la différence de ces espèces, de leurs variétés de formes subordonnées
aux changements des conditions du milieu où elles vivent. Je les accepte
provisoirement telles qu'elles ont été décrites. Quoi qu'il en soit, j'arrive à ce
résultat, que ces six espèces de vibrions sont six espèces de ferments ani-
maux, et que ce sont les ferments de la putréfaction. En outre, j'ai reconnu
que tous ces vibrions peuvent vivre sans gaz oxygène libre, et qu'ils péris-
sent au contact de ce gaz, si rien ne les préserve de son action directe.
» Le fait que j'ai annoncé à l'Académie pour la première fois il y a deux
années, et dont j'ai indiqué tout récemment un second exemple, à savoir,
qu'il existait des animalcules-ferments du genre Vibrion pouvant vivre sans
gaz oxygène libre, n'était donc qu'un cas particulier se rattachant au mode
de fermentation qui est peut-être le plus répandu dans la nature.
» Les conditions dans lesquelles se manifeste la putréfaction peuvent
varier beaucoup. Supposons, en premier lieu, qu'il s'agisse d'un liquide,
c'est-à-dire d'une matière putrescible dont toutes les parties ont été expo-
sées au contact de l'air. De deux choses l'une : ce liquide aéré sera ren-
fermé dans un vase à l'abri de l'air, ou il sera placé dans un vase non bou-
ché, à ouverture plus ou moins large. J'examinerai successivement ce qui se
passe dans ces deux cas.
» Il est de connaissance vulgaire que la putréfaction met un certain
temps à se déclarer, temps variable suivant les circonstances de température,
de neutralité, d'acidité ou d'alcalinité du liquide. Dans les circonstances les
plus favorables, il faut au minimum environ vingt-quatre heures pour que le
phénomène commence à être accusé par des signes extérieurs. Pendant cette
première période, un mouvement intestin s'effectue dans le liquide, mou-
vement dont l'effet est de soustraire entièrement l'oxygène de l'air qui est
en dissolution, et de le remplacer par du gaz acide carbonique. La dispari-
tion totale du gaz oxygène, lorsque le milieu est neutre ou légèrement alca-
lin, est due en général au développement des plus petits des Infusoires,
notamment le Monas crepusculum et le Bacterium termo. Un très-léger
trouble se manifeste, parce que ces petits êtres voyagent dans toutes les direc-
( H91 )
lions. Lorsque ce premier effet de soustraction de l'oxygène en dissolution
est accompli, ils périssent et tombent à la longue au fond du vase, comme
ferait un précipité; et si, par hasard, le liquide ne renferme pas de germes
féconds des ferments dont je vais parler, il reste indéfiniment dans cet état
sans se putréfier, sans fermenter d'aucune façon. Cecas est rare, mais j'en ai
rencontré cependant plusieurs exemples. Le plus souvent, lorsque l'oxygène
qui était en dissolution dans le liquide a disparu, les vibrions-ferments qui
n'ont pas besoin de ce gaz pour vivre commencent à se montrer, et la
putréfaction se déclare aussitôt. Elle s'accélère peu à peu, en suivant la
marche progressive du développement des vibrions. Quant à la putridité,
elle devient si intense, que l'examen au microscope d'une seule goutte du
liquide est chose très-pénible, pour peu que cet examen dure quelques
minutes. Mais je me hâte de faire remarquer que la fétidité de la liqueur et
des gaz dépend surtout de la proportion de soufre qui entre dans la matière
en putréfaction. L'odeur est peu sensible si la substance n'est pas sulfurée.
Tel est, par exemple, le cas de la fermentation des matières albutninoïdes que
l'eau peut enlever à la levure de bière. Tel est aussi le cas de la fermenta-
tion butyrique; car, d'après les résultats mêmes que j'expose, rapprochés
de mes études antérieures, la fermentation butyrique est, par la nature de
son ferment, un phénomène exactement du même ordre que la putréfaction '
proprement dite. Voilà pourquoi la manière dont on envisage la putréfaction
est en quelque chose trop restreinte.
» Il résulte de ce qui précède que le contact de l'air n'est aucunement
nécessaire au développement de la putréfaction. Bien au contraire, si l'oxy-
gène dissous dans un liquide putrescible n'était pas tout d'abord soustrait
par l'action d'êtres spéciaux, la putréfaction n'aurait pas lieu. L'oxygène
ferait périr les vibrions qui tenteraient de se développer à l'origine.
i) Je vais examiner maintenant le cas de la putréfaction au libre contact
de l'air. Ce que je viens de dire pourrait faire croire qu'elle ne saurait s'y
établir, puisque le gaz oxygène fait périr les vibrions qui la provoquent. Il
n'en est rien, et je vais même démontrer, ce qui est d'accord avec les faits,
que la putréfaction au contact de l'air est un phénomène toujours plus
complet, plus achevé qu'à l'abri de l'air.
» Reprenons notre liquide aéré, cette fois exposé au contact de l'air, par
exemple dans un vase largement ouvert. L'effet dont j'ai parlé tout à l'heure,
à savoir, la soustraction du gaz oxygène dissous, se produit comme dans
le premier cas. La seule différence consiste en ce que les bactériums,
etc., ne périssent, après la soustraction de l'oxygène, que dans la
( "92 )
masse du liquide, en continuant de se propager, au contraire, à l'infini à la
surface, parce que celle-ci est en contact avec l'air. Ils y provoquent la forma-
tion d une mince pellicule qui va s'épaississant peu à peu, puis tombe en lam-
beaux au fond du vase, pour se reformer, tomber encore, et ainsi de suite.
Cette pellicule, à laquelle s'associent d'ordinaire divers mucors et des mucé-
dinées, empêche la dissolution du gaz oxygène dans le liquide, et permet
par conséquent le développement des vibrions-ferments. Pour ces derniers,
le vase est comme fermé à l'introduction de l'air. Ils peuvent même alors
se multiplier dans la pellicule de la surface, parce qu'ils s'y trouvent pro-
tégés par les bactériumset les mucors contre une action trop directe de l'air
atmosphérique (i).
» Le liquide putrescible devient alors le siège de deux genres d'actions
chimiques fort distinctes qui sont en rapport avec les fonctions phy-
siologiques des deux sortes d'êtres qui s'y nourrissent. Les vibrions, d'une
part, vivant sans la coopération du gaz oxygène de l'air, déterminent dans
l'intérieur du liquide des actes de fermentation, c'est-à-dire qu'ils transfor-
ment les matières azotées en produits plus simples, mais encore complexes.
Les bactériums (ou les mucors... ), d'autre part, comburent ces mêmes pro-
duits et les ramènent à l'état des plus simples combinaisons binaires, l'eau,
l'ammoniaque et l'acide carbonique.
» Il y a encore à distinguer le cas très-remarquable où le liquide
putrescible est en couche de peu d'épaisseur, avec accès facile de l'air
atmosphérique. Je démontrerai expérimentalement que la fermentation et
la putréfaction peuvent être alors absolument empêchées et que la matière
organique peut céder uniquement à des phénomènes de combustion.
» Tels sont les résultats de la putréfaction s'effectuant au libre contact
de l'atmosphère. Au contraire, dans le cas de la putréfaction à l'abri de
l'air, les produits de dédoublement de la matière putrescible restent inalté-
rés. C'est ce que j'exprimais tout à l'heure en disant que la putréfaction au
contact de l'air est un phénomène, sinon toujours plus rapide, du moins
(i) Je réserve toujours néanmoins, ainsi que je l'ai fait antérieurement, la question de
savoir si les ferments, notamment les vibrions, ne deviennent pas aérobies dans certaines
circonstances, à'anaémbics qu'ils sont lorsqu'ils agissent comme ferments. Je propose avec
toute sorte de scrupules ces mots nouveaux aérobies et anaérobies, pour indiquer l'existence
de deux classes d'êtres inférieurs, les uns incapables de vivre en dehors de la présence du
.1/ owgéne libre, les autres pouvant se multiplier à l'infini en dehors du contact de ce gaz.
La classe nouvelle des anaérobies pourrait être appelée la classe des zymiques {luy-r ,
levain, ferment), c'est-à-dire des ferments. Les aérobies constitueraient par opposition la
classe des azymiquei .
( n93 )
plus achevé, plus destructeur de la matière organique que la putréfaction à
l'abri de l'air. Afin d'être mieux compris, je citerai quelques exemples.
Faisons putréfier, j'emploie ce mot à dessein, clans cette circonstance,
comme synonyme de fermenter, faisons putréfier du lactate de chaux à
l'abri de l'air. Les vibrions-ferments transformeront le lactate en divers pro-
duits au nombre desquels figure toujours le butyrate de chaux. Cette com-
binaison nouvelle, indécomposable par le vibrion cpii en a provoqué la
formation, restera indéfiniment dans l.t liqueur sans altération quelconque.
Mais répétons l'opération au contact de l'air. Au fur et à mesure que les
vibrions-ferments agissent dans l'intérieur du liquide, la pellictde de la sur-
face brûle peu à peu et complètement le butyrate. Si la fermentation est
très-active, le phénomène de combustion de la surface s'arrête, mais uni-
quement parce que l'acide carbonique qui se dégage empêche l'arrivée de
l'air atmosphérique. Le phénomène recommence dès que la fermentation
est achevée ou ralentie. C'est ainsi également que si l'on fait fermenter un
liquide sucré naturel à l'abri de l'air, le liquide se charge d'alcool tout à fait
indestructible, tandis que, si l'on opère au contact de l'air, l'alcool, après
s'être acétifié, se brûle et se transforme entièrement en eau et en acide car-
bonique; puis les vibrions apparaissent, et à leur suite la putréfaction lors-
que le liquide ne renferme plus que de l'eau et des matières azotées. Enfin
à leur tour les vibrions et les produits de la putréfaction sont brûlés par des
bactériums ou des mucors dont les derniers survivants provoquent la com-
bustion de ceux qui les ont précédés, et ainsi se trouve accompli le retour
intégral à l'atmosphère et au règne minéral de la matière organisée.
» Considérons à présent la putréfaction des substances solides.
» J'ai prouvé récemment que le corps des animaux est fermé, dans les
cas ordinaires, à l'introducti3U des germes des êtres inférieurs; par consé-
quent, la putréfaction s'établira d'abord à la surface, puis elle gagnera peti
à peu l'intérieur de la masse solide.
» En ce qui concerne un animal entier abandonné après la mort, soit au
contact, soit à l'abri de l'air, toute la surface de son corps est couverte des
poussières que l'air charrie, c'est-à-dire de germes d'organismes inférieurs.
Son canal intestinal, là surtout où se forment les matières fécales, est rem-
pli, non plus seulement de germes, mais de vibrions tout développés que
Leewenhoeck avait déjà aperçus. Ces vibrions ont une grande avance sur
les germes de la surface du corps. Ils sont à l'état d'individus adultes, privés
d'air, baignés de liquides, en voie de multiplication et de fonctionnement.
C. R., i863, 1er Semestre. (T. LV1, N° 26.) I 56
( "94 )
C'est par eux que commencera la putréfaction du corps, qui n'a été pré-
servé jusque-là que par la vie et la nutrition des organes.
» Telle est, dans les divers cas, la marche de la putréfaction. L'ensemble
des faits que j'ai énumérés sera présenté dans les Mémoires que je publierai
ultérieurement avec toutes les preuves expérimentales qu'ils comportent,
mais ces faits pourraient être mal compris ou mal interprétés, si je n'ajoutais
quelques développements que l'Académie excusera sans doute.
» Considérons, pour fixer les idées, une masse volumineuse de chair
musculaire : qu'arrivera-t-il si l'on empêche la putréfaction extérieure:' La
viande conservera-t-elle son état, sa structure et ses qualités des premières
heures? On ne saurait espérer un pareil résultat. En effet, il est impossible
aux températures ordinaires de soustraire l'intérieur de cette chair à la réac-
tion des solides et des liquides les uns sur les autres. Il y aura toujours et
forcément des actions dites de contact, des actions de diastases (que l'on me
permette cette expression), qui développent dans l'intérieur du morceau de
viande de petites quantités de substances nouvelles, lesquelles ajouteront à
la saveur de la viande leur saveur propre. Bien des moyens peuvent s'oppo-
ser à la putréfaction des couches superficielles. Il suffit, par exemple, d'en-
velopper la viande d'un linge imbibé d'alcool et de la placer ensuite dans
un vase fermé (avec ou sans air, peu importe), pour que l'évaporation des
vapeurs d'alcool ne puisse avoir lieu. Il n'y aura pas de putréfaction, soit à
l'intérieur parce que les germes des vibrions sont absents, soit à l'extérieur
parce que les vapeurs d'alcool s'opposent au développement des germes de
la surface; mais j'ai constaté que la viande se faisande d'une manière pro-
noncée si elle est en petite quantité, et qu'elle se gangrène si elle est en
masses plus considérables.
» A mon avis, et c'est ici un des exemples où pèche par trop d'étendue
la définition ordinaire de la putréfaction, il n'y a aucune similitude de
nature ni d'origine entre la putréfaction et la gangrène.
» Loin d'être la putréfaction proprement dite, la gangrène me parait être
l'état d'un organe ou d'une partie d'organe conservé, malgré la mort, à
l'abri de la putréfaction, et dont les liquides et les solides réagissent chi-
miquement et physiquement en dehors des actes normaux de la nu-
trition (i). »
(i) La mort, « n d'autres termes, ne supprime pas la réaction des liquides et des solides
dans l'organisme. I ne sorte de vie physique et chimique, si je puis ainsi parler, continue
d'agir, .l'oserais dire que la gangrène est un phénomène de même ordre «pie celui que nous
offre un fruit qui mûrit en dehors de l'arbre qui l'a porté.
( "9^ )
.GÉODÉSIE. — Description d'un instrument pour la pratique de la qéodésie
expéditive ; par M. Antoine d'Abbaoie.
« La géodésie expéditive a pour but de faire, avec une grande économie
de temps et de peines, les levés topographiques ou même chorographiques,
tout en donnant à ces levés des bases mathématiques et certaines. Après
avoir établi les principes de ce nouveau genre de géodésie, et dans le but
d'en faciliter encore la pratique, j'ai été naturellement conduit à faire con-
struire un instrument qui lui fût spécialement destiné.
» Dans la combinaison de deux cercles usitée pour relever à la fois les
angles vertical et azimutal et nommée altazimut par les Anglais, mais le
plus souvent appelée théodolite chez nous, la lunette ne semble introduite
que pour diriger le rayon visuel et n'est que l'accessoire des cercles gra-
dués. On sait que les artistes ne peuvent éviter une petite excentricité entre
le cercle et son vernier, et, pour l'éliminer dans les résultats de l'observa-
tion, on est toujours obligé de lire deux verniers opposés. Ces lectures, ainsi
que celle du niveau, se font perpendiculairement au cercle vertical et
exigent un changement notable dans la position de l'œil qui vient de relever
le signal dans la lunette. Après ce premier temps perdu dans un travail
qui doit se répéter souvent, on subit encore des inconvénients bien plus
grands par la nécessité de tourner autour de l'appareil pour lire les deux
verniers azimutaux, car on s'expose ainsi au risque de heurter les pieds.
Il est alors souvent nécessaire d'anéantir les observations déjà faites et
notées, pour recommencer une série de relevés dont le mérite principal
dépend de leur continuité.
» Mais je n'ai pas fini d'énumérer les défauts du théodolite. Par une exa-
gération de l'esprit d'analyse qui forme le caractère le plus saillant de notre
siècle, les artistes décomposent les instruments en un grand nombre d'élé-
ments détachés qu'ils travaillent séparément pour les relier après coup par
des vis qui se comptent par cinq ou six douzaines au moins dans un seul
théodolite. Ballottées dans leurs écrous par les secousses du voyage, ces vis
se détachent souvent tout à fait et quelquefois même se perdent ainsi dans
des pays où il est ordinairement impossible de les remplacer. Plus souvent
encore elles se relâchent assez pour changer ces constantes que tout voya-
geur sérieux détermine une fois pour toutes, à son loisir, et par une longue
série d'observations préliminaires. Outre les pièces assemblées à demeure,
il en est d'autres, comme la seconde lunette, dite de repère, qu'on détache
i56..
( i'9<5 )
pour mieux les emballer, qui doivent être rajustées avant chaque série
d'angles, el qu'on est obligé de démonter encore dès qu'elle est terminée,
au risque de fausser ou même de perdre ces accessoires rendus indispen-
sables par un plan de construction imparfait.
» L'une des vis les plus importantes et les plus mobiles est celle qui sert
au règlement du niveau. Si l'on répète cette opération chaque fois qu'on
va observer, comme il conviendrait toujours de le faire, on perd un temps
précieux sur le terrain et souvent plus long que celui qui est consacré à
l'observation, à la lecture et à la transcription d'une suite d'angles. Plus
on s'acharne enfin à bien régler son niveau, pinson enlève à sa vis, par
une usure incessante, sa qualité la plus importante, celle de conserver inva-
riablement la position requise qu'on a eu tant de peine à lui donner.
» Tous ces inconvénients sont assez grands pour occasionner dans la
pratique des omissions fréquentes, et assez graves pour jeter des doutes sé-
rieux dans le calcul des résultats. Ainsi l'observateur, dans la presse dont
les circonstances lui font une loi impérieuse, procède au relèvement de ses
angles sans consulter ou même sans placer la lunette de repère, sans vérifier
d'avance ni la position de l'axe horizontal, ni celle du niveau, ni enfin celle
de la croisée des fils si communément éloignée de l'axe optique. Est-il scru-
puleux, il espère, avant de finir, faire un retournement pour vérifier ces
deux dernières et importantes erreurs dont il peut rarement s'affranchir;
mais les circonstances locales lui enlèvent souvent ce vain espoir. Est-il
pressé, il se borne à lire un seul niveau et deux des quatre verniers. Il est
ainsi finalement réduit à estimer dans ses calculs des erreurs dont i! ne sait
ni la quantité, ni quelquefois même le sens.
« Pour remédier à tous ces défauts j'ai fait construire l'instrument qui
vient d'être terminé et que je mets sous les yeux de l'Académie. On pourrait
l'appeler, en parodiant un mot célèbre, une lunette servie par des organes.
En effet, pour observer il faut d'abord bien voir. Or l'expérience m'a appris
que dans les pays chauds les objets terrestres sont souvent invisibles, à des
distances de quelques kilomètres seulement, dans les faibles lunettes qu'on
a l'habitude d'employer en campagne. Cette difficulté d'apercevoir les si-
gnaux provient du qobar, probablement la callina des Espagnols, sorte de
brume sèche que j'ai décrite ailleurs et qui envahit l'atmosphère par un ciel
d'ailleurs libre de tout nuage. Enfin les observations du soir ou du matin,
achevées ou commencées par une faible lumière, réussiront mieux par une
lunette qui, relativement, en recueille beaucoup.
» La pièce principale de mon instrument est donc une lunette ayant
( "97 )
33 millimètres d'ouverture à son objectif et 26 centimètres de foyer. Elle est
assez forte pour montrer les satellites de Jupiter, et peut servir à observer
ces occulations d'étoiles si précieuses pour obtenir la longitude. Cette lu-
nette ayant toujours une position horizontale, est ainsi préservée de toute
flexion, et comme elle porte un prisme fixé à demeure au devant de son
objectif, l'angle de hauteur est donné par la révolution du tube autour de
l'axe optique. Cette disposition permet à l'observateur, qui vient de regar-
der par l'oculaire, de lire, sans se déplacer, les quatre verniers ainsi que ies
deux niveaux.
» Outre l'oculaire et son tube servant à mettre an point ainsi que le
prisme objectif, tout l'instrument est composé seulement de dix-sept pièces
détachées, dont deux portent les loupes destinées à la lecture des verniers, et
trois sont les vis qui servent à caler tout l'appareil. A. six exceptions près,
les autres quatorze vis dormantes sont doubles, c'est-à-dire une vis est insé-
rée dans la tète de l'autre pour obvier à toute chance de dérangement. Ces
vis pourraient d'ailleurs être remplacées par des goupilles, car celles-ci
servent à relier les éléments si délicats d'un chronomètre tout aussi bien que
les lourdes pièces des machines à vapeur, et l'ouvrier le moins adroit peut
toujours improviser une goupille en cas de besoin.
» Au lieu de pinces et de vis tangentes dont le moindre défaut est d'im-
poser toujours une perte de temps, j'emploie des pignons s'engrenant dans
des circonférences taillées en crémaillère, qu'une longue expérience d'un
sextant de Gambey m'a montré être à la fois et commodes et susceptibles
d'une haute exactitude.
» La lunette de repère est supprimée, car d est toujours possible de
réitérer un relèvement déjà fait quand on craint un dérangement accidentel
dans l'assiette de l'instrument.
» Les deux cercles, du diamètre respectif de 99 et de 102 millimètres,
comptés de vernier à vernier, sont divisés d'une manière continue dans lé
sens de marche des aiguilles d'une montre, et selon la graduation décimale
dont l'emploi assure une économie notable de temps, soit sur le terrain,
soit dans les calculs qui s'ensuivent dans le cabinet. Les verniers donnent
0,01 grade, ou 3a secondes sexagésimales, car la géodésie expéditive n'exige
point des divisions plus petites. Les chiffres sont gravés très-lisiblement,
selon l'alignement antique et inégal, pour éviter la confusion que l'emploi
des chiffres dits anglais introduit souvent dans leur lecture. Il y a déjà
longtemps d'ailleurs que les savants anglais ont renoncé, pour ce motif, à
( "9B )
employer dans leurs livres les chiffres uniformément égaux dans leur hau-
teur.
» Les deux niveaux, grands et placés eu croix, permettent de niveler
vite et sans retournement, comme aussi de vérifier à tout moment la posi-
tion tant du zénith du cercle vertical que de l'axe de la lunette. Ces niveaux
sont placés à demeure et sans rectification possihle, car cette dernière opé-
ration est faite par l'artiste, de manière à éviter tout dérangement.
» Les vis de réglage étant ainsi supprimées, tant là que pour la collima-
tion de l'axe optique, on devra déterminer, pour chaque instrument indivi-
duel, et par une série méthodique d'observations, des constantes qui seront
peu sujettes à varier et qui devront être introduites dans le calcul de toutes
les réductions.
» La grande saillie que j'ai donnée au système de l'objectif a permis de
réaliser deux avantages. Le premier consiste à pouvoir déterminer, dans le
cercle vertical, le point nadiral par la réflexion des fils dans un bain de
mercure, et le point zénithal, en les amenant à se réfléchir sur la surface de
l'eau contenue dans un vase dont le fond est transparent et à surfaces pa-
rallèles, le tout sans renoncer à la vérification ordinaire par retournement
de ce cercle. Si l'on y joint la mesure de l'apozénith d'un signal convena-
blement choisi et qu'on observe alternativement par la vision directe et par
sa réflexion dans un miroir liquide, on obtiendra quatre sortes de vérifica-
tion qui, en se contrôlant mutuellement, empêcheront qu'on ne s'attribue
une exactitude illusoire dans un même genre de vérification inutilement
réitérée.
» Mais l'objectif saillant possède encore un autre avantage, car il permet
d'observer l'azimut et l'apozénith d'un objet voisin et très-abaissé, comme
le serait un signal au pied d'une tour qui sert de station. Les instruments
construits jusqu'ici ne permettent point d'observer en cas pareil.
» La construction du pied le rend prêt à recevoir l'instrument dès qu'on
aura tait faire quelques tours à une seule vis qui en relie la tête et qui, ne
pouvant se détacher, est ainsi bien moins exposée à se perdre. Le fond
de la boîte se fixe à cette tête de trépied : le reste de cette boîte s'en sépare
ensuite en glissant sur deux coulisses et peut ainsi être remis en place très-
promptement sans déranger l'instrument. Cet avantage est plus important
qu'il ne semble, car une ondée subite ou un autre événement imprévu
oblige souvent, sur le terrain même, à mettre l'instrument, sans aucun
délai, à l'abri de ces accidents.
( "99 )
» Combiné d'abord pour des besoins de voyage, mon instrument épar-
gnera aussi bien des ennuis et beaucoup de lenteurs, tant dans les opéra-
tions hydrographiques sur les côtes que dans celles de l'artillerie et du génie
militaire. Il ne reste plus qu'à lui faire subir la sanction du temps et de
l'expérience que les théories les plus savantes comme les constructions les
plus habiles sont parfois impuissantes à pressentir. »
MÉMOIRES LUS.
paléontologie. — Réponse à des objections J 'ailes au sujet de stries et d'incisions
constatées sur des ossements de Mammifères fossiles des environs de Chartres;
par M. J. Desnoyers.
« L'Académie a entendu dans sa dernière séance, et on lit dans le der-
nier numéro du Compte rendu, p. 1 1 67, une explication dont M. Eugène
Robert s'est rendu l'intermédiaire, à l'occasion des stries et des entailles
que j'avais signalées précédemment à l'Académie, sur des ossements d'Élé-
phant [El. meridionalis) et d'autres grands Mammifères fossiles de Saint-
Prest, aux environs de Chartres (1).
» Cette interprétation est si étrange, elle méconnaît si complètement tous
les faits que j'avais fidèlement et minutieusement exposés, cpie je croirais
manquer à mon devoir envers l'Académie en n'en signalant pas hautement
toute l'invraisemblance et l'inutilité pour l'opinion qu'elle parait destinée à
défendre. Il serait très-dangereux de laisser propager, par l'organe le plus
élevé de la publicité scientifique, sans la protestation la plus formelle, une
explication, de quelque source qu'elle émane, qui tendrait à détruire, par
une simple affirmation dénuée de toutes preuves, la réalité de plusieurs
séries de faits admis par tous les géologues non prévenus, en même temps
qu'elle jetterait un juste discrédit sur une précieuse collection paléontolo-
gique, celle de l'École des Mines.
» Selon M. Eug. Robert, dont je rapporte les termes textuels, « La per-
» sonne qui prépare les ossements fossiles de cet établissement lui aurait
» déclaré formellement que les blessures des ossements des environs de
» Chartres résultaient de sa maladresse à les débarrasser de la terre qui les
» enveloppait et qu'il ne fallait y voir que des coups du burin ou du ciseau
» employé par elle dans leur nettoyage. »
» Ce n'est pas à moi à apprécier ce qu'il y aurait d'inquiétant pour les
1) Compte rendu des séances de l'Académie des Sciences, séance du 8 juin i863, p. 1073.
( I 200 )
études scientifiques dans l'altération de fossiles précieux appartenant à un
musée de l'État, et dans l'imitation moderne, même involontaire, de carac-
tères unanimement reconnus comme indices de phénomènes géologiques et
paléontologiques dont l'interprétation est des plus difficiles. Mais les termes
de cet aveu sont si formels, M. E. Robert a regardé, dit-il, après un coup
d'œil rapide sur les ossements, cette déclaration comme si importante, que,
malgré ma conviction profonde de l'illusion qu'on s'est faite, je regrette
d'avoir à combattre une assertion qu'un examen un peu plus réfléchi eût
empêché leurs propres auteurs de produire.
» Or, cette personne que M. E. Robert désigne sans la nommer ne serait
pas l'unique coupable d'une telle maladresse, si toutefois il s'agit bien de
deux personnes différentes, et si le préparateur des ossements fossiles de
l'École des Mines n'est pas le conservateur même de cette collection,
M. Rayle, ingénieur en chef des Mines, professeur de Paléontologie.
M. Bayle avait pris d'abord sur lui seul la responsabilité de cette pré-
tendue maladresse. C'est ce qu'on a imprimé, en son nom, dans un
journal scientifique (les Mondes, numéro du i5 juin, p. 56^); c'est ce
qu'il nous avait signalé comme possible, à M. Lartet et à moi-même, pour
un échantillon unique, dans son embarras à expliquer les stries dont il
s'agit, sans prévoir la portée d'un propos tenu par lui fort peu sérieusement,
puis étendu à tous les os de cette même localité. Cela était moins invraisem-
blable, mais aussi inutile. On peut tranquilliser la conscience du coupable
ou des coupables sur leur scrupuleux aveu, en même temps que la foi un
peu aveugle de M. Eugène Robert, trop confiant interprète d'une assertion
grave qu'il ne pouvait vérifier et qu'il n'a cependant pas craint de repro-
duire en toute hâte, publiquement, sans m'en prévenir d'avance, comme
s'il avait craint de voir son illusion trop tôt dissipée, ou le monde savant
trop tardivement informé.
» Ainsi que je le disais, cette explication, dont le but unique est de dé-
truire la valeur des nouveaux témoignages que j'avais signalés, mais non
exclusivement, comme pouvant jeter quelque jour sur la contemporanéité
de l'homme et des espèces de grands Mammifères éteints, même avant les
terrains quaternaires de la Somme, est aussi invraisemblable, aussi impos-
sible à admettre qu'inutile à la défense de l'opinion contraire.
h En effet, si l'on avait bien voulu prendre la peine d'examiner déplus
près, et autrement que du coup d'œil rapide dont a parlé M. E. Robert,
ces ossements de Saint-Prest, recueillis et donnés généreusement par
M. de Boisvilletle à l'École des Mines, on aurait vu, comme j'avais eu
( 1201 )
grand soin de l'indiquer, que la plupart des entailles et des stries multipliées
et régulières, qu'on prétend faites d'hier par maladresse, portent les témoi-
gnages les plus incontestables de leur haute antiquité.
» On aurait vu qu'elles sont en partie recouvertes des mêmes dend rites
ferrugineuses ou manganésifères, et des mêmes grains de sable quartzeux,
qui se retrouvent encore sur beaucoup d'autres points de la surface des
mêmes ossements. Tel était le caractère d'authenticité le plus irrécusable
qu'on a fait valoir, sans objection, en faveur de l'ancienneté des silex tra-
vaillés d'Abbeville et d'Amiens.
» On aurait vu que plusieurs de ces incisions ont été usées par un frotte-
ment postérieur dû au transport, au ballottage de ces os au milieu des sables et
des graviers, action dont le résultat, essentiellement différent du caractère
des stries et des entailles primitives, prouve surabondamment leur double
ancienneté.
» On aurait vu que les incisions, qui sillonnent transversalement les os
dans leur largeur en coupant leurs arêtes, étaient fréquemment traversées
par des fentes longitudinales de dessiccation, incontestablement postérieures
aux premières faites sur les os à l'état frais, tandis que les fentes de retrait
s'étaient produites sur les os pendant leur fossilisation, et que le mode d'alté-
ration et de remplissage de ces deux sortes de fissures n'était pas le même;
preuve nouvelle et non moins irrécusable de l'antiquité des unes et des autres.
» On aurait vu, sur une demi-mâchoire inférieure de Cerf, le seul frag-
ment auquel M. Bayle eût fait d'abord allusion, que des stries ou incisions
parallèles, aussi régulières, aussi fines que si elles eussent été faites avec la
lame de silex la plus tranchante ou le cristal de quartz le plus aigu, comme
on en voit sur beaucoup d'autres os adleurs qu'à l'École des Mines, étaient,
ainsi que les grandes entailles, pénétrées d'une matière noire ferrugineuse.
» On aurait vu qu'un bois de Cerf, d'une grande espèce, portait vers sa
base une marque d'incision si profonde et si évidente, qu'il serait difficile
de la distinguer d'entailles analogues faites sur d'autres bois de Cerf tra-
vaillés, recueillir) dans les cavernes.
» Enfin, si les personnes qui ont élevé l'objection à laquelle je réponds
avaient visité le gisement de Saint-Prest autrement que dans les armoires
de l'Ecole des Mines, elles auraient vu que les ossements y sont enfouis dans
un sable généralement friable, qu'il n'est besoin d'aucun instrument tran-
chant pour les nettoyer, et qu'il faut avoir la main bien malheureuse pour
leur imprimer un caractère d'aspect aussi trompeur. Telle n'est cependant
C. R., i8C3, i" Semestre. (T. LVI, N» 26.) I 57
( i 20a )
pas l'habitude de M. Bayle, qui sait d'ordinaire tirer un Irès-bon parti, pour
la démonstration et pour l'exposition, des belles collections de fossiles de
l'École des Mines.
» Mais admettons, contre toute probabilité, que la mémoire du prépara-
teur ou conservateur de celte collection ait été fidèle, et que tous les osse-
ments de Saint-Prest y aient subi réellement par ses mains l'altération dont
il s'avoue ou dont on le déclare coupable. Eh bien, cette assertion suffirait
presque seule pour démontrer l'action de la main de l'homme sur beaucoup
d'ossements de la même localité préservés heureusement, dans d'autres
collections, d'une si dangereuse influence, puisqu'on peut sur ceux-ci obser-
ver, en plus grand nombre encore, des entailles et des stries dont l'origine
primitive est incontestable, et qui sont complètement identiques à celles
qu'aurait produites hier le burin ou le ciseau d'un fonctionnaire de l'École
des Mines.
» Toutefois, je me garderai d'invoquer cet argument, et après avoir
démontré l'invraisemblance, ou pour mieux dire l'impossibilité de l'inter-
prétation qu'on m'oppose pour les ossements de l'École, je vais prouver que
cette interprétation, fût-elle fondée, serait complètement inutile pour le
soutien de l'opinion qu'on veut défendre, c'est-à-dire la non-contempora-
néité de l'homme et des Mammifères éteints, de l'époque ancienne du dépôt
de Saint-Prest, et même des terrains de transport plus modernes.
» En effet, supposons que l'École des Mines, dont j'ai eu le malheur de
citer les collections avec l'éloge dont elles me semblaient et dont elles me
semblent encore dignes, ne possède aucun ossement de la localité dont il
s'agit : heureusement, il existe cinq autres collections qui en sont parfai-
tement indépendantes et dont plusieurs ne sont pas moins riches : celle de
M. le duc de Luynes, celle conservée par la famille de M. de Boisvillette,
la collection du Musée de Chartres, celle du Muséum d'Histoire naturelle,
et la mienne.
» Or, comment n'est-iî pas venu à la pensée de M. Bayle et de M. Robert
que leur argumentation, tirée des échantillons seuls de l'École, tomberait
devant l'examen que j'avais fait et si scrupuleusement exposé dans mon
Mémoire, examen qu'on pouvait renouveler, des ossements de ces autres
collections? Est-ce que le ciseau ou le burin du préparateur des fossiles de
l'École se serait aussi introduit furtivement partout où l'on a recueilli des
os de la même localité, pour y reproduire d'une façon complètement iden-
tique les mêmes stigmates, avec le double caractère si remarquable d'indices
probables d'instruments et de stries analogues à celles des galets glaciaires ^
( 1203 )
» Est-ce que la sablonnière de Saint-Prest, ou j'ai moi-même recueilli en
place, dans la couche qui les contenait depuis tant de milliers de siècles, les
premiers ossements qui m'ont révélé, avant tout contrôle clans des collec-
tions déjà formées, les faits que j'ai communiqués à l'Académie, n'aurait pas
été aussi préservée de cette terrible préparation? En dégageant moi-même
de mes mains, sans burin ni ciseau, le sable qui recouvrait ces os, en met-
tant au jour les premiers indices parfaitement visibles de striage et d'inci-
sion qu'on prétend dénier aujourd'hui, est-ce que je ne découvrais alors
que de vieux objets d'escamotage? est-ce que les os d'Eléphant, de Rhino-
céros et autres, auraient été recueillis, pais falsifiés, puis réintégrés dans
les couches, pour tromper les observateurs futurs?
» Au lieu d'imaginer ou de reproduire, avec une légèreté que j'oserais
dire coupable, pour ne pas employer un mot encore plus sévère, l'erreur
grossière qu'ils m'attribuent, afin de renverser pur la base des opinions
contraires aux leurs, au lieu de protester devant l'Académie contre des
faits qu'ils avaient incomplètement étudiés, n'eût-il pas mieux valu que
M. Bayle et son organe M. Eugène Robert m'aient demandé à examiner
les ossements que j'avais recueillis? C'est ce qu'ont bien voulu faire, à
ma grande satisfaction, plusieurs savants Membres de cette Académie,
MM. d'Archiac, Daubrée, de Verneuil, Milne Edwards, de Quatrefages, et
d'autres géologues et naturalistes consciencieux et expérimentés.
» Si, comme je l'ai fait et comme l'a fait, entre autres, M. Lartet, ex-
cellent juge dans cette question délicate, MM. Bayle et E. Robert avaient
attentivement comparé les incisions des ossements de Saint-Prest à celles
des ossements des cavernes et d'autres dépôts quaternaires et même à celles
des ossements des époques celtique et romaine, ils auraient reconnu une
grande similitude, surtout avec les plus anciens. Si, comme M. Daubrée, le
savant et consciencieux professeur de Géologie du Muséum, et comme
M. Collomb, parfaitement connus l'un et l'autre par leur expérience con-
sommée dans l'étude des produits des phénomènes glaciaires, ils avaient
comparé les stries fines et entre-croisées des ossements avec celles qu'on
remarque sur les roches et les galets des anciennes et des nouvelles moraines
de glaciers, ils auraient pu constater aussi les plus étonnantes analogies
pour cette seconde sorte d'indices. Ils auraient même vu, comme je l'ai con-
staté récemment dans ma collection, les mêmes stries entre-croisées, faites
sur des dents roulées de VEleplias meridionalis et sur des galets siliceux.
Ils auraient vu qu'une origine accidentelle et toute moderne, telle que
celle qu'ils ont imaginée, est absolument inadmissible, et que les deux
157..
( I204 )
explications que j'ai proposées, avec beaucoup de réserve toutefois, en
ayant bien soin de les dégager de la constatation des faits, sont encore les
plus vraisemblables. Ce n'est certainement pas leur hypothèse qui les rem-
placera.
» Je regretterais d'avoir si longtemps attiré l'attention de l'Académie sur
des faits dont l'importance peut ne pas sembler d'abord très-évidente; mais
les savants auxquels j'ai l'honneur de m'adresser n'oublieront pas, et ceux
qui en attaquent la réalité n'ont pas oublié, que ces pauvres petites stries et
entailles se rattachent intimement à trois des plus grands phénomènes de
l'histoire de la terre : les origines diverses des grands dépôts erratiques de
différents âges, les premiers vestiges de l'apparition de l'homme dans la
succession des temps géologiques, et sa coexistence avec les grands Mam-
mifères d'espèces éteintes. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANATOMIE COMPARÉE DES VÉGÉTAUX. — Des caractères et affinités anato-
miques des Cylinées; par M. Ad. Chatix.
(Commissaires, MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre.)
« L'ordre des Cytinées emprunte ses caractères anatomiques à la tige,
aux feuilles-écailles, aux lobes du périanthe et aux anthères. La tige (le
rhizome de ï Hjdnora est regardé comme représentant la tige du Cytinus)
offre un parenchyme très-développé, à cellules contenant la plupart une
matière résinoïde colorée, des faisceaux vasculaires disposés sur u\i cercle
brisé par le parenchyme et à vaisseaux généralement groupés, polyédriques,
tous, ou du moins les plus rapprochés de l'axe, annulo-spiralés, mais peu
ou point déroulables. Les feuilles-écailles manquent de stomates; leur épi-
derme est chromulifère et à cellules polygonales; leur parenchyme, homo-
gène; leurs faisceaux, multiples et composés d'une masse centrale de vais-
seaux qu'entourent des fibres minces ou cellules étroites et allongées. Les
lobes du périanthe rappellent la structure des feuilles-écailles dans le Cytinus;
chez YHydnma, qui manque d'écaillés, le parenchyme est hétérogène. Les
anthères (1) sont pourvues d'une membrane fibreuse ou à filets, ont la
(ï) Il résulte d'un travail d'ensemble, auquel je me suis livré durant plusieurs années et
qui est aujourd'hui achevé, que l'anatoniie des anthères donne d'excellents caractères à la
classification. Ce n'est pas seulement la forme des cellules fibreuses, comme le pensait Ptirkinge,
mais la présence, l'absence, le développement partiel, etc., de ces cellules, le nombre et la
( iao5 )
cloison simple (sans placentoïdes) et non fibreuse; le pollen est ovoïde, a
trois sillons.
» L'anatomie distingue très-bien les genres Cylinm et Hydnora, Les
attributs du Cylinus sont : rhizome nul, même anatomique; tige à épirlerme
n'ayant qu'une assise de cellules, à deux zones parenchymateuses, à vais-
seaux groupés dans chacun des faisceaux en une masse unique et tous (?)
annulo-spiralés; écailles et lobes floraux à parenchyme homogène, à vais-
seaux de chaque faisceau rapprochés en un seul groupe; anthères à mem-
brane épidermique nulle (à la déhiscence), à cellules fibreuses tangentes à
Ja surface des valves, formant partout une seule assise et à filets snbspiralés;
pollen à trois sillons superficiels.
» VHydnorn compte dans sa diagnose : au rhizome, une membrane épi-
dermique subéroïde à assises multiples, un tissu parenchymateux divisé en
trois zones concentriques, des vaisseaux plus ou moins isolés par l'inter-
position de fibres minces, et dont les internes seuls sont annulo-spiralés; au
plateau-tige sous-floral, des faisceaux vasculaires épars; aux lobes floraux
(il n'y a pas trace de feuilles-écailles), deux parenchymes très-dissemblables
vers les deux faces, l'inférieur lâche et à très-grandes cellules, le supérieur
dense et entourant seul les faisceaux vasculaires; aux anthères, une mem-
brane épidermique persistante et que compose une assise d'épaisses cellules,
une membrane fibreuse à cellules très-allongées et perpendiculaires à la
surface des valves, un pollen ovoïde à trois sillons profondément tracés.
» Les affinités morphologiques des Cytinées se vérifient, dans ce qu'elles
ont de plus fondé, par les faits anatomiques. Je ferai connaître, dans un
autre travail, les analogies intimes qui rattachent les Cytinées aux Balano-
phorées et aux Rafflésiacées ; aujourd'hui je considère ces plantes dans leurs
rapports avec les Népenthées, les Aristolochiés, les Orobanchées, les Loran-
thacées, les Thésiacées et les Cucurbitacées.
» Linné regarda le Cylinus comme étant une espèce à'Asarum, et jus-
qu'à ces derniers temps, Asarum et Aristolochia ont été compris, ainsi que le
Nepenthes, dans le même ordre naturel que le Cylinus, par la plupart des
botanistes. Mais si les aperçus morphologiques sur lesquels s'appuyaient
ces rapprochements ont quelque fondement (et l'on ne saurait le mettre
en doute), rien n'est plus propre que les différences anatomiques qui dis-
durée des membranes, la nature des cloisons, les placentoïdes, le connectif, etc., qui doivent
être mis à contribution par la taxonomie. Telle est la fixité des caractères donnés par l'ana-
tomie des anthères, que celle-ci me paraît ne plus pouvoir être omise désormais.
( I20Ô )
tinguent ces végétaux pour démontrer les corrélations existant entre la
structure et le mode de vie.
» LesNépenthées diffèrent anatomiquement desCytinées : dans leur tige,
par les couches ligneuses continues, par la disposition générale des vais-
seaux, par la multiplicité des trachées et leur extrême facilité de déroule-
ment, parles ponctuations des fibres ligneuses et des ntricul.es médullaires;
dans les feuilles, par le parenchyme et les épidémies, encore par la dispo-
sition et la structure du système fibro-vasculaire; dans les anthères, par la
direction des filets de la membrane fibreuse, par le pollen sublrilobé, et
portant de courtes papilles, par le mode de distribution des vaisseaux dans
la colonne staminale et par la nature trachéenne de ces derniers.
» Les Aristolochiées, depuis longtemps étudiées par M. Decaisne dans la
structure anatomique de leur tige, se distinguent à leur tour par la tige, les
icuilles et les anthères qui ont pour caractères: le rhizome (des drislolochia ,
non des Asarum), un corps fibro-cortical rudimentaire, et un système li-
gneux flabellé; la tige, une disposition spéciale des faisceaux fibro-vascu-
laires, des fibres ligneuses souvent ponctuées, des vaisseaux allongés dont
les plus intérieurs à spiricule très-déronlable ; les feuilles, des épidermes à
cellules (même celles de la face supérieure) sinueuses, un parenchyme
hétérogène et asymétrique, des faisceaux au nombre de trois seulement, et
n'ayant que des vaisseaux déroulables; les anthères, une membrane fibreuse
à filets de chaque cellule dirigés de la paroi interne de la valve, où ils di-
vergent d'un point commun, vers la surface épidermique, par le pollen
arrondi et sans sillon apparent.
» Les anthères des Aristolochiées et des Népenlhées établissent d'ailleurs
les affinités de ces plantes avec les Cytinées par les points communs sui-
vants : membrane externe souvent destructible, membrane moyenne (endo-
thèque de Purkinge) formée, vers le point d'attache des valves au connectif,
d'une seule assise de cellules fibreuses; membrane interne toujours complè-
tement résorbée au moment delà déhiscence; cloison des logettes et con-
nectif dépourvus de cellules fibreuses; placentoïdes nuls. heNepenthes, par
ses cellules fibreuses assez allongées perpendiculairement à la surface des
valves, établit d'ailleurs le passage entre VHydnora et le Cylimts.
» Les Cucurbitacées, qui touchent morphologiquement aux Népenthées
et aux Cytinées par la forme et la soudure de leurs anthères, par leurs
fleurs diclines, etc., s'y rattachent aussi par quelques faits de l'anatomie de
la tige, des feuilles et des anthères; par la nature du pollen elles touchent
surtout aux Népenthées.
( 1207 )
» Thunberg avait pris le Cjlinus pour une Orobanche, erreur qui
paraîtra aujourd'hui grossière et que ce savant botaniste reconnut lui-même.
Cependant il existe dans les formes extérieures, superficiellement con-
sidérées, et dans le mode de vivre, des rapports que l'auatomie des or-
ganes de végétation parait tout d'abord justifier à plusieurs égards. Mais la
structure anatomique des anthères trace entre ces plantes une ligne de
démarcation aussi profonde que celle ressortant de l'examen de la Heur.
En effet, l'anthère des Orobanchées dont nous trouvons un bon type dans
la Clandestine d'Europe (Lathrœa Clandeslina), objet d'une complète et
exacte étude par M. Duchartre. offre une structure toute spéciale par la
réunion des points suivants : membrane externe des valves parfois détruite
à la déhiscence; membrane moyenne privée de cellules fibreuses et par-
tiellement alors destructible, ou cellules fibreuses existant, mais localisées,
soit le long de la ligne de déhiscence (Lathrœa), soit sur cette ligne et au
point d'attache des valves (Orobanche rapum); placentoïdes existant sur la
côte des cloisons des logettes, où ils offrent un développement compa-
rable à celui qu'on observe en dehors des plantes parasites, chez les Sola-
nées, les Scrofularinées, les Gesnériacées et dans plusieurs autres familles
de plantes corolliflores. La localisation des cellules fibreuses sur la ligne de
déhiscence établit en outre un rapprochement entre le Lathrœa et le Rhinan-
thus. Or il est très-clair qu'ici c'est l'anatomie des anthères qui rappelle
au plus haut degré les véritables affinités des Orobanchées. Quant aux
Loranthacées et aux Thésiacées, elles se placent loin des Cytinées par le
développement de leur système fibro-cortical, par le système ligneux des
tiges, par les anthères à cellules du connectif fibreuses, par leur pollen ha-
bituellement trigone, etc.
» En résumé, l'anatomie comparée végétale, si négligée jusqu'à ces der-
nier temps, disons plus, si contestée même par des botanistes éminents, dans
la possibilité de ses applications à la taxonomie, donne à celle-ci, comme
les enseignements tirés du règne végétal l'indiquaient, comme la plupart
de mes travaux le démontrent, des caractères à la fois fixes et variés, paral-
lèles à ceux que fournit la morphologie. »
PHYSIQUE. — action électrique des rayons solaires;
I\'ote du P. J.-M. Sanna-Solaro.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Becquerel, Pouillet, Fizeau.)
« Si on regarde attentivement les atomes de poussière voltigeant douce-
( 1208 )
ment dans un air calme au sein d'un rayon de soleil, on les voit se repous-
ser aussitôt qu'ils se trouvent arrivés à une très-petite distance entre eux. Si
on présente aux rayons lumineux la main fermée, ayant soin de garantir
l'air de toute agitation, on voit les petits corps qui s'en approchent lente-
ment, arrivés à la distance de quelques millimètres, rebondir brusquement
comme le ferait un ballon élastique contre un corps dur. J'observai ces
phénomènes pour la première fois au mois de mars 1 856. Dans les années
suivantes j'ai varié les expériences en plusieurs manières.
» En fixant à la partie supérieure d'un récipient en verre un fil de cocon
très-fin terminé par une assez petite boule en moelle de sureau, et exposant
au soleil le récipient hermétiquement fermé et privé d'humidité, au bout de
quelques instants on voit ce fil vivement agité. Si à la place de la boule on
met une aiguille très-fine en verre ou en métal, lorsque la journée est belle,
calme, sans nuages et sans vapeurs sensibles, l'aiguille, d'abord immobile,
se met en mouvement aussitôt que le premier rayon de soleil vient à frapper
l'appareil : elle se dirige tranquillement vers l'astre et le suit dans sa marche.
Ce phénomène, il est vrai, ne s'observe que le matin, et rarement je l'ai vu
se prolonger au delà de deux heures de suite. Après ce laps de temps, l'ai-
guille commence à être affolée. Si, lorsque l'aiguille suit régulièrement le soleil,
un léger voile de vapeurs vient s'interposer entre l'astre et l'appareil, elle
abandonne brusquement sa position. Ses mouvements deviennent très-bi-
zarres ; mais si les vapeurs se dissipent de suite, l'aiguille reprend son mou-
vement régulier. Il n'est pas facile de répéter à volonté cette expérience,
carie temps est très-rarement dans les conditions voulues; mais on peut la
répéter avec des lumières artificielles. Si, dans l'intérieur d'une chambre
dont on a eu soin de fermer les volets, on place une bougie allumée devant
l'appareil à la distance même de plusieurs décimètres, surtout pendant l'été,
l'aiguille se tourne vers la flamme et s'y arrête en direction presque per-
pendiculaire. En transportant ensuite la lumière en plusieurs endroits, au-
tour de l'appareil, l'aiguille se tourne vers la source lumineuse, mais elle
ne s'y dirige plus comme auparavant.
n Walt avait observé, il y a une trentaine d'années, quelques faits sem-
blables. D'après les expériences de Pfaff, les mouvements obtenus par Walt
furent attribués à une agitation de* l'air intérieur de l'appareil produite
par un échauffetnent inégal de l'air et des parois de l'appareil lui-même.
Sans chercher à défendre les expériences de Walt, je crois pouvoir affirmer
que, dans les phénomènes observés par moi, les courants d'air sont com-
plètement étrangers.
( J209 )
» Si, dans l'intérieur de l'appareil, il y avait un courant, celui-ci se
trahirait toujours. Il imprimerait à l'aiguille le tremblement continuel qu'il
doit produire dans la colonne d'air. Selon moi, dans l'appareil non-seule-
ment il n'y a pas de courant proprement dit, mais pas même la plus légère
agitation; car si celle-ci existait, un fil de cocon suspendu sans aiguille,
sous l'action du soleil, devrait être continuellement agité : or, il suffit que
le ciel soit légèrement voilé pour que ce fil reste dans l'immobilité la plus
complète. Les températures ne sont nullement en rapport avec les agita-
tions; pendant des jours entiers, même à des températures de 36 degrés, je
n'ai obtenu aucun mouvement : c'est que le soleil était légèrement voilé.
Dans d'autres jours, à des températures plus basses, j'ai obtenu des agita-
tions très-vives.
» Les phénomènes que l'aiguille présente sous l'influence du soleil sont
des mouvements bizarres presque continuels. Elle marche tantôt d'un côté,
tantôt d'un autre, parfois s'arrête un instant, et tout à coup continue son
chemin dans le même sens. Souvent elle s'arrête brusquement et recule de
suite, décrivant des arcs de cercle de plus de 90 degrés ou faisant le tour du
cadran. Ces mouvements arrivent d'une manière si étrange, qu'il n'est
pas possible d'en pouvoir rendre compte par les variations de température;
il faudrait supposer dans celle-ci des abaissements et des augmentations
très-sensibles, ce qui ne pourrait arriver instantanément. Le thermomètre,
d'ailleurs, qui fait partie de l'appareil, quoique capable de donner les indi-
cations à y^ de degré près, n'accuse aucune variation de ce genre. Il suffit
de répéter les expériences soi-même pendant quelque temps pour se con-
vaincre qu'il y a là en jeu un agent caché. Selon moi, toutes ces agitations
étranges sont dues à la fluctuation continuelle de l'électricité atmosphé-
rique. Celle-ci, agissant par influence sur l'électricité de l'air de l'appareil,
imprime à l'aiguille une mobilité bizarre comme la sienne.
» Dans le vide tous ces mouvements étranges disparaissent. Pourrait-on
voir en cela une preuve favorable aux courants d'air? On sait que l'électri-
cité ne se comporte pas également dans l'air et dans le vide. Les expériences
de M. Gassiot, répétées par M. Ruhmkorff, montrent qu'un fort courant d'in-
duction ne passe pas dans des tubes privés de toute matière pondérable : il
en est de même de l'électricité statique. Celle ci n'agit pas non plus d'une
même manière sur les corps légers placés dans l'air, et dans le vide qu'on
peut obtenir à l'aide des machines pneumatiques. Les petits bâtons de verre
et de résine dont je me sers pour mes expériences n'ont presque aucune in-
C. R., l863, l« Semestre. (T. LVI, N° 20.) J 58
( I2TO )
fluence dans le vide, tandis qu'ils attirent vivement l'aiguille dans l'air. Il
n'est donc pas étonnant que les agitations bizarres de l'aiguille disparaissent
dans le vide.
» Au lieu de ces mouvements étranges il s'en manifeste d'autres : ce sont
des attractions et des répulsions. Si le ciel n'est pas trop voilé, si l'atmo-
sphère n'est pas trop agitée, exposée au soleil, l'aiguille (je me sers ordi-
nairement d'une aiguille en cuivre) se comporte comme les corps électrisés.
