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Full text of "comptesrendusheb56acad"

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WHITNEY   LIBRARY, 
HARVARD   UNIVËRSITY. 


THE  GIFT  OF 
.1.    I).    WHITNEY, 

Stwffis  FToqper  Professor 


MUSEUM  OF  COMPARATIVE  Z00L0GY 


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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 


PARIS.    —    IMPRIMERIE    DE    MALLET-BACHÏLIER,    RUE    OE    SEINE-SAINT-GERMAIN,     IO.    PRES    L  INSTITIT. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


CONFORMEMENT  A  UNE  DECISION  DE  L'ACADEMIE 

Oit     cette     vu    <i3    c)uiWe^    *835 

PAR    MM.    LES    SECRETAIRES    PERPÉTUELS 


TOME  CINQUANTE-SIXIÈME. 

JANVIER  —  JUIN  1863. 


PARIS, 


MALLET-  BACHELIER,    IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES    COMPTES     KENDUS     DES    SÉANCES     DE    LACADÉM1E    DES    SCIENCES, 

Quai  des  Augustins,  N°  55. 
1805 


ÉTAT  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES 

AU  Ie"  JANVIER  1863. 


SCIENCES   MATHEMATIQUES 
Section  Ire.    —    Géométrie. 

Messieurs  : 

Lamé  (o.  $)  (Gabriel). 

Chasles  (O.  &)  (Michel). 

Bertrand  f;  (Joseph-Louis-François). 

Hermite  $  (Charles). 

Serret  ©  (Joseph-Alfred). 

Bonnet  &  (Pierre-Ossian). 

Section  H.    —   Mécanique. 

Le  Baron  Dupin  (g.  c.  $)  (Charles). 
Poncelet  (g.  o.  $g)  (Jean-Victor). 
Piobert  (G.  0.$)  (Guillaume). 
Morin  (c.$)  (Arthur-Jules). 
Combes  (c.^s)  (Charles-Pierre-Mathieu). 
Clapeyron  (o.  $0  (Benoît- Paul -Emile). 

Section  III.    —   astronomie. 

Mathieu  (o.  ®)  (Claude-Louis). 

Liouville  (o.  &)  (Joseph). 

Laugier  ^  (Paul- Auguste-Ernest). 

Le  Verrier  (c.  $&)  (Urbain-Jean-Joseph). 

Faye  (o.  &)  (Hervé-Auguste-Élienne-Albans). 

Delaunay  ^  (Charles-Eugène). 

Section  IV.    —    Géographie  et  Navigation. 

Duperrey  (o. ^)  (Louis-Isidore). 

Bravais  (o.&)  (Auguste). 

De  Tessan  (o.  ;g)  (Louis-Urbain,  Dortet). 


ÉTAT    DE    L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 
Section  "V.    —   Physique  générale. 

eivs  : 

Becquerel  (o.  $)  (Antoine-César). 
Pouillet  (o.gj)  (Claude-Servais-Mathias). 
BaBINET  $  (Jacques). 
Duhamel  (o.  %)  (Jean-Marie-Constant). 
Dkspretz  (o.  $)  (  César-Mansuete). 
Fizeau  ^  (Armand-Hippolyte-Louis  ). 

SCIENCES    PHYSIQUES. 

Section  VI.    —    Chimie. 

Chevreul  (c.&)   (Michel-Eugène). 
Dumas  (g.o.  $)  (Jean-Baptiste). 
Pelouze  (c.$)  (Théophile-Jules). 
Regnault  (o.$)  (Henri-Victor). 
Balakd  (o.  &)  (Antoine- Jérôme). 
Fremy  (o.  $?)  (Edmond). 

Section  VII.    —   Minera locjie. 

Delafosse  (o.  $)  (Gabriel). 

Le  Vicomte  d'Archiac  &  (Étienne-Jules-Adolphe  Desmier  de  Saint- 
Simon). 
Sainte-Claire  Deville  (o.  ^)  (Charles-Joseph). 
Daubrée  (o.  ^)  (Gabriel-Auguste). 
Sainte-Claire  Deville  (o.  ^)  (Étienne-Henn). 
Pasteur  ®  (Louis). 

Section  VIII.    —   Botanique. 

Brongniart  (o.  $)  (Adolphe-Théodore). 

Montagne  (o.  $)  (Jean-François-Camille). 

Tulasne  $  (Louis-René). 

Moquin-Tandon  &  (Horace-Bénédict-Alfred). 

Gay  •&  (Claude). 

DUCHARTRE  @    Pierre-Étienne-Simon). 


ETAT    DE    L  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Section  IX.    —    Economie  rurale. 

Messieurs  : 

Boussingault  (C.$)  (  Jean-Baptiste-Joseph-Dieudonné 

Payen(o.$)  (Anselme). 

Rayer  (c.  ^)  (Pierre-François-Olive). 

Decaisne  (o.  $)  (Joseph). 

Peligot  (o.  $)  (Eugène-Melchior). 

N 


Section  X.    —   Anatomie  et  Zoologie. 

Edwards  (c.S)  (Henri-Milne). 

Valenciennes  ®  (Achille). 

Coste  ^  (Jean-Jacques-Marie-Cyprien-Victor). 

Quatrefages  de  Bréau  &  (  Jean-Louis-Armaiid  de' 

Longet  (o.  ®)  (François-Achille). 

Blanchard  $  (Charles-Emile). 


Section  XI.    —    Médecine  et  Chirurgie. 

Serres  (c.  ®)  (Étienne-Renaud-Augustin). 

Andral  (C  #)  (Gabriel). 

Velpeau  (c.  $)  (Alfred-Armand-Louis-Marie). 

Bernard  $  (Claude). 

Cloquet  (c.$)  (Jules-Germain). 

Jobert   de  Lamralle  (c.  $)  (Antoine-Joseph;. 


SECRETAIRES  PERPETUELS. 

Eue  de  Beaumont  (G.O.^)(Jean-Baptiste-Armand-Louis-Léonce), 

pour  les  Sciences  Mathématiques. 
Flourens(g.o.  !$)  (Marie-Jean-Pierre),  pour  les  Sciences  Physiques. 


ÉTAT   DE    L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

ACADÉMICIENS  LIBRES 

Messieurs  : 

Le  Baron  Séguier  (o.&)  (Armand-Pierre). 

Civiale  (O.  $)  (Jean). 

Bussy  (o.  $)  (Antoine-Alexandre-BrutusV 

Delessert  (o.$)  (François-Marie). 

Bienaymé  (o.  $)  (Irénée-Jules). 

Le  Maréchal  Vaillant  (g.c.#)  (Jean-Baptiste-Philibert). 

Verneuil  f!  (Philippe-Edouard  Poulletier   de). 

Le  Vice-Amiral  Du  Petit-Thouars  (g.c.  $)  (Abel  Aubert). 

Passy  (c.#g)  (Antoine-François). 

Le  Comte  Jaubert  (o.  $)  (Hippolyte-François). 

ASSOCIÉS  ÉTRANGERS. 

Faraday  (c.$)  (Michel),   à  Londres. 

Brewster  (o.  &)  (Sir  David),   à  Saint- Andrew,  en  Ecosse. 

Mitscherlich,  à  Berlin. 

Herschel  (Sir  John  William),  à  Londres. 

Owen  (0.$)  (Richard),  à  Londres. 

Le  Baron  Plana  (o.  $)  (Jean),  à  Turin. 

Ehrenberg  ,  à  Berlin. 

Le  Baron  DE  LlEBlG  (o.  $)  (Justus),  à  Munich. 


CORRESPONDANTS. 

Nota.   I.e  règlement  du  6  juin   1808  donne  à  chaque  Section  le  nombre  de  Correspondants  suivant 


SCIENCES   MATHÉMATIQUES. 
Section  Ire.    —    Géométrie  (6). 
Hamilton  (Sir  William-Bowan),  à  Dublin. 
Le  Besgue  $,  à  Bordeaux,  Gironde. 
Steiner,   à  Berlin. 
Tchébychef,  à  Saint-Pétersbourg. 
K.UMMER,  à  Berlin. 
N 


ÉTAT   DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES.  i 

Section  II.   —  Mécanique  (6). 

Messieurs  : 

Burdin  $,  à  Clermont-Ferrand,  Puy-de-Dôme. 
Seguin  aîné  #  (Marc),  à  Montbard,  Cole-dOr. 
Moseley,  à  Londres. 
Fairbairn^  (William),  à  Manchester. 
Bernard  (c.  ^),  à  Saint-Benoît-du-Saulx,  Indre. 
N 

SectioxIII.  —  astronomie  (16). 

Le  Général  Sir  Thomas  Brisbane,  en  Ecosse. 

Encke,  à  Berlin. 

Valz  &,  à  Marseille,  Bouches-du-Rhône. 

Struve  (c.®),  à  Pulkowa,  près  Saint-Pétersbourg. 

Airy^  (Biddell),  à  Greenwich. 

L'Amiral  Smyth,  à  Londres. 

Petit  $g,  à  Toulouse,  H  au  te- Garonne. 

Hansen,   à  Gotha. 

Santini,  à  Padoue. 

Argelander,  à  Bonn,  Prusse  Rhénane. 

HlND,  à  Londres. 

Peters,  à  Altona. 

Adams  (J.-C),  à  Cambridge,  Angleterre. 

Le  Père  Secchi,  à  Borne. 

N 

N 

Section  IV.  —  Géographie  et  Navigation  (8). 

Le  Prince  Anatole  de  Démidoff,  à  Saint-Pétersbourg. 

d'Abbadie^  (Antoine-Thomson),  à  Urrugne,  près  Saint-Jean-de-Luz, 

Basses-Pyrénées. 
L'Amiral  de  Wrangell,  à  Saint-Pétersbourg. 
Givry  (o.  &),  au  Goulet  près  Gaillon,  Eure. 
L'Amiral  Lùtke,  à  Saint-Pétersbourg. 
Bâche  Dallas,  à  Washington. 
De  Tchihatcheff,  à  Saint-Pétersbourg. 
N. 

C.  R.,  iS63,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  1\°  |.)  2 


IO  ÉTAT    DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Section  V.  —  Physique  générale  (g). 

Messieurs  : 

Barlow,  à  Woolwich. 

De  La  Rive  >fè  (Auguste),  à  Genève. 

Hansteen,  à  Christiania. 

Marianini,  à  Modène. 

Forbes  (James-David),  à  Edimbourg. 

Wheatstone  &,  à  Londres. 

Plateau, à  G and. 

Delezenne  $,  à  Lille,  Nord. 

Matteucci,  à  Pise. 

SCIENCES  PHYSIQUES. 

Section  VI.  —  Chimie  (9). 

BÉRARD  ®,  à  Montpellier,  Hérault. 

Rose  (Henri),  à  Berlin. 

W6hler(o.^),  à  Gôttingue. 

Graham,  à  Londres. 

Bunsen  (o.  $),  à  Heidelberg. 

Malaguti  (o.  ®),  à  Rennes,  Ille-el-  Vilaine. 

Hofmann,  a  Londres. 

N 

N 


Section  VII.  —  Minéralogie  (8). 

Rose  (Gustave),  à  Berlin. 

d'Omalius  d'Halloy,    près  de   Ciney,  Belgique. 

Murchison  (Sir  Roderick  Impey),  à  Londres. 

Fournet  $,  à  Lyon,  Rhône. 

Haidinger,  à  Vienne. 

Sedgwick,  à  Cambridge,  Angleterre. 

Lyell,  à  Londres. 

Damour,  à  Villemoisson,  Seine-et-Oise. 


ÉTAT    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES,  'il 

Section  VIII.  —  Botanique  (10). 

Messieurs  : 

De  Martius,  à  Munich. 

Théviranus,  à  Bonn,  Prusse  Rhénane, 

Mohl  (Hugo),  à  Tiïbingue. 

Lestiboudois  <$  (Gaspard-Thémistocle),  à  Lille,  Nord. 

Blume,  à  Leyde,  Pays-Bas. 

Candolle  m  (Alphonse  de),  à  Genève! 

Schimper  $  ,  à  Strasbourg,  Bas-Rhin. 

Hooker  (Sir  William),  à  Kew,  Angleterre. 

Thuret,  à  Antibes,  Far. 

Lecoq,  à  Clermont-Ferrand,   Puy-de-Dôme. 

Section  IX.  —  Economie  rurale  (10). 

Bracy-Clark,  à  Londres. 

Girardin  (O.^),  à  Lille,  Nord. 

Kuhlmann  (o.«j),  à  Lille,  Nord. 

J.  Lindley,  à  Londres. 

Pierre  fj  (Isidore),  à  Caen,  Calvados. 

Chevandier  &,   à  Cirey,  Meurlhe. 

BEISET  #  (Jules),  à  Écorcheboeuf,  Seine-Inférieure. 

Le  Marquis  Cosimo  Bidolfi,  à  Florence. 

Benault  (o.  §?),  à  Maisons-Alfort,  Seine. 

N 

Section  X.  —  Anatomie  et  Zoologie  (10). 

Dufour.^  (Léon),  à  Saint-Sever,  Landes. 

Quoy  (c.^<),  à  Brest,  Finistère. 

Agassiz,   à  Boston,  États-Unis. 

Eudes-Deslongchamps  $è,  à  Caen,  Calvados. 

POUCHET  &,  à  Rouen,  Seine- Inférieure. 

Von  Baer,  à  Saint-Pétersbourg. 

Carus,  à  Dresde. 

NORDMANN    à  Helsingfors,  Russie. 

Purkinje,  à  Breslau,  Prusse. 

Gervais,  à  Montpellier,  Hérault. 


12  ÉTAT    DE   L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Section  XI.  —  Médecine  et  Chirurgie  (8). 

Messieurs  : 

Panjzza,  à  Pavie. 

Brodie  (Sir  Benj.),  à  Londres. 

Sédillot  (0.$),  à  Strasbourg,  Bas-Rhin. 

Guyon  (c.$),  à  Alger. 

De  Virchow  (Rodolphe),  à  Berlin. 

Denis  (de  Commercy),  àToul,  Meurthe. 

N 

N 


Commission  pour  administrer  les  propriétés   et  fonds  particuliers 

de  [Académie. 

Poncelet. 
Chevreul. 
Et  les  Membres  composant  le  Bureau. 


Conservateur  des  Collections  de  l'Académie  des  Sciences. 
Becquerel. 


Changements  survenus  dans  le  cours  de  l'année  1862. 
(Voir  à  la  page  1 4  de  ce  volume.) 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  3  DÉCEMBRE  1862. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


RENOUVELLEMENT  ANNUEL  DU  BUREAU  ET  DE   LA 
COMMISSION  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procède  par  la  voie  du  scrutin  à  la  nomination  d'un  Vice- 
Président  qui,  cette  année,  doit  être  pris  parmi  les  Membres  des  Sections 
de  Sciences  mathématiques. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  50  (majo- 
rité 3 1  ), 

M.  Morin  obtient..    .   .    * 3i    suffrages. 

M.   Laugier a3  » 

M.    LlOUVILLE I  » 

M.  Delaunay i  » 

M.  Morin,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé Vice-Président  pour  l'année  i863. 

Conformément  au  Règlement,  le  Président  sortant  de  fonctions  doit, 
avant  de  quitter  le  Bureau,  faire  connaître  à  l'Académie  l'état  où  se  trouve 
l'impression  des  Recueils  qu'elle  publie  et  les  changements  arrivés  parmi 
les  Membres  et  les  Correspondants  de  l'Académie  pendant  l'année  1862. 
M.  Duhamel,  Président  pendant  l'année  1862,  donne  à  cet  égard  les  ren- 
seignements suivants  : 


'4  ) 
Etat  de  t l'impression  des  Recueils  de  l' Académie  au  {"janvier  1 863. 

Volumes  publiés. 

ci  Mémoirts  de  i Académie.  —  Le  tome  XXVI  a  paru  dans  le  courant  de 
l'année  1862. 

»  Mémoires  des  Savants  étrangers.— Les  tomes  XVI  et  XVII  ont  également 
paru  dans  le  courant  de  l'année  1862. 

»  Comptes  rendus  de  L'Académie.  —  Les  tomes  LU  (ier  semestre  1 86 1), 
LUI  (2e  semestre  1 86 1)  et  LIV  (ier  semestre  1862)  ont  été  mis  en  distribu- 
tion, avec  leurs  tables. 

Volumes  en  cours  de  publication. 

»  Mémoir  es  de  T  Académie . — TomeXXXII  :  il  y  asoixaute-quatorzefeuilles 
imprimées  et  douze  en  copie.  (Mémoire  de  M.  Becquerel.)  —  Tome  XXXIV: 
il  y  a  soixante-treize  feuilles  imprimées,  trois  en  épreuves  et  cinq  en  copie. 
(Ce  volume  est  en  entier  de  M.  Chevreul.) 

»  Mémoires  des  Savants  étrangers.  —Tome  XVIII  :  il  y  a  quatorze  feuilles 
tirées  et  seize  à  tirer  pour  le  Mémoire  de  M.  Doyère,  et  huit  feuilles  en 
épreuves  et  six  en  copie  pour  le  Mémoire  de  M.  Phillips. 

»  Comptes  rendus  de  l'Académie.  —  Les  Comptes  rendus  ont  paru,  chaque 
semaine,  avec  leur  exactitude  habituelle. 

Changements  arrivés  parmi  les  Membres  depuis  le  Ier  janvier  1862. 

» 

Membres  élus. 

»  Section  d  Analomie  el  Zooloi/ie  :  M.  Blanchard,  le  10  février  1862,  en 
remplacement  de  M.   Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire. 

»  Section  de  Géométrie  :  M.  Ossian  Bonnet,  le  iZj  avril  1862,  en  remplace- 
ment de  M.  Biot. 

»  Section  de  Minéralogie  :  M.  Pasteur,  le  8  décembre  1862,  en  remplace- 
ment de  M.  de  Senarmont. 

Membres  décédés. 

»  M.  Biot,  le  3  février  1862;  M.  de  Senarmont,  le  3o  juin  1862: 
M.  le  comte  de  Gasparin,  le  7  septembre  1862. 

Membres  à  remplacer. 
»   Section  d  Economie  rurale  :  M.  le  comte  de  Gasparin. 


(  i5  ) 

Changements    arrivés   parmi    les    Correspondants    depuis 
le    1er  janvier    1862. 

Correspondants  élus. 

»  Section  de  Minéralogie  :  Sir  Charles  Lyell,  à  Londres,  le  20  janvier 
1862;  M.Damocr,  à  Villemoisson  (Seine-et-Oise),  le  21  avril   1862. 

Correspondants  décédés. 

>.  Section  de  Géométrie  :  M.  Ostroguadski,  à  Saint-Pétersbourg,  le 
ier  janvier  1862. 

>■  Section  de  Médecine  et  Chirurgie  :  M.  Bretonneau,  à  Tours,  le  1  8  février 
1862. 

»  Section  d'Economie  rurale  :  M.  Vilmorin,  aux  Barres  (Loiret),  le 
21  mars  1862. 

»  Section  de  Géographie  et  Navigation  :  Sir  James  Clark  Ross,  à  Londres, 
le  5  avril  1862. 

»   Section  d! Astronomie  :  M.  Carlini,  à  Milan,  le  29  août  1862. 

»  Sectionde  Chimie:  M.  Desormes,  à  Verberie  (Oise),  le  3o  août  1862. 

Correspondants  à  remplacer. 

»  Section  de  Géométrie  :  M.  Ostroguadski,  à  Saint-Pétersbourg. 

»  Sectionde  Mécanique  :  M.  Eytelwein,  à  Berlin.  (Mort  le  18  août  1849) 

»  Section  d'astronomie  :  M.  Ito.xo,  à  Cambridge  (Etats-Unis).  (Sa  mort  a 
été  annoncée  par  M.  Le  Verrier  dans  la  séance"  du  21  mars  i85g.) 
M.  Carlini,  à  Milan. 

»   Section  de  Géographie  et  Navigation  :  Sir  James  Clark  Ross,  à  Londres  . 

»  Section  de  Chimie  :  M.  le  baron  de  Lierig,  à  Munich,  nommé  Associé 
étranger,  le  i3  mai  1861;  M.  Desoumes,  à  Verberie  (Oise). 

»  Section cV Economie  rurale  :  M.  Vilmorin,  aux  Barres  (  Loiret). 

»  Section  de  Médecine  et  Chirurgie  :  M.  Maunoir,  à  Genève  (mort  le 
16  janvier  186 il;  M.  Bretonneau,  à  Tours. 


NOMINATION    DE    LA    COMMISSION    ADMINISTK ATI VE. 

«  A  propos  du  renouvellement  des  Membres  de  la  Commission  adminis- 
trative, M.  Poncelet  réclame  la  parole  pour  remercier  ses  confrères  de  la 
bienveillance  avec  laquelle  ils  l'ont,  depuis  tant  d'années,  honoré  de  leurs 
suffrages  à  ce  sujet. 

«  Ne  pouvant  désormais  remplir  cette  importante  et  utile  mission,  avec 


(  '6  ) 
l'exactitude  qu'il  juge  indispensable,  il  les  prie  de  vouloir  bien  reporter  leurs 
votes  sur  des  confrères  moins  empêchés  que  lui  d'accomplir  les  devoirs  que 
cette  mission  impose.   » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  exprime  l'espoir  que  pour  cette  fois  encore 
M.  Poncelet  voudra  bien,  si  ses  confrères  le  désignent,  faire  partie  de  la 
Commission. 

D'après  les  résultats  du  scrutin,  MM.  Chevreul  et  Poxcelet,  qui  ont  réuni 
lé  plus  grand  nombre  de  suffrages,  sont  déclarés  Membres  de  la  Commission 
rentrait'  administrative. 

MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Exjiériences  sur  les  effets  de  ventilation  produits  par 
les  cheminées  d appartement  ;  par  M.  le  Général  Morin. 

"  Je  me  propose  dans  cette  Note  de  faire  connaître  et  de  discuter  les  résul- 
tats des  expériences  exécutées  par  mes  soins  sur  des  cheminées  ordinaires; 
mais  je  dois  prévenir  qu'il  ne  faut  pas  s'attendre  à  trouver  dans  ces  résultats 
la  concordance  que  l'on  peut  espérer  dans  d'autres  études  de  physique 
mécanique.  L'excessive  mobilité  de  l'air,  l'influence  qu'exercent  sur  sa  den- 
sité, sur  ses  mouvements,  les  moindres  variations  de  température,  ainsi  que 
celles  des  vents,  les  circonstances  même  les  plus  imprévues,  sont  autant  de 
causes  de  perturbations  dans  les  effets  à  observer,  et  dès  lors  tout  ce  que 
l'on  peut  se  flatter  d'obtenir  dans  des  expériences  d'ensemble  qui,  la  plupart 
du  temps,  ne  peuvent  pas  être  très-prolongées,  ce  sont  des  résultats  moyens 
d'où  il  soit  possible  de  conclure  pour  la  science  la  confirmation  des  lois 
générales  déduites  des  principes  de  la  théorie,  et,  pour  l'art,  quelques  con- 
séquences, quelques  règles  pratiques,  qui,  appliquées  avec  prudence,  avec 
une  certaine  latitude  et  non  d'une  manière  trop  absolue,  conduisent  à  la 
solution  des  problèmes  cpie  l'ingénieur  doit  résoudre. 

»  C'est  dans  cette  vue  à  la  fois  scientifique  et  pratique  que  j'ai  entrepris 
les  expériences  suivantes. 

»  Expériences  air  les  cheminées  d'appartement.  —  Les  expériences  dont  je 
me  propose  de  faire  connaître  et  de  discuter  les  résultats,  ont  eu  pour  objet 
de  déterminer  les  volumes  d'air  que  peut  évacuer  une  cheminée  ordinaire 
d'appartement  dans  diverses  circonstances,  soit  par  la  seule  action  de  la 
ventilation  naturelle,  soit  avec  le  concours  d'un  chauffage  plus  ou  moins 
ictif,  et  de  comparer  les  résultats  de  l'observation  à  ceux  que  fournissent 


(  I?  ) 
les  formules  déduites  de  la  théorie.  J'ai  choisi  à  cet  effet  la  cheminée  du 
cabinet  de  la  direction  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers.  Cette  pièce 
peut  à  volonté  être  chauffée  par  une  bouche  de  chaleur  dépendante  d'un 
calorifère  à  air  chaud  et  par  le  feu  allumé  dans  la  cheminée.  J'ai  profité  de 
cette  circonstance  pour  faire  varier  le  mode  d'introduction  de  l'air,  en 
tenant,  selon  les  cas,  la  bouche  de  chaleur  ouverte  ou  fermée. 

»  On  a  d'abord  mesuré  à  diverses  reprises  le  volume  d'air  dont  la 
cheminée  déterminait  l'évacuation  par  le  seul  effet  de  la  différence  de 
température  de  l'air  extérieur  et  de  l'air  intérieur  sans  le  concours  du 
chauffage. 

»  Ce  volume  constituait  ce  que  l'on  peut  appeler  la  ventilation  naturelle 
de  la  cheminée,  au  moment  de  l'observation,  et  il  était  nécessaire  de  le 
connaître,  au  moins  approximativement  dans  chaque  cas,  pour  le  déduire 
de  celui  qui  devait  être  évacué  par  l'action  des  divers  combustibles 
employés.  Il  convient  cependant  de  faire  remarquer  que  cette  ventilation 
naturelle  est  tres-variable,  que,  comme  elle  dépend  tout  à  fait  des  diffé- 
rences des  températures  intérieure  et  extérieure,  elle  peut,  dans  certains 
cas,  non  seulement  devenir  nulle,  mais  même  se  produire  en  sens  contraire. 
Il  importe  donc  beaucoup  pour  de  semblables  expériences  de  constater 
d'abord  sa  marche  et  son  intensité. 

»  Il  est  résulté  de  ces  premières  expériences  que,  par  des  températures 
extérieures  de  +  i°,8  à  io°et  des  températures  intérieures  de  18  etde22°, 
il  passait  en  moyenne  par  la  cheminée  de  cette  pièce  environ  4oo  mètres 
cubes  d'air  par  heure. 

»  Ce  cabinet  destiné  à  une  seule  personne  et  dans  lequel  il  s'en  réunit 
accidentellement  dix  à  douze  pour  quelques  instants,  est  donc  alors  très-suf- 
fisamment ventilé  par  la  seule  action  apiratoire  de  la  cheminée,  même 
quand  il  n'y  a  pas  de  feu. 

«  Des  expériences  directes  ont  montré  que  le  volume  d'air  ramené  à  200 
que  la  bouche  de  chaleur  introduisait  dans  la  pièce  était  de  1  57  mètres 
cubes  par  heure  quand  il  affluait  à  des  températures  comprises  entre  700  et 
ioo°,  et  de   ia3  mètres  cubes  seulement  quand  il  n'arrivait  qu'à  45°. 

»  Ce  résultat,  qui  montre  combien  le  volume  d'air  fourni  par  les  calori- 
fères croît  avec  le  degré  d'échauffenient  qui  lui  est  communiqué,  explique 
comment  les  constructeurs  sont  conduits  à  élever  la  température  de  l'air 
fourni  par  ces  appareils. 

«  On  verra  d'ailleurs  plus  loin  que  ce  volume  d'air  amené  par  la  bouche 
de  chaleur  croît  aussi  avec  l'énergie  de  l'appel  fait  par  la  cheminée. 

C.  R.,  i863,   1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  i.)  3 


(   «8  ) 

»  Volumes  d'air  introduits  par  les  joints  des  portes  et  des  fenêtres.  —  Les 
observations  que  nous  venons  de  rapporter  ont  été  faites  en  même  temps 
que  celles  qui  ont  été  exécutées  sur  la  cheminée  non  chauffée  et  dont  il  a 
été  question  plus  haut. 

»  Par  conséquent,  si  du  volume  d'air  évacué  par  la  cheminée  on 
retranche  celui  qui  a  été  introduit  par  la  bouche  de  chaleur  ramené  à  la 
température  de  la  pièce,  le  reste  donnera  le  volume  d'air  à  la  même  tempé- 
rature qui  s'était  introduit  par  les  joints  des  portes  et  des  fenêtres.  Il  s'est 
élevé  dans  ces  expériences  à  246  mètres  cubes  par  heure,  pour  àeux  portes 
et  deux  fenêtres. 

»  Expériences  sur  les  effets  de  ventilation  produits  par  les  cheminées  au 
moyen  de  la  consommation  directe  de  divers  combustibles.  —  Pour  parvenir  à 
déterminer  ces  effets  dans  des  conditions  convenables,  j'ai  commencé  par 
faire  améliorer  la  construction  de  la  cheminée,  afin  d'y  diminuer  le  plus 
possible  les  tourbillonnements,  les  pertes  de  force  vive  qui  en  résultent  et 
dont  j'ai  montré  dans  une  Note  précédente  l'influence  considérable  sur  les 
mouvements  de  l'air.  La  hotte  de  la  cheminée  a  été  réduite  de  manière  à  ne 
présenter  à  sa  base  qu'un  passage  de  om,/jo  de  largeur  sur  om, 22  de  pro- 
fondeur, régulièrement  raccordé  avec  son  conduit  rectangulaire  supérieur. 
Par  suite  de  ces  modifications,  la  contraction  de  l'air  à  l'entrée  a  été  sensi- 
blement annulée,  les  tourbillonnements  supprimés,  et  le  mouvement  de 
l'air  s'est  graduellement  accéléré  depuis  le  bas  jusqu'au  conduit. 

»  Le  chauffage  a  eu  lieu  successivement  avec  du  bois,  avec  de  la  houille, 
et  avec  du  gaz,  eii  tenant  compte  des  quantités  consommées. 

»  Sans  rapporter  ici  tous  les  détails  des  résultats  obtenus,  je  me  conten- 
terai de  signaler  les  principales  conséquences  des  séries  d'expériences  faites 
sur  deux  cheminées. 

»  La  première  de  ces  cheminées,  dans  laquelle  il  n'y  avait  pas  d'appareil 
à  grille  creuse  et  dont  les  conduits  avaient  été  raccordés,  comme  je  viens  de 
le  dire,  de  manière  à  éviter  autant  que  possible  les  tourbillonnements  et  les 
pertes  de  force  vive,  a  évacué  de  iaoo  à  i3oo  mètres  cubes  d'air  par  heure 
avec  une  consommation  de  8kil,26  de  bois  par  heure. 

»  La  seconde,  dont  l'entrée  était  en  partie  obstruée  par  un  appareil  à 
grille  creuse  et  qui  était  moins  bien  disposée  à  l'intérieur,  n'a  évacué  que 
835  mètres  cubes  d'air  par  heure  avec  une  consommation  de  8kl1,  88  de  bois 
par  heure. 

»  L'excès  de  la  température  dans  la  cheminée  sur  la  température  exté- 
rieure était  d'ailleurs  peu  différent  dans  les  deux  cas  et  même  inférieur  dans 
le  premier. 


(  -9) 

»  Le  volume  d'air  nouveau  introduit  par  la  bouche  de  chaleur  de  l'ap- 
pareil à  grill e  de  la  seconde  cheminée  n'a  été  que  de  19  mètres  cubes  par 
heure  ou  -~  du  volume  total  évacué  par  cette  cheminée,  et  sa  température 
à  la  sortie  de  la  bouche  était  de  i32°. 

»  Quantité  de  chaleur  communiquée  à  l'air  par  la  combustion  du  bois.  — 
Connaissant  le  volume  d'air  appelé  par  la  cheminée,  sa  température  initiale 
et  celle  qu'il  avait  acquise,  il  a  été  facile  de  calculer,  dans  chaque  cas,  le 
nombre  d'unités  de  chaleur  qui  lui  avaient  été  communiquées,  et  qu'il  avait 
emportées  sans  utilité  pour  le  chauffage  de  l'appartement. 

»   Ces  quantités  de  chaleur  ont  été  : 

Dans   la  cheminée    sans   appareil   à    grille   \  le  19  mars...      3279  calories, 
d'introduction  d'air  nouveau Me  12  avril.  .  .      4 '9'         " 

Moyenne. . .      3y35        » 
Dans  la  cheminée  avec  appareil  ù  grille,  le  4  juin 2796        » 

»  On  voit  par  ces  nombres  que  la  cheminée  ouverte  a  utilisé  pour  la 
ventilation  toute  la  chaleur  qu'a  développée  le  bois,  et  qui  pour  le  bois  bien 
sec  est  d'environ  36oo  calories. 

»  La  cheminée  avec  appareil  à  grille  de  circulation  d'air  nouveau,  offrant 
une  assez  grande  surface  de  dispersion  de  la  chaleur,  a  donné  un  résultat 
moins  favorable.  11  y  a  lieu  cependant  de  croire  que,  dans  un  chauffage  con- 
tinué plus  longtemps,  les  masses  voisines  de  maçonnerie  peu  conductrices 
étant  parvenues  à  une  température  normale,  l'utilisation  delà  chaleur  s'ap- 
procherait de  la  valeur  obtenue  avec  la  première  cheminée. 

»  Chaujjcuje  à  la  houille.  —  Des  expériences  analogues  aux  précédentes 
ont  été  exécutées  dans  la  cheminée  sans  grille  creuse,  en  y  brûlant  de  la 
houille  sur  une  grille,  dont  on  a  fait  varier  la  disposition,  afin  d'obtenir  les 
résultats  les  plus  favorables  au  point  de  vue  de  la  ventilation.  Sans  en 
reproduire  les  résultats  en  détail,  je  me  bornerai  à  en  signaler  les  consé- 
quences principales. 

»  La  plus  importante  c'est  que,  à  l'aide  d'une  cheminée  ordinaire  d'ap- 
partement des  proportions  en  usage  dans  les  constructions  actuelles,  on 
peut  augmenter  la  ventilation  naturelle  de  3oo  mètres  cubes  d'air  par  kilo- 
gramme de  houille  brûlée,  et,  comme  on  peut  facilement  y  brûler  L\  kilo- 
grammes de  houille  par  heure,  il  s'ensuit  que  le  volume  d'air  qu'une  sem- 
blable cheminée  d'appartement  est  susceptible  d'évacuer,  peut  être  élevé 
à  1200  mètres  cubes  au  moins  par  heure.  L'expérience  montre  aussi  que 
la  quantité  de  chaleur  emportée  par  l'air  évacué  s'élève  à  6000  ou  65oo  uni- 

3.. 


(   ™   ) 
tés  par  kilogramme  de  charbon  brûlé,  c'est-à-dire  aux  ^  au  moins  de  la 
chaleur  totale  développée  par  le  combustible. 

»  Emploi  du  gaz  d'éclairage  pour  activer  la  ventilation  dans  les  appartements. 
—  Si  l'usage  d'un  foyer  alimenté  par  le  bois  ou  par  la  houille  produit  dans 
une  cheminée  ordinaire  un  appel  énergique,  il  serait  la  plupart  du  temps 
difficile  d'y  recourir  pour  assurer  la  ventilation  d'appartements  dont  on  vou- 
drait empêcher  la  température  de  s'élever;  on  pourrait  cependant  y  parve- 
nir à  l'aide  de  dispositions  convenables.  Mais  il  est  évident  qu'il  est  facile 
de  remplacer  ces  combustibles  par  le  gaz  que  l'on  peut,  à  l'aide  de  tuyaux 
d'un  petit  volume,  faire  brûler  dans  l'intérieur  de  la  cheminée,  sans  que  la 
flamme  soit  apparente  et  répande  ni  chaleur  ni  odeur  à  l'intérieur. 

»  Expériences  sur  les  effets  de  ventilation  produits  dans  une  cheminée  d'appar- 
tement par  la  combustion  du  gaz.  —  Pour  réaliser  des  expériences  directes  sur 
la  ventilation  d'un  appartement  an  moyen  de  la  combustion  du  gaz,  j'ai 
fait  disposer  dans  la  cheminée  où  ont  été  faites  les  expériences  précédentes 
un  conduit  de  forme  rectangulaire  de  om,265  de  longueur  sur  om,io  de  lar- 
geur, communiquant  avec  un  tuyau  de  conduite  du  gaz  d'éclairage.  Cent 
six  trous  ont  été  percés  dans  ce  tuyau. 

»  Un  compteur  établi  sur  le  conduit  d'arrivée  indiquait  le  volume  du  gaz 
consommé,  lequel  était  d'ailleurs  assez  régulier,  Des  thermomètres  placés  à 
l'extérieur  et  à  l'intérieur  du  cabinet  donnaient  les  températures.  Quant  à 
celle  de  l'air  qui  passait  par  la  cheminée,  elle  était  a  l'arrivée  la  même  que 
dans  le  cabinet,  et  au-dessus  du  tuyau  à  gaz  elle  était  indiquée  par  un  ther- 
momètre particulier. 


nAPPORT 

VOLUME 

AC- 

nomun E 

NOMBRE 

de 

VITESSE 

TEMPÉRATURES 

d'air 

CROIS- 

d'unités 

d'unités 

la  densité 

de  l'air 

appelé 

SEMENT 

de 

VOLL'ME 

de 

de 

dans 

VALEUR 

par 

de 

chaleur 

du     gaZ 

chaleur 

évacué 

l'air  du 

le  con- 

de 

DATES. 

nrrÉRiEURE. 

la  che- 

tempé- 

reçues 

brûlé 

déve- 

par 

cabinet   à 

duit  de 

tf=T. 

1  X1L- 

minée 

rature 

par  1  air 

en 

loppées 

mètre 

celle 

la  che- 

,   — 

— 

en 

éprou- 

(olal 

i  iieure. 

par 

cube 

de  l'air 

minée 

RiEilitE 

Ca- 
binet. 

Cbe- 
raiiiée. 

l  heure 
Total. 

vé    par 
l'air. 

évacué ■ 

mètre 

culie  de 

gaz. 

de  gaz. 

de  la 
chemi- 
née. 

V. 

1802. 

calories 

roc 

calor. 

430,9 

1,171 

3,8i 

7,28 

i8  Avril. 

i5 

18 

es 

1026 

5o 

14796 

2,"38i 

Ô2l4 

3oo,3 

1  ,226 

4,63 

8,06 

21    Avril. 

20 

»9 

85 

iiSo 

66 

22386 

3,93 

5722 

281,2 

1  ,222 

4,39 

7,8i 

2)    Avril. 

12 ,5 

20 

55 

1 1^5 

35 

SOQ46 

4,00 

5*38 

I  ,222 

4,64 

8,12 

i  \  Juin. 

■4 

20 

85 

1 190 

M< 

jyenne. 

5758 

(    «M     ) 

»  Observations  sur  l'introduction  de  l'air  nouveau.  — -  Dans  l'expérience 
faite  le  i/\  juin,  le  volume  d'air  écoulé  par  la  cheminée  a  été  trouvé  égal  à 
[  190  mètres  cubes  par  heure,  et  en  même  temps  le  volume  introduit  dans  le 
cabinet  par  la  bouche  de  chaleur  qui  amenait  l'air  frais  des  caves  à  travers 
le  calorifère  était  de  3o4  mètres  cubes  par  heure.  Cet  air  nouveau  était 
conduit  près  du  plafond  par  un  tuyau  de  om,3o  de  diamètre,  et  l'on  à 
ainsi  réalisé  l'introduction  de  l'air  près  du  plafond  et  l'extraction  près  du 
plancher. 

»  L'air  extérieur  étant  à  la  température  de  18  à  icf,  celui  qui  affluait  des 
caves  était  à  i6°,5  ou  170. 

»  La  température  du  cabinet  a  été  maintenue  à  19011  200,  tandis  qu'une 
pièce  voisine  à  la  même  exposition  était  à  la  température  de  21  à  220.  Ainsi 
l'introduction  de  l'air  frais  venant  des  caves  a  fait  maintenir  la  température 
du  cabinet  à  20  environ  au-dessous  de  celle  de  la  pièce  voisine. 

»  Le  volume  d'air  évacué  par  la  cheminée  étant  de  1 190  mètres  cubes 
par  heure,  tandis  que  la  bouche  de  chaleur  n'en  fournissait  que  3o4  mè- 
tres cubes,  le  reste  ou  886  mètres  cubes  entraient  par  les  joints  des  portes 
et  des  fenêtres.  Il  est  évident  que,  si  plusieurs  autres  ouvertures  avaient 
été  ménagées  et  mises  en  communication  directe  avec  les  caves,  on  aurait 
pu  aspirer  par  ces  ouvertures  la  presque  totalité  de  l'air  évacué  par  la  che- 
minée et  faire  de  même  arriver  cet  air  frais  au  plafond. 

»  Deuxième  série  d'expériences  sur  les  effets  de  ventilation  produits  par  là 
combustion  du  gaz  d  éclairage.  —  Du  18  août  au  11  septembre  1862  on  a 
exécuté  dans  la  même  cheminée  une  deuxième  série  d'expériences,  dans 
laquelle  on  a  fait  varier  entre  des  limites  très-étendues  les  volumes  de  gaz 
consommé. 

»  Le  18  août  on  a  cherché,  par  une  expérience  préalable,  à  déterminer 
quel  était  le  volume  d'air  évacué  par  la  seule  action  de  la  ventilation  natu- 
relle, et  on  a  trouvé  que,  par  une  température  extérieure  de  i9°,4  et  une 
température  intérieure  de  200,  elle  était  de  igo  mètres  cubes  par  heure. 

»  La  différence  entre  les  températures  extérieure  et  intérieure  ayant  peu 
varié  pendant  ces  expériences,  on  a  pu  admettre,  au  moins  comme  approxi- 
mation, que  la  ventilation  naturelle  a  été  à  peu  près  le  même  pendant  leur 
durée. 


(  22  ) 


Deuxième  série  d'expériences  sur  les  effets  de  ventilation  produits  pur  la  combustion 

ilu   %az  d'éclaitase. 


NOMBRE 

RAPPORT 

TE M PEU AT U 

I1ES 

VOLUME    Ii'aIR 

appelé 

par  la  chemin,  c 

en  l  heure. 

ACCROIS- 
SEMEM 

de 
lecipéra- 

VOLUME 

du  gaz 

d'unités 

de 

ebalear 

utili- 

VOLUME 

d'air 

évacué 

par 

des 

densités 

de  fair 

de  la 

VALEUR 

de  la 

vitesse 

VALEUR 

v\ 

DATES 

INTEliIEriiE. 

^ 

lure 

l.r.ilu 

sées 

cheminée 

diins 

EXTÉ- 
RIEURE. 

Caliinet 

Clic- 

mînéo 

Total. 

Il  11  a 
l'action 

iJu  ^'az 

éprouvé 

par  l'air 

t  —  T 

[jar 
lieure. 

;■  ir 

mètre 

cube 
de  fïaz 

ni  lie 

il-    .'.'!/, 

brûlé 

a  celle 
de  l'air 

du 
cabinet 

le 
conduit 

V'-T 

brûlé. 

1862. 

0 

0 

me 

me 

0 

roc 

cal 

me 

1 

2$  août. 

16 

20 

26 

585 

394 

10,0 

0,2lS 

4^03 

181S 

0,980 

<l93 

3,iG 

2 

19  août. 

17,5 

I<),3 

28 

793 

602 

1 1 ,5 

0,333 

5647 

1S08 

0,97° 

2,65 

3,/,5 

3 

5  sept . 

•7 

l8,5 

-13 

7/8 

587 

28,0 

0,967 

565g 

607 

0,900 

2,7Q 

5,29 

4 

6  sept. 

'7-;:> 

20 

GG 

ioG5 

S7'i 

48,25 

2,636 

46o3 

332 

0,864 

3,rj5 

6,97 

î  sol  ' 

1 5 

'9 

55 , 5 

9G2 

77' 

45,5o 

2,000 

4,!>3 

3S5 

o,8S9 

3,4G 

6,74 

6 

4  sept. 

iS 

'9 

G5 

io3G 

S.'|5 

47,00 

2,500 

4583 

3;S 

0,866 

3,84 

6,86 

G  sept. 

'-.:'' 

50 

75 

1094 

go3 

57,25 

3,000 

4836 

3oi 

o,S.lo 

/,,,. 6 

7,58 

S 

1 1  sept 

iS 

>9,5 

79,5 

1129 

938 

61 ,5o 

3,478 

5',53 

2C9 

o,835 

4,3', 

7,85 

»  Représentation  r/rapliique  des  résultats  des  expériences.  —  Si  l'on  prend  pour 
abscisses  les  volumes  de  gaz  brûlés  par  heure,  et  pour  ordonnées  les  vo- 
lumes d'air  évacués  par  l'action  du  gaz,  on  obtient  une  série  de  points 
dont  le  lieu  parait  être  une  courbe  de  forme  hyperbolique  ayant  pour  asym- 
ptotes les  axes  coordonnés,  mais  cette  courbe  n'est  pas  une  byperbole  équi- 
latère  [fig.  a). 

Fig.  a. 


(    23    ) 

»  Sa  forme  générale  indique  avec  évidence  que  les  volumes  d'air  évacué 
par  mètre  cube  de  gaz  brûlé  sont  d'autant  plus  considérables  que  les  vo- 
lumes de  gaz  brûlé  sont  moindres,  ce  qui  montre  l'avantage  que  présente 
au  point  de  vue  de  l'économie  l'emploi  des  températures  modérées. 

»  Enfin  si  l'on  prend  pour  abscisses  les  volumes  de  gaz  bridés  par  heure, 
et  pour  ordonnées  l'excès  t  —  T  de  la  température,  dans  le  conduit  sur  la 
température  extérieure,  on  obtient  une  courbe  dont  la  concavité  est  tour- 
née vers  la  ligne  des  abscisses,  ce  qui  prouve  que  ces  excès  de  tempéra- 
ture croissent  moins  rapidement  que  les  volumes  de  gaz  brûlés,  et  comme 
les  volumes  d'air  évacués  ne  croissent  tout  au  plus  que  proportionnellement 
aux  racines  carrées  de  t  —  T,  il  s'ensuit  encore  que  les  effets  de  ventilation 
sont  bien  loin  de  croître  proportionnellement  à  ces  excès  de  température  et 
aux  consommations  de  gaz,  ce  qui  est  tout  à  fait  conforme  aux  indications 
de  la  théorie. 

»  Quantité  de  chaleur  utilisée  par  mètre  cube  de  gaz  brûlé.  —  En  cal- 
culant comme  nous  l'avons  fait  pour  le  bois  et  pour  la  houille  la  quan- 
tité de  chaleur  communiquée  à  l'air  par  le  gaz  brûlé,  nous  avons  pu 
en  déduire  le  nombre  d'unités  de  chaleur  qui  ont  été  emportées  par  l'air, 
et  qui  par  conséquent  peuvent  être  regardées  comme  utilisées  pour  la 
ventilation. 

»  La  difficulté  de  déterminer  avec  exactitude  le  température  est  assez 
grande  et  exige  des  précautions  spéciales.  Aussi  les  résultats  ne  sont-ils 
pas  exempts  de  toute  incertitude. 

»  Je  reproduis  à  part  ceux  qu'ont  fournis  les  deux  séries  d'expériences  : 

PREMIÈRE    SÉRIE. 

Dates.  Otiantité  de  chaleur  utilisée  par  mètre  cube  île  gaz  brûle. 

18  Avril : (1214 

2 1    Avril 5712 

?-4  Avril 5238 

Moyenne. .  .     5^58 

»  Les  observations  de  la  deuxième  série  où  l'on  a  pu  déterminer  plus 
exactement  la  température  moyenne  dans  la  cheminée,  ont  fourni  les  résul- 
tats suivants: 


(    24 


DEUXIEME    SEK1E. 

Le  28   Août,  quantité  de  chaleur  utilisée  par  mètre  cube  de  gaz  brûlé. 

28  Août 45  jo8  calories. 

te)  Août 5647 

5  Septembre 565g 

6  Septembre 4^°3 

4  Septembre 449^ 

4  Septembre 4^83 

6  Septembre 4$36 

i  t    Septembre 5453 

Moyenne.  .  .      497^ 

»  Les  valeurs  des  quantités  de  chaleur  communiquées  à  l'air  évacué  par 
mètre  cube  de  g*az  brûlé  sont  notablement  inférieures  dans  cette  deuxième 
série  à  celles  qui  ont  été  trouvées  dans  la  première.  Mais  il  faut  aussi  obser- 
ver que  dans  cette  deuxième  série  les  expériences  ont  été  moins  prolongées 
que  dans  la  première,  et  que  les  quantités  de  chaleur  absorbées  parles  parois 
de  la  cheminée  y  ont  été  nécessairement  plus  grandes  à  proportion.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  résulte  de  cet  ensemble  d'observations  que  la  quantité  de 
chaleur  que  l'on  peut  communiquer  à  l'air  dans  une  cheminée  par  mètre 
cube  de  gaz  brûlé  s'élève  en  moyenne  à  plus  de  5ooo  calories,  c'est-à-dire 
aux  |  de  celle  que  développe  le  gaz  par  sa  combustion.  Cette  donnée  d'ex- 
périence pourra  servir  pour  la  solution  des  questions  d'application. 

■>  Observations  relatives  nu  chaujjage  par  les  cheminées.  —  Si  les  expériences 
précédentes  mettent  en  évidence  les  effets  puissants  de  ventilation  que  pro- 
duisent naturellement  les  cheminées  et  le  parti  que  l'on  peut  en  tirer  pour 
l'assainissement  des  lieux  habités,  elles  expliquent  en  même  temps  com- 
ment pour  le  chauffage  elles  sont  un  moyen  si  peu  économique. 

»  La  presque  totalité  de  la  chaleur  développée  par  les  combustibles  étant, 
comme  on  vient  de  le  voir,  emportée  par  l'air,  l'échaufiement  des  apparte- 
ments n'est  produit  que  par  le  rayonnement,  qui  n'a  lieu  que  par  une  ou 
deux  des  faces  de  l'espace  qui  contient  le  combustible. 

»  D'une  autre  part,  si  l'appel  énergique  d'air  extérieur  que  produit  une 
cheminée  est  favorable  à  la  ventilation,  l'introduction  de  cet  air  froid  par 
les  joints  des  portes  et  des  fenêtres  et  par  leur  ouverture  momentanée  est 
une  cause  incessante  de  refroidissement,  et  l'on  sait  qu'elle  est  parfois  fort 
désagréable. 


(  *5  ) 

»  Au  point  de  vue  du  chauffage,  il  convient  donc  de  restreindre  le  vo- 
lume d'air  appelé  de  l'extérieur  par  la  cheminée  à  ce  qui  est  nécessaire 
pour  en  assurer  la  marche  stable  et  régulière,  et  d'utiliser  une  partie  de  la 
chaleur  développée  par  le  combustible  pour  introduire  dans  les  apparte- 
ments le  plus  grand  volume  possible  clair  chaud,  en  évitant  cependant  cpie 
la  température  de  cet  air  soit  aussi  élevée  que  celle  que  déterminent  habi- 
tuellement la  plupart  des  appareils  en  usage.  Sous  ce  rapport,  l'emploi  des 
calorifères  généraux  qui  versent  dans  les  vestibules,  dans  les  escaliers  et 
dans  une  partie  des  pièces  d'un  édifice,  une  grande  quantité  d'air  qui  se 
mêle  à  l'air  extérieur,  sera  toujours  un  auxiliaire  utile  du  chauffage  et  de  la 
ventilation,  en  introduisant  dans  l'intérieur  des  appartements  de  l'air  mo- 
dérément chauffé. 

»  Vérification  des  formules  théoriques  par  les  résultats  des  séries  d'expé- 
riences précédentes.  —  Les  diverses  séries  d'expériences  sur  les  effets  de  ven- 
tilation produits  par  la  consommation  de  quantités  données  de  bois,  de 
houille  ou  de  gaz,  outre  l'utilité  qu'elles  peuvent- avoir  pour  la  pratique, 
nous  fournissent  une  vérification  remarquable  des  formules  auxquelles  la 
théorie  nous  a  conduit.  C'est  ce  que  nous  allons  chercher  à  montrer  en 
rapprochant  les  uns  des  autres  les  résultats  qu'elles  ont  donnés. 

»  Mais  auparavant  il  convient  de  rappeler  qu'après  les  premières  expé- 
riences faites  sur  cette  cheminée  j'en  avais  fait  modifier  la  construction  inté- 
rieure. La  partie  que  l'on  nomme  la  hotte,  rétrécie  à  sa  base  de  manière  à 
n'avoir  que  les  dimensions  des  passages  d'accès  de  l'air,  avait  été  réguliè- 
rement raccordée  avec  le  conduit  proprement  dit,  de  sorte  que  l'air  n'é- 
prouvait point  de  contraction'  sensible  à  son  entrée,  et  que  le  rétrécissement 
graduel  des  sections  de  passage  ne  donnait  lieu  à  aucune  perte  de  force 
vive.  Il  résultait  de  ces  nouvelles  dispositions  que  dans  la  formule  qui  donne 
la  vitesse  de  l'air  à  la  température  t  du  conduit  et  qui  est 


U  = 


le  terme  (- i]    disparaissait,   et  que  le   terme — —  étant   à  peu  près 

égal  à  l'unité,  par  suite  de  la  suppression  du  mitron  elle  devenait  pour  cette 
cheminée  modifiée,  en  faisant  a  g- =19,62,  rt  =  o,oo3665  H  =  19™, 85 

C.  R.,  i863,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N*>  l.)  4 


1 

aff«H(r— T) 

i  +«T 

\m,A,y 
;pit      pf 

niip    1p    tprnip  ( 

et  T  =  20°, 


(  *6) 


U  =  o,473\/<-T, 


en  attribuant  àT  une  valeur  moyenne  égale  à  200,  ce  qui  du  reste  influe 
peu  sur  les  résultats.  Or  si  nous  réunissons  les  expériences  faites  .en  brû- 
lant du  bois,  de  la  bouille  ou  du  gaz,  en  mettant  en  regard  les  tempéra- 
tures et  les  vitesses  observées,  nous  pouvons  en  former  le  tableau  suivant  : 


Comparaison  des  différences  t  —  T  des  températures  et  des  vitesses  U  déduites 

de  l'observation. 


TEMPÉRATUUES 

EXCÈS    MOTEUIt 

VALEURS 

VITESSE   U 

COHBUSTIBLL 

des 

do 

dans  le  conduit 

employé. 

T 

t 

températures 

y/F-T. 

de 

extérieure. 

dans  la  conduite 
do  la  cheminée. 

£  — T. 

la  cheminée. 

0 
i5 

8 

0 
9" 
.07 

u 

75 
99 

8,66 
9)9J 

m 
5,04 

5,57 

■  5 

102 

87 

9,32 

4,78 

1        l5 

88 

73 

8,54 

4,6l 

t         i5 
i5 

80 
129 

65 
114 

8,06 
10,68 

5,o3 

5,i6 

i5 

i43 

128 

11 ,3i 

5,53 

i8,5 

42 

ï3,5 

4,86 

2,58 

,5 

68 

53 

7,28 

3,84 

Gaz  (irc  série) , 

20 

22,5 

85 
85 

65 
62,5 

8,06 
7,81 

4,63 
4,3g 

•9 

85 

66 

8,12 

4,64 

i5,5 

23 

8,5 

2>92 

i,85 

16 

26 

10 

3,l6 

>)92 

17,5 

29 

ii,5 

3,45 

2,65 

'7 

45 

28 

5,29 

2,72 

■7>75 

56 

48,25 

6,97 

3,95 

i5 

55,5 

4o,5 

6,37 

3,46 

18 

65 

47 

6,86 

3,84 

■7>75 

75 

57,25 

7,58 

4,16 

18 

79. 5 

61,5 

7,85 

4,34 

»  Représentation  graphique  générale  des  résultats  des  expériences  faites  dans  le 
cabinet  de  la  direction  du  Conservatoire  en  brûlant  du  bois,  de  la  houille  ou  du 
gaz(fig.  b).  —  Si   maintenant  nous  prenons  les  valeurs  de  \jt  —  1  pour 


(    27    ) 
Fig.  b. 


abscisses,  et  celles  des  vitesses  U  de  l'air  à  la  température  t  dans  le  conduit 
de  la  cheminée  pour  ordonnées,  et  que  nous  désignions  par  les  lettres  b 
(le  bois),  h  (la  houille),  g  (le  gaz),  les  points  qui  appartiennent  à  ces 
diverses  séries  d'expériences,  nous  trouverons  que  tous  les  points  ainsi 
déterminés,  malgré  quelques  anomalies  inévitables  dans  des  phénomènes 
influencés  par  les  moindres  variations  de  température,  sont  à  très-peu  près 
situés  sur  une  même  ligne  droite  passant  par  l'origine,  et  dont  l'équation 
serait 

U  =  o,54V«-T, 

tandis  que  la  formule  théorique  nous  donnerait 


U  =  o,47v'i-T. 

»  Cette  comparaison  montre  donc  l'exactitude  complète  de  cette  consé- 
quence de  la  théorie  que,  pour  une  même  température  extérieure  les 
vitesses  de  l'air  dans  les  cheminées  sont  proportionnelles  aux  racines  carrées 
de  l'excès  de  la  température  moyenne  intérieure  dans  la  cheminée  sur  cette 
température  extérieure. 

i°  Que  la  formule  théorique  fournit  des  résultats  inférieurs  dans  le  cas 
actuel  de  \  environ  à  ceux  de  l'expérience,  et  que  par  conséquent  dans 
les  calculs  d'établissement  elle  peut  être  employée  sans  crainte  d'erreur 
grave. 

4- 


(    28    ) 

»  Les  expériences  dont  je  viens  de  faire  connaître  les  résultats,  en  mon- 
trant la  puissance  des  effets  de  ventilation  que  l'on  peut  obtenir  par  l'em- 
ploi direct  des  combustibles  ordinaires  ou  du  gaz  d'éclairage,  peuvent  avoir 
pour  la  ventilation  des  lieux  habités  et  des  salles  de  réunion  momentanée 
des  applications  aussi  directes  que  nombreuses}  elles  sont  trop  faciles  à 
réaliser  pour  que  je  croie  utile  de  les  indiquer.    » 

RAPPORTS. 

Géodésie.  —  Rappoil  verbal  sur  le  Protocole  de  la  Conférence  géodésique 
tenue  à  Berlin  en  avril  1862  [Protocole  adressé  à  ( Académie  par  M.  le 
Ministre  d'Etat). 

(Rapporteur  M.  Faye.) 

<  M.  le  Ministre  d'État  a  adressé  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  i5  dé- 
cembre dernier,  une  communication  du  plus  haut  intérêt  sur  une  entre- 
prise scientifique  dont  on  s'occupe  actuellement  avec  ardeur  en  Allemagne. 
Il  s'agit  du  compte  rendu  de  la  Conférence  que  M.  le  général  Baeyer  a 
organisée  à  Berlin,  de  concert  avec  le  général  directeur  du  Dépôt  de  la 
Guerre  à  Vienne  et  avec  le  concours  de  savants  distingués  de  Saxe  et  d'Au- 
triche, à  l'effet  de. relier  dans  un  plan  d'ensemble  toutes  les  triangulations 
géodésiques  de  l'Allemagne  et  de  l'Italie.  Le  résultat  final  de  cette  vaste 
opération  serait  la  mesure  d'un  arc  de  méridien  égal  en  étendue  à  l'arc 
anglo-français  et  d'une  série  d'arcs  de  parallèles  échelonnés  sur  le  parcours 
de  cette  grande  méridienne.  Par  ces  parallèles,  les  triangulations  d'Angle- 
terre et  de  France  se  trouveraient  bientôt  rattachées  à  la  méridienne  russe, 
en  sorte  que  l'Europe  serait  couverte  d'un  immense  réseau  où  la  science 
puiserait  pour  ainsi  dire  à  pleines  mains  les  éléments  numériques  des  plus 
importantes  recherches,  tant  sur  la  figure  mathématique  du  globe  terrestre 
(pie  sur  les  irrégularités  locales  dont  cette  figure  porte  l'empreinte. 

»  Tel  est  en  quelques  mots  le  projet  dont  l'Académie  m'a  chargé  de  lui 
rendre  compte.  Son  importance  m'engage  à  vous  prier  de  me  permettre  de 
donner  à  mon  travail  un  peu  plus  d'étendue  que  n'en  comporte  d'ordinaire 
lia  Rapport  verbal.  Une  autre  circonstance  ajoute  encore  à  l'intérêt  de  la 
communication  de  M.  le  Ministre  d'État,  et  je  ne  sais  vraiment  s'il  serait 
convenable  de  passer  ici  sous  silence  un  fait  qui  prouve  que  la  France  n'a 
pas  abandonné  à  ses  émules  le  soin  de  ces  nobles  entreprises  :  c'est  la  coïn- 
cidence remarquable  de  la  réunion  de  Berlin  avec  les  études  que  le  Bureau 


(  »9) 
des  Longitudes  faisait  faire,  précisément  à  la  même  époque  (avril  186a), 
en  invoquant  l'indispensable  concours  du  Dépôt  de  la  Guerre,  pour  le  cou- 
ronnement du  réseau  français.  Cette  simultanéité  indique  assez  que  les 
questions  de  ce  genre,  si  souvent  débattues  dans  votre  sein  depuis  une 
douzaine  d'années  (i),  ont  pris  assez  de  consistance  et  d'opportunité  pour 
entrer  enfin  dans  le  domaine  de  l'exécution. 

»  Si  l'on  examine  la  situation  de  l'Allemagne  au  point  de  vue  de  ces 
grandes  entreprises  géodésiques  qui  ont  fait  tant  d'honneur  à  la  France 
d'abord,  puis  dans  ces  derniers  temps  à  l'Angleterre  et  à  la  Russie,  on 
trouve  que  sa  part  de  progrès  est  plutôt  théorique  que  pratique.  On  lui 
doit  une  précieuse  méthode  pour  la  détermination  exacte  des  latitudes,  la 
découverte  d'une  erreur  capitale  qui  entachait  les  anciennes  observations 
du  pendule,  une  foule  d'études  et  de  procédés  capables  d'élever  au  plus 
haut  point  la  précision  des  mesures,  et  surtout  l'application  la  plus  heu- 
reuse de  la  méthode  des  moindres  carrés  aux  calculs  géodésiques  ou  même 
aux  simples  mesures  cadastrales.  Mais  l'Allemagne  ne  se  dissimule  point 
que  son  vaste  territoire  n'offre  jusqu'ici  que  de  minces  ressources  pour 
l'étude  de  la  figure  de  la  Terre  :  dans  les  calculs  qu'exige  cette  étude,  les 
petits  arcs  méridiens  de  Hanovre  et  de  Prusse  s'évanouissent  pour  ainsi  dire 
devant  les  grands  arcs  anglais,  français,  indien  et  russe;  ils  n'ajoutent 
presque  rien  à  la  valeur  des  résultats. 

»  Néanmoins  l'Allemagne  possède  de  grandes  triangulations  réparties 
un  peu  au  hasard,  je  veux  dire  sans  idée  d'ensemble,  dans  toutes  les  parties 
de  la  Confédération  germanique.  Pour  leur  donner  une  valeur  scientifique, 
il  faudrait  réviser  ces  triangulations,  les  relier  entre  elles,  les  compléter  par 
des  déterminations  astronomiques.  C'est  là  la  pensée  que  M.  le  général 
Baeyer,  bien  connu  du  monde  savant  par  sa  belle  triangulation  des  côtes 
prussiennes,  vient  de  soumettre  à  l'Allemagne,  en  la  plaçant  sous  l'invoca- 
tion d'un  nom  qui  rallie  toutes  les  sympathies,  le  nom  de  l'un  de  vos  plus 
illustres  Associés  étrangers,  M.  de  Humboldt.  Le  plan  du  général  prussien, 
immédiatement  accueilli  par  la  Saxe  et  l'Autriche,  a  donné  naissance  à  une 
sorte  d'association  géodésique  allemande  qui  s'est  constituée  à  Berlin  dans 
une  première  conférence  dont  M.  le  Ministre  d'État  vous  a  adressé  le  proto- 
cole autographié.  Je  laisse  de  côté  les  importants  Mémoires  de  M.  le  général 


(i)  Voir  la  Lettre  du  général  Blondel,  directeur  du  Dépôt  de  la  Guerre,  à  M.  Arago,  dan? 
la  séance  du  3  janvier  i853,   Comptes  rendus,  t.  XXXVI,  p.  29. 


(  3o  ) 
Baeyer,  parce  qu'ils  sont  dans  le  domaine  public  ;  mais  je  dois  appeler  toute 
votre  attention  sur  les  séances  de  la  Commission. 

»  Cette  Commission ,  composée  du  général  Baeyer,  à  qui  la  prési- 
dence a  été  naturellement  dévolue,  de  M.  le  général  de  Fligely,  directeur 
du  Dépôt  de  la  Guerre  à  Vienne,  et  de  plusieurs  savants  éminents  de  Saxe 
et  d'Autriche,  s'est  réunie  à  Berlin  en  avril  dernier.  Voici  l'analyse  succincte 
de  son  protocole. 

»  Après  avoir  examiné  avec  soin  la  valeur  de  toutes  les  triangulations 
existantes  au  moyen  d'un  critérium  posé  d'avance,  on  a  reconnu  qu'à 
l'exception  de  celles  de  Bohème  et  de  Saxe  elles  pouvaient  être  utilisées 
pour  la  formation  d'un  grand  réseau  couvrant  la  partie  moyenne  de  l'Eu- 
rope depuis  le  parallèle  de  Christiania  ou  d'Upsal  jusqu'à  celui  de  Païenne. 
Il  resterait  donc  à  refaire  les  parties  vicieuses  où  l'erreur  de  la  somme  des 
trois  angles  de  chaque  triangle  dépasse  habituellement  3"  et  à  joindre  entre 
eux  les  réseaux  de  Prusse,  de  Saxe  et  d'Autriche. 

»  De  même  les  chaînes  de  triangles  dans  les  provinces  italiennes,  en 
Lombardie  et  dans  les  États  de  l'Église  sont  bonnes;  il  faudrait  seulement 
reprendre  les  triangles  de  jonction  avec  les  deux  chaînes  latérales  qui  bor- 
dent les  côtes  de  Toscane  et  des  Marches,  afin  de  remplacer  un  certain 
nombre  d'anciens  triangles  mal  conditionnés.  On  s'est  assuré  qu'en  Alle- 
magne les  opérations  de  jonction  n'éprouveront  aucune  difficulté  sérieuse. 
Les  longitudes  seront  déterminées  à  l'aide  du  télégraphe  électrique;  les 
bases  nouvelles  seront  mesurées  avec  l'appareil  de  Bessel;  l'unité  linéaire 
adoptée  pour  toutes  les  mesures  et  tous  les  calculs  sera  la  toise  du  Pérou, 
dont  l'Allemagne  et  la  Russie  possèdent  fort  heureusement  des  copies 
authentiques.  On  établira  d'ailleurs  autant  de  stations  astronomiques  qu'il 
en  faudra  pour  étudier  les  anomalies  locales,  car  les  promoteurs  de  cette 
grande  entreprise  s'attacheront  d'une  manière  spéciale  à  cette  étude  si  sou- 
vent recommandée  dans  cette  enceinte  par  les  voix  les  plus  autorisées. 
L'Académie  apprendra,  je  pense,  avec  plaisir  que  l'Union  Géodésique  alle- 
mande s'est  inspirée  d'une  idée  toute  française  en  décidant  que  de  nom- 
breuses observations  du  pendule  seraient  faites  dans  ces  diverses  stations.  Le 
général  Baeyer  n'a  pas  manqué  en  effet  de  rendre  hommage  à  la  France  (i) 
pour  ses  nombreuses  expéditions  nautiques  destinées  en  partie  à  porter  le 
pendule  dansl'hémisphère  austral,  depuis  celle  de  La peyrouse  jusqu'à  celles 
de  Freycinet  et  de  Duperrey,  et  pour  les  travaux  analogues  que  le  Bureau 


(i)  Dans  un  de  ses  Mémoires  également  adressés  à  l'Académie  par  M.  le  Ministre  d'État. 


(  3i  ) 
des  Longitudes  a  fait  exécuter  sur  notre  réseau  géodésique  depuis  les  îles 
Shetland  jusqu'à  Formentera,  et  depuis  l'océan  Atlantique  jusqu'aux  rives 
de  l'Adriatique.  Cette  décision  comblera  ainsi  une  lacune  regrettable  qui 
n'est  pas  particulière  à  la  géodésie  de  l'Allemagne,  car  on  la  retrouve  par- 
tout, sauf  en  France  et  en  Angleterre.  La  Commission  ne  semble  d'ailleurs 
faire  aucun  doute  que  le  plan  arrêté  par  elle  ne  reçoive  bientôt  la  sanction 
des  gouvernements  intéressés,  en  Allemagne  du  moins. 

»  Tel  est  le  résumé  succinct  que  j'avais  d'abord  à  vous  soumettre.  Mais  ce 
qui  frappe  le  plus  à  la  lecture  de  ce  protocole,  c'est,  après  la  grandeur  du 
plan  lui-même,  la  volonté  exprimée  d'introduire  dans  toutes  les  parties  du 
travail  une  complète  uniformité  de  méthodes,  soit  pour  l'observation,  soit 
pour  le  calcul  (i).  Cette  uniformité,  facile  à  obtenir  dans  la  France  unitaire, 
n'est  pas  chose  aussi  simple  en  Allemagne.  Il  y  a  plus  :  en  adressant  ce  pro- 
tocole à  notre  Gouvernement,  le  général  Baeyer  semble  nous  convier  à  éta- 
blir entre  nos  projets  et  les  siens  une  concordance  d'autant  plus  désirable 
que  ces  deux  projets  sont  en  réalilé  solidaires.  La  science  en  est  venue  à  ce 
point  qu'après  avoir  couvert  chaque  contrée  d'Europe  de  ses  triangulations 
elle  doit  s'attacher  désormais  à  les  relier  entre  elles.  Le  septième  parallèle  de 
l'Association  Géodésique  allemande  n'est  autre  chose  que  le  prolongement 
de  notre  parallèle  moyen;  celui  de  Vienne  à  Munich  est  notre  parallèle  de 
Brest  à  Strasbourg;  et  le  parallèle  de  Berlin  coïncide  à  peu  près  avec  cet 
immense  développement  de  triangles  par  lesquels  la  Bussie  et  l'Angleterre 
relient,  au  moment  où  je  parle,  les  côtes  d'Irlande  aux  bords  du  Volga,  et 
qu'on  nomme  déjà  le  grand  parallèle  européen. 

j>  Cette  conformité  de  vues  dont  se  préoccupe  l'Allemagne  ne  manquera 
donc  pas  d'être  appréciée  en  France;  nous  en  accueillerons  la  pensée  avec 
empressement,  et  tout  d'abord  je  demanderai  la  permission  d'appeler  votre 
attention  sur  une  dissidence  qu'un  examen  plus  approfondi  fera  aisément 
disparaître.  La  question  est  nouvelle,  je  crois,  pour  l'Académie;  elle  ne 
manquera  certes  pas  d'intérêt  pour  les  prochaines  conférences  de  Berlin.  Je 
veux  parler  des  anomalies  locales  et  de  la  manière  de  les  traiter.  Les  savants 
allemands  semblent  compter,  pour  cela,  sur  l'emploi  du  calcul  des  proba- 
bilités; nous,  nous  serions  disposés  à  compter  un  peu  plus  sur  l'expérience 
directe.  Or  dans  la  pratiqué  les  choses  changent  du  tout  au  tout  selon 
qu'on  se  place  à  l'un  ou  à  l'autre  point  de  vue.  Pour  le  premier,  il  suffit 
d'avoir  de  nombreuses  stations  astronomiques,  et  l'Allemagne  n'en  man- 

(i)  Sur  la  proposition  de  M.  deLittrow. 


(32  ) 
quera  pas;  pour  le  deuxième,  il  faut  de  plus  que  le  terrain  de  chaque  station 
ait  été  l'objet  d'un  nivellement  assez  détaillent  d'une  reconnaissance  géolo- 
gique jusqu'à  une  distance  plus  ou  moins  considérable,  a6n  que  le  calcula- 
teur puisse  déterminer  avec  précision  l'influence  exercée  par  le  relief  du  sol 
ambiant  sur  la  verticale  de  l'observateur. 

»  En  fait  d'attractions  locales,  il  convient  en  effet  de  distinguer  les  causes 
extérieures  ou  visibles  des  causes  internes  cachées  dans  l'épaisseur  de  l'é- 
corce  terrestre.  Les  premières  sont  les  masses  saillantes  isolées  de  toute  part, 
collines  ou  montagnes  détachées;  les  masses  allongées  en  forme  de  prismes 
indéfinis,  telles  que  les  chaînes  de  montagnes;  enfin  les  plateaux  élevés.  Elles 
dévient  le  fil  à  plomb  chacune  à  sa  manière,  et  influent,  diversement  aussi,  sur 
les  oscillations  du  pendule;  mais  la  déviation  imprimée  à  la  verticale  peut 
être  calculée,  aussi  bien  que  l'altération  produite  dans  l'intensité  de  la  pe- 
santeur, à  la  seule  condition  de  connaître  le  relief  du  sol  et  sa  densité  ap- 
prochée. Les  beaux  travaux  de  Y Ordnance  Survej,  qui  tient  lieu  en  An- 
gleterre de  notre  Dépôt  de  la  Guerre,  nous  ont  prouvé  tout  récemment  qu'il 
est  à  la  fois  possible  et  avantageux  d'introduire  dans  les  calculs  géodésiques 
les  corrections  dues  à  l'action  de  ces  causes  extérieures.  Un  tel  système  de 
corrections,  dont  les  astronomes  n'ont  pas  à  s'occuper  dans  leurs  observa- 
tions, devient  indispensable,  au  contraire,  quand  il  s'agit  d'étudier  à  l'aide 
de  la  géodésie  la  véritable  figure  de  la  Terre  et  les  accidents  de  cette  surface 
qui  dépendent  de  la  structure  géologique  de  l'écorce  terrestre.  Pour  que  le 
fil  à  plomb  ou  le  pendule  des  géodésiens  puissent  justifier  le  nom  d'instru- 
ments géognostiques  que  leur  ont  si  justement  donné  MM.  de  Humboldt 
et  Élie  de  Beaumont,  il  faut  d'abord  supprimer  dans  leurs  indications  ce  qui 
est  dû  à  l'action  des  causes  extérieures. 

»  Les  causes  internes  présentent,  en  effet,  au  même  point  de  vue,  des 
caractères  tout  semblables.  On  aura  affaire  à  des  masses  intérieures  invi- 
sibles, dont  la  nature  minéralogique  et  la  densité  tranchent  fortement  avec 
celles  des  couches  où  elles  ont  pénétré.  Ces  masses  auront  une  étendue  limi- 
tée en  tous  sens  comme  celles  de  certaines  roches  ignées  qui  ont  traversé  des 
terrains  anciens,  mais  que  recouvrent  des  couches  plus  récentes;  ou  bien  une 
disposition  linéaire,  telles  que  les  dykes  de  porphyre  ou  de  basalte  qui  ont 
rempli  des  failles  rectilignes  de  quelque  étendue;  ou  bien  encore  dévastes 
nappes  de  matières  épanchées  à  l'état  de  fusion  et  recouvrant  de  grands  es- 
paces horizontaux  d'une  couche  dont  l'épaisseur  est  à  peu  près  constante. 
Le  pendule  et  le  fil  à  plomb  peuvent  servir  à  distinguer  ces  divers  cas,  pourvu 
qu'on  possède  des  méthodes  d'observation  à  la  fois  précises  et  rapides.  La 


(  33  ) 

masse  perturbatrice  est-elle  de  figuie  limitée  en  tous  sens?  son  attraction,  assi- 
milable à  celle  d'une  sphère  à  partir  d'une  distance  suffisante,  décroîtra  tout 
autour,  à  peu  prés  comme  le  carré  de  la  distance.  Est-elle  allongée,  indéfinie 
dans  un  sens  seulement0  elle  agira  comme  un  prisme  on  plutôt  comme  un 
cvlindre  indéfini,  en  raison  inverse  de  la  simple  distance.  Est-elle  assimila- 
ble à  une  couche  plane  d'épaisseur  constante,  indéfinie  dans  tous  les  sens? 
son  action  sur  le  pendule  sera  indépendante  de  la  distance  comptée  vertica- 
lement au-dessus  de  cette  couche.  Ainsi  les  perturbations  dues  aux  acci- 
dents intérieurs  et  invisibles  sont  complètement  analogues  à  celles  que  pro- 
duisent les  accidents  du  relief  extérieur  ;  pour  tirer  quelque  renseignement 
utile  de  l'étude  des  anomalies  locales,  il  faut  donc  éliminer  d'abord  tout  ce 
qui  tombe  sous  nos  yeux,  sous  l'empire  de  nos  mesures  et  de  nos  calculs. 

»  La  géodésie  a  déjà  rencontré  dans  cette  voie  de  singulières  difficultés 
devant  lesquelles  de  grands  esprits  et  de  grandes  entreprises  sont  venus  se 
heurter.  Tels  sont  l'accroissement  peu  prévu  de  la  pesanteur  constaté  avec 
le  pendule  en  plein  Océan,  loin  des  côtes,  et  le  peu  d'action  de  certaines 
chaînes  de  montagnes  sur  le  fil  à  plomb.  Le  grand  arc  des  Indes,  par 
exemple,  aboutit  à  l'énorme  massif  de  l'Himalaya  sans  en  avoir  ressenti, 
pour  ainsi  dire,  l'influence  :  là  où  la  déviation  de  la  verticale  devait  être 
d'une  demi-minute,  les  opérations  géodésiques  n'accusent  rien.  Ce  sont  là 
des  problèmes  qu'il  s'agit  maintenant  d'aborder  ;  leur  heure  est  venue,  mais 
quand  on  en  considère  de  près  toute  la  difficulté,  on  conçoit  combien  une 
entente  commune  serait  utile  entre  tous  les  pays. 

»  S'il  m'était  permis  de  hasarder  au  sujet  de  cette  entente  nue  sorte  de 
critique,  je  représenterais  à  nos  savants  confrères  d'outre-Rhin  qu'il  y  aurait 
peut-être  quelque  chose  de  trop  particulier  à  l'Allemagne  s'ils  s'en  tenaient, 
pour  les  calculs,  aux  éléments  de  l'ellipsoïde  terrestre  déterminés  par  Bessel  ; 
pour  la  mesure  des  bases,  aux  seuls  appareils  de  Bessel;  pour  les  obser- 
vations astronomiques,  aux  seuls  instruments,  aux  seules  méthodes  con- 
çues ou  expérimentées  en  Allemagne.  Et  jusque  dans  le  choix  de  l'unité 
linéaire  recommandée  par  le  général  Baeyer,  avec  pleine  raison  d'ailleurs 
tant  qu'il  ne  s'agit  cpie  de  géodésie,  on  entrevoit  je  ne  sais  quelle  tendance 
hostile  au  système  métrique,  qui,  pour  avoir  été  réalisé  d'abord  en  France, 
à  une  époque  de  luttes  désastreuses  avec  l'Allemagne,  n'en  est  pas  moins 
le  système  cosmopolite  par  excellence  auquel  les  autres  nations  finiront 
par  se  rallier.  Sur  ce  point-là,  j'imagine,  M.  de  Humboldt  ne  se  fût  pas 
trouvé  d'accord  avec  le  savant  général. 

C.  R.,  .8*3    i«  Semestre.   (T.  LSI.    V  i.)  5 


(  34) 

»  Pour  terminer  cette  rapide  appréciation  de  l'opération  projetée  dans 
l'Europe  moyenne,  nous  ajouterons  qu'elle  répond  parfaitement  à  la  situa- 
tion actuelle  de  la  science.  L'énorme  méridienne  que  l'Empire  Russe  vient 
de  terminer  nous  apporte  de  nouveaux  et  précieux  éléments;  mais  on  peut 
dire  qu'elle  soulève  en  même  temps  des  difficultés  nouvelles  dont  la  solu- 
tion exige  à  son  tour  de  nouvelles  mesures.  Or  celles  que  l'Allemagne  va 
exécuter  sont  admirablement  placées  pour  y  répondre,  et  elles  offrent  de 
plus  cette  particularité  unique,  bien  précieuse  à  mon  avis,  qu'elles  com- 
prennent un  méridien  sur  lequel  l'hémisphère  austral  présente  une  excel- 
lente mesure  de  degré,  celle  des  Anglais  au  Cap  de  Bonne-Espérance. 

»  La  paix  actuelle  est  éminemment  favorable  à  ces  grandes  entreprises; 
l'entente  qu'elles  doivent  faire  naître  entre  les  hommes  de  science  des  pays 
voisins  et  les  corps  spéciaux  des  armées  européennes  ne  sera  pas  un  des  fruits 
les  moins  précieux  de  la  science  moderne,  car  il  est  vrai  de  dire,  avec  le 
général  Baeyer,  que  c'est  le  privilège  de  la  science  de  réunir  les  nations 
alors  même  que  les  passions  politiques  tendent  à  les  séparer. 

»  Je  m'empresse  donc  de  signaler  à  l'Académie  la  haute  valeur  de  la 
communication  dont  elle  m'a  confié  l'examen,  et  je  dépose  sur  le  bureau,  à 
titre  de  document  à  consulter,  la  traduction  que  j'ai  faite  du  protocole  de  la 
première  Conférence  de  Berlin,  tout  en  regrettant  que  certaines  convenances 
ne  me  permettent  pas  de  communiquer  également  à  l'Académie  le  pro- 
tocole des  séances  où  le  Bureau  des  Longitudes  s'est  attaché  à  formuler  le 
plan  de  l'achèvement  astronomique  de  la  géodésie  française.    » 

M.  Le  Verrier  présente,  à  la  suite  de  ce  Rapport,  quelques  remarques  de 
nature  à  le  compléter. 

«  Il  y  a  longtemps  déjà,  dit  M.  Le  Verrier,  qu'on  s'est  préoccupé  en 
France  de  la  nécessité  de  déterminer  avec  exactitude  les  coordonnées  astro- 
nomiques des  principaux  sommets  des  triangles  français,  afin  de  pouvoir 
les  comparer  aux  coordonnées  géodésiques. 

»  Dès  i85o,  le  Corps  Législatif  voulait  bien  ajouter  aux  lignes  télégraphi- 
ques, dont  la  construction  lui  était  proposée,  celle  de  Dunkerque.  Ce  déve- 
loppement était  donné  au  réseau,  sur  ma  proposition,  en  raison  des  avan- 
tages qu'on  en  retirerait  pour  la  détermination  de  la  longitude  de  l'une  des 
stations  extrêmes  de  la  grande  méridienne  de  France. 

»  Depuis  lors,  je  n'ai  omis  aucune  occasion  d'insister  sur  l'exécution  de 


B 


(35) 
cet  important  travail  des  longitudes,  soit  dans  diverses  conférences,   soit 
dans  mes  relations  avec  l'étranger,    soit  dans  mes  rapports  administratifs, 
surtout  à  l'occasion  du  voyage  et  des  propositions  de  M.  W.  Struve. 

»  En  i856,  dans  une  campagne  entreprise  en  commun  par  l'Observatoire 
impérial  et  les  officiers  du  Corps  d'État-Major,  la  longitude  de  Bourges  a  été 
déterminée.  Les  opérations  comportaient  un  procédé  particulier  d'enre- 
gistrement électro-chimique  des  observations  de  passages  méridiens,  procédé 
d'une  valeur  incontestable  :  s'il  n'a  point  été  mis  en  pratique  par  nous 
depuis  lors,  c'est  que  nous  voulions  étudier  successivement  les  diverses  mé- 
thodes et  les  amener  au  plus  grand  degré  de  simplicité.  Notre  travail  va 
être  publié. 

»  A  la  fin  de  1861,  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  pénétré 
de  l'utilité  de  ces  travaux,  nous  donna  l'ordre  de  les  reprendre  et  de  les 
poursuivre  sans  interruption  jusqu'à  leur  entier  achèvement.  La  campagne 
de   1862,  malgré  l'inclémence  du  temps,  a  été  utilisée. 

»  Nous  avons,  avec  M.  Yvon  Villarceau,  fait  une  étude  approfondie  des 
instruments  et  des  procédés  d'observation.  A  plusieurs  reprises  entre  autres, 
nous  avons  déterminé  la  différence  de  longitude  de  deux  points  de  l'Obser- 
vatoire dont  la  position  relative  était  naturellement  connue,  mais  en  opérant 
par  les  mêmes  procédés  et  à  l'aide  de  l'électricité,  exactement  comme  s'il 
s'était  agi  de  stations  éloignées  l'une  de  l'autre.  Il  en  est  résulté  un  contrôle 
d'une  haute  importance. 

»  La  longitude  du  clocher  du  Havre  a  été  obtenue,  au  moyen  d'obser- 
vations faites  dans  le  même  méridien  sur  le  coteau  d'Ingouville,  et  on  l'a 
rattachée  directement  à  celle  du  phare  delà  Hève,  dernière  station  géodé- 
sique  à  l'extrémité  de  cette  côte.  Les  résultats  de  ces  opérations  ont,  avec 
l'autorisation  du  Ministre,  été  communiqués  à  l'Académie. 

»  Très-prochainement,  j'aurai  l'honneur  de  lui  présenter  encore  une  dé- 
termination de  la  longitude  de  Dunkerque  faite  cet  automne  par  M.  Yvon 
Villarceau.  Cet  astronome,  dont  l'habileté  etla  précision  sont  bien  connues 
de  l'Académie,  ne  s'est  pas  du  reste  borné  à  cette  coordonnée  et  il  a  aussi 
observé  avec  le  plus  grand  soin  la  latitude  d'une  station  de  Delambre. 

»  L'Académie  a  pu  voir  par  l'identité  des  résultats  obtenus  dans  les 
diverses  soirées  pour  la  longitude  du  Havre,  et  elle  verra  de  nouveau  par  la 
concordance  remarquable  des  nouvelles  mesures  de  la  longitude  de  Dun- 
kerque, que  la  simplicité  de  nos  procédés  constitue,  pour  la  détermination 
des  longitudes,   une  méthode  qui  semble  véritablement  définitive. 

5.. 


(36) 

»  Ainsi  i;i  détermination  des  coordonnées  astronomiques  des  principaux 
points  géodésiques  est  aujourd'hui -en  cours  d'exécution,  et,  connue  je  l'ai 
dit.  elle  sera,  conformément  aux  instructions  du  Ministre,  poursuivie  sans 
relâche  jusqu'à  ce  que  nous  ayons  uns  entre  les  mains  des  géomètres  tous 
les  documents  dont  ils  peuvent  avoir  besoin  dans  les  discussions  relatives  à 
la  figure  du  globe.  Les  stations  principales  du  parallèle  moyen  sont  déjà 
choisies. 

»   Mais  qu'on  me  permette  une  réflexion,  avant  de  terminer. 

>-  Ce  serait  une  grande  erreur  que  de  croire  qu'il  faille  reprendre, 
je  ne  dis  pas  toutes  les  triangulations  françaises,  mais  peut-être  même  une 
partie  quelconque  d'entre  elles,  avant  de  les  avoir  soumises  à  une  contre- 
épreuve  qui  permette  de  reconnaître  les  points  où  une  vérification  devra 
èlre  laite,  s'il  y  a  lieu. 

»  Les  travaux  de  Méchain  et  de  Delambre,  et  après  eux  ceux  du  Corps 
(les  Ingénieurs-Géographes  et  du  Corps  d'Etat-Major,  ont  été  poursuivis  avec 
une  habileté  et  un  zèle  qui  font  de  la  géodésie  française  un  grand  monu- 
ment scientifique.  11  reste  sans  doute  à  conserver  ce  monument  en  lui  ap- 
pliquant les  perfectionnements  que  réclame  l'état  incessamment  progressif 
de  la  science,  mais  avec  réserve  et  intelligence. 

»  Le  contrôle  dont  nous  avons  parlé  consiste  essentiellement  dans  la  vé- 
rification de  ceux  des  résultats  géodésiques  qui  peuvent  être  empruntés 
à  un  autre  système  d'opérations.  Les  longitudes  et  les  latitudes,  après 
avoir  été  déduites  des  triangles,  peuvent  être  obtenues  d'une  manière  in- 
dépendante par  les  observations  astronomiques. 

..  Là  où  l'astronomie  et  la  géodésie  seront  d'accord,  on  doit  croire  qu'il 
ne  sera  point  nécessaire  de  reprendre  les  opérations  de  triangulation.  Tout 
au  plus  y  aurait-il  lieu  de  déterminer  à  nouveau  quelques  azimuts,  a  cause 
de  leur  influence  sur  les  positions  de  points  plus  éloignés. 

»  Dans  les  lieux  au  contraire  où  une  discordance  incontestable  se  mani- 
festera entre  les  déterminations  de  la  géodésie  et  celles  de  l'astronomie, 
une  étude  plus  approfondie  deviendra  nécessaire.  Néanmoins,  dans  ce  cas 
encore,  on  ne  pourra  point  affirmer  que  ce  soit  la  mesure  des  triangles  qui 
doive  être  reprise.  Les  discordances  seront  souvent  dues  aux  attractions 
locales,  et  ce  ne  sera  qu'après  avoir  répété  les  opérations  astronomiques 
dans  les  environs  des  lieux  suspects,  de  manière  à  reconnaître  si  les  discor- 
dances constatées  dépendent  ou  non  de  la  station  choisie,  qu'on  pourra 
prononcer   définitivement.    Alors,    et   seulement  alors,   il  sera  temps  de 


(  37  ) 
reprendre   les   opérations    trigonométriques    dont    la    nécessité    aura    été 
démontrée. 

»  Dans  tons  les  cas  on  aura  mis  non-seulement  la  géodésie,  mais  encore 
la  géologie  en  possession  de  documents  dont  notre  illustre  confrère,  M.  Élie 
de  Beaumont,  dans  une  conversation  récente,  voulait  bien  reconnaître 
l'importance  en  nous  donnant  ainsi  un  encouragement  pour  la  poursuite 
de  nos  travaux. 

»  Le  général  Baeyer  a  du  reste  reçu  de  l'Administration  française  l'assu- 
rance cpie  la  Conférence  des  géodésistes  et  astronomes  allemands  trouvera 
près  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris  tout  le  concours  qu'elle  voudra 
bien  réclamer;  et  j'en  ai  moi-même  informé  deux  de  ses  membres,  MM.  de 
Littrow  et  Rruhns,  directeurs  des  observatoires  de  Vienne  et  de  Leipsick.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

L'Académie  a  reçu  depuis  la  séance  du  11  décembre,  mais  avant  le  3i 
du  même  mois,  c'est-à-dire  en  temps  opportun  pour  être  admis  aux  Con- 
cours qui  se  closent  avec  l'année  18G2,  plusieurs  Mémoires  sur  les  questions 
proposées  comme  sujets  de  prix,  savoir  : 

Concours  pour  le  grand  prix  de  Mathématiques  :  Question  concernant  la 
théorie  des  polyèdres.  Deux  Mémoires  qui  ont  été  inscrits  sous  les  nos  10 
et  1 1 .  (N.B.  C'est  par  erreur  «pie,  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du 
22  décembre,  un  Mémoire  destiné  à  ce  Concours  a  été  annoncé  comme 
portant  le  n°  1;  c'est  sous  le  n°  9  qu'il  a  été  inscrit. 

Concours  pour  le  grand  prix  de  Mathématiques:  Question  concernant  la 
théorie  des  phénomènes  capillaires.  Un  Manuscrit  qui  forme  complément 
à  un  travail  précédemment  adressé,  et  qui  portera  comme  celui-ci  le  n°  2. 

Concours  pour  le  prix  Bordin:  Question  des  vaisseaux  du  latex.  Un  Mémoire 
qui  a  été  inscrit  sous  le  n°  1. 

Concours  pour  le  prix  Bordin  :  Recherches  an  atomiques  tendant  à  déter- 
miner s'il  existe  dans  la  structure  des  tiges  des  végétaux  des  caractères 
propres  aux  grandes  familles  naturelles  et  concordant  ainsi  avec  ceux 
déduits  des  organes  de  la  reproduction.   Un  Mémoire  inscrit  sous  le  n°  1. 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  présente  au  nom  de  M.  le  professeur 
Pietro  Peretti,  de  Rome ,  une  Note  sur  les  propriétés  électro  chimiques  de 
l'urée. 

Dans  cette  Note,  écrite  en  italien,  l'auteur  cherche  à  établir  que  l'urée, 
malgré  son  indifférence  aux  papiers  réactifs  et  son  impuissance  à  chasser 


(38  ) 
même  l'acide  carbonique  de  ses  combinaisons,  doit  être  considérée  comme 
jouant  le  rôle  d'élément  électro-négatif. 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  présente  également,  au  nom  de  M.  Paul 
Perelti  fils,  une  Note  écrite  en  français  et  ayant  pour  titre  :  De  l'action 
chimique  de  [eau  sur  les  sels  et  les  acides. 

Ces  deux  Notes  sont  renvoyées  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Balard,  Fremy  et  Fizeau. 

AKATOMIE  COMPARÉE.  —  De  la  signification  anatomique  de  t  appareil  operculaire 
des  Poissons  et  de  quelques  autres  parties  de  leur  système  osseux;  par 
M.  H.  Homard.  (Extrait  par  l'auteur.)  (Présenté  par  M.  Coste.) 

(Commissaires,  MM.  Coste,  Milne  Edwards,  Valenciennes.) 

«  L'une  des  questions  de  signification  anatomique  les  plus  controversées 
est  celle  que  soulève  le  petit  système  de  pièces  solides  qui  forme  l'aile 
operculaire  des  poissons  osseux.  On  sait  qu'Etienne  Geoffroy-Saint-Hilaire 
avait  fini  par  le  considérer  comme  représentant  la  chaîne  des  osselets  de 
l'ouïe,  tandis  que  d'autres  y  ont  vu  un  membre  céplialique,  d'autres  encore 
des  formations  osseuses  appartenant  à  la  peau;  on  sait  enfin  que  G.  Cuvier, 
écartant  ici  toute  analogie  de  ces  pièces  avec  quelqu'une  de  celles  qui  ap- 
partiennent au  crâne  ou  à  la  face,  les  envisageait  comme  des  os  exclusive- 
ment propres  aux  poissons  et  créés  pour  compléter  leur  appareil  respi- 
ratoire. 

»  Aucune  des  solutions  données  n'ayant  été  et  ne  pouvant  être  acceptée 
et  complètement  démontrée,  le  débat  reste  ouvert  et  j'ai  cru  pouvoir  abor- 
der cette  question  de  signification  en  profitant  et  des  controverses  anté- 
rieures et  de  mes  études  sur  la  tête  osseuse  des  poissons  et  des  indications 
précieuses  que  nous  fournit  l'embryogénie  des  animaux  vertébrés. 

»  J'ai  constaté  d'abord  par  l'observation  comparative  directe  que  les  trois 
os  qui  composent  le  couvercle  de  la  chambre  branchiale  et  que  l'on  désigne 
sous  les  noms  d'opercule,  sous-opercule  et  interopercule,  ne  se  rattachent 
pas  à  un  même  système  de  pièces,  et  que  le  dernier  appartient  à  l'arc  tem- 
poro-mandibulaire,  tandis  que  les  deux  premiers  dépassent  les  limites 
ordinaires  de  la  tète  osseuse.  L'interopercule,  toujours  attaché  à  la  mâchoire 
inférieure  et  partant  de  celle-ci  pour  s'élever  dans  la  direction  des  pièces 
tympaniques,  représente,  ce  me  semble,  non-seulement  le  marteau  comme 


(39) 
le  voulait  Geoffroy,  mais  encore  l'enclume,  car  il  occupe  la  place  et  repro- 
duit quelquefois  jusqu'aux  formes  du  cartilage  de  Meckel,  formation  qui 
chez  l'embryon  se  montre  d'abord  au  côté  interne  de  la  mâchoire,  s'élève 
de  là  vers  la  fente  ou  cavité  tympanique  et  se  couronne  par  les  deux  pre- 
miers osselets  de  l'ouïe. 

«  Quant  à  l'opercule  et  au  sous-opercule,  formés  dans  un  pli  cutané  qui 
vient  peu  à  peu  couvrir  la  chambre  branchiale  du  jeune  poisson,  et  qui 
comprend  plus  bas  les  rayons  branchiostéges,  ils  sortent  des  limites  ordi- 
naires du  squelette,  et  se  rattachent  au  grand  système  des  pièces  solides 
supplémentaires  développées  chez  les  poissons  tant  sur  la  ligne  médiane  que 
sur  les  côtés  du  corps  dans  les  expansions  de  l'enveloppe  qui  fournissent 
les  nageoires  dorsales,  caudales,  anales  et  même  les  nageoires  paires;  la 
partie  de  celles-ci  que  l'on  a  coutume  de  donner  comme  les  analogues  des 
mains  et  des  pieds  ont  pour  soutiens  des  rayons  que  leur  nombre,  leur 
composition  et  leur  mode  de  développement  ne  permettent  pas  d'assimiler 
à  des  doigts.    » 

CHIMIE.  —  De  quelques  propriétés  nouvelles  du  soufre; 
par  M.  Dietzenbacher  (i).  (Note  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville). 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Daubrée,  H.  Deville.) 

«  Une  petite  quantité  d'iode,  de  brome  ou  de  chlore  modifie  les  pro- 
priétés physiques  et  chimiques  du  soufre  d'une  manière  extrêmement 
remarquable.  Le  soufre  devient  mou,  malléable  à  la  température  ordinaire, 
en  se  conservant  pendant  longtemps  sous  cette  forme.  De  plus,  il  se  trans- 
forme en  partie  ou  même  complètement  dans  cette  modification  curieuse 
du  soufre  découverte  par  M.  Charles  Sainte-Claire  Deville  et  qu'il  a  appelée 
le  soufre  insoluble. 

»  i°  En  chauffant  à  i8o°  environ  un  mélange  de  4oo  parties  de  soufre 
et  de  i  partie  d'iode,  on  produit  par  le  refroidissement  un  soufre  qui  reste 
assez  longtemps  élastique. 

»  On  l'obtient  sous  forme  de  lames  flexibles  en  coulant  le  soufre  sur  une 
plaque  de  verre  ou  de  porcelaine.  Cette  propriété  se  manifeste  même  avec 
une  proportion  d'iode  beaucoup  plus  faible. 

(i)  Dans  une  première  communication  sur  ce  sujet,  mentionnée  au  Compte  rendu  de  la 
séance  du  1 5  décembre  1862,  le  nom  de  l'auteur  avait  été,  par  suite  d'une  signature  peu- 
lisible,  écrit  Diethenbacher. 


.  I»  ' 

»   L'iodure  de  potassium  agit  comme  l'iode. 

»  Le  soufre,  ainsi  traité  par  l'iode,  devient  insoluble  dans  le  sulfure  de 
carbone..  La  liqueur  se  colore  en  violet. 

»  20  L'action  du  brome  sur  le  soufre  présente  de  l'analogie  avec  celle  de 
l'iode;  seulement,  au  lieu  d'un  soufre  coloré  en  noir  et  possédant  un  éclat 
métallique,  on  obtient  un  soufre  couleur  de  cire  jaune  qui  est  beaucoup 
plus  mou  que  le  précédent;  cet  état  persiste.  Il  suffit  d'un  centième  de 
brome  et  d'une  chaleur  de  2000  environ  pour  obtenir  cette  modification. 

«  Ce  soufre  est  composé  de  y5  à  80  pour  100  parties  de  soufre  inso- 
luble dans  le  sulfure  de  carbone. 

»  3°  En  faisant  passer  un  courant  de  chlore  sur  du  soufre  porté  à  i^o" 
environ,  on  obtient  une  sorte  de  soufre  mou  qui  s'étire  très-facilement  et 
dont  on  peut  souder  les  fragments  entre  eux. 

»  Il  se  comporte  avec  le  sulfure  de  carbone  de  la  même  manière  que  le 
soufre  traité  par  le  brome.  Cependant,  lorsqu'il  est  fraîchement  préparé,  le 
soufre,  modifié  par  le  chlore,  cède  environ  10  pour  100  de  plus  que  l'autre 
de  matière  soluble  au  sulfure  de  carbone. 

»  Après  avoir  été  malaxé  pendant  une  ou  plusieurs  heures,  ce  soufre 
durcit  subitement  et  devient  complètement  insoluble  dans  le  sulfure  de 
carbone.    » 

Ces  faits  peuvent  servir  à  expliquer  quelques  détails  de  la  fabrication  du 
caoutchouc  vulcanisé  par  le  chlorure  de  soufre  et  le  soufre.  Quelques-uns 
d'entre  eux  confirment  les  résultats  obtenus  déjà  par  M.  Berthelot  sur  le 
même  sujet. 

M.  Ch.  Sacrel  adresse,  de  l'Isle  (département  de  Vaucluse),  une  Note  sur 
les  modifications  qu'éprouvent  durant  le  sommeil  la  respiration  et  la  calo- 
rification,  sur  les  causes  de  ces  changements  et  sur  leurs  conséquences. 

Cette  Note  est  renvoyée,  ainsi  qu'une  Note  de  M.  J.  Delbruck  présentée 
à  la  séance  du  1  5  décembre  et  également  relative  à  la  respiration  durant  le 
sommeil,  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Payen  et  Longet. 

M.  Fock  envoie  de  Fribourg  de  nouvelles  pièces,  texte  et  dessins,  faisant 
suite  à  ses  précédentes  communications  sur  les  proportions  du  corps 
humain. 

(Renvoi  aux  Commissaires  précédemment  désignés  :  MM.  Serres, 
Flourens,  de  Quatrefages.) 


(  4<  ) 

CORRESPOND  ANCE . 

M.  le  Ministre  d'Etat  adresse  à  l'Académie  un  exemplaire  imprimé 
du  Rapport  du  général  Baeyer  sur  l'état  actuel  des  opérations  géodésiques 
exécutées  dans  l'Europe  centrale. 

M.  le  Ministre  delà  Guerre  adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut, 
un  exemplaire  du  volume  de  Tables  contenant  l'analyse  des  matières  com- 
posant les  vingt-deux  volumes  de  la  2e  série  du  Recueil  de  Mémoires  de  Méde- 
cine, de  Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires. 

M.  Poudra  annonce  qu'il  est  l'auteur  d'un  Mémoire  présenté  au  concours 
pour  le  grand  prix  de  Mathématiques  pour  1862  (question  concernant  la 
théorie  des  courbes  planes  du  quatrième  ordre),  Mémoire  inscrit  sous  le 
n°  2,  et  qui  a  obtenu  la  seconde  des  deux  médailles  décernées  par  l'Aca- 
démie. 

D'après  cette  déclaration,  le  billet  cacheté  annexé  au  Mémoire  portant 
le  n°  2  est  ouvert  et  porte  en  effet  le  nom  de  M.  Poudra. 

L'Académie  reçoit  des  Lettres  de  remercîments  de  plusieurs  des  auteurs 
auxquels  elle  a  décerné,  dans  la  dernière  séance  annuelle,  des  prix  ou  des 
médailles  d'encouragement  pour  le  concours  de  1862.  Ces  Lettres  sont 
adressées  par  les  savants  dont  les  noms  suivent: 

M.  Teynard.  Première  médaille  au  concours  pour  le  prix  Bordin,  ques- 
tion des  foyers  optiques  et  photogéniques. 

M.  Ralbiani.  Concours  pour  le  prix  de  Physiologie  expérimentale.  Prix 
décerné  à  son  Mémoire  sur  les  phénomènes  sexuels  des  Infusoires. 

M.  Lebert.  Concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  Prix 
décerné  à  ses  travaux  d'histologie  pathologique. 

M.  Frerichs.  Même  concours.  Prix  décerné  à  son  Traité  des  maladies 
du  foie. 

M.  Lereboullet.  Concours  pour  le  prix  Jlhumbert.  Modification  de 
l'embryon  d'un  Vertébré  par  l'action  des  agents  extérieurs. 

M.  Dareste.  Même  concours. 

Le  prix  a  été  partagé  entre  ces  deux  concurrents. 

C.  R.,  i863,  1"  Semestre.  (T.   LVI,  N°   I.)  6 


(  4*  ) 

M.  Graham.  Concours  pour  le  prix  Jecker.  Prix  décerné  à  son  travail 
sur  la  diffusion  moléculaire  appliquée  à  l'analyse. 

M.  de  Bary.  Concours  pour  le  prix  Alhumbert,  question  des  générations 
dites  spontanées.  Mention  très-honorable  accordée  à  ses  recherches  sur  le 
développement  de  quelques  champignons  parasites. 

MM.  Philipeaux  et  Vulpian.  Concours  pour  le  grand  prix  de  Sciences 

Physiques,  anatomie    comparée  du   système   nerveux    des  Poissons.    Les 

deux    collaborateurs  ont  reçu,  à  titre  d'encouragement,    une  somme  de 
i5oo  francs. 

M.  Parade,  directeur  de  l'Ecole  centrale  forestière,  en  adressant  un 
exemplaire  de  la  quatrième  édition  de  son  «  Cours  élémentaire  de  culture 
des  bois»,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien,  quand  elle  s'occupera  de 
nommer  aux  deux  places  vacantes  de  Correspondants  dans  la  Section 
d'Économie  rurale,  se  rappeler  que  l'ouvrage  dont  il  lui  fait  hommage 
aujourd'hui,  et  dont  la  première  édition  remonte  à  vingt-cinq  ans,  a  servi 
à  fonder  en  France  l'enseignement  sylvicole. 

Le  livre  et  la  Lettre  sont  renvoyés  à  l'examen  de  la  Section  d'Économie 
rurale. 

L'Institution  royale  de  la  Grande-Bretagne  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  de  plusieurs  volumes  des  Recueils  qu'elle  publie. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Lisbonne  adresse  des  remerciments 
pour  un  semblable  envoi. 

M.  le  Maire  de  la  ville  de  Boulo«ne-slr-Mer  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  comprendre  la  Bibliothèque  publique  de  cette  ville  au  nombre 
des  établissements  auxquels  elle  fait  don  de  ses  Comptes  rendus  hebdoma- 
daires. 

M.  Sillimann,  directeur  du  Journal  américain  des  Sciences  et  Arts,  qui  se 
publie  àNew-Haven(Connecticut),  adresse  une  semblable  demande  et  rap- 
pelle que  depuis  plusieurs  années  il  envoie  régulièrement  son  journal  à  l'A- 
cadémie. 

Ces  deux  demandes  sont  renvoyées  à  l'examen  de  la  Commission  admi- 
nistrative. 


(  43  ) 

MÉCANIQUE  ANALYTIQUE.    —    Extrait  d'une   Lettre  de  M.  Cayley 

à  M.   3.   Bertrand. 

«  Permettez. moi  de  vous  soumettre  «ne  remarque  que  je  viens  de  faire 
par  rapport  au  Mémoire  de  Jacobi  «  sur  l'élimination  des  noeuds  dans  le 
problème  des  trois  corps  »  (Compte  rendu,  8  août  1842).  Il  me  semble  que, 
quoique  Jacobi  dise  qu'il  a  fait  dépendre  le  problème  d'un  système  de 
cinq  équations  du  premier  ordre  et  une  seule  du  second  ordre,  il  a  réel- 
lement fait  plus  que  cela,  savoir  qu'il  l'a  fait  dépendre  d'un  système  de 
six  équations  du  premier  ordre,  et  qu'ainsi  il  est  allé  aussi  loin  que  vous 
dans  le  «  Mémoire  sur  l'intégration  des  quelques  différentielles  de  la  mé- 
canique »  (Journal  de  M.  Liouvitle,  t.  XVII,  i852).  En  effet,  si  dans  les 
équations  I,...,  VI,  de  Jacobi,  pour  les  réduire  à  un  système  d'équations 
du  premier  ordre,  on  écrit 

jt(l>.r-  +  ^r\)  =  Q, 

le  système  peut  évidemment  se  présenter  sous  la  forme 

di         di,         du         du,         dr  dr,         dQ  ,  ,  . 

1   =X=V~~lTt—R  =  Rt  =  ~0{>=       >' 

et  cela  étant,  en  remarquant  que  les  fonctions  I,  I,,  U,...,  ne  contiennent 
pas  t,  et  en  omettant  l'équation  (  =  dt),  on  a  un  système  de  six  équations 
entre  les  quantités  i,  i, ,«,«,,  r,  r, ,  0;  en  supposant  que  l'intégration  soit 
effectuée,  on  obtient  alors  t  au  moyen  d'une  quadrature. 

»  Je  remarque  en  passant  qu'il  ne  me  paraît  pas  que  Jacobi  ait  dû  dire  : 
«  Par  suite  l'on  a  fait  cinq  intégrations  ;  »  les  seules  intégrations  qu'il  a  faites 
sont:  l'intégrale  des  forces  vives,  et  les  trois  intégrales  des  aires;  cela  étant, 
on  obtient,  au  lieu  de  12  équations  entre  i3  variables,  8  équations  entre 
9  variables,  et  dans  la  solution  de  Jacobi  il  arrive  que  ce  système  de  8  équa- 
tions contient,  comme  partie  de  lui-même,  un  système  de  6  équations  enSre 
7  variables;  mais  à  moins  d'intégrer  les  6  équations,  on  n'obtient  pas  d'in- 
tégrale nouvelle.  » 

métallurgie.  —  Eludes  sur  ravier;  Note  par  M.  H.  Caron.  (Présentée 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

•<  Karsten  avait  remarqué  qu'en  attaquant  l'acier  non  trempé  par  les 
acides,  on  obtient  comme  résidu  une  matière  graphiteuse,  qui  n'apparaît 
plus  lorsque  l'on  subslitue  Y  acier  trempé  à  Y  acier  non  trempé;  cette  matière 

6.. 


(  44  ; 

graphiteuse  était  selon  lui  un  composé  défini  de  6  atomes  de  charbon  et  de 
i  atome  de  fer,  matière  que  cependant  il  n'a  jamais  pu  obtenir  à  l'état  de 
pureté. 

>■  Berthier,  en  traitant  par  l'iode  l'acier  fondu  qu'il  ne  dissolvait  pas 
complètement,  a  séparé  un  autre  carbure,  auquel  il  a  attribué  une  com- 
position représentée  par  des  équivalents  égaux  de  charbon  et  de  1er;  mais 
il  ne  semble  pas  qu'il  ait  attaché  à  son  expérience  une  bien  grande  impor- 
tance, puisqu'il  n'en  parle  plus  dans  son  Traité  des  Essais  par  la  voie  sèche. 

»  Dans  les  nombreuses  analyses  d'acier  que  j'ai  été  à  même  de  faire,  je 
n'ai  jamais  pu  trouver  le  polycarbure  de  Karsten,  bien  que  j'aie  attaqué 
comme  lui  (i)  les  aciers  par  des  acides  très-dilués  ou  peu  énergiques;  je 
n'ai  pas  été  plus  heureux  en  employant  d'après  Berthier  (2)  le  brome  et 
l'iode  comme  dissolvants,  et  j'ai  remarqué  que,  dans  tous  les  cas,  ce  pré- 
tendu carbure  de  fer  variait  de  composition,  non-seulement  avec  la  qualité 
des  aciers  et  la  nature  des  dissolvants  employés,  mais  encore  avec  la  forme 
et  la  dimension  des  échantillons  d'acier  analysé.  J'ai  dû  en  conclure  que 
ce  carbure  n'était  probablement  qu'un  mélange  de  charbon  et  de  métal, 
dans  lequel  ce  dernier  se  trouve  protégé  mécaniquement  par  le  charbon 
contre  l'action  dissolvante.  Les  expériences  dont  je  vais  parler  nie  per- 
mettront, j'espère,  d'apporter  un  élément  de  plus  clans  l'étude  de  ces  faits 
en  donnant  des  résultats  numériques  qui  peuvent  servir,  selon  moi,  à 
déterminer  l'état  véritable  du  charbon  dans  des  aciers  de  différentes  qua- 
lilés. 

»  Je  prends  l'acier  à  trois  états  différents  :  i°  tel  qu'il  sort  des  caisses  de 
cémentation  ;  20  tel  qu'il  est  après  un  martelage  prolongé.  J'en  détache  au 
moyen  d'une  machine  à  raboter  des  copeaux  de  dimensions  semblables,  dont 
je  trempe  une  partie  pour  former  un  troisième  lot.  Je  pèse  5oo  grammes  de 
chacune  de  ces  matières  que  j'introduis  dans  trois  ballons  avec  les  mêmes 
quantités  d'acide  chlorhydrique  concentré;  le  tout  est  chauffé  dans  une 
étuve.  On  s'aperçoit  bientôt  que  la  matière  graphiteuse  n'est  pas  en  égale 
quantité  dans  les  trois  ballons,  et  même  qu'elle  est  sensiblement  nulle  dans 
celui  qui  contient  l'acier  trempé.  On  décante  le  liquide  des  ballons  dans 
trois  grands  vases  et  on  lave  bien  le  métal  restant,  de  manière  à  laisser 
a  l  état  de  pureté  la  matière  première  non  dissoute  et  à  permettre  d'en 
prendre  le  poids  après  dessiccation  dans  l'hydrogène;  la  matière  graphiteuse 

(  1  )  Karsten  ,  t.  I,  p.   t6t)  et  suivantes. 

(2)  Annales  det  Mines,  3e  série,  t.  III,  p.  209. 


(45  j 
enlevée  en  même  temps  que  l'acide,  est  lavée,  séchée  à  i' élu ve  et  pesée  ;  un 
la  calcine  à  l'air,  on  pèse  de  nouveau.  Le  résidu,  introduit  dans  uns  nacelle 
de  platine,  est  chauffé  dans  l'hydrogène  et  encore  pesé,  puis  enfin  traité  par 
un  mélange  d'acide  chlorhydrique  gazeux  et  d'air  (i)  qui  ne  laisse  dans  la 
nacelle  que  la  silice  dont  on  prend  le  poids.  Avec  ces  données,  on  détermine 
aisément  la  composition  de  la  matière  graphiteuse  et  sa  proportion  dans 
l'acier.  J'ai  obtenu  ainsi  les  résultats  suivants  : 

c . 

Acier  de  cémentation,   résidu  pour  ioo  grammes  de  métal  dissous i  ,(>24   A. 

Acier  de  cémentation,   martelé,  résidu  pour  ioo  grammes  de  métal  dissous.  .       1,243  B. 
Acier  de  cémentation,  trempé,  résidu  pour  100  grammes  de  métal  dissous.  .      0,240    C. 

»   Ces  résidus  analysés  contiennent  : 

ABC 

er  gr 

Charbon 0,825  o,56o  traces 

Fer 0,557  °>445  traces 

Silice 0,242  o,238  0,240 

1 ,624  1 ,243  0,240 

»  Ainsi,  l'effet  produit  d'une  manière  complète  par  la  trempe  se  trouve 
réalisé  partiellement  par  le  martelage,  et  les  qualités  qui  constituent  l'acier 
semblent  croître  en  même  temps  qu'augmente  la  proportion  de  charbon 
combiné  plus  intimement  avec  le  fer.  Je  m'exprime  ainsi,  parce  qu'on  admet 
généralement  que  plus  la  quantité  de  charbon  séparé  par  les  acides  est  con- 
sidérable, moins  est  intime  sa  combinaison  avec  le  métal. 

»  Je  ne  pourrais  rapporter  ici  toute  la  série  des  analyses  que  j'ai  exécu- 
tées d'après  cette  méthode  sur  les  aciers  de  diverses  espèces  et  en  particulier 
sur  des  aciers  plus  ou  moins  martelés  ;  voici  ce  qui  résulte  de  ces  analyses  : 
en  même  temps  que  le  corroyage  bonifie  l'acier,  en  même  temps  il  diminue 
la  proportion  de  charbon  que  les  acides  en  séparent.  J'ai  remarqué  égale- 
ment que  les  aciers  laminés  laissent  un  résidu  charbonneux  plus  considé- 
rable que  les  aciers  martelés,  toutes  circonstances  égales  d'ailleurs,  ce  qui 
est  d'accord  avec  l'observation,  puisque  l'action  du  laminoir  est  loin  d'être 
aussi  puissante  que  l'action  du  marteau  pour  améliorer  l'acier. 

»  Le  même  système  d'expériences  et  d'analyses  m'a  permis  d'établir  que 
les  effets  de  la  chaleur  sont  sensiblement  inverses  de  ceux  que  produisent  le 
martelage  et  la  trempe.  Ainsi,  de  l'acier  trempé  ayant  été  recuit  pendant  un 

(1)   Par  la  méthode  que  j'ai  décrite  (  Comptes  rendus,  1860,  t.  LI,  page  938). 


(4f6) 

temps  variant  entre  quelques  heures  et  plusieurs  jours,  a  donné  après  disso- 
lution des  quantités  de  charbon  libre  qui  ont  augmenté  en  même  temps  que 
la  durée  et  l'intensité  des  chauffes;  les  aciers  recuits  ne  reprennent  leurs 
qualités  primitives,  ainsi  que  leurs  propriétés  chimiques  en  face  des  acides, 
qu'après  le  martelage  ou  la  trempe. 

»  Pour  confirmer  ce  résultat,  j'ai  opéré,  de  la  manière  déjà  décrite,  sui- 
de la  fonte  blanche  que  Karsten  assimile  à  juste  titre  à  l'acier  trempé,  et 
j'ai  observé  la  même  variation,  mais  plus  prononcée,  entre  les  quantités  de 
charbon  libre  et  la  durée  du  recuit  (1). 

»  L'affinité  du  charbon  et  du  fer  est  donc  assez  faible,  puisque  la  chaleur 
seule  (lorsqu'elle  n'est  pas  portée  jusqu'au  point  de  fusion  du  métal)  suffit 
pour  les  désunir  plus  ou  moins  complètement  et  altérer  les  qualités  de  l'acier; 
mais  cette  affinité  peut  être  puissamment  modifiée  lorsqu'on  introduit  dans 
l'acier  une  matière  étrangère  ou  qui  paraît  étrangère  à  sa  constitution.  J'ai 
étudié  cette  influence  au  point  de  vue  et  par  les  méthodes  que  je  viens  d'ex- 
poser, en  introduisant  successivement  dans  l'acier  fondu  et  en  proportions 
variables  les  différents  corps  simples  que  l'on  peut  trouver  dans  les  aciers 
du  commerce;  ce  sera  l'objet  d'une  prochaine  communication.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  l'emploi  du  bisulfite  de  chaux  dans  la  fabri- 
cation du  sucre  de  canne;  par  M.  Alvaro  Reynoso.  (Extrait  du  Diario  de 
la  Marina,  de  la  Havane,  7  mars  1859.)  (Note  présentée  par  M.  Dumas.) 

«  i°  Le  bisulfite  de  chaux  employé  seul,  sans  aucun  mélange  de  chaux, 
même  dans  les  cas  où  la  nature  des  sucs  le  réclame,  loin  d'être  utile,  est 
extrêmement  nuisible;  car  non -seulement  il  ne  remplace  pas  la  chaux 
comme  matière  défécante,  mais  encore  il  porte  avec  lui  des  inconvénients 
que  son  union  avec  un  excès  de  chaux  eût  évités. 

»  a°  Toutes  les  fois  que  l'on  emploie  simultanément  le  bisulfite  de  chaux 
et  la  chaux,  cette  dernière  doit  dominer,  car,  si  au  contraire  c'était  le  bisul- 
fite qui  dominât,  il  produirait  les  effets  qui  lui  sont  propres.  Il  est  donc 
nécessaire,  indispensable,  de  travailler  en  toute  circonstance  en  employant 
un  excès  de  chaux,  et  que  les  jus  sucrés  suffisamment  alcalinisés  bleuissent 


(1)  Cet  effet  n'est  jamais  complet  et,  quelle  que  soit  la  durée  du  recuit,  il  reste  toujours 
une  petite  quantité  de  charbon  combiné.  J'ai  pu  le  vérifier  après  quinze  jours  et  quinze  nuits 
de  recuit.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  dans  les  expériences  précédentes  le  refroidissement  des 
fontes  ou  des  aciers  recuits  s'est  toujours  opéré  dans  les  mêmes  conditions. 


(47  ) 
le  papier  rouge  de  tournesol.  A  défaut  du  papier  de  tournesol,  il  y  a 
d'autres  indices  auxquels  nous  pouvons  reconnaître  si  le  liquide  contient  un 
excès  de  chaux  ;  tels  sont  :  la  couleur  et  la  transparence  du  liquide,  la  for- 
mation des  écumes,  quelques  phénomènes  qui  se  remarquent  dans  l'ébul- 
lition  et  l'apparition  d'une  pellicule  sur  le  liquide  que  peut  contenir  une 
cuiller  d'argent  quand  on  dirige  sur  ce  liquide  l'acide  carbonique  exhalé 
parla  respiration.  Nous  n'avons  jamais  cru  (et  plus  nous  examinons  la 
question,  plus  nos  convictions  acquièrent  de  force)  qu'en  aucun  cas,  et 
bien  moins  encore  quand  on  fait  usage  du  bisulfite,  il  convienne  d'opérer 
sur  des  jus  sucrés  acides;  on  doit  toujours  les  alcaliniser  jusqu'à  ce  qu'ils 
contiennent  un  excès  de  chaux.  De  cette  manière,  quoique  nous  obtenions 
quelquefois  des  sucres  de  couleur  moins  claire,  ils  auront  une  qualité  que 
les  autres  ne  peuvent  posséder  ;  de  plus,  le  jus  sucré  rendra  davantage  et  le> 
produit  ne  s'aigrira  pas,  s'il  a  été  convenablement  purifié. 

»  3°  En  employant  le  bisulfite  de  chaux  en  excès,  nous  obtiendrons 
d'abord  une  grande  partie  des  avantages  et  des  inconvénients  qui  accom- 
pagnent l'usage  de  la  chaux  en  petite  quantité,  et,  de  plus,  cet  excès  de 
bisulfite  produira  quelques  phénomènes  qui  lui  sont  propres  et  qui  peuvent 
nous  conduire  aux  résultats  les  plus  funestes.  Le  bisulfite  de  chaux,  que 
nous  pouvons  considérer  comme  acide  sulfureux,  uni  au  sulfite  de  chaux, 
se  transforme,  en  absorbant  l'oxygène,,  en  acide  sulfurique  (huile  de  vitriol) 
et  en  sulfate  de  chaux.  Tout  le  monde  sait  que  l'acide  sulfurique  agissant 
sur  le  sucre  de  canne  le  transforme  d'abord  en  sucre  de  raisin,  et,  par  une 
action  plus  profonde,  peut  l'altérer  au  point  de  produire  les  acides  ulmique 
et  formique,  et  de  plus  Fulmine.  Or  le  bisulfite  en  excès  nous  fera  perdre 
une  partie  du  sucre,  parce  qu'il  n'est  pas  un  agent  complètement  défécant, 
et  que  de  plus  il  altère  le  sucre  cristallisable  ;  de  plus,  lohi  de  décolorer  les 
liquides  qui  le  contiennent,  il  produira  leur  coloration  par  les  composés  de 
couleur  grise  dont  il  est  le  principe. 

»  En  résumé,  il  résulte  de  ce  que  nous  venons  d'exposer  que  dans  les  cas 
où  il  peut  être  utile,  l'usage  du  bisulfite  de  chaux  doit  être  toujours  accom- 
pagné, non-seulement  de  la  quantité  de  chaux  suffisante  pour  saturer  com- 
plètement tout  l'acide  sulfureux,  mais  que  de  plus  on  doit  employer  un  excès 
de  chaux.  Les  jus  sucrés  ne  doivent  jamais  présenter  la  moindre  réaction 
acide  quand  on  les  examine  au  moyen  du  papier  de  tournesol.  Toutes  les 
fois  qu'on  nous  a  consulté  sur  la  manière  d'user  du  bisulfite,  nous  avons 
insisté  sur  la  nécessité  de  son  emploi  conjointement  avec  la  chaux  en  excès. 


(  48) 

»  De  cette  manière,  il  a  produit  les  meilleurs  résultats  dans  les  essais  qui 
ont  été  faits  par  nous  sur  la  Armonia,  la  Concepcion,  Santo-Domingo  et 
San-Jose,  sucreries  appartenant  à  M.  de  Aldama.    » 

M.  Alvaro  Reynoso,  ajoute  M.  Dumas,  adresse  à  l'Académie  le  numéro 
du  Diario  du  7  mars  i85o,  qui  renferme  cette  Noie,  et  il  fait  remarquer  que, 
d'après  MM.  Possoz  et  Périer  {Comptes  rendus,  16  octobre  1862),  leurs 
expériences  de  laboratoire  datent  de  novembre  1860,  et  leur  brevet  du 
ier  avril  1861  seulement. 

EMBRYOGÉNIE.  —  Note  sur  la  cause  des  déplacements  apparents  de  l'allantoïde 
dans  l'œuf  de  poule  ;  par  M.  C.Dareste.  (Présentée  par  M.  Milne  Edwards.) 

«  J'ai  fait  connaître,  il  y  a  sept  ans,  des  cas  fort  curieux  de  déplacements 
apparents  de  l'allantoïde  dans  l'œuf  de  la  poule. 

»  J'avais  reconnu  que,  lorsque  je  vernissais  le  gros  bout  de  l'œuf,  au 
début  de  l'incubation,  l'allantoïde  se  dirigeait  vers  le  petit  bout  ou  ia 
pointe.  Ce  fait,  qui  a  été  le  point  de  départ  de  tous  mes  travaux  sur  la  pro- 
duction artificielle  des  monstres,  était  resté  pour  moi  complètement  inex- 
pliqué. Seulement  je  croyais,  et  toutes  les  apparences  étaient  en  faveur  de 
cette  opinion,  que  l'allantoïde,  en  se  développant,  allait  chercher  l'air,  et 
qu'elle  se  dirigeait  vers  la  partie  île  la  coquille  restée  perméable  aux  gaz;  de 
la  même  façon  que,  dans  le  règne  végétal,  les  tiges  se  dirigent  vers  la  lumière, 
tandis  que  les  racines  la  fuient. 

»  Les  nombreuses  expériences  que  j'ai  faites  depuis  cette  époque,  dans 
la  but  de  modifier  le  développement  de  l'embryon,  me  donnent  actuelle- 
ment une  explication  très-simple  et  purement  mécanique  du  déplacement  de 
l'allantoïde.  Mais'je  ne  puis  la  faire  comprendre  sans  donner  préalable- 
ment quelques  détails  sur  la  position  de  l'embryon  dans  l'œuf. 

»  Dans  les  premiers  temps  de  l'incubation,  le  jaune,  qui  est  plus  léger 
que  l'albumine,  vient  toujours  se  placera  la  partie  la  plus  élevée  de  l'inté- 
rieur de  l'œuf  :  et  la  cicatricule,  qui  est  plus  légère  que  le  reste  du  jaune, 
vient  toujours  se  placer  à  la  partie  supérieure  du  jaune.  Il  en  résulte  que, 
dans  l'incubation  horizontale,  qui  est  l'incubation  naturelle,  la  cicatricule, 
qui  occupe  toujours  la  partie  culminante  de  l'intérieur  de  l'œuf,  occupe 
une  position  intermédiaire  entre  le  gros  bout  et  la  pointe,  mais  un  peu 
plus  rapprochée  cependant  du  gros  bout  que  de  la  pointe.  Ces  faits  ont 
été  parfaitement  démontrés   en   1674    Par  un  anatomiste  fort  peu  connu 


(49) 
d'ailleurs,  qui  s'appelait  Langly,  et  qui  combattaitl'opinion  de  tous  ceux  qui 
jusqu'alors  s'étaient  occupés  d'embryogénie,  parmi   lesquels  on   complaît 
Harvey. 

»  Lorsque  l'embryon  se  forme  sur  la  cicatricule,  il  est,  ainsi  que  M.  de 
Baer  l'a  indiqué,  disposé  le  plus  ordinairement  de  telle  sorte  que  l'axe  du 
corps,  représenté  par  la  colonne  vertébrale,  est  parallèle  au  petit  axe  de  l'œuf, 
et,  par  conséquent,  perpendiculaire  à  son  grand  axe.  Il  est  d'ailleurs,  au 
début  de  l'incubation,  coucbé  à  plat  sur  le  jaune,  et  dans  une  situation 
telle,  que  son  côté  gauche  est  tourné  vers  le  gros  bout  de  l'œuf,  siège  de  la 
chambre  à  air,  et  que  son  côté  droit  est,  au  contraire,  tourné  vers  le  petit 
bout  ou  la  pointe  de  l'œuf.  Plus  tard,  du  troisième  au  quatrième  jour, 
l'embryon  se  retourne  et  se  couche  sur  le  jaune,  de  manière  à  être  en  rapport 
avec  le  vitellus  par  le  côté  gauche  de  son  corps.  Dans  cette  position,  l'em- 
bryon présente  le  dos  au  gros  bout,  et,  par  conséquent,  à  la  chambre  à 
air,  et  le  ventre  à  la  pointe  de  l'œuf. 

»  Chez  des  embryons  ainsi  placés,  et  c'est  le  cas  le  plus  général,  l'allan- 
toïde  qui  sort  par  l'ouverture  ombilicale,  au  côté  droit  de  l'embryon,  s'élève 
peu  à  peu  et  se  dirige  vers  le  point  culminant  de  la  coquille,  en  se  plaçant 
dans  un  espace  libre  formé  supérieurement  par  l'enveloppe  séreuse,  inté- 
rieurement par  le  feuillet  vasculaire,  et  à  gauche  par  l'amnios.  Puis,  lors- 
qu'elle s'est  mise  en  contact  avec  la  coquille,  elle  s'étale  latéralement  au- 
dessous  d'elle  ,  à  droite  et  à  gauche,  pour  atteindre  les  deux  extrémités  de 
l'œuf.  Mais,  comme  son  point  de  départ  est  généralement  plus  près  du  gros 
bout  que  du  petit  bout,  et  que,  d'autre  part,  le  gros  bout  est  occupé  par  la 
chambre  à  air,  dont  la  capacité  augmente  pendant  toute  la  durée  de  l'incu- 
bation, elle  semble  se  diriger  d'abord  du  côté  de  la  chambre  à  air. 

•<  Or,  s'il  arrive  que  l'amnios  ait  conservé  une  partie  de  ses  connexions 
primitives  avec  l'enveloppe  séreuse,  aux  dépens  de  laquelle  il  s'est  formé; 
en  d'autres  termes,  si  le  pédicule  amniotique  persiste,  il  y  aura  là,  entre 
l'amnios  et  l'enveloppe  séreuse,  une  barrière  que  l'allantoïde  ne  pourra  pas 
franchir.  Elle  se  développera  donc  simplement  en  gagnant  la  pointe  de 
l'œuf,  et  ne  pourra  se  diriger  vers  la  chambre  à  air.  Il  y  aura  donc  un  dépla- 
cement apparent,  et  c'est  ce  déplacement  apparent  que  j'avais  pris,  au  début 
de  mes  études,  pour  un  déplacement  réel ,  produit  par  l'application  d'un 
vernis  sur  le  gros  bout  de  l'œuf,  et,  par  conséquent,  sur  la  chambre  à  air. 

»  J'ai  montré,  dans  une  communication  précédente,  que  la  persistance 
du  pédicule  amniotique  ,  au  delà  de  l'époque  où  il  disparaît  ordinairement  , 

C.  F,.,  iS63,  i"  S-mcsirr.  (T.  LVI,  N°   I.)  7 


:  5o) 

s'est  rencontrée  dans  presque  tous  les  monstres  que  j'ai  produits  artificiel- 
lement; et  que,  faisant  obstacle  au  développement  normal  de  l'allantoïde, 
elle  joue  un  rôle  très-important  dans  les  phénomènes  de  la  vie  et  de  la  mort 
de  ces  êtres.  Or  je  trouve  encore  dans  ce  fait  une  explication  tout  à  fait  satis- 
faisante de  ce  que  j'avais  observé  au  début  de  mes  études.  En  effet,  l'exis- 
tence de  ces  adhérences  entre  l'enveloppe  séreuse  et  l'amnios  aura  toujours 
pour  résultat  de  déterminer  un  déplacement  apparent  de  l'allantoïde  ;  dans 
tous  les  cas  du  moins  où  l'embryon,  en  se  formant,  prendra,  relativement 
au  jaune,  la  position  que  je  viens  d'indiquer,  et,  par  conséquent,  l'allan- 
toïde occupera  toujours  la  pointe  de  l'œuf.  Par  exemple,  c'est  un  fait  que 
j'ai  rencontré  bien  souvent,  lorsque  je  faisais  couver  des  œufs  dans  une  posi- 
tion verticale,  en  les  plaçant  la  pointe  en  haut.  Comme,  dans  ces  conditions, 
j'agissais  sur  des  œufs  qui  n'avaient  pas  été  vernis,  et  dont,  par  consé- 
quent, la  coquille  était  complètement  perméable  à  l'air,  il  était  bien  évident 
qu'ici  l'allantoïde  n'allait  point  chercher  l'air,  comme  j'avais  cru  pouvoir  le 
conclure  de  mes  premières  expériences-.  C'est  en  réfléchissant  aux  conditions 
nouvelles  dans  lesquelles  je  me  trouvais  placé,  que  je  suis  arrivé  à  déterminer 
la  cause,  entièrement  mécanique,  de  ce  phénomène. 

»  Je  dois  ajouter  maintenant  qu'il  semblerait  résulter  d'une  observation 
déjà  ancienne  de  MM.  Baudrimont  et  Martin  Saiut-Ànge  que  l'allantoïde  ne 
se  développerait  point  au-dessous  des  parties  de  la  coquille  recouverte  par 
un  enduit  plus  ou  moins  imperméable  à  l'air.  J'admets  parfaitement  la  possi- 
bilité de  ce  fait,  que  je  n'ai  pas  constaté  moi-même  ;  mais  je  crois  qu'il  est 
toujours  subordonné  à  la  disposition  anatomique  que  je  viens  de  signaler.» 

F'HYSIOLOGIE  —  Sur  les  modérateurs  des  mouvements  réflexes  dans  le  cerveau  de 
la  grenouille;  par  M.  Setchexow.   ^Noie  présentée  par  M.  Bernard.  ) 

«  L'existence  des  modérateurs  des  mouvements  réflexes  dans  le  cerveau 
de  la  grenouille  n'a  été  prouvée  jusqu'à  présent  qu'à  moitié,  ce  fait  n'ayant 
pour  base  solide  que  le  phénomène  connu  de  l'accroissement  de  l'action 
réflexe  par  suite  de  la  décapitation  de  1  animal.  Il  manquait  donc  à  la 
question,  pour  être  complètement  résolue,  la  démonstration  directe  de  ces 
mécanismes.  Le  Mémoire  dont  j'ai  l'honneur  de  présenter  le  résumé  à 
l'Académie,  a  pour  but  de  remplir  cette  lacune.  L'existence  des  modéra- 
teurs dans  le  cerveau  de  la  grenouille  y  est  démontrée  directement.  Cela 
jettera  en  outre  quelque  lumière  sur  la  distribution  de  ces  mécanismes  dans 
les  centres  nerveux,  sur  la  voie  de  leur  excitation  et  sur  leur  mode  d'action. 


(5i  ) 

»  J'arrive  au  premier  but,  c'est-à-dire  à  la  démonstration  directe  des 
modérateurs,  de  trois  manières  d'expérimentation  différentes  :  i°  en  cou- 
pant le  cerveau  dans  divers  points;  2°  en  irritant  ses  différentes  parties 
avec  des  agents  chimiques  ou  avec  l'électricité;  enfin  3°  en  excitant  le  cer- 
veau par  les  voies  physiologiques. 

»  La  manière  de  produire  les  mouvements  réflexes  dont  les  changements 
doivent  être  observés  est  restée  dans  toutes  mes  expériences  la  même.  Elle 
a  été  proposée  par  M.  Tùrck  (Ueber  den  Zustand  derSennbilitdt  nacli  tlieilwei- 
ser  Trenmmg  des  Rùckènmarkes,  i85o),  et  consiste  à  plonger  une  des  pattes 
postérieures  de  la  grenouille  suspendue  verticalement,  dans  une  faible  solu- 
tion aqueuse  d'acide  sulfurique.  Le  temps  que  la  patte  reste  plongée 
dans  le  liquide  est  mesuré  dans  mes  expériences  à  l'aide  d'un  métronome 
battant  100  coups  par  seconde,  et  exprime  le  degré  de  l'action  réflexe. 

»  Avant  d'aborder  les  faits,  qu'il  me  soit  permis  d'exposer  en  quelques 
mots  l'aspect  général  du  cerveau  de  la  grenouille  vu  d'en  haut.  Il  faut  que 
sa  forme  soit  présente  à  l'esprit  du  lecteur  pour  que  la  description  des  faits 
lui  soit  claire.  La  partie  antérieure  de  la  cavité  crânienne  est  occupée  par 
les  hémisphères,  dont  la  surface  ne  présente  absolument  aucun  point  carac- 
téristique où  la  section  puisse  être  faite.  Donc,  quand  ii  va  être  parlé  plus 
bas  de  la  section  des  hémisphères,  on  doit  se  la  figurer  divisant  cette  partie 
du  cerveau  transversalement  en  deux  parties  plus  ou  moins  égales.  Entre 
les  hémisphères  et  les  lobes  optiques  sont  intercalés,  sur  un  petit  espace  de 
forme  rhomboidAe,' glandulapineatis  eltlialami  optici,  d'après  Ecker  [Icônes 
physiologicœ).  Viennent  ensuite  les  lobes  optiques,  deux  grands  corps  de 
forme  sphérique,  dont  la  limite  postérieure  (avec  la  moelle  allongée)  est 
nettement  tracée  par  une  ligne  pigmentée.  La  surface  delà  moelle  allongée 
n'offre  pour  la  section  qu'un  seul  point  précis,  le  bout  postérieur  du  qua- 
trième ventricule. 

»  On  devine  donc  que  le  cerveau  a  été  coupé  dans  mes  expériences  au 
milieu  des  hémisphères,  dans  les  limites  communes  de  ses  trois  parties 
principales  et  au-dessus  du  quatrième  ventricule. 

»  Voici  à  présent  1rs  faits  : 

»  En  coupant  le  cerveau  dans  quelque  partie  que  ce  soit,  on  obtient 
nécessairement  deux  effets  différents  :  la  soustraction  des  parties  restantes  à 
l'influence  de  celles  qui  sont  enlevées,  et  l'irritation  mécanique  du  cerveau 
par  le  fait  de  sa  section,  surtout  dans  le  voisinage  de  la  coupure.  Le  pre- 
mier effet  est  évidemment  durable,  tandis  que  le  dernier  est  passager.  Je 
n'ai  pu  utiliser  jusqu'à  présent  cpie  le  dernier  effet. 

7- 


(    32    ) 

»  Voici  les  résultats  que  donne  la  comparaison  de  l'action  réflexe  obser- 
vée après  les  sections  du  cerveau  dans  les  points  indiqués  plus  haut.  L'effet 
de  la  section  des  hémisphères,  comparé  à  celui  de  la  section  dans  l'espace 
rhomboïdal,  donne  toujours  pour  la  dernière  une  dépression  notable  de 
l'action  réflexe  (  parfois  de  10  à  100  coups  de  métronome),  qui  se  dissipe 
ordinairement  dans  l'espace  de  5  à  10  minutes. 

»  Tout  au  contraire,  l'etfet  de  la  section  des  hémisphères,  comparé  à  ceux 
des  deux  dernières  coupures  (  derrière  les  lobes  optiques  et  au-dessous  du 
quatrième  ventricule),  donne  pour  résultat  un  accroissement  de  l'action 
réflexe.  Il  importe  de  remarquer  cependant  que  l'effet  de  la  coupure  der- 
rière les  lobes  optiques  ne  se  manifeste  pas  aussi  rapidement  que  celui  de 
la  section  de  la  moelle  allongée. 

»  Le  fait  du  changement  d'actions  réflexes  étant  ainsi  acquis,  il  fallait  en 
déterminer  les  causes  et  rechercher  d'abord  si  ces  phénomènes  étaient  pro- 
duits par  la  section  des  masses  nerveuses  ou  bien  par  d'autres  circon- 
stances qui  coïncident  avec  la  blessure  du  cerveau  dans  les  points  indiqués. 
Une  série  d'expériences  dont  la  description  doit  être  nécessairement  suppri- 
mée ici ,  puisque  cela  me  mènerait  trop  loin  ,  ayant  décidé  la  question  en 
faveur  de  la  blessure  des  masses  nerveuses,  il  m'a  été  permis  des  lors  de 
considérer  les  lobes  optiques  comme  siège  principal,  sinon  exclusif,  des 
mécanismes  modérateurs  de  l'action  réflexe. 

»  De  là  je  fus  logiquement  conduit  à  employer  l'irritation  des  différentes 
parties  du  cerveau  par  des  agents  chimiques  ou  avec  l'électricité. 

»  Comme  irritant  chimique  je  choisis  le  sel  marin  sous  forme  de  solution 
aqueuse  concentrée,  ou  mieux  encore  en  cristaux  humides. 

»  Après  avoir  coupé  le  cerveau  dans  un  des  points  indiqués  plus  haut , 
on  enlève  les  parties  au-dessus  de  la  section,  puis,  le  degré  de  l'action  étant 
déterminé,  on  applique  le  sel  marin  sur  la  coupe  transversale  du  cerveau. 

»  Les  phénomènes  produits  par  cette  irritation  ont  généralement  la  forme 
suivante  : 

»  i°  L'effet  de  l'irritation  portée  sur  la  coupe  des  hémisphères  est  incon- 
stant :  le  plus  souvent  on  observe  une  dépression  insignifiante  de  l'action 
réflexe. 

»  2°  L'irritation  chimique  dans  l'espace  rhomboïdal  donne  une  dépres- 
sion de  l'action  réflexe  aussi  forte  que  celle  produite  par  la  section  du  cer- 
veau dans  le  même  endroit. 

»    3°  La  dépression  de  l'action  réflexe,  par  suite  de  l'irritation  du  cerveau 


(  53  ) 
derrière  les  lobes  optiques,  est  moins  notable  que  dans  le  cas  précédent, 
mais  plus  forte  que  dans  le  premier. 

»  4°  L'effet  de  l'irritation  chimique  au-dessous  du  quatrième  ventricule 
est  absolument  nul. 

»  Tous  ces  changements  de  l'action  réflexe  se  dissipent  graduellement 
si  l'agent  irritant  est  éloigné,  et  se  reproduisent  facilement  quand  il  est  de 
nouveau  appliqué  au  cerveau. 

»  La  série  de  faits  donnés  par  l'irritation  électrique  étant  absolument  la 
même  que  celle  qui  vient  d'être  décrite^  il  serait  parfaitement  inutile  d'en 
parler  davantage.  Qu'il  me  soit  permis  seulement  de  faire  la  remarque  que 
ces  trois  modes  d'expérimentation  combinés  prouvent  incontestablement 
l'existence  des  modérateurs  de  l'action  réflexe  dans  le  cerveau  de  la  gre- 
nouille, et  qu'ils  en  indiquent  le  siège  dans  les  lobes  optiques.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  les  nerfs  moteurs  de  la  vessie;  par  M.  J.  Giannczzi  ; 

présentée  par  M.  Bernard. 

»  J'ai  l'honneur  de  présentera  l'Académie  le  résumé  de  mes  expériences 
sur  les  nerfs  moteurs  de  la  vessie  faites  dans  le  laboratoire  de  M.  Claude 
Bernard,  au  Collège  de  France. 

»   De  mes  expériences  faites  sur  des  chiens  il  résulte  : 

,»  i°  Quand  on  galvanise  les  nerfs  formés  ordinairement  par  les  troisième, 
quatrième  et  cinquième  paires  sacrées,  et  qui  entrent  directement  dans  la 
constitution  du  plexus  hypogastrique,  qui  à  son  tour  donne  les  nerfs  à  la 
vessie,  on  obtient  des  contractions  qui  ont  lieu  au  bas-fond  de  cet  organe, 
et  d'une  manière  plus  marquée  du  côté  des  nerfs  excités.  A  l'œil  on  ne  peut 
pas  constater  distinctement  des  contractions  dans  le  corps  de  la  vessie; 
néanmoins  on  réduit  cet  organe  à  un  volume  très-petit,  si  on  prolonge 
quelque  temps  l'excitation. 

»  2°  Les  mêmes  résultats  s'obtiennent  par  l'excitation  des  filets  du  grand 
sympathique  qui  viennent  des  ganglions  mésentériques  et  qui  se  rendent 
aussi  au  plexus  hypogastrique.  Mais  dans  ce  cas  les  contractions,  accompa- 
gnées d'une  très-forte  douleur,  se  manifestent  plus  lentement  et  durent 
quelque  temps  après  l'irritation  ;  mais  ces  contractions  déterminées  par  le 
grand  sympathique  sont  aussi  moins  intenses  que  celles  données  par  l'exci- 
tation des  nerfs  rachidiens.  Outre  cela,  pour  obtenir  des  contractions  avec  le 
grand  sympathique,  on  a  toujours  besoin  d'un  courant  électrique  plus  fort. 
Presque  toutes  ces  propriétés,  comme  on  le  sait,  sont  caractéristiques  du 
grand  sympathique. 


(  54  ) 

»  Donc  la  différence  qu'on  observe  entre  l'excitation  des  nerfs  rachidiens 
et  des  filets  du  grand  sympathique  ne  porte  pas  sur  la  forme  de  la  contrac- 
tion de  la  vessie,  ni  sur  le  lieu  de  cette  contraction,  mais  sur  le  degré  d'in- 
tensité de  cette  contraction  et  de  l'excitation  qui  la  produit.  En  effet,  les  nerfs 
rachidiens  ont  besoin  d'une  excitation  moins  énergique  et  produisent  des 
contractions  plus  fortes  et  plus  rapides:  les  nerfs  sympathiques,  au  con- 
traire, ont  besoin  pour  agir  d'une  excitation  beaucoup  plus  forte,  et  donnent 
des  contractions  vésicales  plus  faibles  et  plus  lentes. 

»  Après  avoir  constaté  ces  faits,  si  l'on  cherche  a  déterminer  dans  la 
moelle  épinière  les  points  qui  donnent  origine  aux  nerfs  moteurs  de  la 
vessie,  on    trouve  : 

»  i°  Qu'en  irritant  toute  la  région  lombaire  de  la  moelle  épinière  on 
produit  sur  quelques  animaux  des  contractions  dans  la  vessie  ; 

»  2°  Que,  dans  tous  les  cas,  dans  cette  région  il  y  a  deux  points  princi- 
paux qui  président  aux  contractions  de  la  vessie  :  l'un  situé  en  correspon- 
dance de  la  troisième  vertèbre  lombaire,  l'autre  en  correspondance  de  la 
cinquième. 

»  Enfin  si  l'on  veut  savoir  par  quels  nerfs  les  points  précédents  de  la 
moelle  transmettent  leur  action,  on  trouve  : 

»  i°  Que  le  point  correspondant  à  la  troisième  vertèbre  lombaire  trans- 
met ses  effets  par  les  filets,  qui  passent  préalablement  par  les  ganglions 
mésentériques,  avant  d'aller  constituer  le  plexus  hypogastrique;  de  sorte 
que,  quand  on  coupe  ces  filets,  les  irritations  portées  en  correspondance 
de  la  troisième  vertèbre  ne  donnent  plus  lieu  aux  contractions  de  la  vessie; 

»  2°  Que  le  point  de  la  moelle  placé  au  niveau  de  la  cinquième  vertèbre 
lombaire  transmet  son  action  par  des  filets  sacrés  qui  viennent  directement 
former  le  plexus  hypogastrique.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  la  réunion  bout  à  bout  des  fibres  nerveuses 
sensitives  avec  les  fibres  nerveuses  motrices  (i);  par  MM.  «J.-M.  Piiu.ipeaitx 
et  A.  Vulpian. 

«  Dès  le  début  de  nos  recherches  sur  la  régénération  des  nerfs,  nous 
avons  été  conduits  à  nous  occuper  d'une  question  très-importante,  posée 
pour  la  première  fois  par  M.  Elourens,  et  déjà  résolue  en  grande  partie  par 
lui,  à  savoir  la  question  de  la  réunion  des  nerfs  d'origine  différente. 

{i)  Les  recherches  dont  les  résultats  sont  consignés  dans  cette  Note,  ont  été  faites  dans 
le  laboratoire  de  M.  Flourens. 


(  55  ) 

»  En  1827,  M.  Flourens,  dans  un  Mémoire  lu  à  l'Académie  des  Sciences 
et  reproduit  dans  l'ouvrage  fondamental  qu'il  a  publié  plus  tard  (1), 
rapportait  des  expériences  qui  montrent  en  effet  que  le  bout  central  d'un 
nerf  peut  être  réuni  d'une  façon  assez  intime  au  bout  périphérique  d'un 
autre  nerf  pour  que  les  excitations  du  premier  bout  se  transmettent  au 
second,  et  réciproquement. 

»  Sur  un  coq,  M.  Flourens  avait  coupé  les  deux  nerfs  principaux  de 
l'aile  et  les  avait  joint,  de  telle  sorte  que  le  bout  périphérique  de  l'un  corres- 
pondait au  bout  central  de  l'autre  :  les  bouts  ainsi  croisés  avaient  été  main- 
tenus en  rapport  par  un  point  de  suture.  Quelques  mois  après  l'opération, 
le  coq  avait  repris  l'usage  de  son  aile  :  les  nerfs  furent  mis  à  nu  et  furent 
trouvés  réunis  dans  l'ordre  nouveau  créé  par  l'expérience.  L'irritation  des 
bouts  périphériques  produisait  de  la  douleur;  l'irritation  du  bout  central 
d'un  des  nerfs  se  transmettait  au  bout  périphérique  de  l'autre  nerf  et  déter- 
minait des  contractions  dans  les  muscles  auxquels  se  distribuait  ce  bout 
périphérique. 

»  M.  Flourens  a  obtenu  en  outre  In  réunion  complète  du  bout  central  du 
cinquième  nerf  cervical  avec  le  bout  périphérique  du  nerf  pneumogastrique 
sur  un  coq  et  sur  un  canard  ;  enfin,  chez  ce  même  canard,  il  a  réuni  égale- 
ment le  bout  inférieur  du  cinquième  nerf  cervical  avec  le  bout  supérieur  du 
nerf  de  la  huitième  paire.  »  Dans  tous  ces  cas,  dit  M.  Flourens,  la  communica- 
»  tion  des  irritations,  par  les  points  réunis,  se  rétablit  en  entier;  et  il  y  a  de 
«  nouveau  ainsi  continuité  de  vie  et  d'action  dans  le  nerf,  comme  conti- 
»   nuité  de  tissu.  » 

»  Les  expériences  de  M.  Flourens  ont  donc  prouvé,  avec  toute  la  netteté 
possible,  que  ies  nerfs  mixtes  peuvent  se  réunir,  bout  périphérique  de  l'un 
au  bout  central  de  l'autre,  et  que  la  réunion  est  complète  non-seulement  au 
point  de  vue  analomique,  mais  encore  au  point  de  vue  physiologique, 
en  ce  sens  que  les  excitations  de  l'un  des  bouts  peuvent  se  transmettre  à 
l'autre  bout.  M. lis  il  restait  à  savoir  si  les  nerfs  exclusivement  moteurs 
peuvent  se  réunir  à  des  nerfs  exclusivement  sensitifs  de  la  même  manière 
que  se  réunissent  entre  eux  les  nerfs  mixtes. 

a   MM.  Gluge  et  Thiernesse,  qui  ont  publié  un  Mémoire  .sur  ce  sujet  (1), 


(  1  )  Recherches  expérimentales  sur  les  propriétés  et  les  fonctions  du  système  nerveux  des 
animaux  vertébrés,  2e  édit.,  1842,  p.  272  et  suivantes. 

(2)  Sur  la  réunion  des  fibres  nerveuses  sensibles  avec  les  fibres  motrices.  Bulletin  de  I  Aca.-. 
demie  royale  de  Belgique,  2e  série;  t.  VII,  n°  7. 


(  56) 
rappellent  les  tentatives  faites  antérieurement  par  MM.  Schwann,  Stein- 
rueck,  Bidder,  tentatives  dont  les  résultats  tendent   tous   vers   une   même 
conclusion   :   l'impossibilité  de  la  réunion   des  fibres  nerveuses  motrices 
à  des  fibres  nerveuses  sensitives. 

»  MM.Glugeet  Tliiernesse  ont  institué  dix  expériences  semblables  à  celles 
de  M.  Bidder  :  comme  il  l'avait  fait  dans  six  de  ses  expériences,  ils  ont 
réuni  sur  des  chiens  le  bout  central  du  lingual  d'un  côté  au  bout  périphé- 
rique du  nerf  hypoglosse  du  même  côté;  et  le  plus  souvent,  quelque  temps 
après  cette  opération,  ils  ont  réuni  de  même  entre  eux  les  deux  nerfs  cor- 
respondants du  côté  opposé.  Une  seule  fois,  lors  de  l'examen  des  nerfs 
réunis,  examen  pratiqué  toujours  plusieurs  semaines  après  le  début  de 
l'expérience,  ces  physiologistes  ont  vu  l'excitation  galvanique  du  bout 
central  du  nerf  lingual  se  transmettre  à  la  langue;  mais  ils  croient, 
disent-ils  dans  la  note  i  de  la  page  21  de  leur  Mémoire,  qu'il  v  a  eu  dans 
ce  cas  transmission  de  l'électricité  par  une  mince  couche  de  liquide 
répandu  sur  le  verre  placé  sous  le  nerf  et  qui  a  échappé  à  leur  attention,  et 
ils  refusent  toute  valeur  affirmative  à  cette  expérience.  Aussi  concluent-ils  : 
«  i°  que  les  fibres  sensibles  ne  peuvent  être  transformées  en  fibres  motrices  ; 
■>  20  que  le  mouvement  organique  dans  les  fibres  nerveuses,  qui  détermine 
»  la  sensation,  doit  être  différent  de  celui  qui  produit  la  contraction  mus- 
»   culaire.  » 

»  Les  expériences  que  nous  avons  faites  sur  les  mêmes  nerfs,  chez  les 
mêmes  animaux,  nous  permettent  d'établir,  contrairement  à  l'opinion  des 
auteurs  que  nous  venons  de  citer,  que  les  fibres  nerveuses  sensitives  peuvent 
s'unir  bout  à  bout  aux  fibres  nerveuses  motrices,  et  que,  une  fois  le  travail 
de  réunion  achevé,  les  excitations  se  transmettent  des  fibres  sensitives  aux 
fibres  motrices. 

»  Sur  de  jeui.es  chiens,  le  bout  central  du  nerf  lingual  d'un  côté  a  été  rap- 
proché du  bout  périphérique  du  nerf  hypoglosse  du  même  côté  et  maintenu 
en  contact  avec  ce  bout  à  l'aide  d'un  point  de  suture  :  on  avait  excisé  une 
notable  partie  du  bout  central  de  l'hypoglosse  et  du  bout  périphérique  du 
lingual,  pour  empêcher  autant  que  possible  ces  segments  de  venir  rejoindre 
les  bouts  mis  en  expérience. 

»  Un  premier  fait  nous  a  frappés  :  c'est  la  rapidité  avec  laquelle  se  régé- 
nère dans  ces  conditions  le  bout  périphérique  du  nerf  hypoglosse  (régéné- 
ration très-avancée  deux  mois  après  l'opération  ;  régénération  à  peu  près 
complète  en  quatre  mois),  et  cette  rapidité  est  remarquable  surtout  si  on  la 
compare  à  la  lenteur  de  la  régénération  autogénique  de  ce  nerf.  L'influence 


(  57  ) 
du  centre   nerveux  avait  donc   agi  sur  le  segment   périphérique  du    nerf 
hypoglosse  par  l'intermédiaire  du  segment  central  du  nerf  lingual. 

»  Ce  résultat  bien  des  fois  observé  nous  donnait  déjà  d'assez  fortes  pré- 
somptions relativement  à  l'union  intime,  anatomique  et  physiologique  dans 
le  sens  indiqué  plus  haut  de  ces  deux  segments;  mais  il  fallait  vérifier  ces 
présomptions.  Nous  avons  donc  sur  plusieurs  chiens  ainsi  opérés  étudié 
l'effet  de  l'excitation  du  bout  central  du  lingual  sur  les  muscles  de  la  langue. 
Parmi  les  expériences  de  ce  genre,  nous  nous  bornerons  à  citer  les  deux 
plus  récentes.  Sur  deux  chiens  opérés  à  l'âge  de  trois  mois  environ,  nous 
avons  mis  à  découvert  les  nerfs  réunis,  quatre  mois  après  l'opération.  Le 
bout  central  du  lingual  était  bien  reslé  réuni  au  bout  périphérique  de  l'hy- 
poglosse, sans  que  les  autres  bouts  fussent  venus  se  mêler  à  la  réunion. 
Dans  nos  premières  expériences,  nous  mettions  en  usage  le  galvanisme  pour 
exciter  les  nerfs;  mais,  même  en  opérant  sur  le  bout  central  du  lingual  préa- 
lablement séparédu  centre  nerveux  par  une  section  transversale  au  niveau  du 
maxillaire  inférieur,  nous  craignions  de  ne  pas  être  à  l'abri  de  toute  cause 
d'erreur:  aussi  nous  n'employons  maintenant  qu'un  moyen  moins  délicat, 
mais  plus  sûr,  l'excitant  mécanique.  Sur  les  deux  chiens  dont  il  s'agit  nous 
avons  coupé  le  lingual  le  plus  haut  possible,  puis  nous  l'avons  pressé  entre 
les  mors  d'une  pince  à  dissection.  A  chaque  excitation,  il  y  a  eu  mouvement 
assez  fort  et  assez  étendu  de  la  moitié  correspondante  de  la  langue.  Le  pin- 
cement du  bout  périphérique  du  lingual  ne  produisait  rien,  ou  presque 
rien  :  l'excitation  du  bout  périphérique  de  l'hypoglosse  déterminait  de 
très-forts  mouvements  dans  la  partie  de  la  langue  qui  s'était  contractée  lors- 
qu'on avait  pincé  le  bout  central  du  lingual.  Sur  l'un  des  deux  chiens,  après 
s'être  assuré  que  le  pincement  du  bout  central  du  lingual  suscitait  encore 
des  contractions  très-nettes  de  la  moitié  correspondante  de  la  langue,  on 
coupe  en  travers  le  bout  périphérique  de  l'hypoglosse,  et  aussitôt  il  devient 
impossible  par  l'excitation  du  lingual,  en  se  rapprochant  même  le  plus  pos- 
sible de  la  réunion,  de  déterminer  des  contractions  des  muscles  linguaux. 

»  De  ces  expérience,  nous  pensons  pouvoir  tirer  les  conclusions  sui- 
vantes : 

»  i°  Les  fibres  nerveuses  sensitives  peuvent  s'unir  intimement  bout  à 
bout  aux  fibres  nerveuses  motrices  et  leui  transmettre  l'influence  régénéra- 
trice du  centre  nerveux; 

»  2°  Lorsque  la  réunion  bout  à  bout  des  fibres  nerveuses  sensitives  aux 
parties  périphériques  des  fibres  motrices  est  complète,  l'excitation  des  fibres 

C.  R.,    i863,    i"  Semestre,    (T.  LVI,  N»  1.)  " 


(  58  ) 
sensitives  se  transmet  aux  fibres  motrices,  et,  par  l'intermédiaire  de  celle-ci, 
détermine  la  contraction  musculaire  (i). 

"  Il  est  probable  que,  de  même,  l'excitation  des  fibres  motrices  périphé- 
riques réunies  intimement  bout  à  bout  aux  fibres  sensitives  centrales  se  trans- 
mettrait à  celles-ci  et  produirait  de  la  douleur. 

»  3°  Ces  expériences  portent  à  penser  que,  dans  l'état  normal,  l'excita- 
tion produite  sur  un  point  quelconque  du  trajet  d'un  nerf  sensitif  se  pro- 
page au  même  instant  dans  les  deux  sens,  centripète  et  centrifuge,  et  qu'il 
en  est  probablement  de  même  des  excitations  d'un  point  quelconque  d'un 
nerf  moteur.    » 

M.  Sauvageon  annonce  qu'ayant  exposé  pendant  un  certain  espace  de 
temps  du  colon  en  laine  à  la  vapeur  du  soufre  brûlant,  ce  coton  conservait 
après  une  assez  longue  exposition  à  l'air  libre  une  sorte  d'incombustibilité, 
c'est-à-dire  que,  placé  au-dessus  de  la  flamme  d'une  lampe  à  esprit-de-vin,  il 
se  racornissait,  se  crispait  et  ne  prenait  pas  feu,  tandis  qu'à  la  même  dis- 
tance du  coton  non  préparé  s'enflammait  immédiatement. 

M.  Desmartis  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  de  sa  Note  sur  l'emploi  de  Y  extrait  de  cam- 
pêche  comme  désinfectant  des  plaies  gangreneuses.  Il  ajoute  que,  d'après 
les  renseignements  récemment  reçus  du  Mexique,  ce  médicament  a  été  em- 
ployé avec  succès  sur  plusieurs  de  nos  blessés.  Dans  certains  cas  il  a  fallu, 
pour  ne  pas  exciter  de  douleurs  par  l'application  du  topique,  en  atténuer 
l'effet,  en  augmentant  la  proportion  d'axonge,  ce  qui  a  pu  se  faire  sans  di- 
minuer sensiblement  l'effet  désinfectant. 

(Renvoi  aux  Commissaires  nommés  :  MM.  Payen,  Velpeau.) 
M.  Mihalixez  adresse  d'Alexandrie  (Italie)  un  Mémoire  écrit  en  allemand 


(i)  Malgré  cette  communication  facile  des  excitations  des  fibres  sensitives  aux  fibres  mo- 
trices, la  /onction  de  ces  fibres  motrices  demeure  abolie.  Sur  deux  chiens  opérés  à  la  même 
époque  que  ceux  dont  il  a  été  question  plus  haut,  et  de  la  môme  façon  qu'eux,  nous  avons 
répété  la  même  opération  du  côté  opposé  au  bout  de  quatre  mois,  et  immédiatement,  ainsi 
qu'on  pouvait  s'y  attendre,  le  mouvement  de  projection  de  la  langue  est  devenu  impossible. 
Il  est  aisé  de  comprendre  comment  la  possibilité  de  la  propagation  des  excitations  du 
segment  central  d'un  nerf  au  segment  périphérique  d'un  autre  nerf  n'implique  pas  le 
rétablissement  de  la  fonction  à  laquelle  participe  ce  dernier  nerf.  (Voir  l'ouvrage  cité  de 
M.  Flourens  :  voir  aussi  nos  Recherche!,  sur  la  régénération  des  nerfs.  Paris,  1860,  p.  68 
et  suiv.) 


(  *9  ) 
et  ayant  pour  titre  :  «  Le  Soleil  et  sa  relation  avec  les  autres  corps  célestes 
considérée  du  point  de  vue  philosophique.  » 

M.  Faye  est  invité  a  prendre  connaissance  de  cet  ouvrage  et  a  faire  savoir 
à  l'Académie  s'il  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Argesti,  dans  une  Lettre  écrite  de  Bucharest,  exprime  le  désir  de 
soumettre  à  l'Académie  des  recherches  de  géométrie  dont  il  indique  le 
sujet. 

Renvoi  à  l'examen  de  M.  Serret,  qui  jugera  s'il  y  a  lieu  d'encourager 
l'auteur  à  envoyer  son  travail. 

M.  de  Baisset-Roqcefort  annonce  l'envoi  de  deux  exemplaires  d'un 
opuscule  intitulé  :  «  Étude  sur  le  mouvement  de  la  population  en  France 
depuis  le  commencement  du  XIXe  siècle.  »  Il  exprime  le  désir  que  cette 
publication  puisse  être  admise  au  concours  pour  le  prix  de  Statistique  de 
i863. 

M.  Vuillemenot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  renvoyer  à  l'examen 
d'une  Commission  un  Tableau  dans  lequel  il  a  réuni,  sous  une  forme 
synoptique,  divers  renseignements  relatifs  au  calendrier,  à  la  chronolo- 
gie, etc. 

Les  usages  de  l'Académie  relativement  aux  ouvrages  imprimés  ne  lui  per- 
mettent pas  d'obtempérer  à  la  demande  de  M.  Vuillemenot. 

M.  d'Ouncourt  rappelle  qu'il  a  adressé  en  1861  a  l'Académie  un  Mé- 
moire sur  un  nouveau  système  de  culture  qui,  en  augmentant  les  revenus 
des  cultivateurs,  tendrait  à  préserver  le  pays  du  danger  des  inondations  II 
demande  si  ce  Mémoire  a  été  l'objet  d'un  Rapport. 

Cette  Lettre  est  renvoyée  à  la  Commission  des  Inondations  à  laquelle  a 
été  soumis  le  Mémoire  de  M.  d'Olincourt. 

M.  Durand  annonce  l'envoi  d'une  Note  concernant  l'application  des  lois 
fie  la  réfraction  à  l'analyse  chimique. 

Cette  Note  n'est  pas  parvenue  à  l'Académie. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


8.. 


(  6o  ) 

BULLETIN'    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  5  janvier  i  «63  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Faculté  de  Médecine  de  Paris.  —  Séance  de  rentrée  de  la  Faculté,  te 
17  novembre  1862.  Paris  ;  br.  in-4°. 

Du  climat  de  l'Egypte;  de  sa  valeur  dans  les  affections  de  la  poitrine  comme 
station  hibernale  comparée  à  celles  de  Madère,  d'Alger,  de  Païenne,  de  Naples, 
de  Rome,  de  Venise,  de  Nice,  d' H  y  ères,  de  Pau,  etc.;  par  M.  le  Dr  B.  Schnepp. 
Paris,   1862;  vol.  in-4°. 

Cours  de  Mathématiques  à  l'usage  des  candidats  à  l'Ecole  centrale  des  Arts  et 
Manufactures,  et  de' tous  les  élèves  qui  se  destinent  aux  Ecoles  du  Gouvernement  ; 
par  Charles  DE  Comberousse;  t.  III.  Paris,  1862;  vol.  in-8°,  avec  atlas  de 
53  planches. 

Traité  d' Anthropologie  physiologique  et  philosophique  ;  par  le  Dr  F.  Fré- 
dault.  Paris,  1 863 ;  vol.  in-8°. 

Cours  élémentaire  de  culture  des  bois  créé  à  V Ecole  forestière  de  Nancy;  par 
M.  Lorentz,  complété  et  publié  par  A.  Parade;  4e  édition.  Paris  et  Nancy, 
1860;  vol.  in-3°. 

Reboisement  des  montagnes:  région  des  Alpes;  par  M.  A.  Parade.  Nancy, 
trois  quarts  de  feuille  in-8°. 

Mémoire  sur  la  Mécanique  céleste  et  sur  la  cosmogonie,  suivi  de  Notes  sur 
la  théorie  des  comètes  et  sur  la  méthode  en  mathématiques  ;  par  M.  VOIZOT. 
Paris,  1862;  in-8°.  (2  exemplaires.) 

Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires, 
rédigé  sous  la  surveillance  du  Conseil  de  Santé  et  publié  par  ordre  du  Ministre 
delà  Guerre;  2e  série;  Table  générale  (t.  I  à  XXII).  Paris,  1862;  vol   in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  académique  de  Maine-et-Loire  ;  XIe  et  XIIe  volumes. 
Angers,  1862;  in-8°. 

Préface  d 'une  réforme  des  espèces  fondée  sur  le  principe  de  la  variabilité  res- 
treinte des  types  organiques  en  rapport  avec  leur  faculté  d'adaptation  aux  milieux; 
par  M.  Adolphe  Gubler.  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  Botanique  de 
France.  Paris,  1862;  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  de  Qua- 
trei'ages.  ) 

Notice  sur  M.  Marcel  de  Serres,  professeur  de  Minéralogie  et  de  Géologie  à 
la  Faculté  des  Sciences,  membre  île  l'Académie  de  Montpellier;  par  M.  Paul 
Gervais.   1  feuille  in-4°.    ' 


(6i  ) 

Sur  tes  empreintes  végétales  trouvées  à  Armissan  [Aude),  et  détails  géologiques 
et  paléontologiques  sur  celte  localité;  par  M.  V.  Gervais.  (Extrait  des  Mémoires 
de  l'Académie  de  Montpellier,  section  des  Sciences).  In-4°. 

Additions  aux  recherches  sur  les  Mammifères  fossiles  de  l'Amérique  méri- 
dionale; par  le  mèrne.  (Extrait  du  même  recueil.)  i  feuille  in-4°. 

Rapport  sur  les  travaux  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier  pendant 
l'année  scolaire  i  861-  1862  ;  par  le  même.  Montpellier,  1  86a  ;  trois  quarts  de 
feuille  in-8°. 

Recherches  expérimentales  sur  l'action  physiologique  de  l'ipécacuanha  ;  par 
G.  Pécholier.  Paris  et  Montpellier;  1862;  in-8°. 

Quatre  Mémoires  :  Autonomie  réelle  du  genre  Schufia.  —  Note  sur  une 
publication  récente  de  M.  D.  Clos.  —  Vrilles  de  la  vigne  vierge.  —  Viles  Bo- 
reali- Americanœ  (par  M.  E.  Durand),  avec  une  Introduction  et  des  Notes; 
par  M.  Ch.  Desmoulins.  (Extrait  des  Actes  de  la  Société  linnéerme  de  Bor- 
deaux.) Bordeaux,  1862;  in-8°. 

Audubon,  naturaliste  américain  :  Etude  biographique;  par  P. -A.  Cap.  Paris, 
1 862  ;  in-8°. 

Influence  du  gaz  sur  les  arbres  des  promenades  publiques  ;  par  M.  J.  GlRARDlN . 
(Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  impériale  des  Sciences,  de  l 'Agriculture  et 
des  Arts  de  Lille.)  Lille;  demi-feuille  in-8°. 

Rapport  sur  la  composition  et  l'usage  industriel  des  eaux  de  la  Lys,  du  canal 
de  Roubaix,  des  puits,  du  sable  vert,  de  la  marne  et  du  calcaire  bleu;  par  le 
même.  (Extrait  du  même  recueil.)  Lille;  br.  in-8°. 

Elude  sur  le  mouvement  de  la  population  en  France  depuis  le  commencement 
du  xixe  siècle  ;  par  le  marquis  de  Bausset-Roquefort.  (Extrait  du  Réper- 
toire des  travaux  delà  Société  de  Statistique  de  Marseille.)  Marseille,  1862; 
in-8". 

Notice  sur  les  silex  taillés  des  temps  antéhistoriques  ;  par  M.  J.  Garnier. 
Amiens,  1862;  in-8°. 

Observations  météorologiques  faites  à  Chamounix  pendant  l'année  1 858, 
janvier  et  février  1  85g,  faisant  suite  à  celles  publiées  en  1857;  par  M.  Venance 
Payot.  (Extrait  des  Annales  de  la  Société  impériale  d' Agriculture,  d'Histoire 
naturelle  et  des  Arts  utiles  de  Lyon.)  Lyon  ;  br.  in-8°. 

Végétation  de  la  région  des  .neiges,  ou  Flore  des  Grands-Mulets  (  Mont- 
Blanc);  par  le  même.  (  Extrait  du  même  recueil.)  Lyon  ;  demi-feuille  in-8°. 

Catalogue  phytostatique  de  plantes  cryptogames  cellulaires,  ou  Guide  du 
Lichenologue  au  Mont-Blanc  et  sur  les  montagnes,  etc.;  par  le   même.  (Extrait 


62    ) 

du  Bulletin  de  la  Société  vaudoise  des  Siu-wes  naturelles.)  Lausanne.   1860; 
hr.  in-8°. 

Amélioration  des  métaux  employés  à  la  fabrication  des  canons  rayés  et  à 
'elle  des  armes  blanches;  pnr  P.  Leguen.  Paris,  1861  ;  in-8°. 

Recherches  sur  les  composés  poly atomiques.  Densité  de  vapeur.  De  la  polari- 
sation rotatoire  et  de  ses  applications.  Du  dégagement  de  la  chaleur  dans  les 
actions  chimiques  (thèses  présentées  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  pour 
le  doctorat  es  sciences  physiques)  ;  par  M.  A.-V.  LOURENÇO.  Paris,  1862  : 
in-4°. 

Sur  les  équations  générales  de  l'élasticité  et  les  surfaces  isodynamiques.  Sur  la 
durée  des  éclipses  des  satellites  de  Jupiter  (thèses  présentées  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Paris  pour  le  doctorat  es  sciences  mathématiques);  par  M.  Al- 
bert de  Saint-Germain.  Paris,  1862  ;  in-40. 

Recherches  sur  la  présence  du  rubidium  et  du  cœsiwn  dans  les  eaux  natu- 
relles, les  minéraux  et  les  végétaux.  Du  Spectre  des  diverses  sources  lumi- 
neuses, etc.  De  l'Isomorphisme  en  général,  etc.  (  thèses  présentées  à  la  Faculté 
des  Sciences  de  Paris  pour  le  doctorat  es  sciences  physiques);  par  Louis 
GrandeaU.  Paris,    i862;in-4°. 

Mémoire  sur  les  Conseils  de  discipline  médicaux  ;  par  le  Dr  Durant.  (Extrait 
du  journal  publié  par  la  Société  des  Sciences  médicales  et  naturelles  de 
Bruxelles.)  Bruxelles,  1862  ;  br.  in-8°. 

Mémoire  sur  l'unité  de  spécialité  des  espèces  humaines,  etc.;  par  J.-E.  COR- 
NAY.  Paris,   1862;  br.  in-12. 

Mémoire  sur  T utilité  d'un  Conseil  dé  prévision  destiné  à  l'élude  des  causes 
des  accidents,  et  des  moyens  de  les  prévenir;  par  le  même.  Paris,  1 863  ;  demi- 
feuille  in-12. 

Transactions...  Transactions  de  l'Institut  américain  de  la  ville  de  New-York 
pour  les  années  1 858,  i85o.  et  1860.  Albany,  1839,  1860  et  1861;  3  vol. 
111-80.  (Offert  par  l'Institut  américain  de  la  ville  de  New-York  et  transmis 
par  M.  Vattemare.) 

Geschichte,..  Histoire  de  la  géographie  physique  de  la  Suisse  jusqu'en  1 8 1  5  ; 
parB.  Studer,  professeur  de  géologie.  Berne  et  Zurich,  1 863;  vol.  in-8°. 

Ueber...  Sur  le  phénomène  de  friction  (géologie);  par  M.  Theodoi 
Kjerulf.  (Extrait  du  Journal  de  la  Société  allemande  de  Géologie  pour 
l'année   1860.)  Br.  111-80. 

Forhandlinger...  Mémoires  de  i Académie  des  Sciences  de  Christiania  pour 
l'année   1861.  Christiania,  i862;in-8° 


(63  ) 

Beretning. . .  Compte  rendu  des  résultats  de  l'emprisonnement  cellulaire  en 
185g.  Christiania,  i86o;br.  in-8°. 

Uber. ..  Sur  la  géologie  du  Tellemarken  ;  par  Tellet  Dahll.  Christiania, 
1860;  in-4°. 

Dip  culturpflanzen...  Les  plantes  cultivées  de  la  Norwége ;  par  le  D'  F.  T. 
Schubeler.  Christiania,  i862;in-4°. 

Materialien...  Matériaux  pour  la  minéralogie  de  la  Russie;  par  Nicolai 
v.  Kokscharovv  ;  IVe  volume  (p.  1  à  96).  Saint-Pétersbourg,  1862;  m-8° 
avec  atlas  in-4°. 

Notizia . . .  Notice  historique  des  travaux  de  la  Classe  des  Sciences  Physiques  et 
Mathématiques  de  i Académie  royale  des  Sciences  de  Turin  pendant  l'an- 
née 1860-61  ;  par  le  prof.  E.  Sismonda,  secrétaire  perpétuel  de  la  Classe. 
Turin,   1862  ;  in-Zj0- 

Sui  modi...  Sur  les  moyens  tes  plus  efficaces  d'approvisionner  Venise  d'eau 
potable;  par  M.  G.  BlANCO,  ingénieur  en  chef  de  la  municipalité  vénitienne. 
Venise,  1862  ;  in-8°. 

The  corrélation...  Corrélation  des  forces  physiques  ;  par  M.  W.-R.  Grove  ; 
4e  édition.  Londres,  18625  vol.  in-8°. 

On  the. . .  Sur  les  reptiles  dicynodons,  avec  une  description  de  quelques  restes 
fossiles  rapportés  de  l'Afrique  méridionale  en  novembre  1860,  par  S.  A.  R.  le 
prince  Alfred;  Note  du  prof.  Owen,  avec  planches  ;  in-4°. 

The  Zoological...  Contribution  ostéologique  pour  l'histoire  naturelle  des 
singes  anthropoïdes  :  comparaison  des  os  des  membres  du  troglodyte  gorille  et  du 
troglodyte  noir,  et  des  différentes  variétés  de  la  race  humaine;  par  le  même; 
in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  JANVIER  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal,  M.  Poncelet  réclame  la  parole  et 
s'exprime  en  ces  termes  au  sujet  du  renouvellement  des  Membres  de  la 
Commission  administrative  : 

»  Je  prie  M.  le  Secrétaire  perpétuel  et  mes  savants  confrères  de  l'Acadé- 
»  mie  d'accepter,  derechef,  mes  sincères  et  profonds  remercîments  pour 
»  les  témoignages  d'estime  qu'ils  ont  bien  voulu  m'accorder  dans  la  pré- 
»  cédente  séance,  en  me  nommant,  malgré  mon  refus,  Membre  de  la  Com- 
»  mission  administrative;  nomination  d'autant  plus  flatteuse  qu'il  s'agit 
»  désintérêts  très-graves  de  l'Institut.  Je  me  vois,  à  regret,  forcé  de  décliner 
»  cet  honneur,  malgré  ma  déférence  envers  l'Académie,  qui  comprendra, 
»  je  l'espère,  que  je  veuille  mettre  à  profit  la  part  de  santé  et  de  forces  que 
»  j'ai  eu  le  bonheur  de  recouvrer  depuis  un  an  pour  me  consacrer  exclusive- 
»  ment  à  la  publication  de  travaux  scientifiques  dont,  depuis  trop  long- 
b  temps,  j'ai  été  détourné,  et  qui  m'obligent  à  refuser  toute  espèce  de  can- 
»  didature  et  de  fonctions,  fussent-elles  même  purement  temporaires  et 
»   gratuites.    » 

L'Académie  procédera  dans  une  de  ses  prochaines  séances  à  l'élection 
d  un  second  Membre  de  la  Commission  administrative. 

C.    R.,  l863,    Ier  Semestre    (T.  LV1,  N°2)  9 


(66) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres  invite  l'Académie  des  Sciences  à  lui  faire  connaître  le  plus  prompte- 
ment  possible  le  nom  du  Membre  qu'elle  aura  choisi  pour  la  représenter 
dans  la  Commission  mixte  chargée  de  décerner,  s'il  y  a  lieu,  le  prix  de  la 
fondation  de  M.  Louis  Fould,  prix  destiné  à  récompenser  l'auteur  du 
meilleur  travail  «  sur  l'histoire  des  arts  du  dessin  avant  le  siècle  de 
Périclès  ». 

L'Académie,  dans  une  de  ses  prochaines  séances,  procédera  à  l'élection 
du  Membre  qu'elle  est  appelée  à  fournir  à  ceïte  Commission. 

GÉODÉSIE.  —  Réponse  aux  observations  de  M.  Le  Verrier  relativement  à  un 
Rapport  lu  dans  la  séance  précédente  sur  les  entreprises  géodésiques  en  Alle- 
magne; par  M.  Faye. 

«  Après  la  lecture  de  mon  Rapport  sur  les  récentes  entreprises  géodé- 
siques de  l'Allemagne,  M.  Le  Verrier  a  pris  la  parole  pour  présenter  quelques 
observations  auxquelles  je  crois  devoir  répondre. 

.»  Bien  que  les  discussions  de  priorité  ne  soient  guère  de  mise  en  pareille 
matière,  il  est  bon  d'établir  sous  son  vrai  jour  la  situation  actuelle  de  la 
Géodésie  en  France.  Je  n'invoquerai  que  des  faits  bien  connus  :  c'est  dans 
les  Comptes  rendus  de  nos  séances  que  je  puiserai  mes  citations. 

»  Rappelons  d'abord,  afin  de  rendre  la  question  intelligible  à  tous,  que 
le  réseau  français  comprend  trois  grandes  méridiennes  et  six  arcs  de  paral- 
lèles qui  coupent  les  premières  à  angle  droit,  de  manière  à  diviser  la  France 
en  grands  quadrilatères.  C'est  là,  à  proprement  parler,  le  réseau  géodé- 
sique.  Pour  arriver  à  la  topographie,  il  a  fallu  remplir  ces  vastes  polygones 
de  triangles  de  second  ordre;  ceux-ci  serveut  à  leur  tour  de  base  à  une 
triangulation  de  troisième  ordre,  sur  laquelle  s'échafaudent  enfin  les  levés 
de  détail. 

»  Cette  œuvre  immense,  imitée  par  tous  les  pays,  mais  nulle  part  dépassée, 
aétéentreprise sous  l'impulsion  du Bureaudes  Longitudes;  c'est  le  Bureau  qui 
a  provoqué  la  formation  de  la  Commission  de  la  carte  de  France  et  qui  lui  a 
fourni  le  premier  de  ses  présidents,  M.  de  Laplace.  Mais  elle  a  été  exécutée 
par  le  Corps  des  Ingénieurs-Géographes,  dont  la  fondation  remonte  au  pre- 
mier Empire,  et  par  celui  des  Officiers  d'Étal-Major  (i).  De  même  la  partie 

il)  Il  faut  en  excepter  la  méridienne  centrale,  œuvre  «le  Delambre  et  de  Méchain  ,  et  une 
partie  des  triangulations  des  cotes,  dues  au  Corps  des  Ingénieurs- Hydrographes. 


(67  ) 
astronomique,  comprenant  la  détermination  de  la  latitude,  de  la  longitude 
et  de  l'azimut  dans  les  stations  principales,  a  été  l'œuvre  de  l'Armée,  ainsi 
que  les  calculs  immenses  de  toutes  les  opérations.  Quant  au  prolongement 
de  la  méridienne  centrale  en  Espagne,  et  aux  observations  destinées  à  faire 
connaître  en  chaque  point,  non  plus  la  direction,  mais  l'intensité  de  la 
pesanteur,  c'a  été  l'œuvre  exclusive  et  toute  personnelle  du  Bureau  des 
Longitudes.  Cette  noble  entente  des  savants  Officiers  du  Dépôt  de  la  Guerre 
et  du  Bureau  des  Longitudes,  à  laquelle  la  France  doit  un  ensemble  de 
travaux  si  utiles  pour  la  science,  l'administration  civile  et  la  défense  du 
pays,  cette  entente,  dis-je,  a  duré  un  demi-siècle  :  elle  dure  encore,  et 
au  premier  signal  on  la  verra  porter  de  nouveaux  fruits.  Il  ne  dépend  de 
personne  d'effacer  de  notre  histoire  scientifique  de  pareils  souvenirs. 

»  Vint  la  télégraphie  électrique,  et  aussitôt  on  songea  au  parti  que  la 
Géodésie  en  pourrait  tirer  pour  remplacer  les  signaux  de  feu  dans  la  déter- 
mination des  longitudes.  Il  y  a  dix  ans,  à  l'époque  où  M.  le  Ministre  de 
l'Intérieur  annonçait  à  l'Académie  qu'il  allait  étendre  à  tous  les  chefs-lieux 
des  départements  le  réseau  de  cette  télégraphie  nouvelle,  un  Membre  vint 
vous  parler  de  l'emploi  qu'on  pourrait  faire  de  cette  vaste  organisation 
pour  perfectionner  les  longitudes  du  réseau  français,  en  rappelant  les  résul- 
tats déjà  obtenus  dans  cette  voie  par  les  États-Unis  d'Amérique.  Cette  simple 
remarque  provoqua  aussitôt  de  la  part  de  l'Armée  une  démarche  des  plus 
significatives  :  le  Dépôt  de  la  Guerre  s'empressa  de  faire  écrire  à  l'Académie 
que  cette  pensée  était  depuis  longtemps  celle  des  Officiers  d'État-Major 
attachés  à  la  carte  de  France.  Voici  la  Lettre  du  général  Blonde!,  alors, 
comme  aujourd'hui,  directeur  du  Dépôt  de  la  Guerre  ;  je  puis  la  citer  en 
entier,  car  elle  est  aussi  courte  qu'honorable  pour  son  auteur  (i)  : 

«  Les  idées  exprimées  dans  la  séance  du  6  décembre  dernier  avaient  déjà 
»  occupé  la  pensée  des  Officiers  d'État-Major  du  Dépôt  de  la  Guerre.  Us 
»  avaient  pressenti  tout  le  parti  qu'ils  pourraient  tirer  de  la  télégraphie 
»  électrique  pour  vérifier  ou  confirmer,  étendre  même  leur  travail  et  celui 
»  de  leurs  prédécesseurs.  Us  s'applaudiraient  de  marcher  dans  cette  voie 
»  sous  les  inspirations  de  l'Académie  des  Sciences.  On  trouverait  chez  eux 
»  un  zèle  éprouvé  et  une  certaine  expérience  acquise  qui  leur  donnerait 
»  peut-être  le  droit  de  se  considérer  comme  les  dignes  agents  de  la  savante 
»  assemblée.  En  même  temps  l'État  ne  verrait  pas  la  moindre  partie  de  ses 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XXXVI,   p.  29  et  3o. 


(  6«  ) 
»   forces  se  consumer  sans  avantage  dans  îles  travaux  faits  en  même  temps 
»  et  de  deux  côtés  différents. 

»  Dans  cette  idée,  j'ai  cru  convenable  d'offrir  à  l'Académie  des  Sciences, 
»  sauf  l'approbation  du  Ministre  et  dans  des  limites  qu'il  lui  appartient  de 
»  fixer,  le  concours  des  Officiers  d'Etat-Major  du  Dépôt  de  la  Guerre  pour 
"  la  réalisation  des  projets  susdits,  »  que  dans  une  autre  Lettre  M.  le  général 
Blonde!  présente  comme  le  complément  nécessaire  des  travaux  de  f Etat- 
Major. 

»  A  cette  occasion,  M.  Arago  fit  part  à  l'Académie  des  mesures  prises 
par  le  Bureau  des  Longitudes  pour  appliquer  la  télégraphie  électrique  à 
la  jonction  des  observatoires  et  à  la  transmission  de  l'heure  de  Paris.  Je 
citerai  également  ses  paroles,  tout  en  rappelant,  a6n  d'éviter  des  méprises, 
qu'à  cette  époque  les  Observatoires  impériaux  étaient  compris  dans  les  attri- 
butions du  Bureau  des  Longitudes,  tandis  qu'ils  en  sont  complètement 
séparés   aujourd'hui. 

«  Cette  idée  était  si  naturelle,  disait  M.  Arago  (i),  qu'elle  est  née  pres- 
>•  que  aussitôt  après  l'installation  des  premiers  télégraphes  et  qu'on  ne  sau- 
»  rait  dire  où  elle  a  pris  naissance.  Je  puis  seulement  assurer  que  le  Bureau 
»  des  Longitudes  s'en  occupa  dès  l'origine  avec  persévérante,  et  qu'en  outre 
»  il  avisa  aux  moyens  d'établir  une  communication  directe  entre  l'Obser- 
»  vatoire  de  Paris  et  celui  de  Greenwich,  des  qu'il  fut  question  de  l'éta- 
•>  blissement  du  câble  sous-marin  entre  Douvres  et  Calais.  Si  ce  projet  ne 
»  s'est  pas  encore  réalisé,  on  ne  doit  l'imputer  qu'aux  difficultés  qu'a  ren- 
»  contrées  M.  Airy  pour  établir  une  liaison  directe  entre  l'observatoire 
>  qu'il  dirige  et  l'une  des  lignes  électriques  aboutissant  à  Douvres  et  au 
»  câble  sous-marin.  Quant  à  nous,  nous  sommes  prêts  depuis  longtemps  ,t 
»  faire  et  à  recevoir  les  signaux.  Dans  cette  vue,  une  communication  a  été 
»  établie  par  un  fd  souterrain  qui  longe  la  rue  du  faubourg  Saint-Jacques, 
»  entre  une  des  salles  de  l'Observatoire  et  l'Administration  centrale  située 
<>  au  Ministère  de  l'Intérieur,  rue  de  Grenelle.  Les  conditions  sous  lesquelles 
»  nous  pouvons  disposer  à  certaines  heures  du  jour  de  la  force  électrique 
»  créée  dans  l'établissement  central,  ont  été  convenues  et  sanctionnées  par 
»  un  règlement  que  le  Ministre  de  l'Intérieur  a  adopté.  Le  Bureau  des 
»  Longitudes  n'attend  plus  que  les  dispositions  qui  se  font  à  Greenwich 
•i  pour  procéder  à  la  liaison  de  Dwnkerque,  un  drs  points  de  la  grande 
»    méridienne  de  France,  avec   l'Observatoire  de  Paris.    Une  Commission 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XXXVI,  p.  3u  e l  3 1 . 


(69) 
»  prise  parmi  ses  Membres  a  depuis  longtemps  été  nommée  à  cet  effet. 
»  J'ajoute  enfin  que  des  arrangements  ont  été  convenus,  de  concert  avec 
»  le  Ministre  compétent,  pour  qu'on  transmette  chaque  jour  l'heure  de 
»  Paris  aux  divers  ports  tels  que  le  Havre,  Nantes,  etc.,  les  navigateurs 
»  devant  puiser  dans  ces  indications  journalières  des  moyens  très-exacts 
»  de  régler  la  marche  de  leurs  chronomètres.  La  difficulté  de  trouver  au 
»  îfavre  un  lieu  accessible  à  tous  les  intéressés,  pour  l'installation  d'une 
»  excellente  pendule,  a  seule  retardé  jusqu'ici  la  mise  à  exécution  d'un 
«   projet  qui  donnera  certainement  d'heureux  résultats.   » 

»  Ces  projets  et  ces  préparatifs  furent  entravés  par  la  mort  de  M.  Arago, 
qui  arriva  l'année  suivante;  puis  vint  la  mesure  qui  détacha  l'Observatoire 
du  Bureau  des  Longitudes.  Le  Bureau  ne  put  consacrer  une  attention  sui- 
vie à  la  question  géodésique;  il  avait  alors  à  défendre  son  existence  mena- 
cée :  on  se  rappelle  les  attaques  incessantes  dont  il  fut  l'objet  jusque  dans 
le  sein  de  l'Académie.  Quant  à  la  partie  des  projets  du  Bureau  des  Longi- 
tudes qui  se  rattachait  plus  spécialement  à  l'Observatoire,  le  nouveau  direc- 
teur ne  manqua  pas  de  suivre  de  point  en  point  la  voie  qui  avait  été  tracée. 
Mais,  il  importe  de  le  rappeler  ici,  la  jonction  des  Observatoires  de  Paris  et 
de  Greenwich,  de  Paris  et  du  Havre,  n'a  aucun  rapport  essentiel  avec  l'œu- 
vre géodésique  dont  il  s'agit  aujourd'hui  :  elle  avait  pour  but,  en  effet 
soit  d'envoyer  l'heure  de  Paris  à  un  port  de  commerce  pour  y  régler  les 
chronomètres  de  la  marine  marchande,  soit  d'obtenir,  avec  une  grande 
exactitude,  des  éléments  de  réduction  nécessaires  pour  ramener  à  un  même 
méridien  les  observations  astronomiques  de  deux  Observatoires  éloignés. 
Quant  au  reseau  géodésique  de  la  France,  la  séparation  du  Bureau  et  de 
l'Observatoire  désintéressait  ce  dernier  établissement;  on  eût  donc  moins 
que  jamais  compris  que  le  nouveau  directeur  mit  de  côté  les  Corps  qui 
avaient  créé  la  géodésie  française,  et  s'attribuât  le  droit  de  la  retoucher 
et  de  la  remanier. 

»  M.  Le  Verrier  le  sentait  bien,  en  1 856,  lorsqu'il  s'entendit  avec  le 
Dépôt  de  la  Guerre  afin  de  déterminer  électriquement  les  longitudes  d'un 
certain  nombre  de  points  du  réseau  français.  Alors  il  était  dans  le  vrai;  il 
avait  du  moins  obtenu  de  travailler  à  celle  oeuvre  avec  un  des  Corps 
qui  l'avaient  accomplie.  Le  Dépôt  lui  avait  donné  pour  collaborateurs 
M.  le  commandant  Bozet,  homme  excellent,  aimé  de  tous,  et  dont  l'Aca- 
démie estimait  les  travaux  scientifiques,  puis  un  jeune  officier  des  plus  dis- 
tingués, M.  le  capitaine  Versigny.  On  commença,  suis  avoirpublié  de  plan, 
par  la  longitude  de  Bourges,  point  pris  sur  le  troisième  parallèle.  Mais  bientôt 


(  7°  ) 
l'entente  cessa,  les  opérations  furent  brusquement  interrompues;  la  rup- 
ture   fut    même    annoncée    à   l'Académie,    dans   sa    séance    du  26    oc- 
tobre 1857  (1). 

«  Comme  directeur  de  l'Observatoire,  disait  M.  Le  Verrier,  il  avait 
»  proposé  au  Dépôt  de  la  Guerre,  lequel  est  cbargé  de  la  Géodésie,  de  com- 
»  biner  les  ressources  des  deux  établissements  pour  entreprendre  le  travail  et 
»  le  pousserrésolument.  Ilfutconvenu  que  les  opérations  seraient  reprises 
u  au  commencement  de  1857  et  poursuivies  sans  interruption  pendant 
»  toute  la  campagne.  Mais  lorsqu'au  mois  de  février  le  directeur  de 
»  l'Observatoire  de  Paris  réclama  la  mise  à  exécution  du  programme 
»  convenu,  il  éprouva  le  très-vif  regret  d'entendre  le  Dépôt  de  la  Guerre 
»  déclarer  qu'il  n'était  pas  en  mesure  de  continuer.  » 

»  Personne  n'imagina  que  le  Dépôt  de  la  Guerre  eût  pu  se  tromper  sur 
ses  ressources  au  point  de  s'engager  ainsi  dans  une  campagne  scientifique 
pour  la  rompre  immédiatement  après.  Chacun  comprit  donc  que  l'auteur 
de  cette  réponse  avait  eu  pour  unique  but  de  se  dégager  poliment  après 
avoir  constaté  quelque  incompatibilité  irrémédiable.  M.  Le  Verrier,  néan- 
moins, ajoute  :  «  L'année  1857  a  donc  été  perdue;  chose  fâcheuse,  surtout 
»  si  l'on  considère  combien  elle  a  été  exceptionnellement  favorable  aux 
»  observations.  En  l'état  actuel  des  choses,  nous  ne  pouvons  que  former 
»  des  vœux  pour  que  ces  grandes  questions,  dans  lesquelles  l'honneur 
»  scientifique  de  la  France  est  engagé  depuis  des  siècles,  ne  soient  pas  lais- 
»   sées  en  souffrance  par  le  Dépôt  de  la  Guerre.  » 

»   Assurément  ces  paroles  ne  décèlent  pas  l'espoir  de  reprendre  plus  tard 
les    relations    interrompues,    et,    de    fait,   six    ans  viennent  de  s'écouler 
sans  que  l'on  ait  cherché  à  les  rétablir.  Mais  ces  travaux  seront  repris,  j'ose 
du  moins  l'espérer,  dans  les  conditions  traditionnelles,  de  manière  à  uti- 
liser les  progrès  nouveaux  que  la  science  a  faits  depuis  dix  ans. 

»  Je  poursuis  cet  exposé.  Depuis  le  commencement  de  1867,  il  n'a  plus 
été  question  de  Géodésie  à  l'Observatoire  :  je  dis  à  l'Observatoire  seulement, 
caries  travaux  géodésiques  n'ont  pas  cessé  pour  cela  en  France;  c'est  ce 
que  prouveraient  au  besoin  les  Mémoires  que  le  Ministre  de  la  Guerre  a 
transmis  au  Bureau  des  Longitudes  au  nom  des  Officiers  du  Dépôt  de  la 
Guerre,  la  triangulation  de  l'Algérie  où  M.  le  capitaine  Versigny  a  trouvé 
une   compensation   pour   les  travaux    qu'il   avait  d'abord  espéré  faire   en 

(1)    Comptes  rendus,  t.  XLV,  p.  61  i. 


(  V  ) 
France,  les  instruments  nouveaux  si  remarquables  que  M.  le  colonel 
Hossard  a  fait  construire  pour  observer  les  latitudes  astronomiques  avec 
une  grande  précision,  et  cette  jonction  toute  récente  des  réseaux  anglais  et 
français  que  le  Dépôt  vient  de  terminer  de  concert  avec  VOrdnance  Suivey, 
au  moyen  de  triangulations  menées  en  commun  dans  les  deux  pays,  les 
officiers  anglais  et  les  officiers  français  opérant  simultanément  [quoique  in- 
dépendamment en  France  et  en  Angleterre. 

»  M.  Le  Verrier  nous  parle,  il  est  vrai,  de  la  longitude  du  Havre,  entre- 
prise tout  à  coup,  après  cinq  années  d'indifférence,  en  1861.  Je  n'en  parle- 
rai moi-même  qu'avec  réserve;  rappelons  seulement  qu'elle  avait  d'abord 
pour  unique  but  de  relier  à  Paris  un  observatoire  privé,  fondé  récemment 
au  Havre  en  vue  des  besoins  de  la  navigation  ;  personne  ne  prendra  donc 
cette  opération  pour  une  entreprise  géodésique.  C'est  ce  qui  ressort  d'ail- 
leurs des  communications  mêmes  de  M.  Le  Verrier;  car,  après  avoir  opéré 
en  1861  à  cet  observatoire  il  s'avisa  plus  tard,  vers  la  fin  de  1862,  je  crois,  de 
s'enquérir  de  la  situation  du  Havre  sur  la  carte  de  France,  et  il  apprit  alors 
qu'aucun  des  points  où  il  avait  fait  observer  n'était  un  point  géodé- 
sique (1). 

»  Ainsi,  depuis  la  déclaration  d'octobre  1857,  le  terrain,  un  instant 
occupé,  était  redevenu  libre,  et  libre  il  est  resté  pendant  cinq  longues  années. 
D'autres  étaient  en  droit  de  reprendre  des  opérations  publiquement  aban- 
données, à  la  seule  condition  de  s'entendre  mieux  avec  le  Dépôt  de  la  Guerre, 
lequel  est  chargé  de  la  Géodésie,  comme  le  disait  M.  Le  Verrier.  Le  meilleur 
moyen  pour  cela  était  d'étudier  sérieusement  la  question,  non  plus  dans  un 
de  ses  détails,  tel  que  l'emploi  de  la  télégraphie  électrique,  mais  dans  son 
ensemble,  et  de  proposer  à  l'État  un  plan  digne  de  son  attention.  C'est  là 
ce  qui  fut  fait  l'an  dernier  par  le  Bureau,  dès  le  mois  d'avril,  c'est-à-dire 
immédiatement  après  sa  réorganisation,  et  son  plan,  qui  supposait  et  récla- 
mait le  concours  du  Dépôt  de  la  Guerre,  fut  accueilli  avec  les  témoignages 
du  plus  vif  intérêt,  de  la  plus  entière  satisfaction.  Le  Bureau  voulait  ainsi, 
j'en  suis  profondément  convaincu,  témoigner,  par  de  belles  et  utiles  entre- 
prises conçues  dans  le  cercle  de  ses  attributions,  sa  haute  gratitude  à  l'Em- 


(1)    «    Le  clocher  de  Notre-Dame  du  Havre,  disait  M.  Le  Verrier  le   i3  octobre  dernier 
»   (1862),  revenant  sur  des  assertions  antérieures  dont  il  avait  sans  doute  mieux  apprécié  la 

•  valeur,  n'est  le  sommet  d'aucun  des  triangles  mesurés  par  le  Corps  d'État-Major.  Le  poin 
»   géodésique  important  de  cette  région  est  le  phare  méridional  du  cap  la  Hève.  Il  m'a  donc 

•  paru  nécessaire  de  reprendre  la  jonction    du  clocher  du   Havre  avec  la  Hève.  »  (  Voir  les 
Comptes  rendus  du  i3  octobre  1862,  p.  5cjo.) 


(  72  ) 
pereur  qui  avait  bien  voulu  le  protéger.  Mais  M.  le  directeur  de  l'Obser- 
vatoire" se  hâta    de  prendre   les  devants   (octobre  1 86a),  et  d'envoyer   sur 
quelque  point,  appartenant  cette  fois  au  réseau  géodésique,  un  des  astro- 
nomes placés  sous  sa  direction,  comme  pour  prendre  date. 

»  Je  pourrais  montrer  maintenant  qu'il  y  a  peu  d'analogie  entre  des  pro- 
jets mûrement  étudiés  et  des  opérations  qui  débutent  ainsi  ;  mais  je  m'ar- 
rête :  il  me  suffit  d'avoir  rétabli  les  rôles  si  étrangement  intervertis  dans  la 
dernière  séance,  et  d'avoir  montré  qu'à  l'époque  où  furent  conçus  les  pro- 
jets auxquels  je  faisais  allusion  en  rendant  compte  à  l'Académie  des  projets 
de  l'Allemagne,  nous  ne  marchions  sur  les  brisées  de  personne.  Quelque 
pénibles  qu'ils  soient  à  dire,  voilà  les  faits;  l'Académie  jugera.  Quant  au 
point  de  droit,  nul  dans  cette  enceinte,  où  le  souvenir  de  tant  de  savants 
illustres  qui  se  sont  fait  gloire  d'appartenir  au  Bureau  des  Longitudes  est 
encore  vivant  ,  ne  contestera  que  l'entreprise  ne  soit  conforme  aux  plus 
honorables  traditions  du  Bureau  et  du  Dépôt  de  la  Guerre  ,  car,  s'il  est  en 
France  un  Corps  scientifique  dont  l'histoire  soit  indissolublement  unie  à 
celle  de  l'Armée  par  une  longue  série  de  glorieux  efforts,  c'est,  avec  4'Aca- 
démie  elle-même,  le  Corps  dont  je  viens  de  citer  le  nom,  c'est  le  Bureau 
îles  Longitudes.  » 

«  M.  Le  Verrier  s'est  borné  à  exposer,  dans  la  dernière  séance,  qu'en 
conformité  des  instructions  ministérielles  l'Observatoire  impérial  travaille 
activement  à  la  détermination  astronomique  des  longitudes  et  des  lati- 
tudes 

»  Il  regrette  que  ce  simple  exposé  soit  devenu  l'occasion  des  critiques 
qu'on  vient  de  lire  devant  l'Académie. 

«  Il  attendra  l'impression  de  ces  critiques  pour  y  répondre  amplement, 
s'il  y  a  lieu.  » 

pathologie.    —   Note  sut  la  durée  de  l'incubation  de  la  rage  chez  les  chiens  ; 

pat  M.  Uexault. 

«  Dans  une  communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à  l'Académie 
en  avril  dernier  (séance  du  ai.),  après  avoir  fait  remarquer  que  le  nombre 
des  cas  de  rage  semblait  avoir  été  plus  considérable  depuis  l'établissement 
de  l'impôt  sur  les  cliiens.  bien  que  parallèlement  à  l'établissement  de  cet 
impôt  la  police  des  grandes  vdles,  par  une  surveillance  plus  active,  obligeât 
davantage  les  propriétaires  de  ces  animaux  à  les  tenir  renfermés  et  attacliés 


(  ?3  ) 
dans  leurs  habitations;  après  avoir  rappelé  que  notre  ignorance  à  peu  près 
absolue  sur  la  nature,  le  siège,  les  causes  premières  et  le  traitement  curatif 
de  cette  horrible  maladie,  nous  laissait  dans  l'impuissance  d'en  prévenir  le 
développement  ou  de  la  guérir,  je  disais  que,  dans  une  pareille  situation,  il 
ne  restait  qu'à  essayer  du  moins  de  mettre  en  usage  les  moyens  les  plus 
propres  à  s'opposera  sa  propagation.  Or  cette  propagation  n'ayant  lieu  que 
par  l'inoculation,  c'est-à-dire  par  la  morsure  des  chiens  qui  en  sont  affectés, 
aux  autres  animaux  et  à  l'homme  lui-même,  je  signalais,  parmi  les  moyens 
qui  semblaient  les  plus  efficaces  pour  produire  ce  résultat  : 

»  i°  Le  musèlement  permanent  de  tous  les  chiens  qui  ne  sont  pas  tenus 
à  l'attache  ou  enfermés; 

»  i°  Uoccision  immédiate  de  tous  ceux  des  animaux  chez  lesquels  se  ma- 
nifesteraient les  moindres  symptômes  de  nature  à  laisser  craindre  la  nais- 
sance de  la  rage,  et  surtout  de  tous  ceux  qui  auraient  été  mordus  ou 
seraient  soupçonnés  avoir  été  mordus  par  des  chiens  enragés. 

»  A  cette  occasion,  j'ai  communiqué  à  l'Académie  les  curieux  résultats 
obtenus  à  Berlin  pendant  ces  huit  dernières  années  (de  1 854  à  1 86i  y  com- 
pris) par  l'emploi  permanent  et  rigoureux  de  la  muselière  sur  tous  les 
chiens  laissés  en  liberté,  et  j'en  ai  inféré  l'efficacité  et  partant  l'utilité  de 
cette  pratique,  si  cette  expérience  ainsi  faite  publiquement  et  sur  une 
grande  échelle  se  continuait  avec  les  mêmes  résultats  pendant  quelques 
années  encore. 

»  La  révélation  de  ces  faits,  que  j'avais  recueillis  moi-même  en  Prusse  et 
qui  n'étaient  pas  connus  en  France,  était  de  nature  à  éveiller  l'attention  de 
l'administration  sanitaire  et  a  paru  l'émouvoir.  En  effet,  peu  de  temps  après 
ma  communication,  la  police  de  Paris  avait  donné  des  ordres  prescrivant 
le  musèlement  de  tous  les  chiens  qui  seraient  laissés  en  liberté.  Mais  cette 
fois  encore  il  est  arrivé  ce  que  j'avais  dit  s'être  toujours  produit  dans  notre 
pays  en  pareille  circonstance.  Si  les  ordres  donnés  furent  sévères,  leur  exé- 
cution fut  bien  loin  d  être  sérieuse.  D'abord,  la  première  émotion  une  fois 
calmée,  la  vigilance  municipale  ne  tarda  pas  à  se  ralentir;  la  prudence  des 
citoyens  s'endormit  avec  leurs  inquiétudes;  de  telle  sorte  que,  depuis  deux 
ou  trois  mois,  nous  voyons  augmenter  tous  les  jours  dans  les  rues  le  nom- 
bre des  chiens  non  muselés,  sans  que  la  police  semble  y  mettre  obstacle. 
D'un  autre  côté,  la  mesure  du  musèlement  eût-elle  été  plus  sévèrement 
maintenue,  que,  en  vérité,  la  sécurité  publique  n'eût  pas  été  beaucoup  plus 
efficacement  garantie  ;  la  plupart  des  muselières  dont  les  chiens  étaient  pour- 

C.  R.,  i8G3,   i«  Semestie.  (T.  LVI,  N»  2.)  >° 


(  74  ) 
vus  empêchant  et  gênant  si  peu  les  mouvements  de  leurs  mâchoire?,  qu'ils 
pouvaient  manger  et  mordre  tout  aussi  facilement  que  s'ils  n'en  eussent  pas 
porté.  J'en  ai  eu,  il  y  a  quelques  semaines,  une  preuve  bien  douloureuse  à 
la  clinique  de  l'Ecole  d'Alfort,  où,  en  ma  présence,  on  amenait  avec  un  chien 
atteint  de  rage  un  malheureux  enfant  que  cet  animal  venait  de  mordre 
cruellement  à  la  cuisse  malgré  sa  muselière,  espèce  d'anneau  en  caoutchom 
dont  il  était  porteur. 

»  Et  on  viendra  dans  quelque  temps  prétendre  que,  en  18Ô2,  le  musèle- 
ment  des  chiens  a  été  prescrit  et  mis  en  usage  dans  Paris,  et  que,  pas  plus 
qu'aux  diverses  époques  antérieures  où  il  a  été  appliqué,  il  n'a  amené  au- 
cune diminution  sensible  dans  le  nombre  des  cas  de  rage;  que  dès  lors  il 
doit  être  considéré  comme  une  mesure  parfaitement  inutile! 

»  Puis  donc  qu'il  paraît  avéré  que  ce  moyen  d'empêcher  la  propagation 
de  la  rage  n'est  pas  susceptible  d'une  application  sérieuse  et  durable  dans 
notre  pays,  il  convient  d'insister  sur  une  autre  mesure  plus  rigoureuse  sans 
doute,  mais  aussi  d'une  efficacité  d'autant  plus  assurée  qu'il  est  difficile  d'en 
modifier  l'exécution,  et  que,  une  fois  appliquée,  elle  a  fait  disparaître  la 
source,  la  seule  cause  possible  de  propagation  :  je  veux  parler  de  l'occision, 
que  je  n'ai  fait  qu'indiquer  dans  ma  Note  du  2 1  avril,  et  sur  laquelle,  a  cette 
époque,  j'avais  demandé  à  l'Académie  la  permission  de  revenir  ultérieu- 
rement. 

»  Mais,  par  cela  même  que  l'occision  est  une  mesure  rigoureuse,  qu'elle 
constitue  une  atteinte  au  droit  de  propriété,  une  véritable  expropriation 
pour  cause  de  sécurité  publique,  il  importe  qu'outre  son  efficacité,  qui  se 
conçoit  et  s'indique  assez  d'elle-même,  sa  légitimité  à  ce  point  de  vue  soit 
expliquée  et  mise  hors  de  doute  aux  yeux  de  l'autorité  appelée  à  la  pres- 
crire, comme  à  ceux  des  citovens  qui  seront  tenus  de  s'y  soumettre.  C'est  là 
l'objet  de  cette  seconde  communication. 

»  Dans  l'état  actuel  des  choses  en  matière  de  règlements  sanitaires,  lors- 
qu'un chien  a  été  mordu  on  qu'on  est  fondé  à  croire  qu'il  l'a  été  par  un  ani- 
mal enragé  de  son  espèce,  la  police  prescrit  qu'il  soit  enfermé  et  tenu  à  l'at- 
tache, la  plupart  du  temps  cliez  son  propriétaire,  pendant  un  certain  temps, 
au  bout  duquel  seulement  elle  permet  qu'il  soit  mis  en  liberté  si  aucun 
symptôme  inquiétant  ne  s'est  manifesté;  dernière  circonstance  qui,  soit  dit 
en  passant,  n'est  constatée  par  personne  ayant  capacité  pour  le  faire  perti- 
nemment. Or  rien  n'est  moins  déterminé  que  la  durée  de  cette  séquestration, 
laissée,  on  peut  le  dire,  à  l'arbitraire  de  la  police  municipale,  qui  varie 
conséquemment  suivant  les   municipalités;   mais  qui,  autant  que  j'ai  pu 


(  75  ) 
m'en  assurer,  n'excède  nulle  part  quarante  jours  et  est  généralement  moin- 
dre dans  beaucoup  de  localités.  Donc,  quand  un  chien  mordu  a  été  séques- 
tré, c'est  au  bout  de  vingt,  trente  ou  quarante  jours  au  plus  qu'il  est  rendu 
à  la  liberté.  Je  me  bâte  d'ajouter  que,  dans  un  très-grand  nombre  de  cas, 
cette  précaution  de  séquestration  n'est  même  pas  ordonnée,  ou  que  son  exé- 
cution et  son  mode  ne  sont  l'objet  d'aucune  surveillance  après  qu'elle  a  été 
prescrite. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  pour  que  cette  séquestration  ainsi  mesurée  fût  ration- 
nelle, en  supposant  même  qu'elle  se  prolongeât  toujours  et  partout  pendant 
quarante  jours,  il  faudrait  qu'il  fût  constant  que,  dans  aucun  cas,  l'incuba- 
tion de  la  rage  n'excède  cette  durée  de  temps;  car,  s'il  était  démontré  qu'a- 
près quarante  jours  écoulés  depuis  le  moment  de  l'inoculation,  cette  mala- 
die peut  encore  apparaître  manifestement,  la  quarantaine  serait  une  mesure 
illusoire,  puisqu'elle  ne  garantirait  pas  contre  les  dangers  ultérieurs;  ce  qui 
précisément,  ainsi  qu'on  va  le  voir,  se  trouve  être  la  vérité. 

«  S'il  est  constant,  en  effet,  que  le  plus  souvent  l'explosion  de  la  rage 
chez  un  chien  mordu  se  fasse  avant  le  quarantième  jour  à  partir  de  l'inocu- 
lation; il  est  vrai  aussi  que  dans  un  certain  nombre  de  cas  elle  a  lieu  pinson 
moins  longtemps  après  ce  délai.  Déjà  l'observation  clinique  l'avait  démon- 
tré. Mais  des  objections  très  spécieuses  pouvaient  être  faites  contre  cette 
appréciation  de  la  durée  de  l'incubation  par  la  seule  observation  clinique. 
Entre  autres,  on  pouvait  dire,  et  on  disait,  avec  une  certaine  raison,  qu'il 
était  difficile  d'assurer  qu'une  incubation  avait  duré  60  jours  par  exemple, 
par  cela  seul  qu'il  s'était  écoulé  ce  laps  de  temps  entre  le  moment  d'une  mor- 
sure et  celui  où  se  produisait  la  manifestation  rabique.  Car,  si,  comme  c'est 
presque  toujours  le  cas  dans  ces  sortes  d'observations,  l'animal  mordu  était 
resté  en  liberté  ou  n'avait  pas  été  constamment  surveillé,  on  n'avait  pas  la  cer- 
titude, on  n'était  pas  autorisé  à  affirmer  que,  dans  cet  intervalle,  l'animal 
n'avait  pas  été  mordu  de  nouveau  par  un  autre  chien  enragé  sans  qu'on 
s'en  fût  aperçu  ou  qu'on  l'eût  connu,  comme  cela  peut  arriver  tous  les 
jours;  auquel  cas,  le  développement  de  fa  rage  pouvant  n'être  que  la  con- 
séquence de  la  seconde  morsure,  on  aurait  commis  une  erreur  en  en  fai- 
sant remonter  l'origine  à  la  première,  et  en  en  concluant  à  une  durée  de 
60  jours  pour  une  incubation  qui  n'aurait  été,  de  fait,  que  de  25  ou 
3o  jours,  objection  d'autant  plus  considérable  qu'elle  peut  s'appliquer  à 
presque  toutes  les  observations  consignées  dans  les  ouvrages  sur  la  ma- 
tière, où  aucuns  détails,  ou  que  de  très-incomplets,  ne  sont  donnés  sur 

10.. 


(  7«) 
les  précautions  prises  pour  garantir  la  certitude  des  durées  d'incubation 
énoncées. 

»  C'est  pour  arriver,  dans  une  matière  aussi  délicate  et  aussi  grave  au 
double  point  de  vue  de  la  science  et  de  l'hygiène  publique,  à  connaître  la 
vérité  d'une  manière  aussi  précise  et  rigoureuse  que  possible,  que  j'ai  en- 
trepris dès  i836  une  série  d'expériences  qui  se  sont  continuées  en  présence 
des  professeurs  et  des  élèves  d'Alfort  jusqu'en  1860,  toutes  les  fois  que  j'ai 
trouvé  l'occasion  de  les  répéter,  et  dont  je  vais  faire  connaître  très-som- 
mairement les  conditions  et  les  résultats. 

»  Et  d'abord,  je  dois  dire  que,  afin  d'être  aussi  assuré  que  je  pouvais 
l'être,  que  les  animaux  que  j'inoculais  ou  que  je  faisais  mordre  par  des 
chiens  enragés,  n'étaient  pas  déjà,  à  ce  moment,  sous  l'influence 
d'une  inoculation  ou  d'une  morsure  antérieure  que  j'aurais  ignorée, 
je  n'y  soumettais  que  des  chiens  que  j'avais  déjà  en  loge,  à  Alfort,  de- 
puis au  moins  deux  mois.  Le  plus  grand  nombre  y  était  depuis  plus  long- 
temps, et  puis,  à  partir  du  moment  où  l'expérience  était  commencée,  je  les 
faisais  habiter  séparément,  tenir  à  la  chaîne,  et  surveiller  journellement  par 
un  ou  deux  élèves  et  parle  palefrenier  du  chenil,  de  manière  qu'il  fût  cer- 
tain qu'aucun  autre  animal  suspect  ne  les  approchât  jusqu'au  moment  où, 
soit  que  la  rage  se  développât  sur  eux,  soit  qu'il  se  fût  écoulé  un  temps 
trop  long  pour  qu'il  me  parût  qu'elle  pût  se  développer  encore,  je  croyais 
inutile  de  continuer  l'expectation. 

»  Dans  cette  période  de  vingt-quatre  ans,  i3i  chiens  ont  été,  dans  ces 
conditions,  les  uns  mordus  sous  mes  yeux,  et  à  plusieurs  reprises  par  des 
chiens  en  accès  de  rage;  les  autres  inoculés  par  moi,  ou  en  ma  présence, 
avec  de  la  bave  recueillie  à  l'instant  même  sur  des  chiens  enragés. 

»  Sur  ce  nombre,  63  n'ayant  rien  présenté  après  4  mois  d'observations, 
ont  cessé  d'être  surveillés  et  ont  été,  plus  tard,  soumis  à  d'autres  expé- 
riences. 

•     ••  Sur  les  68  autres,  la  rage  s'est  développée  après  un  temps  variable, 
dans  les  proportions  indiquées  sur  le  tableau  suivant  : 

Sur  1  chien du  5e  au  10e jour. 

4  »   du  1  o  au  1 5   » 

6   .   du  i5  au  20  » 

5  »   du  20  au  25  » 

9   »   du  25  au  3o  » 

10   »   du  3o  au  35  » 

2   »   du  35  au  4°  * 


(  77  ) 

Sur  8  chiens du  4°e  au  5oe  jour. 

n  »  du  4^  au  5°  » 

2  »  du  5o  au  55  » 

2  »  du  55  au  60  » 

4  »  du  60  au  65  » 

1  »  du  65  au  70  » 

4  »  du  70  au  75  » 

2  1  du  80  au  go  » 

1  »  du  100  au  120  » 

Sur  ce  dernier  la  rage  ne  s'est  développée  que  le  118e  jour. 

»  Ainsi,  sur  68  chiens  devenus  enragés  après  avoir  été  inoculés  ou  mor- 
dus, 

3i  le  sont  devenus  après  le     4°ej°ur- 

23  »  *  qO       » 

16  ■>  »  5o  » 

i4  »  »  55  » 

12  »  »  60  » 

o  »  »  65  » 

n  »  »  no      1» 

3  »  »         80     » 

I  »  u  I l8        » 

et  cela,  je  le  répète,   dans   des  conditions  d'expérimentation   où  les  ré- 
sultats rigoureusement  préparés  et  constatés  sont  à  l'abri  d'aucune  chance 
d'erreur,  et  conséquemment  d'aucun  doute  et  d'aucune  objection  sérieuse. 
»  Or  quelle  est  la  signification  pratique  de  pareils  faits?  C'est  bien  évi- 
demment la  séquestration  de  chiens  mordus,  fût-elle  toujours  ordonnée, 
toujours  observée,  ce  qui  n'est  pas;  durât-elle,  quand  elle  est  ordonnée  et 
observée,  le  maximum  de  temps  qu'on  est  convenu  de  lui  fixer,  c'est-à-dire 
4o  jours,  ce  qui  est  l'exception  ;  les  animaux  remis  en  liberté  après  ce  laps 
de  temps  peuvent  encore  devenir  enragés  sous  l'influence  et  par  suite  de 
la  morsure  violente  qui  avait  motivé  leur  mise  en  quarantaine,  et,  partant, 
restent  un  grand  danger  possible  pour  la  société.  Quelle  est,  dès  lors,  la 
conséquence  que  doit  en  tirer  l'Administration  chargée  de  veiller  à  la  sécu- 
rité publique?  C'est  évidemment  que,  si  l'on  veut  s'en  tenir  au  système  de  la 
séquestration,  il  faudrait  que  la  durée  de  cette  quarantaine  fût  d'au  moins 
1 20  jours.  Mais,  attendu  qu'il  est  peu  probable  que  cette  mesure  soit  jamais 
aussi  exactement  et  sévèrement  observée  qu'il  serait  nécessaire  qu'elle  le 
fût  ;  attendu  que  rien  ne  prouve  que,  après  ce  délai  de  120  jours,  la  maladie 


(  78  ) 
ne  pourra  pas  encore  se  manifester,  comme  des  praticiens  recommandables 
assurent  en  avoir  observé  des  cas,  si  rares  qu'ils  aient  été  ;  il  semble  que  la 
mesure  la  plus  certaine,  là  seule  qui  puisse  satisfaire  la  prudence  et  mettre 
les  familles  et  le  public  à  l'abri  de  tout  danger,  ce  serait  de  faire  sacrifier 
immédiatement  tout  chien  qui  aurait  été  mordu  ou  seulement  attaqué  par 
un  autre  chien  enragé.  Pour  ma  part,  je  n'ai  jamais  hésité  à  conseiller  ce  sa- 
crifice à  tous  les  propriétaires  de  chiens  mordus  ou  seulement  soupçonnés 
de  l'avoir  été,  qui  m'ont  consulté  en  semblable  occurrence.   » 

M.  Pouchet  demande  l'autorisation  de  reprendre  au  Secrétariat  les  pièces 
qu'il  y  avait  déposées  pour  le  concours  sur  la  question  des  générations  spon- 
tanées, pièces  qu'il  :e  propose  de  donner  à  l'impression.  «  M 'étant  retiré 
du  concours  avant  qu'il  fût  jugé,  dit  M.  Pouchet,  je  pense  que  ma  de 
mande  ne  peut  donner  lieu  à  aucune  objection.  » 

MEMOIRES  LUS. 

M.  Desbois  lit  une  Note  sur  un  système  de  locomotion  aérienne  de  son 
invention. 

(Renvoi  à  la  Commission  chargée  de   l'examen    des  diverses 
communications  relatives  à  l'aéronautique.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

L'auteur  d'un  des  Mémoires  admis  au  concours  pour  le  grand  prix  de 
Mathématiques  de  1 863,  question  concernant  la  théorie  des  polyèdres, 
adresse  une  Note  rectificative  distinguée  par  la  reproduction  de  l'épigraphe 
que  portait  le  travail  original. 

Réservé  pour  la  future  Commission,  qui  décidera  si  elle  peut  tenir  compte, 
dans  son  jugement  sur  les  pièces  de  concours,  de  cette  rectification  parvenue 
à  l'Académie  quelques  jours  après  la  clôture. 

hydraulique.  —  Note  sur  la  loi  de  la  variation  des  débits  des  puits  artésiens 
observés  à  différentes  hauteurs;  par  M.  Michal.   (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  Dumas,  Poncelet.) 
«   Darcy,  inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées,  dans  l'ouvrage  si 


(  79  ) 
complet  Pt  si  intéressant  qu'il  a  publié  sur  les  fontaines  publiques  de  Dijon, 
a  cherché  les  lois  générales  qui  régissent  les  puits  artésiens  (s). 

»  Les  formules  auxquelles  cet  ingénieur  éminent  est  parvenu  sont  éta- 
blies clans  deux  hypothèses  distinctes  comprenant  :  la  première,  les  sources 
artésiennes  dues  à  la  rencontre  d'un  courant  souterrain;  la  deuxième,  les 
sources  alimentées  par  des  couches  sablonneuses  aquifères  à  travers  les- 
quelles l'eau  chemine  avec  une  vitesse  insensible. 

»  Dans  ce  dernier  cas,  qui  est  le  plus  général,  on  peut  déduire  de  la 
formule  qui  s'y  applique,  en  négligeant  des  termes  qui  peuvent  être  consi- 
dérés comme  nuls,  cette  loi  que  la  différence  des  hauteurs  de  déversement 
des  eaux  au-dessus  du  sol  est  sensiblement  proportionnelle  à  la  différence 
des  volumes  obtenus  à  ces  hauteurs. 

»  Il  suit  tle  là  que,  lorsqu'on  connaît  deux  observations  du  débit  d'un 
puits  artésien,  on  peut  former  une  équation  du  premier  degré  qui  donnera 
d'une  manière  approchée  le  produit  du  même  puits  à  des  hauteurs  au-des- 
sus du  sol  différentes  de  celles  où  avaient  été  faites  les  observations  qui  ont 
servi  à  former  l'équation  du  premier  degré. 

»  Cette  loi  est  confirmée  par  les  expériences  qui  ont  été  faites  avec  le 
plus  grand  soin  au  puits  de  Grenelle,  à  la  fin  du  mois  de  février  i844, 
par  MM.  Mary,  inspecteur  général,  et  Lefort,  ingénieur  en  chef  des  Ponts 
et  Chaussées. 

»  Mais  on  obtient  ainsi  une  formule  d'interpolation  dans  laquelle  on  ne 
retrouve  plus  le  diamètre  du  tube  ascensionnel  et  sa  hauteur  depuis  la 
nappe  artésienne  jusques  aux  points  de  déversement  des  eaux. 

»  On  conçoit  cependant  qu'il  est  important  de  se  rendre  compte  de  l'in- 
fluence que  peuvent  avoir  ces  éléments  sur  le  débit  d'un  puits,  et  d'établir 
par  conséquent  une  formule  qui  serait  une  fonction  de  la  hauteur  du  tube 
ascensionnel  et  de  ses  diamètres.  C'est  ce  que  je  vais  essayer  de  faire  (2). 

»  Lorsque  dans  un  puits  artésien  le  mouvement  est  devenu  uniforme 
et  permanent,  il  y  a  équilibre  entre  le  travail  résistant  et  le  travail  moteur 
inconnu  qui  agit  à  la  partie  inférieure  du  tube  pour  produire  l'ascension  de 
l'eau  de  la  nappe  artésienne.  Une  observation  de  débit  dans  des  conditions 

(1)  Depuis  les  recherches  de  Darcy,  M  Dupuit,  inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées, 
et  M.  Dru,  ingénieur  civil,  ont  respectivement  adressé  à  l'Académie  des  Sciences  des  Mé- 
moires sur  ces  lois. 

(2)  J'avais  établi  la  formule  définitive  que  je  vais  reproduire  dès  le  mois  d'octobre  1861; 
et  dans  le  courant  du  mois  de  novembre  de  la  môme  année,  j'en  avais  fait  des  applications 
aux  débits  du  puits  de  Passy,  en  présence  de  la  Commission  de  surveillance  de  ce  puits. 


(  8o  ) 
données  fera  connaître  le  travail  moteur  en  fonction  du  travail  résistant 
correspondant  au  débit  observé.  On  pourra  donc  généralement  obtenir  un 
autre  débit  quelconque  en  égalant  le  travail  résistant  qui  en  provient,  au 
travail  moteur  calculé  par  la  première  observation,  qui  restera  constant  en 
admettant  que  les  nouvelles  combinaisons  n'apportent  aucune  perturbation 
dans  le  régime  de  la  nappe  artésienne. 
»   On  obtiendra  ainsi  la  formule 

(A)  *"=     2(B0+A„)    ' 

dans  laquelle  on  a  négligé  le  travail  résistant  provenant  du  frottement  de  l'eau 
dans  le  tube  ascensionnel  et  celui  provenant  delà  perte  de  force  vive  à  la  par- 
tie inférieure  et  à  la  sortie  du  tube  ascensionnel.  On  a  d'ailleurs  q0  égale  le 
débit  observé  à  la  hauteur  H0  au-dessus  de  la  nappe  artésienne,  g  le  double 
de  l'espace  parcouru  pendant  la  première  seconde  de  sa  chute,  w  la  sec- 
tion de  la  partie  inférieure  du  tube,  qu  le  débit  calculé  à  une  hauteur  hu  au- 
dessus  du  (joint  de  déversement  du  débit  q0. 

»  Si  on  suppose  que  la  section  du  tube  reste  constante  sur  toute  sa  hau- 
teur, on  déduira  de  la  formule  (A) 

(B)  ?"-  a(H.  +  A„)        ' 

en  représentant  par  O  la  section  constante  du  tube,  et  par  V0  la  vitesse 
d'écoulement  par  seconde  du  débit  observé. 

»  La  formule  (B)  fait  voir  qu'en  recueillant  dans  un  même  forage  les  eaux 
par  des  diamètres  différents,  le  produit,  toutes  choses  égales  d'ailleurs, 
augmente  avec  le  diamètre  du  forage  ;  mais  pour  que  cette  condition  soit 
remplie,  il  faut  que  la  nappe  puisse  fournir  l'eau  débitée  par  l'orifice  supé- 
rieur sans  éprouver  de  perturbations.  Or  l'expérience  prouve  que  la  puis- 
sance des  nappes  artésiennes  a  des  limites  qu'on  ne  peut  dépasser.  On  con- 
çoit que  dans  un  forage  quelconque  qui  atteint  une  nappe  artésienne,  il  y  a 
un  diamètre  à  adopter  pour  le  tube  ascensionnel  qui  fournira  le  maximum 
du  débit  qu'on  peut  obtenir  à  une  hauteur  donnée  au-dessus  de  la  nappe. 

»  Nous  allons  appliquer  notre  formule  et  celle  de  Darcy  au  calcul  des 
débits  à  diverses  hauteurs  des  puits  de  Grenelle  et  de  Passy. 

Puits  de  Grenelle. 

»  Nous  prendrons  pour  déterminer  les  constantes  de  la  formule  (A)  l'ob- 
servation n°  i,  et  pour  former  l'équation  de  la  ligne  droite  de  Darcy  les 


(  8i  ) 
observations  n°9   i  et  10  du  tableau  suivant,  qui  reproduit  les  valeurs  des 
débits  observés  à  diverses  hauteurs  par  MM.  Mary  et  Lefort,  et  celles  cal- 
culées dans  les  deux  hypothèses  indiquées. 


HAUTEUR  DES  POINTS 

DÉBITS 

nt'MEROS 

des 

] observa  - 
lions. 

d 

DÉVERSEMEK 

e 

r   At'-DESSUS 

OBSERVÉS 

par 
MM.  Mary  et 

CALCULÉS    PAU 

LA    FORMULE 

de  la  mer. 

du  sol. 

Lefort. 

(A). 

de   Darcy. 

m 

m 

m 

m 

m 

1 

37,90 

0,00 

0,02000 

O,0200O 

0,02000 

2 

4o,95 

3,o5 

0,01867 

0,OI925 

0,OI93o 

3 

43,oo 

6, 10 

0,01822 

o,oi852 

0 , 0 1 86 1 

k 

5o,oo 

12,10 

0,01700 

0,017 1 1 

0 , 0 1 7  2.4 

5 

52 ,4o 

i4,5o 

o,oi638 

0, oi655 

0,01669 

6 

53,55 

i5,65 

o,oi588 

0,01628 

0,01643 

7 

56, 3o 

18,40 

0,01524 

0,01567 

o,oi58o 

8 

62,95 

22,  o5 

0,01426 

o,oi4<5 

0,01428 

9 

66, 40 

28,50 

0,01342 

o,oi33g 

0,01349 

10 

71,00 

33, 10 

0,01244 

.  o,oi236 

0,01 2.44 

»  On  voit  que  les  débits  calculés  par  l'une  et  l'autre  formule  diffèrent 
peu  de  ceux  observés;  cependant  ils  sont  un  peu  moins  exactement  repro- 
duits par  la  formule  de  Darcy  que  par  la  nôtre,  qui  est  complètement  déter- 
minée quand  on  connaît  un  seul  débit. 

»  Ainsi  donc  on  aurait  pu  par  la  formule  (A),  au  moyen  d'une  seule- 
observation  de  débit  à  la  surface  du  sol,  calculer  d'une  manière  suffisam- 
ment approchée  tous  ceux  observés,  au-dessus  du  premier  point  de 
déversement,  par  MM.  Mary  et  Lefort.  On  doit  cependant  faire  observer 
que  ces  résultats  sont  obtenus  dans  l'hypothèse  où  la  nappe  artésienne 
communiquerait  directement  avec  le  tube  ascensionnel  par  son  orifice  infé- 
rieur; mais  il  arrive  souvent  que  cette  communication  s'opère  par  un  ori- 
fice plus  grand  ou  plus  petit,  soit  qu'il  se  soit  formé  une  excavation  à 
l'orifice  inférieur  du  tube  ascensionnel,  soit  que  cet  orifice  soit  obstrué 
par  des  fragments  de  roche,  soit  par  toute  autre  cause.  Dans  ces  cas  il  fau- 
dra employer  une  seconde  observation  pour  déterminer  l'orifice  de  com- 
munication de  la  nappe  artésienne  avec  le  tube  ascensionnel. 

C.  R,,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LV1,  N»  8.)  '  ' 


.  (  8M 

Puits  de  Passy, 

»  La  communication  de  la  nappe  artésienne  avec  le  tube  ascensionnel 
j'opère  non-seulement  par  l'orifice  inférieur  dont  la  superficie  est  égale 
à  o"'q.335o,  mais  encore  par  des  orifices  auxiliaires  pratiqués  dans  la  paroi 
de  la  partie  inférieure  du  tube.  En  prenant,  pour  déterminer  les  constantes 
de  la  formule  (A),  les  observations  nos  i  et  5  du  tableau  ci-dessous  qui  con- 
tient celles  qui  ont  été  faites  à  la  fin  de  i  86 1  et  au  commencement  de  1862, 
nous  trouverons  w  =  omq,5ii4.  En  formant  également  l'équation  de  la 
ligne  droite  parles  observations  nos  1  et  j,  nous  aurons  le  tableau  suivant, 
analogue  au  précédent. 


r^" 

HAUTEUR  DES  POINTS 

DÉBITS 

NUMÉROS 

de 

nÉYLT.SEMEXT  AU-DESSUS 

lies 
observa- 

0BSEI:\ ES 

CALCULÉS   PAfl 

LA    FOKMI  li: 

tions. 

île  la  mer. 

du   sol. 

(A). 

de   Darcy. 

m 

m 

m 

m 

m 

1 

53, 3o 

O  ,00 

0,1779 

°>'779 

0>>779 

0 

5q,3a 

6,Q2 

0,1441 

0 , 1 5o4 

0 , 1 5 1 2 

3 

65  ,  25 

Il  ,95 

0,1197 

0,1237 

0,1248 

k 

73,.5 

i9,85 

0,0846 

0,088g 

0,0892 

5 

77>'5 

23,85 

0,0718 

0,0718 

0,0718 


»  On  voit  encore  que  les  valeurs  calculées  par  l'une  et  l'autre  formule 
diffèrent  très-peu  de  celles  données  par  l'observation.    » 

GÉOLOGIE.    —    Recherches   sur  les  produits  de  ii   vulcanicité  aux  différentes 

époques  géoloqitptes.  Deuxième  partie;  par  M.  Pissis. 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.   Daubrée,  Cb.  Sainte-Claire 

Deville). 

L'étendue  de  ce  Mémoire  ne  permettant  de  l'imprimer  en  entier,  nous 
nous  bornerons  à  en  reproduire  les  deux  dernières  sections,  indiquant  seu- 
lement le  sujet  des  premières  par  leurs  titres  et  sous-titres  : 

Produits  vulcaniques  de  la  période  comprise  entre  le  soulèvement  de  la  chaîne  principale  ries 
Andes  et  celui  des  chaînes  transversales  du  Chili. 

«    I.e  labrador  et  l'bvperslène  forment  la  base  des  roebesde  cette  période. 
»   Les  filons  qui  accompagnent  les  masses  d'bypersténite  contiennent  les 
mêmes  matières  métalliques  qui  sont  disséminées  dans  cette  roche. 


(  83) 

»>  La  formation  de  ces  filons  est  postérieure  à  l'injection  de  l'hyper- 
sténite. 

»  Ces  filons  présentent  certaines  analogies  avec  ceux  qui  produisent  ac- 
tuellement les  eaux  thermales. 

»  Origine  hydro-thermique  de  l'hyperstène,  delà  tourmaline  et  de  l'a- 
patite. 

»  Les  dépôts  de  minerais  de  cuivre  qui  ont  suivi  l'injection  des  trachy  tes 
sont  le  résultat  d'une  réaction  sur  ceux  qui  dépendent  de  l'hypersténile. 

»   Action  métamorphique  de  l'hypersténile  sur  les  roches  injectées. 

»   Origine  hydro-thermique  des  hyperslénites. 

»  Les  roches  pyroxéniques  du  Brésil  se  rapportent  à  la  même  époque 
que  les  hypersténites. 

»   Origine  des  quartzites  et  des  schistes  ferrifères. 

Produits  vulcaniqucs  de  la  période   comprise  entre  le  soulèvement   de    la   chaîne  orientale 
des  Andes  et  l'injection  des  liypersté/iites 

»  Porphyres  injectés  lors  du  soulèvement  de  la  chaîne  orientale  des  Andes. 
»   Dépôts  métallifères  formés  à  la  suite  de  ces  porphyres. 

Différente!  phases  de  faction  vulcanique. 

»  En  comparant  les  phénomènes  vulcaniques  des  deux  périodes  dont 
nous  venons  de  nous  occuper  avec  ceux  qui  se  rattachent  au  soulève- 
ment de  la  chaîne  principale  des  Andes,  on  reconnaît  qu'ils  se  sont  tou- 
jours succédé  dans  le  même  ordre  ;  c'est  d'abord  l'enveloppe  solide  qui 
se  brise  suivant  une  direction  déterminée,  puis  des  matières  fluides  prin- 
cipalement formées  de  silicates  alumineux,  qui  sont  injectées  dans  les  fis- 
sures qui  résultent  de  cette  dislocation,  enfin  de  l'eau  à  une  température 
probablement  très-élevée  et  tenant  en  dissolution  de  la  silice  associée  à 
différentes  combinaisons  métalliques  continue  pendant  longtemps  à  s'é- 
chapper par  celles  de  ces  fissures  que  les  masses  phitoniques  n'avaient  point 
obstruées. 

»  Accroissement  graduel  de  l'intensité  de  cette  action.  —  Il  est  toutefois 
deux  classes  de  phénomènes  qui  paraissent  appartenir  exclusivement  a  la 
dernière  période  et  dont  on  ne  retrouve  plus  de  traces  dans  celles  qui  l'ont 
précédée;  ce  sont,  d'une  part,  ces  puissantes  projections  de  matières 
solides  qui  dans  les  éruptions  volcaniques  actuelles  précèdent  toujours 
l'épanchement  de  la  lave,  et  de  l'autre,  l'intermittence  de  ces  épanchements 
qui  se  succèdent  pendant  une  longue  période.  Les  premières  projections 
de  matières  solides  paraissent  avoir  eu  lieu  en  même  temps  que  le  soulève- 

i  r .. 


(  84  ) 

ment  de  la  chaîne  principale  des  Andes,  et  se  sont  répétées  ensuite  pour 
chaque  épanchement  des  roches  trachytiques  ou  phonolitiques,  ainsi  que 
l'attestent  la  régularité  des  alternances  entre  ces  roches  et  les  conglomérats 
d'origine  vulcanique;  or  rien  de  semblable  n'existe  dans  le  voisinage  des 
hypersténites  ou  des  porphyres  quartzifères,  et  comme,  d'une  autre  part, 
les  nombreux  filons  en  rapport  avec  ces  roches  indiquent  qu'il  a  dû  y  avoir 
à  cette  époque  d'abondantes  sources  thermales,  il  huit  nécessairement 
admettre,  ou  que  la  température  des  masses  d'où  émanaient  ces  sources 
était  de  beaucoup  inférieure  à  celle  des  trachytes  et  des  laves,  ou  que  ces 
phénomènes  avaient  lieu  sous  une  pression  extérieure  assez  forte  pour 
maintenir  l'état  liquide  sous  une  température  très-élevée;  circonstance  qui 
a  pu  se  réaliser  lorsque  les  terrains  injectés  se  trouvaient  sous  la  mer, 
comme  cela  peut  avoir  eu  lieu  pour  les  formations  jurassiques  et  néoco- 
miennes,  mais  que  l'on  ne  peut  invoquer  pour  les  terrains  déjà  émergés, 
tels  que  le  gneiss  et  les  schistes  argileux,  où  l'on  n'observe  au  voisinage  des 
masses  plutoniques  aucun  indice  de  conglomérat.  Il  est  donc  plus  probable 
que  cette  différence  entre  les  phénomènes  vulcaniques  de  deux  époques 
dépend  d'une  différence  dans  la  température  des  roches  injectées;  hypo- 
thèse que  vient  encore  appuyer  la  situation  des  trachytes  qui  se  sont  éten- 
dus sur  la  surface  du  sol  en  formant  de  vastes  nappes  à  surface  presque  hori- 
zontale, circonstance  qui  indique  un  grand  degré  de  fluidité,  tandis  que 
les  hypersténites  et  les  porphyres  se  sont  à  peine  déversés  sur  les  bords  des 
failles  qu'ils  ont  injectées  absolument  comme  cela  aurait  eu  lieu  pour  une 
matière  molle  soumise  à  une  forte  pression. 

•i  Les  relations  des  masses  hypersténiques  entre  elles,  ainsi  que  celles  des 
porphyres,  ne  présentent  rien  qui  puisse  faire  supposer  que  ces  roches  aient 
été  injectées  à  différents  intervalles,  comme  cela  a  eu  lieu  pour  les  trachytes 
dont  les  injections  paraissent  s'être  répétées  pendant  une  longue  période, 
depuis  le  soulèvement  de  la  chaîne  principale  des  Andes  jusqu'à  l'époque 
actuelle  où  les  éruptions  volcaniques  semblent  n'être  que  la  continuité  de 
cette  action.  Tout  au  contraire  paraît  indiquer  que  les  hypersténites  et  les 
porphyres  sont  venus  au  jour  d'un  seul  jet,  en  même  temps  qu'avaient  lieu 
les  soulèvements  de  la  chaîne  orientale  des  Andes  et  des  chaînes  transver- 
sales du  Chili,  et  que  l'injection  de  chaque  roche  a  été  suivie  d'un  long 
intervalle  de  repos  pendant  lequel  la  formation  des  filons  manifestait  seul<j 
la  continuité  de  l'action  vulcanique. 

»  La  composition  des  depuis  métallifères  est  d'autant  plus  simple  (pi' ils 
sont  plus  anciens.  —  L'étude  comparée  des  filons  de  ces  différentes  époques 


(85  ) 
laisse  entrevoir  déjà  un  certain  ordre  dans  la  succession  des  corps  que  les 
eaux  thermales  amenaient  à  la  surface,  tandis  que  les  filons  les  plus  mo- 
dernes sont  remarquables  par  le  nombre  considérable  des  corps  qui  entrent 
dans  leur  composition;  puisque  l'on  y  rencontre  la  plus  grande  partie  des 
métaux  et  des  corps  simples  non  métalliques,  ceux  qui  se  rapportent  aux 
masses  hypersténiques  ne  présentent  guère  d'autres  métaux  que  le  fer  et 
le  cuivre,  et  parmi  les  autres  corps  le  soufre  y  joue  un  rôle  important; 
l'arsenic,  le  phosphore  et  le  fluor  ne  s'y  présentant  que  d'une  manière  acci- 
dentelle. Pour  les  filons  encore  plus  anciens  qui  se  rattachent  aux  masses 
porphyriques,  les  métaux  sont  le  fer  et  l'étain;  les  combinaisons  d'arsenic  et 
de  phosphore,  •déjà  très-rares  dans  les  filons  précédents,  ne  paraissent  plus 
dans  ceux-ci.  Enfin,  d  importe  encore  de  remarquer  qu'en  même  temps  que 
la  composition  des  dépôts  métallifères  devient  plus  simple,  la  silice  semble 
jouer  un  rôle  de  plus  en  plus  important  ;  en  effet,  tandis  que  le  quartz  n'oc- 
cupe qu'un  rang  tout  à  fait  secondaire  dans  la  composition  des  filons  for- 
més après  le  soulèvement  de  la  chaîne  principale  des  Andes,  il  constitue 
presque  à  lui  seul  tous  ceux  qui  se  rapportent  aux  masses  porphyriques  et  la 
majeure  partie  de  ceux  qui  accompagnent  l'hypersténite.    » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Remarque  à  l'occasion  d'une  communication  récente 
de  M.  Alvaro  Reynoso,  sur  l'emploi  du  bisulfite  de  chaux  dans  la 
fabrication  du  sucre  de  canne  ;  Lettre  de  MM.  Perier  et  Possoz. 

«  M.  Alvaro  Reynoso,  dans  sa  Note  présentée  à  l'Académie  le  5  courant, 
rappelle  la  date  de  sa  publication  sur  l'emploi  du  bisulfite  de  chaux  dans  la 
fabrication  du  sucre  de  canne,  et  fait  allusion  à  la  date  d'un  brevet  que  nous 
avons  pris  postérieurement. 

»  Nous  croyons  devoir  faire  observer  que  ce  brevet  ne  porte  pas  sur 
l'emploi  du  bisulfite  de  chaux,  et  que  jamais  nous  n'avons  conseillé  d'in- 
troduire du  bisulfite  de  chaux  dans  du  jus  de  canne  contenant  de  la  chaux, 
ce  qui  donne  lieu,  comme  on  le  sait,  à  de  fâcheux  et  abondants  dépôts  de 
sulfite  et  sulfate  de  chaux  incrustant  les  chaudières  d'évaporation  et  altérant 
la  pureté  du  sucre.    » 

Cette  Lettre  est,  ainsi  que  la  Note  à  laquelle  elle  se  rapporte,  renvoyée 
à  la  Commission  qui  a  fait  le  Rapport  sur  le  procédé  de  MM.  Perier  et 
Possoz  pour  l'épuration  des  jus  sucrés,  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Dumas,  Pelouze  et  Payen.    • 


(  86) 

M.  Salle  adresse  différents  spécimens  d'une  substance  textile,  qu'il 
regarde  comme  pouvant  remplacer  avantageusement  le  coton. 

Ces  produits,  fournis  par  la  plante  vulgairement  connue  sous  le  nom 
d'ortie  de  Chine,  se  présentent,  dans  cet.  envoi,  sous  divers  états,  depuis 
l'état  brut  jusqu'à  celui  de  tissu.  M.  Salle  pense  que  ses  procédés  de  pré- 
paration, qu'il  ne  décrit  pas  dans  la  Note  jointe  à  ces  produits,  mais  qu'il 
ferait  connaître  avec  tous  les  détails  nécessaires  aux  Commissaires  que 
l'Académie  voudrait  bien  lui  désigner,  sont  de  beaucoup  préférables  à  ceux 
qu'ont  employés  jusqu'ici  les  industriels  qui  ont  cherché  à  tirer  parti  de 
cette  substance. 

La  Note  et  les  produits  auxquels  elle  se  rapporte  sont  envovés  à  l'examen 
d'uneCommission  composée  de  MM.  Chevreul,  Brongniart  et  Payen. 

M.  Gixoi'L  adresse  de  Tarare  (Rhône)  une  Note  sur  la  composition  et  le 
mode  d'emploi  d'un  oint  gras  dont  l'application  méthodique  a  pour  effet  de 
rendre  les  cuirs  imperméables  à  l'eau,  de  telle  sorte  que,  même  après  une 
immersion  prolongée,  ils  n'ont  pas  été  trouvés  augmentés  de  poids. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Seguier.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur  M.  Alph.  de 
Candolle  un  opuscule  ayant  pour  titre  :  «  Étude  sur  l'espèce  à  l'occasion 
d'une  révision  de  la  famille  des  Cupnlifères   ». 

Et  au  nom  de  M.  Nie.  de  Kol>seltaron>  une  nouvelle  livraison,  texte  et  Atlas, 
de  l'ouvrage  intitulé  :  «  Matériaux  pour  la  minéralogie  de  la  Russie  ». 
L'ouvrage,  qui  s'imprime  à  Saint-Pétersbourg,  est  écrit  en  allemand. 

M.  Delafosse  est  invité  à  prendre  connaissance  de  ce  beau  travail  et  à 
en  faire  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  Correspondance  des  «  Observations  géologiques  dans  les  Alpes  du  lac  de 
Thoune  »,  par  M.  B.  Studer,  dans  lesquelles  sont  constatésdes  faits  curieux 
sur  les  gisements  que  présentent  en  Suisse  le  calcaire  nummulitique  et  le 
grès  de  Taviglianaz. 


(  87  ) 
M.  Mantellier,  donl  le  travail  sur  le  prix  des  denrées  à  Orléans  depuis  le 
xive  siècle  jusqu'au  xvme  siècle  a  obtenu  au  concours  de  18G2  le  prix  de 
Statistique,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

M.  Cap  remercie  également  l'Académie  qui  lui  a  décerné  le  prix  Barbier 
de  1862  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  sur  la  glycérine. 

physique  mathématique.  —  Théorème  sur  la  relation  entre  les  positions  des 
plans  de  polarisation  des  rajons  incident,  réfléchi  et  réfracté  dans  les  milieux 
isotropes;  par  M.  A.  Corxk. 

«  Un  rayon  de  lumière  polarisée  en  tombant  sur  une  surface  polie  taillée 
dans  une  substance  isotrope  donne  naissance  à  un  rayon  réfléchi  et  un 
rayon  réfracté  tous  deux  aussi  polarisés. 

»  M.  Bfewstera,  le  premier,  déterminé  expérimentalement  la  relation  qui 
lie  la  position  du  plan  de  polarisation  de  ces  trois  rayons.  Il  a  trouvé  qu'en 
désignant  les  azimuts  de  ces  plans  par  a  pour  le  rayon  incident,  a'  pour 
le  rayon  réfléchi,  a"  pour  le  rayon  réfracté,  à  partir  du  plan  d'incidence, 
les  formules 


cos  (;'  4-  r) 
cos  (  ('  —  r)  ' 


tang  oc'  =  =  îang  a  -  —,,     tang  a   =  tanga. 


rendent  assez  bien  compte  des  expériences. 

»  Fresnel,  par  son  admirable  analyse,  les  déduisit  comme  conséquences 
de  sa  théorie,  et  Newmann  les  retrouva  aussi  tout  en  partant  d'hypothèses 
inverses:  la  question  semble  donc  entièrement  résolue. 

»  Cependant  voici  un  théorème  qui  me  paraît  compléter  tous  ces  beaux 
travaux,  en  ce  sens  qu'il  dégage  des  formules  le  résultat  définitif  et  qu'il 
montre  d'une  manière  synthétique  la  position  des  plans  de  polarisation  des 
trois  rayons.  • 

»  En  appelant  avec  Fresnel  plan  de  vibration  le  plan  passant  par  le  rayon 
et  normal  au  pian  de  polarisation  correspondant,  nous  l'énoncerons  ainsi  : 

»  Les  plans  de  vibration  des  rajons  incident,  réfléchi  et  réfracté,  se  coupent 
suivant  une  même  droite  normale  au  rayon  réfracté. 

»  Cette  proposition  a  l'avantage  de  résumer  en  deux  lignes  la  théorie  de 
la  réflexion  et  de  la  réfraction  dans  les  milieux  isotropes,  et  de  faire  suivre 
des  yeux,  pour  ainsi  dire,  la  rotation  du  plan  de  polarisation. 

>>  On  la  déduirait  aisément  des  formules  précédentes  à  l'aide  de  quelques 
triangles  sphériques,   mais  je  préfère  la  démontrer  directement  en  recou- 


(  88  ) 
rant  aux  idées  de  Newmann  ;  «  il  y  a  continuité  complète  dans  les  vibra- 
»   tions,  c'est-à-dire  que  le  polygone  des  vibrations  est  fermé;  les  vibrations 
»   sont  dans  le  plan  de  polarisation.    » 

»  Alors  on  voit  que  le  polygone  des  vibrations  se  réduit  à  un  triangle  ; 
les  trois  vibrations  sont  en  général  parallèles  à  un  même  plan;  en  particu- 
lier, au  point  d'incidence,,,  elles  sont  dans  ce  plan:  par  suite,  les  plans  dont 
ces  vibrations  sont  les  normales,  se  coupent  suivant  une  même  droite.  Or 
ces  plans,  perpendiculaires  à  la  vibration,  passent  par  le  rayon  correspon- 
dant (caries  vibrations  sont  transversales),  et  sont  normaux  aux  plans  de 
polarisation  :  ils  correspondent  donc  bien  aux  plans  de  vibration  de 
Fresnel. 

»  La  position  de  la  droite  n'est  pas  déterminée  par  ce  raisonnement  tiré 
de  la  seule  condition  de  continuité;  mais  au  moins  la  partie  la  plus  impor- 
tante du  théorème  devient  évidente  :  le  calcul  donne  le  reste.    » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  le  passage  d'une  quantité  considérable  de  (/lobules 
lumineux  observés  à  la  Havane  dînant  l'éclipsé  solaire  du  1  5  mai  1 836/  Lettic 
de  M.  A.  Poey  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Les  profondes  recherches  de  M.  Lé  Verrier  sur  la  théorie  de  Mercure, 
son  ingénieuse  hypothèse  sur  l'existence  d'un  anneau  de  corpuscules  cir- 
culant entre  Mercure  et  le  Soleil,  fait  qui  expliquerait  l'accélération  de 
38  secondes  que  ce  savant  a  trouvée  dans  le  mouvement  séculaire  du  péri- 
hélie de  cette  planète,  m'engagent  à  vous  communiquer,  Monsieur,  une 
observation  faite  en  i83G  sous  cette  latitude  par  le  professeur  Alejandro 
Auber,  personne  très-versée  dans  les  sciences  physico-mathématiques  et 
naturelles  et  auteur  de  plusieurs  écrits  durant  sa  longue  carrière  scienti- 
fique. MM.  José  Toribio  de  Arazoza,  rédacteur  aujourd'hui  de  la  gazette 
officielle,  et  son  gendre.M.  Juan  Eleizegui,  m'ont  assuré  de  l'exactitude  du 
fait  dont  ils  furent  tous  témoins. 

»  Lors  de  l'éclipsé  solaire  du  i5  mai  i  836,  à  7  heures  du  matin,  M.  Auber 
dirigea  une  lunette  sur  le  bord  oriental  du  Soleil;  puis  l'observa  à  travers 
l'ouverture  d'une  piqûre  d'épingle  faite  sur  une  feuille  de  papier.  Mais 
bientôt  il  eut  l'heureuse  idée  de  cacher  le  disque  solaire,  comme  l'avait 
fait  le  sous-préfet  d'Embrun,  par  l'interception  du  toit  d'une  .maison,  et 
visant  alors  à  quelque  distance  de  l'astre,  il  fut  également  témoin  du  pas- 
sage d'un  nombre  considérable  de  globules  lumineux  qui  paraissaient  partir 
du  Soleil  et  se  mouvoir  dans  diverses  directions,  parfois  s'entre-croisant  et 


(*9) 
s'éteigtiant  ensuite  dans  l'espace.  D'autres  globules,  après  s'être  éloignés  du 
Soleil  jusqu'à  la  distance  de  trois  à  quatre  fois  le  diamètre  de  l'astre,  retour- 
naient sur  leurs  pas  presque  par  la  même  route,  comme  s'ils  eussent  été  for- 
tement attirés  vers  le  foyer  d'où  ils  émanaient.  Enfin  d'autres  paraissaient 
tracer  une  courbe  elliptique,  de  sorte  qu'on  pouvait  les  suivre  dans  leur 
éloignement  et  leur  rapprochement  au  Soleil,  bien  que  l'intensité  de  leur 
lumière  s'affaiblît  à  mesure  qu'ils  se  rapprochaient.  Leurs  mouvements 
étaient  très-rapides,  et  aucun  n'était  visible  au  delà  d'une  demi-seconde  de 
temps.  Leurs  directions  différaient  complètement,  car  les  uns,  bien  que  peu 
nombreux,  filaient  du  haut  en  bas,  et  C'étaient  précisément  ceux  que  l'on 
pouvait  suivre  dans  tout  le  parcours  de  leur  orbile;  tandis  que  ceux  qui 
filaient  horizontalement  disparaissaient  presque  tous  avant  de  retourner  sur 
leurs  pas.  Les  uns  étaient  de  la  grosseur  d'une  étoile  de  septième  grandeur 
et  quelques  autres  presque  inappréciables.  Lorsque  le  Soleil  commença  à  se 
découvrir,  on  put  toujours  les  observer,  quoique  plus  difficilement,  se 
propageant  aussi  rapidement  que  les  étoiles  filantes,  s'éloignanl  du  Soleil 
dans  diverses  directions,  et  se  précipitant  de  nouveau  sur  la  surface.  Enfin 
quand  ce  luminaire  fut  à  plus  de  la  moitié  découvert,  M.  Eleizegui  put 
encore  apercevoir  deux  de  ces  globules  d'une  lumière  excessivement 
pâle  (i). 

»  Bien  avant  le  passage  de  la  planète  Vulcain,  découverte  par  M.  Lescar- 
bault,  un  grand  nombre  d'observateurs  anciens  et  modernes  avaient  aussi 
vu  traverser  le  disque  solaire,  soit  par  un  ou  plusieurs  corps  nu  lâches 
noires,  soit  encore  par  une  quantité  progidieuse  de  globules  opaques  ou 
lumineux.  M.  Wolf  nous  a  fourni  en  1839  plus  de  vingt  constatations  de 
cette  nature,  reproduites  ensuite  par  M.  Radau  avec  quelques  cas  nou- 
veaux (2).  Mais  de  toutes  ces  observations  voici  la  plus  importante,  par  la 
raison  qu'elle  a  été  faite,  comme  la  nôtre,  durant,  un  éclipse  de  Soleil;  et 
cependant  elle  parait  être  tombée  dans  l'oubli,  car  M.  Radau  n'en  fait  pas 
même  mention. 

«  Le  -j  septembre  1820,  environ  i''45m  à\\  soir,  lorsque  l'éclipsé  se 
trouvait  sur  son  déclin,  le  sous-préfet  et  des  groupes  nombreux  d'individus 
admiraient  dans  les  rues  d'Embrun  et  à  l'œil  nu  une  quantité  prodigieuse 
de  globules  de  feu  du  diamètre  des  plus  grosses  étoiles,  qui  se  projetaient  en 

(1)  Extrait  d'une  publication  cubaine,  La  Siempreviva,  Ilabana,  i83g,  t.H,  2eIivi\,  p.  100. 
(3)   Annuaire  du  Cosmos  pour  1 86 1 ,  p.  338. 

C  R.,  iSG3,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  2.)  Ia 


(  9"  ) 
divers  sens  de  l'hémisphère  supérieur  du  Soleil  avec  une  vitesse  incalcu- 
lable. Ces  globes  apparaissaient  à  des  intervalles  inégaux  et  assez  rappro- 
chés; souvent  plusieurs  à  la  fois,  mais  toujours  divergents  entre  eux.  Les 
uns  parcouraient  une  ligne  droite,  les  autres  une  ligne  parabolique  et  s'étei- 
gnaient tous  dans  l'éloignement,  d'autres  enfin,  après  s'être  éloignés  à  une 
certaine  distance  en  ligne  droite,  rétrogradaient  sur  la  même  ligne,  et  sem- 
blaient rentrer  encore  lumineux  dans  le  disque  du  Soleil  (i). 

»  Ce  n'a  donc  pas  été  sans  surprise  que  j'ai  lu  un  passage  d'une  des  der- 
nières Notes  de  M.  Faye,  dans  lequel  ce  savant,  pour  combattre  l'existence 
d'un  torrent  de  matière  cosmique  enflammée  et  circulant  autour  du  Soleil, 
comme  le  veulent  MM.  Mayer,  Waterston  et  Thomson,  avance  que  durant 
les  éclipses  totales  on  n'avait  pu  entrevoir  de  semblables  corpuscules  (a). 
Je  n'ai  pas  l'intention  de  relever  aucune  erreur  de  la  part  de  cet  astro- 
nome distingué,  qui  pouvait  du  reste  parfaitement  ignorer  l'observation 
d'Embrun,  et  à  plus  forte  raison  la  seconde  apparition  du  phénomène  sous 
cette  latitude  en  i836.  Je  désire  uniquement  fixer  de  nouveau  l'attention 
des  observateurs  lors  d'une  prochaine  éclipse,  ainsi  que  M.  Faye  l'avait 
déjà  fait  en  1860.  C'est  encore  au  triple  point  de  vue  de  la  belle  théorie  de 
M.  Le  Verrier  des  perturbations  de  Mercure,  celle  de  l'origine  de  la  chaleur 
solaire  et  du  milieu  cosmique  résistant  que  je  prends  la  liberté,  Monsieur, 
de  vous  communiquer  ces  deux  observations,  dont  la  première  paraît  être 
oubliée  et  la  seconde  entièrement  ignorée  dans  la  science.  » 


■»■ 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Cinquième  Mémoire  sur  l'héliocliromie; 
par  M.  Niepcf.  de  Saint- Victor.  (Extrait.) 

«  Chapitre  Ier.  De  la  reproduction  des  couleurs  en  héliochromie.  —  Je 
donne  aujourd'hui  le  résultat  des  observations  que  j'ai  faites  cette  année, 
cl  quoique  l'été  dernier  n'ait  pas  été  favorable  à  mes  expériences  dans  la 
chambre  obscure,  j'ai  cependant  pu  obtenir  quelques  épreuves. 

»  L'obtention  des  couleurs  dans  la  chambre  noire  est  celle  qui  démontre 
le  mieux  ce  que  peut  donner  l'héliochromie;  car  il  ne  faut  pas  se  faire  illu- 
sion, l'héliochromie  ne  peut  tout  reproduire  :  mais  elle  peut  cependant  donner 
des  à  présent  beaucoup  de  choses;  c'est  pour  cela  que  j'ai  l'honneur  d'en  pré- 


(  1  )  annales  de  Chimie  et  de  Physique,  1 8a5,  t.  XXX,  p.  4  '  7- 

(2)  Compte  rendu,  séance  du  6  octobre,  n°  <4>  P-  567.  Avec  variante  Cosmos,  i5e  livr., 
octobre,  p.  4^9- 


(9'  ) 
senter  des  épreuves  à  l'Académie  et  de  donner  en  même  temps  la  manière 
dont  je  prépare  mes  plaques. 

»  La  couleur  jaune  a  toujours  été  pour  moi  la  plus  difficile  à  obtenir  en 
même  temps  cpie  les  autres  teintes;  mais  je  viens  fie  découvrir  le  moyen  de 
développer  le  jaune  avec  certitude  et  d'obtenir  en  même  temps  les  autres  cou- 
leurs :  auparavant  j'obtenais  bien  avec  facilité  le  rouge,  le  vert  et  le  bleu, 
mais  lorsque  le  jaune  se  produisait,  c'était  accidentellement.  Je  suis  parvenu 
à  obtenir  le  jaune  dans  toutes  mes  reproductions  en  employant,  pour  chio- 
rurer  mes  plaques  d'argent,  ira  bain  composé  d'hypochlorite  de  soude  de 
préférence  à  celui  de  potasse.  Ce  bain  doit  être  dans  les  conditions  sui- 
vantes : 

»  On  prend  un  bypochlorite  de  sonde  nouvellement  obtenu  et  marquant 
6°  à  l'aréomètre,  on  l'étend  de  moitié  d'eau  et  on  y  ajoute  |  pour  ioo  de 
soude  à  l'alcool,  on  porte  le  bain  à  la  température  de  70  à  8o°;  alors  on  le 
verse  dans  une  capsule  plate  (dite  pour  demi-plaque)  et  on  plonge  la  plaque 
d'argent  d'un  seul  coup,  en  agitant  le  liquide  pendant  quelques  secondes, 
temps  suffisant  pour  que  la  plaque  prenne  une  teinte  presque  noire.  On  la 
rince  à  grande  eau,  puis  on  la  sèche  sur  une  lampe  à  alcool,  et  on  lui 
donne  le  recuit  nécessaire. 

»  Dans  200  grammes  de  ce  bain  on  peut  chlorurer  5  à  6  plaques  dites 
de  -j,  parmi  lesquelles  il  en  est  qui  donneront  de  meilleurs  résultats  que  les 
autres,  selon  l'épaisseur  de  la  couche  et  le  degré  de  recuit. 

»  Dans  ces  conditions  de  chloruration,  les  couleurs  se  produisent  (sur- 
tout par  contact)  avec  des  teintes  très-vives  et  les  noirs  souvent  avec  toute 
leur  intensité. 

»  Pour  opérer  dans  la  chambre  obscure,  on  choisit  de  préférence  les 
plaques  qui  donnent  par  l'action  du  recuit  une  belle  teinte  rouge-cerise, 
ainsi  que  celles  qui  sont  les  plus  tendres  à  recuire,  parce  qu'elles  sont  les 
plus  sensibles  à  la  lumière;  il  faut  pour  cela  que  la  couche  de  chlorure  d'ar- 
gent ne  soit  pas  trop  épaisse. 

»  Mais  pour  obtenir  les  effets  que  je  viens  de  signaler,  la  plaque  chlo- 
rurée doit  être  recouverte  du  vernis  à  base  de  chlorure  de  plomb  que  j'ai 
indiqué  dans  mon  dernier  Mémoire;  seulement  il  faut  prendre  une  solution 
aqueuse  de  dextrine  avec  du  chlorure  de  plomb  non  fondu,  afin  de  neu- 
traliser l'action  du  bain  alcalin  sur  le  chlorure  d'argent  et  faire  blanchir 
le  fond  de  l'image,  qui  sans  cela  resterait  sombre  ou  rosé. 

»  Quant  au  problème  de  la  fixation  des  couleurs,  je  n'ai  lait  que  dou- 
bler le  temps  de  durée  que  j'ai  annoncé  clans  mon  dernier  Mémoire.  Plu- 

12.. 


(  92  ) 
sieurs  substances  ajoutées  après  l'action  de  la  chaleur  sur  le  chlorure  tic 
plomb  donnent  une  fixité  plus  grande  que  si  le  chlorure  de  plomb  était 
seul  :  telles  sont,  entre  autres,  la  teinture  de  benjoin,  le  chlorure  d'étain  et 
l'aldéhyde.  Mais  ce  cpii  m'a  donné  le  meilleur  résultat,  c'est  encore  la  tein- 
ture de  benjoin  de  Siam,  appliquée  sur  la  plaque  lorsqu'elle  est  tiède,  et 
après  la  dessiccation  on  chauffe  la  plaque  jusqu'à  ce  qu'il  se  volatilise  un  peu 
d'acide  benzoïque. 

»  C'est  au  moyen  de  ce  vernis  sur  le  chlorure  de  plomb  que  je  suis  par- 
venu à  conserver  des  couleurs  trois  et  quatre  jours  dans  un  appartement 
fortement  éclairé  par  une  lumière  du  mois  de  juillet. 

»  Une  observation  que  j'ai  faite  et  que  je  vais  signaler,  c'est  que  si-on 
incline  une  image  héliochromique  sous  un  certain  degré  d'incidence,  les 
couleurs  apparaissent  beaucoup  plus  vives  et  les  noirs  prennent  toute  leur 
intensité.  J'ai  remarqué  également  que,  selon  que  le  modèle  'une  poupée) 
est  éclairé  par  les  rayons  solaires»,  l'obtention  des  couleurs  dans  la  chambre 
obscure  se  trouve  singulièrement  modifiée  et  produit  des  effets  très-avanta- 
geux comme  intensité  de  couleur  et  comme  éclat;  par  exemple,  la  reproduc- 
tion des  galons  d'or  et  d'argent  et  celle  des  pierres  fines  se  font  beaucoup 
mieux. 

»  Chapitre  II.  De  la  reproduction  pur  l'héliochromie  des  couleurs  binaires 
des  artistes.  —  Maintenant  j'ai  à  parler  d'une  série  d'expériences  que  je  crois 
tort  intéressantes  au  point  de  vue  scientifique. 

»  J'ai  constaté  que  foutes  les  couleurs  binaires  étaient  décomposées  par 
l'héliochromie  (i). 

»  Ainsi,  pour  démontrer  cet  effet  de  la  lumière  sur  une  couleur  mélan- 
gée, je  commencerai  par  citer  l'expérience  la  plus  frappante,  en  prenant 
d'abord  la  couleur  verte  qui,  comme  on  le  sait,  peut  être  naturelle  ou  com- 
posée de  jaune  et  de  bleu. 

»  Si  le  vert  est  naturel  comme  ceux  de  l'émeraude,  de  l'arsénite  de  cuivre, 
de  l'oxyde  de  chrome,  du  sulfate  de  nickel,  du  carbonate  de  cuivre  vert 
(  malachite),  l'héliochromie  les  repronduira  en  vert;  mais  si  c'est  un  vert 
composé,  par  exemple  celui  qui  est  formé  avec  du  jaune  de  chrome  et  du 

(i)  S'il  est  vrai,  comme  M.  Edmond  Becquerel  l'a  avancé,  qu'il  a  reproduit  un 
spectre  solaire  complet,  ti'a-t  il  pas  constate  par  la  même  que  les  couleurs  du  spectre  ne 
sont  pas  décomposées  par  l'héliochromie,  et  n'est-on  pas  en  droit  d'en  conclureque  ces  cou- 
leurs sont  simples  et  que  le  spectre  solaire  n'est  pas  formé  seulement,  comme  le  veut  sir  David 
Brewster,  de  la  superposition  de  trois  spectres  monochromatiques,  rouge,  jaune  et  bien? 


(  9?  ) 

bleu  de  Prusse,  ou  ceitii  des  étoffes  teintes  en  vert  ;tu  moyen  d'une  matière 
colorante  bleue  et  d'une  matière  colorante  jaune,  ou  celui  de  certains 
verres  verts  colorés  par  une  matière  jaune  et  une  matière  bleue,  ces  verts, 
dis-je,  ne  donneront  que  du  bleu  en  héliochromie,  soit  par  contact,  soit 
•  'ans  la  chambre  obscure. 

»  Je  vais  citer  encore  une  expérience  bien  concluante  :  un  verre  bleu 
clairet  un  verre  jaune  clair  superposés,  donnent  par  transparence  un  très- 
beau  vert;  mais  étant  appliqués  sur  une  plaque  béliocbromique,  ils  ne 
produisent  que  du  bleu,  quel  que  soit  le  temps  d'exposition  à  la  lumière  : 
que  le  verre  bleu  soit  dessus  ou  dessous,  ou  emprisonné  entre  deux  verres 
jaunes,  les  résultats  seront  toujours  les  mêmes. 

»  Voici  d'autres  exemples.  Un  verre  rouge  et  un  verre  jaune  superposés, 
donnant  de  l'orangé  par  transparence,  ne  produiront  que  du  rouge  sur  la 
plaque  sensible.  Un  verre  rouge  et  un  verre  bleu  superposés,  donnant  du 
violet  par  transparence,  produiront  d'abord  du  violet  (parce  que  la  plaque 
est  rouge  naturellement),  puis  arrive  le  bleu;  un  verre  orangé  remplaçant 
le  rouge,  produit  encore  plus  vite  le  bleu.  Un  papier  blanc  coloré  en  vert 
par  des  feuilles  vertes  ou  par  du  vert  de  vessie  (extrait  de  nerprun),  ne  se 
produit  que  très-lentement  par  contact;  la  plaque  sensible  reste  rouge 
fort  longtemps,  comme  s'il  n'y  avait  aucune  action  de  lumière,  et  si  on  pro- 
longe l'exposition  à  la  lumière,  il  se  produit  une  teinte  bleue-grisâtre;  il  en 
est  de  même  si  l'on  cherche  à  reproduire  dans  la  chambre  obscure  un 
feuillage  de  la  nature,  en  supposant  la  reproduction  d'un  feuillage  d'un 
vert  pré.  Mais  si  c'est  un  feuillage  d'un  vert  bleu,  comme  par  exemple  les 
feuilles  d'un  dahlia,  la  teinte  bleue  sera  plus  vive.  Si  le  feuillage  est  jaune 
ou  rouge,  comme  celui  de  certaines  feuilles  mortes,  la  couleur  se  produira 
d'un  jaune  ou  d'un  rouge  plus  ou  moins  pur,  suivant  l'absence  plus  ou 
moins  grande  de  la  matière  bleue,  qui  constitue  avec  le  jaune  la  couleur 
verte  des  feuilles,  comme  M.  Fremy  l'a  démontré  (i). 

»  L'œil  de  la  plume  de  paon  se  reproduit  très-bien  dans  la  chambre 
obscure,  c'est-à-dire  tel  que  la  couleur  apparaît  sous  un  certain  degré  d'in- 
cidence, tantôt  verte,  tantôt  bleue. 

»  Enfin  il  serait  bien  intéressant  de  reproduire  par  l'héliochromie  le  vert 
de  Chine;  on  verrait  si  c'est  un  vert  pur  ou  composé.    » 

(i)  Dans  toutes  les  reproductions  par  la  chambre  noire  il  y  a  toujours  une  plus  ou  moins 
grande  quantité  de  lumière  blanche  réfléchie,  surtout  dans  la  reproduction  d'un  feuillage. 


(  94  ) 

TECHNOLOGIE.  —  Sur  un  nouveau  système  d'appareils  d' évapora  lion  tl  de 
distillation  à  simple  ou  à  multiple  effet;  par  M.  L.  Kessler.  (Présenté  par 
M.  Balard.) 

«  Le  système  d'évaporation  et  de  distillation  que  je  vais  décrire  est  carac- 
térisé par  l'usage  exclusif  que  l'on  y  fait  du  couvercle  même  du  vase  conte- 
nant le  liquide  à  évaporer  pour  opérer  la  condensation  des  vapeurs  et  en 
même  temps  l'élimination  des  liquides  distillés. 

»  Supposons  que  l'on  ait  un  premier  vase  cylindrique  renfermant  de 
l'eau,  placé  sur  le  feu,  et  ayant  à  son  bord  supérieur  une  rigole  déversant 
par  un  tube  à  l'extérieur.  Si  sur  ce  premier  vase  on  met  un  couvercle  co- 
nique dont  le  bord  inférieur  plonge  dans  la  rigole  et  dont  le  pourtour  soit 
muni  de  rebords  verticaux  permettant  d'y  placer  un  nouveau  liquide,  on 
aura  dans  sa  plus  grande  simplicité  un  appareil  de  ce  système. 

»  L'eau  contenue  dans  la  chaudière  en  s'échauffant  émettra  des  vapeurs 
qui  au  contact  du  fond  plus  froid  se  condenseront  en  gouttelettes  liquides; 
celles-ci  glisseront  par  adhérence  jusqu'à  la  partie  inférieure  du  couvercle 
conique,  tomberont  dans  la  rigole  et  viendront  couler  à  l'extérieur  par  le 
petit  tube. 

»  L'eau  contenue  sur  le  couvercle  s'échauffera  bientôt  par  la  chaleur 
latente  qu'elle  recevra  et  elle  émettra  elle-même  des  vapeurs;  mais  aussi  elle 
se  refroidira  par  cette  émission  et  elle  pourra  continuer  par  conséquent  à 
déterminer  la  condensation  des  vapeurs  du  premier  vase. 

»  Si  maintenant  on  garnit  les  bords  du  couvercle  d'une  antre  rigole  sem- 
blable à  celle  qui  couronne  le  vase  inférieur  et  si  on  lui  superpose  un 
second  couvercle  semblable,  on  aura  un  appareil  à  multiple  effet. 

»  La  vapeur  émise  par  le  liquide  contenu  clans  le  premier  couvercle 
auquel  je  donnerai  le  nom  de  bain-marie,  se  condensera  à  .son  tour  en  frap- 
pant le  couvercle  supérieur  que  j'appellerai  le  réfrigérant  et  produira  une 
nouvelle  quantité  d'eau  distillée  que  l'on  recueillera  à  l'extérieur;  elle 
échauffera  aussi  l'eau  contenue  dans  le  réfrigérant,  et  celui-ci  à  son  tour 
pourra  se  transformer  en  un  nouveau  bain-marie  produisant  un  nouvel  effet 
de  plus  avec  la  même  chaleur,  et  ainsi  de  suite.  Pour  compléter  l'appareil, 
un  tube  de  trop-plein  placé  dans  chaque  case  permettra  de  les  alimenter 
constamment  chacun  en  cascades,  par  le  plateau  supérieur. 

»  Il  est  clair  qu'un  appareil  ainsi  construit,  et  à  quelques  modifications 
pies,  peut  servir  de  même  à  distiller  dans  le  vide  et  sous  pression.  J'ai  dû 


(95  ) 
rechercher  d'abord  quelle  était  dans  ce  système  la  puissance  condensante 
cl 1 1  couvercle  et  j'ai  trouvé  que  dans  l'appareil  à  simple  effet  à  air  libre,  en 
échangeant  l'eau  à  35°  ou  4°°>  i  décimètre  carré  de  cuivre  de  i  millimètre 
d'épaisseur  condensait  i  kilogramme  de  vapeur  par  heure  et  qu'en  échan- 
geant l'eau  de  5o°  à  55°,  il  fallait  i  décimètres  carrés  pour  en  condenser 
dans  le  même  temps  3  kilogrammes. 

»  Pour  vérifier  ensuite  dans  quelle  proportion  on  approchait  avec  l'appa- 
reil à  multiple  effet  des  données  théoriques,  j'ai  fait  marcher  pendant  plu- 
sieurs heures  mi  appareil  à  l\  cases.  La  surface  évaporante  de  chacune  était 
de  i3oo  centimètres  carrés,  j'ai  obtenu  les  chiffres  renfermés  dans  le  tableau 
suivant  : 


PERTE    DES 

PERTE    EN    EAU 

PERTE    EN    EAU   d'DEL'RE    EN    111  1  UV 

LIQUIDE   AJOITC 

lampes 

d'heure  en  li. 

I 
l 

de  l'appareil 
d'heure  en  h. 

à  Î5°  d'heure 
en  heure. 

Du  1"  plaleau 

Du  2'  plateau. 

Du  3e  plaleau. 

Du  4"  plateau 

3oo 

kil 
2,6oo 

gr 

835 

gr 
680 

6lO 

gr 

4,5 

kil 

1 

2.40 

2,38o 

720 

680 

48o 

5oo 

2 

210 

?.,i4o 

74° 

55o 

4'o 

44o 

1 ,5oo 

750 

2,295 

1,910 

1 ,  58o 

i,4i5 

4,5oo 

En  ajoutant  0,455  représentant  la  quantité  d'eau  vaporisée  par  ls 

chaleur  employée  à  élever  :t 

g 

o°,  température  moyenne  de  l'appareil,  l'eau  ajoutée  à  i5°. 

Le  total   "]  ,5^5   représente  la  quantité  d'eau  vaporisée. 

»  La  chaleur  était  fournie  par  des  lampes  à  alcool  térébenthine  placées 
sur  une  balance.  La  perte  par  évaporation  des  plateaux  était  donnée  par  le 
poids  des  liquides  recueillis  aux  rigoles  correspondantes.  L'appareil  complet 
était  suspendu  à  un  fléau  de  balance  et  donnait  par  différence  la  perte  du 
plateau  supérieur.  Les  quantités  d'eau  ajoutées  étaient  à  1  5°  et  pesées  préa- 
lablement. 

»  On  voit  par  là  que  si  l'on  suppose  que  le  travail  de  la  case  inférieure 
reste  le  même,  qu'il  s'effectue  à  l'air  libre  ou  non,  l'évaporation  de  la  pre- 
mière case  est  à  l'évaporation  totale  de  l'appareil  :  :  2,29,5  ;  7,573,  c'est- 
à-dire;:  1  '.  3,29.  Le  calcul  indiquerait  3,35;  il  est  probable  que  la  diffé- 
rence esl  due  aux  pertes  éprouvées  par  les  parois. 

»  Il  est  facile  de  justifier  l'hypothèse  ci-dessus;  car,  en  faisant  marche! 


(#  ) 

la  case  inférieure  toute  seule,  on  a  obtenu  les  chiffres  suivants  : 

Perle  de  la  lampe.  Perte  de  l'appareil  sans  alimenter 

180  660 

»  Le  1  apport  de  ces  deux  nombres  est  3,66  et  peu  différent  de  celui  3, 5^ 
que  l'on  obtient  en  comparant  la  perte  du  combustible  et  la  perte  du  pre- 
mier plateau  de  l'appareil.  Celte  différence  est  due  a  la  surélévation  de 
température  de  la  case  inférieure,  à  mesure  que  l'on  superpose  des  cases, 
élévation  qui  diminue  d'autant  les  quantités  de  chaleur  transmises. 

»  On  voit  tout  de  suite  qu'en  supprimant  dans  ce  système  l'intervention  de 
double  fond  ou  de  conduits  séparés  pour  le  retrait  des  eaux  de  condensa- 
tion, on  profite  pour  la  multiplicité  de  l'effet,  non-seulement  de  la  chaleur 
latente  contenue  dans  la  vapeur  émise  par  ébullition,  mais  encore  dans  celle 
qui  est  engendrée  par  émanation  ;  et  en  outre  i"  de  celle  qui  s'échappe  par 
voie  de  rayonnement  ;  1"  de  la  plus  grande  partie  de  celle  qui  est  enlevée 
par  le  contact  de  l'air  extérieur  contre  les  parois. 

»  Piïincipales  applications.  —  Pour  les  laboratoires.  —  Employé  à  sim- 
ple effet,  avec  une  bassine  à  feu  nu  et  un  couvercle  réfrigérant,  un  alambic 
de  ce  système  est  plus  simple  que  ceux  usités;  'ses  organes  réfrigérants  sont 
surtout  plus  faciles  a  neitoyer.  Avec  un  ou  plusieurs  bains-marie  interposés 
entre  ces  deux  pièces,  il  permet  de  faire  économiquement  une  grande  quan- 
tité d'eau  distillée  par  émanation,  exemple  par  conséquent'des  gouttelettes 
projetées  par  l'ébullition.  L'avantage  est  le  même  pour  tous  les  liquides. 

»  Cet  alambic,  comme  tous  ceux  du  même  genre,  fonctionne  encore 
au-dessous  du  degré  de  l'ébullition,  el  pendant  son  refroidissement  il  pourra 
servir  à  évaporer  à  basse  température  les  solutions  altérables  par  la  cha- 
leur, comme  celles  d'atropine,  etc.,  etc. 

»  Exécuté  en  porcelaine,  il  permettra  d'évaporer  et  de  distiller  à  l'abri 
des  poussières  atmosphériques  avec  ou  sans  ébullition,  toutes  les  dissolu- 
lions  salines,  acides  ou  alcalines,  sans  action  sur  les  silicates,  de  faire  au- 
dessus  d'un  bec  de  gaz  des  cristallisations  continues  à  des  températures 
fixes,  de  créer  ainsi  de  nouvelles  formes  cristallines  et  parfois  de  nouvelles 
combinaisons.  Nous  citerons  pour  exemple  de  ce  nouvel  emploi  la  cristalli- 
sation du  sel  marin  qui  dans  l'atmosphère  en  partie  saturée  de  vapeur  d'eau 
tle  l'appareil  a  lieu,  non  plus  à  la  surface  et  en  trémies,  mais  au  fond  et  en 
cristaux  cubiques  transparents. 

»  L'évaporatiou  du  carbonate  de  soude  donne  lieu  à  une  combinai- 
son nouvelle  en   beaux  crisiaux   dont  la   composition   s'accorde  le  mieux 


(97  ) 
avec  la  forme  CO2  NaO  -+-  H2  O.  La  calcination  au  rouge  les  rend  opa- 
ques, n'altère  pas  leur  forme  cristalline,  mais  leur  fait  perdre  19, 5  pour  100 
d'eau.  Le  calcul  donne  17  pour  100,  les  2  \  pour  100  de  plus  sont  dus  sans 
doute  à  de  l'eau  mère  interposée.  Il  n'y  a  nul  doute  qu'une  foule  de  sels 
ne  puissent  s'obtenir  ainsi  à  l'état  cristallisé  avec  un  degré  d'hydratation 
moindre  que  celle  qu'ils  ont  quand  ils  ont  été  cristallisés  à  la  température 
ordinaire. 

»  Pour  l'industrie.  —  Je  dois  attirer  l'attention  des  fabricants  sur  l'éco- 
nomie de  moitié  dans  la  surface  de  platine  que  permet  de  réaliser  l'adoption 
de  ce  système  ;  la  bassine  seule  étant  en  platine,  le  couvercle  serait  en  plomb 
constamment  refroidi  par  de  l'eau. 

»  Je  ferai  remarquer  également  que  permettant  l'évaporation  à  multiple 
effet  à  la  pression  atmosphérique,  l'ouverture  même  de  l'appareil  et  sa  visite 
à  tous  moments  pour  le  retrait  des  produits  évaporés,  les  appareils  de  ce 
genre  et  de  formes  appropriées  réussissent  très-bien  pour  la  fabrication  du 
sel.  L'emploi  du  combustible  peut  avec  trois  cases  être  réduit  à  moins  de 
moitié.  Avec  quatre  cases  on  a  du  sel  cubique  dans  la  case  inférieure. 

»  Enfin  j'insisterai  sur  les  avantages  que  les  fabricants  de  soude  trouve- 
raient à  préparer  le  sel  ci-dessus  décrit  à  1  équivalent  d'eau.  Celui-ci,  qui  à 
poids  égal  offre  deux  fois  plus  de  soude  que  les  cristaux  ordinaires,  pré- 
sente desgaranties  de  pureté  plus  grandes.  Outre  sa  forme  cristalline,  il  ne 
supporte  ni  le  séjour  dans  un  air  humide,  ni  le  contact  avec  les  sels  qu'on 
serait  tenté  d'y  mêler  par  fraude  (le  sulfate  de  soude  et  le  carbonate  de 
soude  cristallisé  ordinaire)  sans  devenir  opaque.  Il  offrirait  pour  les  con- 
sommateurs l'avantage  d'être  sec  et  de  pouvoir  s'emballer  au  sortir  de  son 
eau  mère,  outre  celui  d'être  obtenu  par  l'évaporation  à  multiple  effet, 
c'est-à-dire  avec  économie  de  combustible. 

»  En  somme,  on  pourra  remarquer  que  nettement  défini  par  une  fonction 
spéciale,  celle  des  couvercles  réfrigérants  éliminateurs  des  condensations, 
ce  genre  d'appareils  vient  remplir  une  lacune  qui  existait  dans  la  série  des 
appareils  connus,  dont  aucun  ne  permettait,  à  simple  effet,  de  se  passer  de 
réfrigérant,  à  multiple  effet,  de  fonctionner  à  air  libre,  sans  le  cortège  d'appa- 
reils de  sûreté,  de  fermetures  hermétiques  et  de  dispositions  compliquées, 
d'obtenir  des  distillations  abondantes  par  émanation  de  surface  et  des  cris- 
tallisations continues  avec  retrait  facile  des  cristaux.  » 


C.  R.,  iS63,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  2.) 


(  98) 

GÉOLOGIE.  —  Mémoire  sur  les  mines  de  Vialas  (i);  par  M.   Rivot. 

(Commissaires,  MM.  Éiie  deBeaumont,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

L'extrait  suivant  de  la  Lettre  d'envoi  donnera  une  idée  de  ce  travail. 

«  Appelé  en  1 856  aux  mines  de  Vialas  (Lozère)  comme  ingénieur  con- 
seil, je  me  suis  occupé  activement  de  i'étude  des  filons,  des  croiseurs,  des 
failles,  à  Vialas  d'abord,  et  ensuite  dans  toute  la  région  schisteuse,  qui 
entoure  le  plateau  granitique  de  la  Lozère.  Je  suis  parvenu  à  reconnaître 
avec  certitude  les  âges  relatifs  des  principaux  systèmes  de  fractures,  ainsi 
que  les  époques  successives  d'arrivée  dans  les  filons  des  minerais  et  des 
matières  stériles. 

»  Partout  dans  la  contrée  ces  filons  présentent  des  caractères  presque 
identiques  :  la  description  des  mines  de  Vialas,  dans  lesquelles  ont  été  faits 
depuis  1781  des  travaux  très-développés,  présente  donc  un  intérêt  général  ; 
elle  fournit  des  indications  très-utiles  pour  la  mise  en  exploitation  des  nom- 
breux filons  métallifères,  dont  les  affleurements  sont  connus  dans  la  Lozère 
et  dans  le  Gard. 

»  Je  décris  brièvement,  dans  mon  Mémoire,  l'ensemble  des  travaux  exé- 
cutés dans  la  mine  :  j'insiste  principalement  sur  les  caractères  des  filons, 
sur  la  direction  des  fractures,  sur  les  matières  de  remplissage,  et  sur  les 
croisements  :  j'expose  en  peu  de  mots  le  mode  de  préparation  mécanique 
et  le  traitement  métallurgique. 

»  Les  filons  divers,  les  failles,  les  fentes  non  remplies,  considérés  seule- 
ment comme  des  fractures,  se  sont  produits  dans  l'ordre  suivant  : 

i°   Filons  diriges  hora  G  à  ~.              Direction  vraie E.  1  i°N. 

20  Filons  dirigés  hora  5.  Direction  vraie E.  33°3o'  N. 

3°  Filons  dirigés  hora  4-  Direction  vraie N.  4i"3o'E. 

4"  F"ilons  dirigés  hora  .S  à  g.  Direction  vraie O.  19  à  200  N. 

5°  Filons  diriges  hora  1.  Direction  vraie S.    3°3o'E. 

6"  Filons  dirigés  hora  3.  Direction  vraie N.  26" 3o'  E. 

7"  Filons  diriges  hora  6.  Direction  vraie E.  i8"3o'  N. 

8°  Fentes  dirigées  N..-S.  Direction  vraie. N.  i8°3o'0. 


(1)  Ace  Mémoire  sont  joints  deux  pians  qui  résument  les  principales  observations  de 
M.  Rivot  :  l'un  est  la  réduction  du  grand  plan  de  surface  sur  lequel  sont  indiqués  tous  les 
affleurements  et  la  position  de  quelques-uns  des  travaux  souterrains;  l'autre  présente 
quelques  exemples  de  croisements  des  filons. 


(  99  ) 
»  On  connaît  de  plus  :  des  failles  dirigées  hora  11,  plongeant  vers 
l'ouest;  des  filons  presque  verticaux,  dont  la  direction  est  comprise  entre 
hora  10  et  hora  1 1  ;  des  glissements  de  terrain,  orientés  de  l'est  à  l'ouest,  et 
présentant  une  inclinaison  très-faible  vers  le  nord.  Ces  trois  systèmes  de 
cassures  n'ont  été  reconnus  que  sur  un  très-petit  nombre  de  points,  et  je 
ne  peux,  encore  leur  assigner  des  places  certaines  dans  le  tableau  qui  pré- 
cède. Les  failles  hora  i  i  sont  postérieures  aux  filons  hora  8  à  9  :  les  filons 
hora  10  à  ii,  postérieurs  à  ceux  dirigés  hora  3,  se  placent  probablement 
après  les  fractures  hora  6  :  les  glissements  de  terrain  paraissent  être  con- 
temporains des  fentes  nord-sud. 

»   Le  remplissage  par  les  minerais  et  par  les  matières  stériles  s'est  fait  à 
des  époques  successives  dont  l'ordre  est  le  suivant  : 

»    i°  Quartz  et  pyrites  des  filons  hora  4-  au  moment  de  la  formation  de 

ces  fentes  ou  à  une  époque  très-peu  postérieure. 
»    i°  Galène  pauvre,  quartz,  carbonate  de  chaux  dans  quelques  veinules 

hora  5,  à  une  époque  antérieure  aux  fractures  hora  8  à  9. 
"   3°  Quartz  blanc  huileux  des  filons  hora  8  à  9  avec  pyrites,  blende,  ga- 
lène pauvre  en  argent,  au  moment  ou  peu  de  temps  après  la  for- 
mation des  fractures  hora  8  à  9. 
»    4°  Quartz  ferrugineux  des  filons  hora  1  et  hora  3,  quelque  temps  après 

la  formation  des  fractures  hora  3. 
»   5°  Sulfate  de  baryte,  blanc,  laiteux,  cristallin,  au  moment  de  la  for- 
mation des  fractures  hora  6  ou  peu  de  temps  après. 
»   6°  Galène  à  i5o  grammes  d'argent  (  aux  100  kilogrammes  de  plomb), 
avec  carbonate  de  chaux  ; 
Galène  à  a5o  grammes  d'argent  (aux  100  kilogrammes  de  plomb), 

avec  quartz  et  carbonate  de  chaux; 
Galène  à  35o  grammes  d'argent  (aux  100  kilogrammes  de  plomb), 

avec  quartz  à  grains  fins,  carbonates  de  chaux  et  de  fer; 
Galène  à  5oo  grammes  d'argent  (aux  100  kilogrammes  de  plomb), 

avec  quartz  et  carbonate  de  chaux  cristallin: 
Galène  à  700  grammes  d'argent  (aux  100  kilogrammes  de  plomb  ), 
avec  carbonate  de  chaux  cristallin  et  sulfate  de  baryte  rose. 
»   Ces  minerais  se  sont  répandus  principalement  dans  les  veines  hora  5; 
ils  ont  pénétré  dans  les  filons  hora  6  à  7,  dans  les  croiseurs  hora  1  et  hora  3 . 
L'arrivée  des  deux  derniers  minerais  est  certainement  postérieure  a  la  for- 
mation des  fentes  hora  6,  antérieure  aux  fentes  nord-sud. 

i3.. 


(  ioo  ) 
»  Les  divers  systèmes  de  fractures  existent  dans  toute  la  contrée  ;  on  les 
retrouve  comme  failles  dans  les  bassins  houillers  de  la  Grand-Combe  et  de 
Bességes;  ils  se  rattachent  évidemment  aux  grands  phénomènes  géologiques 
qui  ont  marqué  leur  action  sur  l'écorce  du  globe.  Pour  vérifier  cette  rela- 
tion, j'ai  calculé  pour  "Vialas  les  directions  des  principaux  systèmes  de 
montagnes;  en  comparant  ces  directions  à  celles  des  huit  systèmes  de  frac- 
tures dont  les  âges  relatifs  sont  parfaitement  constatés  par  les  croisements 
observés  à  Vialas,  j'ai  été  conduit  à  rapporter  : 

o  I  II 

i°  Lesfractureshoraôà  'jau  systèmedu  FinistèredontladirectionàVialasest.  E.  14.29.    7  N. 
2°  Les  fractures  liora  5  au  système  de  Westmoreland E.  33. i3. 1  1  N. 


3°  Les  fractures  hora  4  au  système  de  la  Côte-d'Or 

4°  Les  fractures  hora  8  à  9  au  système  des  Pyrénées 

5°  Les  fractures  hora  1  au  système  de  Corse  et  Sardaigne. .  .  . 
6°  Les  fractures  hora  3  au  système  des  Alpes  occidentales. .  . 
70  Les  fractures  hora  6  au  système  des  Alpes  principales. .  .  . 
8"  Les  fractures  N.-S.  au  système  de  Tenare 


E.  43.20.5oN. 
0.  17.42.30N. 
N.  4.49  28O. 
N.  25.46.  18E. 
E.  17.51  .39N. 
N.  18.  18. 380. 


»  Les  différences  que  présentent  les  directions  des  systèmes  de  frac- 
tures et  celles  des  systèmes  de  montagnes  sont  très-petites;  elles  peuvent 
s'expliquer  aisément  par  l'incertitude  qui  existe  toujours  sur  la  direction 
véritable  des  filons,  étudiés  seulement  sur  une  longueur  très-limitée. 

»  Parmi  les  conclusions  intéressantes  qui  peuvent  être  déduites  de  la 
comparaison  qui  précède,  je  citerai  seulement  celle  qui  est  relative  à  l'arri- 
vée des  minerais  argentifères.  Les  galènes  les  plus  riches  en  argent  ont  rem- 
pli des  réouvertures,  produites  dans  des  plans  différents  à  une  époque  cer- 
tainement postérieure  au  dépôt  des  dernières  assises  tertiaires.  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  diverses  approximations  numériques  et  sur  diverses  sections 
des  solides  dérivés  du  cube;  par  M.  Charles  M.  Willich. 

M.  Babinet  présente,  de  la  part  de  M.  Willich,  plusieurs  Notes  écrites  en 

anglais  et  dont  voici  un  extrait. 

355 
«   Le  rapport  de  la  circonférence  au  diamètre  — ~  donné  par  Metius  est 

en  décimales 

3,i4i  0929, 
au  lieu  de 

3,i/|i  5927 


(  IQI  ) 

qui  est  la  vraie  valeur  avec  sept  décimales;  l'erreur  est  donc 

0,000  0002. 

M.  Willich  trouve  pour  le  rapport  entre  le  côté  du  carré  égal  en  surface  au 

148 
167 


cercle  et  le  diamètre  du  cercle  le  nombre  -ï-  ■   Or 


-^  =  0,8862275, 

tandis  que  le  côté  du  carré  équivalent  au  cercle  d'un  diamètre  égal  à  l'unité 
serait 

0,886 22  69; 
en  conservant  le  même  nombre  de  décimales,  l'erreur  serait  donc 

0,000  0006; 

c'est,    numériquement,  une   très-heureuse  quadrature  approximative  du 
cercle. 

»  Quant  aux  sections  du  cube,  M.  Willich  trouve  que  si  du  centre  on 
mène  six  plans  passant  par  les  angles  solides  pris  de  deux  en  deux,  on 
obtient  la  division  du  cube  en  quatre  parties  égales  ayant  un  angle  solide 
trièdre,  précisément  égal  à  celui  de  la  cellule  des  abeilles,  comme  le  dodé- 
caèdre rhomboïdal  de  la  cristallographie  dont  les  trois  angles  plans  sont 
de  1090  28'  16".  Comme  preuve,  si  l'on  réunit  ces  quatre  solides  parles  faces 
qui  appartenaient  primitivement  au  cube,  on  obtient  la  moitié  du  dodé- 
caèdre rhomboïdal.  Les  sections  ainsi  obtenues  de  deux  cubes  composent 
le  dodécaèdre  entier.  Chaque  quart  du  cube  est  composé  de  deux  pyramides 
triangulaires  unies  ensemble  par  la  base  et  ayant  l'une  un  angle  de 
1090  28'  16"  et  l'autre  un  angle  droit.  Alors  nous  trouvons  que  les  quatre 
pyramides  ayant  l'angle  de  io9°28'i6"  composent  le  tétraèdre  régulier, 
dont  la  solidité  est  ainsi  le  tiers  de  celle  du  cube  dont  il  est  dérivé.  Les 
quatre  autres  pyramides,  jointes  convenablement,  formeront  une  seule 
pyramide  quadrangulaire  qui  sera  la  moitié  de  l'octaèdre  régulier,  et  con- 
séquemment  les  deux  tiers  du  cube  primitif.  Ainsi  nous  retrouvons  l'ana- 
logie qui  existe  entre  le  cylindre,  la  sphère  et  le  cône,  car  le  cube,  la  pyra- 
mide quadrangulaire  qui  en  dérive  et  le  tétraèdre  régulier  sont  précisément 
dans  le  même  rapport  numérique,  savoir  :  3,  2  et  1 . 


(     102     ) 

»  En  coupant  le  cube  suivant  les  diagonales  des  laces,  on  en  détache 
quatre  solides  qui  laissent  au  centre  un  tétraèdre  régulier.  Ces  quatre  solides 
sont  semblables  à  quatre  des  solides  obtenus  précédemment,  et  de  la 
même  manière  forment  unt'  pyramide  quadrangulaire  qui  par  suite  est  la 
moitié  de  l'octaèdre  régulier.   » 

M.  Willich  poursuit  les  divisions  ultérieures  du  cube  et  en  tire  des  consé- 
quences curieuses  pour  la  solidité  de  divers  polyèdres,  et  pour  leur  forma- 
tion au  moyen  de  pyramides  triangulaires  égales  entre  elles  et  obtenues  par 
subdivision.  Il  pense  que  par  ses  procédés  de  section  du  cube  il  embrasse 
non-seulement  une  grande  variété  de  solides  géométriques,  mais  à  peu  près 
toutes  les  formes  des  corps  régulièrement  cristallisés. 

Une  Note  sur  les  divers  modèles  en  relief  qui  se  rattachent  à  la  commu- 
nication de  M.  Willich  et  sur  les  solides  obtenus  par  les  diverses  sections  du 
cube,  est  jointe  au  Mémoire  de  M.  Willich. 

M.  Willich  fait  hommage  à  l'Académie  des  modèles  en  bois  qui  se  rap- 
portent à  cette  communication  et  que  les  Membres  pourront  examiner  à 
loisir. 

M.  Charvix  invite  les  Membres  de  l'Académie  qui  s'intéressent  plus  par- 
ticulièrement à  la  question  des  chemins  de  fer,  à  voir  fonctionner  un  frein 
de  son  invention  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  frein  isolant. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  É.   D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  12  janvier  1 863  les. ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  Decaisne;  5cf  livraison.  Paris, 
1862;  in  4°  avec  planches. 

Etude  sur  l'espèce  à  l'occasion  d'une  révision  de  ta  famille  des  Cupulifères ; 
par  M.  Alph.  de  Candolle.  (Extrait  de  la  Bibliothèque  universelle,  livrai- 
son de  novembre  1862.) 

.  Observations  géologiques  dans  les  Alpes  du  lac  de  Thoune ;  par  M.  B.  Stu- 
dek.  (Extrait  du  même  Recueil.)  —  Ces  deux  opuscules  sont  présentés  au 
nom  des  auteurs  par  M.  Élie  de  Beauraont. 


(   >o3  ) 

Causeries  scientifiques,  découvertes  el  inventions;  progrès  de  la  science  et  de 
l'industrie;  par  Henri  deParville;  2e  année,  1862.  Paris,  i863;vol.  in-12. 
!  Présenté  par  M.  Fremy.) 

Revue  des  Sciences  et  de  l'Industrie  pour  la  France  el  l'étranger;  par 
MM.  L.  Grandeau  etAug.  Laugel  ;  année  1862.  Paris,  1 863  ;  vol.  in-12. 
(  Présenté  par  M.  Balard.) 

Annuaire    du    Cosmos;    5e   année.    Paris,    i863;    in- 18.     (Présenté    par 

M.  Faye.) 

Société  chimique  de  Paris;  séances  du  7  et  dis  \f\  mars  1862.  —  Sut  lei 
principes  sucrés;  par  M.  Marcellin  Berthixot.  Paris;  in-8°. 

Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier  :  Mémoires  de  la  Section  de* 
Sciences;  t.  V,  2e  fascic;  année  1862.   Montpellier,   1862;  in-4°. 

Discours  de  M.  Robinet,  prononcé  dans  la  séance  du  3j  décembre  1861. 
(  Extrait  du  Rulletin  de  ï Académie  impériale  de  Médecine.)  Paris  ;  trois  quarts 
de  feuille  in-8°. 

Etude  physique  et  chimique  des  eaux  minérales  et  thermales  de  la  Bourhoule 
(Puy-de-Dôme);  par  M.  Jules  Lefort.  Paris,  1862;  br.  in-8°. 

Essais  de  pisciculture  entrepris  dans  le  département  de  l'Hérault  pendant 
l'année  1862;  Rapport  de  M.  Paul  Gervais.  Montpellier;  demi-feuille  in-8°. 

Contributions...  Contributions  pour  l'Histoire  naturelle  des  Etats-Unis 
d'Amérique;  par  Louis  AGASSIZ  ;  2e  monographie,  en  5  parties:  <°  Aca- 
lèphes  en  général;  20  Cténophores;  3°  Discophores;  4°  Hydroides;  5°  Homo- 
logies  des  Radiées,  avec  36  planches;  vol.  IV.  Boston,  1862;  vol.  in-4°- 
(Présenté  par  M.  Coste.) 

PIÈCES    APPARTENANT    AU    COMPTE    RENDU     DE    LA    SÉANCE    DU    5    JANVIER. 

Ueber...  Sur  le  district  minier  de  Konqsberq ;  par  Ch.  Kjerule  et  Tel. 
DahL;  traduit  en  allemand  par  W.  Christophersen.  Christiania,  1860; 
m-4°. 

Ueber...  Sur  la  géologie  du  Tellemarken,  par  Tellef  D.\W, ,  traduit  en 
allemand  par  W.  Christophersen.  Christiania,  1860;  in  4°- 

Geologiske...  Observations  géologiques  sur  les  environs  de  Bergen;  pai 
MM.  Hiortdahl  et  IRGENS.  Christiania,  1862  ;  in-4°. 

Kart  over. . .  Cartes  géologiques  du  Ringriqet  et  du  Hadeland  en  Nortvége;  put 
Th.  Kjerulf,  2  pi.  in-4°. 

Beskrivelse...  Description  du  Lophogaster  typicus,  type  d'un  genre  nou- 
veau et  remarquable  de  Crustacés;  par  M.  Miel.  Sars.  Christiania,  1862; 
in-4°. 


(    lofA    ) 

Remisk... Recherches  chimiques  sur  la  thorine  et  sur  ses  sels;  par  M.  J.-J. 
Chydenices.  Helsingfors,  1 86 1  ;  in-8°. 

Synoj>sis  Pezizarum  et  Ascobolorum  Fenniœ;  auct.  Pet.  Ad.  Karsteis. 
Helsingfors,  1 86 1  ;  in-8°. 

Om...  Sur  la  rétinile  pig menteuse  ;  par  M.  J.-W.  Roschier.   Helsingfors, 

1861;  in-8°. 
0 
Nagra...    Remarques  sur  certaines   inflammations   des  parties  voisines  de  la 

fosse  iliaque  supérieure  [le  pérityphlitis);  par  M.    Karl-Oskar    Gadd.    Hel- 
singfors, 1861  ;  in-8°. 

Om...   Sur  le  rachitisme,  par  M.  A.-L.  LlNSEN.  Helsingfors,  1 861  ;   in-8°. 

Om...  Sur  l  inversion  de  l'utérus  ;  par  M.  And.-Gust.  Bam.MERT.  Helsing- 
fors,  1862;  in-8°. 

Anatomisk...  Description  anatomique  de  quelques  anomalies  observées  dans 
l'espèce  humaine;  par  M.  G.-R.  Bjorksten.  Helsingfors,  1862;  in-8°. 

Om...  Sur  les  fistules  uréthro-périnéales  et  scrotales;  par  M.  K..-R.  Trapp. 
Helsingfors,   1862. 

Om...  Sur  le  céphalœmatome  des  enfants  nouveau-nés;  par  M.  G.-\\alf. 
V.  Willebrand.  Helsingfors,  1862;  in-8°. 

Ces  sept  opuscules  sont  des  dissertations  inaugurales  pour  obtenir  le 
degré  de  docteur  en  médecine. 


ERRATUM. 

Page  i3,  ligne  4,  ou  lieu  de  5  décembre  1862,  lisez  5  janvier  i863. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  19  JANVIER  1863 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE  GÉODÉSIQUE.  —  Réfutation  de  quelques  critiques  et  allégations  por- 
tées contre  les  travaux  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  et  dénuées  de  toute 
espèce  de  fondement  ;  par  M.   Le  Verrier. 

«  Lorsque  le  savant  Directeur  de  l'Observatoire  de  Vienne  vint  dernière- 
ment à  Paris,  il  m'annonça  que  j'allais  recevoir  communication  du  procès- 
verbal  d'une  Conférence  tenue  à  Berlin  entre  les  géodésistes  et  les  aslro- 
nomes  allemands,  et  ayant  pour  objet  l'avancement  des  travaux  relatifs  à 
la  figure  de  la  Terre.  Nous  nous  entretînmes  longuement  de  ces  questions, 
et  M.  de  Littrow  voulut  bien  m'assurer  que  quelques-unes  des  données  qu'il 
recueillait  à  l'Observatoire  de  Paris  lui  seraient  d'une  grande  utilité. 

»  Le  1 2  décembre,  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  m'adressait 
effectivement  le  Rapport  de  M.  le  général  Baeyer.  Préparé  à  cette  commu- 
nication par  les  relations  que  j'avais  eues  avec  M.  de  Littrow,  je  m'em- 
pressai de  répondre,  des  le  21  du  même  mois,  par  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur  le  Ministre,. 


»   J'ai,    conformément   à   votre  désir,    examiné  attentivement  la   Note 
»   transmise  par  M.   le  général  Baeyer  et  intitulée  :  Protocole  de  la  consulta- 

C.  P,.,  i863,  ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  3.)  J4 


(  io6) 
v   tion  préalable,  faite  à  Berlin  les  i(\,  25  et  26  avril  1862,  sur  le  projet  d'une 
n   mesure  des  decjrés  de  l' Europe  centrale. 

»  Cette  pièce  est  signée  non-seulement  par  M.  le  général  Eaeyer,  mais 
»  encore  par  les  Directeurs  des  Observatoires  de  Vienne,  de  Leipsick,  etc.: 
»   presque  tous  les  États  de  l'Allemagne  centrale  y  sont  représentés. 

»  Les  opérations  géodésiques  et  astronomiques  que  ces  États  se  propo- 
»  sent  d'entreprendre  intéressent  assurément  la  France,  puisque  leur  paral- 
»  lèle  moyen  passe  par  notre  pays,  et  qu'il  en  résultera  une  détermination 
»  plus  exacte  des  dimensions  et  de  la  forme  de  la  Terre,  déduites  de  la 
»   théorie  dans  laquelle  entre  la  considération  de  ce  parallèle. 

»  Dans  l'état  présent  de  ces  entreprises,  il  me  parait  que  le  concours 
»  immédiat  de  la  France  consisterait  en  une  détermination  très-exacte  des 
»   différences  de  longitude  entre  les  divers  points  des  parallèles. 

»  Or,  conformément  aux  intentions  de  Votre  Excellence,  nons  sommes 
«  précisément  engagés  dans  ce  travail...  La  Conférence  de  Berlin  recom- 
»  mande  avant  tout  de  bien  étudier  les  méthodes.  C'est  ce  qui  a  été  fait 
»  avec  un  très-grand  soin,  par  moi  dans  la  détermination  de  la  longitude 
»  du  Havre,  et  par  M.  l'astronome  Y.  Villarceau  dans  la  détermination 
»  de  la  longitude  et  de  la  latitude  de  Dunkerque,  aujourd'hui  menées  à 
»  bonne  fin. 

»  L'Observatoire  de  Paris  est  donc  en  possession  de  méthodes  dont  il 
»  est  sûr;  et,  en  ce  moment  même,  il  prend  toutes  les  dispositions  néces- 
»   saires  pour  en  continuer  les  applications. 

»  Votre  Excellence  peut,  si  elle  le  juge  utile,  assurer  M.  le  général  Baeyer 
»  que  la  Commission  qu'il  préside  trouvera  à  l'Observatoire  de  Paris  tout 
»  le  concours  qui  pourrait  lui  devenir  nécessaire  pour  le  succès  de  son 
»   entreprise.  » 

»  Cette  lettre,  qui  n'était  pas  destinée  à  devenir  publique,  est,  comme 
on  le  voit,  fort  simple,  et  les  questions  y  sont  posées  dans  les  mêmes 
termes  où  je  l'ai  fait  plus  tard  devant  l'Académie.  «  Il  me  paraît,  disais-je, 
>>  que  le  concours  immédiat  de  la  France  doit  consister  dans  une  détermi- 
»  nation  très-précise  des  longitudes  des  diverses  stations  des  parallèles.  » 

»  Deux  sortes  d'opérations,  bien  distinctes  les  unes  des  autres,  doivent 
concourir  aux  travaux  relatifs  à  la  détermination  de  la  figure  du  globe  : 
les  travaux  de  géodésie  proprement  dite,  et  les  travaux  d'astronomie  pour 
la  détermination  directe  des  coordonnées  géographiques.  L'Observatoire 
était  donc  bien  dans  son  rôle.  Car,  d'une  part,  il  n'empiétait  en  quoi  que  ce 


(  I07  ) 
•soit  sur  les  attributions  du  Corps  d'Élat-Major,  et  de  l'autre  il  remplissait 
ses  devoirs  d'observateur.  Il  faudrait  entendre  le  langage  qu'on  eût  tenu  si 
la  communication  du  général  Baeyer  nous  eût  trouvés  insensibles!  Comme 
on  eût  demandé  à  qui  donc  revenait  le  soin  des  observations  astrono- 
miques, et  quel  souci  nous  avions  de  l'honneur  scientifique  de  notre  pays! 

»  Car,  nous  eût-on  dit  avec  raison,  vous  savez  bien  qu'on  compte  les  lon- 
gitudes de  l'Observatoire  central  de  Paris.  Vous  savez  bien  que  la  lunette 
méridienne  de  cet  établissement  est  en  votre  possession;  ainsi  votre  con- 
cours est  indispensable. 

»  En  effet,  la  détermination  de  la  longitude  d'un  lieu  n'est  pas  une  opé- 
ration absolue.  Les  longitudes  se  rapportent  toujours  à  un  point  de  départ. 
En  France  elles  sont  comptées  de  l'Observatoire  de  Paris,  et  de  là  vient 
que,  lorsqu'on  veut  déterminer  la  longitude  d'un  point  de  la  France,  de 
Dunkerque  par  exemple,  il  faut  que  des  observations  soient  faites  non-seu- 
lement dans  cette  station  de  province,  mais  encore  à  l'Observatoire  de  Paris, 
aux  mêmes  jours,  aux  mêmes  heures,  en  aussi  grand  n  ombre  et  avec  la 
même  précision. 

»  Lorsqu'un  mois  après  ma  réponse  au  Ministre,  un  Rapport  fut  lu  de- 
vant l'Académie  touchant  la  même  Conférence,  je  crus  donc  faire  la  chose 
la  plus  simple  en  informant  l'Académie  de  ce  qui  était  à  ma  connaissance. 
Conformément  à  ses  usages,  M.  Faye  annonçait  de  grands  projets  person- 
nels; conformément  à  mes  habitudes,  je  me  bornais  à  exposer  ce  qui  était 
déjà  fait. 

»  J'ose  dire  qu'il  est  très-regrettable  qu'une  démarche  si  essentiellement 
simple  et  vraie  ait  servi  de  point  de  départ  contre  l'Observatoire  impérial  à 
de  nouvelles  critiques  aussi  injustes  et  aussi  mal  fondées  que  dans  toutes  les 
autres  occasions. 

»  Personne  ne  regrette  plus  que  moi,  au  point  de  vue  académique,  la 
nécessité  où  je  suis  de  répondre  à  ces  critiques,  encore  bien  que  les  passages 
les  plus  vifs  ne  figurent  point  au  Compte  rendu.  Mais,  chargé  d'un  établis- 
sement, j'ai  le  devoir  de  n'en  pas  laisser  blâmer  injustement  les  travaux.  Je 
demande  donc  à  l'Académie  la  permission  de  continuer  mon  historique.  Si 
cette  forme  est  un  peu  plus  longue  que  ne  le  serait  une  réponse  directe,  elle 
aura  l'avantage  de  concilier  les  droits  de  la  vérité  tout  en  adoucissant  la  con- 
troverse. 

»  La  détermination  delà  longitude  deGreenwirh,  détermination  qui  in- 
téresse fort  la  géodésie,  quoi  qu'en  dise  M.  Fave,  viendrait  la  première  en 

14. 


(  io8  ) 
suivant  l'ordre  des  dates;  je  reporterai  néanmoins  à  la  fin  les  explications 
qui  la  concernent,  et  cela  en  raison  d'une  circonstance  particulière. 

»  Lorsqu'en  1 856  nous  entreprîmes  la  détermination  de  la  longitude  de 
Bourges,  en  commun  avec  le  Dépôt  de  la  Guerre,  nous  y  étions  autorisés  par 
une  décision  ministérielle  qui,  conformément  à  la  vérité  des  choses,  et  des 
termes  du  décret  de  1 854,  avait  imposé  cette  obligation  à  l'Observatoire 
impérial. 

•>  On  commença,  dit  M.  Faye,  sans  avoir  publié  de  plan.  Sans  avoir  pu- 
blié de  plan!  Ce  singulier  reproche  suffirait  à  lui  seul  pour  caractériser 
notre  différente  manière  d'entendre  la  science.  Je  reconnais  sans  difficulté 
que  ce  n'est  pas  M.  Faye  qui  aurait  commencé  sans  avoir  jjublié  un  ou  plu- 
sieurs plans.  Il  eût  bien  plutôt  fait  l'inverse. 

»  Mais  qu'il  se  rassure.  C'est  une  habitude  pour  moi  de  ne  jamais  appor- 
ter de  projets  à  l'Académie  et  de  ne  venir  devant  elle  que  quand  la  besogne 
est  faite  II  ne  s'ensuit  pas  toutefois  que  je  m'engage  sans  savoir  ou  je  vais;  loin 
de  là,  et  il  me  serait  facile  de  trouver  dans  cette  enceinte  tel  illustre  Con- 
frère que  j'ai  souvent  fatigué  de  l'exposé  de  mes  plans. 

»  Bourges  était  choisi  par  la  même  raison  que  Dunkerque  l'a  été  cette 
année;  parce  qu'ils  sont  l'un  et  l'autre  sur  la  grande  méridienne  de  France, 
et  en  second  heu  parce  que  nous  avons  pensé  qu'il  était  préférable  de  com- 
mencer à  de  faibles  distances. 

»  M.  le  commandant  Rozet  voulut  bien,  avant  tout,  installer  ses  instru- 
ments à  l'Observatoire  de  Paris,  et  répéter  longuement  avec  nous  et  sans 
autre  jonction  que  l'électricité,  les  mêmes  opérations  que  nous  devions  re- 
prendre ensuite,  l'unàParis, et  l'autre  sur  un  plateau  à  environ  8  kilomètres 
de  Bourges.  Les  opérations  comprirent  trois  séries  :  dans  la  première, 
M.  Rozet  observait  à  Bourges  et  moi  à  Paris;  dans  la  deuxième,  M.  Rozet 
était  à  Pans  pendant  que  j'observais  à  Bourges;  dans  la  troisième  enfin, 
j'étais  revenu  à  Paris  et  M.  Rozet  retourné  à  Bourges.  Ces  interversions 
avaient  pour  objet,  on  le  sait,  d'éliminer  les  erreurs  particulières  aux  obser- 
vateurs. 

»  M.  Faye  avait  désiré  qu'on  fît  usage  de  la  méthode  de  coïncidence 
qu'il  avait  proposée  pour  comparer  les  pendules  de  deux  stations.  Mais,  a 
cette  époque  déjà,  cette  méthode  de  coïncidence  ne  me  souriait  pas,  et  il 
nie  paraissait  bien  préférable  de  se  débarrasser  d'une  comparaison  difficul- 
tueuse,  en  n'ayant  qu'une  pendule  pour  les  deux  stations.  C'est  ce  qui  lut 
fait  par  un  procédé  d'enregistrement  électro-chimique,  emprunté  à  un  in- 


(  i»9  ) 
telligeut  fonctionnaire  des  lignes  télégraphiques,  M.   Pouget-Maisonneuve. 
Cette  marche  réussit  très-bien,  et  si  nous  ne   l'avons   pas  employée  depuis 
lors,  c'est  quelle  était  un  peu  complexe  et  que  nous  sommes  parvenus  à  en 
conserver  les  avantages  tout  en  la  simplifiant. 

»  M.  Rozet,  comme  le  dit  M.  Faye,  était  aimé  de  tous,  et  j'ai  eu  le  bon- 
heur de  rester  son  ami  jusqu'à  son  dernier  jour.  Aussi  éprouvai-je  un  vif 
regret  lorsque,  toutes  mes  sollicitations  étant  restées  inutiles,  M.  Rozet  fut 
misa  la  retraite  et  enlevé  aux  opérations  qui,  sans  cela,  eussent  été  conti- 
nuées avec  lui. 

»  Je  n'irai  pas  plus  loin  sur  un  sujet  si  délicat  ;  mais  je  regrette  qu'on 
ne  comprenne  pas  qu'on  devrait  s'interdire  de  porter  devant  l'Académie 
des  insinuations  malveillantes  et  dont  il  serait  facile  défaire  justice,  si  j'étais 
libre  de  publier  les  pièces  administratives,  que  je  mets  sous  les  yeux  du 
Bureau. 

»  Mais,  dit  M.  Faye,  depuis  lors  l'Observatoire  n'a  plus  pris  aucun  souci 
de  la  géodésie,  et  le  terrain  était  devenu  libre.  Répétons  encore  une  fois  qu'il 
ne  s'agit  pas  de  la  géodésie  proprement  dite,  laquelle  appartient  au  Corps 
d'État-Major,  mais  d'opérations  astronomiques,  lesquelles  sont  nettement 
attribuées  à  l'Observatoire  par  le  décret  fondamental  de  1 854  ot  par  toutes 
les  décisions  ministérielles  intervenues  depuis  lors;  et  cela  dit,  voyons  si 
j'ai  cessé  de  m'en  préoccuper  pendant  six  ans,  comme  le  dit  M.  Faye. 

»  Or  voici  ce  que  lui-même  lisait  devant  l'Académie  le  2  novembre  1857 
à  l'occasion  des  propositions  de  M.  Struve  : 

«  Aujourd'hui  les  choses  ont  complètement  changé  de  face  :  il  ne  s  agit 
»  plus  d'un  Membre  isolé,  comme  en  i85o  et  1  852  ;  ce  sont  les  plus  grandes 
»  autorités  scientifiques  qui  s'accordent  à  demander  devant  vous  la  néces- 
»  site  de  reprendre  les  travaux  géodésiques,  ou  du  moins  de  les  vérifier,  de 
»  les  étendre  et  de  les  mettre  au  niveau  des  exigences  actuelles  de  la  science 
»  pure.  C'est  le  Directeur  de  l'Observatoire  central  de  Russie  qui  vient 
»  demander  à  la  France  la  jonction  complète  des  réseaux  européens;  c'est 
»  le  doyen  de  l'Académie  qui  réclame  la  prolongation  de  son  arc  espagnol 
»  jusqu'aux  sommets  de  l'Atlas;  c'est  le  Directeur  de  l'Observatoire  de 
»  Paris  qui  vous  parle  de  compléter  astronomiquement  la  géodésie  fran- 
»  caise;  enfin,  c'est  M.  le  Maréchal  Ministre  de  la  Guerre  qui  se  fait  ici  l'in- 
»  terprète  des  besoins  de  la  science  et  semble  vous  promettre  son  puis- 
•>  sant  concours.  » 

»  Je  ne  mérite  ni  l'excès  d'honneur  que  me  faisait  alors  M.  Faye  en  me 


(    MO    } 

plaçant  au  rang  des  plus  grandes  autorités  scientifiques  de  l'Europe,  ni  les 
critiques  injustes  qui  ont  succédé  à  ses  éloges.  Je  retiens  seulement  fie  ce 
discours  qu'il  parait  qu'à  la  fin  de  1 8 5 7 ,  postérieurement  à  l'époque  indi- 
quée par  M.  Faye,  je  n'avais  pas  oublié  tout  ce  qui  intéressait  la  figure  de 
la  Terre.  En  i858et  1 85g  j'avais  toujours  l'espoir  que  les  travaux  pour- 
raient être  repris,  lorsqu'enfin  en  1 85g,  conformément  aux  pièces  que  j'ai 
sous  les  yeux,  le  Ministre  de  la  Guerre  me  déclara  que  les  longitudes  et 
les  latitudes  étaient  dans  les  attributions  de  l'Observatoire,  et  que  c'était  à 
lui  de  les  continuer. 

»  Aussi  nous  occupions-nous  dès  18G0  de  réorganiser  la  mesure  des 
longitudes  que  l'Observatoire  devait  désormais  poursuivre  seul. 

»  C'est  en  1860  que  le  Dépôt  de  la  Guerre  a  bien  voulu,  avec  une  libé- 
ralité dont  nous  lui  sommes  reconnaissants,  nous  confier  pour  cet  objet 
une  lunette  méridienne.  Voici  une  pièce  qui  le  prouve. 

»  Voici  en  outre  un  dossier  qui  établit  que  nous  nous  sommes  dès  lors 
occupés  des  méthodes  à  employer  pour  la  détermination  des  longitudes  à 
grande  distance,  en  étudiant  les  communications  télégraphiques  avec 
Madrid. 

»  Voici  encore  un  dossier  qui  montre  que  nous  avons  construit  à  Biarritz 
un  Observatoire  dans  le  même  but. 

a  Madrid  me  parut,  il  est  vrai,  trop  éloigné,  non  pas  pour  être  déterminé 
d'un  seul  jet,  mais  pour  constituer  l'une  des  premières  opérations.  Il  valait 
mieux  ne  l'aborder  que  lorsqu'on  serait  sur  de  la  perfection  des  méthodes, 
comme  nous  le  sommes  aujourd'hui.  C'est  par  ce  motif  et  aussi  pour  une 
autre  raison,  que  nous  avons  établi  une  station  intermédiaire  à  Biarritz, 
laquelle  est,  je  le  répète,  construite.  Mais  Biarritz  même  me  semblait  un 
peu  distant.  Il  faudra  sans  doute  l'emploi  d'un  relais  dans  l'intervalle,  et 
nous  avons  préféré  obtenir  le  Havre  d'abord,  puis  Dunkerqne  un  peu  plus 
loin  pour  procéder  pas  à  pas.  Bien  n'empêche  de  terminer  désormais  la 
station  intermédiaire  de  Biarritz,  et  elle  le  sera.  L'Observatoire  étant  con- 
struit, les  instruments  étant  prêts,  les  méthodes  étudiées,  quelques  jours 
suffiront. 

>-  Je  me  propose,  il  est  vrai,  de  demander  à  mes  collègues  de  Madrid  de 
vouloir  bien  exécuter  en  même  temps  la  comparaison  de  Paris  et  Madrid 
déjà  préparée  en  1860.  Il  sera  instructif  de  voir  si  la  détermination  directe 
de  Paris  avec  Madrid   est  bien  égale  à  la  somme  algébrique  Paris-Biarritz 


(  "1  ) 

d'une  part,  Biarritz-Madrid  de  l'autre,  et  c'est  ainsi  qu'on  avancera  avec 
sécurité,  chaque  résultat  obtenu  étant  définitivement  acquis. 

»  Lorsque  cela  sera  fait,  je  suis  convenu  avec  M.  de  Littrow  que  nous 
essayerons  la  détermination  directe  de  la  différence  en  longitude  de  Vienne 
et  Paris.  J'apprendrai  encore  à  M.  Faye  qu'à  cette  époque  où,  parce  que 
nous  n'avions  pas  publié  de  projet,  il  évaluait  que  nous  ne  faisions  rien, 
nous  étudiions  au  contraire  les  communications  avec  l'Autriche  par  la 
Suisse. 

»  Enfin,  toujours  en  1860,  M.  Yvon-Villarccau  déterminait  avec  M.  l'as- 
tronome espagnol  Novella,  et  avec  MM.  Ismaïl  et  Tissot,  la  différence  de 
longitude  de  Madrid  et  de  la  station  où  l'éclipsé  totale  avait  été  observée. 
Ce  fut  une  opération  laborieuse,  dont  une  partie  fut  pratiquée  par  le  moyen 
du  transport  des  chronomètres,  et  l'autre  par  l'emploi  des  signaux  de  feu. 
Comme  à  toutes  les  époques,  cette  dernière  partie  des  opérations  éprouva, 
de  la  part  des  populations  des  campagnes,  qu'elle  inquiétait,  une  vive  résis- 
tance. Le  résultat  de  ces  travaux  sera  prochainement  communiqué  à 
l'Académie. 

»  J'ai  déjà  mis  sous  ses  yeux  la  conclusion  des  opérations  faites  au  Havre  ; 
et  elle  a  pu  voir  à  quelle  précision  elles  ont  été  portées  par  la  simplification 
des  méthodes  et  l'étude  des  moyens  d'expérimentation.  Aucune  des  déter- 
minations obtenues  dans  les  diverses  soirées,  ne  s'écarte  de  la  vraie  valeur 
de  plus  de  -^  de  seconde,  résultat  qui,  j'ose  le  dire  sans  crainte  d'être 
démenti,  n'avait  été  encore  obtenu  nulle  part. 

»  J'insiste  sur  cette  circonstance;  car,  en  permettant  de  limiter  le 
nombre  des  soirées  d'observations,  elle  donnera  un  moyen  de  marcher  plus 
rapidement,  tout  en  conservant  la  même  précision.  De  son  côté,  mon  savant 
collaborateur  M.  Yvon-Villarceau  a,  par  une  étude  approfondie  des  in- 
struments portatifs,  trouvé  le  moyen  de  les  faire  servir  avec  la  même  exac- 
titude que  les  instruments  fixes,  et  d'abréger  beaucoup  les  délais  des  instal- 
lations. Et  ce  sont  ces  raisons  qui,  en  nous  permettant  d'imprimer  à  notre 
marche  une  grande  activité,  nous  rendent  certains  de  pouvoir  tenir  nos 
promesses. 

»  Contre  toutes  nos  habitudes,  me  voilà  publiant  des  projets!  Au  moins 
ont-ils  été  plus  qu'étudiés  à  Paris,  à  Bourges,  au  Havre,  à  Dunkerque,  etc. 

»  J'ajoute  en  outre  que  tandis  que  la  station  centrale,  Paris,  ne  pouvait 
jusqu'ici,  avec  une  seule  lunette,  tenir  tète  à  la  fois  qu'à  un  seul  instrument 
en  province,  j'ai  trouvé  le  moyen  de  répondre  simultanément  à  deux  sta- 


(    «12) 

tions  de  province,  et  ainsi  de  pins  que  doubler'  encore  la  rapidité  des  opé- 
rations. 

»  Or,  qu'en  pensera  tout  homme  de  science?  C'est  lorsque  nous  sommes 
ainsi  engagés  scientifiquement  dans  ces  questions,  lorsque  nous  en  avons, 
moi  en  particulier,  fait  notre  travail  personnel,  lorsque  nous  avons  étudié 
les  méthodes,  les  instruments,  et  que,  profitant  de  notre  expérience,  nous 
sommes  en  mesure  de  conduire  ces  travaux  avec  plus  de  précision  cpie  qui 
que  ce  soit,  quant  à  présent,  qu'un  de  nos  confrères  n'a  pas  craint  de 
s'écrier,  vous  l'avez  tous  entendu,  que  ce  dont  il  s'agissait  dans  le  débat, 
c'était  d'enlever  ces  travaux  à  l'Observatoire!! 

»  Que  si  l'on  venait  proposer  au  sein  de  l'Académie  qu'il  fût  interdit  à 
M.  Dumas  de  s'occuper  de  la  constitution  intime  des  corps,  à  M.  Becquerel 
des  températures  de  l'atmosphère,  à  M.  Chevreul  des  couleurs,  à  M.  Fremv 
des  aciers,  à  M.  le  général  Morin  de  la  ventilation,  à  M.  Jobert  de  Lamballe 
des  tendons  et  des  nerfs,  à  M.  Hermitte  des  fonctions  elliptiques,  a 
M.  Piobert  du  mouvement  des  boulets,  à  M.  Fizeau  de  la  vitesse  de  la 
lumière  (je  ne  poursuis  pas  cette  énumération),  que  répondraient  tous  nos 
confrères?  Ils  passeraient  outre  et  auraient  bien  raison.  Je  prendrai  la 
liberté  d'en  faire  autant. 

»  M.  Faye  toutefois  ne  conteste  pas  l'exactitude  de  nos  opérations.  Mais 
il  voudrait  persuader  que  nous  n'avons  rien  fait  avant  le  mois  d'octobre 
1862,  entreprise  difficile,  pour  laquelle  il  change  quelque  part  les  dates, 
les  faits  et  la  science  d'une  si  incroyable  façon  qu'il  est  absolument  néces- 
saire de  remettre  chaque  chose  en  sa  place. 

1.  Il  commence  par  assurer  que  nous  ne  sommes  allés  au  Havre  que  pour 
y  obtenir  une  longitude  approchée,  dans  l'intérêt  de  la  marine.  Le  Havre, 
dit-il,  n'est  pas  une  station  géodésique. 

»  En  principe,  ces  assertions  sont  absolument  inexactes.  Lorsque  j'ai 
demandé  k  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  l'autorisation  de  déter- 
miner la  longitude  du  Havre,  je  me  suis  appuyé  non-seulement  sur  les 
besoins  de  la  marine,  mais  encore  sur  ce  que  ce  serait  un  moyen  de  conti- 
nuer nos  études  des  instruments  à  petite  distance  et  de  reprendre  avec  uti- 
lité la  détermination  astronomique  des  positions  déjà  obtenues  par  la 
géodésie. 

»  On  sait  très-bien  que  la  marine  n'a  nul  besoin  du  dixième  de  se- 
conde et  que  les  longitudes  déterminées  par  le  Dépôt  de  la  Guerre  sont 
plus  que  suffisantes  pour  la  marine.  A  qui  des  lors  espere-t-on  persuader 


(  "3  ) 
qu'après  avoir  obtenu  très-exactement  la  longitude  du  Havre,  en  1861.  je 
serais  allé  recommencer  en  1862,  au  point  de  vue  de  la  marine,  une  campagne 
parfaitement  inutile,  sur  le  coteau  d'Ingouville? 

»  Dans  la  description  géométrique  de  la  France  par  Puissant,  description 
où  sont  résumés  les  travaux  de  Delambre  et  Méchain  d'une  part,  du  Corps 
des  ingénieurs-hydrographes  de  l'autre,  et  enfin  du  Corps  d'Etat  Major,  je 
trouve  que  le  phare  méridional  du  cap  la  Hève  est  le  sommet  d'un  des 
triangles  du  premier  ordre  à  l'extrémité  ouest  de  l'espace  compris  entre 
Paris,  Amiens,  la  Manche  et  la  Seine.  Voilà  le  secret  de  mon  insistance  sur 
ce  point.  C'est  bien  un  lieu  géodésique. 

»  Mais  M.  Faye  ne  comprend  pas  que  je  me  sois  placé  à  4  kilomètres  de 
là.  Il  me  faudrait,  pour  en  expliquer  les  motifs,  entrer  dans  des  détails  qui 
montreraient  toute  la  distance  qui  sépare  la  spéculation  de  la  pratique.  Je  me 
bornerai  à  faire  remarquer,  sauf  à  y  revenir  s'il  est  nécessaire,  qu'à  Bourges 
le  lieu  de  la  station  astronomique,  très-judicieusement  choisi  par  le  Dépôt 
de  la  Guerre  lui-même,  était  à  8  kilomètres  de  la  station  géodésique  du  pre- 
mier ordre  à  Bourges.  J'ajoute  encore,  connaissant  assez  bien  le  terrain  de 
plus  d'une  des  stations,  qu'on  doit  s'attendre  qu'il  en  sera  de  même  dans  la 
suite,  et  que  nous  considérons,  après  une  mûre  étude  théorique  et  pratique 
de  la  question,  que  lorsqu'il  sera  possible  de  se  placer  à  une  dizaine  de  kilo- 
mètres d'une  station  géodésique  dans  de  certaines  conditions  bien  connues, 
il  sera  souvent  utile  de  le  faire ,  sauf  à  étudier  ensuite  le  terrain  inter- 
médiaire. 

»  Chacun  du  reste  comprend  parfaitement  que  les  erreurs  géodésiques, 
s'il  y  en  avait,  ne  s'accumuleraient  pas  en  général  sur  un  petit  intervalle  et 
que  les  opérations  faites  à  une  courte  distance  d'une  station  géodésique  y  sont 
ensuite  rapportées  sans  difficulté  par  une  simple  triangulation.  Dans  le  cas 
actuel,  il  suffisait  évidemment  de  puiser  dans  la  description  géométrique 
de  la  France  par  Puissant  la  différence  de  2'  22",  o  entre  le  clocher  du  Havre 
et  le  phare  la  Hève.  Et  si  j'ai  cru  utile  de  déterminer  à  nouveau  cette 
différence  par  une  triangulation  dont  je  dépose  les  éléments  et  les  calculs, 
c'est  parce  que,  par  un  penchant  naturel,  j'aime  dans  les  observations, 
comme  dans  la  théorie,  à  faire  ce  qu'en  arithmétique  on  appelle  la  preuve. 

»  Mais  enfin,  insiste  M.  Faye,  M.  le  Directeur  de  1  Observatoire  envoie 
»  en  octobre  1862,  sur  quelque  point  appartenant  cette  fois  au  réseau 
»  géodésique,  un  des  astronomes  placés  sous  sa  direction,  comme  pour 
»  prendre  date.  » 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N»  5.)  I  5 


(  i«4  ) 

»   Autant  d'erreurs  que  de  mots! 

»  Ce  quelque  point  ainsi  dédaigneusement  désigné  est  Dunkerque,etl'on 
veut  bien,  cette  fois,  reconnaître  que  c'est  un  point  du  réseau  géodésique. 
Mais  quoi!  Bourges  n'appartient  donc  pas  au  réseau  géodésique?  Que 
veut-on  dire?  Bourges  est  comme  Dunkerque  sur  le  méridien.  Serait-ce 
parce  que  la  station  était  à  8  kilomètres  de  Bourges?  Ce  ne  serait  pas  sé- 
rieux. Bourges,  la  Hève,  Dunkerque  sont  des  points  géodésiques. 

»  Quand  on  s'érige  en  censeur  sans  y  être  obligé,  et  qu'on  discute  des 
questions  de  priorité,  il  ne  faudrait  du  moins  pas  changer  les  dates  dans 
l'intérêt  particulier  que  l'on  voudrait  faire  prévaloir.  Or,  d'abord  ce  n'est 
pas  en  octobre  1862,  comme  l'affirme  M.  Faye,  c'est  le  17  septembre  que 
le  savant  astronome  dont  il  parle  est  parti  pour  Dunkerque.  Voici  une  pièce 
qui  l'établit. 

»  Ce  n'est  pas  tout.  Voici  un  registre  que  je  mets  sous  les  yeux  de  mes 
confrères,  registre  intitulé  :  Études  avec  Y.  ViUarceau  pour  la  longitude  de 
Dunkerque.  C'est  une  étude  sérieuse,  approfondie  des  instruments,  qui  re- 
commence pour  la  dixième  fois,  et  à  quelle  date?  Le  27  juin.  Nous  voici 
bien  loin  en  avant  du  mois  d'octobre.  Ces  études  sont  aussi  complètes, 
plus  complètes  que  les  opérations  faites  à  Dunkerque;  elles  font  partie  de  la 
détermination  de  la  longitude  de  cette  station  et  seront  publiées  au  même 
titre.  Deux  registres  les  contiennent.  Mais  encore,  avant  d'observer,  il 
avait  fallu  construire  dans  le  jardin  de  l'Observatoire  une  station  figurant 
celle  de  Dunkerque.  C'est  le  10  mai  que  ces  travaux  ont  été  commencés. 

»  Ainsi  voilà  deux  astronomes,  M.  Yvon  ViUarceau  et  M.  Le  Verrier,  qui 
consacrent  quatre  grands  mois,  les  jours  et  les  nuits,  à  une  nouvelle  étude 
de  leurs  instruments  afin  de  ne  rien  laisser  à  désirer  dans  la  perfection  des 
opérations!  Quelle  récompense  trouvent-ils?  Ce  sont  des  opérations  pour 
prendre  date,  assure-t-on  !  L'Académie  se  dira  que  dans  ce  cas  probable- 
ment nous  nous  serions  un  peu  plus  hâtés. 

»  Mais  passons  et  revenons  à  la  longitude  deGreenwich  faite  la  première 
de  toutes,  en  i85/j. 

»  Les  travaux  relatifs  à  la  longitude  de  Bourges  sont  rédigés  en  leur 
entier.  Les  travaux  relatifs  à  la  longitude  du  Havre  sont  dans  le  même  état, 
et  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  rédaction  des  travaux  rela- 
tifs à  la  longitude  de  Greenwich.  Pourquoi,  dès  lors,  ces  Mémoires  n'ont-ils 
pas  été  publiés,  en  commençant,  comme  on  le  devait,  par  Greenwich?  Je 
me  trouve  obligé  de  dire  aujourd'hui  que  tandis  que  j'ose  répondre  de  la 
précision  des  travaux  relatifs  à  Bourges,  au  Havre  et  à  Dunkerque,  je  n'ai 


(  M5  ) 
que  des  garanties  moindres  pour  ce  qui  concerne  les  observations  faites  à 
Paris  en  réponse  à  celles  de  Greenwich. 

»  Ainsi  qu'on  le  sait,  la  différence  en  longitude  entre  Paris  et  Green- 
wich est  l'angle  compris  entre  leurs  méridiens.  Cet  angle  est  mesuré  par 
celui  que  font  entre  eux  les  plans  des  lunettes  méridiennes  des  deux  stations, 
mais  à  la  condition  que  ces  instruments  soient  exactement  placés  et  que 
leurs  axes  soient  perpendiculaires  aux  méridiens  respectifs. 

»  Pour  s'assurer  de  cette  condition ,  on  se  sert  du  niveau  ;  et  la  nécessité  de 
nivellements  exacts  est  tellement  indispensable  qu'on  peut  dire  que  c'est  le 
point  essentiel,  et  que  la  détermination  des  longitudes  consiste  dans  le  bon 
nivellement  des  axes;  car  ce  bon  nivellement  une  fois  obtenu,  on  pourrait 
se  passer  de  l'azimut  en  observant  près  du  zénith,  et  de  la  collimation  en 
observant  dans  les  deux  positions  directe  et  inverse  de  l'instrument. 

«  Cela  dit,  on  comprendra  parfaitement  le  sens  de  cet  article  très-précis 
du  règlement  écrit  par  M.  Airy  pour  la  détermination  de  la  longitude  et 
accepté  par  nous  :  Toute  nuit  d 'observation  cl 'étoiles  ne  sera  pas  considérée 
comme  bonne,  à  moins  que  le  niveau  n'ait  été  appliqué.  (Art.  29.  ) 

»  C'est  donc  avec  regret  qu'en  rédigeant  ce  travail  de  la  longitude  de 
Greenwich,  avec  un  soin  et  une  étendue  qui  montreraient  au  besoin  com- 
bien j'aurais  été  heureux  d'y  trouver  une  solution  définitive,  je  me  suis 
aperçu  que  l'astronome  français  chargé  de  la  deuxième  partie  des  obser- 
vations n'avait  pris  aucune  espèce  de  souci  du  niveau,  c'est-à-dire  de  la 
chose  la  plus  importante;  et  qu'on  était  réduit,  sous  ce  rapport,  aux  déter- 
minations faites  par  d'autres  observateurs,  dans  le  milieu  de  la  journée. 
Et  ainsi  nous  nous  trouvons  pris  dans  ce  dilemme,  ou  bien  de  supprimer 
l'article  29  du  règlement  accepté,  ou  bien  de  convenir  que  la  deuxième 
partie  des  opérations  ne  se  trouve  pas  dans  les  conditions  requises. 

»  L'astronome  qui  pratique  ainsi  la  détermination  des  longitudes  est 
M.  Faye.  Voici  le  registre  sur  lequel  on  peut  vérifier  la  vérité  de  ce  que  j'a- 
vance. 

»  Cette  détermination  de  la  différence  de  longitude  entre  Paris  et  Green- 
wich a  eu  bien  du  malheur. 

»  Une  mesure  géodésique  de  cette  différence  par  les  astronomes  fran- 
çais et  anglais,  fut  entreprise  vers  1820.  Elle  a  été  exécutée  en  1821,  182a 
et  1823,  par  les  capitaines  Rater  et  Kolby,  pour  l'Angleterre  et  jusqu'à 
Calais,  et  de  Calais  à  Paris  par  les  astronomes  français.  Les  Anglais  ont  fait 
connaître  le  résultat  de  leurs  opérations,  tandis  que  les  Français  n'ont  jamais 

[5.. 


(  1*6) 
donné  le  résultat  des  leurs,  qui  se  sont  trouvées  ainsi  comme  nulles  et  non 


avenues. 


»  Après  avoir  attendu  en  vain  cinq  années  le  résultat  de  calculs  qui  ne 
devaient  jamais  voir  le  jour,  on  ne  sait  par  quels  motifs,  le  capitaine  Rater  se 
décida,  en  1828,  à  publier  la  partie  anglaise  donnant  la  différence  de  longi- 
tude entre  Greenwich  et  Calais.  Pour  tirer  un  parti  quelconque  de  tant  de 
travaux,  il  empruntait,  à  la  Connaissance  des  temps,  en  l'absence  d'une  auto- 
rité plus  haute,  disait-il,  la  longitude  de  Calais  rapportée  à  Paris. 

»  Il  est  malheureux  qu'on  ait  méconnu  la  nécessité  de  publier  au  moins, 
sinon  de  calculer  immédiatement,  la  partie  de  la  triangulation  qui  a  été  con- 
fiée aux  astronomes  français.  Mais  on  ne  sait  même  pas  ce  que  leurs  triangles 
sont  devenus. 

»  Le  colonel  Bonne  proposa  de  déterminer  directement  par  des  signaux  de 
feu  cette  différence  de  longitude  que  la  mesure  précédente  aurait  dû  donner. 

»  Les  opérations  furent  exécutées  en  1825.  Tout  a  été  publié  par  sir 
J.  Herschel,  dans  les  Transactions  philosophiques,  sauf  les  données  qu'aurait 
dû  fournir  Paris.  On  est  bien  forcé,  dit  M.  Henderson,  en  l'absence  des 
data  indispensables,  d'admettre  qu'aucune  erreur  n'a  été  commise  à  cette 
extrémité  de  la  ligne.  On  sait  aujourd'hui  que  la  longitude  ainsi  détermi- 
née semble  avoir  été  en  erreur  de  j5  secondes  d'arc. 

»  Mais  je  m'arrête,  exprimant  de  nouveau  mon  regret  qu'on  m'ait  forcé 
d'entrer  dans  de  telles  explications,  et  mon  vif  désir  de  n'avoir  pas  a  y 
revenir.  » 

Réponse  de  M.   Faye. 

«  Après  avoir  entendu  la  lecture  de  la  Note  de  M.  Le  Verrier,  je  me  bor- 
nerai à  répondre  à  ce  qui  m'est  personnel,  afin  de  n'avoir  à  revenir  qu'à 
la  partie  scientifique. 

»  J'entends  M.  Le  Verrier  me  reprocher  l'omission  de  tout  nivellement 
de  la  lunette  méridienne,  le  22  juin  i854,  à  l'époque  où  je  m'occupais  de 
la  jonction  télégraphique  entre  Londres  et  Paris.  Il  semble  imputer  à  cette 
omission  l'insuccès  de  toute  l'opération  elle-même.  Je  déclare  à  l'Académie 
que  c'est  la  première  fois  que  j'entends  parler  de  cette  omission  et  de  cet 
insuccès.  C'est  donc  pour  les  besoins  de  la  cause  actuelle  que  M.  Le  Verrier 
exhume  une  omission  dont  je  n'ai  d'ailleurs  nul  souvenir,  car  j'ai  laissé  à 
I  Observatoire  tous  mes  cahiers  d'observations. 

»   A  l'Observatoire  de  Greenwich,  où  j'ai  été  accueilli  avec  la  plus  grand»' 


(  "7  ) 
bienveillance  dans  la  famille  de  l'Astronome  royal,  M.  G.-B.  Airy,  je  n'ai 
jamais  en  à  m'occnper  de  déterminer  les  erreurs  d'azimut,  de  niveau  et  de 
collimation  de  l'instrument  méridien.  Quanta  l'Observatoire  de  Paris,  ou 
je  ne  logeais  pas  et  où  je  n'étais  rentré  un   moment  que  sur  les  plus  vives 
prières  de  M.  Le  "Verrier,  je  n'y  remplissais  aucune  fonction  régulière,  on 
permanente.  Je  ne  me  souviens  pas,  à  neuf  ans  d'intervalle,  des  conventions 
qui  avaient  pu  être  arrêtées  relativement  à  ces  déterminations,  lesquelles 
étaient  du  ressort  de  tous  les  astronomes  de  l'Observatoire  indistinctement, 
tandis  que  les  observations  du  passage  des  étoiles  et  des  signaux  ne  pou- 
vaient être  faites  que  par  moi.  Si  je  m'en  suis  cbargé,  l'omission  acciden- 
telle du  nivellement,  à  la  date  indiquée  par  M.  Le  Verrier,  ne  devait  avoir 
d'autre  résultat  que  de  prolonger  un  jour  de  plus  la  durée  des  observations, 
car  il  avait  été  convenu  (Comptes  rendus,  t.  XXXIX,  p.  555,  ligne  5  en  re- 
montant) que  les  observations  seraient  continuées  toutes  tes  nuits  jusqu'à  ce  que 
l'un  et  l'autre  Observatoire  eussent  fait  connaître  qu'ils  regardaient  l'opération 
comme  terminée.  Si,  au  contraire,  je  ne  m'en  suis  pas  cbargé,  l'omission 
signalée  par  M.  Le  Verrier  ne  peut  mètre  imputée.  M.  Le  Verrier  a  d'ail- 
leurs fait  à  l'Académie  la  déclaration  suivante  : 

«  Cette  variation  diurne  (celle  du  niveau),  qui  a  été  insensible  pendant 
»  la  première  série  des  observations  faites  à  Greenwich,  s'est  au  contraire 
»  manifestée  pendant  la  seconde  série.  Hàlons-nous  d'ajouter  que  le  résultat 
»  de  la  longitude  n'en  a  été  nullement  ajfecté,  attendu  le  soin  qu'on  a  eu  de 
»  déterminer  très-fréquemment  la  situation  de  l'axe ,  comme  la  valeur  des  autres 
»   erreurs  instrumentales.  »  (P.  56o,  ligne  io  en  remontant.) 

»  En  1 854?  M.  Le  Verrier  ne  donnait  que  des  louanges  à  cette  opération  : 
o  Après  avoir  dit  avec  quel  soin  la  nouvelle  détermination  a  été  traitée  à 
»  l'Observatoire  de  Paris,  et  il  en  a  été  de  même  à  Greenwicb,  j'arrive  à  la 
»   comparaison  du  résultat  avec  les  données  antérieures.  »  (P.  56 r.) 

»  Dans  tous  les  cas,  je  ne  me  reconnais  responsable  que  de  l'observation 
des  étoiles  et  des  signaux  télégraphiques,  M.  Le  Verrier  ayant  voulu  garder 
pour  lui  la  direction  de  l'entreprise  dans  tous  ses  détails,  en  se  confor- 
mant d'ailleurs  très-ponctuellement  aux  instructions  qu'il  avait  reçues  de 
M.  Airy. 

»  Mais  je  tiens  surtout  à  montrer  à  l'Académie  que  je  n'ai  jamais  varié, 
malgré  les  citations  de  M.  Le  Verrier,  sur  le  point  fondamental  du  débat,  à 
savoir  la  compétence  du  Dépôt  de  la  Guerre.  Il  me  suffira  de  citer  aussi  les 
Comptes  rendus  de  i853,  1 857  et  1 863,  pour  prouver  qu'à  aucune  époque, 
aussi  bien  avant  l'entrée  de  M.  Le  Verrier  à  l'Observatoire  qu'au  lende- 


(   "8  ) 
main  de  sa  rupture  avec  le  Dépôt  de  la  Guerre,  je  n'ai  jamais  tenu  d'autre 
langage. 

»  En  1 853,  Comptes  rendus,  t.  XXXVI,  p.  3o  :  «  Du  moment  où  MM.  les 
»  Officiers  d'État-Major  annoncent  qu'ils  ont  conçu  des  projets  analogues  à 
»  ceux  que  m'avait  suggérés  la  communication  émanée  de  M.  le  Ministre  de 
»  l'Intérieur,  je  m'empresse  de  renoncer  à  toute  idée  d'initiative  person- 
»  nelle,  et  de  mettre  mes  propres  efforts  à  la  disposition  de  ce  Corps  illustre, 
»   dans  le  cas  où  ils  lui  paraîtraient  acceptables.    » 

»  En  185^,  Comptes  rendus,  t.  XLV,  p.  670:  «  Pour  moi,  je  dus  m'in- 
»  cliner  devant  cette  revendication  (au  nom  du  Dépôt  de  la  Guerre),  trop 
»  heureux  d'offrir  mon  zèle  et  mon  concours  à  l'Administration  spéciale 
»  (celle  du  Dépôt  de  la  Guerre  )  dont  les  titres  à  réclamer  le  privilège  de  ces 
»  entreprises  étaient  si  bien  fondés.    » 

»  En  1 863,  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  28  :  «  Une  autre  circonstance 
»  ajoute  encore  à  l'intérêt  de  la  communication  de  M.  le  Ministre  d'État, 
»  et  je  ne  sais  vraiment  s'il  serait  convenable  de  passer  ici  sous  silence  un 
»  fait  qui  prouve  que  la  France  n'a  pas  abandonné  à  ses  émules  le  soin  de 
»  ces  nobles  entreprises  :  c'est  la  coïncidence  remarquable  de  la  réunion 
»  de  Berlin  avec  les  études  que  le  Bureau  des  Longitudes  faisait  faire,  pré- 
»  cisément  à  la  même  époque  (avril  1862)  en  invoquant  [indispensable  con- 
»  cours  du  Dépôt  de  la  Guerre  pour  le  couronnement  du  réseau  français.   » 

»  Quant  au  reproche  d'apporter  plus  souvent  à  l'Académie  des  projets 
ou  des  plans  que  des  travaux  exécutés,  je  dois  dire  que  je  n'ai  jamais  eu  à 
ma  disposition  d'autres  ressources  que  mes  ressources  personnelles,  et 
celles  que  plusieurs  artistes  éminents,  MM.  Porro,  Digney  et  Baudoin, 
Henri  Robert,  Ruhmkorff,  ont  bien  voulu  mettre  généreusement  à  ma  dis- 
position. J'ai  cru  pouvoir  quelquefois  servir  encore  la  science  par  des  idées 
alors  que  je  ne  pouvais  ie  faire  par  des  expériences  ou  par  des  observations 
auxquelles  ma  modeste  fortune  ne  m'aurait  pas  permis  de  me  livrer. 

»  Cela  dit,  je  serai  plus  libre  d'aborder,  s'il  y  a  lieu,  les  questions  de 
science.    » 

»  M.  Le  Verrier  réplique  à  M.  Faye,  qui  assure  que  c'est  la  première 
fois  qu'il  entend  parler  de  cette  capitale  omission  des  déterminations  du 
niveau. 

»  Tout  le  monde  sait  à  l'Observatoire  que  c'est  ce  qui  a  arrêté  1  im- 
pression du  travail.  M.  Faye,  prévenu  directement,  n'eût  pas  pu  fournir  après 
coup  des  nivellements  qu'il  n'a  pas  effectués.   » 


(  "9) 

THÉRAPEUTIQUE  CHIRURGICALE.  —  Compte  rendu  du  traitement  des  calculeux 
pendant  l'année   1862;  par  M.  le  Dr  Civiale. 

«  Dans  le  courant  de  l'année  qui  vient  de  finir,  j'ai  traité  soixante-neuf 
personnes  attaquées  de  la  pierre  :  soixante-six  hommes,  deux  femmes  et 
un  enfant  ; 

»  Quarante-cinq  dans  ma  pratique  particulière  et  vingt-quatre  à  l'hô- 
pital. 

»  Soixante  et  une  avaient  la  pierre  pour  la  première  fois  ;  huit  avaient  déjà 
subi  des  traitements  pour  cette  affection. 

»   Cinquante-huit  de  ces  malades  ont  été  opérés  : 

»  Quarante-cinq  parla  lithotritie,  qui  a  réussi  dans  quarante-quatre  cas; 
SI  y  a  huit  guérisons  incomplètes  ; 

»  Dix  par  la  taille  ordinaire,  qui  en  a  guéri  trois,  soulagé  deux,  et  cinq 
sont  morts. 

»  Trois  ont  été  opérés  par  la  combinaison  de  la  taille  et  de  la  lithotritie  ; 
deux  sont  guéris,  il  reste  au  troisième  une  incontinence  d'urine. 

»   Onze  n'ont  pas  subi  d'opération. 

m  i°  Malades  opérés  par  la  lithotritie.  —  I.  Les  divisions  précédemment 
établies  au  sujet  des  calculeux  opérés  sont  applicables  aux  cas  dont  je  viens 
de  présenter  le  tableau. 

»  Dans  ceux  de  la  première  série,  au  nombre  de  vingt,  qui  sont  les  plus 
heureusement  placés,  le  diagnostic  et  la  thérapeutique  présentent  toute  la 
précision  et  la  sûreté  désirables  ;  pour  les  besoins  de  l'un  et  de  l'autre,  l'art 
est  en  possession  de  moyens  éprouvés,  les  règles  de  la  manœuvre  sont  net- 
tement tracées,  et  le  succès  de  l'opération  est  d'autant  plus  facile  d'ailleurs 
que  la  pierre  est  plus  petite. 

»  On  obtient  des  succès  analogues  chez  les  calculeux  d'une  autre  classe, 
dont  la  pierre  est  également  facile  à  détruire,  mais  chez  lesquels  on  observe 
des  troubles  fonctionnels  avec  inertie  et  catarrhe  de  la  vessie  et  dépérisse- 
ment de  la  santé  générale. 

»  Ces  calculeux  qu'on  redoutait  de  traiter  par  la  lithotritie,  il  y  a  quel- 
ques années,  guérissent  presque  tous  aujourd'hui,  au  moyen  de  précau- 
tions dont  l'expérience  a  prouvé  l'utilité. 

«  II.  Toute  pierre  qui  séjourne  dans  le  corps  de  l'homme  grossit  et 
produit  des  désordres  toujours  nuisibles  au  traitement;  ce  sont  les  cas 
graves  et  les  cas  compliqués,  dans  plusieurs  desquels  l'art  de  broyer  la 


(     120    ) 

pierre  est  encore  possible;  mais  ses  applications  offrent  des  difficultés  qui 
proviennent,  les  unes  du  volume  et  du  nombre  des  pierres,  et  les  autres 
des  lésions  organiques  de  la  vessie  et  de  ses  annexes. 

»  Trois  de  ces  malades  avaient  de  grosses  pierres  ;  le  traitement  a  réussi, 
mais  le  calcul  remplissant  la  vessie  et  l'espace  manquant  pour  la  manœu- 
vre, celle-ci  a  été  difficile  et  douloureuse. 

•>  Sept  autres  avaient  des  pierres  multiples  dont  la  destruction  a  exigé  un 
long  traitement;  cependant  les  opérés  ont  obtenu  une  gnérison  complète. 

«  Il  n'en  a  pas  été  ainsi  des  malades  chez  lesquels  se  trouvaient  réunies 
de  grosses  pierres  et  des  lésions  organiques;  les  difficultés  sont  doubles 
alors  et  d'autant  plus  embarrassantes  pour  l'opérateur  que  le  volume  et  le 
nombre  des  calculs,  la  nature  et  le  développement  des  productions  mor- 
bides, le  mode  et  l'étendue  de  la  déformation  qu'a  subie  la  cavité)  dans 
laquelle  il  doit  agir  lui  sont  presque  entièrement  inconnus  avant  de  com- 
mencer l'opération. 

>'  En  de  telles  circonstances  il  serait  préférable  de  recourir  à  la  taille; 
mais  elle  n'est  pas  toujours  acceptée  par  les  malades;  elle  a  d'ailleurs  ses 
difficultés  propres  et  ses  dangers;  la  lithotritie  offrant  plus  de  chance  de 
«uérison,  le  chirurgien  se  fait  un  devoir1  de  l'appliquer  sans  se  dissimuler 
que  presque  toujours  il  est  réduit  à  procéder  sans  règles  et  sans  autre 
guide  que  ses  sensations  tactiles,  à  la  recherche  des  calculs  entiers  ou  frag- 
mentés, au  milieu  des  tumeurs  et  des  touffes  fongueuses  qui  remplissent  la 
vessie.  D'après  cela  on  se  rend  facilement  compte  des  difficultés  de  la 
manœuvre  et  de  l'incertitude  du  résultat. 

»  Dans  ces  cas  exceptionnels,  la  lithotritie  est  une  ressource  plutôt  qu'une 
méthode  rationnelle.  Alors  même  qu'on  réussit  à  détruire  la  pierre,  il  n'est 
pas  rare  d'observer,  après  le  traitement,  des  troubles  fonctionnels,  des 
incommodités,  de  véritables  douleurs,  que  je  désigne  sous  le  nom  de  gué- 
nsons  incomplètes,  et  qui  ne  doivent  être  confondues  ni  avec  les  accidents 
produits  par  les  éclats  de  pierre  restés  dans  la  vessie,  ni  avec  certains 
désordres  que  les  manœuvres  opératoires,  celles  de  la  taille  spécialement, 
peuvent  occasionner. 

»  Ces  effets  d'ailleurs  ne  sauraient  surprendre,  puisque  la  gnérison  des 
calculeux  traités  par  les  procédés  chirurgicaux,  ne  peut  être  complète  en 
général  que  dans  la  série  des  cas  simples  où  la  pierre  forme  toute  la  maladie 
et  produit  à  elle  seule  tous  les  désordres. 

»  Dans  les  cas  graves  et  compliqués  la  pierre  ne  forme  au  contraire 
qu'une  partie  de  l'état  morbide,  et  ce  n'est  pas  la  plus  importante.  Or. 


(     »*I    ) 

comme  l'opération  ne  détruit  que  la  pierre,  les  opérés  conservent  forcé- 
ment la  part  de  désordres  dont  je  viens  d'indiquer  la  source. 

»  Deux  de  mes  opérés,  l'un  par  la  taille,  l'autre  par  la  lithotritie,  ont 
conservé  des  besoins  trop  fréquents  d'uriner,  parce  que  la  vessie  n'a  pas 
récupéré  sa  capacité  normale  que  la  pierre  lui  avait  fait  perdre. 

»  Trois  autres,  traités  par  la  lithotritie  pour  des  calculs  moyens  et  fria- 
bles, n'ont  plus  de  pierre,  mais  l'inertie  et  le  catarrhe  de  la  vessie,  qui 
avaient  précédé  la  formation  du  corps  étranger,  n'ont  pas  entièrement 
cessé. 

»  Trois  malades  opérés,  un  par  la  taille  et  deux  par  la  lithotritie,  qui 
avaient  en  même  temps  la  pierre  et  des  tumeurs  dans  la  vessie,  sont  délivrés 
de  la  première,  mais  les  tumeurs  subsistent  et  produisent,  suivant  leur 
situation,  leur  nature  et  leur  volume,  de  l'agacement,  des  difficultés  d'uri- 
ner et  même  des  douleurs  presque  continues. 

»  Ces  désordres  à  la  suite  des  traitements  par  lune  ou  par  l'autre  méthode 
sont  regrettables  assurément;  mais  ce  n'est  ni  à  l'art  ni  au  chirurgien  qu'on 
peut  s'en  prendre,  ainsi  que  font  fait  quelques  malades,  de  n'avoir  pas 
obtenu  le  bienfait  complet  de  l'opération.  La  faute  en  est  au  médecin  et 
surtout  au  malade  lui-même  qui  n'a  pas  eu  la  prudence  de  se  faire  opérer 
en  temps  opportun  et  avant  que  la  pierre  ait  grossi  et  produit  dans  les 
organes  ces  mêmes  désordres  qui  rendent  la  guérison  incomplète. 

»  On  a  dit  que  les  calculeux  peuvent  ignorer  la  cause  de  leurs  premières 
souffrances:  cela  est  vrai,  mais  c'est  rare;  d'ailleurs,  si  la  méprise  est  pos- 
sible à  celui  qui  souffre,  le  médecin  peut  facilement  l'éviter  :  c'est  même 
pour  lui  un  devoir  de  recourir  aux  moyens  d'exploration  dont  l'art  dispose 
aujourd'hui,  afin  d'être  à  l'abri  de  tout  reproche. 

»  Aussi  longtemps  que  la  taille  fut  la  seule  ressource  des  personnes  atta- 
quées de  la  pierre,  les  praticiens  les  plus  éclairés  ne  conseillaient  cette  opé- 
ration aux  adultes,  et  surtout  aux  vieillards,  que  lorsque  la  vie  était  menacée 
et  que  les  douleurs  rendaient  l'existence  insupportable;  c'était  pour  eux  le 
moment  d'affronter  les  dangers  de  la  cystotomie. 

»  Cette  règle  n'est  pas  celle  qu'on  doit  suivre  à  l'égard  de  la  lithotritie  ;  il 
est  même  formellement  prescrit  de  recourir  à  cette  méthode  au  début  de  la 
maladie,  avant  qu'il  existe  des  lésions  organiques,  pendant  que  le  calculeux 
se  trouve  encore  dans  la  catégorie  des  cas  simples  que  je  viens  d'indiquer,  et 
dans  laquelle  l'opération  est  toujours  facile,  sans  violence  sur  les  organes,  et, 
lorsque  la  pierre  est  détruite,  toute  souffrance  cesse,  la  santé  renaît  et  se 
soutient. 

C.   R.;  iS63,    i«  Semestre.  (T.  LV1,  N°  3.)  '6 


(     122    ) 

»  D'après  l'ancienne  règle,  en  procédant  à  1  égard  de  la  lithotritie  comme 
on  le  fait  pour  la  taille,  le  médecin  manque  de  prudence;  sans  doute  il 
épargne  au  malade  l'effroi  d'un  mal  qu'il  redoute,  il  ne  porte  pas  l'alarme 
dans  sa  famille,  mais  il  laisse  prendre  à  la  maladie  un  développement  tel, 
qu'un  moment  arrive  où  l'art  peut  soulager,  mais  il  ne  guérit  pas. 

»  Je  citerai  un  exemple  remarquable  observé  depuis  peu  de  temps.  Un 
homme  éprouve  en  voyage  des  douleurs  qui  se  rattachent  à  la  pierre  et  qui 
l'obligent  de  s'arrêter;  bientôt  elles  cessent,  comme  à  l'ordinaire,  par  le 
repos  et  quelques  moyens  sédatifs. 

»  De  nouveaux  accidents  se  produisent  ensuite  à  des  intervalles  plus  ou 
moins  éloignés,  ils  sont  combattus  de  la  même  manière  avec  le  même  succès. 

»  Enfin  l'état  du  malade  s'aggrave,  sa  vie  paraît  menacée,  on  réunit  en 
consultation  les  praticiens  les  plus  célèbres  d'une  grande  cité;  ils  consta- 
tent la  nature  du  mal,  et  ils  conseillent  l'opération  de  la  lithotritie. 

»  Mais  le  moment  opportun  est  passé  :  attaquer  une  masse  pierreuse  dans 
une  vessie  saignante,  catarrhale,  ratatinée  et  déformée  par  des  lésions  orga- 
niques, est  toujours  une  entreprise  pleine  de  difficultés  et  de  périls  :  on  a 
réussi  cependant  à  morceler  la  pierre  et  à  extraire  ses  débris,  mais  les  lésions 
organiques  de  la  vessie  subsistent,  et  avec  elles  les  désordres  fonctionnels  qui 
s'y  rattachent. 

•'  Ce  traitement  long  et  douloureux,  qui  laisse  l'opéré  dans  un  état  de 
malaise  et  d'inquiétude,  eût  été,  au  début  de  la  maladie,  facile  et  de  peu  de 
durée;  le  malade  aurait  récupéré  immédiatement  le  libre  exercice  de  ses 
fonctions,  et  il  se  serait  épargné  deux  ans  de  souffrances. 

»  III.  Une  question  importante,  qu'on  néglige  cependant,  est  celle  de  la 
récidive  de  l'affection  calculeuse. 

»  Huit  des  malades  du  tableau  qui  précède  avaient  été  traités  pour  la 
pierre  à  des  époques  plus  ou  moins  éloignées  de  celle  du  dernier  traitement. 
Celui-ci  a  réussi  dans  tous  les  cas  ;  après  l'extraction  des  derniers  débris  du 
corps  étranger,  la  guérison  a  été  complète ,  et  elle  se  soutient  ;  mais  il  est 
probable  qu'il  se  formera  de  nouveaux  calculs,  dans  un  espace  de  temps 
qu'on  peut  déterminer  approximativement. 

»  Au  point  de  vue  de  la  récidive,  les  calculeux  forment  deux  grandes 
classes. 

»  i°  Dans  la  première  se  trouvent  les  pierres  d'acide  urique  et  ses  com- 
posés, d'oxalate  calcaire  et  de  cystine. 

»  Si  la  pierre  s'est  développée  lentement  et  sans  produire  de  fortes  dou- 
leurs, si  d'autre  part  le  malade  a  obtenu  par  l'opération  une  guérison 


(.i*3  ) 
prompte  et  complète,  on  est  à  peu  près  assuré  que  la  guérison  se  soutiendra. 

»  Lorsqu'au  contraire  les  dépôts  urinaires  sont  abondants  et  persistent 
sous  forme  de  matière  amorphe,  de  cristaux  ou  de  graviers  rendus  avec 
l'urine,  on  ne  peut  guère  espérer  que  l'extraction  de  la  pierre,  par  l'une  ou 
l'autre  méthode,  les  fera  cesser  immédiatement,  et  qu'un  organe  qui  aura 
produit,  pendant  des  années,  des  masses  de  dépôts  uriques  en  excès  dans 
l'urine  ne  continuera  pas  à  fonctionner  de  la  même  manière  après  l'opéra- 
tion. Aussi  n'est-il  pas  rare  que  des  malades  soient  opérés  plusieurs  fois, 
même  à  de  courts  intervalles,  et  le  nombre  en  serait  plus  grand  encore  si 
les  opérés  ne  finissaient  pas  par  succomber. 

»  La  reproduction  des  pierres  d'oxalate  calcaire  est  rare,  et  je  n'en  ai 
pas  observé  pour  ceux  de  cystine. 

»  20  Ce  sont  les  concrétions  de  phosphate  calcaire  et  ammoniaco-ma- 
gnésien  qui  se  reproduisent  le  plus  fréquemment  et  avec  d'autant  plus  de 
promptitude  qu'il  existe  des  productions  morbides  dans  l'appareil  urinaire. 

»  Après  une  opération  de  taille  ou  de  lithrotritie  et  sons  l'influence  d'un 
catarrhe  vésical  qui  subsiste,  on  voit  apparaître  des  masses  de  dépôts  terreux 
dans  l'urine,  mais  le  plus  souvent  cette  matière  amorphe  s'agglomère  dans 
la  vessie  et  forme  en  peu  de  jours  des  pierres  poreuses,  grises,  sans  consis- 
tance, qu'on  détruit  avec  facilité,  mais  qui  se  reproduisent  avec  la  même 
promptitude.  Ces  cas  sont  très-nombreux  et  présentent  un  grand  intérêt  au 
double  point  de  vue  de  la  pratique  de  l'art  et  de  la  formation  des  calculs 
vésicaux. 

»  Du  reste,  ces  reproductions  ne  sauraient  surprendre,  puisque  le  traite- 
ment chirurgical  employé  dans  ces  cas  n'a  d'action  directe  que  sur  la 
pierre,  et  que  les  organesqui  la  retiennent  sont,  après  l'opération,  ce  qu'ils 
étaient  avant. 

»  20  Malades  opérés  par  la  cystotomie.  —  L'un  de  ces  malades,  âgé  de  trois 
ans  et  demi,  avait  une  pierre  d'acide  urique  à  structure  lamellée,  très-com- 
pacte, de  3  centimètres  de  long,  de  i  |  centimètres  de  large  et  de  i  centi- 
mètres d'épaisseur.  La  vessie  se  contractait  avec  tant  de  force,  que  chaque 
émission  d'urine  était  accompagnée  de  la  chute  du  rectum  et  de  douleurs 
tellement  vives,  que  l'existence  de  l'enfant  devenait  insupportable. 

»  Cette  pierre  ne  devait  pas  être  attaquée  par  les  procédés  de  la  lithotri- 
tie  :  je  dirai  à  l'Académie  les  motifs  qui  m'ont  déterminé  à  ne  pas  céder  au 
vœu  des  parents  qui  désiraient  que  leur  fils  fût  opéré  par  la  nouvelle 
méthode. 

»  L'art  de  broyer  la  pierre  n'est  pas  appliqué  aux  enfants  d'une  manière 

]6.. 


(  "4  ) 
aussi  générale  qu'aux  autres  époques  de  la  vie.  J'ai  fait  connaître  ailleurs 
les  causes  de  cette  différence  (  Traité  de  la  Lithrotritie).  Je  noterai  les   trois 
principales  : 

»  i°  Avec  le  petit  instrument  dont  il  faut  se  servir  chez  les  enfants,  on 
ne  peut  morceler  qu'une  très-petite  quantité  de  pierre  à  chaque  séance,  ce 
qui  prolonge  la  durée  du  traitement. 

»  20  Lorsque  la  vessie  est  inerte,  les  fragments  calculeux  ne  sont  pas 
expulsés,  il  faut  les  extraire  par  les  procédés  de  l'art;  le  petit  diamètre  du 
canal  rend  cette  manœuvre  longue  et  difficile. 

»  3°  L'urètre  de  l'homme  n'est  pas  également  large  et  dilatable  dans 
toute  sa  longueur.  Chez  les  enfants  en  particulier,  le  col  de  la  vessie  et  la 
partie  profonde  de  l'urètre  peuvent  se  dilater  considérablement  et  admet- 
tre des  calculs  entiers  ou  fragmentés  qui  seront  arrêtés  dans  le  canal,  ce 
qui  constitue  un  accident  grave  par  ses  effets  immédiats  et  surtout  parce 
qu'il  devient  la  source  des  plus  grands  désordres. 

»  Il  est  prescrit  de  n'appliquer  la  lithotritie  aux  enfants  très-jeunes,  c'est- 
à-dire  de  deux  à  sept  ans,  que  lorsque  la  pierre  peut  être  détruite  en  une 
ou  deux  séances;  à  ces  conditions  la  méthode  réussit  parfaitement,  tandis 
que  cherchera  détruire  une  grosse  pierre  dans  ces  circonstances,  c'est  s'ex- 
poser aux  plus  graves  mécomptes;  la  question  capitale  est  de  savoir  où  il 
faut  s'arrêter  dans  l'application  de  la  nouvelle  méthode.  Cette  question  a 
paru  embarrasser  quelques  chirurgiens;  cependant  elle  peut  être  résolue 
avec  autant  de  facilité  que  de  certitude,  il  suffit  de  suivre  les  préceptes 
de  l'art. 

»  Lorsqu'un  enfant  soupçonné  calculeux  se  présente,  le  chirurgien 
reconnaît  la  pierre.  Afin  d'en  déterminer  le  volume  et  la  configuration,  il 
remplace  la  sonde  par  un  lithoclaste  avec  lequel  il  s'assure  en  même  temps 
que  la  vessie  n'en  contient  pas  d'autres. 

»  Si  le  calcul  est  petit,  il  l'écrase  sans  désemparer,  puis  il  saisit  les  éclats 
et  les  brise  jusqu'à  ce  qu'ils  soient  réduits  en  poudre.  Le  lendemain,  avec  le 
même  instrument  il  s'assure  que  la  vessie  est  entièrement  débarrassée,  et  ce 
qui  ne  devait  être  qu'un  complément  d'exploration  préalable  devient  une 
opération  définitive.  Le  malade  est  guéri.  Je  rappellerai  un  cas  remar- 
quable. 

»  Chez  un  petit  malade,  la  cystotomie  m'avait  paru  indiquée;  les  mé- 
decins consultants  et  la  famille  paraissaient  la  désirer.  Tout  était  prépare 
pour  l'opération  ;  en  introduisant  le  cathéter,  je  trouvai  la  pierre  au  col  de 
la  vessie.  Je  quittai  le  cathéter  pour  prendre  un  petit  lithoclaste;  la  pierre, 


I     125    ) 

repoussée  dans  la  cavité  vésicale,  fut  saisie  et  brisée  instantanément;  la  gué- 
rison  fut  immédiate.  On  connaît  divers  cas  semblables. 

»  La  pierre  saisie  par  le  lithoclaste  est-elle  assez  volumineuse  pour  exiger 
un  long  traitement  et  un  grand  nombre  d'opérations?  au  lieu  de  l'attaquer 
et  de  cherchera  la  morceler,  on  la  lâche,  on  retire  l'instrument  et  l'on  pro- 
cède à  la  taille  immédiatement,  ce  qui  est  préférable,  ou  le  jour  suivant, 
mais  sans  différer  davantage. 

»  Six  des  malades  taillés  avaient  de  grosses  pierres  dont  l'extraction 
aurait  présenté  de  grandes  difficultés  sans  un  appareil  particulier  dont  j'in- 
diquais l'emploi  à  l'Académie  dans  mon  dernier  compte  rendu,  et  qui  m'a 
été  très-utile  dans  ces  circonstances. 

»  3°  Combinaison  de  la  taille  et  de  la  lithotritie.  —  Trois  malades  ont  été 
opérés  par  un  procédé  qui  consiste  à  ouvrir  la  partie  membraneuse  de 
l'urètre  par  une  incision  périnéale,  et  à  porter  par  cette  voie  et  le  col  vésical 
non  divisé  les  instruments  propres  à  pulvériser  les  pierres  vésicales  et  en 
faite  l'extraction  en  une  séance. 

»  Le  principal  élément  de  succès  de  cette  méthode  est  dans  la  dilatabi- 
lité du  col  de  la  vessie  et  de  la  partie  profonde  de  l'urètre,  très-commune 
chez  les  jeunes  malades.  Cette  disposition,  nuisible  à  la  lithotritie  en  ce 
qu'elle  favorise  l'arrêt  des  fragments  dans  le  canal,  facilite  l'extraction  delà 
pierre  dans  la  cystotomie.  Elle  fait  la  base  de  la  combinaison  que  je  viens 
d'indiquer  et  qui  n'est  pas  nouvelle.  En  i8u8,  j'en  débattais  les  avantages 
contre  Dupuytren,  qui  la  repoussait.  (Voir  ma  IV  Lettre  et  mon  Traité  de 
Lithotritie,  p.  456  et  suiv.) 

»  Depuis  cette  époque,  je  l'ai  souvent  employée  chez  les  enfants  calcu- 
leux  et  dans  les  cas  de  contractivité  exagérée  de  la  vessie,  et  j'ai  eu  de 
beaux  résultats  (i). 

»  4°  Malades  citez  lesquels  le  traitement  a  été  ajourné  ou  jugé  impossible.  — 
Ces  cas,  au  nombre  de  onze,  forment  plusieurs  catégories  : 

»  Deux  hommes,  épuisés  par  l'âge  et  les  souffrances,  étaient  arrivés  au 
plus  haut  degré  de  dépérissement.  L'art  ne  pouvait  intervenir  que  par 
l'emploi  de  quelques  moyens  propres  à  rendre  plus  supportables  les  der- 
niers moments  de  la  vie. 


(i)  En  réunissant  ces  faits  cliniques,  les  chirurgiens  reconnaîtront  peut-être  l'utilité  de 
porter  leurs  regards  en  arrière  et  de  s'assurer  si  le  procédé  de  taille  des  anciens,  connu  sous 
le  nom  de  petit  appareil,  avec  les  nouvelles  ressources  de  l'art  pour  morceler  les  grosses 
pierres,  ne  réussirait  pas  plus  sûrement  que  la  méthode  actuellement  en  usage. 


(  '*6  ) 

»  Un  autre,  déjà  indiqué  dans  les  précédents  comptes  rendus,  continue 
de  vivre  avec  une  grosse  pierre  et  des  lésions  organiques  dans  la  vessie. 
La  lithotritie  est  impossible.  Je  détourne  ce  malade,  dont  l'existence  est 
très-supportable,  de  recourir  à  la  taille;  la  réussite  diminuerait  peu  ses 
souffrances,  et  elle  pourrait  causer  la  mort.1 

>>  Un  quatrième  porte  depuis  longues  années  une  grosse  pierre  qui  cause 
aussi  peu  de  douleur.  Les  fonctions  en  général  sont  à  peine  troublées, 
grâce  aux  précautions  qui  sont  prescrites  et  rigoureusement  observées. 

n  II  n'est  pas  absolument  rare  de  voir  des  calculeux  dont  les  organes 
s'habituent,  pour  ainsi  dire,  au  contact  de  la  pierre,  surtout  lorsqu'elle  se 
développe  très-lentement.  Souvent  alors  il  n'y  a  ni  catarrhe  vésical,  ni 
trouble  dans  la  miction.  Il  ne  faut  pas  perdre  ces  malades  de  vue;  une 
opération  peut  devenir  nécessaire  au  moment  où  on  s'y  attend  le  moins, 
mais  il  serait  au  moins  imprudent  de  troubler  par  anticipation  le  calme 
dont  ils  jouissent. 

»  J'ai  ajourné  le  traitement  pour  la  pierre  chez  deux  malades  attaqués 
en  même  temps,  l'un  d'une  lésion  grave  des  téguments,  l'autre  de  désordres 
dans  les  fonctions  rénales. 

»  Dans  cinq  cas  ce  sont  les  malades  eux-mêmes  qui  ont  voulu  différer 
l'opération  en  disant  qu'ils  ne  souffrent  pas  assez  pour  s'y  soumettre. 

»  Deux  d'entre  eux  cherchent  même  à  se  persuader  qu'ils  n'ont  pas  la 
pierre,  et  ils  attribuent  à  des  causes  sans  portée  les  dérangements  qu'ils 
éprouvent.  Jamais  la  peur  ne  fut  une  conseillère  plus  perfide. 

»  A  l'égard  de  la  lithotritie,  on  ne  saurait  trop  se  hâter  de  recourir  à 
l'opération. 

*  Tout  retard  aggrave  la  position  du  malade,  augmente  les  difficultés 
et  les  douleurs  de  la  manœuvre,  diminue  les  chances  de  succès  et  prolonge 
la  vie  de  souffrances  à  laquelle  les  hommes  se  condamnent  en  gardant  leur 
pierre.  » 

NOMINATIONS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  cinq  Membres  pour  l'examen  des  pièces  admises  au  concours 
pour  le  prix  de  Statistique  de  1 863. 

MM.  Bienaymé,  Dupin,  Mathieu,  Passy,  Boussingault,  réunissent  la  ma- 
jorité des  suffrages. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomi- 


(  I27  ) 
nation  d'un  Membre  de  la  Commission  centrale  administrative,  en  rempla- 
cement de  M.  Poncelet,  démissionnaire. 

M.  Chasles  obtient  la  majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède  enfin,  encore  par  la  voie  du  scrutin,  au  choix  du 
Membre  qui  devra  la  représenter  dans  la  Commission  mixte  chargée  de 
décerner  le  prix  de  la  fondation  L.  Fould  (Histoire  des  arts  du  dessin  avant 
le  siècle  de  Periclès). 

M.  Cloquet  obtient  la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

M.   Pouillet  présente,  au  nom  de  M.  Dulos,  une  Note  sur  de  nouveaux 

procédés  de  gravure  en  creux  et  en  relief,  de  l'invention  de  cet  artiste,  et  met 
sous  les  yeux  de  l'Académie  divers  spécimens  des  planches  obtenues  par  ces 
procédés,  et  des  épreuves  qu'on  en  a  tirées. 

Cette  Note,  trop  étendue  pour  pouvoir  être  reproduite  intégralement  au 
Compte  rendu,  et  qui  doit  être  d'ailleurs  l'objet  d'un  prochain  Rapport,  est 
renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Pouillet,  Fremy 
et  Fizeau. 

M.  Floukens  présente,  au  nom  de  M.  Husson,  pharmacien  à  Toul,  une 
Note  sur  la  quantité  d'air  indispensable  à  ta  respiration  durant  le  sommeil. 

L'auteur,  déjà  connu  de  l'Académie  par  un  travail  sur  les  lois  de  la 
population  dans  la  ville  et  l'arrondissement  de  Toul,  travail  qui  avait  été 
l'objet  d'une  mention  honorable  au  concours  pour  le  prix  de  Statistique 
de  1860,  a  été  conduit,  eu  poursuivant  ses  recherches  sur  ce  sujet,  à  s'oc- 
cuper de  la  question  qui  fait  l'objet  d'une  Note  de  M.  Delbruck,  imprimée 
au  Compte  rendu  delà  séance  du  i5  décembre  1862.  Après  avoir  examiné 
au  point  de  vue  théorique  la  proposition  avancée  par  l'auteur,  que  l'homme 
et  les  animaux  auraient  besoin  pour  la  respiration  d'une  moindre  quantité 
d'air  pendant  le  sommeil  que  pendant  la  veille,  M.  Husson  passe  aux  faits 
qui  ont  été  allégués  à  l'appui  de  cette  assertion,  et  qui  lui  semblent  mal 
interprétés. 

«  Si  la  plupart  des  animaux,  dit-il,  si  le  lion  même,  au  moment  du  som- 
meil, cherchent  des  endroits  retirés,  est-ce  réellement  pour  se  priver  d'air 
le  plus  qu'ils  peuvent,  ou  n'imitent-iis  pas  en  cela  la  prudence  de  l'homme 


(  i*8  ) 
qui,  avant  de  se  coucher,  ferme  sa  porte  à  la  clef?  Et  si  le  militaire  en  cam- 
pagne, couché  à  la  belle  étoile,  se  couvre  la  tête,  n'est-ce  pas,  avant  tout, 
pour  se  garantir  du  froid?  Cela  est  si  vrai,  que  le  moissonneur  et  le  faneur, 
pour  le  moment  de  la  sieste,  recherchent  seulement  l'ombre  et  ne  songent 
pas  à  se  cacher  le  visage,  si  ce  n'est  parfois  pour  se  préserver  des  insectes. 
D'autre  part,  il  faut  bien  le  reconnaître,  même  à  l'état  de  veille,  l'homme 
éprouve,  en  diverses  circonstances,  le  besoin  de  se  garantir  la  figure.  Le 
cache-nez  n'en  est-il  pas  une  preuve? 

»  On  a  cité  encore  l'exemple  de  l'écolier  qui  se  met  la  télé  sous  le  drap 
pour  s'endormir.  Mais  cette  habitude  est  si  peu  dans  les  besoins  de  la 
nature,  qu'on  la  rencontre  seulement  chez  un  petit  nombre  d'enfants  et  que, 
presque  toujours,  celui-là  même  qui  la  contracte  se  découvre  instinctive- 
ment pendant  son  sommeil  et  ne  tarde  pas  à  la  perdre  dès  que  l'âge  de  la 
crainte  se  passe.  C'est  dans  tous  les  cas  une  habitude  malsaine  cpie  les 
surveillants  doivent  s'attacher  à  faire  perdre  aux  écoliers. 

»  Il  est  bien  vrai  qu'on  peut  rester  momentanément  dans  un  milieu 
quelque  peu  vicié;  mais  on  n'y  séjournerait  pas  constamment  sans  préju- 
dice pour  la  santé. 

»  Quant  à  l'oiseau,  qui  dort  la  tète  cachée  sous  le  fin  duvet  de  ses  ailes, 
n'a-t-il  pas  le  bec  placé  de  telle  sorte  que  l'air  puisse  facilement  péné- 
trer?...  » 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Longet.) 

PHYSIQUE.  —  Sur  le  rapport  de  l'intensité  du  courant  inducteur  au  courant 
induit;  par  M.  A.  Lallemand.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet.) 

«  En  mesurant  le  courant  induit  par  l'impulsion  initiale  qu'il  commu- 
nique au  barreau  d'un  galvanomètre  de  Weber,  j'établis  par  des  expé- 
riences directes  la  constance  du  rapport  de  l'intensité  de  l'inducteur  à 
la  quantité  d'électricité  induite,  quelle  que  soit  la  force  électromotrice 
de  la  pile  et  la  longueur  totale  du  circuit  inducteur.  Je  vérifie  de  la  même 
manière  que  la  quantité  d'électricité  induite  est  proportionnelle  à  la 
conductibilité  du  fil  induit  et  indépendante  de  l'induction  exercée  simulta- 
nément par  l'inducteur  sur  un  circuit  ou  une  masse  métallique  voisins.  En 
comparant  ces  résultats  à  ceux  obtenus  avec  la  balance  électro-dyna- 
mique en  faisant  agir  les  courants  induits  par  répulsion  sur  eux-mêmes, 
j'arrive   à   cette   conclusion   :  que  la  durée  de  l'état  variable  du  courant 


(     I29    ) 

inducteur  dépend  du  rapport  de  la  longueur  de  la  partie  du  fil  induc- 
teur qui  agit  directement  sur  le  fil  induit,  à  la  longueur  totale  du  circuit 
inducteur,  et  varie  dans  le  même  sens  ;  que  celte  durée,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs  ,  est  d'autant  plus  courte  que  le  fil  induit  est  plus  mauvais 
conducteur;  enfin,  que  l'influence  mutuelle  des  deux  circuits  voisins  sou- 
mis à  la  même  action  inductrice  n'a  d'autre  effet  que  d'augmenter  la 
durée  et  de  diminuer  l'intensité  des  courants  induits  simultanément,  sans 
altérer  en  aucune  manière  la  quantité  d'électricité  induite  dans  chacun 
d'eux.    » 

chimie.  —  Action  de  la  potasse  alcoolique  sur  le  toluène  bichloré  et  sur  le  toluène 
trichloré;  par  M.  A.  Naquet.  (Présenté  par  M.  Balard.) 

«  M.  Cannizzaro  a  ohservé  que  sous  l'influence  d'une  solution  alcoo- 
lique de  potasse  le  toluène  monochloré  se  convertit  en  éther  éthyl-benzéthy- 

iique        H5    t)(i).  Il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  l'action  du  même  réactif 

sur  le  toluène  bichloré,  et  sur  le  toluène  trichloré  que  j'ai  fait  connaître  il  y 
a  quelques  mois. 

»  Action  de  la  potasse  alcoolique  sur  le  toluène  bichloré.  —  M.  Wicke  a 
obtenu  une  combinaison  d'oxyde  d'éthyle  et  d'aldéhyde  benzoique, 
G7HCÔ£*H1O0,  analogue  à  l'acétal,  en  traitant  le  chlorobenzol  par  l'éthy- 
late  de  soude.  Il  a  annoncé  en  même  temps  qu'en  substituant  à  l'éthylate  de 
soude  une  solution  de  potasse  dans  l'alcool,  il  se  produit  de  l'aldéhyde  ben- 
zoique. Plus  tard  M.  Beilstein  démontra  que  le  toluène  bichloré  est  iden- 
tique au  chlorobenzol;  néanmoins,  en  le  chauffant  avec  une  solution  alcoo- 
lique de  potasse,  il  n'obtint  aucune  trace  d'hydrure  de  benzoïle;  du  reste 
il  n'étudia  pas  les  produits  formés. 

»  Ayant  repris  cette  étude,  j'ai  chauffé  à  1 5o°,  pendant  plusieurs  jours, 
du  toluène  bichloré  avec  une  solution  alcoolique  de  potasse,  dans  des  tubes 
scellés  à  la  lampe.  A  l'ouverture  des  tubes  il  ne  s'est  pas  dégagé  de  gaz;  le 
liquide  a  été  évaporé  au  bain-marie,  afin  de  chasser  l'alcool,  et  le  résidu  a 
été  repris  par  l'eau.  Il  s'est  formé  à  la  surface  une  couche  d'un  liquide  hui- 
leux que  l'on  a  séparée  à  l'aide  d'un  entonnoir. 

•>   Comme  au  moyeu  de  la  distillation  fractionnée  on  ne  prive  jamais  en- 


(i)  G=i2,  Ô=i6,  H=i. 

C.  R.,  i863,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  3.)  l7 


(  >3o  ) 
fièrement  le  toluène  bichloré  de  toluène  monochloré,   ce  liquide  huileux 
contenait  une  faible  quantité  de  l'étber  éthyl-benzéthylique  de  M.  Can- 
nizzaro,  et  par  cette  raison  il  a  été  nécessaire  de  le  soumettre  à  la  distillation 
fractionnée. 

»  La  portion  de  liquide  passant  entre  21 5°  et  225°  a  donné  à  l'analyse  les 
nombres  G  —  62,76,  H  — 6,25,  qui  sont  fort  rapprochés  de  ceux  qu'exige 
la  formule 

€8H"C1Q. 

Cependant,  comme  ils  ne  sont  point  encore  suffisamment  près  de  ceux 
qu'exige  la  théorie,  le  liquide  a  été  fractionné  de  nouveau.  L'analyse  de  ce 
qui  a  passé  entre  2180  et  2220  a  donné  G — 62, 53,  H — 6,06,  qui,  relative- 
ment au  carbone,  sont  plus  éloignés  encore  que  les  précédents,  des  nombres 
théoriques. 

»  Le  liquide,  ayant  été  fractionné  une  troisième  fois,  a  fini,  après  quel- 
ques distillations,  par  passer  presque  en  totalité  de  21 5°  à  2200;  il  a  donné 
alors  à  l'analyse  des  nombres  qui  correspondent  exactement  à  ceux  qu'exige 

la  formule 

G9H"C10, 

G9H"C1© 

G 63,38 63,34 

H 5,86 6,04 

Cl 20,77 20,82 

La  formation  de  ce  corps  peut  être  exprimée  par  l'équation  suivante: 

Alcool.  Hydrate  de       Chlorure  de      Eau. 

potasse  potassium. 

Ce  composé  est  limpide,  il  a  une  odeur  suave,  il  bout  sans  décomposition 
entre  qi5°  et  2200,  avec  un  point  d'arrêt  vers  21 8°.  Sa  densité  à  i4°  a  été 
trouvée  égale  à  1,121.  Il  parait,  d'après  la  formule,  analogue  à  la  chloro- 
éthyline  de  l'aldéhyde  ordinaire,  que  MM.  Wurtz  et  Frapoli  ont  obtenue  en 
faisant  passer  un  courant  d'acide  chlorhydrique  dans  un  mélange  d'aldé- 
hyde et  d'alcool  absolu.  Néanmoins  je  nemeprononce  pas  surce  pointavant 
d'avoir  étudié  à  fond  les  propriétés  du  chlorure  que  je  décris  en  ce  moment. 
»  Action  de  la  potasse  alcoolique  sur  le  toluène  trichloré.  —  On  a  enfermé 
dans  des  tubes  scellés  à  la  lampe  un  mélange  d'une  solution  alcoolique  de 
potasse  et  de  toluène  trichloré.  Ce  mélange  a  été  chauffé  pendant  quelques 


(  i3i  ) 
heures  à  la  température  de  ioo°;  puis  les  tubes  ayant  été  ouverls,  on  a  dis- 
tillé au  bain-marie  pour  chasser  l'alcool,  et  l'on  a  repris  par  l'eau.  Il  s'est 
séparé  une  petite  couche  huileuse  formée  du  corps  précédent  ;  elle  provenait 
de  la  petite  quantité  de  toluène  bichloré,  dont  par  la  distillation  fractionnée 
on  n'avait  pu  priver  entièrement  le  toluène  trichloré.  On  a  recueilli  la  solu- 
tion aqueuse,  et,  après  l'avoir  filtrée,  on  l'a  traitée  par  l'acide  chlorhydrique; 
il  s'est  formé  un  précipité  blanc,  soluble  dansl'éther. 

"  Ce  composé,  séparé  de  sa  solution  éthérée,  présente  des  propriétés 
acides,  son  odeur  est  celle  de  l'acide  benzoïque,  son  sel  de  chaux  cristallise 
en  aiguilles  qui,  vues  au  microscope,  paraissent  identiques  à  celles  que  donne 
le  benzoate  de  chaux.  Ces  cristaux  s'éloignent  d'ailleurs  beaucoup  de  ceux 
que  fournit  le  salylate  de  chaux  de  MM.  Kolbe  et  Lautemann,  comme 
M.  Lautemann  lui-même  a  bien  voulu  s'en  assurer. 

»  Cet  acide  a  été  dissous  dans  l'alcool,  et  la  solution  a  été  soumise  à  l'ac- 
tion d'un  courant  d'acide  chlorhydrique;  eu  précipitant  ensuite  par  l'eau, 
on  a  pu  séparer  un  liquide,  qui  a  passé  à  la  distillation  entre  2100  et  i\i°. 
Ce  liquide  a  donné  à  l'analyse  les  nombres  suivants  : 

I.  il.  Théorie. 

C •        7i,58.    .    .    :   .   .        71,74 72,00 

H 6,74 7,1 1 6,66 

qui  conduisent  à  la  formule  C9H10O!  du  benzoate  d  ethyle.  La  transfor- 
mation du  toluène  trichloré  en  benzoate  de  potasse  peut  être  exprimée  par 
l'équation  suivante  : 


€7H5C13 


Cette  réaction  est  analogue  à  celle  par  laquelle  on  convertit  le  chloroforme 
en  formiate  de  potasse;  elle  rend  probable  l'identité  du  toluène  trichloré 
avec  le  corps  obtenu  par  MM.  Schiscbkof  et  Rosing,  par  l'action  du  per- 
chlorure  de  phosphore  sur  le  chlorure  de  benzoïle. 

»  Les  recherches  exposées  ci-dessus,  ainsi  que  celles  qui  ont  fait  l'objet 
de  ma  précédente  communication,  ont  été  faites  dans  le  laboratoire  de 
M.  Wurtz,  dont  les  conseils  éclairés  ne  m'ont  jamais  fait  défaut.  » 

Cette  Note  et  celle  que  l'auteur  avait  précédemment  présentée  sont  ren- 
voyées à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Pelouze  et  Balard. 

17.. 


(  i3a  ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  --  Mémoire  sur  un  procédé  d'extraction  du  sucre  de 
betteraves;  par  M.  L.  Kessler.  (Présenté  par  M.  balard., 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Payen,  Balarcl.) 

«  Les  modifications  que  je  propose  dans  le  traitement  de  la  betterave, 
en  vue  de  l'extraction  du  sucre,  s'adressent  à  trois  parties  de  la  fabri- 
cation : 

»  i°  A  l'extraction  du  jus,  pour  laquelle  j'emploie  de  préférence  ie  de- 
placement  par  l'eau; 

»  2°  A  la  défécation,  que  j'effectue  avec  la  magnésie,  en  la  faisant  suivre 
ou  non  d'une  deuxième  défécation  avec  un  excès  de  chaux; 

»    3°  A  la  séparation  de  l'excès  de  chaux  par  un  filtre  gras. 

o  I.  Extraction  du  jus. —  Les  presses  dont  on  faitusage maintenant  donnent 
environ  82  parties  de  jus  et  1 8  de  pulpes  ou  d'absorption  par  lessacs  pour  1 00 
de  betteraves.  Par  une  pratique  généralement  suivie,  ce  rendement  de  jus 
est  porté  à  85  parties  lorsqu'on  arrose  la  râpe  avec  de  l'eau,  de  manière, à 
en  ajouter  environ  \.  On  a  alors  pour  100  kilogrammes  de  betteraves 
106  kilogrammes  de  jus,  contenant  21  kilogrammes  d'eau  par  consé- 
quent. 

»  Je  crois  avantageux  de  substituer  à  l'emploi  des  presses  celui  des  tables 
de  déplacement,  telles  que  je  les  établis  depuis  dans  les  distilleries  de  mou 
système.  On  râpe  fin  la  betterave  lavée;  on  en  débat  la  pulpe  pour  la  rendre 
homogène,  et  on  l'étend  à  l'épaisseur  de  om,io  à  om,i5  sur  une  sorte  de 
grand  filtre  à  fleur  de  terre. 

»  Lorsqu'on  arrose  cette  couche  de  pulpe  avec  de  l'eau  pure,  on  en  re- 
tire d'abord  pour  100  kilogrammes  :  110  kilogrammes  de  jus  forts,  conte- 
nant ^  d'eau,  soit  22  kilogrammes,  et  88  kilogrammes  de  jus  pur  ;  ensuite 
viennent  des  jus  faibles i°oui°  !,  dudensimètre,  qui  contiennent  à  ^-pour  100 
près  tout  le  jus  restant.  Ces  jus  faibles  peuvent  être  distillés;  mais  lorsqu'on 
les  utilise  pour  le  commencement  de  l'arrosage  d'une  table  voisine,  on 
pousse  le  rendement  des  jus  forts  à  ii5ou  1  16  kilogrammes  d'un  mélange 
de  4  d'eau  et  de  |  de  jus  pur,  représentant  par  conséquent  ?>■?.  à  34  kilo- 
grammes de  ce  dernier.  Or,  la  betterave  ne  renfermant  que  35  pour  100  de 
jus,  on  peut  négliger  le  peu  de  jus  faibles  qui  viennent  en  travail  courant  et 
s'en  servir  simplement  pour  laver  les  filtres  et  les  appareils  de  l'usine.  Les 
tables  coûtent  d'installation  environ  le  dixième  des  presses,  n'exigent  ni 
iorce  motrice,  ni  transmission  de  mouvement;   leur  manutention  emploie 


(  «33  ) 
six  ou  sept  fois  moins  de  bras.  On  peut,  en  distillant  les  jus  faibles,  consa- 
crer à  l'extraction  du  sucre  plus  des  trois  quarts  du  jus  à  peu  près  sans 
eau.   J'ajouterai  que  ce  procédé  a   fait  aujourd'hui  ses   preuves  entre  les 
mains  des  agriculteurs. 

»  II.  Défécation  à  la  magnésie.  —  On  connaît  les  inconvénients  de  la  dé- 
fécation à  la  chaux.  Elle  est  souvent  impraticable,  sans  qu'on  en  sache  la 
raison,  sur  des  betteraves  venues  dans  des  conditions  en  apparence  excel- 
lentes. Toujours  elle  est  délicate,  car  la  dose  de  chaux  convenable  est  com- 
prise dans  une  limite  très-étroite  en  deçà  et  au  delà  de  laquelle  se  trouve  éga- 
lement l'insuccès.  Cette  dose  varie  avec  chaque  sorte  de  betterave  et  avec 
chaque  saison.  Elle  varie  même  avec  le  degré  d'acidité  du  jus  qui  change, 
ainsi  que  je  l'ai  souvent  constaté,  avec  la  durée  et  l'étendue  du  contact  de 
l'air.  D'ailleurs  la  même  dose  de  chaux  qui  convient  produit  deseilets  tout 
différents,  suivant  qu'on  l'ajoute  en  une  seule  ou  en  plusieurs  portions,  et 
qu'on  l'introduit  à  des  températures  plus  ou  moins  élevées.  A  l'ébullition, 
presque  toutes  les  défécations,  même  réussies  avant  qu'on  y  arrive,  se  dété- 
riorent, et  l'écume  devient  grasse.  Enfin  la  chaux  redissout  par  son  excès, 
d'ailleurs  nécessaire,  certains  principes  colorables  ultérieurement  qui  ont 
toujours  obligé  à  compléter  son  action  détergente  par  l'intervention  du 
noir  animal. 

»  Ea  magnésie,  an  contraire,  présente  toutes  les  qualités  qui  manquent  à 
la  chaux  pour  l'acte  de  la  défécation.  Assez  alcaline  pour  transformer  la 
pectine  en  pectates,  elle  laisse  cependant  le  jus  presque  neutre,  en  raison  de 
son  insolubilité  et  de  son  inaptitude  à  se  combiner  au  sucre.  Elle  entraine 
sans  les  redissoudre  les  matières  colorantes,  et  son  excès  ne  nuit  jamais. 
Aussi  le  jus  déféqué  avec  son  secours  est-il  beaucoup  plus  dépouillé  qu'avec 
la  chaux,  et  dès  lors,  ne  se  colorant  plus  pendant  le  traitement  ultérieur, 
il  n'oblige  plus  à  l'emploi  du  noir  animal. 

•>  Nous  n'avons  eu  encore  le  temps  d'examiner,  ni  si  cette  base  entraîne 
à  l'état  de  phosphate  ainmoniaco-niagnésique  tout  le  phosphore  ou  toute 
l'ammoniaque,  ni  si,  suivant  les  idées  émises  par  M.  Paul  Thenard,  l'inalté- 
rabilité de  la  liqueur  est  due  à  l'absence  des  phosphates  alcalins. 

»  On  prend  i  \  pour  ioo  du  poids  de  la  betterave,  ce  qui  représente  entre 
5  et  10  pour  ioo  de  ce  même  poids  à  l'état  pâteux.  On  la  délaye  dans  une 
partie  du  jus,  et  on  ajoute  à  froid  au  reste  environ  un  quart  de  ce  mélange, 
afin  de  le  neutraliser.  On  chauffe  et  l'on  procède  à  la  défécation  comme 
d'ordinaire,   seulement  on  a  soin  de  ne  mettre  toute  la  magnésie  que  par 


(  '34  ) 
portions  espacées  à  quelques  minutes  d'intervalles,  à  la  température  de  8o° 
à  o,5°,  c'est-à-dire  avant  l'ébullition.  On  soutire  le  jus  après  un  repos  de 
dix  à  quinze  minutes.  Les  écumes  sont  sèches  et  serrées,  on  les  fait  égoutter 
et  on  les  exprime  facilement.  Au  sortir  de  la  chaudière,  le  jus  doit  être  peu 
coloré,  limpide  et  jaune-verdâtre  clair,  sinon  on  doit  ajouter  plus  de  ma- 
gnésie. On  évapore  la  liqueur  à  feu  nu,  à  la  vapeur  ou  dans  le  vide,  jusque 
vers  a5°  du  densimètre;  on  passe  au  débourbeur,  ou  bien  on  laisse  déposer 
et  l'on  procède  à  la  cuite,  à  la  cristallisation,  à  la  purge,  etc.,  comme  d'ha- 
bitude. Le  sirop  contient  très-peu  de  magnésie,  et  son  goût  n'en  est  pas 
affecté. 

»  Cependant,  je  conseille  de  faire  suivre  cette  première  défécation  à  la 
magnésie  d'une  seconde  à  la  chaux.  La  dose  convenable  est  d'environ  i  cen- 
tième en  poids  d'un  lait  de  chaux  à  i5°du  densimètre.  Je  dois  faire  observer 
ici  que  l'alcalinité  du  jus  n'est  nullement  une  preuve  que  la  chaux  a  épuisé 
son  action  précipitante,  et  cette  alcalinité  cependant  est  due  à  celte  base  et 
non  à  l'ammoniaque,  attendu  qu'elle  persiste  jusqu'à  la  fin  de  l'évaporation, 
et  que  la  liqueur  continue  à  précipiter  par  CO2. 

»  Le  dépôt  provenant  de  cette  seconde  défécation  est  peu  volumineux  ; 
on  l'emploie  à  saturer  à  froid  le  jus  destiné  à  la  première  défécation. 

»  III.  Saturation  de  la  chaux.  —  Si  l'on  a  opéré  par  la  double  défécation 
que  je  viens  de  décrire,  on  évapore  également  le  jus  jusque  vers  200  ou  2  5°  ; 
puis,  avant  de  procédera  la  cuite,  on  enlève  l'excès  de  chaux  qui,  très-utile 
pendant  l'évaporation  pour  prévenir  la  transformation  du  sucre  en  mélasse, 
nuirait  à  l'ébullition  et  à  la  cristallisation  du  sirop  concentré. 

>>  Les  acides  gras  ont  été  proposés  avant  moi  pour  enlever  la  chaux; 
mais  la  difficulté  de  leur  emploi  les  a  toujours  tenus  écartés  de  la  pratique. 
On  réussit  admirablement  cependant  avec  eux  par  le  moyen  suivant  : 

»  A  de  la  poudre  grossière  d'un  corps  résistant  aux  acides,  comme  le 
coke  ou  le  grès  naturel,  on  ajoute  à  sec  et  à  froid  :5  pour  100  en  poids 
environ  d'acide  oléique.  On  charge  de  ce  mélange  un  filtre  et  l'on  passe 
dessus  le  jus  calcaire.  Il  se  forme  un  oléate  de  chaux  insoluble  qui  ne  quitte 
pas  la  poudre,  et  l'on  observe  que  le  sirop,  qui,  en  entrant,  rougissait  le 
papier  de  curcuma,  le  laisse  jaune  à  la  sortie. 

»  Lorsque  le  même  réactif  indique  la  présence  de  la  chaux  dans  le  jus 
filtré,  on  révivifie  facilement  le  filtre  avec  un  peu  d'acide  chlorhydrique.  Il 
se  forme  du  chlorure  de  calcium  soluble,  et  l'acide  gras  n'ahandonne  pas 
la  poudre.  Si  le  filtre  s'obstrue  par  des  dépôts  étrangers,  on  le  remplit 


(  '35) 
d'eau,  et,  en  mettant  la  partie  supérieure  de  son  contenu  (c'est  la  seule  qui 
s'embourbe)  en  suspension,  puis  décantant  la   boue,  on  le  dégorge  avec 
rapidité. 

»  L'usage  de  cet  appareil,  plus  utile  encore  pour  les  sucreries  qui  con- 
tinueront à  employer  la  chaux  seule,  remplace  avantageusement  la  satura- 
tion par  l'acide  carbonique.  Il  permet  de  pousser  très-loin  l'évaporation 
des  sirops  en  les  maintenant  très-alcalins,  condition  très-favorable  à  la  con- 
servation du  sucre,  parce  qu'elle  permet  ensuite,  du  même  coup,  de  clarifier 
la  liqueur  et  de  séparer  la  chaux.  On  ne  jouissait  de  cette  facilité,  ni  avec 
l'emploi  du  noir  animal,  dont  l'affinité  pour  la  chaux  déjà  peu  active  est 
paralysée  par  la  concentration  des  sirops,  ni  avec  celui  de  l'acide  carbonique, 
dont  le  précipité  les  eût  empâtés. 

»  Après  le  passage  au  filtre  gras,  le  sirop  reprend  une  saveur  franche- 
ment sucrée.  Le  faible  goût  huileux  qu'il  emporte  disparaît  à  la  première 
ébullition.  Il  peut  entrer  dans  la  consommation  directe.  La  cuite  et  les 
autres  opérations  se  pratiquent  comme  d'ordinaire.  Le  grain  se  forme  par- 
faitement, le  sirop  massé  est  peu  coloré  en  jaune. 

»  La  magnésie  employée  à  la  défécation  devra  se  retirer  des  eaux  «salées 
et  de  l'eau  de  mer  par  une  simple  addition  de  chaux  et  un  lavage.  Les  eaux 
mères  des  marais  salants,  après  le  retrait  des  sels  doubles  alcalins  par  les 
procédés  de  M.  Balard,  ne  consistent  presque  plus  qu'en  chlorure  de  ma- 
gnésium concentré. 

»  Évaporées  à  sec  ou  à  45°,  elles  se  transporteront  facilement  aux  sucre- 
ries. Cette  source  de  magnésie  illimitée,  la  mer,  permettra  donc  ainsi  de 
livrer  la  magnésie  à  si  bas  prix,  qu'il  ne  sera  nullement  nécessaire  de  la 
reprendre  aux  écumes. 

»  Enfin  celles-ci  devront  sans  doute,  et  sans  perte  pour  les  mélasses  en 
raison  du  phosphate  ammoniaco-magnésien  qu'elles  pourront  contenir, 
rendre  à  la  terre  immédiatement  les  deux  agents  les  plus  fertilisants  con- 
tenus dans  la  plante  :  le  phosphore  et  l'azote.    » 

M.  Ballev,  médecin  militaire  du  corps  d'occupation  à  Rome,  adresse  une 
Note  concernant  quelques  observations  qu'il  a  eu  occasion  de  faire  sur  les 
inconvénients  des  alliances  consanguines,  alliances  déterminées ,  dit-il,  trop 
souvent  «  par  la  seule  crainte  de  voir  passer  à  des  étrangers  le  bien  d'une 
famille   » . 

De  ces  observations,  au  nombre  de  quatre,  l'une  tendrait  à  faire  admettre, 
comme  quelques  autres  faits  déjà  communiqués  à  l'Académie,  que  lesrésul- 


(  i30  ) 
tats  fâcheux  de  ces  sortes  d'alliances  peuvent  ne  se  faire  sentir  qu'à  I.i 
deuxième  génération.  Du  mariage  d'un  Français  et  d'une  Allemande,  tous 
deux  sains  de  corps  et  d'esprit,  le  mari  même  connu  pour  un  homme  fres- 
intelligenî,  naissent  quatre  enfants  :  trois  garçons,  dont  le  plus  jeune  est  seul 
dans  les  conditions  normales,  le  fils  aîné  étant  contrefait,  le  second  sourd- 
muet;  la  fille  est  à  demi  idiote.  Le  père  était  né  d'un  mariage  entre  cousins 
germains. 

D'un  autre  mariage  entre  cousins  germains  proviennent  deux  enfants:  un 
garçon  frappé  en  naissant  d'alhinisme,  et  une  fille  dont  l'intelligence  ne  s'est 
que  très-imparfaitement  développée. 

Dans  un  troisième  mariage  entre  cousins  germains,  les  premières  couches 
de  la  mère  sont  d'enfants  mort-nés,  les  suivantes  d'enfants  contrefaits  ;  un 
seul  survit:  il  est  petit,  rachitique,  et  a  été  sujet  presque  dès  sa  naissance  a 
une  sorte  de  chorée. 

Le  quatrième  mariage,  aussi  entre  cousins  germains,  n'a  donné  que  deux 
enfants  chétifs  et  peu  intelligents. 

Cet^e  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  chargée  de  s'occu- 
per des  diverses  communications  concernant  les  alliances  consanguines, 
Commission  qui  se  compose  de  MM.  Andral,  Rayer,  Bernard  et  Bien- 
aymé. 

M.  Mathieu  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  les  fonc- 
tions elliptiques. 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Bertrand,  Bonnet.) 

M.  Baudin  adresse  une  «  Note  sur  l'échelle  densimétrique  accolée  a 
l'aréomètre  de  Beaumé  ». 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Bienaymé,  Bertrand.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  d'Etat  approuve  l'emploi  proposé  par  l'Académie  pour 
une  partie  des  fonds  restés  disponibles. 

M.  i.e  Ministre  de  l'Instruction  annonce  qu'il  vient  de  mettre  à  la 
disposition  de  chacun  des  Membres  de  l'Académie  des  Sciences  et  de  ses  Cor- 
respondants un  exemplaire  des  OEiwres  de  Lavoisier  publiées  sous  les 
auspices  et  aux  frais  de  son  département. 


(  i37) 
MM.  les  Membres  et  Correspondants  de  l'Académie  peuvent  dès  à  présent 
faire  retirer  du  Dépôt  des  livres,  par  une  personne  munie  de  leur  autori- 
sation, le  2e  volume  qui  vient  de  paraître.  Le  Dépôt  est  ouvert  les  lundis, 
mercredis  et  vendredis. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  an  nom  de  M.  Chevallier,  Membre 
du  Conseil  de  salubrité,  un  travail  manuscrit  portant  pour  titre:  «Statistique 
des  communes  composant  le  canton  de  Pantin  »,  et  deux  ouvrages  impri- 
més, concernant  :  l'un,  les  désinfectants  et  leur  application  à  l'hygiène;  l'au- 
tre, les  recherches  à  faire  et  les  réactifs  à  employer  dans  les  officines  de 
pharmacie,  les  magasins  d'herboristerie,  de  droguerie,  etc. 

M.  Naudix,  dont  le  Mémoire  sur  les  hybrides  végétaux  a  été  honoré  au 
concours  de  1862  du  grand  prix  des  Sciences  physiques,  adresse  ses  remer- 
cîments  à  l'Académie. 

M.  Barrallier  remercie  également  l'Académie,  qui,  dans  la  séance  pu- 
blique du  29  décembre  dernier,  lui  a  décerné  une  récompense  pour  ses 
recherches  sur  le  typhus  épidémique. 

L'auteur  d'un  Mémoire  présenté  le  10  avril  186a  au  concours  pour  le 
prix  Alhumbert,  «  Question  des  générations  spontanées,  »  demande  que  ce 
Mémoire,  qui  a  été  inscrit  sous  le  n°  3,  soit  admis  à  concourir  pour  le 
prix  Cuvier. 

Réservé  pour  la  future  Commission,  qui  jugera  s'il  y  a  lieu  à  l'admission 
de  cette  demande. 

M.  Mayer,  de  Bonn,  l'un  des  concurrents  pour  le  grand  prix  des  Sciences 
physiques  de  1862  (Anatomie  comparée  du  système  nerveux  des  poissons), 
prie  l'Académie  de  vouloir  bien  l'autoriser  à  reprendre  son  manuscrit. 

Quoique,  d'après  le  programme,  les  concurrents  aient  seulement  le  droit 
de  faire  prendre  copie  des  pièces  présentées  par  eux,  l'Académie  ne  voit 
point,  pour  cette  fois,  d'inconvénient  à  permettre  à  M.  Mayer  de  reprendre 
l'original  de  son  travail. 

M.  Pastecr,  en  sa  qualité  d'Administrateur  et  Directeur  des  études 
scientifiques  à  l'École  Normale,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  coni- 

C.  R.,  i863,  t"Semestie.  (T.  LVI,  N"  5.)  '^ 


(  ;38  ) 

prendre  cette  Ecole  an  nombre  des  institutions  auxquelles  elle  fait  don  de 
ses  publications. 

Il  a  été  constaté  par  l'inscription  portée  au  livre  des  distributions  qu'une 
semblable  demande  a  été  faite  depuis  longtemps  et  accordée,  du  moins 
quant  aux  Mémoires  de  l'Académie  et  au  Recueil  des  Savants  étrangers. 
I/École  a  négligé  de  faire;  retirer  les  volumes  auxquels  elle  avait  droit  pai 
suite  delà  décision  favorable  de  la  Commission  administrative. 

optique     —    Détermination    de     la    longueur    d'onde    île    la    xiie   A;    /un 
M.  Mascart.  (Présenté  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présentera  l'Académie  le  résultat  de  quelques  expé- 
riences que  j'ai  faites  sur  l'application  des  flammes  colorées  à  la  recherche 
des  longueurs  d'ondulation.  Si  l'on  compare  les  longueurs  d'ondulation 
des  rayons  qui  correspondent  aux  différentes  raies  du  spectre  solaire  avec 
les  déviations  qu'éprouvent  les  mêmes  rayons  dans  un  prisme  réfringent, 
on  remarque  que  ces  deux  quantités  varient  en  sens  contraires,  et  que  le 
rapport  de  l'accroissement  de  longueur  d'onde  à  la  diminution  de  déviation 
correspondante  augmente  d'une  manière  rapide  dans  la  partie  la  moins 
rétrangible  du  spectre.  Or,  la  raie  A  de  l'extrême  rouge  est  difficile  à  sou- 
mettre à  l'expérience  à  cause  du  peu  d'éclat  de  la  lumière  solaire  dans 
cette  région  du  spectre;  on  n'en  connaît  pas  la  longueur  d'onde,  et  elle 
ne  se  trouve  pas  mentionnée  dans  la  plupart  des  tables  de  réfraction  pu- 
bliées jusqu'ici. 

»  Il  m'a  paru  intéressant  de  déterminer  cette  longueur  d'onde  à  l'aide 
d'un  réseau,  et  j'ai  employé  pour  cela  non  pas  la  lumière  solaire,  mais  la 
raie  brillante  la  moins  déviée  des  sels  dépotasse,  qui  coïncide  exactement 
avec  la  raie  A  d'après  les  expériences  récentes  de  M.  Kirchhoff. 

>'  Je  me  suis  servi  d'un  goniomètre  de  M.  Babinet,  donnant  les  10  se- 
condes, et  d'un  réseau  de  /j  centimètres  carrés  de  surface  environ,  divisé  en 
quarantièmes  de  millimètre;  je  comparais  la  déviation  de  la  raie  A  à  celle 
de  la  raie  brillante  de  la  soude.  Pour  obtenir  le  plus  d'éclat  possible  dans 
la  source  lumineuse,  j'employai  plusieurs  procédés,  notamment  la  combus- 
tion de  l'hydrogène  chargé  de  vapeurs  de  potassium,  comme  l'ont  fait 
MM.  Wolf  et  Diacon,  sur  les  indications  de  M.  Foucault,  et  la  volatilisation 
du  chlorure  de  potassium  dans  le  dard  du  chalumeau  à  gaz  d'éclairage  et 
oxygène.  C'est  ce  dernier  moven,  imaginé  par  M.  Debray,qui  m'a  toujours 
le  mieux  réussi.  Malgré  ces  précautions,  je  ne  pus  encore  observer  que  le 


(  '3Ô  ) 
premier  spectre,  ce  qui  donnait  une  assez  faible  précision  aux  expériences 
isolées;  mais  la  moyenne  d'un  grand  nombre  de  mesures  assez  concordantes 
a  été  d'environ  768  millionièmes  de  millimètre. 

»  On  admettait  généralement  pour  longueur  d'onde  de  la  raie  A  le 
nombre  7.^0  millionièmes  de  millimètre  que  l'on  avait  déduit  de  la  loi 
théorique  de  la  dispersion  trouvée  par  M.  Cauchy,  ou  d'une  formule  d'in- 
terpolation. Quand  la  saison  sera  plus  favorable  à  ces  sortes  d'expériences, 
je  me  propose  de  déterminer  les  indices  de  réfraction  de  la  raie  A  dans 
diverses  substances,  et  de  voir  si  la  loi  de  M.  Catichy  s'accorde  suffisam- 
ment avec  l'expérience. 

»  Celte  étude  m'a  conduit  encore  à  une  autre  observation.  Comme 
j'avais  besoin  d'une  source  lumineuse  très-intense,  j'ai  dû  songer  à  la  vola- 
tilisation du  potassium  entre  les  deux  pôles  d'une  pile  énergique;  mais  le 
résultat  n'a  pas  répondu  à  mon  attente.  J'ai  obtenu  un  spectre  magnifique, 
plus  complexe  que  ceux  qu'on  a  indiqués  jusqu'ici  pour  le  potassium;  la 
raie  rouge  correspondant  à  la  raie  solaire  B  était  très-intense  et  parfaitement 
double;  mais  je  cherchai  vainement  la  raie  A,  et  en  examinant  avec  soin. 
je  vis  une  faible  illumination  rouge,  de  part  et  d'autre  d'un  espace  obscur 
situé  à  l'endroit  de  la  raie  brillante  ;  je  pus  même  distinguer  un  trait  brillani 
entre  deux  lignes  noires,  c'est-à-dire  que  la  raie  double  extrême  du  potas- 
sium était  renversée.  Ce  renversement  partiel  des  raies  de  la  potasse  ne  me 
parait  pas  en  désaccord  avec  la  théorie  de  M.  Kirchhoff,  car  il  est  à  remar- 
quer que  la  raie  qui  se  renverse  est  celle  qui  se  produit  a  la  température 
la  plus  basse.  Le  même  phénomène  a  lieu  avec  le  sodium,  comme  dans 
l'expérience  de  M.  Fizeau;  'a  double  raie  D  est  la  seule  qui  se  renverse, 
mais  ce  renversement  présente  encore  une  particularité  que  tout  le  monde  a 
pu  observer  déjà,  c'est  que  la  ligne  noire  renversée  peut,  dans  certaines 
circonstances,  s'élargir  d'une  manière  considérable  en  conservant  toujours 
des  bords  très-nets.  La  méthode  qui  précède  est  avantageuse  pour  déter- 
miner la  longueur  d'onde  de  certaines  raies  très-brillantes,  comme  celles  de 
la  chaux,  de  la  stronliane,  du  thallium.  Elle  m'a  fourni  l'occasion  de  re- 
marquer qu'à  haute  température  le  thallium  n'est  pas  monochromatique, 
comme  on  l'avait  cru.  Ce  fait  n'a  d'ailleurs  rien  d'étonnant  quand  on  songe 
au  grand  nombre  de  raies  que  donne  la  soude  à  haute  température. 

»  Ces  résultats  font  partie  d'un  travail  que  je  poursuis  depuis  plus  d'un 
an  dans  les  laboratoires  de  l'École  Normale.  J'ai  déjà  publié,  dans  la  Revue 
des  Sociétés  savantes,  une  Note  sur  les  spectres  chimiques  des  métaux  alca- 
lins, afin  de  me  réserver  la  facilité  de  continuer  ces  recherches  à  loisir.  » 

18.. 


(  '4o  ) 

CHIMIE  MÉTALLURGIQUE.  —  Action  de  [acide  sulforicfue  sur  le  plomb;  par 
MM.  F.  C.  Cai/vert  ef  II.  Johxsox.  (Présenté  par  M.  Fremy.) 

«  On  considère  généralement  les  métaux  comme  des  corps  d'autant 
moins  attaqués  par  les  acides  qu'ils  sont  plus  purs  ;  les  fabricants  font  donc 
tous  leurs  efforts  pour  livrer  au  commerce  des  métaux  de  plus  en  plus 
épurés.  Cette  tendance  devait  surtout  se  faire  sentir  dans  les  fonderies  de 
plomb,  puisque,  tout  en  purifiant  le  plomb  et  en  lui  donnant  par  suite  une 
plus  grande  valeur  commerciale,  le  fabricant  en  retire  l'argent,  qu'il  a  tout 
intérêt  à  enlever  le  plus  complètement  possible. 

»  C'est  ainsi  que  les  fabricants  de  produits  chimiques  ont  maintenant  à 
leur  disposition  et  emploient  pour  la  construction  de  leurs  chambres  de 
plomb  destinées  à  la  préparation  de  l'acide  sulfurique,  des  plombs  d'une 
pureté  beaucoup  plus  grande  que  ceux  qui  existaient  exclusivement  dans 
le  commerce  il  y  a  une  dizaine  d'années. 

»  Seulement  on  aurait  dû  examiner  d'abord  si  ce  fait  généralement  admis, 
«  que  les  métaux  sont  d'autant  moins  attaquables  qu'ils  sont  plus  purs,  » 
est  vrai  en  pratique,  quand  on  prend  le  cas  particulier  du  plomb,  et  jus- 
qu'à ce  moment  nous  ne  connaissons  aucune  expérience  faite  sur  ce 
sujet. 

»  Nous  avons  donc  pensé  qu'il  serait  intéressant  au  point  de  vue  scien- 
tifique, et  très-utile  au  point  de  vue  pratique,  d'étudier  l'action  des  agents 
acides,  et  plus  spécialement  celle  de  l'acide  sulfurique,  sur  quelques-unes 
des  espèces  de  plomb  que  l'on  trouve  dans  le  commerce,  et  qui,  comme 
chacun  le  sait,  sont  employées  en  si  grande  quantité  pour  construire  ou 
plutôt  revêtir  les  immenses  appareils,  appelés  chambres  de  plomb,  dans 
lesquels  on  fabrique  l'acide  sulfurique. 

»  Nous  avons  dans  ce  but  institué  une  série  d'expériences  dans  lesquelles 
nous  avons  fait  agir  de  l'acide  sulfurique  à  divers  degrés  de  concentration, 
à  un  état  de  pureté  plus  ou  moins  grand,  en  volumes  différents,  pendant 
des  temps  variables  et  sous  des  températures  différentes,  sur  deux  espèces 
de  plomb  du  commerce,  en  prenant  pour  types  à  peu  près  les  deux  extrêmes 
au  point  de  vue  de  la  pureté;  l'un,  portant  le  nom  de  plomb  commun 
(common  lead,  sheel  lead),  nous  représente  le  plomb  ordinaire;  l'autre, 
appelé  plomb  vierge  (  vircjin  lead),  est  à  peu  près  ce  que  l'on  peut  trouver 
de  plus  pur  dans  le  commerce,  comme  le  montrent  du  reste  les  chiffres  sui- 
vants, qui  représentent  la  composition  en  centièmes  d'un  échantillon  de 


(  <4«  ) 

chacun  des  plombs  précédents  sur  lesquels  nous  avons  opéré  : 

Plomb  commun.  Plomb  vierge. 

Plomb 98 . 8 1 75  99 .  2060 

Étain o .  3955  0.0120 

Fer o .  36o4  o .  3246 

Cuivre 0.4026  0.4374 

Zinc Traces.  Traces. 

99-976°  99-98o° 

»  En  même  temps  ayant  préparé  une  assez  grande  quantité  de  plomb  chi- 
miquement pur,  nous  avons  répété  sur  lui  et  simultanément  toutes  les  expé- 
riences faites  avec  les  deux  expèces  commerciales,  et,  disons-le  immédiate- 
ment, après  avoir  répété  chacune  des  séries  d'expériences  trois  et  quatre 
fois,  nous  avons  toujours  eu  des  résultats  concordants  et  qui  tous  nous 
mènent  à  cette  conclusion  opposée  à  l'opinion  préconçue,  à  savoir  :  «  Que 
»  le  plomb,  en  présence  de  l'acide  sulfurique,  dans  quelque  condition  que 
»  l'on  se  place,  est  toujours  d'autant  plus  attaqué  qu'il  est  plus  pur,  >•  et 
cela  dans  des  proportions  quelquefois  très-grandes  du  simple  au  double  et 
même  au  triple. 

«  C'est  ainsi  qu'en  faisant  agir  sur  une  surface  de  1  mètre  carré  de  cha- 
cun des  différents  plombs,  à  la  température  ambiante  variant  de  18  à  200, 
un  même  volume  de  16  litres  d'acide  sulfurique  parfaitement  pur  et  à  des 
densités  différentes,  on  trouve  qu'au  bout  de  dix  jours  les  quantités  de 
plomb  dissoutes  ou  plutôt  enlevées  à  l'état  de  sulfate  de  plomb  sont  les  sui- 
vantes : 


DENSITÉ    DE    LUCIDE 

sulfurique  employé. 

PLOMB  COMMUN. 

PLOMB   VIERGE. 

PLOMB    PUR. 

1,842 

66e  Beaumé. 

r,7o5 
60e  Beaumé. 

I  ,600 
56e  Beaumé. 

1  ,526 

5oe  Beaumé. 

67,70 

8,35 
5,55 

2,17 

gr- 

134,20 

i6,5o 

•o,34 

4,34 

gr- 
20I ,70 

K,,70 

[6,20 

6,84 

»  Nos  recherches,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  n'ont  pas  seulement 


(  '4-  ) 
porté  sur  l'action  de  l'acide  sulfurique  pur  et  à  froid:  nous  avons  voulu 
varier  le  plus  possible  les  conditions  de  nos  expériences;  c'est  pourquoi, 
après  avoir  essayé  l'acide  sulfurique  encore  pur,  mais  cette  fois  sous  l'action 
d'une  température  de  5o°  environ,  nous  avons  employé  des  acides  impurs, 
ou  très-étendus  et  contenant  encore  des  vapeurs  nitreuses,  c'est-à-dire  de 
l'acide  sulfurique  tel  qu'il  sort  des  chambres  de  plomb  mêmes, ou  bien  plus 
concentrés,  ayant  déjà  subi  une  première  évaporation  dans  les  vases  de 
plomb  ouveris,  dans  lesquels,  dans  l'industrie,  on  commence  la  concentra- 
tion de  cet  acide. 

»  Le  tableau  qui  suit  indique  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  dans 
deux  séries  d'expériences  avec  un  acide  de  cette  dernière  sorte,  agissant 
pendant  quinze  jours,  à  une  température  variant  de  4°  à  5o°,  sous  un 
volume  de  16  litres,  sur  une  surface  de  plomb  de  i  mètre  carré. 


ACIDE    PROVENANT     DES   VASES 

de  plomb  dans  lesquels 
on  commence  sa  concen- 
tration dans  l'industrie. 

PLOMB    COMMUN. 

PLOMB    VIERGE. 

PLOMB    PL'K. 

Quantités 

de  plomb  transformées  en  sulfate. 

Densité   i  ,7^ 

j;r. 

1      49,67 

II.      5i,gi 

I.  5o,84 

II.  54,75 

I.  55,00 

II.  57,4. 

>•  Outre  la  nature  de  l'acide  employé,  nous  avons  fait  varier  toutes  les 
autres  conditions  de  l'expérience,  c'est-à-dire  le  volume  de  l'acide,  la  sur- 
face de  métal  soumise  à  l'action  de  l'acide.  !;.  durée  de  l'action,  la  tempe- 
rature,  etc.,  etc.,  et  dans  tous  les  cas  nous  avons  eu  des  résultats  numé- 
riques indiquant  une  attaque  du  plomb  d'autant  plus  grande  que  celui-ci 
était  plus  pur.    » 


l'ATHOLOGir.  —  Calcul  ayant  perforé  les  conduits  biliaires  et  cheminé  ù  travers 
les  tissu?  pour  sortir  par  la  réijion  ombilicale,  sans  troubles  notables  de  la 
santé;  extrait  d'une  Note  de  M.    E.  Lecleiu:,    de  Caen. 

«  Aimée  Ch ,  âgée  de  soixante-sept  ans,  ancienne  cuisinière,  d'un  tem- 
pérament bilieux,  au  teint  ictérique,  d'une  inaigreur  assez  prononcée,  fru- 
gale, buvant  peu  à  ses  repas,  n  ayant  jamais  fait  de  maladie  grave,  naturel- 
lement constipée,  et  prenant,  en  conséquence  de  cette   disposition  qui  lui 


(  «43  ) 
cause  un  malaise  incessant,  une  purgation  saline  trois  ou  quatre  fois  chaque 
année,  éprouve  tout  à  coup,  dans  le  courant  de  décembre  1 85-^,  à  l'épi- 
gastre,  une  douleur  qui  s'irradie  jusqu'à  la  région  sus-pubienne,  à  droit» 
et  au-dessous  de  l'ombilic  surtout,  et  où  se  développe  une  tumeur  qui,  en 
février  1 858,  à  pris  d'énormes  proportions.  L'urine  est  rare,  sédimenfeuse 
et  rendue  avec  difficulté;  tout  le  bas-ventre  est  tendu,  douloureux  à  la 
pression.  La  malade  n'éprouve  ni  fièvre,  ni  soif  extraordinaire. 

«  Au  commencement  d'avril,  la  tumeur  fait  une  saillie  à  son  centre;  la 
peau  ver»  ce  point,  c'est-à-dire  près  de  l'ombilic,  rougit,  s'amincit,  et  le  8 
une  ponction  donne  issue  à  une  grande  quantité  de  pus  sanieux,  d'une  féti- 
dité ayant  de  l'analogie  avec  celle  de  la  gangrène.  Les  urines  ne  tardent 
pas  à  couler  normalement  avec  leur  densité  ordinaire.  Des  injections  sont 
faites  avec  de  l'eau  chlorurée,  puis  mélangée  de  teinture  de  quinquina,  et 
après  un  mois  environ  de  pansement  tout  était  rentré  dans  l'ordre,  et  la 
fille  Ch....  reprenait  ses  travaux  extérieurs.  Elle  avait,  chez  elle,  continué 
à  vaquer  à  ses  affaires,  quoique  de  temps  en  temps  elle  ressentît  quelques 
élancements  au  point  où  s'était  ouvert  l'abcès,  d'où  i!  s'écoulait  par  inter- 
valles une  petite  quantité  de  sérosité  purulente;  mais  elle  ne  s'en  préoc- 
cupait autrement  qu'en  appliquant  un  morceau  de  sparadrap  et  en  faisant 
des  lotions  de  propreté,  sa  santé  continuant  à  être  ce  qu'elle  avait  été  par  le 
passé. 

»  Quatre  ans  s'étaient  ainsi  écoulés  sans  autres  circonstances  que  celles 
ci-dessus  mentionnées,  lorsqu'au  commencement  de  janvier  1861  les  dou- 
leurs deviennent  plus  aiguës;  il  s'écoule  un  liquide  noirâtre  d'une  odeur 
repoussante  et  plus  abondant  que  les  jours  précédents.  La  malade  voit 
elle-même  un  point  noir  qui  bouche  l'ouverture  de  la  fistule;  il  est  dur  au 
toucher;  elle  s'en  préoccupe  peu,  les  douleurs  disparaissant  aussi  instan- 
tanément qu'elles  se  font  sentir.  Cependant  une  crise  violente  survient;  on 
me  fait  mander  en  toute  bâte  le  a3du  même  mois;  mais,  comme  j'étais  absent, 
ce  n'est  que  le  soirque  je  me  rends  chez  ma  cliente  que  je  trouve  calme,  reve- 
nue de  la  vive  commotion  physique  et  surtout  morale  qu'elle  vient  d'éprou- 
ver. On  me  présente  Un  corps  brunâtre,  dur,  pesant,  ovale,  ayant  la  forme 
et  à  peu  près  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon,  lequel,  deux  ou  trois  heures 
avant  mon  arrivée,  avait  fait  saillie  «à  la  région  ombilicale,  apparaissant, 
rentrant  avec  accompagnement  de  douleurs  déchirantes  comme  dans  un 
enfantement.  Une  sonde  de  femme,  introduite  dans  l'ouverture  béante, 
pénètre  à  droite  et  en  ligne  directe  à  une  profondeur  de  5  centimètres,  ne 
donnant  la  sensation  d'aucun  corps  solide.  Des  injections  et  un  pansement 


(  '44  ) 

faits  comme  la  première  fois  amènent  une  guérison  qui  a  été  complète  jus- 
qu'à ce  jour  (décembre  1 862  ),  et  aucune  douleur  nouvelle  ne  s'est  fait  sentir. 
»  Ce  calcul,  formé  sans  doute  dans  la  vésicule  biliaire,  s'était  frayé  un 
chemin  à  travers  les  parois  abdominales  jusqu'à  l'ombilic;  il  est  vert 
foncé, chagriné,  blanchâtre  à  son  extrémité  la  plus  ovale,  laquelle  a  séjourné 
plus  longtemps  dans  le  pus  que  la  partie  la  plus  allongée  et  qui  s'est  pré- 
sentée la  première.  Le  gros  bout  offre  une  dépression  qui  donnerait  à  pen- 
ser qu'il  s'est  trouvé  en  contact  avec  un  autre  calcul.  Rien  cependant  jus- 
qu'à ce  jour  n'est  venu  justifier  cette  supposition  dans  les  deux  années  qui 
se  sont  écoulées  depuis  le  moment  de  l'expulsion.  Une  pression  exercée  sur 
les  conduits  hépatiques  ne  décèle  la  présence  d'aucun  corps  étranger.  Pesé, 
il  a  donné  18  grammes;  mesuré,  9  centimètres  de  circonférence,  et  l\  cen- 
timètres et  demi  d'une  extrémité  à  l'autre.  Facilement  coupé,  il  offre  toute 
l'apparence  et  la  consistance  de  la  cholestérine  ;  une  tranche,  mise  en  con- 
tact avec  une  lumière,  s'enflamme  et  brûle  comme  de  la  bougie.  » 

M.  d'OEfels  adresse  de  Wildberg,  près  d'Uffenheim  (Bavière),  une  Note 
écrite  en  français  et  relative  à  Yincabation  artificielle  des  poulets;  il  y  indique 
en  particulier  un  moyen  qu'il  a  imaginé  pour  conserver  les  œufs  destinés 
à  l'incubation. 

M.  de  Quatrefages  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note  et  à 
faire  savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  19  janvier  i8ô3  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Clinique  chirurgicale;  par  J.-G.  MAISONNEUVE  ;  t.  Ier.  Paris,  i863;  vol. 
111-80. 

Des  eaux  publiques  et  de  leurs  applications  aux  besoins  des  grandes  vides,  des 
communes  et  des  habitations  rurales,  etc.;  par  G.  GRIMAUD  DE  Caux.  Paris, 
186 3;  vol.  in-8°. 

Traité  des  désinfectants  sous  le  rapport  de  l'hygiène  publique,  par  M.  A.  CHE- 
VALLIER. Paris,  186a  ;  vol.  in-8°. 


(  >45) 

L' Année  scientifique  et  industrielle;  par  Louis  Figuier  ;  7e  année.  Paris, 
1 863 ;  vol.  in- 12. 

Les  petites  Chroniques  de  la  science;  par  S  Henry  BEKTHOUD.  ie  année. 
Paris,  j 863 ;  vol.  in-12. 

Ces  divers  ouvrages  sont  présentés,  au  nom  des  auteurs,  par  M.  Flourc'ns. 

Etude  sur  la  prophylaxie  administrative  de  la  rage;  par  M.  le  Dr  Max  Ver- 
nois.  Paris,  i863  ;  in-8°. 

Note  sur  des  pièces  de  monnaie  en  argent  trouvées  à  Authon  [Loir-et-Cher); 
par  M.  Jules  Chautard.  (  Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  Archéologique 
du  Vendômois.)  Vendôme,  demi-feuille  in-8°,  avec  2  planches. 

Mémoire  historique  et  scientifique  sur  le  parement  de  l'isthme  de  Corinthe, 
présenté  au  gouvernement  grec  par  MM.  Alex  Bouvaret,  A.-N.  Costy  et 
L.-F.  Lyghounes.  Athènes,   1862;  hr.  in-8°. 

Dictionnaire  français  illustré  et  Encyclopédie  universelle;  livraisons  1/49  à 
i5ï.  ;  in-4°. 

Alcune...  Note  sur  quelques  formules  qui  s'obtiennent  d'une  intégrale  définie 
relative  à  l'électrostatique;  par  le  prof.  Paolo  VOLPiCELLl.  Rome,  1862; 
2  feuilles  in-4°. 

Cenno...  Essai  biographique  sur  l'illustre  J.-B.  Biot  ;  par  le  même. 
(Extrait  des  Actes  de  l'Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei  ;  1  5e  année, 
2  mars  18G2.)  Demi-feuille  in-4°- 


PUBLICATIONS     PERIODIQUES     REÇUES      PAR     l'aCADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    DÉCEMBRE    1862. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences;  2e  se- 
mestre 1862,  nos  22  à  26  ;  in-4°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINGAULT,  Regnault,  DE  SenarmONT  ;  avec  une  Bévue  des  travaux  de 
Chimie  et  de  Physique  publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet  ; 
3e  série,  t.  LXVI,  décembre  1862;  in-8°. 

Annales  de  P  Agriculture  française  ;  t.  XX,  n°  ro;  in-8°. 

Annales  de  la  Soiété  des  Sciences  industrielles  de  Lyon,  1862;  nos  5  et  6; 
in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'hydrologie  médicale  de  Paris;  comptes  rendus  des 
séances;  t.  IX,  ire  et  a"  livraison;  in-8°. 

C.    R.,  i8C3,   1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  ô  )  '9 


[46.1 
Annales  télégraphiques  ;  t.  V  ;  septembre  et  octobre  1862;  in-8°. 
Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France;  t.  X,  feuilles  5  à  12; 

in-8°. 

Atti  délia  Società  italiana  di  Scienze  naturali;  vo!.  IV,  fasc.  3  (f.  10  à  17  ; 

Milan,  1862;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVI II,  nos  3,  4,  5  et  6; 
in-8°. 

Bullettino...  Bulletin  météorologique  de  /' Observatoire  du  Collège  romain  . 
n°  2  1  ;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France;  2e  série,  t.  XIX  f.  46-58), 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  t.  V,  n°  8;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  [industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  t.  IX,  octobre  1862;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  5e  série,  t.  III;  novembre  1862;  in-8". 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  t.  XV,  n°  5o,;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de.  Photographie;  8e  année,  novembre  1862  ; 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  t.  XIV,  n°  11;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  </ 
Arts  de  Poitiers  ;  n°  7  1  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'industrie  minérale;  t.  VII,  3e  livraison  (avril, 
mai  et  juin  1862);  in-8°  avec  Atlas. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Artsetà  l'Industrie;  t.  XXI,  nos  23  à  26;  in-8°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention.  Année  1862;  n°  6;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  nos  141  à  1  5 1 ,  avec  la  table  des  matières  pour  1862; 
in-8°. 

Gazelle  médicale  de  Paris;  32e  année,  nos  49  à  52;  in-40. 

Gazette  médicale  d'Orient;  5e  année,  octobre  et  novembre  1862  ;  in-4°. 

Journal  d'Agriculture  pratique ,  26e  année,  nos  23  et  24;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie  ;  t.  VIII,  4e  série, 
décembre  1862. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  t.  VIII,  no- 
vembre 1862;  iu-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  21e  année,  t.  XLI,  décembre  1862; 
in-8°. 


(  i47  ) 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi;  a5e  aminée,  t.  V,  décembre  1862;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29e  année,  nos  34 
a  36;  111-80. 

Journal  a" Agriculture  Je  la  Càte-d' Or  ;  octobre  1862;  in-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire  ;  t.  I,  décembre  1862;  111-8°. 

La  Culture;  4e  année,  nos  11  et  12;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  3e  série,  t.  IV,  nos  4  et  5;  in-8°. 

L  Art  médical;  décembre  1862;  in-8°. 

L'Aheille  médicale;  19e  année;  nos  48  à  52;  in-4°. 

L  Art  dentaire;  6e  année,  décembre  1862;  in-8°. 

La  Lumière  ;  12e  année,  nos  2J  et  24  ;  in-4°. 

L  Ami  des  Sciences;  8e  année;  nos  49  à  52  et  table  dis  matières  pour  1862; 
in-4°. 

La  Science  pittoresque;  7e  année;  nos  33,  34  et  35;  in-4°. 

La  Science  jiour  tous;  8e  année  ;  nos  2,  3  et  l\  ;  in-4°- 

La  Médecine  contemporaine  ;  4e  année;  n°  25;  in-4°. 

Le  Moniteur  scientifique  du  chimiste  et  du  manufactui ier ;  t.  IV;  i43e  et 
i44e  livraison;  in-4°- 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;  2e  année;  nos  18  et  19;  in-4° 

Le  Terhnologiste ;  décembre  i86a;in-8°. 

Le  Gaz;  6e  année;  n°  jo,  in-4°. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine  ;  t.  IX  ;  décembre  1 062  ; 
in-8°. 

Magasin  pittoresque;  3oe  année  ;  novembre  et  décembre  1862;  in-4°. 

Monatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  /' Académie  royale 
des  Sciences  de  Prusse;  septembre  et  octobre  1862;  in-8°. 

Alonthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres  ; 
vol.  XXIII,  n°  1;  in-12. 

Nachricbten...  y ouvelles  de  l'Université  de Gœttingue;  n°  25;  in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques  ;  2e  série,  t  Ie  ;  décembre  1 862  ; 
m-8°. 

Observatorio...  Publications  de  l'Observatoire  météorologique  de  l'Infant 
don  Luiz,  à  l'Ecole  polytechnique  de  Lisbonne;   nos  32   33  et  34;in-foi. 

Presse  scientifique  des  Deux-Mondes;  année  1 862,  t.  Ier,  nos  23  et  24  ;  in-8°. 

Pharmaceutical..,  Journal  pharmaceutique  de  Londres  ;  vol.  III;  décembre 
1862;  in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale;  t    V,  décembre  1862;  in-8°. 


(   «48  ) 
Répertoire  de  Pharmacie  ;  t.  XIX;  décembre  1862. 
Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  29e  année,  n°24;  in-8°. 
Revista...    Revue  des  Travaux  publics.  Madrid  ;  t.  X,  n0s  a3  et  i!\\  in-4°. 
Revue  viticole ;  4e  année;  novembre  1862;  in-8°. 

The  American  journal  of  Science  and  Arts;  vol.XXXlV;  novembre  1862; 
in-8°. 


ERRATA. 
(Séance  du  12  janvier  » 863. , 


Page  78,  lignes  17  et  18,  au  lien  de  Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats,  lisez  Renvoi 
à  l'examen  de  M.  Babinet. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  JANVIER  186Ô. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Morin  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  l'ouvrage  qu'il 
vient  de  publier  sous  le  titre  de  :  «  Des  Machines  et  appareils  destinés  à  l'élé- 
vation des  eaux  ». 

GÉODÉSIE.  —  Sur  la  géodésie  française,  et  sur  le  rôle  qu'y  ont  joué  l'Académie 
des  Sciences  et  le  Bureau  des  Longitudes.  —  Note  lue  à  l'occasion  du  débat 
entre  MM.  Le  Verrier  et  Faye;  par  M.  Delaunay. 

«  L'Académie  des  Sciences,  des  sa  création,  a  considéré  la  détermination 
de  la  grandeur  et  de  la  figure  de  la  Terre  comme  une  des  plus  importantes 
questions  dont  elle  avait  à  s'occuper;  et,  en  effet,  on  retrouve  à  chaque 
instant  dans  son  histoire  l'indication  de  travaux  considérables  qu'elle  a 
fait  exécuter  elle-même  dans  ce  but. 

»  La  méridienne  de  France,  commencée  par  Picard,  puis  continuée  jus- 
qu'à Dunkerque  par  La  Hire  et  jusqu'à  Perpignan  par  Cassini  II,  avait  con- 
duit à  une  conséquence  contraire  aux  indications  de  la  théorie  :  il  en  résul- 
tait pour  la  Terre  un  allongement  dans  le  sens  de  la  ligne  des  pùles.  L'Aca- 
démie, afin  de  décider  la  question,  envoya  deux  Commissions  prises  dans 
son  sein,  l'une  au  Pérou,  l'autre  en  Laponie,  pour  y  mesurer  des  arcs  de 
méridiens  (i^35  et  1736).  Deux  toises  furent  construites  avec  soin  pour 

C.  R.,  i8«j3,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  4.)  20 


(     1DO    ) 

servir  d'unité  de  longueur  clans  ces  deux  opérations.  On  sait  que  la  toise 
de  Laponie,  ou  toise  du  IS'ord,  fit  naufrage  au  retour,  et  fut  altérée  par  un 
séjour  momentané  au  fond  de  la  mer.  Quant  à  la  toise  du  Pérou,  souvent 
désignée  sons  le  nom  de  toise  de  V Académie,  elle  a  été  conservée  intacte 
jusque  dans  ces  derniers  temps;  des  copies  fidèles  et  authentiques  en  exis- 
tent a  Berlin  et  à  Saint-Pétersbourg  :  elle  est  devenue  l'unité  fondamen- 
tale des  mesures  géodésiques,  adoptée  partout,  excepté  en  Angleterre. 

»  Les  mesures  ainsi  effectuées  au  Pérou  et  en  Laponie  montrèrent  que, 
conformément  aux  indications  de  la  théorie,  la  Terre  est  aplatie  et  non 
allongée,  dans  le  sens  de  la  ligne  des  pôles.  C'est  à  l'Académie  des  Sciences 
que  l'on  doit  la  constatation  de  cette  importante  vérité.  L'Académie  fit 
en  outre  reprendre  la  mesure  de  la  méridienne  de  France  (1739);  l'opé- 
ration fut  faite  par  Lacaille,  et  les  résultats  s'accordèrent  avec  ceux  du 
Pérou  et  de  Laponie  pour  montrer  que  la  Terre  est  réellement  aplatie  vers 
les  pôles. 

»  Vers  la  même  époque  (de  17H3  à  1736),  l'Académie  fit  mesurer 
diverses  perpendiculaires  à  la  méridienne,  et  notamment  celle  qui,  pas- 
sant par  Paris,  s'élend  de  Brest  à  Strasbourg.  Ces  travaux  servirent  de 
base  à  la  construction  de  la  grande  carte  de  France  connue  sous  le  nom 
de  Carte  de  Cassini. 

»  En  1790,  l'Assemblée  constituante  ayant  décidé  l'établissement  d'un 
nouveau  système  de  poids  et  mesures,  l'Académie  fut  chargée  d'effectuer 
tous  les  travaux  nécessaires  pour  arriver  à  fixer  l'unité  fondamentale  qui  a 
reçu  le  nom  de  mètre,  ainsi  que  les  autres  unités  qui  s'en  déduisent.  Dans 
ce  but  l'Académie  fit  faire  de  nouveau  la  mesure  de  la  grande  méridienne 
de  France  entre  Dunkerque  et  Barcelone;  l'opération  fut  exécutée,  comme 
on  sait,  par  les  astronomes  Delambre  et  Méchain. 

»  Bientôt  on  sentit  le  besoin  de  créer  un  corps  spécial  chargé  de  prendre 
en  main  les  intérêts  de  l'astronomie  proprement  dite  et  de  ses  applications 
à  la  géographie  et  à  la  navigation,  intérêts  qui  touchent  à  la  fois  à  la  pros- 
périté matérielle  et  à  l'honneur  scientifique  des  nations.  Telle  est  l'origine 
du  Bureau  des  Longitudes  (i5  juin  179,5)  qui,  par  la  nature  de  ses  attribu- 
tions et  la  manière  dont  il  a  toujours  été  composé,  doit  être  regardé  comme 
une  émanation  de  l'Académie  des  Sciences;  c'est  à  proprement  parler  une 
Académie  spéciale,  exclusivement  consacrée  aux    sciences  astronomiques. 

»  La  géodésie  entra  naturellement  dans  le  domaine  du  Bureau  des  Lon- 
gitudes. Mais  l'Académie  des  Sciences,  qui  n'avait  plus  à  y  prendre  une  part 
directe,  n'a  jamais  cessé  de  porter  le  plus  grand  intérêt,  comme  elle  le  fait 


(  i5i  ) 
encore  aujourd'hui,  à  lout  ce  qui  concerne  cette  branche  des  sciences  d'ob- 
servation. Sous  l'impulsion  et  la  haute  direction  du  Bureau  des  Longitudes, 
la  géodésie  prit  un  nouvel  essor.  La  méridienne  de  Dunkercpie  à  Barcelone, 
reprise  par  ordre  de  l'Académie  des  Sciences,  fut  terminée,  puis  bientôt 
prolongée  vers  le  Sud  jusqu'aux  îles  Baléares.  D'autres  chaînes  de  triangles 
furent  établies,  d'abord  par  les  ingénieurs-géographes,  puis  par  les  officiers 
d'État-Major;  et  finalement,  après  de  longues  années  de  travaux,  la  France 
se  trouva  dotée  d'un  magnifique  réseau  géodésique  auquel  on  ne  trouve 
rien  de  comparable  dans  le  monde  entier.  En  même  temps,  et  à  diverses 
reprises,  le  Bureau  des  Longitudes  faisait  étudier  l'intensité  de  la  pesanteur, 
qui  est  intimement  liée  à  la  figure  de  la  Terre,  à  l'aide  d'observations  du 
pendule  faites  en  un  grand  nombre  de  lieux,  notamment  le  long  du  paral- 
lèle moyen  depuis  Bordeaux  jusqu'à  Fiume  en  Illyrie,  et  sur  la  méridienne 
de  France  prolongée  en  Angleterre  et  en  Ecosse  jusqu'aux  îles  Shetland. 