Elle est ou attirée par le bâton de résine et repoussée par le verre, ou bien,
ce qui arrive plus souvent, elle est attirée par le verre et repoussée par la
résine. Dans les jours couverts, ou voilés, ou agités par le vent, ces phéno-
mènes n'ont pas lieu, ou ils sont peu sensibles. On peut alors toucher l'ap-
pareil plusieurs fois de suite; l'aiguille reste immobile. Il arrive aussi que
dans des jours assez beaux ces signes électriques n'ont pas lieu ; mais
lorsqu'ils sont bien marqués, il suffit de toucher tant soit peu l'appareil avec
le revers de la main dans le plan de l'aiguille pour obtenir une répulsion ou
une attraction instantanée selon les signes électriques précédemment indi-
qués par l'aiguille. Ces phénomènes sont si bien marqués, qu'il n'est pas
possible de se méprendre sur leur nature. Ici les courants d'air n'ont rien à
faire; les attractions et les répulsions des corps légers ne peuvent être pro-
duites que par une action électrique. Cette action ne peut pas provenir d'une
électrisation de l'aiguille par l'influence du bâton de verre ou de résine,
car un métal ne peut pas être électrisé par influence d'une manière stable.
Et d'ailleurs, il suffit de toucher l'appareil avant d'y avoir approché aucune
source d'électricité étrangère, pour s'assurer que les signes électriques dont
nous venons de parler ne sont pas des effets d'influence. Seraient-ils produits
par la chaleur comme telle, ou bien par la différence de température causée
dans les parois de l'appareil par le rayonnement solaire? Mais alors, pour-
quoi, dans des jours simplement voilés, ces signes électriques n'ont-ils pas
lieu quoique le soleil soit parfois plus chaud que lorsqu'ils se manifestent :'
Pourrait-on les attribuer à l'électricité répandue dans l'atmosphère? Mais
alors, pourquoi l'aiguille est-elle inébranlable dans les jours orageux lorsque
l'atmosphère est très-chargée d'électricité?
» D'après tout ce que nous venons de dire, nous croyons qu'à l'action
électrique dont il s'agit on ne pourrait raisonnablement assigner d'autre
source que l'action des rayons solaires. »
( IaI l )
PHYSIQUE GÉNÉRALE. — Recherches sur l'élher réel, comme l'un des grands
principes de la nature phpique ; par M. Ém. Martin. (Extrait fait par
l'auteur.)
(Commissaires, MM. Lamé, Regnault, Delaunay.)
« M. Lamé, dans la séance du i5 mai, a fait connaître à l'Académie, par
la lecture d'une Note pleine d'enseignements précieux, qu'il poursuivait la
découverte du principe universel, et que, reconnaissant à certains signes
l'existence d'un fluide éthéré, seconde espèce de matière, il croyait pouvoir
prédire que la science future le reconnaîtra comme le véritable roi de la
nature physique.
» M. Lamé confesse l'impuissance de la science officielle, qui sait fort
peu sur la matière pondérable, bien qu'elle tombe sous nos sens, et qui ne
sait rien de la matière impondérable, qui n'est révélée que par l'intelli-
gence. Il me sera donc permis de rappeler certains principes d'une science
nouvelle qui semble jeter une lumière inattendue sur la matière pondé-
rable comme sur la matière impondérable. Ces principes, je les ai établis
et discutés dans un ouvrage que j'ai publié en 1 858, sous le titre de Nouvelle
école électro-chimique, etc. Pour les corps pondérables, j'arrive à démontrer
que tous ceux qui sont véritablement simples sont classifiables en deux
«enres très-distincts, jouissant d'affinités propres et invariables tout à fait
différentes : un genre, dit genre oxique, ayant l'affinité propre de l'oxygène,
du brome et de l'iode; l'autre, dit genre basique, l'affinité propre de l'hy-
drogène et des métaux.
>> Les corps impondérables, en les considérant philosophiquement comme
des matériaux de ce grand tout qu'on nomme l'univers, étant soumis aux
épreuves au point de vue chimique, sont également démontrés doués dans
leurs éléments simples des affinités oxiques et basiques, et par conséquent
susceptibles des unions chimiques avec proportion définie et changement
d'état. Deux de ces corps impondérables nous offrent les caractères des
véritables corps simples : ce sont les deux électricités. L'électricité négative
prend place en tête du genre oxique sous le nom d'électrile, l'électricité posi-
tive en tête du genre basique sous le nom tYéthérile. Les composés impon-
dérables qui se forment par l'union de l'éthérile à l'électrile sont toujours
neutres; mais ils diffèrent suivant l'état de condensation sous lequel les
i58..
( 1212 )
deux éléments éthérés se sont unis, ces composés étant, suivant l'ordre
décroissant des condensations : i° la lumière, 2° le calorique, 3° le fluide
éthéré.
« Les deux corps simples impondérables sont aussi étudiés dans les com-
binaisons chimiques nombreuses qu'ils forment avec les corps simples
pondérables de genres différents; je signale surtout ces deux classes im-
portantes de composés mixtes qui constituent les corps comburants et les
corps combustibles pris jusqu'ici pour des corps simples.
» Les deux corps simples impondérables sont les réactifs qui vont me
servir à rechercher le fluide éthéré. Cependant la première idée de son
existence et de sa constitution ne m'est pas venue par les réactions, mais
par une expérience : j'ai combiné les deux électricités de la pile aux deux
éléments de l'eau dans le voltamètre ; j'ai étudié ensuite la chaleur et la
lumière qui naissent par la réunion, sur des fils assez fins, des deux cou-
rants de la même pile, et lorsque ensuite les deux électricités furent réu-
nies par des fils plus gros et plus longs, nulle chaleur ne fut produite ;
cependant la pile était en pleine activité, les fds donnaient un libre accès
aux deux courants, et la rencontre avait nécessairement lieu entre l'éthé-
rile et l'électrile, qui se neutralisaient en vertu de leurs affinités diffé-
rentes et complémentaires. J'en conclus que l'union de ces deux fluides
ddatés devait produire un fluide neutre éthéré se répandant dans l'atmo-
sphère. C'est en réfléchissant à cette disparition des deux électricités,
amenées à l'état neutre par une combinaison éphémère, que je me demandai
si ce n'était pas là l'éther universel doublant notre atmosphère, pénétrant
les corps pondérables et remplissant les espaces interplanétaires, et que je
résolus de chercher la solution de ce problème. J'ai cherché, en effet, et je
suis arrivé aux résultats suivants, qui s'ajoutent à mon indication première.
» i° En étudiant les attractions des corps électrisés isolés et suspendus
dans l'air ou dans le vide, j'ai constaté qu'il se formait autour du corps élec-
trisé une atmosphère d'électricité contraire s'étendant jusqu'aux limites de
sa sphère d'action. Que signifient ces atmosphères électriques, si ce n'est
que le fluide neutre éthéré nous enveloppe de toutes parts, et qu'il se
décompose en présence d'une charge d'électricité condensée, en lui four-
nissant comme atmosphère une somme équivalente d'électricité dilatée diffé-
rente, qui ne peut entrer en combinaison avec la première tant qu'existe
la différence d'état?
» 2° Ayant construit un électrophore très-sensible avec plateau supérieur
( I2l3 )
en glace, recouvert d'une feuille d'étain, j'ai vu ce plateau, posé sur le
gâteau de résine électrisé, se charger de lui-même dans l'espace d'une
minute et donner l'étincelle, sans qu'il eût été touché pendant son contact.
Ce fait prouve qu'un corps isolé soumis à l'influence prend de l'électricité
au fluide éthéré ambiant.
» 3° La connaissance que j'ai acquise de la constitution des corps com-
burants qui contiennent l'éthérile en combinaison, et rien autre, et des
corps combustibles qui ne contiennent que de l'électrile, ne permettant
plus de croire à un fluide condensé servant de source aux deux électricités,
quelle peut être alors la source des électricités que fournit sans cesse le pla-
teau de verre d'une machine électrique frotté entre des coussinets, et qui
demeurent intacts les uns et les antres à la fin de chaque expérience? Cette
source est dans le fluide neutre éthéré ambiant qui se sépare en ses deux
éléments, qui se trouvent ainsi condensés, l'un sur les coussins, pour se
rendre dans le sol par la chaîne ; l'autre, ou l'électricité positive, sur le verre,
où elle est recueillie par les appendices des conducteurs.
» 4° En présence du fluide éthéré remplissant l'atmosphère, que doit-il
donc arriver, si nous frottons l'un sur l'autre des corps mauvais conduc-
teurs? Les deux électricités se produiront toujours en quantités équivalentes
et se partageront, comme les produits d'un composé binaire détruit, l'éthé-
rile d'un côté, l'électrile de l'autre.
» 5° Dans les mêmes conditions, les corps bons conducteurs frottés, ou
subissant toute autre aciion mécanique, donneront lieu également à la con-
densation des éléments de l'éther ambiant sur les corps frottants et frottés;
mais, par suite de la conductibilité des mêmes corps, ces deux électricités
se combineront en donnant du calorique. Dans le choc des corps malléables,
le fluide éthéré dont le corps est pénétré est transformé en chaleur, mais
cette perte se répare aussitôt aux dépens de l'éther ambiant.
» 6° Si nous enfermons du gaz oxygène dans le briquet à gaz dont le
lube est de verre, un choc subit fait apparaître une trace de lumière, et
l'amadou est enflammé. Or, le gaz oxygène et les autres gaz permanents
sont pour moi des gaz de par l'électricité, et ne contiennent pas de calorique
essentiel que la pression puisse rendre libre; mais le fluide éthéré qu'ils
renferment par une pression vive et subite se trouve condensé et transformé
en chaleur et en lumière.
» 70 On peut rendre le fluide éthéré sensible par une démonstration
toute physique occasionnée par sa présence. Lorsque M. Desprelz tentait la
( i«4 )
décomposition de l'eau distillée par l'action des deux courants d'une pile de
plusieurs centaines d'éléments, un frémissement avait d'abord lieu dans le
vase contenant le liquide, puis tout à coup la masse entière de l'eau, sans
qu'il y eût ébnllition, se soulevait en une mousse abondante fort agitée, et
sans qu'il y eût de gaz appréciables à recueillir. Évidemment, c'était de
Péther qui se formait; les deux électricités, absorbées par l'eau distillée, ne
se rencontraient que dans un état de dilatation trop grand pour se combiner
autrement que pour former du fluide éthéré.
» Pour distinguer les trois composés impondérables formés des mêmes
éléments, éthérile et électrile, modifiés par les trois degrés de condensation,
en électro-chimie, je formule la lumière par L*, le calorique par C*, et
le fluide neutre éthéré par Et, El, en considérant ce dernier comme 1 union
la plus éphémère, dans laquelle les deux corps simples se neutralisent sans
perdre beaucoup de leur liberté d'action, comme le prouve la facilité avec
laquelle on les sépare l'un de l'autre par influence.
>. 8° Il faut encore toutefois établir que ce fluide éthéré remplit dans
l'espace les fonctions attribuées par les anciens et les modernes à l'éther
théorique souvent invoqué. On le trouvera en accord parfait avec le
système de l'émission, qui se trouve même ainsi appuyé par des consi-
dérations nouvelles. Le milieu éthéré conçu par Newton devait toucher
et pénétrer les masses planétaires, remplir l'espace qui les sépare sans causer
aucun obstacle à leurs mouvements, et surtout servir de soutien à l'attrac-
tion universelle; car il ne concevait pas qu'il pût exister des actions réci-
proques entre des corps séparés par le vide absolu. Le fluide éthéré Et El
remplit ces conditions. Ne pouvant traiter ici la vaste question de l'attrac-
tion universelle, je renverrai au chapitre XX de mon dernier ouvrage
L'Jlomisme, etc. ) qui me semble établir par une induction légitime le rôle
du fluide éthéré dans l'espace.
'. Est-ce à dire toutefois que ce fluide éthéré soit de tout point Vêle-
ment roi dont M. Lamé met l'existence hors de doute? Nullement : il est
universel, il participe à tous les grands phénomènes naturels comme élé-
ment indispensable, mais il n'est point l'élément impondérable actif; il est
seulement formé d'éléments actifs amenés par union à la passivité. Les élé-
ments actifs sont les deux corps simples impondérables à l'état de liberté et
jouissant de leurs affinités puissantes, qui, par l'éther, s'exercent à distance
dans les conditions de l'attraction universelle. »
( I2î5 )
MÉCANIQUE. — Note sur la résistance, au choc, des matériaux , consuléiée au
seul point de vue géométrique ; par M. J.-A. Normand.
(Commissaires, MM. Regnault, Morin, Combes.)
Nous nous bornerons à donner de cette Note l'introduction qui don-
nera une idée de la manière dont l'auteur envisage la question.
« L'idée de travail, qui, depuis quelques années, a fait faire de si grands
progrès à la théorie de la résistance des matériaux, n'a pas reçu toutes
les applications dont elle est susceptible. La résistance dynamique , si je
puis désigner ainsi la résistance au choc, par opposition à la résistance sta-
tique, a une bien plus grande importance qu'on ne serait souvent, tenté de
le croire. Et, pour ne citer que ce fait, la récente introduction, en grand, de
l'acier dans l'industrie, a montré que dans de nombreux cas où de simples
pressions semblaient être en jeu, ce corps, par suite de la faible valeur de sa
résistance vive de rupture, et malgré la supériorité de sa résistance statique,
présente un emploi mauvais et souvent dangereux.
» La considération des chocs, si importante dans l'étude physique des
divers matériaux , ne doit pas présenter une moindre valeur dans leur
étude au point de vue géométrique.
« Lorsque la réaction se produit dans le sens même de l'action, la résis-
tance dynamique du corps, abstraction faite de sa section, est directement
proportionnelle à sa longueur, pourvu toutefois que son élasticité ne subisse
aucune altération.
» Lorsque le choc se produit transversalement, c'est-à-dire lorsque la
réaction ne s'opère point parallèlement à l'action, la question devient plus
compliquée. Pour en faciliter l'étude, on peut distinguer :
» i° La section transversale du solide résistant ;
» 2° Les forces qui y sont appliquées et leur mode d'application, abstrac-
tion faite de la section transversale.
» Pour compléter cette étude, il faudrait encore considérer: la con-
currence ou non-concurrence des chocs, avec les oscillations du solide résis-
tant, lorsqu'il y a succession de chocs ; la hauteur de chute de ce solide
(laquelle augmente le travail à détruire) par rapport à la hauteur de chute
totale..., etc. Toutes ces questions sont d'une grande importance et néces-
sitent une prompte solution, n'ayant jusqu'ici été étudiées qu'accidentelle-
( I2l6 )
ment et dans quelques cas particuliers. Je me propose dans cette Note de
m'occuper seulement de la première, la résistance dynamique des pro-
fils. »
M. Richard soumet au jugement de l'Académie un Mémoire portant pour
titre : « Trigonométre du major Richard, du 47e »•
Des travaux que l'on demande aujourd'hui aux officiers et même aux
sous-officiers d'infanterie auraient hesoin pour être bien appréciés d'être
accompagnés d'un croquis du terrain sur lequel se fait la petite opération
militaire décrite et ainsi il serait désirable que la topographie irrégulière put
être enseignée aux sous-officiers. « Mais, dit M. Richard, tous les auteurs des
Traités de topographie s'accordent à dire qu'on ne fera jamais bien un levé
irrégulier, si on n'a été préalablement familier avec les procédés de la topo-
graphie régulière et si on n'a pas la pratique des instruments. Or, comment
faire de la topographie régulière si on ne sait un peu de trigonométrie?
» Il est presque impossible d'enseigner cette partie des mathématiques dans
les écoles régimentaires ; mais si, par une méthode quelconque, on arrivait à
réduire la trigonométrie à n'être qu'une très-facile application des premiers
éléments de la géométrie, rien n'empêcherait les sous-officiers de résoudre,
sinon avec une parfaite exactitude, du moins avec une approximation suffi-
sante, les petits problèmes que peut offrir le levé du terrain, nécessairement
assez peu étendu, qu'ils auraient besoin de figurer. . . . L'instrument que
nous proposons donne le moyen de faire de la trigonométrie passable sans
employer le calcul logarithmique, et il réunit en lui tous les instruments
dont on se sert le plus ordinairement en campagne. »
Ce Mémoire, qui contient, avec la figure et la description de l'instrument,
des instructions destinées à ceux qui en feront usage, est renvoyé à l'examen
d'une Commission composée de M. Mathieu, M. le Général Morin et M. le
Maréchal Vaillant
31. Colset d'Huart adresse de Luxembourg la suite de son Mémoire inti-
tulé : « Détermination de la relation qui existe entre la chaleur de conduc-
tibilité et la chaleur latente ».
(Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Pouillet, Fizeau.)
12!'
M. Arthur Chevalier présente divers instruments relatifs à l'appli-
cation des lunettes ou besicles, et les accompagne d'une Note descriptive.
(Commissaires, MM. Babinet, Regnault, Fizeau.)
M. Mène envoie de Lyon une « Note sur l'analyse des bouilles de Sainte-
Foy-1'Argentière (Rhône) ».
(Commissaires, MM. Regnault, Daubrée, H. Sainte-Claire Deville.)
M. Baularu, qui avait soumis au jugement de l'Académie un « Mémoire
sur la dualité élémentaire », mentionné au Compte rendu de l'avant-der-
niere séance, adresse aujourd'hui sous forme d'Errata uneNote par laquelle
il modifie quelques passages de son travail.
(Renvoi à la Commission chargée de l'examen du Mémoire, Commission
qui se compose de MM. Becquerel, Pouillet et Regnault.)
Les Commissaires chargés de l'examen de plusieurs Mémoires sur les
Andes du Chili, présentés depuis longtemps par M. Pissis, prient M. le Pré-
sident de vouloir bien remplacer parmi eux MM. Constant Prévost et Du-
frénoy. M. Boussingault est adjoint à celle des deux Commissions dont
il ne faisait pas partie, et M. Ch. Sainte-Claire Deville est adjoint aux
deux. Elles se composent ainsi actuellement de MM. Élie de Beaumotit,
Boussingault et Charles Sainte-Claire Deville.
CORRESPONDANCE
M. le Ministre de la Marine adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut,
deux exemplaires d'une Notice de M. le Général Faidherbe sur l'avenir du
Sahara et du Soudan, Notice publiée par la « Revue Maritime et Colo-
niale ». et dont il a été fait un tirage à part. [Voir au Bulletin bildioara-
pluque.)
M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de Tailleur, M. B. de Chàn-
courtois, un tableau lithographie du classement naturel des corps simples
comprenant les additions et corrections indiquées dans son Mémoire sup-
plémentaire du 16 mars dernier. Ce tableau est accompagné des extraits in-
sérés aux Comptes rendus des 7 et 21 avril, 5 mai 1862, 16 mars i863, ang-
C. R., 1 86'3 , 1e1 Srm,-st,e. (T. LV1, N" 26. ' 5o,
( 12l8 )
mentes de quelques intercalations qui complètent l'exposition résumée
de son système.
« Je profite de l'occasion, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, pour recti-
fier un passage de mon dernier extrait, où j'ai dit que l'on pouvait actuelle-
ment assigner aux corps réputés simples des caractères numériques compris
dans les formules N,N± r, 1(N± i). Or le caractère du plomb (207)
échappe à ces formules, dans lesquelles d'autres corps ne rentrent d'ailleurs
que par des nombres secondaires. 3e devais donc mettre seulement: la plu-
part des corps réputés simples.
« L'observation placée à la suite, concernant la réductibilité supposable
de la troisième catégorie, montre bien que je n'ai entendu donner à cet
énoncé aucune valeur absolue. J'ai expliqué dans mon Mémoire comment,
la réduction fût-elle complètement opérée, j'hésiterais encore à proposer
les deux premières formes restantes comme l'expression d'une loi primor-
diale. On ne doit donc voir dans les trois formules signalées qu'une sorte de
mémento de la question d'intervention des nombres premiers, présenté poul-
ie cas où la théorie des nombres viendrait à offrir quelque série de formes
commençant par trois termes analogues et dont la propriété génératrice
pourrait être par conséquent rapprochée de la simplicité matérielle. Dans
cet ordre d'idées, il convient plutôt que quelques-uns des corps déjà con-
nus soient renvoyés aux autres termes de la série. Mais si l'erreur est, on le
voit, de nulle importance au fond, je ne saurais cependant négliger de rec-
tifier une assertion qui effleure un point capital de mon sujet, sur lequel je
compte d'ailleurs revenir bientôt en faisant ressortir les rapports de ma série
de caractères numériques avec la série des sons musicaux et avec celle des
bandes et des raies du spectre.
» Je désire aussi, en présentant mon tableau amélioré, signaler la confir-
mation que vient apporter à mon opinion sur la nature du mméralisateur
habituel de l'or la découverte d'un gîte de tellure dans la région aurifère de
la Californie (Moniteur du 28 mai i8fi3). »
M. le Secrétaire perpétuel fait hommage à l'Académie, au nom de
l'auteur, M. Abich, présent à la séance, d'un ouvrage qui vient d'être
publié à Saint-Pétersbourg « sur l'apparition récente (mai 1861) d'une
nouvelle île dans la mer Caspienne, avec des recherches pour servir à l'his-
toire des volcans boueux de la région Caspienne ».
M. Ch. Sainte-Claire Deville est invité à faire connaître à l'Académie, par
un Rapport verbal, cet ouvrage qui est écrit en allemand et que le nom de
( ,2>9 )
son auteur ne recommande pas moins à l'attention que le sujet dont il
traite.
M. le Général Morin présente à l'Académie, de la part de M. le Dr Vinson,
un ouvrage intitulé « Des Aranéides des îles de la Réunion, de Maurice
et de Madagascar. »
L'ouvrage est orné de quatorze planches d'une très-belle exécution, des-
sinées et coloriées par M. le Dr Vinson.
M. Dutaillis, déjà connu de l'Académie par son observation de l'éclipsé
solaire du 3i décembre, faite à Corée en commun avec M. Poulain, et près
de retourner au Sénégal, après un séjour en France pour cause de santé,
se met à la disposition de l'Académie pour les observations qu'elle jugerait
convenable de lui recommander, principalement en ce qui concerne la mé-
téorologie. Il pense qu'il travaillerait avec plus de fruit « s'il partait muni
d'instructions spéciales qui seraient à la fois pour lui un guide et un encou-
ragement ».
Une Commission composée de MM. Duperrey et Babinet préparera, si
elle le juge nécessaire, une addition aux instructions précédemment rédigées
pour les voyageurs.
La Société Anthropologique de Londres, qui a déjà envoyé à l'Académie
le premier numéro de son journal et qui se propose de lui adresser égale-
ment ses Mémoires, dont il paraîtra un volume chaque année, exprime le
désir d'obtenir en retour les Mémoires et les Comptes rendus de l'Académie.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. le Maire de Vendôme prie l'Académie de vouloir bien comprendre la
Bibliothèque de celte ville dans le nombre des établissements auxquels elle
donne ses publications.
(Renvoi à la Commission administrative.)
PALÉONTOLOGIE. — Sur la distribution géologique des oiseaux fossiles et descrip-
tion de quelques espèces nouvelles; Note de M. Alph. Muni; Edwards.
(Extrait présenté par M. Blanchard.)
« On sait depuis longtemps que les couches miocènes du département
de l'Allier renferment beaucoup de débris d'Oiseaux. Cuvier et Et. Geoffroy
i5g..
( I 210 )
en avaient possédé quelques-uns ; plus récemment, l'abbé Croizet, Bravard,
MM. Poniel, Poirrier, Jourdan, doyen de la Faculté des Sciences de Lyon,
en ont recueilli un grand nombre se rapportant évidemment à plusieurs es-
pèces différentes; mais jusqu'à présent aucun naturaliste ne les a comparés
à nos types vivants et n'a cherché la place qu'ils devaient occuper dans la
série ornitbologique. Cependant, M. P. Gervais a fait connaître, de ces
mêmes terrains, une espèce du genre Flamant, le Phœnieopterus Croizeti, et
un Aigle ou Pandion.
» J'ai pu réunir de nombreux ossements d'Oiseaux des couches tertiaires
moyennes de la Limagne et du Bourbonnais, MM. Lartet et Poirrier ont
généreusement misa ma disposition les pièces qu'ils avaient recueillies eux-
mêmes, et à l'aide de ces matériaux il m'a été possible de distinguer douze
espèces nettement caractérisées et complètement nouvelles. La plupart des
ordres s'y trouvent représentés; en effet, on y remarque des Oiseaux de
proie diurnes et nocturnes, des Echassiers et des Palmipèdes.
» Parmi ces fossiles, quelques-uns présentent un grand intérêt zoologique
en ce qu'ils ne peuvent se rapporter a aucun genre actuel et qu'ils doivent
former un groupe à part à côté de la famille des Phœnicopteridœ représentée
aujourd'hui par le genre Flamant, qui, par l'étrangeté de ses formes, semble
déclassé dans la nature actuelle, et qui existait déjà à l'époque tertiaire
moyenne, mais alors se rattachait aux autres Echassiers parce type particu-
lier pour lequel je propose de former le genre Palœlodus (de 7ra.K3.iQc,
ancien, et gAajeTwç, habitant des marais). Les différentes espèces qui le com-
posent paraissent avoir été très-abondantes à l'époque miocène; on en ren-
contre de nombreux débris, non-seulement dans les divers bassins tertiaires
moyens d'Auvergne, mais aussi aux environs de Mayence, à Weissenau.
» Par la conformation des os des pattes, les Palaelodus s'éloignent beau-
coup des Flamants et se rapprochent au contraire, jusqu'à un certain
point, de certains Echassiers longirostres, et surtout des Bécasses. Mais,
d'autre part, la disposition des phalanges, des os de l'aile, de l'épaule, etc.,
tend à les faire ranger à côté des Phénicopteres. Le sternum tient à la fois
de l'un et de l'autre de ces groupes. La forme remarquablement comprimée
du tarso-métatarsien l'éloigné de tous les Echassiers vivants. Elle ne se re-
trouve, poussée aussi loin, que chez les Colymbus et les Podiceps, dont ils
s'éloignent d'ailleurs par toutes les autres particularités de leur organisa-
tion. Cette analogie de forme tendrait à faire penser que les Palaelodus
devaient former parmi les Echassiers un type palmipède beaucoup meil-
f 1111 )
leur nageur que les Flamants. D'autre part, l«'s profondes dépressions que
l'on remarque sur le tibia, à la partie inférieure de l'articulation tibio-tar-
sienne, et qui sont destinées à loger, dans l'extension, les saillies correspon-
dantes du métatarse', annoncent que ces oiseaux pouvaient avec la plus
grande facilité se tenir immobiles sur une patte. M. P. Gervais, qui avait
eu entre les mains un certain nombre d'os de l'une des espèces de ce genre,
et dont il a figuré un os de la patte (Zoo/, el Paléont. franc., PI. 5i, fig. 9),
avait reconnu les différences que ce fossile présente avec les divers types
vivants qu'il avait pris comme termes de comparaison.
» J'ai été à même d'étudier le squelette presque entier de l'un de ces
oiseaux, et c'est ainsi que j'ai pu arriver à cette conclusion que rien
dans la nature actuelle ne pouvait leur être assimilé, et qu'ils devaient
prendre place auprès du groupe des Phénicoptères. Je suis heureux d'an-
noncer que M. Blanchard, qui, de son côté, avait examiné quelques frag-
ments du même genre provenant de Weissenau, était parvenu à peu de
chose près au même résultat.
» L'espèce la plus commune, à laquelle je propose de donner le nom de
Palœlodus ambiauus, pour indiquer ses caractères de transition, devait être
de la taille du Héron cendré ou de la Spatule blanche, avec des formes plus
grêles et plus élancées.
» Le Palœlodus crassipts, d'un quart plus grand, était surtout pins
robuste.
» Le PalœlodLtsgracilipesétmt\)\us petit queleP. ambicjuus, etsurtout beau-
coup plus grêle; sa patte très-comprimée rappelle jusqu'à un certain point
celle des Plongeons, dont elle diffère d'ailleurs par ses autres caractères.
» Ces deux dernières espèces sont beaucoup plus rares que le P. untbi-
guus. Comme représentant de l'ordre des Echassiers, je puis encore citer un
Chevalier, trouvé dans les mêmes localités, à peu près de la taille du Cheva-
lier à pieds rouges; je propose de le désigner sous le nom de Tolnnus Lar-
tetianus. Parmi les Palmipèdes, les groupes des Longipennes, des Latnelli—
rostres et des Totipalmes se trouvent représentés dans les couches miocènes
de la Limagne.
» Le Canard que je propose d'appeler Anns Blanc hardi, en le dédiant au
savant professeur d'Entomologie du Muséum, est assez commun dans les
terrains qui nous occupent. J'ai eu entre les mains la plus grande partie des
os de son squelette; il était, à peu de chose près, de la taille du Pilet
(A. acuta), mais ses ailes étaient plus courtes.
( 1222 )
» Parmi les Longipennes, je citerai une Mouette, le Lants Desnoyersii ,
par ses dimensions, cette espèce se rapprochait de la Mouette rieuse. J'ai
rencontré deux espèces de Totipalmes : un Pélican, le Pelecanus gracilis, et
un Cormoran, le Graculus littoralis.
» Le premier a été recueilli par M. Poirrier, à Labeur (commune de
Vaumas); je l'ai déterminé d'après l'extrémité supérieure d'un os métatar-
sien, qui présente de la manière la plus saisissante l'ensemble des caractères
du CTenre qui nous occupe, c'est-à-dire les mêmes trous et les mêmes rainures
pour le passage des tendons des fléchisseurs des doigls, la forme aussi bien
que les dimensions extraordinaires du trou à air, etc. L'espèce que je fais
connaître était plus petite que celles qui vivent aujourd'hui ; elle était éga-
lement plus grêle.
» Le Graculus lilloratis était plus élancé et d'une taille un peu inférieure
a celle de notre Cormoran [G. carbo). Les Rapaces paraissent avoir été
abondants à cette époque. En effet, je puis citer des mêmes localités une
espèce du genre Aquila [VA. prisca), trouvée par M. Poirrier, et trois espèces
d'oiseaux de nuit. L'une, qui fait partie du genre Bubo (Grand Duc), m'a
été également remise par M. Poirrier, qui l'avait recueillie à Saint-Giraud-
le-Puy; elle devait être d'un tiers plus petite que le Grand Duc athénien.
Je la désigne sous le nom de Bubo Poirrieri. La seconde, du même genre et
trouvée dans la même localité, était d'un quart plus petite que la précé-
dente; je l'appelle Bubo arvernensis. Enfin la troisième [Strix antiqua) doit
se ranger à côté des Chouettes; ses formes étaient grêles, et par ses dimen-
sions elle se rapprochait de notre petit Scops.
» En résumé, on voit que le nombre des espèces d'Oiseaux qui jusqu'ici
ont été rencontrées dans les couches miocènes du centre de la France sont
assez nombreuses, et qu'elles doivent être ainsi réparties :
» Rapaces diurnes. — Deux espèces d'Aigles; l'une, décrite par M. Ger-
vaiset que je propose de nommer A . Gervnisii; l'autre, dont je viens de parler
sous le nom d'A. prisca.
» Rapaces nocturnes. — Deux Grands Ducs, Bubo Poirrieri, B. arver-
nensis; une Chouette, Strix antiqua.
» ÉCHASSIERS. — Un Chevalier, Totanus Lartetianus; un Flamant, Phœni-
copterus Croizeti (Gervais); trois Palœlodus : P. ambiguus, crassipes et gra-
rilipes.
» Palmipèdes. — Un Canard, Anas Blanchardi ; une Mouette, Laïus Des-
norersii; un Pélican, Pelecanus gracilis; un Cormoran, Graculus littoralis. »
( 1223 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE — Nouvelles observations sur la structure et les foin -
tions des vaisseaux; Note de M. Gris, présentée par M. Brongniart.
« J'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie, dans la séance du
ier juin, une.Not;: dans la quelle je propose un moyen de mettre aisément
en évidence la présence normale de la sève dans les vaisseaux proprement
dits du bois. Dans cette même Note, je me contentais de signaler seule-
ment ce fait intéressant que la liqueur de Fehling bouillante détermine dans
la spiricule des vaisseaux de certaines plantes la formation d'un précipité
granuleux d'oxydule de cuivre.
» L'existence de ce précipité dans la spiricule ou le réseau des vaisseaux
réticulés, annulaires, spiro-annnlaires et dans les trachées est extrêmement
manifeste chez un grand nombre de plantes appartenant aux familles les
plus diverses, telles que les Graminées, Géraniacées, Balsaminées, Matvacées,
Ampèlidées, Urticées, Eupliorbirirées, Nyctaginées, Phytolaccées, Ombetlifères,
Cueurbilacées, Papnyacées, Rosacées, etc. , en sorte que le fait paraît susceptible
de généralisation; mais je n'ai pu le constater dans les cellules fibreuses
qu'on rencontre dans les feuilles de certaines espèces d'Orchidées, ni dans
ces utricules remarquables que M. Brongniart a signalés chez les Echino-
cactus et les Mamillaria, dont les lames contournées en hélice et dont les
disques annulaires si développés semblaient au premier abord très-propres
à présenter cette sorte de réaction.
» Le phénomène produit par la liqueur de Fehling sur les spiricules ou
le réseau des parois vasculaires ne paraît pas absolument en rapport avec
l'âge du vaisseau qui en est le siège. En effet, si j'ai pu le constater dans les
mérithalles supérieurs et herbacés des rameaux de la Vigne et du Rosier par
exemple, il n'est pas moins manifeste dans les mérithalles inférieurs et lignifiés
des rameaux annuels de ces mêmes plantes. Il se présente encore avec une
remarquable intensité dans les volumineux vaisseaux réticulés dune tige tres-
développée de Carica papaya, dans les trachées si ténues qui sillonnent le
parenchyme des sépales, des pétales, des filets staminaux chez des fleurs ar-
rivées à l'état adulte.
» Il serait de la plus hante importance, au point de vue physiologique, de
déterminer exactement sous quelle influence se manifeste le précipité d'oxy-
dule de cuivre dans les circonstances précédemment citées. Le glucose ne
serait-il point l'agent principal de cette réduction J
» Comme je n'avais point qualité pour résoudre cette question, je m'a-
( 12^4 )
dressai à M. Gloëz qui voulut bien me prêter son précieux et bienveillant
concours.
» Des fragments de tige d'Impatiem et de Carica furent soumis, dans di-
verses conditions que je n'exposerai point ici en détail, à l'influence de l'al-
cool à 55 degrés. D'une part, l'intensité réductrice des tissus diminua déplus
en plus à mesure que l'épuisement fut de plus en plus complet. D'antre
part, on constata par divers procé lés, et entre autres par la fermentation, la
présence du glucose dans le résidu de l'évaporation de la liqueur alcooli-
que qui avait servi an lavage.
» Depuis la publication de ma première Note, j'ai pu m'assurer de la pré-
sence de la sève dans les vaisseaux lymphatiques du bois d'un certain nom-
bre de végétaux, tels que le Châtaignier, le Saule, le Mûrier, le Peuplier, le
Cvtise faux-i'bénier, l'Aristoloche, etc. La liqueur de Fehling détermine à
l'intérieur de ces vaisseaux la formation d'un précipité d'oxvdule de cuivre
résultant très-probablement d'un phénomène de réduction produit par la
sève sucrée.
• Ce résultat expérimental n'est point favorable à l'opinion d'un certain
nombre de botanistes allemands, opinion que M. Dalimier vient tout ré-
cemment d'appuyer par de nouvelles expériences et d'après laquelle les
vaisseaux renfermeraient habituellement des gaz et ne contiendraient de la
sève que pendant quelques semaines seulement, au printemps. Il confirme
au contraire la manière de voir que professent les botanistes français les
plus éminents, pour lesquels les vaisseaux lymphatiques renferment habi-
tuellement des liquides séveux mêlés d'une proportion de gaz plus ou moins
considérable.
» Du reste, un physiologiste allemand, M. Brùcke, nous paraît avoir con-
venablement indiqué le mode de pénétration des liquides dans les vaisseaux.
Selon lui, ils se remplissent de liquides particulièrement sous l'influence des
cellules où abondent les matières solubles. Grâce à ces substances solubles
et susceptibles de déterminer l'endosmose de l'eau, ces cellules commencent
par se remplir complètement de liquide, et comme elles continuent d'en
prendre plus que leur cavité n'en peut contenir, elles en envoient dans les vais-
seaux voisins avec une portion de la substance solubie sous la forme de sève.
» En résumé : M. Hoffmeister a constaté que les vaisseaux de la Vigne,
de l'Érable, du Bouleau, du Peuplier, et de beaucoup d'autres arbres feuillus
renferment pendant l'hiver de l'air sous la forme de bulles à l'intérieur d'un
liquide, et que ce dernier forme dans les vaisseaux une couche généralement
mince qui en revêt les parois.
( \ii5 )
» D'autre part, presque tous les botanistes admettent la présence de la
sève dans les vaisseaux lymphatiques au printemps.
» Enfin, je viens de constater la présence de cette sève dans ces mêmes
vaisseaux vers la fin du mois de juin, dans un certain nombre de végétaux
ligneux.
» D'ailleurs, la présence de la fécule dans le parenchyme du bois, la trans-
formation de cette fécule en dextrine et en glucose, les rapports de position
des éléments parenchymateux et vasculaires, les movens de communication
facile si admirablement préparés entre la fibre, la cellule et le vaisseau;
tous ces faits, à moins de mettre la nature en contradiction avec elle-même,
militent si fortement en faveur de l'opinion que nous soutenons ici, qu'ils
suffiraient à la mettre hors de doute, même en l'absence des preuves directes
que nous croyons avoir légitimement présentées. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur lu germination des corpuscules organisés qui
existent en suspension dans [atmosphère; Note de M. Duclaux, présentée
par M. Pasteur.
« Tout le monde se rappelle les belles expériences de M. Pasteur, relati-
vement à la génération spontanée. Entre autres résultats elles ont parfaite-
ment démontré :
« i° Qu'il y a constamment dans l'air des corpuscules organisés qu'on
» ne peut distinguer des véritables germes des organismes des infusions ;
» i° Que lorsqu'on sème les corpuscules et les débris amorphes qui leur
» sont associés dans des liqueurs qui ont été soumises à l'ébullition, et qui
» resteraient intactes dans l'air préalablement chauffé si l'on n'y pratiquait
» pas cet ensemencement, on voit apparaître dans ces liqueurs les mêmes
» êtres qu'elles développent à l'air libre. »
» De là la conséquence logique que les corpuscules organisés que ren-
ferment en grand nombre les poussières de l'air sont des germes féconds
des organismes inférieurs.
» Néanmoins, eu égard à la diversité des esprits, on ne saurait accumuler
trop de preuves. J'ai cru qu'il serait utile d'observer directement le déve-
loppement de ces corpuscules organisés. « Ce qu'il y aurait de mieux à faire
» et.de plus direct, dit en effet M. Pasteur, consisterait à suivre au micro-
» scope le développement de ces germes. Tel était mon projet, mais l'appa-
» reil que j'avais fait construire pour cet objet ne m'ayant pas été livré en
» temps opportun, j'ai été détourné de cette étude par d'autres travaux,
C. R , .863, i" Semestre. (T. LVI, N» 26.) l6o
( I22Ô )
» Du reste, il ue faut pas se dissimuler la difficulté de cette méthode d'ob-
» servation. » J'ai essayé de lever cette difficulté pour les spores des moi-
sissures. La Note que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie ne s'applique
encore qu'à cette sorte de germes.
» Voici le procédé expérimental que j'ai suivi. Je recueille les spores
dans l'air en le filtrant sur du coton ordinaire, au moyen de l'aspirateur
employé par M. Pasteur. La bourre de coton est malaxée dans 5 centimètres
cubes d'un liquide nourricier renfermant du sucre, des matières minérales
et un sel acide d'ammoniaque, et préparé au moment même. On porte alors
une goutte du liquide, où les corpuscules de l'air sont en suspension, dans
une petite cuve de brai placée sous le microscope. Une platine mobile, à
deux mouvements rectangulaires mesurés par deux verniers à -—-^ de milli-
mètre, permet d'explorer successivement tous les points de la cuve, et
chaque fois que l'on aperçoit un globule paraissant organisé, on en note la
position sur les verniers.
» Il est évident dès lors que si l'on voit un de ces globules se développer
en un mycélium ramifié, c'est que ce globule était bien une spore de mucé-
dinée. L'acidité de la liqueur a pour effet d'empêcher le développement
des infusoires qui priveraient d'air le licpiide et s'opposeraient ainsi au dé-
veloppement des spores.
» Pour fournir à ces dernières l'air dont elles ont besoin, la cuve de brai
est oblongue, divisée par deux cloisons de brins de coton en trois parties.
Celle du milieu seule est recouverte d'un verre mince et renferme les spores,
les deux extrêmes sont remplies du liquide nourricier et dissolvent libre-
ment l'air ambiant. Dans l'intervalle des observations microscopiques, on
peut plonger le tout dans une soucoupe renfermant du liquide nourricier.
L'évaporation aux bords de la cuve n'est plus à craindre. D'ailleurs les cloi-
sons de coton empêchent les courants qui dérangeraient les spores, de sorte
que celles-ci se retrouvent à leur place, ce qui est le point essentiel. On peut
en outre, avec quelques ménagements, et en lavant entre deux essais la
cuve par un séjour dans l'eau distillée, la soumettre à l'action de divers
liquides.
» Chaque cuve renferme un grand nombre de corpuscules. Tous ne se
développent pas, ce qui tient, soit à ce qu'ils sont inféconds, soit à ce que
le liquide employé, qui, à l'air libre, ne donne qu'un nombre limité de pro-
ductions, est impropre à les nourrir. Dans une petite cuve de 3 millimètres
carrés de surface, on a généralement, sur une quarantaine de corpuscules,
de deux à six végétations dont on peut voir l'origine et suivie le développe-
( I227 )
ment. Les espèces qui se produisent, difficiles à définir à cause de l'absence
de fructification, sont cependant bien différentes entre elles par leurs formes
et la grosseur des spores et des tubes du mycélium. Ainsi , il s'en produit au
moins quatre dans un liquide acidulé avec du bitartrate d'ammoniaque, qui
est le sel que j'ai le plus souvent employé.
» Je continue du reste cette étude, dont je ne publie les premiers résultats
que pour prendre date. »
GÉOLOGIE. — Note sur les atluvions de la vallée de i'ItigirèsÊin (arrondissement
de Toul), à ioccasion de la mâchoire humaine découverte dans tes terrains
de transport de Moulin-Quiynon ; par M. Husson.
« Mon Esquisse géologique de 1 848 contient un aperçu général sur les
diverses ailuvions de l'arrondissement de Toul; mais il ne m'a pas semblé
inutile de revenir, en particulier, sur celles de la vallée de l'Ingressin, en
présence : i° de la grave question qui occupe l'Académie des Sciences, re-
lativement à une mâchoire humaine découverte dans un terrain de trans-
port, à Moulin-Quignon, près d'Abbeville (Somme); 2° delà citation que
M. Élie de Beaumont a faite de notre grouine ou groise, dans le cours de
cette discussion (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 18 mai i863,
p. o,36 et 937) ; 3° et de l'importance qui, par suite de la découverte d'Ab-
beville, s'attachera dorénavant à tous les travaux exécutés dans les couches
clysmiennes.
» A ce dernier titre, nulle localité n'offre assurément plus d'intérêt que
la vallée de l'Ingressin. Elle présente à sa base un fort dépôt de diluvium
qui, depuis vingt ans, et sur une étendue d'environ 8 kilomètres, c'est-à-
dire de Foug à Toul, a été remué, à peu près de fond en comble, soit pour
la construction du canal de la Marne au Rhin et du chemin de fer, soit
pour les nombreuses et importantes exploitations dont ce diluvium est l'ob-
jet, soit enfin pour les fortifications de la ville. Les ailuvions de cette
vallée forment deux classes distinctes : les anciennes et les modernes. Parmi
les débris dont elles se composent, il y en a de locaux; les autres sont
étrangers et proviennent surtout des Vosges.
» Ailuvions anciennes. — Adoptant la classification si bien justifiée de
M. Levallois, inspecteur général des Mines, je subdivise ce terrain en ailu-
vions des plateaux et ailuvions de la vallée.
» t° Ailuvions des plateaux. — Ce sous-groupe, qui existe sur plusieurs
160..
( 1228 )
points de l'arrondissement de Toul, notamment au sommet du coteau quï
domine Bayonville, Arnaville (rive gauche du Rupt-de-Mad), est incontes-
tablement le plus ancien, comme j'essayerais de le prouver, si cette opinion
n'avait pour elle quelque chose de mieux que mon argumentation, l'appui
de M. Daubrée, Membre de l'Institut ( Annales des Mines, 4e série, t. X,
p. 58).
» Dans la vallée de l'Ingressin, ce sous-groupe est représenté, à Foug, au
sommet de la côte qui sépare cette commune de Laneuveville. Il y affecte
les deux caractères suivants :
» i° Pies le bois de Romont, iieu dit Cougniospath, à un kilomètre environ
de Foug . c'est une argile rouge, non coquillière et renfermant des cailloux
roulés exclusivement quartzeux, étrangers à notre localité, ainsi qu'un peu
de fer pisiforme.
» i° Non loin de là, un peu plus près du chemin de Laneuveville, à la
Gravier e , il se compose d'une grève ou grouine calcaire mêlée de quelques
cailloux également quartzeux. La présence de ces cailloux, qui ne peut
être attribuée à un éboulis, indique positivement la contemporanéité de cette
grève et de l'argile rouge, qui toutes deux se trouvent à peu près à la même
hauteur.
» Au delà de Foug, au sommet du coteau du bois Grandmont, sur les
calcaires compactes de 1 astarte ou du calcaire à nérinées, on retrouve éga-
lement l'argile rouge et une grouine; mais celle-ci n'y est pas seulement à
l'état de désagrégation ; elle s'est cimentée en partie et forme çà et là (car-
rière du Juré) des espèces de conglomérats ou brèches calcaires très-résis-
tantes qui ont même servi comme moellons piqués pour les parements du
souterrain du canal. Ce calcaire, par sa formation, se rapporte peut-être
bien à l'époque tertiaire (Esquisse </éotogique, p. 79) et existe encore à
Blénod, Uruffe, etc.
» 20 Alluvions de la vallée et des pentes. — Diluvium proprement dit. — La
majeure partie de ce sous-groupe, qui me paraît appartenir au diluvium
proprement dit, est composée surtout de cailloux roulés provenant de
roches vosgiennes; mais ils ne sont pas exclusivement quartzeux comme
ci-dessus; il y en a de granitiques, de dioritiques, etc. Ce dépôt présente
parfois 4 à 5 mètres de puissance, et, je le répète, depuis vingt ans il a été
fouillé en tous sens. Ces fouilles ont mis à jour un grand nombre de dents
et d'ossements d'éléphants et autres animaux ; mais jamais elles n'ont
fourni le moindre indice de l'existence de l'homme, soit en fait d'ossements,
soit en fait de produits industriels.
( J^9 )
» Post-diluvium. — Dans cette autre partie du sous-groupe des alluvious
anciennes se rangent aussi la plupart des principaux et nombreux amas de
cj ravier calcaire, grouine ou groise, dont parle M. Elie de Beaumont dans le
compte rendu précité, et que l'on rencontre sur les pentes et au pied des
escarpements dont ils sont des débris. Telles sont, dans la vallée de l'Ingres-
sin, la gravière de Cholov, ouverte après le coteau du bois Haruin, et celle
dont il sera question tout à l'heure.
» Ces dépôts renferment parfois des cailloux et des ossements diluviens;
on les a souvent classés, jusqu'alors, dans le diluvium proprement dit;
mais il est incontestable que ces cailloux et ces ossements proviennent eux-
mêmes d'ébonlis. Il y a deux faits qui ne laissent aucun doute à ce sujet
et qui prouvent aussi de la manière la plus irrécusable que ces dépôts sont
postérieurs au diluvium :
» i° Beaucoup de grouinieres ne contiennent ni cailloux ni ossements;
» i° Dans la vallée de l'Ingressin, entre la voie de fer et le canal (dans
la partie comprise entre les écluses 17 et 18), la carrière du moulin de
Choatel présente la disposition ci-dessous :
Terre végétale,
Gravier calcaire ou gnuine (environ 2 mètres),
Diluvium proprement dit (3 à 4 mètres),
Oxford-ilm .
» Dans cette carrière, très-intéressante au point de vue dont il s'agit et
que doivent s'empresser de voir les géologues qui seraient dans l'intention
de la visiter, car elle sera peut-ètre«épuisée d'ici quelques mois, la grève
ne contient ni cailloux ni ossements diluviens, et elle touche immédiatement
au terrain clysmien.
» Alluvions modernes. — Pour compléter la liste des alluvions de la vallée
de l'Ingressin, il resterait à parler de tous les produits et dépôts actuels
(éboulis récents, tourbe, marnes et argiles lacustres, alluvions fluviatiles,
etc.); mais comme cela n'importe pas à l'objet que je me propose en ce
moment, je renvoie, pour ces divers produits, à mon Esquisse géologique.
Conclusions.
» i° La majeure partie de notre grouine ou groise est donc réellement bien
un produit post-diluvien, comme l'a fait ressortir M. Élie de Beaumont
dans la discussion engagée à l'Académie des Sciences au sujet de la ma-
( ia3o )
choire humaine découverte à Moulin-Quignon. Toutefois, on ne peut dis-
convenir qu'il y en a, mais en petit nombre, d'antérieure à cette époque.
» 20 Les nombreux travaux exécutés depuis vingt ans dans la vallée de
l'ingressin, sur une étendue de 8 kilomètres, ont mis à jour beaucoup d os-
sements d'animaux antédiluviens ; mais ils n'ont pas fourni la moindre trace
quelconque de l'apparition de l'homme au delà des temps historiques.
» 3° Pour qu'une découverte à ce sujet, dans notre arrondissement, ait
une valeur réelle, par rapport aux idées admises sur l'époque de la création
de l'homme, il faudrait qu'elle se fît, soit dans notre premier sous-groupe
(ou alluvions des plateaux), soit dans la première couche du deuxième sous-
groupe (ou diluvium proprement dit). »
« A l'appui de sa Note M. Husson a envoyé une série d'échantillons dont
voici la liste :
N°l. Grouine de la gravière de Foug;
2. Alluvion des plateaux (Cougniospath à Foug);
5. Grouine de Choloy ;
4. Brèche calcaire de la carrière du Juré;
5. Calcaire de la carrière du bois Juré;
6. 7, 8, 9. Formes diverses de la grouine de la carrière deChoatel;
10. Diluvium de la carrière de Choatel (il y a des cailloux pesant
5 kilogrammes);
11. Portion de dent d'Éléphant de ladite carrière.
» En présentant à l'Académie la Note et la collection de M. Husson ,
M. Élie de Beaumont fait observer que ce qui donne, pour l'étude des
terrains de transport, un intérêt spécial à la vallée de l'ingressin, c'est la
diversité minéralogique des éléments, quartz, roches primitives et calcaires
qui y caractérisent respectivement les alluvions anciennes des plateaux
[dépôt erratique inférieur, diluvium Scandinave), les alluvions anciennes de
la vallée {dépôt erratique supérieur, diluvium alpin) et le post-diluvium {dépôts
meubles sur des pentes).
» M. Élie de Beaumont exprime en même temps le vœu que M. Chevreul
veuille bien analyser la dent d'Éléphant envoyée par M. Husson, comme il
a promis déjà d'analyser la mâchoire humaine exhumée au Moulin-
Quignon. »
( ia3i )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide acétique de la fermentation alcoolique;
■ réponse à M. Pasteur; par M. A. Béchamp.
h La dernière Note de M. Pasteur m'oblige à protester de nouveau que
mes expériences n'ont pas été entreprises pour contrôler les siennes.
.... Je croyais, d'ailleurs, avoir assez clairement exposé que je m'étais uni-
quement proposé de démontrer que l'acide acétique est un produit néces-
saire de la fermentation alcoolique, sans rien préjuger sur la substance qui,
dans cette opération, lui donne naissance : le sucre ou la levure. J'ai en-
tendu parler de la fermentation alcoolique « faite dans de bonnes condi-
tions, » c'est-à-dire dans les conditions qu'exige une démonstration scien-
tifique. Cette observation, clans une Note qui n'est pas encore un Mémoire,
m'avait paru suffisante pour faire comprendre que j'avais tâché d'apporter
autant de rigueur que possible dans les dispositions de l'expérience. Comme
je ne m'attendais pas à une objection sur la nature de la levure employée,
puisque tout le monde sait ce que l'on entend par levure en pâte bien lavée,
j'avais surtout insisté sur l'expulsion de l'air, dont l'influence, dans l'espèce,
pouvait être regardée comme prépondérante. Rien, dans ma Note, n'au-
torisait à penser que, dans mon opinion, l'acide acétique avait pour ori-
gine le sucre plutôt que la levure, et, au moment où elle arrivait à l'Aca-
démie, je tiens à le constater encore, de nouvelles expériences étaient déjà
instituées pour tenter de résoudre la question. Comment M. Pasteur peut-il
dire que ma Note laissait supposer que les acides volatils dont je parle pro-
viennent du sucre? et, continuant, comment peut-il ajouter : « Cela est
possible, mais rien ne le démontre dans la Note de M. Béchamp. »
» Je remercie M. Pasteur pour « le grand service » qu'il m'a rendu de
confirmer mon observation et d'éloigner l'objection relative aux levures fili-
formes dont personne n'a jamais signalé l'existence dans la bonne levure.
C'est assurément une bonne fortune que celle de voir vérifier, par une per-
sonne dans sa position, un fait qui a été long et difficile à établir. Quant à
ce que je n'ai rien dit de l'état de la levure que j'ai employée, j'avoue que
cela m'a paru superflu ; il aurait fallu être, en effet, bien peu attentif pour
se tromper grossièrement sur ce point, lorsque, d'ailleurs, on avait pris tant
de précautions et que les travaux de M. Pasteur étaient là pour apprendre
à se prémunir. Mais, puisqu'il faut insister, je dirai que là levure des bras-
series de Montpellier est parfaitement pure, formée exclusivement de glo-
bules normaux ; que la levure qui avait été retirée de mes deux grandes
fermentations était encore formée exclusivement de globules; qu'une partie
( i23a )
de colle dernière levure a servi une seconde fois, et qu'elle est encore sor-
tie de cette épreuve avec son aspect normal, formée seulement de globules
avant la forme ordinaire. La seuie chose que j'aie constatée jusqu'ici, c'est
que la levure devient de moins en moins active (i).
» Certainement, les passages du Mémoire de M. Pasteur que j'ai cités sont
empruntés à la première partie et le second est tiré du § IX, qui est in-
titulé : « De la production accidentelle de l'acide lactique dans la fermen-
» tation alcoolique. » En relisant attentivement ce passage, il y a quelque
chose qui me frappe : « Lorsqu'on trouve de l'acide acétique, » dit M. Pas-
teur, « c'est que le liquide fermenté a eu le contact de l'air dans des condi-
» fions toutes particulières. » M. Pasteur s'était donc assuré qu'à l'abri
de l'air, avec de la levure fraîche, il ne se forme point d'acide acétique.
» Qu'il me soit permis, à l'occasion des conseils que me donne
M. Pasteur, de rappeler que, dans un sujet qui, il est vrai, n'avait pas
pour objet immédiat les ferments, j'avais su apporter un peu plus de ri-
gueur que par le passé. Longtemps avant que M. Pasteur s'occupât des fer-
mentations, en i85/j, pendant que j'étudiais l'action de l'eau sur le sucre
de canne, j'avais signalé la formation de moisissures auxquelles j'attribuais
la transformation de ce sucre on glucose. (Voir Comptes rendus de l'Aca-
démie, 19 février 1 855 et l\ janvier 1 858 ; Annales de Chimie et de Phy-
sique, 3e série, t. LIV, p. 28.) Après avoir démontré que l'eau ne modifie
pas le sucre de canne lorsqu'on empêche le développement des moisis-
sures, soit en interceptant l'accès de l'air, soit par l'addition de substances
chimiquement inactives sur le sucre, j'ai fait voir que la transformation chi-
mique est au contraire très-rapide lorsque les moisissures se développent,
et j'ai ajouté :
« Mais de quelle manière agissent les moisissures? Elles agissent à la
» manière des ferments? D'où provient le ferment? » Voici la réponse que
je fis à cette dernière question :
« Depuis longtemps j'enseigne, à la suite de M. Dumas, qu'à chaque
» fermentation répond un ferment particulier. Mais il était admis qu'il fal-
» lait qu'une substance azotée de nature protéique se trouvât en présence
(1 ) J'ai omis, dans la première Note, la relation d'une expérience qui a son importance
aujourd'hui. J'ai distillé les eaux du lavage de 800 grammes de levure, de celle qui m'a servi
dans mes premières expériences ; le liquide obtenu était acide, mais la quantité d'acides
volatils qui y existait était beaucoup moindre que celle que l'on trouve après que 3o grammes
de levure lavée ont agi sur le sucre. Le dosages seront donnés dans mon Mémoire.
( i233 )
» de la substance fermenteScible, pour que le ferment propre à l'accom-
» plissement du phénomène, certaines conditions de température et de mi-
» lieu étant remplies, se développât. C'est ainsi que, d'après M. Claude
» Bernard, l'albumine du sérum se transforme, dans l'eau sucrée, succes-
» sivement en globules blancs, puis en globules de levure; qu'il est néces-
» saire que le caséum se trouve en présence de la craie et d'un hydrate de
» carbone pour que cette substance albuminoide se change en ferment lac-
» tique. Si les conditions changent, un autre ferment naît, d'autres pro-
» duits prennent naissance. Mais, dans mes dissolutions, il n'existe pas de
» substance albuminoide; elles étaient faites avec du sucre candi pur, le-
» quel, chauffé avec de la chaux sodée récente, ne dégageait pas d'ammo-
« niaque. Il paraît donc évident que des germes apportés par l'air ont trouvé
» dans la solution sucrée un milieu favorable à leur développement, et il
» faut admettre que le ferment est produit ici par la génération de végéta-
» tions mycétoïdes. La présence de ces végétations mycodermiques ne pa-
» raît cependant pas être la seule cause de la transformation du sucre de
» canne, et le glucose lévogyre n'est pas le seul produit qui prenne nais-
» sance. En effet, la liqueur, lorsque la rotation a diminué sensiblement
» pour passer vers la gauche, est constamment acide. L'acide formé (acé-
» tique ou formique) contribue sans doute pour sa part à hâler la modifi-
» cation du sucre. »
» Je n'ai cité ces lignes que pour montrer qu'avant M. Pasteur j'avais
su démêler, dans une étude qui n'avait pas précisément pour objet les fer-
ments, ce qui revient à l'air dans ces productions organisées, et, de plus, que
mes idées sur la nature des fermentations étaient dès lors arrêtées. Mon
droit de poursuivre ces études était absolu si j'avais voulu en user. Mais ceci
pourrait avoir l'air d'une réclamation de priorité, ce qui n'est pas dans ma
pensée. Je ne suis pas, en ce moment, organisé pour ce genre de recher-
ches ; je me garderai donc bien d'empiéter sur un terrain que M. Pasteur
sait si bien féconder.
» Je le répète, pour n'y plus revenir : si je me suis occupé de la recherche
de l'acide acétique dans la fermentation alcoolique, c'est que, pour M. Pas-
teur, le sujet était épuisé, et que j'y ai été amené à la suite d'un travail sur
les vins (i). Je crois à mon droit d'achever cette étude, et je désire que la
(i) Des travaux antérieurs m'avaient préparé à ce genre de recherches que je poursuis
depuis bientôt deux ans. J'ai constaté la disparition de la glycérine clans le vin tourné et la
G. R., [863; i« Semestre. T. LVI, N° 26.) '^1
( i*34 )
discussion s'arrête là, car, à la fin, on ne sauraif plus ce qui m'est personnel
dans cette recherche. »
chimie organique. — Recherches sur les couleurs d'aniline ,
par M. Hugo Schiff.
a l. Bleu d'aniline. — Dans nos recherches antérieures, nous avons
démontré que le hleu d'aniline, traité par les alcalis caustiques, dépose
l'hydrate d'une base qui, en se combinant avec les acides, fournit des sels
cristallins. Dans nos recherches sur la formation du rouge, nous avons
constaté que l'ammoniaque est un produit essentiel de la décomposition de
l'aniline. Si le rouge est chauffé avec une nouvelle quantité d'aniline, il se
manifeste un nouveau dégagement d'ammoniaque, et l'on sait que par ce
procédé on prépare le bleu. L'hydrate de la base, retirée du bleu, contient
près de 9 pour 100 d'azote, ainsi beaucoup moins que l'hydrate de rosa-
ndine (i3,2 pour 100). Il résulte de ce fait que l'aniline ne se combine pas
en entier avec le rouge. Partant de ce point de vue, nous avons commu-
niqué à M. Bolley, déjà au mois de février, l'idée que le bleu est un dérivé
de substitution phénique du rouge.
» D'après nos analyses du chlorhydrate et du sulfate, nous représentons
la base du bleu par la formule
(O20 H19)11
3G6H5.
N4
» Le dégagement d'ammoniaque est dû à la réaction primaire
(G6 H5 ,G6Ii5
3NÎ H = N G6H5 + 2NH%
\ Il Ig6hs
tandis que la triphénylamine, composé obtenu à l'état libre par M. Goess-
formation de l'acide propionique avec une grande quantité d'acide acétique. Le 2 octobre
dernier, ayant fait fermenter du sucre extrait du raisin avec de la levure de bière, et aban-
donné le produit fermenté dans un vase mal clos, j'ai vu la levure disparaître presque tota-
lement : elle était devenue, dans le nouveau milieu, la proie de nouveaux organismes qui
s'y développèrent pour la remplacer. Dans une séance de la Section des Sciences de notre
Académie montpelliéraine, interprétant mes expériences, je disais dernièrement : o Dans la
fermentation alcoolique, comme dans les autres fermentations, le milieu, le terrain, chan-
geant de plus en plus, les conditions d'existence du ferment n'étant plus les mêmes, il est
possible que le sens du phénomène initial se modifie consécutivement; de là la formation de
produits autres que l'alcool et l'acide carbonique. »
( 1235 )
marin, se combine par suite d'une réaction secondaire à 1 équivalent de
rosaniline. Il en résulte que la base du bleu représenterait une tétramine.
•> Une courte Note de M. Hofmann dans les Comptes rendus du 18 mai
nous a engagé à communiquer ces recherches encore incomplètes. D'après
M. Hofmann, le bleu serait le rouge triphénylique. D'après cela, abstrac-
tion faite de l'hydrogène, il y aurait une différence de i équivalent d'azote
entre les deux notations des formules.
» Appelé à l'Université de Pise, j'ai dû interrompre mes travaux. Je
laisse à M. Hofmann le soin de faire disparaître cette légère différence, ne
doutant pas que les moyens dont dispose ce chimiste distingué lui per-
mettront de résoudre cette question d'une manière définitive.
» 2. Transformation du bleu en rouge. — Si le bleu se forme par l'addition
directe de rosaniline et de triphénylamine, on aurait pu s'attendre qu'une
séparation des deux groupes pourrait être effectuée. Le bleu, surchauffé
dans des tubes scellés, entre en fusion et se transforme en une masse rouge-
noirâtre. Si l'on ouvre les tubes, il y a un dégagement abondant de gaz
inflammables et d'ammoniaque. La masse rouge est traitée par une solution
étendue et bouillante de carbonate de soude, lavée par de Peau et chauffée
avec de l'acide acétique étendu. Le liquide contient une quantité notable
d'acétate de rosaniline, tandis que le bleu non transformé et les souillures
restent dans le résidu.
» 5. Rosaniline et les éthers iodhydriques. — Les iodures de méthyle,
d'éthyle et d'amyle, chauffés pendant quelque temps à 100 degrés, avec
de l'hydrate de rosaniline, fournissent avec ce dernier des produits de sub-
stitution qui se dissolvent en donnant un violet très-intense. Les sels pos-
sèdent un aspect verdâtre ou cuivré. Ils se dissolvent facilement dans de
l'alcool, peu dans les éthers iodhydriques et dans l'eau. Le produit de l'ac-
tion de l'iodure de méthyle paraît être identique à la matière violette ob-
tenue par MM. E. Kopp et Lauth par l'oxydation de la méthylaniline.
» Les formules
l£S0H16 lG20H16 l€,0H16
N3 N3 • N3 )
(3£H3 )3G2H3 |3€SH"
se rattacheraient au bleu d'aniline, si plus tard des analyses ultérieures
{•GS0H16
onexis ae M- Hofmann. Ajoutons que
l'hydrate de rosaniline, chauffé avec du phénol à 200 degrés pendant
vingt-quatre heures, fournit une masse ronge foncé, qui se dissout avec
i6r..
( 1236 )
une couleur violette dans l'alcool contenant de l'acide acétique. Aucune
formation de bleu n'a pu être constatée.
» 4. Rouge d'aniline par te potassium. — Le rouge se forme de l'aniline
par une perte d'hydrogène et d'ammoniaque :
io€eH7N = 3 G20H,9j\3 + NH3 -+- ioH.
» D'après M. Hofmann (i 845) le potassium agit sur l'aniline en dégageant
de l'hydrogène. Cefait nous a suggéré l'idée d'essayersi par cette réaction on
ne pourrait pas préparer directement du rouge d'aniline. En effet l'aniline
dissout des quantités notables de potassium, surtout à une température un
peu élevée; en même temps il se dégage de l'hydrogène et de l'ammo-
niaque. On obtient enfin une masse brune, solide à la température ordi-
naire, mais très-facilement fusible. Au contact de l'air cette masse ne tarde
pas à être décomposée, elle attire l'oxygène et tombe en déliquescence; elle
est très-énergiquement attaquée par les acides; mais si on la dissout dans
de l'alcool et qu'on neutralise peu à peu par de l'acide chlorhydrique,
on obtient une solution d'un rouge intense de cramoisi, tandis que du chlo-
rure de potassium, insoluble dans l'alcool, se dépose. La masse brune ne
se prête pas à une analyse exacte, aussi est-il difficile de transformer l'ani-
line en entier; parla synthèse j'ai trouvé que l'aniline dissout à peu près son
équivalent de potassium, et le produit de la réaction paraît être un dérivé
potassique ou de l'aniline ou de la rosaniline, comparable à l'amidure de
potassium.
» 5. Jaune d aniline. — Pendant nos recherches sur le rouge d'aniline,
nous avons eu souvent occasion de remarquer une coloration écarlate
qui se transformait par l'eau en une coloration jaune. Surtout les per-
chlorures d'arsenic, d'antimoine, de phosphore et le bichlorure d'étain
hydraté nous ont fait remarquer ce phénomène. Il paraît que l'action de
l'acide nitreux (Mène) et de l'acide iodique étendu (Lauth) fait naître des
matières semblables. Nous avons réussi à préparer cette matière en quan-
tités plus grandes, en soumettant l'aniline à l'action des acides antimo-
nique et stannique hydratés. L'antimoniate ou le stannate alcalin est ajouté
de la moitié de son poids d'aniline, on en forme une bouillie épaisse et on
ajoute ensuite de l'acide chlorhydrique, exempt d'acide azotique,, jusqu'à
ce que le liquide montre une réaction fortement acide. La bouillie rouge
est desséchée et épuisée par de l'éther alcoolisé, qui dissout le chlorhydrate
d'une base qui n'est pas identique avec la rosaniline. Par l'évaporation à la
température ordinaire, le chlorhydrate cristallise en feuillets verdâtres.
Les autres sels s'obtiennent par la même méthode. L'eau les décompose,
( i*& )
mais ils se dissolvent dans de l'eau acidulée avec une couleur rouge d'écar-
late. Si ces solutions sont étendues par de grandes quantités d'eau ou qu'on
ajoute une petite quantité d'une solution de carbonate de soude, on voit
aussitôt une poudre jaune se déposer. Si des étoffes de soie ou de laine sont
empreintes delà solution rouge acidulée et traitées ensuite par une solution
étendue et chaude de carbonate de soude, on obtient une coloration jaune
qui résiste à l'eau et aux savons. Comme cette matière colorante peut être
obtenue à la température ordinaire et qu'on peut se servir du stannate de
soude du commerce, nous ne doutons pas que l'industrie ne puisse tirer
parti de ce produit. La coloration est comparable à celle produite par l'acide
picrique.
» Nous nous proposons de communiquer des détails sur les objets
traités dans les Notes précédentes, aussitôt qu'il nous sera possible de
reprendre nos recherches dans le laboratoire de Pise. »
PHYSIQUE. — Sur les densités de vapeur de certains corps; Note deM.M. J.-A.
"XVanklyn et J. Robixsox, présentée par M. Balard.
« Dans les Comptes rendus du 20 avril i863, M. H. Sainte-Claire Deville
a fait paraître quelques remarques critiques concernant notre Mémoire sur
la diffusion des vapeurs. Quoique nous ne pussions admettre la justesse de
ces critiques, nous étions disposés à différer notre réponse jusqu'au moment
où nous aurions achevé une seconde série d'expériences. Mais comme
M. Deville renouvelle ses objections dans les Comptes rendus(t. LVI, p. 8g5),
et que M. Cahours considère la question comme actuellement vidée, nous
ne croyons pas devoir faire attendre notre réplique plus longtemps.
» Dans notre Mémoire nous avons défendu l'opinion adoptée par un
grand nombre de chimistes, que les densités de vapeur, dites anormales, ne
sont pas à proprement parler des densités de vapeur, mais les moyennes des
pesanteurs spécifiques de mélanges. Nous avons démontré qu'il en est ainsi
par deux expériences, en faisant diffuser les vapeurs dans un gaz neutre.
» De même qu'un mélange de gaz ne diffuse pas uniformément, de même
nous avons trouvé que ces vapeurs ne diffusent pas uniformément, et nous
en avons tiré la conclusion qu'elles étaient des mélanges.
» M. Deville fait l'objection suivante : De même que la diffusion aqueuse
décompose le bisulfate de potasse et l'alun, de même la diffusion gazeuse
pourrait décomposer les vapeurs dont il s'agit. A cela nous répondons :
Dans les expériences de M. Craliam ce n'était pas du bisulfate de potasse sec
( ia38 )
ou de l'alun sec qui était soumis à la diffusion, mais des dissolutions con-
centrées de ces sels ont diffusé dans de l'eau. Or il y a de bonnes raisons
de croire que toutes les fois qu'un sel est dissous dans l'eau, il éprouve une
décomposition partielle, sinon complète, en acide et en base.
» Si donc la solution de bisulfate de potasse renferme une petite quantité
d'acide sulfurique et une petite quantité de potasse, la seule action physique
de la diffusion est capable d'opérer la séparation de ces deux éléments,
sans l'intervention d'une décomposition chimique.
» En outre, nous ferons observer que l'eau est un agent chimique assez
énergique, etqu'il est à peine permis de comparer l'action d'un grand excès
d'eau avec l'action d'un grand excès d'un gaz neutre.
» Nous sommes occupés à étendre nos recherches à des cas de vapeurs
normales, et nous espérons être en mesure d'annoncer que tandis que les
vapeurs anormales se résolvent par la diffusion dans les vapeurs qu'elles
renferment à l'état de mélange, les vapeurs normales n'éprouvent aucun
changement lorsqu'elles sont soumises à la diffusion dans les mêmes con-
ditions.
« Et ici nous demandons la permission de présenter quelques obser-
vations concernant le mot « dissociation » que M. Deville applique aux
décompositions qu'il réalise en faisant passer divers gaz à travers des
tubes poreux chauffés au rouge. Nous ne pouvons approuver l'emploi de
ce mot pour exprimer cette idée. On sait, en effet, que les corps poreux
favorisent en général les actions chimiques. Ainsi l'oxygène et l'hydrogène,
qui, dans les conditions ordinaires, exigent une température élevée pour
se combiner l'un avec l'autre, sont convertis en eau à la température ordi-
naire sous l'influence de corps poreux. Il n'y a pas lieu, en conséquence,
d'être surpris de ce fait que l'acide carbonique et la vapeur d'eau sont dé-
composés, sous l'influence d'un tube poreux, à une température inférieure
à celle où la décomposition arrive ordinairement. Il nous semble donc que
les résultats de M. Deville, très-intéressants en ce sens qu'ils montrent la
dépendance des actions chimiques de certaines conditions, ne sont en réalité
que des cas de décompositions chimiques qui ne diffèrent pas d'autres
actions connues depuis longtemps.
» Dans le Mémoire déjà cité, M. Deville décrit une expérience dont il
tire la conclusion que l'acide chlorhydrique et l'ammoniaque entrent en
combinaison à une température à laquelle, d'après notre hypothèse, ces
gaz devraient exister » côte à côte » sans réagir l'un sur l'autre. Il a dirigé
rapidement l'acide chlorhydrique et l'ammoniaque dans un vase dans lequel
( 133g )
il avait placé un thermomètre à air, et qui était plongé dans un bain de
mercure bouillant. Il a remarqué que lorsque les gaz entrent le thermomètre
à air s'élève à plusieurs degrés au-dessus du point d'ébullition du mercure,
malgré l'action réfrigérante qu'ils devraient exercer, et a tiré de ce fait la
conclusion que l'acide chlorhydrique et l'ammoniaque s'étaient combinés à
la température ou au-dessus de la température du mercure bouillant.
» TNous sommes frappés par ce que cette expérience offre de vraiment
ingénieux; néanmoins nous croyons qu'elle a manqué le but. Le point
précis qu'il s'agissait de démontrer était que la combinaison s'était accom-
plie à la température ou au-dessus de la température du mercure bouillant.
Or nous cherchons vainement une garantie pour ce fait que l'acide chlorhy-
drique et l'ammoniaque avaient réellement atteint la température du mer-
cure bouillant au moment où ils sortaient des tubes. M. Deville a fait passer
rapidement ses gaz, et les gaz ne prennent pas rapidement la température du
vase dans lequel ils sont placés. »
M. H. S.unte-Claïke Deville demande à l'Académie la permission de
faire à ce sujet quelques observations et les consigne dans la Note suivante :
« i° Je ne soutiens et je n'attaque aucune théorie : je me contente d'éta-
blir des faits, et je remarque avec plaisir qu'ils ne sont pas contestés par les
auteurs très-courtois de la Noie précédente. Les premières conséquences qui
aient été tirées de mes expériences sur la dissociation ont été publiées par
mon savant ami M. Cannizzaro, de Païenne : il a essayé depuis longtemps
d'expliquer par leur moyen les densités de vapeur que MM. Wanklyn et
Robinson appellent- aujourd'hui anormales; mais je n'ai pas encore voulu
admettre un système hypothétique dont la nécessité ne me paraît pas bien
évidente, quoiqu'il donne de l'importance à mes propres travaux.
» 2° Dans une enceinte chauffée vers 35o degrés, l'acide chlorhydrique
et l'ammoniaque gazeux se rencontrant à cette température ou à une tem-
pérature inférieure s'échauffent jusqu'à 3g4 degrés. Il faut en conclure que
les deux gaz se combinent à 35o degrés avec dégagement de chaleur; donc
le sel ammoniac existe à 35o degrés. Tout cela est nécessaire.
» Le cjçanhydrate d'ammoniaque seforme au-dessus .de iooo degrés par
le contact de l'ammoniaque et du charbon ; donc à ioo degrés il existe,
quoiqu'alors il représente 8 volumes.
» 3° Je ne demande pas mieux que d'admettre les raisonnements très-
ingénieux et très-séduisants de MM. Wanklyn et Robinson; mais il faut
( ia4o )
qu'ils démontrent d'abord que les corps qui représentent 8 volumes (et
seulement ceux-là) se décomposent tous dans leur propre vapeur à la tem-
pérature où on prend leur densité.
» 4° Je ferai remarquer à ces messieurs que j'ai opéré la dissociation de
l'acide carbonique sans le concours d'un vase poreux, et qu'ils trouveront
dans les Comptes rendus les résultats de mes expériences. M. Grove et moi-
même après lui, nous avons décomposé l'eau d'une manière qui me paraît
difficilement explicable avec les théories actuelles. Je serais très-heureux
qu'on y fit rentrer nos expériences, car ce serait un progrès. Dans les dis-
cussions engagées avec sincérité et aménité, la science gagne toujours et les
savants ne perdent jamais. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les propriétés calorifiques et expansives des
fluides élastiques; Note de M. F. Reeche, présentée par M. Regnault.
<< Dans le Compte rendu du i5 juin se trouve une Note de M. Clausius
ayant pour objet une réclamation de priorité au sujet du contenu d'une Note
de M. Dupré, insérée dans le Compte rendu du 18 mai. Il me sera permis
d'intervenir, à cette occasion, pour faire connaître que les équations trou-
vées' par MM. Dupré et Clausius peuvent être établies sans qu'on ait besoin
de savoir s'il y a ou s'il n'v a pas un équivalent mécanique de la chaleur.
» Je désigne par t la température d'un liquide et par p la pression de la
vapeur du liquide à la température t. On sait que p est une fonction de t.
Je me représente i kilogramme de vapeur mélangé de liquide. Je désigne
par v le volume du mélange, £ le poids de la vapeur et i — S, le poids du
liquide dans le volume v ; par w (fonction de t) ce que devient v pour % = o
et par W (fonction de t) ce que devient v pour | = i.
On a évidemment
(t) v = |W -r-(i — £)h' = w + (W— w)|.
» Les quantités v, p (ou bien <>, t) étant supposées représentées par des
abscisses et ordonnées dans un plan, je désigne par r, R deux fonctions de t
telles que r soit la quantité de chaleur nécessaire pour que la dilatation
de i kilogramme de liquide ait lieu le long de la courbe t> = w (à partir
de t = o) et que R soit la somme de chaleur nécessaire pour que la dilata-
tion de i kilogramme de vapeur saturée ait lieu le long de la courbe t>= W
aussi à partir de t = o). Je désigne encore par L la chaleur latente, c'est-à-
dire la chaleur nécessaire pour que le volume de i kilogramme de liquide,
( 1*4-1 )
à une température constante <, soit porté de w à W, On sait que L est une
fonction de t.
» Cela convenu, j'observe que si âQ est la somme de chaleur nécessaire
pour que les variables t, % de i kilogramme de vapeur mélangée de liquide
deviennent t -+- dt, % -+- d£, il doit y avoir une relation telle que
âQ = bf(t-hBde,
les quantités b, B étant des fonctions de 2, | seulement.
» En supposant t =const., on a f/£=o et l'expression dec?Qse réduit à Bd^;
ce terme est de la chaleur latente, mais il est évident que, à une tempéra-
ture constante t, la chaleur nécessaire pour produire une augmentation d£
dans le poids de la vapeur est hdi~. Il s'ensuit qu'on doit avoir B = L et que
l'expression de e?Q se réduit à
âQ = bdt-h'Ld%.
» En supposant maintenant^ = const., on a rf£= o et l'expression de t?Q
se réduit à bdt. Ce terme est la quantité de chaleur qui doit être fournie à
un poids constant % de vapeur et à un poids constant i — £ de liquide pour
que la température du mélange augmente de dt. Il est évident que cela
exige qu'on ait
bdt = S,dB.-{- (i — J-)dr=dr-h{dB.— dr)%.
L'expression de t?Qest par conséquent
W ^ = [ï+(ï-S)?]<"-Lrf5-
» En égalant à zéro le second membre de l'équation (a) on obtient l'équa-
tion de la détente d'un mélange de vapeur et de liquide dans une enveloppe
non perméable à la chaleur. Cette équation peut n'être pas une différen-
tielle exacte ; mais alors il y a un diviseur T tel, qu'on obtiendra une diffé-
rentielle exacte en posant
(3) dn = '-g = ....
» En se servant de l'équation (2) pour développer le second membre de
l'équation (3), on trouve une condition algébrique d'après laquelle le divi-
seur T doit être une fonction de t seulement. Cette condition est telle, que si
l'on regarde la fonction T comme connue, il est nécessaire qu'on ait
lf.\ dK dr rrd/L
C. R., i863, i« Semestre. (T. LVI, N° 26.) ,t)2
( 1^42 )
a Au moyen de lu condition (4) l'équation (2) revient a
dr ,. ^ , /Li
(5) m=^dtl^Td(^y
•> Au moyen de l'équation (1) on trouve la relation équivalente
(S M) ,Q=§* + Ttfi|^].
>i Au moyen de (5 bis) l'équation (3) devient sous forme finie
(6) T(W_»r+jTÂA=COnSL"-
» Telle est l'équation générale en v , £ des courbes de détente d'un mé-
lange de vapeur et de liquide dans une enveloppe non perméable à la cha-
leur.
» Il me reste à dire que la quantité T de mes équations (3), (4), (5),
(5 bis), (6) est précisément celle que M. Clausius fait figurer dans sa Note
sous la forme
T = « + /= 273 -+- t
et que, au moyen de cette expression de T, mon équation (4) se confond
exactement avec la première équation de la Note, tandis que, en égalant à
zéro le second membre de l'équation (5), on obtient exactement l'autre
équation de la Note de M. Clausius. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Faits pour servir à /' histoire des corps polymères .
porM. Berthelot.
« M. Balard a établi que l'alcool amylique, traite parle chlorure de zinc,
fournit un mélange d'amylène, de diainylène, de tétramylène, etc. : ces
résultats ont été confirmés et étendus par les travaux de M. Bauer et surtout
par les expériences intéressantes que M. Wurtz vient de publier. Cette der-
nière publication m'engagea donner également diverses observations que
j'ai faites, dans le cours de ces dernières années, sur l'amylène et sur les
corps polymères.
» l. Je me suis d'abord proposé de chercher si les polymères de I ainy-
lene dérivent directement de l'amylène libre, ou s'ils ne peuvent être obtenus
que par la métamorphose de l'alcool amylique.
» J'ai pris de l'amylène pur, du chlorure de zinc pur et préparé par
( ia43 )
moi (i), et j'ai chauffé ces deux corps en vase clos à 160 degrés pendant
quarante heures. Il ne s'est pas produit une seule huile de gaz; mais l'amy-
lene s'est trouvé transformé en diamylène et en carbures plus condensés,
dont le point d'éhullition monte jusqu'au rouge sombre. Ces phénomènes
sont analogues à ceux que j'avais observés autrefois, en modifiant le térében-
thène par le chlorure de zinc.
» 2. L'amylène peut être transformé plus rapidement en polymères, en
le mélangeant avec l'acide sulfurique concentré : un vif dégagement de
chaleur se produit, suivi bientôt de la séparation du liquide en deux
couches. La couche inférieure renferme de l'acide sulfurique , de l'acide
amvlsulfurique (2) et un acide plus stable analogue à l'acide iséthionique.
Au moment où on l'étend d'eau, elle fournit en outre une certaine quantité
de carbures condensés. La couche supérieure renferme des carbures con-
densés et un peu d'acide sulfurique combiné, à la façon de celui qui est
contenu dans l'huile devin. Soumise à la distillation, elle produit du diamy-
lène et des carbures plus condensés. — Ces faits expliquent les résultats
obtenus par M. Cahours dans la réaction de l'acide sulfurique sur l'alcool
amylique.
» 5. Le diamylène, obtenu par la réaction du chlorure de zinc sur
l'alcool amylique, ne représente pas une substance beaucoup plus stable
que l'amylène. Agité avec l'acide sulfurique, il s'y mélange de même avec
dégagement de chaleur ; puis une partie surnage et se sépare. Elle est formée
de carbures plus condensés et moins volatils , mélangés à une certaine
proportion de diamylène inaltéré.
» 4. Ces divers phénomènes me paraissent résulter du dégagement de
chaleur qui se produit au moment de l'union du carbure avec l'acide sulfu-
rique. La chaleur agit ici pour modifier le carbure et déterminer la réunion
de plusieurs molécules en une seule, absolument comme il arrive, d'après
mes expériences, lorsqu'on soumet le térébenthène et l'australène à l'action
directe de la chaleur. Le chlorure de zinc exerce quelque réaction analogue.
Son influence peut donner lieu, non-seulement à des condensations molé-
culaires, mais à des phénomènes d'hydrogénation et de déshydrogénation,
complémentaires les uns des autres : le plus simple de ces phénomènes est
celui en vertu duquel le térébenthène, dans mes expériences, chauffé avec
(1) Le chlorure de zinc dit pur, du commerce, renferme des nitrates dont la présence
donne lieu à des phénomènes secondaires.
(2) Isomère avec l'acide qui dérive de l'alcool de fermentation.
162..
( 1^44 )
le chlorure de zinc, dégage de l'hydrogène. J'ai observé d'ailleurs que la
chaleur seule peut produire ce même dégagement d'hydrogène, mais à une
température beaucoup plus hante.
» Tous ces effets sont très-généraux : ils peuvent être observés, non-
seulement avec l'amylène, le caprylène, le térébenthine , etc., mais aussi
avec des carbures plus simples, comme le prouve la formation des huiles
devin, aux dépens de l'alcool traité par l'acide sulfuriqueou par le chlorure
de zinc; et celle des dérivés condensés du propylène, volatils jusqu'au-
dessus de 3oo degrés, que j'ai obtenus, en même temps que l'alcool, en
étendant d'eau la solution sulfurique du propylène.
» 5. Dans aucune des réactions qui précèdent, je n'ai observé la forma-
tion de carbures intermédiaires entre l'amylène et le diamylène. Peut-être
ai-je opéré sur des quantités trop peu considérables. Voici en effet quelques
chiffres qui permettront déjuger dans quelles proportions se produisent les
nouveaux carbures observés par M. Wurtz dans la réaction du chlorure de
zinc sur l'alcool amylique.
» s o kilogrammes environ d'alcool amylique, volatil entre 125 et 1 35 de-
grés, traités en fabrique, ont formé, à la suite de plusieurs rectifications :
» i° Amylène et carbures volatils jusque
vers 4o degrés 3ooo gr. ou 3o pour ioo.
» 2° Produits volatils entre 6o et i io degrés . îoo » i »
» 3° Produits volatils entre i ioet i2odegrés. 200 » 2
» 4° Produits volatils entre 120 et i3o degrés
(consistant principalement en alcool amylique
inaltéré) 4°o » 4 »
» 5° Perte pendant les rectifications des
produits précédents 100 » 1
» 6° Produits volatils de i3o à 160 degrés
(renfermant de l'alcool amylique et du diamy-
lène) 3ooo » 3o »
» 70 Eau séparée de l'alcool par la réaction,
environ 2000 » 20 »
» 8° Produits volatils au-dessus de 160 de-
grés et perte 1 200 «12 »
» On voit que les produits, autres que l'amylène, volatils jusqu à 1 20 de-
grés, ne dépassent pas 3 centièmes; encore renferment-ils une certaine
quantité d'alcool amylique.
» Or si l'on réfléchit qu'il est impossible de séparer complètement, par de
( ia45 )
simples distillations, des liquides analogues qui s'entraînent en raison de
leur tension de vapeur, comme le prouve la rectification de l'alcool ordi-
naire, mélangé d'eau; si l'on se rappelle que l'alcool amylique du com-
merce renferme des alcools butylique, C8H,0O2 (Wurlz), caproïque,
Cl2H"02, et œnanlhylique, C,4H,602 (Fagel), mélanges qu'il est égale-
ment impossible de séparer par distillation au delà d'un certain terme,
même en opérant à point fixe; si l'on remarque enfin que l'analyse est inca-
pable de déceler de semblables mélanges, toutes les fois que la proportion
des alcools bomologues ne dépasse pas quelques centièmes; on sera, je
pense, fondé à attribuer à ces alcools la présence des i on 3 centièmes
des carbures intermédiaires, tels que C,2H'2 et CMrT'\ Quant à C,6H,C.
c'est probablement du dibutylène, (C8H8)2, dérivé de l'alcool butylique,
etC,8H'8, du butylamylene, C8H8.C,0H'0, dérivé à la fois des alcools
butylique et amylique, etc. — Cette conclusion est d'autant plus vraisem-
blable que les mêmes phénomènes de condensation moléculaire s'observent
sur des carbures tels que C20H,6,qui ne sont pas homologues avec leurs
polymères.
» 6. J'ai fait quelques expériences relatives à l'union du diamylène avec
les hydracides. J'ai obtenu en effet un chlorhydrate, mais qui m'a paru
moins stable que les chlorhydrates des carbures normaux C2"H2". 11 est
probable que le diamylène, (C'°H10)2, diffère en outre du carbure isomère
C20 H20, homologue de 1'étbylène, par certaines réactions où il se dédouble,
en reproduisant les dérivés de l'amylène. C'est ainsi que le carbure CI0H'°,
obtenu par M. Wurtz dans la réaction du zinc-éthyle sur l'éther allyliodhy-
drique, et qu'il a désigné sous le nom d'amylène, mais cpie je crois préférable
d'appeler élhylpropylène (C6 H6 .C4 H4) se distingue de l'amylène véritable
par certaines réactions. En effet, dans les expériences très-exactes qu'il a
publiées sur ce corps (i), M. Wurtz a observé que ce carbure, traité par
l'acide iodhydrique, peut fournir, entre autres produits, de l'éther éthyl-
iodhydrique, C4 H5 1, et l'iodhydrate d'un carbure, C,2H'2, cpie je regarde
comme du dipropylène, (C6 H6)2. La formation de ces deux composés, que
l'amylène véritable ne saurait produire, est en harmonie avec l'origine com-
plexe de l'éthylpropylène; mais il reste à déterminer d'une manière plus
certaine les conditions de ce dédoublement.
» Des faits analogues s'observeront sans doute lorsque l'on soumettra a
une étude plus complète les carbures (;-"H'-"+2, c'est-à-dire les carbures
(i) Bulletin de la Société chimique, février l863, p. 57.
( 1246 )
limites. En effet ces carbures, loin d'être incapables d'isomérie ou plus
exactement de métamérie, sont au contraire les carbures qui doivent fournir
le plus grand nombre de cas de ce genre, puisqu'ils représentent le terme
de saturation auquel on arrive par diverses voies, en ajoutant deux à deux,
trois à trois, etc., des carbures plus simples. En général, l'étude des corps
métamères et polvmères offre des difficultés spéciales et réclame beaucoup
de précision dans les idées et dans la direction des expériences, si l'on veut
éviter de jeter la science dans une grande confusion. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlorure de zinc sur l'alcool amylique (Suite);
Note de M. Ad. AYurtz, présentée par M. Balard.
« Hydrure de diamyle. — On a ajouté du brome par petites portions à du
diamylène refroidi par un mélange réfrigérant. On a abandonné dans la
glace le liquide rouge pendant une heure, puis on l'a lavé avec la potasse
faible, on l'a deshydraté et distillé sous une pression de 20 millimètres. On
a recueilli tout ce qui a passé avant 80 degrés. Après avoir soumis ce liquide
au traitement qui a été décrit pour la purification de l'hydrure d'octyle, on
s'est assure d'abord qu'une goutte de brome ou mieux les vapeurs de brome,
en tombant dans ce liquide, le coloraient en rouge, preuve cpi'il ne renfer-
mait plus d'hydrogènes carbonés C"H2n. On l'a ensuite soumis à la distilla-
tion fractionnée. L'ébullition a commencé à i/jo degrés; un tiers du liquide a
passé de 140 à 1 55 degrés, et les deux autres tiers de i55 à 160 degrés. La
plus grande partie de ce dernier a passé de 1 55 à f 57 degrés. Sa densité
à o degré est = 0,^53.
» Sa composition répondait exactement à la formule €<0H22.Sa densité
de vapeur a été trouvée =5,o5, le nombre théorique est 4>9i°\
» Je dois faire remarquer d'ailleurs que le corps que je décris ici sous Je
nom d'hydrure de diamyle, possède sensiblement le même point d'ébul-
lilion, la même densité de vapeur, et à peu de chose près la même densité,
à o degré, que l'amyle (£5 H")2. Ces faits soulèvent la question de savoir si
l'hydrure de diamyle quej'ai décrit est identique ou isomérique avec l'amyle.
La présence d'autres hydrures dans ce mélange d'hydrocarbures m'a fait
penser que le corps quej'ai décrit est réellement un hydrure. J'ai d'ailleurs
transformé ce corps en un chlorure, G,0H2' Cl, qui bout de 190 à 200 de-
grés.
» Il résulte des expériences qui viennent d'être décrites, que l'action du
chlorure de zinc sur l'alcool amvlique donne lieu à deux séries de carbures
( i2/,7 )
d'hydrogène parmi lesquels ou a signalé les suivants :
Amylène. .
. G5 H10,
Hydrure d'amyle. . .
G5H'%
Hexylène. .
. G6H*%
Hydrure d'hexyle. .
G6H'\
Heptylènc. .
. G7HU,
Hydrure d'heptyle . .
G1 H16,
Octylène. .
. G8H16,
Hydrure d'octyle. . .
G8H1S,
Nonylène. .
. G9 H18,
Hydrure de nonyle. .
€9H20,
Diamylène.
. €20H80,
Hydrure de diamyle.
G'°HSS.
» J'ai lieu de croire que ces carbures ne sont pas les seuls, et que la sent
de Pamylène se continue sans interruption depuis le diamylène jusqu'au
triainylène, et peut-être au delà. Je n'ai pas isolé tous ces carbures d'hydro-
gène intermédiaires; j'ai cru pouvoir me contenter d'en séparer, par distil-
lation fractionnée, un seul qui fût compris entre le diamylène et le triamv-
lène. J'ai obtenu une quantité considérable d'un carbure qui, après plu-
sieurs distillations fractionnées, a passé de 178 à 184 degrés, et dont la
composition et la densité de vapeur répondaient assez bien à la for-
mule G'2 H24.
» Comment concevoir la formation de tous ces carbures d'hydrogène
dans la réaction dont il s'agit? Ainsi que je l'ai fait remarquer dans ma der-
nière communication, je me suis sérieusement préoccupé de la question de
savoir si ces carbures ne proviendraient pas de l'action du chorurede zinc
sur de; alcools supérieurs dont les vapeurs seraient entraînées par la masse
des vapeurs d'alcool amylique. Cette considération m'a engagé à purifier
avec soin de l'alcool amylique avant de le soumettre à l'action du chlorure
de zinc. Bien que ces nouvelles expériences m'aient encore donné une petite
quantité de carbures intermédiaires entre l'amylèneet le diamylène, j'au-
rais encore hésité à abandonner l'interprétation que je discute, si d'antres
considérations ne m'avaient pas conduit à en préférer une autre.
» La présence des hydrnres parmi ces hydrocarbures, et particulièrement
celle de l'hydrure de diamyle qui me paraît être le fait saillant de ces re-
cherches, prouve évidemment que la réaction dont il s'agit est plus com-
pliquée qu'on ne l'a supposé jusqu'ici. Ces hydrures ne peuvent se former
que par suite d'une soustraction d'hydrogène qu'éprouvent certaines molé-
cules d'amylène, ainsi que je l'établirai plus loin. Dès lors il paraît naturel
de supposer que dans la réaction énergique du chlorure de zinc sur l'alcool
amylique, certaines molécules d'amylène succombent en quelque sorte;
que les unes perdent de l'hydrogène, que d'autres se scindent en carbures
plus simples, véritables débris qui s'attachent, à l'état naissant, à d'autres
( 1248 )
molécules d'amylène. Ainsi une molécule d'amylène peut se scinder en GH2
et en G*H8 qui, en s'attachantà deux autres molécules d'amylène. peuvent
Former les carbures G6 H12 et G9 H18. On sait que de telles complications
s'effectuent dans une foule de réactions énergiques, telles que l'action de la
chaleur sur certains composés. Je rappelle ici la formation de divers hydro-
gènes carbonés dans la distillation sèche de composés relativement sim-
ples (Derthelot). La réaction énergique du chlorure de zinc sur l'alcool
amvlique est jusqu'à un certain point comparable aux réactions énergiques
que je viens de mentionner.
» De plus, il m'a paru difficile d'admettre dans l'alcool amylique bouil-
lant à i3o degrés, la présence d'une quantité appréciable d'alcool octy-
lique et d'alcool nonylique. Et la présence du nonylène dans le mélange
d'hydrocarbures est particulièrement significative, car à la rigueur l'octylène
que j'ai obtenu pourrait être du dibutylène.
» Telles sont les raisons qui m'ont fait préférer l'interprétation que je
viens d'indiquer. Il y en a une troisième qui consisterait à admettre que les
carbures d'hydrogène signalés dans la réaction du chlorure de zinc sur
l'alcool amylique se forment par condensation de molécules d'amylène
entières. On pourrait exprimer de telles condensations par les formules
suivantes :
6 G5 H10 = 5 G6H,S,
7 G5H10 =5 G'H14,
8 €3H10=:5 G8H16,
9 G5H'° = 5 G'H'8,
io G5H12 = 5 G10H*°.
Je préfère néanmoins l'interprétation qui consiste à admettre que des molé-
cules d'amylène se scinderaient en des carbures d'hydrogène plus simples,
qui viendraient compliquer d'autres moléculesd'amylène A la vérité, je n'ai
point rencontré ces carbures d'hydrogène simples, mais on peut supposer
qu'à l'état normal ces débris s'attachent facilementà de l'amylène. Dans tout
les cas, on voit que la formation du diamylène n'apparaît que comme un
cas particulier d'une tendance générale que possède la molécule d'amylène
à passer à l'état de combinaison saturée, et cette tendance n'est pas entiè-
rement satisfaite par l'adjonction de molécules nGH2, elle n'est satisfaite
définitivement que par la transformation des carbures G" H2" en h\-
d n ires GnH2"+2.
» Comment ces hydrures prennent-ils naissance? Telle est la seconde
question qu'il s'agit de discuter. Ils se forment en vertu d'une décomposi-
( 1249 )
tion plus profonde, d'une déshydrogénatiou que subissent certaines mo-
lécules d'ainylène. Ces molécules déshydrogénées se compliquent, se con-
densent pour former des carbures bouillant à des températures très-élevées.
On trouve, en effet, parmi les derniers produits de la distillation du mé-
lange des carbures résultant de l'action du chlorure de zinc sur l'alcool
amylique, des corps oléagineux de consistance épaisse et qui renferment
moins d'hydrogène que n'en exige la formule G" H2". On a analysé un tel
produit qui avait passé bien au-dessus du point d'ébullition du mercure.
Il renfermait 087,0, H i3,i. J'ajoute que la masse qui reste après la distil-
lation de l'alcool amylique sur le chlorure de zinc est généralement noire,
et que c'est précisément l'hydrogène qui a abandonné cette matière noire,
et les anhydrogénides (Loureinço) dont il vient d'être question, qui com-
plète la saturation des carbures qui apparaissent à l'état d'hydrures. »
chimie. — Purification du cuivre ; Note de MM. E. Millon et A. Commaille,
présentée par M. Pelouze.
« On trouve presque toujours du fer dans le cuivre métallique, et les
sels de cuivre sont rarement exempts d'un peu de sel ferrique. C'est même,
dans la plupart des cas, à la présence du fer qu'il faut attribuer la colo-
ration verte de certains sels de cuivre qui paraissent indifféremment verts
ou bleus. Malgré ces deux teintes bien caractérisées, on ne reconnaît, entre
les deux sels qui les présentent, aucune différence de composition appré-
ciable; mais dans le sel vert se retrouve toujours une petite quantité de
fer. Les formiale, iodate et lactate de cuivre sont particulièrement dans ce
cas : à l'état de pureté, ils sont bleus, mais il suffit d'une trace de fer
pour leur communiquer une teinte verte (1).
» Il est aussi très-ordinaire de constater l'existence de l'arsenic dans le
cuivre; la précipitation du cuivre par un courant galvanique n'élimine
pas entièrement le métalloïde. En recourant aux méthodes décrites jus-
qu'à ce jour, la séparation de l'arsenic et du fer entraînent, des manipula-
tions laborieuses et compliquées que nous avons réussi à simplifier.
» Le cuivre à purifier est attaqué par l'acide sulfurique du commerce,
(1) Nous avons constaté que le bichlorure de cuivre lui-même peut être obtenu sous
forme de cristaux bleus; une parcelle de fer le colore en vert, mais il devient également
vert dans d'autres circonstances sur lesquelles nous n'avons pas à insister ici.
C. R., i863, 1" Semestre. (T. LVI, N° 26.) I <3 3
( I20O )
étendu de la moitié de son volume d'eau. Cette addition d'eau modère la
réaction et régularise remarquablement le dégagement d'acide sulfureux ;
cette indication n'est pas à négliger dans la préparation de ce dernier gaz.
Il importe peu que l'acide snlfiirique employé soit arsenical; au bout de
quinze à vingt minutes d'ébullition, tout l'arsenic contenu dans l'acide
serait précipité, et nous ne connaissons pas de meilleur moyen pour pur-
ger entièrement un acide sulfurique impur de l'arsenic qu'il contient. En
continuant l'ébullition, le cuivre se dissout dans l'acide sulfurique et se sé-
pare aussi de l'arsenic qu'il contient. Le sulfate de cuivre qui prend nais-
sance ne renferme pas la moindre trace de combinaison arsenicale. Le mé-
talloïde se retrouve tout entier dans une poudre noire, décrite comme oxy-
sulfure de cuivre, et sur laquelle l'acide sulfurique bouillant est sans
action (1). Lorsque le dégagement d'acide sulfureux est terminé, on verse
de l'eau bouillante sur le résidu de l'opération et l'on chauffe de manière
à dissoudre tout le sulfate de cuivre qui s'est formé; on laisse reposer la
liqueur acide jusqu'à ce que l'oxysulfure noir de cuivre se soit déposé;
on décante, on évapore à sec, pour se débarrasser de l'excès d'acide sul-
furique, et le sulfate de cuivre est repris par l'eau chaude d'où il cristallise.
Le sulfale de cuivre ainsi obtenu renferme presque toujours du fer et
assez souvent du zinc. Le' cuivre est facilement séparé de ces deux mé-
taux par un courant électrique.
» On forme une solution acide avec le sel précédent, et l'on y introduit
les électrodes en platine d'une pile. On règle le courant de telle sorte que
le dépôt ait lieu, non sous forme pulvérulente, mais en lames flexibles et
homogènes. On a soin de maintenir dans la solution le sel de cuivre en
grand excès. De cette façon, le cuivre précipité a tous les caractères d'une
pureté absolue. Nous l'avons soumis aux épreuves les plus minutieuses, sans
y découvrir la moindre trace de substance étrangère.
» Parmi les essais auxquels nous avons eu recours pour déceler l'exis-
tence du fer, nous croyons devoir signaler une réaction singulière qui s'ob-
serve, lorsqu'on met des feuilles de cuivre en contact avec une solution de
sel cuivrique additionnée d'un grand excès d'ammoniaque. On opère à l'abri
de l'air dans un flacon bouché à l'émeri, que l'on remplit exactement avec
la solution ammoniacale du sel de cuivre. Lorsque cette dernière solution
n'est pas tiès-concentrée, le cuivre métallique se dissout assez rapidement
(r) Il serait facile de fonder sur cette réaction un nouveau procédé de recherche de
l'arsenic, dans les opérations toxirologiques.
( i25i )
et bientôtla liqueur bleue se décolore; si le cuivre et la solution cuiviique
sont absolument purs, on n'observe pas d'autre phénomène que la dissolu-
tion du métal et la transformation du bisel en prolosel. Mais pour peu que
le métal ou la solution renferment du fer, celui-ci se précipite et se retrouve
dans une poudre jaune, très-altérable au contact de l'air. Le fer n'entre que
pour une proportion minime dans la poudre jaune, qui est surtout formée
de protoxyde de cuivre : le zinc est également précipité. Dans l'analyse
d'une de ces poudres, nous avons trouvé les proportions suivantes :
Cuivre gg, 17
Fer o,5o
Zinc o,33
>> Cette élimination du fer et du zinc n'aurait pas lieu si le sel de cuivre
ammoniacal renfermait de l'acide oxalique ou de l'acide tartrique; mais
nous l'avons constatée avec les phosphate, nitrate, sulfate et chlorure cui-
vriques.
» Il est difficile d'expliquer qu'une si petite quantité de fer entraîne la
précipitation à l'état d'oxydule d'une quantité de cuivre deux cents fois plus
considérable. C'est là une influence tres-originale et qui nous a fait croire
un instant à l'existence d'un métal indéterminé dans le cuivre ; mais le cuivre
entraîné par le fer a exactement toutes les propriétés du cuivre ordinaire.
Dans tous les cas, nous ne connaissons pas de procédé plus sensible pour
déceler jusqu'au moindre indice de fer dans le cuivre et dans ses combinai-
sons; nous y avons eu recours pour éprouver le cuivre obtenu par la mé-
thode précédemment décrite, et, en agissant ainsi, sur ib grammes de cuivre
purifié nous n'y avons pas retrouvé trace de fer. »
PHYSIQUE.— Sur la chaleur spécifique des corps solides; déductions relatives à la
nature composée des corps considérés comme éléments; par M. H. Kopp.
« J'ai déterminé les chaleurs spécifiques d'un très-grand nombre de
corps solides. Je serai bientôt en mesure de donner la description complète
du procédé que j'ai employé, des résultats que j'ai obtenus, et d'indiquer
les conséquences que l'on peut déduire de ces nouvelles déterminations et
de celles d'autres expérimentateurs. Aujourd'hui je me borne à communi-
quer quelques-uns des résultats les plus généraux de mes recherches.
» On sait que des combinaisons solides, possédant une composition ato-
mique semblable, possèdent en général la même chaleur atomique (produit
du poids atomique et de la chaleur spécifique). Aux exemples déjà connus
i63..
( 1252 )
qui démontrent cette proposition, j'en ajoute un assez grand nombre d'au-
tres, parmi lesquels quelques-uns offrent un intérêt particulier. Ce sont les
cas où l'analogie de composition ne se révèle que lorsqu'on admet pour cer-
tains éléments les poids atomiques nouveaux (i), et où les poids atomiques
anciens et les formules qu'on en déduit auraient masqué les relations qui
existent en réalité entre la chaleur spécifique et les poids atomiques.
a De même que les carbonates et les silicates RGQ3 et RSiô3, les
nitrates et les chlorates RNÔ3 etRCIO3, de même aussi les permanganates
et les perchlorates RMnô4 et RC1Ô4, les sulfates et les chromâtes RSO*
et RGrO* possèdent sensiblement les mêmes chaleurs atomiques. Mais
d'un autre côté, aux exceptions déjà connues à cette loi, que des com-
binaisons d'une composition atomique semblable offrent sensiblement la
même chaleur atomique, mes recherches en ajoutent quelques autres.
» La chaleur atomique d'une combinaison paraît dépendre uniquement
de la composition empirique et non de la composition rationnelle. Des
combinaisons analogues, même isomorphes, dans lesquelles un groupe ou
radical composé est venu prendre la place d'un élément, possèdent des cha-
leurs atomiques différentes. Ainsi les combinaisons de l'ammonium pos-
sèdent une chaleur atomique sensiblement plus élevée que les combi-
naisons correspondantes du potassium. De même les combinaisons du
cyanogène ont donné une chaleur atomique plus élevée que les combinai-
sons chlorées correspondantes.
» La chaleur atomique d'un corps qui est contenu, ou dont on peut
admettre l'existence dans une combinaison, peut sans doute être déduite
indirectement delà chaleur atomique de cette combinaison, en déduisant
de celle-ci la chaleur atomique de tout le reste (2). Ainsi, si de la chaleur
atomique des chromâtes ou titanates RRQ> on retranche la chaleur ato-
(1) Ces poids atomiques sont pour H= 1, Cl = 35,5, 0=i6, S = 32, B=io,g,
N= i4, G = 12, Si = 28. R signifie un atome monoéquivalent d'un métal (par exem-
ple, Na = 23, K = 3g,i, Ag = io8); R (toujours, ou seulement dans certaines combinai-
sons) un atome diéquivalent (par exemple, Ga = 4°> ^* = 2°7 > Fe = 456, tr = 52,2,
W= 184, etc.).
(2) De toiles déterminations indirectes de chaleurs atomiques ont été tentées à diverses
reprises par MM. Hermann, Schrœder, L. Gmelin, Wœstyn. Je les discuterai dans. mon
Mémoire, ainsi que les recherches relatives aux relations entre la chaleur spécifique et la
composition, recherches dr.es à Neumann, A.vogadro, Regnault, Garnie.-, Balancari,
Cannizzaro.