»  Lors  de  la  création  du  Bureau  des  Longitudes,  l'Observatoire  de  Paris 
avait  été  mis  dans  ses  attributions  ;  c'était  à  proprement  parler  le  laboratoire 
des  Membres  de  ce  corps  savant.  Mais  cet  établissement  se  réduisait  presque 
uniquement  à  l'édifice  somptueux  construit  sous  Louis  XfV  :  il  était  très- 
pauvre  en  instruments.  La  préoccupation  constante  du  Bureau  des  Longi- 
tudes fut  de  munir  l'Observatoire  de  moyens  d'observation  dignes  de  noire 
pays.  Ses  ressources  étaient  des  plus  modiques;  mais  avec  du  temps  et  de  la 
persévérance  il  en  vint  à  bout.  L'élan  fut  donné  par  l'immortel  auteur  de  la 
Mécanique  céleste,  président  du  Bureau  des  Longitudes,  qui  s'était  pour  ainsi 
dire  identifié  avec  le  Bureau,  et  qui  s  efforçait  constamment  de  donner  la  plus 
grande  activité  aux  travaux  de  ce  corps  savant.  Laplace  lit  don  au  bureau 
des  Longitudes  d'un  magnifique  cercle  répétiteur  de  Reichenbach,  qui  fut 
installé  dans  une  tourelle  sur  la  terrasse  de  l'Observatoire  (181 1).  Quelques 
années  après  (1822),  un  beau  cercle  mural  de  Fortin  vint  prendre  place 
dans  les  cabinets  d'observation.  Puis  l'Observatoire  s'enrichit  successive- 
ment de  trois  magnifiques  instruments  sortis  des  ateliers  de  Gambey,  savoir  : 
un  équatorial  (1826),  une  grande  lunette  méridienne  (i83o),  un  cercle  mural 
dont  la  division  est  un  chef-d'œuvre  de  précision  (i8/i3).  En  outre,  à 
diverses  époques,  on  acheta  des  lunettes,  dont  quelques-unes  d'une  grande 
puissance.  Les  cabinets  d'observation  furent  reconstruits  en  1 83.1  ;  la  tour 
de  l'Est  fut  surmontée,  en  1847,  d'un  immense  toit  tournant  pour  servir 
d'abri  à  une  grande  lunette  portée  par  un  pied  parallactique  et  animée  d'un 
mouvement  de  rotation  concordant  avec  le  mouvement  diurne  des  astres. 
Ce  pied  paiallactique  fut  commandé  en   1 85 1   à  l'habile  artiste  Brunner. 

20.. 


(  i5*  ) 

Ainsi,  on  le  voit,  sous  la  direction  du  Bureau  des  Longitudes,  et  malgré 
l'exiguïté  de  ses  ressources,  l'Observatoire  de  Paris  avait  grandi  peu  à  peu 
et  était  arrivé  au  niveau  des  premiers  établissements  de  ce  genre. 

»  A  la  mort  d'Arago,  on  jugea  convenable  de  donner  à  ce  bel  établisse- 
ment une  existence  propre,  ne  relevant  plus  du  corps  savant  qui  l'avait 
amené  à  cet  état  de  prospérité.  La  séparation  fut  opérée  par  le  décret  du 
3o  janvier  1 854-  D'un  côté,  l'établissement  situé  à  Paris  et  consacré  aux 
observations  sédentaires  fut  confié  à  un  Directeur  indépendant;  de  l'autre 
côté,  tout  le  reste  des  anciennes  attributions  du  Bureau  des  Longitudes, 
intérêts  généraux  de  l'astronomie,  recberches  sur  la  figure  de  la  Terre,  etc., 
fut  la  part  de  ce  corps  savant. 

»  Je  ne  m'arrêterai  pas  ici  à  rappeler  les  circonstances  fâcheuses  qui  dès 
lors  paralysèrent  complètement  l'action  du  Bureau  des  Longitudes,  et  mena- 
cèrent même  son  existence.  Après  plusieurs  années  d'épreuves,  des  temps 
meilleurs  sont  venus  pour  lui.  Beconstitué  à  la  fin  du  mois  de  mars  1862, 
le  Bureau  tenait  à  honneur  de  montrer  qu'il  était  digne  de  la  haute  protec- 
tion dont  il  avait  été  l'objet.  Il  se  hâta  de  renouer  la  chaîne  des  temps,  et  dans 
la  séance  du  3o  avril  suivant,  sur  ma  proposition,  il  nomma  une  Commis- 
sion chargée  d'étudier  ce  qu'il  y  avait  à  faire  pour  compléter  la  géodésie 
française.  Le  travail  consciencieux  auquel  la  Commision  se  livra  fut  terminé 
au  mois  d'octobre  ;  son  Bapport,  discuté  dans  plusieurs  séances,  fut  adopté 
à  [unanimité  par  le  Bureau,  sous  la  présidence  de  M.  le  maréchal  Vaillant, 
et  adressé  immédiatement  au  Ministre  de  l'Instruction  publique.  C'est  dans 
ces  circonstances  que  viennent  de  se  produire  au  grand  jour  les  singulières 
prétentions  dont  l'Académie  a  été  témoin  dans  les  précédentes  séances.  Voici 
en  résumé  quel  est  le  véritable  état  des  choses. 

»  L'Observatoire  impérial  avait  touché  un  moment  à  la  question  géodé- 
sique  dont  il  s'agit,  lorsque,  en  1 856,  il  s'était  occupé  de  la  détermination 
de  la  longitude  de  Bourges,  de  concert  avec  le  Dépôt  de  la  Guerre.  Mais  l'en- 
tente ne  fut  pas  de  longue  durée  ;  elle  cessa  bientôt,  et  l'entreprise  fut  aban- 
donnée. Depuis  cette  époque  jusqu'au  mois  de  mai  1862,  l'Observatoire 
impérial  laissa  de  côté  la  géodésie. 

»  Quant  aux  opérations  effectuées  ou  projetées  pour  relier  l'Observatoire 
impérial  de  Paris  à  ceux  de  Greenwich  (1 854) ;  de  Madrid,  en  passant  par 
Biarritz;  de  Vienne,  en  passant  par  la  Suisse  ;  du  Havre  (1 86 1),  elles  ne  tou- 
chent en  rien  à  la  question  géodésique.  La  liaison  astronomique  des  divers 
observatoires  entre  eux  fait  partie  intégrante  des  devoirs  imposés  aux  direc- 
teurs des  établissements  de  ce  genre,  et  doit  être  l'objet  de  leurs  préoccupa- 


(  i53  ) 
tions,  tant  qu'elle  n'a  pas  été  obtenue  avec  le  degré  de  précision  que  com- 
porte l'état  actuel  de  la  science. 

»  Le  projet  de  compléter  la  géodésie  française  avait  à  peine  été  adopté 
en  principe  et  mis  à  l'étude  au  Bureau  des  longitudes  (3o  avril  1862),  que 
M.  Le  Verrier  s'empressait  de  charger  un  de  ses  astronomes,  M.  Y  von  Villar- 
ceau,  de  s'occuper  de  la  longitude  de  Dunkerque;  les  travaux  préparatoires 
pour  cette  opération  commencèrent  le  10  mai  (1).  En  même  temps,  chan- 
geant brusquement  d'idée  au  sujet  des  opérations  entamées  pour  détermi- 
ner la  longitude  de  l'observatoire  privé  qui  venait  d'être  fondé  au  Havre , 
M.  Le  Verrier  se  transportait  lui-même  dans  cette  ville  (18  mai)  pour  passer 
de  l'observatoire  au  clocher  de  l'église  Notre-Dame,  dans  le  but  de  donner 
aux  opérations  antérieures  le  caractère  d'une  recherche  touchant  à  la  géo- 
désie. Et  en  effet,  lorsque  plus  tard  (1 5  septembre  1862)  il  vint  faire  connaître 
à  l'Académie  le  résultat  de  son  opération  du  Havre,  il  ne  dit  pas  un  mot, 
un  seul  mot,  de  l'observatoire  privé  qui  avait  été  primitivement  l'unique 
objet  de  cette  détermination. 

»  Dira-t-on  qu'au  mois  de  mai  M.  Le  Verrier,  qui  n'assiste  jamais  aux 
séances  du  Bureau  des  Longitudes,  ignorait  le  projet  de  travaux  adopté  par  le 
Bureau  quelques  jours  auparavant  (3o  avril)?  A  cela  je  n'ai  rien  à  répondre, 
si  ce  n'est  que  l'astronome  qu'il  chargeait  de  la  longitude  de  Dunkerque  ne 
l'ignorait  certainement  pas,  puisque  cet  astronome  est  en  même  temps 
secrétaire  du  Bureau  des  Longitudes,  et  rédige  en  cette  qualité  les  procès- ver- 
baux des  séances. 

»  Les  choses  en  étaient  là  lorsque  M.  Faye,  dans  un  Bapport  verbal  dont 
l'Académie  l'avait  chargé,  vint  dire  quelques  mots  du  projet  mûrement  éla- 
boré et  finalement  adopté  par  le  Bureau  des  Longitudes  pour  compléter  le 
réseau  géodésique  français,  avec  le  concours  du  Dépôt  delà  Guerre,  qui,  du 
reste,  est  tout  prêt  à  entrer  dans  cette  collaboration.  M.  Le  Verrier  ne  crut 
pas  devoir  attendre  plus  longtemps  pour  se  poser  nettement  en  face  du 
Bureau  des  Longitudes.  Dans  une  Note  insérée  au  Compte  rendu  de  la  séance 
du  5  janvier  dernier,  à  la  suite  du  Bapport  verbal  de  M.  Faye,  il  dit  :  «  La 
m  détermination  des  coordonnées  astronomiques  des  principaux  points  géo- 
»  désiques  est  aujourd'hui  en  cours  d'exécution,  et  elle  sera  poursuivie 
»  sans  relâche  jusqu'à  ce  que  nous  ayons  mis  entre  les  mains  des  géomètres 
»  tous  les  éléments  dont  ils  peuvent  avoir  besoin  dans  les  discussions  rela- 
»   tives  à  la  figure  du  globe.»  C'était  dire  clairement  que  le  Bureau  des  Lon- 

(1)   Compte  rendu  de  la  dernière  séance,  page  il 4- 


(  i54  ) 
gitu des  arrivait  trop  tard;  que  ce  qu'il  voulait  entreprendre,  l'Observatoire 
impérial  était  déjà  occupé  à  l'exécuter. 

»  Tel  est  l'état  de  la  question.  Les  dates  citées  plus  haut  montrent  ce  que 
l'on  doit  penser  de  cette  espèce  de  priorité  mise  en  avant  par  M.  Le  Verrier. 
D'ailleurs,  quêtait  la  priorité  dans  cette  affaire?  Le  Bureau  des  Longitudes 
sort-il  de  ses  attributions  en  voulant  faire  des  longitudes?  Tout  est  là. 

»  Quoi  de  plus  injuste  et  de  plus  contraire  aux  véritables  intérêts  de  la 
science  que  ces  efforts  tendant  à  priver  un  corps  savant,  tel  que  le  Bureau 
des  Longitudes, de  toute  espèce  de  moyens  d'action?  La  science  n'offre-t-elie 
pas  un  champ  assez  vaste  pour  qu'il  y  ait  place  pour  tous  les  travailleurs? 
Ou  bien  serait-ce  que,  comme  on  l'a  dit  souvent,  on  ne  veut  pas  souffrir 
de  concurrence?  Quel  est  donc  le  savant,  vraiment  digne  de  ce  nom,  qui 
hésiterait  à  se  prononcer  entre  le  monopole  scientifique  et  la  concur- 
rence loyale  qui  entraine  avec  elle  l'émulation  et  le  contrôle  des. différents 
travaux? 

»  Du  reste,  que  les  vrais  amis  de  la  science  se  rassurent.  Le  Bureau  des 
Longitudes,  qui,  grâce  à  une  auguste  protection,  a  pu  résister  à  toutes  les  ten- 
tatives de  ceux  qui  voulaient  l'anéantir,  surmontera  sans  peine  les  nou- 
veaux obstacles  qu'on  oppose  si  malencontreusement  au  libre  accomplis- 
sement de  la  mission  qui  lui  est  confiée.  » 

astronomie.  —  Réponse  à  une  inculpation  de  M.  Le  Verrier  relativement  à  la 
part  que  M.  Faje  a  prise  à  la  détermination  de  la  différence  de  longitude 
entre  Londres  et  Paris;  par  M.  FaVe. 

«  .le  croyais,  lundi  dernier,  que  je  pourrais  me  borner  à  traiter  dans  la 
séance  suivante  la  partie  scientifique  du  débat  actuel;  mais  la  lecture  du 
dernier  article  de  M.  Le  Verrier  me  montre  que  je  n'avais  pas  bien  saisi, 
séance  tenante,  la  portée  véritable  d'une  inculpation  sous  le  coup  de 
laquelle  je  suis  resté,  à  ce  qu'il  paraît,  pendant  neuf  années.  La  nature 
de  ces  attaques  me  rend  bien  facile  la  modération  dans  la  réponse  ;  car 
je  m'estime  heureux  qu'elles  se  soient  produites  au  grand  jour.  Je  prierai 
seulement  l'Académie  de  remarquer  que  cette  discussion  incidente  a  de 
l'intérêt  pour  la  science,  puisqu'il  s'agit  d'une  opération  internationale, 
la  première  qu'on  ait  exécutée  en  France  avec  le  télégraphe  électrique,  à 
savoir  la  détermination  de  la  différence  de  longitude  entre  Londres  et 
Paris,  au  moyen  du  câble  sous-marin.  Le  monde  savant  la  prenait  pour 
une  œuvre  considérable,  et  voilà  tout  à  coup  que,  pour  les  besoins  d'une 
controverse,  non  pas  à  titre  d'argument  dans  la  cause,  mais  pour  affaiblir 


(  i55   i 
la  considération  de  l'adversaire,  on   la  dénonce  à  l'Académie  comme  une 
chose  indigne  de  la  publicité. 

•  Ce  qui  m'avait  frappé,  à  la  séance,  c'était  la  date  du  22  juin  :  M.  Le 
Verrier  affirmait,  ses  registres  à  la  main,  que  ce  jour-là  manquait  abso- 
lument de  tout  nivellement  de  l'axe  de  la  lunette  méridienne.  C'est  à 
cela  que  j'ai  répondu,  un  peu  confusément  sans  doute,  car  à  neuf  années 
de  distance  mes  souvenirs  n'étaient  précis  que  pour  mon  séjour  à  l'Obser- 
vatoire anglais,  où  tout  m'avait  frappé  parce  que  tout  était  nouveau  pour 
moi  ;  quant  à  Paris,  je  ne  me  rappelais  rien  qui  se  rapportât  à  cette 
étrange  accusation. .Maintenant  j'ai  lu  la  Note  de  M.  Le  Verrier,  les  choses 
sont  devenues  plus  claires  pour  mon  esprit,  mais  elles  sont  devenues  aussi 
beaucoup  plus  graves.  Il  i.e  s'agit  pas  de  l'oubli  d'un  jour,  mais  d'une 
omission  de  chaque  jour;  la  série  entière  des  observations  faites  à  Paris 
est  incriminée  :  On  n'a  pris  aucun  souci  du  niveau,  c'esl-à-dire  île  la  chose 
ta  plus  importante.  C'est  exactement  comme  si  un  ingénieur  faisait  quarante 
lieues  île  nivellement  sans  consulter  une  seule  fois  la  bulle  de  son  niveau. 
D'après  M.  Le  Verrier,  pour  calculer  tant  bien  que  mal  les  observations, 
on  en  a  été  réduit,  malgré  les  conventions,  à  utiliser  les  déterminations 
faites  par  d'autres  observateurs  dans  le  milieu  de  la  journée.  Le  22  juin 
n'offre  donc  qu'une  particularité,  c'est  que  ce.  jour-là  cette  ressource  même 
aurait  manqué  totalement.  M.  Le  Verrier  déclare  que  c'est  là  ce  qui  arrête 
l'impression  du  travail.. 

»  Je  suis  bien  forcé  de  vous  faire  remarquer,  Messieurs,  que  les  résultats 
de  ce  travail  qu'on  déclare  aujourd'hui  ne  pouvoir  être  publié,  ont  été  pu- 
bliés pourtant,  en  1 854,  dans  les  Comptes  rendus,  non  pas  à  la  hâte,  mais 
après  trois  mois  d'attente,  de  concert  avec  l'astronome  royal  d'Angleterre, 
M.  Airy,  à  qui  je  demande  pardon  de  faire  figurer  son  nom  dans  une  telle 
affaire.  Or  ce  n'est  pas  en  imprimant,  qu'on  s'aperçoit  d'une  omission 
pareille,  c'est  dès  le  premier  jour,  en  réduisant  les  observations,  c'est  eu 
faisant  ou  en  examinant  les  calculs,  car  dès  le  premier  pas  on  a  dû  se 
trouver  arrêté  net  :  la  convention  entre  les  deux  observatoires,  rappelée 
par  M.  Le  Verrier  lui-même,  était  là  présente,  et  au  besoin  le  22  juin  eût 
averti,  car,  le  22  juin,  l'élément  capital  du  calcul  manquait  totalement,  au 
dire  de  M.  Le  Verrier. 

»  M.  Le  Verrier  néanmoins  a  présenté  les  résultats  de  ce  calcul  à  l'Acadé- 
mie, le  22  juin  y  compris.  Je  ne  les  ai  connus  moi-même  que  par  cette 
publication.  En  les  présentant,  il  n'oublie  pas  de  parler  du  nivellement 
de  l'axe.  Son  attention  devait  se  porter  en  effet  sur  ce  point  capital  :  aussi 


(  >56  ) 
relisez  les  Comptes  rendus  de  la  séance  du  2j  septembre  i854,  et  vous  verrez 
comme  il  s'exprime  à  ce  sujet  sans  hésitation,  sans  réticence  et  avec  quelle 
profusion  de  détails.  Aujourd'hui  il  lui  convient  de  dire  que  je  n'ai  pris  nul 
souci  du  niveau,  et  que  cette  omission  réellement  incroyable  a  arrêté  l'im- 
pression du  travail.  En  i85/J,  au  contraire,  M.  Le  Verrier  disait  à  l'Académie  : 

»  Cette  variation  diurne  (celle  du  niveau),  qui  a  été  insensible  pendant 
»  la  première  série  des  observations  faites  à  Greenwich,  s'est  au  contraire 
»  manifestée  pendant  la  seconde  série.  Hâtons-nous  d'ajouter  que  le  résultat 
»  de  la  longitude  n'en  a  été  nullement  affecté,  attendu  le  soin  qu'on  a  eu  de  déter- 
»  miner  très-fréquemment  la  situation  de  taxe,  comme  la  valeur  des  autres  er- 
»   feurs  instrumentales.    » 

»  Et  cette  phrase  n'est  pas  la  seule  :  tout  indique  dans  la  publication  de 
1 854  une  confiance  absolue  dans  les  résultats.  Si,  lundi  dernier,  M.  Le  Verrier 
a  dit  à  ma  grande  stupéfaction  :  ■>  L'astronome  qui  entend  ainsi  la  détermina- 
»  lion  des  longitudes  est  M.  Faye,  »  M.  Le  Verrier  au  contraire  s'exprimait 
ainsi  neuf  ans  auparavant,  dans  cette  même  enceinte  :  «  dprès  avoir  dit  avec 
»  quel  soin  la  nouvelle  détermination  a  été  traitée  à  l'Observatoire  de  Paris,  et  il 
>•  en  a  étéde  même  à  Greenwich,  j'arrive  à  la  comparaison  du  résultat  avec 
»   les  données  antérieures.  » 

»  Mais  qu'ai-je  besoin  de  tant  de  citations?  Ne  suffit-il  pas  de  rappeler  la 
déclaration  du  début  :  «  Le  soin  avec  lequel  ont  été  éliminées  toutes  les  erreurs 
»  constantes  est  sans  doute  ce  qui  distingue  la  détei  minai  ion  actuelle  de  celles  qui 
»    l'ont  précédée.  » 

»   Que  faut-il  croire,  des  assertions  d'aujourd'hui  ou  de  celles  de  1 854  ■ 

»  Maintenant,  quoique  j'aie  livré  en  i854  tous  mes  papiers  à  M.  Le  Ver- 
rier, je  vais  donner  une  explication  personnelle  sur  la  part  que  j'ai  eu  le 
malheur  de  prendre  à  cette  entreprise  scientifique  qui  forme  désormais  un 
digne  pendant  à  l'histoire  de  toutes  les  autres  expéditions  dirigées  par 
M.  Le  Verrier.  La  méthode  qui  avait  été  prescrite  par  l'astronome  anglais 
était  excellente  :  on  y  retrouvait  toutes  les  précautions,  toutes  les  garanties 
que  la  science  pouvait  suggérer  à  un  astronome  qui  est  en  même  temps  un 
grand  physicien.  Le  seul  reproche  qu'on  puisse  lui  faire,  c'est  d'imposer  à 
l'observateur  chargé  de  l'observation  des  étoiles  et  des  signaux  une  con- 
tention d'esprit  considérable,  et  c'est  aussi  là  le  seul  motif  qui  m'avait  fait 
imaginer,  en  j  854,  'a  simplification  dont  j'ai  parlé  l'an  dernier  à  l'Acadé- 
mie. Il  fallait  saisir  les  mouvements  de  l'aiguille  à  leur  début  même;  or  cette 
aiguille  était  souvent  agitée  par  des  courants  accidentels,  d'origine  atmo- 


(  "57  ) 
sphérique,  presque  aussi  forts,  plus  forts  même  parfois,  s'il  m'en  souvient 
bien,  que  les  courants  envoyés  de  Greenwich  ou  de  Paris.  J'avais  la  satis- 
faction de  sentir  que  j'y  réussissais.  C'est  par  Londres  que  j'ai  commencé. 
Là  je  faisais  chaque  soir  toutes  les  observations  de  signaux  et  d'étoiles  : 
quant  aux  erreurs  instrumentales,  je  n'ai  jamais  eu  à  m'en  occuper.  Ces 
erreurs  d'azimut,  de  collimation  et  d'inclinaison  étaient  déterminées  par 
des  personnes  étrangères  à  l'opération.  La  seule  chose  qui  fût  de  l'essence 
même  de  la  méthode,  c'était  que  les  signaux  et  les  étoiles  fussent  ob- 
servés par  le  même  observateur.  Cette  division  du  travail  se  retrouvait 
d'ailleurs  dans  toutes  les  parties  de  l'opération.  Ainsi  les  observateurs  ne 
devaient  faire  aucun  calcul  :  je  livrais  immédiatement  mes  manuscrits 
sans  y  regarder.  Jamais  je  ne  me  suis  informé  des  résultats  que  d'autres 
déduisaient  de  mes  observations,  car  on  voulait  éviter  jusqu'au  soupçon 
de  cette  influence  singulière  que  la  connaissance  d'un  premier  résultat 
peut  produire  sur  les  hommes  les  plus  loyaux,  à  leur  insu. 

»  Après  avoir  terminé  à  Greenwich,  je  revins  à  Paris  pour  y  répéter  des 
séries  d'observations  exactement  les  mêmes,  tandis  que  M.  Dunkin,  d'abord 
à  Paris,  retournait  à  Greenwich  opérer  à  l'autre  bout  de  la  ligne  télégra- 
phique. Si  je  ne  me  suis  pas  occupé  à  Paris  de  la  détermination  des  erreurs 
instrumentales,  c'est  que  j'ai  fait  à  Paris  ce  que  j'avais  fait  à  Greenwich,  ni 
plus  ni  moins.  C'était  à  M.  Le  Verrier,  sous  les  yeux  de  qui  j'ai  opéré,  de 
m'avertir  à  la  première  soirée,  à  la  deuxième,  à  la  quinzième  si  l'on  veut, 
que  les  choses  ne  devaient  pas  se  passer  de  la  même  manière  à  Paris  qu'à 
Londres,  et  que  je  ne  devais  pas  compter,  comme  à  Londres,  que  d'autres 
fussent  chargés  des  nivellements.  Certes  je  ne  me  serais  pas  refusé  à  ce  sur- 
croît de  travail,  bien  qu'en  vertu  de  nos  conventions  personnelles  je  n'eusse 
à  remplir  à  l'intérieur  de  l'Observatoire  aucun  de  ces  devoirs  réguliers  qui 
s'attachent  au  service  des  instruments  méridiens.  Chacun  comprend  que  je 
n'aurais  pas  exposé  le  travail  dont  je  m'étais  chargé  avec  tant  de  plaisir  à 
une  chute  honteuse,  par  l'absurde  refus  d'effectuer  moi-même,  à  défaut 
d'autres  observateurs,  les  nivellements  de  l'axe  de  la  lunette  méridienne.  Mais 
M.  Le  Verrier,  qui  s'était  réservé  la  direction  de  l'entreprise  à  Paris  et  qui  en 
a  publié  tous  les  résultats  en  son  nom,  ne  m'a  pas  averti.  Les  opérations  ont 
duré  quinze  jours  sans  que  je  pusse  me  douter  que  les  erreurs  instrumentales 
n'étaient  pas  étudiées  à  Paris  comme  elles  l'avaient  été  à  Greenwich,  d'après 
un  plan  (pie  M.  Le  Verrier  s'était  chargé  de  faire  exécuter,  et  la  meilleure 
preuve  que  je  puisse  actuellement  donner  de  mon  entière  bonne  foi,  de  ma 
confiance  absolue  à  cet  égard,  c'est,  outre  la  marche  suivie  à  Greenwich, 

C.    R.,  i863,   i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  -î  )  2  ' 


(  i58  ) 

précisément  ce  registre  d'observations  qui  constate,  dil  M.  Le  Verrier,  que 
pendant  toute  la  série  des  observations  je  n'ai  pris  aucune  espèce  de  souci  du 
niveau.  Je  ne  pouvais  évidemment  m'abstenir  ainsi,  en  face  de  la  convention 
dont  je  connaissais  parfaitement  le  sens  et  la  portée,  que  par  la  persuasion 
où  j'étais  qu'à  Paris  comme  à  Greenwich  le  directeur  prendrait  soin  de 
faire,  en  dehors  de  moi,  étudier  les  instruments,  réduire  les  observations, 
calculer  les  résultats. 

»  Sans  doute  M.  Le  Verrier,  bien  qu'il  ait  suivi  tous  ces  travaux  dont  il 
s'était,  je  le  répète,  réservé  la  direction,  ne  se  sera  pas  aperçu  de  cette 
omission  fatale,  autrement  il  n'aurait  pas  envoyé  en  Angleterre  le  signal  de 
la  clôture  des  observations;  il  était  libre  de  les  prolonger,  h  après  examen 
il  ne  se  trouvait  pas  satisfait.  Mais  il  n'a  pu  manquer  de  s'en  apercevoir 
quand  il  s'est  agi  des  résultats  :  impossible  en  effet  de  les  obtenir,  impossible 
de  faire  le  moindre  calcul  sans  que  l'omission  sautât  aux  yeux.  Dès  lors 
comment  expliquer  que  M.  Le  Verrier  ait  présenté  trois  mois  plus  tard,  en 
son  nom,  à  l'Académie  ces  mêmes  résultats  avec  tant  d'éloges,  avec  tous 
les  détails,  toutes  les  affirmations  qui  pouvaient  inspirer  la  confiance,  et 
avec  une  assurance  où  je  devais  naturellement  puiser  moi-même  la  con 
viction  d'un  entier  succès  pour  ma  part  de  travail?  Comment  comprendre 
encore  qu'il  ait  tenu  caché  pendant  neuf  ans  un  fait  dont  il  devait  compte 
à  l'Etat,  à  l'Académie,  au  public,  et  que  personne  ne  saurait  équitablement 
me  reprocher,  jusqu'au  moment  où,  dans  une  discussion  publique,  il  a 
cru  pouvoir  s'en  servir  enfin  pour  placer  son  adversaire  sous  le  poids  d'une 
accusation?   » 

GÉODÉSIE.  —  Réponse  à  la   partie  scientificpie    des  deux   derniers   articles    de 

M.  Le  Verrier;  par  M.  Fave. 

«  Je  ne  puis  trouver,  dans  les  articles  de  M.  Le  Verrier,  que  deux  argu- 
ments et  un  exposé  des  vues  de  l'auteur,  relativement  aux  opérations  géo- 
désiques. 

»  Premier  argument.  —  Les  longitudes  se  comptent  en  France  à  partir  du 
méridien  de  l'Observatoire.  Donc  c'est  à  l'Observatoire  cpie  revient  le 
soin  et  le  droit  de  déterminer  toutes  les  longitudes  sur  le  territoire  français. 

»  tl  est  bien  vrai  que  les  longitudes  se  comptent  à  partir  du  méridien  de 
Paris,  mais  c'est  assurément  la  première  fois  qu'on  tire  de  ce  fait  la  conclu- 
sion précédente.  Ainsi,  dans  le  passé,  l'Observatoire  proprement  dit  ne 
s'est  en  aucune  façon  occupé  de  la  détermination  des  longitudes  astrono- 
miques entreprise  sur  le  parallèle  moyen  ou  sur  le  parallèle  de  Brest  à 


(  '%) 

Strasbourg  par  les  officiers  de  la  Carte  de  France.  Et  cependant  la  besogne 
d'un  observatoire  était  alors  plus  simple  qu'aujourd'hui.  On  avait  soixante- 
dix  planètes  de  moins  à  observer;  une  foule  de  sujets  d'études,  qui  suffi- 
raient aujourd'hui  à  absorber  l'activité  d'un  grand  observatoire,  étaient 
totalement  inconnus.  Voilà  pour  le  fait. 

»  Quant  au  droit,  la  raison  est  au  moins  singulière.  Si  l'on  compte  les 
longitudes  à  partir  du  méridien  de  l'Observatoire  de  Paris,  c'est  en  vertu  d'une 
convention  qui  ne  date  pas  de  bien  loin,  et  qui  dépend  si  peu  de  la  lunette 
méridienne  que  celle-ci  est  placée  hors  de  ce  méridien.  On  les  comptait 
auparavant  à  partir  de  l'île  de  Fer,  et  il  s'en  est  fallu  de  peu,  sous  le  pre- 
mier Empire,  qu'une  partie  de  l'Europe  n'adoptât  la  cime  du  mont  Blanc 
pour  origine  des  longitudes;  du  moins  est-ce  là  un  des  motifs  (le  moindre 
de  tous  assurément)  que  l'illustre  auteur  de  la  Mécanique  céleste  avait  mis 
en  avant,  en  1811,  pour  décider  le  Ministre  de  la  Guerre  à  faire  entre- 
prendre la  mesure  d'un  arc  de  parallèle  moyen.  Que  serait  devenu  dans 
ce  cas  le  premier  argument?  Que  deviendrait-il  si  l'Observatoire  actuel 
venait  à  être  déplacé?  Mais  passons  au  second. 

»  Deuxième  argument.  —  Il  faut  distinguer  en  géodésie,  dit  M.  Le  Verrier, 
les  déterminations  astronomiques  des  triangulalions  :  les  premières  revien- 
nent à  l'Observatoire,  qui  laisse  les  triangulations  au  Dépôt  de  la  Guerre. 

»  C'est  là  cette  distinction  dont  parlait  M.  Ee  Verrier  dans  l'avant-der- 
nière  séance,  et  qui,  suivant  lui,  devait  faire  évanouir  tout  ce  qu'on  avait 
dit  jusque-là.  Toutefois  il  s'est  borné  à  l'indiquer  dans  les  Comptes  rendus. 

»  Cette  distinction  fera  sourire  tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de  géodésie. 
Les  observations  célestes  pour  déterminer  l'azimut,  la  longitude  et  la  lati- 
tude de  certains  points,  sont  aussi  indispensables  à  une  œuvre  géodésique 
que  les  triangulations,  aussi  nécessaires  pour  un  ingénieur-géographe  que 
pour  un  navigateur.  Que  serait  un  réseau  de  triangles  sans  les  observations 
célestes  qui  servent  à  déterminer  la  position  absolue  d'un  de  ses  points?  Sa 
position  sur  le  globe  terrestre  serait  absolument  indéterminée.  Si  vous  obte- 
nez la  latitude  et  la  longitude  d'un  point  quelconque,  ce  point  pourra  être 
placé  sur  la  carte,  mais  rien  ne  déterminera  l'orientation  du  réseau  et  La 
situation  des  autres  points.  II  faut  donc  encore  chercher  dans  le  ciel  au 
moins  l'azimut  de  l'un  des  côtés.  Alors,  en  s'aidant  de  la  triangulation,  on 
obtiendra  par  le  calcul  la  longitude  et  la  latitude  de  chaque  point,  et  par 
suite  les  principaux  éléments  ou  le  canevas  de  la  carte.  Mais  ce  n'est  là  que 
le  minimum  d'observations  célestes  nécessaire  au  géodésien,  car,  se  borner 
à  opérer  astronomiquement  au  point  de  départ,  ce  serait  se  priver  de  p:é- 

21 .. 


cieuses  vérifications,  non  pas  pour  le  réseau  lui-même,  niais  pour  les  lignes 
géodésiques  et  les  coordonnées  qu'on  en  déduit  à  l'aide  des  éléments 
célestes  d'une  première  station.  L'effet  des  erreurs  inévitables  du  point  de 
départ  (attractions  locales  et  erreurs  de  l'observation  céleste)  pourrait  aller 
en  effet  en  croissant  avec  la  distance  au  point  initial,  et  comme  les  observa- 
tions célestes  sont  indépendantes  de  cette  distance,  elles  offrent  un  pré- 
cieux moyen  de  contrôle  dont  la  géodésie  ne  saurait  se  priver  pour  les 
coordonnées  géographiques.  Il  y  a  plus,  le  calcul  de  ces  coordonnées 
étant  basé  non-seulement  sur  les  observations  célestes  au  point  de  départ, 
mais  encore  sur  une  certaine  hypothèse  relative  à  la  figure  de  la  Terre, 
les  discordances  observées  entre  les  calculs  et  les  observations  célestes 
fournissent  le  moyen  de  contrôler,  non  pas  le  réseau,  je  le  répète,  mais  cette 
hypothèse.  Aussi  l'Académie  a-t-elle  vu  les  savants  officiers  de  la  Carte  de 
France  venir  tour  à  tour  lui  apporter  les  résultats  de  leurs  recherches,  soit 
sur  la  figure  du  sphéroïde  terrestre,  soit  sur  celle  de  l'ellipsoïde  qui  s'en 
rapproche  le  plus  en  France.  Certes  ce  n'est  pas  un  mince  honneur  pour 
notre  armée  que  d'avoir  été  constamment  à  la  hauteur  de  cette  tâche  déli- 
cate, et  d'avoir  inauguré  le  rôle  scientifique  que  toutes  les  armées  euro- 
péennes, même  celle  de  la  Compagnie  des  Indes,  ont  depuis  noblement 
adopté.  Aurait-il  fallu  que  nos  savants  officiers  d'État-Major  ou  du  corps 
des  ingénieurs-géographes  eussent  appelé  à  leur  secours,  en  chaque  sta- 
tion, les  astronomes  de  l'Observatoire?  Et  s'ils  ont  eu  raison  de  se  passer  de 
leur  concours,  comment  auraient-ils  tort  aujourd'hui  de  ne  pas  les  dé- 
tourner de  leurs  occupations  habituelles,  quand  il  ne  s'agit  plus  de  créer 
l'oeuvre  immense,  mais  seulement  d'en  améliorer,  d'en  compléter  certaines 
parties? 

»  La  distinction  sur  laquelle  s'appuie  M.  Le  Verrier  est  donc  illusoire  : 
les  observations  célestes  de  la  géodésie  ne  sont  pas  plus  du  ressort  d'un 
observatoire  fixe  que  les  observations  célestes  d'un  capitaine  de  vaisseau. 
Vous  n'ouvrirez  pas  un  livre  de  géodésie  sans  y  trouver  réunies  les  deux 
parties  qu'on  veut  séparer  ;  vous  ne  jetterez  pas  les  yeux  sur  le  Mémorial 
du  Dépôt  de  la  Guerre,  ou  la  Description  géométrique  de  la  France,  ou  sur  les 
publications  de  YOrdnance  Survey  en  Angleterre,  etc.,  sans  constater  à 
chaque  page  ce  mélange  intime  d'observations  célestes  et  de  mesures  ter- 
restres exécutées  d'après  un  plan  unique  et  par  les  mêmes  mains. 

»  Que  dire  après  cela  de  cet  appel  nominal  où  M.  Le  Verrier  demande 
à  M.  Chevreul  s'il  n'aura  pas  le  droit  de  s'occuper  de  teinture,  à  M.  Fizeau 
de  s'occuper  de  la  vitesse  de  la  lumière,  comme  pour  dire  :  Est-ce  que 
l'Observatoire  n'aura  pas  le  droit  de  faire  les  observations?  Ici  se  présente 


(   161  ) 
une  distinction  plus  fondée  que  la  précédente  :  nos  confrères  interpellés 
sont  sur  leur  terrain,   tandis  que  M.  T.e  Verrier  se  place   sur  le  terrain 
d 'autrui. 

»  M.  Le  Verrier  invoque  les  opérations  qu'il  a  faites  pour  se  rattacher 
aux  observatoires  de  Londres  et  du  Havre  et  à  la  station  espagnole,  où 
l'éclipsé  de  1860  a  été  observée  par  des  astronomes  français.  Ces  opérations 
j'en  ai  déjà  expliqué  la  nature  et  le  but.  Personne  ne  contestera  au  direc- 
teur d'un  observatoire  le  droit  delàire  de  pareilles  jonctions,  ni  Futilité  dont 
elles  peuvent  être  pour  la  géodésie,  à  la  condition  qu'elles  puissent  être 
rapportées  à  des  points  géodésiques,  condition  bien  rarement  remplie  en 
France,  où  il  n'y  a  que  trois  observatoires.  Mais  il  y  a  bien  loin  de  là  à  une 
entreprise  géodésique  ;  elles  pourraient  être,  elles  devraient  être  faites 
quand  bien  même  les  travaux  géodésiques  n'existeraient  pas.  Toutefois  je 
dois  dire  ici  que  les  nouvelles  opérations  de  ce  genre,  telles  que  M.  Le 
Verrier  les  présente  dans  ses  communications,  inspireront  à  tous  les  hommes 
compétents  le  désir  d'en  faire  la  preuve,  avec  plus  de  raison  certainement 
que  M.  Le  Verrier  n'en  a  eu  pour  entreprendre,  au  Havre,  la  vérification 
d'un  triangle  de  la  Carte  de  France  (1). 

»  Il  suffit,  en  effet,  de  lire  les  indications  de  M.  Le  Verrier  pour  voir  que 
les  simplifications  qu'il  a  fait  subir  aux  méthodes  antérieures,  par  exemple 
à  celle  qui  a  été  appliquée  entre  Londres  et  Paris,  sous  la  direction  de 
M.  Airy,  n'ont  été  obtenues  qu'aux  dépens  des  garanties  dont  on  doit 
chercher  à  s'entourer  dans  les  applications  délicates  de  la  télégraphie  élec- 
trique. 

»  Vues  géodésiques.  -  -  Je  passe  maintenant  à  l'appréciation  des  vues 
géodésiques  de  M.  Le  Verrier,  et  d'une  sorte  de  programme  qu'il  a  placé 
à  la  suite  de  mon  Rapport  sur  les  plans  de  la  Conférence  de  Berlin.  Ce  qui 
frappe  d'abord,  c'est  que  l'auteur  soutient  une  thèse  complètement  nou- 
velle. Il  cherche  à  établir  en  effet  que  les  observations  célestes  peuvent 
servir  utilement  à  contrôler  les  triangles,  et  il  déclare  hautement  qu'il  en- 
tend les  employer  à  la  recherche  des  parties  vicieuses  d'un  réseau  géo- 
désique, à  la  découverte  des  régions  où  il  y  aura  des  triangles  à  refaire. 
Les  géodésistes  ne  me  croiraient  pas  si  je  ne  citais  aussitôt  le  livre  et  la  page: 
ce  livre  est  les  Comptes  rendus  de  l'Académie,  séance  du  5  janvier  dernier, 
p.  36  et  37. 

»  Cette  idée  de  faire  servir  les  observations  célestes  à  contrôler  des 
triangulations  peut  être  facilement  appréciée,  même  parles  personnes  qui 


(1)   Comptes  rendus  de  la  dernière  séance,  p.   1  t3,  ligne  5  en  remontant. 


(  '€*  ) 
ne  s'occupent  pas  de  ces  questions  :  il  suffit,  en  effet,  de  remarquer  qu'une 
seconde  d'arc,  en  latitude  par  exemple,  répond  sur  terre  à  un  déplacement 
linéaire  de  3i  mètres,  et  qu'une  erreur  de  3i  mètres  est  inadmissible  même 
dans  les  opérations  géodésiquesles  plus  longues  quelhommeait  jamaisexé- 
cutées.  En  Russie,  par  exemple,  sur  un  arc  de  25°,  représentant  une  longueur 
de  plus  de  700  lieues,  l'erreur  à  craindre  atteint  à  peine  12  mètres  :  que 
serait-ce  s'il  s'agissait  d'aller  de  triangle  en  triangle  à  la  recherche  d'une 
erreur,  au  moyen  d'observations  célestes?  Mais  je  fais  ici  la  part  trop  belle 
a  ces  dernières.  Nulle  part  on  ne  trouvera  sur  le  globe  terrestre  une  verticale 
dont  on  puisse  direà  priori  qu'elle  n'est  pas  déviée  par  des  attractionslocales 
visibles  ou  invisibles,  par  le  relief  du  sol  ambiant  ou  par  des  accidents  géo- 
logiques. L'influence  de  ces  déviations  est  évaluée  en  moyenne  à  près  de  1", 
et  elle  peut  aller  à  3",  à  l\"  et  même  à  10"  en  certains  cas.  Or  ces  écarts 
équivalent  à  des  déplacements  linéaires  de  60,  de  90,  de  1  20,  de  3oo  mètres, 
et  c'est  avec  de  tels  moyens  que  AI.  Le  Verrier  croit  pouvoir  contrôler 
l'exactitude  d'une  triangulation:  Évidemment  il  aura  confondu  l'exactitude 
intrinsèque  d'une  observation  de  latitude  astronomique  considérée  géo- 
désiqnement  avec  celle  d'une  latitude  (1). 

a  Le  calcul,  le  contrôle  d'un  réseau  géodésique,  sa  vérification  soDt 
complètement  indépendants  des  observations  astronomiques.  Le  Dépôt  de 
la  Guerre  a  dû  y  revenir  à  plusieurs  reprises,  car  notre  réseau  a  effective- 
ment un  point  faible,  à  savoir  une  partie  de  la  grande  méridienne,  celle  qui 
a  été  mesurée  par  Delambre  en  pleine  Terreur,  avec  des  assignats  dépréciés 
pour  payer  un  pain  plus  d'une  fois  refusé,  et  sous  la  crainte  permanente 
de  la  prison  des  suspects.  C'est  ainsi  que  12  triangles  ont  été  déjà  refaits 
entre  Bourges  et  Fontainebleau  par  le  Dépôt  de  la  Guerre.  Ce  qui  peut  rester 
à  faire  sera  fait,  nous  en  sommes  certain,  nous  qui  avons  suivi  avec  inté- 
rêt les  communications  que  nos  savants  officiers  ont  faites  à  ce  sujet  au 
Bureau  des  Longitudes,  par  l'entremise  de  M.  le  Ministre  de  la  Guerre,  ou 
officieusement  à  plusieurs  d'entre  nous;  seulement  je  puis  affirmer  à  l'Aca- 
démie que  ce  contrôle  n'est  pas  effectué  et  ne  sera  pas  complété  par  les 
moyens  dont  M.  Le  Verrier  compte  se  servir.  Ceux  qui  voudraient,  sans 
s'astreindre   aux  ouvrages    français   sur  la  matière,  se   mettre  au  courant 

1  Si  même  on  pouvait  oublier  les  déviations  lorales  dont  on  vient  de  voir  l'importance, 
il  lesterait  encore  l'incertitude  des  observations  célestes  que  le  protocole  de  la  Conférence 
géodésique  allemande  évalue  à  '-  de  seconde;  or  \  de  seconde,  ou  même  o",i  répondent 
à  3  mètres  et  à  10  mètres,  précision  évidemment  hors  de  proportion  avec  celle  qu'exige  le 
contrôle  d'une  triangulation.  Mais  oublier  les  déviations  locales  en  pareille  matière  serait  un 
non-sens. 


(   '«  ) 
des  moyens  et  des  méthodes  générales  dont  la  science  dispose  à  cet  effet, 
n'auront  qu'à  parcourir  les  beaux  travaux  publiés  par  le  colonel  H.  James, 
Superintendant  de  VOrdnance  Survey,  en  Angleterre,  ou  ceux  du  général 
Baeyer  en  Prusse. 

»  Qu'on  juge  d'après  cela  de  tout  ce  que  M.  Le  Verrier  nous  a  dit  sur 
l'étude  des  anomalies  locales  qu'il  prétend  mêler  si  singulièrement  à  celle 
des  erreurs  de  la  triangulation.  Faut-il  donc  que  je  répète  ici,  après  les  Mé- 
moires du  commandant  Rozet  et  du  colonel  Hossard,  après  les  géomètres 
allemands,  après  les  travaux  si  récents  et  si  remarquables  des  officiers 
anglais,  que  la  marche  à  suivre  consiste  à  opérer  astronomiquemeut  sur  un 
réseau  qu'il  ne  soit  plus  besoin  de  contrôler?  Il  y  aura  toujours  dans  la 
détermination  de  ces  anomalies  locales,  même  pour  les  pays  plats,  des  incer- 
titudes bien  supérieures  à  toutes  les  erreurs  qu'on  peut  soupçonner  dans 
les  triangles  voisins,  par  la  raison  bien  simple  qu'on  ne  peut  explorer  les 
couches  inférieures  de  l'écorce  terrestre.  Et  je  ne  sache  pas  que  la  discor- 
dance de  10",  par  exemple,  qui  a  été  constatée  à  Cowhite,  ait  induit  les 
officiers  anglais  à  rechercher  une  erreur  de  3oo  mètres  dans  leur  triangu- 
lation. 

»  Il  ne  m'a  pas  été  permis,  Messieurs,  de  glisser  sur  cette  étrange  erreur. 
Je  ne  l'aurais  pas  relevée  si  elle  se  fût  produite  dans  une  communication 
ordinaire,  car  elle  ne  risque  assurément  pas  de  se  propager,  même  parmi 
les  débutants  en  géodésie;  mais  quand  je  la  vois  paraître  sous  couleur 
officielle,  en  regard  de  l'annonce  des  grands  travaux  qu'on  entreprend  en 
Allemagne,  et  avec  l'intention  avouée  de  supplanter  deux  corps  savants 
dont  les  œuvres  géodésiques  couvrent-la  France,  je  suis  forcé  delà  relever, 
afin  de  faire  apprécier  ces  prétentions  et  de  signaler  la  voie  où  l'on  veut 
engager  le  pays.    « 

Remarques   de  M.  Le  Veriuer  à  l'occasion   des   deux  précédentes 

communications. 

Après  la  lecture  faite  par  M.  Faye,  M.  Le  Verrier  se  lève  et  dit  : 

«  Retenu  par  mes  fonctions  au  Sénat,  j'étais  absent  lorsque,  d'après  ce 
qu'on  veut  bien  me  dire,  M.  Delaunay  serait  intervenu  dans  le  débat  sou- 
levé par  M   Faye. 

»  Absent  encore  au  moment  de  la  lecture  de  M.  Faye,  je  n'ai  entendu 
que  la  dernière  partie  de  ses  nouvelles  explications. 

»  11  me  serait  donc  impossible  de  répondre  aujourd'hui  à  des  allégations 
que  je  ne  connais  pas.  11  ne  faut  pas  d'ailleurs  s'attendre  que  j'entre  dans 


(  m  ) 

les  questions  administratives  que  M.  Faye  cherche  a  soulever.  Je  ne  suis 
pas  libre  de  le  faire. 

»  J'attends  au  reste  sans  impatience.  L'expérience  a  montré  aux  lec- 
teurs du  Compte  rendu  que  toutes  ces  grandes  accusations  s'évanouissent 
dès  qu'il  m'est  possible  d'y  répondre  et  de  mettre  chaque  chose  eu  sa 
place. 

»  Mais  j'ai  dès  à  présent  quelques  explications  à  donner  sur  les  ques- 
tions précédemment  soulevées.  Je  le  ferai  dans  l'article  dont  je  vais  donner 
lecture.   » 

ASTRONOMIE.  —  De  l  influence  des  erreurs  systématiques  dans  quelques 
recherches  d'astronomie;  par  M.  Le  Verbier. 

«  Les  astronomes  ont  été  souvent,  depuis  un  siècle,  conduits  par  leurs 
travaux  à  des  conséquences  évidemment  empreintes  d'erreurs  dont  la 
cause  leur  était  inexplicable.  Leur  vie  en  a  quelquefois  été  troublée.  Recon- 
naître la  source  de  ces  erreurs,  afin  de  parvenir  à  s'en  garantir,  démêler  ce 
qui  provient  de  l'inexactitude  des  instruments,  de  l'insuffisance  des  mé- 
thodes ou  de  l'imperfection  des  observateurs  est,  de  nos  jours,  la  préoccu- 
pation de  tout  astronome  soucieux  de  léguer  à  ses  successeurs  des  travaux 
durables. 

»  Mon  intention  n'est  pas  de  traiter  devant  l'Académie  l'ensemble  d'un 
sujet  si  délicat  et  qui  serait  vraiment  inépuisable  :  car  on  pourrait  dire  avec- 
justesse  que  l'art  de  se  garantir  de  l'erreur  constitue  à  lui  seul  toute  l'his- 
toire des  recherches  scientifiques.  Je  me  bornerai  à  considérer  quelques 
questions  limitées. 

»  Les  instruments  de  précision  peuvent  être  viciés  par  deux  causes  fort 
différentes  :  ils  peuvent  manquer  de  solidité,  de  fixité  par  un  défaut  de  leur 
construction  mécanique;  ou  bien  ils  varient  par  l'action  de  la  chaleur  qui 
les  modifie  sans  les  laisser  semblables  à  eux-mêmes,  et  trouble  ainsi  les 
séries  d'observations. 

»  Le  défaut  de  fixité  se  produit  surtout  dans  les  petits  instruments, 
lorsque  la  nécessité  de  les  rendre  assez  légers,  pour  permettre  leur  transport, 
ne  laisse  pas  l'artiste  libre  de  donner  aux  diverses  pièces  une  solidité  suffi- 
sante, ou  bien  quand  on  n'arrive  pas  à  travailler  les  pièces  délicates  et 
mobiles  avec  une  perfection  qui  en  compense  l'exiguïté. 

»  Les  grands  instruments,  sortis  des  mains  de  nos  habiles  artistes,  sont 
moins  soumis  à  ces  inconvénients;  les  pièces  qui  les  constituent  sont  assez 
fortes  et  les  ajustements  qui  réunissent  ces  pièces  sont  assez  parfaits  pour  que 


(  i65) 
l'ensemble  soit  d'une  solidité  à  toute  épreuve.  Mais  cette  solidité  ne  les 
soustrait  pas  à  la  chaleur,  et  ils  y  sont  même  plus  sensibles  lorsque  cette 
action  s'exerce  sur  de  longues  pièces  dont  les  dispositions  relatives  n'ont 
pas  été  assez  étudiées  dans  le  but  de  résister  à  cette  influence. 

»  Les  grands  instruments  de  Gambey  présentent  l'exemple  le  plus  frap- 
pant de  ces  diverses  circonstances.  Les  microscopes  du  cercle  mural  d'une 
part,  de  l'autre  les  coussinets  de  la  lunette  méridienne  étaient  d'une  soli- 
dité mécanique  irréprochable,  malgré  la  complication  un  peu  grande  de  leur 
construction.  Les  uns  et  les  autres  donnaient  au  contraire  prise  à  l'action 
de  la  chaleur  qui,  en  les  dilatant,  introduisait  des  causes  de  perturbation 
influant  sur  les  observations  et  leurs  calculs. 

»  Les  microscopes  du  cercle,  tous  symétriques,  éprouvaient  un  déran- 
gement tel  que,  le  cercle  restant  immobile,  la  moyenne  des  lectures  des  mi- 
croscopes variait  néanmoins  de  9", a  pour  un  changement  de  200  dans  la 
température.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  ce  mouvement  n'était  pas  dû  à  un 
défaut  de  la  construction  intrinsèque  des  microscopes,  mais  bien  à  quelque 
mouvement  particulier  des  plaques  en  fonte  fixées  sur  les  piliers  et  qui 
portaient  les  microscopes  eux-mêmes.  Quelle  qu'en  soit  la  cause,  on  com- 
prend les  difficultés  et  les  incertitudes  que  cette  instabilité  de  la  ligne 
moyenne  de  repère  introduisait  dans  la  réduction  des  observations;  aussi 
nous  sommes-nous  décidés  à  remplacer  en  1860  l'ensemble  de  ces  micro- 
scopes. 

»  Le  nouveau  système  a  été  installé  en  lui  donnant  toute  la  symétrie  possi- 
ble afin  de  se  garantir  contre  l'effet  des  dilatations.  11  résulte  delà  discussion 
des  observations  faites  en  1860  et  1861  que  nous  sommes  parvenus  ainsi  à 
diminuer  la  variation  qu'éprouve  la  ligne  de  foi  avec  le  changement  de  la 
température,  mais  non  à  la  faire  disparaître  entièrement.  La  variation  de 
9",  2  pour  un  changement  de  200  dans  la  température  a  été  réduite  à  l\" ,  1. 
C'est  encore  beaucoup  trop  ! 

»  Les  coussinets  portant  les  tourillons  de  la  lunette  méridienne  étaient  de 
leur  côté,  avons-nous  dit,  extrêmement  compliqués,  et  c'était  toujours  un 
sujet  d'étonnement  que  de  voir  une  construction  si  complexe  douée  d'une 
grande  solidité  mécanique.  Mais  l'ensemble  de  toutes  ces  pièces  n'était  pas 
compensé  contre  l'action  de  la  chaleur,  et  il  en  résidtait  à  certaines  époques 
une  variation  diurne  très-notable  de  l'inclinaison  de  l'axe  de  la  lunette 
méridienne.  Cette  instabilité,  qui  obligeait  les  astronomes  à  multiplier  les 
nivellements  et  troublait  le  calcul  des  observations,  nous  nous  en  sommes 

C.  R.,  i863,   i"Semest,e.  (T.  LVI,  N«  4.)  22 


(  iS6  ) 
débarrassés  en  1 856  en  installant  un  système  de  coussinets  fixes,  taillés  sim- 
plement dans  de  forts  blocs  en  bronze,  scellés  dans  les  piliers  en  pierre.  Là 
nous  avons  complètement  réussi.  Toute  variation  diurne  a  disparu  et  un 
seul  nivellement  de  l'axe,  exécuté  vers  les  4  heures  du  soir,  suffit  pour  les 
opérations  du  jour  et  de  la  nuit  ;  mais  en  1 854  et  1 855  il  n'en  était  pas  ainsi, 
et  les  observations  de  nuit  ne  pouvaient  pas  être  disculées  avec  l'état  de 
l'instrument,  établi  durant  le  jour. 

»  Pour  en  donner  une  preuve  palpable,  citons  les  nivellements  exécutés 
du  29  août  au  3  septembre  1 854,  a  4  heures  du  soir  et  à  minuit. 


Inclinaison 

Inclinaison 

Diminution 

1854. 

Août  2g 

à  4  heures  du  soir. 

// 
6,62 

à  minuit. 

// 

4<7' 

en  douze  heures 

»     3o 

5,78 

4,5o 

1,28 

»     3i 

5,66 

4,6o 

1 ,06 

Sept.    1 

5,58 

4, '9 

ï>39 

»       2 

5,i5 

4,33 

0,82 

»      3 

5.8g 

4,76 

1  ,i3 

»  On  voit  que  tous  lesjours,  sans  exception,  l'inclinaison  de  l'axe  a  dimi- 
nué depuis  4  heures  du  soir  jusqu'à  minuit;  la  moyenne  pour  les  six  jours 
est  de  i",27  en  huit  heures.  Il  est  bien  évident  que  si  dans  de  telles  circon- 
stances on  eût  eu  à  réduire  un  système  d'observations  faites  pendant  la  nuit 
et  en  ne  disposant  que  de  nivellements  exécutés  pendant  le  jour,  on  aurait 
commis,  dans  la  réduction  des  observations  de  nuit,  des  erreurs  toujours 
de  même  sens. 

»  Cette  appréciation  générale  ne  suffirait  pas,  toutefois,  pour  se  rendre  un 
compte  suffisant  des  incertitudes  auxquelles  on  serait  conduit  dans  la  dis- 
cussion d'un  système  d'observations  faites  dans  ces  conditions.  Pour  bien 
mettre  en  lumière  les  conséquences  pratiques  de  ce  mode  d'essai,  je  vais 
déterminer  exactement  l'erreur  qui  porterait  sur  une  opération  de  longitude 
ainsi  effectuée,  savoir  celle  qui  a  été  pratiquée  en  relation  avec  Greenwich, 
du  1  2  au  i(\  juin. 

»  Sept  déterminations  ont  été  faites,  savoir  :  les  12,  i3,  17,  18,  20,  22  et 
24  juin.  Le  12  l'inclinaison  de  l'axe  a  été  mesurée  pendant  la  nuit  au 
moment  des  observations,  mais  c'est  le  seul  jour  où  il  en  ait  été  ainsi  ;  poul- 
ies six  autres  jours  il  n'y  a  pas  eu  de  nivellement  pendant  la  nuit,  et,  tandis 
que  les  observations  correspondent  en  moyenne  à  ioh20m  du  soir,  les 
nivellements  ont  été  faits,  le  i3  à  3  heures,  le  17  a  5h3om,  le  18  à  2  heures, 
le  20  à  6  heures,  le  22  à  1  heure,  le  24  à  4h3om. 

»  Faisons  remarquer,  en  passant,  une  extrêmement  curieuse  conséquence 


(  M?7) 

d'une  déclaration  de  M.  Faye,  faite  à  ce  sujet.  «  Si  l'inclinaison  de  l'axe  n'a  pas 
»   été  déterminée  dans  la  nuit  du  22,  dit-il,  eh  bien!  c'était  une  nuit  d'ob- 
»   servation  qui  ne  pouvait  pas  compter  ;  il  fallait  tout  simplement  prolonger 
»  pendant  un  jour  de  plus  la  durée  des  observations.  »  Mais,  on  le  voit, 
toutes  les  nuits,  excepté  la  première,  sont  dans  le  même  cas  que  celle  du  22  ; 
et  puisqu'on  convient  que  cette  dernière  ne  pouvait  pas  compter,  on  con- 
vient qu'il  en  est  de  même  de  six  nuits  sur  sept.  Dans  ces  termes,  on  aurait 
prolongé  indéfiniment  ces  opérations  internationales  sans  jamais  aboutir. 
»   Reprenons  la  suite  de  notre  calcul,  basé  sur  ce  fait  que  l'inclinaison 
aurait  diminué  au  mois  de  juin,  par  suite  d'une  variation  diurne  de  1  ",27 
en  huit  heures,  comme  à  la  fin  du  mois  d'août  et  au  commencement  de 
septembre.  Il  y  a  d'autant  plus  de  raison  de  craindre  qu'il  n'en  ait  été  ainsi, 
que  le  12  juin,  le  seul  jour  où  des  observations  aient  été  faites  pendant  la 
nuit  et  pendant  le  jour,  ces  observations  accusent  une  diminution  encore 
plus  forte,  savoir  de  1",  4o  en  huit  heures. 

»  Les  choses  étant  ainsi,  on  trouve  que,  abstraction  faite  d'autres  causes 
d'erreur,  tenant  aux  renversements  de  la  lunette  entre  les  nivellements' et 
les  observations,  et  par  le  seul  fait  de  la  variation  régulière  de  l'inclinaison, 
entre  les  moments  où  les  nivellements  ont  été  faits  pendant  le  jour  et  ceux 
où  les  observations  ont  été  pratiquées  pendant  la  nuit,  on  aurait  employé 
des  inclinaisons  toutes  trop  fortes  :  le  i3,  deo",88;  le  17,  de  o",87;  le  18, 
de  1",  i3;  le  20,  de  o",  68;  le  22,  de  o",  92;  le  24,  de  o",  83,  l'inclinaison 
adoptée  le  12  étant  seule  exacte.  Et  ainsi,  en  admettant  même  des  inter- 
polations impossibles  à  d'autres  points  de  vue,  on  aurait  eu  une  inclinaison 
trop  forte  en  moyenne  de  o",  76,  correspondant  à  une  erreur  de  1",  16  dans 
la  longitude  déterminée  par  des  observations  zénithales. 

»  En  conséquence,  lorsqu'il  y  a  neuf  mois  j'examinai  de  nouveau  la 
question  au  fond,  dans  le  but  de  pourvoir  à  la  publication,  je  me  trouvai 
arrêté  court  par  ce  raisonnement,  auquel  je  ne  trouvai  rien  à  répliquer  : 

»  Si  les  températures  allaient  en  diminuant,  au  mois  de  juin,  de  4  heures 
à  minuit,  la  longitude  déterminée  par  les  observations  de  la  seconde  série 
doit  être  corrigée  de  plus  de  1". 

»  Les  nivellements  faits  aux  différentes  heures  le  12  juin  semblent  indi- 
quer qu'on  se  trouvait  effectivement  dans  ces  conditions.  Mais  une  seule 
journée  d'observation  suffit-elle  pour  donner  la  certitude? 

»  Conséquemtnent  cette  correction  de  plus  de  1"  doit-elle  être  acceptée 
ou  rejetée? 

22.. 


(  «68  ) 
»   Tel  est  le  point  que  je  n'ai  pas  su  résoudre  il  y  a  neuf  mois.  Telle  est 
la   question  à  laquelle  il  me  serait  aujourd'hui  encore   impossible  de  ré- 
pondre, sinon  par  une  nouvelle  détermination  de  la  longitude. 

»  Je  regrette  que  M.  Faye  croie  devoir  dite  que  cette  difficulté  aurait 
été  soulevée  pour  le  besoin  de  la  cause.  Je  lui  soumets  à  lui-même  cette 
question  : 

»  Croit-il  donc  véritablement  que,  lorsque  j'ai  écrit  au  commencement 
de  1862,  il  y  a  neuf  mois,  le  Mémoire  considérable  que  je  présente  de  nou- 
veau, lorsquej'en  ai  refait  seul  tous  les  calculs,  toutes  les  réductions,  c'était 
pour  les  laisser  ensuite  sans  emploi,  malgré  ma  promesse  faite  à  M.  Airy 
de  publier  enfin,  et  uniquement  pour  ce  que  M.  Faye  appelle  le  besoin 
de  la  cause  d'aujourd'hui?  Non!   il  ne  le  croit  pas. 

»  Je  regrette  encore  plus  que  M.  Faye  imagine  de  dire  qu'il  n'était  pas 
chargé  de  l'état  de  son  instrument,  qu'il  n'a  jamais  rempli  aucune  fonction 
régulièrement,  et  que  c'était  moi  que  cela  regardait.  Je  ne  répondrai  pas  à 
M.  Faye  qu'il  est  absolument  invraisemblable  qu'un  astronome  ait  pu  être 
dispensé  du  soin  de  son  instrument.  Je  ne  lui  répondrai  pas  davantage 
qu'en  supposant  que  ce  singulier  ordre,  ou  plutôt  désordre,  eût  été  établi, 
il  a  dû  lui  être  très-pénible  de  s'en  aller  chaque  soir,  voyant  que  le  nivel- 
lement n'était  pas  fait,  avec  la  conviction  que  ses  observations  étaient  per- 
dues, et  sans  céder  à  la  tentation  d'employer  cinq  minutes  à  l'apposition 
du  niveau  pour  utiliser  sa  soirée;  mais  je  lui  ferai  une  réponse  beaucoup 
plus  catégorique  :  pendant  toutes  ces  observations  f  ai  été  absent  de  Paris.  Cette 
réponse  me  dispense  de  tout  autre  commentaire  sur  plus  d'un  point. 

»  Mais  cette  erreur  de  plus  de  1"  à  craindre  sur  le  résultat  de  la  deuxième 
série  des  observations  n'aurait-elle  pas  pu  être  négligée  sans  inconvénient r1 
Outre  qu'on  ne  voit  pas  comment  eût  pu  être  traité  convenablement  de 
notre  part  l'exposé  public  de  ces  opérations  internationales,  je  ne  pense  pas 
que  dans  l'état  actuel  de  la  science  de  telles  négligences  soient  acceptées. 

»  En  1  -ji5,  l'illustre  astronome  anglais  Bradley  entreprit  une  suite  d'ob- 
servations dans  le  but  de  déterminer  la  distance  de  certaines  étoiles  à  la 
Terre.  L'une  des  étoiles  du  Dragon  lui  présenta  des  changements  de  posi- 
tion dans  l'intervalle  de  quelques  jours  seulement,  changements  qui,  suivis 
de  près  pendant  un  temps  suffisant,  offrirent  une  période  annuelle.  Toute- 
fois ces  mouvements  affectaient  une  loi  différente  de  celle  qui  correspond 
à  l'effet  des  parallaxes  stellaires  :  ils  ne  pouvaient  par  conséquent  provenir 
de  cette  cause,  et  bradley  conclut  que  le  phénomène  qu'il  observait  ne 


(  i69  ) 
révélait  rien  qui  se  rapportât  à  la  distance  des  étoiles.   Avec  une  sagacité 
profonde  il  en   trouva   la   cause  ailleurs,    et  découvrit  le  phénomène  de 
l'aberration  de  la  lumière. 

»  De  nos  jours,  la  recherche  de  la  distance  des  étoiles  à  la  Terre  a  été 
reprise  et  poursuivie  par  les  moyens  les  pins  précis  que  l'observation  nous 
fournisse.  L'un  de  ces  travaux  a  présenté  des  circonstances  extrêmement 
remarquables  et  dont  l'exposé  succinct  est  très-propre  à  montrer  le  soin 
qu'on  doit  porter  aujourd'hui  dans  les  observations,  lorsqu'on  veut  arriver 
à  des  conséquences  qui  méritent  quelque  confiance  et  qui  ne  soient  pas 
rectifiées  par  l'étranger. 

»  Ces  recherches,  relatives  à  la  distance  d'une  étoile  de  la  Grande  Ourse, 
présentées  d'abord  à  l'Académie  avec  réserve  dans  sa  séance  du  3i  août 
184G,  puis  comme  décisives  dans  sa  séance  du  7  décembre  suivant,  auraient, 
suivant  l'auteur,  fixé  à  i",o8  la  parallaxe  delà  1  83oe  Grooinbridge,  sans 
qu'il  y  eût  plus  de  o",o5  d'erreur  à  craindre  {Comptes  rendus,  p.  1081).  En 
garantie  de  l'exactitude  de  ses  conclusions,  l'auteur  présentait  les  séries  de 
ses  observations,  «  montrant  avec  quelle  netteté  l'ellipse  parallactique  se  dessi- 
nait dans  le  ciel,  au  fur  et  à  mesure  que  la  Terre  parcourait  son  orbite.  »  lies 
séries  étaient  en  effet  d'une  netteté  irréprochable,  et  elles  différaient  à 
peine  de  celles  qu'on  aurait  déduites  par  un  simple  calcul  de  l'hypothèse 
d'une  parallaxe  égale  à  i",o8.  Ces  recherches  reçurent  donc  les  suffrages  de 
l'Académie. 

»  Toutefois,  quelques  mois  après,  un  astronome  renommé  pour  sa  pré- 
cision, M.  Peters,  publiait  le  résultat  de  ses  travaux  sur  le  même  sujet  et 
établissait  que  la  parallaxe  de  la  i83oe  de  Groombridge  était  certaine- 
ment quatre  fois  plus  petite  que  celle  qui  avait  été  présentée  k  l'Académie 
[Comptes  rendus,   1847,  p.  1 37 ). 

»  Puis  M.  le  Dr  Wichmann  intervenait  à  son  tour,  extrayait  des  papiers 
de  Bessel  des  observations  faites  sur  le  même  sujet  et  montrait  que  ces  tra- 
vaux de  l'illustre  astronome  allemand  prouvaient  que  la  parallaxe  de  cette 
i83oc  Grooinbridge  était  au  plus  la  sixième  partie  du  nombre  annoncé  à 
l'Académie  en  1846  (Comptes  rendus,  1848,  p.  65). 

»  Enfin,  dans  la  séance  du  28  janvier  i85o,  M.  Otto  Struve  communi- 
quait directement  à  l'Académie  un  travail  décisif  dont  il  concluait  une 
parallaxe  insensible  !  (Comptes  rendus,  p.  y5)  :  «  Je  regarde  comme  un  résul- 
»  tat  incontestable  de  mes  observations,  disait  M.  Otto  Struve,  p.  7 5,  que 
»  la  parallaxe  de  cette  étoile  est  au-dessous  de  o",  1 .  Si  elle  surpassait  cette 
»  quantité  elle  n'aurait  pu  m'échapper.  » 


(  l7°  ) 

»  Cette  troisième  démonstration  fut  enfin  acceptée  comme  irréfutable  par 
l'auteur  du  Mémoire  de  1 846,  qui  reconnut  (Comptes  rendus,  même  semestre, 
p.  79)  qu'il  serait  désormais  inutile  de  publier  la  suite  de  ses  anciennes  recherches 
sur  la  parallaxe  de  la   i83oe  Groombridge! 

»  Nous  louons  volontiers  M.  Faye  de  la  facilité  avec  laquelle  il  est  con- 
venu que  ses  observations  qui  lui  avaient  donné  1  ',08  pour  la  parallaxe  de 
la  i83oe  Groombridge  étaient  inexactes  et  qu'il  serait  inutile  d'en  publier 
la  suite.  Et  nous  ne  doutons  pas  qu'en  y  réfléchissant  il  estimera  qu'il 
n'y  a  pas  davantage  lieu  de  considérer  comme  suffisantes  les  observations 
qu'il  a  faites  à  Paris  pour  les  déterminations  de  la  longitude  de  Greenwich, 
et  dont  nous  avons  démontré  qu'elles  laissent  subsister  une  incertitude 
de  i"  dans  la  série  qui,  en  mon  absence  forcée  de  l'Observatoire  de  Paris, 
avait  été  exclusivement  confiée  à  M.  Faye.  » 

Réplique  de  M.   Faye. 

«  M.  Faye,  privé  de  tout  document,  ne  peut  rien  dire  sur  l'absence  allé- 
guée par  M.  Le  Verrier  pendant  une  partie  des  opérations.  Il  sait  et  il 
répète  qu'il  ne  les  a  pas  plus  dirigées  à  Paris  qu'à  Greenwich.  Il  ne  peut 
actuellement  affirmer  qu'une  chose,  c'est  qu'il  n'a  pas  donné  et  qu'il  ne 
pouvait  donner  le  signal  de  la  clôture  des  observations  à  Paris.  Il  s'en 
réfère  pour  le  reste  à  ses  déclarations  antérieures,  et  donne  une  seconde 
fois  lecture  à  l'Académie  d'un  passage  très-explicite  où  M.  Le  Verrier  à 
déclaré  à  l'Académie  que  : 

«  Cette  variation  diurne  (celle  de  l'inclinaison  de  l'axe),  qui  a  été  in- 
»  sensible  pendant  la  première  série  des  observations  faites  a  Greenwich, 
»  s'est  au  contraire  manifestée  pendant  la  seconde  série.  Hdlons-nous  d'a- 
rt jouter  cpie  le  résultat  de  la  longitude  n'en  a  été  nullement  ajjecté,  attendu  le 
»  soin  qu'on  a  eu  de  déterminer  très-fréquemment  la  situation  de  l'axe,  comme 
»  ta  valeur  des  autres  erreurs  instrumentales.  »  (Séance  du  25  septembre  1 854, 
Comptes  rendus,  t.  XXXIX,  p.  56o,  ligne  10  en  remontant.) 

<■  M.  Le  Verrier,  répondant  à  M.  Faye,  fait  remarquer  qu'un  passage 
cité  par  lui  et  écrit  en  1 854  établit  précisément  qu'il  y  avait  une  variation 
diurne  du  niveau,  et  est  ainsi  la  plus  éclatante  condamnation  de  M.  Faye. 

»  En  disant  qu'il  n'en  était  pas  résulté  d'inconvénients,  parce  qu'on  avait 
multiplié  les  nivellements  de  l'axe,  M.  Le  Verrier  a  montré  évidemment  qu'il 
croyait  que  les  nivellements  de  la  nuit  avaient  été  faits,  et  c'est  quand,  en 
voulant  tout  vérifier  par  lui-même,  il  s'est  aperçu  qu'il  n'en  était  pas  ainsi, 


(  '7'  ) 
qu'il  s'est  trouvé  forcé  de  conclure  qu'en  raison  de  l'incroyable  oubli  de 
l'observateur,  les  opérations  n'étaient  pas  en  l'état  requis.  » 

«  M.  Le  Verriek  informe  l'Académie  qu'il  a  proposé  à  l'astronome  royal 
M.  Airy,  de  reprendre  la  détermination  de  la  longitude  de  Greemvich ;  et 
que,  par  une  Lettre  en  date  du  23  janvier,  M.  Airy  a  accepté  cette  proposi- 
tion.  » 

«  M.  Le  Verrier  communique  à  l'Académie  une  Lettre  de  M.  Bruhns, 
directeur  de  l'Observatoire  de  Leipsick  et  Membre  de  la  Conférence  de  Ber- 
lin. (Foira  la  Correspondance,  page  i84) 

CHIMIE.  —  Note  sur  les  dépots  des  chambres  de  plomb  dans  (es  fabriques  d'acide 
suljitrique;  par  M.  Fréd.  Kuhlmann. 

«  Lorsqu'en  1817  Berzélius  découvrit  le  sélénium  dans  un  sédiment  de 
chambres  de  plomb  de  la  fabrique  de  Gripsholm  alimentée  par  la  combus- 
tion de  soufre  extrait  des  mines  de  cuivre  de  Fahlun ,  cet  illustre  chimiste 
était  bien  près  de  la  découverte  du  thallium,  et  cependant  il  a  fallu  un 
demi-siècle  et  la  révélation  d'une  nouvelle  et  merveilleuse  méthode  ana- 
lytique pour  mettre  les  chimistes  sur  la  trace  du  nouveau  métal. 

»  Il  est  à  remarquer  en  effet  que,  dans  le  sédiment  examiné,  Berzélius 
a  constaté  l'existence,  indépendamment  du  sélénium  mêlé  avec  beaucoup 
de  soufre  cjui  avait  échappé  à  la  combustion,  du  fer,  du  cuivre,  de  l'étain, 
du  zinc,  du  plomb,  du  mercure  et  de  l'arsenic,  lorsqu'il  n'a  pu  y  trouver 
du  tellure  en  vue  de  la  constatation  duquel  il  avait  entrepris  ses  recherches. 

»  Des  indications  non  douteuses  de  la  présence  du  thallium  ont  pu  être 
obtenues  par  l'examen  au  spectroscope  des  pyrites  d'un  grand  nombre  de 
provenances,  et  cependant,  d'après  une  Lettre  qui  m'a  été  adressée  le 
27  décembre  dernier  par  M.  Boettger,  de  Francfort,  cet  ingénieux  chimiste, 
malgré  des  recherches  minutieuses,  n'a  pu  constater  l'existence  du  métal 
nouveau  dans  les  dépôts  des  chambres  de  plomb  de  la  fabrique  de  Zwickau, 
dans  laquelle  on  brûle  de  la  blende,  pas  plus  que  dans  ceux  de  la  fabrique 
d'Aussig,  en  Autriche,  où  l'on  brûle  des  pyrites  de  fer.  Des  résultats  égale- 
ment négatifs  ont  été  obtenus  par  l'examen  des  dépôts  de  chambres  de 
plomb  des  fabriques  de  Griesheim,  près  de  Francfort,  de  Nuremberg,  et 
enfin  de  celle  de  Hellstaedt,  où  l'on  brûle  de  la  pyrite  cuivreuse. 

»   M.  Boettger,  à  qui  j'avais  envoyé  un  échantillon   de  dépôts  de  mes 


(  T72  ) 
chambres  de  plomb  qui  avaient  servi  à  l'extraction  du  thallinm  clans  mes 
usines,  m'a  témoigné  son  étonnement  de  ces  nombreux  résultats  négatifs  en 
m'informant  qu'il  n'avait  trouvé  de  thallium,  et  des  traces  seulement,  que 
dans  les  dépôts  des  chambres  de  plomb  d'une  fabrique  d'acide  près  d'Aix- 
la-Chapelle,  où  l'on  brûle  à  la  fois  de  la  blende  et  des  pyrites  de  fer,  et 
d'une  fabrique  située  près  Gosslar,  dans  le  Harz,  où  l'on  prépare  l'acide  sul- 
furique  au  moyen  des  pyrites  de  cuivre. 

»  Il  m'importe,  pour  guider  les  chimistes  dans  les  recherches  de  la 
nature  de  celles  entreprises  par  M.  Boettger,  de  bien  préciser  les  conditions 
dans  lesquelles  le  thallium  s'est  trouvé  exceptionnellement  accumulé  dans 
mes  appareils  de  fabrication. 

»  L'acide  sulfurique  obtenu  par  la  combustion  des  pyrites  présente  un 
grave  inconvénient  pour  certains  emplois,  c'est  de  contenir  souvent  des 
quantités  très-notables  d'arsenic.  Au  moment  de  la  substitution  des  pvrites 
au  soufre,  j'ai  dû  m'efforcer  d'écarter  cette  cause  d'impureté  de  l'acide  ob- 
tenu dans  mes  établissements,  et  le  moyen  auquel  je  mé  suis  arrêté  con- 
siste à  faire  précéder  la  série  des  chambres  de  plomb  où  l'acide  sulfureux 
se  convertit  en  acide  sulfurique,  d'une  chambre  supplémentaire  assez  spa- 
cieuse où  les  gaz  de  la  combustion  des  pyrites,  en  diminuant  de  tempéra- 
ture, laissent  déposer,  outre  les  corps  solides  entraînés  mécaniquement, 
les  matières  volatiles  facilement  condensables,  et  en  particulier  l'acide 
arsénieux. 

»  Dans  cette  chambre  il  n'y  a  ni  injection  de  vapeur,  ni  circulation 
d'acide  sulfurique,  de  telle  sorte  qu'après  quelques  mois  d'une  combustion 
d'environ  3ooo  kilogrammes  de  pyrites  par  jour,  il  se  rencontre  des  masses 
relativement  considérables  d'acide  arsénieux  et  de  sélénium;  qu'on  y  a 
trouvé  du  mercure,  et,  comme  chacun  sait,  le  thallium  susceptible  d'être 
obtenu  à  l'état  métallique,  en  quantité  qui  s'est  élevée  jusqu'à  |  pour  100 
dans  certaines  parties  de  ces  dépôts. 

»  Il  est  probable  que  si  ma  méthode  de  préservation  de  l'acide  sulfu- 
rique contre  l'impureté  était  adoptée  dans  les  fabriques  de  Zwickau,  d'Aussig 
et  autres,  pour  une  partie  du  moins  de  ces  fabriques,  la  présence  du 
thallium  pourrait  être  constatée  dans  le  produit  de  la  combustion  de  leurs 
pyrites,  et  qu'à  Aix-la-Chapelle  et  à  Gosslar  l'on  obtiendrait  des  dépôts 
avec  lesquels  M.  Boettger  pourrait  reproduire  les  résultats  qu'il  a  obtenus 
en  analysant  l'échantillon  que  je  lui  avais  adressé. 

»  Ses  résultats,  le  plus  souvent  négatifs,  s'expliquent  par  cette  circon- 
stance que  si  le  thallium  entraîné  lors  de  la  combustion  des  pyrites  vient  î. 


(  '73) 
confondre  avec  le  sulfate  de  plomb  qui  couvre  le  fond  des  chambres,  et  si 
ce  dépôt  est  constamment  lavé  par  l'acide  qui  se  renouvelle,  ce  métal,  au 
lieu  de  s'accumuler  dans  la  première  chambre,  est  entraîné  en  dissolution 
dans  l'acide  sulfurique,  au  fur  et  à  mesure  de  sa  condensation,  de  telle 
sorte  que  les  dépôts  de  sidfate  de  plomb  peuvent  ne  plus  en  contenir  que 
des  traces  tellement  faibles,  qu'elles  deviennent  inappréciables,  même  au 
spectroscope. 

»  Disons  cependant  qu'il  est  des  pyrites  qui  peuvent  ne  pas  contenir 
de  thallium.  Celles  qui  ont  donné  lieu  aux  dépôts  qui  ont  servi  aux  recher- 
ches de  M.  Lamy  provenaient  des  mines  d'Oneux,  près  Spa.  C'est  un  sul- 
fure de  fer  traversé  par  des  veines  de  blende  et  de  galène.  Cette  qualité  de 
pyrites  donne  des  dépôts  assez  riches  en  thallium,  tandis  que  les  pyrites  de 
Saint-Bel,  près  Lyon,  qui  ne  contiennent  ni  sulfure  de  zinc  ni  sulfure  de 
plomb,  et  dont  je  me  sers  actuellement,  ne  donnent  que  des  traces  du 
métal  nouveau.  » 

ASTRONOMIE.  —  Remarques  sur  les  images  photographiques  de  l'éclipsé  du 
18  juillet  1860  prises  à  Rivabellosa  et  au  Desierto ;  Lettre  du  P.  Secchi, 
accompagnant  l'envoi  de  nouvelles  images. 

«  J'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  quatre  épreuves  photogra- 
phiques qui  représentent  les  phases  de  l'éclipsé  observée  en  Espagne  le 
18  juillet  1860  pendant  la  totalité.  L'occasion  de  revenir  sur  ce  sujet  a  été 
le  séjour  qu'a  fait  à  Rome  pendant  quelque  temps,  M.  Warren  de  La  Rue, 
dont  l'Académie  connaît  les  surprenantes  photographies  faites  à  Rivabellosa. 
M.  de  La  Rue  ayant  vu  les  premières  épreuves  positives  en  papier  tirées  au 
Desierto  même,  avant  qu'on  eût  renforcé  les  matrices,  a  été  surpris  d'y  trou- 
ver une  foule  de  détails  tout  à  fait  perdus  dans  les  épreuves  tirées  après  le  ren- 
forcement, et  qui  ont  seules  circulé  parmi  les  astronomes.  Vivement  préoc- 
cupé de  ces  détails  et  de  l'importance  d'une  comparaison  exacte  entre  ses 
épreuves  et  les  miennes,  il  m'engagea  à  grandir  celles-ci  à  l'aide  de  la  pho- 
tographie jusqu'à  l'échelle  des  siennes.  On  ne  pouvait  pas,  sans  doute, 
espérer  des  positives  sur  papier  ce  qu'on  aurait  obtenu  des  positives  sut- 
verre,  car  le  grain  du  papier  reste  aussi  grossi,  et  rend  les  épreuves  d'un 
aspect  peu  satisfaisant;  car  il  faut  grandir  l'image  d'un  diamètre  de  ;*2mm,5 
à  celui  de  102  millimètres,  c'est-à-dire  presque  cinq  fois.  Mais  ici  on  n'avait 
pas  à  se  préoccuper  de  l'effet  artistique,  mais  seulement  de  grossir  les 
épreuves,  de  sorte  qu'en  les  superposant  à  celles  de  M.  de  La  Rue,  on  pût 

C.  R.,  iS63,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N<>  4.)  23 


(  >74  ) 
voir  l'accord  ou  le  désaccord.  M.  de  La  Rue  donc  voulut  lui-même  diriger 
cette  opération  et  y  assister  en  personne,  tant  était  grand  l'intérêt  qu'il  v 
attachait.  La  plus  intéressante  des  photographies  était  celle  faite  immédia- 
tement après  le  commencement  de  la  totalité,  et  de  celle-là  il  garda  lui- 
même  une  négative  pour  y  prendre  les  mesures  avec  une  machine  de  son 
invention. 

»  Je  vais  maintenant  passer  en  revue  les  différentes  figures,  et,  comme 
l'Académie  possède  une  copie  de  mes  photographies  tirées  au  Desierto  et 
de  celles  de  M.  de  La  Rue,  j'invite  les  Membres  qui  pourraient  y  avoir  inté- 
rêt à  y  comparer  les  photographies  actuelles.  Pour  en  faciliter  la  comparai- 
son, j'y  joins  un  calque  transparent  fait  à  la  chambre  obscure,  pour  pouvoir 
trouver  plus  facilement  les  points  les  plus  faibles,  qui  sont  même  beaucoup 
plus  faibles  sur  le  papier  que  sur  le  verre  négatif.  J'y  ajoute  aussi  les 
lettres  par  lesquelles  M.  de  La  Rue  indique  les  protubérances  dans  son 
grand  Mémoire,  PL  XV,  Mémoire  dont  il  a  bien  voulu  me  faire  présent, 
quoiqu'il  ne  fût  pas  encore  publié. 

»   En  superposant  le  calque  transparent  à  la  première  photograpbie  de 
M.  de  La  Rue,  on  est  surpris  de  trouver  une  coïncidence  parfaite  dans  la 
position  et  dans  la  forme  de  toutes  les  protubérances,  sans  autre  exception 
que  celle-ci  :  la  protubérance  A,  qui  est  au  bas  de  la  photographie,  est 
plus  petite  dans  les  nôtres  que  dans  celles  de  M.  de  La  Rue;  en  revanche, 
la  protubérance  K,  qui  est  presque  diamétralement  opposée  à  A,  est  plus 
grande  dans  la  nôtre  que  dans  celle  de  M.  de  La  Rue.  Cela  s'explique  faci- 
lement par  la  position  de  la  lune,  dont  la  parallaxe  était  un  peu  différente 
entre  le  Desierto  et  Rivabellosa.  Et  il  est  même  étonnant  que  cette  petite 
différence  ait  été  si  fidèlement  enregistrée  par  la  photographie.  Ce  petit 
déplacement  de  la  lune  produit  encore  un  autre  effet  du  même  ordre,  c'est- 
à-dire  que  nous  n'avons  pas  découvert  la  protubérance  B  de  M.  de  La  Rue, 
pendant  que,  au  contraire,  nous  avons  en  haut  une  autre  proéminence  X, 
entre  K.  et  I,  qui  ne  se  voit  pas  en  M.  de  La  Rue,  mais  où  cependant  on 
peut  la  soupçonner  comme  existant  derrière  la  lune;  car  là  la  lumière  de 
l'auréole  est  un  peu  plus  vive.  Finalement,  dans  notre  photographie  il  n'y 
a  pas  la  double  impression  du  bord  de  la  lune,  dont  M.  de  La  Rue  a  donné 
la  véritable  explication;  car  notre  épreuve  n'a  été  exposée  que  six  secondes, 
pendant  lesquelles  le  déplacement  de  la  lune  a  été  petit;  mais  même  ce  petit 
déplacement  est  sensiblement  imprimé  sur  la  photographie,  car  on  voit  le 
bord  lunaire  entamé  aux  protubérances  A,  G,  I,  qui  sont  les  plus  vives. 
»  Je  vais  maintenant  passer  en  revue  toutes  les  protubérances  pour  en 


(  >75) 
faire  mieux  relever  les  formes,  en  commençant  par  A  :  j'ai  déjà  dit  à  quoi 
tient  la  différence  des  dimensions  entre  les  deux  photographies.  La  protu- 
bérance B,  quoique  cachée,  montre  cependant  un  peu  de  clarté  qui  la  trahit. 
Le  nuage  C  est  franchement  et  très-bien  détaché  du  bord,  et  incliné  avec- 
son  axe  allongé  d'environ  /|5°  à  la  tangente  du  bord  lunaire,  et  l'on  peut 
voir  que  la  pointe  est  formée  par  un  point  plus  vif,  séparé,  du  reste,  par  un 
trait  obscur.  J'avoue  qu'il  serait  difficile  de  reconnaître  ces  détails  sans  les 
photographies  de  M.  de  La  Rue;  car  on  pourrait  attribuer  de  telles  nuances 
au  grain  du  papier,  mais  je  suis  sûr  que  ces  faibles  traces  auraient  été 
nettement  sensibles,  si  l'on  eût  grossi  les  négatives  sur  verre  avant  le  renfor- 
cement qui  les  a  gâtées. 

»  La  plus  intéressante  de  toutes  les  protubérances  est  la  protubérance  E, 
que  l'on  appela  en  Angleterre  le  boomerang,  et  que  l'on  peut  nommer  \a  fau- 
cille, d'après  sa  forme.  Cette  protubérance  se  voit  très-bien  dans  la  positive 
sur  papier;  mais,  comme  elle  est  plus  faible  que  les  autres,  elle  ne  s'est  re- 
produite que  plus  faiblement  encore;  on  peut  cependant  relever  (à  l'aide  du 
calque  transparent)  qu'elle  est  formée  de  différentes  agglomérations  ou 
petits  nuages,  placés  sur  le  prolongement  l'un  de  l'autre  en  forme  de  fau- 
cille. Cette  protubérance  est  remarquable  en  ce  qu'on  a  soupçonné  qu'elle 
était  formée  exclusivement  de  rayons  actiniques;  et,  en  effet,  aucun  observa- 
teur ne  réussit  à  la  voir  à  l'œil  dans  la  lunette.  Dans  la  région  y,  où  corres- 
pond une  ligne  vive  de  lumière  dans  les  photographies  de  M.  de  La  Rue, 
nous  n'avons  qu'une  faible  lumière,  et  la  raison  en  est  que  l'épreuve  de  M.  de 
La  Rue  a  été  faite  immédiatement  après  la  disparition  du  dernier  rayon  du 
soleil,  pendant  que  la  nôtre  a  été  faite  quelques  secondes  après,  et  lorsque 
la  lune  avait  déjà  couvert  le  fil  continu  de  protubérances  rouges  imprimées 
dans  celle  de  M.  de  La  Rue.  Les  détails  de  la  protubérance  H  sont  aussi  bien 
intéressants  :  on  y  voit  un  assemblage  de  petits  nuages  qui  se  soulèvent  d'un 
amas  encore  plus  compacte  situé  au-dessous,  et  les  formes  sont  absolument 
identiques  dans  les  deux  photographies.  Le  grand  amas  de  lumière  de  la 
protubérance  Sala  même  forme  aussi  et  le  même  contour  ondulé.  La  pro- 
tubérance I  est  composée  d'une  haute  flamme  avec  une  plus  basse  du  côté 
droit.  On  les  trouve  identiques  dans  les  deux  photographies.  La  protubé- 
rance X  est  visible  seulement  dans  les  nôtres  pour  la  raison  déjà  indiquée 
ci-dessus.  Enfin  la  protubérance  K.  est  formée  de  deux  réunies,  et  la  gauche 
a  une  prolongation  en  forme  de  corne  très-faible,  qui  est  aussi  commune 
aux  deux  photographies. 

»  La  photographie  n°  2,  qui  correspond  à  la  troisième  faite  au  Desierto  au 

23.. 


(  i:6) 

milieu  de  la  totalité,  reproduit  toute  l'atmosphère  solaire  de  forme  elliptique 
et  plus  élargie  dans  le  sens  de  l'équatéur  que  dans  celui  des  pôles.  Les  deux 
traînées  noires  nn  sont  l'ombre  d'un  fil  qui  donne  l'angle  de  position  des 
protubérances.  Le  positif  dans  celle-ci  étant  plus  faible  que  dans  la  précé- 
dente, n°  i,  la  copie  est  moins  tranchée.  Plus  imparfaite  encore  est  la  photo- 
graphie n°  3,  dont  l'original  a  trois  reproductions  instantanées  de  chaque 
point  lumineux,  à  cause  du  tremblement  de  l'instrument,  ce  qui  prouve 
la  grande  force  chimique  des  protubérances.  Les  protubérances  sont  au 
nombre  de  neuf,  réparties  presque  uniformément  sur  le  périmètre  de  la 
lune,  et  il  n'est  pas  difficile  d'y  rencontrer  celles  de  la  planche  complexive 
(index  map)  de  M.  de  La  Rue. 

»  Enfin  le  n°  4  correspond  à  la  dernière  de  M.  de  La  Rue,  et  l'on  voit 
parfaitement  identique  l'amas  lumineux  des  protubérances  R  et  q,  q\  q" 
presque  en  arc  continu;  on  voit  aussi  la  protubérance  L,  et  ce  qui  prouve 
que  notre  photographie  a  été  prise  un  peu  avant  celle  de  M.  de  La  Rue, 
c'est  qu'elle  est  moins  découverte  chez  nous  que  chez  lui.  De  l'autre  côté 
de  la  photographie,  il  y  a  les  indices  des  protubérances  E  et  C.  L'arc  qq" 
est,  dans  la  nôtre,  divisé  en  deux  par  l'ombre  du  fil  de  fer  qui  servait  de 
repère. 

»  Je  regrette  infiniment  qu'on  ail  renforcé  les  matrices  sur  verre  ;  car  les 
astronomes  qui  n'ont  jugé  que  par  les  photographies  qui  ont  circulé  après 
ce  renforcement  ont,  avec  raison,  montré  du  doute  sur  la  bonté  de  l'instru- 
ment, et  sur  l'identité  des  objets  photographiés.  Cette  opinion  sera  rectifiée, 
j'espère,  comme  elle  a  été  rectifiée  en  M.  de  La  Rue  lui-même.  Il  est  probable 
qu'on  pourrait  tirer  encore  un  bon  parti  des  négatives  sur  verre;  mais  il 
faudrait  qu'elles  fussent  dans  les  mains  de  M.  de  La  Rue.  Nous  espérons 
que  M.  Aguilar  n'épargnera  aucun  effort  pour  en  tirer  un  bon  parti  ;  il  ren- 
drait un  grand  service  à  la  science  en  relevant  les  précieux  détails  qui  sont 
maintenant  disparus.  Nous  devons  cependant  nous  féliciter  en  voyant  que 
les  premières  épreuves  ont  rétabli  en  partie  l'état  des  choses.  Les  conclusions 
scientifiques  qu'on  doit  tirer  de  ces  comparaisons  et  de  cette  identité  des 
photographies  faites  en  onze  minutes  de  temps  et  à  200  milles  de  distance,  sont 
que  les  protubérances  ne  sont  pas  des  jeux  de  lumière,  mais  des  réalités, 
non  des  eftets  de  réfraction  ou  diffraction,  mais  des  nuages  ou  des  flammes 
flottantes  dans  l'atmosphère  solaire. 

»  Peu  de  temps  après  l'éclipsé  et  sur  les  figures  insérées  dans  ïllluslràted 
London  News,  j'avais  été  déjà  conduit  à  ces  mêmes  conclusions  (voir  Appen- 
dice nlie  osservazioni  dell'  ecclisse  Jatte  in  Spagna),  mais  les  photographies 


(  «77  ) 
originales  de  M.  de  La  Rue  mettent  cela  en  dehors  de  tout  doute  possible. 
»  P.  S.  Dans  le  n°  23  des  Comptes  rendus  (22  décembre  1862),  je  trouve 
à  la  page  917  une  Note  par  laquelle  le  lecteur  pourrait  soupçonner  que  j'ai 
défendu  l'opinion  «  que  le  soleil  n'attire  à  lui  les  planètes  que  parce  que, 
dans  son  double  mouvement  de  rotation  sur  lui-même  et  de  translation 
dans  l'espace,  il  met  mécaniquement  l'étheren  mouvement,  et  par  suite  les 
planètes;  de  sorte  que  celles-ci  ne  graviteraient  pas  vers  le  soleil  sans  celte 
influence....»  Je  déclare  formellement  que  je  n'ai  jamais  soutenu  dépareilles 
absurdités.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Ollivier  (Clément)  adresse,  d'Ingrandes,  un  travail  portant  pour  titre  : 
Pathologie  morale.  Nous  donnerons  une  idée  du  but  que  s'est  proposé 
l'auteur,  en  reproduisant  l'extrait  suivant  de  la  Lettre  d'envoi  : 

«  En  1860  surgit  au  sein  de  l'Académie  de  Médecine  une  discussion  qui 
remit  à  l'ordre  du  jour  la  question  toujours  si  délicate  du  vitalisme  et  de 
l'animisme.  Depuis  lors,  cettequestion  a  été  diversement  traitée  par  plusieurs 
écrivains.  Mais  j'ai  cru  que  le  meilleur  moyen  de  se  bien  comprendre  sur  un 
pareil  sujet  était  de  mettre  en  relief  la  corrélation  qui  existe  entre  les  facultés 
de  l'âme  et  les  phénomènes  organiques...  C'est  pourquoi  j'ai  essayé  à  dé- 
crire le  plus  clairement  possible  le  combat  continuel  de  l'instinct  sur  la 
raison,  soit  dans  les  différents  actes  de  la  vie,  soit  dans  le  jeu  physiologique 
des  organes.  Enfin,  déterminant  le  siège  des  passions,  j'ai  fait  ressortir  leur 
influence  prédominante  sur  la  raison,  par  suite  de  l'état  pathologique  des 
organes  d'où  elles  émanent.  » 

Une  Commission  composée  de  MM.  Andral  et  Rayer  est  invitée  à  prendre 
connaissance  de  ce  travail  et  à  faire  savoir  si,  par  la  manière  dont  la  ques- 
tion est  traitée,  elle  peut  être  considérée  comme  rentrant  dans  le  cercle  de 
celles  que  l'Académie  des  Sciences  considère  de  son  domaine. 

ANTHROPOLOGIE.  —  Sur  les  résultats  attribués  aux  alliances  consanguines,  extrait 
d'une  Note  deM.  Bourgeois.  (Présentée  par  M.  Velpeau.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Rayer,  Bernard,  Bienaymé.) 

«  Avant  la  publication  des  statistiques  de  M.  Boudin  sur  un  sujet  aujour- 
d'hui si  discuté,  j'avais  recherché  dans  ma  Thèse  inaugurale,  présentée  sous 
la  présidence  de  M.  le  professeur  Bouchardat,  quelle  est  l'influence  réelle 


(  178  ) 
des  mariages  consanguins  sur  les  générations.  Je  me  livrais  à  cette  étude, 
non  pas  en  vue  de  remplir  une  formalité  banale,  mais  pour  soumettre  à  mes 
juges  et  faire  sanctionner  par  eux,  s'il  y  avait  lieu,  une  opinion  dont  les 
bases  reposaient  sur  une  observation  personnelle  déjà  ancienne  et  favorisée 
par  des  circonstances  que  je  crois  peu  communes.  C'est  ce  qui  me  détermina 
a  une  publication  dans  laquelle  je  ne  crus  pas  d'abord  devoir  désigner  ma 
propre  famille,  c'est-à-dire  celle  de  ma  mère,  comme  étant  l'objet  de  mes 
observations — 

»  Ma  Tbese  fut  présentée  à  la  Société  d'Anthropologie  par  M.  Broca,  son 
secrétaire  général,  après  explications  verbales  contenant  certains  détails 
personnels  et  de  famille,  et  après  l'envoi  d'un  tableau  généalogique  annoté 
et  inédit. 

»  Un  Rapport  sur  mon  travail  a  été  lu  à  la  même  Société  le  ig  janvier 
1860  par  M.  Périer,  médecin  principal  des  Invalides,  qui  déclara  son  opi- 
nion entièrement  conforme  à  la  mienne,  pour  s'en  être  déjà  occupé  lui- 
même 

»  Si  M.  Périer  n'était  pas  absent  de  France  déjà  depuis  plusieurs  mois, 
M.  Boudin  aurait  pu  entendre  une  réplique  compétente  à  ses  allégations, 
devant  cette  même  Société  d'Anthropologie  dont  il  fait  partie  aussi  bien  que 
moi  et  dont  il  a  été  président  pendant  l'année  1862.  Mais  au  moins  il  aurait 
pu,  en  cette  qualité,  connaître  et  mentionner,  sauf  à  la  discuter,  une  opi- 
nion qui,  tout  étant  contraire  à  la  sienne,  se  déduit  d'une  observation  des 
plus  compliquées,  qui  vaut  à  elle  seule  plus  que  toutes  les  statistiques  du 
inonde.  Il  s'agit  en  effet  d'unions  consanguines  répétées  et  superposées  d'une 
manière  plus  ou  moins  immédiate  et  jusqu'à  seize  fois,  à  différents  degrés 
de  cousins,  sans  production  d'aucun  cas  de  surdi-mutité,  ni  même  d'aucune 
des  anomalies  soutenues  par  divers  auteurs. 

»  M.  Boudin  devra  même  y  trouver  l'occasion,  que  je  n'avais  pas  sup- 
posée jusqu'ici,  de  reconnaître,  malgré  ses  prévisions,  que  par  leur  seul 
fait  les  unions  consanguines  non-seulement  ne  produisent  pas  plus  de  mau- 
vais effets  sur  une  seconde  génération  que  sur  une  première,  mais  même 
n'en  occasionnent  pas  chez  plusieurs  autres  à  la  suite. 

»  Pour  moi,  j'avais  déjà  conclu  avec  M.  le  professeur  Bouchardat,  qui  le 
proclame  hautement  du  haut  de  sa  chaire  d'hygiène,  que  les  unions  consan- 
guines sont  bonnes  ou  mauvaises  suivant  que  les  conjoints  sont  exempts  ou 
affectés  par  eux-mêmes,  ou  par  leurs  ancêtres,  de  vices  héréditaires  suscep- 
tibles d'une  transmission  immédiate  ou  alterne,  d'une  manière  essentielle 
et  identique,  ou  bien  au  contraire  avec  transformation. 


(  i79  ) 
»  J'ajouterai  que  je  ne  révoque  nullement  en  doute  les  résultats  statis- 
tiques obtenus  et  invoqués  par  M.  Boudin,  qui  donnent  dans  les  établisse- 
ments spéciaux  de  a5  à  3o  pour  100  sourds-muets  de  naissance  provenant 
de  parents  consanguins.  Dans  des  conditions  semblables  les  résultats  seraient 
apparemment  partout  les  mêmes;  mais  en  présence  de  mes  observations,  je 
suis  persuadé  qu'il  faut  pousser  les  investigations  plus  loin,  les  diriger 
même  vers  des  vues  nouvelles,  comme  par  exemple  vers  les  antécédents  de 
plusieurs  générations,  tandis  qu'on  paraît  s'être  borné  jusqu'ici  à  l'histoire 
du  tempérament  des  parents  les  plus  proches.  Par  ce  moyen,  on  envisa- 
gerait les  cas  d'affections  constitutionnelles,  qui  pourraient,  surtout  par  la 
rencontre  de  l'union  de  circonstances  et  de  tempéraments  semblables,  être 
susceptibles  de  transformations  en  accidents  tels  que  la  surdi-mutité  et 
autres. 

»  Les  difficultés  sont  grandes  pour  les  familles  des  sourds-muets  obser- 
vés dans  les  établissements  publics,  appartenant  pour  la  plupart  aux  classes 
inférieures  et  rurales  du  peuple,  généralement  dépourvues  de  renseigne- 
ments sanitaires  sur  leurs  aïeux  même  les  plus  proches.  Dans  ma  famille, 
au  contraire,  où  la  bonne  santé  est  aussi  proverbiale  dans  le  pays  qu'elle 
habite  que  la  longévité  et  la  multiplication  des  liens  de  parenté,  la  besogne 
m'était  en  grande  partie  préparée,  non-seulement  par  mon  observation  per- 
sonnelle pour  les  temps  actuels,  mais  encore  par  des  confrères  de  mes  amis 
ou  de  cette  même  famille  et  paV  des  personnes  déjà  âgées  dont  l'esprit  mé- 
ditatif et  la  grande  mémoire  m'ont  été  d'un  secours  utile  dans  mes  recherches. 

»  Ce  que  j'ai  vu  et  appris  peut  encore  être  communiqué  à  d'autres,  et  si 
l'Académie  voulait  vérifier  les  fait?  que  j'allègue,  je  serais  heureux  de  lui 
en  indiquer  les  moyens. 

»  Quant  à  mon  travail  imprimé,  j'ai  le  regret  de  ne  pouvoir  en  adresser 
en  ce  moment  un  exemplaire  à  l'Académie.  Je  lui  demanderai  donc  la  per- 
mission de  renvoyer  à  cet  égard  aux  archives  de  la  Faculté  de  Médecine  de 
Paris,  i85g,  n°  91 ,  ainsi  qu'aux  Bulletins  et  Mémoires  de  la  Société  d'Anthro- 
pologie, 1860,  deuxième  fascicule.  Comme  explication,  je  joins  à  cette  Note 
un  extrait  de  la  généalogie  de  ma  famille,  en  ce  qui  concerne  les  unions  les 
plus  remarquablement  consanguines  parmi  les  seize  qu'elle  renferme  (voir 
le  tableau  page  180). 

»  Mon  projet  est  de  publier  une  nouvelle  édition  de  ma  Thèse  avec  les 
additions  dont  elle  est  susceptible  et  le  tableau  généalogique  complet.  Mon 
premier  devoir  sera  de  les  envoyer  à  l'Académie. 


(  »8o) 


Frère  et  sœur. 


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(   181   ) 

•>  De  68  unions  toutes  surchargées  de  consanguinité  île  cette  partie 
de  généalogie,  je  n'en  connais  même  qu'une  inféconde  qui  doit  résulter 
de  l'état  maladif  de  la  femme,  qui  est  étrangère;  et  il  faut  remonter  à  trois 
générations  pour  trouver  l'union  consanguine  dont  procède  le  mari. 

-   Les  unions  consanguines  sont  numérotées  de  i  à  8. 

»  Il  y  a  lieu  de  remarquer  que  l'état  général  de  santé  a  toujours  été  re- 
marquablement bon  chez  les  descendants  des  mêmes  auteurs,  avec  une  con- 
sanguinité extrême  chez  plus  de  deux  cents  individus,  contrairement  à  ce  qui 
a  eu  lieu  chez  les  autres,  tous  petits-enfants  et  arrière-pelits-enfants  prove- 
nant de  l'union  désignée  comme  doublement  germaine.  Mais  leur  tempé- 
rament scrofuleux  vient  évidemment  de  leur  mère  et  de  la  famille  de  celle-ci, 
qui  est  étrangère  à  l'autre  et  présente  cette  disposition,  sans  conteniraucune 
consanguinité.  Il  ne  s'agit  là  que  d'un  fait  d'hérédité  qui  n'a  pas  été  pallié 
par  des  unions  avantageuses,  d'autant  mieux  que  dix-huit  autres  petits-en- 
fants provenant  de  la  même  union  doublement  germaine,  et  notamment  les 
six  quadruplement  consanguins,  jouissent  comme  leurs  pères  et  mères  de 
la  belle  santé  commune  à  la  famille,  excepté  cependant  l'un  d'eux,  le  der- 
nier, dont  le  défaut  de  développement  intellectuel  est  attribué  à  une  cause 
trâumatique  et  accidentelle.    « 

PHYSIQUE   DU  GLOBE   —  Supplément  à  une  précédente  communication  sur  lu 
Jormation  de  la  glace  au  fond  de  l'eau;  par  M.  Exgf.lhardt. 

Cette  Note  est  accompagnée  de  la  Lettre  suivante  qui  fera  connaître  le 
but  que  s'est  proposé  l'auteur  en  s'adressant  de  nouveau  à  l'Académie  : 

«  En  recevant,  au  mois  de  juillet  dernier,  le  Rapport  bienveillant  que 
M.  de  Senarmont  a  bien  voulu  faire  à  l'Institut,  au  sujet  de  mon  Mé- 
moire Sur  la  formation  de  la  cjlate  au  fond  de  l'eau,  j'ai  eu  le  regret  de  voir 
que  la  véritable  pensée  de  mon  travail  n'avait  pas  été  saisie,  et  j'alJais  en 
écrire  à  M.  de  Senarmont,  quand  me  parvint  la  douloureuse  nouvelle  de 
la  mort  de  ce  savant  distingué,  qui  était  certainement  l'une  des  illustra- 
tions de  la  France,  dans  les  sciences  physiques,  et  qui  a  laissé  de  vifs  re- 
grets dans  toute  l'Europe.  Je  suis  persuadé  que,  si  M.  de  Senarmont 
avait  reçu  mes  explications,  il  aurait  rectifié  son  jugement  et  fait  appré- 
cier à  l'Académie  la  véritable  portée  de  mon  travail.  Je  prends  donc  la 
liberté  de  vous  adresser,  Monsieur  le  Président,  quelques  Notes  très-suc- 
cinctes.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Boussin- 
gault,  Despretz,  et  M.  Pouillet,  en  remplacement  de  feu  M.  de  Senarmont.) 

C.  R  ,  ,863,  Ier  Semestre.  (T.   LVI,  N°  4.)  24 


(   '82  ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —Procédés  pour  rendre  ininflammables  les  étojjes  employées 
aux  vêlements  des  femmes;  extrait  c/'  une  Noie  deM.  A.  Chevallier  fils. 

«  ...On  sait  que  déjà  des  essais  ont  été  tentés  dans  cette  direction  ;  que  des 
brevets  ont  été  pris  pour  empêcher  les  décors,  les  tissus  de  s'enflammer; 
que  MM.  Darcet,  Durios.  Duchier,  Carteron,  Schesset  et  Thouvet,  Werst- 
mann  et  Oppenheim  se  sont  occupés  de  travaux  sur  le  sujet  en  question. 
Les  résultats  de  ces  expériences  semblaient  démontrer  que  la  question  était 
résolue  ;  mais,  depuis  cette  époque,  la  question  est  restée  pendante,  et,  en 

1862,  de  nombreux  et  graves  accidents  ont  été  signalés La  connaissance 

de  ces  faits  nous  a  porté  à  faire  de  nouvelles  expériences  sur  les  procédés 
qui  pourraient  être  mis  en  pratique  pour  rendre  les  étoffes,  non  point  in- 
combustibles, mais  non  inflammables Déjà  nos  essais  ont  été  suivis  d'un 

certain  succès;  nous  sommes  parvenu  : 

>»  i°  A  amener  des  étoffes  légères  à  un  état  de  non-inflammabilité  qu'il 
est  facile  de  constater;  car  elles  se  charbonnent,  mais  ne  s'enflamment  pas, 
elles  ne  peuvent  donner  lieu  à  l'inflammation  des  objets  avec  lesquels  elles 
sont  en  contact. 

»  20  A  préparer  des  apprêts  qui  n'altèrent  pas  sensiblement  la  couleur 
de  la  plupart  des  tissus;  ceux  qui  ont  un  peu  changé  de  couleurs  et  baissé 
de  ton  sont  quelques  bleus,  étoffes  pour  lesquelles  il  faut  appliquer  ordi- 
nairement des  précautions. 

»  En  voie  d'expériences  sur  les  modes  à  mettre  en  pratique  pour  obtenir 
des  étoffes  ininflammables,  nous  adressons  à  l'Académie  : 

»    i°  Des  échantillons  de  tissus  non  apprêtés; 

»   20  Des  échantillons  apprêtés  et  qui  ne  s'enflamment  pas. 

»  Nous  continuons  nos  recherches  et  nous  vous  ferons  connaître  les  pro- 
duits que  nous  employons  pour  atteindre  le  but,  les  modes  d'application, 
les  soins  à  y  apporter  pour  que  tous  ceux  qui  s'occupent  du  blanchiment 
du  linge  soient  à  même  de  préparer  des  étoffes  qui  puissent  soustraire  au 
danger  du  feu  les  personnes  qui  sont  journellement  exposées  à  voir  leurs 
vêtements  s'enflammer.  » 

Cette  Note,  avec  les  échantillons  d'étoffes  préparées  et  non  préparées  qui 
l'accompagnent,  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Payen,  Velpeau  et  Rayer. 


(  '83  ) 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Note  sur  le  noir  animal  des  raffineries  considéré  comme 
engrais;  par  M.  Hérouard.  (Présentée  par  M.  Bussy.) 

'Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Decaisne,  Bussy,  Maréchal  Vaillant.  ) 

géologie.  —  Sur  les  gypses  secondaires  des  Corbières;  par  M.  Noguès. 
(Commissaires,  MM.  d'Archiac,  Daubrée.) 

M.  Dorner,  qui  avait  déjà  adressé  diverses  communications  concernant 
un  remède  qu'il  dit  employer  avec  grand  succès  pour  combattre  diverses 
affections  du  canal  intestinal,  y  compris  le  choléra-morbus,  transmet  au- 
jourd'hui comme  pièces  à  l'appui  de  ses  précédentes  Notes  deux  Lettres 
écrites  l'une  par  un  médecin,  l'autre  par  un  pharmacien  de  Bologne,  qui 
attestent  les  bons  effets  qu'ils  ont  vu  obtenir  de  ce  médicament,  dont  la 
base  parait  être  une  huile  de  genévrier. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant,  déjà  saisie  des  premières 
communications  de  l'auteur.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  annonce  que  MM.  Combes  et  Le  Verrier 
sont  maintenus  Membres  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'École  Poly- 
technique, au  titre  de  l'Académie  des  Sciences. 

M.  le  Directeur  général  des  Douanes  et  des  Contributions  indirectes 

adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  un  Tableau  général  des  mouve- 
ments du  cabotage  en  1 86 1  que  vient  de  publier  son  administration. 

L'Académie  impériale   des    Sciences   de    Vienne   envoie    une    nouvelle 

livraison  de  ses  Comptes  rendus  pour  l'année  1862. 

L'Académie  royale  des  Sciences  d'Amsterdam  adresse  plusieurs  volumes 
qu'elle  a  récemment  publiés. 

L'Académie  royale  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  Londres  remercie 
l'Académie  des  Sciences  pour  l'envoi  de  plusieurs  volumes  de  ses  Mémoires, 
du  Recueil  des  Savants  étrangers  et  des  Comptes  reiïdus  hebdomadaires. 


(  '84  ) 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Lisbonxk  adresse  de  même  des  re- 
mercîments  pour  un  semblable  envoi. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  Alexis  Perrey,  un 
exemplaire  de  sa  «  Note  sur  les  tremblements  de  terre  en  1860,  avec  sup- 
pléments pour  les  années  précédentes.  » 

Et  au  nom  de  M.  Dubois,  d'Angers,  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie 
Impériale  de  Médecine,  un  exemplaire  de  son  «  Éloge  de  M.  Thenard.  »  Il 
est  donné  lecture  d'une  Lettre  adressée  à  cette  occasion  par  M.  Dubois. 

M.  le  Vice-Présidext  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Du  Bréuil,  un 
ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Culture  perfectionnée  du  vignoble  ». 

«  Cet  ouvrage,  qui  est  un  complément  du  Traité  d Arboriculture  de  l'au- 
teur, comprend  toutes  les  opérations  de  la  culture  depuis  la  création  du 
vignoble  jusqu'à  la  vendange  inclusivement. 

»  Les  améliorations  conseillées  par  l'auteur,  et  déjà  consacrées  par  l'ex- 
périence, ont  pour  résultat  de  diminuer  les  frais  de  culture  et  d'augmenter 
le  produit. 

»  Ce  double  but  est  atteint  en  substituant  la  charrue  aux  bras  de  l'homme 
partout  où  cet  instrument  peut  fonctionner; 

»  En  remplaçant  les  échalas  par  les  fils  de  fer; 

»  Enfin,  en  employant  des  abris  qui  empêchent  l'action  des  gelées  tar- 
dives et  préviennent  la  coulure.  » 

«  M.  Le  Verrier  communique  à  l'Académie  une  Lettre  de  /)/.  Bruhns, 

directeur  de  l'Observatoire  de  Leipsick  et  Membre  de  la  Conférence  de 
Berlin. 

»  M.  Bruhns  expose  les  travaux  dans  lesquels  il  est  engagé  dans  son 
propre  pays.  Après  avoir  traité  de  la  détermination  des  longitudes  et  des 
latitudes  des  points  principaux  de  l'Allemagne  centrale,  M.  Brunhs  ajoute  : 
«  Comme  il  me  semble  que  vous  devez  souhaiter  d'avoir  aussi,  outre  les 
»  déterminations  dans  votre  pays  même,  des  déterminations  vous  reliant 
«  avec  l'étranger,  je  m'empresse  de  vous  proposer  de  faire  la  longitude  de 
»  Paris  et  Leipsick,  mais  je  désirerais  rassembler  encore  quelques  <  xpé- 
»    riences  au  moyen  de  déterminations  dans  mon  pays. 

»  Comme  tous  les  travaux  géodésiques  sont  finis  en  France  et  de  même 
»   lesjonctions  avec  la  France  et  la  Belgique,  il  ne  restera  plus  pour  ce  genre 


(  i85  ) 
«  de  travail  que  de  se  relier  peut-être  de  nouveau  avec  l'Espagne  lorsque 
»  la  mesure  des  degrés  y  aura  été  achevée  ;  on  n'a  donc  qu'à  s'occuper  des 
»  déterminations  astronomiques.  L'importance  de  ce  travail  est  ùu  reste 
»  reconnue  par  vous,  occupé  comme  vous  l'êtes  depuis  longtemps  de  dé- 
»   terminer  des  longitudes. 

»  J'aurai  le  plus  grand  plaisir  à  vous  voir  accepter  la  proposition  concer- 
»   nant  la  longitude.  » 

»  M.  Le  Verrier  se  félicite  qu'on  connaisse  à  Leipsick,  mieux  qu'à  Paris, 
ses  travaux  sur  la  détermination  des  longitudes  II  accepte  de  grand  cœur 
la  proposition  de  M.  Bruhns,  qui  se  combinera  naturellement  avec  ce  dont 
il  est  déjà  convenu  avec  M.  de  Littrow.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  modérateurs  de  l'action  réflexe  dans  le  cerveau  de  la 
grenouille;  par  M.  J.  Setchenow.  (Suite  et  fin.)  (i) 

«  Ayant  ainsi  atteint  le  but  principal  que  je  me  suis  proposé,  j'ai  cru  de- 
voir rechercher  les  voies  physiologiques  par  lesquelles  ces  mécanismes  sont 
excités  à  l'action.  Cette  question  a,  comme  on  le  verra  tout  de  suite,  une  très- 
grande  étendue  et  mérite  de  devenir  l'objet  d'une  étude  spéciale.  Je  n'en 
présente  dans  le  moment  que  quelques  fragments,  et  cela  principalement 
dans  le  but  d'élucider  encore  plus  la  question  sur  la  distribution  des  modé- 
rateurs dans  le  cerveau. 

»  L'idée  de  rechercher  les  voies  d'excitation  des  modérateurs  une  fois 
conçue,  il  m'a  été  tout  naturel  de  supposer  comme  telles  les  filets  sensitifs. 
Cette  supposition  implique,  comme  on  le  voit,  la  nécessité  d'expérimenter 
sur  tous  les  points  sensitifs  du  corps,  et  c'est  précisément  cette  circonstance 
qui  fait  la  question  si  étendue.  Chez  la  grenouille,  je  me  suis  donc  borné 
aux  nerfs  sensitifs  de  la  peau  et  delà  muqueuse  buccale.  Voici  en  quoi  con- 
siste l'expérience.  On  trouve  d'abord  sur  l'animal,  avec  des  centres  nerveux 
intacts  ou  lésés,  le  degré  de  l'action  réflexe;  puis  on  excite  fortement  la 
peau  ou  la  muqueuse  buccale,  et  après  que  les  mouvements  produits  par  la 
douleur  ont  cessé,  on  cherche  à  saisir  quels  changements  a  subis  l'action  ré- 
flexe. Celte  manière  d'agir  n'était  pas  cependant  à  l'abri  d'objections  tres- 
sérieuses.  Il  fallait  donc  avant  tout  établir  sa  valeur  expérimentalement. 
Cette  tâche  a  été  heureusement  bien  facile  :  les  deux  piemières  expériences 
ont  déjà  décidé  de  la  question.  La  première  consiste  à  opérer  de  la  manière 

(i)  Voir  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  5o. 


(  '36) 
qui  vient  d'être  indiquée  sur  un  animal  dont  la  moelle  épiniere  est  séparée 
par  la  section  de  la  moelle  allongée.  L'irritation  delà  peau  dans  ce  cas,  quel- 
que forte  qu'elle  soit  (j'ai  brûlé  la  peau  du  ventre  avec  des  plaques  métal- 
liques fortement  chauffées),  ne  produit  absolument  aucun  changement  dans 
l'action  réflexe  (i),  tandis  qu'on  obtient  souvent  une  dépression  notable  de 
celle-ci,  en  agissant  de  la  même  manière  sur  un  animal  auquel  la  moelle 
allongée  a  été  conservée  (c'est-à-dire  quand  le  cerveau  a  été  coupé  derrière 
les  lobes  optiques).  Le  dernier  effet  s'obtient  plus  facilement  encore,  si  au 
lieu  de  la  peau  du  ventre  on  irrite  avec  une  forte  solution  aqueuse  d'acide 
sulfurique  la  muqueuse  buccale.  Si  l'on  réfléchit  sur  les  objections  qui  pour- 
raient être  faites  en  général  contre  la  valeur  de  la  méthode,  on  verra  aisé- 
ment qu'elles  sont  toutes  écartées  par  les  deux  expériences  que  je  viens  de 
décrire. 

»  Il  ne  me  reste  donc  qu'à  dire  encore  quelques  mois  sur  les  phéno- 
mènes présentés  par  l'animal  dans  les  mêmes  conditions,  mais  avec  les  cen- 
rres  nerveux  intacts  ou  lésés  dans  l'espace  rhomboïdal.  Dans  le  dernier  cas, 
la  dépression  de  l'action  réflexe  s'obtient  à  peu  près  comme  chez  l'animal 
avec  le  cerveau  coupé  derrière  les  lobes  optiques. 

»  L'effet  est  au  contraire  presque  nul  si  l'on  opère  sur  l'animal  avec  les 
centres  nerveux  intacts.  On  pourrait  même  croire,  d'après  ces  dernières  ex- 
périences, que  les  hémisphères  empêchent  en  quelque  sorte  à  l'action  modé- 
ratrice de  se  manifester. 

»  Toutefois,  il  est  clair  qu'une  des  voies  physiologiques  par  lesquelles 
les  modérateurs  sont  excités  à  l'action  est  donnée  par  les  nerfs  sensitifs. 
Une  des  expériences  citées  plus  haut  prouve  en  outre  la  présence  des  modé- 
rateurs (considérés  comme  centres)  dans  la  moelle  allongée. 

»  J'aborde  enfin  le  dernier  côté  de  la  question  sur  les  modérateurs  :  leur 
mode  d'action. 

»  Tout  mouvement  réflexe  étant  pour  ainsi  dire  composé  de  deux  actes 
différents,  de  l'excitation  des  filets  sensitifs  et  de  l'action  motrice,  sa  dépres- 
sion pourrait  à  la  rigueur  être  produite  aussi  bien  par  la  dépression  de  la 
sensibilité  (consciente  ou  inconsciente)  cpie  par  celle  du  mouvement.  La 
solution  de  cette  question  n'est  évidemment  possible  que  sur  l'homme,  et 
ici  encore  très-imparfaitement,  puisque  l'étude  ne  peut  être  faite  que  pour 
le   cas  de  la   sensibilité   consciente.   Je  tâchai   néanmoins  d'élucider  tant 


(i)  Et  cela  devait  être  ainsi,  puisque  les  études  précédentes  ont  démontre  jusqu'à  l'évi- 
dence l'absence  des  modérateurs  dans  la  moelle  épiniere. 


(  >»7  ) 
qu'il  a  été  possible  la  question,  et  voici  les  raisonnements  qui  servirent  de 
base  âmes  expériences.  Le  problème  est  résolu,  s'il  est  possible  de  mettre 
en  jeu  chez  l'homme  les  modérateurs  des  mouvements  réflexes.  Dans  ce  cas 
on  n'a  en  effet  qu'à  déterminer  le  degré  de  sa  sensibilité  normale  pour  quel- 
que irritant  d'intensité  constante,  et  de  le  comparer  à  celui  qui  s'obtient 
dans  les  conditions  où  ses  modérateurs  sont  indubitablement  mis  en  jeu.  Je 
réalise  cette  idée  en  chatouillant  un  homme  chatouilleux  et  en  le  faisant 
faire  des  efforts  pour  supprimer  les  mouvements  réflexes.  Donc  voici  l'expé- 
rience. L'homme  plonge  une  de  ses  mains  dans  la  solution  aqueuse  de 
l'acide  sulfurique  et  l'en  retire  au  moment  où  la  sensation  apparaît.  Le 
métronome,  dont  il  n'entend  pas  les  coups,  donne  la  mesure  de  sa  sensibi- 
lité. La  même  opération  se  fait  après,  mais  avec  du  chatouillement.  Je  n'ai 
que  onze  expériences  de  ce  genre  faites  sur  moi-même;  mais  toutes  sans 
exception  ont  donné  pour  résultat  nue  dépression  de  sensibilité  qui  était 
d'autant  plus  forte  que  le  chatouillement  était  plus  efficace.  Ayant  enfin 
remarqué  que  les  efforts  que  je  faisais  pour  ne  pas  éclater  en  mouvements 
réflexes  pendant  le  chatouillement  consistaient  principalement  dans  le  ser- 
rement des  dents  et  dans  la  contraction  continue  des  muscles  thoraciques 
et  abdominaux,  je  fis  l'expérience  suivante.  La  main  a  été  plongée  dans 
l'acide,  et  au  moment  où  la  sensation  apparaissait  déjà,  je  fis  un  effort  vio- 
lent sans  qu'on  me  chatouillât  :  la  sensation  disparut  pour  quelques  ins- 
tants. L'expérience  étant  extrêmement  pénible,  je  ne  l'ai  faite  qu'une  seule 
fois.  Mais  cette  seule  fois  la  disparition  de  la  sensation  a  été  tellement  nette, 
que  je  n'hésite  pas  de  considérer  l'expérience  comme  sûre,  d'autant  plus 
que  ce  fait  peut  expliquer  une  observation  pour  ainsi  dire  journalière.  Il  est 
parfaitement  connu  que  les  hommes  et  en  général  les  animaux,  quand  ils  su- 
bissent une  opération  douloureuse,  font  très-souvent,  sinon  toujours,  ce  mou- 
vement musculaire  complexe  que  je  viens  de  décrire.  Or  tous  les  mouve- 
ments réflexes,  dans  le  corps  de  l'animal,  lui  étant  toujours  profitables, 
quel  autre  but,  sinon  de  mitiger  les  douleurs,  aurait  pu  avoir  ce  mouve- 
ment complexe?  Ce  sont  là  certes  des  hypothèses;  mais  chacun  conviendra 
qu'elles  ont  l'apparence  de  la  vérité,  qu'elles  interprètent  les  faits  observés 
sur  l'homme  très-simplement ,  et  qu'elles  ouvrent  enfin  la  voie  pour  de- 
recherches  nouvelles. 

»  Je  termine  en  exprimant  ma  profonde  reconnaissance  à  M.  le  profes- 
seur Claude  Bernard  pour  sa  bienveillante  permission  d'exécuter  ce  travail 
dans  son  laboratoire.    » 


(  i88  ) 

CHIMIE  GÉNÉRALE.    —  Sur  deux  nouvelles  combinaisons  résultant  de  l'action  du 
chlore  sur  le  qlycol;  par  M.  Mitscheklich.  (Présenté  par  M.  Pelouze.) 

«  Le  chlore,  en  agissant  sur  le  glycol,  donne  naissance  à  deux  groupes 
de  combinaisons;  les  unes,  bouillant  entre  1080  et  2000,  sont  chlorées;  les 
autres  ne  le  sont  pas  et  commencent  à  bouillir  vers  2000. 

»  Les  produits  non  chlorés  m'ont  fourni  deux  nouveaux  composés  dont 
1  un  se  présente  en  beaux  cristaux  fondant  vers  3o,°  et  bouillant  vers  2000. 
Ce  corps  renferme  le  même  nombre  d'atomes  de  carbone  et  d'hydrogène, 
mais  je  n'ai  pas  encore  pu  déterminer  le  rapport  entre  le  nombre  d'atomes 
d'oxygène  et  celui  de  carbone  et  d'hydrogène. 

»  Le  second  composé  non  chloré  est  un  liquide  oléagineux  entrant  en 
ébullition  à  2/400  et  qui  ne  se  solidifie  pas  encore  à  —  5°.  Sa  composition 
est  exprimée  par  3  atomes  d'hydrogène,  3  atomes  de  carbone  et  2  atomes 
d'oxygène   Sa  formation  peut  s'exprimer  par  l'équation 

3C4H60*  +  2C1  =  C,2H,20'+  2HCI  +  4  HO. 

»  La  formule  qu'il  faut  attribuer  ace  corps  est  d'après  cela  :  C,JH,20*. 
L'acide  chlorhydrique  qui  prend  naissance  dans  cette  réaction  se  combine 
avec  un  excès  de  glycol  pour  former  des  chlorhydrinesglycoliques. 

»  Je  reviendrai  plus  au  long  dans  un  autre  travr.il  sur  l'étude  de  ces 
deux  corps,  ainsi  que  sur  celle  des  autres  produits  résultant  de  l'action  du 
chlore  sur  le  glycol.    » 

chimie.    —    Note  sur  ta  préparation  et  sur  les  propriétés  du  rubidium;  extrait 
d'une  Lettre  de  M.  Bcnsex  à  M.  Dumas. 

«  La  matière  première  qui  a  servi  à  ces  recherches  a  été  extraite  des  rési- 
dus de  lépidolithe  de  la  fabrique  de  lithine  du  Dr  Struve,  à  Leipzig.  On  a 
uliiisé,  pour  séparer  le  carbonate  de  cœsium  du  sel  correspondant  de  rubi- 
dium, la  grande  différence  de  solubilité  que  présentent  le  tartrate  neutre 
(déliquescent)  de  cœsium  et  le  bitartrate  de  rubidium  (très-peu  soluble). 

»   La  réduction  du  carbonate  de  rubidium  parle  charbon  s'effectue  plus 
difficilement  que  celle  du  sodium  et  plus  facilement  que  celle  du  potassium. 
»   Le  mélange,  traité  par  la  chaleur  dans  un  fourneau  à  potassium,  était 
le  suivant  : 

Bitartrate  de  rubidium 8g, 55 

Tartrate  neutre  de  chaux 8,46 

Suie  d'essence  de  térébenthine 1 ,99 

100, 10 


(  i89) 

»  Le  métal  a  été  recueilli  dans  un  récipient  contenant  de  l'huile  de 
naphte.  75  grammes  de  bitartrate  ont  donné  5  grammes  de  métal. 

»  Le  métal  fond  à  38°,  5;  sa  densité  est  égale  à  1,  5i6. 

»  Le  sodium  fond  à  95°, 6,  le  potassium  à  6i°,5  et  le  lithium  à  1800, 
d'après  les  nouvelles  déterminations  faites  au  laboratoire  de  Heidelberg. 

»   Le  rubidium  brûle  sur  l'eau  en  tournoyant  comme  le  potassium. 

»  La  réduction  du  ccesium  n'a  pu  être  tentée  faute  de  matière  première, 
M.  Bunsen  n'ayant  retiré  que  quelques  grammes  de  sels  de  ce  métal  de 
i5ooo  litres  d'eau  de  la  Murquelle,  à  Baden. 

»  Le  rubidium  présente  par  ses  autres  propriétés  les  plus  grandes  analo- 
gies avec  le  potassium.  » 

M.  Janssen,  qui  avait  précédemment  présenté  à  l'Académie  une  Note  sur 
les  raies  telluriques  du  spectre  solaire  (séance  du  23  juin  1862),  adresse 
de  Borne  deux  pièces  destinées  à  constater  quelles  étaient  les  disposi- 
tions de  l'appareil  dont  il  s'était  servi  pour  ses  observations  à  une  époque 
antérieure  à  celle  où  M.  Littrow  fils  a  présenté  à  l'Académie  de  Vienne 
un  électroscope  en  apparence  tout  semblable.  La  présentation  de  M.  Lit- 
trow a  été  faite  en  décembre  1862,  et  l'instrument  de  M.  Janssen  avait 
été,  dès  le  mois  de  novembre,  examiné  à  Borne  par  MM.  Volpicelli  et 
Secchi,  qui  le  décrivent  tel  qu'ils  l'ont  vu  alors,  dans  une  Note  dont  copie 
est  jointe  à  la  Lettre. 

«  Il  ne  s'agit  pas  pour  moi,  dit  M.  Janssen,  d'établir  un  droit  de  prio- 
rité; tout  ce  que  je  demande,  c'est  qu'on  sache  que  je  ne  dois  pas  à  M.  Lit- 
trow fils  l'instrument  avec  lequel  je  poursuis  depuis  plus  de  huit  mois  mes 
études  sur  le  spectre  solaire.  » 

M.  Castiglioni,  dans  la  Lettre  accompagnant  l'envoi  de  son  Traité  de 
l'affection  scrofuleuse,  témoigne  le  désir  que  l'Académie  veuille  bien,  quand 
elle  aura  à  s'occuper  de  pourvoir  à  une  vacance  parmi  les  Correspondants 
de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  le  comprendre  dans  le  nombre 
des  candidats. 

(Benvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Dru  demande  de  nouveau  l'autorisation  de  reprendre  un  Mémoire 
qu'il  avait  présenté  l'an  dernier  sur  l'écoulement  de  l'eau  dans  les  puits 
artésiens. 

Cette  autorisation  avait  été  accordée  à  la  première  demande;  mais  il  est  de 

C  R.,  i863,  ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  4.)  a5 


(  i9°  ) 
règle  que  l'Académie  ne  renvoie  pas  les  pièces,  et  l'auteur  a  négligé  de  se 
présenter  pour  retirer  la  sienne. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  26  janvier  i8ô3  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Tableau  général  des  mouvements  du  cabotage  pendant  l'année  1861.  Paris, 
1862;  vol.  in-4°. 

Des  machines  et  appareils  destinés  à  l' élévation  des  eaux  ;  par  Arthur  MORIN. 
Paris,  i863;  vol.  in-8°. 

Elude  sur  l'orgue  monumental  de  Saint-Sulpice  et  la  facture  d'orgue  moderne  ; 
par  M.  l'abbé  Lamazou.  Paris,  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par 
M.  Séguier.) 

Le  Pâle  et  i Equateur  ;  études  sur  diverses  explorations  du  globe;  parM.  I,. 
Dubois.  Paris,  1 863 ;  vol.  in-ra.  (Présenté  an  nom  de  l'auteur  par  M.  de 
Quatrefages.) 

Rapport  duSecrétaire  perpétuel  de  i  Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
sur  les  travaux  des  Commissions  de  publication  de  cette  Académie  pendant  le 
deuxième  semestre  de  l'année  1862.  Paris,  1  feuille  in-4°. 

Documents  sur  les  tremblements  de  terre  et  les  phénomènes  volcaniques  au 
Japon;  par  M.  Alexis  Perrey.  Lyon,  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur 
par  M.  Elie  de  Beaumont.) 

Note  sur  les  tremblements  de  terre  en  1860,  avec  suppléments  pour  les  années 
antérieures;  par  le  même.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique.) Bruxelles;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Élie  de  Beaumont.) 

Mémoires  des  Concours  et  des  Savants  étrangers,  publiés  par  i  Académie  royale 
de  Médecine  de  Belgique.  (3e  fasc.  du  tome  "V.)  Bruxelles,  1862;  in-4°. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles- Lettres 
de  Toulouse;  5e  série,  t.  VI.  Toulouse,  1862;  in-8°. 

Notes  sur  la  fabrication  de  l'acier  en  Angleterre;  par  Ed.  Gkateau.  (Extrait 
delà  Revue  universelle.)  Liège;  br.  in-8°. 

Culture  perfectionnée  et  moins  coûteuse  du  vignoble;  par  A.  Du  Bkeuil. 
Paris,  1 863 ;  in-12.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Morin.) 


(  '9'  ) 

Quelques  considérations  sur  la  vaccine  ;  par  le  Dr  H.  Montanier.  (Extrait 
de  la  Gazette  des  Hôpitaux.)  Paris,  1862;  br.  in-8°. 

Essai  sur  les  institutions  scientifiques  de  la  Grande-Bretagne  et  d<  l'Irlande; 
pur  Ed.  Mailly.  Bruxelles,  i863;  in- 12. 

ATreatise...  Traité  des  fièvres  continues  delà  Grande-Bretagne;  par  Ch. 
Murchison.  Londres,  1862;  vol.  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par 
M.  Rayer.) 

Journal...  Journal  de  l' Académie  tf.es  Sciences  naturelles  de  Philadelphie; 
nouvelle  série;  vol.  V,  partie  ire.  Philadelphie,  i862;in-4°- 

Hippocratis  et  aliorum  medicorum  veterum  reliquiœ  ;  mandata  Âcademiœ 
regiœ  disciplinarum  quœ  Amstelodami  est.  Edidit  Francisons  Zacharias  Erme- 
rins  ;  vol.  II.  —  Trajecti  ad  Rhenum  ,  1862  ;  fort  vol.  in-4°  (gi'«?c  et  latin). 

Sitzungsberichte...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciencesde  Païenne;  t.  XLVI.  2e  livraison  ,  juillet  1862.  Vienne,  1862  ;  in-8°. 

Verhandilengen...  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences  néerlan- 
daise, t.  VIII.  Amsterdam,  1862;  m-8°. 

Verslagen...  Comptes  rendus  de  l  Académie  royale  des  Sciences  néerlandaist 
{Sciences  naturelles)  ;  vol.  XIII  et  XIV.  Amsterdam,  1862;  2  vol.  in-8°. 

Jaarboek...  Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences  néerlandaise  pour 
l'année  1861.  Amsterdam;  in-8°. 

Délia  scrofola...  Sur  la  scrofule  ou  affection  scrofuleuse ;  par  M.  C.  Casti- 
glioni.  Milan,  1862;  in-8°. 

Armonia...  Harmonie  de  I  empirisme  et  du  rationalisme  et  de  tous  les  deux 
avec  le  spiritualisme  et  avec  Dieu;  discours  prononcé  par  M.  G.  Gallo,  le 
1 1  décembre  1862,  à  sa  réception  comme  Docteur  agrégé  à  la  Faculté  des 
sciences  mathématiques,  physiques  et  naturelles.  Turin,  i863;  br.  in-8°. 

Anuario...  Annuaire  de  l'Observatoire  royal  de  Madrid;  4e  année,  1860. 
Madrid,  1862;  in- 12. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  2  FÉVRIER  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

Remarquis  de  M.  Faye  à  l'occasion  du  Compte  rendu  de  la  précédente  séance . 
«   Messieurs, 

»  Je  viens  réclamer  contre  un  passage  des  Comptes  rendus  de  la  dernière 
séance,  ou  M.  Le  Verrier  s'est  attribué  des  paroles  qu'il  n'a  pas  prononcées; 
paroles  que  le  sentiment  qui  régnait  à  ce  moment  dans  l'assemblée  ne  lui 
aurait  pas  permis  d'articuler. 

»  M.  Le  Verrier  avait  à  s'expliquer  sur  la  déclaration  suivante,  qu'il  a 
portée  lui-même  dans  cette  enceinte,  trois  mois  après  la  clôture  des  opé- 
rations entre  Londres  et  Paris.  Il  parlait  alors  au  nom  de  deux  observa- 
toires; il  présentait  en  son  nom  propre  et  au  nom  de  l'astronome  royal 
d'Angleterre  des  résultats  calculés,  non  par  moi,  mais  par  d'autres  per- 
sonnes, des  résultats  obtenus  à  la  fois  et  séparément  dans  les  deux  obser- 
vatoires de  Greenwich  et  de  .Paris  : 

»  Cette  variation  diurne  (celle  de  l'inclinaison  de  l'axe),  qui  a  été  insen- 
»  sible  pendant  la  première  série  des  observations  faites  à  Greenwich,  s'est, 
»  au  contraire,  manifestée  pendant  la  seconde  série.  Hâtons-nous  d'ajouter 
>  que  le  résultat  de  la  longitude  n'en  a  été  nullement  affecté,  attendu  le 

C.  R.,  iS63,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  S.)  26 


(  '94  ) 

»  soin  qu'on  a  eu  de  déterminer  très-fréquemment  la  situation  de  l'axe, 
»   comme  la  valeur  des  autres  erreurs  instrumentales  (i).  » 

»  M.  Le  Verrier  répond,  dans  les  derniers  Comptes  rendus,  à  cette  phrase 
qui  est  la  sienne,  textuellement,  qu  elle  est  la  plus  éclatante  condamnation  de 
M.  Faye.  Je  demanderai  à  tous  les  hommes  de  bonne  foi  de  lire  et  d'appré- 
cier. 

»  Mais  il  ne  suffit  pas  de  venir  dire  ici,  comme  M.  Le  Verrier  l'a  fait 
dans  la  dernière  séance,  sans  en  rien  imprimer  dans  les  Comptes  rendus, 
qu'il  s'est  trompé  en  1 854  :  d  f;ult  encore  que  M.  Le  Verrier  fasse  connaître 
les  éléments  de  ce  calcul,  les  bases  de  sa  publication  de  i85/j. 

»  Je  demande  communication,  au  Secrétariat  de  l'Institut,  des  pièces 
qui  ont  servi  à  Paris  et  à  Greenwich  à  arrêter  des  résultats  qu'on  a  publiés 
avec  tant  d'assurance  en  i854,  et  qu'on  vient  contester  aujourd'hui  avec 
une  égale  assurance.  Ces  pièces  existent,  car  M.  Le  Verrier  a  présenté  à 
l'Académie,  le  25  septembre  1 854,  le  dossier  complet  de  l'opération  compre- 
nant toutes  les  pièces  relatives  à  la  mesure  actuelle  :  correspondance,  opérations 
astronomiques,  transmission  des  signaux  et  calculs  (a).  Puisque  M.  Le  Verrier 
m'accuse  hautement  de  l'insuccès  des  opérations,  il  est  de  stricte  justice  que 
ce  dossier,  présenté  à  l'Académie  en  i854,  soit  déposé  en  entier  au  Secré- 
tariat, afin  que  chacun  puisse  l'étudier,  y  rechercher  les  nombreuses 
déterminations  des  erreurs  instrumentales  que  M.  Le  Verrier  y  voyait  en 
1 854,  mais  qu'il  n'y  retrouve  plus  aujourd'hui,  et,  dans  tous  les  cas,  examiner 
comment  ces  résultats,  qu'on  ne  peut,  dit-on,  calculer  aujourd'hui,  ont 
été  pourtant  calculés  en  1 854  et  pnbliés  au  nom  des  deux  observatoires  de 
Londres  et  de  Paris.  Il  convient  que  la  vérité  se  fasse  jour  autrement  que 
par  des  accusations  sans  preuves.  » 

Remarques  de  M.    Le  Verrier. 

«  M.  Le  Verrier  déclare  qu'il  tient  à  la  disposition  de  M.  Faye  tout  ce 
qui  concerne  les  nivellements,  c'est-à-dire  le  seul  point  en  question.  Il  a 

(i)    Comptes  rendus,  t.  XXXIX,  p.  56o,  ligne  io,  en  remontant. 

(2)  Cf.  Comptes  rendus,  t.  XXXIX,  p.  56i  :  «  Je  désire,  enfin,  »  disait  M.  Le  Verrier, 
1  que  l'Académie  me  permette  de  mettre  sous  ses  yeux  le  dossier  complet  dans  lecpiel  sont 
»  comprises  toutes  les  pièces  relatives  à  la  mesure  actuelle  :  correspondance,  opérations 
»  astronomiques,  transmission  des  signaux  et  calculs.  Ce  dossier  sera  conservé  avec  le  plus 
»  grand  soin,  comme  propriété  de  l'État,  et  afin  qu'on  soit  toujours  à  même  de  contrôler 
»   l'exactitude  ou  les  défauts  du  travail.  » 


(  '9$  ) 
d'ailleurs  présenté  ce  document  à  l'Académie  dès  le  premier  jour.  Le  reste 
du  dossier  est  étranger  au  débat,  et  n'a  nul  besoin  d'être  produit. 

»  L'Académie,  ajoute  M.  Le  Verrier,  a  été  témoin  depuis  plusieurs  an- 
nées de  discussions  souvent  fort  vives,  et  auxquelles  la  science  n'a  abso- 
lument rien  à  gagner.  Elles  cachent,  la  plupart  du  temps,  des  prétentions 
tout  autres  que  celles  qu'on  avoue;  et  comme  elles  entraînent  l'Académie 
sur  un  terrain  qui  n'est  pas  le  sien,  sans  que  les  véritables  preuves  puissent 
dès  lors  être  fournies,  on  n'en  saurait  retirer  aucun  résultat  utile.  C'est 
donc  aux  plus  sages,  à  ceux  qui  pensent  avoir  la  raison  pour  eux,  de 
sortir  au  plus  tôt  de  ces  luttes.  Ceux  qui  croiraient,  au  contraire,  ne  pou- 
voir mieux  employer  leur  temps  continueront  à  discuter  seuls,  si  bon  leur 
semble;  pour  moi,  je  reste  exclusivement  à  mes  travaux,  avec  la  ferme 
résolution  de  ne  plus  m'en  laisser  distraire.  » 

CHIMIE.  —  Sur  le  phénomène  de  la  dissociation  (i)  de  l'eau; 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Quand  on  introduit  dans  un  tube  de  terre  poreuse  un  courant,  même 
assez  rapide,  d'hydrogène,  et  qu'on  fait  passer  sur  la  cuve  les  gaz  qui  en 
sortent,  on  recueille,  au  lieu  d'hydrogène,  de  l'air  pur  auquel  l'analyse 
assigne  la  composition  suivante  : 

Oxygène 21  20)9  20,8 

Azote 79  78, 1  78,2 


100  100,0  100,0 

»  Ainsi  l'hydrogène  se  disperse  dans  l'atmosphère  et  l'air  est  absorbé 
dans  l'intérieur  du  tube  poreux,  en  vertu  de  l'endosmose  et  malgré  la  pres- 
sion de  quelques  centimètres  d'eau  ou  de  mercure  que  le  tube  abducteur 
plongé  dans  la  cuve  maintient  dans  l'intérieur  de  l'appareil  (2). 

»  Si  on  prend  ce  tube  poreux,  si  on  l'introduit  dans  un  tube  plus  court  de 
porcelaine  vernissée  et  imperméable,  en  fermant  les  deux  extrémités  du  tube 
de  porcelaine  par  un  bouchon  percé  qui  laisse  passer  le  tube  de  terre 
poreuse,  on  enferme  entre  ces  deux  tubes  un  espace  annulaire  et  cylindrique 
dont  on  pourra  composer  l'atmosphère  à  volonté.  A  cet  effet,  on  percera 


(])   Voyez  Comptes  rendus  ,  t.  XLV,  p.  821.  —  Archives  de  la  Bibliothèque  universelle  de 
Genève,  novembre  i85g,  septembre  1860. 
(2)  Voyez  Comptes  rendus,  t.  LU,  p.  524- 

26. 


(  196  ) 

dans  les  deux  bouchons  deux  ouvertures  qui  laisseront  passer  deux  tubes 
de  verre  :  par  l'un  d'eux  on  fera  arriver  un  courant  de  gaz  quelconque  qui 
pourra  sortir  par  l'autre.  Deux  autres  tubes  de  verre  munis  de  bouchons  per- 
mettront d'introduire  un  autre  gaz  dans  le  tube  de  terre  poreuse  intérieur 
par  l'une  de  ses  extrémités  et  de  laisser  s'échapper  ce  gaz  par  l'autre  extré- 
mité. Tout  étant  ainsi  disposé,  si  l'on  fait  arriver  un  courant  assez  rapide 
d'acide  carbonique  dans  l'espace  annulaire  compris  entre  les  deux  tubes  et 
\ni  courant  d'hydrogène  convenablement  ménagé  dans  l'intérieur  du  tube 
poreux,  on  pourra  enflammer  du  gaz  hydrogène  à  l'extrémité  du  tube  qui 
termine  l'espace  annulaire  et  par  où  on  devrait  s'attendre  à  voir  sortir  l'acide 
carbonique.  Au  contraire  le  tube  poreux  laisse  échapper  de  l'acide  carboni- 
que à  peu  près  pur  qui  éteint  les  corps  en  combustion.  Ainsi,  en  vertu  de 
l'endosmose,  les  deux  gaz  ont  changé  de  lieu  en  traversant  chacun  dans  une 
direction  opposée  la  cloison  poreuse  qui  les  séparait.  Ces  phénomènes,  qui 
permettent  de  réaliser  une  expérience  de  cours  très-frappante  et  très-instruc- 
tive, sont  en  concordance  parfaite  avec  les  faits  observés  déjà  par  M.  Graham 
et  par  M.  Jamin. 

»  Si  on  porte  l'appareil  que  je  viens  de  décrire(i)  dans  un  fourneau  ali- 
menté par  des  charbons  très-denses  et  dans  lequel  on  puisse  produire  faci- 
lement une  température  de  1  ioo°  à  i3oo°,  on  peut  le  faire  servir  à  démon- 
trer le  phénomène  de  la  décomposition  spontanée  de  l'eau,  phénomène 
que  j'ai  proposé  d'appeler  dissociation.  Pour  cela  ,  au  heu  d'hydrogène  ,  ou 
fait  arriver  de  la  vapeur  d'eau  dans  le  tube  intérieur  en  terre  poreuse,  un 
courant  d'acide  carbonique  dans  le  tube  extérieur  ou  espace  annulaire,  et 
on  reçoit  les  gaz  sortant  de  l'appareil  sur  une  cuve  contenant  de  la  lessive  de 
potasse  et  dans  des  éprouvettes  ou  tubes  de  verre  de  1  centimètre  de  large  et 
de  1  mètre  de  haut  pour  arrêter  l'acide  carbonique.  Lorsque  le  fourneau  est 
en  activité,  on  recueille  un  mélange  gazeux  fortement  explosif  et  composé 
des  éléments  de  l'eau,  hydrogène  et  oxygène. 

«  Ainsi  une  partie  de  la  vapeur  d'eau  est  décomposée  spontanément  ou 
dissociée  dans  le  tube  de  terre  poreuse  ;  l'hydrogène,  appelé  par  l'acide  car- 
bonique de  l'espace  annulaire,  a  traversé  la  paroi  perméable  et  s'est  séparé, 
par  l'action  d'un  simple  filtre,  de  l'oxygène  resté  dans  le  tube  intérieur.  Une 
quantité  considérable  d'acide  carbonique  y  a  été  appelée  par  contre  d'après 
la  règle  établie  déjà  par  l'expérience  précédente  et  s'y  est  mêlée  à  l'oxygène. 

(1)  Dans  ce  cas  je  remplis  exactement  l'espace  annulaire  compris  entre  les  deux  tubes  avec 
t!es  fragments  grossiers  de  porcelaine,  ou  mieux  de  biscuit  de  porcelaine. 


(   '97  ) 
Dans  mes  expériences  j'ai  obtenu  environ  i  centimètre  cube  de  gaz  tonnant 
par  gramme  d'eau  employée. 

»  Voilà  donc  le  fait  de  la  dissociation  de  l'eau  démontré  au  moyeu 
d'agents  physiques,  comme  je  l'ai  démontré  déjà  au  moyen  de  l'oxyde  de 
plomb  et  de  l'argent,  qui  interviennent  en  dissolvant  l'oxygène  que  l'eau  dis- 
sociée laisse  en  toute  liberté  vers  iooo°  ou  1 100"  (i  ). 

»  Cependant  les  choses  ne  se  passent  pas  avec  la  simplicité  que  je  viens  de 
supposer  pour  faciliter  l'intelligence  des  détails  du  phénomène  et  de  sa 
cause. 

»  D'abord,  toutes  les  fois  que  de  l'hydrogène  se  trouve  au  contact  de  l'acide 
carbonique,  il  y  a  formation  d'eau  et  d'oxyde  de  carbone.  Aussi  dans  les  gaz 
recueillis  et  provenant  des  parties  de  l'appareil  les  plus  fortement  chauffées 
trouve-t-on  une  grande  proportion  de  l'hydrogène  remplacée  par  l'oxyde  de 
carbone  (2). 


(1)  Voyez  Comptes  rendus,  t.  XLV,  p.  857.  Je  rappellerai  ici  en  quelques  mots  la  dé- 
monstration expérimentale  de  ces  conclusions.  Une  large  nacelle  de  platine  pleine  de  litharge 
exempte  d'oxygène  est  placée  dans  un  tube  de  porcelaine  chauffé  à  iooo"  ou  1  ioo°  environ  : 
le  tube  de  porcelaine  est  traversé  par  un  courant  de  vapeur  d'eau  pure;  la  litharge  se  vola- 
tilise en  partie  et  se  dépose  en  flocons  sur  les  portions  relativement  froides  de  l'appareil,  sous 
la  forme  d'un  dépôt  floconneux  et  jaunâtre  très-réguliérement  disposé  sur  la  paroi  intérieure 
du  tube;  mais  à  un  certain  point  et  au  milieu  de  ces  flocons  s'est  développée  une  couronne 
de  plomb  métallique  noir,  et  la  litharge,  retirée  du  tube  au  moment  opportun,  a  parfois  la 
propriété  d'exhaler  de  l'oxygène  en  se  solidifiant,  comme  dans  les  belles  expériences  de 
M.  F.  Le  Blanc  sur  le  rochage  de  l'oxyde  de  plomb. 

De  la  vapeur  d'eau  s'est  donc  décomposée,  la  litharge  a  dissous  de  l'oxygène,  et  quand, 
par  le  refroidissement,  ses  éléments  se  sont  réunis,  l'hydrogène  mélangé  de  vapeur  d'eau 
reconstituée  a  réduit  la  vapeur  de  litharge.  La  température  des  gaz  dans  cette  région  di 
l'appareil  où  s'est  déposé  le  plomb  métallique  est  la  température  à  laquelle  cesse  le  phéno- 
mène de  dissociation. 

C'est  pour  la  même  raison  que  de  l'argent  fondu  par  SI.  Regnault  au  milieu  de  la  vapeur 
d'eau  dissout  de  l'oxygène  en  prenant  la  faculté  de  rocher  et  sépare  l'hydrogène.  On  ne  peut 
attribuer  ce  phénomène  à  la  décomposition  de  l'eau  par  le  métal,  comme  on  l'a  fait  jusqu'ici  , 
car  l'oxyde  d'argent  n'existe  plus  à  la  température  de  fusion  de  l'argent.  Celui-ci  exerce  donc 
une  action  simplement  dissolvante  sur  des  molécules  d'oxygène  maintenues  en  liberté  par  la 
chaleur.  C'est  vers  le  point  de  fusion  de  l'argent,  c'est-à-dire  vers  960  ou  1000"  environ, 
que  la  dissociation  de  l'eau  s'effectue  ainsi. 

(2)  Cette  transformation  amène  aussi  un  changement  d'action  des  parois  poreuses  et  con- 
tribue à  renverser  le  sens  de  l'endosmose,  mais  seulement  dans  les  parties  de  l'appareil  assez 
froides  pour  que  toute  combinaison  chimique  entre  les  gaz  soit  désormais  ou  impossible  ou 
très-limitée. 


(  i98) 
->  Ensuite,  malgré  les  précautions  qu'on  prend  pour  fermer  hermétique- 
ment un  appareil  aussi  délicat  à  construire,  quand  60  à  70  centimètres 
cubes  d'hydrogène  doivent  le  traverser  en  une  ou  deux  heures,  il  est  impos- 
sible de  ne  pas  perdre  une  certaine  quantité  de  ce  gaz  subtil  qui  s'échappe 
au  travers  des  bouchons  et  des  luts  les  plus  soignés.  Aussi  l'oxygène  est-il 
toujours  en  excès  dans  le  mélange  détonant  :  cette  circonstance  est  même 
une  preuve  incontestable  qu'il  vient  réellement  de  la  décomposition  de 
l'eau  (1),  et  c'est  avec  sa  proportion  dans  le  mélange  qu'on  peut  calculer  le 
plus  exactement,  la  quantité  de  vapeur  d'eau  dissociée  pendant  l'opération. 
>>  Enfin,  quoi  qu'on  fasse,  il  est  impossible  d'éviter  que  l'eau  employée  et 
l'acide  carbonique  produit  en  grandes  masses  n'amènent  un  peu  d'air  et  par 
suite  un  peu  d'azote  dans  le  mélange  détonant;  mais  sa  proportion  est 
souvent  très-faible,  comme  le  prouvent  les  analyses  suivantes  du  gaz  ex- 
plosif : 

1.  11. 

Oxygène 55,7  4^)6 

Hydrogène 24,3(2)  i3,i 

Oxyde  de  carbone o  25,3 

Azote 20  i3        (3) 

100,0  100,0 


(j)  Je  me  suis  en  effet  méfié,  mais  à  tort,  de  l'imperméabilité  de  mes  tubes  de  porcelaine 
qui  sont  recouverts  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  d'une  couche  épaisse  de  matière  vitrifiée. 
Aussi  j'ai  cherché  quelle  était  l'action  d'un  tube  poreux  rempli  d'hydrogène  en  mouvement 
sur  le  gaz  de  la  flamme,  et  j'ai  trouvé  que  les  gaz  qui  y  pénètrent  avaient  la  composition 
suivante  : 

Au  rouge    Au  rouge 
A  |5°.         A  i5o°.  A  2000.       Au  rouge.        vit.        plus  vif 

Oxygène 21  16,7  i4>8  9  8  4 

Acide  carbonique.  ..00  o  444 

Azote 79  83,3  85,2  87  88  92 

100    100,0    100,0    100    100    100 

Ainsi  donc,  dans  la  zone  de  chaleur  blanche  où  se  trouve  le  tube  de  porcelaine,  s'il  était 
poreux,  il  ne  pourrait  absorber  que  de  l'acide  carbonique  et  de  l'azote  presque  uniquement. 
La  petite  quantité  de  ce  gaz  trouvée  dans  les  analyses  prouve  que  la  porosité  de  mes 
tubes  était  sensiblement  nulle. 

(2)  Pour  séparer  l'hydrogène  d'une  grande  quantité  d'azote,  je  recommande  le  procédé 
très-exact  et  très-élégant  de  M.  Peligot,  l'emploi  des  oxydes  de  plomb  et  de  cuivre  fondus 
ensemble  et  d'une  cloche  courbe. 

(3)  Ces  quantités  d'azote,  correspondant  à  25  centimètres  cubes  d'air  dans  la  première  ex- 


(  '99  ) 

»  L'acide  carbonique  détermine  dans  l'opération  la  séparation  des  gaz 
par  endosmose;  mais  il  peut  agir  aussi  mécaniquement.  C'est  ce  que  je  re- 
cherche par  une  série  d'expériences  que  j'ai  tentées,  mais  dont  l'exécution 
est  pleine  de  difficultés  qu'un  pareil  sujet  comporte,  quand  on  veut  être 
rigoureux.  Mais  cequeje  peux  affirmer,  c'est  que  l'eau  seule,  chauffée  dans 
un  tube  de  platine  à  une  température  voisine  de  la  fusion  du  métal,  s'y  re- 
constitue entièrement  à  sa  sortie  ou  ne  s'y  décompose  pas  en  quantité  sen- 
sihle. 

»  L'explication  de  ces  faits  exige  que  j'entre  dans  quelques  calculs  que 
l'Académie  me  permettra,  j'espère,  de  développer. 

»  D'après  des  expériences  que  M.  Debray  et  moi  nous  avons  faites  pour 
déterminer  la  température  de  combustion  de  l'hydrogène  dans  l'oxygène, 
je  peux  affirmer  que  cette  température  n'atteint  pas  2  5oo°(i),  et  je  suis  per- 
suadé que  M.  Edmond  Becquerel  trouve  encore  le  chiffre  fort  exagéré.  C'est 
lepointoùles  gaz  occupent  un  volumeàpeu  près  décuple  de  leur  volume  pris 
à  o°;  c'est  la  limite  au-dessus  de  laquelle  l'eau  est  entièrement  décomposée. 
Mais  cette  décomposition,  comme  on  va  le  voir,  est  accompagnée  d'une 
absorption  de  chaleur  latente  considérable,  nécessaire  pour  maintenir  les 
molécules  d'hydrogène  et  d'oxygène  à  (une  distance  plus  grande  que  le 
rayon  de  la  sphère  de  leur  affinité.  Ainsi  le  phénomène  de  la  décomposition 
des  corps  est  en  tout  semblable  au  phénomène  de  l'ébullition  des  liquides, 
dont  le  caractère  principal  est  l'invariabilité  de  leur  température  sous  l'in- 
fluence d'un  foyer  de  chaleur  d'une  intensité  quelconque,  pourvu  que  la 
pression  soitconstante.  En  me  résumant,  la  vapeur  d'eau  ne  peut  résister  a 
l'action  d'une  température  qui  en  décuple  le  volume  pris  à  o,  et  alors  elle 
se  décompose  pendant  que  ses  éléments  absorbent  de  la  chaleur  latente  que 
j'appellerai  chaleur  latente  de  décomposition,  dont  l'existence  et  la  quotité 
sont  faciles  à  démontrer. 

»  On  admet  aujourd'hui,  d'après  M.  Clausius,  que  la  chaleur  spécifique 


périence  et  à  16  centimètres  cubes  dans  la  seconde,  ont  été  amenés  par  les  appareils  dans 
lesquels  on  a  distillé  100  grammes  d'eau  (sur  aoo  contenus  dans  la  cornue),  et  dégagé  plus 
de  60  litres  d  acide  carbonique.  Ces  quantités  d'air  sont  très-petites  relativement  à  d'aussi 
grandes  quantités  de  matières  employées.  Je  n'ai  pas  toujours  été  aussi  habile  à  purger  d'air 
les  vases  et  les  réactifs  que  j'ai  utilisés. 

(1)  La  température  de  fusion  du  platine  ainsi  déterminée  est  inférieureà  19000.  {Voyez  De- 
bray, sur  la  production  des  températures  élevées,  Leçons  de  la  Société  Chimique,  1861, 
p.  17.) 


(     200    ) 

des  gaz  ondes  vapeurs  ne  varie  pas  avec  la  température,  et  cette  loi  a  été 
vérifiée  par  M.  Regnault  pour  l'air  entre  3o  et  225°.  La  quantité  de  chaleur 
produite  par  la  combinaison  d'un  gramme  d'hydrogène  avec  8  grammes 
d'oxygène  est  de  345oo  calories(i),  d'après  les  nombres  obtenus  parDulong, 
par  MM.  Favre  et  Silbermann;  par  conséquent  3  833  calories  résultent  de 
la  formation  de  i  gramme  d'eau.  Or  la  quantité  de  chaleur  qu'absorbe 
i  gramme  d'eau  pour  passer  de  o°  à  25oo°  est  donnée  par  la  formule 

637  +  (25oo—  100)0,475  =  1680. 

dans  laquelle  GS-j  représente  la  quantité  de  chaleur  qu'il  faut  donner  à 
1  gramme  d'eau  à  o°  pour  transformer  ce  liquide  en  vapeur  à  ioo°,  et  le 
terme  (25oo  —  100)  0,475  représente  la  chaleur  qu'il  faut  donner  à  cette 
vapeur  pour  la  porter  de  1000  à  25oo°.  La  différence  entre  3833  et  16S0  ca- 
lories, c'est-à-dire  i\ 53  calories,  représente  le  chiffre  de  la  chaleur  latente 
de  décomposition  de  l'eau,  chaleur  absorbée  par  ses  éléments  au  moment 
de  leur  séparation. 

«  La  comparaison  entre  les  effets  de  la  cohésion  et  de  l'affinité,  qui  sont 
si  instructifs  pour  les  corps  solides  et  liquides,  se  soutient  donc  dans  les  phé- 
nomènes inverses,  la  volatilisation  et  la  décomposition.  En  admettant  ce  rap- 
prochement, on  voit  que  le  phénomène  de  la  décomposition  des  corps  a 
une  température  relativement  basse,  ou  phénomène  de  dissociation,  corres- 
pond à  la  vaporisation  d'un  liquide  porté  à  une  température  inférieure  à  son 
point  d'ébullition,  et  que  la  quantité  du  corps  dissocié  a  une  température 
donnée  sera  proportionnelle  à  sa  tension  de  dissociation  exprimée  en  milli- 
mètres de  mercure,  comme  la  quantité  de  vapeur  formée  au-dessus  d'un 
liquide  à  une  certaine  température  est  proportionnelle  à  la  tension  maximum 
de  sa  vapeur. 

»  U:i  liquide  ne  possède  aucune  tension  dans  sa  propre  vapeur,  et  la  quan- 
tité d'eau  vaporisée  dans  un  espace  clos  (vide  ou  non),  comparable  au  vo- 
lume de  l'eau  elle-même,  est  petite  et  négligeable  en  général.  De  même  la 
quantité  de  vapeur  d'eau  dissociée,  répandue  à  12000  dans  un  de  nos  bal- 
lons de  porcelaine,  y  est  tellement  petite,  que  la  densité  de  vapeur  n'en  est 
pas  affectée  (2). 

(  1  )  Ce  n'ombre,  si  on  n'admet  pas  qu'il  v  ait  une  clialeurlatente  de  décomposition  , donne, 
rait  pour  la  température  dégagée  parla  combinaison  de  l'oxygène  et  de  l'hydrogène  le  chiffre 
énorme  de  68000  [voyez  Debray,  lor.  cit.,  p.  g),  chiffre  inadmissible,  incompatible  avec  les 
déterminations  connues,  et  inconciliable  avec  les  mesures  de  M.  Edmond  Becquerel. 

(2)  En  se  séparant  en  ses  éléments,  la  vapeur  d'eau  s'augmente  de  la  moitié  de  son  volume 


(    20T     ) 

)>  Si  vous  enfermez  de  l'eau  à  la  température  ordinaire  dans  un  vase  clos 
et  d'un  petit  volume,  la  quantité  d'eau  vaporisée  sera  très-faible,  la  tension 
du  liquide  s'annulant  dès  que  l'espace  est  saturé;  mais  si  vous  y  introduisez 
un  fragment  de  chlorure  de  calcium,  l'eau  s'évaporera  jusqu'à  ce  qu'elle  ait 
liquéfié  et  pour  ainsi  saturé  le  chlorure  de  calcium,  la  tension  de  la  vapeur 
restant  constante  pendant  tout  ce  temps.  C'est  le  rôle  que  jouent  l'argent  et 
l'oxyde  de  plomb  dans  la  vapeur  d'eau  dissociée  à  iooo°.  Ils  absorbent  l'oxy- 
gène et,  si  on  se  débarrasse  en  même  temps  de  l'hydrogène,  la  décomposi- 
tion de  l'eau  continuera  jusqu'à  saturation  complète  des  corps  auxiliaires, 
la  tension  de  dissociation  (exprimée  en  hauteur  de  mercure)  de  J'oxygène 
libre  restant  constante  pendant  l'opération. 

»  Enfin,  si  vous  chauffez  à  haute  température  de  la  vapeur  d'eau  dans 
l'appareil  et  par  les  procédés  que  j'ai  décrits  dans  ce  Mémoire,  vous  produi- 
rez un  effet  analogue  à  celui  qu'on  obtient  quand  on  expose  un  liquide 
volatil  à  un  courant  de  gaz  :  un  vase  plein  d'eau  dans  un  courant  d'air  sec. 
Dans  mon  expérience,  l'acide  carbonique  emporte,  en  même  temps  que  le 
tube  poreux  les  sépare,  les  quantités  d'oxygène  et  d'hydrogène  que  la  ten- 
sion de  dissociation  de  la'vapeur  d'eau  à  cette  température  permet  d'obtenir 
à  chaque  instant  :  de  là  production  d'un  mélange  détonant. 

»  C'est  à  ce  système  d'explication  que  je  m'arrête  pour  le  moment,  sauf  à 
chercher  mieux,  soit  comme  preuves,  soit  comme  principe.    » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —   Noie  sur  la  ventilation  des   amphithéâtres  ;  par 

M.  le  Général  A.  Morin. 

a  Un  grand  nombre  d'observations  m'a  prouvé  que,  malgré  l'opinion 
émise  par  M.  Pécletdans  son  Traité  de  la  chaleur,  3e  édition,  il  n'est  pas  con- 

et,  par  conséquent,  sa  densité  diminue  dans  le  rapport  de  0,62  à  0,42.  Or  nous  avons  pris, 
M.  Troost  et  moi,  la  densité  de  la  vapeur  d'eau  à  1 iS^",  et  nous  l'avons  trouvée  égale  à  o, 65. 
On  peut  donc  admettre  que  la  quantité  de  vapeur  d'eau  dissociée  à  cette  températureest  trop 
faible  pour  diminuer  sa  densité.  Ce  sont  des  faits  de  ce  genre  qui  m'ont  toujours  fait  repous- 
ser l'hypothèse  d'après  laquelle  des  chimistes  très-distingués  pensent  que  les  corps  représen- 
tant huit  volumes  de  vapeur  sont  décomposés  en  leurs  éléments  à  la  température  de  la  déter- 
mination de  leur  densité.  J'ai  aujourd'hui  un  certain  nombre  de  faits  qui  contredisent  cette 
hypothèse  et  que  j'exposerai  dans  une  prochaine  communication.  J'examinerai  aussi  le  cas 
de  dissociation  nouveau  et  très-remarquable  trouvé  par  51.  Pebal,  sur  le  chlorhydrate  d'am- 
moniaque, par  un  procédé  qui  a  des  analogies  avec  celui  que  j'ai  employé  dans  ces  expé- 
riences, et  que  M.  Pebal  vient  de  publier  tout  récemment. 

C.  U.,  iS63,    1"  Semestre.  (T.  LV1,  N°  8.)  27 


(    202    ) 

venable  pour  les  amphithéâtres,  plus  que  pour  tout  autre  local  occupé  d'une 
manière  continue,  d'admettre  l'air  par  le  plancher,  par  les  marches  ou  les 
contre-marches.  Il  faut  au  contraire,  ici  comme  ailleurs,  le  faire  affluer  le 
plus  loin  possible  des  auditeurs,  et,  comme  on  peut  être  obligé  souvent 
le  même  jour  et  d'un  cours  à  un  autre  de  faire  varier  la  température  dans 
certaines  limites,  il  est  nécessaire  d'adopter  des  dispositions  qui  permettent 
de  rendre  le  mélange  d'air  chaud  et  d'air  froid  aussi  complet  et  aussi  facile 
à  modifier  que  possible,  avant  qu'il  arrive  aux  auditeurs.  C'est  là,  il  faut  le 
dire,  la  condition  la  plus  délicate  à  bien  remplir,  et  les  amphithéâtres  sont 
peut-être  le  cas  où  la  difficulté  se  présente  au  plus  haut  degré. 

»  L'air  vicié  étant  celui  qu'il  est  nécessaire  d'évacuer,  il  convient  de  l'em- 
pêcher de  se  répandre  dans  la  salle,  et  par  conséquent  de  l'extraire  là  même 
où  il  est  vicié,  c'est-à-dire  le  plus  près  possible  des  individus,  par  des  ori- 
fices ménagés  dans  les  contre-marches  ou  dans  le  derrière  des  marches,  poul- 
ie faire  passer  au-dessous  de  l'amphithéâtre. 

»  Cette  partie  des  amphithéâtres  doit  être  mise  en  communication  avec 
une  cheminée  d'appel,  dans  laquelle  un  foyer  à  feu  nu  sera  placé  au-dessous 
du  sol,  pour  activer  l'air  appelé  de  l'intérieur  de  l'amphithéâtre. 

»  Des  registres  disposés  en  des  endroits  facilement  accessibles  aux  agents 
du  service  permettront  de  régler,  de  modérer  et  même  de  faire  cesser 
l'appel  selon  les  conditions  variables  de  température  et  d'affluence  du  pu- 
blic, ou  dans  le  cas  où  l'amphithéâtre  sera  vide. 

«  Dans  la  seconde  période,  il  faut  au  contraire,  peu  de  temps  après  l'en- 
trée des  auditeurs  et  suivant  leur  nombre  plus  ou  moins  grand,  extraire  une 
portion  de  l'air  vicié  et  déjà  plus  ou  moins  échauffé. 

»  Or  cet  air  nouveau  serait,  ainsi  qu'on  l'observe  journellement,  fort  in- 
commode si  sa  température  était  très-inférieure  à  celle  de  l'air  extérieur,  et 
surtout  s'il  affinait  trop  près  des  auditeurs. 

»  De  là  résulte  : 

»  i°  La  nécessité  d'introduire  d'abord  l'air  nouveau  dans  une  capacité 
(pie  nous  avons  appelée  chambre  de  mélange,  à  l'aide  de  laquelle,  par  l'af- 
fluence  simultanée  d'air  chaud  et  d'air  frais  en  proportion  que  l'on  puisse 
facilement  régler,  on  se  réserve  le  moyen  de  n'admettre  dans  la  salle  que  de 
l'air  à  une  température  convenable; 

»  2°  L'obligation  non  moins  impérieuse  de  placer  les  orifices  d'arrivée 
de  cet  air  frais  le  plus  loin  possible  des  auditeurs,  c'est-à-dire  vers  le  plafond 
de  l'amphithéâtre,  si  les  dispositions  locales  le  permettent,  ou  au  moins  à 
une  certaine  hauteur.  Quelquefois,  quand  les  amphithéâtres  seront  vastes  et 


(    203     ) 

qu'il  y  aura  d'un  côlé,  entre  la  table  ou  la  chaire  du  professeur,  et  de  l'au- 
tre, entre  les  entrées  du  fond  et  les  premiers  bancs  d'auditeurs,  un  espace 
suffisant,  l'on  pourra  ouvrir  dans  les  parois  verticales  correspondantes  des 
orifices  d'admission:  Mais  en  général,  toutes  les  fois  que  la  construction  le 
permettra,  il  sera  préférable  de  faire  arriver  cet  air  frais  par  le  plafond  ou 
par  les  corniches  au  moyen  d'orifices  proportionnés  de  manière  que  la  vitesse, 
moyenne  d'affluence  n'excède  pas  o™,  /jo  à  om,5o  en  i". 

»  Il  doit  être  entendu  d'ailleurs  que  l'été  l'on  pourra  prendre  cet  air  dans 
des  lieux  où  il  sera  le  plus  frais  possible,  sans  cesser  d'être  pur,  et  du  côté 
des  bâtiments  qui  ne  sont  pas  exposés  à  l'ardeur  du  soleil. 

»  Il  serait  aussi  fort  couvenable  pour  les  amphithéâtres  destinés  à  des 
cours  du  soir  que  des  dispositions,  faciles  d'ailleurs  à  adopter,  analogues  à 
celles  que  nous  avons  indiquées  pour  les  théâties,  pour  les  salles  de  bal, 
pour  les  ateliers,  etc.,  fussent  prises  pour  utiliser  au  profit  de  l'appel  de 
l'air  vicié  la  chaleur  incommode  et  les  gaz  développés  par  les  appareils 
d'éclairage.  Tout  au  moins  faudrait-il,  si  l'on  ne  peut  les  utiliser,  faire  évacuer 
à  l'extérieur  ces  gaz  qui  altèrent  et  échauffent  l'air  intérieur. 

»  Les  dispositions  que  nous  venons  d'indiquer  seront  d'ailleurs  faciles  à 
réaliser,  si  l'architecte  s'occupe  de  la  ventilation  et  du  chauffage  en  même 
temps  que  de  la  construction,  ce  qui  n'arrive  malheureusement  presque 
jamais. 

»  Ventilation  des  amphithéâtres  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers.—  J'ai 
cherché  à  appliquer,  autant  qu'd  m'a  été  possible,  les  règles  précédentes  à 
ces  amphithéâtres  dont  la  ventilation,  insuffisante  pour  le  plus  grand  et 
nulle  pour  le  plus  petit,  donnait  lieu  à  des  inconvénients  assez  graves. 

»  On  sait  que  le  Conservatoire  a  deux  amphithéâtres:  l'un  rectangulaire, 
qui  contient  parfois  plus  de  700  et  même  800  auditeurs;  l'autre  demi-cir- 
culaire, où  il  n'y  a  place  que  pour  400  auditeurs  an  plus. 

»  Ils  sont  chauffés  par  des  calorifères  à  air  chaud,  et  celui  du  petit  am- 
phithéâtre dessert  en  outre  la  bibliothèque  pendant  le  jour. 

»  La  disposition  des  bâtiments  existants  ne  nous  permettait  pas  de  trou- 
ver place  pour  des  cheminées  d'appel  particulières  à  chaque  amphithéâtre 
dans  leur  enceinte,  et  nous  avons  été  conduit  à  établir  au  milieu  de  la  cour 
une  cheminée  spéciale  destinée  à  servir  à  l'évacuation  de  l'air  vicié  de  tous 
les  deux. 

»  Cette  cheminée,  tronc-conique,  a  18  mètres  de  hauteur,  2re,6o  de  dia- 
mètre à  sa  base  et  2™,  10  à  son  sommet,  où  sa  section  est,  par  conséquent, 
de  3œi,46. 


(  204  ) 

»  Elle  est  entourée  extérieurement  par  un  fourneau  recouvert  d'un  au- 
vent pour  le  service  des  laboratoires,  lorsqu'il  y  a  des  préparations  infec- 
tantes à  faire. 

»  A  sa  base  débouchent  deux  galeries  de  2m,45  de  hauteur  sur  im,  11 
de  largeur,  offrant  une  section  de  passage  de  2mq,5o,3,  et  qui  ont  leur  ori- 
gine au-dessous  des  gradins  des  amphithéâtres.  Des  portes,  dont  on  peut 
régler  l'ouverture,  sont  placées  vers  cette  origine,  afin  de  permettre  d'acti- 
ver ou  de  modérer,  selon  les  besoins,  l'énergie  des  appels. 

»  Une  grille  de  i"','22  sur  im,22,  ou  imq,5o8  de  surface,  est  placée  à  im,o8 
de  hauteur  au-dessus  du  sol,  à  la  base  de  la  cheminée,  et  reçoit  un  feu  de 
houille  dont  la  chaleur  détermine  l'appel  de  l'air  vicié  et  subsidiaire  ment 
la  rentrée  de  l'air  pur. 

»  Dans  les  parois  verticales  des  gradins  des  amphithéâtres  sont  prati- 
quées des  ouvertures  grillées  qui  se  trouvent  immédiatement  derrière  les 
jambes  des  auditeurs. 

»  Ces  orifices  d'appel  sont  au  nombre  de  1 45  pour  le  petit  amphithéâtre 
et  offrent  une  section  libre  de  4mq,t>878  qui,  à  raison  de  36o  auditeurs, 
revient  à  omq,oi3o  par  personne. 

»  Dans  le  grand  amphithéâtre,  il  y  en  a  68  offrant  une  section  libre  de 
omq,oo,yi8  par  personne,  en  comptant  sur  700  auditeurs.  Il  y  aura  heu  d'en 
augmenter  le  nombre  si  la  disposition  des  charpentes  le  permet 

»  Chauffage  et  arrivée  de  l'air  nouveau.  —  En  ce  qui  concerne  le  chauffage 
et  l'arrivée  de  l'air  nouveau,  nous  n'avons  pu,  en  1862,  compléter  que 
l'installation  des  appareils  du  petit  amphithéâtre  et  commencer  seulement 
en  partie  celle  du  grand.  Nous  nous  occuperons  donc  principalement  du 
premier. 

»  Le  calorifère  à  air  chaud  a  une  surface  de  chauffe  de  49mq>5i  et  l'am- 
phithéâtre une  capacité  de  1 484  mètres  cubes,  ce  qui  correspond  à  33mq,4 
par  1000  mètres  de  capacité  à  chauffer  et  à  ventiler. 

»  La  prise  d'air  du  calorifère  se  fait  dans  la  cour,  et  l'air  extérieur  arrive 
dans  une  chambre  où  cet  air  se  partage  entre  deux  portions,  dont  l'une 
traverse  l'appareil  pour  s'échauffer,  et  dont  l'autre  se  mêle  plus  loin  à  la 
première  pour  fournir  à  l'intérieur  de  l'amphithéâtre  de  l'air  à  une  température 
convenable.  Ce  mélange  s'opère  et  se  varie,  selon  les  besoins,  au  moyen  de 
registres  que  manœuvre  le  chauffeur,  d'après  les  indications  de  thermo- 
mètres placés  à  l'intérieur  de  l'amphithéâtre.  Les  dispositions  dont  nous 
venons  de  parler  sont  relatives  à  l'air  nouveau  ,  qui  doit  être  introduit  dans 
la  partie  inférieure  de  l'amphithéâtre,  au  pied  et  le  long  du  mur  de  fond, 


(  ao5  ) 
parallèlement  au  plan  du  tableau,  par  des  grilles  placées  à  fleur  du  plancher 
Je  crois  devoir  dire  à  ce  sujet  que  si  j'ai  dérogé  à  la  règle,  que  j'ai  posée 
précédemment,  de  ne  jamais  faire  déboucher  l'air  à  fleur  des  planchers, 
c'est  que  j'ai  été  arrêté  par  quelques  difficultés  locales,  et  que  les  grilles 
sont  à  une  certaine  distance  du  public.  A  l'aide  de  dispositions  particu- 
lières, et  surtout  en  ayant  soin  de  ne  faire  arriver  dans  l'intérieur,  par  ces 
orifices,  que  de  l'air  à  une  température  très-voisine  de  celle  qu'on  veut  y 
conserver,  on  est  parvenu  à  éviter  presque  entièrement  les  inconvénients 
que  l'on  pouvait  craindre  de  ce  mode  d'introduction.  Cependant  je  n'en- 
gagerais pas  à  l'imiter,  et  il  est  probable  que  je  modifierai  cette  disposition 
en  faisant  affluer  cet  air  à  3  ou  4  mètres  au-dessus  du  sol. 

»  La  plus  grande  partie  de  l'air  nouveau  nécessaire  à  l'assainissement 
de  l'amphithéâtre  est  d'ailleurs  fournie  par  des  orifices  ménagés  au-dessus 
de  la  corniche  qui  existe  à  la  naissance  de  la  voûte  hémisphérique. 

»  Ces  orifices  rectangulaires  ont  om,4o  de  hauteur  sur  un  développe- 
ment de  8m,  4o,  et  présentent  ensemble  une  surface  libre  de  3mi,  1 8  ;  soit 
omi',oo8  par  auditeur. 

»  Ils  sont  ouverts  dans  la  paroi  d'un  canal  en  arc  de  cercle  compose  de 
deux  parties,  établi  dans  le  comble,  en  arrière  de  la  voûte,  concentrique- 
ment  à  la  salle. 

»  Sur  la  corniche  et  devant  ces  orifices,  on  a  placé  ultérieurement,  et  par 
des  motifs  dont  je  parlerai  plus  loin,  une  sorte  de  paravent  de  om,55  de 
hauteur  qui  dirige  l'air  tangentiellement  à  la  voûte  et  l'empêche  d'affluer 
directement  vers  les  spectateurs. 

»  Enfin  deux  ouvertures  circulaires  de  om,g5  de  diamètre,  garnies  de 
grilles,  et  offrant  une  surface  libre  de  omci,']5i^,  sont  pratiquées  dans  le 
tympan  auquel  est  limitée  la  voûte  hémisphérique  et  fournissent  aussi  de 
l'air  nouveau. 

»  Ces  deux  dernières  séries  d'orifices,  comme  ceux  de  la  corniche  et  du 
tympan,  sont  alimentées  par  un  mélange  d'air  chaud  et  d'air  froid  obtenu 
et  réglé  de  la  manière  suivante  :  l'air  chaud  est  envové  par  le  calorifère  dans 
deux  conduits  rampants  passant  sous  les  gradins  aux  deux  extrémités  de 
l'hémicycle;  il  débouche  dans  un  conduit  vertical  pour  gagner  le  conduit 
circulaire  de  distribution  établi  en  arrière  de  la  corniche,  dans  le  sens 
duquel  il  est  dirigé  par  une  languette  horizontale  de  3  mètres  environ  de 
longueur. 

»  Presque  directement  au-dessus  de  ce  conduit  d'air  chaud  ascendant 


(  ao6  ) 
se  trouve  une  cheminée  d'introduction    d'air    débouchant    au-dessus  du 
toit,  et  par  laquelle,  sous  l'action  de  l'appel,  il  se  produit  un  courant  des- 
cendant, qui  est  dirigé,  par  la  même  languette  dont  nous  venons  de  parler, 
dans  le  conduit  circulaire  de  distribution. 

»  Il  se  développe  ainsi  deux  courants  verticaux,  l'un  ascendant  inférieur, 
d'air  chaud,  passant  sous  la  languette;  l'autre  descendant,  d'air  froid,  pas- 
sant au-dessus  de  cette  languette.  Ils  arrivent  dans  le  même  sens  dans  le 
conduit  de  distribution,  et  quand  ils  sont  parvenus  à  l'extrémité  delà  lan- 
guette qui  les  séparait,  le  courant  d'air  chaud,  plus  léger,  se  mêle  nécessai- 
rement au  courant  d'air  froid. 

»  Ce  dispositif  me  semble  à  la  fois  le  plus  simple  et  le  plus  sûr  qu'il  soit 
possible  d'employer. 

»  Des  registres,  disposés  dans  les  deux  conduits  d'air  chaud  et  d'air 
froid,  permettent  de  varier  la  proportion  du  mélange  de  manière  à  l'amener 
à  la  température  convenable. 

»  Pour  éviter  que  les  portes  qui  donnent  accès  au  public,  soit  dans  l'am- 
phithéâtre, soit  dans  l'enceinte  réservée,  n'y  produisent,  parleur  ouverture 
ou  par  leur  fermeture  incomplète,  des  courants  d'air  désagréables,  nous 
avons  fait  disposer,  dans  le  couloir  circulaire  d'arrivée  du  public,  deux 
bouches  de  chaleur  qui  y  maintiennent  une  température  inférieure  à  celle 
de  l'amphithéâtre.  De  plus,  entre  les  portes  qui,  de  part  et  d'autre,  con- 
duisent dans  l'enceinte  réservée  et  au  siège  des  professeurs,  deux  autres  bou- 
ches, venant  aussi  du  calorifère,  versent  de  l'air  chaud  dans  le  même  but. 

>-  Tel  est  l'ensemble  des  différentes  dispositions  prises  pour  le  petit 
amphithéâtre.  Elles  ont  été  exécutées  avec  beaucoup  de  soin  et  d'intelli- 
gence par  M.  Guérin,  ingénieur  de  la  maison  Léon  Duvoir-Leblanc. 

»  De  la  température  qu'il  convient  de  maintenir  dans  un  amphithéâtre.  — 
Au  moment  où  l'on  a  commencé  à  faire  fonctionner  le  chauffage  et  la  ven- 
tilation, je  croyais,  d'après  l'expérience  ordinaire  des  lieux  habités,  qu'une 
température  de  i6°  à  i8°  était  celle  qu'il  convenait  de  maintenir  dans  un 
amphithéâtre  rempli  d'auditeurs,  et  les  appareils  furent  conduits  en 
conséquence. 

»  L'observation  ne  tarda  pas  à  faire  reconnaître  qu'il  y  avait  là  une 
erreur,  et  qu'il  n'en  est  pas  d'un  lieu  abondamment  ventilé  comme  d'un 
appartement  qui  ne  l'est  pas. 

»  Toutes  les  fois  que  la  température  est  descendue  à  i8°  ou  un  peu  au- 
dessous,  MM.  les  professeurs  comme  les  auditeurs  ont  trouvé  qu'il  faisait 


(    207    ) 

trop  frais,  et  nous  sommes  successivement  arrivés  à  maintenir  le  plus  habi- 
tuellement cette  température  à  20  et  21  °,  quel  que  soit  le  nombre  des  audi- 
teurs. 

»  Quant  à  l'air  affluent,  pour  qu'il  ne  causât  pas  une  sensation  désa- 
gréable, il  a  fallu  lui  donner  dans  le  bas  une  température  presque  égale  à 
celle  de  l'intérieur,  et  dans  le  haut,  au  pourtour  de  la  corniche,  tout  au 
plus  5  à  6°  de  moins. 

»  Résultais  d'observations.  —  L'élévation  de  la  température  dans  les  am- 
phithéâtres étant  la  principale  cause  du  malaise  qu'on  y  éprouve  souvent, 
notre  attention  s'est  d'abord  portée  sur  la  réglementation  des  températures. 

»  L'on  y  est  parvenu  très-promptement  à  l'aide  des  registres  qui,  pour 
chaque  orifice  d'arrivée  de  l'air  nouveau,  permettent  de  proportionner  à 
volonté  les  volumes  d'air  chaud  et  d'air  froid,  en  ouvrant  plus  ou  moins  la 
porte  d'accès  de  l'air  vicié  dans  les  galeries  d'appel,  et  enfin  en  activant  le 
foyer  de  la  cheminée  d'évacuation,  selon  que  sa  température  extérieure  était 
plus  ou  moins  élevée. 

»  Après  très-peu  de  jours,  le  chauffeur  est  devenu  si  familier  avec  la 
marche  des  appareils  que,  quels  qu'aient  été  le  nombre  des  auditeurs  et  la 
température  extérieure,  il  est  parvenu  à  renfermer  la  température  inté- 
rieure, dans  le  bas  et  dans  le  haut  de  l'amphithéâtre,  entre  les  limites  de 
19,  20  et  2i°  centigrades. 

»  C'est  ce  que  constate  tous  les  jours,  pour  toutes  les  séances  et  depuis 
plus  de  deux  mois,  un  registre  d'observations  dont  je  me  borne  à  extraire 
les  chiffres  relatifs  à  une  quinzaine. 


„      ,         ,,      ,.               (1er  Cours  . 
Nombre  d  auditeurs. .  1 

(  2  e    Cours  . 

Température  extérieure. 

Tempera-    /                   ,  i«  Cours  . 

tnr«         \  en  bas  . .  .    „    „ 
.     tu.re        \                  '2e   Cours 
intérieure    1                  ,    ,_  _ 

del'amphi-    en  haut .  |  '      Cours  ' 
théâtre.      !                   (  '2e    Cours  . 

Températures  intérieure  s  moyen  nés 

Moyenne  générale  .  . 

DÉCEMBRE 

24 

JANVIER 

16 

17 

18 

U) 

20 

21 

22 

23 

4 

5 

6 

7 

8 

9 

206 

«8 

0° 
20 
20 
20 
20 

23.', 

3° 

20 
20 
20 
20 

So 

7° 
6° 

20 
20 
20 
20 

3 1 5 

36o 

r-O 
20 

'9 

20  j  5 
20 

2J0 
I2/| 
11" 

20 

21 

21 

21 

i5S 
i5g 
8° 

20 

'9 

20 
20 

213 

,98 

4° 
18 

20 
20 
20 

188 

37 

5° 

22 
20 
20 
20 

216 
1S0 

1 
21 
20 
20 
20 

82 
35 
fi° 

'9 
20 

'9 

«9 

240 

210 
8° 
21 
20 
21 
20 

57 
7° 

'9 
» 

20 

275 
172 
5° 

19 
20 

■9 
20 

92 
58 
50 

■9 

18 
20 
■9 

295 
3fi5 
3° 
18 

iS 
20 
■9 

20 

20 

20 

.y, 88 

20,  fô 

20,75 

19,50 

20, 5o 

20,20 

19)25 

20, 5o 

19.5 

■9>5 

■9 

,8, 75 

19,84 

(    2o8    ) 

»  L'on  voit  par  ces  résultats,  qui  d'ailleurs  sont  obtenus  par  un  simple 
chauffeur  intelligent  et  actif,  combien  les  dispositions  adoptées  permettent 
d'obtenir  de  régularité  dans  la  température  intérieure. 

»  L'on  peut  voir  aussi  par  ce  tableau  que,  pendant  ces  quinze  jours  de 
cours,  la  température  extérieure  a  varié  de  o  à  8°,  le  nombre  des  auditeurs 
de  35  à  365  (de  i  à  io)dans  le  même  local,  et  que  cependant  la  température 
intérieure  a  pu  être  maintenue  avec  une  régularité  telle,  que  la  moyenne 
générale  ayant  été  de  io,°,84,  le  plus  grand  écart  de  la  température  inté- 
rieure par  rapport  à  cette  moyenne  n'a  été  en  moins  que  de  i°,84  et  ne 
s'est  produit  que  le  22  décembre  et  le  9  janvier,  ou  trois  fois  en  vingt-huit 
séances,  et  que  le  plus  grand  écart  en  plus  n'a  été  que  de  i°,25  et  ne  s'est 
produit  que  le  23  décembre,  ou  une  seule  fois  sur  vingt-huit  séances. 

»  Il  y  a  même  cela  de  remarquable  que,  dés  qu'on  s'aperçoit  qu'un  sur- 
croît accidentel  d'auditeurs  ou  toute  autre  cause  tend  à  élever  la  tempéra- 
ture au  delà  de  20  à  210,  un  simple  changement  d'ouverture  des  registres 
suffit  pour  produire  en  quinze  minutes  un  abaissement  de  température  de  i° 
et  revenir  à  la  température  normale  fixée  à  19  ou  200. 

»  Volume  d'air  vicié  évacué  par  heure  et  par  auditeur.  —  Des  expériences 
exécutées  le  10  janvier  i863,  alors  que  la  température  extérieure  était  de  6° 
et  la  température  intérieure  de  200  au  petit  amphithéâtre  et  de  19  à  200  au 
grand,  ont  montré  qu'en  maintenant  au  bas  de  la  cheminée  d'évacuation  une 
température  de  33°,  supérieure  de  270  à  la  température  extérieure,  on  pou- 
vait faire  évacuer  par  cette  cheminée  2604  3  mètres  cubes  d'air  par  heure,  en 
tenant  les  portes  des  galeries  partiellement  ouvertes;  sur  ce  volume  total 
1  3535  mètres  cubes  venaient  du  grand  amphithéâtre  et  1  2  5o8  mètres  cubes 
du  petit. 

»  La  vitesse  moyenne  de  l'air  vicié  appelé  des  amphithéâtres  était,  dans 
la  galerie  venant  du  grand,  égale  à  im,45,  dans  celle  du  petit  im,34,  et  elles 
pourraient  être  facilement  augmentées  en  donnant  plus  d'activité  au  foyer 
d'appel  ou  en  ouvrant  davantage  les  portes  d'entrée  de  ces  galeries. 

»  L'évacuation  de  i2  5o8  mètres  cubes  d'air  par  heure  du  petit  amphi- 
théâtre, alors  qu'il  y  avait  dans  son  enceinte:  au  premier  cours,  i23auditeurs, 
au  deuxième  i44>  en  moyenne  i32  auditeurs,  correspond  à  une  évacuation  et 
.1  une  introduction  d'air  nouveau  de  96rac,75  par  heure  et  par  auditeur. 

»  L'intérieur  de  l'amphithéâtre  ne  laissait  percevoir  aucune  trace  d'odeui 
sensible,  et  même  le  courant  d'air  vicié  extrait  qui  parcourait  la  galerie 
d'évacuation  ne  produisait  aucune  sensation  perceptible. 

»  Mais  il  n'en  était  pas  de  même,  le  même  jour,  de  l'air  extrait  du  grand 
amphithéâtre,  dont  le  volume,  trouvé  égal  à  i3  535  mètres  cubes  alors  qu'il 


(  *°9  ) 
y  avait  au  premier  cours  480  auditeurs  et  au  second  620,  soit  en  moyenne 
53o  auditeurs,  correspondait  à  une  ventilation  de  24™, 43  par  heure  et  par 
auditeur. 

»  Quoique  dans  l'intérieur  de  l'amphithéâtre  l'air  parût  sain  et  inodore, 
il  n'en  était  pas  de  même  de  celui  qui  en  était  extrait  et  qui  affluait  vers  la 
cheminée  par  le  conduit  d'évacuation.  Il  résulte  de  cette  dernière  observa- 
tion que  le  volume  de  20  mètres  cubes  par  heure  et  par  auditeur  paraît  être 
une  limite  inférieure  au-dessous  de  laquelle  ne  doit  pas  descendre  la  ven- 
tilation d'un  amphithéâtre  ou  d'un  local  analogue  destiné  à  contenir  mo- 
mentanément un  public  nombreux,  compacte  et  en  repos. 

»  L'on  remarquera  d'ailleurs  que,  pour  le  petit  amphithéâtre,  dont  nous 
regardons  l'installation  comme  à  très-peu  près  complète,  le  volume  de 
12  5o8  mètres  cubes  d'air  évacué  le  10  janvier  correspondait,  même  poul- 
ies séances  les  plus  nombreuses,  où  il  y  a  eu  jusqu'à  365  auditeurs,  à  34me,28 
par  heure  et  par  auditeur,  et  que  ce  volume  pourrait  être  facilement  aug- 
menté par  la  seule  ouverture  de  la  porte  d'appel  et  par  l'accroissement 
d'activité  du  feu. 

»  Je  ferai  connaître  plus  tard,  lorsque  les  dispositions  que  je  me  propose 
de  prendre  pour  le  grand  amphithéâtre  auront  pu  y  être  complétées,  les 
résultats  définitifs  qui  auront  été  obtenus.  Pour  le  moment,  je  me  borne- 
rai à  dire  que  nous  sommes  également  parvenus  à  y  maintenir  une  tempé- 
rature à  très-peu  près  constante,  malgré  les  variations  des  températures 
extérieures  et  celles  du  nombre  des  auditeurs. 

»  J'en  fournis  ici  pour  preuve  le  relevé  suivant  des  températures  de 
quinze  jours  consécutifs,  complètement  conforme  d'ailleurs  à  l'ensemble 
des  résultats  obtenus  depuis  le  4  novembre  1862  jusqu'à  ce  jour. 


„      .         ,,                      (  1er  Cours  . 
Nombre  d  auditeurs.    !         „ 

2e    Cours  . 

Dt 

-CEMB 

20 

RE 

JANVIER 

16 

17 

18 

19 

21 

22 

23 

24 

4 

5 

6 

7 

8 

9 

53o 
655 

0° 
20 
20 
20 
20 

55o 
C8o 
3° 

20 
20 
20 
20 

342 

675 

G° 

20 

20 

20,5 

20 

3i5 
5i3 

7° 
20 

19 
21 
20 

466 
64o 
6° 

20 

21 

2! 
21 

387 
5io 
8° 
20 

"9 
20 
20 

48o 

45o 
40 
18 
20 
20 
20 

48o 
63o 
5° 
22 
20 
20 
20 

345 
575 

7° 
21 
20 
20 
20 

278 

3i3 
6" 
18 
18 
18 
•9 

374: 
27S 
8" 
21 
20 
20 
20 

590 
640 
7° 
'9 
20 
20 
20 

46o 
680 

7° 
18 
20 

19 
20 

54o 

670 

5° 

"9 
20 
20 
21 

46o 
378 

3° 
18 
'7 
'9 

iS 

Tempéra-    /        ,          (  î"  Cours 
i  en  bas . .  !        _ 
ture         ]                   (  2e   Cours  . 

de  l'amphi-  J       ,           (  i«  Cours  . 
,,  ...           (en  haut.  !     ,     _ 
théâtre.      \                  1  2e    Cours. 

10  j  i\j 

C.  R.,  i863,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  S.) 


28 


(    21°    ) 

»  Ce  tableau  moptre  que,  pendant  les  quinze  jours  qu'ont  dure  les 
observations,  la  température  a  varié  de  o°  à  8°,  le  nombre  des  auditeurs 
de  278  à  688,  ou  de  1  à  2,08,  et  que  cependant  les  températures  intérieures 
ont  pu  être  maintenues  avec  une  régularité  telle,  que  la  moyenne  générale 
de  la  température  ayant  été  de  190  76,  les  plus  grands  écarts  de  la  tempé- 
rature intérieure,  par  rapport  à  cette  moyenne,  ont  été  une  seule  fois 
de  i°,76  en  moins,  et  une  fois  seulement  de  2°,84  en  plus. 

»  L'on  voit  donc  avec  quelle  régularité,  par  les  dispositions  encore  in- 
complètes qu'il  nous  a  été  possible  d'exécuter  en  1862,  l'on  parvient  déjà  à 
modérer  les  températures  intérieures.  Ce  qui  nous  reste  à  faire  est  relatif 
aux  arrivées  d'air  nouveau  qu'il  s'agit  de  rendre  plus  nombreuses,  mieux 
réparties  et  surtout  moins  incommodes  pour  le  public.  Nous  avons  la 
certitude  d'y  parvenir  facilement. 

»  Observations  sur  les  avantages  des  dispositions  employées,  au  point  de  vue 
de  la  salubrité  du  chauffage.  —  Le  mélange  de  l'air  chaud  fourni  par  le  calo- 
rifère, en  proportions  variables  à  volonté,  avec  l'air  frais  pris  à  l'exté- 
rieur, permet  de  n'introduire  dans  les  salles,  pour  le  chauffage,  que  de 
l'air  à  une  température  très-modérée  et  fait,  par  conséquent,  disparaître 
l'un  des  principaux  inconvénients  que  l'on  reproche  à  tous  les  calorifè- 
res à  air  chaud  employés  jusqu'à  ce  jour. 

»  D'une  autre  part,  l'aspiration  énergique  exercée  par  la  cheminée  d'ap- 
pel tend  à  accroître  très-notablement  la  distance  à  laquelle  l'air  chaud  de  ce 
calorifère  pourrait  arriver,  ce  qui  diminue  encore  un  autre  inconvénient 
de  ce  genre  d'appareils. 

»  En  terminant  cette  communication,  je  crois  devoir  rappeler  que  les 
dispositions  que  j'ai  adoptées  ont  été  en  grande  partie  commandées  par 
l'état  des  lieux  et  des  constructions  existantes,  et  que,  s'il  s'était  agi  de 
constructions  neuves,  elles  eussent  été  plus  simples,  mieux  coordonnées 
et  plus  économiques.  Aussi  ai-je  l'espoir  de  pouvoir  fournir  aux  con- 
structeurs un  type  plus  complet  et  plus  parfait  dans  le  nouvel  amphi- 
théâtre, dont  la  construction  sera  commencée  dans  le  courant  de  cette 
année    1 863.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

M.  Duhamel,  qui  avait  été  désigné  pour  faire  partie  de  la  Commission 
mixte  chargée  de  faire  le  Rapport  sur  l'orgue  installé  à  Saint-Sulpice  par 
MM.Cavaillé-Coll,  ne  pouvant,  en  raison  d'une  absence  prochaine,  prendre 
part  aux  travaux  de  la  Commission,  demande  à  y  être  remplacé. 

M.  Séguier  est  désigné  à  cet  effet. 


(  an  ) 

M.  le  Maréchal  Vaillant  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Martin  de 
Brettes,  un  Mémoire  «  sur  la  similitude  des  trajectoires  des  projectiles 
oblongs  de  forme  extérieure  semblable  et  l'application  de  cette  propriété 
au  tracé  des  trajectoires,  à  l'établissement  des  tables  de  tir,  à  la  détermina- 
tion d'un  projectile  capable  d'un  effet  donné  et  de  sa  bouche  à  feu,  etc.  » 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Piobert,  Morin  et  de  M.  le  Maréchal  Vaillant. 

M.  Mathieu  présente  au  nom  de  M.  IVibern,  jeune  savant  suédois,  une 
machine  très-simple  avec  laquelle  on  peut,  au  moyen  des  différences  de 
divers  ordres,  calculer  et  imprimer  des  Tables  numériques. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Chasles,  Delaunay.) 

métallurgie.  —  Etudes  sur  Parier  (Suite)  ;  par  M.  H.  Caron.  (Présenté  par 

M.  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Peligot,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Trempe  de  Parier.  —  Dans  la  dernière  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
présentera  l'Académie  (i),  j'ai  montré  analytiquement  la  différence  qui 
existe  entre  l'acier  non  trempé,  l'acier  martelé  et  l'acier  trempé;  j'ai  (ait  voir 
que  l'effet  produit  d'une  manière  complète  par  la  trempe  se  trouve  réalisé 
partiellement  parle  martelage.  Ceteffel,  c'est  la  combinaison  intime  du  char- 
bon et  du  fer;  il  me  suffira  donc  maintenant,  pour  expliquer  le  phénomène 
de  la  trempe,  de  démontrer  qu'en  refroidissant  brusquement  un  morceau 
d'acier,  on  soumet  en  réalité  ce  métal  à  une  compression  presque  instan- 
tanée qui  a  la  plus  grande  analogie  avec  le  choc  d'un  marteau. 

»  Je  prends  une  barre  d'acier  de  qualité  supérieure,  je  la  chauffe  rapi- 
dement à  la  température  nécessaire  pour  obtenir  une  bonne  trempe,  et  je 
la  plonge  immédiatement  dans  l'eau  froide.  Voici  les  changements  qu'on 
remarque  dans  les  dimensions  de  cette  barre  : 

Avant.  A»  rouge      Apn's  la  trempe. 

!  20,00  20,3?.  '9>95 

1 ,00  1 ,o3  1 ,01 

1 ,00  1  ,o3  1 ,01 

Volume  en  centimètres 20,000  21,557  2o,35i 

><  D'après  les  nombres  qui  précèdent,  il  est  facile  de  reconnaître  que  la 


(1)   Comptes  rendus,  5  janvier  i863. 

28.. 


(  2'2  ) 

barre  portée  au  rouge  s'est  dilatée  de  20cc,ooo  à  21™, 557;  en  'a  treni~ 
pant  dans  l'eau,  son  volume  est  revenu  à  2OC0,35i;  l'effet  de  la  trempe 
sur  le  métal  a  donc  été  de  rapprocher  brusquement  les  molécules  les  unes 
des  autres  par  un  mouvement  tellement  rapide,  qu'il  ressemble  dans  ses  effets 
phvsiques  au  choc  d'un  marteau  agissant  en  même  temps  dans  tous  les 
sens.  C'est  ce  choc  qui  produit  la  combinaison  entre  le  fer  et  le  charbon. 
La  température  a  pour  effet  de  dilater  le  métal  et  de  donner  aux  molécules 
la  mobilité  nécessaire  pour  qu'elles  puissent  se  réunir  ;  le  refroidissement 
rapide,  en  les  rapprochant  brusquement,  produit  la  combinaison. 

»  L'hypothèse  d'une  combinaison  produite  par  un  choc  n'a  rien  que  de 
très-vraisemblable;  je  pourrais  citer  bien  des  corps  qui  se  combinent  dans 
ces  circonstances;  néanmoins  il  sera  préférable,  je  crois,  de  prouver  par  une 
expérience  que  la  combinaison  du  fer  avec  le  charbon  ordinaire  peut  s'ob- 
tenir directement  par  le  choc.  Une  barre  de  fer  portée  au  rouge  vif  est 
martelée  rapidement  sur  une  enclume  recouverte  de  charbon  finement 
pulvérisé;  lorsque  cette  barre  s'est  refroidie  jusqu'au  rouge  sombre,  on  la 
trempe  immédiatement  dans  l'eau  froide.  On  reconnaît  alors  que  dans 
certaines  places  le  fer  s'est  transformé  superficiellement  en  acier  et  peut  par- 
faitement résister  à  la  lime.  Le  même  fer  porté  au  rouge,  refroidi  au  mi- 
lieu du  charbon  sans  être  martelé,  n'offre  pas  trace  d'aciération  après  une 
trempe  exécutée  dans  les  mêmes  conditions. 

»  Tl  est  facile  d'expliquer  pourquoi  le  martelage  ne  peut  produire  une 
combinaison  aussi  complète  que  la  trempe.  Le  martelage,  en  effet,  ne  rap- 
proche les  molécules  que  dans  un  sens  seulement,  tandis  que  la  trempe  agit 
en  même  temps  dans  tous  les  sens;  de  plus,  la  température  qui  persiste 
dans  le  métal  après  le  choc  du  marteau  tend,  comme  je  l'ai  démontré,  à 
détruire  la  combinaison  obtenue.  Au  contraire,  après  le  choc  résultant  de 
la  trempe,  le  métal  est  complètement  froid  ;  il  n'y  a  plus  de  réaction  possible, 
et  la  combinaison  du  fer  avec  le  charbon  ne  peut  plus  être  détruite  que  par 
une  nouvelle  application  de  la  chaleur. 

»  Des  effets  de  la  trempe.  —  D'après  Réaumur  (i)et  Rinman  (2),  le  volume 
de  l'acier  trempé  est  de  -^  plus  grand  que  celui  de  l'acier  non  trempé. 
Karsteu  (3),  au  contraire,  dit  qu'il  n'est  pas  bien  certain  que  tous  les 
aciers  trempés  augmentent  de  volume  et  diminuent  de  densité.   J'ai   fait  à 

(1)  Réaumur,  l'Art  de  convertir  le  fer  forgé  en  acier,  p.  338. 

(2)  Rinman,  t.  I,  p.  220  à  228. 

(3)  Rarsten,  t.  III,  p.  38o. 


(  »*3  ) 
ce  sujet  quelques  recherches  qui  sont  intimement  liées  à  mes  travaux  chi- 
miques sur  l'acier;  je  demande  la  permission  de  les  rapporter. 

»  Pour  opérer  la  trempe  de  l'acier  dans  les  conditions  les  plus  favorables 
à  la  conservation  de  ses  formes,  je  l'ai  chauffé  à  l'abri  de  l'air  dans  un  tube 
en  terre  rempli  d'hydrogène. 

»  Une  barre  d'acier  martelé  de  i  centimètre  carré  sur  20  centimètres  de 
long  a  été  trempée;  après  la  trempe,  la  longueur  de  la  barre  avait  diminué 
de  omm,5;  les  autres  dimensions  avaient  augmenté  de  omm,  06;  quant  a  la 
densité,  elle  était  un  peu  plus  faible,  7,79b'  au  lieu  de  7,817.  Avec  d'aussi 
petites  différences,  il  m'était  difficile  d'arriver  aune  conclusion  bien  nette; 
je  pris  donc  le  parti  de  répéter  plusieurs  fois  la  même  opération,  et  j'obtins 
les  nombres  suivants  : 


Avant 

Après 

Après 

Après 

la  trempe. 

10  trempes. 

20  trempes. 

3o  trempes 

(A) 

(    20,00 

ig,5o 

l8,64 

■7.97 

imensions  en  centimètres. 

]     °>94 

0,96 

°>97 

i  ,00 

f    0,93 

0,96 

°>97 

1 ,00 

»  Ainsi  une  barre  d'acier  de  20  centimètres  de  long,  sous  l'influence  de 
3o  trempes  successives,  a  diminué  de  près  de  2  centimètres,  c'est-à-dire  d'un 
dixième  environ  de  sa  longueur.  Après  avoir  subi  ces  3o  trempes,  elle  fin 
blanchie  à  la  meule  et  au  papier  d'émeri,  et  je  pus  constater  que  sa  densité, 
qui  était,  avant  l'opération,  de  7,817,  était  devenue  de  7,743.  Le  volume 
avait  donc  augmenté,  ce  qu'on  pouvait  constater,  du  reste,  par  une  mesure 
directe.  Je  dois  dire  aussi  que  cette  barre  avait  presque  complètement  con- 
servé la  vivacité  de  ses  arêtes,  et  qu'il  était  tout  à  fait  impossible  d'attribuer 
sa  diminution  de  longueur  à  une  oxydation  répétée.  Ces  expériences,  re- 
nouvelées sur  un  grand  nombre  de  barres  d'acier  de  bonne  qualité  (1),  me 
donnèrent  toujours  les  mêmes  résultats,  et  je  dus  en  conclure  que,  sous 
l'influence  de  la  trempe,  l'acier  en  barre  diminuait  dans  sa  longueur,  mais 
augmentait  en  largeur  et  hauteur  dans  des  proportions  telles,  que  sa  densité 
devenait  moindre. 

»  Néanmoins  l'opinion  de  Karsten,  que  j'ai  citée  plus  haut,  et  la  diffé- 
rence (analytiquement  parlant)  que  je  rencontrais  entre  les  aciers  diverse- 
ment fabriqués,  me  portèrent  à  continuer  ces  recherches.  Je  pris  alors  des 
aciers  étirés  au  banc  et  des  aciers  laminés;  je  fis  des  essais  sur  des  barres 

(1)  Il  est  nécessaire  que  l'acier  soit  de  très-bonne  qualité,   autrement  il  se  fend  après 
quelques  trempes. 


(    2J4    , 

prises  dans  des  tôles  d'acier  d'Allemagne,  soit  en  long,  soit  en  travers.  Voici 
sommairement  les  résultats  que  j'obtins  : 


Acier  rond  étiré  au  banc. 


Dimensions 

Dimensions 

avant  la  irempe. 

après  10  trempes 

j  20, o5 

•9>98 

i       1,16 

,,i<; 

1    20,00 

20,45 

(     1 ,5i 

1  ,5i 

(    3>:° 

3,70 

Acier  lamine  (tôle  d'Allemagne) 


»  En  tenant  compte  des  chiffres  donnés  plus  haut  (A),  on  voit  que,  sous 
l'influence  de  la  trempe,  i°  L'acier  réduit  en  barre  au  moyen  du  marteau 
diminue  dans  le  sens  de  l'étirage;  i°  l'acier  rond  obtenu  en  partie  au  mar- 
teau et  ensuite  étiré  au  banc  (  1  )  change  à  peine  de  longueur;  3°  l'acier 
laminé  pris  soit  en  long,  soit  en  travers  des  feuilles  de  tôle,  augmente  de 
longueur  (2). 

»  La  densité  diminue  dans  tous  les  cas  de  la  même  façon. 

»  Ainsi  donc  une  barre  d'acier  peut,  par  la  trempe,  prendre  des  dimen- 
sions nouvelles  mais  variables  en  plus  ou  en  moins,  suivant  la  manière  dont 
le  métal  a  été  travaillé.  On  s'explique  facilement  par  là  pourquoi  les  objets 
minces,  comme  les  limes,  par  exemple,  peuvent  se  voiler  à  la  trempe;  il 
suffit  que,  dans  leforgeage,  l'acier  ait  été  plus  frappé  sur  une  face  que  sur 
la  face  opposée.  Au  moment  de  l'immersion  dans  l'eau,  le  côté  qui  s'est  le 
plus  allongé  à  la  forge  diminue  pins  que  l'autre  par  la  trempe  et  produit  le 
défaut  que  je  viens  de  signaler. 

»  L'effet  du  refroidissement  subit  de  l'acier  lorsqu'on  le  trempe  peut 
être,  sous  d'autres  rapports,  assimilé  à  l'effet  produit  par  le  choc  d'un  mar- 
teau. Si  mon  hypothèse  est  juste,  il  est  bien  clair  que  plus  le  refroidissement 
sera  brusque,  plus  la  force  vive  correspondante  (qui  représente  le  choc) 
sera  considérable  et  plus  l'acier  devra  prendre  de  dureté,  d'aigreur,  de 
retrait  ou  d'augmentation.  C'est  en  effet  ce  que  l'on  pourra  conclure  du 
tableau  suivant,  dans  lequel  on  trouvera  la  durée  du  refroidissement  d'une 
même  barre  d'acier  plongée  dans  des  liquides  convenablement  choisis  et 
les  effets  correspondants  de  la  trempe  sur  le  métal. 


(1)  C'est  le  procédé  de  fabrication  employé  habituellement. 

(2)  Je  n'ai  jamais  pu  soumettre  cet  acier   à  de  nombreuses  trempes,  parce  qu'il  devient 
crique  et  se  déforme  très-vite. 


Eau    i 

et  10   pour   joo 

Eau. 

Eau. 

de  clexlrine. 

Alcool  à  36°. 

IO° 

5o° 

10° 

IO° 

22° 

6i° 

23° 

3o°,5 

4"  7 

n"3 

l3"2 

21"- 

bonne 

faible 

très-faible 

nulle 

! 

i 

i 

insensible 

(    2.5    ) 


Température  du  liquide  avant  la  trempe. 

»  »  après  la  trempe. 

Durée  du  refroidissement  du  métal  .... 

Qualité  de  la  trempe ,  . 

Diminution    dans    la    longueur    de    la 
barre  après  io  trempes 

»  Il  serait  trop  long  de  rapporter  ici  tons  les  résultats  que  j'ai  obtenus 
en  trempant  l'acier  dans  un  .grand  nombre  de  liquides  tels  que  le  mercure, 
l'eau  chargée  de  différents  sels  ou  acides,  l'eau  recouverte  d'huile  ou  tenant 
en  dissolution  des  matières  mucilagineuses  ou  sirupeuses,  l'huile,  etc.,  etc. 
Je  me  bornerai  seulement  à  dire  que  la  dureté,  l'aigreur,  ainsi  que  les  autres 
effets  produits  par  la  trempe  semblent  toujours  être  inversement  propor- 
tionnels au  carré  de  la  durée  du  refroidissement  du  métal  (a).  Ainsi  donc, 
dans  cette  circonstance,  on  peut  encore  assimiler  l'effet  de  la  trempe  à  l'effet 
produit  par  le  choc  d'un  marteau  sur  le  métal  porté  au  rouge.  » 

HYGIENE.    —    Des   eaux  publiques  :   Résumé   tliéorico-pratique   et  conclusion; 
par  M.  G.  Gkimaud  de  Caux. 

(  Commissaires  précédemment    nommés:   MM.   Chevreul,    Morin,  Rayer, 

Combes.  ) 

«  I.  On  dit  communément  les  eaux  potables;  il  faut  dire  les  eaux  publi- 
ques, attendu  que,  quand  il  s'agit  d'alimenter  une  population,  il  n'est  pas 
question  d'eau  à  boire  seulement,  il  s'agit  d'eau  pour  tous  les  usages 
de  la  vie. 

»  Si  vous  ne  parlez  que  d'eau  potable,  vous  n'avez  plus  de  critérium; 
vous  tombez  dans  la  diversité  des  goûts  et  des  habitudes.  Les  uns  y  vou- 
dront des  nitrates,  les  autres  des  carbonates,  etc.,  etc..  Si  vous  voulez, 
an  contraire,  une  eau  propre  à   tous   les  usages,    les  propriétés  que  ces 


(i)  Il  y  a  quelques  années,  M.  Blondlot  a  remarqué  que  l'acier  trempe  dans  des  liquides 
mucilagineux  ne  prenait  pas  de  dureté.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  de  Stanislas.) 

(2)  La  durée  de  ce  refroidissement  dépend  naturellement  de  la  température,  de  la  den- 
sité, de  la  chaleur  spécifique,  de  la  conductibilité,  et  peut-être  aussi  de  la  mobilité  du  liquide 
employé  pour  la  trempe. 


(  "6  ) 
usages  exigent  vous  fourniront  une  base  certaine  pour  déterminer  la  nature 
et  la  mesure  des  qualités  que  vous  devez  rechercher  dans  l'eau. 

»  Or,  il  se  trouve  que  l'eau  qui  convient  à  tous  les  usages  de  la  vie  est 
précisément  aussi  celle  qui  convient  le  mieux  pour  la  boisson,  au  point 
de  vue  de  la  santé  publique.  Et  la  chose  n'est  pas  contestable  :  car  un  ne 
contredit  point  les  faits  généraux. 

»  II.  En  quelque  endroit  qu'on  la  prenne,  l'eau  a  toujours  la  même 
origine;  elle  vient  du  ciel.  Qu'elle  coule  d'une  source  ou  dans  un  lit,  son 
origine  certaine  et  unique  est  toujours  la  pluie.  Sous  ce  rapport,  il  n'y  a 
pas  de  raison,  il  n'y  a  aucune  possibilité  d'établir  des  différences  :  l'eau  de 
pluie  est  la  même  partout. 

»  Les  différences  se  prononcent  quand  l'eau  de  pluie,  ayant  atteint  le  sol, 
le  traverse  pour  venir  sourdre  en  un  point  plus  bas  que  celui  sur  lequel 
elle  est  tombée,  et  reparaître  modifiée  dans  sa  composition  première  par 
les  éléments  variés  que  le  terrain  lui  a  cédés. 

»  III.  Pour  juger  de  ces  différences,  il  faut  d'abord  s'entendre  sur  la 
composition  première,  sur  ce  qui  constitue  essentiellement  l'eau  de  pluie. 

»  Physiquement,  l'eau  de  pluie  est  le  produit  de  l'évaporation  des  eaux 
qui  s'étalent  à  la  superficie  du  sol,  évaporation  que  l'on  imite  dans  les 
laboratoires  lorsqu'on  fait  de  l'eau  distillée. 

»  Chimiquement,  l'eau  de  pluie  comme  l'eau  distillée  se  compose  de  85 
d'oxygène  et  de  i5  d'hydrogène  :  je  cite  les  chiffres  de  Lavoisier. 

»  Telle  est  donc  la  composition  première  de  l'eau;  telle  est  l'eau  essen- 
tielle, l'unité,  le  terme  de  comparaison,  le  type  auquel  il  faut  rapporter 
les  eaux  de  toute  espèce,  pour-  les  distinguer  et  les  différencier. 

»  Telle  est  l'eau  des  chimistes,  l'eau  de  Lavoisier,  l'eau  dont  M.  Dumas 
a  fabriqué  de  toutes  pièces  plus  d'un  kilogramme,  en  dix-neuf  opérations 
réussies  et  au  prix  de  cinquante  expériences  de  vingt  heures  chacune. 

»  Enfin  telle  est  l'eau  des  hygiénistes. 

»  IV.  Puisque  cette  eau  est  le  type  de  toutes  les  eaux,  elle  est  donc 
propre  à  tous  les  usages  soit  économiques,  soit  industriels,  et  cela  certaine- 
ment, en  toute  vérité,  sans  exception  d'aucune  sorte.  Cherchez  en  effet  un 
usage  auquel  l'eau  de  pluie  ou  l'eau  distillée  ne  conviennent  parfaitement. 

»  On  dira  bien  que  l'eau  distillée  n'est  pas  bonne  pour  la  boisson, 
qu'elle  pèse  sur  l'estomac.  Oui,  si  on  la  boit  au  sortir  de  l'alambic  et  avant 
qu'elle  ait  eu  le  temps  d'absorber  de  l'air,  dont  toute  bonne  eau  est  exces- 
sivement avide.  Non,  si  on  la  soumet  à  l'aérage,  ou  bien  si   on  lui  corn- 


(  2I7  ) 
mimique  un  principe  aromatique,  ou  un  principe  alimentaire,  ou  un  prin- 
cipe sucré,  amer,  acide,  etc.,  ou  un  tonique  quelconque. 

»  Peut-on  ignorer,  au  surplus,  qu'il  y  a  des  parties  du  monde  où  l'on 
ne  boit  que  de  l'eau  bouillie?  Tels  sont  les  Chinois,  qui  l'aromatisent  avec 
le    thé,   et,    plus  près  de  nous,   les  Hollandais  qui  ont  imité  les  Chinois. 

»  V.  Si  l'on  entrait  dans  les  détails,  on  démontrerait  que  l'eau  ne  sert 
que  d'excipient,  de  dissolvant,  de  véhicule,  et  que,  par  cela  même  et  pour 
qu'elle  remplisse  bien  son  objet,  il  faut  qu'elle  soit  neutre, 

»  En  partant  de  ce  principe  conforme  à  la  vérité  scientifique,  laquelle 
vérité  n'est  jamais  en  contradiction  avec  la  nature,  on  établit  entre  les 
eaux  des  différences  qui  permettent  de  les  classer  selon  la  prédominance 
des  divers  principes  minéraux,  fixes  ou  gazeux,  qu'elles  empruntent  au  sol 
a  travers  lequel  ou  sur  lequel  elles  coulent. 

»   VI.   Et  l'on  tire  de  là  deux  conséquences  générales  immédiates  : 

»  La  première,  qu'à  l'exception  de  l'eau  qui  tombe  du  ciel,  toutes  les 
eaux  sont  plus  ou  moins  minçrales, 

»  La  seconde,  qu'à  vouloir  disputer  d'une  eau  quelconque,  ce  n'est  pas 
de  savoir  si  cette  eau  provient  d'une  source  ou  d'une  rivière  qu'il  faut 
s'enquérir,  mais  de  sa  composition  élémentaire,  dont  la  plus  ou  moins 
grande  pureté  doit  justifier  la  valeur  intrinsèque  relative. 

»  Ici,  évidemment,  les  lumières  de  la  chimie  sont  du  plus  grand  prix, 
mais  elles  ne  donnent  pas  raison  de  tout,  tant  s'en  faut. 

»  L'eau  du  puits  de  Grenelle,  dit  M.  Dumas,  étant  privée  d'oxygène 
«  libre,  et  étant  légèrement  alcaline,  un  tubage  en  fer  n'en  devait  éprouver 
»   aucun  effet  nuisible,  et,  au  contraire,  le  fer  devait  s'y  conserver  aussi  bien 

»  que  dans  l'eau  bouillie.  Cependant l'érosion  des  tubes  en  tôle  s'effectue 

»   par  l'action  lente  et  mystérieuse  d'une  matière  INAPERÇUE,  avec    une  telle 

»   régularité,  que tout  objet  en  fer  en  contact  avec  les  eaux  des  puits  forés 

»   de  la  Touraine,  avant  qu'elles  aient  eu  le  contact  de  l'air,  se  détruit  tôt 

»   ou  tard.  Ainsi,  un  puits  foré  peut  perdre  tout  d'un  coup  son  tubage 

»  s'il  a  été  tube  en  fer  et  qu'il  donne  issue  à  des  eaux  contenant  quelques 
:>  traces  de  CEKT AiNS principes  qui  existent  dans  la  nappe  artésienne  des  sables 
»   verts »    (Dumas,  Rapport,  etc.  ) 

»   En  fait  d'eau,  la  chimie  ne  peut  pas  donner  raison  de  tout. 

»  VIL  Venons  maintenant  à  l'application.  Ici  l'observation  surtout  doit 
être  consultée.  Je  dis  l'observation  et  non  pas  l'expérience,  puisqu'il  est 
vrai,  d'après  la  chimie  elle-même,  que  l'expérience  du  laboratoire  ne  sau- 
rait tout  dire,   ni  par  conséquent  tout  régler. 

C.  R.,  i8G3,  ier  Semestre.  (T.  LV1,  N°  5.)  2Q, 


(  3'S  ) 

»  L'observation,  en  effet,  enseignera  quelle  est,  sur  l'économie  animale, 
l'influence  de  telle  ou  telle  substance,  soit  minérale,  soit  organique,  dont 
l'analyse  chimique  aura  signalé  dans  l'eau  la  prédominance. 

»  Une  fois  en  possession  de  ce  résultat  pour  une  eau  quelconque,  si  l'on 
i  affaire  à  une  population  agglomérée,  s'abreuvant  exclusivement  de  cette 
eau,  on  trouve  inévitablement,  dans  le  caractère  physique  et  moral  de  l'ag- 
glomération, des  traces  profondes  et  manifestes  de  l'influence  prévue. 

»  Dégager  cette  influence,  la  bien  caractériser,  en  déduire  les  causes,  les 
éliminer,  telle  est  la  tâche  imposée  à  l'hygiéniste,  tâche  dont  l'accomplisse- 
ment, accroissant  à  jamais  le  bien-être  d'une  population,  d'une  localité, 
d'une  contrée  même,  élève  l'art  médical  à  sa  plus  haute  puissance  et  jus- 
tifie ses  grandes,  ses  bienfaisantes  prétentions,  aussi  bien  que  ses  aspirations 


glorieuses. 


»  VIII.  Au  point  de  vue  de  l'alimentation,  les  matières  qui  altèrent  la 
composition  de  l'eau  sont  de  deux  sortes  seulement.  Elles  sont  minérales 
ou  organiques.  Dans  une  eau  potable,  la  quajitité  des  substances  minérales 
ne  doit  pas  dépasser  60  centigrammes,  et  celle  des  substances  organiques 
1  centigramme.  Au-dessus  de  ces  quantités  l'eau  est  médicinale,  si  l'excès 
est  dans  les  sels  ou  dans  leurs  éléments  constituants  :  on  doit  la  considérer 
comme  un  /oison  lent,  si  l'excès  est  dans  la  matière  organique. 

»  La  limpidité  et  la  température  sont  des  qualités  accessoires,  transi- 
toires, parfaitement  amovibles  et  n'intéressant  en  aucune  façon  le  fond  du 
sujet. 

»  IX.  L'action  de  l'eau  sur  l'économie  ne  se  déduit  pas  seulement  de 
celle  qui  pénètre  dans  le  corps  par  ingestion.  La  préparation  des  aliments, 
la  fabrication  du  pain,  les  boissons  artificielles,  etc.,  en  introduisent  des 
quantités  sensibles  qu'il  n'est  pas  permis  de  négliger. 

»  C'est  bien  ce  fréquent  emploi  de  l'eau  sous  toute  forme  et  dans  tous 
les  usages  de  la  vie  animale  qui  lui  donne  tant  d'importance.  Quelle  est  la 
substance  usuelle  qui  pourrait  lui  être  comparée  pour  son  influence  géné- 
rale et  permanente  sur  la  santé  publique? 

»  X.  Quand  même  les  faits  fournis  par  les  statistiques  comparées  n'en 
donneraient  pas  la  preuve  irrécusable,  la  théorie  suffirait  pour  démontrer 
que,  dans  les  populations  agglomérées,  le  chiffre  de  la  mortalité  est  en  rap- 
port nécessaire  avec  la  plus  ou  moins  grande  pureté  des  eaux  dont  ces  po- 
pulations sont  obligées  de  faire  usage. 

»  XI.  La  question  des  eaux  publiques  ne  se  juge  pas  avec  des  expé- 
riences isolées.  Ce  n'est  pas  à  ce  qu'éprouve  tel  ou  tel  individu  en  particu- 


(  2I9  ) 
lier  qu'il  faut  s'arrêter;  c'est  l'action  générale  sur  la  population  qu'il  faut 
démêler.  L'analyse  chimique,  l'observation  judicieuse  des  maladies  parti- 
culières au  pays  et  le  chiffre  de  la  mortalité  sont  alors  des  bases  solides  et 
des  motifs  certains  de  jugement. 

»  XII.  La  question  des  eaux  publiques  doit  être  considérée  des  hauteurs 
les  plus  élevées  de  la  science  médicale.  Le  père  de  la  médecine  a  signalé 
l'importance  qui  s'y  attache  en  lui  donnant  une  si  grande  place  dans  son 
traité  des  airs,  des  eaux  et  des  lieux,  son  œuvre  la  plus  philosophique,  la 
plus  féconde,  et  aussi,  dans  tous  les  temps,  la  plus  admirée. 

»  Comment  se  refuser  à  reconnaître  cette  importance  ,  quand  on  ne  peut 
pas  nier,  d'une  part,  que  les  climats  exercent  sur  les  populations  une 
influence  irrésistible,  immédiate  et  permanente;  d'autre  part,  que  des  trois 
éléments  constituants  de  tout  climat  Veau  est  le  seul  sur  lequel  les  moyens 
humains  peuvent  avoir  quelque  action  positive  ?   » 

M.  lîiii-cii  adresse  de  Bodenheim,  près  Francfort-sur-le-Mein,  un  résumé, 
écrit  en  français,  de  ses  recherches  sur  Yostéogénie,  et  plusieurs  ouvrages  ou 
opuscules  qu'il  a  publiés  en  allemand,  et  dont  quelques-uns  se  rattachent  a 
la  même  question.  Son  travail  manuscrit,  qui  se  compose  en  partie  d'obser- 
vations originales,  et  en  partie  de  discussions  des  "opinions  soutenues  par 
ses  devanciers  et  des  faits  apportés  à  l'appui,  est  beaucoup  trop  étendu 
pour  pouvoir,  même  en  éliminant  la  partie  critique,  trouver  place  dans  le 
Compte  rendu  ;  nous  nous  bornerons  en  conséquence  à  en  reproduire  le  pa- 
ragraphe suivant,  qui  en  est  comme  une  des  principales  conclusions. 

«  Je  regarde  comme  incontestable  que  le  tissu  osseux,  dans  toutes  les 
classes  de  vertébrés,  se  forme  par  épigénèse,  c'est-à-dire  par  couches  suc- 
cessives qui  sont  osseuses  dès  leur  apparition,  soit  à  l'intérieur,  soit  à  l'ex- 
térieur des  cartilages.  La  prétendue  ossification  du  cartilage  ne  produit 
jamais  de  l'os;  ce  n'est  toujours  qu'un  cartilage  imprégné  de  substances 
calcaires,  dont  les  cellules  ne  changent  point  de  forme  et  ne  se  transfor- 
ment jamais  en  corpuscules  osseux  radiaires  anastomotiques.  » 

Ce  Mémoire,  avec  les  pièces  imprimées  qui  l'accompagnent,  est  renvoyé 
à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Serres,  Flourens  et 
Bernard. 

M.  Boitviek,  curé  du  Thil-Manneville  (Seine-Inférieure),  fait  connaître 
un  nouveau  cas  de  perforation  du  plomb  par  des  insectes. 

«  Il  y  a  une  quinzaine  de  mois,  dit-il,  qu'on  a  placé  à  l'église  du  Thil  ■ 

a9.. 


(     2  20    ) 

Manneville  une  gouttière  en  plomb  de  om,oo35  d'épaisseur.  Aujourd'hui 
cette  gouttière  est  percée,  dans  la  longueur  de  i  mètre  environ,  d'une 
douzaine  de  trous  de  forme  ovale  ayant  5  à  6  millimètres  de  longueur  sur  3 
de  largeur.  Ces  trous  ont  été  percés  de  bas  en  haut  ;  j'ai  cherché  à  la  surface 
l'insecte  perforateur,  mais  inutilement;  il  est  probable  qu'on  le  trouverait 
en  levant  la  gouttière.  Si  l'Académie  désire  faire  quelques  recherches  a  ce 
sujet,  je  la  prie  de  m'en  avertir,  je  serai  à  ses  ordres;  sinon,  on  mettra  des 
ouvriers  pour  réparer  la  gouttière.  » 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  pour  des  communications 
sur  des  faits  analogues,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Milne 
Edwards,  Valenciennes,  de  Quatrefages  et  de  M.  le  Maréchal  Vaillant.) 

M.  Bloxdeac  (Ch.  )  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  in- 
titulé :  «  Du  mode  de  constitution  du  pyroxyle  ou  coton-poudre  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Pelouze, 

Peligot.) 

M.  Gérard  envoie  de  Liège  la  description  et  la  figure  d'une  pile  électri- 
que à  gaz,  avec  l'indication  des  divers  avantages  que  présente,  suivant  l'au- 
teur, cette  pilesur  celles  qu'on  emploie  d'ordinaire,  principalement  danscer- 
taines  applications  pour  lesquelles  elle  réduirait  notablement  les  dépenses. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet,  Fizeau.) 

M.  Deschamps,  d'Avallon,  adresse  une  Note  à  l'appui  de  l'opinion  émise 
par  M.  Delbruck  sur  la  quantité  d'air  nécessaire  à  la  respiration,  quantité 
qui  serait  moindre  pendant  le  sommeil  que  pendant  la  veille. 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  pour  l'examen  des  communications  de 
M.  Delbruck  et  de  M.  Husson  :  MM.  Payen  et  Longet.  ) 

M.   Dorner  envoie  un  flacon  du  médicament  liquide  mentionné  dans  ses 
précédentes  communications  sur  le  traitement  de  diverses  affections  intes- 
tinales, un  «  extrait  d'huile  de  genévrier.  » 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legsBréant,  déjà  saisie  des  Notes  de  M.  Dorner.) 


(     221     ) 

CORRESPONDANCE 

M.    le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  ries  auteurs  : 

i°  Un  «  Traité  d'anesthésie  chirurgicale  »,  par  M.  Maurice  Perrin. 
2°  L'ouvrage   de  M.  Démarqua/,  intitulé  :    ■•  De  la  glycérine  et  de  ses 
applications  à  la  chirurgie  et  à  la  médecine  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  correspondance,  le  premier  volume  d'un  ouvrage  sur  la  géographie 
du  Pérou  :  c'est  un  ouvrage  posthume  de  M.  Maleo  PazSotdàri,  corrigé  et 
augmenté  par  le  frère  de  l'auteur  et  publié  aux  frais  du  gouvernement  Pé- 
ruvien; le  livre  est  écrit  en  espagnol,  mais  imprimé  à  Paris. 

Un  concurrent  pour  le  grand  prix  de  Sciences  Mathématiques  de  1 863 
(Théorie  des  phénomènes  capillaires),  qui  se  fait  connaître  par  sa  devise  et 
la  date  de  ses  envois,-  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  permettre  de 
reprendre  un  Supplément  à  son  premier  travail  qu'il  avait  adressé  quelques 
jours  avant  le  3 1  décembre  1862,  dans  l'idée  que  le  concours  était  clos  à  la  fin 
de  cette  année.  Ayant  appris  depuis  qu'il  suffisait  que  les  pièces  de  concours 
fussent  remises  avant  le  Ier  avril,  il  croit  pouvoir  mettre  ce  temps  à  profit 
pour  améliorer  son  travail,  ce  qui  lui  serait  difficile  s'il  n'avait  pas  à  sa 
disposition  son  second  manuscrit  dont  il  n'a  pas  gardé  copie. 

Comme  il  est  évident  que  cette  demande  émane  de  l'auteur  du  Mémoire, 
et  que  le  moyen  qu'il  indique  pour  rentrer  en  possession  n'exige  pas  qu'il 
fasse  connaître  son  nom,  ce  qui  serait  contraire  à  une  des  conditions  du 
programme,  l'Académie  ne  s'oppose  point  à  la  remise  du  manuscrit  par  les 
voies  indiquées. 

M.  Cohn,  qui  a  obtenu  au  dernier  concours  pour  les  prix  de  Médecine 
et  de  Chirurgie  une  mention  honorable  pour  sa  «  Clinique  des  affections 
emboliques,  »  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie,  et  lui  annonce  la  pu- 
blication prochaine  d'un  second  volume  qui  portera  pour  titre:  «Embolie 
capillaire  spécifique,  ou  rapports  de  l'embolie  avec  certaines  diathèses  spéci- 
fiques, comme  la  pyhémie,  la  carcinose,  la  tuberculose,  etc.   » 

«  En  poursuivant  cette  voie,  dit  l'auteur,  j'ai  rencontré  beaucoup  de  faits 
entièrement  nouveaux  et  qui  me  semblent  d'un  grand  intérêt  :  je  désire  qu'ils 
soient  jugés  tels  par  l'Académie,  à  qui  j'aurai  l'honneur  d'envoyer  mon  nou- 
veau volume  dès  que  l'impression  en  sera  terminée.   » 


(     222    ) 

chimie  ORGANIQUE.  —  Note  sur  le  chlorobenzol ;  par  M.  A.  Cahovrs. 

(Présenté  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  faire  connaître,  à  l'oc- 
casion de  la  Note  insérée  par  M.  Naquet  dans  les  Comptes  rendus  du  19  jan- 
vier, quelques  résultats  inédits  que  je  tenais  en  réserve  pour  la  prochaine 
édition  de  mon  Traité  de  Chimie. 

»  Dans  mon  travail  relatif  à  l'action  du  perchlorure  de  phosphore  sur 
les  substances  organiques,  j'ai  fait  voir  que  toutes  les  aldéhydes  du  groupe 
benzokjue  échangeaient,  dans  leur  contact  avec  ce  réactif,  leur  oxvgène 
contre  une  quantité  de  chlore  équivalente,  celui-ci  se  transformant  en 
chloroxyde  de  phosphore;  c'est  ce  qu'exprime  l'équation 

Ph  Cl5  +  C2"!  H2n  O2  =  Ph  Cl3  O2  +  C2m  H2"  Cl2 . 

»  Dans  le  cas  particulier  de  l'essence  d'amandes"  amères  on  obtient  le 
composé  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  chlorobenzol 

Ph  CI5  +  CM  H6  O2  -  Ph  Cl8  O2  +  C 4  H6  CI2 

Essence  Chlorubenzol. 

d'amandes  amères. 

»  Plus  tard,  en  comparant  les  propriétés  de  ce  produit  à  celles  du  toluène 
bichloré,  je  reconnus  leur  identité,  ce  que  j'exprimai  dans  le  troisième 
volume  de  mon  Traité  de  Chimie  de  la  manière  suivante  : 

«  Le  toluène  monochloré  présente,  d'après  M.  Cannizaro,  à  qui  l'on  doit 
»  la  découverte  de  tous  ces  faits  intéressants,  l'identité  la  plus  parfaite  avec 
»  le  chlorure  de  benzéthyle,  c'est-à-dire  l'éther  chlorhydrique  de  la  série 
»  benzoïque. 

»  De  mon  côté,  je  me  suis  assuré  que  le  toluène  bichloré  se  confond  par 
»  ses  propriétés  avec  le  chlorobenzol  et  peut  par  suite  reproduire  de  l'huile 
»  d'amandes  amères  parla  distillation  avec  l'oxyde  rouge  de  mercure.  Au 
»  moyen  du  toluène  on  peut  donc  facilement  obtenir  l'alcool  et  l'aldéhyde 
»  benzoïque.    » 

»  Quelques  mois  plus  tard,  M.  Beilstein  rendit  cette  identité  plus  frap- 
pante encore  par  l'examen  comparatif  de  ces  deux  substances. 

»  En  étudiant  l'action  du  chlore  sur  le  chlorobenzol,  tant  à  la  lumière 
diffuse  que  sous  l'influence  simultanée  de  la  chaleur  et  de  la  radiation 
solaire,  je  parvins  à  me  procurer  une  série  de  dérivés  par  substitution  repré- 


(     223    ) 

sentes  par  les  formules 

C,4H5Cl3, 
C'*H4Cl4, 
CMH2C1% 


identiques  aux  composés  qui  prennent  naissance  dans  l'action  réciproque 
du  chlore  et  du  toluène(benzoène)  dont  M.  H.  Sainte-Claire  Devillea  donné 
la  description  si  complète  dans  son  travail  sur  le  toluène,  et  que  je  n'eusse 
fait  connaître  qu'occasionnellement  en  raison  du  peu"  d'importance  de  ces 
résultats  considérés  individuellement. 
»   Le  dernier  terme 

C'MPCl6 

cristallise  très-bien  et  présente  toutes  les  propriétés  que  M.  Deville  assigne 
au  toluène  sexchloré.  Ainsi  cette  action  prolongée  du  chlore  sur  le  chloro- 
benzol,  comparée  à  celle  que  cet  élément  exerce  sur  le  toluène  bichloré, 
vient  encore  confirmer  l'identité  de  ces  deux  substances.  Cependant,  à 
moins  que  le  mode  d'opération  que  j'ai  suivi  dans  mes  recherches  sur  le 
chlorobenzol  ne  soit  différent  de  celui  de  M.  Naquet,  il  faudrait  admettre 
entre  ce  corps  et  le  toluène  bichloré  des  différences  fort  appréciables,  ainsi 
que  semblent  le  prouver  les  expériences  que  je  vais  rapporter. 

»  J'avais  observé  depuis  longtemps  que  lorsqu'on  chauffe  en  vases  clos 
du  chlorobenzol  avec  une  solution  alcoolique  de  potasse,  il  se  formait  une 
grande  quantité  d'essence  d'amandes  amères,  bouillant  régulièrement  entre 
i  8o°  et  1 820,  et  se  changeant  par  simple  exposition  à  l'air  en  une  belle  cris- 
tallisation d'acide  benzoïque,  résultat  que  M.  Wicke  obtint  de  son  côté.  En 
lisant  la  Note  de  M.  Naquet,  je  me  demandai  si  je  n'avais  pas  commis 
quelque  erreur,  et  avant  de  communiquer  à  l'Académie  les  résultats  qui 
vont  suivre,  je  m'empressai  de  faire  de  nouvelles  expériences,  qui  m'ame- 
nèrent à  la  même  conclusion  que  les  anciennes. 

»  Lorsqu'on  chauffe  à  ioo°  dans  des  tubes  scellés  à  la  lampe  un  mélange 
de  chlorobenzol  et  d'une  solution  alcoolique  de  potasse,  il  se  produit  une 
réaction  rapide  et  l'on  voit  bientôt  se  déposer  du  chlorure  de  potassium, 
dont  la  proportion  n'augmente  plus  après  quelques  heures  d'expérience. 
On  brise  alors  les  tubes,  puis  on  sépare  la  liqueur  alcoolique  des  cristaux 
qu'on  lave  ensuite  à  l'alcool.  Les  liqueurs  alcooliques  réunies  étant  distillées 
au  bain-marie  et  le  résidu  repris  par  l'eau,  il  se  sépare  une  huile  pesante 
douée  d'une  odeur  d'amandes  ameres  excessivement  forte.  Cette  huile  étant 
lavée  à  l'eau,  séchée  sur  du  chlorure  de  calcium  et  soumise  à  la  rectification, 


(    ™\    ) 

distille  presque  en  entier  entre  180  et  1840,  puis  la  température  s'élève 
rapidement  à  la  fin,  et  les  dernières  portions  distillent  entre  210  et  2200. 
Ce  produit,  qui  forme  tout  au  plus  le  dixième  du  poids  de  l'huile  brute, 
renferme  du  chlore;  c'est,  selon  toute  prohabilité,  la  substance  décrite  par 
M.  Naquet. 

»  La  première  portion  distillée  m'a  fourni  par  une  nouvelle  rectification 
un  liquide  bouillant  régulièrement  entre  180  et  1820,  se  convertissant  direc- 
tement à  l'air  en  acide  benzoïque  et  se  changeant  rapidement  en  benzoate 
lorsqu'on  fait  agir  sur  lui  l'hydrate  de  potasse  à  2000.  L'ammoniaque  le 
convertit  en  hydrobenzamide,  il  forme  des  produits  cristallisés  avec  les 
bisulfites  alcalins,  et  donne  de  la  benzoïne  par  l'action  du  cyanure  de 
potassium  et  de  la  potasse  alcoolique.  Ce  produit  possède  donc,  comme  on 
voit,  le  propriétés  de  l'essence  d'amandes  amères,  l'analyse  lui  assigne  en 
outre  exactement  cette  composition.  Ainsi  l'action  de  la  potasse  sur  le  chlo- 
robenzol,  toutes  les  fois  que  j'ai  répété  l'expérience,  m'a  fourni  des  résultats 
identiques.  Le  produit  presque  exclusif  qui  naît  du  contact  de  ces  corps  est 
l'hydrure  de  benzoïle,  résultat  entièrement  différent  de  celui  que  M.  Naquet 
signale  dans  l'action  réciproque  de  la  potasse  alcoolique  et  du  toluène 
bichloré.  Ces  différences  tiennent-elles  aux  proportions  de  matières  réagis- 
santes, ou  le  chlorobenzol  a-t-il  gardé  quelque  chose  de  sa  constitution  pri- 
mitive qui  le  rend  par  suite  si  facilement  apte  à  repasser  à  l'état  d'hydrure 
de  benzoïle  toutes  les  fois  qu'on  lui  fournit  de  l'oxygène  naissant? 

«  Ayant  abandonné  du  chlorobenzol  sous  l'eau  dans  un  flacon  où  l'air 
avait  accès,  je  vis  se  former  au  sein  du  liquide  huileux  une  belle  matière 
cristallisée,  soluble  dans  l'eau  bouillante,  et  s'en  déposant  par  le  refroidisse- 
ment sous  la  forme  de  longues  aiguilles  satinées  auxquelles  l'analyse  assigne 
la  composition  de  l'acide  benzoïque.  La  transformation  éprouvée  par  le 
chlorobenzol  dans  ces  circonstances  me  conduisit  à  penser  qu'il  y  avait  eu 
tout  d'abord  décomposition  d'eau  et  formation  d'essence  d'amandes  amèies, 
qui  par  absorption  directe  d'oxygène  s'était  convertie  finalement  en  acide 
benzoïque.  Dans  le  but  de  vérifier  cette  hypothèse,  j'introduisis  du  chloro- 
benzol et  de  l'eau  dans  des  tubes  scellés  à  la  lampe  que  je  chauffai  pendant 
vingt-quatre  à  trente-six  heures  entre  ia5  et  i35°;  je  vis  alors  se  produire 
une  huile  plus  légère  que  la  solution  aqueuse,  qui  présentait  une  odeur 
d'amandes  amères  des  plus  prononcées.  La  matière  huileuse  séparée  de  la 
liqueur  fortement  acide  (solution  fumante  d'acide  chlorhydrique)  étant 
lavée  successivement  avec  une  lessive  alcaline,  puis  à  l'eau  pure,  et  séchée 
sur  du  chlorure  de  calcium   anhydre,  bout  régulièrement  entre    1800  et 


(    225    ) 

1820.  Sa  densité,  son  point  d'ébullition,  l'action  de  l'oxygène,  celle  de  l'am- 
moniaque et  des  bisulfites  alcalins  démontrent  que  cette  substance  n'est 
autre  que  l'hydrure  de  benzoïle  parfaitement  pur.  L'analyse  confirme  en 
outre  cette  identité.  Cette  réaction  fort  simple  s'explique  au  moyen  de 
l'équation 

C  *  C6  Cl2  4-  2HO  =  2H  Cl  +  CM  H*  O2 

Clilorobenzo!.  Essence 

d'amandes  amères. 

»  Une  dissolution  aqueuse  de  potasse  donne  des  résultats  tout  sem- 
blables; ici  seulement  l'acide  chlorhydrique  est  remplacé  par  le  chlorure 
de  potassium. 

»  Enfin,  ayant  enfermé  dans  des  tubes  scellés  du  chlorobenzol  avec  une 
dissolution  de  gaz  ammoniac  dans  de  l'alcool  à  0,80,  j'ai  vu  se  séparer  une 
abondante  cristallisation  de  sel  ammoniac,  tandis  que  l'alcool  retenait  en  dis- 
solution un  liquide  huileux  doué  des  propriétés  de  l'hydrure  de  benzoïle. 

»  En  résumé,  le  chlorobenzol  donne  sous  l'influence  du  chlore  une  série 
de  dérivés  par  substitution  identiques  à  ceux  que  M.  Sainte-Claire  Deville 
a  vus  se  former  par  l'action  de  ce  corps  sur  le  toluène,  tandis  que  sous  l'in- 
fluence d'un  grand  nombre  de  composés  oxygénés,  il  tend  à  produire  par 
des  phénomènes  de  double  décomposition  de  l'essence  d'amandes  amères, 
se  transformant  ainsi  par  un  échange  des  plus  simples  dans  la  substance  qui 
lui  a  donné  naissance.  Ces  résultats,  mis  en  parallèle  de  ceux  qu'a  commu- 
niqués M.  Naquet,  semblent  donc  démontrer  que  si  sous  certains  points  le 
chlorobenzol  et  le  toluène  bichloré  se  confondent,  il  est  des  réactions  qui 
prouvent  que  cette  identité  n'est  pas  absolue.  » 

PATHOLOGIE.—  Mémoire  sur  les  gaz  de  l' hydropneumothorax  de  [homme; 
par  MM.  Ch.  Leconte  et  Démarquât. 

«  Depuis  quelques  années  nous  nous  sommes  beaucoup  occupés  de  dé- 
terminer la  nature  des  gaz  qui  peuvent  se  répandre  ou  se  produire  dans  l'or- 
ganisme de  l'homme,  et,  pour  éclairer  ce  sujet  aussi  complètement  que 
possible,  nous  avons  fait  de  nombreuses  expériences  sur  les  animaux,  afin 
d'étudier  l'influence  de  chacun  des  gaz  constitutifs  de  l'atmosphère  sur  les 
tissus  sains  ou  malades,  et  surtout  pour  déterminer  les  phénomènes  qui 
président  à  l'absorption  de  ces  gaz. 

»   Après  avoir  produit  des  emphysèmes  trauinariques  sur  les  animaux, 

C.  R.,  i863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  Fi"  S.)  3o 


(    226    ) 

pour  étudier  les  modifications  que  l'air  subit  dans  ces  nouvelles  conditions, 
nous  avons  pu  constater,  et  nous  avons  annoncé  dans  un  Mémoire  pré- 
senté à  l'Académie,  que  l'air  que  l'on  trouve  dans  l'emphysème  de  l'homme 
subit  des  modifications  en  tout  analogues  à  celles  que  nous  avions  obser- 
vées chez  les  animaux. 

»  En  effet,  l'air  extrait  du  tissu  cellulaire  d'un  vieillard,  chez  lequel  il 
s'était  produit  un  emphysème  à  la  suite  d'une  fracture  de  cote,  présentait 
en  moyenne  la  composition  suivante  : 

Oxygène 6 

Acide  carbonique 5 

Azote. 8g 

ioo 

«  Tout  récemment,  nous  avons  obtenu  les  mêmes  résultats  chez  un 
malade  placé  dans  les  mêmes  conditions,  et  chez  lequel  l'air  avait  subi  les 
mêmes  altérations.  Ces  faits  font  ressortir  d'une  manière  frappante:  i°  l'inno- 
cuité souvent  complète  de  ces  vastes  emphysèmes,  par  suite  de  l'absorption 
rapide  de  la  presque  totalité  de  l'oxygène  et  de  son  remplacement  par  une 
certaine  quantité  d'acide  carbonique;  2°  enfin  la  lenteur  de  l'absorption  du 
gaz  constitutif  de  l'emphysème,  car  nous  avons  démontré  que  de  tous  les 
gaz,  l'azote  est  celui  qui,  chez  l'homme  et  les  animaux,  résiste  le  pins  à 
I  absorption. 

»  Les  résultats  qui  précèdent  donnent  un  intérêt  plus  grand  à  l'étude  des 
gaz  de  l'hydropneumothorax  chez  l'homme,  que  nous  avons  l'honneur 
de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie;  il  nous  a  été  donné  d'étudier  ré- 
cemment ces  gaz  en  variant  les  conditions  du  phénomène. 

»  Un  homme  de  quarante- huit  ans  entra  à  la  Maison  municipale  de 
santé  pour  se  faire  traiter  d'un  épanchement  considérable  occupant  depuis 
six  mois  la  cavité  pleurale  gauche;  la  respiration  s'entendait  dans  la  partie 
supérieure  du  poumon  jusqu'à  deux  travers  de  doigt  au-dessous  de  l'épine 
de  l'omoplate;  toute  la  partie  inférieure  de  la  poitrine  de  ce  côté  présen- 
tait une  matité  absolue. 

»  Loin  de  s'améliorer,  la  santé  du  malade  paraissant  s'altérer  depuis  un 
mois  qu'il  était  dans  notre  service,  nous  pratiquâmes,  après  avoir  pris  l'avis 
de  nos  collègues,  la  thoracentèse,  en  nous  servant  des  instruments  de 
M.  Guérin;  nous  enlevâmes  ainsi  cinq  litres  et  demi  de  liquide  séro- puru- 
lent, sans  provoquer  de  toux,  ni  la  moindre  fatigue  au  malade. 


(  2*7  ) 

»  Immédiatement  après  l'extraction  du  liquide,  nous  constatâmes  une 
résonnance  anormale  dans  toute  l'étendue  de  la  cavité  pleurale  gauche;  la 
respiration  présentait  à  la  partie  supérieure  un  souffle  amphoriqne  très- 
intense,  et  la  succussion  donnait  un  bruit  hydroaérique  très-manifeste;  il  ne 
s'était  pas  écoulé  une  goutte  de  sang  ni  pendant  ni  après  l'opération. 

»  L'entrée  de  l'air  dans  la  cavité  pleurale  démontrait  donc  qu'il  s'était 
produit  une  petite  déchirure  du  poumon  pendant  l'opération,  déchirure 
due  sans  doute  à  la  présence  d'une  petite  caverne  tuberculeuse,  ce  que  sem- 
blaient justifier  les  antécédents  du  malade,  dont  l'état  fut  du  reste  considé- 
rablement amélioré  malgré  cet  accident. 

»  Un  mois  environ  après  l'opération,  la  respiration  devint  de  nouveau 
haletante,  l'appétit  et  le  sommeil  disparurent;  nous  résolûmes  d'enlever  de 
la  cavité  pleurale  le  plus  de  gaz  possible,  afin  de  soulager  le  malade  si 
toutefois  la  déchirure  que  nous  supposions  exister  au  poumon  s'était  cica- 
trisée. 

»  Le  gaz  fut  facilement  recueilli  à  l'aide  d'une  petite  canule  très-fine-  à 
laquelle  nous  adaptions  des  vessies  de  caoutchouc  dans  lesquelles  nous  fai- 
sions préalablement  le  vicie. 

»  Les  résultats  de  l'analyse  devaient  nous  permettre  de  reconnaître  s'il 
existait  réellement  une  communication  directe  entre  l'atmosphère  et  la 
cavité  pleurale,  ou  si  ie  gaz  contenu  dans  la  plèvre  était  rentré  accidentelle- 
ment pendant  l'opération,  ce  qui  était  peu  probable  en  raison  des  précau- 
tions que  nous  avions  prises;  car  dans  la  première  hypothèse,  en  recueillant 
plusieurs  échantillons  de  gaz,  le  dernier  devait  contenir  plus  d'oxygène  que 
le  premier;  dans  la  seconde  hypothèse,  les  deux  échantillons  devaient  pré- 
senter la  même  composition.  Les  nombres  ci-dessous  répondent  d'une  ma- 
nière tres-nette  à  ces  questions  : 

Composition  de  100  volumes  de  gaz  extrait  de  la  plèvre. 

1er  échantillon.  2e  échantillon. 

Oxygène i  ,54o  5,392 

Aeitle  carbonique 10,820  8,823 

Azote 87,640  85,785 


»   Nous  nous  sommes  assurés  du  reste  que  le  gaz,  qui  ne  possédait  pas 
d'odeur  fétide,  ne  renfermait  aucun  gaz  combustible. 

>>  Le  malade,  avant  été  soulagé  par  cette  première  opération,  en  demanda 

3o.. 


(    228    ) 

une  seconde  qui  fut  exécutée  quatre  jours  après  la  première  ;  l'analyse  des 
gaz  nous  offrit  des  résultats  plus  intéressants  encore  que  les  précédents. 

Composition  de   100  volumes  de  gaz  extrait  de  la  plèvre. 

1er  échantillon.  ae  échantillon.  3e  échantillon.  !f  échantillon 

Oxygène °>49  5,42  9»4^  1 5 ,  3^ 

Acide  carbonique..        11,76  9,36  7,96  1  ,53 

Azote 88,35  85,22  82,59  83, 10 

100,00  100,00  100,00  100,00 

»  Le  malade  se  trouvant  infiniment  mieux  et  désirant  sortir,  nous  crûmes 
devoir  enlever  le  liquide  qui  existait  encore  dans  la  cavité  pleurale,  ce  qui 
fut  fait  huit  jours  après  l'opération  précédente,  et  l'on  obtint  ainsi  1  litre 
de  liquide  séro-purulent. 

»  Nous  recueillîmes  du  gaz  avant  et  après  la  ihoracentèse,  et  l'analyse 
nous  donna  les  nombres  suivants  : 

Gaz  avant.  Gaz  après. 

Oxygène °>9'  18,86 

Acide  carbonique 10, 55  1  ,88 

Azote 88 ,  54  79 ,  26 

IOOjOO  100,00 

»  Les  analyses  qui  précèdent  offrent  de  l'intérêt  à  plus  d'un  titre,  non- 
seulement  parce  qu'elles  sont  les  premières  qui  aient  été  faites  sur  les  gaz  de 
l'hydropneumothorax  chez  l'homme  vivant,  mais  parce  qu'elles  montrent 
une  différence  notable  entre  la  composition  de  ces  gaz  et  celle  de  l'emphy- 
sème. Dans  ce  dernier,  en  effet,  les  gaz  contiennent  toujours  une  quantité 
appréciable  d'oxygène  (4  à  5  pour  ioo);  dans  l'hydropneumothorax  les 
gaz  ne  contiennent  que  des  traces  de  ce  gaz  (jamais  1  pour  ioo),  ce  qui  est 
dû  sans  doute  au  contact  de  l'air  avec  le  liquide  pathologique  que  contient 
la  cavité  pleurale. 

»  L'augmentation  de  l'oxygène  dans  les  échantillons  successivement 
recueillis  démontre  qu'il  existait  une  communication  directe  entre  la 
cavité  pleurale  et  l'atmosphère;  aussi  la  composition  du  gaz  recueilli  se 
rapprochait-elle  de  plus  en  plus  de  celle  de  l'air,  à  mesure  que  l'on  multi- 
pliait les  échantillons  :  il  est  donc  facile,  à  l'aide  de  l'analyse  chimique,  de 
diagnostiquer  s'il  existe  ou  non,  dans  certains  cas  pathologiques,  une  com- 
munication entre  l'air  extérieur  et  la  cavité  de  la  plèvre. 


(  229  ) 

»  John  Davy  avait,  en  1824  { Archives  générales  de  Médecine,  tome  VI, 
page  io4),  fait  l'analyse  des  gaz  de  rhydropneumothorax  recueillis  sur  le 
cadavre,  il  y  avait  trouvé  7  d'acide  carbonique  et  93  d'azote.  Les  résultats 
de  l'expérimentateur  anglais  laissaient  à  désirer  parce  qu'il  recueillait  ses 
gaz  sous  l'eau,  aussi  présentent-ils  des  différences  notables  avec  les  nôtres. 

»  Si  l'on  compare  les  rapports  de  l'acide  carbonique  etde  l'oxygène  dans 
nos  analyses  des  gaz  de  l'emphysème  traumatique  et  de  l'hydropneumo- 
thorax  avec  ceux  que  M.  Cl.  Bernard  a  obtenus  dans  les  gaz  du  sang  veineux 
et  du  sang  artériel,  à  l'aide  de  son  procédé  si  rigoureux  de  l'oxyde  de  car- 
bone, on  obtient  les  nombres  suivants  : 

Ac.  carbonique.     Oxygène. 

Gaz  du  sang  artériel  (M.  Cl.  Bernard) 9, 12      :       100 

Gaz  du  sang  veineux  (M.  Cl.  Bernard) 25, 00      :      100 

Gaz  de  l'emphysème  (Leconte  et  Demarquay) 83,33      :      100 

Gaz  de  rhydropneumothorax  (Leconte  et  Demarquay  ) i554,oo      :      100 

Le  dernier  nombre  a  été  calculé  d'après  la  moyenne  de  trois  analyses. 

»  La  comparaison  des  nombres  qui  précèdent  montre  que  l'air  éprouve 
dans  les  tissus  sains  une  altération  bien  plus  profonde  que  dans  le  sang 
veineux,  et  à  plus  forte  raison  que  dans  le  sang  artériel,  et  enfin  que  dans  la 
plèvre,  ou  plutôt  qu'au  contact  du  liquide  pathologique  qu'elle  renferme, 
l'altération  est  bien  plus  profonde  encore,  puisqu'il  reste  à  peine  1  partie 
d'oxygène  pour  1  5  parties  d'acide  carbonique. 

»  L'analyse  chimique  des  gaz  de  rhydropneumothorax  constitue  donc 
un  moyen  de  diagnostic  qu'aucun  autre  ne  saurait  suppléer,  et  notre  travail 
vient  éclairer  un  point  nouveau  des  modifications  que  l'air  peut  éprouver 
dans  l'organisme  des  animaux.    » 

PHYSIQUE  appliquée.  —  Note  sur  l'altération  produite  sur   le   linge  par  les 
sirops;  par  M.  P.  Doré.  (Extrait  par  l'auteur.) 

»  Les  sirops  en  général  et  le  sirop  de  sucre  en  particulier,  déposés  sur 
du  linge  et  exposés  dans  un  endroit  dont  la  température  est  modérée,  se 
dessèchent,  enlèvent  au  linge  sa  flexibilité  et  sa  ténacité,  au  point  que  celui- 
ci  se  déchire  sous  un  effort  très-faible.  A  la  première  inspection  de  la  déchi- 
rure, il  semble  que  le  linge  a  été  touché  par  un  corrosif,  par  l'acide  sulfu- 
rique  étendu,  par  exemple. 


(    23o   ', 

»  Dans  ce  cas,  la  flexibilité  et  la  ténacité  des  filaments  disparaissent  et 
participent  aux  propriétés  moléculaires  du  sucre;  ce  sont  des  phénomènes 
analogues  qui  se  passent  lorsque  du  linge  mouillé  d'eau  est  exposé  à  un  cer- 
tain froid  :  le  linge  devient  cassant;  et  aussi  lorsque  le  tisserand  n'a  pas 
maintenu  les  fils  de  sa  chaîne  suffisamment  humides  :  le  paron  ou  parement 
se  durcit  et  les  fils  se  brisent. 

»  Cette  action  physique  d'un  sirop  sur  le  linge  s'est  présentée  chez  une 
malade  dont  le  mari  inquiet  m'apporta  du  sirop  de  Tolu  à  examiner.  J'ai 
cru  devoir  consigner  ces  résultats  de  mes  recherches,  car,  au  point  de  vue 
delà  pratique  pharmaceutique  et  médicale,  il  peut  arriver  que  ce  phéno- 
mène, remarqué  dans  la  chambre  d'un  malade  et  exploité  par  la  mal- 
veillance jointe  à  l'ignorance,  porte  atteinte  à  la  réputation  d  un  médecin 
et  d'un  pharmacien.  Ajoutons  que  dans  un  moment  d'épidémie  une  sem- 
blable remarque  pourrait  pousser  des  hommes  exaspérés  jusqu'au  crime!  » 

M.  Coinde  adresse  de  Bone  une  Note  sur  les  pucerons  et  gallinsectes  de 
l'Algérie,  sur  lanalogie  de  la  faune  de  Bone  et  celle  du  Kef  (Tunisie),  enfin 
sur  des  changements  instantanés  de  couleur  observés  chez  certains  in- 
sectes, de  ce  pays. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Blanchard.) 

M.  Oletti  envoie  de  Turin  un  petit  appareil  chronométrique,  qu'il 
désigne  sous  le  nom  de  Montre  luni-solaire,  et  qui  est  destiné  à  indiquer 
en  même  temps  l'heure  moyenne,  comme  les  montres  ordinaires,  et  l'heure 
de  la  haute  et  la  basse  mer.  L'auteur,  qui  ne  connaît  que  d'une  manière 
tres-vague  les  sujets  de  prix  proposés  par  l'Académie,  a  pensé  que  son  in- 
vention pourrait  être  admise  parmi  les  pièces  de  concours,  non-seulement 
pour  le  prix  de  mécanique,  mais  encore  pour  le  prix  concernant  la  théorie 
mathématique  des  marées. 

M.  Babinet  est  invité  à  prendre  connaissance  de  l'envoi  de  M.  Oletti,  et  à 
faire  savoir  à  l'Académie  si  son  invention  est  de  nature  à  devenir  l'objet 
d'un  Rapport. 

A  4  lieures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


(  a3i   ) 

COMITÉ  SECRET 

M.  Boussingault,  doyen  de  la  Section  d'Économie  rurale,  présente  là 
liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Vilmorin. 

En  première  ligne.   ...     M.  Ch.   Martixs,  professeur  à  la  Faculté  de 

Médecine,  à  Montpellier. 

En  seconde  ligne.    .    .    .     M.    de    Vibraye,     agriculteur,    à    Chevernv 

(Loir-et-Cher). 

En  troisième  ligne.   ...     M.  Parade,  directeur  de  l'École  forestière, 

à  Nancy. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés.  L'élection  aura  lieu  dans  la 
prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  a  février  i863  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  J.  DECAISNE;  60e  livraison.  Paris, 
1 863  ;  in-4°,  avec  planches. 

Eloge  de  M.  Tliénard  prononcé  dans  la  Séance  publique  annuelle  de  l  Aca- 
démie impériale  de  Médecine  du  g  décembre  186a;  par  M.  Frédéric  Duf.oi^ 
(d'Amiens).  Paris,  i863;  in-4°. 

Traité  d'anestliésie  chirurgicale;  par  Maurice  Perrin  et  Ludger-Lalle- 
mand.  Paris,  i863;  in-8°. 

De  la  glycérine,  de  ses  applications  à  la  chirurgie  et  à  la  médecine;  peu 
M.  Demarquay.  Paris,  1 863  ;  in-8°. 

Geografia...   Géographie  du   Pérou,  oeuvre  posthume  du  Dr  Mateo  Paz 


(  23a  ) 
Soldais;  corrigée  et  augmentée  par  son  frère  Mariano -Felipe  Paz  Soldais. 
(Publié  aux  frais  du  gouvernement  péruvien,  sous  la  présidence  de  M.    R. 
Castilla.)  T.  Ier.  Paris,  1862;  fort  vol.  in-4°. 

Vergleichende...  Osléotogie  comparée  du  saumon  du  RI dn,  avec  un  coujt 
d'œil  rétrospectif  sur  samyologie,  précédée  de  remarques  sur  ta  trame  constituante 
du  squelette  des  vertébrés  ;  par  C.  Bruch  ;  sept  planches  lithographiées  et  gra- 
vures sur  bois.  Mayence,  1862;  format  atlas. 

Die  Wirbeltheorie...  La  théorie  des  vertèbres  crâniennes  mise  à  l'épreuve 
pour  te  squelette  du  saumon;  par  le  même.  Francfort-sur-le-Mein,  1862; 
in-4°. 

Ueber  die...  Sur  te  développement  de  la  colonne  vertébrale  et  le  classement 
systématique  de  la  Rana  fusca;  parle  même;  1  feuille  in-8°. 

Ueber  osteologische. . .  Sur  les  caractères  spécifiques  empruntés  à  iostéologic 
pour  le  genre  Carpe  y  par  le  même  ;  demi-feuille  in- 8°. 

Ueber  peripherische...  Sur  l'ossification  périphérique  chez  les  grenouilles  et 
sur  les  différences  entre  les  ossifications  primordiales  et  secondaires;  par  le 
même;  demi-feuiile  in-8°. 

Beitràge...  Contributions  pour  servir  à  i histoire  du  développement  du  système 
osseux;  par  le  même.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  générale  des  Natu- 
ralistes suisses;  XIIe  vol.  Zurich,   1862.) 

Vergleichend...  Sur  le  métacarpe  des  poissons;  par  le  même;  2  feuilles 
in-8°,  1861. 

Ueber  die...  Sur  le  développement  de  la  clavicule  et  la  couleur  du  sang  ;  par 
le  même;  2  feuilles  in-8°. 

Die  Faim  a  .  .  .  La  Faune  et  la  Flore  des  environs  de  Moscou;  par  E. 
d'Eichwald.  Moscou,  1862;  br.  in-8°. 


{  233 


PUBLICATIONS      PERIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    JANVIER    1865. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  [Académie  des  Sciences  ;  i  "  se- 
mestre i863,  nos  i  à  4  ;  in-4°- 

Annales  de  V Agriculture  française  ;  5e  série,  t.  XX,  nos  i  i  et  12;    t.   XXI, 
n°  i;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;   i\'  année,  nouvelle  période,    t.    I, 
nos  ii  et  i2;in-8°. 

Annales  de  la  Société  des  Sciences  industrielles  de  Lyon,  i863;  n°  7;  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques;  4e  série,  t.  I,    21e  année;    janvier   i863 ; 
in-8°. 

Annales  de  la  Société  d' hydrologie  médicale  de   Paris;  comptes  rendus  des 
séances;  i.  IX,  3e,  4e  et  5e  livraisons;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  janvier  i863;  in-8°. 

Atti  dell1  Academia  pontificia  de Nuovi  Lincei;  i4e  année,  6e  session.  Rome; 
in-4°. 

Atti  del  reale  Insliluto  Lombnrdo  di  Seienze,  Leltere  et  Arti;  vol.  3;  fasc.  g 
et  10.  Milan;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  n°*  7  et  8;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  décembre  1862;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  2e  série,  t.  V,  nos  9 
et  10;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France;  2e  série, 
t.  XVIII,  n°  1  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  2e  série,  t.  IX,  novembre  1862;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  5e  série,  t.  IV;  décembre  1862;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Bévue  suisse;  t.  XV,  n°6o;  Genève;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  8e  ann^e,  décembre  1862 
in-8°. 

C.    R.,  iSU3,   Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  S.)  3  I 


(  *34  ) 

Butlettino  meteorotogico  dell'  Observalorio  del  collegio  romano;  vol.I,  nos  22, 
23  et  24;  vol.  II,  n°  i.Ronie;  in-4°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  1  2e  année,  t.XXII,nosi  à  5;  in-8°. 

Edinburgh  new  Philosophiçal  journal  ;  nouvelle  série,   n°  32;  vol.  XVI. 
n°  2,  octobre  1862;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  36e  année,  nos  1  à  i3;  in-8°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  33e  année,  t.  XVIII,  nos  2  à  5;  in-40. 

Gazelle  médicale  d  Orient  ;  6e  année,  décembre  1862  ;  in-4°. 

Il  Nuovo  Cimento —  Journal  de  Physique,  de  Chimie  et  d'Histoire  naturelle; 
t.  XVI,  août  et  septembre  1862.  Turin  et  Pise;  in-8°. 

Journal  a" Agriculture  pratique  ;  27e  année,  1 863,  n°  2;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale ,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie  ;  t.  IX,  4e  série, 
janvier  i863;  in-8°. 

Journal  de  l<i  Société  impériale  et    centrale   d' Horticulture;   t.  VIII,  dé- 
cembre 1862;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;   22e  année,  t.  XLI,   janvier  1 863  ; 
in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi  ;   26e   année,   t.  VI,  janvier  1 863  ;  m-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29e  année,  nos  1. 
2  et  3  ;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  de  laCàte-d'Or;  novembre  1862;  in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  2e  série,  août,  septembre  et 
octobre  1862;  in-4°- 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire  ;  t.  I,  janvier  i863;  in-8". 

La  Culture;  4e  année,  t.  IV,  nos  i3  et  14;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  3e  série,  t.  IV,  nos  6  et  7;  in-8°. 

L'Art  médical;  9e  année,  t.  XVII,  janvier  1 863;  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  20e  année;  n°5  1  à  4;  in-4°. 

L'Art  dentaire;  6e  année,  décembre  1862;  in-8". 

La  Lumière;  i3e  année,  nos  1  et  2;  in-4°- 

La  Science  pittoresque  ;  7e  année;  nos  36  à  4o;  in-4°. 


(  a35  ) 

La  Science  pour  tous;  8e  année;  nos  5  à  9  ;  in-4°. 

La  Médecine  contemporaine  ;  4e  année;  n°  27;  5e  année,  n"  1;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie ;  2e  année;  nos  20  et  21  ;  in-4° 

Le  Technologiste  ;  2/je  année,  janvier  i863  ;  in-8°. 

Le  Gaz;  6e  année;  n°  11,  in-4°- 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  6e  année,  t.  X;  janvier 
i863;  in-8°. 

Magasin  pittoresque;  3  Ie  année  ;  janvier  1  863 ;  in-4°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d' Astronomie  de  Londres  , 
vol.  XXIII,  n°a;  in-12. 

Nouvelles  Annales   de  Mathématiques;    2e  série;   janvier  i863;  in-8°. 

Observatorio...  Publications  de  l'Observatoire  météorologique  de  l'Infant 
don  Luiz,  à  l'Ecole  polytechnique  de  Lisbonne ,   nos  35,  36  et   3y  ;  in-fol. 

Presse  scientifique  des  Deux  Mondes  ;  année  1  863,  t.  Ier,  nos  1  et  2  ;  in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale;  t.  VII,  janvier  1 863  ;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  t.  XIX;  janvier  i863;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  3oe  année,  nos  1  et  2;  in-8°. 

Revista  de  obras  publicas.  Madrid  ;  t.  XI,  nos  1  et  2  ;  in-4°- 

Revue  viticole ;  4e  année;  décembre  1862;  in-8°. 

The  journal  of  materia  medica  ;  vol.  IV;  novembre  et  décembre  1862; 
in-8°. 

The  journal  oj  thc  rojal  Dublin  Society;  n°5  26,  27  et  28;  juillet  1862  a 
janvier  1 863 ;  in-8°. 


ËHRATA. 

(Séance  du  26  janvier  i863.) 


Page    184,   ligne  6;   au    lieu  de:  au   nom  de  M.  Dubois,  d'Angers,  lises;   au  nom  dt 
M.  Dubois,  d'Amiens. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  9  FÉVRIER  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ÉLECTRO-CHIMIE.   —  Mémoire  sur  la  décomposition  électro-chimique  des 
substances  insolubles;  par  M.  Becquerel.  (Extrait.) 

«  Depuis  la  découverte  de  la  décomposition  de  l'eau  par  la  pile,  vers 
1800,  on  n'a  pas  cessé  de  s'occuper  de  l'action  chimique  de  l'électricité, 
qui  est  devenue,  entre  les  mains  de  Davy,  le  point  de  départ  de  découvertes 
du  premier  ordre.  Dans  son  remarquable  Mémoire  de  1806,  il  attira  par- 
ticulièrement l'attention  du  monde  savant  en  démontrant  qu'avec  des  piles 
de  i5o  éléments  au  moins  on  parvenait  à  retirer  des  substances  insolubles, 
par  l'intermédiaire  de  l'eau  distillée  et  de  deux  lames  de  platine  ou  d'or 
servant  d'électrodes,  les  éléments  acides,  alcalins  ou  terreux  qui  entrent 
dans  leur  composition  ou  qui  s'y  trouvent  à  l'état  de  mélange.  C'est  ainsi 
qu'il  est  parvenu  à  enlever  au  verre  et  à  un  grand  nombre  de  corps  le 
chlorure  de  sodium  qu'ils  contiennent;  d'où  il  conclut  que  la  plupart  des 
minéraux  avaient  été  immergés  dans  l'eau  de  la  mer. 

»  En  1808,  presque  au  début  de  sa  carrière  scientifique,  notre  confrère 
M.  Chevreul  trouva  qu'une  hornblende,  dont  il  avait  fait  l'analyse  [Jour- 
nal de  Physique,  t.  LXVI) ,  contenait  ainsi  que  d'autres  minéraux  des 
traces  d'alcali  et  d'acide  muriatique,   qui  ne   faisaient  pas  partie  de  leur 

C.  R.,  i863,  ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  6.)  32 


(  a38  ) 

composition.  Il  rappela  à  ce  sujet  que  Bayen  avait  signalé  également  l'exis- 
tence du  sel  marin  dans  les  serpentines;  les  observations  faites  au  spectro- 
mètre  conduisent  à  la  même  conséquence. 

»  MM.  Al.  Brongniart  et  Malaguti  décomposèrent  plus  tard  le  feldspath 
avec  des  piles  de  25o  éléments.  Dans  ces  expériences,  il  est  probable  que 
la  couche  liquide  qui  adhère  aux  surfaces  par  l'action  capillaire,  et  dont 
l'épaisseur  est  infiniment  mince,  en  se  polarisant,  remplit  les  fonctions 
d'électrode  et  opère  ainsi  la  décomposition  des  substances;  mais  comme  la 
quantité  d'électricité  qui  la  traverse  est  excessivement  faible,  il  s'ensuit  que 
l'électrolvsation  l'est  également. 

»  Quand  les  électrodes  sont  eu  contact  avec  les  substances,  on  obtient 
dans  un  grand  nombre  de  cas,  avec  des  piles  composées  de  10  à  5o  élé- 
ments, des  effets  beaucoup  plus  marqués  que  ceux  dont  il  vient  d'être 
question;  mais  l'électricité  agit  dans  ce  cas  non  directement,  mais  indirec- 
tement, puisque  son  action  se  borne  à  présenter  aux  substances  insolubles 
les  éléments  à  l'état  naissant  avec  lesquels  elles  se  combinent  suivant  les 
lois  des  affinités. 

»  Lorsqu'on  fait  passer,  par  exemple,  un  courant  de  moyenne  force  a 
l'aide  de  deux  lames  de  platine,  dans  de  l'eau  distillée,  au  fond  de  laquelle 
se  trouve  du  soufre  natif  en  petits  fragments,  en  évitant  le  contact  du 
soufre  avec  les  électrodes,  l'eau  seule  est  décomposée  et  le  soufre  reste 
intact;  le  contact  est-il  établi  avec  les  deux  électrodes  ou  l'une  d'elles, 
l'eau  est  également  décomposée,  mais  l'oxygène  et  l'hydrogène  qui  sont  à 
l'état  naissant,  dans  les  points  de  contact,  réagissent  sur  le  soufre  et  les 
substances  qu'il  contient  à  l'état  de  combinaison  ou  de  mélange,  et  il  en 
résulte,  du  côté  positif,  de  l'acide  sulfurique,  et  du  côté  négatif,  de  l'acide 
sulfhydrique  etdessulfhydrales,  suivant  les  localités,  de  soude,  de  chaux, 
de  strontiane,  etc.,  etc 

»  Les  combinaisons  de  soufre  soumises  au  même  mode  d'expérimenta- 
tion donnent  des  résultats  semblables.  Le  sulfure  de  carbone,  quoique 
insoluble,  jouit  de  la  propriété  de  se  mélanger  à  l'eau  en  parties  très-ténues 
qui  lui  communiquent  son  odeur  propre;  il  donne  au  pôle  positif  de  l'acide 
sulfurique  et  de  l'acide  carbonique,  et  au  pôle  négatif  de  l'acide  sulfhy- 
drique, de  l'hydrogène  carboné  et  même  des  su  If  hydrates,  quand  bien 
même  les  électrodes  ne  se  trouvent  pas  en  contact  avec  le  sulfure  de  car- 
bone qui  est  au  fond  de  l'eau. 

»  Les  sulfures  métalliques  insolubles  donnent  lieu  à  des  produits  du 
même  genre,  mais  variant  de    nature  suivant  que  les  bases  sont  plus  ou 


(  *39  ) 
moins  réductibles.  Le  cinabre,  le  sulfure  d'argent   sont  réduits  avec  for* 
mation  d'acide   sulfhydrique  et    même    de    sulfhydrates  de  bases    qu'ils 
peuvent  contenir. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  des  sulfures,  qui  peuvent  être  transformés  en 
sulfures  basiques.  C'est  ce  qui  arrive,  suivant  la  force  de  la  pile,  avec  les 
sulfures  de  plomb,  de  fer,  etc.,  et  notamment  avec  le  enivre  pyriteux, 
double  sulfure  de  cuivre  et  de  fer  qui  se  transforme  en  peu  de  temps,  sur- 
tout en  ajoutant  à  l'eau  une  faible  quantité  d'alcali ,  en  cuivre  panaché 
irisé,  en  tout  semblable  à  celui  de  la  nature. 

»  Les  sulfates,  les  carbonates,  arséniates  métalliques  insolubles,  se  com- 
portent de  même.  La  malachite  fibreuse,  soumise  à  l'action  d'un  courant 
peu  intense,  est  transformée  en  cuivre  métallique  qui  conserve  la  texture 
du  minéral. 

»  Les  appareils  électriques  simples,  qui  m'ont  servi  longtemps  à  former  un 
grand  nombre  de  composés  ayant  leurs  analogues  dans  la  nature,  donnent 
des  résultats  semblables.  Ces  appareils  sont  composés  de  substances  solides 
et  liquides  qui,  en  réagissant  les  unes  sur  les  autres  lentement,  fournissent 
l'électricité,  dont  l'action  concourt  avec  les  affinités  à  la  production  de 
nouveaux  composés.  Je  citerai  quelques  exemples. 

»  Dans  un  tube  de  verre  fermé  par  un  bout,  on  a  introduit  du  protochlo- 
rure de  mercure,  de  l'eau  distillée  et  une  lame  de  cuivre  en  contact  avec  le 
protochlorure,  puis  le  tube  a  été  fermé  avec  soin,  mais  non  hermétique- 
ment. Cette  préparation  a  été  faite  en  1837  :  il  s'est  déposé,  au  bout  de 
quelques  années,  des  cristaux,  presque  imperceptibles  d'abord,  d'amal- 
game de  cuivre  d'un  brillant  métallique  éclatant  et  dont  les  faces  sont  d'une 
netteté  remarquable.  Ces  cristaux  sont  des  prismes  droits  rhomboklaux, 
terminés  par  des  pyramides  quadrangulaires.  En  examinant  avec  attention  la 
lame  de  cuivre,  on  voit  qu'elle  a  constitué  un  couple  voltaïque  dont  la  par- 
tie supérieure  a  été  le  pôle  positif;  il  est  facile  ensuite  de  se  rendre  compte 
des  effets  produits  en  admettant  que  les  protochlorures  de  mercure  et  de 
cuivre  ne  soient  pas  complètement  insolubles  dans  l'eau. 

»  Avec  le  plomb,  on  obtient  également  des  cristaux  d'amalgame  qui  pa- 
raissent avoir  la  même  forme  que  les  précédents  et  que  celle  des  cristaux 
d'amalgame  de  sodium,  ce  qui  indique  une  même  composition  atomique. 

»  Dans  les  expériences  précédentes,  l'électricité  n'intervenant  que  pour 
mettre  à  l'état  naissant  les  éléments  de  l'eau  et  des  sels,  afin  qu'ils  puissent 
agir  sur  les  substances  insolubles,  on  conçoit  que  les  matières  organiques 

3î.. 


(    240    ) 

ou  inorganiques  en  décomposition,  se  trouvant  en  contact  avec  les  mêmes 
substances  dans  la  terre,  doivent  donner  lieu  à  des  effets  semblables. 

»  Je  traite  ensuite  dans  mon  Mémoire  de  deux  séries  d'expériences  dont 
les  résultats  ne  sont  pas  sans  intérêt. 

»  Les  fils  ou  lames  de  platine  négatifs  qui  ont  servi  à  opérer  des  décom- 
positions chimiques,  même  dans  les  actions  lentes,  pendant  plus  ou  moins 
de  temps,  jouissent  de  la  propriété,  quand  on  les  plonge  dans  la  flamme 
du  spectromètre,  de  faire  connaître  immédiatement  les  bases  alcalines  et 
terreuses  qui  se  trouvent  déposées  sur  leur  surface,  même  en  quantités 
très-minimes. 

»  Dans  le  cours  de  mes  recherches,  j'ai  été  amené  à  m'occuper  de  la 
silice,  de  l'alumine  et  du  sesquioxyde  de  fer,  solubles  dans  l'eau,  que 
M.  Graham  a  obtenus  dans  ses  belles  recherches  sur  la  dialyse;  dans  quel 
état  se  trouvent  ces  bases?  L'électricité  le  fait  connaître  :  lorsque  l'on  soumet 
ces  dissolutions  à  l'action  d'une  pile  d'une  dizaine  d'éléments,  il  se  dépose 
sur  la  lame  négative  de  la  silice,  de  l'alumine  ou  du  sesquioxyde  de  fer  en 
gelée,  ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  qu'autant  que  ces  bases  forment  des  hy- 
drates solubles;  dans  l'électrolysation,  l'eau  qui  joue  le  rôle  d'acide  se 
rend  au  pôle  positif,  où  elle  est  décomposée,  et  la  base  au  pôle  négatif. 
Pendant  l'expérience,  il  se  dégage  une  quantité  assez  abondante  de  gaz 
hypochloreux,  surtout  avec  la  dissolution  de  silice,  ce  qui  prouve  que  les 
dissolutions,  quoique  neutres,  contiennent  encore  du  chlore. 

»  En  cherchant  à  oxyder  le  silicium  au  pôle  positif  dans  l'eau  distillée, 
avec  une  pile  de  80  éléments  à  sulfate  de  cuivre,  j'ai  reconnu  que  ce  métal- 
loïde n'était  pas  un  corps  non  conducteur,  comme  on  le  croyait,  mais  qu'il 
possédait  une  conductibilité  suffisante  pour  produire  des  effets  de  chaleur 
remarquables  quand  il  est  traversé  par  un  courant  électrique,  en  raison  de 
la  grande  résistance  cpi'il  éprouve.  Si  l'on  met  du  silicium  en  petits  cristaux 
cylindroïdes  préparés  par  le  procédé  de  M.  Deville,  et  que  je  dois  à  son 
obligeance,  dans  une  capsule  de  porcelaine  ou,  mieux  encore,  de  platine, 
en  communication  avec  l'un  des  pôles  de  la  pile,  et  que  l'on  ferme  le  circuit 
avec  un  fil  de  platine  de  1  millimètre  de  diamètre  au  moins,  en  ne  touchant 
seulement  avec  ce  fil  qu'un  des  petits  cristaux,  on  voit  aussitôt  ce  dernier 
devenir  incandescent,  ainsi  que  les  cristaux  adjacents.  En  élevant  le  fil, 
tous  les  cristaux  se  suivent  en  formant  une  petite  chaîne  ayant  une  tempé- 
rature rouge-blanc;  il  se  produit  en  même  temps  une  fumée  blanche  plus 
ou  moins  visible,  suivant  la  force  de  la  pile,  et  ayant  une  odeur  approchant 
de  celle  qui  se  développe  quand  on  brise  un  morceau  de  silex. 


(  a4i  ) 

»  Cette  chaleur  intense  est  réellement  produite  par  la  résistance  qu'é- 
prouve l'électricité  en  traversant  le  silicium,  car  on  obtient  ce  résultat  en 
employant  une  pile  d'une  force  telle,  qu'en  touchant  la  capsule  de  platine 
avec  le  fil  de  même  métal  on  n'aperçoive  qu'une  faible  étincelle. 

»  Si  l'on  expérimente  avec  une  pile  de  20  éléments  à  acide  nitrique,  les 
effets  de  chaleur  sont  des  plus  intenses,  le  vase  de  platine  est  perforé,  fondu 
dans  la  partie  en  contact  avec  la  substance,  ainsi  que  le  bout  de  fil  de  pla- 
tine, et  il  se  dégage  en  même  temps  une  fumée  blanche  avec  formation  de 
silice  qui  se  dépose  en  poussière  sur  le  platine  fondu,  et  de  siliciure  de  ce 
métal. 

»  Avec  des  électrodes  de  charbon,  on  obtient  des  effets  complexes 
résultant  de  leur  combustion  et  des  effets  ci-dessus  décrits.  La  production 
de  lumière  est  alors  des  plus  vives,  et  l'œil  n'en  peut  supporter  l'éclat. 
Dans  ce  cas  et  le  précédent,  il  faut  opérer  sur  une  plaque  de  cristal  de  roche, 
dont  la  surface  se  recouvre  de  silice  :  cette  silice  vue  au  microscope  paraît 
être  à  l'état  vitreux. 

»  Les  faits  exposés  dans  ce  Mémoire  mettent  bien  en  évidence  l'influence 
du  contact  des  électrodes  avec  les  matières  insolubles  pour  opérer  leur 
décomposition,  en  employant  des  piles  d'intensité  moyenne,  non  par  une 
action  directe  de  l'électricité,  mais  par  l'effet  d'actions  secondaires  que  la 
nature  doit  employer  fréquemment.  » 

physiologie.  —  Note  sur  l'infection  purulente  ;  par  M.  Floure.ns. 

«  Dans  mes  études  sur  les  abcès  du  cerveau,  j'ai  commencé  par  me  don- 
ner un  moyen  de  produire  des  abcès  à  volonté.  L'introduction  dans  le  cer- 
veau d'un  corps  étranger  quelconque  :  morceau  de  bois,  de  fer,  caillou, 
balle  d'étain,  de  plomb,  etc.,  m'a  suffi  pour  cela. 

»  Dans  ces  études,  j'ai  été  étonné  de  deux  choses  :  d'abord,  de  la  facilité 
avec  laquelle  le  pus  se  produit,  et  ensuite  de  la  facilité  avec  laquelle  il  se 
résorbe.  Dix  ou  douze  heures  après  l'introduction  d'un  corps  étranger  dans 
le  cerveau,  il  y  a  du  pus;  et  du  quarantième  au  cinquantième  jour  il  n'y 
en  a  plus  :  l'animal  est  guéri. 

»  Je  lisais,  en  ce  moment-là,  le  beau  chapitre  de  M.  Maisonneuve,  intitulé  : 
Découverte  de  l'infection  purulente.  Cette  découverte,  car  c'en  est  une  :  l'au- 
teur l'a  bien  nommée,  est  l'une  des  plus  importantes  de  la  chirurgie  contem- 
poraine.  L'infection  purulente  est  un  des  accidents  les  plus  terribles  des 


:;'|2   ) 

opérations  chirurgicales.  Sur  ce  point,  M.  Maisonneuve  ne  laisse  aucun 
cloute. 

»  Comment  !  dans  mes  expériences,  la  résorption  du  pus  amène  la  gué- 
rison  ;  et,  dans  les  opérations  chirurgicales,  la  résorption  du  pus  cause  la 
mort  !  A  quoi  peut  tenir  une  telle  différence  entre  ces  deux  espèces  de 
résorption  ? 

»  Je  fis,  au  moyen  d'un  trépan,  une  ouverture  sur  le  crâne  d'un  chien  , 
d'ailleurs  parfaitement  sain;  et  j'introduisis  par  cette  ouverture,  entre  le 
crâne  et  la  dure-mère,  deux  ou  trois  gouttes  à  peine  de  pus  pris  sur  un 
autre  chien  (i). 

»  Au  bout  de  quelques  heures,  l'animal  tomha  dans  un  abattement  pro- 
fond; il  se  tenait  constamment  couché,  il  ne  pouvait  supporter  sa  tète,  évi- 
demment elle  lui  pesait,  il  l'appuyait  par  terre;  mis  debout,  il  se  tenait 
quelques  instants  sur  ses  jambes  et  se  recouchait;  il  n'avait  ni  paralysies  ni 
convulsions;  il  ne  se  plaignait  ni  ne  gémissait  :  c'était  un  coma  profond, 
mais  comavigit,  avec  les  yeux  ouverts  et  voyants,  et  sans  respiration  bruyante. 
Un  flux  perpétuel  de  pus  s'écoulait  par  l'ouverture  du  crâne. 

«  Je  n'ai  guère  vu  de  chien  ainsi  opéré  survivre  plus  de  deux  ou  trois 
jours  à  l'opération. 

»  Après  la  mort  on  a  trouvé  une  quantité  énorme  de  pus  dans  le  crâne, 
autour  du  cerveau,  dans  les  ventricules;  la  dure-mère  en  était  gorgée;  elle 
était  gorgée  de  pus  et  de  sang  :  la  véritable  cause  de  la  mort  de  l'animal 
avait  été  une  méningite. 

»  On  n'a  trouvé  d'ailleurs  de  pus  que  dans  le  crâne.  On  n'en  a  trouvé 
dans  aucun  viscère  ni  de  la  poitrine  ni  de  l'abdomen;  on  n'en  a  point 
trouvé  dans  les  veines. 

»  Ainsi,  deux  ou  trois  gouttes  à  peine  de  pus,  pris  sur  un  chien  et  porté 
sur  la  dure-mère  d'un  autre  chien,  ont  produit  une  méningite.  Je  ne  con- 
nais pas,  en  physiologie,  d'analyse  plus  difficile  à  faire  que  l'analyse,  et,  si 
je  puis  ainsi  dire,  que  le  triage  des  symptômes  delà  méningite  d'avec  ceux 
de  Y  encéphalite.  Les  plus  habiles  y  ont  échoué. 

»  Et  la  question  est  déjà  ancienne.  Elle  date  du  temps  de  Morgagni. 
«  Henri  Meibomius,  ce  grand  anatomiste,  dit  Morgagni,  pose  en  thèse  que, 
»   dans  la  phrénésie,  la  substance  même  du  cerveau  n'est  point  enflammée. 

(i)  Tantôt  le  pus  a  été  mis  sur  la  dure- mère  et  tantôt  sous  (entre  la  dure-mère  et  le  cer- 
veau) :  le  résultat  a  été  le  même. 


(  243  ) 

»   Quant  à  moi ,  je  ne  nie  point  qu'elle  le  soit  quelquefois  ; mais 

»  je   ne   dissimulerai  pas  non   plus   qu'il   est    des  cas   où   elle    ne   l'est 
»  point (i).   » 

»  Je  pose  la  question  dans  les  termes  où  la  posaient  Meibomius  et  Mor- 
gagni  :  La  méningite  est-elle  distincte  deVen<éjilinlile? 

»  Évidemment  la  méningite  pure  est,  primitivement  et  en  soi,  essentielle- 
ment distincte  de  l'encéphalite  ;  mais,  évidemment  aussi,  les  deux  inflam- 
mations ne  tardent  pas  à  s'associer  :  celle  des  méninges  et  celle  de  ïécorce 
du  cerveau,  comme  parle  Morgagni.  Dans  mes  expériences,  le  cerveau  a 
toujours  conservé  sa  fermeté  normale,  mais  il  élait  tout  parsemé  de  points 
rouges,  signe  certain  de  son  inflammation. 

»  La  paralysie,  comme  l'a  remarqué  M.  Serres,  ne  se  joint  jamais  à  la  mé- 
ningite. Le  signe  palhognomonique  de  la  méningite  est  le  coma,  tel  que  je  l'ai 
défini,  et,  pour  le  cas  du  moins  de  mes  expériences  où  la  méningite  a  été 
produite  par  du  pus  porté  d'un  animal  sur  un  autre  animal  :  une  sécrétion 
de  pus  excessive. 

»  La  caractéristique,  j'emprunte  ce  mot  à  la  zoologie,  la  caractéristique  de 
ce  qu'on  appelle  les  tissus  blancs  (cartilages,  tendons,  aponévroses,  etc.  )  fait 
le  désespoir  de  la  physiologie.  On  ne  peut  cependant  en  prendre  sou  parti. 
Combien  d'incommodités,  combien  de  malaises,  combien  d'affections  dites 
rhumatismales,  goutteuses  ou  de  tout  autre  nom,  ont  pour  siège  les  tissus 
qu'on  nomme  les  tissus  blancs!  A  chacun  de  ces  tissus  répond  un  mal  pos- 
sible, un  mal  qui  peut  aller  de  la  plus  insignifiante  douleur  jusqu'à  la  dou- 
leur la  plus  atroce. 

»  Haller  a  posé  l'insensibilité  absolue  de  ces  tissus;  mais  Haller  n'a  connu 
que  l'état  normal.  J'ai  fait  voir  que,  dans  l'état  malade,  dans  l'état  irrité  ou 
enflammé,  ils  sont  d'une  sensibilité  extrême.  J'ai  enflammé  la  dure-mere 
par  l'application  d'un  •vésicatoire  :  on    ne  pouvait  la  piquer  ou  la  pincer 


(i) Ipsi  autem  negari  non  posse,  eredunt,  ceiebrum,  aut  saltem  cerebri  corticem 

semper  in  phrenetide  esse  inflammatum.  Quod  tanien  diserte  negabat  Henrkus  Meibomius, 
anatomicus  prœstantissimus,  cuni  banc  tbesim  proposuit  :  In  phrenetide  ipsa  cerebri  substan- 
tiel non  injlammatur.  Ego  vero  non  modo  aliquando  inflammari,  non  nego;  sed  eas  quae 
in  Sepulchreto  sunt,  observationes  addere  alias  possnm,  ut  Lanzoni,  qui  in  adolescente  ex 
maligna  febri  délirante  cerebrum  maculis  nigris  undequaque  conspersum  ,   cum   membranis 

lividis  invenit Sed  cum  lias  aliasque  addidero,  tôt  illas  dissimulare  non  potero  in  qui- 

bus  nulla  usquam  in  cerebro  reperta  est  inflammatio »   De  sedibus  et  eausis  morbo- 

rum,  epistol.i  vu,  p.  43  (t.  III,  1764)- 


(  *44  ) 

sans  produire  de  la  douleur.  Dans  la  méningite,  la  dure-mère,  enflammée, 
est  également  sensible.  J'ai  dévoilé,  j'ai  démasqué,  par  l'inflammation  , 
la  même  sensibilité  dans  les  tendons,  dans  les  aponévroses,  et  jusque  dans  le 
périoste. 

»  Je  reviens  à  mon  expérience,  et  je  me  résume.  Deux  ou  trois  gouttes 
à  peine  de  pus,  pris  sur  le  cerveau  d'un  chien  et  porté  sur  la  dure-mère  d'un 
autre,  produisent  donc  la  méningite  et  causent  ia  mort.  La  théorie  de  l'infec- 
tion purulente  est,  comme  le  dit  M.  Maisonneuve,  une  des  théories  qui 
appellent  le  plus  fortement  aujourd'hui  l'attention  de  la  chirurgie.    » 

PATHOLOGIE  COMPARÉE.  —  Méningite  comateuse  sans  paralysie  ; 
iVo/e  de  M.  Serres. 

<(  Un  gibbon  est  mort  il  y  a  quelques  jours  à  la  Ménagerie,  à  la  suite 
d'un  coma,  sans  paralysie,  qui  a  duré  quatre  ou  cinq  jours. 

«  A  l'autopsie,  le  cerveau  enlevé  avec  grand  soin  nous  a  offert  une  mé- 
ningite granuleuse,  et  de  plus  un  ver  vésiculaire  enkysté  qui  paraît  avoir 
été  le  point  de  départ  de  la  méningite  comateuse  ou  apoplectique  (apo- 
plexie méningée).  » 

géodésie.  —  Appareil  pour  ta  mesure  statique  de  la  pesanteur; 
par  M.  Babixet. 

«  Sir  John  Herschel,  dans  son  excellent  ouvrage  intitulé  :  Out-lines  of 
Astronomy  (Esquisses  d'Astronomie),  s'exprime  ainsi,  au  sujet  de  la  mesure 
de  la  pesanteur  :  «  Les  moyens  par  lesquels  la  variation  de  la  gravité  peut 
»  être  reconnue  et  la  quantité  de  cette  variation  mesurée  sont  de  deux 
»  sortes  (comme  toutes  les  mesures  des  puissances  mécaniques),  savoir  :  les 
n  moyens  statiques  et  les  moyens  dynamiques.  Les  premiers  consistent  à 
»  mettre  le  poids  d'un  corps  en  équilibre,  non  pas  avec  le  poids  d'un  autre 
»  corps,  mais  bien  avec  une  force  naturelle  d'une  différente  espèce,  et  qui 
»  ne  soit  pas  dépendante  de  la  position  qu'occupe  cette  force  sur  le  globe. 
»  Telle  est  la  force  élastique  d'un  ressort.  »  [Out-lines,  art.  234.)  Sir  John 
propose  de  faire  usage  d'un  ressort  en  hélice  chargé  à  son  extrémité  infé- 
rieure d'un  poids  qui  produirait  un  allongement  plus  grand  du  ressort 
quand  la  pesanteur  augmenterait  d'intensité.  Il  estime  qu'on  pourrait 
espérer  d'avoir  ainsi  le  moyen  de  mesurer  l'intensité  de  la  gravité  dans  une  loca- 
lité quelconque  à  un  dix-millième  de  sa  valeur  totale.  Il  ajoute  en  note  :  «  Les 
»   grands  avantages  qu'un  tel  appareil  et  un  tel  mode  d'observation  pos- 


(  245  ) 
»   selleraient  sous  le  rapport  de  la  commodité,  du  peu  de  frais,  du  facile 
»   transport  et  de  l'économie  de  temps,  comparativement  au  procédé  ordi- 
»   naire  qui  est  laborieux,  fastidieux  et  dispendieux,  rendent  des  essais  de 
»  ce  genre  bien  dignes  d'être  tentés.    » 

»  J'avais  pensé,  il  y  a  déjà  plusieurs  années,  au  moyen  suivant  d'équi- 
librer la  pesanteur  par  la  force  de  torsion  d'un  fil  métallique.  Imaginons 
qu'on  prenne  une  balance  ordinaire  et  que  l'on  fixe  à  l'axe  de  cette  balance, 
et  dans  le  prolongement  de  la  ligne  du  tranchant  des  couteaux  qui  portent 
le  fléau,  un  fil  métallique  horizontal  qui  soit  d'une  force  convenable;  il  est 
évident  qu'en  donnant  à  ce  fil  métallique,  par  son  bout  libre,  une  torsion 
suffisante,  on  fera  équilibre  à  un  poids  placé  dans  le  plateau  que  la  torsion 
tendrait  à  soulever.  La  pesanteur  serait  donc  balancée  par  la  force  de  tor- 
sion du  fil  métallique.  Je  ne  m'arrêterai  pas  à  énumérer  les  inconvénients 
de  ce  procédé,  qui  demande  un  fil  beaucoup  trop  fort,  et  dont  la  torsion 
est  influencée  par  la  tension  qu'on  est  obligé  de  donner  au  fil  métallique 
pour  le  maintenir  rectiligne.  Quelques  essais  que  notre  confrère  M.  d'Ab- 
badie  a  bien  voulu  faire  d'après  cette  idée  n'ont  abouti  qu'à  constater  le 
peu  d'espoir  de  succès  que  pouvait  laisser  ce  procédé  d'ailleurs  tout  à  fait 
rationnel. 

»  J'ai  été  plus  heureux  en  commençant  par  diminuer  considérablement 
l'action  de  la  pesanteur  au  moyen  du  pendule  bifilaire  qui  transforme  l'ac- 
tion verticale  de  la  gravité  en  une  force  horizontale  qui  est  égale  à  la  pe- 
santeur primitive  diminuée  dans  le  rapport  de  la  demi-distance  des  fils  pa- 
rallèles du  bifilaire  à  la  longueur  de  ces  mêmes  fils.  Si  les  fils  de  suspension 
du  bifilaire  sont  distants  de  10  millimètres,  et  qu'ils  aient  un  mètre  de  long, 
la  pesanteur  ramènera  le  bifilaire  vers  son  point  de  repos  définitif  avec 
une  force  qui  sera  le  deux-centième  de  la  pesanteur  directe.  Si  par  exemple 
le  bifilaire  porte  un  poids  de  i  kilogramme,  ou  bien  de  iooo  grammes,  il 
sera  ramené  vers  son  point  de  repos  avec  une  force  égale  à  5  grammes,  qui 
sont  la  deux-centième  partie  du  kilogramme. 

»  Attachons  maintenant  au-dessous  du  poids  que  porte  le  bifilaire  un 
fil  métallique  vertical  tendu  par  un  petit  poids  constant  et  qui  réponde  au 
milieu  de  l'intervalle  des  fils  de  suspension.  On  lui  donnera  une  torsion  en 
sens  contraire  de  celle  que  l'on  donne  au  bifilaire.  Tl  est  évident  que  si  la 
torsion  du  fil  ramène  le  corps  suspendu  au  bifilaire  à  sa  position  primitive, 
il  y  aura  équilibre  entre  la  force  de  torsion  d'une  part,  et  la  pesanteur  di- 
minuée de  l'autre,  et  comme  on  peut  à  volonté  graduer  l'action  de  la  pe- 

C.  R.,  iSG'i,   ier  Scmcstie.  (T.   LVI,  N°  C.)  33 


(  246  ) 
santeur  par  le  moyen  d'un  bifilaire  convenable,  on  pourra  se  servir  pour 
la  torsion  d'un  fil  métallique  suffisamment  délicat  pour  éviter  de  sortir  des 
limites  de  l'élasticité  parfaite  de  torsion. 

»  Avant  d'aller  plus  loin,  je  dois  déclarer  que  pour  la  disposition  de  mon 
appareil,  pour  éviter  l'influence  de  la  tension  sur  la  force  de  torsion,  pour 
éviter  le  temps  perdu  dans  les  contacts  qui  déterminent  le  commencement 
des  torsions,  enfin  pour  tout  ce  qui  n'est  pas  l'idée  du  fractionnement  de 
la  pesanteur  par  le  bifilaire,  je  dois  tout  aux  conseils  et  aux  exigences  éclai- 
rées de  sir  John  Herschel,  notre  illustre  confrère.  Sans  lui  mon  appareil  ne 
serait  pas  sans  doute  devenu  pratique  et,  suivant  lui,  exempt  de  toute  ob- 
jection. Il  ajoute  qu'autant  que  ses  connaissances  peuvent  s'étendre  dans 
cette  matière,  il  ne  voit  rien  qui  s'oppose  à  l'emploi  de  cet  instrument,  sans 
cependant  renoncer  aux  perfectionnements  de  détail  que  la  pratique  pourra 
suggérer. 

»  Pour  raccourcir  de  moitié  l'appareil,  on  fera  descendre  le  fil  de  torsion 
entre  les  deux  fils  du  bifilaire;  mais  pour  ne  point  compliquer  ici  l'idée 
simple  d'un  bifilaire  qui  porte  un  poids  de  i  kilogramme,  et  qui  est  ramené 
vers  son  point  de  repos  définitif  avec  une  force  de  5  grammes,  nous  admet- 
trons que  le  fil  de  torsion  soit  attaché  au-dessous  du  poids  et  pende  libre- 
ment et  rectilinéairement,  sans  qu'aucune  traction  provenant  de  l'attache 
de  l'extrémité  inférieure  du  fil  vienne  influencer  sa  force  de  torsion.  Cela 
posé,  je  donne  au  bifilaire  une  rotation  de  900  par  le  moyen  de  la  pièce  à 
laquelle  il  est  suspendu.  Le  poids  se  fixe  à  900  de  sa  position  primitive. 
Maintenant,  au  moyen  d'une  pièce  tournante  placée  au-dessous  de  l'extré- 
mité du  fil  de  torsion,  et  sans  lier  cette  extrémité,  je  donne  au  fil  métal- 
lique une  torsion  en  sens  contraire  du  déplacement  du  bifilaire,  de  manière 
à  ramener  le  poids  suspendu  au  bifilaire  à  sa  position  de  départ.  Admettons 
que  ce  fil  ait  été  choisi  tel,  que  sa  torsion  soit  alors  de  1800;  et  comme  il 
serait  difficile  de  choisir  un  fit  qui,  pour  cette  torsion,  ramenât  exactement 
le  poids  à  son  point  de  départ,  on  ajoutera  ou  l'on  retranchera  à  ce  poids, 
que  j'appelle  1\  un  poids  convenable^,  qui  ramené  le  poids  P  à  sa  posi- 
tion de  départ.  Alors  le  poids  P  +  p,  suspendu  au  bifilaire  déplacé  de  900, 
lait  équilibre  à  une  torsion  de  1800  du  fil  métallique.  Alors,  si  l'on  trans- 
porte l'appareil  dans  une  autre  localité  où  la  pesanteur  soit  moindre  par 
exemple,  ici  le  poids  P  •+-  p  ne  fera  plus  équilibre  à  la  torsion  du  fil,  et 
on  sera  obligé  d'ajouter  au  poids  P  +  />  un  poids  additionnel  p'  pour 
ramener  la  pariie  inférieure  du  bifilaire  à  son  point  de  départ.  En  France 


(  ^1  ) 

la  pesanteur  varie  d'environ  -nruTTô  pour  chaque  degré  de  latitude,  en  sorte 
que  si  pour  Paris  on  avait  P-}-pégal  à  i  kilogramme  ou  1000  grammes,  il 
faudrait  à  Bordeaux,  qui  est  4°  ;m  sud  de  Paris,  ajouter  un  poids  égal 
à  yôuôtt  de  1000  grammes,  c'est-à-dire  4  décigrammes,  pour  rappeler  l'extré- 
mité inférieure  du  bifilaire  à  son  point  de  départ. 

»  Un  décigramme  ajouté  au  poids  que  porte  le  bifilaire  pour  chaque 
deçré  de  latitude  est  une  quantité  considérable  qui  permet  d'espérer  que 
les  variations  de  la  pesanteur  seront  très-sensibles,  même  pour  deux  stations 
qui  ne  différeraient  que  d'un  petit  nombre  de  minutes  en  latitude.  Les  me- 
sures du  pendule  exécutées  en  France  par  MM.  Biot  et  Mathieu  laissent  une 
incertitude  d'environ  jôoTô»  ce  I11'  correspond  à  \  de  degré  et  à  une  varia- 
tion en  hauteur  d'un  peu  plus  de  ioo  mètres. 

»  Il  m'est  impossible,  sans  une  figure,  de  décrire  les  divers  modes  de 
pointé  qui  servent  à  ramener  le  bifilaire  et  le  fil  de  torsion  aux  mêmes  points 
dans  les  deux  stations  pour  lesquelles  on  veut  comparer  la  pesanteur.  Il 
faut  remarquer  qu'il  n'y  a  ici  aucune  loi  de  torsion  à  connaître  ou  à 
admettre.  Un  bifilaire  dévié  d'une  quantité  donnée  est  ramené  à  son  point 
de  départ  par  un  poids  P  +  p  à  la  première  station,  et  cela  contre  l'action 
d'une  torsion  de  i8o°.  A  la  seconde  station,  où  la  pesanteur  est,  je  suppose, 
plus  faible,  il  est  ramené  au  même  point,  contre;  la  même  force  de  torsion, 
au  moyen  d'un  poids  V  -\-  p  +  p' .  Le  rapport  des  deux  pesanteurs  sera 
donc  le  quotient  de  P  -+-  p  -+-  p'  par  P  -t-  p. 

»  En  faisant  osciller  un  bifilaire,  on  pourrait  avoir  une  mesure  absolue 
de  la  pesanteur;  mais  il  vaudrait  mieux  observer  le  poids  qui  ramène  le  bifi- 
laire dans  une  localité  où  la  pesanteur  ait  été  bien  déterminée,  comme  à 
Kcenigsberg,  où  Bessel  a  exécuté  une  mesure  absolue  de  la  pesanteur  qui 
est  sans  rivale.  Ensuite  on  conclurait,  au  moyen  du  bifilaire  et  du  fil  de 
torsion,  sa  valeur  absolue  pour  toutes  les  stations  du  monde  entier  par  un 
procédé  expéditif. 

»  Mon  appareil  ne  comporte  ni  mesures  d'angles,  ni  mesures  de  lon- 
gueurs, ni  emploi  du  temps.  L'influence  de  la  température  sur  le  bifilaire 
est  nulle,  puisque  son  fractionnement  de  la  pesanteur  dépend  du  rapport 
de  la  demi-distance  des  fils  de  suspension  à  la  longueur  de  ces  fils,  et  ce 
rapport  sera  constant  si  les  fils  sont  fixés  à  des  pièces  qui  soient  du  même 
métal  que  les  fils  de  suspension.  Quant  à  l'action  de  la  température  sur  le 
fil  de  torsion,  on  en  aura  une  table  faite  à  loisir  au  point  de  départ  prin- 
cipal. Ainsi  que  le  remarque  sir  John  Herschel,  l'appareil,  porté  sucefssi- 

33. 


(  »48  ) 
vement  dans  deux  chambres  inégalement  échauffées,  donnera  lui-même,  en 
peu  de  minutes  et  par  deux  simples  pesées,  le  moyen  de  ramener  le  résulta! 
à  une  température  donnée  et  la  même  pour  toutes  les  stations. 

»  Une  balance  ordinaire,  chargée  d'un  poids  de  1000  grammes,  peut 
être  sensible  au  milligramme.  Si,  comme  il  est  probable,  la  balance  formée 
par  le  bifilaire  et  le  fil  de  torsion  est  sensible  au  même  degré,  on  observerait 
une  variation  sensible  de  pesanteur  pour  un  centième  de  degré  en  latitude 
(un  peu  plus  de  i  kilomètre),  aussi  bien  que  pour  quelques  mètres  d'élé- 
vation. Au  reste  l'appareil,  comme  la  balance  ordinaire,  indiquera  de  suite 
à  quel  degré  il  est  sensible  par  le  poids  qui  sera  nécessaire  pour  le  faire 
sortir  de  son  pointement.  Enfin,  on  sait  que  l'on  combat  efficacement 
l'inertie  des  systèmes  mobiles  au  moyen  d'un  diapason  vibrant  que  l'on 
pose  dessus.  » 

astronomie.  —  Lettre  de  M.  Le  Verrier  à  M.  le  Président  de  l'Académie. 

■<  Ainsi  que  je  l'ai  déclaré  à  l'Académie,  ma  volonté  la  plus  ferme  est  de 
me  tenir  désormais  éloigné  des  débats  qu'on  pourrait  vouloir  susciter.  Tou- 
tefois M.  Faye  a  évidemment  droit  à  ce  que  je  lui  fournisse  une  copie  com- 
plète de  tous  les  nivellements  effectués  du  9  au  25  juin,  ainsi  que  je  l'ai 
d'ailleurs,  vous  le  savez,  offert  dès  le  premier  jour. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  remettre  cette  copie,  en  vous  priant  de  deman- 
der à  M.  le  Secrétaire  perpétuel  de  l'insérer  au  Compte  rendu  de  la  séance 
prochaine. 

»  Ce  document  suffit  pour  l'objet  en  litige,  puisqu'il  s'agit  uniquement 
de  savoir  si,  avec  les  nivellements  effectués,  on  peut  conclure  les  valeurs 
de  l'inclinaison  à  ioh  20m  du  soir,  les  i3,  17,  18,  20,  22  et  2/j  juin. 

Ensemble  des  nivellements  de  l'axe  de  la  Lunette  méridienne, 
effectués  depuis  le  q  jusqu'au  2.5  juin  1 1>54- 


Date. 

Heure. 

Inclinaison. 

u  in     q 

2.  10 

soir. 

4"  ,43 

10 

4-25 

» 

On  retourne  deux  fois  la  Lunette. 

5.29 

» 

4",  5. 

1 1 

4..2 

» 

4",  ^9 

12 

3.38 

» 

On  retourne  quatre  fois  la  Lunette 

5.28 

» 

9">6> 

10. 27 

» 

8"  ,94 

(^49  ) 

Ensemble  des  nivellements  de  l'axe  de  la  Lunette  méridienne, 
effectués  depuis  le  g  jusqu'au  i5  juin  1 854  (Suite). 


Date. 

Heure. 

Inclinaison. 

Juin    i3 

7 .5o 

matin. 

7",  09 

I  .     2 

soir. 

7",  8. 

3.20 

0 

8" ,  11 

>4 

8.58 

matin. 

7">27 

2.46 

soir. 

7",  63 

3.38 

D 

On  retourne  deux  fois  la  Lunette. 

i5 

o.52 

M 

7"  ,02 

16 

5.22 

1 

7",o3 

5.58 

.. 

On  retourne  deux  fois  la  Lunette. 

'7 

5.3o 

» 

7">36 

18 

o.36 

» 

On  retourne  deux  fois  la  Lunette. 

2. 10 

■ 

6",  84 

'9 

5.   0 

» 

6",75 

20 

4.36 

» 

6"  ,89 

5.  6 

» 

On  retourne  deux  fois  la  Lunette. 

6.   0 

6",57 

21 

1 .   2 

6", 01 

22 

1.  6 

» 

6" ,  62 

3.45 

S 

On  retourne  deux  fois  la  Lunette. 

5.i8 

» 

On  retourne  deux  fois  la  Lunette. 

l3 

4.23 

» 

1",  7» 

24 

4.3o 

» 

1 0" ,  0 1 

5.3. 

D 

On  retourne  deux  fois  la  Lunette. 

25 

8.37 

matin. 

8",  40 

o.3i 

soir. 

9",  38 

Réponse  de  M.  Faye. 

«  Je  me  joins  à  M.  Le  Verrier  pour  demander  l'insertion  de  cette  pièce 
aux  Comptes  rendus,  pourvu  qu'on  y  joigne  les  noms  des  observateurs  que 
M.  Le  Verrier  a  omis.  Mais  je  suis  obligé  de  faire  remarquer  que  l'objet 
en  litige  n'est  pas  seulement  d'examiner  s'il  est  possible  de  calculer  l'in- 
clinaison de  l'axe  pour  les  instants  de  l'opération  télégrapbique  entre  Lon- 
dres et  Paris,  avec  les  documents  que  nous  présente  M.  Le  Verrier.  Il  s'a- 
git aussi  de  faire  connaître  la  part  de  responsabilité  qui  incombe  à  chacun 
dans  cette  opération;  il  s'agit  encore  d'en  faire  apprécier  la  valeur  et  même 
la  moralité.  Or  la  pièce  communiquée  par  M.  Le  Verrier,  pièce  qui  ne 
contient  que  l'indication  des  nivellements  (même  sans  nom  d'auteur),  ne 


(  25o  ) 

répond  ni  à  l'importance  ilu  débat,  ni  à  l'objet  en  litige.  Je  reproduirai 
donc  encore  une  fois  la  demande  que  j'ai  faite  lundi  dernier  dans  les 
termes  suivants  : 

"  Il  ne  suffit  pas  de  venir  dire  ici,  comme  M.  Le  Verrier  l'a  fait  dans 
»  la  dernière  séance,  sans  en  rien  imprimer  dans  les  Comptes  rendus,  qu'il 
»  s'est  trompé  en  1 854  :  ''  fant  encore  que  M.  Le  Verrier  fasse  connaître 
»   les  éléments  de  ce  calcul,  les  bases  de  sa  publication  de  i854- 

»  Je  demande  communication,  au  Secrétariat  de  l'Institut,  des  pièces  qui 
»  ont  servi  à  Paris  et  à  Greenwicb  à  arrêter  les  résultats  qu'on  a  publiés 
»  avec  tant  d'assurance  en  1 854,  et  qu'on  vient  contester  aujourd'hui  avec 
»  une  égale  assurance.  Ces  pièces  existent,  car  M.  Le  Verrier  a  présenté  à 
»  l'Académie,  le  25  septembre  1 854 »  le  dossier  complet  de  l'opération  com- 
»  prenant  toutes  les  pièces  relatives  à  la  mesure  actuelle  :  correspondance ,  ope- 
r>  rations  astronomiques,  transmission  des  signaux  et  calculs  (i).  Puisque  M.  Le 
»  Verrier  m'accuse  hautement  de  l'insuccès  des  opérations,  il  est  de  stricte 
»  justice  que  ce  dossier,  présenté  à  l'Académie  en  i854,  soit  déposé  en 
»  entier  au  Secrétariat,  afin  que  chacun  puisse  l'étudier,  rechercher  les 
»  nombreuses  déterminations  des  erreurs  instrumentales  que  M.  Le  Verrier  y 
»  voyait  en  1 854»  mais  qu'il  ne  retrouve  plus  aujourd'hui,  et,  dans  tous  les 
»  cas,  examiner  comment  ces  résultats,  qu'on  ne  peut,  dit-on,  calculer  au- 
»  jourd'hui,  ont  été  pourtant  calculés  en  1 854  et  publiés  au  nom  des  deux 
»  observatoires  de  Londres  et  de  Paris.  Il  convient  que  la  vérité  se  fasse 
»  jour  autrement  que  par  des  accusations  sans  preuves.    » 

«  astronomie.  —  M.  Le  Verrier  présente  le  tome  XVII  de  la  série  des 
Annales  de  l'Observatoire  impérial  consacré  aux  observations.  Ce  volume 
contient  les  observations  régulières  faites  en  l'année  1861,  ainsi  que  leur 
réduction,  savoir  : 

»    i°  Observations  faites  à  la  Lunette  méridienne  ; 
»   2°  Observations  faites  au  Cercle  mural  de  Gambey  ; 
»   3°  Ascensions  droites  et  distances  polaires  des  étoiles  fondamentales, 
conclues  des  observations  ; 


(i)  Cf.  Comptes  rendus,  Nouvelle  détermination  de  la  différence  de  longitude  entre  les 
Observatoires  de  Paris  et  de  Greenix  ich  ;  par  M.  Airy,  directeur  de  l'Observatoire  de  Green- 
ivich,  et  M.  Le  Verrier,  directeur  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris;  i854.  t.  XXXIX, 
]>.  56 1,  li^ne  12  en  remontant. 


(   »5i   ) 

»   4°  Ascensions  droites  et  distances  polaires  des  centres  du  Soleil,  de  I; 
Lune  et  des  planètes  principales; 

»   5°  Observations  des  petites  planètes  faites  à  l'Equatorial,  savoir  : 


(2?)  Lutetia. 

(5)  Eugénie. 

(39)  Lœtitia. 

(55)  Pandore. 

(7)  Iris. 

(70)  Panopea. 

(68)  Leto. 


@  Nisa. 
@  Niobé. 
(5Ù)  Melete. 
(28)  Bellone. 
(S)  Europa. 
(34)  Circé. 
@  Thétis. 


(24)  Phocea. 
(43)  Ariane. 
(14)  Irène. 
(îî)  Victoria. 
(40)  Harmonia. 
@  Isis. 


»  6°  Observations  faites  à  l'Equatorial,  de  la  comète  de  Thatcher  et  de 
la  grande  comète  de  1861  ; 

»   70  Observations  météorologiques; 

*  8°  Observations  magnétiques  faites  quatre  fois  par  jour  pendant  la 
durée  de  l'année. 

»  Les  observations  des  petites  planètes  ont  reçu  en  1861  un  développe- 
ment nouveau.  Par  le  soin  mis  dans  les  observations  équatoriales,  et  en 
déterminant  les  positions  des  étoiles  de  comparaison  au  moyen  de  plu- 
sieurs observations  méridiennes,  on  est  parvenu  à  obtenir  des  positions 
des  petites  planètes  tout  aussi  précises  que  celles  qu'on  déduit  des  obser- 
vations méridiennes. 

«  M.  Le  Verrier  expose  à  ce  sujet  à  l'Académie  que  dans  quelques  jours 
l'Observatoire  impérial  sera  en  possession  d'un  grand  Cercle  méridien,  dont 
le  pouvoir  optique  très-puissant  permettra  d'observer  directement  les  petites 
planètes.  L'instrument  est  déjà  en  place,  et  il  n'y  a  plus  qu'à  finir  d'ajuster 
ou  régler  certaines  parties. 

»  Ce  nouveau  progrès  permettra  de  reprendre  et  de  réaliser  la  proposition 
faite  par  l'astronome  royal  de  Greenwich,  M.  Airy,  de  combiner  les  efforts 
des  deux  grands  Observatoires  de  France  et  d'Angleterre  suivant  un  plan 
concerté,  pour  en  tirer,  dans  l'intérêt  de  l'observation  des  petites  planètes, 
le  plus  grand  parti  possible. 

»  M.  Le  Verrier  présente  encore  la  VIe  livraison  de  Y  Allas  êcliplique  de 
l'Observatoire  impérial,  atlas  construit  par  M.  Chacornac.  Cette  livraison 


(  25a  ) 


coin 


prend  : 


Carte  n°  2 

1610 

étoiles. 

1  bis. 

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Total...        12389     étoiles. 

»  Cette  livraison  est,  de  toutes  celles  parues  jusqu'à  ce  jour,  celle  qui 
contient  le  plus  d'étoiles.  >> 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant de  la  Section  d'Économie  rurale,  en  remplacement  de  feu 
M.  Vilmorin. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  volants  étant  5o. 

M.  Ch.  Martins  obtient 44  suffrages. 

M.  de  Vibraye 6 

M.  Ch.  Martins,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
déclaré  élu. 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

M.  Dumas  présente,  au  nom  de  M.  Aloyse  Nowuk,  de  Prague,  un  Mé- 
moire ayant  pour  titre  :  «  Commentaire  critique  pour  servir  d'explication 
à  deux  différents  chapitres  de  l'ouvrage  sur  les  orages  et  leurs  conséquences, 
par  François  Arago.  » 

Ce  travail,  qui  a  déjà  été  communiqué,  en  juin  1861,  à  la  Société  Royale 
des  Sciences  de  Bohème,  a  pour  objet  de  faire  ressortir  tout  ce  qu'il  y  a  de 
fécond  en  conséquences  dans  un  ouvrage  posthume  de  l'illustre  Secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences,  feu  M.  Arago,  notamment  dans  les 
chapitres  XXVII  et  XXXII. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Mathieu,  Babinet 

et  Faye.  ) 


(  a53  ) 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Application  de  la  vis  tellurique  dans  ta  théorie  de  l'acier; 

par  M.  de  Chancourtois. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Dumas,  Delafosse,  Daubrée.) 

«  Je  viens  soumettre  à  l'Académie  les  résultats  de  l'application  de  ma 
vis  tellurique  dans  la  théorie  de  l'acier. 

»  L'hélice  de  coefficient  angulaire  —  -U-,  qui  part  du  caractère  44  du  dia- 
mant, passe  sur  les  caractères,  ou  dans  les  champs  d'oscillation  des  carac- 
tères, de  plusieurs  corps  essentiellement  durs  ou  aigres  et  employés  ordi- 
nairement pour  durcir  les  alliages.  En  d'autres  termes,  plusieurs  corps 
aigres  ont  ou  sont  aptes  à  prendre  des  caractères  numériques  multiples  de 
1 1.  Ce  sont  :  le  bore  (i  i  ou  22),  le  manganèse  (55),  le  zinc  (66,  entre  65  et 
68),  l'arsenic  (77,  entre  75  et  79),  l'antimoine  (121  =  1 12),  le  tungstène  (187, 
entre  i85et  188),  l'iridium  (198,  limite  supérieure  très-voisine  du  type  197). 

»   Le  nombre  1 1  paraît  donc  caractéristique  d'une  certaine  dureté. 

»  J'indiquerai  en  passant  qu'il  y  aurait  à  examiner  si  le  strontium  et  de 
didyme  sont  aigres. 

»  Maintenant  le  caractère  du  fer  oscille  au  moins  de  56  à  54;  avec  le 
caractère  intermédiaire  55,  le  même  que  celui  du  manganèse,  le  fer  entre 
dans  la  série  aigre.  11  constitue  alors  pour  moi  le  fer  doué  de  la  propension 
aciéreuse,  en  un  mot  \efer  à  acier,  dont  la  spécification  a  été  si  positive- 
ment établie  par  M.  Le  Play,  au  point  de  vue  métallurgique. 

»  La  détermination  de  la  chaleur  spécifique  de  l'acier  FTuntsman ,  faite  par 
M.  Regnault,  met,  ce  me  semble,  ma  conclusion  hors  de  doute,  car  le 
caractère  numérique  déduit  de  cette  détermination  est  précisément  55. 

»  Par  là  se  trouve  expliqué  ce  fait  qui  a  valu  au  gîte  principal  du  pays  de 
Siegen  la  dénomination  significative  de  Stahlberg  (montagne  d'acier), 
savoir,  que  les  minerais  de  fer  spathique  manganèse  fournissent,  pour  ainsi 
dire  quoi  qu'on  fasse,  des  produits  essentiellement  aciéreux.  En  effet, 
l'association  cristalline  des  carbonates  de  fer  et  de  manganèse  exigeant 
un  isomorphisme  exact,  n'est-d  pas  évident  que  dans  cette  combinaison  le 
fer  doit  avoir  pris  le  même  caractère  55  que  le  manganèse  ? 

»   Ai-je  besoin  de  développer  les  conséquences  de  cet  aperçu  ? 

»  L'aci'er  est  le  fer  amené  au  caractère  numérique,  ou,  si  l'on  veut,  à  l'état 
moléculaire  qui  lui  assigne  dans  la  série  du  carbone-diamant  la  place  juste- 
ment la  plus  voisine  de  ce  prototype  de  la  dureté  cristalline,  et  le  carbone 

C.  R  ,  i863,  1"  Semestre.  (T.   LVI,  N°  6.)  34 


(  ^54  ) 
que  l'on  y  rencontre  en  proportion  indéfinissable  y  figure  peut-être  a  titre 
d'étiquette  ou  comme  témoin  d'une  action  de  présence,  plutôt  que  comme 
élément  composant  indispensable. 

»  D'autre  part,  comme  la  solidité  de  toute  cbose  est  en  raison  directe  du 
temps  consacré  à  l'édification,  cet  état  moléculaire, que  tout  fer  suffisamment 
épuré  est  sans  doute  capable  d'acquérir  à  un  certain  degré  par  un  traitement 
convenable,  ne  résiste  aux  épreuves  des  élaborations  répétées  que  s'il  a  été 
créé  par  les  lentes  et  régulières  opérations  de  la  nature. 

»  Par  le  tracé  hélicoïdal,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  par  la  prise  en 
considération  des  facteurs  des  caractères  numériques,  on  arrive  à  une  autre 
conséquence. 

«  Le  caractère  du  fer  ordinaire,  56,  étant  multiple  de  7,  se  trouve  sur 
l'hélice  de  coefficient  angulaire  —  |  du  silicium  (28)  et  de  l'azote  (14)  où 
peuvent  figurer  aussi  par  leurs  variations  constatées  le  second  silicium  (42  à 
43),  le  titane  (49  =  72>  entre  48  et  5i),  l'arsenic  (77,  entre  75  et  79),  l'iode 
(126,  entre  ia5  et  127),  le  vanadium  (137  à  140),  le  tungstène  (189,  entre 
ï  85  et  193).  On  aperçoit  dans  cette  série  deux  corps  de  la  série  précédente, 
les  autres  sont  également  aigres  et  durcisseurs. 

»  On  conçoit  par  là  l'existence  d'un  autre  genre  de  fer  dur  qui  serait  à 
l'acier  proprement  dit  ce  que  le  silicium  est  au  carbone  et  dont  le  type  se 
trouverait  dans  les  fontes. 

»  Ici  encore  la  détermination  de  la  chaleur  spécifique  de  la  fonte  blanche 
faite  par  M.  Regnault  vient  appuyer  ma  conclusion, sinon  la  mettre  horsde 
doute,  puisque  le  caractère  déduit  de  cette  détermination  est  5o,  aussi  voisin 
que  possible  de  49  =  72-  Reste  à  décider  si  le  champ  d'oscillation  du 
caractère  du  fer  doit  être  étendu  jusqu'à  49  ou  si,  à  raison  des  proportions 
notables  de  silicium  et  de  carbone  qui  entrent  dans  les  fontes,  il  y  a  lieu  de 
tenir  compte  de  leur  action  de  masse  dans  l'explication  des  caractères 
numériques  de  ces  matières. 

»  Je  pourrais  corroborer  les  deux  conclusions  particulières  de  cette 
Notice  par  diverses  remarques  géologiques,  concernant  les  gîtes  de  fer  et 
principalement  le  gîte  de  Dannemora,  dont  le  fer  oxydulé  a  une  texture 
qu'on  ne  saurait  mieux  définir  qu'en  la  comparant  à  celle  de  l'acier  trempé, 
et  qui  fournit,  comme  on  sait,  le  type  du  fer  à  acier.  Mais  je  crois  qu'il 
est  inutile  d'ajouter  beaucoup  de  commentaires  à  des  chiffres  qui  parlent 
si  net. 

»  En  dehors  de  la  question  spéciale  des  états  du  ter,  les  observations 


(  255  ) 
précédentes  m'amènent  à  perfectionner  l'énoncé  du  principe  cpie  j'ai  posé 
touchant  les  spécifications  des  hélices  de  diverses  inclinaisons,  en  préci- 
sant la  loi  des  rapports  des  propriétés  physiques  et  chimiques  dans  les 
deux  séries  de  corps  dont  les  caractères  numériques  admettent  les  facteurs 
7  ou   ii. 

»  Mais  si  l'étude  des  deux  séries  se  trouve  avoir  été  entamée  à  propos 
et  avec  les  résultats  de  la  fabrication  qui  procure  à  tous  les  arts  leurs  princi- 
paux instruments,  depuis  le  marteau  pilon  jusqu'au  canif,  depuis  l'aiguille 
à  cataracte  jusqu'au  canon  rayé,  elle  a  en  même  temps,  par  une  coïncidence 
singulière,  une  importance  également  supérieure  au  point  de  vue  le  plus 
général  de  la  théorie  physico-chimique,  parce  que  les  deux  séries  compren- 
nent les  éléments  qui,  autour  du  carbone  et  du  silicium,  véritables  premiers 
sujets,  jouent  les  rôles  dominants  dans  les  phénomènes  fondamentaux  de  la 
cristallinité  et  de  la  vitrosité  ou  de  la  viscosité.  Son  développement  complet 
doit  donc  être  remis  à  une  prochaine  notice  spéciale,  et  j'ajoute  seulement 
aujourd'hui  la  remarque  suivante  : 

»  La  première  des  deux  hélices  en  question  est  jalonnée  sur  ma  vis  par  les 
caractères  du  carbone-diamant  (44  =  4  X  1 1)  et  de  l'antimoine  (121  =  1 12); 
la  seconde  est  jalonnée  par  les  caractères  du  silicium  (28  =  4  X  7)  et  du 
titane  (49  =  j2)  ;  enfin  les  deux  alignements  viennent  se  couper  sur  l'hélice 
normale  au  caractère  moyen  de  l'arsenic  (77  =  7  X  1 1).  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Mémoire  sur  la  propagation  des   ondes; 
par  M.  Emile  Mathieu.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Duhamel,  Bertrand.) 

«  Soient  |,  yj,  Ç  les  projections  du  déplacement  d'une  molécule  d'un 
corps  vibrant  sur  trois  axes  de  coordonnées  rectangulaires,  et  N,,  N2,  N3, 
T,,  T2,  T,  les  composantes  des  forces  élastiques  agissant  sur  trois  plans 
parallèles  aux  plans  de  coordonnées  au  point  considéré.  Les  équations  de 
l'élasticité  sont  : 


rfN,        r/T3        jTi 

dx  ,      dy  T   dz 

d'ï 

=  P7^' 

dT.       rfNj       dTi 

Ite  +   df    "*~    dz 

d'r, 

ŒP -2*' 

dx          dy           dz 

d2i 

34.. 


(  256  ) 
et  nous  prenons  pour  les  valeurs  des  N,-,  T,  les  expressions  suivantes  : 


d\  dr,  dC 

a-j-+«j-+e-7- 

tlx  d)  dz 


..  dl        r  dn  dX,  (  dn 

'        "'  dx^n-dr       aidz 


fdr,         d'.\         .    /d:         dl\  ,  -fd%         dn\ 

,dl        ,    dit        ,dC  (dn        dC\        ,    (dC        dï\  ,    ld\        dr, 

Ty  +  >  5         *  [dl   *  ay)  +  h>  fc&  +  £)  +  *■  [dy  +  = 

/rffl  rfÇ\  ,    /,/C  dl\  Idi  dr\ 

a\Tz  +  Ty)  +d>  U  +  s)  +  '''  W  +  s)' 

,    '/?         ,    '/>!         ,    '/ï  ,7-rf»l         dC\         ,    /rfÇ         rfE\  ,.    l  dl         dn\ 

T>  =  *-S  "^  +*.5  +  e'  U  +  Ifr)  +^U  +  *)  +  ''  U'  +  s)' 

Ces  expressions  renferment  comme  cas  particulier  celles  qui  ont  été  adop- 
tées par  Poisson  et  Cauchy  dans  plusieurs  Mémoires,  et  encore  aujourd'hui 
par  M.  de  Saint- Venant  pour  les  corps  non  cristallisés;  on  obtient,  en  effet, 
ces  expressions  en  faisant,  dans  celles  que  nous  avons  écrites, 

ai  =  J\  •      b,  =  «i .      <',  =  <l, >      (',  =  *,  ■     /  =  g,  >      '',  =  **■ 

Si  donc  on  n'admet  pas  que  ces  expressions  conviennent  à  tous  les  cas,  du 
moins  il  est  évident  que  le  cas  considéré  est  très-étendu. 

»  Supposons  que  nous  prenions  d'autres  axes  de  coordonnées;  alors  les 
expressions  des  composantes  des  forces  élastiques  deviendront 


xv  t<t?  n'1*'  dK     . 


,  (dn'        dï\        ,,  fdi'        dl'\         „  (dl'        dn'\ 


et  les  équations  de  l'élasticité 

rfN',       dT,       dT2  _    (£V 
dx'  +  dy'  +  d-J   ~  ?  dt2  ' 

»  D'ailleurs,  on  peut  déterminer  par  une  transformation  de  coordonnées 
les  valeurs  des  vingt  et  un  coefficients  a',  b',  c',d',...  au  moyen  des  vingt  et 

un  coefficients  a,  b,  c,  d, Ce  que  faisant,  on  arrive  au  résultat  suivant  : 

les  expressions  que  l'on  obtient  pour  les  quinze  quantités 

a',b',c',   /',,*',,    K„N%,   g",,^,   d'+*tft,    o'  +  ib\,  /'+»«',,   ^,+2/',,    h\  +  xe\,   A'3  +  2d\, 


(  257  ) 
sont  les  mêmes  que  celles  qui  donnent  a',  b',  c\...  quand  on  pose 

!axi+by'  +  cz'-h4A\x3jr  +  b/,\xy3+  4//,.r>3  +  4k3xz>  ■+■  /\g.,yz  +-  4^  rz1 
+  4(/-3  +  2rf,)Z3x/  =  a'x"+b'y',  +  c'z'i  +  4k',.v'\r'+  .  .  .  +  4  (#,  +  ie/\  )  zaa  ■'  i  '. 

h   Représentons  donc  par  F  le  premier  membre  de  l'équation  (M  )  et  con- 
sidérons les  deux  équations 

F  =  i,      F  =  o, 

qui  représentent  une  surface  du  quatrième  degré  et  son  cône  asymptote,  que 
nous  appelons  le  cône  indicateur.  Il  suit  de  là  que,  pour  simplifier  les  équa- 
tions de  l'élasticité,  il  conviendra  dans  chaque  cas  donné  de  ramener 
l'équation  de  ce  cône  à  sa  forme  la  plus  simple,  et  encore  que,  pour  étudier 
tous  les  cas  qui  peuvent  se  présenter  dans  celte  théorie,  il  faudrait  com- 
mencer par  faire  l'étude  de  toutes  les  lignes  du  quatrième  ordre,  ou  plutôt 
une  classification  des  cônes  de  ce  degré,  et  l'on  aurait  à  rechercher  quelles 
sont  les  ondes  propagées  en  prenant  chaque  espèce  de  cônes  pour  le  cône 
indicateur.  Et  maintenant,  nous  fondant  sur  des  idées  souvent  émises  par 
M.  Lamé,  desquelles  il  résulte  qu'en  physique  mathématique  un  résultat 
trouvé  élégant,  par  cela  seul  a  grande  chance  d'avoir  son  application  dans 
la  nature,  nous  pensons  que,  dans  la  théorie  de  l'élasticité  des  corps  solides, 
on  peut  n'admettre  que  les  vingt  et  un  coefficients  que  nous  avons 
adoptés. 

»  Le  cas  qui  doit  sembler  le  plus  simple  est  celui  où  la  surface  F  ==  i 
disparaît,  c'est-à-dire  où  les  quinze  coefficients  a,  b,  c,  A,,...,  kr+  idK 
sont  nuls,  et  alors  nos  expressions  N,,  N2,...,  T3  coïncident  avec  les  équa- 
tions (i3)  de  la  dix-septième  leçon  de  la  Théorie  de  l'élasticité  de  M.  Lamé; 
donc  l'onde  propagée  est  l'onde  de  Fresnel,  et  les  vibrations  sont  non-seu- 
lement transversales,  mais  encore  perpendiculaires  au  rayon. 

»  Mais  on  n'a  pas  un  cas  vraiment  plus  compliqué  si  l'on  suppose  que 
la  surface  F  =  1 ,  au  lieu  de  disparaître,  devient  une  sphère  double 

et  alors,  n'ayant  pas  à  choisir  les  axes  de  coordonnées  pour  simplifier 
l'équation  du  cône  indicateur  ou  de  la  surface  F=  i,  on  pourra,  comme 
M.  Lamé  l'a  fait  dans  le  cas  précédent,  choisir  les  axes  coordonnés  de 
manière  à  annuler  les  trois  derniers  des  sept  coefficients  a,  a,,  b,,  c„  dt, 
e,,  /,.  On  trouve  que  l'onde  se  compose  de  l'onde  de  Fresnel  et  d'une 


(  a58  ) 

sphère  aux  vibrations  longitudinales,  qui  sera  seule  entendue  dans  la 
théorie  de  l'acoustique,  et  qui  sera  invisible  dans  la  théorie  de  la  lumière. 
»  On  voit  donc  que  cette  étude  commence,  sans  qu'on  y  songe,  par  le 
mode  de  propagation  du  mouvement  dans  l'éther  renfermé  dans  les  corps 
cristallisés.    » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Nouveau  mode  d'action  de  l'eau  motrice,  et 
réalisation  de  très-grands  sipfwns ;  par  M.  L.-D.  Girard.  Extrait  par 
l'auteur.  (Présenté  par  M.  Combes.) 

(Commissaires,  MM.  Piobert,  Morin,  Combes.) 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  de  nouveaux  succès  que 
j'ai  obtenus,  dans  l'utilisation  de  la  force  des  cours  d'eau,  en  continuant  à 
travailler  dans  la  direction  que  je  suivais,  lorsqu'elle  daigna  récompenser 
mes  premiers  travaux,  il  y  a  bientôt  vingt  ans. 

>>  La  présente  communication  a  non-seulement  pour  but  de  faire  con- 
naître la  réalisation  d'un  nouveau  récepteur  hydraulique,  mais  aussi  celui 
d'une  réalisation  partielle  du  barrage  hydropneumatique,  que  j'avais  pré- 
senté à  l'Académie  en  1849,  pour  l'utilisation  de  la  force  perdue  de  nos 
grands  cours  d'eau  et  pour  faciliter  aussi  la  navigation. 

»  Je  rappellerai  en  quelques  mots  que  je  m'étais  proposé  de  mettre 
un  obstacle  au  passage  de  l'eau  d'une  rivière,  au  moyen  de  grands  siphons, 
par  l'interposition  de  l'air;  et  il  suffisait  ensuite  d'extraire  cet  air  pour 
rétablir  l'écoulement  de  la  rivière  ;  c'était,  selon  moi,  le  plus  simple  bar- 
rage qu'on  pouvait  imaginer,  puisqu'il  ne  comportait  aucun  organe  méca- 
nique susceptible  de  se  déranger. 

»  Je  n'ai  pas  pu  disposer,  jusqu'à  présent,  d'une  rivière  pour  y  faire  une 
expérience  complète  du  fonctionnement  de  grands  siphons,  mais  j'ai  saisi 
l'occasion  qui  m'était  offerte  dans  l'installation  de  deux  grandes  turbines, 
à  la  papeterie  de  la  Haye-Descartes,  pour  faire  cette  expérience,  en  con- 
struisant deux  grands  siphons  qui  débitent  ensemble  20  mètres  cubes  par 
seconde,  sous  une  charge  de  im,8o.  Tout  en  établissant  des  appareils  qui 
ont  fait  voir  que  de  très-grands  siphons  peuvent  être  construits  et  fonc- 
tionner très-régulièrement,  j'ai  réalisé  aussi  un  nouveau  mode  d'admission 
de  l'eau  dans  le  récepteur,  lorsque  celui-ci  ne  peut  être  alimenté  convena- 
blement qu'en  le  plongeant  considérablement  sous  l'eau  d'aval. 

»  Dans  l'exécution  des  deux  turbines  à  grande  puissance  de  la  Haye- 
Descartes,   l'emploi   des   siphons  pour   alimenter    de  pareils   moteurs,    à 


(  "9  ) 
grande  dépense  d'eau  pour  des  chutes  assez  minimes,  a  un  avantage  très- 
important,  en  ce  qu'il  simplifie  des  travaux  de  fondation  qui  parfois  sont 
fort  difficiles  à  exécuter  et  entraînent  des  frais  si  considérables,  qu'on  a  dû, 
dans  certains  cas,  renoncer  à  continuer  les  travaux. 

»  Enfin,  lorsqu'on  parvient  même  à  les  effectuer,  dans  des  localités  moins 
difficiles  on  a  toujours  l'inconvénient  d'être  obligé  de  placer  le  moteur  très- 
avant  dans  l'eau  d'aval,  ce  qui  en  rend  l'accès  impossible  pour  le  visiter, 
sans  faire  des  épuisements  à  la  fois  très-coûteux  et  fort  longs. 

»  Les  deux  turbines  à  siphon  de  la  Haye-Descartes  ont  de  très-grands 
diamètres,  d'où  il  s'ensuit  que  si  on  avait  tracé  les  aubes  mobiles  à  la  manière 
ordinaire  pour  la  libre  déviation,  que  j'appelle  à  veine  d'eau  détachée,  le 
nombre  de  révolutions  par  minute  aurait  été  tout  au  plus  de  dix  à  douze, 
tout  à  fait  insuffisant  pour  transmettre  directement  à  l'arbre  de  couche  sa 
force  par  un  seul  engrenage;  ce  qui  aurait  entraîné  à  de  très-grands  frais, 
et  à  une  complication  de  plus. 

»  Fort  du  résidtat  que  j'avais  obtenu  dans  l'édification  de  la  roue-hélice 
de  Noisiel-sur  Marne  (séance  du  3o  avril  1 855),  dont  la  vitesse  de  la  cou- 
ronne mobile  est  à  peu  près  égale  à  celle  de  l'arrivée  de  l'eau,  j'ai,  en  appli- 
quant le  même  principe,  fait  le  tracé  des  aubes  que  je  nomme  tracé  du 
triangle  équilatéral,  permettant  de  réaliser  d'une  manière  parfaite  la  libre 
déviation  à  veine  d'eau  moulée  dans  l'aube,  mode  qui  avait  été  le  sujet 
d'études  sérieuses  par  l'illustre  maître  M.  Poncelet  et  MM.  Callou  père  et 
fils.  Par  des  considérations  qui  seraient  très-longues  à  développer  ici  je 
n'ai  trouvé  que  le  tracé  du  triangle  équilatéral  qui  remplisse  les  conditions 
qu'exige  ce  mode  d'action  de  l'eau  motrice. 

»  Ce  nouveau  tracé  m'a  conduit  aussi  non-seulement  à  réaliser  d'une 
manière  rationnelle  ce  mode  d'action,  mais  aussi  à  doubler  en  quelque  sorte 
(toutes  choses  égales  d'ailleurs)  le  nombre  de  révolutions  du  récepteur,  ce  qui 
a  une  grande  importance  pour  l'utilisation  des  basses  chutes  à  grands  vo- 
lumes d'eau. 

»  L'espace  me  manque  pour  expliquer  en  détail  ce  nouveau  tracé,  mais 
on  peut  le  définir  d'une  manière  générale. 

»  Il  faut  que  la  ligne,  qui  représente  la  vitesse  en  grandeur  et  en  direction 
de  la  veine  d'eau  injectée,  forme  avec  celle  de  la  direction  de  l'aube  et  celle 
du  premier  élément  du  mouvement  relatif  dans  cette  aube  un  triangle 
équilatéral. 

»  C'est  sur  ce  principe  que  j'ai  fait  le  tracé  des  aubes  de  la  petite  turbine 
de  M.  Léon  Foucault,  et  les  nouvelles  expériences  de  ce  très-habile  expéri- 


(  160  ) 
mentateur,  sur  la  vitesse  de  la  lumière,  ont  montré  avec  quelle  régularité  le 
petit  moteur  à  veine  d'air  moulée  entraînait  le  miroir  dans  son  mouvement 
de  rotation,  et  cela  avec  une  pression  d'air  très-faible  due  au  bon  emploi  du 
fluide  moteur. 

»  Je  dois  ajouter  ici  que  cette  petite  turbine  à  air  a  environ  20  millimètres 
de  diamètre,  tandis  que  celles  exécutées  à  la  Haye-Descartes  ont  un  dia- 
mètre de  4ra,5oo  ou  sont  deux  cent  vingt-cinq  fois  plus  grandes. 

»  Malgré  cette  grande  différence,  le  nouveau  principe  de  l'action  du  fluide 
moteur  a  été  réalisé  aussi  bien  à  l'une  qu'à  l'autre. 

»  Disons  en  terminant  que  le  désamorçage  ne  s'est  jamais  manifesté 
depuis  quatre  années  que  les  siphons  fonctionnent  sur  la  Creuse,  et  je  pour- 
rais citer  même  un  exemple  assez  curieux  sur  celui  qui  alimente  la  turbine 
d'Eindhoven  (Hollande),  dans  la  filature  de  MM.  Smith  et  Kuyper.  J'ai  à 
plusieurs  reprises  fait  entrer  de  l'air  au  moyen  d'un  robinet  manœuvré  à  la 
main  qui  venait  se  cantonner  au  sommet  de  la  courbe  du  siphon,  et  peu  a 
peu  cet  air  était  entraîné  parle  simple  courant  de  l'eau,  et  ce  dernier  finissait 
toujours  par  couler  à  pleine  section,  au  bout  d'un  instant  assez  court. 

»  J'aurais  pu,  comme  on  peut  le  voir,  faire  connaître  plus  tôt  ce  résultat 
à  l'Académie,  mais  j'ai  jugé  à  propos  d'attendre  qu'un  grand  nombre  d'ap- 
plications soit  venu  confirmer  le  bon  résultat  que  j'avais  obtenu  primi- 
tivement. » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Nouvelle  Note  sur  l'emploi  des  sulfites  dans  la 
fabrication  du  sucre  (Ce  canne;  par  M.  Alvaro  Reynoso.  (Présentée  par 
M.  Dumas.)  ■ 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pelouze,  Payen.) 

«  Permettez-moi  de  poser  nettement  la  question,  pour  éviter  de  fausses 
et  malveillantes  interprétations  qui  pourraient  conduire  à  me  faire  paraître 
comme  désirant  m'approprier  des  inventions  faites  par  d'autres  personnes. 

»  lAisage  du  bisulfite  de  chaux  est  dû  à  M.  Melsens,  pour  la  part  que 
ce  chimiste  distingué,  avec  la  modestie  qui  le  caractérise,  s'est  assignée  lui- 
même  dans  son  Mémoire,  ayant  en  vue  les  travaux  qui  lui  sont  antérieurs. 

»  Ce  point  de  départ  étant  admis,  selon  le  document  que  j'ai  joint  à  la 
Lettre  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  adresser,  c'est  à  moi,  d'après  l'ordre 
chronologique,  qu'est  due  la  modification  au  procédé  Melsens,  modifica- 
tion qui  consiste  à  opérer  dans  des  milieux  alcalins. 

»   Le  bisulfite  de  chaux  peut  s'employer,  ou  directement,  en  le  préparant 


(  26r  ) 
dans  un  appareil  spécial,  ou  dans  le  sein  même  du  vesou,  en  faisant  à  cet 
effet  passer  un  courant  d'acide  sulfureux  dans  le  vesou  saturé  de  chaux. 

»  Le  premier  qui  eut  l'idée  de  préparer  ainsi  le  bisulfite  de  chaux  dans 
le  sein  même  du  vesou  fut  M.  Stowart,  qui  pratiqua  cette  méthode  à  la 
Louisiane  vers  l'année  1859.  Postérieurement,  à  la  fin  de  1 86 r ,  M.  Edouard 
Beanes,  Anglais  et  non  Américain,  inventa  un  appareil  pour  produire  l'acide 
sulfureux  et  pour  l'appliquer  immédiatement  au  vesou  saturé  de  chaux. 
J'eus  l'honneur  de  décrire  ce  système  dans  le  Diario  de  la  Marina  du  18  fé- 
vrier 1862  (n°4a),  et  j'y  rendis  à  Beanes  complète  justice.  Postérieurement 
encore,  dans  un  procès  que  l'on  intenta  à  Beanes,  je  fis  devant  les  tribunaux 
un  Rapport  en  sa  faveur.  De  sorte  que,  quant  à  moi,  je  n'ai  jamais  prétendu 
m'approprier  la  découverte  de  Melsens,  pas  plus  que  l'application  directe 
de  l'acide  sulfureux  dans  le  vesou  saturé  de  chaux,  application  qui  appar- 
tient à  Stowart,  à  Beanes,  et  à  d'autres  qui  se  la  disputent. 

»  En  quoi  consiste  donc  l'amélioration  que  j'ai  introduite?  Il  est  indiffé- 
rent d'employer  le  bisulfite  de  chaux  préparé  séparément  ou  en  le  prépa- 
rant dans  le  sein  même  du  vesou,  de  sorte  qu'en  dernier  résultat  les  deux 
procédés  reviennent  à  user  du  sulfite  de  chaux.  Eh  bien,  moi,  dès  i858  et 
1859,  j'avais  dit,  j'avais  publié,  que  l'usage  du  bisulfite  de  chaux  devait 
toujours  avoir  lieu  dans  des  milieux  alcalins. 

»  C'est  là  l'unique  observation  qui  m'appartienne,  et  je  crois  que  dans 
cette  observation  réside  tout  le  secret  de  l'usage  rationnel,  pratique  et  sûr 
du  sulfite  de  chaux  ajouté  ou  préparé  dans  le  sein  du  \esou. 

»  Je  suis  on  ne  peut  plus  charmé  de  lire  que  M.  Melsens  a  bien  interprété 
mes  communications  qui,  en  tout  temps  et  en  tout  lieu,  ont  sans  cesse  placé 
son  nom  en  première  ligne  dans  cette  question  ;  et  pour  sa  satisfaction,  je 
puis  ajouter  qu'ici  tous  les  hommes  intelligents  sont  de  la  même  opinion.  « 

GÉOLOGIE   —  Cycle  du  développement  de  la  vie  organique  à  la  surface  du  globe; 
par  M.  Dupoxciiel.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  d'Archiac,  Daubrée.) 

La  citation  des  deux  passages  suivants  donnera  une  idée  des  vues  fon- 
damentales de  l'auteur: 

«  Si  nous  remontons  à  l'époque  originelle  de  l'incandescence  de  notre 
planète,  les  simples  considérations  des  actions  chimiques  se  produisant 
librement  à  une  haute  température  suffisent  pour  nous  rendre  un  compte 
exact  de  l'état  de  l'atmosphère  et  du  noyau  du  globe  terrestre. 

C.  R.,  i863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  6.)  35 


(    2Ô2    ) 

»  Pour  ce  qui  concerne  la  composition  de  l'atmosphère  primitive,  deux 
points  sont  surtout  importants  à  signaler. 

»  En  premier  lieu,  l'oxygène,  le  corps  électro-négatif  ou  comburant  pat- 
excellence,  a  dû  s'unir  aux  corps  combustibles  dans  l'ordre  de  leur  plus 
grande  affinité,  au  carbone,  à  l'hydrogène  d'abord,  aux  métaux  alcalins  et 
terreux  ensuite,  et  cette  combinaison  n'a  dû  s'arrêter  que  lorsque  l'oxygène 
est  venu  à  manquer. 

»  En  second  lieu  le  carbone,  le  corps  éminemment  combustible  ou 
réducteur,  devait  se  trouver  intégralement  en  combinaison  avec  l'oxygène 
à  l'état  d'acide  carbonique  libre,  répandu  dans  l'atmosphère  primitive:  la 
haute  température  du  globe  ne  permettant  pas  d'admettre  la  formation  ou 
la  conservation  des  carbonates. 

»  En  résumé  l'atmosphère  du  globe  incandescent  devait  contenir,  à  part 
l'azote  et  l'eau  des  mers  vaporisée,  la  totalité  du  carbone  à  l'état  d'acide 
carbonique,  mais  ne  pouvait  pas  en  échange  contenir  un  seul  atome  d'oxy- 
gène libre. 

»  Deux  causes  ont  successivement  d'abord,  simultanément  ensuite,  con- 
tribué à  dépouiller  l'atmosphère  primitive  du  grand  excès  d'acide  carbo- 
nique qu'elle  contenait  : 

»  i°  La  formation  des  carbonates,  et  surtout  des  carbonates  calcaires, 
produits  par  la  combinaison  de  l'acide  carbonique  avec  les  oxydes  terreux 
résultant  de  la  décomposition  lente  des  silicates  primitifs,  action  qui  a  dû 
se  produire  dès  que  la  température  atmosphérique  est  descendue  au-dessous 
du  point  de  décomposition  naturelle  des  carbonates,  et  qui  n'a  jamais  cessé 
de  se  continuer  depuis. 

»  i°  La  formation  des  combustibles  minéraux  provenant  de  l'amoncel- 
lement des  débris  charbonneux  de  végétaux. 

»  L'oxygène  libre  de  l'atmosphère  n'a  pu  être  dégagé  que  par  la  végé- 
tation des  premiers  âges  du  globe.  Il  doit  être  en  rapport  précis  avec  la 
quantité  de  combustibles  minéraux  enfouis  dans  les  terrains  de  sédiment.  Le 
poids  de  ces  combustibles  de  toute  nature,  anthracites,  houilles,  lignites 
et  tourbes,  humus  compris,  compté  en  carbone  pur,  indépendamment  des 
substances  étrangères  qu'ils  peuvent  contenir,  est  rigoureusement  égal  à 
la  quantité  que  pourrait  brûler  l'oxygène  de  l'air,  soit  à  760  kilogrammes 
par  mètre  carré  de  surface  du  globe,  ce  qui  représente,  pour  l'ensemble  de 
tous  ces  combustibles,  un  poids  total  de  3y5  trillions  de  tonnes  de  carbone, 
ou  une  couche  moyenne  de  houille  de  om,6o  d'épaisseur  sur  toute  la  sur- 
face de  la  terre.   » 


(  263  ) 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Du  copahu  et  du  styrax  comme  spécifiques  du  croup  et 
de  ta  diphthérile;  par  M.  Trid'an.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,   Bernard.) 

«  Au  milieu  d'une  épidémie  très-meurtrière  de  diphthérite  qui  a  enlevé 
deux  à  trois  cents  personnes  dans  le  canton  de  Criaillant,  arrondissement 
de  Laval  (Mayenne),  l'idée  me  vint  d'employer  un  puissant  modificateur 
de  la  membrane  muqueuse  qui  pût  changer  sa  vitalité,  et  je  fis  choix  du 
copahu  et  du  styrax.  A  partir  du  premier  jour  de  leur  emploi,  j'ai  guéri 
cinq  cas  de  croup  et  quarante  d'angine  diphthéritique,  depuis  cinq  mois  et 
demi  environ.  Je  n'ai  perdu  qu'un  seul  malade.  Le  plus  souvent,  c'est  dans 
les  vingt-quatre  heures  que  survient  l'amélioration;  la  guérison  a  ordinai- 
rement lieu  dans  le  délai  de  quatre  à  six  jours. 

»  J'emploie  le  copahu  sous  forme  de  sirop  (formule  du  Dr  Puche)  ou  à 
l'état  solidifié.  C'est  également  le  sirop  de  styrax  du  Codex  dont  je  me  sers. 
Pour  les  adultes,  je  prescris  une  cuillerée  à  bouche  toutes  les  deux  heures, 
alternant  avec  le  sirop  de  styrax  pris  également  toutes  les  deux  heures. 
Pour  les  enfants  de  quatre  à  six  ans,  ce  sont  des  cuillerées  à  café  prises  de 
la  même  manière.  Dans  les  cas  graves,  le  malade  prend  5  grammes  de 
copahu  en  lavement,  deux  lavements  par  jour.  Le  copahu  est  générale- 
ment toléré  tant  que  la  maladie  n'est  pas  dominée. ..   » 

M.  Saurel,  qui  avait  adressé,  à  l'occasion  d'une  communication  de 
M.  Delbruck  sur  la  respiration  durant  le  sommeil-,  une  première  Note  rela- 
tive aux  modifications  qu'apporte  cet  état  à  quelques-unes  des  fonctions  de 
l'économie  animale,  présente  aujourd'hui,  sur  le  même  sujet,  un  travail 
plus  développé  ayant  pour  titre  :  «  Modifications  de  la  transpiration  cutanée 
durant  le  sommeil;  la  sueur  auxiliaire  de  la  respiration  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Payen,  Longet.  ) 

M.  Berthault  adresse  d'Ingrandes  un  Mémoire  «  sur  la  construction  de 
récipients  ou  réservoirs  économiques  propres  à  contenir  l'air  comprimé  à 
une  haute  pression  ou  à  conserver  le  vide  ». 

(Commissaires,  MM.  Combes,  Clapevron. 

35.. 


(  264  ) 

M.  Bai-dry  envoie  un  Appendice,  texte  et  figures,  à  son  Mémoire  du 
21  avril  1862,  sur  la  télégraphie  électrique. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Despretz.) 

CORRESPONDANCE. 

RI.  le  Ministre  d'Etat  transmet  deux  exemplaires  d'un  opuscule  sur 
la  fièvre  jaune  qui  lui  ont  été  adressés  par  l'intermédiaire  de  S.  Exe. 
M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères.  L'auteur  est  un  médecin  brésilien, 
M.  Marques  de  Carualho. 

M.  le  Ministre  de  la  Marine  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut, 
le  numéro  de  février  de  la  Revue  maritime  et  coloniale,  recueil  qui  se  publie 
sous  les  auspices  de  son  département. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  précise  le  sens  d'un  passade 
de  la  Lettre  dans  laquelle  il  annonçait  qu'un  exemplaire  des  œuvres  com- 
plètes de  Lavoisier  serait  mis  à  la  disposition  de  chacun  des  Membres  de 
l'Académie  des  Sciences.  Le  nombre  limité  des  exemplaires  qui  sont  à  sa 
disposition  ne  lui  permet  pas  d'étendre  cette  faveur  à  tous  les  Correspon- 
dants, mais  seulement  à  ceux  des  Sections  de  Physique  et  de  Chimie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'État-Major  des  ingé- 
nieurs des  mines  de  Russie,  deux  livraisons  de  l'ouvrage  de  Pander  publiées 
par  le  gouvernement  et  relatives  à  la  paléontographie  du  système  devonien. 
(  Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

Et  au  nom  de  l'Observatoire  physique  central  de  Russie  un  exemplaire 
des  Annales  de  cet  Observatoire  pour  l'année  1862,  annales  publiées  par 
l'Administration  impériale  des  mines. 

Ces  deux  publications  sont  adressées  conformément  aux  ordres  de  M  le 
Ministre  des  Finances  de  Russie. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Extrait  de  deux  Lettres  de  M.  Zantedeschi 
à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Padoue,  le  9  janvier  186!. 

0  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  a  l'Académie  des  Sciences  d'un  exem- 
plaire du  premier  volume  de  ma  Météorologie  italienne  [Italien  Meleorotoqia). 


i.  265  ) 
Ce  volume  contient  les  lois  du  climat  de  Vérone  déduites  des  observations 
de  1788  à  1860  inclusivement. 

»  Je  demande  la  permission  d'exposer  ici  brièvement  les  principes  qui 
m'ont  guidé  et  les  applications  que  j'en  ai  faites  aux  lois  du  climat  de  l'Italie. 

»  I.  Partant  du  siècle  de  Caton  et  de  Varron,  et  m'étendant  jusqu'à  nos 
jours,  j'ai  reconnu  la  pérennité  des  époques  de  la  nature  ou  des  phénomènes 
périodiques  de  la  vie  végétale. 

»  II.  Des  observations  séculaires  des  éléments  météorologiques,  j'ai  con- 
clu la  constance  de  leurs  moyennes. 

»  III.  Dans  l'étude  delà  météorologie  j'ai  introduit  la  méthode  de  réduc- 
tion des  éléments,  qui  consiste  à  rapporter  les  moyennes  mensuelles  aux 
moyennes  annuelles,  comme  les  ordonnées  aux  abscisses. 

»  IV.  J'ai  rapporté  les  époques  de  la  nature  aux  ordonnées  des  éléments 
météorologiques,  qui  représentent  l'intensité  et  la  durée  des  forces  calori- 
fiques, lumineuses,  etc.,  de  la  nature. 

a  Voici  un  essai  de  ce  système  appliqué  à  quelques-unes  des  opérations 
rurales  les  plus  communes. 

»  Il  me  parait  que  la  comparaison  des  courbes  météorologiques  aux  deux 
lignes  de  la  glace  fondante  et  de  la  moyenne  ihermométrique  annuelle  d'une 
longue  période  peut  fournir  les  bases  scientifiques  de  tous  les  travaux  ruraux. 
La  moyenne  des  minima,  lorsqu'elle  coupe  la  ligne  de  la  glace  fondante  en 
s'élevant,  marque  la  limite  avant  laquelle  on  ne  doit  pas  commencer  les 
semences  du  printemps;  et  cette  même  moyenne  des  minima,  qui  atteint 
ordinairement  son  maximum  en  juillet,  lorsqu'elle  vient,  en  redescendant, 
couper  la  ligne  de  la  glace  fondante,  montre  de  combien  doit  être  avancée 
la  semence  du  froment,  pour  qu'il  puisse  avant  les  gelées  germer  et  pous- 
ser en  herbe.  Les  ordonnées  qui  expriment  l'intensité  calorifique  pour  les 
travaux  intermédiaires  de  la  campagne  sont  disposées  de  la  même  manière. 
En  comparant  les  époques  de  la  nature  avec  les  figures  représentant  la  dis- 
tribution du  calorique  dans  l'atmosphère  de  Vérone,  on  verra  cjue  la 
moyenne  des  minima  coupe  la  ligne  de  la  glace  fondante  en  mars,  et  qu'en 
redescendant  elle  la  coupe  de  nouveau  en  décembre;  que  l'ordonnée  calo- 
rifique pour  l'incubation  de  la  graine  de  vers  à  soie  est  celle  du  mois  d'avril, 
qui  donne  la  moyenne  mensuelle  de  +  1  i°,6o  R.  =  i4°,5oC;  que  l'ordon- 
née calorifique  pour  la  maturation  du  froment  est  celle  du  mois  de  juin, 
qui  donne  la  moyenne  mensuelle  de  -4-1 8°, 7!  R.  =  23°,3o,C.  ;  que  l'ordon- 
née calorifique  pour  la  maturation  des  raisins  est  celle  du  mois  de  sep- 
tembre, qui  donne  la  moyenne  mensuelle  de  -f-  i6°,57R.  =  2i°,7iC.  ;  que 


(  266  ) 

l'ordonnée  calorifique  pour  la  récolte  des  olives  est  celle  du  mois  de  no- 
vembre, qui  donne  la  moyenne  mensuelle  de  •+-  6°,68R.  =  8°,35C.  On  doit 
raisonner  de  la  même  manière  pour  les  autres  grains  et  les  autres  fruits. 

»  D'après  cet  essai  on  verra  pourquoi  j'ai  intitulé  la  climatologie  de 
Vérone  :  Lois  du  climat  de  Vérone.  Les  époques  de  la  nature  sont  associées 
aux  moyennes  qui  représentent  dans  chaque  mois  de  l'année  la  distribution 
du  calorique  dans  l'atmosphère.  Les  oscillations  des  maxima  et  des  minima 
n'ont  pas  eu  la  puissance  de  faire  changer,  dans  la  période  historique  qui 
est  de  vinçt  siècles  et  plus,  les  constantes  séculaires,  comme  je  l'ai  démontré 
dans  mon  volume. 

»  Pour  Turin,  Alexandrie,  Milan  et  Udine,  les  moyennes  des  minima 
sont  négatives  pour  cinq  mois,  savoir  :  janvier,  février,  mars,  novembre  et 
décembre.  Dans  toutes  les  autres  stations  italiennes,  les  moyennes  des  mi- 
nima ne  sont  négatives  que  pour  trois  mois  seulement,  de  même  que  pour 
Vérone,  savoir  :  pour  janvier,  février  et  décembre.  11  n'y  a  jusqu'à  présent 
d'exception  à  cette  règle  que  pour  Païenne  et  Ancône  qui  ne  m'ont  pré- 
senté aucune  moyenne  des  minima  négative.  De  là  résulte  la  possibilité  d'y 
cultiver  les  légumes  en  hiver,  principalement  en  Sicile.   » 

Par  une  seconde  Lettre  (3  février  1 863),  M.  Zantedeschi  fait  hommage 
à  l'Académie  d'une  Lettre  inédite  que  l'illustre  astronome  et  géomètre  de 
Milan,  M.  le  commandeur  François  Carlini,  lui  avait  adressée  de  Milan  le 
q  août  1 856,  sur  un  plan  de  météorologie  et  sur  Y  application  de  la  chambre 
claire  à  la  lunette  d'approche  pour  obtenir  des  panoramas  de  montagnes  sur  une 
grande  échelle  et  avec  la  plus  grande  exactitude.  «  J'ai  la  confiance,  dit  M.  Zan- 
tedeschi, que  le  seul  titre  de  cette  publication  en  fera  sentir  l'importance 
pour  la  géographie  et  la  géologie.    » 

M.  Guérix-Méxeville  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre 
dans  le.  nombre  des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section  d'Éco- 
nomie rurale,  par  suite  du  décès  de  M.  de  Ga*parin,  et  rappelle  que  déjà  la 
Section  lui  a  fait  l'honneur,  dans  de  semblables  circonstances,  de  porter  son 
nom  sur  la  liste  de  présentation. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Soie  grége  obtenue  par  un  procédé  industriel  des  cocons 
du  ver  à  soie  de  iailante;  Note  de  M.  Guérin-Ménevili.e. 

«  Lorsque,  le  i5  juillet  i858,  je  présentais  à  l'Académie  deux  papillons 


(  267) 
fécondés  et  pondant,  j'introduisais  le  ver  à  soie  de  l'ailante  en  France, 
pour  en  propager  ensuite  l'élevage  dans  toute  l'Europe  et  à  l'étranger; 
mais  j'étais  loin  de  m'attendre  à  réussir  aussi  rapidement  à  donner  ainsi 
une  nouvelle  branche  à  l'agriculture  et  un  nouveau  produit  à  l'industrie. 
Dans  l'origine,  je  n'espérais  de  cette  espèce  qu'une  bourre  de  soie  suscep- 
tible de  remplacer  avantageusement  le  coton,  m'appuyant  sur  le  travail  du 
P.  d'Incarville,  qui  avait  dit  en  i  7/j0  :  «  On  ne  dévide  pas  les  cocons  des 
»  vers  sauvages,  mais  on  les  file  comme  nous  faisons  le  fleuret.  » 

»  Cependant  j'avais  démontré  (Bull.  Soc.  d'acclim.,  28  septembre  1 854) 
que  les  cocons  naturellement  ouverts,  tels  que  ceux  du  ver  à  soie  du  ricin, 
et,  par  conséquent,  de  l'ailante,  etc.,  pouvaient  être  dévidés  à  la  main. 
Continuant  sans  relâche  des  études  sur  cet  important  sujet,  j'ai  pu  recon- 
naître que  depuis  le  P.  d'Incarville,  les  Chinois  avaient  fait  faire  des  progrès 
à  cette  industrie,  et  des  échantillons  de  soieries  d'ailante,  provenant  de 
Chine,  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  9  janvier  1860, 
m'ont  permis  d'établir  que  l'on  obtient  avec  les  cocons  de  ce  ver  de  l'ai- 
lante de  la  soie  grége  ou  dévidée. 

»  L'année  dernière,  cette  grave  question  du  dévidage  a  fait  encore  un 
progrès,  grâce  aux  travaux  de  Mmé  de  Corneillan  et  de  M.  Forgemol,  car  ils 
ont  résolu  d'une  manière  encore  plus  complète  le  problème  du  dévidage  des 
cocons  naturellement  ouverts,  et  il  ne  leur  a  manqué  que  des  usines  pour 
passer  de  la  théorie  à  la  pratique  industrielle.  Ce  grand  pas  est  franchi 
aujourd'hui  par  un  filateur  du  Midi,  inventeur  de  machines  avec  lesquelles 
on  dévide  et  mouline  en  même  temps  la  soie  du  mûrier.  Cet  ingénieux  fila- 
teur, que  je  nommerai  dès  qu'il  m'y  aura  autorisé,  appliquant  son  procédé 
breveté  aux  cocons  de  1-ailante,  dans  une  usine  considérable  montée  et 
fonctionnant  avec  le  plus  grand  succès,  depuis  quelques  années,  a  pu,  en 
moins  de  huit  jours,  fabriquer  les  flottes  de  soie  grége  que  j'ai  l'honneur 
de  présenter  à  l'Académie. 

»  Ce  fait  n'a  pas  besoin  de  commentaires.  Je  terminerai  donc  cette  Lettre 
en  reproduisant  ce  que  disait  le  P.  d'Incarville,  il  y  a  plus  de  cent  vingt  ans: 

«  Tout  ce  qu'il  convient  d'ajouter  à  tout  ce  que  nous  en  avons  dit,  c'est  que 
»  ces  vers  (de  l'ailante)  sont  une  source  de  richesse  pour  la  Chine  même, 
»  quoiqu'elle  recueille  chaque  année  une  si  prodigieuse  quantité  de  soie  du 
»   mûrier,  qu'au   dire  d'un    écrivain  moderne   on  pourrait   en  faire  des 


»  montagnes. 


(  268  ) 

astronomie.  —  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Kriger.  (Communiqué 

par  M.  Le  Verrier.) 

«  Helsingfors,  3i  jinvier  1 863. 

»  Permettez-moi  de  vous  communiquer  le  résultat  de  deux  séries  d'ob- 
servations faites  à  l'aide  de  l'excellent  héliomètre  de  Bonn,  sur  des  paral- 
laxes d'étoiles  fixes. 

»  La  première  se  rapporte  à  l'étoile  L.  2ia58,  8-o,me  grandeur,  dont  le 
grand  mouvement  propre  a  été  signalé  par  M.  Argelander  dans  le  n°  1288 
des  Astronomische  Nachrichten.  J'ai  trouvé  par  36  comparaisons  avec  deux 
étoiles,  dont  l'une  précède,  l'autre  suit,  à  peu  près  sur  le  parallèle  : 

Parallaxe  annuelle  de  L.2i258  =  +0",  260  avec  l'erreur  prob.±o",o20. 

»  La  seconde  recherche  concerne  l'étoile  de  9me  grandeur  174 '5.6  dans  le 
Catalogue  de  M.  OEltzen,  pour  laquelle  M.  Argelander  a  trouvé  un  mouve- 
ment annuel  de  \",i.  Au  moyen  de  45  comparaisons  avec  deux  étoiles 
convenablement  situées,  le  résultat  suivant  a  été  obtenu  : 

Parallaxe  annuelle  de  OEltzen  i^ïS.ô  =  +o",i^  avec  l'erreur  prob.  ±o",02i .  » 

chimie  organique.  —  Sur  les  combinaisons  anilométalliques  et  sur  la  formation 
de  la  fuchsine  ;  par  M.  Hugo  Schiff.  (Présenté  par  M.  Balard.) 

«  Dans  les  combinaisons  des  acides  hydratés  avec  l'ammoniaque,  les 
chimistes  admettent  un  radical  composé,  l'ammonium.  De  même,  dans  les 
combinaisons  de  certains  sels  métalliques  avec  l'ammoniaque,  nous  avons 
le  droit  d'admettre  l'existence  de  mélallamines,  composés  dont  quelques-uns 
ont  pu  être  obtenus  à  l'état  d'hydrate.  Nous  remplaçons  l'ammoniaque  par 
la  méthylamine,  la  phénylamine,  etc.  Nous  pourrons  former  des  aminés 
contenant  à  la  fois  des  radicaux  simples  de  nature  métallique  et  des  radi- 
caux composés  de  nature  organique.  C'est  par  cette  méthode  que  j'ai 
obtenu  des  sels  d'éthyleupramine  [Comptes  rendus,  septembre  1861),  et 
que  j'ai  réussi  récemment  à  préparer  une  nouvelle  série  de  composés  phé- 
niques,  les  phénylmétallamines  ou  métaniles. 

»  L'aniline  se  combine  directement  avec  les  sels  de  plusieurs  métaux  en 
donnant  naissance  à  des  combinaisons  métalaniliques,  qui,  pour  la  plupart, 
cristallisent  très-facilement.  Ces  faits  offrent  un  intérêt  d'autant  plus  grand, 
que  de  telles  combinaisons  se  produisent  toujours  dans  la  fabrication  du 


(  rfg) 
ronge  d'aniline  et  font  naître,  par  leur  décomposition   ultérieure,  ces  belles 
matières  colorantes  qui  forment  aujourd'hui  une  branche  si  importante  de 
l'industrie  chimique. 

»   Avec  les  sels  de  zinc,  l'aniline  forme  les  sels  de  zincanile 

(G6H3 

۔HtZnN  =  N   Zn 

(h. 

»  Le  chlorhydrate  G6H7ZnN.Cl  cristallise  en  prismes  rhomhoïdaux 
obliques  exempts  d'eau,  solublesdans  l'eau  et  dans  l'alcool,  surtout  à  chaud. 
Par  une  ébullition  prolongée  de  ces  solutions  le  sel  se  décompose  en  ani- 
line et  en  chlorure  de  zinc.  Il  se  combine  avec  le  bichlorure  de  platine  en 
formant  des  cristaux  grenus. 

»  Le  bromliydiate  €6H7ZnN.Br  et  Yiodhydrale  G6H7ZnN.I  ressemblent 
an  chlorhydrate. 

»  Le  sulfate  SG**(C6H7ZnN)2  est  plus  soluble  que  les  sels  précédents  et 
peut  servir  avec  avantage  pour  les  obtenir  par  voie  de  double  décomposi- 
tion. On  ajoute  de  l'aniline  à  une  solution  de  sulfate  de  zinc  étendue  d'eau, 
de  manière  que  la  majeure  partie  reste  en  dissolution.  Ensuite  on  ajoute 
une  solution  assez  concentrée  de  chlorure,  bromure  ou  iodure  de  potassium, 
et  l'on  voit  aussitôt  des  cristaux  incolores  se  séparer. 

n   Les  sels  de  cadmiande 

i  G6H5 

C6H6CdN  =  N   Cd 
(H 

s'obtiennent  de  la  même  manière  que  les  sels  de  zincanile.  Ils  possèdent 
les  mêmes  propriétés  physiques  et  chimiques  que  ceux  de  cette  base.  Ni  les 
uns  ni  les  autres  ne  sont  décomposés  par  les  acides  étendus  à  froid,  et 
même  à  la  température  de  l'ébullition  la  décomposition  marche  très-lente- 
ment. 

»  Le  cupranile 

l  G6HS 
C«H6CuN  =  n)Gu 

(h 

forme  des  combinaisons  très-peu  solubles  dans  l'eau  froide  et  qui  se  décom- 
posent facilement  par  l'eau  tiède. 

C.  R.,  ■863,  1er  St-mestre.  (T.  LVI,  N°  G.)  36 


(  27°  ) 
»   L'étain  fournit  deux  composés  aniliques  :  le  slannosanile, 

i€6H3 
C,H«SnN  =  iNT  JSn 
(H, 

base  monoatomique   (Su  =  58)  correspondant  aux  composés  stanneux,  el 
le  stannicanile, 

,Sn" 
Gi,H,tSnN*  =  N,)a€,Hs 

hase  diatomique  correspondant  aux  composés  stanniques. 

•>  Le  chlorhydrate  de  slannosanile,  G6H7Sn NCI,  s'obtient  par  addition 
d'équivalents  égaux  de  chlorure  stanneux  et  d'aniline.  La  combinaison 
s'opère  avec  un  léger  dégagement  de  chaleur,  et  au  bout  de  quelques  heures 
on  obtient  une  masse  cristalline  un  peu  soluble  dans  l'eau  froide  et  dans 
l'alcool,  mais  qui  est  décomposée  par  ces  liquides  à  chaud. 

»  Le  chlorhydrate  de  stannicanile  C;2H14SnJN2Cls  a  été  obtenu  par  l'union 
de  i  équivalents  d'aniline  à  i  équivalent  de  chlorure  staunique.  Il  se  pro- 
duit une  chaleur  intense  au  moment  du  mélange,  et  il  est  nécessaire,  pour 
éviter  des  explosions,  de  placer  le  vase  dans  un  mélange  réfrigérant.  Dans 
ces  conditions,  on  obtient  une  masse  cristalline  parfaitement  blanche.  Tou- 
tefois, on  peut  employer  avec  avantage  une  autre  méthode  de  préparation 
en  mettant  à  profit  la  propriété  très-curieuse  et  très-inattendue  de  certains 
perchlorures  métalliques  de  se  dissoudre  dans  la  benzine. 

»  Si  l'on  ajoute  goutte  à  goutte  de  l'aniline  à  une  solution  de  bichlorure 
d'étain  dans  la  benzine,  on  voit  aussitôt  une  poudre  blanche,  cristalline,  se 
déposer,  et  cette  poudre  n'est  autre  chose  que  le  chlorhydrate  de  stannica- 
nile insoluble  dans  la  benzine.  L'eau  décompose  le  chlorhydrate  de  stanni- 
canile en  précipitant  de  l'hydrate  stannique. 

»  On  ne  peut  en  fondre  qu'une  très-petite  quantité  sans  décomposition. 
Lorsqu'on  en  chauffe  une  quantité  un  peu  considérable,  on  lui  fait  éprouver 
une  transformation  qui  donne  naissance  à  de  la  rosaniline  (fuchsine).  Il 
résulte  de  mes  recherches  que  dans  la  fabrication  de  cette  matière  colo- 
rante p;;r  la  réaction  du  biclilorure  d'étain  sur  l'aniline,  la  formation  du 
chlorhydrate  de  stannicanile  précède  toujours  celle  de  la  rosaniline. 

»  Ayant  soumis  à  une  étude  particulière  la  transformation  de  ce  chlor- 
hydrate, j'ai  trouvé  que  le  bichlorure  se  convertit  en  protochlorure,  qu'une 


(  *V  ) 
certaine  quantité  d'aniline  est  mise  en  liberté  et  qu'il  se  forme  une  quan- 
tité considérable  d'un  sublimé  blanc,  mélange  de  chlorhydrate  d'aniline  et 
de  chlorhydrate  d'ammoniaque.  D'après  cela,  on  peut  exprimer  par  les 
formules  suivantes  la  formation  de  la  rosaniline  par  la  décomposition  du 
chlorhydrate  de  S  : 

10  équiv.  de  chlorhydrate  de  stannicanile ^'*°H14°rN2°ClS0Sn". 

fournissent  : 

3  équivalents  de  chlorhydrate  de  rosaline C60Hfi0]S9Cl3, 

6  équivalents  de  chlorhydrate  d'aniline C36H48N6C16, 

4  équivalents  d'aniline  libre CÎ2H28^, 

i  équivalent   de  chlorhydrate   d'ammoniaque.    .    .         H*  N  Cl, 
10  équivalents  de  chlorure  stanneux Cl^Sn". 

»  Toutefois,  je  suis  porté  à  croire  que  ce  n'est  là  qu'une  expression  idéale 
de  la  transformation  dont  il  s'agit,  et  que  dans  la  fabrication  en  grand  des 
réactions  secondaires  font  naître  encore  d'autres  produits. 

»  Je  fais  observer  en  terminant  que  le  chlorhydrate  de  stannicanile  sec 
donne  de  la  fuchsine  lorsqu'on  le  chauffe  dans  un  courant  d'acide  carbo- 
nique soigneusement  privé  d'oxygène  et  d'humidité,  ce  qui  prouve  que  ni 
l'eau  ni  l'oxygène  de  l'air  n'interviennent  dans  cette  réaction,  contraire- 
ment à  ce  qu'on  avait  supposé.  » 

M.  Gacgaix  adresse  de  Bordeaux  une  Note  concernant  l'emploi  d'un 
topique  destiné  à  hâter  la  cicatrisation  des  plaies  et  à  prévenir  quelques-uns 
des  accidents  auxquels  elles  peuvent  donner  lieu,  particulièrement  à  la 
résorption  purulente.  Ce  topique  consiste  en  une  poudre  d'écaillés  d'huîtres 
dont  on  saupoudre  les  plaies  à  nu,  de  manière  à  les  recouvrir  d'une  couche 
de  poudre  ayant  uniformément  de  4  à  5  millimètres  d'épaisseur.  Si  l'absorp- 
tion purulente  a  déjà  commencé,  M.  Gaugain  recommande  de  déposer 
d'abord  sur  la  plaie  une  mince  couche  de  sel  commun  finement  pulvérisé 
et  de  recouvrir  celle-ci  d'une  seconde  couche  plus  épaisse  de  poudre  d'é- 
caillés d'huitres. 

M.  B.  Salvatore  Moxdixo  adresse  de  Païenne  la  description  d'un  appareil 
barométrique  destiné  principalement  à  la  mesure  des  montagnes,  et  que 
pour  cette  destination  il  a  cherché  à  rendre  facile  de  transport  et  peu  sujet  à 
se  briser.  Il  serait  difficile  de  faire  comprendre  sans  le  secours  de  figures  les 

36.. 


(  272  ) 
dispositions  au  moyen  desquelles  M.  Mondino  croit  avoir  réuni  à  ces  con- 
ditions, qui  seraient  en  effet  très-précieuses,  la  sûreté  des  indications.  Nous 
devons  nous  borner  à  dire  que  son  instrument  est  un  baromètre  à  air. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Babinet.) 

M.  L.  Beltz  adresse  au  concours  pour  le  prix  des  Arts  insalubres  un 
exemplaire  de  la  «  Dissertation  inaugurale  »  dans  laquelle  il  a  traité  des 
causes  de  la  mortalité  des  tailleurs  de  pierres  et  des  moyens  de  la  prévenir. 

(Réservé  pour  la  Commission  des  Arts  insalubres.) 

M.  BoiNacorsi,  en  adressant  un  opuscule  écrit  en  italien  sur  la  couenne 
du  caillot  sanguin  et  un  autre  sur  une  variété  étiologique  de  l'érysipèle, 
exprime  le  désir  que  l'Académie  veuille  bien  s'en   faire   rendre  compte. 

(Renvoi  à  M.  J.  Cloquet  pour  un  Rapport  verbal.) 

M.  Durance annonce  avoir  trouvé,  non  loin  de  Savenay  (Loire-Inférieure), 
dans  une  argile  qu'il  croit  appartenir  aux  terrains  de  transport,  une  hacbe 
druidique. 

M.  Moreai-Lemoine  demande  à  lire  devant  les  deux  Sections  réunies 
de  Physique  et  de  Chimie,  si  les  règlements  de  l'Académie  ne  s'y  opposent 
point,  un  travail  qui  concerne  la  physique  et  l'électro-chimie. 

Cette  demande  ne  saurait  être  prise  en  considération ,  mais  si  l'auteur  veut 
envoyer  son  Mémoire  il  sera  renvoyé,  si  l'Académie  le  juge  nécessaire,  a 
l'examen  des  deux  Sections. 

M.  Hkoi'ié  demande  et  obtient  d'autorisation  de  reprendre  des  pièces 
qu'il  avait  adressées  au  mois  de  septembre  dernier  et  sur  lesquelles  il  n'a 
pas  été  fait  de  Rapport;  il  s'agit  d'une  presse  mécanique  destinée  à  extraire 
le  jus  delà  pulpe  de  betteraves  pour  la  fabrication  du  sucre  et  le  suc  îles 
graines  oléagineuses. 

v 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  É.  D.  B. 


i73) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

[/Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  g  février  ■  8Ô3  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  pub  liées  par  U.-J.  Le  Verrier, 
Directeur  de  l'Observatoire.  Observations  ;  t.  XVII,  1 86 1 .  Paris,  i863;  vol. 
in-4°. 

Atlas  écliptique ;  par  M.  ChacomnaC;  cartes  nos  2,  2  bis,  9,  i5,  3t)  et  46. 
(Annales  de  V Observatoire  impérial  de  Paris;  atlas.  )  6  feuilles  format  allas. 

Réfutation  des  allégations  contre  l'administration  du  Muséum  d' Histoirt 
naturelle  proférées  à  la  tribune  du  Corps  législatif  dans  la  séance  du  19  pun 
1862  ;  parM.  E.  Chevkeul,  Membre  de  l'Institut,  Directeur  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle.  Paris,  1 863  ;  in-4°. 

Traite  des  maladies  à  urines  albumineuses  et  sucrées,  ou  de  l'albuminurie 
et  <lu  diabète  sucré  dans  leurs  rapports  avec  les  maladies;  par  le  Dr  J.  A.REILLE. 
Paris,  1 863;  vol.  in-8°,  avec  figures  intercalées  dans  le  texte.  (Adressé 
comme  pièce  de  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

Traité  élémentaire  de  pathologie  générale,  médicale  et  chirurgicale  ;  parJ.-M. 
Reyran;  2e  édition.  Paris,  1 863  ;  vol.  in-8°.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur, 
par  M.  Velpeau.) 

Elude  sur  les  Zonites  de  l'Italie  septentrionale;  par  M.  G.  DE  MORTILLET. 
(Extrait  des  Alti  délia  Società  italiana,  vol.  IV.)  Milan,  1862  ;  br.  in-8°. 

The  North-Atlantic...  Le  fond  de  la  mer  Nord-Atlantique,  comprenant  le 
journal  d'un  voyage  fait  en  1 860  à  bord  du  vaisseau  de  l'Etat  le  Bulldog,  et  des 
observations  sur  l'existence  de  la  vie  animale,  ainsi  que  sur  le  mode  de  forma- 
tion et  la  nature  des  dépots  qui  se  font  à  de  grandes  profondeurs  dans  l'Océan  ; 
par  M.  G.-C.  Wallich.  Londres,  1862;  in-4°. 

On  the  total...  Sur  l'éclipsé  solaire  totale  du  18  juillet  1860  observée  a 
Riva  bellosa,  près  de  Miranda  de  Ebro,  en  Espagne;  par  M.  Warren  de  la 
Rue.  ( Extrait  des  Transactions  philosophiques.)  Londres,  1862;  in-4°- 


(  *74  ) 

Jahrbuch...  Annuaire  de  l'Institut  l.-R.  géologique  de  Vienne  ;\\[e  volume, 
i 861-1862  (n°  3,  mai  à  août  1862).  Vienne;  in  4°- 

Annales  academici  (i858-i85g  et  i85o,-i86o).  Lugduni-Hatavorum,  1862; 
2  vol.  in-4°.  (Envoi  des  Universités  néerlandaises,  et  des  Athénées  d'Ams- 
terdam et  de  Deventer.) 

In  che  modo...   De  quelle  manière  se  produisent  chez  une  population  les 
changements  dans  les  dialhèses  ou  dispositions  morbides,  et  comment  elles  entrent 
dans  la  formation  des  systèmes  médicaux;  par  le    prof.    Alfonso  CoitRADI. 
(Extrait  des  Memorie  dell'  Accademia  délie  Scienze  deli  Inslituto  di  Bologna. 
Bologne,  i862;in-4°. 

Corne  oggi...  Considérations  historiques  et  médicales  sur  les  aj ferlions  scro- 
fulo-luherculeuses  et  sur  ce  qui  les  a  rendues  plus  communes  de  nos  jours  ;  par 
le  même.  (Extrait  du  même  recueil.)  Bologne,  1862;  in-4°. 

Sopra...  Sur  une  variété  éliologique  de  l'érysipèle  non  encore  décrite  ni  indi- 
quée  par  les  pathologisles  ;  par  G.  BoNACCOHSl.  Catane,  1862;  in-4°- 

Se  la  cotenna. . .  La  couenne  du  caillot  du  sang  tiré  de  la  veine  est-elle  incom- 
patible avec  l'existence  de  la  fièvre  essentielle  intermittente?  par  le  même. 
Catane,  1869;  'n*4°- 

Annales  de  l' Observatoire  physique  central  de  Russie  ;  publiées  par  ordre  de 
S.  M.  Impériale;  par  A. -T.  Ivupffer,  Directeur  de  l'Observatoire  physique 
central  ;  année  185g.  Saint-Pétersbourg,  1  862  ;  fort  vol.  in-4°. 

Correspondance  météorologique  ;  publication  annuelle  de  l'Administration  des 
Mines  de  Russie;  rédigée  par  le  même;  année  1860.  Saint-Pétersbourg, 
1862;  in-4°. 

Uber  die  Ctenodipterinen...  Sur  les  Cténodiptères  du  système  devonien  ;  par 
le  Dr  C.-H.  Pandeh.  Saint-Pétersbourg,  1862;  in-4°  avec  planches. 

Uber  die  Saurodipterinen...  Sur  les  Saurodiptères,  les  Dcnflrodontes,  les 
Glyptolépides  et  les  Chéirolépides  du  système  devonien;  par  le  même.  Saint- 
Pétersbourg,  1860;  in-4°  avec  17  planches. 

Intorno...  Sur  un  plan  d'observations  météorologiques  et  sur  remploi  de  la 
caméra  lucida  pour  fàirâ  des  vues  panoramiques  de  montagnes  ;  Lettre  inédite 


(  VjS  ) 
de  M.  F.  Cablini  à   M.  Zantedeschi,  avec  Note  de  ce  dernier;  quart  de 
f'euilje  in-8°. 

Memorie...  Mémoires  de  r  Académie  d'Agriculture,  Commerce  et  Arts  de 
Vérone  (vol.  XL).  —  Météorologie  italienne;  par  le  prof.  F.  Zantedeschi, 
Membre  de  cette  Académie  (vol.  I).  —  Lois  du  climat  de  Vérone.  Vérone. 
1862;  in-8°. 

Lettera...  Lettre  du  professeur  F.  Zantedeschi  au  P.  Secchi,  fondateur  du 
Bulletin  météorologique  à  Rome ,  avec  une  table  générale  du  climat  de  Vérone . 
Padoue  1862;  br.  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ii  i»mn  i 


SÉANCE  DU  LUNDI  1G  FÉVRIER  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Ei.ie  de  Reaumont  fait  hommage  à  l'Académie  de  son  Éloge  histo- 
rique d'OErsted,  un  des  huit  Associés  étrangers,  Éloge  qu'il  a  prononcé 
dans  la  séance  publique  annuelle  du  29  décembre  1862. 

PHYSIQUE  mathématique.  —  Mouvement  d'un  fil  élastique  soumis  à  l'action 
d'un  courant  de  fluide  animé  d'une  vitesse  constante;  par  M.  Duhamel. 

«  On  a  beaucoup  étudié  le  mouvement  d'un  fil  soumis  à  l'action  de 
forces  quelconques,  et  j'ai  ramené  à  ce  cas  celui  du  mouvement  résultant 
de  l'action  d'un  archet,  ou  d'un  corps  quelconque  produisant  un  frotte- 
ment; mais  on  n'a  pas  encore,  à  ma  connaissance,  calculé  l'action  d'un 
courant  uniforme  de  fluide  sur  un  fil  élastique  ayant  ses  deux  extrémités 
fixes.  Ce  problème  présente  des  particularités  qui,  je  crois,  ne  s'étaient  pas 
encore  rencontrées,  et  qu'il  n'est  peut-être  pas  sans  intérêt  de  signaler. 

»  La  méthode  le  plus  souvent  employée,  soit  dans  la  théorie  de  la  cha- 
leur, soit  dans  celle  des  mouvements  moléculaires,  consiste  à  décomposer 
l'état  général  du  système  en  une  série  dont  les  différents  termes  représentent 
tous  les  états  simples  dont  ce  système  est  susceptible.  Lorsque  le  phénomène 
dépend  du  temps,  un  état  simple  est  le  produit  d'une  fonction   du  temps 

C  R.,  i863,    1"  Semestre.  (T.  LV1,  N°  7.)  ^"] 


(  *78  ) 
par  une  fonction  des  coordonnées.  Cette  fonction  du  temps  varie  d'un 
terme  à  l'autre  parce  qu'elle  renferme  dans  son  expression  générale  le 
nombre  qui  désigne  le  rang  du  terme;  mais  cette  expression  ne  change  pas 
de  forme  dans  toute  l'étendue  de  la  série.  Or,  dans  la  question  que  nous 
allons  traiter,  les  états  simples  peuvent  avoir  deux  formes  réelles  très-diffé- 
rentes qui  correspondent  à  des  mouvements  très-dissemblables.  La  fonction 
du  temps  est  dans  les  premières  une  exponentielle,  et  dans  les  secondes  un 
sinus  ou  un  cosinus;  d'où  résulte  pour  les  premières  un  mouvement  qui 
n'a  rien  de  périodique  et  qui  va  en  se  ralentissant  indéfiniment,  tandis  que 
l'on  a  pour  les  autres  un  mouvement  périodique  par  l'un  de  ses  facteurs, 
mais  qui,  par  l'effet  d'un  facteur  commun  à  tous  les  termes,  se  ralentit  lui- 
même  indéfiniment  sans  devenir  jamais  rigoureusement  nul.  C'est  cette 
singularité  d'un  changement  de  forme  dans  la  fonction  réelle  du  temps,  qui 
s'opère  à  un  certain  point  de  la  strie,  qui  m'a  fait  penser  que  cette  ques- 
tion pourrait  offrir  quelque  intérêt  aux  géomètres. 

»  Je  signalerai  encore  quelques  différences  remarquables  entre  le  mou- 
vement produit  par  un  courant  et  celui  qui  résulte  de  l'action  d'un  corps 
frottant.  Ce  dernier,  comme  je  l'ai  démontré  autrefois,  est  le  même  que  si 
le  fil  était  abandonné  à  lui-même,  en  partant  d'un  certain  état  initial, 
toutes  les  fois  que  la  vitesse  relative  du  corps  frottant  a  constamment  le 
même  sens;  d'où  résulte  un  son  indépendant  de  la  vitesse  de  ce  corps,  qui 
est  le  même  que  si  la  corde  était  pincée,  et  qui  ne  s'affaiblirait  nullement 
s'il  n'existait  aucune  cause  étrangère  de  déperdition.  Au  contraire,  dans  le 
cas  d'un  courant,  le  son  fondamental  résultant  du  mouvement  simultané 
de  tous  les  points  du  fil,  lorsque  toutefois  il  existe,  est  toujours  au- 
dessous  de  celui  qui  résulterait  du  mouvement  libre  du  fil  ;  il  varie  avec  la 
vitesse  du  courant,  et  il  s'affaiblit  indéfiniment  par  l'action  même  des 
causes  données,  et  indépendamment  de  toute  influence  étrangère. 

»  Le  nombre  des  vibrations  qui  lui  correspondent  ne  varie  pas  en  raison 
inverse  de  la  longueur  du  fil  et  de  la  racine  carrée  de  sa  densité,  ni  en  rai- 
son directe  de  la  tension  ;  son  expression  dépend  non-seulement  de  ces 
quantités,  mais  encore  de  la  vitesse  du  courant. 

»  Mais  il  peut  arriver  que  le  fil  n'ait  pas  de  mouvement  périodique  d'en- 
semble, et  cela  dépend  du  rapport  de  la  vitesse  du  courant  avec  les  données 
relatives  au  fil.  Dans  ce  cas,  le  son  le  plus  grave  correspond  à  une  division 
du  fil  en  un  certain  nombre  de  parties  égales,  et  la  durée  de  la  vibration  dé- 
pend de  ce  nombre  et  de  la  vitesse  du  courant,  ainsi  que  des  autres  données. 

»  Soient  : 


[  279  ) 

«  A  et  B  les  extrémités  du  fil  ; 

»  p  le  poids  de  l'unité  de  longueur  rapporté  au  kilogramme  comme 

unité  de  force; 

p 
•    »   î  sa  masse,  ou   -  : 

b 

»   l  la   longueur  AB  exprimée  en   mètres; 

•>   t  le  temps  exprimé  en  secondes; 

«  x,  y,  z  les  coordonnées  comptées,  la  première  à  partir  de  l'origine  A 
vers  AB,  les  deux  autres  suivant  rleux  axes  rectangulaires  situés  dans  un 
plan  perpendiculaire  sur  AB; 

»   oj  la  vitesse  du  courant. 

»  Nous  supposerons  que  cette  vitesse  soit  plus  grande  que  celle  d'un 
point  quelconque  de  la  corde,  ce  qui  sera  d'ailleurs  facile  à  vérifier  à  poste- 
riori. 

»  Cela  posé,  soient  u,  y,  z  les  composantes  du  déplacement  à  une 
époque  quelconque  d'un  point  M  dont  l'abscisse  était  x  dans  l'état  naturel 
du  fil;  de  sorte  que  les  coordonnées  de  ce  même  point  matériel  soient  à 
cette  époque 

x  -f-  n,      y,       z, 

?<,  y,  z  seront  des  fonctions  inconnues  de.r  et  t. 

«  Soient  encore  X,  Y,  Z  les  forces  extérieures  appliquées  aux  différents 
points  du  fil  et  rapportées  à  l'unité  de  masse;  les  équations  générales  des 
mouvements  très-petits  de  ces  points  seront,  comme  on  sait, 


(0 


»  Il  s'agit  maintenant  de  les  appliquer  à  la  question  actuelle.  Nous  sup- 
poserons, pour  simplifier  le  calcul,  qu'on  puisse  négliger  l'action  de  la 
pesanteur,  et  que  tous  les  points  du  fil  soient  d'abord  dans  un  même  plan 
parallèle  à  la  direction  du  courant;  il  est  clair  qu'ils  resteront  constamment 
dans  ce  même  plan;  et  cela  aurait  encore  lieu,  même  en  tenant  £ompte  de 
la  pesanteur,  si  ce  plan  était  vertical. 

»  Prenons  l'axe  des  y  dans  ce  plan  et  les  y  positifs  dans  le  sens  de  la 
vitesse  du  courant;  on  devra  se  borner  alors  aux  deux  premières  des  équa- 

37.. 


dp  -  *  + 

I 

d*u 

-7T-  =  Y    + 
dO 

T 
E 

d'y 
dx>  ' 

d'z          ' 

T 

d*z 

1F  =  Z  + 

S 

~dF' 

(  28o  ) 
fions  (i).  La  seule  force  extérieure  étant  la  pression  du  fluide,  et  s'exerçant 
perpendiculairement  à  la  courbe  qu'affecte  le  61,  sa  direction  peut  être 
regardée  comme  celle  de  l'axe  même  des  ;  ,  puisque  la  tangente  à  cette 
courbe  est  supposée  faire  des  angles  très-petits  avec  Taxe  des  x.  On  aura 
donc  d'abord 

X  =  o, 

el  la  valeur  de  u  se  déterminerait  d'après  les  valeurs  initiales  de  u  et  —  » 

r  dt 

indépendamment  de  y.  Cette  discussion  est  trop  connue  pour  que  nous 
nous  en  occupions;  les  vibrations  longitudinales  qu'on  en  déduirait  coexiste- 
raient avec  les  vibrations  longitudinales  déterminées  par  les  valeurs  de  r, 
et  qui  sont  les  seules  dont  nous  ayons  à  nous  occuper. 
»  L'équation  unique  du  mouvement  est  donc  ainsi 

d'y  t    tP  y 

~di*   =       +  7  !â?' 

Pour  avoir  l'expression  de  la  force  Y,  nous  admettrons  que  la  pression  du 
fluide  est  proportionnelle  à  la  puissance  m  de  la  vitesse  relative  du  courant; 
elle  s'exercera  toujours  dans  le  sens  de  cette  vitesse  relative  qui  sera  celui 
du  courant  lui-même,  ou  des  y  positifs,  puisque  sa  vitesse  absolue  est  tou- 
jours supposée  plus  grande  que  celle  des  points  de  la  corde.  Cette  vitesse 

relative  étant  u —  —•,  la  pression  serait  de  la  forme  p.  (  o) —  —  L  j* désignant 
une  constante  connue.  Il  en  résultera  sur  l'unité  de  masse  du  fd  une  force 
que  l'on  pourra  représenter  par  ^-  (  «  —  -j  J  ,  A'  étant  la  vitesse  qu'il  fau- 
drait donner  au  courant  pour  qu'il  produisît  une  pression  totale  égale  au 

dy 

poids  du  fil.  Si  de  plus  nous  supposons  que  la  vitesse  —  soit  toujours  une 

très-petite  fraction  de  u',  dont  on  puisse  négliger  les  puissances  supérieures 
à  la  première,  la  force  produite  par  le  courant  sur  l'unité  de  masse,  ou  Y, 
aura  pour  valeur 

m  dy 

j £ 

m   dt 

etMéquation  du  mouvement  sera,  en  remplaçant  s  par  -, 

b 

d'y         gr  d'y         mgi>>'"~'  dy         g  a'" 
dF  "  ~p  dx>  lr      lit  "*"  7™"  ' 


(  »afi  ) 

d'où  Ton  voit  que  le  problème  est  le  même  que  si  tous  les  points  du  til 

étaient  sollicités  par  la  force  constante  >~  et  que  le   mouvement  eût  lieu 

dans  un  milieu  offrant  une  résistance  proportionnelle  à  la  puissance  m—  i 
de  la  vitesse. 

»  Lorsque  la  vitesse  relative  d'un  corps  et  du  milieu  dans  lequel  il  est 
plongé  n'est  pas  très-petite,  et  ne  dépasse  pas  cependant  une  certaine  limite, 
l'expérience  montre  que  la  résistance  est  proportionnelle  au  carré  de  cette 
vitesse.  Si  nous  nous  plaçons  dans  ces  conditions,  il  faudra  supposer  m  =  2, 
et  l'équation  du  mouvement  deviendra 

,     .  <Pjr  _  gr  d\y  _  2£w  dy         g«2 

1    '  de       p  dx>         p    dt        P 

»   A  cette  équation  générale  il  faudra  ajouter  les  conditions  suivantes  : 

(3)  j  —  o  pour  \_t; 

(4)  j|=/(x)jpour*  =  o. 

On  se  débarrassera  d'abord  du  dernier  terme  de  l'équation  (a)  en  posant 

y  =  u  +  f, 

y'  désignant  une  fonction  de  x  déterminée  par  les  équations 

rf2  y'        p  &r 
dt?  -zk- 

1  \x  =  o 

j=o   pour|x=B|_. 

ce  qui  donne 

(5)  J'=S(^-^)' 
et  l'on  aura,  pour  déterminer  m, 

d1  u         2  g  w  du         t  s  d-  u 


(6) 


dt2  lr     dt      '    p    dx2 


1    \  \x  =  o 

(7)  ,1  =  0  pour   ix  =  r 

i    u  =  F(x)  —  f\ 

(8)  \  du        ,.,  }  pour  t  =  o, 


(  282  ) 

d'où  l'on  voit  que  u  exprime  le  déplacement  des  points  par  rapport  à  la 
position  où  ils  resteraient  en  équilibre  sous  l'action  du  courant,  et  l'équa- 
tion est  la  même  que  si  ce  mouvement  relatif  avait  lieu  dans  un  milieu  en 
repos,  donnant  une  résistance  proportionnelle  à  la  vitesse,  avec  le  coeffi- 
cient ^j^--  Pour  intégrer  l'équation  (6)  nous  poserons 

S". 


u  =  e          v, 

ce  qui  donnera 

(9) 

d2v         g2w2             z  d'o 
df-            A*           '    s  dx- 

v  satisfaisant  aux  équations  (7)  et  (8)   dans  lesquelles  on  remplacerait  u 
par  v. 


»   Si  maintenant  on  pose 


n-rz.r 

v  =  w  sin  — — 


l'équation  (9)  deviendra 

,       ,  rPw  I  grn2^         g2  o>2\ 

»  Cette  équation  fait  voir  que  le  problème  présente  des  circonstances 
particulières  qui  ne  s'étaient  pas  encore  rencontrées,  du  moins  à  ma  con- 
naissance. Elle  coïncide  avec  l'équation  ordinaire  des  cordes  vibrantes  lors- 
que g)  =  o,  comme  cela  devait  être,  et  s'intègre  alors  au  moyen  de  sinus  et 
de  cosinus.  Il  en  est  encore  ainsi  lorsque  le  coefficient  de  w  est  positif; 
mais  s'il  est  négatif  on  a  des  exponentielles,  et  ces  deux  formes,  qui  don- 
nent lieu  à  des  conséquences  physiques  si  différentes,  sont  également  pos- 
sibles puisque  le  coefficient  de  w  se  compose  de  deux  termes  de  signes 
contraires. 

»  Et  ce  qu'il  y  a  de  singulier,  c'est  que  s'il  y  a  des  exponentielles,  ce  ne 
sera  que  pour  les  valeurs  de  n  depuis  zéro  jusqu'à  une  limite  déterminée, 
après  laquelle  se  présenteront  indéfiniment  des  valeurs  périodiques  par  rap- 
port au  temps,  de  sorte  que  la  série  qui  représentera  le  mouvement  général 
du  fil  aura  des  termes  dont  la  forme  restera  la  même  jusqu'à  un  point  dé- 
terminé où  elle  changera  brusquement  et  passera  des  exponentielles  aux 
sinus  et  cosinus. 

»   Cas  où  tous  les  états  simples  sont  périodiques.  —  Examinons  d'abord  le 


(  283  ) 
cas  où  le  signe  du  coefficient  de  w  est  toujours  le  même,  par  conséquent 
positif,  ce  qui  exige  qu'il  le  soit  pour  n=  i,  c'est-à-dire  que  l'on  ait 

l'équation  (10)  donnera 

/ri2n7sr         svoi'         ,.  .         n-ic'ex         S:  or 

„,=  Asin.^_JL  _  «_  +  iu-o».  ly/ -^  -  V 

De  là  résultera  une  valeur  de  t>  et  par  suite  de  u.  On  en  aura  une  plus 
générale  en  ajoutant  toutes  ces  valeurs,  depuis  n  =  1  jusqu'à  n  infini;  et 
la  valeur  générale  de  u  sera 


eal 


»  Et  c'est  bien  là  la  valeur  la  plus  générale  de  u,  car  on  peut  détermi- 
ner les  coefficients  A  et  B  de  manière  à  satisfaire  à  un  état  initial  quelcon- 
que, c'est-à-dire  aux  équations  (8). 

»   II  suffira,  en  effet,  de  prendre 


2     Cl    .     Mut  f     ,      ,  /->«-     ,  .  2 


du, 


V  ^        * 

1.  équation  (12)  fera  alors  connaître  complètement  le  mouvement  du  fil  de 
part  et  d'autre  de  sa  position  finale  d'équilibre  donnée  par  l'équation 

et  qu'il  n'atteindra  que  pour  t  =  »  qui  donne  «  =  o. 

»  Sons  et  mouvements  simples.  —  Ce  mouvement  relatif  résulte  de  la 
superposition  d'une  infinité  de  mouvements  simples  qui  s'accomplissent 
dans  des  intervalles  de  temps  invariables,  et  d'autant  plus  courts  que  n  est 
plus  grand.  L'amplitude  de  ces  mouvements  va  en  diminuant  indéfiniment 

g"'  ( 
à  cause  du  facteur  e      k'     qui   leur  est  commun;  mais  chacun  d'eux,  s'il 


(  ^84  ) 
existait  seul,  donnerait  lieu  à  un  son  correspondant  à  une  durée  de  vibra- 
tion 6  donnée  par  la  formule 


V      ]>P    '  '■' 

»  Dans  ce  mouvement  simple  le  fil  se  partage  en  n  parties  égales  ayant 
leurs  extrémités  fixes  et  vibrant  séparément. 

»  Les  durées  relatives  aux  diverses  valeurs  de  u  sont  généralement 
incommensurables  entre  elles,  ce  qui  n'empêche  pas  d'entendre  à  la  fois  les 
sons  respectifs  qui  leur  correspondent.  Le  plus  grave  se  rapporte  à  n  =  i, 
et  la  durée  de  la  vibration  est 


V- 


pp        /•< 

On  voit  qu'elle  est  plus  grande  que  si  l'on  avait  a  =  o,  ce  qui  serait  le  cas 
de  la  corde  placée  dans  le  vide  et  abandonnée  à  elle-même,  en  partant 
d'un  état  initial  quelconque;  et  par  conséquent  l'effet  d'un  courant  de 
fluide  est  différent  de  celui  d'un  archet,  dans  le  cas  même  où  tous  les  états 
simples  sont  périodiques. 

»  Le  son  fondamental  est  plus  grave,  et  il  ne  varie  point  en  raison 
inverse  de  la  longueur  du  fil,  inverse  de  la  raison  carrée  de  sa  densité  et 
directe  de  sa  tension. 

»  Cas  où  tous  les  états  simples  ne  sont  pas  périodiques.  —  Examinons  main- 
tenant le  cas  où  l'on  aurait 

0J>  -r\/—  ' 
1  V  gp 

et  soit  m  la  plus  petite  valeur  de  n  qui  rende 

„  wi1    /T 

pour  toute  valeur  de  «au-dessous  de  m,  l'équation  (io)  donnera 


/llii-  _  "'^''g~  /g'"'  _  n'g'gr 

it-  =  Ae  '  +Bc      ' 


(  a85 
la  valeur  correspondante  de  «sera 


•y— — —     -y— --^- 

et  la  valeur  générale  sera  exprimée  par  la  série  suivante  : 


k'       .     mz'j-\ 
ii  —e  sin  — —  \  A  p  Bc 


(i  3) 


»=*  *'  |  2Sin^(Ae'v  -'   '"'  +b«  'v-*,_  "' 


I      .  /7  7T  X 

sin  — : — 


Cette  expression  se  compose  de  deux  suites,  l'une  finie,  l'autre  infinie, 
soumises  à  une  loi  unique  par  rapport  à  x,  mais  différente  par  rapport  à  t. 
du  moins  tant  qu'on  veuf  rester  dans  les  formes  réelles.  Il  pourrait  même 
arriver  qu'il  y  eût  entre  les  deux  un  terme  qui  ne  fût  ni  de  lune  ni  de  l'autre 
forme  par  rapport  à  t;  c'est  le  cas  où  pour  une  certaine  valeur  p.  de  n  on 
aurait 

§?  =  ?\/f'  d'où  e=£v^- 

Il  faudrait  donc  que  cette  dernière  expression  fût  un  membre  entier,  cir- 
constance si  exceptionnelle  qu'on  pourrait  se  dispenser  de  la  considérer,  si 
l'on  n'avait  en  vue  que  la  détermination  du  phénomène  physique.  L'équa- 
tion (10)  se  réduirait  alors  à 

,i  ■■»■ 

tt  =  o 
dt' 

et  donnerait 

w  =  </l  +  6; 

la  valeur  correspondante  de  u  serait 

u=e  srn*-y-(a/  +  5); 

la  première  série  de  la  formule  ( r  3)  s'arrêterait  à  n  =  p.  —  1 ,  et  la  seconde 

C  R.,  ,8n3,  i«  SrmMirr.  (T.  LVI,   V  7.)  38 


(  286  ) 
commencerait  à  n  =  p.  -+- 1 .  Quant  à  la  détermination  des  coefficients  de  la 
série  (i3),  ainsi  modifiée  quand  il  le  faudra,  elle  se  fera  de  la  même  ma- 
nière que  pour  la  formule  (12).  On  fera  d'abord  <  =  o  et  on  identifiera  le 
résultat  à  F(x)  —f',  ce  qui  donnera 

(l4)      F^)-^(te-^j=^^f(A-f-B)+gSin^+VNsin^. 

I  ,u-t-I 

Développant  le  premier  membre  en  série,  procédant  suivant  les  sinus 
multiples  de  -y->  et  identifiant  les  coefficients,  on  déterminera  les  valeurs 
de  A+B,  êetN. 

»  Égalant  ensuite  à/(x)  la    valeur  de  —  pour  /  =  o,  on  aura 


2(A- 


1 

B)sin^+6sin^f +2Nsin^ 


^    .     nu    ,.        „<.   /g'2"2       ri'^gt  .     (/Tr.r 

, 1 

V<    *T  /«VÎT  £2W2  «7TX     I 

l-HI  J 


ou,  en  vertu  de  l'équation  (i4)> 


A  -  B)  V  (V  -  -]£-) sin  —  +  as,n  — 

vi  ..       //n'iz2sr       g'(»''\  nizx    I 

p-M  J 

Cette  identité  déterminera  A—  B,  a,  M. 

»  Connaissant  ainsi  A— B,  et  A-t-B  étant  déjà  connu,  on  connaîtra  A 
et  B;  puis  a,  6,  M,  N  étant  déterminés,  tous  les  coefficients  de  la  for- 
mule (i3)  le  seront,  et  le  problème  sera  complètement  résolu. 

»   Etals  simples  non  périodiques.  —  La  valeur  de  u,  qui  représente  un 


(   287  ) 
quelconque  de  ces  états,  est»  comme  nous  l'avons  vu, 


V^      FF~ ,  D  "'v"^     ~ 


h  =  e  si n  —7—  \  A  p  -+-  B<? 


Cette  expression  ne  renfermant  le  temps  que  dans  les  exposants  ne  donne 
lien  à  aucune  périodicité  clans  le  mouvement  de  chaque  point  du  fil. 
Ce  mouvement  tend  indéfiniment  à  s'anéantir,  à  mesure  que  t  croît,  parce 

que  le  coefficient  \j  ^-tt —77-  est  évidemment  plus  petit  que  ~\  et  pat- 
conséquent,  après  la  multiplication  effectuée,  les  coefficients  de  t  sont  néga- 
tifs dans  les  deux  exposants.  Mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  u  décroisse  depuis 
le  commencement  du  mouvement  :  il  est  possible  qu'il  croisse  jusqu'à  une 
certaine  valeur  absolue  maximum,  à  partir  de  laquelle  il  décroîtra  d'une 
manière  continue  jusqu'à  zéro.  Cela  dépendra  de  la  valeur  des  coefficients, 
comme  il  est  facile  de  s'en  assurer. 

>>  Les  points  du  fil  qui  restent  immobiles  sont  déterminés  par  la  condi- 
tion 

JITZ  X  -  Il  77. r 

sin  — —  =  o     ou      — - —  =  mn, 

m  désignant  un  nombre  entier  quelconque.  On  tire  de  là 

/ 
x  =  m  - 1 

n 

ce  qui  donne  les  divers  points  de  division  du  fil  en  n  parties  égales. 

»  Pour  «=  1  il  n'y  a  aucun  point  immobile  entre  les  deux  extrémités, 
et  l'on  a  un  mouvement  d'ensemble  de  tous  les  points  du  fil. 

»  S'il  y  a  un  terme  qui  renferme  t  au  premier  degré,  l'état  simple  cor- 
respondant sera  représenté  par 

g  a 

u  —  p  (a M-  Sjsin  ^-—  > 

et   offrira  les  mêmes  circonstances  que  les  précédents;  il  tendra  indéfi ni- 

ment  à  s'anéantir  parce  que  l'on  a  te  *"  nul  pour  t  infini;  et  il  pourra 
aussi  donner  lieu  à  un  maximun  de  valeur  absolue  à  partir  duquel  il  décroî- 
tra indéfiniment. 

38.. 


(  «88  ) 

»  Etats  simples  périodiques.  —  La  seconde  série  de  la  formule  (i3)  se 
compose  des  termes  qui  présentent  des  états  périodiques  et  correspondant 
à  des  sons  qui  se  font  entendre  à  la  fois.  Le  plus  «rave  de  ces  sons  est  donné 
par  le  premier  terme  de  cette  série;  il  correspond  au  mouvement  simple 
représenté  par  l'équation 


e 


.     m-nx  I  _.    .     M      /rn'n'gr  %■&■>  /m-n'gr         g*a>'\ 

s,n-rlMsinV>/ ^-V+NcosV-^-    V)- 


27T 


Ce  son  est  d'autant  plus  aigu  que  —  est  plus  petit,  et  par  suite 

m  TT-gT  _  g*_<S 

V  pi*        /' 

(pie  m  est  plus  grand. 

»    Les  points  du  fil  qui  restent  immobiles  sont  déterminés  par  la  condi- 

TtlTZ  X  ,  ,  1-1 

Mon   sin  — —  =o  et  ne  sont  autre  chose  par  conséquent  que  les  points  de 

division  de  ce  fil  en  m  parties  égales.  Il  n'v  a  donc  pas  alors  de  mouvement 
d'ensemble  du  fil,  et  les  choses  se  passent  comme  si  sa  longueur  était  réduite 
à  sa  m""'"  partie.    » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  le  parasitisme  de  ta  chique  sur  l'homme  et  les  animaux; 
par  M.  Guyon.  (  irc  partie.) 

«  Le  sujet  de  cette  Notice  est  extrait  d'un  Mémoire  inédit  sur  l'Histoirt 
naturelle  et  médicale  rie  la  chique  [Dermatophilus  pénétrons,  Guérin-Méne- 
ville). 

»  La  chique  recherche,  pour  établi*  sa  demeure  parasitaire,  les  tégu- 
ments dont  l'épiderme  joint,  à  une  certaine  épaisseur,  une  certaine  mol- 
lesse ou  laxité.  Ces  conditions  sont  réunies  dans  le  rebord  de  l'épidémie 
qui  circonscrit  les  ongles  chez  l'homme,  les  griffes  et  autres  productions 
cornées  des  pieds  chez  les  animaux,  toutes  parties  qui  sont  en  même  temps, 
pour  l'insecte,  un  moyen  de  protection  contre  les  agents  extérieurs. 

»  La  chique  s'introduit  sous  l'épiderme  obliquement,  peut-être  en  sui- 
vant le  trajet  d'un  des  pores  dont  ce  tissu  est  perforé.  On  peut  la  suivre 
quelque  temps  dans  sa  marche.  Elle  apparaît  alors  sous  la  forme  d'un  point 
brunâtre  et  allongé  (couleur  et  forme  de  l'insecte).  Ce  point  disparait  de 
plus  en  plus,  au  fur  et  à  mesure  que  l'insecte  s'avance  vers  le  derme,  où  il 
s'arrête  pour  y  implanter  sa  trompe.  A  partir  de  ce  moment,  et  par  suite  du 


(  289) 
développement  de  son  abdomen,  consécpience  de  celui  de  ses  œufs,  l'épi- 
démie se  détache  et  se  soulève  d'autant  pour  en  permettre  l'interposition 
entre  lui  et  le  derme.  Alors  la  tète  et  les  pattes  de  l'insecte,  en  contact 
immédiat  avec  le  derme,  sont  entièrement  cachées  sous  son  abdomen  plus 
ou  moins  dilaté,  et  dont  la  partie  supérieure  apparaît  seule,  à  travers  l'épi- 
démie, sous  la  forme  d'un  (joint  blanc  de  lait.  Ce  point  s'élargit  chaque 
jour  davantage,  jusqu'à  acquérir  le  diamètre  d'une  forte  lentille,  et  en  pas- 
sant insensiblement,  de  sa  couleur  blanc  de  lait  primitive,  à  celle  d'un  gris 
de  perle.  Arrivé  au  terme  de  sa  gestation,  l'insecte  est  devenu  à  la  lettre  tout 
abdomen,  et  se  présente  à  l'extraction  qu'on  en  peut  faire  alors  sous  la  forme 
et  avec  la  couleur  d'une  forte  perle  déprimée.  Au  centre  de  la  première  face 
sont  la  tèle  et  les  pattes  de  l'insecte,  alors  comme  perdues  dans  un  sillon  de 
l'abdomen;  au  centre  de  la  deuxième  est  le  cloaque. 

»  La  maturité  des  œufs  est  indiquée  par  leur  couleur  gris  de  cendre 
perçue  à  travers  la  transparence  de  leur  enveloppe.  Parvenus  à  cet  état,  ils 
se  font  jour  à  l'extérieur  l'un  après  l'autre  et  avec  une  grande  rapidité,  en 
suivant,  dans  la  couche  d'épiderme  qui  les  recouvrait,  le  trajet  suivi  par 
l'insecte  pour  y  pénétrer.  Plusieurs  fois  j'ai  pu  voir  sortir  ainsi  les  œufs  de 
la  chique  sur  des  individus  porteurs  de  chiques  ou  négligées  ou  méconnues, 
et  dont  je  faisais  alors  l'extraction. 

»  Les  œufs  de  la  chique  sont  de  forme  allongée,  de  couleur  grisâtre  et 
fort  semblables,  par  conséquent,  à  ceux  de  la  puce.  Ils  ont  été  comparés, 
pour  la  couleur,  à  des  lentes  ou  œufs  de  pediculus  par  les  savants  du  Voyaye 
historique  de  l Amérique  méridionale.  Le  nom  de  cocos,  sous  lequel  ils  sont 
connus  des  nègres  de  nos  colonies,  tient  à  leur  ressemblance,  bien  en  petit 
sans  doute,  avec  la  noix  de  ce  même  nom,  celle  du  Cocos  nucifera.  Ilséclo- 
sent  dans  la  poussière,  comme  ceux  de  la  puce;  seulement  ceux-ci  y  sont 
déposés  par  l'insecte  lui-même,  tandis  que  les  autres  y  tombent  des  parties 
cpii  les  recelaient. 

»  La  sortie  des  derniers  clôt  l'existence  de  l'insecte  ;  il  périt  alors  en  res- 
tant accolé  tout  entier,  télé,  pattes  et  abdomen,  à  l'épiderme  qui  le  recouvrait, 
et  avec  lequel  il  se  détache  à  la  longue  de  l'individu  où  il  s'était  fixé. 

»  Ce  que  nous  venons  de  dire  de  la  maturité  des  œufs  et  de  leur  sortie  ou 
expulsion  naturelle  ne  s'observe  guère  que  chez  les  animaux  ;  car,  chez 
l'homme,  presque  toujours  on  en  fait  l'extraction  avec  l'insecte  à  une 
époque  plus  ou  moins  rapprochée  de  l'introduction  de  celui-ci  dans  les 
parties.  Le  contraire  ne  s'observe  parfois  que  chez  des  étrangers  qui,  por- 
tant des  chiques,  ignorent  la  nature  des  accidents  qu'ils  en  éprouvent,  ou 
bien  chez  des  lépreux  où  les  insectes  ont  pour  siège  des  parties  privées  de 


(  29°  ) 

sensibilité.  Disons  à  cette  occasion  qu'en  examinant  des  jambes  éléphan- 
tiasiques,  il  nous  est  plusieurs  fois  arrivé  d'y  voir  des  ouvertures  qui  n'é- 
taient autres  que  des  sorties  d'œufs  de  chique.  Des  ouvertures  identiques 
existent  sur  les  pieds  des  animaux  qui  ont  eu  des  chiques,  et  on  les  retrouve 
après  leur  mort  dans  leurs  dépouilles,  ainsi  que  l'observation  en  a  déjà  été 
laite  par  les  savants  du  Voyage  précité. 

»  Outre  la  sortie  naturelle  des  œufs  lorsqu'ils  sont  parvenus  à  leur  ma- 
turité, il  arrive  assez  souvent  qu'ils  sortent  accidentellement.  Comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  c'est  alors  un  avortement  que  diverses  causes  peuvent  pro- 
voquer, mais  qui  toutes  agissent  en  déterminant  la  rupture  ou  de  l'épaisseur 
entière  de  la  poche  (abdomen)  renfermant  les  œufs,  ou  seulement  de  la 
membrane  qui  la  tapisse,  et  avec  laquelle  les  œufs  sont  immédiatement  en 
contact.  Du  reste,  une  simple  piqûre  de  cette  dernière  membrane,  sans  au- 
cune violence  extérieure,  suffit  pour  amener  le  même  résultat.  C  est  ce  que 
nous  avons  maintes  et  maintes  fois  expérimenté  avec  une  aiguille  introduite 
ilans  le  trajet,  toujours  béant,  du  passage  de  In  chique  sous  l'épidémie,  et 
en  pénétrant  ainsi  jusqu'à  la  membrane  à  travers  le  cloaque....    » 

M.  Ch.  Maiitixs,  récemment  élu  à  une  place  de  Correspondant  pour  la 
Section  d'Économie  rurale,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

RAPPORTS. 

ZOOLOGIE.—  Rapport  sur  un  reptile  dinosaurien  découvert  à   Polie/ ny    Jura) 
par  MM.  Pidaxcet  et  Ciiopard. 

(Commissaires,  MM.  d'Archiac,  Valenciennes  rapporteur.) 

«  Il  y  a  quelque  temps  que  MM.  Pidancet  et  Chopard,  demeurant 
à  Poligny,  dans  le  Jura,  ont  envoyé  un  dessin  très-bien  fait  du  pied  gauche 
d'un  reptile  gigantesque  découvert  dans  les  marnes  irisées  ou  le  keuper 
de  la  formation  du  trias,  par  conséquent  au-dessous  de  la  formation  juras- 
sique. Ils  ont  accompagné  le  dessin  dune  Note  descriptive  des  portions  du 
squelette,  conservées  dans  le  musée  de  Poligny.  Le  dessin  et  la  Note  ont 
été  renvoyés  à  M.  d'Archiac  et  à  moi.  Je  vais  faire  connaître  le  résultat  (!<• 
notre  examen,  et  l'intérêt  zoologique  et  géologique  attaché  à  la  décou- 
verte de  ces  ossements. 

»  M.  Pidancet  a  établi  clairement  la  position  et  le  gisement  de  ces  restes 
fossiles  inférieurement  au  lias.  Ceci  admis,  on  voit  qu'il  s'agit  d'un  fait 
tout  nouveau  pour  ce  qui  concerne  un  reptile  de  la  famille  des  dinosau- 
riens,  abondants  et  connus  dans  cette  formation  qui  recèle  les  ichthyo- 


(  29l  ) 
saures  et  les  plésiosaures,  mais  que  l'on  ne  connaissait  pas  encore  aussi 
bas  que  le  keuper.  C'est  peut-être  ainsi  que  l'on  doit  expliquer  comment 
M.  Pidancet  a  donné  un  nom  nouveau  à  ce  grand  lézard  :  pour  exprimer  la 
crainte  que  ce  monstrueux  reptile  devait  inspirer,  il  a  imaginé  le  mot  com- 
posé de  Dimodosauue.  A  la  première  vue  du  dessin  des  os  du  métatarse, 
de  la  force  des  phalanges  unguéales  qui  portaient  de  véritables  griffes,  j'ai 
rapproché  le  reptile  des  mégalosaures.  Mais  la  position  géologique  si  infé- 
rieure a  suscité  des  cloutes  dans  l'esprit  de  vos  Commissaires.  J'ai  relu  alors 
avec  la  plus  grande  attention  la  description  envoyée  de  Poligny,  en  la  com- 
parant au  grand  fémur  du  mégalosaure  envoyé  à  M.  Cuvier  par  l'hono- 
rable et  savant  professeur  Buckland.  La  ressemblance  et  la  concordance 
sont  si  complètes,  qu'il  n'est  pas  exagéré  de  se  demander  si  M.  Pidancet 
avait  sous  les  yeux  l'os  découvert  dans  la  grande  oolithe  de  Stonesfield.On 
retrouve  dans  cet  os  les  mêmes  proportions  et  les  mêmes  dimensions  jus- 
qu'à un  centimètre  près. 

»  Comme  l'Académie  n'avait  reçu  aucune  pièce  naturelle,  j'ai  écrit  à 
M.  Pidancet,  après  m'en  être  concerté  avec  mon  confrère  M.  d'Archiac, 
pour  demander  au  moins  une  dent  de  ce  nouveau  reptile.  Il  a  eu  l'extrême 
complaisance  de  faire  faire  de  nouvelles  recherches  ens'adressant  à  M.  Perdu, 
chef  de  section  du  chemin  de  fer  de  Nouchard  à  Lons  le-Saunier.  On  a 
trouvé  cinq  ou  six  dents  encore  engagées  dans  la  tranchée  de  Villette,  près 
Arbois.  Le  gisement  est,  d'après  M.  Pidancet,  le  keuper  supérieur,  immé- 
diatement au-dessus  du  Bone-bed.  Le  reste  de  la  couronne  de  ces  dents  un 
peu  cassée  est  haut  de  om,02.  Elles  sont  comprimées,  très-pointues,  et  les 
bords  antérieur  et  postérieur  tranchants  et  carénés  sont  dentelés. 

»  Ce  sont,  à  n'en  pas  douter,  des  dents  de  mégalosaure.  Elles  viennent 
confirmer  ce  que  j'avais  supposé  en  examinant  tout  d'abord  le  dessin  en- 
voyé à  l'Académie. 

»  Les  sauriens  du  genre  mégalosaure  ont  donc  une  plus  grande  ancien- 
neté sur  la  surface  de  notre  planète,  et  leur  disparition  date  donc  de  cata- 
clysmes géologiques  antérieurs  à  ceux  que  la  science  parait  leur  assigner 
aujourd'hui. 

»  Toutefois  j'incline  à  croire  que  le  reptile  de  Poligny  est  d'une  espèce 
différente  de  celui  de  la  grande  oolithe  de  Stonesfield;  les  dentelures  du 
bord  des  dents  sont  plus  nombreuses  et  un  peu  plus  fortes  que  celles  des 
dents  du  mégalosaure  de  M.  Buckland,  qui  a  servi  à  la  description  de 
M.  Cuvier. 

»  Je  n'oserais  cependant  établir  une  espècesur  un  document  encore  aussi 
incertain  que  celui  fourni  par  les  pièces  envoyées  récemment  à  Paris. 


(    2<)a    ) 

»  Il  faudrait,  avant  de  mettre  dans  nos  catalogues  scientifiques  le  nom 
d'une  nouvelle  espèce,  savoir  aussi  l'opinion  de  M.  Ovven  sur  le  reptile- 
gigantesque  qu'il  vient  de  retrouver  dans  le  lias  inférieur  d'Angleterre, 
qu'il  est  parvenu  à  reconstruire.  Quel  est  ce  nouveau  dinosaurien  annoncé 
dans  le  numéro  de  janvier  1 863,  page  241,  de  la  Revue  Britannique? 

»  M.  Pidancet  a  craint  la  trop  grande  fragilité  des  débris  osseux  qu'il  a 
réunis,  pour  les  adresser  à  l'Académie.  Nous  croyons  cependant  que,  si 
ces  os  étaient  communiqués,  ils  pourraient  être  consolidés,  puis  comparés 
avec  les  autres  sauriens  que  les  collections  de  Paris  possèdent  déjà,  et 
par  conséquent  déterminés  avec  plus  de  certitude.  Ils  sont  déposés  dans 
le  musée  de  la  ville  de  Poligny.  Vos  Commissaires  n'hésitent  pas  à  prier 
l'Académie  de  demander,  dans  l'intérêt  de  la  géologie  et  de  la  zoologie, 
communication  de  ces  ossements  qui  seraient  exactement  retournés,  après 
l'examen  qui  en  aurait  été  fait,  et  seraient  promptement  replacés  dans  le 


musée  de  Poligny, 


»  Vos  Commissaires,  en  terminant  le  Rapport  que  vous  venez  d'entendre, 
vous  proposent,  comme  conclusions  : 

»  i°  De  remercier  MM.  Pidancet  et  Chopard  de  leur  tres-intéressante 
communication  parle  seul  dessin  remis  sous  vos  yeux; 

»  20  D'engager  les  deux  auteurs  de  cette  Note  importante  a  continuel 
leurs  recherches.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MEMOIRES  LUS. 

génie  RURAL.  —  Expériences  sur  l'emploi  des  eaux  d  irrigation,  sous  divers 
climats,  et  théorie  de  leurs  effets;  par  M.  Heuvé-Mangon.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Boussingault,  Payen  ) 

«  Les  irrigations,  si  nécessaires  à  l'accroissement  de  la  richesse  agricole 
d'un  pays,  sont  loin  île  présenter  en  France  le  développement  qu'elles  pour- 
raient y  recevoir. 

»  I  a  surface  des  terrains  régulièrement  arrosée  utilise  à  peine  le  ving- 
tième des  eaux  disponibles  et  représente  une  fraction  insignifiante  des  prai- 
ries naturelles  de  notre  pays. 

»  A  l'exception  de  la  Dnrance,  nos  grands  cours  d'eau  n'enrichissent  que 
les  mers;  le  Rhône  coule  inutile  au  milieu  des  plaines  desséchées  du  Midi: 
la  Seine,  la  Loire,  le  Rhin  n'alimentent  pour  ainsi  dire  aucune  irrigation, 
et  leurs  affluents  secondaires  ne  sont  guère  mieux  employés. 


(  293  ) 

»  Les  eaux  d'irrigation  sont  une  source  d'engrais  immédiate  qui  produit 
pour  chaque  centaine  de  mille  mètres  cubes  d'eau  employée  l'équivalent 
d'un  bœuf  de  boucherie.  Le  moindre  de  nos  fleuves  entraine  donc  à  la  mer, 
sans  aucun  profit,  la  valeur  de  plusieurs  tètes  de  gros  bétail  par  heure,  et 
plusieurs  milliers  de  tètes  par  année. 

»  L'utilité  des  irrigations  ne  saurait  faire  l'objet  d'un  doute.  On  comprend 
dès  lors  tout  l'intérêt  qui  s'attache  à  la  solution  des  problèmes  relatifs  à  ce 
puissant  moyen  d'améliorations  agricoles. 

»  Parmi  ces  problèmes,  l'un  des  plus  importants  à  résoudre  et  des  plus 
controversés  est  celui  delà  détermination  des  volumes  d'eau  véritablement 
nécessaires  aux  arrosages. 

«  Quand  on  étudie  la  pratique  des  irrigations  dans  différents  pays,  on 
observe  en  effet,  non  sans  étonnement,  que  les  agriculteurs  emploient,  en 
général,  d'autant  plus  d'eau  que  le  climat  sous  lequel  ils  opèrent  est  plus 
froid  et  plus  humide. 

»  Les  irrigations  de  l'Espagne  et  celles  de  l'Algérie  dépensent  en  effet 
infiniment  moins  d'eau  que  celles  de  l'Angleterre  ou  de  l'Ecosse.  Les  irri- 
gateurs  de  la  Provence  se  contentent  d'une  très-faible  fraction  du  volume 
d'eau  exigé  par  les  irrigateurs  du  nord,  de  l'ouest  et  de  l'est  de  la  France. 

»  C'est  ainsi  que  dans  l'une  de  mes  irrigations  du  département  de  Vau- 
cluse,  j'ai  dépensé  moins  de  i  litre  d'eau  par  seconde  et  par  hectare,  pour 
me  conformer  à  l'usage  constant  du  pays,  tandis  que,  pendant  la  période 
correspondante,  dans  l'une  de  mes  irrigations  des  Vosges,  en  prenant  égale- 
ment pour  règle  l'usage  constant  de  la  contrée,  j'ai  dû  consommer  près  de 
5o  litres  par  seconde  et  par  hectare,  et  plus  de  200  litres  en  prenant  le 
débit  moyen  de  l'année  entière. 

»  Des  différences  de  consommation  aussi  étonnantes  que  celles  que  l'on 
vient  de  signaler  sont-elles  justifiées  par  la  nature  des  choses,  ou  bien  sont- 
elles  le  simple  résultat  d'une  routine  aveugle,  comme  l'admettent  sans  doute 
les  personnes  qui  ont  proposé  de  soumettre  le  régime  des  irrigations  dans 
toute  la  France  à  une  règle  unique  et  invariable?  Telle  est  la  question  que 
j'ai  été  appelé  à  résoudre. 

»  Cette  question  a  été  souvent  agitée,  car,  dans  notre  pays,  elle  domine 
tout  le  régime  de  l'usage  des  cours  d'eau.  Mais  elle  l'a  été  sans  résullat,  les 
agriculteurs  du  Nord  ayant  toujours  maintenu  leurs  exigences,  et  les  adver- 
saires de  leurs  opinions  à  cet  égard  n'ayant  jusqu'ici  a  leur  opposer  que 
des  chiffres  pris  dans  la  pratique  du  Midi,  dont  le  véritable  sens  leur 
échappait. 

C.  R.,    iSG3,    i"  Semestre.    (T.  LVI,  N°  7.)  3o, 


(    294    ) 

»  Ce  n'est  pas  que  la  science  n'ait  éclairé  de  lumières  certaines  quelques- 
uns  des  points  fondamentaux  de  la  théorie  des  irrigations.  MM.  Chevandier 
et  Salvétat  ont  indiqué  le  rôle  qu'y  jouent  les  matières  azotées  tenues  en 
dissolution  dans  les  eaux;  M.  Boussingault  a  spécifié  l'importance  capitale 
des  nitrates  et  de  l'ammoniaque;  M.  Maitrot  de  Varennes  a  appelé  l'atten- 
tion sur  les  effets  de  l'oxygène  dissous  dans  ces  eaux.  Mais  les  expériences 
isolées  de  ces  savants  ne  permettaient  pas  de  répondre  par  des  chiffres  pré- 
cis à  la  question  qui  m'était  posée  :  «  Pourquoi  les  irrigateurs  du  Nord  récla- 
»  ment-ils  une  quantité  d'eau  cent  ou  deux  cents  fois  plus  grande  que 
»   celle  qui  semhle  suffisante  aux  irrigateurs  du  Midi?  » 

»  Pour  résoudre  ce  problème,  et  j'espère  y  être  parvenu,  il  a  fallu  non 
des  expériences  isolées,  mais  de  longues  séries  d'observations  comparatives 
et  plusieurs  années  d'un  travail  soutenu,  car  on  ne  pourrait  écarter  autre- 
ment tant  de  causes  d'erreur  que  toute  expérience  isolée  comporte  quand  il 
s'agit  d'agriculture. 

»  J'ai  employé  dans  mes  cultures,  placées  comme  il  convenait  aux  deux 
extrémités  de  la  France,  les  irrigateurs  les  plus  habiles  des  localités  adoptées, 
et  j'ai  suivi  leurs  pratiques  jour  par  jour,  mesurant  exactement  les  volumes 
d'eau  employés,  constatant  avec  précision  la  composition  de  l'eau  à  l'entrée 
et  à  la  sortie,  me  rendant  compte  enfin  de  la  quantité  des  récoltes  obtenues 
et  de  leur  composition. 

»  Mes  expériences,  poursuivies  pendant  trois  années  sur  des  champs  de 
cultures  différentes,  embrassent  des  milliers  de  jaugeages,  de  déterminations 
météorologiques  et  d'analyses  dont  l'exposé  est  donné  dans  mon  Mémoire 
et  serait  trop  long  à  résumer  ici. 

»  Les  conclusions  que  j'ai  dû  tirer  de  mes  expériences  se  résument  dans 
les  propositions  suivantes  : 

»  i°  Dans  les  arrosages  du  Midi,  comme  dans  ceux  du  Nord,  l'azote 
contenu  dans  les  eaux  sous  forme  d'acide  nitrique,  d'ammoniaque  ou  de 
matières  organiques,  intervient  au  profit  du  sol  et  se  fixe  dans  les  récoltes. 

»  Mais  dans  les  arrosages  à  petits  volumes  du  Midi,  l'azote  fourni  par  les 
eaux  est  tellement  inférieur  à  l'azote  représenté  par  les  récoltes,  que  le  rôle 
de  ces  eaux  à  titre  d]engrais  est  tout  à  fait  secondaire.  Les  fumiers  et  la  fer- 
tilité acquise  du  sol  comblent  le  déficit,  qui  naturellement  serait  d'autant 
moindre  cependant  que  la  quantité  d'eau  dont  on  pourrait  disposer  serait 
plus  grande. 

»  Dans  les  irrigations  à  grands  volumes  des  pays  froids,  les  eaux  em- 
ployées jouent  non-seulement  le  rôle  de  véritables  engrais,  mais  d'engrais 


(  295) 
indispensables  ou    prépondérants.    Elles  fournissent    non-seulement   tout 
l'azote  emporté  par  la  récolte,  mais  aussi  celui  qui,  répondant  à  l'accroisse- 
ment de  fertilité  du  sol,  se  fixe  dans  celui-ci. 

»  On  pourrait  donc  souhaiter  plus  d'eau  aux  irrigations  du  Midi  ;  mais 
réduire  d'une  manière  notable  le  volume  des  eaux  consacrées  aux  irrigations 
du  Nord,  ce  serait  méconnaître  ou  dénaturer  leur  rôle  et  leur  faire  perdre 
immédiatement  leurs  avantages  les  plus  certains. 

»  20  On  peut  envisager  les  irrigations  du  Midi  comme  nécessaires  pour 
rafraîchir  le  sol,  pour  donner  l'eau  de  végétation  aux  plantes  et  pour  favo- 
riser l'état  d'humidité  du  sol  qui  rend  immédiatement  autour  d'elles  la  nitri- 
fication  abondante. 

»  Les  irrigations  du  Nord  réchauffent  souvent  le  sol  au  lieu  de  le  rafraî- 
chir, elles  lui  fournissent  toujours  des  produits  azotés  récoltés  au  loin  dans 
l'air  ou  dans  lesterresque  l'eau  a  traversées  et  au  moyen  desquelles  le  champ 
ou  la  prairie  arrosés  empruntent  à  de  larges  surfaces  des  principes  de  fécon- 
dité qu'une  nitrificafion  moins  active  ne  leur  fournirait  pas  sur  place. 

»  3°  Les  eaux  d'irrigation,  en  passant  sur  les  prairies  des  Vosges,  même 
pendant  l'été,  ne  leur  cèdent  qu'environ  3o  pour  ioo  de  l'azote  combiné 
qu'elles  renferment.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  compter  qu'on  puisse  accroître  sen- 
siblement cette  proportion  des  matières  utilisées,  car  elle  exprime  aussi 
le  chiffre  observé  sur  des  eaux  peu  différentes  dans  les  irrigations  à  petit 
volume  du  Midi,  réputées  si  parfaites  et  si  efficaces;  comme  si  les  piaules 
ne  puisaient  plus  rien  dans  les  eaux  d'arrosage  quand  leur  richesse  en  azote 
descend  au-dessous  d'un  chiffre  déterminé. 

»  4°  Les  gaz  dissous  dans  les  eaux  d'irrigation  y  jouent  un  rôle  sérieux. 
L'acide  carbonique,  comme  on  l'a  déjà  remarqué,  se  montre  plus  abondant 
à  la  sortie  qu'à  l'entrée.  Conformément  à  la  théorie  de  M.  Chevreul,  l'oxy- 
gène offre  une  proportion  inverse.  Les  eaux  d'irrigation  déterminent  donc 
dans  le  sol  des  phénomènes  de  combustion  lente,  semblables  à  ceux  que  le 
drainage  produit. 

»  5°  D'ailleurs,  c'est  la  facilité  avec  laquelle  une  eau  abandonne  les 
matières  fertilisantes  qu'elle  renferme  qui  donne  la  mesure  de  ses  qualités, 
plutôt  que  sa  composition  absolue. 

»  6°  La  chaleur,  qui  sera  l'objet  d'une  étude  spéciale,  ainsi  que  la 
lumière,  exerce  une  influence  considérable  sur  la  fixation  des  principes 
fertilisants  des  eaux  d'irrigation.  Quand  le  température  ne  dépasse  pas  7", 
la  fixation  de  l'azote  parait  nulle  ou  très-faible. 

»   70  En  résumé,  l'eau  d'irrigation  intervient,  au  point  de  vue  physique,  à 

39- 


(  296) 

titre  de  régulateur  de  la  température  du  sol  et  d'agent  essentiel  des  phéno- 
mènes journaliers  d'absorption  et  d'évaporation  qui  se  passent  dans  les 
plantes,  et,  au  point  de  vue  chimique,  comme  un  engrais  qui  selon  la  nature 
des  sols  et  du  climat  peut  représenter  tantôt  la  totalité,  tantôt  une  faible 
partie  seulement  des  matières  fertilisantes  exigées  par  la  culture. 

»  La  valeur  comparative  de  l'eau  et  des  fumiers  constitue  par  conséquent 
l'un  des  éléments  principaux  de  la  détermination  des  volumes  de  liquide 
à  donner  aux  prairies. 

»  Le  rôle  de  l'eau  est  donc  extrêmement  complexe,  et,  avant  de  modifier 
la  pratique  des  irrigations  d'une  contrée,  l'agriculteur  comme  l'autorité 
chargée  de  la  répartition  des  eaux  doivent  la  soumettre  à  un  examen  scru- 
puleux, d'où  résultera  souvent  la  justification  des  habitudes  locales  les  plus 
inexplicables  en  apparence.  » 

MÉCANIQUE  appliquée.  —  Mémoire  sur  un  nouveau  procédé,  fourni  par  la 
théorie  du  spiral  réglant  des  chronomètres  et  des  montres,  pour  la  détermina- 
tion du  coefficient  d'élasticité  des  diverses  substances ,  ainsi  que  de  la  limite  de 
leurs  déformations  permanentes;  par  M.  Phiixips.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.   Mathieu,   Lamé,  Delaunay.  ) 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  une  nouvelle  méthode,  fon- 
dée sur  ma  théorie  du  spiral  réglant,  pour  la  détermination  des  coefficients 
d'élasticité  et  de  la  limite  des  déformations  permanentes  des  divers  corps 
solides.  Elle  est  basée  sur  la  formule  qui  exprime  la  durée  des  oscillations 
d'un  balancier  réuni  à  un  spiral  donné.  Cette  formule,  tout  à  fait  analogue 
à  celle  du  pendule,  peut  servir  à  rechercher  le  coefficient  d'élasticité  de  la 
matière  dont  est  formé  le  spiral  ,  absolument  comme  celle  du  pendnle  est 
employée  pour  déterminer  l'intensité  de  la  pesanteur.  De  plus,  cette  théorie 
donnant  l'expression  très-simple  de  rallongement  proportionnel  du  spiral 
pour  un  angle  quelconque  d'écartement  du  balancier,  on  a  parla  un  moyen 
très-facile  de  déterminer  pour  chaque  substance  la  limite  d'allongement 
pour  laquelle  commence  une  déformation  permanente  apparente. 

»  Cette  méthode,  fort  aisée  à  appliquer,  a  l'avantage  d'être  très-exacte  et 
de  n'exiger  que  de  fort  petites  quantités  des  substances  à  expérimenter.  On 
n'a  à  mesurer  directement  ni  allongements,  ni  flexions,  et  l'on  obtient  ainsi 

le  coefficient  d'élasticité      ,      -^-  de  la    théorie  mathématique  de  l'élas- 

ticité. 


(  '^97  ) 

»  J'ai  appliqué  cette  méthode  de  deux  manières  différentes,  qui  m'ont 
fourni  deux  séries  d'expériences.  Les  appareils  avaient  été  construits  par 
MM.  Rozé,  membres  de  la  Société  des  horlogers. 

»  Dans  la  première  série  d'observations ,  les  fils,  étirés  suivant  un  dia- 
mètre d'environ  i  millimètre,  étaient  façonnés  en  forme  de  spiral  cylin- 
drique, comme  ceux  des  chronomètres,  mais  beaucoup  plus  grands,  avec 
courbes  terminales  théoriques  qui,  dans  cette  circonstance,  étaient  suivant 
une  certaine  demi-ellipse,  puis  chaque  spiral  était  successivement  adapte 
à  un  balancier  de  laiton. 

»  L'appareil  étant  mis  en  mouvement,  on  comptait,  à  l'aide  d'un  régu- 
lateur et  d'un  compteur  donnant  le  -^  de  seconde,  le  temps  nécessaire  pour 
l'achèvement  d'un  nombre  d'oscillations  qui  a  varié,  selon  les  substances, 
de  200  à  1000.  Quant  au  diamètre  du  fil,  il  était  mesuré  au  moyen  d'un 
micromètre  très-précis  de  M.  Froment,  exact  à  jjVïï  de  millimètre  près. 

»  Pour  la  limite  de  déformation  permanente,  il  suffisait  de  mesurer  l'angle 
du  balancier  pour  lequel  celui-ci  ne  revenait  plus  exactement  à  sa  position 
d'équilibre. 

»  Dans  la  seconde  série  d'observations,  les  fils  étaient  plus  fins.  Ils  avaient 
environ  \  à  \  de  millimètre  de  diamètre,  ce  qui  permettait  d'en  faire  de  vrais 
spiraux  de  chronomètres  et  de  les  monter  dans  un  véritable  chronomètre. 
On  observait  la  marche  de  celui-ci  pendant  plusieurs  heures,  d'où  l'on  con- 
cluait très-exactement  la  durée  d'une  vibration  au  balancier.  Le  diamètre 
du  fil  s'obtenait  toujours  à  l'aide  du  micromètre  de  M.  Froment. 

»  J'ai  soumis  ainsi  à  l'expérience  les  principaux  métaux  et  alliages ,  tels 
que  le  fer,  l'acier,  le  cuivre,  le  laiton,  l'argent,  l'or,  le  platine,  le  palladium, 
l'aluminium,  le  zinc,  le  cobalt,  le  nickel  et  le  bronze  d'aluminium. 

»  Pour  les  substances  déjà  observées ,  les  résultats  de  mes  expériences 
s'accordent  avec  les  nombres  connus.  Pour  trois  corps  :  le  cobalt,  le  nickel 
et  le  bronze  d'aluminium,  dont  j'ai  eu  de  petites  quantités  à  l'état  ductile, 
grâce  à  l'obligeance  de  M.  H.  Devdle,  et  pour  lesquels  je  donne  leur  coeffi- 
cient d'élasticité  ainsi  que  leur  limite  d'allongement  permanent,  je  n'ai  con- 
naissance d'aucune  expérience  antérieure  aux  miennes.  Les  résultats  sont 
ceux-ci:  Le  cobalt,  et  surtout  le  nickel,  ont  un  coefficient  d'élasticité  au 
moins  égal  à  celui  du  fer  et  de  l'acier.  Leur  limite  de  déformation  perma- 
nente parait  être  à  peu  près  la  même  que  celle  de  l'acier.  Pour  le  bronze 
d'aluminium,  son  coefficient  d'élasticité  serait  supérieur  à  celui  du  laiton, 
et  environ  le  même  que  celui  du  cuivre.  Quant  à  sa  limite  de  déformation 
permanente,  elle  paraît  être  au  moins  égale  à  celle  de  l'acier.  Cet  alliage 


(  298) 
présenterait  donc,  au  point  de  vue  de  l'élasticité,  des  propriétés  vraiment 
remarquables. 

»  J'ai  eu  soin  de  déterminer  les  densités  des  différents  fils  soumis  aux 
expériences,  à  l'aide  de  pesées  faites  avec  une  balance  de  précision.  Dans  la 
seconde  série  d'observations,  où  les  fds  avaient  été  étirés  beaucoup  plus 
fins  que  dans  la  première,  les  densités  étaient  à  peu  près  toujours  un  peu 
plus  fortes,  et  les  coefficients  d'élasticité  étaient  aussi,  en  général,  un  peu 
supérieurs  à  ceux  obtenus  dans  la  première  série,  ce  qui  s'accorde  avec  des 
expériences  de  M.  le  général  Morin.  » 

PATHOLOGIE.  —  Du  délaissement  des  mourants  en  étal  de  mort  intermédiaire  ; 
par  M.  Josat.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Flourens,  Rayer,  Bernard.) 

«  J'appelle  mort  intermédiaire  cet  état  dans  lequel  la  vie  générale,  plu- 
tôt épuisée  que  finie,  simule  la  mort  absolue.  Cet  état  est  fréquent  au 
terme  des  maladies  organiques,  dans  les  cas  d'épuisement  sénile,  dans 
l'atonie  générale  suite  des  maladies  de  longue  durée.  Le  malade  s'éteint 
lentement,  offrant  presque  tous  les  signes  de  la  mort  consommée  sans  être 
mort  en  réalité. 

»  La  mort  intermédiaire  est  fréquemment  confondue  avec  la  mort  par- 
laite,  et  cette  méprise  donne  lieu  à  des  délaissements  anticipés.  Le  mourant 
s'éteint  10,  20,  3o  minutes  et  plus  après  avoir  été  abandonné  par  ceux  qui 
étaient  préposés  à  sa  garde.  M'étant  proposé  de  prévenir  les  accidents  de 
ce  genre,  je  me  suis  appliqué  à  suivre  l'ordre  dans  lequel  les  sens  s'étei- 
gnent. Le  toucher,  je  m'en  suis  assuré,  survit  à  tous  les  autres;  il  est  inéga- 
lement réparti  sur  toute  la  surface  tégumentaire.  Le  mamelon,  à  sa  base, 
offre  le  maximum  de  sensibilité.  J'ai  imaginé  un  instrument  d'une  simplicité 
extrême  et  d'une  application  facile,  à  l'aide  duquel  on  peut  réveiller  sen- 
siblement le  dernier  rayon  de  vie  et  n'abandonner  le  mourant  qu'après 
avoir  acquis  la  certitude  de  la  mort  absolue.    » 

M.  Tremblay  lit  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Etude  des  questions 
posées  sur  les  sinistres  de  mer  ». 

L'auteur,  en  terminant  sa  lecture,  demande  l'insertion  dans  les  Comptes 
rendus  de  l'extrait,  précédemment  remis,  d'un  Mémoire  qu'il  avait  commu- 
niqué en  1862,  et  de  l'extrait,  qu'il  doit  remettre  le  lendemain,  de  son  pré- 
sent Mémoire. 


(  299  ) 
Quant  à  la  première  partie  de  la  demande,  l'Académie  n'a  pas  à  revenir 
sur  son  ancienne  décision  ,  et,  quant  à  la  seconde  partie,  elle  est  évidemment 
inadmissible,    l'Académie   exigeant  de  ses    Membres  eux-mêmes  que   les 
extraits  de  leurs  communications  soient  déposés  séance  tenante. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE  DU   GLOBE.   —    Théorie    du    magnétisme  terrestre  dans    l'hypothèse 
d'un  seul  fluide  électrique;  par  M.  A.  Renard.  (Extrait  par  M.  Lamé.) 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Bertrand.) 

«  Après  avoir  donné,  d'après  M.  de  La  Rive,  un  résumé  des  opinions 
émises  jusqu'à  présent  sur  l'origine  du  magnétisme  terrestre,  l'auteur  for- 
mule la  sienne  sur  l'origine  des  courants  d'Ampère.  A  son  avis,  ils  sont  dus 
au  double  mouvement  delà  terre  au  sein  du  fluide  étliéré.  Par  suite  du  mou- 
vement de  translation,  le  fluide  pénètre  dans  la  croûte  terrestre,  et,  par  suite 
du  mouvement  de  rotation  de  l'ouest  à  l'est,  ce  fluide  y  prend  un  mouve- 
ment en  sens  inverse,  c'est-à-dire  de  l'est  à  l'ouest. 

»  Les  phénomènes  magnétiques  dépendent,  comme  on  sait,  de  deux  cir- 
constances principales  :  la  position  du  lieu  d'observation  et  le  temps.  Le 
travail  de  l'auteur  comprend  deux  parties,  dans  lesquelles  il  examine  suc- 
cessivement l'influence  propre  à  chacune  de  ces  circonstances. 

»  Dans  la  première  partie,  il  étudie  le  mouvement  d'une  molécule  de 
fluide  étliéré  dans  l'intérieur  de  la  croûte  terrestre  supposée  homogène.  Ilar- 
rive  à  ce  résultat  :  La  molécule  tend  à  décrire  un  grand  cercle  quinesl  pas£xe,mais 
uni  se  déplace  continuellement  de  l'est  à  l'ouest  sur  la  surface  de  la  terre.  De  là 
l'explication  du  déplacement  de  l'équateur  magnétique.  Le  plan  du  grand 
cercle  fait,  avec  le  plan  de  l'équateur  terrestre,  un  angle  d'autant  plus 
grand  que  le  point  par  lequel  la  molécule  s'est  introduite  dans  la  croûte 
terrestre  est  plus  rapproché  des  pôles.  Au  premier  abord,  on  se  croit  auto- 
risé à  conclure  de  ce  résultat  que  les  courants  qui  traversent  l'équateur  le 
font  à  peu  près  dans  toutes  les  directions.  Mais  en  observant,  d'une  part, 
qu'une  molécule  introduite  près  des  pôles  ne  séjourne  pas  dans  l'intérieur 
de  la  terre,  parce  qu'il  faudrait  que  la  résistance  de  l'air  fût  infiniment 
grande,  comme  l'indique  le  calcul,  et  d'autre  part  que,  lors  même  qu'elle 
y  séjournerait,  sa  vitesse  varie  en  raison  inverse  de  sa  distance  au  point  de 
départ,  comme  l'auteur  l'a  reconnu  ailleurs,  on  ne  tarde  pas  à  se  convaincre 


(  3oo  ) 

que,  rencontrant  d'autres  molécules  dont  le  mouvement  tend  de  plus  eu 
plus  à  être  parallèle  à  l'équateur  magnétique,  elle  finit  par  être  entraînée 
dans  le  courant  général  qui  va  de  l'est  à  l'ouest  dans  la  zone  située  entre  les 
tropiques.  De  là  cette  conclusion  générale  que  notre  globe  peut,  jusqu'à  un 
certain  point,  être  assimilé  à  un  solénoïde  plus  ou  moins  compliqué,  qui  ne 
peut  s'étendre  très-loin  de  part  et  d'autre  de  l'équateur  terrestre,  et  dont 
l'axe  se  déplace  continuellement  en  effectuant  une  révolution  de  l'est  à 
l'ouest  autour  de  l'axe  de  la  terre. 

»  Pour  contrôler  ces  idées  par  l'expérience,  l'auteur  a  cherché  l'action 
d'un  pareil  solénoïde  sur  l'aiguille  aimantée.  D'abord,  en  examinant  son  in- 
fluence sur  la  déclinaison,  il  a  été  forcé  de  conclure  que  son  axe  ne  peut  être 
rectiligne,  parce  que  la  ligne  sans  déclinaison  devrait  être  constamment  un 
méridien  terrestre,  ce  qui  n'est  pas.  Passant  de  là  au  phénomène  de  l'incli- 
naison, il  a  été  amené  à  cette  conséquence,  que  les  courants  doivent  circu- 
ler à  une  assez  grande  profondeur  au  sein  de  la  terre  ;  car,  s'ils  ne  circulaient 
qu'à  sa  surface,  une  aiguille  aimantée,  déplacée  de  l'équateur  au  pôle,  con- 
serverait toujours  la  même  direction,  tandis  qu'elle  lait  une  révolution  de 
i8o°.  Le  même  résultat  aurait  lieu  si  le  solénoïde  se  réduisait  à  un  seul  cou- 
rant à  la  surface  de  la  terre,  dans  le  plan  de  l'équateur  magnétique.  Suppo- 
sant le  rayon  de  ce  solénoïde  indépendant  de  la  latitude  et  assez  petit  par 
rapport  au  noyau  de  la  terre  pour  pouvoir  négliger  les  puissances  de  ce 
rapport  supérieures  à  la  troisième,  l'auteur  a  retrouvé  les  formules  connues 
de  Biot,  qui  indiquent  comment  varient  l'inclinaison  et  l'intensité  magné- 
tiques avec  la  latitude.  Os  formules  ne  peuvent  être  pour  lui  qu'une  pre- 
mière approximation. 

»  Dans  la  seconde  partie  de  son  travail,  où  la  position  du  lieu  de  l'ob- 
servation est  supposée  fixe  et  le  temps  variable,  l'auteur  s'occupe  des  va- 
riations séculaires,  annuelles,  diurnes  et  irrc./ulières. 

»  Pour  lui,  les  variations  séculaires  sont  dues  à  la  fois  au  mouvemen!  de 
translation  et  au  mouvement  de  rotation  de  la  terre,  ou  au  déplacement  de 
l'équateur  magnétique  qui  en  est  la  conséquence.  En  partant  des  formules 
établies  dans  la  première  partie,  et  les  admettant  comme  approximatives, 
il  explique,  sinon  d'une  manière  parfaite,  comme  on  doit  s'y  attendre,  du 
moins  avec  un  accord  général  très-satisfaisant,  la  marche  des  pbénomènes 
depuis  les  observations  les  plus  reculées  jusqu'à  nos  jours. 

»  Les  variations  annuelles  lui  paraissent  dépendre  plus  spécialement  du 
mouvement  de  translation.  Du  solstice  d'été  au  solstice  d'hiver,  on  recon- 
naît, avec  la  plus  légère  attention,  que  les  courants  doivent  s'incliner  vers 


(  3oi  ) 
le  sud,  tout  en  conservant  leur  direction  générale  de  l'est  à  l'ouest,  et  que, 
du  solstice  d'hiver  au  solstice  d'été,  ils  doivent  s'incliner  vers  le  nord.  Ré- 
fléchissant ensuite  que  les-j-|de  l'hémisphère  austral  sont  recouverts  d'une 
couche  peu  conductrice  formée  par  les  eaux  de  la  mer,  on  ne  tarde  uas  à 
pressentir  que  la  seconde  moitié  du  phénomène  doit  être  peu  sensible  en 
comparaison  de  la  première.  De  là  l'explication  des  variations  annuelles 
observées  par  Cassini,  Gilpin,  Arago,  etc. 

»  Quant  aux  variations  diurnes,  l'auteur  les  regarde  comme  la  consé- 
quence du  mouvement  de  rotation.  Par  suite  de  la  présence  du  soleil  au-des- 
sus de  l'horizon,  il  s'élève,  dans  les  légions  tropicales,  des  courants  de  vapeur 
d'eau  qui  prennent  du  fluide  électrique  au  sol  et  à  la  mer,  puis  le  transportent 
dans  les  parties  supérieures  de  l'atmosphère.  De  là  deux  sortes  de  courants, 
les  uns  supérieurs,  qui  vont  de  l'équateur  aux  pôles;  les  autres  inférieurs, 
dans  le  sol,  qui  vont  des  pôles  au  point  de  l'équateur  au-dessus  duquel  le 
soleil  se  trouve.  Les  actions  de  ces  courants  s'ajoutent  pour  faire  dévier 
chaque  jour  l'aiguille  aûnantée  dans  le  sens  indiqué  par  l'observation. 

»  Enfin,  les  variations  irrégulières  lui  paraissent  occasionnées  par  des 
courants  analogues  aux  précédents,  mais  dus  à  des  causes  accidentelles, 
telles  que  les  tremblements  de  terre,  les  éruptions  volcaniques,  etc.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —   Emploi   de  l'acide  sulfureux   dans  l'épuration   des  yu<- 
sucrés;  Lettre  de  MM.  Perier  et  Possoz. 

«  Nous  avons  l'honneur  d'informer  la  Commission  nommée  pour  l'exa- 
men de  nos  procédés  relatifs  à  l'épuration  des  jus  sucrés,  que  nous  ve- 
nons de  recevoir  une  caisse  de  cannes  à  sucre  provenant  de  l'île  de  Cuba. 
Ces  cannes  sont  actuellement  en  bon  état  de  conservation  et  permettraient 
d'apprécier  les  procédés  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie. En  ce  moment  aussi,  l'état  actuel  des  betteraves  nous  permettrait 
encore  d'exposer  à  la  même  Commission  les  conditions  nouvelles  dans  les- 
quelles nous  employons  l'acide  sulfureux  pour  l'extraction  du  sucre  de 
betteraves,  application  que  nous  venons  d'effectuer  avec  succès  dans  plu- 
sieurs grandes  fabriques. 

»  Nous  serions  surtout  désireux  d'attirer  l'attention  de  MM.  les  Commis- 
saires sur  les  différences  très-importantes,  au  point  de  vue  de  la  pratique, 
qui  existent  entre  nos  procédés  et  ceux  qui  avaient  été  précédemment  re- 
commandés, différences  qui  consistent  surtout  en  ce  que  nous  évitons  la  pro- 

C.  R.,  iSG3,  i"  Semestre.  (T.  LVt,  N°  7.)  4° 


(  3o2  ) 

duction  des  sulfite  et  sulfate  de  chaux,  comme  étant  nuisibles  au  travail 
et  à  la  pureté  du  sucre,  tandis  que  d'autres  chimistes  la  conseillent. 

»  Il  nous  sera  permis  d'ajouter  que  notre  manière  d'opérer  a  encore  l'a- 
vantage  qu'elle  permet  de  diminuer  les  causes  d'incrustations  sur  les  sur- 
faces de  chauffe,  et  par  conséquent  d'éviter  les  inconvénients  et  altérations 
qui  en  résultent,  en  obtenant  du  sucre  plus  pur  et  plus  abondant.  Si  MM.  les 
Commissaires  voulaient  bien  nous  incliquer  le  moment  qui  leur  convien- 
drait, nous  nous  empresserions  de  nous  mettre  à  leur  disposition.  » 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée,  Commission  qui  se 
compose  de  MM.  Dumas,  Payen,  Balard.) 

CHIRURGIE.  —  Troisième  et  tjuatrième  opération  d'ovariotomie  pratiquées  avec 

succès,    par  M.  KœberlÉ. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Velpeau,  Cloquet,  Jobert.) 

«  La  troisième  opération,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  jointe  à  ses  deux 
Mémoires,  a  présenté  des  difficultés  extraordinaires,  inattendues,  qui,  heu- 
reusement, ont  pu  être  surmontées.  La  tumeur,  qu'il  n'a  pas  été  possible 
d'extirper,  n'a  été  excisée  qu'en  partie,  et  sa  base  a  été  embrassée  par  une 
anse  de  fil  de  fer.  Celle-ci,  resserrée  successivement,  a  déterminé  la  morti- 
fication de  la  tumeur  ovarique  en  totalité.  Après  son  élimination,  il  est 
resté  une  vaste  poche  suppurante  dont  l'ouverture  extérieure  a  été  main- 
tenue béante  pendant  deux  mois  jusqu'à  la  cicatrisation  complète.  Cette 
opération,  pratiquée  le  l\  décembre  1862,  est  relative  à  une  jeune  femme, 
âgée  de  ai  ans,  qui  était  affectée  depuis  onze  mois  d'un  kyste  multilocu- 
laire  de  l'ovaire,  dont  le  développement  était  devenu  très-rapide.  La  tumeur, 
dépourvue  d'adhérences  à  la  paroi  abdominale,  était  toute  zébrée  d'adhé- 
rences à  l'épiploonet  au  mésentère.  Déplus,  elle  était  intimement  fusionnée 
avec  l'utérus  et  avec  les  organes  de  l'excavation  pelvienne.  Il  n'est  survenu 
aucun  symptôme  de  péritonite  grave.  Ce  n'est  que  du  onzième  au  treizième 
jour  que  l'opérée  a  couru  quelque  danger  par  suite  de  la  suppression  mo- 
mentanée des  lotions  de  sulfate  de  fer.  Quoique  la  plaie  abdominale  ne  soit 
pas  encore  complètement  fermée,  l'opérée  peut  être  considérée  comme  dé- 
finitivement rétablie.  Son  état  général  est  excellent. 

»  La  quatrième  opération  a  été  pratiquée  le  20  décembre  1862  sur  une 
jeune  fille,  âgée  de  23  ans,  dont  la  tumeur  ovarique  multiloculaire  a  été 
ponctionnée  plusieurs  fois  à  des  intervalles  de  plus  en  plus  rapprochés.  La 
guérison,  qui  pouvait  être  considérée  comme  complète  dès  le  dixième  jour, 
a  été  entravée  par  une  hémorrhagie  consécutive,  à  la  fois  interne  et  externe, 


(  3o3  ) 
de  l'artère  ovarique,  survenue  au  douzième  jour,  par  suite  de  la  traction 
subie  par  le  pédicule  qui  était  fixé  dans  l'angle  inférieur  de  la  cicatrice. 
L'hémorrhagie,  arrêtée  pendant  un  jour  et  demi  par  une  compression 
méthodique,  s'est  reproduite  en  même  temps  qu'il  est  survenu  des  symp- 
tômes de  péritonite.  Alors  je  n'ai  plus  hésité;  j'ai  déchiré  la  partie  infé- 
rieure de  la  cicatrice,  j'ai  mis  en  liberté  le  pédicule  dont  l'artère  ova- 
rique a  été  saisie  et  maintenue  dans  une  pince  laissée  à  demeure,  et  j';u 
extrait  de  la  cavité  abdominale  les  caillots  cpii  répandaient  une  odeur  am- 
moniacale prononcée.  Dès  le  vingt-quatrième  jour,  l'opérée  se  levait,  et  le 
trente-deuxième  jour  (le  20  janvier)  elle  pouvait  être  considérée  comme 
étant  complètement  guérie.  L'hémorrhagie  et  les  incidents  consécutifs  n'ont 
retardé  que  de  quelques  jours  la  guérison  parfaite.  » 

M.  Zenker,  qui  avait  précédemment  soumis  au  jugement  de  l'Académie 
une  Note  «  sur  les  Altérations  du  système  musculaire»,  lui  adresse  aujour- 
d'hui un  Mémoire  très-étendu  «  sur  l'affection  trichinaite  chez  l'homme  ». 

L'auteur  y  donne  un  historique  très-complet  des  recherches  relatives  à  cet 
entozoaire,  tant  des  découvertes  qui  lui  sont  propres,  que  de  celles  qu'on 
doit  aux  autres  naturalistes.  La  plus  récente,  et  qui  offrira  certainement  un 
grand  intérêt  si  elle  est  confirmée  par  des  observations  ultérieures,  est  celle 
qui  a  rapport  au  passage  de  l'helminthe,  du  canal  intestinal  où  il  a  péné- 
tré avec  des  aliments  fournis  par  un  animal  infecté,  jusque  dans  les  muscles 
du  mouvement  volontaire  ,  où  il  se  montre  sous  une  forme  qui  avait 
d'abord  empêché  de  le  reconnaître.  Quand  la  transformation  a  été  démon- 
trée et  l'identité  établie,  il  restait  à  savoir  si  l'animal  allait  chercher  lui-même 
sa  nouvelle  demeure,  ou  s'il  y  était  transporté  à  l'état  de  germe  par  le  tor- 
rent circulatoire.  On  en  était  réduit  sur  ce  point  aux  conjectures,  et  M.  Zen- 
ker s'était  prononcé  pour  la  dernière  ;  aujourd'hui  il  annonce  en  avoir 
obtenu  la  preuve  «  en  trouvant  les  embryons  dans  le  sang  d'un  lapin  infecté 
avec  des  trichines,  »  et  il  ajoute  que  le  fait  a  été  également  observé  par  le 
l)r  Fiedler,  de  Dresde,  qui,  à  sa  prière,  a  poursuivi  les  expériences. 

Ce  Mémoire,  qui  est  transmis  par  M.  Duchenne  (de  Boulogne),  a  été  ren- 
voyé à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Rayer,  Bernard  , 
Fremy  et  Cloquet,  déjà  désignés  pour  la  première  communication  de 
M.  Zenker.  Un  même  Rapport  pourrait  embrasser  les  deux  communi- 
cations, dont  les  sujets  ne  laissent  pas  que  d'avoir  quelque  liaison,  puisque 
la  malade  chez  laquelle  le  trichine  a  été  d'abord  étudié  par  M.  Zenker  avait 

4o.. 


(  3o4  ) 
été  d'abord  supposée  atteinte  d'une  fièvre  typhoïde,  à  raison  des  douleurs 
musculaires  constantes  dont  elle  se  plaignait. 

M.  Martin  adresse  de  Torineitis  la  figure  accompagnée  d'une  courte  ex- 
plication d'un  cas  rare  d' hermaphrodisme. 

Le  sujet  qui  présente  cette  monstruosité  est  un  enfant  né  à  terme  et  qui, 
jusqu'au  moment  où  la  Note  a  été  écrite,  sept  semaines  après  sa  naissance, 
a  été  parfaitement  bien  portant. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Serres,  Milne  Edwards,  Cloquet.  ) 

M.  Lemaire  adresse  deux  échantillons  d'une  même  étoffe,  dont  l'un  n'a 
subi  aucune  préparation  et  dont  l'autre  a  été  préparé  de  manière  à  ne  pou- 
voir s'enflammer,  à  ce  qu'assure  M.  Lemaire  qui,  d'ailleurs,  ne  fait  pas 
connaître  le  procédé  qu'il  a  employé  pour  obtenir  ce  résultat. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  désignée  dans  la  précédente  séance 
pour  une  communication  de  M.  Chevalier  sur  le  même  objet,  Commis- 
sion qui  se  compose  de  MM.  Paven,  Velpeau,  Rayer.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture',  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  un  exemplaire  du  tome  XCIII 
des  Brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1791,  et  les  numéros 
7  et  8  du  Catalogue  des  Brevets  d'invention  pris  pendant  l'année  1862. 

ALGÈBRE.  —  Sur  la  théorie  des  formes  cubiques  à  trois  indéterminées.   Extrait 
d'une  Lettre  adressée  à  M.  Hermite  par  M.  Rrioschi. 

n   Milan,  8  février  iS63. 

»  La  théorie  des  formes  cubiques  ternaires  présente  une  réduction  à 
l'intégrale  elliptique  où  n'entre  qu'un  seul  paramètre,  tout  à  fait  analogue 
à  celle  que  vous  avez  donnée  dans  votre  premier  Mémoire  sur  la  théorie 
des  (onctions  homogènes  à  deux  indéterminées. 

»  Soit  u  (x,,  x2,  x3)  une  formule  cubique  ternaire;  s,  t  ses  invariants 
du  quatrième  et  du  sixième  degré;  h,  k  ses  covariants  du  troisième  et  du 
sixième  ordre,  c'est-à-dire  qu'en  posant 

i    du  i      d'à  .  i    dh  .  I      d2h  ,  i    i//, 

Ur~îdl,'      U,s=6d^IFs'        r=3rt^'        r-s~  6dZ~J7/        r~HdZ'' 


et 


on  ait 


(  3o5  ) 

(a/3)H  =  aa2/333  -+■  «33^00  —  2a23/323, 

(a/3)23  =  «i2J313  +-  «13Pi2  —  «n^23  —  UatPtti 


h=6 


Un 


Mo 


k  =  l{uh)rsurhs. 


»  Ces  invariants  et  covariants  sont  connus,  et  on  trouve  leurs  expres- 
sions dans  les  Mémoires  de  MM.  Cayley  et  Aronhold;  mais  je  ne  crois  pas 
qu'on  ait  encore  considéré  un  troisième  covariant  qui  semble  devoir  jouer 
un  grand  rôle  dans  la  théorie  des  formes  cubiques  ternaires.  Ce  covariant 


". 

u2 

«3 

ht 

h2 

*. 

k, 

ka 

h 

a  des  propriétés  analogues  aux  propriétés  du  covariant  du  sixième  ordre 
des  formes  biquadratiques  à  deux  indéterminées  ;  par  exemple  le  carré  de  S 
peut  s'exprimer  en  fonction  rationnelle,  entière,  des  covariants  u,  h,  k, 
et  des  invariants  s,  t. 

»  M.  Aronhold,  dans  son  Mémoire  publié  dans  le  volume  LTV  du  Journal 
de  M.  Borchardt  (p.  176),  a  donné  les  expressions  Saj,  Tab  des  invariants 
du  quatrième  et  du  sixième  degré  de  la  formule  cubique  ternaire 

au  +  bh  ; 

en  posant  dans  ces  expressions  a  =  h,  b  =  —  u,  et  en  indiquant  par  S,  T 
les  expressions  résultantes,  on  a 

S  —sh"  —  l^th3u  +  <os2h1u2  -  f4sthu3  ■+■  (4*2  —  3i3)«<, 


th*  —  6  s' h" 


1 5  sth*  u~ 

,5   1 


2ot2h3u3  +  i5s*th2u* 


—  6s  (353  —  it-)  /tu*  -+-  t(gs3  —  8t'-)  u\ 
au  moyen  desquelles  la  valeur  de  Q2  peut  se  réduire  à  la  forme 
5liS2  =  (6k  -  2tu2)3  -  3S(6/fc  —  2te2).+-  2T. 

Soient  «,,  a2,  u3  trois  quantités  indéterminées;  si  l'on  multiplie  le  déter- 


(  3o6  ) 


minant  6  par  le  déterminant 

A  = 


dx 


.r„ 


d.x ,    dx 


on  obtient,  en  posant  Icat  =  a,  u,  -+-  u,u,  -+-  a3«3 , 


SA=  ' 


du 


k 
dh 


dh 


Or,  en  supposant  que  a?,,  -r2 .  .r3  rendent  «(a:,,,x2,  x3)  =  o,  on  a 

S  =  jA4,     T  =  ^6,     0A=J-{hdk-  ikdh)2au, 
et  par  conséquent 

54©2  =  /i2[(^y-3, 


6x 


d'où  ,  en  posant 


6X 


h2 
on  tire 


+  »*],      5A  =  ^//((^)2a«, 


1*11 


dz 


\  (>    \  :'  —  3.i 


2/ 


»  De  cette  équation  on  déduit  le  théorème  suivant  :  Soit  «(x,  j")  =  o 
une  équation  du  troisième  degré  entre  x  et  y;  en  considérant  y  comme 
une  fonction  de  x,  on  aura 


dx 


dz 


S/6  Sz 
6/ 


3« 


2/ 


z  étant  lié  à  x  par  la  relation   z  =    , 
r  h- 

»   Cette  réduction   d'intégrale  est  très-importante.    M.   Aronhold   avait 

déjà  communiqué  une  transformation  de  cette  espèce  à  l'Académie  de  Berlin 

dans  sa  séance  du  1 5  avril  1 86 1 .  On  peut  voir  la  liaison  qui  existe  entre  sa 

transformation   et  la  précédente,  en  observant  que  le  développement  du 

déterminant 

//,  //,  A;, 

//,,  —  zuu      f/,2  —  ://,,      //13  — 


P  = 


D//o, 


<) 


lu. 


Zll,, 


Zll, 


■'h?  —  2"»5 


^as 


//31  -  :n3 


ii. 


(  3o7  ) 
nous  donne 

P  =  -  i*  2  [uuYsurhs  -  z2  {uh)rs  u,hs  +  -  2  [hh'f  urhs  • 


mais  ou  a 


-  2  [uu)rsu,hs  =—l  h\      I(uh)rsurhs  =*/t,      2  (hh)rsurht  =  o  : 


b 


en  conséquence 


P=-B*'«    z+* 


(./ 


ou,  en  substituant  pour  z  sa  valeur, 

P=-I2-' 

Or,  en  posant 

„  dV  dP  dP 

Q;=Bl  _  +  „,_  +  „,_, 

on  obtient  très-facilement 

P  =  zQ; 
donc 

dP  dP  dP 

n  ,  _6/f    _  P  _    '^,  ^'hdJ^'hlh. 

g._-2A,      z_  —  _-__^      _^__^, 

la  dernière  desquelles  revient  à  la  substitution  de  M.  Aronhold.   (Monats- 
bericht  der  Preuss.  Akademie.  Avril  1861,  p.  t\6{\.)  » 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  une  manière  de  faire  varier  la  tension  de  la  décharge 
d'une  batterie  électrique  et  dune  machine  de  Ruhmkorff;  par  M.  A.  C.v/.ix. 
(Présenté  par  M.  Pouillet.) 

«  On  sait  que  les  éléments  de  pile  peuvent  être  associés  de  deux  manières 
suivant  la  nature  des  effets  que  l'on  vent  produire.  J'ai  pensé  qu'on  pour- 
rait employer  des  dispositions  analogues  avec  les  condensateurs  de  l'élec- 
tricité statique.  Jusqu'à  présent  l'on  n'a  utilisé  la  décharge  des  bouteilles  de 
J^eyde  qu'en  les  réunissant  par  leurs  armatures  de  même  nom,  de  manière  à 
augmenter  la  quantité,  et  l'on  n'a  employé  l'association  en  série  que  pour 


(  3o8  ) 

charger  plusieurs  batteries  à  la  fois.  Je  ne  crois  pas  que  l'on  ait  observé  les 
propriétés  de  l'étincelle  que  l'on  obtient  en  déchargeant  la  série  par  ses 
armatures  extrêmes,  bien  que  l'analogie  d'une  série  de  condensateurs  avec 
la  pile  soit  signalée  depuis  longtemps.  Ainsi  l'illustre  Biot,  clans  son  Traité 
de  Physique,  décrit  des  expériences  dans  lesquelles  il  a  mesuré  à  l'aide  du 
plan  d'épreuve  les  tensions  Sur  les  différentes  lames  d'une  série  isolée,  et  il 
indique  l'accroissement  de  la  tension  du  milieu  de  la  série  vers  les  extrémi- 
tés, mais  sans  que  l'on  puisse  conclure  de  ses  observations  que  la  longueur 
de  l'étincelle  obtenue  par  leur  fonction  soit  beaucoup  plus  grande  qu'avec 
un  seul  condensateur.  Or  tel  est  l'effet  que  j'ai  eu  l'occasion  d'observer. 

»  Les  premières  expériences  ont  été  faites  par  M.  Ruhmkorff  à  l'aide  de 
sa  puissante  machine  d'induction.  C'est  lui-même  qui  a  tout  disposé  avec 
son  habileté  bien  connue,  et  avec  un  désintéressement  dont  je  veux  ici  le 
remercier  publiquement.  Les  pôles  de  sa  machine  étant  mis  en  communica- 
tion d'une  part  avec  les  armatures  extrêmes  d'une  série  de  bouteilles  de 
Leyde  isolées,  d'autre  part  avec  un  excitateur,  selon  la  disposition  adoptée 
pour  un  seul  condensateur,  la  longueur  de  l'étincelle  qui  éclate  entre  les 
branches  de  l'excitateur  augmente  progressivement  à  mesure  que  le  nombre 
des  bouteilles  augmente,  tandis  que  sa  grosseur,  son  éclat  et  le  bruit  qui 
l'accompagne  semblent  à  peine  diminuer.  Sans  condensateur  l'étincelle  de 
la  décharge  induite  avait  de  3oo  à  36o  millimètres;  avec  une  seule  bouteille 
de  Leyde  de  moyenne  dimension  elle  avait  3o  millimètres  environ  ;  avec  huit 
bouteilles  semblables  disposées  en  série  l'étincelle  a  atteint  i3o  millimètres. 
Nous  avons  ensuite  employé  des  bouteilles  à  peu  près  doubles;  avec  une 
seule  la  distance  explosible  était  17  millimètres  environ;  les  huit  bouteilles 
ont  donné  une  étincelle  de  82  millimètres.  L'addition  d'une  neuvième  a  aug- 
menté l'étincelle  de  8  millimètres.  Dans  cette  manière  d'opérer,  les  conden- 
sateurs successifs  se  déchargent  immédiatement  après  avoir  été  chargés. 
Pour  conserver  la  charge,  il  faut  réunir  l'un  des  pôles  de  la  machine  à  la 
dernière  armature  extérieure  et  produire  l'étincelle  d'induction  entre  l'autre 
pôle  et  la  première  armature  interne.  La  série  se  charge  très-rapidement  et 
on  peut  la  décharger  avec  l'excitateur  ordinaire;  on  observe  l'allongement 
de  la  distance  explosible  comme  avec  le  premier  mode. 

»  Les  mêmes  phénomènes  se  reproduisent  avec  la  machine  électrique 
ordinaire;  j'ai  répété  l'expérience  au  laboratoire  du  Lycée  de  Versailles, 
devant  mon  excellent  collègue  M.  Lallemant,  et  le  résultat  général  concorde 
avec  le  précédent. 


(  3o9) 
»  Nous  pensons,  M.  Ruhmkorff  et  moi,  que  cette  nouvelle  manière  de 
décharger  les  condensateurs  peut  être  utile  dans  un  grand  nombre  de  cas. 
Avec  un  certain  nombre  de  bouteilles  de  Leyde  associées,  soit  en  batterie, 
soit  en  série,  on  obtiendra  des  décharges  appropriées,  par  la  tension  et 
par  la  quantité  de  l'électricité  dépensée,  aux  effets  les  plus  variés.  Déjà 
M.  Ruhmkorff  a  vu  l'application  de  cette  méthode  aux  belles  recherches  de 
MM.  Plucker  et  Hittorf.  Le  résultat  satisfaisant  que  nous  avons  obtenu,  en 
faisant  passer  la  décharge  dans  un  tube  capillaire  disposé  comme  les  leurs, 
mais  contenant  des  gaz  à  la  pression  ordinaire,  nous  permet  d'espérer  que 
la  disposition  en  série  pourra  leur  être  de  quelque  utilité.   » 

CHIMIE.  —  Action   réciproque  des  protosets  de  cuivre  et  des  sels  d'argent  ;  par 
MM.  E.  Millon  et  A.  Commaille.  (Présenté  par  M.  Pelouze.)  (Extrait.) 

«  En  versant  une  solution  de  protochlorure  de  cuivre  ammoniacal  dans 
une  solution  de  nitrate  d'argent,  aussi  additionnée  d'ammoniaque,  il  se  fait 
immédiatement  un  précipité  d'argent  métallique  dans  un  état  de  pureté 
absolue.  On  observe  en  même  temps  les  particularités  suivantes  : 

»  L'argent  précipité  est  amorphe  et  dans  un  état  de  division  tel,  que  le 
diamètre  de  chacun  des  grains  n'excède  pas  o,oo25  de  millimètre.  On  sait 
que  l'argent  obtenu  par  les  courants  électriques  ou  par  l'action  des  métaux 
est  le  plus  souvent  brillant  et  toujours  cristallin.  L'argent  amorphe  que 
nous  obtenons  est  d'un  gris  terne,  mais  quelquefois  presque  blanc;  dans 
tous  les  cas,  il  prend  sous  le  brunissoir  l'éclat  métallique  le  plus  vif,  et,  à  la 
faveur  de  son  grand  état  de  division,  il  est  facile  de  l'appliquer  sur  les  ma- 
tières les  plus  diverses,  telles  que  le  bois,  la  pierre,  le  cuir  et  les  tissus  de 
différentes  sortes.  On  a  là  du  même  coup  l'argent  pur  et  divisé.  Il  est  pro- 
bable qu'un  tel  état  favorisera  l'application  de  ce  métal  dans  plusieurs 
industries. 

»  Pour  concevoir  tout  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  cette  réaction  dans 
diverses  circonstances  chimiques,  soit  pour  extraire,  puriher  et  doser  l'ar- 
gent, soit  pour  arriver  à  une  analyse  plus  exacte  des  composés  de  cuivre, 
nous  devons  faire  connaître  tout  de  suite  que  la  réaction  s'opère,  entre  les 
principes  réagissants,  dans  la  proportion  même  de  l'équivalent  chimique. 

»  Ainsi,  par  le  poids  de  l'argent  précipité,  on  détermine  exactement  la 
quantité  d'oxydule  de  cuivre  engagée  dans  la  réaction  ;  peu  importe  que  le 
protosel  soit  pur  ou  mélangé  de  bisel.  On  possède  là  un  moyen  tout  à  fait 

C.  R.,  i863,  1er  Semestre.  (T.  LVI,  N°  7.)  4' 


(  3io) 
rigoureux  et  nouveau  d'analyser  un  mélange  de  protosel  et  de  bisel  de  cuivre, 
et  de  se  tenir,  dans  l'étude  des  composés  cuivreux,  à  l'abri  de  toutes  les  causes 
d'incertitude  auxquelles  il  était  bien  difficile  précédemment  d'échapper. 

»  Si  le  composé  cuivreux  est  employé  en  quantité  suffisante  par  rapport 
au  sel  d'argent,  tout  le  métal  contenu  dans  le  sel  argentique  se  trouve  pré- 
cipité. C'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  et  ce  que  nous  avons  pu  vérifier  en  par- 
tant d'une  quantité  connue  d'argent  dissoute  dans  l'acide  nitrique,  que 
nous  avons  retrouvée  sans  changement  de  poids  appréciable,  après  l'action 
du  protochlorure  de  cuivre  ammoniacal. 

»  Ainsi  igr,  1 1 5  d'argent  fin  ayant  été  dissous  dans  l'acide  azotique  et  la 
liqueur  ayant  été  rendue  fortement  ammoniacale,  nous  y  avons  versé  du 
protochlorure  de  cuivre  également  ammoniacal.  L'argent  précipité,  bien 
lavé,  séché,  pesait  igr,  1 14  ,  soit  99,91  pour  100. 

»  ogr,588  d'argent,  traités  de  la  même  manière,  se  sont  trouvés  réduits  à 
ogr,5855,  soit  99,57  pour  100. 

»  Enfin  0^,9827  du  même  métal,  toujours  dissous  de  même,  puis  préci- 
pités par  le  chlorure  cuivreux  ammoniacal,  ont  pesé  0,983;  soit,  argent 
retrouvé,  ioo,o3au  lieu  de  100. 

»  Ce  procédé,  qui  est  rigoureux,  donne  l'argent  sous  un  état  tellement 
facile  à  recueillir  et  à  doser,  que  l'analyse  des  composés  argentiques  trou- 
vera dans  cette  méthode  une  simplification  et  surtout  une  célérité  par- 
ticulière. 

»  Pour  passer  des  faits  qui  précèdent  à  la  purification  et  à  l'extraction  de 
l'argent,  nous  avons  attaché  une  grande  importance  à  déterminer  la  solubi- 
lité du  chlorure  d'argent  dans  diverses  liqueurs.  A  cet  effet,  nous  avons 
employé  comme  dissolvant  du  chlorure  d'argent  caillebotté  ou  fondu,  tantôt 
de  l'ammoniaque  pure  à  différents  degrés  de  concentration,  tantôt  de 
l'ammoniaque  additionnée  d'une  solution  de  chlorure  potassique,  ammo- 
nique,  etc.  ;  d'autres  fois  encore  nous  avons  recherché  la  solubilité  du 
chlorure  argentique  à  la  faveur  des  chlorures,  mais  sans  le  concours  de 
l'ammoniaque. 

»  Nous  avons  employé,  pour  la  précipitation  de  l'argent  métallique,  le 
protocblorure  de  cuivre  très-ammoniacal,  et  nous  avons  obtenu  les  nom- 
bres qui  seront  indiqués  plus  bas,  rapportés  à  l'argent  métallique  et  à  un- 
litre  de  chaque  liqueur. 

a  Les  nombres  obtenus  sont  consignés  dans  le  tableau  suivant  : 


(3n  ) 


DISSOLVANT  DU  CHLORURE  D'ARGENT. 


Ammoniaque  à  1 8°  Cartier 

Ammoniaque  à  i8°  Cartier,  additionnée  de  son  volume  d'eau 

Ammoniaque  à  ii°  Cartier 

Ammoniaque  à  160  Cartier, 

Ammoniaque  à  i8°,  étendue  de  son  volume  d'une  solution  saturée  de  sel 
marin 

Ammoniaque  à  i8°,  étendue  de  son  volume  d'une  solution  saturée  de  chlo- 
rure de  potassium 

Ammoniaque  à  i8°,  étendue  de  son  volume  de  chlorhydrate  d'ammoniaque. 


QUANTITÉ 

d'argent 
dissous. 


5i,6 
23,8 
58,  o 
4g,6 

20,8 

20,4 

22,4 


»  Le  chlorure  d'argent  est  insoluble  dans  les  chlorures  de  calcium  et 
de  zinc. 

»  Les  nombres  précédents  ont  été  obtenus  avec  le  chlorure  d'argent 
caillebotté,  mais  la  solubilité  du  chlorure  d'argent  fondu  ne  paraît  pas  of- 
frir une  variation  bien  notable;  ainsi  la  solubilité  du  chlorure  sous  le  pre- 
mier état  étant  représentée  par  4g, fi  de  métal,  elle  se  trouve  de  48,4  avec 
le  chlorure  fondu.  Toutefois,  il  est  nécessaire  de  prolonger  le  contact  en 
agitant  de  temps  à  autre  le  chlorure  fondu  et  réduit  en  petits  fragments. 

»  Le  tableau  précédent  prouve  qu'il  est  facile  de  dissoudre  jusqu'à 
58  grammes  d'argent  métallique,  à  l'état  de  chlorure,  dans  l'ammoniaque 
amenée  au  titre  commercial  de  ii°  qui  s'obtient  le  plus  généralement. 
Il  nous  semble  que  cette  solubilité  est  suffisante  pour  qu'il  soit  possible 
de  concevoir  que  les  minerais  d'argent,  convertis  en  chlorure,  seraient  ra- 
menés à  une  exploitation  dans  laquelle  on  supprimerait  l'emploi  si  dange- 
reux et  si  coûteux  du  mercure,  et  dont  toutes  les  opérations  d'extraction  se 
trouveraient  d'une  simplicité  toute  particulière  (i). 

»  Un  litre  d'ammoniaque  saturée  de  chlorure  d'argent  serait  précipité 
par  23o  centimètres  cubes  d'une  solution  ammoniacale  de  protochlorure  de 
cuivre  au  maximum  de  concentration;  on  maintiendrait  toujours  le  précipi- 
tant en  excès,  et  l'on  comprend  que  la  même  quantité  de  cuivre  servirait  in- 


(i)  Les  résidus  d'argent  des  laboratoires  sont  révivifiés  si  promptement  par  ce  procédé, 
que  nous  pensons  que  bientôt  on  n'aura  plus  recours  à  d'autre  moyen. 

4t-. 


(  3.3  ) 
dt'finiment;  il  suffirait  pour  cela  de  réduire  le  bichlorure  de  cuivre  formé, 
par  le  zinc;  réduction  qui  se  fait  avec  la  plus  grande  énergie  au  sein  de  la 
liqueur  ammoniacale  et  qui  reproduirait  incessamment  le  cuivre  métallique 
nécessaire  à  la  formation  du  protochiure.  On  conçoit,  d'autre  part,  qu'il  y 
aurait  un  réemploi  continuel  de  l'ammoniaque  dégagée  par  la  chaux  et 
ramenée  au  degré  de  concentration  voulu.  Quant  à  la  purification  de  l'ar- 
gent, il  semble  inutile  d'insister  pour  montrer  combien  elle  est  simplifiée 
par  la  méthode  qui  précède.  » 

astronomie.  —  Observation  de  la  lumière  zodiacale  à  Yzeure  [Allier);  Lettre 
de  M.  Laussedatô  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  Yzeure,  près  Moulins,  le  |5  février  i8G3. 

»  Depuis  quatre  jours  que  je  suis  ici,  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  la  lu- 
mière zodiacale  tous  les  soirs  de  6b  3om  à  8b  3om  et  même  un  peu  au  delà. 
Un  ciel  d'une  rare  pureté  et  l'absence  de  la  lune  au-dessus  de  l'horizon  ont 
rendu  cette  période  de  temps  particulièrement  favorable  à  l'observation 
d'un  phénomène  si  difficile  à  saisir  dans  nos  climats.  Immédiatement  après 
que  le  crépuscule  a  cessé,  la  lueur  zodiacale  apparaît  très-distinctement  de- 
puis les  confins  de  l'horizon  jusque  dans  la  constellation  du  Bélier,  sur  une 
hauteur  de  5o  à  6o°  au  moins  et  sous  la  forme  d'un  triangle  scalène  dont 
le  sommet  s'incline  vers  le  sud.  La  base  de  ce  triangle  peut  avoir  de  12  à 
1 5°,  mais  la  lueur  s'affaiblit  considérablement  sur  les  bords  et  vers  le 
sommet,  et  il  n'est  pas  facile  par  conséquent  d'en  tracer  exactement  les 
limites.  Hier,  14,  vers  7h  3om  du  soir,  je  la  suivais  jusque  dans  le  voisinage 
de  la  planète  Mars,  située  en  ce  moment  un  peu  au-dessous  des  Pléiades,  et 
qui  par  parenthèse  scintillait  visiblement.  L'éclat  maximum  de  la  lueur  s'ob- 
servait au  tiers  environ  de  sa  hauteur,  c'est-à-dire  à  i5  ou  ao°  au-dessus 
de  l'horizon  (1)  ;  il  dépassait  certainement  celui  de  la  voie  lactée  dans  les 
régions  les  plus  brillantes,  par  exemple  dans  la  constellation  de  Cassiopée. 

»  Un  de  mes  amis  qui  habite  la  campagne  et  à  qui  j'ai  montré  ce  phéno- 
mène m'a  assuré  qu'il  l'avait  remarqué  tous  les  soirs  sans  interruption  de- 
puis dimanche  dernier,  8,  et  qu'il  ne  se  souvenait  pas  d'en  avoir  jamais  été 
frappé  auparavant. 

(1)  Comme  il  n'y  avait  pas  la  moindre  apparence  de  brume,  il  faut  admettre  que  le  dé- 
croissement  d'intensité  de  la  lueur  prés  de  l'horizon  était  produit  par  l'absorption  des 
rayons  lumineux  qui  traversent  l'atmosphère  sur  une  épaisseur  plus  considérable. 


l3i3  ) 

»  Pendant  toute  cette  semaine,  le  thermomètre  est  descendu  au-dessous 
de  zéro  vers  7  heures  du  soir;  le  baromètre  a  été  très-élevé  et  à  om,r]'j'i  en 
moyenne,  à  une  altitude  de  225  mètres  environ;  les  vents  d'E.  et  de  N.-E. 
ont  toujours  régné.  L'air  a  été  très-sec  en  général  et  le  ciel  toujours  décou- 
vert. 

»  Je  joins  à  ma  Lettre  un  relevé  des  registres  météorologiques  de  M.  Giat, 
observateur  consciencieux  et  assidu,  dont  la  station  au  centre  de  la  France 
mérite  d'être  signalée  à  l'Académie  et  aux  météorologistes. 

»  Au  moment  où  j'écris,  le  phénomène  présente  exactement  la  même 
apparence  que  pendant  les  soirées  précédentes,  et  M.  Giat  en  est  témoin 
avec  moi. 

THERMOMÈTRE .  BAROMÈTRE.  BAROMÈTRE.  BAROMÈTRE.  ALTITUDE 

gheures  du  mat.  9  heures  du  mat.     5  heures  du  soir,     g  heures  du  soir,  du  baromètre,  TÏi"1. 


Février  8 

0 
a,o9 

m 
0,76571 

m 
0,76508 

m 
0,76481 

9 

3,45 

o,?6853 

0,76835 

0,76955 

10 

—  2,5g 

0,77243 

0,77203 

0,77319 

1 1 

2,11 

0,77218 

0,77023 

0,77144 

12 

+  0,48 

0,77412 

0,77347 

0,77480 

1  3 

—  i,8o 

0,77629 

0,774!2 

0,77396 

4 

+  0,06 

0,87317 

0,77128 

0,77131 

j5 

-f-  0,06 

0,77202 

0,77183 

physique.    —   Note  sur  l'extraction  et  le  dosage  des  gaz  dissous  dans  l'eau; 

par  M.  Ad.  Bobierre. 

«  Lorsqu'on  mélange  53,73g  volumes  d'alcool  anhydre  avec  49,836 
volumes  d'eau,  les  103,775  volumes  se  réduisent  à  100;  c  est  là  un  fait 
bien  connu.  Ce  qui  l'est  moins,  c'est  la  nature  des  gaz  qui,  en  pareil  cas, 
se  dégagent  avec  abondance.  De  Saussure  avait  cru  voir  dans  ce  phéno- 
mène un  simple  dégagement  d'oxygène,  l'alcool,  selon  cet  observateur,  en 
dissolvant  0,1625  de  son  volume,  tandis  que  l'eau  n'en  dissoudrait  que 
o,o65. 

»  En  reprenant  vers  la  fin  de  1861  les  expériences  de  de  Saussure,  je 
n'ai  pas  tardé  à  reconnaître  que  les  gaz  se  dégagent  en  abondance,  alors 
même  que  l'alcool  a  été  soumis  à  l'ébullition.  Dans  le  commencement  de 
1862,  j'ai  étudié  le  dosage  des  gaz  de  l'eau  à  l'aide  de  tubes  gradués  dispo- 
sés sur  le  mercure,  en  profitant  de  la  contraction  d'un  mélange  de  ce 
liquide  avec  l'alcool. 


(  3i4  ) 

»  Dans  les  premiers  mois  de  cette  même  année,  je  faisais  construire  chez 
M.  Salleron  un  appareil  dans  lequel  je  pouvais  agir  sur  i  i  litre  environ 
d'eau  alcoolisée  et  dont  je  soumets  le  croquis  à  l'Académie.  M.  Lallemant, 
professeur  à  la  Faculté  de  Rennes,  a  vu  cet  appareil  en  août  dans  mon  labo- 
ratoire. M.  Labresson,  mon  collègue  à  l'Ecole  préparatoire  des  Sciences  de 
Nantes,  son  préparateur,  et  beaucoup  d'autres  personnes,  l'ont  également 
vu  fonctionner  entre  mes  mains.  Voulant  toutefois  déterminer  avec  soin 
les  limites  dans  lesquelles  pouvaient  être  comprises  les  erreurs  du  procédé, 
je  m'étais  promis  de  n'appeler  l'attention  bienveillante  de  l'Académie  que 
sur  une  idée  convenablement  sanctionnée  par  l'expérimentation.  Je  me  vois 
forcé  de  me  départir  de  cette  réserve  et  de  signaler  dès  aujourd'hui  le  prin- 
cipe de  ma  méthode,  car  une  Note  lue  à  l'Académie  de  Médecine  par  M.  le 
Dr  Robinet,  et  qui  m'a  été  adressée  par  ce  savant,  fait  allusion  au  procédé 
dont  je  m'occupe  depuis  le  commencement  de  1862.  M.  Robinet,  qui 
n'avait  pas  connaissance  de  mes  travaux,  déclare  se  borner  à  prendre  date. 
Il  opère  comme  je  l'ai  fait  à  l'origine  de  mes  recherches,  c'est-à-dire 
en  faisant  le  mélange  des  liquides  dans  un  tube  gradué ,  moyen  que  j'ai 
abandonné  comme  ne  comportant  pas  l'emploi  de  quantités  suffisantes  de 
liquide. 

»  En  attendant  que  je  puisse  soumettre  à  l'Académie  les  chiffres  de  mes 
expériences,  je  la  prie  de  vouloir  bien  accueillir  et  ma  réclamation  de  prio- 
rité et  le  croquis  de  mon  appareil.  Je  me  hâte  d'ajouter  que  M.  Robinet  a 
reconnu  sans  aucune  réserve  et  avec  un  empressement  plein  de  loyauté  l'an- 
tériorité de  mes  essais  sur  les  siens.  » 

M.  Cavaillé-Coll  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  accorder,  dans  la 
prochaine  séance,  un  tour  de  lecture  pour  une  communication  relative  à 
une  «  soufflerie  de  cabinet  armée  de  régulateurs  de  la  pression  del'airou  des 
gaz  dans  ses  applications  à  des  expériences  d'acoustique  et  à  la  régularisa- 
tion de  l'émission  du  gaz  d'éclairage  ». 

Mme  de  Corxeillan,  qui  avait,  dans  les  séances  des  1 3  janvier  et  1 7  février 
1862,  fait  deux  communications  sur  les  résultats  qu'elle  avait  obtenus  pour 
le  dévidage  en  soie  grége  du  cocon  du  ver  à  soie  de  l'ailante,  adresse  un 
écheveau  à  plusieurs  brins  de  cette  soie  obtenu  par  le  dévidage  simultané 
de  huit  cocons. 

Cette  nouvelle  communication  a  été  faite  à  l'occasion  d'une  Note  récente 


(  3i5  ) 
de  M.  Guérin-Méneville,  Note  dans  laquelle  l'auteur  avait  rappelé,  quoique 
Mme  de  Corneillan  semble  supposer  le  contraire,  les  résultats  obtenus  par 
cette  daine,  comme  ceux  obtenus  par  M.  Forgemol. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  vers  à  soie.) 

M.  Tocrmer  demande  l'ouverture  d'un  paquet  cacheté  qu'il  avait  déposé 
le  i5  avril  j86i  . 

Ce  paquet,  ouvert  en  séance,  renferme  une  Note  concernant  un  système 
de  télégraphie  électrique  dans  lequel  l'écriture  des  correspondants  serait 
exactement  reproduite. 

M.  Poirel  rappelle  l'envoi  qu'il  a  fait  d'une  Note  concernant  un  appareil 
destiné  à  prévenir  la  pénétration  dans  les  poumons  des  poussières  siliceuses 
au  milieu  desquelles  respirent  les  tailleurs  de  pierre;  peu  après  il  avait 
adressé  l'appareil  lui-même.  Il  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  faire 
un  Rapport  sur  son  invention. 

(Renvoi  à  M.  Cloquet,  déjà  chargé  de  l'examen  des  deux  pièces.) 
A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  d'Économie  rurale  présente,  par  l'organe  de  son  doyen 
M.  Boussingault,  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  de  Correspon- 
dant vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Bracy-Clark. 

En  première  ligne.   .   .   .     M.  de  Vibraye,  à  Cheverny  (Loir-et-Cher). 
En  seconde  ligne M.  Parade,  à  Nancy. 

Ces  candidats  étant  du  nombre  de  ceux  dont  les  titres  ont  été  discutes 
dans  le  comité  secret  de  l'avant-dernière  séance,  l'Académie  ne  revient  pas 
sur  cette  discussion. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


(  3i6  ) 

BULLETIN'    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  16  février  1 863  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Éloge  historique  de  Jean-Christian  OErsted,  associé  étranger  de  l'Académie 
des  Sciences  de  l'Institut  impérial  de  France;  par  M.  Élie  DE  BEAUMONT, 
Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  lu  à  la  séance  publique  annuelle  du 
29  décembre  1862.  Paris,  i863;  in-4°. 

Description  des  machines  et  procédés  consignés  dans  les  brevets  d'invention, 
de  perjeclionnement  et  d'importation;  publiée  par  les  ordres  de  M.  le  Mi- 
nistre de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics;  t.  XCIII. 
Paris,  i863;  vol.  in-4°. 

Mémoires  de  V  Académie  impériale  de  Médecine  ;  t.  XXV,  2e  partie,  année 
1862.  Paris,  1862;  vol.  in-4°. 

Les  Fumeurs  d'opium  en  Chine;  élude  médicale ,  par  le  Dr  H.  Libermank. 
Paris,  1862  ;  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  J.  Cloquet.) 

Quelques  considérations  sur  la  fièvre  jaune  ;  moyens  prophylactiques  de  cette 
maladie,  etc.;  par  le  Dr  M.  Marques  de  Carvalho,  médecin  brésilien. 
Paris,  in-4°. 

Résumé  météorologique  de  l'année  1861  pour  Genève  et  le  grand  Sairit-Ber- 
nard;  parE.  Plantamour.  (Extrait  de  la  Bibliothèque  universelle  de  Genève, 
août  1862.)  Genève,  i862;in-8°. 

Essais  sur  la  Nouvelle-Calédonie;  par  MM.  Vieillard  et  E.  Deplanche. 
(Extrait  de  la  Revue  Maritime  et  Coloniale.)  Paris,  i863;  in-8°.  (2  exempl.) 

Notice  sur  une  ovariotomie  pratiquée  le  29  septembre  1862;  par  E.  K.OE- 
berlé.  Strasbourg,  18G2;  br.  in-8°  avec  6  planches  lithographiées. 

Annuaire  des  cinq  déparlements  de  la  Normandie ,  publié  par  l'Association 
Normande;  29e  année,  i863.  Caen;  vol.  in-8°. 

New  magnetic...  Nouvelle  théorie  magnétique;  par  Oméga.  Tnnbridge- 
wells,  1862;  br.  petit  in-8°. 

Il  barometro...  Note  sur  le  baromètre  aréomélrique à  balance  de  la  Loggia 
d'Orgagna  à  Florence ,-  par  le  P.  prof.  Filippo  Cecchi.  —  Théorie  analytique 
élémentaire  des  baromètres  aréomélriques  à  mercure;  par  Giov.  AlNTONELLi. 
Florence,  1862;  br.  in-8°.  (2  exempl.) 

Relazioni...  Mémoire  sur  les  relations  entre  certaines  propriétés  thermiques 
et  d'autres  propriétés  physiques  des  corps  ;par  Giov.  Cantoni.  Pavie,  1862; 
br.  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  FÉVRIER  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Dune  espèce  de  Chélonien  fossile  d'un  genre  nouveau,  trouvé 
dans  la  craie  du  cap  la  Hève  par  M.  Lennier,  du  Havre,  et  décrit  par 
M.  A.  Valenciexxes. 

«  Les  grandes  marées  de  la  Manche  laissent  à  découvert  le  pied  du  cap 
la  Hève.  On  peut  alors  marcher  sur  les  assises  de  la  grande  formation  du 
Havre.  Le  géologue  actif  et  chercheur  voit  paraître  sur  les  blocs,  mis  à  nu 
pendant  de  courts  instants,  les  débris  de  squelettes  de  grands  reptiles,  de 
poissons,  confondus  avec  d'autres  corps  organisés,  et  ordinairement  d'es- 
pèce et  de  genre  inconnus.  Quand  l'habitude  de  ces  explorations  fait  naître 
l'espoir  de  trouver  quelques  portions  importantes  de  squelette,  il  faut  s'oc- 
cuper de  tirer  les  os  de  la  gangue  durcie  qui  les  retient  et  qui  les  cache. 
Ce  n'est  pas  tout  de  les  dégager,  il  faut  les  déterminer.  C'est  alors  que 
commence  le  devoir  et  le  travail  de  la  zoologie.  J'ai  déjà  nommé  à  l'Aca- 
démie M.  Lennier,  conservateur  du  musée  du  Havre,  pour  sa  découverte 
d'un  Ichthyosaiire,  que  j'ai  pu  déterminer  comme  d'une  espèce  nouvelle. 
Te  l'ai  dédiée  à  notre  grand  et  illustre  zoologiste,  en  appelant  ce  Saurien 
ICHTHYOSAURUS   CUVIERI. 

»  En  explorant  de  nouveau  les  falaises  qui  conduisent  vers  ces  côtes  que 

C.  F,.,  i803,   ier  Semest,e.  (T.  LVI,  N»  8.)  4 2 


(  3i8  ) 
les  marins  nomment  la  Côte  blanche,  M.  Lennier  a  trouvé  un  bloc  sur  lequel 
il  a  vu  saillir  l'extrémité  d'os  semblables  à  des  côtes  de  Tortue. 

»  Il  m'a  adressé  ces  fragments,  que  j'ai  fini  par  reconnaître  appartenir  au 
squelette  d'une  Tortue  d'un  genre  Rouveau,  facile  à  déterminer  par  un  carac- 
tère très-saillant,  celui  d'avoir  neuf  côtes.  Toutes  celles  que  nous  connais- 
sons aujourd'hui  n'en  ont  que  huit.  Plusieurs  autres  particularités  de  l'orga- 
nisation de  ce  nouveau  Chélonien  montrent  qu'il  tient  des  Tortues  molles, 
ou  des  Trionyx  fluviatiles  de  Geoffroy  et  des  Chélonées  ou  Tortues  marines 
d'Alexandre  Brongniart.  Je  l'appellerai  : 

PAL/EOCHELYS  novemcostatus. 

»  Je  vais  commencer  par  appeler  l'attention  sur  la  position  occupée  par 
la  béte  dans  la  vase  durcie  comme  le  marbre  le  plus  dur,  lorsque  la  vague 
qui  l'a  jetée  à  la  côte  l'a  fait  périr. 

»  L'animal,  couché  sur  la  berge  par  le  côté  gauche,  s'est  brisé  par  le 
milieu  de  la  carapace,  le  long  de  la  colonne  vertébrale.  La  portion  gauche 
a  été  empâtée  dans  le  sol,  et  l'autre  portion  a  glissé  sur  la  carapace  gauche. 
Le  sternum  a  suivi  le  même  mouvement,  de  façon  que  la  large  portion  de 
ce  plastron,  formée  par  rhyposternurn  droit,  s'est  collée  sur  celui  du  côté 
gauche.  Les  quatre  membres  ont  été  emportés  par  ces  efforts  violents  et 
convulsifs;  il  n'est  resté  que  l'omoplate  droite  de  la  Tortue. 

»  La  tète  a  été  en  grande  partie  brisée;  cependant  quelques  fragments 
d'os  du  crâne  ou  de  la  face  ont  pu  être  retrouvés  entre  les  carapaces  et  le 
reste  du  sternum.  Quelques-unes  des  plaques  marginales  qui  cernent  la 
cavité  viscérale  ont  été   retirées  dans  la  gangue  qui  a  tout  enveloppé. 

»  Tout  ceci  formait  une  grosse  masse  qui  avait  un  volume  supérieur 
a  un  mètre  cube.  On  voyait  saillir  quelques  bouts  de  côtes,  la  plus 
grande  partie  de  l'omoplate;  mais  il  a  fallu  l'adresse  et  la  persévérance 
de  M.  Merlieux,  qui  a  bien  voulu  suivre  avec  moi  la  recherche  de  ces 
os,  pour  découvrir  l'ensemble  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie. 
()ue  l'on  me  permette  d'insister  sur  la  persévérance  que  nous  avons  mise  à 
cette  recherche  :  plus  d'une  fois  nous  avons  été  sur  le  point  de  tout  aban- 
donner; mais  bientôt  une  crête  osseuse  s'offrait  à  nous  et  nous  faisait 
espérer  de  trouver  le  résultat  que  nous  avons  obtenu. 

»  Je  vais  décrire  maintenant  ces  os;  puis  je  reviendrai  sur  les  considé- 
rations d'ensemble  à  mesure  que  la  description  des  dix-neuf  os,  dégagés 
de  la  gangue  qui  les  enveloppait,  nous  les  aura  fait  mieux  apprécier. 

>•  La  portion  inférieure  de  la  carapace  a  été  emportée.  Ce  qui  reste  de 


(  3.9  ) 

cette  région  dorsale  est  haut  de  om,  55;  la  largeur  du  disque  plein  peut 
être  évaluée  à  om,45;  mais  il  faut  y  ajouter  la  saillie  des  côtes,  qui, 
en  les  comptant  des  deux  côtés,  donnerait  une  largeur  de  om,i4;  puis 
l'épaisseur  des  plaques  du  disque  qui  augmentent  encore  le  diamètre 
total  du  corps  deora,o4  à  om,o5.  La  portion  qui  nous  reste  porte  om,52. 
Par  conséquent  nous  devons  croire  que  cet  animal  avait  une  carapace 
à  peu  près  ronde,  de  om,  70  au  moins  de  largeur  totale  osseuse.  La  sur- 
face extérieure  de  cette  carapace  est  lisse,  sans  aucune  rugosité.  Elle  ne 
porte  aucune  trace  des  treize  plaques  cornées  qui  donnent  à  l'industrie  les 
écailles  si  recherchées  dans  les  Chélonées.  Il  faut  bien  insister  sur  ce  fait,  que 
ce  que  nous  avons  des  plaques  dorsales  ou  sternales  est  une  ossature  lisse 
et  fibreuse.  On  ne  voit  aucune  trace  des  écailles  des  Chélonées  ordinaires. 
L'animal  était  donc  couvert  d'une  peau  qui  débordait  le  disque  osseux,  comme 
cela  existe  dans  lesTrionyx  vivants  et  fossiles  que  nous  connaissons  déjà. 
Mais  ces  Chéloniens  ont  les  os  de  la  carapace  et  le  sternum  relevés  par  de 
nombreuses  rugosités. 

»  Un  autre  Chélonien  a  la  carapace  couverte  d'une  peau  molle  et 
épaisse;  mais  il  ne  porte  que  huit  côtes.  C'est  le  genre  sphargis  (Testudo 
roriacea,  Lin.)  qui  vit  encore  dans  l'Atlantique,  et  entre  quelquefois  dans 
le  grand  golfe  de  Gascogne. 

»  Nous  observons  sur  notre  Tortue  deux  autres  caractères  que  portent 
quelques  espèces  de  Trionyx.  Le  premier,  qui  appartient  à  la  carapace,  est 
une  forte  carène  dorsale  aiguë,  haute  de  om,o3,  et  élevée  tout  le  long  de 
la  colonne  vertébrale.  A  la  base  du  cou,  était  la  petite  nuchale,  qui  existe 
dans  les  gymnopodes  et  les  centropodes  de  Duméril.  Ainsi  la  Tortue  avait 
des  affinités  avec  les  Trionyx  :  i°  par  la  peau  molle;  20  par  l'absence  de 
plaques  d'écaillés;  3°  par  la  plaque  nuchale.  Cette  plaque  nuchale  est  large 
de  om,09  et  haute  de  om,o4-  Sa  face  externe  est  plus  lisse  que  la  face  interne, 
qui  était  adhérente  à  la  peau  de  l'animal. 

»  Si  notre  Tortue  se  rapproche  des  Trionvx  par  la  carène  dorsale  et  pat 
la  plaque  accessoire,  elle  s'en  éloigne  par  l'absence  de  rugosités  sur  ces  os; 
elle  en  diffère  encore  plus  par  le  nombre  des  pièces  marginales  qui  reçoivent 
l'extrémité  des  côtes.  Il  reste  une  suite  de  ces  pièces  réunies  en  un  seul 
morceau  long  de  om,  36,  plat  en  dessus  et  arrondi  sur  le  côté  inférieur  et 
externe  ;  il  est  plié  en  gouttière  dans  toute  sa  longueur,  et  un  enfoncement 
très-prononcé  marque  la  place  où  se  rend  chaque  côte.  Ajoutons  deux  mor- 
ceaux pleins,  longs,  l'un  de  om,07,  l'autre  deom,09,  qui  se  réunissaient  au 
côté  gauche  et  devaient  continuer  et  fermer  le  cercle  marginal  qui  entoure 

42. 


(    320    ) 

la  cavité  viscérale  des  Chélonées.  Ces  plaques  étaient  encore  presque  en 
leur  place  normale  sur  le  côté  de  la  carapace. 

»  Ce  bord  osseux  et  la  l'orme  du  pariétal  me  l'ont  croire  que  notre  Tortue 
fossile  doit  être  considérée  comme  étant  plus  voisine  des  Chélonées  et  pius 
particulièrement  des  Sphargis  que  de  tout  autre  genre.  Elle  devait  être  un 
de  ces  grands  reptiles  de  haute  mer. 

»  Ayant  ainsi  retrouvé  cette  affinité  de  notre  Tortue,  j'ai  été  conduit  à 
déterminer  plus  aisément  les  quelques  fragments  de  la  tète  qui  ont  été 
conservés  dans  l'intervalle  resté  vide  entre  les  deux  portions  de  la  carapace. 

»  Le  premier  os  de  la  tète,  de  forme  singulière,  est  le  pariétal  droit. 
C'est  l'os  que  l'on  voit  sur  le  haut  de  la  tète  restaurée.  Il  est  convexe  en 
dessus  et  donne  en  arrière  une  longue  apophyse  qui  allait  s'articuler  avec 
l'occipital,  et  descendait  en  s'arrondissant  vers  les  côtés.  En  dedans  j'ai  fini 
par  reconnaître  l'apophyse  lamellaire  qui  descend  verticalement  dans  le 
crâne,  et  s'applique  sur  celle  portée  par  le  pariétal  gauche.  Ce  pariétal  étant  mis 
en  place,  et  appelant  mon  attention  vers  le  crâne  et  sur  les  os  qui  avoisinent 
cette  région,  j'ai  pu  déterminer  le  maxillaire.  Le  bord  supérieur  orbitaire 
est  intact.  Il  m'a  donné  la  forme  et  une  première  idée  de  la  grandeur  de 
l'orbite.  Le  bord  inférieur  du  maxillaire,  qui  aurait  dessiné  le  profil  du  bec 
de  la  tortue,  a  été  mutilé.  Il  a  servi  cependant,  à  cause  de  l'intégrité  du  bord 
orbitaire,  à  mettre  en  sa  place  naturelle  le  fragment  de  jugal,  et  la  plaque 
plus  mince  du  frontal  postérieur,  mais  dont  les  bords  ne  sont  pas  bien 
conservés;  et  enfin  le  fragment  du  frontal  antérieur  est  venu  se  placer 
naturellement  sur  le  haut  de  l'orbite.  Nous  avons  encore  trouvé  un  cin- 
quième os  cassé  que  nous  avons  reconnu  pour  une  petite  portion  de  pala- 
tin. Il  est  trop  mutilé  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en  dire  davantage.  Ces  os 
nous  donnent  de  bonnes  indications  pour  déterminer  la  grandeur  probable 
de  la  tête  de  cet  anima!.  Si  l'on  compare  ce  qui  reste  du  maxillaire  de  notre 
fossile  à  celui  d'une  Tortue  franche  dont  la  tète  a  om,22  de  long,  on  pourra 
estimer  la  tête  fossile  d'un  tiers  plus  grande,  du  moins  quant  à  la  face;  et 
si  l'on  prend  le  pariétal  pour  établir  la  comparaison,  on  arrivera  à  ajouter 
seulement  un  quart,  d'où  l'on  conclura  que  le  museau  du  fossile  était  beau- 
coup plus  allongé  proportionnellement  que  le  crâne,  et  que  la  tète  entière 
était  plus  grande  au  moins  d'un  tiers  que  la  tête  des  Tortues  aujourd'hui 
vivantes  dans  le  sein  des  océans  de  notre  terre.  Toutefois  ces  grandeurs 
présumées  ne  peuvent  nous  éclairer  suffisamment  sur  la  taille  entière  de 
notre  fossile,  attendu  que  :  i°  nous  ne  connaissons  pas  bien  le  rapport  delà 
tète  des  Tortues  à  celle  du  corps;  et  2°  que  nous  n'avons  aucune  donnée 


(  32«  ) 
pour  juger  de  l'étendue  de  la  peau  qui  bordait  le  corps  de  notre  tossile. 

»  Nous  avons  retiré  du  fond  médian  de  la  carapace  la  vertèbre  transverse 
sur  laquelle  le  cou  se  meut  sur  les  vertèbres  dorsales.  Nous  croyons  que 
cette  vertèbre  peut  être  considérée  comme  la  dernière  cervicale.  Elle  porte 
une  côte  grêle,  arquée,  comprimée,  s'appuyant  de  la  vertèbre  à  la  cara- 
pace. On  retrouve  cette  petite  côte  que  j'appelle  cervicale  dans  toutes  nos 
Tortues  vivantes,  terrestres,  fluviatiles  ou  marines. 

»  La  saillie  des  tètes  des  côtes  donne  la  place  des  vertèbres  dorsales.  Nous 
avons  trouvé  la  moitié  du  corps  d'une  vertèbre,  que  nous  regardons  comme 
la  seconde.  Son  épiphyse  est  perdue.  Nous  n'avons  plus  rien  à  dire  de  cet 
os  dont  nous  nous  bornons  à  signaler  la  présence,  mais  il  nous  a  permis  de 
décrire  l'os  que  l'on  a  tout  à  fait  intact.  C'est  l'os  le  plus  entier  de  tout  ce 
squelette  fossile  :  c'est  l'omoplate;  elle  est  replacée  dans  la  position  nor- 
male et  régulière  qu'elle  tenait  dans  l'animal  pendant  sa  vie.  Elle  a  om,29 
de  longueur.  Amincie  vers  le  bas  elle  s'élargit  un  peu,  et  a  prèsdeom,o4  de 
large.  Sa  tête  est  triangulaire;  un  léger  méplat  donne  l'articulation  de  la 
clavicule,  et  au-dessus  une  autre  recevait  le  coracoïdien.  Ces  deux  pièces 
ont  été  enlevées  par  les  vagues.  Sous  cette  tète,  qui  n'a  pas  cette  cavité  que 
l'on  est  habitué  à  nommer  sur  une  omoplate  cavité  glénoïde,  commence  nu 
rétrécissement  cylindrique  allongé,  sorte  de  col  qui  devient  bientôt  triedre. 
parce  qu'il  s'élève  sur  cet  os  une  carène  qui  s'efface  lorsqu'elle  atteint  le 
troisième  quart  de  l'omoplate. 

»  Cet  ensemble  montre  des  caractères  nouveaux  qui  m'ont  paru  devoir 
faire  établir  le  nouveau  genre  de  Tortue  fossile  que  je  présente  ici. 

»  J'établis  ces  premières  caractéristiques  de  cette  Palreochelys  dans  cet 
extrait  qui  précédera  de  peu  de  temps  le  Mémoire  accompagné  de  planches, 
dans  lequel  je  donnerai  une  description  des  espèces  vivantes,  puis  des  fos- 
siles qui  conduiront  à  fixer  les  rapports  de  cette  forme  nouvelle  de  Chélo- 
nien  dans  la  série  zoologique. 

«  Nota.  3e  corrigeais  à  peine  les  premières  épreuves  de  ce  Mémoire,  qu  il 
vient  de  m'être  présenté  par  un  jeune  élève  de  l'École  des  Mines,  M.  Gollfuss, 
du  Havre,  une  dent  fossile  de  mégalosaure,  trouvée  dans  les  formations 
delà  Hève,  par  l'infatigable  explorateur  de  la  falaise,  M.  Lennier. 

»  Cette  découverte  est  un  fait  très-important,  si  l'on  se  rappelle  ce  que 
j'ai  dit  à  l'Académie  dans  la  séance  précédente. 

»  Les  Mégalosaures  ont  élé  découverts  en  1822  par  M.  Bnckland  dans  la 
grande  oolithede  Stonesfield.  M.  Pidancet  nous  les  montre  dans  le  kenper, 
ou  les  marnes  irisées  de  la  formation  jurassique.  La  grande  dent  fossile 


(  3*2  ) 
que  l'on  vient  de  trouver  dans  les  couches  du  cap  la  Hève  nous  montre  la 
longue  existence  de  ce  monstrueux  reptile  sur  notre  planète.  » 

M.  Élie  de  Beaumont  exprime  le  vœu  que  le  Mémoire  dont  M.  Va- 
lenciennes  vient  de  lire  l'extrait  soit  imprimé  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie, accompagné  des  belles  figures  qu'il  a  présentées  et  qui  ne  pourront 
trouver  place  dans  le  Compte  rendu  de  la  présente  séance. 

CHIMIE.  —  Dissociation  de  l'eau;  ]>ar  M.  Hexri  Saixte-Claire  Deville. 

(2e  Communication.) 

«  Quand  on  verse  dans  de  l'eau  i  à  2  kilogrammes  de  platine  fondu, 
comme  nous  l'avons  fait  bien  souvent,  M.  Debray  et  moi,  on  observe  un 
dégagement  abondant  de  gaz  explosif  composé  d'hydrogène  et  d'oxygène 
mêlés  à  une  certaine  quantité  d'azote  qui  est  dissous  dans  l'eau  et  que 
la  chaleur  met  en  liberté.  C'est  la  reproduction  en  grand  d'une  expérience 
de  M.  Grove,  qui  décompose  l'eau  en  ses  éléments  par  le  contact  du  pla- 
tine chauffé  bien  au-dessous  de  son  point  de  fusion,  expérience  qui  a  été 
le  point  de  départ  de  mes  recherches  sur  la  dissociation. 

»  Comment  se  fait-il  que  le  platine  fonde  si  facilement  sous  l'influence 
de  la  température  développée  par  la  combinaison  de  l'hydrogène  avec 
l'oxygène,  et  que  le  platine  fondu  ou  même  simplement  chauffé  au  blanc 
décompose  l'eau?  Telle  est  la  question  que  je  me  suis  posée  à  propos  de 
ces  faits,  en  apparence  contradictoires,  il  y  a  plus  de  cinq  ans  (1),  et  dont 
alors  j'entrevoyais  la  solution,  donnée  dans  une  récente  communication  (2). 
Il  me  reste  encore  à  expliquer  le  fait  de  la  dissociation  dans  le  cas  spécial 
découvert  par  M.  Grove;  c'est  ce  que  je  vais  faire  en  peu  de  mots  par  l'ex- 
posé d'une  série  d'expériences  et  d'épreuves  analytiques. 

»  On  remplit  bien  exactement  un  tube  de  porcelaine  de  5  à  6  centi- 
mètres de  diamètre  avec  des  fragments  de  porcelaine  bien  propres  et  préa- 
lablement rougis  au  feu;  on  y  fait  passer  un  courant  rapide  d'acide  carbo- 
nique qui  traverse  un  vase  plein  d'eau  maintenue  à  la  température  de 
900  à  o,5°  ;  enfin  on  chauffe  ce  tube  à  la  température  élevée  que  peut  pro- 
duire un  fourneau  alimenté  par  du  charbon  dense  et  l'air  d'un  ventilateur 

(1)  Voyez  Comptes  rendus,  t.  XLV,  p.  857. 

[2)  Voyez  Comptes  rendus  de  cette  année,  séance  du  2  février. 


(  3a3  ) 

ou  d'un  soufflet.  On  constate  facilement  qu'une  petite  quantité  de  vapeur 
d'eau  s'est  décomposée  en  ses  éléments,  hydrogène  et  oxygène.  Pour  le  dé- 
montrer, on  reçoit  le  gaz  dans  de  longs  tubes  d'un  mètre  de  hauteur  fer- 
més à  l'une  de  leurs  extrémités,  remplis  d'une  dissolution  de  potasse  et 
plongés  dans  une  petite  cuve  dont  le  liquide  est  aussi  de  la  lessive  caus- 
tique et  concentrée. 

..  Au  bout  de  deux  heures  on  obtient  de  20  à  3o  centimètres  cubes  d'un 
az  violemment  explosif  qui,  dans  deux  expériences,  avait  la  composition 


suivante  : 


Oxygène ^6, 1  4^,8 

Hydrogène 35,4  3i  ,9 

Oxyde  de  carbone 12,0  10,7 

Azote 6,5  10,6  (1) 


100,0  100,0 


»  On  peut  donc,  sans  tube  poreux,  réaliser  l'expérience  que  j'ai  publiée 
dernièrement  sur  la  dissociation  de  l'eau.  Mais  les  quantités  de  gaz  obte- 
nues dans  le  même  temps  et  les  mêmes  circonstances  sont  quatre  fois 
moindres.  Cela  tient  évidemment  à  ce  qu'une  proportion  bien  plus  fortt 
des  gaz  oxygène  et  hydrogène,  qui  ne  sont  pas  ici  séparés  l'un  de  l'autre 
par  l'action  d'un  véritable  filtre,  le  tube  poreux,  se  recombine  dans  les 
espaces  moins  chauds  de  l'appareil. 

•>  Mais  pourquoi  la  totalité  du  mélange  détonant  ne  se  transforme- 
t  -  elle  pas  en  eau  pendant  le  refroidissement?  Cela  tient  à  deux  causes. 

»  La  première,  toute  physique,  est  aussi  la  cause  d'un  fait  bien  connu, 
l'incombustibilité  d'un  mélange  explosif  répandu  dans  une  grande  quan- 
tité d'un  gaz  inerte,  acide  carbonique  ou  azote.  Un  pareil  mélange,  en  effet, 
résiste  à  l'action  de  l'étincelle  électrique  et  ne  s'enflamme  pas  au  contact 
d'une  bougie  allumée.  Cependant  il  ne  pourrait  traverser  lentement  un 
tube  de  porcelaine  rempli  de  fragments  de  porcelaine  et  porté  au  rouge 
sans  que  les  éléments  qui  peuvent  s'unir  entrent  intégralement  en  com- 
binaison. 

»   Il  y  a  donc  une  autre  cause,  et  celle-ci  est  toute  mécanique  :  c'est  la 


(1)  Voyez  dans  le  Mémoire  cite  l'explication  de  la  présence  de  l'azote,  de  l'oxyde  de  car- 
bone dans  les  gaz,  et  la  cause  de  la  prédominance  de  l'oxygène. 


(  324  ) 
vitesse  des  gaz  qui  traversent  le  tube  de  porcelaine  dans  mes  appareils,  et 
d'où  dépend  la  rapidité  du  refroidissement  ou  du  retour  à  la  température 
à   laquelle  l'oxygène  et  l'hydrogène  ne  se  combinent  plus  lorsqu'ils  sont 
disséminés  dans  une  grande  masse  d'acide  carbonique. 

»  C'est  aussi  l'explication  qu'il  faut  donner  à  l'expérience  de  M.  Grove 
et  aux  expériences  du  même  genre  que  M.  Debray  et  moi  nous  avons 
réalisées.  Le  platine  fondu  au  contact  de  l'eau  amène  d'abord  autour 
de  lui  une  petite  quantité  d'eau  à  l'état  de  vapeur  (i).  Cette  vapeur  forte- 
ment chauffée  se  décompose  partiellement  et  en  proportion  de  la  tension 
de  dissociation  qui  correspond  à  la  température  du  platine  fondant.  La  por- 
tion dissociée,  dont  le  volume  est  considérable  par  rapport  à  son  poids,  est 
brusquement  refroidie  parce  qu'elle  tend  à  monter  à  la  surface  de  l'eau, 
tandis  que  le  platine  descend  rapidement,  et  la  vitesse  de  ce  refroidisse- 
ment est  telle,  qu'une  portion  des  gaz  échappe  à  la  recomposition.  Ceci  im- 
plique seulement  que,  pour  qu'une  quantité  finie  d'un  mélange  explosif 
s  enflamme  entièrement,  il  faut  un  tempsfini,  et  c'est  démontré  par  l'action 
dps  toiles  métalliques  sur  les  gaz  en  combustion. 

»  De  plus,  dans  les  gaz  ainsi  obtenus,  on  constate  la  présence  d'une 
grande  quantité  d'azote.  Il  est  probable  que  la  vapeur  d'eau  dissociée  ré- 
siste à  la  recomposition  sous  la  double  influence  de  la  présence  de  ce  gaz 
inerte  et  de  la  vitesse  du  refroidissement.  C'est  aussi  la  raison  pour  laquelle 
je  n'ai  pas  réussi  à  dissocier  l'eau  pure  transportée  sous  forme  d'un  courant 
très-rapide  de  vapeur  dans  un  tube  de  platine  violemment  chauffé.  L'eau 
s'est  entièrement  reconstituée,  d'abord  à  cause  de  l'absence  d'un  gaz  étran- 
ger qui  produise  l'extinction  du  gaz  combustible,  et  ensuite  parce  que  la 
chaleur  latente  de  la  vapeur  d'eau,  qui  est  considérable,  met  obstacle  à  un 
refroidissement  très-rapide  de  la  masse  gazeuze. 

»  Dans  une  prochaine  communication,  j'exposerai  de  nouvelles  ex- 
périences sur  la  dissociation  de  l'acide  carbonique  et  mes  tentatives  sur 
divers  gaz  composés.   >< 


,  i)  Les  chaleurs  spécifique  et  latente  de  fusion  du  platine  sont  très-faibles  :  la  tempéra- 
ture de  sa  fusion  est  bien  moins  élevée  qu'on  ne  se  le  figure  ordinairement  (au-dessous  de 
19000!,  de  sorte  que  la  quantité  de  chaleur  qui  est  nécessaire  pour  fondre  1  kilogramme 
de  platine  est  seulement  égale  à  ce  qu'il  faut  pour  porter  de  o  à  1000  1  kilogramme  d'eau, 
des  nombres  ont  été  déterminés  par  M.  Debray  et  moi. 


(  325  ) 

PHYSIQUE  moléculaire.  —  Note  sur  la  théorie  de  l'aeiéralion; 
par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

«  M.  H.  Caron  a  présenté  à  l'Académie,  dans  les  séances  des  5  janvier 
et  a  février  derniers,  deux  Notes  relatives  à  la  théorie  de  l'aciération,  qui 
ne  sont  ni  moins  intéressantes,  ni  moins  instructives  que  les  divers  travaux 
entrepris  jusqu'ici  sur  le  même  sujet  par  cet  habile  et  ingénieux  expérimen- 
tateur. 

»  Les  résultats  principaux  de  ces  dernières  recherches  sont  les  suivants: 

»  i°  M.  Caron  confirme  la  remarque  importante  due  à  Karsten,  à 
savoir  que,  en  attaquant  par  les  acides  Varier  non  trempé,  on  obtient,  comme 
résidu,  une  matière  graphiteuse,  qui  n'apparaît  plus  lorsqu'à  l'acier  non 
trempé  on  substitue  Varier  trempé. 

»  En  outre,  si  l'on  vient  à  recuire  l'acier  trempé,  ce  corps  récupère  la 
propriété  de  laisser,  dans  la  dissolution  acide,  des  quantités  de  charbon 
libre,  qui  augmentent  en  même  temps  que  la  durée  et  l'intensité  des  chauffes. 

»  -2°  M.  Caron  confirme,  d'un  autre  côté,  les  expériences  de  M.  Re- 
gnault  qui  établissent  que  l'acier  non  trempé  possède  une  densité  plus  con- 
sidérable que  l'acier  trempé. 

»  Cette  double  conclusion  est  en  concordance  parfaite  avec  les  résultats 
des  nombreuses  expériences  que  j'ai  publiées  et  qui  avaient  pour  objet 
d'étudier  les  propriétés  physiques  et  chimiques  singulières  que  peut  déter- 
miner dans  les  corps  un  refroidissement  brusque  ou,  si  l'on  veut,  l'anor- 
male proportion  de  chaleur  latente  (ou  plutôt  de  chaleur  de  constitution) 
qui  en  résulte  pour  eux  (î). 

»  J'ai  montré,  entre  autres  faits,  que  les  diverses  substances  semblent 
former,  à  ce  point  de  vue,  deux  catégories  assez  tranchées. 

»   Les  unes,   comme  le   soufre,  le  sélénium,  le  silicium  (ou  plutôt  ses 

(i)  J'ai  commencé  cette  série  de  recherches  en  i845  par  l'étude  comparative  des  silicates 
à  l'état  cristallin  et  à  l'état  vitreux,  et  c'est  en  la  poursuivant  que  j'ai  été  conduit,  en  1847, 
à  constater  l'existence  du  soufre  insoluble.  Depuis  lors,  j'ai  défini  le  point  de  vue  qui  m'avait 
guidé,  dans  le  préambule  de  ma  Thèse  pour  le  doctorat  (i852),  et  j'ai  insisté,  en  particulier, 
sur  les  propriétés  que  fait  acquérir  aux  corps  un  refroidissement  brusque,  dans  deux  Notes 
insérées,  l'une  aux  Comptes  rendus  (t.  XL,  p.  769),  l'autre  aux  annales  de  Chimie  et  de 
Physique  (3e  série,  t.  LIX,  p.  ^4)-  ^e  reviendrai  prochainement  sur  ce  sujet  qui  se  lie  si 
intimement  aux  études  de  lithologie,  par  les  propriétés  singulières  que  des  phénomènes  de 
cet  ordre  ont  communiquées  aux  roches  d'origine  ignée. 

C.    R.,  i8G3,   Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  8.}  4^ 


(  :i,6  ) 

composés,  la  silice  et  les  silicates,  et  les  expériences  de  M.  Jacquelain, 
après  celles  de  Lavoisier  et  de  Silliman,  autorisent  à  y  inscrire  au  plus  haut 
degré  le  carbone)  sont  surfusibles  et  susceptibles  d'acquérir  par  la  trempe 
1  état  vitreux  ou  amorphe.  Les  autres  (plomb,  étain,  bismuth,  et  probable- 
ment les  métaux  en  général)  présentent,  après  un  refroidissement  ient  ou 
brusque,  le  même  état  moléculaire,  caractérisé  par  une  densité  sensiblement 
constante. 

»  Or,  si  je  né  me  trompe,  les  résultats  obtenus  par  M.  Caron  peuvent 
s'expliquer  en  considérant  le  fer  et  le  carbone  comme  appartenant  respec- 
tivement à  ces  deux  catégories  différentes. 

»  Ses  expériences  et  celles  de  Karsten  indiquent  bien  qu'aune  tempéra- 
ture élevée  le  fer  et  le  carbone  entrent  en  combinaison.  Si,  alors,  on  les 
laisse  refroidir  lentement,  chacun  d'eux  cristallise  à  part  :  la  masse  acquiert 
un  maximum  de  densité,  et  l'acide  en  sépare  du  fer  doux  et  une  matière 
graphiteuse.  Si,  au  contraire,  on  la  refroidit  brusquement,  si  on  la  trempe, 
le  carbone  reste  surfondu,  et  communique  cette  propriétéà  leur  combinaison 
commune,  comme  on  voit  la  silice  la  transmettre  aux  oxydes  alcalins  et 
métalliques  dans  les  silicates.  On  obtient  alors  l'acier,  dur  et  cassant,  d'une 
densité  moindre  que  Y  acier  doux  et  entièrement  soluble  dans  l'acide  fi  Y. 

»  Si  les  proportions  de  carbone  deviennent  plus  considérables,  au  lieu 
d'acier  et  de  fer  légèrement  mélangé  de  charbon,  le  refroidissement  brusque 
donne  la  fonte  blanche;  le  refroidissement  lent,  la  fonte  grise. 

»  L'acier  pourrait  donc  être  comparé,  soit  au  verre,  qui  se  dévitrifie 
quand  on  le  chauffe,  soit  au  soufre  trempé,  qui  redevient  soufre  octaédrique 
lorsqu'il  est  porté  à  une  température  inférieure  à  ioo°.  11  y  aurait  même  lieu 
de  rechercher  si,  dans  la  trempe  de  l'acier,  il  ne  se  produit  pas  un  phéno- 
mène absolument  semblable  à  celui  de  la  trempe  du  soufre,  c'est-à-dire 
deux  couches  distinctes,  l'une  superficielle  et  très-mince,  l'autre  intérieure, 
et  correspondant  respectivement  au  soufre  insoluble  et  au  soufre  mou 

»  Dans  tous  ces  cas,  le  rapprochement  brusque  entre  les  molécules  dé- 
terminé par  la  trempe,  et  que  M.  Caron  assimile  à  l'effet  du  choc  d'un  mar- 
teau, maintient,  en  définitive,  entre  les  molécules  une  distance  plus  grande 
que  le  rapprochement  graduel  qui  résulte  du  refroidissement  lent. 

(0  Le  résidu  de  silice  que  l'analyse  des  aciers  trempés  a  donné  à  M.  Caron  n'infirme  en 
rien  ce  que  je  viens  de  dire.  Il  est  probable,  en  effet,  que  le  silicium  n'était  pas  oxyde  dans 
la  combinaison  aciéreuse,  et  qu'il  subit  une  action  oxydante  postérieure  dans  l'attaque 
par  l'acide.  Dans  tous  les  cas,  je  considère  ce  corps  comme  faisant  là  fonction  de  matière 
aciérante,  de  concert  avec  le  carbone 


(  327  ) 

»  Au  point  de  vue  de  la  chaleur  de  constitution  des  corps,  il  y  aurait,  en 
pareil  cas,  emprisonnement  anormal  d'une  certaine  quantité  de  chaleur  qui 
se  dégage,  au  contraire,  lors  du  refroidissement  lent  ;  il  y  aurait  surfusion, 
en  entendant  par  ce  mot  le  cas  général  d'un  corps  qui  retient  une  quantité 
anormale  de  chaleur  et  est  ainsi  maintenu  dans  un  état  d'équilibre  molécu- 
laire plus  ou  moins  instable. 

»  Pour  les  divers  états  allotropiques  du  soufre,  cette  dernière  conclu- 
sion est  pleinement  justifiée  par  l'expérience,  qui  permet  de  constater,  et , 
jusqu'à  un  certaint  point,  de  mesurer  les  quantités  de  chaleur  qui  sont  ainsi 
mises  en  liberté  dans  la  transformation  en  soufre  octaédrique  du  soufre 
mou  et  du  soufre  insoluble.  Dans  le  cas  de  l'acier,  la  déduction  n'est  pas 
aussi  rigoureuse,  puisqu'on  ne  peut  encore  s'appuyer  que  sur  les  preuves 
indirectes  tirées  des  densités  et  des  capacités  calorifiques  (i). 

»  Je  n'ai  parlé  que  du  carbone  comme  corps  aciérant,  parce  que  c'est  le 
seul  que  M.  Caron  cite  et  reconnaisse,  je  crois,  comme  tel.  Mais  il  est  évi- 
dent que  le  même  raisonnement  s'appliquerait  aux  autres  corps  électro- 
négatifs qui,  placés  dans  les  mêmes  conditions  que  le  carbone,  seraient 
susceptibles  de  produire  avec  le  fer  de  l'acier  on  de  la  fonte  blanche. 

»  Pour  l'azote  en  particulier,  il  y  a  peu  de  substances  qui ,  à  priori,  me 
paraissent  plus  propres  à  jouer  un  pareil  rôle,  et,  s'il  était  constaté  d'une 
manière  incontestable  qu'il  peut  aussi  figurer  parmi  les  substances  aciérantes, 
rien,  à  mon  avis,  ne  se  lierait  mieux  à  l'ensemble  de  ses  propriétés. 

>•  Je  n'ai  pas  besoin ,  d'ailleurs,  d'ajouter  que  ce  que  je  viens  de  dire  n'en- 
lève rien  au  mérite  des  expériences  par  lesquelles  M.  Caron  a  mis  si  nette- 
ment en  évidence  le  rôle  curieux  que  la  percussion  peut  jouer,  dans  cer- 
taines limites,  pour  amener  le  fer  carburé  à  un  état  moléculaire  tel,  que, 
trempé,  il  devienne  de  l'acier.  » 

(i)  Dans  les  expériences  de  M.  Regnault,  la  capacité  calorifique  de  l'acier  trempé  ne  pic- 
sente  qu'un  très- faible  excès  sur  celle  de  l'acier  doux.  Le  métal  des  cymbales  offre  une  ano- 
malie :  sa  densité  augmente  par  la  trempe  au  lieu  de  diminuer  ;  mais  aussi  cette  opération 
l'adoucit  au  lieu  de  Vaigrir.  On  peut,  d'après  cela,  se  demander  s'il  n'existe  pas  une  caté- 
gorie de  corps  pour  lesquels  l'effet  de  la  trempe  serait,  en  certains  points,  l'inverse  de  ce 
qu  \\  est  pour  le  soufre,  la  silice,  etc.  Le  phosphore  ne  pourrait-il  pas  être  rangé  parmi  ces 
corps,  le  phosphore  amorphe  étant  plus  dense  et  doué  d'une  capacité  calorifique  plus  faible 
que  le  phosphore  cristallisé?  Enfin,  ces  phénomènes  ne  se  réalisent-ils  pas,  pour  chaque 
corps ,  entre  certaines  limites ,  et  le  résultat  ne  peut-il  pas  changer  de  sens  lorsque  l'on  agit  à 
des  températures  différentes?  Les  inégalités  de  vitesse  que  l'on  observe  dans  le  refroidisse- 
ment du  soufre  semblent  l'indiquer. 


(  328  ) 

chimie  organique.  —  Note  sur  la  formamide;  par  M.  A.-W.  Hofmanx. 

«  La  série  formique,  comme  trait  d'union  entre  la  chimie  minérale  et  ce 
qu'on  appelle  généralement  la  chimie  organique,  a  toujours  fixé  l'attention 
des  chimistes  ;  il  est  donc  étonnant  qu'elle  présente  encore  autant  de  lacunes. 
Dans  l'enseignement  surtout,  ces  lacunes  sont  souvent  très-embarrassantes, 
puisqu'elles  nous  obligent  à  emprunter  à  des  groupes  plus  complexes  les 
termes  qui  nous  manquent,  ou  à  commencer  le  développement  de  la  chimie 
du  carbone  sur  la  seconde  au  lieu  de  la  première  marche  de  l'échelle. 

»  En  traitant  du  formiate  ammonique  et  de  ses  dérivés,  qui  n'a  senti  l'in- 
convénient de  ne  pouvoir  parler  de  la  formamide,  dont  personne  cependant 
ne  pouvait  songer  à  nier  l'existence? 

»  Nous  savons,  en  effet,  d'après  les  expériences  de  M.  Pelouze  (i),  que 
l'acide  cyanhydrique,  par  l'assimilation  de  a  équivalents  d'eau,  se  change 
en  acide  formique  et  en  ammoniaque.  Le  même  chimiste,  en  montrant  que 
le  formiate  d'ammonium,  soumis  à  l'action  de  Ja  chaleur,  se  transforme  de 
nouveau  en  eau  et  en  acide  cyanhydrique,  indiqua  le  premier  une  réaction 
qui,  plus  tard,  entre  les  mains  de  MM.  Dumas,  Malaguti  et  Le  Blanc  (2), 
devait  fournir  des  résultats  si  remarquables.  Moitié  chemin  entre  le  formiate 
d'ammonium  et  l'acide  cyanhydrique,  la  théorie  suggère  la  formamide 

Formiale  d'ammonium CH  (H1  N)  0: 

Formiate  d'aramoninm CH  (H'N)  O2—  rPO  =  CH3  NO  Formamide. 

Formiate  d'ammonium CH(HdN)0: — 2H!0=CHN  Acide  cyanhydrique. 

»  Mais  nous  cherchons  en  vain  cette  substance  dans  les  manuels  de  chi- 
mie. Les  réactions,  nous  assure-t-on,  qui  devraient  la  fournir  ne  conduisent 
pas  au  résultat  voulu.  D'après  l'expérience  acquise  par  l'étude  des  autres 
amides,  le  procédé  le  plus  simple  pour  la  préparation  de  la  formamide 
serait  l'action  de  l'ammoniaque  sur  l'éther  formique.  Mais  selon  Gerhard  t  (3), 
qui  toutefois  n'indique  pas  d'autorité,  l'ammoniaque  sèche  ne  réagit  pas  sur 
le  formiate  d'éthyle,  et  l'ammoniaque  aqueuse,  comme  les  autres  alcalis 
caustiques,  le  transforme  en  alcool  et  en  formiate  alcalin. 

»   En  répétant  celte  expérience,  je  suis  arrivé  à  des  résultats  différents, 

(1)  Pelouze,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  2e  série,  t.  XLVIII,  p.  3g5. 

(2)  Dumas,  Malaguti  et  Le  Blanc,  Comptes  rendus,  t.  XXV,  p.  383,  442  et  474- 

(3)  Geihardt.  Traité,  t.  I,  p.  235. 


(  3a9  ) 
probablement  parce  que  j'ai  opéré  dans  d'autres  conditions.  Le  formiate 
d'éthyle  anhydre,  saturé  par  l'ammoniaque  sèche,  fut  exposé  pendant  deux 
jours  à  la  température  de  l'eau 'bouillante,  dans  des  tubes  scellés  à  la  lampe. 
En  distillant  le  produit  de  la  digestion,  une  grande  quantité  d'éther  for- 
mique,  non  attaqué  à  cause  de  la  faible  proportion  d'ammoniaque  dissoute, 
passa  d'abord,  puis  le  point  d'ébullition  s'éleva  rapidement,  et  un  liquide 
incolore  et  transparent  distilla  enfin,  mais  non  sans  éprouver  une  décom- 
position partielle.  Cette  substance,  également  soluble  dans  l'eau,  l'alcool  et 
l'éther,  est  \aJormamide. 

»  og',5i73   de   substance  ont   donné   ogr,  5172  d'acide   carbonique  et 
ogr,3i22  d'eau. 

(GHO)) 

»  La  formule  CH3  NO  =      H        N  exige  : 

H      ) 


Théc 

>rie. 

Expérience 

C   =  12 

26,66 

27,27 

H3=    3 

6,66 

6,71 

N  =  14 

3 1 , 1  a 

0  =16 

45 

35,56 
100,00 

Distillée  rapidement,  la  formamide  se  scinde  en  grande  partie  en  oxyde  car- 
bonique et  en  ammoniaque,  des  torrents  des  deux  gaz  étant  dégagés  pen- 
dant l'ébullition  : 

CH,NO  =  CO  +  H3N. 

»  Ce  fait  s'est  opposé  à  la  détermination  très-exacte  du  point  d'ébullition, 
qui  s'est  trouvé  entre  19a0  et  195°.  Dans  un  vide  partiel,  qui  réduit  le  point 
d'ébullition  à  i4o°,  la  formamide  distille  sans  la  moindre  décomposition. 
L'action  des  acides  et  des  alcalis  la  transforme  en  acide  formique  et  en  am- 
moniaque. Distillée  avec  l'acide  phosphorique  anhydre,  elle  donne  de 
l'acide  cyanhydrique.  Elle  paraît  exister,  du  moins  à  la  température  ordi- 
naire, à  l'état  liquide  seulement.  Quoique  je  l'aie  desséchée  avec  soin  et  que 
je  l'aie  gardée  pendant  plusieurs  semaines  au-dessus  de  l'acide  sulfurique, 
je  n'ai  observé  aucune  tendance  à  la  cristallisation.  » 

M.  J.  Cloquet  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  de  son 
«  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  impériale  d'acclimatation,  présenté  au 
nom  de  la  4e  Section  de  la  XXIXe  classe  du  jury  de  l'Exposition  inter- 
nationale de  Londres  » . 


(  33o  ) 

M.  A.  d'Abbadie  t'ait,  de  même,  hommage  d'un  exemplaire  du  Rapport 

qu'il  a  fait  à  la  Société  de  Géographie  sur  la  planchette  photographique  de 
M.  Auguste  Chevallier. 

RAPPORTS. 

mécanique.  —  Rapport  sur  la  machine  à  calculer  présentée  par  M.  Wiberu. 
(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Chasles,  Delaunay  rapporteur.) 

*  La  machine  présentée  à  l'Académie  par  M.  Wiberg  a  pour  objet  de 
calculer  et  d'imprimer  en  même  temps  des  Tables  numériques  fournissant 
les  valeurs  successives  d'une  même  fonction. 

»  Pour  bien  faire  comprendre  la  nature  des  opérations  que  cette  machine 
effectue,  considérons  les  nombres  j0,  jrt,  y2,  j^,...,  qui  doivent  être  écrits 
à  la  suite  les  uns  des  autres  dans  la  Table  que  l'on  veut  construire.  Pre- 
nons les  différences  premières  de  ces  nombres 

Ajo=J«-Jo-      Aj,=j2-r(,      Aj2=  )-,  -  J2,...: 

puis  les  différences  secondes 

A2  )  0  =  Aj,  -  Aj0,      A2j,  =  Aj2  —  A;,,      A2  ).,  =  Aj3  -  A  >,,...; 

et  ainsi  de  suite,  jusqu'aux  différences  quatrièmes  que  nous  supposerons 
avoir  toutes  la  même  valeur.  Nous  pourrons,  à  l'aide  de  ces  divers  nombres, 
former  le  tableau  suivant  : 


rQ 

Ajo 

A2Jo 

A3Jo 

AVo 

I* 

Aj, 

A2J, 

A3J, 

à'j, 

y* 

Aj2 

A2j2 

A3J2 

ASJ, 

Js 

Ajs 

A2J3 

A3>3 

A4J3 

Ja 

Aj4 

A2/,. 

A3/, 

A'  J4 

D'après  la  définition  même  des  différences,  il  est  facile  de  voir  que  chacun 
des  nombres  de  ce  tableau  peut  s'obtenir  en  ajoutant  au  nombre  situé  immé- 
diatement au-dessus  le  nombre  placé  à  la  droite  de  ce  dernier.  Ainsi  A2  jv2 
est  égal  à  A2  y,  -+-  A3 y,,  jè  est  égal  à  jj+  A  j2.  etc.  On  comprend  par  la 
qu'ij  suffit  de  connaître  les  cinq  nombres  j^0,  Aj>'0,  A2  ?*0,  A3  r„.  A  '  >  ,,  de 


(  33.  ) 
la  première  ligne  horizontale,  pour  trouver  par  de  simples  additions  les  va- 
leurs des  divers  nombres  y0,  y,,  y2,  ?3,...,  qui  doivent  former  la  Table. 
En  ajoutant  séparément  y0  et  àj0,  Ayn  et  A"jn,  A2j0  et  A3  j0,  A"y0  et 
A*j0,  on  trouve  ?,,  Ay,,  A2  y,,  A3  y,;  d'ailleurs  A^jr,  est  égal  à  A4  y0, 
puisque  par  hypothèse  les  différences  quatrièmes  ont  tontes  la  même  valeur. 
Dès  lors  les  nombres  y{,  ù-ft,  &*  yf,  A'1  y,,  A'1  y,  delà  seconde  ligne  sont 
tous  connus,  et  on  peut  t'en  servir  pour  calculer  de  même  ceux  de  la  troi- 
sième ligne,  et  ainsi  de  suite.  Les  divers  nombres  y,,  y2,  y3,...,  que  l'on 
cherche,  résulteront  donc  de  la  suite  de  ces  opérations  qui  sont  toutes  des 
additions.  Ce  sont  précisément  ces  opérations  successives  que  la  machine  de 
M.  Wiberg  effectue  :  voici  dans  quel  ordre. 

«  Supposons  que  par  deux  additions  préalables  on  ait  obtenu 

J1=Jo  +  Aj0,  Aj,  =  Aj0  + A2j0. 

On  dispose  les  pièces  de  la  machine  de  manière  à  leur  faire  représenter  les 
cinq  nombres 

y,  Âyi  A2/,,  A3j0  A"y0. 

En  faisant  tourner  une  manivelle,  on  effectue  en  même  temps  deux  addi- 
tions, y,  ■+-  A  y,,  A2 [)  0  +  A3  y0,  dont  les  résultats  y2  et  A*  y,  se  substi- 
tuent aux  nombres  y,  et  A2j0;  de  manière  que,  après  cette  opération,  la 
machine  présente  les  cinq  nombres 

Ji  Ayt  A2j,  A3  r0  A4j0. 

En  faisant  tourner  de  nouveau  la  manivelle,  on  effectue  deux  autres  addi- 
tions>  A;  ,  4- A2/, ,  A3  y0  -+-  A*  y0,  dont  les  résultats  A  y.,  et  A3  >  ,  se  sub- 
stituent aux  nombres  Ayt  et  A3  )  0;  et  après  cette  nouvelle  opération  la  ma- 
chine présente  les  cinq  nombres 

y,         Ay2         A-y{  A3/,  A*  >  ,     égalàA4j0). 

A  la  suite  de  ces  quatre  additions,  opérées  en  deux  fois,  on  voit  que  les  cinq 
nombres  mis  primitivement  dans  la  machine  sont  remplacés  par  ceux  qui  se 
trouvent  immédiatement  au-dessous  d'eux  dans  le  tableau  général  donné 
précédemment.  En  continuant  à  faire  tourner  la  manivelle,  on  amènera 
y3  et  A2y2  à  la  place  de  y2  et  A2j",,  puis  Ay3  et  A3y2  à  la  place  de  Ay2 
et  A3 y,,  et  on  aura  ainsi  sur  la  machine 

y3         Ay3         A2y2         A3y2         A'jr,   f  égal  à  A4j,); 

et  ainsi  de  suite  indéfiniment. 


(  33a  ) 

»  Voici  maintenant  en  quoi  consiste  la  machine  et  comment  elle  opère 
les  additions  dont  nous  venons  de  parler,  et  cela  sur  des  nombres  qui  peu- 
vent avoir  jusqu'à  i5  chiffres.  Cette  machine  se  compose  essentiellement 
de  75  disques  métalliques  exactement  pareils,  traversés  par  un  axe  autour 
duquel  ils  peuvent  tourner  à  frottement  et  indépendamment  les  uns  des 
autres.  Chacun  de  ces  disques  présente  sur  son  contour  dix  dents  rectangu- 
laires saillantes  et  très-espacées,  sur  les  extrémités  desquelles  sont  gravés 
les  dix  chiffres  o,  1,  2,...,  9.  On  peut  faire  tourner  ces  disques  de  manière 
à  amener  sur  une  même  ligne  parallèle  à  l'axe,  près  d'une  règle  indicatrice 
disposée  à  cet  effet,  les  dents  portant  tels  chiffres  que  l'on  veut,  et  par  suite 
écrire  ainsi  à  volonté,  le  long  de  cette  règle,  tous  les  nombres  que  peuvent 
former  ces  différents  chiffres.  L'ensemble  des  ^5  disques  se  divise  en  quinze 
groupes  de  cinq  disques  chacun  ;  chaque  groupe  correspond  aux  cinq  chif- 
fres de  même  rang  dans  les  cinq  nombres^,  Ay,  A* y,  A3y,  Ak y.  Ainsi  les 
quinze  chiffres  de  y  doivent  être  marqués  par  les  premiers  disques  à  gau- 
che de  chacun  des  quinze  groupes;  les  quinze  chiffres  de  Ay  doivent  être 
marqués  par  les  deuxièmes  disques  de  ces  quinze  groupes,  et  ainsi  de 
suite. 

»  Un  axe  parallèle  à  l'axe  des  75  disques,  et  pouvant  tourner  autour  de 
ce  dernier,  porte  3o  doigts  ou  crochets  qui,  en  venant  se  placer  derrière 
certaines  dents  appartenant  à  autant  de  disques,  les  poussent  devant  eux 
et  font  ainsi  tourner  ces  3o  disques  autour  de  leur  axe  commun.  En  même 
temps  une  règle  dentée  en  forme  de  peigne  vient  s'appuyer  sur  le  contour 
des  75  disques;  les  dentelures  de  cette  règle  sont  disposées  de  manière  à 
laisser  passer  librement,  dans  les  vides  qu'elles  présentent,  les  dents  des 
3o  disques  poussés  par  les  crochets,  et  à  arrêter  au  contraire  les  dents  des 
43  autres  disques  qui  sont  ainsi  maintenus  complètement  dans  l'immobilité. 
D'ailleurs,  dans  ces  3o  disques  qui  sont  poussés  simultanément  par  les 
3o  crochets,  il  n'y  en  a  pas  deux  qui  soient  contigus  :  chacun  de  ces  dis- 
quos  tourne  à  frottement  entre  deux  disques  maintenus  immobiles  par  la 
règle  dentée  dont  nous  venons  de  parler.  C'est  par  ce  mouvement  de  rota- 
tion imprimé  par  les  crochets  à  un  certain  nombre  des  75  disques,  que 
s'opèrent  les  additions  que  la  machine  doit  effectuer. 

«  Supposons  que  nous  ayons  amené  préalablement  près  de  la  règle  indi- 
catrice les  divers  chiffres  qui  composent  les  cinq  nombres 

Ty     AJ<i     A'fo,     A9j0,     A4j0. 
C'est  par  là  que  nous  devons  commencer,  ainsi  que  cela  a  été  dit  plus  haut. 


^  333  ) 

Les  75  chiffres  dont  ces  cinq  nombres  se  composent  se  trouveront  sur  une 
seule  et  même  ligne.  Les  chiffres  de  y,  occuperont  le  premier  rang  clans 
chacun  des  quinze  groupes  de  disques  ;  les  chiffres  de  A  7 -,  seront  placés 
chacun  à  la  droite  du  chiffre  correspondant  de  y,,  et  occuperont  ainsi  le 
second  rang  dans  les  quinze  groupes  de  disques,  etc.  La  première  chose 
que  la  machine  devra  faire,  conformément  à  ce  que  nous  avons  dit,  sera 
l'addition  de  y{  et  Aj,,  et  en  même  temps  l'addition  de  A'2y0  et  As  y0. 
Pour  cela  il  suffira  de  faire  tourner  la  manivelle;  l'axe  qui  porte  les  3o  cro- 
chets tournera  autour  des  ^5  disques,  et  ces  3o  crochets  feront  tourner 
avec  eux  3o  disques,  savoir:  les  i5  disques  correspondant  aux  chiffres  de 
y,,  et  les  1 5  disques  correspondant  aux  chiffres  de  A-y0.  Ne  nous  occupons 
que  des  i5  premiers,  qui  opèrent  l'addition  jK  -+-  Ay,,  et  admettons,  pour 
fixer  les  idées,  que  les  derniers  chiffres  des  nombres^-,  et  Ay,  soient  les 
suivants  : 

y,  =  .  .   .  32/j, 
Ay,  =  .   .   .   5i3, 

de  sorte  que  les  derniers  chiffres  de  la  somme  sont 

y,  -+-  Ay,  =  .   .   .  83y. 

Considérons  spécialement  tout  d'abord  les  chiffres  des  unités  4  et  3,  por- 
tés par  le  1 cr  et  le  2e  disque  du  dernier  groupe  à  droite,  et  voyons  com- 
ment le  premier  chiffre  4  sera  remplacé  par  leur  somme  7.  Un  des  3o  cro- 
chets (l'avant-dernier  à  droite),  en  tournant  autour  de  l'axe  des  75  disques, 
entraîne  avec  lui  le  1e1  disque  du  dernier  groupe;  par  suite  de  la  rotation 
de  ce  disque,  le  chiffre  qu'il  présente  près  de  la  règle  indicatrice,  et  qui 
était  primitivement  4,  devient  successivement  5,  6,  7.  Mais  aussitôt  que  le 
chiffre  7  a  été  ainsi  amené  à  la  place  qu'occupait  primitivement  le  chiffre  4-, 
le  crochet  qui  a  produit  ce  changement  se  relève  un  peu,  de  manière  à  éloi- 
gner sa  pointe  de  la  dent  qu'il  vient  de  pousser;  dès  lors  ce  crochet,  en  con- 
tinuant à  marcher  avec  les  29  autres  autour  de  l'ensemble  des  disques,  cesse 
d'entraîner  celui  sur  lequel  il  agissait  précédemment,  et  le  chiffre  7  de  ce 
disque  reste  immobile  près  de  la  règle  indicatrice.  Or,  ce  qui  détermine  le 
relèvement  du  crochet,  et  par  conséquent  la  cessation  de  son  action  sur  le 
disque  qu'il  faisait  tourner  précédemment,  c'est  précisément  la  position 
qu'occupe  le  disque  placé  immédiatement  à  sa  droite,  c'est-à-dire  la  valeur 
du  chiffre  3  de  ce  disque  qui  se  trouve  près  de  la  règle  indicatrice.  Un  pro- 

C.  R  ,  i8G3,  i«  Semestre.  (T.   LVI,  N°  8.)  44 


(  33',  ) 
longement  de  la  dent  qui  porte  le  chiffre  5  sur  ce  2e  disque,  prolongement 
qui  occupe  une  position  ou  nue  autre,  suivant  que  le  disque  montre  tel  ou 
tel  chiffre  près  de  la  règle  indicatrice,  est  destiné  à  agir  sur  un  talon  latéral 
fixé  au  crochet  qui  fait  tourner  le  Ier  disque;  aussitôt  que  le  talon  du  cro- 
chet, en  tournant  autour  des  disques,  atteint  le  prolongement  dont  nous 
venons  de  parler,  le  crochet  se  relève  et  cesse  d'agir  sur  le  disque  qu'il  avait 
poussé  devant  lui  jusque-là.  Si  le  iv  disque  présentait  le  chiffre  o  près  de  la 
règle  indicatrice,  le  crochet  correspondant  au  ier  disque  se  trouverait  relevé 
dès  l'origine  de  son  mouvement,  et  en  tournant  il  n'entraînerait  pas  du 
tout  le  ier  disque.  Si  le  2  e  disque  présentait  le  chiffre  i  près  de  la  règle  indi- 
catrice, le  crochet  dont  nous  venons  de  parler  pousserait  le  Ier  disque  de 
manière  à  lui  faire  faire  un  dixième  de  tour;  puis,  le  talon  de  ce  crochet 
rencontrant  le  prolongement  de  la  5e  dent  du  2e  disque,  ce  crochet  se  relè- 
verait et  cesserait  d'entraîner  avec  lui  le  icr  disque.  Et  ainsi  de  suite,  de 
sorte  que  le  crochet  fait  faire  an  Ier  disque  autant  de  dixièmes  de  tour  que 
le  chiffre  du  2e  disque  placé  près  de  la  règle  indicatrice  contient  d'unités  : 
et  par  conséquent  le  chiffre  que  le  Ier  disque  présente  près  de  la  règle  indi- 
catrice se  trouve  augmenté  de  ce  même  nombre  d'unités. 

»  Si  l'on  a  bien  saisi  ce  qui  vient  d'être  dit,  on  comprendra  sans  peine 
que,  en  même  temps  que  le  29e  crochet  amène  le  ier  disque  du  dernier 
groupe  à  montrer  près  de  la  règle  indicatrice  le  chiffre  7  (somme  des 
unités  4  et  3),  le  27e  crochet  amène  le  ier  disque  du  14e  groupe  à  montrer 
près  de  cette  règle  le  chiffre  3  (somme  des  dizaines  2  et  1),  le  2  5e  crochet 
amène  le  Ier  disque  du  i3e  groupe  à  montrer  le  chiffre  8  (somme  des  cen- 
taines 3  et  5),  etc.  Après  que  les  3o  crochets  auront  fait  un  tour  entier  au- 
tour des  75  disques,  les  i5  crochets  de  rangs  impairs  auront  amené  à  la 
place  des  chiffres  du  nombre  yt  portés  par  les  premiers  disques  de  chaque 
groupe,  les  chiffres  correspondants  du  nombre  j2  égal  à  j,  +  Ajt.  En 
même  temps  les  i5  autres  crochets,  de  rangs  pairs,  auront  amené  à  la  place 
des  chiffres  du  nombre  A2j0  portés  par  les  troisièmes  disques  de  chaque 
groupe,  les  chiffres  correspondants  du  nombre  à2j,  égal  à  A2  j0  -t-  A3^0- 
Les  deux  additions  cpie  la  machine  devait  opérer  seront  donc  effectuées. 

»  Dans  l'explication  qui  précède,  nous  avons  supposé  implicitement  que 
chaque  addition  partielle  ne  donnait  pas  un  résultat  supérieur  à  9;  en 
d'autres  termes,  nous  avons  raisonné  comme  si  les  additions  à  faire  pou- 
vaient s'effectuer  sans  retenues.  Il  nous  reste  donc  à  dire  comment  se  font 
les  retenues  quand  il  s'en  présente.  C'est  une  des  plus  grandes  difficultés 
qu'ont  eues  à  résoudre   tous  ceux  qui  ont  voulu  établir  des  machines  à 


(  335  ) 

calculer.  M.  Wiberg  y  est  parvenu  par  un  moyen  sûr  et  entièrement  nou- 
veau que  nous  allons  essayer  de  faire  comprendre.  Nous  avons  dit  que, 
sur  chaque  disque,  la  dent  qui  porte  le  chiffre  5  présente  un  prolongement 
destiné  à  agir  sur  le  talon  du  crochet  qui  fait  tourner  le  disque  voisin  ;  c'est 
ce  même  prolongement  qui  sert  à  opérer  la  retenue.  Supposons,  par 
exemple,  que  les  chiffres  des  unités  de  j,  et  Aj,  soient  respectivement 
7  et  6,  le  29e  crochet,  en  avançant,  fera  marcher  !e  ier  disque  du  1 5e  groupe 
de  -^  de  tour,  et  amènera  ainsi  successivement  près  de  la  règle  indicatrice, 
au  lieu  du  chiffre  7,  qui  s'y  trouvait  primitivement,  les  chiffres  8,  g,  o,  i, 
a,  3.  Ainsi,  la  somme  des  chiffres  7  et  6  étant  r3,  le  crochet  amène  le 
1"  disque  du  i5e  groupe  à  présenter  près  de  la  règle  indicatrice  le  chiffre  3 
seulement;  il  y  a  donc  une  retenue  d'une  unité  à  reporter  sur  le  chiffre 
des  dizaines  porté  par  le  Ier  disque  du  14e  groupe.  Mais  ce  report  de  la  re- 
tenue ne  se  fait  pas  tout  de  suite;  il  est  seulement  préparé  pour  être  effectué 
après  coup.  A  cet  effet,  au  moment  même  où  le  chiffre  o  du  ier  disque  du 
i5e  groupe  vient  se  présenter  près  de  la  règle  indicatrice,  le  prolongemeni 
de  la  dent  n°  5  du  même  disque  agit  sur  un  nouveau  système  de  crochets 
placés  au-dessous  de  l'ensemble  des  70  disques,  et  prépare  l'un  d'eux  à 
faire  avancer  ultérieurement  le  ier  disque  du  r4e  groupe  de  -^  détour, 
c'est-à-dire  à  augmenter  d'une  unité  le  chiffre  que  ce  disque  présente  prés 
de  la  règle  indicatrice.  Par  un  premier  tour  de  manivelle,  on  effectue  les 
additions  conformément  à  l'explication  qui  précède,  sans  tenir  compte  des 
retenues,  qui  sont  mises  en  réserve  dans  le  second  système  de  crochets 
placés  à  la  partie  inférieure  de  l'appareil;  puis,  par  un  deuxième  tour  de 
manivelle,  qui  fait  tourner  un  axe  à  palettes  le  long  de  ce  second  système 
de  crochets,  on  saisit  tous  ceux  de  ces  crochets  qui  ont  été  déplacés  dans 
le  tour  précédent,  et  on  leur  fait  faire  un  mouvement  en  vertu  duquel  cha- 
cun d'eux  augmente  d'une  unité  le  chiffre  indiqué  par  le  disque  correspon- 
dant. L'axe  à  palettes  n'agit  d'ailleurs  que  successivement  sur  ces  différents 
crochets  destinés  à  opérer  les  retenues,  parce  que  l'addition  d'une  unité 
de  retenue  à  un  chiffre  quelconque  peut  amener  une  nouvelle  retenue  à 
reporter  sur  le  chiffre  suivant  (dans  le  cas  où  le  premier  chiffre  serait  un  o). 
A  cet  effet,  les  diverses  palettes,  au  nombre  de  i5,  sont  disposées  en  hélice 
sur  l'arbre  qui  les  porte;  la  seconde  palette  n'agit  que  quand  la  première 
a  cessé  son  action,  puis  vient  la  troisième,  etc. 

»  Après  que,  par  ces  deux  tours  successifs  de  la  manivelle,  les  addi- 
tions yK  +Aj-,,  A'-jo-h^jg  ont  été  complètement  effectuées,  les  pièces  qui 
portent  les  deux  systèmes  de  crochets  et  la  règle  dentée  en  forme  de  peigne 

44- 


(  336  , 
prennent  un  petit  déplacement  latéral  d'une  quantité  égale  à  l'épaisseur  de 
chacun  des  y5  disques;  de  cette  manière,  ces  diverses  pièces  sont  disposées 
convenablement  pour  opérer,  par  de  nouveaux  tours  de  manivelle,  les  deux 
additions  Ay,  -+-  A-y..  A3j-0-+-  A"j-0.  Puis  ces  pièces,  crochets  et  règle 
dentée,  reviennent,  par  un  nouveau  déplacement:  latéral,  à  leur  position 
primitive,  pour  opérer  les  additions  r2  -+-  Ay2,  A'- y,  -f-  A3  y,,  et  ainsi  de 
suite. 

»   Après  chacune  des  opérations  successives  que  nous  venons  de  décrire, 
on  peut  lire  le  long  de  la  règle  indicatrice  les  valeurs  obtenues  pour  les 
quatre  quantités  y,  Ay,  A2y,  A3  y,  en  prenant  pour  y  les  premiers  chiffres 
de  chacun  des  1 5  groupes;  pour  Ay,  les  seconds  chiffres  de  ces  groupes, etc. 
Mais  la  machine  se  charge  d'imprimer  elle-même  en  creux,  sur  une  feuille 
de  plomb  ou  de  papier  mâché,  les  valeurs  obtenues  successivement  pour  la 
fonction  y.  Pour  cela,  à  côté  du  mécanisme  dont  nous  venons  de  parler,  et 
qui  sert  à  effectuer  les  additions,  se  trouve  un  autre  système  de  disques  en 
acier  analogues  aux  75  premiers  et  traversés  comme  eux  par  un  axe  autour 
duquel  ils  peuvent  tourner  chacun  séparément.  Ces  nouveaux  disques  sont 
en  nombre  égal  à  celui  des  chiffres  de  y  que  l'on  veut  conserver  et  impri- 
mer. Chacun  d'eux  porte  'gaiement  dix  dents  saillantes  en  forme  de  carac- 
tères d'imprimerie,  présentant  sur  leurs  extrémités  et  en  relief  les  dix  chiffres 
o,  1,  2,  .  .  .9.   Des  communications  de  mouvement  très-simples  lient  ces 
nouveaux  disques  à  ceux  des  premiers  disques  dont  ils  doivent  reproduire 
les  indications;  chaque  fois  qu'un  de  ces  premiers  disques  fait  -^  de  tour, 
il  fait  tourner  de  la  même  quantité  celui  des  disques  imprimeurs  auquel  il 
correspond.  Lorsqu'une  nouvelle  valeur  de  la  fonction  j-  peut  se  lire  sur 
les  premiers  disques,  elle  est  en  même  temps  figurée  par  les  dents  d'acier 
en  caractères  d'imprimerie  qui  sont  rangées  à  côté  les  unes  des  autres  et 
tournées  vers  le  bas,  au-dessous  des  nouveaux   disques.  Alors  une  petite 
planche  mobile,  recouverte  d'une  feuille  de  plomb  ou  de  papier  mâché, 
s'élève  jusqu'au  contact  de  ces  caractères  et  s'appuie  fortement  sur  eux  de 
manière  à  recevoir  l'empreinte  du  nombre  qu'ils  forment.  Après  cette  im- 
pression, la  planche  s'abaisse  et  prend  un  petit  déplacement  longitudinal, 
de  manière  à  recevoir  bientôt  l'empreinte  d'un  autre  nombre  à  côté  de  celle 
qui  vient  déjà  d'être  obtenue.  C'est  la  même  manivelle  qui,  après  avoir 
effectué  les  quatre  additions  composant  une  opération  complète,  produit 
l'impression  de  la  nouvelle  valeur  de  y  résultant  de  cette  opération. 

»   Telle  est  dans  son  ensemble  et  dans  son  mode  d'action  la  tres-ingé- 
nieuse  machine  dont  nous  avons  à  rendre  compte  à  l'Académie.  D'autres 


(337  ) 
machines  avaient  déjà  été  imaginées  pour  atteindre  le  même  but;  L'idée 
d'effectuer  par  des  moyens  mécaniques  la  suite  des  additions  qui  permettent 
de  trouver  les  valeurs  successives  d'une  fonction,  en  partant  d'une  première 
valeur  et  de  quelques  différences  de  divers  ordres,  a  été  depuis  longtemps 
réalisée  par  M.  Babbage,  de  Londres,  dans  la  belle  machine  qu'il  a  com- 
mencée en  1823,  et  qui,  devenue  la  propriété  du  gouvernement  anglais, 
est  déposée  dans  le  Muséum  du  collège  de  Somerset-House.  Plus  tard, 
MM.  Scheutz  père  et  fils,  de  Stockholm,  ont  construit  une  machine  du  même 
genre  qui  a  figuré  très-honorablement  à  l'Exposition  universelle  de  Paris, 
en  1 855  ;  cette  machine  imprimait  également  les  nombres  qu'elle  avait  cal- 
culés. La  machine  de  M.  Wiberg  ne  fait  rien  de  plus  que  celle  de  ses  com- 
patriotes MM.  Scheutz;  mais  les  moyens  mécaniques  employés  pour  y  arri- 
ver sont  entièrement  nouveaux.  Malgré  le  grand  nombre  d'opérations 
partielles  qui  doivent  être  effectuées  simultanément  ou  successivement  par 
des  organes  différents,  ces  organes  ont  été  si  bien  imaginés  et  si  bien 
combinés  entre  eux,  que  la  machine  n'a  qu'un  volume  extrêmement  res- 
treint. Elle  est  d'un  emploi  commode  et  d'une  sûreté  d'action  aussi  grande 
qu'on  peut  le  désirer. 

»  Voyons  maintenant  quelle  peut  être  son  utilité.  L'hypothèse  que  nous 
avons  faite,  que  les  différences  quatrièmes  des  nombres  cherchés  sont  toutes 
les  mêmes,  semble  en  restreindre  beaucoup  l'emploi.  Une  courte  explica- 
tion montrera  qu'il  n'en  est  rien.  Supposons,  par  exemple,  que  nous  vou- 
lions nous  servir  de  la  machine  pour  calculer  et  imprimer  une  Table  de  loga- 
rithmes. Les  différences  quatrièmes  des  logarithmes  que  doit  contenir  la  Table 
ne  sont  pas  les  mêmes  dans  toute  son  étendue;  aussi  la  machine  ne  peut- 
elle  être  employée  pour  calculer  ces  logarithmes  d'un  seul  coup,  en  partant 
seulement  d'un  premier  logarithme,  et  des  différences  du  premier,  du 
deuxième,  du  troisième  et  du  quatrième  ordre  qui  lui  correspondent.  Mais 
si  l'on  remarque  que  les  différences  quatrièmes  successives  diffèrent  très- 
peu  les  unes  des  autres,  on  peut  les  supposer  constantes  dans  un  certain 
intervalle,  puis  constantes  encore,  mais  avec  une  autre  valeur,  dans  un  autre 
intervalle  à  la  suite  du  premier;  et  ainsi  de  suite.  La  machine  pourra  donc 
être  employée  successivement  à  chercher  les  logarithmes  contenus  dans  cha- 
cun de  ces  intervalles,  en  partant  chaque  fois  des  cinq  données  numériques 
convenables.  Les  calculs  étant  effectués  avec  quinze  décimales,  les  erreurs 
provenant  de  ce  que  les  cinq  nombres  servant  de  base  ne  sont  pas  rigou- 
reusement exacts,  et  aussi  de  ce  que  les  quatrièmes  différences  ne  sont  pas 
rigoureusement  constantes,  s'accumuleront  peu  à  peu,  et  les  résultats  cou- 


(  338  ) 
tiendront  de  moins  en  moins  de  décimales  exactes  ;  mais  si  l'on  vent  en 
conserver  7  seulement  dans  les  Tables,  on  pourra  aller  assez  loin  sans  avoir 
besoin  de  recommencer  une  nouvelle  série  en  partant  de  nouvelles  données 
présentant  quinze  décimales  exactes  comme  les  précédentes.  Ainsi  on  n'aura 
qu'à  déterminer  directement  un  certain  nombre  de  logarithmes  convenable- 
ment espacés  dans  toute  l'étendue  de  la  Table  que  l'on  veut  construire;  la 
machine  servira  à  déterminer  tous  les  logarithmes  intermédiaires.  Et  si,  par- 
tant d'un  logarithme  connu,  pour  en  déduire  avec  la  machine  tous  les  loga- 
rithmes suivants  jusqu'à  un  nouveau  logarithme  également  connu,  on  arrive 
à  trouver  pour  ce  dernier  logarithme  une  valeur  identique  à  celle  que  l'on 
connaît  d'avance,  on  sera  sûr  que  la  machine  n'a  subi  aucun  dérangement, 
et  qu'elle  a  donné  exactement  tous  les  logarithmes  intermédiaires. D'ailleurs, 
les  empreintes  en  creux  qu'elle  fournit  sur  du  plomb  ou  du  papier  mâché 
permettant  d'obtenir  des  clichés  à  l'aide  desquels  on  peut  imprimer  direc- 
tement les  Tables  qu'on  veut  établir,  il  en  résulte  qu'on  a  évité  non-seule- 
ment les  erreurs  de  calcul,  mais  encore  les  erreurs  de  copie  et  d'impression 
avec  des  caractères  mobiles. 

»  Parmi  les  différences  successives  des  valeurs  d'une  fonction,  il  y  en 
a  souvent  qui  sont  négatives,  et,  pour  ajouter  une  pareille  différence  à  une 
autre  qui  est  positive,  on  a  à  faire  une  véritable  soustraction.  Mais  bien  que 
la  machine  ne  puisse  faire  autre  chose  que  des  additions,  il  n'en  résultera 
aucun  embarras  pour  remployer;  car  il  suffit  de  remplacer  la  différence 
négative  par  son  complément  pour  que  la  soustraction  à  effectuer  se  change 
en  une  addition. 

»  Quand  on  construit  une  Table  des  valeurs  successives  d'une  fonction  en 
ne  conservant  qu'un  certain  nombre  de  décimales,  7  par  exemple,  on  ajoute 
ordinairement  une  unité  à  la  septième  décimale  lorsque  la  huitième,  que 
l'on  n'écrit  pas,  est  un  des  chiffres  5,  6,  7,  8,  9.  On  peut  facilement  faire 
faire  cette  modification  par  la  machine  elle-même,  en  ajoutant  simplement 
5  unités  à  la  huitième  décimale  de  la  première  valeur  de  y  dont  on  part,  sans 
rien  changer  aux  différences  employées  en  même  temps  :  de  cette  manière  le 
7e  chiffre  décimal  fourni  et  imprimé  par  la  machine  aura  toujours  la  valeur 
qu'on  doit  lui  donner  en  raison  de  la  valeur  du  chiffre  suivant  que  l'on  ne 
conserve  pas  (*). 

»   Rien  ne  s'oppose  donc  à  ce  que  la  machine  dont  il  s'agit  soit  employée 

(*)  Cette  idée  est  due  à  M.  le  général  baron  Wrede,  Membre  de  l'Académie  des  Sciences 
de  Stockholm. 


(  339) 
à  la   formation  des  Tables  de  logarithmes  et  des  autres  Tables  de   même 
nature,  telles  que  les  Tables  astronomiques;  son  emploi  paraît  être  le  moyen 
le  plus  sûr  que  l'on  possède  d'obtenir   de   pareilles   Tables   absolument 
exemptes  d'erreurs. 

»  Cette  machine  a  d'ailleurs  déjà  servi  à  calculer  et  à  imprimer  des  Tables 
d'intérêts  qui  ont  été  publiées,  et  à  l'aide  desquelles  on  a  pu  reconnaître 
l'existence  d'un  certain  nombre  d'erreurs  dans  les  Tables  du  même  genre 
publiées  antérieurement. 

»  En  résumé,  la  machine  à  calculer  inventée  par  M.  Wiberg  nous  a  paru 
présenter  un  très-grand  intérêt.  Nous  proposons  à  l'Académie  d'accorder 
son  approbation  à  cette  belle  et  ingénieuse  machine.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant  de  la  Section  d'Économie  rurale  en  remplacement  de  feu 
M.  Bracy-Clark. 

Au  premier  tour  du  scrutin,  le  nombre  des. votants  étant  5a. 

M.  de  Vibraye  obtient 46  suffrages. 

M.  Parade 6 

M.  de  Vibraye,  ayant  obtenu  la  majorité  des  suffrages,  est  déclaré  élu. 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  soufflerie  de  précision  munie  d'un  nouveau 
système  de  régulateurs  de  la  pression  de  Vair  et  des  gaz,  et  sur  quelques 
applications  de  cet  appareil  à  des  expériences  d'acoustique  et  à  la  régulari- 
sation de  l'émission  du  gaz  d'éclairage  ;  par  M.  An.  Cavaillé-Coll. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet,  Babinet,  Despretz.) 

«  Les  nombreuses  expériences  auxquelles  je  me  suis  livré  sur  les  souffle- 
ries des  grandes  orgues  et  sur  les  moyens  de  régler  la  pression  de  l'air  dans 
les  différentes  parties  de  ce  vaste  instrument  m'ont  conduit  à  la  découverte 
d'un  nouveau  système  de  régulateurs  d'une  grande  simplicité,  qui  peut 
rendre  d'utiles  services,  non-seulement  à  la  construction  des  orgues,  mais 
encore  à  toutes  les  industries  qui  ont  besoin  d'obtenir  un  écoulement  con- 
stant, soit  de  l'air  comprimé,  soit  du  gaz  en  général. 


(  34o  ) 

»  Régulateur  angulaire  à  jjoicls  curseur.  —  Ce  régulateur,  dont  j'ai  l'hon- 
neur de  placer  un  modèle  sous  les  yeux  de  l'Académie,  consiste  en  un  petit 
récipient  formé  d'un  soufflet  angulaire  monté  sur  une  boîte  à  deux  com- 
partiments, et  muni  d'une  soupape  régulatrice  directement  fixée  sur  la 
paroi  mobile  du  récipient. 

»  Le  gaz  arrive  par  le  tube  d'entrée  dans  le  premier  compartiment  où 
se  trouve  la  soupape  régulatrice,  et  ne  peut  aller  dans  le  deuxième  compar- 
timent, où  est  l'orifice  de  sortie,  qu'en  passant  par  l'ouverture  de  cette  sou- 
pape dans  le  récipient  régulateur.  Il  est  inutile  de  faire  observer  qu'en 
traversant  l'appareil,  le  gaz  se  trouve  réglé  à  la  pression  qu'on  a  assignée 
au  régulateur.  La  construction  de  cet  appareil  est  en  bois,  les  contours  du 
petit  soufflet  sont  garnis  en  peau  de  chevreau  doublée  de  baudruche,  le 
tout  enduit  d'un  vernis  pour  boucher  les  pores  de  la  peau  et  éviter  les  fuites, 
lia  soupape  régulatrice,  de  forme  lenticulaire,  est  également  garnie  de  peau 
et  recouverte  de  baudruche.  Au-dessus  de  ce  récipient  se  trouve  un  poids 
curseur  qu'on  peut  faire  varier  le  long  d'une  coulisse  pour  régler  la  pression 
que  l'on  désire  avoir. 

»  Ce  petit  régulateur  est  très-propre  aux  expériences  de  précision;  le 
poids  curseur  permet  de  régler  la  pression  de  l'air  ou  des  gaz  d'une  manière 
continue,  depuis  zéro  jusqu'à  la  pression  initiale.  Son  petit  volume  le  rend 
très-portatif  et  facile  à  appliquer  à  toutes  sortes  d'appareils.  Indépendam- 
ment de  son  application  à  l'industrie  de  l'éclairage  par  le  gaz,  il  peut  rendre 
d'utiles  services  dans  les  laboratoires  de  chimie  pour  le  chauffage  par  le  gaz, 
à  une  température  déterminée,  et  dans  les  cabinets  de  physique  pour  l'étude 
des  lois  sur  l'écoulement  des  fluides  aériformes  et  pour  les  expériences 
d'acoustique. 

»  Une  des  applications  les  plus  intéressantes  qu'on  puisse  faire  de  cet 
appareil  est  celle  qui  a  pour  objet  de  régler  la  vitesse  du  mouvement  de 
la  sirène  acoustique  pour  déterminer  le  nombre  absolu  de  vibrations  d'un 
son  donné. 

»  On  sait  que  cet  admirable  instrument,  dû  au  génie  du  savant  m  odeste  et 
regretté  Cagniard  de  Latour,  et  qui  se  trouve  aujourd'hui  dans  tous  les  cabi- 
nets de  physique  d'Europe,  n'a  jamais  pu  servir  à  des  expériences  exactes, 
par  suite  de  la  difficulté  qu'on  éprouve  à  régler  la  vitesse  de  son  mouvement. 
Les  souffleries  ordinaires  des  cabinets  de  physique  donnent  une  pression 
trop  variable  pour  ces  déterminations,  et  les  expériences  qu'on  peut  faire  en 
insufflant  la  sirène  avec  la  bouche  sont  encore  plus  inexactes.  Au  moyen  de 
mon  régulateur  à  curseur,  la  pression  pouvant  être  réglée  et  fixée  au  gré  de 


(  34 1  ) 
l'expérimentateur,  on  peut  maintenir  la  vitesse  du  mouvement  et,  par  con- 
séquent, l'accord  pendant  plusieurs  minutes,  et  déterminer  avec  une  très- 
grande  exactitude  le  nombre  absolu  de  vibrations  d'un  son  donné.  Pour 
faciliter  l'expérience,  je  me  sers  d'un  deuxième  régulateur,  placé  sur  la  même 
soufflerie,  et  sur  lequel  on  monte  un  tuyau  d'orgue  qu'on  accorde  d'abord 
avec  le  son  dont  on  veut  mesurer  les  vibrations. 

»  J'ai  disposé  aussi  au-dessus  de  la  sirène  un  petit  appareil  où  se  trouve 
monté  un  compteur  à  secondes,  et  au  moyen  duquel  on  peut  accoupler  ou 
séparer  le  compteur  de  la  sirène  en  même  temps  que  le  compteur  à  se- 
condes. De  cette  manière,  il  m'a  été  permis  de  faire  des  expériences  qui  ont 
duré  plus  de  dix  minutes,  avec  une  telle  exactitude,  qu'en  répétant  plu- 
sieurs expériences  les  résultats  n'ont  jamais  varié  que  de  quelques  vibra- 
tions sur  5oooo  environ. 

»  Ce  nouveau  régulateur  et  l'appareil  qui  en  fait  le  complément  seront, 
je  l'espère,  bien  accueillis  des  savants  qui  s'occupent  de  la  science  des 
sons,  et  la  sirène  acoustique  deviendra,  par  ce  moyen,  le  plus  utile  et  le 
plus  précis  de  tous  les  tonomètres  connus. 

»  Régulateur  horizontal.  —  Je  nomme  ce  régulateur  horizontal  par  oppo- 
sition au  régulateur  angulaire  que  je  viens  de  décrire.  Il  existe  une  appli- 
cation de  cet  appareil  à  la  soufflerie  de  précision  que  j'ai  l'honneur  de 
soumettre  aujourd'hui  à  l'Académie. 

»  Cette  soufflerie  a  été  composée  sur  la  demande  de  M.  P.  Desains  pour 
le  cabinet  de  physique  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  et  présente  un 
résumé  des  divers  appareils  que  j'ai  imaginés  pour  régler  la  ptession  de 
l'air  et  des  gaz.  Elle  se  compose  de  deux  réservoirs  d'air  superposés,  l'un 
à  plis  rentrants,  l'autre  à  plis  saillants.  Les  tables  mobiles  de  ces  réser- 
voirs sont  réunies  de  façon  à  rendre  leur  mouvement  solidaire,  et  établir 
ainsi  la  compensation  qui  résulte  de  l'équiangle  des  plis  renversés  pour 
l'égalité  de  la  pression  de  l'air. 

»  Cette  soufflerie  est  surmontée  d'un  grand  régulateur  horizontal  de  notre 
système,  servant  à  régler  la  pression  de  l'air  des  embouchures  situées  suri  un 
des  grands  côtés  du  sommier.  Les  embouchures  de  l'autre  côté  du  sommier 
reçoivent  directement  le  vent  de  la  soufflerie.  Nous  avons  placé  sur  ces  em- 
bouchures huit  petits  régulateurs  à  poids  curseur  de  notre  système  et  au 
moyen  desquels  on  peut  régler  en  même  temps  huit  pressions  différentes. 
En  supprimant  ces  régulateurs,  on  a  de  chaque  côté  de  la  table  du  sommier 
quatorze  ouvertures  sur  lesquelles  on  peut  monter  toute  espèce  de  tuyaux 

C  R.,  i863,  |«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  8.)  ^5 


(  342  ) 
et  d'appareils.  Aux  deux  bouts  du  sommier  se  trouvent  deux  grandes  em- 
bouchures à  soupapes,  pour  faire  sonner  de  grands  tuyaux. 

»  Nous  avons  ajusté  sur  cette  soufflerie  divers  tuyaux  et  appareils  pour 
faire  les  expériences  d'acoustique  ci-après  : 

»  i°  Détermination  du  nombre  absolu  des  vibrations  par  la  méthode 
des  battements  au  moyen  de  cinq  tuyaux  à  bouche,  montés  sur  des  régu- 
lateurs à  curseur  et  donnant  La  2,  Ut 3,  Ut* 3,  et  deux  tuyaux  auxiliaires 
C,  C",  pour  compter  les  battements. 

»  2°  Même  détermination  du  nombre  absolu  de  vibrations  au  moyen  de 
la  sirène  acoustique,  dont  la  vitesse  de  mouvement  se  trouve  également  ré- 
glée par  notre  régulateur. 

»  3°  Étude  sur  le  timbre.  —  Analyse  des  sons  composés.  —  Sons  résul- 
tants. —  Accord  complexe  de  seize  tuyaux  exactement  accordés  dans  les 
rapports  de  la  série  naturelle  des  nombres 

i,      %,      3,     4>      5,  6,   7,      8,      9,    io,    ii,    12,    i3,    i4,    i5,     16,    correspondants  à 
La,  Lai,         La  2,  La  3,  La4, 

et  les  sons  intermédiaires 

»  4°  Une  deuxième  série  de  seize  tuyaux  faisant  suite  à  la  précédente 
série  et  accordés  dans  les  rapports  des  nombres  17,  18,  19,  20,  21,  22,  23, 
24,  25,  26,  27,  28,  29,  3o,  3i  et  32. 

»  5°  Une  troisième  série  de  six  tuyaux  accordés  à  l'octave,  faisant  en- 
tendre les  sons  La3,  La4,  La  5,  La6,  La  7  et  La  8. 

»  Le  dernier  tuyau  de  5  millimètres  de  longueur  donne  près  de  trente 
mille  vibrations  par  seconde.  Ce  son  extrême  aigu  peut  être  considéré  comme 
la  limite  des  sons  perceptibles.  On  l'entend  à  peine  isolément,  mais  combiné 
avec  d'autres  sons  il  domine  l'accord  le  plus  bruyant. 

»  Nota.  —  Tous  ces  tuyaux  ont  été  coupés  en  ton  au  moyen  de  la  for- 
mule que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  l'Académie,  dans  sa  séance  du  23 
janvier  1860.  Cette  formule  est  pour  les  tuyaux  cylindriques 


l  -  (">•  l) 


dans  laquelle 

L  désigne  la  longueur  du  tuyau  ; 

D  le  diamètre  du  tuyau  ; 

V  la  vitesse  moyenne  du  son  égale  à  34o  mètres  par  seconde; 

N  le  nombre  de  vibrations  dans  le  même  espace  de  temps. 


(  343  ) 
»  Nous  joignons  ci-après  une  Table  des  nombres  de  vibrations  et  des 
longueurs  d'ondes  des  tuyaux  mentionnés  ci-dessus. 

Table  des  nombres  de  vibrations  et  des  longueurs  d'ondes  correspondantes  des  tuyaux  accordés 
d'après  le  nouveau  diapason  normal  {de  870  vibrations  par  seconde)  et  suivant  les  rapports 
de  la  série  naturelle  des  nombres  1,  2,  3,  etc.  à  32. 


SOMBRES ■ 

NOTES 

correspon- 
dantes 

NOMBRES 

de 
vibrations. 

LONGUEURS 

d'ondes 
sonores . 

NOMBRES . 

17 
18 
19 
20 
21 
22 
23 
24 
25 
26 
27 
28 
29 
30 
31 
32 

NOTES1 
correspon- 
dantes. 

NOMBRES 

des 
vibrations. 

LONGUEURS     j 
d'ondes 
sonores. 

1 
9 

3 
4 
5 
6 

i 

10 
h 
12 

13 
14 
15 
16 

Mi   2+... 

La  2   .... 
Ut*  3—. 

Mi  3 -H... 
Sol  3  -.. 
La  3 

Si  3  -4-   . . 
Ut*  4  — . 

Ré  4  -+-  ■  ■ 

Mi4-t--.- 

Fa  4  -K.. 
Sol  4—.. 
Sul*4— . 
La  4 

V 
108,760 

217, 5oo 

326,250 

435  000 

543,750 

652, 5oo 

761 ,25o 

870,000 

978,750 

1087,500 

1 196,250 

i3o5,ooo 

i4'3,75o 

l522,50O 

i63i ,25o 
1740,000 

m 
3,,264 

1,5632 

1  ,o'|33 

0,7816 

o,6253 

0,5210 

0,4466 

0,3908 

0,3473 

o,3 126 

0,2824 

0 , 26o5 

0,2405 

0,2233 

0,2084 
0,1954 

Si  t>  4  -H . . 

Si  4  -+- . . . 

Ut  5— ... 

m*5— . 

Ré  5— ... 

Ré  5  ■+-... 
Mib5-K. 
MÏ5-T-... 
Fa  5— ... 

Fa  *  5  — . 
Fa  *  5-1- . 
Sol  5  -.. 
Sol  5-+-.. 
Sol*  5  — . 
Sol*  5 -H. 
La  5 

l848,75o 
1957,500 
2066, 250 
2175,000 
2283,750 
2392,500 

2501 ,250 

2610,000 

2718,750 
2827,500 
2936,250 
3o45,ooo 
3i53,75o 
3262,500 
3371 ,25o 
3480,000 

m 
0,l839 

0,1737 

0,  i645 

0, i563 

0,1489 

0,1421 

0, i35g 

0, i3o3 

0, 1 25 1 

0, 1202 
0, 1 i58 
0,1117 
0, 1078 
0, 1041 
0, 1008 
°>°977 

SONS    EXTRÊMES.  — ÉTENDUE    DU    La    AU    LaS,     10   OCTAVES    ENTIÈRES. 

s  ^ 

j       La 

1 

54,375 
32,33i 
27,187 

m 
6,2528 

10, 5 160 

12 ,5o56 

1 

/       La  6.    ... 

aigus.  . .}       La  7 

La  8   .    .  . 
1 

Y 

6960,000 
13920,000 
27840,000 

m 
0,o488 

0,0244 
0,0122 

sciences  militaires.  —  Mémoire sur  le  télomètre  et  le  naulomèlre  à  prismes  ; 
par  M.  C.-M.  Goulier.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Poncelet,  Laugier,  Mono.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  appareil  destiné  à  la  déter- 
mination de  la  distance  à  un  but  inaccessible,  et  que  j'appelle  télomètre  à 
prismes.  Cet  appareil  comprend  deux  instruments  distincts.  Dans  l'un  sont 

45.. 


(  344  ) 

liés  à  une  poignée,  un  prisme  de  verre  faisant  équerre  à  double  réflexion  (i), 
une  plaque  de  voyant  dont  la  ligne  de  foi  correspond  au  rayon  visuel  de 
l'observateur,  et  une  bobine  dans  laquelle  est  enroulé  un  fil  métallique 
long  d'une  quarantaine  de  mètres.  Par  le  jeu  d'un  verrou  placé  sur  la  bobine 
on  peut,  à  volonté,  réduire  la  longueur  de  la  base  que  ce  fil  détermine. 

»  L'autre  instrument  est  lié  à  l'extrémité  de  ce  fil.  Il  comprend  une  poi- 
gnée, un  prisme  et  un  voyant,  comme  le  premier;  mais  derrière  le  voyant 
est  fixée  une  coulisse  horizontale  dans  laquelle  se  meut  un  tronçon  de  len- 
tille plane  convexe,  fixée  dans  un  châssis.  Puis  entre  le  prisme  et  cette  len- 
tille est  fixée,  sur  la  direction  du  rayon  visuel,  une  petite  lentille  divergente 
de  même  foyer  que  la  première  ;  elle  a  pour  effet  de  détruire  la  convergence 
produite  par  la  première  sur  les  rayons  d'un  pinceau  lumineux  qui  la  tra- 
verse, tout  en  laissant  subsister  la  déviation  éprouvée  par  l'axe  de  ce  pin- 
ceau, de  sorte  que,  par  la  visée  directe,  on  voit  les  objets  déviés  vers  la 
droite,  comme  ils  le  seraient  par  un  simple  prisme,  et  cette  déviation  est 
sensiblement  proportionnelle  au  déplacement  de  la  lentille.  Enfin  le  châssis 
porte  deux  index  qui  marquent  les  distances  sur  deux  échelles  distinctes 
tracées  sur  le  bord  de  la  coulisse. 

»  Voici  comment  on  se  sert  du  télomètre.  Un  observateur  A  porte  le  pre- 
mier instrument,  et  un  opérateur  B  le  second.  Tous  deux  s'éloignent  à  la 
distance  réglée  par  le  fil,  en  adoptant  l'une  ou  l'autre  de  ses  longueurs  sui- 
vant la  distance  à  déterminer.  Alors,  B  restant  fixe,  A  se  déplace  latéralement 
jusqu'à  ce  qu'il  voie  l'image  doublement  réfléchie  du  but  en  coïncidence 
avec  le  voyant  de  B;  et,  par  un  cri,  il  avertit  celui-ci  qui,  en  déplaçant  la 
lentille  déviatrice,  amène  l'image  réfractée  du  voyant  de  A  en  correspon- 
dance avec  l'image  du  butv  doublement  réfléchi  par  son  prisme.  Il  lit 
ensuite  la  distance  sur  celle  des  deux  échelles  qui  correspond  à  la  longueur 
de  fil  employé. 

»  L'avantage  du  télomètre  à  prismes  sur  les  instruments  analogues  tient 
à  la  simplicité  de  ses  éléments  optiques,  à  leur  précision,  à  leur  invariabi- 
lité, et  à  ce  que  chaque  opérateur  agit  pour  son  propre  compte,  ce  qui 
permet  d'employer  l'instrument  avec  un  but  mobile,  par  le  déplacement 
progressif  de  A.  Toutefois,  pour  obtenir  la  distance  d'un  navire,  il  vaut 
mieux  employer  un  instrument  fixe  dans  lequel  on  diminue  considérable- 
ment la  base  en  employant  une  lunette  qui,  par  son  grossissement,  procure 

(i)  Deux  prismes  du  même  genre,  superposés,  forment  une  équerre  à  prismes  qui  a,  sur 
l'équerre  à  miroirs  de  Lipkens,  l'avantage  immense  de  ne  jamais  se  déranger. 


(  345  ) 
une  grande  diminution  sur  les  erreurs  angulaires  de  visée.  En  donnant  à 
cette  base  une  direction  verticale,  et  en  disposant  convenablement  deux 
prismes-équerreset  une  lentille  déviatrice,  on  peut  composer  un  bon  naulo- 
mètre  à  prismes  pour  lequel  un  seul  observateur  est  suffisant. 

»  Des  expériences  nombreuses,  laites  avec  un  télomètre  d'essai,  ont 
prouvé  que,  pour  les  distance  de  iooo  et  2000  mètres,  le  maximum  d'er- 
reur à  craindre,  avec  des  opérateurs  peu  exercés,  est  respectivement,  avec 
le  fil  court,  de  l\o  et  160  mètres,  et  avec  le  fil  long,  de  20  et  80  mètres.  » 

Le  télomètre  et  le  nautomètre  décrits  dans  le  Mémoire  dont  nous  ve- 
nons de  donner  l'extrait  sont  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie.  L'auteur 
dépose,  en  outre,  un  second  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Étude  analytique 
sur  les  appareils  propres  à  déterminer  la  distance  au  but  ». 

navigation.  —  Noie  sur  les  navires  cuirassés;  par  M.  le  Contre-Amiral  Paris. 
(Commissaires,  MM.  Dupin,  Morin,  Clapeyron.) 

«  La  marine  vient  d'éprouver  des  changements  dans  toutes  ses  parties, 
et  après  avoir  modifié  l'ancien  vaisseau  pour  lui  permettre  de  parcourir 
toutes  les  mers  avec  un  surcroît  de  vivres,  on  a  vu  apparaître  des  navires  à 
vapeur,  d'abord  entraînés  par  des  roues  à  aubes,  puis  par  l'hélice,  qui  a 
produit  le  vaisseau  de  guerre  à  vapeur.  Enfin  les  navires  cuirassés  viennent 
de  changer  toutes  ces  conditions  d'une  manière  plus  radicale  encore.  De 
sorte  qu'en  moins  de  quarante  ans  la  génération  actuelle  a  vu  parahre  sur 
les  mers  quatre  marines  ne  présentant  entre  elles  que  des  analogies  générales. 

»  Les  perfectionnements  de  l'artillerie  ont  exercé  une  grande  influence 
sur  les  constructions,  en  ce  qu'on  a  produit  des  obus  dont  un  petit  nombre 
détruirait  un  vaisseau,  comme  le  sanglant  épisode  de  Sinope  et  la  prompte 
destruction  du  Cumberland  l'ont  prouvé.  De  telles  armes  ne  laisseraient  pas 
aux  combattants  le  temps  de  vider  les  questions  dont  ils  sont  les  champions. 
On  a  donc  repris  d'anciennes  expériences  sur  les  tôles,  et  reconnu  qu'il  fal- 
lait au  moins  om,io  de  1er  appliqué  sur  du  bois  pour  résister  aux  boulets. 
Le  premier  essai  fut  celui  des  batteries  flottantes,  que  la  volonté  éclairée  de 
l'Empereur  fit  construire,  malgré  les  difficultés  inhérentes  au  faible  tirant 
d'eau  nécessaire  pour  attaquer  Cronstadt.  Les  premières  armes  de  ces  bat- 
teries furent  devant  le  fort  de  Rilbouroun,  et  elles  prouvèrent  aussitôt  aux 
marins  que  le  temps  des  bâtiments  de  guerre  en  bois  était  terminé. 

»  Mais  il  fallait  avoir  des  navires  de  mer  au  lieu  de  ces  caisses  informes 
qu'il  avait  fallu  traîner  en  Crimée  pendant  la  belle  saison.  M.   Dupuy  de 


(  346  ) 

Lôme,  d^jà  connu  par  la  construction  du  Napoléon,  construisit  la  Gloire, 
qui  ouvrit  la  quatrième  période  de  la  marine. 

»  De  nouvelles  difficultés  se  présentèrent,  car  il  ne  suffisait  pas  de  re- 
trancher les  mâts  et  les  ponts  supérieurs  avec  leurs  canons  pour  les  rempla- 
cer par  un  poids  égal  de  plaques;  ce  n'eût  convenu  qu'à  une  mer  calme; 
mais  avec  des  vagues,  tout  est  entraîné  par  leur  mouvement  et  chaque  poids 
du  navire  exerce  des  réactions  inappréciables,  suivant  sa  position  :  ainsi, 
tandis  que  de  vastes  chaudières  ou  des  câhles  reposent  sur  des  plates-formes 
dans  la  cale,  il  faut  couvrir  les  canons  de  cordes,  parce  qu'ils  sont  plus 
éloignés  du  centre  de  rotation,  et  malgré  ces  précautions  il  y  en  a  eu  qui 
ont  été  jetés  à  la  mer.  Il  en  résulte  que  les  1000  tonneaux  que  pèse  une  cui- 
rasse extérieure  influent  beaucoup  plus  sur  les  qualités  nautiques  d'un  na- 
vire que  la  distribution  des  poids  sur  les  ressorts  et  sur  les  essieux  d'une 
voiture. 

»  La  cuirasse  est  formée  de  plaques  de  fer  aussi  doux  que  possible,  tenues 
par  d?s  boulons  ou  des  vis  à  bois;  les  longues  plaques  situées  au-dessus  et 
au-dessous  des  sabords  servent  seules  à  la  liaison  du  navire  au  moyen  des 
clefs  qui  les  unissent.  En  France,  on  donne  om,io  d'épaisseur  en  haut  et 
oul,  i  2  à  la  flottaison  et  au-dessous.  En  Angleterre,  on  a  adopté  ora,  1 15,  et  les 
inventeurs  de  canons  prétendent  qu'ils  perceront  cette  épaisseur;  mais  s'ils 
y  parviennent  dans  des  expériences,  il  est  douteux  que  leurs  pièces  elles- 
mêmes  résistent  au  tir  prolongé  nécessaire  entre  de  tels  navires. 

«  On  a  différé  sur  les  matériaux  employés  à  la  construction  du  bâtiment 
hu-mème;  les  Anglais  ont  adopté  le  fer;  nous,  le  bois.  Le  premier  permet 
de  très-grandes  constructions;  il  dure  plus,  mais  il  fait  perdre  une  partie 
de  la  marche  par  les  herbes  et  les  coquilles  qui,  en  peu  de  temps,  s'atta- 
chent à  sa  surface  et  exigent  des  passages  au  bassin,  ainsi  que  de  nouvelles 
peintures  au  minium.  Son  plus  grand  défaut  est  de  souffrir  beaucoup  des 
boulets  qui,  s'ils  atteignaient  au-dessous  de  la  cuirasse  quand  le  navire  roule, 
causeraient  sa  perte,  en  dépit  des  nombreuses  cloisons  établies  pour  main- 
tenir l'eau.  Le  bois  a  l'avantage  d'être,  pour  le  moment,  assorti  aux  res- 
sources de  la  France  et  de  craindre  beaucoup  moins  les  voies  d'eau  par  les 
boulets  sous  la  cuirasse  ;  mais  celle-ci  souffre  de  l'action  galvanique  du  dou- 
blage en  cuivre  rouge,  qui  ronge  le  fer  surtout  près  de  la  flottaison  et  avec 
une  activité  dont  il  y  a  déjà  lieu  d'être  préoccupé.  La  présence  du  bois  a  été 
reconnue  nécessaire  pour  soutenir  les  plaques, même  sur  la  tôle  du  navire  en 
fer;  elle  a  été  prouvée  par  l'effet  d'un  boulet,  qui,  entré  par  un  sabord  du 
Frusty,  a  pris  le  côté  opposé  à  revers,  c'est-à-dire  en  rencontrant  d'abord  le 
bois  et  en  arrachant  i  mètre  carré  de  plaque.  En  France,  nous  avens  con- 


(347  ) 
struit  une  frégate  en  fer  :  c'est  la  Couronne,  qui  est  entièrement  cuirassée, 
ainsi  que  la  Gloire,  l'Invincible  et  la  Normandie. 

»  Ces  frégates  ont  34  canons  protégés,  qui,  par  le  fait,  coûtent  chacun 
176500  francs;  elles  n'ont  pas  un  seul  point  vulnérable  et  détruiraient  à 
merci  tous  les  navires  en  bois  qu'elles  rencontreraient.  LePFarrior,  au  con- 
traire, a  une  coque  en  fer  ;  mais  la  moitié  seulement  de  sa  longueur  est  cui- 
rassée; il  a  28  canons  protégés  qui  valent  chacun  3i2  5oo  francs;  les  22  au- 
tres sont  dans  des  parties  tellement  vulnérables,  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  les 
compter.  De  plus,  la  barre,  la  roue,  le  gouvernail,  l'étambot  et  le  haut  du 
cadre  de  l'hélice  sont  entièrement  exposés  aux  coups,  et  ces  parties  vitales 
seraient  promptement  détruites  par  un  navire  protégé  de  toutes  parts. 

»  On  peut  donc  alfirmer  que  c'est  en  France  que  cette  nouvelle  question 
maritime  a  été  le  mieux  résolue,  puisque  la  cuirasse  complète  est  mainte- 
nant adoptée  sur  des  constructions  étrangères,  telles  que  le  Norlliumberiand. 
et  deux  autres  de  122  mètres  de  long,  pesant  au  moins  1  1  000  kilos  et  devant 
coûter  12  millions  de  francs. 

»  Il  est  curieux  de  connaître  pourquoi  on  arrive  forcément  à  des  dimen- 
sions et  à  des  dépenses  aussi  exagérées,  et  pourquoi  les  quarante  canons 
de  ces  nouveaux  bâtiments  coûteront  si  cher  relativement  aux  trente-quatre 
de  la  Gloire.  C'est  que,  dans  un  navire,  chaque  qualité  a  un  poids,  et  par 
suite  un  prix  :  ainsi  les  canons,  les  munitions  et  l'équipage  sont  la  force; 
les  plaques,  leur  épaisseur  et  leur  étendue  représentent  la  sécurité;  la 
hauteur  des  sabords,  la  facilité  du  tir.  La  vitesse  est  l'élément  le  plus  lourd 
et  le  plus  cher,  en  ce  que  la  force  de  la  machine  augmente  en  raison  du  cube 
du  sillage.  Il  faut  une  machine  huit  fois  aussi  forte  pour  parcourir  un  espace 
dans  la  moitié  du  temps,  et  cela  en  brûlant  quatre  fois  autant  de  charbon  : 
ainsi  l'approvisionnement  de  combustible  est  en  raison  de  la  longueur  du 
trajet  et  du  carré  de  la  vitesse.  Enfin,  comme  il  faut  que  le  navire  porte  tout 
ce  qui  précède,  il  devient  plus  grand  et  plus  lourd  lui-même.  D'après  cela 
on  peut  dire  que  le  type  Gloire  est  la  solution  du  problème  maintenu  dans 
des  limites  rationnelles,  et  si  on  voulait  faire  des  navires  plus  petits,  il  fau- 
drait les  dépouiller  de  leurs  qualités,  et  en  venir,  soit  à  la  protection  impar- 
faite du  Warrior,  soit  à  la  lenteur  de  marche  des  batteries  flottantes. 

»  La  position  des  poids  est  la  plus  grande  différence  entre  les  an- 
ciens vaisseaux  et  les  nouveaux  ;  au  lieu  d'étages  de  canons  et  de  mâts 
élevés,  on  porte  de  lourdes  plaques;  c'est  le  manteau  de  plomb  des  damnés 
du  Dante.  L'excès  de  stabilité,  pour  résister  aux  effets  obliques  des  voiles 
et  même  aux  méprises,  n'est  plus  nécessaire;  on  ne  chavirera  pas  avec  trois 
petites  voiles  goélettes,  auxquelles  il  a  fallu  se  réduire,  parce  que,  dans  un 


(  348  ) 
combat,  l'ancien  attirail  de  cordes  et  de  vergues  eût  été  un  danger  immi- 
nent, en  ce  que  toute  corde  tombée  est  aspirée  dans  le  tourbillon  de  l'hé- 
lice, tournée  par  3ooo  à  4000  chevaux,  et  en  appelle  d'autres  de  manière 
à  s'entortiller  d'une  manière  inextricable  autour  des  ailes  et  à  annuler 
l'action  du  propulseur,  comme  on  en  a  eu  déjà  des  exemples.  Mais  il  faut 
que  le  nouveau  navire  roule  le  moins  possible,  parce  que,  sans  cela,  ses 
coups  ne  sont  pas  plus  à  craindre  que  ceux  d'un  chasseur  ivre,  et  que  le 
défaut  de  la  cuirasse  n'est  qu'à  1  mètres  sous  l'eau.  On  se  figure  peu  la 
surface  de  carène,  qui  émerge  à  chaque  coup  de  roulis,  lorsque,  après  avoir 
soulevé  un  côté  et  imprimé  le  mouvement  de  rotation  à  toute  la  masse,  la 
vague  le  laisse  en  l'air  pour  passer  et  agir  à  l'opposé.  Quant  au  mouvement 
longitudinal  connu  sous  le  nom  de  tangage,  il  y  a  lieu  d'observer  qu'une 
vague  est  une  petite  colline  mobile  qui,  à  son  arrivée,  ne  soulève  l'avant 
que  si  celui-ci  présente ,  au-dessus  de  la  flottaison  ordinaire ,  un  assez 
grand  volume  pour  produire,  par  son  déplacement  accidentel,  un  effort  de 
bas  en  haut  capable  de  remuer  et  faire  osciller  les  5 600  000  kilogrammes 
que  pèse  le  navire,  et  cela  dans  le  court  espace  d'une  on  deux  secondes.  Si 
ce  volume  n'est  pas  suffisant,  l'eau  passe  par-dessus  et  tombe  en  partie 
dans  le  navire,  d'où  les  pompes  seules  peuvent  l'extraire.  Il  faudra  donc 
couvrir  ces  navires  d'une  sorte  de  toiture  déversant  l'eau  à  l'extérieur  avec 
facilité,  comme  les  paquebots  légers  et  rapides  ont  été  forcés  de  le  faire 
pour  percer  les  vagues  comme  une  flèche.  Pour  eux,  c'est  le  temps  qui 
manque  pour  franchir  la  crête  des  vagues;  pour  le  navire  blindé,  c'est  en 
partie  la  force  ;  l'une  et  l'autre  cause  agissent  s'il  lutte  contre  une  grosse  mer. 
»  A  ces  considérations  spéciales,  il  convient  peut-être  d'en  ajouter  une 
autre  également  importante  :  en  quoi  ces  navires  modifieront-ils  les  guerres 
marines,  puisque  la  perfection  des  obus  en  fait  une  nécessité?  Cette  ques- 
tion est  très-difficile  à  résoudre,  et  si  ces  bâtiments  sont  considérés  en 
présence  les  uns  des  autres,  ils  modifieront  toute  la  tactique  navale,  et  leur 
invulnérabilité  a  fait  penser  à  employer  le  choc  de  leur  masse.  Ils  feront 
disparaître  les  navires  en  bois  de  la  surface  des  mers;  mais  ils  arriveront  à 
se  détruire  mutuellement,  car  il  faut  admettre  comme  un  axiome  qu'il  faut 
craindre  ses  semblables  et  qu'entre  semblables  la  force  est  au  nombre, 
c'est-à-dire  au  budget  le  plus  élevé.  Ce  qu'ils  présentent  de  plus  nouveau 
est  le  changement  en  leur  faveur  de  la  force  relative  de  la  terre  et  de  la  mer, 
et  ils  viennent  se  placer  sur  un  pied  d'égalité  dont  le  vaisseau  en  bois  était 
très-éloigné.  Les  escadres  combinées  n'ont  fait  qu'une  diversion  contre  Sé- 
bastopol,  tandis  que  les  trois  batteries,  avec  leurs  onze  canons  battants 
chacune,  sont  venues  se  poster  à  petite  distance  et  ont  réduit  Kilbouroun. 


(  349  ) 
D'après  cela,  il  n'y  a  plus  de  rades  fermées,  plus  de  villes  du  littoral  proté- 
gées, puisque  ces  navires  lancent  des  projectiles  à  5ooo  mètres  de  distance 
et  ne  les  craignent  pas  à  moins  de  100  mètres.  Les  débarquements,  déjà 
rendus  si  difficiles  par  l'adoption  des  machines  à  vapeur,  le  sont  devenus 
encore  plus,  car  si  on  renfermait  mille  hommps  ou  cent  chevaux  dans  un  de 
ces  navires,  qui  dès  lors  serait  trop  encombré  pour  employer  ses  canons,  il 
faudrait  en  sortir  pour  aller  à  terre  dans  des  canots. 

»  Déplus,  la  disparition  forcée  des  voiles  entraîne  à  faire  les  trajets  en- 
tiers à  la  vapeur,  et  comme  on  n'a  que  cinq  ou  six  jours  à  onze  ou  douze 
nœuds,  ou  dix  ou  douze  jours  à  huit  nœuds,  on  ne  saurait  aller  loin  sans 
posséder  des  dépôts  de  charbon,  en  pays  amis.  Il  en  résulte  que  jamais  la 
guerre  maritime  n'aura  été  plus  localisée. 

»  D'après  ces  conditions  générales,  il  est  difficile  d'établir  ce  qui  est  le 
plus  avantageux  à  la  France;  mais  quelles  que  soient  les  conséquences  à 
venir,  il  y  a  lieu  de  remarquer  que  nous  sommes  tellement  en  avance  sur 
les  autres  nations,  qu'il  en  résulte  pour  le  moment  une  supériorité  marquée. 
Tel  est  à  peu  près  l'état  de  la  marine  actuelle;  il  est  impossible  de  dire  com- 
bien il  durera,  tant  les  nations  font  de  dépenses  et  d'efforts  pour  améliorer 
leur  matériel  naval.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

«  M.  Mii.m:  Edwards  entretient  l'Académie  des  résultats  obtenus  pen- 
dant un  voyage  à  Bangkok,  par  M.  Bocourt,  zoologiste  attaché  au  Muséum 
d'Histoire  naturelle,  et  chargé  d'une  mission  scientifique  dans  le  royaume 
de  Siam.  Les  collections  formées  par  ce  voyageur  sont  exposées  dans  une 
des  salles  du  Muséum  et  présentent  beaucoup  d'intérêt.  Les  nombreux 
dessins  faits  par  M.  Bocourt  et  les  photographies  qu'il  a  rapportées  sont 
placés  sous  les  yeux  de  l'Académie.   » 

Une  Commission,  composée  de  MM.  Milne  Edwards,  Valenciennes, 
Decaisne,  Quatrefages  et  Blanchard,  est  chargée  de  l'examen  des  collections 
et  des  Notes  de  M.  Bocourt. 

ANALYSE  mathématique.  —  Mémoire  sur  la  théorie  des  nombres  premiers 
considérés  dans  les  progressions  arithmétiques  ;  par  M.  F.  Moret. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Lamé,  Bertrand.) 
Ce  Mémoire,  adressé  de  Fribourg  et  transmis  par  M.  le  Ministre  de  la  Con- 

C.  R.,  i8b3,  i«  Semettre.  (T.  LVI,  N°  8.;  4^ 


(  35o  ) 

fédération  helvétique,  est  accompagné  d'une  Lettre  d'envoi  de  l'auteur  dont 
nous  extrayons  les  passages  suivants  : 

«  Les  recherches  des  géomètres  sur  la  théorie  des  nombres  et  les  miennes 
propres,  que  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  communiquer  en  partie  à  votre  Aca- 
démie, ont  fait  reconnaître  que  l'exposition  de  cette  branche  si  difficile  de 
l'algèbre  se  simplifie  considérablement  par  l'usage  de  ce  poslulatum  que 
toute  progression  arithmétique  indéfinie,  dont  les  termes  sont  des  nombres 
entiers  sans  diviseur  commun,  renferme  au  moins  un  nombre  premier.  J'ai 
l'honneur  d'annoncer  à  l'Académie  que  je  suis  parvenu,  sans  recourir  à  la 
considération  des  carrés  ou  des  formes  quadratiques,  mais  par  une  voie 
assez  simple,  à  démontrer  non-seulement  ce  postulatum,  mais  le  théorème 
très-général  que  voici  :  «  Dans  toute  progression  arithmétique  indéfinie, 
»  dont  les  termes  sont  des  entiers  sans  diviseur  commun,  la  somme  des 
»  inverses  des  termes  qui  sont  des  nombres  premiers  est  infinie  ».  J'ai 
donné  cette  démonstration  dans  le  Mémoire  ci-joint  que  je  me  réserve  le 
droit  d'imprimer » 

En  terminant  sa  Lettre,  l'auteur  rappelle  une  Note  précédemment  adressée 
et  mentionnée  au  Compte  rendu  de  la  séance  du  4  juillet  i85o,,  sous  le  titre 
de  :  «  Recherches  sur  l'arithmétique  de  Diophante  et  de  Fermât  »;  il  prie 
qu'on  y  veuille  bien  faire  les  rectifications  suivantes  :  i°  supprimer  l'in- 
dication de  la  valeur  de  ce  qu'il  a  représenté  par  w;  2°  supprimer  le  théo- 
rème VI  sur  la  formule 

JC2  -+-j2  4-  23  z2. 

Ces  rectifications  seront  transmises  à  M.  Hermite  qui  avait  été  chargé  de 
prendre  connaissance  de  la  Note  de  M.  Moret. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —Sels  employés  pour  rendre  ininflammable  la  fibre  végétale  ; 
par  MM.  F.  Versmaxx  et  Oppexheim.   (Extrait  présenté  par  M.  Payen.) 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Velpeau,  Rayer.) 

«  La  présentation  faite  à  l'Académie,  le  25  janvier  dernier,  d'une  Note 
de  M.  A.  Chevalier,  nous  amène  à  prier  l'Académie  de  vouloir  bien  rece- 
voir et  examiner  une  brochure  qui  traite  le  même  sujet,  et  dont  la  partie 
essentielle  a  été  communiquée  à  l'Association  britannique  pour  l'avance- 
ment des  sciences,  le  i5  septembre  i85c).  D'après  les  procédés  que  nous 
recommandons,  on  fabrique  maintenant  des  étoffes  non  inflammables,  dont 
nous  serions  heureux  d'offrir  des  échantillons  à  l'Académie.  C'est  du  tra- 


(35i  ) 
vail  de  Gay-Lussac  que  nous  sommes  partis  pour  faire  des  recherches  sem- 
blables avec  une  méthode  précise.  Ainsi  nous  avons  déterminé,  pour  un 
grand  nombre  de  sels,  combien  de  chacun  d'eux  doit  être  dissous  dans 
l'eau,  pour  qu'une  pièce  d'une  certaine  mousseline,  trempée  dans  cette 
solution  et  desséchée  après,  reste  non  inflammable.  Tous  les  sels  qui  ont 
semblé  applicables  dans  l'industrie  ont  été  ensuite  examinés  industrielle- 
ment dans  les  fabriques  de  M.  Walter  Crum  et  de  MM.  Cochran  et  Dewar, 
à  Glasgow,  et  dans  divers  établissements  de  blanchissage  à  Londres. 

»  Trois  sels  seulement,  après  cet  examen  pratique,  ont  été  admis  comme 
applicables  dans  l'industrie.  Ce  sont  le  sulfate  et  le  phosphate  ordinaire 
d'ammoniaque  et  le  tungstate  neutre  de  soude.  Les  deux  premiers  ne  sup- 
portent pas  la  chaleur  du  repassage  sans  se  décomposer  ;  mais  ils  sont  appli- 
cables dans  les  fabriques  où  les  étoffes  sont  apprêtées  par  l'action  de  l'air 
chaud  ou  de  cylindres  chauffés  par  la  vapeur.  Ils  n'attaquent  sensiblement 
ni  la  fibre,  ni  les  couleurs  stables  des  étoffes.  Le  phosphate  d'ammoniaque 
peut  être  mêlé  sans  perdre  beaucoup  de  son  efficacité  avec  la  moitié  de  son 
poids  de  chlorhydrate  d'ammoniaque.  Il  faut  dissoudre  20  pour  100  de  ce 
mélange  pour  avoir  une  solution  efficace.  On  obtient  le  même  résultat  avec 
une  solution  de  7  pour  100  de  sulfate  d'ammoniaque.  Ce  dernier  est  donc 
le  sel  le  plus  économique  qu'on  puisse  proposer  à  l'industrie.  Dans  le  cas 
seulement  où  le  procédé  du  repassage  est  inévitable,  c'est-à-dire  pour 
l'usage  des  blanchisseries,  une  solution  de  20  pour  100  de  tungstate  de 
soude  doit  lui  être  préférée.  Pour  être  tout  à  fait  sûr  du  procédé,  on  ap- 
plique toutes  ces  solutions  aux  étoffes,  après  qu'elles  ont  été  empesées  et 
desséchées,  parce  que  l'amidon  est  toujours  employé  dans  une  solution  plus 
étendue  que  celle  que  demandent  les  sels.  Les  tungstates  acides  détruisent 
la  fibre  du  coton,  comme  font  le  borax,  l'alun  et  plusieurs  autres  substances 
qui  ont  été  antérieurement  recommandées. 

»  Le  tungstate  de  soude  est  préparé  dans  le  Cornwall,  où  les  mines 
d'étain  fournissent  de  grandes  quantités  de  wolfram.  Un  fabricant  de  Plv- 
mouth,  M.  Oxland,  a  le  premier  appliqué  ce  miner;;!  dans  l'industrie.  Après 
avoir  fondu  le  minéral  avec  un  excès  de  carbonate  de  soude,  il  dissout 
cette  masse  dans  l'eau  et  obtient  par  une  ou  deux  cristallisations  de  beaux 
cristaux  de  monotungstate  de  soude.  Il  fait  usage  de  ce  sel  pour  faire  du 
tungstate  de  plomb,  précipité  blanc  qui  peut  remplacer  le  carbonate  de 
plomb  comme  pigment.  A  l'exposition  de  Londres  de  l'année  dernière, 
M.  Versmann  a  exposé  d'autres  couleurs  obtenues  par  ce  sel  :  un  jaune 

46.. 


(  35a  ) 

(l'acide  tungstique),  un  bleu  (l'oxyde  de  tungstène),  un  brun  bronzé  (le 
tungstate  double  de  sodium  et  de  tungstène)  et  un  violet  bronzé  (le  tung- 
state  de  potassium  et  de  tungstène).  On  applique  en  outre  le  tungstène  dans 
la  fabrication  de  l'acier  et  le  tungstate  de  soude  comme  mordant.  Toutes 
ces  applications  n'ont  pas  encore  haussé  considérablement  le  prix  de  ce  sel, 
qui  varie  de  12  a  18  livres  sterling  le  tonneau  anglais  de  22/J0  livres,  de 
3oo  à  45o  fr.  les  100  kilos. 

»  Dans  toutes  les  fabriques  d'Angleterre  on  fait  l'appYèt  des  étoffes  sans 
repassage,  en  les  distendant  et  en  les  agitant  pendant  qu'on  les  expose  à 
une  ventilation  forte  et  une  température  de  3o°  environ.  Dans  toutes  ces 
fabriques  le  sulfate  d'ammoniaque  est  préférable  à  tout  autre  moyen.  Le 
prix  de  ce  sel  est  d'environ  14  livres  sterling  par  tonne.  Toutes  les  usines  de 
gaz,  en  Angleterre,  convertissent  leur  ammoniaque  en  sulfate,  dont  le  prin- 
cipale emploi  est  comme  engrais.    » 

M.  Coulvier-Gravier  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Album  mé- 
téorologique. 

«  Dans  cet  Album,  dit-il,  j'ai  représenté  graphiquement  les  courbes  des 
étoiles  filantes,  de  leurs  perturbations  avec  leurs  diverses  résultantes,  et 
également  les  courbes  représentant  le  niveau  des  eaux  delà  Seine  au-dessus 
ou  au-dessous  de  l'étiage,  à  toutes  les  époques  de  l'année.  L'Album  ren- 
ferme les  années  de  1842  à   1862  inclusivement.  On  y  trouve  : 

»  i°  La  courbe  et  la  résultante  des  directions  affectées  par  les  étoiles 
filantes  dans  une  année  entière,  puis  les  divisions  des  résultantes  de  quatre 
en  quatre  mois;  de  cette  manière  on  voit  mieux  les  périodes  des  hautes  et 
des  basses  eaux  ; 

»  i°  La  courbe  et  la  résultante  des  perturbations  pour  une  année  entière, 
et  également  leurs  divisions  de  quatre  en  quatre  mois  ; 

»  3°  En  regard  de  ces  courbes,  les  courbes  représentant  Je  niveau  pour 
chaque  année  des  eaux  de  la  Seine,  niveau  pris  chaque  jour  à  l'échelle  du 
pont  Royal  par  les  soins  de  la  division  des  Ponts  et  Chaussées  du  départe- 
ment de  la  Seine  confiée  à  M.  Belgrand. 

»  En  comparant  ces  diverses  courbes,  on  y  trouve  la  concordance  existant 
entre  les  produits  météoriques  que  nous  subissons  et  les  signes  précurseurs 
fournis  à  l'avance  par  les  étoiles  filantes. 

»   J'ai  donné  dans  cet  Album  les  courbes  générales  du  phénomène  des 


(  353  ) 
étoiles  filantes  pour  le  Ier  mai  et  pour  le  3i  décembre,  et  j'ai  donné  égale- 
ment les  courbes  des  perturbations.  Il  résulte  de  leur  examen  que  la  forme 
de  ces  courbes,  de  leurs  résultantes,  est  à  très  peu  de  chose  près  la  même  au 
Ier  mai  qu'au  3i  décembre.  J'ai  construit  une  petite  courbe  représentant  les 
apparitions  exceptionnelles  des  9,  10,   11  août. 

»  En  examinant  les  courbes  générales  des  étoiles  filantes,  je  me  suis 
reporté  au  Rapport  que  M.  Arago  a  fait  au  commencement  de  l'année  1847 
sur  le  Catalogue  des  observations  des  étoiles  filantes  par  les  Chinois,  pré- 
senté à  l'Académie  des  Sciences  par  M.  Edouard  Biot.  M.  Arago  faisait 
connaître  à  l'Académie  ce  résultat  singulier,  c'est  que  de  920  à  1275  les 
étoiles  filantes  observées  à  cette  époque  venaient  principalement  des  direc- 
tions S. -E.  au  S. -O.  par  le  S.  Que  voyons-nous  aujourd'hui?  ce  qui  a  été 
signalé  par  les  Chinois  pendant  plus  de  trois  siècles.  Durant  cette  longue 
période,  les  Chinois  ont  rapporté  que  les  grandes  apparitions  d  étoiles 
filantes  étaient  souvent  troublées  et  même  qu'elles  disparaissaient  quelque- 
fois entièrement.  Aujourd'hui  nous  voyons  les  maximum  diminuer,  et  même 
la  grande  apparition  de  novembre  disparue.  Mais  comme  nous  ne  possédons 
pas  de  périodes  assez  longues  de  ce  genre  d'observations,  nous  ne  pousse- 
rons pas  plus  loin  la  comparaison  des  périodes.   » 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Faye,  Delaunay.) 

M.  Boudin  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  De  l'influence  de  l'âge 
relatif  des  parents  sur  le  sexe  des  enfants  » . 

«  Il  résulte  de  cette  étude,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d  envoi  :  i°  que  le 
sexe  masculin  prédomine  quand  le  père  est  plus  âgé  que  la  mère  ;  i°  que  le 
sexe  féminin  prédomine  quand  la  mère  est  plus  âgée  que  le  père;  3°  que 
les  deux  sexes  tendent  à  s'équilibrer,  cependant  encore  avec  une  légère  pré- 
dominance du  sexe  féminin,  quand  le  père  et  la  mère  sont  du  même  âge. 
D'autres  observateurs  sont  arrivés  aux  mêmes  résultats  que  moi,  en  faisant 
des  recherches  sur  d'autres  points  du  globe.  Parmi  ces  observateurs,  je  me 
bornerai  à  citer  M.  Hafacker  à  Tubingue,  M.  Sadler  en  Angleterre, 
M.  Goehlert  à  Vienne,  M.  Boulanger  à  Calais.   » 

Commissaires  précédemment    nommés   :   MM.    Andral,   Rayer,   Bernard, 

Bienaymé.) 


(  354  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  la  première 
livraison  d'une  publication  intitulée  :  «  Matériaux  pour  la  Carte  géologique 
de  la  Suisse,  publiés  aux  frais  de  la  Confédération   ». 

Ce  premier  envoi,  fait  au  nom  d'une  Commission  spéciale  prise  dans  le 
sein  de  la  Société  helvétique  des  Sciences  naturelles,  se  compose  :  i°  d'un 
texte  in-4°  contenant  l'avant-propos  de  la  Commission  et  la  description  du 
Jura  bàlois,  par  M.  le  professeur  Alb.  Muller;  %°  d'un  Atlas  renfermant  la 
Carte  coloriée  du  même  district,  en  quatre  feuilles  à  l'échelle  de  .„  '    „. 

M.  Daubrée  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cet  ouvrage  et  à  en  faire 
l'objet  d'un  Rapport  verbal. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  comme  pièce  imprimée,  mais 
non  publiée,  le  Prospectus  d'une  Société  ayant  pour  but  de  fonder,  au 
moyen  d'un  certain  nombre  de  souscriptions ,  une  Ecole  de  chimie 
pratique. 

«  A  la  suite  de  la  dernière  exposition  de  Londres,  dit,  dans  une  Lettre 
jointe  à  cet  envoi,  M.  Menier,  parlant  au  nom  des  premiers  souscripteurs, 
plusieurs  manufacturiers  ont  pensé  que  la  chimie,  qui  rend  déjà  tant  de  ser- 
vices à  l'industrie,  lui  en  rendrait  encore  davantage  si  l'enseignement  de 
cette  science  était  complété  par  l'enseignement  du  laboratoire.  Ils  ont 
conçu  par  suite  le  projet  de  fonder  une  Ecole  pratique  de  chimie,  réalisant 
ainsi  une  pensée  émise  par  Thenard,  dans  une  Note  qui  date  de  l'an  VIII. 
Ils  espèrent  que  l'Académie  verra  leurs  efforts  avec  bienveillance.  » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  formation  de  quelques  hydrogènes 
carbonés;  par  M.  Ad.   Wurtz.   (Présenté  par  M.  Balard.) 

«   J'ai  fait  voir,  il  y  a  quelque  temps,  que,  par  la  réaction  du  zinc-éthyle 

sur  l'iodure  d'allyle,  il  se  forme  divers  hydrogènes  carbonés  parmi  lesquels 

on  remarque  un  carbure  C5H10  possédant  le  point  d'ébullition  et  la  densité 

de  vapeur  de  l'amylene.    Ce  corps  prend  naissance  évidemment,  en  vertu 

d'une  synthèse  régulière,  par  l'union  de  l'éthyle  du  zinc-éthyle  avec  l'allyle 

de  l'iodure  d'allyle  : 

£sH5-t-€3H5=G5H10. 

»   Il   n'est  point  le  seul  carbure  d'hydrogène  formé  dans  cette  réaction, 


(355) 

qui  donne  naissance,  je  m'en  suis  assuré  par  l'analyse,  aux  hydrogènes 
carbonés  suivants  : 

G!H\       G3H%       €5H10,       G5H'%       €6H'°,       €10H20. 

»  Les  deux  premiers  sont  de  l'éthylène  et  du  propylène  qui  ont  été  aua- 
lysés  à  l'état  de  bromures.  Ils  sont  accompagnés  d'autres  gaz  non  absor- 
bables  par  le  brome,  et  qui  sont  formés  probablement  par  de  l'éthyle  et  de 
l'hydrure  d'éthyle.  L'éthylène  et  le  propylène  sont  le  produit  de  la  réac- 
tion réciproque  des  groupes  éthyle  et  allyle 

e'H'  +  G'H^G'H'  +  C'H1. 

»  Le  carbure  G5 H12  possède  le  point  d'ébullition  et  la  composition  de 
l'hydrure  d'amyle.  Je  l'ai  isolé  et  analysé. 

»  Le  carbure  G6H10  est  l'allyle  çjjj°|  de  M.  Berthelot.  Il  bout  à  5o,°. 

Il  est  caractérisé  par  la  propriété  qu'il  possède  de  former  avec  le  brome  un 
tétrabomure  solide  €6H'°Br4. 

»  Le  carbure  €10H20  a  pu  être  isolé  en  soumettant  à  la  distillation  frac- 
tionnée les  hydrocarbures  les  moins  volatils.  Sa  densité  de  vapeur  a  été 
trouvée  par  l'expérience  4, 80.  La  densité  de  vapeur  théorique  du  diamy- 
lène  est  4>847- 

»  Le  carbure  dont  il  s'agit  a  passé  a  la  distillation  vers  1600.  Il  possède, 
comme  le  diamylène,  la  propriété  de  se  combiner  énergiquement  avec  le 
brome.  Il  s'est  formé  évidemment  par  la  condensation  de  deux  molécules 
du  carbure  €5H10. 

»  Indépendamment  de  ces  hydrogènes  carbonés,  la  réaction  dont  il  s'agit 
donne  encore  naissance  à  d'autres  carbures  bouillant  à  des  températures  su- 
périeures à  2000  et  renfermant  moins  d'hydrogène  que  n'en  exige  la  formule 
€2H2n.  La  formation  de  ces  carbures,  moins  riches  en  hydrogène,  explique 
celle  du  carbure  €5H'2,  qui  est  plus  riche  en  hydrogène  que  les  carbures 
moyens  G2 H2". 

»  Mais  le  principal  objet  de  ce  nouveau  travail  était  la  comparaison  des 
propriétés  du  carbure  G5H10  formé  par  l'action  du  zinc-éthyle  sur  l'iodure 
d'allyle  avec  les  propriétés  de  l'amylèue,  qui  prend  naissance  par  l'action 
du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool  amylique  : 

»  i°  Ce  carbure  G5  H10  possède,  comme  l'amylène,  la  propriété  de  se 
combiner  avec  le  brome  pour  former  un  bromure  G5H10Br2  bouillant  vers 
1800.  Le  carbure  C5H<2  mêlé  avec  le  carbure  G5H'°,  et  qui  ne  se  combine 


(  356  ) 
pas  avec  le  brome,  a  pu  être  séparé  par  distillation  du  liquide  brome  (i). 
Il  bout  à  280,  point  d'ébullition  de  l'hydrure  d'amyle. 

»  a°  Le  bromure  G5H'°Br2  a  été  transformé  en  amylgiycol  €5H15G% 
qui  a  été  analysé. 

»  3°  Une  autre  portion  de  ce  bromure,  traitée  par  la  potasse  alcoolique, 
s'est  dédoublée  en  acide  bromhydrique  et  en  amylène  brome  €5H913r. 

»  4°  Le  carbure  G5H'°  se  combine  avec  l'acide  iodhydrique  et  forme 
un  iodhydrate  C5H'°,  HI  qui  a  été  soumis  à  l'analyse  (2).  Comme  l'iodhv- 
drate  d'amyléne,  ce  corps  réagit  à  la  température  ordinaire  sur  l'acétate 
d'argent,  en  formant  de  l'iodure  d'argent,  et  en  régénérant  en  grande  partie 
le  carbure  primitif. 

»  On  voit  que  le  carbure  G5 H10  dont  il  s'agit  possède  toutes  les  pro- 
priétés de  l'amylène.  Connue  celui-ci,  il  peut,  à  l'état  naissant,  doubler  sa 
molécule  pour  former  le  carbure  €10H20.  J'ai  cru  pouvoir  le  désigner  sous 
le  nom  d  amylène  dans  la  première  Note  que  j'ai  publiée  sur  ce  sujet,  et  je 
pense  que  cela  est  encore  permis  aujourd'hui. 

»  Néanmoins,  la  question  d'isomérie  entre  ce  carbure  d'hydrogène  et 
l'amvlène,  question  que  j'ai  soulevée  dans  ma  première  communication, 
ne  me  paraît  pas  encore  définitivement  résolue  par  mes  recherches;  car  il 
peut  exister  des  isoméries  tellement  fines,  qu'il  serait  impossible  de  les 
découvrir  par  des  expériences  du  genre  de  celles  que  j'ai  pu  instituer. 

»  La  théorie  prévoit  de  telles  isoméries,  et  j'ai  fait  remarquer  antérieure- 

ÎG'H1  1  €3rL 

£,„.   pourrait  être  isomérique  avec  le  carbure     „      j, 

formé  par  l'action  du  zinc-éthyle  sur  l'iodure  d'allyle. 

»  Ces  formules  expriment  le  mode  de  formation  des  carbures  dont  d 
s'agit,  et,  considérées  comme  formules  typiques,  elles  ne  préjugent  rien  sur 
leur  constitution  intime.  Il  se  peut,  en  effet,  que  ces  deux  carbures  soient 
identiques;  car,  au  moment  de  la  réunion  des  deux  groupes,  il  peut  s'ac- 
complir un  mouvement  moléculaire  qui  fixe  la  constitution,  et  que  la  for- 
mule typique  est  impuissante  à  exprimer.  Mais  les  deux  formules  dont  il 
s'agit   pourraient  aussi   indiquer  une  distribution   irrégulière  des  atomes 

(1)  On  sait  que  l'amylène  formé  par  l'action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool  amylique 
est  toujours  mélangé  avec  de  l'hydrure  d'amyle. 

(2)  Le  point  d'ébullition  de  cet  iodhydrate  était  supérieur  de  quelques  degrés  à  celui  de 
l'iodhydrate  d'amyléne.  Mais  il  renfermait  quelques  traces  d'un  iodure  moins  volatil  dont  on 
l'avait  sépare  par  distillation,  et  qui  a  pu  élever  le  point  d'ébullition. 


(  357  ) 
d'hydrogène  entre  les  atomes  de  carbone  dans  le  carbure  G5 H1".   C'est  ce 
point  que  nous  voulons  développer  eu  terminant. 

»  L'hypothèse  la  plus  simple  cpie  l'on  puisse  faire  sur  la  constitution  de 
l'amylène  consiste  à  supposer  que  les  atomes  du  carbone,  entourés  des 
atomes  plus  légers  de  l'hydrogène,  comme  de  satellites,  sont  combinés  cha- 
cun avec  i  de  ces  atomes  d'hydrogène. 

»  Cette  hypothèse  est  exprimée  par  la  formule  . 

GH! 
G  H2 
GH! 
GHS 

€H! 

»  Or,  puisqu'il  est  nécessaire,  pour  que  les  affinités  du  carbone  soient 
saturées,  que  chaque  atome  de  ce  corps,  qui  est  tétralomique,  soit  combiné 
avec  4  unités  de  combinaison,  on  voit  que,  des  5  atomes  de  carbone,  seuls 
les  3  intermédiaires  sont  complètement  saturés;  car  chacun  d'eux  est  com- 
biné avec  2  atomes  d'hydrogène  et  échange  i  unité  de  combinaison  avec  les 
2  atomes  de  carbone  voisins.  Mais  les  i  atomes  de  carbone  placés  aux  ex- 
trémités n'échangent  chacun  avec  son  unique  voisin  qu'une  seule  unité  de 
combinaison.  Il  en  résultequ'ils  ne  sont  point  saturés  et  que  la  saturation 
ne  sera  complète  que  lorsque  chacun  de  ces  atomes  de  carbone  aura  fixé 
une  4e  unité  de  combinaison.  Voilà  pourquoi  le  groupe  tout  entier,  c'est-à- 
dire  l'amylène,  peut  se  combiner  avec  a  atomes  de  brome  ou  de  chlore.  Sans 
vouloir  représenter  la  position  exacte  des  atomes,  on  indique  par  la  formule 
précédente  cette  circonstance  que  3  atomes  de  carbone  sont  en  relation 
étroite  entre  eux  et  avec  les  i  autres,  tandis  qu'il  n'en  est  pas  de  même  pour 
les  2  derniers  atomes,  ceux  des  extrémités,  entre  lesquels  on  peut  supposer 
qu'il  existe  une  plus  grande  distance  ou  une  lacune. 

»  Mais  on  conçoit  aussi  que  les  atomes  d'hydrogène  soient  irrégulière- 
ment partagés  entre  les  atomes  de  carbone.  Sans  vouloir  épuiser  les  hypo- 
thèses qu'on  peut  faire  à  cet  égard,  nous  nous  bornerons  à  en  indiquer  une 
seule. 

»  On  peut  supposer  que  les  atomes  d'hydrogène  sont  distribués  de  telle 
manière  que  3  atomes  de  carbone  soient  combinés  chacun  avec  2  atomes 
d  hydrogène,  que  le  4e  atome  de  carbone  soit  combiné  avec  1  atome  d'hy- 
drogène, et  le  5e  avec  3.  On  peut  admettre  de  plus  que,  suivant  la  place 
qu'occupe  dans  la  molécule  l'atome  de  carbone  qui  n'est  combiné  qu'avec 

C    R  ,  i863,    i«  Semestre.  (T.  LV1,  N°  8.)  47 


(  358  ) 

i  atome  d'hydrogène,  la  structure  de  cette  molécule  est  différente  et  qu'il 
doit  exister  dans  cette  molécule  des  lacunes  qui  sont  indiquées  par  les  ac- 
cents '  et"  et  parles  traits  horizontaux. 


[  g  h  y 

(G  H2)' 

(  G  H2  )' 

y  h2 

(GH)' 

G  H2 

e  11 

GH! 

(GH)' 

G  H2 

G  H2 

G  H2 

G  H3 

GH! 

G  H5 

e  h 

*G2ET 

IG3H5 

G 'H9 

G2  H7 

G*  H5 

(G  H2) 

G  H2 

G  H2 

GHS 

G  H3 

G4H7 

G  H3 

»  Ces  formules  expriment  quatre  arrangements  moléculaires  différents,  et 
par  conséquent  quatre  états  isomériques.  Mais,  quel  que  soit  l'arrangement 
moléculaire,  on  voit  qu'en  aucun  cas  le  groupe  tout  entier,  c'est-à-dire  le 
carbure  G5  H10,  n'est  saturé.  11  en  résulte  que  la  propriété  qu'il  possède  de  se 
combiner  avec  2  atomes  de  brome  ou  avec  i  molécule  d'acide  iodhydrique 
est  indépendante  de  la  structure  moléculaire  des  carbures  G5  H10,  et  que  les 
combinaisons  ainsi  formées  peuvent  être  aussi  différentes  par  l'arrangement 
moléculaire  que  les  carbures  isomériques  eux-mêmes;  car  le  brome  d'un 
côté,  l'hydrogène  et  l'iode  de  l'autre,  se  fixeront  dans  ces  parties  de  la  mo- 
lécule où  il  existe  des  lacunes,  suivant  l'expression  que  nous  avons  employée 
plus  haut.  Mais  on  conçoit  aussi  d'un  autre  côté  que,  bien  que  différant 
par  leur  structure  moléculaire,  ces  combinaisons  soient  singulièrement  rap- 
prochées par  leurs  propriétés.  Voilà  pourquoi  j'ai  dit  plus  liant  qu'il  peut 
exister  des  isoméries  tellement  fines,  qu'il  serait  impossible  de  les  constater 
par  des  expériences  du  genre  de  celles  que  j'ai  pu  instituer  et  qui  sont  rela- 
tivement grossières  lorsqu'il  s'agit  de  décider  des  points  aussi  délicats  de  la 
science.  » 

CHIMIE.  —    Action  de  V ammoniaque  sur  In  poudre-coton.   Nouvelle  réaction 
propre  aux  nitrates;  par  M.  Ernest  Giîignet. 

«  Les  travaux  si  remarquables  de  M.  Paul  Thenard  et  de  M.  Schutzen- 
berger  nous  ont  appris  que  l'ammoniaque  peut  agir  sur  certaines  matières 
organiques  neutres,  notamment  sur  le  coton,  en  produisant  des  substances 
brunes  fortement  azotées.  J'ai  fait  une  observation  du  même  genre,  rela- 
tivement à  la  poudre-coton,  avec  cette  différence  que  la  réaction  est  telle- 
ment facile,  qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'opérer  sous  pression  à  une  tempé- 
rature supérieure  à    ioo°.   Il  suffit  de  faire  bouillir  dans  un  ballon  de  la 


(  359  ) 

poudre-coton  avec  de  l'ammoniaque  liquide  pour  l'attaquer  complètement 
au  bout  de  deux  heures.  On  peut  d'ailleurs  condenser  dans  l'eau  ou  l'alcool 
le  gaz  ammoniac  qui  se  dégage  pendant  l'opération. 

«  J'ai  fait  bouillir  la  liqueur  brune  ainsi  obtenue,  de  manière  à  chasser 
l'excès  d'ammoniaque:  en  ajoutant  quelques  gouttes  d'acide  acétique,  la 
plus  grande  partie  de  la  matière  brune  se  précipite.  En  la  traitant  à  froid 
par  une  dissolution  de  soude  caustique,  on  la  dissout  complètement  et  on 
la  sépare  ainsi  d'une  très-petiie  quantité  de  poudre  non  attaquée. 

»  Ayant  de  nouveau  précipité  la  matière  brune  par  l'acide  acétique  et 
l'ayant  lavée  avec  de  l'eau  pure  (qui  n'en  dissout  qu'une  petite  quantité), 
j'ai  constaté  que  cette  matière  est  fortement  azotée.  Elle  est  soluble  dans  les 
alcalis  et  dans  les  acides  concentrés;  elle  présente  donc  les  mêmes  carac- 
tères que  les  corps  analogues  déjà  décrits. 

»  La  liqueur  de  laquelle  la  matière  brune  a  été  séparée  possède  encore 
une  teinte  brune;  l'acétate  neutre  de  plonib  y  forme  un  précipité  brun  el 
l'eau  mère  ne  présente  plus  qu'une  faible  teinte  jaune. 

»  Ayant  alors  ajouté  du  sous-acétate  de  plomb,  j'ai  obtenu  un  précipité 
blanc,  extrêmement  abondant,  formé  en  grande  partie  d'un  nitrate  de 
plomb  bibasique  Az052PeO,  HO,  déjà  connu  des  chimistes. 

»  J'ai  vérifié  directement  cpie  ce  sel  se  produit  par  l'action  du  sous-acé- 
tate de  plomb  sur  un  nitrate  quelconque.  Il  est  peu  soluble  dans  l'eau  froide 
et  se  sépare  aisément  sous  la  forme  d'une  poudre  cristalline.  On  peut  d'ail- 
leurs le  faire  cristalliser  par  refroidissement  d'une  dissolution  bouillante. 

»  Comme  les  nitrates  ne  donnent  aucun  précipité  caractéristique  avec 
les  réactifs  ordinaires,  l'action  du  sous-acétate  de  plomb  pourra,  je  pense, 
servir  à  les  reconnaître  et  même  à  les  séparer  dans  certains  cas.  Une  liqueur 
qui  renferme  seulement  i  pour  ioo  de  nitre  donne  un  précipité  sensible 
avec  le  sous-acétate  de  plomb.  Quand  on  précipite  ce  dernier  sel  par  le 
nitrate  de  plomb,  l'eau  mère  retient  en  dissolution  une  combinaison  d'acé- 
tate et  de  nitrate  de  plomb  qui  cristallise  en  longues  aiguilles,  et  que  je 
m'occupe  de  soumettre  à  l'analyse. 

»  En  résumé,  outre  la  production  d'une  matière  brune  azotée,  l'action 
de  l'ammoniaque  sur  la  poudre-coton  donne  lieu  à  la  formation  d'une 
grande  quantité  de  nitrate  d'ammoniaque.  J'ai  constaté  aussi  la  présence 
du  nitrite  d'ammoniaque  dans  cette  réaction. 

»  C'est  la  poudre-coton  préparée  pour  collodion  photographique  que  j'ai 
employée  dans  mes  expériences.    » 

47- 


(  36o  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  formation  des  anhydrides  des 
arides  monobasiques;  par  M.  H.  Gal.  (Présenté  par  M.  II.  Sainte-Claire 
Deville.) 

«  L'éther  chlorhydrique,  en  réagissant  sur  les  oxydes  et  les  sulfures 
métalliques,  donne,  comme  on  le  sait,  naissance  à  l'éther  ordinaire  et  au 
sulfure  d'éthyle.  Ses  divers  homologues  se  comportent  exactement  de  la 
même  manière.  Ces  réactions  ont  amené  à  rechercher  comment  les  chlo- 
rures d'acides  se  comporteraient  dans  des  circonstances  analogues.  Je  ne 
parlerai  dans  cette  Note  que  de  l'action  des  oxydes  métalliques  sur  les 
chlorures  d'acétyle  et  de  benzoïle,  me  réservant  d'étudier  plus  tard  l'action 
des  sulfures  sur  ces  mêmes  corps. 

»  Si  l'on  verse  du  chlorure  d'acétyle  sur  de  la  chaux  hydratée  puis  cal- 
cinée, la  réaction  est  des  plus  vives.  La  chaux  devient  même  incandescente 
lorsqu'on  fait  intervenir  une  trop  grande  quantité  de  liquide.  L'oxyde  de 
plomb  au  contraire  est  faiblement  attaqué  par  le  chlorure  d'acétyle,  même  à 
la  température  de  iooou  de  i5o°.  Entre  ces  deux  corps  dont  l'action  est 
ou  trop  vive  ou  trop  peu  énergique,  il  fallait  trouver  un  autre  oxyde  qui 
réagît  avec  plus  de  régularité  sur  le  chlorure  d'acétyle.  La  baryte  caus- 
tique remplit  parfaitement  cette  condition. 

»  Si  l'on  introduit  un  équivalent  de  chlorure  d'acétyle  et  un  équivalent 
de  baryte  anhydre  dans  des  tubes  que  l'on  scelle  à  la  lampe,  la  réaction 
commence  à  froid  et  se  trouve  complètement  achevée  après  quelques  heures 
d'exposition  au  bain-marie.  Si  l'on  distille  alors  le  contenu  des  tubes,  la 
température  s'élève  rapidement  et  reste  bientôt  stationnairc  vers  1370.  Le 
liquide  qui  passe  à  cette  température  présente  tous  les  caractères  de  l'acide 
acétique  anhydre.  Soumis  à  l'analyse,  il  a  fourni  les  résultats  suivants  : 

»  ogr,4i7  de  substance  ont  donné  0,711  d'acide  carbonique  et  0,220 
d'eau,  ce  qui  correspond  à  la  composition  : 

C 46,9 

H 5,9 

La  formule  C*  H8  O3  exige 

C 47'1 

H3 5,8 

»    L'oxyde  de  plomb  réagit  sur  le  chlorure  de  benzoïle  a  la  température 


(  36 1  ) 
de  i5o°,  mais,  comme  précédemment,  c'est  la  baryte  caustique  qui  fournit 
les  meilleurs  résultats. 

»  Si  l'on  chauffe  entre  i4o  et  i5o°  un  équivalent  de  chlorure  de  benzoïle  et 
un  équivalent  de  baryte,  la  réaction  est  complète  au  bout  de  vingt  heures  en- 
viron. Le  liquide  retiré  des  tubes  encore  chauds  ne  tarde  pas  à  se  prendre 
en  une  masse  cristalline;  on  constate  en  même  temps  la  formation  d'une 
grande  quantité  de  chlorure  de  baryum.  Les  cristaux  distillent  au-dessus 
de  3oo°.  Ils  ont  présenté  tous  les  caractères  de  l'acide  benzoïque  anhydre, 
ainsi  que  sa  composition.  En  effet,  osr,358  de  substance  ont  fourni  0,973 
d'acide  carbonique  et  o,i4>  d'eau,  ce  qui  donne 

c 74-  ! 

H 4:4 

La  formule  C1*  H5  O3  exige 

C 74,3 

H 4,4 

»   La  formule  de  la  réaction  peut  s'écrire  de  la  manière  suivante 

CMH502CI  4-BaO  =  CMH508+  BaCl. 

Mais  il  est  évident,  d'après  les  travaux  de  Gerhardt,  qu'il  faut  admettre  dans 
cette  réaction  deux  temps  parfaitement  tranchés  :  dans  le  premier  il  y  au- 
rait formation  de  chlorure  de  baryum  et  de  benzoate  de  baryte,  tandis  que 
dans  le  second  le  chlorure  de  benzoïle  réagirait  sur  le  benzoate  formé  pour 
engendrer  l'acide  benzoïque  anhydre. 

»  Pour  assurer  le  succès  de  ces  expériences,  il  faut  éviter  d'employer 
un  excès  d'oxyde,  les  acides  anhydres  étant  décomposés  dans  ces  conditions. 

»  Ces  recherches  ont  été  exécutées  à  l'École  Polytechnique  dans  le  labo- 
ratoire de  M.  Cahours.   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  deux  nouveaux  types  de  nuages  observés  à  ht  Havane, 
dénommés  Pallinm  (Pallio-cirrus  et  Pallio-cumulus)  et  Fracto-cumulus  ; 
extrait  dune  Lettre  de  M.  Poey  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Le  seul  travail  fondamental  qui  ait  été  produit  jusqu'ici  sur  les  nuages, 
en  dehors  de  la  cause  première  de  leur  suspension  et  de  leur  constitution 
intime,  est  certainement  la  belle  classification  imaginée  en  1802  par  Luke 
Howard.  Les  types  principaux  qui  ont  servi  de  base  a  sa  nomenclature 
ont  été,  comme  l'observe  M.  Rœmtz,  très-heureusement  choisis  en  ce  sens 
qu'ils  se  rattachent  à  des  modifications  atmosphériques  antérieures,  et  nous 


;   36a   ) 
fournissent  eu  même  temps  des  indications  sur  les  changements  de  temps 
à  venir. 

»  Après  soixante  ans  presque  révolus  aucune  uouvelle  tentative  de  ce 
genre  n'ayant  été  faite,  sauf  la  détermination  des  strato-cumulus  proposée 
par  M.  Kcemtz,  aujourd'hui,  je  viens  signaler  l'existence  de  deux  nouveaux 
types  de  nuages,  que  l'on  observe  dans  tout  leur  développement  sous  la 
latitude  de  la  Havane,  types  qui  n'ont  pas  encore  été  suffisamment  distin- 
gues des  autres  modifications. 

»  Je  distinguerai  le  premier  de  ces  types  par  la  dénomination  de  pallium. 
Suivant  leurs  caractères  généraux,  comme  l'indique  l'expression,  les  pallium 
offrent  l'apparence  d'un  manteau  ou  d'un  voile  d'une  dimension  considé- 
rable, d'une  texture  très-serrée,  ayant  ses  bords  nettement  déterminés, 
d'une  marche  excessivement  lente,  embrassant  au  delà  de  l'étendue  de  la 
voûte  du  ciel  visible. 

»  Les  pallium,  étant  uniquement  le  produit  des  cirrus  ou  des  cumulus,  se 
subdivisent  encore  enpatlio-cirrus  et  en  pallio-cumulus,  suivant  leur  origine, 
leur  nature  et  leurs  propriétés  météorologiques,  que  voici  : 

»  Les^pallio-cirrus,  outre  les  caractères  généraux  déjà  signalés,  sont  d'une 
couleur  blanc-perle,  d'une  texture  plus  serrée,  plus  lents  dans  leurs  mou- 
vements et  plus  élevés  que  les  pallium  qui  dérivent  des  cumulus,  bien  qu'ils 
se  présentent  au-dessous  des  cirrus  purs.  Ils  sont  impénétrables  aux  rayons 
solaires,  et  la  lumière  diffuse  qu'ils  réfléchissent  n'offre  aucune  trace  de 
polarisation,  lorsque  ce  type  est  parfaitement  caractérisé.  Alors  ils  apparais- 
sent généralement  vers  l'horizon  S.-O.,  accusant  la  présence  du  couranl 
équalorial su périeur,  et  déterminent  la  chute  de  la  pluie  tant  qu'ils  demeu- 
rent au-dessus  et  en  regard  d'une  seconde  couche  inférieure  ou  de  pallio- 
cumulus. 

»  A  leur  approche  le  baromètre  baisse,  le  thermomètre  monte,  l'humi- 
dité relative  augmente,  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  diminue,  et  le  vent 
à  la  surface  de  la  terre  ne  tarde  pas  à  souffler  de  cette  direction. 

»  Les  pallio-cumulus,  au  contraire,  sont  d'une  couleur  noirâtre  ou  d'ar- 
doise, moins  compactes,  plus  rapides,  moins  hauts  que  les  antérieurs,  mais 
comme  eux  ils  sont  encore  plus  élevés  que  les  cumulus  purs  qui  les  engen- 
drent. Parfois,  lorsqu'ils  sont  moins  serrés,  ils  offrent  quelques  traces  très- 
faibles  de  lumière  polarisée.  Dans  leur  développement  complet  ils  appa- 
raissent vers  une  direction  inverse  aux  premiers,  c'est-à-dire  du  N.-E., 
et  accusent  alors  le  courant  polaire  qui  se  propage  dans  une  couche  infé- 
rieure. A  leur  approche  on  observe  des  manifestations  inverses  à  celles  qui 


(  363  ) 
caractériseut  les  pallio-cirrus  :  le  baromètre  monte,  le  thermomètre  descend, 
l'humidité  relative  diminue,  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  augmente,  mais 
le  vent  ne  tarde  point  aussi  à  souffler  de  cette  direction. 

«  Les  deux  apparitions  de  pallium  les  plus  remarquables  qui  eurent  lieu 
dans  le  courant  de  l'année  passée  furent  les  suivantes  :  le  18  mars  à  10  heures 
du  matin  le  bord  antérieur  d'un  pallio-cirrus  commença  à  envahir  l'horizon 
S.-O.  Ce  manteau  couvrit  par  degrés  toute  l'étendue  du  ciel,  sauf  une  partie 
du  premier  et  du  quatrième  cadran,  et  disparut  complètement  à  8  heures  du 
soir  vers  le  S.-E.,  où  son  bord  postérieur  se  perdit  de  vue;  i!  avait  donc  mis 
dix  heures  à  traverser  notre  horizon  apparent.  Pendant  ce  temps,  il  y  avait 
encore  un  contre-courant  supérieur  rendu  uniquement  sensible  par  la  résis- 
tance qu'il  opposait  à  la  marche  du  pallio-cirrus  vers  la  région  du  N.  et  par 
l'apparition  entre  5  et  6  heures  du  malin  de  quelques  fragments  de  cirrus  du 
N.-O.  très-rapides.  Ces  fragments  reparurent  à  midi,  mais  au-dessous  des 
pallio-cirrus ,  et  paraissaient  être  d'égale  force  que  le  courant  du  manteau  de 
cirrus;  celui-ci  demeura  stationnaire  jusqu'à  4  heures  du  soir  que  le  premier 
l'emporta  sur  ce  dernier,  dételle  sorte  que  le  pallio-cirrus  fut  refoulé  vers 
le  zénith  et  disparut  à  8  heures  à  l'horizon  S.-E.,  ayant  une  inclinaison  de 
l'O.-S.-O.  au  N.-E.  L'apparition  des  cirrus  du  N.-O.  à  midi  anticipa  à 
3  heures  l'heure  de  la  marée  minimum  du  baromètre  qui  fut  de  ,]65mm,\o, 
phénomène  qui  coïncida  à  la  fois  avec  le  maximum  du  vent  qui  parcourait 
à  cette  heure  7m,48  par  seconde,  ayant  oscillé  toute  la  journée  du  S.-E. 
au  S.  La  lumière  réfléchie  par  ce  pallio-cirrus  remarquable  n'offrit  aucune 
trace  de  polarisation. 

»  Voici  maintenant  un  exemple  d'un  manteau  de  cumulus  bien  plus 
étendu  :  trois  jours  plus  tard,  le  i\  mars,  à  4  heuresdu  matin,  le  bord  anté- 
rieur d'un  paltio-cumulus  se  présenta  vers  l'horizon  du  quatrième  cadran, 
le  couvrant  entièrement;  à  5  heures  il  s'étendait  longitndinalement  du 
N.-N.-E  à  l'O.-S.-O.,  progressant  de  plus  en  plus  rapidement;  à  6  heures, 
il  avait  déjà  dépassé  le  zénith,  et  enfin  à  8  heures  il  atteignait  l'horizon 
opposé  vers  le  S.-E.  Ce  manteau  enveloppa  ainsi  toute  l'étendue  visible  du 
ciel  jusqu'à  4  heures  du  soir  qu'on  vit  apparaître  à  l'horizon  du  quatriemr 
cadran,  d'où  il  était  parti,  son  extrémité  postérieure,  qui  atteignit  le  zénith 
entre  9  et  10  heures  du  soir  et  disparut  à  l'horizon  S.-E.  du  second  cadran 
à  3  heures  de  la  matinée  du  22,  où  le  bord  antérieur  avait  déjà  disparu 
la  veille  à  8  heures  du  matin.  Ainsi,  entre  la  première  apparition  du  bord 
antérieur  auN.-O.  etla  dernière  disparition  du  bord  postérieur  au  S.-E.,  il 
s  écoula  vingt-trois   heures.  La    lumière   réfléchie    par  ce   pallio-cumulus 


(  364  ) 
considérable  était  parfois  légèrement  polarisée  dans  ses  portions  les  moins 
compactes. 

»  Je  proposerais  en  outre  le  nom  de  fracto-cumultts  pour  ces  fragments 
de  cumulus  qui  diffèrent  soit  physiquement,  soit  quant  à  l'époque  de  leur 
apparition,  soit  encore  quant  à  l'état  atmosphérique  qu'ils  déterminent,  des 
cumulus  (balle  de  coton)  proprement  nommés  par  Howard,  ou  nuages 
d'été,  se  montrant  presque  toujours  sous  la  forme  d'une  moitié  de  sphère, 
reposant  sur  une  base  horizontale,  et  semblables  dans  le  lointain  à  des 
montagnes  couvertes  de  neige.  Les  fraclo-cumulus  sont  au  contraire  dis- 
tancés, sans  forme  déterminée,  couleur  d'ardoise  ou  gris,  moins  denses, 
plus  rapides,  plus  bas,  visibles  le  jour  et  la  nuit,  en  dehors  d'autres  considé- 
rations météorologiques  dans  lesquelles  il  serait  trop  long  d'entrer  pour  le 
moment.  » 

M.  Guérin-Mêxeville,  dans  une  Lettre  adressée  à  M.  le  Président,  fait 
connaître  le  nom  de  l'inventeur  du  procédé  au  moyen  duquel  ont  été  obte- 
nues les  flottes  de  soie  grége  de  cocons  du  ver  à  soie  de  l'ailante  qu'il  avait 
présentées  à  l'Académie  dans  l'avant-dernière  séance.  Cet  inventeur  est 
M.  Aubenas  fils,  de  Loriol  (Drôme). 

«  M.  Aubenas,  ajoute  l'auteur  de  la  Lettre,  a  mis  en  pratique,  dans  une 
usine  considérable,  un  appareil  de  torsion  à  dévidage  régulier  et  simultané 
pour  la  filature  de  la  soie,  au  moyen  duquel  il  obtient,  entre  autres,  des  co- 
cons doubles,  une  soie  de  première  qualité.  Ces  cocons  doubles,  qui  entrent 
dans  la  production  indigène  et  étrangère  pour  une  moyenne  de  5  à  10 
pour  ioo,  n'avaient  produit  jusqu'ici  que  de  la  soie  dont  le  prix  varie  de 
■2oà  25  francs  le  kilogramme.  Au  moyen  de  son  appareil,  M.  Aubenas  en  tire 
un  fil  de  la  valeur  de  45  à  55  fr.  le  kilogramme.   » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  É.  D.  B. 


ERRATA. 

(Séance  du  16  février  1 863.  i 
Page   291,  ligne    23,   au  lieu  de  au-dessus,   lisez  au-dessous. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  2  MARS  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HYGIENE  PUBLIQUE.  —  Note  sur  la  ventilation  des  nouveaux  théâtres  de  Paris; 

par  M.  le  Général  A.  Morin. 

«  En  offrant  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  26  août  1861,  le  Rapport 
de  la  Commission  chargée  d'examiner  les  projets  présentés  pour  le  chauffage 
et  la  ventilation  des  nouveaux  théâtres,  alors  en  construction  sur  la  place 
du  Chàtelet,  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  dire  que  je  ferais  ultérieurement 
connaître  les  résultats  qui  seraient  obtenus  à  l'aide  des  dispositions  que 
nous  avions  cru  devoir  proposer. 

»  Rien  que  dans  l'exécution  l'on  se  soit  notablement  éloigné  en  certains 
points  de  ces  indications  déduites  des  principes  de  la  science  et  des  expé- 
riences directes  que  nous  avions  faites  pour  étudier  la  question,  les  résultats 
obtenus,  quand  les  appareils  fonctionnent  régulièrement,  sont  généralement 
assez  favorables  pour  montrer  que  nous  étions  dans  la  véritable  voie  qui 
pouvait  conduire  à  la  solution,  et  que,  si  on  nous  y  avait  plus  complètement 
suivis,  l'on  n'aurait  pas  éprouvé  certains  inconvénients  plus  ou  moins  gra- 
ves pour  le  public. 

»  Avant  de  faire  connaître  les  résultats  obtenus,  je  rappellerai  d'abord 
les  bases  principales  du  programme  et  des  projets  approuvés  par  la  Com- 

C.  R.,   i863,   \"  Semestre,    (T.  LVI,  N°  9.)  4^ 


(  366  ) 
mission  dont  j'avais  l'honneur  d'être  le  Rapporteur,  et  qui  comptait  dans 
son  sein  MM.  Dumas,  président,  et  Chaix-d'Est-Ange,  sénateurs;  Pelouze, 
Rayer,  Caristie,  Gilbert  et  Baltard,  membres  de  l'Institut,  et  Grassi,  phar- 
macien. Ces  bases  consistaient  à  introduire  l'air  : 

»  i°  Comme  l'avait  proposé  Darcet,  au-dessous  des  loges  des  galeries  et 
des  amphithéâtres,  par  des  doubles  fonds  ou  entrevous,  disposés  à  cet 
effet  sur  tout  le  pourtour  de  chaque  étage; 

»  2°  Par  l'avant-scéne  et  par  des  ouvertures  ménagées  dans  les  parois 
verticales  du  mur  de  refend  qui  sépare  la  scène  de  la  salle  ; 

»  3°  Par  des  ouvertures  auxiliaires  destinées  à  la  ventilation  d'été,  ména- 
gées sous  les  planches  des  corridors  à  chaque  étage  de  loges,  et  prenant  l'air 
à  l'extérieur. 

»  Quant  à  l'évacuation  de  l'air  vicié  de  la  salle,  elle  devait  avoir  lieu  par 
des  bouches  d'appel  placées  au  niveau  et  au  fond  des  loges  et  des  galeries, 
ou  dans  les  parois  verticales  des  gradins  des  amphithéâtres. 

»  La  chaleur  des  tuyaux  de  fumée  pendant  l'hiver,  celle  de  tous  les  appa- 
reils d'éclairage  en  toute  saison,  des  foyers  et  des  becs  de  gaz  auxiliaires 
pendant  l'été,  devaient  donner  à  l'appel  l'énergie  nécessaire. 

»  Le  volume  d'air  à  extraire  des  salles  ne  devait  pas  être  inférieur  a 
3o  mètres  cubes  par  heure,  par  spectateur,  en  supposant  ces  salles  pleines. 

»  Le  projet  rédigé,  d'après  ces  bases,  pour  le  théâtre  du  Cirque,  malgré 
l'approbation  accordée  aux  principes  qui  y  avaient  été  suivis,  fut  écarté  par 
le  Conseil  municipal,  et  celui  qui  était  relatif  au  Théâtre-Lyrique  fut  seid 
adopté  dans  son  ensemble. 

»  Sans  entrer  ici  dans  des  détails  qui  ne  seraient  pas  à  leur  place,  je  me 
bornerai  à  dire  que  pour  le  Théâtre-Lyrique,  parmi  les  dispositions  pres- 
crites par  la  Commission  pour  l'admission  de  l'air  nouveau,  l'une  a  été  re- 
connue gênante,  surtout  pour  les  musiciens,  et  l'autre  a  été  omise,  malgré 
nos  réclamations,  par  l'architecte. 

»  La  première,  à  laquelle  nous  avions  été  conduits  à  regret,  consistait  à 
admettre  une  partie  de  l'air  nouveau  par  un  long  et  étroit  orifice,  ménagé 
concentriquement  à  la  rampe  d'éclairage  du  côté  des  acteurs.  Il  était  à  crain- 
dre, et  il  est  arrivé  en  effet,  que  l'air  affluent  chaud  ou  frais  fût  trouvé  in- 
commode par  les  artistes  placés  à  proximité.  Il  fallut  y  renoncer  peu  de 
temps  après  l'ouverture  du  théâtre  :  ce  qui  m'a  de  plus  en  plus  confirmé 
dans  l'opinion  qu'il  ne  faut  laisser  affluer  l'air  nouveau  que  loin  des  per- 
sonnes. 

»  Mais  outre  cette  suppression  reconnue  nécessaire,  il  en  a  été  fait,  contre 


(  367  ) 
nos  avis,  une  autre  plus  fâcheuse  et  que  rien  ne  motivait,  c'est  celle  des 
prises  d'air  extérieur  destinées  à  introduire  directement,  pendant  l'été,  dans 
les  entrerons  des  divers  étages  de  places  de  l'air  frais,  au  lieu  de  l'obliger  à 
parcourir  inutilement  les  conduits  venant  du  soubassement  de  l'édifice.  Il 
esta  craindre,  en  effet,  cpie  dans  la  saison  des  chaleurs,  l'alimentation  d'air 
frais  ne  soit  pas  suffisante  pour  empêcher  l'élévation  de  la  température  inté- 
rieure. Après  avoir  fait  à  diverses  reprises  ce  qui  dépendait  de  nous  pour 
l'exécution  de  cette  disposition,  dont  l'expérience  a  prouvé  ultérieurement 
toute  l'efficacité  au  théâtre  du  Cirque,  où  elle  n'a  été  introduite  que  tardive- 
ment, nous  ne  pouvons  accepter  la  responsabilité  de  son  omission. 

»  Si  les  moyens  d'introduction  de  l'air  nouveau,  que  nous  avions  pro- 
posés, ont  été  restreints,  d'abord  dans  la  construction,  et  bien  plus  encore 
ensuite  par  le  directeur  du  ce  théâtre,  l'énergie  de  l'appel  de  l'air  vicié  a  été 
à  l'inverse  considérablement  augmentée  par  l'adoption  d'un  mode  d'éclairage 
qui  consiste,  comme  on  lésait,  en  un  plafond  entièrement  vitré,  au  delà  duquel 
sont  disposés  1 160  becs  pouvant  brûler  par  heure  jusqu'à  236  mètres  cubes 
de  gaz,  mais  dont  la  consommation  a  été  successivement  réduite  à  1 27  mètres 
cubes.  La  chaleur  considérable  que  produit  cet  éclairage  détermine  dans 
la  coupole  et  à  la  base  de  la  cheminée  d'évacuation  une  élévation  de  tem- 
pérature qui  active  l'appel  de  l'air  vicié. 

»  Pour  ne  pas  fatiguer  l'attention  de  l'Académie,  je  me  bornerai  à  lui 
faire  connaître  les  résultats  des  expériences  exécutées  par  mes  soins,  pour 
déterminer  les  volumes  d'air  nouveau  introduit  et  d'air  vicié  extrait  pen- 
dant les  représentations,  ainsi  que  ceux  des  observations  de  température. 

Résultats  des  observations  faites  au  Théâtre-Lyrique. 

VOLIMES    D'AIR 

DATES  introduit  extrait 

par  heui e  par  heure. 

me  me 

24  septembre  1862.  19685  67  7^8 

9  décembre  1862. .         3o85o  6oo5i 


ml  [  Ml.    D'AIR 

extrait 

TEMPÉRATURE 

par  heure 

extérieure.             intérieure. 

et  par  place. 

me 

0          •                   0 

4o,8o 

l6,8                        22 

36,28 

8,0                 20   à    22° 

Moyenne 38,54 

»  Nota.  Nous  devons  indiquer  que  la  faiblesse  du  volume  d'air  intro- 
duit le  i(\  septembre  par  le  conduit  d'appel  tenait  à  la  présence  d'une  abon- 
dante végétation  de  lierre,  que  l'on  avait  planté  à  son  entrée  dans  le  square 
Saint-Jacques,  pour  la  masquer  aux  yeux.  Dès  que  ce  lierre  a  été  enlevé,  le 

43.. 


(  368  ) 

volume  d'air  introduit  par  ce  conduit  s'est  élevé  à  26000  mètres  cubes  par 
heure,  ainsi  que  cela  avait  déjà  été  observé  précédemment. 

»  Le  volume  moyen  de  38mc,54  d'air  vicié  évacué  par  heure  et  par  place 
excède  de  0,28  celui  de  3o  mètres  cubes  qui  avait  été  demandé. 

»  Quant  aux  températures,  des  observations  suivies  le  9  décembre  pen- 
dant toute  une  représentation,  depuis  81' 3o' jusqu'à  iib3o',  ont  montré 
(pie  la  température  intérieure  avait  été  à  très-peu  près  la  même  à  tous  les 
étages  de  places,  et  en  moyenne  de  22°,5. 

<>  D'autres  observations  continuées  pendant  vingt  et  un  jours,  du  18  no- 
vembre au  21  décembre  1862,  ont  donné  pour  les  valeurs  moyennes  des 
températures  : 

A  la  scène 1 8°,q 

Aux  stalles  d'orchestre  et  aux  baignoires.  .  .  21  ,6 

Aux  divers  étages  de  loges 22  ,4 

A  l'amphithéâtre,  4e  étage 23  ,3 

»  Pendant  cette  période  le  jour  le  plus  froid  a  été  le  16  décembre,  où  la 
température  extérieure  a  été  égale  à  —  o°,5,  et  malgré  cela  les  températures 
intérieures  ont  été 

A  la  scène 18  à    190 

Aux  stalles  d'orchestre  et  aux  baignoires.  .  .      22° 
A  l'amphithéâtre    a3 

»  Le  jour  le  plus  chaud  a  été  le  7  décembre  où  la  température  extérieure 
a  été  de  -+-  i3°.  Les  températures  intérieures  ont  été 

A  la  scène 1 8°,5 

Aux  stalles  d'orchestre  et  aux  baignoires.  .  .  23  ,5 

Aux  loges 22  ,5 

A  l'amphithéâtre 23°, 5  à   24",5 

»  Des  dispositions  analogues  à  celles  du  Théâtre-Lyrique  ont  été  intro- 
duites au  nouveau  théâtre  de  la  Gaîté.  L'on  y  a  aussi  omis  l'emploi  des  ori- 
fices directs  de  prise  d'air  pour  la  saison  d'été  aux  différents  étages  ;  mais 
on  les  a  remplacés  par  des  ouvertures  ménagées  au  pourtour  du  cadre  du 
rideau  et  qui  sont  spécialement  réservées  pour  cette  saison. 

»  Des  expériences  exécutées  le  i3  janvier  dernier  ont  montré  que,  mal- 
gré les  proportions  trop  faibles  données  aux  conduits  et  surtout  aux  débou- 
chés d'arrivée  de  l'air  nouveau,  le  volume  de  cet  air  pouvait  s'élever  à   12 


(  369) 
ou  i5  mètres  cubes,  et  celui  de  l'air  vicié  extrait  à  29™%  2  par  heure  et  par 
place. 

»  L'observation  des  températures  faite  le  même  jour  nous  a  montré 
qu'elles  étaient  : 

o 

A  l'extérieur n  ,  o 

Au  parterre. 22  ,0 

A  l'orchestre 2 1  , 5 

A  lu  première  galerie ;  22,0 

A  l'amphithéâtre 25  jO 

»  Mais  il  convient  de  dire  que  la  consommation  de  gaz  qui,  d'après  le 
nombre  de  1689  becs  ou  trous,  devrait  être  voisine  de  202  mètres  cubes  par 
heure,  est  réduite  par  économie,  en  moyenne,  à  63  mètres  cubes,  ce  qui 
restreint  considérablement  l'activité  de  l'appel  et  favorise  l'élévation  de  la 
température. 

»  Ce  qui  prouve  la  grande  influence  de  cette  restriction  de  l'éclairage, 
c'est  que  des  expériences  préliminaires,  faites  avec  un  éclairage  complet, 
avaient  montré  que  le  volume  d'air  évacué  pouvait  s'élever  alors  à  94  000  mè- 
tres cubes  par  heure. 

»  Il  est  bien  rare  d'ailleurs  que  toutes  les  places  soient  occupées;  et 
comme  l'on  peut,  quaud  cela  arrive,  donner  à  l'éclairage  plus  d'activité,  les 
sections  des  passages,  quoique  un  peu  trop  faibles  à  ce  théâtre,  permet- 
traient l'introduction  d'un  volume  d'air  suffisant  pour  empêcher  la  tempé- 
rature intérieure  de  s'élever  au  delà  de  220  à  i'5°  aux  étages  des  loges,  et 
de  24°  à  a5°  à  l'amphithéâtre. 

»  Nous  en  avons  eu  tout  récemment  la  preuve,  le  23  février,  jour  où  Leurs 
Majestés  ont  assisté  à  une  représentation.  La  salle  contenait  1 434  specta- 
teurs, et  pendant  toute  la  séance,  qui  a  duré  quatre  heures,  la  tempé- 
rature intérieure,  aux  loges  de  première  galerie,  est  restée  comprise  entre 

22°  à  23°,  5. 

»  Quant  au  théâtre  du  Cirque,  quoique  les  dispositions  adoptées  pour 
l'introduction  de  l'air  et  même  pour  l'évacuation  soient  beaucoup  moins 
complètes  que  celles  que  la  Commission  avait  indiquées,  nous  avons  pu  y 
constater,  le  11  août  1862,  que  le  volume  d'air  évacué  s'élevait  alors  a 
près  de  107  000  mètres  cubes  par  heure,  ce  qui,  pour  les  2976  places  qui 
existent  à  ce  théâtre,  correspond  à  36  mètres  cubes  par  heure  et  par  place. 

»  Mais  le  volume  d'air  introduit  par  les  orifices  réguliers  disposés  à  cet 
effet,  s'est  trouvé  réduit  à  moins  du  tiers  de  ce  chiffre  par  suite  des  dispo- 
sitions incomplètes  qui  ont  été  prises. 


(37o) 

»  Il  convient  d'ajouter  que  depuis  que,  les  observations  précédentes  ont 
été  faites,  il  a  été  apporté  au  service  des  appareils  de  telles  restrictions  et  de 
telles  négligences,  que  les  résultats  sont  loin  d'être  les  mêmes.  Des  résultats 
d'expériences  faites  le  16  janvier  1 863  semblent  en  effet  indiquer  que  le 
volume  d'air  évacué  ce  jour-là  n'était  que  de  53ooo  mètres  cubes  environ 
ou  de  i7mc,8o  par  place,  au  lieu  de  celui  de  3o  mètres  cubes  qui  avait  été 
fixé  comme  limite  inférieure. 

»  Dans  ce  théâtre  on  a  pu  constater  un  fait  important  au  point  de  vue 
de  l'art  :  c'est  l'efficacité  des  prises  d'air  extérieur  directes  que  nous  avions 
prescrites  pour  la  ventilation  d'été;  car  l'ingénieur  chargé  de  la  construc- 
tion des  appareils  y  ayant  eu  recours  pour  les  deux  étages  inférieurs,  en 
revenant  en  quelque  sorte  par  nécessité  aux  indications  de  la  Commission, 
il  a  obtenu  l'introduction  de  près  de  i3ooo  mètres  cubes  d'air  par  heure 
à  ces  deux  étages,  quoique  les  passages  qu'il  a  pu  ménager  n'eussent  que 
que  om,07  àom,o8  de  hauteur,  au  lieu  de  om,  i5  qu'on  aurait  pu  leur  don- 
ner à  l'origine.  Si  cette  disposition  avait  été  prise,  comme  nous  l'avions 
demandé  primitivement  pour  tous  les  étages,  avec  des  proportions  conve- 
nables, il  est  évident  que  l'on  eût  pu,  par  ces  seuls  orifices,  obtenir  l'intro- 
duction de  près  de  5o  ooo  mètres  cubes  d'air  nouveau  par  heure. 

»  11  faut  espérer  que  cette  démonstration  expérimentale  si  con- 
cluante de  l'exactitude  des  principes  qui  nous  avaient  guidés  quand  nous 
avons  insisté  sur  l'utilité  de  ce  mode  d'introduction  de  l'air  pour  la  saison 
d'été,  paraîtra  désormais  assez  claire  pour  que,  dans  des  travaux  futurs,  on 
en  tienne  compte. 

»  Il  convient  de  dire  que  la  Commission  avait  indiqué  pour  le  théâtre 
du  Cirque  la  construction  d'une  cheminée  spéciale  d'évacuation  qui,  d'après 
le  projet  qu'elle  avait  approuvé,  devait  être  placée  au-dessus  de  la  scène 
pour  le  cas  des  représentations  où  il  y  aurait  des  combats  simulés  dans 
lesquels  on  consommerait  beaucoup  de  poudre.  Cette  cheminée,  qui  ne 
devait  être  ouverte  qu'au  moment  nécessaire,  aurait  été  munie  de  becs  de 
gaz  pour  activer  l'appel  de  la  fumée  et  pour  l'empêcher  de  se  répandre 
dans  la  salle.  L'on  a  négligé  cette  indication,  et  l'expérience  n'a  pas  tardé 
à  manifester  les  conséquences  de  cette  omission.  Pendant  les  représenta- 
tions de  la  pièce  nouvelle,  intitulée  ta  Bataille  de  Marengo,  la  fumée  de  la 
poudre,  entraînée  par  le  courant  d'air  général  qui,  par  suite  des  disposi- 
tions prises,  se  forme  de  la  scène  vers  le  fond  de  la  salle,  arrive  à  tous  les 
étages  de  places  et  devient  très-incommode  pour  les  spectateurs.  La  tem- 
pérature s'élève  aux  étages  supérieurs  de  places  à  29  et  3o°,  tandis  qu'elle 
ne  devrait  pas  dépasser  2a  à  2/J0- 


(37.  ) 

»  Lorsque  des  appareils  donnés,  bien  construits  et  en  bon  état,  ont 
fourni  facilement  pendant  un  certain  temps  des  résultats  comme  ceux  que 
nous  avons  obtenus,  il  suffit  évidemment  d'une  surveillance  active  et  d'une 
bonne  volonté  intelligente  pour  obtenir  ces  mêmes  résultats  avec  conti- 
nuité. Par  conséquent  si,  dans  quelqu'une  de  ces  salles  de  spectacle,  il  fait 
tantôt  trop  froid,  tantôt  trop  chaud,  il  est  bon  que  le  public  sache  que  ce 
n'est  pas  aux  appareils  ni  aux  dispositions  adoptées  qu'il  doit  s'en  prendre, 
mais  bien  à  ceux  qui,  au  lieu  de  les  maintenir  en  activité  comme  ils  en  ont 
contracté  l'obligation,  s'efforcent  dans  des  vues  d'économie  mal  entendue 
d'en  restreindre  les  effets. 

»  L'administration  de  la  ville  de  Paris  saura  prendre,  nous  n'en  doutons 
pas,  des  mesures  pour  que  les  sacrifices  qu'elle  a  si  libéralement  faits  pour 
procurer  au  public  une  amélioration  désirée  depuis  longtemps  pour  les 
théâtres  ne  soient  pas  rendus  inutiles. 

»  En  résumé,  les  expériences  exécutées  au  Théâtre-Lyrique  et  au  théâtre 
de  la  Gaîté,  où  l'on  a  appliqué,  quoique  d'une  manière  incomplète  et  un 
peu  trop  restreinte,  les  principes  posés  dans  le  Rapport  de  la  Commission 
des  nouveaux  théâtres  de  Paris,  ont  montré  que  l'on  y  avait  obtenu  par 
une  ventilation  peut-être  encore  insuffisante  une  uniformité  et  surtout  une 
modération  satisfaisante  des  températures  à  tous  les  étages. 

»  Il  y  a  donc  lieu  de  penser  que  si,  profitant  de  l'enseignement  de  ces 
premiers  essais  pour  lesquels,  malgré  une  réserve  prudente,  l'administra- 
tion de  la  ville  de  Paris  a  eu  le  mérite  assez  rare  d'accorder  confiance  aux 
indications  de  la  science,  l'on  en  étend  plus  largement  encore  l'application, 
l'on  parviendra  à  faire  jouir  le  public  qui  fréquente  les  théâtres  d'un  bien- 
être  tel,  qu'il  n'achète  pas,  comme  aujourd'hui,  les  plaisirs  de  l'intelligence 
et  du  goût  au  prix  de  trop  de  malaise  physique;  l'art  profiterait  par  là  des 
améliorations  apportées  à  la  salubrité. 

»  Et,  pour  donner  une  idée  de  la  valeur  des  progrès  déjà  réalisés  et  à 
réaliser  encore,  il  n'est  pas  inutile  de  dire,  en  terminant,  que  des  obser- 
vations recueillies  en  juillet  1869  et  auxquelles  nous  sommes  tout  à  fait 
étranger  ont  montré  qu'à  l'Opéra,  aux  premières  loges,  il  y  a  parfois, 
à  10  heures  du  soir,  une  température  de  3o  à  32°,  et  dans  les  places  supé- 
rieures 38  à  4o°. 

»  D'autres  observations,  que  je  fais  suivre  avec  continuité  cet  hiver, 
indiquent  aux  premières  loges  une  température  de  22  à  23°,  et  aux  étages 
supérieurs  celle  de  29  à  3o°,  malgré  la  communication  permanente  de  ces 


(  37*  ) 
derniers  étages  avec  les  couloirs  dont  la  température  n'est  en  moyenne  que 
de  20°. 

»  Tel  était  l'état  des  choses,  lorsque  nous  avons  été  appelés  à  nous  occu- 
per de  la  question  de  la  ventilation,  et  l'on  peut  voir  que  si  nous  avons  pu 
déjà  lui  faire  faire  quelques  progrès,  nous  pouvons  espérer  de  les  rendre 
plus  complets  pour  des  constructions  futures.  » 

GÉODÉSIE.  —  Nouvel  appareil  pour  mesurer  les  bases  qéodésiques  ; 

Note  de  M.  Faye. 

«  Les  entreprises  géodésiques,  loin  de  se  ralentir  à  l'étranger,  depuis  l'a- 
chèvement des  travaux  successivement  entamés  en  France,  en  Angleterre  et 
en  Russie,  prennent  au  contraire  un  nouvel  essor.  Aujourd'hui  on  s'occupe 
de  la  jonction  des  réseaux  de  triangles  européens  ;  mais,  avant  peu  d'années, 
le  hesoin  toujours  croissant  de  grandes  voies  de  communication  terrestres 
conduira  probablement  à  d'autres  opérations  géodésiques  encore  plus  gran- 
dioses. L'activité  présente,  les  perspectives  de  l'avenir  donnent  donc  aux 
questions  de  géodésie  un  aspect  nouveau,  et  me  font  espérer  que  l'Acadé- 
mie n'accueillera  pas  sans  intérêt  les  résultats  de  nouvelles  recherches  sur 
l'une  des  opérations  les  plus  délicates  de  cette  science. 

»  On  sait  que  toutes  nos  notions,  en  fait  de  distances  célestes  ou  ter- 
restres, reposent,  en  dernière  analyse,  sur  quelques  bases  mesurées  çà  et  là, 
principalement  par  les  Français.  Toutes  nos  unités  de  mesure  linéaire,  telles 
que  le  rayon  équatorial  du  globe  pour  l'Astronomie,  le  mille  marin  pour  le 
navigateur,  le  mille  géographique  pour  les  voyageurs  ou  les  géographes,  ont 
été  déduites,  comme  le  mètre  lui-même,  de  la  mesure  directe  de  certaines 
lignes  connues  sous  le  nom  de  bases  de  Tarqui  et  de  Yaraqui,  au  Pérou,  de 
Melun  et  de  Perpignan,  en  France,  etc  . 

»  Chaque  pays  emploie,  pour  ces  mesures  difficiles,  des  appareils  diffé- 
rents :  la  France  a  adopté  l'appareil  de  Borda,  l'Allemagne  et  la  Belgique 
l'appareil  de  Bessel,  l'Angleterre  l'appareil  du  major  Colbv,  la  Russie  l'ap- 
pareil deStruve;  l'Espagne  vient  d'appliquer  un  appareil  nouveau,  construit 
en  France  par  Brunner.  Cette  diversité  même,  jointe  à  l'appréhension  que 
les  géodésiens  ont  toujours  manifestée  à  l'égard  de  ces  mesures  aussi  péni- 
bles qu'indispensables,  prouve,  ce  me  semble,  que  la  science  attend  encore 
un  système  définitif. 

»  Le  seul  moyen  d'apprécier  sûrement  l'exactitude  de  ces  procédés,  ce 
serait  de  répéter  plusieurs  fois  la  mesure  d'une  même  base  :  c'est  là  ce  qu  on 


(  373  ) 
avait  coutume  de  faire  au  siècle  dernier;  mais  plus  lesappareilssesontperfec- 
tionnés,  plus  les  opérations  sont  devenues  longues,  pénibles  et  coûteuses, 
à  tel  point  qu'on  ne  se  sent  plus  le  courage  de  les  recommencer  dans  le  seul 
but  d'obtenir  une  vérification.  Les  sept  grandes  bases  établies  en  France 
depuis  la  méridienne  de  Dunkerque  n'ont  été  mesurées  qu'une  fois;  si  en 
Allemagne  on  a  pu  mesurer  deux  fois  la  même,  ligne,  c'est  qu'en  Allemagne 
on  a  adopté  le  système  des  petites  bases  six,  sept,  huit,  neuf  et  dix  fois  plus 
courtes  que  les  nôtres. 

»  La  base  de  Berlin,  la  seule  d'ailleurs  qu'on  puisse  citer  en  Europe 
comme  exemple  d'une  double  mesure,  a  été  partagée  en  deux  parties,  et 
chacune  d'elles  a  été  mesurée  séparément  deux  fois  par  le  général  Baeyer  : 
l'excès  delà  deuxième  mesure  sur  la  première  a  été,  pour  le  premier  tron- 
çon, de  1^345  (sur  58g  toises),  et  pour  le  deuxième,  de  i',074  (sur 
610  toises).  En  discutant  ces  écarts  et  en  tenant  compte  de  tontes  les 
sources  d'erreur,  le  savant  général  prussien  évalue  à  yy^'ôriï  ^a  précision  de 
cette  base,  et  en  général  à  6  „ 5'0  „ 0  le  degré  d'exactitude  qu'on  peut  obtenir 
avec  l'appareil  de  Bessel. 

»  Les  officiers  espagnols  ont  suivi  une  méthode  toute  différente,  dont  le 
principe  a  été  approuvé  il  y  a  quelques  années  par  l'Académie  des  Sciences. 
M.  Porro  ayant  soumis  à  l'Académie,  en  i852,  un  appareil  à  microscopes 
pour  mesurer  les  bases,  une  Commission,  dont  j'avais  l'honneur  de  faire 
partie,  fit  un  Rapport  favorable  par  l'organe  de  M.  Largeteau.  Le  Dépôt  de 
la  Guerre  fit  construire  un  appareil  de  ce  genre  en  le  modifiant.  La  Commis- 
sion de  la  Carte  d'Espagne  adopta  un  système  analogue,  et  M.  Brunner, 
chargé  de  la  construction  des  appareils,  y  apporta  d'heureux  perfectionne- 
ments qui  en  firent  un  ensemble  d'une  précision  extraordinaire.  Il  vient 
d'être  appliqué  à  la  mesure  de  la  base  de  Madridejos  longue  de  i45oo  mè- 
tres. Quand  on  suit  les  détails  de  cette  mémorable  opération,  on  comprend 
qu'on  n'ait  pu  se  décider  à  la  recommencer  en  entier  :  on  a  dû  se  borner 
à  en  mesurer  une  seconde  fois  la  cinquième  partie,  analogue  pour  la  gran- 
deur aux  petites  bases  belges  et  prussiennes.  Or  il  se  trouve  que  les  deux 
mesures  ne  discordent  que  de  omra,  19.  En  discutant  les  écarts  partiels,  jour 
par  jour,  j'arrive  à  cette  conclusion  que  l'erreur  moyenne  de  la  base  en- 
tière est  probablement  inférieure  a  2mm,'],  c'est-à-dire  à  60uô00(j  ae  sa  1°"" 
gueur(i). 


(1)  Cf.  Expériences  faites  avec  l'appareil  à  mesurer  les  bases,  traduit  de  l'espagnol  par 
M.  A.  Laussedat.  Paris,  1860,  p.  210. 

C.  R.,  1863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  9.)  ^9 


(  374) 

»  Si  l'on  remonte  aux  mesures  des  Académiciens  français  un  siècle  aupa- 
ravant, on  jugera  des  progrès  réalisés  depuis  i  7/40  par  le  tableau  suivant  : 

i^4°-   Bases  de  Juvisy,  de  Dunkerque,  de  Bourges,  etc.,  règles  en  bois 

posées  bout  à  bout r7^~ 

1795.   Bases  de  la  méridienne,  appareil  de  Borda  (1) ,  Q  a'0  0  0 

1840.   Petites  bases  de  Prusse  et  de  Belgique,  appareil  de  Bessel 

1 858.   Base  de  Madridejos,  appareil  de  Brunner 


1;  <.  h  11  h  11 

1^ 

5000000 


»  Mais  aussi  il  faut  dire  qu'en  1740  les  Académiciens  français  mettaient 
un  ou  deux  jours  à  mesurer  une  base  dont  le  charpentier  et  le  forgeron  fai- 
saient tous  les  frais,  tandis  qu'en  1 858  les  officiers  espagnols,  après  des 
préparatifs  de  plusieurs  années,  ont  employé  quatre  mois  d'un  travail 
obstiné  sur  le  terrain,  et  se  sont  servis  d'appareils  qui  sont  un  véritable 
chef-d'œuvre  du  génie  et  de  l'industrie  moderne. 

»  Le  point  que  viennent  d'atteindre  les  officiers  de  la  Carte  d'Espagne 
est  un  nec  plus  ultra  qu'il  n'est  pas  possible,  je  dirai  même  qu'il  ne  serait 
guère  utile  de  dépasser.  Si  je  viens  proposer  un  nouvel  appareil,  ce  n'est 
pas  pour  faire  mieux,  mais  pour  atteindre  un  autre  but  sans  rien  sacrifier 
de  cette  précision  merveilleuse. 

»  Afin  de  faire  apprécier  le  point  de  vue  où  il  convient  de  se  placer  ici, 
examinons  le  rôle  des  bases  en  Géodésie,  et  tâchons  de  résoudre  une  ques- 
tion souvent  discutée  dans  ces  derniers  temps,  celle  de  la  préférence  à  don- 
ner aux  grandes  bases  françaises  ou  aux  petites  bases  allemandes. 

»  L'exactitude  d'une  triangulation  dépend  à  la  fois  de  ses  angles  et  de  sa 
base.  On  n'en  peut  juger  complètement  que  par  une  épreuve  directe,  qui 
consiste  à  rattacher  au  réseau  de  triangles  plusieurs  bases  disposées  de  telle 
sorte  qu'on  puisse  calculer  un  même  côté  de  plusieurs  manières  indépen- 
dantes, c'est-à-dire  par  des  chaînes  de  triangles  distinctes  qui  s'appuient  à 
des  bases  différentes.  L'exemple  le  plus  simple  va  nous  être  fourni  par  la 
Géodésie  prussienne. 

»  Le  côté  TrunzJVildenliof,  calculé  au  moyen  de  la  base  de  Kœnigsberg 
et  d'une  chaîne  de  sept  triangles,  est  de  3o  i25,,748i  ;  par  celle  de  Berlin, 
et  35  triangles,  on  trouve  3o  i23l,  5o4i  ;  on  en  conclut  que  l'erreur  due  à 
celte  dernière  voie  est  d'environ  o',  2,  en  sorte  qu'à  35  triangles  de  distance 
l'erreur  relative  d'un  côté  s'est  accrue  de  YTihifû  &  1  s  i/o  u  0  • 

(1)  D'après  l'estime  de  Delambre  lui-même;  je  crois  que  Delambre  s'est  exagéré,  non  pas 
la  précision,  mais  au  contraire  l'erreur  à  craindre  par  ses  propres  mesures;  la  précision  de 
nos  bases  doit  dépasser  ,,„',,, 


(  375  ) 

b  Ei)  Russie.  !a  magnifique  chaîne  de  triangles  qui  va  du  ca j>  Nonl  au 
Danube  sur  une  longue  ligne  de  700  lieues  s'appuie  sur  dix  bases  de  moyenne 
grandeur. 

»  L'application  complète  qui  a  été  faite  pour  la  première  fois  de  la  mé- 
thode des  moindres  carrés  à  l'ensemble  du  réseau  scandinavo-russe  permet 
d'apprécier  l'erreur  probable  du  résultat  définitif,  c'est-à-dire  de  l'amplitude 
linéaire  des  diverses  parties  du  méridien  qui  traverse  la  chaîne  des  triangles. 
Voici  quelques-unes  de  ces  évaluations  : 

Latitude.  Amplitude  Erreurs 

o      ,  linéaire.  probables. 

Staro  Nekvassowka    .  ...      fô.  20  n         t  t 

Belin..- 5a.    3  382.943,521  ±  2,61  1 

Dorpat 58.23  744-7^4*4^4  —  4*  '77 

Tornea 5.5n  1 . 170 .810,973  ±  4*9^7 

Fuglcnœs.  , 70.40  1 .447 -786,783  rfc  6,226 

>>  L'incertitude  serait  donc,  en  ne  considérant  que  l'erreur  moyenne, 
d'environ  YXëWô-  ^e  résultat  est  d'une  grande  importance  scientifique. 

»  Nous  allons  obtenir  des  conséquences  analogues  en  considérant  le 
réseau  français,  mais  à  la  condition  de  faire  concourir  plusieurs  bases  à  la 
détermination  des  dimensions  linéaires.  Je  dois  les  éléments  du  calcul  sui- 
vant à  l'obligeance  de  M.  Levret,  colonel  d'état-major  attaché  à  la  Carte  de 
France.  Le  côté  Bourges-Dun-ie-Roi,  pris  pour  exemple,  peut  être  calculé 
de  diverses  manières  au  moyen  des  chaînes  primordiales  du  réseau  fran- 
çais,  avec  plus  d'avantage  encore  que  dans  une  triangulation  linéaire  comme 
celle  de  la  Russie  : 

Ecarts. 
m  m 

Par  la  base  de  Plouescat,  44  triangles 25612,46  —   0,62 

Par  la  base  de  Bordeaux,  38  triangles 256i2,i8  —  o,34 

Par  la  base  du  Tessin,  5a  triangles 256i  1  ,65  -+-  o,  19 

Par  la  base  d'Ensisheim,  44  triangles 256i  1  ,80  -+-  0,04 

Par  la  base  de  Melun,   21  triangles  (1) 256 1 1  ,45  -t-  o,3g 

Je  trouve  que  la  moyenne,  eu  égard  aux  poids  des  déterminations  par- 
tielles (ces  poids  sont  réciproquement  proportionnels  aux  nombres  des 
triangles),  est  de  26611,84  avec  une  erreur  moyenne  de  om, 21,  c'est-à-dire 


1  )  Non  par  la  méridienne  de  Dunkerque,  mais  par  les  triangles  de  premier  ordre  choisis 
dans  le  grand  quadrilatère  Paris  -  Bourges  -  Chollet  -  Mortain. 

49.. 


(  376) 
une  erreur  relative  de  ,  „ „'u 0 0 .  En  faisant  concourir  d'autres  bases,  celles 
de  Goubera,  d'Aix  et  de  Perpignan,  on  parviendrait  à  réduire  encore  cette 
incertitude.  Quant  à  l'arc  de  distance  de  Paris  à  Bourges,  comme  l'erreur 
partirait  de  „0(l'00u-  (incertitude  de  la  base  de  Melun)  pour  aboutir  à  tïooïïô 
(incertitude  d'un  côté  pris  à  20  triangles  de  là),  on  comprend  qu'elle  serait 
sensiblement  du  même  ordre  que  celles  des  mesures  analogues  en  Russie. 

»  Servons-nous  du  résultat  que  nous  venons  d'obtenir  pour  contrôler  la 
partie  défectueuse  de  la  grande  méridienne  (que  j'ai  en  occasion  de  rappeler 
dans  une  discussion  récente),  celle  de  Paris  à  Bourges  (1).  En  partant  delà 
base  de  Melun,  non  plus  avec  les  triangles  de  premier  ordre  qui  remplissent 
le  grand  quadrilatère  situé  à  l'est  de  cette  région,  mais  avec  les  triangles  de 
la  méridienne  de  Delambre,  on  trouve  256ogm,23.  L'erreur  est  donc  2m,6i, 
erreur  inadmissible,  du  genre  de  celle  qui  a  décidé  le  Dépôt  de  la  Guerre  à 
faire  recommencer  une  partie  de  celte  méridienne.  On  peut  vérifier  les 
nouveaux  triangles  eux-mêmes,  en  calculant  le  même  côté  Bourges-Dun- 
le-Roi  à  l'aide  de  la  base  de  Melun  et  de  la  petite  méridienne  de  Fontaine- 
bleau :  on  trouve  ainsi  s56i3,2i.  L'erreur  est  réduite  de  moitié  (im,  37), 
mais  elle  est  encore  trop  forte  et  donne  à  penser  que  les  nouveaux  triangles 
eussent  dû  remonter  jusqu'à  la  base  elle-même.  On  voit  par  là  comment 
s'opère  le  contrôle  d'une  triangulation,  et  à  ce  sujet  j'oserai  émettre  le  vœu 
qu'un  travail  d'ensemble  soit  entrepris  pour  faire  concourir  au  calcul  défi- 
nitif du  réseau  français  les  précieux  éléments  de  vérification  qu'il  renferme. 
Il  est  évident  que  la  partie  la  plus  récente  l'emporte  en  précision  sur  la  par- 
tie la  plus  ancienne  ;  celle-ci  ne  saurait  emprunter  à  la  première  une  valeur 
supérieure  qu'elle  pourrait  au  contraire  lui  communiquer  par  l'adoption 
d'une  marche  systématique  dans  les  calculs. 

»  Quelles  conclusions  devons-nous  tirer  de  ce  qui  précède?  N'est-il  pas 
évident  que  les  bases  ne  servent  pas  seulement  de  vérification?  Leur  emploi 
simultané  a  pour  effet  d'augmenter  considérablement,  comme  Laplace  l'a 
montré  le  premier,  la  précision  des  résultats.  Or,  comme  moyen  de  vérifi- 
cation, les  bases  doivent  être  distribuées  aux  extrémités  des  chaînes  princi- 
pales; mais,  considérées  sous  l'autre  rapport,  elles  doivent  satisfaire  à  la 
condition  qu'un  côté  quelconque  soit  le  moins  possible  distant  d'une  base. 
De  là  l'obligation,  quand  il  s'agit  d'une  triangulation  linéaire  comme  en 


(1)   Comptes  rendus  de  la  séance  du  26  janvier  dernier,  p.  162  et  i63. 


(  377) 
Russie,  d'échelonner  régulièrement  les  bases  sur  tout  le  parcours,  et  quand 
il  s'agit  d'une  triangulation  compacte  comme  en  Espagne,  d'avoir  au  moins 
une  base  centrale  comme  celle  de  Madridejos. 

»  Il  reste  à  savoir  s'd  faut  préférer  les  petites  bases  allemandes  de  goo  à 
1200  toises  aux  bases  russes  de  3ooo  toises  ou  aux  grandes  bases  françaises 
de  6000  à  7000  toises. 

»  Pour  tripler  une  base  au  moyen  de  triangles  passables,  il  faut  une  série 
de  trois  ou  quatre  triangles  de  jonction.  Si  donc  on  avait  eu  recours,  en 
Russie,  aux  petites  bases  allemandes,  au  lieu  d'employer  des  bases  moyennes 
de  3ooo  toises  (elles  sont  au  nombre  de  10),  il  aurait  fallu  une  quarantaine 
de  triangles  de  plus.  Or  ces  triangles  n'ajoutent  absolument  rien  à  l'étendue 
du  réseau  proprement  dit  :  ils  ne  servent  qu'à  en  diminuer  la  précision. 
Pour  atténuer  ce  défaut  capital  qui  ressort  encore  mieux  quand  on  prend 
pour  terme  de  comparaison  les  grandes  bases  de  France  ou  d'Espagne,  on 
est  obligé  de  donner  des  soins  extrêmes  aux  triangles  de  jonction  et  aux 
signaux  qui  en  marquent  les  sommets  ;  mais  il  vaudrait  mieux,  évidemment, 
reporter  ces  soins,  ce  temps,  ce  travail  sur  la  mesure  directe  d'une  base  plus 
longue,  et  si,  par  des  procédés  nouveaux,  on  parvenait  à  diminuer  notable- 
ment la  difficulté  propre  aux  mesures  linéaires,  la  question  serait  définitive- 
ment tranchée. 

»  Ce  sont  ces  considérations  qui  m'ont  déterminé  à  rechercher  le  moyen 
de  supprimer  la  partie  la  plus  pénible  de  ce  travail,  tout  en  conservant  la 
précision  obtenue  dans  ces  derniers  temps.  L'artifice  dont  je  nie  suis  servi 
pour  cela  consiste  à  reporter,  du  terrain  au  cabinet,  toutes  les  opérations 
délicates. 

»  Les  appareils  énumérés  plus  haut  se  rangent  en  deux  catégories  :  les 
appareils  à  bout,  munis  de  languettes,  de  coins  ou  de  leviers,  et  les  appa- 
reils à  traits,  que  l'on  observe  sur  le  terrain  à  l'aide  de  microscopes  mesu- 
reurs. Celui  que  je  présente  et  que  j'ai  pu  expérimenter  ces  jours-ci,  grâce  à 
l'obligeance  de  l'un  de  nos  plus  habiles  constructeurs,  M.  Brunner  fils  qui 
a  bien  vouhi  se  charger  de  réaliser  mes  idées,  n'est  ni  à  contact,  ni  à  micros- 
copes. 

»  Il  se  compose  essentiellement  d'une  règle  en  bois  ou  plutôt  d'un 
châssis  métallique  muni  à  ses  deux  extrémités  de  tracelets  dont  l'intervalle 
actuel  est  complètement  arbitraire.  La  base  étant  jalonnée,  des  supports  très- 
bas  sont  fixés  au  sol  de  4  en  4  mètres,  et  portent  de  petites  plaques  de 
cuivre  bien  alignées.  D'autres  supports  sont  placés  en  regard  des  premiers 


!7* 
pour  soutenir  et  fixer  la  règle  à  tracelets  (r).  Celle-ci  est  portée  successive- 
ment devant  chaque  paire  de  plaques  avec  les  précautions  nécessaires  pour 
que  la  flexion  ne  varie  pas  ;  puis  on  fait  jouer  les  tracelets  sur  ces  plaques. 
En  disposant  du  jeu  des  tracelets,  de  manière  que  le  trait  d'avant  soit  plus 
long  que  le  trait  d'arrière,  il  sera  toujours  aisé  de  distinguer,  du  premier 
coup  d'œil,  si  l'intervalle  marqué  sur  chaque  plaque  doit  être  ajouté  à  la 
portée  ou  doit  en  être  retranché.  En  s'arrangeant  de  manière  que  la  somme 
de  ces  intervalles  soit  sensiblement  nulle  à  la  fin  de  chaque  journée,  on 
n'aura  pas  à  s'occuper  d'une  foule  de  petites  réductions  qui  ont  de  l'im- 
portance dans  les  anciens  systèmes.  Ainsi  l'ordre  des  plaques  sera  parfaite- 
ment indifférent  :  on  les  recueillera  au  fureta  mesure,  sauf  la  dernière  de 
chaque  journée  qu'il  suffira  de  laisser  en  place  pour  marquer  le  début  de 
la  journée  suivante;  puis  on  mesurera  à  loisir,  dans  le  cabinet,  les  inter- 
valles tracés  sur  toutes  ces  plaques. 

»  Quant  aux  tracelets,  on  sait  combien  leur  jeu  est  sûr  :  c'est  là  l'outil 
qui,  sur  la  plate-forme  à  diviser  des  artistes,  trace  /jooo  traits  de  suite  sans 
se  déranger.  Pour  en  déterminer  l'intervalle  aux  diverses  températures  de  la 
journée,  et  prendre  des  garanties  contre  toute  chance  de  dérangement,  on 
les  fera  jouer,  d'heure  en  heure  par  exemple,  sur  la  tranche  d'une  double 
règle  portative  en  fer  et  en  zinc,  un  peu  plus  longue  que  l'appareil  a  tra- 
celets, et  suivant  l'opération  sur  un  chariot  spécial.  Cette  règle,  portant 
les  traits  d'une  centaine  d'opérations  de  ce  genre,  jouera  en  même  temps 
le  rôle  de  thermomètre  et  fera  connaître  la  dilatation  et  la  température  de 
l'instrument  principal  :  il  suffira  de  la  placer  ensuite  sous  un  comparateur 
ordinaire  pour  rapporter  toutes  ses  indications  a  l'unité  de  longueur. 

»  On  voit  par  là  que  l'opération  entière  pourrait  être  indéfiniment  con- 
servée, car  elle  serait  représentée  matériellement  par  une  petite  caisse  rem- 
plie de  plaques  et  par  ces  deux  règles  de  fer  et  de  zinc  rivées  à  une  de  leurs 
extrémités,  et  soutenues  de  manière  à  éviter  toute  flexion  appréciable.  On 
reprendra  l'opération,  on  la  vérifiera  autant  de  fois  qu'on  le  jugera  con- 
venable, sans  sortir  de  la  salle  de  dépôt. 

»  Te  ne  fais  pas  mention  de  l'inclinaison  des  portées  :  on  l'obtiendra,  soi! 
par  un  nivellement  préalable,  soit  à  la  manière  ordinaire. 


i)  J'espère  même  qu'on  pourra  n'employer  qu'une  seule  série  de  supports  à  ras  terre, 
yiàce  à  leur  peu  d'élévation,  leur  stabilité  ne  sera  pas  sensiblement  troublée  par  le  poids  d/> 
la  règle  à  tracelets.  Il  en  serait  autrement  avec  les  supports  actuellement  en  usage.  C'est  un 
point  que  je  me  propose  d'examiner. 


(  379) 
»  M.  Brunner  a  bien  voulu  construire  pour  moi  un  appareil  <Jc  ce  genre 
en  montant  deux  tracelets  sur  une  règle  en  bois  de  4  mètres.  I!  s'est  servi 
de  supports  semblables  à  ceux  que  son  père  avait  construits  pour  le  gouver- 
nement espagnol,  à  cette  seule  différence  près  que  les  microscopes  étaient 
remplacés  par  de  simples  plaques,  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie. 
On  a  mesuré  ainsi  deux  portées,  dans  un  atelier,  à  deux  reprises  différentes. 
Voici  les  résultats  des  deux  mesures  : 

iie  plaque,     a' a,         ae  plaque,     b'ba2a2;         3e  plaque,     b\b\. 

Les  traits  a  et  b  sont  tracés  par  des  tracelets  A  et  B  ;  l'indice  i  répond  a 
la  deuxième  portée;  les  lettres  accentuées  appartiennent  à  la  seconde  opé- 
ration. Les  deux  mesures  seront  vérifiées  par  la  relation 

b'a2  =  a' a  -f-  ha.,  -+-  b2  b\ . 

»  Les  plaques  ont  été  passées  au  charbon,  placées  sous  un  microscope 
et  mesurées.  Voici  les  résultats  obtenus,  à  deux  reprises,  par  deux  obser- 
vateurs, à  l'aide  d'un  instrument  qui  n'avait  été  ni  construit  ni  rectifié 
pour  des  mesures  de  ce  genre  : 

mm  mm 

n'a   =  i  ,o4i6  i  ,t>465 

b  a, =  i  ,37 iG  I  ,3701 

èjb1=  i,4335  i,4345 

Somme.  ...       3,8466  3,85ii 

b'a\  =  3,8457  3,8496 

Différence. .       o ,  oooq  o ,  00 1 5 

L'erreur  serait  ici  d'environ  1  millième  de  millimètre  sur  une  longueur 
de  8  mètres;  quant  aux  différences  constantes  de  lecture,  comme  celles 
qu'on  peut  supposer  ici,  elles  disparaîtront  toujours  entièrement,  grâce 
aux  alternatives  de  signes  des  intervalles  mesurés  (1). 

»  Sans  doute  l'opération  sur  le  terrain  est  plus  difficile  que  dans  un 
atelier;  mais  ces  mesures  suffisent,  ce  me  semble,  pour  montrer  que  l'ap- 
pareil  à  tracelets  comporte  beaucoup   plus  de  précision  que  l'appareil  de 

(1)  Ce  degré  de  précision  n'est  rien  inoins  qu'illusoire  :  il  est  dépassé  de  beaucoup  dans 
l'étalonnage  des  règles,  même  quand  il  s'agit  de  règles  à  bout.  On  sait,  par  exemple,  que  les 
comparaisons  effectuées  entre  les  étalons  à  bout  de  Prusse  et  de  Belgique  (copies  de  la  toise 
du  Pérou)  ont  été  faites  à  un  dix-millième  de  ligne  près,  ce  qui  répond  à  une  erreur  rela- 
ie de  ,,»!.,„■■ 


(  38o  ) 

Borda,  et  tout  autant  que  les  meilleurs  appareils  à  microscope.  Quant  à 
l'importance  delà  suppression  des  mesures  micrométriques  sur  le  terrain, 
on  en  jugera  lorsqu'on  en  viendra  à  mesurer  dans  le  cabinet  les  3ooo  pla- 
ques d'une  base  de  12000  mètres,  ainsi  que  la  règle  thermométrique,  qui 
donne  la  longueur  effective  de  la  portée.  La  nouvelle  méthode  présente 
donc  les  avantages  suivants  : 

»  i°  Elle  supprime,  sur  le  terrain,  douze  mille  pointés  et  lectures  micro- 
métriques ainsi  que  les  écritures  correspondantes  ; 

»  20  Elle  permet  de  recommencer  sur  de  nouveaux  frais  l'opération 
entière; 

»  3"  Elle  matérialise  en  quelque  sorte  la  base  elle-même  et  la  conserve 
indéfiniment  pour  tout  contrôle  ultérieur  ; 

»  4°  0°  opère  très-près  du  sol,  sur  des  supports  très-stables  ; 

»  5°  Le  nombre  des  observateurs  et  des  aides  peut  être  notablement 
réduit.  » 

A  la  suite  de  cette  Note,  M.  Faye  présente  une  appréciation  comparative 
des  systèmes  de  bases  mesurées  en  France,  en  Angleterre,  en  Russie,  en 
Prusse,  en  Belgique  et  en  Espagne. 

Communication  de  M.  Le  Verrier. 

«  M.  Le  Verrier  demande  la  parole.  Il  espère  que  l'Académie  apprendra 
avec  satisfaction  que  l'importante  question  de  la  mesure  des  bases  n'a  pas 
cessé  d'être  l'objet  des  préoccupations  de  l'Administration. 

»  Soulevée  dès  i856,  la  solution  de  cette  délicate  affaire  dut  être 
différée  parce  qu'il  était  nécessaire  de  pourvoir  à  de  plus  pressants  besoins 
et  d'échelonner  l'emploi  des  ressources  consacrées  aux  travaux  astronomi- 
ques. Mais,  à  la  fin  de  185g,  le  Ministre  nous  donna  l'ordre  de  lui  faire  un 
Rapport  sur  les  appareils  relatifs  à  la  mesure  des  bases,  sur  les  opérations  à 
entreprendre,  enfin  sur  les  moyens  d'exécution.  Ce  Rapport  fut  remis  le 
21  janvier  1860.  Il  y  était  proposé  : 

»  i°  De  construire  de  nouveaux  appareils  de  mesure  avec  tous  les  moyens 
d'étude  nécessaires; 

»  2°  De  reprendre  immédiatement  avec  ces  appareils  les  mesures  des 
bases  de  Melun  et  de  Perpignan; 

»  3°  D'établir,  pour  les  grandes  règles,  des  procédés  de  comparaison 
irréprochables. 


(38i  ) 

"  Ce  travail  préliminaire  servit  de  texte  à  de  nouvelles  études,  et  il  tut 
complété  en  1 86 1  par  un  projet  dû  à  M.  l'astronome  Yvon  Villarceau. 

»  Sur  ces  entrefaites,  notre  confrère  M.  le  général  Morin  voulut  bien  me 
communiquer,  en  1862,  une  demande  faite  par  un  gouvernement  étranger, 
et  qui  lui  avait  été  remise  par  M.  le  Ministre  du  Commerce  et  des  Travaux 
publics  II  en  résulta,  sinon  de  nouvelles  études,  du  moins  de  nouveaux 
actes  qui  hâtèrent  la  solution  de  la  question  encore  en  suspens. 

»  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  dont  on  connaît  l'active  sol- 
licitude pour  toutes  les  questions  qui  intéressent  l'avancement  de  la  science, 
voulut  bien,  en  effet,  approuver  nos  projets  et  nous  donner  l'ordre  de  les 
mettre  à  exécution. 

»  Rien  ne  sera  négligé  pour  assurer  à  ces  travaux  toute  la  haute  préci- 
sion que  comporte  l'état  de  la  science  et  que  réclament  ses  besoins.  Lorsque 
nous  en  viendrons  à  la  mesure  des  bases,  et  nous  tâcherons  que  cela  soit 
le  plus  tôt  possible,  i!  sera  fort  a  désirer  qu'on  puisse  reprendre  deux  fois 
la  mesure  de  chacune  d'elles;  et  si,  dans  la  partie  microtnétrique  de  la  me- 
sure, divers  procédés  se  recommandent  à  un  même  degré,  nous  adhére- 
rons avec  empressement  à  une  combinaison  qui  aurait  pour  objet  d'effec- 
tuer les  deux  mesures  par  des  procédés  distincts.  » 

M.  de  Vibraye,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  de  la 
Section  d'Économie  rurale,  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Bracy- 
C/arck,  adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission de  cinq  Membres,  qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  Cuvier. 

MM.  d'Archiac,  Milne  Edwards,  Valenciennes,  Daubrée  et  Flourens 
obtiennent  la  majorité  des  suffrages. 

MEMOIRES  LUS. 

analyse  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  quantités  ultra-géométriques; 
par  M.  de  Polignac. 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Duhamel,  Bertrand.) 

«   Dans  une  précédente  communication,  j'ai  indiqué  les  notations  que 

C.  R.,  lS63,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  9.;  5o 


(  38a  ) 

j'emploie  pour  désigner  une  ligne  dans  l'espace,  et  j'ai  appelé  cette  ligne 
quantité  ultra-géométrique,  par  extension  à  la  dénomination  choisie  par  Cau- 
chy  pour  exprimer  une  ligne  dans  un  plan. 

»  Sous  forme  monôme,  une  quantité  ultra-géométrique  s'écrit  ainsi 

ai  -+-  Si 

pe 

et  cet  algorithme  permet  de  la  soumettre  à  tous  les  calculs  algébriques; 
mais  sous  forme  trinôme 

x-hfi-h  zj, 

les  quantités  ultra-géométriques  ne  suivent  plus  les  règles  ordinaires  de  la 
multiplication,  et  il  est  nécessaire  d'introduire  un  signe  spécial  ■£-  indiquant 
une  opération  que  nous  appellerons  multiplication  géométrique. 

»  Il  est  toujours  vrai  de  dire  qu'on  peut  intervertir  l'ordre  des  facteurs, 
mais  il  serait  inexact  de  dire  que  le  produit  d'un  polynôme  par  un  mo- 
nôme est  égal  à  la  somme  des  produits  partiels.  Cela  n'a  lieu  que  dans  cer- 
tains cas. 

»  L'analogie  remarquable  qui  existe  entre  certaines  propriétés  des 
«  quantités  idéales  »  et  des  «  quantités  ultra-géométriques  »  m'avait  fait 
penser  que  les  quantités  idéales  pouvaient  bien  n'être  que  des  quantités 
ultra-géométriques,  ou,  si  l'on  veut,  qu'on  pouvait  les  exprimer  par  des 
lignes  dans  l'espace,  comme  les  quantités  imaginaires  ordinaires  s'expriment 
par  des  lignes  dans  le  plan. 

»  On  sait  que,  pour  multiplier  ensemble  deux  quantités  ultra-géomé- 
triques écrites  sous  forme  monôme,  il  suffit  de  multiplier  algébriquement 
les  modules  et  d'additionner  respectivement  les  longitudes  et  les  latitudes. 
Ainsi 

pe*1*9'  *  p'e"',  +  'J''  =  p  x  p'X  e(w  +  w');  +  (fi  +  0/. 

»  Si  les  facteurs  idéaux  peuvent  être  représentés  par  des  lignes  dans  l'es- 
pace, plusieurs  théorèmes  relatifs  à  leurs  propriétés  deviennent  presque 
évidents,  parce  qu'ils  tiennent  à  la  nature  même  des  lignes  dans  l'espace. 

»  En  admettant  notre  hypothèse,  on  sera  frappé  de  l'analogie  qui  existe 
entre  certains  théorèmes  sur  les  propriétés  des  nombres  idéaux  et  quel- 
ques théorèmes  élémentaires  des  nombres  ultra-géométriques.  [Foir  la 
page  443  et  les  suivantes  du  tome  XVI  du  Journal  de  Mathématiques  pures 
et  appliquées  (Théorie  des  Nombres  complexes,  par  Ruminer)].  Je  cite  le 
texte  : 


(  383  ) 

«  Tous  les  nombres  complexes  idéaux  qui  donnent  des  produits  existants, 
»  lorsqu'on  les  multiplie  par  un  même  nombre  idéal,  seront  appelés  nombres 
»  idéaux  équivalents,  et  ils  seront  attribués  à  une  même  classe  des  nombres 
»  complexes  idéaux.  » 

»  Si  un  nombre  complexe  idéal  est  une  ligne  dans  l'espace,  d'après  la 
classification  adoptée  par  Rummer,  tous  les  nombres  idéaux  équivalents 
auront  même  latitude.  Soit  6  cette  latitude  :  en  multipliant  chacun  d'eux 
par  y(a)e^9°  "  ;,  on  aura  un  nombre  complexe  existant,  c'est-à-dire  un 
nombre  complexe  dans  le  plan. 

«  Les  classes  des  nombres  équivalents  sont  toujours  les  mêmes  pour 
»  tous  les  multiplicateurs  qu'on  pourra  choisir. 

»  Deux  nombres  idéaux  équivalents  à  un  troisième  nombre  idéal  sont 
»  équivalents  entre  eux. 

»  Des  nombres  équivalents  multipliés  par  des  nombres  équivalents  don- 
»  nent  toujours  des  produits  équivalents. 

»  La  classe  du  produit  de  deux  nombres  idéaux  est  complètement  déter- 
»  minée  par  les  classes  des  facteurs. 

»  Il  correspond  à  chaque  classe  une  certaine  classe,  en  sorte  que  ces 
»  deux  classes  composées  produisent  la  classe  principale,  c'est-à-dire  que 
«  le  produit  de  deux  nombres  quelconques  de  ces  deux  classes  est  un 
»  nombre  complexe  existant.    » 

»  Tous  ces  théorèmes  deviennent  évidents  si  un  nombre  idéal  peut  être 
représenté  par  une  ligne  dans  l'espace,  et,  en  effet,  ils  expriment  des  pro- 
priétés générales  des  lignes  dans  l'espace. 

»  Mais  ce  n'est  pas  seulement  par  les  analogies  dont  je  viens  de  donner 
quelques  exemples  que  j'ai  été  conduit  à  étudier  les  quantités  ultra-géomé- 
triques; j'y  ai  été  poussé  aussi  par  la  pensée  de  généraliser,  s'il  était  pos- 
sible, Ja  belle  méthode  de  M.  Liouville,  relative  aux  fonctions  doublement 
périodiques,  et  de  l'étendre,  au  moins  dans  certains  cas,  aux  fonctions 
triplement  périodiques. 

»  Je  ne  donnerai  pas  ici  toutes  les  formes  sous  lesquelles  se  présentent 
les  nombres  ultra-géométriques,  ni  les  formules  qui  permettent  de  passer 
d  une  forme  à  l'autre.  Cependant  il  est  une  forme  qui  mérite  une  étude 
spéciale,  c'est  celle  où  le  nombre  dans  l'espace  se  présente  sous  forme 
polygonale,  c'est-à-dire  où  il  est  formé  avec  des  coefficients  entiers  et  les 
racines  solides  de  l'unité.  Un  pareil  nombre  sera  dit  un  nombre  complexe 
dans  l  espace. 

5o.. 


(  384  ) 
»   Si  l'on  appelle  a.k  une  laeine  de  l'équation 

vm  —  i  =  o 
et  pA  une  racine  de  l'équation 

p      —   1   =   0, 

a  désignant  les  racines  dans  le  plan  des  XY  et  |3  les  racines  dans  le  plan 
des  XZ;  alors  la  ligne 

a  +  nlakfi"+  rt2a2*/32/l  -+-  a3uîk^3h  +  .  .  .  -+-  am^  «<"»-•>*.  f3<*"-'>A 
sera  dite  un  nombre  complexe  dans  l'espace,  et  nous  le  désignerons  par 

/•(**,  fi"). 

a,  a,,  à2,  ■  •  ■ ,  ocm _,  sont  des  nombres  entiers  qui  sont  les  coefficients  du 
nombre  complexe;  donnons  à  k  et  à  h  toutes  les  valeurs  entières  de  o  à 
m  —  1 ,   nous  aurons  nr  nombres  de  la  forme 

en  les  multipliant  ensemble,  nous  aurons  un  nombre  qui  sera  dit  la  norme 
de  j\ct,  /3),   et  que  nous  désignerons  par 

où  je  démontre  que  cette  expression,  multipliée  par  une  puissance  de  1 
convenablement  choisie,  est  toujours  un  nombre  entier.  C'est  là  un  résultat 
fondamental,  en  ce  qu'il  montre  comment  un  nombre  entier  peut  se  décom- 
poser en  facteurs  complexes  dans  l'espace. 

•>  Voici  l'analyse  dont  je  me  suis  servi  :  je  commence  par  chercher  le 
produit  géométrique  de  deux  nombres  complexes  complémentaires 

et  je  trouve  que  ce  produit  multiplié  par  4  »  pour  expression 

9  (a)  x  <p(cr')  -+■  ^(a)x  lO-1), 

<p  et  ty  dépendant  de  h  et  k,  et  étant  d'ailleurs  faciles  à  déterminer.  Si  l'on 
donne  à  h  et  à  k  toutes  les  valeurs  dont  ces  nombres  sont  susceptibles,  nous 
aurons  un  produit  que  nous  désignons  par 

et  qui,  multiplié  par  •2(m~,)",  donne  un  nombre  réel  et  même  entier. 


(  385  ) 
»   En  examinant  plus  attentivement  la  composition  de 

N/(a,/3), 
on  voit  qu'en  posant 


m  —  i 

=  p.: 

T 

et  désignant  par 

«4/(a,  /3),       tuj\c/.,$). 

"3  /'(a» 

m. 

/(a,./3),  .    .,       itu.J{a,  ,S 
/j.  nombres  dont  les  facteurs  complexes  sont  faciles  à  trouver,  on  a 

[»,/(*,  J3)  x  nj  (a,  /5)  x  *,-/(«,  /3)-  •  •  «,,/(«-  Z3)]2  =  ^""""2  N  /  [a,  (3  . 

La  recherche  des  facteurs  premiers  de  la  norme  d'une  quantité  complexe 
dans  l'espace,  ou,  si  l'on  veut,  d'un  polygone  dans  l'espace,  formé  de  coef- 
ficients entiers  combinés  avec  les  racines  solides  de  l'unité,  se  ramène  donc 
à  la  recherche  des  facteurs  premiers  de  p.  nombres  entiers.  En  désignant 
par  h  un  indice  quelconque  inférieur  ou  égal  à  p.,  si  l'on  a 

nh  =  0  (mod.  p), 
p  étant  un  nombre  premier,  on  aura 

N/(a,  /3)  =  o(mod.  p), 
et  réciproquement. 

«  On  voit  donc  que  la  condition  que  la  norme  d'un  nombre  dane  l'es- 
pace j  («5  P)  soit  divisible  par  un  nombre  premier  p  amènera  certaines 
conditions  de  divisibilité  de  nombres  entiers  intimement  liés  à  J[a,  jS),  et 
s'en  déduisant. 

«   Donc  toute  notre  nouvelle  théorie  repose  sur  l'étude  des  nombres 

72(,  /22,  ^3,  •  •  •  ,  ^u" 

»  Sans  entrer  dans  des  détails  qui  dépasseraient  le  but  de  cet  exposé, 
qu'il  me  suffise  de  dire  que  chaque  nombre  n  peut  être  considéré  comme  la 
racine  carrée  de  la  norme  d'une  quantité  complexe  de  la  forme 

(f  et  <J>  étant  des  fonctions  des  coefficients  entiers  de  J(a,  ]3)  et  des  racines 
planes  de  l'unité.  Un  cas  intéressant  est  celui  où  chacun  de  ces  nombres  est 
égal  à  2  ;  alors,  en  effet, 

etf(a,  /3)est  une  unité  complexe  dans  l'espace.   Ce  qu'on  peut  ajouter, 


(  386  j 
c'est  que,  de  cette  façon,  on  aura  tous  les  nombres  complexes  clans  l'espace 
dont  la  norme  est  l'unité.  Dans  une  prochaine  communication,  j'indique- 
rai l'emploi  des  nouvelles  imaginaires  dans  la  théorie  des  fonctions  pério- 
diques. » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 
CHIMIE  MINÉRALE.  —  Production  du  peroxyde  de  fer  magnétique. 

M.  Roiîisixs  adresse  de  Londres  une  Note  écrite  en  anglais  destinée  à  éta- 
blir la  date  à  laquelle  ont  été  rendus  publics  les  résultats  auxquels  il  est 
arrivé  sur  ce  sujet,  date  qu'il  donne  comme  antérieure  de  plusieurs  années 
à  celle  des  premières  communications  de  M.  Malaguti. 

«  C'est  en  poursuivant  des  recherches  sur  l'oxyde  ferroso-ferrique,  dit 
M.  Robbins,  que  j'ai  été  conduit  à  la  découverte  du  mode  de  préparation 
qui  m'a  donné  un  peroxyde  de  fer  attirable  à  l'aimant.  Le  6  juin  i85g  j'en 
fis  le  sujet  d'une  communication  à  Y  Association  de  discussions  chimiques. 
Mes  résultats  ayant  été  contestés,  je  revins  sur  ce  sujet  dans  la  séance  sui- 
vante et  établis  par  de  nouvelles  expériences  l'exactitude  de  mes  premières 
conclusions. 

«  La  même  année  je  fis  paraître  dans  le  premier  numéro  des  Chemical 
Neivs  (10  décembre  1859)  une  Note  sur  le  même  sujet.  J'ai  l'honneur, 
Monsieur  le  Président,  de  vous  adresser  ci-joint  ce  numéro  du  journal  ainsi 
qu'un  exemplaire  du  Rapport  sur  la  deuxième  séance  annuelle  de  l'^sso- 
cialion  de  discussions  chimiques  (2  janvier  1860),  Rapport  où  se  trouvent 
mentionnées  mes  premières  communications.    ■• 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  le 
•20  octobre  à  l'occasion  d'une  seconde  Note  de  M.  Malaguti  sur  le  peroxyde 
de  fer  magnétique,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Chevreul,  Dumas, 
Pelouze,  Pouillet  et  Regnault. 

M.  Ozanam  présente  comme  pièce  de  concours  pour  les  prix  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  delà  fondation  Montyon  un  Mémoire  ayant  pour  titre: 

«   De  l'Anéslhésie  par  les  gaz  carbures  ». 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  ïIusson  adresse  deToul  (Meurthe)  une  seconde  Note  «  sur  la  quantité 
d'air  indispensable  à  la  respiration  durant  le  sommeil  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Payen,  Longet.  ) 


(  387  )    ' 

M.  Durand,  de  Lunel,  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note 
ayant  pour  titre:  «  Théorie  électrique  du  froid,  de  la  chaleur  et  de  la  lu- 
mière ». 

(Commissaires,  MM.  Dumas,  Pouillet,  Regnault.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  de  Jonquières,  par  une  Lettre  écrite  le  29  janvier  1 863,  à  bord  du 
Bertliollel,  en  racle  de  Vera-Cruz,  se  fait  connaître  comme  auteur  d'un 
Mémoire  présenté  au  concours  pour  le  grand  prix  de  Mathématiques  de  1862 
(Théorie  des  courbes  planes),  Mémoire  qui  avait  été  inscrit  sous  le  n°  1 ,  et 
qui  a  obtenu  la  première  des  deux  médailles  décernées  dans  ce  concours. 

M.  le  Surintendant  du  relevé  géologique  de  l'Inde  adresse  deux  nou- 
veaux volumes  des  publications  de  la  Commission,  et  indique  les  voies  par 
lesquelles  l'Académie  pourra  faire  parvenir  ses  propres  publications  à  la 
Bibliothèque  du  Musée  Géologique  de  Calcutta,  établissement  qui  se  rat- 
tache à  cette  grande  opération. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  M.Doyère  un  «  Mémoire 
sur  la  respiration  et  la  chaleur  humaine  dans  le  choléra  »,  Mémoire  auquel 
l'Académie,  dans  sa  séance  annuelle  du  14  mars  i85t),  a  décerné  un  prix  de 
la  fondation  Bréant. 

Au  nom  de  M .  L.  Marchand  des  «  Recherches  botaniques  et  thérapeu- 
tiques sur  le  Croton  tiglium  » . 

Et  au  nom  de  M.  cl ' Anareviik  deux  exemplaires  de  la  Flore  Vallaisanne. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées 
de  la  Correspondance  :  i°  le  Rapport  sur  la  XXXIe  réunion  de  l'Asso- 
ciation Britannique  pour  l'avancement  des  sciences; 

20  Un  ouvrage  de  M.  de  Cammas,  ayant  pour  titre  «  la  Vallée  du  Nd, 
impressions  et  photographies  ».  Plusieurs  grandes  images  photographiques, 
qui  se  rattachent  à  cet  ouvrage  et  représentent  quelques-uns  des  plus  remar- 
quables monuments  de  la  vallée  du  Nil,  sont  mises  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie. 


(  388  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —  Sur  une  nouvelle  classe  de   combinaisons  chimiques; 

par  M.  J.  Nicklès. 

«  Eh  faisant  connaître,  il  y  a  seize  ans  [Comptes  rendusul.  XVI,  p.  a85), 
l'acide  butyro-acétique  C'H'O4,  j'ai  fait  voir  qu'il  faisait  avec  le  chlorure 
de  plomb  une  combinaison  particulière  que  l'on  obtient  facilement  en  ver- 
sant du  chlorure  de  baryum  dans  une  dissolution  moyennement  concentrée 
de  butyro-acétate  de  plomb  et  en  abandonnant  ensuite  à  la  cristallisation. 
Le  produit  qui  se  dépose  constitue  de  beaux  prismes  à  base  carrée,  forte- 
ment striés,  solubles  dans  l'eau  et  contenant  du  chlorure,  du  plomb,  du 
baryum,  de  l'acide  butyro-acétique  avec  2,5g  pour  100  d'eau  de  cristal- 
lisation, de  manière  à  former  un  sel  quadruple,  résultant  de  l'union  de 
deux  sels  doubles. 

«  Ayant,  depuis  lors,  réussi  à  produire  de  l'acide  butyro-acétique  par 
voie  de  synthèse  (Journ.  de  Pliarm.,  t.  XXX,  p.  35 1),  j'ai  préparé  aussi  une 
quantité  suffisante  dudit  sel  quadruple,  afin  de  l'étudier  plus  à  fond. 

»  Le  chlorure  de  plomb  y  est  associé  à  du  chlorure  de  baryum,  du 
butyro-acétate  de  plomb,  ainsi  qu'à  du  butyro-acétate  de  baryte.  La  pré- 
sence de  l'acide  butyro-acétique  y  est  d'ailleurs  reconnaissable  par  la  pro- 
priété que  possède  le  composé  réduit  en  petits  fragments,  de  tournoyer  sur 
l'eau  avant  de  se  dissoudre,  et  par  les  produits  cacodyliqnes  qu'il  donne 
ipirind  on  le  chauffe  avec  de  la  potasse  et  de  l'acide  arsénieux. 

»    La  composition  cadre  avec  la  formule 

ClPb,ClBa-+-3(C6H503PbO,C6Hs03BaO,  HO) 

qui  veut  un  chlorure  double  uni  avec  un  butyro-acétate  double,  en  d'autres 
termes,  un  sel  quadruple 

Calculé. 
^  t^  Trouvé. 

Cl 35,5  5,8o  6,oi 

Ba! 1 3"j  22,33  33,35 

Pb: 207  33,82  33,87 

C" 108  17,64  17,45 

H"^ i6,5  2,69  2,55 

0'3' 108  >7>64  "6,77 

Équiv.  .  .  612,0  100,00  100,00 

»  La  forme  cristalline  consiste  dans  le  prisme  à  base  carrée  co  P  modifié 
par  20  P  oc  et  par  oP.  Les  faces  octaédriques  P  rencontrent  oP  sous  l'angle 
i32°  et  «  P  sous  l'angle  de  i38°. 


(  389  ) 

»  Déjà,  en  1846  (voyez  mon  Mémoire,  loc.  cil.),  j'ai  cherché  à  réaliser 
de  pareilles  combinaisons  avec  des  homologues  de  l'acide  bntyro-acétique. 
J'y  suis  arrivé  depuis,  en  substituant  le  chlorure  de  sodium  au  chlorure  de 
baryum. 

»  Quand,  dans  une  dissolution  concentrée  et  chaude  d'acétate  de  plomb, 
on  introduit  du  chlorure  de  sodium  solide,  il  se  forme,  sans  contredit,  un 
précipité  de  chlorure  de  plomb,  mais,  en  même  temps,  on  remarque  que 
l'eau  mère  devient  de  plus  en  plus  dense.  Abandonnant  le  liquide  à  la  cris- 
tallisation, on  obtient  avec  ClPb  libre  des  croûtes  opalines,  formées  de 
cristaux  très-distincts,  mais  fortement  striés,  qui,  au  contact  de  l'eau,  se 
décomposent  en  donnant  lieu  à  un  dépôt  de  chlorure  de  plomb  et  à  un  sel 
quadruple  moins  riche  en  chlore  qui  reste  en  dissolution. 

»  Il  a  pour  formule 

ClPb,  ClNa,  2C"H303PbO-t-C4H803NaO+2HO, 
conformément  au  tableau  que  voici  : 

Calculé 
-  h  Trouve. 

Cl 7 1  ii,4'  12>°7 

Na' 46  7,39  8,43 

Pb3 3io  46,83  5o,i9 

C" 72  11  ,57  1  1  ,20 

H" 11  1,76  1,79 

0" 112  18,04  '6,3a 

Equiv. .  .  .      622  100,00  100,00 

»  Sa  forme  primitive  dérive  d'un  prisme  rhomboïdal  oblique  ±00  p,  dé 
1  i8°i,  formant  avec  oP  les  angles  107  et  1 17°;  son  axe  brachydiagonal  est 
modifié  par  Pco  qui  coupe  oP  sous  l'angle  1 170. 

»  Ce  n'est  qu'avec  des  précautions  particulières,  qui  sont  exposées  dans 
le  Mémoire,  qu'on  a  pu  obtenir  ces  cristaux  avec  une  netteté  suffisante  pour 
pouvoir  les  examiner  au  goniomètre. 

»  Quoique  décomposable  par  l'eau,  ce  sel  est  soluble  à  chaud,  dans  son 
eau  mère,  ainsi  que  dans  de  l'eau  salée  à  saturation;  par  évaporation,  il 
s'en  sépare  de  nouveau  à  l'état  cristallin,  semblable  en  ceci  aux  bromo- 
bismuthates  et  aux  bromo-antimoniates  cpie  j'ai  fait  connaître  en  1861 . 

»  Au  contact  des  acides,  il  se  décompose  promptement  en  se  recouvrant 
de  chlorure  de  plomb;  sous  l'influence  d'un  courant  de  chlore,  ses  disso- 

C.  R...  i863,  ier  Semestre.  (T.  LV1,  N°  9.)  5i 


(  39o) 
lutions   donnent  lieu   à   tous  les  phénomènes   qui  ont  été  observés  par 
MM.  Sobrero  et  Selmi  et  qui  les  ont  conduits  à  conclure  à  l'existence  d'un 
composé  CPPb. 

»  J'avais  pensé  pouvoir  remplacer  par  voie  de  substitution  le  plomb 
par  d'autres  métaux  et  obtenir  ainsi  d'autres  sels  quadruples;  mes  tentatives 
à  cet  égard  ont  été,  jusqu'ici,  sans  résultat.  Les  différents  chlorures  métal- 
liques, moins  toutefois  celui  de  sodium,  occasionnent,  il  est  vrai,  un  préci- 
pité de  chlorure  de  plomb,  mais  par  l'évaporation  ils  se  séparent,  soit  à 
l'état  de  chlorure  cristallisé  (ClMn,  par  exemple),  soit  à  l'état  d'acétate 
(ClCu  est  dans  ce  cas).  De  même  aussi,  une  eau  mère  à  peu  près  épuisée 
peut-elle  donner  lieu  à  des  cristaux  d'acétate  de  soude,  mais  aucun  sel  qua- 
druple n'a  pu  être  obtenu  sans  plomb.  Il  serait  intéressant  de  savoir  si  le 
thallium  est  capable  de  produire  de  ces  composés. 

»  Engagé  dans  ces  combinaisons,  le  chlorure  de  plomb  peut  donc  être 
rendu  bien  plus  soluble  qu'il  ne  l'est  quand  il  est  libre  ou  en  présence  d'un 
chlorure  alcalin.  Cette  circonstance  donne  aux  sels  quadruples  un  intérêt 
pratique,  en  raison  du  parti  remarquable  que  M.  Niepce  de  Saint-Victor  a 
récemment  tiré  du  chlorure  de  plomb  dans  ses  belles  recherches  sur  la 
fixation  des  couleurs  héliochromiques. 

»  M.  Carius  vient  de  faire  connaître  des  combinaisons  semblables  dans 
le  dernier  numéro  des  Annalen  derChemieund  Pharmacie.  Je  ferai  remarquer, 
en  terminant,  que  ce  genre  de  corps  me  préoccupe  depuis  bien  des  années; 
j'en  ai  fait  connaître  un  au  moins  dès  1846  (Compte  rendu  de  Gerhardt 
dans  le  Journ.  Pliarm.,  X,  p.  376);  je  puis  ajouter  que  les  faits  consignés 
dans  cette  Note  ont  été  communiqués  par  moi  le  7  juillet  1862  à  l'Acadé- 
mie de  Stanislas.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  production  de  l'ozone  par  iélectrolyse  et  sur  la  nature  de 
ce  corps;  par  M.  J.-L.  Soret.  (Présenté  par  M.  Regnault.) 

«  Dans  une  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  il  y  a 
déjà  plusieurs  années  (1),  j'ai  signalé  le  fait  que  l'on  augmente  beaucoup  la 
quantité  d'ozone  obtenue  par  la  décomposition  électro-chimique  de  l'eau, 
quand  on  opère  à  une  température  très-basse  ;  j'ai  indiqué  également  les 
proportions  d'ozone  que  j'avais  déterminées  à  l'aide  d'une  méthode  ana- 
logue à  celle  dont  on  fait  usage  dans  les  essais  chlorométriques. 

(1)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences;  i854>  t.  XXXVIII,  p-  445- 


(  3g-  ) 

»  J'ai  entrepris  récemment  quelques  nouvelles  recherches  sur  ce  sujet, 
en  me  servant  de  la  méthode  beaucoup  plus  précise  de  M.  Bunsen  qui 
emploie  l'acide  sulfureux  très-dilué  et  une  dissolution  titrée  d'iode  pour 
doser  les  corps  oxydants.  Le  gaz  contenant  une  certaine  proportion  d'ozone, 
qu'il  s'agissait  de  déterminer,  était  traité  par  une  dissolution  d'iodure 
de  potassium;  l'iode  mis  en  liberté  était  alors  dosé  par  la  méthode  de 
M.  Bunsen. 

»  J'ai  réussi  à  obtenir  par  l'électrolyse  de  l'acide  sulfurique  dilué  (i  vo- 
lume d'acide  concentré  pour  5  volumes  d'eau)  des  proportions  d'ozone 
beaucoup  plus  considérables  que  lors  de  mes  premières  expériences. 

»  Les  conditions  que  remplissaient  les  appareils  à  décomposition  et  qui 
m'ont  paru  favoriser  la  production  de  cette  substance  sont  les  suivantes  : 

»  Les  gaz  dégagés  à  chaque  pôle  étaient  séparés  l'un  de  l'autre.  A  cet 
effet,  l'électrode  négative  était  entourée  d'un  diaphragme  en  terre  poreuse 
au-dessus  duquel  on  plaçait  une  petite  cloche  en  verre  terminée  par  un  tube 
par  lequel  s'échappait  l'hydrogène. 

»  Les  électrodes  étaient  formées  de  61s  très-fins  en  platine  allié  d'iridium. 

»  Le  vase  dans  lequel  se  produisait  la  décomposition  avait  un  volume 
assez  considérable.  Dans  ce  cas,  et  particulièrement  si  l'électrolyse  s'effectue 
dans  les  couches  inférieures  du  liquide,  réchauffement  résultant  du  passage 
du  courant  est  très-faible  et  la  température  ne  dépasse  celle  du  milieu 
ambiant  que  d'un  petit  nombre  de  degrés. 

»  Dans  ces  conditions,  en  employant  une  pile  de  Bunsen  de  io  à  12  élé- 
ments, et  en  refroidissant  seulement  l'appareil  dans  de  l'eau  à  5°  ou  6°, 
j'ai  obtenu  déjà  une  proportion  de  près  de  1  partie  d'ozone  sur  100  parties 
d'oxygène  dégagé  (en  admettant  qu'à  1  équivalent  d'iode  mis  en  liberté 
dans  l'iodure  de  potassium,  correspond  1  équivalent  d'ozone  considéré 
comme  une  modification  allotropique  de  l'oxygène). 

»  En  entourant  l'appareil  d'un  mélange  réfrigérant  de  glace  et  de  sel 
marin,  et  en  faisant  arriver  immédiatement  le  gaz  dans  la  dissolution  de 
l'iodure  de  potassium,  j'ai  obtenu  plus  de  2  pour  100  d'ozone.  Si  l'oxygène 
chargé  d'ozone  était  recueilli  dans  un  ballon  sur  l'eau  distillée,  cette  pro- 
portion devenait  un  peu  moindre,  et  l'eau  déplacée  par  le  gaz  contenait  une 
quantité  très-sensible  d'ozone  en  dissolution. 

»  Ces  chiffres  sont  beaucoup  plus  forts  que  ceux  trouvés  par  les  obser- 
vateurs qui  ont  dosé  l'ozone  électrolytique,  à  ma  connaissance  du  moins. 

»  Ce  gaz  paraît  supporter  sans  altération  la  dessiccation  par  l'acide  sulfu- 

5i.. 


(  392  ) 

rique.  Au  contact  de  l'iodure  de  potassium,  il  donne  des  fumées  blanches 
très-persistantes. 

»  Cette  possibilité  de  préparer  facilement  une  quantité  notable  d'ozone 
doit  permettre  de  donner  une  solution  à  quelques  questions  encore  contro- 
versées. Les  chimistes  ne  sont  pas  d'accord  en  particulier  sur  la  nature  de 
ce  corps,  dans  le  cas  au  moins  où  il  est  produit  par  l'électrolyse  ;  les  uns  le 
considèrent  comme  un  état  allotropique  de  l'oxygène,  les  autres  comme  un 
oxyde  supérieur  d'hydrogène  répondant  à  la  formule  HO3.  Cette  dernière 
opinion  est  principalement  fondée  sur  un  travail  de  M.  Baurnert  (1)  dont  les 
recherches  paraissent  avoir  été  faites  avec  beaucoup  de  soin.  L'expérience  la 
plus  concluante  de  ce  savant  est  celle  qu'il  rapporte  à  peu  près  en  ces  termes: 
Sur  les  parois  d'un  tube  de  verre  long  et  étroit,  on  opère  un  dépôt  léger 
d'acide  phosphorique  anhydre.  Si  Ton  fait  arriver  dans  ce  tube  l'oxygène 
électrolytique  chargé  d'ozone  et  préalablement  bien  desséché,  on  n'observe 
aucune  altération  de  l'acide  phosphorique;  mais  si  l'on  vient  à  chauffer  ce 
tube  en  un  point,  de  manière  à  détruire  l'ozone,  on  voit  se  liquéfier  l'acide 
phosphorique  au  delà  de  la  flamme,  tandis  qu'il  reste  intact  en  deçà. 
M.  Baurnert  attribue  cette  liquéfaction  à  une  dissolution  dans  l'eau  qui  serait 
un  produit  de  la  décomposition  de  l'ozone.  M.  Marignac  (2)  a  fait  contre 
cette  manière  de  voir  l'objection  que  rien  ne  prouve  suffisamment  que 
l'oxygène  électrolytique  ne  soit  pas  mélangé  d'une  petite  quantité  d'hydro- 
gène qui  aurait  traversé  par  diffusion  la  paroi  en  terre  poreuse  par  laquelle 
les  électrodes  étaient  séparées;  la  formation  d'eau,  après  une  élévation  de 
température,  se  trouverait  ainsi  expliquée. 

»  J'ai  cherché  à  décider  cette  question  de  la  manière  suivante  :  il  est 
facile  d'obtenir  un  dégagement  électrolytique  d'oxygène  chargé  d'ozone 
sans  qu'il  se  développe  simultanément  de  l'hydrogène.  Il  suffit  pour 
cela  de  prendre  un  vase  contenant  de  l'eau  acidulée  où  l'on  plonge  di- 
rectement l'électrode  positive;  dans  ce  vase  on  place  un  diaphragme 
poreux  rempli  de  sulfate  de  cuivre  en  dissolution  et  l'on  y  introduit  une 
lame  de  cuivre  comme  électrode  négative.  J'ai  fait  passer  l'oxygène  qui  se 
dégageait,  dans  ces  conditions,  au  travers  de  longs  tubes  contenant  de 
l'acide  sulfurique  concentré;  il  arrivait  ainsi  parfaitement  desséché  dans  un 
petit  vase  d'où  l'on  pouvait  le  diriger  à  volonté,  soit  dans  une  dissolution 


(1)  Annales  de  Poggcndorf;  i853,  t.  LXXXIX,  p.  38. 

(2)  Archives  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Genève;  i853,  t.  XXIV,  y.  3b4- 


(  3<>3  ) 
d'iodure  de  potassium  pour  déterminer  la  proportion  d'ozone,  soit  dans  un 
tube  revêtu  d'acitle  phosphorique  anhydre  pour  réfuter  l'expérience  fonda- 
mentale de  M.  Baumert.  En  opérant  ainsi,  je  n'ai  pas  pu  constater  la  moindre 
altération  du  dépôt  d'acide  phosphorique,  et  cependant  la  quantité  d'ozone 
déterminée  par  une  analyse  au  commencement  et  à  la  fin  de  l'expérience  était 
très-consid érable;  dans  une  des  expériences,  on  aurait  dû  obtenir  plus  de 
18  milligrammes  d'eau,  en  prenant  les  nombres  au  plus  bas,  si  l'ozone  avait 
pour  formule  HO3.  Si  l'on  remplaçait  l'appareil  à  sulfate  de  cuivre  par  un 
voltamètre  où  les  gaz  étaient  séparés  le  mieux  possible  à  l'aide  d'une  paroi 
poreuse,  on  voyait,  au  contraire,  au  bout  de  peu  d'instants,  s'opérer  la 
liquéfaction  de  l'acide  phosphorique. 

»  J'ai  contrôlé  cette  expérience  en  remplaçant  le  tube  à  acide  phospho- 
rique par  un  simple  tube?n  verre,  chauffé  en  un  point  par  une  lampe  à  gaz, 
de  manière  à  détruire  l'ozone.  A  la  suite  de  ce  tube  était  disposé  un  tube 
en  U  contenant  de  la  pierre  ponce  imbibée  d'acide  sulfurique  et  préalable- 
ment taré.  Je  n'ai  obtenu  aucun  changement  de  poids  de  ce  dernier  appa- 
reil, entre  les  limites  des  erreurs  d'observation;  or  l'analyse  du  gaz  faite  au 
commencement  et  à  la  fin  de  l'expérience  indiquait  que,  dans  l'hypothèse 
de  M.  Baumert,  on  aurait  dû  recueillir  de  1 5  à  20  milligrammes  d'eau  sui- 
vant les  cas. 

»  Ces  résultats  me  paraissent  démontrer  la  réalité  de  l'objection  de 
M.  Marignac,  et  prouver  que  l'ozone  électrolytique  n'est  pas  un  oxyde 
d'hydrogène  (1).    » 

chimie  GÉNÉRALE.  —  Recherches  sur  (es  affinités.  —  Sur  la  limite  de  combinaison 
entre  les  acides  et  tes  alcools;  prMM.  Berthelot  et  Péan  de  Saixt-Gilles. 
(  Présenté  par  M.  Dumas.) 

«  Toutes  les  fois  que  l'on  met  en  présence  un  acide  et  un  alcool,  leur 
combinaison  s'effectue  et  donne  naissance  à  deux  nouveaux  produits,  l'eau 
et  un  éther  composé.  A  mesure  que  la  proportion  de  ceux-ci  augmente, 
l'action  se  ralentit,  en  se  rapprochant  sans  cesse  d'un  terme  fixe  avec  lequel 
elle  finit  par  ne  plus  offrir  aucune  différence  sensible  à  l'expérience.  Ce 


(1)  Je  dois  témoigner  ici  toute  ma  reconnaissance  à  M.  Bunsen,  qui  a  bien  voulu  me  per- 
mettre de  faire  ces  expériences  dans  son  laboratoire  à  Heidelberg,  et  m'aider  de  ses  précieux 
conseils. 


(  394  ) 
terme  fixe  ne  répond  pas  à  une  saturation  complète  de  l'acide  par  l'alcooi, 
quelles  que  soient  leurs  proportions  relatives;  quand  ce  terme  est  atteint,  il 
subsiste  donc  un  mélange,  désormais  invariable,  des  quatre  corps  suivants  : 
alcool,  acide,  éther  neutre  et  eau. 

»  Ces  phénomènes  sont  dus,  comme  nous  l'avons  démontré  ailleurs,  à 
l'équilibre  qui  s'établit  entre  l'affinité  de  l'acide  pour  l'alcool,  qui  tend  à 
les  combiner,  et  l'affinité  inverse  de  l'eau  pour  l'éther  neutre,  qui  tend  à 
régénérer  l'acide  et  l'alcool.  Il  suffit  en  effet  d'éliminer  l'eau  pour  obtenir 
une  combinaison  complète.  Ces  faits  établissent  une  distinction  fondamen- 
tale entre  la  réaction  des  acides  solubles  sur  les  alcools  et  la  réaction  de  ces 
mêmes  acides  solubles  sur  les  bases  solubles,  c'est-à-dire  entre  la  forma- 
tion des  éthers  et  celle  des  sels. 

»  Nous  avons  soumis  à  une  étude  approfondie  ce  genre  d'équilibre  qui 
caractérise  plus  spécialement  la  chimie  organique,  et  nous  avons  déterminé 
la  limite  de  combinaison  pour  plusieurs  centaines  de  systèmes  formés  par 
des  mélanges  de  divers  acides  et  alcools. 

»  Nous  allons  exposer  les  résultats  généraux  auquels  nous  sommes  par- 
venus. 

»  I.  La  limite  dépend  des  proportions  relatives  d'acide,  d'alcool  et  d'eau 
qui  sont  en  présence.  Pour  un  même  système,  elle  est  pour  ainsi  dire  indé- 
pendante de  la  température  et  de  la  pression,  pourvu  que  ce  système  de- 
meure liquide  en  totalité  ou  à  peu  près.  L'état  de  dissolution  dans  un 
liquide  étranger  à  la  réaction,  tel  que  l'acétone  ou  l'éther  hydrique,  ne  mo- 
difie pas  sensiblement  la  limite  de  combinaison.  C'est  cette  limite,  caracté- 
ristique pour  chaque  système,  dont  nous  allons  donner  les  valeurs  numé- 
riques. 

»  IL  Action  des  acides  sur  les  alcools,  à  équivalents  égaux  (sans  addition 
(feauK  —  Lalimite  représente  la  proportion  centésimale  d'acide  neutralisé. 

i°   Acides  monobasiques. 

Conditions  de  l'expérience. 
Systèmes  expérimentés.  Durée.    Température.    Limite. 

\lcools  monoatomiques,  série  C2"H2"+202. 

Alcool  ordinaire  et  aride  acétique '   ^hear"  170°  66,5 

»  butyrique 28  200  70,2 

j>  valérique.  .'.  .  .  .        4^  2I°  65,8 

stéarique 24  210  72,0  environ. 

•  benzoïque 20  200  66,5 


(  395) 

Alcool  méthylique  et  acide  acétique 2gheures  200o  ^  )  5 

»  valérique 22  200  65,9 

»  benzoïque 20  200  64,8 

Alcool  amylique  et  acide  acétique /p  210  68,2 

u  butyrique 42  '7°  7°)  7 

»  valérique 3o  210  69 , 7 

»  benzoïque 21  210  70,0 

Alcool  éthalique  et  acide  acétique 10  200  68,4 

»  valérique 110  23o  72,8 

»  Autres  séries  : 

Alcool  mentholique,  CM H10 O2  et  acide  acétique. .  1 14  '5o  60,0 

Alcool  campholique,  C2°H's02 et  acide  acétique.  4^  2io  71,4 

Alcool   benzoïque,     C" H*  O2  et  acide  acétique.  4^  2I°  63,3 

Alcool  cholestérique,  C" H" O2  et  acide  acétique,  tfè  210  61 ,3 

»  Alcools  polyatomiques  : 

Glycérine,  triatomique,  et  acide  acétique 24  170  68,7 

Glycérine  et  acide  valérique 42  t7°  7  '  »4 

Glycol,  diatomique,  et  acide  acétique n4  i5o  68,8 

Erythrite,  C8H'°Os,  tétratomique,  et  acide  acétique.  114  i5o  69,5 

a  Ces  nombres  montrent  que  les  divers  acides  monobasiques  et  les  di- 
vers alcools  se  combinent  suivant  une  proportion  équivalente  à  peu  près 
constante,  malgré  l'extrême  diversité  de  propriétés  physiques  et  chimiques 
qui  existe  entre  ces  divers  acides  et  alcools.  Il  est  digne  de  remarque 
qu'un  équivalent  des  alcools  polyatomiques  agit  sur  un  équivalent  d'acide 
exactement  de  la  même  manière  qu'un  équivalent  d'alcool  monoato- 
mique. 

»  Nous  nous  sommes  demandé  si  les  légères  différences  que  l'on  observe 
entre  les  limites  ci-dessus  devaient  être  attribuées  à  la  diversité  inévitable 
des  propriétés  physiques  des  systèmes  mis  en  expérience.  Pour  éclaircir  ce 
doute,  nous  avons  opéré  avec  des  systèmes  métamères,  c'est-à-dire  avec  des 
systèmes  pondéralement  identiques,  dans  lesquels  toutes  les  propriétés 
physiques  étaient  aussi  comparables  que  possible.  Nous  avons  opéré  d'à- 
bord  avec  les  deux  systèmes  suivants  : 

Acide  acétique  et  alcool  amylique...     C4  H4  O4  -4-  C,0H,2O2, 
Acide  valérique  et  alcool  éthylique..     C,0H,0O4  4- C4  H6  O2 


(  396  ) 


Voici  les  résultats  : 


Volume  du  tube 
correspondant 
à  i  gramme 
Noms  des  systèmes  Température       Durée.         du    mélange.  Limite 

o  h  ce 

t  Amyl  acétique 210  43  3,7  65,8/ 

/  Éthyl  valérique 210  43  2,8  68,2  < 

Amyl  acétique    210  43  !4j5  %j6 

Éthyl  valérique 210  43  i3,3  72,4 

»  On  voit  que  les  limites  sont  sensiblement  différentes  et  que  leur  diffé- 
rence, quoique  faible,  a  cependant  quelque  chose  de  spécifique.  La  même 
conclusion  peut  être  tirée  des  quatre  couples  métamères  qui  suivent:  méthyl 
valérique  et  éthyl  butyrique,  éthyl  benzoique  et  benzyl  acétique,  éthyl  sé- 
bacique  et  amyl  succinique. 

2°  Acides  poly basiques  (2). 

Conditions  de  l'expérience. 
Systèmes  expérimentés.  Durée.     Température      Limite. 

»   Acides  bibasiques  +  2C'H602,  série  C2nH2"-208. 

Alcool  ordinaire  et  acide  succinique 

»  pyrotartrique 

»  subérique 

»  sébacique 

»  oxalique  [entretto  (3)  et  70]. 

Alcool  méthylique  et  acide  succinique 

Alcool  amylique  et  acide  succinique 

Glycérine  et  acide  succinique 

Alcool  ordinaire  et  acide  tartrique 

»   Acides  tribasiques  +  3  C4  H8  O3 . 
Alcool  ordinaire  et  acide  citrique 11  \fyi  66  ,6 

»  Dans  ces  essais  1  équivalent  d'acide  bibasique  répond  à  2  équivalents 
d'acide  monobasique,  et  1  équivalent  d'acide  tribasique  joue  le  même  rôle 
que  3  équivalents  d'acide  monobasique  . 

(1)  Ces  deux  derniers  systèmes  sont  en  partie  gazeux,  ce  qui  élève  la  limite. 

(2)  Nous  reviendrons  sur  l'acide  sulfurique  dont  l'action  est  plus  compliquée  que  celle  des 
acides  organiques. 

(3)  Un  dosage  plus  exact  n'a  pas  été  possible. 


26" 

200° 

65,7 

22 

20O 

67,2 

22 

140 

65,  : 

22 

200 

66,3 

22 

200 

66,1 

21 

210 

65,2 

■4 

t5o 

7i»2 

22 

1  jo 

66,6 

(397  ) 

»  D'après  ces  nombres,  les  limites  relatives  aux  acides  polybasiques  sont 
plus  voisines  encore  les  unes  des  autres  cpie  celles  des  acides  monobasiques; 
ces  dernières  répondent  d'ailleurs  à  peu  près  à  la  même  proportion 
d'acide  neutralisé. 

»  Cette  proportion  presque  identique  d'éther  formé  dans  les  systèmes 
équivalents  les  plus  divers  est  un  fait  fondamental.  Elle  prouve  que  les 
idées  d'affinités  particulières  et  individuelles,  auxquelles  on  était  accou- 
tumé à  faire  jouer  un  si  grand  rôle  dans  l'éthérification,  doivent  faire  place 
désormais  à  une  notion  d'équilibre  très-simple  et  qui  dépend  principale- 
ment des  équivalents. 

»  Dans  nos  procbaines  communications  nous  montrerons  qu'il  en  est 
de  même,  que  l'on  opère  avec  un  excès  d'alcool,  d'acide  ou  d'éther  neutre, 
avec  ou  sans  l'intervention  de  proportions  variables  d'eau.    » 

physique  appliquée.  —  Expériences  tendant  à  prouver  que  lorsqu'un  paraton- 
nerre ordinaire  est  foudroyé,  son  conducteur  devient  foudroyant  pour  les  corps 
voisins;  Note  de  M.   Perrot.  (Présentée  par  M.  Dumas.) 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  quelques-uns  des  résultats 
d'expériences  nouvelles  qui  viennent  à  l'appui  des  trois  propositions  sui- 
vantes : 

»  Première  proposition.  —  Le  conducteur  du  paratonnerre  ordinaire  pré- 
sente à  l'eau  du  sol  dans  laquelle  il  est  plongé  une  surface  de  contact 
tellement  insuffisante  pour  le  prompt  écoulement  de  l'électricité  d'un  coup 
de  foudre,  que  ce  paratonnerre  ne  peut  être  foudroyé  sans  que  son  con- 
ducteur ne  foudroie  en  même  temps  les  objets  les  plus  rapprochés. 

»  Deuxième  proposition.  —  La  surface  immergée  du  conducteur  du  pa- 
ratonnerre ordinaire,  excessivement  trop  petite  dans  le  cas  précédent,  est 
cependant  assez  grande  pour  livrer  passage  à  un  courant  constant  d'élec- 
tricité capable  de  neutraliser  l'électricité  contraire  du  nuage  orageux  qui 
s'approche. 

»  Troisième  proposition.  —  Il  suffit  donc,  ainsi  que  le  pensent  M.  Babi- 
net  et  M.  Gavarret,  pour  mettre  le  paratonnerre  ordinaire  à  l'abri  des 
coups  foudroyants,  toujours  dangereux  aux  corps  voisins  du  conducteur, 
d'armer  la  tige  de  ce  paratonnerre  de  pointes  longues,  divergentes,  nom- 
breuses, effilées  et  très-conductrices. 

»   Avant  de  décrire  les  expériences,  je  crois  devoir  rappeler  que  l'in- 

C    R  ,  i8G3,   i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  9.)  5a 


(  398) 
struetion  sur  les  paratonnerres  dit  avec  raison  (sauf  ce  qui  regarde  la  direc- 
tion de  l'électricité)  :    «  On  ne  saurait  prendre  trop  de  précautions  pour 
»  procurer  à  la  foudre  un  prompt  écoulement  dans  le  sol,  car  c'est  de  cette 
»   circonstance  que  dépend  l'efficacité  des  paratonnerres.  » 

»  Mais  cette  circonstance  essentielle  ne  me  paraît  pas  exister  dans  les 
para  ton  n  erres  ordi  n  a  i  res . 

»  En  effet,  il  résulte  des  belles  expériences  de  M.  Pouillet  et  de 
M.  Ed.  Becquerel,  que  l'eau  pure  conduit  l'électricité  6^54  millions  de  fois 
moins  que  le  cuivre  (i). 

»  Il  me  semble  résulter  de  là  que  l'écoulement  de  l'électricité  entre 
l'eau  du  sol  et  le  conducteur  ne  peut  avoir  lieu  aussi  facilement  que  dans 
le  conducteur  même,  à  inoins  que  celte  eau  ne  présente  au  conducteur 
une  surface  de  contact  6754  millions  de  fois  plus  grande  que  la  section 
de  ce  conducteur. 

»  En  supposant  que  la  section  du  conducteur  soit  de  1  centimètre  carré, 
la  partie  immergée  de  ce  conducteur  devrait  donc  offrir  à  l'eau  du  sol  une 
surface  de  675400  mètres  carrés,  qu'en  raison  de  la  plus  grande  conduc- 
tibilité de  l'eau  des  puits,  et  de  plusieurs  autres  causes  qu'il  serait  trop  long 
d'énumérer  ici,  nous  supposerons  seulement  de  1000  mètres  carrés. 

»  Mais  la  surface  immergée  dans  l'eau  du  sol  n'atteint  guère  qu'un  dixième 
de  mètre  carré  dans  les  paratonnerres  ordinaires. 

»  Il  me  semble  donc  rationnel  d'en  conclure  : 

»  i°  Que  la  surface  immergée  du  conducteur  du  paratonnerre  ordinaire 
qui  reçoit  le  coup  de  foudre  est  environ  dix  mille  fois  moindre  qu'elle  ne 
devrait  être; 

»  i°  Que  cette  surface  présente  au  passage  de  l'électricité  une  résistance 
dix  mille  fois  environ  plus  considérable  que  la  tige  même  du  conducteur: 

»  3°  Et  enfin,  que  lorsque  le  paratonnerre  ordinaire  est  foudroyé,  il 
existe  sur  son  conducteur  une  tension  électrique  proportionnelle  à  cette 
résistance,  tension  qui  le  rend  foudroyant  pour  les  corps  les  plus  voisins. 

»  Voici  quelques  expériences  nouvelles  qui  viennent  à  l'appui  de  ces 
déductions  : 

»  Après  avoir  placé  l'extrémité  d'une  tige  représentant  un  paratonnerre 
à  distance  explosive  du  conducteur  d'une  machine  électrique  en  communi- 
cation  avec  l'armature   intérieure  d'une  bouteille  de  Leyde,  j'ai  plongé 
l'autre  extrémité  de  cette  tige  dans  l'eau  d'un   vase  métallique  communi- 
ai) Traité  d'électricité  de  M.  Gavarret,  t.  II,  p.  36. 


(  399  ) 
quant  avec  l 'armature  extérieure  de  la  bouteille  et  aven  le  sol.  Cette  tige,  po- 
sée sur  un  support  isolant,  ne  permettait  pas  a  une  des  électricités  de  venir 
neutraliser  l'autre,  sans  passera  travers  l'eau. 

»  La  machine  étant  mise  en  action  jusqu'à  décharge  spontanée,  j'ai  re- 
connu que  l'eau  était  foudroyée  à  dislance  par  le  conducteur. 

»  En  effet,  au  lieu  île  traverser  l'eau  sans  lumière  et  sans  éclat,  l'élec- 
tricité formait  a  la  surface  du  liquide  une  étode  bnllante  dont  les  rayons 
aboutissant  au  conducteur  immergé  avaient  souvent  une  longueur  triple 
de  celle  de  l'étincelle  foudroyante  partie  de  la  machine. 

»  Voulant  constater  la  tension  électrique  à  divers  points  de  la  longueur 
de  la  tige,  et  par  suite  le  danger  que  présente  le  voisinage  d'un  paratonnerre 
foudroyé,  j'ai  approché  une  sphère  métallique  de  ces  différents  poinls;  la 
sphère  a  été  foudroyée  à  une  distance  variant  du  quart  au  triple  de  la  lon- 
gueur de  l'étincelle  foudroyante  de  la  machine.    » 

chimie.  —  Note  sur  la  coloration  de  la  flamme  de  l'hydroqène  par  le> phosphore 
et  ses  composés.  —  Spectre  du  phosphore;  par  M 'II.  P.  Chkistofle  et 
F.   Beilstei.w  (Présenté  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  M.  Wœlher  a  le  premier,  et  depuis  longtemps  (i),  annoncé  que  l'acide 
phosphoreux  communiquait  à  la  flamme  de  l'hydrogène  une  belle  colora- 
tion verte,  et  qu'il  suffisait  d'une  très-petite  quantité  de  ce  corps  pour  pro- 
duire ce  phénomène.  Depuis,  M.  Dusart  (2)  a  développé  ces  expériences 
en  les  étendant  au  phosphore,  et  M.  Blondlot  (3),  se  fondant  sur  ces  faits, 
a  donné  différentes  méthodes  pour  la  recherche  toxicologiquedu  phosphore. 
Nous  avons  repris  ce  travail,  et,  au  moyen  de  l'analyse  spectrale,  nous 
sommes  arrivés  à  des  résidtats  d'une  très-grande  précision. 

»  Nous  avons  pris  un  ballon  d'une  capacité  de  1  litre  environ  et  muni 
d'un  tube  à  dégagement  à  l'extrémité  duquel  nous  avons  fixé  une  pointe  en 
platine.  Nous  avons  produit  dans  ce  ballon  un  dégagement  d'hydrogène, 
et,  après  nous  être  assurés  que  cette  flamme  ne  produisait  aucune  raie  dans 
l'appareil  spectral,  nous  avons  introduit  une  quantité  de  phosphore  à  peu 
près  équivalente  à  celle  qui  se  trouve  au  bout  d'une  allumette.  L'intérieur 
de  la  flamme  a  pris  presque  immédiatement  cette  belle  coloration  vert-éme- 
raude  dont  il  a  été  parlé  plus  haut. 

(1)  Jnn.  der  Pharm.  und  Chcm.,  vol.  XXXIX,  p.  25i  (  1 84 0 - 

(•2)   Comptes  rendus,  vol.  XLIII,  p.  11  26. 

(3)   Journal  de  Pli  a  mincie  et  de  Chimie,  3e  série,  vol.  LV,  p.  25. 

52.. 


(  4oo  ) 
»  Nous  avons  approché  cette  flamme  de  l'appareil  de  MM.  Kirehhoffet 
Bunsen,  et  nous  avons  vu  apparaître  à  gauche  de  la  raie  du  sodium  deux 
raies  vertes  magnifiques,  plus  une  troisième  un  peu  moins  visible  entre  les 
deux  premières  et  celle  du  sodium. 

«  Nous  donnons  une  planche  représentant  le  spectre  que  nous  avons 
observé  :  les  deux  raies  a  el  /3  ont  à  peu  près  la  même  intensité;  la  raie  y 
est  la  plus  faible,  la  raie  «  est  la  plus  forte.  Nous  donnons  aussi  les  cinq 
raies  vertes  du  baryum,  parce  que  deux  de  ces  raies  présentent  une  grande 
analogie  avec  celle  du  phosphore.  D'abord,  les  raies  Ph(S  et  Bac?  corres- 
pondent parfaitement,  et  les  raies  Phec  etBa^  ne  sont  séparées  que  par 
deux  divisions.  Nous  avons  répété  un  grand  nombre  de  fois  ces  expériences 
tant  avec  le  phosphore  ordinaire  qu'avec  le  phosphore  rouge,  et  nous 
sommes  chaque  fois  arrivés  à  un  résultat  identique. 

»  Le  même  phénomène  se  produit  avec  les  acides  phosphoreux  et  hypo- 
phosphoreux. 

»  On  voit,  d'après  la  sensibilité  extrême  de  cette  réaction  et  les  résultats 
certains  qu'elle  permet  de  constater,  tout  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  ce  pro- 
cédé pour  la  recherche  du  phosphore  dans  les  cas  d'empoisonnement.  Dans 
le  Mémoire  signalé  plus  haut,  M.  Dusart  annonce  que  l'odeur  particulière 
de  l'hydrogène  obtenu  par  le  fer,  ainsi  que  la  coloration  verte  de  cette 
flamme,  tiennent  uniquement  à  la  présence  du  phosphore.  Des  recherches 
entreprises  dans  ce  moment  au  laboratoire  de  Gœttingue  tendent  à  prouver 
que  cette  odeur  est  due  à  la  formation  d'un  hydrocarbure. 

»  Quant  à  la  cause  de  la  coloration  de  la  flamme,  nos  propres  expériences 
nous  ont  donné  les  mêmes  résultais  que  M.  Dusart  a  obtenus. 

»  Nous  avons  pris  du  fil  de  fer  qui  est  regardé  comme  ne  contenant  pas 
de  phosphore;  nous  l'avons  introduit  dans  un  appareil  semblable  a  celui 
que  nous  avons  décrit  plus  haut,  et,  pour  éviter  toute  coloration  pouvant 
provenir  de  l'acide  chlorhydrique,  nous  avons  attaqué  le  fer  par  l'acide 
sulfurique.  La  flamme  de  l'hydrogène  ainsi  obtenu  a  pris  immédiatement  la 
couleur  verte  ci-dessus  mentionnée,  et,  approchée  de  l'appareil  spectral, 
elle  nous  a  donné  exactement  les  mêmes  raies  que  nous  avions  observées 
pour  le  phosphore.  Nous  avons  pris  aussi  du  fer  chimiquement  pur,  réduit 
de  l'oxalate  par  l'hydrogène,  et,  après  l'avoir  attaqué  par  l'acide  sulfurique, 
nous  n'avons  obtenu  qu'une  flamme  parfaitement  incolore,  et  ne  produisant 
aucune  raie  dans  le  spectre. 

»  Il  est  à  remarquer  que  le  phosphure  de  fer  préparé,  soit  en  fondant  le 
métal  avec  un  mélange  d'os  calcinés,  de  charbon  et  de  sable,  soit  en  atta- 


(  4oi  ) 

quant  directement  le  fer  par  le  phosphore,  ne  dégage  pas  d'hydrogène.  Ici 
le  fer  est  complètement  rendu  passif.  Mais  dans  l'autre  cas,  comme  le  phos- 
phore se  trouve  en  quantité  relativement  beaucoup  moindre  à  la  faveur  de 
l'excès  de  fer,  le  phosphore  se  volatilise.  Nous  fondant  sur  cette  remarque, 
nous  avons  introduit  du  phosphure  de  fer  préparé  par  l'une  des  méthodes 
dont  nous  venons  de  parler  dans  un  ballon  dégageant  de  l'hydrogène  pro- 
duit par  le  zinc,  en  ayant  eu  toutefois  le  soin  d'éprouver  la  flamme  avant 
d'introduire  le  phosphure  de  fer.  Nous  avons  obtenu  ainsi  la  coloration  verte 
et  les  trois  raies  caractéristiques  du  phosphore. 

»  Ce  fait  paraît  analogue  à  celui  qu'on  observe  avec  l'antimoniure  de  fer, 
qui  ne  dégage  pas  d'hydrogène,  m;iis  qui  est  introduit  dans  un  ballon  déga- 
geant le  gaz  produit  de  l'hydrogène  assez  riche  en  antimoine,  ainsi  que  cela 
résulte  d'un  travail  que  l'un  de  nous  publiera  prochainement. 

»  Avant  de  terminer,  nous  ferons  remarquer  que  vu  la  quantité  sensible 
de  phosphore  entraîné  par  l'hydrogène  lorsqu'on  dissout  le  fer  par  un  acide, 
il  serait  utile  d'éviter  cette  perte  dans  les  analyses.  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  un  moyen  cl 'obtenir  un  synchronisme  parfait  pour 
un  nombre  quelconque  d'horloges  reliées  entre  elles  par  un  fil  conducteur  de 
courants  électriques;  extrait  d'une  Lettre  de  M.   Vérité  à  M.  Seguier. 

«  Ayant  eu  à  m'occuper  de  la  répartition  de  l'heure  dans  la  nouvelle  gare 
du  chemin  de  fer  du  Nord  à  Paris,  j'ai  cherché  à  obtenir  un  synchronisme 
parfait  entre  un  certain  nombre  d'horloges  différentes.  C'est  de  la  solution 
de  ce  problème  que  je  vais  avoir  l'honneur  de  vous  entretenir.  Peut-être 
cette  idée  nouvelle  trouverait-elle  son  application  en  astronomie  ou  pour 
la  détermination  des  longitudes.  Ce  n'est  pas  à  moi  qu'il  appartient  déjuger 
cette  question,  mais  assurément  je  regarde  mon  moyen  comme  très-avan- 
tageux pour  l'usage  civil.  Voici  ce  que  j'ai  expérimenté  ici  avec  un  succès 
complet.  Une  première  horloge  type  ferme  un  circuit  voltaïque  toutes  les 
secondes,  ou  tontes  les  deux  secondes;  le  courant  électrique  est  dirigé  tout 
simplement  dans  un  électro-aimant  placé  au-dessous  du  pendule  d'une 
deuxième  horloge;  l'extrémité  de  la  tige  en  fer  de  ce  pendule  vient  passer 
à  proximité  des  pôles  de  l'électro-aimant.  En  supposant  maintenant  que 
cette  deuxième  horloge  avance  ou  retarde  tous  les  jours  même  de  5  ou 
10  minutes,  par  le  seul  fait  que  l'attraction  magnétique  viendra  en  temps 
voulu  ajouter  ou  retrancher  à  l'attraction  terrestre  ,  cette  avance  ou  ce 
retard  se  trouve  corrigé  immédiatement,  et  le  synchronisme  est  définiti- 


joa  ) 
veinent  établi  avec  l'horloge  type;  il  arrive  toujours  aussi  que  si  le  circuit 
n'est  fermé  que  toutes  les  deux  secondes  ,  tous  les  pendules  oscillent  du 
même  côté  que  celui  de  l'horloge  type. 

»  Or,  avec  ce  moyen,  et  volontiers  sans  autres  frais  que  la  pose  d'un  fil, 
on  pourrait  donc  relier  les  horloges  d'une  ville  avec  la  meilleure  qui  ser- 
virait d'horloge  type,  et  on  aurait  dans  chaque  ville  l'heure  d'une  manière 
parfaitement  uniforme;  à  Paris,  par  exemple,  l'Observatoire  donnerait 
l'heure  exactement  à  toutes  les  horloges.  J'ai  des  piles  qui  fonctionnent 
pendant  une  année  et  plus  :  on  serait  donc  certain  que  l'électricité  ne  ferait 
pas  défaut,  et,  le  cas  échéant,  aucune  horloge  n'arrêterait « 

toxicologie.  — Empoisonnement  par  des  huîtres  draguées  sur  un  banc  voisin 
lime  mine  de  cuivre;  constatation  de  la  présence  du  métal  dans  ces 
mollusques  ;  Note  de  M.    Cuzext. 

«  Appelé  en  qualité  d'expert  à  démontrer  la  présence  du  cuivre  dans  des 
huîtres  vertes  saisies  sur  le  marché  de  Rochefort,  et  à  déterminer  la  quantité 
qu'elles  contenaient  de  ce  toxique,  j'ai  été  à  même  de  faire  quelques  obser- 
vations intéressantes.  En  attendant  que  mon  travail  soit  achevé,  je  viens 
indiquer  deux  procédés  qui  permettent  de  reconnaître  à  l'instant  la  présence 
du  cuivre  dans  ces  mollusques. 

i°  Le  premier  consiste  à  employer  Y  ammoniaque  pure.  Si  l'huître  con- 
tient du  cuivre,  sa  teinte,  au  lieu  d'être  d'un  vert  bleuâtre  plus  ou  moins 
foncé,  est  d'un  vert  clair  [vert  d'herbe),  et  le  mollusque  parfois  laisse  suinter 
des  lobes  de  son  manteau  une  matière  visqueuse  qui  ressemble  à  un  préci- 
pité de  vert-de-gris.  Versée  sur  la  chair  de  l'huître,  l'ammoniaque,  par  son 
contact,  produit  la  couleur  bleu  foncé  qui  caractérise  le  sel  de  cuivre  am- 
moniacal, et  l'on  peut  alors  suivre  la  trace  du  poison  jusque  dans  ies  vais- 
seaux les  plus  déliés  du  foie  de  l'animal. 

»  2°  Le  second  procédé  a  pour  but  d'isoler  le  cuivre  à  l'état  métallique  . 
Il  consiste  à  piquer  une  aiguille  à  coudre  dans  les  parties  vertes  de  l'huître, 
à  verser  ensuite  sur  le  mollusque  une  quantité  de  vinaigre  suffisante  poui 
l'immerger,  et  à  laisser  le  tout  en  contact  pendant  quelques  secondes. 

»  Il  ne  faut  pas  une  minute  pour  que  la  partie  de  l'aiguille  enfouie  se 
recouvre  d'un  enduit  rouge  de  cuivre  métallique.  On  devra  préalablement 
■>  assurer  de  la  pureté  du  vinaigre.  Ces  procédés  sont  tellement  sensibles, 
que  j'ai  pu  isoler  le  cuivre  de  plusieurs  de  ces  mollusques  qui  n'en  conte- 
naient que  de  faibles  quantités.  Il  suffit,  dans  ce  cas,  lorsqu'on  opère  avec 


(  4o3  ) 
les  aiguilles,  de  prolonger  plus  ou  moins  le  temps  de  leur  contact  avec  la 
partie  verte  soumise  à  l'expérience. 

»  Les  huîtres  saisies  provenaient  de  l'Angleterre;  elles  ont  été  draguées 
sur  un  banc  de  la  rivière  de  Falmouth  et  voisin  d'une  mine  de  cuivre.  Ces 
mollusques  ont  occasionné  plusieurs  symptômes  d'empoisonnement.   » 

RI.  A.  Gaudin  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Équation  géné- 
rale aux  différences  finies,  par  le  moyen  de  laquelle,  dans  la  supposition 
que  yx  représente  une  fonction  des  puissances  entières  et  positives  de  la 
variable  x,  on  peut  obtenir  une  différence  d'un  ordre  quelconque,  et  déter- 
miner immédiatement  une  sommation  d'un  ordre  quelconque  sans  faire  usage 
de  constantes  indéterminées.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bertrand.) 

M.  Jacobs,  dans  une  Lettre  datée  de  Harlem,  indique  quelques  con- 
ditions auxquelles  il  faudrait  principalement  avoir  égard  dans  la  construc- 
tion des  machines  à  vapeur,  pour  diminuer  la  dépense  en  combustible. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Clapeyron.) 

M.  A.  Gérakd  adresse  de  Liège  une  Note  de  divers  documents  ayant 
pour  objet  d'établir  ses  droits  de  priorité  pour  l'invention  d'un  télégraphe 
imprimant  les  lettres;  la  priorité  pour  cette  invention  ayant  été  à  tort,  sui- 
vant lui,  attribuée  à  une  autre  personne,  dans  un  volume  récemment  publié 
par  M.  duMoncel.  C'est  à  l'auteur  de  cette  publication  que  M.  A.  Gérard 
devra  s'adresser  pour  cette  rectification.  L'Académie  n'a  point  à  intervenir 
dans  le  débat. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  a3  février  1 863  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  : 

Rapport  sur  les  travaux  de  (a  Société  Impériale  d'acclimatation,  présenté  au 
nom  de  la  quatrième  section  de  ta  vingt-neuvième  classe  du  jury  de  l'Exposi- 
tion internationale  de  Londres;  par  M.  Jules  Cloquet  (de  l'Institut).  (Extrait 


(  4"4  ) 

du  Bulletin  de  la  Société  Impériale  d'acclimatation ,   décembre   1862.)  Paris, 
quart  de  feuille  in-8°. 

Rapport  sur  le  Jardin  zoologique  d'acclimatation,  présenté  à  la  Société 
Impériale  d'acclimatation  dans  sa  séance  de  rentrée  du  12  décembre  18G2  ;  par 
M.  E.  Rufz  dk  Lavison.  (Extrait  du  même  recueil.)  Paris,  quart  de  feuille 
in -8°.   (Présenté  par  M.  J.  Cloquet.) 

Rapport  sur  lu  planchette  photographique  de  M.  Auguste  Chevallier;  par 
M.  A.  d'Abbadie.  (Extrait  du  Bulletin  de  laSociété  de  Géographie ,  décembre 
1862.)  Paris,  1  feuille  in-8°. 

Sur  ta  viticulture  du  sud-ouest  de  la  France;  Rapport  à  S.  Exe.  M.  Rouher, 
Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics;  par  le  Dr 
Jules  Guyot.  Paris,  1862;  vol.  in-8°.  (2  exemplaires.) 

Précis  des  Recherches  sur  les  Météores  et  sur  les  lois  qui  les  régissent;  par 
M.  Coulviek-Gravier.  Paris,  i863;  vol.  in-12. 

Guide  du  meunier  et  du  constructeur  de  moulins;  par  P.-M.-N.  BENOIT; 
,re  ef  2e  partie.  Paris,  1 863 ;  2  vol.  in-8°. 

Actes  de  l'académie  Impériale  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Bor- 
deaux ;  3e  série,  24e  année,  1862,  2e  trimestre.  Paris,  1862;  in-8°. 

Matériaux  pour  la  carte  géologique  de  la  Suisse,  publiés  par  la  Commission 
géologique  de  la  Société  lielvétique  des  Sciences  naturelles,  aux  frais  de  la  Con- 
fédération; ire  livraison.  Neufchâtel,  i863;  in-4°,  avec  atlas  in-folio. 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Neufchâtel  ;  t.  VI,  1"  cahier. 
Neufchâtel,  18G2;  in-8°. 

Congrès  scientifique  de  France;  3oe  session  à  Chambéry  (Savoie),  du  10 
au  20  août  1 863.  Questions  proposées  pour  les  diverses  sections.  1  feuille  in-4°. 

Newton  et  Leibnitz;  écrit  sans  nom  d'auteur.  Pau,  1  863 ;  1  feuille  in-/j°, 
imprimée  sur  trois  colonnes,  en  français,  anglais  et  allemand.  (Plusieurs 
exemplaires.) 

On  tlie...  Sur  la  valeur  comparative  de  certains  sels  pour  rendre  ininflam- 
mables les  substances  fibreuses;  par  MM.  F.  VERSMANN  et  A.  OPPENHEIM.  Lon- 
dres, 1859;  br.  in-8°.  (Présenté  au  nom  des  auteurs  par  M.  Payen.) 


(  4o5) 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  2  mars  1 863   les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Mémoire  sur  la  respiration  et  la  chaleur  humaine  dans  le  choléra;  par 
M.  L.  Doyère.  Paris,  i863;  in-8°. 

La  Flore  vallaisan ne  ;  par  M.  J.-E.  d'A.NGREVILLE.  Genève,  i863;  in-12 
(2  exemplaires). 

Du  Croton  tiglium;  recherches  botaniques  et  thérapeutiques;  par  h.  Mar- 
chand. Paris,   1861  ;  in-4°  (2  exemplaires). 

Etude  géologique  sur  les  couches  situées  à  la  jonction  des  trois  départements  : 
Meurthe,  Moselle  et  Meuse;  par  Husson.  Nancy,  i863;  br.  in-8°. 

Précis  analytique  des  travaux  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Belles- 
Lettres  et  Arts  de  Rouen  pendant  l'année  1861-1862.  Rouen,  1862;  in-8°. 

Revue  des  Sociétés  savantes  :  Sciences  mathématiques,  physiques  et  naturelles. 
1  feuille  in-8°. 

La  vallée  du  Nil.  Impressions  et  photographies;  par  MM.  H.  Cammas  et  A. 
Lefèvre.  Paris,  1862;  vol.  in-12.  6  planches  photographiées,  format  atlas, 
représentant  des  monuments  de  la  vallée  du  Nil,  sont  mises  sons  les  yeux 
de  l'Académie. 

Report...  Rapport  sur  la  3 Ie  réunion  de  l'Association  Britannique  pour  l'a- 
vancement des  sciences  de  Manchester  (septembre  1862).  Londres,  1862; 
in-8°. 

Memoirs...  Mémoires  relatifs  au  levé  géologique  de  l'Inde;  vol.  IV, 
ire  partie;  publiés  par  ordre  de  S.  Exe.  le  Gouverneur  général  de  l'Inde, 
sous  la  direction  de  Th.  Oldham.  Calcutta,  1862;  in-4°. 

Memoirs...  Mémoires  relatifs  au  levé  géologique  de  l'Inde  (Paleontologia 
Indica)  ;  figures  et  description  des  restes  organiques  découverts  dans  le  coins  des 
opérations  pour  le  levé  géologique  ;  Flore  fossile  du  Rajmahal;  II  livraisons  1 
et  2;  par  MM.  Th.  Oldham  et  J.  Morris.  Calcutta,  1862;  in-4°. 

Annual  Report...  Rapport  annuel  sur  le  levé  géologique  de  l'Inde  et  sur  le 
Muséum  de  Géologie;  année   1 861-1862.  Calcutta,  1862;  br.  in-8°. 

Untersuchungen...  Recherches  sur  l'histoire  naturelle  de  l'homme  et  des 
animaux;  par  Jac.  MfJLESCHOTT;  VIIIe  volume,  6e  livraison.  Giessen,  1862; 
in-8°. 


C  R„  1863,  1er  Semestie.  (T,  LVI,  N°  U.)  53 


(  4o6) 

PUBLICATIONS      PERIODIQUES      REÇUES      PAR      L'ACADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    FÉVRIER     1865. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  Ier  se- 
mestre i863,  noa5  à  8;  in-4°- 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINCAULT,  Regnault  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet  ;  3e  série,  t.  LXVII, 
février  1 863  ;  in-8°. 

Annales  de  V  Agriculture  française;  5e  série,  t.  XX,  nos  1 1  et  12;  t.  XXI. 
n°  2;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques;  22e  année,  t.  II,  janvier  1 863_;  in-8u 

Annales  de  la  Société  d'hydrologie  médicale  de  Paris;  comptes  rendus  des 
séances;  t.  IX,  6e  et  7e  livraisons;  in-8°. 

Annales  télégraphiques  ;  t.  V  ;  novembre  et  décembre  1862;  in-8°. 

Atti  delV  Academia  pontificia  de  Nnovi  Lincei;  1 5e  année,  ire  session.  Rome  : 
in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France;  2e  série,  t.  XVIII  (f.  59-68), 
111-80. 

Bulletin  de  t  Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  n°  9;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  janvier  1 863  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  et  centrale  d  Agriculture  de  France;  2e  série, 
t.  XVIII,  n°  2;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  [industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  2e  série,  t.  IX,  décembre  1862;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  5e  série,  t.  V;  janvier  i863;  in-8°. 

Bulletin  des  travaux  de  la  Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille;  7e  an- 
née; janvier  i863;  in-8°. 

Bulletin  de  ta  Société  française  de  Photographie;  9e  année,  janvier  et  février 
.863;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique;  3 Ie  année,  2e  série,  t.  XIV,  n°  12;  in-8°. 

Bullettino  meteorologico  dell'  Observatorio  del  collegio  romano;\o\.  II,  n"  2. 
Rome;  in-4". 

Catalogue  des  Brevets  d'invention  ;  année  1862;  nos  7  et  8;  in-8°. 

Cosmos.  Bévue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 


(  4o7  ) 

leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  1  2e  année,  t.  XXII,  nos6  à  o;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  36e  année,  nos  i4àa5;  in-8°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  33e  année,  t.  XVIII,  nos  6  à  9;  in-40. 

Gazette  médicale  d'Orient;  6e  Année,  janvier  i863;  in-4°. 

Journal  d'Agriculture  pratique;  27e  année,  i863,  nos  3  et  4;  111-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4e  série 
février  i863;  in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  t.  IX,  jan- 
vier i863,  avec  la  liste  générale  des  Membres  arrêtée  an  ier  février  1863; 
ni-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  22e  année,  t.  XLI,  lévrier  1 863  ; 
in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi  ;   26e  année,   t.  VI,  février  i863;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29e  année,  nos  4, 
5  et  6;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  de  la  Cote-d'Or;  décembre  1862  ;  in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  2e  série,  novembre  et  dé- 
cembre 1862;  in-4°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire ,•  t.  I,  février  i863;  in-8°. 

La  Culture;  4e  année,  t.  IV,  nos  i5  et  iG;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  3e  série,  t.  IV,  nos  8  et  9;  in-8°. 

L'Art  médical;  9e  année,  t.  XVII,  février  i863;  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  20e  année  ;  nos  5  à  9  ;  in-4°. 

L'Art  dentaire;  7e  année,  nouvelle  série;  n°  i4;  in-8°. 

La  Lumière;  i3e  année,  nos  3  et  4  ;  in-4°. 

La  Science  pittoresque;  7e  année;  nos4i  à  44;  in-4°. 

La  Science  pour  tous;  8e  année;  nos  10  à  i3;  in-4°. 

La  Médecine  contemporaine;  5e  année,  nos  2  et  3;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;  2e  année;  nos  22  et  23;  in-4°. 

Le  Technologiste;  i[f  année,  février  i863  ;  in-8°. 

Le  Gaz;  7e  année;  n°  1 ,  in-4°. 

L'Association  médicale;  ire  année;  nos  2  et  3  ;  in-8". 

Montpellier  médical:  Journal  mensuel  de  Médecine;  6e  année,  t.  X;  février 
i863;  in-8°. 

Magasin  pittoresque;  3 Ie  année  ;  février  1 863;  in-4°. 
Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres 
vol.XXHI,  n°  3;  in- 12. 


(  4o8  ) 
Nouvelles  Annales   de  Mathématiques;    2e  série;   février  i863;in-8°. 
Nachrichten...  Nouvelles  de  [Université  de Gœttingue ;  i863;  n°  3;  in-12. 
Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  1 863,  t.  Ier,  nos  3  et  4  ;  in-8°. 
Pharmaceutical  journal  and  Transactions;  vol.  IV;  nos  7  et  8  ;  in-8°. 
Revue  maritime  et  coloniale  ;  t.  VII,  février  i863;  in-8°. 
Répertoire  de  Pharmacie;  t.  XIX;  février  i863;  in-8°. 
Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  3oe  année,  nos3,4et  5;  in-8°. 
Revista  de  obras  publicas.  Madrid  ;  t.  XI,  nos  3  et  4;  in-4°. 
The  american  journal  of  Science  and  Arts  ;  janvier  1 863  ;  in-  8°. 


-»«-o-« 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  9  MARS  186,">. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Le  Verrier  présente  à  l'Académie  un  volume  des  Annales  de  l'Ob- 
servatoire impérial  de  Paris  (série  des  Observations ,  t.  VI). 

Ce  volume  est  consacré  aux  observations  faites  en  i845  et  en  1 846  à 
la  lunette  méridienne  et  aux  cercles  muraux  de  Gambey  et  de  Fortin. 

M.  Flourens  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  volume  qu'il  vient  de 
publier  sous  ce  titre  :  De  la  Phrënologie  et  des  Etudes  vraies  sur  le  cerneau 

physiologie.  —  Note  sur  r infection  purulente;  par  M.  Flourens. 

«  M.  Maisonneuve,  avec  ce  talent  précieux  de  la  clarté  qui  le  caracté- 
rise, a  mis  dans  tout  son  jour  la  théorie  de  l'injection  purulente.  J'ai  pré- 
senté, dans  une  des  dernières  séances,  un  fait  qui  rentre  dans  cette  théorie 
et  qui  la  confirme.  Quelques  gouttes  de  pus,  pris  sur  la  dure-mère  d'un 
chien  et  porté  sur  la  dure-mère  d'un  autre  chien,  ont  produit  une  ménin- 
gite violente  et  causé  la  mort. 

»  J'ai  fait  porter  quelques  gouttes  de  ce  même  pus,  pris  sur  la  dure-mère 
d'un  chien,  sur  la  plèvre  d'un  autre  chien  parfaitement  sain.  Au  bout  de 
trente=six  heures,   l'animal  est   mort.  On  a  trouvé  une  double  pleurésie 

C.B.,  i863,   ^'Semestre.    (T.   LVI,  N°  10.)  54 


(  4io  ) 
purulente.  Toute  la  plèvre,  et  la  plèvre  des  deux  côtés,  était  remplie  de 
pus.  On  n'a  trouvé  de  pus  dans  aucun  autre  viscère. 

»  On  a  porté  du  pus  sur  les  muscles  abdominaux  d'un  chien  parfaite- 
ment sain.  L'animal  est  mort  au  bout  de  quatre  jours;  une  énorme  infil- 
tration de  pus  s'était  glissée  entre  les  divers  muscles  de  l'abdomen. 

»  Jusqu'ici  le  pus  avait  été  porté  d'un  animal  sur  un  autre.  Sur  le  même 
animal,  j'ai  fait  porter  du  pus  d'un  viscère  sur  un  autre  viscère.  Du  pus 
pris  sur  la  dure-mère  a  été  porté  sur  la  plèvre.  Le  cinquième  jour,  l'animai 
est  mort.  La  cavité  pleurale  gauche  était  remplie  de  pus. 

m  Ainsi,  du  pus  porté  d'un  animal  sur  un  autre  animal,  ou,  sur  le  même 
animal,  d'un  viscère  sur  un  autre  viscère,  transmet  à  cet  autre  animal  ou  à 
cet  autre  viscère  une  affection  purulente  des  plus  violentes,  et  qui  finit  par 
causer  la  mort. 

»  J'ai  multiplié  ces  expériences.  Elles  ne  peuvent  laisser  de  doute.  La 
théorie  de  l'infection  purulente  est  donc  démontrée.  C'est,  d'ailleurs,  une 
théorie  admise.  Les  faits  que  l'on  vient  de  voir  n'en  sont  que  de  nouvelles 
preuves,  mais  singulièrement  remarquables,  d'abord  parla  circonscription 
du  mal  dans  le  lieu  où  on  le  porte  :  porté  sur  les  méninges  il  se  borne  aux 
méninges,  porté  sur  la  plèvre  il  se  borne  à  la  plèvre,  etc.  ;  et,  en  second 
lieu,  parla  rapidité  de  sa  terminaison,  presque  toujours  funeste.  Mais  que 
d'études  encore  demaudent  de  pareils  faits  !  Je  commence  à  peine. 

»  Je  terminerai  cette  Note  par  des  considérations  d'un  ordre  très-différent. 

i>  Je  ne  connais  pas,  en  pathologie,  de  problème  plus  difficile  que  celui 
de  la  distinction  des  affections  des  viscères  d'avec  les  affections  de  leurs 
enveloppes. 

»  Indépendamment  de  ce  mouvement  général  qui  leur  est  commun  avec 
tout  l'organisme ,  chacun  de  nos  viscères  a  un  mouvement  propre  :  le 
cœur  a  son  mouveaient  de  contraction  et  de  dilatation;  les  poumons  ont 
leur  mouvement  d'expansion  et  de  resserrement;  les  instestins  ont  mille 
mouvements  qui  leur  appartiennent;  le  cerveau  a  son  mouvement  d'éléva- 
tion et  d'abaissement,  qui  se  voit  sur  la  fontanelle  des  enfants,  etc. 

»  Or,  pour  ce  mouvement  propre,  chaque  viscère  a  besoin  d'être  isolé 
des  autres  et  parfaitement  libre.  Aussi  chaque  viscère  a-t-il  reçu  une  enve- 
loppe particulière  :  le  cœur  a  son  péricarde,  les  poumons  ont  leur  plèvre, 
les  intestins  ont  leur  péritoine,  le  cerveau  a  ses  méninges. 

»  Ici  la  physiologie  doit  venir  en  aide  à  la  pathologie.  Par  mes  dernières 
expériences,  j'ai  mis  le  physiologiste  en  mesure  de  produire  à  volonté  des 
abcès  quand  il  veut  étudier  les  abcès;  de  produire  des  méningites  quand  il 


(  4i  i  ) 

veut  étudier  la  méningite;  il  en  est  de  même  pour  la  pleurésie,  pour  la  périto- 
nite, etc.  A  force  d'étudier  ces  affections,  on  finira  par  en  déterminer  les 
symptômes.  Chaque  tissu  a  son  symptôme,  son  signe,  son  caractère;  et  c'est 
à  la  physiologie  de  le  donner  clairet  précis. 

»  Il  y  a  dans  l'homme  deux  hommes  :  l'homme  sain  et  l'homme  malade. 
Ce  n'est  pas  connaître  nos  organes  que  de  n'en  connaître  que  l'état  sain. 
Morgagni  est  une  mine  inépuisahle  pour  le  physiologiste.  Morgagni  est  la 
contre-partie  de  Haller.  Haller  n'a  vu  que  l'état  sain  ;  Morgagni  n'a  vu  que 
l'état  malade;  ils  se  complètent  l'un  par  l'autre  ;  à  eux  deux  ils  ont  tout  vu. 
«  Pour  reconnaître  les  maladies  très-cachées,  ad  abditissimos  morbos  inter- 
»  noscendos,  disait  Morgagni,  on  ne  peut  se  passer  de  la  physiologie.  « 
Comhien  de  fois,  quand  il  s'agit  de  fonctions  très-obscures,  le  physiologiste 
n'a-t-il  pas  occasion,  à  son  tour,  d'invoquer  la  pathologie  !  » 

OPTIQUE  PHYSIQUE.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  propagation  de  la  lumière; 

par  M.  Babixet. 

«  Il  s'agit  ici  des  ondes  lumineuses  multiples  auxquelles  les  réseaux 
donnent  naissance  en  avant  et  en  arrière  de  leur  plan.  On  verra  que  ces 
ondes,  pour  leur  origine  et  pour  plusieurs  de  leurs  propriétés,  ont  des 
caractères  tout  à  fait  différents  des  ondes  produites  par  la  propagation 
directe,  par  la  réflexion,  par  la  réfraction  et  par  la  diffraction. 

»  Si,  de  tous  les  points  d'une  onde  lumineuse  comme  centres,  on  décrit 
des  sphères  d'égal  rayon,  on  aura  la  position  de  l'onde  à  un  moment  donné 
en  menant  la  surface  enveloppe  de  toutes  ces  sphères.  C'est  le  principe 
d'Huygens  vérifié  de  mille  manières.  En  prenant  l'onde  plane,  pour  plus  de 
simplicité  de  langage,  cette  onde  plane  deviendra  subséquemment  une 
seconde  onde  plane  donnée  par  le  plan  tangent  à  toutes  les  sphères  qui  ont 
pour  centre  les  divers  points  de  l'onde  dans  sa  position  primitive.  Ce  nou- 
veau plan  sera  parallèle  au  premier,  et  les  rayons  qui  sont  perpendiculaires 
à  ces  ondes  marcheront  en  ligne  droite.  C'est  alors  la  propagation  directe 
de  la  lumière.  Il  n'y  a  qu'aux  limites  de  l'onde  que  les  rayons  s'inflé- 
chissent par  les  mouvements  vibratoires  dérivés  qui  donnent  naissance  à 
la  diffraction. 

»  La  diffraction  a  été  indiquée  plutôt  qu'étudiée  dans  le  livre  posthume 
de  Grimaldi  publié  en  i66/j.  Fresnel  nous  en  a  donné  une  théorie  com- 
plète qui  est  un  des  plus  beaux  monuments  de  la  science  de  ce  siècle.  On 
peut  voir  dans  Huygens  comment  la  propagation  de  l'onde  par  réflexion 

54- 


(  4ia  ) 
et  par  réfraction  se  ramène  an  cas  de  la  propagation  en  ligne  droite.  C'est 
toujours  la  surface  enveloppe  de  toutes  les  sphères  de  propagation  des  vibra- 
tions élémentaires  partant  des  divers  points  de  l'onde  primitive  qui  donne 
l'onde  réfléchie  et  l'onde  réfractée  dans  leur  nouvelle  position. 

»  Si  sur  le  trajet  d'une  onde  on  place  des  obstacles  de  très-petites  dimen- 
sions, tels  que  des  grains  de  poussière  ou  de  sable  répandus  sur  une  lame 
de  verre  à  faces  parallèles,  l'onde  se  reforme  derrière  ces  obstacles  et  la 
netteté  de  la  vision  n'en  souffre  pas.  On  observe  la  même  chose  dans  les 
nndes  de  la  mer  et  des  nappes  d'eau  et  dans  celles  du  son.  Il  est  évident 
que  si  dans  l'un  quelconque  de  ces  cas  les  obstacles  interceptent  la  moitié 
de  l'onde  incidente,  la  vitesse  vibratoire  sera  réduite  à  moitié  et  la  force 
vive  qui  mesure  l'intensité  de  la  lumière  sera  réduite  au  quart  de  la  lumière 
propagée  librement.  Le  reste  est  dispersé  de  tous  côtés  à  l'entour  des 
obstacles.  Les  lois  de  la  diffraction  donnent  l'illumination  résultante  pour 
chaque  point  de  l'espace  environnant;  j'aurai  l'occasion  de  revenir  sur  ce 
sujet  important  dont  j'ai  fait  une  étude  spéciale. 

»  Considérons  maintenant  un  réseau  formé  de  fils  très-fins  tendus  paral- 
lèlement entre  eux  et  à  des  distances  égales;  on  pourra  considérer  le  milieu 
de  chacun  des  intervalles  libres  laissés  entre  les  fils  comme  étant  le  centre 
d'une  onde  élémentaire  qui  se  propagera  circulairement,  et  la  tangente  à 
tous  ces  cercles  sera  l'onde  qui  se  sera  reformée  derrière  les  fils  du  réseau. 
L'expérience  prouve  que  cette  onde,  sauf  l'intensité,  est  parfaitement  iden- 
tique avec  l'onde  qui  n'a  traversé  aucun  obstacle;  elle  n'éprouve  aucune 
altération  dans  sa  netteté,  dans  sa  direction,  dans  sa  réflexion  ultérieure, 
ni  dans  sa  réfraction  et  sa  dispersion. 

»  Disons  tout  de  suite  que  des  traits  équidistants  tracés  sur  nue  lame  de 
verre  ou  sur  une  plaque  de  métal  transmettent  ou  réfléchissent  l'onde  comme 
les  réseaux  de  fils  parallèles.  Ici  les  traits  entaillés  dans  la  surface  jouent 
le  même  rôle  que  la  portion  opaque  des  réseaux  de  fils  équidistants  qui  est 
formée  par  les  fils  eux-mêmes;  mais  voyons  ce  qui  se  passe  hors  de  la 
direction  primitive  des  rayons  lumineux. 

»  Soient  A,  B,  C,  D,...,  les  milieux  des  intervalles  laissés  libres  entre  les 
lils  du  réseau  :  je  suppose  le  plan  de  ce  dernier  perpendiculaire  aux  rayons 
incidents,  et  par  suite  parallèle  à  l'onde  incidente;  au  moment  où  celle-ci 
atteindra  le  plan  du  réseau,  tous  les  points  A,  B,  C,  D,  deviendront  des 
centres  d'ondes  élémentaires.  Considérons  en  particulier  la  vibration  élé- 
mentaire partie  du  point  A  et  qui  est  produite  par  la  première  onde  arri- 
vant sur  le  réseau:  au  moment  où   l'onde  suivante  atteindra  le  réseau  et 


(  4.3) 
ébranlera  le  point  B,  l'onde  élémentaire  du  point  A  aura  produit  un  ébran- 
lement circulaire  dont  le  rayon  sera  égal  à  la  longueur  d'onde  X  de  la 
lumière  incidente,  et  si  du  point  B  on  mène  une  tangente  au  cercle  ayant  X 
pour  rayon  et  A  pour  centre,  le  point  de  tangence  pris  dans  l'onde  élémen- 
taire propagée  circulairement  autour  de  A  et  le  point  B  seront  en  accord  de 
vibration  puisqu'ils  différeront  dans  la  marche  de  la  lumière  d'un  intervalle 
d'onde  entier,  l'ébranlement  du  point  A  étant  produit  par  la  première  onde 
et  celui  du  point  B  par  Tonde  suivante;  de  même,  au  moment  où  la  troi- 
sième onde  atteindra  le  point  C  et  le  rendra  centre  d'onde,  la  vibration  cir- 
culaire émanée  du  point  A  sera  sur  un  cercle  d'un  rayon  2X  et  celle  du 
point  B  sur  un  cercle  ayant  X  pour  rayon.  On  pourra  donc  mener  du  point 
C  une  tangente  commune  aux  deux  cercles  qui  ont  pour  centre  A  et  B  avec 
des  rayons  égaux  à  2X  et  à  X,  en  sorte  que  les  deux  points  de  tangence  et 
le  point  C  différant  de  deux  fois  et  d'une  fois  l'intervalle  X  tout  entier,  ces 
trois  points  vibreront  d'accord.  Si  l'on  prend  sur  le  réseau  à  partir  de  A 
un  point  M  qui  soit  tel,  que  Tonde  élémentaire  partie  de  A  aitpour  rayon 
«X,  Tonde  élémentaire  partie  de  B  aura  pour  rayon  (n —  i)X,  celle  de 
C  [n  —  2)X,  et  toutes  ces  circonférences  auront  une  tangente  commune 
menée  du  point  M,  lequel  se  trouvera  en  accord  de  vibration  avec  tous  les 
points  de  tangence  pris  sur  toutes  les  ondes  dérivées  de  A,  de  B,  de  C,...; 
l'ensemble  de  tous  ces  points  vibrant  d'accord  donnera  donc  une  onde 
tout  à  fait  analogue  à  Tonde  directe  qui  traverse  le  réseau.  Comme  X  n'est 
pas  le  même  pour  toutes  les  couleurs,  les  ondes  de  chaque  lumière  ne 
seront  pas  superposées,  et  il  en  naîtra  des  spectres  comme  dans  le  cas  du 
prisme  ;  seulement  nous  verrons  tout  à  l'heure  que  le  réseau  dévie  davan- 
tage le  rouge  que  les  autres  couleurs,  ce  qui  est  le  contraire  du  prisme. 

»  Ces  specties  sont  de  la  plus  grande  netteté,  et  dans  la  lumière  du  soleil 
et  dans  celle  du  jour  on  reconnaît  toutes  les  raies  de  Wollaston  si  bien 
étudiées  par  Fraunhofer.  Nous  verrons  plus  tard  que  ces  ondes,  que  le 
réseau  propage  latéralement,  sont  plus  parfaites  que  les  ondes  directes, 
c'est-à  dire  que  hors  de  leur  ligne  directe  de  propagation  elles  dispersent 
par  diffraction  beaucoup  moins  de  lumière  que  les  ondes  ordinaires  pro- 
pagées librement. 

»  Il  est  facile  de  calculer  l'angle  que  Tonde  latérale  engendrée  par  le 
réseau  fait  avec  Tonde  directe.  En  effet,  si  Ton  appelle  £  la  distance  des 
intervalles  du  réseau,  en  sorte  que  z  —  AB  =  BC  =  CD...,  si  Ton  prend  à 
partir  de  A  le  point  M  pour  lequel  AM  soit  égal  à  nz,  le  cercle  d'onde  qui 
a  pour  centre  A  aura  pour  rayon  «X,  et  Tonde  donnée  par  la  tangente  coin- 


(  4M  ) 

mu  ne  à  tous  les  cercles  de  vibration  sera  le  côté  d'un  triangle  rectangle 
dont  l'hypoténuse  serait  m  et  dont  le  côté  opposé  à  l'angle  que  fait  l'onde 
avec  le  plan  du  réseau  serait  n).;  le  sinus  de  cet  angle  qui  mesure  la  dévia- 
tion de  l'onde  engendrée  par  le  réseau  sera  donc  égal  à  —  on  bien  à  -• 

ci  °  «s  e 

Soit  â  cet  angle,  on  a  sine?  =  -•  On  voit  tout  de  suite  que  la  déviation  ne  sera 

pas  la  même  pour  les  ondes  de  diverses  longueurs,  et  qu'ainsi  le  réseau 
comme  le  prisme  les  séparera.  De  plus,  aux  plus  grandes  valeurs  de  X  cor- 
respondront les  plus  grandes  déviations,  ce  qui  est  l'inverse  de  l'effet  du 
prisme. 

»  L'onde  latérale  engendrée  par  les  réseaux  ne  ressemble  donc  en  rien 
aux  ondes  de  propagation  directe,  de  réflexion  et  de  réfraction.  Dans  ces 
trois  cas  c'est  toujours  une  seule  et  même  onde  qui  donne  naissance  à  tous 
les  ébranlements  qui  constituent  l'onde  directe,  l'onde  réfléchie  et  l'onde 
réfractée,  tandis  que  l'onde  latérale  produite  par  les  réseaux  emprunte  à 
chaque  onde  successive  un  ébranlement  élémentaire  pour  en  composer 
une  onde  résultante  complète. 

»  On  aura  encore  une  onde  très-parfaite  en  considérant  le  point  A 
comme  ébranlé  par  la  première  onde,  le  point  B  par  la  troisième,  le  point 

C  par  la  cinquième,  et  ainsi  de  suite;  alors  on  a  sine?  =  —  Une  troisième 

onde  propagée  latéralement  résultera  de  A  ébranlé  par  la  première  onde 
incidente,  de  B  ébranlé  par  la   quatrième   onde,  de  C  par  la  septième,   et 

ainsi  de  suite;  alors  sin<?  =  —  Fraunhofer  a  pu  non-seulement  reconnaître 

les  raies  solaires  dans  le  treizième  spectre  d'un  réseau  à  fds  parallèles,  mais 
en  mesurer  même  la  déviation.  En  prenant  les  spectres  de  chaque  côté  de 
la  direction  primitive  de  la  lumière,  il  avait  vingt-six  spectres,  et  comme  avec 
un  réseau  de  traits  entaillés  sur  le  verre  on  voit  autant  de  spectres  par  ré- 
flexion que  par  transmission,  cela  faisait  plus  de  cinquante  spectres  obser- 
vables au  moyen  d'un  réseau  unique.  Cette  multiplicité  des  spectres,  aussi 
bien  que  la  déviation  plus  grande  des  rayons  à  grandes  oncles,  est  encore  ce 
qui  établit  une  complète  différence  entre  les  effets  du  prisme  et  ceux  du 
réseau;  à  déviation  égale  à  partir  du  rayon  incident,  le  réseau  disperse 
beaucoup  plus  les  couleurs  que  le  prisme. 

»  On  peut  donc  affirmer  sans  crainte  d'erreur  que  la  propagation  latérale 
des  ondes  engendrées  par  un  réseau  est  d'une  nature  spéciale,  et  de  même 
que  Grimaldi,  en  tète  de  son  livre,  affirme  que  la  lumière  se  propage  non- 


(  4*6  ) 
seulement  en  ligne  directe,  puis  par  réflexion  et  par  rétraction,  mais  encore 
d'une  quatrième  manière,  par  diffraction,  on  peut  affirmer  aujourd'hui  que 
les  réseaux,  par  une  action  totalement  différente  de  l'action  des  miroirs  et 
des  prismes,  propagent  la  lumière  par  une  cinquième  manière  tout  à  fait 
différente  des  quatre  modes  de  propagation  déjà  connus. 

»  Plusieurs  excellents  compilateurs  de  traités  d'optique  ont  cru  devoir 
rapporter  l'effet  des  réseaux  à  la  diffraction  qui  ne  donne  que  des  ondes 
confuses  et  des  propagations  non  en  ligne  droite.  C'est  une  grave  erreur.  11 
n'y  a  dans  les  ondes  des  réseaux  que  des  interférences,  comme  dans  1* 
propagation  directe,  la  réflexion  et  la  réfraction. 

»  J'essayerai  de  faire  comprendre  comment,  dès  qu'on  s'écarte  de  L'angle 

c?  dont  le  sinus  est  --,  la  lumière  engendrée  par  le  réseau  faiblit  rapidement 

Remarquons  que  dans  la  direction  pour  laquelle  sine?  =  -  l'œil  reçoit  toutes 

les  vitesses  vibratoires  concordantes,  et  si  leur  nombre  est  n  la  lumière  aura 
pour  intensité  comparative  «2;  mais  si  l'on  est  hors  de  cette  direction,  parmi 
ces  n  vitesses  vibratoires  élémentaires  il  y  en  aura  qui  se  détruiront  entre 
elles  par  désaccord,  et  le  carré  de  leur  différence  sera  beaucoup  plus  petit 
que  celui  de  leur  somme. 

»  La  propriété  la  plus  importante  et  la  plus  exclusivement  caractéristique 
des  ondes  des  réseaux,  c'est  que  le  mouvement  du  réseau  influe  sur  la 
déviation  de  l'onde,  tandis  que  dans  les  ondes  directes,  dans  les  ondes  de 
réflexion  et  dans  celles  de  réfraction,  il  s'établit  une  compensation  telle, 
qu'aucun  dépointement  n'a  lieu  dans  tous  les  appareils  autres  que  le  réseau, 
suivant  que  la  terre  marche  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  par  rapport  à  la 
source  lumineuse.  Après  l'expérience  faite  je  donnerai  la  théorie  de  l'in- 
fluence qu'exerce  le  mouvement  du  réseau  sur  la  direction  des  ondes  aux- 
quelles il  donne  naissance.    » 

M.  Morin  présente  quelques  remarques  sur  l'expression  de  jorce  vive 
employée  par  M.  Babinet. 

M.  Babinet  montre  dans  quel  sens  l'expression  doit  être  entendue. 

M.  Guasles  présente  quelques  remarques  dans  le  même  sens. 


(  4i6  ) 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Nouvel  exemple  de  fermentation  déterminée  par  des 
animalcules  injusoires  pouvant  vivre  sans  gaz  oxjcjène  libre,  et  en  dehors  de 
tout  contact  avec  l'air  de  l'atmosphère;  par  M.  L.  Pasteur. 

«  L'Académie  se  rappellera  peut-être  qu'il  y  a  dix-huit  mois  environ,  j'ai 
eu  l'honneur  de  lui  soumettre  une  Note  sur  l'existence  d'animalcules  infu- 
soires  jouissant  de  la  double  faculté  de  pouvoir  vivre  sans  gaz  oxygène  libre 
et  d'être  ferments.  C'était  le  premier  exemple  connu  de  ferments  animaux, 
et  aussi  d'animaux  pouvant  vivre  et  se  multiplier  indéfiniment,  en  dehors 
de  tout  contact  avec  l'air  de  l'atmosphère,  considéré  à  l'état  gazeux  ou  en 
dissolution  dans  un  liquide. 

»  Les  animalcules  infusoires  dont  je  parle  constituent  le  ferment  de  la 
fermentation  butyrique,  fermentation  que  l'on  avait  expliquée  jusque-làde  la 
manière  suivante.  Toutes  les  fois,  disait-on,  que  le  sucre  ou  l'acide  lactique 
éprouvent  la  transformation  qui  caractérise  la  fermentation  butyrique,  sous 
l'influence  des  matières  plastiques  azotées,  ces  matières,  altérées  plus  ou 
moins  au  contact  de  l'air,  communiquent  au  sucre  ou  à  l'acide  lactique  un 
ébranlement  moléculaire  intestin  qui  leur  est  propre,  d'où  résulte  la  fer- 
mentation. 

»  Je  crois  avoir  démontré  que  cette  théorie,  qui  était  appliquée  à  tous 
les  cas  de  fermentations  proprement  dites,  est  inadmissible,  qu'une  substance 
albuminoïde  quelconque  ne  devient  jamais  ferment,  que  le  véritable  fer- 
ment butyrique,  par  exemple,  est  un  être  organisé  du  genre  des  vibrions, 
dont  le  germe  est  apporté  par  l'air,  ou  par  les  poussières  de  l'air  répandues 
dans  les  matériaux  de  la  fermentation. 

»  Je  viens  faire  connaître  aujourd'hui  un  nouvel  exemple  de  fermenta- 
tion, la  fermentation  du  tartrate  de  chaux,  déterminée  également  par  un 
animalcule  infusoire  vivant  sans  gaz  oxygène  libre,  et  appartenant  aussi  au 
genre  vibrion,  mais  très-différent,  en  apparence  du  moins,  de  l'animalcule 
de  la  fermentation  butyrique. 

»  Afin  d'abréger,  j'indiquerai  tout  de  suite  une  expérience  décisive.  Je 
place  sous  l'eau  du  tartrate  de  chaux,  mêlé  de  quelques  millièmes  de 
phosphate  d'ammoniaque  et  de  phosphates  alcalins  et  terreux,  soit  artifi- 
ciels, soit  provenant  de  cendres  de  levure  de  bière,  ou  de  cendres  d'infu- 
soires  (i). 

(i)  Je  préfère  les  cendres  provenant  de  la  combustion  d'êtres  analogues  à  ceux  qui  doivent 
prendre  naissance,  afin  d'être  plus  sûr  de  ne  pas  omettre  quelque  principe  utile,  connu  ou  in- 
connu. Il  est  peut-être  bon  d'ajouter  aussi  des  traces  de  sulfate  de  chaux  ou  d'ammoniaque. 


(  4i7  ) 

»  Le  vase  est  une  fiole,  de  verre  à  fond  plat,  dont  le  col  effilé  est  sondé  ;> 
un  tube  de  verre  recourbé.  La  fiole  est  remplie  d'eau  pure,  après  avoir  reçu 
le  tartrate,  puis  portée  à  l'ébulhtion,  au  moyen  d'un  bain  de  chlorure  de 
calcium,  pendant  que  le  tube  recourbé  plonge  par  son  extrémité  dans  un 
vase  contenant  de  l'eau  distillée  soumise  elle-u.ême  à  l'ébullition.  Par  ce 
moyen  tout  l'air  qui  est  en  dissolution  est  expulsé.  Je  couvre  alors  d'une 
épaisse  couche  d'huile  la  surface  de  l'eau  du  vase  dans  lequel  plonge  le 
tube  recourbé,  et  j'abandonne  l'appareil  au  refroidissement  pendant  vingt- 
quatre  heures.  Dans  ces  conditions,  le  tartrate  ne  peut  offrir  le  moindre 
indice  de  fermentation.  Mais  si  l'on  vient  à  semer  rapidement  dans,  la  fioie 
une  très-petite  quantité  d'infusoires  provenant  d  une  fermentation  sponta- 
née de  tartrate  de  chaux,  en  substituant  immédiatement,  à  la  petite  quan- 
tité d'eau  que  cet  ensemencement  déplace,  de  l'eau  désaérée  par  ébullition, 
voici  ce  qui  se  passe  :  les  infusoires  semés  se  multiplient  peu  à  peu  dans  le 
dépôt  de  tartrate,  qui  disparait  progressivement  sans  qu'il  en  reste  la  plus 
petite  quantité,  et  sans  que  l'intérieur  du  vase  ait  à  aucun  moment  le  con- 
tact de  l'air  extérieur,  ce  qui  est  facile  à  réaliser,  si  l'on  a  eu  le  soin  de 
plonger  le  tube  recourbé  dans  le  mercure  aussitôt  après  l'ensemence- 
ment (i). 

»  Le  tartrate  fait  place  à  un  dépôt  uniquement  formé  de  cadavres  de 
vibrions  qui  ont  environ  un  millième  de  millimètre  de  diamètre,  mais  dont 
la  longueur  très- variable  a  atteint  dans  certains  cas  un  vingtième  de  milli- 
mètre. Comme  tous  les  vibrions,  ils  se  reproduisent  par  fissiparité,  et  pen- 
dant toute  la  durée  de  la  fermentation  la  plus  petite  quantité  du  dépôt  en 
offre  une  foule  à  mouvements  plus  ou  moins  rapides  et  flexueux. 

»  La  fermentation  du  tartrate  de  chaux,  quelle  qu'en  soit  d'ailleurs  la 
cause  intime,  est  donc  déterminée  par  la  présence  d'un  infusoire  jouissant 
de  la  faculté  de  vivre  sans  gaz  oxygène  libre,  en  dehors  de  tout  contact  avec 
l'air  atmosphérique. 

>•  Sans  doute,  on  pourra  dire  qu'il  y  a  un  moment,  celui  de  l'ensemen- 
cement, où  je  ne  puis  soustraire  la  liqueur  au  contact  de  l'air.  Mais  je  vais 
démontrer  que  les  précautions  de  plus  en  plus  parfaites  auxquelles  j'avais 
cvn  nécessaire  de  recourir  jusqu'à  présent,   pouf   éliminer  le  contact  de 


i  !  Je  reviendrai  sur  les  produits  de  la  fermentalion  du  tartrate  et  du  lactate  de  chaux, 
sur  la  composition  chimique  des  infusoires  et  sur  une  sorte  de  fibrine  qui  les  accompagne 
toujours,  ainsi  que  certaines  matières  colorantes. 

C.  Rij  iS6'3,   1='  SemHlrù.  (T.   I.VI,  N"  10.)  ''5 


(  4'8  ) 
l'oxygène  ou  de  l'air,  et  dont  je  viens  de  donner  un  exemple,  sont  complè- 
tement inutiles  et  exagérées.  Les  observations  qui  suivent  serviront  en  outre 
de  réponse  à  la  question  de  savoir  comment  des  germes  d'infusoires,  qui 
non-seulement  vivent  sans  air,  mais  que  l'air  fait  périr,  car  ils  partagent 
cette  propriété  avec  les  infusôires  butyriques,  peuvent  prendre  naissance 
d'eux-mêmes  dans  des  liquides  qui,  après  tout,  sont  exposés  à  l'air,  dans 
tous  les  cas  de  fermentations  spontanées  ordinaires. 

»  Reprenons  notre  fiole  pleine  d'eau,  avec  le  tartrate  de  chaux  déposé 
et  les  phosphates  qui  y  ont  été  ajoutés.  Le  tube  soudé  au  col  de  la  fiole  est 
rempli  d'eau  lui-même  et  plonge  dans  le  mercure.  L'eau  est  de  l'eau  distillée 
aérée.  Je  suppose  cette  fois  qu'on  ne  la  fasse  pas  bouillir.  L'expérience  dé- 
montre que  dans  ce  cas  d'aération  de  la  liqueur,  et  sans  y  rien  semer,  le 
tartrate  de  chaux  fermente  néanmoins  spontanément  au  bout  de  Ires-peu 
de  jours,  et  qu'il  est  alors  mêlé  à  une  foule  d'animalcules  vivant  sans  gaz 


oxygène  libre 


»  Comment  cela  peut-il  avoir  lieu?  Rien  n'est  plus  simple  ni  plus 
facile  à  concevoir.  Voici,  en  effet,  ce  que  l'on  observe  dans  tous  les  cas. 
Les  plus  petits  des  infusôires,  le  monas,  le  bacterium  tenno...,  se  déve- 
loppent dans  cette  eau  distillée  aérée,  parce  qu'elle  renferme  en  dissolution 
des  traces  d'ammoniaque,  de  phosphate  et  de  tartrate  de  chaux,  et  ces  pe- 
tits êtres  lui  enlèvent  intégralement,  avec  une  rapidité  incroyable,  jusqu'aux 
dernières  proportions,  le  gaz  oxygène  qu'elle  renferme,  en  le  remplaçant 
par  un  volume  un  peu  supérieur  de  gaz  acide  carbonique.  Cet  effet  s'accom- 
plit dans  l'espace  de  vingt-quatre  ou  de  trente-six  heures  au  plus,  à  la  tem- 
pérature de  i5  à  3o°.  Alors  seulement  apparaissent  les  infusoires-ferments 
qui  n'ont  pas  besoin  de  gaz  oxygène  pour  vivre.  A  cette  question,  par  con- 
séquent, comment  peuvent  prendre  naissance  des  êtres  qui  vivent  sans  gaz 
oxygène,  et  que  l'air  fait  périr?  la  réponse  est  naturelle.  Ils  naissent  a  la 
suite  d'une  première  génération  d'êtres  qui  détruisent  en  peu  de  temps  des 
quantités  relativement  considérables  de  gaz  oxygène  et  en  privent  absolu- 
ment les  liqueurs. 

»  Je  reviendrai  bientôt  sur  ce  fait  très-général  de  la  succession  d'êtres 
qui  consomment  de  l'oxygène  et  d  êtres  qui  n'en  consomment  pas,  du 
moins  à  l'état  libre. 

»  Dans  le  cas  actuel,  il  nous  permet  de  comprendre  avec  quelle  facilité 
peut  se  produire  une  fermentation  spontanée  de  tartrate  de  chaux,  toutes  les 
fois  que  l'on  ne  prend  pas  des  précautions  spéciales  pour  éloigner  les  germes 
disséminés  dans  l'air,  ou  dans  les  poussières  que  cet  air  dépose  sur  tous  les 


(  4<9) 
objets.  Il  nous  permet  de  comprendre  également  la  fermentation  du  tar- 
trate  de  chaux  dans  des  liqueurs  librement  exposées  au  contact  de  l'air, 
pourvu  que  l'épaisseur  de  la  couche  liquide  soit  suffisante.  On  constate 
alors  qu'à  la  surface  se  multiplient  les  infusoires  qui  consomment  du  gaz 
oxygène,  tandis  que  dans  le  dépôt  et  au  sein  de  la  liqueur  se  développent 
ceux  qui  n'ont  pas  besoin  de  ce  gaz  pour  vivre,  et  qui  sont  préservés  par  les 
premiers  de  son  contact  nuisible. 

»  En  résumé,  il  n'y  a  nul  besoin  de  recourir  à  des  artifices  pour  priver 
les  liqueurs  de  gaz  oxygène.  Toutes  les  précautions  que  je  m'étais  efforcé  de 
mettre  en  pratique  sont  complètement  superflues.  La  soustraction  du  gaz 
oxygène  se  fait  par  la  nature  même  des  choses,  avant  que  la  fermentation 
commence,  dans  tous  les  cas  de  fermentation  spontanée. 

»  La  disposition  des  expériences  que  je  viens  de  faire  connaître,  et  la 
composition  des  matériaux  qui  y  concourent,  méritent  une  mention  parti- 
culière lorsque  l'on  envisage  quelle  peut  être  la  cause  première  de  la  fer- 
mentation. J'ai  rappelé  que  les  anciennes  théories  jugeaient  indispensable 
à  l'accomplissement  de  toute  fermentation  le  concours  des  substances  albu- 
minoïdes  ;  d'autant  plus  indispensable  qu'on  les  croyait  être  les  ferments 
eux-mêmes.  Pour  moi  je  rends  compte,  non  de  la  nécessité,  mais  de  l'utilité 
de  leur  emploi,  en  disant  qu'elles  apportent  certains  aliments  du  ferment , 
qui  est  un  être  organisé  dont  le  germe  ne  peut  évidemment  se  développer 
ni  se  reproduire  s'il  n'a  à  sa  disposition  de  l'azote  et  des  phosphates.  Ce 
sont  là  surtout  les  deux  sortes  d'aliments  que  les  ferments  trouvent  dans  les 
substances  albuminoïdes.  Cette  théorie  est  si  vraie,  que  nous  venons  de 
reconnaître,  une  fois  de  plus,  que  l'on  peut  supprimer  complètement  la 
matière  plastique  azotée  et  la  remplacer  par  un  sel  d'ammoniaque  mêlé  à  des 
phosphates  alcalins  et  terreux. 

»  Mais  il  résulte  en  outre  de  la  composition  de  la  liqueur  tartrique  dont 
nous  parlions  tout  à  l'heure  que,  dans  le  cas  actuel,  le  seul  aliment  carboné 
possible  pour  le  ferment  est  l'acide  tartrique,  qui  est  le  corps  fermentant. 
On  arrive  dès  lors  à  cette  autre  conséquence  que,  pour  le  moins  que  l'ani- 
malcule emprunte  à  la  matière  fermentescible,  c'est  d'abord  tout  son  carbone. 

»  Il  n'est  pas  douteux,  abstraction  faite  de  toute  idée  préconçue  sur  la 
cause  de  la  fermentation,  que,  dans  les  conditions  où  nous  sommes  placés, 
il  y  a  nutrition  du  ferment  aux  dépens  de  la  matière  fermentante,  et  qu'aussi 
longtemps  que  dure  la  vie  de  l'infusoire,  aussi  longtemps  dure  un  transport 
de  matière  de  la  substance  qui  fermente  à  celle  qui  provoque  sa  transforma- 
tion. L'hypothèse   d'un  phénomène  purement  catalytiqne   ou  de  contact 

55.. 


(  4ao  ) 
n'est  donc  pas  plus  admissible  que  l'opinion  que  je  combattais  tout  à  l'beure, 
et  qui  place  exclusivement  le  caractère  ferment  dans  des  matières  albumi- 
noïdes  mortes. 

»  Assurément  le  fait  de  la  nutrition  du  ferment  aux  dépens  de  la  matière 
fermentescible  n'explique  pas  pourquoi  le  vibrion  est  ferment.  Nous  savons 
même  que  le  mode  habituel  d'action  des  végétaux  et  des  animaux  sur  les 
principes  immédiats  dont  ils  se  nourrissent,  n'est  pas  lié  à  des  actes  de  fer- 
mentation proprement  dite  de  ces  principes.  Mais  ce  qu'd  faut  bien  consi- 
dérer clans  cette  comparaison  des  êtres  qui  étaient  connus  antérieurement 
avec  les  êtres  nouveaux  dont  je  parle,  c'est  que  ces  animalcules-ferments, 
offrent  une  particularité  physiologique  ignorée  jusqu'à  ce  jour,  puisqu'ils 
vivent  et  se  multiplient  en  dehors  de  la  présence  du  gaz  oxygène  libre. 

»  Nous  sommes  donc  conduits  à  rattacher  le  fait  de  la  nutrition  accom- 
pagnée de  fermentation,  à  celui  de  la  nutrition  sans  consommation  de  gaz 
oxygène  libre.  Là  certainement  est  le  secret  du  mystère  de  toutes  les  fermen- 
tations proprement  dites,  et  peut-être  de  bien  des  actes,  normaux  ou  anor- 
maux, de  l'organisme  des  êtres  vivants.  S'il  pouvait  y  avoir  encore  quelques 
incertitudes  dans  l'esprit,  elles  seront  levées,  je  l'espère,  par  les  résultats 
qu'il  me  reste  à  soumettre  ultérieurement  à  l'Académie. 

»  Dès  aujourd'hui,  on  peut  affirmer  que  l'on  rencontre  deux  genres  de  vie 
parmi  les  êtres  inférieurs,  l'un  qui  exige  la  présence  du  gaz  oxygène  libre, 
l'autre  qui  s'effectue  en  dehors  du  contact  de  ce  gaz  et  que  le  caractère  fer- 
ment accompagne  toujoin's. 

»  Quant  au  nombre  des  êtres  pouvant  vivre  sans  air,  et  déterminer  des 
actes  de  fermentation,  je  le  crois  considérable,  qu'il  s'agisse  de  végétaux, 
c'est-à-dire  d'organismes  qui  n'ont  pas  de  mouvement  propre  ,  ou  qu'il 
s'agisse  d'animaux,  c'est-à-dire  d'organismes  qui  ont  un  mouvement  en 
apparence  volontaire. 

»  J'espère  démontrer,  en  effet,  dans  une  prochaine  communication,  que 
les  animalcules  infusoires,  vivant  sans  gaz  oxygène  libre,  sont  les  ferments 
de  la  putréfaction,  quand  cet  acte  s'effectue  à  l'abri  de  l'air,  et  que  ce  sont 
aussi  les  ferments  de  la  putréfaction  au  contact  de  l'air,  mais  alors  associés  à 
des  infusoires  ou  à  des  mucors  qui  consomment  de  l'oxygène  libre  ,  et  qui 
remplissent  le  double  rôle  d'agents  de  combustion  pour  la  matière  organique, 
et  d'agents  préservateurs  de  l'action  directe  de  l'oxygène  de  l'air  pour  les 
înlusoiies-ferment's  (i  ). 

(i)  Les  cires  inférieurs  qui  peuvent  vivre  en  dehors  de  toute  influence  du  gftz  oxygène 


(  4a«  ) 

»  Les  résultats  que  j'ai  fait  connaître  s'appliquent  exclusivement  au  tar- 
trate  de  chaux  ordinaire,  le  tartrate  droit.  J'aurai  l'honneur  de  présenter 
ultérieurement  à  l'Académie  l'étude  de  la  fermentation  des  trois  autres  tar- 
trates  de  chaux,  le  gauche,  Pinactif  et  le  paratartrique.  Cela  me  donnera 
l'occasion  de  revenir  sur  mes  recherches  cristallographiques  d'autrefois,  que 
je  sais  être  encore  très-mal  comprises  par  quelques  personnes,  ce  qui  est 
regrettable,  car  les  résultats  de  ces  recherches  ont  conservé  rigoureusement 
le  même  degré  d'exactitude,  et  rigoureusement  aussi  le  même  degré  de  géné- 
ralité que  mes  Mémoires  leur  attribuent,  et  qui  leur  ont  été  également  attri- 
bués dans  les  Rapports  académiques  de  MM.  Biot  et  de  Senarmont.  » 

OKGANOGRAPHlE  VÉGÉTALE.  —  Note  sur  les  vaisseaux  du  latex  :   les  vaisseaux 
propres;  les  réservoirs  des  sucs  élaborés  de  véc/étaux ;  par  M.  Lestiboudois. 

«  Les  anciens  botanistes  ont  considéré  les  liquides  colorés  comme  spé- 
ciaux à  quelques  végétaux,  et  les  ont  nommés  sucs  propres;  ils  ont  nommé 
vaisseaux  propres  les  vaisseaux  qui  contiennent  ces  sucs;  les  plantes  qui  en 
sont  pourvues  ont  été  nommées  laiteuses  ou  lactescentes. 

»  Outre  les  liquides  colorés,  on  rencontre  dans  les  végétaux  certains 
sucs  bien  distincts  :  ce  sont  des  liquides  gommeux,  résineux,  huileux,  etc. 

»  Grew  nomme  vaisseaux  résinijères  (lurpeutine  vessels)  les  réservoirs 
des  sucs  résineux  des  Conifères,  tandis  qu'il  nomme  vaisseaux  laiteux  (milk 
vessels)  ceux  qui  contiennent  des  sucs  blancs. 

»   Linck  les  désignait  sous  le  nom  de  réservoirs  des  sucs  propres. 

»  DeMirbel  [Elém.,  p.  3/j,  Pi.  10,  fig.  16-17)  donne  le  nom  de  vaisseaux 
propres  à  tous  les  réservoirs  qui  contiennent  des  sucs  laiteux,  résineux,  hui- 
leux, etc.  ;  il  nomme  solitaires  ceux  qui  sont  isolés  au  milieu  des  tissus; 
jasciculaires  ceux  qui  sont  réunis  en  faisceaux,  et  place  dans  cette  catégorie 
les  fibres  textiles  de  l'Asclépias,  du  Chanvre,  etc.,  qui  ne  contiennent  pas 
de  sucs  laiteux,  et  qui  ne  sont  que  les  fibres  corticales  de  ces  plantes. 

»  De  Candolle  (Florejranç.,  i8od,  p.  1 83  et  184),  tout  en  reconnaissant 
que  les  sucs  propres  sont  d'une  nature  fort  hétérogèue,  admet  qu'ils  sont  ie 
liquide  nourricier;  mais  il  abandonne  ensuite  cette  opinion  (Organogr.,  1827); 
il  range  les  sucs  colorés  parmi  les  produits  sécrétés,  comme  ceux  qui  sont 
préparés  par  les  glandes  vésiculaires,  et  ceux  qui  remplissent  les  lacunes 


libre  n'ont-ils  pas  la  faculté  de  pouvoir  passer  au  genre  de  vie  des  autres  et  inverse- 
ment? C'est  une  question  difficile  que  je  réserve.  Je  ne  l'ai  encore  étudiée  qiie  dans  un  cas 
particulier. 


(    422    ) 

du  lissa  utriculaire  qui  les  contiennent,  et  donne,  avec  Lmck,  le  nom  de 
réservoirs  des  sucs  propies  aux  cavités.  Dans  sa  Physiologie  végétale  (i83a), 
bien  qu'il  connaisse  les  premiers  travaux  de  M.  Schultz,  il  persiste  dans  la 
pensée  (p.  270  et  272)  que  les  sucs  laiteux  doivent  être  considérés  comme 
des  sécrétions. 

»  Le  savant  botaniste  de  Berlin,  que  nous  venons  de  citer,  a  étudié  les 
vaisseaux  propres  avec  beaucoup  de  précision,  et  est  arrivé  à  faire  d'in- 
téressantes découvertes.  (Bibl.  de  Genève,  1827;  Ann.  Se.  natur.,  1 83 1  ; 
Mém.  des  Savants  étrangers,  t.  VII.) 

»  Dans  ses  travaux  M.  Schultz  professe  l'opinion  que  les  sucs  colorés  des 
plantes  ne  sont  rien  autre  chose  que  le  liquide  nourricier  du  végétal;  qu'il  est 
coagulable  et  caractérisé  par  la  présence  de  granules  nageant  dans  un  liquide 
transparent  ;  qu'il  circule  dans  des  vaisseaux  minces,  transparents,  sans  pores 
ni  fentes,  rameux, anastomosés,  contractiles;  il  nomme  le  liquide  nourricier 
latex,  les  vaisseaux  qui  le  contiennent  laticifères,  le  mouvement  de  circulation 
qui  l'anime  cyclose ;  il  explique  la  cyclose  par  la  contractilité  des  parois  vas- 
culaires,  et  par  la  propriété  qu'ont  les  granules  de  se  rapprocher  les  uns  des 
autres  ou  des  molécules  des  parois,  et  de  s'éloigner  ensuite;  il  nomme  le 
mouvement  d'attraction  autosyncrisis,  le  mouvement  de  répulsion  auto- 
diarrisis.  Il  pense  que  les  végétaux  qui  n'ont  pas  de  sucs  colorés  ont  un 
latex  analogue  à  celui  des  plantes  laiteuses,  contenant  des  granules  orga- 
niques entraînés  par  un  mouvement  de  cyclose,  contenu  dans  des  vais- 
seaux laticifères  semblables,  se  distinguant  seulement  parce  que  les  gra- 
nules ne  colorent  pas  le  liquide  dans  lequel  ils  nagent.  Selon  M.  Schultz, 
les  laticifères  se  présentent  :  en  état  d'expansion,  ou  dilatés  et  pleins  de  gra- 
nules ;  en  état  de  contraction,  ou  ne  présentant  qu'une  fine  raie  de  granules; 
en  état  d'articulation,  gorgés  de  sucs,  mais  partagés,  ensuite  de  l'âge,  par  des 
cloisons  complètes. 

»  Ainsi  les  végétaux  auraient  un  liquide  analogue  au  sang  et  un  appa- 
reil circulatoire  analogue  au  système  vasculaire  des  animaux. 

»  Les  faits  exposés  par  M.  Schultz  eurent  un  grand  retentissement  et 
furent  acceptés  par  un  grand  nombre  de  botanistes;  mais  sa  théorie  fut 
bientôt  vivement  attaquée.  M.  H.  Mohl,  Meyer,  Tréviranus  n'en  ont  pas 
adopté  les  bases.  M.  Mohl  (Ann.  des  Se.  natur.,  janv.  1 844?  P-  5)  a  nié 
l'existence  du  mouvement  moléculaire  des  globules  du  latex  (autosyncrisis, 
autodiacrisis) ,  il  a  même  nié  la  cyclose:  selon  lui,  si  le  liquide  contenu 
dans  les  vaisseaux  propres  éprouve  un  mouvement  de  translation,  ce  mou- 
vement ne  s'effectue  pas  dans  les  conditions  normales;  il  n'a  lieu  que 
lorsque  les  tissus  incisés  permettent  l'écoulement  du  liquide,  ou  lorsque, 


(  4*3  ) 

soit  par  l'effet  d'une  pression,  soit  par  l'action  de  la  chaleur,  etc.,  le  liquide 
est  poussé  d'une  branche  vasculaire  dans  une  autre. 

»  Enfin,  on  a  nié  jusqu'à  l'existence  des  vaisseaux  propres;  un  les  a 
considérés  comme  des  méats,  qui,  secondairement,  se  revêtent  de  parois, 
et  on  a  repoussé  l'assimilation  du  latex  avec  le  sang  des  animaux. 

»  Ces  objections  ont  conduit  beaucoup  de  botanistes,  qui  avaient  adopte 
les  opinions  de  M.  Schultz,  à  les  abandonner  plus  ou  moins  complètement. 

»  A.  de  Jussieu  (Cours  éléni.,  ire  édit.)  avait  entièrement  adopté  la  théorie 
de  M.  Schullz.  Mais  plus  tard  (5e  édit.)  il  écarte  la  description  des  laticifères 
île  M.  Schultz  (p.  20),  et  les  considère  comme  des  lacunes  revêtues,  par 
l'effet  de  lâge,  d'une  paroi  propre.  Il  n'admet  plus  la  cyclose  (p.  167I  ni 
le  caractère  nutritif  des  sucs  colorés. 

»  A.  Richard  (Élcin.  de  Bntan.,  6e  édit.,  i838)  adopte  aussi  les  opi- 
nions de  M.  Schultz  (p.  33);  il  repousse  (p.  35  et  10a)  l'opinion  de  M.  de 
Mirbel,  qui  pensait  que  les  vaisseaux  laticifères  constituent  les  fibres  de 
l'écorce.  Mais  après  avoir  insisté  sur  le  rôle  important  de  ces  vaisseaux 
conducteurs  de  la  sève  élaborée,  il  s'exprime  ainsi  (p.  291):  «C'est  spé- 
»  cialement  par  les  tubes  fihreux  du  liber  et  par  leurs  méats  interceilu- 
»   laires  que  se  fait  le  mouvement  descendant  des  sucs  élaborés. 

»>  Il  va  sans  dire  que  toutes  les  fois  qu'il  y  a  des  vaisseaux  laticifères,  ils 
»  doivent  également  contenir  des  sucs;  mais  leur  existence  est  loin  d'être 
»  constante,  surtout  dans  les  végétaux  dicotylédones,  tandis  que  les  fibres 
»  du  liber  ne  manquent  jamais.  Ainsi  donc,  ce  sont  les  fibres  du  liber  qui 
»  sont  les  conduits  de  la  sève  descendante.    » 

»  Dans  la  septième  édition  de  son  livre,  A.  Richard  déclare  plus  formel- 
lement (p.  44)  que  "  les  vaisseaux  du  latex  existent  dans  la  généralité  des 
»  végétaux  monocotylédonés  et  dicotylédones,  »  et  (p.  46)  que  les  vais- 
seaux laticifères  contiennent  les  liquides  colorés,  et  que  ces  liquides 
«  semblent  le  fluide  réparateur  qui  doit  porter  et  déposer  dans  les  organes 
»   les  matériaux  de  l'assimilation.    » 

»  Mais  à  la  page  253  il  dit:  «  Les  sucs  propres  (il  parle  même  de  ceux 
»  contenus  dans  les  vaisseaux)  ne  nous  paraissent  être  que  des  fluides  ex- 
»  crémentiliels,  analogues,  non  point  au  sang  des  animaux,  mais  à  la  bile, 
»  à  la  salive,  qui  ne  concourent  qu'indirectement  à  la  nutrition.  Les  sucs 
»  propres  ne  sont  pas  la  sève  descendante.  »  Il  insiste  sur  ce  fait  (p.  54 
et  258). 

»   On  voit  quelle  obscurité  règne  encore  sur  cette  partie  de  la  Botanique. 

»  Nous  allons  essayer,  en  interrogeant  les  faits,  de  rencontrer  la  vérité  au 
milieu  de  tant  de  contradictions. 


(  4M  ) 

»  Il  s'agit  de  savoir  si  les  végétaux  sont  pourvus  d'un  système  vasculaire 
dans  lequel  circule  un  liquide  comparable  au  sang;  en  d'autres  termes,  s'il 
v  a  un  liquide  général,  essentiellement  nourricier,  nommé  latex,  distribué 
à  tous  les  organes  par  un  ensemble  de  vaisseaux  nommés  lalicifères. 

»  Pour  résoudre  cet  important  problème,  nous  étudierons  d'abord  les 
végétaux  pourvus  df>s  liquides  colorés,  qu'on  a  plus  spécialement  compares 
au  sang  des  animaux,  puis  les  végétaux  à  sucs  limpides. 

«   Nous  nous  proposons  d'examiner  les  questions  suivantes  : 

n    i°  Les  sucs  colorés  des  végétaux  sont-ils  analogues  au   sang? 

»  20  Ces  sucs  se  rencontrent-ils  dans  des  vaisseaux  disposés  comme  les 
vaisseaux  sanguins  des  animaux? 

»   3°  Ces  sucs  sont-ils  animés  d'un  mouvement  de  cvclose? 

»   4°  Se  rencontrent-ils  dans  d'autres  réservoirs  que  des  vaisseaux  ? 

»   5°  Les  sucs  colorés  des  différents  réservoirs  peuvent-ils  être  distingués? 

>•  6°  Trouve-t-on  dans  la  généralité  des  végétaux  non  lactescents  les 
analogues  des  vaisseaux  propres? 

»  70  Trouve-t-on  dans  les  végétaux  non  lactescents  des  réservoirs  qui 
peuvent  être  comparés  aux  réservoirs  non  vasculaires  des  liquides  colorés  J 

»  8°  Rencontre-t-on  dans  les  végétaux  un  appareil  organique  plus  uni- 
versel que  les  appareils  qui  renferment  les  sucs  colorés,  et  qu'on  puisse 
considérer  comme  chargé  de  transporter  le  suc  nutritif? 

»  Pour  suivre  la  série  de  ces  questions,  nous  demanderons  d'abord  si 
les  liquides  colorés  des  végétaux  lactescents  sont  analogues  au  sang? 

>.  Ces  liquides  contiennent  des  globules;  ils  se  coagulent  par  le  repos, 
et  présentent  conséqnemment  quelques-uns  des  caractères  du  sang. 

»  Mais  si  les  liquides  colorés  s'épaississent,  ils  ne  présentent  pas  un  phé- 
nomène analogue  à  la  coagulation  du  sang  :  dans  celle-ci,  la  partie  fibri» 
neuse  du  liquide  se  prend  en  une  masse  qui  renferme  les  globules  et  consti- 
tue le  caillot  solide;  l'autre  reste  liquide  et  constitue  le  sérum;  dans  les 
liquides  colorés,  ce  sont  les  globules  qui  s'agglutinent,  pour  former  une 
masse  épaisse,  tandis  que  la  partie  liquide  s'évapore. 

»  Dans  le  sang,  les  globules  ont  une  forme  bien  déterminée;  ils  ont  une 
organisation  spéciale.  Dans  les  sucs  propres  des  végétaux,  ils  sont  souvent 
irréguliers,  sans  organisation  et  d'une  composition  fort  diverse. 

»  La  composition  du  sang  est  en  harmonie  avec  la  composition  des  Iism^ 
des  animaux  ;  il  en  contient  les  éléments;  au  contraire,  on  ne  trouve  pas 
d'analogie  entre  les  sucs  propres,  dont  la  composition  est  si  variée,  si  com- 
plexe, et  le  tissu  fondamental  des  végétaux  formé  de  cellulose. 

»  Enfin,  les  sucs  propres  ne  se  trouvent  pas  dans  toutes  les  parties,  ei 


(  4^5  ) 
même  généralement  ils  ne  se  rencontrent  pas  clans  les  tissus  les  plus  jeunes, 
qui  sont  le  siège  principal  de  l'accroissement. 

»  Les  sucs  colorés,  ni  par  leurs  propriétés  physiques,  ni  par  leur  compo- 
sition, ni  par  le  lieu  où  ils  se  rencontrent,  ne  ressemblent  donc  au  liquide 
qui  fournit  aux  organes  les  matériaux  de  leur  accroissement. 

»  Mais  au  moins  les  sucs  propres  sont-ils  contenus  dans  des  vaisseaux 
semblables  aux  vaisseaux  sanguins?  C'est  la  deuxième  question  à  résoudre. 

»  Après  les  observations  de  M.  Scbultz,  que  tout  le  monde  peut  répé- 
ter, on  est  forcé  d'admettre  que  certains  végétaux  lactescents  ont  leurs  sucs 
colorés  contenus  dans  des  vaisseaux  rarnenx,  anastomosés,  à  parois  simples 
et  translucides,  sans  pores  ni  fentes. 

»  Pour  les  bien  voir,  M.  Scbultz  a  conseillé  de  les  examiner  dans  les  sti- 
pules du  Ficus  elasticct,  dont  les  membranes  épidermiques  se  séparent  avec 
une  grande  facilité  du  tissu  intermédiaire  :  si  on  place  ce  tissu  sous  la  len- 
tille du  microscope,  on  voit  aisément  le  réseau  des  vaisseaux  laiteux.  Si  l'on 
soumet  à  fébullition  les  parties  d'un  grand  nombre  devégétaux  lactescents, 
on  peut  sans  peine  reconnaître  les  vaisseaux  qui  renferment  les  sucs  colorés  : 
ceux-ci  se  concrètent,  de  sorte  que  les  granules  qui  entrent  dans  leur  com- 
position forment  une  masse  plus  ou  moins  compacte,  plus  ou  moins  conti- 
nue, qui  rend  les  tubes  qu'ils  remplissent  fort  visibles. 

■>  Par  une  macération  plus  ou  moins  longue,  on  détruit  les  utricules  qui 
les  unissent  aux  autres  tissus,  on  les  isole  et  on  en  constate  nettement  les 
caractères-,  ils  se  rencontrent  dans  les  feuilles,  dans  les  tiges,  dans  les  ra- 
cines. Il  nous  est  facile  de  montrer  par  des  dessins  les  faits  que  nos  dissec- 
tions ont  mis  sous  nos  yeux.  On  peut  observer  les  vaisseaux  propres  dans 
les  Campanula  Médium,  pjrnmidalis,  rapunculoïdes,  les  Euphorbia  sylvestris, 
Lalhyris,  le  Cichorium  lnlybus,  le  Lnctuca  sativa,  le  Papaver  somnijèrum , 
YAsclepias  syriaca,  le  Ficus  elastica,  le  Broussonetia  papytïjera,  le  Chelido- 
nium  majus,  etc.^  etc. 

»  Dans  ces  plantes,  les  réservoirs  des  liquides  colorés  constituent  bien 
un  système  vasculaire,  tel  qu'on  est  habitué  à  le  concevoir  :  ce  sont  des 
tubes  plus  ou  moins  déliés,  souvent  isolés,  quelquefois  agglomérés  entre 
eux,  anastomosés,  se  réunissant  en  troncs  plus  volumineux,  souvent 
flexueux,  à  parois  minces,  transparentes,  non  doublées  par  une  lame  tra- 
versée par  des  fentes  ou  des  pores,  sans  traces  d'organisation  cellulaire;  ils 
contiennent  un  liquide  coloré,  d'une  manière  variée,  par  une  multitude  de 
petits  grains  tenus  en  suspension.  Ces  grains  sont  quelquefois  assez  rares, 

C.  R  ,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  10.)  56 


(  4*6  j 
quelquefois  assez  nombreux  pour  rendre  les  tubes  tout  à  t'ait  opaques. 
Lorsque  le  liquide  granulifère  est  épaissi,  après  ébullition,  par  exemple, 
les  grains  restent  uniformément  répandus,  ou  agglomérés  par  masses  irré- 
gulières. Les  tubes  des  liquides  colorés  se  rompent  facilement  en  travers; 
souvent  les  fragments  qui  proviennent  de  cette  partition  restent  en  contact 
et  imitent  des  articles;  parfois  les  fragments  se  séparent,  et  alors  on  voit 
fréquemment  le  liquide  coagulé  se  continuer  entre  eux,  sous  forme  d'un 
filet  extensible. 

»  Dans  les  feuilles,  les  vaisseaux  propres  sont  généralement  placés  en 
dehors  des  faisceaux  formés  par  le  tissu  fibreux  cortical  et  les  vaisseaux 
trachéens  ;  on  les  trouve  aussi,  bien  sur  les  côtés  qu'au-dessus  ou  au-des- 
sous de  ces  faisceaux.  Ex.  :  Ficus,  Asclepias. 

>>  On  arrive  à  bien  constater  leurs  dispositions  sur  Y  Asclepias,  par  exemple, 
en  faisant  subir  à  la  feuille  les  préparations  suivantes:  on  la  fait  bouillir, 
on  la  laisse  macérer  pendant  quelques  jours,  on  enlevé  l'épidémie  de  la 
face  inférieure  des  nervures,  on  enlève  le  tissu  fibreux  transparent  placé 
sous  les  vaisseaux  trachéens,  et  on  le  place  sous  la  lentille  du  microscope; 
on  distingue  alors  nettement  les  vaisseaux  propres,  opaques,  flexueux,  ra- 
meux,  tandis  que  le  tissu  fibreux  est  formé  de  tubes  transparents,  très-, 
minces,  droits,  simples,  terminés  en  pointes  plus  ou  moins  aiguës;  ces 
tubes  sont  vides  ou  contiennent  des  granules  plus  ou  moins  nombreux. 

»  Les  ramifications  des  vaisseaux  propres  s'opèrent  de  manière  à  for- 
mer des  branches  qui  suivent  les  divisions  des  nervures.  Ex.  :  Asclepias. 
Cependant  les  branches  des  vaisseaux  propres  se  séparent  quelque- 
fois avant  la  division  des  nervures,  ex.  :  Asclepias,  de  sorte  qu'elles  sem- 
blent être  des  vaisseaux  collatéraux  plutôt  que  des  ramifications  des  vais- 
seaux propres;  mais  le  nombre  de  ces  derniers  ne  serait  pas  suffisant 
pour  fournir  tous  les  vaisseaux  qui  accompagnent  les  subdivisions  des 
nervures,  s'ils  ne  se  subdivisaient  pas  eux-mêmes.  On  peut  constater,  du 
reste,  leur  ramification.  Quelquefois  les  branches  vasculaires  qui  se  sépa- 
rent pour  suivre  une  division  des  nervures  produisent  une  branche  récur- 
rente qui  remonte  vers  le  prolongement  de  la  nervure  d'où  elle  est  partie, 
ex.  :  Asclepias,  de  sorte  que  les  vaisseaux  propres  qui  accompagnent 
celle-ci  semblent  avoir  diverses  origines. 

»  Les  divisions  des  branches  vasculaires  accompagnent  les  plus  petites 
nervures  :  lorsqu'on  fait  la  section  des  dernières  veinules,  dans  le  Ficus,  le 
Chelidonium ,  par  exemple,  on  voit  suinter  des  sucs  propres.  Ces  divisions 
deviennent  de  plus  en  plus  ténues. 


(  4*7  ) 

»  Les  vaisseaux  propres  des  tiges  appartiennent  plus  spécialement  au 
système  cortical.  Ainsi  dans  le  Papaver,  le  Lactuca,  on  ne  voit  pas  de  sucs 
propres  suinter  de  la  moelle  centrale,  ou,  au  moins,  il  en  sort  de  très-faibles 
quantités.  Mais,  dans  d'autres  plantes,  comme  les  Campanules,  le  Clielido- 
nium  majus,  il  y  a  de  nombreux  vaisseaux  propres  en  dedans  des  faisceaux 
ligneux.  Il  est  même  des  plantes  dans  lesquelles  les  vaisseaux  propres  sont 
plus  abondants  dans  la  moelle  que  dans  les  zones  corticales.  Tel  est  VAscle- 
pias  syriaca.  On  peut  en  détacher  une  très-grande  quantité  et  les  isoler  en 
faisant  macérer  une  tige  qu'on  a  préalablement  fait  bouillir;  c'est  un  des 
moyens  les  plus  faciles  de  démontrer  incontestablement  l'existence  des  vais- 
seaux propres.  Les  vaisseaux  propres  de  l'écorce  sont  répandus  dans  les 
différents  tissus  qui  constituent  le  système  cortical  ;  ainsi,  dans  les  Campa- 
nules, ils  sont  répandus  dans  le  parenchyme,  et  dans  la  couche  fibreuse  de 
l'écorce;  dans  le  Chetidonium  ils  sont  distribués  en  dehors  des  faisceaux, 
comme  dans  l'épaisseur  même  de  ces  derniers.  Les  vaisseaux  propres  des 
tiges  sont  généralement  peu  ramifiés,  pourtant  ils  présentent  encore  de  fré- 
quentes divisions.  Dans  YAsctepias,  à  chaque  nœud,  les  vaisseaux  propres 
s'anastomosent,  de  manière  à  former  un  plexus  et  comme  une  sorte  de 
cloison  dans  la  moelle.  Des  branches  vasculaires  émanant  de  ce  plexus  se 
rendent  au  pétiole  de  la  feuille  qui  s'insère  sur  le  nœud  et  au  rameau  qui 
naît  de  son  aisselle;  elles  traversent  ainsi  l'espace  médullaire  laissé  entre  les 
faisceaux  ligneux  et  s'anastomosent  avec  les  vaisseaux  propres  de  l'écorce, 
faisant  communiquer  le  réseau  vasculaire  de  la  moelle  avec  celui  du  système 
cortical. 

»  Les  sucs  propres  sont  généralement  d'une  densité  d'autant  plus  grande 
et  d'une  couleur  d'autant  plus  intense,  qu'on  les  observe  dans  des  parties 
plus  inférieures  et  plus  anciennes  du  végétal.  Dans  les  jeunes  pousses  ils 
sont  pâles  et  peu  épais;  vers  le  bas  de  la  tige  ils  sont  habituellement  d'une 
nuance  beaucoup  plus  foncée.  Ainsi,  dans  Y Asclepias  syriaca,  les  sucs,  d'un 
blanc  pur  supérieurement,  prennent  une  teinte  jaunâtre  dans  la  partie  infé- 
rieure. Dans  le  Chelidonium,  les  sucs  des  extrémités  des  rameaux  sont  d'un 
jaune  très-pâle  ;  ils  sont  d'un  jaune  très-prononcé  vers  la  souche,  et  dans 
la  racine  ils  sont  d'un  orangé  rougeâtre. 

»  Cependant  des  dispositions  inverses  se  rencontrent  dans  certaines 
espèces  :  dans  le  Papaver  les  sucs  propres  sont  d'un  blanc  laiteux,  très- 
caractérisé  dans  les  capsules,  à  peine  opalin  dans  la  racine.  Les  sucs  pro- 
pres de  cette  plante  paraissent  avoir  leur  source  principale  dans  les  fruits; 

56.. 


(  4*8  ) 
si  on  leur  fait  une  incision,  le  suc  blanc  sort  en  abondance;  si  on  fait  une 
incision  au  pédoncule,  elle  laisse  exsuder  peu  de  sucs  propres;  une  incision 
plus  inférieure  encore  n'en  laissera  pas  extra  vase  r. 

»  Dans  d'autres  plantes  les  sucs  propres,  en  devenant  plus  colorés  et 
plus  épais  dans  les  parties  inférieures,  deviennent  moins  abondants;  ainsi 
dans  le  Chelidonium  les  sections  de  la  racine  laissent  couler  les  sucs  propres 
en  quantités  bien  plus  limitées.  L' Ascle.pias  syriaca,  dont  la  tige  possède 
des  vaisseaux  propres  si  nombreux,  a  une  souche  dont  la  partie  geinmi- 
fère  contient  un  très-petit  nombre  de  vaisseaux  propres,  et  qui,  dans  la 
partie  qui  n'a  plus  de  bourgeons,  n'en  laisse  bientôt  voir  aucun.  Aussi  la 
partie  voisine  des  tiges  aériennes  ne  laisse  suinter  que  de  très-faibles  propor- 
tions de  sucs  colorés;  celle  qui  en  est  éloignée  et  les  racines  n'en  laissent 
plus  échapper  d'une  manière  appréciable.  Je  dois  dire  pourtant  que  j'ai 
observé  parfois  quelques  vaisseaux  propres  isolés  dans  les  racines. 

»  Ces  organes  sont  imprégnés  d'un  liquide  mucilagineux,  épais,  qui 
paraît  susceptible  de  se  réunir  en  petits  globules  de  diamètres  différents, 
qui  deviennent  quelquefois  confluents,  et  qui  semblent  des  sucs  propres. 

»  Dans  certaines  plantes  les  sucs  colorés,  loin  de  devenir  moins  abondants 
dans  les  racines,  y  semblent  en  plus  grandes  quantités  que  dans  les  parties 
aériennes;  ainsi,  dans  la  tige  du  Lactuca  sativa,  les  vaisseaux  propres  ne 
constituent  pas  la  principale  partie  des  faisceaux  corticaux  qui  sont  com- 
posés de  fibres,  tandis  que,  dans  la  racine,  ils  forment  presque  exclusive- 
ment les  faisceaux  corticaux,  et  les  fibres  sont  très-peu  apparentes.  Aussi 
cette  partie  contient  des  sucs  laiteux  en  très-grande  quantité  :  quand  on 
l'arrache,  on  voit  sortir  des  gouttelettes  de  sucs  blancs  de  l'extrémité  de 
toutes  les  fibrilles  radicales  qui  ont  été  brisées. 

»  Généralement  les  vaisseaux  propres  se  distinguent  des  tissus  voisins, 
et  notamment  des  fibres  corticales,  parce  qu'ils  sont  pleins  d'un  licpiide 
granulifère  d'une  couleur  particulière,  et  parce  qu'ils  sont  flexueux,  min- 
ces, rameux ,  anastomosés,  isolés;  tandis  que  les  fihres  sont  droites, 
parallèles,  serrées,  souvent  vides.  Pourtant,  dans  certaines  plantes,  les 
vaisseaux  propres  sont  droits,  très-longs,  à  ramifications  rares,  à  granules 
excessivement  petits,  peu  abondants  ;  d'un  autre  côté,  les  fibres  corticales 
peuvent  être  fines,  minces,  plus  ou  moins  remplies  de  matière  granuleuse, 
de  sorte  qu'il  devient  difficile  de  les  distinguer  des  vaisseaux  propres.  C'est 
ce  qui  arrive  dans  \esCampanula  Médium,  rapunculoïdes,  pyramidalis,  dans  les 
Euphorbia  Latltyiïs,  sylvatica,  etc.,  etc.  La  distinction  devient  encore  plus 
difficile  quand  les  vaisseaux  propres   sont   articulés.    Selon    M.  Schultz, 


(  4*9) 
les  articulations  ne  se  montrent  pas  dès  l'origine,  elles  ne  sont  qu'un  état 
des  vaisseaux,  qui  est  le  résultat  de  l'âgj  :  nous  dirons  plus  tard  ce  que 
nous  pensons  de  cette  opinion.  Nous  nous  occuperons  aussi  de  l'état 
d'expansion  et  de  contraction  qu'il  a  admis.  En  ce  moment  il  nous  suffit  de 
signaler  les  difficultés  qu'on  éprouve  pour  constater  l'existence  des  vais- 
seaux propres  dans  quelques  cas. 

»  Nous  devons  dire,  cependant,  que,  lorsqu'on  éteint  rapidement  la  vie 
des  plantes  par  l'ébullition  et  qu'on  maintient  ainsi  les  vaisseaux  pleins  d'un 
suc  dense  et  fortement  granuleux,  l'opacité  du  liquide,  l'abondance  et  la 
tonne  des  grains,  la  couleur  spéciale  qu'ils  présentent,  font  reconnaître 
immédiatement  les  vaisseaux  qui  les  contiennent. 

»  Il  n'est  donc  pas  possible  de  mettre  en  doute  l'existence  des  vaisseaux 
contenant  des  liquides  colorés  dans  certaines  plantes.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

GÉOLOGIE.  —  Profils  des  chemins  de  fer  de  Paris  à  Rennes,  de  Tours  au  Mans, 
du  Mans  à  Alencon  et  d Alencon  à  Mézidon,  transformés  en  coupes  qéolo- 
aiaues;  par  M.  Trigeu.  (Extrait.) 

«  N'ayant  pas  cessé  depuis  trente  ans  de  m'occuper  d'études  géologiques, 
je  peux  citer  aujourd'hui  comme  résultat  principal  de  mes  travaux  les  car- 
tes géologiques  détaillées,  à  l'échelle  de  iulu—  (échelle  des  minutes  de  l'État- 
Major),  de  la  plus  grande  partie  des  départements  de  la  Mayenne,  de  l'Orne 
et  de  Maine-et-Loire,  faisant  suite  à  la  carie  géologique  complète  de  la 
Sarthe,  exécutée  à  la  même  échelle,  carte  que  M.  Elie  de  Beaumont  m'a  fait 
l'honneur  de  visiter  lors  de  sa  dernière  excursion  dans  nos  contrées,  avec 
les  élèves  de  l'École  des  Mines. 

»  Cette  dernière  carte  a  été  déposée  aux  Archives  de  la  préfecture, 
en  1 85 1  ;  elle  a  été  subdivisée  en  33  cartes  géologiques  cantonales,  au  moyen 
de  reports  sur  pierre;  elle  est  accompagnée  de  66  coupes  et  d'une  collection 
de  roches  et  de  fossiles  qui  viennent  à  l'appui  des  divisions  adoptées. 

»  M'étant  ainsi  constamment  occupé  de  géologie,  je  ne  pouvais  manquer 
d'être  frappé  du  parti  que  l'on  peut  tirer  des  plans,  et  surtout  des  profils  a 
grande  échelle  qui  servent  en  France  à  l'exécution  des  chemins  de  fer; 
j'appréciais  d'autant  mieux  l'avantage  de  ces  documents  si  exacts,  que  j'avais 
dû,  pour  les  cartes  ci-dessus,  faire  moi-même  de  nombreuses  réductions 
cadastrales.  Lors  de  l'exécution  de  la  carte  géologique  de  la  Sarthe,  je  fus 
obligé  de  fournir  pour  tout  le  département  des  réductions  semblables  au 


(  43o  ) 
corps  d'État-Major,  qui  me  donna  en  échange  sa  triangulation,  et  plus  tard 
sa  topographie  que  j'appliquai  à  mes  travaux. 

»  Frappé,  dis-je,  de  la  précision  que  l'usage  des  profds  gravés  par  les  com- 
pagnies de  chemin  de  fer  permet  d'apporter  aux  travaux  scientifiques,  j'at- 
tendais depuis  longtemps  l'occasion  de  me  procurer  quelques  profils  des 
lignes  de  l'Ouest,  lorsqu'à  la  demande  de  ses  collègues  de  la  Sarthe, 
M.  Mille,  ingénieur  en  chef  du  contrôle,  voulut  bien  mettre  à  ma  dispo- 
sition ceux  de  Tours  au  Mans,  et  de  Paris  à  Rennes,  et  un  peu  plus  tard 
ceux  du  Mans  à  Alençon,  et  d'Alençon  à  Mézidon,  que  j'ai  transformés  de- 
puis en  coupes  géologiques,  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  aujourd'hui  à 
l'Académie. 

«  Beaucoup  de  géologues  ont  eu  sans  doute  la  même  idée,  et  ont  relevé 
des  coupes  géologiques  dans  les  tranchées  de  chemin  de  fer.  J'ai  souvent  en- 
tretenu moi-même  mes  collègues  de  la  Société  Géologique  de  l'utilité  que 
pouvaient  acquérir  ces  coupes  en  leur  donnant  plus  de  développement,  mais 
on  m'a  presque  toujours  objecté  que  j'en  exagérais  les  avantages,  que  sur 
la  plupart  des  grandes  lignes  l'étendue  des  parties  en  remblai  en  rendait 
l'intérêt  à  peu  près  nul,  et  qu'il  en  était  de  même  lorsque  le  tracé  suivait  la 
direction  des  couches,  cas  très-fréquent,  surtout  dans  les  terrains  anciens. 

»  Reconnaissant  ce  que  ces  objections  avaient  de  fondé,  j'ai  essayé  de 
faire  disparaître  ces  inconvénients,  et  je  pense  y  être  arrivé  en  rendant 
aux  coupes  géologiques  des  chemins  de  fer  tout  leur  intérêt,  en  les  complé- 
tant. Il  m'a  suffi  pour  cela  d'accompagner  le  profil  longitudinal  de  coupes 
transversales  plus  ou  moins  nombreuses,  suivant  la  nature  et  la  disposition 
du  terrain,  mais  toujours  assez  rapprochées  pour  constituer  une  étude  géo- 
logique continue  dans  toute  l'étendue  du  parcours,  et  offrant  une  largeur 
moyenne  de  12  a  i5  kilomètres,  au  moyen  des  coupes  transversales. 

»  Si  l'on  réfléchit  maintenant  à  l'exactitude  de  ces  tracés  et  à  leur  grande 
échelle  (—7^)  pour  les  longueurs,  et  2-5V0  Pour  'es  hauteurs,  n'est-on  pas 
frappé  de  la  précision  qu'ils  apportent  dans  l'étude  stratigraphique  des  cou- 
ches variées  que  traverse  une  grande  voie  ferrée? 

»  Cet  ensemble  de  profils  en  long  et  en  travers  ne  fait-il  pas  connaître 
avec  toute  l'exactitude  possible  la  composition  géologique  du  sol?  Ne  repré- 
sente-t-il  pas  en  réalité  une  véritable  carte  géologique  de  la  surface  par- 
courue? 

»  Exécutés  avec  la  conscience  et  le  soin  que  je  me  suis  efforcé  de 
mettre  dans  ceux  que  j'ai  l'honneur  de  présenter,  de  semblables  profils  ne 
doivent-ils  pas  rendre  de  grands  services  pour  rectifier,  s'il  est  nécessaire, 


(  43 1  ) 
les  cartes  géologiques  déjà  faites  dans  plusieurs  départements,  et  être  très- 
utiles  également  pour  guider  les  géologues  dans  les  autres  départements  où 
de  semblables  travaux  n'ont  pas  encore  été  entrepris? 

»  Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  que  l'utilité  pratique  de  la  géologie  a 
été  appréciée  depuis  longtemps  déjà  par  MM.  les  ingénieurs  des  Ponts  et 
Chaussées  de  la  Sarthe,  et  que  l'utilité  des  profds  géologiques,  surtout,  n'a 
pas  échappé  à  MM.  de  Capella  et  Thoré,  qui  font  exécuter  en  ce  moment 
des  travaux  de  ce  genre  pour  toutes  les  routes  principales  du  département, 
par  un  conducteur  intelligent  qu'ils  ont  mis  à  ma  disposition  et  que  j'ai 
formé  à  la  connaissance  des  terrains;  de  manière  que  notre  département 
se  trouve  en  quelque  sorte  doté  aujourd'hui  d'un  nouveau  service  géo- 
logique. 

»  Déjà  même  ce  service  a  porté  ses  fruits  pour  la  science,  car  il  a  con- 
duit à  la  découverte  de  plusieurs  gisements  de  fossiles,  celui  de  la  tranchée 
du  Creux,  par  exemple,  où  l'on  vient  de  recueillir  tous  les  fossiles  des  ardoi- 
sières d'Angers,  dans  une  bande  de  terrain  silurien  inférieur  intercalée 
entre  des  schistes  à  cjraplolilhes  et  à  Cardiola  inierrupta,  et  des  grès  proba- 
blement à  lingutes,  comme  ceux  sur  lesquels  s'appuient  directement  des 
schistes  semblables  à  Saint-Léonard-des-Bois  (i),  ce  qui  détermine  exacte- 
ment la  position  des  schistes  à  Calimena  Iristani  et  Araqo ,  et  en  fixe 
beaucoup  mieux  la  place  qu'on  n'avait  pu  le  faire  dans  le  département  de 
Maine-et-Loire,  où  cette  faune  a  d'abord  été  signalée. 

»  Je  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  nommer,  pour  l'examen  des  pro- 
fils que  j'ai  l'honneur  de  lui  soumettre,  une  Commission  qui  pourra  en 
rendre  compte  et  faire  valoir  beaucoup  mieux  que  moi  tout  le  parti  que  la 
science  doit  tirer  des  profils  de  chemins  de  fer  ainsi  transformés  en  coupes 
géologiques. 

»  Il  lui  sera  facile  de  se  convaincre  que  dans  les  seuls  profils  géologiques 
que  j'ai  l'honneur  de  présenter,  on  traverse  une  série  presque  complète 
de  toutes  les  formations,  depuis  les  dépôts  tertiaires  les  plus  récents  jus- 
qu'aux terrains  les  plus  anciens;  qu'on  peut  y  étudier  en  détail  toutes  les 
couches  crétacées  et  jurassiques  de  l'Ouest,  les  terrains  carbonifères,  plu- 
sieurs étages  siluriens,  une  grande  variété  de  roches  éruptives  et  métamor- 
phiques, et  qu'on  peut  en  tirer  un  très-grand  parti  pour  faire  une  étude 
comparative,  pleine  d'intérêt,  des  différents  dépôts  de  même  âge  repré- 


(1)  Les  schistes  de  Saint-Léonard-des-Bois  ont  fait  l'objet  d'une  Note  présentée  à  l'Aca- 
démie par  MM.  de  Verneuil  et  Triger. 


(  432  ) 
sentes  à  la  fois  dans  la  Bretagne,   le  Maine,    la   Normandie   et   la   Tou- 
raine.  » 

Le  travail  de  M.  Triger  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  com- 
posée de  MM.  d'Archiac,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée. 

En  signalant  le  mérite  et  l'utilité  du  travail  de  M.  Triger,  M.  Eue  de 
Beaumoxt  exprime  le  regret  que  l'auteur  n'ait  pas  joint  à  ses  profils,  dans 
lesquels  les  hauteurs,  comparées  aux  distances,  sont  exagérées  dans  le  rap- 
port de  20  à  i ,  d'autres  profils  où  les  hauteurs  seraient  figurées  sur  la  même 
échelle  que  les  distances.  Les  profils  où  les  hauteurs  et  les  distances  sont 
tracées  sur  la  même  échelle  sont,  en  effet,  les  seuls  qui  puissent  donner 
une  idée  exacte  de  la  disposition  des  couches,  quand  elles  sont  flexueuses, 
comme  le  sont  fréquemment  celles  que  traversent  les  profils  de  M.  Triger. 

GÉOLOGIE.  —  Notice  sur  quelques  terrains  crétacés  du  Midi;  par  M.  A.  Meugy. 
(Commissaires,  MM.  d'Archiac,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

L'étendue  de  ce  Mémoire  ne  permettant  pas  de  l'imprimer  en  entier,  nous 
nous  bornerons  à  en  reproduire  les  conclusions  que  l'auteur  présente  dans 
les  termes  suivants  : 

«   Il  résulte  de  tous  les  faits  relatés  dans  cette  Notice  : 

»  Qu'il  existe  dans  l'arrondissement  d'Uzès,  au-dessus  du  terrain  néoco- 
mien,  un  dépôt  crétacé  qu'on  peut  diviser  en  deux  parties  :  l'une,  inférieure, 
principalement  sableuse  et  fluvio-marine;  l'autre,  supérieure,  principale- 
ment calcaire.  Ce  dépôt  paraît  avoir  son  analogue  dans  le  département  de 
Vaucluse,  à  Montdragon  pour  la  partie  inférieure,  et  à  Mornas  pour  la 
partie  supérieure.  Les  deux  étages  dont  il  se  compose  se  retrouvent  égale- 
ment entre  Vagnas  et  Salavas  (Ardèche); 

»  Qu'il  y  a  discordance  de  stratification  entre  ce  dépôt  et  les  roches  du 
grès  vert  et  du  gault  auxquelles  il  est  quelquefois  superposé; 

»  Qu'il  y  a  aussi  discordance  entre  les  marnes  argilo-sableuses  qui  re- 
couvrent le  système  à  lignites  inférieur  de  Vaguas  et  le  calcaire  à  hippurites 
qui  leur  succède  ; 

»  Qu'au-dessous  de  la  formation  fluvio-marine  inférieure  de  Vagnas,  se 
trouvent  des  grès  argilo-calcaires  et  des  marnes  noirâtres  qui  reposent  sur 
les  tranches  relevées  du  terrain  néocomien  en  stratification  complètement 
discordante,  et   qui  semblent   être  l'équivalent  du   lower-greensand ,   du 


(  433  ) 
gault  et   de   Y  upper-cjreensand   des   Anglais,   ou    du   système    hervieu    de 
Diimont;  , 

»  Que  par  conséquent  le  système  sableux  à  lignites  des  environs  d'Uzès, 
comme  celui  deSaint-Julien-de-Peyrolas,et  celui  du  Cliamp-des- Pauvres  de 
Vagnas  avec  la  formation  argilo-calcaire  qui  le  surmonte,  y  compris  le 
calcaire  à  hippurites,  correspondrait  aux  systèmes  cénomanien  et  turonien 
d'Alcide  d'Orbigny  ou  au  système  hervien  de  la  Belgique  ; 

»  Enfin,  que  la  formation  ligniteuse  supérieure  de  Vagnas,  qui  paraît  être 
contemporaine  de  celle  de  Piolenc  (Vaucluse).  appartient  à  une  époque 
distincte  de  celle  du  calcaire  à  hippurites  et  se  rapporte  vraisemblablement 
à  la  base  des  terrains  tertiaires.    » 

hydraulique.   —  Expériences  en  grand  sur  un  nouveau  système  d'écluses 
de  navigation,  principes  de  manœuvres  nouvelles;  par  M.  A.  i>e  Caligny. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Poncelet,  Morin,  Combes.) 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  le  3  avril  1848  [voir  les 
Comptes  rendus,  t.  XXVI,  p.  4oo<)>  des  expériences  sur  un  modèle  de  ce 
système,  qui  ont  été  l'objet  d'un  Rapport  favorable  au  Conseil  général  des 
Ponts  et  Chaussées,  en  1849,  par  M.  l'ingénieur  en  chef  Bélanger.  La  Com- 
mission dont  il  était  rapporteur  avait  constaté  que  ce  système  épargnait 
environ  les  trois  cinquièmes  de  Véclusée.  En  i85i,  des  expériences  furent 
faites  plus  en  grand,  mais  sur  une  écluse  de  petite  navigation  ;  elles  ne  firent, 
quant  à  l'effet  utile,  que  confirmer  les  expériences  précitées.  Elles  furent 
l'objet  d'un  Rapport  favorable  de  M.  Méquet,  inspecteur  général  des  Ponts 
et  Chaussées. 

»  A  la  fin  de  l'année  dernière,  des  expériences  beaucoup  plus  en  grand 
ont  été  faites,  sur  un  Rapport  fait  au  Conseil  général  des  Ponts  et  Chaus- 
sées, par  MM.  les  inspecteurs  généraux  Lebreton,  Bommart,  et  Mary  rap- 
porteur. L'effet  utile  a  été  beaucoup  augmenté,  et  voici  surtout  par  quelle 
raison. 

»  Dans  les  petits  modèles,  ou  dans  les  appareils  dont  le  tuyau  fixe  n'est 
pas  assez  long  par  rapport  à  la  chute,  il  est  beaucoup  plus  difficile  de  ré- 
gler les  premières  périodes,  parce  que  l'inertie  de  l'eau,  qui  se  met  en  mou- 
vement dans  ce  tuyau  de  conduite  fixe,  n'en  laisse  pas  le  temps.  Il  en  ré- 
sultait qu'on  laissait  l'eau  acquérir  trop  de  vitesse  dans  les  premières  pé- 
riodes, où  agissait  la  plus  grande  partie  de  la  hauteur  de  chute.  Cela  était 

C.    R.,  i8G3,   Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  10.  5,7 


(  434  ) 
facile  à  voir,  dans  certains  cas,  à  l'époque  où  l'écluse  se  vidait,  en  jetant 
de  l'eau  par  le  sommet  d'un  tuyau  vertical.  Dans  les  nouvelles  expériences, 
le  tuyau  de  conduite  fixe  a  i  mètre  de  diamètre  intérieur  et  environ 
[\i  mètres  de  long.  La  chute  étant  d'environ  im,6o,  et  pouvant  même  être 
notablement  plus  grande,  on  a  tout  le  temps  nécessaire  pour  lever  chaque 
tuyau  mobile;  en  un  mot,  pour  faire  les  manœuvres  de  manière  à  ne  pas 
laisser  échapper  à  chaque  période  plus  d'eau  qu'on  ne  le  veut  :  aussi,  en 
vidant  l'écluse,  on  a  relevé  les  deux  cinquièmes  de  l'éclusée. 

»  La  seconde  partie  de  l'appareil,  nécessaire  pour  remplir  l'écluse,  en 
tirant  une  partie  de  l'eau  du  bief  d'aval,  n'a  pas  encore  été  essayée  en  grand  ; 
mais  il  résulte  des  phénomènes  suffisamment  étudiés  dans  les  expériences 
sur  un  modèle,  que  l'effet  utile  de  cette  seconde  opération  ne  peut  pas  dif- 
férer beaucoup  de  celui  de  la  première. 

»  De  sorte  que  l'épargne  totale  résultant  des  deux  opérations  ne  peut  pas 
être  moindre  que  les  quatre  cinquièmes  environ  de  l'éclusée.  Quanta  l'effet 
utile  de  l'opération  déjà  faite  en  grand,  je  n'ai  pas  cru  devoir  m'en  rappor- 
ter à  moi-même;  il  a  été  vérifié  en  mon  absence  par  M.  Briquet,  conducteur 
principal  des  Ponts  et  Chaussées  en  retraite,  qui  m'autorise  à  m'appuyer 
sur  son  témoignage. 

»  Dans  le  système  tel  que  je  l'avais  présenté  d'abord,  l'eau  relevée  au 
bief  supérieur  ne  devait  sortir  que  par  un  seul  orifice.  Je  me  propose  de 
faire  une  manœuvre  nouvelle  au  moyen  de  l'appareil  tel  qu'il  est  disposé 
aujourd'hui;  et  j'espère  résoudre  ainsi  une  difficulté  très-bien  comprise 
dans  le  savant  Rapport  de  M.  l'ingénieur  en  chef  Bélanger.  Il  serait  évidem- 
ment utile  d'évaser  l'extrémité  d'aval  du  tuyau  de  conduite,  destinée  a  re- 
cevoir un  tuyau  vertical  mobile  qui  rejette  alternativement  de  l'eau  au  bief 
supérieur,  à  l'époque  où  l'écluse  se  vide.  Mais  on  se  demandait  si  l'augmen- 
tation de  diamètre  qui  en  résulterait  pour  ce  tube  mobile,  etc.,  n'augmente- 
rait pas  la  difficulté  de  la  manœuvre.  Maintenant  l'eau  peut  sortir,  non- 
seulement  par  le  sommet  de  ce  tube,  mais  par  le  sommet  d'un  autre  tube 
disposé  sur  le  tuyau  de  conduite  fixe,  dans  une  capacité  remplie  d'eau  en 
communication  avec  celle  du  bief  supérieur. 

»  Il  en  résulte  que  la  colonne  liquide  ascensionnelle  se  divise  en  deux,  et 
que  la  vitesse  de  sortie  par  les  deux  sommets  est  nécessairement  diminuée, 
sans  qu'il  soit  nécessaire  d'élargir  pour  cela  aucun  des  tuyaux  mobiles, 
selon  la  crainte  qui  avait  été  judicieusement  exprimée.  Il  y  aura  évidemment 
plus  de  perte  de  force  vive  pendant  cet  écoulement  supérieur  que  s'il  n'y 


(  435) 
avait  qu'un  seul  orifice  de  versement  supérieur  convenablement  évasé. 
Mais  on  peut  assigner  par  le  calcul  une  limite  à  cette  perte  de  force  vive,  et 
il  est  facile  de  voir  qu'elle  ne  compensera  pas  l'avantage  qui  doit  résulter 
du  nouveau  mode  de  versement  dont  il  s'agit,  surtout  si  l'on  tient  compte 
de  ce  que,  dans  les  tuyaux  d'un  très-grand  diamètre,  il  faut  pour  tous  les 
cas  analogues  un  gonflement  du  liquide  nécessaire  à  l'évacuation  latérale  au 
sommet.  La  hauteur  de  ce  gonflement  est  souvent,  d'ailleurs,  comme  on 
sait,  bien  plus  grande  que  la  hauteur  due  à  la  vitesse  moyenne  dans  l'inté- 
rieur de  chaque  tube.  En  définitive,  si  l'on  a  relevé  les  deux  cinquièmes 
de  l'éclusée  pendant  l'époque  de  la  vidange,  on  doit  espérer,  au  moyen  de 
cette  nouvelle  manoeuvre,  un  effet  utile  plus  considérable,  d'autant  plus  que 
les  essais  qui  ont  conduit  à  l'effet  utile  ci-dessus,  ayant  été  interrompus  par 
des  causes  de  force  majeure  qui  n'ont  aucun  rapport  à  l'appareil,  il  est 
probable  que,  même  avec  un  seul  tuyau  d'ascension,  la  manœuvre  aurait 
pu  être  perfectionnée. 

»  Sans  rappeler  ici  les  détails  de  la  seconde  opération  destinée  à  remplir 
l'écluse  en  tirant  une  partie  de  l'eau  du  bief  inférieur,  et  qui  sera  prochaine- 
ment étudiée  très  en  grand,  je  crois  intéressant  de  signaler  une  simplifica- 
tion dans  la  disposition  des  contre-poids,  m'étant  aperçu  qu'ils  pouvaient 
être  formés  pour  les  deux  balanciers  d'une  seule  chaîne  se  développant  alter- 
nativement pour  chaque  balancier,  quoique  attachée  à  l'un  et  à  l'autre,  en 
produisant  des  effets  analogues  à  ceux  d'une  chaîne  à  la  Poncelet. 

»  J'ajouterai  seulement,  pour  compléter  l'idée  sur  le  versement  par  deux 
colonnes  liquides  au  bief  supérieur,  qu'il  n'est  plus  même  nécessaire  que 
l'eau  sorte  par  le  premier  tuyau  d'ascension  dont  le  sommet  peut  être  indé- 
finiment prolongé.  Elle  peut  sortir  aussi  par  deux  tuyaux,  mais  qui  seraient 
disposés  l'un  et  l'autre  verticalement  sur  le  tuyau  de  conduite  horizontal, 
l'un  d'eux  étant  toujours  fixe,  l'un  et  l'autre  étant  disposés  dans  la  capacité 
précitée  qui  est  en  communication  avec  le  bief  supérieur.  Cette  disposition, 
sur  laquelle  je  reviendrai  en  décrivant  les  phénomènes  nouveaux  étudiés  à 
l'occasion  de  cette  machine,  permet  de  ne  plus  avoir  à  s'embarrasser  d'au- 
cun jaillissement  entre  un  tuyau  mobile  et  un  bout  de  tuyau  fixe,  comme 
pour  la  forme  de  l'appareil,  qui  a  été  l'objet  d'un  Rapport  favorable  rédigé 
par  M.  Combes  au  nom  de  la  section  de  Mécanique  agricole  et  Irrigations 
de  la  Société  centrale  d' Agriculture  (Mémoires  de  cette  Société,  1er  semestre 
1842,  p.  i35  à  i/Ja).  » 

57.. 