( ia53 )
mique de la base PiO, il reste celle de l'acide RO', et l'on obtient le même
reste en retranchant de la chaleur atomique dn chromate acide de potasse
RsGi'2ô7 celle dn chromate neutre K2£rO*; ou, pour prendre un autre
exemple, on peut admettre que les chaleurs atomiques des combinaisons
hydratées sont les sommes des chaleurs atomiques de la substance anhydre
et de l'eau, prise à l'état solide, qui y est combinée. A la vérité, de telles dé-
terminations indirectes peuvent être incerlaines : premièrement, par la
raison que, dans certains cas, des combinaisons analogues qui devraient
posséder la même chaleur atomique possèdent en réalité des chaleurs ato-
miques sensiblement différentes, d'après les déterminations des chaleurs
spécifiques; en second lieu, par la raison que toute incertitude ou erreur
inhérente aux chaleurs spécifiques de la combinaison et du facteur qu'on
en déduit se reporte sur le reste, c'est-à-dire sur un facteur relativement
petit.
» Toutefois, si l'on fait de telles déductions, non-seulement pour des cas
particuliers, mais pour des séries entières de corps correspondants, elles
acquièrent un degré de sûreté suffisant pour prêter quelque intérêt aux
considérations qu'on y rattache.
» Ceci s'applique particulièrement à la détermination indirecte des cha-
leurs spécifiques et des chaleurs atomiques de certains éléments.
» On sait que les chaleurs atomiques des éléments dont les chaleurs spé-
cifiques ont été déterminées à l'état solide sont sensiblement les mêmes.
Elles sont, en moyenne, =6,4 environ. On admet généralement que cette
loi, la loi de Dulong et Petit, s'applique à tous les éléments, et on en tire
parti pour la fixation des poids atomiques, en s 'appuyant sur cette donnée,
que les produits des chaleurs spécifiques et des poids atomiques sont sensi-
blement égaux. Pour certains éléments cependant, ainsi que cela résulte de
recherches déjà anciennes et des miennes propres, il n'en est pas ainsi.
Pour le carbone, pour le bore, pour !e silicium, par exemple, les produits
des chaleurs spécifiques et des poids atomiques, tels qu'il est nécessaire ou
possible de les admettre, d'après les considérations chimiques, sont inégaux
mais toujours plus petits que les produits obtenus avec d'autres éléments
dont les chaleurs spécifiques ont été déterminées à l'état solide.
» La signification de ces faits, qu'on regarde comme des exceptions ou
comme des cas douteux, augmente en portée et en intérêt, lorsqu'on prend
en considération les chaleurs atomiques des combinaisons, et les déductions
qu'on en peut tirer concernant les chaleurs atomiques des éléments.
» Les combinaisons des éléments, auxquels s'applique la loi de Dulong
( 1^54 )
et Petit, offrent cette régularité, que leurs chaleurs atomiques (C. A.) sont,
autant de fois plus grandes que celles d'un élément, qu'elles renferment
C A
d'atomes élémentaires; en d'autres termes, quelles donnent — '■ — - = 6,4 en-
viron, si ri représente le nombre desatomes élémentaires contenus dans une
molécule delà combinaison. Cette régularité se montre, indépendamment
des alliages de métaux en proportions atomiques, pour les chlorures, bro-
mures et iodures métalliques; je l'ai trouvée confirmée même pour des
chlorures qui renferment 7 et jusqu'à 9 atomes élémentaires dans une mo-
lécule de la combinaison, par exemple pour Z-nK'Cl*, PtK5Cl6. Elle est
moins rigoureuse pour les combinaisons des métaux avec le soufre. Ici
c a
— — - est généralement < 6. Elle ne se montre plus pour les oxydes métalliques
où — — : est constamment et notablement plus petit que 6 et d'autant plus
petit que les atomes d'oxygène prédominent dans l'oxyde sur les atomes de
métal. Dans le cas de l'eau, cette régularité se vérifie encore moins, la cha-
C A
leur atomique de l'eau étant calculée pour l'état solide. Ici — — : est = 3 en-
viron. Et pour quelques combinaisons organiques, telles que le sucre et
l'acide tartrique, — — '- est encore moindre.
1 n
» Ce fait, que la régularité dont il s'agit ne se montre plus dans un si
grand nombre de combinaisons, n'admet qu'une seule explication, à savoir:
qu'elles renferment des éléments qui, dans ces combinaisons du moins,
possèdent une chaleur alomique différente de celle qui correspond à la loi
de Dulong et Petit. On a quelquefois admis que la chaleur spécifique et par
conséquent la chaleur atomique d'un élément peut être différente à l'étal
libre et à l'état de combinaison, et peut varier dans diverses combinaisons.
Une telle supposition est arbitraire; car, premièrement, les variations de
chaleur spécifique qu'offrirait un seul et même élément, en entrant dans les
combinaisons, seraient beaucoup plus considérables que, les variations qu'on
a démontrées comme possibles pour un corps donné, suivant ses états phy-
siques différents; en second lieu, on trouve, au contraire, pour beaucoup
de combinaisons, que les atomes qu'elles renferment y possèdent la même
chaleur atomique qu'à l'état libre; enfin, on remarque que les chaleurs ato-
miques de certains éléments qui ne s'accordent pas avec la loi de Dulong et
de Petit, et (pion a déduites indirectement des chaleurs atomiques des com-
binaisons, s'accordent sensiblement avec les chaleurs atomiques de ces
( i255 )
mêmes éléments, telles qu'on les a trouvées pour l'état libre, c'est-à-dire
directement.
> Il semble donc qu'on doive admettre :
» Que chaque élément possède à l'état solide et à une distance convenable
du point de fusion une seule chaleur spécifique, et par conséquent aussi
une seule chaleur atomique ;
» Qu'à la vérité cette chaleur spécifique peut offrir certaines variations,
suivant les conditions physiques du corps simple, sa densité, sa cohérence,
son état cristallin ou amorphe, mais que ces variations ne présentent jamais
l'amplitude de celles qu'offriraient certaines chaleurs spécifiques, si tous les
éléments suivaient la loi de Dulong et Petit ;
■> Qu'enfin la chaleur spécifique d'un élément est la même à l'état libre
et à l'état de combinaison.
» Ces considérations seront développées et continuées dans une pro-
chaine communication. »
MINÉRALOGIE. — Sur la nature du jade; Note de M. Sterry Hunt,
présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Le nom de jade fut donné par de Saussure père à un minéral compacte
blanchâtre, le lemanite de Delamettrie et le feldspath tenace d'Haùy, qui
forme avec le smaragdite la roche nommée euphotide par ce dernier. Le
jade, d'après de Saussure, rayait le quartz et avait une densité de 3,32-3,/Jo
(Naumann et Mohs l'ont trouvée de 3,25-3,4o). Il n'était pas attaqué
par les acides, et donnait à de Saussure, par la fusion, un verre tendre
ayant une densité de 2,8. M. de Saussure fils donnait à ce minéral, qu'avait
décrit son père, le nom de saussurite. Plus tard les euphotides ont été exa-
minés par Boulanger et ensuite par Delesse, qui ont pris pour le jade (saus-
surite) une matière blanche ayant une densité de 2, 58-2, 80, attaquable
par les acides, possédant souvent les clivages d'un feldspath, et offrant la
composition du labrador, avec lequel on a fini par confondre le jade de
Saussure, de sorte que l'eupbotide est devenu, dans ces derniers temps,
synonyme d'une variété de diorite ou d'hypérite. (Rose, d'Halloy, Lenft.)
» M. Damour a fait voir, il y a quelques années, que certaines pierres
orientales, vulgairement connues sous le nom de jade, n'étaient autre chose
qu'une amphibole compacte, ayant une densité de 2,97. Cette matière était
loin à la fois du jade de Saussure et des feldspaths de Delesse, et j'ai été
amené, il y a quatre ans, à faire une étude des spécimens authentiques des
euphotides de la Suisse (vallée de Sass, mont Rose), qui m'avaient été four-
( i 256 )
nis par l'obligeance de M. le professeur Guyot. Les résultais de mes recher-
ches ont paru au mois de mars 1 85g, dans un Mémoire Sur les E-upholid.es
[Amer. Jour, of Science, vol. XXVII, p. 336), où j'ai fait voir que le jade,
qui forme la hase de ces euphotides véritables, possède tous les caractères
que lui attribuait de Saussure. Il a une densité de 3,33-3,38, i\ne dureté
égale à celle du quartz, et n'est attaqué par les acides qu'après avoir été
chauffé au blanc. Ce jade est toujours compacte, tenace, avec une cassure
esquilleuse et une couleur blanchâtre, nuancée de vert, de bleu ou de
rouge, renferme quelquefois des lamelles d'un feldspath du sixième système,
attaquable par les acides, qui ressemble à du labrador, et qui sert par sa
présence à expliquer l'erreur de ceux qui ont pris cette dernière espèce
pour le véritable jade ou saussurite des euphotides. En outre ce jade était
accompagné et souvent pénétré par du talc argenté, quelquefois associé à de
l'actinolite. Le smaragdite de ces euphotides est un pyroxène vert d'herbe,
quelquefois mélangé d'amphibole, et donnant, par l'analyse, du chrome,
du nickel et des traces de cobalt.
a Les analyses de deux échantillons du jade des euphotides du mont
Rose (densité 3,33 et 3,38) faisaient voir qu'il est un silicate d'alumine et
de chaux, avec deux ou trois centièmes de soude, donnant pour l'oxygène
environ les rapports 3 : i '. i , qui sont à la fois ceux de la méionite (espèce
de la famille des wernérites) et de la zoisite. Mais le jade, par sa densité, sa
dureté et ses caractères chimiques, est très-éloigné des wernérites, et se rat-
tache à la famille des grenats, des épidotes et des zoïsites. C'était donc à
cette dernière espèce que j'ai dû rapporter le jade de Saussure (i).
» Dans le Mémoire que je viens de citer, j'ai rappelé la relation d'isomé-
risme ou plutôt de polymérisme qui existe entre la méionite et la zoisite, et
j'ai dit que l'augmentation de dureté, de densité et d'indifférence chimique
qu'on remarque dans cette dernière espèce tient sans doute à un équivalent
plus élevé, c'est-à-dire à une molécule plus condensée. Ces degrés de con-
densation, dont on tient compte dans la chimie organique, ont d'ailleurs,
comme j'ai déjà fait voir, une haute importance pour la Minéralogie, et
formeront la base d'un nouveau système de classification qui tiendra à la
(i) Dans son Traité de Minéralogie, p. 242, M. Des Cloizeaux a cité une de mes analyses
de la saussurite du mont Rose; mais il me fait dire, à tort, que je considère la saussurite du
mont Genèvre et d'Osezza comme étant de la zoisite, tandis que je ne donne ce nom qu'au
jade de Saussure (saussurite). Là aussi, par une erreur, la densité du spécimen analysé est
donnée comme 2,365 au lieu de 3,365.
( i»57 )
fois de la Chimie et de l'Histoire naturelle. ( Voir les Comptes rendus de i855.
t. XLI, p. 79.) Les carbonates rhomboédiïques, ainsi que le disthène et
la sillimanite, l'amphibole et le pyroxène, offrent des exemples d'une con-
densation plus ou moins grande, et appartiennent à des séries dont les
termes, comme ceux des hydrocarbures nC'2 H2, sont à la fois homologues
et polymères d'un premier terme. Mais chacun de ces carbonates et silicates
appartient à une autre série possible, dont les termes diffèrent par nM202,
correspondant à des sels plus ou moins basiques.
m La méionite (avec les rapports 3; 2:1) est le terme le plus basique
connu de la série des wernérites, dans lesquelles la proportion de silice va en
augmentant jusqu'au dipyre, qui donne les rapports 6:2:1, tout en ayant
sensiblement la même densité que la méionite. On pourrait naturellement
s'attendre à trouver un silicate qui serait au dipyre ce que la zoïsite est à la
méionite. Ce nouveau silicate, M. Damour a eu le bonheur de le rencontrer
dans un échantillon de jade provenant de la Chine, et dont il a communiqué
tout récemment la description et l'analyse à l'Académie [Compte rendu du
[\ mai). Ce minéral, par ses caractères physiques et chimiques, ressemble
beaucoup au jade du mont Rose,dont il a d'ailleurs la densité(3,34; Damour).
C'est un silicate d'alumine, de chaux et de soude, et, par sa composition,
il rentre parfaitement dans la formule empirique du dipyre. On peut espérer
par la suite trouver, entre la saussurite et cette nouvelle espèce, d'autres
jades, avec des formules correspondant aux wernérites connues, entre la
méionite et le dipyre. Il est évident que M. Damour a doté la science d'une
nouvelle espèce minérale qui, d'après les considérations que je viens d'ex-
poser, prend une haute importance. Par sa dureté, sa densité et son indif-
férence aux acides, elle se distingue complètement des wernérites et prend
place à côté de la zoïsite, se rattachant au groupe des grenats, des idocrases
et des épidotes. Le tableau suivant fera ressortir les relations de cette nou-
velle espèce :
Densité, environ. ... 2,7 3,3
Rapport 3:2:i Méionite. Zoïsite.
Rapport 6:2: 1 Dipyre. Nouveau jade. *
CHIMIE. — Recherches relatives à l'action du brome sur le bromure d'aeélyle, et
élude de l'acide tribromacétique. — Préparation du bromure d'acètyle;
Note de M. H. Gal, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Le procédé qu'on suit généralement pour obtenir ce composé consiste
C. R , i863, i« Semestre. (T. LVl, N° 26.) ' ^4
( i258 )
a faire réagir le perbromure de phosphore sur l'acide cristallisable. La for-
mule de la réaction est la suivante :
C H' O4 + Ph Br5 = Ph O2 Br3 -+- HB + CG H3 O2 Br.
» On voit que sur 5 équivalents de brome un seul est employé a la
formation du corps cherché. De plus la préparation du perbromure de phos-
phore est très-laborieuse, et la séparation du bromure d'acétyle du bro-
moxyde de phosphore n'est pas toujours complète. Après diverses tenta-
tives pour trouver un nouveau procédé, je me suis arrêté au suivant comme
donnant de très-bons résultats.
» J'introduis dans une cornue 3 équivalents d'acide acétique cristallisable
et 2 équivalents de phosphore rouge, je verse ensuite par un tube effilé
6 équivalents de brome. La réaction est très-vive et la décoloration de
chaque goutte de brome instantanée. Il se dégage de l'acide bromhvdrique
et l'on obtient en même temps de l'acide phosphoreux et du bromure d'acé-
tyle qu'il est facile de séparer par la distillation. La réaction peut être repré-
sentée par l'équation suivante :
3C,H4G4 + aPhBr* = 3C4HJ02Br + 3HBr
.PhO3
» La moite du brome employé sert à la formation du bromure d'acétyle.
Avec 2/10 grammes de brome, go degrés d'acide acétique cristallisable et
33 grammes de phosphore, j'ai obtenu i4o grammes de bromure d'acétyle
bouillant à 8i degrés.
Bromure d'acétyle monobromé C4H2Br02,Br.
» Si l'on introduit dans un tube scellé à la lampe 6 grammes de bromure
d'acétyle pour 8 grammes de brome et que l'on chauffe au bain- marie, la
décoloration est presque instantanée, mais aussi il arrive souvent, précisé-
ment à cause de la rapidité avec laquelle s'effectue la réaction, que les tubes
font explosion. Pour se mettre à l'abri de ce danger, il faut maintenir pen-
dant quelque temps la température entre 5o et 6o degrés et avoir soin de
déboucher une ou deux fois le tube pour permettre au gaz bromhydiique
de s'échapper. La réaction est terminée dans ces conditions au bout de
quelques heures.
» Lorsque la décoloration est complète, on verse le contenu des tubes
dans une cornue et l'on distille; il se dégage un peu d'acide bromhydrique
resté en dissolution et la température s'élève rapidement jusqu'à 1 5 1 degrés;
la plus grande partie du liquide passe entre i5i et 1 53 degrés. J'ai analysé
Théorie.
r, .
.... 11,9
H..
°>99
Br..
.... 79,2
( i25g )
cette portion :
o8r,63i de substance ont fourni 0,279 d'acide carbonique et 0,068 d'eau,
osr,254 de substance ont donné 0,471 de bromure d'argent.
Calcul.
C 12,1
H 1 ,2
hr 79>°
» Le bromure d'acétyle monobromé ainsi préparé est nu liquide que
l'on peut obtenir incolore par l'agitation avec le mercure, mais qui, redis-
tillé, prend une teinte jaunâtre. Son odeur rappelle celle du bromure d'acé-
tyle. Il fume à l'air humide; versé dans l'eau, il tombeau fond de ce liquide
et reste quelque temps sans s'y dissoudre, même par l'action de la chaleur.
Lorsqu'avec le temps la dissolution s'est effectuée, on trouve que la liqueur
renferme de l'acide bromhydrique et de l'acide monobromacétique. On
peut se procurer facilement ce dernier corps en beaux cristaux en aban-
donnant à l'air une certaine quantité de bromure d'acétyle monobromé; au
bout de vingt-quatre heures environ, on peut décanter la partie liquide et
l'on obtientdes cristaux qui, desséchés par la pression entre des doubles
de papier Joseph, ont fourni à l'analyse les résultats suivants :
o8r,42g5 de substance ont donné 0,266 d'acide carbonique et 0,079 d'eau,
osr,3i2 de substance ont donné 0,423 de bromure d'argent.
Calcul. Théorie.
C '6,9 C 17 ,27
H 2,1 H 2, i5
Br 57,7 Br 57,55
» Le bromure d'acétyle monobromé attaque vivement l'alcool ; de l'acide
bromhydrique se dégage et le liquide, traité avec une eau faiblement alca-
line, laisse déposer une huile dont l'odeur est des plus irritantes. Ce com-
posé, lavé à l'eau et desséché sur du chlorure de calcium fondu, bout à
i5g degrés. L'analyse lui a assigné la composition de l'éther monobroma-
cétique.
>» La formule suivante rend compte de la réaction :
G* H° O- + G* H2 Br O2 Br = H Br -+- C8 H7 Br O4 .
Bromure d'acétyle bibromé 04HBr202, Br.
•> Ce composé est isomère avec le bromal; il bout à 194 degrés. On l'ob-
164..
( i 160 )
tient en chauffant à i5o degrés, dans des tubes scellés à la lampe, i équi-
valent de bromure d'acétyle monobromé et a équivalents de brome; la
réaction s'effectue lentement et n'est complète qu'au bout de plusieurs
jours. Si on distille alors le contenu des tubes, la température s'élève rapi-
dement à 194 degrés et presque tout passe à cette température.
» Ce liquide soumis à l'analyse a donné les résultats suivants :
oEr,77i de substance ont fourni 0,240 d'acide carbonique et o,o34 d'eau,
o5r,3o2 de substance ont fourni o,6o4 de bromure d'argent.
Calcul. Théorie.
C 8,2 C 8,5
H 0,4 H o,3
Br 85,2 Br 85,4
» Le bromure d'acétyle bibromé est incolore; il fume à l'air; versé dans
l'eau, il tombeau fond de celiquideet ne s'y dissout que lentement, même à
la température de l'ébullition. La potasse l'attaque vivement. A l'air il ne
donne pas de cristaux.
» Traité par l'alcool, il donne naissance à une réaction des plus vives. De
l'acide bromhydrique se dégage, et on peut séparer de la liqueur, au moyen
du carbonate de soude, un liquide pesant d'une odeur aromatique et légè-
rement irritante. Ce liquide, lavé à l'eau distillée puis desséché sur du chlo-
rure de calcium, bouta 194 degrés. L'analyse lui a assigné la composition
de l'éther bibromacétique.
Bromure d'acétyle tribromé C4Br302, Br.
» Lorsqu'on chauffe vers 200 degrés et dans des tubes scellés à la lampe
le composé précédent avec du brome en excès, jusqu'à ce qu'il ne se dégage
plus d'acide bromhydrique, on obtient le bromure d'acétyle tribromé que
l'on purifie en le distillant et en ne recueillant que ce qui passe entre
220 et 2a5 degrés.
» Ce corps est liquide et présente une teinte jaunâtre, il fume à l'air. Il
n'est attaqué par l'eau que difficilement. A la longue, cependant, il donne de
l'acide bromhydrique et de beaux cristaux incolores qui ne sont autres
que de l'acide tribromacétique.
» L'alcool l'attaque vivement avec formation d'acide bromhydrique et
d'éther tribromacétique. Ce dernier composé bout vers 223 degrés et pos-
sède une odeur très-agréable.
(ia6ï )
Acide tribromacétique C4Br3HO'.
» Les cristaux obtenus eu traitant par l'eau le bromure de tribromacétyle
sec, ou en abandonnant à l'air ce composé, fondent à 1 35 degrés et bouil-
lent à 25o degrés. Leur analyse a donné les résultats suivants :
i Er, 1 78 de substance ont fourni 0,382 d'acide carbonique et o,o5i d'eau,
ogro3q3 de substance ont fourni 0,749 de bromure d'argent.
Calcul. ThéoHe.
C 8,88 C 8,88
H o,5 H o,3
Br 81,0 Br 80,8
» L'acide tribromacétique donne avec la potasse une réaction analogue
à celle de l'acide trichloracétique. Ce dernier, traité par les alcalis, donne
du formiate et du chloroforme; l'acide tribromacétique donne du formiate
et du bromoforme. On a, en effet,
C4Br3HO' -+- KO, HO = KO,C2H03 + C4HBr3.
» Dans ces expériences, il faut éviter avec soin de toucher avec les doigts
ces substances; elles occasionnent toutes des brûlures très-douloureuses
provenant de leur transformation à l'air en acides énergiques.
» J'ai fait ces recherches dans le laboratoire de M. Cahours, à l'École
Polytechnique. »
chimie appliqué?:. — Sur (engrais dit chaux animalisée; Note
de M. A. Mosselman, présentée par M. Payen.
« L'hygiène publique et l'agriculture réclament depuis longtemps un
mode d'enlèvement et d'utilisation des matières fécales solides et liquides,
qui permette d'en opérer facilement le transport et l'épandage. Les moyens
proposés et mis en pratique jusqu'à ce jour, outre les difficultés d'exé-
cution qu'ils présentent, sont tellement défectueux, qu'on perd la plus
grande partie des produits utiles que renferment les matières fécales. Mou
procédé consiste: i° à éteindre la chaux grasse vive à l'état d'hydrate pul-
vérulent avec des liquides de vidanges, ou mieux avec de l'urine pure dans
la proportion de moitié de son poids: 20 à enrober et praliner les matières
solides avec cette sorte de farine dans la proportion de 2hectol,5 de
chaux pulvérulente pour 2 hectolitres de matières fécales. Par mon pro-
cédé, les matières fécales sont mises rapidement sous la forme d'une snb-
( 1262 )
stance solide immédiatement maniable et transportable. Le produit obtenu
contient, on le comprend, tous les principes qui se trouvent dans les excré-
ments humains. Il se produit cependant, au moment de l'extinction de la
chaux et du mélange de cette base alcaline avec les matières fécales, un cer-
tain dégagement d'ammoniaque, lorsque les matières employées ont éprouvé
une fermentation qni transforme en partie l'urée et les substances azotées
en composés ammoniacaux.
» Sauf la cause accidentelle de déperdition légère que je viens de signa-
ler, l'engrais se conserve sans altération. La chaux qu'il contient prévient
la fermentation et la destruction des matières organiques. Ce fait, facile à
prévoir, en se rappelant les expériences précises faites par M. Payen, a
encore été confirmé par les expériences plus récentes exécutées au Conser-
vatoire des Arts et Métiers sur un même échantillon de chaux animalisée,
analysé à plusieurs mois d'intervalle par M. Billequin.
» La composition du produit est :
licrlol. hectol.
1,00 à i,9.5 chaux grasse vive, soit... 28,57 Pour ,0° * 32,25 pour 100
o,5o à 0,62 i urines ). ,0 ce
soit.... 71,43 pour 100 a 07,70 pour 100
2,00 à 2,00 matières fécales \
3,5o à 3,87} Total 100,00 100,00
» Apres essai j'ai remarqué que 2 hectolitres \ de farine de chaux étaient
suffisants pour prévenir la fermentation, et j'ai ramené ma fabricatiorxà cette
proportion qui permet de donner sous le même volume plus de matières
fécales.
>. L'évaporation rapide de l'eau contenue dans l'urine, pendant l'extinc-
tion de la chaux vive, et celle plus lente de l'eau contenue dans les matières
fécales pendant et après le pralinage, dépassent avec le temps le poids de
la chaux employée.
» Ainsi, par exemple :
beclol. hectol. _ _ kll0!:
I ,00 à 1 ,25 chaux vive, poids maximum 112
kilop
o ,62 urine, contenant eau 00
2,00 matières fécales, contenant eau 177
Poids total d'eau 237
Après l'opération on ne retrouve plus que 12b
II v a donc une evaporation de l ' l d eau,
remplaces par 1 12 kilogrammes de thaux.
( ia63 )
» On trouve dans cet engrais des villes une certaine proportion des prin-
cipes recherchés par l'agriculture. Ainsi l'analyse y démontre, outre la
chaux, la présence des matières azotées, des phosphates, des sels alcalins, etc.
La quantité d'azote, un peu variable et dépendant de la pureté et de la
date plus ou moins récente des matières employées, est toujours notable-
ment supérieure à celle que contient le fumier et s'approche quelquefois du
double de la proportion d'azote que celui-ci renferme. L'acide phospho-
rique se trouve à peu près dans les mêmes proportions dans les deux engrais
que nous venons de comparer.
» L'engrais que je prépare contient en outre une certaine proportion
de chaux dont la présence, jamais nuisible, est généralement utile sur le
plus grand nombre des cultures et des terrains pour lesquels le chantage est
si justement recommandé par tous les agronomes. »
M. Guérix-Méxeville, de retour d'une mission dans le midi de la France
où il avait été envoyé par M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et
des Travaux publics, pour s'occuper de la propagation des nouveaux vers a
soie del'ailante. et de l'étude de l'épidémie du ver à soie ordinaire, exposi
sommairement à l'Académie les résultats de cette nouvelle encpiête dans
laquelle il a constaté :
« i° Que les essais d'éducation des nouveaux vers à soie vont toujours en
croissant et promettent beaucoup pour l'avenir;
» 20 Que des faits déjà nombreux permettent de considérer comme assez
prochain le temps où nous pourrons nous dispenser d'aller acheter à l'étran-
ger de la graine de vers à soie ordinaires.
» Ce qui méfait espérer, dit M. Guérin, que nous ne tarderons pas à nous
affranchir de cette nécessité fâcheuse qui nous coûte aujourd'hui près de
io millions, c'est que j'ai dans ma dernière tournée visité un assez grand
nombre de points qui, soustraits par leur altitude ou par quelques autres
circonstances topographiques à l'épidémie générale, ont conservé le privilège
de donner depuis plusieurs années de bonnes récoltes avec des graines
locales. J'ai vu à Annecy, à Poisy, à Thonon, des éducations de vers à soie
de races du pays qui continuent depuis cinq ou six ans à donner des résul-
tats magnifiques sans la moindre trace de l'épidémie régnante, et dont les
cocons pourraient donner d'excellentes graines pour la récolte prochaine. »
M. Marmisse, qui a précédemment adressé au concours pour le prix de
Statistique un travail sur la mortalité des enfants dans la ville de Bordeaux,
( 1^64 )
puis un autre sur la mortalité par affection diphthéritique, annonce l'inten-
tion d'en envoyer un troisième concernant la mortalité par phthisie tuber-
culeuse, et prie l'Académie de lui faire savoir si son Mémoire arriverait
encore à temps pour faire partie des pièces de concours de 1 863.
On fera savoir à l'auteur que le concours est clos depuis le ier janvier.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 6 heures. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans la séance du 29 juin i863 les ouvrages dont
voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
t. LV (juillet-décembre 1862). Paris, 1862; vol. in-4°-
Aranéides des îles de la Réunion, Maurice et Madagascar ,- par Auguste
ViNSON. Paris, i863; in-4° avec planches. (Présenté au nom de l'auteur
par M. le général Morin.)
Fis tellurique. Classement naturel des corps simples ou radicaux obtenu au
moyen d'un système de classification hélicoïdal et numérique ; par M. A.-E.
Béguyer de Chancourtois. Paris, i863; in-4°.
Interprétation naturelle des pierres et des os travaillés par les habitants primi-
tifs des Gaules; parle Dr Eug. Bobert. (Extrait des Mondes.) Paris, i863;
br. in-8°.
L'Avenir du Sahara et du Soudan; par M. le général Faidherbe. (Extrait
de la Revue Maritime et Coloniale.) Paris, i863; br. in-8°. (2 exempl.)
Climatologie de la ville de Fécamp, ou Résumé général des observations mé-
téorologiques faites en cette ville pendant les années 1 853 à 1862; par Eug.
Marchand. Le Havre, 1 863 ; br. in-8°.
Les Orages et le Paragrêle; par M. Orliaguet. Paris et Limoges, 1 863 ;
in-8°. (3 exempl.)
Rullelin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-
Loire; 33e année, 1862. Angers, 1862; in-8°.
Notice sur les eaux minérales ferrugineuses de Paris-Auteuil (source Qui-
cherat) ; par le Dr Migon. Paris, i863; in-12. (2 exempl.)
( ia65 )
Uber eine... Sur une nouvelle île apparue dans la mer Caspienne, avec des
recherches pour servir à l'histoire des volcans boueux de la région Caspienne;
pr M. H. Abich. Saint-Pétersbourg, 1 863 ; in-4°. (Renvoyé à l'examen de
M. Ch. Sainte-Claire Deville pour un Rapport verbal.)
Histologische... Recherches histologiqucs ; par H. Karsten. Berlin, 1862;
in-4°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Claude Bernard.)
Mittheilungen... Communications sur les taches du Soleil; par le Dr Ru-
dolf Wolf; n° i5 (pages 1 33- 1 48 ) ; in-8°.
Làrobok... Manuel de Minéralogie; par Axel ERDMANN. Stockholm,
1860; in-8° avec figures intercalées dans le texte.
Trabalhos... Travaux de l'Observatoire météorologique de l'infant don Lan
à l'Ecole polytechnique de Lisbonne; 8e année (1862). Lisbonne, 1 863 ;
in-folio.
PUBLICATIONS PEKIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS DE JUIN 1865.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences ; i er se-
mestre i863, nos 21 à i5 ; in-4°.
Annales de l'Agriculture française ; 5e série, t. XXI, nos 9 et 10; in-8°.
Annales forestières et métallurgiques; 22e année, t. II, mai i863; in-8°.
Annales télégraphiques; t. VI ; mai-juin i863; in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France; 1° 9, i5e livraison, avril
i863; in-8°.
Bulletin de la Société géologique de France; t. XX, feuilles i3 à 20, livrai-
son de juin i863 avec la liste des membres de la Société au Ier mai i863,
in-8°.
Bulletin de V Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, nos i5 et 16;
h>8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; mai i863; in-8°.
Bulletin de l Académie royale de Médecine de Belgique ; 2e série, t. VI, n° 4 ;
in-8°.
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé par
MM. Combes et Peligot; 2e série, t. X, avril i863; in-4°.
Bulletin de la Société d Agriculture , Sciences et Arts de la Sarthe, 2e série,
t. IX (1 863-1 864); in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; 9e année, mai i863;
in-8°.
C. R., i863, i« Semestre. (T. LVI,N° 2C.) 1 65
( 1266 )
Bulletin de ld Société de Géographie ; avril et mai j863; in-8".
Bulletin de la Société académique d'agriculture, Belles-Lettres, Sciences et
. I ris de Poitiers ; 3e livraison ; niars-avril-mai i 863 ; in-8°.
Bulletin du Laboratoire de Chimie scientifique et industrielle de M. Ch. MÈNE;
juin 1 863. Lyon; in-8°.
Bullellino meteorologico dell' Observalorio del Collegio romand; vol. II.
nu i i . Rome; in-4°.
Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et <h
leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 1 2e année, t. XXII, nos23 à 26; in-8°.
Gazelle des Hôpitaux; 36e année, nos 62 à 76; in-8°.
Gazelle médicale de l'am; 33e année, t. XVIII, n°9 23 à 26; in-4°-
Gazelle médicale d'Orient; 6e année, mai i863; in-4°.
Journal d' Agriculture pratique ; 27e année, 1 863, nos ri et 12; in-8°.
Journal de Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4e série,
juin i863;in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. IX, mai
1 863 ; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; 22e année, t. XLI. juin 1 863 ;
io-8°.
Journal des Vétérinaires du Midi; 26e année, t. VI, juin 1 863 ; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29e année, nos 16
à 17 ; in-8°.
Journal d'Agriculture de la Côte-d' Or ; avril i863 ; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire ; t. I, juin i863; in-8°.
Journal des fabricants de sucre; 4e année, noso, à 12; in-4°.
L'Abeille médicale; 20e année; nos 22 à 26; in-4°.
L'Agriculteur praticien; 3e série, t. IV, n° 17 ; in-8°.
L'Art médical; 9e année, t. XVII, juin i863; in-8°.
La Culture; 4e année, t. IV, nos 23 et 24; in-8°.
La Lumière; 1 3e année, n° ii; in-4°.
La Médecine contemporaine; 5e année, n° 11 ; in-4°-
La Science pittoresque ; 8e année; nos 6 à 9; in-4°-
La Science pour tous; 8e année ; n°8 26 à 3o ; in-4°.
Le Gaz; 7e année, n°4; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie; 3e année, nos 6 et 7 ; in-4°-
Le Technologiste ; a/je année, juin i863;in-8°.
Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications au.\
Arts et 11 l'Industrie; i'e année, (. I, livraisons 18 à 20; in-8°.
( I2Ô7 )
Leopoldina. . . Organe officiel de l'Académie des Curieux de la Nature,
publié par son Président le Dr C.-Gust. Carus; n° 3, mai i863; in-4°-
Magasin pittoresque; 3 Ie année ; juin 1 863 ; in-4°.
Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; 6e année, t. X; juin
i863; in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres ;
vol. XXIII, n° 7; in-12.
Nouvelles Annales de Mathématiques; 2e série; juin i863; in-8°.
Pkarmaceutical Journal and Transactions; 2e série, vol. IV; n° 12; in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; année 1 863, t. Ier, nos 1 1 et 1 2 ; in-8°.
Répertoire de Pharmacie ; t. XIX; juin i863; in-8°.
Revista de obras publicas. Madrid ; t. XI, nos 11 et 12; in-4°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; 3oe année, n° 11; in-8°.
Revue maritime et coloniale ; t. VII, juin i863; in-8°.
Revue viticole ; 5e année; n° 5, mai 1 863 ; in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JANVIER -JUIN 18C5.
>«««<=
TABLE DES MATIÈRES DE TOME LVI.
Papes.
Acétone. — Action de l'hydrogène développé
par l'ammoniaque et le zinc, pour la
transformation de l'aldéhyde et de l'acé-
tone en alcool correspondant; Note de
M. Lorin 845
— Sur quelques matières ulmiques dérivées
de l'acétone ; Note de M. Hardy 874
Acide acétique. — Sur l'acide acétique et les
acides gras volatils de la fermentation
alcoolique ; Note de M. Béchamp 96g
— Sur la présence de cet acide parmi les
produits de la fermentation alcoolique ;
Note de M. Pasteur 989
— Nouvelle Note de M. Béchamp sur la
même question adressée à l'occasion de
la Note de M. Pasteur 1086
— Nouvelles remarques de M. Pasteur rela-
tives à cette communication 1 109
— Réponse de M. Béchamp ia3i
Acide arsénique. — De l'action de la chaleur
sur l'arséniate d'aniline, et de la forma-
tion d'un anilide de l'acide arsénique;
Note de M. Béchamp 1 172
Acide carbonique. — De la dissociation de
l'acide carbonique, et des densités des
vapeurs; Note de M. H. Sainte-Claire
Deville 729
— Sur la présence de l'acide carbonique dans
l'air des cavernes de l'Ariége ; Notes de
M. Garrignu 838 et 869
Acide sulfurique. — Action de cet acide
C. R.. i863, î« Semestre. (T. LVI1
Pages,
sur le plomb à divers états de pureté;
Note de MM. Cahert et Johnson 1 40
Acides et Alcools. — Limite de combinaison
entre les acides et les alcools; recher-
ches sur les affinités; par MM. Berthelot
et Péan de Saint-Gilles 393 et 648
Acides monobasiques. — Sur un nouveau
mode de formation des anhydrides des
acides monobasiques; Note de M. Gai. 3Go
Acides thioniques. — Sur la génération et
les réactions des acides de la série thio-
nique; Note de MM. Chance! etDiacon. 710
Acier. — Sur la théorie de l'aciération ; Mé-
moire de M. Ch. Sainte-Claire Deville. 325
— Études sur l'acier; par M. H. Caron.
43, 211, 828 et 1017
— Application de la vis tellurique à la théorie
de l'acier; Note de M. Bégujerde Chan-
courtois 253
Voir aussi l'article Fer.
Acoustique. — Soufflerie de précision munie
d'un nouveau système de régulateurs :
application à des expériences d'acousti-
que; Mémoire et Lettre de M. Cavaillé-
Coll 3i4 et 339
— Sur la théorie de la gamme; nouveau
Mémoire de M. Mercadier g54
— « Exposé des principes tant généraux
que particuliers de la musique mo-
derne » ; Mémoire de M. Pincent de
Jozet »o84
166
( ^70 )
Pagos.
Aérolitiies. — M. Èlie de Beaumont met
sous les yeux de l'Académie plusieurs
spéeimensdesaérolithes découverts dans
le désert d'Atacama (Chili), par M. Do-
meyko, et dont il avait précédemment
annoncé l'envoi S-sg
Aéronautique. — Note de M. Desbois sur un
système de son invention pour la loco-
motion aérienne 78
— Lettre de M. Vaillant concernant sa Note
sur la direction des aérostats 724
Affinités.— Recherches sur les affinités ; par
MM. Berthclot eXPéan de Saint-Gilles :
sur la limite de combinaison entre les
acides et les alcools ; sur l'équilibre dans
divers systèmes formés d'acide, d'alcool
et d'eau 3g3 et G48
— Recherches sur les affinités : action des
acides sur l'alcool étendu d'eau; Notes de
M. Berthclot 1 i3i et 1168
- Sur la composition de l'air des cavernes
Air.
de l'Ariége; Note de M. Garrigou
838 et 8G9
— Températures de l'air. Voir l'article Tem-
pératures.
Alcoolique (Fermentation). —Voir les ar-
ticles Acide acétique et Alcools.
Alcools. — Sur la limite de combinaison
entre les acides et les alcools; recher-
ches sur les affinités par MM. Berthelot
et Péan de Saint-Gilles 3o,3 et 648
— Recherches sur les alcools amyliques :
action delà chaleur sur l'aldéhyde; Noie
de M. Berthelot 700
— Sur quelques caractères des alcools; sur
leur diagnose; méthode nouvelle pour
apprécier leur pureté et celle deséthers;
par le même 84 1 , 870 et 871
— Action des acides sur l'alcool étendu
d'eau. — Réaction simultanée de plu-
sieurs acides et de plusieurs alcools;
par le même 1 1 3 1 et 1 1 G8
— Action de l'hydrogène développé par l'am-
moniaque et le zinc, pour la transforma-
tion de l'aldéhyde et de l'acétone en al-
cool correspondant; Note de M. Lorin . 84a
Aldéhyde. — Action du cyanogène sur l'aldé-
hyde; Note Ac MM. Berthelot e\, Péan de
Saint-Gilles 1 170
— Action de l'hydrogène développé par l'am-
moniaque et le zinc pour la transforma-
tion de l'aldéhyde et de l'acétone en
alcool correspondant; NotedeM. Lorin. 8 î "i
Amidon. — Action de l'iode et du brome sur
l'amidon : étude de la matière colorante
des végétaux; Note de M. B/ondean . . . G97
Vmmoniaque. — Son action sur la poudre-
coton : nouvelle réaction des nitrates ;
Note de M. Guignet
— Action de l'hydrogène développé par l'am-
moniaque et le zinc, pour la transforma-
tion de l'aldéhyde et de l'acétone en
alcool correspondant ; Note de M. Lorin.
— Action de l'ammoniaque sur le cuivre en
présence de l'air; Note de MM. Berthe-
lot et Péan de Saint-Gilles
Amvlène. — Recherches sur les alcools amy-
liques; par M. Berthelot
— Note sur l'hydrate d'amylène; par
M. Wurtz
— Remarques de M. Berthelot à l'occasion
de la Note de M. Wurtz
— Faits pour servir à l'histoire des corps po-
lymères; Note de M. Berthelot
— Action du chlorure de zinc sur l'alcool
amylique; Note de M. Wurtz
Analyse mathématique. — Sur l'emploi de la
méthode de la variation des arbitraires
dans la théorie des mouvements de rota-
tion ; Note de M. Serret
— Lettre de M. Cayley à M. Bertrand con-
cernant un Mémoire de Jacobi sur l'éli-
mination des nœuds dans le problème
des trois corps
— Mémoire sur les fonctions elliptiques;
par M. Km. Mathieu
— Sur la théorie des formes cubiques à trois
indéterminées; Lettre de M. Brioschi
à M. Hermite
— Application de la théorie des covariants
au calcul intégral ; Lettre de M. Brioschi
à M. Hermite
— Sur la théorie algébrique des formes ho-
mogènes du quatrième degré, à trois
indéterminées; Notes du P. Joubert . . .
io45, 1088 et
— Lettres de M. Nauch concernant la réso-
lution des équations du troisième degré.
10S2 et
— Sur le moyen d'obtenir d'une équation gé-
nérale aux différences finies une som-
mation d'un ordre quelconque sans faire
usage de constantes indéterminées; Mé-
moire de M. A. Gandin
— Sur les quantités ultra-géométriques;
Note de M. de Polignnc
Analyse spectrale. — Voir l'article Speé-
trosenpie.
Analyses organiques. — Modification de
l'appareil communément employé dans
ces analyses pour le dosage de l'hydro-
gène et "du carbone; Note de M. Mène.
Anatomie. — Analyse donnée par M. Mattei
d'un Mémoire sur les capsules surréna-
le; qu'il avait précédemment présenté..
Pages.
358
84.1
1 170
700
793
844
1242
124G
45G
43
i36
3o4
659
I 123
4o3
38i
44G
^49
( 12
Pages.
— Sur l'homologie des membres pelviens
et tlioraciques de l'homme; Note de
M. Foltz 696
Anatomie comparée.— Sur deux articula lions
ginglymoïdales nouvelles existant chez
le Glvptodon, l'une entre la deuxième ot
la troisième vertèbre dorsale, l'autre
entre la première et la deuxième pièce
du sternum ; Note de M. Serres 885
— Note sur le développement de l'articula-
tion vertébro-sternale du Glyptodon, et
les mouvements de tlexion et d'extension
de la tète chez cet animal fossile; par
le même 1 028
— De la signification anatomique de l'appa-
reil operculaire des poissons et de quel-
ques autres parties de leur système
osseux; Mémoire de M. Ebllard 38
— De la distribution des pièces qui compo-
sent l'arc suspenseur de la mâchoire in-
férieure chez les poissons osseux, et de
leur signification anatomique; par le
même 633
— Sur un corps d'apparence glanduleuse
observé dans la baudroie ; Note de
M. Jourdain 598
— Sur l'anatomie de la Sirène lacertine;
Note de M. L. Vaillant 83g
Anestijésie. — Mémoire de M. Ozanam sur
l'anesthésie par les gaz carbures 386
Anhydrides. — Sur un nouveau mode de
formation des anhydrides des acides
monobasiques; Note de M. Gai 36o
Aniline. — Sur le rouge d'aniline; Note de
M. Delvaux 445
— Note de M, Hofmaim sur le bleu d'aniline. g45
— Faits pour servir à l'histoire des matières
colorantesdérivéesdu goudron de houille;
par le même io33 et 1062
— Théorie de la transformation du rouge d'a-
niline ; Note de M. H. Schiff 545
— Recherches sur les couleurs de l'aniline ;
par le même ia34
— De l'action de la chaleur sur l'arséniate
d'aniline, et delà formation d'un anilide
de l'acide arsénique; Note de M. Bé~
champ 1172
Anilométalliotes (Composés). — Sur les
combinaisons anilométalliques, etsur la
formation de la fuchsine. — Recherches
sur les trimétalaniles ; Notes de M. H.
Schiff > 268 et 1 oij5
— Recherches sur les mercuraniles; par
le même 49 !
Anonymes (Communications) adressées pour
des concours, dont une des conditions est
que les auteurs ne se fassent pas connaî-
tre avant le jugement de la Commission :
7' )
Pages.
628
868
— Concours pour le grand prix de Mathé-
matiques, question CÔhfcërnarit la théorie
des polyèdres 37 et 78
— Concours pour le grand jirix de Mathé-
matiques, question concernant la théorie
des phénomènes capillaires. 37, 5g2 et 628
— Concours pour le prix Bordi/i, question
concernant les vaisseaux du latex 37
— Concours pour le prix Bordin , question
concernant la structure des tiges des
végétaux, considérée par rapport aux
grandes familles naturelles 37
— Concours pour le grand prix de Sciences
physiques, changements opérés durant
la germination dans l'embryon et le pé-
risperme
— Concours pour le prix Barbier, Mémoire
sur les citrates de magnésie
Anthropologie. — M. de Quatrefages met
sous les yeux de l'Académie quelques-uns
des résultats des études anthropologi-
ques faites par M. Duhousset , durant
un séjour en Perse, sur les diverses
races qu'il a eu occasion d'observer dans
ce pays 487
— Sur les proportions du corps humain ;
nouvelles pièces adressées par M. Fock
et se rattachant à ses précédentes com-
munications 4°
— Sur l'homologie des membres pelviens
et thoraciques de l'homme; Note de
M. Foltz 696
— De l'influence de 1 "âge relatif des parents
dans le sexe des enfants; Note de
M. Boudin 353
— De l'influence de l'âge respectif des époux
sur le sexe des enfants ; Note de M. Pap-
penheim 634
Voir aussi les articles Consanguines
[Alliances) et P (déontologie.
Appareils divers. — Sur un nouveau sys-
tème d'appareils d'évaporation et de dis-
tillation à simple ou à multiple effet;
Note de M. Kessler 94
— Sur la construction économique de réci-
pients destinés à contenir de l'air soumis
à une très-haute pression, ou à conserver
le vide ; Note de M. Berthault 263
- Sur une soufflerie de précision , munie
d'un nouveau système de régulateurs :
application de l'appareil à des expé-
riences d'acoustique et à la régularisa-
tion de l'émission du gaz d'éclairage;
Mémoire et Lettre de M. Cacaillé-Coll.
3i4 et 33g
— Note sur un manomètre à sifflet, de l'in-
vention de M. Dcdiru ; présentée par
M.Pouillet 485
166..
( I2
Pages.
Adpareils divers. — Compas traçant des
ellipses d'un mouvement continu, de
l'invention de M. Carmien 4^9
— Sur le télomètre et le nautomètre à pris-
mes, appareils de topographie militaire;
Mémoire de M. Goulier 343
— Note sur la construction et l'usage du tri-
gonomètre, instrument d'arpentage de
l'invention de M. Gerbeault 49^
— Note de M. Alciator concernant divers
dispositifs de son invention destinés à
atténuer les accidents dus aux rencon-
tres en mer et sur les chemins de fer. . 8o5
Arcs-en-ciel. — Mémoire sur les dix-sept
premiers arcs-en-ciel de l'eau; par
M. Billet g99
Aréomètres. — Nouvelle méthode pour gra-
duer les aréomètres à degrés égaux des-
tinés aux liquides plus pesants que l'eau,
comme les pèse-acides et les pèse-sels
de Baume; Note de M. Pouiltet 888
— Sur l'échelle densimétrique accolée à l'a-
réomètre de Baume ; Note de M. Boudin. 1 3(3
Argent. — Action réciproque des protosels
de cuivre et des sels d'argent; Mémoire
de MM. Millon et Commaille 3o<j
Argenture. — Sur un procédé d'argenture
à froid du verre par l'emploi du sucre
interverti; Note de M. Martin 1044
Arithmétique. — Sur diverses approxima-
tions numériques et sur diverses sections
des solides dérivés du cube ; Notes de
M. Willich analysées par M. Babinet. . îoo
— M. Babinet présente de nouvelles ap-
proximations numériques obtenues par
M. fVillich 664
— Note de M. Dessoye concernant ses mé-
Pages,
thodes de calcul et les principes sur les-
quels il les appuie 40,6
Artésiens (Forages). — Sur la loi de la va-
riation des débits des puits artésiens,
observés à diverses profondeurs ; Mé-
moire de M. Michal 78
Astronomie.— Note de M. Le Verrier accom-
pagnant la présentation du vol. XVII
des Annales de l'Observatoire et de la
VIe livraison de Y Atlas écliptique de
M. Chacornac 25o
— Présentation par M. Le Verrier d'un
nouveau volume des u Annales de l'Ob-
servatoire impérial » [Observations,
t- VI) 409
— Sur la parallaxe de deux étoiles fixes;
Lettre de M. Kruger à M. Le Verrier.. 268
— Sur de nouveaux compagnons de Sirius ;
Note de M. Goldschmidt 436
— Étoile double de 7 de la Balance; Lettre
de M. Goldschmidt 845
— Sur la nébuleuse variable de t Taureau ;
Note de M. Chacornac 63;
— Sur les taches solaires. — Sur la période
de l'étoile variable >? du navire Argo ;
Lettre de M. fVo/f k M. Élie de Beau-
mont 636
— Sur le passage d'une quantité considérable
de globules lumineux observés à la Ha-
vane durant l'éclipsé solaire du i5 mai
i836; Lettre de M. Poey à M. Élie de
Beaumont 88
— Lettre du P. Nardini concernant une dis-
cussion sur la nature des forces cosmi-
ques 855
— Du soleil et de sa relation avec les autres
corps célestes; Note de M. Mihalinez. . 58
Voir aussi l'article Mécanique céleste.
B
Balistique. — Sur la similitude des trajec-
toires des projectiles oblongs de forme
extérieure semblable ; Mémoire de
M. Martin de Brettes, présenté par M. le
Maréchal Vaillant 211
Baromètres. — Note de M. Mondino con-
cernant un appareil barométrique de son
invention pour la mesure des montagnes. 271
Benzidine (Isomères de la). — Note de
M. Hofmann sur un nouveau composé,
l'hydrazobenzole 11 10
Benzoïle. — Réaction du chlorure de ben-
zoïle sur l'indigotine et l'isatine; Note
de M. Schivartz io5o
Botanique. — Rapport sur un Mémoire de
M. Duval- Jouve, intitulé : « Histoire
naturelle des Eq<dsetum de France »;
Rapporteur M. Brongniart 5i8
— Caractères et affinités anatomiques des
Cytinées ; Note de M. Chatin 1 204
Voir aussi les articles Organograpkie
et Physiologie végétale.
BrAI provenant de la distillation de la houille.
— Emploi de cette substance pour la
conservation des matériaux de construc-
tion ; Note de M. Kuhlmann 1066
— Remarques de M. Pajren sur l'usage déjà
fait de ce produit dans un but semblable. 1072
Brome. — Action de l'iode et du brome sur
l'amidon, étude de la matière colorante
des végétaux; Note de M. B/ondeau. 697
— Action du brome et de l'acide bromhy-
( i273 )
Pages,
drique sur l'acétate d'éthyle; Note de
M. Crafis 707
— Recherches relatives à Faction du brome
sur le bromure d'acétyle, et étude de
l'acide tribromacétique : préparation du
bromure d'acétyle; Note de M. Gai 1257
Bromures. — Sur un isomère du bromure
de butylène bibromé, et sur les dérivés
bromes du bromure de butylène; Note
de M. Caventou G46
Bulletin bibliographique. — 60, 102, 1 44i
190, 23i, 273, 3i6, 4°3, 449i 55 1 , (5oo,
666, 726, 806, 856, 87g, 91g, 975, 1023,
io52, 1107, 1 i3g, 1181, 1264.