(  436) 

astronomie.  —  Nouveaux  compagnons  de  Sinus;  Lettre  de  M.  H.  Goldschmidt 

à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Le  Verrier,  Delaunay.) 

«  J'ai  essayé  depuis  quelque  temps  s'il  ne  me  serait  pas  possible  devoir 
le  compagnon  de  Sinus  avec  ma  petite  lunette  de  46  lignes  d'ouverture,  et 
j'ai  réussi  à  le  voir  par  moments.  Mais  j'ai  été  bien  surpris  de  découvrir  que 
ce  compagnon  de  M.  Clark  n'était  pas  le  seul,  et  qu'il  se  trouve  plusieurs 
autres  étoiles  dans  le  voisinage  immédiat  de  Sirius,  et  à  des  distances  variant 
de  i5"  à  !■'  d'arc.  Mes  moyens  restreints  d'observation  ne  me  permettaient 
pas  de  mesurer  les  distances  de  ces  points  lumineux  immergés  dans  l'éblouis- 
sante lumière  de  Sirius,  car  on  rencontrera  même  des  difficultés  sérieuses 
avec  les  instruments  les  plus  puissants.  Tout  ce  que  je  peux  dire  aujourd'hui, 
et  avant  d'avoir  eu  recours  à  une  plus  grande  lunette,  c'est  qu'une  première 
étoile  (sans  aucun  doute  un  compagnon)  se  trouve  au  sud  de  celui  qu'a 
découvert  M.  Clark,  et  j'évalue  son  angle  de  position  à  95°-97°  compté 
du  nord  vers  l'est.  Ce  nouveau  compagnon  est  assez  visible  par  moments,  et 
paraît  un  peu  plus  éloigné  que  celui  qui  est  déjà  connu.  Vient  ensuite  une 
autre  étoiie  (C  n"  2)  sur  le  prolongement  de  Sirius  et  du  compagnon  Clark, 
point  lumineux  presque  imperceptible.  A  l'est  de  Sirius  et  du  compagnon 
(n°  1,  F)  se  trouve,  sur  le  même  parallèle  que  celui-ci,  une  autre  petite  étoile 
(n°  3,  D).  L'étoile  n°  4,  E,  a  un  angle  de  position  de  1700,  et  n°  5,  de  25° 
à  3o°,  et  sont  distantes  de  Sirius  par  rapport  au  compagnon  n"  1 . 

a  Je  me  permets  de  vous  faire  l'observation  que  mes  recherches  ont  été 
complètement  indépendantes  des  théories  remarquables  des  MM.  Peters, 
Auwers  et  Safford  ;  c'est  de  ce  matin  seulement  qu'une  conversation  sur  ce 
sujet  avec  M.  Radau  m'a  fait  reconnaître  un  accord  frappant  avec  les 
données  de  M.  Auwers  et  l'observation  du  compagnon  n°  1.  (Voir  Asir. 
Naclirichten,  13^1.)   » 

MÉTÉOROLOGIE.—  Énumération  des  observations  horaires  faites  à  l'observatoire 
physico-météorique  de  la  Havane  durant  [année  de  1 86a;  Lettre  de  M.  A.  Poey 
à  M.  Élie  de  Beau  m  un  t. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

«  Jai  l'honneur,  Monsieur,  de  vous  adresser  le  tirage  à  part  de  onze 
séries   d'observations  horaires  faites  de  jour  et  de    nuit,  et  qui  ont  paru 


(  48*  ) 

dans  la  Gazette  officielle  de  cette  ville  du   1er  mai  a  la  fin  de  décembre  de 
l'année  passée. 

»  Ces  observations  embrassent  la  pression  barométrique  réduite  a  zéro. 
la  température  à  l'ombre  et  au  soleil,  la  tension  de  la  vapeur  d'eau,  l'humi- 
dité relative,  la  direction  et  la  vitesse  du  vent  en  mètres  par  seconde,  la 
direction  des  cumulus,  des  cirro-ciimulus  et  des  cirrus,  accusant  la  pré- 
sence de  quatre  courants  aériens  qui  concordent  rarement  entre  eux,  sur- 
tout ceux  des  cumulus  ou  courants  polaires  et  ceux  des  cirrus  ou  courants 
équatoriaux,  et  enfin  la  quantité  de  nuages  visibles. 

»  L'ensemble  des  observations  horaires  qui  ont  été  faites  de  jour  et  de 
nuit  à  l'observatoire  de  la  Havane  en  1862  est  tellement  considérable,  qu'il 
s'écoulera  encore  une  nouvelle  année  avant  qu'il  me  soit  possible  de  le 
livrer  au  public,  attendu  le  grand  nombre  de  réductions  et  de  déductions 
scientifiques  que  ces  observations  exigent. 

»  Cette  circonstance  m'engage  à  vous  communiquer  la  relation  complète 
de  la  nature  et  du  nombre  desdites  observations,  croyant  rendre  un  service 
à  la  science  en  portant  à  la  connaissance  des  météorologistes  l'existence  des 
données  qu'ils  pourraient  dès  à  présent  utiliser.  Dans  ce  but,  je  serais  tres- 
heureux  de  pouvoir  fournir  aux  savants,  qui  en  feraient  la  demande,  tous  les 
renseignements  dont  ils  auraient  besoin,  suivant  la  nature  de  leurs  recher- 
ches spéciales. 

»  Voici  le  nombre  des  observations  effectuées  sur  chacun  des  instruments 
signalés  ou  bien  sur  chaque  phénomène  observé  : 

1 .  Baromètre  Fortin,  réduites  à  zéro 8,732 

2.  Thermomètre  annexé  au  baromètre 8,i32 

3.  Thermomètre  à  l'air  et  à  l'ombre 8,732 

4-  Thermomètre  noirci  et  à  l'ombre 7  ,q44 

5.  Thermomètre  au  soleil 3,828 

6.  Thermomètre  noirci  et  au  soleil , 3,828 

7.  Nébulosité  du  soleil 1 . 046 

8.  Thermomètre  à  la  pluie 276 

9.  Thermomètre  maximum  à  mercure 1  ,737 

10.  Thermomètre  maximum  et  noirci  à  mercure 25  (*) 

1 1 .  Thermomètre  minimum  d'alcool  rouge 1  ,990 

12.  Thermomètre  minimum  d'alcool  noirci 1 ,991 

1 3.  Thermomètre  minimum  d'alcool  rou>;e  clair 1  ,998 


Ce  thermomètre  s'est  dérangé  dès  le  commencement. 


(  438  ) 

i4-  Thermomètre  minimum  d'alcool  rouge  noirci i  ,998 

i5.   Thermomètre  minimum  d'alcool  bleu , 1  ,g45 

1  6.  Thermomètre  minimum  d'alcool  bleu  noirci 3  ( 

17.  Thermomètre  minimum  d'alcool  blanc 1  ,g83 

18.  Thermomètre  minimum  d'alcool  blanc  noirci 1,9-71 

19.  Thermomètre  dans  la  citerne  de  l'observatoire 1 ,336 

20.  Thermomètre  dans  l'eau  de  la  mer 1 ,253 

21.  Thermomètre  à  l'air  au  bord  de  la  mer i  ,076 

32.  Thermomètre  dans  un  puits  près  de  la  mer 1  ,4<>3 

23.  Tension  de  la  vapeur  d'eau,  psychromètre  d'Auguste 8,732 

24.  Humidité   relative,  psychromètre  d'Auguste 8,732 

•  "1     Atmidomètre  de  Gasparin 1 ,096 

26.  Température  de  l'eau  évaporante 1 ,096 

27.  Direction  du  vent 8,782 

28.  Vitesse  du  vent  en  mètres  par  seconde 8,732 

?,g.  Brouillards 117 

30.  Rosée g36 

3 1 .  Foyers  d'orages  à  l'horizon 488 

32 .  Foyers  de  pluie  à  l'horizon 4°  ' 

33.  Direction  des  pluies 792 

34-  Heure  et  durée  des  pluies 1 1079 

35.  Quantité  de  pluie  tombée  (nombre  d'annotations) 1 15 

36.  Nature  des  nuages  dans  les  quatre  cadrans 25,56g 

37.  Quantité  de  nuages  dans  les  quatre  cadrans 25,56g 

38.  Directions  des  nuages  dans  les  quatre  cadrans 25 ,56g 

3g.   Vitesse  des  nuages  dans  les  quatre  cadrans 25,56g 

4o.   Éclairs  sans  tonnerre 1  ,323 

4  r .  Tonnerre  sans  éclairs 244 

42.  Éclairs  avec  tonnerre  et  vice  versa 60 

43.  Arcs-en-ciel n3 

44-   Halos  solaires 26 

45 .  Halos  lunaires 1  o  1 

46.  Rayons  crépusculaires 80 

47  •  Couleur  du  ciel  au  lever  et  au  coucher  du  soleil 187 

48.  Ozone  à  l'observatoire 2  ,oo4 

4g.  Ozone  au  bord  de  la  mer 9^° 

5o.  Ozone  au-dessus  d'un  bourbier  au  bord  de  la  mer 888 

5i.  Étoiles  filantes 1  jOOO 

52.  Courbes  barométriques  tracées  de  cinq  en  cinq  minutes  à  l'aide 

d'un  barométrographe  d'une  nouvelle  combinaison  et  construit 

par  M.  Hardy 334 

(*)  Ce  thermomètre  s'est  dérangé  dès  le  commencement. 


(439) 

»  Je  n'ai  point  compris  dans  l'extrait  de  cette  liste  une  multitude  d'ob- 
servations et  de  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  diverses  questions,  la 
plupart  nouvelles  ou  imparfaitement  connues,  telles  que  sur  l'électricité 
atmosphéro-terrestre  statique  et  dynamique,  sur  la  polarisation  atmosphé- 
rique, celle  des  éclairs,  des  nuages,  des  halos,  des  arcs-en-ciel,  de  la  lumière 
lunaire,  de  la  lumière  zodiacale,  sur  la  température  de  l'espace  céleste  et 
du  disque  de  la  lune,  sur  les  taches  solaires,  sur  les  trombes  et  autres 
déductions  théoriques  que  m'a  fournies  l'étude  combinée  des  phénomènes 
entre  eux. 

»  J'ai  encore  établi  une  correspondance  météorologique,  dans  diverses 
localités  de  l'île,  que  vous  trouverez  imprimée  à  la  suite  des  bulletins 
journaliers  que  j'ai  l'honneur  de  vous  adresser,  où  se  trouvent  également 
•  mentionnés  les  grandes  perturbations  atmosphériques  ou  phénomènes 
anormaux,  tels  que  les  chutes  de  grêle,  les  tremblements  de  terre,  les 
inondations,  les  ouragans,  les  trombes,  etc.  » 

M.  Séguier  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  compas  à  ellipse  de 
l'invention  de  M.  Carmien,  mécanicien  à  Suze,  près  Héricourt  (Haute- 
Saône). 

L'auteur  a,  clans  une  Note,  donné  de  cet  instrument  une  description  qui 
serait  difficilement  comprise  sans  le  secours  d'une  figure;  il  nous  suffira  de 
dire  que  c'est  une  sorte  de  pantographe  dont  un  des  deux  styles  traçant  en 
l'air  un  cercle  dans  un  plan  incliné  à  l'horizon,  l'autre  style  en  trace,  sur  le- 
papier  disposé  horizontalement,  la  projection  verticale,  qui  est  une  ellipse. 

(Commissaires,  MM.  Mathieu,  Chasles,  Séguier.) 

M.  Bœrsch  adresse  de  Strasbourg  diverses  substances  colorantes  vitrijia- 
liles  au  moyen  desquelles  on  peut  imprimer  sur  verre  des  images  qui,  par 
l'action  du  feu,  seront  amenées  à  faire  corps  avec  lui. 

Une  Commission  composée  de  MM.  Payen,  H.  Sainte-Claire  Devilie  et 
Pasteur  est  invitée  à  examiner  ces  produits  qu'accompagnent  plusieurs  spé- 
cimens des  impressions  obtenues  et  une  Note  explicative. 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  la  Marine  adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut, 
le  numéro  de  mars  de  la  Revue  maritime  et  coloniale. 


{  44o  ) 

31.    I.' ADMINISTRATEUR  GÉNÉRAL,    DIRECTEUR  DE   I.A  BlBLIOTHEQUE    IMPERIALE, 

annonce  que  les  travaux  d'installation  provisoire  des  collections  de  M.  te 
duc  de  Lujnes  étant  terminés  au  département  des  médailles  et  antiques,  il 
a  pensé  qu'il  pourrait  être  agréable  à  MM.  les  Membres  de  l'Académie  de 
visiter  cette  riche  collection  avant  l'époque  fixée  pour  l'ouverture  ;  en  con- 
séquence, la  galerie  sera  ouverte  pour  eux,  du  7  au  i\  mars,  les  mardi  et 
vendredi  depuis  10  heures  jusqu'à  4;  ils  seront  admis  sur  la  simple  pré- 
sentation de  leur  médaille. 

La  Société  royale  des  Sciences  d'Upsal  remercie  l'Académie  pour  l'envoi 
de  plusieurs  volumes  des  Mémoires  et  des  Comptes  rendus,  et  lui  adresse  en 
retour  ses  plus  récentes  publications. 

31.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Hervé- 
Mangon,  un  exemplaire  du  «  Rapport  sur  les  machines  et  instruments 
d'agriculture  de  l'Exposition  universelle  de  1862  0,  et  un  exemplaire  de  la 
3e  édition  du  «  Traité  pratique  sur  le  drainage  ». 

«  31.  Piobert  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Favé,  le  IVe  vo- 
lume des  Etudes  sur  le  passé  et  l'avenir  de  l'artillerie.  Les  deux  premiers 
volumes,  qui  ont  paru  en  1846  et  en  1 85 1  sous  le  même  titre,  sont  de  l'Em- 
pereur. L'ouvrage  a  été  continué  à  l'aide  de  ses  Notes  et  sur  le  même  plau, 
par  M.  le  colonel  Favé,  son  aide  de  camp.  Le  IIIe  volume,  qui  a  paru 
l'année  dernière,  contient  l'histoire  des  progrès  de  l'artillerie  depuis  l'in- 
vention de  la  poudre  jusqu'à  i65o.  Elle  est  continuée  dans  ce  IVe  volume 
jusqu'au  commencement  de  notre  siècle.  Un  Ve  volume,  qui  est  sous  presse, 
contiendra  la  suite  de  cette  même  histoire  jusqu'à  nos  jours.   « 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  In  constitution  géologique  des  dunes  des  Zahrez-Rharbi 
et  Cher  gui  [  lacs  salés),  et  du  Sahara  algérien  ;  pur  M .  Ville. 

«  Nous  avons  campé  le  20  décembre  18G2  au  lieu  dit  Zebaret-Sidi-Aïssa, 
dans  le  Delta  marécageux  compris  entre  l'Oued-el-Fesekh  au  nord,  l'extré- 
mité occidentale  du  Zahrez-Chergui  à  l'est,  et  les  dunes  de  sables  qui 
s'étendent  d'un  bout  à  l'autre  du  bassin  des  Zahrez,  et  passent  au  sud  de 
Zebaret-Sidi-Aïssa.  Entre  les  dunes  et  le  bord  sud  du  Zahrez-Rharbi,  il  y  a 
une  traînée  de  joncs  d'où  s'échappe  une  nappe  d'eau  potable  de  bonne  qua- 
lité,  alimentée  par  les   eaux  d'infiltration    qui   ont   traversé   les   couches 


(  44'  ) 

sableuses  supérieures  du  terrain  saharien  (pliocène  supérieur),  et  qui  sont 
arrêtées  par  une  couche  de  sable  argileux  affleurant  le  long  du  bord  méri- 
dional du  Zahrez: 

»  DeZebaret-Sidi-Aïssa,  nous  nous  sommes  dirigé  vers  le  sud  en  coupant 
les  dunes  dans  toute  leur  largeur  qui  peut  être  fie  i  kilomètres  environ. 
Après  avoir  traversé  quelques  ondulations  de  sables,  la  route  monte  sur  le 
plan  supérieur  des  dunes  qui  bientôt  s'affermit,  se  couvre  de  végétation  et 
se  relie  d'une  manière  insensible  à  un  plateau  sableux,  tenace,  qui  se  relève 
régulièrement  en  pente  douce  contre  le  massif  crétacé  du  Djebel-Alia,  limi- 
tant au  sud  le  bassin  du  Zahrez-Chergui.  Dans  la  région  des  dunes  éminem- 
ment sableuses,  nous  avons  observé  sur  les  flancs  fie  quelques-unes  d'entre 
elles  des  couches  sensiblement  horizontales  de  quelques  centimètres  d'épais- 
seur, formées  par  des  sables  argileux  colorés  en  gris  noirâtre  par  un  peu 
cle  bitume. 

Un  échantillon  de  cette  roche  nous  a  donné  la  composition  suivante  : 


» 


Pour   i  gramme. 

gr 
Sable  quartzeux  blanc 0,7312 

Argile  pure , o,  1072 

Peroxyde  de  fer 0,01 54 

Carbonate  de  chaux o,  i25o 

Carbonate  de  magnésie traces. 

Carbonate  de  fer o  ,0029 

Eau,  matières  organiques  ammoniacales.  .  .  .  0,0171 

Total 0,9988 

»  Enfin,  au  sommet  même  d'une  dune,  nous  avons  vu  une  couche  hori- 
zontale de  travertin  calcaire  de  om,  3o  d'épaisseur,  qui  nous  a  présenté  la 
composition  suivante  : 

s<- 
Carbonate  de  chaux o,9353 

Carbonate  de  magnésie o.oozjo 

Carbonate  de  fer 0,001 4 

Sulfate  de  chaux 0,0077 

Eau  évaporée  à  i3o" o,oo4o 

Matière  organique  ammoniacale o,oi3o 

Sable  quartzeux  blanc .  .  o,o256 

Argile 0,0016 

Peroxyde  de  fer  et  phosphates  terreux o,oo5o 

Total 0,9976 

C.  R.,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  10.)  58 


(  44*  ) 

»  Quant  aux  sables  des  dunes,  ils  sont  essentiellement  quartzeux;  ils 
contiennent  cependant  de  faibles  quantités  de  carbonate  de  chaux  et 
d'argile  ferrugineuse. 

»  En  rentrant  au  poste  caféd'El-Mesran,  sur  la  route  d'Alger  à  Laglioua, 
nous  avons  coupé  de  nouveau  les  dunes,  en  marchant  du  S.-E.  au  N.-O., 
et  nous  avons  remarqué  à  diverses  hauteurs  au  milieu  des  sables  des  assises 
de  grès  argilo-calcaires  grisâtres,  contenant  à  l'état  fossile  le  Biilimus  decol- 
latus  et  VHelix  candidissima.  Tous  ces  faits  prouvent  d'une  manière  incon- 
testable que  les  dunes  du  bassin  des  Zahrez  ne  sont  pas,  comme  le  pensent 
beaucoup  de  personnes,  le  résultat  de  l'accumulation  des  sables  apportés 
par  les  vents.  Ce  sont  des  couches  régulières  de  sables  de  la  période  saha- 
rienne (pliocène  supérieur)  qui  ont  été  déposées  par  les  eaux  douces  ou 
saumàtres.  Parfois  ces  sables  ont  été  agrégés  par  un  ciment  calcaire;  il  en 
résulte  alors  des  couches  régulières  de  grès  calcaire,   qui  permettent  de 
déterminer  la  stratification  des  couches  de  sables  qui  les  enclavent.  Les 
vents  modifient  légèrement  le  relief  exlérieur  des  dunes,  qui  peut  varier 
d'un  jour  à  l'autre;  mais  la  masse  générale  dessables  ne  se  déplace  pas,  et 
les  dunes  sont  aujourd'hui  dans  la  position  qu'elles  occupaient  à  l'origine 
de  la  période  géologique  actuelle.  Nous  avions  déjà  reconnu  ce  fait  pendant 
notre  voyage  à  Ouargla  en  1861.  Les  grandes  dunes  des  environs  d'Ouargla 
sont  également  de  la   période  saharienne,  comme    celles  du    bassin   des 
Zahrez. 

»  A  notre  retour  d'Ouargla,  nous  avons  coupé  les  dunes  du  Zahrez- 
Rharbi,  du  sud  au  nord,  en  suivant  le  cours  de  l'Oued-Malah,  et  nousavons 
remarqué  également,  à  diverses  hauteurs  au  milieu  de  ces  dunes,  des  cou- 
ches tenaces  de  sables  argileux  de  couleur  grisâtre,  indiquant  d'une  manière 
incontestable  que  les  sables  formant  les  dunes  étaient  le  résultat  d'un  trans- 
port par  les  eaux,  et  non  d'un  transport  par  les  vents.  Du  reste,  l'exécution 
des  sondages  de  l'Oued-Malah  et  d'El-Mesran  (dans  le  bassin  du  Zahrez- 
Rharbi)  vient  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir.  On  a  trouvé  en  profondeur 
des  couches  de  sables  fluides  qui  ont  opposé  une  grande  résistance  à  l'en- 
foncement des  tubes  de  retenue.  Puisqu'il  y  a  des  couches  de  sables  en  pro- 
fondeur dans  le  terrain  saharien,  on  ne  doit  pas  trouver  étonnant  qu'il  y  en 
ait  également  à  la  surface  du  sol.  » 


k  443  ) 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.—  Sur  une  équation  pour  le  calcul  des  orbites  planétaires; 

par  M.  A.   de  Gasparis. 

«    1.   On  connaît  le  rôle  important  que  joue,  dans  cet  argument,  l'équa- 
tion 


Celle  donnée  par  Gauss  est  exacte  jusqu'aux  termes  de  deuxième  ordre. 
L'autre,  de  même  forme,  que  j'ai  donnée  implicitement  dans  les  nos  noi 
et  1  1 1 1  des  Âstronomiscke  Nachrichten,  est  exacte  jusqu'aux  termes  de  troi- 
sième ordre.  Or  je  viens  de  trouver  que  l'on  peut  obtenir  une  autre  équa- 
tion plus  exacte  en  tenant  compte  rigoureusement  des  termes  de  troisième 
ordre.  Cela  posé,  je  suppose 

A  =  tangp,  sin(«8  —  a2)  —  tangj32  sin(a3  —  a,)  -t-  tang/3,,  sin  («a  —  a,),   ' 

B  =  tang/38  sin(Z,  —  a,)  —  tang/3,  sin (/,  —  a3), 

C  =  tangp3  sin(/2  —  a,)  —  tang/3,  sin(/,  —  a,), 

D  =  tangj3,  sin(/3  —  a,)  —  tang/3,  sin(Z,  —  <z3), 

E2=R2  —  R^cos/?2.  cos(/2—  a2)2, 

F  =  R2  cos/32,  cos(Z2  —  <z2). 

»   Maintenant  si,  dans  l'équation  connue 

o=  m2ïR,B  —  «,3(Ap2  +  R2C)  +  «l2R8D, 
on  tient  compte  que  l'on  a 


et 


il  vient 

sin£  _  9J3R,B  —  9,3  R,C  +  9,  ,R3D  -+-  9, 3  AF— 9, ,  AE  cosp,cotz 
6E>   "=  ej,.R,B  — ej3R,C  +  9^R3D  4-  6,'  3  AF  —  9f  ,  AE  cosfi,  cots' 

qui  prend  tout  de  suite  la  forme 


E 

r,  =  -z — » 

sin  z 

pt  =  E  cos/3,  cot; 

nl2  _  9,,  6r3,  —  9J2 

»u  —  6,3  6r2  —  e;3' 

»n  _  On    6'î  — «ï, 

«,3          9,3   6/'32  —  9;  3 

,    .       3        sin(z—  o) 

?«   sin  Z3  =  -T-; — 'j 

sin  (a  —  ?,) 


58. 


(  m 

en  faisant 

0j,R,B  -  ôlsR2C-r-6)2R3I)  +  6)3 AF  ==  h  cosy, 

6,3AEcosjS2  =  h  sinç, 
eisRjB— e?3Ri!C-J-0ïjRI(D4-  5?3AF  =  //,cos7,, 

9?3  AE  cos|32  =  h,  sine/,, 

et 

,        9' ,    sinr/ 
/K    = 


6E3  sin  7, 

»   L'application  à  l'orbite  de  Junon  (Gauss,  Tlieoiïa  motus)  donne 

log  m'  =  0,6044070,       (j  —  i3°4o'4",37,         ^f,  =  o°3i'45",97, 

et  l'on  trouve 

z  =  i4°33'i4",53; 

la  valeur  vraie  est 

r:=  i4°33'i9",5o 

Erreur —    4"i97 

»  2.   Pour  le  calcul  des  orbites  avec  quatre  observations,  les  latitudes 
extrêmes  exceptées,  je  pose  (voir  Aslron.  Nach.,  1 1  1 1) 

.  Ô23R,sin(/, —  a,)         9,3R2sin(/2 —  a,)         R3sin(/3  —  a,) 

A  =  ~^ — ~r r~ 7, — w r  + 


9,2  sin  (a3  —  a,)  9,2sin(a, —  a,)  sin  (a3  —  a,) 

923Rssin;/< —  a4)         934R2sin(/2 — a,)         R3sin(/3 —  a,) 


sin(a3  — a,)  9„  sin(x3  —  st,)  sin  (a,  —  a,) 


9„R,sin(/,  —  a,)  .,,  fl2  .         9,3R2sin(/2— a,)  .-2  ,2 

B  -     9rJsin(a3-2l)    ^&I2  ~  ^  ~     0,2sin(«3-«,)     ^'2  ~  ^3'' 

9„R,  sinf/.  —  a,)  /fl,  ,2  .         834R2sin(/2  — a,),A2  fi2  . 

+     921sin(«:1-a4)     t&24  ~  &23J  +     0„  sin  (»,-«,)     i&2»  ~  '**>' 

,  9,3sin(a2  — a,)  931  sin(a2  —  a,) 


3,)  sin  (a3  —  a,)  9,,  sin  (a3  —  a4) 

9,3sin(a2  — a,)   r.7  ,2   .  931  sin  (a,  —  a,)  ,fl2  fls, 

9,,sin(a, —  a,)  v  '         92,sin(a3  —  a,) 

Les  symboles  E,  F  ayant  la  même  valeur  que  ci-dessus,  on  a 

sin  z3  _  A  +  CF  —  CE  cos  p2  col  z 

6E3    "        ~  B  -h  DF  —  DEcos32cotz' 

et  par  suite 

„    .       ,  sinfz— o) 

m  sin;3  = 


sin(z  —  '/: 


posant 


et 


(  445  ) 

A  -+-  CF  =  h  cosçf,         CE  cosj3o  =  h  siïrç, 
B  -+-  DF  =  hfCosc/,,       DE  cos|32  =  //,  sin  y,, 


D  sin  a 

m    = 


6  CE3  sin  q, 

»  L application  numérique  à  l'orbite  de  Vesta  [Theoria  motus)  a  donné 
log/w"=  o,  1 126819,       q  =  2i°56'  i5",44j       7,  :=  i°  1 7'o",g8, 

et  l'on  en  déduit 

z=  23°48'37",4o; 

la  valeur  vraie  est 

z  =  23°48'i6",7o 

Erreur -\-  20", 70 

On  trouve  aussi 

log/-3  =  o,3466384; 

la  valeur  vraie  est 

logr2  =  o,346638o 

Erreur +  o,oooooo4 

»  Dans  un  Mémoire  que  l'on  a  imprimé  dans  les  Atli  de  notre  Académie 
des  Sciences,  je  calcule  les  autres  éléments  en  tenant  compte  jusqu'aux 
termes  de  sixième  ordre.    » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  te  rouge  d'aniline  ;  par  M.  G.  Delvaux. 

«  Lorsque  l'on  chauffe  pendant  six  à  huit  heures  à  une  température 
d'environ  i5o°  C.  un  mélange  de  chlorhydrate  d'aniline  sec  et  d'aniline 
(1  équivalent  de  chaque  corps),  il  se  forme  une  certaine  quantité  de  fuchsine 
(dans  ce  cas,  chlorhydrate  de  rosaniline),  que  l'on  peut  extraire  en  traitant 
la  masse  par  l'eau.  On  peut  opérer  en  mélangeant  l'acide  chlorhydrique  du 
commerce  et  l'aniline  ;  on  chauffe  :  lorsque  l'eau  est  chassée,  la  matière 
rouge  se  forme. 

»  Au  reste,  tous  les  sels  d'aniline  chauffés  avec  l'aniline  à  i5o°  C.  donnent 
de  la  fuchsine  (sels  de  rosaniline).  Le  sulfate  d'aniline  sec  chauffé  vers 


(  446  ) 
200  à  220°C.  devient  noir  violacé,  et,  traité  par  l'eau,  donne  également  de 
la  fuchsine  (dans  ce  cas,  sulfate  de  rosaniline). 

»  Une  réaction  curieuse  m'a  permis  d'obtenir  de  notables  proportions 
de  matière  colorante.  On  mélange  du  chlorhydrate  d'aniline  sec  avec  du 
sable  (ou  avec  d'autres  substances  telles  que  :  fluorure  de  calcium,  silice 
gélatineuse,  etc.)  ;  on  chauffe  trois  heures  à  i8o°C.  En  traitant  la  masse  par 
l'eau,  la  matière  colorante  se  dissout. 

»  En  combinant  ce  dernier  procédé  avec  celui  dont  j'ai  parlé  en  com- 
mençant (chlorhydrate  d'aniline  et  aniline),  on  obtient  de  très-forts  rende- 
ments, même  en  chauffant  à  de  basses  températures.  Voici  la  manière 
d'opérer  : 

»  On  mélange  1  équivalent  de  chlorhydrate  d'aniline  sec  avec  10  fois 
son  poids  de  sable  sec  et  avec  i  équivalent  d'aniline;  on  chauffe  quinze 
heures  à  noou  i20°C,  ou  cinq  à  six  heures  à  i5o°C,  ou  bien  encore  deux 
à  trois  heures  à  i8o°C.  On  traite  la  masse  par  l'eau  bouillante  et  l'on  ob- 
tient une  grande  quantité  de  matière  colorante  rouge  (dans  ce  cas,  chlorhy- 
drate de  rosaniline). 

»  Le  résidu,  insoluble  dans  l'eau,  se  dissout  en  rouge  dans  l'alcool  ;  il 
renferme  donc  une  certaine  proportion  de  matière  colorante  que  l'on  peut 
difficilement  lui  enlever  par  l'eau;  mais  en  le  traitant  par  un  alcali  (ammo- 
niaque, chaux,  soude),  et  en  saturant  ensuite  par  un  acide,  la  liqueur, 
d'abord  incolore,  devient  rouge;  ce  traitement  permet  d'enlever  complète- 
ment la  matière  colorante  formée.    » 

CHIMIE.  —  Modifications  de  t appareil  analytique  employé  dans  les 
analyses  organiques  pour  le  dosage  de  C  hydrogène  et  du  carbone; 
par  M.  Ch.  Mène. 

«  Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  les  inconvénients  de  l'appareil 
employé  jusqu'ici  pour  l'analyse  organique.  Outre  la  peine  inévitable  de 
l'installation  du  tube,  avec  l'oxyde  de  cuivre  et  la  matière,  ainsi  que  la 
mauvaise  allure  du  chauffage  et  de  la  conduite  de  l'opération,  la  pro- 
priété hygrométrique  de  l'oxyde  de  cuivre,  son  défaut  de  ne  céder  l'oxy- 
gène nécessaireà  comburer  la  matière  qu'au  contact  même  de  la  substance,  et 
à  une  température  élevée  (ce  qui  cause  presque  toujours  la  déformation  et 
la  brisure  des  tubes),  de  même  que  l'oxygénation  souvent  insuffisante,  etc., 
ont  fait  de  cette  méthode  une  expérience   difficile,  et  malheureusement 


(  V.7  ) 
négligée  et  rare,  du  reste  peu  sûre  clans  bien  des  cas,  tant  à  cause  du  peu 
de  matière  qu'il  faut  nécessairement  employer,  que  par  les  manipulations 
délicates  et  exceptionnelles  qu'elle  exige.  Je  crois  avoir  réussi  à  remédier 
à  presque  tous  les  anciens  inconvénients,  en  substituant  le  chlorate  de 
potasse  fondu  à  l'oxyde  de  cuivre,  et  par  conséquent  avoir  rendu  l'analyse 
organique  plus  facile,  en  modifiant  de  la  manière  suivante  la  méthode 
usitée  jusqu'à  présent. 

»  Je  prends  un  tube  de  verre  blanc,  d'environ  5o  centimètres  de  long 
sur  i  centimètre  de  diamètre,  avec  i  millimètre  d'épaisseur  (i)  ;  je  le  ferme 
à  l'une  de  ses  extrémités,  comme  cela  se  fait  ordinairement;  j'y  introduis 
du  côté  bouché  une  quantité  de  chlorate  de  potasse  (fondu  et  pilé)  égale  à 
•2  centimètres  environ,  puis  j'y  verse  le  mélange  de  la  matière  à  analyser, 
intimement  unie  avec  du  chlorate  de  potasse,  de  manière  que  cela 
tienne  la  presque  totalité  intérieure  du  tube.  Le  mélange  de  la  matière  avec 
le  chlorate  de  potasse  est  préparé  en  prenant  i  gramme  de  substance  à  ana- 
lyser, la  broyant  finement  dans  un  mortier  de  cristal  ou  d'agate,  et  la 
remuant  ensuite  intimement  avec  du  chlorate  de  potasse  fondu  et  pilé  aupa- 
ravant. Pour  connaître  la  quantité  de  chlorate  de  potasse  nécessaire  a 
introduire  dans  le  tube,  avec  la  substance  à  analyser,  je  mesure  ordinaire- 
ment et  directement  la  contenance  du  tube  avec  le  chlorate  de  potasse  lui- 
même,  et  c'est  cette  quantité  qui  me  sert  à  l'analyse  :  je  puis  l'évaluer  à 
5o  grammes.  Comme  il  est  facile  de  le  comprendre  par  le  calcul,  les 
5o  grammes  de  chlorate  de  potasse  me  fournissent  environ  18  litres  d'oxy- 
gène, ce  qui  donne  un  milieu  gazeux  capable  de  brûler  toute  espèce  de 
matière  organique.  Comme  dans  l'ancien  procédé,  j'introduis  le  tout  dans 
le  tube,  avec  un  entonnoir,  mais  à  la  température  ordinaire,  et  sans  crainte 
de  voir  absorber  de  l'humidité  par  mon  mélange.  Quand  le  tube  est  rempli, 
je  ferme  avec  un  rampon  d'amiante,  puis  avec  un  bouchon  de  liège  (traversé 
d'un  petit  tube  pour  le  dégagement  des  gaz)  ;  je  lute  même  souvent  le  bou- 
chon avec  de  la  cire  à  cacheter.  Mon  tube  à  analyse  ainsi  préparé  est  sus- 
pendu par  deux  fils  de  fer  à  un  support  quelconque,  afin  de  le  faire  tenir 
libre,  et  à  la  portée  de  l'opérateur;  puis  il  est  mis  en  communication,  au 


(i)  Je  recommande  ces  dimensions,  parce  qu'en  général  les  tubes  plus  épais  se  fendent 
facilement  par  le  chauffage,  et  les  plus  minces  se  fondent  :  en  toufcas,  il  faut  avoir  soin  de 
ne  pas  mettre  la  flamme  de  la  lampe  à  alcool  brusquement  sous  le  tube,  à  cause  de  la  mau- 
vaise conductibilité  du  verre  pour  la  chaleur. 


(  448  ) 

moyen  d'un  tube  de  caoutchouc,  à  des  appareils  de  Liebig  et  en  U,  pleins 
d'acide  sulfurique  et  de  potasse,  etc.,  nécessaires,  comme  cela  se  fait  habi- 
tuellement, pour  les  dosages  «le  l'hydrogène  et  du  carbone. 

»   En  résumé,  le  principe  de  la  modification  que  je  propose  consiste  à 
mettre  la  matière  dans  du  chlorate  de  potasse,  et  à  la  brûler  par  ce  sel,  dans 
des  conditions  telles,  que  la  décomposition  ne  s'opère  que  peu  à  peu  et  len- 
tement, de  manière  à  permettre  le  dégagement  régulier  des  gaz  comme  dans 
l'appareil  à  oxyde  de  cuivre.  Pour  faire  marcher  l'appareil,  je  prends  une 
lampe  à  alcool  ordinaire,  je  la  mets  sous  le  tube  à  analyse,  en  commençant 
à  chauffer  près  du  bouchon  d'amiante.  Au  bout  de  quelques  instants,   le 
chlorate  de  potasse  fond,  brûle  la  matière  en  formant  de  l'eau  et  de  l'acide 
carbonique  qui  se  dégagent  tranquillement,  suivant  comme  l'on  chauffe. 
Quoique   dans  beaucoup  de  cas  (quand  la  substance  contient  beaucoup 
de  carbone)  la  combustion  ait  lieu  avec  ignition,  et  quelquefois  même  avec 
déflagration,  cette  expérience  est  sans  danger.  Quand  la  matière  est  brûlée 
à  l'endroit  que  l'on  a  chauffé  d'abord,  on  place  la  lampe  sous  une  autre 
partie  du  tube,  et  ainsi  jusqu'à  ce  que  toute  la  longueur  du  tube  ait  été  suc- 
cessivement et  peu  à  peu  soumise  à  la  flamme.  La  quantité  de  chlorate  de 
potasse  placée  à  l'extrémité  fermée  du  tube  est  finalement  chauffée,  afin  de 
dégager  de  l'oxygène  et  d'entraîner  ainsi  tous  les  gaz  analysables  qui  peuvent 
rester  dans  le  tube.  Quand  on  juge  l'opération  terminée,  on  détache  le  tube 
desappareils  à  peser,  et  on  peut  en  faire  sortir  (par  le  lavage)  toutle  chlorure 
de  potassium,  afin  de  préparer  dans  ce  tube  de  nouvelles  analyses.  Le  temps 
nécessaire  à  l'exécution  d'une  analyse  de  ce  genre  est  de  vingt  minutes;  du 
reste  l'opérateur  fait  marcher  l'expérience  à  son  gré;  il  peut  la  suivre,  l'in- 
terrompre, la  reprendre,  la  voir,  la  surveiller  comme  il  l'entend,  sans  crainte 
d'y  faire   naître  des  absorptions  ou  des  réactions  inconnues  et   malheu- 
reuses. » 

M.  Dorner,  qui  avait  adressé  plusieurs  communications  successives  con- 
cernant sa  méthode  de  traitement  du  choléra-morbus,  et  avait  envoyé  récem- 
ment un  échantillon  du  médicament  principal,  exprime  la  crainte  que  ce 
dernier  envoi  ne  soit  pas  parvenu  à  l'Académie. 

Le  flacon  contenant  ce  médicament  a  été  reçu  :  on  le  fera  savoir  a 
M.  Dorner. 

Un  auteur  qui  s'est  aussi  occupé  de  la  question  du  choléra-morbus  et  qui 


(  449) 
se  présente  comme  concurrent  pour  le  prix  du  legs  Bréant,  s'est  cru  à  tort 
dans  l'obligation  de  placer  son  nom  sous  pli  cacheté. 

Son  travail  a  pour  titre  :  «  Lésions  anatomiques,  étiologie  et  traitement 
du choléra-morbus épidémique  »,  et  pour  épigraphe  :  «  Sublata  causa,  tollilur 
effectus.  » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  constituée  en  Commission 

spéciale.) 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  É.  D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  9  mars  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

De  la  plirénologie  et  des  éludes  vraies  sur  le  cerveau;  par  P.  Flourens. 
Paris,  1 863 ;  vol.  in-12. 

annales  de  l'Observatoire  lmpérialde  Paris;  publiées  par  U.-J.  Le  Verrieiî, 
Directeur  de  l'Observatoire;  Observations,  t.  VI  (i845-i846).  Paris,  i863; 

vol.  in-4°- 

Etudes  sur  le  passé  et  l'avenir  de  l  artillerie,  ouvrage  continué  sur  le  plan 
de  r Empereur;  par  Favé  ;  t.  IV.  —  Histoire  des  progrès  de  l'artillerie;  livre  IL 
Paris,  1 863  ;  vol.  in-4°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Piobert.) 

Des  rétentions  d'urine,  ou  pathologie  spéciale  des  organes  unitaires  au  point 
de  vue  de  la  rétention;  par  Ch.  Horion.  Paris,  1 863  ;  in-8°. 

Tumeurs  du  genou  ;  leçon  sur  leur  diagnostic  différentiel,  donnée  le  3  fé- 
vrier 1 8(53 ,  pour  la  dernière  épreuve  de  l'examen  spécial  de  docteur  es  sciences 
chirurgicales  ?  par  Je  même.  Liège,  j  863  ;  br.  in-8°. 

Opération  de  hernie  crurale  étranglée;  ablation,  après  ligature,  du  sac  hyper- 
trophié; cure  radicale  de  la  hernie;  par  le  même.  (Extrait  des  Annales  de  la 
Société  Médico-Chirurgicale  de  Liège.)  Liège,  1862;  br.  in-8°. 

Nouvelles  considérations  sur  les  polypes  naso-pharyngiens ;  par  M.  le  Dr 

C.  R.,  iS'  3,  i«  Semestre.  (T.  LVI.  N»  10.  )  5o, 


(  45o  ) 
Michaux.  (Extrait  du  Bulletin  de  V  A  endémie  royale  de  Médecine de-Belgique ,■ 
2e  série;  t.  V,  n°  1  i .  )  Bruxelles,  i863;  br.  in-8°. 

Cet  ouvrage  et  les  trois  précédents  sont  présentés  au  nom  des  auteurs  par 
M.  Velpeau. 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  désir  Benjamin  C.  Broclie ,  lue  dans  la  séance 
solennelle  de  la  Société  de  Chirurgie  le  i4  janvier  1 863  ;  par  J.-A.  GlBALDÈS. 
Paris,  i8G3  ;  br.  in-8°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Rayer.) 

Instructions  pratiques  sur  le  drainage ,  réunies  par  ordre  du  Ministre  de  V  A- 
griculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics;  par  M.  Hervé-MangON; 
3e  édition.  Paris,   i863  ;  vol.  in-ia. 

Machines  et  instruments  d'agriculture;  par  le  même.  (Extrait  des  Rapports 
du  Jury  international  de  l'Exposition  de  1862.)  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres,  Arts,  Agriculture  et 
Commerce  du  dépattement  de  la  Somme;  année  1861,  2e  série,  t.  H.  Amiens. 
1862;  vol.  in-8°. 

Répertoire  des  travaux  de  la  Société  statistique  de  Marseille  ;  publié  sous  la 
direction  de  M.  P. -M.  Roux,  secrétaire  perpétuel;  t.  XXIII.  Marseille, 
1859;  vol.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  du  département  du 
Far  séant  à  Toulon;  28e  et  29e  années.  1860-1861.  Toulon,  1861  ;  in-8°. 

Société  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  du  Far,  séant  à  Toulon.  Compte 
rendu  de  la  séance  du  16  juin  1862.  Toulon,  1862  ;  br.  in-8°. 

Société  des  Sciences  naturelles  du  grand-duché  de  Luxembourg  ;  t,  V,  années 
1857-1862.  Luxembourg,  1862;  in-8°. 

Bévue  Scientifique  italienne  ;  par  Gabriel  DE  MORTILLET;  ire  année,  1862. 
Paris,  i863;  in-18.  (Présenté  par  M.  d'Archiac.) 

Algèbre  de  la  comptabilité  universelle;  par  J. -B. -J.   DESSOYE.  Paris,   1.862; 


in-4°. 


L'absolu  dans  un  principe,  ou  Magie  numérale;  par  le  même.  Paris,  1 863  ; 
br.  in- 8°. 

Nova  acta  regiœ  Societatis  Scientiarum  Upsaliensis;  seriei  tertine,  vol.  IV, 
fasc.   1  (1862).  Upsaliœ,  1862;  in-4°. 

Upsala  Cinversitets...  Annuaire  de  l'Université  d  Upsal  pour  1861  :  Mé- 
decine, —  Théologie,  —  Mathématiques  et  Histoire  naturelle,  —  Législation  et 
Politique,  —  Philosophie,  Philologie  et  Philosophie  de  l'Histoire;  Upsal,  1862; 
5  parties,  formant  un  volume,  in-8°. 

Annalen...  Annales  de  l'Observatoire  de  Vienne;  3e  série,  XIe  volume, 
année  1861.  Vienne,  i86a;in-80. 


(  45 1  ) 

Meteorologische...  Observations  météorologiques  fuites  à  l'Observatoire 
Impérial  de  Vienne,  de  1775  à  1 855,  publiées  aux  frais  de  l'Etat;  par  Cari. 
V.  Littrow  et  Cari.  HOBNSTEIN;  3e  volume,  1810-1822.  Vienne,  1822; 
in-8°. 

Atti...  Actes  de  la  Fondation  scientifique  Cagnola  depuis  son  institution  jus- 
qu'à ce  jour;  3e  volume,  comprenant  les  années  i  860  et  1 861.  Milan,  1862: 
vol.  in-8°. 

Ricerche...  Rechercbes  sur  l'anatomie  normale  et  pathologique  des  capsules 
surrénales,  et  considérations  sur  l'apoplexie  de  ces  orc/anes  et  sur  la  maladie 
d'Addison;  par  RaHaello  Mattei.  (Extrait  du  Sperimentale,  1 863.)  Br. 
in- 8°. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Institut  royal  Lombard  des  Sciences,  Lettres  et 
Arts;  vol.  IX  (3e  vol.  de  la  2e  série),  fasc.  2.  Milan,  1862;  in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI   16  MARS  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient  de  faire  d'un 
de  ses  Membres,  M.  Despretz,  décédé  le  i5  mars  dans  sa  71e  année. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Nouvelles  recherches  sur  la  température  de  l'air,  tes  maxima 
et  les  minima ;  par  M.  Becquerel.  (Extrait.) 

«  Parmi  les  éléments  à  consulter  dans  la  classification  des  climats,  on  dis- 
tingue la  latitude  et  le  rayonnement  calorifique  delà  surface  terrestre;  l'in- 
fluence de  ce  dernier  est  souvent  telle,  qu'à  latitude  égale  deux  pays  ont  des 
climats  bien  différents,  selon  qu'ils  sont  situés  près  de  la  mer  ou  dans  l'in- 
térieur des  continents.  Ainsi,  dans  le  nord-est  de  l'Irlande,  sur  les  côtes  de 
Glenarn,  latitude  54-56°,  situées  sous  le  parallèle  de  Kœnigsberg  en  Prusse, 
le  myrte  végète  avec  la  même  force  qu'en  Portugal  ;  à  peine  y  gèle-t-il  en  bi  ver, 
mais  aussi  la  température  de  l'été  n'est  pas  suffisante  pour  faire  mûrir  le 
raisin.  Sur  les  côtes  du  Devonshire,  des  effets  semblables  se  sont  produits  : 
on  y  a  vu  des  orangers  en  espalier,  à  peine  abrités,  rapporter  des  fruits.  Rien 
de  semblable  n'a  lieu  dans  l'intérieur  des  continents  où  les  hivers  sont  plus 
froids  et  les  étés  plus  chauds.  Ces  effets  sont  dus  à  des  différences  dans  le 
rayonnement  terrestre. 

»   Pendant  longtemps,  on  a  étudié  l'état  calorifique  d'un  pays  en  cher- 

C.   R.,  i863,   1er  Semestre.  (T.  LV1,  N°   il.)  60 


(  454  ) 
chant  la  température  moyenne  de  l'air,  à  une  distance  plus  ou  moins  rap- 
prochée du  sol  et  à  la  proximité  d'un  bâtiment,  sans  avoir  égard  à  l'influence 
exercée  par  l'un  et  par  l'autre,  laquelle  ne  saurait  être  négligée  dans  l'étude 
des  climats. 

»  En  plaçant  à  20  ou  3o  mètres  au-dessus  du  sol  les  instruments  ther- 
mométricpies,  on  se  met  bien  à  l'abri  de  l'influence  terrestre;  mais  les  dé- 
terminations de  température  obtenues  ainsi  intéressent  plutôt  la  physique 
terrestre  que  la  climatologie.  Il  existe  dans  chaque  lieu  deux  températures 
moyennes,  l'une  dépendante  de  la  latitude,  l'autre  de  la  nature  de  la  sur- 
face terrestre.  Notre  confrère  M.  Boussingault  a  eu  égard  à  cette  considé- 
ration, quand  il  a  cherché  dans  le  nouveau  monde  l'influence  des  sols 
boisés  ou  dénudés  sur  la  température  moyenne,  à  latitude  égale,  à  des  hau- 
teurs où  l'on  trouve  les  climats  des  latitudes  moyennes. 

»  Ce  n'est  que  depuis  quelques  années  que  l'on  observe  avec  suite  la 
température  des  couches  d'air  contiguës  au  sol  et  celle  des  couches  superfi- 
cielles de  ce  dernier,  jusqu'à  la  profondeur  où  se  trouvent  les  racines  des 
végétaux;  mais  on  néglige  ordinairement  la  nature  et  les  propriétés  phy- 
siques du  sol,  et  des  corps  qui  le  recouvrent;  il  en  résulte  que  l'on  ne  peut 
comparer  ensemble  les  résultats  obtenus  dans  deux  localités  voisines,  ne 
réunissant  pas  sous  ce  rapport  les  mêmes  conditions.  Nous  en  citerons 
quelques  exemples  :  les  sols  siliceux,  calcaires,  argileux,  ceux  composés 
d'humus,  etc.,  etc.,  s'échauffent  plus  ou  moins  selon  qu'ils  sont  secs  ou 
humides;  les  deux  premiers,  possédant  la  plus  grande  faculté  de  retenir  la 
chaleur,  en  raison  d'une  moindre  conductibilité,  conservent  en  été,  même 
pendant  la  nuit,  une  température  élevée,  tandis  que  l'humus,  qui  n'a  pas 
le  même  pouvoir  émissif,  se  refroidit  promptement  Des  thermomètres  placés 
dans  ces  différents  terrains  ne  donneraient  pas  à  certaines  heures  de  la 
journée  les  mêmes  indications. 

»  Il  faut  donc  avoir  égard  aux  influences  locales,  si  l'on  veut  comparer 
les  températures  de  deux  points  peu  éloignés;  on  y  parvient  au  moyen  de 
coefficients  dont  j'indique  la  détermination  dans  mon  Mémoire. 

»  Les  observations  thermométriques  étant  faites  à  l'Observatoire,  au  nord, 
à  7  mètres  au-dessus  du  sol  et  à  la  proximité  d'un  grand  bâtiment,  et  au 
Jardin  des  Plantes,  au  nord,  à  im,33,  dans  une  enceinte  entourée  de  con- 
structions à  quelques  centaines  de  mètres,  il  était  intéressant  de  voir  quelles 
seraient  les  différences  dans  les  températures  moyennes  et  les  températures 
maxima  et  minima  de  ces  deux  localités  qui  sont  peu  éloignées  l'une  de 
l'autre.  En  comparant  les  observations  faites  en  1861 ,  1862  et  pendant  l'hiver 


io 

,68 

IO 

>67 

10 

,83 

[0 

,88 

(  455  ) 
météorologique  de   i86'3  avec    le  thermomètre   ordinaire  et   les    thermo- 
mètres à  maxima  et  à  mi  ni  ma,  on  a  obtenu  les  résultats  suivants  : 

Température  moyenne  de  l'air  en  i8f>i,  à  l'Observatoire,  „ 

déduite  des  observations  diurnes 

Id.       au  Jardin  des  Plantes 

Id.       à  l'Observatoire  en  i86i  et  1862,    déduite  des 

maxima  et  minima,  sans  correction    

Id.       au  Jardin  des  Plantes 

On  voit  que  la  température  moyenne  de  l'air  à  l'Observatoire  et  au  Jardin 
des  Plantes,  obtenue  avec  les  températures  diurnes  ou  avec  les  maxima  et 
inhuma  est  la  même,  puisque  dans  la  première  série  les  températures  ne 
diffèrent  que  de  o°,oi,  dans  le  deuxième  de  o°,o5;  mais  si  les  moyennes 
annuelles  sont  égales,  il  n'en  est  pas  de  même  des  moyennes  des  saisons  : 
on  voit  que  les  températures  moyennes  de  l'air  en  1861,  à  l'Observatoire  et 
au  Jardin  des  Plantes,  obtenues  par  les  deux  méthodes,  sont  égales,  puisque 
les  différences  ne  portent  que  sur  les  centièmes  de  degré;  mais  il  n'en  est 
pas  de  même  des  moyennes  des  saisons  : 

1861. 

â  l'Observatoire  Au  Jardin  îles  Plantes. 
Hiver  météorologique  composé  des  mois  de  décembre,          „  „ 

janv.  et  fev.  (moyennes  déduites,  tempér.  diurnes).       3,i6  2,3i 

Printemps,  Id.  Id IO)'27  10>?-7 

Été,  Id.  Id '7>59  18,82 

Automne,  Id .  Id.  ..... .      1  1  , 5  \  1 1  ,  06 

{8GI  et  I8CÎ2. 
A  l'Observatoire.  Au  Jardin  des  Plantes. 

Hiver  (tempér.  moyenne  déd.  des  maxima  et  minima).  3, 12  2»79 

Printemps,              Id.                              Id     11, 23  11, 23 

Été,                        Id.                            Id 17,7g  18, 38 

Automne,                Id.                             Id 1 1  ,63  u.,3'2 

»  Ces  résultats  montrent  que  si  les  températures  moyennes  annuelles 
obtenues  avec  les  maxima  et  les  minima  sont  égales  dans  les  deux  localités, 
il  n'en  est  pas  de  même  des  températures  moyennes  des  saisons,  les  étés 
étant  un  peu  plus  chauds  et  les  hivers  un  peu  plus  froids  au  Jardin  des 
Plantes  qu'à  l'Observatoire. 

60.. 


(  456  ) 
»    L'hiver  météorologique  de  :863  a  donné  un  résultat  semblable  : 

o 

Température  moyenne  à  l'Observatoire 5,4t) 

Température  moyenne  au  Jardin  des  Plantes.  4>7° 

Différence 0,76 

»  .Mais  si  pendant  1861  et  1862  les  températures  moyennes  hivernales 
d'une  part  et  les  températures  estivales  de  l'autre  ne  sont  pas  égales  et  pré- 
sentent des  différences  égales  à  o°,3  et  o0,5c),  les  différences  entre  les  maxima 
et  celles  entre  les  minima  diurnes  s'élèvent  quelquefois  à  2", 5  et  5°,5o  et 
même  plus. 

«  Ces  effets,  qui  assimilent  la  température  de  l'air  au  Jardin  des  Plantes 
à  t,0,33  au-dessus  du  sol  à  celle  des  climats  extrêmes,  relativement  à  la  tem- 
pérature de  l'Observatoire  à  7  mètres  d'élévation,  sont  évidemment  dus  à 
des  différences  dans  le  rayonnement  du  sol  et  des  bâtiments  voisins;  de  là 
la  nécessité  de  prendre  en  considération  les  influences  locales  dans  la  déter- 
mination des  températures  devant  servir  à  la  classification  des  climats.  » 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  l emploi  de  la  méthode  de  la  variation  des  arbitraires 
dans  la  théorie  des  mouvements  de  rotation  ;  par  M.  J.-A.  Serret. 

«'  1.  Poisson  a  le  premier  appliqué  la  méthode  de  la  variation  des  arbi- 
traires à  la  théorie  des  mouvements  de  rotation  des  corps  célestes,  et  il  a 
ainsi  donné  le  moyen  de  ramener  à  une  même  analyse  les  deux  grands  pro- 
blèmes qui  constituent  l'astronomie  mathématique.  Mais  voulant  mettre  à 
profit  les  circonstances  favorables  qui  se  présentent  dans  le  système  du 
monde,  ce  grand  géomètre  n'a  donné  que  des  formules  approchées,  et  il 
en  résulte  que  parmi  les  conséquences  tirées  de  ces  formules,  il  en  est 
plusieurs  qui  ne  sont  pas  établies  peut-être  avec  toute  la  rigueur  qu'on  doit 
désirer. 

»  La  théorie  générale  des  mouvements  de  rotation  présente  une  circon- 
stance particulière  que  l'on  n'observe  pas  clans  les  mouvements  de  transla- 
tion, et  à  laquelle  Poisson  n'a  point  eu  égard.  Lorsque  l'on  néglige  les  ac- 
tions perturbatrices,  l'intégration  des  équations  différentielles  introduit  six 
arbitraires  ou  éléments  du  mouvement  non  troublé,  et  les  éléments  relatifs 
au  premier  problème  présentent  les  plus  grandes  analogies  avec  ceux  qui 
se  rapportent  au  second;  mais  dans  le  cas  du  mouvement  de  rotation  il  y  a 
deux  moyens  mouvements  tres-distincts  (c'est-à-dire  deux  quantités  multi- 
pliées par  le  temps  sous  les  signes  sin  et  (os),  au  lieu  d'un  seul  qui  figure 
dans  les  formules  du  mouvement  de  translation.  Os  deux  moyens  mouve- 


(  457  ) 
inents  dépendent  de  deux  arbitraires  introduites  par  le  principe  des  forces 
vives  et  par  celui  des  aires;  il  en  résulte  que  la  différentiation  relative  à  l'une 
ou  à  l'autre  arbitraire  fait  sortir  le  temps  des  signes  sinus  et  cosinus  dans  les 
équations  qui  déterminent  les  éléments  du  mouvement  troublé.  Toutefois. 
on  évite  cet  inconvénient  par  les  procédés  connus  et  en  faisant  usage  d'une 
équation  remarquable  à  laquelle  satisfont  les  dérivées  partielles  des  deux 
moyens  mouvements.  Le  rapport  de  ces  moyens  mouvements  diffère  très  peu 
de  l'unité  lorsque  l'axe  instantané  de  rotation  n'exécute  que  des  oscillations 
d'une  faible  amplitude  (*),  et  c'est  en  raison  de  cette  circonstance  qu'ils  se 
sont  confondus  dans  les  formules  approcbées  sur  lesquelles  Poisson  a  fondé 
sa  théorie  du  mouvement  de  rotation  de  la  terre;  mais  leur  distinction  est 
indispensable  si  l'on  tient  à  appuyer  sur  une  base  solide  les  grandes  théories 
de  l'astronomie. 

»  Je  me  propose  ici  d'établir  les  formules  rigoureuses  qui  se  rapportent 
aux  mouvements  de  rotation;  je  n'insisterai  pas  en  ce  moment  sur  les 
conséquences  qu'on  peut  tirer  de  ces  formules;  j'aurai  l'occasion  d'y 
revenir  plus  tard. 

»  2.  Soient  O  le  centre  de  gravité  du  corps,  ou  le  point  fixe  autour  du- 
quel il  peut  tourner;  Ox,  Oy,  Oz  trois  axes  rectangulaires  fixes  dans  l'es- 
pace; Oj„  Or,,  Oz,,  trois  axes  rectangulaires  coïncidant  avec  les  axes 
principaux  d'inertie  du  corps,  et  formant  un  système  superposable  à  celui 
des  axes  fixes;  A,  B,  C  les  moments  d'inertie  du  corps,  par  rapporta  ces 
axes,  tels  que  B  soit  le  moment  moyen;  ]>  l'angle  que  l'intersection  du  plan 
desx.j',  tt  du  plan  des  xy  fait  avec  l'axe  Ox;  <p  l'angle  que  cette  inter- 
section forme  avec  Ox,  ;  m  l'angle  que  l'axe  des  z,  fait,  avec  l'axe  des  z; 
a,  b,  c  ;  a,  b',  c'  ;  a",  h",  c"  les  cosinus  des  angles  que  les  axes  Ox,  O  v,  Oz 
forment  respectivement  avec  Ox,,Or,,Oz,,  cosinus  qui  s'expriment  en 
fonction  des  angles  ty,  u,  ç>  par  les  formules  connues;  enfin  /;,  q,  r  les  vites- 
ses angulaires  de  rotation  autour  des  axes  Ox,,  Oj,,  Oz,. 

»  La  force  vive  du  corps  est  égale  à  Ap2+  Bry2+  C/'2,  et  on  peut  l'ex- 
primer en  fonction  des  angles  <]>,  w,  <p  et  de  leurs  différentielles  par  les  for- 
mules connues 

p  =  sincssmrjj  -4-  —  cosi  — ■>    a  =  cosœsin  w 

'  '  lit  '    lit         l  ' 


\)  C'est  pour  abréger  le  discours  que  je  m'exprime  ainsi;  en  réalité,  pour  obtenir  un  rap- 
port peu  différent  de  i ,  il  faut  multiplier  l'un  des  moyens  mouvements  pjr  un  certain  nombre 
qui  dépend  des  rapports  des  moments  d'inertie. 


d-h           .         ttio 
dt                  "   dt 

dm 

il-l 

r=tt~ 

-  cosu  — 
lit 

(  458  ) 
la  jonction  des  forces  étant  donnée,  on  forme  ensuite  immédiatement  l'équa- 
tion aux  dérivées  partielles  du  premier  ordre  à  l'intégration  de  laquelle  se 
ramené  la  solution  du  problème. 

»  Si  l'on  néglige  d'abord  les  forces  qui  agissent  sur  le  corps,  on  a  les 
trois  intégrales  suivantes 

i      A/>:4-B'/2+C./-  =  'jH.  A2/"'-  +  B37-  +  C2/'  =  G2,  — (À/>sinç4-B(7COS!p)sinw+Crcosw  =  F, 

dans  lesquelles  F,  G,  H  désignent  trois  arbitraires;  la  première  intégrale 
est  celle  des  forces  vives,  les  deux  autres  sont  données  parle  principe  des 
aires.  En  vertu  de  ces  équations  les  variables  p,  q,  r  peuvent  être  regardées 
comme  des  fonctions  connues  de  9  et  m,  et  d'après  les  théorèmes  de 
M.  Hamilton  et  de  Jacobi,  si  l'on  pose 

(2)  •  S=  —  F'} -î-   j  [Crdz  +  (B^siny  —  kpcos(p)dw  ], 

puisque  l'on  désigne  par  y',  g,  h  trois  nouvelles  arbitraires,  les  trois  inté- 
grales finies  du  problème  seront  comprises  dans  la  formule  unique 

(3)  &S  —  JdF -+- g#G •+-  (/+  h)âU, 

où  la  caractéristique  â  se  rapporte  aux  seules  arbitraires  F,  G,  H;  la  valeur 
de  ç?S  est  fournie  par  la  formule  (2)  qui  donne 

!  ',)  <?S  =  -  «!»*F  +   AcoV/o  4-  tBJgsiuy  - Adpcosyuho], 

l'intégrale  commençant  à  partir  de  valeurs  quelconques  de  <p  et  o>. 

»  Enfin ,  si  l'on  veut  tenir  compte  des  forces  perturbatrices  que  nous  avons 
négligées  et  que,  dans  la  fonction  V  de  ces  forces,  on  substitue  à  $,  w,  (p  leurs 
valeurs  en  fonction  des  arbitraires  et  du  temps,  on  pourra  conserver  les  in- 
tégrales (3)  pour  le  mouvement  troublé,  et  les  six  équations  qui  détermine- 
ront alors  les  arbitraires  devenues  variables  seront  comprises  dans  la  formule 

V        [dFàf-dJÙY)  -h  (r/G  âg  -  dgdG)  +  {dHdJi  -  dhùft)  =  dt  âY, 

où  e?V  désigne  la  variation  totale  de  V  par  rapport  aux  arbitraires. 

»  5.  Admettons  que  A  désignera  le  plus  petit  ou  le  plus  grand  moment 
d'inertie,  suivant  que  la  quantité  G2 — 2  BH  sera  positive  ou  négative,  et 
que,  les  radicaux  étant  toujours  pris  positivement,  le  signe  ambigu  ±  ou  rp 
sera  remplacé  par  le  signe  supérieur  si  A<  B  <  C,  et  par  l'inférieur  dans  le 
ras  contraire.  (Jacobi  fait  la  convention  inverse  dans  son  Mémoire  sur  la 
rotation  d'un  corps.)  Alors  les  deux  premières  équations  (1)  exigent  que  les 
quantités 

C, -A,     C-B,      B-A,     G2-2AH,     G2—  2BH,     2CH  -  G2 


(  #9  ) 
soient  de  même  signe,  et,  si  l'on  introduit  la  nouvelle  variable  /,  ces  équa- 
tions pourront  être  remplacées  par  les  suivantes 

(6)  />  =  /cosx,     q  =  q'sinx,     r=±r'A%, 

en  posant 


-  2 AH 

AT 


i/'iCH-G2       ,         /■iCH-G-  /li-iBH       ,  /G2—  ai 

/'-y  A(C-A)'   f/"\/ B(C-D)'   '•-  VC(C^BV  ''-\/c(C- 
/       ^         /B^A      /aCH  -  GJ    ,,      /'„  /C=Â      /G'-aBH     k 

Faisons  encore,  pour  abréger, 

r«ï  „_,  /(C  — A)tC  — B) 

(8)  v-y/ — , 

et  considérons  les  trois  angles  ç»,,  u,,  <j>,  déterminés  par  les  équations 

,  Au  By  O 

(9)  sinw(sincp|  = p->     siiw.j,  cosy,  =  — ^>     cosw,  =  —  5 

_  _G     l'y     (Ç  — B)cos'x  +  (C— A)sin'x       r/y, 
^IO)  *'  -jr' Jo     A(G  — B)cos]x  +  B(C  — A)sin2x  AZn 

si  l'on  prend  w,  pour  variable  indépendante  à  la  place  de  çp  dans  la  lor- 
mule(4),  on  trouvera  facilement  que  les  trois  intégrales  contenues  dans  la 
formule  (3)  sont 

r  ,  Gcosw,  —  Fcosw  ,  F  cosw,—  G  cosw        ,   ,        1     rx</~/ 

11     f=  —  ■•l  +  arccos —       '     ;  g  =  y,  —  arccos — , 1  t  +  n  =  — ,  I     -t- 

^G'—  Psinw      b      T'  ^G'-F'sinw,  "•  J,    ±Z 

Les  deux  premières  équations  (1 1)  et  la  troisième  équation  (1)  donnent,  en 
se  servant  des  formules  (9),  les  valeurs  de  >|,  m,  9  en  fonction  de  <[,,  w,,  y,. 
Si  l'on  suppose  les  arbitraires  F  et  G  égales  entre  elles,  ce  qui  revient  a 
prendre  le  plan  invariable  pour  le  plan  fixe  des  xjr,  les  équations  dont 
nous  parlons  donnent  w  =  &>,,  ç  =  y,,  <J>  -+-J  =  ty,  —  g,  et  même  ^  =  i]>,  en 
fixant  convenablement  la  direction  de  l'axe  des  x  dans  le  plan  invariable. 
En  outre  si,  dans  les  mêmes  équations,  on  remplace  ^,,  u,,  <p,  par  zéro,  ce 
qui  revient  à  faire  coïncider  le  système  des  axes  d'inertie  avec  le  système 
des  axes  fixes  qui  répondent  au  plan  invariable,  on  trouvera 

.  /  F 

y  =  —  J ,     ç>  =  g,     w  =  arc  cos  —  =  w  ; 

d'où  il  suit  que  ces  constantes  — J ,  g,  w'  sont  précisément  les  angles  ana- 
logues à  <\i,  <jj,  (ùj  qui  déterminent,  par  rapport  aux  axes  fixes  arbitraires,  la 
position  des  axes  fixes  particuliers  relatifs  au  plan  invariable. 


(  4f>o  ) 

»  i.  Dans  le  Mémoire  déjà  cité,  Jacobi  a  donné  des  formules  très-simples 
et  tres-élégantes  pour  exprimer  les  valeurs  at,bnc,;  d^b,,e\;  a'\ ,  b\ ,  c'\ , 
auxquelles  se  réduisent  les  neuf  cosinus  a,  b,  . .  . ,  lorsqu'on  prend  le  plan 
invariable  pour  le  plan  fixe  des  xy,  et  que  l'on  attribue  aux  axes  des  x  et 
des  y  un  mouvement  de  rotation  autour  de  l'axe  des  z,  dont  la  vitesse  a 
une  certaine  valeur  constante  N,  dans  le  sens  où  l'angle  i[>,  décroît.  Si  l'on  fait 


la 


et 


>3) 


K=   f'—Jf==,    K'=  /  dx  ,    q  =  e      K,    Ç'="       *'=ÇV, 

,,;.,,  -     /C(B-A)  7T        /"*  rf0 


/C(B-A)  _  _^    /*" i 

Va(C-B)'     "°      2kJq    vj7^^7 


(*»  +  «')' 


,0'' 


—  )  =  i  —  2<>cpS2u  +  a  g*  cos/j"  —  2q9  cos6«  + 

TT    /2K«\  4  _      ■  4  — n     ■       o  *,"ss     •       ► 

H  I J  =  a  yq  sinu  —  2  \  iy  sinow  +  avî    sinaa  — ., 


les  neuf  cosinus  «,,  b,, . .  . ,  sont  égaux  à  des  fractions  qui  ont  pour  déno- 
minateur commun  la  fonction  0  (  - —  )  et  dont  les  numérateurs  sont  formés 


par  les  fonctions  0,  H,  dans  lesquelles  la  variable  u  se  trouve  seulement 

augmentée  de  la  constante  imaginaire  ±u0\J — i  ou  n±u0\j — i.  On  peut 
aussi  développer  les  cosinus  eux-mêmes  en  des  séries  très-simples,  qui  sont 
encore  fort  convergentes  et  qui  procèdent  suivant  les  cosinus  ou  les  sinus 
îles  multiples  de  u  ;  on  trouve  tous  ces  développements  en  séries  dans  le 
Mémoire  de  Jacobi  {Journal  de  Crelte,  t.  XXXIX,  p.  297).  L'illustre  géo- 
mètre a  donné  aussi  l'expression  de  la  vitesse  N  au  moyen  des  fonctions  0; 
mais  cette  vitesse  peut  être  exprimée  très-simplement  par  les  intégrales 
elliptiques  ordinaires  de  première  et  de  troisième  espèce.  En  posant 


,4)  n=/' 


1  fiy 

1  +  a'sin'jf    \y' 


'i51 


N  /  t.'      iK         C-A2III 

n  y  y}   \_  t.  A  r.  J 


»   Quant  aux  cosinus  a,  b,  c, ..-.,  qui  se  rapportent  aux  axes  fixes  arbi- 
traires, on  obtient  immédiatement  leurs  valeurs  en  fonction  du  temps  par 


(  46.  ) 
la  transformation  des  coordonnées.  Nous  poserons 

(•6)  /="-"+'.     tr'=*t.< +  *)+*. 

et 

.  A.  =  cosw'siniji'sinU+cosJi'cosU,    <A>'=  cosw'cos^'sinU— sin-j/cosU,    A/'=  — sinw'sinU, 
(17)  •  T)b  =  cosM'siniîi'cosU—  cos-VsinU.    ifi,'=cosw'cos^'cosU-|-simj/sinU,    i)b"=  —  sinw'cosU. 


=  sinw'sin-y,  ©'=  sinw'cos-^',  S"  =  cosw'. 

on  aura  alors 

!a  =  A.«,  +  tJV/,  +  £»",  «'  =  AV/,+  UbV,  +  £V, ,  a"=  A"«,  +  ubV,  +  S"«" , 

c  =  JU, +  *,</,  +Sf';,  <-'  =  Jl.'c,  +  Db' c',+  8'f'  ,  '■"  =  «W,  -f-uW,  +  £"<"  . 

On  tire  aisément  des  formules  précédentes,  en  convenant  que  l'angle  <\>,  se 
rapportera  ici  aux  axes  mobiles  situés  dans  le  plan  invariable, 

i  sinw  sin  (^  —  ij/)  =   c,cosU  —  c',  sinU, 
19)       •  sin  u  cos  (<j>  —  ((/'.)  =  (c,  sinU  -h  c',  cosU)  cos  m'  •+-  c"(  sin  w', 
cos w  =  —  (c,  sinU  -t-  c\  cosU)  sin  w'  +  c"  cosw', 
et 


20) 


[c,  sin  U  +  c.  cosU    .         | 
cos  m   H „ sinw    U 

)  ■            ,                                  ...             ,        TT  T         /      c,siriU+c',cosU'   .      ,~1 
f  sinw  cos  (<p — <j>t-)-i|'. — U)  =  sinw —  (qsinlU-^cosU     cosw  H 5 sinw     -, 


d'où  l'on  peut  conclure  que  si  le  plan  fixe  des  xj  est  assez  éloigné  du  plan 
invariable  pour  que  l'on  ait  constamment  &>,<&)',  les  cosinus  des  angles 
ty —  <]/,  w  —  «'  et  o  —  9,  +  ^,—  U  ne  pourront  s'annuler.  Il  suit  de  là 
que,  dans  cette  hypothèse,  si  l'on  pose 

(21)  n  =  ~N  —  vn\        <p'  =  n(t  ■+•  h)  ■+■  g  —  -3 

les  valeurs  moyennes  des  angles  },  w,  <p  seront 

<\i  =  '}',        w  =  0/,        ç-  =  9'. 

Par  conséquent,  si  le  plan  fixe  des  xj  est  suffisamment  éloigné  du  plan 
invariable,  la  ligne  des  nœuds  du  plan  x, y,  sur  le  plan  fixe  ne  pourra  exé- 
cuter que  des  oscillations  périodiques  autour  d'une  ligne  fixe,  tandis  que 
sur  le  plan  invariable,  ou  sur  un  plan  voisin  de  celui-ci,  la  ligne  des  nœuds 

C.  R.,  (863,  i«  Semestre.  (T.  LV1,  N°  II.)  6l 


(  46a  ) 
a  un  mouvement  moyen  progressif.  Aussi  les  développements  de  ty,  u,  a 
en  séries,  dont  Poisson  a  fait  usage  dans  son  Mémoire,  développements  que 
l'on  tire  facilement  des  formules  (19)  et  (20),  ne  sont-ils  admissibles  que  si 
la  constante  »'  a  une  valeur  suffisamment  grande. 

»  5.  Ces  préliminaires  indispensables  étant  établis,  j'arrive  à  l'objet  que 
j'ai  surtout  en  vue  dans  ce  travail.  Nous  avons  posé  n'  =  ÇV,  et  nous  ferons 
de  même 

(aa)  tt  =  Çr'; 

on  aura  donc 


1         2K  Ç  /  p   TaK         C-A  an] 


v; 


or,  en  différenciant  le  produit  1/  1  -+-  —  Il  par  rapport  à  k,  on  trouve  faci- 
lement 


■Ve?- 


«M 


V^ï 


ËS*H' 


et 


ç  C  /■'       .  C    * 

_  z=  _____  . _  _i 


enfin,  en  faisant  usage  des  relations 

G  =  Cry^|,     .H-Cr*  (_+££)■, 
on  donne  à  l'équation  précédente  la  forme  très-simple 

di    "5 

et  cette  formule  (a4)  exprime  précisément  la  condition  nécessaire  pour  le 
succès  de  l'opération  que  nous  avons  à  exécuter. 

»  6.  Revenons  maintenant  à  l'équation  (5)  et  désignons  par  (c?  V)  la  valeur 
à   laquelle  se  réduit  â\  quand  on   regarde  n  et  «'  comme  des  constantes 


IdG-hdGâK), 


(  463  ) 
indépendantes  des  six  éléments  du  mouvement.  On  aura 

v         '  dn  dn 

,att\        ,,         7\Trfv.»  (dy  d\\Sn'l 

on,  en  faisant  usage  de  la  formule  (5), 

(a5)  dtâV  =  dt(âV)  ■+-  (t  -4-  h)  ïdGdn-h  {dE  -  ndG)~l- 

»  Mais  les  quantités  n,  n'  sont  fonctions  de  G,  H  et  inversement;  si  l'on 
introduit  dn  et  dn'  au  lieu  de  dG,  dH,  et  dG,  e?H  au  lieu  de  an,  dn',  on 
trouve  facilement  que  le  coefficient  de  t  -+-  h  dans  la  formule  (a5)  se 
réduit  à 

et  la  dernière  partie  disparaît  en  vertu  de  l'équation  (a4);  si  donc  on  pose 

(26)  l  =  n'(t-hh), 

on  aura,  en  se  servant  des  équations  (21)  et  (26), 

( 27  )      dtâY  =  dt(&V)  +  U9'-  ^dl-  dg)  dG  +  ^dl-dt-  dh\dE. 

»   Les  équations  comprises  dans  la  formule  (3)  sont  alors 


(28) 


les  dérivées  partielles  — >   — -    devant  être  prises,   nous  le  répétons,  en 

regardant  l  et  <p'  comme  indépendantes  de  G  et  H.  Si  l'on  veut  mettre  en 
évidence  les  parties  de  dl  et  de  dy'  dues  aux  forces  perturbatrices,  on 
posera,  comme  dans  la  théorie  des  planètes, 

\  <lS  ,  d®'  7  Dl  lu, 

et,  au  lieu  des  deux  dernières  équations,  on  aura 


dF  _  dV 
~dt '  ~  ~df' 

dG         dX 

~d7  ~  rff' 

dH.            dV           ,dV 

17  —n~T'  +"  T77' 
dt               dnj                 dl 

df  _         dV 
dt  ~         dt'' 

dl 

—  =  n'  — 

dt 

,dV 

d<f'                      dV        dV 
—  —n  —  n  —  —  jç 

,o    n  dT  ,d\  dt  d\         dV 

(30)  ^=-"^H'  dt=-ndR-dG- 


6l.  c 


(  4«4  ) 

»  7.  Substituons  enfin  à  F,  G,  H,  f  les  quatre  autres  arbitraires  ;',  k,  u', 
<Y  qui  sont  liées  aux  premières  par  les  équations 


*   \/,+S 


C  — A 


dG  — 


C(C—  A)r' 


du 


(3.) 


kdk 


c(c-k)Y~^~dl{ 


HëV 


k'     -I 


du>'  = 


O'sin 


V- 


=  (coso/*/G  —  dF),     dty  =  —  df; 


on  trouvera 

dr'  dV  dV 

]  dk  d\  dV 

dx  _  rfV 

75  =  ~  ^7#' 


lit 

= 

— 

a 

dV 

do>' 
75 

= 

dl 

dl/ 

+  g 

dV 
diï 

do' 

dV 

dV 

=  H  —  S  — ;  +  <?  — i 
rff  </»  dk 


en  remarquant  que  V  ne  contient  r'  que  flans  n  et  «',  et  en  posant,  pour 
abréger, 


117      1 


AÇ 


(33; 


3)1  = 


sa,  = 


*  = 


C  C  — A 

A<;' 


A«! 
■2  —  C(C  — A)\ 


Ktë- 


C(C  —  A) 


.'d  = 


i-t- 


Âdv,+?-(,+?)c 


^s.n./y/.  +  i; 


2C/ 


i  C  —  A  yf  ' 


,3  =  ^  cos  w 


2       A        -j} 


»  Enfin  les  deux  moyens  mouvements  n  et  vn'  sont  tels  que  n'  =  Ç'r', 
n  =  -,  Ç'r';  on  a  donc 

—  — r  —   -   '  —  —     —  —  f  — '      r  ■'  (  * ^  —  >• rf £  )— 
~dl  ~^  ~Tt  ^  v  dk  dt1     Tt~~^~dt+^'    \~dT~     -7m/ 75' 


et,  par  les  formules  précédentes,  on  trouve 

(34) 


rf«  </V  d\        dn'  d\  ,dV 

t  =  ST7+1',t-      -77  =  5'  -r-,  -h  ©'  -y-  7 

rff  r/v  c/t  <7f  r/c/  rfT 


(  465  ) 
en  posant,  pour  abréger, 

F  =  Çsk  -  r'Z9,  ©  =  -  Ç  x  -+-  r'Z^, 


*=?■*,-*  g* ,  0'  =  ^5'*  +  r',(tt 


;35) 


»  8.  Si  l'on  néglige  A%  les  formules  (33)  donnent  simplement 

si  l'on  néglige  A2,  les  formules  (35)  donnent 
et  on  a,  par  la  première  formule  (34), 

dn  _      i    /,/V  <£V 

777      c  l^TTë  +  dT 
en6n  si  l'on  confond  les  deux  moyens  mouvements  ri  et  n,  on  pourra  écrire 

du  _      1   d\ 
~dt  ~  C  7/9  ' 

ce  qui  est  précisément  la  formule  approchée  que  Poisson  a  obtenue.  » 

économie  rukale.  —  Note  sur  l'acclimatation  du  Séquoia  giganlea; 
par  M.   de  Vibrave. 

«  11  y  a  quelques  semaines,  lorsque  je  n'avais  pas  encore  l'honneur  d'ap- 
partenir à  l'Académie  des  Sciences,  je  faisais  part  à  la  Société  impériale  et 
centrale  d'Agriculture  de  France  de  la  première  fructification  féconde  de 
Y  Abies  Pinsapo  (Boissier),  et  je  crus  devoir  solliciter  des  lettres  de  natura- 
lisation pour  cet  arbre  assez  récemment  introduit  chez  nous,  et,  chose 
étrange,  si  longtemps  ignoré  comme  espèce  dans  son  pays  natal.  Une  fruc- 
tification féconde  est  à  mon  sens  le  critérium  de  la  véritable  naturalisation, 
d'un  milieu  retrouvé,  d'un  nouvel  habitat,  satisfaisant  à  toutes  les  conditions 
d'une  espèce  introduite. 

»  Aujourd'hui ,  lorsque  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des 
Sciences  les  premiers  cônes  du  Séquoia  aigantea  (Endlicher),  IVellinqtonia  de 
I  indley,  ce  colosse  de  la  Californie,  cet  habitant  des  parties  élevées  rie  la 


(  466  ) 
Sierra-Nevada,  près  des  sources  du  San- Antonio,  par  38°  de  latitude  boréale, 
à    i5oo  mètres  environ   d'altitude,  je  n'ai  pu   malheureusement  satisfaire 
encore  à   toutes  ces  conditions,  mais  c'est,  à  mon  sens,  une  question  de 
temps. 

»  Ces  premiers  cônes  du  Séquoia  gigantea  n'ont  point  été  fécondés,  mais 
ont  atteint  probablement  leur  maximum  de  développement,  ce  qui  m'a  dé- 
terminé pour  la  récolte.  Sans  cloute  ,  les  cônes  peuvent  atteindre  om,07  de 
longueur  sur  un  diamètre  de  om,oZj,  mais  à  la  condition  peut-être  d'une 
fécondation,  ou  lorsque  le  sujet  comptera  plus  d'années  d'existence.  Le 
jeune  arbre  sur  lequel  s'est  opérée  la  récolte  a  produit  3o,  cônes  :  3o  ont  été 
recueillis,  les  9  plus  beaux  sont  demeurés  sur  l'arbre,  afin  de  conserver  la 
possibilité  d'étudier  ultérieurement  les  phases  de  leur  problématique  déve- 
loppement ultérieur. 

»  Les  fleurs  femelles  sont  apparues  sur  le  sujet  en  plus  grand  nombre 
que  les  chatons  mâles,  contrairement  à  ce  qu'on  observe  habituellement 
chez  les  essences  résineuses  monoïques.  Au  dernier  printemps  je  n'ai  pu 
constater  sur  le  sujet  précité  que  3  chatons  mâles,  dont  un  seul  a  pris  un 
développement  normal  ;  il  était  placé  à  om,4o  au  moins  au-dessous  des  trois 
cônes  les  plus  inférieurs,  et  à  im,  5o  environ  des  36  antres.  Il  est  donc 
permis  de  supposer  que  cet  unique  chaton  mâle  n'a  pu  servir  à  féconder  les 
39  fleurs  femelles  qui  le  dominaient. 

»  Sans  doute  j'aurais  pu  tenter  pour  cette  conifère,  ainsi  que  je  l'avais 
antérieurement  pratiqué  pour  la  Tsuga  Douglasi  et  autres  une  fécondation 
artificielle  qui  m'avait  permis  de  propager  utilement  et  prématurément  des 
espèces  récemment  introduites;  mais  le  Séquoia  me  semble  aujourd'hui  suf- 
fisamment multiplié  dans  nos  cultures  pour  ne  point  nécessiter  la  répétition 
d'une  opération  minutieuse  en  toutes  circonstances,  mais  ici  très-problé- 
matique en  raison  du  nombre  trop  restreint  de  grains  de  pollen  laissés  à  ma 
dipnsition  et  péniblement  recueillis  sur  un  unique  chaton  mâle. 

»  On  accusera  sans  doute,  comme  tant  d'autres,  le  Séquoia  gigantea  de 
fructifier  trop  prématurément;  neuf  années  après  l'introduction  de  ses  pre- 
mières graines  envoyées  en  Angleterre  par  M.  Lobb  (1 854),  lorsque,  l'an- 
née suivante,  la  France  en  recevait  de  notre  consul  en  Californie,  M.  Bour- 
sier de  La  Rivière.  Qu'est-ce  à  dire  si  les  arbres  ne  sont  pas  ralentis  dans 
leur  développement  ?  C'est  une  accusation  que  j'ai  vu  déjà  porter  contre  un 
certain  nombre  d'arbres  à  haute  tige  récemment  introduits,  sur  lesquels  on 
n'avait  pas  recueilli  des  données  suffisantes;  mais  ici  nous  sommes  en  pré- 
sence du  témoignage  irrécusable  des  voyageurs  et  des  éloquents  et  prodi- 


(  467  ) 
gieux  spécimens  de  Séquoia  offerts  à  notre  admiration  :  cette  maturité  pré- 
coce ne  peut  en  aucune  manière  invalider  ou  même  atténuer  les  observa- 
tions faites  à  l'endroit  de  cette  plante  gigantesque.  Nous  avons  des  exemples 
de  cette  précocité  de  fructification  chez  un  certain  nombre  d'arbres  exo- 
tiques. Je  pourrais  citer  encore  au  besoin,  dans  mes  cultures,  le  Tsuga  Dou- 
glasi,  qui  fructifiait  après  neuf  années  d'introduction,  et  qui,  depuis  cette 
époque  (environ  dix  années),  n'a  cessé  de  croître  avec  une  rapidité  con- 
stante, et  de  se  multiplier  au  moyen  des  nombreux  sujets  provenus  de  ses 
graines. 

»  Nous  sommes  dispensés  d'aller  réclamer  au  loin  d'autres  exemples, 
alors  qu'un  arbre  indigène  atteint  dans  les  Alpes  une  hauteur  de  plus  de 
cinquante  mètres  sur  une  circonférence  de  sept  à  huit  mètres,  le  Picea 
excelsa  (Link).  L'Epicéa  de  nos  jardins  paysagers  porte  souvent  ses  pre- 
miers cônes  à  l'âge  de  huit  ou  dix  ans. 

»  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  des  Membres  de  l'Académie  des 
Sciences  un  certain  nombre  de  graines  du  Séquoia  giganlea  :  aucun  ovule 
ne  me  semble  présenter  les  apparences  de  la  fécondation.  Je  crois  devoir  y 
joindre  plusieurs  écailles  portant  leurs  graines;  ces  dernières  sont  attachées 
un  peu  au-dessus  de  la  moitié  supérieure  de  l'écaillé;  elles  sont  au  nombre 
de  trois  pour  les  écailles  supérieures,  au  nombre  de  six  pour  les  écailles 
médianes,  et  au  nombre  de  cinq  pour  les  écailles  inférieures. 

»  J'ai  cru  devoir  entrer  dans  ces  quelques  détails  relatils  à  l'organisme, 
parce  qu'il  m'a  semblé  qu'Endlicher  a  donné,  dans  le  Synopsis  conifera- 
nun,  les  caractères  du  genre,  et  n'a  pu  sans  doute  se  procurer  à  cette  époque 
le  fruit  des  deux  espèces  de  Séquoia  pour  en  étudier  comparativement  les 
caractères  spécifiques. 

»  J^es  ramilles  fructifères,  légèrement  épaissies,  sont  entièrement  re- 
couvertes de  feuilles  squammifères ,  très  -  rapprochées ,  imbriquées;  les 
cônes  se  montrent,  il  est  vrai,  solitaires  au  sommet  des  ramilles  fructifères, 
mais  sont  groupés  ou  verticillés  autour  des  rameaux  et  de  la  tige  prin- 
cipale.   » 

chimie  MINÉRALE.  —  Production  du  pet  oxyde  de  Jer  magnétique  ;  Remarques- 
de  M.  Malaguti  à  l'occasion  d'une  Note  récente  de  M.  Rohbins. 

«  Si  j'ai  bien  compris  les  quelques  paroles  de  M.  Robbins,  insérées  dans 
le  Compte  rendu  de  la  séance  de  l'Académie  du  i  mars,  il  paraîtrait  que  ce 
chimiste  revendique  la  découverte  du  peroxyde  de  fer  attirahle  à  l'aimant;. 
obtenu  par  la  suroxydation  de  l'oxyde  ferroso-ferrique. 


(  468  ) 

«  Je  n'ai  pas  à  me  prononcer  sur  la  légimité  de  cette  réclamation;  je  me 
permettrai  seulement  de  faire  remarquer  que  je  ne  me  suis  jamais  approprié 
l'honneur  de  cette  découverte. 

»  Ma  communication  du  a5  août  1862  à  l'Académie  avait  pour  but  de 
démontrer  qu'il  existe  des  hydrates  amorphes  de  peroxyde  de  fer  et  des 
sels  de  fer  qui,  tout  en  n'étant  pas  magnétiques  par  eux-mêmes,  le  devien- 
nent à  la  suite  d'une  légère  calcination.  A  cette  occasion,  j'ai  indiqué  trois 
procédés  pour  constater  le  fait  : 

»  i°  La  calcination  légère,  mais  soutenue,  des  sels  organiques  à  hase  de 
protoxyde  de  Jcr  ,■ 

»  20  La  calcination  de  la  rouille,  préalablement  épurée  de  tout  ce 
qu'elle  peut  contenir  de  magnétique  ; 

»  3°  La  calcination  de  Y  hydrate  de  protoxyde  de  fer  suroxydé  spontané- 
ment, à  l'air. 

»  Dans  cette  même  communication,  ainsi  que  dans  celle  du  io  novembre 
dernier,  j'ai  nommé,  il  est  vrai,  le  peroxyde  de  fer  attirable  à  l'aimant  et 
provenant  de  la  suroxydation  de  l'oxvde  ferroso-ferrique,  mais  d'une  ma- 
nière incidente,  puisque  j'avais  déjà  reconnu  que  M.  Pelouze  avait  observé 
que  le  fer  suroxydé  à  l'air,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  a  la  propriété  d'être 
attiré  par  l'aimant.  Or,  je  crois  que  tous  les  chimistes  admettront  comme 
extrêmement  probable  que,  dans  ces  conditions,  le  fer  ne  peut  se  suroxyd^r 
sans  passer,  au  moins  en  partie,  par  l'état  intermédiaire  d'oxyde  ferroso- 
ferrique. 

»  Quoiqu'il  en  soit,  M.  Robbins  a  le  droit  de  m'accuser  d'avoir  ignore 
ses  travaux,  mais  non  pas  de  m'étre  approprié  la  découverte  pour  laquelle 
il  réclame.  » 

STATISTIQUE.  —  Sur  la  mortalité  dans  les  hôpitaux  de  l'île  de  Cuba , 
Note  de  M.  Ramox  de  la  Sagra. 

«  Voici  quelques-unes  des  conclusions  les  plus  saillantes  d'un  travail  que 
je  viens  de  terminer  sur  la  mortalité,  en  général,  dans  les  hôpitaux  civds  et 
militaires  de  l'île  de  Cuba,  et  celle  par  la  fièvre  jaune  en  particulier,  pen- 
dant une  période  de  cinq  années,  1 855  à  1859. 

»  Le  nombre  total  d'entrées  dans  les  hôpitaux  monte  à  748320,  dont 
189992  dans  les  hôpitaux  militaires:  le  nombre  total  de  décès,  54272 
dont  9222  dans  ces  mêmes  hôpitaux. 

»   Le  total  de  malades,  par  la  fièvre  jaune,  a  été  de  53673,  et  celui  des 


(46g) 

morts  de  i3  75o.  Les  chiffres  respectifs  pour  les  militaires  ont  été  de  16486 
et  44°9  pendant  ladite  période. 

»  Les  rapports  des  décès  aux  malades,  en  général,  entrés  dans  les  hôpi- 
taux militaires,  n'a  pas  dépassé  6,7  pour  100;  dans  les  hôpitaux  civils 
10  pour  100. 

»  Les  rapports,  pour  la  fièvre  jaune  seulement,  ont  été  au  maximum 
de  32,4  pour  ioo  chez  les  premiers,  et  de  28,8  pour  100  chez  les  seconds. 

»  Les  rapports,  pour  les  maladies  ordinaires,  en  dehors  de  la  fièvre 
jaune,  n'ont  pas  dépassé  3,2  pour  100  dans  les  hôpitaux  militaires  et 
8  pour  100  dans  les  hôpitaux  civils. 

»   Voici,  maintenant,  les  moyennes  des  cinq  années  : 

»  Hôpitaux  militaires.  —  Toutes  maladies,  moins  la  fièvre  jaune,  2,7 
pour  100;  fièvre  jaune,  26,7  pour  100. 

■»  Hôpitaux  civils.  — Maladies  ordinaires,  6,8  pour  100;  fièvre  jaune, 
25,i  pour  100. 

»  Généralement  parlant,  les  mortalités  par  toute  espèce  de  maladies  ainsi 
que  par  la  fièvre  jaune  sont  plus  nombreuses  pendant  les  mois  chauds  de 
l'année  que  dans  les  mois  tempérés;  mais  les  rapports  entre  les  décès  et  les 
malades  n'offrent  pas  la  même  loi.  Pour  les  maladies  ordinaires,  parmi 
l'armée  et  la  marine,  ce  sont  les  mois  d'août,  septembre,  octobre  et 
novembre,  qui  donnent  les  rapports  plus  élevés  entre  4,1  et  3,i  pour  100; 
mais  pour  la  fièvre  jaune,  les  maxima  de  mortalité  relative,  44>  36.  35 
pour  100,  se  trouvent,  au  contraire,  dans  les  mois  les  moins  chauds  de 
l'année,  savoir  :  décembre,  novembre,  janvier.  La  même  chose  a  été  obser- 
vée dans  les  hôpitaux  civils,  quant  à  la  fièvre  jaune.  Les  maladies  ordinaires 
n'offrent  pas  une  série  progressive  dans  les  rapports  des  décès  aux  malades. 

»  En  comparant  les  observations  que  j'avais  recueillies  il  y  a  trente-cinq 
ans,  à  la  Havane,  avec  les  précédentes,  j'ai  pu  constater  deux  faits  curieux 
qui  demandent  à  être  examinés,  savoir  :  i°  que  si  les  maxima  de  la 
mortalité,  par  la  fièvre  jaune,  avaient  lieu,  comme  aujourd'hui,  dans  les 
mois  chauds  de  l'année,  ces  mois  étaient  mai,  juin  et  juillet,  c'est-à-dire 
avant  la  période  des  maxima  actuels  qui  est  juillet,  août  et  septembre; 
20  que  la  distribution  de  ladite  mortalité,  par  la  fièvre  jaune,  était  plus 
régulière  alors  que  maintenant,  car  ici  les  maxima  ni  les  minima  n'étaient 
aussi  considérables.  La  maladie,  donc,  semble  avoir  gagné  en  intensité  et 
s'être  déplacée  quant  aux  mois  des  plus  forts  ravages. 

»  Quant  aux  pertes  annuelles  de  l'armée  de  terre,  dont  la  force  numé- 

C.  R  ,  i863,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  11.)  62 


(  47°) 

rique  moyenne  était  de  i8  23o  hommes,  elles  n'ont  pas  dépassé  le  7,2 
pour  100  en  moyenne.  L'année  1 858,  la  mortalité  a  atteint  10,7  pour  100. 
»  Quoique  la  fièvre  jaune  fasse  de  grands  ravages  dans  l'île  de  Cuba, 
puisqu'elle  donne  /174  décès  sur  iooo,  dans  les  hôpitaux  militaires, 
d'autres  maladies  sont  plus  fréquentes  dans  le  cours  de  l'année.  Dans  chaque 
iooo,  26  seulement  sont  de  la  fièvre  jaune,  328  de  fièvres  diverses,  89  de 
syphilis,  etc.  Les  chiffres  des  rapports  des  décès  aux  malades  donnent,  pour 
les  six  années,  de  1 854  à  1 85g,  26,2  pour  100  pour  la  fièvre  jaune,  4>,8 
pour  100  pour  la  phthisie  pulmonaire,  1 1,4  pour  la  petite  vérole,  etc.    » 

M.  Ranon  de  la  Sagra  fait  hommage  à  l'Académie  de  quelques  articles 
qu'il  a  publiés  dans  le  »  Journal  des  fabricants  de  sucre  »  sur  l'histoire  de 
l'application  des  bisulfites  à  la  clarification  du  vesou  de  canne  à  sucre  dans 
l'île  de  Cuba. 

M.  Carus,  Correspondant  de  l'Académie  pour  la  Section  d'Atanomie  et 
de  Zoologie,  récemment  élu  Président  de  l'Académie  impériale  Léopoldo- 
Caroline,  en  remplacement  de  feu  M.  Kieser  d'iéna,  adresse  en  cette  qua- 
lité le  premier  numéro  d'une  nouvelle  série  des  Communications  officielles  de 
cette  Académie,  et  annonce  qu'il  adressera  régulièrement  les  numéros  sui- 
vants, de  même  que  les  nouveaux  volumes  des  Mémoires  que  publie  cette 
savante  compagnie. 

MÉMOIRES  LUS. 

chimie  appliquée.  —  Sur  de  nouveaux  procédés  de  yravure  et  de  reproduction 
des  anciennes  gravures;  Mémoire  de  M.  E.  Vial.  (Extrait  par  l'auteur.  )  • 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Dumas,  Regnault.  ) 

«   Mon  Mémoire  se  divise  en  trois  parties. 

»  La  première  repose  :  i°  sur  les  précipitations  métalliques;  20  sur  l'affi- 
nité des  acides  pour  les  différents  métaux.  Elle  consiste  à  faire  sur  papier 
un  dessin  qu'on  décalque  ensuite  sur  métal  par  application  humide,  ou 
mieux  encore  à  dessiner  directement  sur  le  métal  avec  une  encre  métallique 
formée,  par  exemple,  d'un  sel  de  cuivre  en  dissolution  pour  l'acier  et 
pour  le  zinc,  d'un  sel  de  mercure  pour  le  cuivre,  d'un  sel  d'or  pour  l'ar- 
gent, etc.,  etc.,  à  graver  ensuite  par  un  acide  approprié. 

»  C'est  ainsi  qu'un  dessin  fait  avec  une  encre  de  sulfate  de  cuivre  et 
décalqué  sur  acier  peut  donner  instantanément  une  gravure  en  taille- 
douce  sans  morsure  ultérieure  à  l'acide. 


(  47>  ) 
»  C'est  encore  ainsi  qu'un  dessin  fait  sur  zinc  avec  une  encre  formée 
d'un  sel  de  cuivre  permet  une  morsure  en  relief  à  l'acide;  le  cuivre  jouant 
dans  ce  cas  sur  zinc  le  rôle  d'un  vernis  protecteur,  par  suite  des  affinités 
que  l'acide  azotique  possède  pour  le  zinc,   relativement  au  cuivre. 

»  La  deuxième  parlie  comprend  la  reproduction  des  anciennes  gravures, 
sans  altération  de  l'original,  et  elle  s'applique  aux  gravures  qui  n'ont  pas 
été  recouvertes  d'un  enduit  spécial  pour  les  besoins  publics  ;  elle  ren- 
ferme deux  procédés. 

»  A.  Le  premier  repose  :  i°  sur  l'antipafiiie  de  l'eau  pour  les  corps  gras  ; 
2°  et  comme  le  précédent,  sur  les  précipitations  métalliques  et  l'affinité  des 
acides  pour  les  métaux. 

»  En  effet,  une  gravure  est  imprégnée  par  son  verso  d'une  dissolution 
cuprique  et  le  liquide  aqueux  ne  pénètre  qu'autour  des  traits  formés 
d'encre  grasse.  Tout  autre  sel  métallique  approprié,  sel  de  plomb,  de  bis- 
muth, d'argent,  etc.,  produirait  le  même  effet.  L'épreuve  est  alors  retour- 
née par  son  recto  sur  une  planche  de  zinc,  par  exemple,  et  soumise  à  une 
pression  uniforme.  Le  sel  est  aussitôt  décomposé,  réduit  et  précipité  sur  la 
planche  qu'il  recouvre  en  entier,  sauf  à  l'endroit  des  traits,  de  manière  à 
donner  une  image  négative  en  relief,  représentant  avec  la  plus  grande  exac- 
titude le  dessin  qui  a  servi  à  la  produire.  Il  suffit  de  quelques  secondes 
pour  obtenir  cet  effet.  La  photographie  n'opère  pas  avec  plus  de  prompti- 
tude ni  plus  de  fidélité.  On  peut  déjà  en  tirer  des  épreuves  négatives. 

»  Pour  avoir  une  gravure  en  taille-douce,  il  suffit  de  plonger  la  planche 
dans  un  bain  d'acide  azotique  qui  creuse  le  zinc  et  respecte  le  cuivre. 

»  B.  Le  deuxième  procédé  repose  :  i°  sur  les  transports;  i°  comme  les 
précédents,  sur  les  précipitations  métalliques  et  l'affinité  des  acides;  3°  enfin 
sur  les  phénomènes  de  l'électro-chimie. 

»  On  fait  sur  acier  un  transport,  on  décalque  d'une  ancienne  gravure 
au  moyen  d'un  savon  de  térébenthine  ou  de  pétrole  appliqué  sur  l'épreuve, 
et  on  plonge  la  planche  dans  un  bain  acide  de  sulfate  de  cuivre  qui  se  pré- 
cipite sur  l'acier  avec  son  brillant  métallique,  tout  en  respectant  les  traits, 
de  telle  sorte  que  le  cuivre  sert  alors  de  vernis,  tandis  que  l'acier,  ayant  pour 
1  acide  plus  d'affinité  que  le  cuivre,  est  mordu  sous  le  dessin  avec  autant 
d'instantanéité  que  le  dépôt  a  eu  lieu.  Le  problème  se  résume  alors  en  ces 
deux  mots  :  couvrir  et  mordre  en  même  temps. 

«  Enfin,  la  troisième  partie  n'est  que  l'extension  du  dernier  procédé,  qui 
constitue  un  nouveau  genre  de  gravure.  Elle  consiste  à  faire  sur  acier  un 
transport  autographique,  lithographique  ou  autre,  non  plus  avec  un  savon 

6a.. 


(472  ) 
de  térébenthine,  mais  à  l'encre  grasse,  à  faire  un  dessin  héliographique  au 
bitume  de  Judée,  ou  photographique  au  perchlorure  de  fer,  à  dessiner  sur 
acier  à  l'encre  de  Chine,  au  crayon  noir,  à  la  mine  de  plomb,  à  peindre  à 
l'huile  ou  au  pastel,  à  dessiner  au  perchlorure  de  fer  ou  à  l'acide,  en  un  mot 
avec  tout  corps  susceptible  de  résister  au  dépôt  du  cuivre  sans  s'opposer  a 
l'attaque  de  l'acide,  ou  avec  tout  corps  susceptible  de  dépolir  l'acier  par 
parties  qui  se  graveront  ensuite  lorsqu'on  mettra  la  planche  dans  un  bain 
acide  de  snlfate  de  cuivre.   » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  Recherches  expérimentales  sur  la  distinction  de  la 
sensibilité  el  de  C  excitabilité  dans  les  différentes  parties  du  système  nerveux 
d'un  insecte,  le  Dytiscns  marginalis  ;  par  M.  E.  Faivre.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Bernard,  de  Quatrefages.) 

«  En  poursuivant  des  recherches  entreprises  depuis  huit  années  sur  les 
fonctions  du  système  nerveux  d'un  insecte,  le  Dytiscus  marginalis,  nous 
avons  été  conduit  à  examiner,  au  point  de  vue  expérimental,  la  question 
restée  indécise  de  la  sensibilité  et  de  l'excitabilité  dans  le  système  nerveux 
des  Invertébrés.  Voici  quelques-uns  des  résultats  de  nos  recherches  : 

»  Nous  agissons  légèrement  sur  la  face  supérieure^du  ganglion  prothora- 
cique,  et  nous  constatons  qu'elle  n'est  pas  sensible,  mais  excitable. 

»  Si,  au  lieu  de  piquer  superficiellement  cette  face  supérieure,  on  la 
lèse  plus  profondément  en  introduisant  une  aiguille  sous  le  périnèvre,  dans 
le  sens  antéro-postérieur  et  parallèlement  à  la  face  du  ganglion,  on  déter- 
mine une  paralysie  persistante  du  mouvement  avec  conservation  de  la  sen- 
sibilité. 

»  En  agissant  sur  la  face  inférieure  du  ganglion,  on  constate  d'abord 
qu'elle  est  sensible,  et  cette  sensibilité  se  traduit  par  des  mouvements  géné- 
raux. On  reconnaît  également  que,  par  une  lésion  de  cette  face,  il  est  pos- 
sible de  déterminer  une  paralysie  de  la  sensibilité  avec  conservation  du 
mouvement.  Pour  obtenir  ce  résultat,  deux  conditions  sont  indispensables  : 
pratiquer  l'opération  dans  la  région  voisine  de  l'origine  du  nerf  sur  lequel 
on  veut  agir;  opérer  très-superficiellement  par  pression  réitérée,  et  non  par 
pénétration  dans  la  substance  nerveuse.  La  pénétration,  même  très-peu 
profonde,  détermine  presque  immédiatement  une  double  paralysie  de  la 
sensibilité  et  du  mouvement.  La  difficulté  d'éviter  cette  double  paralysie  est 
très-grande  et  démontre  que   la  région  de  la  face  inférieure  affectée  à  la 


(  4?3  ) 
sensibilité  est  restreinte,  superficielle  et  intimement  unie  aux  éléments  mo- 
teurs de  la  substance  nerveuse  sous-jacente. 

»  Les  paralysies  isolées  de  la  sensibilité  sont  moins  persistantes  que  les 
paralysies  du  mouvement. 

»  Les  expériences  pratiquées  sur  le  ganglion  prothoracique  nous  ont  dé- 
montré que  la  paralysie  complète  du  mouvement  et  de  la  sensibilité  des  deux 
pattes  n'entraîne  pas  l'abolition  des  propriétés  conductrices  du  centre 
nerveux;  en  effet,  si,  après  avoir  produit  cette  double  paralysie,  on  pince 
les  antennes  de  l'insecte,  il  agitera  ses  pattes  postérieures,  et  si  l'on  pince 
les  pattes  postérieures,  il  agitera  ses  antennes. 

»  En  nous  plaçant  dans  les  conditions  précédemment  déterminées,  nous 
avons  également  réussi  à  produire  sur  le  ganglion  mésothoracique  des  para- 
lysies partielles  du  mouvement  et  de  la  sensibilité. 

»  Les  remarquables  expériences  de  M.  Flourens  ont  fait  connaître  la 
distribution  de  la  sensibilité  et  de  l'excitabilité  dans  les  diverses  parties  du 
système  nerveux  des  animaux  vertébrés.  Guidé  par  la  méthode  instituée  et 
les  résultats  obtenus  par  M.  Flourens,  nous  avons  essayé  de  déterminer, 
de  démêler  les  mêmes  propriétés  dans  les  différentes  régions  de  la  chaîne 
ganglionnaire  de  l'insecte. 

»  Nous  agissons  sur  le  ganglion  sus-œsophagien  ou  cerveau,  et  nous 
constatons  que  sa  sensibilité  est  presque  nulle,  quelle  que  soit  la  face  que 
l'on  irrite;  c'est  un  trait  frappant  de  ressemblance  avec  le  cerveau  propre- 
ment dit  chez  les  animaux  supérieurs. 

»  Nous  agissons  sur  les  renflements  nerveux,  ou  connectifs  pédoncu- 
laires,  situés  à  la  face  inférieure  et  latérale  du  cerveau;  l'insecte  manifeste 
des  signes  d'une  vive  douleur. 

»  Si  nous  opérons  à  la  face  inférieure  du  ganglion  sous-œsophagien, 
nous  produisons  dans  les  membres  et  dans  les  pièces  de  la  tète  une  agita- 
tion convulsive  permanente,  violente,  qui  dénote  une  excessive  sensibilité  ; 
aucun  autre  ganglion  ne  donne  lieu  à  des  troubles  généraux  aussi  marqués. 
La  face  supérieure  du  centre  nerveux  sous-œsophagien  est  beaucoup  moins 
sensible,  mais  elle  est  excitable. 

»  Les  ganglions  méso  et  métathoraciques  sont  sensibles  à  la  face  infé- 
rieure, excitables  à  la  face  supérieure. 

»  Les  deux  centres  nerveux  qui  se  rattachent  au  nerf  stomato-gastrique, 
savoir:  le  frontal  et  le  ganglion  gastrique,  ne  présentent  pas  de  sensibilité 
manifeste,  quelle  que  soit  la  face  irritée. 


(  474  ) 

>•  Les  connectifs  sont  sensibles,  mais  ils  le  sont  peu;  en  effet,  l'excitation 
doit  être  vive  pour  produire  des  mouvements  d'ensemble. 

»  Sur  un  insecte  nous  coupons  le  cordon  du  connectif  droit,  en  laissant 
ie  gauche  intact,  et  nous  irritons  tour  à  tour  les  deux  bouts  du  connectif 
coupé  ;  le  pincement  de  l'extrémité  supérieure  ou  céphalique  détermine 
aussitôt  de  violents  mouvements  généraux  ;  l'impression  transmise  au  centre 
nerveux  céphalique  a  donc  été  réfléchie  et  transmise  par  le  connectif  intact 
aux  membres  placés  en  arrière  de  la  section;  le  pincement  de  l'extrémité 
périphérique  détermine  des  mouvements  dans  les  pattes  du  côté  corres- 
pondant. 

»  Les  connectifs  sont  donc  à  la  fois  sensibles  et  excitables  ;  ils  conduisent 
les  impressions  de  la  périphérie  au  centre,  et  du  centre  à  la  périphérie. 

»  En  répétant  sur  les  nerfs  des  pattes  thoraciques  des  expériences  ana- 
logues, nous  avons  également  constaté  qu'ils  sont  à  la  fois  sensibles  et  exci- 
tables; sensibles  par  leur  extrémité  centrale,  excitables  par  leur  extrémité 
périphérique;  ils  sont  mixtes  dès  leur  origine,  et  sans  racines  distinctes  à 
l'extérieur  du  ganglion. 

»  Des  expériences  que  nous  venons  de  rapporter,  nous  tirons  les  consé- 
quences suivantes  : 

»  i°  La  sensibilité  et  l'excitabilité  sont  distinctes  dans  les  centres  ner- 
veux des  Dytisques,  comme  elles  sont  distinctes  dans  la  moelle  épiniere  des 
animaux  supérieurs;  on  peut  les  isoler  en  produisant,  soit  une  paralysie  du 
mouvement,  soit  une  paralysie  de  la  sensibilité. 

»  20  Pour  produire  l'abolition  de  la  sensibilité,  il  faut  agir  superficielle- 
ment à  la  face  inférieure  du  ganglion  :  cette  face  est  sensible.  Pour  produire 
l'abolition  du  mouvement,  on  peut  agir  profondément  à  la  face  supérieure: 
cette  face  est  seulement  excitable. 

»  3°  On  peut  déterminer  une  double  paralysie  sans  abolir  la  propriété 
conductrice  du  ganglion. 

»  4°  Le  ganglion  sus-œsophagien  est  très-peu  sensible  ;  la  sensibilité 
est  bien  marquée  à  sa  face  inférieure,  au  niveau  de  l'origine  des  connectifs 
pédonculaires.  Elle  est  excessivement  vive  à  la  face  inférieure  du  centre 
nerveux  sous-oesophagien. 

»  5°  Les  ganglions  du  système  nerveux  stomato-gastrique  sont  insen- 
sibles, mais  excitables. 

»  6°  Les  connectifs  sont  à  la  fois  sensibles  et  excitables. 

»  7°  Les  nerfs  des  pattes,  mixtes  dès  leur  origine  ganglionnaire,  et  sans 
racines  apparentes,  distinctes,  jouissent  des  mêmes  propriétés. 


(475  ) 

»  Pendant  longtemps  la  signification  du  système  nerveux  des  animaux 
invertébrés  a  été  l'objet  de  vives  controverses.  Nos  expériences  peuvent 
contribuer  à  jeter  quelque  jour  sur  ce  sujet  encore  obscur;  elles  indiquent, 
au  point  de  vue  des  propriétés,  de  profondes  analogies  entre  la  chaîne  gan- 
glionnaire des  Invertébrés  et  la  moelle  des  animaux  supérieurs;  elles  véri- 
fient et  confirment  les  inductions  basées  sur  l'anatomie  et  l'histologie. 

a  La  distinction  établie  par  Ch.  Bell,  entre  la  sensibilité  et  l'excitabihti'  . 
apparaît  comme  un  des  traits  les  plus  généraux,  les  plus  constants  du  plan 
physiologique  d'après  lequel  le  système  nerveux  semble  constitué. 

»  Ces  incontestables  analogies  montrent  combien  il  est  logique  d'étudier 
d'abord  les  êtres  les  plus  simples,  si  l'on  veut  mieux  comprendre  l'organi- 
sation des  êtres  plus  parfaits.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE.  —  Mémoire  sur  la  distribution  des  élasticités  autour  de  chaqut 
/joint  d'un  solide  ou  d'un  milieu  de  contexlure  quelconque,  particulièrement 
lorsqu'il  est  amorphe  sans  être  isotrope;  par  M.  de  Saint- Venant.  (Extrait 
par  l'auteur.  ) 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Combes,  Clapeyron.) 

«  L'élasticité  d'un  corps  dépend,  en  chaque  point,  d'un  certain  nombre  de 
coefficients  qu'un  raisonnement  péremptoire  de  G.  Green  a  réduit  de  36 
21  inégaux  (*).  Un  autre  raisonnement  très-simple,  fondé  sur  une  loi  d'ac- 
tions moléculaires  qu'on  invoque  toujours,  au  moins  tacitement,  fournit 
entre  eux  six  égalités  complémentaires  réduisant  ainsi  leur  nombre  à  i5; 
mais  ce  qu'on  va  dire  sera  à  peu  prés  indépendant  de  ce  point  encore  con- 
testé. 

»  Les  2i  coefficients  changent  de  grandeur  avec  les  directions  des  axes 
x,  j,  z  sur  lesquels  on  prend  les  trois  projections  u,  v,  w  du  déplacement 
de  chaque  point,  ou  suivant  lesquels  on  compte  les  six  petites  déforniations 
élémentaires,  qui  sont  les  trois  dilatations  3X,  ^.,  >>,  de  l'unité  de  longueur, 
et  les  trois  glissements  gyz,  gzx,  g^,  l'un  devant  l'autre,  pour  l'unité  de  leui 
distance,  des  côtés  opposés  des  trois  faces  adjacentes  yz,  zx,  xj  d!uh 
élément  parallélipipède.  Si  l'on  appelle,  en  général,  pns  la  composante,  sui- 
vant une  direction  quelconque  s,  de  la  pression  sur  l'unité  superficielle  d'une 

(*)   Comptes  rendus,  16  décembre  1861,  t.  LUI,  p.  1107. 


(  4;6  ) 

petite  face  intérieure  dont  n  représente  en  direction  la  normale;  p°  la  va- 
leur qu'elle  pouvait  avoir  antérieurement  aux  déformations,  et  //  s  ce  qu'elle 
serait  par  l'effet  des  seules  déformations,  ou  s'il  n'y  avait  eu,  dans  le  corps, 
aucune  pression  antérieure  p°,  tout  le  monde  admet  qu'on  a,  en  désignant 
par  a     x ,  etc.,  divers  coefficients,  l'expression  linéaire 

(  '  )       Pm  =  an,«  *x  +  anw  Ôj,  +  ans:s  it  +  an,„  g^  +  an„x  g„  +  allizr  gXJ . 

»  Et,  quant  aux  parties  des  six  composantes  pxx,  pyx, ...,  provenant  des 
pressions  antérieures  p°,  on  démontre,  non-seulement  comme  a  fait  C-au- 
chv,  mais  encore  sans  invoquer  comme  lui  la  loi  contestée  des  actions 
moléculaires,  en  composant  le  potentiel  des  forces  élastiques,  etc.,  que 
lorsque  non-seulement  ^x,  ...,  gxr,  mais  même  u,  v,  w  sont  très-petits, 
l'on  a 


(2) 


„    /         du         dv       dw\  o   du  „   du  , 

0    /         dit  \  0   dw  „  du  a    do  o   dw  , 

*•  =ry  y-dT*}  +^  dj  +p;-  il  +p~d-x  +p°rdï  +/V  p-<=-  •  •  '**= 


i.  En  cherchant  l'expression  des  valeurs  ax,x,xx-,  a^^y,,  etc.,  que  pren- 
nent les  21  coefficients  quand  on  change  les  axes  x,  y,  z  en  d'autres 
.r',  y',  s',  en  fonction  des  coefficients  relatifs  aux  axes  anciens,  nous  avons 
trouvé  la  formule  symbolique  suivante,  plus  générale  en  ce  qu'elle  s'ap- 
plique même  aux  coefficients  de  l'expression,  telle  que  (î),  d'une  compo- 
sante oblique  pnS  en  fonction  de  ^x,...,  gxr> 


(3) 


a 

nny 

— 

an 

ai,axay> 

si, 

en 

général, 

a. 

— 

a* 

cos(/,  X  j 

ar  cos  (/,  y)  -+-  as  cos  (i,  z), 


x,  y  étant  deux  directions  prises  parmi  celles  des  axes  nouveaux  x',y',  z', 
et  ax,  ar,  a,  étant  de  purs  symboles  (comme  ceux  qui  sont  appelés,  par 
M.  Sylvester,  umbrœ,  ou  skadows  of  quantifies),  dont  les  produits  quadruples 
donnent  les  coefficients  axxxx,  etc.,  quand  on  met  leurs  sous-lettres  à  la 
suite  les  unes  des  autres  dans  le  même  ordre. 
«   Il  en  résulte,  par  exemple, 

(  *?*>*>*>=  |[à*cos(*,  x')  H-  arcos(j,  x')  -h  a,  cos(z,  x')2];2 
W        /  =  axxxxcos*(.r,x')  +  etc., 


(  477  ) 
d'où  une  équation  du  quatrième  degré  connue  pour  la  surface  dont  les 
rayons   vecteurs   sont    les   inverses   des    racines   quatrièmes  des  élasticités 
directes  3ix,x,x,x,  dans  leurs  directions  x' .  Si  jz,  zx,  xy  sont  trois  plans  de 
symétrie  de  contexture,  elle  se  réduit  à 

.  (  I      =      *XXXX  *  A    "+-    arW  j"    +     ih^  Z"    +2(2   C\,yl    +    *yyZZ  )f    Z2 

\  -+-  ^(îa^+a^jz2^  -+-  2{iiixy„.  +  aUijy)x2j2. 

»  Il  y  a  généralement  treize  maxima  ou  minima  de  ax,x,x,x,,  mais  ils  se  ré- 
duisent à  trois  si  certaines  conditions  d'inégalité  sont  remplies. 
»   Et  si  l'on  a  les  relations 


1  a  ayzyz  -+•  'Ayyzz  —  v  ar.w  a*sz-  » 

( 6 )  a  a zxzx  -+-  a zzxx  —  \'azzzzaxxxx , 

I    2  axyxy  +  aXXyy  —  y  axxxx  ayyyy  , 

la  surface  se  réduit  à  un  ellipsoïde. 

»  Ce  cas  est  remarquable  non-seulement  parce  que  les  équations  en 
u,  v,  w  s'intègrent  alors  par  les  potentiels  analytiques  aussi  facilement  que 
quand  il  y  a  isoti  opie,  mais  encore  parce  que  ce  genre  de  contexture  élas- 
tique doit  être  ou  exactement  ou  très-approximativement,  comme  un  calcul 
le  prouve,  celui  des  corps  ou  des  milieux  dont  l'isotropie  primitive  a  été 
altérée  par  des  rapprochements  ou  écartements  moléculaires  opérés  inéga- 
lement en  divers  sens. 

»  Les  modules  d'élasticité  E  de  Young  et  de  Navier  se  distribuent  ellip- 
soïdement  dans  les  mêmes  cas  que  les  ax,x,x,x,. 

»  Mais  la  formule  (3)  conduit  à  d'autres  conséquences.  On  sait  que 
Green,  voulant  concilier  l'analyse  des  vibrations  moléculaires  de  l'éther  avec 
la  théorie  de  Fresnel,  a  posé,  entre  les  ai  coefficients  d'élasticité,  14  con- 
ditions ou  relations  pour  que  les  vibrations  de  deux  des  trois  ondes  planes 
qui  se  propagent  à  l'intérieur  des  corps  biréfringents  soient  exactement 
parallèles  à  leurs  plans,  conditions  que  l'on  reconnaît  être  les  mêmes,  au 
moyen  des  formules  (2),  quand  il  y  avait  des  pressions  antérieures/?^,  etc. 
Or,  en  exprimant  alors  les  divers  coefficients  axx,x,x,,  ax>xyy,  etc.,  pour  de 
nouveaux  axes  quelconques,  on  reconnaît  entre  eux  diverses  relations  qui 
appartiennent  aux  corps  isotropes,  et  même  que  a^^^y  ou  a^y.^  est  tou- 
jours nul,  et  ax,x,x,x,  égal  en  tous  sens;  de  sorte  qu'une  égale  dilatation  V 

C.    R.,  i863,    1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  il.)  63 


(  -178  ) 
produit,  dans  toutes  les  directions  x',  sur  des  faces  perpendiculaires,  des 
pressions  non-seulement  toujours  exclusivement  normales,  mais  aussi  con- 
somment égales. 

»  Une  pareille  égalité  ne  saurait  exister  dans  l'intérieur  du  verre  com- 
primé inégalement,  ni  même  des  cristaux  des  formes  non  symétriques. 
Quelle  que  soit  la  loi  moléculaire  qu'on  substituerait  à  celle  des  actions 
suivant  les  lignes  de  jonction  des  points  matériels  composant  les  molécules, 
si  l'on  refuse  d'admettre  celle-ci,  un  rapprochement  moléculaire  inégal  dans 
les  trois  sens  .r,  y,  z,  en  produisant  trois  élasticités  latérales  inégales  a/r„, 
axxm  donnerait  aussi,  nécessairement,  des  inégalités  entre  les  élasti- 


,i 


zzzzi  axxyy 


Lires  iiit ctivs  **xxxx)    yyyy     zzzz* 

•>  Les  conditions  Green  ne  font  donc  qu'exprimer  l'isotropie,  et  elles  en- 
traînent l'uniréfringence.  D'où  l'impossibilité  de  l'exact  parallélisme  des 
vibrations  aux  plans  des  ondes  dans  L'intérieur  des  corps  doués  de  la  double 
réfraction. 

»  Faut-il  pour  cela  renoncer  à  l'onde  courbe  qui  résume  si  admirable- 
ment les  principales  découvertes  dues  au  génie  de  Fresnel,  ou  bien  la  re- 
garder comme  ne  donnant  qu'une  première  et  très-grossière  approximation? 
Nullement.  On  obtient  exactement  cette  onde  du  quatrième  degré  en  posant 
entre  les  coefficients  des  conditions  qui  sont  moins  nombreuses  et  plus  géné- 
rales que  celles  de  Green,  qui  permettent  des  rapports  quelconques  entre 
les  trois  élasticités  directes,  et  qui  n'ont  rien  de  bizarre  ni  d'arbitraire,  car 
quand  ces  rapports  n'excèdent  pas  i  i  et  même  2,  elles  coïncident  numéri- 
quement, à  très-peu  près,  avec  les  relations  (G)  de  distribution  ellipsoïdale, 
d'où  il  suit  qu'elles  doivent  être  réellement  remplies,  d'une  manière  ou 
exacte  ou  approchée,  par  Féther  à  l'état  de  simple  inégalité  de  condensa- 
tion, que  tous  les  physiciens  lui  attribuent  dans  l'intérieur  des  corps  même 
cristallisés.  Ces  conditions  sont  celles  de  Cauchy  (j83o),  comme  on  peut 
voir  en  reprenant  son  analyse,  qui  peut  être  présentée  d'une  manière  simple 
quoique  plus  générale  et  indépendante  de  la  loi  moléculaire  controversée, 
et  à  laquelle  on  peut  joindre  quelques  développements  peu  connus  dus  à 
M.  Haughton,  qui  a  fait  une  étude  intéressante  de  la  polaire  réciproque 
i\f  l'onde  générale  à  trois  nappes  (îrish  Academy,  vol.  XXI). 

»  Et,  quant  aux  corps  solides  et  terrestres,  ce  qui  précède  n'est  pas  de 
pure  spéculation,  car,  d'après  ce  qu'on  a  vu,  la  contexture  élastique  ellip- 
soïdale définie  par  les  relation*  (6)  doit  être  celle  des  corps  amorphes  ou  à 
cristallisation  confuse,  tels  que  ceux  qui  sont  employés  comme  matériaux 
dans  les  constructions  et  auxquels  le  forgeage,  l'étirage  ou  les  circonstances 


(  479) 
de  la  solidification  ont  donné  un  certain  degré  d'hétérolropie  dont  il  faut 
tenir  compte  dans  le  calcul  de  leur  résistance.  » 

chimie  GÉNÉRALE.  —  Suite  du  Mémoire  de  la  vis  telluriqae,  du  7  avril  1860, 
adressé  à  propos  du  ihtdlium;  par  M.  B.  de  Chancouktois. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Delafosse,  Daubrée,  Dumas.) 

«  La  détermination  approximative  du  nombre  thermique  du  thallimn. 
faite  par  M.  Regnault  (102),  permet  d'adopter  io3  comme  caractère  numé- 
rique de  ce  corps  qui  se  trouverait  ainsi  placé  sur  la  génératrice  de  mon 
tableau  déjà  occupée  par  le  lithium,  le  sodium,  le  potassium,  le  manganèse, 
le  rubidium,  précisément  au-dessous  du  rubidium,  comme  le  manganèse 
est  au-dessous  du  potassium.  Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  les  analogies 
que  présentent  le  thallium  et  le  manganèse,  qui  peuvent  former  tous  deux 
des  bases  et  des  acides.  Le  thallium  remplacerait  ainsi  avanlageusement  Je 
ruthénium,  dont  le  caractère  secondaire,  que  j'avais  marqué  à  la  treizième 
spire,  dans  le  voisinage  du  platine  et  de  l'iridium,  deviendrait  alors  le 
caractère  principal,  en  le  diminuant  peut-être  un  peu.  Je  laisserais  d'ailleurs 
un  caractère  secondaire  du  thallium  (  206)  à  la  même  spire,  à  côté  même 
du  plomb. 

»  La  coïncidence  d'un  caractère  secondaire  du  ruthénium  avec  le  carac- 
tère principal  du  thallium  serait  un  fait  du  même  ordre  que  la  coïncidence, 
au  nombre  55,  du  caractère  du  manganèse  et  d'un  caractère  secondaire  de 
l'aluminium,  qui  se  déduit  immédiatement  du  nombre  proportionnel  27,5, 
en  prenant  pour  formule  de  l'alumine  AlO3,  et  place  l'aluminium  sur  la 
génératrice  du  sodium  et  du  potassium,  rendant  ainsi  parfait  le  parallélisme 
des  éléments  des  feldspaths  et  des  pyroxènes,  point  de  départ  de  mon 
système. 

»  Le  thallium,  à  la  case  io3,  forme  avec  le  rhodium  un  terme  de  la  série 
des  couples  d'éléments  de  formes  numériques  i6h  +  7  et  iG«+  8,  qui 
fournit  l'exemple  le  plus  continu  de  la  tendance  générale  des  corps  élémen- 
taires à  se  présenter  par  groupes  binaires  des  formes  (\n  —  1  et  (\n. 

»  Le  rhodium  se  trouve  avec  le  sélénium  sur  l'hélice  du  coefficient  angu- 
laire —  3  que  j'ai  déjà  signalée  comme  réunissant  le  soufre  et  le  fer,  le 
tellure  et  l'or.  De  là  la  probabilité  que  le  rhodium  soit  associé  à  certaines 
pyrites  sélénifères  et  se  trouve  particulièrement  dans  les  résidus  riches  en 
thallium.  D'un  autre  côté,  la  présence  du  thallium  dans  les  pyrites  doit 

63.. 


(  48o  ) 
être  rapprochée  de  leur  altérabilité.  Il  serait  surtout  intéressant  de  le  recher- 
cher dans  les  pyrites  blanches. 

>■  Une  hélice  de  coefficient  —  7  partant  du  caractère  io3  du  thalhum,  et 
remarquable  parce  qu'elle  ne  passe  que  sur  des  points  vacants  ou  sur  des 
caractères  de  corps  rares,  singuliers  ou  virtuels,  comme  l'arsenic,  le  radical 
de  l'orthose  et  le  fluor,  aboutit  sur  la  première  spire  au  point  5.  Je  propose 
le  caractère  5  pour  l'ozone  qui  est  évidemment  le  fluor  des  corps  atmos- 
phériques ou  atmides  modernes,  en  faisant  d'ailleurs  remarquer  qu'il  peut 

ne  représenter  qu'une  sorte  d'oxyde  d'azote  — = 

»  J'arrive  ensuite  à  des  points  de  théorie  fondamentale. 

»  Si  l'on  observe  que  l'hydrogène,  avec  son  caractère  numérique  actuel  1, 
entre  toujours  en  double  dans  les  combinaisons,  ne  semble-t-il  pas  plus 
naturel  de  prendre  2  pour  son  caractère  numérique,  ce  qui  ramènerait  la 
formule  de  l'eau  à  la  plus  grande  simplicité  HO? 

>-  L'unité  resterait  alors  dégagée  de  toute  spécification.  Elle  caractérise- 
rait la  matière  dans  sa  nature  la  plus  générale,  tout  à  fait  indifférente,  et 
représenterait  une  sorte  de  monnaie  de  compte,  que  l'on  pourrait  appeler 
archisome  ou  prolliyle,  et  qui  serait  la  base  commune  théorique  de  tous  les 
corps,  de  même  que  l'unité  est  la  commune  mesure  de  tous  les  nombres. 
Cette  idée  est  le  complément  logique  indispensable  du  système  général  vers 
rétablissement  duquel  j'ai  déclaré  tendre  dès  l'abord,  savoir  :  la  parfaite 
concordance  de  la  série  matérielle  des  corps  élémentaires  et  de  la  série 
abstraite  des  nombres  naturels. 

»  Maintenant  faudrait-il  s'arrêter  à  2  pour  le  caractère  de  l'hydrogène? 
Le  nombre  Zj,  qui  donnerait  pour  l'eau  la  formule  HO2  représentant  le 
rapport  des  volumes  simplement  renversé,  me  paraît  mériter  d'être  pris  en 
considération  à  divers  égards. 

«  Je  montre  ensuite  que  l'on  peut  actuellement  assigner  aux  corps  ré- 
putés simples  des  caractères  numériques  compris  dans  les   formules  N, 

v     ,  N  ±  1         ,  _  , 

!M  —  ij    — - — >  ou  IN  ngure  un  nombre  premier. 

»  Je  fais  en  outre  remarquer  que  la  dernière  catégorie  contient  plusieurs 
corps  qui  offrent  des  chances  particulières  de  décomposition  ou  de  réduc- 
tion à  d'autres  types.  Le  potassium,  par  exemple,  qui  a  tant  d'analogies 
avec  l'ammonium,  pourrait  fort  bien  n'être  qu'un  radical  composé  de  thal- 

I:  .     1  i-  Tl -4- /j  jNa  io3  +  Q2         0         T  ,         ,  .    ,     ■  ,,.         i 

lium   et  de  sodium  ~ —  = ë~      ==  ty-    ^e  plomb,  qui  a   I  état  de 


(48.  ) 
pureté  est  si  notablement  altéré  dans  l'eau  distillée,  et  dont  le  caractère  {207) 
est  exactement  neuf  fois  celui  du  sodium,  n'a-t-il  pas  tout  l'air  d'un  sodium 
condensé? 

»  Je  note  en  passant  que  la  caractérisation  par  des  multiples  de  23 
semble  un  indice  de  mollesse  et  de  fusibilité. 

»  Dans  une  Note  spéciale  sur  l'application  de  ma  vis  à  la  théorie  de  l'acier, 
j'ai  donné  un  premier  aperçu  des  rapports  qui  lient  les  propriétés  de  dureté 
cristalline  et  vitreuse  des  corps  et  les  divisibilités  par  1  1  et  par  7  de  leurs 
caractères  numériques.  J'ajoute  aujourd'hui  quelques  remarques  concer- 
nant le  cuivre,  qui,  outre  son  caractère  63  =  7  X  9»  a  aussi  un  caractère 
possible,  66  =  6  x  11,  et  le  bronze  d'aluminium  ,   qui,   avec  la  formule 

=-* — »  prend  le  caractère  du  fer,  56  =  7  X  8. 

»  Enfin,  pour  ne  négliger  aucune  de  mes  précédentes  ouvertures,  j'insiste 
sur  l'efficacité  probable  de  la  combinaison  des  études  numériques  et  spec- 
trales pour  la  détermination  des  actions  physiologiques  des  éléments  ou  des 
radicaux,  en  recommandant  à  l'attention  des  expérimentateurs  tous  les 
corps  qui  prennent  place  sur  les  hélices  principales  (c'est-à-dire  partant  du 
point  o)  de  coefficients  angulaires  —  5  et  —  1 3,  où  figurent  déjà  plusieurs 
corps,  soit  indispensables ,  soit,  au  contraire,  notoirement  nuisibles  aux 
organismes.  Je  fais  aussi  remarquer  à  cet  égard  que,  d'après  la  singulière 
ressemblance  de  l'esprit  et  de  la  délicatesse  des  méthodes,  le  rôle  principal 
dans  ces  recherches  semble,  par  le  secours  réclamé  de  l'analyse  speclr;ile. 
dévolu  à  la  doctrine  homœopathique. 

»  Mais,  avant  toutes  choses,  il  faut  s'adresser  directement  à  la  théorie  des 
nombres,  dont  l'intervention  semble  d'ailleurs  d'une  grande  opportunité. 

»  Du  fait  seul  de  1  ambiguïté  des  équivalents  de  la  plupart  des  corps  sim- 
ples admis,  résultent  déjà  des  confusions  continuelles  entre  les  nombres  qui 
les  représentent  et  les  nombres  également  flottants  de  la  théorie  atomique. 
Les  recherches  spectrales,  en  même  temps  qu'elles  démontrent  clairement 
l'existence  d'un  nombre  illimité  de  corps  élémentaires,  offrent  des  indica- 
tions pratiques  et  déjà  fécondes  pour  le  dégagement  des  éléments  nouveaux. 
En  présence  de  l'accroissement  rapide  de  la  liste  des  éléments  que  les  chi- 
mistes et  les  physiciens  doivent  considérer,  il  devient  urgent  de  synthétiser 
toutes  les  notions  de  capacités  physiques  et  chimiques  dont  l'exposé  devien- 
drait bientôt  une  tâche  inabordable. 

»  Il  n'est  donc  pas  inutile  de  rappeler  l'attention  sur  les  idées  de  Pytha- 
gore ,  je  puis  mieux  dire,   sur  la  vérité  biblique  qui  domine   toutes  les 


(  48a  ) 
sciences  et  que  je  crois  pouvoir  y  faire  passer  pratiquement  par  la  vulgari- 
sation suivante,  première  conclusion  générale  de  mon  travail  : 

«   Les  propriétés  des  corps  sont  les  propriétés  des  nombres. 

»  On  sent  bien  que  tout  système  hélicoïdal,  qui  est  nécessairement  une 
table  graphique  de  divisibilité,  offre  le  moyen  le  plus  commode  de  faire 
ressortir  les  rapports  de  deux  ordres  de  faits.  On  sent  aussi  que  le  système 
particulier  que  j'ai  adopté  met  en  relief  les  rapports  des  propriétés  de  la 
matière  les  plus  considérables  et  les  plus  usuels,  parce  que  la  divisibilité 
par  !\ ,  base  de  mon  tracé,  est  la  première  qui  se  présente  dans  les  spécu- 
lations arithmétiques,  après  la  divisibilité  par  2,  à  laquelle  répond  directe- 
ment, ce  qui  saute  aux  yeux  de  prime  abord  dans  mon  tableau,  l'existence 
de  couples  naturels  d'éléments  à  caractères  impairs  et  pairs  consécutifs. 

»  J'ai  donc  l'espoir  que  ma  vis  tellurique  offrira,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit 
effacée  par  une  invention  plus  parfaite,  un  cadre  pratique,  une  échelle 
commode,  pour  marquer  et  comparer  toutes  les  mesures  des  capacités,  et 
cela  à  quelque  point  de  vue  que  l'on  se  place,  quelque  élasticité,  quelque 
mobilité,  quelque  interprétation  que  l'on  donne  aux  caractères  numériques 
par  lesquels  on  sera  toujours  obligé  de  représenter  ces  capacités. 

»  Le  développement  plan  du  cylindre  quadrillé  à  16  lignes  me  semble  en 
un  mot  une  portée  sur  laquelle  les  savants,  à  l'instar  des  musiciens,  pour- 
ront toujours,  et  chacun  avec  la  clef  qui  lui  conviendra,  noter  les  résultats  de 
leurs  études  expérimentales  ou  spéculatives,  soit  pour  coordonner  leurs 
travaux,  soit  pour  en  livrer  le  résumé  le  plus  concis  et  le  plus  clair  aux  pra- 
ticiens et  au  public.  » 

chimie  OBGanique.  —  Sur  les  toluènes  bi  et  trichlorés;  par  M.  A.  Naquet. 
(Commissaires,  MM.  Chevreul,  Pelouze,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Dans  la  dernière  communication  que  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à 
l'Académie,  j'annonçais  qu'en  faisant  agirdu  toluène  bichloré  sur  la  potasse 
alcoolique,  j'avais  obtenu  un  chlorure  dont  la  formule  est€9H"C10  d'a- 
près l'équation  : 

C-h.CI.  +  c,hh  je  +  I^o  =  ^|  +  ^e  +  G.H.cio. 

»  Quelque  temps  après,  M.  Cahours  parlait  de  résultats  obtenus  par  lui 
et  quelque  peu  différents  des  uiiens.  En  traitant  du  chlorobenzol  par  la  po- 
tasse alcoolique,  il  était  arrivé  à  donner  naissance  à  de  l'essence  d'amandes 


(  483  ) 
amères  et  à  un  corps  chloré  probablement  identique  à  celui  que  j'ai  décrit. 
Il  faisait  remarquer  en  même  temps  que,  du  moment  où  l'identité  du  toluène 
bichloré  et  du  chlorobenzol  était  démontrée,  mes  résultats  lui  paraissaient 
contraires  à  tout  ce  qu'on  était  en  droit  d'attendre. 

a  Le  toluène  bichloré  dont  je  m'étais  servi  dans  mes  expériences,  con- 
tenant du  toluène  monochloré,  j'avais  obtenu  avec  le  chlorure  €9HllClO 
une  certaine  quantité  de  l'éther  éthyl-benzéthylique  de  M.  Canizzaro,  vo- 
latil à  i85°. 

»  En  lisant  la  Note  de  M.  Cahours,  je  me  suis  demandé  si  ces  portions  de 
liquide  ne  contiendraient  pas  de  l'hydrure  de  benzoïde.  Je  n'y  avais  pas  re- 
cherché ce  dernier  corps,  et  il  pouvait  d'autant  mieux  s'y  rencontrer,  que  la 
composition  centésimale  de  l'aldéhyde  benzoique  et  de  l'éther  éthyl-benzé- 
thylique étant  fort  rapprochées,  dans  un  mélange  de  ces  deux  corps  avec- 
grand  excès  de  l'un  d'eux,  l'autre  pouvait  échapper  à  l'analyse  élémen- 
taire. 

»  J'ai  traité  les  liquides  par  une  solution  concentrée  de  bisulfite  de  soude. 
La  plus  grande  partie  du  produit  est  restée  inattaquée;  mais  néanmoins 
j'ai  obtenu  quelques  cristaux  d'où  j'ai  pu  extraire  un  liquide  doué  de 
l'odeur  des  amandes  amères.  Ce  liquide  était  en  trop  faible  quantité 
pour  être  analysé  ,  mais  il  est  évident  que  ce  doit  être  de  l'aldéhyde 
benzoique. 

»  Ainsi  donc,  comme  M.  Cahours,  j'ai  obtenu  dans  ma  réaction  de  l'es- 
sence d'amandes  amères  et  un  corps  chloré  ;  seulement,  lesquantités  respec- 
tives de  ces  deux  corps  étaient  renversées. 

•>  Je  me  suis  demandé  si  la  production  de  l'essence  d'amandes  amères 
dans  l'action  de  la  potasse  alcoolique  sur  le  toluène  bichloré  n'était  pas  su- 
bordonnée à  la  température.  Pour  m'en  assurer,  j'ai  mêlé  200  grammes  de 
toluène  bichloré  avec  une  solution  saturée  de  potasse  dans  l'alcool.  Le  mé- 
lange s'est  considérablement  échauffé.  Lorsque  la  température  a  paru  s'a- 
baisser, j'ai  porté  le  ballon  qui  le  contenait  dans  un  bain-marie,  et  j'ai  eu 
soin  de  le  faire  communiquer  avec  un  récipient  de  Liebig,  afin  que  l'alcool 
réduit  en  vapeurs  retournât  constamment  dans  le  ballon. 

»  Après  quatre  à  cinq  heures,  j'ai  évaporé  l'alcool  et  repris  par  l'eau  ; 
l'huile  qui  surnageait  a  été  distillée,  puis  agitée  avec  du  bisulfite  de  soude 
en  solution  très-concentrée.  Cette  fois,  je  n'ai  pu  obtenir  de  cristaux,  ou, 
du  moins,  je  n'en  ai  pas  obtenu  en  quantité  sensible. 

»  Comme  dans  mes  précédentes  expériences  j'avais  chauffé  à  i5o°,  j'ai 
dû  conclure  qu'à  une  basse  température  l'essence  d'amandes  amères  avait 


(  484  ) 

moins  de  tendance  à  se  former.  Néanmoins,  tous  mes  efforts  pour  transfor- 
mer le  chlorure  €9 H' 'Cl  Q  en  hydrure  de  benzoïde,  soit  par  l'action  ullé- 
rieure  de  la  potasse  alcoolique,  soit  par  l'oxyde  d'argent,  ont  échoué. 

»  Je  dois  ajouter  que  mes  expériences  confirment  celles  de  M.  Beilstein 
qui.  faisant  agir  la  potasse  alcoolique  sur  le  toluène  bichloré  et  ayant  re- 
cherché spécialement  l'essence  d'amandes  amères  dans  les  produits  de  la 
réaction,  n'y  en  a  pas  trouvé  la  moindre  trace. 

»  Après  cela,  doit-on  admettre  ou  non  l'identité  du  toluène  bichloré  et 
du  chlorobenzol?  Si  l'on  songe  que  l'identité  signalée  ici  ne  se  poursuit  pas 
dans  les  autres  séries,  ainsi  que  l'a  démontré  M.  Friedel,  on  sera  tenté  de 
nier  cette  identité.  II  est  cependant  certain  que  ce  n'est  là  qu'une  hypothèse 
qui  n'est  pas  démontrée.  J'ai  obtenu,  comme  M.  Cahours,  de  l'essence  d'a- 
mandes amères.  Peut-être  les  conditions  dans  lesquelles  nous  nous  sommes 
placé  (concentration  des  liqueurs,  température,  durée  de  l'expérience)  ont 
seules  été  cause  de  la  divergence  de  nos  résultats. 

»  Avant  de  terminer  cette  communication,  j'entretiendrai  l'Académie 
d'une  nouvelle  observation  que  j'ai  faite  sur  le  toluène  trichloré. 

»  Après  que  j'eus  démontré  que  ce  corps  se  transforme  en  acide  benzoïque 
par  l'action  des  alcalis,  je  fus  conduit  à  penser  qu'il  était  identique  avec 
un  composé  de  même  formule  que  MM.  Schischkoff  et  Roling  avaient  ob- 
tenu en  faisant  réagira  2000  le  perchlorure  de  phosphore  sur  le  chlorure  de 
benzoïde. 

m  Pour  m'en  assurer,  j'ai  chauffé  du  toluène  trichloré  pendant  plusieurs 
jours  avec  de  l'eau  à  la  température  de  2000;  il  ne  s'est  pas  produit  d'acide 
benzoïque. 

»  MM.  Schischkoff  et  Roling  ayant  annoncé  au  contraire  que  leur  chlo- 
rure se  transforme  déjà  en  acide  benzoïque  lorsqu'on  le  chauffe  à  i5o°  avec 
de  l'eau,  il  est  évident  que  le  corps  qu'ils  ont  décrit  et  le  toluène  trichloré 
ne  sont  pas  identiques. 

»  Ce  fait,  que  les  dérivés  chlorés  du  toluène,  quoique  pouvant  se  trans- 
former en  acide  benzoïque,  sont  isomères  et  non  identiques  avec  les  com- 
posés de  même  formule  qu'on  prépare  directement  au  moyen  de  l'acide 
benzoïque,  viendrait  à  l'appui  de  l'hypothèse  que  j'ai  faite,  et  d'après  la- 
quelle on  cesserait  d'admettre  l'identité  du  toluène  bichloré  et  du  chloro- 
benzol, bien  que,  dans  une  foule  de  réactions,  le  toluène  bichloré  se  trans- 
forme en  hydrure  de  benzoïle. 

»  Une  autre  remarque  qui  appuierait  cette  manière  de  voir,  c'est  que 
jamais  le  toluène  bichloré,  abandonné  à  l'air,  ne  se  transforme  en  acide 


(  485  ) 
benzoïqiie,  tandis  que  dans  ce  cas  M.  Cahours  a  vu  le  chlorobenzol  subir 
cette  métamorphose.  Donc,  en  résumé,  la  production  de  l'hydrure  de 
benzoïle  au  moyen  de  la  potasse  alcoolique  et  du  toluène  bichloré  est  faible 
dans  les  conditions  où  je  me  suis  placé.  Ces  conditions  s'expliquent  si  l'on 
cesse  d'admettre  l'identité  du  toluène  bichloré  et  du  chlorobenzol,  hypo- 
thèse que  justifient  plusieurs  observations,  mais  qu'on  ne  peut  encore  ad- 
mettre que  sous  toutes  réserves.  » 

ANTHROPOLOGIE.  —  Mémoire  sur  la  question  des  alliances  consanguines; 

pur  M.  Bo.vxafoxt. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Andral,   Rayer,   Bienaymé.) 

L'auteur,  en  terminant  son  Mémoire,  l'a  résumé  dans  les  termes  suivants 
qui  font  suffisamment  connaître  le  point  de  vue  auquel  il  s'est  placé  : 

«   Des  considérations  qui  précèdent,  on  peut  conclure  : 

»  i°  Que  les  mariages  consanguins  ont  été  considérés  de  tout  temps  et 
par  tous  les  peuples  comme  nuisibles  au  perfectionnement  des  races; 

»  i°  Que  leur  prohibition  a  été  de  tout  temps  proclamée  par  les  lois  ci- 
viles et  celles  de  la  religion  ; 

»  3°  Que  les  unions  consanguines  agissant  très-probablement  autant 
sur  les  autres  appareils  que  sur  celui  de  l'audition,  les  relevés  de  la  surdi- 
mutité ne  peuvent  donner  que  des  renseignements  curieux  sur  un  des  côtés 
de  la  question,  mais  ne  sauraient  constituer  un  argument  sérieux  en  faveur 
d'une  solution  depuis  longtemps  reconnue  et  proclamée; 

»  4°  Que  les  documents  qui  existent  sont  suffisants  pour  prouver  les 
mauvais  effets  des  mariages  consanguins,  et  pour  faire  sentir  toutes  les 
nécessités  des  mesures  prises  ou  à  prendre  à  l'égard  de  ces  sortes  d'unions.» 

M.  Pouillet  présente  la  description  et  la  figure  d'un  manomètre  à  sifflet, 
de  l'invention  de  M.  Declieu. 

(Renvoi  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.   Pouillet 

et  Combes.) 

M.  Tkideau  donne  quelques  détails  sur  la  manière  d'administrer  dans  la 
diphthérie  le  copahu  et  le  styrax.  Dans  une  précédente  communication 
sur  le  même  sujet  (9  février  1 863),  son  nom,  par  suite  d'une  signature 
peu  lisible,  avait  été  écrit  Trklan. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  >1M.  Andral,  Bernard.) 

C.  R.,   |863,   i"Semestre.    (T.  LVI,  N°   11.)  64 


(  486) 

M.  Saurel  adresse  une  addition  a  sa  Note  «  sur  la  quantité  d'air  néces- 
saire à  la  respiration  durant  le  sommeil  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Payen,  Longet.) 

M.  Potier  soumet  au  jugement  de  l'Académie  des  considérations  sur  les 
tumeurs  blanches  et  les  affections  scrofuleuses  en  général. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  J.  Cloquet,  Jobert  de  Lamballe.) 

M.  Lemaire,  dans  une  Note  qui  se  rattache  à  celle  qu'il  avait  précédem- 
ment adressée  sur  des  moyens  propres  à  rendre  les  divers  tissus  incapables 
de  s'enflammer,  s'attache  à  faire  ressortir  les  avantages  qui  résulteront  d'une 
large  application  de  ces  sortes  de  préparations. 

(Commissaires  précédemment  nommés:    MM.  Payen,  Velpeau,  Rayer.) 

CORRESPONDANCE. 

AI.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Tigri,  un 
opuscule  écrit  en  italien  et  ayant  pour  titre  :  «  Des  effets  du  pus  et  de  la 
sanie  gangreneuse  sur  le  sang  circulant  dans  les  vaisseaux  ■>.  En  adressant 
cet  écrit  à  l'occasion  des  dernières  communications  qui  ont  été  faites  à  l'A- 
cadémie sur  l'infection  purulente,  l'auteur  s'est  proposé  de  rappeler  que 
dès  l'année  1849  son  attention  s'était  portée  sur  les  désordres  qui  recon- 
naissent une  semblable  cause.  La  Note  est  terminée  par  le  paragraphe  sui- 
vant :  «  Ce  qui  vient  d'être  exposé  suffit  pour  montrer  que  l'action  exercée 
sur  le  sang  par  un  liquide  formé  dans  l'organisme  même  est  tout  à  fait  com- 
parable à  l'action  d'un  poison  et  souvent  d'un  poison  mortel.  Le  médecin 
doit  donc  s'attacher  à  reconnaître  les  maladies  dans  lesquelles  entre  pour 
cause  cet  agent  toxique  et  employer  sans  perte  de  temps  les  moyens  que 
peut  lui  offrir  la  science  pour  en  paralyser  les  effets.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  également  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Heivé-Mangon,  un  exemplaire  d'un  ouvrage  intitulé  :  >■  Expériences  sur 
les  eaux  d'irrigation  sous  divers  climats  ». 

Et  au  nom  de  M.  Netter  un  opuscule  ayant  pour  titre  :  n  Des  cabinets 
ténébreux  dans  le  traitement  de  l'héméralopie  ». 

AI.  le  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  transmet  une 
Lettre  de  M.  Àmerigo  Barberi  qui  demande  qu'un  ouvrage  précédemment 
adressé  par  lui  et  ayant  pour  titre  :  «  La  Science  nouvelle  de  l'harmonie  des 


(  487  ) 
sons...    »,  soit  examiné  par  une  Commission   composée  de   Membres  de 
l'Académie  des  Sciences  et  de  l'Académie  des  Beaux-Arts. 

MM.  PouilletetFizeau  sont  désignés  pour  faire  partie  decette  Commission. 

«   M.  Chasles  fait  hommage  à  l'Académie,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  L. 

Cremona,  professeur  de  Géométrie  supérieure  à  l'université  de  Bologne,  d'un 
Mémoire  intitulé  :  lntroduziont  ad  un  a  Teoria  geometrica  délie  curve  piane. 
Bologna,  j  862.  Dans  ce  travail,  qui  fait  partie  du  tome  XII  des  Mémoires  de 
l'Académie  des  Sciences  de  l'Institut  de  Bologne,  M.  Cremona  démontre,  par 
de  simples  considérations  de  géométrie,  et  avec  une  facilité  et  une  rapidité 
remarquables,  les  propriétés  des  courbes  d'un  ordre  quelconque,  qui  pa- 
raissent devoir  être  la  base  d'une  théorie  étendue  de  ces  courbes. 

»  Les  géomètres  liront  avec  intérêt  surtout  un  paragraphe  relatif  aux 
courbes  polaires,  où  se  trouvent,  avec  beaucoup  d'autres  propositions 
empruntées  de  divers  auteurs,  toujours  cités  très-fidèlement,  les  beaux 
théorèmes  que  M.  Steiner  a  énoncés  sans  démonstration,  il  y  a  quelques 
années,  dans  le  Bulletin  des  séances  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Berlin.  » 

ANTHROPOLOGIE.  —  Baces  humaines  de  la  Perse;  par  M.  Duhoitsset. 

En  présentant  ce  travail,  M.  de  Quatrefages  s'exprime  ainsi  : 

«  M.  le  commandant  Duliousset,  envoyé  en  Perse  pour  contribuer  à  l'in- 
struction militaire  des  armées  du  Schah,  a  employé  ses  loisirs  d'une  manière 
dont  doivent  lui  savoir  gré  tous  les  amis  de  la  science.  A  la  fois  sculpteur  et 
dessinateur,  il  a  appliqué  ses  talents  à  l'étude  de  quelques  animaux  domes- 
tiques, du  chameau  et  du  cheval  surtout.  Il  s'est  en  outre  occupé  d'une 
manière  toute  spéciale  des  races  humaines.  Je  n'entretiendrai  l'Académie 
que  de  ces  dernières  recherches. 

»  Les  études  anthropologiques  de  M.  Duliousset  ont  porté  sur  huit  popu- 
lations distinctes,  savoir  :  les  anciens  Persans,  représentés  encore  par  les 
Guèbres  et  les  Parsis;  les  Tadjiks  et  les  Iliates;  les  Turcomans,  les  Kurdes, 
les  Afghans,  les  Bakhtyaris,  les  Beloudjes  et  les  Arians  Indiens. 

»  Chacun  de  ces  groupes  est  représenté  dans  le  travail  de  M.  Duliousset 
par  de  nombreux  dessins  reproduisant  les  traits  de  l'homme  et  ceux  de  la 
femme.  Ces  dessins,  exécutés  par  un  homme  instruit,  et  dans  un  but  scien- 
tifique, ont  une  valeur  tout  autre  que  ceux  qu'aurait  pu  faire  un  artiste 
ordinaire,  possédant  même  un  talent  supérieur,  mais  étranger  aux  questions 
anthropologiques.  Aussi  est-il  vivement  à  désirer  que  cette  belle  suite  de 
dessins  soit  publiée.  Si  ce  vœu  n'est  pas  exaucé,  nous  savons  au  moins 

64.. 


(  m  ) 

qu'elle  entrera  dans  quelqu'un  de  nos  établissements  publics.  Le  Ministre 
de  l'Instruction  publique  et  le  Ministre  d'État  viennent  d'en  faire  l'acqui- 
sition, et  je  n'hésite  pas  à  ajouter  que  sa  place  naturelle  serait  à  côté  des 
vélins  où  le  Muséum  fait  représenter  depuis  tant  d'années  les  animaux  et  les 
plantes  les  plus  remarquables  de  ses  collections. 

»  Mais  M.  Duhousset  ne  s'est  pas  borné  à  nous  rapporter  l'iconographie 
remarquable  que  je  viens  d'indiquer,  et  dont  l'Académie  peut  juger  par 
elle-même.  Dans  le  Mémoire  que  je  dépose  au  nom  de  l'auteur,  il  a  donné 
avec  détail  les  caractères  de  chacune  des  races  mentionnées  plus  haut,  et 
ajouté  des  dessins  à  la  plume  reproduisant  les  formes  typiques  du  crâne  qui 
leur  sont  propres.  Ces  croquis  sont  accompagnés  de  nombres  indiquant  les 
moyennes  des  mesures  prises  par  M.  Duhousset.  La  plus  grande  circon- 
férence horizontale  de  la  tète,  la  demi-circonférence  verticale,  le  diamètre 
antéro-postérieur,  et  le  diamètre  transversal,  ont  été  pour  chaque  race  et 
pour  les  principales  variétés  de  chacune  d'elles  l'objet  de  mesures  rigou- 
reuses. Cette  partie  du  travail  de  M.  Duhousset  comble  des  lacunes  réelles 
dans  l'histoire  des  races  asiatiques,  et  en  publiant  le  résultat  de  ses  recher- 
ches, l'auteur  rendra  à  l'anthropologie  un  service  très-sérieux.   » 

CRISTALLOGRAPHIE.  —  Note  sur  les  formes  cristallines  et  sur  les  propriétés 
optiques  biréfringentes  du  castor  et  du  pétalite ;  par  M.  Des  Cloizeaux. 
(Présenté  par  M.   Ch.  Sainte-Claire  Deville.  ) 

«  M.Gustave  Rose  a  fait  voir,  il  y  a  quelques  années  (Pogc/endoiJJ's 
Annalen  de  i85o,  vol.  LXXIX),  que  le  castor  de  l'ile  d'Elbe,  décrit  par 
M.  Breithaupt  comme  une  nouvelle  espèce  minérale,  devait  être  réuni  au 
pétalite  dont  il  possède  les  deux  clivages  principaux,  avec  une  densité  un 
peu  moindre  et  une  composition  chimique  à  peine  différente.  Seulement 
l'imperfection  et  la  rareté  des  échantillons  connus  jusqu'ici  n'avaient  pas 
encore  permis  de  décider  quel  était  leur  type  cristallin.  L'opinion  la  plus 
généralement  admise  était  que  le  pétalite  appartenait  au  système  du  prisme 
doublement  oblique,  tandis  que  d'après  M.  Breithaupt  le  castor  présentait 
la  symétrie  propre  au  prisme  rhomboïdal  oblique. 

»  J'ai  eu  récemment  l'occasion  d'examiner  un  certain  nombre  de  cris- 
taux de  castor  de  l'île  d'Elbe,  et  je  suis  parvenu  à  déterminer  exactement 
leurs  formes  cristallines  et  leurs  propriétés  optiques  biréfringentes.  Les 
résultats  que  j'ai  obtenus  sur  ces  cristaux  et  ceux  que  m'a  fournis  le  pétalite 
d'Uto  confirment  pleinement  la  réunion  proposée  par  M.  G.  Rose,  tout  en 
maintenant    l'exactitude    de    la    remarque   cristallographique    faite    par 


(  489) 
M1.  Breithaupt.  Ils  montrent  de  plus  une  relation  curieuse  et  inattendue 
entre  le  pétalite  et  le  triphane,  ces  deux  substances  restant  d'ailleurs  des 
espèces  parfaitement  distinctes. 

«  On  peut  choisir,  pour  forme  primitive  du  castor,  un  prisme  rhomboidal 
oblique  de  87°2o'.  Si  l'on  compare  ses  dimensions  et  les  incidences  de  ses 
modifications  avec  celles  du  triphane,  on  trouve  : 

Castor.  Triphane. 

b  :  h  ::  iooo  :  487,099        1000  :  422,44 

Angle  plan  de  la  base =   8i°5o'  58"  83°  19'  38" 

Angle  plan  des  faces  latérales.  =  ro6°  45' 26"  io5°    2' 45" 

O  i  O         f 

87     o  en  avant. 
1 36 . 3o 


mm 

=    87   20 

m  g' 

= i36.5o 

g' g' 

= i54-52 

po' 

= 1 54 . 26 

P<>* 

=  I49-   7 

p  °~ 

= i4' -23 

ph< 

= I 12.26 

pa*  adjacente 

=   9023 

pe1' 

=  126.   2 

i3o 

.   0 

t4o. 

.   0 

90. 

0 

io3. 

5o 

10.20  en  avant. 


c'g<  =i43. 58 

!    pg<  =     90.     O 

pm- antérieure  =io5.   8 

e1  m  antérieure  =  1 38.    1  i35ii 

»   Les  cristaux  cpie  j'ai  observés  offrent  diverses  combinaisons  de  formes 

X      _L 

dont  les  plus  habituelles  et  les  plus  développées  sont  :  [>,  o'2,  fi4,  m,  g1  ;    ils 

sont  ordinairement  aplatis  suivant  g1.  Les  faces  de  la  zone  p  o2  h'  sont  seules 
unies  et  miroitantes;  toutes  les  autres  sont  fortement  cannelées  et  souvent 
comme  corrodées.  On  voit,  par  le  tableau  précédent,  que  dans  les  trois 
zones  dont  les  axes  sont  respectivement  parallèles  à  l'axe  vertical,  a  la  dia- 
gonale horizontale  et  à  la  diagonale  inclinée  de  la  base,  le  castor  et  le  tri- 
phane possèdent  des  formes  semblables  et  dont  les  angles  correspondants 
ont  des  valeurs  très-rapprochées;  mais  il  existe  dans  chacun  de  ces  miné- 
raux un  certain  nombre  de  modifications  cpii  n'ont  pas  encore  été  rencon- 
trées dans  l'autre.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  les  considérer  comme  gèntné- 


(  49°  ) 
triquement  isomorphes  ou  comme  plésiomorphes.  Ils  présentent,  au  contraire, 
dans  la  direction  de  leurs  clivages,  dans  leurs  densités  et  dans  leurs  pro- 
priétés optiques  biréfringentes,   des  différences  aussi  tranchées  que  dans 
leur  constitution  chimique.  En  effet,  les  clivages  faciles  ont  lieu  dans  le 

castor  parallèlement  à  ses  faces  p  et  o2,  et  dans  le  triphane  suivant  les 
plans  h*  et  m;  la  densité  du  castor  varie  de  2,382  à  2,401,  celle  du  tri- 
phane de  3,i  à  3,2;  enfin,  dans  le  castor,  le  plan  des  axes  optiques  et  leur 
bissectrice  aiguë  positive  sont  perpendiculaires  au  plan  de  symétrie,  tandis 
que  dans  le  triphane  le  plan  des  axes  est  parallèle  au  plan  de  symétrie  et  que 
la  bissectrice  aiguë  positive  fait  un  angle  d'environ  5°  4o' avec  une  normale  à 
la  base  et  un  angle  de  64°  avec  une  normale  à  h*  antérieure  (1).  J'ai  trouvé 
pour  les  constantes  optiques  du  castor  les  nombres  suivants  : 

/  92°3o'  avec  une  normale  à.  p, 
Le  plan  des  axes  rouges  )  1 

fait   des  angles  d'environ      53°53'  avec  une  normale  à»!", 

I  24° 2^'  avec  une  normale  à  A'. 

I  g3°   4'  avec  une  normale  à  y», 
Le  plan  des  axes  bleus  )  1 

fait  des  angles  d'environ  j  54°27'  avec  une  normale  à  o; , 

\  25° 3o'  avec  un  normale  à  h'. 

»  L'écartement  apparent  dans  l'huile  et  l'écartement  réel  qu'on  en  déduit 
a  l'aide  de  l'indice  moyen  mesuré  sur  un  prisme  dont  l'arête  réfringente 
est  à  très-peu  près  perpendiculaire  au  plan  des  axes,  sont  : 

2H  =  86°27'3o"      2V  =  83°26'      (5=  1,5078  rayons  rouges, 

2H  =  86° 3o'  3o"      2V  =  83° 34'      p  =  1 ,5og6  rayons  jaunes  (alcool  salé), 

2H  =  86°42'  2V=83°58'       p=  1 ,5i8o  rayons  bleus. 

»  La  double  réfraction  est  énergique.  La  dispersion  des  axes  optiques 
est  très-faible;  toutefois  les  bordures  des  hyperboles  annoncent  bien  p  <  v. 
La  dispersion  croisée ,  indiquée  par  la  mesure  directe  de  l'orientation  du 
plan  des  axes,  est  également  assez  peu  sensible  pour  ne  produire,  sur  les 
couleurs  des  courbes  isachromatiques  vues  dans  l'huile,  aucune  dissvmé- 
trie  appréciable. 

»  Le  castor,  par  sa  transparence  parfaite  en  lames  minces,  se  prête  beau- 
coup mieux  à  des  observations  optiques  rigoureuses  que  le  pétalite  d'Uto, 
toujours  plus  ou  moins  laiteux.  J'ai  cependant  pu  constater  sur  cette  der- 
nière variété  :   que   le  plan  des  axes  optiques  est,  comme  dans  le   castor, 

(1)  Voy.   Manuel  de  Minéralogie,  par  M.  Des  Cloizeaux;  Ier  vol.,  p.  35i. 


(  49«  ) 
presque  exactement  parallèle  à  l'un  des  deux  clivages  faciles  qui  se  coupent 
sous  l'angle  de  i4i°;  que  la  bissectrice  aiguë  positive  est  parallèle  à  l'arête 
d'intersection  de  ces  deux  clivages;   que  l'écartement  apparent  des  axes 
optiques  vus  dans  l'huile  est 

2 H  :=  86°24'  rayons  rouges,       86"28'  rayons  jaunes,       86"43'  rayons  bleus, 

et  que  leur  dispersion  propre,  ainsi  que  la  dispersion  croisée,  est  à  peine 
appréciable  par  les  couleurs  des  anneaux.  Il  y  a  donc  identité  complète 
entre  les  caractères  optiques  du  pétalite  et  ceux  du  castor.  Quant  à  la  com- 
position des  deux  substances,  elle  ne  présente  que  des  différences  très-mi- 
nimes, et  l'examen  au  spectroscope  accuse  même  dans  le  castor  la  présence 
de  la  soude  qui  avait  échappé  à  l'analyse.  Les  résultats  numériques  que 
M.  Rammelsberg  a  obtenus  en  analysant  le  pétalite  d'Uto  sont  presque 
identiques  à  ceux  que  le  castor  de  l'île  d'Elbe  a  fournis  à  M.  Plattner  ;  leur 
interprétation  a  seule  donné  lieu  à  quelques  divergences,  et  tandis  que 
MM.  G.  Rose  et  Rammelsberg  proposent  d'adopter,  entre  les  quantités 
d'oxygène  contenues  dans  les  éléments  constituants  du  pétalite,  les  rapports 

R  :  Ai  :  Si  :  :  i  :  4  :  1 8, 

M.  Plattner  admet  pour  le  castor  i  :  6  :  27.  Or,  d'après  l'identité  qui  existe 
entre  les  propriétés  physiques  de  ces  deux  variétés,  et  d'après  l'isomoi  - 
phisme  géométrique  que  je  viens  de  signaler  entre  le  castor  et  le  triphane 
pour  lequel  on  a 

lA  :  ai  :  Si  :  :  i  :  /j  :  i  o , 

il  me  semble  hors  de  doute  que  la  véritable  formule  du  pétalite  et  du  castor 
est  celle  de  Rerzélius  , 

Li3,  Al\  Si30, 
basée  sur  les  rapports  1  '.  4  '.  20.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  mercuraniles;  par  M.  H.  Schiff. 

«  Dans  un  premier  Mémoire,  je  me  suis  occupé  des  métalaniles  du  zinc, 
du  cadmium,  du  cuivre  et  de  l'étain.  Aujourd'hui  je  demande  la  permission 
de  soumettre  à  l'Académie  quelques  détails  sur  les  métalaniles  formés  par  le 
mercure. 

!€fi  H5) 
„   ,.,[■>  NO3  s'obtient  en  forme  d'un  pré- 
HgrPj 

cipité  blanc,  si  l'on  verse  de  l'aniline  dans  une  solution  de  nitrate  mer- 

curique.  La  poudre  devient  cristalline,  si  elle  est  mise  en  digestion,  encore 


(  49*  ) 
humide,  avec  de  l'acide  nitrique  froid  et  étendu.  On  obtient  de  petites 
feuilles  brillantes,  si  l'on  se  sert  d'une  solution  de  nitrate  légèrement  aci- 
dulée, ou  si  la  solution  mercurique  neutre  est  ajoutée  goutte  a  goutte  à  une 
solution  acidulée  de  nitrate  d'aniline.  Dans  tous  ces  cas  il  se  forme  le  même 
composé  et  point  de  sel  double.  Le  sel  est  inaltérable  à  l'air,  et  un  peu  so- 
luble  dans  de  l'acide  nitrique  étendu.  Cette  solution  se  prête  à  la  double 
décomposition. 

»  Chauffé  avec  de  l'eau,  le  sel  cède  du  nitrate  d'aniline  et  se  transforme 
en  une  poudre  dense  et  cristalline  blanche,  qui  représente  le  nitrate  de  di- 

mercuranile  N  jftTj!!'  NOs  +  iHsO. 

n  Ce  dernier  sel,  délayé  pendant  quelques  jours  dans  une  grande  quan- 
tité d'eau  bouillante,   cède  de  nouveau  du  nitrate  d'aniline,  et  se  trouve 

ÎGC  H5) 
,t  »    I'  N03HsO.   Chauffé 
Hg     ) 

encore  avec  de  l'eau  pendant  huit  jours,  ce  dernier  composé  n'éprouve  plus 
d'altération. 

«  On  voit  bien  que  les  trois  sels  que  nous  venons  de  décrire  correspon- 
dent aux  sels  des  mercuramines;  mais  ce  ne  sont  pas  seulement  les  formules, 
ce  sont  aussi  les  propriétés  qui  correspondent;  le  mercure  ne  peut  être  dé- 
celé par  les  réactifs  ordinaires,  et  à  l'analyse  l'hydrogène  sulfuré  a  été  le  seul 
moyen  de  décomposer  les  sels. 

»  Aussi  le  protonitrate  de  mercure  se  combineavec  l'aniline  et  forme  un 

(G6  H5| 
nitrate  de  mercurosanile  N  j  ?  KO3,   poudre  cristalline  blanche,  très- 

facilement  décomposée  par  une  faible  élévation  de  température,  sous  réduc- 
tion de  mercure. 

»  Une  combinaison  d'équivalents  égaux  d'aniline  et  de  sublimé  corrosif  a 
déjà  été  obtenue  par  Gerhardt.  J'ai  préparé  ce  composé,  que  jeregarde  comme 

[G6  H5) 
le  chlorhydrate  de  mercuranile  N  )        ■    [Cl,  en  mélangeant  les  solutions 
J  /  Hg  H-  )  ° 

alcooliques  des  constituants,  et  j'ai  pu  vérifier  les  propriétés  signalées 
par  Gerhardt.  En  outre,  j'ai  trouvé  que  le  sel  sec,  chauffé  à  l'abri  de  l'air 
à  ioo°,  se  décompose  en  fournissant  de  la  fuchsine.  Dans  la  préparation  de 
la  fuchsine  par  le  bichlorure  de  mercure,  notre  sel  est  toujours  la  combi- 
naison intermédiaire,  et  elle  se  décompose  d'après  l'équation  que  j'ai  donnée 
pour  le  chlorhydrate  de  stannicanile. 

»  Le  protochlorure   de  mercure,  même  à  ioo°,  ne  se  combine  pas  avec 


v  493  ) 

l'aniline.  A  i5o°,  il  y  a  formation  de  fuchsine,   tandis  que  le  mercure  est 

réduit.  Le  deutoxyde  de  mercure  ne  se  combine  pas  non  plus  directement 

avec  l'aniline. 

»  L'iodhydrate  de  mercuranile  forme  de  petites  feuilles  jaunâtres,  qui 

peuvent  être  obtenues  par  double  décomposition  avec  le  nitrate.  A  ioo°  le 

sel  sec  forme  de  la  matière  colorante  rouge.  Le  cyanhydrate  de  mercuranile 

(  Ge  H5  ) 
Nj  Cy  cristallise  en  longues  aiguilles  magnifiques,  si  l'on  ajoute  de 

l'aniline  à  une  solution  aqueuse  chaude  de  cyanure  de  mercure.  Par  le  re- 
froidissement le  liquide  se  trouble,  mais  tout  à  coup  le  trouhle  laiteux  dis- 
paraît et  le  liquide  se  trouve  rempli  d'aiguilles.  Les  propriétés  du  sel  nous 
donnent  une  explication  de  ce  phénomène  curieux.  Le  sel  fond  très-faci- 
lement, et  déjà  à  8o°  il  se  décompose  en  aniline  et  en  cyanure  de  mercure. 
Or,  la  solution  saturée  bouillante  contient  du  cyanure  de  mercure  et  de 
l'aniline  non  combinés.  A  une  température  où  la  combinaison  ne  peut  pas 
encore  exister,  l'aniline  se  sépare  et  occasionne  le  trouble  laiteux.  Par  un 
abaissement  continu  de  température  le  cyanure  se  dépose,  mais  au  moment 
de  la  séparation  il  se  combine  avec  l'aniline  délayée  dans  le  liquide,  et  le 
trouble  disparaît.  On  voit  bien  qu'on  a  ici,  dans  des  limites  très-étroites  de 
température,  le  même  phénomène  de  dédoublement  (dissociation)  et  de  re- 
composition qu'on  a  observé  pour  des  hautes  températures,  pour  des  corps 
réduits  en  vapeur.  Le  cyanhydrate  n'est  attaqué  ni  par  les  alcalis,  ni  par  le 
bi-iodure  de  potassium.  Il  ne  fournit  point  de  matière  colorante. 

»  Dans  un  prochain  Mémoire  je  donnerai  quelques  détails  sur  la 
décomposition  des  nitrates  de  mercuranile  par  la  chaleur,  et  sur  la  théorie 
générale  de  la  formation  de  l'azaléine.   » 

PUYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  d'analyse  spectrale; 
Noie  de  M.  P.  Volpicelli. 

«  Moyennant  l'appareil  Drummond  pour  la  lumière,  construit  par 
M.  Duboscq,  avec  les  perfectionnements  apportés  par  M.  H.  Debray  (i), 
et  en  m'aidant  soit  du  gaz  d'éclairage,  soit  du  gaz  hydrogène  pur,  j'ai 
reconnu  que  la  lumière  Drummond  présente  un  spectre  discontinu.  Ce 
résultat  expérimental,  que  j'ai  pu  vérifier  plusieurs  fois,  ne  s'accorde  pas 
avec  le  résultat  indiqué  dans  le  Précis  d'analyse  chimique  qualitative,  2e  édi- 
tion, Paris,  1862,  où  à  la  page  690  on  lit  :  «  La  lumière  Drummond,  dont 

(1)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  LXV.  Juillet   1862,  p.  33i. 
C.  R.,  i8G3,  \"  Semcstie.  (T.  LVI,  N°  H.)  65 


(  494  ) 
»  le  spectre  est  continu,  est  entièrement  dépourvue  de  raies  brillantes  ou 
»  obscures.  »  Un  pareil  résultat  est  également  en  contradiction  avec  ce 
cpion  lit  dans  un  Cours  élémentaire  de  physique,  Paris,  1862,  où  à  la 
page  726  il  est  écrit  :  «  Si  l'on  remplace  la  lampe  à  gaz  par  la  lumière  de 
»  Drummond,  que  l'on  obtient  en  projetant  sur  la  chaux  un  jet  enflammé 
»  de  gazoxybydrogène,  on  n'aperçoit  clans  la  partie  jaune  du  spectre  ni  raie 
»  brillante,  ni  raie  obscure.   » 

»  A  cette  occasion,  j'ai  fait  des  recherches  plus  étendues  sur  les  raies 
que  l'on  obtient  par  le  spectre  de  substances  calcaires  diverses,  avec  la 
même  lumière.  Dans  tous  les  spectres  obtenus  au  moyen  de  ces  minéraux, 
j'ai  vérifié  ce  qu'affirme  M.  Bunsen  sur  les  raies  appartenant  au  spectre  du 
calcium  (1);  seulement,  j'ai  aperçu,  dans  le  bleu  correspondant  à  la  divi- 
sion 186  de  l'échelle  millimétrique  du  spectroscope,  une  ligne  dont  il  ne 
fait  pas  mention.  Cela  s'accorde  avec  la  Note  de  M.  L.  Grandeau  (2),  quand 
il  dit  que  le  spectre  de  la  chaux  présente  dans  le  bleu  une  raie  située  entre 
la  raie  bleue  Sr<?  du  strontium  et  la  raie  violette  du  potassium. 

»  Pour  mieux  préciser  la  position  de  l'échelle,  nous  signalerons  une  fois 
pour  toutes  que  nous  avons  mis  la  division  100  sur  la  raie  D  du  spectre 
solaire,  de  manière  que  l'échelle  croissante  s'étendait  vers  la  partie  la  plus 
réfrangible  du  spectre. 

»  J'ai  expérimenté  en  particulier  sur  cinq  minéraux  de  chaux,  savoir  : 
i°  sur  les  petits  cylindres  de  chaux  envoyés  de  Paris  avec  l'appareil  pour 
la  lumière  Drummond;  i°  avec  la  chaux  vive  communément  employée  par 
les  fabriques  provenant  des  carrières  de  Monticelli,  près  de  Tivoli;  3°  avec 
le  travertin  commun  des  carrières  de  Tivoli;  4°  avec  le  marbre  statuaire  de 
Carrare;  5U  avec  un  plâtre  d'origine  inconnue. 

»  Ce  que  montrèrent  de  commun  les  spectres  de  ces  cinq  minéraux  se 
peut  résumer  comme  suit.  En  commençant  par  la  région  la  moins  réfran- 
gible du  spectre,  on  trouve  à  la  division  G5  une  ligne  rouge,  visible  avec 
tous  les  minéraux  indiqués,  quoique  très-faible  dans  quelques  exemplaires. 
Cette  raie,  qui  coïncide  avec  l'A  du  spectre  solaire,  n'appartient  pas  au  cal- 
cium, même  suivant  les  spectres  de  M.  Bunsen  (3);  mais  elle  coïncide,  sui- 
vant les  mêmes  dessins,  avec  la  Ka  .  a  du  kalium,  ou  moins  exactement  avec 
la  Bb.  y  du  rubidium.  La  seconde  raie,  elle  aussi  assez  faible,  était  rouge  et 

(1)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  LXII,  p.  ^6S. 

(2)  ld.,  p.  4(iy. 

(3)  Zd.,%,  LXII,  PL  II. 


(495) 
coïncidait  avec  la  division  82  de  l'échelle.  Cette  ligne  non  plus,  selon  ces 
dessins,  ne  peut  appartenir  au  calcium,  car  le  spectre  du  calcium  ne  s'étend 
pas  au  delà  de  la  division  85  ;  mais  la  ligne  en  question  coïncide  avec  la 
Li .  a  du  lithium  :  cette  raie  aussi  était  quelquefois  très-faible.  La  bande  sui- 
vante, également  rouge,  placée  sur  la  division  85,  était  si  large,  qu'elle  attei- 
gnait à  la  ligne  87;  puis  on  en  voyait  une  autre  entre  le  rouge  et  l'orangé, 
s'étendant  de  la  division  90  à  la  division  95.  Les  deux  dernières  lignes,  très- 
vives,  appartiennent  au  calcium.  Sur  la  division  100  se  trouve  une  double 
ligne  jaune  brillante,  qui  appartient  au  n atrium  et  qui  se  présente  dans 
tous  les  spectres  :  il  est  très-difficile  de  s'en  débarrasser,  ainsi  que  l'ont 
observé  plusieurs  physiciens.  Nous  reviendrons  une  autre  fois  sur  cette 
double  raie.  Une  ligne  verte  très-vive  s'étendait  depuis  1 10  jusqu'à  1 12,  et 
celle-ci  appartient  aussi  au  calcium.  On  vit,  comme  nous  l'avons  déjà  dit 
plus  haut,  une  ligne  bleue  coïncidant  avec  la  division  1 86,  qui  doit  pareille- 
ment être  attribuée  au  calcium.  Cette  ligne  variait  beaucoup  d'intensité  dans 
les  divers  minéraux;  mais  elle  ne  manquait  jamais.  Enfin  on  a  vu  quelquefois 
dans  la  lumière  des  petits  cylindres  de  chaux  une  raie  très-faible  sur  la 
division  2o5  dans  l'extrême  violet.  Cette  ligne  semble  coïncider  avec  la  Ka.jS 
du  kalium.  En  outre  on  a  vu,  dans  quelques-uns  des  calcaires  indiqués 
plus  haut,  diverses  raies  rouges  qui  pouvaient  impliquer  la  présence  du 
strontium. 

»  On  peut  conclure  des  observations  précédentes  que  la  raie  65  annonce 
la  présence  du  kalium.  Il  est  vrai  que  la  seconde  lignecaracteristiqueKa.fi 
de  ce  métal  ne  fut  aperçue  que  quelquefois  dans  la  chaux  des  petits  cylindres 
cités  plus  haut;  mais  ce  fait  doit  être  attribué  à  la  faiblesse  de  la  lumière 
dans  cette  partie  extrême  du  spectre.  La  raie  82,  toujours  plus  ou  moins 
visible,  est  due  à  la  présence  du  lithium;  et,  enfin,  la  raie  100  à  celle  du 
natrium. 

»  Nous  en  concluons  que  dans  les  cinq  substances  minérales  que  nous 
avons  soumises  à  l'analyse  spectrale,  il  paraît  que  l'on  doit  reconnaître  la 
présence  du  natrium,  du  kalium  et  du  lithium;  en  outre,  nous  doutons  de 
la  présence  du  strontium,  qui  cependant  nous  semble  très-probable  dans 
quelques-uns  de  ces  cinq  minéraux.    « 

M.  Gerbeault  adresse  de  Thouars  (département  des  Deux-Sèvres)  une 
Note  sur  la  construction  et  l'usage  d'un  instrument  d'arpentage  qu'il  dé- 
signe sous  le  nom  deTrigonomètre. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Babinet.) 


(  4ï)6  ) 

M\  Locazel  adresse  une  Note  sur  un  système  de  machines  à  vapeur  qui 
fonctionneraient,  suivant  lui,  avec  une  très-petite  dépense  de  combustible, 
utilisant  la  plus  grande  partie  de  la  chaleur  qui  se  perd  dans  les  systèmes 
ordinaires,  celle  qu'emporte  la  vapeur  projetée  dans  l'air  à  chaque  coup 
de  piston. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Clapeyron  qui  jugera  si  cette  Note  est  de  nature 
à  devenir  l'objet  d'un  Rapport.) 

M.  Roblet  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  laquelle  a  été  soumise  sa  Note  sur  le  magnétisme  terrestre. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  :  MM.  Duperrey  et  deTessan.) 

M.  Dessoye  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  ses  méthodes  de  calcul 
ft  les  principes  sur  lesquels  il  appuie  ces  méthodes. 

(Renvoi  à  M.  Rienaymé.) 
A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

M.  Serres  présente,  au  nom  de  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie, 
la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Maunoir  : 


M.  Rocisson,  à  Montpellier. 

M.  Ehrmann,  à  Strasbourg. 

M.   Eandouzy,  à  Rheims. 
3°  M.  Gintrac,  à  Rordeaux. 

4°  M.  Serre  (d'Uzès),  à  Alais. 


2°  Ex  œquo. 


M.  Cloquet  expose  les  titres  de  ces  candidats.  Ces  titres  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  F. 


fil 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  MARS  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  de  l'Institut  rappelle  que  la  prochaine  séance  trimes- 
trielle aura  lien  le  8  avril  prochain,  et  invite  l'Académie  des  Sciences  à  lui 
faire  connaître  en  temps  opportun  les  noms  des  Membres  qui  seraient  dis- 
posés à  faire  quelque  communication  dans  cette  séance. 

M.  Milne  Edwards  annonce  que  le  Musée  d'Histoire  naturelle  vient  de 
recevoir  un  Aurochs  vivant,  le  premier  qui  ait  été  vu  en  France  depuis  les 
temps  historiques. 

HISTOIRE  DES  MATHÉMATIQUES.  —  Appréciation  des  travaux  des  Savants  anté- 
rieurs à  la  création  de  l'Académie  des  Sciences.  —  DESARGUES  et  La  HlRE; 
par  M.  Piobert. 

«  La  création  de  l'Académie  des  Sciences,  en  1666,  facilita  beaucoup  les 
relations  des  savants  entre  eux,  et  fit  connaître  plus  généralement  la  part 
qui  revenait  à  chacun,  ainsi  que  nous  l'avons  exposé  dans  une  séance  pré- 
cédente; mais  les  travaux  des  savants  antérieurs  à  cette  époque  restèrent 
encore  souvent  l'objet  d'appréciations  faulives;  ce  n'est  qu'avec  le  temps 
que  ces  injustices  peuvent  être  réparées.  Nous  allons  en  rapporter  un 
exemple  qui  montre  que  ces  erreurs,  si  évidentes  qu'elles  soient,  ne  sont 
pas  toujours  relevées,  et  qu'elles  peuvent  se  propager  pendant  des  siècles. 

»   \j  Histoire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  année  1 7 1 8,  contient  l'éloge 

C.  R  ,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  12.)  66 


(  498  ) 
de  LaHire,  par  Fontenelle,  secrétaire  de  cette  Académie;  on  y  trouve,  p.  77, 
une  assertion  sur  des  relations  de  ce  savant,  qui  ne  peut  se  concilier  ni  avec  les 
dates,  ni  avec  les  faits  connus  ;  la  voici  :  «  Il  (  Philippe  de  la  Hire)  l'entreprit  (le 
»  voyage  d'Italie)  en  1660...;  à  Venise,.. .  il  s'appliqua  fortement  à  la  Géomé- 
»  trie,  et  principalement  aux  Sections  Coniques  d'Apollonius.  La  Géométrie 
»   commencaità  prévaloir  chez  lui....  Il  revint  au  bout  de  quatreans,... 

»  Étant  de  retour  ici,  il  continua  ses  études  géométriques  toujours  plus 
»  profondes  et  plus  suivies.  M.  Desargues,  qui  était  du  petit  nombre  des  ma- 
»  thématiciens  de  Paris,  et  M.  Bosse,  fameux  graveur,  avaient  fait  une  pre- 
»  mière  partie  d'un  Traité  de  la  coupe  des  pierres,  matière  alors  toute  nou- 
»  velle;  mais  quand  ils  voulurent  travailler  à  la  seconde  partie,  ils  sentirent 
»  que  leur  Géométrie  s'embarrassait,  et  ils  s'adressèrent  à  M.  de  la  Hire,  qui, 
»  dans  leur  besoin,  les  secourut  de  sept  Propositions  tirées  de  la  Théorie  des 
»  coniques.  M.  Bosse  les  fit  imprimer  en  1672  dans  une  brochure  in-folio. 
»   Ce  fut  par  là  que  M.  de  la  Hire  avoua  an  public  qu'il  était  géomètre.  » 

»  Une  partie  de  ce  passage,  qui  a  fait  dire  à  plusieurs  biographes  que 
»  La  Hire  rendit  des  services  à  Desargues  dont  il  termina  le  Traité  surin 
»  coupe  des  pierres,  »  est  complètement  inexacte;  car  ce  dernier,  qui  avait 
quarante-sept  ans  à  la  naissance  de  La  Hire,  quitta  Paris  à  une  époque  où 
celui-ci  n'avait  guère  que  huit  ans  (1),  et  ne  revint  depuis  lors  à  Paris  qu'une 
seule  fois  et  pour  très-peu  de  temps,  en  i658,  à  l'occasion  du  mariage  d'un 
neveu  qu'il  institua  son  héritier.  Il  ne  reprit  pas  les  travaux  qui  l'avaient 
occupé  pendant  qu'il  habitait  cette  ville,  à  cause  des  tracasseries  sans  nombre 
qu'ils  lui  avaient  attirées  depuis  la  mort  du  cardinal  de  Bicbelieu,  son  pro- 
tecteur, auquel  il  était  resté  attaché,  après  avoir  servi  sous  ses  ordres,  en 
qualité  d'ingénieur,  au  siège  de  La  Bochelle  (2).  La  Hire  n'avait  encore  que 
dix-huit  ans  en  i658,  et  venait  de  perdre  son  père,  Laurent  de  La  Hire, 
qui  avait  suivi  dans  le  temps  les  leçons  de  Desargues  sur  la  perspective;  ce 
ne  fut  que  plusieurs  années  après  la  mort  de  ce  savant  qu'il  revint  d'Italie. 


(  1  )  A.  Bosse,  Moyen  universel  de  pratiquer  la  Perspective  sur  les  tableaux,  nu  sur/aces  irre- 
gidières.  Paris,  i653,  p.  69  :  «  Ayant  écrit  à  M.  Desargues,  à  Lyon,  où  il  est  à  présent 
»   depuis  quelques  années > 

(2)  Dans  la  Vie  de  Descartes,  par  Baillet,  on  lit,  p.  1 55  et  l5-j  :  «  Le  siège  de  La  Rochelle 
»  étoit  déjà  fort  avancé  quand  M.  Descartes  y  arriva...  Il  ne  se  contenta  pas  d'en  repaître 
..  ses  yeux,  il  se  procura  encore  le  plaisir  de  s'en  entretenir  avec  les  ingénieurs,  et  pard- 
y  culièrement  avec  son  ami  M.  des  Argues,  qui  avoit  eu  quelque  part  à  tous  ces  desseins, 
»  et  qui  etoit  considéré  du  cardinal  de  Richelieu  par  la  grande  connoissance  qu'il  avoit  de 
»   la  mécanique.    » 


(  499  ) 
d'où  il  rapporta,  d'après  Fontenelle,  de  fortes  études  sur  les  sections  coni- 
ques, qu'il  continua,  après  son  retour,  «  toujours  plus  profondes  et  plus 
suivies  »  ;  enfin  il  ne  publia  son  premier  ouvrage  sur  les  sections  coniques 
que  neuf  ans  après  ce  retour,  en  i6^3. 

«  Indépendamment  de  ces  dates  qui  prouvent  que  La  Hire  était  bien  jeune 
du  temps  de  Desargues,  comment  admettre  qu'il  eût  à  tirer  d'embarras, 
à  propos  de  Géométrie,  Un  homme  comme  ce  savant  qui,  plus  de  trente 
années  auparavant,  avait  publié  une  Théorie  des  coniques,  avec  une  telle 
supériorité  sur  les  anciens  et  une  méthode  d'une  si  grande  généralité,  qu'il 
fut  fort  applaudi  par  les  Descartes  et  les  Fermât,  et  placé  au  premier  rang 
parmi  les  géomètres.  On  lit,  en  effet,  dans  le  Traité  des  Propiiélés  projectives 
des  figures,  par  M.  Poncelet  (Introduction,  p.  XLti)  :  «De  La  Hire  écrivait  peu 

»   de  temps  après  Desargues  et  Pascal ;  son  travail,  qui  fit  beaucoup  de 

»  bruit  dans  le  temps,  surtout  à  l'étranger,  doit  être  placé  bien  au-dessous 
»  de  celui  de  ces  illustres  géomètres,  tant  pour  l'invention  que  pour  l'expo- 
»  sition,  et  parce  qu'il  n'est  point,  à  beaucoup  près,  aussi  complet  et  aussi 
»  étendu  que  le  leur;  sous  ce  rapport  même  on  peut  dire  que  cette  partie 
»  de  la  science  avait  rétrogradé.  »  Le  même  auteur,  si  compétent  en  cette 
matière,  dit  dans  les  Applications  d 'Analyse  et  de  Géométrie  (Paris,  186a, 
p.  a^/^i''11  note)  :  «  Les  considérations  qui  précèdent  et  les  suivantes  sur  les 
»  doubles  coniques  dans  un  plan,  ne  doivent  pas  être  confondues  avec 
»  celles  des  géomètres  philosophes  Desargues  et  Pascal,  dont,  un  des  pre- 
»  miers  en  1822,  j'ai  tâché  de  faire  revivre  les  ingénieuses  théories  fort 
»  appréciées  de  Descartes  et  de  Leibnitz,  et  plus  ou  moins  bien  saisies  par 
»  leurs  successeurs  De  La  Hire  et  Le  Poivre.  »  Dans  X Aperçu  historique  sur 
l'origine  et  le  développement  des  méthodes  en  Géométrie,  M.  Chasles  dit, 
p.  118  :  «  Il  (De  La  Hire)  fut  aussi  le  digne  continuateur  des  doctrines 
»  de  Desargues  et  de  Pascal,...  »  Page  119:  «  H  commença  [Sectiones  coni- 
»  cœ...,  Parisiis,  i685)  par  établir  les  propriétés  du  cercle  qui  devaient  se 
»  représenter  dans  les  coniques,  particulièrement  celles  qui  tiennent  à  la 
«  division  harmonique;  et  ensuite,  il  en  fit  usage  pour  découvrir  et  démon- 

»   trer  dans  les  sections  du  cône  les  propriétés  analogues Cette  manière 

»  de  procéder  était,  comme  on  voit,  dans  l'esprit  de  celle  de  Desargues  et 
»  de  Pascal,  qui,  par  la  perspective,  transportaient  aux  coniques  les  pro- 
»  priétés  du  cercle.  »  Page  122  :  «  Il  s'y  trouve  aussi  quelques  cas  parti- 
»  culiers  de  la  relation  d'involution  de  six  points  (de  Desargues),  quoique 
»  cette  relation  ne  s'y  trouve  pas  dans  toute  sa  généralité.  »  La  Hire  lui- 
même  rend  plus  de  justice  à  Desargues  que  Fontenelle;  on  lit  dans  son 

66.. 


(  5oo  ) 
Traité   de.  Mécanique,   Paris,    i6g5,  et  dans   les  Mémoires  de    ('Académie 
royale  des  Sciences,  depuis  iri66  jusqu'en  1699,   t.  IX  (p.   vin  et  vi  de  la 

préface)  :  «  M.  Desargues  qui  était  un  des  plus  excellens  géomètres  de 

»  nôtre  siècle.  » 

»  Les  positions  respectives  de  Desargues  et  de  La  Hire  comme  géomètres 
auraient  dû,  à  défaut  de  concordance  des  époques  de  leurs  travaux,  avertir 
Fontenelle  de  son  inadvertance  ;  mais  il  paraît  qu'il  ne  prisait  pas  l'originalité 
des  travaux  du  premier  de  ces  savants  autant  que  l'avaient  fait  Descartes, 
Fermât  et  Pascal;  cependant,  en  reproduisant  dans  son  Histoire  de  i Acadé- 
mie royale  des  Sciences,  depuis  son  établissement  en  1666  jusqu'en  1699,  t.  I, 
les  motifs  que  Du  Hamel,  son  prédécesseur  comme  secrétaire  perpétuel, 
avait  donnés  de  la  création  de  cette  Académie,  il  avait  pu  voir  le  nom  de 
Desargues  dans  la  liste  du  petit  nombre  des  mathématiciens  cités  comme 
faisant  partie  de  l'élite  des  savants  français  de  l'époque. 

»  La  grande  prééminence  que  Fontenelle  semble  donner  à  La  Hire  sur 
Desargues  n'est  pas  précisément  une  appréciation  personnelle;  elle  peut  être 
excusée  dans  un  éloge  académique,  surtout  à  cause  de  la  grande  réputation 
dont  La  Hire  jouissait  alors;  nous  ne  nous  en  occuperons  pas  davantage; 
mais  il  est  intéressant  de  rechercher  comment  Fontenelle  a  pu  être  induit  à 
commettre  une  erreur  que  les  dates  rendent  aussi  évidente  ;  pour  cela  il  faut 
se  reporter  à  une  époque  antérieure  à  la  publication  de  la  Coupe  des  pierres, 
dont  parle  Fontenelle,  et  qui  eut  lieu  en  1 643. 

»  Desargues  avait  publié  à  Paris,  en  août  1 640,  un  écrit  de  quatre  pages  in- 
folio, ayant  pour  titre  :  Brouillon-Project  d'exemple  d'une  manière  univer- 
selle DU  S.  G.  D.  L.,  touchant  la  practique  du  trait  à  preuves  pour  la  coupe  des 
pieires  en  l' Architecture:  Et  de  l'esclaircissement  dune  manière  de  réduire  au  petit 
pied  en  Perspective  comme  en  Géométral,  et  de  tracer  tous  Quadrans  plats  d'heures 
égales  au  Soleil.  Quelque  temps  après  parurent  plusieurs  cahiers  in-4°,  qui 
furent  réunis  en  un  volume  portant  le  titre  de  :  Advis  charitables  sur, les 
diverses  œuvres  et  ftuiltes  volantes  du  Sieur  Girard  Desargues  Lyonnois,  publiées 
sous  tes  titres  :  i°  de  Brouillon-Projet,  etc.  Paris,  Melchior  Tavernier,  1642. 
Le  premier  cahier,  de  14  pages,  avait  pour  titre  :  Réponse  a  un  ami  conte- 
nant un  examen  d'un  Brouillon-Projet,  donné  au  public  depuis  quelques  années 
en  çù  par  le  sieur  DESARGUES,  sur  le  fait  particulièrement  d'un  exemple  qu'il 
propose  d'une  manière  universelle  touchant  la  pratique  du  trait  ci  preuves,  pour 
la  Coupe  des  pierres  en  l'Architecture.  A.  Bosse  ayant  publié  l'année  sui- 
vante (1643)  un  ouvrage  sous  le  titre  de  La  pratique  du  trait  a  preuves, 
de  M.  Desargues  Lyonnois,  pour  la  Coupe  des  Pierres  en  l'Architecture,  celui-ci 


(  Soi   ) 
y  ajouta,  p.  5i  et  55,  une  approbation  de  ce  livre,  en  date  du  ao  juillet  i6£3 
et  commençant  ainsi  :   «  Reconnoissaince   de  MONSIEURS    Desargues.    Je 
»  soussigné  confesse  avoir  vu  ce   que  M.  Bosse  a  mis  dans  ce  volume -ci, 
»  de  la  pratique  du   trait  pour  la  coupe   des   pierres  en   l'Architecture, 
»   reconnois    que    tout  y   est   conforme  à    ce  qu'il    a    voulu   prendre  la 
»  patience  d'en   ouïr   et   concevoir  de  mes  pensées,   et   espère  que   par 
«   cela  seul  on  connoistra  que  l'auteur   des  premiers  cahiers  des  libelles 
»  que  le  sieur  Melchior  ïavernier  a  fait  imprimer  de  diverses  méthodes, 
»   pour  pratiquer  la  Perspective  et  d'avis  charitables  sur  mes  œuvres,... 
»   n'est  pas  non  plus  que  les  auteurs  des  deux  autres  cahiers  de  ce  libelle 
»    d'avis,  un  de  ces  excellents  hommes  aux  sciences  que  j'ai  suppliés  de 
»   vouloir  dire  leur  sentiment  de  mes  projets,  et  que  au  contraire  il  n'a  pas 
»   une  bien  grande  connoissance,   ni  de  la  théorie  ni  de  la  pratique  des 
»   traits  pour  les  arts  de  Perspective  et  Cadrans  au  Soleil,  non  plus  que  de  la 
»   Coupe  de  pierres  sur  laquelle  il  s'arreste  davantage,  et  dilate  plus  ample- 
»   ment  son  escrit,  et  où  l'on  voit  à  la  vérité  qu'il  en  a  ouï  parler  à  quelques 
»   ouvriers,  il  voudroit  persuader  aux  crédules  qu'il  entend  mon  projet  à 
»  fonds,  et  en  effect  il  monstre  qu'il  ne  l'entend  pas;  en  ce  qu'il  en  escrit 
»   des  choses  si  peu  raisonnées  que  je  lui  cotterai  très-volontiers  s'il  vient  a 
»   se  nommer  et  à  vouloir  reconnoistre  franchement  la  vérité,  sans  employer 
«>   ainsi  toutes  sortes  de  moyens  pour  l'obscurcir  :  Mais  ces  façons  de  faire 
»  jusques  à  cette  heure  font  douter  qu'il  se  puisse  jamais  résoudre  à  cela. 
»   Quand  il  a  veu  qu'il  ne  pouvoit  entendre  mes  propositions,  ni  conséquem- 
»   ment  connoistre  s'il  y  a  de  l'erreur,  et  qu'il  lui  étoit  aisé  de  ne  rien  dire 
»   qui  vaille  et  imposer  hardiment  tout  sans  dire  son  nom,  il  s'est  mis  à 

»  escrire  contre  moi  des  galimatias 

»  Quant  à  moi,  je  lui  veux  donner  de  quoi  me  convaincre  quand  j'assure 
»  qu'il  n'entend  pas  à  fonds  ma  manière  de  trait.  Entre  plusieurs  sortes  d'en 
»  achever  la  préparation  générale,  il  y  en  a  une  après  laquelle  pour  trouver 
»  les  paneaux,  il  ne  faut  plus  mener  qu'une  seule  ligne  pour  chacun,  et  Ion 
»  a  de  quoi  le  faire  :  Or,  je  n'ai  pas  voulu  dire  cet  achèvement  à  Monsieur 
»  Bosse  avant  son  deuxiesme  volume  de  cette  matière,  afin  que  ce  vieux 
»  docteur  ait  cependant  moyen  de  la  trouver  s'il  peut,  et  en  la  publiant  par 
»  avance  justifier  qu'il  m'entend  à  fonds,  autrement  on  ne  le  croira  pas.  » 
»  Curabelle,  dans  son  Examen  des  OEuvres  du  Sieur  Desargues,  Paris,  1644, 
p.  l\-j,  parle  de  ce  défi  et  indique  qu'il  se  rapporte  aux  planches  g5,  96  et  97, 
et  qu'il  consiste  à  trouver  une  manière  générale  de  tracer  tant  le  lit  que  la 
douelle  au  moyen  d'une  ligne  seulement.  A.  Bosse  dit,  en  effet,  dans  l'éx- 


(  5oa  ) 
plication  de  la  planche  g5  :  «  Il  (M.  Desargues)  m'a  dit  qu'il  pourra  m'en 
»  monstrer  une  (manière  abrégée  de  tracer  les  paneaux  de  première  tête), 
»  en  laquelle,  après  que  la  préparation  est  achevée  au  point  qu'il  faut,  il 
»  n'y  a  plus  à  tirer  qu'une  seule  ligne  pour  chaque  paneau  qu'on  veut  faire, 
»   en  voici  deux  autres  en  attendant  que  je  sache  celle-là.  » 

»  Le  deuxième  volume  de  la  Coupe  des  Pierres  n'étant  pas  publié  lors.de 
la  mort  de  Desargues,  A.  Bosse  ignorait  encore  la  construction  annoncée, 
qui  dépendait  de  la  Théorie  des  Coniques,  et  que  le  premier  s'était  réservée: 
il  dut  naturellement  s'adressera  La  Hire  qui  s'occupait  alors  de  cette  théo- 
rie, et  dont  il  connaissait  depuis  longtemps  la  famille,  ayant  étudié  la  Per- 
spective avec  le  père  (c)  et  ayant  été  son  collègue  à  l'Académie  royale  de 
Peinture  et  de  Sculpture. 

»  L'assertion  de  Fontenelle  est  donc  très-vraisemblable  en  ce  qui  touche 
Bosse,  et  ce  qui  la  confirme  complètement,  c'est  un  passage  d'une  bro- 
chure assez  rare  aujourd'hui,  de  16  pages  in-8°,  ayant  pour  titre  :  Gatalogue 
des  Traités  que  le  sieur  Bosse  a  mis  au  jour,  avec  une  déduction  en  gros  de  ce  nid 
est  contenu  en  chacun.  Puis  par  dii/ression  quelques  Récits  et  Avis  nécessaires  ; 
octobre  1674-  Après  l'indication  des  dix  œuvres  principales  de  Bosse  ,  on 
lit  :  ■■■  Il  a  depuis  donné  au  public,  en  deux  feuilles  volantes,  des  observa- 
»  lions  géométriques  de  la  découverte  de  M.  de  la  Hire  sur  les  points 
»  d'attouchement  de  trois  lignes  droites  qui  touchent  la  section  d'un  Cône 
»  sur  quelques-uns  des  diamètres,  et  sur  Je  centre  de  la  même  section  ;  Et 
»  ensuite  une  Règle  universelle  très-juste  et  facile  pour  décrire  toutes  sortes 
»  d'Arcs  rampans  sur  des  points  donnés  de  sujettion,  soit  elliptiques,  para- 
»  boliques  et  hyperboliques,  avec  une  règle  mince  et  pliante,  sans  se  ser- 
«   vir  des  axes,  des  foyers,  ni  du  cordeau  ;  ensemble  la  manière  d'y  tracer 

(1)  On  lit  au  commencement  du  BROUILLON-PROJECT...  touchant  la  practique  du  trait 
h  preuves  pour  la  coupe  (les  pierres  en  V Architecture  cité  précédemment,  qui  correspond  au 
sous-titre  :  Esclaircisscmcnt  a"une  manière  de  réduire  au  petit  pied  en  Perspective  comme  en 
Géométral  :  «  Cette  manière  de  prartiquer  le  trait  pour  la  coupe  des  pierres  est  de  la  même 
production  que  la  manière  de  practiquer  la  perspective...,  dont  un  exemple  est  imprime 
dès  le  mois  de  mai  1 636...  matière  d'achopement  à  plusieurs,  dont  aucuns  le  rejettent  à 
faute  de  l'entendre...  des  ouvriers  qui  sçavent  réduire  au  petit  pied,  les  communs  pour- 
ront apprendre  la  perspective  en  peu  de  jours,  et  les  bons  en  peu  d'heures  :  comme  entre 
autres  ont  fait,  à  Paris,  M.  Buret,  maistre  menuisier,  M.  Bosse,  graveur  en  taille-douce, 
M.  de  la  Hire,  peintre,  chacun  des  plus  excellens  hommes  du  temps  en  son  art,...  MM.  Bosse 
et  de  la  Hire  et  autres,  qui  la  mettent  (la  manière  de  réduire  en  perspective)  chaque  jour  à 
exécution,.. .  tout  ce  qu'on  a  intention  de  faire  en  cela  s'y  trouve  réduit  en  art,  ce  que  sçavent 
lesdits  sieurs  Bosse  et  de  la  Hire,... 


(  5o3  ) 

«  les  joints  de  face  de  leurs  pierres.  Elles  sont  grand  in-folio,  faîtes  en  sep- 
»  tembre  et  décembre  1672.  »  Ce  travail  correspond  précisément  aux  con- 
structions géométriques  dont  Desargues  s'était  réservé  la  connaissance,  et 
dont  il  avait  promis  la  communication  à  Bosse,  lorsque  paraîtrait  le  second 
volume  du  Traité  de  la  coupe  des  pierres.  En  admettant  qu'après  quarante-six 
;mnées  d'intervalle,  un  peu  de  confusion  ait  pu  s'introduire  sur  la  succession 
des  faits  qui  viennent  d'être  rapportés,  on  concevrait  que  Fontenelle  eût  pu 
commettre  une  erreur  relativement  à  Desargues,  dont  il  ne  connaissait  pro- 
bablement cpie  très-peu  les  ouvrages,  à  peu  près  oubliés  à  cette  époque  ; 
mais  La  Hire  ne  parle  nullement  de  Desargues,  en  rappelant  le  travail  qu'il 
fit  pour  A.  Bosse  ,  car  il  termine  ainsi ,  p.  9,4  ,  les  Plani-coniquës  publiées 
en  1674  et  placées  à  la  suite  de  sa  Nouvelle  Méthode  en  Géométrie  pour  les 
Sériions  des  superficies  coniques  et  cylindriques.  Paris,  i6y3  :  «  Cette  propriété 
»  des  Courbes  (coniques)  est  entièrement  nécessaire  pour  tracer  des  arcs 
»  rampan s  dans  toutes  sortes  de  sujétions  données;  et  c'est  ce  que  je  fis, 
»  et  qui  fut  imprimé  en  167a,  par  M.  Bosse,  avec  des  particularités  sur 
»  la  pratique  de  ces  arcs  selon  la  méthode  d'Apollonius,  après  avoir  veu 
»  ce  que  M  Rouget  l'aisné,  maître  maçon  fort  intelligent  dans  la  Coupe  des 
»   pierres,  avoit  fait  sur  cette  pratique.  » 

'  »  Les  faits  qui  précèdent  donnent  lieu  à  une  antre  difficulté  moins  facile  à 
résoudre  ;  c'est  qu'en  raison  des  relations  établies  au  sujet  de  la  théorie  des 
coniques,  entre  La  Hire,  dont  le  père  avait  suivi  les  leçons  de  Desargues  sur 
la  perspective,  et  Bosse,  qui  devait  posséder  tous  les  écrits  de  ce  savant^  dont 
il  était  l'élève,  l'ami  et  le  collaborateur  (1),  on  se  rend  difficilement  compte 
d'une  déclaration  du  premier,  relativement  à  son  ignorance,  jusqu'en  1679, 
du  contenu  de  l'ouvrage  de  Desargues  ayant  pour  titre:  Brouillon-Project 
(Cuite  atteinte  aux  événemens  des  rencontres  du  Cône  avec  un  plan,  et  impnméen 
i63g.  La  Hire  avait  cependant  ditdans  l'avant-propos  de  sa  Nouvelle  Méthode 
en  Géométrie  pour  les  Sections  des  superficies  coniques  et  cylindriques  :  «  Il  n'y 
»  a  personne  qui  en  ait  rien  mis  au  jour  en  nostre  langue  (sur  les  sec- 
»  lions  coniques),  hormis  M.  Desargues,  qui  en  a  donné  quelque  chose 
»  sous  le  nom  de  Brouillon-Projet  d'une  atteinte  aux  événemens  des  rencontres 
»   du  Cône  avec  un  plan,  qui  n'a  point  esté  mis  en  sa  perfection.  »  La  déclàra- 


(1)  Dans  les  dispositions  testamentaires  de  Desargues,  en  date  du  5  novembre  t85S,  se 
trouve  le  paragraphe  suivant  :  «  Ledit  sieur  Desargues  donne  et  lègue  au  sieur  Abraham  Bosse, 
»  graveur  en  eau  forte,  demeurant  en  l'isle  du  Palais  ,  son  obligeant  et  bon  ami ,  et  à  son 
»   défaut  aux  siens,  la  somme  de  deux  mille  livres  payables  en  quatre  payements,  etc.  « 


(  5o4  ) 
tion  de  La  Hire,  quoique  ne  s'accordant  pas  complètement  avec  le  passage 
précédent,  est  trop  positive  pour  qu'on  ne  la  rapporte  pas  ici  textuellement, 
telle  qu'elle  est  écrite  et  signée  par  La  Hire,  à  la  fin  de  la  copie  qu'il  a  faite 
lui-même  du  Brouillon-Project  de  Desargues  (manuscrit  de  la  Bibliothèque  de 
l'Institut)  : 

m  L'an  1679,  au  mois  de  juillet,  j'ai  leu  pour  la  première  fois  et  transcrit 
»  ce  livret  de  M.  Desargues,  pour  en  avoir  une  plus  parfaite  connoissance. 
«  Il  y  avoit  plus  de  six  ans  que  j'avois  fait  imprimer  mon  premier 
»  ouvrage  sur  les  Sections  Coniques,  et  je  ne  fais  point  de  doute  que  si  j'avois 
»  eu  quelque  communication  de  ce  traité-ci,  je  n'aurois  pas  découvert  la 
»  méthode  dont  je  me  suis  servi,  car  je  n'aurois  pas  cru  qu'il  eût  esté  possible 
»  de  trouver  quelque  manière  plus  simple  et  qui  fût  aussi  générale.  Toutes 
»  les  démonstrations  qui  sont  ici  sont  si  fort  remplies  de  compositions,  de 
»  raisons,  et  sont  prises  par  des  détours  si  longs,  que  si  on  les  compare  à 
»  celles  que  j'ai  données  des  mêmes  choses,  où  il  n'y  a  aucune  de  ces  coin- 
«  positions,  et  qui  comprennent  dans  le  premier  cahier  beaucoup  plus  uni- 
»  versellement  tout  ce  qui  est  ici ,  il  ne  sera  pas  mal  aisé  de  juger  de  l'avan- 
»  tage  de  ma  méthode  par-dessus  celle-ci.  Elles  ont  toutes  deux  pour  but 
»  commun  de  démontrer  dans  le  cône  les  principaux  accidens  de  ses  sec- 
»  tions,  par  les  propriétés  de  la  division  d'une  certaine  ligne  droite,  qu'Apol- 
«  lonius  connoissoit  très-bien,  puisqu'il  l'a  appliquée  dans  toutes  ses  ren- 
»  contres  avec  la  section  du  Cône,  et  dont  M.  Desargues  fait  un  cas  de  son 
»  Involution,  laquelle  j'ai  nommée,  après  Pappus,  harmoniquement  cou- 
»  pée,  ce  qui  me  fait  juger  qu'Apollonius  avoit  bien  découvert  dans  le  solide 
»  la  propriété  de  cette  ligne ,  mais  que,  n'ayant  pu  en  faire  l'application 
»  d'une  manière  assez  simple,  il  avoit  préféré  les  démonstrations  sur  le  plan 
>.  dont  il  s'est  servi  à  ce  qui  lui  auroit  fait  découvrir  toutes  ces  propriétés,  et 
»  ce  fut  en  considérant  attentivement  toutes  les  propriétés  de  cette  ligne  et 
»  tous  les  cas  qui  sont  dans  Apollonius,  et  en  les  comparant  tous  ensemble, 
»  que  je  trouvai  le  moyen  de  n'en  faire  qu'un  seul,  que  je  donnai  dans  la 
>>   méthode  que  j'ai  publiée.  >•  De  la  Hire. 

»  Les  savants  les  plus  compétents,  dont  on  a  cité  précédemment  les  opi- 
nions, sont  loin  de  regarder  la  méthode  exposée  par  La  Hire,  en  1673, 
dans  son  premier  ouvrage  sur  les  sections  coniques,  comme  plus  générale 
que  celle  de  Desargues,  ainsi  qu'il  est  dit  dans  la  déclaration  précédente;  ils 
pensent  plutôt  le  contraire.  Aussi  le  grand  traité  de  La  Hire  sur  le  même 
sujet,  qui  parut  en  1 G 8 5 ,  six  ans  après  l'époque  à  laquelle  il  dit  avoir  pris 
connaissance  du  Brouillon-Project  des  coniques,  est  bien  supérieur,  sous  tous 


(  5o5  ) 

les  rapports,  au  premier  essai  de  sa  méthode  qu'il  avait  fait  paraître  avant 
cette  même  époque. 

«  Fontenelle  est  donc  dans  le  vrai  quant  aux  relations  de  La  Hire  avec 
A.  Bosse;  mais  il  s'est  trompé  en  y  associant  Desargues,  mort  longtemps 
auparavant ,  et  qui  d'ailleurs  était  assez  supérieur  en  Géométrie  pour  n'avoir 
besoin  du  secours  de  personne  quand  il  s'agissait  de  «  propositions  tirées  de 
la  théorie  des  coniques.  » 

CHIMIE  organique.  —  Recherches  sur  les  pétroles  d'Amérique; 
par  MM.  J.  Pelouze  et  Aug.  Cahours. 

«  Dans  un  premier  examen  que  nous  avons  fait  des  produits  les  plus 
volatils  de  l'huile  provenant  des  forages  qu'on  pratique  depuis  quelques 
années  sur  plusieurs  points  de  l'Amérique,  et  notamment  au  Canada,  nuus 
avons  signalé  l'existence  d'un  homologue  du  gaz  des  marais  dont  la  com- 
position est  représentée  par  la  formule 

C,2H'1  =  4  vol.  vap. 

»  Ce  composé,  que  nous  avons  désigné  sous  le  nom  cYlrydrure  de  caproy- 
lène  en  raison  de  la  propriété  dont  il  jouit  de  pouvoir  engendrer  les  com- 
posés de  la  série  caproïque,  par  un  mécanisme  tout  semblable  à  celui  qui 
permet  de  faire  dériver  du  gaz  des  marais  les  différents  termes  de  la  série 
méthylique,  nous  a  servi  de  point  de  départ  pour  la  formation  de  l'alcool 
caproylique  et  de  quelques  éthers  simples  ou  composés  qui  s'y  rattachent. 
Nous  nous  proposons  de  faire  connaître  aujourd'hui  quelques  termes  de  la 
série  caproylique  qui  servent  à  combler  les  lacunes  que  présentait  notre 
premier  travail,  et  de  plus  d'autres  carbures  homologues  appartenant  à  la 
même  série. 

»  Lorsqu'on  fait  agir  l'iodure  de  caproyle  sur  le  cyanate  d'argent,  le 
mélange  s'échauffe  légèrement  en  même  temps  qu'on  voit  apparaître  la  cou- 
leur jaune  caractéristique  de  l'iodure  d'argent.  Si  l'on  distille  ce  mélange 
au  bain  d'huile,  on  voit  se  condenser  dans  le  récipient  un  liquide  incolore 
et  très-limpide  accompagné  d'une  matière  solide  et  cristalline.  Ces  deux 
substances  peuvent  être  séparées  l'une  de  l'autre  à  l'aide  d'une  rectification 
ménagée  en  raison  de  la  différence  de  leur  point  d'ébullition. 

»  La  première  est  une  huile  limpide,  incolore,  insoluble  dans  l'eau,  so- 
luble  dans  l'alcool  et  l'éther,  dont  l'odeur  rappelle,  à  un  plus  faible  degré, 
celle  de  l'éther  cyanique  ordinaire. 

»  L'analyse  de  ce  produit  lui  assigne  la   composition  du  cyanate   de 

C.  R.,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  12.)  67 


(  5o6  ) 
caproj  /c 

([  c2  o2v 
C'2H'3  =  C"H'!  Az°2 

»  Mis  en  présence  d'une  dissolution  aqueuse  d'ammoniaque,  ce  liquide 
ne  tarde  pas  à  se  concréter  en  formant  une  bouillie  cristalline  qui,  jetée  sur 
un  filtre,  lavée,  puis  séchée,  se  présente  sous  la  forme  d'écaillés  blanches 
douées  de  beaucoup  d'éclat.  Cette  substance,  qui  se  dissout  avec  facilité 
dans  l'alcool  ainsi  que  dans  l'éther  et  qui  se  sépare  de  ces  dissolvants  en 
cristaux  bien  définis  par  l'évaporation  spontanée,  n'est  autre  que  l'urée  ca- 
proylique dont  la  génération  est  analogue  à  celle  des  diverses  urées  compo- 
sées à  radical  d'alcool. 

»   La  composition  de  ce  produit  est  représentée  par  la  formule 

s.  (coy 

Az3     C'2  H13   =(.'."  H'8  Az-O2. 

(       HJ 

S.i  formation  s'explique  au  moyeu  de  l'équation 


\z 


,{c?m„        iH  ((c2o2r 

\%^l    +Az    H  =  Az2     C'2H" 
|C     H  |H  I      Rï> 


»  L'eau  réagit  sur  L'éther  caproylo-cyanique  de  la  même  manière  que 
sur  l'éther  éthylcyanique  engendrant  un  composé  très-nettement  cristallisé 
qui  selon  toute  probabilité  n'est  autre  que  la  dicaproylurée. 

»  Fait-on  bouillir  les  produits  précédents  avec  une  lessive  alcaline  moyen- 
nement concentrée,  l'odeur  des  bases  ammoniacales  conjuguées  se  mani- 
feste, et  si  l'on  opère  avec  un  appareil  distillatoire,  on  recueille  dans  le  réci- 
pient de  l'eau  que  surnage  une  huile  limpide,  soluble  dans  les  acides  avec 
lesquels  elle  forme  des  sels  cristallisables,  et  qui  paraît  n'être  autre  que  la 
caproyliaque. 

»  Nous  avons  dit  dans  notre  premier  travail  que  l'acétate  caproylique  se 
dédoublait  sous  l'influence  de  la  potasse  ou  de  la  soude,  à  la  manière  des 
étbers  composés  en  acétate  alcalin  avec  production  d'alcool  caproylique. 
Ce  composé,  dont  nous  avons  indiqué  les  principales  propriétés  physiques 
et  qui  bout  régulièrement  entre  i5oet  i5i°,  s'échauffe  en  se  colorant,  lors- 
qu'on le  mêle  avec  environ  son  volume  d'acide  sulfurique  concentré.  Si  la 
digestion  de  ces  deux  substances  est  prolongée  pendant  plusieurs  heures, 
l'addition  de  l'eau  ne  sépare  qu'une  quantité  d'huile  insignifiante.  La 
liqueur  acide  étant  saturée  parle  carbonate  de  baryte,  filtrée,  puis  soumise 


(  5o7  ) 
à  l'évaporation,  laisse  déposer  un  sel  blanc,  gras  au  loucher,  cristallisabJe 
en  écailles  nacrées  qui  présentent  la  plus  grande  ressemblance  avec  le  sulfo- 
amylate  de  baryte.  C'est  le  sulfo-caproylate 

S204        1 
Ba(C,2H,3))°'' 

»  Nous  avions  pareillement  annoncé  que  le  mercaptan  caproylique  était 
vivement  attaqué  par  l'acide  azotique,  même  étendu,  lorsqu'on  élève  légè- 
rement la  température.  Dans  ce  contact,  on  observe  la  formation  de  vapeurs 
nitreuses  abondantes;  le  liquide  huileux  prend  une  coloration  verte,  puis 
rongeâtre,  et  disparaît  graduellement.  Si  l'on  arrête  l'action  avant  que  tout 
le  mercaptan  soit  attaqué,  qu'on  sépare  à  l'aide  d'une  pipette  le  liquide 
acide  de  l'huile  inaltérée,  puis  qu'on  évapore  au  bain-marie,  on  obtient 
finalement  un  liquide  sirupeux.  Traité  par  les  carbonates  de  baryte  et  de 
plomb,  d  donne  des  sels  cristailisables  qu'on  sépare  de  la  petite  quantité 
d'azotate  qui  pourrait  les  souiller  en  les  reprenant  par  l'alcool  bouillant. 
Une  partie  de  ces  sels  se  sépare  par  le  refroidissement;  l'autre,  par  l'évapo- 
ration. On  obtient  ainsi  des  écailles  cristallines  d'aspect  nacré.  Ces  produits 
sont  entièrement  analogues  à  ceux  que  fournit  le  mercaptan  éthylique. 
Nous  les  avons  soumis  à  l'analyse,  après  les  avoir  préalablement  desséchés 
dans  un  courant  d'air  à  ioo°  et  finalement  par  exposition  dans  le  vide. 
Nous  avons  obtenu  les  nombres  suivants  : 

Sel  de  baryte. 

I.  oe\  5o3  de  matière  ont  donné  o«r,  258  d'eau  et  oer,567  d'acide  carbonique. 
II.  oBr,4&)  de  matière  ont  donné  o8r,  23g  de  sulfate  de  baryte. 

D'où  l'on  déduit  pour  la  composition  en  ioo  parties  : 

Théorie. 

Carbone.. 30,74  »  C'2 72  3o,p,o 

Hydrogène 5,69  »  H13 i3  5,57 

Barium „  >g,i6  Ba 68  29,18 

S3 32  i3,73 

0e 48  20,62 

233       100,00 

Sel  de  plomb. 

osr,646  du  sel  de  plomb  nous  ont  donné  oe\  365  de  sulfate  de  plomb,  ce  qui  correspond 
à  0^,249  de  plomb  métallique,   soit  38,54  P°1"'  '°°-  Le  calcul  donne  38,66. 

67.. 


04  =  C,2H,3BaS206, 
!o4  =  C12  H,3PbS206. 


(  5o8  ) 
»  La  composition  de  ces  sels  est  donc  exprimée  par  les  formules 

S2  O2  » 
Ba(C,2H'3) 

S2  O2  )  ( 
Pb(C,,Huj) 

»  L'éther  chlorhydrocaproylique  réagit  à  l'aide  de  la  chaleur  sur  une 
dissolution  alcoolique  de  sulfocyanure  de  potassium.  Afin  de  rendre  cette 
action  complète,  on  introduit  le  mélange  de  ces  deux  corps  dans  des  tubes 
qu'on  scelle  à  la  lampe  et  qu'on  maintient  pendant  plusieurs  heures  au 
bain-marie  à  la  température  de  l'eau  bouillante.  Du  chlorure  de  potassium 
se  sépare  en  abondance  sous  la  forme  de  cristaux,  tandis  que  l'alcool  retient 
en  dissolution  un  produit  qu'on  sépare  par  l'addition  de  l'eau.  Purifié  par 
la  rectification,  ce  produit  présente  les  propriétés  suivantes  : 

»  C'est  un  liquide  incolore  ou  faiblement  ambré,  doué  d'une  odeur 
désagréable  qui  rappelle  celle  de  l'éther  sulfocyanhydrique.  Sa  densité  est 
de  0,922  à  la  température  de  120. 

»  Enfin  l'éther  iodhydrocaproylique,  étant  mis  en  digestion  pendant 
plusieurs  heures  dans  des  tubes  scellés  à  la  lampe  avec  du  butyrate  et  du 
benzoate  d'argent,  fournit  des  liquides  neutres  et  incolores  dont  l'odeur 
aromatique  rappelle  celle  du  butyrate  et  du  benzoate  amyliques.  Nous 
n'avons  pas  fait  l'analyse  de  ces  produits,  que  nous  n'avons  préparés  du 
reste  qu'en  faible  proportion;  mais  leur  mode  de  génération  ne  saurait 
laisser  aucun  doute  sur  leur  véritable  nature.  Il  est  bien  évident  que  si 
l'on  se  reporte  à  ce  que  nous  avons  dit  sur  la  production  de  l'acétate  de 
caproyle,  les  composés  précédents  ne  doivent  être  autres  que  le  butyrate  et 
le  benzoate  de  caproyle. 


»  Un  examen  attentif  des  pétroles  d'Amérique  purifiées  par  des  rectifi- 
cations exécutées  en  France,  telles  qu'on  en  rencontre  aujourd'hui  d'assez 
abondantes  quantités  dans  le  commerce,  nous  a  démontré  dans  ces  produits 
l'existence  de  deux  carbures  d'hydrogène  plus  volatils  que  l'hydrure  de 
caproylène.  L'un  bout  à  quelques  degrés  seulement  au-dessus  de  o°,  et 
paraît  renfermer  une  certaine  quantité  d'hydrure  de  butyle;  le  second  bout 
régulièrement  à  la  température  de  3o".  Ce  dernier  produit,  qu'on  rencontre 
dans  certains  échantillons  d'huiles  redistillées  du  commerce  dans  des  pro- 
portions qui  peuvent  s'élever  jusqu'à  environ  |  à  y  de  leur  poids,  est  un 
liquide  incolore  et  très-mobile,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'éther, 
doué  d'une  odeur  éthérée  fort  agréable  et  qui  présente   toutes   les  pro- 


(  5o9) 
prié  tés  qu'on  assigne  à  l'hydrure  d'amyle.  De  même  que  l'hydrure  d'amyle 
obtenu  par  l'action  réciproque  du  zinc  et  de  l'iodure  d'amyle,  il  résiste  à 
l'action  des  réactifs  les  plus  énergiques,  tels  que  le  brome,  l'acide  sulfiï- 
rique  de  Nordhausen  et  l'acide  azotique  fumant. 

»  Nous  avons  trouvé  sa  densité  de  0,628  à  la  température  de  170. 

»  En  outre,  la  combustion  de  ce  produit,  opérée  par  l'oxyde  noir  de 
cuivre,  nous  a  fourni  les  résultats  suivants  : 

I.  oer,37o  d'un  premier  échantillon  nous  ont  donné  ogr,553  d'eau  et  1 ,  128  d'acide  car- 
bonique. 

II.  o6r,325  d'un  second  échantillon  nous  ont  donné  ogr,  492  d'eau  et  oBr,9g4  d'acide  car- 
bonique. 

»  Ces  résultats,  traduits  en  centièmes,  conduisent  aux  nombres  suivants  : 

Théorie. 

Carbone 88,09         83>4°  C'° 60         83,33 

Hydrogène 16,59  l6>79  H" 12  16,67 

72        100,00 

»  La  détermination  de  la  densité  de  vapeur  de  ce  produit  vient  enfin 
confirmer  la  formule  précédente,  et  démontre  l'identité  la  plus  complète 
de  cette  substance  avec  l'hydrure  d'amyle.  En  effet,  l'expérience  fournit  les 
nombres  suivants  : 

icr  échantillon.     2e  échantillon. 

Température  de  l'air 1 1°  8° 

Température  de  la  vapeur. .  .  .  ioo°  98° 

Excès  de  poids  du  ballon oer ,  329  oer ,  34o 

Capacité  du  ballon 273"  294rc 

Baromètre .  .  om,7Ôo  om,75o 

Air  restant o  o 

D'où  l'on  déduit  pour  le  poids  du  litre 3,333       3,282 

Et  par  suite  pour  la  densité  cherchée 2 , 577        2,538 

Le  calcul  donne 2,535 

»  Ainsi  la  portion  de  l'huile  d'Amérique  qui  bout  à  3o°  ne  serait  donc 
autre  que  l'hydrure  d'amyle  pur.  Ce  liquide,  qui  dissout  avec  la  plus  grande 
facilité  les  matières  grasses  et  qui  brûle  avec  une  flamme  exempte  de  fu- 
mée, pourrait  donc  être  avantageusement  employé  soit  à  l'éclairage,  soit 
pour  détacher  les  étoffes.  Ce  produit  absorbe  rapidement  le  chlore,  même 
à  la  lumière  diffuse  et  à  la  température  ordinaire  en  s'échauffant.  Si  l'on 
évite  de  faire  intervenir  un  excès  de  ce  gaz,  qu'on  lave  à  l'eau  chargée  de 
carbonate  de  soude  le  liquide   provenant  de  cette  réaction  et  qui  fume  for- 


(  5io  ) 
tement  à  l'air  en  raison  de  l'acide  chlorhydrique  qu'il  retient  en  dissolution, 
puis  que  finalement  ou  le  fosse  digérer  sur  du  chlorure  de  calcium  anhydre, 
on  obtient  un  produit  complexe,  qui,  soumis  à  une  rectification  ménagée, 
laisse  dégager  au  commencement  une  petite  quantité  du  carbure  inaltéré, 
tandis  que  les  dernières  parties  qui  passent  à  la  distillation  renferment  des 
dérivés  par  substitution  du  carbure  primitif  dans  lequel  plus  d'un  équiva- 
lent d'hydrogène  a  été  remplacé  par  du  chlore.  Si  l'on  met  à  part  la  portion 
intermédiaire  et  qu'on  la  redistille,  on  peut  recueillir  une  certaine  quan- 
tité d'un  liquide  limpide  et  très-mobile  bouillant  entre  980  et  io3°,  dont  la 
composition  est  exactement  celle  du  chlorure  d'amyle. 
»   C'est  ce  que  démontrent  du  reste  les  analyses  suivantes  : 

I.  o6'  ,4^6  de  matière  nous  ont  donné,  par  leur  combustion  avec  l'oxyde  noir  de  cuivre 
osr,392  d'eau  et  oer,877  d'acide  carbonique. 

II.  osr,394  du  même  produit  nous  ont  donné  o6r,537  de  chlorure  d'argent,  soit  oEr,  i3î 
de  chlore. 

».  Ces  résultats,  traduits  en  centièmes,  conduisent  aux  nombres  sui- 
vants : 

I.  Il  Théorie. 

Carbone 50,  1 4  «  C'u 60,0         56,33 

Hydrogène 10,-21  »  H  " 11,0  1  o ,  33 

Chlore »  33, 5o  CI 35,5         33,34 

io6,5        100,00 
»  La  densité  de  vapeur  de  ce  produit  confirme  pleinement  les  résultats  des 
analyses  précédentes.  En  effet,  voici  les  nombres  que  nous  a  fournis  l'expé- 
rience : 

Température  de  l'air 1  i° 

Température  de  la  vapeur i55" 

Excès  de  poids  du  ballon osr,4°3 

Capacité  du  ballon 209"* 

Baromètre om ,  754 

Air  restant    o 

D'où  l'on  déduit  pour  le  poids  du  litre 4)9^4 

Et  par  suite  pour  la  densité  cherchée 3,854 

Le  calcul  donne 3,721 

»  Traité  par  une  dissolution  alcoolique  de  monosulfure  de  potassium,  ce 
produit  échange  son  équivalent  de  chlore  contre  un  équivalent  de  soufre  et 
donne  naissance  au  sulfure  d'amyle. 

»  Remplace-t-on  le  monosulfure  par  le  sulfhydrate,  on  engendre  le  mer- 
captan  amylique. 


(  5i.  ) 

»  Nous  n'avons  pas  poussé  plus  loin  ces  réactions,  qui  ne  nous  auraient 
rien  appris  de  plus. 

»  Si  l'on  soumet  à  des  rectifications  ménagées  l'huile  volatile  d'où  l'on  a 
séparé  les  hydrures  d'ainyle  et  de  caproylène,  on  voit  la  température  se 
fixer  pendant  assez  longtemps  entre  gou  et  96";  si  l'on  met  à  part  tout  le 
liquide  qui  passe  entre  ces  limites  de  température  et  qu'on  le  redistille  avec 
soin,  ou  parvient,  en  opérant  sur  des  quantités  de  matière  un  peu  notables, 
à  isoler  un  produit  qui,  purifié  par  l'agitation  avec  l'acide  sulfurique  au 
maximum  de  concentration,  des  lavages  à  l'eau  chargée  de  carbonate  de 
soude  et  la  dessiccation  sur  du  chlorure  de  calcium,  bout  entre  920  et  94°- 
C'est  un  liquide  incolore  et  très-limpide  dont  l'odeur  rappelle  celle  de  l'hv- 
drure  de  caproylène.  Sa  densité  est  de  0,6995  à  la  température  de  160.  Le 
chlore  l'attaque  surtout  à  l'aide  d'une  douce  chaleur  et  donne  des  produits 
analogues  à  ceux  que  fournit  l'hydrure  de  caproylène. 

»  Plusieurs  analyses  concordantes  de  ce  produit  conduisent  à  la  for- 
mule 

C"H,C, 

qui  se  trouve  confirmée  par  la  densité  de  vapeur. 

»   En  effet,  l'expérience  nous  a  fourni  les  nombres  suivants  : 

Température  de  l'air.  .  .    n" 

Température  de  la  vapeur i52° 

Excès  de  poids  du  ballon o6r,877 

Capacité  du  ballon 5o8cc 

Baromètre o1",^2 

Air  restant o 

D'où  l'on  déduit  le  poids  du  litre 4)^7^ 

Et  par  suite  pour  la  densité  cherchée 3, 616 

Le  calcul  donne 3,5a2 

»  Ce  composé  ne  serait  donc  autre  que  l'hydrure  d 'œnanthyle  et  par  suite 
le  point  de  départ  des  divers  dérivés  de  la  série  cenanthylique. 

»  En  continuant  la  distillation  du  liquide,  d'où  le  produit  précédent  a 
été  séparé,  on  observe  encore  que  le  thermomètre  oscille  pendant  assez 
longtemps  entre  1  i5°et  1200.  Le  produit  condensé,  soumis  comme  les  pré- 
cédents à  l'action  successive  de  l'acide  sulfurique  et  du  carbonate  de  soude, 
séché  sur  du  chlorure  de  calcium  anhydre  et  redistillé,  se  présente  sous  la 
forme  d'un  liquide  incolore  et  très-mobile,  dont  l'odeur  se  rapproche  de 
celle  des  carbures  précédents.  Sa  densilé  est  de  0,726  à  la  température  de 
i5°.  I!  bout  entre  11 6°  et  11 8°.  L'analyse  de  cette  substance,  qu'on  peut 
considérer  comme  Vhjdnire  de  capiyle,  nous  a  donné  des  nombres  qui  con- 


(  5ia) 
duisent  à  la  formule 

C,8H", 

formule  qui  se  trouve  confirmée  par  la  densité  de  vapeur.  En  effet  : 

L'expérience  fournit  le  nombre 4)009 

Le  calcul  donne 4  >  °  '  5 

»  En  continuant  la  rectification  de  l'huile  restée  dans  la  cornue,  nous 
sommes  pai  venus  à  isoler  trois  autres  carbures  d'hydrogène,  qui  présentent 
après  la  purification  les  caractères  suivants  : 

»  Le  premier  bout  entre  i36°  et  i38°,  sa  densité  est  de  0,741  à  la  tempé- 
rature de  i5°;  son  odeur,  analogue  à  celle  des  composés  précédents,  a  quel- 
que chose  de  légèrement  citronné. 

»   L'analyse  élémentaire  conduit  à  la  formule 

C,8H20, 

qui  confirme  la  densité  de  vapeur.  En  effet  : 

L'expérience  fournit  le  nombre 4i54' 

Le  calcul  donne 4)5oS 

»  Le  second  bout  entre  1600  et  1620.  C'est  un  liquide  incolore  et  tres- 
limpide,  qui  présente  une  odeur  citronnée  plus  manifeste  que  le  précédent. 
Sa  densité  est  de  0,767  à  la  température  de  i5°.  Le  chlore  l'attaque  ainsi 
que  les  autres  en  fournissant  des  produits  de  substitution  régulière. 

»   L'analyse  conduit  à  la  formule 

C20H22, 

qui  correspond  à  4  volumes  de  vapeur.  En  effet  : 

L'expérience  fournit  le  nombre.  ....      5,o4o 
Le  calcul  donne 5, 001 

»  Enfin  le  troisième  produit  que  nous  avons  extrait  de  l'huile  volatile 
d'Amérique  bout  entre  1800  et  1840.  C'est  un  liquide  incolore  et  limpide, 
dont  la  densité  est  de  0,765  à  la  température  de  160.  Son  odeur  est  moins 
agréable  que  celle  des  composés  précédents. 

»  Son  analyse  conduit  à  la  formule 

C22H2\ 

qui  correspond  à  4  volumes  de  vapeur.  En  effet  : 

L'expérience  fournit  le  nombre 5,458 

Le  calcul  donne 5,494 

»  A  cette  classe  de  produits  intéressants  vient  se  rattacher  la  paraffiue  qui 
les  accompagne  constamment  dans  les  pétroles  d'Amérique,  et  qui  se  carac- 
térise comme  eux  par  une  grande  indifférence  chimique.  Peut-être  même 


(  5i3) 
existe-t-il   plusieurs  carbures  solides  constituant  des  paraffines  distinctes, 
formant  des  mélanges  analogues  à  ceux  que  nous  présentent  les  carbures 
liquides  :  c'est  un  problème  que  nous  nous  proposons  de  résoudre. 

»  En  résumé  nous  avons  retiré  de  la  portion  des  huiles  volatiles  d'Amé- 
rique, qui  bout  an-dessous  de  2000,  sept  carbures  d'hydrogène  homolo- 
gues, appartenant  à  la  série  remarquable  dont  le  gaz  des  marais  forme  le 
premier  échelon.  Chacun  d.e  ces  carbures  est  attaqué  par  le  chlore,  et  le 
premier  terme  de  cette  substitution  représente  l'éther  chlorhydrique  de  l'al- 
cool correspondant,  ces  carbures  pouvant  à  juste  titre  être  considérés  comme 
le  point  de  départ  des  divers  alcools  de  la  série  éthylique. 

»  A  l'exception  de  l'hydrure  de  caproylène,  dont  nous  avons  fait  une 
étude  assez  complète,  nous  n'avons  fait  qu'esquisser  dans  ce  travail  l'his- 
toire de  ses  homologues  supérieurs;  mais  il  est  facile  de  prévoir  quels  sont 
les  composés  qui  pourraient  naître  de  l'action  réciproque  de  ces  carbures 
avec  divers  réactifs. 

»  Bien  que  ces  recherches  soient  encore  fort  incomplètes,  nous  venons  les 
offrir  à  l'Académie,  nous  proposant  de  les  poursuivre  avec  activité. 

»  Nous  donnerons  en  terminant,  sous  forme  de  tableau,  la  composition 
de  ces  différents  carbures,  en  disposant  en  regard  les  chiffres  qui  représen- 
tent leurs  densités  ainsi  que  leurs  points  d'ébullition. 

Noms.  Formules.  Densité.  Point  d'ébullition. 

Hydrure  d'amvle C'°H"  =  4  vol.  vap.      0,628  3o° 

»         de  caproylène.  .  .      CH"  =  »  0,669  ^8 

d'œnanlhyle.  .  .        C"H'6=  »  0699  920  à     94 

»         de  capryle C'6H,8=  »  0,726  1 16  à    118 

de  pélargylé.  .  .       C,8H2°=  »  0,741  i36à   1 38 

de  rntyle C°H22  =  »  °>757  160  à   162 

C!2H2'  =  »  0,766  180  à   184 

ASTRONOMIE.  —  Mémoire  sur  l'équation  séculaire  de  In  Lune; 
par  M.  Dei.aunay. 
«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  exemplaire  d'un  Mémoire 
que  je  viens  de  publier  (1),  et  qui  a  pour  objet  l'équation  séculaire  de  la  Lune. 
L'Académie  n'a  pas  oublié  la  vive  controverse  dont  cette  question  a  été 
récemment  l'objet.  Les  arguments  divers  qui  ont  été  fournis  à  cette  occa- 
sion, pour  défendre  telle  ou  telle  manière  de  voir,  ont  laissé  des  traces  qui 
ne  me  paraissent  pas  conformes  à  la  vérité.  C'est  pour  rectifier  les  idées  sur 
ce  sujet  que  j'ai  écrit  ce  Mémoire.  En  y  retraçant  aussi  exactement  que 

(1)  additions  à  la  Connaissance  des  Temps  de  1864. 

C.  R.,  |8'.3     1"  Semestre.    (T.  LVI,    N°   12.)  68 


(  5r4  ) 
possible  l'histoire  des  diverses  phases  par  lesquelles  la  question  a  passé  suc- 
cessivement, je  cherche  à  bien  montrer  le  véritable  état  où  elle  a  été 
amenée  dans  ces  derniers  temps,  et  cela  au  double  point  de  vue  des  indi- 
cations fournies  par  les  observations  et  des  données  que  l'on  a  pu  déduire 
de  la  théorie. 

»   Voici  les  conclusions  auxquelles  je  suis  conduit  : 

»  i°  La  variation  séculaire  de  l'excentricité. de  l'orbite  de  la  Terre  pro- 
duit une  accélération  du  moyen  mouvement  de  la  Lune  qui  est  d'environ 
6"  par  siècle  (6",n  est  la  valeur  fournie  par  les  calculs  les  plus  complets 
qui  aient  été  effectués  jusqu'à  présent  sur  ce  sujet); 

»  2°  Les  anciennes  observations  d'éclipsés  ne  prouvent  nullement  que 
le  moyen  mouvement  de  la  Lune  soit  affecté  d'une  variation  séculaire  plus 
grande  que  celle  qui  vient  d'être  indiquée; 

»  3°  On  n'est  nullement  autorisé  jusqu'à  présent  à  penser  que  la  décou- 
verte faite  par  Laplace  de  la  cause  qui  produit  l'accélération  du  moyen 
mouvement  de  la  Lune  soit  insuffisante  pour  expliquer  la  totalité  du  phé- 
nomène; 

»  4°  Enfin,  pour  éclairer  la  question  à  ce  point  de  vue,  il  esl  indispen- 
sable qu'on  reprenne  les  recherches  sur  les  éclipses  chronologiques,  en 
partant  de  la  valeur  6",  i  i  que  la  théorie  indique  comme  étant  celle  de 
l'accélération  séculaire  due  à  la  cause  trouvée  par  Laplace.  » 

NAVIGATION  ET  PHYSIQUE  DU   GLOBE.  —  Courants  généraux  de  l'atmosphère  : 
système  des  vents;  Note  de  M.  Diperrey. 

«  Dans  un  Mémoire  qui  fait  partie  de  la  Revue  maritime  et  colonialt 
et  qui  a  pour  titre  :  Renseignements  nautiques  recueillis  à  bord  du  vaisseau 
leDuperré  et  de  la /régate  la  Forte  pendant  un  voyage  en  Chine,  l'auteur, 
.17.  Rourgois,  fait  connaître  les  principaux  résultats  des  observations  nom- 
breuses d'hydrographie,  de  météorologie  et  de  physique  du  globe  aux- 
quelles il  s'est  livré,  d'abord  sur  le  vaisseau  le  Duperré,  qu'il  fut  chargé 
de  conduire  en  Chine  en  1860,  puis  ensuite  sur  la  frégate  la  Forte  dont  il 
effectua  le  retour  en  Europe  en  1862. 

»  Au  nombre  de  ces  belles  et  nombreuses  observations,  celles  qui  sont 
relatives  au  régime  des  vents  et  des  courants  sont  d'un  haut  intérêt,  en  ce 
que,  ayant  été  faites  avec  une  attention  soutenue,  scrupuleuse  et  indépen- 
dante de  toute  idée  préconçue,  elles  permettent,  en  présence  des  faits  irré- 
vocables que  l'auteur  en  déduit,  de  distinguer  quels  sont,  parmi  les  divers 
systèmes  plus  ou  moins  hypothétiques  proposés  jusqu'à  ce  jour,  ceux  qui 


(5,5  ) 

méritent  de  fixer  l'attention  d'avec  ceux  qui  ont  le  grave  inconvénient  d'in- 
duire en  erreur  les  navigateurs  et  les  physiciens. 

»  Cet  important  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  est 
terminé  par  des  conclusions  dont  je  demande  à  l'Académie  la  permission  dé 
citer  quelques  fragments. 

«  Nous  avons  rendu  compte,  dit  M.  Bourgois,  avec  une  fidélité  trop 
»  scrupuleuse  peut-être,  des  observations  de  vents  faites  sur  la  route  d'Eu- 
«  rope  en  Chine  et  de  Chine  en  Europe,  à  bord  des  bâtiments  de  l'Etat  que 
»  nous  avons  successivement  commandés  ou  dont  les  journaux  sont  tom- 
»   bés  entre  nos  mains. 

»  Le  lecteur  a  pu  voir  se  révéler  à  chaque  pas  un  complet  désaccord 
»  entre  les  faits  observés  et  les  hypothèses  admises  par  M.  Maury  (des  États- 
»  Unis)  dans  son  système  des  vents,  et  se  vérifier  fréquemment  au  contraire 
»  les  faits  généraux  établis  par  M.  Lartigue  sur  la  circulation  de  l'atmo- 
«   sphère  à  la  surface  du  globe. 

»  Les  observations  relatées  dans  le  présent  Mémoire  seraient  assurément 
«  trop  peu  nombreuses,  en  comparaison  de  celles  inscrites  par  l'auteur  de 
»  la  Géographie  physique  de  la  Mer,  pour  infirmer  les  conséquences  de  ces 
»  dernières,  si  elles  contredisaient  les  nôtres.  Mais  cet  auteur  ne  semble 
»  guère  avoir  eu  recours,  en  écrivant  son  livre,  à  la  vaste  compilation  de 
»  faits  dont  ses  laborieux  efforts  ont  doté  la  Météorologie.  Il  s'est  laissé 
»  guider  surtout  par  sa  vive  et  fertile  imagination,  et  il  a  dû  le  succès  de 
»  son  oeuvre  bien  moins  à  l'exactitude  de  ses  hypothèses  et  à  la  rigueur  de 
»  ses  déductions  qu'à  l'originalité  hardie  de  ses  conceptions  et  an  charme 
»   entraînant  de  son  style. 

>  Ee  système  des  vents  de  M.  Maury,  comme  tous  ceux  qu'on  voudrait 
»  lui  substituer,  ne  sauraient  cependant  avoir  de  base  plus  solide  que  lïn- 
»  terprétation  intelligente  des  innombrables  observations  de  vents  inscrites 
»  sur  ses  propres  cartes. 

»  C'est  à  l'aide  de  ces  observations  que  M.  Maury  aurait  dû  fournir  à 
>•  ses  lecteurs  la  preuve  de  l'existence  des  zones  continues  de  calmes  équa- 
»  toriaux  et  tropicaux  qui  forment  la  base  de  son  système.  L'aridité  de  ce 
»  genre  de  preuves  aurait  nui  peut-être  à  la  vogue  du  livre,  en  rebutant  les 
»  lecteurs  superficiels;  mais  la  science  et  la  vérité  y  auraient  trouvé  leur 
»  compte.  Peut-être  aussi  M.  Maury  eût-il  reculé  devant  les  hypothèses 
»  hasardées  qu'il  n'a  pas  craint  d'introduire  dans  sa  Géographie  physique 
»  de  la  Mer,  en  négligeant  ainsi  l'enseignement  des  faits  d'observalions  re- 
»  cueillis  par  lui-même.    » 

68.. 


(  5i6  ) 
»  M.  Lartigue,  dans  les  Nouvelles  Annales  maritimes  de  1860,  avait  déjà 
donné  de  nombreuses  preuves  du  désaccord  qui  existe  entre  ces  faits  et  la 
théorie  des  vents  de  M.  Maury.  Ce  désaccord  n'est  pas  moindre  qu'entre  la 
même  théorie  et  les  observations  de  vents  recueillies  à  bord  du  vaisseau  le 
Duperré,  de  la  frégate  la  Forte  et  d'autres  bâtiments  de  l'expédition  de  Chine, 
tels  sont  i  Andromague ,  la  Vengeance,  le  Rhin,  l  Entreprenante  et  le  Rhône.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Note  sur  deux  nouveaux  genres  de  bois  fossile  recueillis  dans 
tes  environs  de  Constantinople ;  par  M.  P.  de  Tchihatchef. 

«    La  puissante  nappe  de  diluvium  qui  revêt  les  environs  de  Constanti- 
nople, en  pénétrant  bien  avant  dans  la  Thrace,  contient  sur  plusieurs  points 
des  bois  fossiles  qui  n'ont  pas  encore  été  l'objet  d'une  étude  quelconque 
de  la  part  des  paléontologistes.  Et  cependant,  les  débris  végétaux  en  géné- 
ral sont  d'autant  plus  importants  pour  la  constitution  géologique  des  régions 
situées  des  deux  côtés  du  Bosphore,  qu'ils  y  sont  extrêmement  rares,  ainsi 
que  j'ai  pu  m'en  convaincre  pendant   mes  longues    explorations   en  Asie 
Mineure,  où  les  terrains  qui  composent  cette  péninsule   m'ont  fourni  de 
nombreux  représentants  du  règne  animal,  mais  à  l'exclusion  presque  com- 
plète de  toute  trace  végétale.  J'ai  donc  dû  considérer  comme  une  véritable 
bonne  fortune  la  découverte  d'un  gisement  de  bois  fossiles  dans  la  proxi- 
mité même  de  Constantinople,  et  nommément  à  i3  lieues  environ  au  N.-O. 
de  cette  capitale  sur  les  bords  du  lac  Derkos,  situé  près  du  littoral  de  la 
mer  Noire.  C'est  la  description  de  deux  formes  nouvelles  recueillies  par 
moi   dans   cette   localité  que  j'ai  l'honneur    de    présenter  à  l'Académie. 
Je  dois  ce  travail  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Unger,  qui  a  bien  voulu 
soumettre  les  échantillons  que  je  lui  avais  transmis  à  une  étude  approfon- 
die, dont  il  vient  de  me  communiquer  les  résultats,  savoir  :  deux  diagnoses 
d'espèces  appartenant  à  deux  genres  nouveaux  qu'il  a  appelés  Tchihatche- 
wia  et  Consîantinium,  ainsi  que  des  dessins  admirablement  exécutés  par  le 
même  savant  (à  un  grossissement  de    110  fois),   représentant  des  coupes 
horizontales  et  verticales  de  ces  bois.  Comme  ces  dessins  ne   pourraient 
trouver  place  ici,  et  qu'ils  sont  destinés  à   paraître  dans  le  grand  ouvrage 
que  je   prépare  sur  la  géologie  de  l'Asie  Mineure,    de  l'Arménie  et   du 
Bosphore,   je  demande   la   permission    de    reproduire    les    diagnoses   de 
M.  Unger  ainsi  que  les  observations  qui  les  accompagnent. 

«  TchiuatchEWIA  BYZANT1NA  Uug.  Ligiti  slrata  coiicenlrica,  conspicua  duas 
»  tincas  et  ultra  lata.  liadii  medullares  homomorphi  conjerli  c  cellulis  duplicis 
»   ordinis  confiât/',  majoribus  stralo  simplici  cellulas  minimas  cingentibus  Vasa 


(  5i7  ) 
«  porosa  vacua  bi-pluries  connata,  in  limite  slrati  annui  ctmpla,  sensim  minora 
•   et  in  fine  strati  minima  cetérum  œquabililer  dislributct.  Cellulœ  ligni  prosen- 
ii   cbymalosœ  leptotuhœ. 

»  Ce  bois,  très-remarquable  par  l'excellente  conservation  de  toutes  ses 
i  parties  élémentaires,  n'a  encore  jamais  été  trouvé  à  l'état  fossile.  Il  appar- 
»  tient  à  la  section  dans  laquelle  ont  été  rangées  la  Klippsteinia  et  la  Rosthor- 
i  nia  (Ung.  Gen.ct  spec.  plant.  foss.,\>.  53 1),  mais  il  se  distingue  de  celles-ci 
»  par  ses  rayons  médullaires  qui  dans  la  Tt  hihatchewiù  sont  composés  de 
»  cellules  de  deux  dimensions  différentes,  les  petites  se  trouvant  enchâs- 
i.  sées  dans  les  grandes.  Les  cellules  prosenchymatiques  sont  fort  étroites 
«  et  à  parois  minces.  La  largueur  des  vaisseaux  ponctués  varie  considé- 
ii  rablement,  selon  que  ces  vaisseaux  se  trouvent  au  bout  ou  au  commence- 
»   ment  des  couches  annuelles. 

»  Constantinium  PUOTEOinES  Ung.  Lii/ni  strata  concenlrica,  inconspicua. 
»  Radii  meclul lares  heteromorphi,  majores  rariores  corpore  longissimo  usque 
»  j  lin.  lato,  minores  creberrimi  uni-quatuor-seriales.  Vasa  porosa  copiosa 
»  angusta  utplurimum  simpticia  cellulis  impleta,  œquabililer  distribuiez,  Cetlula- 
»   ligni  prosenchymatosœ  pachytiebœ. 

»  Jusqu'à  présent  les  deux  genres  Quercinium  et  Lilia  (foc.  cit.,  p.  53 1) 
»  figuraient  seuls  dans  la  section  qui  était  destinée  aux  bois  caractérisés 
»  |>ar  des  rayons  médullaires  de  deux  dimensions,  c'est-à-dire  les  uns 
»  grands  et  d'autres  petits.  C'est  à  cette  section  que  vient  se  joindre  le 
»  Constantin ium,  auquel  ce  nom  a  été  donné  pour  rappeler  sa  provenance. 
»  11  n'est  pas  dans  toutes  ses  parties  aussi  bien  conservé  que  le  précédent, 
»  en  sorte  que  l'on  a  souvent  de  la  peine  à  y  constater  la  ponctuation  des 
»  vaisseaux;  de  même,  les  cellules  paraissent  généralement  avoir  des  parois 
»  assez  minces,  ce  qui  au  reste  n'est  que  l'effet  de  l'action  dissolvante  de 
»  la  fossilisation,  puisque  çà  et  là  on  aperçoit  des  cellules  encore  munies 
»  de  leur  membrane  primitive  à  parois  épaisses. 

«  Le  bois  dont  il  s'agit  se  distingue  du  Qnercinium  par  l'absence  ou  du 
»  moins  par  le  caractère  très- peu  prononcé  des  couches  annuel  les,  tandis  que 
»  la  nature  des  spiroïdes  ainsi  que  plusieurs  autres  traits^différentiels  l'éloi- 
»  giient  de  Lilia.  Le  nom  spécifique  de  proteoides  est  destiné  à  rappeler 
"  certaines  analogies  de  ce  bois  fossile  avec  celui  des  Protea.  » 

»  Sans  doute  les  formes  intéressantes  dont  je  viens  de  reproduire  la 
description  d'après  le  manuscrit  allemand  de  M.  Unger  sont  loin  de  repré- 
senter la  totalité  des  richesses  végétales  fossiles  accumulées  dans  la  localité 
susmentionnée  où  je  n'ai  fait  que  passer  rapidement.  Aussi  suis-je  décidé  à 


(  5.8  ) 
m  \  transporter  très-prochainement,  afin  de  la  soumettre  a  une  exploration 
détaillée.  Je  m'estimerai  heureux  non-seulement  d'offrir  à  l'Académie  les 
résultats  de  ces  nouvelles  recherches  que  j'ai  tout  lieu  de  croire  fructueuses, 
mais  encore  d'enrichir  les  helles  collections  paléoutologiques  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle,  en  y  déposant  les  échantillons  de  bois  fossiles  qui 
j'aurai  recueillis,  et  que  le  savant  professeur  de  Vienne  a  bien  voulu  me 
promettre  de  décrire  et  de  figurer,  double  tâche  dont  il  sait  s'acquitter  avec 
une  égale  habileté.  » 

RAPPORTS. 

BOTANIQUE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  Duval-Jouve,  mlilutr  : 
Histoire  naturelle  des  Equisetum  de  France. 

;  Commissaires,  MM.  Decaisne,  Tulasne,  Brongniart  rapporteur.  ) 

«  Le  genre  Prèle  ou  Equisetum  constitue  à  lui  seul  une  des  familles  les 
plus  remarquables  parmi  les  cryptogames  supérieures  ou  vasculaires. 

»  La  forme  extérieure  si  particulière  de  ces  végétaux,  la  nature  et  la 
disposition  de  leurs  organes  végétatifs  et  les  caractères  de  leurs  organes 
de  reproduction  les  isolent  en  apparence  complètement  des  familles  au- 
près desquelles  cependant  quelques  points  essentiels  de  leur  structure 
et  les  phénomènes  les  plus  importants  de  leur  reproduction  doivent 
nécessairement  les  placer.  Aussi,  ces  plantes  ont-elles  été  de  tout  temps 
l'objet  d'études  spéciales,  et,  dans  ces  dernières  années  surtout,  des 
(•■couvertes  importantes  ont  été  faites  sur  leur  mode  de  reproduction; 
car,  grâce  aux  recherches  de  MM.  Thurel,  Hoffmeister,  Milde,  dans 
l'espace  de  quelques  années,  de  1848  à  i85a,  le  mystère  de  la  fécon- 
dation a  été  dévoilé  dans  ces  plantes  aussi  bien  que  clans  les  fougères,  et 
1  démontré  l'intime  affinité  qui  existe  entre  ces  végétaux. 

»  Ces  travaux  récents  auraient  pu  faire  croire  qu'il  11')  avait  plus  lieu 
à  de  nouvelles  études  sur  ces  végétaux;  aussi  M.  Duval-Jouve  dit-il  lui- 
même  que  d'abord  il  n'avait  eu  l'intention  que  de  résumer  et  de  combiner 
les  travaux  des  autres  en  en  vérifiant  les  points  les  plus  essentiels;  mais 
l'intérêt  du  sujet,  les  résultats  intéressants  auxquels  l'ont  conduit  ses  propres 
observations,  les  points  laissés  obscurs  et  les  contradictions  de  quelques 
observateurs  l'ont  engagea  approfondir  et  à  étendre  ses  recherches,  et  il  en 
est  résulté,  après  plusieurs  années  d'études  continuées  avec  persévérance, 
un  travail  original  aussi  complet  qu'on  peut  le  concevoir  sur  cette  famille 
si  remarquable. 

»    Sans  doute,  beaucoup  des  observations  de    M.    Duval-Jouve   ne  font 


(5.9) 
que  confirmer  celles  de  ses  devanciers,  mais  celle  vérification  même  d'ol> 
servations  délicates  et  difficiles  faite  par  la  même  personne  pour  tous  les 
points  de  l'organisation  de  ces  plantes,  cette  vérification,  étendue  à  toutes 
les  espèces  de  ce  genre,  donnerait  à  elle  seule  déjà  une  grande  valeur  aux 
études  de  M.  Duval-Jouve. 

»  Il  était  impossible,  cependant,  que  des  recherches  si  bien  dirigées  ne 
lui  fournissent  l'occasion  d'ajouter  aux  résultats  obtenus  par  les  savants 
qui  l'avaient  précédé;  en  effet,  cet  excellent  observateur  a  suivi  la  plupart 
des  espèces  <X Equisetum  depuis  leur  premier  développement  au  sortir  de  la 
spore  jusqu'à  leur  accroissement  complet  et  à  la  formation  de  ces  mêmes 
spores,  et  par  l'étude  successive  et  comparative  des  mêmes  orgaues  à  toutes 
les  périodes  de  leur  évolution,  il  a  nécessairement  mieux  saisi  plusieurs 
points  importants  de  leur  organisalion. 

»  Ainsi,  il  a  étudié  avec  un  soin  tout  particulier  non-seulement  lat  struc- 
ture des  tiges,  des  rameaux  et  des  racines  adultes  dans  les  diverses  espèces, 
et  il  a  montré  les  rapports  qui  existent  entre  les  divers  tissus  qui  les  consti- 
tuent, mais  il  a  suivi  le  mode  de  développement  de  ces  divers  tissus,  la  for- 
mation et  la  multiplication  des  cellules  qui  au  sommet  du  bourgeon  dé- 
terminent la  première  évolution  de  la  tige,  la  première  apparition  des  gaines 
qui,  dans  ces  plantes,  remplacent  les  feuilles,  la  formation  des  stomates  et 
des  vaisseaux,  et  il  a  montré  les  changements  qui  s'opèrent  dans  ces  or- 
ganes aux  divers  âges  de  ces  plantes.  Sur  plusieurs  points,  ses  observa- 
tions ainsi  dirigées  ont  ajouté  des  faits  très-intéressants  à  ceux  déjà  connus. 

»  Dans  ces  plantes,  les  gaines  qui  entourent  de  distance  en  distance 
les  tiges  et  les  rameaux  sont  généralement  considérées  comme  formées  par 
un  verticille  de  feuilles  imparfaites;  M.  Duval-Jouve,  en  étudiant  leur  for- 
mation et  en  montrant  qu'elles  résultent,  dès  l'origine,  d'un  anneau  ou 
bourrelet  continu  dont  le  bord  libre  ne  se  divise  que  plus  tard  pour  formel- 
les dents  de  ces  gaines,  rend  l'assimilation  de  ces  organes  avec  les  feuilles 
très-douteuse,  et  ce  mode  de  formation,  joint  à  la  différence  de  position 
des  dents  de  ces  gaines,  relativement  aux  rameaux,  doit  porter  à  consi- 
dérer chacune  des  parties  constituantes  de  ces  gaines  comme  très-diffé- 
rente des  véritables  feuilles. 

»  L'étude  de  1'épiderme  et  des  modifications  accidentelles  qu'il  peut 
éprouver  l'a  conduit  à  considérer  la  couche  siliceuse  qui  le  recouvre, 
et  qui  lui  donne  cette  dureté  remarquable  qui  fait  employer  les  liges  de 
Prêles  dans  l'industrie,  comme  une  sécrétion  de  la  partie  des  cellules  de  le- 


(    520    ) 

piderme  qui  est  en  contact  avec  l'air,  et  non  pas  comme  entrant  dans  la 
constitution  même  de  leurs  membranes,  ainsi  que  le  pensent  plusieurs  au- 
teurs. C'est,  sans  doute,  un  exemple  très-remarquable  d'une  sécrétion  de 
matière  inorganique  en  dehors  des  cellules;  sécrétion  qui,  malgré  sa  na- 
ture si  différente,  rappelle  celle  des  matières  cireuses  qui  recouvrent  sou- 
vent la  surface  externe  de  Fépiderme  des  feuilles  et  des  fruits. 

»  Des  détails  pleins  d'intérêt  sur  le  développement  et  la  structure  des 
stomates  de  ces  végétaux,  sur  leur  position  toujours  limitée  aux  parties  de 
l'épidermequi  recouvrent  un  parenchyme  rempli  de  chlorophylle,  sur  leur 
perméabilité  par  l'air  et  sur  leur  occlusion  dans  d'autres  circonstances, 
fournissent  de  nouvelles  preuves  du  rôle  de  ces  petits  organes  dans  les 
fonctions  respiratoires  des  plantes. 

»  Le  système  vasculaire  des  Prèles  est  très-peu  développé,  mais  il  pré- 
sente quelques  faits  intéressants  mieux  étudiés  par  M.  Duval-Jouve  qu'ils  ne 
l'avaient  été  précédemment.  Ce  système  vasculaire  est  constitué  par  un 
cylindre  de  faisceaux  distincts  très-réguliers  composés  de  vaisseaux  annelés 
ou  spiraux  dont  l'auteur  du  Mémoire  a  suivi  le  mode  de  formation  et  de 
développement  graduel  avec  beaucoup  de  précision,  grâce  au  mode  d'ac- 
croissement de  chacun  des  mérithalles.  Mais  il  a  constaté  en  outre  que 
bientôt  les  plus  internes  des  vaisseaux  de  chacun  de  ces  faisceaux  se  dé- 
truisent, sont  résorbés  et  produisent  ainsi  des  lacunes  régulières  et  con- 
stantes qui  accompagnent  à  l'intérieur  chacun  des  faisceaux  vasculaires 
dans  la  plante  adulte.  Cette  existence  temporaire  de  vaisseaux  qui  se  dé- 
truisent plus  tard  et  dont  les  fonctions  paraissent  ainsi  transitoires  avait 
déjà  été  signalée  par  M.  Chatin  et  par  quelques  autres  anatomistes,  mais 
spécialement  dans  des  plantes  aquatiques  dont  les  parties  adultes  en  étaient 
complètement  dépourvues;  mais  les  Equisetum  fournissent  peut-être  le  pre- 
mier exemple  de  cette  résorption  parmi  des  plantes  non  aquatiques  et  qui 
conservent  un  système  vasculaire  pendant  toute  leur  vie. 

»  L'étude  du  mode  de  végétation  des  Prèles,  de  leurs  rhizomes,  des  tu- 
bercules qui  en  naissent,  de  la  multiplication  de  ces  plantes  par  la  division 
de  ces  rhizomes,  multiplication  malheureusement  trop  facile  dans  les  terres 
cultivées,  a  été  poursuivie  avec  une  égale  persévérance  par  M.  Duval-Jouve 
pour  toutes  les  espèces,  soit  en  Alsace,  soit  en  Provence,  et  on  peut  dire 
qu'aucun  des  phénomènes  qui  touchent  à  la  vie  de  ces  plantes  singulières 
n'a  été  négligé  par  lui. 

»   Les  organes  de  la  reproduction  méritaient  une  égale  attention;  ce  ne 


(  5ai   ) 
sont  pas  en  effet  les  parties  les  moins  remarquables  de  ces  curieuses  cryp- 
togames. 

»  Tout  le  monde  connaît  les  épis  qui  terminent  les  tiges  des  Prêles  et 
qui  laissent  échapper  de  l'intérieur  des  conceptacles  qu'ils  supportent, 
lorsqu'ils  sont  arrivés  à  leur  entier  développement,  une  immense  quantité 
de  corpuscules  sphériques  accompagnés  de  filaments  contournés  en  spirale 
et  doués  de  mouvements  hygroscopiques  que  détermine  le  moindre  change- 
ment dans  le  degré  d'humidité  de  l'air  ambiant. 

»  Ces  corps  sont  les  spores  des  Equiseïum,  et  les  filaments  auxquels  on  a 
voulu  autrefois  attribuer  des  fonctions  fécondatrices  ne  sont  destinés  qu'à 
faciliter  leur  sortie  et  leur  dissémination. 

»  M.  Duval-Jouve  a  suivi  avec  le  plus  grand  soin  la  formation  des  con- 
ceptacles ou  sporanges  et  des  spores  qu'ils  renferment;  il  a  déterminé  les 
divisions  successives  qu'éprouvent  les  cellules  avant  d'arriver  à  la  produc- 
tion de  la  cellule  mère  de  chaque  spore;  il  a  constaté  pour  ces  cryptogames, 
comme  on  l'avait  déjà  fait  pour  d'autres  et  pour  les  Equisetum  eux-mêmes, 
l'analogie  complète  qui  existe  entre  le  mode  de  formation  des  spores  et 
celui  des  grains  de  pollen  dans  l'anthère;  il  a  enfin  parfaitement  démontré 
Ja  manière  dont  se  forment  les  filaments  spiraux  qui  entourent  chaque 
spore  et  qui  résultent  de  la  division  en  une  double  bande  spirale  de  la 
membrane  épaissie  de  la  cellule  mère,  ou,  si  l'on  veut,  de  la  membrane  la 
plus  externe  de  la  spore  elle-même. 

«  La  germination  de  ces  spores  donne  naissance,  comme  dans  les  fou- 
gères, à  une  petite  fronde  verte  irrégulièrement  lobée,  qui  n'est  pas  encore 
la  nouvelle  plante  et  qu'on  a  nommée  proembryon  ou  prothallium,  et  cpie 
M.  Duval-Jouve  désigne  parle  nom  de  sporophyme. 

»  En  suivant  sur  de  nombreuses  germinations  des  spores  de  la  plupart 
des  espèces  d'Ecpùsetum  de  France  le  développement  de  ces  petites  fron- 
des, M.  Duval-Jouve  a  pu  constater  de  nouveau  et  étudier  dans  leurs  plus 
petits  détails  les  phénomènes  si  singuliers  signalés  dans  ces  plantes  pour  la 
première  fois  par  M.  Thurel  et  par  M.  Hoffmeister,  et  qui  les  rattachent  si 
intimement  aux  fougères  chez  lesquelles  des  phénomènes  analogues  avaient 
été  observés  depuis  peu  d'années. 

»  On  sait  en  effet  que  dans  les  fougères,  comme  dans  les  Prêles,  les  spores 
donnent  naissance  à  une  petite  fronde  de  quelques  mdlimètres  dont  la  crois- 
sance s'arrête  bientôt,  mais  qui  produit  des  anthéridies  remplies  d'anthé- 
rozoïdes et  des  archégones  contenant  chacune  une  cellule  embryonnaire  des- 

C  R.,  i863,   i«  Semestre.  (T.  LV1,  N°  12.)  69 


(  Saa  ) 
tinée,  après  la  fécondation,  à  devenir  le  germe  de  la  nouvelle  plante  qui 
s'est  ainsi  foruiée  librement  au  centre  de  l'archégone. 

»  Ces  faits  si  inattendus,  découverts  dans  les  fougères  et  les  Prèles  de 
1848  à  1862,  avaient  eu  pour  résultat  non-seulement  de  faire  rentrer  toute 
cette  grande  classe  de  végétaux  cryptogames  sous  les  lois  de  plus  en  plus 
générales  de  la  reproduction  sexuelle,  mais  en  outre  de  signaler  un  mode 
de  fécondation  dont  on  n'avait  jusqu'alors  aucune  idée  et  dont  les  phéno- 
mènes se  passaient,  au  moins  en  apparence,  à  une  période  de  la  vie  de  la 
plante  pendant  laquelle  on  ne  pouvait  pensera  les  chercher. 

»  M.  Duval-Jouve,  par  les  semis  qu'il  était  parvenu  à  obtenir  facilement 
et  en  abondance  de  toutes  les  espèces  de  Prèles,  a  pu  suivre  mieux  que  ses 
prédécesseurs  toutes  les  circonstances  de  la  production  et  de  l'accroisse- 
ment de  ces  organes;  il  a  pu  constater  que,  dans  la  majorité  des  cas,  ces 
sporophymes  ou  prolliallium  étaient  unisexués,  que  le  développement  des 
anthéridies  etdesarchégones  sur  une  même  fronde  étaituncas  exceptionnel, 
et  que,  dans  ce  cas  même,  un  de  ces  organes  était  toujours  très-prédomi- 
nant. Il  a  vu  que  l'humidité  de  la  rosée  déposée  sur  ces  petites  frondes  favo- 
risait l'expulsion  des  anthérozoïdes  et  leur  transport  d'une  de  ces  frondes 
sur  les  frondes  voismes,  ces  petites  plantes,  de  2  à  3  millimètres  seulement, 
se  développant  en  général  en  gazons  serrés,  de  manière  qu'il  a  pu  voir  sou- 
vent les  animalcules  sortis  des  anthéridies  transportés  jusqu'à  l'orifice  des 
archégones. 

»  Toute  la  première  partie  du  grand  travail  de  M.  Duval-Jouve,  dont 
nous  venons  de  faire  connaître  quelques-uns  des  résultats  les  plus  saillants, 
est  ainsi  un  exposé  organographiqne,  anatomique  et  surtout  organogé- 
nique  de  tout  ce  qui  concerne  la  structure  et  le  développement  des  divers 
organes  des  Eqidselum  depuis  leur  première  origine  jusqu'à  leur  état  adulte. 

»  Une  seconde  partie  est  consacrée  à  l'étude  particulière  des  diverses 
espèces  de  Prèles,  au  nombre  de  onze,  qui  croissent  en  France,  à  leur  dis- 
tinction fondée  également  sur  les  caractères  tirés  de  leurs  formes  extérieures 
et  de  leur  structure  anatomique,  enfin  à  l'examen  de  la  variation  des  formes 
et  du  mode  d'existence  de  chacune  d'elles. 

»  Dans  cette  partie,  qui  n'est  pas  susceptible  d'analyse,  on  reconnaît 
également  l'observateur  scrupuleux  qui  a  suivi  sur  le  vivant  toutes  ces 
plantes  et  qui  les  a  étudiées  dans  toutes  les  périodes  de  leur  vie. 

»  Pour  nous  résumer,  V Histoire,  naturelle  des  Equisdum  de  France,  par 
M.  Duval-Jouve,  est  un  des  travaux  les  plus  complets  qui  aient  jamais  été 
faits  sur  une  famille  naturelle,  assez  limitée,  il  est  vrai,  mais  des  plus  re- 


(    023    ) 

marquables  par  sa  structure.  Les  études  auatomiques  et  organogéniques  si 
étendues  et  si  exactes  que  ce  Mémoire  comprend  lui  donnent  un  caractère 
plutôt  physiologique  que  de  botanique  purement  descriptive,  et  nous  pro- 
posons à  l'Académie  d'en  ordonner  l'insertion  parmi  les  Mémoires  des  Sa- 
vants étrangers.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  en  remplacement  de 
feu<  M.  Maunoir. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  de  53, 

M.  Bouisson  obtient l\B  suffrages, 

MM.  Erhmann  et  Serres  (d'Uzès)  chacun.  ...       4 

M.  Bouisson,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  déclaré  élu. 

MÉMOIRES  LUS. 

orographie.  —  L'Oberland  du  Valais  et  le  mont  Rose;  Note  deM.  Civiale  fils. 
(Commissaires,  MM.  Regnault,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  en  la  priant  d'en  agréer 
l'hommage,  une  nouvelle  série  de  vues  formant  la  quatrième  partie  de  la 
description  photographique  des  Alpes. 

»  J'ai  dit  (i)  que,  pour  fournir  à  la  géographie  physique  et  à  la  géologie 
les  indications  qu'on  peut  en  attendre,  les  épreuves  doivent  être  orientées 
et  choisies  de  manière  à  reproduire  le  mieux  possible  la  structure  des  roches, 
la  disposition  des  couches  du  terrain,  les  formes  et  les  pentes  des  gla- 
ciers. A  l'aide  d'une  carte  topographique  détaillée,  on  déterminera,  sur  les 
épreuves  obtenues  d'une  même  station,  les  coordonnées  d'un  point  quel- 
conque par  rapport  au  plan  horizontal  passant  par  cette  station;  pourvu 
toutefois  que  l'appareil  ait  été  rendu  rigoureusement  horizontal. 

»  Le  procédé  photographique  employé  est  le  papier  sec,  ciré  à  l'aide 
d'un  mélange  de  quatre  parties  de  paraffine  et  d'une  partie  de  cire  vierge. 
Une  modification,  qui  consiste  à  remplacer  le  verre  antérieur  de  l'ob- 
jectif de  83  millimètres  de  diamètre  et  d'un  foyer  de  5m,34  par  un  verre  de 

(i)   hoiries  Comptes  rendus  des  3o  avril  1860,  22  avril  1861  et  17  mars  1862. 

69.. 


(  5a4  ) 
même  diamètre  et  d'un  foyer  de  im,67,  m'a  permis  de  réduire  de  18  à  14  le 
nombre  des  épreuves  embrassant  la  circonférence  entière,  tout  en  conser- 
vant à  ces  épreuves  une  netteté  satisfaisante.  Le  foyer  de  l'objectif  double 
est  réduit  de  om,']i  à  om,55. 

»  Le  travail  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  comprend  trois 
grands  panoramas,  deux  petits  et  un  album  de  vues  de  détails. 

»  Le  premier  panorama,  composé  de  dix  feuilles,  pris  du  sommet  de 
l'Eggisbhorn,  à  2941  mètres  au-dessus  de  la  mer,  embrasse  un  angle  de 
2670  et  représente  la  chaîne  de  l'Oberland  bernois  à  partir  du  Galenstock;- 
du  nord-est  au  nord-ouest  se  développe  dans  toute  son  étendue  le  glacier 
d'Aletsch;  à  l'ouest  et  au  sud  les  brouillards  voilent  les  cimes  de  la  chaîne 
du  mont  Rose;  au  sud-sud-est  apparaissent  le  Monte-Leone  et  quelques-uns 
des  sommets  de  la  chaîne  qui  sépare  le  Valais  de  l'Italie. 

»  Deux  petits  panoramas  complètent  le  panorama  de  l'Eggishhorn  : 

»  L'un,  composé  de  trois  feuilles,  pris  de  l'hôtel,  à  a3io  mètres  au-dessus 
de  la  mer,  embrasse  un  angle  de  1060  et  représente  la  chaîne  qui  domine 
le  Binnenthal. 

»  L'autre,  pris  des  environs  du  lac  de  Betten,  à  2207  mètres  au-dessus  de 
la  mer,  embrasse  un  angle  de  700  et  représente  les  abords  du  Simplon,  le 
Fletschhorn  et  quelques  sommets  des  vallées  de  Saas  et  de  Zermatt. 

«  Le  deuxième  panorama,  composé  de  treize  feuilles,  pris  du  Monte-Moro, 
à  2720  mètres  au-dessus  de  la  mer,  embrasse  347°  et  représente  de  l'est  au 
sud-ouest  les  montagnes  de  l'Italie  dominant  la  vallée  de  Macugnaga,  le 
Pizzo-Bianco,  le  mont  Rose,  la  Cima-di-Jazzi  et  le  Faderhorn;  du  sud-ouest 
au  nord,  le  Strahlhorn,  l'Allelinhorn,  les  Mischàbel borner,  la  vallée  de 
Mattmark  et  quelques  cimes  de  l'Oberland,  le  Bietschhorn,  etc.;  du  nord  à 
l'est,  les  montagnes  qui  séparent  la  vallée  de  Mattmark  de  l'Italie.  Les 
brouillards  venant  du  sud -est  ont  empêché  de  prendre  une  dernière  épreuve 
pour  compléter  la  circonférence. 

»  Le  troisième  panorama,  composé  de  quatorze  feuilles,  est  pris  de  la 
Pierre-à-Voir  (environs  de  Martigny),  à  2476  mètres  au-dessus  de  la  mer,  et 
embrasse  toute  la  circonférence.  Ce  panorama  a  été  fait  clans  de  mauvaises 
conditions  de  lumière;  les  vallées  étaient  voilées  par  la  brume,  quelques 
sommets  trop  éloignés  manquaient  de  netteté;  cependant  la  reproduction 
des  chaînes  de  l'Oberland,  du  mont  Blanc,  du  .mont  Rose  et  des  grandes 
vallées  qui  les  séparent  m'ont  paru  offrir  assez  d'intérêt  pour  les  mettre 
sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Les  vues  de  détails  comprennent  le  glacier  de  l'Oberaar,  Viesch,  la 
vallée  du  Rhône,  Sion,  les  Diablerets,  Martigny,  le  Bonveret,  la  vallée  de 


(  5a5  ) 

Mattmark  et  ses  glaciers,  le  Strahlhorn,  la  route  du  Monte-Moro  et  le  grand 
bloc  erratique  de  serpentine  aux  environs  de  l'hôtel  du  lac  Mattmark.  Ce 
bloc,  le  plus  considérable  de  ceux  qui  sont  dispersés  dans  la  vallée,  est 
moutonné,  strié  et  poli  sur  une  partie  de  sa  surface,  mesure  7000  mètres 
cubes  environ  et  fait  partie  de  l'ancienne  moraine  du  glacier  de  Schwartz- 
berg.  Ce  glacier  aboutit  par  sa  partie  supérieure  aux  aiguilles  de  serpentine 
du  Strahlhorn,  et  barrait  autrefois  la  vallée,  comme  le  fait  aujourd'hui  le 
glacier  d'Allelin.  Son  ancienne  moraine  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard. 
Toutes  les  montagnes  d'où  le  bloc  aurait  pu  se  détacher  ne  renferment  pas 
de  serpentine.  Le  glacier  de  Schwartzberg  l'a  donc  amené  du  Strahlhorn  a 
la  place  qu'il  occupe  maintenant  dans  la  vallée.   » 

OROGRAPHIE.  —  Plans-reliefs  topographiques  des  montagnes  françaises  ; 
fjar  M.  Iïakdix.  (Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  d  Archiac,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

«  Transporter  à  Paris  nos  montagnes  françaises,  les  Alpes,  les  Pyré- 
nées, les  Vosges,  le  Jura,  l'Auvergne,  réduites  à  une  échelle  commune  et 
rapportées  au  niveau  moyen  de  la  mer,  afin  de  les  rendre  comparables  à 
première  vue  dans  leurs  formes  et  leurs  hauteurs  relatives,  tel  est  le  travail, 
le  grand  œuvre,  que  je  me  suis  imposé  en  prenant  ma  retraite  de  professeur 
aux  Écoles  d'Artillerie  et  à  l'École  Polytechnique.  Il  ne  s'agit  point  ici  de 
l'exposition  d'un  simple  projet;  je  ne  m'adresserais  pas  si  haut  pour  si 
peu.  Après  deux  ans  defforts  combinés,  je  puis  mettre  sous  les  yeux  de 
l'Académie  des  Sciences  et  livrer  à  son  appréciation  des  spécimens  dont 
l'étendue  et  l'exécution  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  réalisation  possible 
de  mon  entreprise. 

»  L'échelle  de  réduction  de  ces  plans-reliefs,  assez  petite  pour  permettre 
d'embrasser  de  grandes  étendues  dans  des  modèles  d'un  usage  commode, 
est  cependant  assez  grande  pour  que  les  principaux  détails  du  relief  ne 
soient  pas  amoindris  jusqu'à  disparaître.  Cette  échelle  commune,  le  qua- 
rante-millième, est  la  même  pour  les  distances  horizontales  et  pour  les 
hauteurs;  de  sorte  qu'il  en  résulte  des  plans-reliefs  naturels  dont  la  réalité 
est  complète.  En  présence  de  ces  images  vraies,  on  les  rapports  des  hauteurs 
sont  conservés,  où  les  pentes  du  sol  sont  naturelles,  l'observateur  le  plus 
novice  ne  confondrait  plus  entre  eux  des  phénomènes  orographiques  qui 
n'ont  de  commun  que  leur  nom  générique.  L'aspect  chaotique  des  Alpes, 
l'arête  étroite  et  en  baïonnette  des  Pyrénées,  les  formes  ballonnées  des 
Vosges,  les  combes  jurassiques,  les  pustules  volcaniques  de  l'Auvergne  le 


(  5a6  ) 
frapperaient  immédiatement,  lui  communiqueraient  des  impressions  ineffa- 
çables et  lui  donneraient  la  connaissance  défaits  qu'il  eût  saisis  difficilement 
sans  le  secours  de  ces  images. 

»  Qu'on  se  figure  dans  le  musée  d'une  de  nos  anciennes  provinces,  dans 
le  musée  d'Épinal  par  exemple,  le  plan-relief  topographique  et  le  plan-relief 
géologique  de  la  chaîne  des  Vosges  placés  l'un  à  côté  de  l'autre  et  en  regard 
de  leurs  cartes  respectives  ;  n'est-il  pas  de  toute  évidence  qu'il  sortirait  de  ce 
simple  rapprochement  une  foule  de  notions  utiles  ou  intéressantes  pour  la 
population  vosgienne?  Qui  ne  connaît  d'ailleurs  l'amour  des  montagnards 
pour  leurs  montagnes^ 

»  On  conçoit  l'impossibilité  et,  par  bonheur,  l'inutilité  d'exécuter  le 
plan-relief  de  la  France  entière,  à  cause  de  l'immense  étendue  du  sujet  qui 
forcerait  à  prendre  une  échelle  de  réduction  si  petite,  qu'il  n'y  aurait  plus  de 
relief  appréciable,  même  pour  nos  plus  hautes  montagnes.  Il  est  vrai  qu'on 
pourrait  recourir  à  l'artifice  du  surhaussement;  mais  on  sait  ce  que  valent 
ces  représentations  contre  nature.  M.  le  Président  m'a  permis  de  déposer  sur 
le  bureau  de  l'Académie  quelques  exemplaires  d'un  imprimé  où  l'usage  des 
plans-reliefs  surhaussés  est  combattu  à  outrance.  Nos  régions  montagneuses, 
et  non  les  plaines  et  les  plateaux  qui  constituent  la  plus  grande  partie  du 
sol  de  la  France,  nos  montagnes  seules,  considérées  isolément,  peuvent  être 
traitées  par  des  plans-reliefs.  Et  encore  ne  peuvent-elles  l'être,  à  cause  de 
leur  étendue  dans  le  sens  horizontal,  que  par  des  fragments  choisis  de 
manière  à  mettre  en  évidence  les  caractères distinctifs  des  chaînes  auxquelles 
ils  appartiennent. 

»  Le  jour  où  j'ai  appris  que  les  minutes  au  quarante-millième  des  offi- 
ciers d'état-major  étaient  terminées,  j'ai  formé  le  projet  de  construire  à  cette 
échelle  les  plans-reliefs  des  montagnes  françaises.  C'est  avec  l'agrément  de 
M.  le  Maréchal  Ministre  de  la  Guerre,  avec  la  bienveillante  et  large  assis- 
tance de  M.  le  général  Blondel,  directeur  du  Dépôt  de  la  Guerre,  et  sous 
l'impulsion  de  M.  Élie  de  Beaumont,  que  j'ai  entrepris  ce  travail  sur  l'oro- 
graphie française;  travail  énorme,  dont  les  détails  d'exécution,  quoique 
indispensables  pour  justifier  cette  épithète,  ne  sauraient  trouver  place  ici. 
En  résumé,  il  est  sorti  des  précieuses  minutes  du  Dépôt  de  la  Guerre 
une  suite  de  plans-reliefs  qui  sont  le  complément  naturel,  on  pourrait  dire 
nécessaire,  de  l'œuvre  monumentale  de  la  Carte  de.  France. 

»  Voici  les  objets  qui  sont  exposés  dans  la  salle  d'attente  de  l'Académie  : 

»  i°  Un  Fragment  des  Alpes,  le  col  du  mont  Cenis.  Ce  plan-relief  et  la  carte 
dont  il  dérive  ont  été  exécutés,  par  exception,  avec  les  levers-nivelés  de  la 
brigade  topographique  du  génie  militaire.  Je  dois  la  communication  de  ces 


(  5,7  ) 
matériaux  à  la  bienveillance  de  M.  le  Maréchal  Vaillant,  alors  qu'il  était 
général  de  division  et  président  du  Comité  du  génie.  Le  même  sujet,  on  le 
verra,  est  traité  comparativement  par  le  dessin  et  suivant  toutes  les  métho- 
des. Il  n'y  manque  que  la  géologie,  qui  m'a  été  souvent  promise  et  que 
j'attends  encore,  ne  pouvant  aller  la  chercher. 

»  Deux  vues,  l'une  qui  montre  le  couvent  du  mont  Cenis  et  les  mon- 
tagnes neigeuses  sur  lesquelles  il  se  projette,  l'autre  prise  du  lac  Noir,  et 
montrant  le  sommet  du  glacier  de  Bar,  donnent  sur  la  physionomie  de  cette 
haute  région  des  renseignements  qu'on  ne  peut  que  soupçonner  sur  la 
carte  et  même  sur  le  plan-relief. 

»  20  Un  Fragment  des  monts  Dômes  de  l'Auvergne,  la  chaîne  des  Puys. 
Grâce  à  la  carte  géologique  de  M.  Lecoq,  ce  plan-relief  et  sa  carte  seront 
traités  topographiquement  et  géologiquement.  J'ai  été  assez  heureux  pour 
rencontrer  dans  M.  Edouard  Vimont,  jeune  géologue  de  Clermont,  non 
point  un  aide,  mais  un  véritable  collaborateur,  de  sorte  que  c'est  en  notre 
nom  commun  que  je  présente  ce  travail,  moins  avancé  que  les  autres  par 
suite  de  retards  imprévus. 

»  Le  paysage  s'allie  si  bien  à  la  topographie,  en  la  complétant,  que  le 
Dépôt  de  la  Guerre  compte  dans  le  personnel  de  ses  employés  deux  habiles 
paysagistes  qui,  chaque  année,  enrichissent  ses  archives  de  vues  emprun- 
tées aux  diverses  régions  montagneuses  de  la  France.  L'année  dernière,  ils 
ont  été  envoyés  dans  l'Auvergne.  Nous  sera-t-il  permis  de  tirer  quelque 
chose  de  cette  source  au  profit  de  notre  description?  Encore  une  région 
oubliée  des  photographes  qu'attirent  sans  cesse  la  Suisse  et  ses  glaciers! 
N'est-ce  donc  rien  que  cette  imposante  chaîne  de  cinquante  volcans  surgis- 
sant sur  une  étendue  de  quelques  lieues,  au  centre  de  la  France? 

»  3°  Un  Fragment  de  la  chaîne  des  Vosqes,  les  hautes  Vosges.  Ce  plan- 
relief  carré,  de  im,6o  de  côté,  a  été  traité  complètement  au  point  de  vue 
topographique,  c'est-à-dire  qu'on  a  dessiné  à  quatre  crayons  sur  sa  surface 
les  principaux  détails  topographiques  qu'elle  porte  :  les  eaux  en  bleu,  la 
végétation  en  vert,  les  lieux  habités  en  rouge,  les  écritures  et  les  courbes  de 
niveau  centésimales  à  la  mine  de  plomb.  Ce  spécimen  montre,  à  part  l'exé- 
cution qui  pourrait  être  encore  plus  soignée,  ce  qu'on  peut  faire  de  plus 
complet  en  ce  genre  de  travail. 

»  La  carte,  élément  indispensable  de  la  construction  du  plan  relief,  ne 
manquera  pas  d'attirer,  par  son  caractère  purement  orographique,  l'atten- 
tion des  ingénieurs  chargés  des  grands  travaux  publics. 


(  528  ) 

»  On  a  pu  remarquer,  à  l'Exposition  de  i855,  les  belles  vues  des  Vosges, 
peintes  par  les  paysagistes  du  Dépôt  de  la  Guerre. 

»  Le  plan-relief  géologique  des  Vosges  se  fera  avec  les  cartes  géologi- 
ques de  MM.  Levallois  (Meurtrie),  de  Billy  (Vosges),  Daubrée  (Bas-Rhin), 
Dufresnoy  et  Élie  de  Beaumont  (Haut-Rhin,  de  la  Description  géologique  de 
In  France).  En  attendant,  M.  Edouard  Collomb  a  bien  voulu  ébaucher  la 
carte  géologique  de  la  chaîne  entière,  sur  la  réduction  au  trois-cent-vingt- 
millième  de  la  carte  de  l'état-major,  c'est-à-dire  faire  le  travail  ingrat  d'as- 
sembler des  cartes  établies  à  des  échelles  différentes  et  teintées  d'après  des 
classifications  de  terrains  différentes. 

»  Un  plan-relief  et  sa  carte,  si  exacts  et  bien  exécutés  qu'on  les  suppose, 
si  explicites  et  si  expressifs  qu'ils  soient,  ne  disent  pas  tout  et  ne  peuvent  pas 
tout  dire.  De  là  la  nécessité  de  Mémoires  descriptifs  ou  de  légendes  expli- 
catives qui  les  accompagnent  et  les  complètent.  Pour  les  Vosges,  je  pui- 
serai à  pleines  mains  dans  le  premier  volume  de  la  Description  géologique 
de  la  France. 

»  Une  collection  déroches,  choisies  parmi  celles  qui  jouent  un  rôle  im- 
portant et  bien  constaté  sur  le  relief  du  sol,  a  sa  place  marquée  à  côté  de 
chaque  plan-relief.  Ces  collections  sont  commencées. 

•<  4°  Un  Fragment  d'un  pays  de  collines,  les  environs  de  Metz.  Bien  que  ce 
sujet  soit  d'une  étendue  encore  moindre  que  celle  du  mont  Cenis,  faible 
elle-même  comparativement  au  plan-relief  de  l'Auvergne  et  à  celui  des 
Vosges  surtout,  j'ai  cru  devoir  le  comprendre  dans  cette  exposition  topo- 
graphique. C'est  un  terme  de  comparaison  de  plus.  Une  vue  prise  de  l'es- 
planade de  Metz  développe  en  hauteur  les  pentes  douces  et  les  contours  de 
ces  charmantes  collines  que  le  plan-relief  et  la  carte  accusent  d'ailleurs 
assez  bien. 

»  Il  serait  certainement  d'un  grand  intérêt  d'étendre  le  plan-relief  du 
col  du  mont  Cenis  jusqu'au  mont  Thabor,  où  l'on  est  en  train  de  percer 
le  fameux  souterrain  de  i2  5oo  mètres,  si  improprement  appelé  tunnel  du 
mont  Cenis.  En  passant  sous  le  col  du  mont  Cenis,  au  lieu  de  percer  l'arête 
relativement  étroite  du  mont  Thabor,  le  chemin  de  fer,  entre  Saint-Jean-de- 
Maurienne  et  Turin,  aurait  eu  un  tunnel  de  20000  mètres  environ.  Il  con- 
viendrait aussi  d'étendre  le  plan-relief  des  hautes  Vosges  à  l'est,  un  peu 
au  delà  d'Epinal,  pour  y  faire  entrer  les  formesorographiques  du  grès  bi- 
garré et  du  niuschelkalk,  et  au  sud  jusqu'à  Béfort,  pour  atteindre  les  der- 
nières pentes  des  Vosges  méridionales  et  englober  les  collines  tertiaires 


(  5*9  ) 
d'entre  Mulhouse,  Aitkirch  et  Béfort.  Je  le  reconnais;  toutefois  je  în'eri 
tiendrai  aux  fragments  que  j'expose  aujourd'hui,  bien  résolu  à  ne  les  éten- 
dre que  si  ces  essais  de  stéréotomie  topographique  sont  goûtés  et  encou- 
ragés. S'ils  l'étaient,  j'entreprendrais  bientôt  un  fragment  du  Jura  français, 
emprunté  probablement  à  la  feuille  de  Saint-Claude  de  la  carte  de  l'état- 
major,  puis  une  des  magnifiques  vallées  des  Pyrénées,  dont  le  choix  n'est 
pas  encore  fixé. 

»  J'ai  l'espoir  qu'arrivé  là  les  minutes  des  officiers  d'état-major  chargés 
de  la  carte  des  départements  de  la  Savoie  seront  terminées,  et  que  je  pour- 
rai, avec  ces  matériaux  et  les  belles  photographies  panoramiques  de 
MM.  A.  Civiale,  Bisson  frères  et  autres  artistes,  reproduire  dignement  le 
mont  Blanc,  ce  géant  des  montagnes  de  l'Europe,  et  clore  par  lui  ma  car- 
rière de  vulgarisateur.  » 

«  Après  la  lecture  du  Mémoire  de  M.  Bardin,  M.  Eue  de  Beaimont 
fait  remarquer  que  le  hasard  seul  a  été  cause  que  les  photographies  de 
M.  A.  Civiale  et  les  plans-reliefs  de  M.  Bardin  ont  été  présentés  à  l'Acadé- 
mie le  même  jour,  mais  que  cette  rencontre  fortuite  peut  servir  à  mettre  en 
plus  grande  évidence  les  avantages  signalés  par  M.  Bardin  dans  la  propor- 
tionnalité conservée  par  lui  entre  les  hauteurs  et  les  distances  horizon- 
tales. En  effet,  cette  proportionnalité  existe  nécessairement  dans  les  pho- 
tographies, et  lorsqu'on  regarde  les  plans-reliefs  de  M.  Bardin  horizonta- 
lement et  dans  la  direction  convenable,  on  voit  reparaître  les  silhouettes 
données  par  la  photographie;  tandis  qu'on  n'en  retrouverait  plus  que  la 
caricature  s'il  avait  exagéré  l'échelle  des  hauteurs.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  échan- 
tillons des  aérolithes  trouvés  par  M.  Domeyko  dans  le  désert  d'Atacama  au 
Chili,  et  dont  il  avait  annoncé  l'envoi  dans  une  précédente  communication 
concernant  ces  aérolithes  (voir  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  i5  dé- 
cembre 1862). 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  également  une  Lettre  dans  laquelle 
M.  Larroque,  chargé  par  le  gouvernement  chilien  d'une  mission  dans  ce 
même  désert  d'Atacama,  indique  les  premiers  résultats  de  ses  explorations 
dont  il  se  propose  d'ailleurs  de  faire  prochainement  l'objet  d'une  communi- 
cation plus  complète. 

C.  E.,    iK63,    1"  Semestre.    (T.   LV1,  N°   12.)  70 


(  53o  ) 
Les  échantillons  adressés  par  M.  Domeyko  et  la  Lettre  de  M.  Larroque 
sont  renvoyés  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  dans  la  séance  du 
i5  décembre,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Élie  de  Beanmont  et 
Charles  Sainte-Claire  Deville. 

PHYSIQUE  GÉNÉRALE.  —  Mémoire  sur  la  cause  de  la  pesanteur  et  des  effets 
attribués  à  l'attraction  universelle;  par  MM.  F.-A.-E.  et  Ém.  Keller. 
(Extrait  par  les  auteurs.) 

«  Pendant  les  cinquante  dernières  années  de  sa  vie,  de  1670  à  1726, 
Newton  n'a  pas  cessé  de  chercher  la  cause  de  la  pesanteur,  tantôt  dans  les 
mouvements,  tantôt  dans  les  différences  de  densité  de  l'éther,  et,  ne  par- 
venant pas  à  la  préciser,  il  tenait  du  moins  à  ce  que  personne  ne  pût  jamais 
lui  attribuer  d'avoir  pris  au  sérieux  l'hypothèse  de  l'attraction.  Cette  préoc- 
cupation est  nettement  exprimée  dans  un  grand  nombre  de  ses  écrits,  et 
notamment  dans  la  2e  édition  de  son  Optique  et  dans  sa  Lettre  au  Dr  Bentley, 
où  figure  le  passage  suivant  : 

«  Il  est  insoutenable  que  la  matière  inerte  puisse  exercer  une  action  au- 
»  trement  que  par  le  contact  ;  que  la  pesanteur  soit  une  qualité  innée,  inhé- 
»  rente,  essentielle  aux  corps,  qui  leur  permette  d'agir  les  uns  sur  les  autres 
»  au  loin,  à  travers  le  vide,  sans  qu'un  intermédiaire  quelconque  serve  à  la 
»  transmission  de  cette  force,  cela  me  paraît  d'une  absurdité  si  énorme, 
»  qu'elle  ne  saurait,  à  mon  sens,  être  admise  par  personne  capable  de 
»   réflexion  philosophique  sérieuse.    » 

»  Voici  en  quels  termes  énergiques  et  saisissants  la  même  pensée  est 
exposée  et  justifiée  par  M.  Lamé,  à  la  fin  de  ses  savantes  Leçons  sur  l'élas- 
ticité : 

«  L'existence  du  fluide  éthéré  est  incontestablement  démontrée  par  la 
»  propagation  de  la  lumière  dans  les  espaces  planétaires,  par  l'explication 
»  si  simple,  si  complète,  «les  phénomènes  de  la  diffraction  dans  la  théorie 
»  des  ondes;  et,  comme  nous  l'avons  vu,  les  lois  de  la  double  réfraction 
»  prouvent  avec  non  moins  de  certitude  que  l'éther  existe  dans  tous  les 
»  milieux  diaphanes.  Ainsi  la  matière  pondérable  n'est  pas  seule  dans  l'uni- 
»  nivers,  ses  particules  nagent  en  quelque  sorte  au  milieu  d'un  fluide.  Si 
»  ce  fluide  n'est  pas  la  cause  unique  de  tous  les  faits  observables,  il  doit  au 
»  moins  les  modifier,  les  propager,  compliquer  leurs  lois.  Il  n'est  donc 
»  plus  possible  d'arriver  à  une  explication  rationnelle  et  complète  des 
»   phénomènes  de  la  nature  physique  sans  faire  intervenir  cet  agent,  dont  la 


(  53.  ) 
»  présence  est  inévitable.  On  n'en  saurait  douter,  cette  intervention,  sage- 
«  ment  conduite,  trouvera  le  secret  ou  la  véritable  cause  des  effets  qu'on 
»  attribue  au  calorique,  à  l'électricité,  au  magnétisme,  à  l'attraction  univer- 
»  selle,  à  la  cohésion,  aux  affinités  chimiques;  car  tous  ces  êtres  mystérieux 
»  et  incompréhensibles  ne  sont,  au  fond,  que  des  hypothèses  de  coordi- 
»  nation,  utiles  sans  doute  à  notre  ignorance  actuelle,  mais  que  les  progrès 
»   de  la  véritable  science  finiront  par  détrôner.    » 

>•  D'après  ces  témoignages  dont  personne  ne  récusera  la  haute  autorité, 
il  est  donc  permis  de  chercher  l'explication  de  la  pesanteur  dans  l'inter- 
vention de  l'éther,  et  c'est  la  nature  de  cette  intervention  qui  seule  puisse 
faire  question. 

»  Pour  la  découvrir,  rappelons  que  Fresnel,  après  avoir  suivi  les  traces 
de  Huyghens,  qui  attribuait  la  lumière  à  des  ondes  éthérées  analogues  aux 
ondes  sonores  de  l'air,  et  constituées  par  des  vibrations  longitudinales  sur 
les  rayons  de  ces  ondes,  a  fini  par  reconnaître  que  les  vitesses  vibratoires 
lumineuses  étaient  au  contraire  perpendiculaires  aux  rayons;  ce  qu'il  a  dé- 
montré rigoureusement  en  partant  des  faits  généraux  de  la  polarisation  et  des 
phénomènes  d'interférence. 

»  Ce  résultat  ayant  fixé  l'attention  des  analystes,  M.  Cauchy,  et  plus  par- 
ticulièrement M.  Lamé,  constatèrent  que  tout  ébranlement  excité  dans  un 
milieu  élastique  homogène  donnait  naissance  à  deux  systèmes  d'ondes  se 
propageant  sphériquement  avec  des  vitesses  très-différentes,  et  constituées, 
les  unes  par  des  vibrations  perpendiculaires  aux  rayons  sans  changement 
de  densité,  les  autres  par  des  vibrations  longitudinales  sur  les  rayons  et  y 
déterminant  des  condensations  et  dilatations  alternatives. 

»  Ainsi,  en  même  temps  que  l'analyse  sanctionnait  la  découverte  de 
Fresnel  en  ce  qui  concerne  la  propagation  des  vibrations  lumineuses  per- 
pendiculaires aux  rayons,  elle  établissait  aussi  l'existence  réelle  des  ondes 
condensantes  et  dilatantes,  admises  par  Huyghens  ,  mais  définitivement 
dépouillées  du  rôle  qu'il  leur  attribuait  dans  la  propagation  de  la  lumière. 
Cependant  ces  ondes,  restées  depuis  sans  emploi  utile  dans  la  science  ac- 
tuelle, doivent  évidemment  servir  à  quelque  chose,  et  le  moment  semble 
venu  de  chercher  et  de  trouver  une  explication  plausible,  simple  et  natu- 
relle de  la  pesanteur  dans  l'action  incessante  de  ces  ondes  sur  les  corps 
résislants  ;  action  analogue  à  celle  des  ondes  liquides  qui  drossent  les 
navires  par  l'excès  de  la  force  vive  de  leur  flot  sur  celle  de  leur  jusant,  car 
les  vibrations  longitudinales  des  ondes  éthérées,  condensantes  et  dila- 
tantes, n'étant  aussi  que  des  impulsions  suivies  de  réaction,  et  les  réactions 

70.. 


(  532  ) 
étant  toujours  plus  faibles  que  les  impulsions,  il  reste  en  définitive  un  excès 
de  force  dans  le  sens  de  la  propagation  qui  doit  se  communiquer  aux  corps 
denses  et  résistants  faisant  obstacle  à  la  propagation,  et  qui  doit  les  pousser 
les  uns  vers  les  autres.  C'est  ainsi  que  des  corps  inertes  de  faible  densité 
transmettent  leur  impulsion  à  des  corps  plus  denses,  lorsque,  placés  pêle- 
mêle  dans  une  boite  longue,  on  frappe  coup  sur  coup  l'une  de  ses  extrémi- 
tés ;  alors  les  particules  les  plus  denses  vont  se  réunira  l'autre  extrémité, 
et  si  les  deux  extrémités  étaient  frappées  à  la  fois,  ces  particules  se  réuni- 
raient au  centre  de  la  boîte,  et  les  autres  se  trouveraient  disposées  par  ordre 
décroissant  de  densité  en  s  éloignant  du  centre. 

-  On  se  rendra  compte  de  ce  pbénomène,  en  supposant  d'abord  une 
simple  file  ou  bande  de  particules  spbériques  soumise  à  des  chocs  à  son 
extrémité;  si  l'une  d'elles  est  plus  dense,  après  chaque  impulsion  elle 
prendra  une  vitesse  moindre,  mais  plus  durable  que  les  autres,  et  se  dépla- 
cera dans  le  sens  de  l'impulsion.  Ainsi,  en  traversant  cette  particule,  la  force 
impulsive  se  modifie  et  se  partage  en  deux  portions,  l'une  qui  reste  en  quel- 
que sorte  inhérente  à  la  particule,  l'autre  qui  continue  à  se  propager,  et  qui 
est  moindre  que  la  force  primitive. 

»  Si  l'on  suppose  maintenant  des  chocs  dans  les  deux  sens,  et  deux  par- 
ticules plus  denses  que  les  autres,  elles  se  feront  mutuellement  écran  en 
absorbant  une  portion  de  la  force  impulsive  dirigée  de  l'une  à  l'autre,  et  la 
force  qui  tend  à  les  éloigner  devenant  ainsi  plus  faible  que  celle  qui  tend 
à  les  réunir,  elles  s'approcheront  l'une  de  l'autre,  absolument  comme  si 
elles  s'attiraient. 

»  Si  au  lieu  d'une  seule  file  de  particules  ou  en  prend  une  certaine  masse, 
et  si,  au  lieu  de  chocs  dans  deux  directions  opposées,  on  suppose  des  chocs 
dans  tous  les  sens,  il  est  aisé  de  voir  que  les  particules  plus  denses  absor- 
bant mutuellement  une  partie  des  impulsions  dirigées  de  l'une  à  l'autre,  se 
rapprocheront  comme  si  elles  s'attiraient  réellement.  Comme  tous  les 
écrans,  ces  particules  agiront  les  unes  sur  les  autres  en  raison  inverse  du 
carré  de  la  distance  et  en  raison  directe  de  leur  nombre  :  action  qui,  à  pre- 
mière vue,  offre  une  analogie  frappante  avec  la  loi  de  l'attraction  univer- 
selle. 

»  On  peut  ainsi,  par  une  expérience  facile  à  faire,  réaliser  une  image 
sensible  de  l'action  impulsive  sur  les  corps  résistants  que  doivent  exercer  les 
ondes  éthérées  condensantes  et  dilatantes,  qui  d'ailleurs  suppléent  à  la  fai- 
blesse de  leurs  chocs  par  l'immensité  de  leur  nombre  et  l'incroyable  rapi- 
dité de  leur  succession,  à  raison  de  420000000000  par  seconde.  En  effet, 


(  533  ) 
nous  démontrerons  que  le  mouvement  moléculaire  de  ces  ondes,  plus  vif 
dans  le  sens  de  la  propagation  qu'en  sens  inverse,  constitue  une  force  vive 
impulsive,  plus  grande  pour  les  corps  de  forte  densité  que  pour  ceux  de 
faible  densité;  cpie  sous  l'action  d'une  infinité  de  systèmes  d'ondes  se  croi- 
sant en  tous  sens,  les  corps  denses  sont  poussés  les  uns  vers  les  autres  en  rai- 
son directe  de  leur  masse  et  en  raison  inverse  du  carré  de  leur  distance 
mutuelle,  conformément  à  la  loi  attribuée  à  l'attraction  universelle  ;  mais 
qu'il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  corps  très-peu  denses,  tels  que  les  nébu- 
losités cométaires  dont  le  régime  mystérieux  échappe  à  cette  loi ,  parce  que 
l'action  impulsive  des  ondes  éthérées  sur  ces  corps  est  d'autant  plus  faible 
que  leur  densité  est  moindre  et  se  rapproche  davantage  de  celle  de  l'éther. 
En  effet,  en  désignant  par  g  la  force  accélératrice  des  corps  denses,  celle 
des  gaz  et  vapeurs  de  densité  p'  serait 


Y- 


e 
P 


e  étant  la  densité  d'équilibre  de  l'éther. 

»  Nous  établirons  ainsi  une  distinction  importante  entre  les  planètes  , 
leurs  satellites,  les  noyaux  des  comètes  d'un  côté,  et  de  l'autre  les  nébulo- 
sités ou  les  couches  atmosphériques  qui  les  environnent. 

»  Cette  distinction,  évidemment,  met  hors  de  cause  les  conséquences 
tirées  des  lois  de  l'attraction  universelle  par  les  célèbres  analystes  du  siècle 
dernier  et  par  l'illustre  auteur  de  la  Mécanique  céleste ,  en  tant  que  ces  con- 
séquences s'appliquent  à  des  corps  denses.  » 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  une  Commission  composée  de  MM.  Lamé. 
Delaunay,  Fizeau. 

pathologie  .  —  Mémoire  sur  l'inosurie; par  51.  Gallois.  (Extrait  par  l'au- 
teur d'un  travail  présenté  par  M.  Bernard.) 

(Commissaires,  MAL  Pelouze,  Rayer,  Bernard. 

«  L'inosite,  qui  par  sa  composition  chimique  appartient  à  la  famille  des 
sucres,  peut  quelquefois  se  montrer  dans  l'urine,  et  je  désigne  ce  phénomène 
sous  le  nom  d'inosuiie.  Pendant  l'état  de  santé,  l'urine  de  l' homme  et  des 
différents  animaux  que  j'ai  observés  ne  contient  point  d'inosite.  Mais  il  est 
des  conditions  pathologiques,  dans  lesquelles  l'inosite  se  retrouve  dans  le 
produit  de  la  sécrétion  rénale. 

»   M.  Cloetta,  qui  a  le  premier  découvert  l'inosite  dans  l'urine,  l'a  trouvée 


(  534  ) 
accompagnée  d'albumine  ou  de  glycose,  et  la  même  observation  a  été  faite 
par  MM.  Lebert  et  Newkomm.  Mes  recherches  personnelles  ont  abouti  au 
même  résultat,  et  sont  venues  confirmer  cette  première  donnée.  L'inosurie  et 
la  glycosurie  peuvent  donc  exister  simultanément;  mais  il  est  juste  de  dire 
que  la  réunion  de  ces  deux  symptômes  est  relativement  rare,  et  que  la  gly- 
cosurie est  plus  souvent  observée  seule  qu'associée  à  l'inosurie. 

»  Quand  une  urine  sucrée  est  en  même  temps  inositique,  la  proportion  de 
glycose  peut  être  considérable  on  au  contraire  presque  nulle,  et  on  ne  saurait 
établir  de  règle  à  cet  égard. 

j>  Quand  l'inosite  se  rencontre  dans  une  urine  albumineuse,  il  y  a  lieu 
d'y  rechercher  très-attentivement  la  glycose,  soit  qu'elle  y  existe  actuelle- 
ment, soit  qu'elle  s'y  montre  dans  un  temps  prochain,  soit  qu'elle  y  ait  été 
observée  à  une  époque  antérieure. 

«  Dans  la  polyurie,  qui  par  plusieurs  de  ses  symptômes  se  rapproche  du 
diabète  sucré,  je  n'ai  jamais  constaté  le  passage  de  l'inosite  dans  l'urine.  Je 
n'ai  jamais  réussi  à  en  découvrir  non  plus,  en  dehors  du  diabète  sucré  et  de 
la  néphrite  albumineuse  aigué  ou  chronique,  dans  les  nombreuses  urines 
pathologiques  que  j'ai  analysées.  Je  n'en  ai  point  trouvé  dans  l'urine  des 
femmes  en  lactation,  qui  réduit  si  énergiquement  la  liqueur  cupro-potas- 
sique. 

■>  Il  résulte  de  mes  recherches,  que  l'inosurie  ne  doit  point  être  consi- 
dérée comme  une  maladie  proprement  dite,  mais  seulement  comme  un 
symptôme. 

»  L'inosite  qui  se  produit  dans  l'organisme  ne  paraît  point  empruntée  le 
plus  ordinairement  aux  aliments  ingérés,  et  elle  ne  résulte  pas  non  plus 
d'une  transformation  de  la  glycose. 

»  La  formation  de  l'inosite  dans  l'économie  semble  étroitement  liée  à  la 
fonction  glycogénique  du  foie,  et  l'inosite,  comme  ladexlrine  et  la  glycose. 
paraît  être  l'un  des  produits  qui  résultent  de  la  transformation  de  la  matière 
glycogène.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'on  peut  dans  certains  cas,  en  piquant 
le  plancher  du  quatrième  ventricule  du  cerveau,  déterminer  artificiellement 
l'inosurie,  comme  on  détermine  artificiellement  la  glycosurie.  » 

ZOOLOGIE  APPLIQUEE.  —  Noie  sur  le  ver  à  soie  de  l'ambtevate , 
par  M.  A.  Vixsox.  (Extrait  par  l'auteur. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards.  Blanchard. 
«  Dans  un  récent  voyage  dans  l'intérieur  de  l'île  de  Madagascar,  j'ai  étudié 


(  535  ) 
]a  sériciculture  chez  les  Hovas,  et  les  moyens  de  naturaliser  clans  les  pays  fran- 
çais cette  espèce  nouvelle  et  spéciale  à  cette  île.  L'élève  se  fait  en  plein  champ  et 
sans  frais.  Les  indigènes  recueillent  les  cocons,  les  immergent  dans  l'eau  bouil- 
lante, les  ouvrent  pour  en  retirer  la  chrysalide  qui  est  comestible.  Ils  car- 
dent ces  cocons  et  les  filent  à  la  main.  Ils  font  de  deux  à  quatre  récoltes  pat 
an.  Les  procédés  de  teinture  sont  encore  grossiers  chez  les  Malgaches  :  ils 
emploient  pour  obtenir  le  rouge  les  semences  du  Rocou  (Bixia  orellnna,  L.)  et 
les  écorces  de  Natte  [Imbricaria  maxima,  D.  CL);  pour  le  jaune,  le  Safran  (Cur- 
cuma  longa,  Rcemf.);  pour  le  bleu,  l'Indigo  [Indigojera  tincloria,  h.);  pour  la 
couleur  brune,  ils  se  bornent  à  enfouir  la  soie  dans  les  marais.  Ils  se  servent 
comme  mordant  d'une  dissolution  de  sulfite  de  fer  ou  d'acides  végétaux. 
Le  ver  à  soie  est  d'un  gris  rougeâtre,  armé  de  piquants  :  le  cocon  est  d'un 
gris  jaunâtre,  long  de  45  millimètres.  Le  papillon  appartient  au  genre  Boro- 
cera  (Boisduv.).  Le  mâle  est  d'un  rouge  brique  ;  la  femelle  est  d'un  gris  perle  : 
chez  les  deux  les  ailes  supérieures  ont  deux  raies  brunes.  Je  l'ai  nommé 
Borocera  Cctjani,  du  nom  de  la  plante  dont  se  nourrit  ce  ver.  Si  j'ai  cru  devoir 
appeler  aujourd'hui  l'attention  de  l'Académie  sur  ce  ver  à  soie  nouveau, 
c'est  que  sa  naturalisation  peut  devenir  un  jour  une  branche  d'industrie 
très-importante  pour  la  France  et  ses  colonies.  » 

HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Fermeture  hydraulique  des  bouches  d'écjnut; 
par  M.  Landoïizy.  (Extrait.) 

(Commission  des  Arts  insalubres.) 

«  Le  principe  de  ces  nouvelles  bouches  repose  scientifiquement  sur  une 
loi  élémentaire  d'hydrostatique,  et  pratiquement  sur  l'absence  de  tout  méca- 
nisme. Une  simple  cuvette  en  fonte,  à  section  sensiblement  parabolique, 
et  divisée  par  une  cloison  transversale  qui  plonge  légèrement  dans  le  liquide, 
constitue  tout  l'appareil.  L'eau  du  ruisseau  passe  sous  cette  cloison  par 
siphonnement  et  s'épanche  librement  par  le  déversoir.  Toute  communica- 
tion a  ainsi  cessé  entre  l'atmosphère  de  l'égout  et  le  dehors*,  le  but  hydrau- 
lique est  réalisé,  et  la  bouche  est  devenue  inodore. 

»  L'évaporation  à  la  surface  extérieure  de  la  cuvette  ne  dépassant  pas 
un  millimètre  par  jour,  à  moins  de  conditions  exceptionnelles,  et  se  trou- 
vant très-largement  compensée,  d'ailleurs,  par  les  eaux  de  pluie  et  de  mé- 
nage, la  saillie  de  5  millimètres  de  cloison  a  été  adoptée  comme  saillie 
moyenne,  mais  elle  peut  être  diminuée  avec  avantage  et  descendue  même  à 
i  millimètre. 


(  536  ) 

»  La  partie  supérieure  de  l'appareil  se  continue  avec  le  trottoir  et  se 
trouve  pourvue  d'une  large  ouverture  fermée  par  une  plaque  mobile  qui 
se  renverse  avec  facilité,  si  l'aération  des  égouts  devient  nécessaire  les 
jours  de  curage.  A  la  partie  inférieure  de  la  cuvette  existe  un  fort  tampon 
maintenu  par  une  chaîne,  et  qui  s'enlève  à  volonté  pour  un  nettoiement 
complet. 

»  Les  eaux  d'orage  sont  fort  peu  retardées  par  la  cloison,  grâce  à  sa 
faible  immersion,  et  l'examen  des  faits  observés  à  Reims  depuis  un  an  auto- 
rise même  à  dire  que  ce  retard,  s'il  existe,  est  absolument  inappréciable.    » 

M.  de  Seré  présente  un  Mémoire  sur  divers  instruments  de  son  invention, 
Mémoire  portant  pour  titre  :  «  Du  Couteau  hémorrhagique.  —  Du  Couteau 
hémorrhagique  galvano-caustique  hémostatique  à  chaleur  graduée.  —  De 
l'Échelle  mécanique  de  graduation  »  . 

(Commissaires,  MM.  Velpeau,  L  Cloquet,  Maréchal  Vaillant.) 

M.  Dax  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  intitulé  : 
«  Observations  tendant  à  prouver  la  coïncidence  constante  des  dérangements 
de  la  parole  avec  une  lésion  de  l'hémisphère  gauche  du  cerveau.  » 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Flourens,  Andral.) 

M.  Marville  adresse  de  Reims  un  Mémoire  sur  un  appareil  hygiénique 
de  son  invention  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Couvre-Oreille,  et  dont  il  s'at- 
tache à  faire  ressortir  l'utilité  dans  certains  cas  d'otite  et  d'affections  de 
l'oreille  externe. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Velpeau,  Bernard.) 

M.  MorelLa  vallée,  en  présentant  au  Concours  pour  les  prix  de  Médecine 
et  de  Chirurgie  un  opuscule  sur  un  «  moyen  de  prévenir  la  roideur  et 
l'ankylose  dans  les  fractures  »,  y  joint,  pour  se  conformer  à  l'une  des  condi- 
tions du  programme,  une  indication  de  ce  qu'il  considère  comme  neuf  dans 
son  travail. 

(Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 
M.  Phœrus,  doyen  de  la  Faculté  de  Giessen,  adresse  au  Concours,  pour 


(  537  ) 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  un  opuscule  écrit  en  allemand  «  sur 
le  catarrhe  d'été  typique  ou  la  fièvre  dite  fièvre  de  foins  ». 

Un  Mémoire  destiné  au  Concours  pour  le  prix  des  Arts  insalubres,  et  dont 
l'auteur  a  cru  à  tort  devoir  placer  son  nom  sous  pli  cacheté,  est  renvoyé  à 
la  Commission  qui  jugera  si  ce  travail  rentre  bien  dans  les  conditions  du 
programme. 

Un  autre  Mémoire,  portant  de  même  sans  nécessité  le  nom  de  l'auteur 
sous  pli  cacheté  et  relatif  au  choléra-morbus,  est  renvoyé  à  la  Commission 
du  legs  Bréant. 

CORRESPONDANCE. 

31.    LE  MlNISTRE  DE  L1  AGRICULTURE,    DU  COMMERCE  ET   DES  TrAVALX   PURL1CS 

adresse  des  billets  d'admission  pour  la  séance  de  distribution  des  prix  aux 
lauréats  du  concours  d'animaux  de  boucherie  de  Poissy,  séance  qui  aura 
lieu  le  ier  avril  prochain. 

M.  le  Ministre  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  un  exem- 
plaire du  XLIII"  volume  des  Brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi 
de  1844?  et  du  n°  9  du  Catalogue  des  Brevets  d'invention  pris  pendant 
l'année  1862. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse,  de  même  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Institut;  un  exemplaire  du  XIIe  volume  du  Becueil  de  «  Mémoires  et  Ob- 
servations sur  l'hygiène  et  la  médecine  vétérinaires  militaires  ». 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Lisbonne  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  de  ses  dernières  publications. 

La  Société  royale  de  Victoria  adresse  de  Melbourne  (Australie)  le  vo- 
lume V  de  ses  Transactions  et  remarque  que  les  volumes  précédents  por- 
taient le  titre  de  Transactions  de  l'Institut  philosophique  de  Victoria. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  connaissance  à  l'Académie  de  la  cir- 
culaire du  Comité  chargé  de  s'occuper  de  l'érection  du  monument  à  la 
mémoire  de  Kepler. 

La  ville  de  Weilerstadt,  patrie  du  célèbre  astronome,  a  résolu  de  lui 
ériger  un  monument  (une  statue  en  bronze);  elle  a  réuni  en  très-grande 

C.    R.,  [863,   1"  Semestre,  (T.  LVI,  N°  12.)  71 


(  538  ) 

partie  les  fonds  nécessaires,  mais  elle  serait  Irès-flattée  de  recevoir  des 
savants  français  une  marque  d'intérêt  pour  les  travaux  de  Kepler  et  s'a- 
dresse dans  ce  but  à  l'Académie  des  Sciences. 

Le  Comité  a  autorisé  M.  Mohl,  Membre  de  l'Institut,  à  recevoir,  pour  les 
lui  transmettre,  les  fonds  destinés  au  monument  de  Kepler. 

M.  lk  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  des  auteurs,  les  ouvrages 
suivants  : 

—  «  Animaux  fossiles  et  géologie  de  l'Attique,  d'après  les  recherches 
faites  en  1 855-56  et  1860  sous  les  auspices  de  l'Académie  des  Sciences  »: 
par  M.  A.  Gaudry,  tf  livraison; 

—  «  Le  terrain  de  transition  des  Vosges  :  partie  géologique,  par  M.  J. 
Kfcchlin-Sclilumben/er  ;  partie  paléontologique,  par  M.  TV.-Ph.  Schimper  »; 

—  «  Note  pour  servir  à  la  géologie  du  Calvados»;  par  M.  Eug.  Deslonc/- 
champs  ; 

—  «  Richesses  ornithologiques  de  la  France  »;  par  /)/.  J.-B.  Jaubert,  mé- 
decin inspecteur  des  eaux  thermales  de  Gréoulx,  et  M.  Bailliélemy-Lapom- 
meraye,  directeur  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Marseille;  6e  et  7e  fas- 
cicules. Ces  livraisons  complètent  l'ouvrage. 

OPTIQUE.  —  Sur  les  raies  telluriques  du  spectre  solaire;  Note  de  M.  Janssex. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  les  principaux  résultats 
des  observations  que  je  poursuis  en  Italie,  par  ordre  du  Ministre  d'État,  sur 
les  raies  atmosphériques  ou  telluriques  du  spectre  solaire.  J'ai  déjà  eu 
l'avantage  de  communiquer  à  l'Académie,  en  juillet,  une  Note  sur  les  pre- 
miers résultats  ohtenus  sur  ce  sujet.  Alors  j'étais  parvenu,  au  moyen  de  dis- 
positions optiques  cpie  j'indiquais,  à  constater  dans  le  spectre  solaire  des 
groupes  de  raies  toujours  visihles,  variant  d'intensité  suivant  la  hauteur  du 
soleil  et  dans  la  mesure  même  que  semble  exiger  la  hauteur  de  notre  atmos- 
phère, telle  que  nous  la  connaissons.  Ces  premiers  résultats  ont  été  pleine- 
ment confirmés  par  une  étude  assidue  du  spectre  depuis  cette  époque. 

»  Je  puis  résumer  l'ensemble  des  faits  en  disant  qu'il  existe  dans  le 
spectre  solaire  un  système  très-nombreux  de  raies  toujours  visihles,  de  po- 
sition fixe,  quels  que  soient  l'époque  de  l'année,  le  lieu  d'observation,  mais 
dont  l'intensité  est  incessamment  variable  et  se  trouve  être  en  rapport  avec 
l'épaisseur  d'air  traversée  parles  rayons  solaires,  aux  différentes  heures  du 


(  539) 
jour,  autant  qu'on  peut  l'établir  d'après  la  hauteur  probable  de  notre  atmos- 
phère. Il  paraît  donc  démontré  qu'il  existe  dans  le  spectre  solaire  un  système 
de  lacunes  dues  à  l'action  de  notre  atmosphère,  et  qu'on  devra  distinguer 
désormais  des  raies  solaires  proprement  dites. 

»  Je  me  suis  attaché  dès  lors  à  construire  des  cartes  qui  présentassent 
cette  distinction  capitale.  C'est  un  travail  très-long  et  très-pénible,  à  cause 
de  la  fatigue  qu'on  éprouve  à  contempler  longtemps  les  couleurs  éblouis- 
santes du  spectre  solaire.  Quand  je  dirai  que  mon  instrument  montre  dans 
le  spectre  environ  trois  mille  raies,  et  que  la  meilleure  partie  a  dû  être  l'ob- 
jet d'une  étude  spéciale,  on  comprendra  que  pour  mener  à  bonne  fin  un 
pareil  travail,  je  devais  être  soutenu  par  la  perspective  d'ajouter  une  vérité 
importante  et  féconde  à  nos  connaissances  en  physique  céleste. 

»  En  attendant  que  je  publie  les  grandes  cartes  qui  résultent  de  toutes  mes 
observations,  je  joins  à  cet  extrait  un  croquis  montrant  les  groupes  de  raies 
telluriques  les  plus  importantes.  Ou  remarquera  un  groupe  vers  la  région  R 
de  Fraûnhofer,  trois  entre  C  et  D,  le  premier  placé  très-près  de  C,  le  second 
au  tiers  environ  de  la  distance  entre  C  et  D,  versC;  le  troisième,  très-près 
de  D.  Au  delà  de  D,  existe  encore  un  groupe  remarquable,  mais  plus  diffi- 
cile à  résoudre  en  raies.  Dans  les  parties  verte,  bleue,  violette,  l'action  de 
l'atmosphère  s'exerce  d'une  manière  plutôt  générale  que  particulière  sur 
certains  rayons;  aussi,  quand  le  soleil  s'abaisse,  l'intensité  lumineuse  de  ces 
espaces  décroît-elle  rapidement,  et  il  parait  difficile  d'y  reconnaître  des 
groupes  de  raies  importants.  Les  petites  bandes  au  contraire  s'y  rencontrent 
très-nombreuses;  mais,  comme  elles  se  détachent  sur  un  fond  très-obscur, 
elles  ne  supportent  pas  de  grossissement  capable  de  les  résoudre  en  raies 
déterminées.  Il  faut  remarquer  aussi  que  les  raies  telluriques  diffèrent  entre 
elles,  non-seulement  par  la  largeur,  mais  encore  par  l'intensité,  ce  qui  nous 
montre  que  l'action  absorbante  de  l'atmosphère  ou  le  coefficient  d'extinc- 
tion est  variable  pour  chaque  radiation  lumineuse  élémentaire.  Les  raies 
produites  par  une  action  énergique  ou  assez  énergique  sont  visibles  pen- 
dant toute  la  journée  dans  mon  instrument;  celles  au  contraire  qui  sont 
iaibles,  même  le  soir  et  le  matin,  c'est-à-dire  quand  les  rayons  solaires  ont 
traversé  l'épaisseur  plus  que  décuplée  de  notre  atmosphère,  deviennent  né- 
cessairement très-difficiles  à  suivre  pour  les  grandes  altitudes  du  soleil  ;  mais 
on  comprend  très-bien  que  leur  invisibilité  n'est  qu'une  conséquence  de 
l'imperfection  relative  de  nos  moyens  optiques,  et  qu'il  suffit  pleinement, 
pour  asseoir  notre  doctrine,  que  nous  ayons  démontré  qu'il  existe  dans  le 

71.. 


(  5/,o  ) 
spectre  un  système  de  raies  toujours  visibles  et  dont  l'intensité  varie  comme 
les  épaisseurs  d'air  traversées. 

»  Je  ferai  remarquer,  comme  conséquence  immédiate  de  ces  principes, 
que  dans  un  avenir  très  prochain  il  nous  sera  sans  doute  permis  d'acquérir, 
sur  la  nature  des  atmosphères  des  autres  planètes  de  notre  système  solaire 
des  notions  qu'on  aurait  vainement  demandées  à  d'autres  méthodes  d'ana- 
lyse. Mais  la  conséquence,  à  mes  yeux  la  plus  importante,  qui  découle  de 
ces  faits  nouveaux,  c'est  l'appui  solide  qu'ils  viennent  donner  à  la  théorie 
émise  par  M.  Rirchhoff,  sur  la  cause  des  raies  du  spectre  solaire.  Lorsqu'on 
voit,  en  effet,  une  mince  couche  gazeuse  comme  celle  qui  entoure  la  terre, 
faire  naître  dans  le  spectre  un  système  de  raies  si  nombreuses  et  si  caracté- 
risées, comment  se  refuser  à  admettre  que  les  autres  raies  du  spectre  ne  sont 
pas  dues  à  une  cause  analogue?  Dès  lors  l'hypothèse  si  belle  et  si  hardie  de 
l'illustre  physicien  allemand,  sur  l'existence  d'une  atmosphère  autour  du 
noyau  d'où  émane  surtout  la  lumière  solaire,  reçoit  ainsi  une  confirmation 
aussi  éclatante  qu'inattendue. 

»  Je  propose  de  nommer  raies  telluriques  les  lacunes  que  notre  atmo- 
sphère fait  naître  dans  le  spectre  du  soleil  ou  des  autres  astres;  la  dénomi- 
nation d'atmosphériques  pouvant  laisser  dans  l'esprit  une  certaine  confu- 
sion, puisqn'en  définitive  toutes  les  raies  des  spectres  cosmiques  sont  produites 
par  des  atmosphères. 

»  J'ajouterai  que  je  viens  de  reconnaître  la  présence  des  bandes  tellu- 
riques ou  atniosphériquesdu  spectre  solaire  dans  le  spectre  de  Sirius,  lorsque 
l'étoile  était  fort  près  de  l'horizon.  On  comprend  tout  de  suite  l'appui  que 
ce  nouveau  fait  apporte  à  la  théorie  que  je  m'efforce  d'établir.    » 

météorologie.  —  Sur  la  connexion  entre  les  bourrasques  et  les  variatio7is 
magnétiques;  par  M.  J.-A.  Broun. 

L'auteur,  après  avoir  rappelé  les  opinions  émises  par  le  P.  Secchi  dans 
sa  Note  du  îG  novembre  1 86 1  [Comptes  rendus,  t.  LUI,  p.  899),  annonce 
que  pour  les  mieux  réfuter  il  a  voulu  se  placer  dans  les  conditions  indiquées 
par  le  savant  Italien. 

«  Dans  ce  but,  dit-il,  j'ai  pris  les  observations  faites  dans  les  années  1 844 
et  i845,  pendant  lesquelles  la  force  maximum  du  venta  été  observée  chaque 
heure,  et  j'ai  cherché  d'abord  les  jours  où  le  vent  avait  soufflé  avec  une 
force  d'au  moins   quatre   livres  par  pied  carré;  j'ai   considéré  ces  jours 


(  54>  ) 

comme  des  jours  de  bourrasques.  J'ai  cherché  en  second  lieu  les  dix  jours 
de  chaque  année  dans  lesquels  la  force  du  vent  était  au  maximum. 

»  Alors  pour  la  perturbation  magnétique,  ayant  trouvé  la  courbe  diurne 
moyenne  du  bifilaire  pour  chaque  mois  (toutes  les  observations  ayant  été 
préalablement  corrigées  pour  les  effets  de  la  température),  j'ai  comparé 
cette  courbe  moyenne  du  mois  avec  la  courbe  pour  chaque  jour  du  mois, 
et  les  différences  des  ordonnées  donnaient  la  mesure  indiquée  par  le 
P.  Secchi  en  excès  ou  en  défaut. 

»  En  voici  les  résultats  : 

»  i°  Pour  les  3 1  jours  de  1844  et  les  55  jours  de  1 845  pendant  lesquels  le 
vent  avait  enregistré  une  force  d'au  moins  4  livres  par  pied  carré,  voici,  en 
plus  (+)  ou  en  moins  ( — )  que  la  différence  moyenne  mensuelle,  la  diffé- 
rence moyenne  du  bifilaire  : 

Différence  moyenne  du  bifilaire. 

1844.  184!î  Moyennes. 

Le  jour  avant  la  bourrasque ■+-  0,08  -+•  0,95  -+-  o,5t 

Le  jour  de  la  bourrasque —  ViÇ)1  "+"  Qi^l  —  0>'7 

Le  jour  après  la   bourrasque —  9,52  -f-  o,56  —  °>54 

»   L'unité  est  toujours  la  dix-millième  partie  de  la  force  horizontale. 

»  Il  paraît  donc,  d'après  la  moyenne  de  deux  ans,  que  la  courbe  diurne 
pour  les  jours  des  bourrasques  et  pour  les  jours  après  les  bourrasques 
s'accorde  mieux  avec  la  courbe  normale  que  les  courbes  diurnes  pour  les 
jours  sans  bourrasques;  mais,  pour  les  jours  avant  les  bourrasques,  la  dif- 
férence est  plus  grande  que  la  moyenne. 

»  Les  résultats  pour  les  deux  années  se  contredisent;  on  peut  à  peine  en 
excepter  les  jours  avant  les  bourrasques. 

»  On  se  demandera  aussi  si  la  différence  est  de  celles  que  le  P.  Secchi 
considère  comme  «  assez  notables.  »  La  plus  grande  différence  de  la  der- 
nière colonne  est  o,54,  et  la  courbe  diurne  serait  déplacée  de  cette 
quantité  par  une  variation  de  o,  1  (un  dixième)  de  i°  centigrade  dans  la 
température  de  l'aimant,  ce  que  le  P.  Secchi  ne  peut  pas  considérer 
comme  assez  notable,  puisqu'il  néglige  tout  à  fait  les  variations  de  la  tem- 
pérature. 

»  20  Pour  les  10  jours  de  la  plus  grande  force  du  vent  de  chaque  année, 
moyenne  6,4  livres  (1844)  et  8,5  livres  (i8zj 5),  j'ai  trouvé,  en  plus  ou  en 
moins  que  la  différence  mensuelle  du  bifilaire,  la  différence  moyenne  sui- 
vante : 


(  542  ) 

Différence  moyenne  du  bifilaire. 


1844.  184o.  Moyennes. 

Les  jours  avant  les  bourrasques.  . .      -+-   i  ,53  —  °,46  -H  o,53 

Les  jours  des  bourrasques —   i  ,64  —  0,82  —    1  ,23 

Les  jours  après  les  bourrasques.  .  .      —    1,60  —   0,71  —    1,1 5 

»  Cette  fois-ci,  ce  sont  les  jours  avant  les  bourrasques  qui  se  contredisent, 
dans  les  deux  années  les  jours  des  bourrasques  et  les  jours  après  se  ressem- 
blent, mais  les  deux  derniers  indiquent  que  pour  ces  jours-là  la  courbe 
diurne  du  bifilaire  s'accorde  mieux  avec  la  courbe  normale  que  pour  tous 
les  autres  jours  de  l'année,  c'est-à-dire  que  la  différence  au  lieu  d'être 
notable  est  moindre  qu'à  l'ordinaire. 

»  3°  D'un  autre  côté,  j'ai  pris  dans  chaque  année  les  10  jours  de  plus 
grande  perturbation  du  bifilaire,  c'est-à-dire  les  10  jours  pour  lesquels  la 
différence  moyenne  était  la  plus  grande  (1),  et  j'ai  trouvé  la  force  maximum 
du  vent  pour  ces  jours-là  et  pour  les  jours  avant  et  après.  Je  donne  ci- 
dessous  les  moyennes  de  ces  forces  maximum  et  aussi  les  différences  de  ces 
moyennes  mensuelles  : 

Force  maximum  du  vent  par  pied  carré. 


1844.  1848.  Moyennes, 

liv.  liv.  liv.  liv.  liv.  liv. 

Les  jours  avant  les  perturbations.  .  .      2,14  -+-  o,32       i,i3  —   i>°9       ',64  —  6,38 

Les  jours  des  perturbations 1  ,34   —  o,/{6       2,4o  +  0,18        1,86  —  o,i4 

Les  jours  après  les  perturbations.  .  .      1,60  —  0,22       2,89  -f-  0,67       2,24  ■+-  0,22 

»  Ainsi  la  force  maximum  du  vent  était  quelquefois  un  peu  plus  grande, 
quelquefois  un  peu  moindre  que  sa  force  maximum  normale,  et  les  signes 
se  contredisent  dans  les  deux  années.  En  moyenne,  tes  jours  rapprochés  des 
perturbations  étaient  plus  calmes  au  à  l'ordinaire. 

»   On  peut  juger  ainsi  si  ces  pressions  par  pied  carré  sont  notables. 

»  4°  Ces  résultats  m'ont  paru  conclure  suffisamment  contre  les  idées  du 
P.  Secchi,  mais  afin  que  ma  méthode  de  discussion  ne  laisse  rien  à  désirer, 
j'ai  pris  une  autre  mesure  d'une  perturbation.  J'ai  cherché  les  10  jours  de 
chaque  année  pour  lesquels  la  courbe   diurne  du  bifilaire  avait  la   plus 

(r)  Les  différences  moyennes  pour  les  10  jours  de  chaque  année  sont 

1844.  20,64. 

1843.  '9)39, 

ou  près  de  la  cinq-centième  partie  de  la  force  horizontale. 


(  543  ) 
grande  oscillation  comparée  avec  l'oscillation  moyenne  du  mois,  c'est-à-dire 
que  j'ai  cherché  la  «  perturbation  par  excès  d'excursion.  »  J'ai  trouvé  de 
la  même  manière  les  10  jours  de  chaque  année  pour  lesquels  la  courbe 
diurne  avait  la  plus  petite  oscillation  ou  «  la  perturbation  par  défaut  d'ex- 
cursion. »  Je  donne  ci-dessous  la  moyenne  des  forces  maximum  du  vent  ces 
jours-là,  et  leurs  différences  avec  la  force  maximum  moyenne  : 

Force  maximum  du  vent  par  pied  carré. 


1844.  184S.  Moyennes, 

liv,  liv.  ]iv.  Hv.  liv.  liv. 

Les  jours  avant  les  plus  grandes  oscillations.     2,o5  +  o,o3        i,32 —  o,gg       1,68 —  0,48 

Les  jours  des  plus  grandes  oscillations 1,01  —  1,01        2,27  —  o,o4        1,64  —  0,5.' 

Les  jours  après  les  plus  grandes  oscillations.      1,88  —  0,14       2,62  +  0,31        2,25  +  0,08 

»  Il  paraît  ici  aussi,  d'après  les  quantités  moyennes,  que  pour  les  jours 
des  plus  grandes  oscillations  du  bifilaire  la  force  maximum  du  vent  était 
moindre  que  la  force  maximum  moyenne. 

»  5°  Voici  les  résultats  pour  les  10  jours  des  plus  petites  oscillations  du 
bifilaire  : 

Force  maximum  du  vent  par  pied  carré. 


1844.  184;>.  Moyennes, 

liv.  liv.  liv.  liv.  liv.  liv. 

Les  jours  avant  les  plus  petites  oscillations.     2,41+0,22       i.g5 — o,i5       2,18  +  0,01 

Les  jours  des  plus  petites  oscillations 3,23  +  0.97        1,70  —  o,3g       2,46  +  o,2<S 

Les  jours  après  les  plus  petites  oscillations.     2,43  +  0,17        i,85  —  o,25       2,14  —  0,04 

»  Ici  les  résultats  pour  les  deux  années  se  contredisent  et  la  plus  grande 
des  quantités  moyennes  indique  que  la  force  maximum  du  vent  n'était  que 
de  o,3  (trois  dixièmes)  d'une  livre  par  pied  carré  plus  forte  que  la  force 
maximum  normale. 

»  6°  Finalement,  j'ai  cherché  les  valeurs  des  oscillations  de  la  courbe 
diurne  du  bifilaire  pendant  les  10  jours  des  plus  fortes  bourrasques  de 
chaque  année,  et  afin  d'inclure  la  définition  des  perturbations  par  excès 
comme  par  défaut  d'excursion,  je  donne  les  moyennes  des  excès  et  les 
moyennes  des  défauts  pour  les  20  jours  des  deux  années  : 

Moyennes  des  oscillations  du  bifilaire. 

Des  excès.  Des  défauts. 

Les  jours  avant  les  bourrasques.  .  .  +    19,8  —    11,7 

Les  jours  des  bourrasques +     3,3  —   12, 5 

Les  jours  après  les  bourrasques    .  ,  +     4i9  —   i 3 , 1 


(  5/,/,  ) 

»  Ici,  on  se  demandera  si  ces  quantités  sont  «  assez  notables.  »  Pour  ré- 
pondre à  cette  question,  il  faut  connaître  l'excès  et  le  défaut  moyens  pour 
les  mois  durant  lesquels  se  trouvaient  les  jours  des  bourrasques.  Je  trouve 
pour  ces  mois  que  l'excès  moyen  est  de  29,  8  et  que  le  défaut  moyen  est  de 
12,  7.  Ainsi  pour  les  jours  de  bourrasques,  l'excès  d'excursion  a  été  toujours 
moindre  que  l'excès  moyen,  et  le  défaut  d'excursion  est  à  peu  près  le  défaut 
moyen. 

»  Afin  de  mieux  faire  comprendre  le  poids  des  quantités  trouvées  dans 
la  dernière  discussion,  je  devrais  ajouter  que  l'excès  moyen  des  dix  plus 
grandes  excursions  de  chaque  année  est  de  !o6,  00  et  le  défaut  moyen  des 
10  plus  petites  de  chaque  année  de  29,  18. 

»  J'espère  avoir  donné  ici  des  preuves  suffisantes  que  les  perturbations 
magnétiques  sont  tout  à  fait  indépendantes  de  la  force  du  vent.  Je  n'aurais 
rien  ajouté,  si  le  P.  Secchi  n'avait  parlé  de  nouveau  des  avantages  de  sa  mé- 
thode de  discussion,  c'est-à-dire  par  comparaison  des  constructions  gra- 
phiques (Compte  rendu,  1 7  février  1 862,  p.  3/|6).  Je  devrais  donc  dire  là-dessus 
que  cette  méthode  est  la  première  que  j'ai  employée,  et  comme  lui  j'ai 
trouvé  beaucoup  de  coïncidences  assez  remarquables,  mais  qui  disparais- 
saient trop  souvent  après  des  examens  numériques.  Il  est  vrai  que  je  n'ai 
jamais  trouvé  aucune  autre  coïncidence  entre  les  forces  ou  directions  du 
vent  et  les  variations  magnétiques,  qu'une  coïncidence  évidemment  acciden- 
telle, mais  j'en  aurais  trouvé,  si  mes  observations  (comme  les  siennes) 
n'avaient  pas  été  préalablement  corrigées  pour  les  effets  de  la  température 
sur  l'aimant. 

«  I,a  science  demanderait  du  savant  directeur  de  l'Observatoire  de  Rome 
un  examen  numérique  plus  exact  après  avoir  corrigé  ses  observations;  que 
dans  cet  examen  les  mois  fussent  remplacés  par  des  chiffres  et  qu'une  bour- 
rasque comme  une  perturbation  eussent  des  valeurs  déterminées. 

»  Pour  d'autres  coïncidences  entre  les  époques  des  variations  diurnes 
d' électromètre  atmosphérique,  du  bifilaire  et  du  baromètre,  qui  ont  été 
longtemps  remarquées,  il  me  paraît  que  le  P.  Secchi  se  hâte  trop  d'y  trouver 
des  liaisons.  Les  époques  pour  les  uns  sont  constantes  ou  à  peu  près  con- 
stantes dans  toutes  les  parties  du  globe  et  en  toute  saison,  tandis  que  pour 
les  autres  les  époques  varient  avec  la  latitude  ou  avec  la  saison.  Ainsi 
l'époque  du  minimum  du  bifilaire  en  Europe  est  précisément  l'époque  de 
son  maximum  ici,  près  du  cap  Comorin.  Une  coïncidence  en  Europe  n'a 
pas  une   bien   grande  signification,   si    elle  n'existe  pas  ailleurs.    » 


(  545  ) 

chimie  organique.  —  Théorie  de  la  formation  du  rouge  d'aniline  ; 
par  M.  H.  Sciiiff. 

«  Les  formules  d'après  lesquelles  l'aniline  est  transformée  en  fuchsine 
par  le  bichlorure  d'étain  ont  été  données  dans  notre  premier  Mémoire  sur 
les  métalaniles.  Aujourd'hui  nous  avons  à  nous  occuper  de  la  formation  de 
l'azaléine  par  le  nitrate  de  mercure.  Selon  notre  théorie,  le  nitrate  de  mer- 
curanile,  décrit  dans  notre  second  Mémoire,  est  ici  le  composé  intermédiaire 
et  la  réaction  est  analogue  à  celle  du  bichlorure  d'étain;  néanmoins,  les 
produits  des  deux  réactions  ne  sont  pas  identiques.  L'équivalent  de  10  équi- 
valents de  chlorhydrate  de  stannicanile  diatomique,  c'est-à-dire  20  équiva- 
lents de  nitrate  de  mercuranile  monoatomique,  entrent  en  réaction  et  four- 
nissent : 

3  équivalents  d'azaléine G60    H60   N9,       3N03, 

6  équivalents  de  nitrate  d'aniline Gu'    H48  N6,       6 NO3, 

4  équivalents  d'aniline  libre G24    H28  N4, 

1   équivalent  de  nitrate  d'ammoniaque H*    N,  N03. 

10  équivalents  de  protonitrate  de  mercure iojN©3Hç20. 

10  équivalents  de  protonitrate  de  mercuranile..  .      G120  H140  N20,   2oN03Hg. 

»  En  effet,  si  l'on  chauffe  le  nitrate  sec,  très-peu  de  mercure  est  réduit 
et  celte  faible  quantité  provient  d'une  réaction  secondaire.  Les  4  équiva- 
lents d'aniline  libre  se  combinent  en  partie  avec  le  protonitrate  de  mercure, 
et  nous  avons  déjà  relaté  que  le  nitrate  de  mercurosanile  se  décompose 
très-facilement  avec  réduction  de  mercure.  Comme  contrôle,  nous  avons 
chaftffé  notre  sel,  en  ajoutant  encore  un  équivalent  d'aniline,  et  alors  en 
effet  le  mercure  s'est  réduit  presque  entièrement.  La  décomposition  du  nitrate 
s'accomplit  déjà  à  8o°,etla  réaction  est  tellement  élégante,  que  nous  avons 
pu  instituer  des  recherches  quantitatives.  A  quelques  centièmes  près,  nous 
avons  obtenu  les  quantités  voulues  des  matières  recherchées.  Une  petite 
quantité  de  matière  violette,  qui  se  forme  toujours,  est  due  à  une  décom- 
position du  rouge  sous  l'influence  de  la  chaleur. 

»  D'après  notre  théorie,  l'azaléine  serait  le  nitrate  de  rosaniline.  Déjà 
les  travaux  d'Hofmann  faisaient  entrevoir  celte  probabilité,  mais  nous  avons 
cru  utile  de  nous  en  assurer  par  d'autres  moyens.  Nous  avons  décomposé 
le  chlorhydrate  par  le  nitrate  d'argent;  nous  avons  saturé  l'hydrate  par 

C.  R.,  i8G3,   iel  Semestie.  (T.  LVI,  N"  12.  )  72 


(  546  ) 
l'acide  nitrique,  et  les  produits  montraient  les  mêmes  propriétés  que  l'aza- 
léine  obtenue  par  le  nitrate  de  mercuranile. 

»  Le  nitrate  de  rosaniline,  sel  que  M.  Hofmann  n'a  pas  décrit,  est  cris- 
tallin ;  mais,  opérant  sur  de  petites  quantités  seulement,  je  n'ai  pu  en  obte- 
nir des  cristaux  nets.  Quoique  assez  hygrométrique,  le  sel  est  à  peine  soluble 
dans  l'eau.  La  solution  alcoolique  possède  une  coloration  rouge  légèrement 
violacée,  coloration  qui  est  propre  à  la  dissolution  de  ce  sel  et  ne  peut  être 
attribuée  à  une  souillure  par  du  violet.  Par  une  dessiccation  prolongée  à 
une  température  élevée,  le  sel  perd  de  l'acide  et  se  transforme  en  un  mélange 
de  nitrate  et  d'hydrate  de  rosaniline.  Nous  démontrerons  plus  tard  que 
MM.  Bolley  et  Sehulz  ont  analysé  un  tel  produit. 

»  D'après  notre  théorie,  2  équivalents  d'aniline,  pour  se  transformer 
en  sel  de  rosaniline,  exigent  :  ou  2  équivalents  de  chlore,  de  brome  ou 
d'iode,  ou  une  molécule  d'acide  anhydre  -+- 1  équivalent  d'oxygène  (©=  16I. 
Contrôlons  notre  théorie  par  un  mode  de  formation  qui  rentre  dans  une 
autre  série  de  réactions.  D'après  les  recherches  récentes  de  M.  Bolley,  con- 
cernant le  procédé  par  l'acide  arsénique,  le  tiers  seulement  de  l'acide  est 
réduit  en  acide  arsénieux.  Or,  pour  1  équivalents  d'aniline,  notre  théorie 
exige  As2©5  -+-  0;  mais  cet  oxygène  est  fourni  par  une  autre  demi-molécule 
d'acide  arsénique,  c'est-à-dire  que  sur  3  molécules  d'acide  arsénique,  une 
molécule  est  réduite  en  acide  arsénieux.  On  voit  bien  que  notre  théorie 
n'aurait  pu  trouver  une  confirmation  plus  concluante  que  l'analyse  de 
M.  Bolley.  Mais  ce  même  chimiste  a,  en  outre,  confirmé  un  autre  point  im- 
portant de  notre  théorie,  en  ce  sens  qu'il  a  retiré  des  quantités  assez  consi- 
dérables d'ammoniaque  des  eaux  de  lavage  d'une  fabrique  travaillant  avec 
de  l'acide  arsénique. 

»   L'acide  arsénique  agit  sur  l'aniline   comme  un  arséniate  d'arsenyle 

Ira   ai^3'  f°rmule  typique  dans  laquelle  jSAsO  peut  être  remplacé  par 

des  métaux.  Cette  notation,  adoptée  par  bien  des  chimistes  modernes,  nous 
a  suggéré  l'idée  d'un  second  contrôle.  D'après  la  théorie,  le  radical  acide 
aAsô  persiste,  tandis  que  le  radical  basique  est  réduit;  or,  si  jSAsO  est 
remplacé  par  un  radical  qui  ne  se  prête  pas  à  la  réduction,  nous  aurons  un 
composé  qui  n'engendie  pas  du  rouge  avec  l'aniline.  En  effet,  l'arséniate  de 
potasse  et  de  soude  n'en  a  pas  fourni.  D'un  autre  côté,  nous  avons  rem- 
placé jSAsO  par  le  mercure,  radical  réductible,  et  dans  la  réaction  sur 
l'aniline  le  rouge  n'a  pas  tardé  à  se  former.  Nous  sommes  incliné  à  croire 


(  547  ) 
que  notre  théorie,  énoncée  seulement  pour  les  métahuiiles  contenant  des 
métaux  réductibles,  pourra  peut-être  devenir  une  théorie  générale  de  la  for- 
mation du  rouge  d'aniline;  nous  croyons  qu'elle  s'appliquera  aussi  au  pro- 
cédé de  M.  Hofmann  par  le  tétrachlorure  de  carbone. 

»  En  terminant,  nous  annonçons  encore  que  le  bleu  d'aniline,  obtenu 
d'après  la  méthode  générale  de  l'action  de  l'aniline  sur  la  fuchsine,  aban- 
donne, par  l'addition  de  la  potasse  caustique,  l'hydrate  d'une  base  qui. 
au  contact  de  l'air,  se  colore  rapidement  en  ronge  et  en  violet.  La  solu- 
tion alcoolique,  additionnée  de  différents  acides,  se  colore  en  bleu  foncé 
et  donne  lien  à  la  formation  d'une  série  de  composés  salins  à  beaux  reflets 
cuivreux.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  diffusion  des  vapeurs,  comme  moyen  de  distinguer  entre 
les  densités  de  vapeur  apparentes  et  les  densités  de  vapeur  réelles;  nui 
Ml!.  J.-A.  Wasklyn  et  J.  Robixson. 

<•  La  densité  de  la  vapeur  qui  se  forme  lorsqu'un  composé  chimique  est 
chauffé  n'est  pas  nécessairement  sa  densité  de  vapeur  réelle.  Quelquefois 
elle  est  seulement  la  moyenne  de  la  densité  de  vapeur  de  ses  produits  de 
décomposition.  Quelques-unes  des  substances  les  mieux  connues,  telles  que 
l'acide  sulfurique  hydraté,  les  sels  ammoniacaux,  le  pentachlorure  de 
phosphore,  se  décomposent  lorsqu'elles  se  volatisent,  et  possèdent  ainsi  une 
densité  de  vapeur  apparente  qui  n'est  autre  chose  que  la  densité  de  vapeur 
moyenne  de  leurs  produits  de  décomposition. 

»  Nous  reconnaissons  de  tels  cas  de  densité  apparente  de  vapeur  en 
recourant  à  une  analyse  par  diffusion.  Cette  méthode  de  résoudre  des 
questions  de  ce  genre  a  été  proposée  par  l'un  île  nous  il  y  a  deux  ans  (i). 
Dans  l'application,  nous  nous  sommes  déterminés  tout  d'abord  à  ne  pas 
employer  des  diaphragmes  poreux,  mais  à  recourir  au  procédé  primitif  de 
M.  Graham,  la  diffusion  à  travers  l'ouverture  étroite  d'un  tube  effilé. 

»  Indépendamment  des  difficultés  expérimentales  qui  résultent  de  l'em- 
ploi de  diaphragmes  poreux  à  de  hautes  températures,  cette  méthode 
donne  prise  à  une  objection  capitale,  l'action  chimique  de  la  matière  du 
diaphragme.  Nos  scrupules  à  cet  égard  n'ont  pas  été  apaisés  par  les  résul- 
tats récemment  obtenus  par  M.  Pébal  concernant  la  diffusion  de  la  vapeur 

(i)  Playfair  et  Wanklyn,  Sur  les  densités  de  vapeur,   Trans.  Roy.  Society  of  Edinburgh, 
1861,  vol.  XXII,  part.  III,  p.  458. 

72.. 


(  548  ) 
de  sel  ammoniac  à  travers  un  tampon  d'amiante.  Ne  doit-on  pas  craindre 
en  effet  qu'un  silicate  finement  divisé  (sel  formé  par  un  acide  d'une  capacité 
de   saturation    presque  indéfinie)    ne  soit  capable  de  décomposer   un  sel 
ammoniacal  à  une  haute  température. 

«  L'appareil  que  nous  avons  employé  est  des  plus  simples  et  consiste  en 
deux  ballons  dont  les  deux  cols  courts  s'engagent  l'un  dans  l'autre  sans 
fermer  hermétiquement.  Dans  la  paroi  du  ballon  supérieur  est  soudé  un  tube 
recourbé  pouvant  donner  passage  à  un  gaz.  Le  ballon  inférieur,  plus  volu- 
mineux que  l'autre,  sert  à  former  et  à  recevoir  la  vapeur  que  l'on  veut  faire 
diffuser,  le  ballon  supérieur  sert  à  recevoir  le  gaz  dans  lequel  la  vapeur  doit 
se  diffuser.  L'atmosphère  de  ce  ballon  supérieur  (air  sec  ou  un  autre  gaz)  se 
renouvelle  lentement  par  un  courant  de  gaz  qui  pénètre  par  le  tube  soudé. 
Ce  gaz  s'échappe  par  l'intervalle  laissé  entre  les  deux  cols.  Dans  tout  le  cours 
de  l'expérience,  l'appareil  est  plongé  dans  un  bain  d'air  chaud  et  maintenu 
à  une  température  supérieure  au  point  de  condensation  de  la  vapeur. 

»  La  diffusion  ayant  eu  lieu  pendant  quelque  temps,  on  laisse  refroidir 
l'appareil  et  on  analyse  le  contenu  du  ballon  inférieur.  Dans  nosexpériences, 
ce  ballon  offrait  une  capacité  de  5oo  centimètres  cubes  et  son  col  un  dia- 
mètre de  i  centimètre.  La  capacité  du  ballon  inférieur  était  de  ioo  centi- 
mètres cubes  environ. 

»  La  première  substance  sur  laquelle  nous  avons  expérimenté  est  l'acide 
sulfurique  monohydraté,  qui  est  converti  à  une  température  élevée  en  va- 
peur d'acide  sulfurique  anhydre  et  en  vapeur  d'eau.  Comme  la  vapeur 
d'eau  est  plus  légère  que  la  vapeur  d'acide  sulfurique,  la  première  doit  diffu- 
ser plus  rapidement  que  la  dernière.  Par  conséquent  le  résidu  après  la  dif- 
fusion doit  être  plus  riche  en  acide  anhydre  que  l'acide  avant  la  diffusion. 
C'est  ce  qui  arrive. 

>■   Dans  une  expérience  nous  avons  opéré  sur  un  acide  renfermant  : 

Acide  sulfurique  monohydraté g5  parties. 

Eau 5  parties. 

100  parties. 

•>  Après  avoir  fait  diffuser  pendant  i  heure  à  une  température  de  520°,  le 
résidu  du  ballon  inférieur  était  formé  de 

Acide  sulfurique  monohydraté 60  parties. 

Acide  sulfurique  anhydre 4°  parties. 

100  parties. 


(  54g  ) 

Dans  une  autre  expérience,  ayant  employé  un  acide  renfermant 

Acide  sulfurique  monohydraté 99  parties, 

Eau 1    partie, 

nous  avons  obtenu,  après  une  diffusion  à  435°  prolongée  moins  longtemps 
que  dans  le  cas  précédent,  un  résidu  renfermant  : 

Acide  sulfurique  monohydraté 75  parties. 

Acide  sulfurique  anhydre a5  parties. 

100  parties. 

Dans  les  deux  cas  le  résidu  renfermait  des  cristaux  baignés  par  un  liquide 
et  répandait  d'abondantes  fumées  à  l'air. 

«  D'autres  expériences  ont  eu  pour  objet  la  diffusion  du  perchlorure  de 
phosphore  qui  se  décompose  à  une  température  élevée  en  perchlorure  de 
phosphore  et  en  chlore. 

»  f.e  perchlorure  de  phosphore  employé  ne  renfermait  pas  de  chlore 
libre;  caril  n'exerçait  aucune  réaction  sur  l'iodure  de  potassium  ainsi  donné. 
Il  ne  renfermait  pas  de  protochlorure  de  phosphore;  car  dissous  dans 
l'eau,  il  n'a  donné  aucun  précipité  par  le  sublimé  corrosif.  Tl  renfermait  : 

Chlore 84,67 

Nombre  théorique 85 , 1 3 

»  Dans  une  expérience  on  l'a  fait  diffuser  pendant  45  minutes  dans  une 
atmosphère  d'acide  carbonique  à  3oo°.  Le  résidu  ayant  été  dissous  dans 
l'eau,  on  a  ajouté  à  la  solution  de  l'acide  chlorhydrique  et  du  sublimé.  On 
a  obtenu  0,0175  grammes  de  sublimé.  Dans  une  seconde  expérience,  la  dif- 
fusion ayant  été  prolongée  pendant  deux  heures,  on  a  obtenu  o,oa85 
grammes  de  calomel. 

»  Ces  expériences  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  présence  du  piotochlo- 
rure  de  phosphore  dans  le  résidu  après  la  diffusion,  car  la  réduction  du 
sublimé  corrosif  ne  peut  pas  recevoir  d'autre  explication.  Nous  avons  con- 
staté d'ailleurs  la  présence  du  chlore  libre  dans  le  gaz  qui  s'échappait  de 
l'appareil;  car  l'iodure  de  potassium  amidonnée  a  pris  une  teinte  bleue 
intense  au  contact  du  gaz  contenu  dans  le  ballon  supérieur.  » 

M.  R.  Mattei  adresse  l'analyse  suivante  d'un  Mémoire  sur  l-anatomie 

normale  et  pathologique  des  capsules  surrénales,  etc.,   qu'il  avait  précédem- 
ment envoyé  à  l'Académie. 

'<   Ce  Mémoire  a  pour  objet  de  montrer  : 


(  55o  ) 

»  i  "  Que  les  capsules  surrénales  ne  sont  pas  des  organes  appartenant  à  la 
vie  foetale  seulement,  puisqu'elles  augmentent  de  poids  et  de  volume  à 
partir  de  l'âge  de  trois  mois  delà  vie  intra-utérine  jusqu'à  l'âge  adulte; 

»  1°  Que  la  couche  brune  des  capsules  surrénales  n'est  que  le  résultat  de 
la  putréfaction  cadavérique,  et  que,  par  conséquent,  on  ne  peut  pas  la  con- 
sidérer comme  un  élément  anatomique; 

»  3°  Que  les  altérations  pathologiques  des  capsules  surrénales,  bien 
qu'étant  parmi  les  moins  fréquentes  dans  l'organisme,  ne  sont  pas  aussi 
rares  qu'on  le  croit  généralement,  puisque  sur  3io  autopsies  j'ai  trouvé  : 
deux  fois  l'apoplexie,  une  fois  le  cancer,  une  fois  une  tumeur  adipeuse, 
quatre  fois  la  tuberculose,  une  fois  du  tissu  fibroïde  avec  de  la  matière 
caséeuse ,  une  fois  l'atrophie,  une  fois  l'arrêt  de  développement,  plusieurs  fois 
des  changements  déforme  et  des  adhérences  aux  organes  contigus,  quatre 
fois  la  congestion  sanguine,  une  fois  l'inflammation  de  l'enveloppe  cap- 
sulaire; 

»  4°  Que  l'apoplexie  capsulaire  peut  devenir  une  cause  de  mort,  en  pro- 
duisant la  compression  des  ganglions  semi-lunaires; 

»  5°  Que  l'état  morbide  de  la  maladie  d'Addison  n'est  pas  constitué  par 
l'altération  des  capsules  surrénales,  mais  par  une  névrose  du  nerf  grand 
sympathique.  » 

M.  Carlo  Robekti,  de  Vérone,  adresse  de  Florence  une  Note  sur  un 
moyen  nouveau  d'augmenter  l'énergie  des  piles  voltaïques  appliquées  aux 
arts  et  à  l'industrie. 

«  L'idée  d'appliquer  directement  la  chaleur  à  une  pile  pour  en  aug- 
menter l'intensité  m'a  été,  dit  l'auteur,  suggérée  par  une  observation  for- 
tuite. Poursuivant,  il  y  a  quelque?  jours,  des  expériences  de  mesure  d'in- 
tensité que  je  faisais  dans  un  autre  but  avec  l'appareil  de  Gauss,  je  fus 
frappé  de  l'irrégularité  d'abord,  puis  de  l'accroissement  périodique  pro- 
gressif d'intensité  de  la  pile  que  j'employais;  j'eus  bientôt  à  en  reconnaître 
la  cause  dans  la  variation  de  la  température,  due  à  l'avancement  horaire, 
sans  appareil,  d'un  rayon  de  soleil  qui  pénétrait  dans  le  laboratoire.  J'ai 
donc  aussitôt  songé  à  l'application  de  ce  moyen  à  l'industrie,  et  notamment 
à  la  télégraphie  électrique,  et  je  m'occupe  maintenant  à  arriver,  par  des 
expériences  rigoureuses,  à  des  nombres  exacts  qui  établissent  les  avantages 
qu'on  en  pourra  retirer.  » 


(  55,  ) 

M.  D.  Rivière  adresse  de  Libourne  la  description  et  la  figure  d'une 
machine  hydraulique  centrifuge. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Combes.) 
A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie  présente,  par  l'organe  rie  son 
doyen  M.  Serres,  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  de  Correspon- 
dant vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Bretonneau: 

i°  M.  Ehrmax\n,  à  Strasbourg; 
2°  M.  Landouzy,  à  Reims; 
3°  M.  Gixtrac,  à  Bordeaux; 
4°  M.  Serre  (d'Uzès),  à  Alais  ; 
5°  M.  Pétreqiin,  à  Lyon. 

Les  titres  des  quatre  premiers  candidats  ayant  été  discutés  dans  la  précé- 
dente séance,  ceux  du  cinquième  seulement  ont  dû  être  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  É.   D.   B. 


Itl'I.l.ETIX    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  16  mars  i  863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Expériences  sur  l'emploi  des  eaux  dans  les  irrigations  sous  différents  <  limais; 
par  M.  IIervé-Mangon.  Paris,   1 863 ;  vol.  in-8°. 

De  l'alcool  et  des  composés  alcooliques  en  chirurgie;  par  MM.  J.-F.  Ba- 
tailhé  et  Ad.  Guillet;  2e  édition.  Paris,  i85g;  br.  in-8°. 

Lettre  sur  l'insalubrité  des  hôpitaux  de  Paris  à  M.  Malcjaitpie ;  par  M.  le 
Dr  Batailhé.  (Extrait  de  la  Revue  Médicale  du  i5  avril  1862.)  Paris,  18C2; 
br.  in- 8°. 


{  552  ) 

Essai  sur  l'infection  purulente,  son  mécanisme ,  son  traitement  (Thèse  pour 
le  Doctorat  en  Médecine,  présentée  et  soutenue  le  26  décembre  1861);  par 
Henri  Blanc.  Paris,  1861;  in-4°- 

De  la  réunion  immédiate,  de  ses  avantages,  de  ses  inconvénients,  et  de  l'in- 
fluence des  topiques  sur  ce  mode  de  guérison  des  plaies  ;  Thèse  pour  le  Doctorat 
en  Médecine,  par  Al.  Dkakaky.  Paris,  1861  ;  in-4°.  (Cet  ouvrage  et  les  trois 
précédents  sont  destinés  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie de  i863.) 

Examen  des  matières  colorantes  artificielles  dérivées  du  goudron  de  houille  ; 
par  E.  KOPP.  —  2e  partie,  Matières  colorantes  dérivées  du  phénol  et  de  la 
naphtaline.  (Extrait  du  Moniteur  Scientifique  du  Dr  Quesneville.)  Saverne, 
1862;  in-4°. 

Résumé  des  observations  météorologiques  faites  à  la  Faculté  des  Sciences  de 
Montpellier  pendant  l'année  1862;  par  M.  Edouard  Roche.  Montpellier, 
trois  quarts  de  feuille  in-8°. 

Elude  analytique  sur  le  principe  de  la  vie  :  conséquences  et  résultats  nou- 
veaux pour  le  traitement  des  maladies;  par  le  D'  J.  Leoni.  Chalon-sur-Saône, 
1859;  br.  in-8°. 

Recherches  sur  le  principe  de  la  vie,  sur  les  phénomènes  de  l'inflammation  et 
sur  les  maladies  épidémiques  ;  par  le  même.  Chalon-sur-Saône,  1861;  br. 
in-8°. 

Notes  oii  sont  exposés  les  principes  d'une  réforme  radicale  dans  l'art  de 
guérir;  par  le  même.  Chalon-sur-Saône,   1 863  ;  br.  in-8°. 

Le  marquis  de  Turbilly,  agronome  angevin  du  XVIIIe  siècle;  par  GuiL- 
loky  aine;  2e  édition.  Paris,  1862;  in- 12. 

On  the  higher...  Sur  les  subdivisions  supérieures  de  la  classification  dès 
Mammifères;  par  J.-D.  Dana.  (Extrait  de  \' American  Journal  oj  Science 
and  Arts,  vol.  XXXV.)  Demi-feuille  in-8°. 

\nmerkungen  ..  Commentaires  de  M.  A.  Gether  sur  divers  passages  d'un 
ouvrage  précédemment  publié  par  lui  sous  le  titre  de  :  «  Pensées  sur  les  forces 
de  la  Nature  ».  Oldenbourg,  1 863 ;   br.  in-8°. 

Beobachtungen...  Observations  des  étoiles  variables  faites  à  l'Observatoire 
royal  de  Ronn;  Note  de  M.  le  DrE.  SciiONFELD.  (Extrait  du  tome  XLII  des 
Comptes  rendus  de  l' Académie  royale  des  Sciences  de  Vienne.) 

Introdnzione...  Introduction  à  la  théorie  géométrique  des  courbes  planes, 
pai    le  l)r  T..  CREMONA    Bologne,  1 862  ;  in-/j°. 


(  553  ) 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  ï3  mars  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Mémoire  sur  l'équation  séculaire  de  la  Lune;  par  M.  Delaunay.  (Extrait 
de  la  Connaissance  des  temps  pour  1864.)  Paris,  br.  in-8°. 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  M.  Cordier;  par  M.  le  comte  Jaubert. 
Paris,  1862;  1  feuilles  in-8°. 

Richesses  ornilhologiques  du  Midi  de  la  France,  ou  Description  méthodique 
de  tous  les  oiseaux  observés  en  Provence  et  dans  les  départements  circonvoisins  ; 
par  MM.  J.-B.  Jaubert  et  Barthélemy-Lapommeraye  ;  6e  et  ne  fascicules 
(fin  de  l'ouvrage).  Marseille,  h>4°,  avec  planches  coloriées. 

Le  terrain  de  transition  des  Voscjes.  —  Partie  géologique  ;  par  J.  Koechlin- 
Schlumberger.  —  Partie  paléontologique;  par  W.-Ph.  Schimper.  (Extrait 
des  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  de  Strasbourg.)  Strasbourg,  1862; 
vol.  gr.  in-4°,  avec  de  nombreuses  planches. 

Animaux  jossiles  et  géologie  de  l'Attique,  d'après  les  recherches  faites  en 
1 855-56  et  en  1860,  sous  les  auspices  de  l'Académie  des  Sciences  ;  par  Albert 
Gaudry;  4e  livraison.  Paris,  in-4°,  avec  planches. 

Notes  pour  servir  à  la  géologie  du  Calvados;  par  M.  E.  Desloingchamps. 
Caen,  1 863  ;  br.  in-8°. 

Moyen  nouveau  et  très-simple  de  prévenir  la  roideur  et  l'ankylose  dans  les 
fractures:  bandage  articulé;  Note  lue  à  l'Académie  de  Médecine,  par  le  Dr 
Morel-Lavallée.  Paris,  1860;  br.  in-8°.  (Desiinéau  concours  pour  les 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  i863.) 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  brevets  d' invention  ont 
été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  1 844 j  *•  XLIII.  Paris,  i863;  vol. 
in-4°. 

Cours  d'agriculture  pratique  :  les  plantes  fourragères  ;  par  Gustave  Heuzé; 
3e  édition.  Paris,  1861  ;  vol.  in-8°.  (Destiné  au  concours  pour  le  prix 
Morogues  de  i863.  ) 

Recueil  de  Mémoires  et  Observations  sur  l'hygiène  et  la  médecine  vétérinaires 
militaires;  t.  XII.  Paris,   1861  ;  vol.  in-8°.  (2  exemplaires.) 

Traité  général  de  Photographie,  contenant  tous  les  procédés  connus  jusqu'à 
ce  jour,  suivi  de  la  théorie  de  la  Photographie  et  de  son  application  aux  sciences 
d'observations;  par  D.-V.  Monkhoven  ;  4e  édition.  Paris,  j863;  vol.  in-8°, 

C  R  ,  i8G3,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  12.)  fê 


(  554) 
avec  figures  intercalées  dans  le  texte.  (Présenté,  au  nom   de  l'auteur,   par 
M.  Delaunay.) 

Recherches  sur  la  physiologie  el  la  pathologie  du  cervelet;  par  MM.  Leven 
et  Aug.  Ollivier.  (Extrait  des  Archives  générales  de  Médecine,  nos  de  no- 
vembre 1862  et  suivants.)  Paris,  1862;  br.  in-8°  (Présenté,  au  nom  des 
auteurs,  par  M.  J.  Cloquet.) 

Renseignements  nautiques  recueillis  à  bord  du  Duperré  et  de  la  Forte  pendant 
uu  voyage  en  Chine,  1860-1862;  par  M.  S.  Bourgois.  (Extrait  de  la  Revue 
maritime  et  coloniale,  mars  i863.)  Paris,  1 863  ;  br.  in-8°. 

Société  Philomatique  de  Paris  :  Extraits  des  procès-verbaux  des  séances  pen- 
dant l'année  1862.  Paris,  1862;  in-8°. 

Éloge  du  professeur  Lallemand,  prononcé  à  la  séance  de  rentrée  des  Facultés^ 
te  i5  novembre  1862;  par  A.  Courty.  Montpellier,    1862;  br.  in~4°. 

Recherches  sur  les  conditions  météorologiques  du  développement  du  croup  et 
de  la  diphthérie,  sur  le  traitement  de  cette  affection  et  sur  les  médicaments  qui 
remplissent  le  mieux  les  indications  de  ce  traitement,  précédées  d'une  observation 
de  croup  guéri  par  la  trachéotomie  ;  par  le  même.  Montpellier,  1862;  br. 
in-4°. 

La  Topographie  enseignée  par  des  plans-reliefs  et  des  dessins,  avec  texte  expli- 
catif; parh.-3.  Bardin.  [Introduction.)  Metz,  i85g;  in-4°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  royale  de  Victoria,  de  janvier 
à  décembre  1860  inclusivement  ;  vol.  V;  publié  sous  les  auspices  du  Conseil 
de  la  Société,  par  J.  Macadam,  secrétaire  honoraire.  Melbourne  (Australie;, 
vol  in-8°. 

Der  typische...  Le  catarrhe  typique  d'été  vulgairement  appelé  fièvre  des 
foins  ou  asthme  des  foins;  par  Ph.  PhoebuS.  Giessen,  1862;  vol.  in-8°.  (Des- 
tiné au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  1 863.  ) 


(  555  ) 

ERRATA. 

(Séance  du    16  mars   1 863.  ) 

Page  453,  premier  paragraphe,  au  lieu  r/c  dans  sa  71e  année,   lisez  dans  sa  74e  année. 
M.  Despretz,  né  le  i3  mai  178g,  est  mort  le  i5  mars  i863,  à  l'âge  de  73  ans  m  mois. 

Page  4'jo,  ligne  i5,  lisez  -  rt  h»  \j — 1  j  au  lieu  de  7r±  ua  \' — 1  • 

Page  4')2>  'e  facteur  —  a  été  omis  dans  le  dernier  terme  du  second  membre  de  l'équation 

,  C  C   /■ 

a  —  

Ç  A   a2  I 

qui  donne  la  valeur  de  -jt-\  ce  ternie  est 


dk 


I      F? 


Page  476)  ligne  6,  au  lieu  de pns,  lisez  p'„,. 

Page  476,  ligne  1 4,  au  lieu  de  p°î  —  -,  lisez  p",  ■ — 

Page  476,  ligne  2  en  remontant,  au  lieu  de  (z,  •»,')2]K  Usez  (z,  x')]' ' 2. 

Page  477,  ligne  5  en  remontant,  au  lieu  de  p\s,  lisez  p°xx. 

Page  477,  ligne  12  en  remontant,  au  lieu  de  ellip-soïdement,  lisez  ellip-soïdalenient. 

Page  478,  ligne  10,  au  lieu  de  aun,  lisez  aIJIt. 

Page  478,  ligne  i3  en  remontant,  au  lieu  de  ou  approchée,  lisez  ou  fort  approchée. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  50  MARS  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Owen  annonce  l'envoi  de  deux  nouveaux  opuscules  qu'il  vient  de 
publier,  un  Mémoire  sur  l'Aye-Aye,  et  la  partie  septième  et  dernière  de  sa 
Comparaison  des  squelettes  du  nègre,  du  gorille  et  du  chimpanzé.  M.  Owen 
remercie  en  même  temps  l'Académie  pour  quatre  nouveaux  volumes  de  ses 
publications  qu'elle  lui  a  fait  parvenir. 

«  M.  Babinet  fait  hommage  à  l'Académie  du  septième  volume  de  ses 
Etudes  et  lectuies  sur  les  sciences  d'observation.  Il  indique  les  principaux  objets 
auxquels  il  a  appliqué  les  notions  exactes  de  la  physique,  de  l'astronomie 
et  de  la  mécanique.  La  météorologie  occupe,  dans  ce  volume,  une  place 
considérable  ainsi  que  la  télégraphie  électrique. 

»  M.  Babinet  réclame  pour  son  livre  le  mérite  d'une  grande  exactitude 
de  faits  et  de  théories  résultant  de  l'attention  scrupuleuse  qu'il  a  donnée 
à  ces  écrits,  qui  n'étaient  cependant  pas  destinés  à  des  savants  de  profes- 
sion .    » 

GÉODÉSIE.  —  Sur  tes  instruments  géodésicjiies  et  sur  la  densité  moyenne  de  la 

Terre;  par  M.  Paye. 

«  A  cette  époque  de  grandes  entreprises  géodésiques  en  Europe,  l'esprit 
se  reporte  naturellement  sur  l'homme  éminent  qui,  vers  la  fin  du  dernier 
siècle,  a  doté  la  science  d'un  système  instrumental  complet,  et  sur  les  corps 

C.  Et.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  13.)  74 


(     558     ; 

qui  furent  chargés  alors  d'en  diriger  l'application.  C'est  en  considérant  ainsi 
les  choses  dans  leur  ensemble  et  dans  leur  développement  historique  qu'on 
apprécie  sainement  ce  qu'il  convient  de  tenter  aujourd'hui. 

■>  Le  premier  système  instrumental  de  la  géodésie  moderne  est  dû  tout 
entier  au  génie  d'un  homme  : 

»  La  mesure  des  bases,  par  les  règles  de  Borda  ; 

»  La  mesure  des  angles,  par  le  cercle  répétiteur  de  Borda; 

»   La  mesure  de  l'intensité  de  la  pesanteur,  par  le  pendule  de  Borda. 

»  Il  est  impossible  de  rien  imaginer  de  plus  simple  et  de  plus  partait, 
théoriquement,  que  le  cercle  de  Borda,  qui  servait  à  lui  seul  à  déterminer  : 

»  Les  angles  des  triangles  géodésiques  ; 

»  Les  altitudes  ; 

»   Les  latitudes; 

»  Les  azimuts  ; 

»   L'heure  et  par  suite  les  longitudes. 

»  Et  cet  admirable  système  était  le  seul  exécutable  à  l'époque  difficile 
où  il  fut  appliqué.  On  lui  doit  la  création  de  la  moderne  géodésie  française 
qui,  sans  Borda  et  sans  le  Bureau  des  Longitudes,  n'existerait  probable- 
ment pas. 

>■  Aujourd'hui  un  système  différent  prévaut  :  au  lieu  d'un  instrument 
unique  pour  tous  les  genres  de  mesures,  on  veut  un  instrument  spécial 
pour  chaque  genre  de  mesure.  Ainsi  le  théodolite  réitérateur  a  remplacé 
le  cercle  répétiteur  pour  les  angles  des  triangles;  les  instruments  zénithaux 
le  remplacent  pour  les  latitudes;  la  lunette  méridienne  portative  du 
Dépôt  de  la  Guerre  le  remplace  pour  l'heure  et  l'azimut;  le  niveau  simple 
de  Bourdaloue  le  remplace,  en  France  du  moins,  pour  les  grands  nivelle- 
ments. J'ajouterai  que  l'on  a  reconnu  que  le  pendule  de  Borda  ne  donne 
pas,  comme  on  l'avait  cru  d'abord,  des  résultats  d'une  exactitude  absolue  : 
il  a  besoin,  soit  d'une  correction  qu'il  serait  indispensable  de  déterminer 
directement  pour  nos  anciens  appareils  français,  soit  d'une  disposition 
nouvelle  qui  fasse  disparaître  la  cause  d'erreur  correspondante.  Enfin  on 
peut  faire  un  peu  mieux  que  nos  prédécesseurs  en  remplaçant  les  signaux 
de  feu  par  la  télégraphie  électrique,  et  mieux  encore  en  introduisant  la 
photographie  dans  certaines  observations  célestes,  afin  d'éliminer  l'ob- 
servateur lui-même.  Quant  aux  bases  géodésiques,  j'ai  traité  ce  sujet  à  part 
dans  la  séance  du  i  de  ce  mois. 

»  Voilà,  en  quelques  mots,  le  système  instrumental  qui  tend  à  se  sub- 


(  559) 
stttuer  au  système  de   Borda,  et  que  j'étudie   moi-même  depuis  dix-sept 
ans,  dans  le  but  d'y  introduire  quelques  perfectionnements. 

»  Je  ne  m'occuperai  ici  que  d'une  partie  de  cet  ensemble,  celle  qui  est 
relative  aux  latitudes  astronomiques  et  géodésiques.  Je  désire  appeler  l'at- 
tention de  l'Académie  et  des  géodésiens  allemands  sur  deux  points  capitaux, 
à  savoir  :  i°  l'instrument  qui  doit  servir,  à  mon  avis,  à  mesurer  les  latitudes 
astronomiques;  2°  l'élément  capital  de  l'opération  qui  doit  servir  à  corriger 
cftte  latitude  de  l'influence  des  anomalies  locales.  Il  s'agit  donc  d'examiner 
de  près  les  moyens  que  nous  possédons  pour  déterminer  la  direction  de  la 
pesanteur,  et  d'examiner  aussi  les  évaluations  actuelles  de  la  densité  moyenne 
du  globe,  nombre  devenu  usuel  depuis  qu'on  a  eu  l'idée  de  corriger  nu- 
mériquement tout  ce  qui  peut  altérer  cette  même  direction  de  la  pesanteur. 

»  Direction  de  ta  pesanteur.  —  Les  seuls  moyens  connus  au  commence- 
ment du  siècle  étaient  le  fil  à  plomb  et  le  niveau  à  bulle  d'air.  Ces  deux 
moyens  exigent  l'attirail  du  retournement,  opération  qui,  à  elle  seule, 
détermine  la  forme  de  l'instrument  et  le  mode  des  observations. 

»  Le  capitaine  Rater  présenta,  en  1828,  à  la  Société  Astronomique  de 
Londres,  un  nouvel  appareil  basé  sur  les  lois  de  l'équilibre  des  corps  flot- 
tants. Cet  appareil  se  compose  d'un  flotteur  annulaire  en  fer  reposant  sur 
np  bain  annulaire  de  mercure  et  portant  centralement  une  lunette  verticale, 
dont  l'axe  devait  naturellement  décrire  un  cône  de  révolution  autour  de  la 
verticale  lorsqu'on  faisait  circuler  le  flotteur  sur  le  bain  qui  le  supportait. 
De  là  le  collimateur  zénithal  du  capitaine  Rater,  c'est-à-dire  le  moyen  de 
pointer  vers  le  zénith  une  lunette  placée  verticalement  sous  le  collimateur. 

»  Je  pensai,  il  y  a  dix-sept  ans,  qu'il  vaudrait  infiniment  mieux  se  servir 
optiquement  du  bain  de  mercure  que  de  l'employer  mécaniquement  comme 
faisait  le  capitaine  Rater,  et,  mettant  à  profit  la  détermination  optique  du 
nadir,  dont  on  se  servait  depuis  quelques  années  à  l'étranger  pour  les  instru- 
ments méridiens  (1),  je  réduisis  le  collimateur  zénithal  du  capitaine  Rater 
aune  lunette,  non  pas  flottante  sur  le  bain  de  mercure,  mais  pointée  sur  ce 
bain  (2).  Je  fis  voir  en  même  temps  que  cet  instrument  si  simple  permettait 
d'étudier,  sans  l'aide  du  retournement,  les  erreurs  les  plus  complexes  des 

(i)  J'apprends  à  la  séance  que  M.  Élie  de  Beaumont  se  servait  autrefois  de  cette  détermi- 
nation optique  du  nadir  pour  faciliter  la  mesure,  avec  le  sextant,  de  directions  voisines  de 
l'horizontale. 

(■2)   Comptes  rendus,  1846,  t.  XXIII,  p.  872  et  873. 

74- 


(  56o  ) 

instruments  méridiens,  et  en  particulier  de  réduire  la  détermination  de  la 
latitude  à  une  simple  mesure  micrométrique  effectuée  au  milieu  du  champ 
d'une  lunette  placée  verticalement  dans  une  position  fixe.  C'est  de  là  que 
datent  mes  études  géodésiques  :  l'instrument  nouveau  permettait  en  effet  de 
déterminer  à  la  fois  l'heure  et  la  latitude  par  des  procédés  entièrement 
exempts  de  toute  erreur  instrumentale,  avec  une  précision  pour  ainsi  dire 
illimitée;  il  s'appliquait  à  la  fois  aux  travaux  géodésiques  comme  aux  études 
purement  astronomiques  des  grands  ohservatoires  (i). 

»   Cet  instrument  attira,  il  y  a  douzeans,  l'attention  des  savants  officiers  du 
Dépôt  de  la  Guerre.    Le  colonel  Peytier  en  inséra  la  description  dans  le 
tome  IX  du  Mémorial.  Le  Dépôt  voulut  en  tirer  parti  et  en  fit  la  commande 
à   un   constructeur   dont  il  savait  apprécier   le   génie   d'invention.    Mais 
M.  Porro  ne  se  borna  pas  à  suivre  mes  idées;  il  voulut  les  améliorer,  et  fit 
de  la  lunette  zénithale  que  j'avais  conçue  un  instrument  nouveau,  sinon 
quant  au  principe,  du  moins  cpiant  à  la  construction.  Tout  en  appréciant 
ce  qu'il  y  a  d'extrêmement  remarquable  dans  les  appareils  de  M.  Porro,  je 
crois  que  ma  lunette  zénithale  à  bain  de  mercure  est  préférable;  je  la  préfère 
aussi  à  l'ingénieux  secteur  zénithal  de  M.  le  colonel  Hossard.  Aussi  ai-je 
continuellement  cherché  toutes  les  améliorations  dont  elle  est  susceptible. 
L'inconvénient  était  la  hauteur  exagérée  de  l'instrument  comprenant  deux 
lunettes  pointées  verticalement  lune  sur  l'autre.  Il  était  facile  de  faire  dis- 
paraître ce  défaut  en  brisant,  à  l'aide  de  prismes  ou  de  miroirs  inclinés  à  45°, 
les  axes  optiques  de  ces  lunettes,  et  en  les  couchant  horizontalement  l'une 
sur  l'autre.  On  peut  aussi  remplacer  le  collimateur  zénithal  par  un  artifice 
encore  plus  simple,  consistant  en  deux  prismes  ou  deux  miroirs  assemblés 
sous  un  angle  droit  et  placés  au-dessus  de  la  lunette  verticale  de  manière  à 
briser  deux  fois  le  faisceau  émergent,  pour  le  faire  tomber  sur  un  bain  de 
mercure  placé  latéralement.  L'avantage  de  cette  disposition  consiste  en  ce 
que  la  détermination  du  zénith  est  indépendante  de  la  situation  plus  ou 
moins  inclinée  du  couple  des  miroirs,  et  cela  en  vertu  d'une  propriété  inhé- 
rente au  système  de  deux  miroirs  accouplés,  déjà  utilisée  dans  le  sextant. 
Elle  dépend,  il  est  vrai,  de  l'angle  des  deux  miroirs,  qui  ne  sera  pas  toujours 
de  900  juste;  mais  l'erreur  est  facilement  éliminée  en  plaçant  alternative- 
ment le  bain  de  mercure  à  droite  et  à  gauche  de  l'instrument  immobile.  On 


(  1  )  Comptes  rendus,  iS5o,  t.  XXX,  p.  802  el  stiiv.;  i85>,  t.  XXXV,  p.  820,  t.  XXXVI; 
passim,  et  1861,  t.  LU,  p.  177. 


(  56.  ) 
parviendrait  ainsi  à  utiliser  les  télescopes  eux-mêmes,  qui  n'ont  guère  péné- 
tré jusqu'ici  dans  l'astronomie  de  mesure,  et  encore  moins  dans  la  géo- 
désie. 

»  La  cause  la  plus  cachée  et  la  plus  dangereuse  qui  affecte  tous  les  instru- 
ments munis  de  niveaux  et  à  retournement,  c'est  l'inégale  distribution  de 
la  chaleur  :  i°  dans  le  niveau;  2°  dans  l'air  de  la  lunette.  Les  caprices  des 
niveaux  et  une  foule  de  discordances  inexpliquées  dont  les  astronomes  se 
plaignent  si  souvent  tiennent  à  cette  double  cause  qui  rend  illusoire,  jus- 
qu'à un  certain  point,  la  précision  apparente  d'un  grand  nombre  de  déter- 
minations délicates.  Ma  lunette  zénithale  est  complètement  exempte  de  cette 
double  cause  d'erreur.  La  seule  chose  qu'on  pût  craindre,  ce  serait  l'im- 
perceptible dénivellation  que  produit  l'inégale  répartition  de  la  chaleur 
dans  le  bain  de  mercure  (i).  Ce  liquide  est  en  effet,  par  sa  très-médiocre  con- 
ductibilité, susceptible  de  présenter,  dans  sa  masse  en  repos  parfait,  de 
petites  différences  de  densité,  s'il  est  exposé  à  des  variations  de  température 
dont  la  source  n'agisse  pas  sur  lui  de  tous  les  côtés  à  la  fois.  Une  simple 
variation  progressive  d'un  dixième  de  degré  par  décimètre,  allant  de  tran- 
che en  tranche  verticale  dans  un  bain  de  mercure  de  i  centimètre  de  pro- 
fondeur, donnerait  une  inclinaison  temporaire  de  o",36  à  la  surface  exté- 
rieure. Si  le  bain  était  d'éther,  un  centième  de  degré  par  décimètre  don- 
nerait la  même  inclinaison.  La  surface  d'un  liquide  en  repos  n'est  donc 
pas  toujours  rigoureusement  horizontale  ni  même  plane  :  cette  horizon- 
talité, incessamment  troublée  dans  des  limites  qui  n'intéressent  que  les  obser- 
vations les  plus  délicates,  a  besoin  d'un  temps  appréciable  pour  se  rétablir. 
Mais  il  est  facile  d'éviter  cette  cause  d'erreur  en  abritant  le  bain  de  mercure 
contre  l'action  des  sources  de  chaleur  et  en  agitant  sa  masse  à  l'avance  (2). 
L'astronomie  et  la  géodésie  sont  donc  en  possession  d'un  instrument  exempt 
d'erreur,  pourvu  qu'on  en  limite  l'emploi  à  des  distances  zénithales  micro- 
métriques. Le  cercle  répétiteur  et  le  théodolite  offrent,  au  contraire,  h: 
réunion  complète  de  toutes  les  causes  d'erreur,  parce  que  ce  sont  des  instru- 
ments uuiversels  destinés  à  observer  dans  toutes  les  régions  du  ciel  et  de  la 
terre.  Ainsi,  pour  me  servir  d'une  sorte  de  comparaison,  de  même  qu'en 


(1)  Cf.  Comptes  rendus,   i85o,  t.  XXXI,  p.  635  et  657. 

(2)  Les  mêmes  précautions  sont  bien  autrement  nécessaires  quand  on  se  sert  de  niveaux 
à  bulle  d'air,  où  des  variations  imperceptibles  de  température  produisent  des  elfets  sensibles 
et  compliqués,  à  cause  de  la  grande  dilatabilité  du  liquide  employé. 


(  56a  ) 
mécanique  on  n'obtient  d'un  moteur  donné  une  grande  force  qu'en  sacri- 
fiant la  vitesse,  de  même  ici  l'on  n'obtient  une  grande  et  certaine  précision 
qu'en  sacrifiant  l'étendue  ou  le  champ  des  observations. 

»  Nous  avons  vu  ailleurs  que  cette  précision  extrême  est  devenue  plus  que 
jamais  désirable  en  géodésie;  non  que  nous  puissions  nous  flatter  d'obte- 
nir, même  par  des  latitudes  rigoureuses,  l'amplitude  d'un  arc  géodésique 
un  peu  étendu  à  une  trentaine  de  mètres  près,  mais  parce  qu'en  écartant 
toutes  les  sources  d'erreur  qui  sont  en  notre  pouvoir,  nous  parviendrons  à 
étudier  plus  sûrement  les  causes  d'anomalies  qui  sont  hors  de  notre  pou- 
voir. Cette  réflexion  nous  conduit  à  la  seconde  partie  de  cette  Note,  c'est- 
à-dire  à  la  densité  moyenne  du  globe  terrestre,  laquelle  vient  de  faire  son 
apparition  en  géodésie  à  titre  d'élément  des  corrections  numériques  qu'il 
est  indispensable  de  faire  subir  désormais  aux  latitudes  observées,  afin  de 
les  purger,  autant  que  possible,  de  l'influence  des  irrégularités  du  sol 
ambiant. 

»  Densité  moyenne  de  la  Terre.  —  Pour  apprécier,  en  effet,  cette  influence 
que  le  relief  du  sol  exerce  sur  la  direction  de  la  verticale  en  un  point  donné, 
il  faut  être  en  état  de  calculer  les  attractions  exercées  par  ce  relief,  dont 
l'œuvre  nouvelle  de  M.  Bardin  donne  une  idée  si  exacte  (i),  soit  dans  le 
sens  du  méridien,  soit  dans  le  sens  perpendiculaire.  Pour  cela,  il  est  néces- 
saire d'évaluer  très-approximativement,  à  l'aide  de  la  géologie  locale,  la 
densité  des  masses  qui  composent  ce  relief,  non  par  rapport  à  l'eau,  mais 
par  rapport  à  la  densité  moyenne  du  globe  terrestre.  Or  cette  dernière 
^st-elle  sûrement  connue?  On  en  jugera  par  le  tableau  suivant,  où  j'ai  réuni 
toutes  les  évaluations  jusqu'ici  acquises  à  la  science  : 

Densité 
Observateurs  et  méthodes  employées.  Je  la  Terre. 

Carlini  et  Plana,  par  le  pendule,  sur  le  mont  Cenis 4<3p 

Maskelyne,  Hutton,  Playfair,  déviation  de  la  verticale,  mont  Schehallien. .  4 >7  ■ 

Le  colonel  H.  .lames,  déviation  de  la  verticale,  colline  de  l'Arthur-Seat. .  .  5,32 

Reich,  par  la  balance  de  torsion  de  Mitchell 5,44 

Cavendish,  par  la  balance  de  torsion  de  Mitchell 5,^5 

Kaily,  par  la  balance  de  torsion  de  Mitchell 5,66 

Aii  y,  par  le  pendule,  puitsde  mine  de  zfoo  mètres  de  profondeur 6,5^ 

»    Dans  telle  station  où  la  correction  de  latitude  dont  nous  nous  occu- 
pons ici  serait  de  4",  avec  la  densité  moyenne  obtenue  par  M.  Airy,  cette 

(i  )   Comptes  rendus  de  la  dernière  séance. 


(  563  ) 
même  correction  irait  à  ô"  avec  la  densité  obtenue  par  Carlini  et  Plana.  On 
voit  que  le  bénéfice  de  la  grande  précision  de  nos  observations  célestes  serait 
entièrement  perdu  par  le  fait  seul  de  cette  incertitude.  Il  serait  donc  à 
désirer  que  cet  élément  fondamental,  qui  n'avait  jusqu'ici  qu'un  intérêt 
de  théorie  pure,  mais  qui  prend  aujourd'hui  une  grande  importance  pratique 
pour  toutes  les  déterminations  futures  de  longitude,  de  latitude  et  d'azi- 
mut, en  géodésie,  fût  fixé  d'une  manière  définitive.  Examinons  les  procédés 
divers  qu'on  a  suivis  pour  l'obtenir;  j'indiquerai  en  même  temps  quelques 
préparatifs  que  j'ai  faits  de  mon  côté  pour  aborder  la  question. 

»  Par  l'attraction  des  montagnes.  —  Déterminer  ainsi  le  poids  du  globe 
terrestre  par  une  combinaison  d'opérations  géodésiques  et  géologiques, 
c'est  une  des  plus  belles  opérations  de  la  science.  Mais  on  a  peut-être 
trop  oublié  les  anomalies  souterraines  qui  échappent  a  toute  mesure 
directe  :  de  là  l'incertitude  d'abord  inaperçue  de  ce  procédé.  On  vient  de 
voir,  par  le  tableau  précédent,  que  le  nombre  fourni  par  le  Schehallieii 
est  probablement  trop  faible.  Ce  n'est  pas  là  un  fait  isolé  :  déjà  l'expé- 
rience plus  ancienne  mais  très-douteuse  de  Bouguer  sur  le  Chimborazo 
avait  donné  un  chiffre  encore  plus  faible.  Dans  ces  derniers  temps,  on  a  cru 
reconnaître  un  indice  semblable  pour  le  massif  pyréliéen.  L'expérience  de 
Carlini  et  de  Plana  en  dit  autant  pour  le  mont  Cenis.  Enfin  les  Anglais  ont 
constaté  que  le  voisinage  du  massif  de  l'Himalaya  se  fait  à  peine  sentir 
sur  l'extrémité  du  grand  arc  des  Indes  (i).  Ainsi  paraît  être  confirmé 
aujourd'hui  le  premier  aperçu  de  Bouguer,  qui  interprétait  ce  fait  en 
admettant  de  grandes  cavités  dans  les  montagnes  volcaniques.  Ce  fait,  pris 
en  dehors  de  toute  hypothèse  semblable,  consisterait  en  ce  que  l'attraction 
des  grandes  montagnes,  partout  où  elle  a  été  directement  observée,  s  est 
trouvée  inférieure  à  l'attraction  caleulée  d'après  leur  relief  extérieur,  comme 
s'il  existait  en  dessous  quelque  cause  compensatrice. 

»  Voici  l'explication  que  plusieurs  savants  ont  adoptée  en  Angleterre,  ou 
la  question  a  été  récemment  agitée.  Un  massif  étendu  formant  saillie  au- 
dessus  de  l'écorce  terrestre  ne  peut  subsister  qu'à  la  condition  de  plonger 
plus  ou  moins  profondément  par  sa  base  inférieure  dans  les  couches  fluides 
sous-jacentes  dont  la  densité  est  plus  forte.  Autrement,  sous  l'influence 
d'une  surcharge  énorme,  il  se  serait  produit  des  ruptures  dans  l'écorce  ter- 
restre, à  la  limite  du  massif;  car,  d'après  un  calcul  de  M.  Airy,  en  supposant 

(i)  L'effet  sur  la  latitude  de  l'extrémité  nord  de  cet  arc  devrait  être  de  îS",  d'après 
X Archdeacon  Pratt,  de  Calcutta. 


(  564  ) 
un   massif  de  100  miles  de  large  sur  i  miles  de  hauteur,  la  force  tendant 
à  opérer  la  rupture  serait  quatre  fois  plus  grande  que  la  cohésion  qui  s'y 
oppose,  même  en  admettant  une  épaisseur  de  ioo  miles  pour  l'écorce  ter- 
restre. Or  l'effet  d'une  rupture  aurait  été  précisément  de  faire  pénétrer  plus 
avant  la  base  du  massif  dans  les  couches  plus  denses    qui  supportent  la 
croûte  solidifiée.  Mais  il  me  paraît  plus  conforme  aux  doctrines  géologiques 
actuelles,  et  à  la  lenteur  avec  laquelle  la  densité  interne  croît  avec  la  pro- 
fondeur, d'admettre  que,  sous  les  grandes  chaînes  de  montagnes,  de  forma- 
tion récente  surtout,  lescouchesnon  encore  solidifiées  remontent  beaucoup 
plus  haut  que  partout  ailleurs.  Cela  résulte  évidemment  du  fait  même  du 
surgissement  des  couches  ignées  sous-jacentes,  lesquelles  se  sont  fait  jour 
par  les  grandes  fractures  de  l'écorce  terrestre,  et  en  ont  relevé  les  bords.  La 
texture  cristalline,  qui  avec  le  temps  augmente  si  sensiblement  la  densité 
des  couches  solidifiées,  doit  avoir  fait  là  moins  de  progrès,  et  par  suite  il 
doit  y  avoir,  sous  certaines  grandes  chaînes  de  montagnes,  une  diminution 
locale  de  densité  relative  capable,  malgré  la  profondeur,  de  compenser  en 
partie  les  effets  de  l'attraction  de  leur  relief  extérieur  dans  les  opérations 
géodésiques.  Car,  comme  cette  attraction  varie  pour  une  chaîne  plutôt  en 
raison  inverse  de  la  première  que  de  la  deuxième  puissance  de  la  distance, 
l'effet  d'une  anomalie  souterraine  est  beaucoup  moins  atténué  par  la  pro- 
fondeur à  laquelle  elle  se  trouve  que  l'effet  d'une  anomalie  circonscrite  de 
toute  part. 

»  Ces  réflexions,  dont  les  géologues  détermineront  la  valeur,  m'ont  porté 
à  croire,  depuis  longtemps,  qu'il  serait  bon  de  répéter  en  plusieurs  lieux 
l'expérience  célèbre  du  Schehallien  :  j'avais  même  proposé  un  moyen  de 
contrôle  qui  consiste  à  déterminer,  avec  le  même  instrument  (ma  lunette 
zénithale),  l'effet  en  latitude  et  en  longitude,  c'est-à-dire  dans  deux  sens  rec- 
tangulaires, chose  facile  si  on  opère  sur  un  pic  isolé.  Ayant  eu,  l'an  passé, 
l'occasion  de  parcourir  une  partie  de  l'Auvergne,  j'ai  trouvé  dans  le  Puy- 
de-Dôme,  déjà  si  célèbre  dans  les  fastes  de  la  physique,  une  disposition 
favorable  pour  ce  genre  d'opérations.  Un  professeur  de  la  Faculté  de  Cler- 
moiit,  M,  Bourget,  connu  de  l'Académie  par  de  beaux  travaux,  voulut  bien 
me  guider  dans  mes  excursions  et  faire  pour  moi  le  calcul  approché  de 
l'attraction  de  cette  montagne  (i).  L'Académie  jugera  de  la  disposition  des 
lieux  par  le  plan-relief  ci-joint,  dû  à  M.  Bardin.  On  y  trouve  aisément  les 

(i)  La  masse  est  d'environ  555   millions  île   mètres  cubes   de    domite   dont   la   densité 
moyenne  dépasse  certainement  2. 


(  565  ) 

quatre  stations  nécessaires  pour  mon  système.  Toutefois  la  proximité  du 
Puy  de  Pariou,  celle  d'autres  grandes  inégalités  et  diverses  complications 
géologiques,  rendront  l'opération  très-complexe.  J'espère  trouver  plus  tard 
d'autres  localités  encore  plus  favorables.  D'après  les  calculs  préalables  de 
M.  Bourget,  on  peut  compter  sur  une  somme  de  déviations  de  ioou  12  se- 
condes, soit  dans  le  sens  du  méridien,  soit  même  dans  le  sens  est-ouest. 
Pour  l'opération  eu  longitude,  il  faudrait  installer  autour  du  Puy-de-Dôme 
deux  lunettes  zénithales,  une  pendule  et  un  fil  électrique.  On  rencontrerait 
pour  cela  toutes  les  facilités  désirables  dans  la  localité. 

»  Par  le  pendule.  —  La  méthode  suivie  par  Carlini  et  Plana  consistait  à 
comparer  la  longueur  du  pendule  observée  au  sommet  du  mont  Cenis,  à 
celle  qui  avait  été  déterminée  à  Bordeaux  par  MM.  Biot  et  Mathieu,  à  peu 
près  au  niveau  de  la  mer.  Mais  la  réduction  au  vide  présente  là  une  diffi- 
culté grave,  ainsi  que  l'éloignement  des  stations  (1).  Au  Puy-de-Dôme,  on 
pourrait  observer  aisément  au  sommet  et  au  pied.  Je  fais  construire  un 
nouveau  système  de  pendule  oscillant  dans  le  vide,  système  d'un  transport 
et  d'un  établissement  très-facile,  et  donnant  indifféremment  des  mesures 
absolues  ou  des  mesures  différentielles;  mais  j'ignore  si  cet  appareil,  que 
M.  Ruhinkorff  a  dû  déjà  modifier  une  première  fois,  réussira  finalement. 

»  Par  la  balance  de  torsion.  —  La  méthode  de  Cavendish,  adoptée  par 
Reich  et  Baily,  donne  très-probablement  les  meilleurs  résultats;  mais  on 
lui  a  opposé  une  objection  délicate,  celle  de  l'influence  de  l'air  et  de  ses 
courants.  L'objection  a  paru  sérieuse  aux  auteurs  eux-mêmes  :  malgré 
toutes  les  précautions,  les  variations  de  pression  et  de  température  pro- 
duisent des  courants  continuels  dans  l'air  ambiant;  or  la  force  qu'il  s'agit 
d'évaluer  est  excessivement  faible;  la  moindre  influence  doit  donc  être  con- 
sidérée en  pareil  cas  comme  étant  digne  de  considération.  L'appareil  'qui 
je  prépare,  depuis  deux  ans,  pour  étudier  la  force  répulsive  due  à  la  cha- 
leur, d'une  manière  plus  directe  que  parl'intermédiaire  des  stratifications  de 
l'étincelle  d'induction  auxquelles  j'avais  d'abord  eu  recours,  avec  succès,  me 
semble  suffisant  pour  les  essais  que  je  désire  tenter  dans  ce  sens.  M.  Ruhin- 
korff a  bien  voulu  se  charger  de  le  construire;  il  serait  même  terminé  de- 
puis longtemps,  si  l'on  ne  m'avait  donné  l'espérance  de  mettre  à  profit  une 
nouvelle  manière  de  faire  le  vide  plus  commode  que  l'action  du  sodium  en 

(1)  Cf.  la  Physique  du  Globe  de  M.  Saigey,  2e  partie. 

C.  R.,  i863,  ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  13.)  7$ 


(  566  ) 
vapeurs  sur  l'oxygène  déjà  épuisé  par  la  machine  pneumatique.  Mais  comme 
cette  espérance  ne  s'est  pas  réalisée  jusqu'ici,  je  retourne  à  mon  premier  des- 
sein, et  j'espère  qu'avant  peu  de  mois  je  pourrai  joindre,  aux  expériences 
dont  j'ai  déjà  plusieurs  fois  entretenu  l'Académie  sur  la  force  répulsive, 
une  répétition  plus  ou  moins  complète  de  l'expérience  de  Cavendish  dans  un 
vide  parfait. 

»  Par  le  pendule  souterrain.  —  Quant  à  l'expérience  de  M.  Airy  sur  la  pe- 
santeur observé  au  fond  et  au  haut  d'un  puits  de  mine,  je  n'ai  aucun  moyen 
de  la  reprendre,  malgré  l'intérêt  qu'un  nouvel  essai  de  ce  genre  pourrait 
avoir  dans  la  question  actuelle. 

»  L'Académie  jugera,  d'après  ces  rapides  indications,  des  idées  et  des 
entreprises  que  les  progrès  récents  de  la  géodésie  mettent  en  mouvement. 
Malheureusement  pour  moi  mes  efforts  sont  limités,  au  moins  dans  le  temps, 
par  la  construction  d'appareils  délicats  et  coûteux.  Ce  que  j'ai  fait  jusqu'ici 
est  dû  en  grande  partie  à  l'obligeance  de  nos  artistes,  principalement  de 
MM.  Porro,  Ruhmkorff  et  Brunner.   » 

«  M.  Boussixgault  rappelle  que  M.  Élie  de  Beauinont  a  fait  connaître, 
il  y  a  environ  vingt-cinq  ans,  une  méthode  d'observation  ayant,  autant 
qu'il  lui  semble,  beaucoup  d'analogie  avec  celle  dont  M.  Faye  vient  d'en- 
tretenir l'Académie,  méthode  qui  permettrait  de  prendre  une  hauteur  du 
Soleil  avec  un  sextant,  sans  le  secours  d'un  horizon.  » 

«  M.  Elie  de  Beacmoxt  dit  qu'il  a  trouvé  avec  plaisir,  dans  la  commu- 
nication de  M.  Faye,  la  confirmation  de  l'exactitude  du  procédé  qu'il 
emploie  depuis  l'origine  de  ses  voyages  pour  mesurer  l'angle  formé  par  un 
rayon  visuel  avec  la  verticale;  procédé  qu'il  a  publié  deux  fois,  d'abord 
en  1837  (1),  dans  son  Mémoire  sur  le  mont  Etna,  et  ensuite  en  i845,  dans 
ses  Leçons  de  Géologie  pratique. 

»  M.  Elie  de  Beaumont  présente  aussi  à  l'Académie  quelques  considéra- 
tions qui  viennent  à  l'appui  des  idées  exprimées  par  M.  Faye  sur  l'intérêt 
qu'il  y  aurait  à  faire  des  expériences  sur  les  déviations  éprouvées  par  le  fil  à 
plomb  dans  le  voisinage  du  Puy-de-Dôme,  et  en  général  dans  la  chaine  des 
monts  Dômes.    » 

(1)   Recherches  sur  le  mont  Etna.  —  Annales  des  Mines,  3'  série,  t.  IX,  p.  52q. 


(  567  ) 

«  M.  Regnaclt  fait  observer  à  l'Académie  qu'il  a  décrit,  à  plusieurs  re- 
prises, dans  son  cours  du  Collège  de  France,  un  appareil  destiné  à  répéter 
l'expérience  de  Cavendish  pour  la  détermination  de  la  densité  moyenne 
de  la  Terre.  Le  principe  de  ce  nouvel  appareil  est  connu  de  plusieurs 
Membres  de  l'Académie.  M.  Regnault  croit  utile  aujourd'hui  de  signaler 
ce  fait,  afin  de  pouvoir  établir,  lorsqu'il  publiera  son  travail  terminé,  qu'il 
n'en  a  pas  puisé  les  principes  dans  des  projets  d'expériences  qui  auraient 
été  annoncés  antérieurement  à  l'Académie.    >> 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  :  i°  sur  la  distinction  entre  le  coma  produit  par  la 
méningite  et  le  sommeil  produit  par  le  chloroforme;  et  2° sur  la  distinction 
entre  la  méningite  et  /'apoplexie  ;  par  M.  Flourexs. 

Si- 

«  J'oppose  ici  l'un  à  l'autre  deux  phénomènes  très-différents  :  le  coma 
produit  par  la  méningite,  et  le  sommeil  produit  par  le  chloroforme. 

»  Dans  le  coma  ,  l'animal  est  plongé  dans  une  prostration  profonde, 
mais  il  ne  dort  pas  ;  il  a  les  yeux  habituellement  fermés,  mais,  à  tout 
moment  et  pour  la  moindre  cause,  il  les  ouvre  ;  il  voit,  il  regarde,  il  entend  , 
il  sent  ;  il  éprouve  un  frisson  continuel. 

«  Dans  l'état  naturel ,  le  chien  a  de  ioo  à  120  pulsations  par  minute.  Ses 
respirations  sont,  par  minute,  de  20  à  3o. 

»  Pendant  le  coma,  ses  pulsations  ne  sont  que  de  80  à  90  ;  ses  respirations 
sont  au  nombre  de  24. 

»  A  côté  de  l'animal,  pris  de  coma,  je  place  l'animal  endormi  par  le 
chloroforme.  L'animal  dort  réellement  ;  il  ronfle;  il  a  les  yeux  fermés  et  ne 
les  ouvre  pas  ;  il  ne  voit  pas,  il  n'entend  pas,  il  ne  sent  pas;  la  sensibilité 
de  tout  l'organisme  est  momentanément  suspendue. 

»  Pendant  le  sommeil  du  chloroforme,  les  pulsations  sont  au  nombre 
de  60  par  minute  ;  les  respirations  sont  au  nombre  de  16. 

»  Je  compare  maintenent  le  cerveau  de  l'animal,  mort  pendant  le  coma , 
au  cerveau  de  l'animal,  mort  pendant  le  sommeil  du  chloroforme,  et  par 
une  chloroformisation  à  dessein  trop  prolongée. 

»  Le  cerveau  de  l'animal,  mort  pendant  le  coma,  est  tout  parsemé  de 
points  rouges,  c'est-à-dire  qu'il  est  traversé,  dans  toute  sa  substance,  par  des 
vaisseaux  gorgés  de  sang,  tl  est  dans  un  état  de  congestion  complète. 

»   L'animal,  mort  pendant  l'action  du  chloroforme,  n'offre  pas  de  points 

'   75.. 


{  568  ) 
rouges;  il  a  sa  coloration  normale  :  il  n'y  a  d'injectés  que  les  vaisseaux  de  la 
dure-mère,  et  particulièrement  ceux  du  crâne. 

»  La  cause  de  la  différence  profonde  qui  sépare  le  coma  du  sommeil  pro- 
duit par  le  chloroforme  est  évidente.  Dans  le  premier  cas,  la  congestion  est 
intra-cérébrate ;  elle  est  extra-cérébrale  dans  le  second  ;  c'est  le  cerveau  lui- 
même  qui  est  injecté  pendant  le  coma;  dans  le  sommeil  produit  par  le 
chloroforme,  ce  ne  sont  que  les  vaisseaux  du  crâne  et  de  la  dure-mère.  Mais 
ceci  même  doit  être  un  avertissement  sérieux  pour  ceux  qui  emploient  le 
chloroforme  :  d'une  congestion  extra- cérébrale  à  une  congestion  inlra- 
cérébrale,  il  n'y  a  qu'un  pas. 

§  H- 

»  Je  disais,  dans  ma  précédente  Note,  que  rien  n'est  plus  difficile,  tant 
en  physiologie  qu'en  pathologie,  que  de  séparer  nettement,  par  les  sym- 
ptômes, les  affections  des  viscères  d'avec  celles  de  leurs  enveloppes.  Com- 
ment distinguer  l'affection  du  cerveau  d'avec  celle  de  ses  méninges  ;  celle  du 
cœur  d'avec  celle  du  péricarde  ;  celle  des  poumons  d'avec  celle  de  leurs 
plèvres;  celle  des  intestins  d'avec  celle  du  péritoine? 

»   Aujourd'hui,  je  m'en  tiens  à  la  méningite. 

»  C'est  à  dessein  que  je  n'ai  parlé  jusqu'ici  que  du  pus,  à  propos  des 
méningites,  des  pleurésies,  des  péritonites  provoquées  pour  mes  expériences. 
Les  sérosités  y  ont  toujours  été  en  plus  grande  abondance  que  le  pus.  Je 
me  suis  tu  sur  les  sérosités;  je  me  réservais  d'en  tirer  des  conséquences  d'un 
ordre  plus  important  encore. 

«  On  met  quelques  gouttes  de  pus  sur  la  dure-mère  d'un  chien  bien  por- 
tant. L'animal  mort,  on  trouve  du  pus,  mais  surtout  des  sérosités,  sur  la  dure- 
mère,  sous  la  dure-mère,  dans  les  ventricules  du  cerveau,  jusque  sur  le 
bulbe  rachidien,  jusque  sur  le  commencement  de  la  moelle  épinière;  enfin, 
une  énorme  quantité  de  sérosité,  mêlée  à  du  pus,  était  sortie  par  l'ouver- 
ture du  trépan,  et  inondait  le  muscle  temporal  du  côté  correspondant  à 
cette  ouverture. 

»  On  met  du  pus  sur  la  plèvre  d'un  chien.  L'animal  mort ,  on  trouve  dans 
la  plèvre  une  énorme  quantité  de  liquide  séro-purulent. 

»  On  met  du  pus  dans  l'abdomen  d'un  chien.  L'animal  mort,  on  trouve 
la  cavité  du  péritoine  remplie  d'une  sérosité  sanguinolente. 

»  Tous  ces  faits  parlent,  et  particulièrement  dans  la  méningite.  Ici  le  fait 
a  sa  plus  grande  portée.  Les  apoplexies  séreuses  ne  sont  que  des  méningites  (i). 

:  i)  Le  même  <]ue  les  apoplexies  dites  méningées  [Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  244)- 


(  569) 

«  Qu'est-ce  qu'une  apoplexie  séreuse?  Je  le  demande  à  Morgagni ,  et  il  me 
répond  par  un  exemple  où  il  n'y  a  point  d'apoplexie,  où  tout  le  cerveau  était 
sain.  Cranio  sublato,  gelalinosa  concretio  animadversa  est,  quce  vnsn  sanguMèra 
per  lenuem  meningem  reptantia  a  laleribus  comitabalur.  Ea  méninge  ad  basitn 
cerebri  taeeraia,  copia  aquœ  exivil,  colore  et  crassitie  vctc  inum  sérum  referentis. 
Cœterum  tolwn  cerebrum  eràt  sanum  (r). 

»  Aujourd'hui  nous  savons  quels  sont  les  caractères  sûrs  de  l'apoplexie. 
Nous  savons  surtout  que  le  cerveau  n'est  pas  sain  dans  l'apoplexie.  Nous 
savons  mieux  :  nous  savons  que  le  cerveau  seul  est  malade.  Je  ne  cherche 
ici ,  bien  entendu,  que  les  faits  simples. 

»  D'un  autre  côté,  le  rôle  des  méninges  nous  est  parfaitement  connu. 

»  J'ai  prouvé  que  la  dure-mère  est  le  périoste  intra-cranien  des  os  du 
crâne;  et  nous  voyons,  par  ces  expériences-ci,  qu'elle  est,  dans  l'état  d'in- 
flammation, la  source  d'une  suppuration  excessive.  Nous  savons  enfin, 
grâce  à  Bichat,  que  l'arachnoïde  est  une  membrane  séreuse,  et,  grâce  à  Ma- 
gendie,  que  la  pie-mère  est  la  source  du  liquide  cérébro-spinal. 

»  Or,  ce  qui  caractérise,  absolument  et  immédiatement,  la  méningite,  c'est 
la  production  abondante,  la  production  excessive  du  pus  et  des  sérosités.  Les 
apoplexies  séreuses  ne  sont  donc  que  des  méningites. 

»  Reste  le  coma.  Le  coma  est  un  phénomène  purement  cérébral.  Ce  qu'il 
prouve  directement,  c'est  la  congestion  du  cerveau  ;  ce  qu'il  prouve  indirec- 
tement, c'est  la  méningite.  Le  cerveau  n'est  à  l'état  de  coma  ou  de  congestion 
que  parce  que  les  méninges  sont  en  état  de  méningite. 

•>  Je  continue  mes  expériences  sur  Y  infection  purulente ,  expériences  péni- 
bles mais  nécessaires.  » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Expériences  sur  l'alimentation  et  l'engraissement 
du  bétail;  par  M.  Jules  Reiset.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  En  dehors  des  herbages  et  des  pâturages,  l'engraissement  méthodique 
du  bétail  donne  généralement  peu  de  bénéfice  à  l'agriculture. 

»  Les  animaux  nourris  à  l'étable  payent  difficilement,  par  leurs  produits, 
les  fourrages  et  les  grains  d'une  grande  valeur  commerciale  :  aussi,  le  fumier 
obtenu  sur  place  est-il  trop  souvent  le  solde  d'une  opération  d'engraisse- 
ment bien  conduite. 

»  C'est  là  un  fait  admis  en  pratique  par  beaucoup  de  cultivateurs  intel- 

(i)  De  scd.  etcaus.  morb.,  Epistola  VII,  p.  .{2  (édition  de  1714)- 


(  ^7°  ) 
ligents,  et  je  dois  dire  que  j'ai  eu  le  regret  de  le  voir,  de  temps  eu  temps, 
confirmé  à  mes  dépens  par  les  comptes  de  mon  exploitation. 

»  Cette  production  des  fumiers  sur  place  est  assurément  très-nécessaire; 
mais  il  conviendrait  d'établir  sa  valeur  sans  l'exagérer;  il  serait  intéressant 
de  voir  si  cette  valeur  est  en  rapport  avec  les  chances  de  toutes  sortes  que 
supporte  l'agriculteur  qui  entreprend  de  nourrir  dans  ses  étables  ou  dans 
ses  bergeries  des  animaux  destinés  à  la  boucherie. 

»  De  bons  esprits  sont  frappés  de  cette  pensée  que  l'animal  à  l'engrais 
doit  recevoir  le  plus  promptement  possible  une  ration  alimentaire  supé- 
rieure à  sa  ration  d'entretien;  ils  admettent  comme  un  principe  incontes- 
table que  l'engraissement  ne  peut  être  avantageux  qu'a  la  condition  d'être 
mené  très-rapidement.  Suivant  ce  principe,  les  animaux  reçoivent  donc, 
des  le  début,  d'abondantes  rations  de  grains,  de  tourteaux,  de  fourrages. 

»  J'ai  moi-même  pratiqué  cette  méthode,  mais  sans  obtenir  tous  les  avan- 
tages qu'elle  semble  promettre. 

»  On  ne  tient  pas,  suivant  moi,  assez  compte  de  cette  loi  physiologique 
qui  tend  à  maintenir  l'équilibre  dans  l'économie  animale.  La  nature  s'op- 
pose par  les  sécrétions  à  un  engraissement  trop  rapide.  Tandis  que  l'ani- 
mal absorbe  une  ration  alimentaire  abondante,  supérieure  à  sa  ration 
d'entretien,  ses  différents  organes  ont  pour  fonctions  d'éliminer  les  éléments 
de  cette  alimentation  exagérée,  laquelle,  sans  doute,  n'est  pas  en  rapport 
avec  la  force  d'assimilation,  qu'on  ne  peut  augmenter  à  volonté. 

»  Pour  arrivera  bien  apprécier  toute  l'influence  de  cette  force  de  I  assi- 
milation, pendant  l'engraissement  du  bétail,  on  est  tout  naturellement 
amené  à  chercher  un  moyen  d'établir  un  compte  de  balance  entre  les  prin- 
cipes élémentaires  mis  en  circulation  pendant  l'alimentation,  les  principes 
assimilés  ou  fixés,  et  les  principes  qui  sont  éliminés,  soit  à  l'état  d'excré- 
ments, soit  à  l'état  de  gaz,  par  la  respiration. 

»  Parmi  les  principes  élémentaires  qui  se  retrouvent  dans  les  aliments, 
dans  les  excréments  ou  dans  les  tissus,  l'azote  est  celui  qui  possède  la  plus 
grande  valeur.  Les  engrais  les  plus  azotés  sont  incontestablement  les 
plus  fertilisants,  et  c'est  à  leur  richesse  en  azote  qu'il  faut  attribuer  le  prix 
élevé  des  tourteaux  et  des  grains. 

»  On  devait  espérer  qu'une  étude  assez  prolongée  des  transformations 
successives  que  l'animal  à  l'engrais  fait  subir  aux  matières  azotées  donne- 
rait des  indications  utiles  pour  la  pratique  agricole. 

«  Les  beaux  travaux  de  M.  Boussingault  avaient  ouvert  la  voie  :  je  pou- 
vais donc  suivre  cette  voie  avec  confiance,  et  j'ai  entrepris  une  série  d'ex- 


(  57i   ) 
périences   dans    le    but    de   rechercher  les  conditions  économiques  de  la 
production  de  la  viande. 

»  Expériences  sur  les  moulons.  —  Le  vendredi  5  décembre  1 856,  on  a 
pesé  cinq  moutons  nés  à  la  ferme  au  mois  de  mars  1 855  ;  ils  avaient  été 
choisis  dans  le  troupeau  aussi  pareils  cpie  possible. 

»  Ils  étaient  tous  cinq,  produits  d'un  second  croisement  de  la  race  de  la 
Charmoise. 

»  Immédiatement  après  cette  pesée,  trois  moutons  portant  les  nos  6o,  67 
et  71  on  été  placés  dans  une  petite  bergerie  disposée  pour  l'expérience. 

»  Les  deux  autres  moutons  ont  été  abattus  ce  même  jour  à  3  heures 
devant  moi,  à  la  ferme. 

»  En  prenant  pour  base  la  moyenne  des  produits  fournis  par  les  deux 
moutons  abattus  le  5  décembre,  on  pouvait  en  déduire  par  le  calcul  des 
quantités  de  viande,  de  toison  et  de  suif,  que  les  trois  moutons  nos  60,  67 
et  71  mis  en  expérience  auraient  donné  ce  même  jour. 

»  Les  moutons  ainsi  pesés  ont  été  placés,  sans  litière,  sur  un  carrelage 
parfaitement  imperméable  et  convenablement  disposé  pour  Recueillir  ensem- 
ble tous  les  excréments  liquides  et  solides.  Ces  excréments  mixtes  ou  mélan- 
gés étaient  chaque  jour  pesés  et  analysés. 

»  Une  légère  pente  était  combinée  de  manière  à  laisser  couler  facilement 
les  urines  dans  un  vase  placé  sous  le  carrelage,  et  ce  carrelage  était  lui- 
même  gratté  quatre  fois  par  jour  avec  une  palette  de  fer  pour  rassembler 
les  excréments  solides  et  les  réunir  aux  urines. 

»  Les  animaux  ont  pu  rester  ainsi  pendant  plus  de  cinq  mois  sans  litière 
dans  un  état  de  propreté  convenable. 

»  D'un  autre  côté,  les  aliments  donnés  aux  moutons  étaient  exactement 
pesés  et  analysés  On  les  déposait  dans  une  profonde  mangeoire  de  zinc 
pour  éviter  toute  perte. 

»  Avant  de  donner  une  nouvelle  ration,  on  avait  soin  d'enlever  les  ali- 
ments non  consommés.  On  pesait  et  on  tenait  compte  de  ces  résidus  de 
manière  à  établir  le  poids  exact  des  aliments  réellement  absorbés. 

»  Pour  éviter  les  lenteurs  et  les  inconvénients  de  la  dessiccation,  toutes 
les  analyses  d'azote  ont  été  faites  en  mêlant  directement  avec  la  chaux  sodée 
les  excréments  mixtes  en  nature,  bien  mélangés  et  réduits  à  l'état  de  pâte 
dans  un  mortier  de  porcelaine. 

»  Comme  ces  excréments  en  nature  contiennent  une  très-grande  propor- 
tion d'eau,  il  est  nécessaire,  pour  éviter  l'absorption  pendant  la  combustion, 
d'ajouter  à  la  chaux  sodée  qui  doit  remplir  le  tube  1  gramme  d'un  mélange 


(  57a  ) 
de  sucre  et  d'acide  oxalique  à  parties  égales.  Une  production  constante  de 
gaz  permanent  rend  alors  la  marche  de  l'analyse  très-régulière,  et  aucun 
accident  n'est  plus  à  craindre. 

«  Cette  méthode  simple  et  facile  a  été  appliquée  à  l'analyse  des  aliments 
secs  ou  humides. 

»  Je  rappelle  que  la  proportion  d'ammoniaque  obtenue  parla  combus- 
tion des  matières  avec  la  chaux  sodée  est  déterminée  avec  l'acide  sulfu- 
rique  titré  et  normal,  ainsi  que  l'a  indiqué  M.  Peligot  (Comptes  rendus  des 
séances  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  XXIV,  p.  55o). 

»  L'expérience,  commencée  le  3  décembre  1 856,  et  prolongée  pendant 
cent  soixante-huit  jours,  jusqu'au  21  mai  1857,  est  divisée  en  quatre  pé- 
riodes, afin  de  suivre  mieux  les  résultats. 

»  Des  tableaux  détaillés  indiquent  : 

»    i°  Le  poids  des  excréments  mixtes  pesés  chaque  matin  à  huit  heures; 

»   20  La  quantité  d'azote  trouvée  pour  100  d'excréments  en  nature; 

»   3°  Le  poids  total  de  l'azote  émis  chaque  jour  dans  les  excréments  ; 

m   4°  Le  poids  des  aliments  consommés;  betteraves  cuites,  son,  avoine; 

»   5°  La  composition  de  ces  aliments. 

»  Première  période.  —  Pendant  cette  période,  qui  comprend  quarante 
et  un  jours,  du  5  décembre  i856  au  14  janvier  1857,  les  trois  moutons 
avaient  perdu  ensemble  i5  kilogrammes  de  leur  poids  vivant.  Pour  un  seul 
de  ces  moutons,  le  n°  7  1 ,  la  perte  s'élevait  à  9  kilogrammes. 

)>  Ces  indications  si  précises  de  la  balance  étaient  d'ailleurs  confirmées 
par  l'aspect  et  le  maniement  des  animaux  :  ils  mangeaient  sans  se  remplir, 
le  flanc  restait  creux,  la  laine  était  piquée;  il  importait  donc  de  changer  au 
plus  vite  un  régime  qui  amenait  le  dépérissement  et  une  perte  de  sub- 
stance. 

»  On  ne  pouvait  songer  à  augmenter  la  ration  d'avoine  en  grains  ou 
celle  des  betteraves  cuites,  puisque,  pour  ainsi  dire,  à  chaque  distribution. 
les  moutons  laissaient  une  partie  assez  notable  de  ces  aliments.  Le  son  était 
seul  entièrement  consommé,  et  je  me  proposais  de  l'augmenter,  lorsque 
l'instinct  des  animaux  me  révéla  ce  qui  manquait  essentiellement  à  leur 
régime. 

»  Le  jour  où  on  les  conduisit  à  la  balance,  les  moutons  trouvèrent  sur 
leur  passage  un  lien  de  paille  qui  traînait  dans  la  cour  de  la  ferme.  Ils  se 
jetèrent,  comme  des  affamés,  sur  cet  aliment  qui,  ordinairement,  leur 
parait  peu  friand,  et  le  lien  de  paille  fut  dévoré  en  quelques  instants. 

»  En  réfléchissant  à  cette  révélation  de  l'instinct  même  des  animaux,  je 


(  573  ) 
n'ai  plus  hésité  à   introduire  la  paille  dans  la  ration  journalière.    On  lui 
attribue  généralement  une  valeur  nutritive  presque  nulle;  niais,  comme  on 
le  verra  par  le  reste  de  ces  expériences,  elle  joue  cependant  un  rôle  très- 
important  dans  l'alimentation  des  ruminants. 

»  Il  ne  suffit  pas  de  fournir  à  ces  animaux  une  nourriture  riche  en  prin- 
cipes alimentaires,  il  faut  encore  que  les  rations  contiennent  des  aliments 
occupant  un  certain  volume,  présentant  certaines  formes,  pour  remplir  et 
lester  les  cavités  dont  se  compose  l'appareil  digestif. 

»  Deuxième  période.  —  Dans  cette  seconde  période  de  l'alimentation 
des  moutons,  les  nos  60  et  67  reçoivent  régulièrement,  chaque  jour,  outre 
les  betteraves  cuites,  le  son  et  l'avoine,  deux  distributions  de  menue  paille 
de  blé.  A  ce. régime,  les  animaux  regagnent  en  très-peu  de  temps  le  poids 
qu'ils  ont  perdu,  et  leur  engraissement  s'opère  progressivement. 

»  Le  troisième  mouton,  n°  71,  était  rentré  dans  la  bergerie  le  1/4  jan- 
vier avec  le  reste  du  troupeau.  Il  était  dans  un  grand  état  de  dépérissement, 
puisqu'il  avait  perdu  g  kilogrammes  de  son  poids  primitif.  Les  moutons 
avec  lesquels  il  était  en  expérience  l'avaient  pris  pour  victime  ;  ils  lui  don- 
naient de  violents  coups  de  tète,  et  lui  arrachaient  même  la  laine  sur  le 
dos.  Le  pauvre  animal,  soustrait  à  tous  ces  mauvais  traitements  et  remis  au 
seul  régime  d'entretien  (paille  et  fourrage),  n'a  pas  tardé  à  se  rétablir;  le 
3o  janvier,  il  avait  repris  7  kilogrammes. 

«  Dans  la  troisième  période  l'engraissement  des  animaux  a  été  continu 
et  progressif;  chaque  pesée  indique  généralement  une  nouvelle  augmen- 
tation de  poids. 

Le  mouton  n°  60  a  gagné 1 1  kil. 

Le  mouton  n°  67 8 

Ensemble 19  kil. 

»  L'alimentation  a  mis  en  circulation  3k,836  d'azote  pour  produire 
1  gkilogrammesde  poids  vivant  ;  ce  qui  donne  une  proportion  de  202  grammes 
d'azote  dans  les  aliments  pour  un  accroissement  de  1  kilogramme  de  poids 
vivant. 

«  Déduction  faite  du  fumier  produit,  le  chiffre  de  la  dépense  est  de 
2ifr,  55  pour  obtenir  19  kilogrammes  de  poids  vivant,  et  le  prix  dei  kilo- 
gramme de  poids  vivant  ressort  à  ifr,  i3. 

»  Il  est  bon  toutefois  de  remarquer  que,  dans  la  période  choisie  pour 
obtenir  ce  prix  de  revient  de  1  kilogramme  de  poids  vivant,  les  animaux 

C.  R.,  i863,   i« Semestre.    (T.  LVI,  N°  15.)  7^ 


(  574  ) 
bien  lestés  se  trouvaient  déjà  dans  les  meilleures  conditions  de   régime  et 
d'assimilation. 

»  L'expérience  est  terminée  le  21  mai,  et  les  moutons  sont  abattus  en 
ma  présence,  à  la  ferme,  le  lendemain,  après  vingt-quatre  heures  de  jeune. 

»  On  se  rappelle  que  j'ai  cherché  à  établir  par  analogie,  au  commence- 
ment de  l'expérience,  le  poids  des  quatre  quartiers,  suif,  peau  et  toison  de 
chaque  mouton. 

»  Pour  connaître  la  proportion  des  produits  formés  pendant  l'alimenta- 
tion, il  était  donc  nécessaire  de  rapprocher  les  données  déduites  par  le  cal- 
cul des  données  fournies  directement  par  la  pesée  après  la  mort. 

»  Établissant  ainsi,  d'une  manière  à  peu  près  absolue,  le  poids  des  pro- 
duits formés  pendant  l'engraissement,  j'ai  trouvé  que  les  divers  produits 
fournis  par  les  deux  moutons  pendant  la  durée  de  l'expérience  contiennent 
ensemble  g42b'r,  554  d'azote. 

»  Pour  chacune  des  périodes  de  l'expérience,  nous  avons  établi  la  diffé- 
rence existant  entre  l'azote  contenu  dans  les  aliments  et  l'azote  contenu  dans 
les  excréments. 

»  Le  relevé  de  ce  compte  de  balance  pour  l'ensemble  des  quatre  périodes 
tlonne  3o72gr,o,,  comme  excédant  total,  de  l'azote  fourni  par  les  aliments. 

»  L'azote  fixé  dans  les  divers  produits  étant  de  o,42sr,  554,  d  fa li t  admettre 
que  2i3o  grammes  d'azote  ne  se  retrouvent  ni  dans  les  excréments,  ni  dans 
les  principes  fixes  de  l'organisme. 

»  Cet  azote  a  été  nécessairement  exhalé  sous  forme  gazeuse  par  la  res- 
piration. 

»  Cette  quantité  d'azote  exlialé  parait  d'abord  considérable,  et  l'on  serait 
tenté  déjuger  ce  résultat  comme  inadmissible.  Mais  il  faut  se  rappeler  que 
l'expérience  a  duré  cent  soixante-huit  jours,  et,  d'un  autre  côté,  il  faut  en- 
core faire  remarquer  que  les  deux  moutons  avaient  éprouvé  une  perte  tres- 
notable  de  substance  pendant  la  première  période  de  leur  alimentation  :  cette 
perte  de  substance  était  de  6  kilogrammes;  pour  la  récupérer,  l'organisme 
a  dû  fixer  une  certaine  proportion  d'azote  dont  on  n'a  pu  tenir  compte,  et  je 
pense  me  rapprocher  beaucoup  de  la  vérité  en  admettant  que,  sur  6  kilo- 
grammes de  substance,  3  kilogrammes  constituent  de  la  chair  musculaire 
renfermant  environ  io5  grammes  d'azote  à  déduire  des  2i3o  grammes. 

»  L'azote  exhalé  à  l'état  gazeux  par  la  respiration  serait  ainsi  202S  gram- 
mes pour  deux  moutons  pendant  cent  soixante-huit  jours,  soit  12  grammes 
en  vingt-quatre  heures,  ou  6  grammes  en  vingt-quatre  heures  pour  un 
mouton  soumis  à  un  régime  très-riche  en  matières  azotées. 


(  575  ) 

»  Je  rappellerai  à  l'Académie  que,  dans  un  Mémoire  sur  la  Respiration 
publié  en  1849(1),  nous  avons  démontré,  M.  Regnault  et  moi,  que  les  ani- 
maux des  diverses  classes  dégagent  constamment  de  l'azote,  quand  ils  sont 
à  l'état  d'entretien  :  la  proportion  de  ce  gaz  exhalé  est  aussi  considérable 
que  celle  qui  vient  d'être  déduite  par  la  méthode  indirecte. 

»  D'ailleurs,  pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  ce  fait,  j'ai  entrepris  une  sé- 
rie d'expériences,  dans  le  but  d'étudier  directement  la  respiration  des  grands 
animaux  de  la  terme  :  j'aurai  l'honneur  d'en  communiquer  prochainement 
les  résultats  à  l'Académie.  Je  me  bornerai  à  dire  que  j'ai  trouvé  5gr,4  d'azote 
exhalé  en  vingt-quatre  heures  pour  une  brebis  à  la  ration  d'entretien,  et 
4gr,  3  pour  un  mouton  dans  les  mêmes  conditions.  Je  tenais  à  signaler  dès 
à  présent  la  concordance  remarquable  des  résultats  obtenus  par  deux 
méthodes  d'observation  tout  à  fait  différentes. 

»  M.  Boussingault  avait  déjà  reconnu  ce  fait  intéressant,  que  les  animaux 
exhalent  par  la  respiration  une  portion  de  l'azote  contenu  dans  les  aliments. 
En  soumettant  pendant  plusieurs  jours  une  vache  et  un  cheval  à  une  ali- 
mentation réglée  dont  il  connaissait  rigoureusement  la  quantité  et  la  com- 
position chimique,  en  pesant  et  analysant  avec  le  plus  grand  soin  toutes 
les  déjections  solides  et  liquides,  ce  savant  observateur  a  trouvé  a.3  grammes 
d'azote  exhalé  en  vingt-quatre  heures  par  le  cheval,  et  27  grammes  dans 
le  même  temps  par  la  vache  (2). 

»  Un  porc  de  neuf  mois  a  exhalé  48ri4  d'azote  en  vingt-quatre  heures. 

«  Enfin,  dans  une  expérience  faite  sur  le  mouton,  un  savant  Danois. 
M.  Jorgensen,  a  trouvé  igr,  3  d'azote  exhalé  en  vingt-quatre  heures. 

»  De  son  côté,  M.  Barrai  a  fait,  en  juillet  18/19,  trois  expériences  sur  le 
mouton  (3).  En  suivant  la  méthode  de  M.  Boussingault,  il  a  trouvé  succes- 
sivement 2sr,  89,  9sr,  38  et  6gr,  17  d'azote  exhalé  en  vingt-quatre  heures 
pour  un  animal  dont  les  aliments  et  les  excréments  ont  été  exactement  pesés 
et  analysés  pendant  un  espace  de  temps  qui  a  varié  de  quatre  à  cinq  jours 

»  Je  résume  les  autres  faits  consignés  dans  mes  recherches. 

»   Pour  100  d'azote  mis  en  circulation  par  les  aliments, 

58,3  se  retrouvent  dans  les  excréments. 

i3,7   se  retrouvent  dans  les  produits  fixes,  viande,  suif,  toison. 
28,0  sont  exhalés  par  la  respiralion. 
100,0 

(1)  Annales'de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  XXVI. 

(2)  Économie  rurale,  2e  édition,  t.  II,  p.  383. 

(3)  Barral,  Statique  chimique  des  animaux,  publiée  en  i85o,  p.  3li. 

76.. 


(  576) 

»  Ces  chiffres  représentent  les  moyennes  obtenues  pendant  toute  la  durée 
de  l'alimentation. 

»  Dans  la  première  période  de  l'alimentation,  on  a  retrouvé  dans  les 
excréments  les  72  centièmes  de  l'azote  contenu  dans  les  aliments. 

»  Dans  la  deuxième  période,  les  excréments  ne  contiennent  plus  que  les 
57,7  centièmes  de  l'azote  des  aliments. 

»  Dans  la  troisième  période,  la  proportion  se  fixe  à  56,67,  pour  arriver 
à  49,47  centièmes  dans  la  quatrième  période. 

»  La  force  de  l'assimilation,  quant  à  l'azote,  a  donc  augmenté  tres-nota- 
blement  et  d'une  manière  progressive  dans  les  trois  dernières  périodes. 

»  Le  tableau  suivant  présente  la  proportion  d'azote  et  la  valeur  en  argent 
des  excréments  mixtes  fournis  pendant  vingt-quatre  heures  par  un  mouton 
à  l'engrais. 

Excréments 

mixtes  <Uote  Valeur 

en  24  heures.  émis.  en  argent. 

„.,,.,  er  gr  rr 

Première  période 910  6,70  0,018 

Deuxième  période 1871  '2,96  o,o34 

Troisième  période 2377  i5,oo  o,o3g 

Quatrième  période 25o3  12,70  o,o33 

«  Le  prix  de  1  kilogramme  de  poids  vivant,  produit  pendant  l'expérience, 
revient  à  ifr,  i3  dans  les  meilleures  conditions  d'assimilation  et  d'engraisse- 
ment. 

»  Pour  obtenir  cet  accroissement  de  1  kilogramme  de  poids  vivant,  les 
moutons  ont  absorbé  une  quantité  d'aliments  dosant  201  grammes  d'azote. 

»  Je  n'ai  pas  la  prétention  d'avoir  trouvé,  dans  cette  expérience,  les  con- 
ditions les  plus  économiques  de  la  production  de  la  viande.  Privés  de  fouil- 
ler les  fourrages  et  la  paille  dans  les  râteliers,  mes  animaux  n'étaient  pas 
tout  à  fait  placés  dans  les  conditions  normales,  et  on  a  vu  qu'après  une  pre- 
mière période  d'essai  j'avais  dû  complètement  modifier  un  régime  qui 
amenait  le  dépérissement. 

»  Dans  une  autre  série  d'expériences,  que  j'ai  le  désir  de  présenter 
très-prochainement  à  l'Académie,  je  montrerai  que  l'on  peut  obtenir  1  kilo- 
gramme de  poids  vivant  pour  une  dépense  moyenne  de  ofr,65. 

»  Les  indications  qui  ressortent  d'observations  scientifiques  inspirent 
généralement  peu  de  confiance  aux  agriculteurs  praticiens  :  je  ne  pouvais 
partager  une  si  injuste  méfiance,  et  j'ai  immédiatement  appliqué  à  l'engrais- 


(  577  ) 
sèment  fait  dans  mes  bergeries  les  principes  que  ces  études  sur  l'alimenta- 
tion mettent  eu  évidence. 

»  Je  repousse  tout  d'abord  un  système  d'engraissement  trop  rapide  qui 
n'est  pas  en  rapport  avec  la  force  d'assimilation  des  animaux. 

»  Je  condamne,  comme  inutile  et  trop  onéreux,  l'usage  des  grains  et  des 
tourteaux,  dès  le  début  de  l'engraissement. 

»  Avant  de  donner  des  aliments  riches  en  azote,  grains  ou  tourteaux,  il 
importe  de  bien  lester  le  bétail  avec  une  nourriture  abondante,  mais  d'un 
prix  peu  élevé.  Une  ration  composée  de  betteraves,  on  mieux  encore  de 
pulpes  de  betteraves,  avec  de  la  paille  à  discrétion,  m'a  toujours  parfaite- 
ment réussi  pour  amener,  soit  des  moutons,  soit  des  bètes  de  race  bovine, 
à  un  état  tel,  qu'une  très-pelite  quantité  de  grains  suffisait  ensuite  pour 
terminer  l'engraissement . 

»  En  suivant  cette  méthode,  j'obtiens  de  bons  animaux  de  boucherie, 
pavant  leur  nourriture,  et  laissant  encore  quelques  bénéfices  à  la  fin  de 
l'opération. 

»  Pour  justifier  cette  pratique  agricole  adoptée  depuis  plusieurs  années 
dans  mon  exploitation,  je  crois  utile  de  publier,  à  la  suite  de  mes  expériences, 
une  série  de  comptes  d'engraissement  qui  portent  avec  eux  leur  enseigne- 
ment. » 

GÉOLOGIE.  —  Les  silex  ouvrés  dans  le  diluvin/n  de  Loir-et-Cher ; 
par  M.  de  Vibra ye. 

«  Un  savant  archéologue  se  préoccupait,  il  y  a  quelque  vingt  ans,  de  la 
présence  en  quelque  sorte  accidentelle  ou  si  rarement  constatée  de  l'homme, 
au  milieu  des  nombreux  débris  des  espèces  éteintes  appartenant,  comme 
le  Rhinocéros  lichorltinus,  Elephas  primigenius  et  tant  d'autres,  aux  plus 
récentes  révolutions  du  globe.  Il  avait  supposé  qu'on  devait  au  moins 
en  retrouver  la  notion  par  la  présence  d'instruments  appartenant,  comme 
chez  les  peuples  celtiques,  à  des  substances  en  quelque  sorte  incorrup- 
tibles. Ces  vestiges  sont  apparus  dans  les  assises  les  plus  récentes  des  couches 
géologiques  :  c'est  alors  que  Y  archéo-géologie  prit  naissance,  grâce  à  M.  Bou- 
cher de  Perthes  et  à  sa  louable  persévérance. 

»  Une  circonstance  peut  contribuer  à  rappeler  de  nouveau  l'attention 
sur  cet  ordre  d'idées,  lorsque  la  générosité  du  savant  dont  je  viens  de 
mentionner  les  recherches  enrichit  le  musée  de  Saint-Germain  d'une  pré- 
cieuse collection. 


(  578  ) 

»>  Mais  la  science  ne  pouvait  demeurer  stationnaire,  elle  a  dû  généraliser 
les  études.  Abbeville,  Amiens,  Saint-Acheul  et  Menchecourt  ne  lui  suffisaient 
plus;  un  vaste  champ  d'exploration  s'ouvre  aujourd'hui  devant  elle  :  c'est 
toute  la  France,  toute  l'Europe,  tout  le  monde!  On  devra  fouiller  toutes 
les  cavernes,  toutes  les  brèches  osseuses,  explorer  tous  les  terrains  de  trans- 
port, tous  les  sables  diluviens. 

»  Depuis  cinq  années,  je  me  suis  mis  à  l'œuvre,  et  j'appelle  de  tous  nies 
vœux  les  collaborateurs. 

»  Dans  une  question  de  cette  importance,  on  ne  saurait  toutefois  préci- 
piter les  jugements  :  il  faut  se  recueillir  et  classer  les  idées  comme  les  maté- 
riaux avant  de  hasarder  une  solution  définitive. 

»  Et  d'abord,  la  stratigraphie  doit  s'appliquer  à  toutes  les  recherches 
dans  le  sol.  L'archéologue  fait  de  la  stratigraphie  lorsque,  relativement  aux 
différents  âges  historiques,  il  étudie  la  superposition  des  édifices;  lorsqu'il 
retrouve,  comme  on  l'affirme,  l'époque  des  instruments  de  pierre  au-dessous 
des  monuments  assyriens;  lorsqu'il  a  pu  constater  qu'une  construction 
romaine  a  servi  de  base  à  une  crypte  romane.  Il  fait  encore  de  la  strati- 
graphie, lorsqu'il  interroge  l'intégrité  d'une  couche  de  terre  ou  son  rema- 
niement afin  de  déterminer  l'emplacement  d'une  cité,  soit  même  dune  sépul- 
ture gallo-romaine,  et  l'enfouissement  des  urnes  cinéraires. 

»  Qu'est-ce  à  dire?  La  stratigraphie,  qui  sert  de  guide  à  l'archéologue 
dans  un  si  grand  nombre  de  circonstances,  peut-elle  être  négligée  dans  les 
recherches  qui  se  rattachent  intimement  à  la  géologie,  sous  prétexte  que 
ces  recherches  seraient  exclusivement  paléontologiques?  La  stratigraphie 
ne  doit-elle  pas  servir,  ou  tout  au  moins  aider  à  circonscrire  les  faunes?  C'est 
pourtant  ce  qu'on  avait  oublié  de  faire  jusqu'à  nos  jours,  notamment  dans 
les  cavernes  à  ossements,  et  c'est  pourquoi,  sans  doute,  cette  nouvelle 
branche  de  la  science,  la  découverte  de  l'homme  ou  de  ses  œuvres,  a  dû 
rencontrer  tout  d'abord  un  si  grand  nombre  de  redoutables  dénégations. 
Dans  les  cavernes,  les  couches  appartiennent  à  des  âges  très-différents, 
depuis  l'ère  gallo-romaine  où  les  aborigènes  ont  été  chercher  un  refuge 
contre  l'invasion  des  Césars,  jusqu'aux  âges  correspondant  aux  habitations 
lacustres,  où  se  retrouve  la  faune  moderne,  c'est-à-dire  les  dépouilles  d'ani- 
maux analogues  à  ceux  qui  vivent  encore  aujourd'hui  sur  les  lieux;  jus- 
qu'aux brèches  osseuses,  ou  diluvium  ronge,  caractérisé  par  une  faune 
d'animaux  ayant  opéré  leur  migration  vers  des  milieux  plus  appropriés  à 
leur  organisation,  comme  le  renne  entre  autres  exemples;  puis  enfin  jus- 
qu'au diluvium  inférieur  où  l'homme  s'associe,  je  crois  pouvoir  l'affirmer 


(579) 
par  les  débris  que  j'ai  recueillis  en  place,  à  un  certain  nombre  d'espèces 
éteintes  :  Ursus  spelœus,  Hyœna  spelœa,  Cervus  megaceros,  Rhinocéros  tichoihi- 
nus,  Eiephas primigenius,  etc.  S'associant  encore  à  des  espèces  existantes, 
mais  ayant  déserté  nos  climats,  le  renne  apparaît  de  nouveau;  on  y  ren- 
contre encore  le  boeuf  et  le  cheval.  Cette  couche  inférieure,  comme  toutes 
les  autres,  semble  renfermer  partout,  soit  dans  les  cavernes,  soit  à  la  base 
des  sables  diluviens,  un  certain  nombre  d'instruments  plus  pu  moins  gros- 
sièrement fabriqués.  C'est  l'homme  qui  se  dévoile,  c'est  la  pensée  qui  se 
matérialise  en  quelque  sorte. 

»  La  France  est  jonchée  de  débris  de  pierres  façonnées  par  la  main  de 
l'homme  ;  il  ne  s'agit  plus  que  d'assigner  à  ces  instruments  une  époque  rela- 
tive, soit  historique  ou  même  géologique,  lorsqu'on  doit  appeler  de  ce  nom 
les  âges  ayant  immédiatement  précédé  les  dernières  grandes  révolutions  du 
globe  et  l'extinction  des  races  que  la  science  a  qualifiées  d'antédiluviennes. 