Bureau des Longitudes. — Sur l'invitation
de M. le Ministre de l'Instruction pu-
Pages.
blique, l'Académie charge une Commis-
sion, formée par la réunion des trois
Sections de Géographie et Navigation,
d'Astronomie et de Géométrie, de pré-
parer une liste de candidats pour une
place vacante au Bureau des Longitudes. 1023
— Cette Commission déclare, dans la séance
du i5 juin, que les seules personnes qui
aient témoigné le désir d'être considé-
rées comme candidats sont MM. Lamé et
de Tesson, Membres de l'Académie 1 1 38
Butylène. — Sur un isomère du bromure de
butylène bibromé et sur les dérivés bro-
mes du bromure de butylène ; Note de
M. Caventou 646
— Note de M. V. De Lûmes sur le butylène. 1 175
Cacao. — Sur les produits qu'on obtient du
cacao, et sur leur falsification; Mémoire
de M. Hâuchecorne 1 1 56
Camphres. — Note de M. Chautard concer-
nant les acides camphoriques inactifs. . . 698
Candidats pour les places auxquelles V Aca-
démie est appelée à présenter. — Sur
l'invitation de M. le Ministre de l'Ins-
truction publique, l'Académie charge une
Commission composée des Sections réu-
nies de Géographie et Navigation, d'As-
tronomie et de Géométrie de préparer
une liste de candidats pour une place
vacante au Bureau des Longitudes 1023
— Cette Commission présente pour candi-
dats MM. Lamé et de Tessan 11 38
Candidatures. — M. Guérin-Méneville de-
mande à être considéré comme candidat
pour la place vacante, dans la Section
d'Économie rurale, par suite du décès
de M. de Gasparin 266
— M. Chambrelent adresse une semblable
demande 635
— M. Foucault prie l'Académie de ne point
le comprendre parmi les candidats pour
la place vacante, dans la Section de Phy-
sique, par suite du décès de M. Despretz. 900
— M. Peytier, déjà plusieurs fois présenté
comme candidat pour des places vacantes
dans la Section de Géographie et Na-
vigation, prie l'Académie de lui conti-
nuer la même faveur quand elle s'occu-
pera du remplacement de feu M. Bravais. 1086
— M. D'Abbadie adresse une semblable de-
mande 1120
— M. Parade, en faisant hommage à l'Aca-
démie d'un exemplaire de la 4e édition
de son « Cours élémentaire de culture
des bois», la prie de vouloir bien le
compter au nombre des candidats pour
une des deux places, en ce moment va-
cantes, de Correspondant de la Section
d'Économie rurale 42
— M. Parade demande à être compris dans
le nombre des candidats pour la place
de Correspondant de la Section d'Écono-
mie rurale devenue vacante par la
mort de M. Renault 1 1 5y
— M. Castiglioni, en adressant son ouvrage
sur l'affection scrofuleuse, prie l'Aca-
démie de vouloir bien se rappeler ses
travaux quand elle aura à nommer des
Correspondants pour la Section de Mé-
decine et Chirurgie 189
Capillarité. — M. Artur, à l'occasion d'une
assertion de M. Lamé sur l'état station-
naire de la théorie mathématique des
phénomènes capillaires, rappelle ses tra-
vaux sur cette question et annonce une
prochaine communication 1 105
Carbures. — Recherche sur quelques hydro-
gènes carbonés ; Note de M. Wurlz 354
— Note sur les hydrates des hydrogènes
carbonés ; par le même y 1 5
— Sur un nouvel hydrogène carboné et
sur ses combinaisons avec le brome ;
Note de M. Caventou 712
— De l'anesthésie par les gaz carbures; Mé-
moire de M. Ozanam 386
Catalytiques (Actions). — M. Dumas com-
munique l'extrait d'une Lettre de
M. Schœnbein concernant l'activité ca-
talytique dans les substances organisées. 1 1 1 3
Chaleur. — Sur la détermination de la re-
lation qui existe entre la chaleur rayon-
nante, la chaleur de conductibilité et la
chaleur latente; Notes de M. Colnet-
d'Huard 1000, io85 et
— Sur la chaleur spécifique des corps so-
lides : déductions relatives à la nature
des corps considérés comme éléments ;
Note de M. Kppp
Chalumeau à ehlor-hydrogène. — Son em-
ploi pour l'étude des spectres; Note de
M. Diacon
Chambres de plomb des fabrique* d'acide
sulfuriquc. ■ — Diverses conditions qui
influent sur la proportion du thallium
existant dans ces dépôts ; Note de
M. Kulùmann
Chemins de fer. — Lettre de M. Charvin
concernant un système de freins désignés
sous le nom de freins isolants
— Note sur diverses inventions concernant
les chemins de fer et la navigation; par
M. Alciator
Chimie agricole. — Note sur la statique
chimique dos êtres organisés; par
M. Barrai
— Sur la nutrition des arbres forestiers et
des arbres fruitiers : analyses des cen-
dres ; Note de M. Guejmard
Chimie générale. — M. le Secrétaire per-
pétuel signale, parmi les pièces impri-
mées de la Correspondance, un projet de
Société pour la fondation d'une école de
chimie pratique
— De l'activité catalytique dans les sub-
stances organiques; extrait d'une Lettre
de M. Schœnbein à M. Dumas
Chirurgie. — Compte rendu du traitement
des calculeux pendant l'année 1862; Mé-
moire de M. ( 'iviale
— Troisième et quatrième opérations d'ova-
riotomie pratiquées avec succès; Note de
M. Kœberlè
— Note sur deux nouvelles opérations d'ova-
riotomie; par le même
— Cure radicale de la tumeur et de la fistule
dusac lacrymal au moyen de l'oblitéra-
tion du sac"; Mémoire de M. Magne. . .
— Polypes du larynx et delà trachée-artère,
reconnus au moyen du laryngoscope et
extirpés par les voies naturelles; Note
de M . Ozàhahi
Chlore. — Sur deux nouvelles combinaisons
résultant de l'action du chlore sur le
glycol ; Note de M. Mitsckèrliçh
■ iiloroben/.ol. — Nouvelles recherches de
M. Ca/wurs sur ce composé : action du
Pajjes
I27/1
)
1216
12 5 1
053
8o5
763
354
in3
"9
1 11 ;
583
11 54
Pai;cs.
chlore sur le chlorobenzol comparée à
celle que le chlore exerce sur le toluène. 222
— Note sur les corps isomères, chlorobenzol
et toluène bicolore ; par le même ;o3
— Remarques de M. Naquel à l'occasion de
cette dernière communication 796
Chlorures. — Réaction du chlorure de ben-
zoïle sur l'indigotine et l'isatine; Note
de M. Sc/iwartz 10 jo
— Action du chlorure de zinc sur l'alcool
amylique ; Note de M. JFurtz 11 G.j
Choc. — Sur la résistance au choc des ma-
tériaux, considérée au seul point de vue
géométrique; Note de M. Normand... 1215
Choléra-morbus. — Sur les causes et le
traitement du choléra ; Note adressée
par un auteur qui a cru, à tort, devoir
placer son nom sous pli cacheté 448
— M. Deroy, en adressant un Mémoire sur
la non-absorption des médicaments du-
rant la période algide du choléra, réclame
la priorité pour l'indication de ce fait
qui a de l'importance au point de vue du
traitement, puisqu'il indique les deux
temps ou la médication peut être efficace. 584
— Documenls pour servir à l'histoire du cho-
léra-morbus adressés par M. l'ernais à
l'occasion de la question de priorité re-
vendiquée par M. Deroy 778
— M. Borner demande à reprendre des
pièces justificatives qui accompagnaient
sa Note sur un remède employé par lui
contre le choléra-morbus 724
Voir, pour d'autres communications
concernant le choléra-morbus, à l'ar-
ticle Legs Bréant.
Chronométriques (Appareils). — Sur un
nouveau procédé fourni par la théorie
du spiral réglant des chronomètres et
des montres, pour la détermination du
coefficient d'élasticité des diverses sub-
stances ; Mémoire de M. Phillips 296
— Sur le moyen d'obtenir un synchronisme
parfait pour un nombre quelconque
d'horloges reliées entre elles par un fil
conducteur de courants électriques;
Lettre de M. Vérité à M. Séguier Joi
— M. Foucault rappelle à cette occasion les
moyens qu'il avait indiqués pour obtenir
ce synchronisme, moyens qui ont été
signalés dès 1 847 à l'Académie dans une
Note de M. Faye 645
— Lettre de M. J'érité à l'occasion de celle
de M. Foucault 697
— M. Olctti adresse de Turin une montre
destinée à faire connaître les heures de
marée 23o
( 12
Pnffes.
Climatologie. — Voir l'article Météorologie .
Colorantes (Matières). — Faits pour servir
à l'histoire des matières colorantes déri-
vées du goudron de houille ; Notes de
M. Hofmann io33 et 1062
Voir aussi l'article Aniline.
Coloration de. 1 fibres végétales par l'action
des acides. — Voir à Végétales (Fibres).
Commission administrative.— MM. Chccreul
et Poncelet sont nommés Membres de
la Commission centrale administrative. 16
— M. Poncelet, qui, avant l'élection, avait
demandé à ne plus faire partie de cette
Commission pour laquelle il était de-
puis longtemps réélu chaque année, prie
de nouveau ses confrères de désigner un
autre Académicien pour cette place, son
âge et les travaux qui lui restent à pu-
blier ne lui permettant pas d'en remplir
convenablement les fonctions C5
— M. Chastes est nommé Membre de la
Commission administrative, en rempla-
cement de M. Poncelet, démissionnaire. 126
Commissions des prix. — Prix de Statistique :
Commissaires, MM. Bienaymé, Dupin,
Mathieu, Passy, Boussingault 126
— Prix Cui'ier : Commissaires, MM. d'Ar-
chiac, Milne Edwards, Valenciennes,
Daubrée, Flourens 38i
— Prix de Médecine et de Chirurgie : Com-
missaires , MM. Andral , Velpeau , Ber-
nard , Rayer, Jobert , Serres , Cloquet ,
Flourens , Longet 623
— Grand prix de Mathématiques (question
concernant la théorie de la chaleur) :
Commissaires, MM. Liouville, Bertrand,
Lamé, Chasles, Serret 623
— Grand prix de Mathématiques (question
concernant la théorie des polyèdres) :
Commissaires, MM. Bertrand, Bonnet,
Chasles, Serret, Liouville 683
— Grand prix des Sciences physiques ( pro-
duction des animaux hybrides au moyen
de la fécondation artificielle) : Commis-
saires, MM. Milne Edwards, de Quatre-
fages, Flourens, Blanchard, Coste 683
— Grand prix de Mathématiques ( théorie
des phénomènes capillaires) : Commis-
saires, MM. Pouillet, Bertrand, Liou-
ville, Fizeau, Duhamel 765
— Prix Bordin (vaisseaux du latex) : Com-
missaires, MM. Brongniart, Decaisne,
Duchartre, Tulasne, Montagne 765
— Grand prix des Sciences physiques (chan-
gements opérés pendant la germination
dans les tissus de l'embryon et du pé-
risperme) : Commissaires, MM. Tulasne,
75 )
Pages.
Brongniart, Duchartre, Decaisne, Mon-
tagne 824
— Prix de Physiologie expérimentale :
Commissaires, MM. Bernard, Flourens,
Milne Edwards, Longet, Coste 824
— Prix Bordin (structure des tiges ligneuses
des végétaux, considérée au point de vue
de la classification des familles) : Com-
missaires, MM. Montagne, Duchartre,
Brongniart, Tulasne, Decaisne 868
— Prix dit des Arts insalubres : Commis-
saires, MM. Chevreul, Boussingault,
Rayer, Dumas, Payen 868
— Prix Morogues : Commissaires, MM. Bous-
singault, Decaisne, Payen, Rayer, Pe-
ligot 868
— Prise (F Astronomie : Commissaires ,
MM. Mathieu, Laugier, Delaunay, Liou-
ville, Le Verrier 946
— Prix de Mécanique : Commissaires ,
MM. Morin, Piobert, Combes, Poncelet,
Clapeyron 946
— Prix Barbier: Commissaires, MM. Bron-
gniart, Montagne, Rayer, Cloquet, De-
caisne 946
Commissions extraordinaires. — Sur l'in-
vitation de M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique, une Commission formée
par la réunion des trois Sections de
Géographie et Navigation, d'Astronomie
et de Géométrie, est chargée de prépa-
rer une liste de candidats pour une place
vacante au Bureau des Longitudes 1023
— Cette Commission annonce dans la séance
du 1 5 juin que les seules personnes qui
aient manifesté le désir d'être considé-
rées comme candidats sont MM. Lamé
et de Tessan, Membres de l'Académie.. 11 38
Commissions mixtes. — M. le Secrétaire
perpétuel de l'Académie des Inscriptions
et Belles- Lettres invite l'Académie des
Sciences à désigner le plus promptement
possible celui de ses Membres qui devra
la représenter dans la Commission mixte
chargée de décerner le prix de la fon-
dation de M. L. Fould, prix destiné à
récompenser le meilleur travail sur
« l'histoire des arts du dessin avant le
siècle de Périelès » 66
— M. Cloquet est nommé Membre de
cette Commission pour l'Académie des
Sciences 127
— M. Duhamel est remplacé par M. Séguier
dans la Commission mixte chargée de
l'examen de l'orgue de Saint-Sulpiee. . . 210
— Une Commission mixte de Membres de
l'Académie des Sciences et de l'Acadé-
mie des Beaux-Arts est invitée à faire
( »
Pages.
un Rapport sur un ouvrage de M. A.
Barberi intitulé, « La science nouvelle de
l'harmonie des sons » : Commissaires pour
l'Académie des Sciences, MM. Pouillet
et Fizeau 487
Commissions modifiées. — M. Séguier est
désigné pour remplacer, dans la Com-
mission mixte chargée de faire un Rap-
port sur l'orgue installé à Saint-Sulpice
par MM. Cavaillé-Coll, M. Duhamel dont
l'absence semble devoir se prolonger... 210
— M. Amiral demande à être remplacé dans
la Commission des prix de Médecine et
de Chirurgie : M. Milne Edwards se
trouve désigné pour cette place par le
précédent scrutin C84
Condensation des vapeurs. — Voir au mot
Vapeurs.
Consanguines (Alliances). —Note sur les
fâcheux résultats de ces sortes d'al-
liances ; par M. Balley i35
— Sur un ensemble de faits qui semble dé-
mentir ce que l'on a dit touchant les
inconvénients des alliances consan-
guines; Note de M. Bourgeois 177
— Note de M. Bonnajont à l'appui de l'opi-
nion admise de temps immémorial sur
la même question 485
— Nouveaux faits touchant les inconvénients
des alliances consanguines; Lettre de
M. Chipault 1000
Construction (Matériaux de). — Nouvelles
recherches sur la conservation des ma-
tériaux de construction ; par M. Kuhl-
inaiiii 1066 et 1 1 46
— Remarques de M. Payen à l'occasion de
la première de ces deux communications. 1072
— Lettre de M. Dalemagne sur les procédés
qu'il emploie pour la conservation des
monuments et des sculptures 1120
— Sur l'emploi des huiles siccatives pour la
conservation des monuments; Note de
M. Robinet 1 180
76)
Pages.
Cosmiques (Forces). — Lettre du P. Nardini
concernant une précédente discussion
sur ce sujet 855
— Sur la marche à sttivre pour découvrir le
principe, seul véritablement universel,
de la nature physique ; Note de M. Lamé. 983
Voir aussi l'article Mathématiques
appliquées.
Coton. — Sur un moyen de rendre le coton
en laine impropre à s'enflammer ; Note
de M. Sauvageon 58
— M. Salle adresse des spécimens, à divers
états de préparation, d'une substance
textile qu'il croit propre à remplacer
avantageusement le coton dans tous ses
usages économiques 86
Coton-poudre. — Action de l'ammoniaque
sur la poudre-coton : nouvelle réaction
propre aux nitrates ; Note de M. Guignet. 358
Cristallographie. — Sur les formes cristal-
lines et sur les propriétés optiques bi-
réfringentes du castor et du petalite ;
Note de M. Des Cloizeaux 488
— Note sur le pseudo-dimorphisme de quel-
ques composés naturels et artificiels;
par le même 1018
Cuivre. — Action réciproque des protosels
de cuivre et des sels d'argent ; Mémoire
de MM. Millon et Commaille 3og
— Note sur la purification du cuivre ; par
les mêmes 1 249
— Action de l'ammoniaque sur le cuivre en
présence de l'air ; Note de MM. Berthelot
et Péan de Saint-Gilles 1 170
— Constatation du cuivre dans des huîtres
draguées sur un banc voisin d'une mine
de ce métal ; Note de M. Cuzent 402
— Sur les mines de cuivre du Canada orien-
tal ; Lettre de M. Jackson à M. Élie de
Beaumont G3j
Cyanogène. — Son action sur l'aldéhyde ;
Note de MM. Berthelot et Péan de
Saint-Gilles « «7°
D
DÉCÉ* de Membres et de Correspondants de
l'Académie. — M. le Président annonce,
séance du iG mars, la perte que vient
de faire l'Académie dans la personne
d'un de ses Membres, M. Despretz,
décédé le 1 5 du même mois dans sa
soixante-quatorzième année 453
— L'Académie apprend dans sa séance du
C avril le décès de M. Bravais, Membre
6o5
de la Section de Géographie et Na-
vigation, mort à Versailles le 3o mars
i863
M. le Président entretient l'Académie de
la perte inopinée qu'elle a faite de-
puis sa dernière séance dans la personne
de M. Moquin-Tandon, Membre de la
Section de Botanique, décédé le i5 avril. 729
M. le Secrétaire perpétuel annonce le
( ,277 )
décès de M. Sleiner, Correspondant de.
la Section de Géométrie, mort à Berne
le ier marsi863
— M. le Secrétaire perpétuel annonce le
décès déjà ancien de M. Barloiv, un des
Correspondants de l'Académie pour la
Section de Physique
— L'Académie apprend, séance du 1" juin,
la mort de M. Rendait, l'un de ses
Correspondants pour la Section d'Écono-
mie rurale, décédé le 17 mai à Bologne
(Italie) dans l'accomplissement d'une
mission scientifique
Décrets impériaux. — M. le Ministre d État
transmet une ampliation du décret au-
torisant l'Académie à accepter la dona-
tion faite par Mme Ve Damoiseau, , d'une
somme de 20000 francs pour la fonda-
tion d'un prix annuel
— M. le Ministre d'Etat transmet une am-
pliation du décret impérial qui confirme
la nomination de M. Edmond Becquerel
à la place vacante dans la Section de
Physique par suite du décès de M. Des-
pretz
Densités. — Sur la diffusion des vapeurs
comme moyen de distinguer entre les
densités de vapeur apparentes et les
densités de vapeur réelles ; Note de
MM. ll'ankh n et Robinson
— Recherches sur la densité des vapeurs à
des températures très-élevées ; Note de
nges.
<*J7
<J9'J
0'20
023
:).,7
Pages.
MM. H. Sainte-Claire Deville et Transi.
891 et 977
— Recherches sur les densités de vapeurs
anomales ; Note de M. Cahours 900
Voir aussi l'article Aréomètres.
Désinfectantes (Matières). — Nouveaux
renseignements ajoutés par M. Dcsmartis
à sa première communication sur l'em-
ploi de l'extrait de campêche comme dés-
infectant des plaies gangreneuses 38
— Sur l'emploi des manganates et perman-
ganates comme désinfectants; Note et
documents adressés par M. Condy. . . . 583
— Du permanganate de potasse comme dés-
infectant; Note de M. Demarquay. .■ . 852
Diamines. — Recherches sur les diamines
isomères ; par M. Hof marin 992
— Note sur lequinone; par le même n 43
Voir aussi l'article Aniline.
Diffusion comme moyen de distinguer entre
les densités de vapeur apparentes et les
densités de vapeur réelles ; Note de
MM. W~anklyn et Robinson J-17
Dimorphis.me. — Note de M. Des Cloizeaux
sur le pseudo-dimorphisme de quelques
composés naturels et artificiels 101 S
Dissociation. — Sur la dissociation de l'eau;
Notes de M. H. Sainte-Claire Deville.
1 9.5 et 3ï2
— Note sur la dissociation de l'acide carbo-
nique et sur les densités des vapeurs;
par le même 729
E
Eau. — Sur la manière dont se comporte le
soufre en présence de l'eau ; Note de
M. Gélis 1014
— Sur la décomposition de l'eau par le
soufre; Note de M. Gripon 1137
Eaux minérales. — Nouvelle analyse chi-
mique de l'eau du Boulou ; par M. Bé-
champ 5o5
Eaux purliques. — Conclusion de diverses
communications de M. Grimaud, de
Caux, sur ce sujet. L'auteur demande
que l'ensemble de ces communications
soit admis au concours pour le prix dit
des Arts insalubres 2i5 et C3o
Éclipses. — Remarques du P. Secchi sur les
images photographiques de l'éclipsé' so-
laire du 28 juillet 1 860, prises au Desierto
de las Palmas et à Rivabellosa 17'j
— Images photographiques des phases suc-
cessives de l'éclipsé partielle de soleil
du 17 mai i863 observée à Besançon;
communication de M. Vernier 102 3
C F, , i8fi:i, !<"• Semestre. ( T. LVI.l
— Observation laite a Menais ( Loir-et-Cher )
de l'éclipsé lunaire du r1' juin i863;
Note de MM. Caillaux et Guillet
— Observations faites pendant la dernière
éclipse lunaire; Note de M. ÇA. Emma-
nuel
École polytechnique. — M. le Ministre de
ta Guerre annonce que MM. Combes et
Le Verrier sont maintenus Membres du
Conseil de perfectionnement de cette
école, au ti tre de l'Académie des Sciences.
Économie rurale. — Expériences sur l'em-
ploi des eaux d'irrigation sous divers
climats, et théorie de leurs effets: Mé-
moire de M. Hervé-Mangon
— Note sur un terrain communément appelé
herbue froide ; par M. P. Thenaril . . . .
— Sur les travaux de dessèchement, d'irri-
gation et de mise en culture des marais
du littoral de l'Océan situés entre l'em-
bouchure de la Gironde, et le bassin d'Ar-
cachon; Mémoire de M. Chambrelent.
16-
1084
1181
i83
292
023
684
( '3
Payes.
Economie rurale. — Sur le plâtrage des
terres arables ; Note de M. Dehérain. . . 965
— Production des nitrates et leur applica-
tion en agriculture ; Note de M. Bortier. 1022
— Sur la préparation de l'engrais dit « chaux
animalisée » ; Note de M. Mosselman., 12G1
— Sur la formation d'alluvions artificielles,
comme moyen d'augmenter l'étendue des
terres cultivables à la surface du globe;
Note de M. Quponchcl 778
— Sur les matières organiques sulfurées qui
se forment dans les fumiers ; Note de
M. P. Thésard ' 83a
— Recherches expérimentales sur la compo-
sition de la graine du colza aux diverses
époques du développement de la plante ;
Mémoire de if. /. Pierre (177
— Recherches expérimentales sur les varia-
tions de poids de la graine de colza sui-
vant les proportions d'humidité qu'elle
renferme ; par le même 747
— Sur la nutrition des arbres forestiers et
des arbres fruitiers; Note de M. Guey-
mard 772
— Sur la maladie de la vigne et la maladie
de la pomme de terre, considérées dans
leurs rapports avec certains phénomènes
météorologiques; Note de M. Poulet.. . 898
— Expériences sur l'alimentation et sur
l'engraissement du bétail ; par M. Reiset.
569 et Co5
— Recherches chimiques sur la respiration
des animaux d'une ferme; par le même. 740
— Mémoire sur un système de bergeries à
étables mobiles: par le même 747
— Études physiologiques et économiques
sur la toison du mouton; par M. J.
Beattdouin. (Rapport sur ce Mémoire;
Rapporteur M. Passy.) 617
— Lettre de M. Pourriau concernant divers
ouvrages sur l'économie rurale qu'il a
successivement adressés à l'Académie. . 8o5
— Note sur la statique chimique des êtres
organisés; par M. Barrai 765
Élasticité. — Sur la distribution des élas-
ticités autour de chaque point d'un so-
lide de contexture quelconque, particu-
lièrement quand il est amorphe sans
être isotrope; Mémoire de M. de Saint-
Venant 475 et 804
— Note sur les flexions et torsions que peu-
vent éprouver les tiges courbes sans
qu'il y ait aucun changement dans la
première ni dans la seconde courbure
de leur axe ou fibre moyenne; par le
même 1 1 5o
- Sur un nouveau procédé fourni par la
mo du spiral réglant des chroni
« )
949
G<;>
Pages.
mètres et des montres, pour la déter-
mination du coefficient d'élasticité des
diverses substances, ainsi que de la
limite de leurs déformations perma-
nentes ; Mémoire de M. Phillips 296
Élastiques (Fluides). — Sur les propriétés
calorifiques et expansives des fluides
élastiques ; Note de M. Reech 1240
Électricité. — Sur le rapport de l'intensité
du courant inducteur au courant induit ;
Note de M. Lallemand 128
— Sur une manière de faire varier la tension
de la décharge d'une batterie élec-
trique et d'une machine de Ruhmkorff;
Mémoire de M. Cazih 307
— Sur l'évaluation des actions électrodyna-
niiques en unités de poids ; par/c même.
— Sur un nouveau mode de production d'é-
lectricité dynamique; "SotedeN.Beghiu.
— Sur la capacité inductive des corps iso-
lants; Note de M. Gaagain 799
— Note sur les caractères particuliers du
courant électrique qui traverse l'enve-
loppe isolante des câbles télégraphiques
submergés; par le même io35
— Sur l'étincelle d'induction appliquée à
divers phénomènes; Note de M. l'abbé
Laborde io38
— Sur le thallium considéré au point de vue
de la conductibilité pour l'électricité;
Note de M. L. de La Rive 588
— Recherches sur la propagation de l'élec-
tricité à travers les fluides élastiques
très-raréfiés ; par le même 669
— Sur l'électricité de la lumière solaire dans
l'air et dans le vide; Notes de M. l'abbé
Saaiia-.Solaro io35 et I2< r
— Description et figure d'une pile électrique
à gaz ; par M. Gérard 220
— Influence de la température sur l'énergie
de la pile; Note de M. Roberti 55o
— Nouveau système de pile employé poul-
ies besoins de la thérapeutique; par
M. Arnaud 1 o--».''
— « Relations chimiques entre l'électricité,
le calorique et la lumière » ; Note de
M. Olivieri 1000
— Théorie électrique du froid, de la chaleur
et de la lumière ; Note de M. Durand.
de Lunel JH7
Électrochimie. — Mémoire de M. Becquerel
sur la décomposition électrochimique
des substances insolubles 237
Électrodynamiqces (Actions). — Sur l'éva-
luation de ces actions en unités de poids;
Note de M. Cazin 949
Électrophvsiologie. — Sur le pouvoir élec-
tromoteur des nerfs et son application à
( «2
I'ages.
l'éfèÔtrophysiologie ; Note de M. Mat-
teucci 760
Embryogénie. — Sur la cause du déplace-
ment apparent de l'allahtôïdë dans
l'œiil' de poule ; Note de M. Daresie. ... 48
Empoisonnement causé par des huîtres dra-
guées sur un banc voisin d'une mine de
cuivre : constatation du cuivre dans le
parenchyme de ces mollusques; Note de
M. Ciizrnt 4<52
Errata. — Page 184, ligne 6, au lien de Du-
bois, d'Angers, lisez Dubois, d'Amiens.
Page 4^9, ligne 29. au lieu de Boersch,
lisez Boesch. Page 628, ligne 20. au lieu
de Bathaillé, Usez Batailhé. Page 1240,
ligne 1 3, au lieu de Reeciie, lisez Reech.
Voir aussi pages 104, 148, 235, 555,
883 et 1108.
Érvturite. — Nouvelles observations sur ce
composé ; par M. De Lûmes 8o3
79 )
l'.'U'OS.
Essentielles (Huiles). — Sur les matières
organiques sulfurées qui se forment dans
les fumiers; Mémoire de M. P. Tlie-
nard 832
Éther. — Mémoire ayant pour titre : « Re-
cherches sur l'éther réel comme l'un
des grands principes de la nature » ;
par M. Martin 121 1
Éthers. — Méthodes nouvelles pour appré-
cier la pureté des alcools et des éthers;
Note de M . Berlheht 870
Éyaporation (Appareils d'). — M. Balard
présente, au nom de M. Kessler, un
appareil d'évaporation, à simple ou à
multiple effet, construit sur un nouveau
système 94
Éthïlé ( Acétate d'). — Action exercée sur
ce corps par le brome et par l'acide
bromhydrique; Note de M. Crafts 707
Fer. — Note sur la théorie de l'aciération ;
par M. Ch. Sainte-Claire Denlle 3a5
— Étades sur l'acier; par M. Carnn
43, 211, 828 et 1017
— Application de la vis tellurique dans la
théorie de l'acier; Mémoire de M. Be-
guyer de Char/courtois 253
— Sur des essais de fonte au wolfram ; Note
de M. Le Guen 5g3
— Sur quelques nouvelles combinaisons du
fer et sur l'atomicité de cet élément ;
Note de M. Scheurer-Kestner 1002
— Sur une question de priorité concernant
les procédés de préparation d'un per-
oxyde de fer magnétique; Note de
M. Robbins 386
— Lettre de M. Malaguti à l'occasion de
cette réclamation 167
Fermentation.— Nouvel exemple de fermen-
tation déterminée par des animalcules
infusoires pouvant vivre sans gaz oxy-
gène libre, et en dehors de tout contact
avec l'atmosphère; Note àe M Pasteutt 4]6
— Recherches sur la fermentation putride :
examen du rôle attribué à l'oxygène
atmosphérique dans la destruction des
matières animales et végétales après la
mort; par le même 734
— Nouvelles recherches sur la putréfac-
tion ; par le même 1 1 8y
Voir aussi les articles Acide carbo-
nique, Alcool, Ethers.
Flexion des tiges élastiques. — Voir l'article
Elasticité.
Fluorures. — Action de la magnésie sur les
fluorures alcalins; Note de M. Ch.
Tissier 848
Fontes. — Voir à l'article Fer.
Formamide. — Note sur la production et
sur les propriétés de ce composé; par
M. Hofmann 3a8
Fuchsine. — Voir l'article Aniline.
Fumiers. — Sur les matières organiques sul-
furées qui se forment dans les fumiers;
Mémoire de M. P. Thenard 83a
Voir aussi à l'article Soufre.
G
Galvanisme. — Mémoire sur le galvanisme
et sur les forces qui président à la for-
mation et à la décomposition des corps;
par M. Moreau-Lemoinc g/jô
Voir aussi l'article Électricité
Gaz. — Sur l'extraction et le dosage des gaz
dissous dans l'eau; Note de M. Bobierre. 3i3
— Mémoire sur les gaz de l'hydropneumo-
thorax ; par MM. Leconte et Demar-
quay 225
Voir aussi l'article Acide carbonique .
Géodésie. — Nouvel appareil pour la me-
sure des bases géométriques; Note de
M. Faye 372
— M. Le Verrier entretient à cette occasion
l'Académie des dispositions que prend
167..
P:
l'Administration pour qu'il soit procédé
prochainement à la mesure de plusieurs
bases
Géodésie. — Sur la possibilité d'une mesure
dedegréau Spitzberg; NotedeM. Grad.
— Sur les instruments géodésiques et sur la
densité moyenne de la terre; Note de
M. Faye
— M. Boussingault remarque, à l'occasion
d'un passage de cette communication,
que depuis longtemps M. Élie de Beau-
mont a montré l'heureux emploi que l'on
peut faire d'un appareil analogue à l'un
de ceux que propose M. Faye
— M. Elie de Beaumont donne quelques dé-
tails à ce sujet et présente des considé-
rations à l'appui de l'idée exprimée par
M. Faye concernant l'intérêt d'expé-
riences sur les déviations du fil à plomb
dans le voisinage du Puy-de-Dôme, et en
général dans la chaîne des monts Dôme.
— M. Regnault rappelle qu'il a depuis long-
temps décrit dans ses cours un appareil
destiné à répéter l'expérience de Caven-
dish pour la détermination de la densité
de la terre, appareil dont il n'a pu par con-
séquent emprunter le principe à la pré-
sente communication de M. Faye. Il tient
à le constater dès aujourd'hui
— Note de M. D'Abbadie accompagnant la
présentation de trois volumes manus-
crits renfermant les calculs exécutés pour
sa « Géodésie d'une partie de la haute
Ethiopie »
— Rapport verbal sur le protocole de la
conférence géodésique tenue à Berlin en
avril 1862; Rapporteur M. Faye
— Remarque de M. Le Ferrier à l'occasion
de ce Rapport
— Réponse de M. Faye
— M. Le Verrier annonce qu'il attendra
l'impression des critiques de M. Fave
pour y répondre s'il y a lieu
— Réfutation de quelques critiques et allé-
galions portées contre les travaux de
l'Observatoire impérial de Paris; Note de
M. Le Verrier
— Première réponse de M. Faye
— Réplique de M. Le Verrier
— Sur la géodésie française et sur le rôle
qu'y ont joué l'Académie des Sciences
et le Bureau des Longitudes; Mémoire
de M. Delaunay
— Réponse à une inculpation de M. Le Ver-
rier relativement à la part qu'a prise
M. Faye à la détermination de la longi-
tude entre Londres et Paris; Note de
M. Faye
! 280
-,
38o
634
566
5GG
067
865
28
34
66
io5
116
118
«49
'54
Pages.
— Réponse de M. Faye à la partie scienti-
fique des deux derniers articles de M. Le
Verrier 1 58
— Remarques de M. Le Verrier à l'occasion
des communications de M. Delaunav et
de M. Faye .... i63
— De l'influence des erreurs systématiques
dans quelques recherches d'astronomie ;
Note de M. Le Verrier 164
— Réponse de M. Faye à M. Le Verrier. . . 170
— Réplique de M. Le Terrier à M. Faye.. . 170
— Remarques de M. Faye à l'occasion du
Compte rendu où se trouve reproduite
cette réplique de M. Le Verrier 193
— M. Le Verrier déclare se refuser à pousser
plus loin cette discussion 194
— Note de M. Le Verrier annonçant le dépôt
de documents réclamés par M. Faye. . . 248
— M. Fayedâdare que les pièces produites
ne forment qu'une petite partie de celles
dont il a demandé et dont il demande
encore le dépôt 249
— Lettre de M. Bruhns à M. Le Verrier
concernant une nouvelle détermination
de la longitude de Leipsick 184
— Sur le télomètre et le nautomètre à
prismes. — Etude analytique sur les
appareils propres à déterminer la dis-
lance au but; Mémoires de M. Goutter.
343 et 345
Géographie physique. - Plans-reliefs topo-
graphiques des montagnes françaises;
communication de M. Bardin 5*5
— Remarques de M. Élie de Beaumont à
l'occasion de cette communication 52g
Géologie. — Recherches sur les produits de
la vulcanici té aux différentes époques géo-
logiques ; Mémoire de M.Pissis, 2e partie . 82
— Sur les mines de Vialas et sur la géologie
de ce canton ; Note de M. Rivot 98
— Sur les gypses secondaires des Corbières;
Note de M. Noguès 1 83
— Sur une grauwacke devonienne fossili-
fère des Pyrénées; par le même 1122
— Cycle du développement de la vie orga-
nique à la surface du globe; Mémoire
de M. Duponchel 26 1
— Profils des chemins de fer de l'Ouest
transformés en coupes géologiques; Note
de M. Triger accompagnant l'envoi de
ces coupes 429
— Remarques de M. Élie de Beaumont sur
cette communication 43*
— Sur quelques terrains crétacés du Midi ;
Note de If. Meugy 4^2
— Note sur l'existence de nodules de phos-
phate de chaux analogues à ceux de
( ia8i
Pages.
tun de la Flandre, dans les terrains cré-
tacés du déparlement de la Dordogne ;
par le même 77°
— Sur la constitution géologique des dunes
voisines des lacs salés du Sahara algé-
rien ; Note de M. Fille 44°
— M. Élie de Beaumont communique quel-
ques passages d'une Lettre dans laquelle
M. Larroquc lui fait connaître les pre-
miers résultats de son exploration du
désert d'Atacama (Chili ) 5ag
— Sur les mines de cuivre du Canada orien-
tal ; extrait d'une Lettre de M. Jackson
à M. Élie de Beaumont 635
— Surlediluvium de la vallée de la Somme;
Note de M. Garrigou 1042
— M. Élie de Beaumont rappelle, à l'occa-
sion de cette communication et d'une
Note de M. Hébert sur l'existence de
l'homme dans la période quaternaire, que
dans les deux précédentes séances il n'a
parlé ni d'Amiens ni de Saint-Acheul,
mais seulement de lacarrièrede Moulin-
Quignon 1044 et 1 108
Voir aussi l'article Paléontologie.
Géométrie. — Note de M. Chasles accompa-
gnant la présentation d'un Mémoire de
M. Cremona sur la théorie géométrique
des courbes planes 4&7
— Note sur un théorème de géométrie ; par
M. Scharoubine 697
— Sur les principes fondamentaux de la géo-
métrie algébrique à coordonnées quel-
conques; Mémoire de M. Clayeux. . . . 788
— Des transformations doubles des figures :
transformation des figures par nor-
males à la sphère réciproques; Note de
M. l'abbé Aoust 906
— Sur la moyenne des rayons vecteurs dans
l'ellipse en général et dans les orbites
planétaires; Mémoire de M. Dubois... 1039
— Sur diverses approximations numéri-
ques, et sur diverses sections des solides
dérivés du cube; Mémoires de M. fVil-
lich analysés par M. Babinet. . 100 et 664
— Compas décrivant en l'air un cercle ei
traçant une ellipse sur le papier ; M. Sé-
guier présente cet appareil inventé par
M. Carmien
— Lettre de M. Argenti concernant diverses
questions de géométrie dont il a fait
l'objet de ses recherches
Glace. — Addition à une Note de M. En-
gelhardt sur la formation de la glace au
fond de l'eau
Globulaire (Forme). — Note de M. Demain
sur la forme globulaire que peinent
prendre certains liquides sur leur propre
surface
Glycol. — Sur deux nouvelles combinaisons
résultant de l'action du chlore sur le
glycol ; Note de M. Mitseherlich
Gras (Oing) destiné à rendre les cuirs im-
perméables à l'eau; Note de M. Ginoul.
Gravure. — M. Du/os met sous les yeux de
l'Académie plusieurs planches gravées
en creux et en relief par un procédé de
son invention, ainsi que des épreuves
de ces planches
— Sur de nouveaux procédés de gravure, et
sur la reproduction des anciennes estam-
pes; Mémoire de M. Fiai
— Reproduction des gravures sur métal et sur
verre parfiltration de substances actives
à travers les blancs et par l'action des
courants électriques ; Note de M. Mer-
. ge'
— Remarques de M. Fiai à l'occasion de
cette communication
— Nouvelle Note de M. Merget sur son pro-
cédé de gravure; réponse aux remar-
ques de M. Vial
— Sur divers procédés chimiques pour la
gravure et la ciselure sur métaux et sur
verre ; Note de M. Bœsch
Grêle. — Imitation de la grêle et nouvelle
théorie de ce météore ; Note de M. l'abbé
Sanna-Solarn
— Sur des grêlons d'une forme particulière;
Note de M. Laroque
rages.
439
181
no3
8C
470
693
777
868
954
8a5
1 1 17
H
Héliochromie. — Cinquième Mémoire de
M. Niepee de Saint-Victor go
Histoire des sciences. — Appréciation des
travaux des savants antérieurs à la créa-
tion de l'Académie des Sciences : De-
sargues et La Hire; Mémoire de
M. Piobert 497
— Sur certains passages des livres chinois
relatifs aux populations détruites par le
déluge; Lettre adressée par M. de Para-
fer h l'occasion des communications sur
le diluvium de Moulin-Quignon et les
restes humainsqui y ont été découverts.
Houille. — Analyse des houilles de Sainte-
Foy-1'Argentière ; Note de M. Mène
Hydraulique. — Nouveau mode d'action de
1 lL)5
(
Par
1282 )
l'eau motrice et réalisation de très-
gfànds siphons ; Mémoire de M. Girard. 258
Hydraulique. — Expérience en irrand sur un
nouveau phénomène de succion des
veines liquides; Note de M. de Caligny. 655
— Sur la loi de la variation des débits des
puits artésiens observés à différentes
hauteurs; Note de M. Michal ;8
Hydrauliques (Constructions). — Expé-
riences en grand sur un nouveau sys-
tème d'écluses de navigation : principes
de manœuvres nouvelles; Note de M. de
Caligny 433
Hydrauliques (Machines). — Lettre de
M. Rivière sur un appareil hydraulique
centrifuge 55i
Hydiuzobenzole, nouveau composé isomère
de la In nzidine.— Note de M. Hofmann. 1 1 10
Hydrogène. — Action de l'hydrogène déve-
loppé par l'ammoniaque et le zinc pour
la transformation de l'aldéhyde et de
l'acétone en alcool correspondant; Note
de M. Lnrin 845
l'a"i--
Hygiène publique. -- Note sur la ventilation
des amphithéâtres; par M. Morih aoi
— Vite sur la ventilation des nouveaux
théâtres de Paris; par le même 365
— Recherches sur les eaux publiques; par
il. Grimraid, de Caux 2i5 et f>3<>
— De la construction d'une carte hygiénique
de la France. — Documents pour servir
à l'établissement de cette carte dans le
département de l'Orne; communications
de M. Grimaud, de Caux 85o et ioî3
— Fermeture hydraulique des bouches d'é-
gout ; Note de M. Landouzy 535
— Sur l'emploi des manganates et perman-
ganates comme désinfectants; Note et
documents adressés par M. Condr. . . . 583
— Des causes de la mortalité des tailleurs
de pierre et des moyens de la diminuer;
Mémoire imprimé adressé par M. Beltz. 47a
— Lettre de M. Poire/ concernant son appa-
reil destiné à empêcher la pénétration
des poussières siliceuses dans les voies
respiratoires des ouvriers meuliers 3i 5
Imperméables (Cuirs).-— Sur la composi-
tion et le mode d'emploi d'un oing gras
destiné à rendre les cuirs imperméables
à l'eau ; Note de M. Ginoid 86
Incubation artificielle.— Sur I incubation
artificielle des poulets, et. sur le moyen
de conserver les œufs pour cette desti-
nation; Note de M. D'OEfels 144
Ixnic.oTiNE. — Réaction du chlorure de ben-
zoïle sur l'indigotine et l'isatine; Note
de M. Schwartz io5o
Ineusoires (Animalcules) déterminant la
fermentation. — Voir au mot Fermen-
tation.
Ininelammabilité des substances textiles.
— Recherches ayant pour but de rendre
incapables de s'enflammer les étoffes em-
ployées dans le vêtement des femmes;
Note de M. Chevallier fils 1 8a
— Sur un moyen de rendre le coton en rame
impropre a s'enflammer; Note deM. Sau-
vageon '. 58
- Comparaison des sels métalliques em-
ployés pour rendre ininflammable, la fibre
végétale; Note do MM. l ersmanh et Op-
penheitn 35o
— M. ternaire adresse deux échantillons
d'une même étoile, dont l'un, par le
moyen d'une préparation qui n'est pas
indiquée, a dû devenir impropre à s'en-
flammer. — Avantages qu'offrirait une
large application de ces préparations.
..'. 3o4 et 486
Inondations. — Lettre de M. D'Olincourt
concernant son Mémoire sur un nouveau
système de culture qui tendrait à pré-
server le pays du danger des inondations. «1
Insolubles (Substances). — Sur leur de-
composition électr ochimique ; Mémoire
de M. Becquerel 23;
Institut. — Lettre de M. le Président de
l'Institut concernant la séance trimes-
trielle du 1" juillet i863 1 109
Instbuments de chirubgie. — Mémoire de
M. Serré sur plusieurs instruments gal-
vanocaustiques de son invention 536
— Appareil hvgiénique désigné sous le nom
de couvre - oreille , de l'invention de
M. Marville Ï36
Instruments de géodésie. — Description
donnée par M. D'Jbbadie d'un instru-
ment de son invention pour la pratique
de la géodésie expéditive 119"!
— Description, ligure et usage d'un instru-
ment pour la topographie expéditive.
désigné par l'inventeur. M. Richard,
sous le nom de frigonomètre Richard.. 1216
— Note sur deux instruments désignés pif
l'inventeur. M. Goulier, sous les noms
de télomètre et de nautométre à prismes. 343
12
Pages.
Instruments de physique, -r- Note concer-
nant un nouvel appareil barométrique
pour la mesure des montagnes ; par
M. Monàino 271
Instruments d'optique. — M. Chevalier pré-
sente deux microscopes à l'usage des
étudiants qui s'occupent de recherches
histologiques , et divers appareils rela-
tifs à l'application des besicles. 838 et 1217
Iode. — Action de l'iode et du brome sur
l'amidon; élude de la matière colorante
des végétaux; Note de M. Blondeau. . . 697
Irrigations. — Expériences sur l'emploi des
83 )
Pac
eaux d'irrigation sous divers climats, et
théorie de leurs effets; Mémoire de
M. Hervé-Mangon 202
Isatine. — Réaction du chlorure de benzoïle
sur l'indigotine et l'isatine ; Note de
M. Scluvartz io5o
Isomères (CoRrs). — Sur les corps isomères :
chlorobenzol et toluène bichloré; Note
de M. Çàhours 70'i
— Remarques de M. paquet a l'occasion de
cette communication 79G
— Sur l'hydrazpbenzple, corps isomère de la
benzidine; Note de M. Èofmann 1110
Legs Bkëant. — Pièces concernant le eho-
léra-morbus ou les dartres, présentées au
concours pour le prix du legs Bréant
par les auteurs dont les noms suivent :
MM. Dorner, Derov, Danis, Barr-Mit-
chell, Hoffmann, Gcrin-Rose, Poor,
Brujuet, de la PeTia
i83, 24o, 448, 537, 584, 629 et 692
Legs Godard. — M. //■ Ministre d'Etat trans-
met ampliation d'un décret impérial qui
autorise l'Académie à accepter ce legs,
destiné à la fondation d'un prix de la va-
leur de 1 000 francs, décerné chaque an-
née à l'auteur du meilleur Mémoire sur
l'anatomie, la physiologie ou la patholo-
gie des organes génilo-urinaires 899
— Lettre de M. Ch. Robin, exécuteur testa-
mentaire de feu M. Godard 899
Lithographie. — Reproduction sur pierre
des lithographies nou\ elles ou anciennes ;
Note de M. Rigaud 1 137
Longitudes. — M. Le Verrier communique
une Lettre de M. Airy relative à la dé-
termination de la longitude de Green-
wich ; — et une Lettre de M. Bruhns
relative à une nouvelle détermination
de la longitude de Leipsick. . . 171 et 18 i
Voir aussi l'article Géodésie.
Lumière. — Sur un nouveau mode de pro-
pagation de la lumière ; Note de M. Ba-
binet 4 ' '
— Sur l'électricité de la lumière solaire dans
l'air et dans le vide; Note de M. l'abbé
Sanna-Solaro io35 et 1207
— Sur l'action chimique de la lumière dif-
fuse observée à la Havane à l'aide d'un
nouvel actinographe chimique ; Note de
M. Poer 1039
— Relations chimiques entre l'électricité, le
calorique et la lumière; Note deM.CM-
(7(77 I QOO
Lumière zodiacale. — Observation de ce
phénomène à Yzeuie (Allier) dans le
mois de février ; Lettre de M. Laussedat. 3ia
Lune. — Sur l'application de l'analyse spec-
trale à la question de l'atmosphère lu-
naire ; Note de M. Janssen 962
— Observations faites pendant la dernière
éclipse lunaire; Note de M. Ch. Emma-
nuel 1 181
M
Machines a calcul. — M. Mathieu met sous
les yeux de l'Académie une machine à
calcul de M. fJ'iberg, avec laquelle on
peut, au moyen des différences de divers
ordres, calculer et imprimer des Tables
numériques 211
— Rapport sur cette machine; Rapporteur
M. Delaunay 33o
Machines a vapeur. — Communication de
M. Morin accompagnant la présenta-
tion du premier volume du, Tndté ici
machines à vapeur, qu'il publie avec la
collaboration de M. Tresça 1 1 4 1
Sur quelques conditions auxquelles un
doit avoir égard dans la construction de
ces machines pour réduire la dépense
en combustible ; Note de M. Jacobs.. . . >" ;
Sur une machine à air chaud d'un nouveau
système; Mémoire de MM. Vurdin et
Bourget (5 1 1
Sur une machine à vapeur annoncée comme
devant fonctionner avec une grande w<-
( 1284 )
Pages.
nomie de combustible ; Note signée
Louazel 496
Magnésie. — Action de la magnésie sur les
fluorures alcalins; Note de M. Tissier. 848
— Sur la séparation de la magnésie d'avec
la potasse et la soude ; Note de M. Al-
vant Reyrtoso 8;3
Magnétisme terrestre. — Théorie du ma-
gnétisme terrestre dans l'hypothèse d'un
seul fluide électrique; Mémoire deM. ite-
nard 299
— Lettre de M. Roblet concernant une pré-
cédente communication sur le magné-
tisme terrestre 496
— Lettre du P. Secchi en réponse à une
communication de M. Broun sur la
question des rapports entre les varia-
tions météorologiques et les perturba-
tions magnétiques 7.55
Mathématiques appliquées. — Note sur la
marche à suivre pour découvrir le prin-
cipe, seul véritablement universel, de la
nature physique ; par M. Lamé 983
Mécanique. — Sur la chute des corps qui
tombent d'une grande hauteur ; Note de
M. Finck g57
— Sur la résistance au choc des matériaux ,
considérée au seul point de vue géo-
métrique ; Note de M. Normand i2i5
Mécanique céleste. — Sur une équation
pour le calcul des orbites planétaires;
Note de M. de Gasparis 443
— Note de M. Delaunay accompagnant la
présentation de son Mémoire sur l'équa-
tion séculaire de la Lune 5i3
— Note présentée par M. de Pontécmdant
à l'occasion de la communication de
M. Delaunay 585
— Sur les modifications que doit subir, re-
lativement à la Lune, le théorème gé-
néral de l'invariabilité des grands axes
et. de la permanence des moyens mou-
vements planétaires ; Mémoire de M. de
Pontécoulant 63g, 720 et 792
— Sur le calcul des perturbations absolues
dans les orbites d'une excentricité et
d'une inclinaison quelconque; Note de
M. C'.-J. Serret 946
Médecine et Chirurgie ( Concours pour les
prix de). — Analyse d'ouvrages impri-
més ou manuscrits destinés à ce con-
cours, et adressés par les auteurs dont
1rs noms suivent :
— M. Morèl-Lavallée ( Sur un moyen de pré-
venir la roideur et l'ankylose dans les
fractures j 536
— M. Phœbits (Sur le catarrhe d'été typique
communément appelé fièvre des foins). 536
Pa{;e».
— M. Heiuùg (Sur le catarrhe, des organes
génitaux internes de la femme) 583
— MM. Leven et Ollu'ier (Physiologie et pa-
thologie du cervelet) 583
— M. Magne (Cure de la fistule du sac lacry-
mal) 583
— M. Debout (Vices congénitaux de confor-
mation : hernies ombilicales ; fissures
horizontales de la joue ; arrêt de déve-
loppement des membres pelviens ) 583
— M. Bourdon (Hipp.) (Ataxie locomotrice
progressive ) 583
— M. Girard de Cailleux ( Études pratiques
des maladies nerveuses et mentales)... 629
— M. Peter (Maladies virulentes comparées
chez l'homme et chez les animaux) 629
Mercuraniles. — Recherches de M. H. Schiff
sur ces composés 491
Mercure. — Sur le dosage du mercure par
les volumes, à l'aide de liqueurs titrées;
Note de M. Personne 931
Météorologie. — Développement des idées
contenues dans deux chapitres d'un ou-
vrage posthume de feu M. F. Arago con-
cernant les orages et leurs conséquences ;
Mémoire de M. Nowak a5i
— Sur le climat de l'Italie; Lettres de
M. Zantedeschi à M. Élie de Beaumont. 264
— Études sur le climat de Toulouse : consé-
quences générales qui paraissent résulter
de vingt-quatre années d'observations;
Note de M- Petit 749
— Album météorologique présenté par
M. Coulvier-Gravier : représentations
graphiques du phénomène des étoiles
filantes rapprochées des courbes figurant,
les variations du niveau de la Seine. . . 352
— Sur deux nouveaux types des formes des
nuages observés à la Havane ; Lettres de
M. Poey à M. Élie de Beaumont 36i
— Énumération des observations météoro-
logiques faites à l'observatoire de la Ha-
vane : méthode d'observation adoptée
dans cet établissement ; Lettres de
M. Poey à M. Élie de Beaumont. 436 et 642
— Remarques à l'occasion d'une Note de
M. Broun concernant la question des
rapports entre les variations météoro-
logiques et les perturbations magné-
tiques; Lettre du P. Secchi à M. Élie de
Beaumont 755
— Recherches expérimentales sur la forma-
tion de la grêle; par M. Samia-Sôlàrô: . 825
— Sur des grêlons d'une forme particulière;
Note de M. Laroque 1 1 1 -
— Sur une pluie de terre tombée dans le
midi de la France et en Espagne; Note
de Al. Bonis 972
( ™
Pages.
— Lettre de M. Huette accompagnant l'envoi
de tableaux résumant les observations
météorologiques qu'il a faites à Nantes
en 1 862 918
Miel. — Sur la production du miel :
différences qu'il présente selon les cli-
mats, la nature du sol et les plantes
croissant dans la région explorée par les
abeilles ; Note de M. CzcmichowsM 1 1 50
Minéralogie. — Sur les formes cristallines
et sur les propriétés optiques biréfrin-
gentes du castor et du pétalite ; Note de
M. Des Cloizcaux 488
— Sur l'astrophyllite et l'aegirine de Brevig,
en Norvège ; Note de M. Pisani 846
— Sur le jade vert : analyse chimique de ce
minéral le rapprochant de la famille des
Wernerites ; Note de M. Damour 861
— Sur la nature du jade ; Note de M. Sterry
Hunt 1255
Mines. — Mémoire sur les mines de Vialas
( Lozère) ; par M. Rwot 98
— Sur les mines de cuivre du Canada orien-
tal; Lettre de M. Jackson à M. Élie de
Beaumont 635
85 ï
— Accidents dus au cuivre, observés chez des
personnes qui avaient mangé des huîtres
draguées sur un banc voisin d'une mine
de ce métal ; Note de M. Cuzent
Monuments à la mémoire d'hommes illustres.
— Circulaire de la Commission chargée
de l'exécution d'un monument qui doit
être élevé à Kepler dans sa ville natale,
Weilerstadt
Mort intermédiaire (État de). — « Du dé-
laissement des mourants en état de mort
intermédiaire »; Note de M. Josat. ...
Mortalité. — Sur la mortalité dans les hô-
pitaux civils et militaires de l'île de
Cuba; Note de M. Ramon de la Sagra.
Moteurs. — Lettre de M. de Germes concer-
nant une Note de M. MacMntosh sur
un nouveau propulseur des machines
marines
Musique. — Mémoires sur la théorie de la
gamme; par M. Mercadier. .-'. g54 et
— « Exposé des principes tant généraux que
particuliers de la musique moderne » ;
Mémoire de M. Vincent de Jozet
Pages.