»  Sur  tous  les  points  où  les  assises  géologiques,  directement  recouvertes 
par  le  diluvium,  affleurent,  on  retrouvera,  j'ose  ici  l'affirmer,  les  silex  ouvrés  : 
c'est  ainsi  que  M.  Boucher  de  Perlhes  les  signale  à  la  surface  des  formations 
crétacées  qui  les  empâtent  ;  entamées  elles-mêmes,  sans  doute,  ou  corro- 
dées par  le  passage  des  grands  courants  diluviens.  Aussi  va-t-il  beaucoup 
trop  loin  lorsqu'il  prétend  rendre  les  instruments  contemporains  des  couches 
crétacées  elles-mêmes,  évidemment  bien  antérieures  à  l'apparition  de 
l'homme  à  la  surface  du  globe.  C'est  ainsi  que  nous  retrouvons  encore 
ces  mêmes  instruments  à  la  surface  du  falun  dans  le  département  de  Loir-et- 
Cher,  ou  reposant  sur  le  calcaire  lacustre  de  la  Beauce,  suivant  que  l'un 
ou  l'autre  des  deux  systèmes  se  montre  subordonné  directement  et  sans 
intermédiaire  aux  sables  diluviens  et  se  présente  en  affleurement.  Lorsque, 
d'autre  part,  la  faible  épaisseur  des  sables  diluviens  permet  à  la  charrue  de 
pénétrer  jusqu'à  la  formation  géologique  sous-jacente,  les  instruments  sont 
ramenés  parfois  à  la  surface.  Mais  un  caractère  que  j'ai  d'abord  constaté  sur 
les  linches  de  Saint-Acheul,  puis  sur  les  silex  ouvrés  recueillis  dans  la  brèche 
osseuse  de  Vallières  (Loir-et-Cher),  peut  servir  à  constater  leur  position 
primitive  ou  normale.  Je  veux  parler  de  surfaces  brillantes,  polies  comme 
du  jaspe  ou  de  l'agate;  quelques  points  même,  polis  en  creux,  dénotant,  sur 
ces  instruments  ou  leurs  débris,  l'énergie  d'un  frottement,  d'une  pression 
sans  égale,  qu'on  doit  attribuer,  ce  me  semble,  au  passage  des  blocs  erra- 
tiques et  des  sables,  débris  pulvérisés  des  roches  préexistantes. 

»  Je  pourrais  citer  environ  douze  localités  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire, 
où  les  silex  ouvrés  se  retrouvent  en  abondance.  Nous  sommes  encore  au 


(  58o  ) 

début  de  nos  explorations  en  Sologne,  et  déjà  plus  de  mille  instruments  de 
pierre,  ou  leurs  débris,  ont  été  recueillis  à  Huisseau,  Fontaine,  Cheverny, 
Contres,  Oisly,  Fougères,  Sambin,  Phage,  Thenay,  Pontlevoy,  Vallières, 
Saint-Georges,  etc.  A  Contres,  notamment,  à  124  mètres  d'altitude,  on  re- 
trouve à  la  surface  des  couches  faluniennes  subordonnées  aux  sables  dilu- 
viens, sur  les  parties  déclives  d'une  colline,  aux  expositions  nord  et  sud ,  où  les 
sables  diluviens  qui  forment  le  couronnement  du  coteau  disparaissent,  un 
dépôt  de  silex  ouvrés  qui  semble  dénoter  un  emplacement  de  fabrication. 
On  y  rencontre  un  certain  nombre  de  silex  arrondis  portant  des  traces  évi- 
dentes d'une  percussion  réitérée,  entourés  d'éclats  de  silex  analogues  en 
tous  points  à  ces  débris  qui  jonchent  le  sol  aux  bords  du  Cher,  autour  des 
ateliers  de  fabrication  des  pierres  à  fusil.  C'étaient  sans  contredit  les  mar- 
teaux remplacés  de  nos  jours  par  les  instruments  de  fer.  A  Contres,  un  cer- 
tain nombre  de  ces  débris  de  silex,  fendillés,  étonnés,  craquelés  comme  les 
porcelaines  de  Chine  ou  du  Japon,  semblent  dénoter  l'emploi  du  feu  pour 
essayer  d'attendrir  les  matières  siliceuses;  la  loupe  a  permis  d'observer,  à  la 
surface  d'un  certain  nombre  d'échantillons,  des  incisions  microscopiques. 

»  Tous  ces  faits  ne  peuvent  s'apprécier  individuellement  ;  il  faut  un 
échange  d'observations,  d'objections  même,  avant  d'être  dûment  coor- 
donnés et  jugés  impartialement  et  sainement. 

»  Je  réclamais  des  explorateurs,  et  je  voudrais  pouvoir  ajouter  des  colla- 
borateurs, quand  je  me  suis  permis  d'affirmer,  au  commencement  de  l'année 
dernière,  que  la  brèche  osseuse  de  Vallières,  exploitée  beaucoup  trop  exclu- 
sivement au  point  de  vue  paléontologique,  devait  renfermer  des  silex  ou- 
vrés. Les  anciens  explorateurs  ont  nié  tout  d'abord,  puis  sont  retournés  en 
arrière,  puis  en  définitive  ont  trouvé,  comme  je  l'ai  fait  moi-même.  Toute- 
fois, les  recherches  exclusivement  paléontologiques  avaient,  en  quelque 
sorte  et  malheureusement,  épuisé  la  brèche  de  Vallières  dès  l'année  1849, 
c'est  à-dire  treize  années  avant  l'époque  où  les  recherches  archéo-géologiques 
ont  été  comprises  et  mises  en  pratique. 

»  Une  autre  question  va  surgir  :  quelques  haches  sur  lesquelles  se  mani- 
festent des  traces,  ou,  si  l'on  veut,  des  essais  de  polissage,  des  haches  même 
entièrement  polies,  appartiendraient-elles  au  diluvium?  On  nous  le  dira 
sans  doute  (1)!  Ces  questions  me  paraissent  trop  graves  pour  être  soulevées 

(1)  Il  y  a  quelques  années,  je  recueillais  au  bord  du  lac  de  Soing,  dans  une  couche  dilu- 
vienne qui  se  superpose  à  un  banc  d'huître  falunien  (Ostrea  crassissima)  d'un  mètre  environ 
de  puissance,  et  servant  à  l'amendement  des  terres,  une  hache  ébauchée,  portant  des  traces 


(  581  ) 
prématurément.  J'avais  jugé  prudent  jusqu'à  ce  jour  de  réserver  un  juge- 
ment, afin  de  le  rendre  impartial  et  consciencieux.  Une  année  s'est  à  peine 
écoulée  depuis  que  les  explorations  ont  sérieusement  commencé  dans  le 
département  de  Loir-et-Cher,  et  j'apprends  qu'en  mon  absence  d'infati- 
gables explorateurs  ont  été  conviés  par  un  adepte,  entraîné  sans  aucun 
doute  par  son  zèle,  à  venir  contrôler  des  recherches  en  quelque  sorte  rudi- 
mentaires. 

»  Devais-je  en  cette  occurrence  demeurer  silencieux,  attendre  encore, 
lorsque  mon  nom  peut-être  devra  figurer  dans  les  publications  qui  auront 
bientôt  un  retentissement  de  l'autre  côté  du  détroit  de  la  Manche? 

»  Vous  seriez  en  droit,  Messieurs,  de  vous  étonner  de  ma  trop  grande 
réticence  à  votre  égard. 

«  Je  me  suis  réservé  sans  doute  la  faculté  de  recueillir  et  de  classer  les 
matériaux,  avant  de  publier  un  travail  sur  une  épineuse  question  soulevée 
tout  d'abord  par  les  archéologues;  j'avais  quelques  raisons  pour  désirer  un 
sursis  alors  qu'on  me  signalait  un  certain  nombre  de  points  à  visiter  en 
France,  et  que  je  croyais  utile  et  sage  d'explorer  avant  de  me  permettre  un 
jugement.  Toutefois  je  ne  pouvais  consentir  à  laisser  interpréter  mon  silence 
comme  un  acte  d'ingratitude,  ou  tout  au  moins  un  manque  de  déférence 
envers  l'Académie  des  Sciences,  lorsqu'elle  a  bien  voulu  m'accorder  l'hon- 
neur de  lui  appartenir.  » 

M.  Bouisson,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  pour  la 
Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie. 


de  polissage.  La  matière  de  cette  hache  est  un  grès  lustre  fort  analogue  à  certaines  pointes 
de  flèches  recueillies  au  Canada,  près  des  lacs  Supérieurs.  Depuis,  le  conservateur  de  rues 
collections,  M.  Franchet,  jeune  savant  plein  d'espérance  et  d'avenir,  a  constaté  le  même  fait 
aux  environs  de  Contres  (les  Devidières).  Je  ne  prétends  aucunement  tirer  des  conclusions, 
mais  il  faut  prendre  date  à  côté  des  empressements  qui  nous  entraînent.  Dès  ce  jour  il  serait 
aussi  hasardeux  de  se  décider  pour  une  origine  antédiluvienne,  que  de  considérer  sans  rai- 
sons déterminantes  de  semblables  objets  comme  le  produit  d'une  industrie  postérieure  au 
grand  cataclysme.  La  prudence  exige  que  la  question  demeure  aujourd'hui  pendante.  II  en 
sera  de  même  pour  les  haches  entièrement  polies,  trouvées  enfouies  à  une  assez  grande  pro- 
fondeur dans  les  sables  diluviens  des  rives  de  la  Loire  ou  du  Beuvron,  mais  sans  observa- 
tions stratigraphiques  suffisamment  concluantes. 

C.  R.,  iS63,  i"  Semestre.   (T.  LVI,  N°  15.)  77 


(  582  ) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Seciion  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  en  remplacement 
de  feu  M.  B retonneau. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  45, 

M.   Ehrmann  obtient 35  suffrages. 

M.  Serre  (d'Usés) 8 

MM.    Landouzy  et  Pétrequin,  chacun        i 

M.  Ehkmann,  ayant  réuni  la  majorité  absoluedes  suffrages,  est  déclaré  élu. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

L'Académie  reçoit  dans  cette  séance  un  grand  nombre  de  pièces  ma- 
nuscrites ou  imprimées,  destinées  à  des  concours  dont  la  clôture  est  fixée 
au  3  i  mars,  savoir  : 

Concours  pour  fe  grand  prix  de  Mathématiques  de  i863,  question  concernant  la  Théorie  des 

p  k  en  o  m  eues  cap  i  lia  ires . 

—  Un  Supplément,  en  trois  parties,  à  un  Mémoire  précédemment  adressé, 
et  reproduisant  la  même  épigraphe  :  «  Quà  ex  causa  in  cahalibus  fluidorurn 
pendent  fujurœ ... .  » 

Concours  pour  le  prix  de  la  fondation  Morogues. 

—  Une  série  d'ouvrages  imprimés  concernant  diverses  parties  de  l'éco- 
nomie rurale,  adressés  par  M.  Is.  Pierre,  Correspondant  de  l'Académie  : 

«   Études  comparées  sur  la  culture  des  céréales,  des  plantes  fourragères 

et  des  plantes  industrielles.  —  De  l'Alimentation  du  bétail  au  point  de  vue 
de  la  production,  du  travail,  de  la  viande,  de  la  graisse,  de  la  laine,  du  lait 
et  des  engrais.  —  Notions  élémentaires  d'analyse  chimique  appliquée  ;i 
l'agriculture.  —  Prairies  artificielles;  des  causes  de  diminution  de  leurs 
produits;  étude  sur  les  moyens  de  prévenir  leur  dégénérescence.  —  Re- 
cherches analytiques  et  Essais  pratiques  sur  diverses  questions  d  agrono- 
mie. —  Recherches  théoriques  et  pratiques  sur  divers  sujets  d'agronomie 
et  de  chimie  appliquée  à  l'agriculture;  nouvelle  série,  1869-1862.  —  Chi- 
mie agricole  ou  l'Agriculture  considérée  dans  ses  rapports  principaux  ave< 
la  Chimie  ». 


(  583  ) 
-  Un  Traité  des  constructions  rurales;  par  M.  L.  Bouchard. 

—  Le  Ier  volume  d'un  Traité  d'économie  rurale;  par  M.  Loxdej. 

Concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

—  Mémoire  sur  l'acide  arsénieux  dans  le  traitement  des  congestions  qui 
accompagnent  les  affections  nerveuses;  par  M .  Cahex  (travail  manuscrit  et 
accompagné  d'une  analyse  indiquant,  conformément  à  une  des  conditions 
du  programme,  les  parties  que  l'auteur  considère  comme  neuves). 

—  Recherches  sur  le  catarrhe  des  organes  génitaux  intérieurs  chez  la 
femme;  par  M.  Ch.  Henmg  (ouvrage  imprimé,  en  allemand,  et  accom- 
pagné d'une  Note  écrite  en  français,  indiquant  les  parties  considérées 
comme  neuves). 

—  Recherches  sur  la  physiologie  et  la  pathologie  du  cervelet  ;  par 
MM.   M.  Leven  et  A.  Ollivier  (manuscrit  et  accompagné  de  l'indication 

exigée). 

—  Cure  radicale  de  la  tumeur  et  de  la  fistule  du  sac  lacrymal,  à  l'aide 
de  l'oblitération  du  sac;  par  M.  A.  Magne  (sans  l'indication  des  parties 
neuves). 

—  Trois  opuscules  de  M.  Debout,  sur  des  anomalies  de  conformation 
congénitales  :  hernies  ombilicales  — fissure  horizontale  de  la  joue  — arrêt  de 
développement  des  membres  pelviens  (imprimés  et  accompagnés  d'une 
analyse  manuscrite). 

—  Etudes  cliniques  et  histologiques  sur  l'ataxie  locomotrice  progressive; 
par  M.  Hipp.  Bourdon  (deux  opuscules  imprimés,  accompagnés  d'une 
analyse  manuscrite). 

M.  Gallois,  qui  avait  présenté  dans  la  séance  précédente  un  Mémoire 
sur  l'inosurie,  demande  que  ce  travail  soit  compris  dans  le  nombre  des 
pièces  de  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

Concours  pour  le  prix  de  la  fondation  Barbier. 

M.  Condy  adresse  comme  pièces  de  concours  pour  ce  prix  :  une  Note 
manuscrite  concernant  l'emploi  des  manganates  et  des  permanganates 
comme  substances  désinfectantes,  et  divers  documents  imprimés  se  ratta- 
chant plus  ou  moins  directement  a  ces  recherches. 

77- 


(  584  ) 

Concourt  pour  le  prix  du   legs    lirèaul. 

M.  Deroy,  en  adressant  pour  ce  concours  une  Note  manuscrite  intitulée: 
«  Delà  non-absorption  des  médicaments  dans  la  période  algide  du  choléra  ». 
remarque  que  ce  fait,  qu'il  dit  avoir  signalé  le  premier  à  l'attention  des  mé- 
decins, ne  doit  pas  être  considéré  comme  n'ajoutant  rien  aux  connaissances 
propres  à  éclairer  le  traitement,  puisque  la  période  algide  ne  constitue 
pas  toute  la  maladie,  mais  que,  avant  et  après,  les  agents  thérapeutiques 
conservent  leur  activité,  et  qu'il  importe  beaucoup  de  savoir  précisément 
quand  on  en  peut  attendre  quelque  effet. 

31.  Daxis  adresse  pour  le  même  concours  un  opuscule  sur  la  dyssenterie, 
travail  dans  lequel  il  a  eu  l'occasion  d'exposer  des  considérations  générales 
«  sur  toute  une  classe  de  maladies,  les  septicémies,  ou  maladies  par  empoi- 
sonnement du  sang  ». 

Un  Mémoire  destiné  au  même  concours  et  portant  pour  titre  :  «  Nouveau 
traitement  des  fièvres  continues  du  choléra,  etc.  »,  avait  été  adressé  avec 
le  nom  de  l'auteur,  sous  pli  cacheté;  ce  concours  n'étant  point  de  ceux 
pour  lesquels  le  nom  doit  rester  caché  jusqu'après  le  jugement  de  la  Com- 
mission, le  pli  a  été  ouvert;  l'auteur  est  M.  J.  Barr  Mitcheix,  de 
Londres. 

Une  semblable  mesure  a  été  prise  pour  un  Mémoire  adressé  dans  la  pré- 
cédente séance,  et  qui  a  pour  titre  :  «  Traitements  proposés  pour  prévenir 
ou  combattre  le  choléra  asiatique  »  ;  l'auteur  est  M.  J.  Hoffmann. 

Deux  autres  Mémoires  destinés  au  concours  pour  le  prix  annuel  du 
legs  Bréant  ont  pour  titre  : 

«  Éclaircissement  sur  l'étiologie  et  le  traitement  des  dartres  ».  par 
M  Cerix  Rose; 

«  Sur  l'étiologie  et  la  thérapie  des  dartres  »  ;  par  M.  Em.  Poor,  médecin 
en  chef  de  l'hôpital  de  Pesth  (Hongrie). 

CORRESPONDANCE, 

M.   le  Secrf.tairi:  perpétuel  signale  parmi  les  pièces   imprimées  de  la 

correspondance  un  Mémoire  de  M.  Paotiiii,  de  Bologne,  sur  le  mouvement 
intestinal,  et  le  renvoie  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie. 


(  585  ) 

«  M.  le  général  Moitix  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le  lieute- 
nant général  d'artillerie  piémontais  /.  Cavalli,  un  Mémoire  sur  la  théorie 
de  la  résistance  statique  et  dynamique  des  solides,  considérée  principale- 
ment au  point  de  vue  des  impulsions  analogues  à  celles  du  tir  des  canons. 

»  Dans  ce  travail,  l'auteur,  dont  le  nom  est  bien  connu  depuis  longtemps 
îles  artilleurs  de  tous  les  pays,  s'est  proposé  d'étudier,  à  l'aide  d'appareils 
nouveaux,  les  lois  des  flexions,  des  compressions  et  des  déformations  des 
solides,  et  de  les  appliquer  à  la  difficile  question  qui  préoccupe  à  des  points 
de  vue  opposés  la  marine  et  l'artillerie  des  nations  militaires,  celle  de  ht 
défense  et  de  l'attaque  des  bâtiments  cuirassés.    » 

L'Académie  des  Sciences  de  Lisbonne  adresse  des  remercîments  pour 
un  nouvel  envoi  des  dernières  publications  de  l'Académie. 

ASTRONOMIE.  —  Remarques  de  M.  G.   de  Pontécoul.vnt,  à  l'occasion  dune 
communication  récente  de  M.  Delaunay  sur  P équation  séculaire  de  la  Lune. 

«  L'Académie  des  Sciences  dans  sa  dernière  séance,  a  reçu  de  l'un  de  ses 
Membres  l'hommage  d'un  Mémoire  extrait  de  la  Connaissance  des  Temps 
pour  1864,  et  relatif  à  la  détermination  de  l  équation  séculaire  de  la  Lune. 
L'Académie  ayant  annoncé  précédemment  qu'elle  ne  s'occuperait  plus  de 
cet  objet,  je  respecte  trop  ses  décisions  pour  me  permettre  aucune  obser- 
vation sur  le  fond  même  de  la  question  scientifique  traitée  dans  le  Mé- 
moire dont  il  s'agit,  mais  j'y  trouve  en  outre  une  assertion  qui,  si  elle  n'était 
réfutée  sur-le-champ,  pourrait  peut-être  jeter  quelque  doute  sur  ma  véracité, 
ou  pour  mieux  dire  sur  ma  probité  scientifique;  j'ose  donc  espérer  que  l'Aca- 
démie me  permettra,  sur  ce  sujet,  une  explication  que  je  rendrai  d'ailleurs 
aussi  courte  que  possible  pour  ne  pas  abuser  de  ses  précieux  instants. 

»  L'auteur  du  Mémoire  dont  je  m'occupe,  après  avoir  annoncé,  pour  la 
centième  fois,  qu'il  était  arrivé,  relativement  au  coefficient  du  terme  en  m*  de 
l'équation  séculaire  de  la  Lune,  au  même  résultat  que  M.  Adams,  ce  que  per- 
sonne ne  conteste,  et  ce  qu'il  eût  été  même,  pour  le  dire  en  passant,  assez 
difficile  d'éviter,  puisqu'il  partait  des  mêmes  principes  et  des  mêmes  don- 
nées, dit  que  l'expression  de  ce  même  coefficient,  déterminé  autrefois  par 
M.  Plana,  a  été  trouvée  inexacte,  «  quoique  M .  de  Pontécoulanl  eût  assuré 
l'avoir  vérifiée,  »  d'où  il  semblerait  résulter,  ou  que  cette  vérification  n'a  pas 
eu  lieu,  ou  du  moins  que  les  calculs  ont  été  très-imparfaitement  exécutés; 
or  ces  deux  suppositions  sont  également  contraires  à  la  vérité,  et  rien  n'est 
plus  facile  que  de  le  démontrer  en  replaçant  dans  son  véritable  jour  cette 


(  586  ) 
question  très-simple,  que  l'auteur  du  Mémoire,  on  ne  sait  clans  quel  but. 
semble  se  complaire  à  obscurcir. 

»  En  effet,  tous  les  géomètres  qui  se  sont  occupés  de  la  question  savent 
très-bien  que  le  coefficient  proposé  par  M.  Adams  ne  diffère  de  celui  de 
M.  Plana  que  par  l'introduction  de  nouveaux  termes  auxquels  M.  Adams 
à  jugé  à  propos  d'avoir  égard,  tandis  que  M.  Plana,  d'après  Laplace  et  tous 
les  géomètres  qui  l'ont  suivi,  les  avait  négligés  en  supposant  qu'ils  ne  pro- 
duisaient que  des  quantités  insensibles.  J'ai  moi-même  longtemps  partagé 
cette  idée  (si  elle  est  fautive,  je  m'en  accuse),  parce  que  l'introduction  des 
nouveaux  termes  dont  il  s'agit  conduisait  à  un  résultat  qui  ne  présentait 
aucun  accord  avec  l'observation,  et  que  cet  accord  doit  être,  comme  l'a  très- 
justement  observé  M.  Le  "Verrier,  le  premier  objet  d'une  saine  théorie,  et  en 
second  lieu  parce  que  l'analyse  de  M.  Adams,  fondée  sur  des  développe- 
ments de  séries  dont  on  ne  considère  que  les  premiers  termes  en  ne  tenant 
aucun  compte  du  reste,  ne  me  semblait  pas  assez  rigoureuse  pour  établir  un 
point  aussi  important  dans  la  théorie  lunaire(i).  Quoi  qu'il  en  soil,  dans  le 
passage  cité,  il  est  évident  que  je  n'ai  voulu  parler  que  du  coefficient  donné 
par  M.  Plana  dans  son  grand  ouvrage,  et  qui  par  conséquent  devait  être 
indépendant  des  termes  introduits  depuis  par  M.  Adams,  puisqu'il  n'en  a 
eu  l'idée  que  dix  ans  plus  tard;  ce  terme  ainsi  que  les  suivants,  avec  cette 
restriction,  se  sont  trouvés  parfaitement  exacts,  et  c'est  d'ailleurs  ce  qui  a 
été  confirmé  par  toutes  les  vérifications  qu'ils  ont  subies  depuis  (2).  Je  pense 

(1)  Une  autre  raison  qui  m'avait  porte  à  rejeter  les  termes  dont  il  s'agit,  c'est  que  leur 
existence  me  semblait  contraire  au  théorème  général  de  V invariabilité  des  grands  axes  et 
des  moyens  mouvements  planétaires,  cette  grande  découverte  des  géomètres  modernes;  mais 
je  dois  dire  qu'une  analyse  rigoureuse  du  problème  m'a  démontré  depuis  que  le  grand  axe  de 
l'orbe  lunaire  se  trouve  à  cet  égard  dans  un  cas  d'exception  qui  avait  échappé  à  l'analyse  de 
Laplace  et  de  Lagrange.  Je  regrette  que  les  bornes  de  cette  Lettre  ne  me  permettent  pas  de 
développer  iri  ce  point  curieux  de  la  théorie  du  système  du  monde. 

(2)  Le   terme   multiplié  par    m',  dans    l'expression  de   l'inégalité   séculaire    donnée   par 

M.  Plana  à  la  page  485  de  sa  Théorie  de  la  Lune,  était ~  m'  ;  en  considérant  les  termes 

introduits  par  M.   Adams,  M.  Plana  a  trouve  qu'ils  ajoutaient  à  cette  expression  le  terme 

5355 

—m'  [Supplément  à  la  Théorie  de  la  Lune,  p.  10).  En  faisant  la   somme  de  ces  deux 

1  20 

termes,  on  obtient  le  suivant lA—m',  donne  par  .M.  Adams  dans   le  volume  des  Trait- 

64 
sortions  philosophiques  pour  l'an  ■  853,  p.  4°5. 

Il  ne  sera  pas  inutile  d'observer  que  lorsqu'on  traite  la  théorie  de  la  Lune  par  les  foi  mules 


:  587  ) 
que  cette  explication  doit  suffire  à  ma  complète  justification  et  je  n'insiste- 
rai pas  davantage,  par  respect  pour  les  décisions  de  l'Académie,  bien  que 
le  Mémoire  dont  il  s'agit  contienne  beaucoup  d'autres  propositions  qu'il  se- 
rait difficile  d'admettre  sans  restriction  ou  du  moins  sans  faire  des  réserves 
pour  une  occasion  plus  opportune. 

»  Permettez-moi,  Monsieur  le  Président,  de  profiter  de  cette  occasion  poiu 
vous  prier  d'appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  une  question  purement 
astronomique,  qui  se  rapporte  au  même  sujet  et  où  son  concours  pourrait 
être  d'une  immense  influence  à  l'avancement  de  la  science.  Quelle  que  soit 
l'opinion  qu'on  adopte  relativement  à  la  détermination  théorique  du  coeffi- 
cient de  l'inégalité  séculaire  de  la  Lune,  il  est  évident,  par  toutes  les  recher- 
ches qui  ont  eu  lieu  dans  ces  derniers  temps,  que  ce  coefficient  que  Laplace 
avait  supposé  de  10"  environ,  et  qu'on  avait  porté  successivement  jusqu  a 
i  ["  et  iz",  doit  être  considérablement  diminué  et  ne  dépasse  pas  7 "  '  1  '.  Il 
s'agirait  donc  de  savoir  si  en  employant  toutes  les  données  nouvelles  et  plus 
exactes  que  les  anciennes,  que  nous  possédons  aujourd'hui,  sur  les  varia- 
tions séculaires  des  autres  éléments  du  mouvement  lunaire,  il  serait  tout  a 
fait  impossible,  comme  on  l'a  cru  jusqu'à  présent,  de  représenter  les  ancien- 
nes éclipses  avec  une  variation  séculaire  du  moyen  mouvement  aussi 
affaiblie. 

»  Or,  pour  se  livrer  avec  fruit  à  une  pareille  recherche,  il  faudrait  avoir 
à  sa  disposition  des  ouvrages  et  même  des  manuscrits  qui  se  trouvent  ren- 
fermés, sans  doute,  dans  les  archives  de  l'Observatoire  ou  du  Bureau  des 


ordinaires  des  mouvements  planétaires,  le  terme  ■ ■ — rf  nv  est  celui  qui  résulte  naturelle- 

1 20 

5355 

ment  de  la  variation  séculaire  de  l'époque,  tandis  que   le   tenue —  nr  dépend  d'une 

120 

inégalité  séculaire  introduite  dans  l'expression  du  grand  axe  et  par  conséquent  contraire  au 
théorème  général  de  l'invariabilité  des  grands  axes  planétaires. 

(1)  On  pourrait  peut-être  objecter  que  M.  Hansen  persiste  à  dire  que  ses  calculs  l'ont 
conduit  à  une  détermination  de  1  3"  pour  ce  coefficient  :  mais  quoique  ces  calculs  n'aient 
point  été  publies,  il  est  évident,  d'après  ce  que  l'auteur  en  a  dit  lui-même,  qu'ils  sont  fondes 
sur  les  anciennes  formules,  et  tout  à  fait  indépendants  des  nouveaux  termes  considérés  par 
M.  Adams.  La  différence  de  son  résultat  avec  ceux  de  Laplace,  Damoiseau,  etc.,  tient  donc 
uniquement  à  celle  des  données  employées  dans  le  calcul;  il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'en  tenir  au- 
cun compte.  Il  est  étonnant  qu'une  remarque  si  simple  ait  échappé  à  MM.  Le  Verrier  et 
Delaunay,  qui  ont  cité,  comme  pouvant  avoir  quelque  importance  dans  la  question,  le  résul- 
tat évidemment  fautif  de  M.  Hansen. 


(  588  ) 
Longitudes,  qu'une  puissante  intervention  pourrait  seule  ouvrir  à  un  étran- 
ger. Ce  serait  donc  à  l'Académie  des  Sciences  qu'il  appartiendrait  de  sti- 
muler le  zèle  des  géomètres  et  des  astronomes,  en  faisant  de  cette  importante 
question  le  sujet  d'un  de  ses  prix,  comme  elle  l'avait  déjà  fait,  à  une  autre 
époque,  lorsqu'elle  couronna  le  beau  travail  de  Bouvard.  L'Académie  ne 
doit  pas  oublier  que  l'un  de  ses  plus  beaux  titres  de  gloire  est  d'avoir,  par 
ses  encouragements  et  ses  travaux  persévérants,  amené  la  théorie  de  la  Lune 
à  l'état  de  perfectionnement  qu'elle  a  atteint  aujourd'hui;  les  tables  lunaires 
fondées  sur  la  seule  théorie  sont  supérieures  de  beaucoup  à  toutes  celles  qu'on 
avait  déduites  autrefois  du  concours  de  la  théorie  et  de  l'observation,  et 
c'est  à  l'Académie  des  Sciences  de  Paris  qu'on  doit  ce  bienfait,  puisque 
c'est  elle  qui  en  a  eu  la  première  idée,  lorsque  la  plupart  des  géomètres 
jusque-là  l'avaient  regardé  comme  impossible  à  réaliser.  Sans  doute  l'Aca- 
démie ne  voudra  pas  laisser  son  ouvrage  incomplet,  ou  abandonner  à 
d'autres  mains  le  soin  d'éclaircir  le  seul  point  qui  semble  y  laisser  encore 
quelque  obscurité  :  Noblesse  oblige.    » 

PHYSIQUE. —  Sur  la  conductibilité  pour  l'électricité  du  thallium;  pareil.  Lucien 
de  La  Rive.  (Présenté  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  La  conductibilité  du  thallium  a  été  mesurée  par  la  méthode  de  Wheat- 
stone,  en  comparant  la  résistance  d'un  fil  du  métal  à  celle  d'un  étalon  de  mer- 
cure distillé.  Le  thallium  qui  a  servi  à  ces  mesures  provient  d'un  échantillon 
donné  par  M.  Lamy  au  laboratoire  de  chimie  de  l'École  normale.  Pour 
mettre  le  métal  sous  la  forme  de  fil,  on  l'a  d'abord  fondu,  puis  battu  au 
marteau  pour  allonger  le  lingot,  et  enfin  passé  à  la  filière.  Cette  dernière 
opération  est  rendue  difficile  par  le  peu  de  ténacité  du  thallium  ;  il  faut  hu- 
mecter souvent  le  métal  et  tirer  avec  précaution  le  fil  pour  l'obtenir  à  un 
certain  degré  de  finesse. 

»  La  conductibilité  d'une  substance,  évaluée  en  mesurant  la  résistance 
d'un  fil  cylindrique,  a  pour  expression 

_  L'D 
c-  PR' 

»  L  est  la  longueur  du  fil,  P  le  poids,  R  la  résistance  et  D  la  densité. 
•  »  Mesure  de  la  densité.  —  On  ne  peut  pas  obtenir  directement  la  densité 
du  thallium  par  rapport  à  l'eau,  car  le  métal  s'y  dissout  dans  une  propor- 
tion qui  n'est  pas  négligeable;  5  grammes  perdent,  durant  l'opération,  en- 
viron  10  milligrammes.  On  s'est  servi  d'huile   de  naphte  ayant  séjourne 


(  589) 

sur  du  sodium,  et  les  densités  suivantes  sont  rapportées  à  celle  de  l'huile 

de  naphte  à  la  température  de  1 1°. 

I  i°  i4  35i   ) 
Thallium  en  lames  préparé  par  M.  Lamy j     o     ^'    .      j  Moyenne.      1 4 , 346 

(    i°   i4  33t   ) 
Thallium  fondu 0      ,\   ~      Moyenne  .      1 4 , 33o 

(2       1 1\  ,  02C)    | 

ii°  i4  260  ) 
,  [  Moyenne.      i4,2t5 

20   14,292   \         ]  ^'    ' 

»  Les  actions  mécaniques  du  marteau  et  de  la  filière  déterminent,  d'après 
ces  résultats,  une  faible  diminution  de  densité,  environ  — Vô-  La  densité  de 
l'huile  de  naphte  ayant  été  trouvée  égale  à  0,8275,  la  densité  du  thallium 
fondu  à  n°  est  11, 853,  valeur  qui  est  bien  en  accord  avec  les  nombres 
donnés  par  M.  Lamy,  1 1 ,  862  à  o°,  et  la  densité  du  même  métal  en  fil 
est  1 1,808. 

»  Mesure  de  la  conductibilité.  —  On  a  expérimenté  sur  quatre  fils  différents  ; 
les  extrémités  du  fil  étaient  serrées  dans  des  pinces  en  cuivre,  et  le  fil 
plongeait  dans  un  flacon  rempli  d'huile  de  naphte. 


Longueur  du  fil. 

Toids. 

Résistance. 

Valeur  de 

L 

P 

R 

U_  PR 

Température. 

311°"" 

I773m^ 

120,0 

5,36 

i5° 

190 

1255 

64,6 

5,38 

10 

260 

1182 

129,6 

5,21 

1 1 

190 

5o4 

«6l,4 

5,24 

12 

Moyenne 5 ,  3o  1 1° 

»  La  mesure  de  la  résistance  a  toujours  été  faite  très-peu  de  temps  après 
que  le  fil  avait  été  tiré,  mais  sa  surface  n'en  était  pas  moins  déjà  couverte 
d'une  couche  d'oxyde.  Toutefois,  comme  il  n'a  pas  été  possible  de  consta- 
ter, à  partir  de  ce  moment,  une  augmentation  de  résistance,  il  est  à  présu- 
mer que  cette  circonstance  n'a  qu'une  influence  négligeable  sur  la  conduc- 
tibilité. Un  fil  laissé  à  l'air  pendant  vingt-quatre  heures  a  éprouvé  une 
augmentation  de  résistance  d'environ  -~.  La  moyenne  des  valeurs  de  C 
est  5,3o  à  la  température  de  ia°  rapportée  au  mercure  à  i4°.  La  conducti- 
bilité du  mercure  est  i,63,  celle  de  l'argent  étant  100,  ce  qui  donne  pour 
le  thallium  8,64,  valeur  comprise  entre  celle  du  plomb,  7,77,  et  celle  de 
l'étain,  11, 45,  et  qui  est  de  beaucoup  inférieure  à  la  conductibilité  des 
métaux  alcalins. 

C.    R.,  iS63,   ier  Semestre.  (T.  LVI,  N»  15.)  7^ 


(  59o) 
"    Variation  de  la  résistance  avec   la   température.  —  La  résistance  d'un 
même  fil  a  été  déterminée  à  trois  températures  différentes  : 

Température.  Résistance. 

l5°  I20,O 

35  128,6 

53  i37,4 

»  Le  coefficient  K  étant  calculé  par  la  formule  Rt  =  R0  (c  -+-  K.T),  on 
trouve  R  =  o,oo38,  nombre  compris  dans  les  limites  entre  lesquelles  se 
trouvent,  pour  la  plupart  des  métaux,  les  valeurs  de  ce  coefficient.  > 

CHIMIE.  —  Sur  quelques  nouvelles  combinaisons  otr/aniques  du  silicium  et  sur  le 
poids  atomique  de  cet  élément;  par  MM.  C.  Friedel  et  J.-M.  Crafts. 
(Présenté  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Au  point  où  en  est  arrivée  la  chimie  dans  la  connaissance  des  combi- 
naisons appelées  organo-métalliques ,  à  la  suite  des  beaux  travaux  de 
MM.  Bunsen,  Frankland,  Caliours  et  Riche,  Strecker,  Baeyer,  Wan- 
klyn,  etc.,  il  nous  a  semblé  qu'il  y  avait  opportunité  à  reprendre  l'étude 
des  combinaisons  organiques  du  silicium,  si  brillamment  commencée  par 
Ebelmen  dans  son  Mémoire  sur  les  éthers  siliciques. 

»  Nous  avons  pensé  qu'il  serait  possible  de  trouver  dans  cette  étude  une 
vérification  de  l'exactitude  du  poids  atomique  du  silicium  tel  qu'il  a  été 
déduit  dans  ces  derniers  temps  par  quelques  chimistes,  en  particulier  par 
MM.  Odling  (i),  Cannizaro  (2)  et  Wurtz  (3),  de  l'hypothèse  d'Avogadro  et 
d'Ampère,  d'après  laquelle  les  molécules  des  corps  composés  occupent  à 
l'état  de  vapeur  un  même  volume.  Quelque  importance  qu'on  puisse  attacher 
à  cette  loi,  en  présence  des  beaux  résultats  auxquels  elle  a  conduit  Gerhardt 
pour  les  combinaisons  organiques,  et  de  l'ensemble  si  satisfaisant  de  poids 
atomiques  qu'on  en  a  tiré  depuis  pour  la  plupart  des  corps  simples,  elle 
n'en  reste  pas  moins  une  frypothèse  physique  qu'il  est  indispensable  de 
soumettre  au  plus  grand  nombre  possible  de  vérifications  chimiques. 

»  Nous  croyons  avoir  trouvé  quelques-unes  de  ces  vérifications  dans  les 
faits  que  nous  avons  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie. 

u  Si  l'on  pose  H2  =  2   volumes,  2  volumes  de  chlorure  de  silicium  en 

(1)  Répertoire  de  Chimie  pure,  t.  H,  p.  45. 

(2)  Sunto  di  un  corso  de  Filosojta  chimiea.  Pisa,  1 858. 

(3)  Répertoire  de  Chimie  pure,  t.  II,  p.  449- 


(  59'  ) 
vapeur  renfermeront  CI4  ou  \l\i  de  chlore  combinés  avec  28  de  silicium, 
En  prenant  le  chlorure  de  silicium  comme  type  des  combinaisons  silici- 
ques,  la  manière  la  plus  simple  de  le  formuler  sera  Si  Cl4,  Si,  dans  cette 
expression,  représentant  28  de  silicium.  Il  résulte  de  là  que  l'acide  siliciqne 
anhydre  sera  SiO2  et  que  l'acide  siliciqne  hydraté  normal  dérivé  du  chlo- 
rure de  silicium  de  la  même  manière  que  l'acide  acétique  l'est  du  chlorure 
d'acétyle,  par  substitution  au  chlore  du  résidu  monoatomique  HO,  aura 
pour  formule 

Si 


H1 


O*. 


C'est  à  cet  hydrate  silicique  que  se  rapporte  le  silicate  éthylique  d'Ebelmen, 
dans  lequel  Gerhardt  admettait  déjà  l'existence  de  4  fois  le  radical  éthyle. 
»Enchauffantà  i6o°envase  clos,  pendant  une  demi-heure,  l'éthersilicique 
avec  du  chlorure  de  silicium,  dans  la  proportion  de  3  équivalents  du  pre- 
mier corps  pour  1  du  second,  nous  avons  obtenu  un  produit  dont  la  plus 
grande  partie  a  distillé  de  i52°à  i58°.  Ce  produit  ne  fume  pas  à  l'air  et  ne 
possède  pas  du  tout  l'odeur  du  chlorure  de  silicium.  Il  réagit  immédiatement 
sur  l'alcool  en  dégageant  de  l'acide  chlorhydrique  et  en  régénérant  le  sili- 
cate d'éthyle.  Après  un  certain  nombre  de  distillations  fractionnées,  nous 
avons  analysé  la  partie  recueillie  entre  i55°  et  1570.  Les  nombres  obtenus 
pour  le  carbone,  l'hydrogène,  le  chlore  et  la  silice  s'accordent  exactement 
avec  ceux  qu'exige  la  formule 

Si 


3€2H5  (°5" 
Cl 

Ladensitéde  vapeur  du  produitaété  trouvée  de  7,05  au  lieu  de  6,87  qu'exi- 
geait la  théorie. 

»  La  réaction  s'est  passée  comme  nous  l'espérions;  elle  peut  être  expri- 
mée par  l'équation 

34C^Î04+SiCl;  =  43^H5Jœ. 

Cl 

»  Ainsi,  dans  l'éther  obtenu,  le  quart  de  l'éthyle  et  1  molécule  d'oxygène 
ont  disparu  et  ont  été  remplacés  par  1  atome  de  chlore;  on  ne  peut  donc 
pas  supposer  que  l'éther  silicique  renferme  moins  de  quatre  fois  le  radical 
éthyle,  ni  par  suite  que  le  chlorure  de  silicium  renferme  moins  de  Cl4. 

»  Les  portions  du  produit  distillant  à  une  température  un  peu  inférieure 

78.. 


(  5gà) 
h  i  5o°  renferment  un  excès  de  chlore,  ce  qui  nous  a  fait  supposer  l'exis- 
tence d'un  corps  présentant  avec  l'éther  chlorosilicique  ou  monochlorhy- 
drine  de    l'éther  silicique  les  mêmes  relations  que  celle-ci  avec  l'éther 
silicique. 

»  D'après  les  analyses  que  nous  avons  faites  de  divers  produits  recueillis 
entre  les  limites  de  i33°  et  i4o°,  nous  nous  croyons  en  droit  de  conclure 
que  ces  liquides  renfermaient  une  grande  proportion  de  dichlorhydrine 
Si 


pjij,  i  O2  bouillant  vers  i36°. 

CI2 

»  Le  même  produit  se  forme  en  petite  quantité,  en  même  temps  qu'une 
proportion  considérable  de  monochlorhydrine,  lorsqu'on  fait  réagir  sur 
l'alcool  absolu  un  excès  de  chlorure  de  silicium. 

»  La  monochlorhydrine  éthylsilicique  se  produit  dans  diverses  autres 
réactions,  entre  autres  dans  celles  du  perchlorure  de  phosphore  et  du  chlo- 
rure d'acétyle  sur  l'éther  silicique.  Avec  le  chlorure  d'acétyle,  on  n'obtient 
que  de  l'éther  acétique  et  des  chlorhydrines,  mais  pas  trace  d'un  acéto-sili- 
cate  d'éthyle  que  nous  avions  espéré  obtenir  par  ce  moyen. 

»  Lorsqu'on  mélange  la  monochlorhydrine  avec  de  l'alcool  amylique,  à 
équivalents  égaux,  le  liquide  s'échauffe  ;  il  se  dégage  de  l'acide  chlorby- 
drique,  et  si  l'on  soumet  le  produit  à  la  distillation,  on  le  voit  passer  presque 
tout  entier  à  2o5°  et  225°.  Le  liquide  recueilli  entre  2i6°et  225°  a  donné  à 
l'analyse  des  nombres  correspondant  exactement  à  la  formule 

Si      ) 
3€2HS     O4, 
€5H"  ) 

c'est-à-dire  à  celle  du  silicate  d'éthyle,  dans  lequel  le  quart  de  l'éthyle  est 
remplacé  par  le  radical  amyle. 

»  Ce  corps  est  plus  difficilement  décomposable  par  l'ammoniaque  alcoo- 
lique que  le  silicate  d'éthyle,  fait  signalé  par  Ebelmen  pour  le  silicate  d'amyle. 

»  Silicium-élhyle.  —  Le  chlorure  de  silicium  ne  réagit  pas  sur  le  zinc- 
éthyle,  à  la  température  ordinaire.  Lorsqu'on  chauffe  le  mélange  de  ces 
deux  corps  à  équivalents  égaux  de  chlore  et  de  zinc,  dans  un  tube  scellé, 
la  réaction  ne  commence  à  se  produire  que  vers  i/jo0;  à  1600,  elle  est 
complète  au  bout  de  trois  heures. 

»  Lorsqu'on  ouvre  le  tube,  on  voit  s'en  dégager  une  quantité  considé- 
rable d'un  gaz  qui  brûle  avec  une  flamme  peu  éclairante.  Le  liquide  restant 


(  Sg3  ) 

contient  un  autre  hydrocarbure  très-volatil  brûlant  avec  une  flamme  très- 
éclairante,  une  quantité  notable  de  chlorure  de  silicium,  puis  enfin  un 
liquide  bouillant  entre  i52°  et  i54°-  Le  résidu  solide  est  formé  de  chlorure 
de  zinc  mélangé  avec  du  zinc  métallique,  ce  qui  explique  la  formation  des 
hydrocarbures. 

»••  Le  liquide  bouillant  vers  i53°,  lavé  à  l'eau  pour  le  débarrasser  d'une 
petite  quantité  de  chlorure  de  silicium  et  redistillé,  estparfaitement  limpide, 
insoluble  dans  l'eau  et  plus  léger  qu'elle,  inattaquable  par  une  solution  con- 
centrée de  potasse  et  par  l'acide  azotique  ordinaire.  Il  brûle  avec  une 
flamme  éclairante,  en  répandant  les  fumées  blanches  de  silice. 

»  Il  renferme  des  quantités  de  carbone  et  d'hydrogène  qui  s'accordent 
avec  la  formule 

Si  4  G2  H5. 

»   La  densité  de  vapeur  a  été  trouvée  de  5 , 1 3.  La  théorie  exige  4, 99. 

•>  Le  produit  obtenu  est  donc  le  silicium-éthyle  dérivé  du  chlorure  de 
silicium,  par  remplacement  de  4  atomes  de  chlore  par  quatre  fois  le  radical 
éthyle,  et  correspondant  au  distannéthyle  de  M.  Frankland,  si  l'on  formule 
ce  composé 

Sn4G!H5. 

»  Nous  nous  occupons,  dans  le  laboratoire  de  M.  VVurtz,  d'étudier  ce 
corps  ainsi  que  la  réaction  qui  lui  a  donné  naissance,  et  nous  continuons 
nos  recherches  sur  les  éthers  siliciques,  en  portant  particulièrement  notre 
attention  sur  ceux  qui  renferment  plus  de  silice  que  le  silicate  d'éthyle.   » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  des  essais  de  fontes  au  wolfram;  par  M.  Le  Guew. 
(Note  présentée  par  M.  Pelouze.) 

«  Il  résulte  des  expériences  que  j'ai  faites  dans  le  port  militaire,  à  Brest, 
les  faits  suivants  : 

»  Les  fontes  composées  de  fonte  neuve  et  de  vieille  fonte,  dans  des  pro- 
portions propres  à  leur  donner  une  grande  résistance,  ont  acquis  un  nou- 
veau degré  de  force  par  une  addition  de  wolfram  inférieure  à  2  pour  100. 
Dans  l'une,  formée  à  parties  égales  de  fonte  neuve  anglaise  d'Yféra- 
Anth  et  de  vieille  fonte  traitée,  l'augmentation  de  résistance  à  la  rupture 
par  centimètre  carré  a  été,  avec  du  wolfram  français,  de  44S4-  Dans  une 
autre  formée  de  -|  de  la  même  fonte  anglaise  et  |  de  fragments  de  vieux 
canons,  l'augmentation,  avec  du  wolfram  allemand  mis  dans  la  même  pro- 
portion, a  été  de  67"% 9  par  centimètre  carré. 


(594) 

»  Soumises  à  une  seconde  fusion,  les  fontes  au  wolfram  ont  conservé  leur 
supériorité  sur  les  fontes  ordinaires  correspondantes.  Après  cette  opération 
la  différence  en  laveur  de  la  première  fonte  au  wolfram  était  de  2Ôk,2 
c'est-à-dire  un  peu  moins  forte;  la  même  différence  en  faveur  de  la  seconde 
était  6o,k,  i5.  Ainsi,  l'efficacité  du  wolfram  allemand,  déjà  plus  grande,  à 
la  première  fusion,  que  celle  du  wolfram  français,  lui  est  encore  restée 
supérieure  après  la  seconde. 

»  Une  troisième  fusion  des  mêmes  fontes,  ayant  été  opérée  cette  fois  di- 
rectement dans  un  fourneau  à  la  Wilkinson,  au  lieu  de  l'être  en  creuset, 
comme  précédemment,  la  ténacité  de  la  fonte  au  wolfram  a  encore  dépassé 
celle  de  la  fonte  ordinaire  correspondante. 

»  D  où  l'on  peut  conclure  que  l'action  du  wolfram  subsiste  lorsque  la 
fusion  a  lieu  directement  dans  un  fourneau,  et  qu'elle  se  maintient  après 
plusieurs  fusions  successives. 

«  Dans  la  fonte  wolframée,  composée  de  3  d'Yféra-Anth  et  ^  de  fragments 
de  vieux  canons,  la  résistance  à  la  rupture,  après  la  seconde  fusion,  a  dé- 
passé de  près  d'un  tiers  celle  de  la  fonte  ordinaire  correspondante.  Cette 
résistance  pour  la  même  fonte,  après  la  première  fusion,  a  dépassé  de  20k,8 
par  centimètre  carré  celle  de  la  fonte  la  plus  tenace  composée  antérieure- 
ment dans  la  fonderie  du  port  de  Brest,  et,  après  une  seconde  fusion,  elle 
l'a  dépassée  de  [\i  kilogrammes. 

»  Une  autre  preuve  de  la  supériorité  des  fontes  au  wolfram  résidte  de 
l'examen  des  flèches  de  courbure  produites  par  des  poids  égaux.  Elles  sont 
moins  grandes  que  pour  les  fontes  ordinaires  correspondantes;  d'où  il  suit 
que  celles  au  wolfram  sont  plus  élastiques  et  plus  résistantes. 

"  Dans  toutes  les  circonstances  où  l'on  aura  intérêt  à  douer  la  fonte 
d'une  résistance  supérieure  à  celle  qu'on  a  pu  lui  communiquer  jusqu'à 
présent,  on  en  aura  donc  la  facilité  en  l'alliant  à  une  légère  dose  de 
wolfram. 

■>  Il  suffît,  pour  la  fonte,  que  le  wolfram  soit  pulvérisé,  mais  non  réduit. 
!,(•  minerai  français  est,  en  outre,  grillé  pour  le  dépouiller  le  plus  pos- 
sible du  soufre  et  de  l'arsenic  qu'il  contient.  Quant  au  wolfram  allemand, 
on  le  pulvérise  seulement,  et  il  n'avait  pas  subi  d'autre  préparation,  étant 
probablement  plus  pur.  La  réduction  se  fait  au  milieu  de  la  masse  liquide, 
aux  dépens  du  carbone  de  la  fonte,  et  celle-ci,  par  la  diminution  de  son 
carbone  et  l'alliage  avec  le  tungstène,  tend  à  se  rapprocher  de  la  nature 
de  l'acier.  « 


(  595  ) 

CHIMIE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'un  Mémoire  de  M.  Nickles  : 

par  M.  Carius. 

«  M.  Nicklès  vientjde  publier  (Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  388 )  un  Mé- 
moire portant  pour  titre  :  Sur  une  nouvelle  classe  des  combinaisons  chimiques. 
Dans  ce  Mémoire  M.  Nicklès  décrit  comme  des  sels  quadruples  des  sub- 
stances auxquelles  manquent  beaucoup  des  propriétés  des  véritables  com- 
binaison s  chimiques.  Encore  les  analyses  de  M.  Nicklès  sont-elles  loin  d'être 
d'accord  avec  les  formules  que  lui-même  déduit  de  ces  analyses.  En  ter- 
minant, M.  Nicklès  dit:  «M.  Carius  vient  de  faire  connaître  des  combinai- 
sons semblables,  etc.  » 

„..,.,'■  x  ,  •  O  I  t2HsO       .  ,    , 

»   J  ai  décrit  (  i  )   une  combinaison  „.  {  p,  et  les  analogues  du  brome 

et  de  l'iode;  ceux-ci  se  dissolvent  dans  une  solution  d'acétate  de  plomb,  en 
formant  des  combinaisons,  par  exemple  : 

Oji2H30  t(t2H30)s 

CliPb         "■"        \Pb 

Toutes  ces  combinaisons  sont  très-bien  caractérisées,  et  les  résultats  de  me» 
analyses  sont  parfaitement  d'accord  avec  les  formules  cpie  j'en  avais 
établies. 

»  Ainsi  il  me  faut  déclarer  à  l'Académie  des  Sciences,  vis-a-vis  de  cette 
assertion  de  M.  Nicklès,  que  les  combinaisons  décrites  par  moi  ne  sont  pas 
semblables  aux  substances  découvertes  par  M.  Nicklès,  et  nommées  par  lui 
des  sels  quadruples,  quoique  ses  résultats  analvtiques  ne  les  montrent  que 
comme  des  mélanges  impurs.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Nouvelle  analyse  chimique  de  l'eau  du  Bouloti,- 

par    M.  A.  Béchamp. 

«  La  source  du  Boulou  est  située  dans  le  département  des  Pyrénées- 
Orientales,  sur  la  gauche  de  la  route  qui  conduit  en  Espagne  par  le  Pertus,  a 
24  kilomètres  de  Perpignan  et  à  26  de  Port-Vendres.  La  première  analyse 
est  d'Anglada,  en  1 833. 

»   La  composition,  d'après  la  nouvelle  analyse,  est  la  suivante,  rapportée 

(1)   Ànnalen  dcr  Chemie  und  Pharmacie,  t.  CXXV,  p.  87. 


(  596) 
à  1000  centimètres  cubes  : 

g"" 

Acide  carbonique 5, 50170 

»     sulfurique o,oo520 

»      nitrique traces 

o     arsénique traces 

»      phosphorique 0,00087 

»     borique traces 

»      silicique o  ,07850 

»     chlorhydrique o ,  54o,5o 

Oxyde  de  potassium 0,04189 

»        de  sodium 1,84172 

»       de  lithium traces 

»       de  calcium o, 5 1000 

»       de  magnésium o,  16700 

»       d'aluminium o,ooi3o 

»        ferrique 0,00680 

»        mangancux 0,00080 

»        cuivrique o ,  000 1 5 

»       de  cobalt?  de  nickel? traces 

Sulfate  de  baryte o  ,00220 

Matière  organique traces 

8,70763 

»  La  température  de  l'eau  du  Boulon  est  de  170, 5.  Sa  densité  à  i5°  est 
i,oo52.  Le  poids  du  résidu  fixe,  séché  à  i3o°,  est  4gr>7<  par  litre. 

»  Cette  composition  est  sensiblement  la  même  que  celle  des  eaux  de  Vi- 
chy, conformément  à  la  dernière  analyse  de  M.  Bouquet  {Annales  de  Chimie 
et  de  Physique,  3e série,  t.  XLII,  p.  278).  L'eau  du  Boulou  contient  seulement 
beaucoup  plus  d'acide  carbonique,  moins  de  soude  et  d'arsenic,  plus  de 
chaux  et  de  manganèse,  de  la  baryte  au  lieu  destrontiane(i),  et  en  pins  une 
quantité  de  cuivre  dosable  dans  3o  litres  et  démontrable  dans  1  litre.  C'est, 
depuis  que  j'ai  découvert  le  cuivre  dans  l'eau  de  Balaruc,  la  quatrième  eau 
cuivreuse  du  Midi.  M.  Moitessier  l'a  trouvé  dans  les  eaux  de  Lamalou,  et 
récemment  M.  Filhol  dans  celles  de  Saint-Christeau. 

»  Cette  analyse  a  donné  lieu  à  quelques  remarques  que  je  crois  utile  de 
signaler. 

(1)  J'ai  cherché  en  vain  l'iode,  le  brome  et  le  fluor.  L'iode  y  a  notamment  été  recherché 
par  le  procédé  délicat  que  j'ai  décrit  dans  l'analyse  de  l'eau  de  Balaruc  (  Comptes  rendus  de 
V 'Académie  des  Sciences,  t.  LU,  p.  864).  La  présence  de  la  lithine  a  été  signalée  dans  l'eau 
du  puits  Chomel  à  Vichy,  à  l'aide  du  spectroscope,  par  MM.  Diacon  et  Moitessier. 


(  ô97  ) 

»  La  première  concerne  la  baryte.  Voici  un  procédé  qui  doit  être  préféré 
au  procédé  classique  dans  la  recherche  de  cette  base.  Si  l'eau  que  l'on  ana- 
lyse contient  déjà  de  l'acide  sulfurique  (c'était  ici  le  cas),  on  la  neutralise 
par  l'acide  chlorhydrique,  et  l'on  concentre  dans  un  ballon  de  verre.  Dans 
l'expérience  présente,  3  litres  ont  été  réduits  jusqu'au  moment  où  le  chlo- 
rure de  sodium  commençait  à  se  déposer.  On  jette  sur  un  filtre,  on  lave 
d'abord  avec  un  peu  d'eau,  puis  avec  une  dissolution  étendue  de  potasse 
caustique  pour  enlever  un  peu  de  silice  qui  pouvait  s'être  séparée,  et  enfin 
avec  de  l'eau  acidulée.  Après  l'incinération  du  filtre,  on  pèse  en  tenant 
compte  du  poids  îles  cendres  laissées  par  le  filtre.  J'ai  obtenu  ogr,oo65  de 
sulfate  de  baryte.  Pour  analyser  ce  sel  et  constater  rigoureusement  sa  na- 
ture, il  suffit  alors  de  le  calciner,  en  creuset  fermé,  avec  du  sucre  pur.  Le 
résidu,  repris  par  l'acide  chlorhydrique,  dégage  de  l'hydrogène  sulfuré,  et 
la  dissolution  filtrée  précipite  abondamment  par  la  dissolution  du  sulfate  de 
chaux.  On  s'est  assuré,  en  outre,  par  l'analyse  spectrale,  de  l'absence  de  la 
strontiane  dans  le  précipité  de  sulfate  transformé  en  chlorure. 

»  La  seconde  est  relative  à  la  recherche  du  manganèse.  Lorsqu'on  a  préci- 
pité par  le  carbonate  de  baryte  le  peroxyde  de  fer,  qui  est  mêlé  au  manga- 
nèse, et  que  l'on  veut  séparer  ce  dernier  du  cobalt  et  du  nickel,  il  est  avan- 
tageux d'ajouter  à  la  dissolution  chlorhydrique  acide  une  certaine  quantité 
d'acétate  de  soude  et  d'y  faire  passer  un  courant  de  chlore.  Le  bioxyde  de 
manganèse  se  précipite  bientôt  sous  la  forme  d'une  poudre  brune.  Mais  il 
peut  arriver  que  la  liqueur  brunisse  seulement  et  ne  précipite  point.  Dans  ce 
cas,  pour  détruire  la  combinaison  que  l'oxyde  singulier  contracte  avec 
l'acide  acétique,  il  suffit  de  concentrer  à  l'ébullition  :  peu  à  peu  la  liqueur 
se  décolore  et  le  bioxyde  se  précipite  avec  des  caractères  connus. 

»  La  troisième  regarde  Y  acide  nitrique.  Le  réactif  le  plus  sensible  de  cet 
acide  est  celui  de  Desbassyns  de  Richemond,  un  mélange  de  sulfate  ferreux 
cristallisé  et  de  quatre  à  six  fois  son  volume  d'acide  sulfurique  concentré. 
Mais,  pour  cela,  il  est  essentiel  qu'il  n'y  ait  pas  de  chlorures  en  présence. 
J'ai  donc  concentré  2  litres  d'eau  à  100";  j'ai  séparé  le  dépôt,  exactement 
saturé  la  partie  soluble  par  l'acide  sulfurique,  et  précipité  tout  le  chlore  par 
une  dissolution  de  sulfate  d'argent.  La  liqueur  filtrée,  évaporée  à  siccité 
au  bain-marie,  laisse  un  résidu  qui  peut  être  alors  introduit  dans  le  réactif. 
La  coloration  fleur  de  pêcher  se  manifesta  alors  avec  netteté.  Dans  les  cas  de 
très-petites  quantités  d'acide  nitrique,  il  est  bon  de  conserver  une  partie  du 
réactif  comme  témoin.  » 

C.  R.,  186Ï,   Ie'  Semestie.  (1.   I.VI,  N"  15.J  79 


(  598) 

ANATOMlE  COMPARÉE.  —  Note  sur  un  corps  ({apparence  glanduleuse  observé 
dans  la  baudroie;  par  M.  Jourdain.  (Présenté  par  M.  Mil  ne  Edwards.) 

«  Dans  le  courant  des  recherches  que  j'ai  entreprises,  il  v  a  deux  ans,  sur 
le  système  lymphatique  des  Poissons,  j'ai  rencontré  dans  la  haudroie  [Lophius 
piscalorius  L  )  un  corps  d'aoparence  glandulaire  qui  m'a  semblé  mériter 
une  attention  spéciale. 

»  Les  lymphatiques  de  la  nageoire  pectorale,  au  niveau  de  l'articulation 
de  la  portion  radio-cai  pienne  de  cet  appendice  avec  l'humérus,  se  réunissent 
au  tronc  humerai  et  constituent  un  large  sinus  [sinus  humerai)  sous-jacent 
a  la  peau.  Quand  on  enlève  cette  dernière  par  une  dissection  ménagée,  on 
aperçoit  dans  tous  les  individus  l'organe  glandulaire  dont  je  veux  parler. 
Il  adhère  à  la  face  interne  de  la  membrane  transparente  qui  forme  les  parois 
du  sinus  humerai  :  il  est  donc  compris  dans  la  cavité  même  de  ce  sinus.  Il 
se  présente  sous  la  forme  d'un  corps  aplati,  oblong,  qui  rappelle  par  sa 
configuration  le  rein  de  la  grenouille.  Sur  une  baudroie  d'une  taille  de 
om,c)o,  il  mesurait  om,o4  environ  de  longueur.  De  sa  surface  on  voit 
se  détacher  plusieurs  tractus  celluleux  qui  vont  se  fixer  aux  parois  in- 
ternes du  sinus  humerai.  Les  vaisseaux  cpii  s'y  rendent  ont  été  figurés  dans 
une  planche  jointe  à  cette  Note.  Une  branche  artérielle  née  de  l'artère  bra- 
chiale donne  des  rameaux  à  ce  corps  glandulaire  :  cette  branche  ne  lui  est 
donc  point  uniquement  destinée,  mais  fournit  aussi  aux  tissus  environnants. 
Les  veines  qui  en  rapportent  le  sang  ne  lui  sont  point  non  plus  spéciales. 
Elles  se  jettent  d'une  part  dans  la  veine  brachiale,  d'autre  part  dans  une 
des  veines  portes  antérieures  du  rein,  que  j'ai  signalées  dans  un  précédent 
travail  [Description  de  l'appareil  porte  rénal- hépatique  de  la  Baudroie,  journal 
l'Institut,  1861).  Les  injections  fixes  mettent  en  évidence  un  réseau  capil- 
laire d'une  grande  richesse. 

»  Cette  glande  est  d'un  tissu  très-ferme  et  très-dense.  Examinée  sur  une 
coupe  pratiquée  à  l'aide  d'un  instrument  tranchant,  elle  rappelle  la  texture 
du  corps  thyroïde.  L'examen  microscopique  rend  parfaitement  raison  de 
cette  structure.  La  glande,  en  effet,  est  constituée  par  une  trame  d'un  tissu 
cellulaire  très-condensé,  dont  les  lamelles  entre-croisées  donnent  naissance 
à  une  infinité  de  logettes  ou  vacuoles  d'une  capacité  très-inégale.  Chacune 
de  ces  vacuoles  est  remplie  par  un  noyau  de  matière  granuleuse,  d'une 
couleur  brune  très-apparente,  quand  il  est  bien  développé,  auquel  cas  il 
mesure  jusqu'à  -fa  de  millimètre.  Nous  avons  pu  suivre  les  capillaires  jusque 


(  %9  ) 
sur  les  parois  des  vacuoles,  mais  nous  ne  les  avons  pas  vus  se  distribuer  au 
corps  granuleux  qui  y  est  contenu. 

»  L'homologie  de  ce  corps  pseudo-glandulaire  est  assez  embarrassante. 
Doit-on  le  regarder  comme  l'analogue  de  la  glande  thyroïdienne  desChon- 
droptérygiens  ?  La  structure  intime  n'infirme  point  cette  assimilation,  mais 
on  peut  objecter  :  i°  que,  dans  cette  hypothèse,  la  situation  du  corps  thy- 
roïde devient  tout  à  fait  anormale;  i°  que  ce  corps  est  impair  et  médian 
dans  les  Chondroptérygiens,  tandis  que  la  glande  que  nous  décrivons  est  un 
organe  constamment  pair. 

»  Quant  au  rôle  physiologique  de  ce  corps  singulier,  nous  conjectu- 
rons, d'après  sa  situation  dans  l'intérieur  même  du  sinus  humerai,  qu'il  est 
en  relation  avec  le  système  lymphatique.  Les  ganglions  paraissent  man- 
quer chez  les  poissons  :  ce  corps  ne  pourrait-il  pas,  jusqu'à  un  certain 
point,  les  représenter,  c'est-à-dire  faire  subir  à  la  lymphe  des  modifications 
de  même  nature  que  celles  que  ces  ganglions  y  déterminent  chez  les  mam- 
mifères et  chez  les  oiseaux  ?  Si  des  observations  ultérieures  venaient  appuyer 
ces  conjectures,  et  si  on  admet  en  outre  que  les  ganglions,  outre  l'élément 
vasculaire,  renferment  un  tissu  propre,  le  mode  de  formation  des  ganglions 
lymphatiques  fournirait  une  nouvelle  confirmation  des  idées  théoriques  que 
M.  Milne  Edwards  a  si  lumineusement  exposées  sur  la  constitution  et  le  per- 
fectionnement du  système  vasculaire  général.    » 

TÉRATOLOGIE.  —  Note  de  M.  Larcher,  accompagnant  la  présentation  de  deu\ 

pièces  anatomiques. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  deux  pièces  ayant  trait  à  la 
tératologie. 

»  La  première  de  ces  pièces  est  un  exemple  à'agénésie  intéressant  exclu- 
sivement la  moitié  droite  du  corps  d'un  jeune  gallinacé;  l'aile  est  absente 
et  le  membre  inférieur  est  à  l'état  rudunentaire.  Je  ferai  remarquer  qu'ici, 
c'est  le  côté  du  corps  qui  semble  davantage  devoir  s'y  soustraire  qui  est 
frappé  d'agénésie. 

n  J'appellerai  encore  l'attention  de  l'Académie  sur  un  fait  qui  me  semble 
d'un  plus  grand  intérêt,  au  point  de  vue  physiologique:  c'est  la  loi  de  coïn- 
cidence que  je  signale  entre  l'absence  du  radius  et  celle  du  pouce;  trois 
fois,  pendant  mon  internat  à  la  Maternité  de  Paris,  j'ai  pu  constater  l'exac- 
titude de  cette  loi,  et  j'en  soumets  aujourd'hui   un  exemple  à  l'examen  de 

79- 


(  6oo  ) 

l'Académie.  En  voyant  cette  coïncidence  de  l'absence  du  pouce  avec  celle 
du  radius,  je  pense  que  l'on  pourrait  se  demander,  en  effet,  comment,  en 
l'absence  du  radius,  existerait  le  pouce,  organe  de  préhension,  alors  que, 
chez  les  animaux  qui  en  sont  pourvus,  le  radius  est  précisément  le  centre 
des  mouvements  qu'il  exécute. 

»  On  remarquera  que,  dans  cette  pièce,  le  cubitus  est  incurvé  en  dehors, 
incurvation  facile  à  expliquer  par  l'absence  même  du  radius.    » 

La  Société  Lixnéexne  de  Normandie  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
la  comprendre  dans  le  nombre  des  Sociétés  savantes  auxquelles  elle  fait  don 
de  ses  Comptes  rendus;  elle  rappelle  l'envoi  qu'elle  a  fait  régulièrement, 
depuis  sa  fondation,  de  toutes  ses  publications. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  Moreau-Lemoine  demande  un  tour  de  lecture  pour  un  Mémoire 
concernant  un  galvanomètre  de  son  invention.  Autant  qu'on  en  peut  juger 
d'après  les  termes  de  la  Lettre,  l'auteur  ne  voudrait  pas  soumettre  son  in- 
vention au  jugement  d'une  Commission  déterminée,  mais  la  communiquer 
simplement  à  l'Académie.  Dans  ces  conditions,  la  demande  de  M.  Moreau- 
Lemoine  ne  saurait  être  admise;  s'il  veut  envoyer  son  Mémoire,  l'Académie 
jugera  s'il  y  a  lieu  de  le  renvoyer  à  l'examen  d'une  Commission. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  r 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  3o  mars  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Connaissance  des  temps  ou  des  mouvements  célestes,  à  l'usage  des  astronomes 
et  des  navigateurs,  pour  l'année  186/j  ;  publiée  par  le  Bureau  des  Longitudes. 
Paris,   i863;  vol.  in-8°. 


(  6oï  ) 
Etudes  et  lectures  sur  tes  sciences  cl  'observation  et  leurs  applications  pratiques  ; 
par  M.  Babinet;  VIP  volume.  Paris,  1 863 -,  vol.  in-18. 

Mémoire  sur  la  théorie  de  la  résistance  statique  et  dynamique  des  solides,  sur- 
tout aux  impulsions,  comme  celle  du  tir  des  canons  ;  par  Jean  Cavalli.  Turin, 
1 863 ;  in-4°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  le  général  Marin.) 

Recherches  théoriques  et  pratiques  sur  divers  sujets  d'agronomie  et  île  chimie 
appliquée  à  l'agriculture;  par  M.  J.  Isidore  Pierre;  nouvelle  série,  i85o,- 
r862.  Caen,  1 863  ;  in-8°. 

Recherches  analytiques  et  essais  pratiques  sur  diverses  questions  d'agronomie  : 
par  le  même.  Caen,  1862;  in-8°. 

Chimie  agricole,  ou  l'Agriculture  considérée  dans  ses  rapports  principaux  avec- 
la  Chimie;  par  le  même.  Paris,  i863;  vol.  in-8°. 

Etudes  comparées  sur  la  culture  des  céréales,  des  plantes  fourragères  et  de 
plantes  industrielles;  par  le  même.  Paris,  1 859 ;  in-12. 

De  l'alimentation  du  bétail  aux  points  de  vue  de  ta  production,  du  travail,  de 
la  viande,  de  la  graisse,  de  la  laine,  du  lait  et  des  engrais  ;  par  le  même.  Paris, 
1860  ;  in-12. 

Notions  élémentaires  d'analyse  chimique  appliquée  à  l'agriculture  ;  par  le 
même.  Paris,  1861;  in-12. 

Prairies  artificielles  :  des  causes  de  diminutions  de  leurs  produits  ;  études  sur 
tes  moyens  de  prévenir  leur  dégénérescence  ;  parle  même.  Orléans,  1861;  in-12. 
Les  sept  ouvrages  de  M.  Isidore  Pierre,  destinés  au  concours  poul- 
ie prix  Morogues,  seront,  de  plus,  soumis  à  l'examen  de  la  Section  d'Éco- 
nomie rurale,  l'auteur  ayant  annoncé  l'intention  de  se  présenter  comme 
candidat  pour  la  place  vacante  dans  cette  Section,  par  suite  du  décès  de 
M.  de  Gasparin. 

Traité  des  constructions  rurales  et  de  leur  disposition  ;  par  Louis  BOUCHARD  ; 
t.  I,  ire  et  2e  livraisons;  t.  II,  3e  livraison.  Paris,  3  vol.  in-8°. 

Habitations  à  l'usage  des  cultivateurs  ;  par  le  même.  Paris,  1 863  ;  in-8°. 
Disposition  des  j  umières  et  des  latrines  dans  les  exploitations  rurales;  par  le 
même.  Paris,  in-8°. 

Bibliographie.  Ouvrages  publiés  jusqu'à  ce  jour  sur  tes  constructions  rurales 
et  sur  la  disposition  des  jardins;  par  le  même.  Paris,  1860;  in-8°. 

Ces  divers  ouvrages  de  M.  L.  Bouchard  sont  destinés  au  concours  pour 
le  prix  Morogues. 

Traité  d'économie  rurale;  par  L.-A.  LONDET  ;  t.  I.  Paris,  vol.  in-8°.  (Des- 
tiné au  concours  pour  le  prix  Morogues.  ) 


(  6oa 

Considéra  lions  pratiques  sur  les  hernies  ombilicales  congénitales  el  leur  trai- 
tement ;  par  M.  le  Dc  Debout.  (Extrait  du  Bulletin  général  de  Thérapeutique.) 
Pans,  br.  in-8°. 

Coup  d'oeil  sur  une  des  formes  tes  plus  rares  du  bec-de-lièvre,  les  fissures  ho- 
rizontales: Remarques  et  observations  ;  par  le  même.  Paris,  br.  in-8°. 

Enquête  sur  les  ressources  de  la  prothèse  dans  les  cas  d'arrêt  de  développement 
congénital  des  membres  abdominaux  el  spécialement  de  l'un  d'eux;  par  le 
même.  Paris,  br.  in-8°.  (Cet  ouvrage  et  les  deux  précédents  sont  destinés 
au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  i863.) 

Nouvelles  recherches  cliniques  el  analomiques  sur  l'ataxie  locomotrice  pro- 
gressive; parie  Dr  Hipp.  BOURDON.  (Extrait  des  Archives  générales  de  Méde- 
cine,  n°  d'avril  1862.)  Paris,  1862;  br.  in-8°.  (Destiné  au  concours  pour  les 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  1 863.) 

Der  katarrh...  Catarrhe  des  organes  génitaux  intérieurs  de  la  femme;  par  le 
Dr  Cari  Hennig.  Leipsig,  1862;  in-4°  avec  planches.  (Destiné  au  concours 
pour  les  prix  de  Médecineet  de  Chirurgie  de  1 863.  ) 

Sul  movimento...  Mémoire  sur  le  mouvement  intestinal;  par  le  prof. 
Paolijni.  Bologne,  1 863  ;  br.  in  \".  (Concours  pour  les  prix  de  Médecine  el 
de  Chirurgie.  ) 

Eludes  sur  la  dysenterie  aux  points  de  vue  de  l'éliologie,  de  la  nature  el  du 
I rarement,  suivies  de  considérations  générales  sur  toute  une  classe  de  maladies, 
les  septicémies,  ou  maladies  par  empoisonnement  du  sang;  par  le  Dr  Danis. 
Valenciennes,  1862;  br.  in  8°.  (Destiné  au  concours  pour  le  prix  du  leg 
Hreant.  ) 

Théorie  électrique  du  froid,  delà  chaleur  el  de  la  lumière;  par  le  Dr  F.-Aug. 
Durand  (de  Lunel).  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

La  faune  de  Sainl-Prest,  près  Chartres  [Eure-et-Loir);  par  M.  Laugel. 
(Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France.)  Paris,  trois  quarts 
de  feuille  in-8u. 

Note  sur  la  grandeui  apparente  des  objets  vus  au  moyen  des  instruments  d'op- 
tique s  conditions  qui  doivent  présider  à  l'appréciation  de  leur  pouvoir  ampli- 
fiant; par  M.   Giraud-Teulon.   (Extrait  des  Mémoires  des  Concours  et  des 
Savants  étrangers,  publiés  par  l'Académie  royale  de   Médecine  de  Belgique. 
Bruxelles,  i863;  br.  in -4°. 

Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  el  des  Beaux- A  ris 
de  Belgique  pour  1 863.  Bruxelles,  i863;  in- 12. 

Menton...  Essai  climatologique  sur  ses  différentes  régions;  par  le  Dr  J.-F. 
Farina.  Paris,  i863;  in-12. 


(  6o3  ) 

On  the  theory...  Sur  la  théorie  des  polyèdres;  par  le  Rev.  Thomas  P. 
K.IKKMAN.  1862;  br.  in-4°. 

On  maximum  groups...  Sur  les  groupes  maximum;  par  le  même;  demi- 
feuille  in-8°. 

Applications...  Applications  de  la  théorie  des  polyèdres  à  t'énumérctlion  et 
au  classement  des  résultats;  par  le  même.  (Extrait  des  Proceedings  of  the 
Royal  Society.  )  Br.  in-8°. 

Almanaque...  Almanach  nautique  pour  l'année  1864  ;  calculé  par  ordre 
de  S.  M.  à  l'Observatoire  de  marine  de  la  ville  de  San-Fernando.  Cadix, 
1862;  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  G  AVRIL   1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  d'une  Lettre  de  M.  C.  Bravais 
annonçant  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de 
M.  Auguste  Bravais,  son  frère,  Membre  de  la  Section  de  Géographie  et  de 
Navigation,  décédé  à  Versailles  le  3o  mars  1 863. 

Quoique  cette  Lettre,  qui  était  adressée  à  M.  le  Président,  lui  soit  parve- 
nue trop  tard  pour  que  les  convocations  d'usage  aient  pu  être  faites,  plu- 
sieurs Membres  de  l'Académie  ont  pu  assister  aux  obsèques  de  leur  regretté 
confrère,  et  M.  de  Tessan  a  prononcé  sur  sa  tombe  un  discours  dont  un 
exemplaire  est  déposé  sur  le  bureau. 

économie  rurale.  —  Expériences  sur  l'alimentation  et  C  engraissement   du 
bétail  (Suite)  ;  par  M.  Jules  Reiset.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

Valeur  alimentaire  comparée   de   la  betterave  crue,  de  la   betterave  cuite  et  des  pulpes  de 
betterave  fourmes  par  les  distilleries  agricoles. 

«  Depuis  que  la  culture  de  la  betterave  se  répand,  depuis  que  cette  pré- 
cieuse racine  est  devenue  la  matière  première  d'industries  annexées  avec 
avantage  aux  exploitations  rurales,  on  s'est  posé  souvent  la  question  de 
savoir  quelle  valeur  alimentaire  il  faut  attribuer,  soit  à  la  betterave  natu- 
relle, contenant  tous  ses  principes  sucrés,  soit  aux  résidus  privés  de  sucre 
que  fournissent  les  sucreries  ou  les  distilleries. 

C.  R  ,  186Î,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  14.)  8o 


(  6o6  ) 

»  La  betterave,  sous  toutes  les  formes,  a  trouvé  des  partisans  exclusifs: 
les  uns  déclarent  que  cette  racine  cuite  à  la  vapeur  procure  l'engraissement 
le  plus  rapide,  le  plus  avantageux;  les  autres  préfèrent  la  betterave  crue  ; 
d'autres  enfin  vont  jusqu'à  proclamer  que  les  principes  sucrés  sont  nuisi- 
bles, ou  tout  au  moins  inutiles  pendant  l'alimentation;  suivant  eux,  la 
pulpe  privée  du  sucre  vaut  la  betterave  ou  vaut  mieux  que  la  betterave. 

»  L'établissement  d'une  distillerie  agricole  sur  mon  exploitation  devait 
m'amener  nécessairement  à  faire  quelques  expériences  comparatives  sur 
une  question  si  intéressante  et  si  vivement  débattue. 

<•  Au  mois  de  novembre  i856,  j'ai  composé  trois  lots  de  cinq  moutons 
chacun. 

»  Ces  moutons,  nés  à  la  ferme  et  produits  d'un  premier  croisement 
South-Down,  étaient  âgés  de  vingt-trois  mois;  on  les  a  choisis  aussi  sem- 
blables que  possible. 

»  Ces  lots  ont  été  installés  dans  une  vaste  bergerie,  chacun  clans  un  com- 
partiment distinct;  une  galerie  intérieure  permettait  défaire  commodément 
le  service  des  mangeoires  et  des  râteliers  sans  troubler  les  animaux. 

»  On  pesait  régulièrement  chaque  jour  la  nourriture,  en  tenant  compte 
des  aliments  non  consommés. 

»  Des  tableaux  indiquent  le  poids  de  la  consommation  totale  pour  chaque 
lot  de  moutons,  déduction  faite  des  résidus,  pendant  les  166  jours  que  dure 
l'expérience. 

»  En  constatant  la  différence  des  rendements  dus  aux  différents  régimes, 
les  tableaux  montrent  que  ces  trois  lots  de  moutons  étaient  parvenus  à  un 
état  satisfaisant  d'engraissement.  J'ajoute  que  la  viande  des  moutons  livrés 
au  boucher  a  été  trouvée  de  première  qualité. 

»   Le   lot    n°   1    à   consommé   3io/3   kilogrammes  de   betteraves   crues, 

167  kilogrammes  de  menue  paille  et  161  kilogrammes  de  son. 

»  L'augmentation  de  poids  vivant  a  été  de  4^k,3. 

»  Le  lot  n°  2  a  consommé  4o5a  kilogrammes  de  pulpes,  63  kilogrammes 
de  menue  paille  et  161  kilogrammes  de  son. 

»  L'augmentation  de  poids  vivant  a  été  de  3o,k,g. 

0  Le  lot  n°  3  a  consommé  4 1 5o,  kilogrammes  de  betteraves  cuites  à  la  va- 
peur, soit  3466  kilogrammes  de  betteraves  naturelles,  167  kilogrammes  de 
menue  uaille  et  161  kilogrammes  de  son. 

»   L'augmentation  de  poids  vivant  a  été  de  58k,y. 

»   La  quantité  de  son  et  de  menue  paille  restant  invariable  pour  tous  les 


(  «o7  ) 
moutons,   on  peut  attribuer  sans  erreur  aux  rations  de  betteraves  et  de 
pulpes  les  différences  observées  dans  l'augmentation  du  poids  vivant. 

»  Le  simple  rapprochement  des  chiffres  permet  d'établir,  dès  à  présent, 
la  valeur  alimentaire  de  la  betterave  crue,  de  la  betterave  cuite  et  de  la 
pulpe. 

»  Pour  produire  i  kilogramme  de  poids  vivant,  les  moutons  du  lot  n°  i 
ont  consommé  70  kilogrammes  de  betteraves  crues. 

>>  Pour  produire,  dans  les  mêmes  conditions,  1  kilogramme  de  poids 
vivant,  les  moulons  du  lot  n°  1  ont  dû  consommer  101  kilogrammes  de 
pulpes  de  distillerie. 

»  Enfin,  pour  produire  1  kilogramme  de  poids  vivant,  les  moutons  du 
lot  n°  3  ont  consommé  70  kilogrammes  de  betteraves  cuites  à  la  vapeur, 
poids  correspondant  à  5g  kilogrammes  seulement  de  betteraves  naturelles 
avant  la  cuisson. 

»  On  voit  que  les  partisans  exclusifs  de  la  pulpe  de  distillerie  ont  tort  de 
vouloir  exagérer  sa  valeur,  en  disant  qu'à  poids  égal  elle  vaut  la  betterave, 
ou  même  qu'elle  vaut  mieux  cpie  la  betterave.  On  fait  ainsi  trop  bon  marché 
des  principes  sucrés  et  de  leur  rôle  pendant  l'engraissement.  La  vérité,  c'est 
que,  pour  obtenir  les  mêmes  produits,  il  faut  en  chiffres  ronds  100  kilo- 
grammes de  pulpes  et  65  kilogrammes  de  betteraves,  en  prenant  une 
moyenne  entre  les  betteraves  crues  et  les  betteraveo  consommées  après 
cuisson. 

»  En  d'autres  termes,  le  prix  de  la  pulpe  ne  peut  dépasser  8  francs,  si 
dans  la  ferme  on  donne  à  la  betterave  une  valeur  de  12  francs  par  1000  ki- 
logrammes. 

»  Avant  d'établir  le  prix  de  revient  de  1  kilogramme  de  poids  vivant, 
pour  chacun  des  trois  lots,  il  eat  intéressant  de  fixer  exactement  la  valeur 
des  fumiers  produits. 

»  La  pesée  de  la  litière  imprégnée  des  excréments  ne  pouvait  conduire 
à  un  résultat  exact,  la  quantité  de  paille  dont  elle  est  formée  étant  essen- 
tiellement variable.  J'ai  eu  recours  à  la  méthode  que  j'avais  déjà  employée  : 
je  plaçai  pendant  vingt-quatre  heures  trois  moutons  dans  la  petite  bergerie 
spéciale,  dont  le  sol  carrelé  permet  de  recueillir  sans  perte  les  excréments 
libres  de  tous  corps  étrangers,  pour  les  livrer  ensuite  à  l'analyse. 

»  Les  cinq  moutons  du  lot  n°  1  ayant  fourni  en  moyenne  46gr,5  d'azote 
en  vingt-quatre  heures  par  leurs  excréments,  on  trouve  que  la  valeur  en 
argent  de  ce  fumier  est  de  \i  centimes  par  jour,  en  adoptant  comme  base 

80.. 


(  608  ) 

de  comparaison  le  prix  de  l'azote    contenu    dans  le  guano  ou   dans   les 
tourteaux. 

»  Les  cinq  moutons  du  lot  n°  2  ont  fourni  66gr,75  d'azote  en  vingt- 
quatre  heures.  La  valeur  de  ce  fumier  est  donc  de  17e, 5  par  jour  en  adop- 
tant les  mêmes  bases  de  calcul. 

«  Enfin,  les  cinq  moutons  du  lot  n°  3  fournissent  54  grammes  d'azote  en 
vingt-quatre  heures  dans  leurs  excréments.  On  doit  estimera  14  centimes 
la  valeur  de  ce  fumier. 

»  Cette  donnée  obtenue,  un  simple  compte  de  balance  va  fournir  le 
prix  de  revient  du  kilogramme  de  poids  vivant. 

«  J  ai  pris  pour  base  de  ces  calculs  les  prix  établis  précédemment,  soit 
12  francs  pour  la  betterave  et  8  francs  pour  la  pulpe  de  distillerie  par 
1000  kilogrammes.  Dans  ces  conditions,  la  pulpe  produit  le  kilogramme  de 
poids  vivant  à  ofr,8o,  la  betterave  crue  à  ifr,  i5,  et  la  betterave  consommée 
après  cuisson  à  ofr,8g. 

»  Je  n'ai  pas  tenu  compte  de  la  paille  donnée  aux  moutons  dans  les  râ- 
teliers. Les  animaux  n'en  mangeaient  qu'une  quantité  insignifiante;  la  ra- 
tion de  menue  paille  leur  suffisait.  Cette  paille  des  râteliers  était  donc  em- 
ployée presque  entièrement  à  former  la  litière;  elle  augmentait  d'autant  la 
valeur  des  lumiers  obtenus.  Mais  cette  plus-value  ne  peut  figurer  dans  un 
compte  régulier  d'engraissement,  puisque,  suivant  les  circonstances,  il  peut 
être  avantageux  de  tirer  parti  de  la  paille  autrement  qu'en  litière,  les  ani- 
maux pouvant  être  placés,  soit  sur  des  planchers,  soit  sur  la  terre  elle-même 
dans  des  bergeries  mobiles,  ainsi  que  je  le  pratique  pour  une  partie  de  mon 
troupeau. 

»  Pour  produire  1  kilogramme  de  poids  vivant,  le  lot  n°  1,  régime  des 
betteraves  crues,  a  consommé  235  grammes  d'azote;  le  lot  n°  2,  régime 
des  pulpes,  327  grammes  d'azote;  le  lot  n°  3,  régime  des  betteraves  cuites, 
187  grammes  d'azote. 

»  La  comparaison  de  ces  résultats  donne  un  avantage  marqué  à  la  bet- 
terave cuite. 

»  Mais  avant  de  conclure  d'une  manière  positive  sur  la  valeur  aliim  n- 
taire  qu'il  convient  d'attribuer  à  la  betterave  crue,  à  la  betterave  cuite  et  à 
la  pulpe,  j'ai  cru  devoir  entreprendre  une  nouvelle  expérience  dans  laquelle 
on  supprimerait  aux  moutons  la  ration  de  200  grammes  de  son  par  tête, 
qui  avait  pu  jouer  un  certain  rôle  dans  l'engraissement  par  son  mélàng< 
avec  les  autres  aliments. 

»  Je  n'avais  pas  osé  tout  d'abord  soumettre  mes  animaux  à  un  régime 


(6o9) 
composé  exclusivement  soit  de  betteraves,  soit  de  pulpes,  les  praticiens 
n'admettant  pas  que  le  bétail  puisse  être  engraissé,  ni  même  entretenu  con- 
venablement, dans  de  pareilles  conditions. 

»  Deuxième  expérience.  —  Dans  cette  seconde  expérience,  commencée  le 
iq  novembre  1861,  un  premier  lot  de  cinq  moutons  a  reçu,  pour  toute 
nourriture,  de  la  betterave  crue  et  de  la  paille;  un  deuxième  lot,  delà 
pulpe  et  de  la  paille;  un  troisième  lot,  des  betteraves  cuites  à  la  vapeur  et 
de  la  paille;  enfin  un  quatrième  Iota  reçu  chaque  jour,  pendant  toute  la 
durée  de  l'expérience,  2  kilogrammes  de  grain,  avec  une  abondante  ration 
de  pulpe. 

»  Je  devais  suivre  avec  d'autant  plus  d'intérêt  les  résultats  compa- 
ratifs de  cette  expérience,  que  le  régime  donné  au  quatrième  lot  était  pré- 
cisément celui  des  Zjoo  moutons  nourris  sur  mon  exploitation  pendant 
plusieurs  campagnes.  Il  m'importait  de  savoir  d'une  manière  positive  com- 
ment les  animaux  payent  la  ration  de  grains,  et  dans  quelle  proportion 
elle  augmente  les  produits.  Les  hommes  de  ma  ferme,  les  cultivateurs  voi- 
sins, avaient  jugé  par  avance  :  suivant  eux,  toutes  les  bonnes  chances  étaient 
en  faveur  du  quatrième  lot,  et  j'avais  quelque  peine  à  justifier  l'utilité  d'une 
pareille  expérience. 

»  Les  vingt  moutons,  choisis  bien  semblables,  provenaient  d'un  premier 
croisement  Sou  th-Down;  ils  étaient  nés  à  la  ferme  et  avaient  environ  22  mois 
au  i5  novembre.  Chaque  Iota  été  installé  séparément  dans  la  grande  ber- 
gerie, en  suivant  les  dispositions  prises  dans  la  première  expérience. 

»  Je  mets  en  regard  le  poids  des  moutons,  leur  rendement  après  la  mort, 
et  le  poids  des  aliments  consommés  pendant  les  1  56  jours  qu'a  duré  l'expé- 
rience. 

»  En  cherchant  à  établir  d'après  les  chiffres  obtenus  la  quantité  d'aliments 
nécessaire  pour  produire  un  accroissement  de  1  kilogramme  de  poids  vivant, 
on  trouve  qu'il  faut  :  61  kilogrammes  de  betteraves  crues  ;  o,8k,  07  de  pulpe  : 
71  kilogrammes  de  betteraves  consommées  après  cuisson  ;  75  kilogrammes 
de  pulpes  avec  ration  de  grain. 

»  Ces  résultats  confirment  ceux  de  la  première  expérience  :  pour  obtenir 
un  même  accroissement  de  poids,  il  faut,  en  chiffres  ronds,  100  kilogrammes 
de  pulpes  et  65  kilogrammes  de  betteraves,  en  prenant  toujours  la  moyenne 
entre  les  betteraves  crues  et  les  betteraves  consommées  après  cuisson.  On 
doit  remarquer  ici  que  la  ration  de  grain  donnée  au  lot  n°  4  a  remplacé 
25  kilogrammes  de  pulpes,  puisque,  pour  obtenir  1  kilogramme  de  poids 
vivant,  il  n'a  plus  fallu  que  75  kilogrammes  de  ce  même  aliment. 


(  6.o  ) 

»  Au  point  de  vue  économique,  nous  pouvons  déjà  constater  que  c'est  ]a 
un  assez  médiocre  résultat. 

»  La  proportion  du  prix  à  établir  reste  toujours  la  même  :  la  pulpe  aura 
les  deux  tiers  de  la  valeur  de  la  betterave. 

»  Pour  établir  la  balance  entre  les  dépenses  de  la  consommation  et  la  valeur 
des  fumiers  produits,  j'ai  admis,  dans  cette  seconde  expérience,  les  données 
analytiques  obtenues  dans  la  première. 

>•  J'adopte  un  prix  moyen  de  3  centimes  par  jour  et  par  mouton,  comme 
valeur  des  fumiers;  soit  i5  centimes  pour  les  cinq  moutons  composant 
chaque  lot. 

»  Pour  gagner  65k, 25,  les  moutons  du  lot  n°  i  ont  consommé  4002  kilo- 
grammes de  betteraves  crues,  et  3i2  kilogrammes  de  menue  paille. 

»  Le  prix  de  revient  du  kilogramme  de  poids  vivant  est  de  ofr,6i,  déduc- 
tion faite  de  la  valeur  des  fumiers. 

»  Pour  gagner  58k,  75,  les  moutons  du  lot  nu  2  ont  consommé  5797  kilo- 
grammes de  pulpes  et  3i2  kilogrammes  de  paille. 

»  Le  prix  de  revient  de  1  kilogramme  de  poids  vivant  est  de  ofr,65. 

»  Pour  gagner  59  kilogrammes,  les  moutons  du  lot  n°  3  ont  consommé 
5070  kilogrammes  de  betteraves  après  cuisson,  représentant  4226  kilo- 
grammes de  betteraves  naturelles  et  3i  2  kilogrammes  de  paille. 

»   Le  prix  de  revient  de  i  kilogramme  de  poids  vivant  est  de  ofr,  73. 

»  Pour  gagner  6ik,  5 ,  les  moutons  du  lot  n°  4  ont  consommé  4588  kilo- 
grammes de  pulpes,  122  kilogrammes  d'orge,  i38k,5  d'avoine,  3i2  kilo- 
grammes de  paille,  et  34  kilogrammes  de  son. 

»   Le  prix  de  revient  de  1  kilogramme  de  poids  vivant  est  de  ifr,32. 

»  L'expérience  dont  je  viens  de  rendre  compte  offre  des  résultats  pra- 
tiques d'une  nature  importante  qu'il  convient  de  signaler.  Un  régime 
exclusivement  composé,  soit  de  betteraves,  soit  de  pulpes  avec  de  la  paille, 
a  pu  amener  les  moutons  à  un  état  complet  d'engraissement. 

»  Le  lot  n°  1 ,  qui  n'a  mangé  que  de  la  betterave  crue,  sans  un  seul  grain,  a 
même  donné  le  plus  grand  poids  vivant.  Le  rendement  à  la  mort  ne  laissait 
rien  à  désirer,  et  j'ai  pu  constater  par  moi-même  que  la  viande  était  excel- 
lente et  de  première  qualité. 

»  Une  forte  ration  de  grain,  ajoutée  au  régime  de  la  pulpe,  n'a  pas  sensi- 
blement augmenté  le  produit  en  poids  vivant. 

»  Pour  obtenir,  en  faveur  du  lot  n°  4?  une  différence  qui  n'atteint  pas 
3  kilogrammes  de  viande,  on  a  dépensé  3oo  kilogrammes  de  grains,  ayant 
une  valeur  de  52  francs. 


(  6n  ) 

n  Un  pareil  résultat  n'a  pas  besoin  de  commentaires  :  je  me  suis  empresse 
de  mettre  à  profit  une  si  utile  indication,  et,  depuis  cette  époque,  j'ai  mo- 
difié avec  un  grand  avantage  l'alimentation  de  mes  4oo  bètes. 

»  J'ai  réservé  pour  la  fin  de  l'engraissement  l'emploi  des  tourteaux  ou  des 
grains.  Une  nourriture  un  peu  stimulante,  dans  cette  dernière  période  de 
l'engraissement,  produit  un  effet  utile  en  augmentant  très-notablement  la 
force  d'assimilation  ;  sous  cette  influence,  le  bétail  gagne  en  finesse  et  en 
qualité;  c'est  là  un  fait  dont  il  faut  tenir  compte  dans  la  pratique,  et,  tout 
en  recherchant  les  conditions  les  plus  économiques  pour  la  production  de 
la  viande,  on  ne  doit  pas  oublier  que  l'augmentation  de  poids  ne  constitue 
pas  seule  la  valeur  qui  sera  attribuée  à  la  béte  de  boucherie.  Par  un  engrais- 
sement convenable,  le  kilogramme  de  viande  acquiert  une  plus-value  con- 
sidérable, qui  devient  le  principal  profit  de  l'opération.  On  sait  que  la 
viande  maigre,  payée  sur  pied  i  franc  le  kilogramme,  atteint  souvent  le  prix 
de  i  francs  après  un  bon  engraissement. 

<>  J'ai  vu  des  cultivateurs  sérieux  continuer  à  nourrir  chèrement  des  ani- 
maux déjà  gras,  en  disant  que  la  qualité  exceptionnelle  des  produits  obtenus 
leur  permet  de  réaliser  des  prix  de  vente  leur  remboursant  généreusement 
les  sacrifices  exceptionnels  qu'ils  se  sont  imposés. 

»  J'avoue  que  j'ai  quelque  peine  à  considérer  ce  système  comme  vérita- 
blement avantageux,  et  je  dois  dire  que  je  ne  l'ai  pas  encore  pratiqué.  Les 
animaux  si  remarquables  que  présente  chaque  année  le  concours  de  Poissv 
donneraient,  je  pense,  peu  de  bénéfices  à  leurs  propriétaires,  si  l'on  ne 
pouvait  faire  entrer  en  ligne  de  compte  le  solde  d'une  prime  considérable. 

»  Produire  économiquement  beaucoup  de  bons  animaux  de  boucherie,  tel 
est  le  but  que  nous  devons  tous  poursuivre  dans  l'intérêt  de  l'agriculture 
^t  de  la  consommation. 

»  A  ce  point  de  vue,  il  faut  reconnaître  que  l'établissement  des  sucreries 
et  des  distilleries  agricoles  a  réalisé  un  grand  progrès,  presque  un  bienfait, 
en  fournissant  dans  les  fermes  d'abondantes  nourritures,  très-profitables  au 
bétail,  et  permettant  d'obtenir  une  production  de  viande  peu  coûteuse.  » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Machine  à  air  chaud  d'un  nouveau  système; 
par  MM.  Burdin  et  Bolrget. 

«  D'après  le  Moniteur  du  o.5  novembre  1860,  une  machine  à  air  chaud, 
construite  suivant  le  système  de  M.  Belou,  a  fontionné  avec  succès  devant 
S.  M.  l'Empereur  lui-même.  Pendant  l'expérience,  la  dépense  n'a  été  que 


(  6ia  ) 
île  ok,8  de  charbon  par  heure  et  par  force  de  cheval.  Depuis,  M.  Tresca,  eu 
soumettant  l'appareil  à  de  nouvelles  épreuves,  n'a  plus  trouvé  les  mêmes 
résultats,  et  il  semble  que  ces  machines,  remarquables,  au  début  de  leur 
fonctionnement,  par  leurs  avantages  économiques,  s'abaissent  rapidement 
au  niveau  des  machines  à  vapeur  ordinaires.  Convaincus,  par  nos  longues 
études  sur  cette  matière  (études  qui  datent  de  près  de  trente  années),  que 
l'air  chaud  employé  comme  moteur  a  une  supériorité  relative  bien  réelle  sur 
la  vapeur,  nous  croyons  que  M.  Belou  et  son  honorable  compagnie  ne  doi- 
vent nullement  désespérer  du  succès  de  leur  entreprise,  et  nous  venons 
aujourd'hui  les  encourager  en  proposant  une  combinaison  mécanique  qui 
présente  des  avantages  incontestables  sur  tout  ce  qui  a  été  fait  jusqu'à  pré- 
sent ,  et  notamment  sur  ce  que  nous  avons  proposé  nous-mêmes  dans  des 
.Mémoires  précédents  (i).  Nos  calculs  s'appuient  sur  les  formules  connues 
de  la  théorie  des  gaz  permanents,  et  par  suite  nos  résultats  théoriques  sont 
aussi  certains  que  les  lois  de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac  qui  leur  servent 
de  base. 

»  Conformément  au  principe  que  l'un  de  nous  a  émis  (2),  la  machine 
Belou  emploie  comme  gaz  moteur  le  produit  même  de  la  combustion  dans 
un  cylindre  alésé  ordinaire.  On  comprend  que  l'impureté  de  l'air  doit  être, 
dans  la  pratique,  une  cause  d'encrassement  rapide.  La  température  du  gaz 
moteur  varie  de  3oo°  à  4oo°;  cette  température  est  trop  élevée  pour  qu'il  n'y 
ait  pas  grippement  des  métaux,  et  d'autre  part  elle  est  trop  basse  pour  qu'il 
soit  possible  d'opérer  une  récurrence  de  la  chaleur  des  gaz  à  leur  sortie. 
La  théorie  indique  en  outre  cpie  la  machine  fonctionnant  à  cette  température 
doit  être  encombrante  ,  si  la  pression  de  l'air  n'est  pas  considérable.  Enfin, 
elle  agit  par  différence,  car  elle  offre,  à  côté  du  cylindre  moteur,  un  soufflet 
destiné  à  comprimer  l'air  à  son  entrée.  Si  donc,  par  suite  des  détériora- 
tions inévitables ,  le  travail  du  cylindre  moteur  diminue  dans  une  certaine 
proportion,  et  celui  qui  est  nécessaire  à  la  compression  augmente,  le  travail 
disponible,  qui  en  est  la  différence,  diminue  rapidement,  par  double  raison  : 
:'esl  une  objection  grave  formulée  par  M.  Reech. 

■   La  machine  que  nous  proposons  de  lui  substituer  présente  les  avan- 
tages suivants:   i°  elle  agit  à  une  haute  température,  à  6oo°  environ  :  son 


(1)  Théorie  mathématique  des  machines  à  air  chaud,  Comptes  rendus  de  l'Académie. 
i-SSy,  t.  XLV,  p.  ^42  et  io6q. 

(2)  Annales  des  Mines,  i835,  p.  47'- — Comptes  rendus  de  V Académie,  i3  avril  i836. — 
Compte':  rendus-  de  V Académie,  3o  octobre  1837. 


(0.3  ) 
encombrement  est  donc  moindre;  20  malgré  cette  haute  température  du  gaz 
moteur,  le  piston  est  dans  le  même  état  de  frottement  que  celui  des  cylin- 
dres à  vapeur  ordinaires;  3°  la  soufflerie  ne  constitue  plus  une  machine  à 
part;  c'est  le  piston  moteur  lui-même  qui  comprime  l'air  dans  une  partie 
de  sa  course  :  les  espaces  nuisibles  sont  donc  diminués,  et  l'on  échappe 
complètement,  si  le  piston  n'offre  pas  de  fuite,  à  l'objection  de  M.  Reech  ; 
4°  l'air  moteur  est  parfaitement  pur,  sa  température  s'obtient  par  un  sys- 
tème de  tubes  surchaufléurs  ;  5°  la  chaleur  du  gaz  à  sa  sortie  est  reprise  par 
le  foyer  sans  addition  d'appareils  embarrassants;  6°  en  résumé,  la  théorie 
démontre  avec  certitude  que  cette  machine  doit  être  au  moins  trois  fois  plus 
économique  que  les  machines  de  Cornouailles  qui  dépensent  1  kilogramme 
de  charbon  par  heure  et  par  force  de  cheval. 

»  Voici  les  dispositions  générales  que  nous  adoptons;  nous  supprimons 
la  description  des  détails,  que  les  praticiens  pourront  modifier,  et  qui  n'en- 
trent pas  dans  le  plan  général. 

»  i°  Imaginons  un  cylindre  ordinaire  alésé  avec  beaucoup  de  soin,  et 
un  piston  se  mouvant  dans  ce  cylindre  absolument  comme  dans  les  machines 
à  vapeur  ordinaires. 

»  a°  Les  deux  faces  de  ce  piston  sont  surmontées  de  manchons  cylin- 
driques ayant  pour  longueur  chacun  celle  du  cylindre,  de  telle  sorte  que  le 
piston  est  la  base  commune  de  deux  cylindres  ouverts  par  les  deux  autres 
extrémités.  Les  parties  extérieures  sont  en  tôle;  la  surface  interne  est  garnie 
de  terre  cuite. 

»  3°  Pour  loger  ces  manchons  dans  les  mouvements  de  va-et-vient  du 
piston,  il  faut  placer  sur  chacun  des  deux  fonds  du  cylindre  moteur  un 
espace  annulaire  en  tôle  de  même  longueur,  de  telle  sorte  que  ce  cylindre 
présente  de  part  et  d'autre  deux  prolongements  qui  triplent  sa  longueur. 

»  4°  Deux  pistons  imparfaits,  c'est-à-dire  ne  frottant  que  très-peu,  se 
meuvent,  de  part  et  d'autre  du  piston  principal,  dans  l'intérieur  des  man- 
chons décrits  ci-dessus.  Chacun  de  ces  pistons  imparfaits  est  un  cylindre 
ouvert  par  un  bout  et  fermé  du  côté  du  piston  principal  ;  une  tige  traver- 
sant le  fond  du  cylindre  alésé  le  met  en  mouvement;  la  surface  cylindrique 
ouverte  se  loge  dans  l'espace  annulaire  dont  on  a  parlé  précédemment. 

»  5°  Un  tube  porté  par  ce  piston  imparfait,  et  muni  d'une  soupape  con- 
venablement disposée  ou  de  tout  autre  organe  équivalent,  met  en  commu- 
nication avec  l'extérieur  du  cylindre  moteur  l'intervalle  compris  entre  le 

C    R.,  i863,   1"  Semestre.  (T.  LV1,  N°  14.)  8l 


(  6.4  ) 

piston  principal  et  ce  piston  imparfait.  Ce  tube  traverse  à  frottement  doux 
le  fond  du  cylindre  alésé. 

»  Ces  dispositions  indiquées,  décrivons  le  jeu  de  la  machine.  Suppo- 
sons-la verticalement  placée  et  le  piston  moteur  au  haut  de  sa  course,  pour 
fixer  les  idées.  Nous  supposerons  l'air  chaud  à  6oo°,  sa  pression  égale  à 
8  atmosphères,  et  la  détente  poussée  jusqu'à  la  pression  atmosphérique. 

»  Le  piston  moteur  descend,  poussé  à  pleine  pression.  En  même  temps, 
le  piston  imparfait  inférieur  vient  à  sa  rencontre,  et  son  tube  est  ouvert  de 
dedans  en  dehors.  L"air  détendu  qui  avait  agi  précédemment  part  à  travers 
le  tube,  et  en  même  temps  ce  piston  imparfait  aspire  derrière  lui,  c'est-à-dire 
entreson  fond  et  celui  du  cylindre,  une  quantité  convenable  d'air  ordinaire. 
Une  fois  arrivé  au  contact  du  piston  moteur,  le  piston  imparfait  rebrousse 
chemin,  poussé  par  l'autre  que  la  détente  de  l'air  chaud  fait  mouvoir  dans 
cette  partie  de  sa  course,  et  tout  l'air  aspiré  est  refoulé  à  travers  un  tube  qui 
s'ouvre  à  propos  dans  le  réservoir-chaudière  où  il  doit  s'échauffer.  Les  deux 
pistons  sont  maintenant  au  bas  de  leur  course. 

»  Par  le  mouvement  d'un  tiroir,  l'air  chaud  et  comprimé  arrive  sur  la 
face  inférieure  du  piston;  il  remonte.  Le  pistou  imparfait  inférieur  reste 
immobile;  le  supérieur  descend  à  la  rencontre  du  piston  moteur;  une  sou- 
pape s'ouvre  qui  permet  à  l'air  du  coup  précédent  de  s'échapper  par  un 
tuyau  décrit,  et,  comme  précédemment,  une  quantité  d'air  ordinaire  est 
aspirée  en  même  temps  pour  être  refoulée  dans  le  réservoir-chaudière  après 
la  rencontre  des  deux  pistons.  Les  mêmes  phénomènes  se  reproduisent  indé- 
finiment. 

»  L'air  détendu  qui  s'échappe  par  le  tuyau  dont  le  piston  imparfait  est 
muni  est  parfaitement  pur  et  à  la  température  de  2o3°  environ;  c'est  lui 
qui  au  moyen  d'un  régulateur  alimente  le  foyer. 

»  Le  foyer  est  ordinaire  ;  il  n'est  pas  clos,  comme  dans  les  machines  Belou 
ou  Pascal.  Nous  admettons  qu'il  n'utilise,  pour  réchauffement  de  l'air,  que 
la  moitié  du  combustible  consommé. 

«  Le  réservoir-chaudière  est  formé  d'un  régulateur  qui  maintient  sa  pres- 
sion constante,  qui  reste  à  la  température  de  l'air  comprimé  à  8  atmo- 
sphères, c'est-à-dire  à  227°,  et  qui  communique  avec  un  système  de  tubes 
surchauffeurs.  Ces  tubes,  que  l'air  comprimé  traverse  pour  se  rendre  dans 
le  cylindre  moteur,  ont  leurs  extrémités  plongées  dans  le  foyer.  Pour  rendre 
plus  rapide  l'élévation  de  la  température,  on  pourra  garnir  l'intérieur  de 
ces  tubes  de  toiles  métalliques  formant  comme  des  éponges  qui  diviseront 


(6rS  ) 
et  tamiseront  l'air,  de  telle  sorte  que  son  échauffement  sera  presque  in- 
stantané (i). 

»  La  fumée  du  foyer,  qui  possédera  à  sa  sortie  environ  3700,  servira  à 
chauffer  une  petite  chaudière  tubulaire  donnant  de  la  vapeur  d'eau.  Les 
tubes  seront  inclinés,  la  fumée  entrera  par  le  côté  le  plus  élevé  et  sortira 
par  l'extrémité  la  plus  basse,  de  telle  sorte  que  l'eau  et  le  courant  d'air 
échauffent*  marcheront  en  sens  contraire,  et  la  plus  grande  partie  du  calo- 
rique de  la  fumée  sera  enlevée;  nous  recommandons  cette  disposition  à  l'at- 
tention des  constructeurs.  La  vapeur  d'eau  formée  aura  8  atmosphères,  et 
par  conséquent  environ  1720.  Elle  servira  à  mettre  en  marche  la  machine, 
et  de  plus,  pendant  le  jeu  normal,  elle  sera  dirigée  dans  l'espace  situé  entre 
le  manchon  adapté  au  piston  et  la  paroi  interne  du  cylindre  alésé,  pendant 
tout  le  temps  de  l'admission  de  l'air  chaud  à  la  même  pression.  Le  piston 
se  trouvera  donc  dans  le  même  état  de  température  cpie  celui  des  loco- 
motives ordinaires.  Pendant  la  détente  de  l'air,  cette  vapeur  se  détendra 
aussi,  et  l'équilibre  de  pression  se  maintiendra.  Cette  vapeur  sera  dirigée 
ensuite  avec  l'air  détendu  sur  le  foyer  :  il  n'en  résultera  aucun  inconvénient 
au  point  de  vue  de  la  combustion  du  charbon;  on  pourra  aussi  la  jeter  dans 
l'atmosphère,  si  on  le  juge  nécessaire.  Si,  malgré  l'écran  de  terre  cuite,  la 
température  de  la  circonférence  frottante  du  piston  s'élevait  trop,  rien 
n'empêcherait  de  lancer  quelques  gouttes  d'eau  mêlées  à  la  vapeur. 

»  Nous  avons  soumis  au  calcul  la  machine  que  nous  venons  de  décrire, 
et,  en  employant  les  mêmes  notations  que  dans  un  autre  Mémoire  (2),  nous 
avons  obtenu  pour  l'effet  U  d'un  mètre  cube  d'air  pris  à  zéro,  pour  la  tem- 
pérature r  due  a  la  compression,  pour  la  température  0  après  la  détente, 
les  formules  suivantes 

U-i[f.  +  .T)(,-.-')  -(«'-.)], 

i  +  ar  =  n,      1  -1-  a9  =  (t  -t-  <xT)n     , 

dans  lesquelles  H  =  io333A-,  |3  =  0,291,  a  =  o,oo3665,  T  désigne  la  tem- 
pérature de  l'air  moteur,  n  la  pression  exprimée  en  nombre  d'atmosphères. 
Nous  supposerons  T=  6oo°  :  c'est  la  température  que  l'air,  chauffé  exté- 


(1)  On  pourra  même  munir  ces  tubes  de  patouillets  destinés  à  produire  une  agitation  de 
ces  toiles,  si  l'on  veut  faciliter  encore  réchauffement  de  l'air. 

(2)  Théorie   mathématique  des   machines   à  air  chaud  (présentée  à   l'Académie  dans    la 
séance  du  28  décembre  1857). 

81.. 


(0,6  ) 
rieuremenl  par  un  foyer  ponté  à  près  de  8oo°,  pourra  acquérir  facilement. 
«    Le  tableau  suivant  résume  nos  calculs  pour  diverses  pressions  : 


»  Les  quatre  premières  colonnes  de  ce  tableau  n'ont  pas  besoin  d'expli- 
cation; la  cinquième  donne  le  rendement  en  travail  d'un  kilogramme  de 
charbon  dépensé  clans  notre  machine  :  ce  rendement  a  été  calculé  au  moyen 
d'une  formule  que  nous  ne  rapportons  pas,  et  dans  laquelle  on  a  tenu 
compte  de  ce  cpie  le  foyer  n'utilise  que  la  moitié  du  combustible  qui  l'ali- 
mente. Les  nombres  de  la  cinquième  colonne  s'obtiennent  immédiatement 
au  moyen  des  précédents,  quand  on  sait  qu'une  bonne  machine  de  Cor- 
nouailles  produit  270000  kilogrammetres  par  kilogramme  de  houille. 

»  Ce  tableau  montre  qu'un  mètre  cube  d'air  porté  à  6oo°  produit  le 
maximum  d'effet  à  une  pression  comprise  entre  7  et  8  ;  la  formule  de  l 
donne  7,4-  Il  fait  voir  encore  que  la  machine  est  d'autant  plus  économique 
que  la  pression  de  l'air  augmente  davantage,  cpioiqu'à  partir  de  7,4  atmos- 
phères elle  fournisse  moins  de  travail  par  mètre  cube  d'air  débité.  Les  for- 
mules de  notre  théorie  rendent  compte  de  toutes  ces  particularités. 

»  Il  est  facile  de  prouver  que  la  combustion  de  la  houille  dans  notre 
foyer  sera  complète  et  ne  donnera  pas  d'oxyde  de  carbone.  D'après  les 
expériences  de  M.  Combes,  il  faut  au  moins  trois  fois  plus  d'air  que  ia 
quantité  chimiquement  nécessaire  pour  transformer  en  acide  carbonique 
un  kilogramme  de  houille;  il  faut  donc,  par  kilogramme  de  charbon  ou 
65oo  calories, 

3xii,6  =  34,8  kilogrammes  d'air; 
la  température  résultante  est  785°,  mais  notre  foyer  doit  fournir,  d'après  le 


(6i7  ) 
tableau  ci-dessus,  6oo°  —  227°  =  373°  à  l'air,  et  en  tenant  compte  de  la 
chaleur  apportée  par  l'air  de  la  détente,  il  suffit  de  168  calories  ou  de  ok,026 
-!e  charbon  pour  cet  effet.  Pour  transformer  ce  combustible  en  acide  car- 
bonique, il  faudra  ok,9o5  d'air;  comme  nous  en  fournissons  ik,2g3,  nous 
vjmmes  dans  des  conditions  plus  avantageuses.  La  température  finale  rie 
>>era  que  de  75o°,  au  lieu  de  786,  à  cause  de  l'excès  de  gaz;  mais  c'est  une 
température  bien  supérieure  à  celle  qui  est  nécessaire  à  la  combustion  de 
l'oxyde  de  carbone. 

>.  Les  intermittences  du  foyer  feront  nécessairement  varier  la  tempéra- 
ture de  l'air  autour  de  6oo°;  mais  nos  formules  montrent  que  l'économie 
<!u  combustible  restera  la  même.  La  quantité  de  travail  produite  par  1  kilo- 
gramme de  charbon  est  indépendante  de  la  température  de  l'air  chaud. 

»  Il  nous  resterait  à  décrire  notre  système  de  tiroirs,  qu'il  faut  combiner 
de  manière  à  abriter  les  surfaces  métalliques  de  la  température  de  6oo°; 
inais  cette  description  ne  peut  se  faire  sans  figures.  Qu'il  nous  suffise  de  dire 
que  nous  préservons  par  de  la  terre  cuite  les  parties  que  l'air  chaud  tou- 
chera, et  que  les  parties  rodées  et  frottantes  sont  maintenues  à  une  tem- 
pérature convenable,  comme  le  piston,  au  moyen  de  jets  d'eau  ou  de  vapeur 
en  petites  quantités. 

»  Il  ne  faudrait  pas  regarder  noire  machine  comme  une  machine  mixte. 
a  cause  de  la  vapeur  employée  pour  lubrifier  les  pistons  et  les  tiroirs;  cette 
dernière  est  en  effet  insignifiante  relativement  à  la  quantité  d'air  chaud  qui 
fonctionne.  D'ailleurs,  elle  est  fournie  par  la  cbaleur  d'une  fumée  qui  serait 
perdue  sans  cette  utilisation.    » 

RAPPORTS. 

économie  kurale.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  intitulé  :  Études  physiologiques 
et  économiques  sur  la  toison  du  mouton  ;  par  M.  J.  Beaudocin. 

(Commissaires,   MM.   Chevreul,   Isidore  Geoffroy  Saint— Hilaire,  A.  Passy 

rapporteur.) 

«  M.  Jules  Beaudouin  est  à  la  fois  un  cultivateur  intelligent  et  un  savant 
distingué. 

»  Il  a  étudié  sous  tous  les  points  de  vue  scientifiques  l'arrondissement  de 
Ohàtillon-sur-Seine  qu'il  habite,  et  dans  lequel  son  exploitation  agricole  est 
établie  depuis  seize  années. 

»   Dans  cet  arrondissement  il  s'est  formé  une  race  nouvelle  de  moutons 


(  6i8  ) 
distinguée  désormais  sous  le  nom  de  race  du  Cluilittonnais,  et  M.  J.  Beau- 
douin  a  concouru  à  sa  formation  et  à  son  amélioration. 

»  Il  s'est  appliqué  constamment  à  l'étude  de  la  race  ovine,  sous  les  rap- 
ports scientifiques  et  pratiques,  et  il  a  offert  à  l'Académie  le  résultat  de  ses 
recherches. 

»  Le  Mémoire  de  M.  J.  Beaudouin  est  divisé  en  deux  sections:  la  pre- 
mière comprend  l'étude  de  la  peau  et  de  ses  dépendances  ;  la  seconde  l'étude 
de  la  toison.  Il  ne  s'est  pas  occupé  des  questions  chimiques,  qui  sont  l'objet 
d'études  approfondies  par  notre  confrère  M.  Chevreul,  et  qui  sont  plus  par- 
ticulièrement du  domaine  de  l'industrie. 

»  Cette  première  section  traite  donc  seulement  de  la  peau,  et  la  descrip- 
tion qu'il  en  donne  repose  sur  des  observations  connues.  L'auteur  a  voulu 
seulement  poser  les  bases  des  études  qu'il  a  entreprises  sur  la  toison. 

»  Dans  la  seconde  section,  M.  J.  Beaudouin  passe  en  revue  toutes  les 
propriétés  du  brin  de  laine  pris  isolément,  puis  celles  de  la  toison  prise  dans 
son  ensemble. 

»  Il  s'est  livré,  à  cet  égard,  à  une  étude  nouvelle,  celle  de  la  comparai- 
son des  longueurs  du  brin  suivant  la  partie  de  la  peau  qui  le  produit.  Il 
donne  les  chiffres  des  diamètres  comparés  du  jarre  et  de  la  laine  sur  le  même 
animal,  comme  aussides  calculs  sur  la  force  du  brin  dans  les  différentes  races 
de  moutons. 

»  Les  caractères  du  brin  isolé,  ainsi  que  ceux  de  l'ensemble  de  la  toi- 
son, étant  donnés,  il  examine  les  conditions  dans  lesquelles  se  produit  la 
toison . 

»  Il  a  délimité  les  diverses  régions  de  la  peau,  tant  sous  le  rapport  du 
degré  de  finesse  du  brin  (fuj.  i)  qu'au  point  de  vue  du  degré  de  longueur 
qu'il  peut  atteindre  {fig.  a).  C'est  à  l'aide  du  microscope  que  l'auteur  a 
étudié  ces  détails,  qui  n'étaient  connus  que  d'une  manière  incomplète. 

»  L'aptitude  a  produire  le  brin  laineux  au  détriment  du  brin  jarreux  est 
le  point  le  plus  important  des  découvertes  de  M.  J.  Beaudouin,  et  l'on  com- 
prend combien  ses  observations  peuvent  être  utilisées  pour  l'amélioration 
et  le  perfectionnement  de  la  toison. 

»  L'examen  des  causes  de  ces  modifications  l'a  conduit  a  reconnaître 
qu'il  fallait  les  chercher  dans  les  conditions  physiques  des  localités,  dans 
les  conditions  physiologiques  de  l'individu  ,  enfin  dans  les  conditions  de 
race  et  de  croisement. 

»   Pour  les  conditions  de  localité,  l'auteur  confirme  les  observations  déjà 


(  6ig  ) 
faites  sur  l'influence  du  sol  et  de  la  température  sur  la   physiologie  des 
animaux. 

»  A  l'égard  des  conditions  individuelles,  le  travail  de  M.  J.  Beaudouin  est 
nouveau.  On  savait  déjà  d'une  manière  empirique  que  le  mâle  porte  un  lai- 
nage plus  grossier  et  plus  abondant  que  la  femelle,  mais  l'influence  de  la 
castration  et  de  la  puberté  n'avait  pas  été  étudiée  jusqu'à  lui. 

»  On  savait  aussi  que  le  brin  s'affine,  mais  devient  moins  abondant  avec 
l'âge.  L'auteur  a  repris  cette  première  donnée;  il  a  suivi  l'animal  depuis  le 
fœtus  jusqu'à  la  vieillesse,  et  décrit  les  différences  qui  se  font  remarquer  dans 
les  diverses  phases  que  parcourt  l'individu. 

»  C'est  encore  une  étude  nouvelle  que  celle  qu'il  a  faite  de  la  produc- 
tion de  la  laine  dans  l'état  de  santé  comparé  à  l'état  de  maladie.  La  chute 
de  la  toison,  sa  renaissance,  le  feutrage  et  les  lésions  accidentelles  de  la  peau 
offrent  des  phénomènes  qu'il  a  suivis  avec  une  précision  complète,  et 
dont  la  connaissance  est  d'un  grand  intérêt  pour  les  soins  à  donner  aux 
troupeaux. 

»  L'influence  du  régime  alimentaire  était  connue  :  on  sait  que  mieux 
une  bête  est  nourrie,  plus  elle  donne  de  laine  et  plus  le  diamètre  de  celle-ci 
est  fort;  mais  les  observations  qui  sont  révélées  par  le  Mémoire  que  nous 
analysons,  sur  la  manière  d'agir  du  sel  dans  la  nourriture,  sur  l'effet  du 
régime  de  la  feuillée  et  les  causes,  dans  certains  cas,  de  la  diminution  de 
la  toison,  nous  ont  paru  nouvelles  et  propres  à  guider  les  agriculteurs  dans 
leurs  spéculations. 

»  Les  conditions  héréditaires,  l'influence  des  parents  sur  les  produits 
forment  une  partie  intéressante  du  travail  de  M.  J.  Beaudouin. 

»  A  l'égard  des  croisements  de  races,  on  procède,  en  général,  dit-il,  par 
tâtonnements  plus  ou  moins  raisonnes.  L'auteur  est  arrivé  à  cette  conclu- 
sion, qu'à  part  quelques  cas  exceptionnels  les  résultats  des  croisements 
peuvent  être  ordinairement  prévus  et  soumis  à  des  règles  qu'il  examine  et 
dont  voici  les  principales  : 

»  Le  lainage  est  une  moyenne  entre  celui  du  père  et  de  la  mère  lorsqu'ils 
sont  d'un  âge  à  peu  près  égal. 

»  Quand  la  dissemblance  entre  le  père  et  la  mère  est  très-marquée,  le 
lainage  est  un  mélange  de  celui  du  père  et  de  la  mère,  mais  non  une  com- 
binaison, ce  qui  diminue  la  valeur  de  la  toison. 

»  Lorsque  les  parents  diffèrent  quant  à  l'âge,  c'est  le  plus  âgé  qui  trans- 
met le  plus  de  ses  qualités. 


(  Oao  ) 

«  Les  parents  très-âgés,  surtout  le  mâle,  ont  une  tendance  marquée  à  do:  - 
ner  du  jarre  au  produit. 

»   Toutes  ces  observations  sont  importantes,  on  le  voit. 

»  Le  Mémoire  dont  nous  venons  de  rendre  compte,  fruit  d'une  patience 
raisonnée  et  de  la  connaissance,  préliminaire  du  sujet  que  s'était  propose 
de  traiter  M.  J.  Baudouin,  nous  a  paru  atteindre  un  degré  d'exactitude  très 
rare. 

»  La  concordance  qui  existe  entre  les  faits  de  la  pratique  et  les  principes 
de  la  science  est  établie  par  la  méthode  qu'il  a  adoptée  de  mettre  toujours 
en  présence  ces  deux  éléments,  en  les  contrôlant  l'un  par  l'autre.  Nous  de- 
vons le  louer  d'avoir  suivi  cette  méthode  avec  persévérance. 

»  La  Commission  propose  à  l'Académie  d'adresser  à  M.  J.  Beaudouin  des 
remercîments  pour  la  communication  qu'il  lui  a  faite.   » 

Les  conclusions  de  ce  Bapport  sont  adoptées. 

ZOOLOGIE  APPLIQUÉE.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  le  Dr  Aire.   Vixsox  . 

relatif  à  un  ver  à  soie  propre  à  Madagascar. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Emile  Blanchard  rapporteur.'; 

«  On  sait  que,  dans  la  plupart  des  pays  chauds,  on  rencontre  de  grandes 
espèces  de  Bomhyx  qui  produisent  de  la  soie  propre  à  tisser  des  étoffes. 
Dans  quelques  contrées,  les  habitants  tirent  parti  de  cette  matière  textile, 
et  souvent  déjà  on  a  mis  sous  les  yeux  du  public  des  tissus  de  l'Inde  fabri- 
qués avec  des  soies  fournies  par  des  Bombyx  de  grande  taille  appartenant  à 
la  division  zoologique  des  Àtlacus  de  Linné.  Depuis  une  quinzaine  d'années 
surtout,  plusieurs  naturalistes  ont  songé  à  introduire  en  Europe  quelques- 
unes  de  ces  espèces  séricigènes,  dans  l'espérance  de  faire  naître  de  nouvelles 
ressources  pour  nos  populations.  La  soie  de  ces  Bombyx  est  plus  ou  moins 
belle,  mais  aucune  ne  possède  l'éclat  de  celle  de  notre  espèce  du  mûrier. 
Après  les  explorations  nombreuses  qui  ont  été  faites  sur  toutes  les  terres,  on 
doit  croire  aujourd'hui  que  les  nations  européennes  ont  eu  le  bonheur  de 
s'approprier  du  premier  coup  la  plus  belle  matière  textile  qui  soit  au  monde. 

«  S'il  convient  de  rechercher  activement  des  soies  d'autres  espèces  qui 
d'ailleurs  se  recommandent  en  général  par  leur  extrême  solidité  ,  c'est  donc 
dans  le  but  d'obtenir  des  produits  dont  le  prix  de  revient  serait  notablement 
inférieur  à  celui  de  la  soie  ordinaire. 


(    62,     ) 

»  Jusqu'à  présent  les  Bombyx  qui  ont  semblé  offrir  le  plus  d'avantages 
pour  des  exploitations  industrielles  sont  du  genre  des  Atlacus.  Ge  ne  sont 
pas  les  seuls  cependant  qui  forment  de  volumineux  cocons.  M.  le  Dr  Aug. 
Vinson,  médecin  de  l'île  delà  Réunion,  qui  s'est  livré  à  des  éludes  scienti- 
fiques pendant  un  séjour  à  Madagascar  où  il  a  résidé  comme  attaché  à  la 
mission  chargée  de  nouer  des  relations  entre  le  gouvernement  de  ce  pay.f 
et  celui  de  la  France,  a  soumis  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
concernant  un  Bombyx  qui,  à  Madagascar  même,  est  l'objet  d'une  indus- 
trie fort  importante. 

»  Le  ver  à  soie  de  l'ambrevate  [Borocera  Cajani)  comme  l'appelle 
M.  Vinson,  d'après  le  nom  de  la  plante  qui  nourrit  l'insecte,  appartient  à  la 
même  grande  famille  naturelle  que  les  autres  espèces  séricigènes,  mais  elle 
fait  partie  d'un  genre  distinct,  établi  il  y  a  une  trentaine  d'années  sous  le 
nom  de  Borocera  pour  un  lépidoptère  recueilli  dans  les  parties  basses  voi- 
sines de  la  côte  de  Madagascar.  Celui  qui  a  été  observé  par  M.  Vinson  est 
abondamment  répandu  dans  l'intérieur  du  pays,  en  particulier  dans  la  pro- 
vince d'Émirne,  et  c'est  aux  environs  de  Tananarive,  la  capitale  de  l'île, 
qu'ont  été  pris  des  renseignements  très-dignes  d'arrêter  l'attention.  L'espèce 
n'étant  pas  encore  connue  des  naturalistes,  l'auteur  a  dû  la  décrire  sous 
ses  différentes  formes  et  signaler  ses  conditions  d'existence;  il  s'est  acquitté 
de  ce  travail  d'une  façon  qui  ne  laisse  absolument  rien  à  désirer. 

»  Les  Hovas,  nous  apprend  M.  Vinson,  recueillent  sur  les  arbustes  les 
vers  à  soie  de  l'ambrevate  et  les  ouvrent  afin  d'en  retirer  les  chrysalides  ; 
les  unes  alors  sont  conservées  pour  en  obtenir  les  papillons,  tandis  que  les 
autres  sont  consommées  comme  aliment.  Au  pays  des  Malgaches,  ces  chry- 
salides constituent  un  mets  des  plus  estimé?. 

»  Les  indigènes,  qui  font  de  deux  à  quatre  éducations  par  année,  sur- 
veillent l'accouplement  des  papillons,  la  ponte  et  l'éclosion  des  jeunes  che- 
nilles, qu'aussitôt  la  naissance  ils  transportent  en  plein  champ,  sur  des  pieds 
d'ambrevate  (  Cytisus  cajanm Lin.)  plantés  pour  les  recevoir.  Les  oiseaux  in- 
sectivores étant  peu  nombreux  dans  la  contrée,  les  éducations  se  font  ordi- 
nairement en  plein  air;  néanmoins  certains  sériciculteurs  préfèrent  opérer  à 
couvert  afin  de  parer  aux  chances  d'accident.  Depuis  une  époque  sans  doute 
fort  reculée  la  sériciculture  est  ainsi  pratiquée  à  Madagascar  sur  une  vaste 
échelle;  les  produits  de  cette  industrie  servent  à  fabriquer  des  étoffes  d'une 
grande  solidité. 

»  Les  cocons  du  ver  à  soie  de  l'ambrevate  exigent  une  première  prépa- 

C.  P..,  186J,   \"  Semestie.  (T,  LVI/N0  14.)  82 


(6m  ) 
ration  indispensable.  Ainsi  que  tous  les  cocons  des  chenilles  poilues  ou  épi- 
neuses qui  abandonnent  leurs  poils  au  moment  de  se  transformer,  ceux-ci 
ont  leur  tissu  rempli  de  fines  aiguilles  qui  ne  permettent  pas  qu'on  les 
manie  sans  danger.  Pour  remédier  à  un  aussi  grave  inconvénient,  les  Hovas 
les  soumettent  à  une  ébullition  dans  l'eau,  qui  amène  la  chute  des  piquants 
et  rend  la  soie  plus  lâche,  plus  facile  à  carder.  L'art  de  dévider  ces  cocons 
est  inconnu  à  Madagascar  ;  les  indigènes  obtiennent  simplement  une  bourre 
que  l'on  file  ensuite  à  la  main.  La  couleur  naturelle  de  la  soie  étant  d'une 
agréable  nuance  gris  clair,  on  l'emploie  souvent  sans  lui  donner  aucune 
teinture. 

»  Les  faits  recueillis  par  M.  Vinson  ont  par  eux-mêmes  un  intérêt  réel  ; 
mais  en  les  signalant,  ce  voyageur  a  eu  surtout  pour  but  d'appeler  l'atten- 
tion sur  un  insecte  qui  lui  semble  pouvoir  être  introduit  avec  avantage  dans 
nos  possessions.  L'île  de  la  Réunion,  par  exemple,  où  croit  spontanément 
l'ambrevate,  ou  Cytisus  cajanus,  paraît  à  l'auteur  fournir  les  meilleures  con- 
ditions pour  une  acclimatation.  Elle  serait  en  effet  fort  à  désirer  dans  notre 
colonie,  les  éducations  du  ver  à  soie  ordinaire  n'y  ayant  eu  jusqu  à  présent 
qu'un  très-médiocre  succès,  à  cause  des  pluies  torrentielles  qui,  à  certains 
moments,  imprègnent  les  feuilles  d'une  quantité  d'eau,  en  général  très-pré- 
judiciable aux  Bombyx  du  mûrier,  dont  les  éducations,  comme  on  le  sait, 
exigent  beaucoup  de  soin. 

»  M.  Vinson  croit  qu'on  introduirait  facilement  le  ver  de  l'ambrevate 
dans  le  midi  de  l'Europe,  en  Algérie,  en  Corse,  peut-être  dans  quelques-uns 
de  nos  départements  méridionaux.  Certes,  nous  aimerions  voir  tenter  l'ex- 
périence, surtout  si  l'insecte  est  susceptible  de  vivre  sur  les  cytises  propres 
à  ces  contrées;  mais  nous  devons  remarquer  qu'il  s'agit  des  pays  où  l'an- 
tique ver  à  soie  prospère  à  merveille,  et  une  telle  concurrence  semble  fort 
redoutable. 

»  S'il  en  était  bien  réellement  ainsi,  y  aurait-il  un  motif  pour  attacher 
moins  d'importance  aux  observations  si  précises  et  si  complètes  de  M.  Vinson? 
Nous  ne  le  pensons  pas.  Aujourd'hui,  où  l'on  attend  de  nos  relations  avec 
Madagascar  de  nouveaux  avantages  pour  le  commerce  de  la  France,  l'in- 
térêt le  plus  grand,  nous  demandons-nous,  ne  sera-t-il  pas  de  prendre  la 
matière  première,  c'est-à-dire  les  cocons,  au  lieu  même  de  production?  Ob- 
tenus à  un  prix  minime,  ces  cocons  seraient  probablement  bientôt  exploités 
par  notre  industrie.  Par  le  dévidage,  auquel  on  parviendrait  certainement 
à  les  soumettre,  on  obtiendrait,  suivant  toute  apparence,  une  nouvelle  ma- 
tière textile  précieuse. 


(  6*3  ) 
»  La  Commission  pense  que  les  observations  de  M.  le  Dr  Vinson  méritent 
des  éloges,  et  propose  à  l'Académie  de  remercier  ce  savant  de  son  intéres- 
sante communication.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  l'examen  des  pièces  destinées  au  concours  pour 
les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

MM.  Andral ,  Velpeau,  Bernard  ,  Rayer,  Jobert ,  Serres,  Cloquet,  Flou- 
rens  el  Longet  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomi- 
nation de  la  Commission  chargée  de  décerner,  s'il  y  a  lieu,  le  grand  prix 
de  Mathématiques  pour  i863  (question  concernant  la  théorie  de  la  chaleur). 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Bertrand,  Lamé,  Chastes,  Serret.) 

MÉMOIRES  LUS. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Note  sur  un  terrain  appelé  vulgairement  herbue  troide 
dans  le  centre-est  de  la  France;  par  M.  P.  Thenard. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Economie  rurale.  ) 

«  Ce  genre  de  sol,  qui,  dans  les  départements  de  l'Est,  est  généralement 
désigné  sous  le  nom  d'herbues  froides,  semble  être  le  résultat  d'un  dépôt 
limoneux  dépendant  des  alluvions  de  la  Bresse,  épuisé  pendant  des  siècles 
par  des  forêts  qui  depuis  longtemps  ont  disparu. 

»  C'est  d'ailleurs  un  mélange  d'un  grès  impalpable  avec  une  petite  quan- 
tité d'une  argile  très-plastique  qui,  par  l'humidité,  relie  les  particules  du 
grès  avec  une  grande  perfection  et  leur  communique  ensuite  beaucoup  de 
cohésion  par  la  sécheresse. 

»  Quoique  peu  perméable,  ce  terrain,  pris  en  temps  opportun,  est  géné- 
ralement d'une  culture  assez  facile  et  s'ameublit  parfaitement;  si  bien  qu'un 
œil  peu  exercé,  ne  consultant  que  les  apparences,  lui  accorderait  alors 
beaucoup  de  qualités. 

»  Cependant  il  ne  faudrait  pas  le  croire  d'une  composition  partout  iden- 
tique, car  si  partout  il  est  mauvais  ou  médiocre,  ses  propriétés  varient  sui- 

82.. 


(  624  ) 
vant  qu'il  est  en  plateau,  ou  en  rampes  inclinées  de  pins  de  4  centimètres 
par  mètre,  ou  qu'il  résulte,  comme  dans  les  parties  basses,  de  remblais 
récents  descendus  des  parties  hautes  :  aussi  pour  mieux  préciser,  quoique 
ce  que  je  vais  dire,  surtout  en  ce  qui  concerne  le  mode  de  culture,  s'ap- 
plique généralement  à  chacune,  je  n'appellerai  cependant  l'attention  que 
sur  le  sol  des  plateaux  dont  le  type  est  à  la  fois  plus  net,  plus  régulier  et 
plus  accentué. 

»  Plus  encore  que  par  l'absence  d'éléments  utiles,  il  pèche  par  son  état 
physique;  car  il  redoute  à  l'excès  le  moindre  contre-temps.  En  effet,  s'il  est 
bien  ameubli,  il  suffit  d'une  pluie  douce  qui  le  pénètre  à  fond  pour  qu'il  se 
niasse  d'une  façon  singulière;  par  une  pluie  serrée  et  battante,  il  se  glace 
au  contraire  à  la  surface,  et  se  revêt  en  quelque  sorte  d'une  couche  de  mor- 
tier imperméable,  sur  lequel,  suivant  l'inclinaison,  l'eau  glisse  ou  séjourne 
comme  sur  une  toile  cirée. 

»  Sa  capillarité  est  telle,  que,  même  dans  les  champs  drainés,  l'eau  re- 
monte parfois  du  fond  à  la  surface  à  détremper  celle-ci,  pendant  qu'à  i  ou 
3  centimètres  plus  bas  la  terre  est  relativement  sèche. 

»  Quant  à  la  sécheresse,  loin  de  rétablir  les  choses,  elle  les  rend  pis 
encore  :  combinant,  en  effet,  son  action  avec  celle  de  cette  excessive  capil- 
larité, elle  active  l'évaporation  dans  des  proportions  inusitées  ;  alors,  pen- 
dant cette  période,  le  sol  se  refroidit  outre  mesure.  Cependant,  une  fois  sec, 
au  lieu  de  se  fendiller,  d'ouvrir  quelques  fissures  à  l'air,  il  se  serre  davan- 
tage, et  finit  par  devenir  aussi  dur  et  aussi  imperméable  qu'une  aire  de 
grange.  Dès  lors  sa  conductibilité  pour  la  chaleur  augmentant  encore:  à  un 
froid  intense  succède  presque  sans  transition  une  chaleur  excessive,  et  les 
plantes  ne  trouvant  pas  à  emprunter  à  l'argile,  qui  est  en  trop  faible  pro- 
portion, ou  aux  autres  éléments  de  même  nature,  un  peu  de  leur  eau  d'hy- 
dratation, périssent  à  la  fois  de  soif  et  de  chaleur. 

»  De  leur  côté,  les  gelées  de  printemps  sont  aussi  plus  funestes  qu'ail- 
leurs, parce  qu'en  raison  de  la  masse  d'eau  qui  remonte  du  fond  à  la  sur- 
face, de  l'évaporation  plus  grande  et  des  froids  plus  vifs  qui  en  sont  les 
conséquences,  elles  ont  plus  de  prise,  elles  soulèvent  davantage  la  surface 
du  terrain,  qui,  entraînant  alors  les  plantes  avec  elle,  déchausse  les  racines 
quand  elle  ne  les  brise  pas. 

»  Tels  sont  les  caractères  des  herbues  jroides;  si  par  leur  nature  ils  ne 
différent  pas  de  ceux  de  nos  meilleurs  terrains,  par  leur  amplitude  ils  en 
font  évidemment  un  type  spécial  et  qui  demande  des  soins  particuliers. 

»   Or  ces  soins  n'avaient  pas  été  compris  :  car  les  confondant  avec  les 


(  625  ) 
autres  terres,  on  les  cultivait  sensiblement  de  même,  sauf  qu'une  jachère 
façonnée  succédant  en  troisième  année  au  blé  et  à  l'avoine,  venait  rem- 
placer les  plantes  sarclées  et  les  artificielles  qu'on  obtenait  ailleurs. 

»  Le  fumier,  il  est  vrai,  y  était  singulièrement  ménagé;  et  en  cela  on  avait 
bien  raison,  car,  faute  d'agents  conservateurs,  les  pluies  le  délavaient,  et 
faute  d'air  ou  de  silicates  solubles,  le  peu  qu'elles  n'entraînaient  pas  ne  s'as- 
similait que  difficilement. 

»  Mais,  par  contre,  quand  il  s'agissait  du  blé  surtout,  la  semence  n'était 
pas  épargnée,  et  420  litres  à  l'hectare  au  lieu  de  270  au  plus  qu'on  répandait 
ailleurs  était  la  dose  normale. 

»  C'est  qu'il  fallait  faire  large  part  à  la  pourriture,  qui,  dans  cette  terre- 
tombant  en  boue  ou  en  pierre,  était  considérable.  Cependant,  quand  les 
intempéries  étaient  insuffisantes,  avec  cette  masse  de  semence,  un  autre 
inconvénient  se  produisait  alors  :  toute  la  graine  levant,  le  blé  poussait  trop 
serré,  et  l'épi  se  tournant  en  mouche,  c  est-à-dire  ne  venant  pas  plus  gros 
qu'une  mouche,  comptait  à  peine  six  ou  sept  mauvais  grains. 

»  En  sorte  que  subissant  les  pertes  les  plus  considérables  par  les  mau- 
vaises années  où  le  blé  est  cher,  et  la  compensation  étant  insuffisante  par 
les  bonnes  où  il  est  bon  marché,  le  cultivateur  devait  se  contenter  d'une 
moyenne  générale  de  8  hectolitres  à  l'hectare  net  de  semences. 

»  L'avoine,  il  est  vrai,  n'ayant  pas  à  subir  les  intempéries  de  l'hiver, 
venait  mieux;  car  elle  rendait  de  10  à  18  hectolitres. 

»  A  mes  débuts,  plein  de  confiance  dans  le  drainage,  dont  l'Angleterre 
venait  de  démontrer  les  merveilles,  dans  les  amendements  calcaires  tout  à 
fait  ignorés  dans  la  contrée,  dans  le  noir  animal  et  les  fumiers  à  haute  dose, 
dans  des  instruments  plus  parfaits,  je  crus  pouvoir  me  rendre  maître  des 
herbues  froides  :  mais  après  des  dépenses  considérables,  qui  dépassaient  de 
beaucoup  la  valeur  du  terrain,  je  n'obtins  que  des  résultats  insuffisants;  par 
ma  moyenne  en  blé  ne  monta  guère  que  de  5  hectolitres;  celle  en  avoine 
fut  relativement  moins  favorable  encore,  seulement  je  pus  obtenir  des 
trèfles;  mais,  tout  décompte  fait,  la  spéculation  restait  détestable  et  mes 
voisins  ne  furent  pas  sans  s'en  apercevoir. 

»  Mais  tout  cela  avait  demandé  du  temps,  et  mes  études  sur  les  propriétés 
des  sols  arables  avaient  marché;  déjà  je  pressentais,  ou  plutôt  je  vérifiais 
une  partie  des  conclusions  que  j'ai  publiées  depuis,  et  les  allures  des  her- 
bues froides  m'étaient  connues;  je  savais  que  c'était  au  procédé  de  culture 
bien  plus  qu'aux  agents  chimiques  encore  qu'il  fallait  m'attaquer.  Aussi, 
après  divers  essais,  je  m'arrêtai  au  coup  de  main  suivant. 


(  626  ) 

»  Au  lieu  de  cultiver  le  terrain  en  larges  planches  de  8  mètres,  de  bien 
ameublir  le  sol,  puis  de  semer  (je  parle  ici  du  blé,  la  récolte  la  plus  aléatoire 
dans  de  telles  conditions),  et  de  l'enfouir  avec  soin  à  la  herse,  je  défonçai  le 
sol  une  fois  pour  toutes  avec  une  puissante  piocheuse  à  roue,  puis,  quand 
après  diverses  façons  vint  le  temps  des  semailles,  je  semai  le  blé  sous  raie, 
par  petits  billons  de  im,20  de  largeur,  en  profitant  des  jours  où  par  le  labour 
la  terre  se  met  exclusivement  en  mottes,  et  je  supprimai  tout  hersage  ou 
roulage. 

»  Dans  ce  procédé,  ou  plutôt  ce  tour  de  main,  sauf  le  semis  sous  mottes 
en  l'absence  de  tout  hersage  et  de  tout  roulage  ultérieurs,  il  n'y  a  rien  d'ori- 
ginal; mais  en  pratique  agricole  on  n'invente  pas,  ou  au  moins  bien  rare- 
ment; on  transpose,  heureux  quand  on  transpose  bien! 

»  Cependant,  à  regarder  l'aspect  des  champs,  cette  méthode  blesse  l'œil 
et  on  est  bien  près  de  la  trouver  barbare;  mais  en  l'analysant,  et  surtout  en 
comptant  les  rendements,  on  perd  un  peu  de  ses  préventions. 

»  En  effet,  pour  que  le  blé  germe  et  commence  à  pousser,  il  lui  suffit 
d'un  peu  d'eau,  d'un  peu  d'air  et  d'une  température  de  quelques  degrés; 
mais  il  ne  tolère  pas  d'alternatives  brusques.  Or,  avec  l'ancien  système, 
rarement  le  blé  rencontrait  toutes  ces  conditions;  mais,  avec  le  nouveau, 
dans  un  sol  où  la  capillarité  est  si  grande,  couvant  d'ailleurs  sous  les 
nombreuses  cavités  qui  se  forment  entre  les  mottes  et  le  sous-sol,  il  les 
rencontre  toutes  :  il  les  rencontre  même  parles  plus  grandes  pluies,  qui  ne 
peuvent  désagréger  les  mottes  et  dont  les  eaux  s'écoulent  presque  instan- 
tanément en  raison  du  peu  de  largeur  des  billons  et  des  nombreuses  fissures 
qui  subsistent  dans  le  terrain. 

»  D'autre  part,  comme  toute  plante  tend  à  gagner  la  lumière  par  le  che- 
min le  plus  court  et  le  plus  facile,  le  blé  sort,  non  pas  au  sommet,  mais  à 
la  base  des  mottes,  qui,  de  même  qu'un  mur  despalier,  le  protègent  des 
vents  froids  et  des  pluies  battantes,  qui  ne  tassent  plus  autant  la  terre  avec 
laquelle  il  est  directement  en  contact. 

»  Les  gelées  et  les  dégels  d'hiver,  en  désagrégeant  petit  à  petit  les  mottes, 
viennent  combler  ensuite  les  vides  souterrains  dans  lesquels  le  blé  a  germé, 
et  réchauffer  de  cette  façon  les  racines  avec  une  terre  bien  ameublie. 

»  La  neige  aussi,  en  s'accumulant  de  préférence  entre  les  sommets  des 
mottes,  qui,  malgré  les  gelées,  ne  disparaissent  jamais,  le  tient  plus  long- 
temps à  l'abri  des  grands  froids. 

»  Les  gelées  du  printemps  ont  également  moins  de  prise  sur  les  racines 
plus  profondément  enfouies  ;  de  plus,  tout  en  restant  un  abri,  les  sommets 


(  6*7  ) 
des  mottes,  en  attirant  par  capillarité  l'eau  qui  est  à  leur  base,  rendent  en- 
core de  ce  côté  la  gelée  moins  intense. 

»  Par  le  défoncement,  la  capillarité  elle-même  est  singulièrement  di- 
minuée, et  avec  elle  cette  évaporation  considérable  qui  refroidissait  trop 
la  terre,  et  ces  sécheresses  brûlantes  qui  succédaient  immédiatement  au 
froid. 

»  Enfin,  par  sa  disposition  même,  le  terrain  offrant  plus  de  surface  et 
s'imperméabilisât) t  moins,  s'aère  davantage,  et  les  fumiers,  qui  trouvent 
aujourd'hui  dans  les  amendements  calcaires  qu'on  a  ajoutés  l'agent  con- 
servateur qui  leur  manquait,  s'assimilent  mieux  et  plus  rapidement. 

»  Quant  aux  résultats,  le  tableau  suivant  des  rendements  en  blé  depuis 
cinq  ans  montre  qu'ils  sont  en  tout  conformes  à  la  théorie. 

18o8.  1889.  18G0.  1881.  1802.  Moyenne. 

Culture  ancienne.  . 3o5  ii5o  220  61 5  33o       ,-24,u 

Culture  antienne  avec  augmentation  d'engrais 

(moyenne  des  six  années  antérieures) 1253 

Culture  nouvelle.  . 65o  i5o5  820  11 10  970      121 1 

Culture  nouvelle  avec  augmentation  d'engrais.     253o  2365  J2i5  2240  1600      iqqo 

»  Ces  chiffres  ont  frappé  tous  les  cultivateurs  qui  commencent  à  pratiquer 
la  méthode.    » 

< 
TÉLÉGRAPHIE  ÉLECTRIQUE.  —  Note  sur  un  télégraphe  écrivant; 
par  M.  Sortais. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Babinet,  Morin.) 

«  C'est  le  télégraphe  système  Morse  considérablement  perfectionné  et 
simplifié.  i°  Tous  les  électro-aimants  ou  organes  actifs  sont  ramenés  sur  le 
devant  de  l'appareil  et  îe  plus  près  possible  du  rouleau  conducteur,  pour 
qu'ils  soient  sans  cesse  sous  l'œil  de  l'employé  qui  surveillera  mieux  leur 
action.  2°La  pointe  sèche  a  été  remplacée  par  un  système  nouveau  d'encrier 
et  d'encrage  qui  satisfait  pleinement  à  toutes  les  conditions  du  problème; 
le  godet-encrier,  de  forme  conique,  avec  un  double  retrait  intérieur  s'oppo- 
sant  à  la  sortie  brusque  de  l'encre,  avec  son  petit  tire-ligne  et  le  petit  res- 
sort qui  le  maintient  à  distance  tant  que  le  moment  d'écrire  n'est  pas  venu, 
avec  son  couvercle  et  l'appendice  circulaire  qui  détermine  un  repérage  cer- 
tain, est  un  organe  nouveau  dont  le  fonctionnement  ne  laisse  rien  à  désirer. 
3°  Les  rouleaux  conducteurs  et  le  godet  encreur  sont  disposés  de  telle  sorte 
qu  on  voit  et  qu'on  discerne  le  signe  écrit  jusque  sous  la  pointe  du  tire- 


(  Ca8  ) 
ligne,  sans  qu'il  soil  nécessaire  de  laisser  le  papier  se  dérouler  d'une  cer- 
taine longueur  avec  une  perte  de  temps  assez  considérable.  Un  mécanisme 
de  déclanchement  ou  de  départ  automatique  permet  au  correspondant  de 
déterminer  la  mise  en  marche  du  papier  à  l'impression  de  la  dépèche  sans 
aucune  intervention  du  stationnaire;  ce  mécanisme  est  si  sensible,  qu'il  suffit 
pour  opérer  le  déclanchement  d'une  petite  fraction  du  courant  qui  met  en 
jeu  le  style  écrivant;  il  opère  ainsi  à  toutes  distances  sans  addition  d'élé- 
ments à  la  pile  ordinaire.  Le  déclanchement,  le  tracé  de  la  dépêche,  l'en- 
clanchement  se  font  ainsi  automatiquement  avec  une  régularité  et  une 
précision  extraordinaires;  il  suffit  d'un  instant  indivisible  pour  interrompre 
instantanément  les  fonctions  du  récepteur.  l\°  En  poussant  du  bout  du  doigt 
une  petite  coulisse,  on  empêche  le  déclanchement  ou  départ  automatique 
de  s'opérer;  l'employé  établit  alors  sa  commutation  et  force  la  dépèche  à 
passer  à  une  autre  station. 

»  Simplicité  du  mécanisme,  facilité  du  travail,  netteté  de  l'impression, 
contrôle  permanent,  indépendance  autant  qu'il  est  nécessaire  de  la  volonté 
du  stationnaire,  mouvements  automatiques  d'une  efficacité  et  d'une  régula- 
rité absolues,  tels  sont  les  avantages  principaux  du  nouvel  appared,  qui 
fixe  en  ce  moment  à  un  haut  degré  l'attention  de  l'administration.    » 

M.  Bathaillé  donne  lecture  de  deux  Notes  sur  l'infection  purulente 
déposées  par  lui  le  i3  et  le  22  mars  dernier. 

Ces  Notes  sont  renvoyées  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Andral,  J.  Cloquet  et  Bernard. 

MÉMOIRES  PRESENTES. 

L'Académie  a  reçu  depuis  sa  dernière  séance  ,  mais  encore  en  temps 
utile,  diverses  pièces,  manuscrites  et  imprimées,  destinées  aux  concours  pour 
les  prix  suivants  : 

Grand  prix  de  Mathématiques  :   Théorie  des  phénomènes  capillaires. 

Un  Mémoire  portant  pour  épigraphe  :  «  Les  phénomènes  de  la  nature,  dans 
leur  infinie  variété,  sont  régis  par  un  petit  nombre  de  lois  fondamentales  ». 

Ce  Mémoire  a  été  inscrit  sous  le  n°  3. 

Grand  prix  des  Sciences  physiques  :  Étude  des  changements  qui  s'opèrent  pendant 
la  germination  dans  l'embryon  et  le  périsperme. 

Ce  Mémoire,  qui  a  pour  épigraphe  :  «  Vivre,  c'est  en  même  temps  changer 
;jt  demeurer  sans  cesse,  »  a  été  inscrit  sous  le  n°  1 . 


(  629  ) 

Prix  de  Pliysiolugie  expérimentale. 

M.  Moreau  (Armand)  présente  pour  ce  concours  un  Mémoire  manuscrit 
ayant  pour  titre  :  «  Expériences  pour  servir  à  l'histoire  physiologique  de  la 
vessie  natatoire  des  poissons  ». 

M.  Oré  adresse  de  Bordeaux  des  «  Recherches  expérimentales  sur  l'intro- 
duction de  l'air  dans  les  veines,  et  sur  les  moyens  les  plus  efficaces  pour 
combattre  les  accidents  qui  en  sont  la  conséquence  » . 

Un  premier  travail  de  l'auteur  sur  cette  question  ,  présenté  au  concours 
de  1862,  avait  attiré  l'attention  de  la  Commission,  qui  cependant  ne  l'avait 
pas  considéré  comme  complet.  M.  Oré  a  poursuivi  ces  recherches,  et  il  vient 
aujourd'hui  en  présenter  les  résultats. 

Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

M.  Girard  de  Cailleux  adresse,  conformément  à  une  des  conditions  du 
programme  pour  ce  concours,  l'indication  des  parties  qu'il  considère 
comme  neuves  dans  un  ouvrage  intitulé  :  «  Études  pratiques  des  maladies 
nerveuses  et  mentales  ». 

M.  Peter  (Michel)  adresse  une  semblable  indication  concernant  son  livre 
sur  les  '<  maladies  virulentes  comparées  chez  l'homme  et  chez  les  animaux  ». 

Concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant. 

M.  Baquet  adresse  de  Saint-Simon  (Aisne)  un  Mémoire  manuscrit  sur  le 
meilleur  mode  de  traitement  à  appliquer  au  choléra. 

L'auteur  avait  cru,  à  tort,  devoir  placer  son  nom  sous  pli  cacheté. 

M.  J.-G.  de  la  Pena  adresse,  de  Lugo,  un  Mémoire  en  espagnol  ayant 
pour  titre  :  «  Théorèmes  concernant  les  causes  du  choléra-morbus  asia- 
tique, sa  prophylaxie  et  les  antidotes  contre  l'intoxication  cholérique  ».  Il 
y  a  joint  un  opuscule  qu'il  a  publié  en  i855  «  sur  l'efficacité  des  sulfureux 
contre  le  choléra-morbus  ». 

Concours  pour  le  prix  de  la  fondation  Morogues. 

M.  Barrai,  adresse,  comme  pièces  de  concours  pour  ce  prix,  les  trois 
ouvrages  suivants  :  «  Le  bon  Fermier  »,  deuxième  édition;  le  livre  intitulé: 
«  Drainage,  irrigations,  engrais  »,  deuxième  édition;  le  «  Journal  d'agri- 
culture pratique.  [Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

C.    R.,  iS63,   i"  Semestre.  (T.  LVI,  N<>  14.)  83 


(  63o  ) 

Concours  pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres. 

M.  Grimaud,  deCaux,  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  comme 
pièces  de  concours  ses  diverses  communications  «  sur  les  eaux  publiques  ». 

M.  PiMONT  adresse  une  semblable  demande  pour  l'invention  qu'il  désigne 
sous  le  nom  de  Calorifuc/e  plastique. 

PHYSIQUE.  —  Beclierclies  sur  les  propriétés  optiques  développées  dans  les  corps 
transparents  par  l'action  du  magnétisme  (quatrième  partie);  par  M.  Veruet. 
[Extrait  par  l'auteur.  (Présenté  par  M.  Pasteur.)] 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet,  Pasteur.) 

"  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  les  résultais  d'une  série 
d'expériences  sur  la  relation  qui  existe  entre  la  rotation  magnétique  du  plan 
de  polarisation  d'un  rayon  de  lumière  bomogène  et  sa  longueur  d'onde.  Une 
expérience  de  M.  Edmond  Becquerel,  consistant  à  compenser  l'action  d'un 
fragment  de  verre  pesant  placé  entre  les  branches  d'un  électro-aimant  par 
l'action  d'une  colonne  d'eau  sucrée,  paraissait  indiquer  que  pour  cette 
substance  au  moins  la  loi  des  rotations  différait  peu  de  la  loi  de  la  raison  réci- 
proque du  carré  des  longueurs  d'ondulation.  Des  recherches  plus  récentes 
de  M.  Wiedemann  conduisaient  au  contraire  à  admettre  :  i°  que  la  loi  ne 
s'appliquait  pas  au  sulfure  de  carbone  et  manquait  par  conséquent  de  géné- 
ralité; 2°  mais  que,  lorsqu'on  soumettait  à  l'influence  magnétique  une 
substance  active,  telle  que  l'essence  de  citron  ou  l'essence  de  térébenthine, 
il  y  avait,  pour  chaque  couleur,  proportionnalité  entre  la  rotation  magné- 
tique du  plan  de  polarisation  et  la  rotation  due  à  l'action  propre  de  la 
substance. 

»  Je  me  suis  servi,  dans  mes  expériences,  de  la  méthode  générale  de 
MM.  Fizeau  et  Foucault,  qui  consiste,  comme  on  sait,  à  recevoir  sur  un 
prisme  la  lumière  primitivement  polarisée  et  transmise  parle  corps  transpa- 
rent, et  à  étudier  l'état  de  polarisation  des  diverses  parties  du  spectre.  Aux 
rayons  dont  le  plan  de  polarisation  est  parallèle  à  la  section  principale  du 
prisme  de  Nicol  analyseur  correspond  une  bande  noire,  dont  on  amène 
successivement  le  milieu  à  coïncider  avec  les  raies  pour  lesquelles  la  lon- 
gueur d'ondulation  est  connue  par  les  expériences  de  Fraunhofer;  le  dépla- 
cement qu'il  faut  donner  à  l'analyseur  pour  rétablir  la  coïncidence  avec  une 
raie  donnée,  lorsqu'on  change  la  direction  du  courant,  est  précisément  le 
double  de  la  rotation  due  à  l'action  des  forces  magnétiques. 


(  63,  ) 
»   Le  tableau  suivant  contient  les  valeurs  relatives  des  rotations  corres- 
pondantes aux  cinq   raies  C,  D,  E,  F,  G(i),  pour  les  substances  que  j'ai 
étudiées,  la  rotation  correspondante  à  la  raie  E  étant  prise  pour  unité: 

C  D  E  F  G 

Eau  distillée o,63  0,79  1,00  1,20  i,55 

Dissolution  de  chlorure  de  calcium 0,61  0,80  1,00  ','9  1  ,54 

Dissolution  de  chlorure  de  zinc o,6t  0,78  1,00  'j'9  1,61 

Dissolution  de  protochlorure  d'étain »  0,78  1,00  1,20  ',5g 

Essence  d'amandes  arriéres 0,61  0,78  1,00  1,21  » 

Essence  d'anis o,58  0,76  1,00  i,25  » 

Sulfure  de  carbone 0,60  °?77  '  î00  'i22  '>65 

Créosote  (du  commerce) 0,60  0,76  1  ,00  1 ,23  1  ,69 

Essence  de  Laurus  cassia  (essence  de  cannelle 

de  Chine) 0,59  0,74  1,00  i,23  » 

»  La  loi  exacte  de  la  raison  réciproque  du  carré  des  longueurs  d'onde 
;uiraif  exigé  la  série  de  rotations 

C  D  E  F  G 

0,64       0,80       1,00         1,18       i,5o 

qui  ne  diffère  beaucoup  d'aucune  des  séries  du  tableau  précédent.  Si  l'on 
a  égard  à  la  nature  des  liquides  qui  s'écartent  le  plus  de  la  loi  (sulfure  de 
carbone,  essences,  créosote),  on  résumera,  dans  les  trois  propositions  sui- 
vantes, les  résultats  de  mes  expériences  : 

»  i°  Les  rotations  magnétiques  du  plan  de  polarisation  des  rayons  de 
diverses  couleurs  suivent  approximativement  la  loi  de  la  raison  inverse  du 
carré  des  longueurs  d'onde; 

»  1°  La  loi  exacte  des  phénomènes  est  toujours  telle,  que  le  produit  de  la 
rotation  par  le  carré  de  la  longueur  d'onde  aille  en  croissant  de  l'extrémité 
la  moins  réfrangible  à  l'extrémité  la  plus  réfrangible  du  spectre; 

»  3°  Les  substances  pour  lesquelles  cet  accroissement  est  le  plus  sensible 
sont  aussi  celles  qui  ont  le  plus  grand  pouvoir  dispersif. 

»  Une  discussion  mathématique,  qui  ne  peut  trouver  place  dans  cet 
extrait,  montre  que  ces  lois  ne  permettent  pas  d'attribuer  aux  équations 

II)  Pour  les  raies  B  et  H  toute  observation  est  impossible,  et  je  n'ai  même  obtenu  de 
résultats  un  peu  satisfaisants  p'our  les  raies  C  et  G  qu'en  mettant  au  devant  de  l'œil  des  verres 
colorés  qui  éteignissent  la  région  moyenne  et  brillante  du  spectre,  sans  affaiblir  sensiblement 
l'éclat  de  la  portion  voisine  de  ces  raies. 

83.. 


i   63a  ) 
différentielles  du  mouvement  d'un  système  d'ondes  planes  normales  a  l'axe 
des  z,  dans  un  milieu  soumis  à  l'influence  magnétique,  la  forme 

d:l  .       d'i     ,'."<*«?  dr. 

-TT  —  Ao  "TV  ~t     A,   -—+...-)-  771— , 
r/73  "   c/z2  dz*  dt 

d-  y,  d2  r,  ii'  r,  dt. 

que  M.  Charles  Neumann  a  déduite  d'une  hypothèse  particulière  sur  la 
cause  des  phénomènes,  et  que  M.  Airy  avait  déjà  proposée  il  y  a  dix-sept 
ans,  peu  de  mois  après  la  publication  des  découvertes  de  M.  Faradav.  Au 
contraire,  ces  lois  s'accordent  également  soit  avec  les  équations 


d21-k    rf2?+A 
dr-  -  A°  d^  +  A' 

dzr, 
+   "ldSd,- 

d'  n          ,      d1  y, 

dF  -  A°"^7+  A< 

d'r, 

d2% 
dz'  dt 

que  M.  Maxwell  a  déduites  d'une  hypothèse  entièrement  différente  de  celle 
de  M.  Charles  Neumann,  soit  avec  les  équations 

d1  \  d2£  d'i  d'  r, 


d'n 

k     d'r,          .     d'n 

d'i 

=    A0    — 1-     A  ,    — ; h    .   .    . 

—  m  -r1 

dt- 

0    dz-             '    dz' 

dt3 

»  La  précision  des  expériences  ne  permet  pas  d'ailleurs  de  faire  un 
choix  entre  ces  deux  systèmes  (i). 

»  Enfin  des  expériences  sur  les  rotations  magnétiques  de  l'acide  tartrique 
dissous  m'ont  fait  voir  que  la  proportionnalité  supposée  par  M.  Wiedemann 
entre  les  rotations  magnétiques  et  les  rotations  propres  d'une  substance 
active  n'existe  pas  réellement.  J'ai,  en  effet,  obtenu  pour  les  deux  ordres  de 
phénomènes  les  séries  suivantes  de  résultats  : 

C  D  F  G 

Rotations  magnétiques °i79        i  ,oo  i  ,5?.        2,01 

Rotations  naturelles o,85        1,00  1,01        0,89 

La  loi  exacte  du  carré  des  longueurs  d'onde  aurait  exigé 

C  D  F  G 

0,80       1 ,00         1 ,48       1 ,88  » 

(1)  Il  est  indifférent  à  ces  conclusions  qu'on  admette  avec  Cauchy  que  les  coefficients 
A0,  A,,  A,,...,  forment  une  série  rapidement  décroissante,  ou  avec  M.  Christoffel  que  les 
coefficients  A„  et  A,  sont  du  même  ordre  de  grandeur,  tous  les  autres  étant  négligeables. 


(  633  ) 

ANATOMlE  COMPARÉE.  —  De  la  distribution  des  pièces  qui  composent  l'arc 
suspenseur  de  la  mâchoire  inférieure  chez  les  poissons  osseux,  et  de  leur 
signification  analomique  ;  par  M.  H.  Hollakd.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  précédemment   nommés  :  MM.  Coste, 
Milne  Edwards,  Valenciermes.) 

«  Les  anatomistes  qui  ont  cherché  à  ramener  le  squelette  facial  des  ani- 
maux vertébrés  à  un  même  type  de  composition,  et  à  retrouver  dans  celui 
des  poissons  celui  des  mammifères,  n'ont  pas  encore  réussi  à  se  mettre  d'ac- 
cord sur  cette  importante  question  d'anatomie  comparée.  Les  difficultés 
qu'ils  ont  rencontrées  et  leurs  hésitations  portent  tout  particulièrement  sur 
le  groupe  de  pièces  osseuses  qui  s'interpose  entre  le  crâne  et  la  mâchoire 
inférieure  des  poissons  osseux. 

»  Ces  pièces,  ordinairement  au  nombre  de  cinq,  ont-elles  toutes  leurs 
analogues  chez  les  mammifères,  et  quels  sont  leurs  équivalents  anatomiques? 
Ou  bien  se  partagent-elles  en  pièces  communes  à  tous  les  vertébrés  et  en 
pièces  propres  aux  poissons?  Pour  résoudre  ces  questions  et  pour  sortir  des 
indécisions  et  des  divergences  qui  existent  encore  à  cet  égard,  il  faut  assister 
en  quelque  sorte  à  la  naissance  et  au  développement  des  os  dont  il  s'agit, 
au  lieu  de  se  préoccuper  de  leur  nombre  et  de  vouloir  les  retrouver  tous  et 
toujours. 

«   En  procédant  ainsi,  c'est  à-dire  en  étudiant  l'état  primitif  du  squelette 
facial,  et  plus  spécialement  de  la  portion  fournie  par  le  premier  arc  viscéral, 
derrière  le  cartilage  de  Meckel,  j'ai  trouvé,  à  la  place  qu'occuperont  plus 
tard  les  cinq  os  en  question,  deux  cartilages  dont  la  forme  et  les  relations 
réciproques  correspondent  tout  à  fait  à  celles  de  ce  groupe.  L'un  de  ces 
cartilages,  l'antérieur,  s'articule  avec  le  cartilage  de  Meckel,  comme  plus 
tard  la  pièce  osseuse  que  Cuvier  nommait  à  tort  le  jugal  s'articule  avec  la 
mâchoire  inférieure.  Ce  même  cartilage  répond  à  cet  os,  et  de  plus  à  celui 
que  Cuvier  nommait  tympanique;  il  représente  donc  deux  pièces  ou  un 
premier  groupe  secondaire  du  système  suspenseur.  L'autre  cartilage,  placé 
derrière  le  précédent  et  un  peu  au-dessus  de  lui,  s'éloigne  davantage  de 
l'extrémité  du  cartilage  de  Meckel  et  représente  les  trois  autres  pièces,  c'est- 
à-dire  celles  que  Cuvier  a  nommées  le  temporal,  le  symplectique  et  le  préo- 
percide.  Cette  distribution  et  cette  classification  des  éléments  de  l'arc  tem- 
poro-maiulibulaire  nous  conduit  à  reconnaître  les  homologies  sinon  de 
chaque  pièce,  du  moins  celles  de  chaque  groupe,  substituant  ainsi  l'idée  du 
groupe  ou  de  la  région  squélélique  à  celle  des  os  particuliers  et  à  la  préten- 


(  634  ) 
tion  de  les  retrouver  toujours  en  même  nombre.  En  partant  des  données 
précédentes  aussi  bien  que  de  la  situation  et  des  relations  des  deux  groupes 
qui  procèdent  de  nos  deux  cartilages  primitifs,  j'espère  avoir  réussi  à  démon- 
trer que  l'antérieur  correspond  aux  portions  écailleuse  et  zygomatique  du 
temporal,  le  postérieur  à  la  portion  tympanique.  Le  vrai  suspenseur  de  la 
mâcboire  est  en  avant,  tandis  que  1p  système  postérieur  se  met  au  service 
de  l'appareil  respiratoire,  comme  suspenseur  de  l'arc  hyoïdien  et  point 
d'attache  de  l'opercule.    » 

M.  Grad  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  la  possibilité 
d'une  mesure  de  degré  au  Spitzberg. 

(Commissaires,  MM.   Dnpin,  de  Tessan.) 

M.  Papexhei.m  adresse,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  con- 
cernant l'influence  qu'exerce  l'âge  respectif  des  époux  sur  le  sexe  des  enfants, 
des  remarques  sur  les  précautions  cpi'il  faut  prendre,  dans  de  pareilles 
recherches,  pour  ne  pas  aller  dans  les  conclusions  au  delà  de  ce  qui  est 
légitime,  pour  ne  faire  dire  aux  relevés  statistiques  que  ce  qu'ils  expri- 
ment véritablement.  Tout  en  reconnaissant  que  de  telles  conclusions  ne 
peuvent  se  déduire  que  de  nombres  très-grands,  il  s'attache  à  montrer  que 
l'étude  d'un  nombre  restreint  de  faits,  bien  observés  chacun  dans  toutes  ses 
circonstances,  fait  plus  pour  éclairer  la  question  qu'une  comparaison  de 
deux  chiffres  considérables,  quand  on  n'a  eu  égard  dans  la  formation  des 
deux  groupes  qu'à  un  seul  caractère.  Sans  nier  l'influence  que  peut  avoir 
l'âge  relatif  des  parents  sur  le  sexe  des  enfants,  il  s'attache  à  faire  voir  que 
d'autres  conditions  physiologiques  ou  pathologiques  ont  aussi  leur  influence 
sur  le  résultat,  et  il  le  montre  par  quelques  exemples  choisis  dans  ses  obser- 
vations personnelles  qui  ont  porté  sur  45o  familles. 

(Renvoi  à  la  Commission  déjà  chargée  de  l'examen  d'un  Mémoire  sur 
la  même  question  (a3  février  1 863),  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Andral,  Raver  et  Bienaymé.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  la  Marixe  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut, 
le  n°  d'avril  de  la  Revue  Maritime  et  Coloniale,  et  un  exemplaire  d'un  Mé- 
moire extrait  de  ce  Recueil  ayant  pour  titre  :  «  Renseignements  nautiques 
recueillis  à  bord  du  Duperré  et  de  la  Forte,  pendant  un  voyage  en  Chine  »; 
par  M.  Bourgois,  capitaine  de  vaisseau. 


(  635  ) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  de  la  Ro- 
quette, une  «  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  M.  Jomard  ». 

Et  au  nom  de  M.  Alexis  Perrey  les  «  Tableaux  des  observations  météo- 
rologiques laites  à  Dijon  durant  les  années  1861  et  1862  ». 

M.  Chamrrelent  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  au 
nombre  des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section  d'Économie 
rurale,  et  demande  à  être  inscrit  pour  la  lecture  d'un  Mémoire  sur  les  tra- 
vaux de  dessèchement,  d'irrigation  et  de  mise  en  valeur  des  terrains  maré- 
cageux voisins  de  l'Océan. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Economie  rurale.) 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  les  mines  de  cuivre  du  Canada  oriental;  extrait  d'une 
Lettre  de  M.  le  D'  Charles  T.  Jackson  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

(f  Boston,  le  7  octobre  iSb-j 

»  J'ai  examiné  dans  le  cours  de  l'été  dernier  plusieurs  mines  de  cuivre 
importantes  situées  dans  le  Canada.  La  plus  remarquable  est  la  mine  de 
cuivre  d'Acton,  dans  la  vallée  d'Acton  (Canada  oriental).  Cette  mine  est  une 
immense  couche  de  calcaire  magnésien  gris  rempli  de  minerai  de  cuivre 
pourpre,  gris  et  jaune,  renfermé  entre  des  parois  de  schiste  taconique.  Le 
gite  a  moyennement  1 8  à  20  pieds  (  5m  i  à  6  mètres  j  de  puissance  et  est  mis 
à  découvert  par  des  travaux  exécutés  à  la  surlace  sur  une  longueur  de 
800  pieds  (2/jo  mètres).  Des  ouvriers  exploitant  le  minerai  à  ciel  ouvert  en 
ont  extrait  en  deux  ans  pour  un  demi-million  de  dollars  (  a  millions  et  demi 
de  lrancs)decuivre.  On  va  maintenant  entreprendre  des  travaux  souterrains 
réguliers  dont  j'ai  dressé  le  plan,  et  on  réalisera  des  bénéfices  encore  plus 
considérables.  Les  minerais  sont  fondus  à  l'usine  Rivero,  près  Boston,  et  à 
celle  de  Bergen-Point  (New-York).  La  mine  d'Acton  appartient  maintenant 
à  des  personnes  de  Boston  et  de  New-York. 

»  J'ai  aussi  examiné  un  gisement  de  minerai  de  cuivre  gris  riche,  situe 
près  d'Halifax  (Canada  oriental),  à  quelques  milles  du  chemin  de  fer  de 
Québec  à  Boston.  Le  filon  a  une  puissance  moyenne  de  3  pieds  (1  mètre), 
et  je  l'ai  suivi  sur  une  longueur  de  1000  pieds  (  3oo  mètres).  Il  appartient  à 
une  Compagnie  de  Boston  et  de  New-Bedford.  On  y  commence  actuelle- 
ment des  travaux,  et  je  visiterai  de  nouveau  cette  mine  la  semaine  pro- 
chaine   pour  faire    un  Rapport  sur  les  progrès  de    'exploitation.    Elle  se 


(  636  ) 
trouve  clans  un  schiste    argileux  satiné,    qu'on  prend  généralement,  mais 
à  tort,  pour  un  schiste  talqueux  et  qui  ne  contient  pas  de  magnésie. 

»  J'ai  en  outre  étudié  une  mine  de  cuivre  gris  près  de  Richemond  (Ca- 
nada oriental),  mais  j'ai  vu  qu'elle  était  trop  irrégulière  pour  payer  les  frais 
d'exploitation.  Elle  est  située  elle-même  au  milieu  de  la  série  taconique, 
comme  le  sont  toutes  les  mines  de  cuivre  du  Canada  oriental. 

»  La  semaine  prochaine  j'irai  examiner  deux  mines  de  cuivresur  la  route 
de  Québec.  L'une  est  appelée  mine  de  la  Rivière-Noire,  et  l'outre,  qu'on  sup- 
pose être  une  continuation  delà  mine  d'Acton,  est  située  à  six  milles  au  delà 
de  cette  dernière  vers  le  nord-est. 

»  Les  mines  d'or  de  la  Nouvelle-Ecosse  sont  en  ce  moment  fort  contra- 
riées par  l'action  que  les  pyrites  arsenicales  exercent  sur  le  mercure  dont  on 
se  sert,  et  elles  perdent  une  grande  partie  de  leur  or,  faute  d'une  bonne 
direction  scientifique.    » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  découverte  d'une  nouvelle  planète  télescopique  ;   Lettre  de 
M.  R.  Luther  à  M.  Élie  de  Beaumont  (r). 

Bilk,  près  DûsseldorI',  le  i^  mars  1 363 . 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  ,  en  vous  priant  d'en  faire  part  à  l'In- 
stitut impérial,  la  découverte  que  j'ai  faite  le  r5  mars  1 863,  d'une  nouvelle 
planète  qui  est  de  10e  grandeur. 

»   Voici  deux  observations  de  cette  planète  : 

@  Diana. 

i863.  T.  m.  de  Bilk.  Ase.  droite. 

k       /        il  d        i       h 

1 5  mars.  1 3. 25. 14, 4  180.12.   6,8 

21      •  i2.5o.2o,i  170.41.59,2 

Mouvement  diurne.  .  .      — i5',  1 

ASTRONOMIE.  —  Taches  du  Soleil.— Période  de  l'étoile  variable  yi  du  Navire  Arqo; 
Lettre  de  M.  IV  Wolf  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  J'aurai  l'honneur  d'adresser  sous  peu  à  l'Académie  des  Sciences  le 
numéro  i5  de  mes  Miltheilungen  ïtber  die  Sonnenflecken.  En  attendant,   je 

(1)  Bien  que  la  découverte  qu'annonce  ici  M.  Luther  soit  déjà  connue  par  la  voie  des 
journaux,  nous  avons  dû  reproduire  cette  Lettre  qu'il  n'a  pas  été  possible  de  communiquer 
plus  tôt  à  l'Académie. 


Nombre 

Dtcl .  australe. 

do  compaf  « 

il       /        // 

-7.20.  3,4 

5 

-  7.  9.52,1 

6 

+*'-,7 

t  63.7  ) 

vous  prie  de  communiquer  à  l'illustre  Compagnie  quelques  résultais  de  mes 
recherches. 

»  En  désignant  par  r  le  nombre  relatif  à  la  fréquence  des  taches  solaires, 
j'ai  trouvé  pour  les  années  : 

18iî8  I8iî9  1860  1861  1862 

r= 5o,g  96,4  98,6  77,4  59,4 

ainsi  que  le  dernier  maximum  de  1860, -i  se  vérifie  par  la  seule  inspection  de 
ces  nombres.  En  introduisant  le  nombre  5g, 4  dans  les  formules  que  j'ai 
déduites,  pour  démontrer  la  relation  entre  la  fréquence  des  taches  solaires 
et  les  variations  magnétiques,  je  trouve  que  la  variation  en  déclinaison  aura 
été,  en  1862  : 

à  Munich.  .  .      g', 27  à  Prague.  .  .  .      8', 38 

»  En  outre,  je  viens  de  trouver,  conjointement  avec  un  de  mes  collègues 
a  l'École  polytechnique,  M.  Fritz,  que  la  fréquence  des  taches  solaires  cor- 
respond tout  à  fait  avec  la  fréquence  des  aurores  boréales,  ainsi  qu'on  re- 
connaît dans  cette  dernière,  et  la  période  de  1  1  £  ans,  et  la  grande  période 
de  Sd  ans  dont  j'ai  démontré  l'existence  pour  les  taches  solaires.  Cette 
grande  période  de  56  ans  coïncide  avec  la  période  séculaire  des  aurores 
boréales  cherchée  depuis  longues  années. 

»  Enfin,  j'ai  réussi  dernièrement  à  trouver  la  période  de  l'étoile  variable 
n  Argo  navis.  Les  observations  établies  par  Halley,  Lacaille,  Herschel, 
Powell,  etc.,  sur  la  grandeur  apparente  de  cette  étoile  s'accommodent  assez 
bien  avec  une  période  de  l\6  années,  dès  qu'on  fait  la  supposition  que  le 
maximum  principal  soit  précédé  et  suivi  d'un  maximum  secondaire.    » 

ASTRONOMIE.  —  Nébuleuse  variable  de  Ç  Taureau;  Noie  de.  M.  Chacornac, 
présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  En  construisant  à  Marseille  la  carte  n°  17  de  l'Atlas  écliptique  pour  la 
recherche  des  petites  planètes,  j'enregistrai,  du  3  décembre  1 853  au 
20  février  i854,  un  grand  nombre  d'étoiles  qui  se  trouvent  dans  cette 
région  du  ciel,  et  entre  autres,  du  26  au  3 1  janvier  de  cette  dernière  année, 
j'observai  une  étoile  de  onzième  grandeur,  dont  la  position  moyenne  pour 
le  ier  janvier  i85a  était  en  ascension  droite  de  5h28m35%6,  et  en  décli- 
naison de  +  210  7'  18".  A  cette  époque  et  plus  tard  je  n'aperçus  aucune  nébu- 
leuse en  cet  endroit  du  ciel;  par  exemple  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  le 

C.  R.,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  14.)  &4 


(  638  ) 
ier  septembre  et  le  17  décembre  1 854,  en  me  servant  d'un  réfracteur  de 
■ii  centimètres  d'ouverture,  je  ne  vis  aucune  trace  de  nébulosité  se  proje- 
tant sur  la  petite  étoile  de  onzième  grandeur,  dont  je  viens  d'indiquer  la 
place;  cependant  l'atmosphère  était  très-transparente,  et  ces  étoiles  étaient 
■  m  méridien. 

»  Le  to,  octobre  de  l'année  suivante,  en  vérifiant  de  nouveau  cette  région 
du  ciel  pour  la  recherche  des  planètes  télescopicpies,  j'observai  une  faible 
nébuleuse  se  projetant  sur  la  petite  étoile  désignée,  et  j'inscrivis  au  lias  de- 
là carte  manuscrite  la  note  suivante  :  «  Avoir  trouvé  une  nébuleuse  nou- 
velle très-près  de  Ç  Taureau.  » 

»  Je  dessinai  ensuite  sur  la  carte  l'apparence  et  la  configuration  de  cette 
nébuleuse,  par  rapport  aux  étoiles  voisines. 

»  J'étais  alors  loin  de  penser  que  ces  astres,  considérés  généralement 
comme  des  amas  de  petites  étoiles  très-rapprochées  les  unes  des  autres,  pus- 
sent varier  d'éclat  comme  certaines  étoiles  isolées,  et  attribuant  leur  degré 
de  visibilité  à  la  transparence  plus  ou  moins  grande  de  l'atmosphère  ter- 
restre, je  ne  m'arrêtai  pas  davantage  à  cette  observation. 

»  Cependant  le  lendemain,  en  réfléchissant  que  cette  nébuleuse  pouvait 
être  une  comète  très-éloignée  de  la  terre,  je  regrettais  de  n'avoir  comparé 
plus  longtemps  sa  position  à  celles  des  étoiles  voisines,  afin  de  m'apercevoir 
d'un  mouvement  qui  pouvait  être  très-lent.  Les  jours  suivants,  le  ciel  resta 
couvert,  et  le  28  la  pleine  lune  gênait  les  observations.  Ce  ne  fut  que  le  10 
novembre  que  l'état  de  l'atmosphère  permit  de  revoir  cette  nébuleuse,  et  la 
note  inscrite  à  cette  date  sur  mon  cahier  d'observation  constate  que  la  nou- 
velle nébuleuse  de  Ç  Taureau  n'avait  varié  ni  de  place,  ni  d'étendue,  ni 
de  forme. 

»  Enfin  le  27  janvier  1 856,  en  vérifiant  de  nouveau  la  position  des 
étoiles  de  cette  carte,  la  nébuleuse  m'apparut  si  brillante,  que  j'écrivis  en 
note  :  «  11  est  étonnant  que  M.  Hind  ne  l'ait  pas  aperçue  avec  sa  lunette 
»  de  7  pouces  d'ouverture;  elle  offre  l'apparence  d'un  nuage  transparent 
»  qui  semble  réfléchir  la  lumière  de  l'étoile  Ç  Taureau,  et  son  aspect,  tout 
m  différent  de  celui  de  la  nébuleuse  337  (Herschell  II),  ne  fait  naître  au- 
»   enne  idée  de  points  stellaires  visibles  sur  toute  l'étendue  de  sa  surface.  » 

»  Cette  nébuleuse  d'Herschell  se  présente  en  effet  comme  un  amas 
d'étoiles  qui  s'aperçoivent  distinctement  séparées  les  unes  des  autres,  même 
i\ecun  faible  grossissement,  tandis  que  le  souvenir  que  je  garde  de  la  nébu- 
leuse variable  me  l'a  fait  comparer  à  un  léger  cirro-stratus  strié  de  bandes  paral- 
lèles; cette  description  est,  du  reste,  en  tout  conforme  au  dessin  de  la  carte. 


(639  ) 

»  Depuis  le  27  janvier  1 856,  je  n'ai  plus  inscrit  les  dates  des  comparai- 
sons de  cette  carte  au  ciel,  et  le  20  novembre  1 862,  en  disposant  un  nouveau 
canevas  de  cette  région  de  l'écliptique  pour  la  publication  de  la  dix-septième 
carte,  je  fus  surpris  de  ne  pas  retrouver  la  moindre  trace  de  cette  nébuleuse, 
tandis  que  la  petite  étoile  de  onzième  grandeur,  sur  laquelle  elle  se  projetait, 
n'offrait  aucune  variation  d'éclat.  Je  n'ai  pas  manqué  d'inspecter  souvent  le 
lieu  de  cette  nébuleuse  depuis  que  j'ai  constaté  sa  disparition,  mais  je  n'ai  pu 
en  saisir  le  moindre  indice  avec  les  instruments  de  l'Observatoire  impérial 
de  Paris. 

»  Elle  offrait  une  forme  presque  rectangulaire  dont  le  plus  grand  côté  me- 
surait un  arc  de  3  minutes  et  demie,  et  le  plus  petit  2  minutes  et  demie.  » 

MÉGANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  les  modifications  que  doit  subir,  relativement  à  la 
Lune,  le  théorème  général  de  l'invariabilité  des  grands  axes  et  de  la  perma- 
nence des  moyens  mouvements  planétaires;  par  M.  G.  de  Poxtécoulant. 

«  Parmi  les  grandes  découvertes  analytiques  qui  ont  signalé  la  fin  du 
dernier  siècle,  on  doit  mettre  au  premier  rang  la  démonstration  générale  de 
l'importante  propriété  qu'on  a  nommée  «  l'invariabilité  des  grands  axes  des 
orbites  des  planètes  et  la  permanence  de  leurs  moyens  mouvements  ».  On  sait 
que  cette  propriété  consiste  en  ce  que,  tandis  que  tousles  autres  éléments  des 
orbites  planétaires  sont  sujets  à  des  variations  séculaires,  qui  altèrent  lente- 
ment, mais  par  une  progression  toujours  croissante,  leurs  valeurs  détermi- 
nées à  une  époque  quelconque,  les  grands  axes,  ainsi  que  les  moyens  mou- 
vements qui  s'en  déduisent,  restent  inaltérables  et  conserveront  dans  tous 
les  siècles  les  valeurs  qu'ils  ont  aujourd'hui.  C'est  à  Laplace  qu'est  due  la 
première  notion  qu'on  ait  eue  de  ce  principe,  si  remarquable  dans  la  con- 
stitution du  système  du  monde;  mais  il  y  était  parvenu  simplement  par  des 
calculs  numériques.  Lagrange  le  généralisa  et  en  donna  une  démonstration 
analytique,  en  montrant  qu'il  résulte  directement  de  la  forme  qu'il  venait 
de  faire  prendre  à  la  fonction  perturbatrice  dans  les  équations  différen- 
tielles du  mouvement  des  planètes.  Poisson  a  depuis  perfectionné  encore 
cette  démonstration  en  l'étendant  aux  termes  dépendants  du  carré  de  la 
force  perturbatrice,  que  Lagrange  n'avait  pas  considérés.  Le  principe  est 
donc  parfaitement  démontré  pour  les  planètes  et  en  général  pour  un  sys- 
tème de  corps  réagissant  les  uns  sur  les  autrrs  d'une  manière  quelconque; 
mais  il  reste  à  savoir  s'il  subsisterait  encore  dans  le  cas  où  une  force  étran- 
gère au  système,  telle,  par  exemple,  que  l'action  à\\n  fluide  qu'aurait  à 
traverser  quelqu'un  des  corps  qui  le  composent,  venait  à  agir  sur  lui,  ou 

84- 


(  6/jo  ) 
bien  si,  outre  les  attractions  qu'une  planète  éprouve  par  l'action  des  autres 
planètes,  elle  avait  encore  à  subir  l'influence  d'autres  corps  tout  à  fait  étran- 
gers au  système  dont  elle  fait  partie.  Or,  c'est  là  une  de  ces  questions  que 
l'analyse  seule  peut  résoudre,  et  comme  elle  trouve  dans  la  théorie  de  la 
Lune  une  application  immédiate,  nous  avons  pensé  qu'il  ne  serait  pas  inu- 
tile de  la  traiter  ici  avec  tout  le  développement  qu'elle  exige,  pour  éclairer 
quelques  points  encore  obscurs  de  cette  importante  théorie. 

»  Soit  a  le  demi-grand  axe  de  l'orbite  de  la  planète  m  soumise  à  l'action 
de  la  planète  m',  R  la  fonction  perturbatrice  qui  exprime  leur  action 
mutuelle  ;  la  variation  différentielle  du  grand  axe  a,  qui  en  résulte,  sera 
donnée  par  la  formule  suivante  (i)  : 

da  =  —  ia-d'R, 

la  différentielle  d'  se  rapportant  aux  seules  coordonnées  de  la  planète  /«, 
et  aux  quantités  qui  varient  avec  elles. 

a  Si  l'on  désigne  par  la  caractéristique  &  les  variations  finies,  en  différen- 
tiant  par  rapport  à  <?  la  formule  précédente  et  en  l'intégrant  ensuite,  pour 
déterminer  les  inégalités  dépendantes  du  carré  et  des  produits  des  masses 
perturbatrices,  on  aura 

âa=  -2a2   fd'.àR  -8n3  j'id'R  fd'RY 

C'est  de  cette  formule  que  nousaurons  principalement  à  nous  occuper  ici. 
Considérons  d'abord  le  premier  terme  du  second  membre  :  R  étant  supposé 
représenter  une  fonction  déterminée  des  éléments  des  orbites  des  deux  pla- 
nètesmetm',  en  ne  faisant  varier  dans  R  que  ce  qui  est  relatif  à  la  planète  m, 
on  aura  pour  sa  variation  : 

,„         A,     /*     .         <IR   .  r/R   .  dR  ^  rfR   .  dK   %  (/R  s 

ndt        J  da  ds  de  rfw  dp      '  dq       l 

Si  l'on  substitue  dans  cette  expression  pour  èa,  c?£,  de,  etc.,  leurs  valeurs 
données  par  la  théorie  de  la  variation  des  constantes  arbitraires,  on  sait  que 

la  fonction  (<JR —&.  j  ndt)  qui  en  résultera  pourra  se  décomposer  en 

différents  groupes  de  la  forme  M  INdt  —  N  JMdt,  où  MetN  sont  suppo- 
sés représenter  une  suite  de  cosinus  d'angles  proportionnels  au  temps  delà 


(1)  Mécanique  céleste,  supplément  au  3e  vol. 


(64i  ) 
i'ormekcos[ïn'  t  —  int  -f-jt  +  A  ),i  et  ï  étant  des  nombres  entiers  quelcon- 
ques positifs  ou  négatifs,  Jt  un  terme  introduit  par  les  variations  séculaires 
dont  peuvent  être  affectés  les  éléments  des  orbites  de  m  et  de  m',  en  sorte 
que  /  est  par  sa  nature  un  très-petit  coefficient,  puisque  ces  variations  s'ef- 
fectuent en  général  avec  une  grande  lenteur,  et  A  une  quantité  qu'on  peut 
regarder  comme  absolument  constante.  Supposons  que  le  terme  précédent 
appartienne  àM,  et  soit  à' cos (/'«'£  —  int  +  ft  -+-  A')  le  terme  correspondant 
de  N,  c'est-à-dire  le  terme  dépendant  du  même  argument  i'n't  —  int,  il 
faudra  combiner  entre  eux  ces  deux  termes  pour  avoir  dans 

d'Ul  /Nrft-N  fmdt\ 

des  termes  non  périodiques  ou  indépendants  des  moyens  mouvements  nt 
et  n' t  des  planètes  m  et  m,  les  seuls  dont  nous  nous  occuperons  ici.  Cela 
posé,  pour  former  cette  différentielle  il  faudra  d'abord  différentier  complè- 
tement les  quantités  affectées  du  signe  intégral  / ,  et  alors  elle  se  réduit 
d'elle-même  à  zéro  ;  il  suffira  donc  de  différentier  par  rapport  à  nt  les  quan- 
tités hors  du  signe  /  >  après  avoir  mis  à  la  place  de  M  et  de  N  leurs  valeurs. 
On  aura  ainsi 

r'Bsin(z"/t'£  —  int  -+-  ft  +  A)  j  B'cos [i'n't  —  int  +J't  -+-  A') 

—  i'Bsin  [i'n'  t  —  int  -hf't  +  A')  j  B  cof,  [i' 71' t  —  int  -t-  fi  ■+-  A). 

Si  l'on  effectue  maintenant  les  intégrations  indiquées,  qu'on  néglige  les 
termes  périodiques  dépendants  de  l'angle  i[ïri —  in)t,  on  trouvera, 
toute  réduction   faite,    que  cette   quantité   produit  dans   l'expression    de 

d'  [M  jfidt  —  N  nvr^j  le  terme  suivant  : 

-m — ■     ,    ,:,.,  ,      . 777  cosff /'-/>  +  A'-Al. 

i[i'n' — M-\-f)(i'n'  —  in-\-f)         >-\J         Jl  J 

Cette  quantité  est  évidemment  une  véritable  inégalité  séculaire;  elle  est, 
comme  on  voit,  du  second  ordre  par  rapport  aux  forces  perturbatrices, 
puisque  B  et  B'sont  de  l'ordre  de  ces  forces,  et,  de  plus,  elle  est  multipliée 
par  le  facteur  y-'— y  qui  est  nécessairement  très-petit,  puisque  les  coefficients 
/  etj'  sont  supposés,  par  ce  qui  précède,  de  très-petites  quantités.  Cett<- 

inégalité  acquiert  par  l'intégration,  dans  l'expression  de  la  fonction  /  d'R,  le 


(  642  ) 
très-petit  diviseur  f  —  J  égal  au  coefficient  qui  la  multiplie;  elle  demeure 
donc  encore  du  second  ordre  dans  l'expression  finie  du  grand  axe,  et  peut 
tout  au  plus  s'abaisser  au  premier  dans  l'expression  du  moyen  mouvement  : 
on  peut  donc  se  dispenser  d'en  tenir  aucun  compte  dans  la  théorie  des  pla- 
nètes, résultat  conforme  au  théorème  général  de  l'invariabilité  des  grands  axes 
et  des  moyens  mouvements  planétaires  (i).  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  rela- 
tivement à  la  Lune,  troublée  par  l'action  du  Soleil  dans  son  mouvement 
autour  de  la  Terre,  parce  qu'on  est  obligé  de  porter  quelquefois  dans  sa 
théorie  les  approximations  jusqu'aux  termes  du  quatrième  ordre  par  rapport 
à  la  force  perturbatrice,  et  qu'on  ne  peut  négliger,  par  conséquent,  des 
termes  qui  dépendent  simplement  de  son  carré.  Bien  ne  s'oppose  donc  à 
l'existence  d'une  semblable  inégalité  séculaire  dans  l'expression  du  grand 
axe  de  l'orbite  lunaire;  toutefois,  on  verra  que  les  inégalités  de  ce  genre  qui 
entrent  dans  celte  expression,  sont  multipliées  par  de  si  petits  coefficients, 
qu'elles  demeureront  toujours  à  peu  près  inappréciables,  et  qu'on  peut 
continuer,  par  conséquent,  à  étendre  au  grand  axe  de  l'orbite  de  la  Lune  le 
théorème  général  de  l'invariabilité  des  grands  axes  planétaires.  Mais  on  ne 
saurait  appliquer  la  même  conclusion  à  ce  qui  concerne  le  moyen  mouve- 
ment, parce   que  la  fonction  /  dt  l  d'R,  qui  entre  dans   son   expression, 

acquiert  par  la  double  intégration  un  très-petit  diviseur  de  l'ordre  du 
carré  J' — /et  peut,  par  conséquent,  devenir  très-sensible,  quoiqu'elle  soit 
de  l'ordre  du  carré  de  la  force  perturbatrice.  Comme  d'ailleurs  tout  ce  qui 
affecte  le  moyen  mouvement,  et,  par  suite,  la  longitude  de  la  Lune,  est  de  la 
plus  haute  importance  à  considérer,  il  est  indispensable  d'y  avoir  égard,  et 
ce  ne  sera  qu'après  avoir  exécuté  le  calcul  que  l'on  pourra  décider  si  l'iné- 
galité précédente  et  celles  de  la  même  espèce  qui  pourront  s'introduire 
dans  l'expression  du  nioven  mouvement  de  la  Lune  doivent  être  ou  non 
prises  en  considération. 

»  Cet  examen  fera  l'objet  d'une  nouvelle  Note  que  j'aurai  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  la  méthode  d'observation  adoptée  à  l'observatoire 
physico-météorologique  de  la  Havane,  suivie  de  quelques  déductions;  extrait 
d'une  Lettre  de  M.  Poey  à  M.  Élie  de  Beaumcnt. 

«   J'ai  eu  l'honneur  de  vous  adresser  dernièrement  la  liste  de  214471  OD* 
•     Selon  la  définition  qu'en  donne  Laplace  (Supplément  cite,  n°  2). 


(  643  ) 
servations  effectuées  à  cet  observatoire  en  1862;  permettez  moi  maintenant 
d'entrer  dans  quelques  considérations  sur  la  méthode  que  j'ai  suivie,  afin 
d'obtenir  dans  la  période  la  moins  longue  possible  la  somme  la  plus  con- 
sidérable de  déductions  et  de  résultats  pratiques  applicables  à  toutes  les 
branches  de  nos  connaissances. 

»  Profondément  convaincu  que  les  appareils  enregistreurs  ne  peuvent 
être  que  des  auxiliaires  de  l'observation  visuelle,  je  n'ai  point  hésité  à  orga- 
niser des  le  début  une  série  très-complète  d'observations  horaires  effectuées 
jour  et  nuit. 

»  Les  i3  annotations  distinctes  que  l'on  a  faites  sur  la  température  de  l'air 
et  des  eaux  ont  fourni  54 o/j3  observations  thermologiques.  Les  thermo- 
mètres de  l'échelle  centigrade  ont  été  construits  avec  les  plus  grands  soins 
par  M.  Baudin.  La  série  d'observations  entreprise  à  i'aide  des  minima  et 
d'alcool  diversement  coloré  a  été,  d'après  l'invitation  de  M.  Charles  Sainte- 
Claire  Deville,  dans  le  but  de  contrôler  celles  de  même  nature  qu'il  avait 
déjà  effectuées  à  la  Guadeloupe  en  1840  (1)  et  reprises  avec  ardeur  à  Paris 
depuis  1861  (2).  Ainsi,  les  données  que  ces  observations  nous  ont  fournies 
sont  du  plus  haut  intérêt  et  inattendues.  Le  thermomètre  maximum  à  mer- 
cure et  noirci  s'étant  dérangé  dès  le  premier  mois,  on  n'a  pu  l'observer  que 
vingt-cinq  fois.  Il  en  a  été  de  même  avec  le  minimum  d'alcool  bleu  et 
noirci  ;  les  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  de  cette  liqueur  bleuâtre, 
du  moins  ici,  se  modifient  et  se  condensent  sur  les  parois  du  tube  capillaire, 
de  telle  sorte  que  l'index  ne  peut  plus  se  mouvoir.  Ce  fait  servira  à  prévenir 
les  coustrucleurs  contre  les  agents  physico-chimiques  qui  altèrent  consi- 
dérablement les  appareils  de  précision  sous  notre  atmosphère  tropicale. 

»  Les  17464  observations  sur  la  direction  et  la  vitesse  du  vent  ont  été 
faites,  les  premières  à  l'aide  de  l'anémoscope  électrique  de  M.  du  Moncel, 
et  les  secondes  avec  l'anémomètre  à  ailes  hémisphériques  du  Dr  Robinson. 
construits  par  M.  Salleron.  Cet  anémomètre  est  aussi  simple  que  peu  coû- 
teux, très-sensible  et  très-exact.  Dans  les  grandes  bourrasques,  hors  de  la 
lecture  directe  et  horaire,  j'observe  chaque  rafale  de  vent  avec  la  plus 
grande  facilité  et  sans  bouger  de  mon  bureau.  Pour  cela,  sans  rien  changer 
à  la  disposition  électrique  imaginée  par  M.  Piazzi  Smith,  j'ai  uniquement 
remplacé  le  galvanomètre,  qui  ne  fonctionne  pas  bien  durant  les  orages, 

(1)  Voyage  géologique  aux  Antilles,  etc.  Paris,  1849,  t-  *">  2e  partie,  p.  60.  —  Annuain 
de  la  Société  Météorologique  de  France,    iS53,  t.  Ier,  p.  l35. 

(2)  Annuaire  delà  Société  Météorologique  du  France,  1861,  t.  IX,  p.  86. 


(  644  ) 
par  une  sonnette  électrique  que  l'on  peut  entendre  même  d'un  appartement 
à  l'autre,  ou  l'installer  aussi  loin  que  l'on  veut  de  l'appareil  qui  se  trouve 
ici  élevé  sur  la  terrasse.  Avec  une  montre  à  secondes,  on  compte  alors  le 
temps  écoulé  d'un  coup  de  sonnette  à  l'autre,  puis  on  le  divise  par  4oo, 
qui  représente  le  chemin  parcouru  par  le  vent  dans  cet  intervalle,  et  l'on 
obtient  de  la  sorte  sa  vitesse  par  seconde. 

»  Le  26  mars,  par  exemple,  à  o,h45m  du  soir,  durant  une  bourrasque, 
j'ai  pu  calculer  la  vitesse  d'une  seule  et  unique  rafale  qui  parcourait 
4o  mètres  par  seconde,  lors  de  la  rencontre  du  courant  polaire  du  N.-N.-O. 
avec  le  courant  équa tonal  du  S.-S.-O.,  vitesse  presque  égale  à  celle  géné- 
ralement attribuée  aux  grands  ouragans,  à  savoir  de  45™,  3o. 

»  Cette  observation  capitale  et  autres  déductions  m'ont  fait  penser  que 
les  tableaux  des  vitesses  et  surtout  des  pressions  exercées  par  le  vent  sur 
mètre  carré,  déduites  ces  dernières  d'après  la  formule  attribuée  à  Borda 
(P  =  o,n  ds'-'Y2),  laissent  encore  beaucoup  à  désirer,  par  la  raison  que 
l'on  suppose  toujours  la  pression  barométrique  égale  à  om,755  et  la  tempé- 
rature égale  à  120;  ce  qui  donne  c/  =  ik,  s3i  ou  soit  le  poids  de  1  mètre 
cube  de  l'air  en  mouvement.  Or,  ma  rafale  du  26  mars,  qui  parcourait 
40  mètres  par  seconde  sous  une  pression  barométrique  de  om,765  et  une 
température  de  23  degrés  centigrades,  exerçait  une  pression  de  255k,28  par 
mètre  carré,  force  qui  n'est  pas  certainement  en  rapport,  et  qui  diffère 
peu  de  celle  de  ^']']k,  87  déduite  d'après  la  formule  de  Borda  de  45m,  3o  de 
vitesse  attribués  aux  grands  ouragans.  En  outre,  j'ohserve  ici  très-souvent 
des  rafales  de  20  à  25  mètres  dans  des  coups  de  vent  moins  violents. 

»  D'un  autre  côté,  ces  tableaux  des  vitesses  des  différents  vents  ancien- 
nement calculées  et  reproduites  jusqu'à  nos  jours  sans  aucune  vérification 
fondée  sur  les  nouvelles  données  que  pourraient  nous  fournir  nos  anémo- 
mètres perfectionnés,  ne  peuvent  plus  présenter  une  très-grande  exactitude 
même  du  point  de  vue  pratique.  Il  faudrait  encore  tenir  compte  du  fait  que 
ces  vitesses  ne  sont  que  des  moyennes,  tandis  que  les  anémomètres  auto- 
matiques ou  électriques  nous  donnent  des  vitesses  absolues  d'une  seule  011 
de  quelques  rafales. 

»  Les  102276  observations  sur  la  nature,  la  quantité,  la  direction  et  la 
vitesse  des  nuages  ont  été  scrupuleusement  annotées  dans  chaque  cadran 
durant  les  24  heures  du  jour  et  de  la  nuit,  lorsqu'ils  traversaient  le  firma- 
ment, soit  formant  une  seule  couche,  soit  constituant  jusqu'à  quatre  et 
cinq  couches  superposées.  On  a  de  même  soigneusement  distingué,  quant  à 
leur  nature,  les  cinq  types  de  nuages  établis  par   Howard,  plus  les  trois 


(  67,5  ) 
nouvelles  modifications  que  j'ai  dernièrement  dénommées  palliant;  qui  se 
subdivisent  en  pallio-cirrus  et  pallîo-cumulus,  et  enfin  les  fracto-cumulus. 

»  Les  385a  observations  ozonoscopiques  ont  été  faites  tant  à  l'observa- 
toire qu'au  bord  de  la  mer,  à  l'air  libre,  et  au-dessus  d'un  bourbier  immé- 
diat, en  dehors  d'autres  recherches  entreprises  à  la  campagne.  On  a  fait 
usage  du  papier  réactif  de  M.  Jame(de  Sedan)  et  de  l'échelle  chromatique 
de  M.  Bérigny,  préparée  par  M.  Salleron.  Cette  échelle,  bien  supérieure  à 
toutes  celles  en  usage,  est  cependant  un  peu  en  défaut,  du  moins  sous  cette 
latitude  et  à  la  ville,  par  la  prédominance  du  ton  bleuâtre,  surtout  dans 
les  six  dernièrement  fournies  par  M.  Salleron.  J'ai  trouvé,  d'après  des  expé- 
riences simultanées,  que  le  ton  violet  prédominait  à  la  ville  dans  la  teinte 
de  l'ozone  ou  du  réactif,  tandis  qu'en  rase  campagne  et  dans  la  végétation 
c'était  au  contraire  le  ton  bleuâtre  qui  devenait  très-sensible.  Ces  variations 
de  teintes  paraissent  être  intimement  liées  aux  causes  multiples  qui  déve- 
loppent l'oxygène  naissant. 

»  Un  autre  défaut  de  l'échelle  de  M.  Bérigny  (je  fais  toujours  allusion  à 
cette  localité)  est  que  très-souvent  le  réactif  ozonoscopique  se  colore  d'une 
teinte  tellement  foncée,  qu'elle  dépasse  le  numéro  20  du  ton  extrême  de  ladite 
échelle.  Cette  forte  coloration  a  lieu  subitement  dans  les  orages  électriques, 
à  l'instant  même  que  lèvent  et  les  cumulus  effectuent  leur  rotation  azimu- 
talc  duS.-O.  à  l'O.  et  au  N.-O.  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE. — Remarques  au  sujet  d'une  communication  de  M.  Vérité 
sur  un  moyen  d'obtenir  le  synchronisme  des  horloges  publiques;  Note  de 
M.  L.  Foucault,  présentée  par  M.  Faje. 

«  Dans  la  séance  du  2  mars  dernier,  M.  Vérité  a  proposé  d'établir  le  syn- 
chronisme entre  plusieurs  horloges  dont  chaque  pendule  serait  influencé  à 
distance  par  un  électro-aimant  rendu  périodiquement  actif  au  moyen  de 
courants  distribués  par  une  horloge  type. 

»  A  l'occasion  de  cette  communication,  qui  a  été  favorablement  accueillie, 
il  convient  peut-être  de  rappeler  comment  ce  principe  de  la  subordination 
d'un  pendule  à  un  autre  a  été  énoncé,  dès  l'année  1847,  a  'a  s,u,e  d  n" 
Mémoire  où  M.  Faye  étudie  avec  beaucoup  de  soin  les  moyens  de  sous- 
traire la  pendule  astronomique  aux  différentes  causes  d'erreur. 

»  Le  moyen  consistait  principalement  à  placer  l'horloge  sous  terre,  dans 
la  couche  de  température  invariable  et  enfermée  dans  une  enveloppe  her- 

C.  E.,  i863,   1" Semeslre.    (T.  LVI,  N»  14.)  85 


(  646  ) 
métique;  mais  pour  tirer  parti  de  l'instrument  clans  de  telles  conditions  il 
fallait  recourir  à  l'électricité. 

•<  L'ordre  des  lectures,  dit  alors  M.  Faye  {Comptes  rendus,  t.  XXV, 
»  p.  38o),  n'ayant  pas  permis  à  M.  Foucault  de  présenter  lui-même  le  Mé- 
>.  moire  qu'il  avait  préparé  à  ma  demande,  je  me  bornerai  à  indiquer  suc- 
»  cinctement  le  point  capital.  L'auteur  a  recours  à  l'électricité  dyna- 
><  mique;  sans  altérer  dans  sa  construction  l'échappement  de  la  pendule 
»  type,  il  profite  du  mouvement  oscillatoire  de  l'axe  qui  porte  la  foiir- 
»  ehelte,  pour  opérer  alternativement  la  distribution  de  l'électricité  dans 
»  deux  fils  métalliques,  lesquels  allant  s'enrouler  sur  deux  électro-aimants 
)>  les  aimanteront  chacun  à  son  tour  pendant  la  durée  d'une  seconde. 
»  Ces  électro-aimants  seront  affectés  à  diriger  la  marche  dune  seconde  bor- 
«  loge  placée  sur  le  lieu  de  l'observation.  Pour  cela,  de  chaque  côté  et  à 
»  une  petite  distance  de  la  tige  de  son  pendule,  armée  d'ailleurs  d'une 
»  pièce  en  fer  doux,  on  fixera  les  électro-aimants,  qui  devront  être  très- 
»  petits  et  qui  exerceront  sur  les  oscillations  une  action  accélératrice  ou  re- 
»  tardatrice,  suivant  que  l'horloge  subordonnée  tendrait  à  retarder  ou  à 
»  avancer  sur  la  pendule  principale.    » 

»-  Ce  passage,  écrit  il  y  a  seize  ans,  par  M.  Faye,  est  rédigé  avec  une 
clarté  qui  ne  me  laisse  aucun  regret  de  n'avoir  pas  publié  le  Mémoire.  » 

chimie  organique.  —  Sur  un  isomère  de  bromure  de  butylène  bibromé  et 
sur  les  dérivés  bromes  du  bromure  de  butylène;  par  M.  Caventou.  (Note 
présentée  par  M.  Dumas.) 

«  On  sait  que  lorsqu'on  décompose  la  vapeur  d'alcool  amylique  par  la 
chaleur,  en  la  faisant  passer  à  travers  un  tube  de  porcelaine  chauffé  au  rouge, 
il  se  produit  divers  hydrogènes  carbonés  parmi  lesquels  M.  Reynolds  a 
signalé  le  premier  l'éthylène  et  le  propylène,  et  M.  A.  Wurtz  le  butylène. 
J'ai  constaté  qu'il  se  formait  en  outre  un  peu  d'acétylène. 

»  Ces  hydrogènes  carbonés  peuvent  être  facilement  convertis  en  bro- 
mures en  les  faisant  passer  à  travers  une  couche  de  brome;  pendant  leur 
formation,  il  se  produit  aussi  un  bromure  cristallisé  très-soluble  dans  les 
bromures  liquides,  renfermant  4  équivalents  de  brome,  et  que  mes  expé- 
riences tendent  à  faire  considérer  comme  un  produit  de  substitution  du 
bromure  de  butylène.  On  l'isole  de  la  manière  suivante  : 

«  Lorsqu'on  soumet  ces  bromures  à  la  distillation  fractionnée,  il  passe 
d'abord  le  bromure  d'éthylène,  puis  le  bromure  de  propylène,  et  lorsque  la 


(  6/l7  ) 
température  atteint  i5o°  à  i55°,  et  que  le  dégagement  de  vapeurs  bromhv- 
driques  devient  plus  abondant,  on  cesse  la  distillation;  il  reste  alors  dans 
la  cornue  un  liquide  noir,  épais,  piquant  fortement  les  yeux,  qui  laisse  dé- 
poser par  le  refroidissement  un  magma  noir  ayant  l'apparence  d'un  dépôt 
de  charbon.  On  sépare  ce  dépôt  charbonneux  du  liquide  qui  le  surnage  en 
le  jetant  sur  un  linge,  et  on  le  traite  par  l'alcool  à  33°  bouillant.  La  solution 
filtrée  bouillante  laisse  déposer  par  le  refroidissement  une  grande  quantité 
de  cristaux  qu'on  obtient  parfaitement  blancs  après  plusieurs  cristalli- 
sations. 

»  Ces  cristaux  sont  insolubles  dans  l'eau,  peu  solubles  dans  l'alcool 
froid,  très-solubles  dans  l'alcool  bouillant  et  dans  l'éther.  Leur  forme  cris- 
talline n'a  pu  être  déterminée  d'une  manière  exacte  à  cause  de  leur  grande 
ténuité.  Examinés  au  microscope,  on  a  pu  voir  qu'ils  cristallisaient  en  lon- 
gues aiguilles  ou  en  aigrettes.  Chauffés  dans  une  cornue,  ils  se  subliment 
en  partie  si  la  température  monte  lentement;  à  iio°  ils  commencent  à 
fondre;  entre  i  il\°  et  1  i5°,  la  masse  est  entièrement  liquide;  par  le  refroi- 
dissement le  liquide  se  prend  de  nouveau  en  masse  cristalline,  le  point  de 
solidification  est  placé  entre  i  io°  et  1 1 1°  Mais  si  l'on  continue  à  chauffer, 
à  mesure  que  la  température  s'élève,  vers  i35°  à  i4o°,  les  cristaux  fondus  se 
décomposent,  le  liquide  noircit,  et  il  se  dégage  une  grande  quantité  d'acide 
bromhydrique;vers  1900,  le  liquide  entre  en  ébullition  ;  enfin,  entre  235°  et 
2/jo0,  il  distille  un  liquide  jaunâtre  qui  ne  se  solidifie  pas  par  le  refroidis- 
sement, et  il  reste  dans  la  cornue  un  grand  dépôt  de  charbon. 

»  L'analyse  élémentaire  et  le  dosage  du  brome  des  cristaux  desséchés 
à  ioo°  leur  assignent  la  formule  CH6Br4. 

»  La  potasse  alcoolique  chauffée  avec  les  cristaux  leur  enlève  les  trois 
quarts  du  brome  qu'ils  contiennent,  et  il  reste  dissous  dans  l'alcool  un  corps 
brome  de  nature  indéterminée. 

»  L'acétate  de  potasse  ne  donne  pas  de  réaction  bien  nette  avec  les  cris- 
taux, tout  le  brome  n'est  pas  enlevé;  il  reste  après  l'expérience  un  liquide 
contenant  du  brome,  et  qui  se  dissout  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther,  et 
dont  les  analyses  ne  conduisent  à  aucune  formule;  on  trouve  en  outre,  mé- 
langée au  bromure  de  potassium  formé,  une  poudre  grisâtre  à  peu  près  in- 
soluble dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther,  et  à  laquelle  l'analyse  assigne  la  même 
formule  que  celle  du  butylène  bibromé  liquide,  ce  qui  permet  de  supposer 
qu'elle  est  une  modification  isomérique  de  ce  dernier.  M.  Regnault  avait 
déjà  observé    une   modification    analogue    dans     l'éthylène    bichloré   et 

M.  Sawitsch  dans  l'éthylène  bibromé. 

85.. 


(  648  ) 

»  Ces  expériences  ne  jetant  aucun  jour  sur  la  vraie  constitution  du  bro- 
mure auquel  l'analyse  assigne  la  formule  €*  H6  Br4,  il  a  paru  utile  alors  de 
comparer  les  propriétés  de  ce  corps  avec  celles  d'autres  bromures  analo- 
gues, en  particulier  du  bromure  de  butylène  bibromé. 

»  Le  bromure  île  butylène  nécessaire  à  mes  opérations  a  été  obtenu  par 
le  procédé  indiqué  au  commencement  de  cette  Note,  en  soumettant  à  la 
distillation  fractionnée  le  liquide  noir,  au  sein  duquel  s'était  formé  le  dépôt 
charbonneux  d'où  l'on  avait  retiré  les  cristaux  ci-dessus  décrits.  Le  bromure 
de  butylène,  d'après  mes  expériences,  passe  à  la  distillation  entre  i55° 
et  1680,  en  dégageant  beaucoup  de  vapeurs  d'acide  bromhydrique. 

»  La  méthode  suivie  pour  obtenir  les  dérivés  bromes  du  bromure  de 
butylène  est  celle  que  M.  Regnault  a  indiquée  dans  ses  belles  expériences 
sur  la  liqueur  des  Hollandais,  et  les  produits  de  substitution  qui  en  dé- 
rivent. 

»   On  a  pu  obtenir  ainsi  : 

»  i°  Le  butylène  brome  G4  H'  Br.  —  Liquide  incolore  qui  passe  à  la  dis- 
tillation entre  820  et  920  ; 

»  20  Le  bromure  de  butylène  monobromé  Gu  H7  Br.Br2.  —  Liquide  lourd, 
huileux,  passant  à  la  distillation  entre  2080  et  ai5°,  en  se  décomposant  eu 
partie  en  acide  bromhydrique  et  en  charbon; 

»  3°  Le  butylène  bibromé  G4  H6  Br*2.  —  Liquide  incolore,  mobile,  distil- 
lant sans  altération  entre  i4o°et  i5o°; 

»  4°  I-e  bromure  de  butylène  bibromé  G*  HG  Br.Br*.  — Corps  blanc,  solide, 
cristallisé,  inaltérable  à  l'air,  ne  paraissant  pas  se  volatiliser  sensiblement  à 
la  température  ordinaire,  même  au  bout  d'un  temps  très-long;  soluble  dans 
l'éther  et  clans  l'alcool  chaud,  cristallisant  de  nouveau  par  le  refroidisse- 
ment. Examiné  au  microscope,  il  se  présente  sous  forme  de  feuilles  de  fou- 
gère ou  de  dendrites  analogues  à  celles  du  chlorhydrate  d'ammoniaque. 
Chauffé  graduellement  dans  un  tube,  d  se  volatilise  en  partie  vers  1201', 
mais  à  mesure  que  la  température  s'élève,  la  masse  noircit  légèrement  et, 
\e1s2000,  point  où  l'opération  a  été  suspendue,  le  bromure  commence  à  se 
décomposer  sans  qu'on  puisse  réussir  à  le  fondre.  » 

CHIMIE  générale.  —  Recherches  sur  les  affinités.  —  Sur  l'équilibre  dans  divers 
systèmes  formés  d'acide,  d'alcool  et  d'eau;  par  MM.  Berthelot  et  Péax  de 
Saixt-Gilles.  (Note  présentée  par  M.  Dumas.) 

«   Quatre  substances  existent  en   général  ou  prennent  naissance  dans  la 


(649) 
réaction  d'un  acide  sur  un  alcool,  savoir  :  i°  l'alcool;  n°  l'acide;  3U  l'éther 
neutre;  l\°  l'eau.  Chacun  de  ces  corps  donne  lieu  à  des  phénomènes  d'équi- 
libre d'autant  plus  frappants   que   toute  proportion  qui  excède  un  équi- 
valent agit  seulement  par  sa  présence. 

I.  —  Influence  d'un  excès  d'alcool. 

ACIDES    MONOBASIQCES. 

Alcool  ordinaire  et  acides  :   i  acide  -+-  n  C  Hs02. 

Limile. 

Nombre  d'équivalents  — -^ — ■ -"^ — 

d'alcool.  Acide  acétique.       Acide  butyrique.       Acide  benzoi'que. 

n=i,o 66,5  70,2                   66,5 

i,34 71,2 

i,5 77,9 

2,0 82,8  85,9                  83>' 

2,8 85,6 

3,o 88,2  »                     87,0 

4,o 9°>2  "                     89'3 

5,4 92>°  " 

12,0 93>'2  u                         " 

'9'° 95>° 

5oo,o  ne  rougit  plus  le  tournesol.  »  » 

Alcool  méthylique  et  acides  :  1   acide  -f-  n  C:  H'0J. 

Limite 

Nombre  d'équivalents n    —    — -=-=- 

d'alcool.  Acide  acétique.         Acide  benzoi'que. 

n  =  1  ,  o 67  , 5  64 , 8 

1,5 ?5,9  » 

2 84,0 

3 »  87,4 


Alcool  amylique  et  acides  :  1  acide-f-«Cl0H'2O'. 
n  =  1 68 , 2 


86,9 
89,4 


Glycérine  et  acides  :  1  acide  -+-  n  G  H"  (  1  . 


,,5. 
6,1. 


68,7 
72,0 
89.0 


»   Il  résulte  de  ces  nombres  que  : 

»  i°  La  proportion  d'éther  formé  s'accroît  avec  le  nombre  d'équiva- 
lents d'alcool,  et  tend  de  plus  en  plus  vers  la  combinaison  totale.  Le  phé- 
nomène peut  être  représenté  par  une  courbe  hyperbolique. 


(  65o  ) 

»  2°  F/ accroissement  de  la  limite  s'opère  d'une  manière  continue  et  non 
par  sauts  brusques. 

»  3°  La  presque  identité  des  limites  observées  dans  la  réaction  de  i  équi- 
valent d'acide  sur  i  équivalent  d'alcool,  quels  que  soient  cet  acide  et  cet 
alcool,  subsiste  lorsque  l'on  fait  agir  sur  i  équivalent  d'acide  plusieurs 
équivalents  d'alcool.  Dans  tous  les  cas,  le  phénomène  dépend  principale- 
ment des  équivalents  et  non  de  la  nature  individuelle  des  corps. 

ACIDES    POLYBASIQUES. 

»  Il  faut  considérer  ici  2  équivalents  d'alcool  pour  1  équivalent  d'acide, 
puisque  la  capacité  de  saturation  d'un  acide  bibasique  est  double  de  celle 
d'un  acide  monobasique. 

Alcool  ordinaire  et  acides  :  i  acide  -+-  2/îC'H'0:. 

Nombre  Limite. 

de  doubles  équivalents  M, ,  ,.ri 

d'alcool.  Acide  succinique.         Acide  lartriqne 

"  =  1 ,0 65,7  66,6 

'>5 •■  77»9  74.S 

2,0 80,9  79,0 

5,o .  8*8,2 

53,o 99>2  » 

»  Ces  nombres  prouvent  qu'un  acide  bibasique,  en  présence  d'un  excès 
d'alcool,  se  sature  suivant  les  mêmes  rapports  qu'un  acide  monobasique; 
résultat  d'autant  plus  remarquable  que  l'acide  monobasique  ne  forme 
qu'une  seule  combinaison,  tandis  que  l'acide  bibasique  en  forme  deux, 
l'une  neutre,  l'autre  acide,  et  dont  la  proportion  relative  change  avec  la 
composition  du  système  (ce  dernier  point  sera  traité  ailleurs). 

II.  —  Influence  d'un  excès  d'acide. 

Alcool  ordinaire  et  acides  :  C  H602  -f-/2  acide. 

Limite  (proportion  d'alcool  élhérifiée). 

Nombre  d'équivalents  — ■ ■■  ■    ~ —       ,.  ■ 

d'acide.  Acide  acétique.  Acide  butyrique. 

n  =  1 66,5  70,2 

1,5 81,9  83,8 

2 85,8  87,2 

2,24 87 ,6  « 

5 96>6_  » 


(  65i  ) 

i  alcool  +  «C'H'O1. 


Limite. 


Nombre  d'équivalents 


d'acide.  Alcool  métbylique.     Alcool  amylique.     Alcool  minlholique. 

«  =  i 67,5  68,2  60,0 

',5 79,2 

2 86,0  87 ,0  » 

3 "  90 ,  o  8g ,  2 

Alcool  ordinaire  et  acide  succinique  :  2  C4  Hc  O-  -f-  «C3H608. 

n  =  1 65 , 7 

«>5 79>° 

2 85, o 

2,25 9°,° 

»  i°  On  voit  que  la  proportion  d'éther  s'accroît  avec  le  nombre  d'équi- 
valents d'acide.  L'accroissement  est  même  plus  rapide  pour  un  certain 
nombre  d'équivalents  d'acide  que  pour  le  même  nombre  d'équivalents  d'al- 
cool :  cependant  la  différence  ne  dépasse  pas  4  à  5  centièmes. 

»  i°  Les  limites  relatives  aux  divers  acides  et  aux  divers  alcools  de- 
meurent très-voisines  les  unes  des  autres  et  dépendent  principalement  des 
équivalents. 

»  L'action  d'un  alcool  potyatomique  sur  plusieurs  équivalents  d'acide  est 
toute  différente  de  celle  d'un  alcool  monoatomique,  comme  il  était  facile  de 
le  prévoir,  en  raison  de  la  multiplicité  des  combinaisons  auxquelles  l'alcool 
polyatomique  peut  donner  naissance.  Voici  des  nombres  : 

Glycérine  et  acides  :  C6  H3  0e  -f-  n  acide. 

Limite  (rapportée  à  1  seul  équivalent  d'acide). 

Nombre  d'équivalents        — mi ^»       , 

d'acide.  Acide  acétique.  Acide  valérique. 

"  =  > 68,7  7'»4 

2 1 12,6  » 

3 1 36 , 2  1 34, 7 


(  65a  ) 

III.  —    Influence  d'un  excès  d' éther  neutre. 

i  alcool  -+■    i  acide  acétique  -+-  n  éther  acétique. 

Nombre  d'équivalents 
d'élher  préexistant.  Limite. 

n  =  o 66 , 5 

o,o5 63,9 

o,  i3 62,6 

o,43 58,9 

o,85 56,3 

1 ,6 52, 1 

»  Jl  résulte  de  ce  tableau  que  la  présence  de  l'éther  acétique  agit  pour 
diminuer  l'éthérification.  L'éther  acétique  se  comporte  donc  ici  tout  autre- 
ment qu'un  dissolvant  étranger  à  la  réaction.  Ce  fait  pouvait  être  prévu, 
puisque  la  préexistence  de  l'éther  acétique  diminue  évidemment  l'action 
des  affinités  qui  tendent  à  en  produire  une  nouvelle  proportion. 

IV.  —  Influence  d'un  excès  d'eau. 
»  Cette  influence  peut  s'exercer,  soit  dans  la  réaction  d'un  acide  sur 
un  alcool,  soit  dans  la  décomposition  inverse  d'un  éther  neutre  par  l'eau. 

1  éther  benzoïque  -H  (n  +  1)  H:0'. 

Nombre  de  doubles 
équivalents  d'eau.  Limite. 

n  =  o 66,5 

0,5 61 ,4 

• 54,7 

1,5 48,6 

1 45,8 

4 34,. 

6,5 28,4 

n  ,5 19,8 

l   alcool   +    1   acide  acétique   -f-   n  HJ  O'. 

Limite. 


Nombre  de  doubles ■ — ■■' — — ■— — — - 

équivalents  d'eau.  Alcool  ordinaire.     Alcool  mélbylique.  Alcool  amylique. 

«  =  o 66,5  67,5  68,2 

0,55 6l,4  »  " 

1 55,9  57,4  60,0 

2 ••  45,2  49>7  49.4 

3 4°>7  *  45>o 

23 n  ,6  »  » 

49 8,0  »  « 


(  653  ) 

»   Nous  avons  également  étudié  les  systèmes  éthylbutyriques,  éthylva- 
lériqucs,  amylbutyriques,  amylvalériques 

»  D'après  ces  résultats  :  i°  la  décomposition  d'un  éther  ne  devient  pas 
complète,  même  en  présence  d'un  grand  excès  d'eau;  i°  cette  décomposi- 
tion varie  d'une  manière  continue  avec  la  quantité  'd'eau  :  le  phénomène 
est  représenté  par  une  courbe  hyperbolique;  3°  la  décomposition  des 
éthers  par  l'eau  et  la  réaction  des  acides  sur  les  alcools  en  présence  de 
l'eau  s'opèrent  suivant  des  proportions  équivalentes  à  peu  près  constantes, 
quels  que  soient  les  acides  et  les  alcools  employés. 

»  Enfin  nous  avons  fait  varier  dans  des  limites  encore  plus  étendues  et 
simultanément  les  proportions  d'acide,  d'alcool  et  d'eau.  Mais  l'espace  nous 
manque  pour  exposer  ces  dernières  expériences.  Nous  nous  bornerons  à 
dire  que  :  i°  Si  l'on  fait  réagir  un  certain  nombre  d'équivalents  d'eau  sur 
un  éther  neutre,  la  décomposition  est  la  plus  grande  possible  lorsqu'il  n'y  a 
ni  excès  d'acide  ni  excès  d'alcool.  Un  excès  de  l'un  de  ces  deux  corps 
augmente  la  stabilité  de  la  combinaison.  L'action  d'un  excès  d'eau  ou 
d' éther  acétique  est  inverse.  i°  Dans  tous  les  cas,  les  quantités  d'éther 
formées  dépendent  principalement  des  équivalents  et  non  de  la  nature  indi- 
viduelle des  acides  et  des  alcools.  Cette  loi  caractérise  donc  la  statique  des 
réactions  éthérées.  » 

PHYSIQUE  appliquée.  —  De  [emploi  du  chalumeau  à  cldor-hydroqène  pour 
l'étude  des  spectres;  par  M.  E.  Diacox. 

«  Il  était  permis  de  penser  que  l'absence  de  spectre  est  due,  pour  la 
plupart  des  métaux,  à  la  décomposition  des  chlorures  par  la  flamme  oxy- 
dante dans  lacpielle  on  les  place  et  à  la  non-volatilité  des  oxydes  produits, 
et  que  plusieurs  d'entre  eux  donneraient  des  systèmes  de  lignes  caractéris- 
tiques si  on  pouvait  les  mettre  dans  des  conditions  telles,  que  les  chlorures 
pussent  se  volatiliser  sans  décomposition.  C'est  ce  que  je  cherchai  à  réali- 
ser, au  commencement  de  l'année  dernière,  dans  les  laboratoires  de  la  Fa- 
culté des  sciences  de  Montpellier,  en  les  portant  dans  une  flamme  produite 
par  la  combinaison  vive  de  l'hydrogène  et  du  chlore.  Mais  les  difficultés 
que  j'éprouvai  dès  les  premiers  essais,  surtout  pour  me  mettre  à  l'abri  des 
vapeurs  d'acide  chlorhydrique  et  du  chlore,  me  démontrèrent,  tout  en  me 
donnant  l'espoir  de  réussir,  la  nécessité  de  dispositions  particulières. 

»  Reprises  au  mois  de  novembre  dernier,  avec  le  nouvel  appareil  quej'a- 

C.  R.,  i863.  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  14.)  86 


(  654  ) 
vais  fait  construire,  ces  expériences,  auparavant  si  pénibles  en  plein  air. 
peuvent  être  faites  sans  incommodité  dans  l'intérieur  du  laboratoire.  J'ac- 
quis alors  la  certitude  que  je  ne  m'étais  pas  trompé  en  supposant  que  plu- 
sieurs chlorures  métalliques  devaient  donner  des  spectres  dans  ces  con- 
ditions :  le  cuivre,  le  plomb,  le  manganèse,  le  nickel,  le  cobalt,  etc., 
donnèrent  en  effet  des  systèmes  de  raies  assez  compliqués,  mais  caracté- 
ristiques. Mais  un  fait  non  moins  intéressant,  quoique  moins  attendu,  fut 
présenté  par  les  chlorures  des  métaux  alcalins  et  alcalino-terreux.  Le  chlo- 
rure de  potassium  donnait  en  effet  un  spectre  à  peine  visible,  les  raies  bleue 
et  orangée  du  strontium  semblaient  avoir  disparu,  le  calcium  et  surtout  le 
baryum  avaient  un  spectre  bien  différent  de  celui  qu'ils  donnent  dans  la 
flamme  de  la  lampe  à  gaz.  C'est  en  ce  moment  que  je  connus,  par  un  extrait 
de  son  travail  (i),  l'opinion  émise  par  M.  A.  Mitscherlich.  La  conformité 
presque  complète  des  résultats  que  nous  avions  obtenus  par  des  méthodes 
différentes  ne  me  laissa  plus  aucun  doute,  et  j'admis  complètement  avec  lui 
que  les  chlorures  ont  un  spectre  propre. 

»  L'étude  des  spectres  des  chlorures  des  métaux  alcalino-terreux  ne  de- 
mande aucune  précaution,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  métaux 
alcalins.  Aussi,  ai-je  tout  disposé  pour  les  produire  dans  des  conditions 
semblables  à  celles  que  nous  avons  employées,  M.  Wolf  et  moi,  pour  obte- 
nir les  lignes  secondaires  de  ces  métaux  dans  une  flamme  oxydante  (2).  C'est 
alors  seulement  que  les  différences  présentées  parleurs  chlorures  pourront 
être  nettement  déterminées.  Quant  aux  spectres  des  autres  chlorures  mé- 
talliques, je  n'ai  pu  jusqu'à  présent  les  comparer  avec  les  spectres  que  don- 
nent ces  métaux  employés  comme  électrodes. 

»  Pour  acquérir  une  nouvelle  preuve  de  l'influence  de  1  élément  électro- 
négatif, j'ai  tenté  d'étudier  les  bromures  dans  des  conditions  semblables; 
mais  je  n'ai  pu  jusqu'ici  obtenir  de  flamme  par  la  combinaison  du  brome 
et  de  l'hydrogène.  J'ai  lieu  toutefois  d'espérer  que  je  pourrais  obtenir  la 
combinaison  vive  de  ces  corps  par  une  disposition  particulière  et  en  portant 
tout  l'appareil  à  une  température  élevée. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  chlorures  placés  dans  une  flamme 
qui  ne  tend  pas  à  les  décomposer  par  une  réaction  chimique  permettent 
d'obtenir  des  spectres  avec  un  plus  grand  nombre  de  métaux.  De  plus,  les 


(1)  Répertoire  de  Chimie,  janvier  1 863. 

(2)  Sur  les  spectres  des  Métaux  alcalins  (Mémoires   de   l'Académie  des  sciences  et  lettrt 
de  Montpellier),   1862. 


(  655  ) 
conditions  pins  simples  dans  lesquelles  ont  été  faites  ces  expériences  me 
paraissent  mettre  hors  de  doute  l'opinion  émise  par  M.  A.  Mitscherlich.  On 
peut  donc  dire  que  les  chlorures  ont  un  spectre  différent  de  celui  que  don- 
nent les  oxydes  ou  les  métaux  eux-mêmes,  et  admettre,  contre  l'opinion 
adoptée,  que  l'élément  électro-négatif  intervient  dans  les  radiations  émises 
par  un  sel  volatilisé  dans  une  flamme  convenablement  choisie.    » 

hydraulique.  —Expériences  en  c/randsur  un  nouveau  phénomène  de  succion  des 
veines  liquides.  Objections  résolues  par  des  faits;  Note  de  M.  A.  deCaligny. 

«  Divers  auteurs  français  et  étrangers  ont  mentionné  avec  bienveillance 
dans  leurs  ouvrages,  dont  plusieurs  ont  été  présentés  à  l'Institut,  l'appareil 
de  mon  invention,  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des 
Sciences  le  i  février  i852,  et  dont  la  description  se  trouve  dans  les  Comptes 
rendus  (t.  XXXIV,  p.  174  à  177).  Mais  les  descriptions  et  les  figures  qu'ils 
en  ont  données  ne  s'accordant  pas  toutes  avec  celles  que  j'ai  publiées, 
quelques  détails  nouveaux  sur  mes  expériences  deviennent  d'autant  plus 
nécessaires,  que  cet  appareil  est  maintenant  enseigné  dans  la  plupart  des 
universités  de  l'Europe. 

»  Voici  d'abord  de  quelle  manière  on  a  cherché  à  expliquer,  sans  me 
consulter,  la  cause  qui  ramène  le  tube  mobile  sur  son  siège  fixe,  en  vertu 
du  mode  d'écoulement  de  l'eau  entre  ce  siège  et  une  sorte  de  parapluie  ren- 
versé attaché  à  la  partie  inférieure  de  ce  tube  mobile  cpii  est  vertical.  Comme 
on  a  cru  que  ce  siège  devait  toujours  être  plongé  à  une  certaine  profondeur 
au-dessous  du  niveau  de  l'eau  du  bief  d'aval,  on  a  remarqué  que,  dans 
l'état  de  repos,  la  pression  était  sensiblement  la  même  dans  le  bief  d'aval 
au-dessus  et  au-dessous  du  parapluie  renversé,  et  l'on  a  cru  qu'il  suffisait  de 
tenir  compte,  à  l'époque  où  l'écoulement  se  fait  de  l'amont  à  l'aval,  quand 
cette  dernière  pièce  est  soulevée,  de  ce  que  la  pression  étant  diminuée 
comme  elle  l'est  en  vertu  du  mouvement  acquis  dans  les  tuyaux  de  con- 
duite à  l'intérieur  de  l'espèce  d'ajutage  troncotnque  dont  il  s'agit,  cela  suffi- 
sait pour  expliquer  la  force  qui  ramène  le  tube  mobile  sur  son  siège.  En  un 
mot,  ou  attribuait  seulement  cette  force  à  la  pression  de  l'eau  du  bief 
d'aval  sur  une  des  faces  du  parapluie  renversé,  la  pression  étant  diminuée 
sur  l'autre  face.  On  en  a  conclu  que,  si  cette  dernière  pièce  et  le  siège  fixe 
étaient  au-dessus  du  niveau  de  l'eau  du  bief  d'aval,  non-seulement  le  tube 
mobile  ne  serait  point  ramené  sur  son  siège  en  entraînant  un  contre-poids 
plus  pesant  que  lui,  mais  qu'il  serait  au  contraire  repoussé  de  bas  en  haut  en 

86.. 


(  656  ) 

vertu  d'un  reste  de  pression  de  l'eau  d'amont.  Or  cela  est  entièrement  con- 
traire aux  faits  observés  dans  des  expériences  en  grand  trop  nombreuses  et 
ayant  duré  trop  longtemps  pour  qu'il  ait  pu  rester  le  moindre  doute  aux  in- 
génieurs qui  y  ont  assisté. 

»  Je  conviens  qu'il  vaut  mieux,  eu  général,  que  le  parapluie  renversé  soit 
plongé  dans  l'eau  du  bief  d'aval  à  une  certaine  profondeur.  C'est  en  effet 
dans  ces  conditions  que  j'ai  tâché  de  me  mettre  quand  j'ai  eu  l'honneur 
d'inviter  des  Commissions  à  mesurer  l'effet  utile.  Heureusement  je  n'ai  pas 
toujours  pu  faire  ainsi  plonger  cette  pièce,  à  cause  des  difficultés  du  service 
des  eaux.  De  sorte  qu'il  est  arrivé  plusieurs  fois  qu'aux  bassins  de  Cbaillot, 
en  1 853,  des  Commissions  ont  vu  marcher  très-régulièrement  un  appareil 
de  ce  système  dont  le  tuyau  fixe  avait  6o  centimètres  de  diamètre  intérieur, 
la  chute  motrice  moyenne  au-dessus  du  siège  fixe  dont  il  s'agit  étant  de  plus 
de2m,2oet  le  siège  fixe  étant  hors  de  l'eau  d'aval.  On  sait  d'ailleurs  à  Cbaillot 
que  cet  appareil,  employant  toute  l'eau  élevée  par  la  pompe  à  feu,  quand 
j'arrivais  avant  que  le  bassin  servant  de  bief  d'aval  fût  suffisamment  rempli 
pour  l'immersion  dont  il  s'agit,  je  faisais  cependant  marcher  l'appareil, 
quelquefois  même  pendant  des  heures,  pour  étudier  le  phénomène  sous 
toutes  ses  faces. 

»  Il  est  bien  à  remarquer  que  la  marche  entièrement  régulière  dans  ces 
conditions  ne  devenait  plus  aussi  sûre  quand  le  siège  fixe  et  le  parapluie 
renversé  n'étaient  plongés  qu'à  une  petite  profondeur.  Ainsi,  lorsqu'il  y 
avait  seulement  une  hauteur  d'eau  de  /jo  centimètres  dans  le  bief  d'aval  au- 
dessnsdu  siège  fixe,  il  se  présentait,  il  est  vrai,  une  série  d'ondes  assez  cu- 
rieuses qui  semblaient  devoir  être  favorables  à  l'effet  utile;  car,  pendant  la 
sortie  de  l'eau  en  aval,  il  se  présentait  une  onde  annulaire  plus  élevée  que 
le  liquide  dont  le  niveau  baissait  au-dessus  du  parapluie  renversé,  qui  au 
contraire  était  recouvert  d'une  onde  plus  élevée  que  le  niveau  d'aval  quand 
le  tube  mobile  était  retombé  sur  son  siège.  Or,  ce  n'était  pas  à  cause  d  un 
défaut  de  succion  que  la  sûreté  du  jeu  de  l'appareil  était  diminuée  dans  ces 
conditions  ;  mais  c'était  parce  que  le  tube  mobile  ne  se  relevait  pas  toujours 
assez  complètement,  par  suite  des  conditions  purement  hydrostatiques,  ré- 
sultant soit  des  ondes  positives,  soit  des  ondes  négatives  annulaires,  combi- 
nées d'ailleurs  avec  la  forme  de  la  partie  inférieure  du  tuyau  mobile  qui, 
quoique  ayant  encore  un  diamètre  plus  grand  que  celui  du  tuyau  fixe,  était 
cependant  un  peu  conique,  ce  qui  contribuait  au  soulèvement  du  tuyau 
mobile  quand  l'immersion  était  plus  complète.  On  conçoit  d'ailleurs  que  le 
gonflement  alternatif  au-dessus  du  parapluie  renversé  ne  donnait  pas  lieu 


(  657  ) 
iux  mêmes  conditions  d'équilibre  qu'un  exhaussement  uniforme  de  l'eau 
lans  le  bief  d'aval. 

»  Dans  les  expériences  plus  en  grand  dont  je  m'occupe  maintenant  avec 
in  tuyau  fixe  de  i  mètre  de  diamètre  intérieur,  la  disposition  générale  du 
tube  mobile  n'est  plus  la  même.  Ce  tube  avait  de  l'analogie  avec  celle  d'une 
sorte  de  carafe  sans  fond,  c'est-à-dire  que  la  partie  comprise  au-dessous 
du  niveau  d'amont  s'élargissait,  la  partie  très-allongée  comprise  au-dessus 
de  ce  même  niveau  se  rétrécissait  pour  s'évaser  ensuite  au  sommet.  Le  cy- 
lindre central  fixe,  destiné  à  diminuer  la  section  libre  du  tube  mobile  au- 
dessus  de  ce  même  niveau,  mais  qui  en  général  ne  doit  pas  descendre  bien 
sensiblement  au-dessous,  était  combiné  avec  le  système  de  manière  à  faire 
terminer  l'oscillation  en  retour  quand  le  niveau  du  sommet  de  la  colonne 
liquide  oscillante  atteignait  à  peu  près  celui  de  l'eau  du  bief  d'aval.  Cette 
forme  de  carafe  est  toujours  celle  que  je  préfère  dans  les  limites  où  elle  est 
possible,  quand  on  veut  élever  l'eau  beaucoup  plus  haut  que  la  chute  mo- 
trice. Mais  pour  le  cas  d'une  élévation  à  de  très-petites  hauteurs,  par  exem- 
ple dans  un  certain  nombre  de  périodes  d'un  appareil  vidant  une  écluse  de 
navigation  en  relevant  une  partie  de  l'eau  au  bief  supérieur,  le  cas  n'est  pas 
le  même.  Le  tube  vertical  mobile  peut  alors  sans  inconvénient  être  cylin- 
drique, sauf  un  évasement  au  sommet.  Or,  je  l'ai  même  étudié  sans  cet  éva- 
sement,  son  diamètre  intérieur  étant  de  im,io,  et  n'étant  rétréci  à  sa  partie 
inférieure  que  par  un  anneau  de  i  mètre  de  diamètre  intérieur.  Dans  ces 
conditions,  l'appareil  ne  pourrait  pas  marcher  abandonné  à  lui-même  sans 
parapluie  renversé,  si  l'explication  qu'on  a  cherché  à  donner,  sans  me  con- 
sulter, était  suffisante.  Or,  quand  le  niveau  est  convenablement  baissé  dans 
l'écluse,  s'il  marche  avec  moins  d'avantage  lorsqu'on  supprime  le  parapluie 
renversé,  il  est  incontestable  qu'il  marche  abandonné  à  lui-même.  Déjà,  pen- 
dant plusieurs  années,  un  appareil  d'essai,  provisoirement  établi  sur  une 
écluse  de  petite  navigation,  a  fonctionné  dans  ces  conditions  en  présence 
d'un  nombre  considérable  de  personnes  compétentes.  Le  parapluie  renversé 
s'était  détaché  et  n'avait  pas  été  rétabli,  parce  qu'on  n'avait  pas  besoin  de 
l'appareil  à  cette  écluse. 

»  Ce  genre  de  phénomène  peut  d'ailleurs  être  reproduit  en  petit  dans 
tous  les  cabinets  de  physique. 

»  En  1 85 1 ,  j'ai  montré  à  une  Commission  d'ingénieurs,  au  Collège  de 
France,  un  appareil  avec  parapluie  renversé  entièrement  hors  de  l'eau  du  bief 
d'aval,  et  fonctionnant  régulièrement  avec  un  tuyau  fixe  de  5  centimètres 
seulement  de  diamètre  intérieur.  Aussi,  tout  en  désirant  exprimer  ma  re- 


(  G58  ) 
connaissance  aux  savants  qui  nie  font  l'honneur  de  signaler  mes  expé- 
riences, je  désire  qu'on  veuille  bien  ne  pas  oublier  qu'il  y  a  des  phénomènes 
tellement  tranchés,  que  l'illusion  n'est  pas  possible  quand  on  les  observe 
pendant  des  heures;  que  d'ailleurs  je  n'attache  ordinairement  de  l'impor- 
tance qu'aux  faits  qui  ont  été  vérifiés  par  d'autres  personnes,  et  surtout  à 
ceux  que  je  peux  reproduire  quand  on  le  voudra,  soit  très  en  grand,  soit 
très  en  petit,  dans  les  cabinets  de  physique.  Si  ces  faits  sont  ensuite  contes- 
tés par  une  véritable  autorité  scientifique,  n'est-ce  pas  une  preuve  qu'ils 
étaient  bien  imprévus? 

»  Je  dois  encore  signaler  une  erreur  matérielle.  On  s'est  imaginé  que  cet 
appareil  ne  pouvait  marcher  abandonné  à  lui-même  qu'avec  des  variations 
assez  limitées  dans  les  hauteurs  des  niveaux  d'amont  et  d'aval,  et  qu'il  fal- 
lait par  conséquent  un  surveillant  assez  intelligent  pour  régler  le  contre- 
poids ou  le  flotteur  qui  en  tient  lieu  quand  le  système  est  réduit  à  n'avoir 
qu'une  seule  pièce  mobile.  Cette  méprise  paraît  être  venue  de  ce  qu'il  s'ar- 
rête, en  effet,  quand  le  niveau  d'amont  s'élève  à  une  certaine  hauteur  pour 
un  contre-poids  donné,  parce  qu'il  faut  que  l'oscillation  en  retour  descende 
assez  bas  pour  que,  la  pression  sur  l'anneau  inférieur  du  tube  mobile  étant 
convenablement  diminuée,  ce  tube  puisse  se  lever  de  lui-même,  soit  en 
vertu  d'un  contre-poids,  soit  en  vertu  d'un  flotteur.  On  conçoit  donc  qu'il 
faut  un  trop-plein  au  bief  d'amont  en  l'absence  d'un  surveillant,  à  moins 
qu'on  n'ajoute  au  système  un  appendice  qui  n'a  pas  encore  été  étudié  par 
l'expérience. 

»  Mais  des  expériences  en  grand  ont  démontré,  pendant  plusieurs  années, 
que  l'appareil  entièrement  abandonné  à  lui-même  marchait  régulièrement, 
malgré  des  variations  énormes  dans  la  hauteur  du  niveau  du  bief  d'amont, 
c'est-à-dire  en  vidant  une  écluse  de  navigation.  Quant  au  niveau  d'aval,  on 
a  constaté  en  1 853,  dans  les  bassins  de  Chaillot,  pendant  le  remplissage  du 
bassin  servant  de  bief  d'aval,  que  les  variations  du  niveau  de  l'eau  dans  ce  bief 
pouvaient  être  énormes  sans  arrêter  l'appareil.  En  définitive,  soit  en  amont, 
soit  en  aval,  les  niveaux  peuvent  avoir  de  très-grandes  variations,  mais  on 
ne  peut  se  dissimuler  qu'il  faut  jusqu'à  présent  un  trop-plein  quand  il  n'y  a 
pas  de  surveillant  pour  le  bief  d'amont. 

»  L'étendue  de  cette  Note  ne  me  permettant  pas  de  discuter  les  principes 
de  ce  système,  j'ai  seulement  ici  pour  but  de  rétablir  les  faits  dernièrement 
encore  observés  sur  une  plus  grande  échelle.  J'ajouterai  donc  seulement 
que,  dans  mes  dernières  expériences  sur  un  tuyau  de  i  mètre  de  diamètre, 
en  tôle,  je  suis  parvenu  à  diminuer  beaucoup  l'angle  du  parapluie  renversé 


(  659  ) 
avec  la  verticale,  en  étudiant  le  degré  d'immersion  dans  le  bief  d'aval,  qui 
permet  d'obtenir  de  la  manière  la  plus  avantageuse  une  sorte  de  remous 
annulaire  reposant  sur  les  mêmes  principes  que  les  remous  ou  ressauts  qui 
ont  été  observés  dans  les  coursiers  en  aval  des  roues  bydrauliques  verticales 
à  grande  vitesse,  et  que  ce  remous  ma  permis  de  combiner  d'une  manière 
utile  à  la  succion  la  force  centrifuge  de  l'eau  qui  se  plie  sous  le  parapluie  ren- 
versé. Cet  appareil  fonctionne  aussi  de  lui-même  quand  il  n'y  a  pas  d'eau 
dans  le  bief  d'aval.  Cette  expérience  a  été  répétée  en  mon  absence  par 
M.  Loyal,  conducteur  des  Ponts  et  Chaussées.  » 

ANALYSE  mathématique.  —Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Brioschi  à  M.  Hermite. 

«   Soient  u  (x,  y)  une  forme  à  deux  indéterminées  d'ordre  n;     ç    x,  > 
un  covariant  d'ordre  m  de  la  même  forme.  En  posant 

les  coefficients  <p0,  tptJ . .  . ,  <p„  sont,  comme  vous  l'avez  démontré,  des  cova- 
riants  de  la  forme  u  et  précisément  ses  eovariants  associés.  Soit  x,  \y,  une 
racine  de  l'équation  u(x,  y)  =  o;  en  substituant  x,  à  x,  y,  à  y  dans 
l'équation  supérieure  et  en  posant 

a  x  =  x,X p-Y,       r  =  y,X+-  —  -f-  Y, 

*     '  m    d\ ,  J         J  m  dr, 

on  aura  u  [x,  y)=  (o,  <p„  «t2, ,  <f,/  (X,  Y)", 

dans  laquelle  <p,,  <p2, . . . ,  sont  des  fonctions  de  x,,  y,. 
»   Les  deux  équations  (a)  nous  donnent  les  suivantes  : 

(if  dm  __  du  du  _. 

x-f-  +J-T1  =  rnœX,      .7 hy  -j-  —  n^{\  ; 

x/-,        ■'    dr,  '  c/j'i        J    dyt  ' 

par  conséquent  si  l'on  fait 


:3) 


du  do 

a.r,  dyt 

du  du 

x (-  y  

rfx,        "    dr, 


on  aura  X  = —  Yz, 

m    s 

et,  en  substituant, 

"(■*-.  j)=Y".(o,ç,,?2,...,?/,    (-^r,  i  ) 


(  66o  ) 
'Ii(z)  étant  un  polynôme  du  degré  n —  i.  Mais  de  la  relation  (3  )  on  a 

ydx  —  xdy  =  —  cp,Y2dz; 
par  conséquent,  en  supposant  n  pair  et  égal  à  ir,  on  aura 

y  dx  —  xdy  v,dz 


(4) 

Soit  n 


4,   et 


v'tt  (x, y) 


d-  u       d* u 


s  y 


3'.  4' 


dx7      dx  dy 
d'u       d'u 


dxdy      dy' 


du 

du 

I 

dx 

tr 

8 

dh 

dh 

dx 

4r 

soient  les  deux  covariants  irréductibles  de  la  forme  biquadratique  u  {x,y)  ; 
en  supposant  y  =  h  et  x=  x,,  y  =y,,  on  aura 


/?0  =  o,     A,  =  —  -0,     h, 


».= 


O 


*52, 


$,  £  étant  les  invariants  de  la  forme   u.   En  substituant  ces  valeurs  dans 
l'équation  (4),  on  obtient,  après  quelques  réductions,  la  formule 

y  dx  —  xdy  dz 


\  u   x,  y 


V'4  i3  —  sz t 


>■  J'avais  déjà  donné  celte  transformation  dans  une  Note  publiée  dans  les 
Annalidi  Matematica,  t.  III,  année  1860,  mais  par  une  méthode  particulière 
Je  pourrais  donner  d'autres  exemples;   mais,  sans  insister  plus  longtemps 
sur  les  formes  à  deux  indéterminées,  je  passe  aux  formes  ternaires,  en  me 
limitant  pour  le  moment  aux  formes  cubiques. 

»  Soit  u(x,,  x2,  x3)  une  forme  cubique  ;   A,  k,  0;   s,  i  ses  covariants  et 
ses  invariants.  En  se  rappelant  que 

u,     u2     u3 
h,      h2      h 

A",         A"2  n 

si  l'on  pose  wT  =  —  ■>  vr  =  —-  ,  et  si  l'on  substitue  dans  u,  au  lieu  de  x, , 

1  dur  dkr 

x3,  x3,  les  y,,  y.,,  y3  données  par  les  équations 

|  yt  =  xt  Y,  +  p,Y, -h  iv,Y3, 
-  ja  =  xsY,  +  v2Y2  -+-  waY,, 
'  y3  =  x3Y,  +  t>3Y,  +  tv3Y3, 


(66i  ) 
on  aura 

«ij-,,j2,j3)  =  rtYj  +  bt |  -h  cY*  +  3f/Y*Y3  +  3e  Y*  Y,  +  3/Y?Y2 
+  3gYaY|+  3/Y3Yf+3/Y,Y=  +  6/Y,Y2Y3; 

et  les  coefficients  rt,  è,  c,...,  seront  des  covariants  de  la  forme  «(a •,,  „r2,  x3) 
Si  l'on  suppose 

«(a:,,  x2l  ar3)  =  o, 

on  peut  calculer  facilement  ces  coefficients,  et  l'on  trouve 

a  =  z*  (a?,,  a?2,  .r3)  =  o,     b  =  u{v{,  va,  e3)  =  —  «8=  o, 

c  =  u[  îv,,u>2,  (*>3)  =1$  (  sth* -+- 3  s- h2  A-  —  36*A-2),  3d  =  V  ic^  =3À0, 


3*f'2pSs?i*^f*"-3^' 


Les  équations  (5),  multipliées  par  h,  ,  «2,  «3  ;  A,,  A2,  /«3  ;  kt,  k2,  A3,   nous 
donnent  : 

1   I>  "'  ■+■  y '*  »2  +  j3  "3  =  5  Y3, 

(6)  j  7-,  A,  +,,/.,  -+-;-,  A3  =  AYj, 

(   r,  />',  +  .v2/fa+j3A\i  =  aA-Y,  4-  0Y2; 
par  conséquent,  en  supposant 

(7)  Z== 


on  aura  Y<  =  —  -j  Y3  z, 


9 
I 


et 

(8)  K(jrM<ril<r,}i==ôY,(AY;  +  aBY1-T,-.+  CY»)) 


étant 


A  =  -(ft"z  +  6*j,     B=  3!7i[(^/'''  -  i8A2}z  +  A2(*Aa  -  3i*J], 


C=  i^  52z2-2/r(g^J+3^-A-^/r'')z+//-(.9//^+;^^2X-36M-:!)], 


ou 


Y3 


bien        u{ri,  j2,  Js)=  5  f  [(AY,  -+-  BY3)?  -  Y*  (B2  -  AC)], 
étant  B2-AC=  -62  (il -h  3sz  -  :'). 

C.  R.,  i863,  1er  Semestre.  (T.   LV1,  N°   14.)  87 


(  662  ) 
Des  équations  (6),  (7)  011  a 

Donc,  en  dérivant  par  rapport  à  Yr  l'équation  (8),  on  obtiendra 

du    ur         du   dz 
dY3  J  +  Tfzdy/ 


dit  du  llhr lllllr 


hQ 


et.  en  conséquence, 


du  du  du  du  .,,    ,..,  __.   . 

Or,  en  supposant  u  (j-, ,  j\,  y3  )  =  o, 

AY2  -+-  BY3  =  -  Y3  0  v'6(2«h-3jz  —  s3)  ; 


on  a 


donc 


du 


ytv?r  =  62Ylsj6{2t  +  5sz-z3), 


mais  de  l'équation  (7)  on  déduit  aussi 

dy{     dj2     dj 


V\\dz 


s 


=  A, 


donc  la  substitution  (7)  conduira  à  la  transformation 

A  dz 


2> 


du 
dy 


^6(2^  +  3^2  — z3) 


On  peut  obtenir  les  valeurs  de  la  substitution  inverse,  c'est-à-dire  les  va- 
leurs des  rapports  j,  :  y2  :  j3,  qui  annulent  la  Fonction  u(jit  j2,  jr3),  en 
fonction  de  z,  en  substituant  dans  les  équations  (5),  au  lieu  de  Y,,  Ys,  lents 
valeurs 

Y,=-ÎY3Z,       Y1.=r-i(inifl-B)Y„ 


ayant  posé  m  =  \6  (il  -+-  '5sz  —  s8).  Mais  des  équations 
e\,  rtl-h.T„u.,-h.r3ii3=:o,  x,  h,  -{-x2Ii2-\-x3h3=fi,  .r,  i,-\-x2k2  -f-  x3k3  =  nk. 
1  déduit  $.rr  ==  fipr  -+-  2 /:  vr, 


(  663  ) 

;    nar  rnnsénnent.  i 


étant  pr  =  — -;  par  conséquent,  en  indiquant  avec  à  une  indéterminée,  on 


aura 


jr—  à    ~mQvr-h  A  [wr  —  zpr)  —  (  i  y  Az-f-  B  j  vr   < 
ou  encore,  en  introduisant  le  déterminant  P  de  ma  première  Lettre, 

Cette  transformation  est  celle  donnée  par  M.  Arotihold,  dans  les  Comptes 

rendus  de  /' Académie  de  Berlin  (avril  1861).  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  [altération  des  sirops  par  une  ébullilion 
prolongée;  j>arM.  En.  Momek.  (Présentée  par  M.  Payen.) 

«  Mes  expériences  ont  été  faites  sur  des  sirops  de  canne  et  de  betterave 
préparés  avec  des  sucres  de  même  nuance,  la  bonne  4e-  Ces  sirops, 
placés  dans  des  matras  de  même  capacité,  ont  été  soumis  à  une  ébullition 
régulière,  en  faisant  en  sorte  que  l'eau  évaporée  fût  exactement  remplacée 
dans  chacun  des  matras.  Les  sirops,  après  une  ébullition  de  10  heures,  ont 
été  essayés  comparativement  par  le  procédé  de  M.  Barreswil  et  ont  donné 
les  résultats  suivants  : 

Sucre  Sucre 

crîstallUable.         inciïsuHi  sable. 

(1)  Sirop  de  sucre  de  canne  avant  l'ebullition.  .  .  61  ,3  1,70 

Après  une  ébullition  de  10  heures 35, o  28,60 

(2)  Sirop  de  betterave  avant  l'ebullition 61  ,8  0,20 

Après  10  heures  d'ébullition 60, y  1,10 

>»  Il  s'est  donc  produit,  dans  ces  expériences  comparatives,  26  plus  de 
glucose  dans  le  sucre  de  canne  (Martinique)  que  dans  celui  de  betterave, 
et,  par  une  ébullition  continue  de  18  heures,  le  sucre  de  canne  s'est  com- 
plètement transformé  en  glucose;  quant  au  sucre  de  betterave  ,  sa  transfor- 
mation complète  eût  exigé  une  ébullition  beaucoup  plus  prolongée. 

»  Acide  libre.  —  La  transformation  si  rapide  des  sucres  exotiques  en 
mélasse  est  due  à  une  petite  quantité  d'acide  libre  que  renferment  presque 
toujours  ces  sortes  de  sucres,  et  surtout  ceux  de  la  Martinique.  Ainsi, 
dans  mes  expériences,  il  a  fallu  jusqu'à  iêr,4  de  chaux  pour  neutralise! 
l'acide  de  1  kilogramme  de  sirop  à  35°  Baume.  En  recommençant  ces  expé- 
riences, en  rendant  le  sucre  légèrement  alcalin,  j'ai  trouvé  les  résultats 
suivants  : 

87.. 


(  664  ) 

Sucre  Sucre 

cristal  lisable.  incristallisable. 

Avant  l'ébullition 61  ,3  ',7<> 

Après   10  heures  d'ébullition 57,6  5,4o 

»  Ainsi,  grâce  à  la  présence  de  la  chaux,  la  proportion  de  glucose  a  été 
cinq  fois  moins  grande  que  dans  le  sirop  de  canne(i)  non  saturé  de  chaux.  » 

géométrie.—  M.  Babinet  présente,  au  nom  de  M.  Cli.-M.  Wiltich,  quia 
déjà  transmis  à  l'Académie  des  approximations  numériques  remarquables, 
une  table  plus  complète  des  résultats  auxquels  il  est  parvenu  par  un  travail 
opiniâtre. 

355 
■k  =    — ^     — 0,0000002        =      3,1415927        (Métnis!. 

2:7  =    — -    — 0,000  000  5  '—     6,283  1 85  3 

—  0,00000007  =10,78539816 

—  0,00000007  =10,52359875 

—  o ,  000  000  09  =  1 ,  047  1 97  55 

—  0,000000  1  =      2,0943951 

—  0,0000004  =     4 11 88  790  2 

-^—  =     —*—     —0,0000016         =       0,0087266 
36o  802  '  '    .      ' 

-==    ttjtj:    -f-  0,000  000  o3      =      o,3i8  3og88 

t.  355 


n 

1  — 
4 

355 
452 

T. 

355 

6~ 

678 

r  = 

355 
339 

2 

3W  = 

710 
339 

4 

3r  = 

1420 
339 

36o  _ 

■77 

81 36 
7' 

-+-  0,000 010 

= 

1 i4)5gi  55g 

7T2   = 

227 

-4-  0,000  o3g 

= 

9,869604 

ÎT3   = 

23200 
763 

—  0,000  022 

= 

3o,4o6  276 

7T! 

23 

227 

—  0 ,000  000  4 

—. 

0,101  321  2 

\Ztt  = 

296 
167 

h-  0,000  001 

= 

.,772454 

y  77   — 

33. 
226 

—  0,000  010 

= 

.  ,464  592 

./î= 

145 

—  0,000  012 

= 

o,564  '9° 

(  665  ) 

l/-'=     -yn     +0,0000008         =        1,1283702 
v   C  =    ^ïï^    ~~  0,0000000        —      0,80599(30 

y  /  -  =   ^£     +  o  ,000  000  0      =     t  ,240  701  o 
V  if        437 


Log.  hyperbolique  de  n  =      —^  —0,000007  =       1,1 44  7 ^° 

195 

Module  des  log.  ordinaires.. .  .   =     ■—-  +0,000004  —      0,434294 

449 

Réciproque  du  même  nombre.  =    — g  -1-0,000021  =      2,3o2.585 


95 


1 264 
Base  des  log.  hyperbol.. .  =  c  =  +0,000002  =      2,718282 

Sa  réciproque ==  —  ,==   — -77   — o,ooocoooo2  3=      0,367879744  s 

Côté  du  carré  équivalent  au  J  ._ 

cercled'un  diamètre  égal  à>  =     —I-     —0,0000006         ==      0,8862269 
1.     ■  ■  ■  i  107 

I  unité ] 

M.  Eudes -Desloxgchamps,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Caen, 
remercie  l'Académie  qui  a  bien  voulu  comprendre  cette  Faculté  au  nombre 
des  corps  savants  auxquels  elle  fait  don  de  ses  Comptes  rendus  hebdomadaires. 

M.  le  Doyen  de  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier  demande,  pour 
la  bibliothèque  de  la  Faculté,  les  volumes  qui  lui  manquent  des  Mémoires 
de  ['Académie  et  du  Recueil  des  Savants  étrangers. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  Béghin  adresse  de  Lorient  (Morbihan)  une  Note  sur  un  nouveau  mode 
de  production  d'électricité  dynamique. 

M.  Becquerel  est  invité  à  prendre  connaissance  de  cette  Note,  et  à  faire 
savoir  à  l'Académie  si  elle  est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Chylinski  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  désigner  des  Commis- 
saires devant  lesquels  il  puisse  répéter,  avec  des  appareils  de  son  invention, 
certaines  expériences  sur  la  pression  de  l'air. 

Si  M.  Chylinski  veut  faire  connaître,  dans  mi  Mémoire,  ses  expériences 


(  666  ) 
et  les  appareils  qu'il  y  emploie,  l'Académie  renverra,  s'il  y  a  lieu,  son  ma- 
nuscrit à  l'examen  d'une  Commission  ;  jusque-là  elle  n'a  pas  à  s'en  occuper. 

A  5  heures  et  un  quart  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


COMTE  SECRET. 

M.  Mathieu  présente,  au  nom  de  la  Section  d'Astronomie,  la  liste  sui- 
vante de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  le  général  Brisbane. 


A u  premier  rang.  . 


Au   second    rang  et 
par  ordre  alphabétique. 


M.  Cayley.. 
'  M.  Challis. 

M.  CoOPER.. 

M.  Galle.    . 
M.  Gasparis. 
M.  Graiiam.. 
M.  Hexcke.  . 

M.  L AMONT.. 

M.  Lassell. 

M.  LlTTROW. 

M.  Mac  Lear 
M.  Plaxtamour 


à  Londres. 

à  Cambridge. 

à  Markree  (Irlande). 

à  Berlin. 

à  Naples. 

à  Markree. 

à  Driessen  (Prusse). 

à  Munich. 

à  Liverpool. 

à  Vienne. 

au  Cap  de  Bonne-Espérance. 

à  Genève. 


M.  Robixsow 

M.  Struve(Otto).  à  Pulkowa  près  St-Pétersbourg. 


à  Armagh. 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts. 


E.   D.   B. 


BULLETIN'    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  6  avril  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Discours  de  M.  deTessain,  Membre  de  l'Académie  des  Sciences,  prononcé 
aux  junérailles  de  M.  Bravais,  au  nom  de  la  Section  de  Géographie  et  de  Navi- 
gation, le  mercredi  Ier  avril  i863.  Paris,  i  feuille  in-4°. 

Renseignements  nautiques  recueillis  à  bord  du  Duperré  et  de  la  Forte,  pen- 


(667  ) 
/tant  un  voyage  en  Chine,    1860-1862  ;  par  M.  S.  Bourgois.  (Extrait  de  la 
Revue  Maritime  et  Coloniale.)  Paris,  i863;  in-8°.  (Adressé  par  S.  Exe.  M.  le 
Ministre  de  la  Marine,  avec  le  numéro  d'avril  de  la  Rev.  Mûrit,  et  Col.  ) 

Ouvrages  destinés  au  concours  pour  le  prix  de  Physiologie  expérimentale  de  i86j. 

Le  nerf  pneumogastrique  considéré  comme  agent  excitateur  et  comme  agent 
coordinateur  des  contractions  œsophagiennes  dans  l'acte  de  la  déglutition;  pat 
A.  ChaUVEau.  (Extrait  du  Journal  de  la  physiologie  de  l'homme  et  des  ani- 
maux.) Paris,  1862;  in-8°. 

Recherches  physiologiques  sur  l'origine  apparente  et  sur  l'origine  réelle  des 
nerfs  moteurs  crâniens:  détermination  de  cette  dernière  ;  par  le  même.  (Extrait 
du  même  recueil.)  Paris,  1862;  in-8°. 

Ouvrages  adressés  par  M.  J.-A.  Barral  pour  le  concours  Morogues.^ 
Journal  d'agriculture  pratique;  années  1 858  à  1862.  Paris,  10  vol.    in— 8°. 

—  Le  bon  Fermier,  aide-mémoire  du  cultivateur;  ie  édition .  Paris,  1 86 1  ;  in- 1 2 . 

—  Drainage,  irrigations,  engrais  liquides;  2e  édition,  1. 1  à  IV.  Paris,  4  vol. 
iu-12. 

Ouvrages  destinés  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

Des  maladies  virulentes  comparées  chez  l'homme  et  chez  les  animaux ,-  par 
Michel  Peter.  Paris,  i863;  in-8°. 

Études  pratiques  sur  les  maladies  nerveuses  et  mentales  ;  par  le  Dr  H.  Girard 
de  Cailleux.  Paris,  1 863;  in-8°. 


Recherches  sur  l'appareil  générateur  des  Mollusques  gastéropodes  (Thèse  pré- 
sentée à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  pour  obtenir  le  grade  de  docteur 
es  sciences  naturelles);  par  M.  E.  Baudelot.  Paris,  1 863  ;  in-4°. 

Notice  sur  quelques  Aléochariens  nouveaux  ou  peu  connus,  et  description  de 
larves  de  Phytosus  et  Leptusa;  par  M.  A.  Fauvel.  (Extrait  des  Annales  de  la 
Société  enlomologique  de  France.)  Paris,  1  feuille  in-8°. 

Sur  les  genres  Calyptomerus  Redl.,  et  Comazus  Fairm.;  par  le  même. 
(Extrait  du  même  recueil.)  Paris,  quart  de  feuille  in-8°. 

Synopsis  des  espèces  normandes  du  genre  Micropeplus  Lalr.,  de  la  famille 
des  S  taphyl  inides  (insectes  coléoptères)  ;  parle  même.  (Extrait  du  Rulletin  de  la 
Société  linnéenne  de  Normandie.)  Caen,  1861  ;  br.  in-8°. 

Catalogue  des  insectes  recueillis  à  la  Guyane  française  par  M.  E.  Déplanche, 
chirurgien  auxiliaire  de  la  Marine  impériale;  par  M.  A.  Fauvel  ;  1 re  et  2e  par- 
tie. (Extrait  du  même  recueil.)  Caen,  1861  et  1862;  deuxbroch.  in-8°. 


(  668  ) 

Notices  entomotocjiques,  par  M.  A.  FAUVEL.  ire  partie  :  Coléoptères  de  la 
Nouvelle-Calédonie ,  recueillis  par  M.  E.  Déplanclie.  (Extrait  du  même  re- 
cueil.) Caen.  i86a;in-8°. 

Le  Soleil  de  la  photographie,  traité  complet  de  la  photographie  pour  poi- 
trails, vues,  paysaijcs,  monuments,  stéréoscopes,  etc.;  par  M.  I.EGBOS.  Paris, 
vol.  in-8°. 

Mémoires  de  ta  Société  d'agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  du 
département  de  l'Aube;  t.  XIII,  2e  série;  n0'  63  et  64,  3e  et  4e  trimestres 
1862.  ïroyes;  in-8°. 

Répertoire  des  travaux  de  la  Société  de  Statistique  de  Marseille;  t.  XXIV 
;iYe<le  la  5e  série).  Marseille,  1 86 1  ;  in-8°. 

On  theorigin...  Sur  l'origine,  l'accroissement,  la  substructure  et  la  chro- 
notogie  des  récifs  de  la  Floride;  Lettre  du  capitaine  E.-B.  Huïnt,  du 
corps  des  ingénieurs  des  États-Unis,  au  professeur  Bâche,  surintendant  de 
l'hydrographie  des  États-Unis.  (Extrait  de  V American  Journal  of  Science 
and  Arts.)  In-8°. 


ERRATA. 
(Séance  du  a3  mars  1 863.) 
Page  535,  ligne  8  en  remontant,  au  lieu  de  but  hydraulique,  lisez  lut  hydraulique. 

f  Séance  du  3o  mars  1 863.) 

Note  adressée   par  M.  Faye. 

Je  m'en] presse  de  corriger  une  inadvertance  dans  ma  dernière  communication  à  l'Acadé- 
mie. Elle  consiste  en  ce  que  le  nombre  trop  faible,  donné  par  le  Schehallien  pour  la  densité 
de  la  Terre,  est  rapproché  des  attractions  trop  faibles  reconnues  récemment  avec  plus  ou 
moins  de  certitude  pour  les  Pyrénées  et  l'Himalaya.  La  densité  moyenne  obtenue  par  cette 
voie  étant,  comme  je  le  fais  remarquer  quelques  lignes  plus  haut,  inversement  proportion- 
nelle à  ia  déviation  observée,  un  résultat  trop  faible  pour  la  densité  ne  peut  indiquer  qu'une 
déviation  trop  forte  par  rapport  à  l'attraction  présumée  de  la  montagne.  Il  faut  donc  corriger 
les  lignes  i5  à  9.8  de  la  page  563  en  ce  sens  que  l'expérience  du  Schehallien  contredit,  au  lieu 
de  corroborer  les  résultats  obtenus  autrefois,  de  deux  manières  différentes,  par  Bouguer  et 
La  Condamine  (  valeurs  beaucoup  trop  fortes  de  la  densité  de  la  Terre  ),  et  dans  ces  derniers 
temps  par  les  géodésiens  anglais  et  français  pour  l'attraction  de  grandes  chaînes  de  monta- 
gnes, telles  que  les  Andes,  les  Pyrénées,  l'Himalaya.  C'est  aussi  à  ces  grands  massifs  que 
s'appliquent  exclusivement  les  considérations  de  la  page  suivante.  » 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI   13  AVRIL  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Ehrmaxx,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  pour  la 
Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  adresse  ses  remercîments  à  l'Aca- 
démie. 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  la  propagation  de  l'électricité  à  travers  les  fluides 
élastiques  très-raréfiés ;  par  M.  A.  de  La  Rive.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Les  recherches  dont  je  viens  présenter  à  l'Académie  un  simple  résumé 
ont  pour  ohjet  l'étude  des  phénomènes  qui  accompagnent  la  propagation 
de  l'électricité  dans  les  fluides  élastiques  très-raréfiés.  Je  supprime  ici,  pour 
abréger,  l'exposition  des  travaux  qui  ont  déjà  été  faits  sur  ce  sujet,  me 
bornant  à  rappeler  qu'il  est  bien  établi  maintenant,  principalement  par  les 
expériences  concluantes  de  M.  Gassiot,  que  le  vide  absolu  ne  transmet  en 
aucune  façon  l'électricité,  mais  qu'il  suffit  de  la  présence  de  la  plus  petite 
quantité  de  matière  pondérable  pour  que  cette  transmission  puisse  avoir 
lieu. 

»  Mes  expériences  dans  ce  premier  travail,  qui  avait  surtout  pour  objet 
l'étude  des  phénomènes  généraux,  n'ont  porté  que  sur  l'hydrogène  et  l'azote, 
deux  gaz  bien  différents  quant  à  leurs  propriétés  physiques  et  chimiques, 
et  présentant  cependant  l'un  et  l'autre  l'avantage  d'être  des  gaz  simples, 
inaltérables  et  sans  action  sur  les  métaux.  L'air  atmosphérique,  sur  lequel 
j'ai  aussi  opéré,  se  comporte  très-approximativement  comme  l'azote. 

C.  R  ,  i863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  1S.)  88 


(67o) 
»  L'électricité,  dans  mes  expériences,  est  produite  par  un  appareil  d'in- 
duction de  Ruhmkorff.  La  force  élastique  des  gaz  est  mesurée  par  un  ma- 
nomètre à  mercure  construit  avec  beaucoup  de  soin  et  avec  lequel  on  peut 
apprécier  jusqu'à  ■£$  de  millimètre  de  différence  de  pression.  Enfin  l'inten- 
sité du  jet  électrique  est  déterminée  au  moyen  du  courant  dérivé  perçu  par 
deux  fils  de  platine  insérés  chacun  dans  un  tube  de  verre  a  la  manière  de 
Wollaston,  et  dont  les  extrémités  inférieures  plongent  dans  de  l'eau  distillée 
qui  fait  partie  du  circuit  principal,  tandis  que  leurs  extrémités  supérieures 
communiquent  avec  les  bouts  d'un  galvanomètre  très-sensible.  Au  moyen 
d'une  vis  micrométrique  on  fait  varier  la  distance  des  deux  pointes  de  pla- 
tine, de  manière  que  le  courant  dérivé  produise  toujours  une  même  dévia- 
tion, de  3o°  par  exemple,  au  galvanomètre;  et  la  longueur  de  cet  inter- 
valle de  dérivation,  qu'on  peut  apprécier  à  -^  de  millimètre  près,  est  dans 
un  rapport  simple  et  facile  à  déterminer  avec  l'intensité  du  jet  électrique. 

§  I.   —   Phénomènes  généraux  que  présente  la   transmission   de  l'électricité 
dans  les  gaz  raréfiés. 

»  Le  milieu  gazeux  sur  lequel  j'opère  est  renfermé  soit  dans  des  tubes 
de  4  à  5  centimètres  de  diamètre  et  de  i5  à  100  centimètres  de  longueur,  soit 
dans  des  bocaux  de  16  à  20  centimètres  de  diamètre  et  de  20  à  25  centi- 
mètres de  hauteur.  Dans  le  tube  le  plus  long,  les  boules  en  platine  servant 
d'électrodes  peuvent  être  rapprochées  l'une  de  l'autre  jusqu'au  contact,  la 
tige  qui  porte  l'une  d'elles  traversant  une  boîte  à  cuir. 

»  J'ai  d'abord  cherché  à  déterminer  l'influence  de  la  raréfaction  du  gaz 
sur  la  résistance  au  passage  de  la  décharge.  Les  résultats  que  j'ai  obtenus 
sont  généralement  d'accord  avec  ceux  auxquels  étaient  parvenus  les  autres 
expérimentateurs,  en  particulier  en  ce  qui  concerne  l'hydrogène,  dont  le 
pouvoir  conducteur  est  très-supérieur  à  celui  des  autres  gaz.  J'ai  trouvé  en 
utre  qu'une  fois  parvenus  à  un  degré  de  raréfaction  voisin  de  celui  qui 
correspond  à  leur  maximum  de  conductibilité,  les  gaz  sur  lesquels  j'ai 
opéré  suivent  exactement  la  loi  de  la  conductibilité  inverse  de  la  longueur. 

>-  Mais  je  passe  à  des  phénomènes  d'un  autre  ordre.  On  sait  que  dès  que 
la  force  élastique  du  gaz  a  diminué  suffisamment  pour  que  le  jet  devienne 
sensiblement  continu,  on  voit  se  manifester  le  phénomène  des  stratifica- 
tions, qui  commence  par  l'apparition  de  quelques  légères  stries  du  côté  de 
l'électrode  positive.  C'est  surtout  avec  l'hydrogène  que  ces  stries  apparais- 
sent le  plus  vite  et  le  plus  nettement,  alors  que  le  jet  ne  consiste  encore  que 
dans  un  petit  filet  rosé  de  2  à  3  millimètres  de  diamètre.  Puis  graduellement, 


o 


(671  ) 
à  mesure  que  la  force  élastique  diminue,  le  jet  s'élargit  ainsi  que  les  stries; 
un  espace  noir  qui  va  aussi  s' agrandissant  graduellement,  et  qui  peut 
atteindre  jusqu'à  5  à  6  centimètres  de  longueur,  sépare  l'extrémité  de  la 
colonne  lumineuse  de  l'électrode  négative  qui  demeure  entourée  d'une  atmo- 
sphère bleuâtre. 

»  Le  phénomène  des  stratifications  a  lieu  exactement  de  la  même  ma- 
nière, que  le  gaz  soit  sec  ou  qu'il  soit  plus  ou  moins  humide;  il  ne  dépend 
donc  nullement  de  la  nature  élémentaire  ou  composée  du  milieu  gazeux. 

»  A  une  pression  très-faible,  de  i  à  2  millimètres,  les  tranches  annu- 
laires, alternativement  obscures  et  lumineuses,  qui  forment  les  stries,  de- 
viennent, d'immobiles  et  très-étroites  (±  de  millimètre  de  largeur)  qu'elles 
étaient  sous  une  pression  plus  forte,  animées  d'un  mouvement  oscillatoire 
très-prononcé  et  d'une  largeur  qui  va  jusqu'à  5  millimètres.  Quand  la  pres- 
sion est  inférieure  à  2  millimètres,  on  voit  apparaître  dans  la  partie  noire  une 
lueur  d'un  rose  pâle  et  quelques  anneaux  plus  lumineux  qui  font  contraste, 
par  leur  immobilité  et  leurs  contours  parfaitement  bien  déterminés,  avec 
les  stries  agitées  du  reste  du  jet  électrique.  Au  reste,  même  à  une  pression 
supérieure  à  2  millimètres,  on  aperçoit  dans  l'espace  noir,  quand  on  l'ob- 
serve attentivement  dans  l'obscurité,  une  lueur  blafarde  qui  se  sépare  net- 
tement de  la  colonne  lumineuse  stratifiée  dont  elle  est  comme  le  prolon- 
gement. 

»  Un  fait  important  à  noter  est  ce  qui  se  passe  quand  on  fait  rentrer  dans 
le  tube,  pendant  que  l'électricité  s'y  propage,  une  petite  quantité  addition- 
nelle du  même  gaz  qu'il  renferme  déjà,  qui  correspond  à  |-ou4  millimètre 
d'augmentation  dans  la  pression. 

»  Si  l'introduction  a  lieu  du  côté  de  l'électrode  négative,  on  voit  aus- 
sitôt se  former  dans  l'espace  noir  des  stries  annulaires  d'une  belle  couleur 
rosée,  dont  le  diamètre  est  celui  de  la  colonne  stratifiée,  c'est-à-dire  celui 
du  tube,  mais  qui  sont  très-étroites  et  très-nettes.  Elles  se  propagent  gra- 
duellement dans  tout  le  tube  en  s'enchevêtrant  avec  les  anciennes  stries 
beaucoup  plus  larges  et  moins  bien  limitées;  puis  l'issue  du  gaz  une  fois 
fermée,  la  colonne  lumineuse  s'éloigne  lentement  de  l'électrode  négative 
et  reprend  peu  à  peu  son  apparence  primitive.  Si  le  gaz  est  introduit  du 
côté  de  l'électrode  positive,  au  lieu  de  stries  occupant  toute  la  largeur  du 
tube,  on  voit  un  jet  brillant  d'un  très-petit  diamètre  (de  2  à  3  millimè- 
tres), strié  très-nettement  et  semblable  à  un  petit  ressort  à  boudin,  s'avan- 
cer le  long  de  l'axe  du  tube  dans  l'intérieur  relativement  obscur  de  la 
colonne  lumineuse,  qui  elle-même  occupe   immédiatement  tout  l'espace 

88.. 


(  672  ) 
noir  voisin  de  l'électrode  négative.  Puis,  l'issue  du  gaz  étant  fermée,  tout 
revient  graduellement  à  l'état  normal.  Dans  ce  cas  comme  dans  le  pré- 
cédent, on  voit  apparaître,  avec  l'introduction  de  la  quantité  additionnelle 
de  gaz,  un  brouillard  très-subtil,  d'un  blanc  rosé,  qui  se  propage  dans  le 
tube,  mais  qui,  dès  que  l'introduction  du  gaz  a  cessé,  chemine  de  l'élec- 
trode négative  à  la  positive,  cachant,  en  les  enveloppant  momentanément 
comme  un  léger  nuage,  les  stratifications  des  différentes  parties  successives 
de  la  colonne. 

»  Cette  dernière  expérience,  en  montrant  la  perturbation  qu'apporte  un 
déplacement  de  la  matière  gazeuse  dans  le  phénomène  de  la  stratification 
de  la  lumière  électrique,  est  de  nature  à  confirmer  l'opinion  émise  par  l'il- 
lustre physicien  de  Berlin,  M.  Riess,  savoir  :  que  ce  phénomène  est  pure- 
ment mécanique.  Il  consisterait  en  effet  dans  des  dilatations  et  contractions 
alternatives  du  fluide  élastique  raréfié,  produites  par  la  série  des  décharges 
toujours  plus  ou  moins  discontinues  dont  est  formé  le  jet  électrique.  C'est 
au  reste  ce  que  l'on  peut  constater,  pour  ainsi  dire  directement,  en  suivant  la 
marche  du  manomètre  demeuré  en  communication  avec  l'intérieur  du  tube. 
On  y  découvre  des  oscillations  très-prononcées  de  la  colonne  de  mercure 
qui  accompagnent  la  propagation  de  l'électricité  dans  le  gaz.  Ces  oscillations, 
qui  vont  jusqu'à  ~  et  même  -fe  de  millimètre,  atteignent  leur  maximum 
d'amplitude  au  moment  où  le  gaz  est  parvenu  au  degré  de  raréfaction  au- 
quel les  stratifications  commencent  à  paraître.  Elles  diminuent  à  partir  de 
ce  moment,  et  cessent  complètement,  pour  l'azote  à  la  pression  de  9.  mil- 
limètres et  demi,  et  pour  l'hydrogène  à  celle  de  5  millimètres.  Je  n'ai  pu 
en  apercevoir  la  moindre  trace,  quelle  que  fût  la  pression,  quand  le  tube 
qui  renferme  le  gaz  est  long  de  5o  centimètres  ou  plus,  tandis  qu'elles 
sont  très-prononcées  dans  un  tube  de  i5  centimètres.  Cet  effet  négatif 
lient  évidemment  à  l'influence  des  parois  dans  les  longs  tubes,  et  non  à 
celle  d'un  volume  plus  considérable  de  la  matière  gazeuse,  car  avec  un 
bocal  cylindrique  d'une  capacité  au  moins  double  de  celle  du  plus  long  des 
tubes,  on  observe  des  oscillations  très-prononcées  sans  employer  un  jet  élec- 
trique plus  fort. 

§  II.  —  Phénomènes  particuliers  que  présentent  les  différentes  parties  du  jet  électrique  stratifié. 

»  La  colonne  gazeuse  traversée  par  le  jet  électrique  se  composerait, 
avons-nous  dit,  quand  elle  a  été  amenée  à  un  certain  degré  de  raréfaction, 
de  couches  alternativement  dilatées  et  contractées  avec  un  espace  noir  très- 
dilaté  dans  le  voisinage  de  l'électrode  négative.  Les  couches  dilatées  plus 


(673) 
conductrices  restent  obscures,  tandis  que  les  contractées  plus  résistantes 
deviennent  lumineuses,  exactement  comme  dans  le  cas  de  la  chaîne  formée 
d'une  succession  de  fils  alternativement  de  platine  et  d'argent  qui,  mise  dans 
ie  circuit  d'une  pile  voltaïque,  présente  tous  les  fils  de  platine  incandes- 
cents, tandis  que  ceux  d'argent,  plus  conducteurs,  restent  opaques  et  froids. 

»  Pour  prouver  que  c'est  bien  ainsi  que  le  phénomène  se  passe,  j'ai  disposé 
deux  petits  disques  de  platine  de  7  millimètres  de  diamètre,  fixés  chacun 
par  un  point  de  leur  circonférence  à  l'extrémité  d'un  fil  de  platine  renfermé 
dans  un  tube  de  verre,  de  façon  à  être  maintenus  parallèles  à  une  distance 
fixe  de  3  centimètres  l'un  de  l'autre.  Les  deux  disques  liés  ainsi  ensemble 
sont  placés  dans  le  jet  électrique  de  manière  à  le  couper  transversalement  et 
à  avoir  leurs  centres  situés  sur  l'axe  même  du  jet.  Ils  servent  comme  de 
sondes  destinées  à  dériver  une  portion  du  courant,  et  l'intensité  de  cette  por- 
tion dérivée  est  mesurée  par  un  galvanomètre  dont  les  bouts  sont  respec- 
tivement mis  en  communication  avec  les  extrémités  des  fils  de  platine  qui 
portent  les  disques.  Il  suffit  de  changer  le  sens  du  courant  pour  que  les 
sondes,  sans  être  déplacées,  se  trouvent  plongées,  ou  dans  l'espace  noir  voi- 
sin de  l'électrode  négative,  ou  dans  l'espace  lumineux  voisin  de  la  positive. 
L'appareil  est  disposé  de  façon  qu'on  peut  également  placer  les  sondes  dans 
d'autres  portions  du  jet. 

»  Un  très-grand  nombre  d'expériences  faites  dans  l'air  atmosphérique, 
dans  l'azote  et  dans  l'hydrogène  à  différents  degrés  de  raréfaction,  et  dont 
les  résultats  sont  consignés  dans  mon  Mémoire,  montrent  que,  lorsque  le 
gaz  est  très-raréfié ,  les  sondes  placées  dans  l'espace  noir  ne  dérivent  qu'un 
courant  nul  ou  très-faible,  tandis  que  dans  la  partie  lumineuse  le  courant 
dérivé  est  relativement  très-fort  ;  ce  qui  prouve  que  cette  dernière  partie 
offre  bien  plus  de  résistance  au  passage  de  l'électricité  que  la  portion 
obscure.  Ainsi,  dans  l'hydrogène,  sous  la  pression  de  2  millimètres,  le  pre- 
mier de  ces  courants  est  nul ,  tandis  que  le  second  est  de  35°  ;  à  la  pression 
de  4  millimètres,  le  premier  est  de  20  et  le  second  de  52°;  à  la  pression 
de  6  millimètres,  le  premier  est  de  4°  et  le  second  de  820.  Ces  différences, 
quoique  très-grandes  aussi,  sont  moins  considérables  avec  l'air  atmosphé- 
rique et  avec  l'azote,  ce  qui  tient  à  ce  qu'ils  sont  spécifiquement  moins  bons 
conducteurs  que  l'hydrogène. 

»  Nous  voyons  donc  que  l'espace  noir  voisin  de  l'électrode  négative  offre 
bien  moins  de  résistance  au  passage  du  courant  que  n'en  offre  la  partie 
lumineuse  voisine  de  l'électrode  positive.  Il  en  résulte  qu'il  doit  y  avoir  aussi 
nécessairement  entre  ces  deux  portions  du  jet  une  différence  de  tempéra- 


(  674) 

Mire.  C'est  ce  que  l'expérience  a  confirmé.  Deux  thermomètres  placés  res- 
pectivement clans  le  voisinage  des  deux  électrodes,  mais  à  une  distance  suffi- 
sante pour  que  l'influence  plutôt  refroidissante  de  ces  électrodes  fût  nulle, 
ont  accusé  une  très-grande  différence  de  température.  11  faut  distinguer  la 
température  absolue  à  laquelle  s'élèvent  chacun  des  deux  thermomètres,  de 
la  différence  qui  se  manifeste  entre  leurs  températures  respectives.  Ces  diffé- 
rences, entre  les  pressions  de  i  à  10  millimètres,  conservent  à  peu  près  les 
mêmes  rapports,  lors  même  que  les  températures  absolues  varient  avec  cette 
pression  et  avec  la  nature  des  gaz.  Mais  si  la  première  devient  plus  consi- 
dérable, les  températures  des  deux  thermomètres  tendent  à  se  rapprocher; 
elles  deviennent  égales  quand  il  n'y  a  plus  d'espace  noir. 

»  Dans  l'hydrogène,  la  différence  de  température  entre  les  deux  thermo- 
mètres n'a  jamais  été  aussi  grande  cpie  dans  l'azote  et  dans  l'air  atmospbé- 
rique.  Elle  a  été  au  maximum  de  4°  sous  la  pression  de  8  millimètres  ;  dans 
l'azote,  la  différence  maximum  a  été,  à  5  millimètres  de  pression,  de  5°;  dans 
l'air  atmosphérique,  la  différence  maximum  a  été,  à  6  millimètres  de  pres- 
sion, de  6°.  A  18  millimètres  de  pression,  la  différence  n'était  plus,  dans 
l'hydrogène,  que  de  2°;  dans  l'azote  elle  n'était  plus  que  d'un  demi-degré,  et 
dans  l'air  atmosphérique  elle  devenait  nulle. 

»  Je  ne  puis  m'empècher  d'observer  en  passant  qu'il  faut  que  la  puis- 
sance calorifique  et  lumineuse  de  l'électricité  soit  bien  considérable  pour 
qu'un  corps  aussi  subtil  que  l'hydrogène,  amené  à  la  pression  de  i  milli- 
mètre, c'est-à-dire  à  une  densité  telle,  que  i  centimètre  cube  ne  pèse  plus 
que  i  cent-millième  de  milligramme,  puisse  être  encore  lumineux  et  se 
réchauffer  assez  pour  élever  dans  deux  minutes  de  i"  à  3°,  la  température 
d'un  thermomètre  dont  le  réservoir  est  un  cylindre  de  mercure  de  i  \  milli- 
mètres de  diamètre  sur  3  centimètres  de  longueur.  N'y  aurait-il  pas  là 
quelque  analogie  avec  la  matière  si  subtile  et  cependant  lumineuse  qui  con- 
slitue  les  corps  cométaires? 

§   III.  —  Influence  du  magnétisme  sur  la  propagation  de  l'électricité  dans  les  milieux  gazeux 

très-rarcfîés. 

»  Je  crois  être  le  premier  qui  aie  constaté  cette  influence  en  montrant 
en  i84g,  à  l'occasion  de  recherches  sur  l'origine  de  l'aurore  boréale  ,  l'ac- 
tion rotatoire  exercée  par  le  pôle  d'un  électro-aimant  sur  un  jet  électrique 
produit  dans  un  espace  rempli  d'un  mélange  d'air  et  de  vapeur  très-raréfié. 
M.  Plucker  a  dès  lors  déterminé  par  une  série  d'expériences  importantes  la 
loi  de  l'action  du  magnétisme  sur  un  courant  qui  se  propage  dans  un  milieu 


(675) 
gazeux  en  la  rattachant  à  la  formation  des  courbes  magnétiques.  Les  re- 
cherches qui  sont  l'objet  de  ce  paragraphe  ont  un  autre  but,  car  elles  ont 
essentiellement  pour  objet  de  déterminer  les  modifications  qu'apporte  dans 
la  propagation  de  l'électricité  à  travers  les  fluides  élastiques  très-raréfiés, 
l'action  du  magnétisme  exercée  par  de  puissants  électro-aimants.  Je  n'in- 
sisterai ici  que  sur  deux  points  particuliers,  n'ayant  pas  le  temps  d'ex- 
poser entièrement  ce  sujet,  qui  exigerait  un  développement  assez  considé- 
rable. 

»  Le  premier  point  est  relatif  à  l'action  du  magnétisme  sur  le  jet  lumi- 
neux qui  se  propage  dans  le  long  tube  de  i  mètre,  qu'on  place  axiale- 
ment  ou  équatorialement  entre  les  deux  pôles  d'un  fort  électro-aimant. 
Le  tube  étant  rempli  d'hydrogène  à  la  pression  de  8  millimétrés,  la  con- 
ductibilité du  milieu  diminue  dans  le  rapport  de  3o°  à  io°  si  c'est  l'espace 
noir  qui  est  près  des  pôles  magnétiques;  elle  ne  varie  pas  si  c'est  la  partie 
du  jet  voisine  de  l'électrode  positive  qui  est  près  de  ces  pôles,  et  elle  dimi- 
nue dans  le  rapport  de  3o°  à  20°  si  c'est  le  milieu  de  la  colonne  lumineuse 
qui  est  soumis  à  l'influence  de  l'électro-aimanl. 

»  Cet  effet  est  dû  évidemment  à  la  concentration  du  milieu  raréfié  resté 
obscur,  qu'opère  l'action  magnétique  en  agissant  sur  lui  par  attraction  ou 
répulsion,  car  ce  milieu  en  étant  plus  condensé  devient  immédiatement 
lumineux  en  même  temps  qu'il  devient  plus  résistant.  Si  l'hydrogène  est 
plus  raréfié,  l'effet  est  moins  considérable;  ainsi,  quand  il  est  à  la  pression 
de  5  millimètres,  l'action  du  magnétisme  sur  l'espace  noir  ne  diminue  plus 
la  conductibilité  que  dans  le  rapport  de  33°  à  200;  mais  alors  cette  action, 
quand  elle  s'opère  sur  la  partie  lumineuse  voisine  de  l'électrode  positive,  la 
diminue  aussi  un  peu,  mais  seulement  dans  le  rapport  de  33°  à  3o°.  A  2  mil- 
limètres de  pression  la  diminution  est  encore  moins  sensible;  elle  n'est  plus 
que  dans  le  rapport  de  4o°  à  3o°.  Il  est  vrai  qu'alors  la  colonne  gazeuze  tout 
entière  est  beaucoup  plus  conductrice. 

»  Le  second  point  que  je  signalerai  est  relatif  à  l'action  exercée  par  le 
magnétisme,  dans  le  cas  où  la  propagation  de  l'électricité  a  lieu  à  travers 
le  m  ilieu  gazeux,  entre  le  sommet  d'une  tige  de  fer  doux  aimantée  et  un 
cercle  dont  ce  sommet  est  le  centre.  A  un  certain  degré  de  raréfaction  du 
milieu,  l'électricité  se  manifeste  sous  la  forme  d'un  jet  lumineux  qui  tourne 
comme  une  aiguille  de  montre  avec  une  grande  régularité  et  une  vitesse 
qui  peut  aller  jusqu'à  100  tours  par  minute.  Le  sens  de  la  rotation  dépend 
de  celui  de  l'aimantation  et  de  la  direction  du  courant;  mais  si  un  change- 
ment dans  le  sens  de  l'aimantation  ne  fait  que  modifier  le  sens  de  la  rota- 


(  676  ) 
tion  sans  altérer  sa*  vitesse,  un  changement  dans  le  sens  du  courant  modifie 
à  la  fois  et  le  sens  et  la  vitesse  de  rotation.  Cette  vitesse  est  toujours  beau- 
coup moindre  quand  c'est  le  cercle  qui  sert  d'électrode  négative  que  quand 
il  sert  d'électrode  positive,  ce  qui  tient  probablement  à  ce  que  l'épanouis- 
sement du  jet  le  long  de  la  surface  du  cercle,  quand  l'électrode  est  néga- 
tive, occasionne  un  frottement  plus  fort.  La  différence  de  vitesse  est  d'au- 
tant plus  grande,  que  le  milieu  est  plus  raréfié  et  que  l'épanouissement  du 
jet  à  l'électrode  négative  est,  par  conséquent,  plus  considérable.  Ainsi  on 
avait,  avec  de  l'air  imprégné  de  vapeur,  dans  une  minute  : 

Pression.  Cercle  positif.  Cercle  négatif. 

8  millimètres  roo  tours.  52  tours. 

10         «  72     »  j6     > 

12        »  62     »  44     " 

\  une  pression  plus  grande  les  vitesses  deviennent  presque  égales. 

»  J'ai  obtenu  avec  de  l'air  tres-raréfié  une  vitesse  de  1 5o  tours  par  minute. 
Les  vitesses  varient  beaucoup  avec  la  nature  et  le  degré  de  raréfaction  du 
milieu;  mais  dans  chaque  cas  donné  elles  sont  très-constantes  et  le  mou- 
vement est  très-régulier. 

»  Je  ne  signalerai  plus,  en  terminant;,  qu'un  dernier  fait  assez  curieux  qu'on 
observe  quand  l'électricité  positive  arrive  par  le  cercle.  A  un  certain  de- 
gré de  raréfaction,  d'autant  plus  considérable  que  le  milieu  gazeux  est 
moins  conducteur,  le  jet  lumineux  s'épanouit  sous  l'influence  de  l'aiman- 
tation en  une  nappe  mince  qui  occupe  un  secteur  plus  ou  moins  grand 
du  cercle,  et  même  toute  sa  surface.  La  rotation,  qui  devient  très-rapide 
quand  le  jet  prend  la  forme  d'un  secteur,  ne  peut  plus  s'apercevoir  quand 
il  forme  une  nappe  circulaire  complète.- Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  remar- 
quable, c'est  que,  si  le  gaz,  au  lieu  d'être  très-sec,  renferme  un  peu  de  va- 
peur d'eau,  au  lieu  de  s'épanouir  sous  l'influence  du  magnétisme,  le  jet  se 
divise  en  plusieurs  petits  jets  parfaitement  distincts  et  équidistants  qui  tour- 
nent très-rapidement,  comme  les  rayons  dune  roue,  autour  du  pôle  magné- 
tique central. 

»  Cette  différence  très-marquée  entre  la  manière  dont  se  comporte  sous 
l'influence  magnétique  l'air  sec  et  l'air  chargé  de  vapeur,  quand  l'électri- 
cité s'y  propage,  mérite  d'être  étudiée  de  près,  car  elle  semble  indiquer 
entre  ces  deux  milieux,  même  à  un  très-grand  degré  de  raréfaction,  une 
constitution  moléculaire  qui  n'est  point  la  même.  Du  reste,  tous  les  phéno- 
mènes relatifs  à  l'action  de  l'aimant  sur  les  courants  électriques  qui  se  pro- 


(  677  ) 
pagent  dans  les  fluides  élastiques  très-raréfiés,  me  semblent,  en  étant  exa- 
minés avec  soin,  de  nature  à  jeter  un  jour  nouveau,  à  la  fois  sur  la  constitu- 
tion physique  des  corps,  et  particulièrement  sur  la  manière  dont  s'y  opère 
la  propagation  de  l'électricité.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  expérimentales  sur  la  composition  de  la 
graine  du  colza,  et  sur  les  variations  qu'éprouve  celte  composition  pendant  les 
diverses  phases  du  développement  de  ta  plante;  par  M.  Isidore  Pierre. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

«  Dans  deux  séries  de  recherches  antérieures,  dont  les  résultats  ont  été 
présentés  à  l'Académie  en  1860  et  en  1862,  j'avais  essayé  de  suivre,  au 
moyen  de  l'analyse  chimique,  la  marche  du  transport  et  de  l'assimilation  de 
la  matière  organique,  des  substances  minérales  et  des  matières  ginsses  dans  les 
différentes  parties  de  la  plante,  depuis  le  moment  où  elle  est  sur  le  point  de 
fleurir,  jusqu'à  l'époque  de  sa  maturité,  c'est-à-dire  pendant  cette  période 
de  sa  vie  où  les  phénomènes  d'assimilation,  de  transport  et  de  transforma- 
tion se  manifestent  avec  le  plus  d'énergie. 

»  Si  j'avais  choisi  le  colza  pour  objet  principal  de  ces  longues  études, 
c'est  parce  que  cette  plante  offrait,  par  la  rapidité  de  sa  croissance  et  par  la 
masse  de  ses  diverses  parties,  l'avantage  de  se  prêter  facilement  aux  recher- 
ches que  je  me  proposais  de  poursuivre,  et  auxquelles  j'ai  déjà  consacré 
plusieurs  années  de  travail. 

»  En  complétant  aujourd'hui  mon  travail  par  une  étude  spéciale  de  la 
graine,  je  me  suis  proposé  de  montrer,  une  fois  de  plus,  que  l'agriculture 
et  l'industrie  peuvent  tirer  quelque  profit  des  recherches  de  chimie  appli- 
quées à  la  physiologie  végétale,  puisque  c'est  principalement  dans  ia  graine 
que  viennent  s'accumuler  les  principes  les  plus  énergiques  des  engrais,  et 
les  matières  que  recherche  ici  l'industrie;  puisque  c'est  pour  leur  graine 
que  sont  cultivées  nos  plantes  oléagineuses.  En  étudiant  la  composition  de 
la  graine  du  colza,  je  me  suis  proposé  de  suivre  les  variations  qui  se  mani- 
festent dans  cette  composition,  pendant  que  la  graine  se  développe  et  par- 
court successivement  les  diverses  phases  qui  la  conduisent  jusqu'à  sa 
parfaite  maturité. 

»  Il  serait  difficile  de  suivre  les  détails  numériques  des  résultats  de  l'ana- 
lyse qui  concerne  chaque  série  d'expériences;  il  en  serait  de  même  poul- 
ies tableaux  d'ensemble  par  lesquels  j'ai  cherché  à  résumer  cette  partie  de 
mon  travail.  Je  sortirais  d'ailleurs  ainsi  des  limites  rationnelles  d'un  sim- 
ple extrait.  Je  me  bornerai  donc  à  résumer  ainsi  les  principaux  résultats  de 

C    R.,  iSG3,   1"  Semestre.  (T.  LV1,  N°  IS.)  89 


(  C78  ) 
ce  travail,  en  faisant  observer,  une  fois  pour  toutes,  qu'ils  se  rapportent  a 
des  matières  entièrement  privées  d'humidité  : 

»  i°  A  partir  du  moment  où  le  poids  de  chaque  graine  de  colza  s'élève 
à  environ  un  demi-milligramme  jusqu'à  la  semaine  qui  précède  l'époque 
habituellement  adoptée  pour  la  récolte,  la  proportion  d'huile  contenue 
dans  un  poids  donné  de  graines  suit  une  marche  constamment  ascendante, 
et  l'accroissement  peut  s'élever  à  plus  de  35o  pour  ioo  de  la  richesse  ini- 
tiale. 

»   20  La  richesse  en  huile  de  la  graine  ne  paraît  pas  éprouver  d'accroisse- 
ment appréciable  pendant  la  dernière  semaine  de  végétation  de  la  plante, 
bien    que    le    poids    de    la   graine   puisse    encore    augmenter    d'environ 
>o  pour  100. 

»  3°  Les  proportions  d'azote,  d'acide  phosphorique,  de  potasse  et  de 
chaux  suivent,  au  contraire,  une  marche  décroissante  jusqu'à  la  dernière 
semaine  de  végétation,  pendant  laquelle  elles  restent  sensiblement  con- 
stantes. 

»  /40  Si,  au  lieu  de  considérer  la  graine,  on  considère  le  tourteau  qui  en 
provient  après  complet  épuisement  de  matières  grasses,  on  y  voit  les  pro- 
portions d'azote,  d'acide  phosphorique  et  de  chaux  croître  jusqu'à  ce  que 
la  graine  ait  acquis  environ  les  deux  tiers  de  son  développement,  puis  rester 
ensuite  à  peu  près  stationnaires. 

«  La  proportion  de  potasse,  au  contraire,  va  constamment  en  diminuant 
dans  le  tourteau,  depuis  le  commencement  des  observations  jusqu'à  la  ma- 
turité de  la  graine,  et  la  diminution  finale  représente  environ  Zjo  pour  100 
de  la  proportion  initiale  de  potasse. 

»  En  étudiant  la  composition  centésimale  de  la  graine,  en  suivant  les 
variations  de  cette  composition  dans  un  poids  donné  de  graines,  je  n'avais 
encore  envisagé  qu'un  des  côtés  de  la  question,  celui  que  nous  pourrions 
appeler  le  côté  industriel,  parce  cpie,  dans  l'industrie  des  graines  oléagi- 
neuses, on  se  préoccupe  avant  tout  <\u  rendement  qu'on  peut  obtenir  d'un 
quintal  de  graines;  mais  il  importait  aussi  de  se  placer  au  point  de  vue  cul- 
tural  ou  agronomique,  en  considérant  le  produit  total  fourni  par  une 
récolle  entière  on  par  une  étendue  superficielle  déterminée. 

»  C'est  ce  que  j'ai  fait  en  comparant  entre  elles  non  plus  les  proportions 
relatives  des  divers  principes  constitutifs  d'un  même  poids  de  graines,  mais 
les  quantités  totales  de  ces  divers  principes  contenus  dans  des  récoltes  for- 
mées d'un  même  nombre  de  graines  diversement  développées.  Je  suis  arrivé 
à  reconnaître  ainsi  : 


(679) 

»  i°  Que  les  accroissements  de  poids  de  ces  différentes  substances  ne 
se  faisaient  ni  dans  le  même  rapport  que  celui  de  la  graine,  ni  dans  un 
même  rapport  entre  eux. 

»  Ainsi,  pendant  que  le  poids  de  la  graine  augmente  dans  le  rapport 

de i    à  7      (i) 

Celui  de  Y  huile  croît  dans  le  rapport  de i   à  33 

Celui  de  la  chaux  dans  le  rapport  de i   à  6,  5 

Celui  de  Y  acide  phosphorique  dans  le  rapport  de.   .    .      i    à   5,5 

Celui  de  Yazote  dans  le  rapport  de i    à  l\,S 

Celui  des  matières  organiques,  autres  que  l'azote  et  les 

matières  grasses,  dans  le  rapport  de i   à  l\ 

Enfin,  celui  de  la  potasse  clans  le  rapport  de i    à   2,5  environ. 

«  2°  Que  l'accroissement  de  poids  de  la  potasse  contenue  dans  une  ré- 
colte de  graines  semble  s'arrêter  avant  la  maturité  de  ces  dernières,  alors 
que  le  poids  des  autres  principes  constitutifs  n'est  encore  parvenu  qu'aux 
trois  quarts  de  la  limite  qu'il  doit  atteindre  à  l'époque  de  la  maturité  de  la 
plante. 

»  3°  Que  le  poids  total  de  l'huile  contenue  dans  une  récolte  de  graines 
augmente  jusqu'à  l'époque  de  la  maturité,  ainsi  que  le  poids  de  la  récolte 
elle-même,  tandis  que  nous  venons  de  voir  plus  haut  que,  pendant  la  der- 
nière semaine  de  végétation  de  la  plante,  la  richesse  en  huile  de  la  graine 
cesse  d'augmenter. 

»  H  y  a  donc  pour  le  cultivateur  avantage  à  ne  récolter  son  colza  que 
lorsque  la  graine  est  parvenue  à  son  entier  développement  ;  il  obtient  ainsi 
un  poids  de  graine  plus  considérable,  sans  que  cet  accroissement  se  fasse 
aux  dépens  de  la  qualité  industrielle  de  la  graine. 

>>  /j°  Par  \ejavelage,  c'est-à-dire  par  la  dessiccation  spontanée  de  la  plante 
à  l'air  libre,  au  milieu  des  champs,  la  richesse  en  huile  ne  paraît  pas  aug- 
menter dans  la  graine;  mais  comme  celle-ci  peut  encore  éprouver,  pen- 
dant cette  sorte  de  lente  agonie  de  la  plante,  un  accroissement  sensible  de 
poids,  il  s'ensuit  que  la  masse  d'huile  produite  par  la  récolte  peut  encore 
éprouver  elle-même  une  légère  augmentation  pendant  le  temps  qui  s'écoule 
entre  la  coupe  de  la  plante  et  le  battage  de  la  récolte. 

»  5°  En  nous  reportant,  par  la  pensée,  aux  résultats  obtenus  dans  mes 
recherches  antérieures  puhliées  en   1860  et  en"  1862  dans  les  Annales  de 


(1)  De  1  demi-milligramme  à  3  milligrammes  et  demi. 

89. 


(  68b  ) 
Chimie  et  de  Physique  el  dans  les  Bulletins  de  la  Société  Linnéenne  de  Nor- 
mandie et  de  la  Société  d'Agriculture  el  de  Commerce  de  Caen ,  nous  voyons  di- 
minuer simultanément,  et  dans  une  proportion  assez  considérable,  dans  la 
partie  inférieure  de  la  plante  qui  se  termine  aux  plus  basses  siliques:  le  poids 
total  des  matières  contenues  dans  cette  partie  de  la  plante;  le  poids  de  l'azote; 
celui  de  l'acide  pliosphorique  ;  celui  de  la  chaux,  et  celui  des  sels  alcalins. 

»  Cette  diminution  progressive  et  continue  parait  commencer  vers 
l'époque  de  la  formation  de  la  graine,  et  dure  jusqu'au  moment  de  la 
récolte;  mais  il  ne  m'a  pas  été  possible  de  constater  l'indice  d'un  trans- 
port de  matières  azotées,  pendant  le  javelage  de  cette  partie  de  la  plante, 
vers  la  région  supérieure. 

»  6°  En  rapprochant  ces  derniers  résultats  de  ceux  que  nous  venons  de 
résumer  plus  haut,  on  se  trouve  conduit  à  admettre  que,  pendant  les  der- 
nières semaines  de  la  végétation  de  la  piaule,  la  plupart  des  éléments  consti- 
tutifs dont  la  graine  s'enrichit  doivent  provenir  en  très-grande  partie,  si  ce 
n'est  entièrement,  de  la  masse  des  produits  similaires  accumulés  et  en  quel- 
que sorte  emmagasinés  dans  la  partie  supérieure  des  rameaux  jusque  vers 
l'époque  de  la  formation  de  la  graine.  Il  resterait  encore,  pour  compléter 
cette  étude  sur  le  développement  de  la  graine  et  de  la  plante  en  général,  à 
pénétrer  plus  avant  dans  la  nature  intime  des  principes  qui  s'y  développent 
et  s'y  accumulent  successivement;  mais  c'est  un  travail  extrêmement  com- 
plexe, qui  exigerait  encore  de  longues  études  pour  conduire  à  des  résultais 
utiles.  J'avais  signalé,  dans  un  travail  antérieur,  l'abondance  et  la  rapidité 
avec  laquelle,  sous  l'influence  de  l'air,  la  graine  de  colza  normale  dégage 
de  l'acide  carbonique,  dans  les  greniers  où  elle  est  habituellement  emma- 
gasinée. En  suivant  d'un  peu  plus  près  ce  dégagement,  et  en  opérant  sur 
de  la  graine  récoltée  et  conservée  dans  de  très-bonnes  conditions  de  siccité, 
j'ai  pu  constater  : 

»  i°  Que  la  graine  de  colza,  lorsqu'elle  est  parvenue  à  son  état  hygro- 
métrique normal,  absorbe  l'oxygène  de  l'air  et  dégage  del'acide  carbonique; 

«  20  Que  cette  absorption  d'oxygène  et  ce  dégagement  d'acide  carbo- 
nique, qui  commencent  immédiatement  après  la  récolte,  se  manifestent 
encore,  au  bout  de  cinq  mois,  avec  une  intensité  peu  différente  de  ce  qu'elle 
était  an  début; 

»  3°  Que  la  proportion  d'oxygène  absorbée  ne  paraît  pas  complètement 
représentée  par  l'acide  carbonique  exhalé;  c'est-à-dire  que  cette  sorte  de 
respiration  de  la  graine  aurait  quelque  analogie,  dans  un  de  ses  résultats 
apparents,  avec  la  respiration  des  animaux.  Que  devient  l'oxygène  absorbé 


(  68.  ) 
qui  ne  concourt  pas  à  la  production  de  l'acide  carbonique  exhalé?  C'est 
une  question  dont  je  n'ai  pas  encore  complété  l'étude,  et  dont  j'espère 
entretenir  un  jour  l'Académie.    » 

RAPPORTS. 

physique  appliquée.  —  Rapport sur  un  appareil  photographique  présenté 

par  M.  E.  de  Poilly. 

(Rapporteur,  M.  Fizeau.) 

«  M.  de  Poilly,  de  Boulogne-sur-Mer,  a  soumis  à  l'Académie,  dans  sa 
séance  du  3  novembre  dernier,  la  figure  et  la  description  d'un  appareil 
imaginé  par  lui,  dans  le  but  de  rendre  plus  faciles  et  plus  sûres,  en  les  sim- 
plifiant, quelques-unes  des  opérations  les  plus  délicates  de  ia  photographie. 

»  L'Académie  m'ayant  chargé  d'examiner  ce  tiavail  et  de  lui  eu  rendre 
compte,  je  vais  indiquer  d'abord  la  nature  du  sujet  traité  par  l'auteur,  et 
je  rapporterai  ensuite  les  moyens  qu'il  a  imaginés  pour  résoudre  la  question 
qu'il  s'était  proposée. 

»  On  sait  avec  quelle  rapidité  la  lumière  modifie  certaines  couches  im- 
pressionnables employées  dans  la  photographie;  la  promptitude  de  cette 
action  est  généralement  avantageuse  en  ce  qu'elle  permet  d'obtenir  des 
dessins  en  ne  soumettant  la  plaque  sensible  à  l'influence  de  l'image  lumi- 
neuse de  la  chambre  noire,  que  pendant  un  intervalle  de  temps  très-court  ; 
mais  à  côté  de  cet  avantage  se  manifestent  des  inconvénients  qui,  dans  cer- 
taines circonstances,  peuvent  augmenter  beaucoup  les  difficultés  des  opé- 
rations. En  effet,  plus  la  couche  est  impressionnable,  plus  on  a  à  redouter 
l'altération  accidentelle  de  toute  sa  surface,  sous  l'influence  de  la  lumière 
diffuse,  pendant  les  manipulations  que  la  plaque  doit  subir,  depuis  le  mo- 
ment où  elle  a  acquis  toute  sa  sensibilité  jusqu'à  celui  où  le  dessin,  ayant 
pris  naissance,  a  pu  être  définitivement  fixé.  On  sait,  de  plus,  qu'avec  les 
substances  les  plus  impressionnables,  les  préparations  ne  peuvent  être  faites 
longtemps  à  l'avance  sans  nuire  an  succès  des  opérations.  Il  est  donc  né- 
cessaire de  soustraire  la  plaque  sensible  à  l'action  de  la  lumière  diffuse  pen- 
dant une  certaine  période  des  opérations,  et  de  plus  de  ne  la  préparer  qu'au 
moment  d'obtenir  l'image;  double  condition  d'autant  plus  indispensable  à 
remplir,  que  la  sensibilité  de  la  couche  impressionnable  est  plus  grande. 
On  comprend  qu'il  doive,  en  général,  résulter  de  là  des  difficultés  particu- 
lières dans  les  opérations  photographiques,  alors  même  que  ces  opérations 
sont  exécutées  soit  dans  les  villes,  soit  dans  la  campagne,  près  des  endroits 


(  68a  ) 

habites,  on  l'opérateur  peut  toujours  trouver  un  abri  suffisamment  clos  et 
obscur  pour  préparer  ses  plaques  sensibles  an  moment  convenable  et  hors 
de  l'influence  de  la  lumière  diffuse. 

«  Mais  les  difficultés  deviennent  bien  plus  grandes  lorsqu  il  s'agit  d'exé- 
cuter ces  opérations  soit  dans  la  campagne  loin  des  habitations,  soit  dans 
les  solitudes  des  montagnes  ou  des  forêts,  et  surtout  dans  les  régions  loin- 
taines explorées  par  les  voyageurs.  Dans  ces  diverses  circonstances,  en 
effet,  toutes  les  opérations  doivent  être  exécutées  sur  le  lieu  même  où  l'on 
veut  obtenir  les  images;  et  bien  que,  depuis  longtemps,  on  ait  imaginé 
divers  appareils,  tels  que  tentes,  manchons  ou  vases  en  connexion  avec  la 
chambre  noire,  dans  le  but  de  faciliter  ces  opérations  en  mettant  la  couche 
sensible  à  l'abri  de  la  lumière  extérieure,  la  question  ne  paraît  pas  avoir 
reçu  jusqu'ici  de  solution  pratique  qui  ait  eu  l'assentiment  général. 

»  Tel  est  le  problème  qui  a  attiré  l'attention  de  M.  de  Poilly  et  dont  il 
propose  une  solution  nouvelle  dans  le  travail  dont  je  rends  compte  à  l'Aca- 
démie. 

»  L'auteur  y  décrit  un  ensemble  de  dispositions  mécaniques  très-simples, 
destinées  à  permettre  d'exécuter  les  dessins  photographiques  en  rase  cam- 
pagne, sous  les  rayons  du  soleil  le  plus  ardent,  sans  que  l'opérateur  ait 
besoin  d'aucun  abri,  tente  ou  appareil  analogue,  dont  les  inconvénients  ont 
été  souvent  signalés  par  les  voyageurs. 

»  Après  avoir  pris  connaissance  du  Mémoire  et  des  dessins  présentés  par 
M.  de  Poilly,  j'ai  prié  l'auteur  de  me  rendre  témoin  de  l'application  de  sa 
méthode;  en  conséquence  M.  de  Poilly  s'est  transporté  avec  son  appareil 
dans  une  localité  choisie  à  dessein  tout  à  fait  découverte  (c'était  au  milieu 
du  Jardin  des  Plantes),  et  là,  sans  abri  d'aucune  espèce,  il  a  pu  obtenir  sur 
verre,  par  le  procédé  bien  connu  de  M.  Legray,  c'est-à-dire  au  collodion, 
plusieurs  clichés  qui  ne  mont  paru  différer  en  rien  de  ceux  que  ion  obtient 
d'ordinaire,  lorsqu'on  fait  une  partie  des  opérations  sous  un  abri  clos  et 
obscur. 

»  Le  principe  qui  a  permis  à  M.  de  Poilly  d'arriver  à  ce  résultat  intéres- 
sant consiste  à  faire  passer  la  plaque  de  verre  qui  doit  recevoir  l'image 
dans  plusieurs  bassines  et  châssis  hermétiquement  clos  et  obscurs,  le  pas- 
sage  d'une  enceinte  à  l'autre  s'effectuant  par  la  seule  action  de  la  pesanteur 
siii'  la  plaque  entièrement  libre,  et  sans  cpie  la  main  de  l'opérateur  inter- 
vienne pour  ces  déplacements,  si  ce  n'est  en  faisant  exécuter  à  ces  appareils 
des  mouvements  de  bascule  qui  déterminent  la  chute  de  la  plaque  dans 
l'enceinte  qui  doit  la  recevoir.  Pendant  ces  mouvements  divers,  les  réactifs 


(  683  ) 

chimiques  auxquels  la  plaque  est  soumise  ne  passent  pas  avec  celle-ci  d'une 
enceinte  dans  l'autre,  mais  sont  retenus  dans  le  vase  qui  les  contient  par  des 
cloisons  ingénieusement  distribuées. 

»  Les  différentes  parties  qui  composent  l'appareil  de  M.  de  Poilly  sont 
exécutées  en  gutta-percha  et  dans  des  conditions  qui  m'ont  paru  très-favo- 
rables à  la  facilité  et  à  la  promptitude  des  manipulations,  ainsi  qu'à  une 
réduction  très-notable  dans  le  bagage  nécessaire  aux  opérations  photogra- 
phiques. Ces  avantages  paraîtront  surtout  précieux  pour  les  voyageurs  qui 
s'empresseront,  sans  doute,  de  mettre  à  l'épreuve  le  nouvel  appareil;  et  si^ 
comme  tout  le  fait  espérer,  une  expérience  prolongée,  au  milieu  de  circon- 
stances variées,  ne  vient  pas  y  révéler  quelque  inconvénient  inaperçu 
jusqu'ici,  M.  de  Poilly  aura  réalisé,  par  son  ingénieuse  invention,  un  pro- 
grès important  dans  l'art  de  la  photographie. 

»  En  conséquence,  j'ai  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  d'adresser 
des  remercîments  à  M.  de  Poilly  à  l'occasion  de  son  intéressante  commu- 
nication.   » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant  de  la  Section  d'Astronomie,  en  remplacement  de  feu 
M.  le  général  Brisbane. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  45, 

M.  Cayley  obtient 38  suffrages. 

M.  Otto  Struve 5  » 

MAL  Goldschmidt  et  Plantamour  chacun.,      i  » 

M.  Cayley,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  déclaré  élu. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomi- 
nation de  la  Commission  chargée  de  décerner,  s'il  y  a  lieu,  le  grand  prix 
de  Mathématiques  (question  concernant  la  théorie  des  polyèdres). 

MM.  Bertrand,  Bonnet,  Chasles,  Serret  et  Liouville  réunissent  la  majorité 
des  suffrages. 

L'Académie  procède  enfin,  toujours  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomina- 
tion de  la  Commission  chargée  de  décerner  le  grand  prix  des  Sciences  phv- 


(  684  ) 

siques    production  des  animaux  hybrides  au  moyen  de  la  fécondation  arti- 
ficielle). 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  de  Quatrefarges,  Flourens, 

Blanchard,  Coste.) 

M.  Axdkal,  nommé  dans  la  précédente  séance  Membre  de  la  Commission 
pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  est  sur  sa  demande  remplacé 
dans  cette  Commission.  M.  Milne  Edwards,  qui  avait  obtenu  le  plus  de  suf- 
frages après  M.  Longet,  le  dernier  des  Membres  désignés  par  le  scrutin, 
occupera  la  place  laissée  vacante. 

MÉMOIRES  LUS. 

économie  rurale.  —  Mémoire  sur  les  travaux  de  dessèchement,  d'irrigation 
et  de  mise  en  culture  des  marais  du  littoral  de  l  '  Océan,  situés  entre  l'embouchure 
de  ta  Gironde  et  le  bassin  d' Arcachon  ;  par  M.  Cha.mbrelext.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

«  Toute  la  partie  du  plateau  des  Landes,  située  entre  1  embouchure  de 
ia  Gironde  et  le  bassin  d'Aroachon,  présente  une  superficie  d'environ 
2000  kilomètres  carrés,  dont  la  pente,  inclinée  vers  l'Océan,  y  renvoie 
directement  la  totalité  des  eaux  qui  tombent  sur  cette  vaste  étendue  de 
terrain.  Mais  ces  eaux,  arrivées  au  pied  du  versant,  le  long  du  littoral  de 
l'Océan,  y  sont  arrêtées  par  les  dunes  de  sable  qui  se  sont  formées  sur  cette 
partie  du  rivage  de  la  mer.  Ces  dunes  forment  une  chaîne  d'environ 
60  mètres  de  hauteur,  qui  règne  d'une  manière  continue  depuis  la  Gironde 
jusqu'au  bassin  d' Arcachon,  sur  une  longueur  de  100  kilomètres.  11  n'existe, 
sur  ces  100  kilomètres,  absolument  aucune  voie,  aucune  issue  quelconque 
pour  écouler  dans  la  mer  l'énorme  masse  d'eau  qui  arrive  de  toutes  les 
parties  de  ce  versant  des  Landes.  On  peut  se  faire  une  idée  des  effets  qu'avait 
produits,  depuis  des  siècles,  l'accumulation  d'une  aussi  grande  masse  d'eau 
sur  une  vaste  étendue  de  terrain  généralement  peu  inclinée. 

»  Entre  le  pied  de  ce  versant  des  Landes  et  la  chaîne  des  dunes  du  litto- 
ral, régnaient,  il  y  a  quelques  années  encore,  de  vastes  marais,  des  étangs 
et  des  lacs,  dont  quelques-uns  présentaient  jusqu'à  17  kilomètres  de  lon- 
gueur, sur  5  mètres  de  largeur.  Non-seulement  la  population  des  environs 
était  décimée  par  les  fièvres  endémiques  qui  régnaient  au  milieu  du  pays, 
mais  elle  était  souvent  inondée  par  l'envahissement  des  eaux   des  étangs. 


(  685  ) 

que  refoulait  vers  l'intérieur  des  terres  la  marche  incessante  des  dunes  mo- 
biles, poussées  elles-mêmes  par  les  flots  de  l'Océan. 

»  Les  travaux  d'assainissement  que  nous  avions  jugés  nécessaires,  dès 
l'année  1 84 '-* »  pour  assurer  la  mise  en  culture  des  200000  hectares  de  cette 
partie  du  plateau  des  Landes,  devaient  encore  augmenter  l'étendue  et  la 
profondeur  de  ces  marais  et  étangs,  en  y  jetant  rapidement  de  bien  plus 
grandes  masses  d'eau  par  l'ouverture  des  fossés  d'assainissement.  Il  con- 
venait donc,  avant  d'entreprendre  les  travaux  d'assainissement  et  de  mise 
en  valeur  de  cette  partie  des  Landes,  d'assurer  le  dessèchement  de  ces 
marais  et  étangs.  Ce  dessèchement,  nécessaire  à  la  mise  en  valeur  des 
Landes,  devait  d'ailleurs  avoir  pour  résultat  d'assurer  la  mise  en  culture 
d'une  étendue  de  marais  de  i/jooo  hectares,  dont  le  sol,  couvert  d'eau 
depuis  des  siècles,  avait  reçu  de  nombreux  dépôts  qui  devaient  lui  donner 
une  grande  fertilité. 

»  Il  y  avait  lieu  en  même  temps,  tout  en  cherchant  à  débarrasser  ces 
marais  des  eaux  qui  les  couvraient,  de  chercher  à  conserver  dans  les  vastes 
étangs  qui  s'étaient  formés  naturellement,  des  réservoirs  d'eau  destinés  à 
irriguer  en  été  les  terrains  desséchés. 

»  C'est  cet  ensemble  de  travaux,  dont  nous  avions  étudié  les  projets 
depuis  1842,  et  cpii  s'exécutent  aujourd'hui  avec  un  plein  succès,  qui  fait 
l'objet  du  présent  Mémoire. 

»  Dans  un  Rapport  plus  détaillé,  que  nous  demandons  à  l'Académie  la 
permission  de  lui  soumettre,  nous  avons  rendu  compte  de  tous  les  calculs 
et  de  tous  les  travaux  nécessaires  pour  assurer  le  débit  de  toutes  les  eaux 
des  marais,  et  arriver  à  leur  complet  dessèchement.  Voici  quel  est,  au  point 
de  vue  du  dessèchement,  le  résultat  définitif  de  l'opération. 

»  Le  montant  des  travaux,  estimés  760000  francs,  s'élèvera  à  la  somme 
de  800000  francs. 

»  L'étendue  des  terrains  marécageux  desséchés  présentera  une  surface 
totale  de  1 3  858  hectares,  dont  une  partie  est  irrigable,  et  dont  l'autre  par- 
tie peut  être  mise  en  valeur  avec  succès. 

»  L'augmentation  de  40  000  francs  dans  les  dépenses  prévues  provient 
en  partie  d'une  cause  que  nous  devons  signaler,  car  elle  a  amené  un  résultat 
important. 

»  Au  moment  de  commencer  les  travaux  au  milieu  de  ces  marais  où  l'on 
ne  pouvait  séjourner  sans  être  atteint  des  fièvres  paludéennes,  nous  étions 
effrayé  des  maladies  que  développaient  dans  les  chantiers  les  terrassements 

C.  R.,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,   N°  13.)  9° 


(  686  ) 
et  les  premiers  moments  du  dessèchement.  Dans  une  visite  que  la  Commis- 
sion d'hygiène  du  département  voulut  bien  faire  avec  nous,  avant  la  mise 
en  activité  des  chantiers,  elle  indiqua  une  série  de  mesures  qui  lui  parais- 
saient les  plus  propres  à  conjurer  le  mal  pendant  le  moment  de  crise  que 
nous  avions  à  traverser. 

»  Les  concessionnaires  du  dessèchement,  qui  exécutaient  les  travaux  a  leurs 
frais,  n'ont  reculé  devant  aucun  des  sacrifices  qui  leur  ont  été  demandés 
pour  se  conformer  aux  mesures  indiquées,  et,  grâce  à  ces  mesures,  nous 
avons  eu  la  satisfaction  de  maintenir  dans  les  chantiers  un  état  sanitaire 
plus  satisfaisant  que  dans  bien  d'autres  chantiers  du  département,  placés 
dans  des  conditions  hygiéniques  beaucoup  moins  défavorables. 

»  Une  autre  précaution  a  contribué  encore  à  éviter  les  inconvénients  des 
premiers  effets  du  dessèchement.  Quand  notre  canal  arrivait  l'été  dans  des 
parties  de  marais  qu'il  pouvait  dessécher  immédiatement  en  permettant 
l'écoulement  de  la  totalité  des  eaux  qui  couvraient  le  sol,  nous  ne  laissions 
pas  le  dessèchement  s'opérer  tout  de  suite.  Nous  maintenions  les  eaux  dans 
le  marais,  ou  nous  en  faisions  venir  de  nouvelles  des  étangs  supérieurs,  jus- 
qu'aux premières  pluies  de  l'hiver.  Ce  n'était  qu'au  commencement  de  ces 
pluies  que  nous  faisions  évacuer  la  totalité  des  eaux  du  marais.  Nous  évi- 
tions une  dessiccation  trop  rapide  du  marais,  dans  les  moments  de  fortes 
chaleurs. 

»  L  augmentation  de  dépense  de  4oooo  francs,  que  ces  précautions  ont 
nécessitée,  est  bien  faible  a  côté  des  avantages  que  nous  en  avons  obtenus. 

»  Les  eaux  d'irrigation  que  nous  utilisons  sont  celles  provenant  des  étangs 
de  Lacanau  et  d'Hourtins,  présentant  une  superficie  de  10  ooo  hectares. 

»  Les  eaux  de  ces  étangs  proviennent  principalement  des  eaux  pluviales 
qui  tombent  sur  le  sol  sablonneux  de  cette  partie  des  Landes:  c'est-à-dire 
qu'elles  contiennent  très-peu  de  sels  minéraux  et  de  matières  fertilisantes, 
dont  le  dépôt  puisse  agir  comme  engrais  sur  les  terrains  arrosés. 

»  D'après  plusieurs  analyses  faites  sur  ces  eaux,  elles  n'ont  jamais  donné 
plus  de  ogr,i3,  par  litre,  de  sels  de  chaux  auxquels  se  trouvaient  mêlés  au 
plus  os',o6  de  chlorure  de  sodium,  de  silice  et  d'oxyde  de  fer. 

»  Ces  eaux  ne  peuvent  agir  efficacement  que  pour  rafraîchir  la  terre: 
mais  c'est  déjà  un  grand  avantage  dont  on  peut  retirer  de  bons  résultats. 

»  La  quantité  d'eau  à  donner  à  un  hectare  pour  une  irrigation  come- 
nable  varie  suivant  la  qualité  du  terrain  et  la  culture  qu'on  y  fait. 

»  Les  terres  desséchées  des  marais  du  littoral,  qui  peuvent  être  arrosées, 
sont  des  terres  en  partie  sablonneuses,  mais  au-dessous  desquelles  règne,  à 


(687  ) 
une  faible  profondeur,  une  couche  imperméable  d'alios.  Sur  la  zone 
située  du  côté  de  la  Gironde,  les  parties  basses  contiennent  une  certaine 
proportion  d'argile  qui  va  cpielquefois  jusqu'à  3o  pour  ioo,  et  qui  pourra 
être  encore  augmentée  par  le  colmatage.  Sur  ces  terres  on  peut  faire,  avec 
le  plus  grand  avantage,  des  cultures  arables  qui,  d'après  les  essais  déjà 
faits  sur  des  parties  isolées,  donneront  les  plus  beaux  résultats.  Sur  des 
terrains  déjà  desséchés,  situés  entre  la  pointe  du  fleuve  et  l'embouchure  de 
notre  canal  de  dessèchement,  des  terrains  bordant  le  fleuve  ont  donné,  sans 
engrais,  25  à  28  hectolitres  de  froment  à  l'hectare. 

»  Pour  les  parties  sablonneuses  où  il  n'est  pas  possible  de  faire  arriver 
les  alluvions  de  la  Gironde,  le  meilleur  parti  est  de  les  convertir  en  prairies 
auxquelles  on  donne  une  forte  fumure,  et  qui,  avec  l'irrigation  de  l'eau  des 
étangs  supérieurs,  pourront  donner  de  4ooo  à  45oo  kilogrammes  de  foin. 

»  Ces  terrains  ou  prairies  nécessiteront  plus  d'eau  que  les  terres  exploi- 
tées en  cultures  arables;  mais  on  peut  admettre  qu'en  comptant  en  moyenne, 
pour  les  unes  et  pour  les  autres,  5oooo  mètres  cubes  d'eau  par  hectare  et 
par  an,  elles  auront  une  irrigation  bien  convenable.  En  supposant  une  irri- 
gation pendant  six  mois,  du  ier  avril  au  3o  septembre,  cela  ferait  277  mè- 
tres cubes  d'eau  par  jour;  c'est  une  irrigation  favorable  qu'on  peut  consi- 
dérer comme  d'autant  plus  suffisante,  que  sur  ces  côtes  de  l'Océan  où  sont 
situés  les  terrains  à  irriguer,  il  est  très-rare  que  nous  ayons  une  longue 
sécheresse:  le  mois  d'avrd  notamment  est  si  généralement  pluvieux,  que 
bien  souvent  on  pourra  se  dispenser  d'irriguer  dans  ce  mois,  et  conserver 
une  partie  des  5o  000  mètres  cubes  pour  les  donner  plus  abondamment  dans 
les  plus  fortes  sécheresses.  Des  prairies  bien  faites,  et  recevant  ainsi 
Soooo  mètres  cubes  d'eau  par  année,  pourront  nous  donner  3ooo  kilo- 
grammes de  foin  et  1 200  kilogrammes  de  regain. 

»  D'après  les  calculs  exposés  dans  notre  Mémoire,  la  quantité  d'eau  dont 
nous  pouvons  disposer  chaque  année  est  de  100  millions  de  mètres  cubes. 
Nous  pouvons  ainsi  irriguer  2000  bectares  dans  les  étés  les  plus  secs. 

»  Nous  rendons  compte,  dans  notre  Mémoire  plus  détaillé,  du  résultat 
des  différentes  cultures  les  plus  convenables  à  faire  dans  ces  terrains. 

»  Les  indications  que  nous  donnons  sur  ces  différentes  cultures  sont 
généralement  suivies  par  les  propriétaires;  mais  elles  n'ont  cependant  rien 
d'absolu  et  sont  souvent  modifiées  avec  avantage  p'ar  des  petits  propriétaires 
vivant  sur  les  lieux  du  produit  de  leur  travail,  et  qui  peuvent  trouver  plus 
d'avantages  dans  certaines  cultures  plus  appropriées  à  leurs  besoins,  à  leur 
goût  et  aux  ressources  particulières  dont  ils  disposent. 

»  L'œuvre  d'ensemble  était  le  dessèchement  complet  de  tous  les  terrains 

90.. 


(  688  ) 
marécageux,  et  la  création  de  moyens  d'irrigation  pour  une  partie  des  ter- 
rains desséchés;  c'est  l'œuvre  que  nous  avons  cherché  à  accomplir  et  que 
nous  sommes  sur  le  point  de  terminer.  Elle  aura  rendu  la  salubrité  aux 
habitants,  créé  pour  les  propriétaires  14000  hectares  de  terrains  précédem- 
ment incultes  et  malsains,  et  elle  aura  eu  enfin  pour  résultat  définitif  de 
permettre  l'assainissement  et  la  mise  en  valeur  de  200  000  hectares  de  landes 
autrefois  incultes  et  sans  valeur,  et  qui,  moyennant  de  faibles  dépenses, 
représenteront  dans  moins  de  vingt  ans  une  valeur  de  aoo  millions. 

»  On  citerait  difficilement  un  si  grand  résultat,  obtenu  avec  si  peu  de 
frais,  dans  les  annales  de  l'agriculture  en  France.   » 

(  Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Economie  rurale.) 

MÉMOIRES  PRESENTES. 

ht  ni  CI  CULTURE.  —  Culture  du  mûrier  et  élevage  du  ver  à  soie  dans  leurs  rapports 
avec  la  pébrine.  —  Nouvelles  études  et  expériences  séricicolesj ailes  pendant  les 
dernières  campagnes  de  1860,  1861  et  1861,  Jaisant  suite  aux  «  Observations 
pratiques  sur  la  maladie  actuelle  des  vers  à  soie,  faites  en  Orient  en  1857,  1 858 
et  1859  >•  ;  Note  de  M.  R.-J.  Difour,  présentée  par  M.  de  Quatrefages. 

(Renvoyé  à  la  Commission  des  Vers  à  soie.) 

L'auteur  analyse  succinctement  ses  observations  pratiques  de  1807, 
1 858  et  1 85g  ;  il  démontre  la  supériorité  des  habitudes  séricicoles  de  l'Orient 
sur  les  errements  de  l'Occident,  tout  en  signalant  une  lacune  dans  l'éle- 
vage oriental,  savoir  :  le  manque  de  soins  de  la  part  des  éducateurs  pour 
prémunir  les  vers  à  soie  contre  les  intempéries.  Ce  défaut  a  été  la  seule 
c;:',ise  des  mécomptes  de  l'Orient  pendant  les  campagnes  de  i85^  et  j 858. 
Il  établit  aussi  que  le  système  oriental  de  culture  et  de  recepage  annuel  du 
mûrier  sauvage,  qui  cadre  avec  l'élevage  aux  rameaux,  est  on  ne  peut  plus 
supérieur  à  la  méthode  occidentale.  Ainsi  traité,  l'arbre  produit  25  pour  100 
«le  feuilles  en  plus,  et  la  feuille  du  sauvageon  recepé  annuellement  contient 
25  pour  100  de  substances  assimilables  et  5  pour  100  de  matière  soyeuse 
«le  plus  que  celle  du  mûrier  greffé,  même  lorsqu'il  est  rerepé  comme  le  pré- 
cédent. Ces  différences  ont  été  accusées  par  deux  petites  éducations  du 
même  nombre  de  vers  et  de  même  race,  alimentés  les  uns  avec  des  feuilles 
de  mûrier  greffé  et  recepé  annuellement,  et  les  autres  avec  des  feuilles  de 
mûrier  sauvage  aussi  recepé  annuellement.  Les  premiers  ont  consommé  et 
rendu  en  excréments  3o  pour  100  de  plus  que  les  seconds. 

»   La  manière  de  distribuer  la  fouille  attachée  au  rameau  aux  vers  éla- 


(  68y  ) 
blis  sur  le  plancher  des  magnaneries  procure  aux  éducateurs  de  l'Orient 
une  économie  de  70  pour  100  de  main-d'œuvre.  En  outre,  l'élevage  aux 
rameaux,  sur  le  plancher  même  des  magnaneries,  n'exige  pas  plus  d'espace 
que  l'élevage  occidental. 

»  S'appuyant  sur  l'expérience  ci-dessus  relatée,  et  tout  en  constatant  cpie 
la  maladie  actuelle  est  une  épidémie  héréditaire  se  compliquant  accidentel- 
lement de  maladies  intercurrentes  variables,  l'auteur  pose  en  fait  que  ce 
fléau  n'a  apparu  en  Orient,  pour  ainsi  dire,  qu'à  l'état  de  symptôme  et 
seulement  dans  quelques  localités  à  plantations  de  mûrier  greffé,  notam- 
ment à  Demerdéche,  en  Anatolie,  et  à  Andrinople,  en  Roumélie.  Il  con- 
clut, à  raison  même  de  ces  deux  exceptions,  que  l'immunité  dont  jouissent 
les  autres  parties  de  la  Turquie  ne  doit  être  attribuée  qu'à  la  culture  du 
mûrier  sauvage  et  à  son  recepage  annuel.  Il  explique  ce  résultat  par  la 
remarque  que,  en  empêchant  le  développement  des  fruits,  cette  pratique 
donne  à  la  feuille  un  principe  nutritif  qui  tourne  tout  entier  à  l'avantage 
des  vers  à  soie.  Par  suite,  il  conclut  que  l'origine  de  la  maladie  ne  peut  être 
imputée  qu'à  la  qualité  de  la  feuille  servie  aux  vers  à  soie  ainsi  qu'au  mode 
erroné  d'élevage  en  Occident,  et  qu'en  définitive  l'épidémie  ne  peut  dis- 
paraître qu'à  la  condition  d'adopter  les  habitudes  séricicoles  de  l'Orient  et 
ses  races  robustes. 

»  L'auteur  revient  à  la  question  qui  domine  toutes  les  autres,  celle  des 
expériences  pratiques.  Voici  le  résultat  de  l'une  d'elles  qui  a  été  faite  chez 
M.  Apostole,  propriétaire -cultivateur  à  Demerdéche.  3oo  vers,  race  de 
Eefké,  nourris  avec  des  feuilles  de  mûrier  greffé  recepé  annuellement,  et 
3oo  vers,  même  race,  nourris  avec  des  feuilles  de  mûrier  sauvage  recepé 
annuellement,  élevés  simultanément  et  à  côté  l'un  de  l'autre,  ont  donné, 
au  profit  des  vers  nourris  avec  les  mûriers  sauvageons: 

»    i°   27  pour   100  de  plus  en  vers  ayant  filé; 

»   a0   23  pour  100  d'économie  de  feuilles  pour  la  nourriture; 

»  3°  s3  pour  100  d'assimilation  de  plus,  ce  qui  est  prouvé  par  la  diffé- 
rence de  poids  entre  les  deux  résidus  excrémentitiels,  pour  le  même  nombre 
de  vers  de  part  et  d'autre; 

»   4°  5  pour  100  de  rendement  en  plus  de  poids  pour  les  cocons; 

»   5°  23  pour  100  de  rendement  en  plus  en  soie. 

»  Outre  ces  différences  au  détriment  des  éducations  alimentées  avec  des 
feuilles  de  mûrier  greffé,  même  recepé  annuellement,  l'expérimentateur 
constate  encore  à  l'avantage  des  habitudes  séricicoles  de  la  Turquie  en 
opposition  aux  errements  de  l'Europe  : 


(  690  ) 

»  6°  a5  pour  ioo  d'économie  de  feuilles  résultant  de  la  distribution  des 
feuilles  attachées  aux  rameaux; 

»  70  85  francs  d'économie  de  main-d'œuvre  par  élevage  de  chaque  once 
métrique  de  graines,  au  moyen  du  recepage  annuel  et  de  la  distribution  des 
feuilles  attachées  aux  rameaux  ; 

»  8°  Et  2o  pour  ioo  de  production  de  feuilles  de  plus  en  cultivant  les 
mûriers  à  l'orientale. 

»  Les  diverses  expériences  physiologiques  de  1861  ont  été  faites  contra- 
dicloirement  et  ont  donné  relativement  les  mêmes  résultats  qu'en  1860, 
résidtat  démontré  par  le  poids  relatif  des  deux  échantillons  de  soie  an- 
nexés :  le  sauvage  pesant  88  grammes,  le  greffé  pesant  69  grammes.  L'au- 
teur a  démontré  l'exactitude  de  ses  calculs  en  établissant  la  balance  des 
rendements  par  entrée  et  sortie. 

«  M.  Dufour  rend  compte  aussi  d'une  expérience  qui  a  été  suivie  pendant 
trois  années  consécutives;  il  s'agit  d'un  essai  de  quelques  vers  en  race  jaune 
de  Toscane,  dont  l'élevage  et  la  ponte  des  œufs  ont  été  surveillés  très-atten- 
tivement. L'auteur  regarde  cette  éducation  comme  très-remarquable  par  le 
changement  de  couleur  qui  s'est  opéré  du  jaune  au  blanc,  en  trois  ans, 
et  au  fur  et  à  mesure  que  l'économie  animale  de  l'insecte  était  rétablie  par 
la  nourriture  (feuilles  de  mûrier  sauvage  recepé  annuellement  et  servies 
avec  les  rameaux).  Il  a  vu  la  maladie  héréditaire  disparaître  à  la  troisième 
génération,  ainsi  que  cela  est  prouvé  par  les  trois  échantillons  de  cocons 
annexés.  Suivant  l'auteur,  le  changement  de  couleur  bien  constaté  du  jaune 
au  blanc  sur  un  terrain  calcaire,  en  regard  de  la  transformation  contraire 
du  blanc  au  jaune  dans  des  localités  à  base  argileuse,  serait  la  justification 
complète  de  ses  doctrines. 

»  Relativement  à  la  campagne  de  1862,  l'auteur,  tout  en  constatant  que 
le  résultat  de  nouvelles  expériences  physiologiques  corrobore  complètement 
les  données  des  précédentes  années,  en  relate  une  encore  plus  péremptoire 
que  les  autres  :  en  effet,  cette  éducation  comparée  a  produit  le  même  écart 
au  détriment  des  vers  nourris  avec  la  feuille  des  mûriers  greffés,  quoi- 
que les  vers  aient  été  nourris  des  deux  côtés  avec  des  feuilles  détachées  des 
rameaux,  ce  qui  constate  toujours  le  même  résultat  dans  toutes  les  condi- 
tions possibles,  voire  même  avec  l'élevage  occidental.  Et  par  surcroît  l'au- 
teur fait  remarquer  une  différence  de  3o  pour  100  au  détriment  de  cette  édu- 
cation alimentée  avec  des  feuilles  détachées  des  rameaux,  comparativement 
aux  autres  expériences  dont  les  vers  ont  été  nourris  avec  des  feuilles  attachées 
aux  rameaux,  c'est-à-dire  en  élevant  à  l'orientale. 


(  69i  ) 
»  L'auteur  fait  suivre  l'exposé  des  expériences  susmentionnées  d'obser- 
vations générales  et  de  déductions;  et,  afin  de  se  faire  mieux  comprendre, 
il  résume  son  Rapport  par  une  appréciation  graduée  des  diverses  qualités 
de  feuilles  de  mûrier,  faite  en  vue  de  leur  influence  sur  la  santé  des  vers  et 
de  leur  bon  rendement.  Il  établit  ensuite  le  bilan  des  résultats  obtenus  el 
relatés  dans  son  travail.  L'ensemble  montre  aux  éducateurs  de  l'Occident  la 
cause  et  le  remède  de  la  maladie,  et  prouve  qu'il  est  possible  d'obtenir  an- 
nuellement une  production  séricicole  de  plus  du  double  de  la  récolte  avant 
l'épidémie,  soit  pour  la  France  le  résultat  annuel  de  38o  millions  de  francs, 
au  lieu  de  17^  millions.  M.  Dufour  termine  en  demandant  qu'on  veuille 
bien  contrôler  en  Occident,  par  des  expériences  pratiques,  les  résultats 
qu'il  a  obtenus  en  Orient  pendant  les  trois  dernières  campagnes  séricicoles 
de  1860,  1861  et  1862.   » 

En  présentant  le  travail  de  M.  Dufour,  M.  de  Quatrefages  ajoute  : 

«  Dès  1860,  j'avais  présenté  à  l'Académie  un  premier  Mémoire  de 
M.  Dufour  et  signalé  l'intérêt  sérieux  qui  s'attachait  aux  renseignements 
el  aux  chiffres  apportés  par  cet  honorable  délégué  du  commerce  français  à 
Constantinople.  L'extrait  du  Mémoire  que  je  remets  aujourd'hui  en  son  nom 
me  semble  plus  digne  encore  de  fixer  l'attention  de  toutes  les  personnes  qui 
s'intéressent  à  l'industrie  des  soies.  L'auteur  a  fait  pendant  trois  ans  des 
expériences  comparatives,  et  les  chiffres  qu'il  apporte  ont  une  éloquence 
que  l'Académie  appréciera  aisément.  Parmi  ces  expériences,  i!  en  est  une 
fort  curieuse  à  bien  des  titres,  c'est  celle  qui,  en  trois  ans,  a  transformé  des 
cocons  jaunes  en  cocons  blancs.  Qu'on  accepte  ou  non  les  conclusions 
théoriques  tirées  par  l'auteur,  le  fait  n'en  est  pas  moins  intéressant. 

»  Laissant  de  côté  quelques-unes  des  opinions  théoriques  de  l'auteur, 
qui  seraient  peut-être  discutables,  il  est  facile  de  voir  que  les  moyens  pra- 
tiques proposés  par  M.  Dufour,  pour  lutter  contre  la  pébrine,  s'accordent  de 
tout  point  avec  les  principes  acceptés  aujourd'hui  par  tous  les  sériciculteurs 
éclairés,  et  que  la  Commission  des  vers  à  soie  a  souvent  rappelés  ici  même. 

»  Il  me  sera  permis  d'ajouter  que  les  expériences  de  M.  Dufour  justi- 
fient entièrement  l'opinion  que  j'ai  émise  depuis  longtemps,  savoir  :  qu'en 
sériciculture,  les  grands  progrès  doivent  s'accomplir  surtout  par  la  simplification 
des  procédés. 

»  Il  reste  maintenant  à  constater  par  des  expériences  en  grand  faites  en 
France  que  la  pratique  est  ici  d'accord  avec  la  théorie,  et  que  notre  pays  se 
prête  aussi  bien  que  l'Orient  au  recepage  annuel  des  mûriers,  à  l'élevage 


(  69^  ) 
aux  rameaux.  C'est  ce  que  M.  Dufour  demande  tout  le  premier,  et  je  me 
joins  à  lui  pour  exprimer  le  vœu  que  ces  expériences  soient  promptement 
tentées.  » 

médecine  vétérinaiee.  — Nolesuriin  nouveau  procédé  d 'inoculation  de  la  péri- 
pneumonie  exsudalive  et  contagieuse  des  bêles  bovines;  par  M.  Ch.  Lexglen. 
(Extrait.) 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Rayer,  Bernard.; 

«  Il  y  a  une  douzaine  d'années,  un  médecin  belge,  M.  le  Dr  Wilhem,  de 
Hasselt,  eut  l'idée  d'extraire  de  la  sérosité  du  poumon  d'une  bête  abattue 
pour  cause  de  péripneumonie,  et  d'inoculer  cette  sérosité  à  d'autres  bétes 
bovines  saines,  dans  le  but  de  les  rendre  réfractaires  à  la  contagion  de  cette 
maladie.  Le  succès  a  couronné  cette  tentative,  et  il  est  avéré  aujourd'hui 
que  ce  genre  d'inoculation  met  les  animaux  qui  l'ont  subi  à  l'abri  des 
atteintes  de  la  péripneumonie  exsudative  et  contagieuse. 

»  Jusqu'à  présent,  on  s'est  borné  à  suivre  cette  méthode  primitive  en  lui 
faisant  subir  quelques  modifications  dans  le  but  de  rendre  moins  fréquents 
les  accidents  que  l'on  constatait  souvent  après  cette  opération.  J'ai  dû, 
moi-même,  chercher  à  mettre  mes  opérés  à  l'abri  de  ces  accidents  si  fré- 
quents et  si  funestes,  en  modifiant  les  procédés  suivis  précédemment.  Après 
diverses  tentatives  qui  ont  eu  plus  ou  moins  de  succès,  je  me  suis  arrêté  au 
moyen  suivant,  qui  rend  l'inoculation  delà  péripneumonie  exsudative  une 
opération  aussi  simple  et  aussi  bénigne  que  celle  de  la  vaccine  chez  les 
enfants. 

»  J'ai,  du  reste,  employé  ce  procédé  sur  plus  de  mille  têtes,  et  je  n'ai  eu 
a  déplorer  aucun  accident,  si  mince  soit-il. 

»  i°  Le  17  janvier  1861,  j'ai  pris  du  virus  dans  le  poumon  d'un  bœuf 
affecté  de  la  péripneumonie  depuis  quatre  à  cinq  jours,  et  j'ai  inoculé  ce 
virus  à  quatre  vaches  maigres  habitant  une  étable  où  régnait  cette  affection. 

»  20  Le  10  février,  c'est-à-dire  vingt-quatre  jours  après  l'inoculation,  la 
queue  de  ces  quatre  vaches  était  le  siège  d'un  engorgement  chaud,  dou- 
loureux, s'étendant,  du  bout  de  la  queue,  à  une  hauteur  de  25  centimètres 
environ. 

»  3°  Je  coupai,  ce  même  jour,  10  février,  la  queue  d'une  de  ces  vaches, 
juste  à  la  limite  de  l'engorgement,  et  je  la  transportai  dans  une  autre  étable 
où  régnait  la  péripneumonie. 

»   4°  J'incisai  d'un  bout  à   l'autre  cette  portion  que  j'avais  excisée,  et 


(  693) 
immédiatement  de  la  sérosité  claire,  citrine,  se  répandit  dans  le  fond  de  l'in- 
cision. C'est  cette  sérosité  qui  m'a  servi  à  inoculer  douze  autres  bêtes  qui 
ont  présenté  les  phénomènes  consécutifs  à  l'inoculation  avec  des  caractères 
identiques  à  ceux  qu'elle  revêt  alors  qu'elle  est  faite  par  les  moyens  ordi- 
naires. 

»  5°  J'ai  excisé  ensuite  la  queue  de  ces  vaches,  qui  m'ont  servi  à  en  ino- 
culer d'autres,  de  la  même  manière,  sur  lesquelles  j'ai  ensuite  pris  du  virus 
que  j'ai  transporté  sur  un  quatrième  lot,  et  ainsi  de  suite,  de  sorte  qu'au- 
jourd'hui je  me  sers  d'un  virus  arrivé  à  la  vingt-cinquième  génération, 
lequel  n'a  en  rien  perdu  de  sa  vertu  préservative.  Les  phénomènes  locaux 
de  l'inoculation  sont  beaucoup  moins  sensibles  que  lorsque  l'on  se  sert  de 
virus  pris  directement  dans  un  poumon  malade,  et  on  est  à  l'abri  des  acci- 
dents de  gangrène  générale  ou  partielle  de  la  queue  et,  quelquefois,  de  gan- 
grène septique  qui  entraînait  la  mort  des  animaux  opérés.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Reproduction  des  gravures  sur  métal  et  verre  par  filtra  - 
lion  de  substances  actives  à  traveis  les  blancs  et  par  l'action  des  courants. 
Impression  électrique  sur  tissus;  par  M.  A.  Merget. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Balard,  Fizeau.) 

«  M.  Vial  ayant  fait  connaître,  dans  la  séance  du  16  mars  dernier,  de 
nouveaux  procédés  de  reproduction  des  gravures,  je  décrirai  sommairement 
dans  cette  Note  le  résultat  des  recherches  que  j'ai  depuis  longtemps  entre- 
prises sur  la  même  question,  et  que  j'ai  déjà  consignées  dans  un  paquet 
cacheté,  à  la  date  du  5  décembre  i85o,. 

»  Pour  obtenir  des  empreintes  métalliques  d'une  gravure,  au  lieu  de  la 
traiter  par  la  méthode  de  M.  Vial,  je  l'applique  sur  une  plaque  de  métal 
immergée  dans  un  bain  d'eau  pure  et  je  la  recouvre  de  plusieurs  doubles 
de  papier  collé  ou  d'étoffe,  dont  le  dernier  est  imprégné  d'une  solution 
saline  dont  le  métal  est  précipitable  par  celui  de  la  plaque.  En  pressant  le 
tout,  la  solution  filtre  d'abord  lentement  à  travers  les  doubles,  puis  à  tra- 
vers les  blancs  de  la  gravure  au-dessous  desquels  elle  vient  se  précipiter,  en 
formant  un  dépôt  adhérent  ou  pulvérulent,  suivant  la  nature  des  sels  em- 
ployés. Dans  le  second  cas  les  traits  sont  marqués  par  un  léger  relief. 

»  Je  crois  avoir  observé  le  premier  que  cette  image  métallique  peut,  à 
volonté,  se  graver  en  creux  ou  en  relief.  Si,  par  exemple,  elle  a  été  formée  sur 
zinc,  par  le  dépôt  pulvérulent  d'un  métal  des  trois  dernières  sections,  l'acide 
C.  K.    iSfij,   i*p  Semesiie.  (T.  LVI,  N"  15.)  91 


(  694) 
nitrique  faible,  attaquant  les  parties  préservées  par  les  noirs,  a  pour  effet  de 
les  creuser;   les  acides  chlorhydrique,  sulfurique,  etc.,  produisent   l'effet 
contraire. 

»  Cette  propriété  peut  être  utilisée  pour  la  préparation  de  clichés  propres 
à  l'impression  typographique. 

»  Lorsqu'une  gravure  a  été  décalquée  sur  zinc,  par  les  méthodes  ordi- 
naires de  report,  ou  un  dessin  effectué  au  crayon  gras,  on  éprouve  des  dif- 
ficultés très-grandes  à  produire  une  première  morsure  un  peu  profonde  en 
conservant  les  traits  les  plus  délicats.  Cette  difficulté  disparaît  si  on  plonge 
préalablement  la  plaque  dans  la  solution  d'un  sel  des  trois  dernières  sec- 
tions dont  le  métal  soit  précipitable  à  l'état  pulvérulent. 

»  En  attaquant  ensuite  par  l'acide  chlorhydrique  faible  on  obtient,  sans 
risque  d'accident,  une  morsure  assez  nettement  accusée  pour  permettre  les 
nouveaux  encrages  nécessaires  pour  augmenter  les  creux. 

»  Des  essais,  entrepris  en  commun  avec  un  habile  typographe  bordelais. 
M.  Gagnebin,  nous  ont  conduits  à  la  préparation  industrielle  de  clichés  qui 
joignent  au  mérite  d'une  grande  fidélité  de  reproduction  celui  d'une  sim- 
plification très-prononcée  du  manuel  opératoire. 

»  Les  dessins  tracés  sur  zinc  avec  les  encres  métalliques  sont  mis  en  relief 
par  i'acide  nitrique,  en  creux  par  les  acides  chlorhydrique,  sulfurique,  etc. 

»  La  reproduction  des  gravures  par  voie  de  filtration  à  travers  les  blancs 
s'obtient  également  en  remplaçant  les  sels  des  expériences  précédentes  par 
toutes  les  substances  capables  d'agir  chimiquement  sur  le  métal  de  la  plaque, 
et  les  doubles  superposés  portent  alors,  dans  la  plupart  des  cas,  des  images 
négatives  ou  positives  qu'on  peut  utiliser  pour  la  teinture. 

»  Les  gaz  eux-mêmes  sont  aptes  à  jouer  le  rôle  d'agents  reproducteurs,  et 
une  plaque  de  verre,  recouverte  d'une  gravure  mouillée  avec  de  l'eau  légè- 
rement gommée,  se  grave  par  l'exposition  aux  vapeurs  de  l'acide  fluorhy- 
drique  qui  attaque  seulement,  en  les  dépolissant,  les  surfaces  correspon- 
dantes aux  blancs. 

»  J'ai  encore  employé  l'électricité  dynamique  à  graver  sur  métal,  en 
creux  ou  en  relief,  une  épreuve  imprimée  avec  une  encre  non  conductrice. 
Il  suffit  pour  cela  de  placer  cette  épreuve  sur  une  plaque  de  métal,  dans  un 
bain  électrolytique,  tel  qu'une  solution  saline,  de  la  recouvrir  de  plusieurs 
doubles  de  papier  sans  colle  ou  d'étoffe,  et  d'une  seconde  plaque  de  même 
dimension  que  la  première.  En  faisant  passer  un  courant  à  travers  ce  sys- 
tème, on  obtient  des  effets  faciles  à  prévoir.  Si  la  plaque  en  contact  avec 
l'épreuve  est  positive,  elle  est  corrodée  en  regard  des  blancs  par  l'acide  du 


(695) 
sel,  et  les  noirs  se  dessinent  alors  en  relief;  si  elle  est  négative,  le  métal  du 
sel  se  dépose  galvaniquement  au-dessous  des  mêmes  blancs,  en  formant  des 
réserves  qui  permettent  ensuite  d'obtenir  une  taille-douce. 

»  Si  l'électrode  positif  est  recouvert  d'une  mince  couche  d'un  métal  diffé- 
rent, l'enlèvement  de  celui-ci  au-dessous  des  blancs  donne  lieu  à  des  effets 
de  damasquinure. 

»  Ces  expériences  ont  mis  en  évidence  un  mode  particulier  de  propaga- 
tion des  courants  à  travers  les  électrolytes  gênés  dans  leurs  mouvements.  Ces 
courants,  au  lieu  de  s'irradier  dans  toutes  les  directions  dans  la  masse  élec- 
trolytique,  se  propagent  normalement,  ou  à  peu  près,  aux  surfaces  de  sortie, 
et  l'image  de  la  gravure  appliquée  sur  l'un  des  électrodes  peut  ainsi  se  re- 
produire sur  l'autre  à  une  distance  assez  grande. 

»  De  plus,  les  doubles  interposés  reçoivent  sur  le  trajet  des  courants  des 
dépôts  de  substances  insolubles,  qui  se  fixent  toujours  en  regard  des  blancs 
et  donnent  des  empreinles  ordinairement  négatives,  qui,  lorsqu'elles  sont 
formées  par  des  oxydes,  peuvent  servir  de  mordants  et  fixer  des  couleurs 
dans  les  bains  de  teinture. 

"  J'étudie  en  ce  moment  les  questions  théoriques  et  pratiques  qui  se 
rattachent  à  ces  faits,  qui  sont,  je  le  crois,  signalés  pour  la  première  fois.  » 

Sur  la  demande  de  l'auteur,  deux  Notes  relatives  à  ce  procédé  de  gravure 
qu'il  avait  déposées  sous  pli  cacheté,  à  la  date  du  5  décembre  1859  et  du 
8  octobre  1860,  sont  ouvertes  et  paraphées  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

PATHOLOGIE.    —  De  la  déviation  des  règles  et  de  son  influence  sur  l'ovulation  ; 

par  M.  A.  Puech. 

(Commissaires,  MM.  Milne  Edwards,  Rayer,  Bernard.) 

L'auteur,  en  terminant  son  travail,  le  résume  sous  forme  de  conclusions 
dans  les  termes  suivants  : 

«  i°On  dit  qu'il  y  a  déviation  des  règles,  hémorragie  supplémentaire,  lors- 
qu'il se  fait  à  des  époques  périodiques  un  écoulement  de  sang  par  des  parties 
autres  que  les  voies  génitales. 

»  20  Toutes  les  parties  du  corps  peuvent  donner  naissance  à  ces  hémor- 
ragies; néanmoins,  elles  ont  des  sièges  de  prédilection  parmi  lesquels  il 
faut  signaler  l'estomac  (32  fois),  les  mamelles  (20  fois),  les  poumons 
(24  fois),  la  muqueuse  nasale  (18  fois). 

»  3°  Toutes  les  observations  bien  prises  accusent  comme  antécédents, 
soit  des  phénomènes  hystériques,  soit  une  sensibilité  nerveuse  exagérée. 

91.. 


(  %6) 

»  4°  Les  règles  font  le  plus  souvent  défaut  (i83  fois),  mais  (i5  fois)  au 
même  moment  que  l'hémorragie  supplémentaire  on  a  noté  un  léger  suinte- 
ment de  sang. 

»  5°  Les  organes  génitaux  sont  le  plus  souvent  sains;  on  les  a  trouvés 
cependant  altérés.  Dans  onze  cas,  il  existait  une  atrésie  soit  congénitale,  soit 
accidentelle. 

»  6°  Hors  ces  derniers  cas,  l'absence  des  règles  n'implique  pas  la  sté- 
rilité :  à  moins  de  désordres  graves  clans  l'économie,  l'ovulation  continue  à 
s'effectuer  et  la  rupture  de  la  vésicule  de  Graaf  coïncide  avec  l'époque  de 
la  déviation. 

»  70  La  grossesse  est  donc  possible  et  a  été  observée  :  elle  suspend  la  dé- 
viation, sauf  à  la  voir  reparaître  soit  après  les  couches,  soit  à  la  cessation 
de  l'allaitement. 

»  8°  Quoique  compatible  avec  la  santé  et  pouvant  durer  de  la  puberté 
jusqu'à  l'âge  critique,  la  déviation  est  un  acte  pathologique  :  c'est  même 
un  état  grave,  puisqu'il  a  causé  plusieurs  fois  la  mort.    » 

anatomie  philosophique.   —    Mémoire  de  M.   Foltz  sur  tliomolofjie  des 

membres  pelviens  et  thoraciques  de  l'homme. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Floureus,  Milne  Edwards.) 

L'extrait  suivant  delà  Lettre  d'envoi  donnera  une  idée  des  conclusions 
auxquelles  l'auteur  s'est  arrêté  sur  cette  question  si  souvent  débattue  : 

«  Pour  résoudre  le  problème  posé  par  Vicq  d'Azyr,  j'établis  que  le  type 
homologique,  bien  qu'au  fond  il  reste  le  même,  se  révèle  à  nous  sous  deux 
aspects  différents,  l'un  symétrique,  l'autre  direct.  Quand  on  compare  deux 
membres  d'un  même  côté,  on  a  l'homologie  symétrique;  quand  ou  compare, 
à  la  manière  de  Vicq  d'Azyr,  deux  membres  de  côtés  opposés  ou  en  diago- 
nale, on  a  l'homologie  directe. 

»  L'homologie  symétrique  est  facile  à  démontrer  entre  le  bassin  et 
l'épaule  du  même  côté,  entre  la  cuisse  et  le  bras,  entre  la  jambe  et  l'avant- 
bras;  mais  il  n'en  est  plus  de  même  entre  le  pied  et  la  main,  car,  la  main 
devant  être  placée  dans  la  supination  et  l'extension  pour  établir  la  symétrie, 
il  arrive  que  le  gros  orteil  est  en  dedans  et  que  le  pouce  est  en  dehors. 

»  Cette  difficulté  grave,  qui  a  résisté  jusqu'ici  aux  efforts  des  anatomistes, 
me  semble  heureusement  résolue  par  la  formule  suivante: 

»  Le  gros  orteil  est  binaire  et  homologue  des  deux  derniers  doigts;  le 
pouce  est  binaire  et  homologue  des  deux  derniers  orteils. 

»   Le  faisceau  de  preuves  que  j'ai  rassemblées,  pour  la  démonstration  de 


(  697  ) 
ce  théorème,  est,  si  je  ne  m'abuse,  de  nature  à  entraîner  la  conviction  et  .' 
résoudre  le  problème  de  l'homologie  des  membres,    a 

M.  Bloxdeau  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  intitulé  : 
«   Action  de  l'iode  et  du  brome  sur  l'amidon  :  étude  de  la  matière  colorante- 
des  végétaux  ». 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Fremy,  Balard.) 

OPTIQUE.  —  Nouvelle  formule  de  la  troisième  partie  de  la  loi  de  la  réfraction  de 
ta  lumière;  par  M.   A.  Baudrimont. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Fizeau.) 

M.  Vérité  adresse  une  Note  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de 
M.  Foucault  «  sur  un  moyen  d'obtenir  le  synchronisme  des  horloges  ». 

«  L'idée  d'obtenirau  moyen  decourants  électriques  le  synchronisme  entre 
deux  ou  plusieurs  appareils  chronométriques  n'est  pas  certainement,  dit 
M.  Vérité,  le  point  sur  lequel  pourrait  porter  une  réclamation  de  la  part  de 
M.  Foucault,  et  cette  idée  a  été  émise  bien  avant  la  communication  laite  à 
l'Académie  par  M.  Faye.  M.  Foucault  a  proposé  un  moyen  de  réaliser  cette 
idée;  moi  j'en  ai  non-seulement  conçu,  mais  exécuté  un  autre  :  c'est  ce  que 
je  tiens  à  établir.  » 

La  Note  de  M.  Vérité  et  celle  de  M.  Foucault  sont  renvoyées  à  l'examen 
d'une  Commission  composée  de  MM.  Pouillet,  Faye  et  Séguier. 

CORRESPOND  ANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Steiner,  de  Berlin,  l'un  de  ses  Correspon- 
dants pour  la  Section  de  Géométrie.  Le  célèbre  mathématicien  est  décédé 
le  ier  de  ce  mois  à  Berne,  ainsi  qu'on  l'apprend  d'une  Lettre  de  M.  G.  Sidler, 
professeur  de  mathématiques  dans  cette  ville. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  M.  Plantamour,  an 
Mémoire  «  sur  le  climat  de  Genève  »; 

Et  au  nom  de  M.  Arist.  Dumont,  la  quatrième  et  dernière  partie  de  son 
ouvrage  «  sur  les  eaux  de  Lyon  et  de  Paris  ». 

M.  Scharoubine  adresse  de  Pétersbourg  une  Note  écrite  en  russe  sur  un 
théorème  de  géométrie. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bertrand.) 


(  698  ) 

CHIMIE  —  Note  relative  aux  acides  càmphoriques  inactifs  ; 
par  M.  J.   Chautard,   présentée  par  M.  Pasteur. 

«  J'ai  fait  connaître,  il  y  a  quelques  années,  les  propriétés  d'un  camphre 
retiré  delà  matricaire,  identique  avec  celui  du  Japon,  tant  sous  le  rappoi  t 
physique  qu'au  point  de  vue  chimique,  mais  offrant  cette  particularité  es- 
sentielle que  son  pouvoir  rotatoire  s'exerce  à  gauche  d'une  quantité  rigou- 
reusement égale  à  celle  que  le  camphre  ordinaire  présente  à  droite.  Ces  deux 
camphres,  mêlés  à  poids  égaux,  produisent  un  camphre  complètement  in- 
actif que  Ton  peut  appeler  camphre  racémique.  J'ai  indiqué,  déplus,  qu'en 
traitant  le  camphre  gauche  et  le  camphre  racémique  par  l'acide  nitrique, 
ils  fournissent  chacun  un  acide  camphorique  spécial  ayant  même  com- 
position, mêmes  propriétés  que  l'acide  camphorique  droit  ordinaire.  Tou- 
tefois, ces  divers  acides  diffèrent  l'un  de  l'autre  par  des  propriétés  optiques 
et  cristallographiques  de  même  ordre  que  celles  qui  distinguent  les  divers 
acides  tartriques  si  bien  étudiés  par  M.  Pasteur. 

»  Les  deux  nouvelles  séries  que  j'ai  découvertes  se  composent  donc 
chacune  de  trois  termes  :  le  droit,  le  gauche  et  le  racémique  ou  inactif  pat- 
compensation.  Restait  à  trouver  le  quatrième  terme,  c'est-à-dire  linactif  par 
constitution  ;  c'est  sur  lui  que  j'ai  l'honneur  d'appeler  l'attention  de  l'Aca- 
démie aujourd'hui,  tout  en  indiquant  le  mode  de  préparation  et  les  pro- 
priétés de  l'acide  para  ou  racémo-camphorique,  que  je  n'ai  fait  que  signaler 
jusqu'à  présent. 

»  Acide  camphorique  inactif  par  compensation,  para  ou  racémo-camph<>- 
rique.  —  L'acide  racémo-camphorique  s'obtient  soit  en  oxydant  directe- 
ment le  camphre  racémique,  soit  en  mettant  en  présence,  à  poids  égaux,  les 
deux  acides  càmphoriques  droit  et  gauche.  Il  n'existe  pas  la  moindre  diffé- 
rence entre  les  acides  obtenus  par  ces  deux  procédés.  Si  l'on  mélange  une 
solution  alcoolique  concentrée  de  chacun  de  ces  deux  acides,  il  se  produit 
immédiatement  un  abondant  précipité  blanc,  en  même  temps  que  la  tem- 
pérature s'élève  d'une  manière  notable.  Dans  une  de  mes  expériences,  cette 
élévation  a  été  de  plus  de  3o°  au-dessus  de  la  température  ambiante. 

»  L'acide  paracamphorique  est  bien  moins  soluble  que  ses  congénères; 
ainsi,  dans  l'alcool,  sa  solubilité  est  de  33  pour  100;  dans  l'éther,  de 
23  pour  100;  dans  l'eau  elle  est  seulement  de  i  pour  100.  Le  chloroforme 
le  dissout  plus  difficilement  encore. 

»   A  part  ces  différences  de  solubilité  et  son  inactivité  complète  sur  la 


(  699  ) 
lumière  polarisée,  l'acide  paracamphorique  présente  de  grandes  analogies 
avec  les  deux  acides  actifs  :  même  composition,  même  capacité  de  saturation 
des  bases.  Les  cristaux  sont  plus  difficiles  à  obtenir  ;  cependant  ils  rentrent 
dans  le  système  du  prisme  oblique  à  base  rhomboïdale  et  ne  présentent  pas 
de  traces  d'hémiédrie. 

»  Les  paracamphorates  alcalins  sont  très-sol ubles  dans  l'eau  et.  in- 
cristallisables.  Le  paracamphorate  de  baryte  se  dépose  sous  forme  de 
petites  aiguilles  prismatiques  et  exige  environ  10  parties  d'eau  pour  se 
dissoudre. 

•>  En  faisant  bouillir  un  mélange  de  10  parties  d'acide  paracampho- 
rique, 20  d'alcool  absolu  et  5  d'acide  sulfurique,  on  obtient,  à  la  suite 
d'une  ébullition  lente,  un  résidu  qui,  étendu  d'eau,  laisse  déposer  un  pro- 
duit huileux  qui  n'est  autre  chose  que  de  l'acide  paracamphorique. 

»  Ce  liquide  très-visqueux,  d'une  odeur  particulière,  plus  dense  que 
l'eau,  se  décompose  par  la  chaleur  en  élher  paracamphorique  et  en  acide 
paracamphorique  anhydre.  Ces  deux  corps  sont  séparés  à  l'aide  de  l'alcool 
bouillant,  qui,  en  refroidissant,  laisse  déposer  l'acide  anhydre,  tandis  que 
l'éther  retenu  en  dissolution  peut,  après  filtration,  être  précipité  par  l'eau. 

»  L'acide  anhydre  cristallise  en  petites  aiguilles  par  l'emploi  du  chloro- 
forme, qui  en  dissout  environ  25  pour  100.  L'éther  en  retient  4  pour  100, 
et  l'alcool  seulement  1  \  pour  100.  Sa  composition  et  sa  forme  cristalline 
sont  les  mêmes  que  celles  des  acides  anhydres  droit  et  gauche. 

»  L'éther  paracamphorique  est  une  huile  incolore,  très-odorante  ;  entre 
en  ébullition  de  2700  à  275°,  d'une  densité  égale  à  i,o3à  i5°. 

»  Acide  camplioriquc  inactif  par  constitution.  —  En  traitant  par  une  dis- 
solution de  potasse  concentrée  et  bouillante  l'éther  paracamphorique,  on 
régénère  de  l'alcool  et  un  acide  inactif  différent  de  celui  qui  a  servi  à  la 
préparation  de  l'éther.  En  effet,  cet  acide  est.  pulvérulent,  incristallisable, 
d'une  insolubilité  à  peu  près  complète  dans  les  divers  liquides  ordinaire- 
ment employés  comme  dissolvants.  Il  produit  avec  les  bases  alcalines  des 
combinaisons  non  cristallines;  celle  qui  se  forme  avec  l'ammoniaque  est 
très-soluble  et  se  décompose  lorsqu'on  en  concentre  la  dissolution, 

»  Cet  acide  est  fusible  et  se  sublime  en  perdant  de  l'eau,  tandis  qu'une 
autre  portion  se  décompose.  Son  pouvoir  rotatoire  est  nul,  autant  qu'on  a 
pu  en  juger  à  i'aide  d'une  dissolution  chloroformique  dans  un  tube  de 
5oo  millimètres. 

»  Sa  composition  ,  déduite  de  deux  analyses,  peut  se  représenter  en  cen- 


(  7°°  ) 
tiemes  par 

Carbone 5g,  7         58, 9 

Hydrogène 8, 6  8,1 

»  En  constatant  autrefois  l'inactivité  du  camphre  de  certaines  labiées, 
tant  sur  celui  que  j'avais  extrait  de  la  lavande  des  jardins  qu'à  l'aide  de 
quelques  grammes  de  ce  produit  dû  à  l'obligeance  de  M.  Biot,  je  me  de- 
mandais si  cette  passivité  tenait  à  la  nature  propre  de  ses  molécules,  ou  bien 
à  ce  qu'il  était  formé  par  la  réunion  de  deux  substances  de  rotations  con- 
traires, de  deux  camphres  droit  et  gauche,  qui,  se  trouvant  en  proportions 
égales,  donneraient  un  système  dépourvu  de  propriétés  rotatoires.  La  trans- 
formation du  camphre  de  lavande  en  acide  camphorique  m'a  permis,  je 
crois,  de  résoudre  cette  question,  l'acide  obtenu  étant  complètement  iden- 
tique à  celui  que  j'ai  obtenu  directement  par  le  procédé  indiqué  plus  haut. 

»  La  science  se  trouve  donc  aujourd'hui  en  possession  de  deux  nouvelles 
substances,  le  camphre  et  l'acide  camphorique,  offrant  un  exemple  frap- 
pant de  ces  modifications  dont  M.  Pasteur  nous  a  révélé  l'existence  par  ses 
découvertes  relatives  à  l'acide  tartrique.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  alcools   amyliques.  —  Action  de  la 
chaleur  sur  l'aldéhyde;  Note  de  M.  Beuthelot,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Deux  méthodes  générales  permettent  de  former  les  alcools  au  moyen 
des  carbures  d'hydrogène  :  l'une  consiste  à  fixer  de  l'oxygène  sur  les  car- 
bures C2"H2"+2;  l'autre  à  fixer  les  éléments  de  l'eau  sur  les  carbures 
C2*H2".  C'est  par  la  première  méthode  que  j'ai  changé  le  gaz  des  marais, 
C2H%  en  alcool  méthylique,  C2H*  O2,  par  l'intermédiaire  de  l'éther  C2H3C1. 
Les  belles  recherches  de  MM.  Pelouze  et  Cahourssur  les  pétroles  américains 
et  celles  de  M.  Schorlemmer  sur  certaines  huiles  de  houille  ont  prouvé 
que  cette  méthode  s'applique  à  toute  la  série  des  homologues  du  gaz  des 
marais. 

»  L'hydratation  des  carbures  C2nH2n  s'effectue  par  l'intermédiaire  de 
leurs  combinaisons  avec  l'acide  sulfurique  ou  les  hydracides.  C'est  ainsi  que 
j'ai  formé  les  alcools  ordinaire  et  propylique,  me  bornant  ensuite  à  établir 
que  les  carbures  d'un  ordre  plus  élevé  jouissaient,  comme  le  gaz  oléfiant  et 
le  propylène,  de  la  propriété  de  s'unir  directement  avec  les  hydracides. 
M.  Greville  Williams  a  montré  récemment  que  cette  réaction  s'appliquait 
généralement  aux  carbures  homologues  du  gaz  oléfiant  qui  sont  contenus 
dans  l'huile  de  boghead. 


(  7GI  ) 

»  Divers  faits  conduisent  à  se  demander  si  les  hydrates  dérivés  des  car- 
hures  C2"H2n  sont  identiques  avec  les  oxydes  formés  par  les  carbures 
C2nH2n+2,  et  aussi  avec  les  alcools  obtenus  par  fermentation.  Voici  ce  que 
l'on  sait  à  cet  égard  : 

»  L'identité  de  l'alcool  éthylique  préparé  par  synthèse  avec  l'alcool  de 
fermentation  ne  nie  paraît  pas  douteuse  :  toutes  les  propriétés  physiques  et 
chimiques  de  ces  deux  corps  et  de  leurs  éthers,  la  forme  cristalline  des  deux 
éthylsulfates  de  baryte  spécialement,  sont  absolument  identiques. 

«  Les  deux  alcools  propyliques,  au  contraire,  diffèrent  par  l'odeur,  par 
la  solubilité  dans  l'eau,  par  le  point  d'ébullition  des  alcools  (i),  et  proba- 
blement de  leurs  éthers  butyriques  et  autres. 

«  Des  différences  analogues  distinguent  les  alcools  amyliques.  En  indi- 
quant la  formation  synthétique  des  composés  amylchlorhydrique  et  amyl- 
bromhydrique,  j'avais  prévu  que  l'alcool  amylique  qui  en  dériverait  ne 
serait  pas  identique  avec  l'alcool  amylique  de  fermentation  (2).  Et  en  effet, 
M.  Wurtz,  obtenant  pour  la  première  fois  cet  hydrate  artificiel,  a  reconnu 
qu'il  se  distinguait  par  son  odeur,  son  point  d'ébullition  et  celui  de  ses 
composés,  situés  i5°  à  200  plus  bas,  son  aptitude  plus  grande  à  être  déshy- 
draté, etc.  (3).  Les  différences  sont  telles,  qu'on  peut  se  demander  si  cet 
hydrate  jouit  réellement  des  propriétés  d'un  alcool.  C'est  pour  éclaircir  ce 
doute  que  j'ai  entrepris  les  expériences  que  je  viens  présenter  aujourd'hui  à 
l'Académie. 

»  J'ai  d'abord  essayé  de  préparer  l'hvdrate  d'amylène  au  moyen  de  l'acide 
sulfurique.  Je  l'ai  obtenu  en  effet,  mais  en  quantité  trop  petite  pour  en  per- 
mettre l'étude,  presque  tout  le  carbure  se  transformant  soit  en  polymères, 
soit  en  lin  acide  complexe  et  stable,  analogue  à  l'acide  iséthionique.  J'ai  eu 
alors  recours  aux  hydracides.  Je  me  suis  adressé  de  préférence  au  composé 
chlorhydrique  et  à  sa  réaction  sur  les  sels  alcalins,  désirant  éviter  les  affini- 
tés spéciales  et  perturbatrices  de  l'iode  et  de  l'argent.  Le  composé  C,0H,0HC 
s'obtient  aisément  et  à  froid  en  dissolvant  Pamylène  dans  quatre  fois  son 
volume  d'alcool  absolu  préalablement  saturé  de  gaz  chlorhydrique.  Au 
bout  de  vingt-quatre  heures  de  repos,  on  étend  d'eau  et  l'on  distille  la 
couche  qui  surnage.  Ce  chlorhydrate  bout  vers  85°  (4)  et  possède  une  odeur 

(1)  L'alcool  propylique  artificiel  bout  120  à  i5°  plus  bas  que  l'alcool  de  fermentation. 
(Voir  Chimie  organique  fondée  sur  la  synthèse,  t.  I,  p.  i  i^.) 

(2)  Même  ouvrage,  t.  II,  p.  754. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  371. 

(4)  Ce  point  est  situé  notablement  plus  bas  que  celui  que  j'avais  indiqué  d'abord. 

C.    R.,  iSG3,   i«  Semestre,  (T.  LVI,  N°  la.)  9"2 


(  7°2  ) 
analogue  à  celle  de  la  liqueur  des  Hollandais.  J'ai  fait  agir  sur  ce  corps: 
i°  la  potasse  aqueuse;  2°  le  benzoate  et  l'acétate  de  soude.  Les  décompo- 
sitions sont  lentes;  elles  exigent  une  température  de  i20°à  i5o°  soutenue 
pendant  quatre-vingts  à  cent  heures. 

»  i°  La  potasse  a  fourni  de  Famylène,  produit  principal,  et  de  l'hydrate 
d'amylène,  produit  accessoire; 

»  2°  Le  benzoate  de  soude  sec  a  donné  de  l'amylène,  qui  est  encore  le 
produit  principal,  et  de  l'éther  amylbenzoïque  C,0H'°,  C"  IIe  ()*,  formé 
cette  fois  en  proportion  considérable.  Cet  éther  régénère  l'hydrate  d'amy- 
lène. L'acétate  de  sonde  donne  lieu  à  des  résultats  analogues,  si  ce  n'est  que 
l'amylène  domine  davantage.  Le  benzoate  de  soude,  additionné  d'alcool, 
a  fourni  de  l'amylène,  de  l'éther,  C4H50,  un  peu  d'hydrate  d'amylène, 
Cl0Hl2O2,  de  l'éther  éthylbenzoique,  etc. 

»  Pour  apprécier  la  valeur  de  ces  résultats,  il  faut  reproduire  les  mêmes 
expériences  avec  l'éther  amylchlorbydrique  de  fermentation. 

»  On  sait  déjà,  par  les  expériences  de  M.  Balard,  que  l'hydrate  de  potasse 
le  change  en  amylène.  Le  benzoate  de  soude  a  donné  naissance  à  une  petite 
quantité  d'amylène  et  à  une  quantité  considérable  d'éther  amylbenzoïque 
ordinaire.  L'acétate  de  soude  a  produit  également  un  peu  d'amylène  et  de 
l'éther  amylacétique,  apte  à  régénérer  l'alcool  de  fermentation.  Enfin  le 
benzoate  de  soude,  additionné  d'alcool,  a  fourni  un  peu  d'amylène,  de 
l'éther  C4  H50,  des  éthers  éthyl  et  amylbenzoïque,  etc. 

»  Il  résulte  de  ces  expériences  que  l'hydrate  d'amylène  artificiel  forme 
des  éthers,  soit  avec  les  oxacides,  soit  avec  les  hydracides,  aussi  bien  que 
l'alcool  amylique  de  fermentation.  Les  éthers  à  hydracides  de  ces  deux 
alcools  subissent  les  mêmes  décompositions.  En  présence  d'un  ôxysel,  ils 
fournissent  également  de  l'amylène  et  un  éther  correspondant  au  sel  ;  seu- 
lement l'amylène  domine  avec  les  éthers  de  l'alcool  artificiel,  tandis  qu'il 
se  produit  en  proportion  beaucoup  plus  faible  avec  les  éthers  de  l'alcool 
de  fermentation.  C'est  une  différence  de  degré  dans  les  réactions  et  non  une 
différence  de  fonction  chimique. 

»  Pour  compléter  ces  résultats,  il  resterait  à  examiner  l'alcool  préparé  au 
moyen  du  carbure  C,0H'".  Le  point  d'ébullition  de  l'éther  amylchlorby- 
drique C'°H"Cl,  dérivé  de  ce  carbure  par  MM.  Pelouze  et  Cahours,  in- 
dique qu'il  est  isomère  et  non  identique  avec  le  dérivé  du  carbure  Cl0H'0  : 
il  se  rapproche  au  contraire  de  l'éther  fourni  par  l'alcool  de  fermentation  (i). 

(i)  On  sait,  par  les  recherces  de  M.  Pasteur,  que  l'alcool  de  fermentation  est  lui-même 
un  mélange  de  deux  isomères,  l'un  doué,  l'autre  privé  du  pouvoir  rotatoire. 


(  ?o3) 
Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Cahours,  j'ai  pu  examiner  le  composé  homo- 
logue CI2H,3C1  (éther  caproylchlorhydrique),  dérivé  du  carbure  C,2HM. 
Cet  éther,  chauffé  avec  l'acétate  de  soude,  a  fourni  du  eaproène,  C,2H12,  en 
proportion  sensible  et  une  quantité  prédominante  d'éther  caproylacétique, 
dont  l'odeur  rappelait  à  la  fois  la  poire  et  le  pétrole.  Cet  éther  chlorhydrique 
se  rapproche  donc  de  l'éther  amylchlorhydriqne  de  fermentation. 

»  Il  parait  résulter  de  ces  faits  que  les  alcools  préparés  au  moyen  de 
carbures  différents,  tout  en  possédant  la  même  composition  et  la  même 
fonction  chimique,  ne  sont  pas  identiques.  Ici,  comme  dans  un  grand  nombre 
d'autres  cas,  les  corps  de  même  composition,  mais  obtenus  par  des  réactions 
diverses,  conservent  certaines  différences  qui  constituent  en  quelque  sorte 
un  cachet  d'origine,  et  qui  sont  d'autant  plus  manifestes  que  la  molécule  est. 
d'un  ordre  plus  élevé.  Remarquons  d'ailleurs  que  l'on  peut  concevoir  faci- 
lement le  passage  de  l'alcool  dérivé  d'un  carbure  C2"H2"  à  l'alcool  isomère 
dérivé  du  carbure  £2"H2"+2,  et  réciproquement.  En  effet,  l'un  et  l'autre 
de  ces  alcools  fournissent  par  déshydratation  le  même  carbure  Ca"H2".  Or, 
ce  carbure  peut  être  uni  au  brome,  C2"H2"Br2,  puis  le  brome  remplacé 
par  de  l'hydrogène,  ce  qui  fournit  le  carbure  C2"H2"+2,  à  l'aide  d'une  mé- 
thode générale  que  j'ai  développée  ailleurs.  On  passe  donc  à  volonté  d'un 
carbure  à  l'autre  et,  par  conséquent,  d'un  alcool  à  son  isomère.  » 

Action  de  la  chaleur  sur  l'aldéhyde. 

«  L'aldéhyde  pur,  maintenu  à  1600  pendant  cent  heures,  se  décompose 
complètement.  Aucun  gaz  n'apparaît.  Il  se  forme  de  l'eau  et  un  produit 
résineux  dont  la  composition  répond  sensiblement  à  un  mélange  de  carbures 
polymères,  ra(C4H2),  analogues  ou  identiques  avec  ceux  qui  dérivent  de 
l'alcool  acéthylique  et  du  glycol  soumis  à  l'influence  du  chlorure  de  zinc. 
En  même  temps  prennent  naissance  une  petite  quantité  d'alcool  et  d'un 
acide  qui  paraît  être  l'acide  acétique  : 

2C*H<02  +  H202  =  C'H602  +  C*H'0\    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  corps  isomères;  Note  de  M.  Avu.  Cahours, 

présentée  par  M.  Fremy. 

«  Le  but  de  la  présente  Note  est  d'établir  qu'il  n'existe  qu'une  isomérie 
pure  et  simple  entre  le  chlorobenzol  et  le  toluène  bichloré,  et  non  une  iden- 
tité réelle,  ainsi  qu'on  pouvait  l'admettre  en  se  basant  sur  leur  conversion 

92.. 


(  7°4  ) 
en  huile  volatile  d'amandes  amères  par  leur  contact  avec  l'oxyde  rouge  de 
mercure. 

»  Dans  l'action  réciproque  de  la  solution  alcoolique  de  potasse  et  du 
toluène  bichloré,  l'huile  d'amandes  amères  n'apparaît  que  comme  un  acci- 
dent, tandis  qu'avec  le  même  réactif  et  le  chlorobenzol,  le  produit  de 
M.  Naquet  ne  se  forme  qu'en  proportions  excessivement  faibles.  De  plus, 
tandis  que  par  l'action  de  la  vapeur  aqueuse  en  vases  clos,  à  la  température 
de  i3o°  à  i4°°î  ï;l  conversion  du  chlorobenzol  en  huile  d'amandes  amères 
est  complète,  le  toluène  bichloré  n'en  fournit  pas  de  traces. 

»  Ces  deux  faits,  dont  la  constatation  est  des  plus  faciles  à  établir,  suf- 
fisent évidemment  pour  détruire  relativement  à  ces  deux  substances  toute 
pensée  d'identité  de  constitution.  L'identité  réelle  entre  deux  composés  ne 
saurait  être  admise,  en  effet,  qu'à  la  condition  que  ces  deux  composés, 
doués  de  caractères  physiques  qui  tendent  à  les  faire  confondre,  engendre- 
ront sous  l'influence  des  mêmes  réactifs  des  produits  constamment  iden- 
tiques. Or,  comme  il  n'est  guère  de  corps  isomères  qui,  sous  l'influence  de 
forces  un  peu  brutales,  ne  soient  susceptibles  d'engendrer  un  même  pro- 
duit, ii  faudrait  bien  se  garder  de  conclure  que  deux  corps  sont  identiques 
par  ce  seul  fait  qu'une  réaction  déterminée  leur  a  permis  de  se  résoudre 
dans  la  même  substance. 

»  C'est  ainsi  que  le  salicylate  de  méthyle  et  l'acide  anisique,  corps  formés 
des  mêmes  éléments  unis  dans  les  mêmes  proportions,  mais  dont  la  consti- 
tution si  différente  se  révèle  immédiatement,  et  par  les  caractères  extérieurs 
et  par  les  réactions  fondamentales,  peuvent  se  résoudre  en  un  même  pro- 
duit, l'anisol,  lorsqu'on  les  soumet  à  l'action  simultanée  d'une  base  alcaline 
et  d'une  température  d'environ  3oo°.  Eh  bien,  il  me  parait  en  être  de  même 
entre  le  chlorobenzol  et  le  toluène  bichloré,  dont  les  propriétés  physiques 
sont  très-sensiblement  les  mêmes. 

»  Sous  l'influence  de  l'affinité  prépondérante  du  chlore  pour  le  mercure, 
l'oxyde  de  ce  métal  se  détruit,  l'oxygène  naissant  prenant  la  place  du  chlore 
pour  former,  quel  que  soit  celui  des  deux  produits  que  l'on  considère,  de 
l'essence  d'amandes  amères,  ce  qui  fait  conclure  à  leur  identité.  Fait-on  in- 
tervenir des  réactifs  plus  stables,  tels  que  la  potasse  ou  la  vapeur  d'eau,  le 
chlorobenzol,  dont  le  chlore  paraît  exister  dans  un  état  de  mobilité  plus 
grand  que  chez  le  toluène  bichloré,  peut  seul  l'échanger  complètement 
contre  une  quantité  d'oxygène  équivalente  pour  engendrer  de  nouveau 
cette  essence  d'amandes  amères,  source  de  sa  production. 

»   Fait-on  agir  le  chlore  sur  le  toluène  bichloré,  ce  gaz  engendre,  sui- 


(  7°5  ) 
vant  M.  Naqnet,  un   produit  de  substitution  auquel  il  assigne  la  compo- 
sition 

C"H5C13. 

»  J'ai  reconnu  de  mon  côté  que  le  chlorobenzol  se  comporte  d'une  ma- 
nière toute  semblable  avec  le  chlore,  et  qu'il  engendre  une  substance  de 
composition  identique. 

»  Or  ces  deux  produits  tendent  à  se  rapprocher  davantage  cpie  le  chloro- 
benzol et  le  toluène  bichloré.  En  effet,  le  composé  de  M.  Naquet  se  change 
en  benzoate  sous  l'influence  de  la  potasse  alcoolique,  et  il  en  est  de  même 
du  produit  que  m'a  fourni  le  chlorobenzol,  ce  qui  pourrait  faire  conclure 
à  leur  identité;  mais  tandis  que  cette  dernière  se  convertit  en  acide  ben- 
zoïque sous  l'influence  simultanée  de  la  chaleur  et  de  l'eau,  ces  deux  liqui- 
des étant  introduits  dans  des  tubes  scellés  et  maintenus  pendant  plusieurs 
heures  à  la  température  de  il\o°  environ,  le  produit  engendré  par  le  toluène 
bichloré  ne  donnerait  pas  trace  d'acide  benzoïque  dans  ces  circonstances, 
suivant  l'observation  de  M.  Naquet.  Il  est  probable,  et  c'est  un  point  que 
je  me  propose  d'éclaircir,  que  les  dérivés  chlorés  supérieurs  du  chlorobenzol 
et  du  toluène  bichloré  se  rapprocheront  de  plus  en  plus  pour  arriver  à  se 
confondre.  C'est  ainsi  que  l'acétate  de  méthyle  et  1  ether  formique  bichlo- 
rés,  corps  isomères  mais  doués  de  propriétés  chimiques  fort  différentes,  se 
résolvent,  suivant  M.  Cloèz,  en  un  produit  unique  par  l'action  ultime  du 
chlore,  l'accumulation  dans  la  molécule  primitive  de  ces  deux  éthers  iso- 
mères d'un  corps  dont  les  propriétés  sont  antagonistes  de  celles  de  l'hydro- 
gène qu'il  remplace,  tendant  à  produire  dans  les  deux  cas  un  état  d'équilibre 
identique. 

»  Le  chlorobenzol  et  le  toluène  bichloré  doivent  donc  être  considérés 
aujourd'hui  comme  deux  corps  purement  isomères.  Si  l'extrême  ressem- 
blance qu'ils  présentent  dans  leurs  propriétés  physiques  et  la  faculté  dont 
ils  jouissent  d'engendrer,  sous  l'influence  de  certains  réactifs,  des  produits 
entièrement  identiques,  tendent  à  les  faire  confondre,  les  différences  radi- 
cales de  réactions  qu'ils  manifestent  dans  des  circonstances  exactement  sem- 
blables repoussent  toute  idée  d'identité.  Si  le  toluène  bichloré  présente 
dans  quelques  cas  particuliers  une  certaine  tendance  à  fournir  des  com- 
posés du  groupe  benzoïque,  il  offre,  il  faut  l'avouer,  dans  le  plus  grand 
nombre  une  résistance  qu'on  n'observe  jamais  dans  le  chlorobenzol  qui 
semble  avoir  conservé  quelque  chose  de  l'arrangement  moléculaire  de 
l'essence  d'amandes  amères  qui  lui  a  donné  naissance,  et  en  vertu  duquel  il 


(;o6) 

tend  à  revenir  à  cette  forme  toutes  les  fois  qu'on  lui  fournit  l'occasion  d'é- 
changer son  chlore  contre  une  quantité  d'oxygène  équivalente. 

»  Ce  n'est  pas  là  un  fait  isolé;  et,  pour  n'en  citer  qu'un  seul,  je  rappel- 
lerai que  tandis  que  le  composé 

C6H5Br3, 

désigné  sous  le  nom  de  tribromhydrine  par  M.  Berthelot  et  obtenu  par  lui 
ilans  l'action  réciproque  du  bromure  de  phosphore  et  de  la  glycérine,  tend 
à  reproduire  cette  substance  avec  la  plus  grande  facilité  sous  l'influence  de 
la  potasse  ou  de  l'oxyde  d'argent,  tandis  que  le  tribomure  d'allyle  obtenu 
par  M.  Wurtz  au  moyen  de  l'action  du  brome  sur  l'iodure  d'allyle,  et  dont 
la  composition  est  identique  à  celle  de  la  tribromhydrine,  tend  également  à 
reproduire  de  la  glycérine  dans  les  circonstances  précédentes,  le  bromure 
de  propylène  brome,  corps  isomère  avec  les  précédents,  et  formé  par  l'action 
successive  du  brome,  de  la  potasse  et  finalement  du  brome  sur  le  propy- 
lène obtenu  par  la  destruction  ignée  de  l'alcool  amvlique  et  de  ses  ho- 
mologues supérieurs,  ainsi  que  des  acides  qui  s'y  rattachent,  n'engendre 
pas  trace  de  glycérine  lorsqu'on  le  place  dans  les  circonstances  que  nous 
venons  de  rappeler. 

»  Or,  la  tribromhydrine  dérive  directement  de  la  glycérine;  le  tribro- 
nuire  d'allyle  de  M.  Wurtz  en  dérive  également,  quoique  d'une  manière 
plus  éloignée  :  il  y  a  dès  lors  dans  ces  produits  des  aptitudes  particulières 
à  revenir  sous  l'influence  de  forces  chimiques  au  produit  primitif,  ce  qui 
n'existe  pas  pour  le  bromure  de  propylène  brome,  dont  la  génération  ne  se 
rapporte  ni  de  près  ni  de  loin  à  la  glycérine. 

»  Lorsque  deux  corps  possédant  la  même  composition  centésimale,  le 
même  équivalent  et  le  même  groupement  mécanique,  et  présentant  en  outre 
des  caractères  physiques  sensiblement  identiques,  ont  deux  modes  de 
génération  bien  distincts  ils  semblent  conserver  dans  toutes  les  transfor- 
mations qu'on  opère  en  eux  par  le  contact  des  réactifs,  en  tant  qu'il  n'y  a  pas 
dislocation  de  la  molécule,  quelque  chose  qui  rappelle  leur  origine  pre- 
mière, et  qu'on  retrouve  dans  leurs  différents  dérivés.  C'est  ainsi  que  les 
composés  qui  ont  pris  naissance  sous  l'influence  des  forces  dont  dispose  la 
nature  offrent  des  différences  très-tranchées  avec  leurs  isomères,  qui  sont 
engendrés  sous  l'influence  de  températures  plus  ou  moins  élevées  ou  de 
reactifs  énergiques.  Il  y  a  chez  ces  premiers  comme  un  cachet  indélébile 
qui  se  retrouve  dans  toutes  les  modifications  qu'on  leur  imprime  plus  tard, 


(  7»7  ) 
et  qui  fait  qu'on  peut  revenir  des  divers  dérivés  a  la  substance  niere 
sous  une  foule  d'influences,  alors  que  les  isomères  de  ces  différents  dé- 
rivés ne  peuvent  engendrer  cette  dernière  que  dans  des  conditions  toutes 
spéciales,  ce  qui  ferait  conclure  à  tort  à  l'identité  de  ces  isomères  si 
l'on  s'en  tenait  à  une  réaction  isolée  (i). 

«  J'ajouterai  en  terminant  que  le  chlorocuminol  obtenu  par  l'action 
réciproque  du  perchlorure  de  phosphore  et  de  la  partie  oxygénée  de  l'es- 
sence de  cumin  (cuminol)  se  convertit  en  cette  substance  à  la  manière  ciu 
chlorobenzol,  soit  sous  l'influence  d'une  solution  alcoolique  de  potasse,  soit 
par  l'action  de  la  vapeur  aqueuse  en  vases  clos  à  une  température  de 
i4o°  à  i5o°. 

«  Ce  moyen  de  repasser  d'une  combinaison  chlorée  au  produit  oxygéné 
correspondant,  qui,  dans  ces  deux  cas  particuliers,  s'effectue  d'une  manière 
très-nette,  pourra,  si  elle  se  généralise,  fournir  dans  certaines  circonstances 
des  réactions  dignes  d'intérêt.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  biome  et  de  l'acide  bromhydrique  sur  l'acétale 
d'élhyle ;  Note  de  M.  J.-M.  Crafts,   présentée  par  M.  Balard. 

«  Les  recherches  qui  ont  été  faites  sur  l'action  du  chlore  sur  l'éther  acé- 
tique ont  fait  connaître  un  certain  nombre  de  produits  de  substitution 
chlorés  de  ce  corps;  mais  jusqu'ici  le  premier  terme  de  la  série,  le  com- 
posé G'rTClQ2,  n'a  pas  été  isolé.  Comme  il  paraissait  probable  que  le 
brome  agirait  de  la  même  manière,  mais  avec  moins  d'énergie  que  le  chlore 
sur  l'éther  acétique,  M.  Wurtz  m'a  engagé  à  préparer,  en  traitant  une 
molécule  d'éther  acétique  par  i  équivalents  de  brome,  le  composé 
brome,  CH'Brô2,  correspondant  à  celui  qui  manque  dans  la  série  des 
produits  chlorés,  afin  d'étudier  ensuite  sa  réaction  sur  la  potasse  caustique. 
La  question  était  de  savoir  si  cette  réaction  serait  représentée  par  la  pre- 


(i)  Si  nous  admettons  deux  séries  d'alcools  engendrés  les  uns  par  voie  de  fermentation 
tels  que  l'alcool  ordinaire  et  ses  homologues  supérieurs,  les  autres  par  décomposition  ignée 
de  certains  principes  organiques,  tels  que  l'esprit-de-bois  et  l'alcool  caprylique  de  M.  Bonis, 
il  est  excessivement  probable  que  par  la  comparaison  de  deux  produits  isomères  de  ces  séries 
on  obtiendrait  des  dérivés  très-voisins,  mais  non  identiques.  Il  serait  fort  intéressant  de  re- 
chercher, par  exemple,  si  l'alcool  engendré  par  la  fermentation  des  liquides  sucrés,  offrirait 
une  identité  complète  avec  l'alcool  obtenu  par  la  fixation  de  la  vapeur  aqueuse  sur  l'hydro- 
gène bicarboné  produit  par  la  destruction  des  matières  organiques  à  une  température  élevée. 


(  7o8  ) 
mière  ou  la  deuxième  des  équations  suivantes  : 

G2HsBr0J  v„^       €2H2Ô)  €SH5) 

I.  G,R!,      jô  +  2KHO=       HR   J02  +         j     ô  +  KBr. 

Glycolate  de  polasse.  Alcool. 

n.         c.HHOje  +  2KHÔ  =  G.H.oj  e  +  e'H;!e,+  KB„ 

En  d'autres  termes,  si  le  brome  remplace  une  partie  de  l'hydrogène  dans 
le  radical  acétyle  ou  dans  le  radical  éthyle. 

»  Je  n'ai  pas  pu  résoudre  la  question  proposée,  parce  que  la  réaction 
filtre  le  brome  et  l'acétate  d'éthyle  s'est  passée  d'une  manière  différente  de 
celle  prévue,  et  n'a  pas  fourni  un  produit  de  substitution  ;  mais  comme  la 
décomposition  qui  a  lieu  dans  ces  circonstances  présente  quelque  intérêt 
tu  point  de  vue  de  la  théorie,  je  demande  la  permission  de  communiquer 
à  l'Académie  les  résultats  de  mes  expériences. 

>.  Le  brome  se  dissout  dans  l'éther  acétique  avec  production  de  chaleur  : 
mais  on  ne  remarque  pas  de  dégagement  d'acide  bromhydrique,  et  on  peut 
abandonner  le  mélange  à  lui-même  pendant  plusieurs  semaines,  à  la  tem- 
pérature ordinaire  et  à  la  lumière  diffuse  du  laboratoire,  sans  qu'il  se 
produise  une  quantité  notable  d'un  corps  bouillant  au-dessus  de  6o°  à  8o°. 
Une  dissolution  alcaline  enlève  le  brome  au  mélange  et  en  sépare  l'acétate 
d'éthyle  inaltéré. 

»  Mais  si  l'on  chauffe  à  i5o°,  dans  un  tube  scellé,  une  molécule  d  acé- 
tate d'éthyle  et  i  équivalents  de  brome,  la  couleur  du  brome  disparait 
instantanément;  à  ioG°,  la  décoloration  ne  se  produit  qu'après  douze  à 
vingt  heures.  Cette  réaction  n'est  pas  accompagnée  de  la  formation  d'um 
quantité  considérable  d'acide  bromhydrique,  et  on  remarque,  en  distillant 
le  produit  dans  le  tube,  qu'il  se  sépare  en  un  liquide  bouillant  vers  4o°  et 
en  un  autre  qui  bout  au-dessus  de  2000,  et  qui  se  prend  en  grande  partie 
par  le  refroidissement  en  une  masse  de  cristaux  qui  paraissent  avoir  la 
forme  de  rhomboèdres. 

«  De  la  première  portion  on  a  facilement  isolé,  par  des  lavages  avec  une 
dissolution  de  potasse,  un  corps  bouillant  entre  38°, 5  et  3()0  qui  avait  les 
propriétés  du  bromure  d'éthyle,  et  qui  a  donné  à  l'analyse  des  chiffres  cor- 
respondant à  la  formule  €sHbBr.  Le  corps  cristallisable  qui  bouillait  au- 
dessus  de  2000  possédait  les  propriétés  et  la  composition  de  l'acide  broma- 
cétique. 

»   La   petite  quantité  de  liquide,  qui  distillait  entre  les  limites  de    p° 


(  7°9  ) 
à  2oo°,  contenait  outre  le  bromure  d'éthyle  et  l'acide  broniacétique  de 
l'acide  acétique,  et  ia  partie  de  la  portion  bouillant  au-dessus  de  2000,  qui 
ne  se  solidifiait  pas  a  o°,  renfermait  67,70  de  brome,  au  lieu  de  57,6 
qu'exige  la  composition  de  l'acide  broniacétique;  elle  consistait  sans  doute 
en  un  mélange  de  cet  acide  avec  l'acide  bibromacétique.  En  laissant  de  coté 
la  formation  de  ces  derniers  produits,  qui  est  évidemment  secondaire,  la 
décomposition  qu'éprouve  l'acétate  d'éthyle  par  l'action  du  brome  est 
exprimée  par  l'équation  : 

G'H*      lÔ+Br=  H)°       +       <?**' 

Acide  bromacctiiiuc.  Bromure  d'éthyle: 

Il  ne  reste  qu'à  rendre  compte  de  la  formation  des  acides  acétique  et  bibro- 
macétique. 

»  L'explication  la  plus  simple  consiste  à  admettre  que,  pendant  la  décom- 
position de  l'éther  acétique,  le  brome,  en  agissant  sur  une  portion  de  l'acide 
broniacétique,  donne  naissance  à  une  certaine  quantité  d'acide  bibroma- 
cétique dont  la  formation  est  accompagnée  par  celle  d'acide  bromhydrique, 
et  que  ce  dernier  réagit  sur  une  portion  de  l'éther  acétique  pour  former  du 
bromure  d'éthyle  et  de  l'acide  acétique.  Une  expérience  a  démontré  que 
cette  dernière  réaction  a  lieu  quand  on  chauffe  l'acétate  d'éthyle  avec  l'acide 
bromhydrique. 

»  L'acétate  d'éthyle  absorbe  à  la  température  ordinaire  une  fois  et  demie 
de  son  poids  d'acide  bromhydrique  sec.  Cette  quantité  correspond  à  plus 
de  1  équivalent  d'acide  bromhydrique,  et  il  suffit  de  chauffer  la  dissolution 
saturée  pendant  une  demi-heure  à  ioo°,  dans  un  tube  scellé,  pour  décom- 
poser complètement  l'éther  en  acide  acétique  et  en  bromure  d'éthyle: 

G2HSÔ)  Br       G'EPO)  „„HSR 

G>W      \Q+H=       H       jO  +  G-FPBr. 

»  La  décomposition  de  l'acétate  d'éthyle  par  le  brome  et  par  l'acide 
bromhydrique  répond  exactement  à  celle  de  l'acide  acétique  anhydre  ré- 
cemment étudié  par  M.  Gai.  Ce  parallélisme  prouve  une  lois  de  plus  l'ana- 
logie qui  existe  entre  les  éthers  et  les  acides  anhydres.   » 


C.  R.,  i863,  1"  Semestre.  (T.   LV1,  N°  13.)  9^ 


(  7'°  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  réactions  et  la  génération  des  acides  de  la  série 
thionique;    Note    de    MM.    G.   Chancel    et    E.    Diacon,   présentée    par 

M.  Balard. 

«  Nous  nous  sommes  proposé,  clans  le  travail  dont  nous  présentons  la 
première  partie,  de  faire  ressortir  par  des  faits,  la  plupart  nouveaux,  les 
métamorphoses  par  lesquelles  on  peut  passer  de  l'un  à  l'autre  des  acides  de 
la  série  thionique  et  les  réactions  qui  permettent  de  les  reconnaître  avec 
certitude. 

»  Acide  pentathionique.  —  Nous  n'avons  aucune  modification  essen- 
tielle à  proposer  quant  au  mode  de  préparation  de.  cet  acide  indiqué  par 
Wackenroder.  Nous  ferons  cependant  remarquer  qu'il  se  forme  dans  des 
circonstances  qui  n'avaient  pas  encore  été  signalées.  Ainsi  la  décomposition 
des  hyposulfites  par  les  acides  ne  donne  pas  uniquement,  comme  on  le 
pense,  du  soufre  et  de  l'acide  sulfureux;  il  y  a  de  plus  production  d'acide 
pentathionique.  On  peut  même,  en  choisissant  convenablement  l'hyposulfite 
et  l'acide,  obtenir  ainsi  de  l'acide  pentathionique  pur  :  c'est  ce  qu'on  réalise 
en  décomposant  l'hyposulfite  de  baryte  par  l'acide  sulfurique  dilué. 

«  Les  principales  réactions  que  nous  avons  à  indiquer  pour  cet  acide 
sont  les  suivantes  : 

»  Uacide  sulj hydrique  le  décompose  lentement  en  donnant  lien  à  un 
dépôt  de  soufre. 

»  La  potasse  détermine,  dans  les  dissolutions  de  cet  acide,  un  précipité 
presque  immédiat  de  soufre;  cette  réaction  est  importante  en  ce  qu'elle 
permet  de  le  distinguer  nettement  de  l'acide  tétrathionique  sur  lequel  elle 
est  sans  action. 

»  Le  Inoxyde  de  plomb  exerce  à  chaud  une  action  aussi  nette  que  remar- 
quable sur  l'acide  pentathionique,  qu'il  transforme  intégralement  en  acide 
tétrathionique  : 

4S505+  5PbO-  =5(PbO,  S'O5). 

»  Le  monosul/ure  de  potassium  détermine  un  précipité  de  soufre  avec  for- 
mation d'hyposulfite. 

»  Sont  caractéristiques  pour  cet  acide  le  précipité  jaune  avec  l'azotate 
mercureux,  le  dépôt  de  soufre  par  la  potasse  et  la  présence  du  plomb  dans 
la  dissolution  après  qu'elle  a  été  chauffée  avec  du  bioxyde  de  plomb. 

»  Acide  tétrathionique.  —  Aux  procédés  connus  pour  la  préparation 
de  cet  acide,  nous  ajouterons  les  réactions  suivantes  qui  permettent  de  l'ob- 
tenir facilement. 


(  7"'  ) 
»  Si  l'on  fait  réagir  des  quantités  convenables  d'hyposulfite  de  baryte  et 
de  sulfate  de  cuivre,  on  obtient  rapidement  une  dissolution  exclusivement 
composée  de  tétratbionate  cuivreux.  Ce  sel  est  peu  stable,  même  à  froid;  à 
chaud  il  se  transforme  par  l'ébullition  en  sulfure  de  cuivre  et  acide  sulfu- 
rique 

Cu*0,  SUJ5=  2C11S  +  2SO3, 

tandis  que  le  tétrathionate  cuivrique  n'éprouve  rien  de  semblable  dans  les 
mêmes  circonstances. 

»  On  peut  aussi  obtenir  cet  acide  en  ajoutant  peu  à  peu  de  l'acide  su!  • 
furique  sur  un  mélange  d'hyposulfite  de  plomb  et  de  bioxyde  de  plomb, 
tenus  en  suspension  dans  l'eau  : 

aPbO,  S202  +  Pb02  +  2S03  =  PbO,  S405-f-2PbO,  SO3  ; 

une  réaction  semblable  a  lieu  avec  l'hyposulfite  de  baryte  et  le  bioxyde  de 
baryum,  et  en  général  avez  un  hyposulfite  quelconque  et  un  bioxyde. 

»  On  l'obtient  encore  en  attaquant  à  une  température  voisine  de  l'ébul- 
lition du  bioxyde  de  plomb  par  de  l'acide  pentathionique.  Au  bout  d'un 
certain  temps  on  n'a  dans  la  dissolution  que  du  tétrathionate  de  plomb  qui, 
traité  par  l'acide  sulfurique,  peut  donner  de  l'acide  pur. 
»  Nous  indiquerons  pour  cet  acide  les  réactions  suivantes  : 
»  Le  monosulfure  de  potassium  donne,  avec  les  tétrathionates,  un  dépôt 
de  soufre  avec  formation  d'hyposulfite 

KO,  S'05  +  KS  =  2(Na,0,  S302)  +  S. 

»  Par  l'ébullition  avec  le  sulfate  cuivrique,  il  ne  se  présente  pas  de  sulfure 
de  cuivre.  La  potasse  n'y  détermine  pas  de  précipité  de  soufre.  L'acide  libre 
est  sans  action  sur  le  bioxyde  de  plomb. 

»  Ces  réactions,  jointes  au  précipité  jaune  donné  par  le  nitrate  mercu- 
reux,  sont  caractéristiques  pour  cet  acide. 

»  Acide  trithionique.  —  On  ne  connaissait  pas  jusqu'ici  de  procédé 
rationnel  pour  la  préparation  de  cet  acide;  nous  pouvons  donner  le  suivant 
qui  repose  sur  la  réalisation  des  réactions  indiquées  par  l'équation 

RS  +  a(RO,  aS02)  +  4S02  =  3(KO,  S'O5). 

»  Il  consiste  à  transformer  2  parties  de  potasse  en  bisulfite  de  pot.tsse  par 
un  courant  d'acide  sulfureux,  à  préparer  parla  méthode  connue  du  mono- 
sulfure de  potassium  avec  une  autre  partie  de  cet  alcali,  et  à  verser  rapide- 
ment le  bisulfite  dans  le  monosulfure,  en  agitant  continuellement  le  mé- 

93.. 


(  7<2  ) 
lange.  La  liqueur  s'échauffe  et  ne  laisse  pas  déposer  de  soufre.  On  termine 
l'opération  en  faisant  passer  de  l'acide  sulfureux  à  refus. 

»  Pour  obtenir  le  sel  cristallisé,  il  faut  faire  évaporer  rapidement  le 
liquide  en  le  plaçant  en  couche  mince  dans  des  vases  plats,  reprendre  par 
de  l'eau  à  6o°  environ,  additionner  d'un  peu  d'alcool,  filtrer  et  abandonner 
au  refroidissement.  Le  sel  cristallise  en  petits  prismes. 

»  Les  trilhionates  donnent,  par  l'ébullition  avec  le  sulfate  cuivrique,  du 
sulfure  de  cuivre  et  de  l'acide  sulfurique. 

»  Le  monosulfure  de  potassium  le  transforme  en  hyposulfite,  sans  dépôt 
de  soufre, 

KO,  S305  4-KS=  2  (KO,  S302). 

»  Sont  caractérisliques  pour  cet  acide  le  précipilé  noir  que  détermine 
dans  ses  dissolutions  le  nitrate  mercureux,  et  la  manière  dont  il  se  comporte 
avec  ie  sulfate  cuivrique  et  le  monosulfure  de  potassium. 

»  Les  réactions  nouvelles  indiquées  dans  ce  travail,  réunies  à  celles  que 
l'on  connaissait  déjà,  permettent  de  déterminer  avec  facilité  et  certitude  les 
acides  de  la  série  thionique.  Nous  espérons  que  la  suite  de  ces  recherches 
nous  conduira  à  des  méthodes  qui  rendront  possible  la  séparation  des 
nombreux  acides  du  soufre,  du  moins  dans  les  cas  les  plus  importants.   » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  un  nouvel  hydrogène  carboné  de  la  série  G"U-"~ 
et  de  ses  combinaisons  avec  le  brome;  Note  de  M.  Eue  Cavextou,  présentée 
par  M.  Balard. 

«  Dans  une  précédente  communication,  j'ai  fait  connaître  un  tétra- 
bromure  cristallisé,  obtenu  dans  des  circonstances  particulières  que  j'ai 
indiquées,  et  auquel  l'analyse  assigne  la  même  formule  brute  que  celle  du 
bromure  de  butylène  bibromé  G*H6Br4.  J'ai  indiqué  aussi  les  expériences 
qui  me  le  font  envisager  comme  un  isomère  de  ce  dernier. 

»  Comme  complément  de  cette  étude,  j'ai  pensé  qu'il  serait  intéressant 
d'obtenir  l'hydrogène  carboné  G''  H6  et  d'étudierses  combinaisons  avec  le 
brome  :  ces  recherches  font  le  sujet  de  cette  Note. 

»  Mais  avant  de  chercher  à  produire  l'hydrogène  carboné  €4HC.  j  ai 
voulu  m'assurer  s'il  prenait  naissance  pendant  la  décomposition  de  la 
vapeur  d'alcool  amylique  par  la  chaleur.  Pour  cela,  j'ai  fait  passer  les  gaz 
provenant  de  cette  décomposition  à  travers  une  solution  de  protochlorure 
de  cuivre  ammoniacal,  avant  de  les  combiner  au  brome.  Si  l'hydrogène 
carboné  C4H6  se  formait  dans  cette  circonstance,  on  devait  le  retrouver 


(  7*3  ) 
dans  la  solution  cuivrique  qui  possède,  comme  on  sait,  la  propriété  de  rete- 
nir les  carbures  d'hydrogène  de  la  formule  G"H'"~2,  et  les  bromures  for- 
més ultérieurement  ne  devaient  plus  contenir  de  cristaux  en  dissolution. 
Mais  c'est  le  contraire  cpii  a  lieu,  la  liqueur  cuivrique  ammoniacale  ne 
retient  qu'un  peu  d'acétylène,  et  la  distillation  fractionnée  des  bromures 
donne  à  peu  près  la  même  quantité  de  cristaux.  Ainsi  l'hydrogène  car- 
boné G4H6  ne  se  forme  donc  pas  dans  les  conditions  indiquées  ci-dessus, 
et  cette  expérience  ajoute  encore  un  nouvel  appui  à  celles  qui  ont  fait  envi- 
sager les  cristaux  précédemment  décrits  comme  un  produit  de  substitution 
du  bromure  de  butylène. 

»  Le  procédé  suivi  pour  la  préparation  de  ce  carbure  d'hydrogène 
est  celui  que  M.  Sawitsch  a  indiqué  pour  obtenir  l'allylène.  En  effet,  en 
traitant  le  butylène  brome  par  l'éthylate  de  soude  à  la  température  de 
l'eau  bouillante  pendant  quelques  heures,  il  se  produit  du  bromure  de 
sodium,  de  l'alcool  et  l'hydrogène  carboné  cherché. 

»  L'équation  suivante  rend  compte  de  cette  réaction  : 

»  Cet  hydrogène  carboné  est  liquide  au-dessous  de  i5°,  et  il  se  volatilise 
avec  rapidité  s'd  n'est  maintenu  dans  la  glace.  Il  possède  une  odeur  très- 
forte,  légèrement  alliacée;  il  bout  vers  i8°  et  distille  entre  i8°et!»40.  La 
densité  de  vapeur  a  été  trouvée  de  i ,  o,36;  la  densité  calculée  est  de  i  ,  S68. 

»  L'analyse  répond  à  la  formule  G4 H". 

»  On  voit  que  le  carbure  d'hydrogène  dont  il  s'agit  est  nouveau,  et  qu'il 
appartient  à  la  série  de  l'acétylène  et  l'allylène  :  je  propose  de  le  nommer 
çrolonjlène  pour  rappeler  ses  liens  de  parenté  avec  l'acide  crotonique  autre- 
fois découvert  par  mon  père  et  par  M.  Pelletier.  Cet  acide,  dont  la  composi- 
tion est  exprimée  par  la  formule  G''H6Q%peut  être  envisagé,  en  effet,  comme 
un  produit  d'oxydation  du  carbure  d'hydrogène  G* H6,  et  il  existe  entre 
ce  carbure  et  l'acide  crotonique  la  même  relation  qu'entre  Féthylidène 
(radical  de  l'aldéhyde)  et  l'acide  acétique. 


G1  H6 

G4H602 

Crolonylène. 

Acide  crolonique. 

G2  H4 

G2H4G2 

EthyliHène. 

Acide  acétique. 

Le  brome  se  combine  avec  une  grande  énergie  avec  l'hydrogène  car- 


(  7'4  ) 
boné  €4H6;  la  combinaison  se  fait  en  ajoutant  le  brome  goutte  a  goutte 
dans  l'hydrogène  carboné,  et  en  maintenant  dans  un  mélange  de  glace  et 
de  sel  le  vase  où  se  fait  l'opération.  On  obtient  ainsi  un  liquide  plus  lourd 
que  l'eau  qu'on  purifie  convenablement,  et  qui  distille  entre  1480  et  i58° 
en  dégageant  un  peu  d'acide  bromhydrique,  et  en  laissant  un  dépôt  de 
charbon.  Il  est  représenté  parla  formule  €"H6Br. 

»  Ce  bromure  est  une  combinaison  de  2  équivalents  seulement  de 
brome  avec  l'hydrogène  carboné  G4 H6.  Mais  si  on  le  laisse  en  contact 
pendant  plusieurs  jours  avec  un  excès  de  brome,  on  voit  bientôt  se  former 
des  cristaux  qu'on  peut  obtenir  blancs  en  les  purifiant  convenablement,  et 
dont  la  cristallisation  est  tout  à  fait  analogue  à  celle  du  bromure  de  buty- 
lène bibromé.  J'ai  eu  à  ma  disposition  une  si  petite  quantité  de  ces  cristaux, 
que  je  n'ai  pu  en  faire  l'analyse  élémentaire,  cependant  j'ai  pu  doser  le 
brome,  et  les  chiffres  obtenus  correspondent  bien  à  la  quantité  de  brome 
contenu  dans  la  formule  €4H6Br'\ 

»  Quoique  ces  nombres  s'accordent  aussi  bien  avec  la  formule  G4H4Br* 
qu'avec  la  formule  G4HcBr4,  je  préfère  cependant  cette  dernière,  parce  que 
je  n'ai  point  observé  de  dégagement  d'acide  bromhydrique  pendant  la  for- 
mation des  cristaux,  et  qu'ils  ont  pris  naissance  dans  des  conditions  sem- 
blables à  celles  où  se  sont  produits  les  cristaux  de  bromure  de  butylène 
bibromé. 

»  Je  rappellerai  que  dans  la  série  acétylique  M.  Berthelot  a  signalé  un 
bromure  contenant  2  équivalents  de  brome,  et  M.  Reboul  un  bromure  en 
contenant  4  (qu 'il  a  appelé  bromure  d'éthylène  bibromé). 

»  Quoique  l'étude  des  deux  bromures  que  j'ai  obtenus  dans  la  série 
t"B2"_%  correspondante  à  la  série  butylique,  soit  insuffisante,  les  quelques 
faits  que  j'ai  pu  observer  tendent  à  me  prouver  qu'il  n'y  a  pas  identité 
entre  les  bromures  obtenus  avec  l'hydrogène  carboné  €4H6  et  les  corps  qui 
leur  correspondent  dans  la  série  butylique.  Ainsi  le  butylène  bihromé 
distille  entre  i4o°  et  i5o°  sans  se  décomposer,  le  bromure  obtenu  avec 
l'hydrogène  carboné  €4H6  passe  à  la  distillation  de  1480  à  i58°,  en  déga- 
geant de  l'acide  bromhydrique  et  laissant  un  dépôt  de  charbon. 

•'  Le  bromure  de  butylène  bibromé  et  les  cristaux  du  bromure  décrit 
dans  la  Note  précédente,  abandonnés  dans  une  capsule  à  la  température 
ordinaire,  ne  se  volatilisent  pas  sensiblement  (j'en  ai  conservé  pendant  plus 
de  six  mois  dans  ces  conditions);  le  bromure  cristallisé  obtenu  avec  l'hy- 
drogène carboné  G*H6,  abandonné  dans  les  mêmes  circonstances,  s'est  vola- 
tilisé complètement  au  bout  de  dix  à  douze  jours. 


(  7*5  ) 

»  J'aurais  désiré  établir  par  d'autres  expériences  l'isomérie  de  ces  diffé- 
rents bromures,  mais  la  matière  première,  si  difficile  à  obtenir,  m'a  fait 
défaut,  et  ces  faits  ne  pourront  être  éclaircis  que  quand  j'aurai  de  nouveau 
du  bromure  de  butylène  à  ma  disposition. 

»  Toutes  ces  recherches  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Wurtz.  » 

chimie  organique.  —  Sur  les  hydrates  des hydrogènes  carbonés  ; 
Noie  de  M.  Ad.  Wurtz,  présentée  par  M.  Balard. 

«  J'ai  fait  voir  dans  une  précédente  communication  (i)  que  l'amylene, 
en  s'unissantà  l'acide  iodhydrique  ou  bromhydrique,  donnait  naissance  a 
des  composés  isomériques  avec  l'iodure  ou  le  bromure  d'amyle.  En  traitant 
l'iodhydrate  d'amylène  par  l'oxyde  d'argent  humide,  j'ai  obtenu  un  hydrate 
isomérique  avec  l'alcool  amylique. 

»  Après  avoir  indiqué  quelques-uns  des  caractères  par  lesquels  l'iodhy- 
drate et  l'hydrate  d'amylène  se  distinguent  de  l'iodure  et  de  l'hydrate 
d'amyle,  j'ai  complété  cette  étude,  et  je  vais  montrer  qu'on  rencontre 
rarement  des  "cas  d'isomérie  plus  tranchés  et  fondés  sur  des  différences 
de  propriétés  plus  frappantes. 

»  Lorsqu'on  chauffe  l'hydrate  d'amylène  pendant  quelques  heures  à 
200°,  il  se  décompose  en  amylène  et  en  eau. 

)>  Il  absorbe  le  gaz  iodhydrique  avec  avidité  et  en  s'échauffant.  Si  l'on 
maintient  le  liquide  à  une  basse  température,  il  ne  tarde  pas  à  se  séparer  en 
deux  couches  :  la  supérieure  est  de  l'iodhydrate  d'amylène  pur  bouillant 
à  i3o°,  l'inférieure  est  une  solution  aqueuse  saturée  d'acide  iodhydrique. 
Ainsi,  cet  acide  décompose  l'hydrate  d'amylène  à  la  température  ordinaire, 
en  se  combinant  avec  l'amylene  et  en  mettant  l'eau  en  liberté. 

»  lorsqu'on  dirige  du  gaz  chlorhydrique  dans  de  l'hydrate  d'amylène, 
maintenu  dans  l'eau  glacée,  la  réaction  s'accomplit  à  froid,  de  l'eau  est 
séparée,  et  il  se  forme  du  chlorhydrate  d'amylène.  Celui-ci  possède  la  même 
composition  que  le  chlorure  d'amyle  ;  mais  son  point  d'ébullition  est  infé- 
rieur de  io°  environ  à  celui  de  ce  dernier  composé. 

»  Le  brome  réagit  énergiquement  sur  l'hydrate  d'amylène.  Chaque  goutte 
de  ce  corps  simple  qui  y  tombe  produit  un  sifflement.  En  mêlant  les  deux 
corps  dans  le  rapport  de  2  atomes  du  premier  pour  1  molécule  du  second, 
on  obtient  un  liquide  rouge  si  l'on  opère  à  une  très-basse  température; 
mais  dès  que  ce  liquide  atteint  la  température  ordinaire,  le  brome  réagit 

(1)   Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  3^0. 


(  7'6) 
subitement  sur  l'hydrate,  et  les  deux  produits  principaux  decette  réaction 
sont  l'eau  qui  se  sépare  et  du  bromure  d'amylène.  J'ai  constaté  que  la  quan- 
tité d'eau  qui  est  ainsi  éliminée  se  rapproche  sensiblement  de  celle  qui  est 
combinée  avec  l'amylène  dans  l'hydrate;  une  réaction  secondaire  donne 
naissance  à  une  certaine  quantité  d'acide  bromhydrique. 

»  Le  chlore  réagit  d'une  manière  analogue,  mais  moins  nette.  11  se 
forme,  indépendamment  de  produits  chlorés  bouillant  à  une  température 
élevée,  et  qui  sont  probablement  un  mélange  de  chlorure  d'amylène  avec  ses 
dérivés  chlorés,  du  chlorhydrate  d'amylène  bouillant  vers  900.  Ce  dernier 
composé  prend  naissance  en  vertu  d'une  action  secondaire,  par  l'action  de 
l'acide  chlorhydrique  formé  sur  un  excès  d'hydrate  d'amylène. 

»  Lorsqu'on  chauffe  pendant  longtemps  au  bain-marie  l'hydrate  d'amy- 
lène avec  de  l'acide  acétique,  de  l'amylène  est  mis  en  liberté,  et  l'on  n'obtient 
qu'une  très-petite  quantité  d'un  produit  bouillant  vers  125°  et  dont  la  com- 
position se  rapporte  à  celle  de  l'acétate  d'amylène. 

»  Le  sodium  décompose  l'hydrate  d'amylène  avec  dégagement  d'hydro- 
gène. J'ai  réussi  à  dissoudre  dans  ce  liquide  sensiblement  1  équivalent  de 
sodium,  et  j'ai  obtenu  une  masse  incolore,  demi-transparente,  fusible,  et 
offrant  la  composition  de  l'amylénate  de  soude  €sHuNa©  =  G5II10,]\aHO. 
Ayant  traité  ce  corps  par  l'iodhydrate  d'amylène,  j'ai  obtenu,  en  vertu 
d'une  réaction  très-nette,  de  l'amylène,  de  l'hydrate  d'amylène  et  de 
l'iodure  de  sodium 

GSH'\  NaHO  -+-  GbH10,  HI  =  G5H10  -+-  €5H"\  H2©  -4-  Nal. 
En  réagissant  sur  l'amylénate  de  soude,  l'eau  en  sépare  de  nouveau  l'hydrate 
d'amylène  bouillant  à  io4°. 

»  L'iodhydrate  d'amylène,  traité  par  le  sodium,  se  décompose  entière- 
ment en  iode  qui  se  combine  avec  le  sodium,  en  amylène  et  en  hydrogène 
libre.  Il  ne  forme  pas  trace  d'un  carbure  d'hydrogène  bouillant  à  une  tem- 
pérature élevée.  On  sait  que  l'iodure  d'amyle  donne  dans  les  mêmes  cir- 
constances de  l'amyle  bouillant  à  i58°. 

»  Lorsqu'on  introduit  de  l'iodhydrate  d'amylène  dans  une  solution  alcoo- 
lique de  potasse,  le  liquide  s'échauffe  et  il  se  dépose  de  l'iodure  de  potas- 
sium. Par  la  distillation  on  en  sépare  une  grande  quantité  d'amylène. 

»  Enfin  l'ammoniaque  décompose  de  même  l'iodhydrate  d'amylène.  Il 
se  forme  de  l'iodure  d'ammonium,  et  il  se  sépare  de  l'amylène.  Mais  en 
même  temps  il  se  forme  une  certaine  quantité  d'une  base  ammoniacale  qui 
est  identique  ou  peut-être  isomérique  avec  l'amylamine. 

«  On  le  voit,  dans  toutes  les  réactions  auxquelles  j'ai  pu  soumettre  soit 


(  7»7  ) 
l'hydrate,  soit  l'iodhydrate  d'amylène,  de  l'amylène  s'est  séparé.  C'est  là  la 
propriété  caractéristique  de  ces  combinaisons;  elle  les  distingue  nettement 
de  leurs  isomères,  l'hydrate  et  l'iodure  d'amyle.  Tandis  que  le  groupe 
amyle  C5HU,  qui  n'existe  pas  à  l'état  de  liberté,  passe  facilement  d'une  com- 
binaison dans  une  autre,  le  groupe  amylène,  dans  l'hydrate  et  dans  l'iodhy- 
drate, est  pour  ainsi  dire  mis  en  liberté  au  moindre  choc.  Il  semble  qu'il  n'est 
que  faiblement  enchaîné  soit  à  l'eau,  soit  à  l'acide  iodhydrique,  et  cette  cir- 
constance nous  permet  d'expliquer  les  relations  d'isomérie  qui  existent  entre 
l'hydrate  d'amyle  et  l'hydrate  d'amylène,  et  entre  leurs  dérivés  respectifs. 

>  L'amylène  est  un  carbure  d'hydrogène  non  saturé  :  il  se  combine  avec 
l'acide  iodhydrique  pour  arriver  à  l'état  de  saturation.  Pourquoi  le  com- 
posé ainsi  formé  est-il  isomérique  et  non  pas  identique  avec  l'iodure 
d'amyle?  Cela  peut  tenir  à  cette  circonstance  que  l'iode  occupe  dans  la 
molécule  de  l'iodhydrate  une  certaine  place,  tandis  qu'il  en  occupe  une 
autre  dans  la  molécule  de  l'iodure;  qu'il  complète,  dans  la  première,  la 
saturation  d'un  certain  atome  de  carbone,  tandis  qu'il  complète,  dans  la 
seconde,  la  saturation  d'un  autre  atome  de  carbone. 

»  Mais  il  se  peut  aussi  qu'en  se  combinant  avec  l'amylène,  l'iode  et  l'hy- 
drogène ne  viennent  pas  combler  une  lacune  en  se  fixant  sur  tel  ou  tel 
atome  de  carbone  incomplètement  saturé  d'hydrogène,  mais  s'ajoutent 
en  quelque  sorte  à  la  molécule",  tout  entière,  agissant  comme  un  tout  et  en 
quelque  sorte  par  la  résultante  de  ses  affinités.  Cette  dernière  hypothèse 
s'accorde  mieux  avec  les  faits  que  la  première;  elle  rend  compte,  en  effet, 
de  la  facilité  avec  laquelle  l'amylène  se  sépare  de  nouveau  de  l'iodhydrate 
ou  de  l'hydrate  dans  les  réactions  les  plus  variées.  L'ensemble  de  ces  réac- 
tions ainsi  que  le  mode  de  formation  des  composés  dont  il  s'agit  sont  expri- 
més par  les  noms  d'iodhydrate,  d'amylène  et  d'hydrate  d'amylène,  et  par 
les  formules  rationnelles 

G8Hi9j^     et      ^5H'»jJJ0     ou     GsH",ff©. 

Choisir  d'autres  noms  et  construire  d'autres  formules  rationnelles  eût  été 
s'écarter  des  faits  et  s'aventurer  dans  des  hypothèses  injustifiables. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  l'isomériedont  il  s'agit  n'est  point  de  celles  qui  se  tra-' 
duisent  seulement  par  des  différences  dans  les  propriétés  physiques.  On  sait 
que  l'alcool  amylique  inactif  de  M.  Pasteur  ne  se  distingue  de  l'alcool  amy- 
lique  ordinaire  que  par  le  pouvoir  rotatoire  et  par  une  différence  de  i°  dans 
le  point  d'ébullition,  les  propriétés  chimiques  des  deux  substances  étant 
d  ailleurs  les  mêmes.  De  telles  isoméries,  qui  n'affectent  que  les  caractères 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  18.)  94 


;  :>s  ) 

physiques,  méritent  à  peine  ce  nom,  et  dans  tous  les  cas  il  convient  de  les 
distinguer  des  isoméries  fondées  sur  des  différences  dans  les  propriétés  chi- 
miques. J'ai  fait  voir  que  pour  les  corps  dont  il  s'agit  ces  différences  sont 
profondes. 

»  J'ajoute  en  terminant  que  l'hydrate  d'amylène  n'est  pas  le  seul  corps 
de  son  espèce.  Ayant  combiné  l'hexylène  avec  l'acide  iodhydrique,  j'ai 
obtenu  un  iodhydrate  GCH'%  HI,  qui,  en  présence  de  l'eau  et  de  l'oxyde 
d'argent,  régénère  une  partie  de  l'hydrogène  carboné,  mais  donne  aussi  une 
certaine  quantité  d'hydrate  d'hexylène  GeH12,H2ô  bouillant  vers  i3o°. 
J'ai  préparé  l'hexylène  par  une  réaction  nouvelle  que  je  ferai  connaître  pro- 
chainement. D'autre  part,  j'ai  constaté  que  l'hexylène  retiré  de  la  mannite 
selon  le  procédé  élégant  de  MM.  Wanklyn  et  Erlenmeyer  se  combine  de 
même  avec  l'acide  iodhydrique.  L'iodbydrate  ainsi  obtenu  m'a  paru  pos- 
séder un  point  d'ébullition  supérieur  à  celui  de  l'iodhydrate  d'hexylène  dont 
il  vient  d'être  question. 

»  L'octylène  (caprylène  de  M.  Bonis)  se  combine  avec  l'acide  iodhy- 
drique; mais  lorsqu'on  fait  réagir  sur  l'iodhydrate  formé  de  l'oxyde  d'argent 
et  de  l'eau,  l'hydrogène  carboné  est  régénéré,  et  il  ne  forme  que  des  traces 
d'un  corps  oxygéné. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  l'hydrate  d'amylène  constitue  en 
quelque  sorte  la  réalisation  expérimentale  de  la  théorie  par  laquelle 
M.  Dumas  représentait  autrefois  la  constitution  des  alcools,  théorie  qui  s'ap- 
plique non  pas  à  ces  derniers  composés,  mais  à  leurs  isomères.  A  l'hydrate 
d'amylène  il  faudra  rattacher  peut-être  l'alcool  hexylique  de  MM.  Wanklyn 
et  Erlenmeyer,  ainsi  que  l'alcool  que  M.  de  Luynes  pourra  obtenir  avec 
l'iodure  qu'il  a  récemment  décrit.  Ces  composés  viendront  se  ranger  à  côté 
des  hydrates  d'essence  de  térébenthine  qui  sont  connus  depuis  longtemps.  » 

thérapeutique.  —  Rechercha  expérimentales  sur  l'action  physiologique  du 
tarlre  stibié ;  Note  de  M.  G.  Pécholier,  présentée  par  M.  Bernard. 

«  Dans  un  Mémoire  dont  les  conclusions  ont  été  précédemment  publiées 
{Comptes  rendus,  numéro  du  17  novembre  1862),  nous  avons  étudié  l'action 
physiologique  de  l'ipécacuanha.  Aujourd'hui,  nous  venons  apporter  le 
résumé  d'expériences  faites  sur  les  lapins  et  les  grenouilles  pour  éclaircir 
l'histoire  de  l'action  physiologique  du  tartre  stibié. 

«  i°  Le  tartre  stibié  n'a  point  toujours  et  à  tous  les  moments  exercé  une 
action  contro-stimulante  sur  les  animaux  auxquels  nous  l'avons  administré. 


(  7'9) 
L'action  dépressive  du  sel  d'antimoine  sur  la  circulation,  la  respiration  et 
l'innervation  est  bien  l'effet  le  pins  saillant,  mais  non  l'effet  constant  de 
cette  substance. 

»  1°  Dans  une  première  période,  sous  l'influence  de  doses  de  i ,  i,  3, 
5,  io,  20  et  4o  centigrammes  de  tartre  stibié,  nous  avons  constaté,  durant 
quinze  à  vingt  minutes,  une  augmentation  d'une  dizaine  de  pulsations  et 
de  respirations  par  minute,  et  un  peu  d'excitation  nerveuse.  Nous  attri- 
buons ces  phénomènes  à  la  frayeur  de  l'animal  et  surtout  aux  efforts  de 
vomissement  qui  se  sont  produits  chez  lui.  Cette  période  a  complètement 
manqué  lorsque,  la  dose  ayant  été  énorme  (t  à  i  grammes),  il  n'y  a  eu  aucun 
effort  de  vomissement. 

»  3°  Pendant  la  seconde  période,  qui  n'a  jamais  manqué  et  qui  a  duré  en 
moyenne  trois  à  quatre  heures,  nous  avons  observé,  d'une  manière  plus 
ou  moins  prononcée  suivant  la  dose  employée,  le  ralentissement  du  pouls; 
la  diminution  du  nombre  des  mouvements  respiratoires;  l'abaissement  de 
la  chaleur  animale,  surtout  dans  les  organes  extérieurs,  et  un  collapsus  évi- 
dent dans  les  fonctions  du  système  nerveux.  Le  ralentissement  du  pouls 
était  en  moyenne  de  ao  à  25  pulsations  pour  des  doses  de  5  à  io  centi- 
grammes; mais  il  a  été  de  plus  de  ioo  pour  une  dose  de  i  gramme.  La 
diminution  des  respirations  a  été  proportionnelle  à  celle  des  pulsations. 
Quant  à  la  chaleur  animale,  son  abaissement  maximum  a  été  de  3°. 

»  4°  Pendant  une  troisième  période  que  nous  nommons  période  de 
réaction,  le  pouls  et  la  respiration  sont  d'abord  revenus  à  leur  état  normal 
pour  s'accélérer  ensuite.  La  chaleur  animale  s'est  ranimée,  elle  a  été  même 
plus  élevée  qu'avant  l'expérience.  La  sensibilité  et  la  motilité,  un  moment 
réveillées,  n'ont  pas  tardé  à  s'engourdir  de  nouveau.  Cette  réaction  fébrile, 
dont  les  conséquences  ont  été  habituellement  mortelles,  nous  a  paru  liée  à 
des  irritations  et  à  des  congestions  organiques  constatées  à  l'autopsie.  Elle  a 
manqué  quand  les  doses  ingérées  ont  été  trop  faibles  (au-dessous  de  5  cen- 
tigrammes) ou  trop  fortes  (i  gramme).  Dans  le  premier  cas,  en  effeL,  après 
une  perturbation  passagère,  tout  est  rentré  dans  l'ordre;  dans  le  second 
cas,  la  mort  est  survenue  directement  par  les  progrès  de  la  prostration. 

»  5°  L'affaiblissement  de  l'innervation  s'est  manifesté  surtout  du  côté  des 
nerfs  sensitifs.  La  motricité  nerveuse  et  la  contractilité  musculaire  ont  été 
mieux  conservées,  quoique  très-amoindries. 

»  6°  Les  autopsies  de  nos  animaux  morts  empoisonnés  ou  sacrifiés  pen- 
dant l'émétisation  nous  ont  fait  constater  l'action  irritante  du  tartre  stibié, 
soit  sur  les  organes  avec  lesquels  il  entre  immédiatement  en  contact,  soit 

94. 


(  72°  ) 
sur  ceux  qu'il  atteint  après  son  absorption  et  lorsqu'il  est  mélangé  au  sang. 
C'est  ainsi  que  nous  avons  noté  l'injection  primitive  de  l'estomac  et  de 
l'intestin,  et  l'injection  secondaire,  variable  dans  son  existence  et  son  inten- 
sité, du  foie,  des  reins,  du  cerveau  et  même  du  poumon.  Nous  avons  pu 
retrouver  l'antimoine  dans  le  foie;  nous  avons  également  constaté  dans  cet 
organe  la  présence  du  sucre  normal.  Le  sang  a  toujours  été  diffluent,  surtout 
lorsque  de  fortes  doses  avaient  été  administrées. 

»  70  En  comparant  l'action  contro-stimulante  de  l'ipécacuanha  avec  celle 
du  tartre  slibié,  on  note  entre  ces  deux  médicaments  des  différences  très- 
importantes  :  l'hyposthénisation  due  au  premier  atteint  vite  son  maximum, 
menace  très-promptement  la  vie,  mais  elle  décroît  avec  une  aussi  grande 
rapidité  et  ne  donne  pas  lieu  à  cette  période  réactive  si  dangereuse,  quand 
on  emploie  le  tartre  stibié.  L'action  de  celui-ci,  au  contraire,  est  plus  lente, 
plus  profonde,  plus  durable,  et  devient  progressivement  et  presque  néces- 
sairement mortelle,  dès  qu'un  certain  point  a  été  dépassé.  Nous  n'avons 
trouvé  cbez  les  animaux  soumis  à  l'action  de  l'ipécacuanha  ni  la  diffluence 
du  sang,  ni  ces  irritations  organiques  nombreuses,  et  spécialement  1  hy- 
pérhémie  pulmonaire,  que  le  tartre  stibié  a  manifestement  produites.  En 
revanche,  le  sel  d'antimoine  ne  détruit  pas  la  fonction  glycogénique  du  foie 
comme  la  racine  du  Brésil  et  abolit  moins  sûrement  qu'elle  l'activité  des 
nerfs  sensitifs.    » 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Su>  les  modifications  que  doit  recevoir  relativement  à 
ta  Lune  le  théorème  général  de  l'invariabilité  des  grands  axes  des  orbites 
des  planètes  et  de  la  permanence  de  leurs  moyens  mouvements  ;   par 

M.   G.   DE  PoNTECOULANT.   (Suite.) 

«  Soit  ni  le  moyen  mouvement  de  la  Lune  dans  son  orbite  elliptique 
a  le  demi  grand  axe  de  cette  orbite,  e  son  excentricité,  s  la  longitude  de 
l'époque,  «  celle  du  périhélie;  représentons  par  les  mêmes  lettres  affectées 
d'un  accent  ce  que  deviennent  ces  quantités  relativement  au  Soleil,  et  par 
R  la  fonction  perturbatrice;  si  l'on  désigne  de  plus  par  Ç  =  /  ndt  le  moyen 
mouvement  dans  l'orbite  troublée,   on  aura 


'// 


andt  .c/'R 


et,  en  n'ayant  égard  qu'aux  quantités  de  l'ordre  du  carré  de  la  force  per- 
turbatrice, on  aura  pour  sa  variation 

(i)  *Ç=-  3™  Ç Çdtd'.$R+î£   Crtdt  (  f  d'.B 


(  72i   ) 
en  désignant,  comme  précédemment,  par  la  caractéristique  iï  les  intégrales 
finies. 

»  La  constante  s  étant  toujours  jointe  au  moyen  mouvement  rit,  on  a 
généralement 

—  (ï)""'- 

et  par  suite,  pour  la  variation  de  cette  même  fonction, 

,,  ,_  ,  .    /r/R\        fdR\  .      , 

a. ij.R  =  «aï a . I  —  i  +  I  -j-  \  'i a <li . 
ou  bien,  en  substituant  pour  §n  sa  valeur, 

«  Calculons  les  différentes  parties  de  cette  formule  en  nous  bornant  aux 
termes  non  périodiques  du  second  ordre,  et  indépendants  de  l'excentricité 
et  de  l'inclinaison  à  l'écliptique  de  l'orbe  lunaire,  qu'elle  peut  renfermer. 

»  La  fonction  perturbatrice  R,  dans  la  théorie  de  la  Lune,  peut  se  déve- 
lopper en  une  série  de  cosinus  d'angles  proportionnels  aux  mouvements 
moyens  de  la  Lune  et  du  Soleil,  et  ordonnée  par  rapport  aux  puissances 
ascendantes  des  excentricités  des  orbites  de  ces  deux  astres  et  de  leur  incli- 
naison mutuelle.  Si  l'on  désigne,  pour  abréger,  par  |  la  longitude  moyenne 
de  la  Lune  moins  celle  du  Soleil,  par  tp  et  <p'  leurs  anomalies  moyennes,  ce 
qui  suppose 

y  =  «?-)-£  —  ta ,       y'=n't-\-s' —  a',       %  =  nt  —  n't-\-z  —  i' , 

en  nous  bornant  aux  termes  qui  nous  seront  utiles  dans  ce  qui  va  suivre, 
la  fonction  R,  développée  de  cette  manière,  contiendra  les  suivantes  : 

«R  =  /H2FeoS2?  +  /«2Gccos(2Ç  —  y)  +  r>rG'ecos  (2?  +  <p  ) 
-|-//;2FVcos  (2Ç  —  <f')  +  m2¥"e'cos  (2?  +  ?') 
+  ni- H ee '  cos  (  y  —  y ')  -+-  m2 H'ee' COS  (  <p  +  y' ) 
-t-H;2Kee'cos(2Ç—  y  —  y')  +  m2K'ee'cos(2Ç  —  y  +  f') 
+  m2K"ee'cos{i%  +  y  —  y')-\-m2K'"ei-'cos(iZ,  +  y  +  y'). 

Dans  cette  expression,  m  est  une  petite  fraction  qui  représente  le  rapport 
du  moyen  mouvement  du  Soleil  à  celui  de  la  Lune,  en  sorte  qu'on  a  /«  =  — , 
et  par  conséquent  ri  =  mn. 

»  On  peut  considérer  généralement  la  différence  —  comme  une  fonction 

des  éléments  des  orbites  de  la  Lune  et  du  Soleil,  en  ne  faisant  varier  dans 
son  expression  que  ce  qui  est  relatif  à  la  Lune;  on  aura  ainsi 

,  /rfR\      f/R  „      ,P\\       ^  rf2R  f/2R  ,/2R 

o.l  -r-     =-ràÇ-\-——  rja+  — —  de  +  -r^:-'}e+-— —  dw  + 

\rf£  J       f/î  dida  de1  eteàe  deda 


(  722  ) 
En  substituant  pour  c?Ç,  âa,  cte,  .  .  . ,  leurs  valeurs,  cette  fonction  devient 


+"-g=/(|)*-S/(S)*] 

+""  [^  /(§)  ■"  -  S  /(S)  ■"] 


Il  ne  s'agit  plus  que  de  substituer  dans  cette  expression  à  la  place  de  R  sa 
valeur  précédente,  et  de  déterminer  les  termes  non  périodiques  qui  en 
résulteront. 

»  Considérons  d'abord,  parmi  les  termes  dépendant  de  l'excentricité  de 
l'orbite  solaire,  les  suivants  : 

«R  =  /H!F'e'cos(2Ç  —  'i')  +  7«3F"e'cos(2?  + y  i. 
Dans  cette  valeur,  ë  représente  l'excentricité  de  l'orbe  terrestre  et  w'  la 
longitude  du  périhélie;  ces  deux  éléments  varient  de  siècle  en  siècle  par 
l'action  des  autres  planètes,  et  nous  nous  proposons  de  déterminer  dans  le 
mouvement  de  la  Lune  les  inégalités  séculaires  de  l'ordre  m*  qui  peuvent 
provenir  de  cette  cause;  pour  y  parvenir  avec  toute  la  rigueur  que  la  ques- 
tion comporte,  il  est  nécessaire  d'introduire  dans  R  les  expressions  finies  de 
ces  variations,  relatives  à  un  temps  quelconque  t.  Or,  si  l'on  remplace  o 
par  sa  valeur  n't  -t-  e'  —  w',  on  a 

cosl2?  —  »')  =  cosfîH  —  n't  —  ='-4- m')  =  cos(2?  —  n't  —  t')  cosw'  —  sin(  il  —  n'  t  —  s')sinc>'. 
On  sait  d'ailleurs,  par  la  théorie  des  planètes,   que  les  valeurs  finies  des 
deux  quantités  e'cosw'  et  e'sinw'  sont  données  par  deux  suites  de  cosinus 
et  de  sinus  d'angles  proportionnels  au  temps  t  multipliés  par  des  coefficients 
constants,  en  sorte  qu'on  peut  supposer 

^'cosm'  =  2.Bcos(fa+€),      s'sinu'=  ï.Bsin(fo-t-é). 
On  aura  donc  généralement 

e'cos(a?  —  <p')  =  cos(2|  —  n't  —  e')  2. Bcos (&/  +  §)  —  sin(2?  —  //'/  —  e')Z.Bsin(è/ 
=  Z.Bcos(2Ç  —  n't  —  e'+fo+S). 

Il  est  évident  que  la  même  transformation  s'appliquant  aisément  à  tous  les 
termes  semblables,  on  pourra  substituer  aux  deux  termes  que  nous  avons 
considérés  dans  aR  les  suivants  : 

77R  =  />rF'ï.Bcos(2i  —  <f'  +  bt  +  Z)  -+- m-F"Z.bcos{il  +  '<' -  l>t  -  f.  1. 

Si  l'on  substitue  cette  valeur  dans  le  deuxième  ternie  de  la  formule  (3), 
qu'on  effectue  les  opérations  indiquées,  en  ayant  soin  de  combiner  deux  a 
deux  les  termes  dépendant  des  mêmes  angles  |  et  ©',  et  qui  ne  diffèrent  que 


(  7^3) 
par  les  angles  bt  +  S,  b't  -4-  S', .  . . ,  qui  entrent  dans  leurs  arguments,  qu'on 
néglige  de  plus  tous  les  termes  d'un  ordre  supérieur  à  /«',  on  trouvera  qu'il 

en  résulte  dans  è.  [*-r\  l'inégalité  suivante  : 


^\  =_A^(F'J+F"1)2.(è'-6)BB,sin[(i'-£)«+ë'-ê]. 


°ir 


»  Si  l'on  considère  maintenant  les  termes  du  développement  de  R  qui 
dépendent  du  produit  eë  des  excentricités  des  orbites  de  la  Lune  et  du 
Soleil,  et  qu'on  effectue  à  leur  égard  la  même  suite  d'opérations  que  pré- 
cédemment, on  trouvera  qu'il  en  résulte  dans  ('—  )   l'inégalité  séculaire 


\di 
J.(g<\=_g(HJH-H'a-K1-K'2+iK»J  +  jK"'2)2.(i'-è)BB'sin[(6'-è)f  +  S'-ê]. 

»  Il  nous  reste  à  considérer  dans  le  développement  de  R  les  quatre  termes 
suivants  : 

aR=  nr V cos^t  A- m' G e cosy  +  m- G' ecos(i'i  —  'f)+m2G"ecos('i.ï  + y). 

Chacun  des  coefficients  F,  G,  G',  G"  peut  être  regardé  comme  composé 
d'une  partie  constante  et  d'une  partie  variable,  à  raison  de  la  variation  de 
l'excentricité  ë  qu'ils  renferment  implicitement.  Pour  déterminer  la  varia- 
tion séculaire  qui  peut  en  résulter  dans  â.  (  —  )>  on  peut  substituer  a  la 

place  de  e'2  sa  valeur  en  série  de  sinus  et  de  cosinus  d'angles  proportionnels 
au  temps  et  effectuer  ensuite  les  intégrations  ;  mais  il  est  plus  commode, 
dans  ce  cas,  d'opérer  par  la  méthode  des  intégrations  par  parties,  et  j'ai 
reconnu  qu'on  était  conduit  d'ailleurs,  par  les  deux  procédés,  à  des  résul- 
tats parfaitement  identiques.  Ayant  donc  déjà  effectué  ce  calcul  par  le  pre- 
mier procédé,  je  me  contenterai  de  rapporter  ici  les  valeurs  que  j'en  ai 
déduites. 

»  En  vertu  des  quatre  termes  précédents,  j'ai  trouvé  (*) 
/  ,/RA       m*  (       d¥         dd         ,  dW       i     „  dG"  \ 

Enfin,  en  ne  considérant  que  le  premier  terme  de  cette  même  formule,  on  a 
trouvé 

,     Jdsa\    C,    ffdR\   ,       3/«<  /FrfF       ^e' de'      _,,,,  e'de'\ 

En  réunissant  maintenant  les  différents  termes  que  nous  venons  de  déter- 
(*)   Supplément  au  livre  VII  de  la  Théorie  analytique  du  système  du  monde. 


(  7^4  ) 
miner  et  en  observant  qu'eu   vertu  des  valeurs  de  e'cosw'  et  e'sinu',  on  a 

en =  [1  .Bcos  (ht  +  êl]!  4-[2.Bsin( bt  +  S)]2 . 
d'où  il  est  aisé  de  conclure,  par  la  différentiation, 

?^L  =  -2.(b'-b)BB'sm[(b'-b)t+ê'-G], 

on  trouvera 

\  de  j         an    \      dt  dt  dt    J 

m'f    dG         d&      i       d&\ 

an  \  3  3/    dt 

Il  est  aisé  de  s'assurer  d'ailleurs,  en  suivant  l'analyse  précédente,  que  le 
second  terme  de  la  formule  (2)  produit  l'équation  séculaire 

On  aura  donc,  en  réunissant  les  différentes  parties  de  la  formule  (2),  en 
multipliant  par  dt  la  fonction  résultante  et  en  intégrant  ensuite, 

fd'.SVi  =  11  —  (F2  +  F'V2  +  F"V2) 
J  1    a 

+  —  (g2  -  G'V2  +  iG"vA 
ia\  3  / 

+  -Y H2  -4-  H'2  -  K=  -  K'2  +  i  K"2+  ^  K'"2  V 
ta  \  3  3/ 

résultat  qui  concorde  avec  celui  que  j'avais  obtenu  par  une  méthode  d'in- 
tégration plus  expéditive  dans  le  Supplément  à  la  Théorie  de  la  Lune,  mais 
qui  avait  besoin  d'être  confirmé  par  une  analyse  rigoureuse  pour  ne  laisser 
aucun  doute  dans  les  esprits.  » 

M.  Vaillant  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  lui  renvoyer  une  N  ote  sur  la 
direction  des  aérostats  qu'il  lui  avait  précédemment  adressée. 

M.  Dorxer  fait  une  semblable  demande  relativement  à  des  pièces  justifi- 
catives précédemment  adressées  à  l'appui  de  ses  communications  concernant 
un  remède  contre  diverses  affections  intestinales  et  contre  le  choléra-morbus. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


(  7*5  ) 

COMITÉ  SECRET 

M.  Mathieu,  doyen  de  la  Section  d'Astronomie,  présente  la  liste  sui- 
vante de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Bond. 


Au  premier  rang. 


Au  second  rang   et 
par  ordre  alphabétique- 


M.  Mac  Lear. 
M.  Challis.    . 

M.  CoOPER..     . 

M.  Galle.  .  . 
M.  Gasparis.  . 
M.  Graham..  . 
M.  Hencke..  . 
M.  Lamoxt..  . 
M.  Lassell.    . 

M.  LlTTROW.    . 

M.  Planta mour 
M.  Robinson.    . 


au  Cap  de  Bonne-Espérance. 

à  Cambridge. 

à  Markree  (Irlande). 

à  Berlin. 

à  Naples. 

à  Markree. 

à  Driessen  (Prusse). 

à  Munich. 

à  Liverpool. 

à  Vienne. 

à  Genève. 

à  Armagh. 


M.  Strcve (Otto\  à  Pulkowa  près  St-Pétersbourg. 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 


M.  Chevreul,  doyen  de  la  Section  de  Chimie,  présente  la  liste  suivante 
de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante  par  suite  de  la  nomi- 
nation de  M.  Liebicj  à  une  place  d'Associé  étranger. 

Au  premier  rang.  .   .  M.  Schœxbein..    .   à  Bâle. 

/M.  Frankland.    .  à  Londres. 
Au  second   rang  en  M.  Marignac.   .   .  à  Genève. 

par  ordre  alphabétique.  JM.   Piria à  Turin. 

(M.  Schrœtter.    .  à  Vienne. 

M.  Fremy  expose  les  titres  des  candidats  :  ces  titres  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 


La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

C.  E.,  i863,   ^Semestre.    (T.  LVI,  N»  13.) 


95 


(  7*6) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE, 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i3  avril  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Paléontologie  française,  ou  description  des  animaux  invertébrés  fossiles  de  la 
Fiance,  continuée  par  une  réunion  de  paléontologistes,  sous  la  direction  d'un 
Comité  spécial.  Terrain  crétacé;  livraisons  9  et  10.  Paris,  1862;  in-8°. 

Pratique  des  distributions  d'eau;  par  Aristide  Dumont.  Paris,  1 8(53 ;  in-4u. 

Le  climat  de  Genève;  par  E.  Plaintamour.  Genève,  i8G3  ;  n-4°. 

Discours  prononcé  aux  obsèques  de  M.  Ambroise  IFdlaume ,  par  M.  le  baron 
Larrey,  au  nom  Au  corps  des  Officiers  de  santé  militaires,  le  22  mars  i863. 
Paris,    1 863;  br.  in-8°.  (Présenté,  au  nom  l'auteur,  par  M.  J.  Cloquet.) 

Note  sur  l'étage  barrémien  de  M.  Coquand  et  sur  la  place  qu'il  doit  occuper 
dans  la  série  crétacée  ;  par  M.  F.-J.  PlCTET.  (Extrait  de  la  Bibliothèque  uni- 
verselle et  Revue  suisse.)  Br.  in-8°. 

Discussion  de  quelques  points  des  méthodes  paléontologiques  au  sujet  d'un 
Rapport  de  M.  Agassiz  sur  V arrangement  des  collections  du  Musée  de 
Cambridge  ;  par  le  même.  (Extrait  du  même  recueil.)  Br.  in-8°. 

Bulletin  mensuel  de  la  Société  d' Agriculture  et  de  Commerce  de  Caen; 
année  1862.  Caen,  1862;  vol.  in-8°. 

Société  d'Agriculture  et  de  Commerce  de  Caen.  Comptes  rendus  des  Concours 
cl  Fêtes  qui  ont  eu  lieu  à  l'occasion  de  la  célébration  de  l'anniversaire  sécu- 
laire de  sa  fondation ,  du  21  au  3o  juillet  1862.  I11-80. 

Elementi...  Eléments  de  Géométrie ,  de  Trigonométrie  et  de  Géométrie  ana- 
lytique, pour  servir  d  introduction  à  la  Géométrie  descriptive;  par  Giusto 
Bellavitis.  Padoue,  18G2;  in-8°. 

Rivista...  Revue  des  Journaux.  (Extraits  des  Actes  de  i  Institut  vénitien  ; 
3e  série;  5e  et  6e   Revue.)  5  br.  in-8°. 


PUBLICATIONS      PÉRIODIQUES      REÇUES      PAR      l'aCADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    MARS    18G5. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences;  1 er  se- 
mestre 1 863,  nos  g  à  i3  ;  in-4°. 

Annales  rie  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BoussiNGAULT,  Regnault  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet  ;  3e  série,  t.  LXVII, 
mars  i863;  in-8°. 

Annales  de  l' Agriculture  française  ;   5e  série,  t.  XXI,  nos  3,  4  et  5;  in-8°. 

Annales  forestières  cl  métallurgiques;  22e  année,  t.  II,  février  i863;  in-8°. 


(  727  ) 

Annales  médico-psychologiques;   21e  année;  t.  I,  mars  i863;  in-8°. 

Annales  télégraphiques;  t.  VI  ;  janvier  et  février  i863;  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France;  t.  VIII,  1860,  ire  partie, 
feuilles  1  à  8,  livraison  de  février  1 863  ;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  t.  XVI,  nos  60  et  62;  Genève;  in-8°. 

Bulletin  de  lu  Société  géologique  de  France;  2e  série,  t.  XX,  feuilles  1  à  5, 
livraison  de  mars  1 863  ;  avec  la  table  générale  des  articles  contenus  dans  le 
volume  XVIII;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  nos  10  et  1 1  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  février  ! 863  ;  in-8°. 

Bulletin  de  l  Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  2e  série,  t.  V,  n"  1 1  ; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rédigé  pu  1 
MM.  Combes  et  Peligot;  2e  série,  t.  X,  janvier  i863;  in-4°. 

Bulletin  de  ta  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe  1862, 
2e,  3e  et  4e  trimestre;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  5e  série,  t.  V;  février  j863;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'industrie  minérale;  t.  VIII,  ire  livraison  (juil- 
let, août  et  septembre  1862);  vol.  in-8°  avec  Atlas  in-4°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux- Arts  de 
Belgique  ;  32e  année,  2e  série,  t.  XV,  n°  1;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers  ;  décembre  1862,  janvier  et  février  1 863  ;  in-8°. 

Bullettino  meteorologico  dell'  Observatorio  del  collegio  romano, -vol.  II,  nos  3, 
/|  et  5.  Rome;  in-4°- 

Catalogue  des  Brevets  d'invention  ;  année  1862;  n°  9;  in-8°. 

Cosmos.  Bévue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  1 2e  année,  t.  XXII,  nus  1  o  à  1 3;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  36e  année,  n03  26  à  3^;  in-8°. 

Gazelle  médicale  de  Paris:  33e  année,  t.  XVIII,  nos  ioà  i3;  in-40. 

Gazelle  médicale  d'Orient;  6e  année,  février  i863  ;  h>4°. 

Journal  d' Agriculture  pratique  ;  27e  année,  i863,  nos  5  et  6;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4e  série, 
mars  i863;  in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d' Horticulture;  t.  IX,  février 
i863;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  22e  année,  t.  XLI,  mars  1 863 ; 
in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi  ;  26e  année,   t.    VI,  mars    1 863 ;  in-8c'. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29e  année,  nos  7 
et  8  ;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  de  la  Càte-d'  Or  ;  janvier  1 863  ;  in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  ;  2e  série,  janvier  1 863; 
in  -4°. 

Journal  de  la  Section  de  Médecine  de  la  Société  académique  du  département 
de  la  Loire-Inférieure;  38e  vol.,  2o3e  et  204e  livraisons;  in-8°. 


(  7*8  ) 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire  ■  t.  I,  mars  1 863  ;  in-8°. 

Journal  des  fabricants  de  sucre;  3e  année,  nos  46  à  49;  in-4°. 

Les  Mondes.  .  .  Bévue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  applications  au\ 
Arts  et  à  I Industrie;  i'e  année,  t.  I,  livraisons  187;  in-8°. 

La  Culture;  4e  année,  t.  IV,  nos  1  7  et  18;  u>8°. 

L'Agriculteur  praticien;  3e  série,  t.  IV,  nos  10  et  11;  in-8°. 

L'Art  médical;  9e  année,  t.  XVII,  mars  t 863 ;  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  20e  année;  nos  10  à  i3;  in-4°. 

L'Art  dentaire;  7e  année,  nouvelle  série;  mars  1 863 ;  in-8°. 

La  Lumière;  i3e année,  n° 5;  in-4°- 

La  Science  pittoresque;  7e  année;  nos  ^5  à  48;  in-4°. 

La  Science  pour  tous;  8e  année;  nos  14  à  17  ;  in-4°. 

La  Médecine  contemporaine  ;   5e  année,  n°  4;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;  2e  année,  n°  24;  3e  année,  n°  1;    in-4' 

Le  Technologiste ;  oJf  année,  mars  i863  ;  in-8°. 

Leopoldina. . .  —  Organe  officiel  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature  ; 
publié  par  son  Président  le  Dr  C.  Gust.  Carus;  4e  livraison;  février  1 863  : 
in-4°. 

L'Europe.  . .  Journal  français  de  Francfort;  71e  année,  nos6,  20,  27.   -  , 
4'j  48,  55,  62,  69,  76,  83;  in-4°- 

Magasin  pittoresque;  3 Ie  année  ;  mars  1 863 ;  in-4°. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  6e  année,  t.  X;  111,11- 
i863;  in-8°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres, 
vol.  XXIII,  n°4;  in-12. 

Nouvelles  Annales   de  Mathématiques  ;    2e  série;    mars  i863;in-8°. 

Nachrichten...  Nouvelles  de  l'Université  deGœttingue;  1 863 ;  n°  4;  in-12. 

Observatorio...  Publications  de  l 'Observatoire  météorologique  de  l'Infant 
don  Luiz,à  l' Ecole  polytechnique  de  Lisbonne;  nos  40  et  4 1 ,  et  1 ,  2  et  3  ;  in-fol . 

Presse  scientifique  des  Deux  Mondes  ;  année  1 863,  t.  Ier,  nos  5  et  6  ;  in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale  ;  t.  VII,  mars  1 863  ;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  t.  XIX;  mars  i863;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  3oe  année,  n°  6;  in-8°. 

Revista  de  obras  publicas.  Madrid  ;  t.  XI,  nos  5  et  6;  in-4°. 

The  american  journal  oj  Science  and  Arts  ;  n°  io4,  mars  1 863  ;  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  20  AVRIL  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  entretient  l'Académie  de  la  perte  douloureuse  qu'elle 
.i  faite  depuis  sa  dernière  séance  dans  la  personne  de  M.  Moquin-Tandon, 
enlevé  par  une  mort  soudaine  et  que  rien  ne  pouvait  faire  prévoir  quelques 
heures  auparavant.  Mardi  dernier,  i4  avril,  il  assistait  à  une  réunion  des 
Membres  du  bureau  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences,  et  le  i5,  à  trois 
heures  du  matin,  il  avait  cessé  d'exister.  Dans  les  derniers  devoirs  qui  lui 
ont  été  rendus,  aucun  discours  n'a  été  prononcé  sur  sa  tombe.  On  a  dû  se 
conformer  aux  intentions  qu'il  avait  plus  d'une  fois  formellement  exprimées 
à  cet  égard. 

M.  Brewster  fait  hommage  à  l'Académie  de  cinq  Mémoires  qu'il  a 
publiés  dans  les  tomes  XXII  et  XXIII  de  la  Société  Philosophique  d'Edim- 
bourg. [  Voir  au  Bulletin  bibliographique.)  Il  signale  quelques  lacunes  qui 
existent  dans  sa  collection  des  publications  de  l'Académie,  et  demande  si, 
en  sa  qualité  d'Associé  étranger  de  l'Académie,  il  ne  peut  pas  espérer  rece- 
voir un  exemplaire  de  la  nouvelle  édition  des  «  Œuvres  de  Lavoisier  » . 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

CHIMIE.  —  De  la  dissociation  de  C  acide  carbonique  et  des  densités  des  vapeurs; 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  J  ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  dans  ces  six  dernières 
années,  une  série  de  Mémoires  dans  lesquels  j'ai  étudié  les  circonstances  qui 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  K°  1C.)  96 


(  73o) 
accompagnent  la  décomposition  spontanée  des  corps  sous  l'influence  de  la 
chaleur.  J'ai  proposé  d'appeler  dissociation  ce  phénomène,  toutes  les  fois 
qu'il  se  produit  partiellement  et  à  une  température  inférieure  à  celle  qui 
correspond  à  la  destruction  absolue  du  composé,  ou  plutôt  à  sa  réduction 
complète  en  ses  éléments.  La  transformation  d'un  corps  composé  en  un  mé- 
lange de  corps  moins  complexes  ou  de  corps  simples  est  un  véritahle  chan- 
gement d'état,  accompagné  de  toutes  les  circonstances  au  milieu  desquelles 
s'opèrent  les  changements  d'état,  lorsque  la  cohésion  seule  intervient.  En 
effet,  partout  où  il  y  a  dégagement  de  chaleur  par  combinaison  ou  absorption 
de  chaleur  par  décomposition,  l'invariabilité  delà  température  des  matières 
qui  réagissent  ou  se  séparent  est  une  condition  nécessaire  du  phénomène  : 
celui-ci  dépend  seulement  de  la  chaleur  de  combinaison  ou  de  la  chaleur 
latente  de  décomposition.  Mais  tout  y  est  constant  et  tout  se  passe,  pour  la 
combinaison,  comme  dans  la  condensation  des  vapeurs,  en  vertu  d'une  perte 
de  chaleur  latente  invariable;  pour  la  décomposition  complète,  comme  dans 
lebullition  des  liquides,  en  vertu  d'une  absorption  de  chaleur  latente  con- 
stante pour  chaque  espèce  composée.  J'ai  comparé  la  dissociation  ou  décom- 
position au-dessous  de  son  point  fixe  à  l'évaporation  d'un  liquide  au-dessous 
de  son  point  d'ébullition,  phénomène  nécessairement  incomplet  et  dont  la 
quantité  varie  avec  la  température  et  le  milieu  dans  lequel  il  se  produit;  et 
j'ai  appelé  tension  de  dissociation  la  quantité  d'un  corps  qui  se  décompose 
dans  sa  propre  vapeur,  comparée  à  la  masse  totale  soumise  à  l'action  de  la 
chaleur. 

»  J'ai  déjà  démontré  la  dissociation  de  l'eau  à  une  température  moyen- 
nement élevée,  en  séparant  ses  éléments  par  l'action  d'un  dissolvant  ou  l'in- 
tervention d'un  phénomène  mécanique.  Je  réussis  encore  plus  facilement 
avec  l'acide  carbonique,  à  cause  de  la  résistance  que  montrent  l'oxygène  et 
l'oxyde  de  carbone  à  se  combiner,  quand  ils  sont  disséminés  dans  une 
grande  masse  de  gaz  inerte  :  heureusement  pour  la  rigueur  de  ma  démons- 
tration, ce  gaz  peut  être  l'acide  carbonique  lui-même. 

»  Je  prends  un  tube  de  porcelaine  dans  lequel  j'en  fais  entrer  un  autre 
plus  étroit  et  que  je  remplis  de  fragments  de  porcelaine.  Cet  appareil,  en- 
touré d'un  tube  de  fer  bien  lutè  à  l'argile,  est  porté  à  une  température  que 
j'estime  à  i3oo°  environ.  Il  est  traversé  par  un  courant  d'acide  carbonique 
absolument  pur,  venant  d'un  générateur  dont  la  description  ne  peut  trouver 
place  ici.  Les  gnz  se  rendent  sur  une  petite  cuve  en  porcelaine  pleine  de 
potasse  concentrée  où  plongent  de  longs  tubes  fermés  par  un  bout,  remplis 
de  potasse  et  dans  lesquels  on  recueillera  les  gaz  pour  les  séparer  en  même 
temps  de  l'acide  carbonique  en  excès. 


(  ?3i  ) 
»   Quand  l'appareil  est  bien  chaud,  l'acide  carbonique,  qui  s'en  échappe 
avec  une  vitesse  de  7',83  à  l'heure,  cesse  d'être  entièrement  absorbé,  et 
l'on  recueille  en  même  temps  de  20  à  3o  centimètres  cubes  d'un  gaz  forte- 
ment explosif  dont  la  composition  est  constante  et  qui  renferme: 

Oxygène 3o 

Oxyde  de  carbone 62 , 3 

Azote 7,7 

100,0  (1) 

»  Si  l'on  fait  passer  la  même  quantité  d'acide  carbonique  au  travers  de 
la  potasse  de  la  cuve,  on  obtient,  au  bout  du  même  temps  et  dans  les  mêmes 
tubes,  une  quantité  de  gaz  égale  à  icc,4  dont  la  composition  est  : 

Oxygène 14 

Azote 86 

100 

ce  qui  explique  parfaitement  la  présence  accidentelle  de  l'azote  dans  les 
produits  bruts  de  la  dissociation  de  l'acide  carbonique. 

»  Je  ferai  remarquer  que  cette  expérience,  toute  simple  qu'elle  est,  ne 
permet  pas,  en  supposant  même  que  la  température  soit  connue,  de  calculer 
la  tension  de  dissociation  de  l'acide  carbonique  à  cette  température,  car 
une  portion  des  gaz  dissociés  a  pu  se  recombiner  pendant  le  refroidissement. 

»  Je  demanderai  à  l'Académie  la  permission  de  discuter  ici  des  expé- 
riences d'une  haute  importance  qui  ont  été  introduites  dans  la  science  tout 
récemment  par  M.  Pebal  (2)  d'abord,  puis  par  MM.  Wanklyn  et  Ro- 
binson  (3). 

»  M.  Pebal  chauffe  du  chlorhydrate  d'ammoniaque  dans  un  appareil 
très-ingénieusement  combiné  et  traversé  dans  toutes  ses  parties  par  un  cou- 
rant d'hydrogène.  Une  cloison  perméable  formée  par  un  tampon  d'a- 
miante (4)  sépare  en  deux  parties  l'appareil  tout  entier  et  permet  de  con- 


(1)  Ces  analyses  sont  une  moyenne  de  plusieurs  observations  concordantes. 

(2)  Jnnalcn  der  Chemie  und  Pharmacie,  p.  igg,  t.  XLVIT  (série  nouvelle),  août  1862, 
ou  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  LXVII,  p.  g3. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  547  (2^  mars  i863). 

(4)  J'ai  vérifié  que  le  sel  ammoniac  n'exerce  aucune  action  sur  l'amiante  à  basse  tempe- 
rature.  La  critique  de  MM.  Wanklin  et  Robinson,  relative  à  l'expérience  de  M.  Pebal,  n'est 
donc  pas  fondée. 

96.. 


(  732  ) 

stater  dans  l'une  de  ces  parties  la  présence  de  l'acide  chlorhydrique  (en 
petite  quantité,  sans  doute,  puisque  le  papier  de  tournesol  est  le  seul  réactif 
employé  par  l'auteur),  et  dans  l'autre  partie  la  présence  de  l'ammoniaque. 
Le  sel  ammoniac  a  donc  été  décomposé  par  diffusion  à  une  température  de 
4oo°  à  5oo°  (d'après  mon  estime)  ;  M.  Pebal  l'a  prouvé  en  faisant  une  judi- 
cieuse application  des  admirables  méthodes  de  M.  Graham. 

»  MM.  Wankiyn  et  Robinson  se  sont  appuyés  sur  les  mêmes  phénomènes 
de  diffusion  pour  décomposer  avec  un  tout  autre  système  d'appareils  le  per- 
chlorure  de  phosphore  et  l'acide  sulfurique  ordinaire.  Je  supposerai  connus 
du  lecteur  ces  résultais  très-curieux  qui  ont  été  publiés  il  y  a  quelques 
semaines  dans  les  Comptes  7-endus. 

»  Ces  expériences  sont  inattaquables  dans  leur  principe;  mais  je  crois 
que  les  conséquences  qu'on  en  tire  sont  inexactes.  Je  les  interpréterai  au 
moyen  du  langage  que  M.  Graham  a  introduit  lui-même  dans  la  science. 

»  Quand  on  soumet  à  la  diffusion  du  bisulfate  de  potasse  ou  de  l'alun, 
ces  corps,  dont  l'existence,  à  la  température  ordinaire,  est  incontestable 
assurément,  ne  peuvent  se  répandre  dans  une  quantité  indéfinie  de  liquide 
sans  être  décomposés,  à  cause  du  pouvoir  diffusif  différent  de  l'acide  sulfu- 
rique et  du  sulfate  de  potasse,  du  sulfate  d'alumine  et  du  sulfate  de  potasse. 
Les  divers  compartiments  de  l'appareil  à  diffusion  de  M.  Graham  contien- 
nent en  effet  des  sels  de  composition  variable;  l'alun  et  le  bisulfate  de  po- 
tasse ont  été  décomposés  par  diffusion.  Il  y  a  donc  une  véritable  force  qui 
provoque  la  séparation  des  éléments  et  qu'il  ne  faut  pas  négliger  (car  elle 
est  considérable)  dans  l'explication  des  phénomènes  dont  MM.  Pebal, 
Wankiyn  et  Robinson  ont  publié  la  description.  Le  même  raisonnement 
est,  en  effet,  applicable  à  la  diffusion  dans  les  gaz  de  vapeurs  dont  les  élé- 
ments possèdent  un  pouvoir  diffusif  on  de  transpiration  différent.  L agent 
nouveau  de  décomposition  introduit  par  M.  Graham  est  assez  énergique 
pour  qu'on  ne  puisse  plus  aujourd'hui  considérer  comme  spontanées  les  de- 
compositions  produites  sous  son  influence.  Celles-ci  ne  prouvent  en  aucune 
manière  que  le  sel  ammoniac,  l'acide  sulfurique,  le  perchlorure  de  phos- 
phore soient  décomposables  dans  leur  propre  vapeur,  aux  températures  em- 
ployées par  les  auteurs.  Les  expériences  de  M.  de  Marignac  sont  bien  plus 
probantes  à  l'égard  de  l'acide  sulfurique;  mais  elles  montrent  aussi  que 
cette  décomposition  est  bien  faible. 

»  MM.  Cannizzaro  et  H.  Ropp  sont  les  premiers  qui  se  soient  appuyés 
sur  mes  expériences  de  dissociation  pour  essayer  de  démontrer  que  les  va- 
peurs même  les  plus  complexes  ne  pouvaient  jamais  représenter  huit  vo— 


(  733  ) 
lûmes  pour  un  équivalent.  Je  dois  dire  d'abord  que  le  nombre  des  matières 
qui  rentrent  dans  cette  catégorie  est  aujourd'hui  tellement  considérable, 
d'après  des  expériences  nouvelles  que  M.  Troostet  moi  nous  allons  publier 
très-prochainement,  qu'il  devient  peu  logique  de  rejeter  désormais  les  faits 
de  l'expérience  par  une  fin  de  non-recevoir  qui  consiste  à  considérer  comme 
décomposés,  au  moment  où  l'on  en  prend  la  densité  de  vapeur,  tous  les 
corps  qui  représentent  huit  volumes.  De  plus,  ce  raisonnement  devient  dan- 
gereux quand  il  sert  seulement  à  appuyer  des  idées  conjecturales  sur  la 
constitution  atomique  des  combinaisons  chimiques.  J'ai  donc  cru  nécessaire 
de  faire  à  ce  sujet  une  expérience  qui  levât  tous  les  doutes. 

»  Dans  une  enceinte  chauffée  extérieurement  à  la  température  invariable 
de  35o°  par  la  vapeur  de  mercure,  j'introduis  un  thermomètre  à  air,  qui 
se  met  bientôt  en  équilibre  avec  les  parois.  Puis  je  fais  arriver  rapidement, 
au  moyen  de  deux  tubes  distincts,  deux  courants  gazeux  de  même  vitesse, 
l'un  d'acide  chlorhydrique  et  l'autre  d'ammoniaque.  Ail  moment  où  les  gaz 
se  combinent,  l'air  sort  brusquement  du  thermomètre  à  air  et  indique  une 
élévation  subite  de  température;  et  si  l'on  ferme  la  tige  du  thermomètre  au 
moment  où  le  dégagement  des  vapeurs  est  suffisamment  abondant,  on  voit 
que  la  température  de  l'enceinte  a  été  portée  à  3g4°,5,  malgré  le  refroidisse- 
ment incessant  causé  par  les  vapeurs  de  mercure,  qui  ramènent  constam- 
ment à  35o°  les  parois  de  l'enceinte. 

»  Ainsi,  non-seulement  le  sel  ammoniac  ne  se  décompose  pas  à  394°,5, 
mais  ses  éléments  s'unissent  à  cette  température  avec  dégagement  de  cha- 
leur, chaleur  bien  plus  considérable  sans  doute  que  ne  peuvent  le  faire  sup- 
poser les  nombres  cités  plus  haut.  Or,  en  prenant  la  densité  de  vapeur  du 
sel  ammoniac  à  35o°,  dans  la  vapeur  de  mercure,  nous  l'avons  trouvée  égale 
à  i  ,00  ,  au  lieu  de  o,g3  =  8  vol.  qu'indique  la  théorie. 

»  Cette  expérience  fait  voir  combien  il  faut  être  prudent  avant  de  rejeter 
comme  inadmissibles  les  résultats  de  l'expérience,  parce  qu'ils  sont  en  dés- 
accord avec  des  théories  atomistiques,  excellentes  assurément  pour  diriger 
dans  les  voies  nouvelles  de  la  science,  mais  que  l'histoire  de  leurs  varia- 
tions doit  nous  faire  considérer  comme  essentiellement  transitoires. 

»  Dans  une  prochaine  communication  je  donnerai,  en  mon  nom  et  au 
nom  de  M.  Troost,  un  grand  travail  expérimental  sur  les  densités  de  vapeur, 
dont  le  résultat  final  est  de  généraliser  encore  les  grands  faits  introduits 
dans  la  science  par  Gay-Lussac,  MM.  Dumas,  Mitscherlich  et  Cahours.    » 


(  7^4) 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Examen  du  rôle  attribué  au  gaz  oxygène  atmosphé- 
rique dans  la  destruction  des  matières  animales  et  végétales  après  la  mort  ; 
par  M.  L.  Pasteur. 

a  L'observation  la  plus  vulgaire  a  montré  de  tout  temps  que  les  matières 
animales  et  végétales,  exposées  après  la  mort  an  contact  de  l'air,  ou  enfouies 
sous  la  terre,  disparaissent  à  la  suite  de  transformations  diverses. 

»  La  fermentation,  la  putréfaction  et  la  combustion  lente  sont  les  trois 
phénomènes  naturels  qui  concourent  à  l'accomplissement  de  ce  grand  fait 
de  destruction  de  la  matière  organisée,  condition  nécessaire  de  la  perpétuité 
de  la  vie  à  la  surface  du  globe. 

»  Dans  mes  travaux  de  ces  dernières  années,  et  plus  particulièrement 
dans  une  communication  récente,  j'ai  indiqué  avec  précision  quelles  étaient, 
suivant  moi,  les  vraies  causes  des  fermentations,  et  j'ai  annoncé  le  principal 
résultat  de  recherches  que  je  poursuis  sur  la  putréfaction  proprement 
dite. 

»  Partout  la  vie,  se  manifestant  chez  les  productions  organisées  les  plus 
infimes,  m'apparaît  comme  l'une  des  conditions  essentielles  de  ces  phéno- 
mènes, mais  la  vie  avec  une  manière  d'être  inconnue  jusqu'à  ce  jour,  c'est- 
à-dire  sans  consommation  d'air  ou  de  gaz  oxygène  libre. 

»  La  matière  morte  qui  fermente  ou  qui  se  putréfie  ne  cède  donc  pas, 
uniquement  du  moins,  à  des  forces  d'un  ordre  purement  physique  ou  chi- 
mique. Il  faut  bannir  de  la  science  cet  ensemble  de  vues  préconçues  qui 
consistaient  à  admettre  que  toute  une  classe  de  matières  organiques,  les 
matières  plastiques  azotées,  peuvent  acquérir,  par  l'influence  hypothétique 
d'une  oxydation  directe,  une  force  occulte,  caractérisée  par  un  mouvement 
intestin,  prêt  à  se  communiquer  à  des  substances  organiques  prétendues 
peu  stables. 

v  Je  vais  essayer  d'établir  aujourd'hui  expérimentalement  que  les  com- 
bustions lentes  dont  les  matières  organiques  mortes  sont  le  siège,  lorsqu'elles 
sont  exposées  au  contact  de  l'air,  ont  également,  dans  la  plupart  des  cas, 
une  étroite  liaison  avec  la  présence  des  êtres  les  plus  inférieurs.  Nous  arri- 
verons ainsi  à  cette  conséquence  générale,  que  la  vie  préside  au  travail  de 
la  mort  dans  toutes  ses  phases,  et  que  les  trois  termes,  dont  je  parlais 
tout  à  l'heure,  de  ce  retour  perpétuel  à  l'air  de  l'atmosphère  et  au  règne 
minéral  des  principes  que  les  végétaux  et  les  animaux  en  ont  empruntés, 
sont  des  actes  corrélatifs  du  développement  et  de  la  multiplication  d'êtres 
organisés. 


(  735  ) 

»  L'exposition  de  quelques  expériences  et  analyses  suffira  pour  faire  com- 
prendre à  l'Académie  les  faits  et  les  conséquences  dont  je  me  propose  de 
l'entretenir. 

»  Le  i5  mai  1860,  j'ai  brisé  en  plein  air,  dans  un  jardin,  la  pointe  effilée 
et  fermée  d'un  ballon  de  25o  centimètres  cubes,  vide  d'air,  renfermant 
80  centimètres  cubes  d'eau  de  levure  sucrée  qui  avait  été  portée  à  Pébulli- 
tion.  Aussitôt  après  la  rentrée  de  l'air,  j'ai  refermé  la  pointe  du  ballon  à  la 
lampe.  Si  l'on  se  rappelle  l'un  des  procédés  d'expérimentation  de  mon  Mé- 
moire sur  les  générations  dites  spontanées,  on  verra  que  cet  essai  est  l'un 
de  ceux  que  j'ai  employés  pour  démontrer  qu'il  n'y  a  pas  continuité  dans 
l'atmosphère  de  la  cause  de  ces  générations.  Il  arrive,  par  exemple,  très- 
souvent,  que  le  liquide  du  ballon  ne  donne  naissance  ultérieurement  ni  à 
des  infusoires,  ni  à  des  mucédinées,  et  qu'il  conserve  toute  sa  limpidité 
première,  bien  que  le  ballon  ait  reçu,  au  moment  de  son  ouverture,  de  l'air 
commun  ordinaire.  Tel  a  été  précisément  le  cas,  en  ce  qui  concerne  le 
ballon  dont  je  viens  de  parler.  Son  liquide  était  encore  intact  le  5  fé- 
vrier 1 863,  jour  où  j'ai  analysé  l'air  qu'il  renfermait.  Cet  air  contenait  : 

Oxygène 18,1 

Acide  carbonique 1  ,4 

Azote  par  différence 80, 5 

100  ,0 

On  voit  donc  que,  dans  l'espace  de  trois  années,  les  matières  albuminoïdes 
de  l'eau  de  levure  de  bière,  associées  à  de  l'eau  sucrée  et  exposées  à  Pair 
ordinaire,  mais  dans  des  conditions  où  il  ne  s'est  pas  développé  d'animal- 
cules ou  de  mucédinées,  ont  absorbé  2,  7  pour  100  de  gaz  oxygène  qu'elles 
ont  rendu  en  partie  à  l'état  d'acide  carbonique.  L'oxydation  directe,  la 
combustion  lente  de  ces  matières  organiques  a  donc  été  à  peine  sensible. 
Néanmoins,  sur  les  trois  années,  le  ballon  avait  été  pendant  dix-huit  mois 
dans  une  étuve  chauffée  de  25°  à  3o°. 

»  Le  22  mars  1860  j'ai  rempli  d'air, 'privé  de  germes  par  une  température 
élevée,  un  ballon  de  a5o  centimètres  cubes,  renfermant  60  à  80  centimètres 
cubes  d'urine  bouillie  en  suivant  la  méthode  indiquée  au  chapitre  III 
[fig.  10,  PI.  I)  de  mon  Mémoire  sur  les  générations  dites  spontanées.  Le 
liquide  avait  encore  une  parfaite  limpidité  au  mois  de  janvier  i863.  Sa 
couleur  tirait  un  peu  sur  le  rouge  brun  très-clair.  Une  poussière  cristalline, 
sablonneuse,  formée  d'acide  urique,  s'était  déposée  en  très-petite  quantité 
sur  les  parois  du  ballon.  Il  y  avait  en  outre  quelques  groupes  aiguillés 


(  736  ) 
que  j'ai  reconnus  être  du  phosphate  de  chaux  cristallisé.  L'urine  était  encore 
acide,  mais  cette  acidité  avait  plutôt  diminué  qu'augmenté.  Son  odeur  rap- 
pelait exactement  celle  de  l'urine  fraîche  après  ébullition.  L'air  du  ballon 
renfermait  : 

Oxygène 11,4 

Acide  carbonique.    1 1  ,5 

Azote  par  différence.    77,1 

100,0 

»  Ainsi,  après  trois  années  environ,  il  restait  encore  1 1  à  12  pour  100  de 
gaz  oxygène.  En  outre,  tout  l'oxygène  qui  a  été  absorbé  se  retrouve  exacte- 
ment dans  l'acide  carbonique  produit,  moins  la  différence  toutefois  qui  peut 
résulter  des  coefficients  de  solubilité  des  deux  gaz  dans  le  liquide  en  expé- 
rience. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  combien  est  lente  et  difficile  l'oxydation 
directe  des  matériaux  de  l'urine  par  l'air  atmosphérique,  lorsque  cet  air  a 
été  placé  dans  des  conditions  où  il  est  impropre  à  provoquer  le  dévelop- 
pement des  êtres  organisés  inférieurs. 

»  Le  17  juin  1860,  j'ai  rempli  d'air  porté  à  une  température  rouge  un 
ballon  de  a5o  centimètres  cubes,  renfermant  60  centimètres  cubes  de  lait 
qui  avait  été  tenu  en  ébullition  deux  ou  trois  minutes  à  1080.  J'ai  étudié  le 
lait  de  ce  ballon  et  analysé  l'air  en  contact  le  8  février  1 863.  Le  lait  était 
presque  neutre  aux  papiers  réactifs,  avec  tendance  non  douteuse  à  l'alcali- 
nité. Il  avait  la  saveur  du  lait  ordinaire,  mais  rappelant  un  peu  celle  du 
suif.  Far  le  repos,  sa  matière  grasse  se  séparait  sous  forme  de  grumeaux.  Il 
fallait  agiter  le  lait  dans  le  ballon  pendant  quelques  instants  pour  qu'il 
reprît  l'aspect  du  lait  frais.  Du  reste  ce  lait  n'était  nullement  caillé.  L'air  du 
ballon  renfermait  : 

Oxygène 3 , 1 

Acide  carbonique 2,8 

Azote  par  différence 94  >  ' 

100,0 

»  Cette  analyse  nous  montre  que  la  matière  grasse  du  lait  a  absorbé  une 
lorte  proportion  d'oxygène,  comme  dans  les  expériences  de  de  Saussure  sur 
les  huiles.  Mais,  malgré  cette  oxydation  directe,  et  réputée  très-facile,  des 
matières  grasses,  on  voit  qu'il  reste  encore,  après  un  intervalle  de  trois 
années  environ,  plusieurs  centièmes  de  gaz  oxygène  dans  l'air  du  ballon. 

»   Si  l'on  répète,  au  contraire,  toutes  les  expériences  précédentes,  dans  les 


(  737) 
mêmes  conditions,  mais  sous  l'influence  du  développement  des  germes  des 
organismes  les  plus  inférieurs  de  nature  végétale  ou  animale,  tout  l'oxygène 
de  l'air  des  ballons  est  absorbé  dans  l'espace  de  quelques  jours  seulement, 
avec  dégagement  simultané  en  proportions  variables  de  gaz  acide  carbo- 
nique. 

»  Je  citerai  encore  deux  expériences  comparatives  très-dignes  d'attention. 
Le  26  février  dernier  j'ai  rempli  d'air,  privé  de  ses  germes  par  une  tempé- 
rature rouge,  un  ballon  de  25o  centimètres  cubes,  renfermant  10  grammes 
de  sciure  de  bois  de  chêne,  qui  avait  été  portée  à  la  température  de  l'ébul- 
lition  avec  quelques  centimètres  cubes  d'eau.  Un  mois  après,  le  27  mars, 
l'air  du  ballon  renfermait  : 

Oxygène 16,2 

Acide  carbonique 2,3 

Azote  par  différence 81  ,5 

100,0 

«  Par  conséquent,  dans  l'espace  d'un  mois  (à  la  température  constante 
de  3o°),  de  la  sciure  de  bois  de  chêne  exposée  au  contact  de  l'air  n'a  absorbé 
que  quelques  centimètres  cubes  de  gaz  oxygène. 

»  Au  contraire,  ayant  placé,  le  21  février  1 863,  20  grammes  de  sciure  de 
bois  de  chêne  humide  dans  un  grand  ballon  de  4  litres,  sans  prendre  aucune 
précaution  pour  éloigner  les  germes  disséminés  dans  l'air  ou  dans  la  sciure, 
et  ayant  analysé  l'air  du  ballon  quatorze  jours  après,  j'ai  trouvé  qu'il  renfer- 
mait déjà  7,2  pour  100  d'acide  carbonique,  et  que  près  de  3oo  centimètres 
cubes  de  gaz  oxygène  avaient  été  consommés.  Cette  combustion  facile  de  la 
sciure  de  bois  exposée  au  contact  de  l'air  atmosphérique  ordinaire  a  été 
signalée  depuis  longtemps  par  Th.  de  Saussure,  dans  des  essais  bien 
connus  sur  la  formation  du  terreau. 

»  D'où  provient  la  différence  considérable  entre  les  résultats  des  deux 
expériences  que  je  viens  de  rapporter  ?  Au  premier  aperçu  rien  ne  met  sur 
la  voie.  Mais  si  l'on  examine  à  la  loupe  et  au  microscope  la  surface  de  la 
sciure  de  bois  dans  le  cas  où  l'on  n'a  pris  aucune  précaution  pour  éloigner 
les  germes  des  mucédinées,  c'est-à-dire  dans  l'essai  fait  à  la  manière  de 
de  Saussure,  on  voit  que  la  sciure  est  couverte  d'un  duvet  léger  et  à  peine 
sensible  de  sporanges  et  de  mycéliums  de  mucédinées  diverses. 

»  En  résumé,  si  l'on  étudie  la  combustion  lente  des  matières  organiques 
mortes  sous  l'influence  seule  de  l'oxygène  de  l'air  atmosphérique,  on  trouve 
que  cette  combustion  n'est  pas  douteuse  et  qu'elle  varie  d'intensité  et  de 

C  B.,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  IG.)  97 


(  738  ) 
manière  d'être  suivant  la  nature  des  substances  organiques,  à  peu  pies 
comme  on  rencontre  des  métaux  que  l'air  n'oxyde  pas,  tels  que  l'or  et  le 
platine,  d'autres  médiocrement  oxydables,  tels  que  le  cuivre  et  le  plomb, 
d'autres  enfin  très-oxydables,  tels  que  le  potassium  et  le  sodium. 

»  Mais  ce  qui  est  digne  de  remarque,  et  c'est  précisément  le  fait  principal 
sur  lequel  je  désire  aujourd'hui  appeler  l'attention  de  l'Académie,  la  com- 
bustion lente  des  matières  organiques  après  la  mort,  quoique  réelle,  est  a 
peine  sensible  lorsque  l'air  est  privé  des  germes  des  organismes  inférieurs. 
Elle  devient  rapide,  considérable,  sans  comparaison  avec  ce  qu'elle  est  dans 
le  premier  cas,  si  les  matières  organiques  peuvent  se  couvrir  de  mucédinées. 
de  mucors,  de  bactéries,  de  monades.  Ces  petits  êtres  sont  des  agents  de 
combusiion  dont  l'énergie,  variable  avec  leur  nature  spécifique,  est  quel- 
quefois extraordinaire,  témoin  l'exemple  saisissant  de  la  combustion  de 
l'alcool,  de  l'acide  acétique,  du  sucre,  par  les  mycodermes  que  j'ai  fait  con- 
naître il  y  a  une  année  à  l'Académie. 

»  Les  principes  immédiats  des  corps  vivants  seraient  en  quelque  sorte 
indestructibles  si  l'on  supprimait  de  l'ensemble  des  êtres  que  Dieu  a  créés 
les  plus  petits,  les  plus  inutiles  en  apparence.  Et  la  vie  deviendrait  impos- 
sible, parce  que  le  retour  à  l'atmospbèrc  et  au  règne  minéral  de  tout  ce  qui 
a  cessé  de  vivre  serait  tout  à  coup  suspendu. 

»  Cependant,  si  je  m'étais  borné  aux  expériences  précédentes* une  objec- 
tion sérieuse  aurait  pu  m'ètre  présentée.  Dans  les  essais  dont  je  viens  d'en- 
tretenir l'Académie,  j'ai  opéré  constamment  sur  des  matières  organiques 
non-seulement  mortes,  mais  qui  avaient  été  en  outre  préalablement  portées 
à  la  température  de  l'ébulrition.  Or  il  n'est  pas  douteux  que  les  matières  orga- 
niques sont  profondément  modifiées  par  une  température  de  ioo°.  Il  fallait 
donc  étudier,  s'il  était  possible,  la  combustion  lente  des  matières  organiques 
naturelles,  non  chauffées  préalablement,  telles,  en  un  mot,  que  la  vie  les 
eonslitue. 

»  Par  un  procédé  expérimental  assez  simple,  mais  dont  la  description 
allongerait  outre  mesure  cette  communication  (i),  j'ai  réussi  à  exposer  au 
contact  de  l'air,  privé  de  ses  germes,  des  liquides  frais,  putrescibles  à  un 
très-haut  degré,  je  veux  parler  du  sang  et  de  l'urine. 

»  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie  des  ballons  renfer- 
mant de  l'air  pur  et  du  sang  veineux  (ou  artériel)  récueilli  sur  un  chien  en 

(i)  Je  dirai  seulement,  afin  que  l'un  soit  bien  assuré  des  bonnes  dispositions  des  expe- 
riences,  que  M.  Claude  Bernard  a  eu  l'extrême  obligeance  de  présider  lui-même  à  la  prise  du 
sang. 


8 


(  739  ) 
bonne  santé  le  3  mars  dernier.  Ces  ballons  ont  été  exposés  depuis  le  3  mars 
dans  une  étuve  constamment  chauffée  à  3o°.  Le  sang  n'a  éprouvé  aucun 
genre  de  putréfaction.  Son  odeur  est  celle  du  sang  frais. 

»  Mais  ce  que  je  veux  surtout  faire  observer  présentement,  c'est  le  peu 
d'activité  de  la  combustion  lente,  de  l'oxydation  directe  des  principes  du 
sang.  Si  l'on  analyse  l'air  des  ballons  après  une  exposition  d'un  mois  à  six 
semaines  à  l'étuve,  on  ne  constate  encore  qu'une  absorption  de  i  à  3 
pour  ioo  de  gaz  oxygène,  qui  est  remplacé  par  un  volume  égal  de  gaz  acide 
carbonique. 

»  Je  dépose  également  sur  le  bureau  de  l'Académie  des  ballons  pareils 
aux  précédents,  mais  renfermant  de  l'urine  fraîcbe,  naturelle,  telle  qu'elle 
existe  dans  la  vessie.  Elle  est  intacte.  Sa  coloration  s'est  un  peu  avivée,  et 
quelques  cristaux  lenticulaires,  probablement  d'acide  uriqne,  se  sont  dépo- 
sés. L'oxydation  directe  des  matériaux  de  l'urine  est  également  insensible. 
Apres  quarante  jours,  j'ai  trouvé  dans  un  des  ballons  : 

Oxygène ic) ,  ?. 

Acide  carbonique ...  o  ,8 

Azote 8o,o 

ioo,o 

»  Les  conclusions  auxquelles  j'ai  été  conduit  par  la  première  série  de 
mes  expériences  sont  donc  applicables  dans  tous  les  cas  aux  substances 
organiques,  quelles  que  soient  les  conditions  de  leur  structure. 

»  Je  ne  puis  passer  sous  silence  en  terminant  un  résultat  bien  curieux, 
qui  est  relatif  à  ces  cristaux  du  sang  dont  on  a  fait  le  sujet  de  beaucoup  de 
travaux  dans  ces  dernières  années,  particulièrement  en  Allemagne. 

»  Dans  les  circonstances  dont  je  viens  de  parler,  où  le  sang  exposé  au 
contact  de  l'air  pur  ne  se  putréfie  pas  du  tout,  les  cristaux  du  sang  se  forment 
avec  une  remarquable  facilité.  Des  les  premiers  jours  de  son  exposition  a 
l'étuve,  plus  lentement  à  la  température  ordinaire,  le  sérum  se  colore  peu 
à  peu  en  brun  foncé.  Au  fur  et  à  mesure  que  cet  effet  se  produit,  les  glo- 
bules du  sang  disparaissent,  et  le  sérum  et  le  caillot  se  remplissent  de  cris- 
taux aiguillés  très-nets,  teints  en  brun  ou  en  rouge.  Au  bout  de  quelques 
semaines,  il  ne  reste  pas  un  seul  globule  sanguin  ni  dans  le  sérum  ni  dans 
le  caillot.  Chaque  goutte  de  sérum  renferme  par  milliers  ces  cristaux,  et  la 
plus  petite  parcelle  de  caillot  écrasée  sous  la  lame  de  verre  offre  de  la  fibrine 
incolore,  très-élastique,  associée  à  des  amas  de  cristaux  en  nombre  incalcu- 
lable, sans  que  Ion  puisse  nulle  part  découvrir  la  moindre  trace  des  glo- 
bules du  sang. 

97-- 


(  74o  ) 
»   Il   sera  superflu  sans  doute  de   faire  remarquer  que  les  expériences 
dont  je  viens  d'entretenir  l'Académie  au  sujet  du  sang  et  de  l'urine  portent 
un  dernier  coup  à  la  doctrine  des  générations  spontanées,  aussi  bien  qu'à 
la  théorie  moderne  des  ferments.  » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Piecherches  chimiques  sur  la  respiration  des  animaux 
d'une  ferme;  par  M.  J.  Reiset.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

«  L'étude  de  la  respiration  des  animaux  a  été  faite  principalement,  jus- 
qu'ici, à  un  point  de  vue  physiologique  ou  médical.  Mais  cette  étude  pré- 
sente également  un  grand  intérêt  pour  l'agronomie,  car  elle  nous  fournit 
des  renseignements  utiles  pour  diriger  l'hygiène,  l'alimentation  et  l'engrais- 
sement des  bestiaux;  enfin,  elle  se  lie  d'une  manière  intime  aux  phéno- 
mènes de  la  vie  des  végétaux,  qui  puisent  incessamment  dans  l'atmosphère 
l'acide  carbonique  et  les  produits  azotés  fournis  par  la  respiration  de  ces 
milliers  d'êtres  vivants  qui  sont  répandus  à  la  surface  du  sol. 

»  Nous  avons  publié  en  1849,  M.  Regnault  et  moi,  les  résultats  de  nom- 
breuses expériences  sur  la  respiration  des  animaux  des  diverses  classes.  Dès 
cette  époque,  j'avais  formé  le  projet  de  poursuivre  ces  recherches  en  me 
préoccupant,  avant  tout,  de  l'intérêt  agronomique,  c'est-à-dire  en  cher- 
chant les  variations  de  composition  que  les  animaux  ordinaires  d'une 
ferme  font  subir  à  l'air  atmosphérique. 

»  Lorsque  je  mis  ce  projet  à  exécution,  je  n'avais  plus  le  secours  direct 
de  i'éminent  collaborateur  qui  avait  présidé  à  nos  premiers  travaux,  mais 
ses  conseils  et  sa  bonne  amitié  ne  m'ont  pas  fait  défaut,  et  M.  Regnault  a 
bien  voulu  faire  exécuter,  à  Paris,  les  appareils  qui  m'étaient  nécessaires  pour 
opérer,  dans  ma  ferme,  sur  des  animaux  d'un  grand  volume. 

»  Dans  mes  nouvelles  expériences,  j'ai  suivi  la  méthode  directe  adoptée 
dans  nos  premières  recherches  ;  je  me  suis  imposé  la  condition  de  faire 
séjourner  les  animaux,  pendant  longtemps,  dans  un  volume  d'air  limité, 
mais  qui  était  ramené  constamment  à  l'état  normal  par  le  jeu  même  des  ap- 
pareils. L'oxygène  nécessaire  à  la  respiration  était  fourni  incessamment  par 
des  gazomètres  qui  contenaient  un  grand  volume  de  ce  gaz  préparé  avec  le 
plus  grand  soin.  L'acide  carbonique,  qui  est  le  produit  principal  delà  res- 
piration, était  régulièrement  absorbé  par  des  dissolutions  alcalines,  et  l'on 
pouvait,  à  la  fin  de  l'expérience,  connaître  avec  une  grande  précision  et  la 
quantité  d'oxygène  consommé  par  l'animal,  et  celle  de  l'acide  carbonique 
formé.  Quant  aux  autres  produits  gazeux  provenant  de  la  respiration,  on  les 
trouvait  dans  l'atmosphère  de  l'espace  dans  lequel  l'animal  avait  séjourné, 


(  74i  ) 
et  les  proportions  de  ces  gaz  étaient  toujours  assez  petites  pour  que  la  com- 
position de  cette  atmosphère  différât  peu  de  celle  de  notre  atmosphère 
terrestre. 

»  Telle  était  la  disposition  générale  des  expériences;  mais  le  volume  des 
animaux  de  la  ferme  sur  lesquels  j'ai  dû  opérer  dans  ce  nouveau  travail,  les 
poids  considérables  d'oxygène  absorbé  et  d'acide  carbonique  exhalé,  ajou- 
taient des  difficultés  nouvelles  qu'on  n'a  pu  surmonter  qu'avec  des  moyens 
mécaniques  puissants. 

»  Ainsi  l'oxygène  était  fourni  par  deux  gazomètres,  dont  chacun  avait 
une  capacité  de  220  litres,  équilibrés  de  façon  à  avoir  seulement  un  excé- 
dant de  pression  de  imm,5  de  mercure  sur  l'atmosphère  de  la  cellule  dans 
laquelle  se  trouvait  l'animal.  Un  compteur  à  gaz  d'une  disposition  parti- 
culière indiquait  à  chaque  moment  les  quantités  de  gaz  consommé. 

»  L'absorption  de  l'acide  carbonique  se  faisait  dans  deux  grandes  pipettes 
en  verre,  dont  chacune  jaugeait  35  litres,  et  renfermant  à  elles  deux  43  litres 
d'une  dissolution  de  potasse  caustique  régulièrement  titrée.  Les  oscillations 
périodiques  de  ce  système  de  pipettes  étaient  produites  par  la  machine  à 
vapeur  de  ma  distillerie,  qui  faisait  faire  au  système  une  oscillation  double 
en  72  secondes,  c'esl-à-dire  qui  amenait  dans  cette  période  de  temps 70  litres 
d'air  au  contact  de  la  dissolution  alcaline,  laquelle  absorbait  à  peu  près 
complètement  l'acide  carbonique.  L'une  des  pipettes  prenait  l'air  au  som- 
met de  la  cellule,  l'autre  puisait  l'air  au  bas  et  sur  la  face  opposée,  de  sorte 
que  le  jeu  des  pipettes  n'avait  pas  seulement  pour  effet  de  débarrasser  l'air 
de  l'acide  carbonique  exhalé,  mais  il  produisait  une  agitation  continuelle  de 
l'air  de  la  cellule  et  le  maintenait  ainsi  à  une  composition  uniforme. 

»  Un  appareil  manométrique,  convenablement  disposé,  permettait,  à  un 
moment  quelconque  de  l'expérience,  de  puiser  dans  l'atmosphère  qui  en- 
toure l'animal  un  volume  déterminé  d'air  pour  le  soumettre  à  l'analyse 
eudiométrique. 

»  Mes  expériences  ont  été  faites  : 

»    i°  Sur  des  moutons  adultes  de  4  à  6  ans; 

»  20  Sur  des  veaux  de  5   à   9  mois; 

»  3°  Sur  des  animaux  de  l'espèce  porcine  :  verrat  de  8  mois,  verrat 
de  2  ans,  grosse  truie  de  2  ans; 

»   4°  Sur  de  grosses  volailles  de  la  ferme,  dindons  et  oies. 

»  Les  dimensions  de  mes  appareils  ne  me  permettaient  malheureusement 
pas  d'opérer  sur  de  plus  gros  animaux  adultes,  tels  que  vaches,  bœufs  et 
chevaux,  mais  je  ne  désespère  pas  d'y  parvenir. 


{    7'»2    ) 
Moutons. 

»  J'ai  soumis  à  l'expérience  : 

»    i°  Une  brebis  A  de  6  ans  pesant  66  kilogrammes  ; 

»   2°  Un  mouton  B  de  l\  ans  pesant  65  kilogrammes; 

»   3°  Une  brebis  G  <!e  6  ans  pesant  66  kilogrammes. 

«  Je  donnerai  d'abord  les  résultats  obtenus  avec  les  animaux  A  et  B  ;  je 
séparerai  ceux  qui  ont  été  fournis  par  la  brebis  C  qui  s'est  trouvée  dans  des 
conditions  particulières. 

Rrebis  A.  Mouton   B. 

Oxygène  consommé  pendant  l'expérience ^6osr,  o65  33gcr,  259 

Icide  carbonique  produit 628e1",  900  452er,555 

Azote  exhale 38%  200  2cr,  323 

Hydrogène  protocarboné  exhalé 181",  789  1 3'",4^7 

D'où  l'on  déduit,  carbone  brûlé  par  heure 1 2sr,  080  96r,  546 

Rapport  entre  le  poids  de  l'azote  exhalé  et  celui 

de  l'oxygène  consommé o,  0069  0,0068 

Oxvcène  disparu  dans  l'acide  carbonique qq,  Ao  1  07,  o3  ) 

r,      ,                                    '  w'7        100,00  y"        (100,00 

Oxygène  employé  autrement o,  00  (  2, 97  ) 

Durée  de  l'expérience i4h  I2m  i3b56'" 

»   Les  animaux  sortent  de  l'appareil  en  parfaite  santé. 

»  La  presque  totalité  de  l'oxygène  disparu  se  retrouve  donc  dans  l'acide 
carbonique  produit;  l'exhalation  d'azote  est  très-manifeste,  mais  on  remar- 
que, en  outre,  un  dégagement  d'hydrogène  protocarboné  beaucoup  plus 
considérable,  qui  s'élève  à  18'", 8  dans  la  première  expérience  A  et  à  i3'",  1 
dans  la  seconde  expérience  B. 

»  Les  trois  expériences  qui  suivent  ont  été  faites  sur  la  brebis  C.  Dans  la 
première  expérience  C,  cette  brebis  avait  été  gavée  d'aliments  en  dehors  de 
son  régime  habituel  qui  se  composait,  comme  celui  des  antres  moutons,  de 
pulpes  de  betteraves  et  de  paille.  Peu  d'heures  avant  son  entrée  dans  l'ap- 
pareil, le  berger  lui  avait  donné  une  copieuse  ration  de  son,  mélangé  avec  de 
l'avoine.  La  bète  a  éprouvé  une  indigestion,  et  à  la  fin  de  l'expérience,  qui 
a  duré  i4b'2m,  on  la  retire  de  l'appareil  dans  les  plus  mauvaises  condi- 
tions; elle  ne  peut  se  tenir  sur  ses  jambes;  elle  laisse  tomber  sa  tète;  son 
ventre  est  méléorisé.  Le  trouble  subi  par  l'animal  se  montre  nettement  dans 
les  produits  de  la  respiration.  La  proportion  d'azote  exhalé  s'élève 
à  4,sr?88o;  cette  proportion  est  i4  fois  plus  considérable  que  pour  un  ani- 
mal dans  les  conditions  normales.  L'hydrogène  protocarboné  produit  est 
de  22  litres;  tout  l'oxygène  consommé  se  retrouve  dans  l'acide  carbonique. 


(  743  ) 

c 

Oxygène  consommé  pendant  l'expérience 4"88r,  0N8 

Acide  carbonique  produit 66isr-,  875 

Azote  exhalé 4  ' er,  880 

Hydrogène  protocarboné  exhalé ai1'1, 923 

D'où  l'on  déduit,  carbone  brûlé  par  heure 1 2er,  oqa 

Rapport  entre  le  poids  de  l'azote  exhalé  et  celui  de  l'oxygène  consommé oer,  087(1 

Durée  de  l'expérience i4''  1 2"' 

»  Les  deux  expériences  D  et  E,  faites  à  quelques  jours  d'intervalle  sur 
cette  même  brebis  C  parfaitement  rétablie  et  se  trouvant  d'ailleurs  dans  des 
conditions  normales  de  régime,  montrent  que  les  produits  de  la  respiration 
reviennent  aussi  aux  conditions  normales.  On  retrouve  pour  l'azote  exhalé 
et  pour  l'hydrogène  protocarboné  produit  des  proportions  qui  se  rappro- 
chent de  celles  obtenues  dans  les  précédentes  expériences  sur  la  brebis  A 
et  sur  le  mouton  B. 

D  E 

Oxygène  consommé  pendant  l'expérience 326sr,  4<)|  365gr,  61 5 


'  ; 


21 


Acide  carbonique  produit 448s%9'29  5o2er. 

Azote  exhalé 3Br,  338  7Br,5i4 

Hydrogène  protocarboné  exhalé i5''',238  iolil,  774 

D'où  l'on  déduit,  carbone  brûlé  par  heure i2er,  180  o",84o 

Rapport  entre  le  poids  de  l'azote  exhale  et  celui  de 

l'oxygène  consommé ■.  0,012  o,  o2o5 

Durée  de  l'expérience ioh3m  i3b5(;)m 

»   La  brebis  sort  de  l'appareil  dans  le  meilleur  état. 

»  Les  expériences  faites  sur  les  veaux  montrent  que  chez  ces  ruminants 
le  phénomène  de  la  respiration  s'accomplit,  comme  chez  les  moutons,  avec 
une  exhalation  d'azote  et  une  production  considérable  d'hydrogène  proto- 
carboné. Dans  l'expérience  n°  3,  un  veau  de  9  mois  a  exhalé  20  litres  de  ce 
gaz  en  i4h37m.  Le  rapport  entre  le  poids  de  l'oxygène  contenu  dans  l'acide 
carbonique  et  le  poids  de  l'oxygène  consommé  reste  constant  dans  les 
trois  expériences.  Pour  100  d'oxygène  consommé,  on  en  retrouve  en 
moyenne  86,44  dans  l'acide  carbonique.  La  proportion  d'oxygène  fixé  est 
plus  considérable  que  chez  les  moutons. 

Veaux. 

I.  Un  veau  mâle  de  5  mois;  poids,  62  kilogrammes.  Durée  de  l'expérience,  1 31' S1". 

II.  Un  veau  mâle  de  9  mois;  poids,  1  i5  kilogrammes.  Durée  de  l'expérience,  1  ill22m. 

III.  Un  veau  mâle,  le  même  que  dans  l'expérience  précédente;  poids,  1  i5  kilogrammes. 
Durée  de  l'expérience,  i4h37m.  Ces  animaux  étaient  au  pâturage. 


(  744  ) 

Oxygène  consommé  pendant             I.  il.  m. 

l'expérience 433l;r;559  629^,692  7 1 9^ ,  3 1 7 

Acide  carbonique  produit.  .     5i3sr,453  747er,i62  85ger,458 

Azote  exhalé 3*r ,  576  3^ ,  848  £p ,  34g 

Hvdrogène  protocarboné. .  .  i4lit>526  i6,H,4l3  20m,38i 
D'où   l'on    déduit,    carbone 

brûlé  par  heure io6r,668  17^,928  i68r,o38 

Rapport  entre  le  poids   de 

l'azote  exhalé  et  celui  de 

l'oxygène  consommé. ..  .            0,0081  0,0061  0,0060 

Oxygène  disparu    dans   l'a-  j       Q„         )  QC         I  oc   o     i 

.,         ,      .                        {       bb,i3  86,29/  86,09/ 

cide  carbonique (                     >  100,00  >  100,00  / 

Oxygèneemployéautrement.           13,87!  13,71  I  i3,ii  ' 


100,00 


»  La  production  de  l'hydrogène  protocarboné  pendant  la  respiration 
des  ruminants  est  un  fait  général  qui  me  paraît  lié,  d'une  manière  absolue, 
aux  phénomènes  de  la  digestion.  Ce  gaz  doit  prendre  naissance  au  sein  des 
masses  alimentaires,  de  nature  végétale,  qui  sont  en  voie  de  fermentation 
et  d'élaboration  dans  le  premier  estomac.  J'ajouterai  à  l'appui  de  cette 
pensée  que  j'ai  eu  l'occasion  de  retrouver  l'hydrogène  protocarboné  en 
proportions  considérables  dans  l'estomac  des  ruminants  qui  succombent  à 
la  suite  de  l'indigestion  gazeuse  connue  sous  le  nom  de  météorisation. 

»  Nos  anciennes  expériences  n'ont  pas  porté  sur  des  ruminants;  mais 
nous  avons  étudié  la  respiration  des  lapins,  dont  l'alimentation  est  très-peu 
différente.  Nous  avons  reconnu  également  pour  ces  animaux  une  exhala- 
tion d'azote.  La  proportion  de  ce  gaz,  rapportée  au  poids  de  l'oxygène 
consommé,  était  en  moyenne  de  0,004 1.  Le  rapport  entre  le  poids  de 
l'oxygène  contenu  dans  l'acide  carbonique  et  le  poids.de  l'oxygène  con- 
sommé était  0,92  en  moyenne.  Enfin  on  a  trouvé  constamment  une  exha- 
lation notable  d'hydrogène  protocarboné.  On  voit  que  la  respiration  des 
rongeurs  diffère  peu  de  celle  des  ruminants.  Ces  résultats  confirment  la 
conclusion  que  nous  avons  tirée  de  nos  premières  recherches,  savoir  :  que 
les  produits  de  la  respiration  dépendent  bien  plus  de  la  nature  des  aliments 
que  de  l'espèce  animale.  Cette  grande  similitude  dans  les  produits  de  la 
respiration  d'animaux  d'espèces,  diverses  soumis  à  une  alimentation  sem- 
blable, mais  de  poids  très-différent,  donne  à  penser  que  la  respiration  des 
grands  animaux  adultes,  bœufs  et  chevaux,  doit  se  rapprocher  beaucoup 
de  celle  des  moutons  et  des  veaux. 

»   Chez  les  animaux  de  ['espèce  porcine,  les  produits  de  la  respiration 


(  745  ) 
deviennent  très-différents;  on  trouve  peu  ou  point  d'azote  exhalé.  Le  verrat 
de  8  mois,  expérience  III,  en  a  même  absorbé  un  demi-litre.  La  quantité 
d'hydrogène  protocarboné  produit  devient  presque  nulle,  tandis  que  l'on 
trouve  dans  l'une  des  expériences  8  litres  d'hydrogène  libre,  sans  mélange 
de  gaz  carboné.  Nos  méthodes  d'analyse  eudiométrique  ne  peuvent  laisser 
aucun  doute  sur  l'exactitude  de  ces  résultats. 

»  Pour  îoo  d'oxygène  consommé,  on  en  retrouve  82  et  85  dans  l'acide 
carbonique  produit  ;  cependant  dans  l'expérience  III,  faite  sur  le  jeune 
verrat,  il  y  a  une  exhalation  d'acide  carbonique.  Le  poids  de  l'oxygène 
consommé  étant  de  4^3  grammes,  on  en  retrouve  5og  dans  l'acide  carbo- 
nique. 

»  C'est  là  un  fait  que  nous  avions  eu  plusieurs  fois  l'occasion  de  signaler 
dans  nos  premières  expériences,  surtout  pour  des  animaux  nourris  avec  des 
grains.  On  voit  que,  dans  les  produits  de  leur  respiration,  les  animaux  de 
l'espèce  porcine  n'offrent  pas  cette  régularité,  cette  précision  que  présentent 
les  moutons  ou  les  veaux.  Mais  il  faut  bien  remarquer  que,  tandis  que  les 
ruminants  ont  un  régime  exclusivement  composé  de  matières  végétales,  les 
animaux  de  l'espèce  porcine  deviennent  indistinctement  carnivores  ou  her- 
bivores. 

Espèce  porcine. 

I.  Verrat  de  2  ans,  poids  de  1 35  kilogrammes.  Durée  de  l'expérience,    i3h2gm. 

II.  Une  truie  de  2  ans,  poids  de  io5  kilogrammes.   Durée  de  l'expérience,    i3h2qm. 

III.  Verrat  de  8  mois,  poids  de  77  kilogrammes.   Durée  de  l'expérience,    i3b23nl. 

»  Ces  animaux  étaient  en  liberté  dans  la  cour  de  la  ferme;  ils  pâturaient 
de  l'herbe  dans  la  journée  et  recevaient  le  soir  une  ration  de  son  avec  du 
lait  caillé. 

Oxygène     consommé     pendant    l'expé-  |.  II.  111. 

rience 712^,01 5  795e', 23g  4^36',347 

Acide  carbonique  produit 806e', 4'^  g35Er,i84  700sr,453 

Azote  exhalé osr,g3o  o6l',io<|  oe',ooo 

Hydrogène  libre  exhalé 8''',467  0,000  2Ht, 4i 6 

Hydrogène  protocarboné  exhalé 0,000  tl;t,3o6  i,u,8oo 

D'où    l'on    déduit,    carbone  brûlé    par 

heure i6cr,3o8  i8er,gi8  \^r,ifô 

Rapport  entre  le  poids  de  l'azote  exhalé 

et  celui  de  l'oxygène  consommé o,ooi3  0,00024  0,000 

Oxygène  disparu  dans  l'acide  carbonique.  82,37)  85,54  I 

n  ■  1  nU    ï    IOO.OO  ,        '    >    [On, 00 

Oxygène  employé  autrement 17,63  \  i4>4b  ) 

C.  R.,  '>63    i«  Semeitrè,  ,T.  LV1,   !N°  16.)  98 


(  746  ) 

»  L'expérience  faite  sur  les  dindons  confirme  les  résultats  que  nous  avions 
obtenus  avec  les  poules  :  il  y  a  eu  exhalation  d'azote.  Le  rapport  entre  le 
poids  de  l'azote  exhalé  et  celui  de  l'oxygène  consommé  est  o,oo85  pour  les 
dindons.  Nous  avions  trouvé  en  moyenne  0,0075  pour  ce  même  rapport 
avec  des  poules  nourries  au  grain.  Pour  100  d'oxygène  consommé  on  re- 
trouve 77,7  d'oxygène  dans  l'acide  carbonique.  Pour  les  poules,  cette  pro- 
portion s'élevait  en  moyenne  à  92,7. 

»  Avec  les  oies,  il  y  a  eu  également  exhalation  d'azote.  Dans  ces  deux 
expériences  l'hydrogène  libre  et  l'hydrogène  protocarboné  ont  complète- 
ment disparu. 

Dindons  et  Oies. 

I.   Deux  dindons  adultes;  poids,  i2k,25o.  Durée  de  l'expérience,  i8h22m. 
II.   Quatreoies;  leur  poids  est  de  i8k,4oo.  Durée  de  l'expérience,  25h  2m. 

I.  II. 

Oxygène  consommé  pendant  l'expérience 1 16, 025  3i2,3i  1 

Acide  carbonique  produit 177,915  298,948 

Azote  exhalé '>4'9  2>°74 

D'où  l'on  déduit,  carbone  brûlé  par  heure 2>64'  3,257 

Rapport  entre  le  poids  de  l'azote  exhalé  et  celui  de 

l'oxygène  consommé o,oo85  0,0066 

Oxygène  disparu  dans  l'acide  carbonique nn , 71    )  6o,6i    ) 

-,              ,  ■  .,     .            >  100,00  -"  100,00 

Oxygène  employé  autrement 22,2g  \  3o,3q   ) 

»  Les  résultats  de  ces  nouvelles  expériences  trouveront  des  applications 
utiles  dans  la  pratique  agricole  :  j'en  citerai  un  exemple.  J'ai  cherché  à  éta- 
blir ce  que  deviendrait,  au  bout  d'un  certain  nombre  d'heures,  l'air  d'une 
bergerie  composée  de  5o  moutons  d'un  poids  moyen  de  70  kilogrammes,  en 
admettant  qu'il  n'y  ait  aucune  ventilation.  Je  suppose  à  cette  bergerie 
7  mètres  de  côté  sur  3  mètres  de  hauteur.  Ce  sont  des  dimensions  que  l'on 
retrouve  dans  les  anciens  bâtiments  de  nos  fermes.  Déduction  faite  du  vo- 
lume d'air  déplacé  parles  5o  bètes,  la  bergerie  renferme  1 33,5  mètres  cubes 
d'air.  Chaque  mouton  a  donc  à  sa  disposition  2,670  mètres  cubes  d'air. 
Partant  des  données  fournies  par  mes  expériences,  on  trouve  qu'en  ih  i2m 
l'air  de  cette  bergerie  contiendrait  déjà  1  centième  d'acide  carbonique,  soit 
10  centièmes  en  12  heures.  En  25  heures,  l'oxygène  serait  tout  entier 
transformé  en  acide  carbonique;  l'air  contiendrait  2  millièmes  d'azote 
exhalé,  et  12  millièmes  d'hydrogène  protocarboné.  Or,  pendant  les  lon- 
gues nuits  d'hiver  les   animaux  sont  généralement  entassés  dans  des  ber- 


(  747  ) 
geriesqui  n'ont  aucun  moyen  de  ventilation,  et  d'ailleurs,  pour  le  plus  grand 
bien  de  ces  mêmes  animaux,  les  bergers  calfeutrent  soigneusement  toutes 
les  ouvertures.  L'air  que  respirent  les  pauvres  bêtes,  placées  dans  de  sem- 
blables conditions,  doit  rapidement  contenir  des  proportions  considérables 
d'acide  carbonique.  On  voit  donc  combien  il  est  nécessaire  d'établir  un 
système  permanent  de  ventilation  dans  les  bergeries  et  étables.   » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Économie  rurale.) 

M.  Reiset  demande  le  renvoi  à  l'examen  de  la  même  Section  d'un  autre 
travail  qu'il  dépose  sur  le  bureau,  et  qui  a  pour  titre  :  «  Mémoire  sur  un 
système  de  bergeries  à  étables  mobiles  » . 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Recherches  expérimentales  sur  tes  variations  de  poids 
que  peut  éprouver  l'hectolitre  de  graine  de  colza,  suivant  les  proportions 
diverses  d'humidité  que  renferme  celte  graine;  par  M.  J. -Isidore  Pierre. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

«  Au  point  de  vue  pratique  de  la  loyauté  des  Iransactions  commerciales, 
l'étude  de  cette  question  a  peut-être  plus  d'importance  pour  la  graine  de 
colza  que  lorsqu'il  s'agit  du  blé,  parce  que  l'appréciation  courante  du  degré 
d'humidité  présente  quelques  difficultés  de  plus. 

»  J'ai  d'abord  commencé,  dans  mon  Mémoire,  par  préciser  la  nature  et 
l'état  de  la  graine,  en  indiquant  sa  composition  et  son  état  hygrométrique 
normal  primitif,  afin  de  mieux  définir  les  conditions  dans  lesquelles  je  me 
suis  placé. 

»  Mes  observations  peuvent  se  partager  en  trois  séries  distinctes. 

»  Dans  la  première,  la  graine,  après  avoir  été  soumise  à  un  trempage  d'une 
heure  et  demie  dans  l'eau  froide,  était  ensuite  abandonnée  à  une  dessiccation 
lente  et  spontanée  successive,  pendant  laquelle  on  la  soumettait  à  diverses 
épreuves  de  pesage  ;  elle  était  ensuite  soumise  à  un  étuvage  progressif  pen- 
dant lequel  de  nouvelles  pesées  étaient  effectuées  à  divers  états  de  dessicca- 
tion de  la  graine. 

»  Dans  la  seconde  série  d'observations,  la  graine,  au  lieu  d'être  trempée, 
était  soumise  à  des  mouillages  ou  arrosements  successifs  à  l'eau  froide,  après 
lesquels  on  observait,  comme  dans  la  première  série,  les  variations  qu'é- 
prouvait le  poids  total  de  la  graine  ou  le  poids  de  l'hectolitre,  soit  dans  l'in- 
tervalle des  mouillages,  soit  pendant  la  dessiccation  spontanée  ou  forcée  qui 
leur  succédait. 

98.. 


(  748  ) 

»  Enfin,  clans  la  troisième  série,  j'ai  étudié  de  la  même  manière  les  effets 
du  mouillage  à  l'eau  chaude  qui  constitue  la  plus  habituelle  des  pratiques 
frauduleuses  introduites  dans  le  commerce  des  graines  oléagineuses. 

•>  Il  serait  assez  difficile,  dans  un  simple  extrait,  de  donner  un  résumé 
complet  de  l'ensemble  de  ces  recherches  sans  donner  les  tableaux  dans  les- 
quels sont  inscrits  les  résultats  observés. 

»  Je  dois  me  borner  à  signaler  quelques-uns  des  faits  généraux  qui  me 
paraissent  résulter  de  l'ensemble  de  mes  observations. 

«  Au  nombre  des  circonstances  qui  peuvent  compliquer  les  recherches 
de  cette  nature,  il  faut  signaler  en  première  ligne  le  tassement  de  la  graine. 
En  elfet,  une  simple  petite  secousse  suffit  pour  faire  entrer  en  plus,  dans 
une  mesure  d'un  hectolitre,  plusieurs  centaines  de  grammes  de  graine. 

»  J'ai  cherché,  dans  chacune  de  mes  observations,  à  me  placer  aussi  pies 
que  possible  des  deux  limites  extrêmes  opposées,  et  j'ai  reconnu  ainsi  qu'il 
existe,  entre  le  poids  de  l'hectolitre  de  graine  tassée  le  moins  possible  et  le 
poids  de  l'hectolitre  de  la  même  graine  tassée  au  maximum  par  de  petites 
secousses  répétées,  une  différence  qu'on  peut  évaluer,  en  moyenne,  à  envi- 
ron i*  pour  ioo. 

u  Cette  différence  est  à  peu  près  indépendante  de  la  proportion  d'humi- 
dité contenue  dans  la  graine. 

»  Un  autre  fait  m'a  également  frappé  dès  le  début  de  mes  recherches, 
c'est  la  facilité,  c'est  la  rapidité  avec  laquelle  la  graine  de  colza  peut  absor- 
ber l'humidité,  même  à  froid. 

»  La  différence  des  volumes  apparents  occupés  par  la  même  quantité 
primitive  de  graine,  évalués  de  la  même  manière,  c'est-à-dire  constamment 
tassée  ou  constamment  soulagée,  peut  s'élever,  dans  chacun  de  ces  deux 
cas,  jusqu'à  l\o  ou  5o  pour  ioo,  par  suite  de  la  présence  dans  cette  graine 
d'une  proportion  plus  ou  moins  grande  d'humidité. 

»  Lorsqu' après  avoir  été  trempée  ou  mouillée  la  graine  revient  peu  à  peu 
à  son  état  normal  primitif  d'humidité,  elle  ne  reprend  jamais  son  volume 
primitif,  et  il  en  résulte  que  dans  ce  nouvel  état  le  poids  de  l'hectolitre  reste 
moindre  qu'avant  le  mouillage  ;  ce  poids  reste  même  encore  au-dessous  de 
son  état  primitif,  lorsque  la  graine,  par  l'étuvage,  a  été  amenée  à  contenir 
moins  d'humidité  qu'au  début  des  expériences.  Toutefois,  la  différence  est 
notablement  moindre  pour  la  graine  tassée  que  pour  celle  qui  ne  l'a  pas  été. 

»  Le  poids  brut  de  l'hectolitre,  considéré  dans  les  mêmes  conditions  de 
tassement,  est  bien  loin  d'éprouver  des  variations  qui  soient  en  rapport 


(  749  ) 
direct  avec  la  proportion  d'humidité,  puisque  ce  poids  peut  être  le  même 
avec  des  différences  de  plus  de  i5  pour  100  dans  la  proportion  d'humidité 
contenue  dans  la  graine.  Cette  observation  s'applique  également  et  à    la 
graine  tassée,  et  à  celle  qui  ne  l'a  pas  été. 

»  Les  quantités  de  matière  sèche  réelle  contenues  dans  un  hectolitre  de 
graine,  à  divers  état  de  siccité ,  sont  en  général  d'autant  plus  grandes  que 
la  graine  elle-même  contient  moins  d'humidité  ;  toutefois,  il  n'est  pas 
permis,  sous  ce  rapport,  de  comparer  entre  elles  la  graine  normale  et  celle 
qui  a  été  soumise  à  un  mouillage  quelconque. 

»  En  un  mot,  il  résulte  de  l'ensemble  de  mes  recherches  :  que  l'achat  à  la 
mesure  de  la  graine  de  colza  peut  donner  lieu  à  de  très-notables  chances 
d'erreur;  qu'il  en  est  de  même  de  l'achat  au  poids;  que  la  combinaison 
des  deux  modes  d'évaluation  ne  suffirait  pas  toujours  pour  corriger  les 
défauts  de  chacun  d'eux,  et  qu'il  importerait  souvent  d'ajouter  à  l'estimation 
du  poids  brut  et  à  l'appréciation  de  la  qualité  apparente  de  la  graine  cer- 
taines données  relatives  à  son  état  hygrométrique  réel,  que  les  hommes  les 
plus  experts  ne  sauraient  évaluer  à  première  vue  avec  une  assez  rigoureuse 
exactitude.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Economie  rurale.) 

MÉTÉOROLOGIE,  —  Éludes  sur  le  climat  de  Toulouse.  Remarques  sur  quelques 
conséquences  générales  qui  paraissent  résulter  de  il\  années  d'observations 
météorologiques  faites  à  l'Observatoire  ;  par  M.  Petit. 

«  En  acceptant  de  l'Académie  des  Sciences  de  Toulouse  la  mission  de 
répondre  aux  questions  que  lui  adressait,  il  y  a  bientôt  trois  ans,  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique  sur  le  climat  du  midi  de  la  France , 
j'avoue  que  je  ne  me  faisais  pas  une  idée  très-nette  de  l'étendue  du  travail 
dans  lequel  j'allais  m'engager.  Je  viens  aujourd'hui  communiquer  à  l'Aca- 
démie le  résultat  de  ce  long  travail  dont  j'ai  dû,  seul,  sans  aucune  espèce 
d'auxiliaire  intelligent,  au  milieu  d'ailleurs  de  mille  occupations  diverses, 
effectuer  péniblement  les  interminables  calculs. 

»  Toutefois,  je  ne  consignerai  pas  ici  les  nombreux  tableaux,  formant  un 
ensemble  de  plus  de  3oo  pages,  que  j'ai  déduits  de  mes  24  années  d'obser- 
vations météorologiques.  Ces  tableaux  seront  incessamment  publiés  dans 
un  volume  spécial.  Pour  le  moment,  je  me  bornerai  à  en  extraire  les  résul- 
tats les  plus  généraux,  en  faisant  remarquer   néanmoins  que  puisque  les 


(  75o) 
phénomènes  oscillent  chaque  année,  on  pourrait  presque  dire  chaque  mois, 
autour  de  certaines  moyennes,  leurs  écarts  finiront  peut-être,  à  la  longue,  par 
mettre  en  relief  quelques-unes  des  lois  si  mystérieuses  encore  qui  les 
régissent,  et  des  diverses  causes  (physiques  ou  astronomiques)  qui  en 
troublent  la  régularité. 

»  C'est  ainsi  que  l'influence  des  corpuscules  qui  circulent  autour  du 
Soleil,  après  avoir  paru  se  manifester  sur  la  marche  générale  des  tempéra- 
tures dans  une  série  de  cinq  ans  seulement,  faite  à  l'ancien  Observatoire  de 
Toulouse,  et  dans  la  série  correspondante  de  l'Observatoire  de  Paris,  semble 
se  montrer  de  nouveau,  mais  avec  quelques  modifications  dont  l'étude 
n'est  point  elle-même  à  dédaigner,  soit  dans  la  courbe  thermométrique  des 
24  ans,  soit  dans  les  courbes  de  chacune  des  périodes  partielles  de  cinq  ou 
de  quatre  ans,  comprises  entre  1839  et  1862;  car  si  l'on  construit  ces 
diverses  courbes  à  l'aide  des  températures  moyennes  dont  je  donnerai  les 
valeurs  ci-après  de  5  en  5  jours,  on  voit  immédiatement  que  du  4  au  19  fé- 
vrier par  exemple,  à  cause  sans  doute  des  météores  du  mois  d'août,  qui 
passeraient  alors  entre  le  Soleil  et  nous,  il  y  a  d'habitude  un  abaissement, 
ou  du  moins  un  arrêt  marqué  dans  la  marche  de  la  chaleur.  On  voit  de 
même  que  des  phénomènes  analogues  se  reproduisent  ordinairement  pen- 
dant les  premiers  jours  de  janvier,  de  mars  et  surtout  de  mai,  que  les  cor- 
puscules météoriques  des  mois  d'août  et  de  novembre,  que  ceux  du 
commencement  de  décembre,  etc.,  paraissent  également  exercer  une  ac- 
tion sensible  sur  les  quantités  de  chaleur  reçues  du  Soleil  ;  mais  que  les 
courbes  présentent  néanmoins,  en  quelques-uns  de  leurs  points,  certaines 
fluctuations  alternativement  concordantes  ou  divergentes,  qui  sembleraient 
indiquer  ici  des  périodes  de  10  ans,  là  des  périodes  de  i5,  ailleurs  enfin, 
conformément  à  l'opinion  de  M.  Chasles,  des  mouvements  de  précession 
dans  les  nœuds  des  anneaux  de  météores,  et  qui  fourniraient  de  la  sorte  un 
premier  aperçu  relatif,  soit  à  la  distribution  de  la  matière  cosmique  sur  le 
contour  des  divers  anneaux,  soit  aux  durées  des  révolutions  de  ces  anneaux 
eux-mêmes. 

»  Il  serait  certes  avantageux,  sous  plus  d'un  rapport,  d'arriver  graduelle- 
ment à  connaître  les  diverses  modifications  que  subit  l'une  des  actions  per- 
turbatrices les  plus  considérables  sans  Joute  de  la  chaleur  solaire,  de  savoir 
après  quels  intervalles  de  temps,  dans  chaque  saison,  la  Terre  se  retrouve  en 
présence  des  mêmes  portions  d'anneaux  et  ressent  aussi  par  conséquent  les 
mêmes  effets  de  la  cause  qui  paraît  de  nature  à  troubler  si  fortement  le  cours 


(  7$'  ) 
régulier  des  températures.  Et  comme,  avant  tout,  pour  qu'il  soit  permis 
d'entrevoir  la  simple  possibilité  de  pareils  résultats,  les  valeurs  moyennes  des 
éléments  météorologiques  devront,  ainsi  que  dans  la  recherche  des  pertur- 
bations planétaires,  être  préalablement  déterminées,  j'ose  espérer  que  les 
résumés  suivants,  destinés  à  donner  la  marche  générale  des  principales  par- 
ticularités pour  le  climat  de  Toulouse,  ne  paraîtront  pas  complètement 
dénués  d'intérêt. 

»  En  jetant  un  coup  d'œil  sur  les  nombreux  tableaux  dont  il  a  déjà  été 
question,  on  remarque,  entre  autres,  comme  résultats  plus  immédiatement 
usuels,  que  nous  devons  compter  moyennement  par  année,  sur  environ 
95  beaux  jours,  147  jours  nuageux,  ia3  jours  couverts,  36  jours  de  brouil- 
lard, 35  jours  de  gelée,  9  jours  de  neige,  5  jours  de  grêle  ou  de  grésil, 
3i  jours  d'éclairs,  21  jours  de  tonnerre  et  1 45  jours  de  pluie;  que  la  tempé- 
rature moyenne  est  un  peu  inférieure  à  1 3  degrés  centigrades,  que  les  aurores 
boréales  sont  tout  à  fait  exceptionnelles  à  Toulouse,  qu'il  pleut  le  jour  plus 
fréquemment  que  la  nuit,  enfin  que  la  quantité  annuelle  d'eau  pluviale  est 
égale  à  58o  millimètres,  et  que  les  plus  violentes  averses  fournissent  au  maxi- 
mum 3o  à  35  millimètres  d'eau,  à  raison,  par  minute,  de  1  millimètre,  don- 
nant 160  000  hectolitres  sur  chaque  lieue  carrée  de  4ooo  mètres. 

»   On  peut  voir  également,  dans  les  mêmes  tableaux,  que  les  tempéra- 
tures moyennes  mensuelles  vont  en  croissant  de  janvier  à  juillet,  et  en  clé- 
croissant  de  juillet  à  janvier;  que  l'humidité  suit  une  marche  inverse;  que  les 
écarts  extrêmes  du  thermomètre  ne  s'éloignent  guère  de  45°;  que  la  pression 
barométrique  augmente  vers  les  solstices  et  diminue  vers  les  équinoxes;  que 
la  hauteur  moyenne  du  baromètre  est  sensiblement  égale  et  à  peine   in- 
férieure à  celle  du  midi  ;  que  les  vents  les  plus  humides  viennent  du  S.-O., 
les  plus  secs  du  N.-N.-E.  ;  que  les  vents  du  S.-E.  tiennent  à  peu  près  le 
milieu  entre  les  deux  extrêmes;  que  les  vents  dominants  sont  les  vents  op- 
posés de  N.-O.  et  de  S.-E.  ou  de  S. -S.-E.;  que  ces  derniers  font  générale- 
ment baisser  le  thermomètre,  tandis  que  les  premiers  le  font  monter;  que, 
pendant  deux  mois  environ  après  les  équinoxes,  ainsi  que  l'avait  déjà  re- 
connu Marqué  Victor,  le  baromètre  est  au-dessous  de  sa  hauteur  moyenne; 
qu'il  est  au-dessus  pendant  les  mois  de  janvier  et  de  février,  de  juillet  et 
d'août,  c'est-à-dire  pendant  deux  mois  après  les  solstices,  etc.,  etc.  ;  qu'a 
l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  pour  l'hygromètre  et  pour  le  thermomètre,  les  oscil- 
lations mensuelles  du  baromètre  sont  plus  grandes  en  hiver,  plus  faibles  en 
été;   que  ses  oscillations  diurnes,  dont  la  valeur  moyenne  =  i^jooga. 


(  7^2  ) 
décroissent  vers  les  solstices  et  croissent  an  contraire  vers  les  équinoxes  ; 
que  ses  hauteurs  extrêmes  n'excèdent  guère  7 1 5  et  ^65  millimètres;  qu'il 
suffît  souvent  d'une  faible  variation  de  distance  pour  changer  le  régime  des 
vents,  puisqu  à  l'ancien  Observatoire  le  S.-S.-E.  soufflait  à  peine  et  se  trou- 
vait de  beaucoup  dominé  par  le  S.-E.,  tandis  que  le  contraire  a  lieu  sur  le 
plateau  du  nouvel  Observatoire;  que  la  densité  des  couches  de  neige  qui 
tombent  à  Toulouse  ne  paraît  pas  devoir  dépasser  le  cinquième  et  même 
souvent  le  dixième  de  la  densité  de  l'eau,  etc. 

»  Je  signalerai  aussi  comme  digne  d'être  remarquée,  au  point  de  vue  de 
la  physique  générale,  l'indication  hygrométrique  78°,28  (1)  qui  correspond 
aux  vents  de  S.-E.  et  S.-S.-E.  par  lesquels  on  voit  si  bien  les  Pyrénées,  de 
Toulouse.  En  se  rappelant  combien,  dans  certains  jours  d'été,  lorsque  par 
un  ciel  pur  l'hygromètre  marque  une  sécheresse  presque  complète,  1  at- 
mosphère est  néanmoins  peu  diaphane,  combien  au  contraire  brillent  les 
étoiles  pendant  certaines  nuits  humides  de  l'hiver  et  du  printemps,  ne 
serait-on  pas  conduit  à  penser  que  la  transparence  de  l'air  sec  doit  être  assez 
imparfaite,  et  même  que  le  maximum  de  transparence  doit  correspondre 
sensiblement  au  degré  d'humidité  marqué  par  le  nombre  hygrométrique 
78°,28,  c'est-à-dire  à  la  moitié  à  peu  près  de  la  saturation  ?  Résultat  intéres- 
sant, que  les  expériences  les  plus  délicates  delà  physique  auraient  été  peut- 
être  impuissantes  à  faire  connaître,  etc. 

»  Lesresumessuivantspermettront.au  resic,  de  saisir  d'un  coup  d'œil 
les  particularités  principales  résultant  des  vingt-quatre  années  d'obser- 
vations. 


(1)  Privé  d'aides  capables,  à  l'Observatoire,  et  surchargé  de  détails,  j'ai  dû  me  résigner  b 
faire  usage  de  l'appareil  de  Saussure,  qui,  malgré  ses  inconvénients  pour  une  observation 
isolée,  me  paraît  de  nature  à  fournir  cependant  d'intéressantes  indications  dans  des  résultats 
d'ensemble. 


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T.  LV1,  A"   l(j.) 


99 


(  7^4  ) 

Températures  moyennes  calculées  de  5  en   5  jours,  par  périodes  de  5  années  depuis   1839  jusqu'à   1858,  pou 
4  (innées  de  1859  à  18C2,   et  pour  la  série  entière  (24  ans)   de  1839  à  18G2. 


5  ANS  DOBSERV*. 

5  ans  d'observ*. 

•3  ans  d'observ5. 

5  ANS  d'observ5. 

4  ANS  D'OBSERV*. 

24  ANS  DOBSERV". 

de  1839  à  1843. 

de  1844  à  1848. 

de  1849  à  1853. 

de  1854  à  1858. 

de  1859  à  1862. 

de  1839  à  1862. 

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(  755) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  Note  récente  de  M.  Broun 
concernant  ta  question  des  rapports  entre  les  variations  météorologiques  et  les 
perturbations  magnétiques  ;  Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Dans  un  des  derniers  numéros  des  Comptes  rendus  (séance  du  a3  mars 
1 863_,  p.  54o),  M.  Broun  revient  sur  la  question  de  la  connexion  entre  les 
variations  météorologiques  et  les  perturbations  magnétiques,  et  il  déclare  que 
mes  opinions  sous  ce  rapport  sont  tout  à  fait  dénuées  de  fondement.  Comme 
c'est  un  point  très-intéressant  pour  la  science,  et  que  le  mérite  bien  connu 
de  M.  Broun  donne  un  grand  poids  à  ses  objections,  et  surtout  parce  qu'il 
charge  d'une  grave  inexactitude  mes  discussions,  je  crois  indispensable  de 
répondre  après  avoir  déjà  répondu  autrefois  :  mais  ceci  servira  à  éclaircir  ia 
question  et  ne  sera  pas  inutile  à  la  science. 

»  M.  Broun  commence  en  disant  qu'il  a  voulu  se  placer  dans  les  mêmes 
circonstances  que  moi,  et  pour  cela  il  considère  :  i°  comme  jours  de  bour- 
rasque ceux  dans  lesquels  les  vents  ont  une  pression  supérieure  à  4  livres 
par  pied  carré.  Mais  ce  qui  est  bien  surprenant,  M.  Broun  ne  fait  pas  sépa- 
ration de  plusieurs  éléments  très-intéressants,  c'est-à-dire  la  direction  du 
vent  et  les  moments  des  changements.  Or  j'ai  discuté  non  la  force,  mais  la 
direction  :  nous  ne  sommes  pas  dans  les  mêmes  circonstances.  De  plus  j'ai 
trouvé  que  les  moments  de  changement  sont  ceux  qui  produisent  le  plus  d'in- 
fluence sur  les  barreaux.  M.  Broun  prend  pêle-mêle  toutes  les  directions 
des  vents  forts  ;  mais  comme  le  vent  du  sud  fait  baisser  et  celui  du  nord 
relever  le  barreau  (même  après  l'avoir  corrigé  de  la  température),  l'effet 
d'une  telle  discussion  doit  être  nul,  comme  le  trouve  en  effet  M.  Broun. 
M.  Broun  rapporte  ses  comparaisons  au  bifilaire  seulement  :  il  est  vrai  que, 
dans  le  commencement,  j'avais  discuté  seulement  la  force  magnétique  hori- 
zontale, mais  après  j'ai  vérifié  cela  sur  la  force  verticale  et  le  déclinomètre, 
et  comme  il  arrive  que  bien  souvent  la  perturbation  d'un  instrument  est 
complémentaire  de  celle  d'un  autre,  j'ai  démontré  que  le  bifilaire  quelque- 
fois reste  sans  trouble  pendant  que  la  perturbation  se  manifeste  dans  les 
autres  instruments.  Donc  la  méthode  de  M.  Broun  n'est  pas  dans  les  mêmes 
conditions  que  la  mienne. 

»  20  M.  Broun  cherche  les  dix  jours  de  plus  grande  force  du  vent,  et  il 
ne  trouve  pas  que  les  plus  grandes  perturbations  magnétiques  correspon- 
dent à  ces  jours,  pas  même  an  jour  avant  ou  au  jour  après.  Ici  il  y  a  lieu  à 
plusieurs  différences  entre  lui  et  moi.  Je  n'ai  jamais  dit  que  le  maximum 

99- 


(  756) 
des  vents  coïncide  avec  le  maximum  des  perturbations,  donc  la  savante  dis- 
cussion de  M.  Broun  n'est  pas  sur  le  même  terrain.  De  plus,  en  mêlant 
ainsi  tous  les  vents,  on  doit  trouver  comme  j'ai  dit  un  résultat  nul,  comme 
il  trouve  en  effet.  J'ai  démontré  en  outre  que  l'anticipation  des  perturba- 
tions sur  la  bourrasque  va  quelquefois  jusqu'à  quatre  jours,  plus  communé- 
ment trois  ou  deux  :  pourquoi  se  limiter  à  un  simple  jour?  Cette  nécessité 
est  imposée  sans  doute  par  la  circonstance  que  M.  Broun  n'a  pas  fait  comme 
moi  les  constructions  graphiques  de  toutes  les  observations;  c'est  seulement 
à  l'aide  de  celles-ci  qu'on  peut  voir  toutesles  circonstances  des  phénomènes, 
et  cela  montre  la  relation  bien  mieux  que  des  limites  de  temps  fixées  à  l'a- 
vance et  à  volonté.  La  nature  ne  se  plie  pas  toujours  à  nos  désirs.  Avec  les 
constructions,  on  voit  encore  les  diversités  des  perturbations  qui  quelquefois 
sont  en  excès,  quelquefois  en  défaut,  et  se  partagent  sur  plusieurs  instru- 
ments. Ue  plus  M.  Broun  paraît  supposer  que  le  seid  élément  d'une  bour- 
rasque est  la  force  du  vent  :  il  ne  fait  pas  distinction  de  sa  durée,  ni  des 
mouvements  barométriques  ou  de  l'état  du  ciel,  qui  quelquefois  sont  des 
indices  manifestes  qu'une  bourrasque  s'est  fait  sentir  à  une  petite  distance 
de  nous,  et  alors  lèvent  n'amené  qu'une  petite  variation.  La  considération  de 
tous  ces  éléments,  je  l'avoue,  est  fatigante  et  pénible,  elle  demande  une  étude 
prolongé",  patiente;  elle  exige  qu'on  prenne  la  peine  de  placer  les  variations 
en  rapport  les  unes  avec  les  autres.  Cette  étude,  je  Vai  faite,  et  des  travaux 
continués  pendant  cinq  années  m'ont  conduit  à  conclure  que  la  con- 
nexion existe,  c'est-à-dire  à  une  conclusion  opposée  à  celle  à  laquelle  j'étais 
arrivé  en  consultant  seulement  les  livres,  et  les  livres  les  plus  estimés.  Tous 
ceux  qui  se  borneront  à  faire  faire  les  observations  par  leurs  assistants,  et 
les  discuteront  après  sur  les  registres  toujours  incomplets  qu'on  tient  com- 
munément, n'aboutiront  à  rien,  même  avec  toutes  les  moyennes  possibles. 
Il  faut  se  persuader  que  dans  la  nature  il  y  a  des  problèmes  qu'on  ne  peut 
pas  résoudre  avec  des  moyennes,  et  si  on  s'était  arrêté  aux  moyennes  en 
astronomie,  on  aurait  trouvé  qu'il  n'y  avait  pas  de  perturbations. 

;>  3°  M.  Broun  choisit  dix  jours  des  plus  grandes  perturbations  (et  un  joui- 
avant  et  après),  et  il  trouve  qu'on  ne  voit  pas  non  plus  de  relation  entre  la 
force  du  vent  et  la  perturbation.  11  est  étonnant  qu'on  ait  donné  sérieuse- 
ment telle  discusMon  sur  dix  jours  seulement.  Tout  le  monde  connaît  que 
les  grandes  perturbations  sont  dues  à  des  aurores  boréales  ou  australes,  qui, 
quoique  de  la  classe  des  phénomènes  atmosphériques  elles-mêmes,  cepen- 
dant elles  ont  lieu  dans  des  régions  si  éloignées  de  nous,  que  s'il  y  a  des 
changements  de  temps  qui  les  accompagnent,  ils  ne  nous  arrivent  que  très- 


(  757  ) 
tard,  et  un  jour  n'est  pas  une  limite  suffisante  pour  leur  propagation;  Mais 
par  les  constructions  graphiques,  même  pour  celles-ci,  on  voit  clairement 
que  ces  perturbations  sont  bien  souvent  les  avant-coureurs  des  forts  chan- 
gements de  saisons  et  des  longues  bourrasques  de  plusieurs  jours.  Mais  dans 
mes  dernières  études  insérées  dans  le  Bulletin  météorologique  de  l'Observa- 
toire du  Collège  Romain  publié  par  la  libéralité  de  M.  le  prince  Buoncom- 
pagni,  j'ai  fait  une  longue  discussion  sur  ce  point  et  démontré  les  causes 
probables  de  ces  retards,  et  montré  que  s'il  y  a  perturbation  plus  ou  moins 
grande,  dans  un  instrument  ou  dans  l'autre,  il  n'y  a  pas  toujours  réciprocité, 
et  que  des  perturbations  arrivent  sans  être  suivies  toujours  immédiatement 
des  bourrasques  pour  les  raisons  indiquées.  Ces  réflexions  sont  suffisantes, 
je  crois,  pour  démontrer  que  la  discussion  faite  par  M.  Broun  est  vicieuse  en 
principe,  et,  quoique  conduite  avec  beaucoup  de  travail  et  d'habileté,  elle  ne 
pouvait  le  conduire  qu'à  ce  qu'il  a  trouvé,  c'est-à-dire  à  des  résultats  négatifs. 
»  M.  Broun  passe  après  à  indiquer  les  sources  de  mes  conclusions  jugées 
erronées,  qu'il  attribue  à  ce  que  je  n'ai  pas  fait  les  corrections  des  tempéra- 
tures des  barreaux,  car  il  dit  que,  avant  d'avoir  appliqué  ces  corrections, 
il  était  lui-même  arrivé  à  de  telles  conclusions.  Je  le  crois  en  partie,  parce 
que  je  n'ai  pas  pu  profiter  des  observations  anglaises,  justement  par  cette 
raison  que  la  variation  de  température  produisait  des  changements  supé- 
rieurs à  ceux  de  la  force  ;  et  quoique  j'aie  essayé,  comme  je  ne  pouvais  pas 
me  soumettre  au  grand  travail  des  corrections,  je  les  ai  ainsi  abandonnées. 
C'est  justement  pour  rendre  cette  correction  la  plus  petite  possible  que  nos 
instruments  ont  été  placés  dans  une  salle  dont  les  murs  extérieurs  ont 
im,5o  d'épaisseur,  et  qu'on  tient  les  fenêtres  fermées,  excepté  au  moment 
de  l'observation  ;  qu'on  a  enveloppé  les  boîtes  avec  double  couverture  et 
avec  des  draps  :  tout  cela  fait  que  les  variations  diurnes  ne  s'étendent  pas 
au  delà  de  i°F.,  ce  qui  porte  la  correction  à  une  division  au  plus.  Pour 
apprécier  à  leur  juste  valeur  ces  variations,  j'apporterai  ici  les  variations  des 
températures  de  quelques  jours  d'été,  faites  exprès  et  déjà  publiées. 

Thermomètre  Fahrenheit. 
Jours.      7" A.       8"         9"  io1'         12"     i^o"1?.    3"  4"  5''  0"  S"  9" 

OOO  00  00  00  OOo 

Juin  27.  74,1  74,1  74,1  74,0  74,0  74,2  74,2  74,7  74,7  74,9  75,4  75,4 

.Tuill.   7.  78,2  78,1  78,1  78,1  78,3  78,3  78,5  78,5  78,5  78,5  77,8  77,8 

12.  78,4  78,4  78,3  78,1  78,0  78,0  77,9  77,9  78,3  78,7  78,7  79,0 

18.  77,5  77,5  77,5  77,3  77,2  77,2  77,2  77,3  77,6  77,9  77,9  78,2 


(  758) 

»  Toile  est  la  variation  diurne  de  température  dans  nos  instruments  : 
pendant  qu'extérieurement  elle  variait  jusqu'à  280  F.,  le  maximum  était 
de  i°,4  F.,  et  les  autres  jours  moindre  de  i°.  Or,  nulle  variation  dans  notre 
discussion  n'est  jugée  être  une  perturbation  si  elle  n'arrive  à  cinq  divisions  au 
moins,  en  plus  ou  en  moins,  sur  la  moyenne  des  jours  environnants.  Je  dis 
des  jours  environnants,  car  je  n'ai  jamais  comparé  que  de  cette  manière  les 
variations  météorologiques  aux  perturbations.  Cependant,  comme  M.  Broun 
demande  qu'on  applique  ces  corrections,  j'ai  le  plaisir  de  lui  annoncer  que 
ce  travail  avait  déjà  été  commencé,  mais  interrompu  à  cause  de  son  inu- 
tilité; cependant,  il  sera  repris. 

«  La  science,  dit  M.  Broun,  demanderait  du  savant  directeur  de  J'Obser- 
»  vatoire  du  Collège  Romain,  un  examen  numérique  plus  exact,  après  avoir 
»  corrigé  ses  observations  (on  vient  de  voir  quelle  est  la  portée  de  cette  cor- 
»  rection)  ;  que  dans  cet  examen  les  mois  fussent  remplacés  par  des  chiffres, 
»  et  qu'une  bourrasque  comme  une  perturbation  eût  des  valeurs  détermi- 
»  nées.  «  [Comptes  rendus,  p.  544-) 

»  J'avoue  que  je  ne  comprends  pas  comment  remplacer  les  mois  par  des 
chiffres  ;  peut-être  cela  veut-il  dire  de  donner  des  moyennes  mensuelles  et 
de  leur  comparer  les  chiffres  propres  des  perturbations.  Mais  alors,  voici 
un  inconvénient  :  après  une  grande  perturbation,  j'ai  trouvé  que  la  force 
magnétique  reste  altérée  d'une  manière  profonde  et  revient  peu  à  peu  à  sa 
valeur  primitive;  si  une  onde  de  perturbation  se  manifeste,  elle  est  sensible 
sur  cette  grande  onde  comme  une  vague  plus  petite  sur  une  grande  ondée. 
En  tel  cas,  la  moyenne  mensuelle  est  tout  à  fait  illusoire,  et  il  faut  fraction- 
ner la  période.  Mais,  avec  les  chiffres,  on  ne  voit  rien  de  tout  cela  ;  le 
conseil  de  M.  Broun  (qu'il  me  pardonne)  n'est  pas  bon,  et  je  ne  le  suivrai 
pas.  Si  M.  Broun  veut  une  discussion  longue  et  prolongée  avec  tous  les  détails 
nécessaires,  il  n'a  qu'à  recourir  au  Bulletin  de  l'Observatoire.  Le  désir  de 
M.  Broun  de  voir  bien  définies  les  perturbations  et  les  bourrasques  est  aussi 
le  mien,  et  je  l'ai  anticipé  dans  mon  Mémoire  publié  dans  le  Bulletin;  mais 
si  cela  est  facile  pour  les  perturbations,  est-il  également  facile  de  le  faire 
pour  les  bourrasques?  Il  y  a  tant  d'éléments  dans  celles-ci  qu'on  ne  saurait 
en  fixer  \m  comme  caractéristique  ;  et  c'est  pour  cela  que  j'ai  employé  le 
moyen,  plus  long  et  plus  laborieux  il  est  vrai,  mais  plus  sur,  des  construc- 
tions graphiques,  car  en  celles-ci  on  voit  mieux  ces  rapports.  Surtout  lorsque 
la  bourrasque  passe  à  vue  et  loin  de  la  station,  la  complication  croît;  car 
l'onde  électrique  que  produit  la  perturbation  magnétique  s'étend  même  bien 


(  7%) 
plus  que  l'onde  barométrique  :  le  vent  subit  alors  tout  au  plus  un  petit 
changement,  et  le  ciel  une  petite  variation.  Mais  en  réunissant  tous  ces 
signaux,  surtout  en  été,  on  voit  que  la  bourrasque  a  existé,  et  pas  loin  ;  et 
j'en  ai  plusieurs  fois  constaté  le  fait  matériel,  comme  j'ai  dit  dans  le  Mémoire 
cité  du  Bulletin. 

«  M.  Broun  termine  par  une  proscription  générale  de  toutes  les  coïnci- 
dences que  j'ai  signalées  entre  les  faits  d'électricité,  variations  barométriques, 
bifilaires,  etc.;  comme  il  ne  dit  pas  en  termes  précis  ce  qu'il  rejette  et  ce  qu'il 
admet,  il  me  sera  impossible  de  répondre.  Il  dit  seulement  que  les  époques 
du  maximum  du  bifilaire  au  cap  Comorin  sont  celles  du  minimum  en  Europe, 
et  il  paraît  que  cela  est  apporté  comme  une  preuve  que  je  me  suis  trop 
bâté  à  tirer  des  conclusions  de  faits  peu  nombreux.  Je  suis  étonné  de  cela, 
car  justement,  selon  mes  vues,  je  serais  arrivé  à  une  conclusion  différente" 
de  celle  qu'on  m'attribue.  i°  Je  n'ai  prétendu  fixer  les  relations  que  pont- 
Rome,  et  non  pour  le  cap  de  Comorin;  i°  d'après  mes  principes,  les  varia- 
tions magnétiques  étant  dépendantes  des  phénomènes  météorologiques  qui 
sont  systématiquement  différents  dacs  différentes  régions  du  globe,  on  doit 
trouver  des  lois  différentes  dans  les  différents  pays.  J'ajouterai  que  c'est 
justement  pour  avoir  trouvé  toutes  ces  différences  selon  les  climats  que 
j'ai  abandonné  l'action  solaire  directe  comme  cause  principale  des  pertur- 
bations, et  je  me  suis  porté  sur  les  variations  météorologiques,  quoiqu'on 
continue  encore,  dans  plusieurs  publications  populaires,  à  dire  que  je  sou- 
tiens l'action  directe  du  Soleil.  C'est  donc  avec  surprise  que  je  vois  me  repro- 
cher une  telle  conclusion  déduite  du  cap  de  Comorin. 

»  L'éloignement  de  M.  Broun  de  l'Europe  ne  lui  permet  pas  peut-être 
de  se  tenir  au  courant  de  mes  dernières  publications,  où  toutes  ces  questions 
sont  discutées;  et  comme  cela  peut  être  utile  à  la  science,  je  prie  l'Académie 
de  permettre  d'exposer  les  conclusions  auxquelles  je  suis  arrivé,  ce  que  je 
ferai  dans  une  autre  communication,  et  l'on  verra  que  je  n'ai  pas  épargné 
les  chiffres  comme  je  n'ai  pas  épargné  les  constructions.  » 

«  P.  S.  En  profitant  des  belles  journées  de  février,  j'ai  réussi  à  voir  le 
satellite  de  Sirius;  mais  la  distance  serait  un  peu  douteuse  :  7", 5;  position,  890. 
Quelques  autres  points  que  j'ai  vus  sont-ils  des  réalités  ou  des  illusions?  Un 
surtout,  à  1800  environ  de  position  et  5"  de  dislance.  L'instabilité  énorme 
de  vision  ne  permet  pas  de  décider,  et  je  ne  donne  l'observation  ci-dessus 
que  pour  une  preuve  de  la  bonté  de  la  lunette.   » 


(  7«°  ) 

ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE.  —  Sur  le  j  ouuoir  électro- ■moteur  secondaire  des  nerfs, 
et  son  application  à  I  électro-physiologie  ;  par  M.  Cil.  Mattekcci. 

«  Ayant  pu,  depuis  quelque  temps,  reprendre  mes  expériences  sur  ce 
sujet,  je  m'empresse  de  communiquer  à  l'Académie  les  nouveaux  résultats 
■  auxquels  je  suis  parvenu,  et  qui  me  permettent,  je  crois,  sans  aucune  in- 
certitude, d'expliquer  avec  un  principe  bien  connu  de  l'électricité  un  des 
phénomènes  électro-physiologiques  les  plus  obscurs  et  en  même  temps  des 
plus  importants  que  nous  connaissions. 

»  Dans  mes  deux  communications  précédentes, qui  sont  du  i  r  février  1861 
et  du  16  septembre  de  la  même  année,  j'ai  montré  que  tout  corps  solide 
déstructure  capillaire,  imbibé  d'un  liquide  conducteur  quelconque,  étant 
"traversé  par  un  courant  électrique,  devient  un  électro-moteur  secondaire, 
comme  un  fil  de  platine  qui  est  plongé  avec  ses  extrémités  dans  des  liquides 
communiquant  avec  les  électrodes  delà  pile.  Des  tiges  végétales,  des  mor- 
ceaux de  membranes,  des  cordons  imbibés,  des  filaments  nerveux,  acquiè- 
rent tous  plus  ou  moins  cette  propriété,  et  ne  diffèrent  du  til  métallique 
que  pour  être  doués  de  la  propriété  de  produire  le  courant  secondaire  dans 
tous  leurs  points,  tandis  que,  pour  les  corps  métalliques,  cette  propriété 
est  bornée  aux  points  en  contact  avec  les  liquides. 

»  Il  y  a  déjà  bien  des  années  que  les  polarités  secondaires  sur  les  métaux, 
découvertes  par  Ritter  et  si  bien  étudiées  par  MM.  Marianini  et  de  La  Rive, 
ont  été  expliquées  par  les  travaux  de  M.  Becquerel  et  de  moi,  et  rapportées 
aux  produits  de  l'électrolysalion  recueillis  sur  les  électrodes,  et  qui  réagis- 
sent sur  l'électrolyte  intermédiaire  lorsque  le  courant  principal  est  inter- 
rompu. C'est  par  l'application  de  ces  principes  que  j'ai  pu,  comme  l'avait 
aussi  imaginé  M.  Jules  Regnault,  introduire  un  grand  perfectionnement 
qui  est  aujourd'hui  adopté  par  tous  les  expérimentateurs  dans  les  recherches 
de  Pélectro-physiologie,  et  qui  consiste  à  employer  des  lames  de  zinc  amal- 
gamé plongées  dans  une  solution  de  sulfate  de  zinc  pour  extrémités  du  gal- 
vanomètre, ce  qui  détruit  les  polarités  secondaires  et  rend  les  courants  des 
électro-moteurs  animaux  constants  et  plus  forts. 

»  Le  passage  du  courant  électrique  agit  de  la  même  manière  dans  les  corps 
solides  imbibés  de  liquide.  Pour  faire  l'expérience,  on  fixe  avec  de  la  cire  à 
cacheter  des  coussinets  de  flanelle  ou  de  papier  dans  des  petits  verres;  les 
extrémités  de  la  pile  plongent  dans  les  liquides  des  deux  verres,  et  le  corps 
qu'on  veut  étudier  est  posé  avec  ses  extrémités  sur  les  coussinets.  Aussitôt 
que  le  courant  est  passé,  le  corps,  posé  sur  une  lame  de  gutta-percha.  est 


(  76i  ) 
porté  en  conlact  des  extrémités  du  galvanomètre,  dont  l'aiguille  montre 
alors  un  courant  constant  en  sens  contraire  du  courant  voltaïque. 

»  En  variant  ces  expériences  sur  un  grand  nombre  de  corps,  j'avais  noté 
dès  le  commencement  que  le  nerf  présentait  des  différences  marquées,  de 
sorte  que  j'ai  dit  dans  ma  première  communication  que  le  nerf,  soit  par  sa 
structure,  soit  par  sa  composition  chimique,  est,  parmi  tous  les  corps  étu- 
diés, celui  qui  manifeste  avec  le  plus  d'intensité  et  de  constance  les  phéno- 
mènes des  polarités  secondaires  dans  tous  les  points  et  à  la  distance  de  10 
à   12  centimètres  des  extrémités  de  la  pile. 

»  Il  n'est  pas  difficile  de  s'assurer  de  l'identité  de  la  cause  des  polarités 
secondaires  développées  dans  les  métaux  el  dans  les  corps  poreux  et  hu- 
mides; il  n'y  a  pour  cela  qu'à  toucher  ces  corps  dans  les  points  rapprochés 
des  deux  électrodes  de  la  pile  avec  des  papiers  reactifs,  et  on  verra  des 
traces  d'acide  dans  la  portion  tournée  vers  l'électrode  négatif,  et  des  traces 
d'alcali  dans  la  portion  tournée  vers  l'électrode  positif.  Ce  résultat  est 
constant  et  mériterait  des  études  plus  approfondies  pour  expliquer  com- 
ment des  agrégations  des  particules  solides,  qui  ne  conduisent  l'électricité 
que  par  les  couches  liquides  dont  elles  sont  recouvertes,  donnent  lieu  à 
l'électrolysation,  surtout  dans  les  points  où  il  y  a  changement  de  structure 
et  de  liquide.  Je  m'occupe  de  ce  sujet,  et  j'espère  pouvoir  en  faire  matière 
d'une  communication  prochaine  à  l'Académie. 

»  J'ai  essayé  d'abord  de  me  rendre  compte  de  la  différence  notée  dans 
les  nerfs,  et  j'espère  y  avoir  réussi  de  la  manière  suivante.  J'ai  pris  un  fil  de 
platine  très-mince,  à  peu  près  |-  de  millimètre,  et  je  l'ai  recouvert  d'une 
double  couche  de  fil  de  lin  ou  de  coton  en  spirale.  Les  fils  ainsi  préparés 
étaient,  couverts  de  cire  à  cacheter  aux  deux  extrémités,  puis  bien  imbibés 
d'eau  de  source  ou  de  puits  dans  toute  la  longueur.  Un  de  ces  fils,  long  de 
5o  centimètres,  a  été  posé  sur  les  coussinets  des  deux  verres  que  j'ai  décrits, 
et  dont  les  liquides  étaient  ou  de  l'eau  légèrement  salée,  ou  de  l'eau  de 
puits.  Après  le  passage  d'un  courant  de  8  à  to  petits  couples  (zinc  amal- 
gamé, charbon  et  eau  salée),  le  fil  décrit  est  devenu  un  électro-moteur  se- 
condaire dans  tous  ses  points.  En  touchant  avec  les  extrémités  du  galvano- 
mètre un  intervalle  de  la  même  longueur,  on  trouve,  comme  pour  les  nerfs, 
que  le  courant  secondaire  va  en  diminuant  du  milieu  du  fil  vers  les  extré- 
mités. De  même,  en  laissant  deux  longues  portions  de  ce  fil  en  dehors  des 
électrodes,  on  a  comme  pour  le  nerf  des  courants  secondaires  dirigés  dans 
le  même  sens,  et  qui  est  celui  qu'a  le  courant  voltaïque  entre  les  électrodes. 

C.  R  ,  iS63,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  16.)  I  OO 


(  762  ) 

On  peut  préparer  des  fils  semblables  en  employant  une  couche  de  papier 
an  lieu  du  fil  de  chanvre,  ou  bien  en  introduisant  le  fil  de  platine  dans  des 
tiges  végétales  ou  dans  des  prismes  coupés  dans  de  l'argile,  dans  du  bois, 
dans  une  pomme  de  terre,  etc.  Il  n'y  a  aucune  difficulté  à  concevoir  les 
polarités  secondaires  ainsi  développées  dans  un  fil  métallique  couvert  d'une 
couche  liquide  :  évidemment  les  filets  électriques  passent  de  la  couche 
liquide  dans  le  fil  métallique,  avec  une  intensité  qui  doit  varier  générale- 
ment avec  l'intervalle  de  dérivation.  Ce  qui  importe  pour  notre  cas,  c'est 
l'analogie  de  structure  ainsi  mise  en  évidence  entre  les  fils  métalliques  pré- 
parés et  les  nerfs  dont  la  partie  axiale  ou  le  cilinder-a.xis  représente  le  fil 
métallique.  Cette  structure  n'existe  pas  dans  les  autres  corps  solides  expéri- 
mentés, et  on  conçoit  ainsi  pourquoi  les  nerfs  donnent  des  effets  de  pola- 
rités secondaires  distincts  et  analogues  à  ceux  des  nerfs  que  je  me  permet- 
trai d'appeler  artificiels  et  que  j'ai  décrits. 

»  En  étudiant  les  réactions  chimiques  des  fils  de  platine  préparés  comme 
je  l'ai  dit,  et  soumis  au  passage  d'un  courant  électrique,  on  est  frappé  de  la 
grande  différence  qu'il  y  a  entre  les  portions  en  contact  des  deux  électrodes. 
Je  ne  rapporterai  ici  qu'une  expérience. 

«  Je  prends  le  fil  de  platine  long  de  5o  centimètres,  recouvert  de  fil  de 
chanvre,  et,  après  l'avoir  imbibé  d'eau  de  puits,  je  le  pose  avec  ses  deux 
extrémités  sur  les  coussinets  de  flanelle  imbibés  d'eau  légèrement  salée. 
J'étends  en  contact  des  deux  moitiés  du  fil  deux  bandes  de  papier  de  tour- 
nesol, c'est-à-dire  la  bande  bleue  sur  la  portion  tournée  vers  l'électrode 
négatif,  et  la  bande  du  même  papier  rougi  sur  la  portion  tournée  vers 
l'électrode  positif.  Après  le  passage  du  courant  pendant  quelques  minutes, 
on  voit  déjà  une  différence  très-distincte  dans  les  deux  papiers,  et,  après 
i5  à  20  minutes,  la  bande  rouge  est  devenue  bleue,  avec  une  intensité 
décroissante  jusqu'à  la  moitié  du  fil,  tandis  que  l'autre  n'a  rougi  que  par 
l'espace  de  4  à  5  centimètres  du  point  de  contact.  Tous  les  fils  ainsi  pré- 
parés présentent  la  même  différence:  soit  diffusibilité  inégale  des  produits 
électrolytiques,  soit  réaction  successive  de  ces  produits  avec  les  liquidesenvi- 
ronnants,  la  différence  est  constante,  et  on  la  prouve  au  galvanomètre  aussi 
bien  qu'avec  les  papiers  réactifs.  Pour  voir  cette  différence  au  galvano- 
mètre, il  y  a  une  expérience  bien  simple  et  bien  nette  à  faire.  Le  fil  de  pla- 
tine préparé,  et  après  avoir  été  soumis  au  passage  du  courant,  est  replié  à 
moitié,  et  on  porte  en  contact  des  extrémités  du  galvanomètre,  d'une  part 
les  deux  extrémités  libres,  et  de  l'autre  le  milieu.  On  a  alors  un  courant  dif- 
férentiel très-fort,  qui   indique  que  la  portion  du  fil  tournée  vers  l'élec- 


(  763  ) 
Irode  négatif  a  acquis  un  pouvoir  électro-moteur  secondaire  bien  plus  fort 
que  l'autre.  On  obtient  exactement  les  mêmes  résultats  en  opérant  sur  un 
uerf  sciatique  de  poulet,  de  brebis  ou  de  grenouille  :  avec  les  deux  premiers 
les  courants  secondaires  persistent  davantage  et  ont  plus  d'intensité.  J'ai 
déjà  montré  dans  mes  communications  précédentes  que  les  polarités  se- 
condaires se  manifestent  longtemps  après  que  les  nerfs  ont  perdu  toute  trace 
d'excitabilité,  et  qu'on  obtient  les  nerfs  sciatiques  d'un  poulet  polarisés  sur 
une  préparation  qui  consiste  à  avoir  les  deux  nerfs  attachés  d'une  part  aux 
jambes,  et  de  l'autre  au  morceau  de  moelle  épinière,  et  en  faisant  passer  le 
courant  d'une  jambe  à  l'autre.  Après  le  passage  du  courant  on  a  la  même 
réaction  chimique  dans  les  différents  points  du  nerf,  telle  que  nous 
l'avons  vue  sur  les  fils  de  platine  couverts  du  fil  de  chanvre. 

»  II  est  très-facile  de  montrer  la  différence  du  pouvoir  électro -moteur 
secondaire  d'un  nerf  dans  les  deux  parties  en  contact  des  électrodes.  J'ai 
déjà  décrit  autrefois  ce  résultat,  mais  j'ai  réussi  dernièrement  à  l'obtenir 
d'une  manière  encore  plus  facile  et  plus  nette  qu'auparavant.  Je  prends 
deux  nerfs  sciatiques  égaux  sur  le  même  animal,  je  les  pose  à  côté  l'un  de 
l'autre  sur  les  deux  coussinets  de  flanelle,  et  je  fais  passer  le  courant  de 
8  à  10  éléments,  qui  se  partage  à  peu  près  également  entre  les  deux  nerfs. 
Le  courant  secondaire  fixe  obtenu  par  un  des  nerfs  est  de  35°,  et  celui  de 
l'autre  nerf  est  sensiblement  le  même.  Ces  deux  nerfs  opposés  ne  donnent 
aucune  trace  de  courant  différentiel.  En  repliant  séparément  à  moitié  cha- 
cun de  ces  nerfs,  et  en  les  essayant  au  galvanomètre,  on  a  un  courant  dif- 
férentiel de  24°  à  25°,  dû  à  la  portion  la  plus  rapprochée  de  l'électrode  po- 
sitif. J'ai  aussi  constamment  vérifié  que,  en  comparant  deux  nerfs  traversés 
par  le  même  courant,  l'un  en  sens  contraire  à  la  ramification,  l'autre  dans 
le  sens  de  la  ramification,  on  a  constamment  un  courant  différentiel  dirigé 
par  le  nerf  parcouru  en  sens  contraire  de  la  ramification. 

»  Il  ne  me  reste  plus  maintenant  qu'à  appliquer  ces  résultats  à  l'électro- 
physiologie.  Nous  savons  aujourd'hui  qu'en  agissant  avec  le  courant  le  plus 
faible  possible  sur  un  nerf  doué  du  plus  haut  degré  d'excitabilité,  le  résultat 
qu'on  obtient  et  qu'on  doit  considérer  comme  le  phénomène  électro- 
physiologique le  plus  simple,  c'est  la  contraction  en  fermant  par  le  courant 
direct.  Avec  un  courant  plus  fort  et  en  prolongeant  l'action  de  l'électricité, 
on  a  la  contraction  par  le  courant  inverse  à  l'ouverture  du  circuit.  C'est 
Ritter  qui  a  vu  le  premier  un  fait  très-remarquable  et  qui  consiste  dans  la 
contraction  tétanique  et  très-prolongée  du  membre  parcouru  par  le  cou- 
rant inverse,  réveillée  à  l'ouverture   du   circuit.  J'ai  étudié  longuement 

ioo.. 


(  7^4  ) 
ce  fuit  dans  un  Mémoire  publié  dans  les  Plnlosoplùcal  Transactions,  et  j'ai 
prouvé  que  si  on  coupe  le  nerf  précisément  à  son  entrée  dans  le  muscle 
de  la  cuisse  on  n'obtient  pas  le  phénomène  de  Ritter,  tandis  qu'on  est  sûr 
de  réussir  en  coupant  le  nerf  plus  en  haut.  J'ai  réussi  également  à  obte- 
nir la  contraction  tétanique  du  membre  parcouru  par  le  courant  inverse  en 
mouillant,  avec  la  pointe  d'un  pinceau  imbibé  d'eau,  une  très-petite  por- 
tion du  nerf,  qui  est  celle  très-rapprochée  du  muscle,  tandis  que  cela  n'ar- 
rive pas  en  mouillant  la  partie  plus  éloignée.  Le  fait  de  Ritter  exige  un  pas- 
sage très-prolongé  du  courant,  et  si  alors  le  nerf  est  mouillé,  on  n'a  plus  la 
contraction  tétanique  et  on  obtient  seulement  une  contraction  passagère  à 
l'ouverture  du  circuit. 

»  Rappelons-nous  maintenant  que  l'excitabilité  mise  en  jeu  par  les  stimu- 
lants ordinaires,  indépendamment  de  l'électricité,  persiste  davantage  dans 
le  nerf  parcouru  par  le  courant  inverse  que  dans  le  nerf  parcouru  par  le 
courant  direct.  Nous  sommes  ainsi  amené  à  expliquer  le  phénomène  de 
Ritter  et  en  général  les  contractions  éveillées  par  le  courant  inverse  à  l'ou- 
verture du  circuit,  en  les  attribuant  au  courant  secondaire,  qui  est  direct, 
dans  un  nerf  qui  a  été  parcouru  par  le  courant  voltaïque  inverse,  et  qui  cir- 
cule au  moment  où  l'on  ouvre  le  circuit  de  la  pile,  surtout  dans  la  partie  la 
plus  rapprochée  du  muscle  où  le  pouvoir  électro-moteur  secondaire  est  plus 
fort.  D'après  ce  que  nous  avons  vu,  on  peut  présumer  que  c'est  principale- 
ment dans  la  partie  axiale  du  nerf  que  la  polarité  secondaire  se  développe; 
en  ouvrant  le  circuit,  cette  polarité  doit  circuler  comme  il  arrive  dans  le 
fil  de  platine  couvert  d'une  couche  humide  de  l'intérieur  à  la  coucbe  qui 
enveloppe  la  partie  axiale  du  nerf  et  excite  ainsi  le  nerf  qu'elle  parcourt 
suivant  sa  ramification.  Telle  est  l'explication  physique  et  établie  par  l'ex- 
périence, que  nous  croyons  avoir  réussi  à  donner  d'un  phénomène  électro- 
physiologique jusqu'ici  très-obscur.  » 

«  M.  Antoine  d'Abbadie  fait  hommage  de  ses  deux  Cartes  contenant 
Inàrya  et  Kaffa,  points  extrêmes  atteints  par  lui  dans  ses  longs  voyages  en 
Etbiopie.  La  couleur  rouge  est  employée  dans  ces  Cartes  tant  pour  indiquer 
les  routes  suivies  par  le  voyageur  que  pour  écrire  les  noms  et  les  altitudes 
déterminées  par  la  géodésie.   » 

M.  Cavley,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  pour  la 
Section  d'Astronomie,  adresse  à  l'Académie  ses  remerciments. 


(  -fi&  ) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Correspondant  pour  la  Section  d'Astronomie,  en  remplacement  de  feu 
M.  Bond. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  45, 

M.   Mac  Lear  obtient.   ...     4°  suffrages. 

M.   Plantamour i  » 

M.   O.  Struve 2  » 

Un  billet  porte  un  nom  évidemment  écrit  par  erreur. 

M.  Mac  Lear,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  déclaré  élu. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomi- 
nation d'un  Correspondant  de  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de 
M.  Liebig,  devenu  Associé  étranger. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  44, 

M.  Schœnbein  obtient.   .    .     43  suffrages. 
M.   Piria r  » 

M.  Schœnbein,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  dé- 
claré élu. 

Deux  autres  scrutins  ont  pour  objet  la  nomination  de  deux  Commissions 
des  prix,  et  donnent  les  résultats  suivants  : 

Grand  prix  de  Mathématiques  :  Question  concernant  la  théorie  mathéma- 
tique des  phénomènes  capillaires. 

Commissaires,  MM.  Pouillet,  Bertrand,  Liouville,  Fizeau,  Duhamel. 

Prix  Bordin:  Question  concernant  les  vaisseaux  du  latex. 
Commissaires,  MM.  Brongniart,  Decaisne,  Duchartre,  ïulasne,  Montagne. 

MÉMOIRES  PRESENTES. 

CHIMIE  appliquée.  —  Note  sur  la  statique  chimique  des  êtres  organisés; 
par  M.  J.-A.  Rarkal. 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  Bernard.) 

«   Dans  leur  Essai  de  Statique  chimique  des  êtres  organisés,  MM.  Dumas 


(  766) 
et  BoussingnuU  ont  donné  les  traits  généraux  d'une  grande  loi  naturelle, 
mais  il  reste  plusieurs  questions  de  détail  à  résoudre,  et,  parmi  elles,  une 
des  plus  importantes  est  celle  du  passage  de  l'azote  des  animaux  dans  l'at- 
mosphère et  de  son  retour  de  l'atmosphère  dans  les  plantes,  et  delà  dans  les 
animaux. 

»  Parmi  les  expériences  faites  sur  les  animaux,  les  unes  ont  été  directes, 
c'est-à-dire  qu'elles  ont  consisté  à  examiner  les  produits  de  l'expiration  ;  les 
autres  ont  été  indirectes,  c'est-à-dire  qu'elles  ont  consisté  à  analyser  les  ma- 
tières ingérées,  puis  les  matières  excrétées,  et  à  conclure  par  la  différence, 
s'il  y  avait  une  différence,  quelle  quantité  d'azote  avait  pu  être  exhalée.  Les 
expériences  directes  d'Edwards,  de  Dulong,  de  M.  Despretz,  et  enfin  de 
MM.  Regnaultet  Reiset,  ne  laissent  pas  de  doute  sur  la  réalité  même  du 
phénomène  :  les  animaux  expirent  réellement  une  quantité  d'azote  supé- 
rieure à  celle  qu'ils  inspirent  dans  l'acte  de  la  respiration.  Cette  quantité 
n'est  qu'une  fraction  assez  faible,  un  centième  tout  au  plus  de  l'acide  car- 
bonique rendu  dans  l'atmosphère;  elle  varie  selon  le  mode  d'alimentation 
et  suivant  diverses  circonstances  dépendant  de  l'état  de  santé  de  l'animal. 

i>  Cette  manière  d'envisager  les  faits  suffit  pour  la  physiologie,  mais  elle  ne 
montre  pas  l'intérêt  qui  s'y  attache  pour  la  physique  du  globe  et  l'économie 
rurale.  La  détermination  du  rapport  entre  l'azote  ingéré  par  les  animaux  et 
la  portion  de  ce  corps  qui  n'est  pas  restituée  par  les  sécrétions  est  de  la  plus 
grande  importance  en  agriculture.  Dans  le  calcul  de  la  produclion  du 
fumier,  les  agronomes,  pour  la  plupart,  comptent  qu'en  dehors  de  ce  qui 
est  assimilé  par  le  bétail  pour  son  accroissement,  toutes  les  matières  azotées 
des  aliments  se  retrouvent  dans  les  déjections  solides  et  liquides.  Or,  rien 
n'est  plus  inexact  qu'une  telle  manière  de  voir. 

»  Lorsqu'en  1847  je  me  proposai  d'étudier  expérimentalement  cette 
question,  il  n'existait  dans  la  science  que  deux  expériences  faites  par 
M.  Boussingault  sur  un  cheval  e(  une  vache  laitière,  et  desquelles  il  résul- 
tait que  l'azote  exhalé  dans  l'atmosphère,  perdu  pour  les  fumiers,  avait  été 
dans  un  cas  de  17  pour  100,  dans  l'autre  de  i3  pour  100  de  l'azote  des  ali- 
ments. Le  cheval  avait  exhalé  24  grammes  d'azote  en  vingt-quatre  heures, 
la  vache  27  grammes  par  vingt-quatre  heures. 

»  Dans  le  cours  des  années  1847  et  1848,  j'exécutai  sur  le  corps  humain 
une  série  d'expériences  que  j'eus  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  des 
Sciences.  Il  y  fut  démontré,  entre  autres  résultats,  qu'un  homme  adulte 
exhale  par  vingt-quatre  heures  de  9  à  i4  grammes  d'azote,  un  enfant  de  cinq 
ans  3  grammes,  et  une  femme  adulte  12  grammes  ou  environ.  Ces  chiffre* 


(  7^7  ) 
correspondaient  à  plus  du  tiers  de  la  quantité  d'azote  contenue  dans  les 
aliments. 

»  En  1849,  Je  ûs  sur  Ie  mouton  trois  expériences  analogues  qui  furent 
également  soumises  à  l'Académie,  et  qui  durèrent  chacune  de  quatre  à  cinq 
jours.  Je  laisse  de  côté,  comme  pour  mes  expériences  sur  le  corps  humain, 
les  autres  questions  que  j'étudiais  en  même  temps,  pour  ne  m'occuper  ici 
que  du  problème  de  l'azote.  Mes  recherches  démontrèrent  que  le  mouton 
exhale  par  vingt-quatre  heures  environ  6  grammes  d'azote,  ou  du  quart  au 
tiers  de  l'azote  contenu  dans  les  aliments.  Ce  sont,  à  peu  de  chose  près,  les 
mêmes  nombres  qui  ressortent  des  intéressantes  expériences  récemment 
communiquées  à  lWcadéniie  par  M.  Reiset  sur  l'alimentation  et  l'engraisse- 
ment du  bétail.  .T'ai  aussi  montré  que  des  changements  dans  l'alimentation 
introduisent  dans  le  phénomène  des  variations  marquées. 

»  De  toutes  les  expériences  faites  sur  ce  sujet,  j'ai  conclu,  dès  i85o,  qu'il 
faut  pour  chaque  vingt-quatre  heures  48  grammes  d'azote  dans  les  aliments 
par  chaque  100  kilogrammes  de  poids  vivant,  et  que  le  quart,  c'est-à-dire 
\i  grammes,  est  exhalé  dans  l'atmosphère.  Far  an,  ioo  kilogrammes  de 
poids  vivant  exhalent  438o  grammes  d'azote.  En  d'autres  termes,  une  tète 
de  gros  bétail,  en  pleine  production  de  viande,  de  lait  ou  de  travail,  con- 
somme par  année  une  quantité  d'aliments  correspondant  à  environ  6000  kilo- 
grammes de  foin;  sur  les  matériaux  azotés  qui  se  trouvent  dans  cette  consom- 
mation fourragère,  d  y  a  une  perte,  par  suite  de  l'exhalation  atmosphérique, 
de  i5oo  kilogrammes  de  foin.  C'est  là  une  vérification  d'un  principe  déjà 
démontré  par  M.  Boussingault,  et  qui  consiste  à  dire  que  les  animaux 
domestiques  ne  sont  pas,  comme  on  le  répète  trop  souvent,  des  produc- 
teurs d'engrais,  mais  bien  des  consommateurs  ;  ils  ne  transforment  les  ma- 
tières organiques  de  leurs  aliments  en  matériaux  rapidement  assimilables 
par  les  plantes  qu'au  prix  d'une  perte  notable.  Il  en  résulte  la  justification 
de  l'avantage  de  l'enfouissement  des  récoltes  vertes  pour  fumure,  lorsqu'on 
n'est  pas  pressé  d'avoir  des  matériaux  très-rapidement  assimilables  par  les 
plantes,  ou  bien  lorsque  l'engraissement,  ou  l'élève  du  bétail  sont  des  opé- 
rations trop  peu  rémunératrices.  Il  en  résulte  encore  que  la  fertilité  d'un 
domaine  rural  entretenant  du  bétail,  et  n'exportant  d'ailleurs  aucune  denrée, 
ne  pourrait  se  maintenir  entière  sans  une  importation  d'engrais  extérieurs, 
tirés  du  commerce  ou  introduits  par  les  irrigations.  Il  ne  saurait  en  être  au- 
trement quesi  les  cultures  fourragères  reprenaient  à  l'atmosphère  l'azote  que 
le  bétail  y  exhale  incessamment.  On  se  trouve  ainsi  conduit  à  examiner  la 


(  768) 
contre-partie  du  problème  de  statique  chimique  posé  par  l'économie  rurale, 
et  qui  n'est  pas  moins  intéressant  à  résoudre  pour  la  physique  du  globe. 
On  ne  pourrait  pas,  en  effet,  admettre  la  stabilité  de  la  composition  de 
l'air  atmosphérique,  si  les  êtres  animés  cpii  vivent  à  la  surface  de  notre  pla- 
nète exhalaient,  sans  qu'il  y  eût  une  cause  de  restitution,  une  quantité 
d'azote  aussi  importante  que  celle  que  les  expériences  sur  les  animaux 
signalent.  11  faut  que  des  causes  naturelles  enlèvent  à  l'atmosphère  de  4  à 
5  kilogrammes  d'azote  par  hectare  et  par  an;  car  on  doit  évaluera  environ 
ioo  kilogrammes  le  poids  moyen  des  êtres  vivants  qui  existent  sur  chaque 
hectare. 

»  C'est  en  vain  que  l'on  a  cherché  à  mettre  en  évidence  l'assimilation 
directe  de  l'azote  gazeux  par  les  végétaux.  Toutes  les  expériences  bien  faites, 
c'est-à-dire  qui  ne  laissent  rien  à  désirer  sous  le  rapport  des  précautions 
prises  dans  le  but  d'éviter  des  erreurs  trop  faciles  à  commettre  sur  ce  sujet 
délicat,  ont  abouti  à  des  résultats  négatifs.  Et  cependant  les  belles  recher- 
ches de  M.  Boussingault  ont  incontestablement  établi  que  les  plantes  em- 
pruntent une  partie  de  l'azote  que  l'on  trouve  dans  leurs  tissus  à  une  autre 
source  que  le  sol  ou  les  engrais  avec  lesquels  leurs  racines  sont  mises  en 
contact,  ou  en  d'autres  ternies  à  l'azote  atmosphérique  absorbé  par  une 
voie  indirecte.  Pour  essayer  d'élucider  cette  question,  j'ai  entreprisen  1 8 j i 
mes  expériences  sur  les  eaux  pluviales  de  Paris.  Ces  expériences,  exécutées 
jusqu'en  1 854  a  la  campagne  et  à  Paris,  ont  prouvé  la  permanence  du  ni- 
trate d'ammoniaque  dans  l'atmosphère  et  son  entraînement  par  les  eaux 
météoriques  qui  arrosent  toutes  les  cultures.  J'ai  fait  voir  le  premier,  je 
le  crois  du  moins,  que  l'acide  nitrique  et  l'ammoniaque  n'existent  pas  seu- 
lement accidentellement  dans  les  pluies  d'orage,  mais  que  les  deux  corps, 
sans  se  saturer  nécessairement  équivalent  à  équivalent,  se  rencontrent  régu- 
lièrement en  quantité  dosable  dans  toutes  les  eaux  pluviales.  Néanmoins  la 
proportion,  constatée  plus  grande  dans  les  eaux  ayant  lavé  l'atmosphère 
des  villes  cpie  dans  celles  ayant  lavé  l'atmosphère  des  campagnes,  ne  suffit 
pas  complètement  pour  expliquer  l'exhalation  de  l'azote  par  1rs  ;  nimaux, 
quoiqu'elle  puisse  rendre  compte  en  partie  de  la  production  des  lécoltes 
dans  les  terrains  soumis  au  système  de  culture  par  la  jachère  non  fumée. 

»  La  nitrification  de  l'azote  atmosphérique,  dans  le  sein  mèn  e  <!<•  la  (erre 
arable,  m'a  paru  devoir  être  la  source  à  laquelle  les  plantes  puisent  la  pins 
grande  partie  de  leurs  matières  azotées  supplémentaires.  Pour  contribuer 
pour  ma  part  à  prouver  cette  vue,  partagée  depuis  longtemps  par  les  savants 


(  7%  ) 
les  plus  illustres,  je  songeai  à  rechercher  la  présence  des  nitrates  dans  les 
eaux  du  drainage;  j'ai  trouvé  ces  eaux  d'autant  plus  riches  en  nitre  qu'elles 
provenaient  de  terrains  plus  fertiles.  L'écoulement  des  eaux  par  les  drains 
souterrains  peut  ainsi  donner  lieu  dans  les  exploitations  rurales  à  une  perte 
à  laquelle  on  obvie  en  employant  ces  eaux  à  des  irrigations. 

»  On  a  prétendu  que  la  nitrification  s'effectue  au  sein  de  la  terre  par  le 
fait  même  de  la  végétation.  Mais  j'ai  fait,  dans  le  courant  des  années 
1861  et  1862,  végéter  plusieurs  plantes,  et  notamment  du  lupin,  de  l'orge 
et  du  cresson  alénois,  dans  des  atmosphères  confinées  et  complètement 
privées  d'azote,  ne  contenant  que  de  l'oxygène  et  de  l'acide  carbonique,  et 
j'ai  retrouvé  constamment  un  dégagement  d'azote.  D'où  on  peut  conclure 
que  la  ^végétation,  loin  de  prendre  directement  de  l'azote  à  l'atmosphère, 
peut  lui  en  restituer.  Il  est  vrai  que  l'azote  dégagé  dans  ces  expériences  peut 
provenir  en  partie  des  semences,  en  partie  de  la  putréfaction  de  quelques 
organes  de  la  plante  produite,  ou  bien  encore  des  matières  organiques  du 
sol. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  comme  l'accroissement  de  la  fertilité  de  toutes  les 
terres  arables  que  j'ai  pu  observer  ne  dépend  pas  seulement  de  l'emploi  des 
fumures  abondantes,  mais  qu'il  faut  en  même  temps  que  la  profondeur  des 
labours  et  la  facilité  de  l'aération  du  sol  s'augmentent  pour  qu'il  y  ait  une 
plus  grande  abondance  dans  les  récoltes,  il  est  excessivement  probable  que 
la  nitrification  de  l'azote  de  l'air  est  le  moyen  employé  par  la  nature  pour 
ramener  à  la  terre  l'azote  exhalé  dans  l'atmosphère  par  les  êtres  vivants. 
Partout  où  le  rendement  moyen  des  terres  a  été  doublé,  on  peut  dire  qu'é- 
galement on  a  aussi  doublé,  par  des  labours  profonds  ou  d'autres  opéra- 
tions mécaniques,  le  volume  delà  couche  meuble,  et  en  même  temps  on  y  a 
accumulé  les  divers  éléments  qui,  d'après  les  intéressantes  expériences  de 
M.  Cloèz,  sont  les  plus  propres  à  l'accomplissement  du  phénomène. 

»  Lorsque  dans  une  ferme  on  augmente  le  bétail  qu'elle  nourrit,  ce  que 
l'on  regarde  comme  le  signe  le  plus  probant  des  améliorations  effectuées,  on 
accroît  aussi  la  consommation  des  matières  azotées  produites  par  la  respira- 
tion des  animaux.  En  revanche,  on  n'y  maintient  et  on  n'y  augmente  lafer- 
tilité  du  sol  qu'en  y  favorisant  une  plus  abondante  nitrification  par  l'addi- 
tion de  matériaux  convenables  et  par  des  méthodes  de  culture  appropriées.  » 


C    R..  i863,   Ier  Semestre,  (T.  LVI,  N°  16.)  IOI 


(  77°  ) 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  l'existence  de  nodules  de  phosphate  de  chaux,  analogues 
à  ceux  de  tun,  de  la  Flandre,  dans  les  terrains  crétacés  du  déparlement  de 
la  Dordogne ;  par  M.  Meugy.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Boussingault,  Payen,  Passy.) 

«  Je  viens  de  constater  auprès  de  Périgueux  un  nouveau  gisement  de 
phosphate  de  chaux,  dans  le  terrain  crétacé.  Ce  gisement  se  trouve  immé- 
diatement au-dessus  des  calcaires  à  rudistes,  entre  la  zone  à  Ammonites 
peramplus  et  celle  à  Spondylus  truncalus,  c'est-à-dire  entre  le  turonien  moyen 
et  le  turonien  supérieur. 

»  Je  l'ai  ohservé  dans  la  tranchée  de  Gourd-de-1'Arche,  sur  le  chemin 
de  ter  de  Périgueux  à  Limoges.  On  voit  dans  cette  tranchée  des  calcaires 
marneux  compactes,  bleuâtres  ou  grisâtres,  quelquefois  jaunâtres  et  cris- 
tallins, avec  Hippurites  organisans  et  cornuvaccinum  de  grandes  dimensions, 
recouverts  par  un  système  glauconieux  qui  se  compose  principalement  de 
calcaires  blanchâtres,  compactes  ou  noduleux,  en  couches  alternatives, 
mêlés  de  grains  verts  en  plus  ou  moins  grande  quantité  et  avec  divers  fos- 
siles (ostracés,  ptérodontes,  trigonies,  mytilus,  ammonites,  lima,  venus, 
cyprines,  actéonelles,  etc.). 

»  Ce  sont  les  couches  noduleuses  dans  lesquelles  j'ai  soupçonné  la  pré- 
sence du  phosphate  de  chaux,  à  cause  de  la  ressemblance  qu'elles  présenlent 
avec  celles  de  la  côte  Sainte-Catherine,  à  Rouen. 

»  J'ai  recueilli  quelques  échantillons  de  ces  nodules,  que  j'ai  soumis  a 
un  essai  qualitatif  sommaire,  en  suivant  le  procédé,  aussi  simple  que  ra- 
pide, indiqué  par  M.  Malaguti. 

•>  Le  premier  échantillon  que  j'ai  essayé  m'a  donné  un  précipité  notable. 
Cet  échantillon  était  d'un  blanc  un  peu  jaunâtre,  compacte,  légèrement 
micacé  avec  grains  verts  disséminés  et  concentrés  en  masse  en  certains 
points.  Cinq  autres  échantillons,  pris  à  divers  niveaux,  ne  m'ont  donné 
que  de  très  faibles  précipités.  Je  me  hâte  d'ajouter  que  la  présence  des  co- 
quilles ne  peut  m'avoir  fait  prendre  le  change  à  ce  sujet,  car  les  échantil- 
lons où  elles  étaient  le  plus  nombreuses  n'ont  fait  reconnaître  en  quelque 
sorte  que  des  traces  d'acide  phosphorique.  La  plus  grande  proportion  dé 
cet  acide  semble  coïncider  avec  la  présence  des  grains  verts  et  la  compacité 
de  la  roche.  Les  nodules,  très-durs  et  sans  grains  verts,  sont  au  contraire 
les  moins  riches.  Dans  tous  les  cas,  on  peut  recommander  aux  agriculteurs 


(  77'  ) 
du  pays  d'employer  de  préférence  la  chaux  provenant  de  ces  calcaires  pour 
le  chaulage  de  leurs  terres. 

»  Maintenant,  quel  est  l'âge  de  ce  terrain?  Il  repose  sur  le  calcaire  à  hip- 
purites,  et  se  trouve  placé  à  la  base  d'une  craie  glauconieuse  exploitée 
comme  pierre  à  bâtir  autour  de  Périgueux,  et  renfermant  entre  autres  fos- 
siles :  Oslrea  auricularis,  rynchonelles,  pentacrinites,  lima,  Micraster  breins 
et  Spoitdjlus  truncatus.  A  cette  craie  glauconieuse  succèdent  des  calcaires 
plus  friables  toujours  avec  grains  verts,  un  calcaire  bleuâtre  à  sphérulites, 
puis  des  craies  marneuses  à  silex,  avec  Ostrea  vesicularis  et  matlieroniana, 
puis  enfin  des  craies  jaunâtres  avec  Hippurites  radiosus  et  autres  rudistes. 

»  La  forme  du  terrain  qui  nous  occupe  paraît  différente  de  celle  qui 
caractérise  par  ses  rudistes  les  couches  turoniennes  inférieures;  mais  ce 
terrain  se  rapproche  beaucoup,  au  point  de  vue  minéralogique,  des  couches 
glauconieuses  qui  recouvrent,  clans  le  nord  de  la  France,  les  cornus  de  Va- 
lenciennes  et  de  Mons.  Ainsi  les  craies  micacées,  parsemées  de  grains  verts, 
des  environs  du  Cateau,  me  paraissent  tout  à  fait  analogues  aux  craies  friables 
de  même  nature  qu'on  observe  à  Périgueux  sur  la  rive  gauche  de  l'Isle.  La 
présence  des  nodules  phosphatés  serait  encore  un  caractère  qui  permettrait 
l'assimilation  des  deux  terrains. 

»  Un  fait  général  qui  m'a  frappé,  c'est  l'analogie  qui  existe  entre  les 
couches  crétacées  du  bassin  pyrénéen  et  celles  du  bassin  de  Paris,  sous  le 
rapport  minéralogique;  analogie  qu'on  ne  reconnaît  plus  dans  le  bassin  de 
la  Méditerranée,  ou  au  moins  dans  le  département  du  Gard. 

»  Un  second  fait  qui  a  aussi  sa  valeur,  c'est  que,  nulle  part  sur  le  terrain 
crétacé  de  la  Dordogne,  on  ne  rencontre  des  sols  nus,  arides  et  dépourvus 
de  bois  comme  dans  la  Champagne  ;  et  la  cause  en  est  que  la  craie  blanche 
pure  n'existe  pas,  et  que  presque  partout  les  couches  crayeuses  sont  de 
natures  diverses  et  plus  ou  moins  mêlées  d'argile,  qui  leur  permet  de  retenir 
une  certaine  quantité  d'eau  à  l'avantage  de  la  végétation. 

»  Si  la  craie  sénonienne  existait  dans  la  Dordogne,  on  se  demande  en 
effet  comment  il  pourrait  se  faire  qu'elle  ne  s'y  présentât  pas  avec  les 
caractères  qu'on  lui  connaît  aux  environs  de  Paris,  lorsqu'il  y  a  tant  de 
rapports  minéralogiques  d'ailleurs  dans  l'ensemble  des  couches  crétacées 
des  deux  bassins. 

»  Je  suis  donc  porté  à  penser  que  la  craie  blanche  n'est  pas  représentée 
dans  ce  pays,  mais  que  la  craie  glauconieuse,  souvent  phosphatée,  placée 
à  la  partie  supérieure  de  l'étage  nervien,  et  qui  n'a  qu'une  faible  épaisseur 

ior.. 


(  77-  ) 
dans  le  Nord,  où  elle  est  connue  sous  le  nom  de  tun,  prend  au  contraire  ici 
un  grand  développement. 

<>  Cette  opinion  concorderait  avec  les  indications  de  la  carte  géologique 
de  France,  où  on  a  compris  dans  la  craie  inférieure  (C,  )  toutes  les 
couches  glauconieuses  inférieures  à  la  craie  blanche  proprement  dite,  et 
dont  la  plus  élevée  dans  le  Nord  est  celle  qui  surmonte  les  silex  cornus  de 
Valenciennes. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  j'ai  cru  devoir  signaler  les  craies  phosphatées  des 
environs  de  Périgueux,  parce  qu'elles  peuvent  servir  à  établir  un  lien  entre 
les  terrains  qui  les  renferment  et  ceux  d'autres  contrées,  et  aussi  permettre 
de  retrouver  les  mêmes  nodules  en  d'autres  points.  Je  vois  signalée,  par 
exemple,  dans  une  note  de  M.  l'abbé  Bourgeois  [Bulletin  de  la  Société  géolo- 
gique, septembre  186a,  p.  65o,  à  662),  une  craie  noduleuse  ou  un  calcaire 
compacte  noduleux,  caverneux,  à  la  partie  supérieure  de  la  zone  à  Ammo- 
nites peramplus  et  sous  la  zone  à  Spondylus  truncatus,  c'est-à-dire  au  même 
niveau  géologique  que  les  calcaires  phosphatés  de  Périgueux.  Or,  il  serait 
intéressant  de  rechercher  si  ces  calcaires  noduleux  et  plus  ou  moins  glau- 
conieux  de  la  Touraine  reuferment  aussi  de  l'acide  phosphorique.  » 

chimie  agricole.  —Sur  la  nutrition  des  arbres  forestiers,  des  arbres  employés  dans 
les  constructions  et  des  arbres  fruitiers;  par  M..  Em.  Gpevmard.  (Extrait.  ) 

(Commissaires,  MM.  Elie  de  Beaumont,  Boussingault,  Payen.) 

«  M.  Berthier,  mon  illustre  maître,  avait  analysé  les  cendres  de  plusieurs 
arbres,  dans  un  but  métallurgique.  Il  avait  déterminé  la  quantité  de  char- 
bon de  chaque  espèce  d'essence,  il  avait  dosé  les  éléments  des  cendres  des 
charbons  employés  pour  la  fusion  des  minerais.  Occupé  depuis  quelques 
années  des  études  sur  la  nutrition  des  végétaux,  j'ai  recherché  dans  tous 
les  ouvrages  les  analyses  des  cendres  des  arbres  de  toute  espèce.  J'ai  réuni 
celles  des  docimastes  dont  les  noms  inspirent  toute  confiance.  J'ai  trouvé 
des  lacunes  pour  les  arbres  fruitiers  et  j'en  ai  fait  les  analyses.  J'ai  com- 
posé le  tableau  ci-joint  qui  présente  les  éléments  constitutifs  d'un  grand 
nombre  d'arbres  et  de  vignes.  Dans  la  première  colonne  se  trouvent  les 
noms  des  éléments  des  cendres  de  ces  végétaux. 


773) 


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(branches  moyennes  ). 

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(  774  ) 

»  Les  sels  solubles  sont  composés  en  très-grande  quantité  de  carbonate 
de  potasse.  Il  y  a  souvent  du  carbonate  de  soude  et  une  petite  quantité  de 
sulfates  et  de  chlorures.  La  silice  se  trouve  dans  toutes  les  cendres  des 
arbres,  mais  en  très-faible  quantité;  elle  varie  de  1  à  10  sur  100  en  géné- 
ral. Les  exceptions  se  font  remarquer  pour  les  feuilles  de  chêne,  les  buis  et 
le  cep  de  vigne  du  treillage.  La  chaux  est  le  principe  dominant,  et  les  chif- 
fres varient  de  3o  à  L\i.  pour  100,  sauf  quelques  exceptions.  Heureusement 
cet  élément  se  trouve  dans  presque  tous  les  terrains  à  l'état  de  carbonate  ou 
de  silicate.  Pendant  longtemps  on  a  cru  que  la  magnésie  frappait  de  stéri- 
lité tous  les  végétaux.  Dans  les  cendres  de  notre  tableau,  presque  tous  les 
arbres  en  contiennent.  Les  lacunes  que  l'on  peut  remarquer  n'excluent  pas 
la  magnésie,  que  l'on  a  souvent  précipitée  avec  la  chaux.  Je  l'ait  fait  moi- 
méme  dans  quelques  analyses.  Dans  les  cendres  des  végétaux,  il  y  a  peu  de 
soude  par  rapport  à  la  potasse,  comme  il  y  a  peu  de  magnésie  par  rapport 
a  la  chaux  ;  en  d'autres  termes,  l'assimilation  de  la  chaux  et  de  la  potasse 
est  beaucoup  plus  forte  que  celle  de  la  magnésie  et  de  la  soude. 

»  Un  élément  impérieusement  nécessaire  à  tous  les  végétaux,  c  est 
l'acide  phosphorique  combiné  avec  la  chaux,  la  magnésie,  les  oxydes  de  fer, 
de  manganèse.  Les  proportions,  dans  les  cendres  de  mon  tableau,  varient  de 
1,62  à  10,09  sur  100.  Ces  chiffres  sont  assez  considérables  et  donneront 
lieu  plus  tard  à  quelques  observations.  Le  sixième  élément  est  désigné  sous 
le  nom  d'acide  carbonique,  etc.,  etc.  Les  chiffres  sont  considérables  là  où 
l'on  trouve  beaucoup  de  chaux  et  de  magnésie,  mais  les  nombres  indiqués 
comprennent  aussi  quelques  principes  divers  qui  ne  jouent  aucun  rôle  im- 
portant et  la  perte  que  l'on  fait  dans  toutes  les  analyses. 

»  Ce  qui  peut  frapper  d'abord,  dans  l'examen  de  ce  tableau,  c'est  la 
petite  différence  qui  existe  dans  les  quantités  des  six  éléments.  Dans  les  cé- 
réales, la  silice  joue  un  rôle  immense,  et  dans  les  arbres  la  quantité  est 
faible;  les  arbres  assimilent  peu  de  silice  et  beaucoup  de  chaux. 

»  L'acide  phosphorique  se  trouve  dans  toutes  les  essences  avec  des  chiffres 
qui  ne  présentent  pas  de  grandes  différences.  Là  où  les  phosphates  sont 
abondants  dans  le  sol ,  l'assimilation  ne  dépasse  pas  le  chiffre  de  1  o  pour  1 00 
d'acide  phosphorique.  Les  différences  sont  plus  grandes  dans  les  sels  solu- 
bles, mais  indépendamment  des  engrais  qui  en  fournissent,  la  potasse  et  la 
soude  se  trouvent  dans  tous  les  terrains  calcaires  argileux,  dans  les  granits, 
les  porphyres,  les  terrains  volcaniques  anciens  et  modernes... 

»  Je  vais  terminer  cette  Note  par  l'étude  des  arbres  fruitiers,  des  vergers. 

»  Ces  arbres  ont  une  durée  variable  suivant  la  richesse  du  sol,  suivant 


(  775  ) 
leur  nature,  etc.  ;  clans  tous  les  cas  ils  appan\  risseut  davantage  le  sol  que  les 
arbres  forestiers.  On  fait  beaucoup  d'élagages,  on  enlève  les  bois  morts,  les 
branches  inutiles,  gourmandes  ou  trop  rapprochées,  pour  bien  aérer.  On  les 
couronne  quelquefois.  A  l'automne,  les  feuilles  tombent  ;  elles  sont  empor- 
tées par  les  vents  et  ne  profitent  pas  aux  arbres  qui  les  ont  produites.  Il  y 
a  des  fruits  annuels,  souvent  en  grande  quantité,  et  l'enlèvement  contribue 
dans  de  fortes  proportions  à  l'appauvrissement  des  arbres.  Il  faudrait  donc 
venir  en  aide  par  des  engrais,  par  des  amendements,  si  on  veut  entretenir 
la  végétation  et  la  production  des  fruits. 

»  Les  racines  des  arbres,  depuis  le  tronc  jusqu'à  leurs  extrémités,  ont  en 
moyenne  pour  les  beaux  arbres  3  à  4  mètres  de  longueur,  ce  qui  fait  que 
ces  racines  occupent  une  surface  de  27  mètres  carrés  à  48.  Quand  on  fume 
un  arbre,  on  pioche  autour  du  tronc  sur  2  mètres  de  côté,  ce  qui  fait  une 
surface  de  4  mètres  carrés  recevant  l'engrais,  et  cependant  ce  n'est  pas  la 
qu'il  faudrait  fumer,  mais  partout  où  se  trouvent  les  petites  racines  qui 
portent  la  sève  dans  le  tronc,  les  branches,  les  feuilles  et  les  fruits.  Quand 
un  arbre  a  vécu  cinquante  ans  et  plus  sur  la  place  où  il  a  été  planté,  il  a 
dévoré  les  phosphates  et  les  sels  de  potasse,  et  dans  quelques  terrains  le 
carbonate  de  chaux;  il  faut  donc  qu'il  meure  faute  d'aliments 

»  J'ai  fait  remarquer  que  les  cendres  de  tous  les  arbres  fruitiers  ont 
pour  éléments  les  sels  de  potasse,  l'acide  phosphorique,  la  chaux  et 
très-peu  de  silice.  Il  n'y  a  de  variable  que  les  proportions  dans  des  limites 
qui  ne  sont  pas  très-grandes.  De  là  la  conséquence  que  lorsque,  par 
exemple,  un  pommier,  un  poirier,  etc.,  viennent  à  périr  de  vétusté,  il  ne 
faut  pas  les  remplacer  par  un  pommier,  un  poirier,  etc.,  mais  par  des 
essences  dont  les  éléments  diffèrent  par  les  quantités.  Il  faut  également 
avoir  égard  aux  profondeurs  où  arrivent  les  racines.  Ainsi  un  arbre  pivo- 
tant peut  être  planté  à  la  place  d'un  arbre  à  racines  traçantes.  Mon  tableau 
synoptique  servira  de  règle  pour  la  conduite  des  arbres  fruitiers,  mais 
d'avance  il  doit  être  considéré  comme  incomplet.  Il  faut  y  ajouter  l'analyse 
des  feuilles  et  des  fruits  qui  disparaissent  tous  les  ans. 

»  Les  analyses  ont  été  faites  sur  le  bois  de  la  tige,  et  il  faut  y  joindre 
celle  des  branches,  des  feuilles  et  des  fruits.  On  voit  que  la  docimasie  porte 
le  flambeau  de  la  lumière  depuis  la  composition  des  cendres  des  racines 
jusqu'à  celle  des  feuilles  et  des  fruits,  et,  quand  l'analyse  du  sol  est  connue, 
on  peut  faire  le  bilan  de  toutes  les  phases  de  la  vie  d'un  arbre.  Avec  un  bon 
tableau  synoptique,  on  peut  remplir  les  lacunes  de  la  mortalité  des  arbres 
dans  les  vergers;  mais  toutefois,  quand  la  décadence  est  presque  complète. 


(  77^  ) 
il  faut  abandonner  le  terrain  occupé  par  les  arbres  et  se  transporter  sur  un 
sol  nouveau,  n'ayant  jamais  reçu  des  arbres  à  fruit.  •> 

PALEONTOLOGIE.  —  Fossiles  nouveaux  provenant  du  terrain  néocomien  du 
hassin  de  Gréoutx  (  Basses-Alpes);  par  M.  le  Dr  J.-B.  Jaubert.  (Extra.! 
par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Valenciennes,  d'Archiac,  Daubrée.) 

«  Ces  corps,  que  nous  avons  la  plus  grande  tendance  à  rapprocher  des 
Polypiers,  se  trouvent,  dans  toute  la  couche,  sous  forme  de  cylindres  cal- 
canes,  ajoutés  bout  à  bout,  dont  le  diamètre  varie  depuis  i  jusqu'à  3o  cen- 
timètres. Si  la  roche  est  friable,  on  peut  en  détacher  des  branches  plus  ou 
moins  longues,  souvent  bifurquées,  formant  les  courbes  les  plus  variées  et 
présentant  comme  caractères  :  un  mode  de  cassure  analogue  aux  articula- 
tions des  his,  une  tige  centrale  constante,  et,  à  la  surface,  quelques  traces 
de  stries  ;  cette  surface,  toujours  altérée,  ne  permet  guère  de  saisir  d'autres 
caractères  organiques.  Les  terminaisons  sont  de  trois  sortes  :  i°  en  queue 
de  rat;  2°  en  cône,  à  la  manière  des  Cyatophyllum  ;  3°  arrondie.  La  tige 
suit  probablement  les  mêmes  modifications  que  son  enveloppe.  Quand  plu- 
sieurs de  ces  corps  sont  en  contact,  ils  se  moulent  les  uns  sur  les  autres, 
se  confondent,  au  point  qu'on  ne  peut  les  reconnaître  qu'en  les  brisant. 
Plusieurs  d'entre  eux  nous  présentent  cette  singularité  :  un  cylindre  devient 
conique,  donne  naissance  à  deux  tiges  qui,  un  peu  plus  loin,  se  ressoudent 
à  laide  d'une  pièce  conique  semblable  à  la  première. 

..  S'il  ne  nous  a  pas  été  possible,  après  plusieurs  années  d'observation, 
de  rattacher  ces  corps  à  rien  de  connu,  il  ne  l'a  pas  été  davantage  aux 
hommes  les  plus  autorisés  dans  la  science,  à  qui  nous  les  avons  montrés 
et  pour  qui  ils  n'ont  cessé  d'être  une  énigme.  La  présentation  dont  nous  en 
faisons  l'objet  aura  donc  pour  but  d'appeler  l'attention  des  savants  de  tous  les 
pavs  sur  une  existence  d'autant  plus  intéressante  qu'elle  nous  semble  s'écar- 
ter en  quelques  points  de  ce  qui  nous  est  connu  des  lois  actuelles  de  l'orga- 
nisation.   » 

Deux  échantillons  de  ces  fossiles,  ainsi  que  de  nombreux  dessins  qui 
accompagnaient  le  Mémoire  dont  on  vient  de  lire  l'extrait,  sont  mis  sous 
les  yeux  de  l'Académie. 


(  777  ) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une  communication  d<- 
M.  Merget  sur  son  procédé  de  gravure;  extrait  d'une  Note  de  M.  Viai., 
présentée  par  M.  Dumas. 

«  ....  La  méthode  de  M.  Merget,  quoique  reposant  sur  le  même  prin- 
cipe que  mon  deuxième  procédé,  est  plus  compliquée,  et  il  est  difficile  de 
s'expliquer  pourquoi  il  opère  en  interposant  tant  de  doubles  de  papier, 
quand  il  était  si  simple  de  superposer  directement  l'épreuve  imprégnée  du 
sel  métallique,  ce  qui  a  l'incontestable  avantage  de  donner  un  dépôt  rapide 
adhérent  et  non  pulvérulent,  comme  dans  la  méthode  de  M.  Merget,  quelles 
que  soient  d'ailleurs  la  plaque  et  la  solution  métallique  employées. 

»  J'ai  toujours  eu  un  relief  si  sensible  par  ce  procédé,  que  j'ai  pu  faire 
tirer  des  épreuves  qui  sont  insérées  dans  mon  Mémoire,  sans  même  avoir 
besoin  d'enlever  le  dépôt,  ce  qui  m'a  suggéré  l'idée  de  l'appliquer  au  damas- 
sage  et  au  damasquinage  des  armes  en  le  faisant  ou  sans  le  faire  disparaître. 
»  M.  Merget  semble  croire  qu'il  a  été  le  premier  à  s'apercevoir  qu'on 
pouvait  à  volonté  avoir  le  relief  ou  le  creux  en  changeant  la  nature  de  l'acide; 
il  sera  intéressant  de  voir  s'il  en  a  fait  mention  dans  les  Notes  qu'il  a  dépo- 
sées sous  pli  cacheté.  Pour  ce  qui  me  concerne,  ces  faits  se  trouvent  con- 
signés pour  la  première  fois  dans  mon  Mémoire,  où  je  cite  l'exemple  de 
l'acide  nitrique  produisant  le  relief,  et  celui  des  acides  sulfurique  et  chlor- 
bydrique  produisant  au  contraire  le  creux  par  un  phénomène  électrique 
qui  fait  du  zinc,  au  contact  du  cuivre,  un  élément  de  pile  si  bien  que,  de- 
venu seize  fois  plus  vite  attaquable  dans  les  parties  couvertes,  le  zinc  y  est 
aussitôt  littéralement  dévoré  par  ces  deux  derniers  acides. 

»  J'ajouterai  que  j'avais  aussi  songé  à  tirer  parti  des  réactions  des  sels 
métalliques  les  uns  par  les  autres,  et  à  utiliser  les  doubles  décompositions, 
en  imprégnant  d'azotate  d'argent  une  feuille  de  papier  blanc,  et  la  pressant 
ensuite  contre  une  gravure  imprégnée  d'acide  pyrogallique  ou  d'un  sulfure 
alcalin,  ce  qui  permettait  d'obtenir  un  nombre  illimité  d'épreuves,  sans 
avoir  recours  à  une  planche,  la  gravure  mère  pouvant,  après  les  nettoyages, 
resservir  autant  de  fois  qu'on  le  désirait. 

»  Quant  au  procédé  par  la  pile,  j'en  laisse  la  responsabilité  à  M.  Merget. 

»  Ma  rencontre  sur  le  même  terrain  avec  M.  Merget  prouve  tout  l'intérêt 

du  sujet.  Sa  méthode  se  rapproche  de  mon  deuxième  procédé  par  le  fond 

plutôt  que  par  la  forme  :  c'est  là  ce  que  je  tenais  surtout  à  établir  pour 

sauvegarder  l'importance  de  mes  autres  procédés  sur  acier.  En  conséquence, 

C.  R.,  i863,   ier  Semeslte.  (T.  LVI,  N°  16.)  102 


(  77»  ) 
je  prie  l'Académie  de  renvoyer  devant  la  Commission  les  Notes  déposées 
sous  pli  cacheté,  qui  permettront  d'établir  d'une  manière  précise  quels 
sont  les  droits  de  M.  Merget  à  la  priorité.    » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  désignés  pour  le 
Mémoire  de  M.  Vial  et  celui  de  M.  Merget  :  MM.  Becquerel,  Dumas, 
Rpgnault,  Balard,  Fizeau.) 

ÉCONOMIE  RURALE.    —    Formation  d'alluvions  artificielles; 
Mémoire  de  M.  Dupoxchel. 

(Commissaires,  MM.  Élie  de  Beaumont,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée.) 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Aca- 
démie, dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  se  rapporte  aux  améliorations 
agricoles  qu'il  me  paraîtrait  facile  de  réaliser  par  la  fabrication  et  l'emploi 
d'alluvions  artificielles. 

»  En  régularisant  l'action  des  torrents,  en  utilisant  leur  travail  aujour- 
d'hui perdu,  pour  désagréger  les  terrains  alfouillables  des  montagnes,  et  les 
répandre  en  couches  fertiles  sur  les  régions  inférieures,  on  arriverait  à  re- 
couvrir une  grande  partie  de  la  surface  du  globe  d'une  couche  uniforme  de 
terre  éminemment  propre  à  la  production  végétale — 

»  Si  mes  idées  sont  justes,  on  verra,  dans  un  avenir  plus  ou  moins  éloigné, 
le  territoire  des  nations  civilisées  sillonné  d'un  nombre  infini  de  canaux  de 
colmatage,  analogues  à  ceux  que  j'indique  déjà,  et  qui  porteraient  la  vie  et 
la  fécondité  sur  les  contrées  actuellement  les  plus  déshéritées.  » 

M.  Verxois  adresse,  à  l'occasion  d'une  communication  de  M.  Deroj  sur 
la  non-absorption  des  médicaments  durant  la  période  algide  du  choléra, 
des  recherches  historiques  sur  l'époque  à  laquelle  ce  fait  a  été  signalé  pour 
la  première  lois,  et  sur  la  part  qu'il  a  eue  lui-même  à  sa  constatation. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Bréant  comme  pièce  à  joindre  à  la  Note 

de  M.  Deroy.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  LE  MiXISTKE  DE   l' AGRICULTURE,   DU  COMMERCE    ET   DES    TRAVAUX  PUBLICS 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  le  n°  iodu  Catalogue  des  Brevets 
d'invention  pris  pendant  l'année  1862. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  envoie,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut. 


(  779  ) 
un  exemplaire  du  tome  VIII  de  la  3e  série  des  «  Mémoires  de  Médecine,  de 
Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  des  auteurs  : 

Un  exemplaire  du  Rapport  de  M.  Delesse  sur  les  matériaux  de  construc- 
tion compris  dans  la  partie  française  de  l'Exposition  universelle  de  1862; 

Une  Notice  sur  les  travaux  agricoles  de  M.  Chambrelent  ; 

Le  «  Bulletin  de  l'Observatoire  physico-météorologique  de  la  Havane  », 
publié  par  le  directeur  M.  Poe/,  numéros  de  juillet  à  décembre  1862. 

PALÉONTOLOGIE  HUMAINE.  —  Mâchoire  humaine  découverte  à  sibbeville  dans 
un  terrain  non  remanié;  Noie  de  M.  Boccher  de  Perthes,  présentée 
par  M.  de  Quatrefages. 

n  Une  longue  expérience  m'ayant  appris  qu'une  des  causes  qui  empêchent 
le  naturaliste  de  recueillir  des  ossements  humains  dans  les  terrains  qu'il 
explore  est  l'habitude  qu'ont  les  terrassiers  de  faire  disparaître  ces  débris  , 
j'avais  depuis  quelques  années  offert  une  assez  forte  prime  à  ceux  qui  m'en 
apporteraient,  m'engageant  à  doubler  la  récompense  s'ils  me  faisaient  voir 
ces  restes  sans  les  déplacer  ou  dans  le  lieu  même  où  ils  les  auraient  décou- 
verts. 

»  Dès  ce  moment  il  m'en  fut,  beaucoup  présenté.  On  m'en  signala  d'au- 
tres que  j'allai  reconnaître  sur  les  lieux.  Dans  ces  ossements  il  y  en  avait  de 
fort  anciens,  quelques-uns  de  curieux,  mais  pas  un  seul  qui  tût  fossile. 

»  Vers  la  fin  de  j  86 1 ,  en  faisant  fouiller  dans  la  sablière  de  Moulin- 
Guignon,  banc  situé  près  d'Abbeville,  à  3o  mètres  au-dessus  du  niveau  de 
la  Somme,  je  remarquai  à  l\  et  5  mètres  au-dessous  du  sol  un  lit  de  sable 
brun  tranchant  très-fort  sur  les  couches  supérieures  de  sable  jaune  ou  gris 
et  reposant  sur  la  craie. 

»  Cette  veine  argilo-ferrugineuse ,  presque  noire,  imprégnée  d'une 
matière  colorante  s'attachant  aux  doigts,  et  qui  doit  contenir  des  matières 
organiques,  varie  de  3o  à  60  centimètres  d'épaisseur;  elle  ne  se  confond  pas 
avec  les  bancs  supérieurs,  et  suit  toutes  les  ondulations  de  la  craie  sur 
laquelle  elle  repose  à  une  profondeur  de  4  à  5  mètres  de  la  superficie. 

»  Pendant  l'année  1862  et  les  premiers  mois  de  1 863  la  carrière  de 
Moulin-Guignon  étant  restée  ouverte,  je  pus  y  étudier  cette  couche  et  j'y 
trouvai  plusieurs  silex  taillés  en  hachettes,  les  unes  fort  grossières  et  diffé- 
rant, par  la  couleur  et  par  leur  coupe,  de  celles  des  bancs  supérieurs;  les 

102.. 


(  7»o  ) 
uitres  beaucoup  mieux  faites,   rarement  roulées  et  peu  endommagées,  ce 
<|ue  j'attribuai  à  la  nature  du  lit  moins  caillouteux  que  ceux  du  dessus. 

»  L'état  de  conservation  de  ces  haches,  dû  à  l'absence  de  gros  silex  dans 
cette  couche,  et,  comme  je  viens  de  le  dire,  une  certaine  apparence  de 
matières  organiques,  me  firent  espérer  d'y  trouver  des  ossements  ou  des 
coquilles.  Je  le  dis  aux  terrassiers,  en  leur  renouvelant  ma  prescription  de 
laisser  en  place  ce  qu'ils  pourraient  découvrir. 

»  Le  a3  mars,  l'un  de  ces  terrassiers,  Nicolas  Halattre,  m'apporta  dans 
une  masse  de  sable  deux  haches  en  silex  trouvées  à  4m>5o  de  profondeur.  A 
i5  centimètres  plus  bas,  près  de  la  craie,  était,  dans  ce  même  sable,  un 
fragment  d'os,  ou  ce  qu'il  prenait  pour  tel,  mais  qu'après  avoir  dégagé 
de  sa  gangue  je  reconnus  pour  une  dent  humaine. 

»  Une  demi-heure  après  j'étais  à  Moulin-Guignon  :  je  vis  la  place  d'où 
les  deux  hachettes  et  la  dent  avaient  été  extraites,  et  l'exposé  de  Halattre 
me  fut  confirmé  par  les  autres  terrassiers. 

»  De  la  découverte  de  cette  dent  j'ai  dû  conclure  que  la  mâchoire  était 
proche  ;  je  fis  ouvrir  le  terrain,  j'y  trouvai  une  troisième  hachette,  mais  la 
nuit  vint  interrompre  mes  recherches. 

»  Les  jours  suivants,  les  terrassiers  étant  occupés  ailleurs,  les  travaux 
furent  interrompus. 

»  Le  26,  je  chargeai  deux  autres  ouvriers,  Dingeon  et  Vasseur,  de  conti- 
nuer la  fouille. 

»  Le  28,  Vasseur  se  présenta  chez  moi  :  il  m'apportait  une  seconde  dent, 
trouvée  non  loin  de  l'endroit  où  avait  été  découverte  la  première,  ajoutant 
qu'à  côté  était  un  os,  ou  quelque  chose  qui  y  ressemblait,  dont  on  ne  voyait 
qu'une  petite  partie.  Je  me  rendis  immédiatement  à  la  carrière,  en  me  fai- 
sant accompagner  d'un  archéologue  de  notre  ville,  M.  Oswald  Dimpre, 
habile  dessinateur,  bien  connu  des  géologues  qui  ont  visité  nos  bancs. 

»  Arrivé  sur  le  banc,  après  avoir  retrouvé  l'excavation  telle  que  je  l'avais 
laissée  à  5  mètres  au-dessous  du  sol,  j'aperçus,  dans  la  couche  noire,  le 
bout  de  l'os  que  m'avait  signalé  Vasseur.  Ce  terrain  était  fort  compacte,  il 
fallait  user  de  précaution  pour  ne  rien  endommager.  Je  fis  dégager  les  alen- 
tours de  l'os,  dont  je  voyais  l'extrémité;  je  pus  le  tirer  de  son  lit  sans  le 
rompre,  et,  malgré  une  masse  de  sable  qui  y  adhérait,  je  reconnus  la  moitié 
d'une  mâchoire  humaine. 

»  A  20  centimètres  de  là,  dans  la  même  veine  noire,  était  une  hachette 
que  M.  Dimpre  ne  put  détacher  qu'après  quelques  efforts  et  avec  l'aide 
d'une  pioche. 


(  781  ) 

»  Près  de  la  mâchoire  je  trouvai  une  seconde  hache  brisée,  et,  dessous, 
une  troisième  dent.  Enfin,  dans  une  niasse  du  même  sable  que  j'ai  fait  trans- 
porter chez  moi,  je  découvris  une  portion  d'une  quatrième  dent. 

»  Cette  mâchoire  humaine  était  au  plus  bas  de  la  couche  de  sable  noir, 
et  à  quelques  centimètres  de  la  craie. 

»  Voici  le  détail  des  couches  qui  la  recouvraient,  que  je  mesurai,  et  dont 
M.  Dimpre  fit  le  dessin  : 

»    i°  Couche  terre  végétale om,3o 

»   i°  Terrain  non  remanié,  sable  gris  mêlé  de  silex  brisés.   .   .        om,7o 
»   3°  Sable  jaune,  argileux,  mêlé  de  gros  silex  peu  roulés,  s'ap- 

puyant  sur  une  couche  de  sable  gris im,  5o 

»  4°  Sable  jaune,  ferrugineux  ;  silex  moins  gros  et  plus  roulés, 
au-dessous  desquels  est  une  couche  de  sable  moins  jaune.  J'ai 
trouvé  dans  celte  couche  des  fragments  de  dents  de  VElephas 

primigenius  et  des  hachettes  en  silex im,70 

»  5°  Sable  noir,argilo-ferrugineux,  colorant  la  main  et  s'y  atta- 
chant, paraissant  contenir  des  matières  organiques;  petits  cailloux 
plus  roulés  que  dans  les  bancs  supérieurs;  silex  taillés  de  main 
d'homme;  mâchoire  fossile  humaine om,5o 

4",  70 

»  6°  Banc  de  craie  sur  lequel  repose  le  lit  de  sable  argileux  noir,  a  une 
profondeur  de  5  mètres  au-dessous  de  la  superficie. 

»  C'est  donc  dans  la  cinquième  couche ,  couche  couverte  par  quatre 
autres  couches  superposées  de  sable  et  d'argile  mêlés  de  silex,  qu'était 
cette  mâchoire  qui  m'a  frappé  tout  d'abord  par  la  similitude  parfaite  de  sa 
teinte  noire  avec  celle  des  hachettes  trouvées  à  côté  ou  au-dessous,  et  les 
silex  roulés  ou  non  ouvrés  au  milieu  desquels  elle  était. 

»  A  la  première  vue,  cette  mâchoire  me  parut  présenter  certaine  diffé- 
rence avec  une  mâchoire  ordinaire.  M.  Jules  Dubois,  médecin  de  l'Hôtel- 
Dieu  d'Abbeville,  et  M.  Catel,  chirurgien-dentiste,  bon  anatomiste,  à  qui 
je  la  montrai,  firent  la  même  remarque.  M.  Jules  Dubois  trouva  que  la 
branche  ascendante  était  plus  oblique  d'arrière  en  avant  qu'elle  ne  l'est 
chez  l'homme  de  nos  jours,  et  que  le  condyle  lui-même  est  déjeté  en 
dedans  et  un  peu  en  bas.  Sa  conclusion  fut  que  cet  homme  devait  appar- 
tenir à  une  autre  race  qu'à  la  nôtre. 

»  Son  confrère  le  docteur  Hecquet,  connu,  comme  M.  Dubois,  par  de 
bons  Mémoires  sur  les  sciences  naturelles  et  médicales,  partagea  cette  opi 


(  ?S*  ) 
mon,  ajoutant  que  cette  différence  avec  la  forme  ordinaire  pouvait  être  une 
anomalie,  mais  qu'elle  était  tellement  prononcée,  qu'elle  devait  fixer  sérieu- 
sement l'attention. 

»  Je  joins  ici  le  dessin  de  la  mâchoire  fossile  et  la  coupe  du  banc  de 
Moulin-Guignon,  faite  sous  mes  yeux  par  M.  O.  Dimpre,  et  d'après  les  me- 
sures prises  par  moi-même. 

»  Comme  la  première  dent  trouvée  est  une  molaire  de  gauche,  et  que  je 
n'ai  que  la  partie  droite  de  la  mâchoire,  je  suis  maintenant  à  la  recherche 
de  l'autre  moitié,  et  je  continue  les  fouilles  à  Moulin-Guignon. 

»  Sons  peu  de  jours  j'expédierai  à  Paris,  pour  être  mis  sous  les  yeux  de 
l'Académie  à  l'appui  de  ce  Rapport,  la  mâchoire  que  j'ai  trouvée  et  les  autres 
débris  que  je  pourrai  trouver  encore,  n 

paléontologie  humaine.  —  Note  sur  la  mâchoire  humaine  découverte 
par  M.  Boucher  de  Perthes  dans  le  diluvium  d'Jbbeville  ;  par  M.  de 
Qlatrefages. 

«  Informé  de  la  découverte  faite  par  M.  de  Perthes,  je  me  suis  hâté 
d'aller  en  constater  la  réalité  aussitôt  qu'il  m'a  été  possible  de  quitter  Paris. 
J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  me  rencontrer  à  Abbeville  avec  M.  Falconer, 
réminent  paléontologiste  anglais,  qui  déjà  m'avait  précédé.  J'ai  visité  le  lieu 
de  la  découverte  avec  ce  juge  si  compétent  à  tant  de  titres  et  qui  avait  déjà 
étudié  la  question.  Or  l'espèce  d'enquête  que  nous  avons  faite  ensemble 
nous  a  conduits,  l'un  et  l'autre,  à  une  conclusion  identique.  Tous  deux 
nous  avons  accepté  comme  incontestables  les  faits  annoncés  par  M.  de 
Perthes.  Néanmoins  nous  nous  sommes  quittés  avec  l'intention  de  faire 
subir  aux  objets  eux-mêmes  un  examen  ultérieur. 

»  Il  est  bien  entendu  que  je  laisse  de  côté  la  question  géologique. 
N'ayant  aucune  qualité  pour  émettre  un  avis  personnel  quant  aux  discus- 
sions que  soulèvent  encore  les  terrains  du  diluvium  d'Abbeville,  je  m'abs- 
tiens entièrement  d'en  parler.  En  parlant  dé  la  mâchoire  trouvée  par 
M.  de  Perthes,  j'emploierai  néanmoins  l'expression  de  fossile,  qui  me 
semble  aujourd'hui  consacrée. 

»  Mais  jusqu'à  présent  il  me  paraît  certain  que  la  mâchoire  trouvée  par 
M.  de  Perthes  reposait  dans  la  couche  qu'il  indique,  et  qu'elle  y  a  séjourné 
depuis  l'époque  à  laquelle  furent  déposés  à  côté  d'elle  les  silex  taillés,  dési- 
gnés sous  le  nom  de  haches.  M.  Falconer  avait  déjà  retiré  de  ses  propres 
mains  une  de  ces  dernières,  et  moi-même  j'en  ai  trouvé  deux  placées  à 


(  733) 
quelques  centimètres  l'une  de  l'autre  et  à  5o  ou  60  centimètres  au  plus  du 
point  où  reposait  la  mâchoire,  d'après  l'évaluation  de  M.  de  Perthes.  J'ai 
l'honneur  de  les  placer  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Or  il  me  paraît  impossible,  d'après  l'état  de  la  carrière,  que  ces  silex 
aient  été  introduits  là  récemment.  Ils  ont  été  retirés  du  sol  après  que  j'eus 
moi-même  enlevé  quelques  déblais  qui  le  recouvraient;  le  point  où  ils  se 
montrèrent  sous  la  pioche  de  l'ouvrier  était  au  fond  d'un  enfoncement  assez 
fortement  creusé  pour  faire  craindre  un  éboulement  imminent  ;  l'un  d'eux, 
au  moment  où  je  l'aperçus,  était  encore  à  demi  engagé  dans  le  terrain  que 
n'avait  pas  atteint  la  pioche;  enfin  ils  sont  encore  incrustés  de  la  gangue 
colorée  qui  enduit  les  cailloux  de  la  couche  entière  et  qu'on  retrouve  sur 
la  mâchoire  dont  il  s'agit.  En  outre,  lorsqu'on  examine  à  la  loupe  la  manière 
dont  cette  gangue  est  distribuée  à  la  surface  d'une  dent  encore  en  place, 
on  voit  qu'elle  y  adhère  par  granulations  fines,  exactement  comme  sur  cer- 
tains cailloux  polis  de  la  couche.  Enfin,  M.  Falconer  a  retiré  une  certaine 
quantité  de  la  même  gangue  de  la  cavité  même  de  la  dent  et  des  alvéoles. 
Telles  sont  les  raisons  qui,  indépendamment  des  précautions  prises  par  M.  de 
Perthes,  m'ont  fait  regarder  la  mâchoire  a" Abbevilte  comme  authentique. 

»  On  comprend  le  très-grand  intérêt  qui  s'attache  à  ce  fossile  humain,  à 
tous  les  points  de  vue,  et  en  particulier  au  point  de  vue  anthropologique. 
A  ce  point  de  vue,  le  seul  que  je  veuille  aborder  ici,  je  n'ai  pu  encore  en 
faire  qu'un  examen  très-sommaire;  mais  cet  examen  conduit  déjà  à  quelques 
résultats  intéressants. 

«  Ea  mâchoire  d'Abbeville  est  dans  un  état  remarquable  de  conserva- 
tion. Elle  ne  paraît  pas  avoir  été  roulée.  L'extrémité  de  l'apophyse  coro- 
noïde  elle-même  est  intacte.  Ce  fait  doit  faire  penser  qu'elle  n'est  pas  venue 
de  bien  loin,  et  donne  à  espérer  qu'on  retrouvera  quelque  autre  partie 
du  squelette  dont  elle  a  fait  partie. 

»  M.  de  Perthes  a  désiré  qu'on  respectât  avec  le  plus  grand  soin  la  gan- 
gue qui  adhère  encore  à  quelques  points  de  sa  surface,  toutefois  il  a  lavé 
l'extrémité  de  l'apophyse  coronoïde  et  une  partie  de  la  tête  du  condvle.  Là 
on  reconnaît  que  la  teinte  brune  que  présente  l'ensemble  de  l'os  n'a  pas 
pénétré  profondément.  Des  graviers  lavés  avec  soin  m'ont  présenté,  du 
reste,  une  particularité  semblable. 

»  La  gangue  cache  quelques  détails,  surtout  à  la  face  interne;  mais  elle 
permet  pourtant  une  étude  assez  complète. 

»  Lorsqu'on  examine  cette  mâchoire,  on  est  tout  d'abord  frappé  de 
deux  particularités. 


(  7»4  ) 

»  L'angle  formé  par  la  branche  horizontale  et  la  branche  ascendante  est 
extrêmement  ouvert;  la  quatrième  molaire,  qui  seule  est  encore  en  place, 
est  légèrement  inclinée  en  avant.  Ces  deux  traits  avaient  même  été  quelque 
peu  exagérés  dans  un  dessin  qui  m'avait  été  d'abord  communiqué,  et  peut- 
être  est-ce  à  cette  cause  qu'est  due  l'attention  qu'ils  ont  tout  d'abord 
éveillée  chez  moi. 

«  Faut-il  y  voir  un  caractère  de  race?  Avant  de  les  examiner  à  ce  point 
de  vue,  faisons  remarquer  que  pour  l'homme,  aussi  bien  que  pour  les 
animaux,  l'ostéologie  comparée  des  races,  en  ce  qui  touche  aux  détails,  est 
encore  bien  peu  avancée.  C'est  une  élude  nouvelle  à  laquelle  vont  être 
obligés  de  se  mettre  les  paléontologistes,  aussi  bien  que  les  anthropologistes, 
par  suite  même  des  faits  qui  tendent  à  mettre  en  contact  l'histoire  des  ani- 
maux et  celle  de  l'homme. 

»  L'ouverture  de  l'angle  dont  je  viens  de  parler  est  un  de  ces  traits  que 
l'âge  et  peut-être  d'autres  circonstances,  en  dehors  même  des  traits  indivi- 
duels, fout  considérablement  varier.  Parmi  les  pièces  de  la  galerie  du  Mu- 
séum, j'ai  trouvé  que,  sur  une  tête  d'Esquimau,  il  était  peut-être  plus  grand 
que  dans  la  mâchoire  d'Abbeville,  tandis  que  dans  une  autre  tète  de  même 
race  il  était  presque  droit.  J'ai  d'ailleurs  trouvé  dans  diverses  races  d'autres 
exemples  d'angle  aussi  obtus  et  des  variations  analogues.  Une  nouvelle 
étude  et  des  mesures  exactes  prises  sur  plusieurs  individus,  d'âges  et  de 
races  différents,  sont  encore  ici  nécessaires. 

»  L'inclinaison  de  la  molaire  est-elle  un  caractère  de  race?  Peut-on  v 
voir  en  particulier  un  signe  de  prognathisme  dentaire? 

»  Il  est  très-facile  de  répondre  à  cette  dernière  question  en  examinant  les 
alvéoles  des  incisives  encore  intactes.  Celles-ci  accusent  une  implantation 
verticale.  L'inclinaison  de  ces  incisives  n'était  certainement  pas  différente 
de  celle  qu'on  observe  chez  les  races  les  plus  franchement  orthognathes. 

»  C'est  là  un  fait  très-important,  car  il  tend  à  résoudre  définitivement  une 
question  controversée. 

»  Quelques  anthropologistes,  parmi  lesquels  se  trouvent  des  hommes 
dont  je  respecte  également  le  jugement  et  la  science,  ont  pensé  que  les  races 
nègres,  c'est-à-dire  des  races  essentiellement  prognathes,  devaient  être  les 
plus  rapprochées  du  type  primitif  de  l'humanité,  et  que  les  races  supé- 
rieures avaient  pris  naissance  par  suite  d'un  développement  progressif; 
qu'elles  étaient,  par  conséquent,  postérieures  au  nègre. 

»  Or,  des  1 86 1 ,  dans  mes  leçons  au  Muséum,  je  m'étais  efforcé  de  mon- 
trer que  la  science  actuelle  ne  fournit  que  des  données  en  petit  nombre. 


(  785) 
très-vagues  et  très- conjecturales,  sur  les  caractères  qu'a  pu  posséder 
l'homme  primitif:  mais  qu'elle  nous  permettait  de  préciser  presque  avec 
certitude  quelques-uns  de  ceux  qu'il  ne  possédait  pas.  En  m'appuyant  sur 
les  phénomènes  d'atavisme  et  sur  les  données  de  la  linguistique,  j'avais  cru 
pouvoir  affirmer  que  la  race  nègre  n'avait  pas  été  la  première  à  paraître, 
que  jamais  le  blanc,  pour  si  haut  qu'il  remontât  dans  sa  généalogie,  ne 
trouverait  le  nègre  parmi  ses  aïeux. 

»  L'orthognathisme  du  fossile  d'Abbeville  ajoute  un  argument  de  plus 
et  des  plus  sérieux  à  ceux  que  j'avais  alors  à  faire  valoir.  L'homme  à  qui 
a  appartenu  cette  ma  hoire  était  contemporain  des  Éléphants  et  des  Rhino- 
céros qui  ont  disparu,  si  l'on  admet  l'opinion  de  plusieurs  géologues  émi- 
nents.  En  tout  cas,  il  reste  jusqu'à  présent  le  représentant  des  plus  an- 
ciennes races  connues,  et  rien  dans  la  disposition  de  ses  dents  ne  rappelle 
le  prognathisme,  ce  caractère  essentiel  de  toutes  les  races  nègres  et  qu'elles 
transmettent  par  le  métissage  avec  une  si  grande  persistance. 

»  Je  me  crois  donc  de  plus  en  plus  autorisé  à  répéter  que  le  nègre  et  le 
blanc  représentent  les  modifications  extrêmes  du  type  primitif,  lequel  était 
placé  quelque  part  entre  les  deux. 

»  Quant  à  l'inclinaison  de  la  molaire  dans  le  fossile  d'Abbeville,  elle 
n'a  certainement  rien  de  caractéristique.  D'une  part,  j'ai  retrouvé  des  faits 
analogues  sur  plusieurs  tètes  de  diverses  races  faisant  partie  des  collections 
du  Muséum.  D'autre  part,  l'inclinaison  me  paraît  être  ici  le  résultat  d'un 
accident.  La  molaire  placée  en  avant  de  celle  qui  existe  encore  était 
tombée  du  vivant  de  l'individu.  L'alvéole  a  été  comblée  par  le  travail  d'os- 
sification qui.  se  fait  en  pareil  cas.  On  comprend  qu'avant  ce  comblement, 
la  dent  placée  en  arrière  de  ce  vide  a  dû  être  poussée  ou  entraînée  aisément 
dans  la  direction  où  elle  ne  rencontrait  plus  le  point  d'appui  habituel. 

»  M.  Falconer,  avec  qui  j'ai  eu  l'avantage  d'examiner  la  mâchoire,  a  été 
vivement  frappé  de  la  particularité  suivante.  Le  bord  de  l'angle  de  la 
mâchoire  et  la  portion  postérieure  du  bord  inférieur  de  la  branche  horizon- 
tale, au  lieu  d'être  verticaux,  se  recourbent  légèrement  en  dedans.  La  face 
interne  de  l'os  présente  ainsi  au-dessous  de  la  ligne  oblique  une  sorte  de 
canal  ou  mieux  de  large  gouttière  s'étendant  jusque  dans  le  voisinage  du 
menton  et  sensiblement  plus  prononcée  qu'elle  ne  l'était  dans  une  mâchoire 
moderne,  mise  par  un  dentiste  à  notre  disposition. 

»  J'ai  recherché  à  ce  point  de  vue  les  faits  que  pouvait  m'offrir  la 
galerie  d'anthropologie.  J'ai  trouvé  des  traces  très-marquées  d'inversion 
en  dedans  de  l'angle  de  la  mâchoire  chez  un  Bengalais,  un  Javanais,  un 

C.  1!.,  iSC3,   i"Semestre.    (T.  LVI,  N°  16.)  103 


(  786  ) 
Bellovaque;  des  indices  seulement  chez  un  Lapon,  une  jeune  négresse  et 
une  momie  égyptienne;  en  revanche,  une  momie  égyptienne  âgée  et  un 
Néo-Calédonien  m'ont  montré  ce  trait  très-prononcé,  et  chez  un  Malais  de 
Batavia  il  est  aussi  caractérisé  que  dans  notre  fossile,  ou  bien  peu  s'en  faut. 
Ainsi  diverses  races  humaines  présentent  presque  tous  les  degrés  de  ce  ca- 
ractère; mais  en  même  temps  le  caractère  inverse  se  présente  chez  la  majo- 
rité des  individus  de  toutes  les  races  (  1). 

»  De  nouvelles  comparaisons  sont  nécessaires,  sans  doute,  pour  appré- 
cier la  valeur  et  la  signification  de  ces  traits.  À  quoi  peuvent  tenir  ces  deux 
dispositions  contraires?  Sans  vouloir  être  trop  affirmatif,  j'y  vois,  quant  à 
présent,  le  résultat  de  l'action  et  de  l'antagonisme  du  masséter  agissant  en 
dehors  et  des  ptérygoïdiens  internes  agissant  en  dedans.  La  faiblesse  rela- 
tive de  ces  derniers  explique  fort  bien  pourquoi  le  masséter  l'emporte  d'or- 
dinaire. Leur  prépondérance  accidentelle  tiendrait  à  l'habitude  du  broie- 
ment des  aliments,  habitude  que  prennent  souvent  les  personnes  avancées 
en  âge  (2). 

"  Quant  au  canal  ou  gouttière,  on  peut  n'y  voir  que  l'exagération  de  ce 
qui  existe  normalement.  C'est  en  effet  sur  ce  point  qu'on  trouve  la  fossette 
destinée  à  loger  la  glande  sous -maxillaire.  L'inflexion  du  bord  de  l'os  la 
rend  seulement  plus  sensible  et  plus  profonde. 

»  Le  même  savant  appela  mon  attention  d'une  manière  spéciale  sur  la 
forme  du  condyle.  Le  bord  inférieur  interne  de  la  tête  est  ici,  en  effet, 
assez  peu  accusé.  La  tète  est  en  outre  peut-être  plus  arrondie  et  plus  large 
en  dehors  que  d'ordinaire;  mais  ces  particularités  ne  peuvent  être  considé- 
rées comme  des  caractères  bien  essentiels.  Dans  la  même  race  on  constate 
des  différences  très-grandes.  Dans  les  Tahitiens  et  les  Néo-Calédoniens,  la 
tète  du  condyle  est  quelquefois  presque  triangulaire  avec  un  des  côtés  du 
triangle  placé  en  dehors  et  un  des  angles  en  dedans.  Enfin,  l'âge  ne  peut-il 
ici  encore  exercer  une  influence?  J'en  dirai  tout  autant  de  la  grande  ou- 
verture que  présente  l'échancrure  sigmoide. 

»  On  voit  combien  il  faudra  faire  encore  d'études  et  de  comparaisons 
avant  de  prononcer  sur  la  valeur  réelle  des  particularités  que  présente  la 
mâchoire  d'Abbeville. 


(1)  J'apprends  que  M.  Falconer  est  arrivé  à  des  résultats  analogues  à  la  suite  des  compa- 
raisons qu'il  a  faites  depuis  son  retour  à  Londres. 

(2)  Cette  dernière  observation  est  de  M.  Jacquart,  aide-naturaliste  de  la  chaire  d'An- 
thropologie. 


(  787  ) 

»  Grâce  à  M.  Lartet,  j'ai  pu  comparer  déjà  cette  mâchoire  à  nue  portion 
médiane  du  même  os,  recueillie  par  lui  dans  les  déblais  de  la  grotte  d'Au- 
rignac,  et  au  corps  du  même  os  découvert  par  M.  de  Vibraye  dans  la  grotte 
d'Arcy.  M.  Pruner-Bey  voulut  bien  se  joindre  à  M.  Lartet  dans  l'examen 
comparatif  que  nous  fîmes  de  ces  précieux  restes.  Sur  tous  les  points  nous 
nous  trouvâmes  être  du  même  avis. 

»  Dans  les  portions  qui  leur  sont  communes,  ces  trois  os  présentent  de 
légères  différences,  mais  aussi  des  ressemblances.  Ainsi  le  canal  ou  gout- 
tière dont  je  parlais  tout  à  l'heure  se  reconnaît  sur  la  mâchoire  d'Auri- 
gnac  comme  sur  celle  d'Arcy,  quoiqu'il  paraisse  peut-être  un  peu  moins 
accusé  sur  la  première.  Ici  même  on  pourrait  n'y  voir  que  la  fossette  que 
je  rappelais  il  y  a  un  instant. 

»  Quant  à  la  mâchoire  d'Abbeville,  elle  nous  a  paru  à  tous  les  trois  être 
celle  d'un  individu  très-probablement  âgé  et  en  tout  cas  de  petite  taille,  ou 
approchant  tout  au  plus  de  la  taille  moyenne. 

»  J'ajouterai  que  clans  cette  mâchoire  absolument  rien  ne  vient  à  l'appui 
des  idées  soutenues  par  quelques  esprits  aventureux,  et  qui  feraient  des- 
cendre l'homme  du  Singe  par  voie  de  modifications  successives.  Cette  mâ- 
choire est  plutôt  faible  que  forte;  tout  en  elle  rappelle  l'homme,  et  elle  n'a 
rien  de  la  physionomie  Jéroce,q\ï on  me  permette  l'expression,  qu'offre  par- 
fois la  même  partie  du  squelette  dans  les  races  actuelles. 

»  En  résumé  il  est  facile  de  constater  entre  les  mâchoires  inférieures 
d'individus  et  de  races  de  nos  jours,  des  différences  autant  et  plus  marquées 
qu'aucune  de  celles  qui  distinguent  la  mâchoire  d'Abbeville  de  plusieurs 
des  mâchoires  faisant  partie  des  collections  du  Muséum.  En  d'autres  termes, 
ces  différences,  sur  tous  les  points,  rentrent  dans  les  limites  de  variation 
actuelles. 

»  Il  va  sans  dire  que  je  ne  présente  la  Note  actuelle  que  comme  un 
premier  aperçu.  L'Académie  a  pu  voir  déjà  que  les  questions  anatomiques 
et  anthropologiques  soulevées  par  ce  fossile  humain  sont  nombreuses  et 
délicates.  Pour  être  résolues  avec  exactitude,  elles  exigeront  des  recherches 
minutieuses  et  longues  que  je  ne  pouvais  faire  en  si  peu  de  temps  et  au 
milieu  d'occupations  impérieuses.  Mais  j'ai  pensé  qu'elle  ne  s'en  intéresse- 
rait pas  moins  à  ces  quelques  détails. 

«  Sans  doute,  dans  une  question  aussi  grave,  un  fait  unique,  quelque  bien 
démontré  qu'il  paraisse,  ne  peut  être  considéré  comme  apportant  la  solution 
définitive.  Mais,  j'en  ai  la  conviction,  il  en  sera  des  fossiles  humains  comme 
des  haches  taillées  de  main  d'homme.   Dès  que  l'attention  publique  a  été 

io3,. 


(  788  ) 
appelée  sur  ces  dernières, on  en  a  rencontré,  non  plus  seulement  à  Abbeville, 
où  M.  de  Perthes  les  avait  trouvées  le  premier,  mais  partout.  Aujourd'hui 
que  l'existence  de  restes  humains  dans  ces  mêmes  couches  semble  être  mise 
hors  de  doute,  on  ne  manquera  pas  d'en  découvrir  d'autres,  s'ils  y  existent 
réellement,  par  cela  seul  qu'on  les  cherchera.  Mais  quelles  que  soient  les 
richesses  scientifiques  mises  au  jour,  il  y  aurait  injustice  criante  à  oublier 
que  c'est  aux  convictions  ardentes,  à  la  persévérance  infatigable  de  M.  de 
Perthes  qu'on  aura  dû  cette  double  découverte,  une  des  plus  importantes 
à  coup  sûr  que  pussent  faire  les  sciences  naturelles.   » 

Avant  de  lire  la  Note  qui  précède,  M.  de  Quatrefages  a  mis  sous  les 
yeux  de  l'Académie  :  la  mâchoire  même  qui  en  est  l'objet  et  que  M.  Boucher 
de  Perlhes  avait  bien  voulu  lui  confier;  deux  haches  qu'il  a  retirées  de  ses 
mains,  l'une  des  déblais  faits  par  l'ouvrier,  l'autre  de  la  paroi  même  de  la 
brèche  ouverte  sous  ses  yeux,  et  qui  portent  encore  une  couche  de  la  gangue 
qu'on  remarque  sur  la  mâchoire;  enfin  un  coffret  rempli  de  cette  gangue. 
11  annonce,  en  outre,  à  l'Académie  que  M.  Chevreul  a  bien  voulu  se  charger 
d'en  examiner  la  composition. 

géométrie  analytique.  —  Sur  les  principes  fondamentaux  de  la  Géométrie 

algébrique  à  coordonnées  quelconques;  Note  de  M.  Clayeix,  présentée  par 

M.  Lamé. 

«  Pour  asseoir  le  calcul  des  imaginaires  sur  une  base  rationnelle,  Cauchy 
a  considéré  ces  expressions  algébriques  comme  représentant  des  droites 
tracées  dans  un  plan  sous  des  directions  déterminées  par  leurs  arguments. 
Il  a  créé  ainsi  le  calcul  des  quantités  géométriques,  qui  opère  sur  des  grandeurs 
concrètes.  Les  conventions  servant  de  point  de  départ  y  conduisent  à  des 
formules  dont  les  propriétés  et  la  physionomie  matérielle  coïncident  avec 
celles  des  formules  à  quantités  imaginaires.  Ces  dernières  participent  alors 
à  la  certitude  qui  appartient  aux  premières.  Mais  cette  théorie  ne  jette  aucun 
jour  sur  la  vraie  nature  des  quantités  imaginaires,  dont  elle  diminue  l'uti- 
lité en  masquant  leur  caractère  abstrait.  On  sait,  en  effet,  que  les  idées 
s'éclaircissent  en  s'étendant,  lorsqu'on  les  généralise;  ce  qui  revient  à 
élever  le  point  de  vue  d'où  l'esprit  les  aperçoit.  Or  l'abstrait  embrasse  le 
concret. 

»  Fondez,  au  contraire,  la  théorie  des  imaginaires  sur  des  principes  pure- 
ment algébriques,  et  tirez  parti  de  leurs  analogies  avec  les  quantités  géo- 
métriques au  profit  de  la  science  concrète,  vous  rentrez  dans  l'ordre  naturel 
des  choses  et  vous  arrivez,  à  priori,  à  une  géométrie  analytique  plane  non- 


(  789  ) 

velle,  dont  les  formules  générales  sont  indépendantes  de  tout  système  par- 
ticulier de  coordonnées,  en  même  temps  qu'elles  sont  faciles  à  trouver, 
pour  ne  pas  dire  intuitives,  plus  simples,  plus  faciles  à  appliquer,  plus 
fécondes  que  les  formules  correspondantes  de  la  Géométrie  à  coordonnées 
rectilignes  ou  polaires  qu'elles  renferment  comme  cas  particuliers. 

»  L'importance  de  cette  doctrine  neuve  est  manifeste.  En  supposant 
admises  les  propriétés  les  plus  élémentaires  des  imaginaires,  on  peut  l'ex- 
poser indépendamment  de  toute  idée  préconçue  sur  la  signification  réelle 
de  ces  expressions,  sujet  du  Mémoire  que  S.  Exe.  M.  le  maréchal  Vaillant 
a  bien  voulu  présenter  de  ma  part  à  l'Académie  le  22  décembre  dernier. 
Tel  est  l'objet  de  la  présente  Note,  où  je  propose,  comme  ayant  pour 
unique  but  l'abréviation  du  langage  et  de  l'écriture,  quelques  dénomina- 
tions et  notations  nécessaires,  que  des  considérations  plus  puissantes  m'ont 
fait  adopter  dans  le  Mémoire  précité. 

»   1.   On  sait  que    toute   expression   imaginaire    peut  se  réduire   à  la 

forme  aé^~ ',  a  étant  une  quantité  réelle  positive  qu'on  appelle  le  module, 
et  a.  une  autre  quantité  réelle,  positive  ou  négative,  qu'on  appelle  l'argu- 
ment. Plusieurs  géomètres  modernes  écrivent  eal  au  lieu  de  ey^~ ';  nous 
pousserons  la  simplification  un  peu  plus  loin  en  écrivant  z\  Alors  la  for- 
mule si  connue  é"*~l  =  cosa  -+-  sin  a.  y —  1  donnera,  comme  cas  parti- 
culiers, n  étant  entier, 


(0 

?    =   <? 

v^T 

M 

«-+■  2  1171 

=  s«, 

(3) 

a-t-(2n-t-l)7T  _ 

en  devenant  elle- 

même 

==  cos 


+  sin  -  •  y/—  1  =  sj — 1, 


(4)  s" ;  =  cos  ce  +  sina.y/—  1  =  cosa  -f-  siiïa.z1. 
»  2.   Théorème.  —  Toute  équation  de  la  forme 

ai   -+-  bi   +  ci1  —  mz!X  +  ni  -h  . . . 

entraîne  les  deux  suivantes,  où  w  est  une  quantité  réelle  arbitraire  : 

(5)  a  cos(a-i-tv)  -\-b  cos(ê  +  <v)  +  ccos  (7-)-»')  =  m  cos  (p  +  w)  -f-  n  cos  [v  +  tv)  -(-.  .  .  . 

(6)  «sin  (a  +  ii')  -+-  bsin  (g  4-  «<)  4-.  .  .=  m  siD  (p  4-  w)  4-  n  sin  (v  -i-  w)  -+-..'.. , 


(  79°  ) 
car  le  produit  de  la  proposée  par  sw  est 


ne 


+'-+J£6+w  +  ...  =  ra£'^'. 


équation  qui,  en  vertu  de  l'équation  (4),  se  décompose  d'elle-même  en  les 
deux  précédentes. 

»  Cette  transformation  des  relations  imaginaires  en  équations  ordinaires, 
entre  des  cosinus  et  des  sinus  contenant  une  arbitraire,  nous  autorisera  à 
donner  le  nom  ahréviatif  de  cosinelle  à  toute  expression  imaginaire. 

»  5.  La  propriété  de  ea,  indiquée  par  la  relation  (2),  de  ne  point  changer 
lorsque  son  argument  varie  d'un  multiple  de  a.n,  la  rend  très-propre  à 
représenter  une  direction  dans  un  plan,  savoir,  la  direction  unique  qui  fait, 
avec  une  direction  de  repère  tracée  dans  le  plan,  les  angles  a,  a  ±an, 
a±  l\n, .  .  .  .  Pour  ce  motif,  nous  appellerons  orienteur  toute  cosinelle  dont 
le  module  est  l'unité. 

»  4.  Alors  nous  sommes  conduits  à  considérer  comme  se  représentant 
mutuellement  une  cosinelle  et  une  grandeur  orientée  dans  un  plan  (telle 
qu'une  droite,  une  force,  une  vitesse,  un  flux  de  chaleur,  etc.),  lorsque  la 
mesure  de  la  grandeur  et  sa  direction  sont  indiquées  respectivement  par  le 
module  et  par  l'orienteur  de  la  cosinelle. 

»  5.  Pour  représenter  des  points  du  plan,  il  suffit  de  poser  la  con- 
vention suivante,  bien  distincte  de  la  précédente,  savoir  : 

»  Un  point  et  une  cosinelle  se  correspondent,  ou  se  représentent  mutuel- 
lement, lorsque  le  point  est  l'extrémité  de  la  droite  orientée  que  la  cosi- 
nelle détermine  en  grandeur  et  en  direction,  si  l'on  particularise  la  position 
de  cette  droite  en  lui  assignant  pour  origine  un  point  fixe  pris  pour  repère 
dans  le  plan. 

»  6.  Si  la  cosinelle  renferme  une  variable,  elle  représentera  la  courbe, 
ou  l'arc,  lieu  du  point  variable  correspondant. 

»  Si  la  cosinelle  renferme  deux  variables  indépendantes,  elle  représen- 
tera deux  familles  de  trajectoires,  les  trajectoires  de  chaque  famille  étant 
engendrées  par  une  des  variables  pour  diverses  valeurs  constantes  de  l'autre. 

»  La  même  cosinelle  représentera  aussi,  sous  un  autre  point  de  vue,  l'un 
quelconque  des  points  du  plan  que  donne  chaque  couple  de  valeurs  simul- 
tanées des  deux  variables.  Ces  points  pourront  n'occuper  que  des  parties 
limitées  du  plan  ;  alors  les  contours  de  ces  parties  seront  des  courbes  enve- 
loppes communes  aux  deux  systèmes  de  trajectoires,  ou  certaines  trajec- 
toires de  positions  extrêmes. 


(  79i  ) 

»  7.  Liez  entre  elles  les  deux  variables  d'une  cosinelle  représentant  le 
plan,  par  une  équation  ordinaire  qui  n'en  laisse  qu'une  indépendante,  vous 
aurez  un  autre  mode  de  représenter  les  courbes,  qui  renferme,  comme  cas 
particulier,  les  systèmes  de  coordonnées  usités  jusqu'à  ce  jour. 

»  Ainsi,  la  géométrie  de  Descartes  revient  à  représenter  les  courbes  par 
la  cosinelle  x  -\-yf\,  jointe  à  une  équation  ordinaire  f{oc,  y)  =  o;  dans 
la  géométrie  polaire,  les  courbes  sont  représentées  par  la  cosinelle  pî"  jointe 
à  une  équation  ordinaire  J\p,  eo)  =  o. 

»  Prenez,  au  hasard,  une  expression  imaginaire  à  deux  variables,  et 
vous  aurez  un  système  correspondant  de  coordonnées,  en  ce  sens  qu'il 
suffira  d'établir  une  dépendance  entre  les  variables  par  une  équation  ordi- 
naire, pour  que  cette  équation  représente  une  courbe.  Rien  n'empêche 
même  de  prendre  des  expressions  à  3,  l\,  .  .  . ,  variables  et  de  coordonner 
celles-ci  par  2,  3,...,  équations  ordinaires. 

»  Ce  qui  précède  renferme  toute  la  philosophie  de  la  géométrie  plane  a 
coordonnées  quelconques.  C'est  plus  encore,  car,  si  je  ne  me  trompe,  on 
n'a  considéré  jusqu'à  présent  que  d'une  manière  indirecte  des  systèmes  de 
plus  de  deux  coordonnées,  et  l'on  n'a  point  encore  représenté  les  courbes 
au  moyen  d'une  seule  variable  restant  indépendante.  Ce  dernier  mode, 
auquel  tous  les  autres  se  ramènent  par  des  éliminations,  est  cependant  le 
principal  et  le  plus  simple. 

Exemples. 

at    +xt   .. Droite  illimitée,  de  direction  e   ,  et  passant  par  le  point  aia . 

as'x  -+-  bcosx.e   Segment  de  cette  droite,  de  longueur  b,  dont  le  milieu  esta  ca  . 

as"  -+-  btx Cercle  de  rayon  b,  ayant  son  centre  au  point  aeK. 

at*  -\-  be  +ccosx Arc  de  cercle,  d'amplitude  c,  dont  le  milieu  est  aea-+-  bê . 

aîa-\-bt  cosx  ■+■  cz'/sinx.  .  .  .   Ellipse  dont  le  centre  est  «eK  et  dont  deux  rayons  conju- 
gués sont  bt     et   czy  . 

g             .   1 
ai"--^-bt  x  ■+■  et'  - Hyperbole  à  centre  aea,  dont  les  asymptotes  ont  les  direc- 
tions ê  et  £v  . 

aeK-t-  be.  x  +  ci*x' Expression  générale  des  paraboles. 

«î'  +  Je  j  +  c£i"t"      Expression  générale  des  cycloides. 

aea-)-èsê"t"mx-(-ce>"f""x  .  ..   Expression  générale  des  épycycloïdes. 

.  ê-t---{-x 

aea-\-  bt  tangx-|-ce       2        .    Expression  générale  des  conchoides  de  INicomède.  » 


(  793  ) 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  les  modifications  que  doit  recevoir,  relativement  à 
la  Lune,  la  propriété  générale  de  /'invariabilité  des  grands  axes  et  de  la 
permanence   des    moyens    mouvements   des   planètes;   par   M.    G.    de 

PoNTECOULANT.  (Suite.)  (*) 

«  Pour  réduire  cette  valeur  en  nombres,  on  observera  que  par  le  déve- 
loppement de  la  fonction  R  (Théorie  analytique  du  système  du  monde,  n°  6, 
livre  VII)  on  a 


-K'-i">  •"'-¥■ 

1   \  1 

H-        3        H'-       3- 

iz  —  v  —  9       v"  —  2I       ir'"_ 

k~t'  K_8'  K  -y  K  -~r 

»  En  substituant,  dans  l'expression  précédente  de  /  c/'R,  ces  valeurs,  on 
trouve 

-3a  /V.*R=~/hV. 

J  128 

Le  second  terme  de  la  formule  (1)  a  donné  (**) 

?(/'■»)'= SI—      ' 

On  aura  donc,  en  vertu  de  ces  deux  termes, 

d.Sj  _  /mo5       4o5        4o5o\ 
«a*«        V  128        128         64  / 

»  Tel  est  le  terme  qui  résulte,  dans  l'expression  différentielle  du  moyen 
mouvement  de  la  Lune,  de  la  variation  séculaire  de  son  grand  axe,  prove- 
nant de  la  variation  de  l'excentricité  de  l'orbe  terrestre  ;  c'est  cette  partie 
à  laquelle  les  géomètres,  depuis  Laplace,  avaient  négligé  d'avoir  égard  ; 

eu  lui  ajoutant  le  terme  du  même  ordre  -=22  m*  e'2?  qui  résulte  de  la  varia- 
tion de  l'époque  dans  l'expression  différentielle  de  la  longitude  moyenne 
/  ndt  -h  s  d'après  les  formules  ordinaires,  on  trouve  pour  le  terme  non 

(*)  Vair\c  numéro  des  Comptes  rendus  du  i3  avril  1 8(53. 
(**)  Supplément  cité. 


(  793  ) 
périodique  dépendant  du  carré  de  la  force  perturbatrice  que  renferme  cette 

expression.  -\- ~-~  mi  e'2 ,  ce  qui  est  conforme  au  résultat  que  M.  Adams 

avait  obtenu  depuis  longtemps,  mais  par  un  calcul  qui  ne  semblait  pas  suf- 
fisamment rigoureux  pour  établir  un  résultat  aussi  important  dans  la  théorie 
du  système  du  monde  (*).  L'analyse  précédente  semble  ne  devoir  rien  laisser 
à  désirer  à  cet  égard,  et  elle  montre  clairement,  d'ailleurs,  comment  se 
forment  les  différentes  parties  de  ce  coefficient  si  longtemps  contesté.  On 
ne  doit  pas  oublier  enfin,  sans  vouloir  diminuer  en  rien  le  mérite  de 
M.  Adams,  que  c'est  à  Poisson  qu'est  due  la  première  idée  de  ces  nouveaux 
termes  introduits  dans  la  détermination  de  V équation  séculaire  de  la  Lune, 
puisque  pour  les  retrouver  tous  nous  n'avons  eu  qu'à  compléter  un  calcul 
qu'il  avait  donné  dans  son  Mémoire  de  1 834-  » 

chimie  organique.  —  Note  sur  i hydrate  d'arriylène;  par 'BI.  Ad.  Wurtz. 

«  Je  lis  dans  le  dernier  numéro  des  Comptes  rendus  (t.  LVI,  p.  701)  : 
«  En  indiquant  la  formation  synthétique  des  composés  amylchlorhydrique 
»  et  amylbromhydrique,  j'avais  prévu  que  l'alcool  amylique  qui  en  déri- 
»  verait  ne  serait  pas  identique  avec  l'alcool  de  fermentation  [**).  Et  en  effet, 
»  M.  Wurtz,  obtenant  pour  la  première  fois  cet  hydrate  artificiel,  a  reconnu 
»  qu'il  se  distinguait  par  son  odeur,  son  point  d'ébullition  et  celui  de  ses 
»  composés,  situés  1 5°  à  200  plus  bas,  son  aptitude  plus  grande  à  être  déshy- 
»  draté,  etc.  Les  différences  sont  telles,  qu'on  peut  se  demander  si  cet 
»  hydrate  jouit  réellement  des  propriétés  d'un  alcool.  » 

»  Et  plus  loin,  l'auteur  de  la  Note  dont  j'extrais  ce  passage,  M.  Berthelot, 
décrit  plusieurs  expériences  qu'il  a  faites  pour  résoudre  cette  question.  Deux 
de  ces  expériences  consistent  à  faire  réagir  le  chlorhydrate  d'amylènesur  le 
benzoate  et  l'acétate  de  soude. 


(*)  Non-seulement  M.  Adams  avait  employé  dans  ses  calculs  les  formules  où  la  longitude 
vrai?  de  la  Lune  est  prise  pour  la  variable  indépendante,  formules  tout  à  fait  insuffisantes 
pour  la  détermination  des  inégalités  autres  que  les  inégalités  périodiques,  mais  de  plus  il  avait 
cru  devoir  s'appuyer  sur  un  nouveau  principe  qu'il  appelait  vitesse  aréalaire  de  la  Terre, 
principe  absolument  inutile  à  la  question,  ce  qui  avait  dû  contribuer  encore  à  jeter  du  doute 
sur  les  résultats  auxquels  il  était  parvenu. 

(**)   Chimie  organique  fondée  sur  la  synthèse,  V.   II,  p.  ^54- 

C.   R.,    1863,    I"  Semestre.    (T.  LVI,   l\°  16.)  •  O/4 


(  794) 

»  M.  Berthelot  a  ainsi  obtenu,  comme  produit  principal  de  L'àmylène,  et 
un  composé  qu'il  nomme  «  éther  amylbenzoïque,  »  et  il  ajoute  que  l'acé- 
tate de  soude  donne  lieu  à  des  résultats  analogues,  si  ce  n'est  que  l'àmylène 
domine  davantage. 

»  Je  ferai  observer  d'abord  que  dans  la  première  communication  que  j'ai 
faite  sur  l'hydrate  d'amylène,  j'ai  décrit  une  expérience  semblable  qui  m'a 
donné  le  même  résultat.  Voici  cette  expérience  : 

«  Lorsqu'on  met  en  contact  Piodhydrate  d'amylène  avec  une  quantité 
»  équivalente  d'acétate  d'argent  délayé  dans  l'éther  et  refroidi  à  o°,  la  réac- 
»  tion  s'accomplit  immédiatement  avec  formation  d'iodure  d'argent  jaune. 
»  Le  tout  étant  soumis  à  la  distillation,  il  passe  d'abord  de  l'éther  avec  de 
»  l'àmylène,  puis  de  l'acide  acétique,  enfin  le  thermomètre  monte  jusque 
»  vers  i  3o°.  Le  liquide  qui  avait  passé  au-dessus  de  i  oo°  a  été  agité  avec  une 
»  solution  de  carbonate  de  soude,  décanté  et  distillé.  On  a  recueilli  ce  qui 
»  a  passé  entre  1200  et  i3o°.  La  quantité  de  ce  liquide  était  relativement 
»  peu  considérable  et  offrait,  à  peu  de  chose  près,  la  composition  de  l'acétate 
»  d'amyle,  sans  être  identique  avec  ce  corps,  car  son  odeur  était  entière- 
»  ment  différente  (1).  » 

»  J'ai  dit  «  à  peu  de  chose  près,  »  parce  cpie  les  analyses  que  j'ai  faites 
de  ce  corps  n'étaient  pas  aussi  correctes  que  je  pouvais  le  désirer.  Les 
voici  : 


C'^G^'O' 

I. 

II. 

Acétate  amylénique 

64,8 

65, 0 

64,6 

Hydrogène.  .  .  . 

11,0 

1 1 ,6 

10>77 

Tels  qu'ils  sont,  ces  nombres  ne  laissent  aucune  incertitude  sur  la  com- 
position du  corps  obtenu.  J'ai  fait  plus  :  j'ai  saponifié  cet  acétate  par  la 
potasse  et  j'ai  analysé  l'hydrate  mis  en  liberté  en  petite  quantité.  Cette  ana- 
lyse a  donné  C  =  66,o,  H  =  12,5,  au  lieu  de  C  =  68,a,  H=:i3,6;  mais 
comme  cette  analyse  est  incorrecte,  je  n'ai  pas  cru  devoir  citer  l'expérience. 
»  En  second  lieu,  je  tais  remarquer  que  j'ai  obtenu  l'acétate  amylénique 
non-seulement  par  double  décomposition  avec  l'iodhvdrate,  mais  encore 
directement  en  chauffant  l'hydrate  d'amylène  avec  l'acide  acétique  (a).  Mes 
expériences  ne  laissent  donc  aucun  doute  sur  ce  point  que  l'hydrate  d'amy- 
lène peut  former  des  combinaisons  analogues  aux  éthers  composés,   et  je 

(1)  Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  370;  25  août  1862. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  716. 


(  795) 
cherche  en  vain  ce  que  la  communication  de  M.  Berthelot  contient  de  nou- 
veau à  cet  égard.  Il  a  remplacé  l'iotlhydrate  d'amylène  par  le  chlorhydrate! 
et  l'acétate  d'argent  par  l'acétate  et  le  henzoate  de  soude.  11  a  constaté, 
comme  je  l'avais  fait  avant  lui,  que,  dans  cette  réaction,  de  l'amylène  est 
mis  en  liberté  en  quantité  notable.  La  Note  de  M.  Berthelot  ne  m'a  donc- 
rien  appris;  mais  je  m'estime  heureux  néanmoins  qu'un  chimiste  aussi  dis- 
tingué ait  confirmé  mes  expériences  au  moment  où  j'étais  occupé  moi-même 
à  les  compléter. 

«  Je  suis  d'accord  avec  M.  Berthelot  lorsqu'il  constate  les  différences  cpii 
existent  entre  l';.lcool  amylique  et  l'hydrate  d'amylène,  et  qu'on  peut  expri- 
mer ainsi  :  que  tandis  que  le  premier  composé  et  ses  dérivés  ne  se  conver- 
tissent en  amylène  que  sous  l'influence  de  réactions  relativement  énergiques, 
telles  que  l'action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool  amylique  (Balard)  ou 
celle  de  l'oxyde  d'argent  sec  sur  l'iodure  d'amyle  (i),  etc.,  l'amylène  est 
au  contraire  mis  en  liberté,  dans  l'hydrate  d'amylène  et  dans  l'iodhy- 
drate,  sous  l'influence  des  réactions  les  plus  variées,  et  en  quelque  sorte  au 
moindre  choc.  M.  Berthelot  pense  sans  doute,  comme  moi,  que  les  faits 
d'isomérie  que  j'ai  observés  entre  les  composés  dont  il  s'agit  sont  d'un 
ordre  tout  différent  que  ceux  que  M.  Pasteur  a  découverts  entre  l'alcool 
amylique  actif  et  l'alcool  amylique  inactif.  Mais  ce  que  je  tiens  à  établir, 
c'est  que  M.  Berthelot  n'a  pas  prévu  le  cas  d'isomérie  dont  il  s'agit,  c'est-à- 
dire  la  différence  de  propriétés  chimiques  que  j'ai  constatée  le  premier  entre 
l'alcool  amylique  et  l'hydrate  d'amylène.  Après  avoir  prouvé  que  les  hydro- 
carbures G"PP"  possèdent  la  propriété  remarquable  de  se  combiner  avec 
les  hydracides,  ce  savant  a  décrit  sous  les  noms  d'éther  amylchlorhydrique 
(bouillant  à  ioo°)  et  d'éther  amylbromhydrique  (bouillant  entre  120-1250)  les 
produits  de  la  combinaison  de  l'amylène  avec  les  acides  chlorhydrique  et 
bromhydrique.  Il  a  regardé  ces  composés  comme  identiques  avec  l'élher 
amylchlorhydrique  ou  chlorure  d'amyle  et.  l'éther  amylbromhydrique  ou 
bromure  d'amyle,  en  faisant  toutefois  une  réserve  concernant  le  pouvoir 
rotatoire.  «  On  a  montré,  »  ce  sont  ses  propres  expressions,  «  que  l'alcool 
amylique  C,0II,2O2  pouvait  être  obtenu  avec  l'amylène  C,0H'0,  c'est-à-dire 
»  avec  un  corps  formé  lui-même  par  synthèse  totale  au  moyen  des  élé- 
»  ments;  mais  il  est  à  peu  près  certain  que  l'alcool  amylique  artificiel  ne 
»   possède  pas  le  pouvoir  rotatoire  (2).  »  Ayant  été  amené  à  m'occuper  de 

(1)  Ad.  Wurtz,  Jnnales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  XLVI,  p.  223. 

(2)  Chimie  organique  fondée  sur  la  synthèse,   t,  II,  p.  754- 

Io4-. 


(  79«  ) 
ce  sujet  à  l'occasion  de  mes  recherches  sur  la  formation  synthétique  de 
l'hydrocarbure  G!H10,  j'ai  montré  que  le  composé  nommé  élher  amylbrom- 
hydrique  par  M.  Berthelot  bout  à  iio°,  qu'il  est  isomérique  et  non  pas 
identique  avec  le  bromure  d'amyle,  et  que  l'hydrate  qu'il  donne  par  l'action 
de  l'oxyde  d'argent  et  de  l'eau  n'est  pas  l'alcool  amylique  inactif,  confor- 
mément aux  prévisions  de  M.  Berthelot,  mais  l'hydrate  d'amylène,  corps 
nouveau,  appartenant  à  un  nouveau  type,  et  qui,  bien  que  jouant  dans 
une  certaine  mesure  le  rôle  d'un  alcool,  se  distingue  complètement  des 
alcools  ordinaires.    » 

chimie  organique.  —  Observation  sur  une  communication  de  M.  Cahours, 
concernant  les  corps  isomères,  le  chlorobenzol  et  le  toluène  bichloré;  Note  de 
M.  A.  i\aqcet,  présentée  par  M.  Balard. 

«  M.  Cahours  a,  dans  sa  dernière  Note,  conhrmé  par  un  fait  nouveau 
l'isomérie  du  toluène  bichloré  et  du  chlorobenzol  que  j'avais  considérée 
comme  très-probable  dans  ma  dernière  communication.  S'appuyant  en 
outre  sur  les  résultats  que  j'ai  obtenus  avec  le  toluène  bichloré,  il  suppose 
que  les  dérivés  par  substitution  du  chlorobenzol  et  les  dérivés  par  substitu- 
tion du  toluène  contenant  plus  de  3  équivalents  de  chlore  sont  de  plus  en 
plus  rapprochés  dans  leurs  propriétés.  Ce  fait  serait  de  même  ordre  que 
celui  découvert  par  M.  Caventou.  (On  sait  que  ce  dernier  chimiste  a  montré 
l'identité  du  bromure  d'éthylène  brome  et  du  bromure  d'éthyle  bibromé.) 
Enfin  M.  Cahours  annonce  qu'il  se  propose  d'étudier  les  dérivés  chlorés 
supérieurs  du  toluène  pour  les  comparer  aux  dérivés  chlorés  du  chloro- 
benzol. 

»  Dans  la  première  communication  que  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à 
l'Académie,  j'annonçais  également  l'intention  où  j'étais  d'examiner  les  pro- 
duits de  substitution  du  toluène. 

»  M.  Cahours  ayant  manifesté  après  moi  le  même  désir,  je  ne  puis 
mieux  faire  que  d'abandonner  à  ses  mains  habiles  le  soin  de  continuer  ces 
recherches,  me  réservant  d'étudier  désormais  les  produits  de  substitution 
du  cumène  et  les  divers  termes  de  la  série  xylénique  que  l'on  pourra  pro- 
bablement obtenir  avec  les  dérivés.  » 

chimie.  —  Remarques  au  sujet  d'une  Note  de  M.  Carius  ;  Note  de  M.  J  Nu:klès, 

présentée  par  M.  Pasteur. 

«   M.  Carius  me  reproche,  dans  ces  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  595,  de  (ni 


(  797  ) 
avoir  attribué  une  découverte  qu'il  n'a  pas  faite,  lorsqu'en  appelant,  il  y  a 
quelques  semaines  {Comptes  rendus,  p.  388),  l'attention  de  l'Académie  sur 
une  nouvelle  classe  de  combinaisons  chimiques,  j'ajoute  que  «  M.  Carius 
»   vient  de  faire  connaître  des  combinaisons  semblables.  » 

»  Je  donne  à  ce  chimiste  acte  de  sa  déclaration.  Si  j'ai  péché  par  excès 
de  générosité,  je  ne  puis  pas  faire  le  même  reproche  à  M.  Carius  qui  juge 
avec  un  peu  trop  d'empressement  des  composés  nouveaux  qu'il  n'a  jamais 
vus.  Selon  lui,  en  effet,  ces  composés  ne  sont  que  des  mélanges  impurs, 
"  auxquels  manquent  beaucoup  des  propriétés  des  véritables  combinaisons 
»   chimiques.   » 

»  Si  ce  chimiste  s'était  donné  la  peine  de  préparer  les  substances  qui 
font  l'objet  de  ce  débat,  il  aurait  infailliblement  reconnu  son  erreur,  car 
elles  sont  parfaitement  définies  et  possèdent  une  forme  cristalline  très-nette 
dont  les  incidences  se  maintiennent  même  quand  la  cristallisation  s'est 
effectuée  dans  des  milieux  très-différents,  caractères  qui,  avec  beaucoup 
d'autres  rapportés  dans  mon  Mémoire,  excluent  l'idée  d'un  mélange  et  ne 
peuvent  appartenir  qu'à  des  combinaisons  définies. 

»  Au  reste,  l'Académie  a  entre  les  mains  le  moyen  de  vérifier  les  asser- 
tions du  chimiste  allemand  et  les  miennes,  car  l'une  de  mes  combinai- 
sons, le  sel  prismatique  à  base  carrée,  contenant  de  la  baryte  et  de  l'acide 
butyro -acétique,  est  entre  les  mains  de  l'un  de  ses  Membres,  M.  Pasteur  (i). 

CHIMIE.  —  De  C  action  du  soufre  sur  des  dissolutions  de  sels  à  réaction  alcaline. 
Décomposition  de  teau  bouillante  par  ce  corps;  par'M.  J.  de  Girard.  (Extrait 
présenté  par  M.  Balard.) 

•»   Cette  Note  a  pour  sujet  l'exposé  succinct  de  quelques  expériences 

exécutées  dans  le  laboratoire  de  M.  Béchamp  et  à  son  instigation  sur  la 
décomposition  de  l'eau  par  le  soufre,  soit  quand  on  le  fait  agir  seul,  soit 
avec  le  concours  des  sels  à  réaction  alcaline. 

»  i°  Action  du  soufre  sur  une  dissolution  de  pyrophosphate  de  soude.  —  Dans 
un  appareil  clos,  disposé  pour  éviter  l'entraînement  mécanique  d'une  por- 

(i)  Je  saisis  cette  occasion  pour  rectifier  une  erreur  typographique  qui,  du  reste,  se  cor- 
rige d'elle-même.  A  la  page  389  de  ce  volume,  dans  le  tableau  qui  est  relatif  à  la  compo- 
sition de  mon  sel  quadruple  à  base  de  plomb  et  de  sodium,  il  y  a  pour  la  proportion  théo- 
rique du  plomb  46,83  au  lieu  de  49,83.  C'est  ce  dernier  nombre  que  j'ai  indiqué  :  on  en 
trouve  la  preuve  dans  le  journal  l'Institut  du  4  mars  dernier  (p.  68),  où  mon  Mémoire  se 
trouve  reproduit  avec  le  nombre  49>83  dont  s'agit. 


(  798  ) 
lion  des  composés  formés  et  pour  recueillir  des  gaz,  s'il  s'en  dégageait,  on  a 
fait  bouillir  du  pyrophosphate  de  soude  dissous  dans  l'eau  (5  grammes  de 
ce  sel  pour  i5o  grammes  d'eau)  avec  un  excès  de  fleurs  de  soufre  bien  iavées. 
La  liqueur  se  colora  rapidement  en  brun  rougeâtre  foncé  par  la  formation 
d'un  polysuifure.  L'ébullition  étant  continuée  pendant  plusieurs  heures, 
de  l'hydrogène  se  dégagea  en  abondance  et  l'on  obtint  une  grande  quan- 
tité de  sulfure  de  plomb.  Peu  à  peu  la  liqueur  se  décolora  complètement 
tout  en  dégageant  encore  du  gaz  sulfhydrique.  Arrivé  à  ce  point  on  mit  fin 
a  l'expérience.  La  dissolution  fut  filtrée  pour  séparer  l'excès  de  soufre  cpii 
avait  pris  une  teinte  particulière.  Il  était  évident  que  cette  liqueur  ne  devait 
plus  contenir  que  de  l'hyposulfite  de  soude  et  un  sel  renfermant  de  l'acide 
pyrophosphorique  ou  cet  acide  modifié.  Pour  l'analyser,  on  y  ajouta  du 
nitrate  d'argent  aussi  longtemps  que  le  précipité  blanc,  qui  se  formait 
d'abord,  devînt  noir  par  sa  transformation  en  sulfure  d'argent.  Ce  dernier 
étant  séparé,  une  nouvelle  addition  de  sel  argentique  fit  naître  un  précipité 
jaune  de  phosphate  d'argent. 

»  Cette  expérience  prouve  donc  trois  choses  :  l'action  du  soufre  sur  la 
soude  du  pyrophosphate,  par  suite  la  transformation  de  l'acide  pyrophos- 
phorique, un  instant  libre,  en  acide  nhosphorique  ordinaire,  enfin  la 
décomposition  du  polysuifure  primitivement  formé.  Cette  dernière  remarque 
a  conduit  à  tenter  l'expérience  suivante. 

»  2°  Action  du  soufre  sur  une  dissolution  de  sulfure  de  sodium.  —  Dans  les 
conditions  de  l'expérience  précédente,  j'ai  porté  à  l'ébullition  une  dissolu- 
tion de  sulfure  de  sodium  (NaS)  en  présence  d'un  excès  de  soufre.  Lepolv- 
sulfure  qui  prend  d'abord  naissance  se  détruit  en  dégageant  de  l'hydrogène 
sulfuré,  et  la  liqueur  décolorée,  devenue  complètement  neutre  aux  papiers 
réactifs,  ne  contient  plus  que  de  l'hyposulfite  de  soude.  En  effet,  filtrée  et 
évaporée,  elle  a  donné  des  cristaux  de  ce  sel  caractérisés  par  leur  forme  et 
par  leurs  réactions. 

»  Dans  les  mêmes  circonstances  le  sulfure  de  sodium  seul  décompose 
l'eau.  Un  dégagement  d'hydrogène  sulfuré  témoigne  de  la  réaction.  Ces 
deux  dernières  expériences  m'ont  amené  à  penser  que  le  soufre  lui-même 
est  capable  de  décomposer  l'eau  à  ioo°. 

»  3°  Action  du  soufre  sur  tenu  bouillante.  —  Pour  cette  expérience  on  a 
lavé  la  fleur  de  soufre  à  outrance,  d'abord  à  l'eau  distillée  bouillante,  et  puis 
à  l'eau  froide.  Le  soufre  encore  humide  introduit  dans  l'appareil  précédent 
avec  de  l'eau  distillée  a  été  chauffé  jusqu'à  l'ébullition  du  liquide.  11  s'est 
bientôt  dégagé  une  grande  quantité  d'acide  sulfhydrique.  L'eau  condensée 


(  799  ) 
dans  le  flacon  récipient  répandait  l'odeur  de  ce  gaz  et  précipitait  par  l'acé- 
tate de  plomb.  Un  tube  abducteur,  partant  de  ce  flacon,  amenait  la  portion 
du  gaz  non  dissoute  dans  une  dissolution  de  ce  même  sel.   Là  aussi  on  a 
obtenu  un  dépôt  considérable  de  sulfure  de  plomb. 

»  Il  est  donc  démontré  que  le  soufre  est  capable,  soit  à  l'état  de  polysul- 
fure,  soit  à  l'état  de  liberté,  de  décomposer  l'eau  à  ioo°(i). 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  capacité  inductiye  des  corps  isolants;  Xote  de 
M.  J.-M.  Gaugaix,  présentée  par  M.  Regnault. 

«  La  nouvelle  théorie  de  Y  influence,  mise  en  avant  par  M.  Faraday  il  y  a 
une  vingtaine  d'années,  a  donné  lien,  comme  on  le  sait,  à  de  nombreuses 
controverses,  et  il  n'est  pas  généralement  admis  que  la  capacité  inductive 
soit  une  propriété  à  part,  distincte  de  la  conductibilité  ordinaire.  Mais  le 
problème  de  la  détermination  des  capacités  inductives,  envisagé  de  la  ma- 
nière que  je  vais  indiquer,  est  une  question  purement  expérimentale  qui 
peut  être  traitée,  abstraction  faite  de  toute  idée  théorique. 

»  Suivant  les  vues  de  M.  Faraday,  la  capacité  inductive  consiste  dans  la 
facilité  plus  ou  moins  grande  avec  laquelle  l'électricité  neutre  se  décom- 
pose et  se  recompose  dans  l'intérieur  d'une  même  molécule,  tandis  que  la 
conductibilité  consiste  dans  la  facilité  plus  ou  moins  grande  avec  laquelle 
l'électricité  d'une  molécule  se  transmet  aux  molécules  voisines.  Mais  si  l'on 
s'en  tenait  à  ces  notions,  il  paraîtrait  fort  difficile,  sinon  impossible,  de 
distinguer  les  effets  de  la  capacité  inductive  de  ceux  de  la  conductibilité 
ordinaire,  et  pour  isoler  les  premiers  M.  Faraday  n'a  trouvé  d'autre 
moyen  que  de  charger  et  de  décharger  rapidement  les  condensateurs  dont 
il  s'est  servi.  Or,  il  me  paraît  évident  qu'en  opérant  de  cette  manière,  on 
introduit  implicitement  une  nouvelle  notion  qui  consiste  à  admettre  que  la 
capacité  inductive  peut  se  manifester  complètement  dans  un  temps  inap- 
préciable, tandis  que  la  conductibilité  exige  toujours,  pour  développer  ses 
effets,  un  temps  plus  ou  moins  long.  Si  l'on  prend  ce  caractère  comme  une 
définition,  on  peut  poser  en  termes  précis  le  problème  de  la  détermination 
des  capacités  inductives. 

(i)  M.  Planche  (Journal  de  Pharmacie,  t.  VIII,  p.  3^1  ;  1822)  a  vu  ce  corps  chauffé  avec 
de  l'eau  donner  naissance  à  de  l'hydrogène  sulfuré;  mais  il  attribue  la  formation  de  ce  gaz 
à  la  présence  de  l'hydrogène  dans  le  soufre. 

M.  Dumas  (Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  2e  série,  t.  L,  p.  i56)  a  trouvé  aussi  de 
l'hydrogène  dans  ce  métalloïde,  mais  en  quantité  trop  petite  ("environ  rvn)  Pour  atténuer 
la  valeur  de  mes  conclusions. 


(  8oo  ) 

»  Comme  je  l'ai  indiqué  dans  une  précédente  Note  [Comptes  tendus, 
séance  du  8  septembre  1862),  la  charge  d'un  condensateur  donné,  mis  en 
communication  avec  une  source  d'électricité  déterminée,  dépend  du  temps 
pendant  lequel  cette  communication  reste  établie  (du  moins  quand  le  dié- 
lectrique est  un  corps  solide).  D'après  cela,  cette  charge  doit  avoir  une 
valeur  maxima  et  une  valeur  mini  nia,  et  la  recherche  de  ces  deux  limites 
constitue  deux  problèmes  parfaitement  déterminés.  Or,  il  résulte  des  consi- 
dérations précédentes  que  la  limite  inférieure  des  charges  est  précisément 
ce  que  l'on  a  désigné  sous  le  nom  de  capacité  inductive. 

.  Dans  la  Note  que  j'ai  rappelée  plus  haut,  je  me  suis  occupé  de  la  dé- 
termination de  la  limite  supérieure  des  charges;  le  travail  dont  je  vais 
rendre  compte  a  eu  pour  principal  objet  de  rechercher  leur  limite  inférieure. 
J'ai  suivi  dans  les  deux  cas  le  même  procédé  d'expérimentation.  J'ai  con- 
struit avec  des  diélectriques  différents  une  série  de  carreaux  fulminants  de 
mêmes  dimensions;  je  les  ai  successivement  chargés  en  les  mettant  en  com- 
munication, pendant  un  temps  déterminé,  avec  une  source  électrique  de 
tension  invariable,  et  dans  chaque  cas  j'ai  mesuré  la  quantité  d'électricité 
condensée  par  l'armure  influençante  en  me  servant  de  la  méthode  que  j'ai 
appelée  méthode  de  jaugeage. 

»  En  procédant  de  cette  manière,  j'ai  constaté  que  la  quantité  d'électri- 
cité condensée  diminue  en  même  temps  que  la  durée  de  la  charge,  alors 
même  que  l'on  se  borne  à  considérer  de  petits  intervalles  de  temps.  Ainsi 
j'ai  trouvé  que  les  charges  d'un  carreau  fulminant  construit  avec  de  l'acide 
stéarique  du  commerce  étaient  exprimées  par  les  nombres  suivants,  en  pre- 
nant pour  unité  la  charge  d'un  condensateur  à  air  de  mêmes  dimensions  que 
le  condensateur  à  acide  stéarique. 

Durée  Quantité 

delà  charge.  d'électricité  condensée. 

Une  fraction  de  seconde 1  ,3 

2  secondes 1,8 

4o  secondes . 2,7 

Plusieurs  heures 7,0 

»  Il  résulte  de  là  que,  si  la  conductibilité  et  la  capacité  inductive  sont 
deux  propriétés  distinctes,  il  faut,  pour  éliminer  la  première,  opérer  plus 
rapidement  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici.  Les  physiciens  qui  se  sont  occupés 
de  la  détermination  des  capacités  inductives  n'ont  pas,  en  général,  noté  le 
temps  pendant  lequel  leurs  condensateurs  sont  restés  chargés.  M.  Faraday 
se  borne  à  mentionner  qu'il  a  opéré  rapidement;  mais  je  crois  qu'il  faut  au 


(  Soi  ) 
moins  trois  ou  quatre  secondes  pour  exécuter  les  manœuvres  que  sa  mé- 
thode comporte,  et  il  est  hors  de  doute  que  dans  cet  intervalle  de  temps 
la  conductibilité  peut  manifester  son  action,  puisque,  dans  l'exemple 
cité,  la  quantité  d'électricité  condensée  se  trouve  réduite  à  peu  près  d'un 
quart  lorsqu'on  passe  de  la  durée  de  charge  2  secondes  à  une  durée  que 
j'évalue  grossièrement  à  j~  de  seconde. 

»  Il  ne  m'a  pas  été  possible,  jusqu'ici,  de  réduire  la  durée  de  la  charge 
au-dessous  de  cette  fraction  de  seconde  ;  mais  je  regarde  comme  certain 
que,  dans  ce  petit  intervalle  de  temps,  la  conductibilité  peut  exercer  encore 
une  certaine  action,  et  je  suis  porté  à  croire  que,  pour  l'acide  stéarique,  la 
véritable  valeur  de  la  limite  inférieure  des  charges  est  l'unité,  ce  qui  revient 
à  dire  que  l'acide  stéarique  a  précisément  la  même  capacité  inductive  que 
l'air. 

»  Tous  les  corps  isolants  que  j'ai  mis  en  expérience  ne  se  sont  pas,  je 
dois  le  dire,  comportés  comme  l'acide  stéarique,  et  les  résultats  obtenus 
avec  quelques-uns  d'entre  eux  semblent,  au  premier  abord,  fournir  un  ar- 
gument décisif  en  faveur  de  la  théorie  de  M.  Faraday.  Par  exemple,  si  l'on 
compare  deux  carreaux  fulminants  de  mêmes  dimensions  formés  l'un  avec 
de  l'acide  stéarique,  l'autre  avec  du  soufre,  on  trouve  que  le  premier  l'em- 
porte de  beaucoup  sur  le  second  lorsque  la  durée  de  la  charge  est  de  quel- 
ques secondes,  et  qu'au  contraire  le  second  l'emporte  notablement  sur  le 
premier  lorsque  la  durée  de  la  charge  est  réduite  à  jj^  de  seconde.  Au 
premier  coup  d'ceil,  il  semble  impossible  d'expliquer  cette  interversion 
sans  faiie  intervenir  une  propriété  distincte  de  la  conductibilité;  mais 
pourtant  il  est  aisé  de  reconnaître  que  l'on  peut  se  dispenser  de  recourir  à 
cette  propriété  nouvelle,  si  l'on  admet  que  l'un  au  moins  des  diélectriques 
présente  une  certaine  hétérogénéité  de  composition  ou  de  structure.  Con- 
cevons en  effet,  d'une  part,  un  diélectrique  homogène  doué  d'une  faible 
conductibilité;  d'une  autre  part,  un  diélectrique  composé  d'une  masse  ab- 
solument isolante  au  milieu  de  laquelle  se  trouvent  disséminés  des  fragments 
d'une  autre  substance  parfaitement  conductrice,  il  est  aisé  de  comprendre 
que  le  second  diélectrique  pourra  l'emporter  sur  le  premier  lorsque  la  durée 
des  charges  sera  suffisamment  petite,  et  qu'au  contraire  le  diélectrique 
homogène  prendra  le  dessus  lorsque  les  charges  seront  suffisamment  pro- 
longées. 

»  Je  suis  parvenu  à  démontrer  directement  cette  influence  de  l'hétéro- 
généité au  moyen  de  deux  gâteaux  de  fleur  de  soufre  qui  contenaient  l'un 
une  très-minime  quantité  d'eau,  l'autre  une  proportion  un  peu  plus  grande 

C.   R  ,  i863,    1"  Semestre.   (T.  LVI,  N°  16.)  lo5 


(  8oa  ) 

d'huile  d'olive.  Ces  deux  gâteaux,  dont  les  dimensions  étaient  exactement  les 
mêmes,  ont  été  comparés  de  la  même  manière  que  les  disques  compactes, 
et  m'ont  fourni  les  résultats  suivants  :  le  gâteau  contenant  de  l'eau  a  donné 
une  charge  presque  double  de  celle  qui  a  été  obtenue  avec  le  gâteau  im- 
prégné d'huile,  lorsque  la  durée  des  charges  n'a  été  qu'une  fraction  de 
seconde;  quand  au  contraire  cette  durée  a  été  portée  à  quelques  minutes, 
c'est  le  gâteau  imprégné  d'huile  qui  l'a  emporté  de  beaucoup  sur  le  gâteau 
contenant  de  l'eau.  Il  est  donc  certain  que  l'interversion  observée  dans 
l'ordre  de  grandeur  des  charges  peut  être  expliquée  par  l'hétérogénéité  des 
diélectriques. 

»  Maintenant,  est-il  possible  d'attribuer  au  soufre  une  structure  hétéro- 
gène telle  que  celle  dont  je  viens  de  parler?  Les  travaux  de  MM.  Regnault, 
Ch.  Deville  et  Berthelot  nous  ont  appris  que  ce  corps  peut  subir  des  modi- 
fications très-diverses,  et  il  paraît  assez  naturel  d'admettre  que  sa  conduc- 
tibilité électrique  se  modifie  en  même  temps  que  ses  autres  propriétés;  mais 
j'ai  pu  vérifier  directement  cette  supposition,  grâce  à  l'extrême  obligeance 
de  M.  Berthelot,  qui  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  des  échantillons 
de  soufre  amorphe  et  de  soufre  octaédrique.  J'ai  formé  avec  ces  échantillons 
des  gâteaux  pulvérulents  sur  lesquels  j'ai  opéré  comme  sur  des  disques 
compactes,  et  je  suis  arrivé  aux  résultats  suivants  :  la  quantité  d'électricité 
accumulée  parle  condensateur  formé  avec  le  soufre  octaédrique  croît  très- 
sensiblement  avec  la  durée  de  la  charge  et  reste  très-supérieure,  même  poul- 
ies plus  petites  durées  de  charge,  à  la  quantité  accumulée  par  un  conden- 
sateur à  air  de  même  dimension.  La  charge  du  condensateur  formé  avec  le 
soufre  amorphe  ne  varie  point  avec  le  temps  et  se  trouve  précisément  égale 
à  la  charge  d'un  condensateur  à  air  de  même  dimension. 

»  En  résumé,  toutes  les  recherches  que  j'ai  faites  sur  les  propriétés  des 
corps  isolants  rne  conduisent  à  penser  qu'ils  se  laisseraient  tous  traverser  de 
la  même  manière  par  l'influence  électrique,  si  l'on  pouvait  les  dépouiller 
complètement  de  leur  conductibilité.  Je  crois,  en  conséquence,  qu'il  y  a 
lieu  de  modifier  en  un  point  la  théorie  de  M.  Faraday.  D'après  les  vues  de 
cet  illustre  physicien,  l'induction  et  la  conduction  ne  sont,  comme  on  le 
sait,  que  les  deux  termes  extrêmes  d'un  même  mode  de  propagation  qui 
s'effectue,  dans  tous  les  cas,  par  l'intermédiaire  des  molécules  matérielles. 
Or,  il  paraît  effectivement  établi,  par  mes  recherches  antérieures  [Annales 
de  Chimie  et  de.  Physique;  février  1862),  que  les  lois  mathématiques  de  la 
transmission  sont  les  mêmes  dans  le  cas  de  l'induction  et  dans  le  cas  de  la 
conduction  ;  mais  il  ne  résulte  pas  de  là  que  ces  deux  modes  de  propagation 


(  8o3  ) 

s'effectuent  dans  le  même  milieu;  il  me  parait  probable,  au  contraire,  que 
l'électricité,  comme  la  chaleur,  peut  se  propager  par  l'intermédiaire  de 
l'éther,  aussi  bien  que  par  l'intermédiaire  de  la  matière  pesante,  et  je  suis 
porté  à  croire  que  l'influence  ou  induction  se  transmet  par  la  première  de 
ces  deux  voies,  tandis  que  la  conduction  emploie  la  seconde.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE. — Nouvelles  observations  sw  l'éryllirile;  Note  deM.  Victok 
de  Luynes,  présentée  par  M.  Dumas.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«    i°  L'érythrite  présente  à  un  haut  degré  le  phénomène  de  la  surfnsion. 

»  20  Chauffée  à  i/\o°  avec  l'hydrate  de  potasse,  elle  se  transforme  en 
acide  oxalique  en  produisant  un   dégagement  considérable  d'hydrogène. 

»  3°  En  solution  aqueuse  concentrée,  et  au  contact  du  noir  de  platine, 
elle  absorbe  l'oxygène  avec  tant  d'énergie,  que  la  masse  devient  incandes- 
cente. Avec  une  solution  étendue,  l'action  est  moins  vive,  et  il  se  produit 
un  acide  analogue  à  celui  que  M.  Gorup  Besanez  a  obtenu  par  l'oxydation 
de  la  mannite  et  sur  lequel  je  me  propose  de  revenir. 

»  4°  J'ai  fait  voir  dans  une  précédente  communication  que  l'acide  iodhy-" 
drique  concentré  transformait  l'érythrite  en  un  liquide  présentant  la  même 
composition  que  l'iodure  de  butyle,  et  j'annonçais  en  même  temps  que  je 
me  proposais  d'étudier  comparativement  les  produits  dérivés  de  cet  iodure 
et  ceux  obtenus  directement  au  moyen  de  l'alcool  butylique  de  fermenta- 
tion. Cette  étude  était  rendue  nécessaire  après  les  travaux  récents  qui  ont 
été  publiés  par  M.  Wurtz  sur  l'isomère  de  l'alcool  amylique.  Voici  à  quels 
résultats  je  suis  arrivé. 

»  L'iodure  que  j'ai  obtenu  réagit  si  énergiquement  sur  l'acétate  d'argent, 
que  c'est  à  peine  si  l'on  a  le  temps  de  fermer  les  tubes  qui  contiennent  le 
mélange.  De  l'iodure  d'argent  se  forme,  et  il  se  produit  un  dégagement  de 
chaleur  très-considérable.  La  réaction  étant  achevée,  les  tubes  renferment 
deux  liquides  différents  :  l'un  bouillant  vers  5°,  qui  paraît  surtout  formé  de 
butylène;  l'autre  volatil  de  iii°  à  ii3°,  d'une  odeur  agréable,  plus  léger 
que  l'eau  et  présentant  la  composition  de  l'acétate  de  butyle. 

»  Ce  dernier,  saponifié  par  la  potasse,  se  transforme  en  un  autre  liquide 
bouillant  de  1070  à  109°,  et  dont  la  composition  est  la  même  que  celle  de 
l'alcool  butylique.  Mais  ce  composé  doit  être  considéré  comme  identique, 
non  avec  l'alcool  butylique  de  fermentation,  mais  avec  celui  qui  dérive  du 
butylène,  car  il  existe  entre  lui  et  l'alcool  de  fermentation  les  mêmes  diffé- 
rences que  celles  que  M.  Wurtz  a  signalées  entre  l'hydrate  d'amylène  et 

io5.. 


(  804  ) 
l'alcool  amylique  dans  le  beau  travail  qu'il  vient  de  publier.  En  effet,  le 
brome  réagit  sur  lui  énergiquement  à  la  température  ordinaire,  de  plus  il 
absorbe  le  gaz  iod hydrique  en  proportion  considérable  vers  o°,  et  par  l'ad- 
dition d'une  petite  quantité  d'eau  il  se  sépare  un  liquide  qui  présente  les 
mêmes  propriétés  que  l'iodure  primitif. 

»  L'alcool  butylique  de  fermentation,  traité  de  la  même  manière,  n'a  rien 
présenté  de  semblable. 

»  5°  Je  terminerai  par  quelques  détails  sur  la  préparation  de  l'érythrite 
et  de  l'orcine. 

»  L'érythrite  s'obtient  toujours  en  décomposant  l'acide  érythrique  par 
les  alcalis.  11  se  forme  en  même  temps  de  l'orcine  et  de  l'acide  carbonique 
qui  se  combine  avec  la  base  employée.  La  réaction  n'a  lieu  que  sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur,  et  donne  naissance  à  une  quantité  assez  considérable 
de  matière  résineuse  qui  provient  d'une  oxydation  partielle  de  l'orcine  au 
contact  de  l'air  et  en  présence  de  la  base.  On  évite  la  production  de  ces 
corps  résineux  en  opérant  à  l'abri  du  contact  de  l'air. 

»  L'acide  érythrique  complètement  lavé,  et  seulement  égoutté,  est  intro- 
duit dans  une  chaudière  en  tôle  et  chauffé  pendant  deux  heures  environ 
à  i5o°  avec  une  proportion  de  chaux  éteinte  un  peu  inférieure  à  la  quan- 
tité nécessaire  pour  le  décomposer.  La  transformation  est  alors  complète; 
il  suffit  de  filtrer  la  liqueur  pour  séparer  le  carbonate  de  chaux,  et  de  la  con- 
centrer un  peu  si  l'acide  érythrique  n'a  pas  été  suffisamment  égoutté,  pour 
que,  par  le  refroidissement,  l'orcine  se  dépose  en  beaux  cristaux. 

»  Les  eaux  mères  qui  contiennent  le  reste  de  l'orcine  et  toute  l'érythrite 
sont  évaporées;  la  liqueur  en  refroidissant  se  prend  en  une  masse  cristal- 
line dans  laquelle  on  sépare  l'orcine  et  l'érythrite  au  moyen  de  l'éther. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  recherches  et  de  perfec- 
tionnements de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  >> 

L'Académie  des  Sciences  de  Munich  remercie  l'Académie  pour  l'envoi 
d'une  nouvelle  série  des  Comptes  rendus  hebdomadaires,  et  signale  quelques 
lacunes  qui  existent  dans  sa  collection. 

M.  de  Saint- Venant  demande  et  obtient  l'autorisation  de  reprendre  un 
Mémoire  qu'il  a  présenté  le  iG  mars  dernier,  et  sur  lequel  il  n'a  pas  été  fait 
de  Rapport.  Ce  Mémoire  a  pour  titre  :  «  Distribution  des  élasticités  autour 
de  chaque  point  d'un  solide...  » 


(  8o5  ) 
M.  Al.  Perrey  adresse  une  semblable  demande  pour  ses  «  Propositions 
sur  les  tremblements  de  terre  »,  présentées  à  la  séance  du  8  avril   1861,  et 
obtient  la  même  autorisation, son  travail  n'ayant  pas  été  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Pourriau  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  parmi  les 
pièces  de  concours  pour  le  prix  Morogues  six  ouvrages  qu'il  lui  a  adressés 
à  diverses  époques,  et  qui  se  rattachent  tous  plus  ou  moins  directement  à 
l'Économie  rurale.  Comme  ces  ouvrages  étaient  déposés  longtemps  avant  la 
clôture  du  concours  à  la  bibliothèque  de  l'Institut,  l'auteur  espère  que  sa 
demande,  quoique  adressée  un  peu  tardivement,  sera  priseen  considération. 

(Renvoi  à  la  future  Commission.) 

MM.  Escallier  et  Franceschini  prient  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter 
le  travail  de  la  Commission  à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyé  leur 
Mémoire  sur  un  médicament  composé  qu'ils  désignent  sous  le  nom  A  huile 
des  Alpes. 

(Renvoi  aux  Commissaires  nommés  :  MM.  Andral,  Bernard.) 


■' 


M.  Alciator  adresse  de  Marseille  un  Mémoire  sur  deux  inventions 
relatives  aux  moyens  d'atténuer  les  accidents  résultant  du  choc  de  deux 
convois  de  chemin  de  fer  et  de  deux  bâtiments  en  mer,  et  sur  une  troisième 
ayant  pour  objet  un  moyen  d'évacuer,  sans  pompes,  l'eau  de  la  cale  d'un 
navire. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Morin  et  Clapeyron.) 
A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.  D.  R. 


(  806  ) 


BULLETIN'    BIBLIOGRAPHIQUE 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  20  avril  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

On  the  action...  De  l'action  des  lames  non  cristallisées  sur  la  lumière  com- 
mune et  la  lumière  polarisée;  par  sir  David  Brewster.  Edimbourg,  i863: 
in-4°. 

On  t lie  existence...  Sur  l'existence  d'acarus  entre  des  lames  de  mica  en  con- 
tact optique,  et  sur  certaines  formations  végétales  et  minérales  dans  le  spath  cal- 
caire;  parle  même.  Edimbourg,  1 863 ;  in-4°. 

On  the  polarisation...  Sur  la  polarisation  de  la  lumière  par  des  surfaces 
blanches  et  âpres;  par  le  même.  Edimbourg,  i863;  in-40. 

On  the  pressure...  Sur  les  cavités  par  pression  [intérieure)  dans  la  topaze,  le 
béryl  et  le  diamant,  et  sur  les  conséquences  de  ce  Jait  par  rapport  aux  théories 
(jéolocjiques ;  parle  même.  Edimbourg,  i863;  in-4°. 

On  the  structure. ..  Sur  la  structure  des  anciens  verres  décomposés,  et  les  phé- 
nomènes optiques  qu'ils  représentent  ;  par  le  même.  Edimbourg,  1 863  ;  in-4°. 
f  Extraits  des  Transactions  de  la  Société  royale  d'Edimbourg ,  vol.  LU  et  LUI.) 

Bulletin  de  la  Société  de  Chirurgie  de  Paris  pendant  l'année  1862  ;  2e  série, 
t.  III.  Paris,  i863;  in-8°. 

Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires; 
3e  série,  t.  VIII.  Paris,  1862;  in-8°. 

Notice  sur  tes  travaux  agricoles  de  M.  Chambrelent.  Paris,  1 863  ;  in-4°. 

Exposition  universelle  de  1862:  Matériaux  de  construction;  par  M.  DELESSE. 
(Extrait  des  Rapports  des  Membres  de  la  section  française  du  Jury  international.) 
Paris,  1 863  ;  in-8°. 

Instruction  pratique  pour  l'usage  du  pendule  balistique  à  induction;  pat 
Martin  de  Brettes.  Paris,  1862;  in-8°  avec  planches. 

Instruction  sur  l'emploi  du  chronographe  à  induction  [pendule  conique)  dans 
les  expériences  balistiques  ;  par\e  même.  Paris,  i863;in-8°,  avec  une  planche. 

Ces  deux  ouvrages  sont  présentés,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  le  Maré- 
chal Vaillant. 

Notice  à  l'appui  de  la  candidature  de  M.  le  Dr  Maxime  Vernois  à  la  place 
vacante  dans  la  section  d'Hygiène,  Médecine  légale  et  Police  médicale  de  I ' A- 
cadémie  impériale  de  Médecine.  Paris,  in-4°. 

Société  d'Horticulture  de  la  Gironde,  sous  le  patronage  de  S.  M.  ilmpéra- 


(  3o7  ) 
trice  Eugénie.  Exposition  de  septembre  1 863.  Bordeaux,  i863;  br.  in-8°. 

Annales  de  la  Société  de  Médecine  de  Saint-Etienne  et  de  la  Loire;  t.  II 
(suite),  ie  partie,  année  1862,  livraisons  1  à  4-  Saint-Etienne,  !  863  ;  in-8°. 

L'Economiste  français;  Journal  de  la  Science  sociale,  etc.,  paraissant  tous 
les  quinze  jours,  sous  la  direction  de  M.  J.  Duval;  ire  année  (n°*  1  à  24), 
année  1862.  Paris;  in-4°. 

Ethiopie.  Carte  n°  9  :  Inarja  et  pays  limitrophes.  Carte  n°  to  :  Frontière 
septentrionale  du  Kajja;  par  M.  Ant.  d'Abbadie.  Paris,  1862;  2  cartes  in-foi. 

Astronomical...  Observations  astronomiques  et  météorologiques  faites  à  l'Ob- 
servatoire naval  des  États-Unis  pendant  l'année  1861  ;  publié  par  l'autorité  du 
Ministre  de  la  Marine,  sous  la  surintendance  du  commodore  J.-M.  GiLUS.s. 
Washington,  1862;  vol.  in-4°.  (Oflert  par  l'Observatoire  naval.) 

Expérimental...    Recherches  expérimentales   sur  les  granits   de  l'Irlande; 
3e  partie  :   Sur  tes   granits  du   Donegal;  par  le    Rév.   Samuel   Haughton. 
(Extrait  du  Quarterly  Journal  of  the  Geological  Society,  novembre   1862. 
Londres,  1862  ;  in-8°. 

On  the  use...  Sur  l'emploi  de  la  nicotine  dans  le  tétanos  et  dans  tes  empoi- 
sonnements par  la  strychnine  ;  par  le  même.  (Extrait  du  Dublin  Quarterly 
Journal  oj  médical  science,  août  1862.)  Dublin,  i862;in-8°. 

Note...  Note  sur  les  observations  anémographiques  pour  le  comté  de  Claie 
en  1861 ,  d'après  les  observations  météorologiques  de  M.  F.-J.  FOOT;  par  le 
même.  In-8°. 

Notes...  Notes  sur  la  minéralogie;  par  le  même.  (Extrait  du  Philosopliuid 
Magazine;  janvier  1862.)  1  feuille  in-8°. 

Rainfall...  Pluie  et  évaporation  de  l'eau  à  Sainte-Hélène,  par  John 
Haughton.  Dublin,  i862;in-8°. 

Short  account...  Sur  quelques  expériences f entes  à  Dublin  pour  déterminer 
le  mouvement  azimutal  du  plan  de  vibration  d'un  pendule  libre.  (Extrait  des 
Proceedings  of  the  royal  irish  Academy ;  avril  i85  1 .)  (Compte  rendu  d'expé- 
riences faites  par  M.  S.-V.  Haughton,  ingénieur  mécanicien.) 

Notices...  Comptes  rendus  des  réunions  de  l'Institution  royale  de  la  Grande- 
Bretagne  ;  partie  XII,  1861-1862.  Londres,  1862;  in-8°. 

Journal...  Journal  de  la  Société  Géologique  de  Dublin;  vol.  IX,  partie  H 
1861-1862).  Dublin,  1862;  in-8°. 

Denkschriften. , .  Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  tienne, 
(■■lasse  des  Sciences  Mathématiques  et  des  Sciences  Naturelles;  XXIe  volume. 
Vienne,  1 863;  vol.  in-4°. 

Sitzungberichte...   Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  impériale  des 


(  808  ) 

Sciences  de  Vienne  (classe  des  Sciences  Mathématiques  et  Naturelles);  t.  XL VI, 
livraisons  4  et  5  (novembre  et  décembre  1862).  Vienne,  1 863  ;  in-8°. 

Ueber...  Sur  la  diffusion  des  feldspath ,  albite,  oliqoclase  et  labrador  dans  les 
roches  prétendues  plutoniques  de  la  Forêt-Noire  ;  par  le  prof.  H.  Fischer. 

Annali...  Annales  de  l'Académie  des  aspirants  naturalistes  ;  3e  série,  2e  vo- 
lume, année  1862.  Naples,  i863;  in-8°. 

Sull'  attuale...  Sur  le  mouvement  scientifique  actuel  en  Italie,  considéré  seule- 
ment au  point  de  vue  des  sciences  naturelles;  par  le  prof.  Oronzio-Gabriele 
Costa.  JNaples,  i863;  br.  in-8°. 

lstruzioni...  Instructions  pratiques  pour  le  montage  et  l'emploi  de  la  pile  de 
Daniell  modifiée;  par  Giov.  Minotto.  Turin,  i863;  in-8°. 

Giudizii...  Jugements  et  expériences  sur  la  pile  à  sable  Daniell;  par  le 
même,  in-4°- 

Bolelin...  Bulletin  de  l'Observatoire  physico-météorologique  de  la  Havane; 
publié  sous  la  direction  de  don  Andres  Poey  ;  part.  I  :  Observations  horaires. 
juillet  à  décembre  1862.  Havane,  1862. 


i  i\ÎA 


DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  27  AVRIL  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

paléontologie  humaine.  —   Deuxième  Note  sur  la  mâchoire  d '  Abbeville  ; 

par  M.  DE  QuATKEFAGES. 

«  Depuis  la  lecture  de  nia  première  Note  sur  la  mâchoire  humaine 
trouvée  par  M.  de  Perthes  dans  le  diluvium  d'Abbeville,  j'ai  appris  que  des 
doutes  graves  s'étaient  élevés  sur  l'authenticité  de  cette  découverte.  Cette 
circonstance  m'engage  à  préciser  quelques  faits  que  je  m'étais  borné  à  indi- 
quer dans  ma  communication  précédente. 

»  Je  dois  faire  remarquer  d'abord  que  parmi  les  personnes  qui  ont  émis 
ces  doutes,  pas  une,  que  je  sache,  n'a  étudié  de  près  l'objet  sur  lequel  porte 
la  discussion  (i).  La  plupart  ne  l'ont  pas  même  entrevu.  C'est  sur  l'examen 
des  haches  retirées  de  la  couche  où  a  été  trouvée  la  mâchoire  que  reposent  à 
peu  près  toutes  les  objections.  On  affirme  que  celles  de  ces  haches  qui  ont 
été  portées  en  Angleterre  ont  toutes  été  reconnues  pour  être  fausses. 


•  ^i)  Je  dois  excepter  M.  Falconer.  Je  recois  à  l'instant  le  Times  du  25  avril,  et  j'y  trouve 
une  Lettre  par  laquelle  ce  savant  se  déclare  convaincu  de  la  fausseté  du  fossile  d'Abbeville; 
il  ne  voit  plus  dans  toute  cette  affaire  qu'une  leçon  de  prudence  et  de  circonspection.  Ces 
nouvelles  convictions  résultent  pour  lui  de  l'examen  de  haches  et  d'une  dent  prise  aussi 
dans  les  carrières  d'Abbeville.  —  Mais  elles  ne  reposent  pas  sur  une  nouvelle  étude  de  la 
mâchoire.  —  Aussi,  quelque  grave  que  soit  à  mes  yeux  la  déclaration  d'un  juge  aussi  baut  place 
que  M.  Falconer,  je  ne  trouve  rien  à  changer  à  la  Note  actuelle,  rédigée  avant  d'avoir  reçu 
son  article  du  Times. 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  |7.)  Io6 


(  8io) 

»  On  assure,  en  effet,  que  les  haches  de  silex  sont  aujourd'hui  devenues 
l'objet  d'une  industrie  frauduleuse,  que  certains  ouvriers  les  imitent  fort 
habilement,  et  que  quelques  savants  distingués  ont  été  dupes  de  pièges 
tendus  à  leur  curiosité  scientifique  et  à  leur  bonne  foi. 

»  Mais  de  ce  qu'une  ou  plusieurs  de  ces  haches  ont  été  reconnues  fausses, 
s'ensuit-il  que  toutes  le  soient  également?  Raisonner  ainsi  ce  serait  nier  qu'il 
existât  aux  environs  de  Rome  des  médailles  vraiment  authentiques,  des 
antiquités  véritables,  parce  que  l'art  de  les  contrefaire  a  été  porté  assez 
loin  pour  tromper  parfois  les  plus  habiles  connaisseurs. 

»  Quand  il  s'agit  d'une  découverte  de  ce  genre,  chaque  objet  exige  un 
examen  séparé,  et  l'authenticité  ou  la  fausseté  ressortent  de  deux  ordres  de 
faits  :  des  circonstances  même  dans  lesquelles  a  été  faite  la  trouvaille,  des 
conditions  dans  lesquelles  était  placé  l'objet  trouvé;  puis  des  caractères 
propres  de  cet  objet.  C'est  à  ce  double  point  de  vue  que  je  veux  examiner 
aujourd'hui  d'abord  les  deux  haches  que  j'ai  rapportées  d'Abbeville. 

»  Rendu  sur  les  lieux  avec  MM.  de  Pertb.es  et  Falconer,  je  descendis 
dans  la  carrière  et  enlevai  moi-même  les  quelques  déblais  restés  au  pied 
d'une  légère  excavation  déjà  pratiquée  dans  les  graviers.  Je  voulais  ainsi 
reconnaître  si  la  couche  on  on  allait  piocher  avait  été  déjà  travaillée.  Il  me 
parut  que  non.  Mais  cependant  mon  examen  ne  fut  pas  assez  minutieux 
pour  qu'une  petite  cavité  préparée  à  l'avance,  et  dans  laquelle  on  aurait  pu 
placer  une  !iaehejausse,  n'eût  pu  in' échapper.  —  Je  laissai  donc  subsister, 
je  le  dis  franchement,  une  possibilité  de  fraude. 

»  L'ouvrier  donna  sous  mes  yeux  un  certain  nombre  de  coups  de  pioche 
en  approfondissant  l'excavation,  si  bien  qu'un  éboulement  pouvait  être 
à  redouter  par  suite  du  peu  de  solidité  des  matériaux.  Les  derniers  coups 
mirent  au  jour  une  première  lia  die  que  je  m'empressai  de  recueillir. 

»  Cette  hache,  trouvée  au  milieu  des  déblais  faits  par  l'ouvrier,  pouvait 
avoir  été  déposée  frauduleusement  en  terre  avant  mon  arrivée;  car  elle  s'est 
montrée  au  milieu  des  déblais,  et  je  n'ai  pu  juger  des  conditions  de  son 
gisement.  —  La  possibilité  a"  une  fraude  existe  donc  encore  ici. 

»  Mais,  en  me  relevant,  j'aperçus  dans  les  parois  mêmes  de  la  fouille,  ;<rt 
un  point  (pie  l'outil  n'avait  pas  atteint,  une  seconde  hache.  Celle-ci  ne  montrait 
que  3  ou  4  centimètres  de  son  extrémité;  elle  était  engagée  dans  des  gra- 
viers qui  n'avaient  évidemment  subi  aucun  remaniement  récent  ;  en  la  re- 
tirant de  mes  propres  mains,  je  fis  tomber  plusieurs  de  ces  graviers  qui 
étaient  en  contact  immédiat  avec  elle.  —  Ici  existent,  ce  me  semble,  toutes 
les  conditions  de  V impossibilité  d'une  fraude. 

»   Les  circonstances  de  la  découverte  établissent  donc  une  différence  réelle 


(  8.i  ) 
entre  les  deux  haches.  Voyons  ce  qu'indique  l'examen  de  leurs  caractères 
propres. 

»  La  première  hache,  celle  qui  avait  été  retirée  des  déblais  faits  par  l'ou- 
vrier, a  été  lavée  et  brossée  avec  le  plus  grand  soin,  et  pourtant  à  la  loupe 
on  voit  que  la  gangue  adhère  encore  aux  anfractuosités  de  la  taille.  Elle 
montre  des  arêtes  et  des  tranchants  presque  aussi  vifs  que  s'ils  étaient  faits 
de  la  veille  ;  sa  teinte  extérieure  diffère  très-peu  de  celle  des  éclats  qu'on  en 
obtient,  et  ceux-ci,  frottés  de  la  gangue  colorée  qui  entoure  les  graviers  de 
la  carrière,  prennent  une  teinte  presque  identique  (i);  enfin  sa  surface  pré- 
sente des  reflets  mats,  et  on  y  trouve  à  peine  des  traces  de  cette  espèce  de 
patine  regardée  jusqu'à  présent  comme  indiquant  à  coup  sûr  une  hache 
vraiment  authentique.  Toutefois,  placée  à  côté  d'une  hache  vraiment  fausse, 
celle  dont  il  s'agit  s'en  distingue  aisément.  Tous  ces  caractères  se  retrouvent 
dans  certains  échantillons  dont  l'authenticité  n'est  pas  douteuse.  M.  Gaudry 
en  a  déposé  de  pareils  sur  le  bureau  de  l'Académie,  lesquels  avaient  été 
retirés  par  lui  de  tranchées  ouvertes  dans  un  sol  vierge  et  à  une  époque 
où,  la  cupidité  n'étant  pas  encore  excitée,  les  fraudes  actuelles  ne  s'étaient 
pas  produites.  M.  Lartet  m'a  même  dit  avoir  en  sa  possession  une  hache 
qu'il  a  regardée  comme  fausse  pendant  longtemps,  et  dont  l'authenticité  ne 
s'est  révélée  à  lui  que  lorsque,  en  employant  la  loupe,  il  découvrit  des  den- 
drites  à  sa  surface. 

i'  Ainsi  la  hache  dont  il  s'agit  est  très-probablement  vraie;  mais  les  con- 
ditions de  sa  découverte  permettent  de  regarder  une  fraude  comme  pos- 
sible; ses  caractères  propres  prêtent  à  des  doutes.  —  J'admettrai  donc,  pro- 
visoirement, qu'elle  peut  être  considérée  comme Jausse. —  En  agissant  ainsi, 
je  vais  certainement  au  delà  de  la  vérité.  Cette  hache  est  tout  au  plus  dou- 
teuse (2). 

»  Les  caractères  de  la  seconde  hache,  de  celle  que  j'ai  extraite  des  parois 
de  la  carrière,  sont  différents  à  certains  égards.  Les  arêtes  et  les  tran- 
chants en  sont  moins  vifs;  l'extérieur  présente  des  reflets  plus  brillants, 
comme  si  un  commencement  de  patine  le  revêtait  ;  les  cassures  que  j'ai  pra- 
tiquées sur  quelques  points  ont  des  reflets  manifestement  plus  mats. 

(1;  Cependant,  à  la  loupe  et  à  un  grossissement  médiocre,  on  reconnaît  aisément  les  points 
fraîchement  cassés.  Au  reste,  comme  on  le  verra  tout  à  l'heure,  la  matière  colorante  de  cette 
couche  est  fort  peu  pénétrante. 

(2)  M.  Desnoyers,  qui  l'a  examinée  avec  soin,  n'a  pas  hésité  à  la  regarder  comme  authen- 
tique. Le  même  savant  a  porté  le  même  jugement  sur  d'autres  haches  provenant  de  la  même 
localité  et  que  M.  de  Perthes  a  bien  voulu  m'envoyer. 

106.. 


(  8ia  ) 
»   Néanmoins  la  couleur  de  l'intérieur  et  celle  de  l'extérieur  de  cette 
hache  sont  semblables  ou  très-voisines  dans  les  points   que  j'ai  entamés. 
Mais  des  cailloux  de  la  même  couche  m'ont  montré  exactement  les  mêmes 
particularités. 

»  Une  autre  circonstance  me  frappa  vivement,  et  je  crus  d'abord  y  voir 
un  signe  de  fabrication  récente.  Sur  un  des  points  que  j'avais  lavés  se  trouve 
une  fissure  assez  profonde  dans  laquelle  la  matière  colorante  n'a  pas 
pénétré.  Mais  en  examinant  des  cailloux  pris  dans  les  graviers  de  la  car- 
rière, j'en  ai  trouvé  un  qui  présente  sur  deux  points  exactement  le  même 
fait.  Là  aussi  deux  fissures  analogues  à  celle  que  porte  la  hache,  fissures 
bien  certainement  anciennes,  ne  montrent  aucune  trace  de  matière  colo- 
rante. —  La  circonstance  que  je  signale  ne  peut  donc  être  regardée  comme 
un  signe  de  fausseté  (i).  Tout  au  contraire  indique  une  hache  parfaitement 
authentique. 

»  J'ai  dit  que  j'avais  lavé  la  hache  dont  il  s'agit  sur  certains  points,  mais 
j'ai  conservé  la  gangue  sur  la  plus  grande  partie  de  son  étendue;  car,  à  des 
yeux  exercés,  cette  gangue  elle-même  devait  présenter  des  caractères  propres 
à  faire  reconnaître  la  fraude  si  elle  existait.  Un  examen  minutieux  fait  par 
un  homme  spécial  devenait  ici  nécessaire  :  M.  Delesse  a  bien  voulu  s'en 
charger.  Ce  juge  si  compétent  a  longuement  examiné  la  hache  dont  il 
s'agit,  et  la  conclusion  a  été  qu'j/  lui  paraissait  impossible  d'imiter  ce  qu'il 
voyait  sur  la  hache.  A  diverses  reprises,  je  lui  ai  fait  des  objections;  je  l'ai 
prié  d'être  aussi  sévère  que  possible  et  à' étudier  cette  hache  avec  l'intention 
de  la  trouver  fausse.  Il  a  repris  son  examen,  et  la  réponse  est  restée  la  même. 
»  Ainsi,  en  ce  qui  touche  les  deux  haches  que  j'ai  rapportées  de  Moulin- 
Quignon,  je  crois  pouvoir  conclure  que  si  l'une  d'elles  peut,  rigoureusement 
parlant,  être  considérée  comme  douteuse  eu  même  fausse,  l'autre  présente  toutes 
les  garanties  possibles  d'authenticité. 

»   Reste  la  mâchoire  elle-même.  Que  doit-on  en  penser? 
>>   Remarquons  d'abord  que  cette  question  n'est  nullement  liée  à  la  pré- 
cédente d'une  manière  aussi  intime  que  semblent  l'admettre  quelques  per- 
sonnes. Les  haches  pourraient  être  vraies  et  la  mâchoire  jausse.  La  réciproque 
est  également  exacte.  La  fausseté  ou  l'authenticité  d'une  médaille  prise  sur 


(i)  Je  ne  sais  si  un  examen  comparaiif  analogue  à  celui  que  j'indique  a  été  fait  par  quel- 
ques-uns des  savants  qui  ont  déclaré  fausses  toutes  les  haches  retirées  de  la  couche  dont  il 
s'agit;  mais  je  n'en  ai  trouvé  aucun  indice  dans  les  communications  qui  m'ont  été  faites  à  ce 
sujet. 


(  3.3) 
un  point  quelconque  de  la  campagne  romaine  ne  préjuge  rien  pour  on  contre 
l'authenticité  d'un  buste  retiré  du  voisinage  (i). 

»  Remarquons  encore  qu'en  dehors  des  controverses  géologiques  dont 
les  terrains  dont  il  s'agit  sont  le  sujet,  bien  des  causes  devaient  faire  admettre 
avec  difficulté  tout  fait  analogue  à  celui  qu'a  annoncé  M.  de  Perlhes.  D'u 
côté  la  découverte  d'une  mâchoire  humaine,  qui  par  sa  forme  et  ses  pro- 
portions rentre  complètement  dans  ce  qui  se  voit  aujourd'hui,  vient  à  ren- 
contre de  théories  très-chaudement  adoptées  et  soutenues  par  des  savants 
qui  jouissent  de  l'autorité  la  plus  haute  et  la  mieux  méritée.  D'autre  part, 
des  consciences  se  sont  très-vivement  alarmées  en  voyant  l'existence  de 
l'homme  reportée  jusqu'à  une  époque  pour  laquelle  il  n'existe,  quant  à 
présent,  aucune  date  précise  possible.  Ces  deux  causes,  bien  différentes  et 
on  pourrait  dire  opposées,  ont  agi  dans  le  même  sens  et  sont  venues  évidem- 
ment s'ajouter  aux  doutes  exclusivement  et  franchement  scientifiques  (2). 

»  Que  faire  en  présence  de  cet  état  de  choses?  Evidemment,  il  n'y  a  qu'à 
agir  pour  la  mâchoire  elle-même  comme  pour  les  haches,  et  à  rechercher 
en  dehors  de  toute  idée  préconçue  les  faits  qui  militent  en  faveur,  soit  de 
son  authenticité,  soit  de  sa  fausseté.  C'est  ce  que  je  me  suis  efforcé,  ce  que 
je  m'efforcerai  encore  de  faire. 

»  Malheureusement,  il  manque  ici  un  des  éléments  essentiels  de  l'en- 
quête. Nous  ne  pouvons  pas  reproduire  les  conditions  de  la  découverte.  Sur 
ce  point,  nous  sommes  tous  forcés  de  nous  en  tenir  au  récit  de  M.  dePerthes. 
Sans  mettre  le  moins  du  monde  en  doute  sa  parfaite  et  incontestable  hono- 
rabilité, ses  contradicteurs  pourront  toujours  regarder  comme  possible  que 
sa  bonne  foi  ait  été  surprise.  En  ce  qui  me  concerne,  je  n'ai  pas  même  à 
émettre  une  opinion  ;  car,  en  pareille  matière,  pour  avoir  le  droit  de  porter 
témoignage,  il  faut  pouvoir  parler  de  visu,  et  je  n'étais  pas  présent  au  moment 
de  la  découverte. 

»  Reste  l'examen  des  caractères  propres.  J'ai  fait  sur  ce  point  les  études 
qui  me  sont  seules  permises  jusqu'à  présent.  En  voici  le  court  résumé. 

»  J'ai  lavé  avec  soin,  en  le  frottant  avec  du  coton,  un  point  de  la  face 


(  1  )  Ce  que  je  dis  des  haches  s'applique  également  à  la  dent  dont  l'examen  a  si  vivement 
frappé  les  savants  de  Londres. 

(2)  Tout  le  monde  d'ailleurs  n'a  pas  partagé  ces  doutes.  Pendant  l'impression  même  de 
ma  Note,  j'apprends  que  M.  Carpenter,  lequel  a  étudié  la  mâelioire  chez  M.  de  Perthes  avec- 
grand  soin,  n'a  pas  hésité  à  la  déclarer  authentique  devant  la  Société  Royale.  Des  com- 
munications dansle  même  sens  ont  été  faites  à  la  Société  Ethnologique  et  à  la  Société  Anthro- 
pologique de  Londres. 


(  M  ) 

extérieure.  L'os  s'est  alors  montré  d'une  couleur  d'un  jaune  peu  foncé  légè- 
rement teinté  de  brun.  A  la  loupe,  on  voit  que  la  gangue  générale  a  pénétre 
dans  les  très-petites  anfractuosités  de  la  surface  et  qu'elle  continue  à  v 
adhérer. 

»  Des  graviers  pris  sur  les  lieux  et  présentant  des  parties  blanches,  traités 
de  la  même  manière,  m'ont  montré  exactement  les  mêmes  particularités. 

»  La  faible  coloration  de  la  mâchoire  n'est  donc  pas  un  indice  de  Li ns- 
selé.  Au  contraire,  elle  exclut  au  moins  toute  pensée  que  cet  os  puisse  pro- 
venir des  tourbières  qui  communiquent  aux  ossements  une  couleur  assez 
semblable  à  celle  que  présente  le  fossile  d'Abbeville  avant  le  lavage. 

»  J'ai  gratté  avec  la  pointe  d'un  petit  scalpel  et  d'une  manière  compara- 
tive un  point  de  la  face  interne  de  l'os  et  des  graviers  blanchâtres.  Les  traces 
de  l'outil  ont  produit  des  résultats  presque  identiques,  surtout  en  tenant 
compte  de  la  différence  de  dureté  des  corps  soumis  à  cette  petite  opération. 

»  J'ai  examiné  avec  grand  soin  la  manière  dont  la  gangue  adhère  aux 
graviers  et  â  la  mâchoire.  Il  m'a  paru  qu'il  y  avait  identité  avec  ce  cpte  je 
trouvais  chez  plusieurs  des  premiers.  La  façon  dont  cette  gangue  se  désa- 
grège et  se  détache  quand  on  opère  sous  la  loupe  m'a  semblé  aussi  être 
exactement  la  même  pour  certains  graviers  et  pour  la  mâchoire. 

»  Par  contre,  des  silex  taillés  ont  été  lavés  avec  soin,  puis  enduits  d'une 
couche  de  pâte  faite  avec  la  gangue  de  la  carrière  Celle-ci  a  d'abord 
adhéré,  mais  sans  présenter  les  caractères  qu'on  observe,  soit  sur  la  mâchoire, 
soit  sur  la  hache,  soit  sur  les  graviers  dont  j'ai  parlé.  Puis,  une  fois  dessé- 
chée, cette  couche  artificielle  s'est  détachée  avec  la  plus  grande  facilité  et 
en  se  dégagrégeant  d'une  manière  tout  autre. 

»  Enfin,  j'ai  soumis  à  l'examen  de  M.  Delesse  la  mâchoire  aussi  bien  cpie 
la  hache  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Ce  savant  a  trouvé  aux  deux  gangues  les 
mêmes  caractères.  Pour  la  mâchoire  comme  pour  la  hache,  il  a  résumé  ses 
impressions  en  disant  :  Il  me  paraît  impossible  qu'on  aitjait  artificiellement  a 
que  j'ai  sous  les  yeux  (i). 

»  Ainsi,  rien  jusqu'ici  ne  vient  encore  confirmer  les  doutes  émis  au  sujet 
de  l'authenticité  de  la  mâchoire  d'Abbeville.  —  Tout,  au  contraire,  vient  à 
l'appui  de  ce  que  M.  de  Perthes  a  annoncé  quant  aux  circonstances  de  la 
découverte. 

»  Mais  cette  étude,  je  suis  le  premier  â  le  reconnaître,  n'est  pas  encore 
complète.  Il  faudra  maintenant  laver  la  mâchoire  en  entier  et  examiner  avec 

(i)  M.  Lartet  assistait  à  cet  examen.  Comme  moi,  à  diverses  reprises,  il  a  invité  M.  Delesse 
à  y  apporter  la  plus  grande  sévérité. 


(  8*5  ) 
soin   les  eaux  de  lavage   pour  voir  si  elles  contiendraient  une  substance 
propre  à  faire  adhérer  la  gangue  à  sa  surface.  Il   faudra  aussi  analyser  au 
moins  une  partie  de  l'os  lui-même,  pour  s'assurer  de  sa  composition 

»  Toutes  ces  recherches  devront  èlre  faites  d'une  manière  comparative. 
La  dernière,  en  particulier,  n'aura  de  valeur  réelle  qu'autant  qu'il  sera  pos- 
sible d'analyser  en  même  temps  un  autre  fragment  d'os  pris  dans  la  même 
couche  ou  dans  une  couche  entièrement  semblable.  On  sait,  en  effet,  com- 
bien la  composition  du  sol  influe  sur  la  conservation  des  ossements,  et,  pour 
mon  compte,  je  puis  citer  à  ce  sujet  un  fait  bien  frappant. 

»  On  trouve  en  Alsace,  en  particulier  sur  deux  points  assez  éloignés,  dans 
les  environs  de  Schelestadt  et  dans  les  environs  de  Bischwiller,  des  tumuli 
que  leur  contenu  a  fait  connaître  pour  être  du  même  âge  et  de  l'époque  de 
bronze.  Les  premiers  sont  placés,  m'a-t-on  dit,  dans  un  terrain  tourbeux; 
les  seconds,  que  j'ai  vus,  sont  dans  un  terrain  entièrement  sablonneux.  Dans 
les  fouilles  qui  ont  eu  lieu  près  de  Schelestadt  on  a  trouvé  souvent  des  sque- 
lettes entiers  avec  leurs  parties  les  plus  délicates  en  parfait  état  de  conser- 
vation (i).  Or,  clans  les  fouilles  exécutées  sous  mes  yeux  il  y  a  trois  ans,  dans 
la  forêt  de  Schirein,  l'absence  à  peu  près  complète  d'ossements  fut  remarquée 
par  tous  les  témoins.  On  trouva,  entre  autres,  dans  une  de  ces  antiques 
tombes,  la  parure  entière  d'une  femme,  ceinture,  collier,  bracelets,  pendants 
d'oreille,  espacés  à  peu  près  comme  ils  devaient  l'être  quand  le  corps  y  avait 
été  déposé.  Mais  de  tout  le  squelette  il  ne  restait  qu'un  petit  fragment  de  la 
portion  rocheuse  d'un  temporal  :  le  reste  avait  été  dissous. 

»  D'après  ce  fait,  on  comprend  que,  pour  être  concluante  dans  un  cas 
comme  celui  dont  il  s'agit,  l'analyse  chimique  doit  porter  à  la  fois  sur  l'ob- 
jet en  litige  et  sur  un  autre  objet  de  même  nature,  dont  l'authenticité  est 
hors  de  doute  et  qui  sert  de  point  de  comparaison.  Toutefois,  même  isolée, 
une  analyse  de  la  mâchoire  d'Abbeville  offrira  un  intérêt  réel  et  pourra  éta- 
blir au  moins  des  présomptions. 

»  J'espère  donc  que  M.  de  Perthes  permettra  bientôt  de  séparer  un  frag- 
ment de  cet  os,  de  même  qu'il  permettra  de  le  séparer  de  sa  gangue.  Son 
amour  bien  connu  de  la  vérité  nous  en  est  un  sûr  garant.  Mais  on  com- 
prend qu'avant  d'en   venir  là    il  désire  faire  constater  par  le  plus  grand 


(i)  Malheureusement  aucun  de  ces  squelettes  n'a  été  conservé,  pas  même  les  tètes  osseuses. 
Espérons  cjue  le  moment  viendra  où  les  archéologues  comprendront  que  les  ossements  de  ces 
antiques  tombes  ont  pour  la  science  un  intérêt  tout  aussi  grand  que  les  objets  de  bronze 
ou  de  fer.  Mais  combien  de  richesses  anthropologiques  ont  déjà  disparu  par  la  faute  même 
des  plus  ardents  amateurs  de  l'antiquité  ! 


(  8.6) 
nombre  de  témoins  qu'il  se  pourra  l'état  actuel  de  la  mâchoire,  car  cet  état 
une  fois  détruit  ne  pourra  pas  plus  se  reproduire  que  ne  le  peuvent  les  cir- 
constances de  la  découverte. 

»  (Cette  Note  était  rédigée  quand  j'ai  reçu  de  M.  Delesse  la  Lettre  ci- 
jointe,  qui  répond  au  désir  que  je  lui  avais  exprimé  après  qu'il  eut  examiné 
les  pièces  dont  je  viens  de  parler.)  » 

Lettre  de  M.  Delesse  à  M.  de  Quatrefages. 

«  Je  crois  me  rappeler  que  vous  m'avez  demandé  mon  avis  relativement 
»   aux  curieux  fossiles  qui  viennent  d'être  trouvés  à  Moulin-Quignon. 

»  11  me  semble  que  les  haches  en  silex  et  surtout  la  mâchoire  humaine 
»  sont  bien  réellement  des  fossiles  authentiques.  Leur  surface  est  encroûtée 
«  par  une  limonite  brune  manganésifère ,  présentant  sur  certains  points 
»  l'éclat  métallique,  en  sorte  que  son  dépôt  accuse  une  œuvre  inimitable  de 
»  la  nature.  Sur  la  mâchoire  comme  sur  les  silex  taillés,  cette  limonite 
»  cimente  de  l'argile,  des  débris  de  silex  et  des  grains  arrondis  de  quartz 
»  hyalin.  Les  fossiles  qui  ont  été  trouvés  avaient  visiblement  le  même  gise- 
»  ment  ;  ils  étaient  enveloppés  dans  l'argile  brune  dont  vous  avez  constaté 
»  l'existence  vers  la  base  du  terrain  diluvien  de  Moulin-Quignon.  » 

op.ganogra.phie    végétale.   —  Deuxième    Note  sur  les  vaisseaux  propres, 
les  vaisseaux  du  latex,  etc.;  par  M.  T.  Lestiboudois. 

«  Nous  avons  établi  qu'il  n'est  pas  possible  de  mettre  en  doute  l'existence 
des  vaisseaux  contenant  des  liquides  colorés  dans  certaines  plantes. 

»  On  a  dit,  il  est  vrai,  que  primitivement  ces  vaisseaux  n'étaient  que  des 
méats,  remplis  par  un  filet  de  liquide  granulifére,  que  la  paroi  vasculaire  ne 
se  formait  que  postérieurement  à  l'existence  de  ce  liquide.  Mais  qu'importe? 
N'y  a-t-il  pas  des  utricules  dont  les  parois  ne  se  constituent  qu'après  le 
noyau?  ils  n'en  sont  pas  moins  des  utricules  aussi  bien  caractérisés  que  les 
antres.  Si  donc  ces  vaisseaux  propres  ont  des  parois  ténues  qui  ne  devien- 
nent apparentes  que  tardivement,  ils  n'en  constituent  pas  moins  un  système 
vasculaire  se  distinguant  par  la  structure  que  nous  avons  énoncée.  C'est  la 
un  fait  acquis  à  la  science. 

»  Mais  il  faut  dire  que  ce  système  ne  ressemble  pas  en  tout  point  à  celui 
(pie  constituent  les  vaisseaux  sanguins  :  à  leur  origine,  dans  les  feuilles,  ils 
forment  un  réseau  capillaire  par  leurs  ramifications;  mais  à  leur  terminai- 
son, ils  ne  se  divisent  plus  en  rameaux  ténus,  pour  distribuer  aux  organes 
les  éléments  nutritifs,  comme  les  vaisseaux  sanguins  des  animaux;  ils  ne  se 
répandent  pas  dans  toutes  les  parties;  ils  laissent  des  espaces  souvent  con- 


(  8.7) 
sidérables  entre  eux,  et  les  liquides  qu'ils  renferment  ne  peuvent  arriver 
aux  tissus  qui  les  entourent  qu'en  traversant  leurs  parois;  ils  ne  sont  donc 
pas  plus  aptes  à  les  distribuer  que  les  fibres  et  les  utricules;  ils  sont  moins 
aptes  que  les  méats  et  les  lacunes.  Il  y  a  donc  entre  eux  et  le  système  san- 
guin, distributeur  des  sucs  nutritifs,  une  différence  notable,  qui  peut  faire 
pressentir  qu'ils  n'en  remplissent  pas  complètement  le  rôle. 

»  Nous  avons  à  rechercher  maintenant  si,  dans  les  vaisseaux  propres,  les 
liquides  éprouvent  un  mouvement  de  circulation  ;  c'est  là  l'objet  de  la  troi- 
sième question  que  nous  avons  posée.  Quand  on  place  sous  le  microscope 
un  pétale  qu'on  a  rendu  transparent  en  l'imbibant  d'huile,  on  voit  les  glo- 
bules suivre  un  cours  rapide.  Quand  surtout  on  place  sous  la  lentille  gros- 
sissante le  parenchyme  encore  vivant  de  la  stipule  du  Ficus  elastica,  dont  les 
deux  épidémies  ont  été  enlevés,  on  voit  le  liquide,  entraînant  vivement  les 
globules,  parcourir  les  vaisseaux,  se  porter  dans  leurs  ramifications  anasto- 
motiques,  arriver  dans  les  branches  collatérales  où  il  rencontre,  soit  un  cou- 
rant semblable,  soit  un  courant  dirigé  en  sens  inverse.  Quelquefois  les  glo- 
bules s'entassent  dans  un  point  du  vaisseau  et  semblent  l'obstruer,  puis, 
par  un  effort  de  la  puissance  organique,  l'obstacle  est  vaincu,  les  matériaux 
agglomérés  sont  entraînés  et  le  liquide  reprend  sa  marche  ordinaire,  ou 
bien  est  porté  dans  une  direction  contraire. 

»  Au  point  où  les  vaisseaux  sont  rétrécis,  on  voit  souvent  les  globules 
éprouver  un  mouvement  de  soubresaut  en  franchissant  la  barrière  incom- 
plète. Tous  ces  phénomènes  apparaissent  avec  la  dernière  évidence;  ils  con- 
stituent un  mouvement  circulatoire,  ou  au  moins  un  mouvement  d'oscilla- 
tion qu'on  ne  saurait  nier.  On  lui  a  donné  le  nom  de  cyctose  pour  le 
distinguer  de  la  circulation  ordinaire,  qui  conduit  régulièrement  les  liquides 
vers  un  organe  déterminé. 

»  On  a  dit  que  le  mouvement  n'est  dû  qu'à  l'écoulement  des  liquides 
causé  par  les  plaies  qu'ont  subies  les  vaisseaux  avant  d'être  soumis  à 
l'examen,  ou  par  la  chaleur,  ou  par  les  pressions,  les  torsions  exercées  sur 
les  tissus  ;  mais  on  peut  observer  ce  mouvement  sur  les  organes  entiers,  et  l'on 
ne  peut  expliquer  par  des  pressions  ni  sa  constance  ni  sa  rapidité.  Si  on 
niait  la  cyclose,  il  faudrait  aussi,  et  à  plus  forte  raison,  nier  la  giration  ou 
la  rotation  des  liquides  dans  les  utricules.  Leurs  mouvements  y  sont  quel- 
quefois si  compliqués,  que  leurs  granules,  parcourant  des  lignes  réticulées 
d'une  substance  d'apparence  mucilagineuse,  semblent  circuler  dans  un 
réseau  capillaire  extensible,  se  porter  du  centre  à  la  périphérie,  ou  de  la 
périphérie  vers  la  partie  centrale,  se  condenser,  se  disperser.  La  translation 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  17.)  IO7 


(  8'8  ) 
des  liquides  granulifères  dans  les  vaisseaux  propres  n'est  ni  moins  remar- 
quable, ni  moins  constante  que  celle  qu'on  peut  constater  dans  les  utricules. 

»  On  peut  repousser  les  explications  données  par  M.  Schultz  :  nous 
ne  sommes  pas  disposé,  pour  notre  compte,  à  adopter  la  répulsion  et  l'at- 
traction des  granules  des  sucs  propres;  nous  ne  trouvons  pas  démontrée 
la  contractilité  du  vaisseau,  mais  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  regar- 
der comme  constant  que  les  liquides  des  vaisseaux  propres  éprouvent  un 
mouvement  de  transport,  non  pas  régulièrement  d'un  point  vers  un  autre, 
mais  qui  pousse  les  granules  dans  toutes  les  branches  d'un  réseau  plus  ou 
moins  compliqué.  La  force  qui  les  fait  circuler  contribue  probablement  à 
les  faire  écouler  avec  une  rapidité  souvent  considérable,  lorsque  les  tissus 
sont  incisés  :  cette  force  est  détruite  par  la  cessation  de  la  vie.  Aucune  goutte 
de  liquide  coloré  ne  s'échappe  lorsqu'on  fait  la  section  d'une  plante  qui  a 
été  plongée  quelques  instants  dîîtis  l'eau  bouillante. 

m  On  devrait  donc  accorder  une  très-grande  importance  aux  sucs  colores 
et  à  l'appareil  qui  les  contient,  si  cet  appareil  se  montrait  le  même  dans  tous 
les  végétaux  qui  en  sont  pourvus. 

»  Mais  ce  système  conserve- 1-  il  dans  son  organisation  le  caractère 
d'uniformité  que  semble  exiger  la  fonction  universelle  qu'on  a  voulu  lui 
attribuer?  En  d'autres  termes,  tous  les  végétaux  lactescents  ont-ils  un 
système  vasculaire?  C'est  ce  qu'il  faut  rechercher  pour  répondre  complète- 
ment à  la  quatrième  question  que  nous  avons  posée. 

»  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  que  les  vaisseaux  propres  devenaient 
plus  rares  dans  certaines  parties  des  plantes  laiteuses;  qu'ils  finissaient 
même  par  ne  plus  se  rencontrer  dans  quelques-uns  de  leurs  organes  impor- 
tants, notamment  dans  les  racines.  Ainsi,  les  vaisseaux,  si  abondants  dans 
la  tige  de  Y Asclepias  syriaca,  deviennent  rares  dans  la  partie  de  la  souche 
qui  est  munie  de  bourgeons;  ils  disparaissent,  en  partie  ou  en  totalité,  dans 
la  partie  inférieure  de  cet  organe. 

»  Les  vaisseaux  propres  peuvent,  en  outre,  changer  de  caractère  et  per- 
dre, pour  ainsi  dire,  leur  conformation  primordiale,  leur  continuité,  leurs 
divisions  et  leurs  anastomoses. 

»  Dans  le  Sambucus  Ebulus,  j'ai  vu,  dans  l'écorce  et  dans  la  moelle,  des 
tubes  rigides,  isolés,  droits,  simples,  à  parois  épaisses,  contenant  une  sub- 
stance d'une  grande  consistance,  colorée,  devenant  d'un  rouge  intense  au 
contact  de  l'air,  se  réunissant  en  masses  irrégulières  confusément  unies. 
Ces  tubes  ressemblent  certainement  davantage  à  des  fibres  qu'à  des  vais- 
seaux propres;   mais  ils  contiennent  des  sucs  spéciaux.  J'ai  vu  les  mêmes 


(  8i9  ) 
tubes  dans  le  Sambucus  nigra;  la  matière  qu'ils  contenaient  était  seulement 
d'une  teinte  moins  foncée. 

»  Dans  le  Ferula  tinrjitana  et  plusieurs  plantes  de  la  famille  des  Ombelli- 
fères,  les  sucs  propres  sont  aussi  renfermés  dans  des  tubes  à  parois  épaisses. 
»  Les  réservoirs  des  sucs  colorés,  en  arrivant  aux  racines,  changent  de 
nature  :  ainsi,  dans  le  Chelidonium  majus,  les  sucs  jaunes  de  la  tige  circulent 
dans  des  vaisseaux  longs  et  continus;  dans  la  racine,  les  sucs,  qui  ont  pris 
une  couleur  orangée,  sont  contenus  dans  des  utricules  plus  ou  moins  épais, 
unis  bout  à  bout,  et  formant  des  fibres  irrégulières. 

»  Dans  les  racines  de  plusieurs  Convolvulacées,  on  trouve  aussi  les  sucs 
colorés  renfermés  dans  des  utricules;  c'est  ce  qu'on  peut  observer,  par 
exemple,  dans  l'écorce  extérieure  et  dans  les  écorces  interposées  entre  les 
formations  ligneuses  d'une  convolvulacée  du  Brésil. 

»  On  peut  voir  la  même  chose  dans  le  Convoluulus  neruosus. 
»   Dans  la  racine  du  Convolvidm  Turpethum,  dont  le  suc  propre  si  abon- 
dant se  concrète  en  une  substance  résineuse  jaunâtre,  les  utricules  qui  le 
renferment  sont  quelquefois  assez  allongés. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  dans  les  racines  que  les  réservoirs  des  sucs 
colorés  peuvent  prendre  cette  conformation  ;  dans  l'écorce  extérieure  comme 
dans  les  écorces  intermédiaires  de  la  tige  du  Glycine,  on  trouve  des 
points  rougeâtres,  épars  en  dehors  des  fibres  corticales,  et  formées  d'utri- 
cules  plus  ou  moins  longs,  plus  ou  moins  réguliers,  colorés  par  une  sub- 
stance qui  en  tapisse  la  cavité  et  qui  paraît  jaunâtre  au  microscope  :  ces 
utricules  sont  disposés  de  manière  à  former  des  fibres  ou  des  faisceaux , 
qu'on  ne  peut  s'empêcher  de  considérer  comme  les  analogues  des  vaisseaux 
propres,  quoique  les  sections  de  cette  plante  ne  laissent  pas  suinter  de 
liquides  colorés.  Certaines  espèces  de  Sapindacées  présentent  aussi  des 
séries  d'utricnles  colorés,  qui  se  présentent  dans  la  tranche  de  la  tige  sous 
forme  de  points  colorés,  et  dont  l'organisation  est  analogue  à  celle  des  utri- 
cules du  Glycine. 

»  On  ne  peut  donc  toujours  donner  le  nom  de  vaisseaux  aux  organes 
qui  renferment  les  sucs  propres,  le  nom  plus  général  de  réservoirs  leur  con- 
viendrait mieux. 

»  On  serait  d'autant  plus  porté  à  adopter  cette  opinion,  qu'en  certains 
cas  les  utricules  ne  sont  même  plus  unis  en  séries  linéaires.  Par  exemple, 
dans  le  Piper  sisiboa  le  parenchyme  de  l'écorce  extérieure,  comme  celui  des 
écorces  intermédiaires  et  la  moelle,  sont  tout  parsemés  de  points  rougeâtres 
composés  d'utricnles  dont  les  parois  sont  difficiles  à  discerner,  parce  qu'elles 

107.. 


(  8ao  ) 

sont  entièrement  recouvertes  d'une  matière  colorée,  inégalement  répandue 
et  analogue  à  celle  qui  tapisse  les  utricules  des  Glycines  et  des  Sapindacées. 
Mais  ces  utricules,  au  lieu  de  former  des  séries  rappelant  la  disposition  des 
vaisseaux,  constituent  des  amas  irréguliers  plus  ou  moins  arrondis.  Les  sucs 
élaborés  des  végétaux  peuvent  se  trouver  renfermés,  non-seulement  dans 
des  vaisseaux  et  des  utricules,  ils  peuvent  encore  être  répandus  dans  les 
méats  interutriculaires,  qui  ne  sont  que  les  vides  naturels  existant  entre 
les  utricules,  principalement  aux  angles  de  jonction.  Ils  peuvent  encore 
être  contenus  dans  des  lacunes  régulières  formées  par  l'écartement  des  utri- 
cules, et  enfin  dans  des  lacunes  irrégulières  résultant  de  la  déchirure  des 
tissus.  Lorsqu'ils  remplissent  les  méats  interutriculaires,  ils  ne  peuvent, 
dans  leur  largeur,  montrer  un  utricule  entier,  puisqu'ils  sont  contenus  dans 
les  espaces  que  laissent  entre  eux  les  utricules  dont  les  parois  ne  sont  pas 
adhérentes  dans  toute  leur  étendue.  C'est  ce  qui  les  distingue  des  réservoirs 
formés  par  des  lacunes  plus  ou  moins  grandes,  formées  par  la  dissociation 
complète  des  utricules.  Ils  se  montrent  comme  des  vaisseaux  flexueux,  dont 
le  diamètre  est  fort  inégal;  cette  apparence  tient  à  ce  que  la  ligne  de  jonc- 
tion des  parois  utriculaires,  qui  est  obscure  dans  une  certaine  étendue, 
imite  une  paroi  spéciale,  et  à  ce  que  les  méats  suivent  exactement  les  con- 
tours des  utricules  entre  lesquels  ils  sont  placés,  et  s'élargissent  aux  points 
de  jonction  des  utricules.  Leur  liquide  granulifère  pénètre  quelquefois 
dans  les  lignes  de  jonction  transversale  des  utricules,  et  quand  le  liquide 
n'y  pénètre  pas,  on  voit  la  ligne  obscure  qui  limite  le  réservoir  s'infléchir 
entre  ces  utricules,  et  on  n'aperçoit  pas  de  paroi  vasculaire  passant  direc- 
tement vis-à-vis  la  jonction,  ce  qui  fait  reconnaître  que  le  réservoir  du 
liquide  n'est  pas  un  vaisseau  véritable.  J'ai  observé  cette  disposition  dans 
plusieurs  Monocotylédones,  ordre  de  plantes  qui  sont  moins  fréquem- 
ment pourvues  de  sucs  laiteux  que  les  Dycotylédones  ;  ainsi,  dans  plu- 
sieurs Aroïdées,  par  exemple  dans  le  Pollios  aurita,  le  Caladium  seguinum, 
on  voit  des  utricules  contenant  un  liquide  granulifère;  on  voit  surtout 
des  méats  renfermant  ce  liquide.  Dans  certains  cas  la  masse  du  suc  propre 
accumulé  dans  ces  méats  est  si  dense  et  si  obscure,  qu'on  ne  peut  voir  si  elle 
est  contenue  dans  un  vaisseau  ou  dans  l'espace  formé  par  l'écartement  des 
parois  utriculaires  ;  mais,  dans  les  cas  les  plus  nombreux,  on  reconnaît  bien 
aux  caractères  que  nous  venons  d'indiquer  qu'elle  n'est  pas  contenue  dans 
une  cavité  vasculaire.  Dans  le  Caladium  seguinum  le  suc  laiteux  n'est  pas 
aussi  abondant  que  dans  le  Pothos  aurita,  et  dans  quelques  feuilles  anciennes 
la  section  du  pétiole  ne  laisse  pas  suinter  du  suc  blanc;  mais  quand  on 


(    821     ) 

choisit  des  feuilles  jeunes  et  bien  fraîches,  on  voit  sortir  un  suc  pâle,  mais 
décidément  laiteux,  et  on  peut  constater  au  microscope,  après  ébullition,  qu'il 
est  contenu  dans  des  utricules  et  surtout  dans  des  méats  interutriculaires. 

»  Nous  verrons  que  le  Colocasia  odorata  n'a  pas  de  suc  laiteux,  mais  la  sec- 
tion de  son  pétiole  laisse  suinter  abondamment  un  suc  mucilagineux,  épais, 
granulifère,  qui  est  renfermé  dans  des  utricules  et  qui  se  répand  dans  les 
méats  d'une  manière  caractéristique. 

»  Cette  observation  démontre  tout  à  la  fois  d'une  manière  péremptoire 
qu'il  y  a  une  grande  analogie  entre  les  divers  sucs  propres  des  végétaux, 
et  que  les  liquides  peuvent  se  répandre  dans  les  méals  interutriculaires. 

n  Nous  allons  le  voir  maintenant  dans  les  lacunes  plus  ou  moins  régu- 
lières qui  se  forment  par  la  désunion  des  tissus. 

»  Dans  le  Rluts  typhinum  (Sumac)  nous  trouvons  des  réservoirs  de  sucs 
propres,  qui  conservent  peut-être  mieux  l'apparence  vasculaire,  mais  qui, 
en  réalité,  ont  une  structure  encore  plus  éloignée  de  celle  que  nous  sommes 
habitués  à  considérer  comme  celle  des  vaisseaux  proprement  dits. 

»  Dans  la  couche  extérieure  de  l'écorce  les  sucs  sont  renfermés  dans  des 
conduits  cylindriques,  droits,  simples  ou  présentant  quelques  anasto- 
moses, occupant  le  centre  des  faisceaux  fibreux  de  l'écorce.  Ils  ont  un 
diamètre  si  considérable,  qu'ils  sont  visibles  à  l'œil  nu  ;  et  lorsqu'on  racle 
leur  surface  avec  la  lame  d'un  instrument  tranchant,  on  voit  le  liquide 
refluer  sous  cette  pression. 

»  Dans  les  couches  plus  profondes  de  l'écorce,  les  conduits  des  sucs 
propres  deviennent  de  plus  en  plus  petits  et  plusrameux,  mais  ils  occupent 
la  même  position,  c'est-à-dire  qu'ils  restent  au  centre  des  faisceaux  fibreux. 
»  Sur  la  face  interne  de  l'écorce,  ils  se  présentent  comme  un  réseau 
vasculaire  dont  les  ramifications  sont  très-déliées,  très-irrégulièrement 
anastomosées. 

»  Ces  conduits,  malgré  leur  apparence,  ne  sont  pourtant  pas  des  vais- 
seaux véritables.  Lorsqu'on  examine  au  microscope  les  parois  de  ceux  qui 
occupent  le  centre  des  vaisseaux  corticaux  primitifs,  on  voit  qu'elles  sont 
formées  d'utricules  courts,  rectangulaires,  à  parois  assez  minces,  qui 
paraissent  eux-mêmes  remplis  du  suc  laiteux.  Ces  conduits  sont  donc  fort 
analogues  aux  lacunes  qui  dans  les  Conifères  renferment  les  sucs  résineux, 
à  celles  qui  dans  les  Cycadées  renferment  les  sucs  gommeux  ;  on  ne  peut  pas 
plus  les  considérer  comme  des  vaisseaux  à  parois  cellulaires,  qu'on  ne  pour- 
rait doter  du  titre  de  vaisseaux  les  lacunes  gommeuses  ou  résineuses  dont 
nous  venons  de  parler.  On  ne  pourrait  assigner   la  limite  précise  de  leurs 


(  8aa   ) 
parois.  Les  conduits  des  sucs  laiteux  des  couches  corticales  moyennes  ont 
des  parois  organisées  comme  celles  des  lacunes  extérieures. 

»  Quant  au  réseau  des  couches  intérieures,  il  est  formé  d'utricules  qui 
paraissent  rendus  opaques  par  le  suc  laiteux;  on  ne  découvre  pas  entre 
eux  de  lacunes  appréciables.  On  doit  cependant  admettre  qu'elles  existent 
réellement,  car  lorsqu'on  coupe  des  lames  très-minces  du  tissu  contenant 
une  portion  du  réseau  intérieur,  pour  le  placer  sous  le  verre  du  microscope, 
ce  réseau,  d'un  blanc  opaque,  disparaît  presque  entièrement,  comme  si  le 
liquide  qui  déterminait  son  opacité  s'était  épandu,  et  que  les  utricules  qui 
l'entouraient,  devenus  semblables  aux  autres,  ne  pussent  plus  être  distingués. 

»  La  racine  du  Sumac  contient  des  sucs  laiteux,  qui  suintent  abondam- 
ment de  l'écorce  des  branches  et  des  plus  petites  ramifications  qui  sont  enta- 
mées. Lorsqu'on  fait  une  section  transversale  d'une  grosse  racine,  on  voit 
sortir  les  sucs  blancs  de  points  circulairement  disposés  entre  les  couches 
corticales  et  séparés  par  l'épaisseur  de  ces  couches,  comme  si  chacune  ne 
contenait  que  dans  sa  partie  extérieure  les  conduits  laiteux.  Les  sucs  des 
couches  extérieures  sont  un  peu  jaunâtres,  au  moins  à  l'époque  où  je  les 
observai  (novembre  à  février);  ceux  qui  sortent  de  la  partie  extérieure  de 
la  couche  la  plus  interne  de  l'écorce  sont  d'un  blanc  pur. 

»  Ces  sucs  s'épaississent  et  se  coagulent  assez  promptement,  et  sont  fort 
poisseux.  Ils  sont  contenus  dans  des  lacunes  plus  petites,  moins  apparentes, 
et  moins  régulières  que  celles  de  la  tige.  Leur  cavité  est  bien  visible  dans 
les  couches  extérieures,  beaucoup  plus  petite,  puis  tout  à  fait  inperceptihle 
dans  les  couches  intérieures  ;  de  sorte  que  les  lacunes  ne  sont  plus  distinguées 
que  par  le  point  opaque  formé  par  le  suc  laiteux.  Elles  sont  entourées  d'utri- 
cules grands,  courts,  rectangulaires,  pleins  de  grains  arrondis  de  volume 
variable;  ces  utricules,  placés  bout  à  bout  de  manière  à  imiter  des  fibres 
flexueuses  réunies  en  réseau;  mais  ces  fibres  forment  des  faisceaux  moins 
bien  limités  que  ceux  des  tiges,  de  sorte  que  les  lacunes  sont  bien  moins 
régulièrement  circonscrites  que  celles  des  tiges,  et  ne  se  présentent  plus 
comme  des  canaux  cylindriques  à  parois  utriculaires  ;  le  tissu  qui  les  entoure 
se  confond  avec  le  tissu  voisin.  Outre  les  utricules  pleins  de  grains  nom- 
breux et  volumineux,  on  trouve  souvent  immédiatement  autour  des  lacunes 
un  tissu  mince,  vide  ou  contenant  une  matière  granuleuse  jaunâtre  qui  sem- 
hle  être  un  suc  propre.  Quelquefois  cependant  la  cavité  des  lacunes  est  en- 
tourée immédiatement  du  tissu  à  grains  arrondis,  le  tissu  mince  manquant, 
au  moins  par  place. 

»  Lorsqu'on  place  sur  un  verre  mouillé  le  liquide  laiteux,  même  lors- 


(  823  ) 

qu'il  est  en  partie  coagulé,  il  se  montre  au  microscope  (au  moins  de  novembre 
à  lévrier)  comme  formé  d'une  multitude  de  grains  globuleux  de  toutes  dimen- 
sions, dont  l'aspect  est  le  même  que  celui  des  grains  qui  remplissent  les 
utricules  avoisinant  les  lacunes,  de  manière  qu'on  est  tenté  de  considérer 
ceux-ci  comme  contenant  un  suc  propre  séparé  en  goutelettes  globuleuses  : 
mais  on  reconnaît  que  les  grains  des  utricules  sont  des  grains  de  fécide,  parce 
qu'ils  conservent  leur  forme  globuleuse  malgré  la  pression  ou  la  malaxation 
auxquelles  on  les  soumet,  et  parce  qu'ils  se  colorent  en  bleu  foncé  quand 
ils  sont  humectés  par  la  teinture  d'iode;  tandis  que  les  globules  du  suc  lai- 
teux se  confondent  lorsque,  placés  entre  deux  verres,  ils  sont  soumis  à  un 
mouvement  de  glissement  et  de  rotation.  Ils  ne  se  colorent  pas  en  bleu  par 
la  teinture  d'iode,  ils  deviennent  seulement  jaunâtres.  La  teinture  d'iode  a 
souvent  pour  eltet  de  leur  faire  éprouver  une  segmentation  remarquable, 
de  sorte  que  les  grains,  surtout  ceux  qui  sont  d'un  volume  considérable, 
apparaissent  comme  formés  d'une  multitude  de  granules  d'une  ténuité 
excessive.  Lorsque  les  grains  sèchent  sur  le  porte-objet,  ils  restent  quel- 
quefois distincts,  en  conservant  leur  apparence  globuleuse;  mais  souvent 
ils  s'aplatissent,  s'unissent  et  forment  des  enduits  d'une  irrégularité  singu- 
lière, transparents,  excessivement  minces.  Lorsqu'on  verse  de  la  teinture 
d'iode  sur  une  tranche  de  tissu  cortical,  cette  teinture  enlève  rapidement 
des  grains  nombreux  de  sucs  propres  qui  étaient  contenus  dans  les  lacunes. 
Le  plus  grand  nombre  des  utricules  se  teint  en  bleu,  avant  comme  après 
l'ébullition,  bien  que  celle-ci  ait  fait  disparaître  les  grains  de  fécule  poul- 
ies transformer  en  une  substance  amorphe.  Il  y  a  cependant  certains 
utricules  qui  ne  se  colorent  pas  et  qui  contiennent  une  matière  granuleuse 
jaunâtre.  Les  utricules  allongés  sont  vides  ou  contiennent  peu  de  grains 
jaunâtres  :  ainsi  dans  le  Sumac  les  sucs  colorés  peuvent  être  contenus  dans 
des  utricules,  et  se  trouvent  certainement  répandus  dans  des  lacunes; 
celles-ci  se  rencontrent  dans  la  racine  comme  dans  les  tiges;  elles  sont 
tantôt  régulières  comme  des  vaisseaux,  tantôt  moins  bien  limitées,  moins 
uniformément  cylindriques.  Le  suc  laiteux  de  l' Acer  platanoïdes  se  montre 
aussi  composé  de  grains  arrondis  susceptibles  de  devenir  confluents  et  de 
former  des  taches  régulières  ou  irrégulières  en  se  desséchant,  sur  le  verre. 

»  Il  est  enfin  des  plantes,  comme  quelques  Euphorbes,  dont  les  sucs 
propres  extravasés  remplissent  des  lacunes  irrégulières  formées  par  la  dé- 
chirure des  tissus. 

»  Il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire  que  les  sucs  propres  des  végé- 
taux sont  renfermés  dans  des  réservoirs  de  structures  fort  diverses  :  ce  sont 
ou  des  vaisseaux,  ou  des   utricules,   ou  des  méats,  ou  des  lacunes.  Ceux 


324    ) 

qu'on  doit  regarder  comme  des  vaisseaux  sont  quelquefois  longs,  rigides, 
épais,  sans  anastomoses,  ou  pourvus  de  rares  communications  ;  d'autres  fois 
ils  sont  minces,  flexueux,  rameux,  s'abouchant  fréquemment  entre  eux, 
formant  un  réseau  de  plus  en  plus  ténu  ;  ils  présentent  quelquefois  des  rétré- 
cissements, quelquefois  des  articles  non  cloisonnés  ou  munis  de  cloisons. 
Les  réservoirs  qui  ne  sont  que  des  utricules  conservent  dans  certaines 
plantes  une  apparence  vasculaire,  parce  que  les  utricules  sont  disposés  en 
séries  linéaires  plus  ou  moins  bien  tracées.  Ces  utricules  sont  d'ailleurs 
allongés  ou  courts,  réguliers  ou  irréguliers,  minces  ou  doués  de  parois 
fermes  et  épaisses.  Dans  d'autres  plantes,  les  utricules  constituent  des  amas 
arrondis,  de  forme  fort  dissemblable,  ne  rappelant  en  rien  des  séries  vasi- 
fortnes.  Les  réservoirs  qui  sont  des  méats  se  présentent  comme  des  vais- 
seaux peu  rameux,  formant  parfois  une  sorte  d'encadrement  autour  des 
utricules.  Ceux  qui  sont  des  lacunes  se  présentent  comme  de  gros  vaisseaux, 
réguliers,  peu  anastomosés,  ou  bien  ils  se  montrent  sons  la  forme  d'un  ré- 
seau dont  les  anastomoses  sont  plus  ou  moins  fréquentes,  et  les  mailles  plus 
ou  moins  nombreuses  et  régulières.  Enfin  ces  réservoirs  peuvent  n'être  que 
des  cavités  irrégulières  formées  par  déchirure.  » 

M.  Schœxbeix,  récemment  nommé  à  une  place  de  Correspondant  pour 
la  Section  d*e  Chimie,  adresse  ses  remercîmenls  à  l'Académie. 

M.  Chevreul  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Reiset, 
d'un  ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Recherches  pratiques  et  expérimentales 
sur  l'Agronomie  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Économie  rurale.) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède  par  la  voie  du  scrutin  à  la  nomination  de  la  Commis- 
sion chargée  de  décerner,  s'il  y  a  lieu,  le  grand  prix  des  Sciences  physiques, 
question  concernant  les  changements  qui  s'opèrent  pendant  la  germina- 
tion dans  les  tissus  de  l'embryon  et  du  périsperme. 

MM.  Tulasne,  Brongniart,  Duchartre,  Decaisne,  Montagne,  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  parla  voie  du  scrutin,  à  la  nomi- 
nation de  la  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  de  Physiologie  expé- 
rimentale. 

Commissaires,  MM.  Bernard,  Flourens,  Milne  Edwards,  Longet  et  Coste. 


(  8a5  ) 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE.  —  Imitation  de  la  grêle  et  nouvelle  théorie  de  ce  météore;  extrait 
d'un  Mémoire  du  P.  J.-M.  Sanna-Solako. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Dumas,  Pouillet.) 

«  Tous  les  physiciens  et  les  météorologistes,  sans  exception,  veulent  que 
la  grêle  se  forme  dans  l'atmosphère  par  encroûtement  successif.  Les  gréions 
jusqu'ici  ont  été  considérés  comme  formés  d'un  noyau  autour  duquel  se 
sont  ensuite  déposées  les  différentes  couches  dont  ils  sont  composés.  C'est  là 
précisément  ce  qui  a  toujours  empêché  de  découvrir  la  véritahle  origine  du 
météore.  Cette  hypothèse  laisse  sans  explication  différents  phénomènes  qui 
accompagnent  la  grêle.  Quant  à  nous,  nous  croyons  que  les  grêlons  se  pro- 
duisent, dès  le  premier  instant,  tels,  à  peu  près,  qu'ils  sont  au  moment  de  leur 
chute.  La  congélation  commençant  par  l'extérieur,  il  est  aisé  de  nous  rendre 
compte  de  toutes  les  particularités  que  présente  le  centre,  et  de  tous  les 
autres  phénomènes  qui  accompagnent  le  météore. 

»  L'enveloppe  extérieure  s'étant  formée  (nous  dirons  plus  loin  de  quelle 
façon),  la  partie  du  liquide  en  contact  avec  la  croûte  commence  à  se  re- 
froidir, des  bulles  d'air  s'en  dégagent  et  convergent  vers  le  centre.  Il  en 
résulte  une  pression  à  laquelle  la  croûte  finit  par  céder.  La  secousse  dé- 
termine la  congélation  d'une  couche  nouvelle.  Celle-ci  doit  être  formée 
de  deux  parties  distinctes:  l'une  privée  de  bulles  d'air,  et  pour  cela  transpa- 
rente; l'autre  opaque,  par  cela  même  que  les  bulles  d'air  s'y  trouvent  réunies. 
Ce  même  phénomène  se  reproduit  à  chaque  congélation  successive.  Si  les 
grêlons  atteignent  le  sol  avant  leur  complète  congélation,  leur  centre  pourra 
être  liquide  ou  contenir  à  la  fois  des  bulles  d'air,  de  l'eau  et  des  filets  de 
glace.  Ce  dernier  cas  aura  lieu  lorsque  le  liquide  intérieur  se  refroidira  très- 
lentement,  car  les  filets  de  glace  ne  se  montrent  dans  l'eau  qu'en  pareilles 
circonstances.  Si  la  congélation  s'achève  brusquement,  le  noyau  sera  de  la 
blancheur  de  la  neige.  Si  le  froid  qui  saisit  les  masses  d'eau  est  très-intense, 
la  croûte  sera  plus  épaisse  et  plus  solide  :  la  pression  intérieure  causée  par 
la  dilatation  du  liquide  pourra  augmenter  de  telle  sorte,  qu'elle  fasse  voler 
les  grêlons  en  éclats,  surtout  au  moment  où  la  congélation  s'achève.  On 
comprend  ainsi  pourquoi  des  grêlons  tombent  en  forme  de  pyramide. 

»  J'ai  fait  geler  différentes  quantités  d'eau  dans  des  enveloppes  en  caout- 
chouc  entièrement  transparentes,    et  j'ai  obtenu  artificiellement  tous  ces 

C.  R.,  1663    i«  Semestre.  (T.  LVI,   N°  47.)  1 08 


(  826  ) 
phénomènes.  Entre  les  grêlons  naturels  et  artificiels,  il  n'y  a  d'autre  diffé- 
rence que  dans  le  nombre  des  couches  qui,  à  volumes  égaux,  est  plus  grand 
dans  ces  derniers.  Ceci  prouve  que  le  froid  qui  produit  les  grêlons  naturels 
est  bien  plus  intense  que  celui  de  —  i^°par  lequel  j'ai  obtenu  les  grêlons 
artificiels.  Il  est  vrai  que  le  nombre  des  couches  diminue  si,  toute  autre  con- 
dition restant  égale,  on  agite  fortement  le  volume  d'eau  qu'on  veut  congeler; 
mais  alors  les  zones  opaques  présentent  une  structure  fibreuse  ou  radiée. 
Dans  mes  expériences  j'ai  comparé  des  grêlons  artificiels  à  des  grêlons  na- 
turels d'un  volume  égal  qui  n'offraient  pas  cette  structure,  et  j'ai  trouvé  tou- 
jours le  nombre  des  zones  plus  grand  dans  les  grêlons  artificiels.  D'ailleurs, 
il  est  évident  que  la  congélation  de  la  croûte  doit  se  faire  presque  instanta- 
nément, sans  cela  on  n'aurait  jamais  que  de  petits  grêlons.  Or,  dans  la  con- 
gélation artificielle,  il  faut  plus  ou  moins  de  temps  pour  obtenir  une  croûte 
déglace  capable  de  contenir  le  reste  de  l'eau  qui  n'est  pas  encore  gelée; 
par  conséquent,  il  faut  que  le  froid  qui  saisit  les  masses  d'eau  dans  l'atmo- 
sphère soit,  comme  nous  disions,  bien  au  delà  de  —  ij°. 

■■>  Dans  la  congélation  artificielle,  il  arrive  un  phénomène  qui  nous  rend 
compte  en  même  temps  d'un  phénomène  semblable  qui  accompagne  sou- 
vent la  formation  de  la  grêle.  Au  bout  de  quelques  minutes  que  le  liquide 
est  resté  dans  le  mélange  réfrigérant,  on  commence  à  entendre  de  petits 
craquements.  Ces  bruits  sont  dus  à  l'effort  produit  par  la  dilatation  de  l'eau 
qui  brise  plus  ou  moins  violemment  l'enveloppe  à  chaque  congélation  suc- 
cessive. Lorsque  la  croûte  n'est  pas  assez  épaisse  ni  assez  compacte,  ces  bruits 
sont  peu  sensibles;  ils  ne  pourront  être  perçus  par  les  observateurs.  Voilà 
pourquoi  ce  phénomène  n'accompagne  pas  toujours  le  météore.  Mais  lors- 
qu'il l'accompagne,  il  faut  que  les  croûtes  des  grêlons  soient  compactes,  et 
par  conséquent  le  froid  qui  les  a  produites  a  dû  être  très-intense.  Nous 
croyons  que  ce  froid  peut  aller  quelquefois  au  delà  de  3o°  et  de  [\o"  au- 
dessous  de  zéro. 

»  Aucune  des  causes  de  froid  assignées  jusqu'ici  n'est  capable  de  pro- 
duire un  abaissement  de  température  aussi  grand  que  celui  dont  nous 
venons  de  parler;  et  de  plus,  même  en  supposant  qu'elles  puissent  le  pro- 
duire, ce  refroidissement  ne  pourrait  être  instantané.  Dans  la  théorie  que 
nous  proposons,  nous  avons  à  rendre  compte  de  deux  choses  :  la  première, 
comment  se  forment  dans  l'atmosphère  les  masses  liquides  qui  doivent  se 
changer  en  gréions;  la  deuxième,  comment  se  produit  le  froid  qui  saisit 
ces  masses  et  en  congèle  plus  ou  moins  brusquement  toute  la  surface  jus- 
qu'à une  certaine  profondeur.   Or,   nous  expliquons  la  première  par  la 


(  8a7  ) 
réaction  de  l'électricité  sur  un  nuage  à  l'instant  qu'elle  s'en  échappe,  et  la 
deuxième  par  l'expansion  subite  qui  suit  la  réaction. 

»  Développons  notre  pensée.  Soit  un  nuage  orageux  chargé  d'électricité  : 
ce  fluide,  au  moment  où  il  a  atteint  son  maximum  de  tension,  doit  s'échap- 
per. En  s'échappant  il  exerce  sur  le  nuage  une  réaction  violente  qui  force 
une  partie  des  vapeurs  à  passer  à  l'état  liquide.  Mais  d'un  autre  côté , 
comme  cette  réaction  a  produit  aussi  une  condensation  dans  le  nuage  dans 
lequel  flottaient  les  vapeurs,  cet  air,  pour  reprendre  son  volume  primitif, 
se  précipite  instantanément  dans  le  vide  occasionné  par  la  décharge  élec- 
trique, et,  par  conséquent,  elle  se  dilate  en  proportion  de  la  condensation 
elle-même.  Ainsi  les  masses  liquides  doivent  subir  une  évaporation  rapide, 
et  par  là  même  une  perte  de  calorique  plus  ou  moins  considérable;  d'où 
la  congélation  de  toute  la  surface  à  une  plus  ou  moins  grande  profondeur. 
Lorsque  le  froid  n'est  pas  assez  intense  pour  congeler  les  masses  d'eau,  elles 
tombent  à  l'état  liquide,  ce  qui  nous  explique  pourquoi  les  premières 
gouttes  de  pluie  des  orages  sont  ordinairement  les  plus  grosses,  et  pourquoi 
de  prodigieuses  quantités  d'eau  tombent  souvent  immédiatement  après  un 
coup  de  tonnerre.  Voyons  par  les  faits  si  les  choses  se  passent  ainsi  que 
nous  l'avons  énoncé. 

»  M.  Beudant  dit  d'une  grêle  observée  par  lui  en  i838  :  «  Un  coup  de 
»  tonnerre  éclata,  et  presque  aussitôt  le  nombre  des  grêlons  devint  beau- 
»  coup  plus  considérable.  »  [Comptes  rendus, t.  VI.)  M.  Elie  de  Beaumont, 
parlant  de  la  grêle  qu'il  observa  en  1837,  dit:  «  Trois  coups  de  tonnerre  d'une 
»  force  moyenne  sont  survenus  pendant  l'averse;  chacun  d'eux  a  donné  lieu 
»  à  un  redoublement  assez  marqué  dans  la  chute  des  grêlons.»  (lbid.,t.IV.) 
Tessier,  en  parlant  de  l'endroit  où  il  observa  la  grêle  qui,  en  1788,  ravagea 
la  France,  dit  :  «  La  grêle  suivit  de  près  l'éclair  et  le  coup  de  tonnerre.  » 
(Mémoires  de  l'Académie,  efc,  an  1789.)  Nous  pourrions  citer  plusieurs 
autres  faits  à  l'appui  de  notre  opinion;  nous  en  avons  rapporté  quelques- 
uns  dans  le  Mémoire.  Ceux-ci  cependant  suffisent  pour  montrer  que  la 
grêle,  très-probablement,  se  forme  à  l'instant  que  l'électricité  se  dégage  du 
nuage  orageux. 

»  Dans  cette  théorie,  il  n'est  pas  nécessaire  de  supposer  la  présence  de 
deux  nuages,  qui  souvent  n'existent  pas.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  supposer 
l'existence  de  deux  vents  contraires,  qui  souvent  aussi  n'ont  pas  lieu.  Il  n'est 
pas  nécessaire  non  plus  de  supposer  les  nuages  orageux  très-élevés.  Au 
contraire,  on  comprend  pourquoi  la  grêle  tombe  dans  nos  climats  pendant 
l'été,  et  aux  heures  les  plus  chaudes  du  jour.  C'est  qu  alors,  l'air  étant  plus 

108.. 


(  828) 

sec,  la  tension  électrique  peut  devenir  plus  considérable  que  dans  les  cou- 
ches d'air  plus  élevée?  et  aux  heures  moins  chaudes. 

»  En  résumé,  la  première  des  deux  parties  de  cette  théorie  n'est  pas  une 
hypothèse,  c'est  une  vérité  qui  s'impose  d'elle-même.  Quant  à  la  seconde 
partie,  s'il  est  incontestable  que  les  grêlons  se  forment  presque  instantané- 
ment, il  faut  donc  aussi  que  leur  cause  soit  instantanée;  et  il  n'y  en  a 
aucune  autre  qui  puisse  agir  de  la  sorte.   » 

M.  A.  Caron  lit  une  Note  sur  l'affection  scrofuleuse,  ses  causes  et  sa 
prophylaxie. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Serres,  Andral  et  J.  Cloquet. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

chimie  métallurgique.  —  Études  sur  l'acier  ;  Note  de  M.  H.  Carox,  présentée 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.  (Suite.) 

(Commissaires,  MM.  Boussingault,  Daubrée,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Presque  tous  les  bons  aciers  du  commerce  proviennent  originairement 
de  minerais  carbonates  ou  d'hématites  fortement  chargés  de  manganèse,  et 
l'on  a  remarqué  depuis  longtemps  que  la  présence  de  ce  métal  était  à  peu 
près  indispensable  pour  obtenir  des  aciers  de  qualité  supérieure.  Quel  est  le 
rôle  du  manganèse  dans  la  fabrication  de  l'acier?  Les  expériences  que  je  de- 
mande à  l'Académie  la  permission  de  lui  soumettre  aujourd'hui  ont  pour 
but  d'expliquer  cette  partie  intéressante  de  la  fabrication  de  l'acier.  Je  vais 
faire  voir  que,  par  une  addition  convenable  de  manganèse  métallique,  on 
peut  débarrasser  les  fontes  du  soufre  et  du  silicium  qu'elles  contiennent; 
mais  que  le  phosphore  résiste  à  l'action  épurative  du  manganèse. 

»  La  fonte  de  fer  qui  me  sert  de  point  de  départ  a  été  faite  de  toutes 
pièces  en  fondant  du  fer  de  très-bonne  qualité  avec  du  charbon  de  bois 
exempt,  autant  que  possible,  de  phosphore,  de  soufre  et  de  silicium.  Cette 
fonte,  qui  ne  contient  que  des  traces  de  silicium,  peut  être  considérée 
comme  une  fonte  relativement  pure. 

»  Je  partage  ma  fonte  en  trois  lots  :  le  premier  est  refondu  avec  une 
certaine  quantité  de  phosphure  de  fer,  le  second  avec  du  sulfure  de  fer,  et 
enfin   le  dernier  avec  du  siliciure  de  fer.  J'obtiens  ainsi  trois  espèces  de 


(  82g  ) 
fontes,  phosphorée  (A),  sulfurée  (B),  silicée  (C),  sur  lesquelles  vont  porter 

mes  expériences. 

Fonte  phosphorée  (A). 

»  Deux  quantités  égales  de  la  fonte  (A)  sont  placées  dans  deux  creusets, 
l'une  sans  addition  d'aucun  autre  corps,  l'autre  avec  6  pour  100  de  manga- 
nèse métallique (i);  on  maintient  le  métal  en  fusion  pendant  une  heure  et 
on  coule.  Dans  cette  opération,  les  fontes  sont  soumises  à  un  léger  affinage 
produit  par  l'atmosphère  oxydante  du  creuset. 

»  En  voici  l'analyse  : 

Pour  ioo  de  fonte. 

Phosphore.     Manganèse. 

Fonte  phosphorée  (A). o,83  » 

N°  r.    Fonte  phosphorée  refondue  seule 0,82 

N»î,   Fonte  phosphorée  refondue  avec  6  pour  100  de  manganèse.  0,80  4>58 

Les  fontes  n°  1  et  n°  2,  refondues  une  deuxième  et  une  troi- 
sième fois  de  la  même  manière,  mais  sans  additions  nouvelles, 
donnent  à  l'analyse  : 

N°  1 .   Deuxième  fusion  sans  addition °  >  79  * 

N°  2.   Deuxième  fusion  sans  addition 0,78  3,^4 

N°  1.   Troisième  fusion  sans  addition 0,78  » 

N°  2.  Troisième  fusion  sans  addition 0,76  1 ,62 

Enfin,  on  soumet  la  fonte  phosphorée  (A)  à  un  affinage  plus 
énergique  en  la  fondant  avec  10  pour  100  d'oxyde  de  fer;  on 
obtient  ainsi  : 
Fonte  phosphorée  (A)  refondue  avec  10  pour  100  d'oxyde  de  fer.  0,76  » 

Fonte  phosphorée  (A)  refondue  avec  10  pour  100  d'oxyde  de  fer 

et  6  pour  100  de  manganèse °>74  '  >5; 

»  On  peut  conclure  de  ces  analyses  que,  dans  l'affinage  d'une  fonte 
phosphorée,  le  manganèse  ne  peut  servir  efficacement  pour  l'expulsion  du 
phosphore.  11  n'en  est  pas  de  même  pour  la  fonte  sulfurée. 

Fonte  sulfurée  (B). 

»  La  fonte  sulfurée  (B)  est  traitée  absolument  de  la  même  manière,  et 
j'adopterai  la  même  notation  que  pour  la  fonte  précédente. 

(1)  Ce  manganèse,  dont  j'indiquerai  plus  tard  la  préparation,  contient  : 

Fer 1,0 

Charbon 5,5 

Silicium o,5 

Manganèse  p.  d..  . .        q3, o 
100,0 


(  83o  ) 

Pour  ioo  de  fonte. 

Soufre.       Manganèse. 

Fonte  sulfurée  (  B  ) 1 , 1 5 

N°  i .  Fonte  sulfurée  refondue  seule i ,  i /J  „ 

N°  2.  Fonte  sulfurée  refondue  avec 6 pour  ioo  de  manganèse. . .  i  ,  i5  3>Q2 

N°  i.  Deuxième  fusion  sans  addition i  ,o5 

N°  2.  Deuxième  fusion  sans  addition o,io  2,81 

N°  1 .   Troisième  fusion  sans  addition o  ,96 

N°  2.   Troisième  fusion  sans  addition 0,08  1  ,73 

Fonte  sulfurée  (B)  refondue  avec  10  pour  1 00  d'oxyde  de  fer. ..  .  1,08  >■ 

Fonte  sulfurée  (B)  refondue  avec  10  pour  100  d'oxyde  de  fer  et 

6  pour  100  de  manganèse °>°7  1  >22 

»  On  voit,   d'après  ces  résultats,  que,  par  une  simple  fusion  dans  un 

creuset  où  l'air  a  accès,  le  manganèse  enlève  à  la  fonte  plus  des  -fa  du  soufre 

qu'elle  contient.  Cette  opération,  recommencée  plusieurs  fois  sans  addition 

nouvelle  de  manganèse,  ne  produit  plus  d'aussi  grands  effets,  et  il  semble 

que  la  proportion  de  manganèse  nécessaire  pour  l'épuration   doive  être 

encore  assez  considérable,  car  en  refondant  cette  même  fonte  avec  une 

nouvelle  dose  de  manganèse,  on   parvient  à  ne  plus  lui  laisser  que  des 

traces  de  soufre. 

Fonte  silicée  (C). 

»   La  fonte  silicée  (C),  traitée  comme  les  précédentes,   donne  aussi  des 
résultats  particuliers. 

Pour  100  de  fonte. 

Silicium.     Manganèse. 

Fonte  silicée  (C) ' o  ,99  » 

N°  1 .  Fonte  silicée  refondue  seule o  ,88 

N°  2.  Fonte  silicée  refondue  avec  6  pour  100  de  manganèse.  ...  1 ,3o  4>77 

N"  1 .  Deuxième  fusion  sans  addition o  ,80  » 

N°  2.  Deuxième  fusion  sans  addition 1 ,66  2>9(t> 

Le  manganèse  employé  dans  ces  conditions  augmente  la  quan- 
tité de  silicium  de  la  fonte,  d'abord  parce  qu'il  en  contient  lui- 
même,  et  ensuite  parce  qu'il  réduit  la  silice  des  creusets.  Il  n'en 
est  plus  ainsi  lorsqu'on  affine  la  fonte  par  une  addition  d'oxyde 
de  fer. 

Fonte  silicée  (C) 0,99 

K°  1.  Fonte  silicée  refondue  avec  10  pour  100  d'oxyde  de  fer..  .  .  0,61 

N°  2.  Fonte  silicée  refondue  avec  10  pour  100  d'oxyde  de  fer  et 

6  pour  1 00  de  manganèse °>37  2,5a 

N°  1.  Deuxième  fusion  avec  10  pour  100  d'oxyde  de  fer o,52  » 

N°  2.   Deuxième  fusion  avec    10  pour  100  d'oxyde  de   fer  (sans 

manganèse) 0,18  1,10 


(  83i  ) 
»  On  peut  conclure  de  ces  analyses  que,  dans  l'affinage  de  la  fonte,   le 
manganèse  sert  à  expulser  une  grande  quantité  de  silicium. 


»  11  résulte  de  toutes  ces  expériences  que,  dans  les  opérations  d'affinage 
telles  qu'elles  se  pratiquent  dans  l'industrie  : 

»    i°  Le  phosphore  des  fontes  n'est  pas  enlevé  par  le  manganèse; 

»  20  Le  soufre,  même  sans  affinage,  peut  disparaître  en  présence  du 
manganèse; 

»  3°  Le  silicium  est  en  grande  partie  entraîné  par  le  manganèse  lorsqu'on 
affine  la  fonte. 

»  Ces  observations  sont,  du  reste,  confirmées  par  l'expérience;  les 
minerais  cités  plus  haut  et  qui  donnent  les  meilleurs  aciers  contiennent 
très-souvent  du  soufre,  mais  jamais  de  phosphore;  et,  chose  remarquable, 
bien  que  ces  minerais  renferment  des  pyrites  cuivreuses,  les  fontes  qui  en 
proviennent  ne  contiennent  cependant  pas  de  soufre. 

»  Là  ne  se  borne  pas  cependant  le  rôle  du  manganèse;  quoique  ce  métal 
ne  soit  pas  un  corps  aciérant,  comme  l'a  fort  bien  démontré  Karsten,  il  est 
néanmoins  incontestable  qu'il  a  la  propriété  de  rendre  les  aciers  meilleurs 
et  surtout  plus  durables.  Cette  propriété  est  facile  à  expliquer  en  s'appuyanl 
sur  les  faits  que  j'ai  signalés  dans  une  de  mes  Notes  précédentes. 

»  Lorsqu'on  ajoute  à  une  fonte  grise,  dont  le  charbon  est  en  grande  par- 
tie à  l'état  libre,  une  quantité  suffisante  de  manganèse  métallique,  on  ob- 
tient une  fonte  blanche  dans  laquelle  le  charbon  est  presque  complètement 
à  l'état  combiné.  L'effet  est  le  même  dans  l'acier  :  une  dose  très-faible  de 
manganèse  suffit  pour  retenir  le  charbon  à  l'état  de  combinaison  et  donner 
par  suite  au  métal  les  propriétés  qui  caractérisent  si  nettement  l'acier  de 
bonne  qualité.  Cependant,  l'acier  ne  devra  jamais  contenir  plus  de  y^oô  c'e 
manganèse;  au-dessus  de  cette  limite  il  devient  dur  et  cassant,  la  cassure 
prend  l'aspect  cristallin  et  le  métal  perd  une  grande  partie  de  sa  ténacité. 
Le  manganèse  a  de  plus  la  propriété  de  rendre  soudables  les  aciers  qui  ne 
l'étaient  pas. 

»  Les  maîtres  de  forges  font  souvent,  dans  le  but  d'améliorer  leurs  pro- 
duits, des  mélanges  de  fontes  ordinaires  et  de  fontes  manganésifères  qui 
sont  ensuite  affinées  ensemble.  D'après  les  expériences  dont  je  viens  de 
donner  les  résultats,  il  est  facile  de  voir  que  les  fontes  manganésifères  au- 


(  832  ) 
ront  une  action  d'autant  plus  épurative  qu'elles  contiendront  plus  de  man- 
ganèse; il  y  aurait  donc  un  grand  intérêt  pour  l'industrie  à  réduire  les 
minerais  manganésifères  de  manière  à  obtenir  le  plus  possible  de  manga- 
nèse dans  les  fontes.  Ainsi,  par  exemple,  le  fer  spatbique  du  pays  de  Siégen 
contient  environ  i5  à  20  de  manganèse  pour  100  de  fer,  et  cependant  les 
fontes  qui  proviennent  de  ce  minerai  n'en  renferment  guère  plus  de  6  à 
7  pour  100.  Si  l'on  parvenait,  en  changeant  l'allure  du  haut  fourneau  ou  la 
nature  et  la  quantité  des  fondants,  à  porter  ce  dernier  nombre  à  10  pour  100, 
on  obtiendrait  certainement  des  fontes  d'une  plus  grande  valeur  commer- 
ciale. J'ai  fait  à  ce  sujet  quelques  expériences  que  j'aurai  prochainement 
l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  les  matières  organiques  suljurécs  qui  se  forment  dans 
les  fumiers;  Note  de  SI.   P.  Thexakd,  présentée  par  M.  Dumas. 

«  Au  début  de  mes  études  sur  les  sols  arables,  j'avais  remarqué  que  l'acide 
fumiqiie,  extrait  du  fumier  et  même  du  terrain,  donnait  à  la  distillation  des 
produits  qui,  par  leur  odeur,  révélaient  la  présence  du  soufre  organique- 
ment combiné;  cependant  la  proportion  en  était  si  faible,  que  je  n'appro- 
fondis pas  la  question  davantage.  Mais,  dans  les  recherches  que  je  viens  de 
faire  sur  les  mélanges  de  plâtre  et  de  fumier,  recherches  qui  font  partie  de 
mon  Mémoire  sur  les  causes  des  effets  du  plâtre,  mon  attention  ayant  été 
frappée  de  la  présence  de  dépôts  souvent  très-abondants  de  soufre  cristal- 
lisé sur  les  parties  pailleuses,  je  suis  revenu  sur  ce  sujet. 

»  Faut-il  en  effet  attribuer  la  présence  de  ce  soufre  à  la  décomposition 
de  quelque  hvposulfite  ou  de  quelque  sulfure,  ou  bien  à  une  réaction  plus 
complexe  et  encore  inaperçue  ?  Telle  est  la  question  que  je  me  suis  posée,  et, 
sans  trop  vouloir  dénier  la  possibilité  de  la  première  interprétation  ,  mais 
consultant  cependant  les  affinités  des  corps  en  contact  et  tenant  compte 
du  milieu  réducteur  dans  lequel  se  passe  la  réaction,  j'ai  incliné  vers  la 
seconde. 

»  Frappé  d'ailleurs  de  l'odeur  particulière  et  alliacée  que  prennent  les 
fumiers  au  contact  du  plâtre,  de  la  plus  grande  quantité  de  soufre  que 
contient  l'acide  fumique  extrait  île  pareils  fumiers,  j'ai  pensé  que  les  sul- 
fures et  les  hyposulfitesqui  se  forment  en  cette  circonstance  pourraient  bien 
soit  par  eux-mêmes,  soit  surtout  par  leurs  produits  de  décomposition,  en- 
gendrer avec  les  matières  végéto-animales,  au  milieu  desquelles  ils  se  trou- 


(  833  ) 

vent,  des  produits  sulfurés  particuliers,  du  genre  de  ceux  qu'on  retrouve 
dans  les  végétaux  eux-mêmes. 

»  Revenant  alors,  par  la  pensée,  sur  les  expériences  qui  m'ont  permis  de 
reproduire  artificiellement  les  corps  de  la  série  fumique,  et  sur  les  phéno- 
mènes qui  se  passent  pendant  la  fabrication  du  fumier,  considérant  aussi 
que  les  matières  organiques  appelées  neutres  par  Gay-Lussac  et  Thenard 
peuvent  être  représentées  par  du  charbon  et  de  l'eau,  et  qu'en  supposant 
que  l'eau  se  sépare  du  charbon,  celui-ci  doit  se  reporter  sur  les  corps  am- 
biants, comme  il  arrive  dans  la  formation  des  produits  fumiques,  j'ai  été 
conduit  à  penser  que^  si  on  traitait  du  sucre  ou  quelque  autre  matière  du 
même  genre  par  du  sulfhydrate  de  sulfure  d'ammonium,  on  devait  obtenir 
non-seulement  des  substances  organiques  sulfurées  et  non  azotées,  mais 
encore  des  produits  sulfo-azotées. 

»  Or,  l'expérience  est  venue  confirmer  mes  prévisions.  En  effet,  si  on 
chauffe  vers  i3o°  dans  un  tube  scellé  à  la  lampe  un  mélange  de  sucre 
et  de  sulfhydrate  de  sulfure  d'ammonium,  on  voit  au  bout  de  quarante- 
huit  heures  surnager  à  la  surface  de  la  dissolution  aqueuse  une  couche  de 
8  à  12  millimètres  d'un  liquide  insoluble  dans  l'eau,  peu  soluble  dans 
l'alcool,  mais  très-soluble  dans  l'éther,  qui,  lavée  aux  acides,  puis  aux 
alcalis  et  enfin  desséchée,  donne  à  la  distillation,  sans  décomposition,  une 
essence  presque  incolore,  et  une  résine  noire  tout  à  fait  semblable  à  celle 
qu'on  obtient  dans  la  rectification  de  l'essence  d'ail. 

»  Quant  à  l'essence,  elle  est  caractérisée  par  une  odeur  extrêmement 
forte  et  qui  ressemble  plus  à  celle  de  l'oignon  que  de  l'ail  ou  de  Vassajœtida, 
par  une  réfringence  considérable,  par  l'absence  complète  d'azote  et  la  pré- 
sence de  plus  de  27  pour  100  de  soufre  combiné,  enfin  par  une  grande  avi- 
dité pour  l'oxygène  qui  à  froid  la  résinifie,  et  une  grande  sensibilité  aux 
dissolutions  métalliques.  Cependant,  faute  d'une  quantité  suffisante  de  pro- 
duits, l'essence  que  j'ai  jusqu'ici  n'est  pas  pure,  car  elle  bout  entre  95°  et  i4o°, 
et  elle  a  besoin  d'être  rectifiée.  Elle  se  dédoublera  donc  par  des  rectifica- 
tions successives,  et  donnera  de  nouvelles  substances  qui  devront  être  étu- 
diées. 

»  Mais,  à  côté  de  ces  résines  et  de  ces  essences,  il  se  forme  aussi  d'autres 
produits,  parmi  lesquels  il  en  est  au  moins  un  certainement  fort  curieux, 
car  il  a  toutes  les  allures  d'un  alcali  puissant. 

»  Enfin,  si  au  sulfhydrate  de  sulfure  d'ammonium  on  substitue  du  sulf- 
hydrate de  sulfure  de  sodium,  des  sulfures  alcalins  simples,  des  polysulfures 

C.  R  ,  i8C3,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°   17.)  '  °9 


(  834  ) 
ou  du  soufre  lui-même;  si  on  remplace  le  sucre  par  d'autres  matières  orga- 
niques, on  obtient  encore  des  produits  très-divers. 

»  Cependant,  en  s'en  tenant  pour  le  moment  à  l'action  du  sulfhydrate 
de  sulfure  d'ammonium  sur  le  sucre,  on  peut  dire  qu'elle  paraît  bien  telle 
que  je  l'avais  supposé  d'abord;  car,  outre  les  substances  particulières  dont 
je  viens  de  parler,  il  se  forme  simultanément,  et  en  quantité  qui  semble  pro- 
portionnelle, du  polysulfure  d'ammonium,  qui,  en  supposant  les  actions 
conformes,  explique  la  présence  du  soufre  dans  les  fumiers. 

■>  Tel  est  le  début  d'un  travail  qui,  en  étant  continué,  semble  devoir  jeter 
quelque  lumière  sur  la  formation  des  matières  organiques  sulfurées  au  sein 
du  sol  et  des  végétaux  eux-mêmes.  » 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Economie  rurale.) 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Etude  analytique  sur  le  blé,  la  farine  et  le  pain; 

par  M.  J.-A.  Barkal. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Section  d'Économie  rurale.) 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  est  le  résultat 
d'expériences  et  de  recherches  poursuivies  depuis  quinze  ans,  tant  dans  les 
champs  que  dans  le  laboratoire. 

»  Historique.  —  Dès  le  siècle  dernier,  des  Commissions  de  l'Académie 
des  Sciences  se  sont  occupées  de  rechercher  le  rendement  possible  du  blé 
en  farine,  selon  les  divers  procédés  de  mouture,  et  celui  de  la  farine  en 
pain,  selon  les  modes  de  panification  et  de  cuisson.  Il  s'est  agi  d'abord  des 
quantités  seulement,  lorsqu'on  n'avait  pas  de  moyen  d'apprécier  scientifi- 
quement les  qualités.  Au  fur  et  à  mesure  des  conquêtes  de  la  chimie,  on  est 
entré  dans  le  détail  des  faits.  Toutefois,  jusqu'à  ce  jour,  sauf  de  rares  et  in- 
suffisantes exceptions,  on  n'avait  pas  examiné  l'influence  que  les  méthodes 
culturales  peuvent  exercer  sur  la  constitution  du  blé,  et  par  suite  sur  celle 
de  l'aliment  principal  des  populations  européennes  ;  c'est  une  des  questions 
que  je  me  suis  principalement  proposé  d'éclaircir.  Sur  la  composition  du 
pain  lui-même,  on  n'avait  non  plus  que  des  renseignements  incomplets,  et 
il  était  utile  d'accumuler  les  analyses  pour  faire  jaillir  quelque  lumière  nou- 
velle. 

»   Du  blé.  —  J'ai  envisagé  le  blé,  comme  tous  ceux  qui  m'ont  précédé, 


(  835  ) 

sous  le  triple  rapport  de  la  composition  en  principes  alimentaires,  des  varia- 
tions des  principes  immédiats  et  de  la  richesse  en  principes  minéraux.  Mais 
au  lieu  d'étudier  les  blés  tels  que  les  donne  le  commerce,  sans  s'enquérir 
de  toutes  les  conditions  de  leur  production,  je  me  suis  surtout  attaché  à 
rechercher  les  relations  qui  peuvent  lier  leur  constitution  aux  procédés  de 
culture  et  aux  engrais  ajoutés  aux  sols  sur  lesquels  on  les  récolte.  J'ai  voulu 
surtout  reconnaître  si  les  forts  rendements,  que  l'agriculture  poursuit  avec 
raison,  ne  diminuent  pas  la  richesse  en  principes  particulièrement  nutritifs, 
et  notamment  en  gluten. 

»  Dans  ce  but,  j'ai  recueilli,  d'une  part,  des  blés  choisis  convenablement 
dans  quelques-unes  des  nombreuses  fermes  que  j'ai  visitées,  et,  d'autre  part, 
j'ai  institué  des  cultures  spéciales  où  la  même  espèce  de  blé  était  cultivée 
dans  le  même  sol  sons  l'action  des  engrais  les  plus  divers;  j'ai  semé  moi- 
même,  surveillé  tous  les  travaux  de  culture  et  procédé  à  la  récolte  et  au 
battage,  en  ayant  soin  de  tout  peser  et  de  tout  analyser.  De  l'ensemble  des 
faits  que  j'ai  observés,  je  crois  pouvoir  conclure  que  pour  la  même  variété 
de  blé,  dans  le  même  sol,  dans  les  mêmes  circonstances  météorologiques,  le 
rendement  par  hectare  et  la  proportion  centésimale  des  matières  azotées  peu- 
vent varier  du  simple  au  double,  selon  la  fumure;  mais  en  même  temps  c'est  là 
où  la  récolte  a  été  sinon  la  moindre,  du  moins  toujours  relativement  faible, 
que  s'est  aussi  trouvée  la  moindre  richesse  en  gluten. 

»  Ainsi,  en  prenant,  dans  une  de  mes  expériences  de  culture,  la 
movenne  des  dosages  en  azote  relatifs  aux  quatre  champs  où  le  rendement 
a  été  le  plus  faible,  et  qui  correspondent  à  l'absence  de  fumure  et  à  l'emploi 
de  l'engrais  le  plus  pauvre,  on  ne  trouve  que  1,898  d'azote  pour  100  de 
blé  sec;  par  comparaison,  en  prenant  la  moyenne  des  dosages  relatifs  aux 
quatre  champs  où  le  rendement  a  été  le  plus  fort  et  qui  correspondent  à 
l'emploi  du  guano  du  Pérou,  du  phosphate  d'ammoniaque,  de  vidanges,  et 
d'un  engrais  fait  avec  du  sang  et  de  la  poudrette,  on  obtient  2,o55  d'azote, 
toujours  pour  100  de  blé  sec.  Ainsi,  en  même  temps  que  les  agriculteurs 
accroissent  les  récoltes  par  une  meilleure  culture,  ils  améliorent  aussi  les 
blés  produits.  Cette  conclusion  a  de  l'importance,  car  elle  combat  victorieu- 
sement, par  des  analyses  et  par  des  chiffres,  cette  assertion  d'un  des  Rapports 
du  jury  de  l'Exposition  universelle  de  Londres  eu  1862  :  «  que  les  qualités 
»  des  blés  sont  en  raison  inverse  de  l'état  d'avancement  dans  lequel  se 
»  trouve  l'agriculture  de  chaque  localité;  ou  que  ce  sont  les  pays  les  plus 
»  neufs,  ceux  qui  possèdent  des  terres  vierges  produisant  naturellement 

109.. 


(  836  ) 

»  sans  le  secours  d'engrais  artificiels,  qui  donnent  des  grains  très-beaux  et 

»  très-riches  en  gluten;  tandis  qu'au  contraire,  dans  les  contrées  où  l'agri- 

»   culture  est  très-avancée,  les  espèces  souvent  seraient  pauvres  et  dégéné- 

»   rées.  »  En  fait,  les  blés  d'Australie,  jugés  les  plus  beaux  de  l'Exposition, 

et  d'ailleurs  estimés  au  plus  haut  prix  par  le  commerce,  n'ont  donné,  à  l'état 

sec,  qu'une  richesse  de  2,  16  d'azote  ou  ia,5  de  gluten  pour  100,  richesse 

très-souvent  et  très-régulièrement  dépassée  dans  les  blés  de  nos  bonnes 

cultures.  Ce  n'est  que  dans  nos  mauvaises  terres,  les  moins  productives, 

celles  où  depuis  longtemps  on  prend  des  récoltes  de  céréales,  en   suivant 

l'assolement  biennal,  et  sans  faire  au  sol  des  restitutions  suffisantes  d'engrais, 

que  les  blés  s'appauvrissent  en  gluten,  en  même  temps  que  le  rendement 

reste  à  sa  limite  inférieure. 

»  Farine.— Je  me  suis  proposé  d'approfondir  les  questions  très-graves  que 
soulève  le  mode  de  moulure  adopté  dans  presque  tous  les  moulins  qui  ali- 
mentent Paris  et  qui  prend  chaque  jour  une  extension  plus  grande.  Ce 
système  consiste  principalement  à  diviser  la  farine  en  plusieurs  produits, 
selon  leur  finesse  et  leur  blancheur,  après  plusieurs  repassages  à  la  meule, 
de  manière  à  assortir  les  nuances.  On  ne  laisse  pas  toutes  ensemble  les  di- 
verses parties  de  la  farine  de  blé,  en  s'attachant  exclusivement  à  extraire  le 
son.  Non-seulement  on  ne  moud  pas  assez  fortement  pour  réduire  le  son  à 
sa  plus  simple  expression,  et  on  y  laisse  adhérentes  et  de  la  farine  et  la 
céréaline  de  M.  Mège-Mouriès  ;  mais  encore  on  fait  ce  que  M.  Dumas  a  jus- 
tement appelé  de  la  farine  incomplète.  Aussi  il  en  résulte  que,  tandis  que 
100  de  blé  sec  peuvent  être  considérés  comme  renfermant,  pour  100,  plus 
de  2  d'azote,  soit  plus  de  12, 5  de  gluten,  tandis  qu'encore  le  minimum 
trouvé  sur  plus  de  cent  cinquante  échantillons  a  été  de  1, 54»  l'analyse  des 
farines  de  Paris  m'a  donné  les  résultats  suivants  : 

Azale  pour  100.     Gluten  pour  100. 
Farine  de  gruau  des  pâtissiers  ayant  une  plus-value  de  20  fr. 

sur  le  prix  du  sac  de  la  farine  première 1 ,87  11  ,69 

Farine  de  l'une  des  six  marques 1  ,g<3  17. ,i5 

Farine                           id 1.74  lo>87 

Farine                        id 1,42  8.88 

Farine                           id i  ,  1  1  6,94 

Farine  type  Paris 1 ,61  io,o(> 

Farine  première  achetée  chez  un  boulanger 1,16  7 ,25 

■>  Au  contraire,  dans  les  farines  complètes,  telles  qu'on  les  fait  à  l'usine 


(837  ) 
Scipion,  ou  telles  qu'on  les  trouve  dans  la  meunerie  anglaise,  on  constate 
en  moyenne  seulement  un  peu  moins  de  2  pour  100  d'azote. 

»  On  voit,  d'après  cela,  qu'il  est  très-important  de  considérer  dans  la 
farine,  non  pas  seulement  son  degré  d'hydratation,  comme  on  le  fait  le  pins 
souvent,  mais  encore  d'en  déterminer  le  gluten,  comme  l'a,  du  reste,  pro- 
posé un  boulanger  émérite,  M.  Boland. 

»  En  général,  dans  toutes  les  farines  commerciales,  on  trouve  plus  d'eau 
et  moins  d'azote  que  dans  les  blés.  La  diminution  de  la  proportion  d'azote 
est  de  plus  du  quart,  et  comme  on  ne  tire  du  blé,  en  France,  que  70  de 
farine  pour  100  de  blé,  on  peut  admettre,  du  moins  c'est  ce  que  mes  re- 
cherches établissent,  que  la  moitié  des  principes  nutritifs  du  blé  sont  perdus 
pour  l'alimentation  de  l'homme,  dans  le  système  de  fabrication  de  pain 
blanc  à  outrance  qui  tend  à  prévaloir. 

»  Pain.  —  J'ai  étudié  le  pain  de  plus  de  cent  cinquante  boulangeries  de 
Paris,  de  plusieurs  boulangeries  de  la  banlieue,  de  la  boulangerie  de  l'Assis- 
tance publique,  située  sur  la  place  Scipion,  enfin  le  pain  de  ménage  des 
campagnes.  J'ai  soumis  à  l'analyse  36  pains  différents. 

»  Le  rapport  moyen  de  la  croûte  à  la  mie  est  de  i!\  à  76  pour  100  de 
pain;  les  proportions  extrêmes  de  croûte  ont  été  de  1  5  et  de  l\i  pour  100. 

»  Tandis  que  l'hydratation  de  la  croûte  s'est  trouvée  comprise  entre  8,67 
et  35,44  pour  100,  celle  de  la  mie  s'est  maintenue  entre  33, 16  et  49,20; 
l'hydratation  du  pain,  considérée  dans  son  ensemble,  a  présenté,  comme 
limites  extrêmes,  3 1 ,  19  et  46,9.  Les  pains  de  fantaisie  ont,  en  général, 
moins  de  36  pour  100  d'eau;   les  autres  pains  en  contiennent  près  de  4o. 

»  M.  Rivot,  dans  un  travail  sur  le  pain,  présenté  à  l'Académie  il  y  a  quel- 
ques années,  s'est  occupé  des  différences  que  peuvent  offrir,  au  point  de  vue 
des  matières  minérales,  la  croûte  et  la  mie  du  pain.  Il  a  trouvé  plus  de  cen- 
dres dans  la  croûte,  les  deux  parties  du  pain  étant  ramenées  au  même  degré 
de  dessiccation;  il  en  a  conclu  que,  pendant  la  cuisson,  la  croûte  devait 
éprouver  une  perte  sensible  de  matière  organique,  mais  il  ne  s'est  pas  occupé 
de  rechercher  en  quoi  cette  perte  pouvait  consister.  En  dosant  l'azote  de  la 
croûte  et  de  la  mie  du  pain  par  le  procédé  de  M.  Peligot,  je  suis  arrivé  à  ce  ré- 
sultat inattendu  que  toujours  la  croûte  est  plus  riche  en  matières  azotées  que 
la  mie  du  même  pain.  À  l'état  de  siccité  le  rapport  moyen  de  l'azote  de  la 
croûte  à  l'azote  de  la  mie  est  de  2,37  pour  100  à  t,g3  pour  100,  ou  de  ia3 
à  100.  Dans  l'état  normal,  la  différence  de  richesse  nutritive  est  bien  plus 
considérable  encore.  En  effet,  le  rapport  moyen  de  l'azote  de  la  croûte  nor- 


(  838  ) 
maie  à  l'azote  de  la  mie  normale  est  de  1,97  pour  100  à  1,06  pour  100,  ou 
de  186  à  100,  presque  celui  de  2  à  1 .  Parfois  le  rapport  s'élève  jusqu'à  celui 
de  2,5  à  1.  En  d'autres  termes,  les  personnes  qui  peuvent  manger  de  la 
croûte  de  pain  au  lieu  de  mie  prennent,  sous  même  poids,  un  aliment  deux 
fois  plus  nourrissant.  En  même  temps  j'ai  constaté  que  la  croûte  est  plus  so- 
luble  dans  l'eau  que  la  mie.  Ainsi  s'expliquent  la  préférence  que  l'on  doit 
donner  au  pain  bien  cuit  sur  le  pain  qui  a  subi  une  cuisson  insuffisante,  les 
conseils  donnés  par  les  médecins  de  faire  pour  les  jeunes  enfants  des  panades 
préparées  avec  de  la  croûte,  l'emploi  de  l'eau  panée  faite  avec  de  la  croûte, 
l'usage  des  biscottes,  etc. 

»  Je  n'ajouterai  plus,  pour  terminer  ce  résumé  de  mes  recherches,  que  ce 
fait  important,  savoir:  le  pain  fabriqué  par  la  boulangerie  Scipion  avec  de 
la  farine  complète  et  que  la  Préfecture  de  la  Seine  fait  vendre  sur  les  mar- 
chés de  Paris,  à  5  centimes  de  moins  le  kilogramme  que  le  pain  de  première 
qualité  des  boulangers,  est  plus  riche  en  matières  azotées  dans  une  propor- 
tion qui  s'élève  le  plus  souvent  de  r5oà  100.  C'est  la  pleine  vérification  de 
mes  recherches  comparatives  sur  le  blé  et  sur  les  farines  complètes  et  in- 
complètes.   » 

M.  Garrigou  adresse  de  Tarascon-sur-Ariége  une  Note  sur  la  com/io- 
silio)i  de  l'air  de  diverses  cavernes  situées  dans  les  montagnes  qui  environ- 
nent cette  petite  ville,  sur  la  température  de  l'air  et  celle  de  l'eau  qui  se 
trouve  dans  quelques-unes  de  ces  grottes.  Dans  toutes  ses  analyses,  il  a 
constaté  une  diminution  dans  les  proportions  normales  de  l'oxygène  et  la 
présence  de  l'acide  carbonique  en  quantité  variable,  mais  pas  suffisante 
pour  produire  l'asphyxie.  L'auteur  ne  dit  pas  d'ailleurs  s'il  a,  pour  une 
même  caverne,  examiné  comparativement  l'air  pris  à  diverses  hauteurs  au- 
dessus  du  sol. 

(Commissaires,  MM.  Cbevreul,  Boussingault,  Peligot.) 

M.  Arth.  Chevalier  soumet  au  jugement  de  l'Académie  deux  modèles 
de  microscope,  l'un  simple,  l'autre  composé,  destinés  principalement  aux 
jeunes  gens  qui  s'occupent  d'études  histologiques,  et  qu'il  s'est  efforcé  de 
mettre  à  des  prix  accessibles  aux  étudiants. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Babinet,  Regnault.) 


(83g) 


CORRESPOND  ANCE. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Lisbonne  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  de  ses  dernières  publications. 

La  Société  de  Géographie  annonce  que  la  prochaine  séance  publique 
aura  lieu  le  icr  mai  et  adresse  des  billets  pour  MM.  les  Membres  de  l'Aca- 
démie qui  désireraient  assister  à  cette  solennité. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Beneke,  un 
Mémoire  écrit  en  allemand,  «  Sur  l'apparition,  le  développement  et  la 
fonction  de  la  cholestérine  dans  les  organismes  animaux  et  végétaux  ». 

MM.  Chevreul  et  Bernard  sont  invités  à  prendre  connaissance  de  cet  ou- 
vrage et  à  en  faire  l'objet  d'un  Rapport  à  l'Académie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  encore,  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  Correspondance,  un  volume  intitulé  :  «  Les  Mondes,  causeries  astrono- 
miques», par  M.  GuiUemin;  —  de  «  Nouvelles  Considérations  sur  la  lon- 
gévité humaine  »,  par  M.  Gujelant  père,  —  et  les  numéros  a  et  3  de  la 
Revue  de  Sériciculture  comparée,  publiée  par  M.  Guérin-Méneville. 

ANATOMIE    COMPARÉE.   —   Remarques   sur  la  Sirène   lacertine; 
par  M.  L.  Vaillant,  présentées  par  M.  Milne  Edwards. 

«  L'occasion  qui  nous  a  été  offerte  par  M.  Martin-Magron  de  disséquer 
à  l'état  frais,  et  même  d'observer  pendant  un  certain  temps  à  l'état  de  vie, 
une  Sirène  lacertine  [Siren  lacertina,  Linné),  nous  a  permis  de  constater  cer- 
tains faits  anatomiques  qui  jusqu'ici  avaient  échappé  aux  recherches  des 
différents  observateurs  qui  se  sont  occupés  de  cet  animal.  Au  reste,  si  les 
travaux  publiés  sur  la  Sirène  sont  relativement  assez  multipliés,  le  nombre 
des  individus  observés  n'est  pas,  à  ce  qu'il  semble,  considérable,  puisqu'un 
même  échantillon  paraît  avoir  servi  aux  observations  d'Ellis,  de  Hunter,  de 
Camper  et  de  M.  Owen  ;  un  second  aux  observations  de  G.  Cuvier. 

»  Le  système  musculaire  a  été  peu  étudié  jusqu'ici.  Sans  entrer  dans  des 
détails  que  ne  comporte  pas  l'étendue  d'une  simple  Note,  et  qui  d'ailleurs 


(  84o  ) 
se  prêteraient  mal  à  une  description  non  accompagnée  de  figures,  nous 
nous  bornerons  à  dire  qu'il  présente,  comme  la  forme  de  l'animal  pouvait 
le  faire  pressentir,  un  type  intermédiaire  à  celui  des  Poissons  et  des  Batra- 
ciens, et  qu'il  se  distingue  de  celui  des  êtres  plus  élevés  de  sa  classe  par  la 
complication  des  muscles  destinés  à  mouvoir  l'appareil  branchial  et  par  la 
présence  de  muscles  destinés  à  mouvoir  la  lèvre  et  la  mâchoire  supérieme. 
L'étude  de  la  myologie  de  cet  animal  jette  un  certain  jour  sur  les  appareils 
actifs  de  mouvement  chez  les  têtards  des  Batraciens  élevés,  et  confirme  en 
plusieurs  points  l'excellent  travail  de  Dugès  sur  ce  sujet. 

»  Le  système  nerveux  n'avait  non  plus  jamais  été  examiné.  L'encéphale 
nous  a  montré  la  plus  grande  ressemblance  avec  celui  que  MM.  Configliachi 
et  Busconi  ont  décrit  dans  le  Protée.  Toutefois,  l'interprétation  des  parties 
donnée  par  ces  auteurs  demande,  suivant  nous,  à  être  modifiée.  En  avant 
sont  les  hémisphères  cérébraux  ;  derrière  eux  existe  une  masse  centrale ,  qui 
nous  paraît  représenter  les  lobes  optiques  soudés  en  un  seul  corps,  ce  qui 
les  avait  fait  prendre  chez  le  Protée  pour  le  cervelet  ;  enfin  celui-ci  est 
représenté,  à  la  partie  tout  à  fait  postérieure,  par  une  mince  bande  ner- 
veuse. 

«  L'état  dans  lequel  ce  Batracien  s'est  trouvé  entre  nos  mains  nous  a  per- 
mis de  faire  des  injections  qui  nous  ont  montré  assez  complètement  le  sys- 
tème vasculaire.  TNous  avons  pu  sur  les  globules  sanguins  observés  a  l'état 
frais  examiner  la  structure  de  ces  organites.  Il  nous  a  été  possible,  grâce  à 
leur  volume  considérable,de  reconnaître  que  le  noyau  est  homogène,  s'il  n'a 
été  soumis  à  l'action  d'aucun  réactif,  contrairement  à  ce  que  M.  Owen  avait 
pensé.  En  second  lieu,  les  changements  de  forme  observés  sur  le  globule  qui, 
au  contact  de  l'eau,  d'ovoïde  devient  sphérique  par  la  diminution  de  son 
grand  diamètre,  nous  semblent  prouver,  comme  l'a  déjà  fait  remarquer 
M.  Milne  Edwards  ,  qu'il  existe  autour  du  globule  une  véritable  membrane. 
Le  cours  du  sang  s'effectue  partout  au  moyen  de  canaux  nettement  limités, 
sauf  pour  la  veine  cave  postérieure,  qui,  dans  sa  portion  sus-hépatique,  se 
transforme  en  un  sinus  creusé  dans  la  substance  du  foie.  La  circulation,  au 
point  de  vue  physiologique,  peut  se  résumer  ainsi  : 

»    i°  Il  n'existe  de  sang  entièrement  hématose  que  dans  la  veine  pulmo- 
naire et  l'oreillette  droite  ; 

»   20  Le  sang  ne  passe  qu'en  partie  dans  les  branchies,  de  nombreuses 
anastomoses  le  conduisant  directement  dans  l'aorte  ; 

«   3°   Une  portion  du  sang  revient  directement  au  cœur  ;  il  provient  des 


(84i  ) 
parties  antérieures  du  corps,  de  la  partie  moyenne  du  canal  rachidien,  un  peu 
de  la  partie  postérieure  du  corps,  enfin  des  ovaires  ; 

»  4°  Une  portion  du  sang  de  la  veine  caudale,  celui  des  veines  rachi- 
diennes  abdominales  postérieures,  et  peut-être  celui  de  l'oviducte,  s'héma- 
tosent  dans  le  système  porte  rénal  ; 

»  5°  Une  portion  du  sang  de  la  veine  caudale,  celui  des  parois  abdomi- 
nales et  de  la  vessie,  le  sang  de  l'intestin,  de  l'estomac,  de  la  rate,  de  la  vési- 
cule du  fiel,  le  sang  des  parties  moyennes  et  dorsales  du  corps,  s'hématosent 
dans  le  système  porte  hépatique. 

»  La  respiration  de  la  Sirène  s'effectue  à  la  fois  par  des  houppes  branchiales 
et  des  poumons.  La  surface  interne  de  ces  derniers  est  assez  aréolaire;  ils 
présentent  aussi  cette  particularité  tout  à  fait  spéciale,  qu'en  avant  la  portion 
qui  représente  la  trachée  est  creusée  dans  la  paroi  supérieure  du  péricarde. 

»  Parmi  les  organes  de  sécrétion  les  reins  présentent  une  disposition  spé- 
ciale. Ils  se  soudent  en  arrière  en  une  seule  masse,  comme  on  l'observe  chez 
certains  Poissons. 

»  Telles  sont  les  notions  nouvelles  que  notre  examen  nous  permet  d'ajou- 
ter à  la  connaissance  anatomique  d'un  animal  qui,  par  la  classe  à  laquelle  il 
appartient ,  par  ses  rapports  avec  l'état  transitoire  d'êtres  plus  élevés  et  avec 
les  Poissons,  mérite  de  fixer  à  plus  d'un  titre  l'attention  des  naturalistes.  » 

CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  caractères  des   alcools; 
Note  de  M.  Berthelot,  présentée  par  M.  Balard. 

«  L'étude  de  la  formation  des  éthers  conduit  à  des  notions  nettes  et  pré- 
cises, propres  à  caractériser  la  fonction  chimique  des  alcools.  Les  alcools 
véritables,  en  effet,  ceux  que  tous  les  chimistes  reconnaissent  comme  tels, 
s'unissent  directement  avec  les  acides  :  la  combinaison  s'opère  d'une  ma- 
nière lente,  mais  régulière;  elle  a  lieu  même  en  présence  d'une  grande 
quantité  d'eau  ;  enfin,  elle  obéit  à  des  proportions  fixes  qui  dépendent  prin- 
cipalement de  l'équivalent  des  acides  et  des  alcools,  et  non  de  leurs  affinités 
particulières.  Ce  sont  là  des  phénomènes  aussi  généraux  et  aussi  nécessaires 
que  ceux  qui  caractérisent  la  comhinaison  saline. 

»  J'ai  pensé  qu'il  était  utile  de  soumettre  aux  mêmes  épreuves  diverses 
substances  neutres,  choisies  dans  les  principaux  groupes  organiques,  les 
unes  analogues  aux  alcools,  les  autres  fort  différentes.  Ce  sont  : 

»  i°  Un  acétone;  2°  deux  aldéhydes;  3°  un  éther  simple  ;  4°  deux  hydrates 

C.  R.,  i863,  i«  Semettre.  (T.  LVI,  N°  17.)  I  IO 


(  842  ) 
qui  présentent  certaines  analogies  avec  les  alcools,  la  terpine  et  la  saligé- 
nine  ;  5°  un  composé  complexe,  la  salicine;  6°  deux  phénols. 

I.   Acétone  très-pur,  CrTO' 44  >4       l  ,o     équivalent.     )        0 

T.  Z~l  7-  no  heures  vers  ibo* 

Acide  acétique 55,6       1,2  »  ( 

1  gramme  du  mélange  sature,  avant  l'expérience  :  baryte  normale.     61", g. 

Après  l'expérience , 6i<c,8. 

»    Il  n'y  a  donc  pas  formation  d'une  combinaison  comparable  à  tin  éther. 


1  ,0     équivalent.     /        0 . 

•    1 10  heures  vers  1800. 
1 , 23  »  ( 


II.  Aldéhyde  pur,  C'H'O' 37 ,5 

Acide  acétique 62 , 5 

1  gramme  sature  avant  l'expérience 6i)cc,  3. 

Après  l'expérience.    78e',  4- 


»  Non-seulement  il  ne  s'est  pas  formé  de  combinaison  stable,  mais  il  y 
a  accroissement  d'acidité  :  ce  qui  s'explique  par  une  décomposition  de  l'al- 
déhyde que  j'ai  signalée. 


1  ,0     équivalent.     / 

„  1  1 4  heures  vers  150°. 

1 ,  oh  >.  |       T 


III.  Aldéhyde  campholique  (camphre).      70,3 

Acide  acétique 29>7 

1  gramme  sature  avant  l'expérience 33cc,2. 

Après  l'expérience 33lc,  o. 


»   Il  n'y  a  donc  pas  de  combinaison  comparable  à  un  éther. 

»  IV.  L'éther  ordinaire,  C4H50,  chauffé  avec  l'acide  acétique,  soit  pur, 
soit  hydraté  (1 18  heures  vers  i8o°\  donne  lieu  à  une  perte  d'acidité  égale  à 
4  on  5  centièmes:  ce  qui  s'explique,  soit  par  la  présence  d'un  peu  d'alcool, 
non  éliminé  dans  les  purifications,  soit  par  un  commencement  de  formation 
d'éther  acétique,  semblable  à  celle  qui  a  lieu  rapidement  au-dessus  de  3oo°. 
d'après  mes  anciennes  expériences. 

V.  Terpine,  C3"HI0O'-|- 2  Aq 80,8   I   1 ,33  équivalent.     /    , 

.....                         '  4°  heures  vers  8o°. 

Acide  acétique 19,2   |    1  ,0  »  ( 

»  Pas  de  combinaison  stable  en  proportion  appréciable,  soit  que  l'action 
nait  pas  lieu,  soit  qu'elle  demeure  trop  lente  à  8o°;  mais  l'altérabilité  dt- 
la  terpine  ne  permet  pas  de  la  chauffer  à  1800  en  présence  d'un  acide. 


VI.  Saligénine,  C'H'O* 63,8 

\cide  acétique 36,2 


1  ,0      équivalent.    / 

l  40  heures  vers  .So". 
1,10  »  I 


»   Il  y  a  neutralisation  de  7  centièmes  d'acide  (1);  la  réaction  n'était  évi- 


(1)  Acide  total  =  100,  ce  qui  s'applique  également  aux  expériences  VII,  VIII  et  IX 


(  843  ) 
déminent  pas  terminée,  mais  la  matière  a  manqué  pour  faire  une  expé- 
rience plus  prolongée.  On  voit  ici  la  saligénine  se  comporter  comme  un 
alcool,  ce  qui  s'accorde  avec  sa  transformation  régulière  en  aldéhvde  et  en 
acide.  Jusqu'ici  on  lui  avait  refusé  cette  propriété,  parce  que  ce  corps  émi- 
nemment altérable  se  sépare  en  eau  et  salirétine  sous  l'influence  des  acides 
énergiques. 


VII.  Salicine,  CMHlsO" 80,0      1,00   équivalent. 


Acide  acétique 20,0 


,08 


[  4°  heures  vers  80". 


»  Il  y  a  neutralisation  de  14  centièmes  d'acide:  ce  qui  s'accorde  avec  la 
théorie  générale  qui  envisage  la  salicine  (glucoside  saligénique)  comme 
une  sorte  d'alcool  complexe,  susceptible  de  s'unir  aux  acides,  au  même 
titre  que  le  glvcéride  monacélique. 

VIII.  1.  Phénol,  C'^H'O2 68,3      1,37   équivalent. 

Acide  acétique 3i  ,7       1 ,00  » 

Au  bout  de  4°  heures  vers  1600,  acide  neutralisé 6,1 

Au  bout  de   1 36  heures  (limite) 7,0 

2.  Phénol 72,0  I    t  ,64    équivalent. 

Acide  acétique 28,0 


1  ,00 


4  heures  vers  i5o°. 


Acide  neutralisé 9  centièmes. 

3.  Phénol 55,9       1  ,64  équivalent. 

Acide  benzoïque 44 1  '       '  >°°  " 

Au  bout  de  4°  heures  vers  1600,  acide  neutralisé. a5,8 

Au  bout  de  1 36  heures  (limite) 26,7 


IX.  Thymol  cristallise,  C-°ti"02 74,0 

Acide  acétique 26,0 


,  i3  équivalent.     I        ,  ,  - 

>    114  heures  vers  1000. 
,00  »  ) 


Acide  neutralisé 8  centièmes. 

»  Il  résulte  de  ces  faits  que  le  phénol  et  son  homologue  le  thymol  s'unis- 
sent directement  aux  acides  à  la  façon  des  alcools.  Les  combinaisons  s'ar- 
rêtent également  à  des  limites  6xes;  mais  ces  limites  sont  beaucoup  plus 
faibles  pour  les  phénols  que  pour  les  alcools  :  la  proportion  neutralisée 
est  trois  fois  aussi  faible  avec  l'acide  benzoïque,  dix  fois  aussi  faible  avec 
l'acide  acétique;  de  plus  les  deux  acides  expérimentés  ont  fourni  deux 
limites  très-différemes;  au  contraire  les  deux  phénols  diffèrent  peu.  II  y  a 
là  tout  un  ordre  de  faits,  parallèles  à  ceux  qui  se  présentent  avec  les  alcools 
véritables,  mais  qui  paraissent  obéir  à  d'autres  lois. 

«  Les  faits  ci-dessus  manifestent  entre  les  phénols  et  les  alcools  de  nou- 
velles analogies  et  de  nouvelles  différences,  analogies  et  différences  qu'il  faut 
joindre  à  celles  qui  obligent  à  envisager  les  phénols,  soit  comme  une  classe 

1 10.. 


(  m  ) 

spéciale  de  composés  organiques,  voisins  de  la  classe  des  alcools,  soit  comme 
un  groupe  à  part  dans  la  classe  générale  des  alcools.  D'ailleurs  il  importe 
peu  au  fond  de  décider  entre  ces  deux  manières  de  voir,  dès  que  la  compa- 
raison des  faits  eux-mêmes  est  nettement  posée  :  car  les  classifications  et  les 
symboles  sont  des  instruments  relatifs  et  conventionnels  dont  l'esprit 
humain  se  sert  pour  concevoir  les  choses.  » 

chimie  ORGANIQUE.  —   Remarques  concernant  une   Aote  de  M.   Wurtz,   sur 
t'hydrate  d'amylène;  Lettre  de  M.  Beuthelot. 

«  La  Note  présentée  par  M.  Wurtz  me  paraissant  de  nature  à  causer  quel- 
que méprise  relativement  à  l'objet  de  mes  recherches  sur  les  alcools  amy- 
liques,  je  crois  nécessaire  de  donner  sur  ce  sujet  de  nouvelles  explications. 

»  Il  ne  s'agissait  pas  d'établir  une  isomérie,  fort  bien  démontrée  par 
M.  Wurtz,  mais  de  comparer  les  réactions  de  l'éther  amylchlorhydrique  de 
l'amylène  avec  celles  de  l'éther  amylchlorhydrique  de  l'alcool  de  fermen- 
tation. J'ai  montré,  ce  qui  était  nouveau,  que  ce  dernier  éther,  traité  pai 
des  actions  douces,  telles  que  celles  de  l'acétate  et  du  benzoate  de  soude, 
pouvait  fournir  de  l'amylène,  précisément  dans  les  mêmes  conditions  où 
le  chlorhydrate  d'amylène  en  produit.  J'ai  montré  de  plus  que  l'on  pouvait 
préparer  avec  l'éther  amylchlorhydrique  de  l'amylène  des  éthersamyliques 
à  acides  oxygénés,  capables  de  reproduire  l'hydrate  d'amylène,  ce  qui  était 
également  nouveau,  et  cequi  constitue  la  seule  démonstration  rigoureuse  de 
la  constitution  de  ces  éthers. 

»  J'ai  conclu  de  ces  faits  :  i°  que  l'éther  amylchlorhydrique  de  l'amy- 
lène ne  diffère  pas  en  général  de  l'éther  amylchlorhydrique  de  fermenta- 
tion par  la  nature  de  ses  produits  de  décomposition;  la  différence  réside 
surtout  dans  leur  proportion  relative;  2°  que  l'hydrate  d'amylène  est  un 
alcool,  aussi  bien  que  l'alcool  amvlique  de  fermentation.  Cette  dernier» 
opinion  est  fort  différente  de  celle  que  M.  Wurtz  avait  indiquée  implicite- 
ment dans  sa  première  Note,  en  refusant  les  noms  d'alcool  et  d'éther  à 
l'hydrate  et  à  ses  dérivés,  et  qu'il  a  exprimée  explicitement  à  la  fin  de  sa 
deuxième  Note,  en  déclarant  que  l'hydrate  d'amylène  et  ses  analogues 
n'étaient  pas  des  alcools,  mais  leurs  isomères.  C'est  précisément  le  contraire 
qui  me  paraît  résulter  de  mes  recherches  et  demeurer  acquis  à  la  science 
par  la  présente  discussion.   > 


(  345  ) 

astronomie.  —  Etoile  double  de  y  de  la  Balance;  Lettre  de  M.  Goi.ds<:h.uid 
à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  annoncer  la  découverte  de  la  duplicité  de  l'é- 
toile gamma  de  la  Balance.  Une  très-petite  étoile  s'y  trouve  à  environ  20" 
d'arc  de  distance,  et  avec  un  angle  de  position  que  j'évalue  à  1 53°.  Une  autre 
étoile  plus  au  sud  de  gamma  se  trouve  à  une  distance  de  79",  et  dont  l'angle 
de  position  est  de  173°.  Cette  dernière  étoile  est  très-visible,  mais  le  com- 
pagnon avait  échappé  jusqu'à  ce  jour  aux  investigations  des  astronomes 
qui  s'occupent  des  étoiles  doubles.  Je  m'empresse  de  signaler  ce  fait  à  l'A- 
cadémie, vu  qu'il  s'y  rattache  un  intérêt  particulier,  car  gamma  de  la 
Balance  pourrait  se  trouver  système  binaire.  Les  quatre  positions  de  cette 
étoile  données  par  Lalande,  dans  le  catalogue,  sous  les  numéros  a836o 
à  28363,  diffèrent  d'une  seconde  de  temps  en  ascension  droite.  J'ai  encore 
observé  cette  petite  étoile  la  nuit  dernière,  pendant  quatre  heures  consécu- 
tives. En  cachant  l'étoile  principale  dans  le  champ  de  la  lunette,  on  doit 
voir  le  compagnon  et  l'étoile  immédiatement.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  action  de  l1  hydrogène  développé  par  l'ammoniaque  et 
le  zinc,  pour  la  transformation  de  l'aldéhyde  et  de  l'acétone  en  alcool  corres- 
pondant; Note  de  M.  Loiîix,  présentée  par  M.  Balard. 

«  On  sait  que  MM.  Wurtz  et  Friedel  ont  transformé  divers  aldéhydes,  et 
notamment  l'aldéhyde  ordinaire  et  l'acétone,  en  alcools  au  moyen  de  l'hydro- 
gène naissant.  Le  mode  de  production  ordinaire  de  ce  gaz,  par  lequel  on 
peut  cependant  transformer  la  nitrobenzine  en  aniline,  ne  leur  a  point 
réussi;  mais  ils  sont  parvenus  à  produire  ces  transformations  au  moyen  de 
l'amalgame  de  sodium.  J'ai  eu  la  pensée,  pour  résoudre  les  mêmes  pro- 
blèmes, de  recourir  à  une  autre  source  d'hydrogène,  celle  qui  est  fournie 
par  la  décomposition  de  l'eau  à  une  température  peu  élevée,  au  moyen  du 
zinc  en  présence  de  l'ammoniaque.  On  sait  que  cette  méthode  est  due  à 
M.  Berthelot,  qui  s'en  est  servi  pour  transformer  l'acétylène  en  éthylène, 
et  pour  compléter  ainsi  le  cercle  des  métamorphoses  relatives  à  la  synthèse 
totale  de  l'alcool  ordinaire. 

»  Dans  ma  première  expérience,  l'aldéhyde,  employé  sous  forme  d'al- 
déhydate  d'ammoniaque  sec,  a  été  mis  en  contact  avec  une  solution  aqueuse 
d'ammoniaque  pure  et  du  zinc  en  petits  fragments.  Le  dégagement  de  l'hy- 
drogène avait  lieu  sous  une  légère  pression  et  à  la  température  de  3o°  à  /jo°. 

»   Après  avoir   filtré   et  distillé   le   liquide  de   manière  à   en   recueillir 


(  «46  ) 
ht  moitié,  j'ai  saturé  le  produit  de  la  distillation  par  de  l'acide  sulfurique 
dilué,  puis  distillé  de  nouveau  au  bain-marie,  en  ne  recueillant  que  le  quart 
de  la  liqueur.  Le  carbonate  de  potasse  en  a  isolé  une  couche  d'un  liquide 
inflammable,  décomposable  par  l'acide  sulfurique  avec  production  de  gaz 
oléfiant,  donnant,  avec  l'acétate  de  soude  et  l'acide  sulfurique,  de  l'éther 
acétique,  et  possédant,  en  un  mot,  tons  les  caractères  de  l'alcool  or- 
dinaire. 

»  J'ai  appliqué  aussi  à  l'acétone,  purifié  avec  soin  et  employé  à  l'état  libre, 
le  même  mode  d'expérience.  Des  traitements  convenables  ont  mis  en  éu- 
dence  la  formation  de  l'alcool  propylique. 

»  Les  quantités  d'alcool  ordinaire  ou  propylique  qui  m'ont  été  fournies 
par  ces  deux  expériences  n'ont  représenté,  en  poids,  que  le  quinzième  en- 
viron de  ce  qu'aurait  donné  l'aldéhyde  ou  l'acétone,  si  les  transformations 
avaient  été  complètes.  C'est  que  l'hydrogène  naissant  et  l'ammoniaque  ont 
pu  agir,  dans  ces  réactions,  soit  directement  sur  l'aldéhyde  et  l'acétone,  soit 
sur  les  alcools  résultants,  pour  donner  naissance  à  des  produits  accessoires, 
et  particulièrement  à  des  ammoniaques  composées. 

»  En  effet,  pour  le  cas  de  l'aldéhyde,  la  formation  de  ces  ammoniaques  a 
été  mise  en  évidence.  Le  résidu,  traité  à  saturation  par  la  potasse,  a  été  dis- 
tillé avec  ménagement,  en  faisant  rendre  les  produits  dans  de  l'acide  chlor- 
hvdrique  pur.  L'évaporation  de  la  liqueur  chlorhydrique  a  fourni  un  corps 
cristallisé  déliquescent,  soluble  en  grande  partie  dans  l'alcool  absolu,  et 
donnant  par  l'action  de  la  chaux  une  vapeur  alcaline  et  inflammable. 

«  En  résumé,  sous  l'action  de  l'hydrogène  produit  par  le  zinc  en  présence 
de  l'ammoniaque,  l'aldéhyde  et  l'acétone  se  changent  en  alcools  correspon- 
dants, et  ce  résultat  est  d'ailleurs  accompagné,  pour  l'aldéhyde,  de  la  for- 
mation d'ammoniaques  composées. 

>■  J'ai  constaté  que  la  même  méthode  de  réduction  transforme  la  nitro- 
benzine  en  aniline,  ainsi  qu'il  était  naturel  de  le  penser. 

»  Ces  recherches  ont  été  faites  dans  le  laboratoire  de  chimie  du  Collège 
de  France.    » 

minéralogie.  —  Sur  t'aslropliyllile  el  l'œgirine  de  Brevig  en  Novwéije;  Note 
de  M.  F.  Pisaxi,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  L'astrophyllite,  décrite  par  M.  Scheerer,  est  un  mica  qui  se  trouve 
dans  un  feldspath  laminaire  de  la  syéuite  zirconienne,  où  elle  est  accom- 
pagnée de  catapléite,  d'cegirine  et  de  gros  prismes  de  mica  noir. 

»  Elle  se  présente  sous  forme  de  cristaux  tabulaires  à  six  faces,  très- 


(  847  ) 
allongés  suivant  la  petite  diagonale  et  souvent  groupés  en  étoiles.  Clivage 
facile  suivant  la  base  ;  transparente  en  lames  minces.  Sa  couleur  est  d'un 
jaune  de  bronze  et  celle  de  la  poussière  d'un  jaune  d'or  mussif.  Son  élasti- 
cité est  très-faible.  Dureté:  3  environ.  Densité:  3,32/j.  Au  chalumeau,  l'astro- 
phyllite  fond  facilement,  avec  boursouflement,  en  un  émail  noir  magné- 
tique. Avec  le  carbonate  de  soude  et  le  salpêtre,  elle  donne  un  forte  réaction 
de  manganèse.  Au  spectroscope,  on  voit  la  chaux,  la  soude,  la  potasse  et 
la  lithine.  L'acide  chlorhydrique  l'attaque  avec  dépôt  de  silice  en  écailles  ; 
la  solution,  chauffée  avec  du  zinc  ou  de  l'était],  donne  la  réaction  du 
titane. 

)-  Sa  composition  n'a  été  connue  jusqu'à  présent  que  d'une  manière 
imparfaite  :  M.  deKobellya  signalé  dernièrement  de  l'acide  titanique,  mais 
j'y  ai  trouvé  en  outre  une  certaine  quantité  de  zircone  et  de  la  lithine.  Il  est 
à  remarquer  qu'elle  ne  contient  que  fort  peu  d'alumine  et  une  assez  grande 
quantité  de  manganèse  et  de  fer. 

)    Elle  m'a  donné  à  l'analyse  : 

Oxygène. 

Silice 33,23  '7>72  ) 

Acide  titanique 7 ,09  2,80   >  21 ,87 

Zircone 4 '97  1 ,3o 

Alumine 4?°°  '  >86 

Oxyde  ferrique 3,75  1,12 

Oxyde  ferreux 23,58  5,23 

Oxyde  manganeux 9>9°  2,22   , 

Chaux 1,1 3  o,32 

Magnésie 1  ,27  o,5o 

Potasse 5,82  °i98 

Soude. 2 ,5i  o ,64 

Lithine Peu. 

Perte  au  feu 1 ,  86 

99»  '» 
»  On  sait  que  dans  la  plupart  des  micas  l'oxygène  de  la  silice  est  ordi- 
nairement égal,  à  peu  près,  à  celui  des  bases  R  et  R  réunies;  dans  ce  mica, 
au  contraire,  si  l'on  joint  à  la  silice  l'acide  titanique  et  la  zircone,  l'oxygène 
de  ces  trois  acides  dépasse  de  beaucoup  celui  des  bases.  Pour  ramener 
l'astrophyllile  à  avoir  les  rapports  d'oxygène  des  autres  micas,  il  faudrait 
ajouter  aux  autres  bases  la  zircone  et  l'acide  titanique,  en  considérant  ce 
dernier  comme  y  étant  à  l'état  de  sesquioxyde  de  titane  ;  on  aurait  alors  : 
Pour  l'oxygène  de  la  silice  —  17,72,  pour  celui  des  bases  R-i-R_  16,87. 


(  848  ) 

»  Il  existe  dans  la  syénite  zirconienne  de  Barkevig,  près  Brevig,  un  pyroxène 
en  prismes  d'un  vert  foncé,  ordinairement  cannelés,  et  qui  accompagne  la 
cancrinite,  l'élœolithe  et  différentes  autres  espèces  de  celte  même  localité.  Ce 
pyroxène  possède  un  clivage  assez  facile  suivant  m  et  un  autre  suivant  h'. 
Sa  couleur  est  d'un  vert  sombre  et  celle  de  la  poussière  d'un  vert  clair. 
Densité  :  3,464-  Au  chalumeau,  il  fond  facilement  en  un  verre  noir.  Au  spec- 
îroscope,  on  voit  la  soude  et  la  chaux. 

»  L'acide  chlorhydrique  l'attaque  à  peine. 

»  Sa  composition  est  presque  la  même  que  celle  de  l'œgirine  de  Brevig, 
analysée  par  M.  Rammelsberg;  elle  contient  seulement  plus  de  soude  et 
moins  de  chaux. 

»  En  voici  les  résultats  : 

Oxygi'ne-  Rapport. 

Silice 52,ii  27>79  2 

Alumine 2j47  i  ,  i5 


Alumine 2j47  i  ,  io  ) 

Oxyde  ferrique 22,80  6,84  )         " 

Oxyde  ferreux 8,4o  1,86 

Chaux 2,60  0,74 


'3, 87 


Magnésie 0,4'  o,  16  (      ' 

Soude 12,10  3,i2   ) 

Perte  au  feu o ,  3o 

101 ,  19 

»  En  réunissant  les  bases  R  aux  bases  R,  le  rapport  de  l'oxygène  de  la 
silice  à  celui  des  bases  est  exactement  comme  2:1.  Ce  même  rapport 
existe  dans  l'arfvedsonite  du  Groenland  dont  la  composition  est  presque 
identique  à  celle  de  l'œgirine  de  Barkevig  ;  seulement  la  première  a  les 
clivages  de  l'amphibole,  tandis  que  l'œgirine  possède  ceux  du  pyroxène.  » 

CHIMIE.  —  Action  delà  magnésie  sur  les  fluorures  alcalins;  par M.  Ch.  Tissier. 

«   On  sait  que  la  chaux  hydratée  décompose  avec  une  grande  facilité  le 
iluorure   de  sodium,    en    donnant   naissance   à   de    l'hydrate    de    soude 
NaOHO)  soluhle  et  à  du  fluorure  de  calcium  insoluble.  C'est  d'après  cette 
réaction  qu'ont  été  utilisés  jusqu'ici  les  résidus  de  la  fabrication  de  l'alu- 
minium par  la  cryolithe  : 

Al2Fl33NaFl+  3Na  =J^  +  ^NaJl 

Cryolithe.  Sodium.        Alumi-  Fluorure 

m  mu  de  sodium. 

6NaFl  4-  6CaOHO  =  6NaOHO  -t-JiCaFl. 

Chaux  hydratée.  Hydrate  Fluorure 

de  soude.  de  calcium. 


(  8/i9  ) 
»  L'action  de  la  magnésie  (MgO)  sur  le  fluorure  de  sodium  est  un  peu 
différente,  par  suite  de  la  formation  d'un  fluorure  double  de  magnésium 
et  de  sodium;  aussi,  quel  que  soit  l'excès  de  magnésie  employée,  l'on  ne 
transforme  en  soude  que  les  deux  tiers  du  fluorure  de  sodium  soumis  à  l'ex- 
périence. Pour  m' assurer  de  la  réalité  de  cette  réaction,  j'ai  comparé  les 
poids  de  sulfate  de  soude  obtenus,  d'un  côté,  en  décomposant  simplement 
le  fluorure  de  sodium  par  l'acide  sulfurique;  de  l'autre,  en  décomposant 
la  même  quantité  de  fluorure  de  sodium  par  un  excès  de  magnésie,  puis 
transformant  en  sulfate  l'hydrate  de  soude  produit. 

Sulfate 
de  smide. 

ioo  parties         |   Directement  par  l'acide  sulfurique 170  3  équivalents. 

de  fluorure  sodique  <   En  décomposant  le  sel  par  la  magnésie,  puis 

ont  fourni  :         (        saturant  la  soude  obtenue 121 ,4     2  équivalents. 

-  Pour  contrôler  ces  chiffres,  j'ai  décomposé  par  la  chaux  le  fluorure 
double  de  magnésium  et  de  sodium  provenant  de  100  parties  de  fluorure 
sodique,  et  j'ai  obtenu  une  nouvelle  quantité  d'hydrate  de  soude,  qui, 
transformé  en  sulfate,  a  formé  le  complément  de  170  parties  données  par 
le  traitement  direct. 

»   L'équation  suivante  rend  compte  de  la  réaction  : 

3NaFl  H-  aMgOHO  =  aNaOHO  ■+■  (MgFl)2NaFl. 

»  Un  fait  assez  remarquable,  c'est  que,  si  la  magnésie  agit  jusqu'à  un 
certain  point  comme  la  chaux  sur  le  fluorure  de  sodium,  il  n'en  est  pas 
de  même  à  l'égard  de  la  cryolithe  (Al2  Fl3  3NaFl),  qui  résiste  à  peu  près 
complètement  à  l'action  de  la  magnésie,  peut-être  parce  cpie  le  fluorure 
douhle,  qui  pourrait  prendre  naissance,  est  encore  plus  soluble  que  la 
cryolithe. 

«  Le  fluorure  de  magnésium,  à  son  tour,  paraît  résister  à  l'action  de  la 
chaux;  car,  en  décomposant  par  un  excès  de  cette  base  le  fluorure  double 
de  magnésium  et  de  sodium,  j'aurais  dû  obtenir  une  quantité  de  soude 
équivalente  à  la  fois  au  fluorure  de  magnésium  et  au  fluorure  de  sodium, 
tandis  que  je  n'ai  obtenu  que  le  tiers  de  cette  quantité,  proportion  corres- 
pondant précisément  au  fluorure  de  sodium,  d'après  la  formule 

(MgFl)2NaFl. 

»  J'essaye  en  ce  moment  d'extraire  le  magnésium  du  fluorure  double  de 
magnésium  et  de  sodium  par  le  procédé  suivi  jusqu'ici  pour  extraire  l'alu- 

C.  F,.,  i86'3,   1er  Scmcstie.  (T.  LVI,  N"  17.)  I  I  I 


(  85o   ) 

minium  de  la  cryolithe;  j'aurai  l'honneur  de  rendre  compte  prochainement 
à  l'Académie  des  résultats  obtenus.    » 

hygiène  générale.  —  De  la  construction  d'une  carte  hygiénique  de  la  France; 

par    M.     G.     GlilMAUD,     DE    C.4UX. 

«  En  18/19,  M.  Dumas,  alors  Ministre  du  Commerce  et  des  Travaux  publics. 
créa  une  Commission  spéciale  pour  étudier  les  eaux  de  la  France.  Cette 
Commission  a  fonctionné  pendant  quelques  années;  elle  a  publié  deux 
volumes  in-4°>  contenant  l'analyse  de  quelques  eaux  de  vingt-neuf  dépar- 
tements. J'ai  reproduit  les  chiffres  de  ces  analyses  dans  mon  livre  Des  Eau* 
publiques.  A  la  même  époque,  je  continuais,  depuis  quinze  ans,  des  recher- 
ches analogues  relatives  à  plusieurs  grandes  villes  que  j'ai  habitées  plus  ou 
moins  longtemps  ou  que  j'ai  fréquemment  visitées,  et  dont  j'ai  étudié  le 
climat.  Le  résumé  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  dans  sa 
séance  du  6  janvier  1862,  résumé  qui  concerne  la  capitale  de  l'Autriche,  est 
un  résultat  de  ces  études.   (Voyez  Comptes  rendus,  t.  LIV,  p.  45.) 

»  Pour  conclure  quelque  chose  touchant  le  climat,  il  ne  suffit  pas  d'en 
étudier  les  eaux,  il  faut  étudier  aussi  l'air  et  les  lieux;  et,  comme  contrôle 
de  l'action  combinée  de  ces  trois  éléments,  il  faut  recueillir  en  outre  les 
chiffres  relatifs  à  la  mortalité  et  au  mouvement  des  hôpitaux.  Dans  les  villes 
de  quelque  importance,  de  pareilles  études  sont  faciles.  Cela  est  incontes- 
table pour  les  quatre-vingt-neuf  chefs-lieux  de  départements,  par  exemple, 
même  pour  les  villes  d'arrondissement;  mais,  si  l'on  veut  faire  quelque 
chose  de  complet,  il  faut  appliquer  la  même  étude  à  tous  les  centres  de 
population.  L'objet  de  la  présente  Note  est  de  démontrer  qu'un  tel  travail 
peut  être  accompli,  et  qu'on  peut  l'étendre  aux  moindres  communes.  L'ex- 
position du  plan  suffira  pour  démontrer  aussi  que  son  exécution  aura  des 
conséquences  pratiques  immédiates  d'une  utilité  éminente  incontestable. 

»  Les  populations  réparties  sur  le  sol  de  la  France  sont  desservies  par 
vingt  mille  médecins  environ  :  un  médecin  à  peu  prés  pour  deux  communes. 
Ces  médecins  n'ignorent  aucun  détail  de  la  circonscription  dont  les  habitants 
se  sont  mis  sous  leur  tutelle.  Il  ne  s'agit  donc  que  de  leur  dicter  un  pro- 
gramme de  questions  simples,  appelant,  de  leur  part,  des  réponses  d'autant 
plus  faciles  à  formuler,  qu'elles  seront  le  résultat  naturel  et  nécessaire  d'ob- 
servations journalières  commandées  par  la  profession. 

»  Les  questions  d'un  pareil  programme  sont  de  trois  ordres;  elles  cor- 
respondent aux  trois  éléments  du  climat  d'Hippocrate  :  l'air,  les  lieux  et  les 
eaux. 


(  85.  ) 

»  I.  Élude  de  Vqir.  —  Il  suffit,  pour  l'objet  présent,  de  constater  : 

»  i°  La  direction  des  vents  et  leur  fréquence  respective  dans  chaque  sai- 
son de  l'année; 

»  a°  Les  températures  moyennes  et  la  durée  habituelle  des  plus  grandes 
chaleurs  et  des  plus  grands  froids. 

«   IL   Etude  des  lieux.  —  Cette  étude  comprend  : 

»  i°  La  situation  topographique.  Tout  centre  de  population  est  néces- 
sairement situé  en  plaine  et  rase  campagne,  ou  sur  un  point  culminant, 
l'un  et  l'autre  ouverts  à  tous  les  vents;  on  bien  dans  une  vallée  plus  ou 
moins  sèche,  ou  humide  et  marécageuse;  ou  bien  sur  les  rives  d'un  cours 
d'eau. 

«  Elle  comprend  encore  :  i°  pour  le  cas  d'un  coteau  ou  d'une  eau  cou- 
rante, leur  direction  rapportée  aux  quatre  points  cardinaux,  levant,  cou- 
chant, midi  et  nord. 

»  3°  Enfin  la  distance,  la  direction  et  l'élévation  connue  ou  approxima- 
tive des  montagnes  les  plus  voisines. 

»  III.  Élude  des  eaux.  —  Les  populations  ne  peuvent  s'abreuver  qu  avec 
de  l'eau  de  pluie,  de  l'eau  de  source  ou  de  l'eau  courante  et  de  rivière. 

»  i°  Eau  de  pluie.  —  Comment  la  recueille-t-on?  Dans  des  réservoirs  ar- 
tificiels ou  dans  des  mares  et  étangs?  Quelle  est  sa  condition  dans  les  uns 
et  les  autres  ? 

»  i°  Eau  de  source.  —  Elle  coule  à  l'air  libre  et  à  la  superficie  du  sol,  ou 
se  ramasse  au  fond  d'un  puits,  près  ou  loin  des  habitations  :  nature  du  ter- 
rain qu'elle  a  traversé. 

»  3°  Eau  de  rivière.  —  Où  le  cours  d'eau  prend-il  sa  source  et  à  quelle 
distance  du  centre  habité  ?  Nature  du  sol  parcouru,  des  cultures  pratiquées 
sur  ses  bords,  clans  une  longueur  de  plusieurs  kilomètres  en  amont;  usages 
industriels  que  l'on  fait  de  son  courant,  aussi  en  amont. 

»  4°  Qualités  de  l'eau.  —  Au  point  de  vue  de  son  emploi  dans  les  besoins 
domestiques. 

»  IV.  Eléments  numériques.  —  Aux  trois  ordres  de  renseignements  ci- 
dessus  il  faut  joindre  le  chiffre  delà  population,  celui  des  naissances  et  des 
morts;  l'indication  des  maladies  particulières  à  la  localité,  et,  quand  il  y  a 
un  hôpital,  le  nombre  des  malades  admis  et  celui  des  morts. 

»  Les  conditions  de  ce  programme  sont  simples  et  les  réponses  qu'il  appelle 
faciles  à  formuler.  Qui  ne  voit  pourtant  que  l'hygiène  générale  des  popula- 
tions est  là  tout  entière  ?  Quand  on  connaît  l'air,  les  eaux  et  les  lieux  d'un 
pays,  on  a  le  secret  non-seulement  des  influences  générales  auxquelles  est 

I  I  !.. 


(  852  ) 
soumise  inévitablement  la  santé  de  la  population  qui  l'habite,  mais  encore 
la   théorie  des  principales  conditions  physiologiques  de  cette  population, 
conditions  régies  par  ces  influences. 

»  Conséquences  pratiques  et  application .  —  Les  données  préliminaires  feront 
connaître  les  conditions  locales.  En  coordonnant  systématiquement  ces 
conditions,  on  construira  sans  effort  un  tableau  fidèle  de  la  constitution 
hygiénique  du  pays. 

»  Il  ne  restera  plus  qu'à  représenter  graphiquement  ce  tableau.  Dans 
ce  but,  les  documents  coordonnés  seront  rapportés  à  la  carte  géologique  de 
MM.  Élie  de  Beaumont  et  Dufrénoy.  Cette  carte,  faisant  connaître  la  com- 
position du  sol,  donnera  la  raison  fondamentale  de  l'élément  du  climat 
constitué  par  les  lieux.  On  rapportera  ensuite  les  mêmes  documents  à  la  carte 
du  Dépôt  de  la  guerre;  celle-ci  figure  les  reliefs  dans  les  plus  grands  détails, 
elle  concourt  ainsi  à  expliquer  les  mouvements  de  l'atmosphère  de  chaque 
localité;  elle  donnera  donc  en  grande  partie  la  clef  d'un  antre  élément  du 
climat,  qui  est  l'air. 

»  Tel  est  l'ensemble  au  moyen  duquel  on  construira  la  Carte  hygiénique 
de  l'Empire,  carte  qui  existe  déjà  pour  un  pays  voisin,  mais  sur  un  plan 
moins  précis. 

»  Quant  à  l'interprétation  et  à  la  lecture  de  cette  carte,  il  suffira  d'un 
petit  nombre  de  teintes  spéciales  et  d'une  courte  légende.    » 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Du  permanganate  de  potasse   comme   désinfectant; 

par  M.   Demarquay. 

«  Depuis  quelques  années,  l'Académie  des  Sciences  a  reçu  de  nombreuses 
communications  sur  l'emploi  des  divers  désinfectants;  M.  le  professeur 
Velpeau  a  fait  sur  ce  sujet  un  Rapport  qui  a  fixé  l'attention  des  médecins. 
Depuis  la  publication  de  ce  travail,  je  n'ai  cessé  d'employer  dans  mon  ser- 
vice, à  la  Maison  municipale  de  santé,  divers  agents  désinfectants  dont 
l'emploi  avait  paru  avantageux.  Cependant,  ayant  reconnu  des  inconvé- 
nients plus  ou  moins  sérieux  dans  l'application  des  uns,  et  souvent  l'inef- 
ficacité des  autres,  j'ai  eu  recours  à  la  solution  de  permanganate  de  potasse 
que  j'avais  vu  employer  en  Angleterre  comme  désinfectant  des  plaies.  La 
belle  couleur  violette  de  la  solution  de  permanganate  de  potasse,  l'absence 
de  toute  odeur,  avaient  tout  d'abord  fixé  mon  attention,  car  beaucoup  de 
désinfectants  ne  font  que  masquer  l'odeur  au  lieu  de  la  détruire.  J'ai  em- 
ployé la  solution  de  permanganate  de  potasse  sur  un  grand  nombre  de 


(  853  ) 

malades,  et  je  puis  affirmer  que,  dans  les  circonstances  suivantes,  il  agit 
avec  une  grande  efficacité.  Quelques  injections  ou  lavages  faits  avec  une 
solution  de  ce  sel  suffisent,  lorsqu'ils  sont  bien  faits,  pour  enlever  l'odeur  si 
désagréable:  i°  des  cancers  cutanés;  i°  des  cancers  utérins;  3°  des  abcès 
profonds  ;  4"  des  plaies  superficielles  ou  profondes;  5°  de  l'ozène,  etc. 

»  Les  plaies  de  mauvaise  nature  ,  soit  cancéreuse  ou  autre  ,  perdent  rapi- 
dement leur  mauvaise  odeur  sous  l'influence  de  lavages  avec  une  solution 
de  permanganate  de  potasse  ou  avec  un  pansement  fait  avec  des  plumas- 
seaux  de  charpie  imbibés  de  cette  substance.  Les  foyers  fétides  sont  promp- 
tement  modifiés  dans  leur  odeur.  J'en  dirai  autant  de  l'ozène  et  de  la 
fétidité  des  pieds,  maladies  généralement  si  repoussantes;  des  lavages  fré- 
quemment répétés  suffisent  pour  cacher  ces  infirmités.  Tous  nos  confrères 
connaissent  l'odeur  infecte  que  laissent  aux  mains  certaines  autopsies  ou 
préparations  anatomiques:  eh  bien,  il  suffit  d'un  lavage  bien  fait  avec  une 
solution  de  permanganate  de  potasse  pour  faire  disparaître  cette  fétidité. 

»  La  solution  que  j'emploie  à  la  Maison  de  santé  m'a  été  fournie  par 
M.  Leconte;  elle  contient  io  grammes  de  permanganate  cristallisé  pour 
iooo  grammes  d'eau.  Il  suffit  de  verser  i5  à  25  grammes  de  cette  solution 
dans  îoo  grammes  d'eau  ordinaire  pour  avoir  un  liquide  parfaitement  désin- 
fectant. Il  importe  de  répéter  plusieurs  fois  par  jour  les  lavages  ou  les  injec- 
tions pour  prévenir  le  retour  de  la  mauvaise  odeur;  il  importe  aussi  que  ces 
injections  et  ces  lavages  soient  faits  avec  soin,  afin  que  le  liquide  désinfec- 
tant vienne  baigner  toutes  les  surfaces  des  parties  infectées. 

»  J'ai  été  parfaitement  secondé  par  M.  Sicard  ,  interne  en  pharmacie  dans 
mon  service;  il  a  bien  voulu  se  charger  avec  moi,  pendant  près  d'un  an,  du 
soin  de  désinfecter  les  plaies  ou  les  foyers  purulents  des  malades  qui  m'ont 
été  confiés.  C'est  avec  une  confiance  absolue  que  je  recommande  aux 
médecins  l'emploi  d'un  agent  désinfectant  qui  me  parait  appelé  à  rendre 
un  grand  service  aux  malades  et  aux  familles,  pour  lesquelles  certains 
malades  sont  souvent  une  cause  de  maladie  et  un  foyer  d'infection.  » 

PATHOLOGIE.   —  Affection   comateuse  due  à  une  méningite  suraiguë  :  forma- 
tion rapide  d'une  collection  purulente  considérable  ;   extrait  d'une  Note  de 

M.     BlLLOD. 

«  Une  femme  âgée  de  quarante  et  un  ans  entra  à  l'Asile  des  aliénés  de 
Maine-et-Loire,  le  19  mars  1 863,  dans  un  état  mental  qui  revêtait  les  carac- 
tères de  la  démence;  le  début  de  cette  affection  remontait  à  deux  ans  :  des 


(  854  ) 
accidents  de  congestion  cérébrale  avaient  été  suivis  dix-sept  mois  après  d'une 
attaque  d'apoplexie,  à  la  suite  de  laquelle  le  côté  gauche  était  resté  hémi- 
plégie quelque  temps  et  n'avait  recouvré  qu'incomplètement  depuis  la  sensi- 
bilité et  les  mouvements.  Jusqu'aux  jours  qui  précédèrent  l'admission  à 
l'Asile,  la  démence  avait  conservé  un  caractère  tranquille,  mais  des  symp- 
tômes d'excitation  excessive  avec  délire  général  survinrent  alors,  et  ne  per- 
mirent plus  à  la  famille  de  garder  la  malade  chez  elle. 

»  Apres  l'admission,  l'excitation  persista  à  un  degré  extrême  et  sans 
aucune  rémission  de  nuit  ou  de  jour;  vingt-huit  jours  après  son  entrée  dans 
l'établissement,  l'excitation  cessa  tout  à  coup  et  fit  place  immédiatement  à 
un  état  de  coma  profond  qui  se  prolongea  pendant  trente  heures  environ  et 
se  termina  par  la  mort. 

»  Autopsie Jaile  vingt-six  lieures  après  la  mort.  —  Les  téguments  non  plus  que 
les  os  du  crâne  n'offrent  rien  de  particulier.  La  dure-mère  apparaît  forte- 
ment distendue,  et  par  son  incision  laisse  écouler  un  liquide  séro-purulent, 
dont  la  quantité  totale  peut  être  évaluée  à  60  centilitres  au  moins.  La  tex- 
ture de  cette  membrane  ne  paraît  nullement  altérée.  La  surface  du  feuillet 
pariétal  de  l'arachnoïde  a  perdu  son  poli  ;  la  surface  externe  du  feuillet  vis- 
céral est  recouverte  dans  toute  son  étendue  d'un  pus  presque  concret; 
cette  couche  de  pus  est  plus  épaisse  à  la  base  que  sur  les  parties  convexes 
du  cerveau,  et  elle  l'est  plus  encore  dans  les  points  correspondant  aux  fosses 
sphénoïdales.  Le  tissu  delà  même  membrane  est  épaissi,  friable  et  parfai- 
tement adhérent  à  la  pie-mère  dans  toute  son  étendue.  La  pie-mère  est  in- 
jectée, friable  aussi,  et  dans  quelques  points  l'inflammation  dont  elle  a  été  le 
siège  semble  s'être  propagée  à  la  surface  du  cerveau. 

»  De  l'étude  comparative  des  altérations  anatomiques  et  des  dernières 
phases  de  la  maladie,  il  semble  résulter  évidemment  que  la  malade,  après 
avoir  présenté  depuis  deux  ans  une  série  d'accidents  cérébraux,  dont  le  début 
avait  été  marqué  par  de  la  congestion,  a  été  affectée  en  dernier  lieu  d'une  mé- 
ningite suraiguë,  dont  la  durée  a  coïncidé  avec  toute  la  période  d'excitation 
qui  a  précédé  de  quelques  jours  l'admission,  et  s'est  prolongée  jusque  vers 
les  trente  heures  qui  ont  précédé  la  mort;  que  cette  méningite  s'est  terminée 
par  la  suppuration  ;  que  cette  terminaison  n'ayant  pu  que  coïncider  avec  la 
transition  qui  s'est  opérée  dans  la  nuit  du  14  au  i5,  de  l'excitation  la  plus 
extrême  au  coma  le  plus  profond,  a  dû  s'opérer  d'une  manière  bien  brusque 
et  bien  prompte,  car  le  coma  consécutif  n'a  pas  duré  plus  de  trente  heures: 
d'où  il  ressort  que  l'abondante  quantité  de  pus  que  nous  avons  constatée  a 
dû  se  former  avec  une  rapidité  extraordinaire,  et  qui  confirmerait  pleine- 


(  855  ) 

aient,  si  elles  avaient  besoin  de  l'être,  les  données  récemment  établies  par 
M.  Flourens,  sur  la  rapidité  avec  laquelle  s'établit  la  suppuration  consécu- 
tivement aux  lésions  des  méninges.  Un  autre  cas  observé  par  nous  il  v  a 
environ  sept  ans  ne  fait  pas  ressortir  avec  moins  d'évidence  l'autre  donnée 
établie  par  le  savant  professeur,  savoir  que  le  pus  formé  dans  les  conditions 
précitées  peut,  dans  certains  cas,  se  résorber  avec  une  extrême  promp- 
titude. » 

ANATOMIE  PATHOLOGIQUE.  —  Description  et  figure  d'une  transformation 
morbide  des  enveloppes  du  testicule;  extrait  dune  Note  de  M.  Martin 
(de  Tonneins). 

»  L'homme  chez  qui  a  été  observée  cette  transformation  avait  été  opéré, 
il  y  a  vingt  ans  environ,  de  l'hydrocèle  du  testicule  droit,  et  opéré  impar- 
faitement, car  il  en  était  résulté  une  dégénérescence  de  la  tunique  du  testi- 
cule. Au  premier  abord,  il  était  permis  de  supposer  que  le  testicule  seul 
était  malade.  Une  ponction  exploratrice  fut  faite  avant  l'ablation  complète, 
et  il  s'échappa  une  quantité  notable  de  pus  grisâtre  ;  la  peau  se  gangrenait 
visiblement;  le  testicule  gauche  présentait  déjà  un  volume  excessif,  et  il  v 
avait  indication  d'opérer  pour  arrêter  les  progrès  du  mal.  L'opération  n'a 
présenté  rien  de  particulier.  La  pièce  anatomique  que  j'envoie  pour  être 
déposée  au  Muséum  montre  bien  le  testicule  atrophié,  hors  de  sa  place, 
mou,  friable,  d'une  couleur  anormale;  mais  son  enveloppe  est  remarquable 
par  son  développement,  et  surtout  par  son  état  fibro-cartilagineux  à  la  partie 
supérieure  et  moyenne,  et  presque  ossifié  en  quelques  points.    »> 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Serres.) 

Le  P.  Nardini  adresse  de  Rome  une  Note  relative  à  une  correspondance 
qui  a  eu  lieu  entre  lui  et  le  P.  Secchi,  relativement  à  la  nature  des  forces 
cosmiques,  et  à  laquelle  il  a  été  fait  deux  fois  allusion  dans  les  Comptes  ren- 
dus hebdomadaires,  t.  LV,  p.  917,  et  t.  LVI,  p.   177. 

L'Académie,  d'après  ses  usages  constants,  doit  s'abstenir  de  toute  inter- 
vention dans  un  débat  qui  a  pris  naissance  hors  de  son  sein  et  pour  lequel 
les  auteurs  ont  déjà  fait  appel  au  public  par  des  Mémoires  imprimés. 

A  t\  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


(  856  ) 
COMTÉ  SECRET. 

M.  Dlperrey  présente,  au  nom  de  la  Section  de  Géographie  et  de  Navi- 
gation, la  liste  suivante  de  candidats  pour  la  place  de  Correspondant  vacante 
par  suite  du  décès  de  sir  James  Clark-Ross. 

Au  premier  rang.   .      M.  le  contre-amiral  Fitz-Roy  (Ro- 
bert)   à  Londres. 

f  M.  Livingstone  (David) à  Londres. 

Au    second    rang    et\  M.  Mac-Clure  (Robert) à  Londres. 

par  ordre  alphabétique,  j  M.     le     contre  -  amiral     Washing- 

(       ton  (John) à  Londres. 

Les  titres  de  ces  candidats,  exposés  par  M.  de  Tessan,  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  F. 


Bl'LLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  27  avril  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Recherches  pratiques  et  expérimentales  sut  t agronomie  ;  par  J.  Reiset. 
Paris,  i863;  vol.  in-8°,  avec  planches.  (Renvoi  à  l'examen  de  la  Section 
d'Économie  rurale.) 

Notice  sur  les  travaux  de  M.  P.  Thenard.  Paris;  in-4°. 

Matériaux  pour  la  paléontologie  suisse,  ou  Recueil  de  monographies  sur  les 
fossiles  du  Jura  et  des  Alpes;  publié  par  F.-J.  PlCTET  ;  3e  série,  9e,  10e,  11e 
et  12e  livraisons.  Genève,  i8Ô2-i863;  in-4°,  avec  planches. 

Les  Mondes,  causeries  astronomiques  ;  par  M.  Amédée  GuiLLEMiN  ;  2e  édi- 
tion. Paris,  1 863  ;  in-12. 

De  la  prostitution  publique,  et  parallèle  complet  de  la  prostitution  romaine  et 
delà  prostitution  contemporaine;  par  le  Dr  J.  Jeannel;   2e  édition.    Paris, 
i863;  in-8°. 

Revue  critique  de  la  durée  des  plantes  dans  ses  rapports  avec  la  photographie , 
lu  le  5  février  i863,  par  M.  D.  Clus.  (Extrait  des  Mémoires  de  V Acadèmn 
impériale  des  Sciences  de  Toulouse.]  Toulouse;  hr.  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  4  MAI  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Eue  de  Beaumont  présente  à  l'Académie  au  nom  de  M.  Plana,  l'un 
des  huit  Associés  étrangers,  un  ouvrage  intitulé  :  Mémoire  sur  l'expression  du 
rapport  qui  [abstraction  Jaite  delà  chaleur  solaire)  existe,  en  vertu  de  la  cha- 
leur d'origine,  entre  le  refroidissement  de  la  masse  totale  du  globe  terrestre  et  le 
refroidissement  de  sa  surjace. 

«  Dans  ce  volume  de  80  pages,  ajoute  M.  le  Secrétaire  perpétue!,  notre 
illustre  confrère,  partant  des  derniers  travaux  de  Fourier  et  de  Poisson,  où 
il  corrige  quelques  inexactitudes,  donne  sur  les  parties  de  la  théorie  de  la 
chaleur  qui  touchent  de  plus  près  à  la  physique  du  globe  et  à  la  géologie 
des  développements  qui,  par  leur  protondeur  et  leur  nouveauté,  ne  man- 
queront pas  de  fixer  l'attention  des  géomètres,  des  physiciens  et  des  géo- 
logues. » 

paléontologie  humaine.   —   Troisième  Note  sur  la  mâchoire  d 'Abbeville ; 
par  M.  A.   de  Quatrefages. 

«  La  dernière  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  lire  à  l'Académie  concer- 
nant la  mâchoire  humaine  retirée  par  M.  de  Perthes  du  diluvium  d'Abbe- 
ville  paraît  avoir  reçu  de  quelques  personnes  une  interprétation  que  je 

C.  R.,  i863,  i" Semestre.   (T.  LVI,  N»  18.)  112 


(  858  ) 
tiens  à  rectifier.  On  a  cru  v  trouver  la  preuve  que,  moi  aussi,  je  mettais  en 
doute  l'authenticité  de  la  découverte. 

»  J'espère  que  la  lecture  attentive  de  ma  Note  aura  déjà  montré  com- 
bien ma  pensée  avait  été  mal  comprise.  Bien  loin  que  mes  convictions  pre- 
mières aient  été  ébranlées  par  l'examen  minutieux  et  souvent  répété  que  j'ai 
dû  faire  de  mes  haches  et  de  la  mâchoire,  elles  n'ont  fait  que  se  fortifier. 

»  La  méprise  que  je  tiens  à  relever  provient  sans  doute  du  ton  général 
lies  deux  Notes  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie.  En  effet, 
lors  de  ma  première  communication  ,  je  ne  savais  pas  encore  que  toults 
les  hacbes  provenant  du  Moulin-Quignon  avaient  été  déclarées  fausses  ou 
douteuses,  et  que,  par  suite,  on  se  croyait  en  droit  de  nier  l'authenticité 
de  la  mâchoire  elle-même.  Je  m'étais  donc  borné  à  indiquer  les  motifs  qui 
me  faisaient  admettre  cette  authenticité  et  à  traiter  la  question  anthropolo- 
gique qui,  à  ce  moment,  primait  évidemment  toutes  les  autres. 

«  Mais  du  moment  où  l'authenticité  des  objets  de  cette  étude  a  été  mise 
en  doute,  j'ai  dû  m'efforcer  d'en  fournir  les  preuves.  Or,  dans  une  question 
de  cette  nature,  le  savant  ne  doit  pas,  selon  moi,  agir  comme  un  avocat  qui 
expose  seulement  les  faits  et  les  arguments  favorables  à  sa  cause.  Il  doit  au 
contraire  contrôler  ses  propres  observations  avec  toute  la  sévérité  que  pour- 
raient apporter  dans  cet  examen  ses  contradicteurs  eux-mêmes,  présenter  à 
ses  lecteurs  le  pour  et  le  contre,  et  les  mettre  ainsi  à  même  de  juger.  C'est  ce 
que  je  me  suis  efforcé  de  faire;  mais  eu  même  temps  j'ai  formulé  très-nette- 
ment mes  conclusions  personnelles,  savoir  :  que  toutes  mes  recherches 
avaient  pour  résultat  <je  confirmer  les  faits  énoncés  par  M.  de  Pet  thés. 

»  J'ai  eu  le  plaisir  de  voir  mes  convictions  partagées  par  toutes  les  per- 
sonnes qui  ont  bien  voulu  vérifier  par  elles-mêmes  l'exactitude  des  faits  sur 
lesquels  elles  reposent.  M.  Delesse,  à  la  suite  d'un  second  examen  plus 
long,  plus  minutieux  encore  que  le  premier,  est  resté  pleinement  con- 
vaincu de  l'identité  des  gangues  qui  recouvrent  l'une  de  mes  haches  et 
une  partie  de  la  mâchoire,  de  l'ancienneté  de  cette  gangue,  de  l'impossi- 
bilité de  l'imiter  artificiellement.  MM.  Desnoyers  et  Gaudry  ont  accepté 
comme  parfaitement  authentique  la  mâchoire,  aussi  bien  que  les  deux 
haches  que  j'ai  rapportées  d'Abbeville.  M.  deVibraye,  M.  Lyman,  qui  vient 
d'étudier  les  silex  du  Danemark,  m'ont  exprimé  les  mêmes  convictions. 
M.  Pictet,  après  avoir  examiné  la  mâchoire  avec  le  plus  grand  soin,  m'a 
déclaré  qu'il  ne  s'était  pas  attendu  à  «  lui  trouver  des  caractères  aussi  pro- 
»  hauts,  »  et  m'a  autorisé  à  répéter  à  l'Académie  qu'il  partait  pleinement 
convaincu  de  son  authenticité. 


(  859) 

»  A  ces  témoignages  qui  commencent  à  contre-balancer  ceux  qu'on  au- 
rait pu  m'opposer  jusqu'ici,  j'ajouterai  quelques  courtes  considérations. 

»  Et  d'abord  remarquons  que  la  plus  grande  objection  faite  à  l'authen- 
ticité de  la  mâchoire  repose  sur  l'examen  d'une  dent  qu'on  aurait  trouvée, 
dit-on,  très-blanche  et  conservant  au  moins  une  grande  proportion  de  la 
gélatine  normale. 

»  J'ai  répondu  d'avance  en  partie  à  ce  dernier  argument.  Il  est  évident 
que  les  conditions  dans  lesquelles  est  placée  une  partie  quelconque  du  sque- 
lette doivent  influer  considérablement  sur  sa  conservation  plus  ou  moi ns 
complète.  Il  est  évident  aussi  que  la  texture  propre  de  cette  partie  exerce 
une  influence  analogue.  Or  aucune,  dans  tout  le  squelette,  n'est  aussi  bien 
protégée  que  les  dents  contre  les  actions  des  agents  extérieurs.  On  a  con- 
staté, si  je  ne  me  trompe,  la  présence  de  la  gélatine  dans  divers  os  propre- 
ment dits  appartenant  à  des  fossiles  bien  plus  anciens  que  ne  peuvent  l'être  en 
tout  cas  ceux  du  diluvium.  Qu'y  aurait-il  d'étrange  à  ce  qu'une  dent  pro- 
venant de  ce  dernier  gisement  conservât  encore  une  portion  notable  de  sa 
substance  organique  première?  Ici,  plus  cpie  jamais  peut-être,  les  analyses 
comparatives  dont  je  parlais  dans  ma  Note  précédente  auraient  été  néces- 
saires pour  autoriser  les  expérimentateurs  à  regarder  comme  récent  l'objet 
même  sur  lequel  ils  opéraient  Or  aucune  analyse  de  celte  nature  n'a  été 
faite,  que  je  sache;  la  conclusion,  tirée  d'une  observation  isolée,  manque 
donc  d'une  base  positive,  lors  même  qu'on  l'appliquerait  seulement  à  la 
dent  mise  en  expérience. 

»  Mais  admettons  pour  un  moment  que,  dans  ces  limites,  la  conclusion, 
que  d'ailleurs  je  ne  regarde  pas  comme  légitime,  soit  réellement  fondée  : 
comment  ce  résultat  autoriserait-il  à  déclarer  que  la  mâchoire  elle-même 
est  fausse?  La  dent  examinée  à  Londres  n'appartient  pas  à  la  mâchoire. 
C'est  là  un  fait  constaté  avant  toute  discussion.  —  On  ne  peut  donc  rien 
conclure  de  l'une  à  l'autre. 

»  Bien  plus,  des  détails  que  m'a  donnés  M.  de  Perthes  il  résulte  que 
cette  dent  lui  laissait  à  lui-même  des  doutes,  et  jamais,  m'assure-t-il,  il  n'a 
voulu  en  répondre.  Comment  dès  lors  chercher  dans  cette  dent,  récusée 
d'avance  par  M.  de  Perthes,  des  arguments  sérieux  contre  l'authenticité  de  la 
mâchoire? 

»   Pour  nier  cette  authenticité  on  se  fonde  encore  sur  la  faible  coloration 
de  l'os,  sur  le  peu  de  profondeur  à  laquelle  cette  coloration  a  pénétré. 
»  Mais  ce  sont  là  encore  des  particularités  qui  dépendent  en  très-grande 

112.. 


(  86o  ) 

partie  de  la  composition  du  sol  et  de  la  nature  de  la  matière  colorante.  Si 
celle-ci  est  insoluble,  il  est  clair  qu'elle  s'arrêtera  à  la  surface  des  os  et  ne 
pénétrera  pas  leur  substance  même. 

»  J'ai  déjà  indiqué  des  faits  qui  tendent  à  montrer  que  la  matière  colo- 
rante de  la  couche  dont  il  s'agit  ici  est  très-peu  pénétrante.  En  voici  un 
autre  plus  significatif  encore. 

»  En  examinant  à  la  loupe  un  morceau  du  plancher  de  cette  couche, 
M.  Desnoyers  y  aperçut  un  fragment  malheureusement  fort  petit  et  fort 
mince  de  ce  qui  nous  a  paru  être  une  lamelle  de  dent,  peut-être  un  fragment 
de  coquille.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  petite  lame  était  en  entier  noyée  dans 
la  gangue  colorée.  J'enlevai  sous  la  loupe  et  simplement  avec  la  pince  une 
partie  de  cette  gangue,  et  le  petit  corps  dont  il  s'agit  se  montra  presque  aussi 
blanc  que  du  papier,  bien  moins  coloré  en  tous  cas  que  l'os  en  litige.  La 
matière  colorante  n'a  même  pas  teint  la  surface.  Comment  après  cela  s'é- 
tonner du  peu  de  coloration  de  la  mâchoire  (i)? 

»  Un  mot  encore  au  sujet  de  ma  seconde  hache,  de  celle  que  j'ai  retirée 
des  parois  à  vif  de  la  carrière.  Sur  la  demande  de  M.  Delesse,  j'ai  lavé  par 
affusion  avec  de  l'eau  bouillante  une  de  ses  extrémités.  Un  gravier  de  la 
carrière  a  été  lavé  de  la  même  manière.  Tous  deux  ont  été  nettoyés  avec  la 
même  facilité. 

»  On  comprend  que  si,  pour  faire  adhérer  une  gangue  factice,  on  avait 
employé  la  gélatine  ou  la  gomme,  l'une  et  l'autre  eussent  été  faciles  à  re- 
connaître sur  les  surfaces  humectées  de  la  gangue.  On  n'en  a  pu  découvrir 
la  moindre  trace. 