537
298
470
974
1119
1084
N
Naissances. — Proportions des sexes dans
les naissances : influence de l'âge rela-
tif des parents ; Note de M. Boudin.. . . 353
— De l'influence de l'âge respectif des époux
sur la proportion des sexes dans les nais-
sances; Lettre de M. Pappenheim 634
Navigation. — Mémoire sur les navires cui-
rassés; par M. le contre-amiral Paris.. 345
— « Étude des questions posées sur les si-
nistres de mer » ; Mémoire de M. Trem-
blay 298
Nerveux (Système). — Sur les modérateurs
des mouvements réflexes de la gre-
nouille; Notes de M. Setchenow. 5o et i85
— Sur les nerfs moteurs de la vessie; Note
de M. Giannuzzi 53
— Réunion bout à bout des fibres nerveuses
sensitives avec les fibres nerveuses mo-
trices; Recherches de MM. Philipeaux
et Vulpian 54
Nitrates. — Production de nitrates alcalins
due à l'emploi en agriculture de fumier
additionné de craie; Note de M. Borticr. 1022
Noir animal. — Sur l'emploi comme engrais
du noir animal des raffineries ; Note de
M. Hérouard 1 83
Nombres (Théorie des). — Mémoire de
M. Moret sur la théorie des nombres
C. R., iS6:i, \" Semestre. (T. LVI.)
premiers considérés dans les progres-
sions arithmétiques 34g
Nominations de Membres et de Correspon-
dants de l Académie. — M. Edm. Bec-
querel est nommé Membre de l'Acadé-
mie (Section de Physique) en remplace-
ment de feu M. Despretz 945
— M. Paris est nommé Membre de la Sec-
tion de Géographie et Navigation en
remplacement de feu M. Bravais 1 149
— M. Ch. Martins est nommé Correspon-
dant de l'Académie ( Section d'Économie
rurale) en remplacement de feu M. Vil-
morin 252
— M. de Vibrare est nommé Correspondant
de la même Section en remplacement
de feu M. Bracy-Clark 33g
— M. Bouisson est nommé Correspondant de
la Section de Médecine et Chirurgie en
remplacement de feu M. Maunoir, de
Genève 523
— M. Ehrmann est nommé Correspondant
de la même Section en remplacement
de feu M. Bretonneau 582
— M. Cayley est nommé Correspondant de
la Section d'Astronomie en remplace-
ment de feu M. le général Brisbane. . . 683
— M. Mac Lear est nommé Correspondant
168
1286 )
Pages,
de la mêmëSeï tionen remplacement de
l'eu M . Bond 765
M. Svhœnbein est nommé Correspondant
de la Section de Chimie en remplace-
ment de M. Liébig, devenu Asso
étranger 765
M. Fiti-Roy est nommé Correspondant
de la Section de Géographie ci Navi-
gation en remplacement de feu Sir James
( 'letrk-Ross 867
Nominations du candidats pour les places
auxquelles I icadémie est appelée à pré-
senter. ~ L'Académie, sur l'invitation
de M. te Ministre de l' Instruction pu-
blique, élit par voie de scrutin deux can-
didats pour une place vacante au Bureau
des Longitudes : candidat présenté en
première ligne, M. Lame; candidat pré-
senté en seconde ligne, M. de 'fessait. .
Pages
o
Optique. — Mémoire sur les dix-sept pre-
miers arcs-en-oiel de l'eau ; par M. Billet. 90,9
— Théorème sur la relation entre les posi-
tions des plans de polarisation des rayons
incidents réfléchis et réfractés dans les
milieux isotropes; Note de M. Cornu. . 87
— Détermination de la longueur d'onde de
la raie A du spectre ; Note de M. Mascart. 1 38
— Recherches sur les propriétés optiques
développées dans les corps transparents
par l'action du magnétisme; Note de
M. Verdet 63o
— Nouvelle formule de la troisième partie
de la loi de la réfraction de la lumière;
Note de M. Baudrimont G97
Organiques (Matières). — Sur les matières
organiques sulfurées qui se forment dans
les fumiers ; Mémoire de M. P. Thenard. 832
OnGANOGRAPiiiE végétale. — Sur les vaisseaux
du latex, les vaisseaux propres, les ré-
servoirs des sucs élaborés des végétaux;
Notes dé M. Lestiboudois A>' et S 16
— Remarques sur les laticifères de plusieurs
plantes du Brésil ; Note de M. Netto. ■ . 917
— Caractères et affinités anatomiques des
Cytinées ; Note de M. Chatin iao/j
Voir aussi l'article Végétales {Fibres).
Ostéogénie. — Recherches de M. Bruch sur
l'ostéogénie 21g
Ozone. — Sur la production de l'ozone par
1 'électrolyse, et sur la nature de ce corps;
Note de M. Soret 3gp
Pain. — Étude analytique sur le blé, la
farine et le pain ; Mémoire de M. Barrai. 834
— Note sur la croûte de pain et le gluten ;
par le même 1 1 1 8
Paléontologie. — Rapport sur une com-
munication de MM. Chopardet Pidancet
concernant les restes d'un reptile dino-
saurien découvert à Poligny (Jura);
Rapporteur M. / alenciennes 'j.90
— Sur un chélonien fossile d'un genre nou-
veau, trouvé dans la craie du cap la
Hève; extrait d'un Mémoire de M. I a-
lenciennes 317
— M. Elie <le Èeaumont émet le vœu que
le Mémoire" entier, avec les ligures qui
l'accompagnent, trouve place dans les
Mémoires de I' . icadémie 322
— Sur lieux nouveaux genres de bois fossiles
recueillis près de Constantinople, et dé-
terminés par M. Unger; Note do M. /'.
de Tchihatcheff. ii6
— Fossiles nouveaux provenant du terrain
néocomien des environs de Gréoulx ;
communication de M. J.-B. Jaubcri. . . 776
Sur une hache en pierre trouvée près de
Savenay (Loire-Inférieure), dans une
argile supposée appartenir au terrain de
transport ; Note de M. Durance 272
Sur les silex travaillés du diluvium de
Loir-et-Cher; Note de M. de l'ibraye.. 5/7
Sur une mâchoire humaine découverte à
Abbeville, dans un terrain non remanié ;
Note de M. Bouclier de Pertlies 779
Remarques de M. de Quatrefages accom-
pagnant la présentation de la Note de
M. Boucher de Pertlies et des pièces qui
y étaient jointes 78^
Deuxième et troisième Notes de M. de
Quatrefages sur la mâchoire d'Abbe-
ville , avec l'extrait d'une Lettre de
M. Dclesse 809, 816 et 85;
Remarques de M. de l ibraje à l'occasion
de la troisième communication de M. de
Quatrefages 861
( I2t
Pages.
- Résultats fournis par une enquête relative
à l'authenticité de la mâchoire humaine
et des haches en silex dans le terni in
diluvien de Moulin-Quignon; Note de
M. Milite Edwards 921
• Nouvelles observations de M. de Quatre-
fages sur la mâchoire de Moulin-Qui-
gnon 933
■ Remarques de M. Êlie de Beaumont sur
l'expression terrain diluvien employée
dans ces Notes 935
Réponse de M. Mine Edwards à l'occa-
sion de ces remarques 937
Réponse de M. de Quatrefages â l'occa-
sion des mêmes remarques g38
Note de M. Eug. Robert sur la non-con-
temporanéité de l'homme primitif et des
grandes espèces perdues de Pachy-
dermes 955
Sur un examen de la mâchoire humaine de
Moulin-Quignon au point de vue anthro-
pologique; Note de M. Pruner-Jiey., . . joot
Observations de M. de Quatrefages à
propos de cette Note et des remarques
de M. Elie de Reaumont concernant la
détermination géologique du terrain ou
a été trouvée cette mâchoire roo3
M. Elie de Beaumont rappelle et précise
ce qu'il a dit à ce sujet 1004
Observations sur l'existence de l'homme
pendant la période quaternaire; Notes
de M. Hébert ioo5 et 1040
Sur le diluvium de la vallée de la Somme;
Note de M. Garrigou 1042
M. Elie de Beaumont rappelle, à l'occa-
sion de ces communications , que dans
les deux précédentes séances il n'a parlé
ni d'Amiens, ni de Saint-Acheul , mais
seulement de la carrière de Moulin-
Quignon IC-44
Note sur les indices matériels de la co-
existence de l'homme avec VElephas
meridioaalis dans un terrain plus ancien
que les terrains de transport des vallées
de la Somme et de la Seine ; Mémoire
de M. Dcsnoyers 1073
Sur l'origine récente des traces d'instru-
ments tranchants observées à la surface
de quelques ossements fossiles; Note de
M. Et/g. Robert 1 1 5y
Réponse de M. Desnoyers 1 199
Sur le diluvium de Sainl-Acheuî et le ter-
rain de Moulin-Quignon ; Note de M. Sci-
pion Gras 1097
Extrait d'une Lettre de M. Garrigou ac-
compagnant l'envoi d'un opuscule inti-
tulé : « L'Homme fossile : historique gé-
Pàges.
néral de la question, et discussion de la
découverte d'Abbeville » 1 1 20
— Sur la non-contemporanéité de l'homme
et des grandes espèces éteintes de Mam-
mifères ; Lettre de M. Eug. Robert 1 19.1
— Sur les alluvions de la vallée de l'Ingres-
sin (arrondissement de Toul ), à l'occa-
sion de la mâchoire de Moulin-Quignon;
Note de M. Husson 1227
— Remarques de M. Élie de Beaumont sur
cette communication i23o
— Note sur la distribution géologique des
oiseaux fossiles et description de quel-
ques espèces nouvelles ; par M. Alphonse
Milne Edwards 1219
Paquets cachetés (Ouverture de). — Sur
la demande de M. Toumier, un paquet
cacheté déposé par lui en avril 1861 est
ouvert le 16 février i863, et renferme
une Note concernant la reproduction
identique de l'écriture parla télégraphie
électrique 3i5
Paratonnerres. — Nouvelles expériences de
M. Perrot tendant à prouver que lors-
qu'un paratonnerre ordinaire est fou-
droyé, son conducteur devient fou-
droyant pour les corps voisins 397
Pathologie.— Expériences sur l'infection pu-
rulente; par M. Flourens. 241, 4°9 et 1025
— Cas de méningite comateuse sans para-
lysie, observé chez un gibbon ; Note de
M. Serres 244
— Affection comateuse due à une méningite
suraiguë : formation rapide d'une col-
lection purulente considérable ; Note de
M. Billod 853
— M. Batailhé lit, dans la séance du G avril,
deux Notes sur l'infection purulente,
qu'il avait adressées le 1 3 et le 22 mars. 628
— Sur la coïncidence constante des déran-
gements de la parole avec une lésion
de l'hémisphère gauche du cerveau ; Mé-
moire de M. Dax 536
— M. Colin, auteur d'un travail clinique sur
l'embolie, qui a été l'objet d'une mention
honorable au concours pour les prix de
Médecine, annonce l'envoi prochain
d'une suite de ses recherches, où il con-
sidère l'embolie capillaire dans ses rap-
ports avec diverses diathèses morbides. 221
— Sur l'affection scrofuleuse, ses causes et
sa prophylaxie ; par M. Caron 828
— Sur l'albuminurie chronique : cas de deux
jumeaux succombant presque au même
âge à cette maladie; Note de M. Husson. io85
— Sur l'inosurie; Note et Lettre de M. Gal-
lois 533 et 583
168..
f 1288 )
Pages.
Pathologie. — De la déviation des règles et
de son influence sur l'ovulation ; Note
de M. Puech 6g5
— Sur l'affection trichinaire chez l'homme ;
Mémoire de M. Zcnher 3o3
— Considérations sur les tumeurs blanches
et les scrofules ; par M. Potier 486
— Transformation morbide des enveloppes
du testicule ; Note de M. Martin 855
— Sur un calcul biliaire qui s'est fait jour à
travers les parois de l'abdomen , pour
sortir vers la région ombilicale ; Note
de M. Leclerc 1 4a
— Sur la durée de l'incubation de la rage
chez les chiens; Note de M. Renault. . . 72
— Sur un nouveau procédé d'inoculation de
la péripneumonie exsudative et conta-
gieuse des bêtes bovines; Note de
M. Lenglen 692
Pathologie morale. — M. O/livier adresse,
sous ce titre, un ouvrage manuscrit con-
cernant les rapports du physique au
moral dans l'état de santé et dans l'état
de maladie 1 77
Pesanteur. — Appareil pour la mesure sta-
tique de la pesanteur ; Mémoire de
M. Babinct 244
— Lettre de M. Broun sur un appareil de
son invention pour la mesure statique
de la pesanteur 1 135
— Sur la cause de la pesanteur et des effets
attribués à l'attraction universelle ; Mé-
moire de MM. F.-A. et Em. Keller 53o
Pétroles. — Recherches sur les pétroles d'A-
mérique; par MM.Pe/ouze et Cahours. . 5o5
Phosphore. — Sur la coloration de la flamme
d'hydrogène par le phosphore et ses
composés : spectre du phosphore; Note
de MM. Christojle et Beilstein 399
Photographie. — Rapport sur un appareil
photographique présenté par M. de
Poilly; Rapporteur M. Fizeau 681
— Lellre du P. Secehi accompagnant l'en-
voi de nouvelles images photographiques
de l'éclipsé solaire du 28 juillet 1860.. i;3
— Images photographiques des différentes
phases de l'éclipsé solaire partielle du
i5 mai i863, prises à Besançon par
M. f'emier 1023
— Note de M. J. CU'ialc accompagnant la
présentation d'images photographiques
du mont Rose et de i'Oberland du Valais. 5î3
— Remarques de M. Élie de Bcaumont, à
l'occasion de la présentation de ces ima-
ges orographiques et des plans-reliefs
desmontagnes françaises, présentés dans
la même séance, par M. Bardin 529
Pages.
Physiologie. — Expériences sur l'infection
purulente; par M. Flourens. 241, 409 et 1025
— M. Flourens fait hommage à l'Académie
d'un ouvrage qu'il vient de publier sous
ce titre : « De la phrénologie et des études
vraies sur le cerveau » 409
— M. Flourens présente un ouvrage de
M. Tigri concernant les effets qu'exerce
sur le sang circulant dans les vaisseaux
le pus ou la sanie gangreneuse 48G
— Sur la distinction entre le coma produit
par la méningite, et le sommeil produit
par le chloroforme, et sur la distinction
entre la méningite et l'apoplexie ; Note
de M. Flourens 56r-
— Sur un cas de méningite comateuse, sans
paralysie, observé chez un gibbon; Note
de M. Serres 244
— Sur les modérateurs des mouvements ré-
flexes dans le cerveau de la grenouille;
Note de M. Setchenow 5o et i85
— Sur les nerfs moteurs de la vessie ; Note
(le M. Giannuzzi 53
— Influence des nerfs sur les sphincters de
la vessie et de l'anus ; Note de MM. Gian-
nuzzi et Nawrocki 1 101
— Sur la réunion bout à bout des fibres
nerveuses sensitives avec les fibres
nerveuses motrices; Recherches de
MM. Philipeaux et f'ulpian 54
— Note sur une modification physiologique
qui se produit dans le nerf lingual, par
suite de l'abolition temporaire de la mo-
tricité dans le nerf hypoglosse du même
côté ; par les mêmes 1009
— Sur les modifications qu'éprouvent, du-
rant le sommeil, la respiration et la calo-
rification; Notes de M. Saurel. 40, 263 et 486
— Sur la quantité d'air indispensable à la
respiration durant le sommeil ; Notes de
M. Hitsson 127, 386 et 898
— M. Deschamps soutient, contre l'opinion
de M. Husson, que pendant le sommeil
un moindre volume d'air est nécessaire
à la respiration 220
— Sur l'introduction de l'air dans les vei-
nes, et sur les meilleurs moyens à em-
ployer pour combattre les accidents qui
en résultent; Mémoire de M. Oré
629 et io5a
— Recherches expérimentales sur l'action
physiologique du tartre stibié ; Note de
M. Pécholicr 718
— M. Danis, en adressant, pour le concours
du legsBréant, un Mémoire sur la dyssen-
terie, appelle l'attention sur les considé-
rations générales qu'il y a présentées.
( i289
concernant une classe de maladies qu'il
désigne sous le nom de Septicémies ou
maladies par empoisonnement du sang.
Voir aussi l'article Anthropologie.
Physiologie comparée. — Recherches expé-
rimentales sur la distinction de la sensi-
bilité et de l'excitabilité dans les diffé-
rentes parties du système nerveux d'un
insecte, le Dytiscus marginalis ; Mémoire
de M. Faivre
— Expériences pour servir à l'histoire phy-
siologique de la vessie natatoire des
poissons ; Mémoire de M. Moreau
Physiologie végétale. — Expériences sur
la décoloration des fleurs du lilas (Sy-
ringa vulgaris) dans la culture forcée ;
Note de M. Duchartre
— Note de M. Gris concernant les fonctions
des vaisseaux dans les végétaux
1048 et
— Sur la présence normale de gaz dans les
vaisseaux des plantes ; Note de M. Da-
limier
— Sur les fonctions des vaisseaux des plan-
tes ; Note de M. Lecoq
— Sur la germination des corpuscules orga-
nisés qui existent en suspension dans
l'atmosphère ; Note de M. Duclaux
Physique. — Note sur la marche à suivre
pour découvrir le principe, seul vérita-
blement universel, de la nature physi-
que ; par M. Lamé
— Réclamation adressée par M. Artur à
l'occasion d'une assertion de M. Lamé
relative à l'état stationnaire des travaux
sur la théorie mathématique de la capil-
larité
— Appareil pour la mesure statique de la
pesanteur ; Mémoire de M. Babinet
— Lettre de M. Broun sur un appareil de
son invention pour la mesure statique
de la pesanteur
— Mémoire sur la cause de la pesanteur et
des effets attribués à l'attraction univer-
selle; par MM. F.-A.-E. etEm. Relier.
— Mémoire ayant pour titre : « De la dualité
élémentaire cosmique, dynamique, etc.,
d'après les observations astronomiques
et les principes de la physique expéri-
mentale ï; par M. Baulard. 11 20 et
Physique du globe. — Sur les courants
généraux de l'atmosphère ; communica-
tion de M. Duperrey
— Sur la question d'une connexion entre
les bourrasques et les perturbations ma-
gnétiques ; Note de M. Broun
— Remarques du P. Secc/ii à l'occasion de
cette communication
Pages.
584
-172
629
939
1223
IO97
Il4S
983
I lui
244
n35
53o
1217
514
54o
755
8a5
1 1G1
4i5
Pages.
— Recherches expérimentales sur la forma-
tion de la grêle ; par M. l'abbé Sanna-
Solaro
— Sur la distribution de la température, et
les types des surfaces isothermes dans
l'Inde; Note de M. Herm. de Schlagint-
weit
Physique mathématique.— Mouvementd'un
fil élastique soumis à l'action d'un cou-
rant de fluide animé d'une vitesse con-
stante ; Mémoire de M. Duhamel 277
— Sur un nouveau mode de propagation de
la lumière ; Note de M. Babinet 411
— Remarque de M. Morin sur l'expression
de force vive employée par M. Babinet..
— Réponse de M. Babinet et remarque de
M. Chastes dans le même sens 4i5
— Sur la propagation des ondes ; Mémoire
de M. Em. Mathieu a55
— Rapports entre les accumulations élec-
triques sur deux sphères conductrices
de rayons connus, déterminés géné-
ralement et en termes finis ; Note de
M. rolpicelli n58
Pilesgalvaniques.— Voirl'articleii'fcrfncrte.
Planètes. — M. Luther annonce la décou-
verte, qu'il a faite le i5 mars 1 863,
d'une nouvelle planète télescopique ;
Lettre à M. Élie de Beaumont 636
Platine. — Nouveau procédé d'extraction
des métaux des résidus platinifères;
Note de M. A. Guyard 1 177
Plâtrage. — Sur le mode d'action du plâ-
trage des terres arables ; Note de M. De-
hérain g65
Plomb. — Action de l'acide sulfurique sur
le plomb ; Note de MM. Calrert et John-
son
— Nouveau cas de perforation du plomb par
des insectes ; Lettre de M. l'abbé Bouvier.
Pluie de terre. — Note de M. Bonis sur
une pluie de terre tombée dans le midi
de la France et en Espagne 972
Poissons. — De la signification anatomique
de l'appareil operculaire des poissons et
de quelques autres parties de leur système
osseux ; Mémoire de M. Hollard
— De la distribution des pièces qui compo-
sent l'arc suspenseur de la mâchoire in-
férieure chez les poissons osseux, et de
leur signification anatomique; par le
même
— Sur un corps d'apparence glanduleuse
observé dans la baudroie; Note de
M. Jourdain 598
— Expériences pour servir à l'histoire phy-
siologique de la vessie natatoire des
poissons ; Mémoire de M. Moreau 62g
i4o
219
38
633
( '2<)0 )
Pages.
Polarisation circulaire appliquée à l'étude
de certains composés. — Voir l'article
Camphres.
Potasse. — Action de la potasse alcoolique
sur le toluène bichloré et sur le toluène
trichloré ; Note de M. Naquet 129
— Sur la séparation de la magnésie d'avec
la potasse et la soude ; Note de M. AU
varp Bejrnaso 87 3
Présidence de l'Académie. — M. Morin est
élu Vice-Président pour l'année iS63. —
M. Duhamel, Président sortant, rend
compte à l'Académie de l'état où se
trouve l'impression des Recueils qu'elle
publie, et des changements arrivés parmi
ses Membres et ses Correspondants du-
rant l'année qui vient de s'écouler. —
M. Velpeau, Vice-Président pendant Tan-
né 1862, passe à la Présidence i3
Pression- atmosphérique.— Lettre deM. Chy-
linshi concernant des expériences faites
avec un appareil de son invention 6C5
Prix décernés (Concours de 1862). — M. Pou-
dra se fait connaître comme l'auteur
du Mémoire qui a obtenu la seconde des
deux médailles décernées an concours
pour le grand prix de Mathématiques:
question concernant la théorie des cour-
bes planes du quatrième ordre 4 >
Pages.
— Lettres de remercimenls adressées par
divers savants dont les travaux ont ob-
tenu, au concours de 18O2, des Prix
ou des Mentions honorables, savoir :
MM. Bernard, Balbiani, Leberl, Fre-
richs, Lereèoulletf Dareste, Graham,
de Bary, Philipeaux et Vulpian 4*
Prix Damoiseau. — Décret impérial autori-
sant l'Académie à accepter la donation
faite par M"'" la baronne Damoiseau d'une
somme de 20000 francs dont le revenu
formera le montant d'un prix annuel.. . 1023
Puits artésiens. — Sur la loi de la variation
des débits des puits artésiens observés à
différentes hauteurs;Note deM. Malurf. 78
— Lettre de M. Dru concernant sa Note sur
l'écoulement de l'eau dans les puits arté-
siens 1 89
Putréfaction et putride (Fermentation)..
— Voir l'article Fermentation.
Pyocyanine. — Recherches sur les matières
colorantes des suppurations bleues, la
pyocyanine et la pyoxanthose ; Note de
M. Fordos 11 28
Pvroxyle. — Du mode de constitution du
pyroxyle ou coton-poudre; Mémoire de
M. Blondeau 220
Q
Qhinone. — Note de M. Hofmann sur ce produit 11 j'i
R
Réfraction. — Lettre de M. Durand con-
cernant l'application des lois de la ré-
fraction à l'analyse chimique 59
Rubidium. — Sur la préparation et sur
les propriétés du rubidium ; Note de
M. Bunsen 188
Sections de l'Académie. — M. Dupin est
adjoint aux deux Membres de la Section
de Géographie et Navigation, pour une
présentation do candidats à la placé
vacanic dpps cette Sectiori, par suite du
décès de M. Bravais 1072
— La Section ainsi complétée présente la
liste suivante de candidats : i°M. Paris;
2" MM. de Montravel, Mouches; 3" MM.
D'Abbadie, Darondeau. Peytier 1 1 38
— La Section de Physique présente comme
candidats pour la place vacante par
suite du décès de M. Despretz : 1" M.
Edm. Recquerel ; 2" MM. Jamin, de la
Provostaye, P. Desains, Verdet ; 3° MM.
lui. Desains, Lissajous 919
La Section d'Économie rurale présente
la liste suivante de candidats pour une
place de Correspondant vacante par
suite du décès de M. / ihnorin ■ 1° M.
C.h. Martins; a" M. de Vibraye ; 3° M.
Parade 2'î 1
Et comme candidats pour une autre place
de Correspondant, en remplacement de
( I29I
Pa{>es.
3i5
feu M. Bracy-Klark : 1" M. de Yibraj e ;
2° M. Parade ". . .
— La Section de Médecine et de Chirurgie
présente comme candidats pour la place
de Correspondant vacante par suite du
décès de M. Maunoir: i° M. Bouisson;
2° MM. Ehrmann, Landouzy ; 3" M. Gin-
trac ; 4° M. Serre (d'Uzes) .". 496
— Et comme candidats pour la place do
Correspondant vacante par suite du
décès de M. Bretonneàu : 1° M. Ehr-
mann ; 20 M. Landouzy; 3° M. Gintrac ;
4° M. Serre (d'Uzès); 5° M. Pétre-
quin 55 1
— La Section d'astronomie présente comme
candidats pour la place de Correspon-
dant vacante par suite du décès de
M. Brisbane: 1" M. Cayley ; 2°MM. Chal-
lis, Cooper, Galle, Gàspâris, Graham ,
llencke, Lamont, Lasell. Littrûw, Mac
Lear, Plantamour, Robinson , Struve
(Otto) CGC
— Et comme candidats pour la place de
Correspondant vacante par suite du
décès de M. Bond : 1" M. Mac Lear;
20 MM. Challis, Cooper, Galle, Gasparis,
Graham, Hencke, Lamont, Lasell, Lit-
trow, Plantamour, Robinson, Struve
(Otto) 725
— La Section de Chimie présente comme
candidats pour une place vacante de
Correspondant : 1° M. Schœnbein ;
20 MM. Frankland , Marignac , Piria ,
Schrœtter 725
— La Section de Géographie et Naviga-
tion présente comme candidats pour la
place de Correspondant vacante par
suite du décès de sir /. Clarh-Ross :
i° M. le contre-amiral Fitz-Roy;
20 MM. Livingstone, Mac Clure, le
contre-amiral Washington 856
Sels quadruples contenant do plomb. —
Note de M. fficMès sur une nouvelle
classe de combinaisons chimiques 388
— Remarques de M. Carias à l'occasion de
cette communication dans laquelle ont
été mentionnées quelques-unes de ses
recherches 5p,5
— Réponse de M. Nicklès aux remarques de
M. Carius 796
Sève. — Sur la circulation de la sève et sur
la cause de ce phénomène ; Note de
M. Poulet 898
Silicium. — Sur quelques nouvelles combi-
naisons organiques du silicium et sur
le poids atomique de cet élément: Note
de MM. Friedel et Crafts 590
SiLYieuLTURE. — Sur l'acclimatation du Se-
quota gigantea; Note de M. de Ji-
Pages.
brayi
403
229
663
48C
898
— Lettre de M. Parade accompagnant l'en-
voi d'un exemplaire de la 4" édition de
son « Cours élémentaire de culture des
bois »
Sirops. — Action destructive exercée méca-
niquement sur les lis-ns par le sucre
des sirops quand il vienl a cristalliser;
Note de M. Doré
— Altération des sirops par une ébullition
prolongée; Noie de M. Monier
Soleil. — Sur l'électricité de la lumière so-
laire dans l'air et dans le vide ; Note de
M. l'abbé Sanna-Solaro io35 et
Sommeil. — Sur les modifications qu'éprou-
vent, durant le sommeil, la respiration
et la calorification ; Notes deM. Satire!.
4°i 263 et
— Sur la quantité d'air indispensable à la
respiration durant le sommeil ; Notes de
M. Husson 1 27, 386 et
— Noté de M. Desrhamps à l'appui d'une
opinion avancée à ce sujet par M. Del-
bruck et contraire à celle de M. Husson. 220
Soude. — Sur la séparation de la magnésie
d'avec la potasse et la soude; Note de
M. Alvaro Rey/ioso 873
Soufre. — De quelques propriétés nouvelles
du soufre ; Note de M. Dietzenbacher. .
— De l'action du soufre sur des dissolutions
de sels à réaction alcaline: décomposition
de l'eau bouillante par ce corps; Note
de M. de Girard 797
— Sur la manière dont se comporte le soufre
en présence de l'eau ; Note de M. Géli.s.
— Sur la décomposition de l'eau par le sou-
fre ; Note de M. Grippa
— Sur les matières organiques sulfurées qui
se forment dans les fumiers ; Mémoire de
M. P. Thcnard
— Action du soufre sur un certain nombre
de substances organiques; Note de
M. Brion 87O
— M. Balard déchue que M. Brion lui a
communiqué, depuis un mois au moins,
les résultats des recherches qui font
l'objet de cette Note 877
Voir aussi à l'article Acides tltioniqucs.
Spectroscopie. — Détermination de la lon-
gueur d'onde de la raie A ; Note de
M. Mascari 1 38
— Documents adressés par M. .fausse n et
relatifs à la disposition du speetroscope
au moyen duquel ont été faites les ob-
servations consignées dans sa Note du
39
1014
i.37
832
( Ï392
Pages
a3 juin 1862 sur les raies telluriques du
spectre solaire 1 89
Spectroscopie.— "Mémoire sur les raies tellu-
riquesduspectresolaire ;parM. Janssen. 538
— Sur l'application de l'analyse spectrale à
la question de l'atmosphère lunaire ; par
le même 962
— Sur la coloration de la flamme de l'hy-
drogène par le phosphore et ses com-
posés : spectre du phosphore ; Note de
MM. Christofle et Beilstein 399
— Expériences sur divers échantillons de
chaux ; Note de M. Volpicelli 493
— De l'emploi du chalumeau à chlor-hydro-
gène pour l'étude des spectres ; Note de
M. Diaeon 653
Statistique. — Statistique des communes
composant le canton de Pantin; par
M. Chevallier 137
— Sur la mortalité dans les hôpitaux de l'île
de Cuba ; Note de M. Ramon de la Sa-
gra 468
— Lettre de M. Marmisse concernant diffé-
Pagcs.
rents travaux relatifs à la statistique
médicale de Bordeaux 1263
Voir aussi l'article Naissances.
Statique chimique. — Note sur la stati-
que chimique des êtres organisés; par
M. Barrai 765
Sucre. — Sur l'emploi du bisulfite de chaux
dans la fabrication du sucre ; Notes de
M. Alvaro Reynoso 46 et 260
— Remarques de M. Dumas à l'occasion de
la première de ces deux communications. 48
— Remarques de MM. Possoz et Périer sur
un passage qui les concerne dans la
première des deux communications de
M. A. Reynoso 85
— Nouveau procédé d'extraction du sucre
de betterave ; Note de M. Kessler i3a
— Emploi de l'acide sulfureux dans l'épura-
tion des jus sucrés ; Note de Mil. Pé-
rier et Possoz 3oi
— Altération des sirops de sucre de canne
et des sirops de sucre de betterave
par une ébullition prolongée ; Note de
M. Monier 6-3
T
Télégraphie électrique. — Nouvelle Note
de M. Baudry sur des modifications à
introduire dans les appareils télégraphi-
ques 264
— Un paquet cacheté, déposé en 1861 par
M. Tournier et ouvert sur sa demande
le 16 février i863, contient une Note
relative à un système de télégraphie
avec reproduction identique de l'écri-
ture 3i5
— Documents adressés par M. Gérard pour
une question de priorité concernant l'in-
vention des télégraphes imprimants... 4o3
— Note sur un télégraphe écrivant; par
M. Sortais 627
Télomètre, instrument pour déterminer la
distance à un but inaccessible. — Mé-
moire de M. Goulier sur le télomètre et
le nautomètre à prismes 343
Températures de l'air et du sol. — Nou-
velles recherches sur la température de
l'air, les maxima et les minima ; par
M. Becquerel 453
— Note sur la détermination des tempéra-
tures à de grandes profondeurs dans la
terre, avec le thermomètre électrique;
par le même 1057
— Du refroidissement nocturne superficiel
de diverses espèces de terre pendant
l'hiver, sous le ciel de Montpellier ; Notes
de M. Martins 997 et 1064
Températures élevées (Mesure des). —
Recherches sur ce sujet par MM. H.
Sainte-Claire Dei'ille et Troost 977
Voir aussi l'article Densités.
Tératologie. — Figure et description
d'un cas rare d'hermaphrodisme ; par
M. Martin 3o4
— Note de M. Larcher accompagnant la
présentation de deux pièces tératologi-
ques 599
— Lettre de M. Joly concernant un œuf de
poule monstrueux 899
Thallium. — Sur les dépôts des chambres
de plomb dans les fabriques d'acide sul-
furique : circonstances diverses qui in-
fluent sur la proportion du thallium dans
ces dépôts ; Note de M. Kuhlmann . ... 171
— Du thallium considéré au point de vue
de la conductibilité pour l'électricité;
Note de M. L. de La Rive 588
— Note de M. Béguyer de Cliancourtois
faisant suite à son Mémoire du 17 avril
1860, sur la vis tellurique : considéra-
tions relatives au thallium 47g
Thérapeutique. — Sur l'extrait de campc-
che comme désinfectant des plaies gan-
greneuses; Lettre de M. Desmartis 58
( I»
Pages.
Du permanganate de potasse comme dé-
sinfectant ; Note de M. Demarquay 85a
Du copahu et du styrax comme spécifi-
ques du croup et de la diphthérite ;
Notes de M. Trideau, écrit à tort Tri-
dan ^63 et 485
Poudre d'écaillés d'huître employée pour
hâter la cicatrisation des plaies; Note
de M. Gauguin 271
Emploi de l'acide arsénieux dans le trai-
tement des congestions qui accompa-
gnent les affections nerveuses ; Mémoire
de M. Cahen 583
Nouveaux faits concernant l'utilité des
bains d'oxygène dans la gangrène sénile;
Note de M. Laugier 101 1
Remarques de M. Demarquay à l'occa-
sion de cette communication 1 100
Pièces destinées à constater les heureux
effets obtenus dans diverses affections
intestinales d'un remède proposé par
M. Durner l83
9^)
Pages.
— Action thérapeutique des alcoolatures
d'arnica et de douce-amère ; Note d9
M. Baudelocque 1 1 80
— Lettre de MM. Escallicr et Franceschini
concernant un remède qu'ils désignent
sous le nom d'huile des Alpes 8o5
Toluène. — Action de la potasse alcoolique
sur le toluène bichloré et sur le toluène
trichloré ; Notes de M. Naquet. 129 et 482
— Sur les corps isomères : chlorobenzol et
toluène bichloré ; Note de M. Cahours. 703
— Remarques de M. Naquet à l'occasion de
la Note de M. Cahours 796
Torsion des tiges élastiques. — Voir l'article
Élasticité.
Toxicologie. — Constatation du cuivre dans
des huîtres draguées sur un banc voisin
d'une mine de ce métal et devenu cause
d'empoisonnement ; Note de M. Cuzent. 402
Trimétalaniles. — Recherches sur ces com-
posés ; par M. H. Scliiff 1095
u
Ulmiques (Matières). — Sur les matières or-
ganiques sulfurées qui se forment dans
les fumiers ; Mémoire de M. P. Thenard. 832
— Action du soufre sur quelques substances
organiques ; Note de M. Brion 876
Remarques de M. Bâtard sur l'époque à
laquelle remonte la connaissance des
résultats consignés dans cette Note 877
Sur quelques matières ulmiques dérivées
de l'acétone ; Note de M. Hardy 874
Vapeurs. — Recherches sur les densités des
vapeurs à des températures élevées; Note
de MM. H. Sainte-Claire Dei'ille et
Troost 891
— Recherches sur les densités des vapeurs
anomales ; Note de M. Cahours 900
— Sur la diffusion des vapeurs comme moyen
de distinguer entre les densités de va-
peurs apparentes et les densités de va-
peurs réelles ; Note de MM. Wanklyn et
Robinson 547
— Note sur les densités de vapeur de cer-
tains corps; par les mêmes 1237
— Remarques de M. H. Sainte-Claire Dc-
ville à l'occasion de cette Note 123g
— Sur la condensation des vapeurs pendant
la détente ou la compression ; Note de
M. Dupré gGo
— Sur la condensation des vapeurs pendant
la détente ou la compression ; Note de
M. Clausius 1 1 1 5
C. R., 186;!, \" Semestre. (T. LVI.)
— Sur les propriétés calorifiques et expan-
sées des fluides électriques ; Note adres-
sée par M. Reech a l'occasion des deux
précédentes communications 1240
Végétales (Fibres). — Sur une coloration
rose développée dans les fibres végé-
tales, particulièrement dans celles de
l'écorce, par l'action ménagée des acides;
Note de M. Fan Ticghcm gG3
— Remarques de M. Pasteur sur ces expé-
riences et sur des expériences analogues
faites antérieurement par M. Payen. . . 991
— Sur la coloration que les acides peuvent
communiquer aux organes végétaux dans
certaines familles; Note de M. Gaillard. 112G
Végétation. — Lettre de M. L<mib<>tte con-
cernant une précédente communication
intitulée : « Action du manganèse sur
la végétation » "38
Voir aussi l'article Physiologie végé-
tale.
169
( I294 )
Pages.
Ventilation. — Expériences sur les effets
île ventilation produits par les chemi-
nées d'appartements; Mémoire de M.
Morin iC
— Note sur la ventilation des amphithéâ-
tres ; par le même 201
— Note sur la ventilation des nouveaux théâ-
tres de Paris ; par le même 365
Vers a soie. — Notes de M. Guérin-Méne-
ville accompagnant l'envoi d'écheveaux
de soie grége du ver à soie de l'ailante
filée par des moyens industriels. 266 et 364
— Madame de CorneiUan adresse, à cette oc-
casion, un écheveau de soie grége pro-
venant du dévidage simultané de huit
cocons 3i4
— Madame de CorneiUan annonce être par-
venue à dévider les cocons de vers à soie
percés par l'éclosion du papillon 878
— Note de M. Guérin-Ménevillc accompa-
gnant la présentation des premiers co-
cons du ver à soie du chêne io83
— Lettre sur les résultats d'une mission ré-
cente dans le midi de la France, con-
cernant la sériciculture; par le même.. 1263
— Sur le ver à soie de l'ambrevate, espèce
propre à l'île de Madagascar ; Note de
M. J'inson 534
— Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur
M. Blanchard 620
— Nouvelles études séricicoles faites en
Orient pendant les années 1860-1862;
Note de M. Dufour 68S
— Remarques de M. de Qaatrefages accom-
pagnant la présentation de cette Note . 6g 1
Vis tellurique. — Application de la vis tel-
atfes.
253
lurique dans la théorie de l'acier ; Mé-
moire de M. Béguyér de Chancourtois .
— Suite du Mémoire sur la vis tellurique
(7 avril 1860) : application au thallium;
additions et corrections aux précédentes
communications; par le même. 479 et ,al?
Vitrifiables (Couleurs). — M. Bœsc/i
envoie des substances colorantes propres
à l'impression sur verre, et qui font
corps avec lui en se fondant au feu 439
Volcans* — Analyse (l'une eau acide du
volcan de Popocatepetl au Mexique;
Note de M. Lefort 9°9
— Remarques de M. Cli. Suinte-Claire De-
ville à l'occasion de cette communica-
tion • 912
— Sur les émanations à gaz combustibles qui
se sont échappées, à Torre del Greco,
de la lave de 1794 lors de la dernière
éruption du Vésuve; Note de MM. Ch.
Sainte-Claire Deville , Le Blanc et
Fouqué " ° J
Voyages scientifiques. — M. Milite
Edwards entretient l'Académie des ré-
sultats scientifiques d'un voyage de
M. Bocourt à Siam, et présente des des-
sins et des photographies rapportés par
ce voyageur
— M. Dutaillis, près de retourner au Séné-
gal, d'où il avait précédemment adressé
à l'Académie une observation de 1 é-
clipse solaire du 3i décembre 1862, se
met à sa disposition pour les observa-
tions qu'elle jugerait convenable de lui
demander I2I9
349
z
845
Zinc. — Action de l'hydrogène développé
par l'ammoniaque et le zinc pour la
transformation de l'aldéhyde et de l'a-
cétone en alcool correspondant; Note
de M. Lorin
Zoologie. — M. Mûrie Edwards annonce
l'arrivée au Jardin des Plantes d'un Au-
rochs vivant, le premier qui ait été vu
en France 497
— Observations sur les habitudesd'une poule
d'eau apprivoisée; Note de M. Belamy.
— Parasitisme de la chique sur l'homme et
sur les animaux ; Mémoire de M. Gin on :
1" partie
— Sur les Trichines, leurs transformations et
1104
288
leur passage des intestins dans les mus-
cles locomoteurs; Mémoire de M. Zen-
Aer > •
Nouveau cas de perforation du plomb par
des insectes; Lettre de M. l'abbé Boit-
fier 219
Sur l'habitude qu'ont certains oiseaux
insectivores de rechercher particulière-
ment et presque exclusivement pour
leur nourriture une espèce déterminée
d'insectes ; Note de M. Coinde 878
Note sur quelques coléoptères communs à
la faune du Kef et à celle des environs
de Bone ; par le même 919
( ,29'
'ABiLE DES AiïTEUUS.
MM. Payes.
ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES DE
VIENNE (l') envoie la seconde livraison
de ses Comptes rendus et remercie l'Aca-
démie pour un envoi semblable. iS3 et H37
ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE ET DE
CHIRURGIE DE LONDRES ( l' ) remer-
cie l'Académie pour l'envoi de plusieurs
volumes de ses Mémoires, du Recueil des
Savants étrangers et des Comptes ren-
dus hebdomadaires iS3
ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE
LISBONNE (l') adresse des remerci-
mentspour l'envoi de plusieurs volumes
des Recueils que publie l'Académie. . . .
42, 184, 537, 585, 83g et 1001
ACADÉMIE DES SCIENCES DE MUNICH ( l' )
remercie l'Académie pour l'envoi d'une
nouvelle série des Comptes rendus heb-
domadaires 804
ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES D'AM-
STERDAM (l") adresse plusieurs vo-
lumes qu'elle a récemment publiés.... i83
MM. Pages.
ALCIATOR. — Note sur trois inventions
concernant les chemins de fer et la na-
vigation 8o5
ANDRAL est nommé Membre de la Commis-
sion des prix de Médecine et de Chirurgie. 6-^3
ANONYMES. — Voir à la Table des ma-
tières l'article Anonymes [Communica-
tions] .
AOUST (l'abbé). — Des transformations dou-
bles des figures. Transformation des figu-
res par normales à la sphère réciproques. 906
ARGENT!. — Lettre concernant des recher-
ches de géométrie dont il indique le
sujet 5g
ARNAUD. — Une pile de son invention des-
tinée principalement aux usages médi-
caux est mise sous les yeux de l'Acadé-
mie par M. Becquerel 1022
ARTUR rappelle, à l'occasion d'une commu-
nication récente de M. Lamé, ses tra-
vaux sur quelques parties delà physique. no5
B
BABINET. — Appareil pour la mesure sta-
tique de la pesanteur 244
— Sur un nouveau mode de propagation de
la lumière 4 1 l
— Réponse à une remarque faite à l'occasion
de cette communication, par M. Moria.. 41 5
— M. Babinet fait hommage à l'Académie du
septième volume de ses « Études et lec-
tures sur les sciences d'observation >• . . 55y
— M. Babinet donne un extrait de plusieurs
Notes écrites en anglais par M. ffittich,
Notes relatives à diverses approximations
numériques et à diverses sections des
solides dérivés du cube 100 et 664
BALARD. — Remarques à l'occasion d'une
communication de M. Brion intitulée :
« Action du soufre sur un certain nom-
bre de substances organiques » 877
BALBIANI adresse ses remerciments à l'Aca-
démie, qui lui a décerné un des prix de
Physiologie expérimentale pour son Mé-
moire sur les phénomènes sexuels des
infusoires 4 '
BALLEY. — Note sur les inconvénients des
mariages consanguins i35
BAQUET. — Sur le meilleur mode de trai-
tement à appliquer au choléra 629
BARALLIER remercie l'Académie, qui lui a
décerné une récompense pour ses recher-
ches sur le typhus épidémique 107
BARDIN. — Plans-reliefs topographiques des
montagnes françaises 5^5
1G9..
( "
MM. Pages.
BARIÏ MITCHELL. — Nouveau traitement
des fièvres continues, du choléra, etc.. 584
BARKAL adresse plusieurs ouvrages d'éco-
nomie rurale destinés au concours pour
le prix Morogues 629
— Note sur la statique chimique des êtres
organisés 7^5
— Étude analytique sur le blé, la farine et
le pain 834
— Note sur la croûte de pain et le gluten, n 18
BAR Y (de) adresse ses remerciments à l'A-
cadémie qui lui a accordé une mention
très-honorable au concours pour le prix
Alhumbert ( question des générations
spontanées ) 4'2
BATA1LI1É. — Lecture de deux Notes sur
l'infection purulente, déposées par lui
le 1 3 et le 22 mars i863 628
BAUDELOCQUE. — Actions thérapeutiques
des alcoolatures d'arnica et de douce-
amère 1 1 80
BAUDIN. — Note sur l'échelle densimétrique
accolée à l'aréomètre de Baume 1 36
BAUDRIMONT. — Nouvelle formule de la
troisième partie de la loi de la réfrac-
tion de la lumière 697
BAUDRY. — Sur la télégraphie électrique. . 264
BAULARD. — Mémoire intitulé : « Sur la
dualité élémentaire, cosmique, dynami-
que, etc., d'après les observations astro-
nomiques et les principes de la physique
expérimentale » 1120 et 1217
BAUSSET-ROQUEFORT (de) annonce l'en-
voi de deux exemplaires d'un opuscule
intitulé : « Étude sur le mouvement de
la population en France depuis le com-
mencement du xixe siècle » 5g
BEAUDOUIN. — Études physiologiques et
économiques sur la toison du mouton.
(Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur
M. Passy. ) 617
BÉCHAMP. — Nouvelle analyse chimique de
l'eau du Boulou 5g5
— Sur l'acide acétique et les acides gras
volatils de la fermentation alcoolique..
969, 1086 et i23i
— De l'action de la chaleur sur l'arséniate
d'aniline, et de la formation d'un anilide
de l'acide arsénique 1172
BECQUEREL. — Mémoire sur la décomposi-
tion électrochimique des substances in-
solubles 237
— Nouvelles recherches sur la température
de l'air, les maxima et les minima.... 453
— De la détermination des températures à
de grandes profondeurs dans la terre
avec le thermomètre électrique 1057
9* )
MM. Pages.
— M. Becquerel fait connaître une pile gal-
vanique employée par M. Arnaud pour
certaines applications médicales de l'é-
lectricité 1022
BECQUEREL (Edm.) est présenté par la Sec-
tion de Physique comme l'un des can-
didats pour la place vacante par suite
du décès de M. Despretz 919
— M. Ed. Becquerel est élu Membre de la
Section de Physique en remplacement
de feu M. Despretz 945
— Décret impérial confirmant cette nomina-
tion 977
BÉGUIN. — Sur un nouveau mode de pro-
duction d'électricité dynamique 665
BEILSTE1N et Ciiristofle. — Sur la colora-
tion de la flamme de l'hydrogène par le
phosphore et ses composés. — Spectre
du phosphore 399
BELAMY. — Observations sur les habitudes
d'une poule d'eau apprivoisée 1 104
BELTZ. — Des causes de la mortalité des
tailleurs de pierre et des moyens de la
diminuer 272
BERNARD (Claude) est nommé Membre de la
Commission des prix de Médecine et de
Chirurgie 623
— Et de la Commission du prix de Physio-
logie expérimentale 824
BERTHAULT. — Sur la construction écono-
mique de récipients propres à contenir
l'air comprimé à une haute pression, ou
à conserver le vide 263
BERTHELOT. — Recherches sur les affinités.
Sur la limite de combinaison entre les
acides et les alcools.— Sur l'équilibre dans
divers systèmes formés d'acides, d'alcool
et d'eau. (En commun avec M. Péande
Saint-Gilles.) 3g3 et 64 8
— Recherches sur les alcools amyliques.
Action de la chaleur sur l'aldéhyde.. . . 700
— Sur quelques caractères des alcools.... 841
— Remarques concernant une Note de
M. tf'urtz sur l'hydrate d'amylène 844
— Sur la diagnose des alcools 870
— Méthodes nouvelles pour apprécier la pu-
reté des alcools et des éthers 871
— Recherches sur les affinités. Action des
acides sur l'alcool étendu d'eau.— Réac-
tions simultanées de plusieurs acides et
de plusieurs alcools n3iet 1168
— Faits pour servir à l'histoire des corps
polymères 1242
— Action de l'ammoniaque sur le cuivre en
présence de l'air; action du cyanogène
sur l'aldéhyde. (En commun avec M. Péart
de Saint-Gilles.) 1 1 70
( !297 )
Pages
66 :
-65
126
099
683
MM.
BERTRAND est nommé Membre de la Com-
mission du grand prix de Mathématiques
pour i863 (question concernant la
théorie de la chaleur) 6^3
— Membre de la Commission du grand prix
de Mathématiques ( question concernant
la théorie des polyèdres)
— Et de la Commission du grand prix de
Mathématiques (question concernant
la théorie des phénomènes capillaires).
BIENAYMÉ est nommé Membre de la Com-
mission du prix de Statistique pour 1 863.
BILLET. — Mémoire sur les dix-sept pre-
miers arcs-en-ciel de l'eau
BILLOD. — Affection comateuse due à une
méningite suraiguë; formation rapide
d'une collection purulente considérable. 853
BLANCHARD. — Rapport sur un Mémoire de
M. Vinson relatif à un ver à soie propre
à Madagascar 620
— M. Blanchard est nommé Membre de la
Commission du grand prix des Sciences
physiques (production des animaux hy-
brides au moyen de la fécondation arti-
ficielle)
BLONDEAU. — Mémoire intitulé : « Du
mode de constitution du pyroxyle ou
coton-poudre »
— Action de l'iode et du brome sur l'amidon.
Étude de la matière colorante des végé-
taux .-
BOBIERRE. — Note sur l'extraction et le
dosage du gaz dissous dans l'eau
BQERSCH , écrit , par suite d'une signature
peu lisible , pour
BQESCH.— Substances colorantes vitrifiables,
pour l'impression sur verre, d'images
qui seront amenées, par l'action du feu,
à faire corps avec lui
— Note concernant divers procédés chimi-
ques pour la gravure et ciselure sur mé-
tal et sur verre g54
BONACORSI. — Lettre accompagnant l'envoi
de deux opuscules, l'un sur la couenne
du sang , l'autre sur une variété étiolo-
gique de l'érysipèle 272
BONNAFONT. — Sur la question des allian-
ces consanguines 485
BONNET (Ossian) est nommé Membre de la
Commission du grand prix de Mathéma-
tiques (question concernant la théorie
des polyèdres) 683
BORTIER. — Production de nitrates; leur
application en agriculture 1022
BOUCHARD. — Lettre accompagnant l'envoi
de son « Traité des constructions ru-
rales » 583
697
3i3
439
MM. Pases-
BOUCHER DE PERTHES. — Sur une mâ-
choire humaine découverte à Abbeville
dans un terrain non remanié 779
BOUDIN. — De l'influence de l'âge relatif
des parents sur le sexe des enfants. . . . 353
BOUIS. — Sur une pluie de terre tombée
dans le midi de la France et en Espagne. 972
BOLTSSON est présenté par la Section do
Médecine et de Chirurgie au nombre des
candidats pour une place vacante de
Correspondant 49^
— M. Bouisson est nommé Correspondant
de l'Académie (Section de Médecine et
de Chirurgie) en remplacement de feu
M. Maunoir 523
— M. Bouisson adresse ses remerciments à
l'Académie 58i
BOULARD, écrit, par suite d'une signature
peu lisible, pour Baulard. Voir à ce nom.
BOURDON. — Analyse de deux opuscules
sur l'ataxie locomotive progressive 583
BOURGEOIS. — Sur les résultats attribués
aux mariages consanguins 177
BOURGET et Buroin. — Machine à air chaud
d'un nouveau système 611
BOUSSINGAULT. — Remarque, à l'occasion
d'une communication de M. Faye, sur
les instruments géodésiques et sur la
densité moyenne de la terre 566
— M. Boussingault est nommé Membre de
la Commission du prix de Statistique
pour 1 863 1 26
— Membre de la Commission du prix dit
des Arts insalubres 868
— Et de la Commission du prix Morogues. . 868
BOUVIER ( l'abbé ) fait connaître un nouveau
cas de perforation du plomb par des
insectes 219
BOYS DE LOURY demande et obtient l'au-
torisation de reprendre les planches
jointes à un Mémoire présenté au con-
cours pour le prix Montyon 1 106
BRAVAIS (A.). — Sa mort, arrivée le 3o mars
i863, est annoncée à l'Académie dans
la séance du 6 avril 6o5
BREVVSTER fait hommage à l'Académie de
cinq Mémoires qu'il a publiés dans les
tomes XXII et XXIII de la Société
philosophique d'Edimbourg 729
BRION. — Action du soufre sur un certain
nombre de substances organiques 876
BRIOSCHI. — Sur la théorie des formes cu-
biques à trois indéterminées. — Appli-
cation de la théorie des covariants au
calcul intégral (Lettres à M. Hermite). . .
3o4 et 65g
BRONGNTART. — Rapport sur un Mémoire
( l*
MM. Pages.
de M. Duval-Joufe, intitulé : « Histoire
naturelle des Equisetum de France»... 5i8
— M. Brongniurt est nommé Membre de la
Commission du prix Bordin ( question
des vaisseaux du latex ) 7OJ
— Membre de la Commission du grand prix
des Sciences physiques ( changements
opérés pendant la germination dans les
tissus de l'embryon et du périsperme). 824
— De la Commission du prix Bordin ( struc-
ture des tiges des végétaux considérée
par rapport aux familles naturelles) . . . 868
— Et de la Commission du prix Barbier
(découvertes intéressant l'art de guérir). 946
BROUN. — Sur la connexion entre les bour-
rasques et les variations magnétiques.. 54o
iS
MM. Pagei
— Sur un appareil de son invention pour la
mesure statique de la pesanteur 1 1 35
BHUC1I adresse un résumé de ses recherches
d'ostéogénie, et plusieurs ouvrages et
opuscules imprimés dans lesquels il a
abordé le même sujet -j 19
BK.UHNS. — Extrait d'une Lettre adressée
à M. Le Verrier, et relative à une nou-
velle détermination des longitudes de
l'iiris et de Leipsick 184
BUNSEN. — Note sur la préparation et sur
les propriétés du rubidium 188
BUBDIN et Bourget. — Machine à air chaud
d'un nouveau système 011
c
CAHEN. — Emploi de l'acide arsénieux dans
le traitement de certaines congestioris.. 583
CAHOUBS. — Note sur le chlorobenzol. . . . 222
— Recherches sur les pétroles d'Amérique.