»  Au  contraire,,  ce  lavage  a  mis  à  nu  sur  la  hache  un  point  où  la  limonite 
forme  une  couche  mince  qui  suit  les  sinuosités  du  silex  et  qui  présente  cet 
aspect  métallique  qui  avait  frappé  si  vivement  M.  Delesse,  lors  du  premier 
examen  qu'il  fit  de  ces  objets. 

»  L'Académie  peut  voir  que,  dans  l'espèce  d'enquête  à  laquelleje  me  livre, 
je  n'ai  à  enregistrer  aujourd'hui  que  des  faits  favorables  à  l'authenticité  de  la 
mâchoire  d'Abbeville.  S'il  s'était  produit  des  faits  conduisant  à  une  conclu- 
sion contraire,  je  les  aurais  publiés  de  même;  mais  jusqu'à  présent  tout 
milite  en  faveur  de  cette  authenticité,  tout  tend  à  confirmer  la  réalité  de  la 
découverte  de  M.  de  Perthes.  » 


(i)  Je  conserve  ce  petit  corps  blanc  encore  engagé  dans  sa  gangue. 


(  86.  ) 

M.  de  Vibraye,  à  la  suite  de  cette  communication,  présente  de  vive  voix 
quelques  remarques  sur  les  caractères  qui  permettent  de  distinguer  les  silex 
travaillés  anciens  des  contrefaçons  modernes. 

MINÉRALOGIE.  —   Notice  et  analyse  sur  le  jade  vert.  Réunion  de  cette  matière 
minérale  à  la  famille  des  Wernerites  ;  par  M .   A.   Damour. 

«  J'ai  exposé,  il  y  a  plusieurs  années  [Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
3e  série,  t.  XVII),  les  caractères  et  l'analyse  d'une  substance  minérale  géné- 
ralement connue  sous  le  nom  de  jade  blanc,  ou  jade  oriental.  Cette  matière, 
qui  provient  des  contrées  orientales  du  continent  asiatique,  est  apportée 
en  Europe  sous  forme  d'objets  façonnés  de  diverses  manières,  tels  que  vases, 
coupes,  manches  de  poignard,  bracelets,  etc.,  souvent  ornés  de  ciselures 
d'une  délicatesse  remarquable.  Je  crois  avoir  démontré  que  cette  matière 
minérale,  par  l'ensemble  de  son  caractère,  et  surtout  par  sa  composition, 
devait  se  rattacher  à  la  famille  des  Amphiboles  et  particulièrement  à  l'espèce 
désignée,  dans  les  traités  de  minéralogie,  sous  le  nom  de  trémolite. 

»  Dans  ces  dernières  années,  à  la  suite  de  l'expédition  française  en  Chine, 
il  est  arrivé  à  Paris  des  échantillons  travaillés  sous  diverses  formes  d'une 
substance  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  jade  vert  parce  qu'elle  présente 
habituellement  une  teinte  vert-pomme  assez  semblable  à  celle  de  la  chryso- 
prase  ;  on  en  voit  aussi  d'une  nuance  plus  foncée  qui  se  rapproche  parfois 
de  la  couleur  de  l'émeraude.  A  raison  de  son  agréable  effet,  et  probable- 
ment aussi  de  sa  rareté,  ce  jade  est  plus  recherché  que  le  précédent,  et  ses 
moindres  échantillons  conservent  dans  le  commerce  une  valeur  assez  con- 
sidérable. J'ai  pensé  qu'il  y  avait  lieu  d'examiner  si  cette  matière  ne  différait 
du  jade  blanc  que  par  sa  couleur  et  si  elle  ne  devait  pas  en  être  distinguée 
par  des  caractères  minéralogiques  plus  importants. 

»  En  comparant  les  caractères  physiques  des  deux  substances,  on  remar- 
que, tout  d'abord,  une  différence  très-appréciable  entre  leurs  densités.  Celle 
du  jade  blanc  est  représentée  par  le  nombre  2,97,  tandis  que  celle  du  jade 
vert  s'élève  à  3,34-  La  dureté  de  ce  dernier  est  supérieure  à  celle  du  jade 
blanc  ;  elle  peut  s'exprimer  par  le  nombre  6,5o  intermédiaire  entre  la  du- 
reté du  feldspath  orthose  et  celle  du  quartz.  Il  montre  aussi  un  certain 
degré  de  translucidité  et  une  structure  un  peu  cristalline.  Sa  cassure  est 
esquilleuse,  finement  lamellaire  et  parfois  un  peu  fibreuse.  Il  fond  aisément 


(  86a  ) 
a  la  flamme  du  chalumeau,  en  un  verre  transparent,  un  peu  bulleux, 
tandis  que  le  jade  blanc,  se  transforme  en  un  émail  blanc  mat.  La  ténacité 
paraît  être  à  peu  prés  la  même  sur  ces  deux  substances  et  tient  sans  doute  à 
l'agrégation,  au  contournement  de  leurs  lamelles  ou  fibres  cristallines. 
Toutes  deux  résistent  à  l'action  des  acides  nitrique,  chlorhydrique  et  sul- 
furique. 

»  Si  les  caractères  physiques  établissent  déjà  une  notable  différence 
entre  ces  matières,  leur  composition  chimique  nous  apporte  un  moyen  de 
distinction  beaucoup  plus  net  encore. 

»  Pour  faire  l'analyse  du  jade  vert,  j'ai  dû  suivre  l'excellente  méthode 
que  M.  Henri  Sainte-Claire  Deville  a  fait  connaître,  pour  attaquer  et  sépa- 
rer les  éléments  des  silicates  insolubles  dans  les  acides. 

»  La  matière  a  été  fondue  avec  moitié  de  son  poids  decarbonate  de  chaux 
pur,  artificiellement  préparé.  On  a  obtenu,  par  cette  fusion,  un  verre  trans- 
parent un  peu  bulleux  et  légèrement  coloré  en  vert.  On  l'a  pulvérisé,  puis 
dissous  dans  l'acide  nitrique  étendu  de  son  volume  d'eau.  On  a  évaporé  la 
liqueur  acide  à  siccité,  et  chauffé  le  résidu,  pendant  quelques  heures,  à  une 
température  de  -+-  i5ou  à  -t-  3oo°  centigrades.  La  masse  sèche  et  refroidie  a 
été  traitée  par  une  dissolution  bouillante  de  nitrate  ammoniacal  à  laquelle 
on  a  ajouté  quelques  gouttes  d'ammoniaque;  on  a  prolongé  l'ébullition 
pendant  une  demi-heure  environ. 

•>  Les  éléments  qui  constituaient  la  matière  soumise  à  l'analyse  ont  été, 
par  cette  méthode,  séparés  en  deux  parts  :  la  silice,  l'alumine  et  l'oxyde 
fèrrique  sont  demeurés  insolubles,  tandis  que  la  chaux,  la  magnésie  et  les 
alcalis  ont  été  dissous  dans  la  liqueur  ammoniacale. 

»  On  a  séparé  l'alumine  et  l'oxyde  de  fer  de  la  silice,  en  mettant  ces  trois 
matières,  encore  humides,  en  digestion  avec  l'acide  nitrique,  à  une  tempé- 
rature de  -+-  6o°.  L'alumine  et  l'oxyde  de  fer  ont  été  dissous  ;  la  silice  inso- 
luble a  été  séchée,  chauffée  au  rouge  et  pesée.  Cette  silice,  traitée  ensuite  par 
l'acide  fluorhydrique  additionné  d'une  goutte  d'acide sulfurique,  s'est  entiè- 
rement dissoute  et  volatilisée  à  l'état  de  gaz  fluosilicique.  La  liqueur  acide 
évaporée  à  siccité  n'a  laissé  qu'un  faible  résidu  alumineux  s'élevant  à  peine 
à  4  milligrammes. 

»  La  liqueur  nitrique  contenant  l'alumine  et  l'oxyde  de  fer  a  été  éva- 
porée à  siccité,  et  le  résidu  chauffé  au  rouge-cerise.  On  a  pris  le  poids  de  ce 
résidu.  On  l'a  fondu  ensuite  avec  du  bisullate  de  potasse,  à  la  tempéra- 
ture du   rouge  sombre.  La  masse  fondue  et  refroidie  s'est  entièrement  dis- 


(863) 
soute  dans  l'eau  chaude,  et  la  dissolution  a  été  sursaturée  par  la  potasse 
caustique.  L'alumine,  d'abord  précipitée,  s'est  redissoute  dans  l'excès  de 
potasse.  L'oxyde  ferrique  est  resté  insoluble.  On  l'a  repris  par  l'acide  nitri- 
que, précipité  par  l'ammoniaque  et  calciné.  Sa  proportion  s'élevait  à  moins 
de  i  pour  ioo  du  poids  de  la  matière  employée.  Retranchant  l'oxyde  ferri- 
que du  poids  trouvé  précédemment  pour  cet  oxyde  et  pour  l'alumine  réunis, 
on  a  obtenu  le  poids  de  l'alumine. 

»  On  a  séparé  ensuite  l'alumine  de  sa  dissolution  dans  la  liqueur  potas- 
sique, afin  de  vérifier  ses  caractères  et  de  s'assurer  si  elle  n'était  pas  unie  à 
quelque  autre  base  terreuse,  et  notamment  à  la  glucine.  Mise  en  digestion, 
à  l'état  gélatineux,  avec  du  carbonate  ammoniacal,  elle  n'a  rien  laissé  dis- 
soudre :  humectée  de  nitrate  de  cobalt  et  calcinée  au  rouge  blanc,  elle  a 
pris  une  teinte  d'un  bleu  pur.  Ces  réactions,  jointes  à  la  solubilité  dans  la 
potasse  caustique,  sont  caractéristiques  de  l'alumine  pure. 

»  La  liqueur  renfermant  les  matières  terreuses  et  alcalines  dissoutes  par 
le  nitrate  ammoniacal  a  été  étendue  de  beaucoup  d'eau  et  traitée  à  froid 
par  l'oxalate  d'ammoniaque.  Il  s'est  précipité  de  l'oxalate  de  chaux  qu'on  a 
chauffé  progressivement  jusqu'à  la  température  du  rouge  blanc  pour  le 
transformer  en  chaux  caustique  dont  on  a  pris  le  poids.  Retranchant  la 
quantité  de  chaux  ajoutée  pour  la  fusion  de  la  matière,  delà  quantité  trou- 
vée par  cette  pesée,  ou  a  obtenu  la  proportion  de  chaux  contenue  dans  le 
minéral. 

»  La  liqueur,  séparée  de  l'oxalate  de  chaux,  a  été  évaporée  à  siccité.  On 
a  chassé  par  la  chaleur  la  majeure  partie  des  sels  ammoniacaux,  et  l'on  a 
décomposé  le  reste  par  l'acide  oxalique,  mis  en  excès,  et  qu'on  a  volatilisé 
ensuite.  Le  résidu  chauffé  au  rouge  contenait  de  la  magnésie  et  des  carbo- 
nates alcalins.  On  a  traité  ce  résidu  par  l'eau  qui  a  dissous  les  alcalis  et  laissé 
la  magnésie  dont  on  a  déterminé  le  poids  après  l'avoir  calcinée. 

»  Les  carbonates  alcalins  dissous  dans  l'eau  ont  été  transformés  en  chlo- 
rures. Par  une  lente  évaporation,  la  liqueur  a  laissé  déposer  des  cristaux 
cubiques  semblables  à  ceux  du  chlorure  de  sodium.  On  a  pris  le  poids,  et 
après  les  avoir  redissous  dans  une  faible  quantité  d'eau,  on  a  traité  la  disso- 
lution par  le  chlorure  platinique.  La  liqueur  restant  d'abord  limpide  a  laissé 
apparaître,  à  la  suite  d'une  lente  évaporation,  un  léger  dépôt  jaune  clair 
indiquant  la  présence  de  la  potasse.  Des  cristaux  très-distincts  de  chlorure 
platinico-sodique  s'y  sont  en  même  temps  formés.  D'après  le  poids  du 
chlorure  sodique,  on  a  déterminé  la  proportion  de  soude  contenue  dans  la 
matière. 


(  864  ) 
»   Voici,  en  résumé,  les  résultats  de  l'analyse  : 

Oiygine.  Rapports. 

Silice °>59'7  o,3i55  6 

Alumine o,2258  o,io5i  2 

Soude 0,1293  o,o333j 

Chaux 0,0268  0,0076'         . 

t-  /- }  0,0400  .  1 

Magnésie 0,01 15  0,00451 

Oxyde  ferreux o,oi56  o,oo35  ' 

Potasse Traces. 

1 ,0007 

»  En  l'absence  de  caractères  cristallographiques,  si  l'on  doit  s'en  rappor- 
ter aux  résultats  de  l'analyse,  on  voit  que  la  matière  minérale  qui  a  fait 
l'objet  de  ce  travail  semble  se  rapprocher  notablement  d'une  espèce  com- 
prise dans  la  famille  des  Wernerites,  et  connue  sous  le  nom  de  dipyre.  On 
observe,  en  effet,  entre  les  éléments  du  jade  vert  le   rapport  approché  de 

I  :  a  :  6  ou  bien  3 : 6 : 1 8  exprimé  par  la  formule 

3(Na,Ca,Mz,F)  +  2ÂI  +  9S1. 

La  composition  de  ces  minéraux  peut  donc  être  représentée  sous  la  même 
formule  générale  : 

3R  +  2Àl  +  o.Si. 

II  est  à  remarquer  toutefois  que  dans  le  jade  vert,  la  soucie  est  en  proportion 
qui  excède  beaucoup  celle  des  autres  bases  à  1  atome  d'oxygène,  tandis 
que,  dans  le  dipyre,  la  chaux  et  la  soude  sont  en  quantités  à  peu  près  égales. 
Il  y  a  aussi  une  différence  notable  entre  la  densité  de  ces  matières,  celle  du 
jade  vert  étant,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  de  3,34 ,  et  celle  du 
dipyre  ne  s'élevant  qu'à  2,66. 

»  On  voit  encore  par  ce  qui  précède  qu'il  n'est  plus  possible  de  réunir 
le  jade  vert  au  jade  blanc,  dans  la  classification  des  espèces,  le  dernier 
étant  essentiellement  formé  de  silice,  de  chaux  et  de  magnésie,  dans  la  pro- 
portion exprimée  par  la  formule  générale 

RSi, 

et  rentrant  dans  la  famille  des  Amphiboles. 

»  J'aurais  voulu  reconnaître  et  isoler  le  principe  colorant  qui  produit 
l'agréable  teinte  du  jade  vert  :  le  peu  de  matière  que  j'avais  à  ma  disposi- 


(  865  ) 

tion  ne  m'a  pas  permis  cette  recherche.  Je  présume  que  la  couleur  verte, 
dans  cette  substance,  est  due  à  la  présence  de  l'oxyde  de  nickel,  comme  on 
l'observe  sur  plusieurs  minéraux,  et  particulièrement  sur  la  chrysoprase  et 
un  grand  nombre  de  roches  serpentineuses. 

»  Il  ne  faut  pas  confondre  la  matière  minérale  que  je  viens  de  décrire 
avec  certains  jades  de  couleur  vert  sombre,  vert-poireau  ou  vert-olive,  qui 
viennent  également  de  l'Asie,  sous  forme  d'objets  travaillés.  Un  échantillon 
de  ces  derniers  m'a  montré  la  même  densité,  les  mêmes  caractères  minéra- 
logiques  que  le  jade  blanc  dont  il  paraît  n'être  qu'une  simple  variété  de 
couleur. 

•>  D'après  ce  qui  vient  d'être  exposé,  je  pense  qu'il  y  a  lieu  de  classer 
le  jade  vert  comme  espèce  à  part,  enle  rattachant  à  la  famille  des  Wernerites. 
Je  propose  de  lui  donner  le  nom  dejadéite  pour  le  distinguer  ainsi  du  jade 
blanc  qui  reste  uni  à  la  famille  des  Amphiboles.  » 

Note  de  M.  A.  d'Abbadie  accompagnant  la  présentation  des  calculs  manus- 
crits relatifs  à  sa  «  Géodésie  d'une  portion  de  la  haute  Ethiopie». 

«  Le  3e  fascicule  de  cet  ouvrage  va  paraître  et  comprendra  la  suite  du 
texte  jusqu'à  la  page  455,  ainsi  que  les  planches,  les  profils  des  montagnes 
employées  comme  signaux,  et  enfin  deux  des  onze  cartes. 

»  Comme  cette  publication  embrasse  une  période  de  douze  années  de 
voyages,  l'impression  de  toutes  les  observations  originales  aurait  accru  outre 
mesure  un  ouvrage  déjà  considérable.  D'ailleurs,  la  répétition  continuelle 
d'observations  faites  presque  toujours  de  la  même  manière,  et  suivies  des 
longs  calculs  numériques  qui  ont  servi  à  les  réduire,  devait  paraître  fasti- 
dieuse au  public.  Les  astronomes  scrupuleux,  toujours  en  petit  nombre, 
seront  seuls  à  se  préoccuper  des  pièces  probantes  d'un  long  travail  dont  la 
plupart  des  savants  se  contenteront  de  comparer  et  de  juger  les  résultats. 
Ces  pièces  probantes  sont  contenues  dans  les  trois  vol  urnes  de  manuscrits  in-4° 
que  j'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  pour  être  déposés  dans  sa  biblio- 
thèque, où  l'on  pourra  toujours  les  consulter. 

»  Ces  manuscrits  contiennent  les  noms  des  stations,  rangés  par  ordre  al- 
phabétique dans  les  deux  premiers  volumes  ;  les  observations  originales  ; 
les  numéros  de  renvoi  au  manuscrit  original,  qui  sera  plus  tard  offert  à 
l'Académie;  les  constantes  employées,  et  tous  les  éléments  des  calculs  pré- 
cédés de  leurs  désignations,  non  données  en  simples  lettres  symboliques, 

C.  R.,   i8G3,  î"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  18.)  I  l3 


(  866  ) 
niais  écrites  au   long,  afin   d'éviter  l'incertitude   ou   la  confusion,  si   fré- 
quentes lorsqu'on  est  obligé  de  consulter  un  ouvrage  manuscrit  sans  y  être 
préparé  à  l'avance  par  l'étude  de  son  contenu. 

»  Le  Ier  volume  de  ces  calculs  renferme,  dans  ses  334  Pages,  les  angles 
originaux  et  les  calculs  des  latitudes,  basées  sur  plus  de  1200  observations 
faites  dans  60  lieux  différents  ou  6g  stations,  plusieurs  stations,  réduites 
d'ailleurs  ensemble,  ayant  été  quelquefois  employées  pour  le  même  lieu. 
Les  résultats  ou  latitudes  définitives  ont  été  extraits  de  ce  volume  et  donnés 
aux  pages  49-67  de  la  Géodésie  d 'Ethiopie.  Le  verso  en  regard  de  chaque  lati- 
tude contient  les  éléments  du  calcul,  c'est-à-dire  les  latitude,  longitude,  baro- 
mètre et  états  de  chronomètre  assumés,  ainsi  que  la  température,  le  logarithme 
delà  réfraction  moyenne,  etc.  Ces  calculs  étant  faits  sur  un  plan  uniforme,  il 
a  suffi  d'en  donner  un  exemple  aux  pages  ^7.  et  43  de  la  Géodésie  précitée. 

»  Le  IIe  volume  contient  plus  de  1700  observations  d'angles  horaires  dis- 
tribuées en  33^  séries  indiquées  aux  pages  26-3 1  de  la  Géodésie.  Comme  au 
volume  précédent,  la  feuille  qui  forme  le  titre  de  chaque  station  contient, 
sous  le  nom  du  lieu,  la  liste  des  dates  des  observations  et  des  résultats 
obtenus,  et,  au  verso,  les  éléments  assumés  dans  les  calculs.  Ce  long  travail 
est  terminé  à  la  page  36i.  Les  pages  363  —  38o  contiennent  les  calculs 
donnant  les  coefficients  différentiels  pour  de  petits  changements  possibles 
dans  les  apozéniths,  les  colatitudes  ou  les  apopôles  assumés.  Puis  vient 
une  récapitulation  des  constantes  ,  des  résultats ,  etc. ,  laquelle  finit  à  la 
page  397. 

»  Les  pages  399-410  contiennent  les  angles  horaires  que  j'ai  observés, 
en  1837,  à  Olinda  (Brésil),  dans  mon  voyage  pour  l'observation  de  la 
marche  horaire  de  l'aiguille  aimantée.  Puis  viennent  les  calculs  des  obser- 
vations faites  pour  la  déclinaison  de  l'aiguille  à  Olinda,  et  enfin  pour  la 
longitude  de  cette  ville,  résultant  soit  des  distances  lunaires,  soit  des  éclipses 
ou  occultations  observées.  Les  résultats  des  observations  faites  au  Brésil  ont 
été  publiés  aux  pages  3i,  66,  91  et  1  16  de  la  Géodésie.  Le  IIe  volume  de  ces 
calculs  manuscrits  contient  4Î4  pages. 

»  Le  IIP  volume  renferme  jusqu'à  la  page  198  les  calculs  des  longitudes 
déduites  de  637  distances  et  de  56  apozéniths  lunaires  observés  en  voyage. 
La  deuxième  section  de  ce  volume  finit  à  la  page  24 1  et  donne  les  détails  et 
les  calculs  des  22  occultations  observées,  les  calculs  indépendants  pour  la 
longitude  de  Adwa  faits  par  M.  Yvon  Villarceau,  et  le  calcul  de  la  position 
de  Saqa  refait  indépendamment  par  M.  J.-C.  Houzeau,  astronome  de  l'Ob- 
servatoire de  Bruxelles. 


(  867  ) 

»  Comme  dans  les  deux  tomes  précédents,  les  notes  et  indications  sont 
pour  la  plupart  écrites  en  anglais.  La  langue  française  est  employée  dans 
les  160  dernières  pages  qui  contiennent  les  calculs  détaillés  des  5 1 5  azimuts 
disposés  selon  le  même  ordre  que  les  3u5  tours  d'horizon  déjà  publiés  dans 
la  Géodésie.  A  la  fin  de  chaque  résultat  azimutal  on  trouve  les  coefficients 
différentiels  qui  servent  à  déterminer  promptement  l'influence  que  peut 
exercer  sur  l'azimut  une  petite  variation  dans  la  latitude  du  lieu  ou  dans  la 
distance  polaire  de  l'astre  observé. 

»  Par  leur  nature  très-variée  et  par  l'influence  qu'un  seul  changement 
peut  exercer  sur  tout  le  réseau,  les  calculs  géodésiques  n'ont  pas  pu  être 
coordonnés  et  assemblés  méthodiquement  comme  ceux  de  l'astronomie. 
C'est  souvent  par  une  suite  d'approximations  successives  et  quelquefois 
même  plus  commodément  par  des  tâtonnements  et  des  constructions  méca- 
niques qu'on  répartit  sur  une  grande  étendue  de  pays  les  erreurs  résidues 
de  la  géodésie  expéditive. 

»  Au  reste  toutes  les  observations  purement  géodésiques  ont  été  publiées 
en  détail ,  et,  en  s'aidant  des  exemples  qui  expliquent  les  cas  particuliers, 
on  sera  toujours  à  même  de  remonter  aux  erreurs  d'observation  ou  de  con- 
struction qui  pourraient  être  constatées  plus  tard  par  mes  successeurs  dans 
des  explorations  en  Ethiopie. 

»  Il  arrive  parfois  qu'en  l'absence  d'un  voyageur,  ou  même  après  sa 
mort,  on  ait  besoin  de  consulter  ses  calculs,  et  la  garantie  d'un  bon  résul- 
tat, dans  des  observations  nombreuses  destinées  à  fournir  un  réseau  com- 
pliqué de  triangles,  dépendra  toujours  du  soin  qu'on  aura  eu  de  rendre 
accessibles  au  public  savant  les  données  et  les  calculs  de  chaque  problème 
à  résoudre  ou  à  vérifier.  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant qui  remplira,  pour  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation, 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de  sir  James  Clark-Ross. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  45, 

M.  Fitz-Roy  obtient 3g  suffrages. 

M.  Livingstone 3  » 


Il  y  a  trois  billets  blancs. 

M.    Fitz-Roy,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,   est   dé- 
claré élu. 

n3.. 


(  868  ) 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomi- 
nation de  trois  Commissions  chargées  de  l'examen  des  pièces  de  concours 
pour  les  prix  ci-dessous  indiqués,  savoir  : 

PrixBordin  pour  1 863  :  «  Recherches  anatomiques  tendant  à  déterminer 
il  existe  dans  la  structure  des  tiges  des  végétaux  des  caractères  propres  aux 


s 


grandes  familles  naturelles  et  concordant  aussi  avec  ceux  déduits  des  organes 
delà  génération  ».  Commissaires,  MM.  Montagne,  Duchartre,  Brongniart, 
Tulasne,  Decaisne. 

Prix  dit  des  Arts  insalubres  :  Commissaires,  MM.  Chevreul,  Boussingaulf. 
Raver,  Dumas,  Payen. 

Prix  Mororjues  :  Commissaires,  MM.  Boussingault,  Decaisne,  Paven, 
Raver,  Peligot. 

AIE. NOIRES  PRÉSENTES. 

L'Académie  reçoit  un  Mémoire  destiné  au  concours  pour  le  prix  Barbier 
et  portant  le  nom  de  l'auteur  sous  pli  cacheté. 

Ce  Mémoire,  qui  a  rapport  au  citrate  de  magnésie  considéré  comme 
agent  thérapeutique,  rentre  par  son  sujet  dans  la  classe  des  travaux  que  le 
fondateur  du  prix  a  voulu  encourager,  mais  il  eût  dû  être  présenté  avant 
le  ier  avril.  La  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  jugera  si  malgré  ce 
retard  le  Mémoire  peut  être  admis  au  nombre  des  pièces  de  concours. 

chimie  APPLIQUÉE.  —  Supplément  à  un  Mémoire  intitulé:  Reproduction  de 
gravures  sur  métal  et  verre  par  filtration  de  substances  actives...  ;  par 
M.  Meisget  en  réponse  à  des  remarques  de  M.  Vial  sur  cette  première  com- 
munication. 

(Commissures  précédemir.ent  nommés:  MM.  Becquerel,  Balard,  Fizeau.j 

«  ...  M.  Vial,  dit  l'auteur,  paraissant  reprochera  mes  procédés  de  gravure 
le  défaut  de  ne  pouvoir  fournir  que  des  images  métalliques  constituées  par 
des  dépôts  pulvérulents,  il  me  suffira,  pour  repousser  cette  imputation,  de 
rappeler,  en  le  citant  textuellement,  un  court  passage  de  ma  Note  du 
i3  avril  : 

»  La  solution  saline  filtre  d'abord  lentement  à  travers  les  doubles,  puis 
»  à  travers  les  blancs  de  la  gravure,  au-dessous  desquels  elle  vient  se  préci- 
»  piter  en  formant  un  dépôt  adhérent  ou  pulvérulent,  suivant  la  nature  des 
»  sels  employés.   » 


(  869) 

»  Pour  compléter  cette  citation  ,  j'ajouterai  que  les  copies  de  gravures 
que  j'ai  présentées  à  l'Institut  sont  toutes,  à  l'exception  d'une  seule,  for- 
mées par  des  dépôts  métalliques  adhérents. 

i>  Si  j'ai  dit  que  je  croyais  avoir  signalé  le  premier  la  possibilité  de  gra- 
ver les  images  métalliques  en  creux  ou  en  relief,  par  un  simple  changement 
dans  la  nature  des  acides,  c'est  que  j'avais  alors  sous  les  yeux,  non  pas  le 
Mémoire  où  M.  Vial  annonce  qu'il  a  consigné  de  son  côté  la  même  re- 
marque, mais  une  Note  extraite  de  ce  Mémoire  par  l'auteur,  et  qui  se  tait 
sur  cet  important  résultat.  Je  prouverai  d'ailleurs,  s'il  le  faut,  que  j'en 
suis  en  possession  depuis  plusieurs  années;  je  n'en  ai  jamais  fait  un  mys- 
tère, et  le  procédé  de  clichage  que  j'ai  pu  en  tirer,  avec  le  concours  de 
mon  collaborateur  M.  Gagnebin,  est  en  pleine  activité  depuis  bientôt  un 
an  dans  un  des  principaux  ateliers  typographiques  de  Bordeaux.    » 

M.  Garrigoc  adresse,  comme  supplément  à  sa  Note  sur  la  composition 
de  l'air  des  cavernes  de  l'Ariége,  une  indication  des  hauteurs  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer  du  plancher  des  principales  grottes. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Chevreul,  Boussingault, 

Peligot.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Maréchal  Vaillant  communique  une  Lettre  que  lui  a  adressée 
M.  Vattemare  en  lui  transmettant  la  liste  de  divers  ouvrages,  opuscules  et 
publications  périodiques  qu'il  envoie  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut. 
«  Plusieurs  de  ces  ouvrages,  dit  l'auteur  de  la  Lettre,  font  suite  aux  publi- 
cations qu'ont  antérieurement  adressées  par  mon  intermédiaire  divers  États 
de  l'Europe  et  de  l'Amérique  :  ce  sont  de  nouveaux  fruits  de  ce  système 
d'échange  international  à  la  propagation  duquel  j'ai  déjà  consacré  plus  de 
trente  années  de  ma  vie » 

M.  Eue  de  Beaumont  présente,  au  nom  de  l'auteur  M.  Aib.  Mousson, 
professeur  à  l'École  polytechnique  de  Zurich,  trois  des  quatre  livraisons 
dont  se  composera  la  seconde  partie  de  son  Traité  de  Physique  expérimen- 
tale. 

—  Et  au  nom  de  M.  Sedillot,  un  opuscule  intitulé  :  «  Courtes  observa- 
tions sur  quelques  points  de  l'histoire  de  l'astronomie  et  des  mathématiques 
chez  les  Orientaux   » . 


(  87o) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  diagnose  des  alcools;  Note  de  M.   Bertbelot. 

présentée  par  M.  Balard. 

«  Parmi  les  conséquences  que  l'on  peut  tirer  de  nos  recherches  sur  la 
formation  des  éthers,  il  en  est  une  que  je  crois  utile  de  signaler;  car  elle 
permet  de  fixer  l'équivalent  d'un  alcool  et  de  déterminer,  dans  une  certaine 
mesure,  le  degré  de  son  atomicité. 

«  Nous  avons  montré  en  effet  que  les  divers  alcools  s'unissent  aux  acides 
suivant  des  proportions  à  peu  prés  fixes  et  qui  dépendent  principalement 
des  équivalents.  Si  l'on  fait  réagir  par  exemple  équivalents  égaux  d'un 
alcool  et  d'un  acide,  la  proportion  limite  d'acide  neutralisé  sera  comprise 
en  général  entre  65  et  70  centièmes  du  poids  total  de  l'acide.  Ce  résultat 
s'applique  également  aux  alcools  monoatomiques  et  polvatomiqties.  Réci- 
proquement, s'il  s'agit  de  déterminer  l'équivalent  d'un  alcool,  il  suffira  de 
faire  réagir  sur  un  équivalent  d'acide  divers  poids  de  cet  alcool  et  de  cher- 
cher quel  est  celui  qui  donne  lieu  à  une  neutralisation  d'acide  comprise 
entre  65  et  70  centièmes.  Ce  poids  représentera  l'équivalent  de  l'alcool,  ou 
un  nombre  très-voisin  de  cet  équivalent.  Cette  méthode  n'est  pas  destinée 
à  déterminer  avec  une  précision  absolue  la  valeur  numérique  d'un  équi- 
valent, mais  elle  permettra  de  décider  aisément  entre  deux  formules  dont 
l'une  serait  par  exemple  double  de  l'autre,  et  telles,  que  la  dernière  condui- 
rait à  déclarer  l'alcool  monoatomique,  tandis  que  la  première  exprime  qu'il 
est  diatomique.  Citons  quelques  exemples  s'appliquant  à  des  cas  connus  et 
qui  ne  laissent  aucune  incertitude. 

»  L'analyse  du  glycol  conduit  à  la  formule  brute.   .   .     C2  H3  O*  ; 
il  s'agit  de  savoir  si  cette  formule  est  la  véritable  ou  bien 

si  elle  doit  être  doublée C'H60*. 

Nous  prenons  1  équivalent  d'acide  acétique =60 

et  un   poids  de  glvcol  exprimé  par  la  formule  la  plus 

élevée =62 

et  nous  chauffons  le  tout  vers  i5o°,  jusqu'à  ce  que  la  limite  de  saturation 
soit  atteinte.  Si  62  parties  de  glycol  expriment  1  équivalent,  nous  devons 
trouver  que  65  à  70  centièmes  de  l'acide  (c'est-à-dire  4o  à  t\i  parties  sur 
60  =  1  équivalent)  ont  été  saturées.  Au  contraire,  si  62  parties  de  glycol 
expriment  2  équivalents,  le  poids  d'acide  saturé  sera  voisin  de  80  centièmes. 
L'expérience  indique  68,8  centièmes  (c'est-à-dire  4i>3  sur  60=  1  équi- 
valent). 


(  87i  ) 
»  Soit  encore  l'érythrite  ;  l'analyse  conduit  à  la  for- 
mule brute C'IFO'; 

il   s'agit  de  décider   entre   cette   formule,   la  formule 

double C8H'°Q8 

et  la  formule  triple C,2H,50'2. 

Prenons  i   équivalent  d'acide  acétique =.60 

et  un  poids  d'érythrite  représenté  par  la  seconde  for- 
mule, par  exemple —  122 

»  Quand  la  limite  est  atteinte,  nous  trouvons  que  la  proportion  d'acide 
neutralisé  s'élève  aux  69  centièmes  du  poids  total  de  l'acide  :  ce  nombre 
indique  que  la  formule  C8  H10  O8  exprime  1  équivalent  d'érythrite.  Si  nous 
avions  fait  agir  sur  60  parties  d'acide  le  poids  d'alcool  correspondant  à 
C4  H3  O4  =  61  parties,  nous  aurions  trouvé  la  proportion  d'acide  neutralisée 
beaucoup  plus  faible.  Au  contraire,  si  nous  avions  pris  le  poids  corres- 
pondant à  C'2  H,50'2  =  1 83  parties,  nous  aurions  trouvé  une  saturation 
plus  forte  et  voisine  de  75  centièmes. 

»  Ce  genre  d'épreuves  s'applique  en  général  aux  alcools,  pourvu  qu'ils 
ne  soient  pas  susceptibles  de  présenter  des  phénomènes  spéciaux  de 
déshydratation  ou  d'hydratation  qui  troublent  l'équilibre.  C'est  malheu- 
reusement ce  qui  arrive  avec  la  plupart  des  principes  sucrés  :  la  mannite, 
C,2HM0,a,  se  change  en  mannitane,  C,2H,20,°,  et  la  glucose,  C^H^O12, 
en  glucosane,  C,2H'0O'°,  lors  de  leur  combinaison  avec  les  acides. 
Réciproquement  la  mannitane  et  la  glucosane,  dès  qu'elles  sont  en  pré- 
sence de  l'eau,  tendent  à  repasser  à  l'état  de  mannite  et  de  glucose.  De  là 
des  phénomènes  spéciaux  qui  changent  les  conditions  normales  de  l'équi- 
libre. Mais  en  dehors  de  cette  exception  qui  s'explique  d'elle-même,  la  mé- 
thode que  je  signale  ici  fournit  un  contrôle  pour  l'équivalent  des  alcools, 
et  ce  contrôle  est  d'autant  plus  net  qu'il  est  tiré  de  leur  fonction  fonda- 
mentale.   » 

chimie  organique.  —  Méthodes  nouvelles  pour-  apprécier  In  pureté  des  alcools 
et  des  éthers;  Note  de  M.  Berthelot,  présentée  par  M.  Balard. 

«  On  sait  que  lorsque  les  alcools  et  les  éthers  ont  été  purifiés  avec  soin 
par  distillation  et  dessiccation,  on  manque  jusqu'ici,  dans  la  plupart  des 
cas,  de  moyen  de  contrôle  En  voici  quelques-uns  qui  résultent  de  mes 
recherches  : 


(  8'P  ) 

»  i°  Je  rappellerai  pour  mémoire  qu'un  éther  composé,  s'il  est  pur, 
doit  pouvoir  être  décomposé  par  un  alcali,  en  saturant  un  poids  équivalent 
de  cet  alcali.  Ceci  permet,  comme  je  l'ai  établi  il  y  a  près  de  dix  ans,  de 
ramener  l'analyse  des  éthers  et  des  composés  analogues  à  un  essai  alcalimé- 
trique,  fondé  sur  l'emploi  d'une  solution  titrée  de  baryte. 

m  2°  L'emploi  de  la  même  liqueur  permet  de  reconnaître  et  de  doser  la 
présence  de  quantités,  même  très-petites,  d'étbers  composés  dans  un  alcool 
ou  dans  un  éther  simple  (i).  Il  suffit  d'enfermer  dans  un  matras  10  centi- 
mètres cubes  d'une  solution  titrée  de  baryte  et  un  poids  connu  du  corps  que 
l'on  veut  éprouver.  On  chauffe  pendant  une  centaine  d'heures  à  ioo°:  si 
l'alcool  est  pur,  comme  il  arrive  le  plus  souvent  avec  l'alcool  ordinaire,  le 
titre  de  la  baryte  ne  change  pas.  On  trouve  au  contraire  que  l'alcool  amy- 
lique  renferme  presque  toujours  une  petite  quantité  d'éthers  composés.  Il 
en  est  de  même  de  l'éther  ordinaire,  même  après  digestion  sur  un  lait  de 
chaux. 

»  Le  glycol  préparé  par  les  méthodes  ordinaires  et  rectifié  à  point  fixe 
se  montre  comme  particulièrement  impur.  J'y  ai  manifesté  jusqu'à  22  pour 
100  d'acide  acétique  combiné,  ce  qui  répond  à  4o  pour  100  de  glycol  1110- 
nacétique.  C'est  un  fait  qui  a  dû  donner  lieu  à  plus  d'une  erreur  et  dont  il  est 
bon  de  prévenir  les  chimistes  qui  s'occupent  de  cette  curieuse  substance. 

»  Pour  reconnaître  la  présence  d'un  éther  neutre  dans  un  alcool,  sans  le 
doser,  il  suffit  de  chauffer  cet  alcool  avec  2  fois  son  volume  d'eau  à  i5o° 
pendant  20  heures.  L'éther  neutre  se  change  en  grande  partie  en  acide. 

»  3°  La  présence  d'un  acide  libre  dans  un  alcool  ou  dans  un  éther  est 
trop  facile  à  déceler  et  à  doser  par  la  baryte  pour  m'y  arrêter.  Les  éthers 
formiques,  par  exemple,  sont  toujours  acides;  mais,  par  exception,  leur  dé- 
composition est  trop  prompte  pour  permettre  de  doser  exactement  l'acide 
libre.  Les  autres  éthers  se  prêtent  au  contraire  à  des  dosages  précis  de 
l'acide  libre  qu'ils  peuvent  renfermer. 

»  4°  La  présence  d'une  petite  quantité  d'eau  dans  un  éther  neutre  peut 
être  reconnue  en  chauffant  cet  éther  à  i5o°  pendant  20  ou  3o  heures  :  l'eau 
décompose  une  quantité  presque  équivalente  d'éther  en  acide  et  alcool.  On 
dose  alors  l'acide  par  la  solution  titrée  de  baryte.  En  soumettant  à  cette 
épreuve  l'éther  acétique ,  purifié  avec  grand  soin  par  les  méthodes  ordi- 


(1)  Pourvu  que  ces  corps  ne  soient  pas  altérables  par  les  alcalis. 


(  873  ) 
naires,  on  voit  qu'il  retient  opiniâtrement  un  centième  d'eau  qu'il  est  fort 
difficile  de  lui  enlever. 

»  5°  La  présence  d'une  petite  quantité  d'eau  dans  un  alcool  pourrait 
être  également  accusée  en  mêlant  cet  alcool  avec  un  éther  composé  rigou- 
reusement anhydre  et  éprouvé  comme  ci-dessus.  On  chauffe  alors  vers  i5o° 
pendant  vingt  à  trente  heures.  Si  l'alcool  est  anhydre,  le  mélange  ne  doit 
pas  devenir  acide. 

»  6°  La  présence  d'une  petite  quantité  d'alcool  dans  un  éther  neutre  et 
anhydre,  daiisl'éther  acétique  par  exemple,  peut  être  décelée  en  chauffant 
cet  éther  avec  un  poids  connu  d'acide  acétique  très-pur.  Pour  peu  que  cet 
éther  renferme  d'alcool,  le  titre  de  l'acide  diminuera.  » 

CHIMIE.  —  Séparation  de  la  magnésie  de  la  potasse  et  de  la  soude;  extrait  d'une 
Note  de  M.  Alvaro  Reynoso,  présentée  par  M.  Peligot. 

«  La  méthode  que  je  propose  permet  d'employer  en  toutes  circonstances 
l'acide  phosphorique,  puisque  les  inconvénients  de  sa  présence  deviennent 
nuls,  par  la  raison  que  l'excès  est  complètement  éliminé. 

»  Supposons  le  cas  le  plus  fréquent  :  un  mélange  de  chaux,  de  magnésie, 
de  potasse  et  de  soude.  La  liqueur  est  acidulée  par  l'acide  chlorhydrique, 
ou,  s'il  est  possible,  on  emploie  seul  l'acide  nitrique;  on  y  ajoute  de  l'am- 
moniaque en  excès  et  ensuite  de  Poxalate  d'ammoniaque.  C'est  ainsi  que 
l'on  sépare  la  chaux.  Dans  la  liqueur  filtrée  on  ajoute  du  phosphate  d'am- 
moniaque, ou  simplement  de  l'acide  phosphorique,  et  on  recueille  le  phos- 
phate ammoniaco-magnésien  précipité.  On  filtre  et  on  calcine  pour  éliminer 
les  sels  ammoniacaux,  et  par  ce  seul  fait  il  s'opère  une  réaction  par  laquelle 
la  plus  grande  partie  ou  la  totalité  de  l'acide  chlorhydrique  est  éliminée, 
dans  le  cas  où  l'on  en  aurait  fait  usage,  et  les  deux  bases  peuvent  rester 
unies  seulement  à  l'acide  phosphorique.  Cependant,  pour  procéder  avec 
plus  de  sécurité,  on  traite  le  résidu  deux  ou  trois  fois  avec  l'acide  nitrique 
concentré,  on  le  calcine,  et  tout  l'acide  chlorhydrique  étant  ainsi  éliminé, 
il  reste  seulement  de  l'acide  phosphorique,  de  la  potasse  et  de  la  soude.  On 
recueille  le  résidu  dans  un  ballon  et  on  l'y  traite  par  l'étain  en  grand  excès 
et  par  l'acide  nitrique;  on  élimine  ainsi  l'acide  phosphorique,  on  filtre  et 
l'on  concentre.  On  calcine  le  résidu  composé  de  nitrate  de  potasse  et  de 
soude  pour  les  décomposer  complètement,  et  aussitôt  que  la  capsule  se 
refroidit  on  pèse  les  alcalis  caustiques  ou  on  les  transforme  en  carbonates. 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  18.)  Il4 


(  874  ) 
Ensuite  on  les  convertit  en  chlorures,  plus  tard  on  les  fait  passer  à  l'état  de 
sulfates,  en  finissant  par  ajouter  du  carbonate  d'ammoniaque  pour  décom- 
poser le  bisulfate  de  potasse.  Avec  ces  éléments  combinés,  il  est  possible  de 
déterminer,  en  les  associant  pour  les  corriger,  la  quantité  d'alcali  par  voie 
indirecte,  et  l'on  peut  aussi  les  séparer  directement  par  le  bichlorure  de 
platine. 

»  D'après  tout  ce  qui  précède,  on  voit  que  la  nouveauté  de  ce  procédé, 
ahlsî  que  sou  exactitude,  repose  dans  la  méthode  suivie  pour  éliminer  l'a- 
cide phosphorique,  méthode  basée  sur  la  propriété  (découverte  par  moi,  il 
v  a  des  années)  que  possède  l'acide  stannique  de  former  avec  l'acide 
phosphorique  une  combinaison  complètement  insoluble  dans  l'eau  et  dans 
l'acide  nitrique.  Pour  que  ce  procédé  soit  exact,  comme  je  l'ai  indiqué  plus 
haut,  il  faut  éliminer  l'acide  chlorhydrique,  ce  que  l'on  obtient  facilement. 

»  Je  dois  affirmer,  en  terminant,  que  l'acide  stannique  nous  fournit  le 
meilleur  moyen  d'éliminer  l'acide  phosphorique  dans  une  multitude 
de  cas.    » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  matières  ulmiques  dérivées  de  t  acétone  ; 
Note  de  SI.  E.  Hardy,  présentée  par  M.  Pelouze. 

«  Un  mélange  de  chloroforme  et  d'acétone  en  présence  du  sodium  se 
décompose  avec  rapidité,  produit  une  quantité  de  gaz  considérable,  et  laisse 
un  dépôt  de  matières  brunes  et  incristallisables,  accompagnées  de  sel 
marin. 

p.  Les  gaz,  d'après  l'analyse  eudiométrique,  sont  composés  d'hydrogène, 
de  gaz  des  marais,  et  d'oxyde  de  carbone. 

»  Les  matières  fixes  sont  solubles  dans  l'alcool,  d'où  elles  se  déposent 
par  évaporation,  sous  l'apparence  d  une  masse  noire  brillante.  Cette  niasse 
contient  des  suhstances,  les  unes  solubles,  les  autres  insolubles  dans 
l'éther. 

»  Les  substances  solubles  dans  l'éther  sont  formées,  outre  les  produits 
accessoires,  d'un  corps  brun  visqueux  qui  se  comporte  comme  un  acide 
chloré.  Cet  acide  appartient  à  un  ordre  de  composés  dont  l'ensemble,  afin 
de  rappeler  leur  origine,  peut  être  nommé  série  acélulmiquc ;  l'acide  chloré 
devient  l'acide  chloracétulmique. 

»  Les  substances  insolubles  dans  l'éther,  épuisées  par  l'eau,  donnent  le 
chloracétulmate  de  soude;  il  reste  en  dernier  lieu  une  matière  soluble  dans 


(875  ) 
l'alcool,  qui  présente  la  même  composition  que  l'acide  chloraeélulmique, 
et  en  représente  seulement  un  isomère.  La  réaction  peut  s'écrire  de  la  ma- 
nière suivante,  en  faisant  abstraction  des  produits  secondaires  : 

6C6He02-4-C3HCl3  +  2Na=C"H"CIO'  -f-  Cl4H'0ClNaO<  -+-  2C202H-3C,H,  +  4H+NaCI. 

Acétone.     Chloroforme.  Acide  Ghloracétulmate 

chloracélulmiqne.  de  soude. 

»  Acide  cliloracétulmique.  —  Cet  acide  se  présente  sous  deux  modifica- 
tions, l'une  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  l'autre  soluble  dans  l'alcool  et 
insoluble  dans  l'éther.  Cette  même  différence  se  retrouve  dans  la  série  de 
leurs  dérivés. 

»  Bouillis  avec  une  solution  dépotasse,  ces  acides  subissent  une  même 
transformation,  et  se  dédoublent  en  acide  acétulmique  et  bioxyacélul- 
mique,  d'après  l'équation  : 

2(C,2H"C104)+  >KH02=2KCl+CMH'-04  +  C14H,208. 

Acide  Acide  Acide 

cnloracétulmique.  acétulmique.     bioxyacétulmique. 

»  La  dissolution  contient  les  deux  acides  à  l'état  de  sel  de  soude;  en 
ajoutant  de  l'acide  sulfurique,  on  les  isole  sous  forme  de  précipité  volumi- 
neux. On  sépare  l'acide  acétulmique  à  l'aide  de  l'éther  qui  le  dissout  en  se 
colorant  en  jaune,  et  on  reprend  par  l'alcool  l'acide  bioxyacétulmique. 
L'évaporation  des  deux  dissolutions  donne  les  deux  acides  libres. 

»  Acide  acétulmique.  —  Cet  acide  est  une  poudre  brune.  Il  donne  des 
dérivés  par  substitution,  en  échangeant  successivement  1,  2,  3  équivalents 
d'hydrogène  contre  un  même  nombre  d'équivalents  de  chlore,  de  brome, 
ou  de  vapeur  nitreuse. 

Acide  acétulmique C'ECO', 

Acide  cnloracétulmique C"H"C10', 

Acide  bibromoacétulmique Cl,H",Br2Ol, 

Acide  chloronitroacétulmique CNH",C1(N0')  0% 

Acide  bibromonitroacétulmique C'H'Br^NO'JO', 

Acide  bromobinitroacétulmique C"H9Br(NO')  2  0*. 

»  Acide  bioxyacétulmique.  —  Il  se  forme  en  même  temps  que  l'acide  acé- 
tulmique, il  est  monobasique,  et  change  un  équivalent  d'hydrogène  contre 

114.. 


(  876  ) 
des  produits  de  substitution  : 

Acide  bioxyacétulmique C"H"Os, 

Bioxyacétulmate  d'argent C"H"  AgO% 

Bioxvacétulmate  de  potasse C"  H"KOs, 

Acide  bioxybromoacétulmique Cl<H"BrO*, 

Acide  bioxynitroacétulmique C"H"(N05)08. 

»  Acide  trioxyacêtuimique.  —  En  faisant  bouillir  l'acide  bioxybromoacé- 
tulmique avec  une  dissolution  de  potasse,  on  obtient  le  trioxyacélulmate  de 
potasse  : 

C,4HMBr08  +KHO°-  =  RCl  +  C,4H,20'°, 

Acide  Acide 

bioxybromoacétulmique.  trtoxyacctulmique. 

»  On  ajoute  de  l'acide  sulfurique,  l'acide  trioxyacêtuimique  se  sépare  à 
l'état  de  liberté.    » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Action  du  soufre  sur  un  certain  nombre  de  substances 
organiques;  Note  de  M.  Brion,  présentée  par  M.  Pasteur. 

«  Cette  action  donne  des  produits  sulfurés  avec  dégagement  d'acide  suif- 
hydrique. 

»  Mes  premiers  essais  ont  porté  sur  l'alcool  ordinaire,  l'alcool  méthy- 
Jique,  l'alcool  amylique  et  l'acide  acétique  crislallisable.  En  faisant  bouillir 
le  liquide  sur  du  soufre,  on  constate  bientôt  un  dégagement  d'hydrogène 
sulfuré. 

»  Il  est  presque  superflu  de  dire  que  la  nature  du  gaz  a  été  reconnue  à 
son  action  sur  les  sels  de  plomb,  et  à  son  absorption  complète  par  une 
dissolution  de  potasse. 

»  La  formation  d'une  faible  quantité  de  produit  sulfuré  favorise  la  disso- 
lution du  soufre;  de  nombreuses  aiguilles  cristallines  se  déposent  par  le 
refroidissement;  dès  lors  la  réaction  s'accélère  un  peu,  mais  elle  est  toujours 
très-lente.  750  centimètres  cubes  d'alcool  absolu,  après  une  ébullition  de 
trois  cent  soixante  heures  sur  du  soufre,  n'ont  donné,  à  la  distillation,  qu'un 
résidu  assez  faible,  au  moment  où  la  température  atteignait  8o°.  On  n'a  pas 
été  beaucoup  plus  heureux  avec  le  polysulfure  anhydre  de  sodium,  qui 
cependant,  dès  le  début,  avait  produit  un  dégagement  d'hydrogène  sulfuré 
plus  abondant  que  ne  le  faisait  le  soufre.  Les  alcools  amylique  et  méthylique 
ont  donné  des  résultats  analogues;  néanmoins  ils  sont  attaqués  un  peu  plus 
facilement  que  l'alcool  ordinaire. 


(  877  ) 

»  En  faisant  arriver  à  plusieurs  reprises  la  vapeur  du  liquide  sur  du 
soufre  porté  à  une  température  voisine  de  l'ébullilion,  ou  bien  en  opérant 
en  vase  clos,  on  a  pu  se  procurer  des  produits  sulfurés  plus  abondants;  mais 
leur  température  d'ébullifion  s'élève  progressivement  jusqu'au  delà  de  aoou. 
Une  quantité  considérable  de  liquide  écbappe  toujours  à  la  réaction,  malgré 
des  opérations  prolongées.  11  a  donc  encore  été  impossible  d'obtenir  par 
ces  moyens  des  composés  définis. 

»  Avec  les  carbures  d'hydrogène,  tels  que  la  benzine,  l'huile  de  naphte. 
1  essence  de  térébenthine,  les  huiles  minérales  d'Amérique,  on  a  un  dégage- 
ment abondant  d'hydrogène  sulfuré  par  la  simple  ébullition.  La  naphtaline 
et  la  paraffine  sont  également  attaquées  par  le  soufre  à  une  température 
inférieure  à  celle  de  leur  distillation.  Avec  cette  dernière  surtout  la  réaction 
est  très-énergique.  Malheureusement,  les  produits  solides  fournis  par  ces 
deux  dernières  substances,  quoique  solubles  dans  un  grand  nombre  de 
véhicules,  ne  cristallisent  pas. 

»  Avec  l'essence  de  térébenthine,  on  obtient  des  produits  qui  n'ont  pas 
encore  complètement  distillé  à  36o°. 

»  Les  carbures  que  MM.  Pelouze  et  Cahours  ont  découverts  dans  les 
huiles  minérales  d'Amérique  donnent  des  mélanges  de  composés  sulfurés 
dont  la  séparation  semble  devoir  se  faire  facilement.  Quoique  j'aie  déjà 
entrevu  certaines  de  leurs  réactions,  je  ne  veux  prononcer  à  leur  sujet  le  mot 
de  substitution  que  quand  je  serai  parvenu  à  recueillir  des  preuves  suffi- 
samment concluantes. 

»  L'extrême  obligeance  avec  laquelle  M.  Pelouze  a  bien  voulu  me  donner 
les  renseignements  que  j'ai  pris  la  liberté  de  lui  demander  me  permet  main- 
tenant de  me  procurer  ces  huiles  en  quantité  suffisante  pour  continuer  mes 
expériences.  » 

M.  Balard,  à  la  suite  de  la  présentation  de  cette  Note,  déclare  que 
M.  Brion  lui  avait  communiqué  depuis  un  mois,  au  moins,  les  résultats  de 
ces  recherches  déjà  commencées  depuis  longtemps. 

M.  Ekmax,  bibliothécaire  de  la  Société  Littéraire  et  Philosophique  de 
Manchester,  fait  connaître  le  nom  de  l'auteur  du  Mémoire  qui  avait  été 
inscrit  sous  le  n°  3  au  concours  pour  le  grand  prix  de  Mathématiques  de 
1860  (question  concernant  le  nombre  de  valeurs  des  fonctions  bien  définies 
dans  un  nombre  donné  de  lettres). 


(  878) 
Cet  auteur  est  M.  Kirkman,  qui,  poursuivant  ses  recherches  sur  cette 
question,  bien  qu'elle  eût  été  retirée  du  concours,  croit  être  parvenu  à  en 
établir  la  ihéorie  complète  ;  en  attendant  qu'il  en  puisse  présenter  la  rédaction 
définitive  qui  ne  se  fera  pas  attendre,  tous  les  calculs  étant  déjà  terminés,  il 
envoie  une  analyse  de  son  travail  dans  l'espoir  que  l'Académie,  si  elle  y 
trouve  en  effet  la  solution  de  la  question,  cherchera  les  moyens  de  récom- 
penser des  efforts  qu'elle  a  en  quelque  sorte  provoqués. 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  qui  avait  été  appelée  à  juger  le 
concours  de  1860,  Commission  qui  se  compose  de  MM.  Liouville, 
Hermite,  Bertrand,  Lamé  et  Serret.y 

Mrae  de  Corxeillan  annonce,  dans  les  termes  suivants,  être  arrivée  à  un 
résultat  intéressant  pour  l'industrie  séricicole  : 

«  Je  suis  parvenue  à  dévider  les  cocons  du  Bombyx  mori,  percés  et 
ouverts  par  l'éclosion  du  papillon,  et  qu'un  préjugé  généralement  accepté 
prétendait  coupés  par  l'insecte,  et  considérait  comme  déchets,  rebuts  et 
indévidables.  La  soie  continue  que  j'en  retire,  ainsi  que  le  constatent  les 
échantillons  que  j'ai  l'honneur  de  présenter,  est  aussi  belle  que  la  plus  belle 
obtenue  des  cocons  où  la  chrysalide  a  été  préalablement  étouffée,  et  cela  se 
comprend,  les  cocons  affectés  au  grainage  étant  toujours  choisis  parmi  les 
plus  sains  et  les  plus  beaux.  Sans  susciter  aucuns  frais  nouveaux  aux  éduca- 
teurs, je  restitue  donc  à  nos  fabriques  des  masses  considérables  de  matière 
première  perdues  jusqu'à  ce  jour •< 

(Renvoi  à  l'examen  de  la  Commission  des  vers  à  soie.) 

M.  Coixde  présente  des  considérations  sur  l'habitude  qu'ont  certain* 
oiseaux  insectivores  de  rechercher  particulièrement  une  espèce  déterminée 
d'insectes,  même  dans  des  lieux  où  d'autres  espèces  beaucoup  plus  nom- 
breuses sembleraient  leur  offrir  une  nourriture  tout  aussi  convenable  et 
moins  difficile  à  se  procurer. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Valenciennes.  ) 
A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  6  heures.  E.   D.   B. 


879  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  27  avril  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Recherches  sur  les  combinaisons  de  l'antimoine  avec  les  différents  métaux. 
(Thèse  présentée  à  la  Faculté  de  philosophie  de  l'Université  de  Gôttingen, 
pour  obtenir  le  grade  de  docteur  en  philosophie);  par  P.  Christofle. 
Gôttingen,  i8G3;  br.  in-8°. 

Notices  sur  quelques  instruments  de  physique  construits  à  Genève  dans  l'atelier 
dirigé  par  M.  E.  Scliwerd.  Genève,  i863;  br.  in  8°.  (Présentées  au  nom  de 
M.  le  Professeur  Thury,  par  M.  de  La  Rive.  ) 

De  la  rage  chez  le  chien  et  des  mesures  préservatrices  ;  par  le  Dr  H.  Blatijn. 
Paris,  1 863 ;  br.  in-8°.  (Présenté,  au  nom  de  l'auteur,  par  M.  J.  Cloquet.) 

Nouvelles  considérations  sur  la  longévité  humaine  ;  par  le  Dr  Guyétant  père. 
Paris,  1  863  ;  in-12. 

Studien...  Etudes  sur  l'apparition,  le  développement  et  les  fonctions  de  l'élé- 
ment constitutif  de  la  bile  dans  les  organismes  animaux  et  végétaux;  par  le  Dr 
F.-W.  Beneke.  Giessen,  1862;  in-/j°.  (Renvoyé  à  l'examen  de  M.  Chevreul.) 

Rapporte.  Rapport  fait  au  10e  Congrès  des  Savants  italiens,  tenu  à  Sienne 
en  septembre  1862,  par  le  Secrétaire  général  de  la  Section  des  Sciences  phy- 
siques, mathématiques  et  naturelles,  le  prof.  Giov.  Campani;  br.  in-4°. 

Intorno...  Sur  les  maladies  du  ver  à  soie;  Mémoires  de  A.  ClCCONE.  Naples, 
i863;  in-8°.  (Cet  ouvrage,  qui  est  en  grande  partie  une  reproduction  de 
divers  travaux  précédemment  publiés  par  l'auteur,  est  présenté  en  son  nom 
à  l'Académie  par  M.  Montagne.) 

Planta...  Plantes  cryptogames  de  l'ordre  des  Champignons,  du  genre  Asper- 
gellus  et  de  l'espèce  Glaucus  (Fries)  trouvées  dans  le  poumon  humain  ;  par  le 
Dr  C.  May  Figueira.  Lisbonne,  1862;  br.  in-8°. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  4  mai  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Observations...  Observations  sur  la  polarisation  de  l'atmosphère  faites  à 
Saint- Jndrews  en  1 84 1 -45  ;  parsir  David  BREWSTER.  (Extrait  des  Transactions 
of  the  royal  Society  of  Edinburgh.)  Edimbourg,  i863;in-4°. 


(  88o  ) 
Mémoire  sur  l'expression  du  rapport  qui   (abstraction  faite  de  la  chaleur 
solaire)  existe,  en  vertu  de  la  chaleur  d'origine,  entre  le  refroidissement  de  la 
masse   totale  du  globe  terrestre  et  le  refroidissement  de  sa  surface;  par  Jean 
Plana.  Turin,  t  863  ;  in-4°. 

Gouvernement  général  de  l'Algérie;  Tableau  de  la  situation  des  Etablisse- 
ments français  dans  i Algérie;  i858-i86i.  Paris,  1862;  in-4°- 

Nouveau  procédé  de  laçage  de  filets  à  la  main;  par  J.  LÉGAL.  (Extrait  de  la 
Revue  Maritime  et  Coloniale.)  Dieppe,  i863;  br.  in-8°.  (Présenté  au  nom  de 
l'auteur  par  M.  Coste  et  destiné  au  concours  pour  le  prix  Tréraont.  ) 

Courtes  observations  sur  quelques  points  de  l'histoire  de  l'Astronomie  et  des 
Mathématiques  chez  les  Orientaux  ;  par  M.  L.-P.-E.-A.  SÉDILLOT.  Paris,  1 863  ; 
br.  in-8°. 

Société  Littéraire  et  Scientifique  de  Castres  (Tarn);  Procès-verbaux  des 
séances;  5e  année.  Castres,  1862;  in-8°. 

Société  de  prévoyance  des  Pharmaciens  de  la  Seine  :  Assemblée  générale  tenue 
a  l'Ecole  de  Pharmacie,  le  i3  avril  i863,  présidence  de  M.  Marcotte.  Paris. 
i863;  br.  in-8°. 

Illustrations  des  Rafflesias  rochussenii  et  patma,  d'après  les  recherches 
faites  aux  îles  de  Java  et  de  Noessa  kambangan ,  par  MM.  J.-E.  TEYSMANN  et 
S.  Binnendyk;  et  au  jardin  de  l'Université  de  Leyde,  par  W.-H.  DE  Vriese. 
Levde  et  Dusseldorf,  1 854  >  livraison  in-fol.,  avec  6  planches. 

Annales  d' Horticulture  et  de  Botanique,  ou  Flore  des  jardins  du  royaume  des 
Pays-Bas  et  Histoire  des  plantes  cultivées  et  ornementales  les  plus  intéressantes  des 
possessions  néerlandaises  aux  Indes  Orientales,  en  Amérique  et  au  Japon; publiées 
par  la  Société  royale  d'Horticulture  des  Pays-Bas,  rédigées  par  MM.  Ph.-F.  DE 
Sïerold  et  W.-H.  de  Vriese;  vol.  I,  livraisons  1  à  12.  Leyde  (Pays-Bas); 
111-80,  avec  planches.  (Ces  deux  ouvrages  sont  transrais  par  M.  Yattemare.) 
Sitzungsberichte...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  impériale  des 
Sciences  de  Vienne  (classe  des  Sciences  Mathématiques  et  Naturelles);  t.  XLVI, 
livraisons  3,  t\  et  5  (octobre,  novembre  et  décembre  1862).  Vienne,  i863; 
111-80. 

Die  Physik...  Traité  de  Physique  expérimentale;  par  le  Dr  Alb.  MOUSSOS, 
professeur  à  l'École  Polytechnique  suisse  ;  ie  partie;  livraisons  1,  2  et  3. 
Zurich,  i858-63;  in-8°. 

Ensayo...  Essai  sur  la  culture  de  ta  canne  à  sucre  ;  par  D.  Alvaro  Reynoso. 
Havane,  1862  ;  in-8°. 


(  88.   ) 


PUBLICATIONS     PERIODIQUES     REÇUES      PAR     L'ACADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    D'AVRIL    18G3. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l Académie  des  Sciences  ;  ier  se- 
mestre i863,  nos  i4  à  17  ;  ii>4°- 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINGAULT,  Regnault  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  et  Verdet  ;  3e  série,  t.  LXVII, 
avril  i863;  in-8°. 

Annales  de  l'Agriculture  française  ;  5e  série,  t.  XXI,  n05  6  et  7;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'hydrologie  médicale  de  Paris;  comptes  rendus  des 
séances;  t.  IX,  8e  et  9e  livraisons;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  n°  207;  mars  i863;  in-8°. 

Annales  télégraphiques  ;  t.  VI  ;  mars  et  avril  i863;  in-8°. 

Atti  délia  Società  italiana  di  Scienze  naturali;  vol.  IV,  fasc.  4  (f-  18  à  a3). 
Milan  ;  in-8°. 

Atti  dell'imp,  reg.  Instituto  Veneto  di  Scienze,  Lettere  ed  Arli;  t.  VII, 
10e  livr.;  t.  IX,  irc,  2e  et  3e  livr.  Venise,  in-8°. 

Annales  de  l'Electrothêrapie ;  ire  année,  i863;  n°  1,  janvier,  el  n°  a,  avril; 
in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse  ;  t.  XVI,  n°  63.  Genève;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  nos  12  etx3;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  mars  1 863  ;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France; 
2e  série,  t.  XVIII,  nos  3  et  4;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  2e  série,  t.  X,  février  i863;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  ;  5e  série,  t.  V;  mars  i863;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  9e  année,  mars  1 863;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  32e  année,  2e  série,  t.  XV,  n°  2;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  médicale  d'Emulation  de  Paris;  nouvelle  série,  t.  I, 
fasc.  1,  in-8°. 

Bullettino  meteorolocjico  dell'  Observalorio  del  collecjio  romano;  vol.  II,  n°  6. 
Rome;  in-4°. 

C.  R.,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  18.)  I  I  5 


(  882  ) 

Bulletin  de  la  Société  d'acclimatation  et  d'Histoire  naturelle  de  l'île  de  la 
Réunion;  t.  I,  n°  i;  janvier  i863.  Saint-Denis  (Réunion)  ;  in-8°. 

Bulletin  du  Laboratoire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  de  M.  Ch.  MÈNE; 
avril  i863.  Lyon;  in-8°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention;  année  1862;  n°  10;  in-8°. 

Cosmos.   Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
eurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  1  2e  année, t.  XXII,  nos  1  /|  à  1 7;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  36e  année,  nos  38  à  49;  in-8°. 

Gazelle  médicale  de  Paris;  33e  année,  t.  XVIII,  nos  1 4  à  17;  in-/}0. 

Gazelle  médicale  d'Orient;  6e  année,  mars  i863  ;  in-4°. 

Journal  d'Agriculture  pratique;  27e  année,  i863,  nos  7  et  8;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4e  série, 
avril  i863;in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale   et  centrale  d'Horticulture;   t.  IX,    mars 
1  863  ;  111-80. 

Journal  de  Pharmacie   et  de  Chimie;   22e  année,  t.   XLI,    avril     1 863 ; 
in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du  Midi  ;   26e  année,   t.    VI,    avril  i8G3;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29e  année,  nos  9, 
10  et  1  1  ;  in-8°. 

Journal  de   Mathématiques  pures  et  appliquées  ;    2e  série,    février    1 863; 
in-4". 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  t.  I,  avril  1 863 ;  in-8°. 

Journal  des  fabricants  de  sucre;  3e  année,  nos  5o  et  52;  4e  année,  nos  1  et  2; 
in-4°. 

Les  Mondes.  .  .  Revue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  applications  aux 
Arts  et  à  l'Industrie;  1"  année,  t.  I,  livraisons  8  à  1 1;  in-8°. 

La  Culture;  4e  année,  t.  IV,  nos  19  et  20;  in-8°. 

L'Agriculteur  praticien;  3e  série,  t.  IV,  n°  i3;  in-8°. 

L'Art  médical  ;  if  année,  t.  XVII,  avril  i863;  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  20e  année;  n09  14,  i5  et  16;  in-4°. 

L'Art  dentaire;  7e  année,  nouvelle  série;  avril  1 863 ;  in-8°. 

La  Lumière;  i3e  année,  n°  G;  in-4°. 

La  Science  pittoresque  ;  7e  année;  n08  49  à  52;  in-4°. 

La  Science  pour  tous;  8e  année;  nos  18  à  21;  in-4°. 

La  Médecine  contemporaine;  5e  année,  nos  6  et  7;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie;  3e  année,  nos  2  et  3  ;  in-4°- 


(  883  ) 

Le  Gaz;  7e  année,  n°  2;  in-4°- 

Le  Technologiste  ;  iff  année,  avril  1 863  ;  in-8°. 

L'Europe...  Journal  français  de  Francfort;   71e  année,  nos  io3,  110  et 
117;  in-4°. 

Magasin  pittoresque;  3ie  année  ;  avril  1 863 ;  in-4°. 

Montpellier  médical:  Journal  mensuel  de  Médecine;  6e  année,  t.  X;  avril 
i863;  in-8°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d' Astronomie  de  Londres; 
vol.  XXIII,  n°5;  in-12. 

Nouvelles  Annales   de  Mathématiques;    2e  série;    avril  i863;in-8°. 

Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  1 863,  t.  Ier,  n°9  7  et  8  ;  in-8°. 

Pharmaceutical  Journal  and  Transactions  ;  2e  série,  vol.  IV;  n°  10;  in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale;  t.  VII,  avril  i863;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  t.  XIX;  avril  i863;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  3oe  année,  nos  7  et  8;  in-8°. 

Revista   de  obras  publicas.  Madrid  ;  t.  XI,  nos  7  et  8;  in-4°. 
Revue  de  Sériciculture  comparée  ;  nos  1,  2  et  3;  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  20  avril  1 863. ) 

Page  763,  ire  ligne  où  on  lit  :  l'électrode  négatif  a  acquis  un  pouvoir  de...  il  faut  lire  : 
l'électrode  positif  a  acquis  un  pouvoir  de.... 

(Séance  du  27  avril  i863.) 

Page  83o,  ligne  3  «  N°  2  :  Fonte  sulfurée  refondue  avec  6  pour  100  de  manganèse  i,i5...» 
Au  lieu  de  1,1 5,  lisez  0,1 5. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  11  MAI  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PALÉONTOLOGIE.  —  Note  sur  deux  articulations  ginglpndidales  nouvelles  exis- 
tant chez  le  Gljrptodon,  la  première  entre  la  deuxième  et  la  troisième  vertèbre 
dorsale,  la  seconde  entre  la  première  et  la  deuxième  pièce  du  sternum; 
par  M.  Serres. 

«  La  multiplicité  des  os  qui  composent  la  colonne  vertébrale  de  l'homme 
et  des  mammifères,  rend  nécessairement  très-nombreuses  les  articulations 
de  cette  partie  du  tronc.  Ces  articulations,  destinées  à  en  faciliter  les  mou- 
vements, peuvent  se  considérer  sous  deux  rapports  : 

»  I.  Il  en  est  de  générales  qui  sont  les  mêmes  pour  toutes  les  vertèbres, 
et  qui  unissent  le  corps  des  vertèbres,  leurs  lames  et  leurs  apophyses  arti- 
culaires et  épineuses. 

»  II.  Il  en  est  de  particulières,  qui  s'écartent  entièrement  de  la  disposi- 
tion des  précédentes,  et  qui  toutes  sont  relatives  aux  mouvements  de  la  tête 
sur  le  tronc;  ce  sont  : 

»    i°  L'articulation  de  l'occipital  avec  l'atlas; 

»   2°  Celle  de  l'atlas  avec  l'axis  ; 

»   3°  Celle  de  ces  deux  vertèbres  entre  elles. 

»  En  dehors  de  ces  articulations  spéciales,  la  colonne  vertébrale  des 
mammifères  n'est  mobile  sur  aucun  autre  point  de  son  étendue. 

C.  R.,  1863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N»  19.)  1  l6 


(  886  ) 

»  l  ne  exception  1res- remarquable  à  cette  l'ègle  générale  se  rencontre 
chez  le  glyptodon,  et  c'est  sur  cette  particularité  si  insolite  chez  les  mammi- 
fères cpie  nous  désirons  fixer  l'attention  des  anatomistes. 

»  Chez  cet  animal  fossile,  de  la  famille  des  édentés,  animal  déjà  si  singu- 
lier par  la  vaste  carapace  qui  le  recouvre  presque  entièrement,  il  existe 
une  articulation  ginglymoïdale  entre  la  deuxième  et  la  troisième  vertèbre 
dorsale,  articulation  qui  permettait  un  mouvement  de  flexion  de  la  région 
cervicale  et  de  la  tète  sur  cette  partie  de  la  colonne  vertébrale. 

»  Les  surfaces  de  cette  articulation  si  insolite  sont  disposées  de  la  ma- 
nière qui  suit  :  en  avant,  et  sur  le  bord  de  la  lame  vertébrale  de  la  troisième 
vertèbre  dorsale,  on  remarque,  à  droite  et  à  gauche  de  la  ligne  médiane, 
une  surface  lisse,  ovalaire,  légèrement  convexe,  de  4  centimètres  de  long 
transversalement,  sur  3  centimètres  de  large.  Dans  l'état  frais,  ces  deux  sur- 
faces étaient  vraisemblablement  revêtues  d'un  cartilage  d'incrustation,  des- 
tiné à  favoriser  le  glissement  de  la  lame  concave  de  la  surface  articulaire  de 
la  deuxième  vertèbre  dorsale.  Cette  lame  articulaire,  située  sur  le  bord  pos- 
térieur de  la  lame  vertébrale,  était  double;  il  y  en  a  une  à  droite  et  l'autre 
à  gauche  de  la  ligne  médiane,  et  leurs  concavités  s'emboîtent  exactement 
sur  les  convexités  articulaires  de  la  vertèbre  précédente.  Vraisemblable- 
ment un  ligament  jaune  unissait  les  deux  vertèbres  et  s'insérait  à  la  base 
de  l'apophyse  épineuse  de  la  deuxième  vertèbre  dorsale,  apophyse  épi- 
neuse dont  le  volume  énorme  résulte  de  l'ankylose  de  ces  deux  vertèbres  (i) 
dans  leur  partie  postérieure. 

•■  L'articulation  brièvement  décrite,  essayons  d'apprécier  son  action,  lin 
mécanique  animale  l'usage  se  joint  toujoursà  l'utilité.  Or,  chez  le  glyptodon. 
cette  utilité  paraîtra  évidente,  si  on  considère  que  dans  les  actes  de  la  vie 
ordinaire  la  tète  et  le  col  de  l'animal,  quoique  garantis  en  haut  par  une 
plaque  dernioïde  de  la  même  nature  que  celle  de  la  carapace,  néanmoins 
la  plus  grande  partie  de  ces  régions  fût  restée  exposée  aux  attaques  des 
autres  animaux,  si  le  glyptodon  n'avait  eu  la  faculté  de  la  soustraire  à  leur 
action.  H  est  donc  vraisemblable  qu'au  moment  du  danger,  peut-être  nieu;i' 
que,  dans  le  repos  ou  le  sommeil,  le  glyptodon  fléchissait  le  col  pour 
ramener  la  tète  sous  la  coupole  de  la  carapace;  ainsi  abrité  il  se  trouvait  sous 


(  i  )  C'est  en  rassemblant  et  en  coordonnant  avec  M.  Merlieu  les  pièces  osseuses  de  la  colonne 
rerlébrale  du  glyptodon,  pour  en  monter  le  squelette,  que  M.  le  docteur  Sénéchal,  anatomiste 
distingue,  découvrit  cette  articulation  ginglymoïdale,  dont  il  trouva  deux  exemples  apparte- 
nant à  deux  individus  de  grandeur  différente. 


(  887  ! 
une  tente  inattaquable,  car,  d'une  part,  la  queue  qui  la  déborde  en  arrière 
est  elle-même  revêtue  d'un  fourreau  épineux  d'une  résistance  à  toute 
épreuve,  et  d'autre  part,  en  se  fléchissant,  la  tête  se  recouvrait  entièrement 
du  casque  solide  qui  in  protège.  Il  est  à  remarquer,  en  effet,  que  par  sa  dis- 
position, ce  casque  semble  une  espèce  d'opercule,  destiné  à  clore  en  avant 
la  chambre  dans  laquelle  le  glyptodon  était  renfermé. 

»  Tant  de  précautions  prises  par  la  nature  pour  protéger  cet  animal 
étaient  nécessitées  par  la  lourdeur  de  son  habitation,  qui  le  mettait  bors 
d'état  de  se  soustraire  par  la  fuite  à  un  danger  qui  l'eût  menacé. 

»  Si,  par  la  disposition  des  surfaces  de  l'articulation  vertébro-dorsaie  du 
glyptodon,  dont  nous  avons  deux  exemplaires  sous  les  veux,  nul  doute  ne 
pouvait  s'élever  relativement  au  mouvement  de  flexion  dont  elle  était  le 
siège,  il  n'en  fut  plus  de  même  lorsque  nous  cherchâmes  à  nous  rendre 
compte  de  son  effet  relativement  aux  viscères  contenus  dans  la  partie  su- 
périeure de  la  cavité  du  thorax.  On  sait  que  chez  tous  les  mammifères 
vivants,  la  cavité  du  thorax  qui  correspond  à  la  troisième  vertèbre  dorsale 
est  occupée,  d'une  part,  par  le  lobe  supérieur  du  poumon  de  chaque  côté, 
et  loge  au  milieu  la  base  du  cœur,  à  laquelle  aboutissent  d'une  part  les  gros 
troncs  veineux  qui  ramènent  le  sang  de  toutes  les  parties  de  l'organisme,  et 
d'autre  part  le  gros  tronc,  aortique  qui  projette  ce  fluide  dans  foutes  les 
parties  du  corps. 

»  Comment  ces  viscères  pouvaient-ils  s'accommoder  d'une  flexion  s'o- 
péiant  sur  cette  partie  du  thorax  sans  être  comprimés  et  sans  gêner  par 
conséquent  l'entrée  de  l'air  dans  le  lobe  supérieur  du  poumon,  de  même 
que  l'arrivée  et  la  sortie  du  fluide  sanguin  dans  les  cavités  du  cœur?  L'or- 
ganisation tles  mammifères  vivants  ne  présente  aucune  donnée  pour  ré- 
soudre cette  question.  Nous  croyons  en  avoir  trouvé  la  solution  dans  une 
particularité  de  structure  du  sternum  du  glyptodon.  En  effet,  la  pièce  supé- 
rieure du  sternum  de  cet  animal  fossile,  ankylosée  chez  l'adulte  avec  l'extré 
mité  sternale  de  la  première  côte,  offre  dans  son  bord  inférieur  une  double 
facette  articulaire  concave,  qui  lui  servait  de  moyen  d'union  avec  la  grande 
pièce  inférieure  du  même  os,  qui  doit  offrir  deux  surfaces  convexes  s'adap- 
tant  avec  les  deux  précédentes  pour  permettre  le  mouvement  de  flexion 
indiqué.  Cette  articulation  sternale,  qui  n'a  rien  d'analogue  chez  les  mam- 
mifères vivants,  correspond  à  l'articulation  vertébrale,  et  sa  présence  avait 
pour  effet  de  permettre  une  flexion  de  la  pièce  supérieure  du  sternum  sur 
sa  pièce  inférieure;  mouvement  de  flexion  qui,  concordant  avec  celui  de  la 
colonne  vertébrale,  agissait  sur  les  médiastins  antérieur  et  postérieur  sans 

116.. 


(  888  ) 

compromettre  l'action  des  viscères  logés  clans  la  partie  supérieure  de  la 
poitrine. 

»  Au  reste,  on  conçoit  que  l'articulation  ginglymoïdale  de  la  colonne 
vertébrale  et  celle  de  l'articulation  de  la  première  pièce  du  sternum  sur  la 
seconde  étaient  nécessairement  solidaires  l'une  de  l'autre;  sans  la  seconde, 
la  première  eût  été  sans  effet  :  il  y  avait  donc  là  chez  le  glyptodon  une 
double  articulation  insolite  chez  les  mammifères  vivants,  prévue  par  la  na- 
ture pour  sauvegarder  l'animal.  » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Nouvelle  méthode  pour  graduer  les  aréomètres  à 
degrés  égaux  destinés  aux  liquides  plus  pesants  que  l'eau,  comme  les  pèse- 
acides  et  les  pèse-sels  de  Baume;  par  M.  Pocillet. 

«  Dans  un  Mémoire  sur  les  densités  de  l'alcool  et  des  mélanges  alcoo- 
liques que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  en  1839  et  qui  se 
trouve  imprimé  dans  le  tome  XXX  de  nos  Mémoires,  j'avais  été  conduit  à 
examiner  la  question  des  aréomètres  et  les  causes  de  leurs  discordances.  Ces 
instruments,  on  le  sait,  se  divisent  en  deux  catégories  :  l'une  destinée  aux 
liquides  plus  légers  que  l'eau,  l'autre  aux  liquides  plus  pesants  que  l'eau, 
savoir  :  les  acides,  les  dissolutions  salines,  les  sirops,  etc. 

»  Sur  ces  deux  points  j'étais  arrivé  à  cette  conclusion  :  qu'en  suivant  les 
procédés  admis  jusqu'à  présent  pour  graduer  les  aréomètres,  il  y  avait  peu 
de  chances  de  remédier  aux  imperfections  dont  se  plaignent  à  la  fois  la 
science  et  l'industrie;  je  proposais  donc  une  nouvelle  méthode  de  graduation 
fondée  sur  d'autres  principes,  qui  me  semblait  praticable  pour  tous  les  con- 
structeurs, et  propre  à  donner  des  instruments  fidèles  et  véritablement 
comparables. 

»  A  cette  époque  je  m'étais  surtout  occupé  des  instruments  de  la  première 
catégorie,  parce  qu'ils  se  trouvaient  plus  étroitement  liés  à  mon  sujet  ;  ce- 
pendant il  me  restait  peu  de  chose  à  faire  sur  les  aréomètres  de  la  seconde 
catégorie  pour  montrer  que  non-seulement  cette  méthode  s'y  applique  avec 
de  grands  avantages,  mais  qu'elle  en  simplifie  la  construction  d'une  manière 
remarquable.  Détourné  par  d'autres  recherches,  ce  n'est  que  depuis  quel- 
ques semaines  que  j'ai  eu  l'opportunité  de  reprendre  ce  travail,  et  je  m'em- 
presse de  le  présenter  à  l'Académie  comme  un  complément  de  mon  Mémoire 
de  1859. 

»  Quand  il  s'agit  d'aréomètres  à  degrés  égaux  destinés  à  marquer  les 
densités  supérieures  à  celle  de  l'eau,  la  relation  qui  existe  entre  les  densités 


(88g) 

et  les  degrés  aréométriques  est  exprimée  par  la  formule 


d  d  étant  la  densité, 

»  n  le  nombre  des  degrés, 

»  a  une  quantité  constante. 

»  La  valeur  de  a  est  la  base  de  la  graduation  ;  elle  est  tout  à  fait  arbitraire 
en  ce  sens  qu'elle  dépend  des  conventions  que  l'on  adopte.  En  prenant  la 
densité  de  l'eau  pour  unité,  le  degré  zéro  de  l'instrument  doit  être  écrit  sur 
la  tige  au  point  où  elle  est  coupée  par  la  surface  de  niveau  ou  de  flottaison, 
quand  l'aréomètre  est  en  équilibre  dans  l'eau  distillée  à  la  température 
de  i5°  ,  qui  est  généralement  admise  pour  ces  sortes  d'instruments. 

»  Mais  cette  convention  ne  suffit  pas,  il  en  faut  une  seconde  pour  déter- 
miner la  valeur  de  a. 

»  Baume  avait  proposé  de  marquer  le  i5e  degré  de  son  aréomètre  au 
point  de  la  tige  qui  affleure  le  niveau  quand  l'instrument  s'est  mis  en  équi- 
libre dans  une  dissolution  composée,  en  poids,  de  85  parties  d'eau  et  de 
i5  parties  de  sel  marin;  de  diviser  en  i5  parties  égales  la  longueur  de  la 
tige  comprise  entre  les  deux  affleurements  de  l'eau  et  de  la  dissolution 
salée,  et  de  continuer  ensuite  ces  divisions  sur  la  tige  supposée  cylin- 
drique. 

«  Cette  dernière  convention  paraît  d'abord  beaucoup  plus  simple  qu'elle 
ne  l'est  en  réalité;  le  sel  marin  est  loin  d'être  identique  à  lui-même,  plusieurs 
éléments  étrangers  s'y  associent  au  chlorure  de  sodium  en  diverses  propor- 
tions, et  la  dissolution  salée  dont  il  s'agit  prend,  suivant  les  circonstances, 
des  densités  notablement  différentes. 

»  Il  faut  remarquer,  de  plus,  qu'un  seul  millième  de  variation  dans  cette 
densité,  qui  est  à  peu  près  1,109,  fait  varier  la  valeur  de  a  de  plus  d'une 
unité,  d'où  il  suit  qu'en  suivant  fidèlement  les  prescriptions  de  Baume  le 
même  constructeur  peut  fabriquer,  à  quelques  jours  d'intervalle,  des  in- 
struments dont  la  constante  a  diffère  peut-être  de  4  ou  5  unités. 

»  Or,  deux  appareils  parfaitement  gradués,  l'un  avec  une  constante  a 
égale,  par  exemple,  à  i5a,62,  comme  elle  serait  pour  une  dissolution  salée 
de  densité  1,10g,  l'autre  avec  une  constante  a  égale  à  148,93,  comme  elle 
serait  pour  une  dissolution  salée  de  densité  1,112,  se  trouveraient  en  désac- 
cord presque  de  20  lorsqu'on  les  plongerait  dans  le  même  liquide  marquant 
environ  700  aréométriques. 


(  89o  ) 

»  Les  difficultés  de  la  graduation  tiennent  donc  essentiellement  au  choix 
du  deuxième  liquide  et  aux  variations  de  densité  que  ce  liquide  type  peut 
éprouver  accidentellement  par  une  foule  de  causes. 

»  On  a  fait  bien  des  tentatives  pour  remplacer  la  dissolution  de  Baume 
par  d'autres  liquides,  mais  on  ne  gagne  rien  ou  presque  rien  à  ces  change- 
ments; la  difficulté  semble  inhérente  à  la  nature  même  des  choses.  Il  arrive 
en  effet  que  les  liquides  auxquels  on  peut  avoir  recours  pour  cette  opéra- 
tion,  acides,  dissolutions  salines,  ou  autres  composés,  changent  rapide- 
ment de  densité  par  le  seul  contact  de  l'air,  les  uns  à  cause  de  la  volatilité 
de  quelques  éléments,  les  autres  à  cause  de  leur  vive  action  hygroscopique  ; 
s;uis  compter  qu'il  est  toujours  extrêmement  difficile  de  les  avoir  purs  et 
identiques  à  eux-mêmes,  parce  qu'ils  dissolvent  un  grand  nombre  de  corps 
étrangers  à  leur  composition  propre. 

»  On  se  plaint  beaucoup  des  constructeurs  parce  que  leurs  aréomètres 
sont  rarement  bons;  mais  tout  en  admettant  cette  vérité  comme  incontes- 
table, je  suis  loin  de  m'associer  aux  critiques  qu'on  leur  adresse.  Il  ne  faut 
pas  juger  le  fabricant  d'un  produit  médiocre  sans  apprécier  les  difficultés 
qu'il  aurait  à  vaincre  pour  le  rendre  meilleur  ;  or,  en  tenant  compte  de  ces 
difficultés,  au  lieu  de  condamner  les  constructeurs  d'aréomètres,  je  serais 
plutôt  disposé  de  les  féliciter  de  ne  pas  foire  plus  mal,  tant  il  y  a  d'obstacles 
sur  la  voie  qui  leur  a  été  ouverte  et  qu'ils  sont  obligés  de  suivre. 

»  Pour  échapper  à  tous  ces  embarras,  ils  essayent  volontiers  de  fabriquer 
un  étalon  auquel  ils  donnent  tous  les  soins  possibles  et  dont  ils  se  servent 
ensuite  pour  marquer  les  degrés  extrêmes  sur  les  aréomètres  à  graduer. 
Mais  si  cet  étalon  porte  le  zéro  de  l'échelle,  ses  degrés  ne  peuvent  avoir 
qu'une  petite  longueur,  et  les  erreurs  de  comparaison  deviennent  considé- 
rables ;  si,  an  contraire,  il  ne  porte  pas  le  zéro,  il  a  fallu,  pour  le  faire,  re- 
courir à  deux  liquides  plus  denses  que  l'eau,  et  les  chances  d'erreur  sont  en 
quelque  sorte  doublées.  Dans  les  deux  cas  on  a  à  redouter  l'erreur  originelle 
de  l'étalon  lui-même  et  l'erreur  de  comparaison  avec  les  aréomètres  dont 
il  devient  le  type. 

»  Au  reste,  la  grande  abondance  des  aréomètres  défectueux  que  l'on 
trouve  dans  le  commerce  semble  être  une  preuve  de  fait  que  l'étalon  ne 
donne  pas  une  véritable  garantie. 

»  La  nouvelle  méthode  de  graduation  que  je  propose  est  expliquée  dans 
1p  Mémoire  avec  tous  les  développements  théoriques  et  pratiques  dont  elle 
m'a  paru  avoir  besoin  ;  les  formules  et  les  tables  calculées  qui  en  foui 
essentiellement  partie  n'étant  pas  de  nature  à  trouver  place  dans  cet  extrait. 


(  89>  ) 
je  me  borne  à  résumer  ici  en  peu  de  mots  les  caractères  clistinctifs  de  cette 
méthode  : 

»  i°  Elle  n'admet  que  l'eau  distillée  pour  marquer  les  degrés  de  l'aréo- 
mètre ;  ainsi  elle  exclut  les  erreurs  provenant  de  l'intervention  d'un  second 
liquide  plus  dense  que  l'eau  ; 

»  2°  Elle  donne  à  l'instrument  des  formes  régulières  que  le  souifleur 
obtient  sans  peine  et  cpii  permettent  de  résoudre  à  coup  sûr  les  problèmes 
les  plus  importants  de  l'aréométrie,  problèmes  dont  la  solution  restait  très- 
incertaine  et  ne  pouvait  se  chercher  que  par  de  longs  et  pénibles  tâtonne- 
ments ; 

»  3°  Elle  est  en  même  temps  une  méthode  directe  de  vérification  [joui 
les  aréomètres  de  toute  espèce,  à  la  seule  condition  que  l'on  connaisse  les 
densités  qui  se  rapportent  aux  degrés  que  l'on  veut  soumettre  à  la  vérifi- 
cation.   ■> 

CH  IM1E.  —  De  la  densité  des  vapeurs  à  des  températures   très-élevées; 
par  MM.   H.  Sainte-Claire  Deville  et  Titoosr. 

«  L'étude  des  analogies  que  présentent  entre  eux  les  corps  simples  ou 
composés  a  fait  d'immenses  progrès  depuis  que  la  loi  des  volumes  de 
Gay-Lussac  nous  a  permis  d'établir  un  nouveau  système  de  comparaison 
auquel  on  attribue  chaque  jour  une  plus  grande  importance.  M.  Dumas, 
en  créant  de  fécondes  méthodes  expérimentales,  a  contribué  à  donner  à  la 
loi  des  volumes  une  généralité  qui  lui  manquait  dans  les  premiers  temps  île 
sa  découverte  et  que  les  recherches  de  M.  Mitscherlich  ont  encore  agrandie. 
Quelques  substances  cependant  semblaient  échapper  à  la  règle  établie,  non 
pas  à  cause  de  la  densité  de  vapeur  que  l'observation  leur  assignait  :  car, 
chose  étrange,  le  hasard  a  voulu  que  ces  densités  de  vapeur  eussent,  avec 
les  nombres  théoriques,  un  rapport  simple;  mais  à  cause  de  ce  rapport 
lui-même  qui  n'était  pas  celui  auquel  on  devait  s'attendre. 

»  M.  Cahours,  en  faisant  voir  la  variabilité,  entre  certaines  limites,  de  la 
densité  de  vapeur  avec  la  température,  a,  le  premier,  établi  la  règle  que 
nous  suivons  aujourd'hui  et  qui  nous  force  à  expérimenter  à  une  tempéra- 
ture assez  haute  par  rapport  au  point  d'ébullition  des  liquides  vaporisables 
pour  que  la  densité,  des  corps  à  l'état  gazeux  devienne  fixe  désormais.  Le 
progrès  déterminé  par  cette  donnée  nouvelle  a  été  considérable,  et  l'on  a  vu 
peu  à  peu  toutes  les  densités  de  vapeur  rentrer  dans  la  loi  des  rapports 
simples  que  Gay-Lussac,  M.  Dumas  et  M.  Mitscherlich  avaient  établie  pour 
un  grand  nombre  de  substances. 


(«9*  ) 

«  Le  soufre  pourtant  offrait  une  exception  ;  pour  la  faire  disparaître,  il 
fallait  trouver  des  méthodes  sûres  qui  permissent  de  déterminer  les  densités 
de  vapeur  à  haute  température.  C'est  ce  progrès  que  nous  avons  essayé 
de  réaliser  en  reculant  la  limite  des  températures  auxquelles  on  peut  opérer 
jusqu'au  point  d'ébullition  du  zinc  fixé  par  nous  à  io4o°. 

»  Les  principes  de  cette  méthode,  que  nous  avons  publiée  dans  les  Annales 
de  Chimie  et  de  Physique  (3e  série,  t.  LVIII,  p.  iS'j),  ont  reçu  déjà  de  nom- 
breuses applications.  Nous  rappellerons  seulement  que  nous  avons  comparé 
à  des  températures  fixes  et  déterminées  par  l'ébullition  de  liquides  divers 
les  poids  de  volumes  égaux  des  vapeurs  d'iode  et  du  corps  mis  en  expé- 
rience. 

»  Les  liquides  employés  par  nous  jusqu'ici  sont  le  mercure,  le  soufre,  le 
cadmium  et  le  zinc  :  leurs  points  d'ébullition  (dont  nous  n'avions  d'ail- 
leurs pas  besoin  )  ont  été  fixés  par  nos  prédécesseurs  et  par  nous  à  35o° 
(M.  Regnault)  pour  le  mercure,  à  44°°  (M-  Dumas  et  nous  ensuite)  pour 
le  soufre  (i),  à  86o°  pour  le  cadmium  et  io4o°  pour  le  zinc. 

»  Mais  ces  températures  ne  suffisent  pas  encore  pour  un  bien  grand 
nombre  de  substances,  et  les  ballons  de  porcelaine  (2)  dont  nous  nous  ser- 
vons peuvent  supporter  sans  se  déformer  l'action  d'une  chaleur  bien  plus 
intense. 

»  Nous  opérons  alors  dans  une  moufle  construite  avec  des  soins  parti- 
culiers et  placée  dans  un  fourneau  de  forme  telle,  que  nous  pouvons  porter 
partout  sa  température  à  très-peu  près  au  même  degré.  Le  combustible  que 
nous  employons  est  très-dense,  c'est  le  charbon  des  cornues  à  gaz  :  il  déve- 
loppe une  chaleur  considérable,  et  la  maintient  presque  constante  à  cause 
de  sa  masse  qui  est  très-grande.  Nous  décrivons  dans  notre  Mémoire  la 
forme  et  la  dimension  de  ces  appareils  dont  l'emploi  est  des  plus  faciles. 

»  Deux  ballons  de  porcelaine  contenant  de  l'air  sec,   tarés  avec  leurs 


(1)  M.  Regnault  a  trouvé  tout  récemment  447°>7  Pour  'e  point  d'ébullition  du  soufre.  Ce 
chiffre  ne  change  en  rien  nos  densités  c|tii  en  sont  indépendantes;  mais  dans  le  cas  où  quel- 
ques corrections  exigent  l'emploi  de  cette  température,  comme  elle  est  une  fonction  du  coeffi- 
cient de  dilatation  de  notre  verre,  lequel  nous  est  encore  inconnu,  nous  conservons  notre 
chiffre,  en  admettant,  non  pas  qu'il  est  plus  correct,  mais  qu'il  convient  aux  circonstances 
dans  lesquelles  nous  avons  opéré. 

(2)  Nous  devons  beaucoup  à  l'obligeance  de  M.  Gosse,  de  Bayeux,  qui  nous  a  fourni  des 
vases  en  excellente  porcelaine  fabriqués  avec  le  plus  grand  soin  et  présentant  les  formes  les 
plus  variées. 


(  893  ) 
petits  bouchons  (  i  )  et  enveloppés  d'une  lame  de  platine  qui  prévient  les 
adhérences  du  vernis  avec  les  parois  terreuses  de  la  moufle,  sont  placés  symé- 
triquement dans  cette  moufle.  L'un  contient  la  substance  en  expérience, 
l'autre  contient  de  l'iode  ou  seulement  de  l'air  sec.  Ces  deux  ballons  faits 
dans  le  même  moule  ont  sensiblement  le  même  volume.  Lorsqu'ils  sont  arri- 
vés à  la  température  voulue,  on  les  ferme  tous  les  deux  à  la  fois  au  moyen 
du  chalumeau  à  gaz  tonnants,  en  prenant  les  précautions  déjà  décrites  dans 
notre  Mémoire  auquel  nous  renvoyons  pour  tous  les  détails  qui  concernent 
la  pesée  des  matières,  la  mesure  des  gaz  ou  des  volumes  et  le  calcul  des 
résultats  de  l'expérience. 

»  Nous  allons  donner  les  nombres  fournis  par  nos  expériences  en  les 
comparant  aux  densités  de  vapeur  théoriques  calculées  en  effectuant  le  pro- 
duit de  la  densité  de  l'hydrogène  0,0693  par  l'équivalent  du  corps  simple 
ou  composé  que  l'on  considère.  Quand  ce  produit  doit  être  doublé  pour 
devenir  égal  ou  à  peu  près  égal  à  la  densité  observée,  on  dit  que  l'équiva- 
lent représente  un  volume  de  vapeur.  Quand  ce  produit  doit  être  multiplié 
par  1,  -|,  ^,  on  dit  que  l'équivalent  représente  2,  4  ou  8  volumes  de  vapeur. 
Pour  ces  comparaisons  nous  nous  sommes  servis  des  équivalents  chimiques 
tels  qu'ils  sont  rapportés  clans  presque  tous  les  livres  classiques  et  répandus 
dans  l'enseignement.  On  peut  à  volonté,  et  on  l'a  fait  sourtout  dans  ces 
derniers  temps,  doubler  ou  même  quadrupler  l'équivalent  d'un  corps  pour 
représenter,  dans  un  système  particulier  d'explications,  ses  analogies  avec 
les  corps  qui  l'avoisinent  :  or  ces  changements  sont  fondés  sur  des  consi- 
dérations théoriques  très-souvent  plausibles,  souvent  suffisantes,  mais  aux- 
quelles il  manque  toujours  d'être  nécessaires. 

"  Nous  avons  donc  rapporté  nos  résultats  en  employant  le  langage  clas- 
sique et  les  formes  généralement  adoptées  dans  l'enseignement,  notre  sujet 
se  rapportant  d'ailleurs  aux  phénomènes  sur  lesquels  sont  établis  les  prin- 
cipes fondamentaux  de  la  science. 

i°   Corps  dont  l'équivalent  représente    i    volume  de  vapeur. 

Densité 

Température.  Observée.  Calculée 

o 

Oxygène  (2) o  i,io56  1,1082 

Soufre 860  2,23  2,22 

(  1)   Voir  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  LVIII,  p.  273. 
(2)  M.  Dumas  et  M.  Regnault. 

C.    R,  i8G3,    Ier  Semrslrc.  {  T.  LVI,  N°  19.)  117 


(  8g4  ) 

Densité 

Température.  Observée.  Calculée. 

o 

Soufre io4o  2,23  2,22 

Sélénium i42°  5,68  5,54 

Tellure 1390  9,00  8,93 

Tellure i439  9>°8  8,g3 

Phosphore vers     5oo  (  1  )  4>35  4>29 

Phosphore 1  o4o  4 1 5o  4  >  29 

Arsenic vers     564(2)  io,6  10, 38 

Arsenic 860  10,20  10, 38 

»  Il  est  intéressant  de  voir  la  famille  de  l'oxygène  ne  compter  que  des 
corps  qui  représentent  un  volume  de  vapeur.  Deux  d'entre  eux,  le  soufre 
et  le  sélénium,  présentent  en  outre  cette  singulière  propriété  d'avoir  une  den- 
sité de  vapeur,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  un  coefficient  de  dilatation  à 
l'état  de  vapeur  très-rapidement  variable  entre  certaines  limites  avec  la  tem- 
pérature. Voici  des  nombres  qui  nous  ont  servi  à  constater  le  fait  de  cette 
variation  pour  le  sélénium  et  nous  permettront  plus  tard,  en  les  complétant, 
d'en  déterminer  la  loi. 

Densité 
Température.       Observée.  Calculée.  Rapports. 

86o°  7,6;  5,54  ! 

io4o  6,37  »  I 


1420  5.68 


1 0  ? 

1  et 


»  Nous  n'avons  pu,  faute  de  matière  bien  pure,  constater  cette  variabilité 
sur  le  tellure,  en  opérant  à  des  températures  plus  basses  que  celles  auxquelles 
nous  avons  expérimenté.  Il  sera  aussi  très-curieux  de  rechercher  si,  aux  tem- 
pératures basses  que  l'on  peut  produire  aujourd'hui,  le  coefficient  de  dila- 
tation de  l'oxygène  augmente  et,  en  ce  cas,  avec  quelle  rapidité. 

2°   Corps  dont  l'équivalent  représente  2  volumes. 

Température.     Densité  observée. 

0 
Chlorure  de  tantale 35o  9,6 

Chlorure  de  niobium 35o  IO>9 

(  1  )  M.  Dumas  ne  parle  pas  dans  son  Mémoire  de  cette  température  :  c'est  sans  doute  au- 
dessous  de  5oo°. 
(2)  M.  Mitscherlich. 


(895  ) 

3°   Corps  dont  l'équivalent  représente  4  volumes. 


Dens 


ne 


Température.  Observée.  Calculée, 

o 
Sulfhydrate  neutre  d'ammoniaque 99>5  !  ,26  1,18 

Acide  sulfurique  monohydraté 44°  '  '74  ■  >7° 

»  Le  sulfhydrate  neutre  d'ammoniaque  est  composé  de  4  volumes  d'am- 
moniaque et  de  2  volumes  d'acide  sulfhydrique.  D'après  la  règle  de  Gay- 
Lussac,  ces  volumes  doivent  se  condenser  en  4»  ce  que  l'expérience  confirme, 
comme  on  le  voit. 

4°  Corps  dont  l'équivalent  représente  8  volumes. 

Densité 

Température.  Observée.  Calculée, 

o 
Chlorhydrate  d'ammoniaque    35o  1,01  0i9^ 

Chlorhydrate  d'ammoniaque io4o  1 ,00  » 

Bromhydrate  d'ammoniaque 44°  t  ,67  1  ,70 

Bromhydrate  d'ammoniaque 860  1 ,7  1  » 

Iodhydrate  d'ammoniaque. 44°  2)5g  2,5o 

Iodhydrate  d'ammoniaque 860  2,78  » 

Bisulfhydrate  d'ammoniaque 56, 7  0.89  0,88 

Cyanhydrate  d'ammoniaque   100  °'79  °i76 

Chlorhydrate  d'éthylamine 35o  '  i44  '  >4' 

Chlorhydrate  d'aniline  (1) 35o  2''9  '  >83 

Chlorure  d'ammonium  et  de  mercure  ClHg, 

ClAzH' 44o  3,5o  3,25 

»  Toutes  les  substances  complexes  qui  donnent  8  volumes  de  vapeur  sont 
composées  avec  4  volumes  de  l'un  des  éléments  combinés  avec  4  volumes 
de  l'autre  (en  y  comprenant  le  perchlorure  de  phosphore,  si  on  admet  l'in- 
génieuse hypothèse  de  M.  Cahours).  On  a  supposé  dans  ces  derniers  temps 
que  ces  substances  correspondaient  réellement  à  4  volumes,  mais  que  leurs 
éléments  se  séparaient  au  moment  où  l'on  en  prenait  la  densité  de  vapeur 
qui  dès  lors  ne  représenterait  8  volumes  qu'en  apparence.  Nous  avons  cru 
devoir  faire  quelques  expériences  pour  démontrer  le  peu  de  fondement  de 
cette  hypothèse  devenue  d'ailleurs  inadmissible  depuis  la  publication  de 
quelques  faits  incompatibles  avec  elle  (Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  733). 

»    i°  Le  chlorhydrate  d'ammoniaque  ne  se  décompose  pas  à  une  tempé- 

(1  )  Et  sans  doute  les  sels  analogues. 

II7.. 


(896) 
rature  où  l'ammoniaque  est  déjà  en  grande  partie  décomposée.  Deux  tubes 
de  porcelaine,  l'un  bouché  à  l'une  de  ses  extrémités  et  contenant  du  sel 
ammoniac,  l'autre  traversé  par  un  courant  d'ammoniaque,  et  chauffés  tous 
deux  côte  à  côte  dans  un  même  fourneau,  nous  ont  servi  à  démontrer  cette 
proposition.  Pendant  que  la  vapeur  du  sel  ammoniac  ne  manifestait  aucune 
trace  de  décomposition,  les  gaz  sortant  du  tube  traversé  par  l'ammoniaque 
contenaient  : 

Ammoniaque  non  décomposée.  ......      53,2 

Azote  et  hydrogène 4^>8 

ioo  ,o 

»   Lorsque  la  température  a  été  convenablement  augmentée,  le  tube  à  sel 
ammoniac  a  laissé  dégager  des  gaz  composés  de  : 

Observé.  Caltule. 

Acide  chlorhydriqiie 32, o  32,2 

Hydrogène 49 >4  5°  »  ' 

Azote 18,6  16,7 

ioo,o  ioo,o 

Au  même  moment  le  gaz  ammoniac  était  décomposé  dans  les  proportions 

suivantes  : 

Gaz  ammoniac 24 , 2 

Hydrogène  et  azote 75,8 

ioo,o 

La  température  doit  être  alors  voisine  de  i  ioo°,  car  en  essayant  de  prendre 

la  densité  du  chlorhydrate  d'ammoniaque,  nous  avons  les  résultats  suivants  : 

Capacité  Gaz  Sel  ammoniac 

Température.  du  ballon,     resté  dans  le  ballon,     resté  dans  la  vapeur. 

o  ce  ce 

A io^5  3o3,o  3o,o 

B 1080  3oc),«  36,i  25pourioo. 

»  Les  gaz  restés  dans  les  ballons  avaient  la  composition  suivante  : 

Observe. 

A  B  Calculé. 

Hydrogène 49  "5>'?-  7^»° 

Azote 49  24>8  -5,o 

Oxygène 2  « 

ioo  too,o  100,0 

»  Nous  avons  de  plus  constaté  qu'un  mélange  d'acide  chlorbydrique. 


(  «97  ) 
d'azote  et  d'hydrogène  gazeux  passant  au  travers  d'un  tube  porté  au  rouge 
sombre,  même  quand  on  y  met  de  la  mousse  de  platine,  ne  produit  pas  de 
sel  ammoniac. 

»  Il  est  donc  impossible  d'admettre  que  le  sel  ammoniac  se  soit  décom- 
posé, puis  reconstitué  dans  nos  ballons. 

»  Des  expériences  semblables  faites  sur  le  bromhydrate  et  l'iodhydrate 
d'ammoniaque  conduisent  au  même  résultat. 

»  20  Le  cyanhydrate  d'ammoniaque  qui  se  forme  aux  températures  les 
plus  élevées  par  le  contact  de  l'ammoniaque  et  du  charbon  possède  à  ioo° 
8  volumes;  s'il  se  décomposait  d'ailleurs,  il  ne  produirait  pas  un  mélange 
d'acide  cyanhydrique  et  d'ammoniaque,  qui  l'un  et  l'autre  se  détruisent  bien 
avant  le  cyanhydrate  (i). 

»  3°  Le  chlorhydrate  d'éthylamine  s'est  décomposé  en  très-petites  pro- 
portions en  éther  chlorhydrique  et  ammoniaque  dans  nos  ballons  (expé- 
rience faite  avec  la  participation  de  M.  Berthelot).  Ces  gaz  ne  se  recombinent 
pas  dans  les  circonstances  où  nous  sommes  placés. 

»  Nos  expériences  serviront  sans  doute  à  montrer  l'importance  de  la  loi 
de  Gay-Lussac  et  son  immense  généralité,  à  faire  voir  quelle  heureuse 
influence  a  exercé  sur  les  doctrines  chimiques  l'introduction  des  méthodes 
si  pratiques  de  M.  Dumas  et  du  procédé  de  M.  Mitscherlich  que  nous  avons 
imités  le  plus  possible.  Les  conséquences  des  observations  si  précises  de 
M.  Cahours  se  trouvent  inscrites  à  chaque  page  dans  cette  communication  : 
les  nombres  que  nous  avons  trouvés  les  confirment  intégralement.  En 
outre,  la  règle  de  Gay-Lussac  sur  la  contraction  des  corps  composés,  cal- 
culée d'après  le  rapport  des  volumes  des  gaz  qui  se  combinent,  en  recevra 
plus  de  généralité.  Enfin  nous  croyons  que  le  véritable  progrès  de  la  science 
consistera  à  faire  rentrer  dans  cette  règle  les  rares  exceptions  qu'elle  pré- 


(i)  L'acide  cyanhvdriqne  se  résout  au  rouge  sombre  en  un  mélange  de  cyanogène  et  d'hy- 
drogène avec  un  petit  dépôt  de  charbon  dans  le  tube  en  porcelaine  où  l'on  fait  l'expérience. 
Quand,  au  moyen  de  la  potasse,  on  sépare  le  cyanogène  du  mélange  gazeux,  on  trouve  rpie  le 
résidu  se  compose  de  : 

Hydrogène...  9li3  83. 7 

Azote 8,7  i6,3 

100,0  ioo,o 

la  quantité  d'azote  augmentant  avec  la  température  à  laquelle  on  recueille  les  gaz. 


(898) 
sente  encore,  en  multipliant  et  en  étudiant  avec  persévérance  les  faits  qui  se 
rattachent  à  l'histoire  des  volumes  des  combinaisons  chimiques. 

»  Nous  n'avons  parlé  dans  cet  extrait  que  des  découvertes  de  nos 
devanciers  qui  ont  traité  comme  nous  la  question  au  point  de  vue  purement 
chimique.  Mais  nos  expériences  et  les  conclusions  que  nous  en  avons  tirées 
ont  une  liaison  étroite  avec  les  belles  expériences  et  les  vues  nouvelles  intro- 
duites dans  la  science  par  M.  Regnault,  auquel  on  doit  la  fixation  de  la 
plupart  des  constantes  qui  entrent  dans  nos  calculs,  et  les  notions  les  plus 
précises  sur  la  manière  dont  le  volume  des  gaz  varie  avec  la  température  et 
la  pression.  La  manière  dont  il  a  interprété  les  irrégularités  qu'il  a  décou- 
vertes dans  les  lois  de  Gay-Lussac  et  de  Mariotte  lui  ont  servi  à  expliquer 
les  irrégularités  que  présentent  les  densités  de  vapeur  dans  les  circon- 
stances de  température  et  de  pression  que  nous  avons  étudiées  dans  ce  Mé- 
moire et  dans  nos  Mémoires  précédents.  » 

M.  Flourens  présente,  au  nom  de  M.  Owen,  deux  Mémoires  publiés  par 
le  savant  zoologiste  et  ayant  pour  titre,  l'un  :  «  Monographie  de  l'Aye-Aye 
de  Madagascar  »,  l'autre  :  «  Étude  ostéologique  pour  servir  à  l'histoire  na- 
turelle des  singes  anthropoïdes  ».  {Voir  au  Bulletin  bibliographique.) 

M.  Flourens  présente  encore,  également  au  nom  de  l'auteur,  une  Note  de 
M.  Gervais  «  sur  les  notions  relatives  aux  Céphalopodes  consignées  dans 
l'Histoire  des  animaux  d'Aristote  »,  avec  un  Appendice  sur  le  grand  Calmar 
de  la  Méditerranée  et  un  Tableau  d'une  classification  générale  des  animaux  >■ . 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Hussox  adresse  un  nouveau  Mémoire  «  sur  la  quantité  d'air  indis- 
pensable à  la  respiration  durant  le  sommeil  ». 

Ce  travail,  qui  résume  et  complète  deux  précédentes  communications  de 
l'auteur,  séances  du  19  janvier  et  du  1  mars  i863,  est  renvoyé  à  l'examen 
des  Commissaires  alors  désignés:  MM.  Payen  et  Longet. 

M.  Poulet  soumet  au  jugement  de  l'Académie  deux  Mémoires  :  l'un  sur 
la  maladie  de  la  vigne  et  la  maladie  de  la  pomme  de  terre,  considérées  dans 
leurs  rapports  avec  certains  phénomènes  météorologiques,  l'autre  sur  le 
double  mouvement  de  la  sève  et  sur  les  causes  de  cette  circulation. 

Ces  deux  pièces  sont  renvoyées  à  l'examen  d'une  Commission  composée 
de  MM.  Brongniart,  Decaisne  et  Duchartre. 


(  899) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  delà  Marine  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut, 
le  numéro  de  mai  de  la  Revue  Maritime  et  Coloniale. 

M.  le  Ministre  d'Etat  autorise  l'Académie  à  prélever  sur  les  fonds  restés 
disponibles  une  somme  de  "j^o  francs,  pour  couvrir  une  dépense  nécessaire 
à  l'exécution  de  recherches  scientifiques  qu'elle  avait  provoquées. 

M.  le  Ministre  d'État  transmet  l'ampliation  d'un  décret  rendu  sur  sa 
proposition,  en  date  du  6  mai  courant,  à  l'effet  d'autoriser  l'Académie  à 
accepter  le  legs  d'une  rente  de  1000  francs  instituée  par  feu  M.  le  DT  Godard, 
pour  la  fondation  d'un  prix  qui  sera  décerné  chaque  année  à  l'auteur  du 
meilleur  Mémoire  sur  l'anatomie,  la  physiologie  et  la  pathologie  des 
organes  urinaires. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  après  avoir  donné  lecture  de  ce  décret, 
communique  une  Lettre  de  M.  Ch.  Robin,  professeur  à  la  Faculté  de  Méde- 
cine et  exécuteur  testamentaire  de  feu  M.  Ern.  Godard,  qui,  au  nom  de  la 
famille  du  défunt,  annonce  que  le  capital  de  cette  rente  de  iooo  francs  sera 
à  la  disposition  de  1  Académie  du  moment  où  elle  aura  reçu  de  l'État  l'au- 
torisation d'accepter  le  legs. 

M.  le  Secrétaire  perpétdel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Joly,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse,  un  «  Éloge  historique  de 
M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire  ». 

M.  Flourens  lit,  en  second  lieu,  l'extrait  suivant  d'une  Lettre  de  M.  Joly, 
concernant  un  œuf  de  poule  monstrueux. 

«...  Cet  œuf  pesait  1 1 5  grammes;  sa  grande  circonférence  mesu- 
rait om,2io;  la  petite  om, ig5.  Il  était  revêtu  d'une  coque  calcaire,  à  pôles 
très-obtus.  A  l'un  des  pôles,  celui  qui  correspond  au  gros  bout  de  l'œuf, 
était  fixée  ou  plutôt  articulée  une  sorte  d'opercule  conique,  creux  à  l'inté- 
rieur, et  percé  à  son  sommet  d'une  ouverture  par  laquelle  s'échappait  un 
cordon  albumineux,  continuation  évidente  de  l'une  des  chalazes.  Outre  un 
jaune  et  un  blanc  plus  volumineux  qu'à  l'état  normal,  le  gros  œuf  en  ren- 
fermait un  autre  à  coque  épaisse,  mais  à  peine  légèrement  encroûtée  de 
substance  calcaire.  On  n'y  voyait  pas  d'albumine,  et  le  jaune  était  formé 
par  une  masse  granuleuse,  de  couleur  orangée,  mêlée  de  stries  sanguines. 


(  9°°  ) 
Ce  petit  œuf  pesait  i3  grammes,  ce  qui  réduit  a   102  grammes  le  poids  du 
gros  œuf,  y  compris  la  coque  de  celui-ci,  qui  pesait  7  grammes.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 

Correspondance,  les  ouvrages  suivants  : 

—  «  Histoire  des  trois  invasions  épidémiqnes  du  choléra-morbus  au 
Havre,  en  i832,  1848-1849  et  1 853-1  854  »;  par  M.  Lecadre. 

—  «  Guide  de  l'Asthmatique.  Nature  de  l'asthme,  ses  complications, 
son  traitement  rationnel  »>  ;  par  M.  Berger. 

—  «  La  Térabdelle,  ou  machine  pneumatique  opérant  à  volonté  la  sai- 
gnée locale  et  la  révulsion  aux  principales  régions  du  corps  humain  »  ;  par 
M.  Damoiseau. 

—  «  La  Science  populaire,  ou  Revue  du  progrès  des  connaissances  et  de 
leurs  applications  aux  arts  et  à  l'industrie  »  ;  par  M.  J.  Rambosson. 

M.  Léox  Foucault,  dans  une  Lettre  adressée  à  M.  le  Président,  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  ne  plus  le  compter  au  nombre  des  candidats 
pour  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Physique. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —   Recherches   sur  tes   densités  de   vapeur  anomales  , 

par  M.  Aug.  Cahours. 

.i  Dans  une  Thèse  que  j'ai  présentée  au  mois  de  mars  1 845  à  la  Faculté 
des  Sciences  de  Paris,  pour  obtenir  le  grade  de  Docteur,  j'ai  fait  voir  que 
les  vapeurs  de  certains  liquides  ne  se  comportaient  à  la  manière  des  gaz 
permanents  qu'à  des  températures  de  beaucoup  supérieures  à  celles  de  leur- 
point  d'ébullition.  Or,  lorsqu'on  détermine  la  densité  d'une  de  ces  vapeurs 
anomales,  à  partir  de  la  température  d'ébullition  du  liquide  qui  la  fournit 
jusqu'à  la  température  à  laquelle  le  nombre  qui  la  représente  n'éprouve  plus 
de  variations,  il  est  facile  de  s'assurer,  en  effectuant  celte  détermination  à 
des  intervalles  très-rapprochés,  qu'il  n'existe  relativement  à  cette  vapeur, 
jusqu'à  ce  que  cette  limite  soit  atteinte,  aucun  équilibre  particulier  corres- 
pondant à  un  état  défini,  mais  bien  que  ces  différents  points  appar- 
tiennent à  une  courbe  qui  va  se  rapprochant  de  plus  en  plus  de  l'axe  des 
abscisses  pour  lui  devenir  finalement  parallèle  et  le  demeurer  jusqu'au 
moment  où  s'opère  la  dissociation  des  éléments  qui  constituent  la  molécule. 

»  Cette  anomalie,  qu'on  observe  dans  les  produits  les  plus  divers  (corps 


\  901  ï 

simples,  acides,  huiles  essentielles,  chlorures),  paraît  indépendante  de  la 
nature  des  parois  des  vases  qui  renferment  ces  vapeurs,  ainsi  que  j'ai  pu 
m'en  assurer  en  introduisant  des  fils  et  des  feuilles  de  platine  dans  les  vases 
destinés  à  contenir  la  vapeur;  il  en  est  de  même  pour  les  ballons  argentés 
à  l'intérieur.  Ne  pourrait-on  pas  l'attribuer  à  ce  qu'à  des  températures  rap- 
prochées de  celle  de  l'ébuilition  du  liquide  et  de  sa  transformation  en  un 
fluide  aériforme  une  portion  de  ce  liquide  reste  en  dissolution  dans  la 
vapeur  et  vient  par  suite  augmenter  le  chiffre  qui  représente  la  densité?  Cette 
proportion  de  liquide  dissous  à  saturation  dans  la  vapeur,  diminuant  gra- 
duellement à  mesure  que  la  température  s'élève,  finit  par  disparaître  com- 
plètement; seulement  ce  serait  à  partir  de  cette  limite  que  la  vapeur 
obéirait  aux  lois  qui  régissent  les  gaz  permanents. 

»  Un  composé  défini  susceptible  de  fournir  une  vapeur  anomale  étant 
donné,  nous  pouvons  nous  demander  maintenant  quelle  modification  pour- 
rait apporter  dans  la  constitution  moléculaire  de  cette  vapeur  la  substitu- 
tion de  certains  éléments  à  ceux  qui  forment  ce  composé.  Considérons, 
pour  fixer  nos  idées,  l'acide  acétique  dont  la  vapeur  présente  cette  ano- 
malie de  la  manière  la  plus  frappante. 

0  Si  nous  représentons  avec  Gerhardt  ce  composé  par  la  formule 


C*  H3  O- 
H 


O2 


nous  pourrons  effectuer  à  volonté  dans  cette  molécule  des  substitutions 
soit  relativement  à  l'hydrogène  du  radical  acétyle,  soit  à  l'hydrogène  ou  à 
l'oxygène  qui  sont  en  dehors  de  ce  radical.  Les  expériences  que  j'ai  faites  à 
ce  sujet  conduisent  à  cette  conclusion  :  que  lorsqu'on  substitue  dans  ce 
produit  à  l'hydrogène  en  dehors  du  radical  des  corps  susceptibles  d'engen- 
drer des  composés  volatils,  les  divers  dérivés  qui  résultent  de  cette  substi- 
tution ne  présentent  plus  dans  leur  vapeur  d'anomalies  semblables  à  celles 
que  j'ai  signalées  relativement  à  l'acide  normal.  C'est  ainsi  que  les  acétates 
de  méthyle,  d'éthyle,  d'amyle  et  l'acide  acétique  anhydre  lui-même,  qui 
ne  diffère  de  l'acide  normal  qu'en  ce  qu'uu  second  équivalent  d'acétyle 
remplace  la  molécule  d'hydrogène  en  dehors  du  radical,  fournissent  des 
vapeurs  qui  rentrent  dans  la  loi  commune  et  se  comportent  comme  de  véri- 
tables gaz  à  des  températures  très-rapprochées  de  celle  de  leur  ébullition. 
C'est  ce  dont  il  est  facile  de  se  convaincre  en  jetant  les  yeux  sur  le  tableau 

C.  R.,  iS63,  1"  Semestre.   (T.  LVI,N°  J9.  )  ll& 


(  9°*  ) 
suivant  : 

Temp.  à  laquelle 

Tempér.        a  été  déterminée  la  Densité  Densité 

Noms  des  composés.            d'ébullition.        densitédevapeur.  trouvée.  théorique. 

Acétate  de  méthyle. ..  .        58°                        77  2,595  2,585 

id.     d'éthyle 74°                       98  3,087  3>°79 

id.     d'amyle 125°                        148  4,602  4,558 

i37«ài38°          i52  3,673  3,562 

»                  172  3,58o  » 

i85  3,563 

Acide  acétique anhydre.  <  »  _   ,.-. 

»  228  3,534  " 

»  242  3,487  » 

»  255  3,489  » 

»  Remplace-t-on  au  contraire  une  molécule  d'hydrogène  dans  le  radical 
acéryle,  l'anomalie  présentée  par  l'acide  normal  reparaît  de  nouveau,  mais 
d'une  manière  beaucoup  moins  marquée,  comme  on  peut  s'en  convaincre 
à  l'inspection  du  tableau  suivant  : 

Temp.  à  laquelle 
Tempér.        a  été  déterminée  la  Densité  Densité 

Nom  du  composé.  d  ébullition.        densitédevapeur.  trouvée.  théorique. 

/  1880  2o3  3,8io  3,278 

I    »  208  3,762  » 

I    •  222  3  55o  * 

Acide  monochloracétique.  {  ,  „' ,  A 

1  240  3,44J  * 

p  261  3,366  » 

270  3,283  • 

»  Remplace-t-on  l'oxygène  en  dehors  du  radical  par  un  corps  analogue 
tel  que  le  soufre,  l'anomalie  se  montre  beaucoup  plus  faible,  ainsi  que  j'ai 
pu  le  constater  en  opérant  sur  de  l'acide  thiacétique  incolore  de  la  pureté 
duquel  je  m'étais  assuré.  Mais  il  est  impossible  ici  de  pouvoir  tracer  la 
courbe  qui  représente  la  décroissance  de  la  densité  jusqu'au  moment  où  elle 
devient  fixe,  en  raison  de  l'altération  qu'éprouve  cette  substance  à  4o°  à 
peine  au-dessus  de  son  point  d'ébullition.  Je  me  contenterai  donc  de  rap- 
porter les  nombres  que  j'ai  obtenus  jusqu'à  la  température  où  l'altération 
se  manifeste. 

Température  à  laquelle 
Température  a  été  déterminée  Densité  Densité 

d'ébullition.  la  densité  de  vapeur.         trouvée.        théorique. 

/  93  à  g5     incolore no  2,936         2,634 

.  \  »  incolore n5  2,889  * 

Acide   thia-  !  .....                       .  .,                                 0 

\  »            jaune  faiblement  roueeatre.  i-.it  2,770              » 

cetimie.  '    .,  ,Q                          '', 

I         »  fluide,  rougeatre 100  2,704  * 

»  rouge-brun i5t  2,864  * 


(9o3  ) 
»  Les  expériences  précédentes  démontrent  donc  de  la  manière  la  plus 
nette  que  lorsque,  dans  la  vapeur  acétique,  on  remplace  l'hydrogène  métal- 
lique par  un  corps  de  fonction  analogue,  l'anomalie  disparaît,  tandis  qu'elle 
persiste  lorsque  le  remplacement  s'effectue  relativement  à  l'hydrogène  du 
radical.  Mais,  dans  le  cas  que  nous  avons  considéré,  le  corps  qui  se  substitue 
possédant  des  propriétés  antagonistes  de  celles  du  corps  qu'il  remplace,  il 
serait  intéressant  de  rechercher  si  les  choses  se  passeraient  encore  de  la 
même  manière  dans  le  cas  où  i  équivalent  d'hydrogène  du  radical  serait 
remplacé  par  un  corps  de  fonction  chimique  analogue,  tel  que  le  méthyle, 
l'éthyle,  etc.  Malheureusement  toutes  les  tentatives  quej'ai  faites  dans  le  but 
d'engendrer  l'acide  éthylacétique 


C'H^C'H^O2 
H 


Oa 


ont  échoué  jusqu'à  présent,  de  sorte  que  je  ne  saurais  dire  si  le  radical 
éthyle,  qui,  substitué  à  l'hydrogène  remplaçabîe  par  des  métaux,  détruit 
l'anomalie,  la  détruirait  encore  en  se  substituant  à  l'hydrogène  du  radical 
acétyle.  Je  me  suis  assuré  que  l'acide  butyrique  fournissait  des  résultats 
analogues  à  ceux  que  je  viens  de  rapporter. 

»  Je  passe  maintenant  à  des  considérations  d'un  autre  ordre. 
»  Gay-Lussac,  dans  ses  belles  recherches  sur  les  combinaisons  gazeuses, 
nous  a  fait  voir  que,  lorsque  deux  gaz  s'unissent  à  volumes  égaux,  la  com- 
binaison considérée  sous  forme  gazeuse  nous  offre  un  volume  égal  à  la 
somme  des  gaz  qui  concourent  à  la  former,  tandis  qu'on  observe  toujours 
une  contraction  plus  ou  moins  forte  lorsque  les  gaz  s'unissent  à  volumes 
inégaux.  On  ne  connaît  que  deux  exceptions  à  cette  loi,  les  acides  chloro- 
carbonique  et  chlorosulfurique. 

»  Lorsqu'on  met  en  présence  des  volumes  égaux  de  gaz  chlorhydrique 
et  de  gaz  ammoniac,  ils  s'unissent  intégralement,  et  la  combinaison  par- 
faitement, neutre  qui  naît  de  ce  contact  présente,  d'après  MM.  Mitscherlich 
et  Sainte-Claire  Deville,  un  volume  rigoureusement  égal  à  la  somme  des 
volumes  des  gaz  employés  à  la  former,  c'est-à-dire  à  8  volumes. 

»  MM.  Cannizzaro,  H.  Kopp,  Pebal,  Wanklyn  et  Robinson  attribuent 
cette  différence  à  la  dissociation  des  éléments  du  sel,  ce  qu'on  ne  saurait 
admettre  d'après  les  belles  expériences  de  M.  Sainte-Claire  Deville,  qui 
démontrent  que,  bien  loin  qu'il  y  ait  dissociation,  le  sel  ammoniac  formé 
présente  plus  de  stabilité  que  l'un  de  ses  deux  éléments,  le  gaz  ammoniac. 

118.. 


[  9°4  ) 
Ce  n'est  pas  là  un  fait  isolé,  et  j'ai  démontré  depuis  longtemps  que  le  pet- 
chlorure  de  phosphore,  dont  la  molécule  correspond  également  à  8  volumes 
de  vapeur,  et  que  j'ai  considéré  par  suite  comme  résultant  de  l'union  de 
volumes  égaux  de  protochlorure  de  phosphore  et  de  chlore,  fournit  ces 
résultats  à  des  températures  hien  inférieures  à  celle  à  laquelle  la  dissocia- 
tion peut  s'opérer. 

»  Met-on  maintenant  en  présence  l'acide  chlorhydrique  et  l'essence  de 
térébenthine,  l'acide  chlorhydrique  et  l'amylène,  le  caproylène,  le  caprv- 
lène,  etc.,  4  volumes  de  ces  carbures  s'unissent  à  la  manière  de  l'ammo- 
niaque à  4  volumes  de  gaz  chlorhydrique  pour  former  des  composés  neutres 
comme  le  sel  ammoniac;  dès  lors  on  devait  s'attendre  à  voir  la  combinaison 
fournir  8  volumes  de  vapeur.  Eh  bien,  il  n'en  est  rien,  et  l'expérience  m'a 
prouvé  qu'à  la  manière  de  la  plupart  des  composés  organiques  volatils  la 
molécule  de  ces  produits  correspond  à  4  volumes  de  vapeur.  C'est  ce  dont 
on  peut  s'assurer  à  l'inspection  du  tableau  suivant  : 

Température 

à  laquelle  Densité 

a  été  déterminée  théorique 

Température        la  densité        Densité  rapportée 

Noms  des  composés.                d'ébullition.       de  vapeur.        trouvée.  à  \  volumes 

Chlorhydrate  d'essence  de  té-  |  23t  6,121) 

rébenthme j  ^  g^  j  ™yenne  6,o83     6,o5o 

Chlorhydrate  d'amylène. ..  .      85  à     90  141  3,75o  3, 721 

Chlorhydrate  de  caproylène.      108  à    112  162  4>2^6  4>2,4 

Chlorhydrate  de .  caprylène. .       1 55  à   160  196  5,3 1  1  5,2on 


»  Or,  comment  expliquer  la  différence  qu'on  observe  dans  ces  deux  cas. 
si  parfaitement  semblables  et)  apparence?  Comment  la  molécule  du  chlor- 
hydrate d'ammoniaque  correspond-elle  à  8  volumes  de  vapeur,  tandis  que 
la  molécule  des  chlorhydrates  de  térébenthine,  d'amylène,  de  caproylène. 
de  caprylène,  correspond  à  4  volumes?  La  réponse  me  paraît  facile. 

»  Dans  le  contact  du  gaz  chlorhydrique  et  du  gaz  ammoniac,  corps 
doués  de  propriétés  éminemment  antagonistes,  mais  dans  lesquels  la  satu- 
ration est  satisfaite,  il  y  a  pour  ainsi  dire  simple  juxtaposition  des  deu\ 
binaires  mis  en  présence,  chacun  conservant  dans  la  combinaison  ses  pro- 
priétés constitutives.  Lorsqu'on  met,  au  contraire,  ce  même  hydracifle  en 
présence  de  l'amylène  et  de  ses  homologues,  dans  lesquels  le  carbone  n'a 
pas  atteint  la  limite  de  saturation,  il  tend  à  se  produire  des  composés  de  la 


(  9°5  ) 
forme 

C2mH2mX2, 

X2  pouvant  représenter  un  corps  simple,  tel  que  H2,  Cl2,  Br2,  Cy2, 
ou  leur  équivalent,  HCl,  HBr,  etc.  Dans  la  molécule  des  composés 
engendrés  par  ce  contact,  le  chlore  ou  le  brome  n'y  existent  plus  à  l'état 
d'acides  chlorhydrique  ou  bromhydrique  unis  à  une  matière  qui  les  neu- 
tralise, ni  sous  forme  de  chlore  ou  de  brome  associés  à  un  radical  analogue 
aux  métaux;  il  y  existe  en  quelque  sorte  à  l'état  latent,  et  ce  qui  le  prouve 
d'une  manière  incontestable,  c'est  l'inactivité  de  ces  corps  à  l'égard  d'une 
solution  alcoolique  d'azotate  d'argent,  alors  que  le  sel  ammoniac  éprouve 
une  décomposition  immédiate  avec  précipitation  de  chlorure  d'argent.  La 
désignation  de  chlorhydrates  et  de  bromhjdrales  qu'on  applique  à  ces  com- 
posés est  évidemment  impropre;  il  est  plus  convenable  de  les  considérer 
comme  des  groupements  isomères  des  éthers  chlorhydramilique,  bromhy- 
dramilique,  etc.,  et  n'en  différant  que  par  une  tendance  supérieure  à  se 
scinder  en  hydracides  et  en  hydrocarbures  qui  ont  concouru  à  leur 
formation. 

»  L'acide  acétique  formant  avec  l'ammoniaque  un  composé  neutre  résul- 
tant de  l'union  de  volumes  égaux  de  la  vapeur  acide  et  du  gaz  alcalin,  je 
pensai  que  la  vapeur  de  ce  produit  devait  correspondre  à  8  volumes  comme 
celle  du  sel  ammoniac.  Les  expériences  que  j'ai  faites  a  ce  sujet  m'ont  donné 
des  nombres  complètement  en  désaccord  avec  cette  hypothèse.  Comme  ce 
sel  perd  de  l'ammoniaque  à  la  distillation  et  se  change  en  biacétate,  il  était 
assez  probable  que  la  densité  trouvée  devait  se  rapporter  à  ce  sel  ;  or  il  n'en 
est  rien  non  plus.  Pour  résoudre  cette  question,  j'ai  chauffé  de  l'acétate 
d'ammoniaque  bien  cristallisé  dans  un  ballon,  au  bain  d'huile,  à  une  tempé- 
rature de  200°  environ;  la  vapeur  dégagée  présentait  tantôt  une  réaction 
alcaline,  tantôt  une  réaction  acide;  le  résidu  renfermé  dans  le  ballon  était 
magnifiquement  cristallisé,  ne  présentait  de  réaction  ni  acide,  ni  alcaline;  il 
dégageait  de  l'ammoniaque  en  abondance  lorsqu'on  le  chauffait  avec  de  la 
potasse  caustique  et  bouillait  régulièrement  sans  éprouver  d'altération  entre 
21 8°  et  220°.  Il  représentait  tous  les  caractères  de  l'acétamide,  résultat  que 
l'analyse  a  pleinement  confirmé.  Or,  trois  nombres  concordants  obtenus 
dans  la  recherche  de  la  densité  de  vapeur  m'ont  donné  en  moyenne.  2,10 
»  Le  calcul  donne  pour  densité  de  la  vapeur  de  l'acétamide.  .  .  2,06 
»  Les  sels  ammoniacaux  formés  par  les  oxacides  fournissent  des  résultats 
semblables;  nous  ne  saurions  donc  arriver  à  connaître  leur  densité  sous 


(9«6  ) 
forme  gazeuse  et  sa\oir  par  suite  si  leur  molécule  est  comparable  à  celle  des 
composés  formés  par  des  hydracides.   » 

GÉOMÉTRIE  ANALYTIQUE.  —  Des  transformations  doubles  des  figures.  Transfor- 
mation des  figures  par  normales  à  la  sphère  réciproques;  Note  de  M.  l'abbé 
Aoist,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

o  Définition.  —Soit  une  sphère  dont  le  centre  est  en  un  point  donné  O, 
et  dont  le  rayon  est  d'une  longueur  donnée  ft;  si  d'un  point  a  appartenant 
à  une  figure  on  mène  une  normale  à  la  sphère,  elle  la  rencontre  en  deux 
points  diamétralement  opposés  a,  a,  ;  si  l'on  choisit  un  point  A  situé  sur 
cette  normale,  et  satisfaisant  à  la  relation  aa  X  Aa  =  p.-,  le  point  A  est  le 
point  transformé  du  point  a  par  normales  à  la  sphère  réciproques  suivant 
le  carré  du  rayon.  On  peut  choisir  sur  la  même  normale  un  second  point  A, 
satisfaisant  à  la  relation  A,  a,  -+-  aa,  =  pr;  le  point  A,  est  un  second  point 
transformé  du  point  a.  Ainsi,  dans  ce  système,  chaque  point  de  la  figure 
donnée  a  deux  points  correspondants  dans  la  figure  transformée.  Ces  deux 
points  sont  dits  conjugués  entre  eux. 

»  Propriétés  des  points  correspondants  à  un  point  donné.  —  Si  l'on  décrit  du 
point  O  une  sphère  de  rayon  2 p.,  et  qu'on  appelle  x,  Xt  ses  intersections 
avec  le  rayon  vecteur  Oa,  on  a  les  deux  relations  : 


l                  12 

1               1 

2 

.       — 4—   —  *"~ ?  — ^—  • 

H   777T 

—  ^ 

Or         OR          0*1, 

Or         OR, 

OA,, 

un  rayon  vecteur  étant  positif  ou  négatif  suivant  qu'on  le  compte  d'un  côté 
ou  du  côté  opposé  à  partir  du  point  O.  On  déduit  de  là  : 

»  i°  Tout  point  R  transformé  d'un  point  r  est  son  conjugué  harmonique 
par  rapport  au  centre  O,  et  au  point  X  où  la  normale  rencontre  la  sphère 
de  rayon  2/x. 

»  i°  Deux  points  R,  R,  transformés  d'un  même  point  /•,  ou  leurs  symé- 
triques par  rapport  au  point  O,  sont  conjugués  harmoniques  entre  eux  par 
rapport  au  point  O  et  au  point  r. 

»  Il  résulte  de  là  une  construction  générale  des  points  transformés  R,  R,, 
ainsi  qu'une  discussion  facile  des  positions  de  ces  points  lorsque  le  point  r 
prend  toutes  les  positions  possibles. 

»  3°  Tout  point  r  situé  sur  la  sphère  de  rayon  au.  est  lui-même  l'un  de 
ses  transformés. 


(  9°7  ) 
»   Formules  de  transformation.  —  Soient  x,  y,  z;  X,  Y,  Z  les  coordonnées 
des  points  r,  R  dans  le  système  rectangulaire  dont  l'origine  est  enO.  Repré- 
sentons par  les  lettres/',  R, . . .  les  distances  Or,  OR,  ...;nous  aurons  K-s 
deux  séries  de  formules  : 

pR  ftX  f*Y  f»Z 

'-r-j;'    *-*=?    /-r^'     Z-T^' 

/•  —  fi  r  —  p  r  —  f/.  r  —  fi 

»  Principes  de  transformation.  —  i°  Une  surface  du  degré  m  a  pour  trans- 
formée une  surface  du  degré  im. 

»  i°  La  transformée  du  plan  est  une  surface  du  second  ordre  de  révolu- 
tion dont  le  foyer  est  en  O,  et  dont  le  plan  directeur  est  le  symétrique  du 
plan  donné  par  rapport  au  point  O  ;  le  plan  mené  par  le  point  O  parallèle- 
ment au  plan  donné  partage  la  surface  en  deux  régions  dont  l'une  contient 
les  points  transformés  de  première  espèce,  et  dont  l'autre  contient  les  points 
transformés  de  seconde  espèce.  Suivant  cpie  le  plan  est  extérieur,  tangent 
ou  sécant  par  rapport  à  la  sphère  de  rayon  p.,  la  surface  est  un  ellipsoïde, 
un  paraboloïde  ou  un  hyperboloïde  à  deux  nappes. 

»  On  déduit  de  là  que  tout  plan  passant  par  le  point  O  est  lui-même  son 
transformé;  que  deux  plans  quelconques  ont  pour  transformées  deux  sur- 
faces de  révolution  du  second  ordre  ayant  un  foyer  commun,  et  dont  les 
plans  directeurs  font  entre  eux  le  même  angle  que  les  plans  donnés. 

»  3°  La  transformée  d'une  droite  est  une  conique  dont  le  foyer  est  en  O, 
et  dont  la  directrice  est  la  symétrique  de  la  droite  donnée  par  rapport  au 
point  O.  La  parallèle  menée  par  le  point  O  à  la  droite  donnée  partage  la 
conique  en  deux  arcs  dont  l'un  contient  les  points  transformés  de  première 
espèce  et  dont  l'autre  contient  les  points  transformés  de  seconde  espèce. 

»  Toute  droite  passant  par  le  point  O  est  elle-même  sa  transformée.  Deux 
droites  quelconques  ont  pour  transformées  deux  coniques  de  même  foyer, 
et  dont  les  directrices  font  entre  elles  l'angle  des  deux  droites  données. 

»  4°  Une  courbe  située  sur  une  surface  a  pour  transformée  la  courbe 
d'intersection  de  la  transformée  de  sa  surface  avec  le  cône  qui  a  son  sommet 
en  O,  et  qui  passe  par  la  courbe  donnée. 

»  Propriétés  descriptives  d'une  figure  et  de  la  fi  pire  transformée.  —  Une  pro- 
priété descriptive  d'une  figure  existe  aussi  dans  la  figure  transformée,  pourvu 
qu'on  remplace  les  lignes  droites  par  les  arcs  de  conique  qui  en  sont  les 


(  9°8  j 
transformées.  C'est  ainsi  que  les  théorèmes  de  Pascal  et  de  Bnanchon  sur 
l'hexagone  s'étendent  à  l'hexagone  transformé,  etc. 

»  Propriétés  métriques.  —  Une  propriété  métrique  et  projective  d'une 
figure  existera  dans  la  figure  transformée,  pourvu  que  tout  segment  linéaire 
de  la  figure  donnée,  tel  que  ab,  soit  remplacé  dans  la  relation  projective  par 
un  triangle  ayant  pour  base  la  distance  AB  des  deux  points  transformés  et 
son  sommet  au  point  O. 

»  C'est  ainsi  que  le  théorème  de  Desargues  sur  l'involution  des  points 
d'intersection  d'une  transversale  avec  les  côtés  et  les  diagonales  d'un  qua- 
drilatère donnant  la  relation  projective  : 

ab  X  cb'  xa'c'  —  a'b'  X  c'  b  xac, 

a, a';  A,  b'',  c,  c'   étant  les  points  situés  sur  les  côtés  opposés  ou  sur  les 
diagonales,  dans  la  figure  transformée  on  aura 

tr.  AOB  X  tr.  COB'  x  tr.  A' OC  =  tr.  A' OB'  X  tr.  C'OB  X  tr.  AOC. 

»  Si  la  propriété  métrique  n'est  pas  projective,  la  transformation  se  fera  en 
remarquant  que  si  l'on  appelle  p  la  perpendiculaire  menée  du  point  O  sur 
!e  segment  linéaire  ab  de  la  figure  donnée;  «,  |3,  les  points  d'intersection 
des  rayons  vecteurs  oa,  ob,  avec  la  sphère  de  rayon  pi  ;  A,  B,  les  points  cor- 
respondants des  points  a,  b,  on  a  la  relation 

,  „    tr.  AOB 

Soient  trois  points  en  ligne  droite,  a,  b,  c  ;  on  a 

ab-{-  bc  -hca—o. 

On  aura  donc,  pour  le  triangle  inscrit  dans  une  conique,  la  relation 

AOB  BOC  COA      _ 

7ÂX~p  "*"  PB  X7C  +  7CX«A_0' 

»  Tangente  à  ta  courbe  transformée.  —  Soit  une  courbe  passant  par  un 
point  r,  et  sa  transformée  passant  par  le  point  correspondant  B.  Soit  I  le 
point  d'intersection  des  tangentes  à  ces  deux  courbes  aux  points  r,  B  ;  nom- 
mons i  la  projection  du  point  I  sur  le  rayon  vecteur  or  :  on  a  la  re- 
lation 

Or  ir 

OR  —  Tr' 

On  déduit  de  là  :  la  projection  du  point  d'intersection  de  la  tangente  a  une 
courbe,  et  de  la  tangente  à  sa  transformée,  en  deux  points  correspon- 


(  9°9  ) 
dants  r,  R,  est  le  conjugué  harmonique  du  centre  O  par  rapport  aux  deux 
points  correspondants  r,  R.  Ce  point  est  le  point  d'intersection  X  du  rayon 
vecteur  Or  avec  la  sphère  de  rayon  a  p.. 

»  Pour  construire  les  tangentes  des  deux  arcs  transformés  d'une  courbe 
donnée,  aux  points  conjugués  R,  R,  correspondants  du  point  r,  menez  la 
tangente  au  point  rk  la  courbe  donnée,  les  plans  tangents  à  la  sphère  ap. 
aux  points  où  le  rayon  vecteur  rencontre  cette  sphère;  par  les  deux  points 
d'intersection  I,  I,  de  la  tangente  avec  ces  deux  plans,  tirez  les  deux 
lignes  1R,  I,  R,  aux  deux  points  conjugués  R,  R,.  Ces  deux  droites  seront 
les  tangentes  des  courbes  transformées. 

»  Il  faut  remarquer  que  le  point  d'intersection  M  des  deux  tangentes  aux 
points  conjugués  R,  R,  se  trouve  à  la  fois  situé  sur  une  perpendiculaire  au 
point  O  au  rayon  vecteur  Or,  et  sur  la  droite  symétrique  par  rapport  au 
point  O  de  la  tangente  en  /•  à  la  courbe  donnée.  Donc,  si  dans  la  construc- 
tion précédente  on  faisait  usage  du  point  M,  en  joignant  ce  point  aux 
points  I,  I,,  on  déterminerait  par  une  seule  opération,  et  les  points  conju- 
gués R,  R,,  et  les  tangentes  en  ces  points  aux  deux  courbes  transformées. 
La  construction  du  plan  tangent  à  une  surface  transformée  se  fait  de  la 
même  manière. 

»  Rayon  de  courbure  géodésiquc.  —  Soient  p  et  m  les  rayons  de  courbure 
géodésique  de  la  courbe  et  de  sa  transformée  aux  points  correspondants  /•,  R, 
ces  rayons  de  courbure  géodésique  se  rapportant  à  la  surface  conique  qui 
contient  ces  deux  courbes,  et  dont  le  sommet  est  en  O;  soient  n,  •£  les  pro- 
jections triples  successives  de  ces  rayons  de  courbure  sur  le  rayon  vecteur, 
de  telle  sorte  que 

/\  /~\ 

n  =  p  cos3  rp  ,       $  =  a  cos3  Ra  ; 

on  aura  les  deux  relations  harmoniques  : 

I  I  2  !  I  ?. 

Û  +  <r  —  ÔX  '    ï  +  <£  ~  ôx ,  ' 

Ainsi  la  proportion  harmonique  qui  a  donné  les  points  correspondants,  les 
tangentes  correspondantes,  donnera  d'une  manière  analogue  les  rayons  de 
courbure  géodésique  correspondants.    » 

chimie  GÉOLOGIQUE.  —  Analyse  d'une  eau  acide  du  volcan  de  Popocatepetl, 
au  Mexique;  par  M.  J.  Lefort. 

«   Tous  les  géologues  et   les  chimistes   savent  que  certains  volcans  en 

C.  R  ,  |863,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N»   10.)  I  IO, 


(  9'°  ) 
activité,  appartenant  plus  particulièrement  à  l'Amérique  centrale  et  à  l'Amé- 
rique méridionale,  émettent,  avec  des  gaz,  parmi  lesquels  existent  surtout 
les  acides  sulfureux,  chlorhydrique,  carbonique  et  suif  hydrique,  des  eaux 
acides  qui  empruntent  leur  minéralisation  spéciale  aux  produits  de  décom- 
position de  quelques-uns  de  ces  gaz  entre  eux  et  aux  terrains  qu'elles  tra- 
versent. Comme  exemples  les  plus  remarquables,  nous  citerons  les  eaux 
provenant  directement  du  Paramo  de  Ruiz  et  l'eau  courante  du  Pasambiô 
ou  Rio  Vinagre,  qui  reçoit  les  sources  acides  du  volcan  de  Puracé. 

a  Devant  à  l'obligeance  d'un  voyageur  français,  M.  J.  Laveirière,  chargé 
en  1857  par  le  gouvernement  mexicain  de  diriger  une  mission  scientifique 
aux  montagnes  volcaniques  du  Popocatepetl  et  de  l'Iztaccihuatl,  un  litre 
environ  d'eau  puisée  dans  le  cratère  du  premier  de  ces  volcans,  nous  avons 
pensé  que  l'analyse  de  ce  liquide  nous  fournirait  peut-être  l'occasion  d'en- 
registrer des  faits  nouveaux  ou  au  moins  de  confirmer  quelques-uns  des 
résultats  observés  par  nos  devanciers. 

»  D'après  M.  Laveirière,  qui  a  bien  voulu  nous  communiquer  la  relation 
de  sa  mission,  la  paroi  supérieure  du  cratère  est  recouverte  de  neiges 
éternelles.  Au-dessous  de  la  limite  de  celle-ci,  l'air  est  chargé  d'émanations 
sulfureuses  provenant  en  partie  de  l'intérieur  du  cratère,  en  partie  de  la 
précipitation  des  vapeurs  qui  sortent  des  fumerolles  supérieures. 

»  Le  centre  du  cratère  est  couvert  de  neige  ou  de  glace  mélangée  à  des 
matières  étrangères,  telles  que  sable,  cailloux  et  soufre.  Tout  autour,  et  à 
des  niveaux  variables,  on  voit  vomir  des  jets  de  vapeur  et  d'eau  que  l'on 
désigne  sous  le  nom  de  respiraderos.  Les  respiraderos  ressemblent  à  une 
colonne  de  fumée  sortant  de  la  cheminée  d'une  locomotive  et  n'ont  pas 
moins  de  G  à  g  mètres  de  diamètre.  La  puissance  du  jet  est  très-forte, 
et  la  température  est  si  élevée,  qu'un  thermomètre,  dont  le  maximum  mar- 
quait 94  degrés  centigrades,  mis  en  travers,  a  éclaté. 

»  Tout  autour  des  respiraderos  se  trouve  le  soufre  précipité  soit  par  les 
gaz,  soit  par  les  eaux.  On  le  rencontre  à  des  états  différents  :  en  petites 
masses  compactes,  à  cassure  brillante  et  d'une  grande  pureté;  en  granules 
mélangés  à  du  sable;  à  l'état  de  poudre  déposée  par  les  vapeurs  qui  se  sont 
condensées  sur  les  parois  verticales. 

»  L'eau  qui  s'accumule  dans  l'intérieur  du  cratère  a  une  couleur  jaune- 
verdâtre,  par  suite  du  soufre  qu'elle  tient  en  suspension.  «  Elle  ronge,  dit 
»  M.  Laveirière,  tont  ce  qu'on  y  jette,  ce  qui  fait  présumer  qu'elle  con- 
..    tient  des  acides.    » 

Apres  sa  filtration,  c'est  un  liquide  incolore,  inodore,  d'une  saveur 


(  9"  ) 
fortement  acide,  précipitant  abondamment  en  blanc  par  les  nitrates  de 
baryte  et  d'argent,  en  blanc  rongeâtre  par  les  alcalis  caustiques  ou  leurs 
carbonates;  ne  donnant,  après  sa  neutralisation  au  moyen  de  l'ammo- 
niaque, que  des  réactions  très-peu  apparentes  avec  l'oxalate  d'ammoniaque 
et  le  phosphate  de  soude,  et  enfin  dégageant  de  l'hydrogène  en  présence 
du  zinc. 

»  Exposée  progressivement  à  l'action  de  la  chaleur,  celte  eau  s'est 
colorée  vers  la  fin  de  l'opération  en  même  temps  qu'elle  a  laissé  dégager 
des  vapeurs  chlorhydriques.  Elle  a  enfin  abandonné  un  résidu  brun  foncé 
qui  répandait  l'odeur  caractéristique  des  matières  organiques  soumises  à 
l'action  combinée  de  la  chaleur  et  des  acides  minéraux  concentrés. 

»  ioo  centimètres  cubes  de  ce  liquide  nous  ont  donné  après  son  évapora- 
tion  un  résidu  qui,  chauffé  au  rouge,  pesait  ogr,6g6,  et  1000  centimètres 
cubes  nous  ont  fourni  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

Acide  chlorlivdrique i  i  ,009 

Acide  sulfurique 3,643 

Alumine i  ,080 

Soude °;t>99 

Chaux,  magnésie,  silice Indices 

Arsenic Id. 

Oxyde  de  fer 0,081 

Matière  organique Proportion  très-sensible. 

17  ,5l2 

»  Nous  n'avons  pu  constater  dans  cette  eau  la  présence  de  l'iode,  du 
brome,  de  l'ammoniaque  et  de  l'acide  phosphorique. 

»  En  admettant  que  toutes  les  bases  sont  saturées  par  l'acide  sulfurique 
et  par  une  partie  de  l'acide  chlorhydrique,  on  trouve  que  l'eau  acide  du" 
Popocatepetl  contient  1  pour  100  environ  de  son  poids  d'acide  chlorhy- 
drique à  l'état  de  liberté.  Sous  ce  premier  rapport,  elle  diffère  un  peu  des 
eaux  acides  volcaniques  de  la  Nouvelle-Grenade,  puisque,  d'après  les  ana- 
lyses de  MM.  Boussingault  et  Lewy,  l'eau  du  Paramo  de  Ruiz  renferme 
deux  fois  plus  d'acide  sulfurique  que  d'acide  chlorhydrique  à  l'état  de 
liberté,  et  que  les  eaux  du  Rio  Vinagre,  moins  acides,  il  est  vrai,  que  la 
précédente,  contiennent  des  quantités  à  peu  près  égales  d'acide  sulfurique 
et  d'acide  cblorhydrique  libres. 

»   Une  remarque  assez  intéressante,  c'est  la  prédominance  de  l'alumine 

119.. 


(  9'2  ) 
par  rapport  aux  autres  bases,  prédominance  que  Ton  observe  encore  dans 
les  eaux  du  Paramo  de  Riiiz  et  du  Pasambiô. 

»  L'absence  presque  complète  de  la  chaux,  de  la  magnésie  et  de  la 
silice  dans  cette  eau,  alors  que  les  eaux  volcaniques  de  même  nature  en 
renferment  des  quantités  très-pondérables,  mérite  d'être  signalée. 

»  La  proportion  très-sensible  de  matière  organique  qu'elle  contient  a 
sans  doute  la  même  origine  que  l'hydrogène  carboné  doué  d'une  orleur 
bitumineuse  que  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  a  constaté  en  1861,  à  l'entrée 
de  la  ville  de  Torre  del  Greco,  dans  l'une  des  fissures  de  la  dernière  érup- 
tion du  Vésuve.  A  cet  égard,  nous  ferons  observer  que  les  sources  miné- 
rales qui  émergent  des  terrains  volcaniques  anciens,  telles  que  celles  de 
l'Auvergne,  renferment  presque  toujours  de  la  matière  organique  bitumi- 
neuse, et  cela  en  quantité  d'autant  plus  appréciable,  que  les  eaux  sont  plus 
riches  en  chlorure  de  sodium. 

»  Si  on  compare  maintenant  la  nature  des  gaz  et  des  produits  fixes  qui 
proviennent  du  grand  volcan  mexicain  avec  ceux  qui  ont  été  signalés  parmi 
les  substances  émises  par  quelques-uns  des  volcans  de  l'Italie  et  de  la  Nou- 
velle-Gi'enade,  comme  les  centres  éruptifs  de  Vulcano,  de  l'Etna,  du  Pa- 
ramo de  Ruiz  et  du  Puracé,  on  constate  d'abord  une  certaine  analogie,  et 
de  plus  que  ces  volcans,  qui  donnent  naissance  à  des  vapeurs  chlorhydro- 
sulfureuses,  sont  alimentés  par  les  mêmes  principes,  c'est-à-dire  par  des 
gisements  de  soufre,  de  sel  gemme  et  de  bitume,  association  si  fréquente 
comme  on  sait  en  Sicile,  en  Espagne,  dans  les  Pyrénées  et  peut-être  en 
Auvergne.  » 

GÉOLOGIE.  —  Remarques  de  M.  Ce.  Sainte-Clause  Deville  sur  le  Mémou  < 

de  M.  Jules  Lefort. 

«  L'intéressant  travail  de  M.  Lefort,  qui  fournit  les  premières  données 
chimiques  certaines  sur  les  émanations  du  plus  élevé  des  volcans  de  la  chaîne 
mexicaine  (1),  m'a  engagé  à  remettre  à  cet  habile  chimiste,  pour  être  étudiés 
comparativement,  quelques  produits  analogues  que  j'ai  recueillis  dans  mes 
divers  voyages  aux  centres  volcaniques  de  l'Italie  méridionale,  et  que  d'autres 
occupations  m'avaient  toujours  empêché,  jusqu'à  ce  moment,  d'examiner 
moi-même. 


(1)  M.  de  Humliolùt  (Essai  sur  la  Nouvcllè-Espagnë)  attribue  respectivement  au  Popoca- 
tepetl  et  à  l'Iztaccihuatl  les  altitudes  de  5  4oo  et  47^  mètres. 


(9'3) 

»  Voici  la  liste  de  ces  produits,  dans  lesquels  M.  Lefort  a  dosé  le  soufre 
à  l'état  d'acide  sulfurique  et  le  chlore  à  l'état  d'acide  chlorhydrique. 

»  Etna.  — I.  Produit  de  la  condensation  de  fumerolles  qui,  au  sommet 
du  volcan,  déposaient  une  grande  quantité  de  soufre.  Ce  liquide  est  très- 
acide  et  contient  : 

Pour  ioo  centimètres  cubes. 

er 

Acide  chlorhydrique i  ,481 

Acide  sulfurique °»299 

1,780 

«  Vulcano.  —  IL  Condensation  des  fumerolles,  qui,  dans  l'intérieur  du 
grand  cratère,  donnent  l'acide  borique,  accompagné  de  substances  très  va- 
riées (voir  ma  Neuvième  Lettre  à  M.  Elie  de  Beaumont). 

Pour  100  centimètres  cubes. 

S' 
Acide  chlorhydrique 0)671 

Acide  sulfurique o  ,653 

1  ,324 

»  Les  gaz  qui  s'échappaient  avec  la  vapeur  d'eau  condensée,  recueillis  par 
moi  sur  les  lieux,  le  8  juillet  i856,  puis  analysés  par  M.  Le  Blanc  et  moi, 
contenaient  3ç), i3  pour  100  d'acide  sulfureux,  le  reste  étant  de  l'air  mé- 
langé. 

»  III.  Condensation  des  fumerolles  sulfureuses  de  la  fissure  située  sur  le 
flanc  nord  du  cône. 

Pour  100  centimètres  cubes. 

er 

Acide  chlorhydrique 0,002 

Acide  sulfurique 0,061 


o,o63 

»  J'ai  trouvé  sur  les  lieux,  dans  lesgazqui  accompagnaient  là  vapeur  con- 
densée, jusqu'à  89  pour  100  d'acide  sulfureux,  et  l'un  des  échantillons  re- 
cueillis nous  a  encore  donné,  à  M.  Le  Blanc  et  à  moi,  8/4  pour  roo  de  ce 
gaz. 

«  Vésuve.  —  IV.  Eau  de  lavage  des  vases  exposés  aux  fumerolles  sèches  de 
la  lave  de  1 855.  A  peine  acide,  ne  donne  qu'un  très-faible  précipité  par 
le  nitrate  d'argent. 

»  V.  Eau  de  condensation  des  fumerolles  acides  de  la  même  lave.  Liquide 
jaune  clair,  très-acide,  précipitant  abondamment  parle  nitrate  d'argent  et 
donnant  avec  le  chlorure  de  baryum  un  précipité  faible,  mais  pondérable. 

»   Ces  deux  condensations  ont  été  faites  le  6  juin  i856,  dans  la  Vetrana, 


(9'4) 

a  deux  points  de  la  lave  très-voisins  l'un  de  l'autre.  Je  renvoie,  pour  les 
conditions  du  gisement  et  pour  l'analyse  de  l'air  cpii  accompagnait  les 
deux  ordres  d'émanation,  à  ma  Sixième  Lettre  à  M.  Elie  de  Beaumont.  Il 
sera  facile,  d'ailleurs,  de  s'assurer  que  les  deux  analyses  suivantes  confir- 
ment remarquablement  mes  conclusions. 
«   M.  Lefort  a  trouvé  : 

Pour  ioo  centimètres  cubes  de  chaque  liqueur. 

IV.  \. 

Sr  C 

Acide  chlorhydrique o,oo4  io,3?.i 

Acide  sulfurique 0,000  °>44° 

o,oo4  10,761 

y.  VI  et  VII.  Les  deux  produits  suivants  résultent  de  la  condensation  de 
vapeurs  acides  qui  se  dégagaient,  en  1 355  et  1 856,  du  bord  oriental  d'un  des 
gouffres  formés,  en  février  i85o,  sur  le  plateau  supérieur  du  Vésuve. 

Pour  100  centimètres  cubes  de  la  liqueur. 

VI.  VII. 

gr  gr 

Acide  chlorhydrique 1 ,289  3,54i 

Acide  sulfurique 0,327  o,o55 

1 ,616  3,696 

»  On  est  frappé  de  la  différence  que  présentent  ces  deux  liqueurs,  con- 
densées aux  mêmes  fumerolles. 

»  Mais  il  faut  remarquer  que  les  époques  étaient  différentes.  Le  premier 
échantillon  a  été  recueilli  en  juillet  1 855,  le  second  en  septembre  i855.  Or. 
en  lisant  mes  Lettres,  on  verra  comment,  à  la  première  époque,  les  mani- 
festations éruptives  se  concentraient  autour  au  foyer  advenlif  on  de  la  lave 
récente,  tandis  que,  plus  tard,  l'intensité  éruptive  maxima  tendait  à  se  re- 
constituer à  son  centre  normal,  c'est-à-dire  au  sommet  du  volcan. 

»  Cette  conclusion  s'applique  sans  réserve  aux  quantités  d'acide  chlorhy- 
drique trouvées;  quant  aux  proportions  relatives  entre  l'acide  chlorhy- 
drique et  l'acide  sulfurique,  on  n'en  peut  rien  déduire  d'absolu  sur  leur 
variation,  parce  que,  dans  le  premier  cas,  les  vapeurs  étaient  condensées 
dans  une  dissolution  de  soude  caustique,  tandis  que  dans  le  second  elles 
étaient  simplement  condensées  par  le  refroidissement,  et  qu'il  a  pu,  par 
conséquent,  s'échapper,  dans  ce  dernier  cas,  une  petite  quantité  d'acide 
.sulfureux. 

*   Grande  solfatare  de  Pouzzoles,  3i  juillet   i85G.   -VIII,  IX.   Vapeurs 


(9i5) 
condensées,  dans  une  dissolution  de  soude  caustique,  à  la  bouche  même  de 
la  grande  solfatare,  et  sur  de  petits  orifices  situés  dans  la  roche  immédia- 
tement au-dessus  de  cette  bouche. 

Pour  ioo  centimètres  cubes. 

VIII.  IX. 

Acide  chlorhydrique °>279         0,068 

Acide  sulfurique o,35o         0,019 

0,629  0,087 
»  X.  Enfin  le  dernier  produit  examiné  par  M.  Lefort  a  une  origine  en- 
tièrement comparable  à  celle  du  produit  provenant  du  Popocate|jetl,  et 
examiné  par  lui.  C'est  une  eau  qui  se  condense  naturellement  sur  les  parois 
ntérieures  de  la  grotte  de  la  grande  solfatare,  et  dont  j'ai  recueilli  le  suin- 
tement. Ce  liquide  possède  une  réaction  fortement  acide.  Exposé  progres- 
sivement à  l'action  de  la  chaleur,  il  acquiert  une  teinte  jaunâtre  vers  la  fin 
de  la  concentration.  Lorsque  les  sels  minéraux  qu'il  contient  commencent 
à  paraître,  le  résidu,  d'un  brun  foncé,  dégage  des  vapeurs  chlorhydriques 
et  répand  l'odeur  propre  aux  matières  organiques  soumises  à  la  double 
action  de  la  chaleur  et  des  acides  minéraux  concentrés.  Cette  circonstance 
est  sans  doute  en  rapport  avec  l'existence  du  chlorhydrate  d'ammoniaque 
que  l'on  a  constatée  dans  les  émanations. 

Pour  100  centimètres  cubes. 

Acide  sulfurique 1  ,744^ 

Acide  chlorhydrique 1  ,0298 

Acide  silicique 0,0166 

Acide  borique Indices 

Soude o,i  828 

Alumine - 0,4666 

Chaux,  magnésie,  oxyde  de  fer Indices 

Matière  organique Proportion  très  notable 

3, 4401 
»   Si  l'on  considère   les  bases  comme   combinées  dans  cette  eau  avec 
l'acide  sulfurique  de  préférence  à  l'acide  chlorhydrique,  on  obtient  la  for- 
mule hypothétique  suivante  : 

Acide  chlorhydrique  libre 1  ,0298 

Acide  sulfurique  libre o  ,432 1 

Sulfate  d'alumine 1 ,5436 

Sulfate  de  soude o  ,4180 

Silice 0,0166 

Acide  borique Indices 

Sulfates  de  chaux,  de  magnésie  et  de  fer Indices 

Matière  organique Proportion  très-notable 

3,4401 


(  9'6  ) 

»  Je  rappellerai  que  les  divers  produits  de  la  grande  solfatare  ont  présenté 
les  corps  simples  suivants:  soufre,  sélénium,  chlore,  carbone,  oxygène, 
hydrogène,  azote,  phosphore,  arsenic,  cuivre,  fer,  aluminium,  bore,  sili- 
cium, calcium,  magnésium,  potassium,  sodium. 

»  Si  on  calcule  les  proportions  relatives  de  chlore  et  de  soufre  que  pré- 
sentent ces  divers  produits  des  émanations  pour  lesquelles  j'ai  proposé  le 
nom  de  chloi  hydrosulfureuses,  en  y  ajoutant  quelques  données  fournies  par 
des  travaux  antérieurs,  on  obtient  les  nombres  suivants  : 


Produits  solides,  incolores,  des  fumerolles  sèches  de  la  lave  de  i855.. 


Rio  Vinagre  ou  Pasambio 

Eaux  acides  par  conden-    )   Paramo  de  Ruiz 

sation  naturelle 1  Popocatepetl 

Grande  solfatare  de  Pouzzoles  . 


Soufre. 
I 

I 

I 
[ 


Chlore. 
5o,6G 

,,98 

o,4> 
1,62 

1  ,n8 


— 
= 
3 


Etna.  Fumerolles  du  sommet  (sept.  i855,   r=i25°) 

»  »  (juill.  i856,  t  —  900). ...... 

»       Fumerolles  du  sommet,  déposant  beaucoup  de  soufre. 


3 
-o 
o 


Vésuve.  Fumerolles   sèches   de  la  lave  de    i855  (eau  de  lavage 
des  vases  ) • 

Vésuve.  Fumerolles  acides  de  la  même  lave 

»        Sommet.  Gouffre  de  i85o  (sept.  1 855,  f=i8o°) 

*  »  »  (juin  i856,  f  =  i54°) 

Vulcano.   Fumerolles  donnant  l'acide^  borique 

a         Fumerolles  sulfureuses    de  la    fissure    nord    (mélange 
d'acide  sulfureux  et  d'acide  sulfhydrique  produisant 

un  dépôt  de  soufre) 

Grande  solfatare  de  Pouzzoles.  Eau  de  condensation  de  la  bouche 

principale 

»                           Condensation  des  fissures  au-dessus 
de  la  bouche 


1 


22, 5o 
33,56 
12,00 


Pas  sensiblement  de 
soufre  :  faible  quan- 
tité de  chlore  prove- 
nant des  chlorures 
entraînés. 


56,84 

9,55 

i56,54 

4>°7 


o,  10 


'»93 
8,45 


»  En  terminant  cette  Note,  je  ferai  observer  qu'il  faut  se  garder  de  tirer 
des  conséquences  absolues  du  simple  examen  analytique  des  produits  solides 
ou  liquides  d'un  orifice  volcanique.  En  effet,  ces  derniers  ne  proviennent, 
en  définitive,  que  du  lavage  des  roches  altérées  par  les  vapeurs  acides,  ou 
delà  dissolution  des  matières  solides  entraînées  et  déposées  par  ces  vapeurs. 
Or,  il  est  facile  de  voir  qu'au  bout  d'un  certain  temps,  des  réactions  plus  ou 
moins  variées,  dont  tous  les  éléments  se  trouvent  réunis  sur  les  lieux,  quel- 


(  917  ) 
quefois  même  une  simple  différence  dans  la  solubilité,  fractionnent  et  loca- 
lisent ces  divers  produits.  Les  nombres  qui  précèdent  en  offrent  un  exemple 
frappant  dans  ce  qui  se  passe  à  la  solfatare  de  Pouzzoles,  où  l'acide  sdl- 
furique  est  fixé,  en  grande  partie,  par  les  éléments  basiques  des  roches  et 
constitue  desaluns,  tandis  que  l'acide  chlorhydrique,  libre  et  entraîné  parla 
haute  température,  s'échappe  en  plus  fortes  proportions  par  les  orifices 
placés  immédiatement  au-dessus  de  la  bouche  principale. 

»  On  ne  peutse  rendre  compte,  d'une  manière  complète,  des  élémentschi- 
miques  rejetés  par  un  orifice  volcanique,  en  un  moment  donné,  qu'en  re- 
cueillant, à  la  fois,  et  les  produits  solides  ou  liquides  qui  s'y  accumulent  en 
ce  moment,  et  les  substances  qui  s'en  échappent  à  l'état  de  gaz  ou  de 
vapeurs.   » 

organographie  végétale.    —    Remarques   sur  (es    laticifères    de   ptusieurs 
plantes  du  Brésil;  par  M..  Lad.  Netto. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  des  Sciences  quelques  re- 
marques d'organographie  végétale  détachées  d'un  travail  assez  considérable 
que  je  communiquerai  par  la  suite  avec  de  nombreuses  planches. 

»  Les  laticifères,  si  développés  dans  la  famille  des  Euphorbiacéeset  dans 
les  Ficacées,  m'ont  présenté  plusieurs  faits  saillants  dans  l' Anda  Gomesii, 
dans  Y Euphorbia  coccorum,  dans  les  Cecropia  et  dans  le  Ficus  doliaria. 

»  Sur  les  racines  aériennes  du  Cecropia  concolor,  dont  la  disposition  dans 
les  plus  grands  de  ces  arbres  est  très-remarqùable,  j'ai  aperçu  des  latici- 
fères se  courber  de  l'écorce  vers  le  bois,  où,  en  s'anastomosant  avec  d'au- 
tres laticifères,  ils  circulentautour  des  vaisseaux  lymphatiques  sous  la  forme 
d'un  réseau  peu  serré. 

»  Dans  la  partie  inférieure  de  la  tige  du  même  arbre,  j'ai  vu  ces  vais- 
seaux se  diviser  en  trois  ou  quatre  branches  très-grèles,  lesquelles  tantôt  se 
prolongent  dans  le  sens  primitivement  suivi,  tantôt  s'introduisant  courbées 
dans  les  rayons  médullaires  vont  se  terminer  vers  les  proximités  de  la 
moelle.  Ces  laticifères  ainsi  divisés  sont  généralement  assez  minces. 

»  Les  précieuses  observations  de  M.  Trécul  sur  ces  vaisseaux  m'ont 
poussé  à  faire  quelques  recherches  au  point  de  vue  de  la  communication 
qu'on  croit  exister  entre  eux  et  les  vaisseaux  lymphatiques,  et,  quoique  je 
n'aie  pu  trouver  rien  de  définitif  à  cet  égard,  je  peux  cependant  exhiber  en 
faveur  des  observations  de  cet  habile  phytotomiste  un  fait  assez  remar- 
quable, soit  pour  l'organographie  proprement  dite,   soit  pour  la  physio- 

C.  R.,  i863,  \"  Semestie.  (T.  LVI,  N°  19.)  I  20 


(9«8  ) 
iogie  des  végétaux.  En  effet,  outre  un  certain  rapport  constant  observé 
chez  la  majeure  partie  des  plantes  entre  la  quantité  des  laticifères  et   celle 
des  lymphatiques,  j'ai  remarqué  une  liaison  intime  dans  ces  deux  ordres  de 
vaisseaux. 

«>  Si  on  fait  une  coupe  transversale  sur  une  jeune  tige  du  Ficus  doliaria, 
on  y  voit  que  la  plus  grande  quantité  de  sève  se  trouve  dans  la  moelle.  En 
examinant  des  coupes  longitudinales,  j'ai  observé  une  portion  considé- 
rable de  vaisseaux  ponctués  d'un  assez  gros  diamètre  répandus  indistincte- 
ment dans  toute  la  moelle  et  parfois  accolés  aux  nombreux  laticifères  qui 
y  circulent  abondamment,  sans  que  toutefois  il  existe  des  communications 
directes. 

»  Dans  les  pétioles  des  feuilles,  dans  les  parties  les  plus  jeunes  comme 
dans  les  plus  anciennes  du  même  individu,  j'ai  vu  ces  deux  espèces  devais- 
seaux  étroitement  liées  au  milieu  du  tissu  médullaire. 

»  Poursuivant  mes  recherches  sur  les  jeunes  tiges  de  X Anda  Gomesii 
ainsi  que  dans  la  partie  pleine  du  tronc  du  Cecropia  concolor,  j'ai  vu  de 
gros  vaisseaux  rayés  le  plus  souvent  entourés  des  laticifères  qui,  tantôt  se 
prolongent  parallèlement  à  ces  vaisseaux,  tantôt,  se  croisant  et  s'anastomo- 
sant  entre  eux,  jettent  de  très-minces  ramifications  du  côté  de  l'écorce, 
lesquelles  vont  se  perdre  entre  les  parois  du  tissu  utriculaire  de  cette 
région. 

»  J'ai  comparé  ensuite  cette  disposition  avec  celle  des  laticifères  du  Jatro- 
plia  Curcaset  du  Carica  Papaya,  et  j'ai  observé  ce  même  rapport  entre  ces 
deux  ordres  de  vaisseaux  à  peu  près  identiques.  Dans  la  tige  de  YEupliorbia 
coccorum,  des  laticifères  peu  anastomosés  entre  eux  s'agglomèrent  générale- 
ment autour  des  vaisseaux  réticulés  et  s'en  approchent  parfois  tellement, 
que  je  serais  porté  à  les  croire  en  communication  immédiate  avec  ces  vais- 
seaux, si  un  examen  minutieux  ne  m'avait  pas  plusieurs  fois  détrompé. 

»  Dans  cette  plante,  les  laticifères  sont  en  général  très-lisses,  minces  et 
toujours  engorgés  de  latex. 

»  Dans  1' 'Anda  Gomesii,  ces  vaisseaux  ont  toujours  les  parois  composées 
de  tissu  cellulaire,  comme  dans  les  parties  jeunes  de  certains  végétaux,  et 
cela  quel  que  soit  l'âge  de  la  partie  de  l'arbre  où  ils  se  trouvent.  _» 

M.  Huette  envoie  en  double  exemplaire  les  tableaux  résumés  des  obser- 
vations météorologiques  faites  à  Nantes  en  1862. 


(  9T9  ) 

M.  Coinde  présente  une  Note  «  sur  quelques  Coléoptères  communs  à  la 
faune  du  Kef  et  à  celle  des  environs  de  Bone  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Blanchard.) 
A  4  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


COMITE  SECRET 


M.  Pouillet,  au  nom  de  la  Section  de  Physique,  présente  la  liste  sui- 
vante de  candidats  pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Despretz. 

En  première  ligne.  M.  Edmond  Becquerel. 

/  M.   Jamin. 
En  deuxième  ligne,  ex  œquo  l  MM.  de  La  Provostaye  et  Paul 
et  par  ordre  alphabétique.  .   j  Desains. 

\  M.  Verdet. 

En  troisième  ligne,  ex  œquo  et  l  M.  Edouard  Desains. 

par  ordre  alphabétique .   .  .  j  M.  Lissajous. 

MM.  Babinet  et  Fizeau  présentent  les  titres  des  candidats. 

Ces  titres  sont  discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  n  mai  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Cours  de  Médecine  comparée  ;  par  P.  Rayer  (Introduction).  Paris,  i863; 
in-8°. 

Monography...  Monographie  de  V Aye  •  Aye  (Chiromys  Madagascar 
riensis,  Cuv.);  parle  prof.  Richard  Owen.  Londres,  i863;  in-4°. 

Osteological. . .  Recherches  ostéologiques  pour  servir  à  l'histoire  naturelle  des 
singes  anthropoïdes,  n°  7  ;  Comparaison  des  os  des  membres  du  Troglodyte 
gorille,  du  Troglodyte  noir  et  de  différentes  variétés  de  la  race  humaine  ;  parle 


(  9ao  ) 
même.  (Extrait  des  Transactions  de  la  Société  Zoologique ,  vol.  V,  part.  ire.) 
Londres,1  i663  ;  inwf0. 

Des  notions  relatives  aux  Céphalopodes,  qui  sont  consignées  dans  Aristote. 
—  Sur  le  grand  Calmar  de  la  Méditerranée.  —  Tableau  d'une  classification  géné- 
rale des  animaux;  par  M.  Paul  Gervais.  Montpellier;  in-4°. 

Eloge  historique  d'Isidore  Geoffroy-Saint-Hilaire ;  par  le  Dr  N.  JOLY. 
(Extrait  des  Mémoires  de  i Académie  impériale  des  Sciences  de  Toulouse.) 
Toulouse,  br.  in -8°. 

La  Science  populaire,  ou.  Revue  des  progrès  des  connaissances  et  de  leurs  appli- 
cations aux  arts  et  à  /' industrie  ;  par  M.  J.  RAMBOSSON.  Paris,  i863;  in-12. 

Guide  de  l'asthmatique.  De  l'asthme,  sa  nature,  ses  complications,  son  traite- 
ment rationnel;  massage  ;  par  C.-J .  BERGER.  Paris,  1 863  ;  in-8°. 

La  Térabdelle  ou  machine  pneumatique  opérant  à  volonté  la  saignée  locale 
et  la  révulsion  aux  principales  régions  du  corps  humain;  par  le  Dr  DaMOISEAU. 
Paris,   1862;  in~8°. 

Histoire  des  trois  invasions  épidémiques  du  choléra-morbus  au  Havre  en  i832 
1848  et  1849,  i853  et  1 854  ;  pâi  le  Dr  Lecadre.  Paris,  i863;  in-8°.  (Des- 
tiné au  concours  pour  le  prix  Bréant.) 

De  l'ictère  grave  des  femmes  enceintes  ;  par  le  Dr  L.  CaradeC.  (Extrait  des 
Archives  générales  de  médecine.)  Paris;  br.  in-8°. 

Richard  Simoiï;  Notice  personnelle  autographe;  par  M.  Éliacim  JOURDAIN. 
Dieppe,  1 863  ;  quart  de  feuille  in-8°. 

Sulla  vera  epoca. ..  Notice  historico-critique  sur  la  véritable  époque  de 
la  mort  de  F.  Cesi,  second  duc  d' Acquasparta  et  fondateur  de  l'Académie  dei 
Lincei,  avec  différentes  Notes  concernant  celte  Académie  et  treize  Lettres  iné- 
dites du  duc  d'Acquasparla;  par  le  prof.  P.  VOLPICELLI.  (Extrait  des  Atti 
délia  Accademia  pontificia  de'  Nuovi  Lincei.)  Rome,  1 863 ;  in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  18  MAI  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PALÉONTOLOGIE.  — Note  sur  les  résultats  fournis  par  une  enquête  relative  à 
l'authenticité  de  la  découverte  d'une  mâchoire  humaine  et  de  haches  en  silex, 
dans  le  terrain  diluvien  de  Moulin-Quignon;  par  M.  Milne  Edwards. 

«  Vers  1837,  un  archéologue  d'Abbeville,  M.  Boucher  de  Perthes,  com- 
mença à  appeler  l'attention  des  naturalistes  sur  des  silex  qui  lui  parais- 
saient taillés  de  main  d'homme,  et  qui  se  trouvaient  en  nombre  considé- 
rable dans  un  grand  dépôt  de  gravier  sur  divers  points  de  la  vallée  de  la 
Somme.  Il  pensa  que  la  présence  de  ces  silex,  façonnés  en  forme  de  hache, 
prouvaient  l'existence  de  l'homme  à  l'époque  où  ce  dépôt,  désigné  commu- 
nément sous  le  nom  de  terrain  diluvien  (i),  s'était  formé,  et  que  ce  phéno- 
mène géologique  était  antérieur  à  la  période  actuelle.  Au  premier  moment, 
les  opinions  de  M.  Boucher  de  Perthes  ne  trouvèrent,  il  est  vrai,  que  peu 
de  faveur  devant  le  public,  et  il  lui  a  fallu  plusieurs  années  pour  bien  éta- 
blir que  ces  objets  sont  réellement  des  produits  de  l'industrie  humaine. 
Pendant  longtemps  il  exista  aussi  beaucoup  d'incertitude  relativement  au 
caractère  du  terrain  qui  renferme  ces  silex,  et  des  bouleversements  qu'il 
pouvait  avoir  subis  postérieurement  à  l'époque  de  son  premier  dépôt.  Mais 

(1)   Voyez  d'Archiac,  Histoire  des  Progrès  de  la  Géologie,  t.  II,  i rc  partie,  p.  3  et  p.  1 34- 
C.  P..,  iST.3,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  ri"  20.)  121 


(  922  ) 
aujourd'hui  il  n'y  a  aucun  doute  possible  louchant  l'origine  de  ces  pierres 
en  forme  de  hache.  La  plupart  des  géologues  s'accordent  aussi  pour  recon- 
naître, avec  M.  Prestwich,  M.  Evans,  M.  Lyell,  M.  Desnoyers,  M.  Lartet, 
M.  Gaudry  et  plusieurs  autres  observateurs,  que  les  couches  où  on  les  dé- 
couvre n'ont  pas  été  dérangées  depuis  l'époque  où  le  continent  européen  a 
reçu  son  relief  actuel  et  qu'elles  appartiennent  à  la  période  quaternaire. 
Enfin  il  paraît  résulter  aussi  des  recherches  de  M.  Boucher  de  Perthes, 
ainsi  que  des  observations  de  plusieurs  autres  paléontologistes,  parmi 
lesquels  je  citerai  en  première  ligne  Schmerling,  Tournai,  M.  Lartet 
et  M.  de  Vibraye,  que  les  anciens  habitants  de  ce  qui  est  aujourd'hui  la 
France  étaient  contemporains  du  mammouth  ou  Eleplias  priinUjenius,  du 
Rhinocéros  tichorhinus,  et  de  quelques  autres  animaux  remarquables  dont  les 
espèces  sont  éteintes.  Aux  environs  d'Abbeville  et  d'Amiens,  où  des  osse- 
ments fossiles  appartenant  à  ces  grands  mammifères  avaient  été  rencontrés 
à  plusieurs  reprises,  les  haches  en  silex  sont  même  très-communes;  mais 
dans  le  terrain  de  transport  de  la  Somme,  si  riche  en  objets  fabriqués  par 
des  hommes,  on  n'avait  encore  aperçu  aucun  débris  de  squelette  humain, 
et  cette  circonstance  semblait  difficile  à  expliquer.  Beaucoup  de  naturalistes 
attendaient  donc  avec  une  sorte  d'impatience,  mêlée  d'inquiétude,  la  mise 
à  jour  de  quelques  fossiles,  qui  serait  une  preuve  directe  de  l'existence  de 
l'homme  à  l'époque  reculée  où  cette  partie  du  globe  était  envahie  par  les 
eaux. 

»  On  comprend  ainsi  tout  l'intérêt  excité  par  l'annonce  d'une  découverte 
faite  le  28  mars  dernier,  par  M.  Boucher  de  Perthes,  qui,  disait-on,  avait 
trouvé  dans  une  des  couches  inférieures  du  terrain  diluvien,  exploité 
comme  carrière  de  cailloux  à  Moulin-Quignon,  près  d'Abbeville,  la  moitié 
d'une  mâchoire  humaine. 

»  Le  Professeur  d'Anthropologie  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  fut  un 
des  premiers  à  vouloir  contrôler,  sur  place,  toutes  les  circonstances  qui 
pouvaient  jeter  quelque  lumière  sur  la  valeur  scientifique  des  nouvelles 
observations  du  persévérant  explorateur  des  antiquités  de  la  vallée  de  la 
Somme,  et,  dans  la  séance  du  21  avril  dernier,  il  vint  entretenir  l'Académie 
des  résultats  de  cette  investigation,  à  laquelle  avait  pris  part  un  éminent 
paléontologiste  anglais,  M.  Falconer.  Notre  savant  confrère,  M.  deQuatre- 
fages,  déclara  que  l'os  trouvé  par  M.  Boucher  de  Perthes  était  bien  la 
mâchoire  d'un  homme;  que  cet  os  lui  paraissait  être  indubitablement  un 
fossile  de  la  couche  inférieure  du  terrain,  dit  diluvien,  de  Moulin-Quignon; 
que  dans  le  même  dépôt  de  gravier  il  avait  constaté  l'existence  de  deux 


(  9*3  ) 
haches  en  silex,  et  que  ces  produits  de  l'industrie  humaine,  ainsi  que  la 
mâchoire,  lui  paraissaient  avoir  reposé  dans  ce  terrain  de  transport  depuis 
l'époque  où  celui-ci  avait  été  formé;  mais  il  déclara  aussi  qu'il  ne  voulait 
émettre  aucune  opinion  touchant  1  âge  de  ce  grand  dépôt  géologique.  Il 
avaitété  confirmé  dans  cette  manière  devoir  par  M.  Desnoyers,  parM.  Delesse 
et  par  M.  Pictet,  à  qui  il  avait  montré  la  mâchoire,  et  il  crut  avoir  des  raisons 
de  penser  que  M.  Falconer  avait  jugé  les  choses  de  la  même  manière.  Mais 
un  examen  plus  approfondi  d'un  certain  nombre  de  haches  provenant  de 
Moulin-Quignon,  et  de  quelques  autres  objets,  ne  tarda  pas  à  faire  naître  des 
doutes  dans  l'esprit  de  ce  dernier  savant,  et  bientôt  après,  s'appuya nt  sur 
l'opinion  de  plusieurs  autres  naturalistes  habiles  de  l'Angleterre,  M.  Falco- 
ner crut  devoir  aller  plus  loin.  Dans  une  lettre  qui  fut  publiée  dans  un  des 
principaux  journaux  de  Londres,  le  Times,  et  qui  eut  un  grand  retentisse- 
ment, ce  savant  déclara  formellement  que  toutes  les  haches  provenant  de 
la  couche  noire  de  Moulin-Quignon,  couche  dont  la  mâchoire  avait  été 
extraite,  étaient  fausses,  c'est-à-dire  de  fabrication  récente,  et  que  dans  cette 
circonstance  les  paléontologistes  français  avaient  été  victimes  d'une  super- 
cherie habilement  préparée  par  les  ouvriers  delà  carrière  ou  par  quelque 
autre  personne.  M.  Falconer  ajouta  qu'une  molaire  humaine  dont  M.  Boucher 
de  Perthes  lui  avait  fait  présent  comme  étant  un  fossile  du  même  terrain 
était  en  réalité  une  dent  très-récente;  que  la  constatation  d'une  pareille 
fraude  devait  nécessairement  ôter  toute  valeur  à  la  découverte  de  la 
mâchoire  humaine  trouvée  dans  les  mêmes  conditions  par  M.  Boucher  de 
Perthes,  et  que  cette  affaire  servirait  au  moins  à  donner  une  leçon  de  pru- 
dence aux  naturalistes  qui  s'étaient  laissé  tromper  par  des  imposteurs. 

»  Partagés  ainsi  d'opinion,  mais  également  désireux  de  connaître  la 
vérité,  MM.  Falconer  et  de  Quatrefages  résolurent  de  reprendre  en  commun 
l'examen  des  points  en  litige,  et  d'ouvrir  sur  ce  sujet  une  enquête  à  laquelle 
prendraient  part  quelques-uns  de  leurs  confrères.  M.  Falconer  annonça 
qu'il  se  rendrait  à  Paris  accompagné  de  MM.  Prestwich,  Carpenter  et 
Busk,  tous  membres  de  la  Société  Boyale  de  Londres  ;  il  engagea  MM.  Lartet, 
Desnoyers  et  Delesse  à  prendre  part  au  débat,  et,  au  nom  de  tous  ces  savants, 
il  me  pria  de  diriger  les  travaux  de  la  réunion,  comme  modérateur,  disait-il, 
entre  les  partisans  des  opinions  contraires.  Je  ne  pouvais  qu'accepter  avec 
reconnaissance  une  mission  si  honorable,  car  j'étais  bien  persuadé  que  nos 
conférences  auraient  toujours  ce  caractère  de  franchise  et  de  courtoisie 
sans  lequel  les  discussions  scientifiques  ne  sauraient  être  agréables  à  en- 
tendre, quelque  instructives  qu'elles  pussent  être.  C'est  aussi  pour  me  con- 

1 2  r .. 


(  9=4  ) 
former  aux  désirs  de  cette  réunion  d'amis,  que  je  viens  aujourd'hui  expo- 
ser devant  l'Académie  les  résultats  de  nos  investigations,  et  je  dois  ajouter 
que  plusieurs  autres  naturalistes  se  sont  joints  à  nous  pour  poursuivre 
cette  enquête  toute  scientifique.  Ainsi  MM.  Delafcsse,  Daubrée  et  Hébert  ont 
bien  voulu  nous  aider  de  leurs  lumières,  et  MM.  Gaudry,  l'abbé  Bourgeois, 
Buteux  et  Alphonse  Edwards  ont  pris  part  à  nos  discussions.  Enfin,  M.  De- 
lesse  a  eu  ia  complaisance  de  tenir  la  plume  comme  secrétaire,  et  de  dresseï 
un  procès-verbal  très-détaillé  de  tout  ce  qui  s'est  passé  dans  nos  réunions, 
pièce  qui  sera  publiée  ultérieurement. 

»  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  nos  savants  confrères  de  la  Société  Royale  de 
Eondres  avaient  été  portés  à  révoquer  en  doute  l'authenticité  de  la  décou- 
verte de  M.  Boucher  de  Perthes,  parce  que  les  haches  retirées  de  la  couche 
noire  du  diluvium  de  Moulin-Quignon  leur  avaient  paru  être  fausses,  c'est-à- 
dire  fabriquées  récemment  et  introduites  frauduleusement  dans  le  dépôt  de 
gravier  où  ce  paléontologiste  les  avait  trouvées.  Dans  notre  premier) 
séance,  tenue  au  Muséum  le  g  de  ce  mois,  nous  avons  donc  cru  devoir  pro- 
céder d'abord  à  un  examen  approfondi  des  caractères  à  raison  desquels 
les  objets  de  ce  genre  peuvent  être  reconnus  vrais  ou  faux. 

»  Tous  les  membres  de  la  réunion  ont  été  d'accord  pour  admettre  que 
dans  beaucoup  de  cas,  à  raison  de  l'existence  de  certains  caractères  qui 
semblent  ne  pouvoir  être  imprimés  que  par  le  temps,  on  peut,  par  la  seule 
inspection  d'une  hache  en  silex,  constater  son  authenticité,  c'est-à-dire 
son  origine  ancienne.  Mais  les  avis  ont  été  partagés  au  sujet  des  bases  d'un 
jugement  légitime  en  sens  contraire. 

«  MM.  Falconer,  Prestwich,  Carpenter  et  Bush  pensaient  que  l'absence 
de  tout  signe  évident  de  vétusté  et  l'existence  de  certaines  particularités 
dans  la  forme  ou  dans  les  fractures  de  ces  haches  étaient  des  preuves  irré- 
cusables de  leur  fabrication  récente.  Ces  savants  se  considéraient,  par  consé- 
quent, comme  fondés  à  nier  l'authenticité  des  haches  dont  la  surface  ne 
présentait  ni  patine  ni  incrustations,  dont  les  arêtes  étaient  très-vives  et  dont 
la  forme  s'éloignait  plus  ou  moins-  de  celle  des  haches  reconnues  vraies. 
Puis,  faisant  l'application  de  ces  principes  aux  haches  tirées  des  diverses 
couches  du  terrain  de  transport  de  Moulin-Quignon  ou  d'autres  lieux,  ils 
admettaient  l'authenticité  des  unes,  tandis  qu'ils  déclaraient  fausses  beau- 
coup d'autres,  nptamment:  toutes  celles  provenant  de  la  couche  noire  où 
M.   de  Perthes  avait  trouvé  la  mâchoire  humaine. 

»   MM.  de  Quatrefages,  Desnoyers  et  Lartet,  ainsi  que  les  autres  natura- 
listes français  qui  prirent  part  à  cette  partie  de  l'enquête,  soutinrent  qu'il 


(  9*5  ) 
fallait  être  plus  réservé;  que  très- rarement,  peut-être  même  jamais,  des 
particularités  de  forme,  une  apparence  de  fraîcheur  ou  d'autres  caractères 
intrinsèques  du  même  ordre,  ne  pouvaient  suffire  pour  bien  établir  la  faus- 
seté d'une  de  ces  haches  en  silex  ;  que  des  caractères  de  ce  genre  pouvaient 
inspirer  des  doutes,  et  qu'à  défaut  d'autres  données  ces  doutes  devaient 
peser  beaucoup  dans  nos  jugements;  mais  que  les  considérations  tirées  du 
mode  de  gisement  de  ces  instruments  et  des  circonstances  dans  lesquelles 
leur  découverte  a  eu  lieu  devaient  avoir  à  nos  yeux  une  valeur  bien  plus 
grande;  enfin,  que  des  preuves  d'authenticité  obtenues  de  la  sorte  doivent 
toujours  l'emporter  sur  les  soupçons  que  pourraient  faire  naître  les  parti- 
cularités dont  je  viens  de  parler.  Ainsi  ces  naturalistes  furent  unanimes 
dans  le  jugement  qu'ils  portèrent  sur  l'une  des  haches  trouvées  dans  la 
couche  noire  de  Moulin-Quignon  par  M.  de  Quatrefages  :  malgré  la  faci- 
lité avec  laquelle  la  surface  lisse  de  ce  silex  se  laissait  dépouiller  de  sa  gan- 
gue, malgré  sa  forme,  la  vivacité  de  ses  arêtes,  et  malgré  son  aspect  de 
fraîcheur,  ils  n'hésitèrent  pas  à  en  admettre  l'authenticité,  par  cela  seul 
que  les  circonstances  dans  lesquelles  ce  savant  l'avait  découvert  dans  le 
sein  de  la  terre  leur  paraissaient  exclure  toute  idée  de  supercherie.  Par  con- 
séquent, MM.  Desnoyers,  Lartet  et  Delesse,  aussi  bien  que  tous  les  autres 
naturalistes  français  qui  assistaient  à  cette  discussion,  ont  déclaré  que  dans 
leur  opinion  le  jugement  porté  sur  les  haches  de  la  couche  noire  de  Mou- 
lin-Quignon, par  M.  Falconer,  ne  pouvait  légitimer  aucune  conclusion  tou- 
chant l'introduction  frauduleuse  de  la  mâchoire  humaine  dans  le  dépôt  de 
gravier  où  M.  Boucher  de  Perthes  avait  trouvé  cet  os. 

»  Après  deux  longues  séances  consacrées  principalement  à  un  examen 
approfondi  des  haches  de  Mautort,  de  Mencbecourt,  de  Saint-Acheul  et  de 
quelques  autres  localités,  comparées  à  celles  de  Moulin-Quignon  ,  nous  pro- 
cédâmes à  une  nouvelle  étude  de  la  dent  molaire  isolée  que  M.  Boucher  de 
Perthes  avait  donnée  à  M.  Faiconer  comme  provenant  de  cette  dernière  car- 
rière. Mais  à  ce  sujet  M.  de  Quatrefages  fit  remarquer  qu'il  pouvait  y  avoir 
quelque  incertitude  relativement  au  gisement  de  cette  pièce  ,  parce  que 
M.  Boucher  de  Perthes  possédait  plusieurs  dents  humaines  trouvées  dans 
le  même  terrain,  sur  différents  points  des  environs  d'Abbeville,  et  que  ce 
savant ,  ayant  retiré  tous  ces  objets  de  leurs  boites  respectives  pour  les 
montrer  eu  même  temps  à  M.  Falconer,  craignait  de  n'avoir  pas  remis  cha- 
que chose  à  sa  place,  ce  qui  pouvait  avoir  occasionné  quelque  erreur  dans 
l'application  des  étiquettes  fixées  sur  ces  mêmes  boîtes. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  les  résultats  de  l'examen  de  cette  dent  humaine 


(  <P6) 
turent  semblables  à  ceux  obtenus  précédemment  par  l'étude  des  bâches  de 
Moulin-Quignon,  dont  l'ancienneté  n'était  pas  évidente,  mais,  selon  nous, 
ne  pouvait  être  niée.  MM.  Falconer,  Prestwicb,  Carpenter  et  Busk  pensèrent 
qu'à  raison  de  la  blancheur  et  de  l'éclat  satiné  du  tissu  dentaire  de  cette 
molaire,  de  la  proportion  considérable  de  matière  animale  contenue  dans  sa 
substance,  et  de  quelques  autres  caractères  du  même  ordre,  on  devait  néces- 
sairement la  considérer  comme  étant  très-récente,  et  dans  un  article  imprimé 
qui  avait  été  placé  sous  nos  yeux  le  premier  de  ces  savants  avait  déjà  déclaré 
formellement  qu'à  raison  de  ces  circonstances  le  débat  était  clos  et  la  cause 
jugée.  Les  naturalistes  français  ne  partagèrent  pas  cette  opinion  absolue. 
Ils  virent  là  des  motifs  de  doute,  mais  rien  de  plus.  En  effet,  ils  savaient  que 
des  fossiles,  non  moins  anciens  que  le  terrain  diluvien  lui-même,  offrent 
parfois  des  caractères  de  fraîcheur  remarquables.  Ainsi  un  des  aides-natu- 
ralistes du  Muséum  qui  assistait  à  nos  conférences,  et  qui  avait  fait  précé- 
demment beaucoup  de  recherches  chimiques  sur  la  composition  des  os  et 
des  dents,  plaça  sous  les  yeux  de  la  réunion  une  canine  de  l'ours  des  ca- 
vernes qu'il  avait  trouvée  dans  le  terrain  diluvien,  aux  environs  de  Com- 
piegne,  et  qu'il  avait  traitée  par  de  l'acide  chlorhydrique  pour  en  extraire  les 
sels  calcaires;  or  cette  dent  fossile,  ainsi  dépouillée  de  sa  substance  ter- 
reuse, contenait  assez  de  matière  gélatineuse  pour  conserver  sa  forme 
générale.  M.  Delesse  nous  montra  aussi  des  dents  fossiles  dont  la  section 
présentait  la  blancheur  et  l'aspect  satiné  dont  M.  Falconer  avait  argué  pour 
établir  que  la  molaire  de  Moulin -Quignon  était  tout  à  fait  récente.  Enfin 
un  autre  membre  de  la  réunion  fit  remarquer  que  l'état  de  conservatio  n 
des  dents  et  des  autres  débris  d'animaux  trouvés  dans  la  croûte  solide  du 
globe  ne  dépend  pas  seulement  du  laps  de  temps  pendant  lequel  ces  objets 
ont  été  enfouis  dans  la  terre,  mais  aussi  des  circonstances  qui  ont  précédé 
ou  accompagné  leur  enfouissement  et  des  diverses  conditions  de  gisement 
dans  lesquelles  ils  ont  été  placés;  que  des  fossiles  de  même  âge  géolo- 
gique peuvent  offrir  ainsi  des  caractères  très-différents,  et  que  les  parti- 
cularités dont  nos  savants  confrères  de  Londres  arguaient  pour  établir 
que  la  molaire  en  question  était  très-récente  ne  pouvaient  nous  convaincre. 
»  Procédant  enfin  à  l'examen  de  la  mâchoire  elle-même  et  des  échantil- 
lons de  la  couche  noire  du  diluvium  de  Moulin-Quignon,  les  membres  de 
la  réunion  furent  unanimes  à  reconnaitre,  avec  M.  de  Quatrefagcs,  qu'il 
paraissait  y  avoir  identité  entre  la  matière  constitutive  de  ce  dépôt  et  la 
gangue  colorée  par  du  fer  et  du  manganèse  qui  adhérait  à  cet  os;  que  sauf 
sur  un  point  où  l'on  voyait  quelques  stries,  dues  peut-être  au  frottement 


(  927  ) 
des  doigts  lorsque  cette  gangue  était  encore  humide,  on  n'apercevaii  rien 
qui  fût  de  nature  à  corroborer  l'hypothèse  de  l'application  factice  de  la- 
dite gangue;  enfin  que  cette  matière  terreuse  d'un  brun  noirâtre  remplissait 
non-seulement  les  alvéoles,  mais  aussi  une  cavité  produite  par  la  carie  par- 
tielle de  la  molaire  restée  en  place,  qu'elle  bouchait  le  trou  mentonnier  et 
qu'elle  obstruait  l'entrée  du  canal  dentaire. 

»  A  la  demande  de  MM.  Falconer,  Prestwich,  Carpenter  et  Busk,  la 
mâchoire  fut  alors  sciée  verticalement,  de  façon  à  mettre  à  nu  le  fond  de 
l'alvéole  occupée  par  la  dent  unique  qui  était  restée  en  place;  puis  une 
grande  partie  de  la  surface  de  la  portion  antérieure  de  l'os  ainsi  séparée 
du  reste  de  la  mâchoire  fut  à  plusieurs  reprises  lavée  très-fortement  avec 
de  l'eau  chaude  et  une  brosse.  Au  moyen  de  ces  lavages  on  parvint  à  enlever 
la  presque  totalité  de  la  gangue  sur  une  étendue  assez  considérable,  et  la  sur- 
face de  l'os  ainsi  nettoyée  ne  resta  que  faiblement  colorée.  Les  deux  tables 
de  l'os  étaient  très-compactes  et  le  diploé  ne  paraissait  être  que  peu  altéré. 
On  trouva  que  la  racine  de  la  dent  implantée  dans  son  alvéole  était 
encroûtée  de  grains  ferro-manganésiques,  ainsi  que  la  paroi  correspondante 
de  la  cavité  alvéolaire.  Enfin  on  remarqua  dans  l'intérieur  du  canal  de 
l'artère  dentaire  un  léger  enduit  de  sable  grisâtre  qui  différait  complète- 
ment de  la  gangue  noirâtre  située  à  l'extérieur  de  l'os,  et  ce  dépôt  nous 
a  semblé  indiquer  que  la  mâchoire,  avant  d'être  enfoncée  dans  la  couche 
noire  du  diluvium  de  Moulin-Quignon,  avait  dû  être  exposée  à  l'action 
d'une  eau  chargée  de  particules  arénacées  incolores. 

»  M-  Falconer  plaça  sous  les  yeux  des  membres  de  la  réunion  plusieurs 
mâchoires  provenant  de  cimetières,  et  il  fit  remarquer  que  l'aspect  de  ces 
os  était  assez  analogue  à  celui  de  la  portion  de  la  mâchoire  réputée  fossile 
qu'on  venait  de  laver.  11  montra  aussi  une  mâchoire  qui  avait  été  trouvée 
dans  une  tourbière  dont  l'âge  géologique  n'est  pas  aussi  grand  que  celui  du 
dépôt  de  gravier  de  Moulin-Quignon,  et  il  fit  observer  que  cet  os  était 
beaucoup  plus  altéré  que  ne  l'était  la  mâchoire  en  question.  De  l'ensemble 
de  ces  faits,  MM.  Falconer,  Prestwich,  Carpenter  et  Busk  conclurent  qu'il  v 
avait  eu  fraude  au  sujet  de  cet  os  aussi  bien  que  pour  les  haches  de  la 
couche  intérieure  du  terrain  de  Moulin-Quignon;  que  tous  ces  objets  de- 
vaient être  considérés  comme  très-récents  et  que,  suivant  toute  probabi- 
lité, les  ouvriers  de  la  carrière,  après  les  avoir  enduits  artificiellement  avec 
de  la  matière  terreuse  provenant  de  cette  couche  noire,  les  avaient  enfouis 
dans  une  excavation  de  la  carrière,  où  leur  présence  aurait  été  ensuite 
signalée  à  M.  Boucher  de  Perthes  comme  une  découverte  inattendue. 


(9*8  ) 

»  M.  de  Quatrefages  et  les  autres  membres  français  de  la  réunion  ne 
crurent  pas  devoir  tirer  les  mêmes  conclusions  des  faits  observés.  Ils  con- 
statèrent que  des  cailloux  ordinaires  tirés  de  la  couche  noire  de  Moulin-Qui- 
gnon, pour  servir  à  l'entretien  des  routes,  se  laissaient  quelquefois  nettoyer 
par  le  lavage  non  moins  facilement  que  la  mâchoire,  et  que  tous  les  argu- 
ments déjà  présentés  au  sujet  de  l'influence  des  différentes  conditions  de 
gisement  sur  le  degré  d'altération  des  fossiles  étaient  applicables  à  cet  os 
aussi  bien  qu'à  la  molaire  isolée. 

»  La  question  ne  nous  sembla  pas  pouvoir  être  élucidée  davantage  par 
un  examen  plus  prolongé  dps  pièces;  mais  nous  avons  pensé  qu'il  serait 
utile  d'étudier  de  nouveau  les  lieux  où  on  les  avait  trouvées  et  de  trans- 
porter notre  enquête  à  la  carrière  de  Moulin-Quignon.  Par  conséquent  nous 
résolûmes  de  nous  y  rendre.  A  notre  grand  regret,  M.  Carpenter,  obligé  de 
retourner  à  Londres,  ne  put  assister  à  cette  seconde  partie  de  nos  investi- 
gations, mais  plusieurs  paléontologistes  qui  avaient  déjà  pris  part  à  nos 
discussions  ou  qui  étaient,  comme  nous,  désireux  d'obtenir  de  nouvelles 
lumières  sur  les  points  en  litige,  ont  bien  voulu  nous  accompagner.  De  ce 
nombre  étaient  M.  Hébert,  M.  de'  Vibraye,  M.  Gaudry,  M.  l'abbé  Bour- 
geois, M.  Delanoue,  M.  Garigou,  M.  Alphonse  Edwards,  M.  Bert  et  M.  le 
nr  Vaillant. 

»  La  valeur  d'une  pareille  enquête  dépend  beaucoup  de  la  manière  dont 
les  investigations  sont  conduites,  et  par  conséquent  j'espère  que  l'Académie 
m'excusera  si  j'entre  dans  quelques  explications  un  peu  minutieuses 
peut-être  au  sujet  de  la  marche  que  nous  avons  suivie. 

«  Notre  projet  d'excursion  à  Moulin-Quignon  ne  fut  arrêté  que  lundi  der- 
nier à  deux  heures  de  l'après-midi;  aucun  avis  ne  fut  transmis  à  Abbeville; 
les  parties  intéressées  dans  la  discussion  furent  même  les  seules  à  en  être 
informées,  elle  lendemain  matin,  longtemps  avant  le  jour,  j'étais  déjà  rendu 
i  Abbeville  pour  y  établir  la  surveillance  qui  me  paraissait  désirable.  A 
cet  effet,  une  personne  investie  de  toute  ma  confiance  (mon  fils)  alla 
s'établir  à  la  carrière  de  Moulin-Quignon  avant  que  notre  arrivée  à  Ab- 
beville eût  été  annoncée  à  qui  que  ce  soit.  Puis,  accompagné  de  M.  de 
Quatrefages  et  de  M.  Desnoyers,  je  me  rendis  chez  M.  Boucher  de  Perthes 
pour  l'informer  de  nos  intentions  et  demander  son  concours.  Ce  savant 
répondit  avec  empressement  à  nos  désirs;  il  fit  appeler  un  de  ses  amis, 
M.  Dimpre,  qui  avait  été  témoin  de  la  découverte  de  la  mâchoire;  il  obtint 
de  M.  Dariotte,  propriétaire  de  la  carrière,  les  autorisations  nécessaires 
pour  les  fouilles  que  nous  voulions  entreprendre,  et  il  nous  accompagna 


(  929  ) 
immédiatement  à  la  carrière,  où  nous  fûmes  bientôt  rejoints  par  MM.  Fal- 
coner,  Prestwich,  Bnsk,  Lartet,  Delesse  et  les  autres  savants  dont  j'ai  déjà 
cité  les  noms. 

»  Les  travaux  furent  organisés  immédiatement;  le  nombre  des  ouvriers 
présents  ne  nous  paraissant  pas  suffisant,  nous  fîmes  venir  des  environs 
une  douzaine  d'autres  terrassiers,  et  il  fut  convenu  que  ces  hommes  seraient 
payés,  non  à  raison  des  trouvailles  qu'ils  pourraient  faire,  mais  à  la 
journée.  Enfin  nos  savants  confrères  de  la  Société  Royale  de  Londres  e! 
plusieurs  des  naturalistes  français  qui  faisaient  partie  de  la  réunion  voulu- 
rent bien  se  charger  des  fonctions  de  surveillants  et  se  tenir  constamment  à 
côté  des  ouvriers  pour  en  contrôler  les  mouvements. 

»  Nous  fîmes  d'abord  enlever  les  débris  qui  encombraient  le  front  de 
l'exploitation  et  mettre  à  nu  la  craie  blanche  sur  laquelle  repose  le  grand 
dépôt,  dit  diluvien,  de  Moulin-Quignon.  Cela  fait,  nous  étudiâmes  la  dis- 
position des  lieux,  pour  nous  former  une  opinion  sur  la  facilité  avec  laquelle 
des  carriers  ou  d'autres  personnes  auraient  pu  pratiquer  une  fraude  de  la 
nature  de  celle  que  M.  Falconer  supposait  avoir  été  effectuée. 

»  La  carrière  de  Moulin-Quignon  s'exploite  à  ciel  ouvert,  au  moyen 
d'une  tranchée  d'environ  5  mètres  de  profondeur  sur  [\o  à  5o  mètres  de 
long.  Les  cailloux  que  l'on  en  tire  se  trouvent  dans  les  parties  inférieures 
et  moyennes  du  dépôt  dit  diluvien  qui  est  recouvert  par  une  couche  peu 
épaisse  de  terre  végétale,  et  pour  les  extraire  on  attaque  à  coups  de  pioche 
le  front  de  la  carrière,  puis,  à  la  pelle,  on  rejette  en  arrière  tout  ce  qui 
s'éboule  et  on  en  retire  les  cailloux,  en  laissant  sur  place  les  autres  débris 
qui  remplissent  les  parties  abandonnées  de  la  carrière,  à  mesure  que  la 
tranchée  s'avance.  Il  en  résulte  que  la  section  verticale  de  la  carrière  recule 
toujours  à  mesure  que  le  travail  avance,  et  que  si  l'on  voulait  y  pratiquer 
une  excavation  pour  y  enfouir  quelque  corps  étranger  dessiné  à  être  remis 
au  jour  ultérieurement,  en  présence  des  personnes  auxquelles  on  désirerait 
en  imposer,  il  faudrait  interrompre  sur  ce  point  les  travaux  d'exploitation, 
depuis  le  moment  où  les  préparatifs  de  cette  fraude  seraient  commencés 
jusqu'à  celui  où  on  pourrait  en  tirer  parti.  En  effet,  il  nous  a  paru  impos- 
sible d'admettre  qu'une  supercherie  de  ce  genre  pourrait  être  pratiquée  à 
l'aide  d'un  trou  percé  de  liant  en  bas  dans  le  sol  à  quelque  distance  en 
avant  de  la  tranchée.  Il  est  aussi  à  noter  que  les  ouvriers  carriers  de  Mou- 
lin-Quignon sont  payés  à  la  tâche,  c'est-à-dire  d'après  le  nombre  de  mètres 
cubes  de  cailloux  qu'ils  tirent  de  la  carrière;  que  le  salaire  de  chaque  ou- 

C.  R.,    i863,    i"  Semestre.    (T.   LV1,  N°  20    ï  '^2 


(  93o) 
viier  calculé  de  la  sorte  s'élève  ordinairement  à  2  francs  5o  centimes  par 
jour,  et  que  le  prix  auquel  ils  vendent  à  M.  Boucher  de  Perthes  les  haches 
en  question,  après  avoir  été  pendant  longtemps  de  10  centimes,  est  mainte- 
nant de  25  centimes  pièce;  par  conséquent  il  serait  difficile  de  croire  qu'en 
vue  d'un  bénéfice  illicite  de  ce  genre  ils  interrompraient  le  travail  plus  lu- 
cratif de  l'exploitation  régulière,  lors  même  que  le  propriétaire  de  la  car- 
rière voudrait  consentir  à  une  pareille  suspension. 

»  Nous  avons  étudié  également  avec  soin  la  disposition  des  puisards  ou 
cavités  naturelles  qui  parfois  existent  dans  le  banc  de  gravier  et  qui  ont  été 
remplis  à  une  époque  très-ancienne  par  des  matériaux  provenant  de  la 
partie  supérieure  du  dépôt  ou  par  de  la  terre  superposée  à  celui-ci.  Un 
naturaliste  distingué  de  Harlem,  M.  Van  Breda,  avait  cru  pouvoir  attribuer 
à  l'existence  de  ces  puisards  l'introduction  plus  ou  moins  récente  des 
haches  dans  un  terrain  diluvien  de  la  vallée  de  la  Somme  précédemment 
déposé  par  les  eaux;  mais  il  nous  a  semblé  impossible  d'admettre  qu  à 
Moulin-Quignon  les  choses  se  soient  passées  de  la  sorte,  car  les  puisards  sont 
en  très-petit  nombre,  et  les  masses  de  sable  et  d'argile  qui  descendaient  ainsi 
vers  la  craie  sont  toujours  parfaitement  reconnaissables,  nettement  circon- 
scrites, et  composées  de  matières  très-différentes  de  celles  des  couches  du 
diluvium  qu'elles  traversaient.  Par  conséquent  un  objet  qui  aurait  été  enfoui 
par  l'une  d'elles  serait  entouré  d'une  gangue  semblable  au  contenu  du  pui- 
sard et  non  d'une  gangue  analogue  à  la  substance  constitutive  des  couches 
circonvoisines.  Or  nous  avions  déjà  constaté  que  la  gangue  adhérente  à  la 
mâchoire  et  aux  haches  attribuées  à  la  couche  noire  était  identique  à  la 
matière  dont  cette  couche  se  compose,  et  par  conséquent  très-différente  du 
sable  argileux,  assez  analogue  au  lœss  qui  se  voit  dans  les  puisards. 

»  En  étudiant  la  section  verticale  du  terrain  de  Moulin-Quignon,  nous  fûmes 
frappés  d'une  particularité  qui,  dans  les  circonstances  ordinaires,  nous  aurait 
paru  sans  importance,  mais  qui  eu  a  acquis  beaucoup  à  raison  d'un  inci- 
dent dont  j'ai  déjà  parlé.  Nous  avons  vu  précédemment  qu'en  sciant  la  mâ- 
choire trouvée  par  M.  Boucher  de  Perthes  dans  la  couche  noire,  nous 
avions  remarqué  dans  l'intérieur  du  canal  de  l'artère  dentaire  un  peu  de 
sable  grisâtre  qui  ne  pouvait  provenir  de  cette  couche,  et  cette  circonstance 
avait  été  considérée  par  quelques  membres  de  la  réunion  comme  fournissant 
un  argument  puissant  contre  ceux  qui  pensaient  que  cet  os  reposait  de 
temps  immémorial  dans  le  terrain  diluvien  de  Moulin-Quignon;  cardans 
les  coupes  géologiques  de  cette  carrière  qui  avaient  été  placées  sous  nos 
yeux,  nous  n'apercevions  aucun  dépôt  ayant  ce  caractère.  Mais  à  peine 


(  9'3i  ) 
eûmes-nous  fait  mettre  à  vif  la  section,  que  l'un  de  nous  6t  remarquer  im- 
médiatement au-dessus  de  la  couche  noire  plusieurs  lits  très-minces  de  sable 
grisâtre  qui  nous  a  paru  à  tous  identique  au  sable  précédemment  observé 
dans  l'intérieur  de  la  mâchoire.  Cette  couche  grise  se  trouvait  à  quelques 
centimètres  du  niveau  où  la  mâchoire  avait  été  rencontrée,  et  on  concevait 
facilement  que  si  L'oSj  après  avoir  séjourné  quelque  temps  dans  de  l'eau 
chargée  de  ce  sable,  avait  été  exposé  à  l'action  de  quelque  petit  remous, il  au- 
rait pu  être  enfoui  plus  profondément  dans  le  gravier  noirâtre  sous-jacent. 
Ainsi  l'existence  de  ce  sable  grisâtre  dans  l'intérieur  de  l'os,  qui  la  veille 
nous  avait  paru  fournir  un  argument  plausible  en  faveur  de  la  non-au- 
thenticité de  la  découverte  de  M.  Boucher  de  Perthes,  est  devenue  tout  à 
coup  une  preuve  très-forle  du  séjour  prolongé  de  l'os  dans  le  lieu  où  ce  sa- 
vant l'avait  trouvé. 

»  Cet  incident  contribua,  je  pense,  à  ébranler  beaucoup  la  conviction  des 
paléontologistes  qui  avaient  attribué  à  une  supercherie  la  présence  de  la  mâ- 
choire dans  le  diluvium  de  Moulin-Quignon,  et  du  reste  les  résultats  de  la 
fouille  qui  se  poursuivait  activement  sous  les  yeux  de  la  réunion  ne  tar- 
dèrent pas  à  convaincre  tous  les  incrédules. 

»  En  effet,  en  enlevant  par  tranches  verticales  le  gravier  et  les  cailloux 
accumulés  entre  la  craie  et  la  terre  végétale,  nous  ne  tardâmes  pas  à  ren- 
contrer sur  place,  à  une  profondeur  de  plus  de  quatre  mètres  au-dessous 
de  la  surface  du  sol,  un  silex  taillé  en  forme  de  hache,  et  avant  la  fin  de  la 
journée  nous  en  découvrîmes  quatre  autres.  Ces  produits  de  l'industrie 
humaine  reposaient  au  milieu  d'une  couche  analogue  à  celle  dont  on  avait 
extrait  la  mâchoire;  quelques-uns  d'entre  eux  se  trouvaient  à  plus  de  vingt 
mètres  du  puisard  naturel  dont  il  a  été  déjà  question  ;  enfin,  les  circonstances 
dans  lesquelles  nous  les  trouvâmes  ne  laissèrenttians  l'esprit  d'aucun  mem- 
bre de  la  réunion  le  moindre  soupçon  au  sujet  de  leur  authenticité.  M.  Fal- 
coner  lui-même  vint  aider  M.  Alphonse  Edwards  à  retirer  du  dépôt  diluvien 
encore  en  place  une  de  ces  haches. 

»  Or,  sur  les  cinq  haches  ainsi  obtenues  en  présence  de  vingt  hommes  de 
science  et  sous  la  surveillance  active  de  personnes  qui  ne  sont  pas  étrangères  à 
l'art  d'observer,  hachesdont  l'authenticité  était  par  conséquent  indiscutable, 
il  y  en  avait  quatre  qui  ressemblaient  en  tout  à  celles  précédemment  tirées 
de  la  couche  noire  par  M.  Boucher  de  Perthes;  elles  présentaient  tous  les 
caractères  à  raison  desquels,  au  début  de  l'enquête,  plusieurs  membres  de 
la  réunion  avaient  déclaré  que  toutes  ces  haches  étaient  fausses  et  avaient 
attribué  à  quelque  fraude  habilement  pratiquée  la  présence  d'une  mâchoire 

122.. 


(  932  ) 
humaine  dans  le  dépôt  de  gravier  où  M.  Boucher  de  Perthes  avait  découvert 
cet  os. 

»  Le  désir  d'arriver  à  la  connaissance  de  la  vérité  était  Tunique  senti- 
ment dont  étaient  animés  tous  les  paléontologistes  qui,  de  Londres  et  de 
Paris,  s'étaient  rendus  à  Abheville  pour  étudier  les  questions  dont  je  viens 
d'entretenir  l'Académie,  et  dés  que  l'obscurité  dont  le  sujet  était  d'abord 
entouré  disparut  ainsi,  tous  les  membres  de  cette  réunion  d'amis  adoptèrent 
la  même  opinion.  Ecartant  toute  idée  de  fraude,  ils  ont  reconnu,  de  la 
manière  la  plus  franche,  qu'il  ne  leur  paraissait  plus  y  avoir  aucune  raison 
pour  révoquer  en  doute  l'authenticité  de  la  découverte  faite  par  M.  Boucher 
de  Perthes  d'une  mâchoire  humaine  dans  la  partie  inférieure  du  grand  dépôt 
de  gravier,  d'argile  et  de  cailloux  de  la  carrière  de  Moulin-Quignon. 

»  Ce  n'est  pas  sans  quelque  satisfaction  que  j'ai  vu  de  la  sorte  les  opi- 
nions de  M.  de  Quatrefages,  de  M.  Lartet,  de  M.  Desnoyers,  de  M.  Delesse, 
et  des  autres  naturalistes  français  réunis  à  Moulin-Quignon,  obtenir  la  haute 
sanction  d'hommes  dont  l'autorité  est  si  grande  dans  la  science  et  dont  le 
jugement  est  d'autant  plus  précieux  qu'il  a  été  plus  lentement  formé. 

»  En  effet,  M.  Prestwich,  qui  doutait  encore  en  arrivant  avec  nous  à 
Abheville  et  qui  est  parti  convaincu  comme  nous  l'étions  nous-mêmes,  est 
un  des  géologues  les  plus  estimés  de  l'Angleterre  et  un  des  savants  qui  ont 
fait  de  la  constitution  géologique  de  la  vallée  de  la  Somme  les  études  les 
plus  approfondies.  M.  Busk,  dont  l'opinion  finale  est  partagée  par  M.  Car- 
penter,  est  aussi  un  observateur  excellent  et  dont  la  valeur  est  incontestée. 
Enfin  M.  Falconer,  qui,  dans  cette  occasion  comme  dans  toutes  les  autres 
circonstances  de  sa  vie,  a  fait  preuve  d'un  caractère  des  plus  honorables, 
d'un  savoir  profond  et  d'un  amour  ardent  de  la  vérité,  est  sans  contredit 
un  des  paléontologistes  1*  plus  habiles  de  notre  temps;  les  naturalistes 
n'oublient  jamais  ses  longs  et  beaux  travaux  sur  la  faune  fossile  des  mon- 
tagnes de  l'Inde  où  vivaient  jadis  le  Sivatherium  et  une  foule  d'autres 
animaux  dont  l'étude  offrait  de  grandes  difficultés.  La  dissidence  d'opinion 
qui,  pendant  un  instant,  l'a  séparé  des  naturalistes  français,  ne  diminue 
en  rien,  à  leurs  yeux,  ses  droits  à  la  reconnaissance  des  hommes  de 
science,  et  la  candide  loyauté  dont  il  vient  de  nous  donner  de  nouvelles 
preuves  l'élève  dans  l'estime  de  tous  les  gens  de  bien. 

»  La  nouvelle  découverte  de  M.  Boucher  de  Perthes  pourra  donc,  sans 
contestation  ultérieure,  prendre  place  à  côté  de  celles  de  Schmerling,  de 
Tournai,  de  M.  Lartet,  de  M.  de  Vibraye,  et  des  autres  paléontologistes  qui 
ont  constaté  précédemment  des  faits  du  même  ordre. 


(9^3  ) 
»  L'Académie  a  pu  remarquer  que,  dans  tout  ce  que  je  viens  de  dire,  il 
n'a  jamais  été  question  de  l'âge  géologique  du  terrain  dans  lequel  on 
trouve  tant  de  preuves  de  l'existence  de  l'homme  à  une  période  bien  recu- 
lée, mais  dont  la  date  nous  est  inconnue.  En  effet,  nos  investigations  n'ont 
pas  porté  sur  ce  point  de  l'histoire  du  globe,  car  plusieurs  d'entre  nous 
n'auraient  pas  eu  autorité  pour  en  traiter,  et  nous  étions  tous  désireux  de 
ne  pas  sortir  des  limites  de  la  question  de  fait  dont  l'examen  était  le  motif 
de  notre  réunion.  Dans  ses  communications  précédentes  à  l'Académie, 
M.  de  Quatrefages  avait  déjà  fait  de  sages  réserves  à  ce  sujet,  et  en  ter- 
minant ce  compte  rendu  je  crois  devoir  ajouter  qu'à  mon  avis  on  ne 
saurait  montrer  trop  de  prudence  dans  les  conjectures  auxquelles  on  se 
livre  lorsque,  par  la  pensée,  on  remonte  dans  la  série  des  temps  et  qu'on  se 
demande  quand  ont  pu  avoir  lieu  les  inondations  qui  semblent  avoir  fait 
périr  les  hommes,  les  éléphants,  les  rhinocéros  et  les  autres  animaux  dont 
l'existence  à  ce  moment  parait  être  prouvée  par  les  vestiges  découverts  dans 
le  terrain  cpie  la  plupart  des  géologues  appellent  le  diluvium.  On  doit  croire, 
ce  me  semble,  que  tous  ces  êtres  existaient  dans  cette  région  du  globe  à 
une  époque  où  le  continent  européen  n'avait  pas  encore  sa  configuration 
actuelle,  mais  il  est  peut-être  permis  de  se  demander  si  leur  destruction  a 
dû  être  antérieure  aux  temps  historiques,  et  si  le  phénomène  qui  a  modifié 
si  profondément  l'état  de  cette  partie  de  la  surface  du  globe  a  dû  avoir 
nécessairement  quelque  retentissement  dans  les  parties  de  l'Asie  où  l'his- 
toire place  le  berceau  de  l'espèce  humaine  et  où  les  traditions  des  premiers 
âges  ont  été  conservées.  Ce  sont  là  des  questions  que  je  n'ose  effleurer, 
mais  j'ai  voulu  les  indiquer  pour  motiver  la  réserve  extrême  que  j'ai  cru 
devoir  montrer  dans  la  partie  géologique  du  débat  qui  vient  de  se  ter- 
miner.  » 

PALÉONTOLOGIE  HUMAINE.  —  Mâchoire  de  Moulin-Quignon.  Observations  de 

M.  de  Quatrefages. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  d'ajouter  quelques  mots  au 
Rapport  d'ailleurs  si  complet  de  M.  Edwards.  Je  désire  me  joindre  à  mou 
honorable  confrère  pour  exprimer  les  seutiments  de  haute  estime  que  m'ont 
inspirés  la  démarche  des  savants  anglais  et  toute  leur  conduite  pendant  les 
quelques  jours  que  nous  avons  passés,  pour  ainsi  dire,  en  discussion  perma- 
nente. Il  est  impossible  d'apporter  dans  des  débats  de  cette  nature  un  amour 
plus  désintéressé  pour  la  science,  une  loyauté  plus  complète;  d'accepter 
avec  une  franchise  plus  entière  les  faits  une  fois  constatés.  Au  début  de  nos 


(  934  ) 
conférences,  les  convictions  opposées  étaient  également  entières,  et  pour- 
tant la  sévérité  minutieuse  que  chacun  apportait  à  l'examen  des  choses  n'a 
jamais  altéré  un  seul  instant  la  cordialité  envers  les  personnes,  et  j'ose  espé- 
rer que  cette  lutte  scientifique  aura  fait  naître  entre  tous  ceux  qui  v  ont 
pris  part  une  amitié  sincère  et  durable. 

»  Je  dois  ajouter  que  la  discussion  a  mis  pleinement  en  lumière  un  fait 
facile  à  admettre,  et  dont,  pour  mon  compte,  je  n'ai  jamais  douté.  Il  n'a  pu 
venir  à  l'esprit  de  personne  que  des  hommes  aussi  éminents  que  MM.  Fal- 
coner,  Busk,  Prestwich,  etc.,  aient  embrassé  à  la  légère,  et  sans  des  motifs 
sérieux,  les  opinions  qu'ils  sont  venus  défendre  à  Paris;  on  comprend  que 
ces  mêmes  motifs  aient  dû  faire  naître  quelques  doutes  dans  l'esprit  de 
M.  Carpenter.  Aussi  suis-je  le  premier  à  reconnaître  que  ces  motifs  exis- 
taient. En  l'absence  de  tout  autre  moyen  de  contrôle,  l'apparence  exté- 
rieure de  certaines  haches  soumises  au  lavage,  la  conservation  remar- 
quable de  la  matière  animale  dans  la  dent  examinée  en  Angleterre  et  les 
conséquences  qu'entraînait  cette  conservation,  pouvaient  fort  bien  paraître 
motiver  pleinement  les  conclusions  adoptées  par  nos  confrères  de  Londres. 
Pour  contre-balancer  l'entraînement  qui  devait  résulter  de  la  constatation 
de  ces  faits,  pour  conserver  et  défendre  des  convictions  contraires,  il  fallait 
avoir  par  devers  soi  une  base  vraiment  inébranlable  et  un  terme  de  compa- 
raison pour  ainsi  dire  absolu.  Or,  ces  deux  éléments  manquaient  à  nos  sa- 
vants amis  de  Londres,  tandis  que  j'avais  l'immense  avantage  de  les  posséder. 

»  En  effet,  seul,  je  pouvais  avoir  la  certitude  entière  que  l'une  de  mes  deux 
haches  était  incontestablement  authentique,  car  moi  seul  l'avais  vue  en  place, 
dans  les  parois  à  vif  de  la  carrière,  sur  un  point  que  l'outil  n'avait  pas  même 
effleuré.  Ici  toute  fraude,  comme  je  le  disais  dans  ma  seconde  Note,  était 
rigoureusement  impossible.*  Dès  lors,  quels  que  fussent  les  caractères  pro- 
pres de  cette  hache,  ils  ne  pouvaient  rien  prouver  contre  son  authenticité. 
Tout  au  contraire,  l'étude  de  ces  caractères  devait  évidemment  m'éçlairer 
sur  la  valeur  de  ceux  que  présentaient  les  autres  objets  de  même  nature 
et  la  mâchoire  elle-même;  elle  devait  surtout  démontrer  si  cette  dernière 
avait  été  frauduleusement  introduite  dans  la  couche  où  l'avait  trouvée 
M.  Boucher  de  Perthes,  ou  bien  si  elle  datait  de  la  même  époque  que  cette 
couche. 

»  Or,  cette  étude,  minutieusement  faite  à  tous  les  points  de  vue,  condui- 
sait toujours  à  admettre  la  contemporanéité  de  la  hache  servant  de  point  de 
comparaison,  des  autres  haches  de  même  provenance,  et  de  la  mâchoire 
humaine.  —  Je  ne  pouvais  donc  douter  de  l'authenticité  de  cette  dernière 


(935  ; 

»  On  voit  sur  quelle  base  sûre  reposait  l'opinion  que  j'ai  défendue.  Sans 
elle,  je  n'hésite  pas  à  le  reconnaître,  mes  convictions  premières  eussent 
sans  doute  été,  sinon  changées,  du  moins  rudement  ébranlées,  par  les  faits 
graves  que  leur  opposaient  des  juges  aussi  compétents  que  MM.  Falconer, 
Prestwich,  Busk,  Evans;  sans  elle  aussi  peut-être,  les  savants  qui,  les  pre- 
miers, ont  hautement  accepté  avec  moi  l'authenticité  de  la  mâchoire, 
MAI.  Delesse,  Desnoyers,  Lartet,  Gaudry,  Lyman,  Pictet,  eussent-ils  hésite 
davantage  à  se  prononcer,  et  je  suis  heureux  de  les  remercier  ici  de  la 
confiance  qu'ils  ont  témoignée  dans  la  sûreté  de  mes  observations  (i). 

»  Mais  le  même  fait,  venant  à  se  reproduire,  devait  amener  chez  les  autres 
un  résultat  tout  semblable,  et  c'est  ce  qui  est  arrivé.  Dès  que  nos  éminents 
confrères  de  Londres  ont  pu  disposer  des  mêmes  éléments  d'appréciation, 
des  qu'ils  ont  eu  vu  retirer  des  haches  de  la  carrière,  —  et  surtout  constaté  la 
présence  de  la  hache  n°  5  dans  les  parois  mêmes  de  l'exploitation,  —  dès 
qu'ils  ont  pu  comparer  les  caractères  de  cette  hache  avec  les  caractères  des 
haches  jusque-là  regardées  par  eux  comme  fausses  ou  douteuses,  ils  se 
sont  ralliés  à  notre  opinion  avec  la  loyale  franchise  dont  ils  avaient  fait 
preuve  pendant  toute  la  discussion. 

»  Au  reste,  le  désaccord  même  qui  nous  a  séparés  pendant  quelques  jours 
aura  été  très-utile  à  la  science.  «  Le  procès  de  la  mâchoire  (tlie  triai  qf  tlit 
»  jaw),  m'écrit  M.  Carpenter  (2),  prendra  place  parmi  les  causes  célèbres  de 
>■  la  science.  »  Or,  ce  procès  a  été  instruit  de  telle  sorte,  qu'il  me  parait  impos- 
sible de  ne  pas  accepter  le  verdict  porté  a  l'unanimité  par  un  jury  naguère 
si  profondément  divisé.  L'authenticité  de  la  découverte  faite  par  M.  Bou- 
cher de  Perthes  est  donc  désormais  hors  de  doute.  » 

M.  Eue  de  Beaumont  demande  la  parole  et  s'exprime  dans  les  termes 
suivants  : 

■«  J'espère  que  mes  honorables  et  savants  confrères,  M.  Milite  Edwards 
et  M.  de  Quatrefages,  voudront  bien  ne  pas  trouver  que  je  manque  de  cour- 
toisie en  exprimant  l'opinion  que  le  terrain  de  transport  exploité  dans  la 
carrière  de  Moulin-Quignon  n'appartient  pas  au  diluvium  proprement  dit. 

»  Dans  mon  opinion  ce  terrain  détritique,  d'apparence  clysmienne,  doit 
être  rapporté  aux  dépôts  auxquels  j'ai  appliqué  la  dénomination  de  dépôts  rntu- 

(1)  M.  Alphonse  Edwards,  qui  vint  étudier  ces  objets  chez  moi  après  la  lecture  de  ma 
troisième  Note,  reconnut  aussi  leur  authenticité  avant  toute  discussion  contradictoire. 

(2)  M.  Carpenter,  qui  du  reste  n'a  manifesté  nulle  part  officiellement  les  doutes  qu'il  a  pu 
concevoir,  adopte  toutes  les  conclusions  de  la  réunion,  et  m'exprime  son  opinion  à  ce  sujet 
dans  une  lettre  à  laquelle  j'ai  été  extrêmement  sensible. 


(936) 
blés  sur  des  pentes.  La  spécification  de  ce  terrain  n'est  pas  une  invention  née 
de  la  discussion  actuelle  ;  j'ai  figuré  et  désigné  ainsi  le  terrain  dont  il  s'agit, 
de  concert  avec  M.  Dufrénoy,  sur  la  Carie  géologique  détaillée  du  nord  de  la 
France  à  l'échelle  de  -g^nnr,  1n*  a  ^  exposée  en  1 855  au  Palais  de  l'In- 
dustrie. Déjà,  plusieurs  années  auparavant,  M.  du  Souich,  ingénieur  en 
chef  des  mines,  l'avait  figuré  sur  sa  Carte  géologique  du  département  du 
Pas-de-Calais,  et  notre  savant  confrère,  M.  Antoine  Passy,  l'a  également 
figuré  sur  sa  Carte  géologique  du  département  de  la  Seine-Inférieure,  pré- 
sentée l'année  dernière  à  l'Académie. 

»  La  Carte  géologique  détaillée  n'indique  dans  la  vallée  delà  Somme, 
près  d'Abbeville  (je  ne  parle  pas  ici  d'Amiens),  que  trois  terrains  :  la  craie 
blanche  supérieure,  Yalluvion  tourbeuse  et  les  dépôts  meubles  sur  des  pentes. 

»  La  Carte  géologique  générale  de  la  France,  à  l'échelle  de  60O'0ut),  en 
figurait  seulement  deux,  la  craie  blanche  c2  et  Yalluvion  a2,  parce  que  les 
dépôts  meubles  sur  des  pentes  n'y  étaient  pas  distingués  de  Palluvion,  et 
avaient  dû  même  souvent  être  négligés. 

»  Les  dépôts  meubles  sur  des  pentes  sont  contemporains  de  l'alluvion 
tourbeuse  (  i  )  et  de  même  que  la  tourbe  ils  peuvent  contenir  des  produits  de 
l'industrie  humaine  et  des  ossements  humains.  Mais  ces  mêmes  dépôts 
(sortes  de  post-diluvium),  étant  formés  de  débris  détachés  et  entraînés  par 
les  agents  atmosphériques  (les  orages,  les  gelées,  les  neiges,  etc.  ),  peuvent 
contenir  en  même  temps  que  ces  débris,  tout  ce  que  contiennent  les  petits 
dépôts  diluviens  répandus  partout  à  la  surface  et  dans  les  anfractuosités  des 
roches  en  place,  notamment  des  dents  et  des  ossements  d'éléphant,  d'hippo- 
potame, etc.,  qui  sont  au  nombre  des  matières  que  le  transport  et  l'action 
des  agents  extérieurs  détruisent  le  plus  difficilement  (2). 

(1)  Je  reproduis  ici,  pour  mieux  préciser  les  idées,  le  commencement  de  la  légende  de  la 
Carte  géologique  détaillée,  imprimée  en  i855  : 

Terrains  superficiels....  A.  dépôts  meubles  sur  des  pentes. — a:.  alluvions. — L.  dunes  et 

cordon  littoral. — T.  tourbes. 
Terrain   erratique  ou  diluvium a',    dépôt  erratique  supérieur. 

!P3.  limon  jaune  de  Picardie. 
P2.   dépôt  erratique  inférieur. 
P1.  sable  de  Diest. 
Terrain  tertiaire  moyen. 

(2)  Dans  nos  départements  de  l'Est  (Moselle,  Meurthe,  Meuse,  Haute- Marne,  etc.)  on 
désigne  par  le  nom  spécial  de  groise ,  les  dépôts  de  débris  incohérents  qui  forment  des  talus 
plus  ou  moi,ns  inclinés  sur  les  pentes  et  au  pied  des  escarpements  des  calcaires  jurassiques- 


(  937  ) 

»  Les  hommes  et  leséléphants,  dont  lesosseménts  seraient  confondus  dans 
un  pareil  dépôt,  n'auraient  pas  été  nécessairement  contemporains,  et  l'état 
de  conservation  différent  de  leur  matière  gélatineuse  suffirait,  suivant  moi, 
pour  avertir  qu'ils  remontent  à  des  époques  très-différentes.  Quant  aux  haches 
en  silex  véritablement  antiques,  il  serait  naturel,  ce  semble,  de  les  rapporter 
à  Vàge  de  pierre  des  habitations  lacustres  de  la  Suisse  :  or  les  habitations  la- 
custres étant  coordonnées  au  niveau  actuel  des  lacs,  on  peut  affirmer  qu'elles 
sont  post-diluviennes;  car  dans  les  lacs  de  la  Suisse,  dans  ceux  même,  s'il 
en  existe,  dont  le  lit  n'a  pas  été  façonné  par  le  phénomène  erratique  ou  di- 
luvien, le  niveau  actuel  des  eaux  ne  ilate  que  des  derniers  effets  de  ce  puis- 
sant phénomène,  qui  ont  laissé  le  seuil  de  chaque  lac  tel  que  nous  le  voyons 
aujourd'hui. 

»  Je  ne  crois  pas  que  l'espèce  humaine  ait  été  contemporaine  de  VEle- 
phas  primigenius.  Je  continue  à  partager  à  cet  égard  l'opinion  de  M.  Cuvier, 
\1  opinion  de  Cuvier  est  une  création  du  génie;  elle  n'est  pas  détruite.  » 

Observations  de  M.  Milne  Edwards  à  l'occasion  des  remarques  précédentes. 

«  M.  Milne  Edwards  répond  qu'il  ne  se  considère  pas  comme  ayant 
autorité  pour  discuter  avec  son  savant  confrère,  M.  Elie  de  Beaumont,  la 
question  stratigraphique  relative  à  l'âge  du  grand  dépôt  de  cailloux,  de 
gravier  et  de  sable  qui  occupe  la  vallée  de  la  Somme  autour  d'Àbbeville  et 
d'Amiens,  et  qui  renferme  sur  plusieurs  points,  notamment  à  Moulin-Qui- 
gnon, à  Menchecourt  et  à  Saint  Acheul,  des  produits  de  l'industrie  hu- 
maine à  côté  d'os  fossiles  du  mammouth  et  d'autres  animaux  dont  l'espèce 
est  éteinte  aujourd'hui.  Il  laisse  cette  discussion  aux  géologues  dont  l'opi- 

Feu  M.  Duhamel  parle  souvent  de  la  groise,  dans  le  précieux  journal  encore  inédit  de  ses 
tournées  géologiques  faites  avant  l'année  iS5o,  dans  le  département  de  la  Haute- Marne;  et 
dans  une  Notice  fort  intéressante  que  j'ai  lue  il  v  a  plusieurs  années,  un  auteur,  dont  le  nom 
m'échappe  en  ce  moment,  a  signalé  la  présence  d'ossements  d'éléphant  dans  ces  talus 
de  matières  meubles  :  il  est  évident  que  des  produits  de  l'industrie  et  même  des  ossements 
humains  doivent  se  trouver  aussi  dans  ces  dépôts  qui  sont  accrus  et  souvent  remaniés  à  chaque 
dégel,  à  chaque  orage.  La  groise  est,  de  même  que  les  dépôts  meubles  sur  des  pentes  auxquels 
on  peut  la  rattacher,  un  terrain  d'un  caractère  mixte,  au  point  de  vue  paléontologjque 
comme  au  point  de  vue  de  sa  formation  par  des  éboulis  accumulés. 

Rien  n'est  plus  complexe  et  souvent  plus  difficile  à  débrouiller  et  à  expliquer  que  la  couche 
de  matériaux  incohérents  qui  existe  presque  partout  au-dessous  de  la  couche  de  terre  vé- 
gétale que  retourne  le  soc  de  la  charrue.  Confondre  impitoyablement  tous  ces  amas  de  ma- 
tières détritiques  sous  le  nom  de  diluvium,  c'est  simplement  éluder  les  difficultés  auxquelles 
ils  donnent  naissance. 

C.   [\.,  i863,   i"  Semestre.   (T.   LVI,.2P>  SD;)  '  23 


(  938) 
nion  est  déjà  connue  par  leurs  écrits,  et  il  ajoute  qu'il  a  employé  le  mot 
diluvium  pour  désigner  ce  terrain,  parce  que  ce  nom,  quelque  fausse  que 
puisse  être  l'idée  que  l'on  y  attache  quelquefois,  avait  été  souvent  prononcé 
dans  l'enquête  dont  il  rend  compte,  et  lui  avait  paru  être  accepté  par 
tous  les  géologues  qui  se  trouvaient  avec  lui  à  Abbeville.  Il  y  avait  entre  ces 
savants  quelque  dissidence  d'opinion  relativement  au  synchronisme  de  cer- 
taines divisions  de  ce  terrain  ,  mais  il  lui  semble  que  tous  s'accordaient 
avec  M.  Prestwich  pour  considérer  l'ensemble  de  ces  dépôts  comme  appar- 
tenant à  la  période  quaternaire,  et  comme  n'ayant  pas  été  remanié  depuis 
l'époque  actuelle.  M.  Mil  ne  Edwards  croit  devoir  ne  pas  discuter  cette  ques- 
tion géologique,  qui  n'est  pas  de  sa  compétence,  mais  il  ne  s'imposera  pas 
la  même  réserve  au  sujet  de  la  question  zoologique  touchant  l'existence 
contemporaine  de  l'homme  et  de  divers  animaux  dits  antédiluviens  dont 
les  os  se  retrouvent  à  l'état  fossile  dans  le  terrain  de  transport  de  la  vallée 
de  la  Somme  ainsi  que  sur  beaucoup  d'autres  points  en  Europe,  mais  dont 
l'espèce  est  éteinte  aujourd'hui.  Cette  contemporanéité  lui  semble,  sinon 
démontrée,  du  moins  extrêmement  probable,  et,  dans  une  autre  occasion, 
il  développera  les  motifs  de  son  opinion;  car  la  négation  absolue  pro- 
noncée par  son  savant  collègue  porte  non-seulement  sur  le  fait  particulier 
de  la  vallée  de  la  Somme,  mais  aussi  sur  tous  les  faits  analogues  signalés 
depuis  une  dizaine  d'années  tant  en  Angleterre  et  en  Belgique  qu'en 
France.    » 

Observations  de   M.  de  Quatrefages    au    sujet   de   la   déclaration  Jaite 
par  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Un  de  nos  confrères  me  fait  remarquer  que  la  déclaration  de  notre 
illustre  Secrétaire  perpétuel  semble  enlever  toute  valeur  scientifique  à  la 
mâchoire  dont  on  s'est  tant  occupé;  que  si  cette  mâchoire  appartient  à 
l'époque  actuelle,  elle  n'offre  guère  plus  d'intérêt  que  tout  ossement  retiré 
d'un  ancien  cimetière. 

»  Je  ne  sais  quelle  est  sur  ce  point  la  manière  de  voir  de  M.  de  Beaumont, 
mais  en  ce  qui  me  concerne  j'ai  une  opinion  fort  différente.  Quelle  que 
soit  la  doctrine  géologique  reconnue  pour  vraie,  la  mâchoire  trouvée  par 
M.  de  Perthes  n'en  aura  pas  moins  une  très-grande  importance  au  point  de 
vue  de  l'anthropologie.  Ses  caractères  la  distinguent  des  ossements  de 
même  nature  ayant  appartenu  aux  époques  gallo-romaines  ou  celtiques;  la 
présence  seule  des  haches  avec  lesquelles  on  l'a  trouvée  lui  assigne  une  plus 
haute  antiquité.  D'autres  faits  de  la  même  nature  que  celui  qui  vient  de 
nous  occuper  seront  en  outre  sous  peu  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie. 


(939  ) 
Mais  dès  à  présent  on  peut  affirmer  que  la  mâchoire  de  Moulin-Quignon 
appartient  à  une  des  plus  anciennes  et  bien  probablement  à  la  plus  ancienne 
des  races  qui  ont  habité  le  sol  de  l'Europe  occidentale.  Cette  conclusion  est 
à  mes  yeux  entièrement  indépendante  des  questions  géologiques. 

»  Quant  à  ces  dernières,  je  déclare  encore  une  fois  n'avoir  aucune  qua- 
lité pour  les  traiter,  et  si,  dans  mes  communications  précédentes,  j'ai  em- 
ployé des  expressions  qui  semblaient  indiquer  un  parti  pris  à  cet  égard, 
c'est  que  je  croyais  me  servir  de  termes  consacrés  par  un  usage  généial.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.    —   Expériences   sur    la    décoloration   des  fleurs   du 
Lilas  (Syringa  vulgaris  L.  )  dans  ta  culture  forcée;  par  M.  P.  Dcchartre. 

«  Le  Lilas  commun  [Syringa  vulgaris  \j.)  est  devenu  dans  ces  derniers 
temps  l'objet  d'une  culture  spéciale,  curieuse  par  le  résultat  qu'elle  donne, 
et  qui  a  pour  les  physiologistes  un  intérêt  évident,  puisqu'elle  montre  avec 
quelle  énergie  les  circonstances  extérieures  peuvent  agir  sur  le  principe  co- 
lorant de  certaines  fleurs.  Elle  consiste  en  elfet  à  prendre  dans  les  pépi- 
nières, à  un  moment  quelconque  de  notre  long  hiver,  des  pieds  de  cet 
arbuste  appartenant  aux  variétés  colorées,  particulièrement  à  celle  qui  est 
connue  sous  le  nom  de  Lilas  de  Marly  [Syringa  vulgaris  Lin.,  var.  purpurea 
D.C.),  et,  en  les  soumettant  à  une  culture  forcée,  c'est-à-dire  opérée  en 
serre  chaude,  à  en  obtenir,  clans  l'espace  de  deux  à  trois  semaines,  des 
fleurs  dépourvues  de  leur  couleur  normale,  en  d'autres  termes,  à  peu 
près  entièrement  blanches. 

»  La  marche  suivie  par  les  jardiniers  en  vue  d'obtenir  ainsi  des  fleurs 
blanches  du  Lilas  naturellement  violet  a  subi  successivement  des  modifi- 
cations qu'il  ne  sera  pas  inutile  de  rappeler  en  peu  de  mots. 

»  A  l'origine  et  à  la  date  d'environ  quarante  ans,  les  rares  horticulteurs 
parisiens  qui  savaient  obtenir,  en  hiver,  du  Lilas  blanchi  par  la  culture,  creu- 
saient dans  le  sol  une  fosse  profonde,  au  fond  de  laquelle  ils  établissaient 
une  bonne  couche  de  fumier;  lorsque  la  fermentation  avait  échauffé  cette 
couche  au  degré  convenable,  ils  la  couvraient  de  touffes  de  Lilas  fraîche- 
ment ai  radiées  en  motte.  Ils  fermaient  ensuite  la  fosse  au  moyen  de  châssis 
vitrés  qu'ils  couvraient  de  paillassons,  et  dont  ils  garnissaient  tout  le  tour 
avec  du  fumier,  formant  ce  qu'on  nomme  en  horticulture  un  réchaud.  Ainsi 
disposé,  le  Lilas  développait,  dans  l'espace  de  17  à  20  jours,  des  fleurs  remar- 
quablement blanches.  Or,  comme  on  le  voit,  les  influences  auxquelles  on 
le  soumettait  dans  ce  cas  étaient  une  forte  chaleur  produite  parla  fermen- 

123.. 


(  94o  ) 
tation  du  fumier,  et  la  suppression  presque  complète  de  la  lumière,  due  a  la 
profondeur  de  la  fosse  e(  à  la  présence  de  paillassons  sur  les  vilres  des  châssis. 

»  Plus  récemment,  un  horticulteur  de  Paris,  aussi  ingénieux  qu'habile 
dans  son  art,  M.  Laurent  aîné,  a  substitué  à  ce  procédé  primitif  et  dispen- 
dieux une  marche  nouvelle  qui  offre  le  double  avantage  d'être  moins  coû- 
teuse, grâce  au  remplacement  des  couches  et  réchauds  de  fumier  par  des 
appareils  de  chauffage,  et  de  donner  en  moins  de  temps  un  résultat  plus 
assuré.  Dans  le  vaste  établissement  qu'il  a  créé  pour  cet  objet,  et  dans  le- 
quel il  obtient  aussi  en  abondance,  pendant  tout  l'hiver,  des  roses  d'une 
fraîcheur  parfaite,  il  consacre  à  la  culture  du  Lilas  trois  grandes  serres 
à  un  seul  versant,  où  l'exposition  vers  le  nord  ne  laisse  arriver  que  la  lu- 
mière diffuse,  affaiblie  encore,  pendant  le  développement  des  fleurs,  au 
moyen  de  grands  panneaux  de  bois  goudronné  qu'on  pose  sur  la  moitié  en- 
viron de  la  surface  vilrée.  Là  de  puissants  thermosiphons  maintiennent  une 
température  constante  de  3s  à  35°  C.  Les  touffes  de  Liias,  immédiatement 
après  avoir  été  arrachées,  sont  plantées  dans  le  sol  qui  forme  le  tond  de  ces 
serres,  bien  que  le  temps  leur  manque  pour  s'y  enraciner,  et  dans  le  court 
espace  de  i4  jours,  en  moyenne,  elles  développent  de  belles  panicules  de 
fleurs  blanches,  égales  en  ampleur  à  celles  que  le  printemps  fait  épanouir, 
dans  les  conditions  normales  de  la  végétation. 

»  Ici  encore,  quelles  sont  les  circonstances  extérieures  les  plus  saillantes 
sous  l'action  desquelles  est  placé  le  Lilas  et  par  lesquelles  il  semble  naturel 
d'expliquer  le  résultat  obtenu,  c'est-à-dire  la  décoloration  des  fleurs?  Ce 
sont,  si  je  ne  nie  trompe:  i°  la  haute  température,  qui  accélère  beaucoup 
l'ouverture  des  bourgeons  à  contre-saison,  et  le  développement  des  inflores- 
cences; 2°  l'affaiblissement  de  la  lumière,  dont  on  connaît  la  puissante  in- 
fluence sur  la  coloration  des  fleurs  et  qui  manifeste,  dans  ce  cas,  son  action 
en  signes  irrécusables  par  le  demi  étiolement  des  rameaux  feuilles  ;  3°  peut- 
être  l'arrachage,  qui  a  placé  l'arbuste  dans  un  état  peu  favorable  à  sa  nutri- 
tion. De  ces  trois  circonstances  extérieures,  l'affaiblissement  de  la  lumière 
est  celle  à  laquelle  j'ai  cru  pouvoir  attribuer  l'action  la  plus  puissante, 
lorsque,  à  la  date  de  trois  années,  j'ai  examiné  avec  quelque  détail,  dans 
\e  Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  a"  Horticulture,  les  cultures  forcées 
de  Lilas  de  M.  Laurent  aîné;  cependant  je  n'ignorais  pas  alors  que  la  dé- 
coloration des  mêmes  fleurs  était  obtenue  par  d'autres  jardiniers  sans  cet 
affaiblissement  de  la  lumière,  mais  toujours  à  l'aide  d'une  haute  tempéra- 
ture et  d'ailleurs  par  une  culture  notablement  différente. 

•>    Cette  année,  une  circonstance  heureuse,  dont  je  me  suis  empressé  de 


(  9-'i'   ) 
profiter,  ma  permis  de  reprendre  l'étude  de  cette  question  intéressante  et 
d'en  poursuivre  l'élucidation  par  des  expériences  variées  dont  je  vais  avoir 
l'honneur  de  communiquer  les  résultats  à  l'Académie. 

»  Au  mois  de  février  dernier,  un  motif  particulier  m'ayant  conduit  à 
Rocquencourt,  près  de  Versailles,  dans  la  belle  propriété  de  M.  Furtado, 
j'y  ai  vu  avec  surprise  les  heureux  résultats  d'une  culture  hivernale  de  Lilas 
faite  dans  des  conditions  différentes  de  celles  que  je  viens  d'indiquer. 
M.  Fournier,  qui  y  dirige  avec  une  rare  habileté  de  vastes  cultures  jardi- 
nières, eut  l'idée,  il  V  a  deux  ans,  de  coucher  simplement,  sous  la  larçe 
tablette  d'une  serre  médiocrement  chauffée,  quelques  touffes  de  Lilas  arra- 
chées avec  une  motte  peu  volumineuse.  Il  vit  cet  essai  réussir  au  delà  de  ses 
espérances,  et  les  arbustes  ainsi  placés  développer  de  belles  panicules  de 
fleuis  blanches.  Dès  lors,  éclairé  par  cette  expérience,  il  a  établi,  dans  une 
serre  hollandaise  ou  à  deux  versants,  une  culture  simplifiée  qui  lui  a  donné 
sans  interruption,  pendant  tout  l'hiver  dernier,  une  quantité  considérable 
de  fleurs  de  Lilas  dépourvues  de  principe  colorant.  Les  conditions  dans  les- 
quelles il  a  obtenu  ce  résultat  sont  :  une  température  de  i5°C.  en  moyenne 
et  une  lumière  affaiblie,  les  arbustes  arrachés  avec  une  petite  motte  étant 
mis  dans  une  fosse  maçonnée  qui  a  été  creusée  pour  cet  objet  sous  une 
large  tablette  de  la  serre. 

»  Dans  ces  nouvelles  conditions,  il  est  évident  que  la  chaleur  ne  peut  être 
regardée  comme  empêchant  la  formation  du  principe  colorant,  puisque  le 
Lilas  ainsi  cultivé  n'est  soumis  qu'à  une  température  de  -+-  i5°C,  égale  à 
peu  près  à  la  moyenne  diurne  sous  l'influence  de  laquelle  il  épanouit  habi- 
tuellement ses  fleurs,  dans  les  circonstances  normales,  au  printemps.  Il  ne 
reste  donc,  dans  ce  cas,  parmi  les  trois  causes  probables  de  cette  décolo- 
ration, que  l'affaiblissement  de  la  lumière,  et  peut-être  l'arrachage,  aux- 
quels on  puisse  recourir  pour  essayer  une  explication  du  fait.  C'est  afin  de 
m'éclairer  sur  l'action  que  pouvaient  exercer  ces  deux  dernières  causes,  et 
plus  particulièrement  la  première,  que  j'ai  fait  les  expériences  suivantes  aux- 
quelles M.  Fournier  a  bien  voulu  se  prêter  avec  une  parfaite  obligeance. 

»  i°  Comme  je  l'ai  dit,  les  pieds  de  Lilas  commun,  destinés  à  la  produc- 
tion de  fleurs  blanches,  sont  placés  à  Rocquencourt  dans  une  serre  basse, 
entièrement  vitrée  par-dessus;  après  avoir  été  arrachés  avec  une  motte  peu 
volumineuse,  ils  sont  posés,  plus  ou  moins  obliquement,  dans  une  longue 
fosse  maçonnée,  creusée  au-dessous  d'une  tablette  en  bois  qui  est  large 
d'environ  im,5o,  et  qui  supporte  habituellement  de  nombreuses  plantes  en 
pots.  Cette  fosse  reçoit  une  lumière  affaiblie  qui  y  pénètre,  du  côté  du  nord, 


(  942  ) 
par  l'intervalle  dont  la  tablette  s'élève  au-dessus  du  sol  de  la  serre.  Là  on  ne 
donne  pas  à  ces  arbustes  d'antres  soins  que  les  arrosenients  nécessaires  pour 
entretenir  leur  végétation.  La  lumière  à  laquelle  ils  sont  soumis  est  d'autant 
plus  affaiblie  qu'ils  se  trouvent  plus  éloignés  de  l'ouverture  de  la  fosse,  et  cette 
différence  se  traduit  par  l'état  des  feuilles  qui,  sur  les  pieds  voisins  de  cette 
ouverture,  sont  très-vertes  et  fermes,  tandis  que,  sur  ceux  qui  sont  placés 
plus  en  arrière,  elles  sont  jaunâtres  et  visiblement  étiolées.  Malgré  cette  iné- 
galité dans  la  lumière  sous  l'influence  de  laquelle  s'opère  leur  développe- 
ment, toutes  les  fleurs  de  ces  Lilas  sont  uniformément  blancbes,  circonstance 
remarquable  qui  m'a  fait  penser  qu'il  y  aurait  de  l'intérêt  à  voir  s'il  en 
serait  de  même  dans  le  cas  où  l'on  exagérerait  la  différence  d'intensité 
lumineuse. 

»  Dans  ce  but,  sur  deux  touffes  de  Lilas  placées  en  deux  points  différents 
de  la  serre,  on  a  redressé  plusieurs  branches  à  coté  et  en  dehors  de  la 
tablette;  on  les  a  fixées  ensuite  dans  la  direction  verticale,  de  telle  sorte 
que  leur  extrémité  supérieure  se  trouvât  au  plus  à  om,3o  d'éloignement  des 
vitres.  C'est  le  i5  février  que  cette  expérience  a  été  commencée.  Le  temps 
a  été  fort  beau  pendant  toute  la  fin  de  ce  mois  et  le  commencement  du 
mois  suivant.  Pendant  tout  ce  temps,  le  versant  nord  du  toit  vitré  est  resté 
constamment  découvert,  et  on  s'est  borné  à  jeter  un  peu  de  paille  sur  les 
vitres  du  versant  sud  durant  la  portion  la  plus  chaude  de  la  journée.  C'est 
donc  sous  l'influence  d'une  vive  lumière,  le  plus  souvent  même  sous  l'action 
directe  des  rayons  solaires,  que  les  branches  de  Lilas  redressées  avec  inten- 
tion ont  ouvert  leurs  bourgeons  et  développé  leurs  inflorescences  dont  les 
fleurs  étaient  déjà  tout  à  fait  épanouies  et  remarquables  pour  leur  blancheur, 
le  5  mars,  c'est-à-dire  au  bout  de  dix-huit  jours.  Les  corolles  étaient  égale- 
ment blanches  sur  les  branches  des  mêmes  pieds  qui  étaient  restées  sous  la 
tablette,  c'est-à-dire  à  une  lumière  beaucoup  plus  faible.  De  part  et  d'autre, 
les  jeunes  boutons  de  fleurs  s'étaient  montrés  légèrement  violacés;  mais  le 
principe  colorant,  qui  s'y  était  produit  d'abord  en  très-taible  quantité,  n'ayant 
pas  continué  de  s'y  former,  s'était  en  quelque  sorte  délayé  dans  le  tissu  de 
la  corolle  de  plus  en  plus  agrandie,  et  n'avait  pas  tardé  à  devenir  dès  lors 
inappréciable  à  l'œil. 

»  Cette  expérience  a  été  répétée  avec  des  résultats  identiques  sur  quelques 
autres  touffes  de  Lilas,  du  23  mars  au  6  avril  suivant,  période  pendant 
laquelle  le  temps  a  été  encore  presque  constamment  beau. 

■  a°  Un  pied  de  Lilas,  arraché  comme  les  autres  en  pépinière,  a  été 
placé,  le  ïo  mars  dernier,  sur  un  autre  point  de  la   serre,  sous  le  versant 


(943  ) 
vitré  dont  la  pente  est  dirigée  vers  le  nord.  Comme  là  il  n'existe  pas  de 
fosse,  on  en  a  enfoncé  la  motte  dans  le  sol  de  la  serre,  afin  de  diminuer  la 
hauteur  de  l'arbuste;  néanmoins,  les  branches  de  celui-ci  étaient  encore  un 
peu  plus  hautes  que  le  toit  vitré,  et  on  a  dû  les  incliner  sous  les  châssis. 
Aucun  abri  n'a  été  posé  à  un  moment  quelconque  sur  les  vitres;  néanmoins, 
le  6  avril,  chaque  branche  de  cette  touffe  portait  une  belle  panicule  de  fleurs 
blanches. 

»  Ces  diverses  expériences  me  semblent  autoriser  cette  conclusion  bien 
peu  en  rapport  avec  les  principes  admis  en  physiologie,  relativement  à  la 
généralité  des  plantes,  que  les  fleurs  du  Lilas  commun  [Syringa  vutgaris  L.), 
lorsqu'elles  se  développent  en  hiver,  dans  une  serre,  soit  fortement  chauffée, 
soit  maintenue  à  la  température  modérée  de  +iS°  C,  ne  produisent  à  peu 
prés  pas  de  principe  colorant  dans  le  tissu  de  leur  corolle,  même  sous  l'in- 
fluence d'une  vive  lumière. 

«  Je  ne  dois  pas  oublier  de  dire  que,  pendant  les  trois  ou  quatre  heures 
de  la  journée  durant  lesquelles  le  soleil  aurait  trop  élevé  la  température  de 
la  serre,  on  soulevait  légèrement  le  côté  inférieur  des  châssis  de  manière  a 
donner  accès  à  un  peu  d'air  plus  frais. 

»  3°  Un  pied  de  Lilas  a  été  laissé  en  pleine  terre  et  à  l'air  libre,  dans  la 
pépinière,  jusqu'au  i  a  avril.  A  cette  date,  il  avait  ses  boutons  de  fleurs  déjà 
formés  et  nettement  colorés  en  violet,  comme  ils  le  sont  normalement  dans 
ces  conditions.  On  l'a  retiré  alors  de  cette  place  en  l'arrachant  avec  une 
motte  peu  volumineuse,  et  on  l'a  transporté  dans  la  serre,  où  ses  branches, 
sont  restées  à  la  lumière.  Le  principe  colorant  n'a  plus  continué  à  se  pro- 
duire, dans  ces  nouvelles  conditions,  et,  par  suite,  ces  jeunes  boutons  colo- 
rés sont  devenus  des  fleurs  blanches,  que  j'ai  vues  bien  épanouies  le 
19  avril. 

»  4°  Dans  les  premiers  jours  du  mois  d'avril  dernier,  une  touffe  de  Lilas, 
arrachée  comme  de  coutume,  a  été  placée  dans  la  serre,  sa  motte  enfoncée 
dans  le  sol.  La  plupart  de  ses  branches  sont  restées  dans  l'atmosphère  de 
cette  serre  et  tout  près  des  vitres;  quant  aux  autres,  on  les  a  fait  passer  à 
travers  une  ouverture  qu'on  a  pratiquée  dans  un  châssis  en  en  retirant  une 
vitre,  de  telle  sorte  qu'elles  s'élevaient  d'environ  i  mètre,  à  l'air  libre,  en 
dehors  delà  serre;  on  a  fermé  ensuite  soigneusement  avec  de  la  mousse 
l'ouverture  ainsi  pratiquée.  Grâce  à  cette  disposition,  une  partie  de  l'arbuste 
mis  en  expérience  végétait  en  serre,  tandis  que  l'autre  subissait  l'influence 
des  circonstances  extérieures  qu'on  avait  cependant  le  soin  d'affaiblir  pen- 
dant la  nuit,  en  enroulant  autour  d'elle  un  paillasson. 


(  944  ) 

»  Dans  cette  expérience,  deux  faits  se  sont  produits  :  d'abord,  comme  on 
devait  s'y  attendre,  le  développement  des  branches  renfermées  dans  la  serre 
a  été  beaucoup  plus  rapide  que  celui  des  autres;  le  19  avril,  je  les  voyais 
chargées  de  fleurs  blanches  déjà  épanouies  en  partie,  tandis  que  les 
branches  placées  à  l'air  libre  ne  portaient  encore  que  de  petits  boutons 
dont  les  dimensions  étaient  celles  d'une  tète  d'épingle  et  qui  se  mon- 
traient nettement  violacés.  Il  a  fallu  encore  deux  semaines  pour  amener 
ces  boutons  à  l'état  de  fleurs;  en  second  lieu,  les  branches  reportées  à  l'ex- 
térieur de  la  serre  ont  donné,  sous  l'influence  de  l'air  libre,  des  fleurs  colo- 
rées comme  dans  l'état  normal.  Ainsi,  dans  ce  dernier  cas,  le  même  pied 
de  Lilas  commun  a  donné  des  fleurs,  les  unes  blanches,  les  autres  violettes, 
selon  qu'elles  se  sont  développées  dans  l'atmosphère  confin.ee  de  la  serre  ou 
à  l'air  libre  extérieur. 

»  Les  expériences  dont  je  viens  de  rapporter  les  résultats  me  semblent 
prouver  que,  si  le  Lilas  commun  (Syringa  vulgaris  L.  )  produit  des  fleurs 
blanches  lorsqu'il  est  cultivé  en  serre  pendant  l'hiver,  cette  absence  du  prin- 
cipe colorant  dans  ses  corolles  n'est  due  ni  à  la  chaleur,  m  à  l'affaiblisse- 
ment de  la  lumière,  ni  à  l'arrachage,  auquel  je  n'ai  jamais  cru  pouvoir 
attribuer  une  grande  influence  sous  ce  rapport.  Peut-être  la  rapidité  du 
développement  des  fleurs  intervient-elle,  dans  ce  cas,  comme  Tune  des  causes 
efficientes  du  phénomène;  j'avoue  néanmoins  que  je  ne  conçois  guère  la  pos- 
sibilité de  son  action.  En  dernière  analyse,  je  me  trouve  conduit  à  cher- 
cher l'explication  du  fait  dans  l'influence  de  l'oxygène  ozonisé,  principe 
décolorant  par  oxydation  des  matières  organiques,  qui,  d'après  diverses 
observations,  notamment  d'après  celles  de  M.  Kosmann  (1),  doit  exister  en 
plus  forte  proportion  dans  des  serres  remplies  de  plantes  que  dans  l'atmo- 
sphère libre.  C'est  sous  toutes  réserves  que  je  hasarde  cette  hypothèse,  et  je 
n'aurais  même  pas  osé  en  parler  devant  l'Académie  si  des  chimistes  distin- 
gués, à  qui  j'ai  soumis  mes  conjectures  à  ce  sujet,  ne  les  avaient  regardées 
comme  admissibles.  Si  cette  manière  de  voir  était  fondée,  on  pourrait  dire 
que  les  fleurs  du  Lilas  commun  sont  une  sorte  de  réactif  vivant  pour  l'oxy- 
gène ozonisé;  mais,  je  le  répète,  je  ne  hasarde  cette  explication  cpie  faute 
d'en  trouver  une  qui  soit  plus  en  harmonie  avec  les  idées  admises  aujour- 
d'hui par  les  botanistes;  j'ose  croire  toutefois  que,  même  en  restant  inex- 
pliqués, les  faits  consignés  dans  cette  Note  ne  sont  pas  entièrement  dépourvus 


(1)   Comptes  rendus,  I.  LV,  p.   ^3 1  . 


(  945  ) 
d'intérêt  et  qu'ils  méritaient  d'être   portés  à  la  connaissance   du   monde 
savant.   » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique  une  courte  Note  de  M.  Hof- 
mann  conçue  dans  les  termes  suivants  : 

«  Bleu  d'aniline.  —  En  poursuivant  mes  recherches  sur  les  couleurs 
d'aniline,  je  suis  arrivé  à  un  résultat  très-simple  :  le  bleu  d'aniline  est  la 
rosauiline  triphénylique  :  une  molécule  de  rosaniline  et  trois  molécules 
d'aniline  renferment  les  éléments  d'une  molécule  de  bleu  d'aniline  et  trois 
molécules  d'ammoniaque.  » 

M.  Elie  de  Beaumoxt  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  (M.  Petit, 
directeur  de  l'Observatoire  de  Toulouse,  du  premier  volume  des  Annales 
de  cet  Observatoire. 

M.  le  contre-amiral  Fitz-Roy,  récemment  nommé  à  une  place  de  Corres- 
pondant de  l'Institut,  Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  adresse  ses 
remercîments  à  l'Académie. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède  par  la  voie  du  scrutin  à  la  nomination  d'un  Membre 
de  la  Section  de  Physique  en  remplacement  de  feu  M.  Despretz. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  55, 

M.  Edmond  Becquerel  obtient.   .   .     l\i  suffrages. 

M.  Léon  Foucault. 9        » 

M.  Jamin 2         » 

Il  y  a  deux  billets  blancs. 

M.  Edmond  Becquerel,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
proclamé  élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  no- 
mination de  trois  Commissions  chargées  de  décerner,  s'il  y  a  lieu,  les  prix 
suivants  : 

C.  R.,   1863,  i«  Semescre.  (T.  LVI,  1N°  20.)  I  M 


(  946  ) 
Prix  d' Astronomie,  fondation  Lalnnde  :  Commissaires,  MM.  Mathieu,  Lau- 
gier,  Delaunay,  Liouville,  Le  Verrier. 

Prix  de  Mécanique,  fondation  Montyon  :  Commissaires,  MM.  Morin, 
Piobert,  Combes,  Ponceler,  Clapeyron. 

Prix  Barbier  (Découvertes  intéressant  l'art  de  guérir ,  ou  la  botanique 
médicale)  :  Commissaires,  MM.  Brongniart,  Montagne,  Rayer,  Cloquet, 
Decaisne. 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  Moreau-Lemoine  commence  la  lecture  d'un  Mémoire  sur  le  galva- 
nisme, et  en  général  sur  les  forces  qui  président  à  la  formation  et  à  la 
décomposition  des  corps  inorganiques  et  organiques. 

(Renvoi  à   l'examen   d'une  Commission   composée  de   MM.   Babinet 

et  Pasteur.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Mémoire  sur  le  calcul  des  perturbations  absolues 
dans  les  orbites  d'une  excentricité  et  d'une  inclinaison  quelconques  ;  par 
M.  G.-J.  Serret  (de  Saint-Omer).   (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Liouville,  Bertrand,  Serret.) 

«  L'objet  que  nous  nous  sommes  proposé  dans  ce  travail  est  de  simplifier 
considérablement  le  calcul  des  perturbations,  et  de  le  rendre  possible  dans 
le  cas  même  où  les  excentricités  et  les  inclinaisons  atteignent  de  très-grandes 
valeurs. 

«  Jusqu'ici,  presque  tous  les  auteurs  qui  ont  traité  de  la  théorie  des  per- 
turbations se  sont  surtout  attachés  à  développer  les  inégalités  suivant  les 
puissances  croissantes  des  excentricités  et  des  inclinaisons,  et  l'on  sait  que 
les  séries  ainsi  obtenues  sont  inapplicables  dès  que  les  orbites  sont  inclinées 
ou  dès  que  l'une  d'entre  elles  a  une  excentricité  un  peu  grande.  M.  Hansen 
paraît  être  le  seul  qui  ait  essayé  de  traiter  le  cas  des  excentricités  et  des  incli- 
naisons quelconques.  Ses  méthodes  exigent  toutefois  que  le  rapport  —  des 

rayons  vecteurs  soit  constamment  plus  grand  ou  constamment  plus  petit 
que  l'unité;  si  cette  condition  n'est  pas  remplie  pour  les  orbites  que  l'on 
considère,  on  est  obligé  de  partager  l'orbite  troublée  en  un  certain  nombre 
de  parties  qu'il  faut  considérer  chacune  isolément.  De  plus,  les  coordonnées 


(  947  ) 
dont  M.  Hanseti  fait  usage  dépendent  de  quantités  purement  analytiques 
toutes  différentes  des  quantités  géométriques  dont  l'emploi  est  si  familier  aux 
astronomes.  La  méthode  que  nous  proposons  ici  est  à  l'abri  de  ces  incon- 
vénients; la  convergence  y  est  générale,  bien  que  ne  pouvant  pas,  évidem- 
ment, être  aussi  rapide  dans  tous  les  cas.  La  marche  des  calculs  est  d'ailleurs 
d'une  régularité  et  d'une  simplicité  si  remarquables,  que,  dans  le  cas  même 
des  faibles  excentricités,  nos  formules  présentent  des  avantages  marqués 
sur  toutes  celles  qu'on  a  données  jusqu'à  ce  jour. 

»  Lorsqu'on  emploie,  à  la  place  des  anomalies  moyennes,  les  anomalies 
excentriques  u  et  «',  le  carré  de  la  distance  du  corps  troublant  au  corps 
troublé  se  ramène  aisément  à  une  fonction  composée  d'un  terme  constant 
et  de  six  termes  périodiques.  Le  développement  d'une  puissance  négative  et 
fractionnaire  de  cette  fonction  constitue  le  terme  principal  de  la  fonction 
perturbatrice  ou  d'une  quelconque  de  ses  dérivées. 

»  C'est  surtout  par  la  manière  d'effectuer  ce  développement  que  notre 
méthode  se  distingue  de  toutes  celles  qui  ont  été  publiées  jusqu'à  présent. 
Nous  considérons  successivement  des  fonctions  comprenant  un,  deux, 
trois,  quatre,  ou  un  plus  grand  nombre  de  termes  périodiques,  et  nous 
montrons  que  leurs  puissances  sont  données  par  des  séries  infinies,  dans 
lesquelles  chaque  coefficient  est  une  transcendante  d'une  nature  particu- 
lière. Nous  distinguons  ensuite  ces  transcendantes  en  divers  ordres,  et  nous 
les  nommons  transcendantes  du  premier,  du  second,  du  troisième,  etc.,  ordre, 
suivant  que  la  fonction  qui  les  donne  par  son  développement  contient  elle- 
même  un,  deux,  trois,  ou  un  plus  grand  nombre  de  termes  périodiques. 
Cela  posé,  nous  arrivons  aux  théorèmes  suivants  : 

»   Théorème  I.  —  Les  transcendantes  du   premier  ordre  sont  égales  aux 

produits  par  un  facteur  constant  de  fonctions  analogues  aux  b['}  de  Laplace, 

mais  donnant  une  convergence  plus  grande,  parce  qu'au  lieu  de  dépendre 
du  rapport  fractionnaire  des  demi  grands  axes  clés  orbites,  elles  dépendent 
d'une  quantité  fractionnaire  beaucoup  plus  petite. 

»  Théorème II.  —  Les  transcendantes  d'un  ordre  quelconque  se  déduisent 
de  séries  infinies  formées  avec  les  transcendantes  de  l'ordre  précédent;  les 
modes  df  formation  sont  d'ailleurs  d'autant  plus  variés,  que  les  transcen- 
dantes dont  il  s'agit  sont  d'un  ordre  plus  élevé. 

»  Théorème  III.  —  Lorsqu'on  connaît  A  +  i  transcendantes  du  k""'  ordre, 
convenablement  choisies,  on  peut  en  déduire  successivement  toutes  les 
autres  transcendantes  du  même  ordre  par  de  simples  relations  algébriques. 

I24-- 


(  9^  ) 

»  Théorème  IV.  —  On  peut  également  déduire  les  unes  des  autres,  par 
de  simples  relations  algébriques,  les  transcendantes  de  même  ordre  dont 
dépendent  les  développements  des  puissances  s  et  s  -+- 1  de  la  même  fonction 
périodique. 

»  Théorème  V .  —  Le  développement  de  la  fonction  perturbatrice  ou  de 
ses  dérivées  partielles  dépend,  lorsqu'on  se  borne  au  terme  principal  de 
cette  fonction,  c'est-à-dire  à  l'action  directe  du  corps  troublant  sur  le 
corps  troublé,  de  transcendantes  du  sixième  ordre,  le  coefficient  de  chaque 
argument  étant  donné  par  une  seule  transcendante  de  cet  ordre. 

»  Remarquons  toutefois  qu'il  ne  serait  pas  toujours  avantageux  de 
recourir  à  des  transcendantes  d'un  ordre  aussi  élevé.  En  général,  dès  qu'il 
ne  reste  plus  que  des  termes  périodiques  à  coefficients  assez  petits  pour 
qu'on  puisse  en  négliger  les  troisième  ou  quatrième  dimensions,  il  vaut 
mieux  développer  suivant  les  puissances  et  les  produits  de  ces  petites  quan- 
tités que  de  les  faire  servir  à  la  formation  de  transcendantes  d'un  ordre  plus 
élevé.  Les  développements  en  série  s'effectuent  d'ailleurs  par  une  marche 
extrêmement  régulière,  ainsi  que  nous  le  faisons  voir  dans  notre  Mémoire 
ien  considérant  spécialement  les  cas  où  l'on  se  borne  à  employer  des  trans- 
cendantes du  second  ordre.  Notre  analyse  s'étend  immédiatement  au  cas 
où  l'on  veut  employer  des  transcendantes  d'un  ordre  plus  élevé,  et  l'on 
peut  même  observer  qu'alors  les  calculs  se  simplifient  par  la  disparition 
d'un  grand  nombre  de  termes. 

»  Nous  montrons  également  que  lorsqu'une  des  excentricités  est  très- 
approchante  de  l'unité,  il  en  résulte  de  notables  simplifications  dans  le 
calcul  des  transcendantes  du  quatrième  ou  du  cinquième  ordre. 

»  Quant  au  second  terme  de  la  fonction  perturbatrice  qui,  comme  l'on 
sait,  provient  de  l'action  directe  du  corps  troublant  sur  le  Soleil  et  de  la 
réaction  de  ce  dernier  astre  sur  le  corps  troublé,  nous  faisons  voir  que  le 
développement  en  est  encore  bien  plus  aisé,  chaque  coefficient  ne  dépendant 
que  de  quelques  fonctions  algébriques,  composées  chacune  de  trois  termes 
seulement. 

»  La  méthode  que  nous  venons  d'exposer  très-sommairement  donne  les 
différentielles  des  perturbations  en  fonctions  des  anomalies  excentriques  u 
et  u'  ;  l'intégration  des  expressions  de  ce  genre  a  déjà  été  traitée  par  divers 
auteurs  et  ne  présente  d'ailleurs  aucune  difficulté.  Lorsque  ensuite  on  forme 
les  Tables  des  perturbations,  une  simple  interpolation  et  une  substitution 
d'arguments  suffit  pour  passer,  si  on  le  désire,  de  l'emploi  des  anomalies 
excentriques  à  celui  des  anomalies  moyennes. 


(949) 
»  Nous  nous  proposons  de  donner,  par  la  suite,  une  application  numé- 
rique complète  de  notre  méthode;  nous  nous  bornerons  à  dire,  pour  le  mo- 
ment, que  ses  avantages  consistent  dans  une  convergence  aussi  grande  que 
possible  donnée  aux  séries,  une  loi  simple  et  régulière  de  formation  assignée 
à  leurs  différents  termes,  et,  le  plus  souvent,  une  diminution  notable  du 
nombre  des  arguments  qu'il  est  indispensable  de  considérer  pour  obtenir 
avec  toute  la  précision  requise  les  inégalités  périodiques  d'un  astre  quel- 
conque.  » 

PHYSIQUE.  —  Mémoire  sur  [évaluation  des  actions  électrodynamiques  en 
unités  de  poids;  par  M.  A.  Cazin,  présenté  par  M.  Pouillet.  (Extrait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Fizeau.) 

«  L'action  mutuelle  de  deux  portions  d'un  même  circuit  voltaïque  est 
une  expression  de  la  forme 

F  =  k*p2V, 

dans  laquelle  F  désigne  la  valeur  en  unités  de  force  de  l'action  mutuelle, 
p  l'intensité  du  courant,  W  une  fonction  qui  dépend  de  la  forme  et  de  la 
position  des  conducteurs  et  de  la  direction  donnée  de  la  composante  de 
l'action  électrodynamique,  et  k  un  coefficient  constant  qui  dépend  des  unités 
adoptées.  J'ai  déterminé  ce  coefficient  en  mesurant  directement  la  force  F 
en  milligrammes  à  l'aide  d'un  nouvel  appareil  que  j'appelle  balance  élec- 
trodynamique, en  prenant  pour  intensité  du  courant  le  poidspmsr  d'hydrogène 
que  peut  dégager  le  courant  en  une  seconde,  et  en  calculant  W  par  la  for- 
mule d'Ampère,  le  millimètre  étant  pris  pour  unité  de  longueur. 

»  La  balance  électrodynamique  se  compose  essentiellement  de  deux 
fléaux  de  balance  fixés  l'un  à  l'autre  par  des  pièces  d'ivoire;  leurs  couteaux 
formant  l'axe  de  suspension  reposent  sur  deux  plans  métalliques  commu- 
niquant respectivement  avec  les  réophores.  Le  double  fléau  ainsi  établi 
porte  à  l'une  de  ses  extrémités  le  conducteur  mobile,  au-dessous  duquel 
est  placé  le  conducteur  fixe,  et  à  l'autre  un  bassin  dans  lequel  on  met  une 
tare  pour  équilibrer  le  conducteur  mobile.  Pour  que  ce  dernier  ait  une 
mobilité  suffisante,  il  est  suspendu  par  deux  faisceaux  de  fils  très-fins  de 
platine,  qui  partant  des  extrémités  du  conducteur  viennent  passer  respec- 
tivement dans  les  gorges  de  deux  petites  poulies  de  métal  adaptées  trans- 
versalement aux  extrémités  des  deux  fléaux,  et  s'attacher  dans  l'intervalle 


(  95o  ) 
des  poulies  à  un  fil  de  soie.  Par  cette  disposition  la  tension  se  répartit  éga- 
lement et  le  bras  de  levier  du  conducteur  mobile  est  rendu  invariable.  Le 
courant  entre  par  l'un  des  couteaux  du  double  fléau,  traverse  le  conduc- 
teur mobile  par  l'intermédiaire  des  poulies,  et  sort  par  l'autre  couteau; 
puis  il  se  rend  dans  le  conducteur  fixe  et  agit  par  répulsion,  de  sorte  qu'on 
mesure  la  composante  verticale  de  l'action  électrodynamique  en  équilibrant 
cette  répulsion  par  des  poids  marqués. 

»  En  faisant  passer  un  courant  dérivé  à  travers  une  boussole  de  sinus, 
j'ai  constaté  très-aisément  que  les  forces  électrodynamiques  sont  propor- 
tionnelles aux  carrés  des  intensités.  Ayant  calculé  *F  pour  diverses  distances 
des  deux  conducteurs,  j'ai  aussi  vérifié  que  la  variation  des  forces  suivait  la 
loi  prévue  par  la  formule  d'Ampère.  Ces  deux  vérifications  sont  analogues 
à  celles  que  M.  Weber  a  effectuées  à  l'aide  de  son  électrodynamometre 
bifilaire,  et  offrent  une  garantie  pour  l'exactitude  des  indications  de  la 
balance. 

»  Enfin,  en  disposant  dans  le  circuit  un  voltamètre,  j'ai  mesuré  directe- 
ment l'intensité  p.  Connaissant  alors  F  par  l'observation  directe,  et  W  par 
le  calcul,  j'ai  obtenu  k2  =  1 88.  La  comparaison  de  la  boussole  et  du  volta- 
mètre m'a  aussi  permis  de  déduire  ce  coefficient  des  expériences  faites  avec 
la  balance  et  la  boussole  seule. 

»  Finalement  on  peut  connaître  la  valeur  en  milligrammes  d'une  action 
électrodynamique  en  se  servant  de  la  formule 

F  =  i88./>2.¥; 

il  suffit  de  calculer  W  par  la  formule  d'Ampère  et  de  mesurer  l'intensité  p, 
en  prenant  les  unités  définies  plus  baut. 

>>  Je  suis  arrivé  à  la  même  valeur  de  A2  en  partant  des  observations  de 
M.  Weber  et  son  unité  d'intensité  électrodynamique.  La  méthode  dont  je 
me  suis  servi  a  l'avantage  d'être  simple  et  directe. 

»  La  connaissance  de  la  grandeur  des  actions  électrodynamiques  peut 
servir  de  point  de  départ  à  d'importantes  considérations,  par  exemple  lors- 
qu'on compare  ce  genre  d'effets  aux  quantités  d'électricité  mises  en  jeu 
dans  les  circuits  voltaiques.  •> 


(95>  ) 

chimie.  —  Mémoire  sur  le  dosage  du  mercure  par  les  volumes  à  l'aide  de 
liqueurs  titrées;  Note  de  M.  J.  Personne,  présentée  par  M.  Bussy. 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Le  dosage  du  mercure  n'a  jusqu'à  présent  été  effectué  que  par  deux 
méthodes,  la  voie  sèche  et  la  voie  humide,  selon  qu'on  avait  affaire  à  des 
composés  solides  ou  à  des  solutions  mercurielles.  Par  la  voie  humide,  on  le 
dose  à  l'état  de  protochlorure,  et  mieux  de  mercure  métallique,  au  moyen 
de  réducteurs  appropriés,  ou  à  l'état  de  sulfure.  Cette  méthode,  nécessai- 
rement longue,  ne  présente  pas  toujours  ijn  degré  de  précision  convenable. 
La  voie  sèche,  d'une  exécution  plus  rapide  et  qui  donne  des  résultats  plus 
exacts,  exige  encore  un  temps  assez  long;  elle  ne  peut  s'appliquer  qu'indi- 
rectement au  dosage  d'une  solution  mercurielle,  ce  qui  rend  son  emploi 
peu  praticable  dans  ce  cas.  Les  exigences  d'un  travail  que  j'avais  entrepris 
m'ayant  mis  dans  la  nécessité  de  faire  de  nombreux  dosages  de  solutions 
mercurielles  dans  un  temps  donné,  je  fus  obligé,  pour  ne  pas  renoncer  à  ce 
travail,  de  rechercher  un  mode  de  dosage  sur  et  plus  rapide  que  ceux  que 
je  viens  d'énumérer  :  c'est  celui  que  je  fais  connaître  dans  la  présente  Note. 

»  Le  procédé  auquel,  après  bien  des  tentatives  infructueuses,  je  me  suis 
arrêté,  est  basé  sur  un  fait  bien  connu  :  la  combinaison  du  biiodure  de 
mercure  avec  l'iodure  de  potassium,  qui  est  l'iodure  double  de  Polydore 
Boulay  HgI,KI,  donnant  un  dissolution  incolore.  C'est  ainsi  que,  deux 
solutions  d'un  égal  volume  étant  données,  l'une  renfermant  i  équivalent  de 
bichlorure  de  mercure,  l'autre  i  équivalents  d'iodure  de  potassium,  si  on 
mélange  ces  dissolutions  en  versant  la  solution  mercurielle  dans  celle  d'io- 
dure de  potassium,  on  voit  le  biiodure  de  mercure,  produit  au  contact  des 
deux  liqueurs,  se  dissoudre  au  fur  et  à  mesure  de  sa  formation,  et  cela  jus- 
qu'à ce  que  la  solution  mercurielle  ajoutée  soit  égale  en  volume  à  celle  de 
l'iodure  alcalin  employée,  selon  l'égalité  suivante  :  HgCI  +  2KÏ  =  Hgl, 
Kl  -+-  KG.  La  plus  petite  trace  de  bichlorure,  ajoutée  en  excès,  fait  naître 
dans  la  liqueur  un  précipité  rouge  persistant,  qui  lui  communique  une  teinte 
rose  très-sensible,  même  à  la  lumière  artificielle.  Cette  coloration  de  la 
liqueur,  qui  indique  le  terme  de  la  saturation,  donne  à  ce  mode  de  dosage 
une  précision  et  une  netteté  aussi  grande  que  celle  du  tournesol  employé  à 
accuser  la  saturation  d'un  acide  par  une  base.  Il  est  important  de  ne  pas 
opérer  autrement  qu'il  vient  d'être  dit,  c'est-à-dire  en  versant  la  solution 
d'iodure  alcalin  dans  celle  de  chlorure  mercuriel.  Dans  ce  cas,  quoique  la 


(.9&) 

réaction  finale  soit  la  même,  il  est  cependant  impossible  d'obtenir  des  résul- 
tats exacts.  Cela  tient  à  ce  que  le  biiodure  de  mercure  produit,  ne  se 
trouvant  pas  aussitôt  sa  formation  (à  l'état  naissant)  en  contact  avec  l'iodure 
alcalin  auquel  il  doit  se  combiner,  prend  assez  de  cohésion  pour  ne  plus 
se  dissoudre  que  lentement  dans  l'iodure  de  potassium.  Ainsi,  en  opé- 
rant avec  les  mêmes  liqueurs,  les  quantités  d'iodure  alcalin  qu'il  faudra 
ajouter  pour  redissoudre  le  précipité  de  biiodure  de  mercure  formé  varie- 
ront en  raison  du  temps  employé  à  effectuer  le  dosage,  et  cela  dans  des 
proportions  considérables.  Je  suis  convaincu  que  c'est  pour  avoir  voulu 
opérer  de  cette  manière  qu'on  a  rejeté,  jusqu'à  ce  jour,  l'emploi  de  l'io- 
dure de  potassium  comme  moyen. rigoureux  de  dosage  du  mercure. 

»   Deux  liqueurs  normales  sont  nécessaires  pour  effectuer  ce  dosage  : 

»  i°  Liqueur  normale  titrante  d'iodure  de  potassium.  —  Elle  s'obtient  en  dis- 
solvant 33gr,ao  d'iodure  de  potassium  pur  dans  l'eau,  de  manière  à  faire 
i  litre  de  dissolution;  10  centimètres  cubes  de  cette  solution  représentent 
o,  i  de  mercure  métallique. 

»  20  Liqueur  normale  étalon  de  bichlorure  de  mercure.  —  Elle  se  prépare  en 
dissolvant  i3gr,55  de  bichlorure  de  mercure  dans  l'eau,  de  manière  à  ob- 
tenir i  litre  de  dissolution  ;  la  solution  du  sel  mercuriel  est  facilitée  par  l'ad- 
dition de  5  équivalents  ou  3o  grammes  de  chlorure  de  sodium  qui  n'exerce 
aucune  influence  sur  la  réaction,  de  même  que  tous  les  sels  alcalins 
neutres:  io  centimètres  cubes  de  cette  solution  représentent,  comme  la 
première,  o,i  de  mercure.  Si  ces  io  centimètres  cubes  sont  divisés  en 
ioo  parties,  chaque  division  représentera  o,ooi  de  mercure.  Cette  solution 
mercurielle  sert  à  contrôler  la  pureté  de  la  solution  d'iodure  alcalin  ou  a 
prendre  le  titre  d'une  solution  inconnue. 

»  On  peut  préparer  des  liqueurs  dix  fois  plus  faibles  sans  nuire  à  la  sen- 
sibilité de  la  réaction  et  à  l'exactitude  des  résultats,  ce  qui  permet  de  doser 
des  fractions  de  milligramme. 

»  Le  titrage  s'effectue  de  la  manière  suivante  :  io  centimètres  cubes  de 
solution  normale  d'iodure  étant  mesurés  dans  un  petit  vase  à  saturation,  on 
y  verse,  en  agitant  sans  cesse  le  vase,  la  solution  de  bichlorure  mesurée 
dans  la  burette  chlorométrique  de  Guy-Lussac,  dont  io  centimètres  cubes 
représentent  ioo  divisions.  Si  les  deux  liqueurs  sont  pures,  il  faudra  exac- 
tement ioo  divisions  de  la  burette  pour  faire  apparaître  une  légère  teinte 
rose  dans  la  liqueur  saturée,  ce  qui  indique  la  fin  de  l'opération.  Si  la 
Jiqueur  mercurielle  est  plus  faible,  il  faudra  en  ajouter  davantage  et  en 
quantité  proportionnelle:  inversement,  il  en  faudra  moins  si  elle  est  plus 


(  953  ) 
riche.  Comme  on  le  voit,  c'est  exactement  semblable  au  procédé  chloro- 
métrique. 

»  Ce  nouveau  mode  de  dosage  du  mercure  ne  pouvant  être  employé  que 
pour  le  bichlornre,  il  convenait  de  le  rendre  applicable  au  plus  grand  nom- 
bre des  composés  mercuriels,  sinon  à  tous.  Cette  seconde  phase  de  la  ques- 
tion a  présenté  de  sérieuses  difficultés  pour  arriver  à  la  résoudre  d'une  ma- 
nière satisfaisante.  Il  fallait,  en  effet,  transformer  en  solution  complètement 
neutre  de  bichlornre  tous  les  composés  mercuriels.  J'ai  été  forcé  de  re- 
noncer successivement  à  l'emploi  de  l'eau  régale  et  même  à  celui  de  l'acide 
hypochloreux,  mode  de  chloruralion  si  commode  et  si  élégant,  proposé 
par  M.  Henri  Sainte-Claire  Deville.  La  grande  volatilité  du  bichlornre  de 
mercure,  même  en  solution  bouillante,  était  une  cause  de  perte  trop  grande. 
Celui  qui  m'a  donné  les  résultats  les  plus  satisfaisants  et  qui  ne  laissent  rien  à 
désirer  est  le  procédé  de  M.  Rivot,  c'est-à-dire  l'action  du  chlore  au  sein 
d'une  solution  d'hydrate  de  potasse  ou  de  soude.  Soit  comme  exemple  de 
chloruration  et  de  dosage,  le  dosage  du  mercure  dans  le  cinabre  :  on 
prend. ,1  gramme  de  cinabre  réduit  en  poudre  fine;  cette  poudre  est  pesée 
sur  un  petit  papier  dont  on  fait  une  cartouche  qui  est  introduite  dans  un 
matras  d'essayeur;  on  verse  dans  le  matràs  20  centimètres  cubes  de  solu- 
tion de  soude  caustique  (lessive  des  savonniers)  dans  laquelle  on  divise  la 
cartouche  et  son  contenu  par  une  agitation  vive,  puis  on  fait  arriver  dans  la 
liqueur  un  courant  de  chlore  qui  n'a  pas  besoin  d'être  lavé.  On  aide  l'ac- 
tion du  chlore  par  une  très-légère  chaleur  qu'on  porte  successivement  jus- 
qu'à l'ébullition,  quand  toute  la  matière  a  disparu.  La  dissolution  ne  s'opère 
bien  que  si  la  chaleur  est  convenablement  ménagée  au  commencement;  si 
elle  est  élevée  trop  vite,  une  partie  fie  la  matière  refuse  de  se  dissoudre.  La 
dissolution  étant  opérée  et  la  liqueur  saturée  de  chlore,  on  la  maintient  en 
ébullition  le  temps  nécessaire  pour  chasser  complètement  tout  l'excès  de 
chlore.  Cette  ébullition  peut  se  prolonger,  dans  ce  cas,  sans  crainte  de  perte 
de  bichlorure,  qui  n'est  plus  volatil  en  présence  du  chlorure  alcalin.  La 
liqueur  refroidie  est  versée  dans  un  tube  gradué;  le  matras  ainsi  que  le 
tube  abducteur  du  chlore  sont  lavés  à  plusieurs  reprises  avec  de  l'eau  qui 
est  ajoutée  à  la  liqueur  primitive,  de  manière  à  obtenir  100  centimètres  cubes 
de  solution.  Je  me  suis  servi,  pour  effectuer  le  dosage,  de  la  liqueur  titrante 
d'ioduré,  dont  10  centimètres  cubes  représentent  0,1  de  mercure;  pour 
saturer  ces  10  centimètres  cubes,  d  a  fallu  employer  ii5  divisions  de  la 
solution  chloromercurique  obtenue;  ces   ii5    divisions   renferment   donc 

C.  R  ,  i863,  1"  Semestre.  (T,  LVI,  N°  20.)  I  25 


(  954  ) 
o,  io  de  mercure;  or,    comme  toul  le  mercure  existant   dans  le  cinabre 
analysé  se  trouve  réparti  dans  ioooo  divisions  de  solution,  on  a  la  quan- 
tité de  mercure  trouvée  par  l'expérience  au  moyen  de  la  simple  proportion 

i  1 5  '  o,  i  •  :  i  o  ooo  :  x  = ~-  =  68, q5  de  mercure.  Le  calcul  donne  68,2 1 . 

'  110  •' 

Le  léger  excès  trouvé  par  l'expérience   provient  bien  certainement  de  la 

perte  en  soufre  que  le  cinabre  a  éprouvée  par  une  nouvelle  sublimation  que 

je  lui  ai  fait  subir.    » 

M.  Mercadier  adresse  de  Perpignan  une  deuxième  Note  complémentaire 
sur  la  théorie  de  la  gamme. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Pouillet,  Babinet.) 

M.  Bœsch  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  sur  divers  pro- 
cédés chimiques  pour  la  gravure  et  ciselure  sur  métal  et  sur  verre,  avec  indi- 
cation de  diverses  applications  industrielles  de  ces  procédés.  A  cette  Note 
sont  joints  quelques-uns  des  résultats  obtenus  de  cette  sorte  de  gravure. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Chevreul,  Pelouze  et  Pouillet.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Landouzy, 
un  opuscule  intitulé  :  «  De  l'endémie  pellagreuse  sans  maïs,  »  et  lit  l'extrait 
suivant  de  la  Lettre  d'envoi  : 

«  Les  endémies  pellagreuses  de  l'Espagne  sont  absolument  identiques  aux 
endémies  pellagreuses  des  Landes  et  de  l'Italie,  et  absolument  identiques  aux 
pellagres  sporadiques  de  la  France.  L'endémie  pellagreuse  de  l'Aragon,  où 
l'on  récolte  d'excellentes  céréales  et  où  l'on  ne  mange  pas  un  grain  de  maïs, 
est  absolument  identique  à  l'endémie  pellagreuse  des  Asturies,  où  le  mais 
forme  la  base  de  l'alimentation. 

»  Les  déductions  à  tirer  de  ces  faits  sous  les  rapports  étiologiques  et 
hygiéniques  se  présentent  d'elles-mêmes  à  l'esprit.   •> 

M.  Elie  de  Beacmont  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  L.  Zejszner,  un 
opuscule  intitulé  :  «  Des  gypses  miocènes  et  des  dépôts  de  sel  gemme  dans  la 


(  955  ) 
partie  supérieure  de  la  vallée  de  la   Vistule,  près  de  Ciacovie  »  (r),  et  donne, 
dans  les  termes  suivants,  une  idée  du  contenu  : 

<•  Dans  ce  Mémoire,  publié  en  polonais,  M.  Zejszner,  après  avoir  signalé 
le  gypse  dans  quelques  localités  voisines  de  Cracovie,  s'étend  surtout  sur 
les  salines  de  Wieliczka,  dont  il  donne  la  coupe.  Il  décrit  les  trois  assises 
salifères  qui  ont  reçu  des  noms  particuliers,  et  présente  la  liste  des  fossiles 
animaux  et  végétaux  qu'on  y  a  reconnus  jusqu'à  présent  et  qu'on  ren- 
contre principalement  dans  l'assise  moyenne.  Il  discute  en  outre  les  opi- 
nions émises  quant  aux  rapports  qui  existent  entre  ce  dépôt  salifère  et  les 
grès  qui  constituent  les  flancs  de  la  vallée. 

»  Il  donne  également  la  coupe  des  salines  de  Bochnia,  et  il  distingue 
quatre  divisions  dans  ce  second  dépôt  salifère. 

»  La  description  du  dépôt  de  soufre  à  Swoszowice  est  accompagnée  de 
la  liste  des  fossiles  qu'on  y  a  découverts  et  qui  ont  été  déterminés  par 
M.  Unger,  professeur  à  Vienne. 

»  M.  Zejszner  conclut  que  les  calcaires,  les  marnes  salifères  avec  les 
dépôts  de  sel  gemme,  les  gypses,  les  grès  et  les  sables,  constituent  un  seul 
ensemble  géologique,  et  il  termine  eu  donnant  la  série  des  assises  qui 
composent  cette  formation  avec  les  noms  des  localités  où  elles  sont  déve- 
loppées.   » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  deux  opuscules  suivants  écrits  en  italien  :  i°  «  Études 
sur  l'essence  vraie  et  la  structure  intime  des  corps  »,  par  M.  Gallo ;  i°  «  Étude 
d'une  urine  patbologique  et  particulièrement  de  l'urée  qu'elle  renferme  »  ; 
par  M.  A.  Galuani. 

Ces  opuscules  sont  renvoyés,  le  premier  à  M.  Regnault,  le  deuxième  à 
M.  Rayer,  qui  en  feront,  s'il  y  a  lieu,  l'objet  de  rapports  verbaux. 

PALÉONTOLOGIE.  —  .Sur  In  non-contemporanéité  de  l'homme  primitif  et  des 
grandes  espèces  perdues  de  Pachydermes;  Note  de  M.  E.  Robert,  présentée 
par  M.  Dumas. 

«  L'absence  complète  d'objets  en  ivoire  travaillé  et  même  d'ivoire  non 
travaillé  dans  les  gisements  celtiques  ne  témoignerait-elle  pas  que  les  habi- 

(i)  Extrait    de   la  Bibliothèque    de    Varsovie,    livraisons    d'octobre,   novembre    et    dé- 
cembre 186 1. 

ia5.. 


(956) 
tants  primitifs  des  Gaules  n'ont  jamais  été  contemporains  des  grandes  es- 
pèces perdues  de  Pachydermes? 

»  Les  partisans  de  la  contemporanéité  de  l'homme  primitif  et  des 
grandes  espèces  perdues  de  Pachydermes  dans  nos  contrées  s'appuient  sur 
la  coexistence  des  silex  taillés  et  des  débris  de  ces  animaux  dans  les  mêmes 
couches  inférieures  des  atterrissements  fluviatiles,  qu'ils  considèrent,  il  est 
vrai,  comme  un  dépôt  diluvien.  Au  premier  abord,  rien  ne  paraît  plus  spé- 
cieux ;  mais  si  l'on  cherche  à  vouloir  contrôler  ces  observations  par  d'au- 
tres observations  faites  dans  des  circonstances  toutes  différentes  et  ioin 
des  lieux  où  se  présentent  ordinairement  ces  associations  de  produits  de 
l'industrie  humaine  et  de  débris  de  grands  mammifères,  c'est-à-dire  dans 
l'intérieur  des  plaines  et  sur  le  sommet  des  plateaux,  de  très-grands  doutes 
s'élèvent.  Je  ne  me  servirai  également  que  d'un  exemple  pour  soutenir 
ma  thèse. 

»  On  connaît  aujourd'hui  assez  bien  la  nature  des  objets  travaillés  qui 
se  trouvent  dans  les  sépultures  celtiques  les  plus  anciennes,  ainsi  que  l'ori- 
gine des  débris  d'animaux  qui  accompagnent  ordinairement  les  ossements 
humains.  Il  n'y  a  pas  \m  seul  de  ces  débris,  que  je  sache,  qu'on  ne  puisse 
rapporter  aux  espèces  d'animaux  actuellement  vivantes  ou  d'animaux 
considérés  comme  fossiles,  mais  qui  leur  sont  très-voisins,  tels  que 
YUrsus  arcloideus  dont  j'ai  trouvé  des  canines  et  des  phalanges  unguéales 
dans  les  tourbières  d'Albert  (Somme),  avec  des  objets  gallo-romains,  no- 
tamment de  longues  épingles  (acus  ciïnalis)  en  bronze.  N'a-t-on  pas  lieu 
alors  de  s'étonner  de  ne  jamais  rencontrer  dans  tous  ces  gisements  des  objets 
en  ivoire  comme  nous  en  voyons  si  souvent  qui  sont  empruntés  au  bois 
de  cerf?  Comment  se  fait-il  aussi  que,  dans  la  Sibérie  où  les  défenses  d'élé- 
phant (c'est  toujours  la  même  espèce,  Elephas  primigenius)  sont  d'une  abon- 
dance extrême,  on  n'ait  jamais  recueilli  une  seule  pièce  portant  les  traces 
d'un  travail  quelconque  exécuté  par  les  peuples  primitifs  de  cette  contrée? 
Vous  voulez  que  les  hommes  qui  habitèrent  les  cavernes,  nos  troglodytes. 
y  aient  dépecé  pour  leur  nourriture  des  animaux  de  ce  genre  dont  on  re- 
trouve les  brèches  osseuses  associées  à  des  produits  de  l'industrie  humaine  . 
et  cependant  vous  ne  pouvez  pas  découvrir  dans  l'aire  de  ces  cavernes,  au 
milieu  de  ces  ossuaires  de  l'ancien  monde,  le  plus  petit  fragment  d'ivoire 
portant  ou  non  les  traces  d'un  travail  humain!  De  ce  que  des  objets  de  na- 
ture si  diverse  et  d'origine  si  opposée  se  trouvent  ensemble  reunis  sous  le 
même  toit,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'ils  soient  nécessairement  contemporains. 
»   Il  ne  serait  donc  pas  raisonnable  de  supposer,  pour  expliquer  cette 


(  957  ) 
absence  complète  d'objets  en  ivoire  travaillé  ou  non  travaillé,  que  les  Celtes 
eussent  méprisé  une  substance  aussi  belle  que  1  est  l'ivoire,  une  substance 
qui  a  été  employée  à  profusion  par  les  anciens  pour  en  revêtir  les  murs 
des  temples  et  jusqu'à  des  statues  colossales;  une  substance  qui,  de  tout 
temps,  a  été  recherchée  et  façonnée  sous  toutes  les  formes,  par  tous  les 
peuples  des  contrées  que  fréquentent  les  éléphants;  si,  dis-je,  les  Celtes 
lavaient  eue  à  leur  disposition,  s'ils  avaient  connu  les  animaux  qui  la  pro- 
duisent, il  n'y  avait  rien  de  trop  précieux,  dans  ce  temps-là,  pour  mettre  à 
côté  des  dépouilles  mortelles,  puisqu'on  retrouve  sous  les  dolmens,  au 
pied  des  menhirs,  le  peu  d'objets  en  or  qui  fussent  en  la  possession  du  dé- 
funt, ainsi  cpie  les  haches  en  jade  venues  originairement  de  l'Inde  ou  de  la 
Chine,  lesquelles  étaient  peut-être  encore  d'un  prix  plus  élevé. 

»  L'explication  naturelle  de  tout  cela  est,  je  crois,  facile  à  donner.  Lors- 
que les  Celtes  se  rendaient  sur  les  bords  de  la  Somme  ou  de  toute  autre  ri- 
vière pour  se  tailler  des  haches  avec  les  pierres  que  les  eaux  charriaient,  ils 
durent  parfois  rencontrer,  an  milieu  des  cailloux  roulés,  des  défenses  d'élé- 
phant arrachées  au  véritable  diluvium  ;  mais  comme  cet  ivoire  était  déjà 
profondément  altéré  par  le  poids  des  siècles  qui  avaient  passé  dessus,  ils  ne 
cherchèrent  pas  à  en  tirer  parti.  C'est  pour  la  même  raison  qu'ils  délaissèrent 
aussi  ces  grands  ossements  de  Pachydermes  qui  gisent  dans  les  mêmes  atter- 
rissements,  après  les  avoir  sans  doute  essavés  avec  leurs  instruments  de 
pierre  tranchants,  ainsi  que  le  témoigneraient  des  empreintes  de  coups  de 
hache  qu'on  s'est  plu  à  voir  sur  d'aucuns  de  ces  ossements. 

»  Par  conséquent,  tant  qu'on  n'aura  pas  rencontré  de  V ivoire  travaillé 
ou  non  travaillé  dans  les  stations  ou  gisements  celtiques,  ainsi  que  dans  les 
hypogées  les  plus  anciennes  de  cette  époque,  nous  estimons  qu'il  v  aurait 
une  grande  présomption  à  dire  que  l'homme  primitif,  sous  nos  latitudes,  a 
été  contemporain  des  grandes  espèces  perdues  de  Pachydermes;  en  d'autres 
termes,  qu'il  est  antédiluvien  dans  le  sens  géologique  de  ce  mot.  Rien,  jus- 
qu'à présent,  ne  démontre,  suivant  nous,  qu'il  faille  reculer  on  changer  la 
place  que  les  illustres  Cuvier  et  Brongniart  lui  ont  assignée  dans  l'échelle  de 
la  création.    » 

MÉCANIQUE.  —  Chute  <tcs  corps  qui  tombent  d'une  grande  hauteur; 

par  M.  Fixck. 
«   On  lit  dans   Y  Astronomie  d'Arago,    t.  III,    p.  34,   lignes  i3  et  suiv.  . 
«  Mais  ce  que  ne  donnait  pas  le  calcul  de  Laplace  et  de  M.  Gauss,   c'est 
»   que  le  corps  tombant  tombe  avec  une  petite  déviation  au  sud.  •> 


(9^  ) 

»  Le  calcul  suivant  donne  cette  déviation  :  on  s'y  aide  de  la  théorie  des 
mouvements  relatifs  (Coriolis,  Mécanique  des  corps  solides,  etc.). 

»  Soit  A  la  position  initiale  du  point  matériel  ;  PP'  l'axe  de  la  terre  ;  AN  la 
méridienne  dirigée  au  nord  ;  l'axe  des  z  est  Oz,  prolongement  de  AO;  Taxe 
des  y  est  Oy,  parallèle  à  AN;  l'axe  des  x  est  Ox,  c'est-à-dire  la  perpen- 
diculaire dirigée  à  l'est;  la  latitude  sera  nommée  X;  p,  q,  r  seront  les  pro- 
jections de  la  vitesse  de  rotation  ut  de  la  terre  sur  Ox,  Oj,  Oz;  le  demi- 
axe  de  rotation  directe  (de  gauche  à  droite)  est  OP',  et  l'on  a 

l  p  —  u>  cosux  =  o,     vu  que  Ox  est  perpendiculaire  à  OP, 

)  /x 

i  )  j  q  =  w  cos  w  y  =  w  cosPO'j"  =  —  oj  cosX , 

/S 

r  =  oj  cos  w  z  =  w  sinX. 

»  Cela  posé,  pour  traiter  le  mouvement  relatif  comme  un  mouvement 
absolu,  il  faut  aux  forces  absolues  (ici  le  poids  du  mobile)  joindre  :  i°  la 
force  d'inertie  d'entraînement,  qui  se  décompose  en  force  tangentielle 
nulle,  parce  que  la  rotation  est  uniforme,  et  en  force  centrifuge,  et  celle-ci 
sera  supposée  combinée  avec  le  poids  de  la  molécule  représenté  par  mg; 
20  la  force  centrifuge  composée,  qui  a  pour  projections  sur  les  x,  y,  z 


(dz  dx\  I      dx  dy\ 

Pdi-'dj)'  ^yidi-Più)- 


dy  di 

dt ~ '  1~dt 


Remplaçant  p,  q,  r  par  les  valeurs  (i),  on  formera  les  équations  du  mouve- 
ment 

,     ,  d'x  I   .     .,  dy  .   dz\ 

(2)  —  ^a^smX^+cosX^j, 

_  .  d'y  .     .  dx 

(3)  _=-2UsniX5r 

(4)  Âr  =  S-2wcosXsr 

Ces  deux   dernières  intégrées,   et  vu  que  les  valeurs  initiales  de  x,   jr, 

—s  -fi  -=-  sont  nulles,   donnent 
dt     dt     dt 

(5)  -f-  =  —  2w  sinX.x, 

s     '  dt 

(6)  -f-  =  gt  —  2  0)  cosX.x. 


(9^9  ) 
Substituant  dans  l'équation  (2),  on  a 

— -  -+-  4«2.r  —  2<j)gt  cos>.  =  o, 

équation  dont  l'intégrale  générale  est 

„   •                  /-.,                         fcosX 
(  7  )  x  =  L sin 2  w <  -+-  C  cos 2«<  4-  g 

Les  constantes  déterminées  par  les  valeurs  initiales  donnent 

(8)  x  =  ———  [iwt  —  siii2wf)- 

C'est  la  déviation  à  l'est,  car  x>o. 

»   L'équation  (5),  au  moyen  de  cette  valeur  de  x;  donne 


d'où 


dy               g  cosi  sinX  ,  . 

-y-  =  —  " (2to2  —  S1112«<   , 


^=  -o-SJpr(w2^-sin2^0; 


y  étant  <  o,  il  y  a  une  déviation  au  sud.  Si  on  substitue  (8)  dans  l'équa- 
tion (6),  on  trouve,  après  intégration  et  en  notant  que  la  valeur  initiale 
de  z  est  —  a, 

z  +  a  =  -gt*  -g-— r(«Ji--sm-u*j; 
:  +  «  est  la  hauteur  de  la  chute,  et  comme  z  -+-  a  <  -  gt'\  on  a 

ou,  en  posant  z  +  a  =  h, 

<># 

»   Ainsi  le  mobile  est  retardé  par  le  mouvement  diurne  de  la  terre. 
»   Si  on  néglige  wa,  »8,. .  . ,  on  trouve 

j-=o(!),      z+a     ou     A  =  -  gt*, 

d'où 

A/i  .  I  ,  .  2         ,  Il  h 

l  —  \J  —  i     Pllls     ■*  =  y  grj>i  cos/  =  -  oort  y—  ■  cos).. 
(  Fbï»'  Delaunay,  Mécanique.) 


(  96°  ) 
»   Pour  le  mouvement  d'ascension,  le  calcul  donne  une  faible  déviation 

au  nord,  et  une  déviation  à  l'ouest  =  jh<x>  y  —  cosX,  si  le  mobile  s'éiève 
à   la  hauteur   h.  En  retombant,   il   dévie  encore  à  l'ouest;    sa   déviation 

=  ^  «cocos A  1/ " 

3  V    S 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  ta  condensation  des  vapeurs  pendant  la  détente 
ou  la  compression  ;  Note  de  M.  A.  Dupré,  présentée  par  M.  Bertrand. 

«  La  théorie  mécanique  de  la  chaleur  fournit  le  moyen  de  prévoir  si  la 
détente,  avec  travail  complet,  d'une  vapeur  saturée  se  fait  avec  condensation. 

»  Désignons  par  v  le  volume  du  kilogramme  de  vapeur,  par  p  la  pression 
en  atmosphères,  par  c  la  capacité  à  volume  constant,  par  L  la  chaleur 
latente  et  par  ).  la  chaleur  totale  de  vaporisation,  ces  deux  expressions  étant 
prises  dans  le  sens  que  leur  donne  M.  Regnault. 

»  Le  travail  mécanique  intérieur  dépend,  suivant  lés  cas,  du  volume  seul 
ou  bien  du  volume  et  de  la  température;  soit  <p  (vt)  la  fonction  qui  l'ex- 
prime; dans  le  passage  de  l'état  (c,  t)  à  l'état  (v  -+-  dv,  t  -+-  dt),  il  s'accroîtra 

dv  dt 

»  Cela  posé,  concevons  qu'on  opère  une  détente  infiniment  petite  et 
qu'on  donne  la  chaleur  dq  nécessaire  pour  maintenir  la  saturation.  Le  prin- 
cipe de  l'équivalence  donne  l'équation 

(i)  io333/Kfc  -f-  ^dv  +  '.§  dt  -+-  Ecdt  =  Edq 

qui  exprime  que  la  somme  du  travail  externe  et  du  travail  interne  égale  le 
produit  de  l'équivalent  mécanique  E  de  la  chaleur  par  la  somme  de  la  cha- 
leur donnée  et  de  la  chaleur  correspondant  à  l'abaissement  de  température. 
«  J'ai  d'ailleurs  démontré  précédemment  qu'à  saturation  on  a.  d'après  le 
principe  de  l'égalité  de  rendement. 

(a)  io333  udv  +  chdv+d-^dt  +  Ecdt  =  Ed).  -  -^  dt. 

\    /  '  de  dt  i  +  af 

»   L'équation  (i)  peut  donc  être  beaucoup  simplifiée:  elle  devient 

(3)  ^  =  ^(x'-irb 


(9<5i  ) 
Si  dq  est  positif,  c'est  une  preuve  que  la  détente  sans  addition  de  chaleur 
entraîne  une  condensation  que  caractérise  l'inégalité 

(4)  aL  — (i-t-es*)X'>o, 

car  ilt  est  négatif. 

»  La  vapeur  se  refroidit  au  contraire  pendant  la  détente  moins  qu'il  ne 
faut  pour  rester  saturée  eu  égard  à  l'accroissement  de  volume  quand  on  a 

(5)  txh  —  (n-a«)X'<  o. 

Enfin  la  saturation  persiste  d'elle-même  pendant  la  détente  dans  le  cas  de 
l'égalité 

(6)  ocL  —  (i  +  aï)X'  =  o. 

»  Si  on  remplace  la  détente  par  une  compression,  les  conclusions  sont 
évidemment  inverses. 

»  Les  belles  recherches  expérimentales  de  M.  Regnault  permettent  de 
faire  application  de  cette  théorie  à  plusieurs  substances.  En  résolvant  l'équa- 
îion  (6),  on  trouve  les  nombres  —  n6°,  ii8°,  1210,.  1270,  i35°,  1420,  1970, 
2000,  520°  pour  l'éther  sulfurique,  la  benzine,  le  chloroforme,  le  chlorure 
de  carbone  C2  Cl8,  l'alcool,  l'éther  chlorhydrique ,  l'éther  iodhydrique, 
l'acétone  et  l'eau.  Pour  le  sulfure  de  carbone,  les  racines  de  l'équation  (6) 
sont  imaginaires;  pour  l'éther  sulfurique  et  l'eau,  elles  sont  incertaines 
parce  que  les  nombres  —  1 160  et  52o°  sortent  des  limites  des  expériences  et 
que  les  formules  empiriques  ne  leur  sont  pas  applicables.  Les  termes  du 
second  degré  dans  la  valeur  que  prend  la  fonction  «L  —  (i-hat)l',  lors- 
qu'on y  introduit  les  expressions  de  L  et  deX'  dues  à  M.  Regnault,  sont  très- 
petits;  en  les  négligeant,  on  obtient  promptement  une  première  valeur  ap- 
prochée de  la  seule  racine  utile. 

»  Il  arrive  pour  toutes  ces  substances  qu'au-dessous  de  la  température 
qui  vérifie  l'équation  (6),  l'inégalité  (4)  est  satisfaite  et  la  détente  amène  une 
condensation  comme  pour  l'eau  et  le  sulfure  de  carbone.  Au-dessus,  c'est  le 
contraire  qui  arrive,  comme  pour  l'éther  sulfurique;  de  sorte  qu'un  même 
corps  paraît  devoir  être  classé  sous  ce  rapport  tantôt  avec  l'un,  tantôt  avec  les 
autres  de  ces  liquides  qui  ne  présentent  point  eux-mêmes  un  lel  changement, 
du  moins  dans  les  températures  abordables. 

»  Il  est  bien  à  souhaiter  qu'un  observateur  habile  s'applique  à  confirmer 
par  expérience  cette  prédiction  de  la  théorie  :  pour  la  benzine,  le  chloro- 

C.   R.,  i863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  20.)  I  26 


(  9G2  ) 
forme  et  le  chlorure  de  carbone,  les  difficultés  ne  paraissent  pas  du  tout 
invincibles. 

»  Avec  l'équation  (3)  on  peut  calculer  facilement  la  quantité  de  chaleur 
qu'il  faut  donner  ou  enlever  à  un  kilogramme  de  vapeur  pour  qu'il  passe, 
avec  saturation  maintenue,  d'une  température  à  une  autre,  et  aussi  une  valeur 
approchée  du  poids  de  la  vapeur  qui  se  précipite  dans  les  cas  de  con- 
densation.  » 

physique.  —  application  de  l'analyse  spectrale  à   la  question  concernant 
l'atmosphère  lunaire;  Note  de  M.   J.  Janssen. 

«  L'éclipsé  solaire  partielle  qui  vient  d'avoir  lieu  le  17  de  ce  mois  four- 
nissait aux  physiciens  qui  s'occupent  d'analyse  spectrale  un  moyen  nou- 
veau de  corroborer  les  indications  astronomiques  touchant  l'atmosphère  de 
notre  satellite.  J'avais  moi-même  pris  des  dispositions  dans  cette  intention  ; 
l'état  du  ciel  à  Paris,  au  moment  du  phénomène,  ne  m'a  pas  permis  de  les 
utiliser.  Cependant,  comme  il  sera  intéressant  de  joindre  cette  étude  à  celles 
qu'on  a  coutume  de  faire  en  cette  circonstance,  je  pense  qu'il  ne  sera  pas 
inutile  de  faire  connaître  les  dispositions  instrumentales  qui  me  paraissent 
propres  à  atteindre  ce  but. 

»  L'étude  de  l'action  de  notre  atmosphère  sur  les  lumières  solaires  et 
stellaires  m'a  convaincu  que  si  notre  satellite  avait  une  atmosphère,  quelque 
rare  qu'elle  soit,  elle  manifesterait  sa  présence  par  une  action  absorbante 
particulière  sur  les  rayons  lumineux  qui  la  traverseraient,  ou,  en  d'autres 
termes,  qu'elle  ferait  naître  des  bandes  ohscures  ou  des  raies  dans  le  spectre 
de  ces  rayons.  D'un  autre  côté,  la  rareté  de  cette  atmosphère,  si  elle 
existe,  nous  conduit  à  admettre  que  ces  raies  ou  bandes  atmosphériques 
seraient  probablement  très-légères,  d'où  il  résulte  qu'il  faut  des  spectroscopes 
d'un  pouvoir  dispersif  considérable  pour  les  déceler;  or,  ces  instruments 
nécessitent  une  grande  intensité  lumineuse.  Nous  sommes  ainsi  conduits  à 
rechercher  les  circonstances  où  une  lumière  extrêmement  intense  traverse 
cette  atmosphère  hypothétique,  pour  la  soumettre  à  l'analyse  ;  et  c'est  préci- 
sément ce  qui  a  lieu  au  moment  des  éclipses  solaires. 

»  Parmi  les  méthodes  qui  pourront  être  employées  alors,  la  suivante  me 
paraît  être  la  plus  propre  à  résoudre  la  question. 

»  Je  suppose  qu'on  se  procure,  à  l'aide  d'un  bon  objectif,  une  image  de 
l'éclipsé  dont  le  diamètre  soit  inférieur  à  la  hauteur  de  la  fente  du  spec- 
troscope.  Je  suppose  de  plus  qu'on  fasse  tomber  cette  image  sur  la  fente, 


(c|63  ) 
de  manière  que  celle-ci  déborde  l'image  des  deux  côtés,  et  qu'elle  la  divise 
en  deux  segments  symétriques.  La  fente  de  l'instrument  coïncidera  alors 
avec  la  ligne  des  centres  des  deux  astres  et  sera  éclairée  par  les  points  du 
disque  solaire  qui  lui  appartiennent,  mais  le  point  de  cette  fente  où  se  pro- 
jette l'échancrure  de  l'astre  recevra  des  rayons  qui  auront  rasé  la  surface 
de  la  Lune,  et  par  conséquent  traversé  son  atmosphère,  si  elle  existe.  Consi- 
dérons maintenant  le  spectre  produit.  Dans  ce  spectre ,  on  retrouvera 
d'abord  toutes  les  raies  solaires  proprement  dites,  et,  suivant  la  hauteur  de 
l'astre,  des  raies  telluriques  (ou  atmosphère  terrestre)  plus  ou  moins  accu- 
sées. Mais  si  l'on  considère  le  bord  qui  correspond  à  l'échancrure,  il  présen- 
tera des  lignes  nouvelles,  mais  qui  s'évanouissent  bientôt  à  une  petite  dis- 
tance de  ce  bord.  Ces  lignes,  par  leur  position,  leur  nombre,  leur  intensité, 
pourraient  donner  sur  la  nature  de  l'atmosphère  lunaire  des  indications 
précieuses.  Il  est  aussi  infiniment  probable  que  l'expérience  ,  même  con- 
duite avec  toute  l'habileté  voulue,  et  dans  les  circonstances  les  plus  favo- 
rables, donnera  un  résultat  négatif.  Mais  alors,  même  dans  ce  cas,  l'analyse 
spectrale  aura  apporté  aux  indications  astronomiques  un  nouvel  appui. 
Il  sera  donc  toujours  très-intéressant  d'instituer  une  semblable  expérience 
aux  prochaines  éclipses. 

»  On  conçoit  tout  de  suite  que  cette  méthode  d'analyse  peut  s'appliquer 
à  tout  astre  qui  passe  sur  le  disque  du  Soleil.  Si  l'on  voulait  en  faire  usage 
pour  l'étude  de  l'atmosphère  de  Vénus,  il  faudrait  d'abord  amplifier  consi- 
dérablement le  disque  de  cette  planète,  afin  de  donner  aux  lignes  atmosphé- 
riques une  hauteur  appréciable  dans  le  spectre  produit. 

»  Je  m'occupe,  depuis  longtemps  déjà,  d'appliquer  ce  mode  d'analyse  à 
l'étude  de  la  constitution  physique  du  Soleil.» 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —Sur  une  coloration  rose  développée  dans  les  fibres  végétales, 
particulièrement  dans  celles  de  l'e'corce,  par  Faction  ménagée  des  acides; 
Note  de  M.  Vax  Tieghem,  présentée  par  M.  Pasteur. 

«  J'ai  été  conduit  à  étudier  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  et  des  autres 
acides  sur  les  fibres  végétales,  en  vue  de  faciliter  aux  élèves,  dans  les  ma- 
nipulations de  botanique  que  je  dirige  à  l'École  Normale,  la  distinction  du 
liber  dans  les  coupes  de  tiges  et  de  racines.  Cette  étude  m'a  conduit  aux 
résultats  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie. 

»  L'acide  chlorhydrique  produisant  l'effet  le  plus  prompt  et  le  plus  stable, 
j'en  parlerai  d'abord. 

126.. 


(  964  ) 

»  Si  on  plonge  une  coupe  de  tige  ou  de  racine  dans  une  goutte  d'acide 
chlorhydrique  concentré,  et  qu'on  l'examine  au  microscope,  on  voit  tous  les 
dots  du  liber  se  colorer  en  un  beau  rose,  d'un  ton  très-riche.  Quelques  mi- 
nutes suffisent  pour  que  la  coloration  ait  gagné  non-seulement  tous  les  fais- 
ceaux, mais  encore  toutes  les  fibres  isolées  qu'elle  met  en  évidence.  Le  réac- 
tif n'agit  d'ailleurs  ni  sur  les  cellules  de  l'écorce,  ni  sur  le  cambium.  Le 
bois  se  colore  d'abord  en  jaune  :  puis  la  teinte  rose  y  apparaît  dans  la  zone 
voisine  du  cambium  et  dans  celle  qui  entoure  la  moelle  ;  elle  s'y  limite  le 
plus  souvent,  même  après  un  contact  longtemps  prolongé,  et  d'ailleurs,  en 
raison  de  la  moindre  épaisseur  des  fibres,  son  ton  y  est  toujours  plus  sombre 
et  différent  de  celui  qu'affecte  le  liber. 

»  On  rend  l'action  plus  régulière  et  plus  sûre,  mais  un  peu  plus  lente,  en 
étendant  l'acide  de  son  volume  d'eau. 

»  Cette  réaction  est  générale.  Je  l'ai  réalisée  sur  plus  de  quinze  végétaux 
dicotylédones,  tiges  et  racines  ;  je  l'ai  trouvée  partout  la  même  ;  les  dif- 
férences ne  se  montrent  que  dans  l'intensité  de  la  coloration  et  la  rapidité 
avec  laquelle  elle  s'effectue,  mais  elles  sont  quelquefois  assez  grandes  :  il 
en  résulte  que  si  elles  ont  été  reconnues  constantes  entre  les  fibres  corti- 
cales de  plusieurs  végétaux,  cette  réaction  permettra  de  distinguer  ces 
fibres  dans  un  tissu  où  elles  se  trouvent  mélangées. 

»  Dans  les  conifères  et  les  cycadées  la  coloration  se  fait  bien  ;  et  dans  ce 
dernier  groupe,  le  réactif  est  très-utile,  car  il  met  en  évidence  les  fibres 
isolées,  éparses  au  milieu  du  tissu  cellulaire.  Sur  les  fibres  des  monocotylé- 
donés,  l'action  du  réactif  est  lente,  mais  elle  devient  très-nette  parmi  contact 
prolongé,  surtout  dans  la  zone  qui  entoure  le  cambium  de  chaque  faisceau. 

»  Le  mode  d'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  les  fibres  végétales  ne 
lui  appartient  pas  en  propre;  il  le  partage  avec  les  acides  nitrique,  sulfu- 
rique,  phosphorique,  etc. 

»  On  sait  que  l'acide  nitrique  jaunit  les  fibres  végétales  ;  mais  ce  n'est 
que  le  résultat  définitif  de  son  action  ;  il  y  a  une  phase  intermédiaire  qu'il 
est  facile  de  saisir  en  y  prenant  attention.  Une  goutte  d'acide  nitrique  con- 
centré placée  sur  une  coupe  y  détermine  un  dégagement  de  gaz  et  la  colore 
en  jaune  ;  mais,  étend-on  l'acide  de  son  volume  d'eau,  on  voit  le  liber  se 
colorer  en  un  beau  rose  qui  n'est  que  fugitif  et  fait  bientôt  place  à  la  cou- 
leur jaune  si  on  laisse  la  coupe  plongée  dans  l'acide,  qu'on  rend  permanent 
en  ne  faisant  que  l'en  imbiber  et  en  la  laissant  sécher  à  l'air. 

»   L'acide  sulfurique  étendu  de  son  volume  d'eau  produit  comme  l'acide 


(965) 
chlorhydrique,  mais  plus  lentement  que  lui,  une  coloration  rose  très-riche 
dans  le  liber,  jaune  dans  le  bois. 

»  L'acide  phosphorique  sirupeux,  étendu  de  son  volume  d'eau,  produit 
le  même  effet,  niais  au  bout  d'un  temps  plus  long. 

»  Enfin,  il  n'est  pas  jusqu'aux  acides  oxalique  et  acétique  qui  ne  pro- 
voquent à  la  longue  dans  les  fibres  du  liber  une  teinte  rosée,  assez  faible, 
mais  très-nette  encore  pour  l'acide  oxalique,  à  peine  sensible  pour  l'acide 
acétique. 

»  Ainsi  tous  les  acides  énergiques  colorent  en  rose  les  fibres  végétales, 
mais  surtout  celles  du  liber  ;  il  n'y  a  que  des  différences  de  degré  quand  on 
passe  d'un  végétal  à  un  autre,  ou  d'un  acide  à  un  autre. 

»  D'ailleurs,  quand  on  les  plonge  pendant  quelque  temps  dans  l'eau,  les 
coupes  perdent  la  faculté  de  se  colorer,  et  si  l'immersion  a  lieu  après  la  co- 
loration, la  teinte  s'affaiblit  peu  à  peu. 

»  Il  résulte  de  ces  observations  que  les  fibres  végétales  sont  imprégnées 
d'une  substance  incolore,  soluble  dans  l'eau,  capable,  par  l'action  ménagée 
des  acides,  de  se  convertir  en  un  composé  rose,  et  que  les  fibres  du  liber 
la  contiennent  en  plus  grande  quantité  que  celles  du  bois,  ou  du  moins  à 
un  état  où  sa  transformation  est  plus  facile.  De  là  un  moyen  pratique 
commode  de  reconnaître  le  liber,  mais  surtout  de  le  faire  voir  aux  personnes 
peu  familiarisées  avec  les  tissus  végétaux. 

»  Quand  la  réaction  qui  fait  l'objet  de  cette  Note  n'aurait  pas  d'autre  im- 
portance, je  m'estimerais  heureux  d'avoir  pu  faciliter  en  quelque  manière 
la  démonstration  de  la  structure  anatomique  des  végétaux.    » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  le  plâtrage  des  terres  arables;  Note  de 
M.  P. -P.  Dehérain,  présentée  par  M.  Decaisne. 

«  1.  Bien  que  les  cultivateurs  aient  reconnu  depuis  longtemps  que  le 
plâtre  favorise  la  végétation  des  prairies  artificielles,  bien  que  les  chimistes 
agronomes  aient  essayé  à  différentes  reprises  de  se  rendre  compte  des  effets 
de  cet  amendement,  il  est  reconnu  cependant  que  la  théorie  du  plâtrage  est 
encore  à  trouver. 

»  On  avait  pensé  que  le  plâtre,  en  se  décomposant  dans  la  terre  arable, 
peut  brûler  les  matières  organiques  qui  s'y  trouvent  et  les  amener  à  un  état 
plus  favorable  à  leur  assimilation  par  les  plantes,  mais  les  essais  que  j'ai 
entrepris,  pour  reconnaître  si  le  plâtre  favorise  en  effet  la  nitrification,  ont 


(966) 
donné  des  résultats  complètement  négatifs.  On  a  même  trouvé  que  la  terre 
arable,  divisée  par  du  sable,  forme  une  quantité  d'acide  nitrique  plus  grande 
que  la  terre  plâtrée. 

»  En  recherchant  dans  les  terres  plâtrées  et  non  plâtrées  l'ammoniaque 
toute  formée,  à  l'aide  des  procédés  de  M.  Boussingault,  on  a  constaté  encore 
que  le  plâtrage  ne  favorisait  pas  la  formation  de  cette  ammoniaque  ;  enfin, 
il  n'a  pas  été  possible  de  montrer  que  la  solubilité  de  l'acide  phosphorique 
fût  augmentée  par  le  plâtrage  comme  elle  l'est  par  le  chantage  (i),  de  telle 
sorte  que  si,  en  ajoutant  du  gypse  dans  la  terre,  on  y  ajoute  en  définitive  de 
la  chaux,  et  si,  à  ce  point  de  vue,  un  plâtrage  peut,  dans  une  certaine 
mesure,  être  comparé  à  un  chaulage,  il  y  a  cependant  des  différences  fonda- 
mentales entre  la  manière  d'agir  de  ces  deux  amendements. 

»  Il  était  impossible  cependant  d'en  revenir  à  l'idée  émise  autrefois  par 
H.  Davy,  à  savoir  que  le  plâtre  pénétrait  en  nature  dans  les  plantes,  car 
M.  Boussingault  a  montré  par  l'analyse  de  cendres  de  trèfle  et  de  luzerne 
plâtrés  et  non  plâtrés  que  les  quantités  de  chaux  et  d'acide  sulfurique  qui 
existent  dans  les  plantes  sont  loin  d'être  dans  le  rapport  où  elles  se  trouvent 
dans  le  gypse,  et  il  fallait  persister  à  chercher  l'effet  du  plâtrage  dans  les 
modifications  que  la  terre  pouvait  subir  sous  son  influence. 

»  2.  En  examinant  la  composition  des  cendres  de  trèfle,  de  luzerne  et 
de  sainfoin,  plantes  sur  lesquelles  les  effets  du  plâtre  sont  surtout  mani- 
festes; en  reconnaissant  que  la  quantité  de  potasse  contenue  dans  ces  cen- 
dres était  considérable,  et  qu'elle  augmentait  dans  les  récoltes  plâtrées,  je 
fus  conduit  à  penser,  malgré  le  peu  de  probabilité  que  cela  présentait  au 
premier  abord,  que  le  plaire  favorisait  peut-être  la  solubilité  de  la  potasse 
enfouie  dans  la  terre  arable,  et  je  résolus  de  rechercher  comparativement 
la  potasse  que  l'eau  pouvait  enlever  à  une  terre  normale  et  à  une  terre 
plâtrée. 

»  Apres  s'être  assuré  qu'on  dosait  convenablement  la  potasse  en  plaçant 
une  certaine  quantité  de  celle-ci  dans  du  plâtre  et  en  l'y  recherchant,  on 
plâtra  un  grand  nombre  d'échantillons  de  terre  au  dixième  ;  cette  quantité 
énorme  fut  employée  pour  que  les  résultats  fussent  très-sensibles  ;  quelques 
terres  furent  aussi  chaulées;  mais  tandis  qu'on  trouva  que  dans  toutes  les 
terres  plâtrées  la  quantité  de  potasse  soluble  dans  l'eau  froide  augmentait 

(i)  Dehékain,  Comptes  rendus,  t.  XLVII,  p.  988-1858.  Recherches  sur  l'emploi  agricole 
des  phosphates,  1860. 


(  967  ) 
beaucoup,  on  trouva  au  contraire  qu'elle  diminuait  dans  les  terres  chaulées 
jusqu'à  devenir  nulles. 

»   Le  tableau  suivant  indique  les  résultats  auxquels  on  est  arrivé  : 


Potasse  extraite  par  l'eau  froide  de    \    hilog.   de  terre  séchée  à  l'air. 


TERRES    MISES    EN   EXPERIENCE. 


Terre  noire  de  Russie,  n°  2  (*)...  . 

Id 

Id 

Id 

Terre  noire  de  Russie,  n°  1 

Terre  desChapelles  (Seine-et-Marne) 
Terre  de  Verclives  (F,ure)  (**).... 

Terre  du  Rio-Parana 

Terre  de  Sologne 

Terre  franche  du  Jardin  des  Plantes 


POTASSE 

dans  la  terre 
normale. 


_  /o 
0,040 

0,o48 


o,  12b 

0,017 
0,487 

0,00  3 
0,192 
o ,  046 


POTASSE 

dans  la  terre 
plâtrée. 


o,  i36 

°)  '4° 
0,288 
0,428 
o,i38 
o,  1 15 
o,556 
0,067 
0,202 
o,355 


DIFFERENCE 

due 

au  plâtrage. 


0,089 
0,092 


DUREE 

de 
l'expérience. 


-t- 

o,38o 

•+• 

0,010 

+ 

0,098 

■i- 

0,069 

-+■ 

0,064 

■+■ 

0,010 

+ 

0,309 

4  mois. 
i5  jours. 

1  mois. 

1  mois  j. 

1  mois. 

1  mois. 

i  mois. 

1  mois. 

1  mois. 
24  heures. 


(  *  )  L'analyse  de  quelques-unes  de  ces  terres  a  été  communiquée  à  l'Académie  dans  la  séance  du 
i3  janvier  1862. 
(**)  Terre  très-riche  provenant  d'une  fosse  d'asperges. 


»  Ces  premières  expériences  avaient  été  tentées  sur  des  terres  prises  au 
hasard  parmi  celles  que  je  pouvais  me  procurer,  mais  je  pensai  ensuite  à  les 
vérifier  sur  d'autres  terres  choisies  spécialement  dans  le  but  de  voir  si, 
comme  les  faits  précédents  semblaient  le  montrer,  le  plâtrage  favorisait  la 
solubilité  de  la  potasse.  Il  devenait  évident,  en  effet,  que  dans  une  terre  que 
le  cultivateur  ne  plâtre  jamais,  on  devait  trouver  de  la  potasse  soluble  dans 
l'eau  en  quantités  assez  notables,  tandis  que  dans  celles  que  le  cultivateur 
plâtre  avec  avantage,  il  ne  devait  y  avoir  de  potasse  soluble  dans  l'eau 
qu'après  le  plâtrage.  La  première  de  ces  deux  vérifications  me  fut  suggérée 
par  mon  élève  et  ami  M.  Camille  Arnoult,  qui  m'a  prêté,  dans  le  cours  de  ce 
travail,  le  concours  le  plus  aclif  et  le  plus  habile. 


(968) 


Potasse  extraite  par  l'eau  froide  de  i  kilog.  de  terre  sêchèe  à  Pair. 


TERRES    MISES    EN    EXPÉRIENCE. 

POTASSE 

dans  la  terre 
normale. 

POTASSE 

dans  la  terre 
plâtrée. 

DIFFÉRENCE 

due 

au  plâtrage. 

DCRÉE 

de 
l'expérience. 

Terre  d'Éragny  (Seine-et-Oise),  ja- 
Terre  d'Alfort  (Seine),  jamais  pla- 

0,o84 
0,082 

traces, 
traces. 

0,  io5 
0,192 

o,io5 
0,192 

1 2  heures. 
12  heures. 

Terre  de  la  Guéritaude  (Indre-et- 
Loire)  plâtrée  avec  grand  avantage. 
Autre  terre  de  la  Guéritaude,  plà- 

»  Ainsi  ces  expériences  établissent  de  la  façon  la  plus  nette  que  le  plâtre 
ajouté  à  ia  terre  arable  y  favorise  la  solubilité  de  la  potasse.  On  comprend 
dès  lors  pourquoi  il  excite  la  végétation  des  légumineuses  riches  en  potasse, 
pourquoi  au  contraire  il  ne  produit  pas  d'effets  sur  les  céréales,  avides  avant 
tout  d'engrais  azotés,  de  phosphates,  de  silice,  matières  dont  le  plâtre,  nous 
l'avons  constaté,  n'augmente  en  rien  la  solubilité.  On  comprend  enfin  pour- 
quoi le  cultivateur  remplace  souvent  avec  avantage  le  plâtre  par  des  cendres, 
riches  en  carbonate  de  potasse,  puisque  le  plâtre  sert  surtout,  suivant  nous, 
à  déterminer  la  dissolution  de  la  potasse;  on  comprend  enfin  que  la  pratique 
ait  reconnu  utile  de  répandre  le  plâtre  sur  une  terre  déjà  couverte  de  la 
récolte,  car  la  potasse,  devenant  immédiatement  soluble,  pouvait  être  en- 
traînée par  les  eaux  pluviales,  sans  aucun  avantage  si  le  plâtre  était  répandu 
sur  une  terre  dépouillée. 

»  5.  Comment  le  plâtre  peut-il  favoriser  la  solubilité  de  la  potasse?  C'est 
ce  qu'il  reste  maintenant  à  examiner. 

»  MM.  Huxtable  et  Thompson,  M.  Way,  plus  récemment  M.  Bruestlein, 
ont  étudié  les  propriétés  absorbantes  de  la  terre  arable.  Ils  ont  vu  que  la 
terre  était  un  filtre  retenant  absolument  certaines  dissolutions,  en  laissant 
passer  d'autres  au  contraire  plus  ou  moins  complètement.  En  répétant  quel- 
ques-unes de  ces  expériences,  j'ai  trouvé  que  les  terres  plâtrées  laissaient  en 
général  passer  plus  facilement  les  dissolutions  salines  que  les  terres  normales, 
mais  que  cet  effet  était  particulièrement  sensible  pour  le  carbonate  de  potasse. 
Dans  une  expérience  faite  comparativement  sur  une  terre  d'Indre-et-Loire 


(  969) 

plâtrée  et  non  plâtrée,  mise  en  contact  pendant  quelques  heures  avec  des 
dissolutions  de  ce  sel,  prises  en  égales  quantités,  on  trouva  qu'il  n'était 
passé  que  des  traces  de  potasse  au  travers  de  la  terre  normale,  tandis  que  la 
terre  plâtrée  en  avait  laissé  passer  ogr,472- 

»  En  essayant  d'autres  dissolutions,  on  reconnut  que  le  bicarbonate  de 
potasse  passait  presque  aussi  bien  à  travers  une  terre  normale  qu'à  travers 
une  terre  plâtrée.  Peut-on  en  conclure  que  si  le  plâtrage  favorise  la  solubilité 
de  la  potasse,  cet  effet  est  dû  surtout  à  la  transformation  du  carbonate 
neutre  de  potasse  en  bicarbonate  ?  C'est  là  une  hvpothèse  qui  n'est  pas 
complètement  démontrée. 

»  Si,  en  effet,  l'expérience  nous  apprend  qu'une  certaine  quantité  d'acide 
sulfurique  disparaît  dans  la  terre  plâtrée,  ce  qui  semble  indiquer  une  réduc- 
tion du  sulfate  de  chaux,  si  nous  avons  remarqué  qu'il  y  a  pendant  la  durée 
du  plâtrage  une  faible  diminution  du  carbone  des  matières  organiques, 
qu'en  général,  enfin,  il  y  a  plus  d'acide  carbonique  dans  les  terres  plâtrées 
que  dans  les  terres  normales,  la  rapidité  avec  laquelle  se  manifestent  les 
effets  du  plâtrage  ne  nous  permet  pas  de  croire  à  une  combustion  lente  due 
à  l'oxygène  du  plâtre,  et  par  suite  à  une  production  d'acide  carbonique 
venant  transformer  les  carbonates  neutres  en  bicarbonates. 

»  Faut-il  conclure  seulement  que  les  propriétés  absorbantes  du  sel  arable 
sont  paralysées  par  la  présence  du  plâtre?  faut-il  croire  que  le  rôle  de 
celui-ci  serait  de  mobiliser  plus  ou  moins  complètement  les  principes  so- 
lubles  fixés  dans  la  terre  arable?  C'est  ce  que  nous  ne  pouvons  affirmer  da- 
vantage, bien  que  la  facilité  plus  grande  que  présentent  les  terres  plâtrées 
à  se  laisser  traverser  par  les  azotates,  les  sels  ammoniacaux,  etc.,  vienne 
appuyer  cette  manière  de  voir. 

»  Nos  expériences  mettent  hors  de  doute  qu'un  des  effets  du  plâtrage  est 
de  favoriser  la  solubilité  de  la  potasse  contenue  dans  la  terre  arable  ;  nous 
espérons  pouvoir  dans  la  suite  expliquer  comment  se  produit  cet  effet  si 
inattendu.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'acide  acétique  et  les  acides  gras  volatils  de  la 
fermentation  alcoolique  ;  par 'M.  A.  Iîéchamp. 

«  L'acide  acétique  est  un  terme  constant  et  nécessaire  de  la  fermentation 
alcoolique  :  il  n'est  peut-être  pas  le  seul  acide  gras  de  la  série  qui  prenne 
naissance  dans  cette  opération.  J'ai  été  amené  à  m'occuper  de  cet  objet  à  la 
suite  de  mon  travail  sur  les  vins. 

C.  R  ,  i863,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  20.)  127 


[  97°  ) 

»  Le  2  juin  1862  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  a  l'Académie  une 
Note  où  je  disais  :  «  Le  produit  de  la   distillation  des  vins  est   toujours 

acide »  et  j'ajoutais  dans  mon  Mémoire  :   «  Il  est  impossible,  en  effet, 

que  tous  les  vins  ne  contiennent  point  d'acide  acétique,  puisqu'ils  renfer- 
ment tous  de  l'aldéhyde.  » 

»  J'atiribuais  donc  l'acidité  du  produit  de  la  distillation  des  vins  à  l'acé- 
tificalion  de  l'alcool;  je  ne  me  figurais  pas  que  l'acide  acétique  pût  avoir 
une  autre  origine.  Mais  en  m' occupant,  l'automne  dernier,  de  vinification, 
j<-  fus  très-surpris  que  les  vins  obtenus,  récents,  et  même  ceux  qui  avaient 
fermenté  à  l'abri  de  l'air,  fournissent  constamment  un  produit  acide  a  la 
distillation.  En  saturant  par  le  carbonate  de  soude  le  produit  distillé  de 
80  litres  de  vin  nouveau  et  en  concentrant  dans  l'alambic  le  produit  saturé, 
j'ai  obtenu  près  de  3oo  grammes  d'acétate  de  soude  cristallisé.  Dès  lors  il 
me  fut  impossible  d'admettre  que  l'acide  acétique  soit  nécessairement  et 
toujours  le  résultat  de  l'oxydation  de  l'alcool.  Je  résolus  donc  de  rechercher 
directement  l'acide  acétique,  non-seulement  dans  le  moût  fermenté  à  l'abri 
de  l'air,  mais  dans  le  résultat  de  la  fermentation  du  sucre  lui-même. 

»  Trois  fermentations  (1)  faites  dans  de  bonnes  conditions  (  dans  une  en- 
ceinte dont  la  température  varie  de  i5  à  3o°,  en  purgeant  les  appareils  de 
l'air  qu'ils  contenaient  par  un  courant  d'acide  carbonique)  ont  fourni  un 
liquide  qui  a  été  soumis  à  la  distillation.  Le  liquide  distillé  est,  dès  le  début, 
à  réaction  acide;  il  rougit  lentement  mais  franchement  le  papier  de  tour- 
nesol ;  l'acidité  est  la  même  jusqu'à  la  fin  de  l'opération,  que  l'on  arrête 
lorsque  l'appareil  distillatoire  ne  contient  plus  que  le  trentième,  environ,  du 
volume  initiai.  J'ai  saturé  les  liqueurs  acides  par  du  carbonate  de  soude 
pur,  et,  après  avoir  rapidement  distillé  l'alcool,  j'ai  achevé  l'évaporation  a 
l'air  libre.  Le  résidu  salin  a  été  décomposé  par  l'acide  sulfurique  dans  un 
appareil  distillatoire.  J'ai  obtenu  un  liquide  très-acide  dont  l'odeur  est  celle 
de  l'acide  acétique  altérée  par  celle  d'acides  gras  supérieurs.  Après  une 
nouvelle  saturation  par  le  carbonate  de  soude,  on  concentre  de  nouveau 
sans  faire  cristalliser. 

»  Le  sel  de  soude  à  acide  volatil  que  l'on  obtient  dans  les  trois  expé- 
riences offre  cette  particularité  inexpliquée,  que  lorsque  la  dissolution  est 


1  )  Les  deux,  premières  avec  8  kilogrammes  de  sucre  de  canne  très-pur,  4?-  litres  d'eau 
et  800  grammes  de  levure  en  pâte  bien  lavée  ;  la  troisième  avec  3  kilogrammes  de  sucre, 
if>  litres  d'eau  et  une  partie  de  la  levure  qoi  avait  été  retirée  de  la  première,  de  la  levure  mieux 
lavée  par  conséquent. 


(  97'  ) 
sur  le  point  de  cristalliser,  elle  se  gélatiniseen  se  refroidissant,  mais  peu  à 
peu  ;  à  l'étuve  elle  se  prend  en  beaux  cristaux  transparents.  Ces  cristaux 
sont  des  prismes  qu'd  est  impossible  de  confondre  avec  autre  chose  que 
l'acétate  de  soude  ;  toutefois  ils  sont  constamment  enduits  d'une  couche 
liquide,  déliquescente. 

»  Les  cristaux  obtenus  pesaient,  dans  les  trois  fermentations  réunies, 
65  grammes.  19  kilogrammes  de  sucre  de  canne,  en  fermentant  sous  l'in- 
fluence de  la  levure  alcoolique,  dans  les  conditions  normales  et  à  l'abri  de 
l'air,  fournisssnt  donc  des  acides  volatils  qui  sont  capables  de  former 
65  grammes  de  sel  de  soude  cristallisé. 

»  Ces  cristaux  ont  été  décomposés,  sur  un  entonnoir,  par  un  léger  excès 
d'acide  sulfurique.  Après  12  heures  la  surface  du  liquide  était  recouverte 
d'une  mince  couche  d'acides  gras  odorants,  dont  le  volume  était  d'environ 
2  centimètres  cubes  ;  ils  furent  séparés  et  la  partie  aqueuse  soumise  à  la 
distillation.  L'odeur  de  l'acide  recueilli  était  celle  de  l'acide  acétique,  fran- 
che,mais  mêlée  de  celledes  acides  gras  bouillants  an-dessus  de  1600.  L'acide 
fut  de  nouveau  transformé  en  sel  de  soude,  celui-ci  a  été  desséché  et  fondu. 
J'ai  obtenu  4°  grammes  de  sel  anhydre  qui  ont  été  décomposés  par  2  équi- 
valents d'acide  sulfurique  concentré.  L'acide  obtenu  a  été  rectifié  par  distil- 
lation fractionnée.  Le  thermomètre  monta  rapidement  à  1200  et  s'y  main- 
tint pendant  longtemps;  à  la  fin  il  s'éleva  rapidement  aussi  à  i4o°  et  atteignit 
1600.  Une  partie  de  l'acide  qui  avait  passé  à  120°  fut  transformée  en  chlorure 
d'acétyle  par  le  protochlorure  de  phosphore. 

»  La  majeure  partie  des  acides  volatils  de  la  fermentation  alcoolique  est 
donc  de  l'acide  acétique.  L'autre  partie  est  formée  d'acide  gras  volatils,  les 
uns  solubles  dans  l'eau,  les  autres  insolubles.  Dans  le  courant  de  cet  été,  en 
opérant  plus  en  grand,  j'espère  pouvoir  déterminer  la  nature  de  ces  acides 
supérieurs. 

»  Mais  peut-être  que  ces  acides  ne  se  forment  que  dans  les  fermentations 
faites  un  peu  en  grand  ?  Il  n'en  est  rien. 

»  J'ai  dissous  i36  grammes  de  sucre  candi  très-pur  dans  900  grammes 
d'eau  bouillie;  la  liqueur  a  été  maintenue  en  ébullition  pendant  un  quart 
d'heure  et  on  l'a  laissée  refroidir  dans  un  courant  d'acide  carbonique  ; 
lorsque  la  température  se  fut  abaissée  à  3o°  on  y  introduisit  20  grammes 
de  levure  en  pâte  bien  lavée.  L'appareil  étant  fermé,  on  fit  barboter  dans  le 
liquide  un  courant  de  gaz  carbonique  jusqu'à  ce  que  le  gaz  qui  s'en  déga- 
geait fût  complètement  absorbable  par  la  potasse.  Tout  étant  ensuite  dis- 
posé pour  empêcher  l'entrée  de  l'air,  on  plaça  l'appareil  dans  un  lieu  chaud. 

127.. 


(  972  ) 
La  fermentation  a  été  singulièrement  vive.  Après  36  heures  et  avant  que 
tout  le  sucre  fût  détruit,  on  filtra  rapidement  et  on  distilla  dans  un  appa- 
reil rempli  d'avance  d'acide  carbonique  et  dans  un  courant  de  ce  gaz.  Le 
produit  distillé  est  acide.  Il  a  été  saturé  comme  plus  haut  et  concentré, 
d'abord  dans  un  appareil  distillatoire,  puis  à  l'air.  Le  résidu  salin  distillé 
avec  de  l'acide  sulfurique  étendu  de  son  poids  d'eau  fournit  un  produit 
acide  sur  lequel  nagent  des  gouttes  huileuses  ;  ce  produit,  saturé  par  le 
carbonate  de  soude,  se  comporte  comme  nous  l'avons  dit,  se  gélatinise  et 
finit  par  cristalliser. 

»  Lavoisier  [Traité  de  Chimie,  t.  Ier,  p.  147, édition  de  i8o5)  indique  net- 
tement la  présence  de  l'acide  acéteux  (2  livres  8  onces  par  quintal  de  sucre) 
dans  la  fermentation  alcoolique.  Malheureusement  il  renvoie  aux  Mémoires 
de  l'Académie  pour  les  détails,  et  je  n'ai  pas  trouvé  ce  Mémoire. 

»  M.  Pasteur  (Mémoire  sur  la  fermentation  alcoolique,  Annales  de  Chimie 
et  de  Physique,  t.  LVIII,p.36o)  contredit  formellement  l'assertion  de  Lavoi- 
sier. Nonobstant  la  remarque  d'un  savant  aussi  compétent  et  qui  m'a  fait 
réfléchir,  je  publie  avec  confiance  les  résultats  qui  précèdent.  « 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Relation  d'une  pluie  de  terre  tombée  dans  le  midi  de  la 
France  et  en  Espagne;  par  M.  J.  Boris  (présentée  par  M.  Peligot). 

«  Dans  la  nuit  du  3o  avril  au  Ier  mai,  vers  3  heures  du  matin,  un  orage 
violent  avec  tonnerre  a  éclaté  sur  Perpignan,  et  le  matin  on  a  reconnu  sur 
plusieurs  points  de  la  ville  et  à  la  campagne  une  poussière  rougeâtre,  dont 
on  a  d'abord  ignoré  l'origine,  mais  on  a  reconnu  bientôt  qu'elle  était  tombée 
avec  la  pluie  pendant  la  nuit. 

»  La  pluie  terreuse  s'est  produite  dans  la  plaine  du  département  des 
Pyrénées-Orientales  comme  sur  les  parties  élevées;  seulement,  sur  les  mon- 
tagnes, la  pluie  était  transformée  en  neige  de  couleur  rouge. 

»  La  pluie  et  la  neige  rouges,  dans  la  plaine  et  sur  les  montagnes,  ont  eu 
lieu  le  matin  du  ier  mai.  Dans  la  plaine,  cela  ne  s'est  plus  renouvelé,  tandis 
que  sur  les  Cerdagnes  française  et  espagnole,  la  neige  colorée  est  tombée 
de  nouveau  vers  les  quatre  heures  du  soir. 

n  Partout  les  habitants  des  campagnes  ont  dit  que  les  plantes  s'étaient 
recouvertes  d'une  couche  de  rouille,  et  beaucoup  ont  vu  leurs  récoltes  com- 
promises. 

»  Dans  un  village  appelé  Enweigt,  on  a  recueilli  des  flocons  de  neige 
rouge,  qu'on  a  crus  teints  de  sang,  et  ce  phénomène  a  causé  une  certaine 
terreur  aux  habitants  de  ce  pays. 


(973) 

»  Le  même  jour,  iec  mai,  un  phénomène  semblable  s'est  passé  sur  plu- 
sieurs points  du  littoral  de  la  Méditerranée,  notamment  dans  la  basse  Ca- 
talogne, aux  environs  de  Figuères,  de  Girone;  dans  l'Aragon,  à  Mora  del 
Ebro. 

»   Dans  le  Messager  du  Midi  du  8  mai  1 863,  on  lit  : 

«  La  pluie  tombée  dans  la  nuit  de  jeudi  à  vendredi  dernier,  dit  la  Ruche 
»  d'Orange,  a  offert  un  phénomène  assez  rare;  nous  voulons  parler  d'une 
»  pluie  accompagnée  d'une  substance  colorante.  Vers  le  matin,  les  feuilles, 
»  fortement  tachées,  paraissaient  atteintes  d'une  maladie  semblable  à  la 
»  rouille;  mais,  en  y  regardant  de  près,  on  reconnaissait  bien  vite  la  pré- 
»  sence  d'une  poussière  rose.  Le  vent  ayant  été  au  sud  pendant  cette  même 
»  nuit,  il  y  a  lieu  de  présumer  que  le  dépôt  est  tout  simplement  du  pollen 
»  enlevé  par  un  coup  de  vent,  etc.  » 

»  Lesnuages  chargés  de  poussièreet  poussés  par  le  ventdu  sud-ouest,  après 
avoir  quitté  les  environs  de  Mont-Louis,  sont  allés  s'abattre,  quelques  heures 
plus  tard,  dans  l'Ariége;  car  on  écrit  de  Foix  : 

«  Dans  la  nuit  du  ier  au  »,  il  est  tombé,  dans  la  vallée  de  Vicdessos  et  dans 
»  les  environs  de  Foix,  une  quantité  prodigieuse  déneige  teinte  de  rouge. 
»  Cette  coloration  est  attribuée  à  la  présence  d'une  substance  analogue  à 
»   celle  que  les  botanistes  appellent  pollen.    » 

»  Examinons  maintenant  la  nature  de  cette  matière  colorée,  que  l'on  a 
considérée  généralement  comme  du  pollen.  J'en  ai  reçu  deux  échantillons 
recueillis,  l'un  à  Perpignan,  l'autre  à  l'établissement  thermal  d'Olette,  par 
conséquent  pris  à  un  soixantaine  de  kilomètres  l'un  de  l'autre. 

»  Ils  sont  complètement  identiques,  et  par  l'aspect,  et  par  la  composi- 
tion. 

»  La  terre,  desséchée  à  l'air,  est  jaunâtre;  humectée,  elle  devient  rouge 
brique.  Lorqu'on  la  chauffe  en  vase  clos,  elle  noircit  et  dégage  d'abondantes 
vapeurs  ammoniacales,  en  répandant  une  odeur  de  matière  animale  carbo- 
nisée; chauffée  à  l'air,  la  terre  prend  un  aspect  rougeâtre.  Les  acides,  versés 
sur  la  terre,  produisent  une  vive  effervescence,  enlèvent  des  carbonates  de 
chaux  et  de  magnésie,  de  l'oxyde  de  fer,  et  laissent  de  l'argile  mêlée  à  des 
débris  très-ténus  de  sable  quartzcux  et  de  mica  qui  brillent  dans  l'eau.  L'al- 
cool enlève  à  la  terre  une  petite  quantité  d'une  matière  résineuse  très-soluble 
dans  les  alcalis.  L'examen  microscopique  n'a  montré  que  quelques  rares 
débris  de  matière  organique.  La  présence  de  l'acide  phosphorique  a  été 
constatée  d'une  manière  évidente. 


(  974  ) 
L'analyse  m'a  fourni  les  résultats  suivants  : 


Pluies  de  terre  tombées,   le    Ier  mai   i863,   à  Perpignan  et  à   Olette . 

69.90 


Sable  et  argile 

Oxyde  de  fer  et  alumine 
Carbonate  de  chaux  . 
Carbonate  de  magnésie. 
Matière  organique  azotée 

Eau 

Acide  phosphorique  .   . 


Perpignan. 

6o'95  l  68  45 
7,5o  )  °°'4D 

:>.  1  ,  55 

2,  i5 

2,00 

5,85 

Traces  sensibles. 

100,00 


Olette 

64,90 

5,oo 

21 ,5o 

2,26 

2,25 
4,09 

Traces  sensibles. 
1 00 , 00 


»  Ces  deux  terres  sont  donc  identiques,  et  il  est  probable  que  les  ana- 
lyses faites  sur  les  produits  recueillis  dans  d'autres  localités  conduiront  au 
même  résultat. 

»  La  matière  colorante  tombée  avec  la  pluie  ou  la  neige  le  ier  mai  n'est 
donc  pas  du  pollen;  elle  est  due  à  des  marnes  argileuses  ferrugineuses  mê- 
lées de  sable  micacé  tres-fin.  Cette  poussière,  en  traversant  l'atmosphère,  a 
agi  comme  un  filtre  :  elle  l'a  dépouillée  d'une  partie  de  ses  immondices  et 
s'est  chargée  de  matière  organique.  Je  considère  ces  terres  comme  utiles 
pour  l'agriculture,  et  l'on  pourrait  les  appeler,  sans  trop  d'exagération,  des 
pluies  d'engrais. 

»  Les  habitants  des  campagnes,  loin  de  les  regarder  comme  un  châti- 
ment ou  un  objet  de  terreur,  doivent,  au  contraire,  remercier  le  ciel  de  ce 
bienfait.    » 

M.  H.  de  Gennes  prie  lAcadémie  de  vouloir  bien  lui  faire  savoir  si  une 
Note  de  M.  Mac  Kintosh  sur  un  «  Nouveau  propulseur  des  machines  ma- 
rines »,  présentée  en  1861,  a  été  ou  doit  être  prochainement  l'objet  d  un 
Rapport. 

(Renvoi  à  MM.  les  Commissaires  chargés  de  l'examen  de  cette   Note: 
MM.  Dupin,  Duperrey,  Clapeyron.) 


La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 


E.   D.   B. 


(97M 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a    reçu  dans  la  séance  du  18  mai   1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Annales  de  l'Observatoire  de   Toulouse;  par  M.  F.  Petit;  t.   [.  Toulouse, 
i863;  ui-4°. 

Résumé  des  observations  recueillies  en   1862   dans  le  bassin  de  la  Saune  et 

Quelques  autres  régions,  par  les  soins  de  la  Commission  hydrométrique  de  Lyon; 

par  M.  J.  Fournet.  Lyon,  2  feuilles  in-8°,  avec  des  Tableaux  d'observations 

Jaites  chaque  jour  de  l'année  1862  sur  différents  points  du  bassin  du  Rhône  et 

de  la  Saône. 

Sur  les  relations  des  orages  avec  les  points  culminants  des  montagnes  et  sur 
leur  distribution  spéciale  dans  les  environs  de  Lyon;  par  le  même.  (Extrait  des 
Annales  de  la  Société  impériale  d Agriculture,  d'Histoire  naturelle  et  des  Arts 
utiles  de  Lyon,   1.862.)  Lyon;  3  feuilles  in-8°. 

Recherches  expérimentales  sur  l'action  physiologique  du  tartre  stibié;  pai 
G.  Pécholier.  (Extrait  du  Montpellier  médical.)  Paris  et  Montpellier,  1 863; 
br.  in-8°.  (2  exempl.) 

Nouvelle  analyse  de  l'eau  minérale  acidule-alcaline-Jerrugineuse  du  Boulou; 
par  A.  BÉCHAMP.  (Extrait  du  Montpellier  médical.)  Montpellier,  1 863  ; 
br.  in-8°. 

Ouvrages  adressés  par  M.  A.  F.  Pouriau  : 

Eléments  des  Sciences  physiques  appliquées  à  l'Agriculture;  vol.  in-12.  — 
Observations  météorologiques  et  agricoles  Jaites  à  l'Ecole  impériale  d'Agricul- 
ture de  la  Saulsaie  (Ain);  années  1  85o-58,  livraisons  in-8°.  —  Climatologie 
de  la  Saulsaie  (Ain).  Résumé  de  neuf  années  d'observations  ;  br.  in-8°.  — 
Etudes  géologiques,  chimiques  et  agronomiques  des  sols  de  la  Bresse  et  particu- 
lièrement de  ceux  de  la  Dombes  ;  in-8°.  —  Comparaison  de  la  marche  de  la 
température  dans  l'air  et  dans  le  sol  pendant  les  années  1 856-6o  ;  in-8°.  —  Eludes 
sur  l'ozone  (extrait  des  Etudes  météorologiques  lues  à  la  Société  impériale 
d'Agriculture  de  Lyon);  in-8°.  —  De  la  fabrication  du  fromage  de  Hollande 
dit  d'Edam.  (Extrait  des  Annales  du  Génie  civil.) 

Reise...  Voyage  de  circumnavigation  de  la  frégate  autrichienne  Novara,  exé- 
cuté dans  les  années  1857-59,  sous  le  commandement  ducommodore  WuLLERS- 
TORF-Urbair  ;  partie  nautico-physique,  2e  section  :  Observations  magnétiques. 
Vienne,  1 863  ;  in-4°. 

Einige. . .    Quelques  remarques  sur  les  variations  séculaires  du  moyen  mou- 


(976) 
vement  de  la  Lune;   par    P.-A.    Hansen.    (Extrait  des  Comptes  rendus  de 
l'Académie  royale  de  Saxe.)  i  feuille  in-8°. 

Studi...  Eludes  sur  la  véritable  essence  et  la  structure  intime  des  corps  ;  par 
Gius.  GALLO.  (Extrait  du  Giornale  di  Farmacia,  di  Chimica,  etc.,  du  mois 
d'avril  i863.)  Turin;  br.  in-8°.  {i  exempl.) 

Intorno. . .  Sur  la  vraie  origine  de  la  résistance  considérable  qu'offrent  quelque- 
fois, dans  les  tubes  capiltaires,  les  colonnes  discontinues,  c'est-à-dire  formées 
d'index  d'eau  séparés  par  des  bulles  d'air,  et  sur  l'ascension  de  la  sève  dans  les 
plantes;  par  le  prof.  C.  Toscani.  (Extrait  du  Nuovo  Cimento ,  t.  XVI.)  Pise, 
i863;  br.  in-8°. 

Intorno...  Etude  d'une  urine  pathologique  et  principalement  de  l'urée 
qu  elle  contenait  ;  par  Antonio  Galvani.  (Extrait  des  Atlx delV  Islituto  Veneto 
di  Science,  Lettere  ed  Àrti.)  Venise;  br.  in-8°. 

Des  gypses  miocènes  et  des  dépôts  de  sel  gemme  dans  la  partie  supérieure  de 
la  vallée  de  la  Fistule,  près  de  Cracovie;  par  M.  L.  Zejszner.  (Extrait  de  la 
Bibliothèque  de  Varsovie,  livraisons  d'octobre,  novembre  et  décembre  1861.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  2o  MAI  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE 

M.  le  Ministre  d'Etat  transmet  une  ampliation  du  décret  impérial  qui 
confirme  la  nomination  de  M.  Edm.  Becquerel  à  la  place  devenue  vacante 
dans  la  Section  de  Physique  générale  par  suite  du  décès  de  M.  Despretz. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Edmond  Becquerel  prend  place 
parmi  ses  confrères. 

PHYSIQUE.  —  De  la  mesure  des  températures  élevées;   par  MM.  H.   Sainte- 
Claire  Devtlle  et  Troost. 

«  Dans  les  recherches  que  les  chimistes  ont  chaque  jour  à  poursuivre 
aux  températures  les  plus  élevées,  ils  sont  souvent  arrêtés  par  la  difficulté 
de  trouver  des  vases  convenables.  Les  vases  de  platine,  au  premier  abord, 
paraissent  irréprochables,  mais  nous  les  avons  toujours  rejetés  à  cause  de 
la  défiance  qu'inspire  un  métal  auquel  on  attribue  généralement  la  faculté 
de  condensera  sa  surface  les  gaz  avec  lesquels  il  est  en  contact.  La  lecture 
du  dernier  Mémoire  que  vient  de  publier  M.  Edmond  Becquerel  (i)  nous 
a  suggéré  les  expériences  qui  nous  ont  fait  trouver  la  véritable  cause  pour 


(i)  Voyez  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  LXVI1I,  p.  49. 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,   I\°  21.  )  T  ^8 


(  978) 
laquelle  le  platine  ne  présente  aucune  sécurité,  lorsqu'il  s'agit  d'expériences 
à  haute  température  faites  sur  les  gaz  ou  les  vapeurs. 

»  Nous  prenons  un  tube  de  platine,  extrait  d'un  lingot  (i)  bien  travaillé, 
que  l'on  emboutit  et  qu'on  passe  à  la  filière,  de  manière  à  obtenir  un  tube 
très-sain,  très-homogène  et  sans  soudure.  (Les  deux  tubes  sur  lesquels 
nous  avons  expérimenté  étaient  dans  ces  conditions  et  avaient  été  fabri- 
qués avec  la  plus  grande  perfection  par  MM.  des  Moutis,  Chapuis  et 
Quennessen.)  On  introduit  ce  tube  dans  un  autre  tube  en  porcelaine 
de  Bayeux,  beaucoup  plus  large  et  moins  long,  et  l'on  ferme  l'espace  annu- 
laire compris  entre  eux  au  moyen  de  bons  bouchons  de  liège.  Cet  espace 
annulaire,  rempli  de  fragments  de  porcelaine,  est  traversé  par  un  courant 
d'hydrogène  sec  et  pur  qui,  entrant  et  sortant  par  deux  tubes  de  verre,  ne 
peut  avoir  aucune  communication  directe  avec  l'intérieur  du  tube  de  platine. 
Celui-ci,  fermé  par  deux  bouchons  de  caoutchouc  préalablement  chauffés, 
reçoit  de  l'air  desséché  par  son  passage  au  travers  d'un  laveur  de  M.  Alver- 
gniat,  d'une  éprouvette  pleine  de  ponce  sulfurique  et  enfin  d'un  vase  rempli 
de  fragments  de  potasse  fondue.  Le  système  ainsi  préparé  (2)  est  introduit 
dans  un  fourneau  alimenté  d'air  et  de  charbon  des  cornues  à  gaz. 

»  Ainsi,  dans  notre  appareil,  l'air  et  l'hydrogène  circulent  séparés  par 
une  cloison  intacte  et  continue  de  platine.  Si,  à  la  température  ordinaire, 
on  recueille  l'air  qui  sort  du  tube  de  platine,  on  lui  trouve  la  composition 
normale  : 

Oxygène 2°j9  2I 

Azote 79, 1  79 

100,0  100 

L'hydrogène  sortant  de  l'espace  annulaire,  également  à  la  température 
ordinaire,  est  entièrement  absorbable  par  l'oxyde  de  cuivre  et  sans  résidu. 
»  Mais,  si  l'on  élève  lentement  la  température,  le  phénomène  change 
avec  une  régularité  surprenante;  l'air  perd  peu  à  peu  son  oxygène  et  il  se 
condense  dans  le  tube  abducteur  de  l'eau  que  nous  avons  recueillie  et  pesée; 
sa  proportion  va  en  augmentant  avec  la  température.  Enfin,  quand  celle-ci 
est  arrivée  à  1  ioo°  environ  (par  estimation),  le  tube  de  platine,  qui  reçoit 

(1)  Nous  ne  parlons  ici  que  du  platine  ordinaire  en  mousse  rapprochée  par  le  marteau, 
tel  qu'il  a  été  préparé  exclusivement  jusqu'à  ces  derniers  temps.  Nous  faisons  fabriquer  en 
ce  moment  un  tube  en  platine  fondu  sur  lequel  nous  expérimenterons  à  nouveau. 

(2)  C'est  le  même  appareil  que  l'un  de  nous  a  déjà  utilisé  en  y  mettant  un  tube  de  terre 
poreux  au  lieu  d'un  tube  de  platine.  (Voir  Comptes  rendus,  t.  LU,  p.  5a4) 


(  979  ) 
de  l'air  sec,  ne  fournit  plus  que  de  l'azote  et  de  l'eau  (i);  en  même  temps 
on  voit  diminuer  d'une  manière  sensible  le  nombre  des  bulles  d'hydro- 
gène qui  sortent  par  le  tube  abducteur  communiquant  à  l'espace  annu- 
laire (2). 

»  Bien  plus,  quand  on  dépasse  la  température  de  1  ioo°  (par  estimation), 
les  gaz  sortant  du  tube  de  platine  contiennent  une  quantité  notable  d'hy- 
drogène. 

(  1  )      Composition  de  Cair  à  des  températures  constamment  croissantes  h  partir  du  rouge  : 

Oxygène....        19,0       16,7       i5,5       12, 3       10, 5         8,8        5,9        3,o  » 

Azote 81,0       83,3       84,5       87,7       89,5       91,2       94 ,1       97,  o      100,0 

100,0     100,0     100,0     100,0     100,0     ioo,o     100,0     100,0     100,0 

A  partir  de  1  1 00°  environ  et  en  dépass.int  peu  cette  température  : 

Hydrogène i,3  2I>9 

Azote 98,7  78,1 

100,0  100,0 

Quantités  d'eau  obtenue  à  l'heure  avec  une  vitesse  d'air  d'un  litre  à  l'heure  environ  : 

89  milligrammes 
i83 
282  0 

554  milligrammes. 

Cette  eau  contient  une  faible  quantité  d'acide  nitrique. 

Si  on  remplace  l'hydrogène  par  l'oxyde  de  carbone,  ce  gaz  ne  pénètre  pas  en  quantité  sen- 
sible dans  le  tube  de  platine.  L'air  qui  sort  du  tube  possède,  à  très-peu  près,  la  composition 
normale  : 

Oxygène 21 , 7  21,6 

Azote 79 , 3  79.4 


Des  tubes  de  Liebig,  traversés  par  les  courants  d'air  et  d'oxyde  de  carbone  sortant  de 
l'appareil,  ne  changent  pas  de  poids  et  les  gaz  sont  absolument  secs. 

Ces  essais  ont  été  faits  sur  deux  tubes  de  1  millimètre  d'épaisseur  environ  chauffés  sur  une 
longueur  de  i5  centimètres  ou  le  quart  de  la  longueur  totale.  Ces  tubes,  destinés  à  des  ap- 
pareils de  concentration  pour  l'acide  sulfurique,  tiennent  le  vide  et  sont  essayés  sous  de  fortes 
pressions  à  la  température  ordinaire. 

(2)  Les  courants  d'air  et  d'hydrogène  sont  fournis  par  des  appareils  à  production  rigou- 
reusement constante. 

128.. 


(  9«°  ) 

«  Si  on  laisse  refroidir  l'appareil,  les  phénomènes  se  reproduisent,  mais 
en  sens  inverse,  jusqu'à  ce  que  le  gaz  qui  traverse  le  tube  de  platine  rede- 
vienne de  l'air  pur. 

»  Pendant  toute  la  durée  de  l'expérience,  l'hydrogène  qui  sort  de  l'es- 
pace annulaire  est  entièrement  absorbable  par  l'oxyde  de  cuivre. 

»  Au  moment  où  la  température  est  très-élevée,  si  l'on  ferme  brusque- 
ment le  robinet  qui  amène  l'hydrogène  dans  l'espace  annulaire,  en  plon- 
geant aussitôt  dans  une  cuve  à  mercure  le  tube  qui  donne  issue  au  gaz,  on 
voit  le  mercure  monter  peu  à  peu  dans  ce  tube  jusqu'à  la  hauteur  de 
602  millimètres  (le  baromètre  étant  à  y53  millimètres).  L'hydrogène  péné- 
trait donc  encore  dans  le  tube  de  platine,  et  un  vide  presque  complet  se 
produisait  dans  l'espace  annulaire.  Et  cependant  nous  avons  constaté  que 
notre  appareil,  assez  difficile  à  construire,  n'était  pas  parfaitement  clos. 
C'est  peut-être  la  seule  raison  qui  explique  cette  faible  différence  de  1  5  cen- 
timètres entre  la  hauteur  barométrique  et  la  hauteur  du  mercure  dans  le 
tube  abducteur,  différence  qui  mesure  la  pression  du  gaz  resté  ou  introduit 
par  des  fuites  dans  le  manchon  de  porcelaine. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  le  platine  se  conduit  à  haute  tempéra- 
ture comme  ces  vases  poreux  avec  lequels  on  réussit  si  facilement  les  belles 
expériences  d'endosmose  gazeuse  de  M.  Jamin  et  celles  que  l'un  de  nous  a 
déjà  publiées. 

»  On  peut  avoir  encore  une  preuve  aussi  convaincante  de  cette  porosité, 
en  remplaçant,  dans  l'expérience  précédente,  l'air  par  de  l'acide  carbonique 
pur  et 'sec  et  en  maintenant,  dans  l'espace  annulaire,  le  courant  d'hydro- 
gène. A  l'extrémité  du  tube  de  platine,  on  recueille,  en  même  temps  que  de 
l'acide  carbonique,  une  grande  quantité  d'oxyde  de  carbone  et  d'hydro- 
gène (r). 

»  On  comprendra  ainsi  l'impossibilité  de  construire  des  pyromètres  a  gaz 

(1)  En  opérant  sur  les  mêmes  tubes,  à  températures  élevées  et  croissantes,  on  obtient  des 
gaz  renfermant  : 

Hydrogène 12,7  7,3 

Oxyde  de  carbone  ....         »  17,7 

Acide  carbonique 87,3  75, o 

100,0  100,0 

La  dernière  analyse  se  rapporte  au  gaz  sortant  du  tube  de  platine  et  recueilli  à  la  tem- 
pérature la  plus  élevée,  ce  qui  justifie  la  présence  de  l'oxyde  de  carbone  et  de  l'humidité 
dans  les  gaz  recueillis. 


(  98'  ) 
avec  du  platine  quand  ces  pyromètres  doivent  être  mis  en  contact  avec  les 
gaz  réducteurs  ou  l'hydrogène  d'un  foyer  (i);  on  comprendra  également 
pourquoi  les  températures  que  M.  Ed.  Becquerel  a  déterminées,  et  qui 
diffèrent  de  celles  que  nous  avons  publiées  nous-mêmes,  sont  plus  basses 
de  ioo°  environ  que  toutes  celles  qui  ont  été  obtenues,  soit  par  nous, 
soit  par  d'autres. 

»  Cette  porosité  du  platine  l'empêche  peut-être  de  conserver  les  gaz  à 
haute  température  et  à  haute  pression,  mais  surtout  l'endosmose  force, 
malgré  une  pression  contraire,  les  gaz  du  foyer  d'entrer  en  contact  avec 
l'air  du  pyromètre.  Il  se  forme  alors  de  l'eau  avec  diminution  de  volume 
due  à  la  disparition  de  l'oxygène.  Dès  lors  on  comprend  pourquoi,  dans  les 
expériences  de  M.  Edmond  Becquerel,  il  était  nécessaire  de  maintenir  con- 
stamment dans  le  pyromètre  des  fragments  de  chlorure  de  calcium,  qu'il 
faut  même  changer  d'une  expérience  à  l'autre  (voir  page  88  du  Mémoire). 

»  On  comprend  aussi  comment  la  masse  de  gaz,  qui,  dans  le  pyromètre 
en  platine,  devrait  rester  constante  (constante  C),  a  varié,  au  contraire,  fie 
2^,8622  à  19,9164  dans  la  série  d'expériences  à  laquelle  M.  Ed.  Becquerel 
parait  accorder  le  plus  de  confiance.  Cette  variation  de  la  constante  atteint 
la  proportion  de  16, 5  pour  100  de  sa  valeur  maximum,  ce  qui  se  rap- 
proche de  la  proportion  d'oxygène  que  contenait  l'air  au  début  de  l'expé- 
rience. M.  Ed.  Becquerel  explique  (page  90)  cette  variation  considérable 
en  supposant  que  le  mercure  de  son  manomètre  a  pu  se  combiner  à  froid 
avec  l'oxygène  de  l'air  contenu  dans  l'appareil.  Cette  hypothèse  est  inad- 
missible :  elle  annulerait  la  précision  de  toutes  les  expériences  faites  avec 
son  appareil  et  les  appareils  semblables;  elle  devrait  faire  suspecter  tous  les 

coefficients  de  dilatation,  etc ,  tous  les  nombres  enfin  qui  ont  reçu  de 

l'expérience  toutes  les  sanctions  possibles. 

(1)  M.  Pouillet,  dans  ses  expériences  sur  le  pyromètre  qu'il  a  employé  le  premier,  a  évire 
en  grande  partie  cette  cause  d'erreur,  parce  qu'il  a  chauffe  son  appareil  dans  une  moufle  en 
fer  à  très-peu  près  close.  Aussi  ses  températures  sont-elles  beaucoup  plus  élevées  que  celles 
de  M.  Ed.  Becquerel,  surtout  si  l'on  modifie  les  résultats  de  M.  Pouillet  en  adoptant,  comme 

il  le  prescrit  lui-même,  le  nouveau  coefficient  de  dilatation  — -,   au  lieu   du   coefficient  de 

273 

Gay-Lussac,  avec  lequel  ils  ont  été  calculés.  (Voir  le  Traité  de  Physique  de  M.  Pouillet, 
6e  edit.,  i853,  t.  Ier,  p.  237,  238,  23g,  269,  PI.  IX,fig.  8.)  M.  Ed.  Becquerel  place  son 
réservoir  de  platine  dans  un  tube  de  terre,  c'est-à-dire  dans  une  matière  poreuse  où  l'hydro- 
gène du  foyer  trouve  le  plus  facile  accès. 


1 98a  ) 

»  La  véritable  explication  se  tire  d'une  manière  évidente  de  nos  expé- 
riences; c'est  qu'à  une  température  qui  n'a  pas  besoin  d'être  bien  élevée, 
le  platine  devient  capable  de  produire  les  phénomènes  d'endosmose,  peut- 
être  même  les  pertes  par  pression  qu'on  observe  avec  les  matières  po- 
reuses. 

a  Les  différences  qui  existent  entre  les  températures  observées  par 
M.  Ed.  Becquerel  et  nous  sont  les  suivantes  : 


Point  d'ébullition  du  cadmium. 
Point  d'ébullition  du  zinc 


MM.  Deville 

M.  Ed.  Becquerel. 

et  Troosl. 

Différence 

746",  3 

860° 

n3°,7 

932°,o 

io4o° 

io8°,o 

»  Nous  nous  sommes  servis,  pour  nos  déterminations,  d'un  procédé  direct, 
indépendant  de  toute  hypothèse,  exempt  de  toute  cause  capitale  d'erreur: 
c'est  la  mesure,  sous  la  même  pression,  du  volume  d'air  pris  successivement 
à  o°,  puis  à  la  température  que  nous  voulons  mesurer,  et  enfermé  dans  des 
vases  de  porcelaine  de  Bayeux  imperméables  et  absolument  rigides  à  cette 
température,  puisqu'ils  y  tiennent  le  vide  absolu,  et  qu'ils  sont  encore  fort 
éloignés  de  leur  point  de  fusion  ou  de  ramollissement.  Ces  vases,  traversés 
jusqu'au  rouge  naissant  par  un  courant  d'air  sec,  sont  fermés,  à  la  fin  de 
l'expérience,  avec  un  chalumeau  à  gaz  tonnants,  comme  on  ferme  le  ther- 
momètre à  air  en  verre  avec  le  chalumeau  à  bouche.  Les  seules  causes 
d'erreur  résident  dans  l'observation  de  la  pression  barométrique,  de  la 
température  ambiante,  enfin  de  la  lecture  du  volume  des  gaz  dans  un  tube 
gradué.  Celle-ci  étant  seule  à  considérer,  nous  dirons  qu'en  opérant  avec 
des  ballons  de  3oo  à  33o  centimètres  cubes,  une  erreur  très-grossière  et 
inacceptable  d'un  demi-centimètre  cube  n'influerait  pas  bien  sensiblement 
sur  nos  résultats.  Les  températures  trouvées  par  M.  Becquerel  nous  met- 
traient en  erreur  d'environ  10  centimètres  cubes  sur  80,  ce  qui  est  inad- 
missible. 

»  Les  seules  causes  d'incertitude  peuvent  venir  des  appareils  dans  les- 
quels on  chauffe  les  métaux  dont  on  veut  déterminer  les  points  d'ébullition. 
Pour  arriver  à  une  exactitude  dont  nos  densités  de  vapeur  sont  indépen- 
dantes, nous  reprenons  en  ce  moment  toutes  nos  mesures  de  température, 
en  employant  les  procédés  les  plus  délicats.  Mais,  comme  M.  Ed.  Becquerel 
paraît  s'êtie  placé  à  très-peu  près  dans  les  mêmes  conditions  que  nous,  il 
fallait  trouver  ailleurs  la  cause  de  nos  divergences.  C'est  cette  considération 
qui  nous  a  fait  rechercher  dans  le  platine  une  propriété  encore  inconnue, 


(  983  ) 
quoique  en  parfaite  harmonie  avec  ses  actions  catalytiques  et  la  faiblesse  de 
sa  conductibilité  pour  la  chaleur  et  l'électricité  (1).  » 

MATHÉMATIQUES  APPLIQUÉES.  —  Note  sur  la  marc  lie  à  suivre  pour  découvrir  te 
principe,  seul  véritablement  universel,  de  ta  nature  physique  ;  par  M .  Lamé. 

«  [Cette  Note  est  identique,  par  le  fond,  avec  celle  que  j'ai  déposée, 
l'année  dernière,  dans  un  paquet  cacheté.  Je  croyais,  alors,  être  le  seul 
géomètre  qui  travaillât  ce  genre  de  questions.  Mais,  depuis,  plusieurs 
•  communications  faites  à  l'Académie,  et  d'autres  que  j'ai  directement  reçues, 
m'ont  signalé  des  collaborateurs,  tant  en  France  et  en  Angleterre,  qu'en 
Italie,  en  Suisse,  en  Allemagne,  en  Autriche;  et  je  pense  que  la  Note  ac- 
tuelle pourra  les  aider  dans  leurs  recherches.] 

»  Des  travaux  incessants  m'ont  conduit  à  une  sorte  de  définition  nou- 
velle de  la  physique  mathématique,  à  la  prévision  du  but  réel  vers  lequel 
converge  celte  science  générale.  Un  aperçu  historique,  succinct  et  rapide, 
des  progrès  scientifiques  de  notre  dix-neuvième  siècle,  dictera  clairement 
et  ce  but ,  et  cette  définition. 

»  Au  début,  la  Mécanique  céleste  avait  déjà  déduit  les  conséquences 
astronomiques  les  plus  importantes  du  principe  de  la  pesanleur  univer-. 
selle.  Depuis  lors,  les  formules  de  cet  ouvrage  monumental,  habilement 
développées,  ont  expliqué  toutes  les  perturbations  successivement  signalées, 
déduit  même,  de  ces  explications,  la  présence  nécessaire  d'astres  inconnus 
aux  limites  du  système  solaire,  et  dont  l'existence  a  été  constatée.  Un  tel 
concours  de  vérifications,  si  nombreuses  et  si  complètes,  tout  imprévues, 
tout  inespérées  qu'elles  pussent  être,  devait  enraciner  dans  l'esprit  des 
savants  deux  idées  distinctes  et  diversement  fécondes. 

»   La  première ,  c'est  que  l'homme  pourra  découvrir  tous  les  secrets  de 

(i)  Pendant  l'impression  de  cette  Note,  nous  avons  reçu  du  grand  fabricant  de  Londres, 
M.  Matthey,  un  tube  de  platine  fondu  pesant  1,070  grammes,  de  60  centimètres  de  longueur 
et  de  2  millimètres  environ  d'épaisseur.  Toutes  nos  expériences  déjà  décrites  ont  été  ré- 
pétées avec  ce  tube  et  ont  donné  exactement  le  même  résultat,  en  déterminant  la  formation 
de  l'eau  au  moyen  de  l'hydrogène  et  aux  dépens  de  l'air,  en  produisant  le  vide  dans  l'espace 
annulaire,  etc.  L'énorme  épaisseur  de  ce  tube  et  sa  qualité  n'ont  en  rien  altéré  les  phénomènes 
ni  dans  leur  sens,  ni  dans  leur  intensité,  ni  dans  leur  activité.  M.  Matthey,  connaissant  nos 
besoins,  a  fait  fabriquer  immédiatement  ce  tube  avec  une  portion  du  lingot  de  100  kil.  de 
platine  fondu  qu'il  a  exposé  en  1862  et,  prévenant  nos  désirs,  nous  l'a  gracieusement  en- 
voyé pour  être  utile  à  la  science.  Nous  lui  en  exprimons  publiquement  notre  reconnaissance. 


(  9«4  ) 
la  nature,  en  s'attachant  à  suivre,  clans  l'étude  de  chaque  nouvelle  classe 
de  phénomènes,  la  marche  progressive  de  l'astronomie,  marche  si  hien 
réussie,  savoir  :  observer  et  expérimenter  les  faits,  dans  toutes  les  cir- 
constances réalisables;  coordonner  ces  expériences  et  ces  observations,  de 
manière  à  les  grouper  sons  un  certain  nombre  de  lois;  puis,  le  calcul 
aidant,  diminuer  successivement  le  nombre  de  ces  lois ,  en  les  faisant  rentrer 
les  unes  dans  les  autres,  pour  arriver  finalement  à  une  seule  loi,  qui  sera  le 
principe  partiel  de  la  classe  de  phénomènes  étudiée. 

»  Ainsi  pensent  et  travaillent,  ont  pensé  et  travaillé,  nos  cliimistes  et  nos 
physiciens,  nos  géologues  et  nos  minéralogistes.  Les  travaux  de  ces  illustres* 
savants  ont  établi  un  nombre  fini  de  lois,  homologues  de  celles  de  Kepler, 
mais  plus  complètes,  en  ce  sens  qu'elles  ne  font  pas  abstraction  des  pertur- 
bations, qu'elles  signalent  elles-mêmes  et  leurs  écarts  et  leurs  anomalies: 
sortes  de  jalons  qui  serviront  de  guides  lorsqu'il  s'agira  de  fondre  les  prin- 
cipes partiels  de  toutes  les  sciences  en  un  dernier  principe,  seul  véritahle- 
ment  universel,  dont  l'attraction  newtonienne  ne  sera  que  le  corollaire  le 
plus  simple,  ou  celui  qui  devait  être  découvert  le  plus  facilement. 

»  Tout  aussi  nombreux,  quoique  moins  concluants,  ont  été  les  travaux 
des  géomètres  partis  de  cette  seconde  idée,  que  l'analyse  mathématique  a 
seule  la  puissance,  si  bien  manifestée  par  la  Mécanique  céleste,  de  conduire 
rationnellement  au  principe  partiel  de  chaque  science  ,  d'en  déduire 
l'explication  complète  de  tous  ses  phénomènes,  et  celle  de  leurs  perturba- 
tions. 

>•  Nous  pourrions  ici  passer  en  revue  les  travaux  mémorables,  et  si  nom- 
breux, de  la  période  dont  il  s'agit,  concernant  l'analyse  pure,  la  géométrie 
supérieure,  la  mécanique  rationnelle,  et  constater  que  tous  tendent  vers  le 
même  but  :  celui  d'aider  les  applications  entrevues,  en  perfectionnant  à 
l'avance  les  instruments  qui  leur  sont  indispensables;  mais  bornons-nous 
à  citer  rapidement  les  travaux  qui  concernent  plus  directement  les  diverses 
branches  delà  physique  mathématique  proprement  dite. 

»  Leur  marche  uniforme  est  celle-ci  :  partant  d'un  principe  partiel 
hypothétique,  posé  à  priori,  emprunté  à  une  théorie  voisine,  ou  que  l'en- 
semble des  phénomènes  paraît  dicter,  le  géomètre  soumet  ce  principe  à 
l'épreuve  analytique  de  l'explication  des  faits,  afin  de  rapprocher  les  nom- 
bres ainsi  calculés  de  ceux  que  donne  directement  l'expérience  ou  l'obser- 
vation, et  de  pouvoir  déduire,  de  leurs  coïncidences  ou  de  leurs  écarts,  la 
vérification  ou  le  rejet  du  principe  admis.  C'est  ainsi  qu'ont  été  successive- 
ment travaillées  :  la  capillarité,  l'électricité  statique,  les  actions  magnétiques, 


(935) 
la  propagation  de  la  chaleur,  celle  de  la   lumière,  enfin   l'élasticité  des 
solides. 

»  Des  six  théories  partielles  inaugurées  par  ces  travaux,  les  trois  der- 
nières seules  ont  fait  et  font  journellement  des  progrès  incessants.  Car  la 
première,  celle  de  la  capillarité,  est  restée  stationnaire,  soit  que  son  épreuve 
analytique  ait  paru  douteuse,  soit  que  l'occasion  ou  la  nécessité  de  la 
compléter  n'ait  pas  encore  surgi.  La  seconde,  ou  celle  de  l'électricité 
statique,  toute  parfaite  qu'elle  soit,  embrasse  un  groupe  de  phénomènes 
trop  restreint  pour  y  faire  de  nouveaux  progrès;  c'est  une  sorte  d'oasis,  qui 
va  se  resserrant  de  plus  en  plus  depuis  la  découverte  d'OErsted.  El  la  troi- 
sième théorie  est  forcément  arrêtée  par  la  même  découverte,  qui  réclame 
une  nouvelle  branche  de  la  physique  mathématique,  celle  de  l'électro- 
magnélisme,  dont  il  faut  attendre  le  véritable  avènement. 

»  Ce  résumé  historique  conduit,  très-naturellement,  à  trois  prévisions 
que  je  vais  énoncer,  comme  autant  de  propositions  a  vérifier.  Premièrement: 
de  l'état  stationnaire  de  trois  des  théories  précédentes,  et  de  la  marche 
incessamment  progressive  des  trois  autres,  on  déduit  que  les  principes 
partiels  de  la  capillarité,  de  l'électricité  et  du  magnétisme  ne  pourront  être 
atteints  que  lorsqu'on  connaîtra  ceux  de  la  lumière,  de  l'élasticité  et  de  la 
chaleur.  Secondement  :  de  ce  que  les  deux  théories  de  l'élasticité  des  corps 
solides  homogènes,  et  de  la  double  réfraction  des  cristaux  diaphanes,  ont 
eu  le  même  initiateur,  Fresnel,  on  déduit  que  ces  deux  théories  doivent  se 
fondre  en  une  seule  ou  se  grouper  sous  le  même  principe  partiel. 
Troisièmement  :  enfin,  de  ce  qu'il  ne  restera  plus  que  deux  théories  actives 
et  distinctes,  on  peut  conclure  que  de  leur  rapprochement,  de  leur  fusion 
future,  devra  jaillir,  tôt -ou  tard,  le  principe,  seul  véritablement  universel, 
de  la  nature  physique.  Quelques  développements  suffiront  pour  justifier 
ces  prévisions  et  légitimer  les  espérances  qu'elles  font  naître. 

»  Malgré  le  grand  nombre  d'essais  infructueux  que  l'on  connaît  aujour- 
d'hui, des  savants  distingués  persistent  encore  à  regarder  la  loi  de  l'attrac- 
tion newtonienne  comme  devant  être  réellement  universelle,  ou  comme 
devant  expliquer  les  réactions  moléculaires  aussi  bien  que  les  gravitations 
célestes.  A  ces  partisans  exclusifs  du  premier  principe  partiel  que  la  science 
humaine  ait  reconnu,  nous  opposons  les  considérations  suivantes. 

»  Les  phénomènes  constatés  de  la  nature  physique  sont  très-divers  :  les 
uns  se  manifestent  à  des  distances  très-appréciables,  ou  même  excessivement 
grandes;  les  autres,  à  des  distances  insensibles  ou  excessivement  petites.  Le 

C  R.,  186Î,   \'rSemeslie.  (T.   LVI,  N°  21.)  I  2f) 


(  986  ) 
principe  véritablement  universel  doit  les  expliquer  tous.  Il  comprendra 
donc  nécessairement  le  principe  partiel  de  l'attraction,  qui  doit  être  sa 
limite  supérieure,  ou  le  seul  terme  subsistant  efficacement,  quand  la  distance, 
prise  pour  variable,  dépasse  une  certaine  grandeur.  D'après  cela,  croire  à 
l'omnipotence  de  l'attraction,  c'est  vouloir  déduire,  du  dernier  terme,  seul 
connu,  d'une  longue  série,  tous  les  autres  termes,  même  le  premier,  ce  qui 
est  évidemment  impossible.  La  conclusion  serait  très-différente,  si  nous 
connaissions,  en  outre,  le  premier  terme,  seul  subsistant  à  la  limite  inférieure, 
ou  quand  la  distance  cesse  d'être  appréciable,  et  si,  de  plus,  les  perturba- 
tions observées  donnaient  des  indications  suffisantes  pour  évaluer  les  termes 
suivants.  Et  c'est  pour  acquérir  ces  dernières  connaissances  que  notre 
dix-neuvième  siècle  a  tant  travaillé  et  travaille  encore. 

»  Gardons-nous  d'appeler  arriérés  ceux  qui  s'arrêtent  trop  longtemps  au 
principe  du  passé,  caria  mèmeépithète  nous  serait  immédiatement  renvoyée 
par  d'antres  savants  qui  s'élancent  trop  rapidement  vers  celui  de  l'avenir. 
La  propagation  de  la  lumière  dans  le  vide  et  les  espaces  planétaires,  jointe 
au  phénomène  des  interférences,  signale  incontestablement  l'existence  d'un 
fluide  éthéré;  seconde  espèce  de  matière  infiniment  plus  étendue,  plus  uni- 
verselle et  très-probablement  beaucoup  plus  active  que  la  matière  pondé- 
rable. Partant  de  cette  définition  caractéristique,  je  suis  arrivé  depuis  long- 
temps à  deux  nouvelles  conclusions  :  la  première,  que  la  science  future 
reconnaîtra,  dans  Véther,  le  véritable  roi  de  la  nature  physique;  la  seconde. 
que  ce  serait  retarder  infiniment  sa  solide  installation  que  de  vouloir  le 
couronner  dès  aujourd'hui. 

»  En  effet,  ce  nouveau  venu,  nous  le  connaissons  par  notre  seule  intel- 
ligence, et  l'ancienne  matière,  saisie  et  diversement  définie  par  nos  sens, 
nous  ne  la  connaissons  encore  que  très-imparfaitement.  Et  si  le  géomètre 
veut  soumettre  à  l'épreuve  analytique  ce  monde  pressenti,  combien  d'hy- 
pothèses ne  doit-il  pas  poser  à  priori?  Car  l'action  de  l'éther  sur  lui-même, 
celle  qui  existe  entre  des  particules  pondérables  très-voisines;  la  forme,  la 
constitution,  les  mouvements  internes  de  ces  mêmes  particules;  la  nature, 
le  sens,  l'intensité  des  actions  mutuelles  de  l'éther  et  de  la  matière  pondé- 
rable; tout  cela  est  inconnu.  Alors,  que  de  fonctions  indéterminées  à  faire 
entrer  dans  l'élément  différentiel  de  l'intégrale  définie  qui  devra  être  éprou- 
vée! Quel  degré  de  multiplicité  ne  faudra-t-il  pas  donner  à  cette  intégrale! 
A  moins  que  l'on  n'ajoute,  à  tant  d'hypothèses,  des  restrictions  presque  aussi 
nombreuses.  Enfin,  quelle  puissance  prodigieuse  ne  faudra-t-il  pas  pour 
faire  ressortir  d'un  mécanisme  aussi  compliqué  une  loi,  qui  sera  inévitable- 


(  987  ) 

ment  aussi  incertaine  que  tout  son  cortège  de  restrictions  et  d'hypothèses! 

»  Cet  immense  travail,  tenté  par  Cauchy  et  dont  la  difficulté  principale 
a  été  admirablement  vaincue  par  M.  Blanchet,  n'est  plus  sur  la  route  qui  doit 
conduire  à  la  véritable  loi  universelle.  Il  a  dépassé  le  but  sans  l'apercevoir. 
Son  utilité  réelle  est  d'une  autre  nature  :  il  constate  à  l'avance  que  l'analyse 
mathématique  ne  faillira  pas  quand  il  s'agira  d'expliquer  les  perturbations 
de  la  loi  trouvée  ;  il  rendra  très-facile  l'érection  d'un  second  ouvrage  monu- 
mental. Courage  donc!  cherchons  ailleurs,  atteignons  le  but,  et  cela  suffira, 
puisque  au  delà  le  terrain  est  tout  préparé.  En  un  mot,  rivés  que  nous 
sommes  à  la  matière  pondérable,  placés  sur  une  des  îles  de  l'océan  éthéré, 
étudions  d'abord  ses  vallées,  ses  baies,  ses  ports;  les  marées  du  nouvel 
élément,  les  vents  qui  l'agitent,  ses  vagues,  ses  déjections  de  toutes  sortes, 
avant  d'essayer  d'y  voguer  à  pleines  voiles.  Rectifions  nos  instruments,  pu- 
rifions notre  équipage,  n'embarquons  rien  de  douteux,  rien  d'indéterminé. 

»  Il  résulte  d'une  de  nos  premières  conclusions  cpie  tous  les  détails  de 
cette  longue  préparation  pourront  être  obtenus  à  l'aide  du  seul  couple  des 
deux  théories  de  la  chaleur  et  de  l'élasticité,  appliquées  aux  seuls  corps 
solides  et  homogènes!  Certes,  une  telle  prétention  doit  paraître  exorbitante, 
et  même  chimérique;  car,  et  les  solides  hétérogènes,  et  les  liquides,  et  les 
gaz,  et  les  mille  et  une  combinaisons  de  la  chimie,  presque  tout  ce  qu'il 
s'agit  d'expliquer  est  en  dehors  de  ce  groupe  si  restreint  et  si  singulièrement 
choisi!  Et  cependant,  cette  prétention  est  très-légitime. 

»  En  effet,  supposons  qu'un  habile  expérimentateur  soit  miraculeusement 
doué  de  la  faculté  de  voir,  saisir,  isoler  successivement  les  atomes  d'un  cer- 
tain sel,  et  qu'il  se  propose  d'utiliser  cette  faculté  pour  étudier  complètement 
la  forme,  la  constitution,  les  mouvements  internes  de  ces  atomes,  ainsi  que 
les  lois  de  leurs  agglomérations.  Que  fera-t-il  de  la  grappe  qu'il  a  recueillie? 
Il  ne  la  disposera  d'abord,  ni  en  gaz,  ni  en  liquide;  car  cette  fluidité  serait 
trop  gênante  pour  les  premières  observations  qu'il  a  en  vue.  Il  rapprochera 
le  plus  possible  tous  ces  atomes,  les  disposera  de  telle  sorte  que  leurs  centres 
de  figure  soient  fixes;  en  un  mot,  il  en  formera  un  corps  solide;  et,  afin  de 
faciliter  encore  plus  sou  étude,  il  les  orientera  tous  de  la  même  manière; 
c'est-à-dire  que  le  solide  résultant  sera  homogène. 

»  Mais  à  quoi  bon  le  miracle?  La  nature  ne  s'est-elle  pas  chargée  de 
toute  cette  opération,  en  faisant  cristalliser  le  sel  dont  il  s'agit?  Ainsi  la  cris- 
tallographie, où  Fresnel  a  créé  la  théorie  de  la  lumière,  est  toujours  le  labo- 
ratoire qu'il  faut  choisir  pour  faire  marcher  la  science  générale.  C'est  là  que 

129.. 


(  9^8  ) 
Mitsclierlich  et  Pasteur  ont  fait  des  découvertes  capitales,  et  c'est  précisément 
là  que  les  théories  de  l'élasticité  et  de  la  chaleur  se  réunissent  aujourd'hui. 
Lue  convergence  aussi  persistante  est  une  indication  naturelle  bien  suffisante 
pour  légitimer  nos  espérances. 

»  Ces  espérances  sont  d'ailleurs  en  partie  réalisées  par  une  extension 
importante,  qui  résulte  de  la  fusion  aujourd'hui  complètement  opérée  des 
deux  théories  de  la  lumière  et  de  l'élasticité;  car  non-seulement  tous  les 
phénomènes  si  nombreux  et  si  variés  de  la  double  réfraction  sont  expliqués 
par  cette  fusion,  mais,  en  outre,  la  nouvelle  théorie  met  hors  de  doute 
l'existence  d'un  troisième  rayon,  jadis  annoncé  par  Cauchy;  elle  donne  les 
lois  qui  régissent  la  propagation,  et  même  la  polarisation  de  ce  troisième 
rayon. 

»  Les  cristaux  diaphanes,  à  un  ou  à  deux  axes  optiques,  sont  donc  réelle- 
ment triréfringents;  un  faisceau  solaire  se  trifurque  en  les  traversant.  Le 
spectre  émergent  est  réellement  la  superposition  de  trois  spectres  distincts, 
desquels  deux  seulement  sont  lumineux;  le  troisième  spectre  est  calorifique 
et  chimique;  notre  rétine  a  la  faculté  d'en  faire  le  départ,  à  moins  qu'il  ne 
la  brûle  ou  ne  la  décompose.  Ainsi  la  théorie  de  l'élasticité,  après  s'être  assi- 
milé celle  de  la  lumière,  s'étend  maintenant  à  la  chaleur  rayonnante,  à  la 
photographie,  etc.,  ce  qui  justifie  déjà  plusieurs  de  nos  prévisions. 

»  Mais  il  y  a  plus  encore  :  les  formules  de  l'élasticité,  ici  seules  employées, 
supposent  que  le  milieu  ne  contient  que  des  molécules  pondérables,  simi- 
laires et  solides.  Si  les  corps  diaphanes  recèlent  réellement  la  matière  éthé- 
rée,  leur  appliquer  les  mêmes  formules  c'est  admettre  que  l'éther  y  fait  partie 
intégrante  des  particules  pondérables,  qu'il  n'obéit  qu'à  leurs  mouvements, 
qu'à  leurs  déplacements  de  totalité.  S'il  n'en  est  pas  ainsi,  si  une  partie 
de  l'éther  contenu  dans  l'alvéole  d'une  particule  peut  y  changer  de  place, 
les  formules  employées  sont-elles  encore  exactes,  et,  sinon,  comment  faut-il 
les  modifier,  surtout  quand  il  s'agit  des  ondes  lumineuses  ? 

»  Or,  en  consultant  la  théorie  du  travail  des  forces  élastiques  inaugurée  par 
Clapeyron,  j'ai  démontré  tout  récemment,  avec  une  rigueur  et  une  simplicité 
inespérées,  que  la  vitesse  de  propagation  d'une  onde  plane  dans  tout  solide 
diaphane  doit  diminuer  avec  la  longueur  d'ondulation,  cette  diminution 
étant  nulle  s'il  n'y  a  pas  d'éther  libre  ;  insensible  dans  tous  les  cas,  lors  des 
ondes  sonores;  très-sensible,  au  contraire,  lors  d'une  onde  lumineuse,  si  le 
fluide  existe  et  si  les  distances  qui  séparent  les  particules  pondérables  sont 
comparables  à  la  largeur  de  l'onde;  c'est-à-dire  que,  dans  les  formules 
employées,  les  coefficients  d'élasticité,  au  lieu  d'être  constants,  doivent  cou- 


(989) 

tenir  la  longueur  d'ondulation  et  diminuer  avec  elle-,  telle  est  la  modifica- 
tion nécessaire  et  suffisante. 

»  De  cette  seconde  extension  théorique  résultent  :  premièrement }  la  seule 
preuve  rigoureuse  qu'il  existe  de  l'éther  libre  dans  les  corps  diaphanes,  ce  que 
l'on  avait  admis  à  priori  et  non  démontré;  secondement,  la  seule  explication 
complètement  rationnelle  du  phénomène  de  la  dispersion;  troisièmement 
enfin,  toute  une  série  de  conséquences  nouvelles  sur  les  pouvoirs  dispersifs, 
sur  la  coloration  des  milieux  diaphanes,  sur  les  distances  réelles  qui  séparent 
les  particules  pondérables,  et  d'autres  encore.  Une  telle  richesse  de  déduc- 
tions provenant  de  la  première  fusion,  devinée  et  complètement  opérée,  ne 
nous  donne-t-elle  pas  le  droit  d'espérer  qu'il  en  sera  de  même  de  la 
seconde? 

[»  Quoi  qu'il  en  soit,  la  véritable  tendance  de  l'œuvre  physico-mathéma- 
tique de  notre  siècle  étant  reconnue,  il  importait  de  bien  définir  son  état 
présent  et  de  préparer  son  avenir.  La  plupart  des  ouvriers  du  travail  déjà 
exécuté  n'existent  plus,  et  je  suis  le  doyen  de  ceux  qui  restent.  Avant  de 
quitter  cette  place,  j'ai  pensé  que  j'avais  un  devoir  à  remplir  :  celui  de 
recueillir,  de  purifier,  de  simplifier  les  résultats  obtenus,  afin  de  faciliter 
à  nos  successeurs  l'achèvement  de  l'œuvre  totale.  Tel  a  été  le  but  des  quatre 
Cours  que  j'ai  successivement  publiés.  Le  suivant  devait  les  résumer  tous, 
sous  la  forme  la  plus  concise  et  en  même  temps  la  plus  complète;  mais 
je  sens  que  les  forces  et  le  temps  me  feront  défaut  pour  terminer  ce  dernier 
Cours,  auquel  la  Note  actuelle  devait  servir  d'introduction.   »] 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sur  la  présence  de  l'acide  acétique  parmi  les  produits 
de  la  fermentation  alcoolique;  par  M.   L.  Pasteur. 

«  Je  lis  dans  le  Compte  rendu  de  la  dernière  séance  de  l'Académie  que 
M.  Béchamp  signale,  parmi  les  produits  de  la  fermentation  alcoolique,  la 
présence  de  l'acide  acétique  et  d'acides  gras  volatils. 

»  Cette  observation  est  exacte.  Les  liquides  sucrés  qui  ont  éprouvé  ce 
genre  de  fermentation  donnent,  lorsqu'ils  sont  soumis  à  la  distillation,  un 
alcool  très-légèrement  acide.  En  saturant  par  la  chaux  le  liquide  distillé, 
évaporant  et  décomposant  par  l'acide  phosphorique,  on  développe  l'odeur 
des  acides  de  la  série  acétique.  Je  crois  que  ce  fait  est  connu  depuis  long- 
temps, du  moins  en  ce  qui  concerne  l'acidité  faible  des  produits  de  la  dis- 
tillation des  liqueurs  fermentées.  Si  je  ne  l'ai  pas  rappelé  dans  mon  Mémoire 
sur  la  fermentation  alcoolique,  et  surtout  si  je  n'ai  pas  fait  figurer  une  très- 


(  99°  ) 
petite  quantité  d'acides  de  la  série  acétique  au  nombre  des  produits  de  la 
fermentation  du  sucre,  c'est  que  je  pensais  que  ces  acides  volatils  provien- 
nent non  du  sucre,  mais  de  l'altération  de  la  levure.  D'autie  part,  je  n'étais 
pas  assez  sûr  des  preuves  qui  motivaient  cette  dernière  opinion  pour  oser 
les  publier.  C'est  un  point  qui  mérite  encore  d'être  éclairci,  et  qui  était 
parmi  les  nombreux  desiderata  de  mes  études  sur  la  fermentation  alcoo- 
lique. 

»  Quant  au  reproche  que  m'adresse  M.  Béchamp,  d'avoir  à  tort  con- 
tredit l'assertion  de  Lavoisier  sur  la  production  de  l'acide  acétique  dans  la 
fermentation  alcoolique,  je  ne  puis  l'accepter.  Lavoisier,  en  effet,  a  con- 
staté la  présence  de  3  parties  environ  d'acide  acétique  pour  ioo  de  sucre, 
dans  la  fermentation  alcoolique(2liv8oncessur95liv  x 4<>r>ces 3gtos ^.ains  desucre). 
Assurément  Lavoisier  ne  s'est  pas  trompé  sur  la  nature  de  l'acide  qu'il  a 
eu  entre  les  mains,  mais  ce  qui  est  certain  pour  moi,  c'est  que  l'acide  acé- 
tique obtenu  par  Lavoisier  était  presque  exclusivement,  pour  plus  des  -^- 
peut-être,  un  acide  acétique  formé  accidentellement  dans  la  fermentation, 
soit  par  l'action  de  l'air  dans  des  conditions  particulières  que  nous  savons 
aujourd'hui  être  déterminées  par  la  production  d'un  mycoderme,  soit  par 
des  levures  spéciales  autres  que  la  levure  alcoolique. 

»  Beaucoup  d'auteurs  ont  parlé  de  l'acide  acétique  du  vin  et  des  liquides 
fermentes.  Mais  il  y  a  trop  peu  d'acides  volatils  à  l'état  normal,  pour  que 
l'on  n'admette  pas  que  ces  auteurs  ont  eu  affaire,  ainsi  que  Lavoisier,  à  de 
l'acide  acétique  accidentel.  Il  faut  une  étude  spéciale  du  genre  de  celle  que 
vient  défaire  M.  Béchamp,  pour  reconnaître  l'acide  acétique  dans  les  pro- 
duits de  la  distillation  des  liquides  fermentes.  Au  contraire,  l'acide  acétique 
accidentel,  provenant  de  levures  spéciales  (mycoderme  ou  autres),  est 
toujours  en  assez  grande  quantité  pour  que  sa  présence  soit  accusée  faci- 
lement par  son  odeur,  pendant  une  évaporation  rapide  et  à  feu  nu  du 
liquide  alcoolique.  L'odeur  de  l'acide  acétique  et  des  acides  plus  élevés 
dans  la  série,  s'il  y  en  a,  se  fait  sentir  vers  la  fin  de  l'évaporation,  bien  avant 
celle  de  l'acide  succinique  qui  est  en  outre  très- différente,  et  qui  provoque 
la  toux  d'une  manière  irrésistible.  Bien  de  pareil  ne  se  présente  avec  les 
liquides  fermentes  qui  n'ont  éprouvé  que  l'action  des  levures  alcooliques 
pures.  L'évaporation  la  plus  ménagée  ne  permet  pas  alors  de  reconnaître 
par  l'odorat  la  présence  des  acides  volatils,  bien  que  néanmoins  la  vapeur 
ait  toujours  une  réaction  très-faiblement  acide  aux  papiers  réactifs,  ce  qui, 
je  le  répète,  était  généralement  connu.  » 


(  991  ) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Remarque  au  sujet  de  la  Note  communiquée 
par  M.  Van  Tieghem  dans  la  dernière  séance  de  l'Académie;  par  M.  L. 
Pasteur. 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  présenter  lundi  dernier  à  l'Académie  une  INote  de 
M.  Van  Tieghem  sur  la  coloration  rose-violet  que  les  acides  développent 
dans  les  fibres  végétales  du  liber  et  du  bois. 

»  M.  Chevreul  a  eu  la  bonté  de  m'apprendre  que  tout  récemment  un  fait 
de  cette  nature  avait  été  communiqué  par  notre  savant  confrère,  M.  Payen, 
à  la  Société  d'Agriculture.  J'ai  recherché  dans  les  Bulletins  de  cette  Société 
la  mention  des  expériences  de  M.  Payen  qui  ont  en  effet  un  rapport  direct 
avec  une  partie  des  observations  de  M.  Van  Tieghem. 

»  Il  me  paraît  utile  de  consigner  ce  fait  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Aca- 
démie, et  de  reproduire  même,  parce  qu'elle  est  très-courte,  la  Note  de 
M.  Payen,  telle  que  la  donne  le  Bulletin  des  séances  de  la  Société  d'Agricul- 
ture, afin  que  l'on  juge  mieux  de  ce  qui  est  vraiment  nouveau  dans  la  com- 
munication de  M.  Van  Tieghem  : 

«  L'acide  chlorhydrique,  étendu  de  9  volumes  d'eau,  détermine  une 
»  coloration  en  violet-rouge  plus  ou  moins  foncé  dans  le  corps  ligneux  des 
»   rameaux  des  : 

»   Larix  europœa; 

»    Taxas  baccata; 

«   Cupressus  sempervirens  ; 

»   Juniperus  virginiana; 

»    Thuya  gigantea; 

v   Pinus  silvestris; 

»   Pinus  pinaster ; 

»   Cedrus  Libani; 

»   Cedrus  atlanticus; 

»  Cryptomeria  japonica  ; 
»  et  généralement  de  tous  les  conifères  qui  ont  été  soumis  a  l'expérience. 
»  Cette  coloration  s'étend  assez  vite  à  la  superficie  du  bois  et  jusqu'à  i5  à 
»  3o  centimètres  sons  l'écorce,  ainsi  qu'on  peut  le  constater  en  soulevant 
»  celle-ci,  ou  la  détachant  des  rameaux  qui  ne  plongeaient  cependant  qu'à 
»   leur  partie  inférieure  sur  une  hauteur  de  4  à  5  centimètres.  » 

(Payen.  —  Société  impériale  d 'Agriculture,   séance  du  25  mars  i863.) 


(  99*  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  diamines  isomères; 
par  M.  A.-W.  Hofmann. 

«  Dans  une  communication  précédente,  j'ai  décrit  la  phénylène-diamine, 
diamine  aromatique  obtenue  par  l'action  des  agents  réducteurs  puissants 
sur  le  dinitrobenzol.  La  formation  de  la  phénylène-diamine,  dernier  produit 
de  cette  réaction,  est  précédée  par  celle  d'un  composé  intermédiaire,  la 
nitraniline,  substance  découverte,  il  y  a  déjà  longtemps,  par  M.  Muspratt 
et  moi  : 

C6H4N02  CH'NO2  C6H4NH3 

NO2  NH2  NH2 

Dinitrobenzol.  Nitraniline.        Phénylène-diamine. 

»  La  nitraniline,  comme  on  devait  s'y  attendre,  est  susceptible  d'être 
directement  convertie  en  phénylène-diamine. 

«  Les  recherches  de  M.  Arppéont  fait  connaître  l'existence  d'une  deuxième 
nitraniline,  formée  par  l'action  de  l'acide  nitrique  fumant  sur  le  phényl- 
pvrotartramide  et  par  le  traitement  subséquent  du  composé  nitré  avec  la 
potasse.  On  peut  préparer  plus  facilement  cette  substance  en  traitant  de  la 
même  manière  d'autres  phényl-amides  moins  difficiles  à  obtenir,  tels  que  la 
phényl-acétamide  et  la  phényl-succinamide.  Elle  est  isomère  de  la  nitrani- 
line ordinaire,  mais  elle  en  diffère  par  ses  caractères  physiques  et  chimiques 
d'une  manière  telle,  qu'on  ne  peut  douter  de  l'individualité  de  ces  deux 
corps.  On  s'est  donc  décidé  à  les  distinguer  sous  les  noms  d'alpha-nitrani- 
line  et  de  bèta-nilraniline;  l'on  ne  s'est  pas  encore  bien  expliqué  leur  iso- 
mérie  singulière. 

»  En  examinant  la  phénylène-diamine,  l'idée  m'est  naturellement  venue 
devoir  si  la  bêta-nitraniline  soumise  à  l'action  des  agents  réducteurs  donne- 
rait un  composé  isomère  ou  identique  à  la  phénylène-diamine  obtenue  au 
moyen  de  l'alpha-nitraniline  du  dinitrobenzol.  La  bêta-nitraniline  est  faci- 
lement réduite  par  un  mélange  d'acide  acétique  et  de  fer;  le  composé  qui 
distille  a  la  même  composition  que  la  phénylène-diamine  C6II8N2,  et  pré- 
sente beaucoup  d'analogie  avec  elle,  sans  lui  être  cependant  identique.  Ces 
deux  bases  diatomiques  ayant  entre  elles  les  mêmes  rapports  que  les  deux 
nitranilines  dont  elles  dérivent,  je  propose  de  les  distinguer  par  les  noms 
i\' alpha  et  de  bêla-phénylène-diamine. 

a   La  bèta-phénvlène-diamine  diffère  de  son  composé  isomérique  par  la 


(993) 
plus  grande  facilité  avec  laquelle  elle  cristallise  :  l'alpha- phénylène-diamine 
ne  se  concrète  qu'après  plusieurs  jouis  et  même  quelques  semaines;  la  pre- 
mière base,  au  contraire,  se  sépare  immédiatement  en  une  belle  masse  cris- 
talline, si  l'on  décompose  ses  sels  par  les  alcalis. 

»  L'alpha-phénylène-diamine  fond  à  63°,  la  bêta-phénylène-diamine 
à  i/jo°.  Le  pointd'ébullition  de  la  première  est  2870,  celui  de  la  seconde  ■267°. 

»  Le  sels  de  la  bèta-phénylène-diamine,  quoique  plussolubles  que  ceux 
de  l'alpha-phénylène-diamine,  se  distinguent  par  leur  grand  pouvoir  de 
cristallisation  ;  la  première  base  a  la  propriété  remarquable  de  se  sublimer 
à  une  température  même  inférieure  à  celle  de  son  point  de  fusion  ;  l'expé- 
rience réussit  surtout  dans  un  courant  d'hydrogène  :  on  obtient  alors  la 
substance  en  paillettes  semblables  à  l'acide  pvrogallique. 

»  Je  n'ai  examiné  que  trois  de  ces  sels  : 

»  Hydrochlorate  de  bêla-phénylène-diamine.  —  Ce  sel  cristallise  en  larges 
prismes,  très-solubles  dans  l'eau,  moins  dans  l'alcool,  et  presque  insolubles 
dans  l'acide  chlorhydrique.  Il  contient  : 

C6H"N2,  2HCI. 

»  V '  hydrobromate  de  bêla-phénylène-diamine  lui  ressemble  sous  tous  les 
rapports.  Les  cristaux  ont  la  formule 

C6H8JN2,   2HBr. 

»   Us  prennent  une  couleur  rougeâtre  s'ils  restent  en  contact  avec  l'air. 
»  Sel  de  platine.  —  Lames  jaune  clair,  extrêmement  solubles  dans  l'eau 
et  facilement  décomposées  par  la  chaleur.  Composition  : 

C6H8N2,   aHCl,   aPbCl2. 

»  Le  sulfate  et  le  nitrate  cristallisent  bien;  ils  sont  moins  solubles  dans 
l'eau  que  le  chlorhydrate. 

»  La  bèta-phénylène-diamine  et  ses  sels  prennent  de  belles  couleurs 
violettes  et  bleues  sous  l'influence  des  agents  oxydants  tels  que  le  chlore, 
le  brome,  l'acide  chromique,  le  perchlorure  de  fer  et  de  platine. 

»  Et  l'alpha  et  la  bêta-phénylène-diamine  sont  facilement  attaquées  par 
les  iodures  des  radicaux  alcooliques;  cette  réaction  m'a  permis  de  décider 
si  la  substitution  dans  ces  deux  substances  s'opérait  au  même  degré.  Les 
derniers  produits  de  substitution  seuls  présentant  de  l'intérêt,  j'ai  soumis 
les  deux  bases  à  l'action   de  l'iodure  méthylique.  Cette  expérience  m'a 

C.  R.,  i863,    1"  Semestre.  (T.  LV1,  N°  21.)  I  3o 


(  994  ) 
prouvé  que  l'alpha  et  le  bèta-phénylène-diamine  sont  capables  de  fixer  six 
équivalents  de  méthyle  pour  produire  un  composé  ammonique  à  substitu- 
tion parfaite.  D'après  ce  résultat,  on  doit  représenter  ces  deux  corps  par  la 
formule 

(C6H4)") 
H2    >N2. 
H2    ) 

En  effet,  les  bases  traitées  à  trois  reprises  différentes  et  alternativement  avec 
l'iodure  de  méthyle  et  l'oxyde  d'argent  donnent  naissance  à  un  iodure  bien 
cristallisé  dont  la  formule  est 

■(C6H4)" 


C,,2H22N2P 


N!      I2 
C  H3*6 


»  Ce  composé,  préparé  de  l'alpha  ou  de  labèta-phénylène-diamine,  cris- 
tallise en  paillettes  extrêmement  solubles  dans  l'eau,  moins  solubles  dans 
l'alcool.  Je  n'ai  vu  d'autre  différence,  si  ce  n'est  que  le  composé  obtenu  a\e< 
la  bêta-phényiène-diamine  est  moins  soluble  que  le  dérivé  de  l'autre  base. 

»  En  étudiant  les  dérivés  méthyliques  de  ces  deux  bases  phényléniques, 
j'ai  rencontré  plusieurs  fois  les  bases  inférieures  que  j'ai  soumises  à  quelques 
expériences.  Le  composé 

C'°H'6N2  =  |CH3)J4JN2, 

obtenu  avec  la  bèta-phénylène-diamine,  traité  par  l'iodure  de  méthyle,  pro- 
duit d'abord  un  iodure  monoatomique  très-peu  soluble  : 

C"H,8N2I  =  1^       '     N2,  CHM. 

(C  H  )    ) 

»   Avant  de  donner  naissance  au  composé  final  hexmélhylique 

ri2H22N2T2   _    (^'6  H")"  )  Mn2        F, 

C    "    N  '    -(CH'rr  L(C  H3)0  S      J      ' 

l'iodure  monoatomique,  soumis  à  l'action  de  l'acide  iodhydrique  au  lieu 
de  l'iodure  de  méthyle,  m'a  donné  le  diiodure  d'un  diammonium  phé- 
nylène-pentaméthylique 


["(C6  H4)"  M 
~~[(G  H3)5H 


C"Hl9N2l2r=        „   „,x,TT?N 


p. 


(995  ) 

»  Les  deux  phénvlènes-diamines  sont  donc  non-seulement  isomères,  mais 
présentent  encore  le  même  degré  de  substitution.  En  présence  de  ce  résnltnt 
j'ai  observé  avec  plaisir  quelques  phénomènes  additionnels  écartant  tous  les 
doutes  qui  pourraient  encore  s'élever  sur  l'individualité  des  deux  sub- 
stances. 

»  En  mélangeant  une  solution  de  bèta-phénylène-diamine  dans  l'acide 
sulfurique  avec  du  peroxyde  de  manganèse,  on  remarque  de  suite  une  forle 
odeur  de  quinone  ;  si  l'on  chauffe  le  mélange,  le  quinone  distille  et  le  résidu 
contient  les  sulfates  ammonique  et  manganique  : 

C6H8N'-  +  2H2SO'+Mn202  =  C6H402  +  M.rSO4  +  (H4N  )2SO'. 

Béta-phénylcne-  Quinone. 

diamine. 

»  La  réaction  s'accomplit  avec  tant  de  facilité,  que  si  l'on  soumet  à  ce 
traitement  quelques  milligrammes  de  cette  diamine  dans  un  tube  à  expé- 
rience, on  obtient  encore  un  sublimé  de  quinone,  facilement  reconnaissable 
par  ses  propriétés  caractéristiques.  L'alpha-phénylène-diamine  traitée  de  la 
même  manière  dégage  une  faible  odeur  de  quinone,  mais  ne  donne  pas  la 
moindre  trace  de  cette  substance.  La  transformation  nette  et  facile  d'une  dia- 
mine en  quinone  que  je  viens  d'indiquer  présente  quelque  intérêt,  pouvant 
probablement  servir  à  la  préparation  des  homologues  supérieurs  du  quinone. 

»  J'ai  encore  observé  la  formation  de  la  bèta-phénylène-diamine  dans 
deux  nouvelles  réactions  dont  je  ferai  mention  en  finissant. 

»  Dans  l'espoir  d'obtenir  la  triamine  de  la  série  phénique 

'(C6H3)'"\ 

C6H9N3_)  H3        [N»j 


H3 

j'ai  soumis  la  dinitrophénylamine  (dinitraniline) 

([C6H3(N02)2]) 
C0H5N3O4  =  )        H  N 

à  l'action  des  agents  réducteurs;  mais  au  lieu  du  composé  que  j'attendais, 
j'ai  toujours  obtenu  la  bèta-phénylène-diamine  et  de  l'ammoniaque  : 

C6H9N3   =  C6H8N2  +  H3N. 

Triamine-  Bêla-phcny- 

phénylique.  lène- diamine. 

i3o.. 


(  996  ) 
»   Le  dinitrobenzol 

C,2H8N'04  _  C,2H6(N02)2N2 

soumis  à  l'action  des  agents  réducteurs  puissants  donne  aussi  la  bèta-phé- 
nylène-diamine : 

C,2H8N'0'  -l-  8H2  =  4H20  -+-  2C6H8N2. 

Dinitrobenzol.  Bêtaphcnylène- 

diamine, 

»  Ici  encore,  la  béta-phénylène-diamine  est  le  produit  final  de  la  réac- 
tion; sa  formation  est  précédée  parcelle  d'une  autre  base,  la  diphénine  de 
Gerbardt  et  Laurent. 

»   D'après  ces  chimistes,  la  diphénine  est 

C,2H,2N% 

formule  se  basant  surtout  sur  la  présence  indubitable  de  G'2  dans  la  molé- 
cule d'azobenzol  C'2H,0N2,  dont  elle  dérive;  mais  la  facilité  avec  laquelle  la 
diphénine,  sous  l'influence  de  l'hydrogène  naissant,  est  convertie  en  bèta- 
phénylène-diamine  semble  indiquer  que  la  molécule  de  la  diphénine  doive 
se  représenter  par 

C6H6N2. 

On  aurait  alors  entre  la  diphénine  et  la  bèta-phénylène-diatnine  une  relation 
semblable  à  celle  qui  existe  entre  le  quinone  et  l'hydroquinone  : 

Quinone C6IT02,         Diphénine C6H6N2, 

Hydroquinone.    .   .   .     C6H602,  Bèta-phénylène-diamine.  .     C6H8N2. 

»  J'ai  essayé  vainement  de  transformer  le  quinone  en  diphénine  ou  bèta- 
phénylène-diamine;  mais  je  dois  ajouter  que  M.  Woskresensky,  en  traitant 
le  quinone  par  l'ammoniaque,  a  obtenu  une  masse  cristalline  d'un  beau  vert, 
la  quinonamide  C6  Hb NO,  qui  tient  le  milieu  entre  le  quinone  et  la  diphénine: 

C6  H4  O-  -t-  H3  N  =  Cc  H5  NO  -+-  H2  O. 

Quinone.  Quinonamide. 

»   La  même  réaction  répétée  devrait  produire  la  diphénine  : 
C6H5NO  -+-  H5N  =  C6H6N2  +  H20. 

Quinonamide.  Diphénine. 


(  997  ) 

MÉTÉOROLOGIE  AGRICOLE.  —  Du  refroidissement  nocturne  superficiel  des 
diverses  espèces  de  terres  pendant  l'hiver  sous  le  ciel  de  Montpellier  : 
par  M.   Ch.   Martins. 

«  L'hiver  à  Montpellier  est  en  général  une  saison  sèche.  Les  pluies  sont 
rares,  la  neige  presque  inconnue.  Le  ciel  étant  sans  nuages  et  l'air  sec,  à 
des  journées  relativement  chaudes  succèdent  des  nuits  sereines  pendant 
lesquelles  le  sol  se  refroidit  prodigieusement  par  rayonnement.  A  son  tour 
la  température  de  l'air  s'ahaisse,  et  l'on  observe  souvent  entre  le  maximum 
du  jour  et  le  minimum  de  la  nuit  des  écarts  qui  atteignent  et  dépassent 
même  1 5°  centigrades  à  l'ombre.  J'ai  mis  à  profit  ces  heureuses  circonstances 
pour  étudier  le  refroidissement  nocturne  du  sol. 

»  La  théorie  nous  apprend  que  les  différentes  espèces  de  terres  ne  doivent 
pas  se  refroidir  également;  mais  l'expérience  n'avait  pas  encore  déterminé 
les  limites  de  ces  différences.  Le  sujet  cependant  n'est  pas  sans  intérêt  pour 
l'agriculture  et  pour  l'horticulture.  Les  graines  des  plantes  annuelles  semées 
en  automne  sont  soumises  à  ces  températures,  et  nous  verrons  que  l'exis- 
tence des  végétaux  vivaces,  qui  ne  peuvent  supporter  les  hivers  de  Paris  et 
résistent  très-bien  à  ceux  de  Montpellier,  est  liée  aux  conditions  géother- 
miques du  sol  autant  et  plus  peut-être  qu'aux  températures  de  l'air.  Les 
terres  sur  lesquelles  j'ai  opéré  sont  :  i°  un  sable  calcaire  blanc  très-fin 
appelé  à  Montpellier  eable  de  Pompignane;  a°  le  sable  calcaire  jaune  plio- 
cène du  faubourg  Saint-Dominique;  3°  la  terre  du  Jardin  des  Plantes  dont 
le  sol  est  du  sable  calcaire  blanchâtre  peu  riche  en  matières  organiques; 
4°  de  la  terre  rouge  ou  terre  argileuse  colorée  par  l'hydroxyde  de  fer; 
5°  de  la  terre  de  bruyère  siliceuse  provenant  de  la  Salle  dans  les  Cévennes; 
6°  de  la  terre  de  feuilles,  résultat  de  la  décomposition  de  ces  organes; 
7°  de  la  terre  de  saule,  c'est-à-dire  un  humus  produit  delà  décomposition 
du  bois  des  saules  creux;  8°  un  terrain  composé  de  f  de  terre  de  feuilies, 
{-de  terre  rouge,  {-  de  fumier  de  cheval  et  \  de  crottin  de  mouton. 

>'  J'ai  fait  creuser  dans  une  banquette  du  Jardin  huit  trous  que  j'ai  remplis 
des  diverses  espèces  de  terres  énumérées  précédemment  :  chacune  de  ces 
espèces  de  terres  formait  un  parallélipipède  dont  la  surface  supérieure  avait 
25  décimètres  carrés  et  dont  l'épaisseur  était  de  i  décimètres.  Ces  surfaces 
ne  dépassaient  pas  le  niveau  du  terrain  environnant.  J'avais  couché  sur  ces 
huit  carrés  autant  de  thermomètres  à  alcool  et  à  index.  Leur  boule  enfouie 
dans  le  sol  était  recouverte  d'une  légère  couche  de  terre  de  quelques  milli- 


(  998  ) 
mètres  d'épaisseur.  Le  diamètre  de  ces  boules  étant  de  2  centimètres,  il  en 
résulte  qu'elles  occupaient  la  tranche  superficielle  du  sol  de  même  épais- 
seur, le  centre  de  la  boule  correspondant  à  peu  près  à  la  profondeur  de 
1  centimètre.  La  tige  était  enterrée  jusqu'au  point  zéro.  Les  expériences  ont 
été  faites  pendant  les  mois  de  décembre  1 855,  janvier  et  février  1859.  ïjes 
index  des  thermomètres  à  minima  étant  disposés  convenablement,  je  lisais 
le  lendemain  les  positions  des  index  qui  marquaient  les  minima  de  la  nuit. 
Les  terres  rangées  suivant  le  degré  de  leur  refroidissement  occupent  l'ordre 
suivant  :  terre  de  saule,  terre  argileuse  rouge,  sable  calcaire  blanc,  terre  de 
feuilles,  terre  de  bruyère,  terreau,  sable  jaune,  terre  du  Jardin.  La  diffé- 
rence entre  la  terre  de  saule  qui  se  refroidit  le  plus  et  celle  du  Jardin  qui 
se  refroidit  le  moins  est  de  i°  centigrade.  L'écart  n'est  pas  grand,  mais  mé- 
rite cependant  d'être  pris  en  considération:  car  un  degré  de  différence, 
c'est  la  vie  ou  la  mort  d'une  graine.  Le  minimum  moyen  de  l'air,  pris  à 
iID,3o  au-dessus  du  sol,  était  supérieur  de  i°,32  au  minimum  du  sol  à  5  mil- 
limètres au-dessous  de  la  surface. 

»  Pour  me  faire  une  idée  du  rayonnement  de  la  surface  même  des  diffé- 
rentes espèces  de  terres,  j'ai  eu  recours  à  un  procédé  qui  serait  désavoué 
par  la  physique  de  cabinet,  mais  qui  me  paraît  suffisamment  exact  pour 
des  expériences  de  météorologie  agricole.  J'ai  fait  faire  des  capsules  de  fer- 
blanc  ayant  exactement  1  décimètre  carré  de  surface  et  2  centimètres  de 
profondeur.  J'ai  rempli  chacune  de  ces  capsules  de  l'une  des  principales 
terres  que  j'avais  expérimentées.  Le  soir,  lorsque  je  prévoyais  pour  le  len- 
demain une  forte  gelée  blanche ,  je  faisais  la  tare  de  chacune  de  ces  capsules 
et  de  son  contenu,  puis  je  les  exposais,  renfermées  chacune  dans  une  seconde 
capsule  en  bois,  sur  une  table  élevée  de  im,20  au-dessus  du  sol.  Le  lende- 
main matin,  avant  le  lever  du  soleil,  les  fenêtres  de  mon  cabinet  restant 
ouvertes  et  la  température  de  l'air  encore  au-dessous  de  zéro,  je  repesais 
ces  terres  couvertes  de  gelée  blanche.  Cinq  expériences  bien  concordantes 
m'ont  donné  des  nombres  à  l'aide  desquels  j'ai  pu  ranger  les  terres  d'après 
le  poids  moyen  de  la  gelée  blanche  déposée  à  leur  surface.  Cet  ordre  est  le 
suivant  :  terre  rouge,  terre  de  saule,  terre  de  feuilles,  terreau,  terre  du 
Jardin,  terre  de  bruyère,  sable  jaune.  Le  lecteur  voudra  bien  remarquer 
que  cet  ordre  esta  peu  près  celui  que  j'avais  trouvé  pour  le  refroidissement 
à  j  centimètre  de  profondeur  mesuré  à  l'aide  des  thermomètres  à  minima. 
J^es  différences  tiennent  à  ce  que  les  terres  n'absorbent  pas  également 
l'humidité  de  l'air.  Voilà  pourquoi  la  terre  argileuse  rouge  se  trouve  avant 
la  terre  de  saule,  le  terreau  et  la  terre  du  Jardin  avant  la  terre  de  bruyère  et 


(  999  ) 
le  sable  jaune.   Le   poids  moyen   de  l'humidité  absorbée   et  de   la  gelée 
blanche  déposée  dans  une  nuit  a  été  de  1 55  centigrammes. 

»  J'ai  profité  de  ces  pesées  de  gelée  blanche  pour  estimer  approximative- 
ment la  quantité  d'eau  qu'elles  abandonnent  au  sol.  Les  cinq  gelées 
blanches  que  j'ai  pesées  donnent  un  poids  moyen  de  i55o  kilogrammes 
par  hectare,  et  ce  poids  moyen  correspond  à  celui  cpie  donnerait  le  terreau 
considéré  isolément.  Deux  expériences  m'ont  montré  qu'une  partie  de  cette 
oélée  blanche  s'évapore  directement.  Ainsi,  au  bout  de  trois  heures  on  ne 
voit  plus  de  gelée  blanche  sur  les  terres  exposées  au  soleil.  Si  alors  on  les 
repèse,  on  constate  que  22  pour  roo  se  sont  évaporés,  78  pour  100  restent 
dans  le  sol.  Par  conséquent  i55o  kilogrammes  de  gelée  blanche  recouvrant 
un  hectare  rendent  à  l'atmosphère  34o  kilogrammes;  le  reste,  savoir 
1210  kilogrammes,  pénètre  dans  le  sol.  Ce  résultat  se  rapproche  sensible- 
ment de  celui  que  M.  Boussingault  (1)  a  obtenu  pour  la  rosée.  Dix-sept  expé- 
riences faites  à  Liebfrauenberg ,  en  Alsace,  pendant  les  mois  d'août,  de 
septembre  et  d'octobre  1857,  lui  ont  donné  1400  litres  d'eau  pour  un 
hectare,  nombre  qui  ne  diffère  du  mien  que  d'un  neuvième. 

»  Dans  une  seconde  communication  j'aurai  l'honneur  de  soumettre  à 
l'Académie  les  résultats  que  j'ai  obtenus  sur  le  refroidissement  du  sol  à 
om,o5,  om,io  et  om,3o  de  profondeur.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  a  faite 
d'un  de  ses  Correspondants  pour  la  Section  de  Physique,  M.  Barlow,  dont 
le  décès,  qui  remonte  à  l'an  passé,  n'avait  pas  encore  été  notifié. 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

PHYSIQUE.  —  Mémoire  sur  les  dix-sept  premiers  arcs-en-ciel  de  l'eau; 
par  M.  Rillet,  présenté  par  M.  Babinet. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Edm.  Becquerel.) 

«  Il  s'agit  dans  ce  travail  d'une  étude  sur  les  arcs-en-ciel  de  l'eau  :  on 
y  trouvera  la  mesure  des  déviations  subies  dans  ces  arcs  par  diverses  cou- 
leurs et  la  comparaison  des  positions  que  leur  accorde  l'expérience  avec 
celles  delà  théorie.  On  y  trouvera  surtout  l'étude  des  variations  angulaires, 
croissantes  avec  le  numéro  de  l'arc,  qu'amènent  pour  une  même  couleur 

(1)   agronomie,  Chimie  agricole  et  Physiologie,   t.  II,  p.  32 1. 


(     IOOO    ) 

les  changements  de  température  du  liquide,  et  le  moyen  de  déduire  de  ces 
variations  angulaires  les  variations  correspondantes  d'indice. 

»  Comme  MM.  Babinet  et  Miller,  qui,  avant  nous,  se  sont  occupés  de  ce 
sujet,  c'est  avec  un  filet  d'eau  vertical  fourni  par  un  tube  cylindrique  que 
nous  réalisons  nos  arcs.  La  grosseur  du  filet  influant  sur  la  visihilité  des 
.arcs,  nous  avions  eu  soin  de  préparer  plusieurs  de  ces  tubes  métalliques 
rodés,  nous  proposant  d'appliquer  les  plus  larges  à  la  production  des  arcs 
plus  faibles  d'ordre  élevé;  mais  la  pratique  nous  a  montré,  d'une  part, 
qu'outre  l'inconvénient  d'une  plus  grande  dépense  de  liquide,  les  tubes 
larges  avaient  celui  de  donner  des  veines  moins  tranquilles  et  plus  aisé- 
ment accessibles  à  des  renflements  qui  brisaient  l'arc  en  tronçons  disconti- 
nus, et  de  l'autre,  qu'en  prenant  certains  soins  on  pouvait  tirer  de  nos  deux 
tubes  les  plus  fins  des  arcs  dont  la  visibilité  se  soutenait  jusqu'au  dix- 
septième  inclusivement,  dans  une  chambre  où  on  laissait  pénétrer  assez  de 
jour  pour  assurer  les  lectures.  Leur  diamètre,  mesuré,  dans  deux  sens  rec- 
tangulaires choisis,  avec  un  microscope  qui  donnait  le  millième  de  milli- 
mètre, s'est  trouvé  valoir,  pour  l'un  imm,3i8  et  ïmw,3i\  (moyenne  i mm,^  196), 
pour  l'autre  irarn,  991  et  imm, 970  (moyenne  imm,  981.)  C'est  donc  avec  l'un 
ou  l'autre  de  ces  tubes,  et  après  nous  être  assuré  qu'ils  donnaient  bien  les 
mêmes  résidtats,  que  nos  lectures  définitives  ont  été  faites. 

»  Quoiqu'une  lumière  artificielle  suffise  à  la  production  des  premiers 
arcs,  nous  avons  eu  recours  exclusivement  au  soleil  qui,  outre  la  vivacité 
de  la  lumière,  a  pour  lui  l'étroitesse  du  diamètre  apparent.  Nous  n'avons 
pas  trouvé  d'avantages  bien  marqués  à  réduire  encore  ce  diamètre  par  l'em- 
ploi d'une  lentille  cylindrique  de  court  foyer,  et  nous  avons  toujours  opéré 
avec  le  trait  solaire  direct.  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Détermination  de  la  retalion  qui  existe  entre  la 
chaleur  rayonnante,   la  chaleur  de  conductibilité  et  la  chaleur  latente;  par 

M.    Coi.NET    d'HuART. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Fizeau.) 

M.  Omvieri  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  intitulée  :  «  Re- 
lations chimiques  entre  l'électricité,  le  calorique  et  la  lumière  ». 

(Commissaires,  MM.  Pelouze,  Pouillet,  Regnault.) 

M.  Chipault  communique  une  observation  à  l'appui  de  ce  qui  a  été  avance 
des  inconvénients  des  mariages  consanguins;  il   s'agit  d'un   homme  bien 


(     IOOI    ) 

constitué  qui,  ayant  épousé  successivement  deux  de  ses  cousines,  elles- 
mêmes  d'une  bonne  constitution,  n'a  eu  de  ces  mariages  que  trois  enfants 
maladifs,  dont  le  seul  qui  ait  survécu,  une  fille  bègue,  a  mis  au  monde  un 
enfant  hydrocéphale. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  diverses  communications 
relatives  aux  mariages  consanguins,  Commission  qui  se  compose  de 
MM.  Andral,  Rayer,  Bernard,  Bienaymé.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut  le  n°  1 1  du  Catalogue  des  brevets 
d'invention  pris  en  1862. 

L'Académie  royale  des  Sciences  de  Lisbonne  remercie  l'Académie  pour 
l'envoi  d'une  nouvelle  série  de  ses  Comptes  rendus  hebdomadaires. 

M.  Flourens  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Seemann,  un  Mémoire  im- 
primé sur  l'histoire  naturelle  du  genre  Borassus,  traduit  en  français  par 
M.  de  Borre. 

PALÉONTOLOGIE  HUMAINE.  —  Examen   de    la  mâchoire    de  Moulin-Quignon 
au  point  de  vue  anthropologique  ;  par  M.  Pruner-Rey. 

«  Vu  la  discordance  entre  les  géologues  en  ce  qui  concerne  le  terrain 
où  la  mâchoire  a  été  trouvée,  voyons  si  la  science  anthropologique  nous 
fournit  les  moyens  de  la  classer. 

»  Examinée  sommairement,  cette  pièce  nous  indique  par  ses  proportions 
et  par  l'absorption  de  quelques  alvéoles  dentaires  qu'elle  appartenait  à  un 
individu  de  petite  taille  et  d'un  certain  âge;  et  j'ajouterai  que  cet  individu 
était  très-probablement  brachycéphale.  Voici  la  série  des  faits  qui  militent 
en  faveur  de  cette  opinion.  M.  Morlot  (voy.  Etudes  géologico-archéolo- 
giques,  etc.,  1860)  constata  dans  lt  section  du  cône  de  la  Tinière,  près 
Villeneuve,  trois  âges  successifs  représentés  par  étages.  La  couche  la  plus 
profonde  représentant  l'âge  de  pierre  offrit  un  crâne  brachycéphale  ainsi 
que  l'âge  de  bronze  dans  les  environs.  Enfin,  j'ai  constaté  la  présence  de 
ce  type  à  l'âge  de  fer  et  même  parmi  les  vivants  dans  les  mêmes  localités, 
et  j'ai  tracé  ailleurs  le  portrait  détaillé  de  ce  type  par  lequel  commence, 

C.  R  ,  i863,  Ier  Semestre.  (T.  LVI,  N°  21.)  l3l 


(    100a  ) 

jusqu'à  plus  ample  informé,  l'histoire  de  l'homme  dans  nos  contrées,  sans 
que  sa  souche  se  soit  éteinte. 

»  En  second  lieu,  les  recherches  et  les  découvertes  paléontologiques  faites 
en  France,  bien  que  le  nombre  des  données  en  ce  qui  regarde  l'homme  soit 
fort  restreint,  n'infirment  pourtant  en  rien  ce  que  je  viens  d'alléguer.  Ainsi  le 
menton  osseux  humain  trouvé  par  M.  de  Vibraye  annonce  par  ses  contours 
arrondis  qu'il  n'appartient  point  à  la  race  celtique,  et  par  ses  dimensions  que 
le  crâne  dont  il  faisait  partie  devait  être  petit  et  par  conséquent  brachycéphale. 
Il  en  est  de  même  de  la  pièce  dont  je  dois  la  connaissance  à  l'obligeance  de 
M.  Lartet.  Le  célèbre  paléontologue  trouva  ce  demi-rameau  externe  de  la 
mâchoire  inférieure  humaine  dans  la  grotte  d'Aurignac,  associé  aux  ani- 
maux antédiluviens,  etc.  Cet  os  nous  frappe  encore  par  sa  petitesse  même 
pour  ce  qui  concerne  les  trois  dents  molaires  qui  s'y  trouvent  implantées. 

»  Un  dernier  fait  me  paraît  pouvoir  servir  de  pierre  de  touche  dans  cette 
question  aussi  épineuse  qu'importante.  Je  possède  une  petite  série  de  mâ- 
choires inférieures  appartenant  à  la  souche  brachycéphale  de  la  Suisse. 
Ces  ossements,  se  rapportant  à  l'âge  de  fer,  furent  retirés  d'un  immense 
tumulus  de  gravier  qui  contenait  de  nombreux  kistvaens  dans  lesquels  on 
trouva  des  squelettes  et  leurs  débris  pour  la  plupart  celtiques,  et  à  leur 
côté  quelques-uns  au  crâne  brachycéphale  et  de  petite  taille.  Eh  bien, 
une  de  ces  dernières  mâchoires,  à  part  le  prolongement  de  son  apo- 
physe coronoïde,  correspond  pour  tous  les  autres  détails  à  la  mâchoire  d'Ab- 
beville.  Ceci  est  applicable  non-seulement  à  la  forme,  mais  même  aux  di- 
mensions. Maintenant,  si  nous  considérons  le  peu  de  stabilité  des  caractères 
que  présente  généralement  cet  os  chez  les  individus  de  la  même  race,  et  si 
nous  y  ajoutons  l'immense  intervalle  de  temps  qui  les  sépare,  je  pense  rester 
dans  les  limites  d'une  haute  probabilité  si  j'ose  énoncer  ceci: 

»  i°  La  mâchoire  de  Moulin-Quignon  appartenait  à  un  individu  brachy- 
céphale, de  petite  taille,  de  l'âge  de  pierre  ; 

»  20  On  peut  suivre  la  présence  de  cette  même  race  humaine  à  travers 
divers  âges  successifs;  et  enfin 

»  3°  Elle  a  laissé  des  descendants  reconnaissables  parmi  les  vivants  du 
haut  nord  de  l'Europe,  en  suivant  la  lisière  occidentale  de  notre  continent, 
jusqu'en  Sicile.   » 


(    ioo3  ) 

Observations  de  M.  de Quatrefages  à  propos  du  Mémoire  de  M.  Pruner-Bey 
et  de  la  Note  de  M.  Élie  de  Beaumont. 