(En commun avec M. Pelouze.) 5o5
— Note sur les corps isomères : chloro-
benzol et toluène bichloré 703
— Recherches sur la densité des vapeurs
anomales 900
CAILLAUX et Giullet. — Sur l'éclipsé de
lune du Ier juin 1084
CALIGNY (de). — Expériences en grand sur
un nouveau système d'écluses de navi-
gation : principes de manœuvres nou-
velles 433
— Expériences en grand sur un nouveau
phénomène de succion des veines li-
quides. Objections résolues par des faits. 655
CALVERT et Johnson. — Action de l'acide
sulfurique sur le plomb i4°
CAP remercie l'Académie, qui lui a décerné
le prix Barbier pour 1862 87
CARIUS. — Remarques à l'occasion d'un Mé-
moire de M. Nici/ès sur certains sels
quadruples 5g5
CARMIEN. — Un compas à ellipse de son
invention est mis sous les yeux de l'A-
cadémie pat M. Ségttièr 439
CARON (A.). — Sur l'affection scrofuleuse,
ses- causes et sa prophylaxie 828
CARON (H.). — Etudes sur l'acier
43, îii, 828 et 1017
1ARUS. — Lettre accompagnant l'envoi du
premier numéro «l'une nouvelle série
ilrs nmitnuniralions officielles de l'Aca-
démie LéupolJo-Caroline 47°
ASTIGLIOM annonce l'envoi d'un Mémoire
imprimé sur la scrofule, et témoigne le
désir que l'Académie veuille bien, quand
elle s'occupera de pourvoira une vacance
parmi les Correspondants de la Section
de Médecine et de Chirurgie, le com-
prendre dans le nombre des candidats. 18g
CAVA1LLÈ-COLL. — Lettre concernant, un
uppareil pouvant servir de régularisa-
teur pour le gaz de l'éclairage 3 1 i
— Sur une soufflerie de précision munie
d'un nouveau système de régulateurs :
applications de l'appareil à des expé-
riences d'acoustique et à la régularisa-
tion de l'émission du gaz d'éclairage... 33g
CAVALLI D'OLIYOLA transmet un pro-
gramme relatif à un monument qui doit
être élevé par souscription à Casai de
Montferrat, en l'honneur de L. Cartina. 1106
CAVENTOU. — Sur un isomère du bromure
de butylène bibromé, et sur les dérivés
bromes du bromure de butylène O.jO
— Sur un nouvel hydrogène carboné de la
série G" H2"-2, et sur ses combinaisons
avec le brome 712
CAYLEY. — Remarques relatives au Mémoire
de Jacobi « sur l'élimination des nœuds
dans le problème des trois corps » ; Lettre
à M . Bertrand 43
— M. Cfiylcr est présenté par la Section
d'Astronomie comme l'un des candidats
pour une place vacante de Correspon-
dant 666
— M < Vn fej est élu Correspondant de la Sec-
tion d'Astronomie en remplacement de
feu M. le général Brishane 683
— M. Ctn/r\ adresse ses remerchnenta à
l'Académie 764
MM.
CAZIN'. — Sur une manière de faire varier la
tension de la décharge d'une batterie élec-
trique et d'une machine de Ruhmkorff. 307
— Sur l'évaluation des actions électrodyna-
miques en unités de poids 949
CHACORNAC. — Sur une nébuleuse variable
de 'ç Taureau 637
CHALLIS est présenté par la Section d'Astro-
nomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes G6G et j-j.5
CI1AMRRELENT prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre au nombre des can-
didats pour une place vacante dans la
Section d'Économie rurale 635
— Mémoire sur les travaux de dessèche-
ment, d'irrigation et de mise en culture
des marais du littoral de l'Océan situés
entre l'embouchure de la Gironde et le
bassin d'Arcac.hon 684
CHANCEL. — Sur la réaction et la généra-
tion des acides de la série thionique.
(En commun avec M. Diacon.) 710
CHANCOURTOIS (de). - Suite d'un Mémoire
présenté le 7 avril sur la vis tellurique :
application à la théorie de l'acier. ; appli-
cation au thallium 253 et 479
CHARVIN — Lettre concernant son système
de freins pour les chemins de fer 102
CHASLES. — Remarques à l'occasion d'une
communication de M. Babinet 4i5
— M. Chastes présente un ouvrage de M. Crc-
nio/m sur la théorie géométrique des
courbes planes 487
— M. Chastes est nommé Membre de la
Commission centrale administrative en
remplacement de M. Pomclet, démis-
sionnaire 126
— Membre de la Commission du grand prix
de Mathématiques pour i863 (question
concernant la théorie de la chaleur). . . 623
— Et de la Commission du grand prix de
Mathématiques de i8G3 (question con-
cernant la théorie des polyèdres) G83
CHATIN. — Recherches sur les caractères et
les affinités anatomiques des Cytinées. . 1204
CHAUTARD. — Note relative aux acides
camphoriques inactifs Gg8
CHEVALIER soumet au jugement de l'Aca-
démie deux modèles de microscopes des-
tinés principalement aux étudiants qui
s'occupent de recherches histologiques. 838
— Note accompagnant la présentation de
divers instruments relatifs à l'applica-
tion des besicles 10.17
CHEVALLIER. — Procédés pour rendre inin-
flammables les étoffes employées aux
vêtements des femmes 182
( I299 )
Pages
MM. . Pages.
CHEVREUL présente, au nom de l'auteur,
M. Reiset , des « Recherches pratiques
et expérimentales sur l'agronomie » 824
— M. Chevreul est nommé Membre de la
Commission centrale administrative pour
l'année i863 rG
— Et de la Commission du prix dit des Arts
insalubres 868
CHIPAULT. — Faits relatifs à la question
des mariages consanguins 1000
CIIOPARD et Pidancet. — Description et
ligure des restes d'un reptile dinosaurien
découvert à Poligny (Jura). (Rapport
sur cette communication ; Rapporteur
M. J alenric/ines.) 290
CHRISTOFLE et Rkilstein. — Sur la colora-
tion de la flamme de l'hydrogène par le
phosphore et ses composés : spectre du
phosphore 399
CHYLENSKI. — Lettre concernant des expé-
riences sur la pression de l'air faites
avec des appareils de son invention. . . 665
CIVIALE. — Compte rendu du traitement
des calculeux pendant l'année 1862 1 19
CIVIALE fils. — Note accompagnant la pré-
sentation d'une nouvelle série d'images
photographiques : l'Oberland dn Valais
et le mont Rose 523
CLAPEYRON est nommé Membre de la Com-
mission du prix de Mécanique 946
CLAUSIUS. — Sur la condensation des va-
peurs pendant la détente ou la compres-
sion 1 1 1 5
CLAYEUX. — Sur les principes fondamen-
taux de la géométrie algébrique à coor-
données quelconques 78R
CLOQUET (Jules) fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de son Rapport sur les
travaux de la Société impériale d'Accli-
matation (Exposition internationale de
Londres ) 329
— M. Cloquât est nommé Membre de la
Commission mixte chargée de décerner
le prix de la fondation L. Fould 127
— Membre de la Commission des prix de
Médecine et de Chirurgie 623
— Et de la Commission du prix Rarbier. . . 946
COHN remercie l'Académie qui , dans la
séance annuelle de 1862, lui a décerné
une mention honorable pour sa « Cli-
nique des affections emboliques » et lui
annonce une continuation de ces travaux
concernant les rapports de l'embolie avec
certaines diathèses spécifiques , comme
la pyémie , la carcinose , la tubercu-
lose, etc 221
COINDE. — Note sur les pucerons et gallin-
sectes de l'Alsérie iSû
( i3oo )
MM. Pages.
COINDE. — Considération sur l'habitude
qu'ont certains oiseaux insectivores de
rechercher particulièrement une espèce
déterminée d'insectes 878
— Note sur quelques coléoptères communs
à la faune du Kef et à celle des environs
de Bone 919
COLNET-D'HUART. - Sur la détermination
de la relation qui existe entre la chaleur
rayonnante, la chaleur de conductibilité
et la chaleur latente. . . 1000, io85 et 1216
COMBES est nommé Membre de la Commis-
sion du prix de Mécanique 946
COMMAILLE et Millon. — Recherches sur
l'action réciproque des protosels de cui-
vre et des sels d'argent 309
— Note sur la purification du cuivre 1249
CONDY. — Sur l'emploi des manganates et
permanganates comme désinfectants. . . 583
COOPER est présenté par la Section d'Astro-
nomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes 666 et 725
CORNEILLAN (Mme de) adresse un écheveau
à plusieurs brins de la soie du ver de
l'ailante, obtenu par le dévidage simul-
tané de huit cocons 3i4
— Mmp de CorneiUan annonce être parvenue
à dévider les cocons du Bombyx mori per-
cés et ouverts par l'éclosion du papillon. 878
MM. Pages.
CORNU. — Théorème sur la relation entre
les positions des plans de polarisation
des rayons incident, réfléchi et réfracté
dans les milieux isotropes 87
COSTE est nommé Membre de la Commission
du grand prix des Sciences physiques
(production des animaux hybrides au
moyen de la fécondation artificielle ) . . . 683
— Et de la Commission du prix de Physio-
logie expérimentale 824
COULVIER-GRAVIER. - Album météoro-
logique : représentations graphiques du
phénomène des étoiles filantes rappro-
chées des courbes figurant les variations
de niveau de la Seine 35a
CRAFTS. — Sur quelques nouvelles combi-
naisons organiques du silicium, et sur le
poids atomique de cet élément. (En
commun avec M. Friedel. ) 5go
— Action du brome et de l'acide bromhy-
drique sur l'acétate d'éthyle 707
CUZENT.— Empoisonnement par des huîtres
draguées sur un banc voisin d'une mine
de cuivre ; constatation de la présence
du métal dans ces mollusques 4°2
CZEM1CHOWSKI. — Sur le miel et sur les
différences qu'il présente selon les cli-
mats, la nature du sol et les plantes
croissant dans la région explorée par
les abeilles n 56
D
D'ABBADIE. — Description d'un instrument
pour la pratique de la géodésie expédi-
tive 1 195
— M. D ' Abbadic fait hommage à l'Académie
desnos9et 10 de ses Cartes de l'Ethiopie. 764
— Dépôt des manuscrits contenant les cal-
culs exécutés pour la géodésie d'une
portion de la haute Ethiopie 865
— U.D'Abbadic fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire du Rapport qu'il a fait
à la Société de Géographie sur la plan-
chette photographique de M. Auguste
Chevallier 33o
— M. TV Abbadic prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
candidats pour une place vacante dans
la Section de Géographie et Navigation. 1120
— M. D' Abbadic est présenté par la Section
de Géographie et Navigation comme l'un
des candidats pour la place vacante par
suite du décès de M. Bravais 1 138
DALEMAGNE. — Lettre concernant les pro-
cédés qu'il emploie pour la conservation
des monuments et des sculptures nao
DALIMIER. — Sur la présence normale de
gaz dans les vaisseaux des plantes 1097
DAMOUR. — Notice et analyse sur le jade
vert. Réunion de cette matière minérale
à la famille des Wernerites 861
DANIS. — Lettre accompagnant son Mé-
moire sur la dyssenterie et les septicé-
mies en général 584
D'ARCHIAC est nommé Membre de la Com-
mission chargée de décerner le prix
Cuvier 38i
DARESTE, qui a partagé avec M. Lcreboulet
le prix Alhumbert (modifications déter-
minées dans l'embryon d'un vertébré par
l'action des agents extérieurs), adresse
ses remercîments à l'Académie 4'
— Note sur la cause des déplacements appa-
rents de l'allantoïde dans l'œuf de poule. 48
DARONDEAU est présenté par la Section de
Géographie et Navigation comme l'un
( '3
MM. Pages.
des candidats pour la place vacante par
suite du décès de M. Bravais 1 138
DAUBRÉE est nommé Membre de la Com-
mission chargée de décerner le prix
Cuvier 38i
DAX. — Observations tendant à prouver la
coïncidence constante des dérangements
de la parole avec une lésion de l'hémi-
sphère gauche du cerveau 53G
DEBOUT. — Analyse de trois opuscules sur
des anomalies de conformation congé-
nitales 583
DECAJSNE est nommé Membre de la Com-
mission du prix Bordin (question des
vaisseaux du latex ) 765
— Membre de la Commission du grand prix
des Sciences physiques (changements
opérés pendant la germination dans les
tissus de l'embryon et du périsperme). 824
— Membre de la Commission du prix Bordin
(structure des tiges des végétaux con-
sidérée par rapport aux familles natu-
relles) 868
— De la Commission du prix Morogues.... 868
— Et de la Commission du prix Barbier 946
DEDIEU. — Note sur un manomètre à sifflet
de son invention 485
DEHÉRAIN. — Sur le plâtrage des terres
arables 965
DELAUNAY. — Sur la géodésie française, et
sur le rôle qu'y ont joué l'Académie des
Sciences et le Bureau des Longitudes. . 149
— Note accompagnant la présentation de
son Mémoire sur l'équation séculaire de
laLune 5,3
— Rapport sur la machine à calculer de
M. Wiberg 330
— M. Dclaunay est nommé Membre de la
Commission du prix d'Astronomie, fon-
dation Lalande 9^6
DELESSE. — Lettre à M. de Quatrefages
concernant les fossiles trouvés à Mouiin-
Quignon 8l6
DE LUYNES. — Nouvelles observations sur
l'érythrite 8o3
— Note sur le butylène n75
DELVAUX. — Sur le rouge d'aniline 445
DEMAIN. -Sur la forme globulaire que peu-
vent prendre certains liquides sur leur
propre surface jI03
DEMARQUAY. - Mémoire sur les gaz de
l'hydropneumothorax de l'homme. (En
commun avec M. Lcconte. ) 225
— Du permanganate de potasse comme dés-
infectant des plaies et ulcères 85a
— Sur l'application des bains d'oxygène au
traitement de la gangrène sénile 1100
C. R., i863, i" Semestre. (T. LVI.)
OI )
MM.
DEROY. — Mémoire destiné au concours
pour le prix du legs Bréant
DESAINS (Ed.) est présenté par la Section
de Physique comme l'un des candidats
pour la place vacante par suite du décès
(le M. Dcsprclz
DESAINS (P.) est présenté par la Section de
Physique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Despretz
DESBOIS. — Note sur un système de loco-
motion aérienne de son invention
DESCHAMPS. — Note concernant la quan-
tité d'air nécessaire à la respiration du-
rant le sommeil
DES CLOIZEAUX. - Note sur les formes
cristallines et sur les propriétés optiques
biréfringentes du castor et du pétalite.
— Sur le pseudodimorphisme de quelques
composés naturels et artificiels
DESMARTIS. — Lettre concernant une pré-
cédente communication sur l'emploi de
l'extrait de campèche comme désinfec-
tant des plaies gangreneuses
DESNOYERS. - Note sur des indices ma-
tériels de la coexistence de l'homme avec
XElephas meridionatis dans un terrain
plus ancien que les terrains de transport
des vallées de la Somme et de la Seine.
— Réponse à des objections faites au sujet
de stries et d'incisions constatées sur des
ossements de Mammifères fossiles des
environs de Chartres
DESPRETZ. — Sa mort arrivée le i5 mars
est annoncée le 16 à l'Académie
DESSOYE. — Note concernant ses méthodes
de calcul et les principes sur lesquels
il appuie ces méthodes
DIACON. — De l'emploi du chalumeau à
chlorhydrogène pour l'étude des spec-
tres
— Sur les réactions et la génération des
acides de la série thionique. ( En com-
mun avec M. Chancel. )
DIETZENBACHER. - Note sur quelques
propriétés nouvelles du soufre
DIRECTEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE IMPÉ-
RL\LE (M. le) annonce que MM. les
Membres de l'Académie qui voudraient
visiter les Collections de M. le duc de
Luynes, aujourd'hui provisoirement in-
stallées au département des médailles et
antiques, y seront reçus du 7 au 21 mars,
le mardi et le vendredi, sur la simple pré-
sentation de leur médaille
DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES ET
DES CONTRIBUTIONS INDIRECTES
(M. le) adresse, pour la Bibliothèque
170
Pages.
584
9"9
9'9
1018
58
1073
"99
453
496
653
710
39
44o
( I002
UM.
de l'Institut , lo Tableau général des
mouvements du cabotage en 18O1
D'OEFELS. — Note relative à l'incubation
artificielle des poulets et à des moyens
supposés propres à conserver les œufs
destinés à l'incubation .
D'OLINCOURT. — Lettre concernant son Mé-
moire sur un nouveau système de cul-
ture qui tendrait à préserver le pavs du
danger des inondations
DORE. — Note sur la nature de l'altération
produite dans le linge par les sirops. . .
DORXER. — Documents concernant les ré-
sultats obtenus d'un remède qu'il em-
ploie dans diverses affections intesti-
nales i83 et
— Envoi de ce médicament qui consiste en
un extrait d'huile de genévrier. 220 et
DOYEN DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE MONTPELLIER (M. le) demande,
pour la bibliothèque de la Faculté, les
volumes qui lui manquent des Mémoires
de t 'Académie et du Recueil des Savants
étrangers
DRU demande et obtient l'autorisation de re-
prendre un Mémoire qu'il avait présenté
l'an dernier sur l'écoulement de l'eau
dans les puits artésiens
DUBOIS. — Sur la moyenne des rayons vec-
teurs dans l'ellipse en général et dans
les orbites planétaires
DUCHARTRE. — Expériences sur la décolo-
ration des fleurs du Lilas (Syringa vul-
garis L.) dans la culture forcée
— M. Duehartre est nommé Membre de la
Commission du prix Bordin ( question
des vaisseaux du latex )
— Membre de la Commission du grand prix
des Sciences physiques (changements
opérés pendant la germination dans les
tissus de l'embryon et du périsperme).
— Et de la Commission du prix Bordin
(structure des tiges des végétaux consi-
dérée par rapport aux familles natu-
relles)
DUCLAUX. — Note sur la germination des
corpuscules organisés qui existent en
suspension dans l'atmosphère
DUFOUR. — Nouvelles études séricicoles
faites pendant les dernières campagnes
de 1860 à 18G2, suite aux « Observa-
tions pratiques sur la maladie actuelle
des vers à soie, faites en Orient en 18^7,
l858et i85g »
DUHAMEL, Président sortant de fonctions,
rend compte à l'Académie de l'état où se
trouve l'impression des Recueils qu'elle
Pages.
i83
144
229
724
GG5
189
1009
9^9
-)j
824
8G8
1225
G88
MM.
publie, et des changements arrivés parmi
les Membres et les Correspondants de
l'Académie pendant l'année 18G2
— Mouvement d'un fil élastique soumis à
l'action d'un courant de fluide animé
d'une vitesse constante
— M. Duhamel est nommé Membre de la
Commission du grand prix de Mathéma-
tiques (théorie des phénomènes capil-
laires)
DUHOUS6ET. — Son Mémoire sur les races
humaines de la Perse est présenté à l'A-
cadémie et analysé par M. île Quatre*
f'iges
DULOS. — Note sur de nouveaux procédés
de gravure en creux et en relief
DUMAS présente, au nom de M . Aloys Neot/aJi,
quatre opuscules concernant des ques-
tions de météorologie a5a et
— M. Dumas, en présentant un Mémoire
imprimé de M. Âlvaro Reynose sur
l'emploi du bisulfite de chaux dans la
fabrication du sucre de canne, fait re-
marquer que cette publication est anté-
rieure à la date assignée par MM. Périer
et Possoz à leurs essais sur le même
sujet
— M. Dumas est nommé Membre de la
Commission du prix dit des Arts insa-
lubres
DUPERREY. — Sur les courants généraux de
l'atmosphère : système des vents
DUPIN est nommé Membre de la Commission
du prix de Statistique pour i8G3
— M. Dupin est désigné, par la voie du
scrutin, pour concourir avec les deux
Membres de la Section de Géographie
et Navigation à la présentation d'une
liste de candidats pour la place vacante
dans cette Section par suite du décès de
M. Bravais
DUPONCHEL. — Cycle du développement de
la vie organique à la surface du globe. .
— Améliorations agricoles réalisables par la
fabrication et l'emploi d'alluvions arti-
ficielles
DUPRÉ. — Sur la condensation des vapeurs
pendant la détente ou la compression..
DURANCE annonce avoir trouvé une hache
en pierre dans une argile qui lui a paru
appartenir aux terrains de transport. . .
DURAND. — Lettre concernant l'application
des lois de la réfraction à l'analyse chi-
mique
DURAND, de Lumel. — Théorie électrique
du froid, de la chaleur et de la lumière.
DUTAILLIS se met à la disposition de l'Aca-
P.itfes.
i3
277
765
45;
127
in3
48
8G8
5i4
12G
1072
2G1
778
9&9
59
387
( i3oj )
MM. Pages,
demie pour les observations qu'elle lui
indiquerait comme utiles à faire durant
son séjour au Sénégal 1219
MM. Parjes.
DUVAL-JOUVE. - Histoire naturelle des
Eqiùsetum de France; (Rapport sur ce
Mémoire; Rapporteur M. Bm/igniart.). 5i8
E
EDWARDS (Mil.ne). — Sur les résultais
scientiûques d'un voyage de M. Bocnurt
à Siam : dessins et photographies rap-
portés par ce voyageur 349
— M. Mil/iE Edwards annonce que le Musée
d'Histoire naturelle vient de recevoir un
Aurochs vivant, le premier qui ait été vu
en France depuis les temps historiques. 497
— Note sur les résultats fournis par une en-
quête relative à l'authenticité de la dé-
rouverte d'une mâchoire humaine et de
haches en silex, dans le terrain diluvien
de Moulin-Quignon gai
— Observations à l'occasion de remarques
laites, dans celle discussion, par M. Elie
de Beaumont 937
— M. Milnè Edwards est nommé Membre
de la Commission chargée de décerner
le prix Cuvier 38i
— Membre de la Commission du grand prix
des Sciences physiques (production des
animaux hybrides au moyen de la fécon-
dation artificielle) C83
— Et de la Commission du prix de Physio-
logie expérimentale 824
— M. Milne Edwards remplace, dans la
Commission des prix de Médecine et de
Chirurgie, M. Amiral, démissionnaire.. 684
EDWARDS (Almi. Milne). — Note sur la
distribution géologique des oiseaux fos-
siles, et description de quelques espèces
nouvelles 1219
EHRMANN est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie au nombre
des candidats pour deux places de Cor-
respondant successivement vacantes..
49O et 55i
— M. Ehrmann est nommé Correspondant de
la Section de Médecine et de Chirurgie,
en remplacement de feu M. Bretonneau. 58a
— M. Ehrmann adresse ses renierciments à
l'Académie 60g
EKMAN fait connaître M. Kirhman comme
étant l'auteur d'un des Mémoires pré-
sentés au concours pour le grand prix
de Mathématiques de 1860, et comme
ayant complété depuis son travail sur
cette question qui avait été retirée du
concours 877
ÉL1E DE REAUMONT l'ait hommage à l'Aca-
démie de « l'Éloge historique d'OEr-
sted », qu'il a prononcé dans la séance
publique annuelle du 29 décembre 1862. 277
— Remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. Pctléticienties, sur un Ché-
lonien fossile 322
— Remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. Triger, sur les profils des
chemins de fer de l'Ouest transformés
en coupes géologiques 432
— Remarque au sujet d'une communication
de M. Bardin, ayant pour titre : « Plans-
reliefs des montagnes françaises » 52g
— Remarque à l'occasion d'une communi-
cation de M. Faye, sur les instruments
géodésiques et sur la densité moyenne
do la terre 566
— Remarques à l'occasion des communica-
tions de MM. Milne Edwards et de
Quatrefagcs, sur les haches en silex et
la mâchoire humaine trouvées à Moulin-
Quignon 935
— M. Elie de Beaumont donne quelques ex-
plications relativement au passa ge^quij le
concerne dans des remarques de M. de
Quatrcfages sur la pièce en question.. . 1004
— M. Elie de Beaumont rappelle, à l'occa-
sion d'une communication de M. Garri-
gou, sur le diluvium de la vallée de la
Somme , que dans les deux précédentes
séances il n'a parlé ni d'Amiens, ni
de Saint-Acheul, mais seulement de la
carrière de Moulin-Quignon 1044
— M. Elie de Beaumont exprime le vœu
que M. Cftevreul veuille bien analyser
une dent d'Éléphant qui fait partie des
pièces fossiles de la vallée de l'Ingressin
envoyées par M. Hassan '•„' ia3o
— M. le Secrétaire perpétuel donne lecture
d'une Lettre de M. C. Bravais, annon-
çant la mort de son frère, M. A. Bra-
vais, Membre de la Section de Géo-
graphie et Navigation, décédé le 3o
mars 1 863 6o5
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Renault) l'un
170..
MM.
de ses Correspondants pour la Section
d'Économie rurale 1025
— M. le Secrétaire perpétuel annonce que
le tome LV des Comptes rendus est en
distribution au secrétariat 1 185
— M. le Secrétaire perpétuel communique
une Note de M. Hofmann sur le bleu
d'aniline 945
— M. le Secrétaire perpétuel fait hommage
à l'Académie, au nom de M. Petit, du
premier volume des Annules de l'Obser-
vatoire de Toulouse 945
— M. Élie de Beaumont met sous les yeux
de l'Académie des échantillons des aéro-
lithes trouvés par M. Domeyko dans le
désert d'Atacama au Chili, et communi-
que quelques fragments d'une Lettre
dans laquelle M. Larroquc lui fait con-
naître les premiers résultats de ses
explorations dans ce même désert d'A-
tacama 529
— M. Élie de Beaumont donne , d'après sa
correspondance privée, communication
des pièces suivantes :
— Lettre du P. Secchi : Remarques à l'occa-
sion d'une Note de M. Broun concernant
la question des rapports entre les varia-
tions météorologiques et les perturba-
tions magnétiques 755
— Lettre de M. Jackson sur les mines de
cuivre du Canada oriental 635
— Plusieurs lettres de M. Poey concernant
les observations astronomiques et mé-
téorologiques faites par lui ou sous sa
direction à l'Observatoire de la Havane.
88, 30 1, 436 et 642
— Lettre de M. Luther sur la découverte
d'une nouvelle planète télescopique. . . . 636
— Lettre de M. //-V/'sur les taches du soleil,
sur la période de l'étoile variable >î du
Navire Argo 636
— M. le Secrétaire perpétuel fait hommage,
au nom de M. Abich, d'un ouvrage
a Sur l'apparition d'une nouvelle île
dans la mer Caspienne, avec des recher-
ches pour servir à l'histoire des volcans
boueux dans la région Caspienne 121 8
— M. le Secrétaire perpétuel donne con-
naissance à l'Académie de la circulaire
du Comité chargé de s'occuper de l'érec-
tion du monument à la mémoire de
Kepler 537
— M. le Secrétaire perpétuel présente, au
nom deM. Dubois (d'Amiens), unexem-
plaire de son« Éloge de M. Tlienard ». 184
— Au nom do M. D'Abbadie, le 3e" fascicule
nouvellement publié de son ouvrage in-
titulé: «Géodésie d'Ethiopie ou triangu-
( i3o/j )
Pages. MM. Page*,
lation d'une partie de la haute Ethiopie
exécutée selon des méthodes nouvelles ». 11 20
Au nom de MM. Dclesse et Lan gel, un
volume ayant pour titre : « Revue de
Géologie pour l'année 1861 » 1 120
Au nom de M. Grimer, un opuscule in-
titulé : « Dieu et la Création révélés par
la Géologie » 1 120
Au nom de M. Chancourtois,\in Tableau
de classement naturel des corps simples,
avec des additions manuscrites 1217
M. Élie de Beaumont présente encore au
nom des auteurs les ouvrages suivants :
Un opuscule de M. Alph. de Ctmdqlle
ayant pour titre : « Étude sur l'espèce,
à l'occasion d'une révision de la famille
des Cupulifères » 86
Une nouvelle livraison de l'ouvrage de
M. Kokscharow, intitulé : « Matériaux
pour la minéralogie de la Russie » 86
Une livraison de l'ouvrage de Pander,
publiée par le gouvernement russe, et
relative à la paléontographie du système
devonien, et un exemplaire des Annales
de l'Observatoire physique central de
Russie pour l'année 1862 264
Deux ouvrages de M. Hervé-Mangon :
« Rapport sur les machines et instru-
ments d'agriculture de l'Exposition uni-
verselle de 1862 », et « Traité pratique
sur le drainage » 44°
La 4e livraison des « Animaux fossiles et
géologie de l'Attique » par M. A. Gau-
dry. — Un exemplaire de l'ouvrage
intitulé : « Le terrain de transition
des Vosges » ; partie géologique , par
M. Kœchlin - Schlumberger ; partie pa-
léontologique, par M. Schimper. — Une
« Note pour servir à la géologie du Cal-
vados », par M. Deslongchamps 538
Deux nouveaux fascicules des « Richesses
ornithologiques de la France » ; par
MM. Jaubert et Barthélcmy-Lapomme-
raye 538
Deux opuscules de M . Alexis Perrey,
intitulés « Tableaux des observations
météorologiques faites à Dijon durant
les années 1861 et 1862 », et « Note
sur les tremblements de terre en 1860,
avec Suppléments pour les années pré-
cédentes ». — Un opuscule du même sa-
vant, ayant pour titre : « Propositions
sur les tremblements de terre et les
volcans» 184, 635 et 1040
Une Notice sur la vie et les travaux de
M. Jomard; par M. de la Roquette.. . . 635
Un exemplaire du « Rapport sur les ma-
tériaux de construction compris dans la
( i3o5 )
MM. Pages,
partie française de l'Exposition de 1 862 » ;
par M. Dclesse. — Une Notice sur les
travaux agricoles de M. Chambrelent
et le 2e semestre de 1862 du «Bulletin de
l'Observatoire physico - météorologique
de la Havane », par M. Poey 779
— Un Mémoire de M. Plana, « Sur l'expres-
sion du rapport qui (abstraction faite
de la chaleur solaire) existe en vertu
de la chaleur d'origine, entre le refroi-
dissement de la masse totale du globe
terrestre et le refroidissement de sa
surface » 857
— Trois livraisons de la seconde partie d'un
« Traité de Physique expérimentale » ;
par M. Mousson 86g
— Un opuscule de M. Sédillot , intitulé :
« Courtes observations sur quelques
points de l'histoire de l'Astronomie et
des Mathématiques chez les Orientaux ». 869
— Un opuscule de M. Landouzy, intitulé :
« De l'endémie pellagreuse sans maïs». g54
— Un opuscule de M. Zejszner, « Sur des
gypses miocènes et des dépôts de sel
gemme dans la partie supérieure de la
vallée de la Vistule » 954
— M. le Secrétaire perpétuel met sous les
yeux de l'Académie la première livrai-
son d'une publication intitulée : « Ma-
tériaux pour la Carte géologique de la
Suisse » 354
MM. Pages.
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, les « Observations géologiques
dans les Alpes du lac de Thoune », par
M. B. Studer 86
— Le Prospectus d'une société pour la fon-
dation d'une École de Chimie pratique. 354
— Les deux opuscules suivants : 1° « Études
sur l'essence vraie et la structure inti-
me des corps, par M. Ga/lo; 2° «Étude
d'une urine pathologique et particu-
lièrement de l'urée qu'elle renferme » ;
par M. Galvani g55
— Un « Essai sur la constitution des corps
célestes »; par M. Regneault 1040
— Un opuscule de M. Garrigou, portant
pour titre : « L'homme fossile, histori-
que général de la question et discussion
de la découverte d'Abbeville » 1 120
EMMANUEL (Ch.). — Observation faite du-
rant la dernière éclipse lunaire 1 181
ENGELHARDT. — Supplément à une précé-
dente communication sur la formation
de la glace au fond de l'eau 1 8 1
ESCALLIER et Franceschim. — Lettre con-
cernant leur Mémoire sur un médica-
ment composé désigné sous le nom
d'huile des Alpes 8o5
EUDES-DESLONGCIIAMPS remercie l'Aca-
démie au nom de la Faculté des Sciences
de Caen pour le don des Comptes rendus. 665
FA1VRE. — Recherches expérimentales sur
la distinction de la sensibilité et de l'ex-
citabilité dans les différentes parties du
système nerveux d'un insecte, le Dy-
tiscus marginalis 472
FAYE. — Rapport verbal sur le protocole de
la conférence géodésique tenue à Ber-
lin en avril 1862 28
— Réponse à des observations de M. Le Ver-
rier relatives à ce Rapport 66
— Remarques à l'occasion d'une lecture de
M. Le Verrier concernant la part que
pourrait prendre la France aux opéra-
tions géodésiques dont il a été parlé
dans la conférence de Berlin 116
— Réponse à une inculpation de M. Le Ver-
rier, relativement à la part que M. Faye
a prise à la détermination delà différence
de longitude entre Londres et Paris. . . i54
— Réponse à la partie scientifique des deux
derniers articles de M. Le Verrier i58
— Réplique à M. Le Verrier (suite de la
même discussion) 170
— Remarques à l'occasion du Compte rendu
de la séance du 26 janvier : défaut de
conformité des paroles prononcées par
M. Le Verrier à cette séance, avec la
rédaction qu'il en a donnée ig3
— Remarques à l'occasion d'une Lettre de
M. Le Verrier relative à la même dis-
cussion 249
— Note sur un nouvel appareil pour mesurer
les bases géodésiques 372
— Sur les instruments géodésiques et sur la
densité moyenne de la terre... 557 et 668
FINCK. — Sur la chute des corps qui tom-
bent d'une grande hauteur 957
FITZ-ROY est présenté par la Section de
Géographie et Navigation comme l'un
des candidats pour une place vacante de
Correspondant 856
— M. Fitz-Roy est élu Correspondant de
C i3oli )
MM.
l'Académie , Section de GéogïapMe et
Navigation, en remplacement de Sir
James Clark-Ross
— M. Fitz-Roy remercie l'Académie
FIZEAU. — Rapport sur un appareil photo-
graphique présenté par M. de Poilly. . .
— M. Fizeau .est nommé Membre de la Com-
mission du grand prix de Mathématiques
de i863 (question concernant la théorie
des phénomènes capillaires)
FLOURENS. — Notes sur l'infection puru-
lente 241, 409 et
— Sur la distinction entre le coma produit
par la méningite, et le sommeil produit
par le chloroforme; sur la distinction
entre la méningite et l'apoplexie
— M. ftourens fait hommage à l'Académie
d'un ouvrage qu'il vient de publier sous
ce titre : « De la Phrénologie et di'S
éludes vraies sur le cerveau »
— M. lé Secrétaire perpétuel annonce à l'A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Stcii/er, l'un de
ses Correspondants pour la Section de
Géométrie
— Et celle qu'elle a faite d'un de ses Corres-
pondants pour la Section de Physique,
M. Baflow, dont le décès, qui remonte
à l'an dernier, ne lui avait pas encore
été notifié
— M. le Secrétaire perpétuel communique
une Lettre de M. Ch. Robin, exécuteur
testamentaire de M. Godard, annonçant
que le capital d'une rente de 1000 francs,
faite par ce dernier pour la fondation d'un
prix, est à la disposition de l'Académie.
— M. le Secrétaire perpétuel communique
une Lettre de M. le Ministre d'État
jointe à l'ampliation du décret impérial
autorisant l'Académie à accepter la do-
nation faite par M"'0 la baronne Damoi-
seau pour la fondation d'un prix
— M. le Secrétaire perpétuel communique
une Lettre de M. Laussedat sur une
observation de la lumière zodiacale faite
à Y/.eure (Allier )
— Une Lettre de M. Goldsehmidt sur l'é-
toile double de y de la Balance
— Et une Lettre de M. Joly contenant la
description d'un œuf de poule mons-
trueux
— M. le Secrétaire perpétuel fait hommage,
au nom de M. Owen, de deux Mémoi-
res intitulés, l'un : « Monographie de
l'Aye-Aye de Madagascar», l'autre,
« Étude osléologique pour servir à l'his-
toire na turello des Singes anthropoïdes ».
Pages.
867
«j45
68 1
io'.z5
567
4o'J
<J97
999
899
1023
321
845
899
89S
MM. Pages.
— Et au nom de M. Gerçais } d'une Note
sur les notions relatives aux Céphalo-
podes consignées dans l'histoire des ani-
maux d'Aristote, et d'un Tableau d'une
classification générale des animaux .... SyS
— M. le Seerétairc perpétuel présente, au
nom de M. Eusson, une Note sur la
quantité d'air indispensable à la respi-
ration durant le sommeil 1 27
— Au nom de M. Chevallier, un travail ma-
nuscrit intitulé : « Statistique des com-
munes composant le canton de Pantin »,
et deux opuscules imprimés concernant,
l'un les désinfectants, l'autre les officines
de pharmacie , les magasins de drogue-
rie , etc 137
— M. le Seerétaire perpétuel Sait encore, au
nom des auteurs, les présentations sui-
vantes :
— Traité d'anesthésie chirurgicale; par
il. Maurice Perrin a»i
— De la glycérine et de ses applications à
la chirurgie et à la médecine ; par M. De-
niarquay 221
— Géographie du Pérou , tomo Ier; par
M. Mateo Paz S ■Ida// 221
— Des ellets du pus et de la sanio gangre-
neuse sur le sang circulant dans les
vaisseaux ; par M. Tigri 4 80
— Expériences sur les eaux d'irrigation sous
divers climats; par M. Bervé-Mdng&tti 486
— Des cabinets ténébreux dans le traitement
de l'héméralopie ; par M. Nettcr 486
— Un Mémoire de M. Paolini, sur le mou-
vement intestinal 584
— Un Mémoire de M. Plai/tamour, sur le
climat de Genève C97
— La quatrième et dernière partie de l'ou-
vrage de .M. Dumoi/t sur les eaux de
Lyon et de Paris 697
— Un Mémoire de M. Bencke, sur la pré-
sence de la cholestérine dans les orga-
nismes animaux et végétaux 83g
— Un Éloge historique de M. Rid. Geoffroy
Saint-Hilaire ; par M. Joly 899
— Un Mémoire imprimé de M. Seiiuann,
sur l'histoire naturelle, du genre Boras-
sus, traduit en français par M. de Borre. 1001
— Trois opuscules de M. Jos. Bianconi, l'un
sur la chaleur produite par le frotte-
ment entre des solides et des fluides,
considérée par rapport aux sources ther-
males et aux aérolithes; l'autre sur les
études paléontologlques et géologiques
qui se font a Bologne: le troisième sur
les écrits de Marco-Polo et sur l'oiseau
Rue mentionné par ce voyageur 108J
— Les Nouvelles fi cherches de M. I un
( i3o7 )
MM. Pages.
Kempen sur les fonctions du nerf pneu-
mogastrique et du nerf spinal 1 i5j
— Une Étude biographique sur Scheelc, par
M. Cap 1 1 57
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la correspon-
dance : le Rapport sur la XXXIe réunion
de l'Association britannique pour l'avan-
cement des sciences ; un ouvrage de
M. <le Cammas, sur la vallée du Nil ;
un Mémoire de M. D.nère, sur la res-
piration et la chaleur humaine dans le
choléra; la Flore valaisanne de M. d'Jn-
grctille, et les recherches de M, Mar-
cliand sur le C.roton-tiglium 387
— Un volume intitulé : « Les Mondes, cause-
ries astronomiques », par M. Giiilleiuin. 387
— Un ouvrage de M. Guyétant père inti-
tulé : « Nouvelles considérations sur la
longévité humaine » ; les nos 2 et 3 de
la Revue de Sériciculture comparée, pu-
bliée par M. Guerin-Méneville 83g
— Une Histoire des trois invasions épidô-
miques du choléra - morbus au Havre,
en i832, 184849 et i853-54, par M. Le-
eadre; le Guide de l'asthmatique, par
M. Berger; un ouvrage intitulé : «La Té-
rabdelle ou machine pneumatique, opé-
rant à volonté la saignée locale et la ré-
vulsion aux principales régions du corps
humain », par M. Damoiseau goo
— Une publication de M. Rambn.sson portant
pour titre : « La Science populaire, ou
Revue du progrès des connaissances et
de leurs applications aux Arts et à l'In-
dustrie » 900
— Un Mémoire de M. Brioschi, sur la résol-
vante de Malfatti pour les équations du
cinquième degré 1086
— M. Flourens est nommé Membre de la
Commission du prix Olivier 38i
— Membre de la Commission des prix de
Médecine et de Chirurgie 62.3
— De la Commission du grand prix des
Sciences physiques (production des ani-
MM. Panas*,
maux hybrides au moyen de la fécon-
dation artificielle) G83
— Et de la Commission du prix de Physio-
logie expérimentale 824
FOCK. — Addition à rie précédentes commu-
nications sur les proportions du corps
humain 40
FOLTZ. — Sur l'homologie des membres
pelviens et thoraeiques de l'homme... G96
FORDOS. — Recherches sur les matières
colorantes des suppurations bleues : pyo-
cyanine et pyoxanthose j 128
FOUCAULT rappelle, à l'occasion d'une com-
munication de M. Vérité sur un moyen
d'obtenir le synchronisme des horloges,
qu'il a lui-même fait connaître dès l'an-
née 1847 ce principe de la subordination
d'un pendule à un autre G45
— M. Foucault prie l'Académie de vouloir
bien ne plus le compter au nombre des
candidats pour la place vacante dans la
Section de Physique goo
FOUQUÉ. — Sur les émanations à gaz com-
bustibles qui se sont échappées des fis-
sures de la lave de 1794 , à Torre del
Greco, lors de la dernière éruption du
Vésuve. (En commun avec MM. Ch.
Sainte-Claire Deville et Le Blanc.). . . u85
FRANCESCHINI et Escaluer. -Leltre con-
cernant leur Mémoire sur un médicament
composé, désigné sous le nom d'huile
des Alpes 8o5
FRANKLAND est présenté par la Section de
Chimie comme l'un des candidats pour
la place de Correspondant vacante par
suite de la nomination de M. Liebig à
une place d'Associé étranger 72.5
FRERICHS remercie l'Académie, qui lui a
décerné un prix pour son Traité des ma-
ladies du foie 41
FRIEDEL. — Sur quelques nouvelles combi-
naisons organiques du silicium et sur le
poids atomique de cet élément. ( En
commun avec, M. Cru fis, ) 5go
GAL. — Sur un nouveau mode de formation
des anhydrides des acides monobasi-
ques 36o
— Recherches relatives à l'action du brome
sur le bromure d'acétyle, et étude de
l'acide tribromacétique. Préparation du
bromure d'acétyle 1257
GALLE est présenté par la Section d'Astro-
nomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes 666 et 725
GALLOIS. — Note sur l'inosurie. . 533 et 583
GARRIGOU. — Sur la composition de l'air
des cavernes de l'Ariége 838 et 8G9
— Sur le diluvium de la vallée de la
Somme 1042
GASPARIS (de). — Sur une équation pour
le calcul des orbites planétaires 443
( i3o8 )
MM. Pages.
— M. de Gasparis est présenté par la Sec-
tion (TAstronomie au nombre des candi-
dats pour deux places de Correspondant
successivement vacantes 666 et 725
GAUDIN (A.). — Équation générale aux diffé-
rences finies, par le moyen de laquelle,
dans la supposition que <?x représente
une fonction des puissances entières et
positives de la variable x, on peut obte-
nir une différence d'un ordre quelcon-
que, et déterminer immédiatement une
sommation d'un ordre quelconque sans
faire usage de constantes indéterminées. 4°3
GAUGA1N. — Topique employé pour hâter
la cicatrisation des plaies 271
GAUGAIN (J.-M.). — Sur la capacité induc-
tive des corps isolants 799
— Sur les caractères particuliers du courant
électrique qui traverse l'enveloppe iso-
lante des câbles télégraphiques immer-
gés i°35
GÉLIS. — Sur la manière dont se comporte
le soufre en présence de l'eau 1014
GENNES (de). — Lettre concernant une
Note de M. Mac Kintosh sur un « nou-
veau propulseur des machines marines ». 974
GÉRARD. — Description et figure d'une pile
électrique à gaz 220
— Documents ayant pour objet d'établir ses
droits de priorité pour l'invention d'un
télégraphe imprimant les lettres 4°3
GERBEAULT. — Note sur la construction
et l'usage d'un instrument d'arpentage
qu'il désigne sous le nom de Trigouo-
mètre 495
GERIN-ROZE. — Sur 1 etiologie et le traite-
ment des dartres 584
GIANNUZZI. — Note sur les nerfs moteurs
de la vessie 53
— Influence des nerfs sur les sphincters de
la vessie et de l'anus. (En commun avec
.M. Nawroçki.) 1 101
GINOUL. — Sur la composition et le mode
d'emploi d'un oing gras destiné à rendre
les cuirs imperméables à l'eau 86
G1NTRAC est présenté par la Section de Mé-
decine et de Chirurgie au nombre des
candidats pour deux places de Corres-
pondant successivement vacantes. 496 et 55i
GIRARD (de). — De l'action du soufre sur
des dissolutions de sels à réaction alca-
line. Décomposition de l'eau bouillante
par ce corps 797
GIRARD. — Mémoire intitulé : « Nouveau
mode d'action de l'eau motrice et réali-
sation de très-grands siphons » a58
GIRARD DE CA1LLEUX. — Etudes pratiques
des maladies nerveuses et mentales 629
MM. Pages.
GOLDSCHMIDT. — Sur de nouveaux compa-
gnons de Sirius 436
— Sur l'étoile double de 7 de la Balance. . . 845
GOULIER. — Note sur le télomètre et le
nautomètre à prismes 343
GRAD. — Sur la possibilité d'une mesure de
degré au Spitzberg 63}
GRAHAM est présenté par la Section d'Astro-
nomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes 666 et 725
GRAHAM (Thomas) adresse ses remerci-
ments à l'Académie, qui lui a décerné
le prix Jecker pour son travail sur la
diffusion moléculaire appliquée à l'ana-
lyse 42
GRAS (Scipion). — Sur le diluvium de
Saint-Acheui et le terrain de Moulin-
Quignon 1097
GRIMAUD, deCaux. — Des eaux publiques :
résumé théorico-pratique et conclusion. 21 5
— De la construction d'une carte hygiénique
de la France 85o
— Documents pour servir à l'établissement
de la carte hygiénique de la France (dé-
partement de l'Orne) 1023
— M. Grimaud prie l'Académie de vouloir
bien admettre comme pièces de concours
pour le prix dit des Arts insalubres ses
diverses communications sur les eaux
publiques 63o
GRIPON. — Sur la décomposition de l'eau
par le soufre 1 1 37
GRIS. — Note relative aux fonctions des
vaisseaux des plantes 1048
— Nouvelles observations sur la structure et
les fonctions des vaisseaux des plantes. 1223
GUÉRIN - MÉNEVILLE prie l'Académie de
vouloir bien le comprendre dans le
nombre des candidats pour la place va-
cante dans la Section d'Économie rurale,
par suite du décès de M. de Gasparin. 266
— Lettre accompagnant l'envoi de flottes de
soie grége du ver à soie de l'ailante,
filée par des procédés industriels; Lettre
annonçant que l'inventeur du procédé,
par lequel a été obtenue cette soie, est
M. Jubewis, de Loriol 266 et 364
— Note accompagnant l'envoi des premiers
cocons du ver à soie du chêne io83
— Résultats de la dernière mission de l'au-
teur dans le midi de la France pour la
sériciculture 1 263
GUEYMARD. — Sur la nutrition des arbres
forestiers, des arbres employés dans les
constructions et des arbres fruitiers. . . 772
MM.
GUIGNET. — Action de l'ammoniaque sur
la poudre -coton. Nouvelle réaction
propre aux nitrates 358
GU1LLARD. — Sur la coloration que les
acides peuvent communiquer aux or-
ganes végétaux dans certaines fa-
milles 1 126
( l3o9 )
Pages.
MM. Pages
GUILLET et Caillaux. — Sur l'éclipsé de
lune du 1" juin 1084
GUYARD (A.). — Nouveau procédé pour l'ex-
traction des métaux des résidus plati-
nifères 1177
GUYON.— Note concernant le parasitisme de
la chique sur l'homme et les animaux.. 288
H
HARDY. — Sur quelques matières ulmiques
dérivées de l'acétone 874
HAUCHECORNE. - Mémoire sur le cacao et
sur les produits qu'on en obtient, con-
sidérés aux points de vue hygiénique et
thérapeutique 1 1 50
HÉBERT. — Observations sur l'existence de
l'homme pendant la période quater-
naire IOo5 et 1040
HENCKE est présenté par la Section d'Astro-
nomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes 666 et 725
HENNIG. — Analyse de son Mémoire sui-
te catarrhe des organes génitaux chez la
femme 583
HÉROUARD. — Note sur le noir animal des
raffineries considéré comme engrais... i83
HERVÉ-MANGON. - Expériences sur l'em- "
ploi des eaux d'irrigation sous divers
climats, et théorie de leurs effets 292
HOFMANN. — Note sur la formamide 328
— Note sur le bleu d'aniline 945
— Recherches sur les diamines isomères. . . 992
— Faits pour servir à l'histoire des ma-
tières colorantes dérivées du goudron
de houille io33 et 1062
— Sur l'hydrazobenzole, nouveau composé
isomère de la benzidine 1 1 1 0
— Note sur le quinone 1143
HOFFMANN (J.). — Mémoire sur le traite-
ment du choléra-morbus 584
HOLLARD. — De la signification anatomique
de l'appareil operculaire des poissons et
de quelques autres parties de leur sys-
tème osseux 38
— De la distribution des pièces qui com-
posent l'arc de suspension de la mâ-
choire inférieure chez les poissons os-
seux,et de leur signification anatomique. C33
HUETTE envoie en double exemplaire les
tableaux résumés des observations mé-
téorologiques faites à Nantes en 1862. . 918
HUSSON. — Sur la quantité d'air indispen-
sable à la respiration pendant le som-
meil 127, 386 et 898
— Sur l'albuminurie chronique io85
— Sur les alluvions de la vallée de l'Ingres-
sin (arrondissement de Toul), à l'occa-
sion de la mâchoire humaine trouvée à
Moulin-Quignon ,. 1227
INSTITUTION ROYALE DE LA GRANDE-
BRETAGNE (l'). - Lettre de remer-
I.
ciments pour l'envoi de plusieurs vo-
lumes des recueils que publie l'Académie.
42
JACKSON. — Note sur les mines de cuivre
du Canada oriental. (Lettre à M. Élie de
Beaumont.)
JACOBS indique quelques conditions aux-
quelles il faudrait principalement avoir
égard dans la construction des machines
à vapeur pour diminuer la dépense en
combustible
JAMIN est présenté par la Section de Phy-
sique comme l'un des candidats pour
C. R., i863, i" Semestre. (T.LVI.)
635
4o3
la place vacante par suite du décès de
M. Despretz 919
JANSSEN. — Documents relatifs aux dispo-
sitions du spectroscope avec lequel il a
fait les observations consignées dans sa
Note sur les raies telluriques du spectre
solaire (23 juin 1862) 189 et 538
— Note sur l'application de l'analyse spec-
trale à la question concernant l'atmo-
sphère lunaire 962
j7i
( *3
MM. Pages.
JAUBERT (.I.-B.). - Note accompagnant
l'envoi de fossiles provenant du terrain
néocomien de Gréoulx ( Basses-Alpes L . 776
JOBERT DE LAMBALLE est nommé Membre
de la Commission des prix de Médecine
et de Chirurgie 6^3
!< >LY. — Description d'un œuf de poule mon-
strueux. (Lettre à M. Flourens. ) 890
MXSON et Calvert. — Action de l'acide
sulfurique sur le plomb 1 4<>
JONQUIËRES (de) se fait connaître comme
auteur d'un Mémoire qui a obtenu la
10)
MM. PtiRes.
première des deux médailles décernées
par la Commission du concours pour le
grand prix de Mathématiques de 1862
1 théorie des courbes planes). ...."'.... 38j
.IOSAT. — Mémoire intitulé : « Du délaisse-
ment des mourants en état de mort in-
termédiaire 298
JOUBERT (le P.). — Sur la théorie algébrique
dos formes homogènes du quatrième
degré à trois indéterminées. io45, 1088 et iiî3
JOURDAIN. — Sur un corps d'apparence
glanduleuse observé dans la baudroie.. 598
K
KELLER (Em. et F.-A.-E.). - Mémoire sur
la cause de la pesanteur et des effets
attribués à l'attraction universelle 53o
KESSLER. — Sur un nouveau système d'ap-
pareils d'évaporation et de distillation à
simple ou à multiple elfet 94
— Nouveau procédé d'extraction du sucre
de betterave 1 32
KIRKMAN. — Une Lettre de M. Elunan le
fait connaître comme auteur d'un Mé-
moire présenté au concours pour le grand
prix de Mathématiques de 1860 (ques-
tion concernant le nombre de valeurs
des fonctions bien définies dans un nom-
bre donné de lettres) 877
KŒBERLÉ. — Sur de . nouvelles opérations
d'uvariotomio pratiquées avec succès. . .
3o2 et 1 1 13
KOPP. — Sur la chaleur spécifique des corps
solides ; déductions relatives à la nature
des corps considérés comme éléments.. ia5i
KRUGER. — Sur la parallaxe de deux étoiles
fixes. (Lettre à M. Le Verrier.) 2G8
KUHLMANN. — Note sur les dépots des
chambres de plomb dans les fabriques
d'acide sulfurique : proportions variables
du lhallium dans ces dépots 171
— Recherches nouvelles sur la conservation
• des matériaux de construction. 1066 et 11 46
1 ABORDE (l'abbé). — Note sur l'étincelle
d'induction appliquée à différents phéno-
mènes io'38
!, ALLEMAND. — Sur le rapport de l'inten-
sité du courant inducteur au courant
induit 128
I.AMBOTTE. — Lettre concernant l'action du
manganèse sur la végétation 1 1 38
LAMÉ. — Note sur la marche à suivre pour
découvrir le principe, seul véritable-
ment universel , de la nature physique. g83
— M. Lamé est désigné par une Commission
spéciale comme l'un des candidats pour
une place vacante au Bureau des Longi-
tudes, et présenté par l'Académie comme
son premier candidat pour cette place.
11 38 et n5o
— M. Lnmê.esï nommé Membre de la Com-
mission du grand prix do Mathématiques
pour i863 (question concernant la théo-
• rie mathématique de la chaleur) G23
LAMONT est présenté par la Section d'Astro-
nomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes 666 et 72 5
LANDOUZY. — Note sur la fermeture hy-
draulique des bouches d'égout 535
— M. Liindimzv est présenté, parla Section
de Médecine et de Chirurgie, au nombre
des candidats pour deux places de Cor-
respondant successivement vacantes. . .
496 et 55 1
LA PENA (de). — Causes du choléra-morbus
asiatique, sa prophylaxie et son traite-
ment 629
LARCHER. — Note accompagnant la présen-
tation de deux pièces anatomiques. . . . 599
LA RIVE (de). — Sur la conductibilité du
thalliuni pour l'électricité 588
— Recherches sur la propagation de l'élec-
tricité à travers les fluides élastiques
très-raréfiés 669
LAROQUE. — Sur des gréions d'une forme
particulière '"7
( '3
MM. l'aies.
LARROQUE. — Premiers résultais do ses
explorations dans le désert d'Atacama
au Chili. ( Lettre à M. Élie de Beaumont.) 5jg
LASSELL est présenté par la Section d'Astro-
nomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes G6G et 725
LAUGIER est nommé Membre de la Com-
mission du prix d'Astronomie, fondation
Lalande g46
LAUGIER (Stanislas) .— Nouveaux faits con-
cernant l'utilité des bains d'oxygène dans
les cas de gangrène sénile 101 1
LAUSSEDAT. — Observation de la lumière
zodiacale à Yzeure ( Allier ) 3i2
LEBERT remercie l'Académie pour le prix
qu'elle a décerné à ses travaux d'histolo-
gie pathologique ( concours pour los
prix de Médecine et de Chirurgie de
1862) 41
LE BLANC. — Sur les émanations à gaz
combustibles qui se sont échappées des
fissures de la lave de 1794, à Torre del
Greco, lors de la dernière éruption du
Vésuve. (En commun avec MM. Ch.
Sainte-Claire Deville et Fouqué, ) 11 85
LECLERC. — Calcul biliaire ayant traversé
les tissus pour sortir par la région om-
bilicale, sans troubles notables de la
santé 142
LECONTE. — Mémoire sur les gaz de l'hydro-
pneumothorax de l'homme. (En commun
avec M. Demarquay. ) 223
LECOQ. — Note relative aux fonctions des
vaisseaux des plantes 1 1 48
LEFORT. — Analyse d'une eau acide du
volcan de Popocatepetl, au Mexique. . . 90g
LE GUEN. — Sur des essais de fontes au
wolfram 5g3
LEMA1RE adresse deux échantillons d'une
même étoffe, dont l'un a été préparé
de manière à ne pouvoir s'cntlammer. .
3o4 et 486
LENGLEN. — Note sur un nouveau procédé
d'inoculation de la péripneumonie exsu-
dative et contagieuse des bêtes bovines. 692
LEREBOULLET, qui a partagé avec M. Da-
reste le prix Alhumbert (modifications
déterminées dans l'embryon d'un verté-
bré par l'action des agents extérieurs),
adresse ses remercimentsà l'Académie. 41
LESTIBÛUDOIS. - Note sur les vaisseaux du
latex, les vaisseaux propres, les réser-
voirs des sucs élaborés de végétaux. 42 1 et 816
LEVEN. — Recherches sur la physiologie et
la pathologie du cervelet. (En commun
avec M. Ollh'ier. ) 583
Il )
MM. Paccs. '
LE "VERRIER. — Remarques à l'occasion
d'un Rapport verbal fait par M. Fine
sur le protocole de la Conférence géo-
désique tenue à Berlin en avril 1862.. . 3 (
— Remarques à l'occasion d'une lecture de
M. Faye concernant les mesures proje-
tées par le Bureau des Longitudes pour
la continuation des opérations géodési-
ques en France 72
— Réfutation de quelques critiques et allé-.
galions portées contre les travaux de
l'Observatoire impérial de Paris io5
— Réplique aux remarques faites par M.
Faye h l'occasion de la Note précédente. 1 18
— Remarques à l'occasion des communica-
tions de M. Dclaunay et de M. Fayc
( suite de la même discussion ) iG3
— De l'influence des erreurs systématiques
dans quelques recherches d'astronomie. 164
— Réplique à de nouvelles remarques de
M. Fayè ( suite de la marne discussion). 170
— M. Le Verrier communique une Lettre
de M. Airy relative à la détermination
de la longitude de Greenwich, et une
Lettre de M. Brtdms , Membre de la
Conférence de Berlin, Directeur de. l'Ob-
servatoire de Leipsick, concernant un
projet de détermination des longitudes
de Paris et de Leipsick à exécuter de
concert avec l'Observatoire impérial de
Paris 171 et 184
— Remarques à l'occasion d'une assertion de
M. Faye sur un prétendu défaut d'exac-
titude dans la rédaction donnée par
M. Le Verrier des paroles qu'il avait
prononcées dans la séance du 26 janvier. 194
— Lettre annonçant le dépôt des documents
réclamés par M. Faye 248
— Sur les travaux préliminaires relatifs à la
mesure des bases 38o
— M. Le l 'errier présente le tome XVII des
Annales de l'Observatoire et la VIe li-
vraison de l'Atlas écliptique construit
par M. Chacornac 250
— M. Le Verrier présente un nouveau vo-
lume des Annales de l'Observatoire im-
périal de Paris (Observations, t. VI).. 40g
— M. Le Verrier communique l'extrait d'une
Lettre de M. Knigcr concernant la pa-
rallaxe de deux étoiles fixes 2G8
— M. Le Verrier est nommé Membre de la
Commission du prix d'Astronomie, fon-
dation Lalande g jG
LIOUVILLE est nommé Membre de la Com-
mission du grand prix de Mathématiques
pour i863 (question concernant la théo-
rie de la chaleur) 623
171..
( '3
MM. Pages.
— M. Lioiwille est nommé Membre de la Com-
mission du grand prix de Mathématiques
( question concernant la théorie des po-
lyèdres) 683
— De la Commission du grand prix de Mathé-
matiques (question concernant la théorie
des phénomènes capillaires) 765
— Et de la Commission du prix d'Astrono-
mie, fondation Lalande 946
L1SSAJOUS est présenté par la Section de
Physique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Despretz 919
UTTROW est présenté par la Section d'As-
tronomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes 666 et 726
LIVINGSTONE est présenté par la Section
de Géographie et Navigation comme l'un
des candidats pour la place de Corres-
MM. Pages.
pondant vacante par suite du décès de
&> James Clark-Ross 8 30
LONDET. — Lettre accompagnant l'envoi du
premier volume de son « Traité d'Éco-
nomie rurale » 583
LONGET est nommé Membre de la Commis-
sion des prix de Médecine et de Chirurgie. 6a3
— Et de la Commission du prix de Physio-
logie expérimentale 824
LORIN. — Action de l'hydrogène développé
par l'ammoniaque et le zinc, pour la
transformation de l'aldéhyde et de l'acé-
tone en alcool correspondant 845
LOUAZEL. — Sur un système de machines
à vapeur devant fonctionner avec une
très-petite dépense de combustible 496
LUTHER. — Lettre annonçant la découverte
faite par lui, le i5 mars, d'une nouvelle
planète 636
ai
MAC CLURE est présenté par la Section de
Géographie et Navigation comme l'un
des candidats pour la place de Corres-
pondant vacante par suite du décès de
Sir James Clark-Ross 856
MAC LEAR est présenté par la Section d'As-
tronomie au nombre des candidats pour
deux places de Correspondant successi-
vement vacantes 666 et 725
— M. Mac Lear est élu Correspondant pour
la Section d'Astronomie on remplace-
ment de feu M. Bond 765
MAGNE. — Cure radicale de la fistule lacry-
male à l'aide de l'oblitération du sac... 583
MAIRE DE VENDOME (M. le) prie l'Aca-
démie de vouloir bien comprendre la
bibliothèque publique de cette ville au
nombre des établissements auxquels elle
fait don de ses publications 1219
MAIRE DE BOULOGNE-SUR-MER (M. le)
prie l'Académie de vouloir bien com-
prendre la bibliothèque publique de cette
ville au nombre des établissements aux-
quels elle fait don de ses Comptes rendus. fo
MALAGUTI. — Remarques à l'occasion d'une
communication récente de M. Rabbins,
concernant la production du peroxyde
de fer magnétique 467
MANTELLIER , qui a obtenu au concours de
1862 le prix de Statistique, adresse ses
remerciments à l'Académie 87
MARIGNAC est présenté par la Section de
Chimie comme l'un des candidats pour
la place de Correspondant vacante par
suite de la nomination de M. Liebig à
une place d'Associé étranger
MARM1SSE. — Lettre concernant ses précé-
dentes communications sur la mortalité
des enfants dans la ville de Bordeaux .
MARTIN. —'Sur un procédé d'argenture à
froid du verre par l'emploi du sucre in-
terverti
MARTIN (Em.). — Recherches sur l'éther
réel, comme l'un des grands principes
de la nature physique
MARTIN, de Tonneins. — Figure et descrip-
tion d'un cas rare d'hermaphrodisme . .
— Description et figure d'une transformation
morbide des enveloppes du testicule. ..
MARTIN DE BRETTES. — Mémoire sur la
similitude des trajectoires des projec-
tiles oblongs de forme extérieure sem-
blable
MARTINS (Cn.) est présenté par la Section
d'Économie rurale comme l'un des can-
didats pour une place vacante de Cor-
respondant, et nommé Correspondant de
l'Académie, en remplacement de M. Vil-
morin 23 1 et
— M. Martins remercie l'Académie
— Du refroidissement nocturne superficiel
des diverses espèces de terres pendant
l'hiver sous le ciel de Montpellier. . .
— Des températures du sol pendant l'hiver
à om,o5, om,io et om,3o de profondeur,
sous le ciel de Montpellier
723
1263
1044
1211
3o4
855
an
252
290
997
1064
(
i3i3 )
MM.
MM. Pages.
MARVILLE. — Appareil hygiénique désigné
sous le nom de couvreroreiUe 536
MASCART. — Détermination de la longueur
d'onde de la raie A i38
MATHIEU présente, au nom de M. JViberg,
une machine disposée de manière à cal-
culer et imprimer des tables numériques. 21 1
— M. Mathieu est nommé Membre de la
Commission du prix de Statistique pour
i863 12G
— Et Membre de la Commission du prix
d'Astronomie, fondation Lalande g<j(3
MATHIEU (Emile). —Mémoire sur les fonc-
tions elliptiques i36
— Mémoire sur la propagation des ondes.. . 255
MATTEI. — Analyse de son travail sur les
capsules surrénales 549
MATTEUCCI. — Sur le pouvoir électro-moteur
secondaire des nerfs, et son application
à l'électrophysiologie 760
MAYER demande et. obtient, par une excep-
tion à la règle générale, l'autorisation de
reprendre un Mémoire qu'il avait pré-
senté au concours pour le grand prix de
Physique de 1862 (question concernant
l'anatomie comparée du système ner-
veux des poissons) 137
MENE. — Modifications de l'appareil analy-
tique employé dans les analyses orga-
niques pour le dosage de l'hydrogène et
du carbone 446
— Note sur l'analyse des houilles de Sainte-
Foy-1'Argentière (Rhône) 1217
MERCADIER. — Additions à son Mémoire
sur la théorie de la gamme. .. . 954 et
MERGET. — Reproduction des gravures sur
métal et sur verre par filtration des
substances actives à travers les blancs,
et par l'action des courants électriques.
Impressions électriques sur tissus. 693 et 868
MEUGY. — Notice géologique sur quelques
terrains crétacés du Midi 432
— Note sur l'existence de nodules de phos-
phate de chaux, analogues à ceux de
tan de la Flandre, dans les terrains cré-
tacés du département de la Dordogne. . 770
MICHAL. — Note sur la loi de la variation
des débits des puits artésiens observés
à différentes hauteurs 78
MIHALINEZ. — Mémoire ayant pour titre :
« Le Soleil et sa relation avec les autres
corps célestes considérés du point de
vue philosophique » 58
MILLON et Commaille. — Recherches sur
l'action réciproque des protosels de cui-
vre et des sels d'argent 309
- Note sur la purification du cuivre 1249
MINISTRE DE L'AGRICULTURE , DU COM-
Pages.
1119
MERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS
(M. le) adresse, pour la Bibliothèque de
l'Institut, un exemplaire du tome XCIII
des Brevets d'invention pris sous l'em-
pire de la loi de 1791, un du tome XL1II
des Brevets pris sous l'empire de la loi
de 1844, et les nos 7 à 11 du Catalogue
des Brevets d'invention pris pendant
l'année 1862 3o4, 537, 778 et 1001
— M. le Ministre envoie des billets pour la
distribution des prix au concours d'ani-
maux de boucherie de Poissy 537
MINISTRE DE LA GUEKRE ( M. le ) adresse,
pour la Bibliothèque de l'Institut, un
exemplaire du volume de Tables conte-
nant l'analyse des matières composant
les vingt-deux volumes de la 2e série du
Recueil de Mémoires de Médecine, de
Chirurgie et de Pharmacie militaires ,
un exemplaire du tome VIII delà 3e série
de ces Mémoires, et un exemplaire du
XII' volume du Recueil des Mémoires
et Observations sur l'Hygiène et la Mé-
decine militaires 4 1 , 537 e' 77^
— M. le Ministre annonce que MM. Combes
et Le Verrier sont maintenus Membres
du Conseil de perfectionnement de l'École
Polytechnique , au titre de l'Académie
des Sciences i83
MINISTRE DE LA MARINE (M. le) adresse,
pour la Bibliothèque de l'Institut, les nu-
méros de février, mars, avril et mai de
la Revue maritime et coloniale. — Un
Mémoire extrait de cette Revue et ayant
pour litre : « Renseignements nautiques
recueillis à bord du Duperré et de la
Forte pendant un voyage en Chine », par
M. Bourgois.— Enfin, deux exemplaires
d'une Notice de M. le général Faidherbe
« Sur l'avenir du Sahara et du Soudan ».
264, 439, 634, 899 et 1217
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
(M. le) annonce qu'il vient de mettre
à la disposition de chacun des Membres
de l'Académie des Sciences et de ses
Correspondants un exemplaire des Œu-
vres de Lavoisier 1 36
— Lettre relative à cette nouvelle édition des
Œuvres de Lavoisier 264
— M. le Ministre invite l'Académie à lui pré-
senter deux candidats pour une place
vacante au Bureau des Longitudes 1023
MINISTRE D'ÉTAT (M. le) transmet une
ampliation du décret impérial qui con-
firme la nomination de M. Edm. Becque-
rel à la place devenue vacante dans la
section de Physique par suite du décès
de M. Despretz 97;
I '3
MM. Paccs. |
— M. le Ministre transmet une ampliation
du décret impérial autorisant l'Acadé-
mie à accepter le legs d'une rente de
iooo francs instituée par feu M. le
Dr Godard, pour la fondation d'un
prix 899
— M. le Ministre transmet une ampliation
d'un second décret autorisant l'Académie
à accepter la donation faite par Mmc veuve
Damoiseau, d'une sommede 20000 francs
dont le revenu formera le montant d'un
prix annuel ioa3
— M. le Ministre approuve l'emploi proposé
par l'Académie pour deux portions des
fonds restés disponibles i36et 899
— M. le Ministre adresse un exemplaire du
Rapport du général Baeyer sur l'état
actuel des opérations géodésiques exé-
cutées dans l'Europe centrale 41
— M. le Ministre transmet deux exemplaires
d'un opuscule de M. M. de Carvalho,
sur la fièvre jaune 264
M1TSCHERLICH. — Sur deux nouvelles com-
binaisons résultant de l'action du chlore
sur le glycoi 188
MONDINO. — Nouvel appareil barométrique
pour la mesure des montagnes 271
MONIER. — Altération des sucres de canne
et de betterave par une ébullition pro-
longée C63
MONTAGNE est nommé Membre de la Com-
mission du prix Bordin ( question des
vaisseaux du latex ) 765
— Membre de la Commission du grand prix
des Sciences physiques ( changements
opérés pendant la germination clans les
tissus de l'embryon et du périsperme). 824
— De la Commission du prix Bordin (struc-
ture des liges des végétaux considérée
par rapport aux familles naturelles) . . . 688
— Et de la Commission du prix Barbier.. . 946
MONTRAVEL (de) est présenté par la Sec-
tion de Géographie et Navigation comme
l'un des candidats pour la place vacante
par suite du décès de M. Bravais 1 138
MOQUIN-TANDON. — Sa mort, arrivée le
1 5 avril, est annoncée le 20 à l'Académie. 729
MOREAU. — Expériences pour servir à l'his-
toire physiologique de la vessie nata-
toire des poissons 629
MOREAULEMOINE demande à lire devant
les deux Sections réunies de Physique
'4 )
MM. Page».
et de Chimie un travail qui concerne la
physique et l'élerlrochimie... 272 et Goo
— Mémoire sur le galvanisme et, en géné-
ral, sur les forces qui président à la
formation et à la décomposition des
corps 946
MOBEL-LA VALLÉE. - Analyse de son Mé-
moire sur un moyen de prévenir la roi-
dour et Pankylose dans les fractures. . . 536
MORET. — Théorie des nombres premiers
considérés dans les progressions arith-
métiques 349
MORIN est élu Vice-Président pour l'année
i863 i3
— Expériences sur les effets de ventilation
produits par les cheminées d'apparte-
ment 16
— Note sur la ventilation des amphithéâtres. 201
— Note sur la ventilation des nouveaux
théâtres de Paris 365
— M. Morin présente quelques remarques
sur l'expression de force vive employée
par M . Babinet dans une Note sur un nou-
veau mode de propagation de la lumière. 4 '5
— M. Morin fait hommage à l'Académie
d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient
de publier sous ce titre : « Des machines
et appareils destinés à l'élévation des
eaux » 149
— M. Morin fait hommage à l'Académie, en
son nom et en celui de son collabora-
teur, M. Tresca, du premier volume
d'un ouvrage intitulé : « Des machines
à vapeur » 1141
— M. Morin présente, au nom de M. Du
Breuil, un ouvrage ayant pour titre :
« Culture perfectionnée du vigno-
ble » - 184
— Au nom de M. Cavalli, un ouvrage sur la
Théorie de la résistance statique et dy-
namique des solides jK:">
— Et au nom de M. / 'inson , un ouvrage
« sur les Aranéides des îles de la Réu-
nion, de Maurice et de Madagascar «... 1219
— M. Morin est nommé Membre de la Com-
mission du prix de Mécanique, fonda-
tion Montyon 946
MOSSELMAN. — Sur l'engrais dit chaux ani-
malisée 1261
MOUCHEZ est présenté par la Section de
Géographie et Navigation comme l'un
des candidats pour la place vacante par
suite du décès de M. Bravais 1 1 38
( i3i5 )
N
MM. Pages.
NAQUET. — Action de la potasse alcoolique
sur le toluène bichlorô et sur le toluène
trichloré 129
— Nouvelles recherches sur les toluènes bi
et trichlorés 482
— Remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. Cahours, concernant les
corps isomères, le chlorobenzol et le to-
luène bichloré 796
NARDINI (Le P.). — Lettre concernant une
discussion sur la nature des forces cos-
miques 855
NAUCK. — Lettre concernant un Mémoire
d'analyse mathématique qu'il désire sou-
mettre au jugement de l'Académie io52
— Nouvelle Lettre concernant la résolution
des équations du troisième degré 1 181
NAUDIN, dont le travail sur les hybrides
végétaux a obtenu au concours de 18G2
le grand prix des Sciences physiques,
adresse ses remerciments à l'Académie. 137
NAWROCKl. — Influence des nerfs sur les
MM. Pages.
sphincters de la vessie et de l'anus. (En
commun avec M. Giannuzzi .) 1 lui
NETTO. — Remarques sur les laticifères de
plusieurs plantes du Brésil 917
NICKLES. — Sur une nouvelle classe de
combinaisons chimiques 388 et 79G
NIEPCE DE SAINT-VICTOR. - Mémoire sur
l'héliochromie go
NOGUES. — Sur les gypses secondaires des
Corbières 1 83
— Sur une grauwacke devonienno fossili-
fère des Pyrénées 1 122
NORMAND. — Note sur la résistance , au
choc, des matériaux , considérée au seul
point de vue géométrique i2i5
NOWAK. — Développements relatifs à deux
chapitres d'un ouvrage posthume de feu
M. Arago sur les orages 252
— M. Dumas présente au nom de M. Nowah
plusieurs opuscules destinés à faire
plus complètement connaître la théorie
des orages exposée dans sa précédente
Note iu3
0
OLETTI. — Montre destinée à faire connaître
les heures de marée 23o
ULIVIERI. — Relations chimiques entre l'élec-
tricité, le calorique et la lumière 1000
OLLIV1ER. — Mémoire ayant pour titre :
« Pathologie morale » 177
— Recherches sur la physiologie et la patho-
logie du cervelet. (En commun avec
M. Leven.) 583
OPPENHEIM. — Sels employés pour rendre
ininflammable la fibre végétale. ( En
commun avec M. Versmann.) 35o
ORÉ. — Sur l'introduction de l'air dans les
veines 629 et io52
OWEN. — Envoi de la partie septième et
dernière de sa comparaison des squelettes
du nègre , du gorille et du chimpanzé,
et d'un Mémoire sur l'Aye-Aye.. 557 et 898
OZANAM. — De l'anesthésie par les gaz car-
bures 38G
— Polypes du larynx et de la trachée-artère
reconnus au moyen du laryngoscope et
extirpés par les voies naturelles 1 154
PAPPENHEIM.- De l'influence de l'âge res-
pectif des époux sur le sexe des enfants. 634
TARADE, en adressant un exemplaire de la
quatrième édition de son « Cours élé-
mentaire de culture des bois », prie
l'Académie de vouloir bien le comprendre
parmi les candidats pour une place va-
cante de Correspondant dans la Section
d'Économie rurale 42
M. Parade est présenté par la Section
d'Économie rurale au nombre des can-
didats pour deux places de Correspon-
dant successivement vacantes.. 23i et
M. Parade prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre parmi les candidats
pour une place de Correspondant de la
Section d'Économie rurale, devenue va-
cante par suite du décès de M. Renault.
i57
( i3i6 )
Pages.
MM.
PARAVEY (de). — Sur la mention faite par
les livres chinois des races d'hommes
détruites par le déluge, et sur quelques
autres concordances entre les indications
de ces livres et celles que fournit la
Bible "o5
PARIS. — Note sur les navires cuirassés 345
— M. Paris est présenté par la Section de
Géographie et Navigation comme l'un
des candidats pour la place vacante par
suite du décès de M. Bravais 1 1 38
— M. Paris est élu Membre de l'Académie
en remplacement de feu M. Bravais. .. 1 1 49
PASSY. — Rapport sur un Mémoire de M. /.
Baudouin intitulé : « Études physiolo-
giques et économiques sur la toison du
mouton » G17
— M. Passy est nommé Membre de la Com-
mission du prix de Statistique pour i863. 126
PASTEUR. — Nouvel exemple de fermenta-
tion déterminée par des animalcules infu-
soires, pouvant vivre sans gaz oxygène
libre, et en dehors de tout contact avec
l'air de l'atmosphère 4'6
— Examen du rôle attribué au gaz oxygène
atmosphérique dans la destruction des
matières animales et végétales après la
mort 734
— Recherches sur la putréfaction 1 189
— Sur la présence de l'acide acétique parmi
les produits de la fermentation alcoo-
lique 989
— Note relative à une communication de
M. Béchamp « sur l'acide acétique de
la fermentation alcoolique » 1 109
— Remarque au sujet de faits communi-
qués par M. / 'an Tieghem dans la séance
du 18 mai, et d'expériences analogues
faites antérieurement par M. Payen — 991
— M. Pasteur prie l'Académie de vouloir bien
comprendre l'École Normale au nombre
des institutions auxquelles elle fait don
de ses publications 1 37
PAYEN. — Remarques à l'occasion d'une
communication de M. Kuhlmann, sur la
conservation des matériaux de construc-
tion 1072
— M. Payen est nommé Membre de la
Commission du prix dit des Arts insa-
lubres 8G8
— Et de la Commission du prix Morogues . 868
PÉAN DE SAINT-GILLES et Berthelot. —
Recherches sur les affinités. Sur la limite
de comparaison entre les acides et les
alcools. — Sur l'équilibre dans divers
systèmes formés d'acide , d'alcool et
d'eau 3o3 et G48
718
808
5o.1
37
38
3oi
MM. PaSes
— Action de l'ammoniaque sur le cuivre en
présence de l'air ; action du cyanogène
sur l'aldéhyde 1 ' 7°
PÉCHOLIER. — Recherches expérimentales
sur l'action physiologique du tartre
stibié
PELIGOT est nommé Membre de la Commis-
sion du prix Morogues
PELOUZE. — Recherches sur les pétroles
d'Amérique. (En commun avec M. Ca-
hotas.)
PERETTI (Pierre). — Sur les propriétés
électrochimiques de l'urée
PERETTI (Paul). — Action chimique de
l'eau sur les sels et les acides
PÉRIER et Possoz. — Remarque à l'occasion
d'une communication de M. Alvaro
Reynoso, sur l'emploi du bisulfite de
chaux dans la fabrication du sucre de
canne »
— Emploi de l'acide sulfureux dans l'épura-
tion des jus sucrés
PERREY demande et obtient l'autorisation de
reprendre un manuscrit présenté en
avril 1861, concernant les tremblements
de terre 8o5
PERROT. — Expériences tendant à prouver
que lorsqu'un paratonnerre ordinaire
est foudroyé, son conducteur devient
foudroyant pour les corps voisins 3g~
PERSONNE. — Sur le dosage du mercure
par les volumes, à l'aide de liqueurs
titrées 95t
PETER. — Maladies virulentes comparées
chez l'homme et chez les animaux
PETIT. — Études sur le climat de Toulouse :
conséquences générales qui paraissent
résulter de vingt-quatre années d'obser-
vations 749
PÉTREQUIN est présenté par la Section de
Médecine et de Chirurgie, comme l'un
des candidats pour la place de Correspon-
dant vacante par suite du décès de
.M. Bictonneau
PEYTIER prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre parmi les candidats pour
une place vacante dans la Section de
Géographie et Navigation '°86
— M. Peytier est présenté par cette Section
comme l'un des candidats pour la place
vacante par suite du décès de M. Bra-
vais
PIlILll'EAUX et Vulpian remercient l'Aca-
démie pour un encouragement accordé à
leur travail sur le système nerveux des
poissons ( concours pour le grand prix
des Sciences physiques de 1862 )
f.29
55 1
n38
42
( i3i7)
^4
100g
MM. I,"8es
— Recherches sur la réunion bout à bout
des fibres nerveuses sensitives avec les
fibres nerveuses motrices
— Note sur une modification physiologique
qui se produit dans le nerf lingual par
suite de l'abolition temporaire de la mo-
tricité dans le nerf hypoglosse du même
côté
PHILLIPS. — Sur un nouveau procédé, fourni
par la théorie du spiral réglant des
chronomètres et des montres, pour la
détermination du coefficient d'élasticité
des diverses substances, ainsi que de la
limite de leurs déformations perma-
nentes
PHQEBUS adresse au concours, pour les prix
de Médecine et de Chirurgie, un opus-
cule écrit en allemand « Sur le catarrhe
d'été typique ou la fièvre vulgairement
dite fièvre des foins »
PIDANCET et Chopart. — Description et
figures des restes d'un reptile dinosau-
rien découvert à Poligny (Jura). (Rapport
sur cette communication; Rapporteur
M . Valenciennes .)
PIERRE (Isidore) adresse sept volumes con-
cernant diverses questions d'économie
rurale, destinés au concours pour le prix
Morogues
— Recherches expérimentales sur la compo-
sition de la grain* du colza, et sur les
variations qu'éprouve cette composition
pendant les diverses phases du dévelop-
pement de la plante 677 et
PIMONT prie l'Académie de vouloir bien
admettre au concours dit des Arts insa-
lubres l'invention qu'il désigne sous le
nom de « Calorifuge plastique »
PIOBERT. — Appréciation des travaux des
Savants antérieurs à la création de l'A-
cadémie des Sciences : Desargues et La
Hire
— M. Piobert présente, au nom de M. Favé,
le rV' volume de l'Histoire de l'artillerie.
— M. Piobert est nommé Membre de la Com-
mission du prix de Mécanique, fondation
Montyon
PIRIA est présenté par la Section de Chimie,
comme l'un des candidats pour la place
de Correspondant vacante par suite de
la nomination de M. Liebig à une place
d'Associé étranger
P1SANI. — Sur l'astrophyllite et l'œgirine
de Brevig en Norvège
P1SSIS. — Recherches sur les produits de
la vulcanicité aux différentes époques
géologiques
C. K., 1863, i« Semestre. (T. LVI.,
296
536
290
747
63o
497
44o
946
72J
846
82
MM. raijes.
PLANTAMOUR est présenté par la Section
d'Astronomie, au nombre des candidats
pour deux places de Correspondant suc-
cessivement vacantes 666 et 720
POEY. — Sur le passage d'une quantité con-
sidérable de globules lumineux observés
à la Havane durant l'éclipsé solaire du
i5 maii836 88
— Sur de nouveaux types de forme des
nuages 3(ii
— Énumération des observations météorolo-
giques diverses faites à l'observatoire
de la Havane 436
— Sur la méthode d'observation adoptée à
l'observatoi re physico - météorologique
de la Havane 642
— Sur l'action chimique de la lumière dif-
fuse observée à la Havane à l'aide d'un
nouvel actinographe chimique 1039
POILLY (de). — Appareil photographique
spécialement destiné aux opérations qui
s'exécutent en plein air. (Rapport sur cet
appareil; Rapporteur M. Fizeau.) 681
POIREL. — Lettre concernant son appareil
destiné à prévenir la pénétration dans
les poumons des poussières siliceuses. . 3i5
POLIGNAC (de). — Sur les quantités ultra-
géométriques 38 1
PONCELET, nommé Membre de la Commis-
sion centrale administrative pour l'année
i863, annonce l'intention de ne plus
faire partie de cette Commission, dans
laquelle il est, en conséquence, remplacé
par M. Chastes 1 G, 65 et 126
— M. Poncelet est nommé Membre de la
Commission du prix de Mécanique, fon-
dation Montyon 946
PONTÉCOULANT (de). — Remarques à l'oc-
casion d'une communication récente de
M. Delaunay, sur l'équation séculaire
de la Lune 585
— Sur les modifications que doit subir, re-
lativement à la Lune, le théorème géné-
ral de l'invariabilité des grands axes ,
et de la permanence des moyens mou-
vements planétaires 63g, 720 et 792
POOR. — Sur l'étiologie et la thérapie des
dartres 584
POSSOZ et Périer. — Remarque à l'occa-
sion d'une communication de M. Aharo-
Reynoso, sur l'emploi du bisulfite do
chaux dans la fabrication du sucre de
canne Si
— Emploi de l'acide sulfureux dans l'épu-
ration des jus sucrés 3oi
POTIER soumet au jugement de l'Académie
des considérations sur les tumeurs blan-
l7u
MM.
( i3i8
Pages
ches et les atïections scrofuleuses en
général 486
POUCHET demande et obtient l'autorisation
de reprendre les pièces qu'il avait pré-
sentées au concours sur la question des
générations spontanées et qu'il avait re-
tirées avant l'examen de la Commission. 78
POUDRA se fait connaître comme l'auteur
d'un Mémoire présenté au concours pour
le grand prix de Mathématiques pour
1862 (question concernant la théorie des
courbes planes du quatrième ordre),
Mémoire qui a obtenu la seconde des
deux médailles décernées 41
POU1LLET. — Nouvelle méthode pour gra-
duer les aréomètres à degrés égaux des-
tinés aux liquides plus pesants que l'eau,
comme les pèse-acides et les pèse-sels
de Baume 888
— M. Pouillet présente, au nom de M. Du/m,
une Note sur de nouveaux procédés de
gravure en creux et en relief 127
— M. Pouillet présente une Note sur un
manomètre à sifflet, de l'invention de.
M. Dedicu 485
— M. Pouillet est nommé Membre de la
76f>
MM. PaC
Commission du grand prix de Mathéma-
tiques (théorie des phénomènes capil-
laires)
POULET. — Sur la maladie de la vigne et
la maladie de la pomme de terre. — Sur
le double mouvement de la sève et sur
les causes de cette circulation 898
POURRIAU. — Lettre concernant les ouvra-
ges relatifs à l'économie rurale qu'il a
adressés à diverses époques à l'Acadé-
mie
PRÉSIDENT DE L'INSTITUT (M. le). - Let-
tres concernant les séances trimestrielles
du8avrilel du 1" juillet i8G3. 497 et
PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (M. le). -
Voir au nom de M. felpeau-,
PROVOSTAYE (de la) est présenté par la
Section de Physique, comme l'un des
candidats pour la place vacante par
-uite du décès de M. Desprctz 919
PRUNER-BEY. — Examen de la mâchoire de
Moulin- Quignon au point de vue an-
thropologique »oo 1
PUECH. — De la déviation des règles, et de
son influence sur l'ovulation 69a
8o5
1 10g
Q
QUATREFAGES (de).— Note accompagnant
la présentation d'un travail de M. llu-
housset sur les races humaines de la Perse. 487
— Remarques accompagnant la présentation
d'une Note de M. Bufonr sur la maladie
des vers à soie, d'après des observations
faites en Orient 691
— Note accompagnant la présentation d'un
Mémoire de M. Boucher de Perthes, sur
une mâchoire humaine découverte à Ab-
beville dans un terrain non remanié
782, 809 et 857
— Observations sur la mâchoire de Moulin-
Quignon 933
Observations au sujet des remarques de
M. Élie de Benumont sur la pièce en
question 938
Observations à propos d'un Mémoire de
M. Pruner-Bcy et de la Note consignée
par M. È'lie de BeàùMotà dans le Compte
rendu de la précédente séance, concer-
nant les fossiles de Moulin-Quignon . . . ioo3
M. de Quatrefnges est nommé Membre de
la Commission du grand prix des Sciences
physiques (production des animaux hy-
brides au moyen de la fécondation arti-
ficielle) 683
R
RAMON DE LA SAGRA. — Sur la mortalité
dans les hôpitaux de l'île de Cuba
— M. Ramon de la Sagra fait hommage à
l'Académie de quelques articles qu'il a
publiés dans le « Journal des fabricants
de sucre », sur l'histoire et l'application
des bisulfites à la clarification du vesou
de canne à sucre dans l'île de Cuba. . .
RAYER est nommé Membre de la Commission
des prix de Médecine et de Chirurgie. . .
— De la Commission du prix dit de< \ri>
insalubres
468
470
623
868
— De la Commission du prix Morogues 868
— Et de la Commission du prix Barbier. . . y46
REECH. — Sur les propriétés calorifiques et
expansives des fluides élastiques 1240
REGNAULT. — Remarque à l'occasion d'une
communication de M. Faye sur les ins-
truments géodésiques et sur la densité
moyenne de la terre $67
REISET. — Expériences sur l'alimentation
et l'engraissemenl du bétail. . 96g et 605
— Recherches chimiques sur la respiration
îles animaux d'uire ternie 7i"
( l3l9
MM. Pages-
— Mémoire sur un système de bergeries à
étables mobiles 747
RENARD. — Théorie du magnétisme ter-
restre dans l'hypothèse d'un seul fluide
électrique 299
RENAULT. — Note sur la durée de l'incuba-
tion de la rage chez les chiens 72
— L'Académie apprend, dans la séance du
1e1 juin i863, la perte qu'elle vient de
faire dans la personne de M. Renault,
l'un de ses Correspondants pour la Sec-
tion d'Économie rurale, décédé à Bolo-
gne le 27 mai précédent dans l'accom-
plissement d'une mission scientifique . . 103,5
REQUIÉ demande et obtient l'autorisation
de reprendre des pièces qu'il avait pré-
cédemment adressées concernant une
presse mécanique pour l'extraction des
sucs végétaux 272
REYNOSO (Alvaro). — Note sur l'emploi
du bisulfite de chaux dans la fabrication
du sucre de canne 46 et 260
— Sur la séparation de la magnésie d'avec la
potasse et la soude 873
RICHARD. — Description, figure et usage d'un
instrument de son invention qu'il dési-
gne sous le nom de trigonomètre 1216
RIGAUD. — Reproduction sur pierre des li-
thographies nouvelles ou anciennes. ... 1 137
RIVIÈRE. — Lettre concernant la descrip-
tion et la figure d'une machine hydrau-
lique centrifuge 55i
RIVOT. — Mémoire sur les mines de Yialas. 98
MM. Pages.
ROBBINS. — Sur la production du peroxyde
de fer magnétique 386
ROBERT. — Note sur la non-contempora-
néité de l'homme primitif et des grandes
espèces perdues de Pachydermes
355, g55 et 1121
— Sur l'origine récente des traces d'instru-
ments tranchants observées à la surface
de quelques ossements fossiles 1 157
ROBERTI. — Note concernant l'influence de
la température sur l'énergie d'une pile
galvanique 55o
ROBIN, exécuteur testamentaire de M. Eric.
Godard, annonce qu'il tient à la disposi-
tion de l'Académie le capital d'une rente
de 1 000 francs léguée par ce médecin
pour la fondation d'un prix annuel 899
ROBINET. — Sur l'emploi des huiles sicca-
tives pour la préservation des matériaux
de construction 11 80
ROBINSON. — Sur la diffusion des vapeurs
comme moyen de distinguer entre les
densités de vapeur apparentes et les
densités de vapeur réelles. — Sur les
densités de vapeur de certains corps.
(En commun avec M. Jf'anklyn.). 547 et 1237
— M. Robinson est présenté par la Section
d'Astronomie au nombre des candidats
pour deux places de Correspondant suc-
cessivement vacantes 666 et 7a5
ROBLET. — Lettre concernant une précé-
dente Note sur le magnétisme terrestre. 496
SAINT- VENANT (de ). — Sur la distribution
des élasticités autour de chaque point
d'un solide ou d'un milieu de contexture
quelconque, particulièrement lorsqu'il
est amorphe sans être isotrope. 475 et 804
— Sur les flexions et torsions que peuvent
éprouver les tiges courbes, sans qu'il y
ait aucun changement dans la première
ni dans la seconde courbure de leur axe
ou fibre moyenne 1 1 5o
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Ch.). — Sur la
théorie de l'aciération 325
— Remarques sur une communication de
M. Lefort , intitulée : a Analyse d'une
eau acide du volcan de Popocatepetl, au
Mexique » 912
— Sur les émanations à gaz combustibles
qui se sont échappées des fissures de la
lave de 1794, à Torre del Greco, lors de
la dernière éruption du Vésuve. (En
commun avec MM. Le Blanc et Fou-
qué.) Ii85
— M. Sainte-Claire Deville présente une
Note de M. Pierre Peretti sur les pro-
priétés électrochimiques de l'urée, et
une Note de M. Paul Peretti concernant
l'action chimique de l'eau sur les sels et
le.s acides 37
SAINTE-CLAIRE DEVILLE (H.). - Sur le
phénomène de la dissociation de l'eau. .
ig5 et 322
— De la dissociation de l'acide carbonique,
et des densités des vapeurs 729
— Recherches sur la densité des vapeurs à
des températures tres-élevées. — De la
mesure des températures élevées. (En
commun avec M. Troust.) 891 et 977
— Remarques à l'occasion d'une communi-
( i3
MM. Pages.
cation (le MM. JVatthlyn et Robinson,
sur les densités de vapeurs de certains
corps 1239
SALLE adresse différents spécimens d'une
substance textile, qu'il regarde comme
pouvant remplacer avantageusement le
coton 86
ANNA-SOLARO (le P.). — Imitation de la
grêle et nouvelle théorie de ce météore. 8a5
— Sur l'électricité de la lumière solaire dans
l'air et dins le vide io35
— Action électrique des rayons solaires 1207
UREL. —Notes sur les modifications qu'é-
prouvent, durant le sommeil, la respira-
tion et la calorification.. . . 40, 263 et 486
UVAGEON. — Sur un moyen propre à
rendre le coton en laine impropre à s'en-
tlammer 58
SCHAROUBINE. —Note sur un théorème de
géométrie 697
SCHEURER-KESTNER. — Sur quelques nou-
velles combinaisons du fer et sur l'ato-
micité de cet élément 1092
SCHIFF (H. ). — Sur les combinaisons anilo-
métalliques et sur la formation de la
fuchsine 268
— Recherches sur les mercuraniles 491
— Recherches sur les trimétalaniles 1095
— Théoriede la formation du rouge d'aniline. 545
— Recherches sur les couleurs d'aniline 1234
SCHLAGINTWEIT (Herm. de). - Sur la
distribution de la température et les
typesdessurfacesisothermesdansl'Inde. 1 161
SCHOENBEIN est présenté par la Section de
Chimie comme l'un des candidats pour
une place vacante de Correspondant. . . 725
— M. Schcenbein est élu Correspondant de
la Section de Chimie en remplacement
de M. Liebig, devenu Associé étranger. 765
— M. Schœnbein emercie l'Académie 824
— De l'activité catalytique dans les sub-
stances organiques; extrait d'une Lettre
à M. Dumas m3
SCHRUM TER est présenté par la Section
de Chimie comme l'un des candidats
pour la place de Correspondant vacante
par suite de la nomination de M. Liebig
à une place d'Associé étranger 725
SCHWARTZ. — Note relative à la réaction
du chlorure de benzoïle sur l'indigotine
et l'isatine io5o
SECCHI (le P. (.—Remarques sur les images
photographiques de l'éclipsé du 28 juil-
let 1860 prises à Rivabellosa et au De-
sierto de las Palmas 173
=— Remarques à l'occasion d'une Note de
M. Broun concernant la question des
20
MM. Pages,
rapports entre les variations météorolo-
giques et les perturbations magnétiques. 755
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉMIE
DES BEAUX-ARTS (M. le) transmet
une Lettre concernant l'ouvrage de
M. Amerigo Barberi, intitulé : « La
Science nouvelle de l'harmonie des
sons » 486
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉMIE
DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LET-
TRES (M. le) invite l'Académie à lui
faire connaître le nom du Membre qui
la représentera dans la Commission
mixte chargée de décerner le prix de la
fondation de M. L. Fould 66
SÉGUIER est désigné, en remplacement de
M. Duhamel obligé de s'absenter, pour
faire partie de la Commission mixte char-
gée de l'examen de l'orgue de Saint-Sul-
pice 210
— M. Sêguier présente un compas à ellipse
de l'invention de M. Carmien 43g
SERÉ (de). — Mémoire sur divers instru-
ments de galvanocaustique 536
SERRE (d'Uzès) est présenté par la Section
de Médecine et de Chirurgie au nombre
des candidats pour deux places de Cor-
respondant successivement vacantes. . .
496 et 55 1
SERRES. — Observation d'une méningite
comateuse sans paralysie 244
— Note sur deux articulations ginglymoï-
dales nouvelles existant chez le Glypto-
don, la première entre la deuxième et la
troisième vertèbre dorsale, la seconde
entre la première et la deuxième pièce
du sternum 885
— Note sur le développement de l'articula-
tion vertébro-sternale du Glyptodon, et
les mouvements de flexion et d'exten-
sion de la tète chez cet animal fossile..
— M. Serres est nommé Membre de la Com-
mission des prix de Médecine et de Chi-
rurgie
SERRET. — Sur l'emploi de la méthode de
la variation des arbitraires dans la théo-
rie des mouvements de rotation 456
— M. Serret est nommé Membre de la Com-
mission du grand prix de Mathématiques
pour i863 (question concernant la
théorie mathématique de la chaleur).. 623
— Et de la Commission du grand prix de
Mathématiques pour la même année
(question concernant la théorie des po-
lyèdres ) 683
SERRET (C.-J.). — Sur le calcul des pertur-
bations absolues dans les orbites d'une
1028
623
MM. Pages,
excentricité et d'une inclinaison quel-
conques 946
SETCHENOVV. — Note sur les modérateurs
des mouvements réflexes dans le cerveau
de la grenouille 5o et i85
SILLIMANN prie l'Académie de vouloir bien
comprendre la bibliothèque du journal
scientifique qu'il publie en Amérique,
dans le nombre des établissements aux-
quels elle fait don de ses Comptes rendus. 42
SOCIÉTÉ PHILOSOPHIQUE AMÉRICAINE
DE PHILADELPHIE (la) remercie l'A-
cadémie des Sciences pour l'envoi de ses
plus récentes publications 1 106
SOCIÉTÉ ANTHROPOLOGIQUE DE LON-
DRES (la) prie l'Académie de la com-
prendre parmi les Sociétés auxquelles
elle fait don de ses publications, et rap-
pelle qu'elle a déjà envoyé pour la biblio-
thèque de l'Institut le premier numéro
de son journal 12 19
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE (la) adresse
des billets pour sa prochaine séance pu-
blique 839
SOCIÉTÉ DES NATURALISTES SCANDI-
NAVES (la) annonce que sa neuvième
réunion aura lieu du 8 au 1 5 juillet 1 863
à Stockholm 1 1 06
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D'HOR-
TICULTURE (la) envoie des billets
d'invitation pour sa séance du 11 juin. 1106
( i3ai )
MM. Pages.
SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE NORMANDIE
(la) prie l'Académie de vouloir bien la
comprendre dans le nombre des Socié-
tés savantes auxquelles elle fait don de
ses Comptes rendus 600
SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES D'UPSAL
(la) remercie l'Académie pour l'envoi
de plusieurs volumes des Mémoires et
des Comptes rendus, et lui adresse en
retour ses plus récentes publications.. . 44°
SOCIÉTÉ ROYALE DE VICTORIA (la) adresse
le volume V de ses Transactions 537
SORET. — Sur la production de l'ozone par
l'électrolyse, et sur la nature de ce
corps. .. 3go
SORTAIS. — Note sur un télégraphe écrivant. 627
STEINER , un des Correspondants de l'Aca-
démie pour la Section de Géométrie.
Son décès, survenu à Berne le ier avril,
est annoncé par une Lettre de M. Sidler. 697
STERRY-HUNT. — Sur la nature du jade.. ia55
STRUVE (Otto) est présenté par la Section
d'Astronomie au nombre des candidats
pour deux places de Correspondant suc-
cessivement vacantes 666 et 72.I
SURINTENDANT DU RELEVÉ GÉOLOGIQUE
DE L'INDE (M. le) adresse deux nou-
veaux volumes des publications relatives
à cette grande opération 387
TCHIHATCHEF (de). — Note sur deux nou-
veaux genres de bois fossile recueillis
dans les environs de Constantinople et
déterminés par M. Unger 5i6
TESSAN (de) est désigné par une Commis-
sion spéciale comme l'un des candidats
pour une place vacante au Bureau des
Longitudes, et présenté par l'Académie
comme son deuxième candidat pour cette
place 11 38 et n5o
TEYNARD, qui a obtenu au concours pour
le prix Bordin (question des foyers op-
tiques et des foyers photographiques) la
première des deux médailles décernées,
adresse ses remerciments à l'Académie. 41
THENARD. — Note sur un terrain appelé
vulgairement herbue froide 623
— Sur les matières organiques sulfurées qui
se forment dans les fumiers 832
T1SSIER (Ch. ). — Action de la magnésie
sur les fluorures alcalins 848
TOURNIER. — Un paquet cacheté, déposé
par lui en avril 1861 et ouvert sur sa
demande, dans la séance du 16 février
i863, renferme une Note concernant la
télégraphie électrique 3i5
TREMBLAY. — Mémoire ayant pour titre :
« Étude des questions posées sur les si-
nistres de mer » 298
TRIDAN, écrit par erreur pour
TRIDEAU. — Du copahu et du styrax comme
spécifiques du croup et de ladiphthérite.
263 et 485
TRIGER. — Sur les profils des chemins de
fer de l'Ouest transformés en coupes
géologiques 4»9
TROOST. — ■ Recherches sur la densité des
vapeurs à des températures très-élevées.
— De la mesure des températures éle-
vées. (En commun avec M. H. Sainte-
Claire Deville.) 891 et 977
TULASNE est nommé Membre de la Com-
mission du prix Bordin (question des
vaisseaux du latex ) 7^5
MM.
( l322 )
Pages.
M. Tulasneestnortaaê Membre de la Com-
mission du grand prix dos Sciences phy-
siques (changements opérés pendant la
germination dans les tissus de l'em-
bryon et du périsperme) 8*4
MM. PnfiPS.
— Et de la Commission du prix bordin
(structure des tiges des végétaux con-
sidérée par rapport aux familles natu-
relles) 868
VAILLANT (le Maréchal) présente, au nom
de M. Martin de JBrettes, un Mémoire
« sur la similitude des trajectoires des
projectiles oblongs de forme extérieure
semblable » 2I '
— M. /<• Maréchal Vaillant transmet une
Lettre de M. ) ' attcmare accompagnant
l'envoi de plusieurs ouvrages et opus-
cules destinés à la bibliotheepae de l'In-
stitut 869
VAILLANT (L.). — Sur l'anatomie de la si-
rène, lacertine 839
VAILLANT prie l'Académie de vouloir bien
lui renvoyer une Note sur la direction
des aérostats qu'il lui avait précédem-
ment adressée 724
VALENCIENNES. — Sur un chélonien fos-
sile d'un genre nouveau, découvert dans
la craie du cap la Hève, par M. Lennier. 317
— Rapport sur une communication de
MM. Pidancct et Chopard, concernant
un reptile dinosaurien découvert à Po-
ligny (Jura ) 290
— M. Valenciennes est nommé Membre de
la Commission chargée de décerner le
prix Cuvier 38 1
VAN TIEGHEM. — Sur une coloration rose
développée dans les fibres végétales,
particulièrement dans celles de l'écorce,
par l'action ménagée des acides 963
VATTEMARE. — Lettre à M. le Maréchal
Vaillant annonçant l'envoi de divers ou-
vrages destinés a la Bibliothèque de
l'Institut 869
VELPEAU, Vice-Président pendant l'année
1862, passe, aux fonctions de Président. i3
— M. le Président annonce à l'Académie la
perte qu'elle vient de faire dans la per-
sonne de M. Despretz, l'un de ses Mem-
bres pour la Section de Physique 453
— M. le Président entretient l'Académie de
la perte inattendue qu'elle a faite dans
la personne de M.Mnr/aia-Tandon. Mem-
bre de la Section de Botanique, décédé
le 1 r> avril 7*9
— M. Vrlpcau présente, au nom de M. «-
berlé, une Note sur deux nouvelles opé-
rations d'ovariotomie i"3
— M. Velpeau est nommé Membre de la
Commission des prix de Médecine et de
Chirurgie 623
VERDET. — Recherches sur les propriétés
optiques développées dans les corps
transparents par l'action du magnétisme. 63o
— M. Vcrdet est présenté par la Section de
Physique comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Dcspretz 919
VÉRITÉ. — Sur un moyen d'obtenir un syn-
chronisme parfait pour un nombre quel-
conque d'horloges reliées entre elles par
un lil conducteur de courants électri-
ques 4oi et 69;
VERNIER adresse des images photographi-
ques des phases successives de l'éclipsé
partielle de soleil du 17 mai i863 1023
VERNOIS. — Documents pour servir à l'his-
toire du choléra-morbus 778
VERSMANN. — Sels employés pour rendre
ininflammable la fibre végétale. (En
commun avec M. Oppenheim. ) 35o
VIAL. — Sur de nouveaux procédés de gra-
vure, et sur la reproduction des an-
ciennes estampes 47°
— Remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. Mcrget sur son procédé de
gravure 777
VIBRAYE (de) est présenté par la Section
d'Économie rurale au nombre des candi-
dats pour deux places de Correspondant
successivement vacantes a3i et 3i5
— M. delihrau- est nommé Correspondant
de la Section d'Économie rurale en rem-
placement de feu M. Bracy-Clark 33g
— M. de fibraye remercie l'Académie 38i
— Note sur l'acclimatation du Scamna gi-
gantea 4"J
— Note sur les silex ouvrés dans le dilu-
vium de Loir-et-Cher 577
— Remarques à l'occasion d'une communi-
cation de M. de Qualrefaget, sur la
mâchoire humaine d'Abbeville 861
VICE-PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (M. le).
— Voir au nom de M. Marin.
\TLLE. — Note sur la constitution géologi-
que des dunes voisines des lacs salés du
Sahara algérien 44o
( '32'3 )
MM. P''lies-
VINCENT DE JOZET. — Exposé des prin-
cipes tant généraux que particuliers de
la musique moderne 1084
VINSON. — Note sur le ver à soie de l'am-
brevate, espèce propre à Madagascar.. . 534
— Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur
M. Blanchard 620
YOLPICELLI. — Recherches d'analyse spec-
trale : Étude du spectre de diverses sub-
stances calcaires 493
— Rapports entre les accumulations électri-
ques sur deux sphères conductrices de
rayons connus , déterminés générale-
ment, et en termes finis 1 158
YUILLEMENOT prie l'Académie de vouloir
bien renvoyer à l'examen d'une Com-
MM.
Pui;es.
mission un Tableau dans lequel il a réuni
divers renseignements relatifs au caten-
drier, à la chronologie, etc 5g
VULPIAN et Piiilipeaux remercient l'Aca-
démie, qui a accordé un encouragement
à leur travail sur le système nerveux
des poissons (concours pour le grand
prix des Sciences physiques de 1862). 4'^
— Recherches sur la réunion bout à bout
des fibres nerveuses sensitives avec les
fibres nerveuses motrices 54
— Note sur une modification physiologique
qui se produit dans le nerf lingual par
suite de l'abolition temporaire de la mo-
tricité dans le nerf hypoglosse du même
côté 1009
w
WANK1YN et Robinson. — Sur la diffusion
des vapeurs, comme moyen de distin-
guer entre les densités de vapeur appa-
rentes et les densités de vapeur réelles. 547
— Sur les densités do vapeur de certains
corps 1237
WASHINGTON est présenté par la Section
de Géographie et Navigation comme l'un
des candidats pour la place de Corres-
pondant vacante par suite du décès de
Sir James Clark-Ross 856
W1BERG. — Machine à calcul disposée de
manière à imprimer les résultats 211
— Rapport sur cette machine; Rapporteur
M. Ddaunar 33o
YVILLICil. — Sur diverses approximations
numériques et sur diverses sections des
solides dérivés du cube 100 et 664
WOLF. — Sur les taches solaires. — Sur la
période de l'étoile variable « du Navire
Argo 636
WURTZ. — Recherches sur la formation de
quelques hydrogènes carbonés 354
— Sur les hydrates des hydrogènes carbo-
nés 7'5
— Sur l'hydrate d'amylène ;g3
— Action du chlorure de zinc sur l'alcool
amylique u64 et 1246
ZANTEDESCHI. — Sur le climat de l'Italie. 264
ZENKER. — Sur l'affection trichinaire chez
l'homme 3o3
MALLET-BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE OES COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L ACADEMIE DES SCIENCES.
PAn,«. — m'F DE SrnNF-SWIST-GERMAIN, IO, PRÈS L'iNSTITUT.
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