«  Depuis  plusieurs  années  M.  Pruner-Bey  setait  occupé  de  réunir  les 
matériaux  propres  à  éclairer  la  question  des  caractères  que  présentait  la 
race  la  plus  ancienne  de  l'Europe.  Il  s'est  donc  trouvé  tout  prêt  à  profiter 
mieux  que  personne  de  la  découverte  de  M.  Boucher  de  Perthes.  Toutefois, 
son  travail  avait  été  entrepris  d'abord  seulement  à  l'aide  des  photogra- 
phies que  j'avais  fait  exécuter;  mais  en  voyant  l'importance  des  résultats 
auxquels  était  déjà  arrivé  mon  savant  confrère  de  la  Société  d'Anthropo- 
logie, je  me  suis  empressé  de  mettre  la  mâchoire  de  Moulin-Quignon  elle- 
même  à  sa  disposition.  M.  Pruner-Bey  a  bien  voulu  me  communiquer  tn 
revanche  celle  qui  lui  servait  de  terme  de  comparaison.  Nous  avons  pro- 
cédé ensemble  à  un  examen  détaillé  et  rigoureux  qui  n'a  servi  qu'à  faire 
ressortir  davantage  l'exactitude  des  appréciations  de  M.  Pruner-Bey  et 
la  similitude  vraiment  surprenante  de  ces  deux  échantillons  appartenant 
l'un  à  l'âge  de  pierre,  l'autre  à  l'âge  de  fer. 

»  L'Académie  comprendra  certainement,  d'après  ce  qui  précède,  que 
la  mâchoire  de  Moulin-Quignon,  envisagée  au  point  de  vue  de  l'ethnologie 
et  des  origines  des  populations  européennes,  présente  le  plus  haut  intérêt. 
Cet  intérêt,  je  le  répète,  est  entièrement  indépendant  de  la  question  géo- 
logique. Voilà  pourquoi  j'ai  cherché  dès  l'origine  de  ces  débats,  et  en- 
core dans  la  dernière  séance,  à  distinguer  nettement  la  question  de  V au- 
thenticité de  la  mâchoire  de  toutes  celles  que  je  prévoyais  devoir  soulever 
des  discussions. 

»  Aussi  mon  regret  a-t-il  été  très-vif  lorsque  j'ai  vu  que  le  Compte  rendu 
ne  faisait  pas  mention  de  l'opinion  exprimée  à  ce  sujet  dans  la  dernière  séance 
par  notre  illustre  Secrétaire  perpétuel.  M.  Élie  de  Beaumont  avait  bien  voulu 
répondreàmes  observations  qu'il  acceptait  comme  entièrement  authentiques 
et  comme  contemporaines  la  mâchoire  et  les  haches  de  Moulin-Quignon. 
Or  c'est  là  tout  ce  que  j'avais  voulu  démontrer  dans  mes  communications 
précédentes;  car  c'est  là  ce  qu'on  avait  presque  universellement  nié  à  Paris 
comme  à  Londres.  On  comprend  combien  m'était  précieux  dès  lors  l'as- 
sentiment de  M.  Élie  de  Beaumont,  et  combien  j'ai  dû  être  peiné  de  ne  pas 
en  trouver  de  traces  au  Compte  rendu.  J'espère  que  notre  illustre  confrère  ne 
verra  dans  l'expression  de  ce  sentiment  qu'une  preuve  de  plus  du  haut  prix 
que  j'attache  à  son  opinion. 

i3i.. 


(   ioo/j  ) 

»  Qu'il  me  soit  permis  de  faire  encore  une  observation  au  sujet  de  la 
Note  de  M.  Élie  dp  Beaumont. 

»  Cette  Note  soulevé  deux  questions,  toutes  deux  nouvelles,  toutes  deux 
entièrement  distinctes  de  la  question  d'authenticité  de  la  mâchoire  et  des  haches 
de  Moulin-Quignon.  En  outre  ces  questions  sont  fort  différentes  l'une  de 
l'autre  à  certains  points  de  vue. 

»  D'une  part,  M.  Élie  de  Beaumont  déclare  partager  l'opinion  de 
Cuvier,  et  ne  pas  croire  à  la  contemporanéité  de  l'homme  et  de  YElephas 
primigenius;  d'autre  part,  il  exprime  l'opinion  que  le  terrain  de  transport 
exploité  à  Moulin-Quignon  n'appartient  pas  au  diluvium  proprement  dit. 

»  La  première  de  ces  questions,  celle  de  la  contemporanéité  de  l'homme 
et  de  certaines  espèces  animales  perdues,  peut  être  résolue,  ce  me  semble,  en 
se  tenant  en  dehors  de  toutes  les  controverses  géologiques.  Je  me  crois  donc 
autorisé  à  avoir  sur  ce  point  une  opinion  personnelle;  et  je  dois  déclarer 
qu'après  avoir  longtemps  partagé  les  croyances  de  Cuvier,  je  suis  arrivé 
à  la  croyance  contraire. 

»  La  seconde  question,  celle  qui  touche  à  l'âge  et  à  l'origine  des  terrains 
de  Moulin-Quignon,  de  Menchecourt,  de  Saint-Acheul,  etc.,  est  exclusive- 
ment du  ressort  de  la  géologie. 

»  Encore  une  fois,  je  n'aurais  aucune  autorité  pour  traiter  ce  dernier 
problème,  et  j'entends  rester  entièrement  étranger  aux  discussions  qu'il 
pourra  soulever.  Mais  par  cela  même  je  devais  tenir  à  le  distinguer  très- 
nettement  des  deux  autres,  afin  de  prévenir,  autant  qu'il  dépend  de  moi, 
une  confusion  qui  s'est  évidemment  produite  dans  un  grand  nombre 
d'esprits.  » 

M.  Élie  de  Beaumont  répond  ainsi  qu'il  suit  à  M.  de  Quatrefages  : 
«  Dans  la  Note  qui  a  été  insérée  au  dernier  Compte  rendu,  j'ai  abrégé  le 
plus  possible  ce  que  j'avais  dit  à  l'Académie;  mais  l'idée  à  laquelle  mon  sa- 
vant et  honorable  confrère  a  la  bonté  de  faire  allusion  s'y  trouve  cepen- 
dant implicitement  exprimée. 

»  En  effet,  la  Note  contient  cette  phrase  :  «  Les  dépôts  meubles  sur  des 
»  pentes  sont  contemporains  de  l'alluvion  tourbeuse,  et  de  même  que  la 
»  tourbe  ils  peuvent  contenir  des  produits  de  l'industrie  humaine  et  des 
»  ossements  humains.  »  Or  les  tourbières  renferment  des  squelettes  hu- 
mains et  même  des  cadavres  entiers,  ainsi  que  des  objets  travaillés  en  bois, 
en  corne  de  cerf,  en  cheveux,  en  pierre,  en  bronze,  en  fer.  Dans  les  tour- 
bières de  la  Somme  on  a  trouvé  des  fers  de  captifs,  un  petit  bateau,  etc. 


(   ioo5  ) 

Dans  le  département  du  Nord,   une  voie  romaine  est  recouverte  par  la 
tourbe. 

»  Je  conçois  donc  qu'on  puisse  trouver  réunies  ou  même  séparées,  dans 
le  terrain  de  Moulin-Quignon,  toutes  les  parties  d'un  squelette  humain, 
ainsi  que  des  objets  travaillés  de  main  d'homme,  même  en  très-grand 
nombre,  et  l'opinion  que  j'ai  énoncée  ne  me  fournit,  par  elle-même,  aucun 
motif  pour  suspecter  l'exactitude  des  faits,  constatés  avec  des  soins  minu- 
tieux dont  l'appréciation  a  été  soumise  à  l'Académie.  Le  cercle  de  la  dis- 
cussion relative  au  gisement  de  Moulin-Quignon  est  peut-être  bien  loin 
d'être  épuisé;  mais  quant  à  l'exhumation  d'un  certain  nombre  de  haches 
en  silex  et  d'une  mâchoire  humaine,  remontant  probablement  à  l'âge  de 
pierre,  je  ne  puis  que  m'en  rapporter  aux  savants  honorables  qui  ont  mis  un 
si  louable  empressement  à  en  contrôler  l'authenticité.  » 

GÉOLOGIE.    —    Observations   sur  l'existence  de  l'homme  pendant   la  période 
quaternaire;  par  M.  Hébert;  extrait  d'une  Lettre  à  M.  Milne  Edwards. 

«  Vous  m'avez  fait  l'honneur  de  me  citer  parmi  les  géologues  qui  se 
sont  rendus  avec  vous  à  Abbeville  et  qui  ont  rangé  le  terrain  détritique  de 
Moulin  -  Quignon  dans  le  diluvium.  Les  observations  présentées  par 
M.  Élie  de  Beaumont  m'ont  fait  vivement  regretter  que  les  discussions  qui 
ont  eu  lieu  relativement  à  l'âge  de  cette  portion  du  terrain  quaternaire 
n'aient  point  été  mentionnées  plus  explicitement  dans  votre  compte  rendu. 

»  L'illustre  Secrétaire  perpétuel  aurait  vu  que  notre  attention  s'était  spé- 
cialement portée  sur  cette  partie  de  la  question;  que  nous  étions  loin  de 
confondre  en  un  seul  tout  les  divers  amas  de  matières  détritiques;  que  nous 
n'avions  voulu  éluder  aucune  difficulté;  mais  que  ces  difficultés  ne  sau- 
raient en  rien  infirmer  le  fait,  incontestablement  acquis,  de  l'existence  de 
l'homme  dès  le  commencement  de  ce  qui  constitue  en  France  la  période 
quaternaire  ou  diluvienne. 

»  En  ce  qui  concerne  plus  spécialement  le  gisement  de  Moulin-Quignon, 
j'ai  déclaré  à  Abbeville  que  cette  formation  détritique,  composée  en 
partie  de  silex  brisés  ou  entiers,  quelquefois  volumineux  et  paraissant 
arrachés  à  la  craie  sous-jacente ,  souvent  empâtés  pêle-mêle  dans  une 
argile  brune,  compacte,  renfermant,  çà  et  là  et  sans  ordre,  des  parties 
sableuses  sous  forme  de  portions  de  couches  de  peu  d'étendue,  coupées 
brusquement  par  la  masse  caillouteuse  et  argileuse,  et  placées  dans  toutes 
les  inclinaisons  possibles,  ne  représentait  pas  à  mes  yeux  le  diluvium  infé- 


(  ioo6  ) 

rieur  de  Saint-Acheul,  près  d'Amiens,  ni  celui  de  Menchecourt  et  des  autres 
localités  des  environs  d'Abbeville,  où  se  rencontrent  si  fréquemment  à  la 
fois  des  silex  taillés  de  main  d'homme  et  des  ossements  d'Eleplias  primigenius 
et  de  Rhinocéros  tichorhinus. 

»  Je  considère  le  dépôt  de  Moulin-Quignon  comme  plus  récent,  me 
rapprochant,  sous  un  rapport,  de  l'opinion  de  M.  Élie  de  Beaumont  ;  mais 
l'illustre  géologue  ajoute  que  ce  dépôt  est  contemporain  des  alluvions 
tourbeuses,  ce  que  je  ne  saurais  admettre:  sa  position  à  un  niveau  bien 
supérieur,  sa  nature  indiquant  des  eaux  violemment  agitées,  ne  permettent 
en  effet  d'établir  aucune  liaison  entre  le  phénomène  auquel  il  doit  nais- 
sance ,  et  les  conditions  sous  lesquelles  s'est  produite  l'alluvion  tourbeuse. 
Dans  mon  opinion,  cette  dernière  est  plus  récente;  le  régime  des  eaux,  à 
l'époque  de  sa  formation,  présente  avec  le  régime  actuel  des  rapports  que 
l'on  chercherait  vainement  dans  les  conditions  que  suppose  le  dépôt  caillou- 
teux de  Moulin-Quignon. 

»  Je  place  donc  ce  terrain  dans  le  diluv ium,  mais  j'ai,  dès  l'abord,  déclaré 
que  je  ne  pouvais  en  déterminer  la  position  précise,  comme  il  est  possible 
de  le  faire  pour  les  gisements  si  connus  de  Menchecourt  et  de  Saint-Acheul. 

»  Pour  préciser  davantage,  je  demande  la  permission  de  rappeler  briève- 
ment la  série  des  phénomènes  quaternaires  du  nord  de  la  France,  telle  que 
je  la  considère  comme  établie,  d'une  manière  positive,  par  les  travaux  des 
géologues  qui  se  sont  occupés  spécialement  de  cette  question. 

»  i°  Creusement  par  voie  d'érosion  de  nos  vallées  actuelles,  opération 
longue  et  nécessitant  l'intervention  de  masses  d'eau  considérables. 

»  2°  Développement  de  la  faune  de  YElephas  primigenius  sur  le  sol  de  la 
France  ainsi  accidenté,  et  qui  alors  était  couvert  de  forêts,  peuplées  d'élé- 
phants et  de  rhinocéros,  forêts  qui,  pour  le  dire  en  passant,  ont  à  peine 
laissé  de  traces,  quand  les  animaux  qu'elles  contenaient  ont  parsemé  le  sol 
de  leurs  débris. 

»  Formation,  par  voie  de  courants  aqueux,  du  dépôt  erratique  inférieur 
de  nos  vallées,  caillouteux  en  bas,  sableux  en  haut,  avec  nombreux  osse- 
ments d'Elephas  primigenius  et  de  Rhinocéros  tichorhinus,  et  quantité  de  silex 
taillés  de  main  d'homme  dans  la  vallée  de  la  Somme.  Ce  dépôt  a  comblé  la 
vallée  précédemment  creusée  sur  une  hauteur  de  10  à  i5  mètres,  s' élevant 
ainsi  à  une  altitude  de  3r>  à  40  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  à  Paris. 
C'est  à  cette  partie  du  terrain  quaternaire  que  l'on  donne  souvent,  en  raison 
de  la  couleur  qu'il  présente,  le  nom  de  diluvium  gris. 

»   3°  Dépôt  du  limon  calcarifèrc  appelé  loess,  caractérisé  par  des  conrré- 


(  io°7  ) 
tions  calcaires  constantes  de  forme  et  de  nature,  aussi  bien  sur  les  bords  du 
Rhin  qu'à  Paris,  recouvrant  directement  le  précédent,  et  indiquant  une 
phase  nouvelle  dans  la  période  quaternaire. 

»  4°  Formation  d'un  dépôt  caillouteux  composé  d'argile  rouge  et  de 
gravier  quartzeux  empâtant  des  silex  brisés,  sans  débris  organiques,  ne 
présentant  presque  jamais  de  stratification  bien  nette,  reposant  soit  sur  le 
diluvium  gris,  soit  sur  le  loess,  comme  on  peut  le  voir  aujourd'hui  bien 
nettement  autour  de  l'église  nouvelle  du  quartier  des  Deux-Moulins  (1),  soit 
sur  le  calcaire  grossier,  comme  cela  se  voit  sur  le  plateau  de  la  Maison- 
Blanche,  de  Montrouge,  etc. 

»  Le  contact  de  ce  dépôt,  que  nous  appelons  ordinairement  diluvium 
rouge,  avec  les  dépôts  sous-jacents,  se  fait  généralement  par  voie  de  ravine- 
ment. Tous  les  géologues  connaissent  ces  poches  curieuses,  qui  passent 
quelquefois  à  de  véritables  puits  verticaux  de  5,  10  ou  i5  mètres  de  profon- 
deur, et  qui  traversent  de  la  même  façon  les  roches  meubles  et  les  roches 
dures;  c'est  encore  le  produit  de  phénomènes  parfaitement  distincts  de  la 
période  quaternaire. 

»  Lorsque  le  contact  de  ce  dépôt  avec  les  couches  diluviennes  sous- 
jacentes  ne  présente  pas  de  ravinements,  on  remarque  à  la  base  une  ou  deux 
couches  horizontales  d'argile  compacte  brune  ou  rougeâtre,  comprenant 
quelquefois  entre  elles  un  lit  de  sable  ferrugineux,  et  lorsqu'il  y  a  des 
poches,  il  est  assez  fréquent  de  retrouver  cette  argile  tapissant  les  parois  et 
enveloppant  le  diluvium  rouge,  ainsi  séparé  du  loess  et  du  diluvium  gris. 

»  Le  diluvium  rouge  s'est  étendu  d'une  manière  générale  sur  le  fond  et 
les  flancs  des  vallées  déjà  en  partie  comblées,  et  s'est  élevé  jusqu'à  une  alti- 
tude qui  atteint  au  moins  65  mètres  aux  environs  de  Paris,  mais  qui  reste 
inférieure  aux  plus  grandes  altitudes  du  loess. 

»  5°  La  surface  du  diluvium  rouge  a  été  soumise  elle-même  à  un  lavage 
par  des  eaux  qui  en  ont  stratifié  la  partie  supérieure  et  l'ont  mélangée  avec 
de  l'argile  grise.  Ce  dernier  dépôt  est  visible  encore  auprès  de  la  porte 
d'Ivry. 

»  6°  Postérieurement  à  tous  ces  phénomènes  successifs,  nos  vallées  ont  été 
creusées  de  nouveau,  évidemment  sous  de  nouvelles  conditions.  Les  dépôts 
que  nous  venons  d'énumérer  sont  restés  appliqués  contre  les  flancs  des 
coteaux,  et  la  forme  du  sol  est  devenue  ce  qu'elle  est  aujourd'hui,  bien  que, 

(i)  On  a  cru  jusqu'ici  que  le  loess  était  supérieur  au  diluvium  rouge,  c'était  une  erreur. 


(  iùo8  ; 

dans  ces  vallées  ainsi  creusées  à  nouveau,  il  se  soit  encore  passé  de  nom- 
breux phénomènes  géologiques  dont  l'étude  est  à  peine  ébauchée,  mais  qui 
reportent  incontestablement  à  une  très-haute  antiquité  l'époque  de  la  der- 
nière érosion  générale. 

»  Le  diluvium  gris  et  le  diluvium  rouge  se  retrouvent  avec  tous  leurs 
caractères  à  Saint-Acheul,  aussi  bien  qu'à  Menchecourt  et  dans  beaucoup 
d'autres  points  du  département  de  la  Somme.  Le  loess  lui-même  y  est  repré- 
senté, quoique  d'une   manière  rudimen taire. 

»  C'est  dans  le  diluvium  gris,  recouvert  par  son  double  manteau  intact, 
qu'ont  été  trouvées  ces  nombreuses  haches  qui  attestent  l'existence  de 
l'homme  au  commencement  de  la  période  quaternaire. 

»  Le  gisement  de  Moulin-Quignon  ne  présente  les  caractères  ni  du  dilu- 
vium gris,  ni  du  diluvium  rouge,  il  semble  être  le  résultat  du  mélange  des 
deux  par  des  eaux  violemment  agitées,  peut-être  celles  auxquelles  est  dû  le 
dernier  creusement  des  vallées. 

•>  Peut-être  même  ce  dernier  creusement  est-il  un  phénomène  multiple, 
car  le  dépôt  de  Moulin-Quignon  est  traversé,  comme  cela  a  été  établi,  par 
des  puits  verticaux  naturels,  analogues  à  ceux  produits  par  le  diluvium 
rouge,  mais  bien  distincts  cependant,  en  ce  que  ces  derniers  sont  remplis, 
comme  on  peut  le  voir  à  Saint-Acheul,  aussi  bien  qu'à  Paris,  par  le  dilu- 
vium rouge  lui-même,  tandis  que  ceux  de  Moulin-Quignon  le  sont  par  un 
dépôt  limoneux  évidemment  plus  récent  et  assez  analogue  à  la  terre  végé- 
tale. Il  y  a  donc  là  l'indication  d'une  septième  phase  dans  la  période  qua- 
ternaire. 

»  C'est  postérieurement  à  ces  diverses  époques  que,  selon  moi,  doivent 
venir  se  placer  les  alluvions  tourbeuses. 

»  Je  termine  en  disant  que  les  puits  naturels  qui  traversent  le  dépôt 
caillouteux  de  Moulin-Quignon  ne  peuvent,  en  aucune  façon,  être  consi- 
dérés comme  ayant  pu  faciliter  l'introduction  récente  de  la  mâchoire  hu- 
maine à  la  base  du  dépôt.  Cette  mâchoire  appartenait  bien,  en  effet,  à  une 
couche  de  cailloux  noirs,  complètement  indépendante  des  puits,  et  la  ma- 
tière ferrugineuse  y  était  descendue  par  une  fissure  sans  épaisseur,  traver- 
sant toute  la  masse,  de  la  surface  du  sol  à  la  base,  encore  remplie  de  la 
même  matière  ferrugineuse,  et  qui  lui  avait  servi  de  conduit  à  une  époque 
indéterminée,  mais  ancienne.  Cette  coloration,  aussi  bien  que  l'incrustation 
de  la  mâchoire  qui  en  a  été  la  conséquence,  est  donc  accidentelle,  mais 
c'est  aussi  une  garantie  infaillible  contre  toute  idée  de  supercherie.  » 


(   loog  ) 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  une  modification  physiologique  qui  se  produit  dans  le 
nerf  lingual  par  suite  de  l'abolition  temporaire  de  la  motricité  dans  le  nerf 
hypoglosse  du  même  côté  (i)  ;  par  MM.  J.-M.  Phiupeacx  et  A.  Vulpiax. 

«  Nous  avons  montré  par  des  expériences  variées  que  les  nerfs,  dont  les 
relations  avec  le  centre  nerveux  ont  été  détruites,  se  régénèrent  après  s'être 
altérés  profondément  dans  toute  leur  partie  périphérique,  et  recouvrent  les 
propriétés  physiologiques  qu'ils  avaient  perdues. 

»  Le  nerf  hypoglosse  a  été  un  des  nerfs  que  nous  avons  surtout  mis  en 
expérience,  en  tirant  du  crâne,  par  avulsion,  sa  portion  centrale  avec  ses 
racines  et  en  excisant  toute  cette  portion  de  façon  à  empêcher  complète- 
ment le  rétablissement  des  connexions  de  ce  nerf  avec  le  centre  nerveux. 
Lorsque  la  régénération  partielle  ou  totale  s'était  faite  dans  ces  conditions, 
c'est-à-dire  au  bout  de  trois  ou  quatre  mois,  ou  même  après  un  temps 
plus  long,  le  pincement  du  nerf  hypoglosse,  ainsi  privé  de  sa  portion  cen- 
trale, produisait  des  mouvements  très-étendus  dans  la  moitié  correspon- 
dante de  la  langue.  Si  nous  pincions  comparativement  le  nerf  lingual  du 
même  côté,  nous  observions  aussi  un  mouvement  plus  ou  moins  marqué 
dans  la  même  moitié  de  la  langue.  Pendant  quelque  temps  nous  avons 
pensé  que  ces  mouvements  de  la  langue,  sous  l'influence  d'une  excitation 
du  bout  périphérique  du  nerf  lingual  (préalablement  coupé  pour  abolir 
les  mouvements  réflexes),  avaient  pour  cause  la  présence  normale  d'un 
petit  nombre  de  tubes  nerveux  moteurs  au  mileu  des  éléments  sensitifs  du 
nerf.  Cette  explication,  qui  paraissait  si  naturelle  et  cjui  était  fondée  sur  la 
notion  anatomique  de  l'anastomose  du  nerf  lingual  avec  des  fibres  mo- 
trices, en  particulier  avec  celles  de  la  corde  du  tympan,  ne  put  cependant 
tenir  contre  l'évidence  des  faits.  Chez  un  chien  sur  lequel  on  avait  prati- 
qué, quelques  mois  auparavant,  l'avulsion  et  l'excision  de  la  partie  cen- 
trale d'un  des  nerfs  hypoglosses,  on  pressa  successivement  entre  les  mors 
d'une  pince  les  deux  nerfs  linguaux,  et  l'on  vit,  non  sans  quelque  sur- 
prise, que  l'excitation  du  nerf  lingual,  du  côté  où  le  nerf  hypoglosse  avait 
été  mutilé,  déterminait  des  mouvements  très-nets  dans  la  moitié  correspon- 
dante de  la  langue,  tandis  que  l'on  n'observait  pas  la  moindre  contraction 

(i)  Les  expériences  dont  les  résultats  sont  consignés  dans  cette  Note  ont  été  faites  dans  le 
laboratoire  de  M.  Flourens. 

C.B.,  1863,   i« Semestre.    (T.  LVI,  N°  21.)  1^2 


(     IOIO    ) 

quand  on  pinçait  le  nerf  lingual  du  côté  opposé.  Notre  attention  une  fois 
dirigée  sur  ce  fait  qui  nous  parut  intéressant,  nous  avons  institué  plusieurs 
expériences  du  même  genre,  et  nous  avons  pu  nous  convaincre  qu'il  s'agis- 
sait là  d'un  résultat  constant. 

»  Voici  le  résumé  d'une  de  ces  expériences.  Le  29  septembre  1862,  on 
arrache  la  portion  intracranienne  du  nerf  hypoglosse  droit  sur  un  chien 
presque  adulte.  On  excise  la  partie  centrale  de  ce  nerf  dans  une  longueur 
de  5  centimètres.  Ce  chien  ayant  été  sacrifié  le  16  février  1 863,  on  met  à 
nu,  aussitôt  après  la  mort,  le  nerf  hypoglosse  et  le  nerf  lingual  du  côté 
droit.  On  maintient  la  gueule  de  l'animal  ouverte,  puis  on  pince  le  nerf 
hypoglosse  :  mouvement  tres-élendu  de  la  langue.  On  pince  alors  le  nerf 
lingual;  à  chaque  pincement  il  y  a  un  mouvement  de  la  langue  presque 
aussi  fort  que  lorsque  l'on  excitait  l'hypoglosse.  On  découvre  les  deux  nerfs 
homologues  du  côté  gauche.  Le  pincement  du  nerf  hypoglosse  détermine 
des  mouvements  violents  de  la  langue,  tandis  que  le  pincement  du  nerf 
lingual  ne  produit  pas  la  plus  petite  contraction.  On  coupe  en  travers  les 
quatre  nerfs,  et  le  pincement  des  bouts  périphériques  donne  encore  les- 
mêmes  résultats,  c'est-à-dire  mouvement  de  la  langue  lorsque  l'on  agit  sur 
l'un  ou  l'autre  hypoglosse,  mouvement  également  très-net  lorsqu'on  pince 
le  nerf  lingual  droit,  immobilité  complète  de  la  langue  lorsqu  on  serre 
aussi  fort  que  possible  le  nerf  lingual  gauche  en  s'approchant  de  plus  en 
plus  de  la  périphérie. 

»  Toutes  nos  expériences  concordent  avec  celle-ci  (1).  De  plus,  sur  plu- 
sieurs chiens  non  opérés,  nous  nous  sommes  assurés,  à  l'aide  des  excitants 
mécaniques,  ou  même  par  les  excitants  galvaniques,  en  nous  mettant  autant 
que  nous  le  pouvions  à  l'abri  des  courants  dérivés,  que  l'irritation  du  seg- 
ment périphérique  du  nerf  lingual  coupé  au  niveau  du  bord  inférieur  du 
maxillaire  inférieur,  ne  produit  aucune  contraction  dans  la  langue.  Enfin, 
en  employant  la  méthode  de  M.  Waller,  nous  avons  reconnu  que  les  fibres 
motrices  fournies  au  nerf  lingual  par  le  nerf  facial  ont  toutes  abandonné  le 
lingual  avant  qu'il  soit  arrivé  à  ce  niveau. 

»  On  voit  donc  par  nos  expériences  que  lorsque  le  nerf  hypoglosse  est 
privé  de  ses  connexions  avec  le  centre  nerveux,  il  se  fait  dans  les  extrémités 
périphériques  du  nerf  lingual  du  même  côté  une  modification  qui  établit 

(1)  Dans  plusieurs  de  ces  expériences,  nous  avons  examiné  les  propriétés  physiologiques 
des  nerfs  sur  l'animal  vivant,  et  nous  avons  vu  que  le  lingual,  tout  en  gagnant  des  proprié- 
tés motrices,  conserve  toute  sa  sensibilité. 


(  ,011  ) 
entre  ces  extrémités  et  les  fibres  musculaires  de  la  langue  une  relation  phy- 
siologique qui  n'existe  point  dans  l'état  normal. 

»  A  quel  moment  s'établit  cette  nouvelle  relation?  Nous  ne  pouvons 
point  encore  l'indiquer  d'une  façon  précise.  Nous  pouvons  dire  toutefois 
que  nous  avons  vu  le  nerf  lingual  manifester  une  propriété  motrice  très- 
marquée  deux  mois  après  l'avulsion  du  nerf  hypoglosse  correspondant, 
alors  que  la  régénération  de  ce  dernier  nerf  était  à  peine  commencée  et  que 
les  excitations  produites  sur  lui  ne  déterminaient  dans  la  langue  que  des 
mouvements  presque  inappréciables. 

»  Mais  si  le  nerf  lingual  est  devenu  moteur,  a-t-il  pris,  au  moins  en 
partie,  les  fonctions  du  nerf  hypoglosse  soumis  à  l'expérience?  Un  fait  que 
nous  avons  observé  tend  à  donner  à  cette  question  une  réponse  négative. 
On  a  arraché  le  nerf  hypoglosse  gauche  deux  mois  après  avoir  arraché  le 
droit,  et,  pendant  les  dix  jours  qui  ont  précédé  la  mort  (accidentelle)  de 
l'animal,  il  n'a  pas  été  possible  de  provoquer  le  moindre  mouvement  spon- 
tané ou  réflexe  de  la  langue.  L'avenir  montrera  ce  qui  se  produira,  en  lais- 
sant plus  d'intervalle  entre  les  deux  opérations,  et  surtout  en  conservant 
l'animal  plus  longtemps  après  la  seconde  extirpation. 

»  En  résumé,  pour  ne  parler  que  de  la  conséquence  immédiate  de  nos 
expériences,  elles  démontrent  qu'en  anéantissant  pendant  un  certain  temps 
lesproprietesphysiologiqu.es  du  nerf  hypoglosse,  nerf  moteur  de  la  langue, 
le  nerf  lingual,  nerf  sensitif  de  cet  organe,  acquiert  la  propriété  motrice 
qu'il  n'avait  point  auparavant.  Ce  sont  des  expériences  qu'il  faut  nécessai- 
rement étendre  à  d'autres  nerfs  avant  d'en  généraliser  le  résultat;  mais,  tel 
qu'il  est,  ce  résultat  nous  a  paru  mériter  l'attention  des  physiologistes.    » 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Nouveaux  faits  concernant  t 'utilité  des  bains  d'oxygène 
dans  tes  cas  de  gangrène  sénile;  Note  de  M.  Laugier. 

«  L'Académie  des  Sciences  a  bien  voulu  entendre  avec  intérêt  la  com- 
munication que  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  faire  sur  l'utilité  des  bains  d'oxy- 
gène dans  le  traitement  de  la  gangrène  des  extrémités,  dite  sénile.  L'an- 
nonce de  ce  moyen  a  naturellement  éveillé  l'attention  des  praticiens,  et  j'ai 
reçu  de  divers  côtés  des  renseignements  plus  ou  moins  favorables  à  son  em- 
ploi suivant  le  degré  et  les  circonstances  de  la  maladie.  Je  regarde  comme 
un  devoir  de  transmettre  à  l'Académie  deux  faits,  qui  n'ont  pas  été  recueillis 
par  moi,  et  qui  me  semblent  propres  à  prouver  l'efficacité  de  ce  nouveau 
traitement. 

i3a.. 


(     IOI2    ) 

»  Voici  ce  que  m'écrivait  M.  le  Dr  Debouges,  de  Rollot,  département  de 
la  Somme,  au  sujet  d'un  malade  pour  lequel  il  m'avait  consulté,  et  auquel, 
d'après  mes  indications,  il  avait  administré  les  bains  d'oxygène  pour  une 
gangrène  du  pied: 

«  Je  pense  vous  être  agréable  en  vous  faisant  en  quelque  sorte  assister  à 
»  la  résurrection  de  mon  malheureux  malade  ;  si  je  ne  m'abuse,  si  le  mieux 
»  continue,  il  est  sauvé!  la  grande  escarre  du  cou-de-pied  est  tombée  di- 
»  manche  dernier,  huit  jours  après  le  premier  bain  d'oxygène,  laissant  une 
»  plaie  d'assez  mauvais  caractère,  mais  dont  l'aspect  est  beaucoup  meilleur 
»  aujourd'hui  ;  le  gros  orteil  sphacélé  s'ébranle  de  plus  en  plus,  les  douleurs 
»  sont  infiniment  moindres,  et  pourtant  le  malade  ne  prend  plus  d'opium 
»  depuis  le  troisième  bain  oxygéné  ;  la  tuméfaction  diminue,  la  couleur  livide 
»  est  remplacée  par  une  couleur  rosée,  l'état  général  présente  une  grande 
»  amélioration;  cet  homme  qui  s'épuisait  de  jour  en  jour  semble  reprendre 
«   vie  :  tout  va  donc  pour  le  mieux,  etc.  » 

»  Je  retrouve  dans  l'observation  de  M.  Debouges  les  phénomènes  obser- 
vés dans  mes  expériences,  à  savoir:  la  diminution  des  douleurs,  de  la  tumé- 
faction, la  substitution  de  la  couleur  rosée  à  la  teinte  livide  des  parties 
menacées  de  gangrène,  enfin  l'amélioration  progressive. 

»   Deuxième  fait  : 

»  M.  Breuning,  âgé  de  35  ans,  notaire  à  Plieningen,  près  de  Slut.tgard 
(Wurtemberg),  était  déjà  depuis  un  an  attaqué  de  la  gangrène  sénile  au 
pied  droit;  tous  les  orteils  avaient  perdu  la  dernière  phalange,  celle  qui 
porte  l'ongle,  mais  la  gangrène  s'était  bornée  d'elle-même,  et  la  cicatrisa- 
lion  des  plaies  était  en  bonne  voie,  lorsque  le  pied  gauche  fut  attaqué  à  son 
tour.  Le  premier  et  le  second  orteil,  dans  le  mois  de  juillet  1862,  ont  pris, 
comme  me  l'écrit  le  malade  lui-même,  un  air  suspect  ;  ils  étaient  légèrement 
gonflés  et  offraient  une  couleur  rouge-bleue,  il  y  avait  aussi  des  douleurs. 

»  Ce  fut  alors  que  M.  Breuning,  qui  m'avait  consulté  sur  l'emploi  des 
bains  d'oxygène,  en  fit  usage;  il  rend  compte  du  résultat  dans  les  termes  sui- 
vants : 

«  Mous  nous  sommes  donc  servi  et  nous  nous  servons  à  présent  encore 
»  de  votre  oxygène,  et  nous  croyons  pouvoir  dire  que  le  mal  s'arrête  et  se 
»  retire  (  sic).  Une  ampoule  s'est  formée  à  l'orteil,  nous  l'avons  ouverte  avec 
»  une  aiguille  (écoulement  de  sérosité);  depuis,  la  douleur  a  commencé  a 
»  cesser  et  l'orteil  paraît  devenir  bon.  Le  deuxième  orteil  a  commencé  à  Ibr- 
»   mer  deux  petites  ampoules  dont  nous  espérons  le  même  succès.   » 

»  J'ai  tenu  à  conserser  le  français  de  M.  Breuning,  qui  est  étranger,  mais 


(  ioi3  ) 
on  voit,  à  n'en  pouvoir  clouter,  qu'à  dater  de  l'emploi  de  l'oxygène  la  dou- 
leur cesse  et  l'aspect  des  orteils  devient  bon.  Quant  aux  phlyetènes,  que 
M.  Breuning  noie  comme  un  bon  signe,  d'heureux  augure  et  comme  un 
résultat  de  l'oxygène,  je  n'ai  pas  eu  occasion  de  les  voir  se  développer  dans 
mes  expériences,  qui  ne  sont  pas,  il  est  vrai,  encore  nombreuses.  Nous  con- 
naissons ici  les  phlyetènes  comme  effet  et  signe  de  la  gangrène  ;  elles  précè- 
dent souvent  et  masquent  l'escarre  ;  mais  il  ne  semble  pas  que  dans  la  ma- 
ladie de  M.  Breuning  elles  aient  eu  cette  signification,  puisque  c'est  après 
les  avoir  ouvertes  qu'il  conclut  au  bon  état  de  l'orteil;  il  aurait  à  n'en  pas 
douter  signalé  une  escarre,  si  elle  s'était  produite  sous  la  phlyetène. 

»  M.  le  Dr  Kuhn,  médecin  de  M.  Breuning,  ajoute  quelques  détails  in- 
téressants qui  cadrent  parfaitement  avec  mes  observations  et  les  conditions 
de  succès  que  j'ai  signalées  dans  la  Gazette  des  Hôpitaux  (i  862,  n°  1 54),  c'est- 
à-dire  la  perméabilité  des  artères  pédieuse  et  tibiale  postérieure. 

«  On  n'observe  (dit  M.  Kuhn)  aucun  obstacle  de  la  circulation  du  sang 
»  dans  les  artères  des  membres  inférieurs;  le  pouls  se  fait  sentir  assez  dis- 
»  tinctement  en  divers  lieux  explorés  de  la  jambe,  par  exemple,  entre  la 
»  malléole  interne  et  le  calcanéum  (arteria  tibialis  postica)  sur  le  dos  du  pied 
»   (  arteria  dorsalis  pedis  ) .    » 

>»  J'avais  noté  avec  soin  cette  circonstance  chez  mes  deux  malades  trai- 
tés avec  succès  à  l'Hôtel-Dieu.  C'était  en  effet  le  seul  rapport  favorable  que 
j'eusse  pu  saisir  entre  des  cas  de  gangrène  sénile  survenus  chez  deux  vieil- 
lards de  75  ans  et  les  exemples  de  gangrène  des  extrémités  signalés  par 
M.  le  Dr  Maurice  Baynaud  chez  de  jeunes  sujets,  enfants  ou  femmes,  avec 
conservation  de  la  perméabilité  des  voies  circulatoires  des  membres. 

»  C'est  pour  avoir  méconnu  ces  conditions  essentielles  que  MM.  lesD"De- 
marquay,  Parmentier  et  Pellarin  ont  publié  dans  le  journal  de  médecine 
rU/iion  médicale  des  observations  d'insuccès  des  bains  d'oxygène  dans  la 
gangrène  des  extrémités.  En  vérité,  il  y  a  lieu  de  s'étonner  que  ces  hono- 
rables praticiens  aient  cru  pouvoir  espérer  quelque  succès  des  bains  d'oxy- 
gène lorsque  l'artère  fémorale  (MM.  Demarquay  et  Parmentier)  et  l'artère 
poplitée  (M.  Pellarin)  étaient  complètement  obstruées.  Encore  faut-il  que  le 
sang  arrive  dans  les  parties  menacées  de  gangrène  pour  qu'il  puisse  y  être 
modifié  par  le  contact  de  l'oxygène.  Il  est  d'ailleurs  un  principe  générale- 
ment admis  dans  les  sciences,  c'est  que  pour  vérifier  des  expériences  nou- 
velles on  doit  les  répéter  en  se  plaçant  dans  les  conditions  où  elles  ont  été 
faites.  Il  est  ici  question  de  phénomènes  de  combustion  nécessaires  à  l'en- 
tretien de  la  vie,  et  qui  s'opèrent  dans  le  système  capillaire. 


b 


(  ioi4 
»  En  résumé,  de  nouveaux  faits  produits  dans  ies  mêmes  circonstances 
que  ceux  que  j'ai  déjà  fait  connaître  confirment  la  conclusion  que  j'avais 
tirée  des  premiers,  à  savoir  que  la  gangrène  imminente  des  extrémités,  dans 
les  cas  où  la  circulation  des  troncs  artériels  principaux  est  conservée,  peut 
être  avantageusement  combattue  à  l'aide  des  bains  d'oxygène  dans  lesquels 
la  partie  menacée  est  plongée.    » 

CHiMlt; .  —  Sur  la  manière  dont  se  comporte  le  soufre  en  présence  de  l'eau; 
Note  de  M.  A.  Gélis,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Dans  le  courant  du  mois  dernier  l'Académie  a  reçu  deux  Notes  sur  le 
soufre  et  ses  composés  oxygénés,  dans  lesquelles  je  remarque  des  faits  qui, 
les  uns,  présentés  comme  nouveaux,  sont  connus  depuis  longtemps,  tandis 
que  d'autres  sont  en  contradiction  avec  des  travaux  antérieurs  qui  ne  pa- 
russent pas  être  arrivés  à  la  connaissance  des  auteurs  de  ces  publications. 
L'une  de  ces  Notes  est  de  MM.  Chancel  etDiacon,  l'autre  est  de  M.  de  Girard. 
Comme  la  plupart  des  faits  reproduits  ou  contredits  ont  été  publiés  par 
M.  Forclos  et  par  moi,  je  me  permettrai  de  présenter  ici  quelques  observa- 
tions. Mais  bien  que  j'aie  à  faire  sur  chacune  de  ces  deux  Notes  en  particu- 
lier des  réclamations  de  même  nature,  je  répondrai  uniquement  aujour- 
d'hui à  la  publication  de  M.  de  Girard  ;  les  remarques  relatives  a  celle  de 
MM.  Chancel  etDiacon,  exigeant  plus  de  développements,  trouveront  leur 
place  dans  un  travail  que  je  publierai  bientôt  sur  les  acides  de  la  série  thio- 
nique. 

»  Dans  la  séance  du  20  avril  dernier,  M.  de  Girard  indique  comme 
un  fait  nouveau  la  décomposition  de  l'eau  par  le  soufre,  en  présence  des 
sulfures  alcalins;  or,  ce  fait  a  été  indiqué  et  étudié  en  1846  par  M.  Fordos 
et  par  moi  dans  un  Mémoire  publié  clans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
Zv  série,  t.  XVIII,  p.  o,5  et  suivantes. 

»  La  connaissance  de  ce  fait,  en  tant  que  première  observation,  n'appar- 
tient donc  pas  à  M.  de  Girard  ;  toutefois,  je  n'aurais  peut-être  pas  réclame 
s'il  ne  s'était  agi  que  d'une  question  de  priorité;  mais,  en  dehors  de  ce 
fait,  je  trouve,  dans  la  suite  de  la  Note,  une  erreur  que  je  crois  d'autant 
plus  utile  de  redresser  qu'elle  se  produit  pour  la  seconde  fois. 

»  Après  avoir  établi  la  décomposition  de  l'eau  par  le  soufre  en  présence 
des  liqueurs  alcalines,  M.  de  Girard  ajoute  que  le  soufre  décompose  égale- 
ment Peau  à  la  température  de  ioo°  lorsqu'il  est  à  l'état  de  liberté.  M.  Co- 
renwinder  avait  déjà  dit  la  même  chose  en  1861  {Répertoire  de  Chimie  ap- 


(  ioi5  ) 

pliquée,  p.  44°  )■,  e*  cette  assertion  est  en  contradiction  avec  ce  que  j'ai  pu- 
blié avec  M.  Foi  dos  dans  le  même  travail  de  1846.  Or,  comme  cette  asser- 
tion est  loin  d'être  prouvée,  suivant  moi,  malgré  l'autorité  qu'elle  acquiert 
par  suite  de  ces  deux  affirmations  successives,  je  vais  examiner  quelle  est 
sa  véritable  valeur.  Je  commencerai  par  citer  quelques  expériences. 

»  J'ai  fait  bouillir  dans  un  ballon  de  verre,  muni  des  tubes  convenables. 
100  grammes  de  soufre  en  canon  pulvérisé  avec  i5oo  grammes  d'eau  dis- 
tillée; lorsque  l'ébullition  de  l'eau  a  été  bien  prononcée,  j'ai  vu  apparaître 
l'acide  sulfhydrique,  reconnaissable  à  la  teinte  brune  que  les  vapeurs  com- 
muniquaient à  une  dissolution  étendue  d'acétate  de  plomb.  Ce  dégagement 
d'acide  sulfhydrique  était  peu  abondant,  mais  il  a  persisté  pendant 
sept  heures. 

»  Le  précipité  de  sulfure  de  plomb  recueilli,  lavé  et  calciné,  a  fourni  un 
résidu  d'oxyde  de  plomb  qui  ne  pesait  que  0,01.  En  admettant  la  décom- 
position de  l'eau,  les  100  grammes  de  soufre  employés  auraient  donc 
décomposé  en  sept  heures  un  peu  moins  d'un  milligramme  d'eau. 

»  Dans  une  seconde  expérience  j'ai  porté  à  l'ébullition  les  mêmes  quan- 
tités de  soufre  et  d  eau  que  dans  la  première;  mais  au  moment  où  l'hydro- 
gène sulfuré  a  commencé  à  se  produire,  j'ai  ajouté  au  mélange  ,  au  moyen 
d'un  tube  en  S,  20  centimètres  cubes  d'acide  chlorhydrique  ;  le  dégagement 
de  l'acide  sulfhydrique  a  été  de  beaucoup  augmenté  au  premier  moment, 
mais  au  bout  d'une  heure  il  a  complètement  cessé.  Alors  le  soufre  a  été  lavé 
a  grande  eau  et  débarrassé  entièrement  de  l'acide  ajouté  ;  après  ce  traite- 
ment on  a  pu  le  faire  bouillir  pendant  plusieurs  heures  sans  remarquer 
la  moindre  production  d'acide  sulfhydrique. 

»  J'ai  constaté  en  outre  que,  lorsque  la  fleur  de  soufre  possède  la  pro- 
priété de  fournir  de  l'acide  par  son  ébullition  dans  l'eau,  il  suffit  de  la  tri- 
turer pendant  quelque  lemps  avec  une  petite  quantité  d'iode  pour  la  lui 
enlever.  Dans  ce  cas,  après  la  trituration,  je  chassais  l'iode  par  l'ébullition. 
puis  je  lavais  le  soufre  tant  que  l'eau  de  lavage  rougissait  le  tournesol. 

»  J'ai  obtenu  des  résultats  identiques  en  remplaçant  l'iode  par  du  rnan- 
ganate  de  potasse.  J'enlevais  l'oxyde  de  manganèse  produit  par  l'acide 
chlorhydrique  à  chaud  et  des  lavages. 

»   On  peut  donc  établir,  d'après  ces  expériences  : 

»  i°  Que  tous  les  échantillons  de  soufre  ne  donnent  pas  d'acide  sulrbv- 
drique,  lorsqu'on  les  fait  bouillir  avec  de  l'eau  ; 

»  i°  Que  la  quantité  d'acide  sulfhydrique,  lorsqu'il  s'en  produit,  est  tou- 
jours très-faible; 


(   ioi6  ) 

»  3°  Que  les  soufres  qui  en  donnent  d'abord  cessent  d'en  produire, 
lorsqu'on  prolonge  l'ébullition  pendant  longtemps; 

»  4°  Que  la  propriété  de  produire  de  l'acide  sulfhydrique  que  possède 
quelquefois  le  soufre  peut  lui  être  enlevée  rapidement  par  certains  traite- 
ments chimiques. 

»  Or  la  conséquence  que  l'on  doit  tirer  de  tous  ces  résultats,  c'est  que  la 
production  de  l'acide  sulfhydrique  par  l'ébullition  du  soufre  dans  l'eau  est 
purement  accidentelle,  et  qu'elle  peut  être  attribuée  à  la  présence  d'une  ou 
de  plusieurs  matières  étrangères  dans  le  soufre  du  commerce.  Mais  quelle 
est  la  nature  de  cette  matière  étrangère?  M.  Planche  a  supposé,  il  y  a  déjà 
longtemps,  que  c'était  de  l'hydrogène. 

»  Sans  prétendre  décider  la  question,  je  citerai  une  expérience  qui  tend 
à  confirmer  cette  dernière  opinion.  J'ai  traité  parle  sulfure  de  carbone  un 
échantillon  de  fleur  de  soufre  qui  fournissait  une  quantité  assez  notable 
d'acide  sulfhydrique  par  son  ébullition  avec  l'eau,  et  j'en  ai  séparé  les  deux 
modifications  du  soufre  qu'elle  contenait  :  chacune  d'elles  a  été  traitée  sépa- 
rément; celle  qui  provenait  de  la  dissolution  dans  le  sulfure  de  carbone  a 
donné  de  l'hydrogène  sulfuré,  tandis  que  le  soufre  insoluble  n'en  a  fourni 
aucune  trace. 

»  Cette  expérience  pourrait  faire  supposer  que  la  matière  étrangère  con- 
tenue dans  le  soufre  est  un  hydrure  de  soufre;  toutefois  il  ne  faut  pas  ou- 
blier qu'il  ne  s'agit  ici  que  de  traces  de  matière,  et  que  dans  ce  cas  il  est 
toujours  très-difficile  de  se  prononcer.  Plusieurs  causes,  du  reste,  pour- 
raient concourir  au  même  résultat;  ainsi  j'ai  reconnu  qu'il  suffisait  de  l'ad- 
dition d'une  petite  quantité  de  cendre  ou  de  carbonate  de  chaux  pour  déter- 
miner la  production  de  l'acide  sulfhydrique  dans  un  ballon  où  du  soufre 
et  de  l'eau  bouillaient  ensemble  sans  en  fournir. 

»  L'action  lente  de  l'eau  sur  le  verre,  en  mettant  en  liberté  une  petite 
quantité  d'alcali,  suffirait  même  pour  expliquer  danscertains  cas  la  minime 
proportion  d'acide  sulfhydrique  que  l'on  observe. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  explications  je  crois  avoir  démontré  le  fait 
principal  indiqué  par  M,.  Fordos  et  par  moi  en  1846,  à  savoir  :  que  l'eau 
n'est  point  décomposée  à  ioo°  par  le  soufre  à  l'état  de  liberté. 

»  Or,  ce  fait  établi,  il  m'a  paru  curieux  d'examiner  s'il  en  serait  de  même 
en  opérant  à  des  températures  différentes.  Pour  cela,  au  lieu  d'opérer  à 
l'air  libre,  j'ai  chauffé  le  mélange  de  soufre  et  d'eau  dans  un  tube  effilé  à  la 
lampe  et  plongé  dans  un  bain  d'huile. 

»  J'ai  fait  quatre  expériences. 


(  i°'7  ) 

»  Dans  les  deux  premières  j'ai  chauffé  le  tube  pendant  trois  heures  à  i  5o°  ; 
il  ne  s'est  pas  produit  d'acide  suif  hydrique,  et  l'eau  du  tube  est  restée  sans 
action  sur  le  papier  bleu  de  tournesol. 

>>  Dans  la  troisième  expérience  «n  tube  semblable  a  été  chauffé  trois 
heures  de  plus  à  1900,  température  qui  correspond  à  dix  atmosphères,  et  là 
encore  les  résultats  ont  été  négatifs. 

»  Mais  dans  la  quatrième  expérience,  faite  exactement  dans  les  mêmes 
conditions  cpie  la  troisième,  les  résultats  ont  été  différents:  à  l'ouverture  du 
tube  le  liquide  avait  l'odeur  de  l'acide  suif  hydrique  ;  il  précipitait  la  disso- 
lution d'acétate  de  plomb;  il  rougissait  le  papier  de  tournesol,  et  il  a  été 
facile  d'y  constater  la  présence  de  l'acide  sulfurique. 

»  Dans  cette  expérience,  l'eau  avait-elle  été  réellement  décomposée  par 
le  soufre  seul,  ou  l'alcali  du  verre  ou  toute  autre  cause  était-elle  intervenue 
dans  la  réaction?  c'est  ce  que  je  ne  puis  décider.  La  haute  température  à 
laquelle  on  avait  opéré  ne  m'a  pas  permis  de  savoir  si  l'acide  sulfurique 
trouvé  résultait  de  la  destruction  de  l'acide  pentathionique.    « 

CHIMIE  MÉTALLURGIQUE.  —  Etudes  sur  l'acier;  Note  de  M.  H.  Caron,  présentée 
par  M.  II.  Sainte-Claire-Deville.  (Suite.) 

«  De  l'expulsion  du  phosphore  des  fontes.  —  Les  fontes  qui  contiennent  du 
soufre  ou  du  phosphore  donnent  des  fers  cassants  à  chaud  ou  à  froid  ; 
mais,  en  affinant  un  mélange  convenable  de  ces  deux  espèces  de  fonte,  on 
obtient  un  métal  dans  lequel  ces  défauts  sont  beaucoup  moins  sensibles. 
De  là  on  a  conclu  assez  généralement  que  le  soufre  et  le  phosphore  se  détrui- 
saient mutuellement,  ou  plutôt  formaient  une  combinaison  solide  ou  gazeuse 
susceptible  de  disparaître,  soit  avec  les  scories,  soit  avec  les  gaz  des  fours. 
Il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  analytiquement  cette  question  et  de  con- 
stater s'il  existait  réellement  un  moyen  d'expulser  le  phosphore  des  fontes. 
Je  demande  la  permission  d'exposer  les  expériences  que  j'ai  faites  à  ce  sujet. 

»  Deux  fontes,  l'une  sulfureuse,  l'autre  phosphoreuse,  faites  de  toutes 
pièces,  ont  été  analysées;  elles  contenaient  pour  100  de  métal  : 

Fonte  sulfureuse. 

Soufre. 1  ,o4 

Fonte  phosphoreuse. 

Phosphore o,85 

»   Des  poids  égaux  de  ces  deux  fontes  ont  été  fondus  ensemble  et  coulés; 

C.  R.,  i863,  ter  Semestre.  (T.  LVI,  N°  21.)  '  33 


(   .o,8  ) 


le  lingot  contenait  : 


Soufre  pour  100  de  fonte o,5i 

Phosphore  pour  100  de  fonte 0,42 

»  Il  n'avait  disparu  sensiblement  ni  soufre  ni  phosphore  ;  seulement 
chacun  de  ces  corps  se  trouvait  réparti  dans  une  quantité  double  de  métal. 

»  Le  lingot  de  fontes  mélangées  a  été  affiné  au  moyen  d'une  addition 
d'oxyde  de  fer  ;  ii  contenait  encore  après  cet  affinage  : 

Soufre  pour  100  de  fonte °j49 

Phosphore  pour  100  de  fonte 0,40 

>.   L'effet  de  l'affinage  a  donc  été  presque  nul . 

»  Enfin,  on  a  refondu  ce  dernier  lingot  avec  6  pour  100  de  manganèse 
métallique  pour  voir  si  ce  corps,  qui  a  la  propriété  d'entraîner  le  soufre, 
n'expulserait  pas  en  même  temps  le  phosphore;  la  tonte  analysée  a  donné  : 

Soufre  pour  ioo  de  fonte o,i5 

Phosphore  pour  100  de  fonte °>3ç) 

»   Le  soufre  avait  disparu  en  grande  partie,  mais  le  phosphore  était  resté. 

»  Ainsi  donc,  lorsque,  dans  l'industrie,  on  mélange  des  fontes  sulfureuses 
et  phosphoreuses  destinées  à  être  ensuite  affinées  ensemble,  on  ne  fait  dispa- 
raître en  aucune  façon  ni  le  soufre  ni  le  phosphore  ;  cette  opération  n'a 
d'autre  effet  que  de  disséminer  les  métalloïdes  nuisibles  dans  une  plus 
grande  quantité  de  métal  ;  autrement  dit,  au  lieu  d'obtenir  des  fers  très- 
cassants  à  chaud  ou  très-cassants  à  froid,  on  a  des  fers  qui  possèdent  en 
même  temps  ces  deux  défauts,  mais  à  un  degré  moindre,  qui  permet  de  les 
employer  plus  avantageusement  dans  l'industrie.  » 

minéralogie.  —  Mémoire  sur  le  pseudodimorphisme  de  quelques  composés 
naturels  et  artificiels;  par  M.  Des  Cmhzeaux,  présenté  par  M.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville. 

«  On  a  généralement  admis  jusqu'ici  qu'une  des  propriétés  essentielles 
des  corps  doués  de  l'isomorphisme,  tel  que  l'a  reconnu  et  défini  M.  Mit- 
scherlich,  était  de  pouvoir  s'allier  en  toutes  proportions  dans  les  combinai- 
sons dont  ils  font  partie.  D'intéressantes  recherches  sur  les  propriétés 
optiques  biréfringentes  des  corps  isomorphes  dues  à  H.  de  Senarmont, 
tout  en  montrant  que  l'isomorphisme  chimique  et  géométrique  n'entraînait 
pas  forcément   l'isomorphisme    optique,   ont    ajouté   aux  exemples  bien 


(  !QJ9  ) 
connus  des  péritlots,    des  grenats,  des  carbonates   rhomboédriques,  des 
spinelles,  des  aluns,  etc.,  ceux  des  cristaux  mixtes  formés  par  le  mélange 
en  proportions  variables  de  sels  à  propriétés  optiques  contraires,    tels  que 
l'hyposulfate  de  plomb  et  l'hyposulfate  de  strontiane,  le  sel  de  Seignette 
potassique  et  le  sel  de  Seignette  ammoniacal.    L'azotate  ammonicocéreux 
et  l'azotate  ammonicolanthaneux,  préparés  par  M.  Damour,  m'ont  fourni 
des  résultats  analogues,  et,  comme  l'a  fait  remarquer  de  Senarmont,  c'est 
probablement  par  des  alliages  cristallins  de  cette  nature  que  s'expliquent 
certaines  particularités  optiques  qu'on  rencontre  dans  les  micas,  les  topazes, 
les  pennines,  les  clinochlores,  et  dans  quelques  variétés  d'apophyllite.  Mais 
si  la  substitution,  en  quantité  indéterminée,  d'un  corps  isomorpbe  à   un 
autre  est  incontestable  dans  un  grand  nombre  de  cas,  elle  ne  paraît  pour- 
tant pas  offrir  toute  la  généralité  qu'on  lui  a  attribuée,  souvent  par  suite 
d'une  étude  incomplète  des  propriétés  physiques  décomposés  s'exprimant 
par  une  même  formule  chimique.  On  avait  déjà  remarqué  que  des  éléments 
isomorphes  par  eux-mêmes,  et  dans  plusieurs  de  leurs  combinaisons  homo- 
logues, cessent  de  l'être  dans  la  plupart  de  leurs  autres  combinaisons;  c'est, 
par  exemple,  le  cas  de  la  soude  et  de  la  potasse.  Dans  une  communication 
précédente  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à  l'Académie  (1),  j'ai  signalé  le 
changement  caractéristique  que  l'absence  complète  ou  la  présence  en  plus 
ou  moins  grande  quantité  de  plusieurs  autres  bases,   telles  que  la  chaux, 
la  magnésie,  les  oxydes  ferreux  et  manganeux,  qui  jouent  ordinairement 
le  même  rôle  dynamique,  apportent  dans  le  système  cristallin  de  diverses 
substances  chimiquement  isomorphes.  Ces  substances  n'ayant  que  des  con- 
stitutions atomiques  semblables,  avec  des  formes  géométriques  différentes, 
ne  peuvent  pas  être  considérées  comme  réellement  dimorphes,  puisque  le 
dimorphisme  suppose  l'identité  absolue  de  composition.  Il  me  semble  que 
le  nom  de  pseudodimovphes  indiquerait  assez  bien  l'espèce  d'état  intermé- 
diaire qu'elles   présentent.  Voici,  en  abrégé,  les   principaux  résultats  que 
fournit  l'examen  des  corps  où  le  pseudodimorphisme  a  été  constaté  jus- 
qu'ici. 

>■  Dans  la  combinaison  RSi,  la  magnésie  dominante  ou  la  magnésie  et 
l'oxyde  ferreux  produisent  les  prismes  rhomboïdaux  droits  de  l'enstatite, 
de  la  bronzite  et  de  l'hypersthene;  la  chaux  seule  produit  le  prisme  rhom- 
boidal  oblique  de  la  Wollastonite  incompatible  avec  celui  du  pyroxène  ; 


(i)   Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  séance  du  22  avril   1861. 


1 33 . . 


(    1020    ) 

l'oxyde  nianganeux  dominant  (3o  à  4g  pour  100)  produit  le  prisme  dou- 
blement oblique  de  la  rbodonite.  La  présence  simultanée  de  la  chaux  et 
de  la  magnésie,  ou  de  la  chaux  et  de  l'oxyde  terreux,  paraît  au  contraire 
indispensable  à  la  formation  des  véritables  pyroxènes  en  prisme  rhom- 
boïdal  oblique,  dont  les  trois  principaux  types  sont  le  diopside,  l'Héden- 


bergite  et  1  augite. 


»  La  constitution  des  amphiboles  R8  Si9  bien  cristallisées,  ayant  pour  types 
principaux  la  trémolite,  l'actinote  et  la  hornblende,  semble  exiger,  comme 
celle  des  pyroxènes,  de  la  chaux  et  de  la  magnésie,  avec  des  quantités 
d'oxyde  ferreux  variant  de  i  à  27  pour  100  environ.  Lorsque  la  chaux 
disparaît  complètement,  il  se  forme  de  l'anthophyllite  en  prisme  rhom- 
boïdal  clroil  ou  de  la  cummingtonite  en  prisme  rhomboïdal  oblique,  suivant 
que  la  magnésie  ou  l'oxyde  ferreux  est  la  base  dominante. 

»  Entre  la  Zoïsite  Ca6,Al\Si9  et  l'épidote  Ca6  (AÏ,  Fe)*,  Si9,  dont  j'ai 
démontré  l'incompatibilité  absolue  de  formes  cristallines  et  de  propriétés 
optiques  biréfringentes,  il  n'y  a  guère  qu'une  différence  du  simple  au 
double  dans  la  proportion  de  l'oxyde  ferrique,  les  Zoïsites  les  plus  ferru- 
gineuses en  renfermant  4  pour  100,  et  les  épidotes  les  moins  ferrugineuses 
seulement  8  pour  100;  il  est  vrai  que  celles-ci  contiennent  souvent  une 
petite  quantité  d'oxyde  ferreux  qui  manque  toujours  aux  premières.  On 
sait,  du  reste,  que  des  aiguilles  des  deux  minéraux  se  trouvent  quelquefois 
entrelacées  ensemble. 

»  Dans  le  feldspath  orthose  (K,  Na),  Al,  Si0,  la  moitié  de  la  potasse  peut 
èlre  remplacée  par  de  la  soude  sans  que  le  type  cristallin  soit  altéré.  Cette 
substitution  semble  influer  seulement  sur  l'écartement  des  axes  optiques  et 
sur  l'orientation  du  plan  qui  les  contient,  indépendamment  de  la  tempéra- 
ture à  laquelle  les  cristaux  sont  ou  ont  été  soumis.  Mais  lorsque  la  soucie 
devient  tout  à  fait  prédominante,  et  que  sa  quantité  est  au  moins  égale  à 
trois  ou  quatre  fois  celle  de  la  potasse,  c'est  de  l'albite  qui  se  produit. 

»  M.  Mitscherlich  avait  cru  trouver  dans  le  sulfate  de  potasse  un  exemple 
de  véritable  dimorphisme;  mais  l'illustre  physicien  avait  négligé  de  s'assurer 
de  la  composition  des  cristaux  hexagonaux  formés  dans  une  eau  chargée  de 
carbonate  de  soude.  Or,  d'après  M.  Penny,  les  cristaux  examinés  par 
M.  Mitscherlich  se  rapporteraient  à  la  formule  NaS  +  3KS;  et,  d'après 
une  analyse  récente  de  M.  Grandeau,  de  très-beaux  cristaux  à  un  axe  qui  se 
déposent  dans  les  eaux  mères  des  salins  provenant  de  la  fabrication  du 
sucre  de  betterave,   au  milieu  de  liqueurs  contenant  à  la  fois  du  sulfate  et 


(     1021     ) 

du  carbonate  de  potasse  et  du  carbonate  de  soude,  renferment  de  12  à  i5 
pour  100  de  soude;  leur  formule  est  donc  probablement  Na  S  +  2R  S.  Des 
cristaux  verdàtres  de  sulfate  de  potasse  uniaxes,  formés  accidentellement 
dans  une  cuve  de  bichromate  de  potasse,  contiennent  aussi  une  proportion 
notable  de  soude,  tandis  que  des  cristaux  à  deux  axes,  produits  en  même 
temps,  n'en  renferment  pas  d'une  manière  appréciable. 

»  Dans  les  spinelles  octaédriques  R,  Al,  la  magnésie  peut  être  remplacée 
en  tout  ou  en  partie  par  les  protoxydes  de  fer,  de  cobalt  et  de  zinc,  en 
même  temps  qu'à  une  portion  de  l'alumine  se  substituent  des  quantités 
variables  d'oxydes  ferrique  et  chromique.  Mais  lorsque  la  base  est  la  glu- 
cine,  que,  d'après  l'ensemble  de  ses  propriétés,  presque  tous  les  chimistes 
s'accordent  aujourd'hui  à  regarder  comme  isomorphe  des  monoxydes,  on 
obtient  la  cymophane  en  prisme  rhomboïdal  droit.  Quant  aux  bases,  chaux, 
baryte  et  oxyde  manganeux,  leur  affinité  pour  l'alumine  ne  parait  pas 
assez  grande  pour  donner  naissance  à  des  aluminates. 

»  Parmi  les  Wagnérites  R3Ph,  R  (FI,  Cl),  que  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville 
et  H.  Garon  ont  réussi  à  préparer  artificiellement,  l'une,  exclusivement 
calcaire  et  chlorée,  cristallise  en  prisme  rhomboïdal  droit,  tandis  que  les 
autres,  à  base  de  magnésie  avec  chlore,  ou  à  base  de  chaux  et  de  magnésie 
avec  chlore  et  fluor,  offrent  le  même  prisme  rhomboïdal  oblique  que  la 

Wagnérite  naturelle  Mg'Ph,  MgFl. 

»  L'isomorphisme  géométrique  partiel,  que  divers  auteurs  ont  signalé 
dans  plusieurs  groupes  naturels,  se  manifeste  dans  la  majorité  des  corps 
dont  je  viens  de  citer  le  pseudodimorphisme ,  car  on  trouve  une  zone 
commune  dans  les  groupes  suivants  :  enstatite,  bronzite,  hypersthène,  rho- 
doniteet  pyroxène;  anthophyllite  et  amphibole;  orthose  et  albite;  Wagné- 
rites naturelle  et  artificielles.  Cette  relation  n'existe  pourtant  pas  toujours, 
puisqu'il  n'y  a  aucun  rapport  entre  les  formes  de  la  Wollastonite  et  celles 
du  pyroxène,  entre  les  formes  de  la  Zoïsite  et  celles  de  l'épidote,  entre  les 
formes  des  spinelles  et  celles  de  la  cymophane.  Le  sulfate  de  potasse  rhom- 
bique  est  le  seul  qui  offre  une  forme  limite,  comme  cela  se  rencontre  fré- 
quemment parmi  les  corps  véritablement  dimorphes. 

»  Quoique  les  exemples  de  pseudodimorphisme  ne  soient  pas  encore 
assez  nombreux  pour  permettre  d'en  tirer  des  conclusions  générales  sur  les 
éléments  qui  doivent  être  regardés  comme  essentiels  dans  la  composition 
des  espèces  minérales  cristallisées,  ils  pourront  cependant  servir  de  guide 
à  la  synthèse  dans  ses  tentatives  pour  la  reproduction  de  ces  espèces.  Avec 


(     1022    ) 

les  faits  déjà  connus  parles  travaux  d'Ebelmen  (i),  de  deSenarmont  (2),  de 
M.  Daubrée  (3  )  et  de  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  H.  Caron  (4),  il  y  a 
lien  d'espérer  que  des  recherches  ultérieures  nous  apprendront  à  fixer  les 
limites  entre  lesquelles  le  remplacement  de  certaines  bases  par  leurs  iso- 
morphes peut  avoir  lieu  sans  amener  de  changement  fondamental  dans  la 
forme  géométrique  des  composés  cristallisés,  et  à  préciser  ainsi  des  rapports 
sur  lesquels  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  a  le  premier  appelé  l'attention  des 
savants  (5).  » 

cfiimie  aghicole.  —  Production  de  nitrates;  leur  application  eu  agriculture; 
Note  de  M.   BoiîTiEit,  présentée  par  M.  Pasteur. 

«  L'auteur  traite  dans  ce  travail  des  avantages  que  présente  en  agriculture 
l'emploi  du  fumier  de  ferme  additionné  de  craie. 

»  Il  constate,  par  des  expériences  pratiques,  qu'en  choisissant  l'espèce 
de  craie  convenable  et  en  opérant  dans  les  conditions  qu'il  indique,  on 
peut  augaienter  notablement  la  propriété  fertilisante  des  engrais. 

»  Il  entre  aussi  dans  quelques  considérations  théoriques,  et  attribue  ces 
résultats  heureux  a  la  formation  de  divers  nitrates  alcalins  dont  l'analyse 
chimique  constate  en  effet  la  présence  dans  ces  engrais.   » 

31.  Becquerel  fait  connaître,  dans  les  termes  suivants,  une  pile  com- 
binée par  M.  Arnaud  pour  les  usages  médicaux  et  qu'il  désigne  sous  le  nom 
de  pile  sacrifiée  : 

«  M.  Arnaud  est  parvenu  à  réduire  la  pile  à  sulfate  de  cuivre  à  une  très- 
petite  dimension,  capable  néanmoins  de  faire  fonctionner  avec  éner«ie  les 
appareils  d'induction  électro-médicaux.  La  modicité  du  prix,  ofr,  25,  permet 
de  sacrifier  la  pile  après  chaque  application  d'une  heure  environ,  ce  qui 
donne  l'avantage  d'avoir  des  surfaces  toujours  neuves  et  permet  d'obtenir 
un  résultat  toujours  identique.    » 

1  1  )  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  XXXIII,  p.  66. 
1)   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  XXX,  p.   137. 

(3)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,   t.  XXXIX,  p.  l35. 

(4)  Mémoire  sur  l'apatite,  la  Wagnérite  et  quelques  espèces  artificielles  de  phosphates 
métalliques;  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  LXVIï. 

5)  Études  de  lithologie;  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  XL,  et  Essai  sur  la 
répartition  des  corps  simples  dans  les  substances  naturelles;  Comptes  rendus  de  l'Académie, 
t.  LIV,  p.  782. 


(     1023    ) 

M.  Grimaud,  de  Caux,  qui  avait  précédemment  présenté  le  plan  d'une 
carte  hygiénique  de  la  France  avec  indication  des  renseignements  divers  qu'il 
était  indispensable  de  réunir  pour  chaque  localité,  transmet  le  résumé  d'une 
Note  dans  laquelle  M.  Damoiseau  satisfait  à  ces  desiderata  pour  la  ville 
d'Alençon,  chef-lieu  du  département  de  l'Orne. 

M.  Verxier  adresse  de  Besançon  des  images  photographiques  des  phases 
successives  de  Yéclipse  partielle  de  soleil  du  17  mai  courant  et  indique  les 
circonstances  particulières  que  présentent  ces  images  comparées  à  celles  du 
1 S  juillet  1 836  et  du  3i  décembre  1861,  qu'il  avait  également  fait  parvenii 
à  l'Académie. 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 
M.  le  Secrétaire  perpétuel  lit  une  Lettre  de  M.  le  Ministre  d'Etat  jointe 
à  l'ampliation  d'un  décret  impérial  autorisant  l'Académie  à  accepter  la  do- 
nation faite  par  Madame  la  baronne  Damoiseau  d'une  somme  de  aoooot'r. 
dont  le  revenu  formera  le  montant  d'un  prix  annuel  dit  Prix  Damoiseau. 

Il  est  donné  lecture  d'une   Lettre  de  M.   le  Ministre  de  l'Instruction 

publique  qui  invite  l'Académie  à  lui  présenter  deux  candidats  pour  la  place 
vacante  de  troisième  Membre  du  Bureau  des  Longitudes  appartenant  à  la 
marine. 

Une  Commission  formée  par  la  réunion  des  trois  Sections  de  Géographie 
et  Navigation,  d'Astronomie  et  de  Géométrie  est  chargée  de  préparer  une 
liste  de  candidats. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  a5  mai  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Mémoires  couronnés  et  autres  Mémoires  publiés  par  l'Académie  royale  de 
Belgique;  t.  XIII  et  XIV.  Bruxelles,  1862  ;  1  vol.  in-8°. 

Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique  ;  t.  XIII,  2e  série;  t.  XIV., 
2e  série,  3ie  année,  1862.  Bruxelles,  1862  ;  2  vol.  in-8°. 


(     1024    ) 

Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  dt 
Belgique;  29e  année,  i863.  Bruxelles,  i863;  1  vol.  in-8°. 

Académie  royale  de  Belgique  :  Bibliothèque  de  M.  le  baron  deStassart,  léguét 
à  r Académie  royale  de  Belgique.  Bruxelles,  i863;  1  vol.  in-8°. 

Annales  de  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles,  publiées  aux  frais  de  l  Etat,  pai 
le  directeur  A.  Quetelet;  t.  XV.  Bruxelles,  1862;  1  vol.  in-4°- 

Différence  des  temps  entre  Bruxelles  et  Vienne  pour  les  époques  critiques  des 
i)lanles  et  des  animaux.  —  Aurore  boréale  du  i{\  au  i5  décembre  1862.  —  Bolidt 
observé  dans  la  soirée  du  4  mars  1 863.  —  De  la  variation  annuelle  de  l'inclinai- 
son  et  de  la  déclinaison  magnétiques  à  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles  depuis 
1827  jusqu'à  ce  jour.  —  Sur  les  nébuleuses,  sur  i  hygrométrie ,  sur  les  varia- 
tions périodiques  de  l'atmosphère.  5  brochures  in-8°,  par  M.  A.  Quetelet  , 
secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  royale  de  Belgique.  (Extraits  des  Bulle- 
tins de  l'Académie  royale  de  Belgique.) 

Annuaire  de  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles  ;  par  A.  QUETELET,  directeur 
de  cet  établissement;  1 863,  3oe  année;  1  vol.  in-12.  Bruxelles,  1862. 

Climat  de  la  Belgique.  (Extrait  de  l'Exposé  de  la  situation  du  royaume, 
période  décennale  de  i85i-i86o.)  Br.  in-4°. 

Note  recommandée  par  un  Membre  de  i  Académie  des  Sciences  à  l'attention 
île  ses  confrères  (M.  le  comte  Jaubert). 

Le  Jardin  fi  ailier  du  Muséum  ;  61e  liv.  in-4°,  par  M.  DECAISSE. 

Annales  des  Mines;  t.  Il,  6e  liv.  de  1862  ;  1  vol.  in-8°.  Paris,  1862. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturtdisles  de  Moscou,  publié  sous  la 
rédaction  du  Dr  Renard,  année  1862,  n°  1,  avec  4  planches;  1  vol.  in-8°. 
Moscou,  1862. 

Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne, 
année  1862,  16e  volume,  3e  trimestre.  Auxerre,  1862;  1  vol.  in-8°. 

Thèses  présentées  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  pour  le  doctoral 
es  sciences  physiques,  par  M.  P. Schutzenrerger,  docteur  en  Médecine,  etc. 

ire  Thèse.  Essai  sur  les  substitutions  des  éléments  électro-négatijs  aux  métaux 
dans  les  sels,  et  sur  les  combinaisons  des  acides  anhydres  entre  eux. 

2e  Thèse.  Propositions  de  physique  données  par  la  Faculté.  Strasbourg, 
i863;  br.  in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  1er  JUIN  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Renault,  l'un  de  ses  Correspondants  pour  la 
Section  d'Economie  rurale. 

Le  savant  professeur  d'Alfort,  ainsi  qu'on  l'apprend  par  une  Lettre  de 
son  fils  M.  L.  Renault,  est  mort  à  Bologne,  le  27  mai  dernier,  enlevé  par 
une  fièvre  pernicieuse  dont  il  avait  pris  le  germe  dans  les  marais  Pontins  où 
il  s'était  rendu  pour  étudier  le  typhus  des  bétes  à  cornes. 

PHYSIOLOGIE.  —  Note  sur  r infection  purulente;  par  NI.  Flourens. 

«  J'ai  montré  quelle  est  l'action  du  pus,  dans  certaines  conditions  don- 
nées. Le  pus  d'un  animal,  porté  sur  la  dure-mère  d'un  autre  animal,  produit 
une  méningite  et  cause  la  mort.  Le  jnts  de  la  méningite,  porté  de  la  dure-mère 
sur  la  plèvre,  produit  une  pleurésie;  le  pus,  porté  sur  le  péritoine,  produit 
une  péritonite,  ou,  sur  le  péricarde,  une  péricardite. 

»  J'ai  eu,  d'abord,  quelque  difficulté  pour  arriver  jusqu'au  péricarde. 
J'y  suis  enfin  parvenu.  J'ai  porté  du  pus  à  la  fois  sur  les  deux  plèvres  et  sur 
le  péricarde.  L'animal  est  mort  au  bout  de  deux  jours. 

»  J'ai  trouvé  :  i°  un  épanchement  considérable  dans  la  plèvre  droite, 
avec  une  injection  sanguine  très-prononcée  delà  plèvre;  a0  un  épanche- 
ra  R.,  i863,   1er  Semés  Ire.   (T.  LVl,  N°  22.)  I  34 


(    I02Ô    ) 

ment  plus  considérable  dans  la  plèvre  gauche,  avec  une  injection  plus  vive 
delà  plèvre;  3°  enfin  un  épanchement  tout  à  fait  purulent  dans  la  cavité 
du  péricarde. 

»  Dans  tous  ces  cas,  le  pus  a  agi  comme  virus  ou  comme  poison.  En  serait- 
il  de  même  de  toute  espèce,  ou  plutôt  de  toute  qualité  de  pus  ? 

»  M.  Jules  Guérin,  L'habile  inventeur  de  la  méthode  sous-cutanée,  et  dont 
l'opinion  sur  le  sujet  qui  m'occupe  est  d'un  si  grand  poids,  pense  que  \epus 
n'agit  comme  poison  que  lorsqu'il  a  été  altéré  par  [air  (i). 

»  Ceci  est  une  question  nouvelle,  et  très-importante.  Mais  comment  la 
résoudre?  comment  porter  le  pus  d'un  animal  sur  un  autre  animal,  sans 
l'exposer  au  contact  de  l'air?  comment  lui  faire  traverser  l'air  sans  qu'il 
touche  l'air? 

»  Le  lapin  est  un  animal  sur  lequel  les  abcès  se  forment  avec  la  plus 
grande  facilité.  On  n'a  qu'à  introduire  un  corps  étranger  quelconque  :  un 
morceau  de  bois,  d'os,  de  corde,  etc.,  dans  le  tissu  cellulaire  d'un  lapin, 
le  corps  étranger  est  bientôt  entouré  de  pus.  A  mesure  que  le  pus  s'accu- 
mule, il  refoule  le  tissu  cellulaire  en  tous  sens;  le  tissu  cellulaire,  refoulé, 
se  condense  en  une  sorte  de  membrane,  véritable  kyste  ou  sac  sans  ouverture 
qui  enveloppe  le  pus  de  toutes  parts.  Le  pus  est  ainsi  parfaitement  clos,  par- 
faitement enfermé  dans  la  membrane  où  il  se  génère.  Il  y  est  contenu 
comme  un  fruit  l'est  dans  sa  peau.  On  peut  détacher  ce  fruit,  ce  kyste,  sans 
l'ouvrir,  sans  exposer  le  pus  au  contact  de  l'air. 

»  J'ai  retiré  plusieurs  de  ces  kystes  sans  les  ouvrir.  Assurément,  l'air  n  a 
pu  toucher  le  pus. 

»  J'ai  introduit  ces  kystes,  non  ouverts,  dans  l'abdomen  de  plusieurs 
chiens.  Presque  tous  ces  chiens  sont  morts  au  bout  d'un  ou  deux  jours. 
A  l'examen  des  parties,  j'ai  trouvé  le  kyste  ouvert,  le  pus  épanché,  et  le 
péritoine  rempli  de  sérosité. 

»  J'ai  fait  pratiquer  une  couronne  de  trépan  sur  le  crâne  de  plusieurs 
chiens. 

»  Sous  la  dure-mère  d'un  de  ces  chiens,  j'ai  porté  quelques  gouttes  du 
kyste  d'un  lapin.  Ce  chien  est  mort  d'une  méningite. 

»  Sur  un  autre  de  ces  chiens  à  crâne  ouvert,  on  a  fendu  la  dure-mère,  et 
l'on  a  placé  sur  l'hémisphère  gauche  un  morceau  de  corde,  noyau  d'un  abcès 
de  lapin.  Ce  morceau  de  corde  était  tout  imbibé  de  pus. 

»   Quarante  heures  après  l'opération,  le  chien  meurt.  On  trouve  un  épan- 

(i)  Gazette  médicale,  p.  187;  i863. 


(     '027    ) 

chement  de  pus  et  de  sang  sous  la  dure-mère  du  côté  gauche,  et  un  épan- 
cheuient  tout  pareil  dans  les  ventricules. 

»  Voici  quelque  chose  de  plus  décisif  encore.  Tous  les  chiens,  soumis  à 
l'infection  purulente,  ne  meurent  pas.  Dans  mes  précédentes  expériences  où 
j'opérais  avec  un  pus  malsain,  mêlé  de  sérosité,  vicié  par  l'air,  tous  les  chiens 
ne  mouraient  pas.  Dans  ces  nouvelles  expériences,  j'ai  opéré  avec  un  pus 
exactement  préservé  du  contact  de  l'air;  la  plupart  des  chiens  ont  néan- 
moins succombé. 

»  Bien  plus,  j'ai  pris  un  abcès,  un  kyste  de  lapin;  je  l'ai  ouvert,  je  l'ai 
tenu  pendant  trois  jours  exposé  à  l'air.  J'ai  porté  alors  du  pus  de  ce  kyste 
sur  la  dure-mère  et  sur  le  péritoine  de  plusieurs  chiens.  Parmi  ces  chiens, 
quelques-uns  n'ont  rien  éprouvé.  Presque  tous  les  autres  sont  morts  de 
méningite  ou  de  péritonite. 

«  Le  pus  a  donc  une  virulence  propre,  et  indépendante  de  l'action  de 
l'air  (i). 

»  Quant  au  pus,  resté  en  place  et  dans  l'organe  où  il  se  forme,  ce  pus  est 
inoffensif.  Il  séjourne  quelquefois  longtemps  dans  un  même  lieu,  sans 
donner  aucun  signe  de  sa  présence.  En  disséquant  des  lapins  pour  une  re- 
cherche quelconque,  on  trouve  souvent  de  petits  corps,  gros  comme  une 
noix,  ou  même  plus  gros.  On  ouvre  ces  corps,  on  les  trouve  pleins  de  pus. 
L'animal  n'avait  point  paru  en  souffrir. 

»  Dans  les  abcès  du  cerveau,  provoqués  pour  mes  expériences,  ordinai- 
rement le  pus  se  résorbe  et  l'animal  guérit.  Ce  n'est  que  lorsqu'il  est  trans- 
porté d'un  animal  sur  un  autre,  ou  d'un  organe  sur  un  autre,  que  le  pus  agit 
comme  poison. 

»  Je  finis  en  répétant  ce  que  j'ai  déjà  dit,  savoir  :  que  je  ne  fais  ici 
qu'apporter  de  nouvelles  preuves  à  l'appui  d'une  théorie  reçue.  La  théorie 
est  reçue,  elle  est  établie,  tout  le  monde  en  sent  l'importance  :  «  Qu'on  ne 
»  s'y  trompe  pas,  dit  M.  Maisonneuve,  la  théorie  de  Yinjection  purulente  est 
»  destinée,  d'ici  à  peu  de  temps,  à  transformer  profondément  la  chi- 
"   rurgie  (i).   » 

»  Je  laisse  à  M.  Maisonneuve,  juge  si  compétent,  le  soin  d'apprécier  tout 

(i)  Cependant  ce  pus,  préservé  de  l'action  de  l'air,  m'a  paru  produire,  ordinairement, 
des  méningites  moins  violentes.  On  verra,  dans  une  prochaine  Note,  le  parti  que  j'ai  tiré  de 
repus  à  moindre  énergie  pour  déterminer  des  affections  distinctes  des  diverses  méninges. 

(2)   Clinique  chirurgicale,  p.  vm. 

i34.. 


(     1028    ) 

ce  qui  a  été  fait  sur  l'infection  purulente,  depuis  M.  Velpeau  jusqu'à  lui.  Je 
tiens  moins  à  ajouter  quelque  nouveau  détail  à  ces  beaux  travaux  qu'à  les 
signaler.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Deuxième  Note  sur  le  développement  de  l'articulation 
vertébro-sternale  du  Glyptodon  et  les  mouvements  de  flexion  et  d'extension  de 
la  tête  chez  cet  animal  fossile;  par  M.  Serres. 

«  Tout  se  suit  dans  la  disposition  de  l'organisme  des  vertébrés.  Une 
modification  dans  une  de  ses  parties  en  entraîne  nécessairement  d'autres  qui 
lui  sont  corrélatives,  et  qui  se  rattachent  à  la  première  comme  un  effet  à  sa 
cause.  Les  modifications  des  parties  peuvent  être  distinguées  en  initiales  ou 
naturelles,  et  en  secondaires  ou  artificielles  et  acquises.  Les  premières, 
toujours  plus  profondes,  sont  inhérentes  à  la  constitution  même  de  l'animal, 
et  ont  été  créées  avec  lui;  les  secondes,  plus  superficielles,  très-rares  et  en 
quelque  sorte  accidentelles,  peuvent  être  produites,  soit  par  ['habitat  des 
animaux,  soit  par  des  habitudes  contractées  sous  l'influence  de  leurs  besoins. 
A  laquelle  des  deux  causes  peut-on  attribuer  la  formation  de  la  double 
articulation  vertébro-sternale  du  Glyptodon,  dont  nous  avons  donné  la 
description  dans  la  première  Note? 

»  Cette  double  articulation,  étrangère  aux  Mammifères  vivants,  s'est-elle 
faite  d'elle-même  par  la  répétition  de  l'acte  qui  rendait  son  existence  néces- 
saire à  la  vie  de  cet  animal  fossile?  ou  bien  a-t-elle  été  faite  primitivement 
et  par  une  volonté  créatrice?  Tels  sont  les  deux  problèmes  qui  se  posent 
d'eux-mêmes  devant  les  physiologistes  et  qui,  présentement,  offrent  une 
actualité  d'un  grand  intérêt,  depuis  que  les  vues  de  Lamark  sur  le  dévelop- 
pement des  espèces  et  des  modifications  organiques,  ont  reçu  des  travaux  d< 
M.  Darwin  une  extension  nouvelle. 

»  Or,  si  nous  montrons,  d'une  part,  que  l'habitude  ou  la  répétition  de 
l'acte  qui  fléchissait  la  tête  et  amenait  chez  le  Glyptodon  le  retrait  de  cette 
partie  sons  la  voûte  de  la  carapace  était  impropre  h  donner  naissance  à 
une  articulation  vertébrale;  si  nous  montrons,  d'autre  part,  qu'en  supposant 
cette  articulation  produite  ainsi  artificiellement,  elle  eût  été  impropre  à  se 
transmettre  par  voie  de  génération,  il  en  résultera,  ce  me  semble,  que  l'ar- 
ticulation du  Glyptodon  a  dû  être  produite  initialement,  ou  au  moment  où 
l'animal  a  été  créé. 

»  A  l'appui  de  la  première  assertion,  je  rapporterai  d'abord  le  fait  si 
fréquent  en  tératologie  de  l'incurvation  de  la  colonne  vertébrale  de  l'homme 


(  i°29  ) 
au  niveau  de  la  deuxième  et  troisième  vertèbre  dorsale,  c  est-à-dire  au  lieu 
même  où  se  manifeste  l'articulation  chez  le  Glyptodon.  Dans  ces  cas,  dont 
j'ai  sous  les  yeux  quatre  exemples  que  j'ai  préparés  moi-même  pour  en 
étudier  avec  soin  le  mécanisme,  le  corps  de  ces  deux  vertèbres  est  infléchi 
l'un  vers  l'autre,  le  fibro-cartilage  est  beaucoup  plus  épais  en  arrière  qu'en 
avant,  et  la  flexion  est  aussi  prononcée  que  chez  le  Glyptodon.  Dans  aucune, 
nulle  trace  d'articulation  ne  se  manifeste.  Dans  un  cinquième  cas,  le  corps 
de  la  deuxième  vertèbre  dorsale  était  en  partie  carié.  Dans  un  sixième,  un 
mouvement  de  torsion  s'était  opéré  sur  le  corps  de  ces  deux  vertèbres  sans 
y  produire  de  vestiges  d'articulation.  Dans  tous,  la  flexion  insolite  de  cette 
partie  de  la  colonne  vertébrale  en  avait  déterminé  une  seconde  à  la  jonction 
de  la  première  pièce  du  sternum  avec  la  seconde,  de  manière  à  grandir  la 
loge  du  médiastin  antérieur. 

»  De  tous  les  Mammifères,  l'homme  est  celui  dont  les  mouvements  de  la 
colonne  vertébrale  sont  les  plus  variés  et  les  plus  grands,  facultés  qui  déri- 
vent nécessairement  de  sa  rectitude.  La  flexion  est  surtout  très-étendue,  ce 
qui  était  indispensable,  puisque  c'est  principalement  en  avant  que  nous 
dirigeons  nos  efforts  sur  les  corps  qui  nous  environnent.  Indépendamment 
de  la  flexion  qui  s'exerce  sur  la  partie  de  la  région  dorsale  que  nous  venons 
d'indiquer,  il  en  est  une  autre  où  ce  mouvement  est  beaucoup  plus  étendu 
et  plus  facile  :  c'est  la  région  lombaire.  Aussi  est-ce  dans  cette  région  que 
les  incurvations  anormales  se  manifestent  de  préférence,  et  c'est  vers  le  point 
central  de  ce  mouvement  si  fréquent  dans  les  exigences  de  la  vie  ordinaire 
que  pourrait  se  développer  une  articulation  insolite,  si  la  répétition  de  cet 
acte  était  propre  à  lui  donner  naissance. 

»  Or,  sur  dix  cas  (i)de  cette  incurvation  lombaire  dont  la  flexion  a  atteint 
ses  dernières  limites,  il  n'en  est  aucun  sur  lequel  on  remarque  la  moindre 
tendance  à  la  production  d'une  articulation  ginglymoïdale.  La  répétition 
du  même  acte  de  flexion  est  donc  impropre  par  elle-même  à  donner  nais- 
sance à  une  articulation  sur  le  trajet  de  la  colonne  vertébrale. 

>»  Voilà  pour  la  première  question;  arrivons  maintenant  à  la  seconde,  et 
montrons  que,  lorsqu'une  articulation  insolite  et  artificielle  en  quelque 
sorte  se  développe  sur  une  surface  de  l'organisme,  elle  reste  individuelle 

(i)  De  ces  dix  cas  que  j'ai  sous  les  yeux,  six  appartiennent  au  musée  de  l'École  anato- 
mique  des  hôpitaux,  quatre  sont  dans  la  belle  collection  orthopédique  de  M.  le  D1  J.  Gue- 
rin,  déposée  provisoirement,  sur  la  demande  de  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique, 
dans  l'une  des  salles  de  ce  musée. 


(  io3o  ) 
et  ne  se  transmet  jamais  par  voie  de  génération.  La  coxalgie,  si  fréquente 
chez  l'homme,  va  nous  en  fournir  la  preuve.  On  sait  que  cette  affection 
de  nature  scrofuleuse,  consiste  dans  la  luxation  spontanée  du  fémur.  La  tète 
de  cet  os,  chassée  de  la  cavité  cotyloïde,  vient  se  loger  sur  la  face  externe  de 
l'os  coxal,  où  il  se  développe  une  articulation  artificielle  qui  remplace  la 
cavité  articulaire  naturelle  effacée  plus  ou  moins  complètement.  Or,  ces 
cas,  dont  nous  ohservons  plusieurs  exemples  tous  les  ans  chez  des  adultes 
dans  les  salles  de  dissection  de  l'École  anatomique  des  hôpitaux,  sont  et 
restent  purement  individuels;  jamais  leur  transmission  n'a  lieu  par  voie  de 
génération.  La  nécessité  de  pouvoir  fléchir  le  col  pour  ahriter  la  tête  sous 
la  carapace  nous  paraît  donc  la  cause  déterminante  delà  création,  chez  le 
Glyptodon,  de  la  douhle  articulation  vertéhro-sternale;  c'est  un  fait  initial. 
Cette  douhle  articulation  a  été  faite  avec  l'animal  et  ne  s'est  point  faite  elle- 
même  ;  elle  est  le  résultat  et  le  moyen  de  réalisation  d'une  idée  préconçue  au 
moment  de  la  création  de  cet  animal,  et  ce  qui  le  prouve,  ce  sont  les  modi- 
fications que  nécessite  cette  faculté  nouvelle  dans  d'autres  parties  de  l'orga- 
nisme; car,  la  tête  ainsi  fléchie,  il  fallait  la  redresser,  et  pour  redresser  une  tète 
si  lourde,  si  massive  que  celle  du  Glyptodon,  il  était  nécessaire  d'accroître  la 
force  de  ses  muscles  extenseurs.  J'ai  signalé  dans  un  autre  travail  le  contraste 
qui  existe  entre  la  faiblesse  du  corps  vertébral  des  cinq  dernières  vertèbres 
cervicales  chez  le  Glyptodon  et  la  force  que  présentent  les  masses  latérales 
de  ces  vertèbres.  Cette  faiblesse  du  corps  des  vertèbres  cervicales  est  d'au- 
tant plus  étrange  chez  cet  animal,  que,  dans  la  queue,  ce  même  corps  des 
vertèbres  caudales  est  très-fort,  et  contraste  également  avec  la  faiblesse 
relative  des  masses  latérales  de  ces  vertèbres. 

»  Je  n'ai  indiqué  que  le  fait  :  il  faut  maintenant  chercher  la  raison  de 
l'excès  de  développement  des  masses  latérales  des  vertèbres  cervicales  et  des 
deux  premières  dorsales.  On  la  trouve,  cette  raison,  dans  la  force  que  de- 
vaient nécessairement  avoir  chez  cet  animal  fossile  les  muscles  releveurs  de 
la  tête,  et  particulièrement  les  complexus  et  les  splénius. 

•>  Ici  se  décèle  l'admirable  loi  de  la  corrélation  du  système  musculaire 
avec  le  système  osseux  dans  l'ensemble  des  Vertébrés  en  général,  et  parti- 
culièrement chez  les  Mammifères  vivants  et  fossiles.  En  voyant  chez  le  Glyp- 
todon la  force  des  apophyses  transverses  des  trois  premières  vertèbres 
dorsales,  et  celle  des  mêmes  apophyses  dans  les  cinq  dernières  vertèbres  cer- 
vicales, on  juge  avec  certitude  que  les  insertions  postérieures  des  muscles 
grand  complexus  devaient  avoir  une  grande  étendue  et  par  suite  une  grande 
force.  Les  digitations  musculaires  insérées  sur  les  masses  latérales  des  deux 


(  io3i  ) 

premières  vertèbres  dorsales  devaient  surtout  être  remarquables  sous  ce 
double  rapport.  Les  insertions  occipitales  de  ces  muscles  aux  empreintes 
rugueuses  de  la  moitié  interne  de  l'espace  compris  entre  les  deux  lignes 
courbes  de  cet  os,  très-développées  cbez  le  Glyptodon,  concordaient  avec 
la  force  des  faisceaux  musculaires  qui  venaient  y  prendre  leur  point  d  at- 
tache. Il  en  était  de  même  du  petit  complexus,  dont  lesdigitations,  partant 
en  arrière  des  tubercules  postérieurs  des  quatre  dernières  vertèbres  cervi- 
cales, s'implantaient  à  l'apophyse  mastoïde,  et  faisaient  suite  aux  insertions 
occipitales  du  grand  complexus  et  du  splénius. 

»  Les  complexus  étaient  les  muscles  qui  agissaient  le  plus  activement 
pour  redresser  la  tête  du  Glyptodon.  Or,  dans  cette  action,  le  point  fixe 
avait  lieu  sur  les  masses  latérales  des  deux  premières  vertèbres  dorsales,  qui, 
dans  ce  but,  étaient  ankylosées  et  formaient  ainsi  en  arrière  une  masse 
unique. 

»  Les  muscles  splénius  sont  en  quelque  sorte  les  satellites  des  complexus. 
Leur  insertion  en  arrière  aux  apophyses  épineuses  des  deux  dernières  ver- 
tèbres cervicales  étaient  très-fortes  chez  le  Glytptodon  ;  mais  ce  qui  distin- 
guait cet  animal  fossile,  c'est  que  chez  lui  l'ankylose  des  deux  premières 
vertèbres  dorsales  avait  produit,  par  la  fusion  des  apophyses  épineuses  de 
ces  vertèbres,  une  éminence  osseuse  énorme  d'une  forme  conique  (i),  émi- 
nence  à  laquelle  les  faisceaux  les  plus  inférieurs  du  muscle  venaient  s'im- 
planter, ainsi  que  le  ligament  cervical.  On  peut  juger,  parle  volume  de  cette 
éminence,  de  la  force  des  faisceaux  musculaires  qui  venaient  y  prendre  leur 
insertion,  ainsi  que  sur  le  ligament  cervical,  comme  cela  a  lieu  chez  les 
grands  Mammifères. 

»  Chez  les  Mammifères  et  chez  l'homme,  supérieurement  chez  ce  dernier 
et  intérieurement  chez  les  premiers,  le  splénius  est  divisé  en  deux  parties  si 
distinctes,  que  plusieursanatomistesen  ont  fait  deux  muscles  différents.  Chez 
le  Glyptodon,  le  volume  des  apophyses  transverses  de  l'atlas  et  de  i'axis 
devait  rendre    cette  distinction  très-tranchée  par  l'insertion  de  la  partie 

(i)  Le  plateau  de  cette  éminence,  sur  lequel  reposait  en  avant  la  carapace,  est  plane;  il  a 
d'arrière  en  avant  3  centimètres  },  et  5  centimètres  transversalement.  Sa  surface  inégale  est 
lisse  et  polie,  elle  semble  indiquer  qu'un  mouvement  de  glissement  de  la  carapace  pouvait 
s'opérer  en  cet  endroit  pour  favoriser  la  flexion  du  col.  Aux  quatre  extrémités  de  ce  plateau 
on  remarque  des  éminences  saillantes  qui,  sans  doute,  donnaient  attache  à  de  forts  ligaments, 
et  qui  étaient  destinés  peut-être  à  faciliter  ce  glissement.  Au  reste,  la  dissection  des  moyens 
d'attache  de  la  carapace  du  Tatou  Encoubert  nous  donnera  peut-être  quelques  éclaircissements 
à  ce  sujet. 


(     !o32    ) 

cervicale  sur  ces  deux  apophyses.  Quant  aux  insertions  occipitales,  elles 
faisaient  suite  à  celles  du  complexus  et  occupaient  la  moitié  externe  de  l'es- 
pace compris  entre  les  deux  lignes  courbes  de  l'occipital,  eu  s  étendant  en 
dehors  au  delà  de  l'apophyse  mastoïde.  Si  on  suppose  la  tète  du  Glyptodon 
fléchie,  on  voit  par  cette  disposition  des  muscles  splénius  combien  leur 
action  devait  être  puissante  pour  en  opérer  le  redressement,  surtout  lorsque 
leur  action  était  combinée  d'une  part  avec  celle  des  complexus,  dont  ils  ne 
sont  que  les  satellites,  et  d'autre  part  avec  les  muscles  qui  environnent 
l'articulation  atloïdo-occipitale. 

»  La  force  des  masses  latérales  des  vertèbres  cervicales  et  des  deux  pre- 
mières dorsales  est  donc  déterminée  chez  le  Glyptodon  par  le  volume  que 
devaient  avoir  les  muscles  extenseurs  du  col,  afin  de  relever  la  tète  lors- 
qu'elle était  fléchie  par  l'animal  ;  d'où  l'on  voit,  d'une  part,  comment  cette 
hypertrophie  des  masses  latérales  des  vertèbres  se  liait  nécessairement  à  la 
présence  de  l'articulation  vertébro-sternale,  qui  permettait  la  flexion  de  la 
tète  ;  d'où  l'on  voit,  d'autre  part,  d'après  le  principe  du  balancement  des 
parties  organiques,  comment  l'hypertrophie  de  ces  masses  osseuses  déter- 
minait l'atrophie  des  corps  vertébraux  de  cette  région.  Or,  de  cette  hyper- 
trophie des  masses  latérales  des  vertèbres  cervicales  et  de  l'atrophie  de  leurs 
corps  résulte,  chez  le  Glyptodon,  une  gouttière  profonde  sur  la  région  anté- 
rieure du  col,  gouttière  dans  laquelle  étaient  logés.la  trachée-artère  et  l'œso- 
phage. J'ai  déjà  dit  que  les  vertèbres  caudales  offraient  une  disposition 
inverse  de  celles  du  col;  dans  la  queue,  l'hypertrophie  du  corps  vertébral 
a  produit  l'atrophie  des  masses  latérales  des  vertèbres;  aussi  ne  remarque- 
t-on  dans  cette  région  nulle  trace  de  la  gouttière  dont  nous  venons  d'indi- 
quer la  formation  dans  la  région  cervicale  (i). 

»  Au  reste,  du  moment  qu'une  double  articulation  nouvelle  avait  été 
reconnue  chez  le  Glyptodon,  il  nous  a  paru  nécessaire  d'en  étudier  avec 
soin  toutes  les  conditions.  Son  siège,  si  inattendu  dans  l'organisation  des 
Mammifères  vivants;  le  mouvement  de  flexion  dn  col  qu'elle  favorisait 
pour  abriter  la  tète  sous  la  carapace  et  présenter  de  front  son  armature; 
les  modifications  musculaires  que  ce  mouvement  exigeait  pour  la  redresser 
quand  elle  avait  été  fléchie,  tout  jusqu'à  son  origine  ou  à  son  mode  de  dé- 
veloppement, donnait  à  cette  étude  sur  un  animal  fossile  un  intérêt  parti- 

(1)  Occupé  depuis  plusieurs  mois  avec  MM.  Gratiolet,  Sénéchal  et  Merlieu  au  montage 
du  squelette  du  Glyptodon,  nous  reviendrons  plus  tard,  en  décrivant  le  crâne,  sur  quelques- 
uns  des  détails  relatifs  au  mécanisme  des  mouvements  du  col  et  de  la  tête. 


(   .o33  ) 

culier.  L'occasion  nous  a  paru  aussi  des  plus  favorables  pour  rechercher 
si  cette  double  articulation  pouvait  s'être  produite  d'elle-même  ou  par  la 
simple  répétition  du  même  acte,  comme  le  faisait  supposer  l'hypothèse  de 
Lamark,  renouvelée  et  soutenue  avec  talent  par  M.  Darwin.  Elle  permettait 
en  outre  de  rechercher  si  une  articulation  ainsi  développée  artificiellement 
eût  été  susceptible  de  se  reproduire  par  voie  de  génération.  Or  nous  avons 
établi  que  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  résultats  n'était  admissible.  Nous  avons 
ainsi  été  conduits  à  conclure  que  cette  double  articulation  était  initiale  et 
que  sa  formation  remontait  à  la  pensée  même  de  la  création  de  l'animal  ;  les 
exigences  du  redressement  de  la  tête  ont  confirmé  cette  conclusion,  en  nous 
montrant  que  pour  obtenir  cet  effet  la  nature  avait  considérablement  déve- 
loppé les  masses  latérales  des  vertèbres  cervicales  et  celles  des  deux  pre- 
mières dorsales,  qui  par  leur  soudure  donnent  naissance  en  haut  à  une 
apophyse  épineuse  énorme,  excès  de  développement  dont  le  but  manifeste 
était  de  multiplier  les  surfaces  d'insertion  des  faisceaux  musculaires  des 
complexus  et  des  splénius  appelés  à  exécuter  ce  mouvement.  Car,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit  au  commencement  de  cette  Note,  tout  se  suit  et  se 
coordonne  dans  l'organisation  si  admirable  des  Mammifères  vivants  et 
fossiles.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Faits  pour  servir  à  l'histoire  des  matières  colorantes 
dérivées  dit  goudron  de  houille;  par  M.  A.-W.  Hofmann. 

«  Dans  un  travail  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  dernièrement  à 
l'Académie,  j'ai  signalé  l'existence  de  deux  diamines  aromatiques,  toutes 
les  deux  représentées  par  la  formule 

C6H8N2=  (       H2'   \N> 


2 


H 

Ces  deux  corps,  quoique  se  ressemblant  dans  la  généralité  de  leurs  pro- 
priétés, diffèrent  cependant  entre  eux  par  certains  caractères  fondamen- 
taux, à  tel  point  que  je  n'ai  pas  hésité  à  affirmer  leur  individualité  et  à  les 
distinguer  par  les  noms  de  alpha-phénylène-diamine  et  de  bèta-phénylène- 
diamine. 

»  L'existence  de  deux  variétés  de  phénylène-diamine  devait  naturelle- 
ment suggérer  l'idée  de  chercher  les  deux  monamines  analogues  de  la  série 
phénylique.  C'est  dans  ce  but  que  pendant  la  dernière  semaine  je  me  suis 
occupé  à  comparer  des  échantillons  d'aniline   obtenus  par  différents  pro- 

C.  R.,  1863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  22.)  1  35 


(  io34  ) 
cédés.  Cette  étude  comparative  est  loin  d'être  terminée,  mais  je  demande 
même  dès  à  présent  la  permission  de  signaler  une  observation  qui  me  paraît 
digne  de  l'attention  des  chimistes. 

»  J'ai  d'abord  examiné  L'aniline  provenant  de  la  distillation  de  V indigo 
avec  la  potasse. 

»  La  base  ainsi  préparée  bout  à  182  degrés  et  possède  les  caractères  gé- 
néralement attribués  à  l'aniline.  Cependant  l'aniline  dérivée  de  l'indigo, 
soumise  à  l'action  du  chlorure  mercurique,  du  chlorure  stannique  ou  de 
l'acide  arsénique,  ne  fournit  pas  le  rouge  d'aniline. 

»  J'ai  ensuite  préparé  l'aniline  au  moyen  de  la  benzine. 

a  La  benzine  employée  dans  mes  expériences  a  été  obtenue  par  deux 
procédés  différents,  savoir  :  i°  la  distillation  de  l'acide  benzoïque  avec  la 
chaux;  20  la  distillation  fractionnée  et  la  solidification  à  une  basse  tempé- 
rature de  la  benzine  du  goudron  de  houille. 

»  L'aniline  provenant  de  la  benzine  obtenue  au  moyen  de  l'acide  ben- 
zoique bout  à  182  degrés.  Traitée  par  les  chlorures  mercurique  et  stan- 
nique, ou  par  l'acide  arsénique,  elle  ne  se  transforme  pas  non  plus  en  rouge 
d'aniline. 

»  L'aniline  obtenue  au  moyen  de  la  benzine  pure  dérivée  du  goudron 
de  houille  bout  également  à  182  degrés.  Soumise  aux  agents  d'oxydation 
déjà  cités,  elle  refuse  également  de  se  transformer  en  rouge  d'aniline. 

»  Je  dois  avouer  que,  tout,  préparé  que  j'étais  à  trouver  de  légères  varia- 
tions dans  les  propriétés  des  différentes  anilines,  je  ne  m'attendais  guère  à 
un  pareil  résultat. 

»  En  faisant  part  de  ces  observations  à  mon  ami  M.  E.-C.  Nicholson, 
je  me  suis  convaincu  que  dans  ce  cas,  comme  dans  tant  d'autres,  la  pra- 
tique avait  devancé  la  théorie.  Le  fait  que  je  viens  de  découvrir  était  depuis 
longtemps  connu  à  ce  fabricant  distingué,  qui,  en  réponse  à  ma  commu- 
nication, m'a  envoyé  quelques  litres  d'aniline  absolument  pure  bouillant  à 
182  degrés,  provenant  de  la  benzine  de  houille  et  parfaitement  incapable, 
ainsi  que  les  échantillons  que  j'avais  moi-même  préparés,  de  fournir  par  les 
réactions  ordinaires  le  rouge  d'aniline. 

»  J'ai  eu  l'occasion,  dans  ces  derniers  temps,  d'examiner  un  grand  nombre 
d'anilines  du  commerce  et  surtout  des  échantillons  que  MM.  Renard  frères 
et  Franck  en  France,  et  MM.  Simpson,  Manie  et  Nicholson  en  Angleterre, 
ont  eu  l'obligeance  de  mettre  à  ma  disposition.  Toutes  ces  anilines,  traitées 
par  les  procédés  ordinaires,  m'ont  fourni  le  rouge  en  quantité  notable  ; 
mais  toutes  ces  substances,  bouillant  à  une  température  supérieure,  possé- 


(  io35  ) 

daient  en  effet  un  point  d'ébullition  qui  vaiiait  entre  180  degrés  et  220  de- 
grés. Il  y  a  donc  dans  le  produit  commercial  une  base  autre  que  l'aniline 
normale,  et  dont  la  coopération  est  indispensable  à  la  production  du  rouge. 

»  Est-ce  un  isomère  de  l'aniline?  On  sait  que  M.  Churcli  a  isolé  du  gou- 
dron de  bouille  un  carbure  d'hydrogène  isomère  de  la  benzine  et  bouillant 
à  970, 5,  \a.  parabenzine.  Ce  corps,  traité  par  l'acide  nitrique,  et  soumis  ensuite 
aux  agents  réducteurs,  se  transformerait-il  en  base  isomère  de  l'aniline  et 
susceptible  de  se  changer  en  rouge?  ou  l'aniline  du  commerce  renferme- 
rait-elle une  autre  base  nécessaire  à  la  formation  de  la  rosaniline? 

»  Voilà  des  questions  pleines  d'intérêt,  et  pour  la  théorie  et  pour  la  pra- 
tique, et  dont  la  solution  jetterait  peut-être  du  jour  sur  la  genèse  encore  tout 
à  fait  énigmatique  du  rouge  d'aniline. 

»  Des  travaux  sérieux  ne  manqueront  pas  de  résoudre  ce  problème.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  l'abbé  Sanna-Solaro  lit  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  <■  De  l'élec- 
tricité de  la  lumière  solaire  dans  l'air  et  dans  le  vide  ». 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Becquerel,  Pouillet  et  Fizeau. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  caractères  particuliers  du  courant  électrique  qui 
traverse  l'enveloppe  isolante  des  câbles  télégiaphiques  immergés; 
par  M.  J.-M.  Gacgain. 

(Commissaires,  MM.  Pouillet,  Fizeau,  Edm.  Becquerel.) 

«  J'ai  remarqué  depuis  longtemps  que  le  flux  électrique,  transmis  par  le 
fil  intérieur  d'un  câble  télégraphique  au  liquide  ou  au  métal  qui  enveloppe 
extérieurement  ce  câble,  peut  suivre  et  suit  en  général  deux  chemins  diffé- 
rents; une  partie  de  l'électricité  se  propage  en  suivant  exclusivement  la 
surface  plus  ou  moins  humide  de  la  gaine  de  gutta-percha,  l'autre  partie 
traverse  l'épaisseur  de  cette  dernière  substance.  Mais  j'ai  indiqué  une  mé- 
thode très-simple  pour  écarter  le  premier  de  ces  deux  flux  (Gavarret, 
Télégraphie,  p.  329),  et  c'est  le  second  seulement  qui  jouit  des  propriétés 
que  je  vais  faire  connaître  : 

»   i°  En  général,  lorsqu'un  système  de  conducteurs  est  mis  en  communi- 

i35.. 


(  io36  ) 

cation  par  l'une  de  ses  extrémités  A  avec  la  terre  et  par  l'extrémité  opposée  B 
avec  une  source  constante  d'électricité,  il  s'établit  à  travers  le  système  un 
flux  qui  devient  uniforme  au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long,  et  si 
alors  on  met  l'extrémité  B  en  rapport  avec  le  sol  et  l'extrémité  A  en  com- 
munication avec  un  électroscope  à  décharges,  on  peut  constater  aisément 
que  cet  appareil  reçoit  de  l'électricité  positive  lorsque  la  source  employée 
est  elle-même  posilive.  Les  choses  se  passent  tout  autrement  lorsque  le  mou- 
vement électrique  se  propage  à  travers  une  couche  de  gutta-percha.  Sup- 
posons que  le  fil  intérieur  d'un  câble  télégraphique  soit  mis  d'abord  en 
communication  avec  une  source  constante  d'électricité  positive,  l'autre 
extrémité  restant  isolée;  que  le  conducteur  extérieur  soit  mis  en  rapport 
avec  la  terre  et  qu'on  laisse  pendant  un  temps  plus  on  moins  long  le  flux 
électrique  se  propager  à  travers  la  gutta-percha;  cela  fait,  imaginons  que  le 
fil  intérieur  soit  à  son  tour  mis  en  rapport  avec  la  terre  et  que  l'on  fasse 
communiquer  le  conducteur  extérieur  avec  un  électroscope  à  décharges,  on 
verra  toujours  cet  instrument  traversé  par  une  quantité  plus  ou  moins 
notable  d'électricité  négative:  la  distribution  des  tensions  dans  l'intérieur 
du  câble  n'est  donc  pas  celle  que  la  théorie  d'Ohm  indique. 

»  On  peut  acquérir  des  notions  plus  complètes  sur  cette  distribution  des 
tensions,  en  répétant  l'expérience  qui  vient  d'être  décrite  sur  un  carreau 
fulminant  formé  d'un  disque  de  gutta-percha  et  de  deux  armures  métalli- 
ques mobiles.  Si  l'on  met  l'une  des  armures  en  communication  avec  une 
source  constante  d'électricité,  et  l'autre  armure  en  communication  avec  le 
sol,  on  pourra  constater,  comme  dans  le  cas  du  câble,  qu'un  flux  d'électri- 
cité traverse  le  système  des  disques,  et  lorsque  ce  flux  sera  devenu  uniforme 
on  pourra,  en  enlevant  les  armures,  reconnaître,  par  le  moyen  que  j'ai  pré- 
cédemment indiqué,  que  la  face  qui  touchait  l'armure  positive  est  électrisée 
négativement,  et  que  la  face  qui  touchait  l'armure  négative  est  électrisée 
positivement.  La  cire,  le  spermaceti  et  l'acide  stéarique  donnent  les  mêmes 
résultats  que  la  gutta-percha. 

»  D'après  cela  on  voit  qu'il  existe  aux  surfaces  de  contact  du  diélectrique 
et  des  armures  une  résistance  particulière  qui  ne  s'oppose  pas  d'une  manière 
absolue  à  la  transmission  du  mouvement  électrique,  mais  qui  modifie  la 
nature  de  ce  mouvement.  Pour  rendre  compte  des  faits  que  je  viens  d'expo- 
ser, il  me  paraît  indispensable  d'admettre  que  pendant  toute  la  durée  du 
mouvement  le  fluide  neutre  est  incessamment  décomposé  dans  l'intérieur 
du  disque  isolant  et  incessamment  recomposé  dans  chacun  des  petits  espaces 
qui  séparent  ce  disque  de  ses  armures. 


(   io37  ) 

»  Il  est  intéressant  de  remarquer  que  ce  genre  de  mouvement  est  préci- 
sément celui  qui  doit  se  produire  au  sein  de  tous  les  corps  conducteurs,  si 
le  mécanisme  intime  de  la  conduction  est  tel  que  plusieurs  physiciens  l'ont 
admis.  Les  disques  de  l'expérience  précédente  se  comportent  exactement 
comme  les  molécules  des  corps  conducteurs  doivent  le  faire  suivant  la 
théorie  adoptée  par  M.  de  La  Rive  (Traité  d'électricité,  t.  II,  p.  5). 

»  2°  Lorsqu'une  source  d'électricité  constante  est  mise  en  rapport  avec  un 
électroscope  à  décharges  par  l'intermédiaire  de  l'un  des  conducteurs  hygro- 
métriques que  j'ai  précédemment  étudiés,  d'un  lil  de  coton  par  exemple, 
les  décharges  de  l'électroscope  se  succèdent  d'abord  avec  une  rapidité  crois- 
sante à  partir  du  moment  où  les  communications  sont  établies;  en  d'autres 
termes,  le  flux  va  en  augmentant  pendant  la  durée  de  V état  variable  et  sa 
valeur  maximum  correspond  à  l'état  permanent.  Il  en  est  tout  autrement 
lorsque  le  mouvement  électrique  se  propage  à  travers  l'enveloppe  isolante 
d'un  câble  télégraphique  :  alors  le  flux  diminue  graduellement  pendant  la 
durée  de  l'état  variable,  et  la  valeur  qui  correspond  à  l'état  permanent  est 
un  minimum. 

»  Ce  résultat  est  facile  à  expliquer  au  moyen  des  considérations  exposées 
plus  haut.  Le  flux  d'électricité  que  reçoit  l'électroscope  à  décharges  dépend 
de  la  décomposition  du  fluide  neutre  que  subit  l'armure  extérieure  du  câble. 
Or,  dans  l'état  permanent  cette  décomposition  est  précisément  équivalente  à 
la  recomposition  qui  s'effectue  dans  le  petit  intervalle  compris  entre  l'ar- 
mure et  la  couche  de  gutta-percha,  elle  est  équivalente  aussi  à  la  décompo- 
sition de  fluide  neutre  qui  se  produit  dans  l'intérieur  de  cette  couche.  Dans 
l'état  variable,  au  contraire,  la  polarisation  de  la  gaine  de  gutta-percha  va 
en  augmentant,  et  il  en  est  de  même  de  la  charge  accumulée  sur  l'armure 
extérieure  (liquide  ou  métallique).  Il  résulte  de  là  que  pendant  la  durée  de 
l'état  variable,  la  décomposition  de  fluide  neutre  qu'éprouve  l'armure  doit 
non-seulement  compenser  la  recomposition  qui  s'effectue  entre  elle  et  l'en- 
veloppe de  gutta-percha,  mais  encore  faire  face  à  l'accroissement  graduel 
que  subit  sa  propre  charge.  Il  est  donc  tout  naturel  que  les  décharges  de 
l'électroscope  aillent  en  se  ralentissant  graduellement  tant  que  l'état  perma- 
nent n'est  pas  établi. 

»  3°  Lorsqu'un  système  de  conducteurs  qui  ne  présente  que  des  résis- 
tances intérieures  (résistances  ordinaires)  est  mis  en  communication  par 
l'une  de  ses  extrémités  avec  le  sol  et  par  l'autre  extrémité  avec  une  source 
constante  d'électricité,  le  flux  qui  traverse  le  système  est  proportionnel  à  la 
tension  de  la  source.  Le  flux  qui  se  propage  à  travers  l'enveloppe  isolante 


(   io38  ) 
d'un  câble  télégraphique  croît  beaucoup  plus  rapidement  que  la  tension  de 
la  source. 

>.  On  voit  que  le  mouvement  électrique  qui  fait  l'objet  de  cette  Note  n'est 
pas  complètement  soumis  aux  lois  déduites  de  la  théorie  d'Ohm.  Cette  ano- 
malie tient  à  ce  que  le  circuit  renferme  l'espèce  particulière  de  résistance 
à  laquelle  j'ai  donné  le  nom  de  résistance  extérieure;  cette  sorte  de  résistance 
au  passage  me  paraît  être  tout  à  fait  distincte  de  la  résistance  au  passage 
ordinaire,  que  l'on  rencontre  dans  le  cas  de  la  transmission  électrolytique; 
mais  elles  ont  cela  de  commun  qu'elles  altèrent  l'une  et  l'autre  les  lois  de 
la  propagation.   » 

PHYSIQUE.  —  Etincelle  d'induction  appliquée  à  différents  phénomènes  ;  extrait 
d'une  Note  de  M.  l'abbé  Laborde. 

(Commissaires,  MM.  Becquerel,  Regnault.) 

»  Dans  une  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie  sur  les 
vibrations  transmises  et  reproduites  à  distance  par  l'électricité,  j'ai  donné  la 
description  d'un  appareil  dans  lequel  plusieures  lames  vibrantes  accordées 
sur  les  notes  de  la  gamme  sont  destinées  à  produire  dans  le  fil  conjonctif 
d'une  pile  des  interruptions  régulières  et  plus  ou  moins  rapides.  Des  tiges 
vibrantes  en  fer  doux  accordées  sur  les  lames  in  terra  ptrices  sont  dressées 
devant  les  pôles  d'un  électro-aimant  placé  lui-même  dans  le  circuit  de  la 
pile,  et  chacune  d'elles  ne  vibre  que  sous  l'influence  de  la  lame  interrup- 
trice  qui  lui  correspond.  J'ai  remplacé  l'électro-aimant  et  les  tiges  en  fer 
doux  par  une  machine  de  Riihnikorff  dont  le  fil  inducteur  fait  partie  du 
circuit.  Chacune  des  lames  interruptrices  produit  alors  à  l'unisson  de  ses 
vibrations  une  série  d'étincelles  que  j'ai  appliquées  aux  faits  suivants: 

»  On  fait  apparaître  immobile  telle  ou  telle  lettre  de  l'alphabet,  tel  ou  tel 
chiffre,  en  les  mettant  en  mouvement  dans  l'obscurité,  et  en  faisant  concor- 
der avec  l'étincelle  leurs  apparitions  successives.  Pour  réaliser  cet  effet,  on 
trace  sur  un  disque  de  carton  plusieurs  cercles  concentriques,  et  en  suppo- 
sant que  les  lames  interruptrices  aient  été  accordées  sur  les  notes  de  1  ac- 
cord parfait  :  ut,  mi,  sol,  ut,  mi,  etc on  écrit  huit  a  sur  le  contour  du 

plus  petit  cercle  ;  dix  b  sur  le  second  cercle  ;  douze  c  sur  le  troisième  ; 
seize  d  sur  le  quatrième,  et  ainsi  de  suite  en  continuant  à  doubler  ces  nom- 
bres et  conservant  ainsi  pour  les  lettres  suivantes  les  nombres  qui  les  met- 
tent en  rapport  avec  les  vibrations  des  lames  interruptrices.  Les  lettres 
placées  sur  le  contour  d'un  même  cercle  doivent  y  être  parfaitement  équi- 


(  Io39  ) 
distantes,  et,  présenter  exactement  la  même  forme.  Le  disque  étant  fixé  sur 
un  axe  qu'un  mouvement  d'horlogerie  fait  tourner,  on  le  présente  dans 
l'obscurité  devant  l'étincelle  d'induction,  et  l'on  règle  la  vitesse  de  manière 
que  la  première  lame  interruptrice  étant  mise  en  mouvement,  le  cercle 
des  a  paraisse  complètement  immobile  ;  on  peut  être  certain  dès  lors 
qu'un  tour  du  disque  sur  lui-même  correspond  à  huit  interruptions: 
la  lumière  instantanée  de  l'étincelle  éclairant  toujours  à  la  même  place  les 
lettres  qui  se  succèdent  leur  donne  cette  immobilité  apparente.  Si  l'on  fait 
vibrer  la  seconde  lame  qui  produit  dix  interruptions  dans  le  même  temps, 
le  cercle  des  b  paraîtra  seul  immobile  ;  la  troisième  lame  immobilisera  les  c 
et  ainsi  de  suite,  en  sorte  qu'avec  une  série  de  lames  interruptrices  on  dési- 
gnera telle  lettre  que  l'on  voudra,  toutes  les  autres  paraissant  animées  d'un 
mouvement  de  progression  en  avant  ou  en  arrière  qui  empêche  de  les  con- 
fondre avec  celle  que  l'on  veut  indiquer.  » 

A  la  suite  de  développements  relatifs  à  l'expérience  dont  il  s'agit  ici,  le 
Mémoire  de  M.  l'abbé  Laborde  contient  encore  la  description  de  plusieurs 
autres  expériences  curieuses  faites  avec  l'électricité. 

GÉOMÉTRIE.  —  Note  sur  la  moyenne  des  rayons  vecteurs  dans  t ellipse  en  général 
et  dans  les  orbites  planétaires  ;  par  M.  Ed.  Dubois. 

(Commissaires,  MM.  Laugier,  Delaunay,  Bertrand.) 

«  En  m'appuyant  sur  une  expression  de  la  moyenne  des  valeurs  d'une 
fonction,  considérée  par  Cauchy  (Comptes  rendus,  t.  XXVI),  je  fais  voir,  dit 
M.  Dubois,  que  la  moyenne  des  rayons  vecteurs,  en  nombre  infini,  et  fai- 
sant entre  eux  des  angles  égaux  infiniment  petits,  est  le  demi  petit  axe  b  et 
non  le  demi  grand  axe,  comme  on  pourrait  le  supposer  à  priori.  Je  démontre 
aussi  qu'en  raison  de  la  première  loi  de  Kepler  la  moyenne  des  rayons  vec- 
teurs (en  nombre  infini)  également  distribués,  quant  au  temps,   dans  les 

ellipses  planétaires,  esta  I  i 


-  1- 


M.  Poey  adresse  de  l'île  de  Cuba,  en  date  du  7  mai,  une  Note  «  sur  l'ac- 
tion chimique  de  la  lumière  diffuse  observée  à  la  Havane  à  l'aide  d'un  nou- 
vel actinographe  chimique  ». 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  Fizeau.) 


(    io4o  ) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Alexis 
Perrey,  un  opuscule  ayant  pour  litre  :  «  Propositions  sur  les  tremblements 
de  terre  et  les  volcans,  adressées  à  M.  Lamé,  Membre  de  l'Institut  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  «  Essai  sur  la  constitution  des  corps  célestes  »,  par 
M.  E.-E.  Regneault,  professeur  à  l'École  impériale  forestière. 

D'après  le  désir  exprimé  par  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  cet  ouvrage 
est  renvoyé  à  la  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  de  la  fondation 
Lalande. 

GÉOLOGIE.  —  Nouvelles  observations  relatives  à  [existence  de  [homme  pendant 
la  période  quaternaire;  Note  de  M.  Hébert,  présentée  par  M.  Serret. 

«  Dans  les  observations  présentées  par  M.  Élie  de  Beaumont  dans  la 
séance  du  18  mai,  il  y  a  deux  points  sur  lesquels  je  suis  obligé  de  revenir, 
ayant  été  forcé,  faute  de  place,  de  ne  donner  dans  ma  Note  du  25  qu'un 
simple  énoncé  de  mon  opinion,  sans  l'appuyer  d'aucun  des  arguments  qui 
pouvaient  militer  en  sa  faveur. 

»  Premier  point.  —  Le  terrain  de  transport  exploité  dans  la  carrière  de 
Moulin-Quignon  a-t-il  été  formé  par  des  matériaux  entraînés  sur  la  pente 
du  coteau  par  les  agents  atmosphériques? 

»  L'étude  de  la  configuration  du  sol,  en  ce  lieu,  et  de  la  nature  des  maté- 
riaux qui  constituent  le  terrain  détritique  suffit,  il  me  semble,  pour  ré- 
pondre à  cette  question. 

»  Le  Moulin-Quignon  n'est  pas  au  bas  d'un  coteau  plus  ou  moins  élevé; 
il  est  à  l'extrémité  occidentale  du  plateau  qui  domine  la  ville  à  l'est.  Ce 
plateau  va,  il  est  vrai,  en  s'élevant,  mais  en  pente  tellement  douce,  qu'on 
ne  saurait  en  vérité  admettre  que  les  orages,  les  gelées  ou  les  neiges  y 
puissent  rien  entraîner. 

»  D'ailleurs,  quels  sont  les  matériaux  qui  pourraient  être  entraînés? 

»  Le  plateau  est  formé  par  la  craie  qui  en  constitue  la  presque  totalité, 
et  qui  n'est  recouverte  que  par  un  dépôt  de  transport  très-peu  épais,  uni- 
quement composé  de  silex  brisés,  empâtés  dans  une  terre  argileuse  rou- 
geâtre. 


(  io4i  ) 

»  Or,  le  dépôt  erratique  exploité  renferme  de  gros  blocs  de  grès  ter- 
tiaire, et  quantité  de  ces  petits  galets  noirs,  arrondis  comme  des  dragées, 
dont  la  position  originaire,  à  la  base  du  terrain  tertiaire  inférieur,  est  bien 
connue. 

»   Le  plateau  de  Moulin-Quignon  ne  contient  rien  d'analogue,  pas  plus 
qu'il  n'offre  de  ces  sables,  dont  ma  précédente  Note  signale  l'existence  au  ' 
milieu  du  dépôt  erratique  en  litige. 

»  La  cause,  quelle  qu'elle  soit,  qui  a  mélangé  ces  grès  et  ces  galets  du 
terrain  tertiaire  inférieur  avec  les  silex  et  l'argile  rouge  compacte  pour  en 
constituer  le  terrain  de  Moulin-Quignon,  cette  cause  a  arraché  ces  débris, 
soit  à  des  lambeaux  de  terrain  tertiaire  alors  en  place  et  qui  n'existent 
plus,  soit  au  diluvium  inférieur  qui  en  contient  de  semblables,  et  qui  existe 
dans  le  voisinage,  à  la  porte  Mercadé  et  à  Menchecourt,  mais  à  un  niveau 
bien  inférieur.  Cette  cause  est  donc  tout  autre  que  celle  assignée  par 
M.  Élie  de  Beaumont.  Elle  rentre  exclusivement,  par  la  nature  de  ses  effets, 
dans  le  domaine  de  la  période  quaternaire  ou  diluvienne. 

«  Deuxième  point.  —  J'ai  dit  dans  ma  Note  précédente  que  l'existence  de 
l'homme,  au  moment  des  dépôts  qui  constituent  dans  le  nord  de  la  France 
le  commencement  de  la  période  quaternaire,  me  semblait  un  point  complè- 
tement acquis  à  la  science.  Cette  doctrine  est  aujourd'hui  enseignée  ouver- 
tement, et  un  Membre  de  l'Académie,  qu'on  peut  compter  parmi  les  géolo- 
gues cpii  ont  le  plus  fait  pour  élucider  l'histoire  de  la  période  quaternaire, 
la  professe  au  Muséum. 

»  Cependant  M.  Élie  de  Beaumont  déclare  que  ce  n'est  pas  son  opinion, 
et,  en  présence  d'une  affirmation  aussi  nette  et  partant  de  si  haut,  il  m'a 
paru  qu'il  était  de  mon  devoir  de  motiver  mes  conclusions.  Je  puis  le  faire 
avec  d'autant  plus  de  liberté,  que  ces  conclusions  ne  résultent  pas  de  mes 
propres  recherches,  mais  de  celles  des  savants  qui  se  sont  occupés  de  la 
question,  en  France  et  en  Angleterre. 

»  De  tous  les  faits  cités  sur  des  points  aujourd'hui  si  nombreux,  je  n'en 
retiens  qu'un  seul,  Saint-Acheul. 

»    i°  Ije  terrain  de  transport  de  Saint-Acheul  est-il  du  diluvium? 
»  Tous  les  géologues  ont  été  de  cet  avis,  je  ne  connais  pas  encore  d'ex- 
ception à  cette  opinion  que  je  partage  complètement.  Ce  terrain,  si  riche 
en   ossements   d'Eleplias   primigenius,  Rlùnoceros  tichôrhinus,  etc.,   est  du 
diluvium  ancien. 

»   20  Les  silex  taillés  qu'on  y  trouve  sont-ils  des  œuvres  de  l'industrie 
humaine?  Cela  est  de  la  dernière  évidence. 

C.  R.,  1863,  i"  Semestre.  (T.  LYÏ,  N°  22.)  I  36 


(     1042    ) 

i-   3°  Se  trouvent-ils  dans  le  même  dépôt  que  les  ossements? 

»  Est-il  permis  d'en  douter  en  face  des  constatations  faites  par  MM.  Prest- 
wich,  Gaudry,  Desnoyers,  et  tant  d'autres  observateurs  distingués?  Ces 
constatations  ont  été  soumises  au  jugement  de  l'Académie,  elles  n'ont  sou- 
levé aucune  contradiction. 

»  4°  Les  débris  de  l'industrie  humaine  ont-ils  été  enfouis  en  même  temps 
que  ceux  des  espèces  perdues? 

»  Cette  question,  le  point  capital  du  débat,  a  été  résolue  affirmativement 
par  tous  ceux  qui  ont  visité  ces  gisements.  Le  dépôt,  qui  renferme  ces  dé- 
bris, étant  recouvert  par  des  assises  diluviennes  plus  récentes,  quoique  an- 
térieures au  dernier  creusement  des  vallées,  leur  intégrité  et  l'impossibilité 
de  tout  mélange  postérieur  sont,  par  cela  même,  démontrées. 

»  S'il  en  est  ainsi,  y  a-t-il  moyen  d'hésiter,  et  ne  devons-nous  pas  con- 
sidérer l'existence  de  l'homme  pendant  la  période  quaternaire  comme  l'un 
des  faits  aujourd'hui  les  mieux  constatés?   » 

GÉOLOGIE.  —  Diluvium  de  la  vallée  de  la  Somme;  Note  de  M.  F.  Gakeigoc, 
présentée  par  M.  de  Quatrefages. 

«  A  Abbeville,  la  série  complète  des  terrains  reposant  sur  la  craie  peut 
être  indiquée  comme  il  suit,  en  partant  du  sommet  des  coteaux  et  descen- 
dant dans  la  vallée  : 

»    i°  Dépôt  des  plateaux  élevés,  probablement  tertiaires; 

»  2°  Alluvions  du  sommet  des  coteaux  qui  longent  la  Somme,  les  plus 
anciennes  de  l'époque  quaternaire; 

»   3°  Alluvions  du  milieu  des  coteaux,  plus  récentes  que  les  précédentes; 

»  l\°  Tourbe  et  alluvions  modernes  dans  les  bas-fonds  des  vallées. 

»  Les  dépôts  tertiaires  qui  occupent  une  immense  surface  des  plateaux 
supérieurs  reposent  directement  sur  la  craie.  Ce  sont  ces  dépôts  qui,  sur  la 
carte  géologique  de  France,  ont  été  marqués,  avec  raison  sans  doute,  comme 
appartenant  à  l'étage  miocène. 

»  Les  dépôts  les  plus  anciens  de  l'époque  quaternaire  que  l'on  rencontre 
sur  les  coteaux  d'Abbeville  sont  ceux  de  Moulin-Quignon  et  de  Saint- 
Gilles,  sur  la  rive  droite  de  la  Somme;  à  ces  dépôts  en  correspondent 
d'autres  semblables  du  côté  opposé  de  la  vallée. 

»  A  Saint-Gilles  le  terrain  quaternaire  n'existe  que  par  lambeaux  assez 
faibles,  souvent  même  il  n'y  est  qu'à  l'état  rudimentaire.  Si  l'on  veut  l'étu- 
dier avec  quelque  fruit,  c'est  à  Moulin-Quignon  qu'il  faut  se  transporter. 


(  io/,3  ) 
Voici  la  coupe  que  l'on   peut  prendre  actuellement  dans  la  carrière  de 
M.  Denjean  : 

»    i°  Terre  végétale,  om,4°; 

»  2°  Lœss,  composé  par  le  lœss  lui-même,  mélangé  à  des  silex  anguleux 
et  quelquefois  à  des  silex  roulés,  ayant  une  légère  couleur  ocreuse,  im,3o; 

»  3°  Couche  argilo-sableuse  quelquefois  assez  dure,  légèrement  brune, 
om,o5 ; 

»  4°  Alternances  de  sable  gris  et  rouge,  avec  débris  de  silex  non  angu- 
leux, quelquefois  assez  développés,  om,  io  ; 

»  5°  Couche  de  sable  argileux  assez  fortement  cimenté  pour  être  brisé 
avec  effort  assez  violent,  om,4o; 

»  6°  Conglomérat  gris,  avec  silex  de  toute  dimension,  dont  quelques- 
uns  sont  incomplètement  roulés,  om,4o; 

»  70  Conglomérat  rouge  ocreux,  avec  silex  mieux  roulés,  mais  assez 
difficile  à  distinguer  au  premier  coup  d'œil  du  précédent  quant  aux  silex 
roulés  ;  épaisseur  variable,  quelquefois  i  mètre; 

»  8°  Couches  argilo-sableuses  dont  la  supérieure  est  rouge  et  l'inférieure 
jaune  et  quelquefois  grise,  ora,  06  environ  ; 

»  90  Conglomérat  rouge  avec  des  silex  incomplètement  roulés  et  sub- 
anguleux, contenant  par  places  la  couche  noire  où  a  été  découverte  la 
mâchoire  humaine  ; 

»    io°  Craie. 

»  Disons-le  tout  de  suite,  l'étude  très-attentive  de  cette  couche  et  de  celle 
de  Saint-Acheul  à  Amiens,  ainsi  que  la  comparaison  de  toutes  les  coupes  de 
ces  deux  couches  données  jusqu'ici,  m'avait  fait  penser  que  Moulin-Qui- 
gnon et  Saint-Acheul,  occupant  le  sommet  des  coteaux  à  Abbeville  et  à 
Amiens,  étaient  des  couches  exactement  semblables.  Je  trouvais  seulement 
à  Moulin-Quignon  les  couches  supérieures  de  Saint-Acheul  représentées  à 
l'état  rudimentaire,  tandis  que  les  couches  inférieures  avaient  autant  de 
développement  dans  l'une  que  dans  l'autre  localité.  Je  crois  que  tout 
géologue  qui  étudiera  minutieusement  ces  couches  ne  pourra  pas  s'empê- 
cher d'admettre  l'exactitude  de  ce  rapprochement. 

»  Ce  sont  les  couches  6,  7  et  9  qui  ont  fourni  les  silex  supposés  taillés 
de  main  d'homme,  et  les  ossements  de  mammouth  et  de  rhinocéros.» 

»  Au-dessous  des  couches  de  Moulin-Quignon,  en  descendant  le  coteau, 
nous  en  trouvons  de  plus  récentes,  telles  que  celles  de  Manchecourt,  con- 
tenant aussi  des  silex  taillés  et  des  ossements  d'animaux  d'espèces  éteintes. 

i36.. 


(  io44  ) 

Mais  les  bancs  diluviens  de  Manchecourt  présentent  une  alternance  de  dé- 
pôts marins  et  de  dépots  d'eau  douce,  ce  qui  n'existait  pas  pour  Moulin- 
Quignon  où  tout  est  d'eau  douce. 

»  Enfin,  dans  le  fond  de  la  vallée  existent  les  alluvions  actuelles  de  la 
Somme  et  les  tourbières  qui,  par  les  fragments  qu'elles  contiennent,  sont 
bien  contemporaines  et  de  formation  récente.   » 

En  recevant  des  mains  de  M.  de  Quatrefages  la  Note  de  M.  Garrigou, 
M.  Eue  de  Beaumont  rappelle  que  dans  les  dernières  séances,  ainsi  qu'il 
l'a  positivement  remarqué,  il  n'a  pas  parlé  d'animaux,  ni  de  Saint-Acheul, 
faubourg  d'Amiens,  mais  seulement  de  la  carrière  de  Moulin-Quignon  : 

«    Hoc  opus,  hic  lubor  est.  » 

TECHNOLOGIE.  —  Sur  un  procédé  d'argenture  à  froid  du  verre,  par  l'emploi  du 
sucre  interverti  ;  Note  de  M.  A.  Martin,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  Parmi  les  nombreux  procédés  d'argenture,  celui  qui  semblait  le  mieux 
s'appliquera  la  construction  des  télescopes  en  verre  est  le  procédé  Drayton, 
tel  qu'il  a  été  décrit  par  M.  Léon  Foucault,  avec  des  détails  très-précis,  dans 
le  tome  V  des  Annales  de  l'Observatoire  impérial.  Toutefois,  ce  procédé  exi- 
geant une  très-grande  habileté  de  la  part  de  l'opérateur,  il  y  avait  lieu  de 
rechercher  une  méthode  qui,  par  sa  simplicité  et  sa  sûreté,  pût  devenir 
populaire. 

«  Après  avoir  étudié  et  expérimenté  avec  soin  tous  les  procédés  connus 
(aldéhyde,  sucre  de  lait,  glucosate  de  chaux,  etc.),  je  suis  arrivé  à  en  adopter 
un  cpii,  par  la  facilité  de  sa  mise  en  œuvre  d'une  part,  et  de  l'autre  par 
l'adhérence  et  la  constitution  physique  de  la  couche  d'argent  déposée,  me 
paraît  remplir  toutes  les  conditions  désirables. 

»   On  commence  par  préparer  : 

»  i°  Une  solution  de  10  grammes  de  nitrate  d'argent  dans  ioo grammes 
d'eau  distillée  ; 

»  20  Une  solution  aqueuse  d'ammoniaque  pure  marquant  i3  degrés  a 
l'aréomètre  de  Cartier; 

»  3°  Une  solution  de  20  grammes  de  soude  caustique  pure  dans 
5oo  grammes  eau  distillée; 

»  4°  Une  solution  de  25  grammes  de  sucre  blanc  ordinaire  dans 
200  grammes  eau  distillée.  On  y  verse  1  centimètre  cube  d'acide  nitrique 
à  36  degrés,  on  fait  bouillir  pendant  vingt  minutes  pour  produire  Tinter- 


(  io45  ) 
version,  et  on  complète  le  volume  de  5oo  centimètres  cubes  à  l'aide  d'eau 
distillée  et  de  5o  centimètres  cubes  d'alcool  à  36  degrés. 

»  Ces  liqueurs  obtenues,  on  procède  à  la  préparation  du  liquide  argen- 
tifère. On  verse  dans  un  flacon  12  centimètres  cubes  de  la  solution  de  nitrate 
d'argent  (i°),  puis  8  centimètres  cubes  d'ammoniaque  à  i3  degrés  (20),  enfin 
20  centimètres  cubes  de  la  dissolution  de  soude  (3°);  on  complète  par 
60  centimètres  cubes  d'eau  distillée  le  volume  de  100  centimètres  cubes. 

»  Si  les  proportions  ont  été  bien  observées,  la  liqueur  reste  limpide,  et 
une  goutte  de  solution  de  nitrate  d'argent  doit  y  produire  un  précipité  per- 
manent; on  laisse  reposer,  dans  tous  les  cas,  pendant  vingt-quatre  heures, 
et  dès  lors  la  solution  peut  être  employée  en  toute  sécurité. 

»  La  surface  à  argenter  sera  bien  nettoyée  avec  un  tampon  de  coton  im- 
prégné de  quelques  gouttes  d'acide  nitrique  à  36  degrés,  puis  elle  sera  lavée  à 
l'eau  distillée,  égouttée  et  posée  sur  cales  à  la  surface  d'un  bain  composé  de 
la  liqueur  argentifère  ci-dessus  indiquée  que  l'on  aura  additionnée  de  ~  à  y? 
de  la  solution  de  sucre  interverti  (4°). 

»  Sous  l'influence  de  la  lumière  diffuse,  le  liquide  dans  lequel  baigne  la 
surface  à  argenter  deviendra  jaune,  puis  brun,  et  au  bout  de  deux  à  cinq  mi- 
nutes l'argenture  envahira  toute  la  surface  du  verre;  après  dix  à  quinze  mi- 
nutes, la  couche  aura  atteint  toute  l'épaisseur  désirable,  il  n'y  aura  plus 
qu'à  laver  à  l'eau  ordinaire  d'abord,  puis  à  l'eau  distillée,  et  on  laissera 
sécher  le  verre  à  l'air  libre  en  le  posant  sur  la  tranche. 

»  La  surface  sèche  offrira  un  poli  parfait  recouvert  d'un  léger  voile  blan- 
châtre. Sous  l'action  du  moindre  coup  de  tampon  de  peau  de  chamois  sau- 
poudré d'une  petite  quantité  de  rouge  à  polir,  ce  dernier  voile  disparaîtra  et 
laissera  à  nu  une  surface  brillante  que  sa  constitution  physique  rend  émi- 
nemment propre  aux  usages  de  l'optique  auxquels  elle  est  destinée.  » 

analyse  mathématique.  —  Sur  la  théorie  algébrique  des  formes  homogènes  du 
quatrième  degré  à  trois  indéterminées;  Note  du  P.  Joubert,  présentée  par 
M.  Hermite. 

«  La  théorie  des  courbes  du  quatrième  degré  a  été  dans  ces  dernières 
années  l'objet  d'études  persévérantes  de  la  part  de  plusieurs  savants  distin- 
gués, les  uns  se  plaçant  principalement  au  point  de  vue  de  la  géométrie 
pure,  comme  MM.  Chasles  et  de  Jonquières,  les  autres  au  point  de  vue  de 
l'algèbre.  Parmi  ces  derniers,  nous  devons  citer  M.  Hesse  et  M.  Clebsch, 
dont  les  travaux  nous  semblent  doublement  importants;  car  en  même 
temps  qu'ils  ouvrent  la  voie  à  la  découverte  des   propriétés  géométriques 


(  io46  ) 
de  ces  courbes,  ils  mettent  en  évidence  l'existence  de  plusieurs  éléments 
analytiques  essentiels,  sans  lesquels  on  ne  peut  établir  la  théorie  algébrique 
des  fonctions  homogènes  du  quatrième  degré.  On  ne  peut  mettre  en  doute 
qu'on  parvienne  un  jour  à  rapprocher  ces  deux  points  de  vue  d'une  manière 
plus  intime  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'à  présent,  en  sorte  que  les  notions  algé- 
briques si  multipliées,  qui  se  rapportent  aux  fonctions  homogènes  d'un 
degré  déterminé  à  trois  variables,  aient  leur  signification  parfaitement 
déterminée  en  géométrie.  C'est  dans  cette  intention  que  je  n'ai  pas  cru 
inutile  de  mettre  à  profit  les  moyens  d'investigation  qui  nous  ont  été  donnés 
principalement  par  M.  Cayley  et  M.  Sylvester,  pour  compléter  en  quelque 
point  la  revue  des  éléments  algébriques  qui  doivent  entrer  nécessairement 
dans  la  théorie  des  formes  du  quatrième  degré. 

»  Déjà  M.  Salmon,  dans  son  excellent  ouvrage  (Lessons  on  higher  Algebra  . 
en  avait  indiqué  plusieurs:  après  les  avoir  retrouvés,  nous  nous  sommes  en 
particulier  préoccupé  de  rechercher  si  l'on  pouvait  être  parfaitement  certain 
de  l'existence  de  contrevariants  et  de  covariants  de  degré  impair,  et  surtout 
du  premier  degré.  Il  ne  peut  être  douteux  que  ces  expressions  aient  une 
signification  géométrique  importante  dans  la  théorie  des  courbes  du  qua- 
trième degré;  mais  sans  nous  arrêter  à  ce  point  de  vue,  le  rôle  qu'elles 
jouent  en  algèbre  justifiera,  il  nous  semble,  les  longs  calculs  que  nous 
avons  dû  entreprendre  pour  établir  en  effet  leur  existence.  En  arithmé- 
tique, la  notion  des  covariants  linéaires  conduit  à  une  solution  immédiate 
du  problème  de  l'équivalence  de  deux  formes  :  en  algèbre,  on  en  déduit 
une  transformée  de  toute  forme  donnée  en  une  autre  dont  les  coefficients 
sont  des  invariants.  On  voit,  sans  que  j'aie  besoin  de  m'étendre  davantage, 
les  motifs  qui  m'ont  engagé  dans  la  recherche  dont  je  vais  présenter  dans 
cette  Note  les  principaux  résultats. 

»  On  sait  que  x3  -h  y3  -+-  z3  +  Glxyz  est  la  forme  canonique  pour  le 
troisième  degeé  :  l'analogie  nous  a  conduit  à  adopter  provisoirement, 
comme  forme  canonique,  dans  le  cas  actuel  : 

F  =  x\-hy*  +  s4-f  6ay2z2-h  6pz2x-  +  Gy.r2jr 

-+-  12XX2  yz  -+-  xiy.xy^z  -+-  iivxyz". 

»  Nous  avertissons,  avant  de  commencer,  que  les  variables  seront  repré- 
sentées, conformément  à  l'usage,  par  x,  y,  z  dans  le  cas  d'un  covariant, 
et  par  |,  vj,  'Ç  dans  le  cas  d'un  contrevariant.  De  plus,  nous  désignons  par 
des  numéros  d'ordre  les  diverses  fonctions  dont  nous  avons  à  faire  l'énu- 
mération.  la  première  est  le  Hessien,  dont  voici  la  valeur  : 


(  'o47  ) 
I. 


X" 


0-À 

y*z' 


xy  —  u. 


2  scX  —  i  «' 


4  av 


2  (3u  —  4  '■' 


2  7'J  —  4  Xu 


2a>-4f 


2  Sot—  4>,v 


xf 


2  yii  —  4  \<* 


7+2j3-3227 
U-  3  x  i*3  —  4  "2 


fc+fty — 3a(52 

4-3pv3—  4  "a3 


x'i; 

j;)  "'3 

6).î-4xA 
—  <juv— G67/ 

6, a2—  4  (3a 
— 4X11 — Sayp. 

s+ay-3e7: 

+  3V).2-4y.: 
.n  :.' 


(3  +  ay  —  3?.3S 


7+a(3-36-7 


a+p7  —  3ay2 

+  37/,'- 4  >,2 


2A  — Ga'X 
+I2ativ 


2a-  6S:u. 

+ 1  2  BXv 


ij  —  Gy3v 
-+- 1 2  yku. 


6v3-4yv 

— 4Xu — GaSv 


.r)-  : 


-6yf/+6a|3a 

+12  RV2 


-6av+G(3yv 
+  12  A2  v 


r..r'J  r" 

xz2y* 

yx'y 

— 6pX+6ayX 

+  I2).y.2 

—  6fSv+6ayy 
+I2R2v 

— 6yX+6«pX 

+  I2).V3 

-6aa-|-667(« 

+  I2Va 


u  Les 


i  —  3a3  —  3|53  —  3yI  +  i8aPy  +  I83ip 

deux  contrevariants  suivants  ont  été  obtenus  par  les  méthodes 


connues. 


II. 


w 

n' 

V 

-r  1 

+  3  a3 

+  i 
+  3S3 

+  1 

+  373 

4  "a 

■lis'  A 
-    6  'J  U.V 


12(3X 


?5? 

Pu 

;3» 

£3  >. 

/,  '  ; 

—  I2'/fA 

I  2  5CÏ 

—  1 2  y  A 

—  1 2  M 

—  12  (5v 

»sç2 

ÇSÇ2 

?V 

?V: 

H2ïï 

+  6a 
-rbp/ 

4-  12X3 

+  6(3 
+  6  «7 

+  1 2  y.' 

+  (>7 
+  6aS 

+  I2V2 

+  24  «X 

—  1 2  y.v 

+  2i(3y. 
—  1 2  )  V 

<':: 

"3      - 

?V 

.,2  vi 

7 

+  GaS 
—  3  6'y 

+  GS7 

-  3a72 

+  6x7 

—  3  a3  (3 

+  6xy 
-  3,Çy2 

—  I  2  $12 

-  9'" 
—  127U.3 

—  9?-3 

—  1 2  zv: 

—  9.u-: 
-12  y).3 

t  « 


-  24  7« 

■  I2Xa 


III. 


>i5ï 

SSS 

?a'i 

ïî?s 

??s 

ïr;1 

—  2À  +  6S2X 

—  2a+673u 

—  2v  +  6a2v 

—  2A  +  GX73 

2fA  +  6z2f/. 

—  2  v  +  6  62  v 

Ç.g< 

çV 

7 

a 

+  6  «S 

+  6  £7 

—  3sc3y 

—  3aS3 

-  gv- 

—  9^ 

—  12a  u* 

-12  Sv3 

„=£>   • 

Ç3£3 

I5»5 

—  1 2  k). 

—  1 2  Sot 

—  I  2  7V 

+  i2,2yX 

+  I207K 

+ 1 2  a(3v 

+18  rv 

+  l8Xï 

+  18)0. 

+  8  À3 

+   Sa3 

+  8v: 

rra 

Ç'Ç*i 

WC 

ri'-:V 

«V 

KV 

«?3<;3 

■CrrV 

4« 

—  I  2  S3  (A 

-  6SXv 

4v 

-I2  7!V 

-  67Xr 

Gaa 

-  Gf_7f- 
+3o  7AV 

—  1 2  À3  a 

G(3v 
—  6«7-j 
+3o  aA« 

I2!A2V 

67). 

-  6a£X 
+3op>v 
— 72XïS 

6  a-, 

—  GÊy-j 
+  3o  (3X« 

-J2X3v 

6  S'a 

—  G  ayA 
+3o  7p 

—  I2)ti3 

G  y  u 

—  G  a(3a 
+3o  aXv 

—  iajAï: 

SVÇ3 


,  _  3  7}  -  3  (52  -  3  73  -  3o  aX2  -  3o  Sa2  _  3ov,,=  +  43  Kpy  +  48  Xp 


(  io48  ) 
»  En  faisant  opérer  TI  sur  F,  on  obtient  l'invariant  cubique 

i  +  3 or2  4-  3/324-  3  y2  -+-  ôtzfiy  4-  ï-iak2  4-  \i[i\û-  -+-  isyv2  —  i^Xp-v; 

et,  en  faisant  opérer  F  sur  111,  on   obtient   un   contrevariant  quadratique 
du  quatrième  degré  par  rapport  aux  coefficients. 

IV. 


3a4-4  ^7  —  3  a3  +  5 x6=  +  5 37» 
-  2<xs  V/  —  8  (3vJ  —  8 y/-  —  1 7 a' V 
-20  3tj3p!  —20  -J.-/J'  +  ^9.  a'/.y,v 
4-).2  —  i2(jrv2 


2>)Ç 


-  X  —  iirt!>+3fr!).-[-3y-> 
-22<x(3X4-  igapi 

-  g  Py-py  —  4  a)  "  -j-  2 f3) .«-'  +  2 7/.V2 

+  4'A>v 


3  p  4-  4  37  -  3  63 + 5  p7s+  5  p«5 
-h  2  «p5  7-8  7V  —  8  3tv2  —  1 7  p2  p2 
—20  hyj-  —  20  (id-A2  +  32  p\j.-j 
+  u.2  —  iaX'v" 


—  fi  —  1 1  (52  a  +  3  7S  p.  4-  3  z  y 

+22  «P7(i  +  1 9  Vi-j 

4-  gzyXv —  4  Pp3  4-  2  7[*vJ  4-  2  aX5  u 

4  4  V-"  " 


3y4-4a&  — 3734-57z24-:>ï  -, 
4-  2<xp72  —  8  zy.:  —  8  6'a-  —  1 7  -f  - 
— 20  cr/X2  —  20  p7p.2  4-  32  7/p 
4-v2  —  iaVft" 


—  -11  —  ii7Jv4-3«sv4-  >'Vv 
+22  «^711 4- 1 9  7V 

4-  gap/u  —  4  yv 4-  2 kX*v  -t-  a  ' 

4-4>.av: 


»  On  obtient  encore  ce  même  contrevariant  en  faisant  opérer  le  contre- 
variant biquadratique  II  sur  le  concomitant  mixte  : 


S 

■4 

d'F 
dx* 

d-F 
dx  dy 

d"-F 
dxdy 

d2F 

'(Y1 

d-F 
dx  dz 

rf'-F 

dydz 

d"-F 
dx  dz 


d*F 


dydz 

d2F 

dz2 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  concernant  les  fonctions  des  vaisseaux  . 
Note  de  M.  Gris,   présentée  par  M.  Brongniart. 

«  Les  botanistes  sont  loin  d'être  d'accord  sur  le  rôle  physiologique  qu'on 
doit  attribuer  aux  vaisseaux  ponctués,  rayés,  ou  aux  vaisseaux  proprement 
dits  du  bois. 

»  Adrien  de  Jussieu  et  Achille  Richard,  dans  leurs  Traités  classiques  de 
Botanique,  admettent  qu'au  printemps,  les  vaisseaux  charrient  de  la  sève, 
mais  deviennent  plus  tard  des  vaisseaux  aériens. 


v  '^9  ; 

»  M.  Ad.  Brongniart,  se  fondant  sur  ses  propres  observations  et  sur  les 
rapports  manifestes  qui  existent  entre  la  structure  plus  ou  moins  vasculaire 
des  tiges  et  la  plus  ou  moins  grande  quantité  de  sève  qui  les  parcourt,  pro- 
fesse depuis  longtemps  au  Muséum  que  les  vaisseaux,  au  moins  à  certaines 
époques  de  l'année,  sont  les  conduits  naturels  de  la  sève. 

»  Enfin,  dans  un  ouvrage  récent  et  qui  est  aujourd'hui  entre  les  mains 
de  tous  les  amis  de  la  science,  MM.  Decaisne  et  Naudin  assignent  en  termes 
tres-précis  le  même  rôle  physiologique  aux  éléments  vasculaires  des  tiges 
dont  il  est  ici  question. 

»  Mais  cette  manière  de  voir  ne  paraît  point  être  celle  de  la  plupart  des 
botanistes  allemands,  qui  admettent  qu'une  fois  formés  les  vaisseaux  ne 
charrient  plus  que  de  l'air.  Cette  opinion  a  du  reste  été  soutenue  en  1 858 , 
au  sein  de  la  Société  Botanique  de  France,  par  MM.  Payer  et  Guillard. 

n  Si  les  avis  sont  partagés  sur  une  des  questions  les  plus  fondamentales 
de  la  physiologie  des  végétaux,  cela  tient  sans  doute  à  l'insuffisance  des 
moyens  d'investigation  et  aux  causes  d'erreur  inhérentes  au  mode  de  pré- 
paration des  vaisseaux.  Il  m'a  donc  paru  utile  de  faire  connaître  un  moyen 
facile  de  démontrer  la  présence  de  la  sève  dans  ces  organes. 

»  Ce  moyen  c'est  remploi  de  la  liqueur  de  Fehling.  Cette  liqueur,  très- 
usitée  pour  déterminer  la  présence  du  glucose,  et  dans  la  constitution  de 
laquelle  entrent  le  sulfate  de  cuivre  ,  la  lessive  de  soude,  le  tartrate  de  soude 
et  de  potasse ,  et  l'eau,  dans  des  proportions  déterminées,  conserve  sa  limpi- 
dité lorsqu'on  la  soumet  à  l'ébullition  ;  mais  si  on  ajoute  à  cette  dissolution 
bouillante  une  très-petite  quantité  de  glucose,  il  se  fait  un  précipité  rouge 
d'oxydule  de  cuivre  qui,  observé  sous  le  microscope,  est  formé  de  grumeaux 
assez  petits  dont  la  coloration  est  d'un  brun  foncé  presque  noir. 

»  Si  au  lieu  de  glucose  on  a  fait  tomber  dans  la  liqueur  quelques  gouttes 
de  sève,  on  observera  le  même  précipité  rouge  d'oxydule  de  cuivre. 

»  Enfin ,  que  l'on  plonge  pendant  quelques  instants  dans  cette  même 
liqueur  bouillante  des  fragments  épais  de  bois  de  châtaignier,  de  bouleau, 
de  peuplier,  de  cytise,  etc.,  comme  je  l'ai  fait  au  commencement  de  ce 
printemps,  et  que  dans  l'épaisseur  de  ces  fragments  on  pratique  de  minces 
coupes  propres  à  l'observation  microscopique,  on  pourra  s'assurer  aisément 
qu'un  abondant  précipité  d'oxydule  de  cuivre  tapisse  la  face  interne  des 
gros  vaisseaux,  en  sorte  que  leur  trajet  dans  Fépais?eur  des  couches 
ligueuses  est  indiqué  même  à  l'œil  nu  ou  à  l'œil  armé  d'une  simple  loupe 
par  des  filets  rougeâtres  très-visibles. 

»   Comme  ce  même  précipité  est  généralement  très-abondant  dans  les  cel- 

C.  R  ,  i8G3,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  IV°  22.)  l^7 


(  io5o  ) 
Iules  des  rayons  médullaires,  je  crois  pouvoir  conclure  de  celte  expérience 
que  les  vaisseaux  dits  lymphatiques  contiennent  (au  printemps  au  moins) 
une  sève  d'une  constitution  très-analogue,  sinon  identique,  à  celle  qui  se 
trouve  dans  les  éléments  cellulaires  des  mêmes  tiges,  et  que  le  précipité 
d'oxydule  de  cuivre  est  probablement  déterminé  de  part  et  d'autre  par  la 
présence  du  glucose  dans  ces  mêmes  éléments. 

»  J'ai  soumis  à  l'influence  du  même  réactif,  et  dans  des  conditions  que  je 
signalerai  bientôt,  les  vaisseaux  qui  entrent  dans  la  constitution  de  certaines 
plantes  herbacées.  J'aurai  prochainement  l'honneur  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie le  résultat  des  recherches  que  je  complète  en  ce  moment.  Je  me  con- 
tenterai de  signaler  aujourd'hui  seulement  ce  fait  remarquable  que  la  spiri- 
cule  des  vaisseaux  réticulés,  annulaires,  spiro-annulaires,  etc.,  offre  dans 
son  intérieur  un  précipité  rouge  formé  de  petits  grumeaux  d'un  brun  noi- 
râtre (lorsqu'on  les  observe  sous  un  fort  grossissement)  et  qui  parait  iden- 
tique à  celui  que  j'ai  signalé  plus  haut. 

»  Ce  phéifomène,  remarquable  au  double  point  de  vue  de  l'anatomie  et 
de  la  physiologie,  me  paraît  être  une  heureuse  confirmation  des  idées  de 
M.  Trécul  sur  la  structure  de  ces  spiricules.  » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Note  relative  à  la  réaction  du  chlorure  de  benzoïle  sur 
l'indigotine  et  l'isatine;  par  M.  Alf.  Schwartz. 

«  J'ai  fait  réagir  en  excès  du  chlorure  de  benzoïle  sur  de  l'indigotine 
cristallisée  et  pure,  obtenue  par  le  procédé  de  M.  Fritzsche. 

»  En  chauffant  ces  deux  corps  au  bain  d'huile  à  180  degrés,  j'ai  vu  la 
matière  colorante  se  transformer  peu  à  peu  en  une  substance  brune,  en 
même  temps  qu'il  se  dégageait  de  l'acide  chlorhydrique.  Ce  produit  diffère 
de  l'indigotine  par  la  substitution  de  i  atonie  de  benzoïle  à  i  atome  d'hy- 
drogène, et  s'est  formé  comme  le  montre  l'équation 

C8H5AzO  -+-  C7H5OCl  =  CI  H  +  C8H4(C7ll50)AzO. 

»  Pour  l'isoler,  il  suffit  de  chasser  par  distillation  la  plus  grande  partie 
du  chlorure  de  benzoïle  employé  en  excès,  et  de  laver  un  grand  nombre  de 
fois  le  résidu,  d'abord  à  l'eau  bouillante  chargée  de  carbonate  de  soude, 
puis  à  l'eau  bouillante  seule.  Il  reste  après  ces  traitements  une  niasse  d'un 
brun  foncé,  friable  à  froid  et  se  ramollissant  à  100  degrés,  fusible  à 
1 08  degrés,  insoluble  dans  l'eau  et  l'acide  acétique,  un  peu  soluble  dans 
l'alcool  bouillant  et  assez  soluble  dans  l'éther. 

»  L'acide  sulfurique  dissout  facilement  la  benzoïle  indigotine;  l'eau  la 
reprécipite  intacte  de  cette  solution    A  240  degrés,  elle  commence  à  se  dé- 


(  io5i  ) 
composer,  en  dégageant  d'abord  des  vapeurs  blanches,  puis  d'abondantes 
fumées  jaunes.  Cette  matière  que  je  n'ai  pu  obtenir  cristallisée,  étant  séchée 
à  140  degrés,  a  donné  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

«  I.   ogr,42a  de  matière  ont  donné  igr,  180  d'acide  carbonique  et  ogr,  i54 
d'eau  ; 

»  II.  osr,  263  de  matière  ont  donné  ogr,  742  d'acide  carbonique  et 
ogr,o88  d'eau; 

»   III.  ogr,  253   de    matière  ont  donné d'acide    carbonique   et 

ogr,  087  d'eau; 

»  IV.  ogr,422  de  matière  ont  donné  10,8  centimètres  cubes  d'azote  à 
22  degrés  et  ogr,745  de  pression; 

»   Nombres  qui  conduisent  à  la  formule  C'H'AzO2  : 

Théorie. 
„ .  I.  II.  Ut.  IV. 

C" 180  76,59  76,26  76,36  »                   » 

H» 9            3,82  4,o5            3,68  3,82  ' 

Az i4               5,  g5  >>                       »  »                    5,67 

0! 32  i3,64  »                  »  »                  » 

235         100,00 
»   En  chauffant  le  chlorure  de  benzoïle  avec  l'isatine  on  obtient  un  pro- 
duit analogue  se  formant  d'après  l'équation 

C8H5Az02  +  C7H5OCl  =C1H  +  CH4  (CH50)Az02. 

»  Pour  le  purifier,  on  le  traite  de  la  même  manière  que  le  produit  obtenu 
avec  l'indigotine.  Après  ces  traitements  il  reste  une  masse  d'un  brun  foncé, 
différant  peu  par  ses  propriétés  du  produit  de  l'indigotine. 

«  Cette  matière  est  insoluble  dans  l'eau,  assez  soluble  dans  l'alcool, 
l'éther,  la  soude  et  l'acide  acétique.  L'acide  sulfurique  dissout  aisément  la 
benzoïle  isatine;  l'eau  la  reprécipite  de  cette  solution  ;  elle  se  décompose  à 
23o  degrés,  en  dégageant  d'abondantes  fumées  jaunes.  Séchée  à  i4o  degrés, 
elle  a  donné  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

»  I.  ogr,3o,6  de  matière  ont  donné  igr,o36  d'acide  carbonique  et  ogr,  124 
d'eau; 

»   Nombres  qui  conduisent  à  la  formule  C,5H9  AzO*  : 

Théorie. 

C" 180  7')7!  7 1  ,34 

H» 9  3,58  3,47 

Az i4  5,57  » 

03 48       19,14 

25 1        100,00 

.37.. 


(   io5a  ) 

»  Ces  recherches  ont  été  faites,  sous  la  direction  de  M.  Schutzenberger. 
an  laboratoire  de  l'École  professionnelle  de  Mulhouse.  » 

M.  Oré,  qui  avait  adressé  au  concours  pour  le  prix  de  Physiologie  de 
i863  des  «  Recherches  expérimentales  sur  l'introduction  de  l'air  dans 
les  veines  »,  exprime  le  désir  que  son  travail  ne  soit  plus  compris  parmi 
les  pièces  de  concours,  mais  puisse  devenir  l'objet  d'un  Rapport  spécial. 

Le  Mémoire  de  M.  Oré  sera  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  com- 
posée de  MM.  Milne  Edwards,  Velpeau  et  Longet. 

M.  IVauck,  professeur  de  mathématiques  à  l'Institut  d'éducation  d'Hofwil, 
près  Berne,  annonce  l'intention  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
un  Mémoire  sur  les  équations  du  troisième  degré,  et  demande  s'il  doit  le 
rédiger  en  français  ou  en  allemand. 

L'Académie  préfère  que  les  Mémoires  qui  lui  sont  soumis  soient  écrits 
en  français  :  on  le  fera  savoir  à  M.  Nauck. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.   D.   B. 


BULLETIN'    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i5  mai  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Thèses  présentées  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  pour  le  doctorat  es 
sciences  physiques ,  par  M.  François  Raoult,  professeur  de  Physique  au 
Lycée  impérial  de  Sens. 

ire  Thèse.   Etude  des  forces  électromotrices  des  éléments  vollaupies. 

2e  Thèse.  Propositions  de  chimie  données  par  la  Faculté.  Paris,  1 863  ; 
br.  in-4°. 

Du  climat  de  l'Espagne  sous  le  rapport  médical;  par  Edouard  Ca/.kn.we, 
docteur  en  Médecine,  etc.  Paris,  [863  ;  i  vol.  in-8°. 

La  Vérité  dans  les  Sciences  physiques  ;  par  G.  ROBLET,  d'Épinal.  Epinal, 
i863;  br.  in-8°. 

De  la  meilleure  manière  d'extraire  la  pierre  hors  de  la  vessie;  par  André 
Uyherhoeven.  Bruxelles,  i863;  br.  in-8°. 


(  io53  ) 

Études  complémentaires,  sur  la  loi  du  travail  appliquée  au  traitement  de  l'alié- 
nation mentale;  par  J.-B.-P.  Brun  Séchaud,  docteur-médecin.  3e  Mémoire. 
Limoges,   1 863  ;  br.  in-8°. 

Essai  sur  l'hygiène  publique  considérée  dans  ses  rapports  avec  l'instruction 
primaire  ;  par  Je  Dr  Demarquette.  Douai,  i863;  in-8°. 

Preuves  tératologiques  de  la  construction  vertébrale  et  de  ta  dualité  de  (a  tête; 
par  M.  A.  Lavocat,  professeur  à  l'École  impériale  de  médecine  vétérinaire 
de  Toulouse,  etc.  Toulouse,  1 863  ;  br.  in-8°. 

Recherches  d'anatornie  comparée  sur  l'appareil  temporo-jucjal  et  palatin  des 
vertébrés  (nouvelle  édition);  par  le  même.  Toulouse,  1 863  ;  br.  in-8°. 

First,  second  and  third  Reports...  Premier,  deuxième  et  troisième  Rapports 
faits  à  la  Division  commerciale  par  la  Commission  des  Boussoles  de  Liverpool; 
années  i855-i86o.  Présentés  par  ordre  de  Sa  Majesté  aux  deux  Chambres 
du  Parlement.  Londres,  1857-1862;  2  vol. 

Second  number...  Second  numéro  des  Mémoires  météorologiques  publiés 
par  l'autorité  de  la  Division  commerciale.  —  Table  des  traversées  et  instructions 
générales  pour  les  passages.  Londres,  1 862 . 

Eleventh  number...  Onzième  numéro  des  Mémoires  météorologiques,  arrangés 
par  le  vice-amiral  Fitzroy,  publiés  par  ordre  de  la  Division  commerciale. 
(Appendice  au  Rapport.) 

Arrangements...  Arrangements  pris  pour  la  télégraphie  météorologique. 
Londres,  1862;  in-8°.  (2  exempl.) 

Reports...  Rapport  du  Bureau  météorologique  de  la  Division  commerciale; 
(  1862-1863)  présentés  aux  deux  Chambres.  Londres,  1 862-1 863;  2  br.  in-8°. 

Barometer  Manual...  Manuel  barométrique  [Division  commerciale),  pré- 
paré par  le  vice-amiral  Fitzroy;  7e  édition.  Londres,  i863;  in-8°.  (2  exempl.) 

Coast  or  Fishery...  Manuel  barométrique  pour  les  côtes  ou  les  pêcheries 
[Division  commerciale),  préparé  par  le  vice-amiral  Fitzroy.  Londres, 
1 863.  (  2  exempl.  ) 

The  Veather  book...  Manuel  de  Météorologie  pratique  ;  par  le  vice-amiral 
Fitzroy;  2e édition.  Londres,  1 863;  1  vol.  in-8°. 

Verhandlungen...  Mémoires  de  la  Société  d'Histoire  Naturelle  et  de  Méde- 
cine d' H  eidelb  erg.  Vol.  III,  ire  livraison  ;  in-8°. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  1"' juin  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Essai  sur  la  constitution  des  corps  célestes;  par  E.-E.  REGNEAULT.  Nancy, 
1 863  ;  in-8°.  (Renvoyé  à  la  Section  d'Astronomie.) 


(  io54  ) 

Propositions  sur  les  tremblements  de  terre  et  les  volcans,  formulées  par 
M.  Alexis  Perrey,  adressées  à  M.  Lamé,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  i863  ; 
111-80. 

Etude  chimique  et  médicale  des  eaux  sulfureuses  d'Ax  (Ariége);  par  Félix 
Garrigou.  Paris  et  Toulouse,  1862;  in-8°. 

Intorno...  Sur  la  recherche  d'un  remède  efficace  contre  la  pébrine  des  vers 
à  soie;  Mémoire  du  Dr  Gins.  Rotta,  en  réponse  à  une  question  mise  au  con- 
cours par  le  Conseil  général  de  l'Isère.  Varallo,  1 863  ;  1  feuille  in-8°. 


PUBLICATIONS     PERIODIQUES      REÇUES      PAR      L'ACADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    MAI    1865. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l  Académie  des  Sciences;  \"  se- 
mestre i863,  noa  18  à  aï  ;  in-4°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BOUSSINGAULT,  REGNAULT  ;  avec  une  Revue  des  travaux  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique publiés  à  l'étranger,  par  MM.  Wurtz  etVERDET;  3e  série,  t.  LXVIII, 
mai  i863;  in-8°. 

Annales  de  l'Agriculture  française  ;  5e  série,  t.  XXI,  n°  8;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques  ;  22e  année,  t.  II,  avril  1 863  ;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d'hydrologie  médicale  de  Paris;  comptes  rendus  des 
séances;  t.  IX,  10e  livraison  ;  in-8". 

Annales  médico-psychologiques  ;  4e  série;  t.  I,  n°3,  mai  i863;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  n°  208;  mai  i863;  in-8°. 

Annales  de  rÉlectrothérapie;  ire  année,  i863;  n°  1,  janvier,  et  n°  2,  avril; 
111-80. 

Atti  délia  Società  italiana  di  Scienze  naturali;  vol.  V,  fasc.  1  (f.  1  à  3). 
Milan  ;  in-8°. 

Atti  dell'imp.  reg.  Institulo  Vcneto  di  Scienze,  Lettere  ed  Arti,-  t.  IX, 
4e  livr.  Venise,  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse;  t.  XVI,  n°  64.  Genève;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France;    t.  XX,  feuilles  6  à   12,  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  n°  i4;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse.  ;  avril  1 863  ;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  2e  série,  t.  VI,  nos  1 , 
2  et  3;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  d  Agriculture  de  France; 
2e  série,  t.  XVIII,  n°9  5  et  6;  in-8°. 


(   .o55  ) 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rédigé  pai 
MM.  Combes  et  Peugot;  2e  série,  t.  X,  mars  i863;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de.  Photographie;  cf  année,  avril    1 863  ; 
in-8°. 

Bulletin  des  travaux  de  la  Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille;  7e  an- 
née; n°  2,  avril  i863;  in-8°. 

Bulletin  de  l' Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique  ;  32e  année,  2e  série,  t.  XV,  nos  3  et  4?  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation  et  d'Histoire  naturelle  de  l'île  de  la 
Réunion;  t.  I,  n°  2;  avril   1 863.  Saint-Denis  (Réunion)  ;  in-8°. 

Bulletin  du  Laboratoire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  de  M.  Ch.  Mené; 
mai  1 863.  Lyon;  in-8°. 

Butleltino  meteorologico  dell'  Observatorio  del  Collegio  romano;  vol.  II,  nos  n. 
8  et  9.  Rome;  in-4u. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention  ;  année  1862;  n°  11;  in-8°. 

Cosmos.  Bévue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  de 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  1 2e  année, t.  XXII,  nos  1  8  à  22;  in-8°. 

Dictionnaire  français  illustré  et  Encyclopédie  universelle.   Livraisons  1 53   à 
1  59  ;  in-4°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  36e  année,  nos  5oà6i  ;  in-8°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  33e  année,  t.  XVIII,  nos  18  à  22;  in-40. 

Gazette  médicale  d'Orient;  6e  année,  avril  i863  ;  in-4°. 

Il  Nuovo  Citnento Journal  de  Physique,  de  Chimie  et  d'Histoire  naturelle; 

t.  XVI,  octobre  et  novembre  1862.  Turin  et  Pise;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique;  27e  année,  i863,  nos  9  et  10;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4e  série, 
mai  i863;in-8°. 

Journal   de  la  Société  impériale   et  centrale  d'Horticulture;   t.  IX,    avril 
j  863  ;  111-80. 

Journal  de  Pharmacie   et  de  Chimie;   22e    année,    t.   XLI,    mai     1 863 ; 
in-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du    Midi;   26e  année,   t.    VI,    mai  1 863 ;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29e  année,  n05  12 
à  1 5  ;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  de  la  Càte-d'Or  ;  mars  1 863  ;  in-8°. 

Journal    de   Mathématiques  pures  et    appliquées  ;    2e  série,    mars     1 863: 
in-4°. 


(  co56  ) 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire,-  t.  I,  n°  12,  mai  i863;  in-8°. 

Journal  desjabricants  de  sucre;  4e  année,  nos  3  à  8;  in-4°- 

L Abeille  médicale;  20e  année;  nos  17  a  21  ;  in-4°- 

L Agriculteur  praticien;  3e  série,  t.  IV,  nos  i4  à  16;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  7e  année,  nouvelle  série;  mai   1 863 ;  in-8°. 

LArt  médical;  cf  année,  t.  XVII,  mai  i863;  in-8°. 

La  Culture;  4e  année,  t.  IV,  n05  21  et  22;  in-8°. 

La  Lumière;  1 3e  année,  n05  8,  9  et  10;  in-4°- 

La  Médecine  contemporaine;  5e  année,  nos  8,  9  et  10;  in-4°- 

La  Science  pittoresque  ;  8e  année;  nos  1  à  5;  in-4°- 

La  Science  pour  tous;  8e  année;  n°9  22  à  25  ;  in-4°. 

Le  Gaz;  •f  année,  n°  3;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;  3e  année,  nos  4  et  5,  avec  la  table  des 
matières  contenues  dans  le  2e  volume;  in-4°. 

Le  Technologiste  ;  24e  année,   mai  i863;in-8°. 

Les  Mondes.  . .  Revue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  applications  aux 
Arts  et  à  l'Industrie;  1"  année,  t.  I,  livraisons  12  à  16;  in-8°. 

Magasin  pittoresque;  3 Ie  année  ;  mai  1 863 ;  in-4°. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  6e  année,  t.  X;  mai 
■  863;  in-8°. 

Monatsbericht. . .  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  t  Académie  royale 
des  Sciences  de  Prusse;  novembre  et  décembre  1862,  janvier  et  février  i863; 
in-8°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres, 
vol.  XXIII,  n°6;  in-12. 

Nouvelles  Annales   de  Mathématiques;    2e  série;   mai  i863;in-8°. 

Pharmaceutical  Journal  and  Transactions  ;  2e  série,  vol.  IV;  n°  11;  in-8°. 

Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  1 863,  t.  Ier,  nos9et  10;  in-8°- 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  t.  XIX;  mai  i863;  in-8°. 

Revista  de  obras  publicas.  Madrid  ;  t.  XI,  nos  9  et  10;  in-4°- 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  3oe  année,  n°*9  et  10;   in-8". 

Revue  maritime  et  coloniale;  t.  VII,  mai  i863;  in-8°. 

Revue  viticole ;  5e  année;  n°  4>  avril  1 863  ;  in-8°. 

The  American  journal  of  Science  and  Arts;  n°  io5,  mai  1 863  ;  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  8  JUIN  1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  terrestre.  —  De  ta  détermination  des  températures  à  de   (/rondes 
profondeurs  dans  la  terre  avec  le  thermomètre  électrique  ;  par  M.  Becquerel. 

(Extrait.) 

«  Le  soleil  lance  continuellement  sur  la  terre  des  rayons  lumineux  et  calo- 
rifiques, variant  d'intensité  avec  la  latitude;  les  effets  calorifiques  qui  en  résul- 
tent sont  sensibles  dans  les  couches  superficielles  jusqu'à  la  profondeur  où  se 
trouve  une  couche  à  température  constante,  dite  invariable,  au-dessous  de 
laquelle  la  température  va  enaugmentant,  sur  la  même  verticale,  en  moyenne 
et  en  nombres  ronds,  de  i  degré  par  3o  mètres,  en  ne  tenant  point  compte 
par  conséquent  de  la  nature  des  terrains,  de  leur  conductibilité  et  d'autres 
causes  encore;  mais  comme  dans  la  même  formation,  pour  un  accroisse- 
ment égal  de  température,  la  profondeur  varie  du  simple  au  triple  et  même 
au  delà,  ce  rapport  n'est  donc  pas  l'expression  d'une  loi. 

»  Le  thermomètre  électrique  permet  d'étudier  toutes  les  questions  rela- 
tives à  la  distribution  de  la  chaleur  depuis  le  sol  jusqu'à  de  grandes  profon- 
deurs, puisque  l'on  peut  observer  la  température  à  moins  de  -fa  de  degré 
près  à  des  distances  aussi  rapprochées  qu'on  le  désire. 

»  Pour  calculer  l'accroissement  de  température  au-dessous  de  la  couche 
invariable,  comme  on  ne  connaît  pas  la  plupart  du  temps  la  température  de 
cette  couche  et  sa  distance  au  sol,  on  prend  pour  l'une  la  moyenne  du  lieu 
qu'on  suppose  lui  être  égale,  et  pour  point  de  départ  de  l'autre,  le  sol. 

C.  E.,  i863,  1"  Semeure.  (T.  LVI,  N°  25.)  ■  38 


(   io58  ) 

»  La  moyenne  du  lien  étant  rarement  connue,  on  y  substitue  la  tempé- 
rature des  puits  qui  ne  la  représente  pas  toujours  exactement,  puisque, 
d'après  les  observations  de  M.  L.  de  Bncb.  la  température  des  sources 
paraît  dépendre  de  la  saison  des  pluies,  de  la  quantité  d'eau  tombée  et  de  la 
nature  des  terrains;  dans  les  pays  à  pluies  d'été,  la  température  est  plus 
élevée  que  la  moyenne;  dans  les  pays  à  pluies  d'hiver,  le  contraire  a  lieu. 

»  D'un  Autre  côté,  quand  on  fait  abstraction  de  la  distance  de  la  couche 
invariable  au  sol,  on  s'éloigne  d'autant  plus  de  la  vérité  que  la  distance 
est  moindre;  la  méthode  en  usage  ne  donne  donc  que  des  valeurs  appro- 
chées. 

>>  M.  Cordier  a  mis  hors  de  doute  l'influence  de  la  nature  du  terrain  et 
de  sa  conductibilité  sur  la  distribution  de  la  chaleur;  en  comparant  les  oh- 
servations  faites  dans  trois  mines  de  houille,  il  a  reconnu  qu'il  y  avait  un 
accroissement  de  r  degré  pour  une  profondeur  de  36  mètres  à  (.'.anneaux, 
de  19  mètres  à  Littry,  et  de  i5  mètres  à  Decize. 

»  MM.  Arago  et  Walfenlin  ont  constaté  de  leur  côté  que,  dans  le  puits 
foré  de  l'abattoir  de  Grenelle,  jusqu'à  la  profondeur  de  548  mètres,  dans  le, 
terrain  du  bassin  tertiaire  de  Paris,  composé  d'atterrissements,  de  calcaire 
grossier,  d'argile  plastique,  de  craie  et  de  sable  vert,  il  y  avait  :  de  28 
à  66  mètres,  1  degré  d'accroissement  par  3i  mètres;  de  66  à  173  mètres, 
1  degré  par  3o  mètres;  de  173  à  248  mètres,  1  degré  par  20  mètres;  de  248 
à  298  mètres,  1  degré  par  22  mètres;  de  298  à  400  mètres,  1  degré  par 
62  mètres;  de  4oo  à  5oo  mètres,  1  degré  par  38m,9;  de  5oo  à  548  mètres, 
1  degré  par  3i  mètres:  en  moyenne,  i  degré  par  3i  mètres. 

»  On  voit  par  là  que  dans  une  même  formation  et  dans  un  même  lieu, 
pour  uu  accroissement  de  1  degré  de  température,  la  profondeur  peut  varier 
de  1  à  3. 

«  Parmi  les  exemples  remarquables  d'accroissement  de  température  avec 
la  profondeur  que  je  rapporte  dans  mon  Mémoire,  je  mentionnerai  seule- 
ment ici  les  résultats  obtenus  dans  le  puits  foré  de  Neuffen  (Wurtemberg), 
ayant  338  mètres  de  profondeur,  et  dans  lequel  on  a  trouvé'  1  degré 
d'accroissement  pour  10  mètres  de  profondeur.  M.  Daubrée,  qui  a  étudié 
avec  soin  les  causes  de  cet  accroissement  rapide,  l'attribue  non  à  des  causes 
météorologiques  ou  à  des  propriétés  physiques  du  sol,  mais  bien  à  la  cha- 
leur d'origine  des  basaltes  de  la  localité,  non  encore  entièrement  dissipée. 
Ce  qui  tend  à  confirmer  cette  opinion,  c'est  l'observation  qu'il  a  faite  que 
les  sources  du  Kaisersthal  ont  une  température  plus  élevée  que  celles  de 
tout  le  pays  environnant;  il  se  pourrait  aussi  que  ce  fût  là  une  des  causes 


(  lo59  ) 
pour  lesquelles  le  climat  de  cette  contrée  est  plus  doux  cpie  les  climats  de 
Fribourg,  de  Karlsruhe  et  de  Mannheim. 

»  On  a  du  reste  des  preuves  de  l'extrême  lenteur  avec  laquelle  les  roches 
volcaniques  de  formation  récente  se  refroidissent,  puisque  Dolomieu  a 
trouvé  au  Vésuve  des  masses  de  laves  sorties  depuis  dix  ans,  qui  avaient 
encore  une  chaleur  sensible. 

»  M.  Élie  de  Beaumont  a  vu  également  sur  l'Etna  une  coulée  de  lave,  s'é- 
levant  de  10  à  i5  mètres  au-dessus  des  terrains  environnants,  qui  possédait 
encore,  vingt-deux  mois  et  demi  après  sa  sortie,  une  température  élevée. 

»  La  température  de  la  terre  au-dessous  de  la  couche  invariable  peut 
donc  être  influencée  par  la  conductibilité  des  terrains,  les  infiltrations  des 
eaux,  le  voisinage  de  roches  qui  conservent  encore  une  partie  de  leur  cha- 
leur d'origine,  les  réactions  chimiques,  etc  ,  influences  d'autant  plus  inté- 
ressantes à  étudier  qu'elles  peuvent  réagir  sur  les  climats  :  aussi  a-t-on  in- 
térêt à  connaître  les  changements  qui  en  résultent  dans  la  température  des 
couches  superficielles;  c'est  cette  question  que  j'ai  commencé  à  aborder 
avec  le  thermomètre  électrique  auquel  je  suis  parvenu  à  donner  un  grand 
degré  de  précision. 

»  Il  n'a  pu  entrer  dans  ma  pensée  de  rechercher  si  le  refroidissement  de 
la  terre  était  sensible,  car  on  admet,  d'après  des  observations  astrono- 
miques, que,  depuis  l'école  d  Alexandrie,  la  température  de  la  terre  est 
restée  sensiblement  stationnaire. 

»  [je  thermomètre  électrique,  réduit  à  sa  plus  simple  expression,  est  un 
circuit  fermé,  composé  d'un  fil  de  fer  et  d'un  fil  de  cuivre  soudés  à  leurs 
points  de  jonction,  et  dans  lequel  se  trouve  un  galvanomètre  gardant  par- 
faitement le  zéro,  ou  mieux  encore  un  magnétomètre  solidement  établi  et 
divers  accessoires,  tels  qu'appareils  pour  échauffer  ou  refroidir  la  soudure 
libre,  thermomètres,  lunettes,  etc.  Voici  le  principe  à  l'aide  duquel  on  dé- 
termine la  température:  quand  celle  ci  est  la  même  aux  deux  soudures,  l'ai- 
guille aimantée  resle  à  zéro,  mais  s'il  y  a  une  différence  de  température,  il 
y  a  déviation.  Si  l'une  des  soudures  se  trouve  donc  dans  un  lieu  dont  on 
ne  puisse  observer  la  température  avec  un  thermomètre,  en  élevant  ou 
abaissant  celle  de  l'autre  soudure,  jusqu'à  ce  que  l'aiguille  aimantée  soit 
revenue  à  zéro,  on  sera  assuré  alors  que  cette  température  sera  égale  à  celle 
qui  est  inconnue.  En  donnant  aux  fils  métalliques  des  diamètres  suffisants, 
on  peut  ainsi  observer  la  température  à  de  grandes  profondeurs;  je  dois 
dire  qu'il  faut  s'assurer,  comme  je  l'ai  fait,  que  les  températures  données 
par  les  soudures  sont  les  mêmes  que  celles  des  thermomètres  placés  à  côté. 

i38.. 


(   io6o  ) 

»  Cette  opération  exige  trois  choses  :  i°  un  puits  foré;  ss°un  câble  thermo- 
électrique; 3°  un  galvanomètre  et  divers  accessoires. 

»  Du  puits  foré.  —  L'administration  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  a 
mis  à  ma  disposition  un  puits  abandonné  revêtu  en  maçonnerie,  qui  tra- 
verse les  carrières  et  dont  la  profondeur  est  de  i2m,36.  A  partir  du  fond 
de  ce  puits,  un  forage  a  été  effectué  par  les  soins  de  M.  Dru,  ingénieur  civil; 
la  sonde  a  traversé  le  calcaire  grossier  et  les  marnes  qui  l'accompagnent, 
jusqu'à  la  profondeur  de  23m,8o,  puis  l'argile  plastique  jusqu'à  celle 
de  '$Ç>m,Ç>o,  terme  du  sondage. 

»  Du  câble  thermo-électrique.  —  Ce  câble  est  formé  de  sept  fils  de  cuivre 
de  2  millimètres  de  diamètre  chacun  et  de  5o  mètres  de  longueur,  et  de 
sept  fds  de  fer,  de  même  diamètre  et  de  même  longueur,  soudés  deux  à 
deux,  un  fil  de  fer  à  un  fil  de  cuivre,  par  une  de  leurs  extrémités;  chaque 
fil  (formé  lui-même  de  sept  autres  fils)  est  recouvert  d'une  couche  de 
gutta-percha  de  3  millimètres  d'épaisseur  et  d'un  ruban  de  coton  gou- 
dronné ;  les  sept  fils  sont  enroulés  les  uns  sur  les  autres  en  forme  de  torsade, 
chaque  soudure  étant  placée  à  5  mètres  de  distance  les  unes  des  autres.  Le 
tout  est  enveloppé  d'une  toile  épaisse  de  coton  goudronnée.  Ce  câble,  cpii 
sort  des  ateliers  de  MM.  Rattier  et  Compagnie,  a  été  fabriqué  avec  beaucoup 
de  soin,  sous  la  direction  de  M.  Barbier;  après  l'avoir  introduit  dans  un 
mât  de  sapin  évidé  intérieurement,  goudronné  et  calfaté  de  manière  à  le 
rendre  parfaitement  étanche,  on  l'a  descendu  dans  le  puits  foré;  après  quoi 
on  a  coulé  dans  ce  dernier  du  béton  de  Portland  liquide,  afin  de  remplir 
les  interstices  en  expulsant  l'eau.  Toutes  ces  opérations,  qui  n'étaient  pas 
sans  difficultés,  ont  été  exécutées  avec  beaucoup  d'intelligence  et  de  soin 
par  M.  Dru. 

»  Le  câble,  après  sa  sortie  du  puits  foré,  a  été  dirigé,  en  le  maintenant 
sous  terre  et  le  plaçant  dans  des  tuyaux  de  poterie,  dans  une  pièce  ou  se 
trouvaient  le  galvanomètre  et  le  magnétomèlre,  ainsi  que  les  appareils  des- 
tinés à  observer  les  températures  de  5  mètres  en  5  mètres  de  distance. 

»  Avant  la  descente  du  câble,  on  a  mesuré  avec  des  thermomètres  ;i 
maxima  et  à  déversement  la  température  de  l'eau  du  puits  à  36m,Go  et 
à  18  mètres;  on  a  trouvé  en  moyenne  pour  la  température  de  l'eau  : 

A  36'", 6o i2°,  29 

A  18  mètres.  . 1  i°,89 

»  Quinze  jours  après  la  descente  du  câble  on  a  procédé  aux  observations 
de  température,  de  5  mètres  en  5  mètres,  la  première  soudure  n'étant  placée 
seulement  qu'à  36  mètres  et  la  septième  à  G  mètres. 


(  io6i  ) 
»  Voici  la  moyenne  des  résultats,  qui  ne  différaient  entre  eux  que  de  o°,  i 
environ. 

o 

Première  soudure,  dans   l'argile   plastique,   à 36  mètres  12,46 

Deuxième  soudure  »  à 3i  i2,3o 

Troisième  soudure  »  à 26  12,4" 

Quatrième  soudure,  en  partie  dans  l'argile,  en  partie  dans 

les   marnes,  à 21  12,2 

Cinquième  soudure,  dans  le  calcaire,  à 16  12,2 

Sixième  soudure,  dans  le  remblai  sableux  du  puits,  à 11  i3,o 

Septième  soudure  »  »  à.  .  ,  .  .        6  llil 

»  Or  M.  Quetelet,  en  comparant  toutes  les  observations  de  température 
faites  à  différentes  profondeurs,  en  a  conclu  que  dans  nos  climats,  de  i5 
à  16  mètres  tle  profondeur,  la  variation  annuelle  n'est  plus  que  de  o°,  1,  qu'au 
delà  elle  n'est  plus  sensible;  je  ne  m'en  suis  tenu,  par  conséquent  pour  le 
moment,  qu'aux  cinq  premières  soudures. 

»  A  36  mètres  la  température  ne  diffère  que  de  o°,  17  de  celle  de  l'eau 
à  36m,6o,  avant  la  descente  du  câble  ;  à  18  mètres  la  différence  est  de  o°,48 
avec  celle  à  la  même  profondeur,  ce  qui  s'explique  facilement  par  le  mou- 
vement de  l'eau  dans  le  puits  foré. 

»  La  température  de  36  à  26  mètres  est  invariable  dans  le  moment  actuel. 
et  si  à  3 1  mètres  on  trouve  une  différence  en  moins  de  o°,  16,  cela  tient  à 
des  causes  accidentelles  que  l'on  n'aperçoit  pas  encore,  mais  qu'il  est  diffi- 
cile d'attribuer  à  l'instrument,  en  raison  des  précautions  prises  pour  rendre 
toutes  les  soudures  identiques;  j'ai  contrôlé  ces  résultats  en  réunissant  et 
opposant  l'un  à  l'autre  les  circuits  1  et  2,  1  et  3,  2  et  3,  d'où  résultent  deux 
courants  en  sens  contraire,  dont  l'action  sur  l'aiguille  aimantée  est  nulle 
quand  les  deux  courants  sont  égaux. 

»  De  16  à  36  mètres,  pour  une  profondeur  de  20  mètres,  dont  8  mètres 
dans  le  calcaire  et  les  marnes  et  12  mètres  dans  l'argile  plastique,  l'accrois- 
sement n'a  été  que  de  o°,a5;  dans  l'argile  il  a  été  nul. 

»  A  28  mètres,  dans  l'argile  plastique,  la  température  est  donc  de  i2°,38, 
tandis  que  celle  du  calcaire  dans  les  caves  de  l'Observatoire,  à  la  même  pro- 
fondeur, le  thermomètre  étant  plongé  dans  l'air,  elle  n'est  que  de  1  i°,7o; 
différence,  o°,68  en  faveur  de  l'argile. 

»  Dans  une  autre  localité,  où  la  formation  calcaire  a  plus  d'épaisseur,  la 
couche  invariable  ne  s'y  trouve  plus  à  la  même  profondeur;  il  en  est  de 
même  dans  l'argile  plastique. 

»   A  la  gare  de  Saint-Ouen,  dans  du  sable  à  gros  grains,  et  3o  mètres  plus 


(   1062  ) 
bas  qu'au  Jardin  des  Plantes,  on  n'a  trouvé  que  i2°,ç>,  et  à  Maisons-Alfort 
i4  degrés  à  54  mètres. 

»  On  voit  par  là  :  i°  que,  sans  sortir  du  bassin  tertiaire  de  Paris,  la  couche 
invariable  n'est  pas  à  la  même  profondeur;  a°  que  l'on  peut  déterminer 
rigoureusement  la  marche  de  la  propagation  de  la  chaleur  dans  le  sol  et  la 
position  de  la  couche  invariable;  3°  qu'au  Jardin  des  Plantes,  de  26 
a  36  mètres,  la  température  est  constante,  ainsi  que  de  16  à  21  mètres; 
j'ajouterai  qu'en  passant  d'un  terrain  à  un  autre  la  température  paraît 
changer,  et  qu'il  sera  possible  de  déterminer  avec  une  grande  exactitude  la 
propagation  de  la  chaleur  solaire  dans  la  terre,  depuis  le  sol  jusqu'aux 
couches  où  les  variations  annuelles  cessent  d'être  sensibles. 

»  J^'établissement  d'un  thermomètre  électrique,  dans  un  puits  foré 
a  36  mètres  de  profondeur,  soustrait  au  contact  de  l'eau,  présentant  une 
longue  durée,  et  que  l'on  peut  considérer  comme  un  spécimen  pour  diverses 
localités,  n'a  pu  être  exécuté  sans  quelques  dépenses  ;  les  fonds  nécessaires 
pour  les  acquitter  ont  été  alloués  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
sur  la  demande  qui  lui  en  a  été  faite  par  mon  ami,  M.  Chevreul,  dont  on 
connaît  le  dévouement  aux  progrès  des  sciences;  je  prie  donc  M.  le  Ministre 
d'agréer  mes  remerciments  pour  son  concours  bienveillant,  sans  lequel  il 
ne  m'eût  pas  été  possible  de  mettre  à  exécution  le  projet  auquel  je  pensais 
depuis  longtemps  et  qui  n'est  pas  sans  importance  pour  la  physique  ter- 
restre. 

»  Il  serait  à  désirer,  et  je  crois  en  avoir  démontré  l'utilité,  que  ce  nouveau 
mode  d'observation,  qui  donne  des  températures  à  moins  de  -^  de  degré 
près,  fût  exécuté  jusqu'à  100  ou  200  mètres  de  profondeur,  afin  de  voir 
comment  la  nature  du  terrain,  l'infiltration  des  eaux,  les  réactions  chimi- 
ques et  d'autres  causes  encore  influent  sur  la  distribution  de  la  chaleur 
dans  les  couches  terrestres,  et  quelles  sont  les  modifications  qu'elle  éprouve 
avec  le  temps;  distribution  dont  les  effets  peuvent  réagir  sur  la  température 
du  sol,  et  par  suite  sur  le  climat:  c'est  là  une  des  plus  grandes  questions  de 
physique  terrestre  que  l'on  puisse  se  proposer  de  résoudre  et  qui  est  digne 
de  fixer  l'attention.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Faits  pour  servir  à  i histoire  des  matières  colorantes 
dérivées  de  la  houille;  par  M.  A.-W.  Hofmanx. 

«.  Dans  une  Note  précédente  j'ai  démontré  qu'on  n'obtient  pas  de  rouge 
en  soumettant  l'aniline  normale  aux  agents  employés  dans  l'industrie  à  la 


(   to63  ) 

production  de  celle  matière  colorante.  Chercher  dans  l'aniline  commerciale 
le  corps  qui  donne  naissance  à  la  rosaniline,  tel  était  le  développement 
naturel  de  cette  observation. 

»  J'ai  déjà  fait  remarquer  que  le  produit  commercial  qui  se  prête  le 
mieux  à  la  formation  (\u  rouge  bout  à  des  températures  notablement  supé- 
rieures au  point  d  ebullition  de  l'aniline  normale.  L'idée  se  présentait  donc 
de  soumettre  cette  substance  à  la  distillation  fractionnée;  ou  bien  on  pou- 
vait remonter  à  la  séparation  méthodique  des  carbures  d'hydrogène  qui 
font  le  point  de  départ  de  la  fabrication  des  bases.  Mais  on  sait  combien  ces 
procédés  sont  longs  et  pénibles  et  qu'on  ne  peut  espérer  de  succès  qu'en 
opérant  sur  une  vaste  échelle. 

»  Dans  le  désir  d'abréger  le  chemin,  j'ai  songé  à  examiner  l'action  des 
sels  mercuriques  et  sta uniques,  elc,  sur  les  homologues  de  l'aniline  dont 
heureusement  j'avais  à  ma  disposition  des  échantillons  purs.  Le  terme  con- 
tigu  supérieur,  la  toluidine,  devait  d'abord  fixer  mon  attention.  La  présence 
de  celle  base  dans  l'aniline  du  commerce  ne  pouvait  être  douteuse  puis- 
qu'on emploie  à  sa  fabrication  des  benzines  dont  le  point  d'ébullilion  s'élève 
jusqu'à  100  degrés  et  même  au  delà.  M.  Nicholson,  s'étant  convaincu  que 
l'aniline  normale  était  impuissante  à  produire  la  rosaniline,  était  même  dis- 
posé un  moment  à  croire  que  la  toluidine  était  la  véritable  source  du  rouge 
dit  d'aniline.  Mais  la  toluidine,  dont  j'avais  constaté  par  sa  combustion  la 
pureté  parfaite,  soumise  dans  les  circonstances  les  plus  variées  aux  agents 
déjà  cités,  ne  m'a  fourni  aucune  trace  de  matière  colorante. 

»  La  question,  qui  s'obscurcissait  de  plus  en  plus,  devait  s'éclaircir  par 
une  expérience  heureuse. 

»  Un  mélange  d'aniline  pure  et  de  toluidine  pure,  chauffé  avec  le  chlo- 
rure mercurique  ou  stannique,  ou  avec  l'acide  arsénique,  a  produit  instan- 
tanément nu  rouge  magnifique  d'un  pouvoir  tinclorial  des  plus  intenses. 
Cette  expérience  paraît  indiquer  que  le  rouge  appartient  à  la  fois  aux  séries 
phénique  et  toluique. 

»  Je  n'ai  pas  pour  le  moment  poursuivi  plus  loin  mes  expériences  dans 
la  voie  nouvelle  ouverte  par  ce  résultat.  J'ajouterai  seulement  que  la  trans- 
formation en  oxalate  de  l'aniline  commerciale,  et  surtout  d'un  échantillon 
qui  m'avait  été  fourni  par  M.  Nicholson  comme  très-propre  à  la  production 
du  ronge,  m'a  permis  de  préparer  des  quantités  notables  de  toluidine  à 
l'état  de  pureté. 

»  Ayant  à  nia  disposition  les  matières  nécessaires,  j'espère  résoudre  la 
question  que  je  n'ai  fait  qu'effleurer  jusqu'à  présent.  » 


(  io64  ) 

MÉTÉOROLOGIE  AGRICOLE.  —  Des  températures  du  sol  pendant  l'hiver, 
à  om,o5,  om,  10  et  om,  3o,  sous  le  ciel  de  Montpellier.  Deuxième  Note  ; 
par  M.  Cn.  Martins. 

«  Dans  une  première  Note  (i)  j'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Aca- 
démie le  résultat  de  mes  expériences  sur  le  refroidissement  nocturne  super- 
ficie! des  diverses  espèces  de  terre;  je  la  compléterai  en  montrant  comment 
le  froid  se  propage  dans  l'intérieur  du  sol.  Pour  le  savoir,  j'ai  employé  des 
thermomètres  à  minima  coudés  dont  la  boule  était  enfoncée  àom,5  au-des- 
sous de  la  surface.  En  rangeant  les  six  espèces  de  terre  essayées  dans 
l'ordre  de  leur  refroidissement,  j'obtiens  la  série  suivante  :  terreau,  terre 
du  Jardin,  sable  jaune,  terre  argileuse  rouge,  terre  de  bruyère,  terre  de 
saule.  Ainsi  la  terre  de  saule,  celle  de  toutes  qui  rayonne  le  plus,  est  celle 
qui  se  refroidit  le  moins  à  l'intérieur,  et  le  terreau,  dont  le  pouvoir  émissif 
est  faible,  se  laisse  pénétrer  facilement  par  le  froid.  La  différence  entre  ces 
deux  extrêmes  s'élève  à  2°, 2;  c'est-à-dire  qu'à  température  atmosphérique 
égale  la  terre  de  saule  sera  plus  chaude  de  a°,  2  à  om,  5  de  profondeur  que 
le  terreau,  écart  notable  démontrant  que  des  graines  ou  des  racines  enfon- 
cées à  om,  5  dans  la  terre  sont  soumises  à  des  degrés  de  froid  très-différents, 
suivant  la  nature  du  sol. 

»  Je  n'ai  pas  étudié  le  mode  de  propagation  du  froid  à  de  plus  grandes 
profondeurs  dans  les  différentes  espèces  de  terre,  mais  je  l'ai  suivi  dans  le 
sol  du  Jardin.  Il  est,  si  on  se  le  rappelle,  celui  qui  se  refroidit  le  moins  à  la 
surface,  mais  un  de  ceux  dans  lesquels  le  froid  se  propage  le  plus  facile- 
ment. Deux  thermomètres  coudés  enfoncés,  le  premier  à  om,io,  le  second 
à  om,3o,  ont  été  observés  tous  les  jours  pendant  cinq  ans  (  1 859-1 863).  Si 
l'on  compare  la  moyenne  des  minima  extrêmes  de  l'air  observés  à  la  hauteur 
de  im,  5o  au-dessus  du  sol  avec  la  moyenne  des  minima  du  sol  à  om,ïo  de 
profondeur,  on  trouve  que  la  différence  moyenne  a  été  pendant  ces  cinq 
années  de  70,  2  en  faveur  du  sol,  et  qu'une  seule  fois  le  thermomètre  y  est 
descendu  à  —  i°,  5.  I.es  gelées  n'ont  point  pénétré  à  la  profondeur  de  om,3o  ; 
en  effet,  la  différence  entre  le  minimum  moyen  de  l'air  et  celui  du  sol  s'é- 
lève à  10  degrés,  et  jamais  le  thermomètre  n'y  est  descendu  au-dessous  de 
2  degrés. 

»   Un  cas  particulier  va  mettre  ces  vérités  dans  tout  leur  jour.  Je  choisis 

(1)  Comptes  rendus,   séance  du  25  mai  i863. 


(  io65  ) 
le  mois  de  février  1860  et  je  compare  les  observa  lions  faites  à  Montpellier 
et  à  la  ferme-école  de  la  Saulsaie  (Ain)  par  M.  Pouriau  et  ses  élèves  (1).  Ce 
mois  fut  très-froid  dans  les  deux  localités.  A  la  Saulsaie,  les  minima  thermo- 
métriques se  tinrent  au-dessous  dezéro  pendant  vingt-six  jours.  La  moyenne 
des  minima  de  l'air,  expression   du   froid,   fut  de  — 4°->28;   le  minimum 
extrême —  9  degrés;  le  maximum  moyen  o°,8o,  et  le  maximum  extrême 
6°,  5.  La  terre  était  couverte  d'une  épaisse  couche  de  neige.  A  Montpellier, 
il  y  eut  vingt-quatre  jours  de  gelée,  seulement  deux  de  moins  qu'à  la  Saulsaie. 
La  moyenne  des  minima  de  l'air  fut  de—  3°,  44>  le  minimum  extrême  — 90, 9; 
mais  le  maximum  moyen  a  été  de  9°,3o,  c'est-à-dire  supérieur  de  8°,5o  à 
celui  de  la  Saulsaie,  et  le  ag  février  le  thermomètre  a  marqué  ig  degrés 
à  l'ombre.  Étudions  l'influence  de  ces  deux  régimes  météorologiques  sur  les 
températures  du  sol.  A  la  Saulsaie  la  gelée  pénètre  à  la  profondeur  de  om,25 
où  le  thermomètre  descend  à  — o°,  1,  malgré  la  couverture  de  neige  qui 
protégeait  le  sol.  A  Montpellier  on  observe  —  o°,3,  mais  à  la  profondeur  de 
om,io  seulement.  A  la  Saulsaie,  à  om,4o  la  gelée  ne  se  fait  pas  sentir,  car  le 
thermomètre  ne  descend  pas  au-dessous  de  o°,  3  ;  mais  à  Montpellier,  à  une 
profondeur  moindre,  om,  3o,  il  se  maintient  à  2  degrés.  Je  constate  donc 
que  malgré  l'absence  d'une  épaisse  couche  de  neige,  des  froids  atmosphéri- 
ques de  même  durée  et  sensiblement  de  même  intensité  ( —  4°i  2§  et —  3°,  44) 
ont  pénétré  beaucoup  moins  dans  le  sol  à  Montpellier  qu'à  la  Saulsaie. 
L'écart  desmaxima  moyens  de  l'air,  o°, 8  et  9°,3o,  nous  explique  parfaitement 
ces  différences  et  nous  fait  comprendre  pourquoi  avec  des  nuits  également 
froides  les  gelées  sont  moins  à  craindre  dans  le  Midi  que  dans  le  Nord.  La 
chaleur  du  jour  remplace  et  au  delà  l'effet  préservatif  de  la  neige.  Tous  les 
agriculteurs  du  Nord  savent  combien   son  absence  est  préjudiciable  aux 
semences  d'automne.  Dans  le  Midi,  celles-ci  avec  des  froids  égaux  n'ont 
rien  à  craindre  ;  la  chaleur  du  jour  annihile  les  effets  de  la  gelée  noc- 
turne. 

»  Pour  Bruxelles,  M.  Quetelet(a),  opérant  sur  les  six  années  comprises 
entre  1 836  et  1842,  a  cru  pouvoir  établir  les  deux  lois  suivantes  :  i°  quand 
les  gelées  ont  pénétré  à  l'intérieur  de  la  terre,  elles  n'avaient  pas  duré  moins 
de  huit  jours,  et  le  thermomètre  à  minima  s'était  abaissé  à  —  1 1  degrés 
centigrades  ;  20  les  fortes  gelées  ne  descendent  guère  plus  bas  qu'un  demi- 

(1)  Observations  météorologiques  [Annales  de  la  Société  d'Agriculture  de  Lyon,  1859). 

(2)  Le  Climat  de  la  Belgique,  t.  I,  p.  187. 

C.  R.,  i863,   i«  Semestre.    (T.  LVI,  N»  23.)  I  3g 


(  io66  ) 

mètre.  A  Montpellier,  leur  limite  habituelle  est  à  om,i5  environ  de  pro- 
fondeur. Voilà  pourquoi  on  peut  y  conserver  en  pleine  terre  :  l'Olivier,  le 
Pistachier,  le  Jujubier,  le  Laurier,  le  Grenadier,  l'Arbousier,  le  Pin  d'Alep,  le 
Camellia  simple,  Melia  Azedarack,  Sterculia  platanifolia,  Bumelin  tenax,  Asi- 
mina  iïiloba,  Jlbizzia  julibrizin,  Cassia  corymbosa,  Poinciana  Gilliesii,  Hiln>- 
cus  syriacus,  Cocculus  laurifolius,  Cereus  peruvianus,  Opuntia  decipiens, 
0.  inennis,  Stiltinc/ia  sebijera,  Agave  atnericana,  Dasylirion  gracile,  Pbœnix 
daclylifera,  Sabnl  Adansonii,  Chamœrops  humilis,  C.  exceha,  Jubœa  spectabilis, 
et  probablement  bien  d'autres  arbres  de  la  Chine,  du  Japon,  des  hauts 
plateaux  de  l'Amérique  du  Sud  et  de  l'Australie,  qui  n'ont  point  encore  été 
essayés.  Ces  végétaux  ne  périssent  même  pas  dans  les  périodes  de  froid 
exceptionnelles  (i),  comme  celle  de  janvier  i855,  où  il  tomba  om,4ode  neige, 
et  où  le  thermomètre  descendit  pendant  vingt-six  nuits  de  suite  au-dessous 
de  zéro  et  marqua  dans  celle  du  i\  janvier  —  14  degrés,  —  ifi  degrés  et 
même  —  18  degrés,  suivant  les  localités  plus  ou  moins  élevées  ou  plus  ou 
moins  abritées  du  Jardin  des  Plantes.  Si  le  froid  survient  au  printemps,  ces 
végétaux  peuvent  succomber,  mais  la  souche  ne  meurt  pas,  et  ils  repoussent 
vigoureusement  du  pied.  Ces  faits  justifient  ce  que  M.  Charles  Naudin  (2)  a 
dit  de  la  culture  géothermique  comme  favorisant  le  développement  des 
plantes  pendant  l'été  et  prévenant  leur  mort  pendant  l'hiver.   » 

chimie  appliquée.  —  Recherches  nouvelles  sur  la  conservation  des  matériaux 
de  construction;  par  M.   Fréd.   Kihlmaw. 

«  Dans  mes  précédentes  recherches  sur  le  durcissement  des  pierres  et  la 
conservation  des  matériaux  de  construction,  je  me  suis  appliqué  exclusive- 
ment à  faire  pénétrer  dans  les  pierres  poreuses  et  dans  les  enduits  en  plâtre 
ou  en  mortier  à  la  chaux  des  substances  minérales  pouvant  faire  corps  avec 
la  pierre  ou  les  enduits.  Entre  toutes  les  combinaisons  chimiques  inaltéra- 
bles et  susceptibles  d'en  augmenter  la  dureté,  la  substance  qui  m'a  paru 
mériter  la  préférence  est  le  silicate  de  potasse. 

»  Mais  de  ce  que  cet  agent  est  d'une  efficacité  générale,  il  n'en  saurait 
résulter  qu'il  n'y  ait  pas  des  circonstances  où  son  action  se  trouve  en 
partie  paralysée  par  des  causes  dépendantes  de  la  nature  même  des  ma- 
tériaux ou  des  conditions  où  ils  se  trouvent  placés  au  moment  de  son 
application. 

(1)  Revue  horticole,  4e  série,  t.  IV,  p.  288;  i855. 

[?.)  Serres  et  Orangeries  en  pleine  terre  ;  Aperçus  de  la  Culture  géothermique  ;  1860. 


(  1067  ) 

»  C'est  ainsi  que  l'expérience  a  démontré  que  lorsque  la  silicatisation  est 
appliquée  à  d'anciennes  constructions,  son  efficacité  peut  être  incomplète, 
s'il  existe  déjà  dansles  murs  un  commencement  d'altération  développée  sous 
l'influenced'émanationsammoniacaleset  d'une  constante  humidité.  Dansces 
cas,  les  couches  extérieures  des  enduits  de  murailles,  quoique  durcies  par  la 
silicatisation,  sont  repoussées  et  finissent  par  se  détacher  par  la  formation  do 
cristallisations  nitrières,  et  l'altération  continue  à  faire  des  progrès.  L'expé- 
dient qui  m'a  le  mieux  réussi  dans  ces  cas,  pour  les  murailles  de  briques  en 
particulier,  consiste  à  enlever  tout  l'enduit  ou  plâtrage,  à  gratter  profondé- 
ment les  joints  en  mortier,  et  après  avoir  chauffé,  par  l'approche  d'une  grille 
mobile  chargée  de  coke  en  combustion,  les  parties  de  mura  protéger  contre 
une  altération  ultérieure,  à  les  imbiber  au  moyen  d'une  brosse  ou  par  pro- 
jection de  brai  provenant  de  la  distillation  de  la  houille  et  appliqué  aussi 
chaud  que  possible.  Après  le  refroidissement,  les  parties  de  mur  revêtues 
de  brai  peuvent  être  recouvertes  d'un  nouveau  plâtrage  qui  adhère  parfai- 
tement bien  et  auquel  la  silicatisation  assure  les  meilleures  conditions  de 
dureté  et  d'inaltérabilité. 

»  Le  goudron  de  gaz  est  devenu,  dans  nos  villes  du  Nord,  d'un  usage 
fréquent  pour  protéger  contre  l'humidité  extérieure  le  soubassement  des 
constructions,  mais  on  ne  peut  empêcher  ainsi  l'eau  de  s'élever  par  la  capil- 
larité dans  les  parties  centrales. 

»  Dans  mes  fabriques  de  produits  chimiques,  je  fais  un  emploi  plus  général 
encore  de  ce  goudron;  je  l'applique  à  chaud  sur  tous  les  murs  extérieurs 
des  fours  à  décomposer  le  sel,  à  brûler  les  pyrites,  à  concentrer  l'acide  sul- 
furique,  etc.,  et  j'imprègne  par  immersion  de  goudron  bouillant  les  tuiles 
destinées  à  la  couverture  des  ateliers,  de  ceux  surtout  où  il  se  produit  des 
émanations  acides. 

»  En  Angleterre,  dans  les  fabriques  de  soude  où  l'acide  chlorhydrique 
est  généralement  condensé  dans  des  cheminées  ou  tours  prismatiques  ren- 
fermant du  coke  constamment  humecté  par  un  filet  d'eau,  les  dalles  en 
pierre  qui  servent  à  la  construction  de  ces  tours,  lorsqu'elles  sont  poreuses, 
sont  imprégnées  par  immersion  de  goudron  chaud  avant  d'être  mises  en 
place. 

»  Dans  d'autres  circonstances  le  goudron  a  servi  à  colorer  en  noir  des 
carreaux  en  poterie  poreuse. 

»  Si  dans  certains  cas  où,  pour  conserver  les  murs  de  l'altération,  les 
matières  minérales  sont  difficilement  applicables,  on  ne  saurait  s'adresser 

139.. 


(  io68  ) 

à  des  matières  organiques  moins  altérables  que  les  résines  et  les  bitumes  dont 
les  anciens  avaient  fait  la  base  de  leurs  procédés  de  conservation  des  cada- 
vres, et  qui  par  leur  inaltérabilité  représentent,  de  même  que  la  houille,  un 
point  d'arrêt  dans  la  marche  de  la  décomposition  des  matières  organiques. 
»  L'efficacité  d'enduits  gras  ou  résineux,  même  superficiels,  contre 
l'action  destructive  des  vents  de  mer  entraînant  avec  eux  de  l'eau  salée,  m'a 
été  révélée  en  particulier  l'été  dernier  à  l'occasion  de  l'examen  des  progrès 
rapides  de  l'altération  d'un  grès  poreux  qui  a  servi  à  construire  la  chapelle 
de  Sainte-Eugénie,  sur  les  bords  de  la  mer,  à  Biarritz.  Les  pierres  de  cette 
chapelle,  dont  la  construction  ne  remonte  qu'à  1 858,  sont,  sur  les  points  les 
plus  exposés  aux  vents  de  mer,  profondément  corrodées;  et  j'ai  remarqué 
cette  particularité  sur  les  pierres,  qui  avant  d'être  mises  en  place  avaient  été 
numérotées  avec  de  la  couleur  noire  à  l'huile,  que  les  parties  couvertes  de 
couleur  ont  été  protégées  contre  l'altération,  de  telle  so;*te  qu'aujourd'hui 
les  numéros  se  présentent  avec  un  relief  considérable  et  d'une  grande 
netteté. 

»  L'exemple  de  ces  chiffres  en  relief,  où  la  conservation  de  la  pierre  a  été 
assurée  par  une  application  seulement  superficielle  de  matière  grasse  ou 
résineuse,  m'a  fait  penser  que  dans  une  infinité  de  circonstances  les  bitumes 
et  les  résines  pourront  utilement  intervenir  pour  augmenter  la  durée  de  nos 
constructions  ou  de  nos  ornements  en  sculpture,  si  au  lieu  de  les  appliquer 
superficiellement  on  fait  pénétrer  ces  corps  profondément  dans  l'intérieur 
des  pierres  sans  altérer  leur  surface,  comme  je  l'ai  recommandé  pour  les 
applications  de  matières  minérales. 

»  J'ai  fait  de  nombreux  essais  pour  m'assurer  de  la  possibilité  de  cette 
pénétration,  en  me  servant  de  brai  provenant  de  la  distillation  du  goudron 
de  gaz;  c'est  une  matière  dont  la  production  est  très-considérable,  d'un 
prix  très-peu  élevé  (4  à  5  francs  les  ioo  kilogrammes^,  et  qui  sert  aujourd'hui 
presque  exclusivement  à  faire  des  briquettes  combustibles  par  l'agglutina- 
tion de  menue  houille. 

»  Je  fais  bouillir  sans  pression  autre  que  celle  de  l'atmosphère  les  pierres 
brutes  ou  sculptées,  les  briques,  objets  façonnés  en  terre  cuite  ou  même 
en  argile  seulement  raffermie  à  l'air,  pouvant  former  une  poterie  sans  cuisson 
ni  vernis,  dans  des  chaudières  en  tôle  ou  en  fonte,  et  j'obtiens  ainsi  la  péné- 
tration de  ces  matériaux  de  brai  à  une  très-grande  profondeur  avec  une 
augmentation  considérable  de  dureté  et  une  parfaite  imperméabilité.  Ces 
propriélés  rendront  ces  matières  essentiellement  aptes  aux  constructions  dos 
soubassements  de  nos  habitations,  au  couronnement  des  murs,  aux  travail 


(  i°69  ) 
hydrauliques  et  particulièrement  à  ceux  exposés  à  l'eau  ou  aux  vents  de 
mer  (i). 

»  J'ai  formé  aussi  avec  du  brai  et  des  substances  minérales  en  poudre 
des  pâtes  plus  ou  moins  fusibles  à  chaud,  suivant  qu'il  est  entré  une  plus  ou 
moins  grande  quantité  de  brai  dans  leur  composition,  et  qui  sont  suscep- 
tibles d'être  moulées  avec  ou  sans  compression  en  briques,  en  dalles  ou  en 
ornements  d'architecture  de  toutes  formes. 

»  La  matière  dont  l'incorporation  m'a  donné  les  meilleurs  résultats  est 
l'oxyde  de  fer  résultant  de  la  combustion  des  pyrites  et  qui,  agglutiné  avec 
un  quart  de  son  poids  de  brai,  donne  une  pâte  qui,  refroidie,  présente  une 
dureté  et  une  sonorité  remarquables. 

»  Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  les  applications  fréquentes  que  ces  pâtes 
artificielles  et  imperméables  à  l'eau  peuvent  trouver  dans  nos  constructions 
hydrauliques,  celles  surtout  baignées  par  l'eau  de  mer  où  l'expérience  a 
démontré  que  tous  les  ciments  éprouvent  en  peu  de  temps  de  grandes  alté- 
rations. 

»  Ces  matériaux  assemblés  avec  du  brai  fondu  ou  mis  en  œuvre  de  la 
même  manière  que  les  argiles  dans  les  constructions  en  pisé  formeront  des 
monolithes  dont  il  serait  important  de  faire  un  essai  dans  quelque  grand 
travail  de  nos  ports. 

»  L'application  des  dissolutions  siliceuses  a  le  plus  laissé  à  désirer  sur 
le  plâtre  moulé,  et  cela  parce  qu'au  moment  même  du  contact  il  y  a  échange 
d'acide  et  qu'il  se  produit  un  silicate  gélatineux  qui  forme  à  la  surface  du 
plâtre  un  enduit  imperméable  empêchant  la  silice  de  pénétrer  dans  le  centre. 
Cela  n'a  pas  lieu  pour  les  pierres  calcaires,  pas  même  pour  l'albâtre,  où 
l'isolement  de  la  silice  ou  sa  combinaison  avec  la  base  calcaire  s'effectue 
plus  lentement.  Les  enveloppes  siliceuses  produites  sur  le  plâtre  moulé 
par  le  silicate  de  potasse  présentent  en  outre  l'inconvénient,  lorsqu'elles 
sont  produites  par  des  dissolutions  concentrées,  de  se  fendiller  et  de  se 
détacher  en  écailles. 

»   L'application  des  substances  bitumineuses  à  la  conservation  du  plaire 


(i)  Engagé  par  M.  le  général  Tripier,  à  l'occasion  d'une  inspection  qu'il  fit  à  Lille,  à 
rechercher  un  moyen  de  garantir  contre  une  prompte  altération  les  murs  de  revêtement  en 
briques  de  nos  fortifications,  j'eus  d'abord  recours  au  vernissage  de  la  face  de  ces  briques 
destinée  à  être  exposée  à  l'air.  A  cette  méthode  trop  dispendieuse  je  crois  pouvoir  propo- 
ser avec  confiance  de  substituer  l'emploi  de  briques  bituminées  qui  s'opposent  à  la  nitrifi- 
cation  et  à  la  végétation  à  leur  surface. 


(   '07°  ) 
devait  donc  fixer  toute  mon   attention,  et  je  suis  heureux  d'avoir  pu  con- 
stater  que  la   constitution  chimique  du  plâtre,  au  lieu  d'être  un  obstacle, 
comme  dans  la  silicatisation,  au  durcissement  et  à  l'inaltérabilité  de  ce 
corps,  en  assure  au  contraire  la  plus  entière  réalisation. 

»  En  effet,  non-seulement  le  brai  fondu  pénètre  dans  le  plâtre  à  la  faveur  de 
sa  grande  porosité,  de  même  qu'il  s'infiltre  entre  les  molécules  des  pierres 
calcaires  ou  siliceuses  friables  et  en  détruit  la  perméabilité,  mais  il  vient  en- 
core prendre  la  place  de  l'eau  d'hydratation  au  fur  et  à  mesure  qu'elle 
s'échappe,  lorsque  les  objets  en  plâtre  moulé  sont  plongés  dans  un  bain  de 
brai  fondu  dont  la  température  peut  être  élevée  sans  inconvénient  jusqu'à 
3oo  ou  même  4oo  degrés,  bien  que  l'eau  d'hydratation  du  plâtre  commence 
à  s'échapper  de  uoà  120  degrés  (1). 

«  On  se  rend  facilement  compte  de  l'expulsion  de  l'eau  d'hydratation  dans 
ces  circonstances,  mais  ce  qui  était  difficile  à  espérer  et  ce  que  la  réaction 
présente  d'intéressant  au  point  de  vue  scientifique,  c'est  que  les  objets  de 
plâtre  moulé  conservent  sans  la  moindre  altération  la  forme  qu'ils  ont  reçue 
par  le  moulage,  et  que  la  substitution  du  brai  à  l'eau  s'est  produite  à  de 
grandes  profondeurs  lorsque  les  ornements  ou  statues  en  plâtre  restent  un 
temps  suffisant  plongés  dans  le  brai  bouillant. 

»  J'ai  obtenu  une  confirmation  bien  éclatante  de  cette  substitution  mo- 
léculaire par  la  transformation  de  cristaux  de  sulfate  de  chaux  hydraté  na- 
turel en  une  matière  d'un  noir  éclatant,  ayant  la  même  forme  cristalline  et 
dans  laquelle  l'eau  de  cristallisation  est  remplacée  par  du  brai.  C'est  un 
exemple  très-remarquable  de  pseudomorphisme. 

»  J'ai  démontré,  dans  un  travail  sur  les  éthers  publié  en  i84i5  que  l'al- 
cool et  l'éther  sulfurique  pouvaient  former,  de  même  que  l'eau,  des  combi- 
naisons cristallisables  avec  certains  acides  et  des  chlorures  anhydres;  mais 
il  est  difficile  d'admettre  que  quelque  chose  d'analogue  ait  lieu  pour  le 
plâtre;  car  ce  n'est  pas  seulement  le  brai  qui,  sans  altérer  la  forme  cristal- 
line du  gypse,  peut  se  substituer  à  son  eau  d'hydratation,  mais  aussi  d'autres 
matières  résineuses  ou  grasses  :  l'acide  stéarique  est  de  ce  nombre.  Lors- 
qu'au lieu  de  fondre  l'acide  stéarique  au  bain-marie,  comme  cela  se  pratique 
aujourd'hui  pour  y  plonger  les  figurines  de  plâtre  moulé  et  les  imprégner 

(1)  S'il  s'agit  de  faire  pénétrer  de  brai  du  bois  on  d'autres  matières  organiques  po- 
reuses, la  température  doit  s'arrêter  à  i5o  ou  160  degrés.  J'ai  constaté  d'ailleurs  que  le  brai 
ne  pénètre  pas  dans  le  bois  à  la  même  profondeur  que  dans  le  plâtre  ou  les  pierres 
poreuses. 


(  io7i  ) 
superficiellement  de  cet  acide  gras,  on  chauffe  le  bain  d'acide  stéarique  à 
i5o  ou  200  degrés,  on  s'aperçoit  facilement  que  l'eau  d'hydratation  est 
expulsée  par  un  grand  bouillonnement  dû  à  l'échappement  de  la  vapeur 
d'eau  à  travers  le  liquide  réagissant. 

»  Il  s'agit  donc,  dans  mon  opinion,  d'une  simple  infiltration  déterminée 
par  le  vide  que  forme  l'eau  d'hydratation  au  fur  et  à  mesure  de  son  élimi- 
nation, d'une  infiltration  ou  pénétration  intime  qui  se  fait  dans  des  con- 
ditions telles,  que  le  corps  cristallin  ne  cesse  pas  d'avoir  sa  forme  et 
acquiert  une  plus  grande  consistance,  ce  qui  n'a  pas  lieu  lorsque  l'eau  d'hy- 
dratation est  chassée  par  la  chaleur  seulement.  Il  faut  en  effet  que  cette 
pénétration,  quoique  résultant  exclusivement  d'une  action  physique,  soit 
bien  intime;  car  des  lavages  très- fréquents  avec  de  l'éther  ou  de  la  benzine 
enlèvent  incomplètement  le  brai  aux  cristaux  transformés,  si  bien  pulvérisés 
qu'ils  soient. 

»  Ma  manière  d'envisager  le  phénomène  observé  paraît  d'autant  plus 
admissible,  que  le  nombre  des  corps  qui  peuvent  ainsi  se  substituer  à  l'eau 
est  très-considérable;  on  serait  cependant  dans  l'erreur  si  l'on  pensait  que 
tous  les  corps  liquides  n'exerçant  sur  le  plâtre  aucune  action  chimique,  et 
qui  sont  présentés  au  plâtre  hydraté  à  une  température  suffisante  pour 
chasser  l'eau  de  cristallisation,  peuvent  se  substituer  à  cette  eau  comme 
le  brai,  l'acide  stéarique,  l'huile,  etc.  Il  faut,  pour  que  cette  substitution 
puisse  avoir  lieu,  que  le  liquide  en  question  puisse  en  quelque  sorte  mouillei 
le  plâtre;  car  il  m'a  été  impossible  de  substituer  à  l'eau  d'hydratation  le 
soufre  ou  le  mercure. 

»  J'ai  démontré  d'ailleurs,  dans  un  travail  sur  les  épigénies,  qu'il  existe 
des  exemples  nombreux  où  des  corps  cristallisés  conservent  leur  forme  mal- 
gré la  perte  d'un  ou  de  plusieurs  de  leurs  principes  constitutifs  :  c'est  ainsi 
que  j'ai  transformé  du  bioxyde  de  manganèse  en  protoxyde  et  en  oxyde 
intermédiaire  ;  de  l'oxyde  de  cuivre  et  du  carbonate  de  plomb  naturels  en 
cuivre  et  en  plomb  ;  du  formiate  de  plomb  en  sulfure,  toujours  en  conservant 
aux  corps  nouveaux  les  formes  cristallines  du  corps  qui  leur  a  donné 
naissance,  avec  de  simples  modifications  apportées  à  leur  porosité  ;  c'est 
encore  ainsi,  comme  je  l'ai  démontré  récemment,  que  des  cristaux  d'acer- 
dèse  peuvent  être  transformés  en  hausmannite  sans  altération  de  leur 
forme. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  la  substitution  du  brai  à  l'eau  d'hydratation  du 
plâtre  moulé,  de  l'albâtre  gypseux  et  des  cristaux  isolés  de  sulfate  de  chaux 
fixera  l'attention  des  géologues  et  des  cristallographes,  et  il  n'est  pas  impos- 


(  i°72  ) 
sible  qu'une  étude  plus  approfondie  de  ce  phénomène  ne  conduise  à  des 
observations  nouvelles  qui  puissent  trouver  leur  place  dans  l'histoire  des 
transformations  du  globe. 

»  Quel  que  soit  d'ailleurs  l'intérêt  scientifique  qui  s'attache  à  ces  recher- 
ches, j'ai  l'espoir  que  cet  intérêt  sera  rehaussé  aux  yeux  de  l'Académie  par 
les  grandes  ressources  que  les  faits  que  j'ai  constatés  vont  créer  pour  l'art  de 
bâtir  et  l'ornementation  de  nos  habitations.  Ils  permettront  à  nos  construc- 
teurs de  transformer  le  plâtre  moulé  ou  l'albâtre  sculpté  en  ornements  imper- 
méables à  l'eau  et  inaltérables  par  la  gelée,  n'ayant  enfin  aucun  des  défauts 
qui  font  écarter  le  plâtre  de  la  décoration  extérieure  de  nos  habitations  et 
de  nos  monuments.    » 

.  M.  Païen  cite  à  l'appui  des  observations  de  M.  Kuhlmann  quelques-uns 
des  faits  qui  démontrent  l'influence  remarquable  des  goudrons  épaissis  et 
des  matières  grasses  sur  la  résistance  et  l'imperméabilité  des  matériaux  de 
construction. 

»  De  grands  exemples  ont  été  donnés  à  cet  égard  en  immergeant  dans  le 
brai  fondu,  à  la  température  d'environ  200  degrés,  des  briques  plus  ou 
moins  tendres  qui  ont  été  employées  avec  succès  dans  la  construction  des 
chambres  à  chlore,  en  les  cimentant  avec  du  mastic  de  bitume. 

»  Des  grès  tendres  de  Fontainebleau  ont  acquis  par  là  une  grande  cohé- 
sion. 

»  Des  dalles  en  pierres  poreuses  sont  devenues  très-dures  et  complètement 
imperméables  à  l'eau. 

»  Champy,  en  181 3,  parvint  à  conserver  le  bois  en  faisant  pénétrer  par  un 
semblable  procédé  le  suif  dans  tous  les  interstices  et  les  canaux   du  tissu 


ligneux.   » 


NOMINATIONS. 


La  Section  de  Géographie  et  de  Navigation  ayant  à  présenter  une  liste  de 
candidats  pour  la  place  vacante  dans  son  sein  par  suite  du  décès  de  M.  Bra- 
vais, l'Académie  doit,  suivant  l'usage,  adjoindre  pour  cette  présentation, 
aux  deux  Membres  restants,  un  Membre  pris  dans  une  autre  Section. 

Il  est  procédé  par  la  voie  du  scrutin  à  cette  nomination. 

M.  Dupin,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  concourra  avec 
les  deux  Membres  de  la  Section,  MM.  Duperrey  et  de  Tessan,  à  la  forma- 
tion de  la  liste  des  candidats. 


(  io73  ) 


MEMOIRES  LUS. 

GÉOLOGIE.  —  PALÉONTOLOGIE.  —  Note  sur  des  indices  matériels  de  la  coexistence 
de  l'homme  avec  /'Elephas  MERIDIONALIS  dans  un  terrain  des  environs  de 
Chartres,  plus  ancien  que  les  terrains  de  transport  quaternaires  des  vallées  de 
la  Somme  et  de  la  Seine;  par  M.  J.  Desxoyeus. 

«  Les  paléontologistes  et  les  géologues  s'accordent  aujourd'hui,  depuis 
les  savants  travaux  publiés  récemment  par  M.  Falconer  et  par  M.  Lartet  sur 
les  Proboscidiens  fossiles,  à  reconnaître  que  parmi  les  espèces  d'Eléphants 
dont  les  ossements  ont  été  découverts  en  si  grande  abondance  dans  les  ter- 
rains de  transport,  trois  au  moins,  parfaitement  distinctes  par  leurs  dents 
et  d'autres  parties  de  leurs  squelettes,  caractérisent,  en  général,  autant 
d'étages  différents. 

»  U Elephas  primigenius  (  Blum.),  ou  Mammouth  de  Sibérie,  celui  auquel 
on  a  longtemps  rapporté,  comme  l'avait  fait  Cuvier  lui-même,  presque  tous 
les  débris  se  rapprochant  [dus  ou  moins  de  l'espèce  d'Eléphant  vivant  au- 
jourd'hui dans  l'Inde,  est  le  plus  anciennement  connu,  le  plus  communé- 
ment répandu  dans  tous  les  terrains  quaternaires  ou  terrains  de  transport 
diluviens  de  l'Asie  aussi  bien  que  de  l'Europe.  Il  s'y  rencontre  surtout  dans 
les  dépôts  supérieurs  et  moyens,  soit  des  vallées,  soit  des  cavernes,  avec  le 
Rhinocéros  tichorhinus  (Cuv.),  une  espèce  d'Hippopotame,  l'Aurochs,  le 
Cheval  [Equus  fossilis\  le  grand  Cerf  Megaceros,  le  Renne,  plusieurs  Cerfs, 
de  grands  carnassiers,  tels  que  YHyœna  spelœrt,  VUrsus  spelœus,  et  d'autres, 
ainsi  que  plusieurs  antres  espèces  de  Mammifères. 

»  M  Elephas  antiquus  (Falconer),  beaucoup  moins  connu,  se  trouve 
tantôt  seul,  tantôt  réuni  à  V Elephas  primigenius,  soit  dans  les  mêmes  dépôts, 
soit  dans  les  dépôts  moyens,  soit  surtout  dans  les  dépôts  pins  anciens  de 
ces  mêmes  terrains  quaternaires;  on  en  a  constaté  depuis  peu  d'années 
d'assez  nombreux  exemples  en  France,  en  Angleterre  et  en  Italie.  Cette 
même  espèce  s'est  aussi  trouvée,  mais  plus  rarement,  avec  V Elephas  meri- 
dionalis  (Val  d'Arno,  en  Toscane,  forest-bed  de  Cromer  en  Norfolk);  elle 
forme  en  quelque  sorte,  au  double  point  de  vue  géologique  et  zoologique, 
un  intermédiaire  entre  les  deux  autres  espèces  d'Eléphants. 

»  L" Elephas  meridionalis,  signalé  depuis  longtemps  par  Nesli  comme  l'un 
des  grands  Mammifères  les  plus  caractéristiques  du  célèbre  dépôt  d'osse- 

C.    P..,  iS63,   Ier  Semestre.     T.  LVI,  N°25.)  '4° 


(  Iu74  ) 
mets  fossiles  du  Val  d'Arno,  s'y  Irouve  avec  le  Rhinocéros  teplorhinus  (Cuv.), 
Y  Hippopolumus  major,  et  d'autres  espèces  de  Mammifères  distinctes  de 
presque  toutes  celles  des  terrains  quaternaires.  Les  géologues  sont  d'accord 
{jour  rapporter  ce  riche  dépôt  au  terrain  tertiaire  supérieur  ou  pliocène,  et 
partout  où  l'on  a  retrouvé  les  mêmes  espèces,  soit  en  Italie  (Piémont, 
Lombardie,  environs  de  Rome),  soit  en  France  (Auvergne,  Bourbonnais, 
Bresse,  Bourgogne  et  bassin  du  Rhône),  soit  en  Angleterre  [jorest-bcd  et  crag 
ossifere  du  Norfolk),  on  leur  a  assigné  le  même  âge. 

»  D'un  autre  côté,  on  s'accorde  aussi  à  reconnaître  trois  vestiges  ou 
indices  principaux  de  la  coexistence  de  l'homme  avec  les  animaux  d'espèces 
détruites,  savoir  : 

»    i°  Les  ossements  humains  eux-mêmes; 

»  -2°  Les  objets  de  son  industrie  et  surtout  les  instruments  de  pierre, 
enfouis  dans  les  mêmes  couches  qui  contiennent  les  débris  des  grands 
Mammifères; 

»   3°  Enfin  les  traces  de  la  main  de  l'homme  sur  ces  ossements. 

»  Cette  dernière  sorte  de  témoignage  offre  une  valeur  peut-être  supé- 
rieure aux  deux  autres,  puisqu'elle  réunit  l'action  de  l'homme  et  l'indication 
de  l'espèce.  C'est  ce  qu'ont  très-bien  montré,  par  de  nombreux  exemples, 
les  observateurs  qui,  depuis  de  longues  années,  ont  signalé  dans  les  cavernes 
ces  sortes  d'ossements  travaillés.  C'est  un  fait  sur  lequel  Ai.  Lartet  a  plus 
particulièrement  et  [dus  directement  appelé  l'attention  des  géologues  pour 
les  cavernes  des  Pyrénées  et  pour  les  ossements  des  terrains  de  transport  des 
vallées  de  ia  Seine  et  de  la  Somme. 

»  Or,  si  l'on  peut  démontrer  que  cette  dernière  sorte  d'indices  de  la 
coexistence  de  l'homme  et  des  Mammifères  éteints  se  rencontre  sur  des 
ossements  de  YElephas  meridionalis  et  d'autres  espèces  de  Mammifères  des 
mêmes  gisements,  d'époque  relativement  ancienne,  les  incertitudes  qui 
peuvent  encore  exister  sur  la  contemporatiéité  de  l'homme  avec  YElephas 
primigenius,  l'espèce  la  plus  récente  des  Éléphants  fossiles,  dans  les  terrains 
quaternaires,  perdraient,  ce  me  semble,  une  grande  partie  de  leur  valeur. 

»  C'est  un  fait  de  ce  genre  que  je  vais  avoir  l'honneur  de  communiquer 
a  l'Académie,  sans  aucune  idée  préconçue  ou  systématique,  car  plusieurs 
fois,  depuis  trente  ans  (i),  j'ai  essayé  démontrera  combien  d'erreurs  pouvait 
entraîner  la  constatation  des  mélanges  de  vestiges  humains  avec  les  o>-se- 

(i)  Rapport,  lu  en  février  i832,  sur  1rs  Travaux  de  la  Société  Géologique  de  France,  dont 
j'étais  alors  secrétaire;—  Recherches  sur  les  cavernes,  article  publié  en  i845  au  mot 
Grottfs,  dans  le  Dictionnaire  universel  d'Histoire  naturelle  de  M.  Cli.  d'Orbignv. 


(  io75  j 
ments  d'espèces  perdues,  enfouis  dans  les  cavernes,  et  quelle  réserve  exi- 
geait l'admission  de  ces  faits  contraires  à  des  opinions  anciennes  et  géné- 
ralement admises  autrefois. 

»  Vers  le  milieu  du  mois  d'avril  dernier,  je  visitais  aux  environs  de 
Chartres,  dans  la  vallée  et  sur  la  rive  gauche  de  l'Eure,  les  sablonnières  de 
Saint-Prest,  très-connues  des  géologues  comme  le  gisement  le  plus  remar- 
quable, le  seul  même  connu  jusqu'ici,  dans  l'ouest  de  la  France,  d'ossements 
d'Elephas  meridionalis  réunis  à  des  débris  de  Rhinocéros  leptorhinus,  cXHippo- 
potamus  major,  de  plusieurs  grandes  espèces  de  Cerf,  de  grand  Bœuf,  de  Che- 
val semblable  à  celui  du  Val  d'Arno,  et  d'autres  Mammifères  détruits  qu'on 
s'accorde  à  reconnaître  comme  exclusivement  propres  au  terrain  tertiaire 
pliocène. 

»  Le  nombre  des  ossements  découverts  depuis  quinze  ans  dans  cette  loca- 
lité est  tellement  considérable,  qu'on  peut  estimer  à  plus  de  vingt  individus 
le  nombre  des  Éléphants,  seulement,  tous  delà  même  espèce  (Elephcts  meri- 
dionalis), dont  les  dents  ou  d'autres  parties  du  squelette  ont  été  conservées. 
»  Signalé  pour  la  première  fois  en  i8/|8,  par  feu  M.  de  Boisvillette,  alors 
ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  du  département  d'Eure-et-Loir, 
qui,  le  premier,  en  réunit  le  plus  grand  nombre  d'ossements  d'espèces  diver- 
ses, ce  gisement  a  été  décrit  en  1860  et  en  1862  dans  le  Bulletin  de  la  So- 
ciété Géologique,  par  M.  Laugel,  alors  ingénieur  des  mines  pour  le  même 
département,  qui  en  fit  connaître  les  principales  espèces,  avec  le  concours 
de  M.  Lartet.  Ce  fut  surtout  d'après  la  détermination  et  l'opinion  de  ces 
deux  savants  et  l'examen  que  M.  Falconer  fit  aussi  d'une  partie  de  ces  dé- 
bris, que  le  rapport  du  gisement  de  Saint-Prest  avec  les  terrains  ptiocènes  a 
été  généralement  admis  par  tous  le*  géologues  qui  l'ont  cité  depuis  (1). 

»  Ce  dépôt  est  un  dépôt  de  transport  d'aspect  fluviatile  comme  celui  du 
Val  d'Arno  avec  lequel  il  offre  tant  d'analogie  (2),  comme  le  dépôt  qua- 
ternaire plus  moderne  des  vallées  de  la  Somme  et  de  la  Seine,  comme  le 
dépôt  tertiaire  miocène  plus  ancien  des  graviers  à  mastodontes  de  l'Orléa- 
nais, qui  est  contemporain  des  faluns  marins  de  la  Loire  (3).  Il  est  corn- 


(1)  L'ensemble  de  celte  faune,  dil  M.  Laugel,  a  le  caractère  éminemment  pliocène  (Bull, 
de  la  Soc.  Géolog.,  t.  XIX,  p.  717;  séance  du  7  avril  1862). 

(2)  J'ai  remarqué  des  indices  ayant  beaucoup  de  rapport  avec  ceux  des  os  de  Saint-Prest, 
sur  d'autres  os  des  mêmes  Mammifères  provenant  du  Val  d'Arno  et  conservés  dans  la  collec- 
tion de  M.  le  duc  de  Luynes.  Ce  gisement  célèbre  a  été  très-bien  décrit,  après  Targioni, 
Breislack  et  Nesti,  par  M.  Bertrand-Geslin,  en  i833,  et  par  M.  le  marquis  Stroazi,  en  i858. 

(3)  Ce  fut  surtout  par  l'étude  comparative  des  débris  de  Mammifères  des  graviers  de 
l'Orléanais  avec  ceux  des  faluns  que  j'essavai,  en   1828,  de  démontrer  la  contemporanéité 

i4... 


(  i°76  ) 
posé  de  sables  diversement  colorés,  tantôt  ferrugineux,  tantôt  blancs,  et  de 
graviers  de  silex  de  la  craie,  brisés  et  énioussés  sur  les  angles,  avec  quelques 
blocs  de  grès  tertiaires  (ladères  du  pays  Chartrain). 

»  Les  sables  eu  forment  la  partie  moyenne  et  inférieure,  les  graviers  s'y 
trouvent  entremêlés  ;  les  uns  et  les  autres  s'y  présentent  en  lits  ondulés  et  en 
amas  alternatifs  très-irrégulièrement  répéléset  diversement  inclinés,  dans  une 
épaisseur  de  i  2  à  1  5  mètres,  au  moins.  Ces  sables  et  graviers  sont  recouverts 
par  un  épais  dépôt  de  lœss  et  de  terrain  de  transport  plus  récent;  ils  sont 
superposés  et  adossés  à  la  craie  dont  ils  remplissent  les  anfractuosités  et 
dont  ils  ne  sont  séparés,  à  leur  base,  cpie  par  un  lit  de  gros  silex  qui  peuvent 
représenter  l'argile  à  silex  du  Perche. 

»  Ce  dépôt  ne  peut  être,  en  aucune  façon,  confondu  avec  le  terrain  de 
transport  moderne  de  la  vallée  de  l'Eure,  beaucoup  inférieur  et  plus  rap- 
proché de  la  rivière,  et  dont  les  sables  de  Saint-Prest,  plus  élevés  de  25  à 
3o  mètres,  sont  complètement  indépendants. 

»  Le  terrain  sableux  de  Saint-Prest  occupe  à  la  surface  de  la  craie,  dans 
le  département  d'Eure-et-Loir,  une  étendue  qui  n'est  connue  que  fort  impar- 
faitement, car  des  ossements  analogues  n'ont  encore  été  découverts  sur 
aucun  autre  point.  Le  calcaire  d'eau  douce  de  la  Beauce,  qui  forme  les 
plaines  au  sud  et  à  l'est,  sur  la  rive  droite  de  la  vallée  de  l'Eure,  est  certai- 
nement plus  ancien  que  les  sables  de  Saint-Prest;  il  est  même  recoin ert 
ça  et  là  par  quelques  lambeaux  d'autres  sables  et  graviers  qui  paraissent 
plutôt  correspondre  aux  dépôts  miocènes  flu viables  de  l'Orléanais.  On  sait 
que  le  diluvium  proprement  dit  parait  manquer  sur  les  plaines  calcaires  de 
la  Beauce;  mais  on  le  retrouve  un  peu  plus  au  nord,  dans  cette  même  vallée 
de  l'Eure,  vers  Dreux  et  lvry,  avec  des  débris  à' Elephas primigenius. 

»  Lorsque  je  visitai  la  sablonnière  de  Saint-Prest,  les  ouvriers  venaient 
d'y  découvrir  quelques  ossements  dont  une  partie  était  encore  engagée 
dans  le  sable  sous  plusieurs  lits  de  graviers  et  à  10  mètres  environ  au  des- 
sous de  la  terre  végétale.  Leur  gisement  ne  pouvait  laisser  la  moindre  in- 
ceititude  :  aucun  puits  naturel  de  dépôts  de  transport  plus  modernes  ne 
se  voyait  dans  le  voisinage,  et  les  ossements  occupaient  l'un  des  deux 
niveaux  où  l'on  avait  constamment  découvert  depuis  quinze  ans  ceux  d'Élé- 
phants et  d'autres  grands  Mammifères.  Les  os  découverts  en  ma  présence 
et  que  je  pus  recueillir  étaient  surtout  de  Rhinocéros;  le  mieux  conservé 

de  ces  deux  terrains  si  différents,  qui  a  été  admise  depuis  par  tous  les  géologues.  (Observations 
sur  un  ensemble  de  dépôts  marins  plus  récents  nue  les  terrains  tertiaires  du  bassin  de  la  Seine: 
Annales  des  sciences  naturelles,  février  et  mars  1 82g.  ) 


(  1077  ) 
était  une  moitié  de  tibia;  je  me  procurai  aussi  quelques  dents  d'Hippopo- 
tame et  d'Éléphant,    ainsi  que  la  base   d'un  bois  de  grand  Cerf,  trouvés 
peu  de  temps  auparavant. 

»  Je  fus  frappé,  en  dégageant  en  partie  le  tibia  de  Rhinocéros  du  sable 
qui  le  recouvrait,  d'y  voir  apparaître  des  stries  variant  de  forme,  de  pro- 
fondeur et  de  longueur,  qui  ne  pouvaient  être  le  résultat  de  cassures  ou 
de  dessiccation,  qu'on  y  remarquait  aussi,  car  elles  leur  étaient  évidemment 
antérieures,  coupaient  l'os  dans  le  sens  de  sa  largeur  et  passaient  même  par- 
dessus ses  arêtes,  en  en  suivant  les  contours.  Ces  stries  ou  traces  d'incisions, 
très-dettes,  quelques-unes  très-fines  et  tres-lisses,  les  autres  plus  larges  et 
plus  obtuses,  et  comme  si  elles  avaient  été  produites  par  des  lames  tran- 
chantes ou  dentelées  de  silex,  étaient  accompagnées  de  petites  incisions  ou 
entailles  elliptiques,  nettement  limitées,  comme  les  aurait  produites  le  choc 
d'un  instrument  aigu. 

»  Des  dendrites  ferrugineuses  et  le  sable  recouvraient  une  grande  partie  de 
ces  cavités  et  stries  qui,  d'ailleurs,  étaient  presque  toutes  un  peu  usées  par 
suite  du  frottement  et  du  roulis  que  la  plupart  des  os  et  des  dents  avaient 
subis,  sans  doute  avant  et  pendant  leur  enfouissement. 

»  Je  nie  rappelai  aussitôt  les  incisions  analogues,  parfaitement  constatées 
sur  des  os  de  Mammifères  fossiles  des  cavernes,  des  terrains  de  transport, 
des  tourbières  et  même  des  dépôts  infiniment  plus  modernes  d'établisse- 
ments ou  de  tombeaux  gaulois,  gallo-romains  et  germaniques. 

»  L'analogie  me  paraissait  évidente.  Mais,  craignant  d'embarrasser  la 
science  d'un  fait  incomplètement  observé,  j'attendis  pour  le  faire  connaître 
d'avoir  vérifié  s'il  ne  se  rencontrerait  point  de  semblables  indices  sur  d'au- 
tres ossements  recueillis  plus  anciennement  à  Saint-Prest. 

»  Je  savais  qu'il  existait  plusieurs  collections  de  ces  ossements  :  la  pre- 
mière avait  été  formée  à  Chartres  par  M.  de  Boisvillette;  les  objets  les  plus 
précieux  en  avaient  été  donnés  par  lui  à  l'École  des  Mines;  une  autre  col- 
lection existait  au  Musée  de  cette  même  ville,  et  une  quatrième,  plus  riche 
encore  que  les  précédentes,  avait  été  recueillie  de  1849  a  1  855,  pour  le  beau 
Musée  d'histoire  naturelle  que  M.  le  duc  de  Luynes  a  formé  dans  son 
magnifique  château  de  Dampierre,  par  un  naturaliste  instruit  et  modeste, 
M.  Gory,  digne  de  toute  l'estime  que  lui  montre  ce  savant  et  illustre  aca- 
démicien. 

»  Connaissant  la  part  que  mon  ami,  M.  hartet,  avait  prise  à  la  première 
détermination  des  ossements  fossiles  de  Saint-Prest,  et  sachant  qu'il  se  pro- 
posait d'en  compléter  les  descriptions  spécifiques  dans  un  travail  qu'il 
publiera  prochainement,  je  lui  confiai  ma  petite  découverte  et  je  lui  de- 


(  'o-rô  ) 
mandai  de  vouloir  bien  m'accompagner  dans  l'examen  que  je  désirais  faire 
de  ces  collections;  ce  qui  a  eu  lieu  en  effet.  M.  le  duc  de  Luynes  nous  a 
accueillis  au  château  de  Dampierre  avec  sa  bienveillance  habituelle;  les  col- 
lections de  M.  de  Boisvillette  nous  ont  été  très-obligeamment  communi- 
quées par  son  fils;  celles  du  Musée  de  Chartres,  de  l'École  des  Mines  et 
du  Muséum  d'Histoire  naturelle  nous  ont  été  aussi  ouvertes  avec  le  même 
empressement.  J'ai  pu  alors  vérifier,  successivement,  avec  une  surprise  de 
plus  en  plus  grande,  que  le  fait  isolé,  dont  les  premiers  indices  m'avaient 
frappé  dans  la  carrière  de  Saint-Prest  et  dont  je  cherchais  le  contrôle,  était 
pleinement  confirmé  par  l'examen  attentif  et  scrupuleux  que  je  fis  de  tous 
les  ossements  recueillis  depuis  plusieurs  années,  sans  aucune  vue  systéma- 
tique, dans  ces  précieuses  collections;  pendant  que  M.  Lartet  étudiait,  de 
son  côté,  les  caractères  des  espèces.  Ma  conviction  s'accrut  alors  progressi- 
vement, avec  la  surprise  qu'un  fait  aussi  évident,  quelle  qu'en  soit  la  cause, 
eût  échappé  jusqu'ici  à  l'attention  des  observateurs. 

»  L'examen  de  plus  d'une  centaine  d'ossements,  dont  plusieurs  ont 
un  mètre  de  longueur,  m'a  démontré  que  les  entailles,  que  les  traces  d'inci- 
sions, d'excoriation  ou  de  choc,  que  les  stries  transversales,  rectiligues, 
ou  sinueuses,  ou  elliptiques,  plus  aiguës  à  une  extrémité  qu'à  l'autre, 
tantôt  polies,  tantôt  subdivisées  en  plusieurs  stries  plus  fines  occupant  la 
cavité  des  premières;  en  un  mot,  que  des  traces  tout  à  fait  analogues  à  celles 
que  produiraient  des  outils  de  silex  tranchants  à  pointe  plus  ou  moins 
aiguë,  à  bords  plus  ou  moins  dentelés,  se  voyaient  sur  la  plupart  de  ces 
ossements.  On  pouvait  aussi  apercevoir  sur  quelques-uns,  et  particulière- 
ment sur  une  portion  de  crâne  d'Éléphant  appartenant  au  Muséum 
d'Histoire  naturelle  de  Paris,  qui  ne  possède  presque  aucun  autre  ossement 
fossile  de  ce  gisement,  les  traces  de  flèches  qui  sembleraient  avoir  glissé  sur 
la  matière  osseuse,  après  avoir  traversé  la  peau  et  les  chairs;  on  y  peut 
même  distinguer  la  cavité  triangulaire  aiguë  laissée  par  la  pointe,  et  des  en- 
tailles latérales  produites  par  les  dentelures  d'une  flèche  de  silex  ou  d'os  (1). 

»  Les  Mammifères  dont  les  ossements  présentent  ces  différents  vestiges 
sont  :  l'Éléphant  (Eleph.  merid.),  le  Rhinocéros  (Rh.  leptorhinus),  l'Hip- 
popotame [Hipp.  major),  plusieurs  espèces  de  Cerfs,  dont  deux  de  très- 
grande  taille  [Megaceros  Carnutorum,  Laugel),  un  grand  Bœuf  et  un  autre 
de  plus  petite  espèce. 

(i)  Toutes  ces  marques  sont  parfaitement  distinctes  de  celles  qu'auraient  pu  laisser  des 
dents  de  carnassiers,  ou  des  vermiculations  sinueuses  très-bien  décrites  par  M.  Deslong- 
champs  sur  des  os  du  diluvium  de  Normandie,  ou  le  frottement  des  galets. 


(  >°79  ) 

>>  Les  crânes  de  ces  espèces  de  grands  Cerfs,  dont  j'ai  vu  plusieurs 
échantillons  dans  les  collections,  présentent  tous  une  particularité  des  plus 
remarquables.  Ils  paraissent  avoir  été  brisés  par  un  coup  violent,  près  du 
point  d'insertion  des  deux  bois,  donné  sur  l'os  frontal,  vers  leur  naissance, 
ainsi  que  M.  Steenstrup  l'a  remarqué  sur  d'autres  crânes  fossiles  de  rumi- 
nants plus  nouveaux  et  comme  le  font  encore  certains  peuples  du  Nord.  La 
base  de  ces  bois  porte  aussi  des  traces  dirigées  latéralement  et  de  haut  en  bas, 
analogues  à  celles  qu'aurait  laissées  un  outil  tranchant,  en  enlevant  les 
chairs  et  en  détachant  les  tendons.  Les  bois  séparés  sont  brisés  de  la  même 
façon,  la  plupart  à  peu  de  distance  de  la  couronne.  Quand  ces  portions 
de  bois,  inférieures  à  la  couronne,  sont  isolées,  eiles  sont  uniformément 
cassées  et  rappellent  des  fragments  de  bois  de  cerf  destinés  à  emmancher 
des  instruments  de  silex,  comme  on  en  a  trouvé  quelques-uns  dans  des 
dépôts  beaucoup  plus  modernes,  surtout  dans  les  tourbières  de  Picardie 
et  dans  les  habitations  lacustres  de  la  Suisse.  Un  de  ces  fragments  de  bois 
du  Musée  de  Chartres  et  un  autre  de  l'École  des  Mines  montrent  les  inci- 
sions les  moins  contestables.  J'ai  aussi  observé,  mais  plus  rarement,  des  os 
de  ruminants  brisés  en  long  ou  en  travers,  dans  le  but  présumé  d'en  retirer 
la  moelle,  comme  on  en  a  tant  signalé  dans  les  cavernes  ou  dans  les  tertres 
littoraux  du  Danemark. 

»  Les  os  les  plus  remarquables,  portant  des  traces  d'incisions  transver- 
sales de  différentes  profondeurs,  sont  des  os  longs  d'Éléphant  (cubitus,  hu- 
mérus, radius  et  fémur)  de  la  collection  de  M.  le  duc  de  Luynes  et  de  celle 
de  l'École  des  Mines.  Les  os  de  Rhinocéros  qui  m'ont  présenté  ce  caractère 
sont  moins  nombreux,  cependant  j'en  possède  un  parfaitement  marqué,  et 
il  en  existe  au  moins  cinq  dans  ces  deux  collections.  On  voit,  dans  la  col- 
lection de  M.  le  duc  de  Luynes,  plusieurs  os  d'Hippopotame,  surtout  un  mé- 
tatarse, finement  sillonné,  dans  tous  les  sens,  de  stries  très- vives  que  je  serais 
disposé  à  rapporter  moins  à  l'action  de  l'homme  qu'à  une  autre  cause  dont 
je  vais  parler. 

»  En  effet,  à  côté  de  ces  empreintes,  qui  pour  la  plupart  semblent  bien 
indiquer  la  main  de  l'homme,  on  en  voit  d'autres  auxquellesje  n'ose  attribuer 
la  même  origine.  Ce  sont  des  stries  d'une  très-grande  finesse,  d'une  grande 
précision,  se  prolongeant  dans  une  longueur  de  plusieurs  centimètres  et 
entre-croisées  par  d'autres  stries  non  moins  nettes  et  non  moins  régulières. 
La  vue  de  ces  stries  et  de  ces  surfaces  qu'on  dirait  avoir  été  régulièrement 
polies  avec  du  sablon,  et  qu'on  s'expliquerait  très-difficilement  si  on  les  attri- 
buait comme  les  autres  à  la  main  humaine,  m'ont  rappelé  tout  à  fait  les 
stries  causées  par  les  blocs  de  glace  remplis  de  grains  de  quartz  et  ayant 


(   io8o  ) 
■'lissé  soit  dans  les  glaciers  actuels,  soit  sur  l'emplacement  d'anciens  gla- 
ciers, au-dessus  de  roches  ou  de  galets  qui  ont  été  polis  et  burinés,  par  leur 
mouvement  tantôt  rapide,  tantôt  lent,  mais  presque  toujours  régulièrement 
prolongé,  soit  aussi  par  l'effet  de  glaces  flottantes  (i). 

»  Cette  explication,  qui  ne  saurait  convenir  aux  autres  entailles  dont  j'ai 
fait  mention,  serait  peut-être  d'autant  plus  acceptable  que,  suivant  l'opinion 
à  peu  près  unanime  des  géologues,  opinion  développée  surtout  par  M.  Lyell 
dans  son  ouvrage  récentsur  l'antiquité  de  l'homme  (Jnticjuily  ofMan),  V  Ele- 
phas meridionalis  et  les  grandes  espèces  qui  l'accompagnent  seraient  anté- 
rieurs à  la  période  glaciaire  la  plus  ancienne,  celle  qui  a  précédé  et  accom- 
pagné les  transports,  les  blocs  erratiques,  et  la  formation  des  terrains  nommés 
diluviens,  et  qui  aurait  sans  doute  le  plus  contribué  à  la  destruction  des  grands 
Mammifères  vivant  alors  sur  le  sol  de  l'Europe. 

»  La  conséquence  qu'un  pourrait  tirer  de  cettecoïncidence  effrayerait  sans 
doute  beaucoup  l'imagination,  si  l'on  acceptait  avec  confiance  les  estima- 
tions de  dates  présentées  avec  plus  ou  moins  de  vraisemblance,  pour  cette 
période,  par  les  géologues  les  plus  renommés,  qui,  comme  MM.  Agassiz, 
Darwin,  Vogt,  et  surtout  M.  Lyell,  portent  leurs  calculs  au  delà  décent  mille 
ans.  Mais  la  base  de  leurs  raisonnements  est  trop  incertaine  pour  qu'il  soit 
possible  d'y  attacher  plus  de  valeur  qu'on  ne  ferait  à  des  hypothèses  tout  à 
fait  gratuites  et  plus  ou  moins  ingénieuses. 

»  Néanmoins,  les  indices  de  l'existence  de  l'homme  fournis  par  le  gise- 
ment de  Saint-Prest  seraient  les  plus  anciens,  selon  l'état  actuel  des  obser- 
vations géologiques.  Les  débris  humains,  signalés  depuis  plusieurs  années 
par  MM.  Aymard  et  Robert  dans  une  brèche  volcanique  des  environs  de 
Denise  en  Velay,  et  qui  ont  suscité  tant  de  doutes  et  de  contradictions,  ont 
été  quelque  temps  considérés  comme  pliocènes  et  par  conséquent  auraient 
pu  être  presque  aussi  anciens  que  les  ossements  de  Saint-Prest.  Mais,  même 


(i)  Ces  stries  des  galets  et  des  roches,  dues  au  phénomène  glaciaire,  ont  été  parfaitement 
décrites,  surtout  dans  les  Mémoires  de  M.  Collomb  sur  les  glaciers  anciens  et  modernes.  Le 
même  géologue,  s'appnyant  sur  l'étude  du  bassin  du  Rhin  et  des  Vosges,  avait  aussi  émis 
l'opinion  qu'une  partie  des  terrains  quaternaires,  contenant  les  débris  de  V  Elephas  primige- 
nius,  pouvaient  bien  être  antérieurs  à  la  période  glaciaire  (De  l'ancienneté <lc  l'Homme,  1861). 
M.  Desôr  a  combattu  cette  théorie.  L'opinion  la  plus  générale  des  géologues,  surtout  en 
Angleterre,  place  la  principale  et  plus  ancienne  période  des  glaces  qui  auraient  recouvert 
l'Europe,  entre  les  dépôts  avec  Elephas  primigenius  et  les  dépôts  avec  Elephas  meiidinnnlis. 
M.  d'Archiac  a  parfaitement  exposé,  soit  dans  son  excellente  Histoire  des  progrès  de  la 
Géologie,  t.  II,  soit  dans  son  cours  de  Paléontologie  au  Muséum,  ces  différentes  périodes 
des  terrains  quaternaires. 


(  io8r  ) 
en  ayant  égard  aux  espèces  de  Mammifères  dont  on  a  trouvé  les  débris  daus 
les  portions  de  cette  brèche  dont  l'âge  est  bien  certain,  on  ne  remonterait 
qu'à  la  période  de  VEléphasprimigenius,  tandis  que  la  faune  del'Elephasme- 
ridionalis  et  des  autres  espèces  qui  offrent  d'assez  grands  rapports  avec 
celles  de  Chartres  est  antérieure  en  Auvergne,  comme  dans  les  autres  pays. 
»  Quelques  découvertes  nouvelles  qu'on  puisse  ajouter,  même  pour 
des  époques  beaucoup  plus  anciennes,  à  celles  que  M.  Boucher  de  Perthes 
poursuit  avec  tant  de  dévouement  depuis  nombre  d'années,  il  serait  injuste 
de  ne  pas  toujours  tenir  compte  de  sa  persévérante  sagacité  et  de  sa  lutte 
infatigable  contre  les  doutes  et  les  objections.  Il  ne  serait  pas  moins  injuste 
de  ne  pas  reconnaître  que,  dès  1823,  M.  Boue  signala  dans  le  lœss  du  Rhin 
des  débris  de  squelettes  humains,  qu'avant  i83oMM.  Tournai,  de  Christel, 
Dumas,  pour  les  cavernes  du  midi  delà  France, et  surtout  en  i833  M.  Schmer- 
ling  pour  celles  de  la  province  de  Liège,  ont  fait  connaître  avec  précision 
des  mélanges  de  vestiges  humains  et  d'espèces  éteintes  de  Mammifères  ;  que, 
vers  le  même  temps,  M.  Jouannet  et  M.  Delpon  signalèrent  des  mélanges 
analogues,  mais  probablement  plus  modernes,  dans  les  cavernes  de  la  Dor- 
dogne  et  du  Lot.  Plus  récemment,  les  observations  se  sont  tellement  mul- 
tipliées, avec  un  plus  grand  degré  de  précision,  qu'on  peut  regarder  comme 
définitivement  acquis  à  la  science  les  faits  constatés  dans  les  cavernes  des 
Pyrénées  par  MM.  Lartet  (i),  Fontan,  Alphonse-Milne  Edwards,  Filhol,  Gar- 
rigou,  et  dans  les  terrains  erratiques  de  cette  contrée  par  M.  Noulet;  dans 
les  cavernes  du  Vivarais,  par  M.  Delbos;  dans  celles  du  Châtillonnais,  par 
M.  Baudouin;  dans  celles  d'Arcy,  par  M.  de  Vibraye;  dans  la  Loire,  par 
le  même  observateur  et  par  M.  l'abbé  Bourgeois;  dans  la  Seine,  par 
M.  Gosse  et  plusieurs  autres  observateurs;  dans  l'Oise,  par  M.  de  Saint- 
Marceaux  ;  dans  l'Aisne,  par  M.  Melleville  ;  en  Italie,  par  MM.  Gastaldi,  Forel, 
Çapellini;  en  Sicile,  par  M.  le  baron  Ancaet  par  M.Falconer;  en  Angleterre 
surtout,  soit  dans  les  cavernes,  soit  dans  les  terrains  diluviens,  par  MM.  Prest- 
wich,  Falconer,  Evans,  G.  Auslen  et  d'autres  géologues  distingués.  On 
connaît  les  observations  multipliées  dont  les  mélanges  d'Amiens  et  d'Ab- 
beville  ont  été  le  sujet  depuis  quelques  années.  La  plus  grande  partie  de 
ces  témoignages  a  été  réunie  et  discutée  tout  récemment  par  M.  Lyell  dans 
son  intéressant  ouvrage  :  Antiquity  oj  Man,  1 863.  M.  Pictet,  dans  son  Traité 

(i)  C'est  dans  le  travail  de  M.  Lartet  Sur  la  coexistence  de  F  Homme  et  des  grands  Mam- 
mifères [Annales  des  Sciences  naturelles,  t.  XV),  que  les  faits  ont  été  présentés  avec  le 
plus  de  détails  précis. 

C.  ['..,  i863,   i«  Semestre.  (T.  LVl,  N»  25.)  <4> 


(   io8a  ) 

de  Paléontologie  (aeédit.,  i853),  et  depuis,  ainsi  que  M.  Gervais  dans  sa 
I '(déontologie  française,  ont  aussi  résumé  les  faits  principaux  concernant 
l'homme  fossile  (i). 

»  Plus  je  me  suis  efforcé  autrefois  d'exciter  le  doute  et  de  tenir  en  garde 
contre  l'interprétation  prématurée  de  faits  qui  ne  me  semblaient  point  encore 
offrir  toute  la  certitude  désirable,  plus  je  me  fais  aujourd'hui  un  devoir  de 
reconnaître,  après  le  contrôle  fourni  par  tant  d'observations  isolées,  recueil- 
lies de  sources  si  différentes  et  sans  idées  préconçues,  que  la  contempora- 
néi'té  de  l'homme  et  de  plusieurs  périodes  de  grands  Mammifères  détruits, 
en  Europe,  offre  la  plus  grande  probabilité,  pour  ne  pas  dire  une  certitude 
complète. 

»  Il  serait  bien  désirable  que  des  faits  aussi  universellement  constates  et 
admis  le  fussent  aussi  par  un  savant  dont  l'opinion,  appuyée  sur  une  longue 
expérience  et  tant  d'importants  travaux,  exerce  à  juste  titre  la  plus  grande 
influence  (2). 

»  Je  résumerai  en  quelques  mots  les  résultats  de  l'observation  que  j'ai  en 
l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  des  Sciences  : 

»  i°  Des  ossements  fossiles  à'Elephas  meridionalis,  de  Rhinocéros  lepto- 
rhinus,  d'Hippopotamus  major,  de  plusieurs  grands  et  petits  Cerfs,  de  plu- 
sieurs espèces  de  Bœuf,  et  d'autres  espèces  de  Mammifères,  considérées 
comme  caractéristiques  des  terrains  tertiaires  supérieurs  ou  pliocènes,  et 
découverts  dans  un  dépôt  non  remanié  de  cetre  période  géologique,  portent 
des  traces  nombreuses  et  incontestables  d'incisions,  de  stries,  de  coupures. 

»  20  Ces  entailles  et  ces  stries  sont  parfaitement  analogues  à  celles  cpii 
ont  été  observées  sur  des  os  fossiles  d'autres  espèces  plus  nouvelles  de 
Mammifères,  les  unes  détruites  et  accompagnant  VElephas  primigenins.  Fe 
Rhinocéros  tichorhinus,  V Hyœna spelœa,  etc.,  les  autres  vivant  encore  aujour- 

(1)  f'oir  pour  les  débris  humains  de  l'âge  de  pierre  plus  nouveaux  que  lus  terrains  qua- 
ternaires :  en  Danemark,  les  Mémoires  de  MM.  Thompson,  Worsae,  Steenstrup,  IN'illson, 
Lubbock  (Mémoire  traduit  en  1861  par  M.  Alp.-Milne  Edwards  )  ;  et  sur  les  anciennes  ha- 
bitations lacustres  de  Suisse,  Recherches  de  MM.  Keller,  Troyon,  Morlot,  Rutinieyer. 

(2)  On  remarquera  peut-être  que  j'ai  évité  de  parler,  dans  celte  Note,  de  la  découverte 
récente  de  la  mâchoire  humaine  de  Moulin-Quignon,  qui  a  eu  un  si  grand  retentissement  des 
deux  côtés  de  la  Manche,  et  aussi  à  l'Académie  des  Sciences;  je  l'ai  fait  à  dessein,  désirant 
laisser  à  chacun  des  deux  faits  sa  valeur  isolée.  Mais  je  me  reprocherais  de  ne  pas  au  moins 
rappeler,  en  finissant,  la  part  de  lumière  et  de  véritable  critique  scientifique  que  mes  savants 
confrères,  .MM.  de  Quatrefages  et  Milne  Edwards,  ont  apportée  dans  ce  débat,  où  la  re- 
cherche de  la  vérité  a  été  le  but  unique  des  observateurs  réunis  pour  discuter  les  éléments  de 
cette  découverte,  dont  l'authenticité  et  le  gisement  quaternaire  paraissent  bien  incontestables. 


(  io83  ) 
d'hui,  telles  que  le  Renne,  plusieurs  Cerfs,  l'Aurochs,  trouvés  dans  les 
cavernes  ossifères  et  dans  les  terrains  de  transport  ou  diluviens.  On  a  reconnu 
«les  vestiges  semblables  sur  de  nombreux  ossements  d'espèces  actuelles 
recueillis  dans  les  fouilles  d'établissements  ou  de  tombeaux  gaulois,  gallo- 
romains,  bretons  et  germaniques. 

»  3°  Ces  marques  constatées  sur  les  ossements  les  plus  anciens  paraissent 
avoir,  en  très-grande  partie,  la  même  origine  que  celle  des  ossements  plus 
modernes  et  ne  pouvoir  jusqu'ici  être  attribuées  qu'à  l'action  de  l'homme. 

»  4°  D'autres  stries  plus  fines,  rectilignes,  entre-croisées,  qui  se  voient 
aussi  en  grand  nombre  sur  les  ossements  du  terrain  pliocène  des  environs 
de  Chartres  et  d'autres  localités,  paraissent  être  analogues  à  celles  qu'on  a 
observées  sur  les  galets  et  blocs  striés,  burinés  et  polis  des  glaciers  anciens 
et  modernes. 

»  5°  Le  gisement  de  Saint-Prest,  aux  environs  de  Chartres,  unanimement 
reconnu  comme  tertiaire  supérieur  ou  pliocène,  et  certainement  comme 
antérieur  à  tous  les  dépôts  quaternairesqui  contiennent  Y  Elephas  primkjenius, 
présente  de  nombreux  ossements  d' Elephas  meridionalis  et  de  la  plupart  des 
grandes  espèces  caractéristiques  des  terrains  tertiaires  supérieurs,  sur  les- 
quels on  remarque  ces  deux  sortes  d'entailles  et  de  stries. 

•>  6°  De  ces  faits  il  semble  possible  de  conclure,  avec  une  très-grande 
apparence  de  probabilité,  jusqu'à  ce  que  d'autres  explications  plus  satisfai- 
santes viennent  mieux  éclaircir  ce  double  phénomène,  que  l'homme  a  vécu 
sur  le  sol  de  la  France  avant  la  grande  et  première  période  glaciaire,  en 
même  temps  que  Y  Elephas  meridionalis  et  les  autres  espèces  pliocènes,  carac- 
téristiques du  Val  d'Arno  en  Toscane;  qu'il  a  été  en  lutte  avec  ces  grands  ani- 
maux antérieurs  à  Y  Elephas  primicjenius  et  aux  autres  Mammifères  dont  on  a 
trouvé  les  débris  mêlés  avec  les  vestiges  ou  les  indices  de  l'homme  dans  les 
terrains  de  trausport  ou  quaternaires  des  grandes  vallées  et  des  cavernes. 

>>  70  Enfin  le  gisement  de  Saint-Prest  serait  jusqu'ici  en  Europe  l'exemple 
de  l'âge  le  plus  ancien,  dans  les  temps  géologiques,  de  la  coexistence  de 
l'homme  et  de  Mammifères  d'espèces  éteintes.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ÉCONOMIE  rurale.  —  Premiers  cocons  du  ver  à  soie  du  chêne  ; 
extrait  d'une  Note  de  M.   Gcérin-Méneville. 

(Commission  des  vers  à  soie.) 

«   J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  quelques-uns  des  premiers 

i4i.. 


(  io84  ) 
cocons  du  ver  à  soie  du  chêne  {Bombyx  Yama-Mai,  Guér.-Mén. ),  espèce 
provenant  du  Japon,  et  dont  les  œufs  ont  été  introduits  en  Europe  par 
M.  le  Dr  Pompe  de  Meer  de  Woort.  Quelques  grammes  de  ces  œufs,  remis 
par  M.  Pompe  au  Ministre  des  Colonies  de  Hollande,  ont  été  envoyés  à 
MM.  les  Ministres  des  Affaires  étrangères  et  de  l'Agriculture,  qui  les  ont 
offerts  à  la  Société  impériale  d'acclimatation.  D'autres  m'ont  été  donnés  par 
ML  le  Dr  Bleeker....  Ces  œufs,  éclos  un  peu  prématurément,  ont  donné  des 
chenilles  qui  ont  pu  être  élevées  avec  succès  sur  divers  points  de  la  France. 
Celles  que  j'élève  dans  mon  laboratoire  de  sériciculture  comparée  de  la 
ferme  impériale  de  Vincennes  sont  dans  le  meilleur  état  et  feront  leurs 
cocons  dans  douze  à  quinze  jours.  Celles  dont  j'ai  commencé  l'élevage  à 
Toulon,  et  qui  ont  été  soignées  ensuite  par  M.  Auzende,  directeur  du  Jardin 
public  de  la  ville,  ont  déjà  donné  plus  de  cinquante  cocons  pareils  à 
ceux-ci. 

»  Outre  cette  espèce,  j'ai  dans  l'établissement  de  Vincennes  une  seconde 
espèce  de  ver  à  soie  du  chêne  (Bombyx  Pernyi,  Guér.-Mén.)  provenant  du 
nord  de  la  Chine.  L'introduction  de  cette  précieuse  espèce,  tentée  vaine- 
ment depuis  bientôt  dix  ans,  sera  due  à  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du 
Commerce  et  des  Travaux  publics,  qui  a  reçu  des  cocons  vivants  envoyés  de 
Pékin  par  M.  Eug.  Simon,  et  qui  m'a  fait  l'honneur  de  me  charger  de  la 
délicate  mission  d'introduire  cette  espèce  dans  notre  agriculture. 

»  J'ai  déjà  fait  connaître  aux  Sociétés  impériales  d'agriculture  et  d'accli- 
matation les  difficiles  débuts  de  cette  tentative.  Aujourd'hui  je  puis  annon- 
cer qu'elle  est  en  pleine  voie  de  succès,  car  ces  vers  à  soie,  nés  le  19  mai 
dernier,  sont  déjà  arrivés  à  leur  seconde  mue  sans  montrer  le  moindre 
symptôme  de  maladie.  Pendant  leur  premier  âge,  ces  vers  étaient  d'un  non- 
profond  ;  aujourd'hui  ils  sont  d'un  beau  vert  avec  des  tubercules  orangés 
et  bleu  d'outremer. 

«  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  des  échantillons  de  cocons  et  de 
soie  produits  par  ces  deux  vers  à  soie  du  chêne.  » 

M.  J.-A.  Vincent  de  Jozet  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  tra- 
vail très-étendu  ayant  pour  titre  :  «  Exposé  des  principes  tant  généraux  que 
particuliers  de  la  musique  moderne  » . 

Ce  Mémoire  est  renvoyé  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Pouillet,  Duhamel  et  Chasles. 

MM.  Caillaux  et  Guiixet  adressent,  de  Menars  (Loir-et-Cher),  un 
résumé  de  leurs  observations  sur  l'éclipsé  de  lune  du  Ier  juin. 


(  io85  ) 

MM.  Mathieu  et  Laugier  sont  invités  à  prendre  connaissance  de  cette 
Note  pour  en  faire,  s'il  y  a  lieu,  l'objet  d'un  Rapport. 

M.  Colxet  d'Huaht,  auteur  d'un  Mémoire  précédemment  présenté  sons 
le  titre  de  :  «  Relation  entre  la  chaleur  rayonnante,  la  chaleur  de  conduc- 
tibilité et  la  chaleur  latente  »,  adresse  une  nouvelle  rédaction  de  son  travail 
en  demandant  qu'elle  soit  substituée  à  la  première. 

(Renvoi  aux  Commissaires  désignés  dans  la  séance  du  ier  mai, 
MM.  Becquerel,  Pouillet  et  Fizeau.) 

M.  Husson  envoie,  de  Toul  (Meurthe),  une  Note  «  sur  L'albuminurie 
chronique  »,  Note  dans  laquelle  il  cite,  d'après  ses  propres  observations, 
le  cas  de  deux  jumeaux,  une  sœur  et  un  frère,  qui  ont  succombé  à  cette 
maladie,  l'une  à  trente-huit  ans,  l'autre  à  quarante. 

(Commissaires,  MM.  Andral,  Rayer,  Bernard.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  i.e  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  le  profes- 
seur./os.  Bianconi,  de  Bologne,  trois  opuscules  ayant  pour  titre,  l'un  :  «  De 
la  chaleur  produite  par  le  frottement  entre  des  solides  et  des  fluides,  consi- 
dérée par  rapport  aux  sources  thermales  et  aux  aérolithes  »  ;  l'autre  : 
«  Notices  historiques  sur  les  études  paléontologiques  et  géologiques  qui  se 
font  à  Bologne,  et  Catalogue  raisonné  de  la  collection  zoologique  de  l'Apen- 
nin bolonais  »  ;  le  dernier  enfin  :  »  Des  écrits  de  Marco  Polo  et  de  l'oiseau 
Rue  mentionné  par  lui  ». 

Le  premier  de  ces  opuscules,  qui  reproduit  un  premier  travail  rédigé  en 
latin  et  imprimé  en  iS/Jo  dans  les  Nov.  Comment.  Acad.  Bonon.,  avec  une 
addition  en  italien  datée  de  1862,  peut  être  considéré  comme  une  réclama- 
tion de  priorité  à  l'égard  des  expériences  de  MM.  Joule  et  Thomson. 

Le  dernier  n'est  en  quelque  sorte  que  l'introduction  à  des  recherches  sur 
le  célèbre  oiseau  dont  a  parlé  le  voyageur  vénitien,  oiseau  que  quelques  na- 
turalistes ont  voulu  identifier  avec  VEpiornis  de  Madagascar,  tandis  que 
d'autres  ont  pensé  qu'on  le  devait  chercher  parmi  les  Rapaces.  Le  premier 
soin  à  prendre  pour  établir  la  discussion  sur  ses  vraies  bases  était  de  déter- 
miner quelle  est  la  rédaction  primitive  de  l'illustre  voyageur.  Dans  cette 
question  déjà  fort  débattue,  quelques-uns  des  critiques  se  sont  prononcés 
pour  le  texte  italien  tel  que  "l'a  reproduit  Ramusio,  d'autres  ont  soutenu  que 


(  io86  } 

fa  rédaction  française  était  celle  qui  avait  été  dictée  par  le  voyageur  lui- 
même,  à  ce  moment  en  prison.  M.  Bianconi  se  prononce  pour  cette  dernière 
opinion  et  l'appuie  de  preuves  nouvelles  en  discutant  le  texte  du  manu- 
scrit 7367  de  la  Bibliothèque  impériale,  manuscrit  qu'a  reproduit  par  la  voie 
de  l'impression  la  Société  de  Géographie  de  Paris.  Le  savant  bolonais  montre 
qu'il  est  facile  de  comprendre  comment  de  ce  texte  ont  pu  dériver  lous  ceux 
que  l'on  connaît,  tandis  que  l'inverse  est  impossible  :  il  signale  dans  le  fran- 
çais des  mots  et  des  tournures  étrangères  qui  montrent  que  l'auteur  du  récit 
était  non-seulement  Italien,  mais  Vénitien  ;  et  de  même  dans  les  textes  ita- 
liens il  montre  des  mots  qui  ne  se  comprennent  qu'autant  qu'on  se  reporte 
an  français.  Ainsi, de  «Syanfu,  une  très-noble  ville^»  on  a  fait«fre  nobilicillàn 
(  tre  =  3),  parce  qu'on  a  compris  très  comme  s'il  y  avait  tiois. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  encore  parmi  les  pièces  imprimées  de 
la  Correspondance  un  Mémoire  de  M.  F.  Brioschi  «  sur  la  résolvante  de 
Malfatti  pour  les  équations  du  cinquième  degré  ». 

M.  Peytier,  qui  déjà  plus  d'une  fois  a  été  présenté  comme  candidat  pour 
une  place  vacante  dans  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  lui  continuer  la  même  bienveillance  et  de  le  conserver 
sur  la  liste  des  candidats  dont  elle  discutera  les  titres  dans  la  prochaine 
élection  pour  le  remplacement  de  feu  M.  Bravais. 

(Benvoi  à  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation.) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Note  sur  l'acide  acétique,  de  la  fermentation  alcoolique; 

par  M.  A.  Béchamp. 

«  Le  Compte  rendu  de  la  séauce  du  25  mai  dernier  contient  une  Note  de 
M.  Pasteur  relative  à  celle  que  j'ai  publiée  sur  la  présence  de  l'acide  acé- 
tique parmi  les  produits  de  la  fermentation  alcoolique.  «  Cette  observa- 
»  tion  est  exacte,  »  dit  M.  Pasteur;  mais  il  ajoute  :  «  Je  crois  que  ce  fait 
»  est  connu  depuis  longtemps,  du  moins  en  ce  qui  concerne  l'acidité  faible 
»   des  produits  de  la  distillation  des  liqueurs  fermentées,  etc.  » 

»  J'ai  eu  le  soin  d'expliquer  comment  j'ai  été  amené  à  m'occuper  de  cet 
objet  :  c'était  pour  vérifier  directement  un  fait  qui,  pour  moi  au  moins,  était 
encore  inexpliqué,  savoir  :  non  pas  l'acidité  faible  et  accidentelle  des  pro- 
duits de  la  distillation  des  liqueurs  fermentées,  mais  la  présence  bien  con- 
statée de  l'acide  acétique  dans  le  vin  fermenté  à  l'abri  de  l'air,  et  nullement, 
comme  on  pourrait  le  penser,  pour  contrôler  les  expériences  toujours  si 


(  1087  ) 

exactes  de  M.  Pasteur,  encore  moins  pour  empiéter  sur  l'objet  de  ses  re- 
cherches. Je  m'en  défends,  et  je  ne  me  pardonnerais  pas  d'être  intervenu 
dans  les  travaux  d'autrui  pendant  qu'ils  sont  en  cours  d'exécution  :  le  tra- 
vail de  M.  Pasteur  a  été  publié  en  mars  1860;  il  est  complet,  et,  en  ce  qui 
touche  l'acide  acétique,  le  sujet  est  épuisé  pour  l'éminent  auteur;  quand  il 
y  est  question  de  cet  acide,  c'est  pour  nier  sa  formation  ou  pour  dire  qu'a- 
vant sa  publication  on  ne  connaissait  rien  sur  la  véritable  nature  de  l'acide 
qui  prend  naissance  pendant  la  fermentation  alcoolique.  Je  cite  : 

«  Le  travail  de  Lavoisier  renferme  un  résultat  précieux  sur  la  formation 
»  d'une  petite  quantité  d'un  acide  organique  pendant  la  fermentation  alcoo- 
»  lique,  fait  confirmé  par  M.  Thenard  et  par  tous  les  observateurs  qui  se 
»  sont  occupés  de  cette  fermentation.  La  nature  de  cet  accident  est  mal  con- 
»  nue.  Lavoisier  dit  que  c'est  de  l'acide  acétique,  et  les  auteurs  modernes 
»  affirment  que  c'est  de  l'acide  lactique.  Sur  ce  point  on  ne  rencontre  en- 
»   core  dans  les  ouvrages  aucun  travail  suivi  (1).    » 

»  En  effet,  sauf  dans  le  Traité  de  Lavoisier,  je  n'ai  lu  nulle  part,  ni  en- 
tendu dire  qu'il  y  eût  de  l'acide  acétique  parmi  les  produits  normaux  de  la 
fermentation  alcoolique. 

»  Je  ne  me  suis  pas  permis  (M.  Pasteur  sait  très-bien  quelle  profonde 
estime  je  professe  pour  sa  personne  et  son  admirable  talent)  de  lui  adresser 
le  reproche  d'avoir  contredit  l'assertion  de  Lavoisier  sur  la  production  de 
l'acide  acétique  dans  la  fermentation  alcoolique.  L'avouerai-je?  je  n'ai  relu 
le  Mémoire  de  M.  Pasteur  que  lorsque  mes  expériences  étaient  terminées; 
je  me  souvenais  trop  bien  des  importants  résultats  qui  y  sont  consignés. 
J'ai  cité  Lavoisier,  comme  cela  était  convenable  (on  a  pris  l'habitude  de  le 
citer  trop  peu),  en  exprimant  le  regret  de  ne  pas  posséder  Je  Mémoire  au- 
quel il  renvoie  pour  les  détails;  j'ai  relu  ensuite  le  Mémoire  de  M.  Pasteur, 
et  j'ai  ajouté,  pour  montrer  que  je  comprenais  l'importance  du  sujet,  mais 
sans  commentaire,  que  M.  Pasteur  contredit  formellement  l'assertion  de 
l'immortel  chimiste.  Voici  les  propres  paroles  de  M.  Pasteur  : 

«  J'ai  rappelé,  dit-il,  l'opinion  commune  des  chimistes  sur  la  nature  de 
»  l'acide  que  Lavoisier  signala  le  premier  parmi  les  produits  de  la  fer- 
»  mentation  alcoolique. Lavoisier  croyait  que  c'était  de  l'acide  acétique.  Plus 
»  tard  on  le  prit  pour  l'acide  lactique.  La  vérité  est  que  l'acide  lactique,  pas 
»  plus  que  l'acide  acétique,  ne  sont  des  produits  de  la  fermentation  alcoo- 
»   lique.  Lorsque  l'on  trouve  del'acide  acétique,  c'est  que  le  liquide  fermenté 


(1)  Pasteur,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  série,  t.  LVIII,  p.  3a8. 


(   io88  ) 

»  a  eu  lé  contact  de  l'air  dans  des  conditions  tontes  particulières;  quant 
»   à  l'acide  lactique,  c'est  également  un  produit  accidentel  (i).   » 

»  Il  est  incontestable,  d'après  mes  recherches,  qui  sont  encore  incom- 
plètes en  ce  qui  concerne  le  dosage,  que  Lavoisier  indique  peut-être  une 
trop  grande  quantité  d'acide  acétique.  Je  ne  puis  dire  à  quoi  tient  1  erreur, 
ne  connaissant  ni  les  conditions,  ni  les  détails  de  son  expérience.  Toutefois 
il  paraît  que  Lavoisier  n'a  pas  opéré  sur  une  très-grande  quantité  de  sucre  ; 
il  est  probable  qu'il  n'a  opéré  que  sur  un  petit  nombre  de  livres,  et  que, 
par  suite,  puisqu'il  a  interrompu  l'opération  avant  que  tout  le  sucre  fût 
détruit,  le  contact  de  l'air  n'a  pas  dû  être  trop  prolongé.  Je  lis  en  effet 
dans  son  Traité  (édition  de  i8o5,  t.  I,  p.  1 48)  les  lignes  suivantes  :  «  Quoi- 
»  que,  dans  ces  résultats,  j'aie  porté  jusqu'aux  grains  la  précision  du  calcul, 
»  il  s'en  faut  bien  que  ce  genre  d'expériences  puisse  comporter  encore  une 
»  si  grande  exactitude  ;  mai?  comme  je  n'ai  opéré  que  sur  quelques  livres  de 
»  sucre,  et  cpie,  pour  établir  des  comparaisons,  j'ai  été  obligé  de  les  réduire 
»  au  quintal,  j'ai  cru  devoir  laisser  subsister  les  fractions  telles  que  le  cal- 
»  cul  me  les  a  données.  »  On  conçoit,  d'après  cela,  qu'il  est  difficile  pour 
moi  de  me  prononcer  sur  la  valeur  des  nombres  que  Lavoisier  a  consignés 
dans  son  livre.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'il  a  bien  vu. 

»  Je  ne  m'explique  pas  encore  sur  la  manière  dont  il  convient  d'inter- 
préter cette  formation  de  l'acide  acéticpie  et  celle  des  autres  acides  gras 
volatils.  Je  le  ferai  lorsque  les  expériences  que  j'ai  instituées  seront  termi- 
nées. En  finissant,  j'ajoute  seulement  ceci  :  assurément,  si  je  m'étais  con- 
tenté de  signaler  l'acidité  faible  des  produits  de  la  distillation  de  liqueurs 
fermentées  quelconques  ou  de  celle  de  leurs  vapeurs,  mon  travail  n'aurait 
aucune  signification.  C'est  parce  que  rien  d'étranger  n'est  intervenu,  que 
j'ai  isolé,  distillé  l'acide  acétique  lui-même,  que  je  l'ai  transformé  en  sel  de 
soude  et  en  chlorure  d'acétyie,  ne  me  fiant  pas  à  l'odorat  pour  le  caracté- 
riser, que  j'ai  publié  ce  résultat  avec  confiance  comme  ebose  nouvelle.  » 

analyse  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  (a  théorie  algébrique  des  fonctions  homogène* 
du  quatrième  degré  à  trois  indéterminées;  Note  du  P.  Joibert,  présentée 
par  M    Hermite.  (Suite.) 

«  En  faisant  opérer  IV  sur  la  forme,  nous  obtenons  un  premier  covariant 
quadratique  du  cinquième  degré  par  rapport  aux  coefficients.  La  combi- 
naison de  II  et  du  Hessien  conduit  à  un  second  covariant  quadratique  du 
même  degré  par  rapport  aux  coefficients.  Voici  leurs  expressions  : 

il   Pasteur,  Annales  île  Chimie  et  fie  Physique,  loc.  cit.,  p.  36o. 


(  'o89  ) 
V. 


3  y.  4- 1  o  py  —  3  a3  4-  g  apJ  4-  g  ay2 
4- 12  s-  py  4-  2  p3  7  + 2  Py3  4-  4  ap2  y2 

—  iy~  77P-2  —  39 **'>?  —  2p2X2  —  2v2 

—  28  a?f/.2  —  28  ayv2  4-  4  apyX2 

—  37  p2  yfx2  —  37  (3y2 v2  4-  70  aXp 

+  82 p7Xp  —  8 aX4  —  8  pX2  fx2  —  8 7X2  v2 

—  /'•'—  12  u.2  V2  4-  8  V  p 


y' 

z2 

3p  +  ioaV-3(53  +  9^72  +  9a2p 

3  7  4-  1 0  ap  —  3  73  4-  9  a2  7  +  9  yp2 

-+-  I2ap2y  4-2ay3  4- 2  a3  y  4-4  a2py2 

4-  I2apy24-2a3p4-22p34-4a2p2y 

—  7  V'2  _  7 a'j2  —  3g  p2 p2  —  2y2  jx2  —  2 x2fx2 

—  7  x;x2  —  7  pX2  —  39  72  v2  —  2  x2  V2  —  2  S'  »J 

—  28  pyv2  —  28  apX2  +  4  af7u2 

—  28  ayX2  —  28  pyfx2  4-  4  a^yv2 

—  37  c<72  v2  —  37  a2  7A2  4-  70  pXp 

—  37  pa2  X2  —  37  a^2  [x2  4-  70  yXp 

+  82  c^Xp  —  8  pfxs  —  8  7p2  v2  —  8  aX2  fi2 

4-  82  apXp  —  8  yj>  —  8  a).2  v2  —  8  pfx2  v2 

-p2-I2).2V2  +  8)fA3V 

—  v2  —  i2),2v24-8y/ 

%yz 

2x2 

a  ./i 

■xl  4-  4  PyX  —  25  a3  X  4- 1 1  «p2  X  4- 1 1  ay'X 

p(x4-4ayft  —  25p3fx4-n  p72(x4-n:<2p|x 

yv  4-  4aP"  —  25 71  v  4-  1 1  a2yv  4- 1 1  p2yv 

4-  4'> 7"  S"/''  —  4  f v  +  5o a2  jxv  —  1 6  p2  p 

4-  46  ap27fx  —  4  Xv  4-  5o  fi2  Xv  —  1 6  y2  Xv 

4-  46  stpy2  v  —  4  Xix  4-  5o  y2  Xjx  —  iO  a2  /.jx 

—  i6y2fxv  4-  io6a(3yu.v  4-  3opXv2 

—  1 6  a2  Xv  4- 1 06  apyXv  4-  3o  7X2  ;x 

—  1 6  p2  Xu.  4-  1 06  apyXfx  4-  3o  afx2  v 

4-  "ioy'iy."'  —  25  ot2  X3  4-  2  a&Vfx2  4-  aayiv2 

4-  3o  ap2  —  25  p2  u?  4-  2  pyp J  4-  2  apX2  ft 

4-  3o  pX2  v  —  25  72  v3  4-  2  ayX2  v  4-  2  67».'  v 

-  4  pu3  v  —  4  yp3  4-  48  jcX2  p 

—  4  yXv3  —  4  aX3  v  4-  48  pXjx2  v 

—  4  aX3 p.  —  4  pX;x3  4-48  yXtxv2 

Mj+4y»! 

4-  /x3  4-  4  X2  fXV2 

4--/4-4X2fx2v 

VI. 


a  4-10  Py  —  a34-  3  ap24-  3  yf  +  24  y.2  (5y 

-  6 p3 7  —  6P73—  i2ap272  —  9pv2 
-97v2-33a2X24-6p2X24-672X2-36ap^2 
-36ayv2— i2a(5yX24-2i  p2yp.24-2i  pyV 

-  90  aXp  —  60  p  yXp  4-  2  4  xV  4-  24  pX2  fx2 

-  24  yX2v2  —  7  X2  —  24  fx2  v2  —  24  X3  p 


p4-iozy-p34-3py24-3a2p+24ap27-6a7 

—  6  a3  y  -  1 2  22  py2  -  g  7X2-  9  zv2  —  33  p2  |x2 
4-6y2|x24-6a2fxJ-36pyv2-36xpX2 

—  1 2  ap7fx2  4-  2 1  ay2  v2  4-  2 1  a2  7X2  4-  90  pXp 

—  66  ayXp  4-  24  p/x'  4-  24  7fx2  v2 

4- 24  aX2 f/2  —  7  fx2  —  24  X2  v2  —  24  Xjx3  v 


z' 

y4-io  ap—y34-3a2 

7+3  p2  y+24  apy 2— 6  a3  p 

—  6ap3-i2«2p2y 

-gafx2- 

-9pX3-33y2v2 

4-6a2v24-6p2v2- 

-  36  ayX2  - 

-  36  p7fx2 

—  I2  2pyv24-2I  a2 

pX2  4-  2 1  ap2  (x2  4-  90  yXp 

—  66  apXp  4-  24  y 

/  4-  24  seX 

'v2 

4-24pfx2v2-7v2- 

-24X2p2 

-  24  Xp3 

7Z>  — i2pyX  — i5a3X  — 3ap2X  — 3a72X 
4-  42  a2  pyX  —  8  p  4-  3o  y?  p  —  1 2  p2p 

-  I272p  4-  42afyp  4-  3opXv24-  3oyXfx2 

-  1 5  y?  X3  —  6  apXfx2  —  6  ayXv2  4-  1 2  pfx3  v 
4-  1 5  yp3  4-  36  aX2  p  4-  7  >.3_  1 2  Xu2  v2 


1XZ 

2 .11 

7p,ix  —  I2ayft —  i5p3(x —  3py2(x  —  3x2pf. 

7  y  v  —  12  xpv  —  1 5  y3  v  —  3  a2  yv  —  3  p2  yv 

4- 4*  ap2  yf  —  8  Xv  4- 3o  p3  Xv  —  i2y2Xv 

4-  42  apy2  v  —  8  Xu.  4-  3o  72  Xfx  —  1 2  z2  Xjx 

—  i2a2Xv4-42apyXv4-  3oyX2fx  4-  3o«p2 

—  1 2  p2  Xfx  4-  42  ap7Xfx  4-  3o  a;x2  v  4-  3o  pr  v 

-  1 5  p2  [x3  -  6  pyp2  -  6  apA2  fx  4-  1 2  y  Xv3 

—  1 5  72  v3  —  6  517X2  v  —  6  p7fx2  v  4-  1 2  a).3  fx 

4-  i2aX3v4-  36 pXjx2 v 4- 7 fx3  —  i2X2p2 

4-  1 2  pXfx3  4-  36  7X1XV2  4-  7  v3  —  1 2  X2  fx2  v 

»  Remarquons  qu'en  faisant  opérer  III  sur  le  carré  de  F,  on  obtient 
encore  un  covariant  quadratique  du  même  degré  par  rapport  aux  coeffi- 
cients, et  qui  se  trouve  être  une  combinaison  linéaire  des  deux  précédents. 

»  L'existence  de  deux  covariants  quadratiques  du  cinquième  degré  par 
rapport  aux  coefficients  nous  paraît  être  un  fait  important  dans  la  théorie 
des  formes  homogènes  du  quatrième  degré  à  trois  indéterminées.  Elle  nous 
permet  d'indiquer  une  forme  canonique  qui  semble  plus  appropriée  à 
l'étude  approfondie  de  ces  fonctions.  On  sait,  en  effet,  qu'il  est  possible  de 

C.  R.,  i863,   1"  Semestre.  (T.  LV1,  N°  23.)  '42 


(  i°9°  ) 
transformer,  par  une  substitution  linéaire,  deux  fonctions  homogènes  du 
second  degré  en  une  somme  de  carrés.  D'après  cela,  nous  pouvons  adopter 
comme  forme  canonique  celle  des  transformées  qui  se  déduit  de  F  par  la 
substitution  linéaire  pour  laquelle  les  deux  covariants  quadratiques  se 
réduisent  simultanément  à  des  sommes  de  carrés.  Nous  montrerons  plus 
loin  comment  l'emploi  de  cette  forme  canonique  permet  d'établir  sans 
calcul  l'existence  de  deux  covariants  linéaires.  Ajoutons  encore  qu'une 
combinaison  linéaire  de  nos  deux  covariants  fournit  une  fonction  de 
même  espèce  contenant  un  paramètre  variable. 

»  En  faisant  opérer  II  sur  le  carré  de  F  on  obtient  un  covariant  biqua- 
dratique  du  quatrième  degré  par  rapport  aux  coefficients;  et  en  retran- 
chant de  la  fonction  à  laquelle  on  est  ainsi  conduit  un  multiple  conve- 
nable du  produit  de  F  par  l'invariant  cubique,  on  parvient  à  une  expression 
plus  simple  de  même  espèce  que  nous  plaçons  ici. 

»  Le  même  covariant  est  susceptible  d'un  second  mode  de  formation  : 
il  suffit  effectivement,  pour  l'obtenir,  de  prendre  l'émanant  cubique  de  F, 
et  de  calculer  ensuite  l'invariant  S  de  M.  Aronhold  de  cet  émanant. 

VII. 


v- 


•  2  SyA2  —  SfJ 


y  —  2  K7f*  —  7V  —  yJ  ■' 
-t-ipi  +  p.4 


+  V-H 


';-j- 


f* 

■A- 

-  2  ap~k  -(-  a2  y\  —  2  ayftv 

-  sàft2  —  Sftv  +  2  f/3  v 

t  —  2  pyu.  -(-  a^2  ft  —  2  u&hi 
—  {3pv2  +  yh>  -+-  2  h>s 


fin  —  2  ayv  -+-  (5y'J  v  —  2  '  '/>  y 
—  y^2  v  +  a/p.  +  2  '/  s  y 


pï.  —  2  zyk  +  a2  (3À  —  2  aSuv 
—  zÀv2  -)-  yiiv  -+-  2  ul-j3 


3y  _  a(ï2  —  xf  —  a2  (3y  -H  «2  V 
-+-  aSfi2  +  ayv2  —  4  a^f*v 

+v+1u:-  +  y  +  iu.>s 


y  ti  —  2  a8u  -+-  S2  y  t*  —  2  (3yta 
—  [?A2fi  +  aXv+2>3v 


z2.r2 

a7_pv=_a2^-a^y4-^fi2 
+  Pyv2  +  a|3)l2-4(3V-' 
+  u!-4-av2  +  y).2  +  3/2v2 

soi  —  2  Byv  -(-  ay-  v  —  2  ay  >f/ 
—  y  tt2  v  -(-  |5Xu  -+-  2  ift* 


'"'.' 

aS- 
+ 

+ 

ay).2  -f-  Syy.2  —  4  7\uv 
K'-hpV  +  afjt'  — 3V(*! 

—  i  +  22A+4a&yl—  2ap — 42V 

—  4  pty1—  4  y>v2+3  pyp  +  7  V  p 


—  (*+  !r  y.  -(-4  a^yp  —  2  y'k-i  —4  ^ri3 

—  4yp5— 4aVft+3ay)v+7).ft2v 


«  -- 


—  v  -l-y'v-)-4  aSyv  —  ayAjt  —  4  y/ 

—  4aVv— 4|5u2v+3apV+7>uv2 


(  i°9x  ) 

»  Jusqu'ici  les  contrevenants  ou  covariants  qui  se  sont  offerts  à  nous 
sont  tous  de  degré  pair,  et  on  pourrait  multiplier  assez  facilement  le 
nombre  de  ces  expressions.  Mais  peut-on  être  sûr  de  l'existence  de  fonc- 
tions de  cette  espèce,  de  degré  impair  par  rapport  aux  variables?  Pour 
répondre  à  cette  question,  nous  avons  dû,  ce  qui  suffit  évidemment,  nous 
renfermer  dans  un  cas  particulier.  Celui  auquel  nous  nous  sommes  arrêté 
nous  était  indiqué  d'avance  par  les  résultats  énumérés  dans  les  tableaux  pré- 
cédents. Un  coup  d'oeil  jeté  sur  eux  suffit  effectivement  pour  voir  que  toutes 
nos  expressions  deviennent  très-simples,  lorsqu'on  suppose  nuls  les  trois 
coefficients  a,  [i,  y.  Nous  nous  bornerons  donc,  dans  ce  qui  suit,  aux  fonc- 
tions homogènes  du  quatrième  degré  à  trois  variables,  pour  lesquelles  la 
forme  canonique  devient 

x*  4-  y*  4-  z4  4-  61x2jz  4-  6p.xy2  z  4-  ôvxyz*. 

»  Avant  d'entrer  dans  rénumération  des  contrevariants  et  covariants  de 
degré  impair  que  nous  avons  rencontrés,  nous  donnons  un  covariant  du 
quatrième  degré  par  rapport  aux  variables,  et  du  septième  par  rapport  aux 
coefficients,  dont  nous  aurons  à  faire  usage  un  peu  plus  loin,  obtenu  en 
faisant  opérer  IV  sur  leHessien. 

VIII. 


1 26  X'  —  24  p'  —  24  v4 
-  264  Xp  -+-  600  X*  p2  V'  - 


4.r 


144  >sp 


8 1  Xv'  —  1 32  pi3  v  —  90  X3 

+  432).2p3  +  72V1vî 


:  X2  pi  —  1 32 Xv3  —  90  p3 v2 

-432AVv  +  72/W 


—  126  V*  — 24).'  —  24  fi' 

4-  264  Xpn  4  600  X2  p2  v2  4- 1 44  Xp 


4x3/ 


8  r  p.2  -j  —  1 32  X3  p  —  90  A2  v3 
4-  432  Xp3  v2  4-  72  X'  p2  v 


4-3., 


i  1  x.p2  —  1 32  p3  —  90  x3  -y- 

4-432  X2  p3  v  +  72  Xp2  v' 


4**3 

81  pa  — 

+  432 /p. 

l32/3V  — 

!v3  +  72) 

90/ 

<p2 

F-3 

4r3^ 


X2  v  —  1 32  Xu.3  —  90  p.2  v3 

•432).3pv2-f-72À2p"v 


6r2z2 


•  17  X2 —  r32p2v2  +  goX3pv 
-288  X2  p.4  4-288  X2  v'  +  72  Xu.3  v3 


■  1 7  p.2  —  1 32  X2  v2  4-  90  Xu.3  v 

-  288  p2  v"  4  288  X4  y.2  4-  72  X3  p3 


6x2^2 


—  17V2 —  i32X2p2  +  goXpv3 

4-  288  X4  v2  4-  288  p4  v2  4-  72  X3  p.3  •. 


12  aryz 


•2X4-18X5  — ii2X2pv4-i8Xp'4-i8Xv4 
■  144  p3*3  —  216  X3  p.2  v2 


—  2p4-i8ps— ii2Xp2v4-i8p-/4-i8X4p 
4-i44>-V  —  216  X2  p.3  v2 


1 2  xyz' 


—  2*4-i8vb—  H2)p2  +  i8).4v  +-i8p'v 
4-i44X3p3  — 2i6X2p.2v3 

l42.. 


(  ><>92  ) 

chimie.  —  Sur  quelques  nouvelles  combinaisons  du  fer  et  sur  l'atomicité 
de  cet  élément;  par  M.  A.  Schecrer-Kestner.  (Extrait  présenté  par 
M.  Pelouze.)  (Deuxième  partie.) 

«  Dichlorolétracétate  jerrique .  —  Sel  cristallisé  en  prismes  rouge-jaunâtre, 
obtenu  soit  en  faisant  réagir  l'hydrate  ferrique  sur  les  quantités  conve- 
nables d'acide  chlorhydrique  et  d'acide  acétique,  soit  en  oxydant  par  l'acide 
azotique  du  chlorure  ferreux  dissous  dans  l'acide  acétique.  Sa  formule 
est  : 

Fes 


,0'+3H!&. 
4(G2H3Ô)' 

Cl2 

Ce  sel  se  décompose  lentement  par  l'azotate  d'argent;  on  obtient  une  dis- 
solution qui  fournit  une  belle  cristallisation  de  tétracéto-diazotate  : 

Fe2) 
4(C2H3Ô)'   ©64-6H2©. 

(îAzô')1! 

»  Triacélo-diazotate  ferrique.  —  Sel  cristallisé  en  prismes  rhomboidaux 
d'un  rouge  foncé,  obtenu  en  décomposant  i  molécule  de  dichlorotriacé- 
tate  ferrique  par  2  molécules  d'azotate  d'argent;  la  liqueur  séparée  du 
chlorure  d'argent,  qui  ne  se  dépose  que  peu  à  peu,  évaporée  dans  le  vide, 
fournit  ce  sel.  Il  a  pour  formule  : 


Fe2 

3(G2H3©)' 
H^AzO2)' 


©6  +  8H2Ô. 


»  Acétate  ferrique  basique.  —  Lorsqu'on  laisse  une  dissolution  d'acétate 
ferreux  neutre  exposée  à  l'action  de  l'air,  la  surface  du  liquide  ne  tarde  pas 
à  se  recouvrir  d'une  pellicule  brune  qui  touche  au  fond  du  vase.  Ce  dépôt, 
lavé  et  séché  à  100  degrés,  est  constitué  par  un  acétate  ferrique  basique 
insoluble  dans  l'eau,  dont  la  composition  correspond  à  la  formule 


3Fe2 
2(C2HaO),|0'2. 

H* 


»   F ormiate  ferreux.  —  La  tournure  de  fer  se  dissout  dans  l'acide  formi- 


(  1093  ) 
que  bouillant.  On  obtient  une  dissolution  verdâtre  qui  dépose  pendant  le 
refroidissement  des  tables  rhomboïdales.  Ces  cristaux,  peu  solubles  dans 
l'eau  froide,  se  décomposent  dans  l'eau  bouillante  et  déposent  un  sous-sel 
de  couleur  jaune.  La  présence  d'un  excès  d'acide  formique  empêche  com- 
plètement cette  décomposition.  A  l'analyse,  le  formiate  ferreux  a  donné  des 
résultats  qui  conduisent  à  la  formule 


Fe 

2(GHÔ)' 


O2  +  aH20. 


»  Formiate  ferrique.  —  L'hydrate  ferrique  se  dissout  facilement  dans 
l'acide  formique.  On  peut  même  obtenir  des  sels  basiques  solubles  dans 
l'eau.  Le  formiate  ferrique  est  beaucoup  plus  stable  que  l'acétate,  il  cristal- 
lise en  petits  prismes  jaunes  très-brillants.  Son  analyse  conduit  à  la  formule 


.06  +  H2ô). 


Fe2 
6(GHO)< 

«  Formiate  jerrique  basique.  —  Le  formiate  ferreux,  exposé  à  l'air, se  dé- 
compose promptement  lorsqu'il  ne  contient  pas  d'acide  formique  en  excès; 
de  l'oxyde  ferrique  se  dépose,  et  il  reste  en  dissolution  un  formiate  plus  ou 
moins  basique.  Lorsqu'on  porte  à  l'ébullition  une  dissolution  neutre  de 
formiate  ferreux,  on  obtient  un  précipité  jaune  insoluble  dans  l'eau  et  dont 
l'analyse  correspond  à  la  composition  suivante  : 

Fe2  j 

(€HO)'      O6. 

H5  ) 

»  Formio-azotale  ferrique.  —  Lorsqu'on  oxyde  par  l'acide  azotique  du 
formiate  ferreux  neutre  chauffé  au  bain-marie,  il  y  a  fixation  de  nitrile  dans 
le  composé  qui  se  forme;  la  dissolution  jaunâtre  ainsi  obtenue,  évaporée 
sur  l'acide  sulfurique  ou  dans  le  vide,  produit  une  belle  cristallisation  d'un 
sel  diacide.  Les  cristaux  obtenus  sont  rouges  par  transparence  et  d'un  reflet 
jaune  brillant;  ils  se  décomposent  très-promptement,  même  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  en  dégageant  des  vapeurs  nitreuses.  La  composition  est 
représentée  parla  formule  , 

Fe2  1 
3(6HO)*      06+3H20. 

H2(Az02)'  ) 

»    Cldoroformiate  jerrique.  —  On   prépare  ce  sel  en  oxydant   par  l'acide 


(  1094 
azotique   du  chlorure  ferreux   cristallisé   dissous  dans    l'acide    foruiique. 
Ce  corps  forme  des  cristaux  mamelonnés  d'un  jaune  rouge,  solubles  dans 
l'eau,  peu  solubles  dans  l'alcool,  et  dont  la  composition  est  exprimée  par 
la  formule 

Fe* 


4(€H0)"O4+3H?O- 
Cl2. 

w  Pendant  la  réaction,  il  se  forme  en  même  temps  que  le  sel  précédent 
du  chlorure  ferrique. 

»  Selsjerriques  triacides.  Formio-acéto-azotate ferrique.  —  Cristaux  rouges 
obtenus,  soit  en  faisant  réagir  les  acides  azotique,  foruiique  et  acétique,  en 
proportions  convenables,  sur  l'hydrate  ferrique,  soit  en  oxydant  par  l'acide 
azotique  un  mélange  composé  de  quantités  équivalentes  d'acétate  et  de  for- 
miate  ferreux.  On  obtient  d'abord  une  dissolution  rouge  contenant  le  sel  à 
•a  molécules  de  nitrile  : 


Fe2 
a(Gl,HO)1 

2(€2H3Ô3)' 

2(Az02)' 


Ô6 


Ces  cristaux  se  décomposent  lorsqu'on  concentre  leur  dissolution  et  four- 
nissent un  nouveau  sel,  ayant  pour  formule  : 


Fes 

2(GHO)' 

2(€sH3Gv)1 

H(AzÔ!)1 


06-t-5H20. 


qui  représente  le  diformio-diacéto-azotate  ferrique. 

»  Ce  sel  perd  3  molécules  d'eau  lorsqu'on  le  desséche  sur  l'acide  sulfu- 
rique. 

»  Combinaison  du  fer  avec  lejluor.  —  Le  fluorure  ferreux  obtenu  par  la 
dissolution  du  fer  dans  l'acide  fluorhydrique  forme  des  cristaux  d'un  vert 
clair,  peu  solubles  dans  l'eau  et  contenant 

Fe    1  +8HS0.  » 

FI2 


(  I095  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  trimétalaniles;  par  M.  Hugo  Schiff. 

«  Dans  mes  Mémoires  antérieurs,  j'ai  démontré  que  les  métaux  mono 
et  diatomiques  peuvent  fournir  des  composés  anilométalliques.  J'ai  con- 
staté que  les  métaux  triatomiques  se  comportent  d'une  manière  analogue, 
et  je  vais  exposer  les  résultats  de  mes  expériences.  On  obtient  les  triméta- 
laniles d'après  les  méthodes  générales  que  j'ai  déjà  indiquées,  ou  par  l'ad- 
dition directe,  ou  en  ajoutant  de  l'aniline  à  une  solution  des  différents  sels 
dans  la  benzine. 

»  3  équivalents  d'aniline  se  combinent  avec  i  équivalent  de  chlorure 
d'antimoine  anhydre,  avec  un  dégagement  très-faible  de  chaleur,  et  four- 
nissent au  bout  de  quelques  heures  une  masse  blanche  et  cristalline  qui 
représente  le 

l'Sb 

Chlorhydrate  de  stibanile N3     3G6H5,  3HCI. 

(H3 

»  Le  seul  dissolvant  que  j'aie  pu  trouver  pour  ce  composé,  c'est  l'aniline; 
la  solution  chaude  laisse  déposer  par  le  refroidissement  des  aiguilles  fines  et 
soyeuses.  L'eau  décompose  le  sel,  l'acide  chlorhydrique  le  transforme  en 
un  sel  double.  Il  entre  en  fusion  à  environ  80  degrés,  toutefois  en  se  colo- 
rant un  peu,  mais  sans  éprouver  une  décomposition.  Le  sel  fondu  se  soli- 
difie en  des  aiguilles  magnifiques  de  10  à  i5  millimètres  de  longueur.  A  une 
température  plus  haute,  aucune  formation  de  fuchsine  n'a  pu  être  cons- 
tatée; la  combinaison  distille,  mais  elle  est  décomposée  en  partie. 

»  Pour  opérer  la  combinaison  du  triiodure  d'antimoine  avec  l'aniline,  il 
faut  une  température  de  100  à  120  degrés.  Si  l'on  se  sert  d'un  excès  d'ani- 
line, le  composé  se  dépose  en  petites  aiguilles  jaunes,  colorées  sans  doute 
par  une  faible  quantité  d'iode.   La  composition  est  analogue  à  celle  du 

|S'b 
chlorhydrate  N3  j  3  G6HS,  3HI.  Par  la  distillation,  une  grande  partie  est  dé- 


fi3 

composée.  Les  alcalis  caustiques  dissolvent  le  sel  ;  au  point  d  ebullition  de 
cette  solution,  il  y  a  décomposition  d'après  l'équation 

G18H2'SbN3I3  -+-  4  KHÔ  =  3 G6H'N  +  3  Kl  ■+-  SbKQ5  +  2  H20. 
»   Le  chlorure  d'arsenic  s'échauffe   assez  fortement  avec  l'aniline,    et 


(   I096  ) 

fournit  le 

i  As 
Chlorhydrate  d'arsénanile.   .    .   .     N3    3€6H5,  3HC1, 

(H3 

composé  cristallin  qui  se  comporte  comme  la  combinaison  antimonique. 
11  fond  à  environ  90  degrés  et  distille  sans  décomposition  à  ao5-2io  de- 
grés. Le  sel  est  un  peu  soluble  dans  l'eau,  mais  la  solution  dépose  bientôt  de 
l'acide  arsénieux. 

»  L'iodhydrate  d'arsénanile,  qui  se  forme  à  une  température  élevée,  n'est 
altéré  ni  par  l'eau  froide,  ni  par  l'acide  chlorhydrique  étendu;  il  est  un 
peu  soluble  dans  la  benzine  et  dans  l'alcool  froid.  L'alcool  bouillant  le 
décompose  d'une  manière  curieuse;  on  obtient  des  flocons  bruns  de  mono- 
îodure  d'arsenic,  et  l'alcool  abandonne  par  l'évaporation  de  longues  ai- 
guilles d'iodhydrate  d'iodaniline  : 

G18H31  AsN3!3  —  AsI  -H-  €6H6IN,  HI  +  2G6  HTN. 

»  Si  l'on  chauffe  1  équivalent  de  trichlorure  bismuthique  avec  3  équi- 
valents d'aniline,  on  obtient  une  masse  indistinctement  cristalline;  c'est  le 

Chlorhydrate  de  bismanile.      .      .     N3    3  G6H5,  3HC1. 


H 

»  L'eau  le  décompose  très-lentement,  le  sel  est  fusible;  chauffée  à  une 
température  plus  élevée,  la  masse  se  colore  en  violet,  mais  il  n'y  a  pas  for- 
mation de  matière  rouge.  On  sait  que  le  trichlorure  de  bismuth,  traité  par 
des  agents  réducteurs,  est  transformé  en  bichlorure,  et  je  suis  tenté  de  croire 
que  la  coloration  est  due  à  une  réduction  partielle.  On  se  souvient  que  seuls 
les  métalaniles,  qui  contiennent  des  radicaux  réductibles,  donnent  lieu  à 
une  formation  de  matière  colorante. 

»  Si,  au  lieu  du  chlorure  anhydre,  on  se  sert  d'une  solution  aqueuse,  il 
se  forme  un  précipité  blanc  qui,  d'après  mes  analyses,  serait  le  chlorhy- 

(BiO 
drate  d'anilobismuthyle  N    G6H\  HCI. 

(H 

»  Entre  ce  composé  et  le  chlorhydrate  de  bismanile  il  existe  les  mêmes 
rapports  qu'entre  le  trichlorure  bismuthique  Bi  Cl3  et  l'oxychlorure  BiOCl 
(  le  chlorure  de  bismuthyle).  » 


(  io97  ) 

GÉOLOGIE.  —  Sur  le  diluvium  de  Saint- Acheul  et  le   terrain  de  Moulin-Qui- 
gnon; Lettre  de  M.  Scipion  Gras  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 

«  Dans  une  Note  communiquée  à  l'Académie  dans  sa  dernière  séance, 
M.  Hébert  a  dit  que  tous  ceux  qui  ont  visité  Saint-Acheul  avaient  résolu 
affirmativement  la  question  de  savoir  si  les  débris  de  l'industrie  humaine 
trouvés  dans  le  dilïivium  de  cette  localité  y  avaient  été  enfouis  en  même 
temps  que  ceux  des  espèces  perdues.  Je  crois  devoir  réclamer  contre  cette 
assertion  :  elle  suppose  une  unanimité  qui  n'existe  pas.  En  ce  qui  me  con- 
cerne, après  avoir  étudié  avec  beaucoup  de  soin  le  diluvium  de  Saint- 
Acheul,  il  m'est  resté  la  conviction  cpiece  terrain  avait  pu  être  fouillé  à  une 
époque  très-ancienne  pour  l'exploitation  des  silex  destinés  à  être  taillés,  et 
que  ces  fouilles  ayant  probablement  consisté  en  galeries  de  petites  dimen- 
sions, depuis  longtemps  éboulées,  les  traces  du  remaniement  avaient  dû 
s'effacer.  Mon  opinion  motivée  a  été  insérée  dans  les  Comptes  rendus 
de  1862,  t.  LIV,  p.  i  126. 

»  Quant  au  terrain  de  Moulin-Quignon,  il  me  paraît  également  pos- 
sible qu'il  ait  été  fouillé.  Le  défaut  d'usure  de  la  mâchoire  trouvée  au  mi- 
lieu de  cailloux  très-durs,  tous  plus  ou  moins  roulés  ou  tout  au  moins 
émoussés,  est  un  fait  d'une  grande  importance  sur  lequel  on  a  passé  trop 
légèrement.  Il  est  suffisant,  à  mon  avis,  pour  faire  douter  que  ce  soit  un 
courant  diluvien  qui  ait  transporté  et  enfoui  ce  débris  humain  là  où  il  a 
été  découvert.   » 

physiologie  végétale.  —  Sur  la  présence  normale  de  gaz  dans  les  vaisseaux 
des  plantes;  par  M.  P.  Dalimier;  extrait  d'une  Lettre  à  M    Pasteur. 

«  Je  viens  de  lire  dans  le  Compte  rendu  de  la  dernière  séance  de  l'Aca- 
démie une  Note  de  M.  Gris  dans  laquelle  cet  habile  observateur  propose 
un  moyen  chimique  de  démontrer  la  présence  normale  de  la  sève  dans  les 
vaisseaux  proprement  dits  du  bois.  Permettez-moi  de  vous  exposer,  à  cette 
occasion,  une  série  d'expériences  que  j'ai  conçues  il  y  a  quatre  ans,  et  que 
je  répète  chaque  année  dans  mon  cours  de  Botanique  à  l'École  Normale. 
Elles  ont  servi  à  me  confirmer  dans  l'opinion  que  professaient  autrefois 
Adrien  de  Jussieu  et  Achille  Richard,  opinion  que  je  croyais,  je  l'avoue, 
définitivement  adoptée  dans  l'enseignement  classique. 

»   Pour  reconnaître  si,  dans  les  végétaux,  les  vaisseaux  renferment  uni- 

C.  R.,  i863,    Ier  Semeslie.  (T.   LV1,  N"25.)  '43 


(  io98  ) 
quement  des  gaz,  si  cet  état  est  pour  eux  normal  ou  accidentel,  j'ai  eu 
recours  à  un  réservoir  d'air  comprimé  que  je  mets  en  communication,  à 
l'aide  d'un  tube  en  caoutchouc,  avec  l'extrémité  inférieure  d'une  branche 
fraîchement  coupée.  J'avais  toujours  soin  de  choisir  un  rameau  intact  à 
feuilles  non  déchirées;  après  avoir  fait  la  section,  je  la  recouvrais  d'une 
couche  de  cire  molle,  et  en  quelques  minutes  je  pouvais  l'adapter  au  tube 
de  caoutchouc.  Je  tournais  enfin  le  robinet  du  réservoir  et  je  déterminais 
une  nouvelle  section  à  la  pointe  de  la  branche.  Dans  le  cas  de  végétaux 
très-tendres,  pour  lesquels  la  pression  du  caoutchouc  eût  pu  être  nuisible, 
j'adaptais  le  caoutchouc  à  un  tube  de  verre  à  l'autre  extrémité  duquel  j'in- 
troduisais la  plante  que  je  soudais  avec  un  mastic. 

»   Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

»  Première  série  d'expériences.  —  Pendant  le  mois  de  mars  1860,  j'ai  fait 
des  expériences  suivies  sur  des  végétaux  dont  les  bourgeons  n'étaient  pas 
encore  développés,  vigne,  érable,  robinier,  pêcher,  tilleul,  etc.  Dans  tons, 
l'air  comprimé  a  traversé  avec  la  plus  grande  facilité  le  tissu  ligneux  et  n'a 
chassé  devant  lui  aucun  liquide.  En  déposant  une  petite  couche  d'eau  sur 
la  section  de  sortie  de  l'air,  on  peut,  même  à  l'œil  nu,  reconnaître  que  le 
gaz  sort  uniquement  par  les  ouvertures  des  vaisseaux  dans  la  partie  lignifiée 
de  la  tige.  La  longueur  des  branches  n'a  jamais  été  un  obstacle  dans  ces 
expériences,  et  j'ai  pu  constater  que  sur  des  longueurs  de  4  mètres,  le  pas- 
sage de  l'air  était  aussi  instantané  que  sur  des  branches  très-courtes;  il  peut 
se  produire  simultanément  par  toutes  les  branches  latérales.  La  moindre 
piqûre,  faite  à  l'extrémité  d'un  bourgeon,  suffit  pour  déterminer  par  ce 
point  un  écoulement  gazeux. 

»  Ces  résultats  demeurèrent  constants  jusque  vers  la  fin  d'avril,  époque 
à  laquelle  je  reconnus  l'impossibilité  de  faire  de  nouveau  passer  le  courant 
gazeux  à  travers  plusieurs  des  végétaux  précédents.  J'avais  prévu  ce  fait  et 
réalisé  à  l'avance  une  expérience  décisive  :  prenant  une  branche  dans 
laquelle  le  passage  de  l'air  se  faisait  régulièrement,  j'avais  injecté  dans  les 
vaisseaux  une  petite  quantité  de  liquide,  et  mis  ensuite  la  tige  en  commu- 
nication avec  le  réservoir  d'air  comprimé.  Le  courant  gazeux  ne  s'établissait 
plus.  Les  ingénieuses  expériences  de  M.  Jamin  sont  venues  depuis  me  donner 
l'explication  de  ces  faits,  en  même  temps  qu'elles  me  semblent  apporter 
quelque  valeur  démonstrative  au  procédé  que  j'ai  l'honneur  de  vous 
exposer. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  dans  les  plantes  où  il  y  a  ascension 


(  io99  ) 
rapide  de  sève  au  printemps,  les  vaisseaux  peuvent  renfermer  une  certaine 
quantité  de  ce  liquide.  Mais  combien  de  temps  dure  cet  état  de  choses? 

><  Dès  la  fin  de  mai,  je  rétablissais  le  courant  gazeux  à  travers  les  vais- 
seaux des  végétaux  précédents,  et  il  en  était  de  même  pendant  tout  le  reste 
de  l'été.  Encore  cette  limite  de  temps,  d'avril  à  mai,  aurait-elle  été  beaucoup 
resserrée,  si  j'avais  pu  reprendre  plus  tôt  mes  expériences.  Il  n'y  avait  donc 
plus  trace  de  liquides  dans  les  vaisseaux,  et  cependant  la  sève  était  loin 
d'avoir  terminé  son  ascension.  Les  fibres  et  les  cellules  ont  donc  été,  pen- 
dant la  majeure  partie  de  l'année,  la  voie  suivie  par  le  liquide  séveux. 

..  Hier  matin,  7  juin,  j'expérimentais  encore  sur  des  branches  d'érable, 
de  tilleul,  de  coudrier,  et  même  sur  une  branche  verte  de  clématite  déve- 
loppée cette  année.  Dans  tous  ces  végétaux,  les  vaisseaux  ne  renferment  que 
des  gaz. 

»  Deuxième  série  d'expériences.  —  Les  plantes  à  feuilles  persistantes  se 
comportent  différemment.  Je  ne  parlerai  pas  des  conifères,  où  il  y  a  absence 
de  vaisseaux,  et,  par  conséquent,  impossibité  de  passage  pour  l'air  com- 
primé. Mais  d'autres  plantes  telles  que  le  Laarits  nobilis,  le  Camellia  JapO' 
nica,  etc.,  peuvent  servir  à  la  démonstration.  Adaptez,  par  exemple,  à  notre 
appareil  un  rameau  de  camellia  chargé  de  feuilles;  plongez  l'une  des 
feuilles  sous  une  nappe  d'eau  et  exercez  la  pression.  Ici  comme  toujours,  il 
ne  sortira  pas  une  seule  bulle  d'air,  ce  dont  on  s'assurera  avec  un  mano- 
mètre. Mais  faites  à  l'extrémité  de  la  feuille  une  légère  piqûre  sur  la  plus 
délicate  des  nervures,  vous  verrez  instantanément  le  courant  gazeux  s'éta- 
blir, quelle  que  soit  d'ailleurs  l'époque  de  l'année.  Dans  ces  végétaux,  le 
rôle  unique  des  vaisseaux  semble  donc  être  de  renfermer  des  gaz  que  l'on 
rencontre  jusqu'aux  extrémités  des  nervures. 

»  Telles  sont  les  conclusions  auxquelles  m'ont  conduit  ces  recherches 
qui  auraient  besoin  d'être  poursuivies  sur  beaucoup  de  végétaux.  Levais- 
seau  en  voie  de  formation  dans  les  tissus  jeunes  peut  conduire  la  sève  ;  mais 
lorsqu'il  est  complètement  formé  et  ouvert  aux  deux  bouts,  époque  à 
laquelle  il  reçoit  le  nom  de  vaisseau  poreux,  spirale,  etc.,  son  état  habi- 
tuel, c'est  de  renfermer  des  gaz.  Il  ne  contient  de  sève  que  chez  certains 
végétaux  et  pendant  un  temps  relativement  très-court. 

«  Beaucoup  de  botanistes  allemands  professent  identiquement  la  même 
opinion.  Je  ne  citerai  en  passant  que  M.  Schleiden,  qui  affirme  que  c'est 
tout  au  plus  pendant  quelques  semaines  de  printemps  que  l'on  trouve  de 
l'eau  dans  les  vaisseaux  de  quelques-unes  de  nos  dicotylédones  vivaces,  et 

i43.. 


(     I IOO    ) 

cela  d'une  manière  temporaire  et  non  normale.   (Grundzùge  der  IVissen- 
srliifilichen  Botanik;  1861.) 

«  En  présence  de  ces  opinions,  il  me  semble  que  l'on  est  bien  près  d'être 
d'accord.Que  veut  en  effet  démontrer  le  savant  auteurde  la  Notequej'ai  citée 
en  commençant?  C'est  que,  au  moins  à  certaines  époques  de  l'année,  les  vais- 
seaux sont  les  conduits  naturels  de  la  sève.  Je  ne  veux  pas  m'arrèter  à  cette 
expression  :  conduit  naturel;  mais  pour  ce  qui  est  d'une  présence  momen- 
tanée de  la  sève  dans  les  vaisseaux,  pendant  quelques  semaines  de  prin- 
temps, on  ne  saurait  nier  ce  fait.  Le  but  essentiel  de  cette  Note  est  d'en 
indiquer  une  démonstration  expérimentale,  facile  et  immédiate,  qui  permet 
d'apprécier  avec  une  exactitude  pour  ainsi  dire  mathématique  la  durée  du 
séjour  de  la  sève  dans  les  vaisseaux.  J'espère  qu'après  avoir  été  contrôlée, 
cette  méthode  expérimentale  recevra  la  sanction  générale.    » 

THÉRAPEUTIQUE.  —  Note  sur  l'application  des  bains  d'oxygène  au  traitement 
de  la  gangrène  sénile;  par  M.  Demarquay.  (Extrait.) 

«  M.  le  professeur  Laugier,  dans  une  Note  récente,  donne  deux  nouveaux 
faits  de  guérison  de  la  gangrène  sénile  par  les  bains  d'oxygène.  Voilà  donc 
quatre  malades  affectés  de  gangrène  sénile  et  tous  guéris  par  les  bains  d'oxy- 
gène. Ces  quatre  faits  de  guérison  d'une  maladie  généralement  très-grave 
devraient  fixer  l'attention  du  monde  médical.  Mais  malheureusement  les 
succès  n'ont  été  obtenus  que  par  M.  Laugier,  tandis  que  M.  Pellarin  dans 
un  cas  et  moi  dans  quatre  autres  nous  avons  complètement  échoué,  malgré 
tous  les  soins  dont  nous  nous  sommes  entourés.  M.  le  professeur  Laugier 
explique,  il  est  vrai,  nos  revers  en  disant  que  nous  ne  nous  sommes  pas  placés 
dans  les  mêmes  conditionsque  lui,  et  que  pour  se  livrer  à  l'expérimentation 
de  nouveaux  moyens  thérapeutiques,  il  faut  se  placer  dans  des  conditions 
identiques.  Cela  est  juste  ;  mais  ce  qui  n'est  pas  moins  vrai,  c'est  que  pour 
affirmer  un  fait  clinique  il  faut  aussi  tenir  compte  de  la  marche  de  la  maladie 
que  l'on  cherche  à  guérir.  Or  les  faits  de  gangrené  sénile  observés  par  M.  Lau- 
gier nous  sont  bien  connus.  J'ai  eu  occasion  comme  lui  d'en  observer  deux 
cas  :  mes  deux  malades  ont  perdu  successivement,  à  des  époques  plus  ou 
moins  éloignées,  les  extrémités  des  orteils,  les  orteils  eux-mêmes  ;  un  de  mes 
deux  malades  a  perdu  le  pied.  Après  chaque  attaque  de  gangrène,  tout  ren- 
trait dans  l'ordre  et  mes  deux  malades  jouissaient  d'une  santé  passable.  Les 
parties  sphacélées  se  détachaient,  une  cicatrice  se  formait,  et  au  bout  de 


(     HOI    ) 

quelques  mois  de  nouveaux  accidents  survenaient.  Finalement  ils  ont  suc- 
combé après  plusieurs  années  de  maladie  et  une  série  de  manifestations 
gangreneuses.  Cela  se  conçoit  facilement,  car  chez  mes  deux  malades  il 
existait,  comme  M.  Laugier  l'a  observé,  une  perméabilité  des  artères  pé- 
dieuses.  Mes  malades  ont  vu  guérir  les  accidents  de  gangrène  dont  ils  ont 
été  atteints  aux  extrémités  inférieures,  par  le  repos,  les  calmants,  etc.  On 
peut  se  demander  si  les  deux  malades  de  M.  Laugier  n'auraient  pas  guéri 
de  la  même  façon.  Depuis  six  ans  que  j'emploie  journellement  les  gaz  au 
traitement  de  diverses  maladies  chirurgicales,  j'ai  eu  recours  quatre  fois,  et 
sans  succès,  aux  bains  d'oxygène  pour  guérir  la  gangrène  sénile  ;  mais  si 
l'oxygène  et  d'autres  gaz  sont  insuffisants  pour  guérir  une  maladie  généra- 
lement mortelle,  il  faut  cependant  reconnaître  que  l'oxygène  en  particulier, 
et  dans  des  conditions  que  nous  ferons  connaître  plus  tard,  peut  rendre  des 
services.  C'est  ainsi  que,  tant  que  la  gangrène  n'a  pas  envahi  les  parties  très- 
musculaires  des  membres,  il  momifie  admirablement  les  tissus,  prévient 
l'exhalation  des  liquides  et  l'odeur  fétide  qui  en  est  la  conséquence;  si  dans 
plusieurs  cas  il  a  aggravé  les  douleurs,  dans  un  cas  il  les  a  fait  cesser  instan- 
tanément. » 

PHYSIOLOGIE.  —  Influence  des  nerfs  sur  les  sphincters  de  la  vessie  et  de  l'anus  ; 
Note  de  MM.  Giannuzzi  et  IVawrocki,  présentée  par  M.  Bernard. 

«  i°  Sphincter  de  la  vessie.  —  Nous  avons  observé  que  la  force  du 
sphincter  de  la  vessie  s'amoindrissait  beaucoup  après  la  section  dt  s  nerfs 
qui  s'y  rendent.  Les  expériences  ont  été  faites  de  la  manière  suivante.  Après 
avoir  injecté  de  l'acétate  de  morphine  dans  la  veine  jugulaire  d'un  chien, 
pour  le  rendre  insensible,  on  mettait  la  vessie  à  nu  en  pratiquant  une  large 
incision  des  parois  abdominales  ;  on  prenait  soin  de  mettre  la  vessie  à  l'abri 
de  toute  pression  de  la  part  des  intestins,  et  on  liait  le  rectum  pour  empê- 
cher l'abaissement  des  matières  fécales;  enfin  on  liait  un  uretère,  et  on 
introduisait  dans  l'autre  une  canule  munie  d'un  robinet  qui,  moyennant  un 
tube  en  caoutchouc,  communiquait  avec  un  entonnoir  rempli  d'eau  à 
3o  et  35  degrés  centigrades,  et  glissant  sur  une  tige  verticale  divisée  en  cen- 
timètres. 

»  La  force  ou  la  résistance  du  sphincter  était  ainsi  donnée  par  la  hauteur 
de  la  colonne  d'eau  qui  était  nécessaire  pour  qu'il  y  eût  écoulement  conti- 
nuel par  l'urètre.  Ce  qui  prouvait  que  l'écoulement  ne  dépendait  pas  des 


(     I 102     ) 

contractions  de  la  vessie,  c'est  qu'il  cessait  immédiatement  quand  on  sup- 
primait la  pression  en  fermant  le  robinet  mentionné. 

»  Voici  une  expérience  laite  sur  un  chien  mâle  de  taille  moyenne.  Dans 
l'état  normal,  on  avait  besoin  d'une  pression  d'une  colonne  d'eau  de 
63  centimètres  pour  déterminer  l'écoulement  continuel.  Après  avoir  coupé 
les  nerfs  et  attendu  au  moins  une  demi-heure  pour  laisser  s  éteindre  l'irrita- 
tion produite  par  la  section,  on  n'avait  plus  besoin  que  de  34  centimètres 
pour  produire  le  même  effet.  Après  la  mort  de  l'animal,  nous  n'avons 
observé  l'écoulement  que  sous  la  même  pression  de  34  centimètres. 

»  Chez  un  chien  femelle,  nous  avons  obtenu  dans  les  mêmes  conditions 
72  centimètres  dans  l'état  normal,  22  centimètres  après  la  section  des  nerfs. 

»  Ces  expériences  ont  été  répétées  quinze  fois  et  ont  donné  les  mêmes 
résultats,  à  savoir,  qu'après  la  section  des  nerfs,  de  même  qu'après  la  mort, 
il  y  a  encore  une  résistance  notable  du  sphincter.  Cela  nous  semble  tenir 
à  cette  circonstance,  que  la  voie  par  laquelle  l'urine  se  rend  au  dehors, 
loin  d'être  une  simple  ouverture,  se  prolonge  dans  le  long  tuyau  qui  forme 
l'urètre,  et  comme  l'urètre  est  plus  long  chez  le  mâle  que  chez  la  femelle, 
par  cela  s'expliquent  les  différences  observées  (1). 

»  Cette  opinion  est  encore  appuyée  par  cette  observation,  que  quand 
nous  avons  divisé  l'urètre  chez  les  animaux  morts  jusqu'au  voisinage  de 
la  vessie,  il  y  a  eu  immédiatement  un  écoulement,  même  sous  une  pression 
très-petite. 

»  20  Sphincter  de  l'anus.— Des  expériences  semblables  ont  été  faites  sur  le 
sphincter  de  l'anus,  et  nous  ont  conduits  aux  mêmes  résultats  relativement 
à  l'action  des  nerfs.  On  introduisait  ici  la  canule  par  un  trou  pratiqué  dans 
l'S  iliaque  du  côlon,  et  on  lavait  auparavant  bien  le  rectum  en  y  injectant 
à  plusieurs  reprises  de  l'eau  tiède.  Dans  un  cas,  par  exemple,  on  avait  besoin 
d'une  pression  de  Zjo  centimètres  pour  obtenir  l'écoulement  continu.  Après 
avoir  coupé  les  nerfs  qui  se  rendent  au  rectum,  on  voyait  l'eau  s'écouler 
sous  une  pression  de  18  centimètres.  Après  la  mort  de  l'animal,  la  même 
pression  de  1 8  centimètres  étaitnécessaire  pour  donner  lieu  à  un  écoulement 
continu. 

•>  Pour  nous  mettre  à  l'abri  de  l'objection  que,  dans  les  cas  que  nous 

(1)  Sous  la  dénomination  de  sphincter  nous  comprenons  tout  l'amas  des  fibres  circu- 
laires qui  se  trouvent  soit  autour,  soit  au  devant  de  l'ouverture  vésicale,  sans  nous  préoccuper 
des  limites  données  par  les  anatomistes  entre  la  vessie  et  l'urètre. 


(  no3  ) 
avons  cités,  l'animal  pendant  la  durée  de  l'expérience  s'affaiblissait,  et  que 
par  suite  la  résistance  du  sphincter  s'amoindrissait,  nous  avons  fait  des 
expériences  dans  lesquelles  nous  avons  déterminé  à  plusieurs  reprises  la 
force  du  sphincter.  En  agissant  ainsi,  nous  n'avons  pu,  même  au  bout  de 
trois  beures,  apercevoir  aucun  changement  dans  la  pression  aussi  longtemps 
que  les  nerfs  étaient  conservés  intacts. 

»  Les  observations  qui  précèdent  nous  semblent  démontrer  que  les 
sphincters  de  la  vessie  et  de  l'anus  se  trouvent  pendant  la  vie  dans  un  état 
de  tonicité  ou  de  contraction  involontaire  et  continuelle,  qui  dépend  des 
nerfs.  Les  expériences  citées  dans  ce  travail  ont  été  exécutées  dans  le  labo- 
ratoire de  M.  le  professeur  Claude  Bernard,  au  Collège  de  France.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  forme  globulaire  que  peuvent  prendre  certains  liquides 
sur  leur  propre  surf  ace  ;  N  ote  de  M.  Stanislas  Demain.  (Extrait  présenté 
par  M.  Balard.) 

«    Quels  sont  les  liquides  qui  peuvent  donner  lieu  au  phénomène 

des  globules?  J'ai  observé  ce  phénomène  pour  la  première  fois  (janvier  1 863) 
en  préparant  du  noir  de  platine  par  le  procédé  connu,  qui  consiste  à  faire 
bouillir  dans  un  matras  une  dissolution  de  bichlorure  de  platine  avec  du 
carbonate  de  soude  et  du  sucre.  On  sait  qu'il  se  dégage  de  l'acide  carbo- 
nique dans  cette  réaction.  En  retirant  de  temps  en  temps  le  ballon  du  feu, 
je  vis  de  petits  globules  noirs  parcourir  en  tournoyant  la  surface  du  liquide 
en  repos;  et  quand  ces  globules  étaient  rentrés  dans  son  sein,  il  suffisait 
d'une  nouvelle  ébullition  de  quelques  secondes  pour  qu'ils  réapparussent. 
Le  phénomène  se  manifesta  tant  que  le  noir  de  platine  resta  en  suspension 
dans  la  liqueur  noirâtre  ;  mais  dès  que  la  réaction  fut  terminée  et  que  le 
dégagement  gazeux  eut  cessé  (ce  qui  avait  lieu  quand  le  noir  de  platine 
s'était  ramassé  au  fond  du  ballon),  il  devint  impossible  de  produire  de 
nouveaux  globules.  Cette  expérience  curieuse  fut  le  point  de  départ  de 
mes  recherches.  Elle  me  fit  penser  que  le  phénomène  de  la  forme  globu- 
laire que  pouvaient  prendre  les  liquides  sur  leur  propre  surface  pourrait 
bien  tenir  à  l'existence  d'un  continuel  dégagement  de  gaz  provenant  à  la 
fois  et  de  la  périphérie  des  globules  et  de  la  surface  du  liquide. 

»  Guidé  par  les  idées  théoriques  que  j'ai  exposées,  j'ai  expérimenté  sur 
un  certain  nombre  de  liquides  (douze  environ),  donnant  lieu  par  l'ébulli- 
tion  à  un  dégagement  gazeux  assez  faible ,  et  j'ai  toujours  réussi  à  produire 


(  no4  ) 

le  phénomène.  J'indique  ici  les  liquides  qui  m'ont  procuré  les  meilleurs 
résultats  : 

>>  Une  dissolution  concentrée  de  bicarbonate  de  potasse  (dégagement 
d'acide  carbonique)  ; 

»  Une  dissolution  concentrée  de  bicarbonate  de  soude  (dégagement 
d'acide  carbonique)  ; 

»  Une  dissolution  concentrée  de  sesquicarbonate  d'ammoniaque  [sel 
volatil  d'Angleterre]  (dégagement  d'acide  carbonique); 

»  Une  dissolution  de  carbonate  de  potasse  ou  de  soude  additionnée 
d'acide  borique  (dégagement  d'acide  carbonique); 

»  Acide  chlorhydrique  étendu  de  son  volume  d'eau  environ  (dégage- 
ment de  gaz  chlorhydrique;  l'expérience  réussit  difficilement)  ; 

»  Eau  régale  (dégagement  de  produits  nitreux,  chloro-azoteux  et  chloro- 
azo tiques;  l'expérience  réussit  mieux  quand  on  y  ajoute  un  peu  d'acide 
oxalique); 

»  Une  dissolution  de  sucre,  ou  de  glucose,  ou  de  dextrine  assez  concen- 
trée, additionnée  d'un  excès  d'acide  azotique  (formation  d'acide  oxalique 
et  dégagement  d'acide  carbonique  et  de  vapeurs  nitreuses)  ; 

»  Une  dissolution  de  bicblorure  de  platine,  de  carbonate  de  soucie  et  de 
sucre  (dégagement  d'acide  carbonique) 

»  Il  est  à  remarquer  que  toutes  ces  dissolutions  doivent  être  suffisamment 
concentrées;  on  réussit  moins  bien  quand  elles  sont  étendues.  » 

ZOOLOGIE.  —  Observations  sur  les  habitudes  d'une  poule  d'eau  apprivoisée  ; 
extrait  d'une  Lettre  de  M.  Iti.i. \>i v 

«  Il  y  a  un  an,  on  apporta  chez  un  de  mes  voisins  une  petite  poule  d'eau 
tout  récemment  éclose;  dès  le  lendemain  elle  venait  prendre  sa  nourriture 
à  la  main,  et  de  jour  en  jour  elle  devint  plus  vive  et  plus  familière.  La  pro- 
priété dans  laquelle  on  Pélevait  étant  bornée  par  un  cours  d'eau,  elle  allait 
s'y  baigner  plusieurs  fois  par  jour,  et  au  bout  de  quelques  mois  elle  avait 
acquis  la  grosseur  et  la  beauté  de  plumage  d'un  adulte  :  le  rouge  de 
la  plaque  au-dessus  du  bec  et  le  cercle  du  tibia  étaient  d'un  rouge 
très- vif,  ce  qui  me  fit  croire  que  l'individu  était  un  mâle.  Bien  que  près  de 
l'eau,  cet  oiseau  est  le  plus  souvent  à  terre  dans  le  jardin,  sans  jamais  s'y 
cacher,  et  il  accourt  à  la  voix  de  son  maître  chaque  fois  qu'il  l'appelle.....' 

»   Au  printemps  de  cette  année  notre  oiseau  est  entré  en  amours  et  s'est 


(  no5  ) 

échappé  plusieurs  fois  à  travers  la  prairie  pour  répondre  à  l'appel  des 
femelles  de  son  espèce;  toujours  cependant  il  est  revenu  à  la  maison.  Bientôt 
il  s'est  occupé  à  construire  un  nid  avec  des  roseaux  qu'il  allait  chercher  sur 
les  bords  du  bras  d'eau;  il  n'a  pas  pondu,  ce  qui  nous  a  confirmé  dans  la 
croyance  où  nous  étions  que  l'individu  était  mâle.  On  s'est  alors  procuré 
deux  œufs  de  poule  d'eau  sauvage,  et  l'oiseau  les  a  couvés  sur  le  nid  qu'il 
avait  façonné  ;  ses  petits  sont  éclos,  et  depuis  il  les  soigne,  les  nourrit  avec 
les  insectes  qu'il  va  chercher;  il  les  mène  en  gloussant  à  sa  manière  et  les 
rappelle  quand  ils  se  sont  écartés.  Chaque  soir  il  les  fait  coucher  au  nid  avec 
lui,  absolument  comme  fait  une  poule  de  ses  poussins.   » 

M.  Artcr,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de  M.  Lamé,  pré- 
sente quelques  remarques  sur  un  passage  dans  lequel  le  savant  académicien, 
parlan  t  incidemment  de  la  théorie  mathématique  des  phénomènes  capillaires, 
représente  cette  théorie  comme  étant  restée  depuis  assez  longtemps  stàtfon- 
naire.  M.  Artur  proteste  pour  sa  part  contre  ce  jugement  :  il  rappelle  ses 
travaux  sur  cette  question  et  en  particulier  un  Mémoire  présenté  à  l'Acadé- 
mie dans  sa  séance  du  7  juin  1 858  sous  le  titre  suivant  :  «  Indication  des 
principales  erreurs  sur  lesquelles  Laplace  a  basé  sa  théorie  capillaire... 
Résumé  des  principales  applications  de  la  théorie  établie  par  l'auteur  à  la 
physique,  à  la  chimie  et  à  l'organisation  ». 

«  Depuis  la  publication  de  ma  «Suite  «à  la  Capillarité  »,  j'ai  fait  à  l'Académie, 
ajoute  l'auteur, cinq  communications  sur  des  questions  qui  se  rapportent  aux 
conséquences  déduites  des  actions  capillaires;  de  plus,  je  suis  inscrit  pour 
la  lecture  d'une  Note  dans  laquelle  j'explique,  d'après  les  conséquences  dé- 
duites de  cette  théorie,  les  retards  d'ébullition  des  liquides  observés  par 
M.  L.  Dufour,  professeur  à  Lausanne.  » 

M.  de  Paravey,  à  l'occasion  des  diverses  communications  faites  récem- 
ment à  l'Académie  sur  le  fossile  humain  de  Moulin-Quignon  et  sur  l'exis- 
tence de  l'homme  durant  la  période  quaternaire,  rappelle  les  indications 
que  renferment  quelques-uns  des  ouvrages  conservés  en  Chine  sur  des  po- 
pulations humaines  détruites  par  le  déluge.  Il  signale  d'autres  concordances 
entre  les  récits  bibliques  et  certains  passages  de  ces  ouvrages,  et  annonce  en 
particulier  que  la  cosmogonie  de  Moïse  se  retrouve  dans  l'ancien  Diction- 
naire connu  sous  le  nom  cYEul-Ya.  Il  reproduit  la  copie  d'une  des  planches 
qui  accompagnent  ce  livre,  et  retrouve,  dans  un  des  êtres  monstrueux  qui 

C.  R.,    «863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  23.)  I  44 


(   i io6  ) 

y  sont  figurés,  l'androgyne  de  Platon.  Il  cite  enfin  divers  autres  passages 
tendant  à  prouver  une  thèse  qu'il  ramène  à  chaque  nouvelle  communication, 
savoir  que  ces  livres  n'auraient  point  été  écrits  en  Chine,  mais  y  auraient  été 
apportés  de  Chaldée  à  une  époque  où  ce  dernier  pays  était  déjà  en  posses- 
sion de  la  science  égyptienne. 

M.  Bovs  de  Loury  prie  l'Académie  de  vouloir  hien  l'autoriser  à  re- 
prendre les  planches  qui  accompagnaient  un  Mémoire  qu'il  avait  précé- 
demment présenté  au  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
de  la  fondation  Montyon. 

Toutes  les  pièces  sur  l'ensemble  desquelles  a  porté  le  Rapport  de  la  Com- 
mission doivent  rester  aux  Archives  de  l'Académie.  Ainsi  le  Mémoire  de 
M.  Boys  de  Loury  ne  pourrait  lui  être  rendu;  quant  aux  figures,  il  est 
autorisé  à  les  reprendre. 

La  Société  des  naturalistes  Scandinaves  annonce  que  sa  neuvième  réunion 
aura  lieu  à  Stockholm  du  8  au  i5  juillet,  et  invite  les  savants  français  qui 
désireraient  y  assister  à  le  faire  connaître  d'avance  au  secrétaire  général  de 
la  Société. 

La  Société  Philosophique  américaine  de  Philadelphie  envoie  de  nou- 
velles livraisons  de  ses  Transactions  et  remercie  l'Académie  des  Sciences 
pour  l'envoi  de  ses  plus  récentes  publications. 

M.  Cavalli  d'Olivola  transmet  un  programme  relatif  à  un  monument 
qui  doit  être  élevé  par  souscription  à  Casai  de  Montferrat,  en  l'honneur  de 
L.  Catiina,  architecte  et  archéologue  célèbre. 

La  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture  adresse  des  invita- 
tions pour  sa  séance  du  n  juin,  dans  laquelle  seront  distribués  les  prix 
accordés  par  le  jury  à  la  suite  de  l'exposition. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  F. 


(  u°7  ) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  8  juin  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Etude  des  forces  électromotrices  des  éléments  vollaïques;  par  F. -M.  Raoult. 
(Thèse  présentée  et  soutenue  devant  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  le 
i3  mai  i863.)  Paris,  i863;  in-/|°. 

Entretien  sur  le  mal  de  mer  ;  par  le  D1  Armand  Jobert.  (Extrait  de  la 
Publicité,  de  Marseille.)  Paris,  in-8°. 

Jaundice...  La  jaunisse,  sa  pathologie  et  son  traitement  avec  l'application  dt 
la  chimie  physiologique  pour  la  connaissance  et  le  traitement  des  maladies  du 
foie  et  du  pancréas;  par  George  Harley.  Londres,  1 863  ;  in-8°.  (Présenté 
par  M.  Cl.  Bernard.) 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  Philosophique  américaine  de  Phi- 
ladelphie pour  l'avancement  des  connaissances  utiles;  vol.  XII,  nouvelle  série, 
parties  i  et  3.  Philadelphie,  1 862-1 863;  2  livraisons  in-4°. 

Proceedings...  Comptes  rendus  de  la  Société  Philosophique  américaine  de 
Philadelphie  pour  i avancement  des  connaissances  utiles ;vol.  IX,  janvier  1862, 
n°  67.  Philadelphie;  in-8°. 

Abstract...  Résumé  des  observations  météorologiques  faites  en  Tasrnanie 
dans  le  premier  semestre  1862;  par  F.  Abbott.  Hobart-Town ;  1  feuille 
format  atlas. 

Sulla...  Sur  la  résolvante  de  Malfalti  pour  les  équations  du  5e  degré;  pur 
M.  F.  BRIOSCHI.  Extrait  des  Mémoires  de  l'Institut  rojal  lombard  des 
Sciences,  Lettres  et  Arts.  Milan,  i863;  in -4°.  (Présenté  par  M.  Hermite.) 

Degli...  Des  écrits  de  Marco  Polo  et  de  l'oiseau  Rue  qui  y  est  mentionné; 
Mémoire  de  M.  Gius.  Bianconi.  Bologne,  1862;  in-4°. 

Cenni...  Indications  historiques  sur  les  études paléontologiques  et  géologiques 
faites  à  Bologne,  et  Catalogue  raisonné  de  la  collection  géognostique  de 
l'Apennin  bolonais  ;  par  le  même.  Bologne,  s.  d.;  in-8°. 

Del  calore...  De  la  chaleur  produite  par  le  frottement  entre  les  fluides  et  les 
solides,  en  rapport  avec  les  sources  thermales  et  (es  aérolilhes;  par  le  même. 
Bologne,  1862;  in-8°. 


(   no8  ) 

ERRATUM. 

(Séance  du  ier  juin  1 863.) 

Page  io44>  lignes  8  et  9,  au  lieu  de  :  «  M.  Élie  de  Beadmont  rappelle  que  dans  les  der- 
nières séances,  ainsi  qu'il  l'a  positivement  remarqué,  il  n'a  pas  parlé  d'animaux  ni  de  Saint- 
Acheul,  faubourg  d'Amiens.  .  .,  te  :  «  il  n'a  pas  parlé  à' Amiens  ni  de  Saint- Acheul,  fau- 
bourg d'Amiens.  » 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  15  JUIN   1863. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  de  l'Institut  rappelle  que  la  prochaine  séance  trimes- 
trielle aura  lieu  le  ier  juillet  prochain  et  invite  l'Académie  des  Sciences  à 
procéder  au  choix  du  lecteur  qui  devra  la  représenter  dans  cette  séance. 

CHIMIE.   —  Note  relative  à  une  communication  de   M.  Béchamp  insérée  au 
Compte  rendu  de  la  dernière  séance;  par  M.  L.  Pasteur. 

«  La  première  Note  de  M.  Béchamp  relative  à  la  présence  de  l'acide 
acétique  parmi  les  produits  de  la  fermentation  alcoolique  soulevait  deux  ob- 
jections très-sérieuses.  Il  n'est  plus  possible  aujourd'hui  de  ne  pas  tenir 
compte,  clans  toutes  les  recherches  sur  cette  fermentation,  des  nombreuses  le- 
vures filiformes  qui  accompagnent  très-souvent  la  levure  de  bière  dans  son 
action  sur  le  sucre.  Ce  sont  ces  levures  qui  donnent  iieu  à  la  plupart  des 
maladies  des  vins,  qui  provoquent  la  formation  de  l'acide  lactique  et  des 
divers  acides  de  la  série  acétique  que  l'on  observe  fréquemment  clans  les 
liquides  fermentes.  Or,  M.  Béchamp  ne  s'est  nullement  préoccupé  de  la 
présence  possible  de  ces  levures.  Sa  Note  ne  fait  aucune  mention  d'obser- 
vations microscopiques  de  la  levure  de  bière  qu'il  a  employée,  soit  avant, 
soit  après  les  opérations. 

»   En    confirmant   l'exactitude  de   son   observation,  j'ai   donc  rendu  à 

C.  B.,   iS63,   i<*Semest,e     (T.   LVI,  N°  24    )  '45 


(   'no  ) 
M.    Béchamp   le   grand    service    d'éloigner   l'objection    que    je   viens    de 
développer  et  qui    se   présentait   immédiatement  à   l'esprit   d'un   lecteur 
attentif. 

»  En  second  lieu,  la  première  Note  de  M.  Béchamp  laissait  supposer 
cpie  les  acides  volatils  dont  il  parle  proviennent  du  sucre.  Cela  est  pos- 
sible, mais  rien  ne  le  démontre  dans  la  Note  de  M.  Béchamp.  Je  le  répète, 
c'est  un  point  essentiel  qui  reste  à  éclaircir. 

»  M.  Béchamp  cite  des  passages  de  mon  Mémoire  établissant,  ce  qui  est 
très-vrai,  que  je  croyais  cpie  le  sucre  ne  fournit  pas  du  tout  d'acide  acétique 
dans  la  fermentation  alcoolique.  Je  dis  le  sucre,  car  M.  Béchamp  aurait  dû 
remarquer  que  ces  passages  sont  extraits  de  la  première  partie  de  mon  tra- 
vail, intitulée  :  Ce  que  devient  le  sucre  dans  la  fermentation  alcoolique.  Tous 
les  paragraphes  de  cette  première  partie  s'appliquent  à  cet  objet  spécial. 
Or,  M.  Béchamp,  à  l'heure  qu'il  est,  n'est  pas  du  tout  autorisé  à  affirmer 
que  mes  assertions  sont  erronées  et  que  Lavoisier  avait  bien  vu. 

»  En  résumé,  je  crois  qu'il  n'est  plus  permis  de  s'occuper  des  fermenta- 
tions sans  apporter  dans  ce  sujet  un  peu  plus  de  rigueur  que  parle  passé. 
En  agissant  autrement,  on  continuerait  de  rassembler  des  faits  isolés,  sans 
signification  bien  nette,  n'ayant  aucune  place  déterminée,  et  qui  donnent 
lieu  à  toutes  sortes  de  vues  préconçues,  o>i  d'hypothèses  plus  ou  moins 
erronées.  Je  ne  parle  pas  ici  de  cette  rigueur  absolue  vers  laquelle  nous 
marchons  toujours  sans  jamais  l'atteindre,  mais  de  cette  rigueur  relative  qui 
est  exigée  et  indiquée  par  l'état  de  la  science  sur  le  sujet  dont  on  s'occupe. 
J'ai  déjà  consacré  et  je  consacrerai  encore  tant  de  temps  à  la  révision  des 
travaux  anciens  sur  les  fermentations,  que  je  me  crois  autorisé  à  donner 
ce  conseil. 

»  Quant  aux  travaux  sur  cette  matière,  je  les  appelle  de  tous  mes  vœux. 
11  y  a  longtemps  que  j'ai  senti  qu'elle  forme  un  fardeau  trop  lourd  pour 
être  porté  par  moi  seul.   » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  l'Iijdrazobenzole,  nouveau  composé  isomère  de  la 
benzidine;  jiar  M.   A.-W.   Hofmanx. 

"  La  découverte  de  la  xén\  lamine  parmi  les  produits  secondaires  de  la 
préparation  de  l'aniline,  et  le  rapport  probable  de  cette  substance  avec  la 
benzidine  (xénylène-diamine),  que  j'ai  déjà  signalé,  m'ont  conduit  à  sou- 
mettre cette  dernière  base  à  quelques  expériences. 

»  "En  préparant  la  benzidine  parle  procédé  de  M.  Zinin,  savoir,  le  liai- 


(  "II  ) 

tement  de  l'azobenzole  par  le  sulfhydrate  d'ammoniaque,  j'ai  observé  quel- 
ques phénomènes  qui  semblent  avoir  échappé  à  mes  prédécesseurs. 

»  On  suppose  généralement  que  l'action  des  agents  réducteurs  sur 
l'azobenzole  produit  directement  la  benzidine  : 

ClîH,0Na  +  H»  =  C,2H,îNî. 

Cette  supposition  n'est  pas  exacte;  la  benzidine  n'est  qu'un  produit  secon- 
daire. La  première  substance  qui  se  forme  dans  cette  réaction  est  un  corps 
neutre  ou  faiblement  basique,  qui  diffère  par  toutes  ses  propriétés  de  la 
benzidine,  avec  laquelle  il  est  toutefois  isomère,  et  dans  laquelle  on  peut  le 
transformer  en  le  traitant  simplement  par  les  acides  minéraux. 

»  En  faisant  passer  un  coilrant  d'hydrogène  sulfuré  dans  une  solution 
alcoolique  et  ammoniacale  d'azobenzole,  le  liquide  rougeatre  est  déco- 
loré rapidement,  et  l'addition  de  l'eau  donne  un  précipité  cristallin  d'une 
odeur  de  camphre  caractéristique.  A  cette  substance  se  trouve  mélangée 
une  petite  quantité  de  soufre  provenant  de  la  réaction  avec  le  sulfhydrate 
d'ammoniaque,  mais  la  plus  grande  partie  du  soufre  reste  dissous  à  l'état  de 
polysulfure  d'ammonium.  On  peut  facilement  purifier  le  corps  ainsi  obtenu 
par  deux  ou  trois  cristallisations  dans  l'alcool  très-faible.  Soumis  à  la  com- 
bustion, il  a  donné  des  résultats  qui  coïncident  avec  les  nombres  fournis 
par  l'analyse  de  la  benzidine. 

»  Voici  les  propriétés  qui  distinguent  de  la  benzidine  celte  nouvelle  sub- 
stance pour  laquelle  je  propose  le  nom  à'hydrazobenznle.  Une  dissolution 
de  ce  composé  dans  l'alcool,  et  surtout  dans  la  benzine  (dans  laquelle  il  est 
un  peu  moins  soluble),  donne  par  le  refroidissement  des  lames  bien  défi- 
nies; la  benzidine,  au  contraire,  se  dépose  toujours  de  ces  dissolvants  en 
aiguilles  caractéristiques.  Cette  dernière  est  assez  soluble  dans  l'eau  bouil- 
lante, et  cristallise  en  une  masse  d'un  aspect  nacré.  L'hydrazobenzole,  de 
son  côté,  est  si  peu  soluble  dans  l'eau,  qu'il  est  impossible  de  le  faire  cris- 
talliser dans  ce  liquide.  Son  point  de  fusion  est  i3l  degrés,  celui  de  la  ben- 
zidine 1 18  degrés.  Les  propriétés  basiques  de  la  benzidine  sont  très-pro- 
noncées; elle  se  dissout  dans  les  acides  les  plus  faibles,  tels  que  l'acide 
acétique,  tandis  que  l'hydrazobenzole  y  est  complètement  insoluble.  Les 
acides,  tels  que  l'acide  chlorhydrique  et  l'acide  sulfurique,  dissolvent  l'hy- 
drazobenzole, surtout  à  l'aide  de  la  chaleur;  mais  la  solution  ainsi  obtenue 
ne  le  contient  plus  inaltéré,  et  par  l'addition  d'un  alcali  fixe  ou  volatil  on 
obtient  un  précipité  qui  possède  toutes  les  propriétés  de  la  benzidine. 

»  Ces  caractères  sont  suffisants  pour  définir  l'hydrazobenzole;   mais  sa 

i45.. 


(     "13    ) 

différence  d'avec  la  benzidine  va  devenir  encore  plus  évidente.  La  ben- 
zidine  distille  lorsqu'on  la  soumet  à  une  haute  température;  une  certaine 
portion  est  décomposée,  mais  la  plus  grande  quantité  se  \  olatilise  à  l'état  de 
benzidine.  Au  contraire,  si  l'on  chauffe  l'hydrazobenzole  au  delà  de  son 
point  de  fusion,  on  observe  une  vive  réaction  et  la  chaleur  dégagée  suffit 
pour  volatiliser  la  presque  totalité  de  la  substance.  Le  produit  condensé 
consiste  en  une  huile  rougeâtre  qui  laisse  déposer  par  le  refroidissement 
des  cristaux  d'azobenzole;  l'addition  d'un  acide  augmente  le  dépôt  cris- 
tallin, et  la  solution  contient  alors  une  forte  proportion  d'aniline.  La  réac- 
tion est  assez  simple  : 

2  (C,2H,2N2)  =  C'-H'ON'-  +  a(C«HTN). 

Qydrazobenzole  Azobenzole.  Aniline. 

»  Je  n'ai  pas  réussi,  comme  je  l'avais  espéré,  à  constater  la  présence  de 
la  paraniline  i  (C6H7N)  =  C12  HMN2  parmi  les  produits  de  la  réaction. 

»  La  reproduction  de  l'azobenzole  avec  notre  nouveau  composé,  l'hydra- 
zobenzole, peut  être  accomplie  de  beaucoup  d'autres  manières  :  l'acide  ni- 
treux,  le  chlore,  le  brome,  l'iode,  le  chromate  et  le  permanganate  de  po- 
tassium, le  nitrate  d'argent,  donnent  le  même  résultat.  Dans  ces  différents 
cas,  il  n'y  a  pas  formation  d'aniline  comme  produit  secondaire,  mais  sim- 
plement élimination  de  l'hydrogène  qui  n'est  que  faiblement  combiné. 
Même  humecté  d'alcool  et  soumis  à  l'action  de  l'atmosphère,  l'hydrazo- 
benzole  se  retransforme  peu  à  peu  en  azobenzole. 

»  Il  est  évident  que  plusieurs  des  chimistes  qui  ont  étudié  la  benzidine 
ont  eu  affaire  à  l'hydrazobenzole.  M.  Noble,  qui,  il  y  a  quelques  années, 
préparait  de  la  benzidine  dans  mon  laboratoire,  remarqua  que  la  substance 
qu'il  avait  obtenue  redonnait  de  l'azobenzole  par  l'action  de  l'acide  nitreux. 
Je  me  suis  assuré  que  la  benzidine  ainsi  traitée  ne  reproduit  pas  une  trace 
d'azobenzole. 

»  D'après  ces  expériences,  il  faut  admettre  que,  dans  la  formation  de  la 
benzidine  au  moyen  de  l'azobenzole,  il  y  a  deux  phases  bien  distinctes. 
Dans  la  première,  la  molécule  d'azobenzole  s'assimile  une  molécule  d'hydro- 
gène qui  reste  à  l'état  de  faible  combinaison  et  peut  être  éliminée  par  de 
nombreux  agents.  Sous  l'influence  des  acides,  cet  hydrogène  est  incorporé, 
fixé  dans  le  système,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  et  l'on  obtient  la  benzidine. 
substance  d'une  grande  stabilité. 

»  De  quelque  façon  qu'on  envisage  la  nature  de  l'azobenzole,  dont  la 
constitution  reste  inconnue,  la  nouvelle  substance  doit  être  regardée  comme 


(  '"3) 
son  composé  hydrogéné,  et  c'est  cette  considération  qui  m'a  engagé  à  pro- 
poser le  nom  d'hydrazobenzole.  » 

chimie.  —  De  l'activité  cataly  tique  dans  les  substances  organiques  ; 
extrait  d'une  Lettre  de  M.  Sckonbein  à  M.  Dumas. 

«  Les  substances  qui  jouissent  du  pouvoir  de  développer  des  phé- 
nomènes catalytiques  sont  tellement  répandues,  soit  clans  les  végétaux,  soit 
dans  les  animaux,  qu'on  peut  dire  que  les  deux  règnes  des  êtres  organisés 
en  sont  pénétrés. 

>>  Notamment,  les  semences  et  les  racines  de  toutes  les  plantes  que  j'ai 
examinées  contiennent  des  substances  catalysantes.  La  germination  est  si  in- 
timement liée  à  la  présence  d'une  substance  de  cette  espèce,  que  tout  moyen 
(et  il  y  en  a  plusieurs)  qui  annule  l'activité  catalylique  fait  aussi  disparaître 
le  pouvoir  de  germer  que  possédait  la  semence.  Vous  recevrez  bientôt  un 
Mémoire  étendu  que  je  prépare  sur  cet  objet  qui  m'a  beaucoup  occupé.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

M.  Dumas  présente,  au  nom  de  M.  Aloys  Nowak,  de  Prague,  quatre  opus- 
cules concernant  des  questions  de  météorologie,  opuscules  publiés  de 
septembre  1861  à  avril  1862  dans  un  journal  de  sciences  naturelles,  le  Lotos, 
et  que  l'auteur  adresse  dans  l'intention  de  faire  plus  complètement  con- 
naître un  travail  sur  la  théorie  des  orages  qu'il  a  précédemment  soumis  au 
jugement  de  l'Académie.  Son  premier  Mémoire  était  rédigé  en  français  :  il 
craint  que  ses  idées,  exprimées  dans  une  langue  qui  lui  est  peu  familière, 
n'aient  pas  toujours  été  présentées  avec  une  suffisante  clarté.  Si  tel  était  le 
cas,  les  Commissaires  trouveraient  dans  les  Notes  qu'il  adresse  aujourd'hui 
et  qui  sont  écrites  en  allemand  des  développements  cpii  ne  leur  permettraient 
pas  de  se  méprendre. 

Ces  Notes  et  la  Lettre  d'envoi,  qui  en  contient  une  courte  analyse,  sont 
renvoyées  à  la  Commission  nommée  clans  la  séance  du  9  février,  Commis- 
sion qui  se  compose  de  MM.  Mathieu,  Babinet  et  Faye. 

M.  Vei.peau  présente  au  nom  de  M.  Kœberlé  une  relation  de  deux  nou- 
velles opérations  pratiquées  par  cet  habile  chirurgien,  une  cinquième  opé- 
ration d'ovariotomie,  et  une  extirpation  d'un  corps  fibreux  de  la  matrice  et  des 
ileax  ovaires,  avec  amputation  de  la  partie  sus-vaginale  de  la  matrice. 

«   Ce  serait,  dit  l'auteur  clans  la  Lettre  d'envoi,  le  premier  cas  de  succès 


(  ï"4  ) 

d'extirpation  de  la  matrice  par  la  méthode  sus-pubienne,  si  le  Dr  Ch.  Cla\ 
n'avait  pas  réussi  presque  simultanément  avec  moi  dans  une  opération  très- 
analogue.  Les  résultats  sommaires  de  l'opération  pratiquée  par  l'émincnt 
chirurgien  ont  été  publiés  dans  la  Gazette  médicale  de  Londres,  le  18  avril, 
et  c'est  le  20  avril  cpie  j'ai  fait  l'opération  que  j'ose  vous  prier  de  soumettre 
à  l'appréciation  de  l'Académie. 

»  Les  tumeurs  fibreuses  de  la  matrice  développées  vers  la  cavité  péri- 
tônéale  donnent  lieu  dans  certains  cas  à  des  accidents  sérieux  qui  rendent 
la  vie  insupportable,  ou  qui  entraînent  la  mort  dans  un  temps  rapproché. 
Elles  étaient  considérées  jusqu'ici  comme  étant  complètement  incurables 
par  une  intervention  chirurgicale.  Deux  succès  obtenus  sur  trois  opérations 
(Sawyer,  Ch.  Clay  et  Kceberlé)  prouvent  que  la  matrice  peut  être  extirpée 
avec  chances  de  succès  dans  les  cas  de  tumeurs  fibreuses  utérines,  lorsqu'il 
n'existe  pas  de  complication  grave. 

».  En  comptant  la  dernière  opération,  j'ai  pratiqué  jusqu'ici  six  ovariô- 
tomies,  dont  cinq  avec  succès,  la  cinquième  opérée  étant  morte  subitement 
à  la  suite  d'un  accident  qui  n'est  pas  directement  inhérent  à  l'ovariatomie. 

»  V.  Ovariatomie,  le  16  février.  —Femme  âgée  de  trente-huit  ans,  mala- 
dive, affectée  d'un  kyste  de  l'ovaire  droit,  uniloculaire,  avec  tumeurs  épi- 
théliales  à  sa  face  interne.  Adhérences  à  Pépiploon,  à  la  paroi  abdominale, 
a  la  matrice,  etc.  Pédicule  court.  L'opérée  va  bien  pendant  trois  jours.  Le 
matin  du  quatrième  jour,  elle  est  prise  d'hémorragie  pulmonaire.  Mort 
subite. 

•  VI.  Ovariatomie  double.  Extirpation  de  la  matrice  et  d'une  tumeur  fibreuse 
de  cet  organe.  —  Mme  S...,  de  Saverne,  âgée  de  trente  ans,  s'est  aperçue  il  y 
a  cinq  ans  et  demi,  à  l'occasion  d'une  fausse  couche,  de  l'existence  d'une 
tumeur  considérée  alors  comme  étant  constituée  par  un  corps  fibreux  de  la 
matrice.  Cette  tumeur  prit  un  accroissement  très-rapide  dans  les  deux  der- 
nières années.  Elle  remontait  à  trois  ou  quatre  travers  de  doigt  au-dessus 
<!e  l'ombilic.  Sa  nature  était  douteuse  et  il  était  impossible  de  déterminer  si 
elle  était  utérine  on  ovarienne.  L'extirpation  de  la  tumeur  ayant  été  décidée, 
je  pais  mes  dispositions  pour  l'une  ou  l'autre  alternative.  L'opération  a  été 
pratiquée  le  10  avril,  avec  le  concours  de  M  le  professeur  Coze  et  de 
M.  Sarrazin,  agrégé... 

»  L'extirpation  de  la  matrice  et  des  deux  ovaires  n'a  été  suivie  que  de 
douleurs  très-modérées  que  l'opérée  comparait  à  celles  qu'elle  éprouvait 
durant  les  périodes  menstruelles.  Ces  douleurs  se  sont  calmées  peu  à  peu 
et  ont  disparu  vers  le  soir  pour  ne  plus  revenir.  Depuis,  la  cicatrisation  et 


(  i"5  J 
l'élimination  des  tissus  mortifiés  ont  marché  très  régulièrement,  grâce  à  la 
manière  dont  elles  ont  été  dirigées,  et  l'opérée  ne  s'est  pas  même  doutée  de 
l'extirpation  de  ses  organes  générateurs  avant  qu'on  l'en  eût  informée.  La 
température  de  la  chambre  a  été  assez  élevée,  mais  néanmoins  l'opérée, 
quoique  couverte  de  flanelle,  s'était  lelroidie  pendant  que  le  ventre  était 
resté  à  découvert.  Il  est  survenu  une  bronchite  grave  très-inquiétante,  dès 
le  premier  jour,  donnant  lieu  à  des  quintes  de  toux  très-prolongées  et 
très-douloureuses,  mais  dont  je  suis  heureusement  parvenu  à  conjurer  les 
effets.  Les  serre  nœuds  et  les  ligatures  ont  été  extraits  le  treizième  et  le 
quatorzième  jour.  Les  tissus  mortifiés  ayant  été  complètement  éliminés, 
la  suppuration  est  devenue  blanche  des  le  dix-septième  jour.  Le  vingt-hui- 
tième jour,  il  n'est  plus  resté  qu'une  petite  plaie  superficielle  de  3  centimè- 
tres de  longueur  qui  a  été  complètement  fermée  le  trente  et  unième  jour,  le 
■20  mai.  La  cicatrice  abdominale  est  linéaire,  réduite  à  11  centimètres  de 
longueur.  Il  n'existe  aucune  éventration.  La  hernie  ombilicale  est  entière- 
ment guérie.  Le  ventre  est  également  souple,  mou  de  toutes  parts.  Les 
règles  n'ont  plus  paru.  li  n'est  résulté  aucun  trouble  dans  les  fonctions  du 
tube  digestif  et  de  la  vessie.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  condensation  des  vapeurs  pendant,  la  détente 
ou  la  compression  ;  par  M.  M.-R.  Clausius. 

«  Le  Compte  rendu  du  18  mai  contient  une  Note  de  M.  Dupré  dans 
laquelle  l'auteur  donne  une  formule  qui  peut  servir  à  prévoir  si  la  délente, 
avec  travail  complet,  d'une  vapeur  saturée  se  fait  avec  condensation.  Que 
l'Académie  veuille  bien  me  permettre  de  lui  communiquer,  à  cette  occasion, 
quelques  équations  relatives  au  même  sujet,  que  j'ai  développées  dans 
mes  Mémoires  sur  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur. 

«  Dans  mon  Mémoire  de  i85o  (*),  j'ai  introduit  une  quantité  que  j'ai 
nommée  //,  et  dont  la  signification  est  la  suivante.  Supposons  qu'une  unité 
de  poids  de  vapeur  saturée  d'un  liquide  quelconque  doit  être  chauffée  de 
la  température  t  à  /  -+-  dt,  et  en  même  temps  comprimée  autant  qui!  est 
nécessaire  pour  qu'elle  reste  dans  l'état  de  saturation  :  alors  la  quantité  de 
chaleur  qu'il  faut  communiquer  à  la  vapeur  dans  cette  opération  est  dési- 
gnée par  hdt.  Si  cette  quantité  h,  qui  est  une  nouvelle  espèce  de  chaleur 
spécifique,  eut  positive,  il  s'ensuit  qu'il  faut  communiquer  à  la  vapeur,  pen- 

(*)  annales  de  Poggendorff,  t.  LXXIV,  et  Philosophiral  Magazine,  4e  série,  t.  II. 


(  '"6  ) 
dant  la  compression,  de  la  chaleur,  pour  l'empêcher  de  se  condenser  en 
partie,  et  qu'au  contraire,  pendant  la  détente,  la  vapeur  peut  rendre  mie 
quantité  de  chaleur  sans  qu'une  condensation  en  soit  la  conséquence.  Si  h 
est  négative,  c'est  l'inverse  qui  a  lieu.  Pendant  la  compression  la  vapeur 
peut  rendre  de  la  chaleur,  et  pendant  la  détente  elle  doit  en  recevoir,  sans 
quoi  il  s'opère  une  condensation  partielle. 

»   Pour  cette  quantité,  j'ai  trouvé  dans  le  Mémoire  cité,  p.  5i\,  l'équa- 
tion suivante  : 

L  dr 

h  =  -7-  -+-  c 


tlt  a  -+- C 

où  r  est  la  chaleur  latente  de  vaporisation,  c  la  chaleur  spécifique  du 
liquide,  et  a  l'intervalle  entre  le  zéro  absolu  de  température  et  le  zéro 
ordinaire,  intervalle  qui  est,  en  degrés  centésimaux,  approximative- 
ment 273.  Quand  on  introduit  dans  cette  équation,  au  lieu  de  r  et  c,  les 
fonctions  de  température  que  M.  Regnault,  pour  plusieurs  substances,  a 
déduites  de  ses  excellentes  expériences,  on  obtient  tout  de  suite  la  valeur 
de  h  en  fonction  de  température. 

»  M.  Du  pré,  dans  sa  Note,  donne  une  équation  de  la  forme 

dq        .  ,  «L 

■  A  — 


dt  i+af 


dr 
dt 


où  '-y-  est  la  même  quantité  que  celle  que  j'ai  nommée  h,  L  correspond  à  r, 

a  à  la  fraction  -,  X  à  la  somme  r-f-  l   cdt  et  par  suite  X'  à  la  somme 
«  Jo 

On  voit  par  là  qu'il  suffit  de  changer  les  lettres  pour  faire  coïncider  l'équa- 
tion de  M.  Dupré  avec  la  mienne. 

»  Dans  deux  autres  Mémoires  publiés  un  peu  plus  tard,  «  Sur  les  phé- 
nomènes qui  accompagnent  les  changements  de  volume  de  la  vapeur  (  )  » 
et  «  Sur  l'application  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur  aux  machines 
à  vapeur  (**)  »,  j'ai  fait  usage  de  la  même  équation  pour  effectuer  quelques 
calculs.  Dans  ce  dernier  Mémoire  j'ai  traité  entre  autres  le  cas  suivant.  Sup- 
posé qu'une  enveloppe  imperméable  à  la  chaleur  contienne  la  quantité  M 
d'une  substance,  partie  a  l'état  liquide,  partie  à  l'état  de  vapeur;  si  la  capa- 
cité de  l'enveloppe  augmente  0:1  diminue,  la  grandeur  de  la  partie  à  1  état 


•     Annales  de  Poggendorff  t.  LXXXII,  et  Philosopkical  Magazine,  4e  série,  t.  I;  ana- 
lysé par  M.  Verdi't,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3r  série,  t.  XXXVII. 

Innalcsde  Poggendorff,  t.  XCVII,  et  Philnsaphical  Magazine,  4°  série,  I.  XII. 


(  IJI7  ) 
de  vapeur  changera,  et  en  même  temps  il  y  aura  un  changement  de  tempé- 
rature. En  cherchant  la  connexion  entre  ces  deux  changements,  supposé 
que  l'augmentation   de  volume  se  fasse  avec  travail  complet,  j'ai  trouvé 
l'équation  suivante  : 


où  r  et  c  ont  les  significations  déjà  rappelées,  m  est  la  quantité  variable  de 
la  partie  qui  est  à  l'état  de  vapeur,  et  T  la  température  comptée  à  partir  du 
zéro  absolu.  Par  l'intégration  on  obtient,  si  mt,  r,  et  T,  sont  les  valeurs 
initiales  de  rn,  ret  T, 

»T 
1  —  M  / 
T  T, 


mr       m,r,  r l      dT 


»  Par  cette  équation  on  peut  facilement  calculer  la  condensation  on  la 
vaporisation  qui  a  lieu,  si,  par  suite  d'un  changement  de  volume,  la  tem- 
pérature varie.  » 

Cette  Note  est  renvoyée,  ainsi  que  celle  adressée  par  M.  Dupré  le  18  mai 
dernier,  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de  MM.  Lamé,  Bertrand  et 
Clapeyron. 

MÉTÉOROLOGIE.   —  Sur  des  grêlons   d'une  forme  particulière; 
Note  de  M.  F.  Laroque. 

«  Dans  la  séance  du  lundi  27  avril  t863,  l'Académie  a  reçu  communi- 
cation d'un  Mémoire  du  P.  J.-M.  Sanna-Solaro  ayant  pour  titre  :  Imitation 
de  la  grêle  et  nouvelle  théorie  de  ce  météore.  A  cette  occasion  je  viens  vous 
prier  de  donner  connaissance  à  l'Académie  de  l'observation  suivante  que 
j'ai  faite  à  Toulouse. 

»  Pendant  la  matinée  du  8  août  i85a,  le  ciel  fut  nuageux.  On  observa 
des  cumulus  entraînés  par  un  vent  du  nord-ouest.  Dans  les  couches  infé- 
rieures de  l'atmosphère  à  celles  où  s'amoncelaient  ces  cumulus,  on  vit  se 
développer  des  nimbus  entraînés  par  des  coups  de  vent  soufflant  par  ra- 
fales. A  1  ib45m  un  nimbus  très-obscur,  couvrant  toute  la  ville,  laissa  tom- 
ber une  averse  de  pluie  suivie  d'une  forte  averse  de  grêle  accompagnée  de 
pluie,  à  laquelle  succéda  une  pluie  fine  de  très-courte  durée.  A  midi  le 
ciel  était  découvert;  le  passage  du  nimbus  sur  la  ville  ne  dura  qu'un  quart 
d'heure  environ.  Pendant  ce  temps,  on  entendit  plusieurs  coups  de  ton- 

C.    R.,  i8C3,   Ier  Semestre      T.  LVI,  N°24.)  I  46 


e 


(  '"8  ) 
neire  très-ronflants  ;  et  immédiatement  après  chaque  coup  l'averse  de- 
venait plus  abondante,  puis  elle  diminuait  peu  à  peu.  Le  bruit  précur- 
seur de  la  grêle  ne  se  fit  pas  entendre;  peut-être  fut-il  étouffé  par  celui 
de  la  ville.  Les  grêlons  tombèrent  dans  une  direction  inclinée  indiquant 
qu'ils  étaient  poussés  par  un  vent  violent  du  sud-est.  Telles  furent  les 
circonstances  qui  précédèrent  et  accompagnèrent  la  chute  des  grêlons  dont 
j'ai  à  faire  connaître  la  forme  et  la  structure. 

»  Ces  gréions  avaient  tous  sensiblement  la  même  forme,  mais  avec  des 
dimensions  différentes  variant  peu  de  l'un  à  l'autre.  Cette  forme  était  celle 
d'un  disque  de  10  à  i5  millimètres  de  diamètre,  de  3  millimètres  environ 
d'épaisseur,  à  faces  bien  unies,  à  peine  bombées.  Le  pourtour  était  arrondi 
t  convexe.  Toutefois  j'observai  sur  le  pourtour  de  la  plupart  des  gréions, 
et  faisant  saillie  an  milieu  du  pourtour,  une  lame  de  glace  transparente,  très- 
mince,  découpée  très-irrégulièrement  sur  le  bord  externe. 

»  Les  grêlons  recueillis  (leur  nombre  dépassait  une  centaine)  avaient  la 
transparence  de  l'eau  la  plus  pure;  ils  étaient  cassants  et  se  brisaient  en 
éclats  quand  on  essayait  de  les  rompre  avec  un  instrument  tranchant. 
Chacun  d'eux  contenait  des  bulles  d'air.  Mais  tandis  que  dans  les  uns  ces 
bulles,  tantôt  sphériques,  tantôt  oblongues,  étaient  disséminées  très-irré- 
gulièrement, dans  les  autres  il  existait  seulement  une  grosse  bulle  centrale. 
On  s'est  assuré  que  les  cavités  creusées  dans  la  masse  congelée  étaient  rem- 
plies d'air.  En  effet,  après  avoir  lavé  rapidement  et  à  grande  eau  plusieurs 
des  gréions  recueillis,  on  les  a  introduits  dans  une  éprouvette  renversée  sur 
l'eau  et  préalablement  pleine  de  ce  liquide.  Après  la  fusion  complète  de 
tous  les  grêlons,  l'éprouvette  a  contenu  1  centimètre  cube  d'air  environ.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires   nommés  pour   le  Mémoire  de 
M.  Sanna-Solaro  :  MM.  Becquerel,  Dumas,  Pouillet.) 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  In  croûte  de  /juin  et  le  gluten; 
pnr  M.  J.-A.  Oarral. 

«  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  récemment  à 
l'Académie  sur  le  blé,  la  farine  et  le  pain,  après  avoir  montré  que  sous 
un  même  état  de  siccité  la  croule  de  pain  est  plus  azotée  que  la  mie,  j'ai 
ajouté  que  j'avais  constaté  que  la  croûte  est  aussi  plussoluble  dans  l'eau.  On 
a  fait  remarquer  avec  raison  que  M.  Payeii  avait  déjà  reconnu  cette  plus 
grande  solubilité  et  qu'il  avait  trouvé  qu'elle  était  due  à  la  transformation, 
pendant   la   cuisson,  de  l'amidon  en    dextrine  ou  en  amidon  grillé  (léio- 


(  »i'9  ) 
comme).  Dans  la   partie  historique  de  mon  Mémoire  ce  fait  est  d'ailleurs 
rappelé. 

»  Mais  un  autre  résultat  important  est  établi  par  mes  recherches.  Si,  en 
effet,  on  épuise  par  l'eau  les  même  poids  de  croûte  sèche  et  de  mie  sèche, 
on  trouve  que  la  partie  soluhle  de  la  croûte  dose  de  7  à  8  pour  100  d'azote, 
tandis  que  la  partie  soluble  de  la  mie  ne  dose  que  de  1  à  3  pour  100.  Aussi 
la  plus  grande  solubilité  de  la  croûte  provient  notamment  de  ce  que  le 
gluten  de  la  croûte,  exposé  directement  à  la  température  de  200  à 
220  degrés  que  présentent  les  fours  de  boulangerie,  a  subi  une  transforma- 
tion remarquable.  On  peut  dire  que  la  partie  soluble  de  la  croûte  est  plus 
azotéu  que  le  jus  de  viande. 

»  Une  pareille  conséquence  méritait  d'être  confirmée  par  des  expériences 
directes.  Ayant  introduit  du  gluten  dans  des  tubes  eu  verre  suffisamment 
résistants  et  fermés  à  la  lampe,  j'ai  soumis  ces  tubes  à  une  température  de 
220  degrés,  dans  xm  bain  d'huile.  Dans  cette  expérience,  on  voit  au  bout 
de  quelques  instants  le  gluten  se  liquéfier.  Cette  liquéfaction,  ainsi  opé- 
rée sous  l'influence  de  la  vapeur  d'eau  et  de  la  pression,  donne  lieu  à  un 
dégagement  d'acide  carbonique;  car  si  on  brise  le  tube  où  le  gluten  est 
devenu  liquide,  on  constate  une  petite  explosion,  et,  en  recueillant  le  gaz, 
on  trouve  qu'il  contient  de  l'acide  carbonique,  mais  qu'il  ne  présente  plus 
aucune  trace  d'oxygène.  Le  liquide  brun  obtenu  est  notablement  alcalin  et 
est  doué  d'une  odeur  particulière  ;  après  filtration  il  précipite  en  jaune  par 
les  acides,  mais  il  ne  donne  rien  avec  les  alcalis  ni  avec  l'alcool. 

»  Je  poursuis  l'étude  de  ces  faits  qui  me  paraissent  jeter  un  nouveau 
jour  sur  la  panification.  » 

Celte  Note,  qui  fait  suite  au  Mémoire  adressé  par  l'auteur  le  27  avril 
dernier,  est  renvoyée,  comme  l'avait  été  ce  travail,  à  l'examen  de  la  Section 
d'Économie  rurale. 

M.  Meiu:adier  adresse  un  second  Mémoire  sur  la  théorie  des  gammes. 

«  Le  premier  Mémoire  sur  ce  sujet,  les  deux  Notes  destinées  à  être  placées 
au  commencement  de  la  seconde  partie  de  ce  Mémoire  et  le  nouveau  Mé- 
moire que  j'adresse  aujourd'hui  forment  maintenant,  dit  l'auteur,  un  tout 
complet,  et  dont  j'espère  que  la  Commission  chargée  de  l'examiner  voudra 
bien  s'occuper.  » 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  précédemment  nommés  : 
MM.  Pouillet  et  Babinet.) 

i/|6.. 


(     I 120    ) 

M.  Dalemagne  adresse,  à  l'occasion  d'une  communication  récente  de 
M.  Kulilmann,  une  Note  dans  laquelle  il  rappelle  les  procédés  qu'il  emploie 
lui-même  pour  la  conservation  des  monuments  et  des  sculptures,  et  les  in- 
convénients qu'il  a  reconnus  aux  procédés  de  silicatisation  dont  l'effet  n'est 
pas  durable,  ainsi  qu'il  l'a  depuis  longtemps  annoncé  et  que  le  reconnaissent 
aujourd'hui  ceux  qui  les  ont  autrefois  préconisés. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Dumas  et  Balard.) 

M.  B.  Boulard  adresse  de  Bordeaux  un  Mémoire  très-étendu  ayant  pour 
titre  :  «  Dualité  élémentaire,  cosmique,  dynamique,  organique,  atomique, 
thermique  et  lumineuse,  d'après  les  observations  astronomiques  et  les  prin- 
cipes les  plus  certains  de  la  physique  expérimentale.  » 

Une  Commission  composée  de  MM  Becquerel,  Pouillet  et  Regnault  est 
invitée  à  prendre  connaissance  de  cet  écrit  et  à  faire  savoir  à  l'Académie  s'il 
est  de  nature  à  devenir  l'objet  d'un  Rapport. 

COBBESPOND  ANCE . 

M.  d'Abbaoie  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Géographie 
et  Navigation  par  suite  du  décès  de  M.  Bravais. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géographie  et  Navigation.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  M.  cl '  Abbndie  le  troisième 
fascicule  nouvellement  publié  de  son  ouvrage  intitulé  :  a  Géodésie  d'Ethio- 
pie ou  Triangulation  d'une  partie  de  la  haute  Ethiopie  exécutée  selon  des 
méthodes  nouvelles....  »  [Voir  au  Bulletin  bibliographique); 

Au  nom  de  MM.  Delesse  et  Laugel,  un  volume  ayant  pour  titre  :  «  Revue 
de  Géologie  pour  l'année  1861  »; 

Et  au  nom  de  M.  Grimer,  un  opuscule  intitulé  :  «  Dieu  et  la  Création 
révélés  par  la  Géologie  ". 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  un  opuscule  de  M.  Garrigou  portant  pour  titre  :  «  L'Homme 
fossile,  historique  général  de  la  question  et  discussion  de  la  découverte 
d'Abbeville  ». 


(     H2I     ) 

«  En  énumérant  les  faits  relatifs  à  cette  intéressante  question,  dit  l'auteur 
dans  la  Lettre  d'envoi,  j'ai  voulu  prouver  qu'il  existe  des  observations  faites 
par  les  savants  les  plus  autorisés,  tendant  à  prouver  que  l'homme  a  réelle- 
ment été  le  contemporain  de  YElephas  primigenius,  du  Rhinocéros  tichorhi- 
nus  et  de  beaucoup  d'autres  espèces  éteintes.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  non-contemporanéité  de  l'homme  et  des  grandes  espères 
éteintes  de  Mammifères  ;  nouvelle  Note  de  M.   Epg.   Robert. 

«  Dans  la  Note  que  AI.  Dumas  m'a  fait  l'honneur  de  communiquer  à 
l'Académie,  le  1 8  mai  dernier,  sur  la  non-contemporanéité  de  l'homme  et  de 
plusieurs  grandes  espèces  éteintes  de  Pachydermes,  j'avais  invoqué  à  l'ap- 
pui de  mon  opinion  l'absence  complète  d'ivoire  dans  les  gisements  celtiques, 
tandis  que  la  corne  de  cerf  et  les  défenses  de  sanglier  s'y  rencontrent  très- 
fréquemment.  Je  crois  que  si  l'on  voulait  tenir  compte  de  l'état  dans  lequel 
se  trouvent  les  silex  taillés  qui  accompagnent  dans  la  vallée  de  la  Somme  les 
restes  d'éléphants,  de  rhinocéros,  etc.,  il  serait  possible  d'y  emprunter  un 
argument  de  plus  en  faveur  de  la  non-contemporanéité. 

»  J'ai  recueilli  pour  ma  part,  tant  à  Amiens  qu'à  Abbeville,  un  grand 
nombre  de  silex  dont  la  taille  remonte  certainement  à  une  époque  très- 
reculée  (j'insiste  sur  ce  point,  afin  de  ne  pas  confondre  les  pierres  façonnées 
anciennement  avec  celles  que  les  ouvriers  ne  se  font  aucun  scrupule  de  vous 
présenter  comme  telles  après  les  avoir  préparées  eux-mêmes),  et  dont  les 
arêtes  sont  si  fraîches,  qu'on  éprouve  la  plus  grande  répugnance  à  supposer 
qu'Us  ont  dû  subir  le  même  sort  que  les  matériaux  proprement  dits  du  dilu- 
vium  ;  en  d'autres  termes,  qu'ils  sont  contemporains  d*es  ossements  fossiles 
de  Mammifères.  J'en  possède  un  deSaint-Acheul  que  j'ai  déjà  soumis  à  plu- 
sieurs savants  français  et  étrangers  qui  ont  pris  la  peine  de  venir  voir  mes 
collections,  lequel  mesure  om,3o  de  longueur,  om,  1 1  dans  sa  plus  grande  lar- 
geur, et  pèse  i  kilogrammes  environ.  L'examen  de  cette  hache  gigantesque, 
dont  les  facettes  et  les  arêtes  aiguës  sont  incrustées  d'un  ciment  calcaréo- 
silicéo-ferrugineux,  éloigne  à  coup  sûr  toute  idée  de  transport  ou  de  frotte- 
ment violent  ;  car  si  elle  eût  seulement  changé  de  lit  dans  l'endroit  où  elle 
gisait,  à  la  suite  d'un  effort  quelconque,  elle  se  fût  certainement  brisée  ou 
tout  au  moins  ébréchée.  Par  conséquent,  il  faut  admettre  que  cet  instru- 
ment, aussi  bien  conservé  que  s'il  sortait  des  mains  de  l'ouvrier,  a  été  fait 
sur  place  aux  dépens  de  quelque  grand  silex  très-allongé,  comme  il  en 


(     112  2    ) 

existe  tant  dans  la  même  localité,  qui  seraient  encore  propres  à  faire  des 
instruments  semblables. 

»  Or,  je  le  demande,  si  les  pierres  taillées  qu'on  trouve  en  si  grande  abon- 
dance dans  les  sablières  de  la  Somme  avaient  été  charriées  en  même  temps 
que  les  cailloux  roulés  au  milieu  desquels  elles  reposent,  elles  seraient  au 
moins  usées  sur  les  angles  ;  elles  auraient  perdu  leurs  aspérités  aussi  bien 
que  les  ossements  d'éléphant  qui  se  trouvent  quelque  ois  dans  le  voisinage. 
Il  faut,  en  vérité,  que  le  transport  des  débris  de  ces  grands  animaux  ait  été 
bien  violent,  puisque  les  mâchelières  ont,  non-seulement  été  arrachées  des 
alvéoles  dans  lesquelles  elles  étaient  enchâssées,  mais  sont  souvent  réduites 
à  quelques  lames  éparses  dans  le  sable. 

»  Quant  aux  ossements  humains  qui  paraissent  devoir  accompagner  les 
silex  taillés  à  Abbeville,  ce  dont  je  ne  doute  nullement,  je  ferai  remarquer 
qu'il  n'est  pas  rare  d'en  rencontrer  à  Saint-Acheul  dans  le  fond  des  sablières, 
et  qui  proviennent  évidemment  des  couches  supérieures  dans  lesquelles  on 
peut  voir  encore  des  sépultures  gallo-romaines  (nid  doute  qu'il  n'y  en  eût  eu 
de  semblables  dans  les  environs  d'Abbeville).  C'est  ainsi  que  j'y  ai  recueilli  une 
mâchoire  humaine  au  milieu  d'éhoulements  venus  incontestablement  du 
faîte  des  sablières  ouvertes  en  cet  endroit  sur  la  rive  gauche  de  la  Somme. 
On  peut,  au  reste,  se  livrer  avec  le  même  succès  à  des  recherches  du  même 
ordre  dans  la  grande  sablière  de Précv  sur-Oise,  qui  fournit  presque  tout  le 
balast  du  chemin  de  fer  du  Nord  ;  et  même  à  Paris,  dans  les  sablières  de  la 
gare  d'Ivry,  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  la  physionomie  de  tous  ces  ter- 
rains d'atterrissements  fluviatiles  cpii  revêtent  ies  pentes  des  vallées,  offrant 
la  plus  grande  ressemblance  avec  celle  des  rives  de  la  Somme  depuis  Amiens 
jusqu'à  Abbeville.  »* 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  une  grauwacke  devonienne  fossilifère  des  Pyrénées  ; 

par  M.  A. -F.  NoGufes. 

«  Au  mois  de  décembre  dernier,  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  un  Mémoire  sur  les  sédiments  inférieurs  et  les  tetrains 
cristallins  des  Pyrénées-Orientales  (Comptes  rendus,  t.  LV,  p.  874).  Dans  ce 
travail,  je  suis  arrivé,  pardes  considérations  purement  statigraphiques  et  par 
des  caractères  lithologiques,  à  distinguer  deux  grands  étages  dans  les  sédi- 
ments primaires  des  vallées  du  Tech  et  de  la  Tet  :  l'étage  inférieur,  essen- 
tiellement schisteux,  plus  ou  moins  métamorphosé,  que  j'ai  rangé  dans  le 


(     1123    ) 

groupe  silurien;   l'étage  supérieur,  principalement  calcaire,  que  j'ai  rap- 
porté au  devonien. 

»  Cet  étage  devonien  renferme  sur  certains  points  des  grauwackes  (ou 
grès  très-fins)  associées  aux  calcaires  ou  à  des  schistes  calcarifères. 

»  La  justesse  de  mes  divisions  stratigraphiques  a  été  confirmée  par  la  pa- 
léontologie :  c'est  là  le  fait  saillant  que  je  communique  à  l'Académie  pour 
prendre  date. 

»  M.  Dufrénoy  avait  signalé,  dès  i  834  (Mémoires  pour  servir  à  une  des- 
cription géologique  de  la  France,  t.  II,  p.  197),  des  traces,  indéterminables 
spécifiquement,  de  nautiles,  d'orthocératites,  de  térébratules,  de  polvpiers, 
il  encrines,  dans  les  calcaires  amygdalins  des  environs  de  Prades. 

»  Mais  à  l'époque  où  remontent  les  recherches  du  célèbre  minéralogiste, 
la  paléontologie  n'était  pas  assez  avancée  pour  déterminer  par  elle  seule 
l'âge  des  calcaires  de  transition  de  Villefranche  et  de  Sirach.  Dans  les 
grauwackes  associées  aux  calcaires  marmoréens  de  mon  étage  supérieur 
(devonien),  j'ai  trouvé  une  faune  qui,  en  Angleterre  et  en  Bretagne,  dénote 
la  présence  du  devonien. 

»  La  grauwacke  fossilifère  se  montre  surtout  entre  Corneilla  et  Fillols, 
dans  la  vallée  du  Tech;  la  montagne  qui  sépare  ces  deux  villages  en  est 
formée:  elle  s'y  trouve  associée  à  des  calcaires  et  à  d'autres  roches  que  je 
décrirai  dans  le  texte  de  la  carte  géologique  des  Pyrénées-Orientales. 

»  Ces  grauwackes,  d'un  gris  jaunâtre,  sont  parfaitement  semblables  aux 
mêmes  roches  devoniennes  du  Cotentin  et  de  la  Bretagne.  J'y  ai  trouvé  des 
empreintes  de  Slromalopora  concentra  a  (Goldf.),  Fenestrelln  antiqua(Go\df.), 
Favosites  polymorpha  (Lam.),  Bereincia.  ..,  Terebralula  pucjnus  (Sow.),  va- 
riété du  système  devonien  à  l'état  de  moule  intérieur.  Cette  faune  devo- 
nienne  ne  peut  plus  laisser  aucun  doute  dans  notre  esprit  sur  l'âge  de  l'é- 
tage supérieur  des  terrains  de  transition  des  vallées  du  Tech  et  de  la  Tet. 

»  Ainsi  la  paléontologie  a  confirmé  ce  que  la  stratigraphie  m'avait  déjà 
prouvé,  et  m'a  permis  d'assigner  encore  plus  exactement  leur  véritable  place 
dans  la  série  sédimentaire  aux  calcaires  et  aux  grauwackes  qui  recouvrent 
les  schistes  dans  les  vallées  du  Tech  et  de  la  Tet.   » 

analyse  mathématique.  —  Sur  la  théorie  ali/ébrique  des  fondions  homogènes 
du  quatrième  degré  à  trois  indéterminées;  Note  du  P.  Joibert,  présentée 
par  M.  Hermite.  (Fin.) 

«    Nous  obtiendrons  un  contrevariant   linéaire  de  la  manière  suivante  : 


(     II 24    ) 

désignons  par  f  et  g  les  deux  covariants  quadratiques  V  et  VI  et  formons 
le  déterminant 


'Il 

dx 

dg 

dx 

* 

dy. 

dz 

dg 

dz 

Nous  avons  ainsi  un  concomitant  mixte,  linéaire  en  ç,  n,  Ç,  et  du  second 
degré  par  rapport  à  .r,  jr,  z.  En  faisant  opérer  sur  lui  le  contrevariant  qua- 
dratique IV,  nous  aurons  un  contrevariant  linéaire  du  quatorzième  degré 
par  rapport  aux  coefficients,  dont  voici  la  valeur  : 

IX. 


'■'  y ■   —  A  V    —  2  AfiS"  -f-  a  Afi"  Ve 
- 1  5  ).'  p.s  v  -  1 5  V  y.-/'  —  1 8  /.'  y."  + 1 8  V  v4 


pV  ~i*p.3~-2AIpi<i-f-2Aeps 
4-i5X(i«a5  —  i5a'^v  —  i8pV+i8XV 


).'  v'  —  fi*  V3  —  2  X6  p2  v  -|-  2  Z"  fl' 

[  5  a5  F/  — 15  Xf»s  •/  —  1 8  V  v'  + 1 


»  Il  est  maintenant  bien  facile  d'établir  l'existence  de  deux  covariants 
linéaires  du  dix-neuvième  degré  par  rapport  aux  coefficients.  Supposons, 
en  effet,  qu'on  ait  adopté  pour  forme  canonique  celle  pour  laquelle  les 
deux  covariants  f  et  g  se  réduisent  à  des  sommes  de  carrés,  et  posons 

/  =  A.r2  +  Bj2  +  Cz2,        g  =  k'x-  +  B'r-  ■+-  G  z2  ; 

soit,  de  plus,  dans  la  même  hypothèse, 

L|  +■  Mvj  +  NÇ 

le  contrevariant  linéaire.  En  Je  faisant  opérer  successivement  sur  f  et  g, 
nous  trouvons  deux  covariants  linéaires  évidemment  distincts,  savoir  : 

LAx  +  MBj  -f-'NCz, 
LA'x+  MR'j  +  NC'z. 

«  Nous  donnons  plus  loin  un  troisième  covariant  linéaire  un  peu  plus 
simple. 


(     I  (25    ) 

»  L'expression  IX  est  susceptible  d'un  second  mode  de  formation  : 
F  [x,  y,  z)  étant  la  forme  considérée,  concevons  qu'on  opère  sur  le  produit 
F(xt,  jr„  s,).F(xa,  jr%,  zs).F(.rs,  j3,  z3)  avec  le  symbole 


Çl*.Çl3: 


^ 

d 

<tf 

v 

d 

d 

ç 

,/,, 

</.r. 

(L'\ 

d.i\ 

rf 

rf 

d 

d 

4r, 

'(r, 

*r, 

<'y. 

s 

rf 

rf 

d 

d 

*, 

rf?? 

dzt 

dz3 

suivant  les  notations  de  M.  Cayley,  en  ayant  soin  d'effacer  les  indices  après 
les  différentiations;  nous  obtenons  un  concomitant  mixte  du  troisième 
degré  en  £,  yj,  Ç,  et  du  sixième  en  x,  y,  z,  dont  l'expression  est  trop  com- 
pliquée pour  trouver  place  ici.  Opérons  sur  ce  concomitant  en  employant 
successivement  les  contrevariants  II  et  IV;  nous  trouvons  un  contreva- 
riant  cubique  du  neuvième  degré  par  rapport  aux  coefficients.  Voici  sa 
valeur  : 


X. 


-  2  ).(*' 


+2p.V4 


+î1'ï 


»2Ç 

— r--j 

-aV 

+  2y.=  v3 

—  il).3  p2 

—  61V 

—  6Vp*v 

+  36>pV 

1 1 


-V 

—  ÎIU' 

+2P1 


-6>y 
+  36Vftv3 


?-'« 

«<;= 

??J 

W 

'-■■'- 

—  p/2 

+X> 

+  y.L"v 

+  )■/-' 

0 

—  2  À3  V 

+  2  ).■/• 

+  2  Vf* 

+  2f/3v 

+  lVu? 

—  2  v.V 

2  V  V3 

—  2  ).3  IA2 

— 11  >ftV 

+  1  I  )' 7."v 

+  n)y-V 

+IlVfi<J3 

-6pS2 

+  6V(*S 

+  6pV 

+  6  A5-/ 

-6)'p»! 

+6  Vf»4 

+  G).'p2v 

+  6),,aV 

4-36VfL*« 

—  36)  y.  lv 

—  36  Vu»4 

—  36),'y.:v 

»  Cela  posé,  que  l'on  fasse  opérer  sur  X  l'un  des  covariants  V  ou  VI,  ou 
bien  une  de  leurs  combinaisons  linéaires,  on  parvient,  soit  à  une  expres- 
sion identiquement  nulle,  soit  au  contrevariant  linéaire  IX. 

»  La  combinaison  de  X  avec  la  forme,  ou  bien  avec  le  covariant  biqua- 
dratique  VII,  conduit  à  des  expressions  identiquement  nulles.  Mais  en 
faisant  opérer  X  sur  VIII,  on  obtient  un  covariant  linéaire  du  seizième  degré 
par  rapport  aux  coefficients,  savoir  : 


C.  R.,    i863,  1"  Semestre.   (T.  LVI,  N°  24.) 


l47 


(   na6  ) 
XI. 


7  /  y  —  7  X-/ 4 1 65  V  fts  ï  — 165  V  fV 

—  82  "/■'  fi'  -+-  82  X5  •/  —  90  fi3  •/  +  go  y.'  /' 

—  28XfA84-28Xï84-6l6X3fiV  — 6l6X3ft2v' 
4-84oX6fiv5  —  84o>>sv 

4-288Xsfi8  —  288  XV, 
4-  576  XV  —  576  XV 
+  288  )(*'•/—  288  V-/ 


y 

7  F'' 

—  7  V  fi  +  i65)a2vs 

—  i65).sp2-j 

-82  p5 

/  +  82/'f*s  — 90  V 

v3  4- 90  XV 

—  28  fiï 

+28X»,i4-6i6X2(i3 

,«_6i6Xyvs 

H- 840'/. 

fx8v—  84  0X11V 

+  288  p. 

S"  —  288  X8  fi5 

+  576). 

fi9  —  576  u?  V* 

+  288} 

fi-/  —  288  >.'  («8 

z 

7XS 

—  7fiN  +  i65X5fiv2- 

-i65XfiV 

-82/'- 

-s  +  82fi,v5  —  goX3fi" 

+  90'/'  fi 

— 28  xs 

+28ptBv+6i6Vyv3 

-6i6'/Vv: 

+  84o). 

xsv«  — 84ols(iv* 

+288  V 

v5  —  288  f*V 

+  576f/ 

V  —  576  XV 

+  288) 

fi8v  —  288  A8  a' v 

»  Ce  même  covariant  peut  s'obtenir  d'une  autre  manière.  En  combi- 
nant X  avec  le  Hessien,  nous  avons  un  covariant  cubique  du  douzième  degré 
par  rapport  aux  coefficients,  dont  voici  la  valeur  : 


XII. 


x3 

r3 

z3 

y-z 

33.r 

x-y 

J21 

zx~ 

xy2 

1  1  z 

4-22  uv* 

4  22  X!  V 

4"  22  X|AS 

+  p2* 

+  Xv2 

+ X> 

—  u.v2 

—  A2  'J 

—  Xti2 

0 

—  22  fi5  -J 

—  22  Xvs 

—  22  X5  fi 

4- 11  X3  fi 

4- 1 1  fi3  v 

4- 1 1  Xv3 

-IlX3» 

-  1 1  Xji5 

-  1 1  p3 

-96),y 

—  g6fiV 

—  96  XV 

+  28  XV 

+  28X3f/.J 

4  28  y.3  v2 

-28X2fi3 

—  l8fiV 

—  28  X3  V2 

+96  XV 

+  96IV 

+  96  a'  v3 

4-I7XJIV 

+  i7X2p/ 

4-r7X3ft2v 

—  I  7  Xfi2  -J3 

—  1 7  X3  fiv2 

—  17  A2  U.3  V 

—  72  Au.2-/ 

—  72A6pv2 

—  72  X2  fi6  v 

+  20 1  X1  fi2  V 

+  201  XfiV 

4201  X2ii-/ 

—  201  X4  fiV2 

—  20lX2fiS 

—  20I  .V  v 

—  72'AftV 

+-  72  À2  fiV6 

-f-  72  Xe  y  v 

-t-84fiS 

+84  v 

4-84  Xe  {* 

-  84  pc 

—  84 /'  v 

—  84  Xf*6 

-432  '/';/'/' 

4  432  X5  fi' v 

+  432XaV 

-ig8fiV 

—  rg8XV 

—  198  XV 

4- 198  ^  V 

4- 198  XV 

4- 198  Xs  fi2 

43a     -  . 

—  432XftSs 

—  432X5fui« 

+  goX3fis 

+  90  fi3  v5 

4- 90  XV 

—  90  XV 

-  9°  '■'  (*' 

—  90  fiS  V3 

■+- 1 1 4  X3  ftv4 

+114  >'/  '» 

4-n4Xfi4»3 

—  u4X3fi4  v 

— Ii4>y'v 

—  II4X*P' 

—  72  Xe  v ; 

-72X3fie 

—  72  fi3  vc 

+  72/'  fi 

4  72 ,"'' v> 

4-72  Xsv« 

—  a52XJ(tV 

—  252A     '/'■/ 

—  252X*f/.V 

4252X2fi3v« 

4"  2  32  A'  fi2  V3 

4-252X'ft'vJ 

+  I44XV 

+  i44XT;i; 

4-144  fi' ï2 

-i44X2fi' 

-144  fi  v 

-  144  XV 

+  432X5fi3v2 

4-432X2ftV 

4-432'/  3fiV 

—  432XsjiV 

—  432X3fiV 

—  432XVV 

—  864XjiV 

-  864  Xe  fiV3 

—  864  A3  fi6  V 

4-  864  XfiV 

4864X3pe 

4-864  '>■  f/   v 

»  Faisons  maintenant  opérer  sur  XII  le  contrevariant  quadratique  IV, 
nous  retrouvons  le  contrevariant  linéaire  XI.  Enfin  la  combinaison  de  XII 
et  de  II  conduit  encore  au  contrevariant  linéaire  IX,  obtenu  déjà  à  l'aide 
de  deux  procédés  distincts.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  la  coloration  que  les  acides  peuvent  communiquer 
aux  organes  végétaux,  dans  certaines  familles;  Note  de  M.  A.  Gciixard, 
présentée  par  M.  Ducbartre. 

«    A  l'une  des  dernières  séances  de  l'Académie  (  18  mai),  il  a  été  lu  une 


(  U27-  ) 
Note  sur  la  coloration  des  fibres  végétales  par  les  acides.  Cette  Note  a  été 
rappelée  et  un  peu  modifiée  par  M.  Pasteur  à  la  séance  suivante. 

»  L'action  colorante  des  acides  sur  certaines  matières  organiques  avait 
été  déjà  signalée  par  les  chimistes  et  par  les  botanistes.  —  L'acide  chlorhy- 
drique  colore  la  fibrine  en  violet  (Pelouze  et  Fremy,  t.  III,  p.  7^2).  Cette 
action,  sur  les  fibres  du  liber  et  sur  des  cellules  particulières  de  l'écorce,  est 
indiquée  au  Bulletin  de  la  Société  botanique  île  France  (  t.  V,  p.  1 02  )  et  dans  la 
Presse  scientifique  des  Deux  Mondes  (t.  II  de  1861,  p.  3a 3  et  3i/j).  Elle  est 
énoncée  plus  expressément,  avec  son  application  à  un  grand  nombre  de 
familles,  dans  un  Mémoire  accompagné  de  dessins  coloriés,  qui  a  été  pré- 
senté pour  un  concours  et  remis  à  l'Académie  le  3i  décembre. 

»  L'action  colorante  ne  s'exerce  pas  seulement  sur  les  tubules  du  liber; 
elle  peut  teindre  complètement  les  tubules  ligneux,  les  trachées  et  vaisseaux, 
les  rayonnements  médullaires,  les  cellules  tubuliformes  de  la  moelle  annu- 
laire (étui  médullaire),  et  quelquefois  la  moelle  centrale  elle-même,  no- 
tamment à  l'approche  des  nœuds.  Les  tubules,  loin  de  subir  cette  influence 
avec  plus  d'intensité  que  les  trachées  et  vaisseaux,  n'en  reçoivent  au  con- 
traire, dans  la  plupart  des  cas,  qu'une  teinte  adoucie.  Le  liber  la  reçoit 
plus  promptement  ou  plus  lentement  que  le  corps  ligneux,  selon  les  familles. 
Il  y  a  même  des  plantes  (parmi  les  Urlicées,  par  exemple),  où  les  fibres 
rayonnantes  acceptent  la  teinte  déterminée  par  les  réactifs,  tandis  que  le 
liber  s'y  refuse  {Presse  scientifique,  loc.  cit.  ). 

»  L'organe  qui  reçoit  la  coloration  avant  tous  les  autres  est  la  jeune  tra- 
chée. On  l'obtient  d'un  beau  violet,  non-seulement  au  haut  du  rameau,  à 
l'époque  où  le  réactif  ne  colore  encore  aucune  sorte  de  fibres,  mais  dans  le 
pétiole,  dans  la  feuille,  même  avant  son  évolution  hors  du  bourgeon. 

»  Le  violet,  avec  ses  nuances,  vineuse,  rose,  n'est  pas  la  seule  couleur 
que  les  organes  allongés  reçoivent  des  acides  et  spécialement  de  l'acide 
chlorhydrique;  dans  quelques  plantes  les  fibres  se  colorent  en  vert  d'eau 
(Staphylea,  Dianthus) ,  en  jaune  (Sacjina,  Pliiinl>a<jo,  le  liber;  Mpica,  les 
fibres  de  la  feuille),  on  en  orangé  (Épacridées). 

»  Que  les  colorations  soient  dues  à  des  substances  spéciales,  incolores  na- 
turellement, mais  colorables  par  les  réactifs,  nous  n'oserions  l'affirmer  avant 
d'avoir  obtenu  séparément  ces  substances. 

»  Le  phénomène  de  coloration,  manifesté  par  l'emploi  direct  de  la  goutte 
acide,  peut  s'obtenir  ordinairement  de  toutes  les  plantes  delà  même  famille. 
Mais  il  faut  se  garder  de  croire  qu'il  en  soit  ainsi  de  tous  les  phanérogames. 
Il  est  des  familles  nombreuses  qui  s'y  refusent,   on  peut  même  dire,  des 

147.. 


(     II2S    ) 

classes  entières.  Cette  Note  ne  comporte  pas  les  détails  de  l'infinie  variété 
de  ces  phénomènes.  Nous  soumettrons  le  plus  tôt  possible  à  l'Académie  la 
double  liste  des  familles  chez  lesquelles  nous  avons  reconnu  la  faculté  ou 
l'incapacité  de  la  coloration  immédiate  par  les  acides.  Celles  que  nous  con- 
naissons jusqu'à  présent  comme  colorables  sont  toutes  ou  presque  toutes 
dicotylées.  Nous  indiquerons  seulement  ici,  parmi  celles  où  le  phénomène 
>e  manifeste  le  plus  vivement,  les  classes  suivantes  de  l'École  botanique  du 
Muséum  : 

Classe  27  (Primulinées)  ) 

A   ,j.  ■    ..  ».     >     1  non  sans  Quelque  exception  ; 
»       28  (Encoidees)     )  111 

•>       64  (Rosinées); 

■»       66  à  68  (  Amentacées,  Conifères  et  Cycadées); 

et  parmi  celles  qui  résistent  le  plus  constamment  à  cette  action  ,  les 

Classes   16  à    18  (Monopétales  périyvnes)  ; 

»        20  à  26  (Monopétalcs  hypo-anisogvnes); 

»       3g  à  47  J  (Dialvpétiles  à  placentation  pariétale 

»   et  49  à  5i,  53  )     ou  ovaires  uniloculés)  ; 

»        56  à  58,  60. 

»  Si  quelque  habileté  chimique  peut  suppléer,  pour  ces  familles  et  d'au- 
tres encore,  à  l'insuffisance  de  l'action  directe  et  immédiate,  ce  sera  incon- 
testablement un  service  rendu  à  la  science  encore  peu  avancée  de  l'analyse 
végétale.  On  peut  s'assurer  que  les  matières  solubles  qui  garnissent  soit  les 
cellules,  soit  les  espaces  intercellulaires,  sont  loin  d'être  de  même  nature 
dans  les  diverses  plantes,  puisque  le  traitement  par  les  réactifs  (acides, 
alcalis,  azotate  mercurique,  etc.),  tantôt  éclaircit  la  préparation  au  point 
d'en  révéler  tous  les  détails,  et  tantôt  la  laisse  dans  un  demi-jour  où  les 
organes  microscopiques  sont  moins  discernables  que  sous  l'eau  pure.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Recherches  sur  les  matières  colorantes  des  suppurations 
bleues,  pyocyanine  et  pyoxanthose ;  Note  de  M.  Fonnos,  présentée  par 
M.  Dumas. 

«  M.  Claude  Bernard  a  présenté  en  mon  nom,  à  l'Académie  des  Sciences, 
en  1 860 ,  un  premier  travail  sur  la  matière  colorante  des  suppurations 
bleues ,  que  j'étais  parvenu  à  isoler  et  à  obtenir  cristallisée,  et  que  je  pro- 
posais  d'appeler  pyocyanine.  Ce  travail  avait  été  fait  avec  quelques  milli- 
grammes   seulement    de   matière    colorante.  Immédiatement  après    cette 


(  «1*9  ) 
communication  à  l'Académie,  j'eus  à  l'hôpital  de  la  Charité,  dans  le  service 
de  M.  Velpeau,  deux  cas  de  suppuration  bleue  dont  un  très- remarquable 
par  sa  durée.  Je  reçus  aussi  de  différents  hôpitaux  des  linges  colorés  en 
bleu  et  en  vert,  et  je  pus  continuer  mes  recherches.  Je  commençai  par  sim- 
plifier le  procédé  d'extraction  décrit  dans  mon  Mémoire  à  l'Académie, 
tout  en  m'appuyant  sur  les  mêmes  réactions,  et  en  employant  les  mêmes 
dissolvants.  Je  parvins  à  obtenir  quelques  centigrammes  de  pyocyanine  et  à 
isoler  en  même  temps  une  matière  colorante  jaune  que  je  désignai  sous  le 
nom  de  pyoxanthine  dans  une  communication  faite,  en  1860,  à  la  Société 
d'Émulation  pour  les  sciences  pharmaceutiques. 

»  Voici  comment  j'opère  depuis  cette  époque  pour  isoler  ces  matières 
colorantes  :  j'enlève  la  matière  colorante  aux  linges  en  les  traitant  avec  de 
l'eau  et  j'agite  avec  du  chloroforme  la  dissolution  colorée  qui  en  résulte  ;  le 
chloroforme  entraîne  avec  lui,  en  se  déposant,  les  matières  colorantes  et  des 
matières  grasses;  je  sépare  le  chloroforme  à  l'aide  d'un  entonnoir  à  robinet, 
et,  après  l'avoir  filtré,  je  l'agite  avec  de  l'eau  contenant  un  peu  d'acide  sul- 
furique  ou  chlorhydrique;  la  pyocyanine  abandonne  le  chloroforme  et  passe 
dans  l'eau  acidulée  à  l'état  de  combinaison  rouge;  le  chloroforme  retient 
la  matière  jaune  et  les  matières  grasses;  je  sépare  la  dissolution  aqueuse 
rouge  et  je  mets  de  côté  le  chloroforme,  coloré  en  jaune,  pour  le  traiter  plus 
tard  afin  d'en  retirer  la  matière  colorante;  je  filtre  la  dissolution  aqueuse 
rouge  qui  contient  la  pyocyanine  combinée  avec  l'acide  employé,  et  je  la 
sature  avec  du  carbonate  de  baryte;  la  liqueur  devient  bleue;  je  la  filtre  de 
nouveau  et  je  l'agite  avec  du  chloroforme;  celui-ci  entraîne  la  pyocyanine  et 
se  colore  en  bleu  ;  je  sépare  la  dissolution  chloroformique,  et  je  l'abandonne, 
après  filtration,  à  l'évaporation  spontanée  dans  une  capsule  de  verre. 
J'obtiens  ainsi  la  pyocyanine  cristallisée;  mais  elle  est  encore  le  plus  sou- 
vent accompagnée  d'un  peu  de  matière  colorante  jaune,  que  l'on  peut  enlever 
par  un  traitement  avec  de  l'éther  pur;  l'éther  dissout  rapidement  la  matière 
jaune  et  touche  à  peine  à  la  pyocyanine,  celle-ci  étant  très-peu  soluble  dans 
l'éther. 

»  La  pyocyanine  se  présente  sous  la  forme  de  cristaux  bleus  prismatiques 
groupés  de  diverses  manières  ;  on  a  assez  souvent  des  groupes  de  prismes 
disposés  en  croix  ou  en  rosaces;  on  obtient  aussi  de  longues  aiguilles 
réunies  en  faisceaux,  ou  partant  d'un  point  et  se  dirigeant  de  divers  côtés. 

»  Je  renvoie  pour  les  propriétés  chimiques  de  la  pyocyanine  à  mon  pre- 
mier Mémoire  ,  inséré  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie,  t.  LI,  p.  21  5. 


(   n3o  ) 

»  La  pyocyanine  cristallisée,  ou  en  dissolution  dans  le  chloroforme, 
éprouve  avec  le  temps  une  altération  remarquable. 

»  Les  échantillons  de  pyocyanine  cristallisée  que  je  conserve  depuis 
trois  ans  sont  aujourd'hui  plus  ou  moins  altérés.  Les  cristaux  ont  pris,  pour 
la  plupart,  une  teinte  verte  ou  vert-jaunâtre,  tout  en  ayant  conservé  leur 
forme.  Si  on  les  traite  avec  de  l'éther  pur,  celui-ci  se  colore  fortement  en 
jaune,  et  la  pyocyanine  non  altérée  reparaît  avec  sa  couleur  bleue.  La  disso- 
lution éthérée  donne,  par  l'évaporation  spontanée,  un  produit  jaune,  formé 
de  cristaux  microscopiques,  que  je  désigne  sous  le  nom  de  pyoxanlhose. 

»  La  pyocyanine  en  dissolution  dans  le  chloroforme  subit  la  même  trans- 
formation. La  dissolution,  qui  est  d'un  beau  bleu  au  moment  où  l'on  vient 
de  la  préparer,  prend  avec  le  temps  une  teinte  verdâtre  ;  si  alors  on  l'agite 
avec  de  l'eau  acidulée,  la  pyocyanine  se  sépare  du  chloroforme,  et  celui-ci 
reste  coloré  en  jaune  et  fournit  de  la  pyoxanthose  par  l'évaporation. 

»  La  pyocyanine  est  plus  stable  quand  elle  est  combinée  à  un  acide.  Je 
conserve  depuis  trois  ans  des  cristaux  rouges  de  chlorhydrate  de  pyocyanine 
qui  ne  paraissent  pas  avoir  subi  d'altération. 

»  La  pyoxanthose  accompagne  la  pyocyanine  dans  les  suppurations  bleues. 
Je  l'ai  désignée  antérieurement  sous  le  nom  de  pyoxanthine.  Je  préfère 
l'appeler  pyoxanlhose  parce  qu'elle  ne  joue  pas  le  rôle  de  base.  Pour  l'isoler 
je  distille  avec  de  l'eau  le  chloroforme  coloré  et  jaune  que  j'ai  mis  de  côté 
dans  la  préparation  de  la  pyocyanine.  J'obtiens  pour  résidu  delà  distillation 
un  liquide  aqueux  légèrement  coloré  en  jaune,  et  accompagné  de  matières 
grasses  que  je  sépare  à  l'aide  du  filtre;  j'agite  le  liquide  filtré  avec  du  chlo- 
roforme; celui-ci  s'empare  de  la  matière  colorante  jaune;  je  le  sépare  de 
l'eau,  je  le  filtre,  et  parévaporation  il  medoniiede  la  pyoxanthose;  mais  dans 
ce  cas  la  matière  colorante  est  rarement  cristallisée. 

»  La  pyoxanthose  présente  au  microscope  des  cristaux  aiguillés  groupes 
de  différentes  manières;  ils  sont  le  plus  souvent  enchevêtrés  les  uns  dans 
les  autres,  ou  réunis  en  petites  masses,  jaunes  au  centre,  et  laissant  rayonner 
des  aiguilles  dans  toutes  les  directions. 

»  La  pyoxanthose  est  peu  sol uble  dans  l'eau;  elle  estsoluble  dans  l'alcool, 
l'éther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de  carbone  et  la  benzine;  ces  quatre  der- 
niers dissolvants  enlèvent  à  l'eau  la  pyoxanthose,  et  pourraient  être  employés 
a  l'isoler. 

»  La  pyoxanthose  devient  rouge  au  contact  des  acides  chlorhydriquc, 
sulfurique  et  nitrique.  La  potasse  et  l'ammoniaque  la  colorent  en  violet. 


(  i'3i  ) 

»  Les  caractères  chimiques  de  lapyoxanthose  la  distinguent  nettement  de 
la  matière  jaune  de  la  bile. 

»  La  présence  de  la  pyocyanine  et  de  la  pyoxanthose  dans  les  produits  des 
suppurations  bleues  explique  suffisamment  les  colorations  bleues  et  vertes 
que  l'on  observe  sur  les  linges  à  pansement.  L'apparition  de  la  pyocyanine 
dans  les  produits  des  suppurations  me  paraît  être  d'un  pronostic  favorable, 
du  moins  quand  la  matière  colorante  y  existe  en  quantité  notable.  Les  cas 
de  suppuration  bleue  que  j'ai  été  à  même  d'observer  ont  été,  en  général, 
suivis  de  guérison  ,  bien  que  plusieurs  de  ces  cas  fussent  très-graves. 

»  J'ai  dit  dans  mon  premier  Mémoire  que  la  pyocyanine  différait  complè- 
tement des  matières  bleues  trouvées  dans  l'urine,  le  sang,  la  bile.  Mais  c'est, 
je  crois ,  à  la  présence  de  cette  matière  colorante,  qu'il  faut  attribuer  la  co- 
loration bleue  que  produit  quelquefois  sur  le  linge  la  sérosité  des  vésica- 
toires. 

»  Je  crois  aussi  que  quelques  sueurs  bleues  doivent  leur  couleur  à  la  pré- 
sence de  la  pyocyanine.  Je  me  propose  de  revenir  plus  tard  sur  ce  sujet. 

»  Je  n'ai  pas  trouvé  de  pyocyanine  en  examinant  des  morceaux  de  cadavre 
colorés  en  vert.  » 

CHIMIE  générale.  —  Recherches  sur  les  affinités,  action  des  acides  sur  l'alcool 
étendu  d'eau;  Note  de  M.  Berthelot,  présentée  par  M.  Bâtard. 

«  La  formation  des  éthers  a  été  surtout  étudiée,  dans  nos  précédentes 
communications,  en  envisageant  les  systèmes  formés  par  les  alcools  purs  et 
les  acides  purs,  ou  par  ces  mêmes  corps  additionnés  d'une  petite  quantité 
d'eau;  mais  les  mélanges  dans  lesquels  l'eau  prédomine  se  trouvent  pour 
la  plupart  compris  en  dehors  de  cette  série  île  recherches.  Cependant,  les 
systèmes  très-dilués présentent  un  grand  intérêt,  non-seulement  au  point  de 
vue  théorique,  par  la  détermination  du  genre  d'équilibre  qui  s'y  produit, 
mais  aussi  au  point  de  vue  des  applications  et  en  particulier  de  l'étude  des 
réactions  qui  se  produisent  dans  les  liqueurs  spiritueuses,  telles  que  les 
eaux-de-vie,  les  vins  et  les  liquides  fermentes  en  général.  C'est  pourquoi  j'ai 
cru  devoir  instituer  des  séries  régulières  pour  étudier  la  formation  des 
éthers  dans  l'alcool  étendu  de  diverses  proportions  d'eau.  J'ai  examiné  la 
réaction  des  acides  sur  les  mélanges  suivants  : 

i°  Alcoot,  75;  eau,  25.  4°  Alcool,  io;  eau,  90. 

20  Alcool,  5o;  eau,  5o.  5°   Alcool,  5;  eau,  g5. 

3°  Alcool,  a5;  eau,  ^5. 


(    il  3a   ) 
»  Voici  les  résultats  : 

/.   Mcool,  75;  eau,  a5:  iC*H602  +  o,85H202-+-nC''H'0\ 

Limite  rapportée 

Température, 
o 

180 
180 
180 

u 

180 
160 

»  On  voit  que  la  proportion  absolue  d'acide  éthérifié  diminue  lentement 
à  mesure  que  le  poids  de  l'acide  augmente.  La  seconde  colonne  met  en 
évidence  ce  fait  déjà  signalé,  que  la  proportion  d'éther  neutre  est  la  plus 
faible  possible  quand  il  n'y  a  ni  excès  d'acide,  ni  excès  d'alcool. 

//.   Alcool,  5o  ;  eau,  5o  :  1  C4  H6  O2  -4-  a,55H202  +  n  C'H1 0". 

Limite  rapportée 


Proportion  d'acide     « 

; 

en  équivalents. 

Durée. 

0,  l3 

h 
54 

o,33 

54 

",71 

54 

1  ,00 

Calculé 

t,4o 

54 

2,0(1 

48 

à  l'acide  total. 

à  1  équivalent  d'aci 

74»7 
68,4 
60,2 

74,7 

.',8,4 

60,2 

55,o 

55,0 

47, 9 

;'7,7 

67,6 

75>° 

Proportion  d  acide 

"■ 

en  équivalents. 

Durée. 

Température. 

à  l'acide  total. 

à  1  équivalent 

o,10 

h 

69 

0 
160-180 

52,5 

52  ,5 

..,18 

69 

160-180 

49,6 

49,6 

o,3i 

% 

160-180 

46,8 

46,8 

o,83 

69 

160-180 

4<>,7 

4o,7 

i  ,00 

Calculé. 

» 

38,5 

38,5 

i,65 

69 

160-180 

3(),2 

49>8 

»  Remarques  analogues.  Les  quantités  d'éther  formées  sont  moindres 
d'ailleurs  que  dans  le  système  précédent,  ce  qui  s'explique  par  la  présence 
d'une  plus  grande  quantité  d'eau. 

///.  Alcool,  a5;  eau,  75  :  1  C4H°02  +  7,65H202  4-  nC4H*0\ 

Limite  rapportée 


Proportion  d'acide 
on  équivalents. 

Durée. 

Température. 

à  l'acide  total. 

à  1  équivalent  d* 

.175 

69 

0 
1 60- 1 80 

24,0 

24,0 

0,38 

69 

1 60- 1 80 

23,9 

23,9 

0,76 

69 

160-180 

21,4 

•i,4 

1 ,  00 

Calculé. 

» 

21 ,0 

SI  ,0 

i,33 

69 

160-180 

so ,  5 

"7-7 

> ,  00 

69 

160- [80 

19,1 

37.8 

(  n33  ) 
»  Indépendamment  des  remarques  analogues  aux  précédentes,  on  voit 
ici  que  les  proportions  d'éther  formé  dans  l'alcool  étendu  de  3  parties 
d'eau,  en  présence  de  quantités  d'acide  très-diverses,  varient  très-peu, 
de  24  à  '9  seulement,  c'est-à-dire  que  l'éther  formé  est  à  peu  de  chose  près 
proportionnel  au  poids  de  l'acide  employé,  du  moins  jusqu'à  2  équivalents. 

IV.   Alcool,  1  o  ;  eau,  90  :  1  C  '  H°  Os  -f-  23  H2  O2  4-  a  C4  H4  O* . 

Limite  rapportée 

Proportion  d'acide  — -i  ■■■■*,. — - ^ — _ 

en  équivalents.  Durée.  Température.  à  l'acide  total.        à  i  équivalent  d'acide. 

Systèmes  éthylacétiques. 


o,o3 

11 

>57 

0 
160-180 

.4  environ. 

i4   environ 

0,06 

.57 

160-180 

12,0 

12,0 

0,20 

i57 

160-1S0 

12,7 

12,7 

o,38 

66 

160-180 

12,4 

12   & 

i_,4 

o,45 

.57 

160-180 

■'-7 

">7 

0,80 

66 

160-180 

11  ,0 

1 1 ,0 

1 ,00 

.57 

160-180 

..,6 

1 1 ,6 

»  On  voit  que  la  proportion  d'acide  éthérifié,  dans  un  système  renfer- 
mant 1  partie  d'alcool  contre  9  parties  d'eau,  est  presque  constante,  même 
lorsque  l'acide  varie  de  o,o3  à  r,o.  La  quantité  d'éther  formé  dans  un 
pareil  système  demeure  cependant  assez  considérable;  elle  est  pour  ainsi 
dire  proportionnelle  au  poids-de  l'acide. 

«  Le  mélange  de  1  partie  d'alcool  avec  9  parties  d'eau  présente  un  inté- 
rêt spécial,  car  il  répond  à  la  composition  moyenne  des  liqueurs  vineuses; 
c'est  pourquoi  j'ai  cru  devoir  en  faire  l'objet  de  diverses  autres  expériences 
relatives  aux  acides  tartrique  et  succinique. 

V.   Alcool,  10;  eau,  90  :  2(C4H802  -+-  23 H2 O2)  -l-  11  acide   bibasique. 

Limite  rapportée 
Proportion  d'acide  thti» . — . ■  ■ 

en  équivalents.  Durée.  Température.  à  l'acide  total.        a  i  équivalent  d'acide. 

Systèmes  éthyltartriques . 


0  ,o55 

126 

i35 

i3,o 

i3,o 

0,067 

96 

i3o 

12,9 

I2>9 

O,  125 

96 

i3o 

1 1 ,0 

11,0 

0,19 

96 

i3o 

■'.7 

">7 

C.  R.,  1 

B6Î,   1 

el  Se/natie. 

(T.  LVI, 

W« 

24.) 

148 


(  u34  ) 

Limite  rapportée 


Proportion  d  acide 
en  équivalents. 

Durée. 

Température. 
Systèmes  étltylsucciniq 

à 
ues. 

l'acide  total. 

à  1  éq 

uivalent 

0  ,o3 

Ii 

64 

0 
160-180 

4,o 

4,o 

o,o55 

,57 

160-180 

12,0 

12,0 

0,20 

.5., 

160-180 

12,5 

12,5 

»  Ces  expériences  conduisent  aux  mêmes  conclusions  que  les  précédentes; 
elles  montrent  en  même  temps  que  la  quantité  d'éther  formé  dépend  des 
rapports  équivalents  et  non  de  la  nature  spéciale  des  acides.  Cette  conclusion 
subsiste  lorsqu'on  remplace  l'alcool  par  la  glycérine,  comme  le  prouve  le 
tableau  suivant  : 

VI.   Glycérine,  20;  eau,  80  :  1  C6H8Ofi  +  ao,5H202  -+-  n  acides. 

Limite  rapportée 
Proportion  d'acide  - —  ■'■      — —*- — -^ 

en  équivalents.  Durée.  Température.  à  l'acide  total.         à  i  équivalent  d'acide. 

Systèmes  acétoglyccriqucs. 


o,o5 

h 

,5, 

0 
160-180 

12,0 

12,0 

0,18 

96 

i3o 

12,3 

12,3 

Systèmes  succinogtycériques .    .  .    2{C6H8Os  -j-  2o,5H20!)  -(-  nC8H60". 

Il  o 

0,l8  96  1 3o  12,1  12,1 

»  Voici  enfin  une  série  relative  à  l'alcool  trés-dilué  : 

VII.   Alcool,  5;  eau,  95  :  1  C4riG02  -r-/j8,5H20J  4-  nC4H40\ 

Limite  rapportée 


Proportion  d' 
en  équivale 

acide 
nts. 

Durée. 

Température. 

à  l'acide  total. 

à   I   é(jl 

avalent  cl 

0,25 

11 

0 
160-180 

7-5 

:,5 

o,5o 

% 

160-180 

7,3 

7>3 

1 ,00 

Calculé. 

- 

8,0 

8,0 

1,27 

% 

160-180 

8,0 

10 , 1 

,,5 

69 

160-180 

8,, 

12,1 

3,o 

69 

160-180 

8,2 

7.4,2 

»  La  quantité  d'étber  formé  est  ici  tout  à  fait  proportionnelle  au  poids  de 
l'acide  depuis  o,25  jusqu'à  3  équivalents  :  les  différences  sont  de  l'ordre 
des  erreurs  d'expérience. 

»   Cette  relation  qui  se  manifeste  dans  l'action  des  acides  sur  les  liqueurs 


(  u35  ) 

alcooliques  étendues  est  d'une  grande  importance;  car  elle  s'applique  à 
toutes  les  liqueurs  vineuses  proprement  dites.  Elle  devient  évidente,  parce 
que  la  proportion  d'éther  formé  n'est  pas  assez  considérable  pour  modifier 
notablement  la  composition  initiale  des  systèmes.  Il  est  probable  que  cette 
relation  répond  à  l'une  des  causes  générales  qui  déterminent  l'équilibre 
dans  tout  système  formé  d'acide,  d'alcool  et  d'eau;  car  elle  représente  la 
proportionnalité  entre  la  masse  du  produit  de  la  réaction  et  celle  de  l'acide 
qui  lui  donne  naissance.  » 

PHYSIQUE.  —  Lettre  de  M.  Bkol.x  sur  un   appareil  de  son   invention  pour  lu 
mesure  statique  de  la  pesanteur. 

«  Montagnes  de  Travenoore,  20  avril  i863. 

<■  Je  viens  de  lire  une  description  par  M.  Babinet  d'un  appareil  pour  la 
nipsure  statique  de  la  pesanteur,  lue  à  l'Académie  des  Sciences  le  3  fé- 
vrier 1 863.  Cet  appareil  a  été  aussi  imaginé  par  moi  il  y  a  plusieurs  années, 
et  d  a  été  construit  d'après  mes  ordres,  en  1861,  par  M.  Adie,  opticien, 
395,  Strand,  Londres. 

»  Il  y  a  dix  ans  que  j'ai  employé,  pour  déterminer  le  coefficient  de 
l'échelle  du  magnétomètre  bifilaire,  une  méthode  dans  laquelle  quelques 
grammes  étaient  ôtés  ou  ajoutés  au  poids  de  l'aimant  suspendu  (1).  Cette 
méthode  m'a  fait  penser  que  la  variation  de  l'attraction  de  la  lune  pourrait 
bien  avoir  quelque  part  dans  le  résultat  trouvé  pour  l'effet  de  la  lune  sur 
la  force  horizontale  magnétique.  Un  simple  calcul  m'a  démontré  que  la 
variation  de  l'attraction  ne  serait  pas  visible  sur  le  magnétomètre  bifilaire. 
Mais  j'ai  vu  aussi  qu'on  pourrait  arriver  à  une  disposition  assez  sensible 
pour  montrer  cette  variation,  et  j'ai  essayé,  en  1 858  et  1 809,  en  me  ser- 
vant d'ouvriers  indiens,  de  faire  un  appareil  dans  lequel  la  force  magnétique 
serait  remplacée  par  une  force  de  torsion  constante. 

»  Cet  essai  n'a  pas  été  complété  à  cause  des  défauts  des  parties  faites,  et 
j'ai  dû  renoncer  à  la  construction  jusqu'à  mon  retour  en  Europe. 

»  En  juin  1860,  j'ai  communiqué  le  principe  de  l'appareil  à  l'opticien 
déjà  nommé;  ensuite  je  lui  envoyai  des  dessins,  et  je  crois  que  l'instru- 
ment a  été  fait  dans  les  premiers  mois  de  1 86 1 .  Mais  nous  avons  trouvé  que 
le  ressort  (comme  le  balancier  d'une   montre)   emnlojé   sous  le    poids 

(1)  Voir  Rapport  sur  les  Observatoires  du  rajah  de  Travencorc,  1 85"j .  Un  exemplaire  a 
été  présenté  à  l'Académie  des  Sciences. 

148.. 


(  u36  ) 
agissait  mal,  et  j'y  ai  substitué,  dans  la  même  année,  un  simple  fil  d'or. 

»  Je  devrais  ajouter  à  ce  récit  qu'à  la  fin  de  j86o  (étant  absent  de  chez 
moi,  je  ne  peux  pas  donner  la  date  exactement),  j'ai  envoyé  une  descrip- 
tion de  mon  appareil  pour  être  communiquée  à  la  Société  Rovale  d'Edim- 
bourg; que  l'appareil  a  été  vu  en  1 86  r ,  dans  l'atelier  de  M.  Adie,  par 
plusieurs  personnes  auxquelles  il  l'a  expliqué;  que  j'ai  parlé  de  l'instru- 
ment et  de  son  principe  bifilaire  à  différentes  personnes  à  Paris,  et  je  dois 
à  M.  Henri  Robert,  le  célèbre  horloger,  le  fil  d'or  qu'il  m'a  recommandé 
comme  le  meilleur  pour  le  but  de  mon  instrument. 

»  Je  ne  devrais  pas  finir  sans  indiquer  une  différence  dans  les  méthodes 
d'observer  employées  par  M.  Babinet  et  par  moi. 

»  Mon  appareil  consiste  en  un  poids  cube  soutenu  par  deux  fils  d'or: 
trois  côtés  au  cube  ont  des  miroirs,  les  plans  des  deux  sur  les  côtés  oppo- 
sés faisant  chacun  un  angle  de  près  de  g3  degrés  avec  le  plan  du  troi- 
sième :  un  simple  fil  d'or  est  suspendu  au  centre  de  la  face  inférieure  du 
cube  (j'ai  aussi  indiqué  la  manière  de  la  fixer  plus  haut,  donnée  par  M.  Ba- 
binet). Ce  fil  soutient,  parle  milieu,  un  bras  du  levier,  qui  peut  être  tourné 
par  un  anneau  dans  lequel  le  levier  se  trouve  sans  y  être  attaché.  Sur  l'exté- 
rieur de  ce  cylindre  il  y  a  un  miroir.  L'instrument  est  ajusté  afin  qu'une 
révolution  du  cylindre  (et  du  fil  inférieur)  produise  un  mouvement  du 
poids  de  près  de. 90  degrés;  le  nombre  de  degrés  de  moins  de  90  dépend 
de  l'exactitude  désirée  et  dont  l'arrangement  est  capable. 

«  On  peut  voir  que  si  W  représente  le  poids  suspendu,  et  AW  une  varia- 
tion quelconque  produite  par  une  variation  de  la  pesanteur,  on  aurait 

AW 

—  =  cot.vAv, 

où  v  est  l'angle  de  rotation  du  poids,  à  une  station  ou  à  un  temps  donne.  e( 
Ai'  la  variation  de  cet  angle  à  une  autre  station  ou  à  un  autre  temps,  la  force 
de  torsion  étant  supposée  constante. 

»  Ainsi,  si  nous  faisons  v  assez  voisin  de  90  degrés,  nous  pourrons  voir 
une  excessivement  petite  variation  de  W. 

»  Un  petit  télescope  muni  d'un  prisme  de  verre  derrière  le  fil  de  l'ocu- 
laire permet  de  voir  la  coïncidence  de  l'image  du  fil  réfléchi  dans  un  des 
miroirs,  et  du  fil  vu  directement  par  l'oculaire  (selon  l'arrangement  des 
appareils  ingénieux  de  M.  Lamont),  et  deux  échelles  sur  verre,  l'une  au- 
dessus  de  l'autre,  sont  employées  pour  déterminer  les  variations  des  angles 
normaux,  ou  de  la  torsion  des  fils. 


(  "37  ) 
»  Je  crois  pouvoir,  par  le  moyen  de  cet  instrument,  déterminer  la  hau- 
teur des  montagnes  avec  plus  d'exactitude  que  par  les  autres  méthodes,  la 
méthode  de  trigonométrie  exceptée.  J'espère  publier  bientôt  les  résultais 
de  mes  essais  sur  ce  sujet  et  sur  les  autres  questions  qui  se  rattachent  à  la 
variation  de  la  pesanteur.    » 

chimie.  —  vSiir  la  décomposition  de  l'eau  par  \t  soufre;  NotedeM.  E.  Gripon, 

présentée  par  M.  Balard. 

«  L'Académie  a  été  entretenue  à  diverses  reprises  de  la  décomposition  de 
I  eau  parle  soufre.  J'avais  réalisé  il  y  a  déjà  assez  longtemps,  en  1802,  l'ex- 
périence publiée  par  M.  Corenwinder  :  je  faisais  passer  dans  un  tube  de 
grès  chauffé  au  rouge  un  mélange  de  vapeur  d'eau  et  de  vapeur  de  soufre. 
J^'air  était  préalablement  chassé  de  l'appareil  par  un  courant  d'acide  car- 
bonique. 

»  Dans  de  telles  circonstances,  on  perçoit  facilement  l'odeur  de  l'acide 
sulfhydrique,  mais  la  quantité  de  gaz  qui  se  forme  est  tres-minime.  Si  l'ap- 
pareil est  terminé  par  un  tube  de  dégagement,  on  n'obtient  aucun  dégage- 
ment de  gaz  malgré  la  grande  quantité  d'eau  et  de  soufre  qui  traversent  l'ap- 
pareil. Mais,  et  c'est,  je  crois,  ce  qui  n'a  pas  encore  été  remarqué,  et  ce  qui 
fait  l'objet  principal  de  cette  Note,  on  trouve  dans  les  eaux  de  condensation 
de  l'acide  pentathionique.  En  saturant  ces  eaux  parle  carbonate  de  baryte 
et  filtrant,,  on  a  par  évaporation  dans  le  vide  des  cristaux  de  pentathionate 
de  baryte.  Ainsi  l'eau  est  décomposée  par  le  soufre,  mais  les  deux  gaz  acides 
sulfureux  et  sulfhydrique  qui  se  forment  réagissent  l'un  sur  l'autre,  repro- 
duisent de  l'eau,  du  soufre  et  aussi  de  l'acide  pentathionique,  ce  qui  est 
conforme  à  une  réaction  bien  connue. 

»  Ces  faits  avaient  été  communiqués  par  moi  à  MM.  Balard  et  Pasteur, 
qui  peut-être  en  ont  gardé  le  souvenir.    » 

chimie  APPLIQUÉE.    —   Reproduction  sur  pierre  des  lithographies  nouvelles  ou 
anciennes;  extrait  d'une  Noie  de  M.  Rigau»,  présentée  par  M.  Dumas. 

«  ....  J'applique  la  lithographie  par  son  verso  sur  une  couche  d'eau 
pure  pendant  quelques  minutes;  elle  s'humecte  uniformément,  l'eau  ne 
mouille  pas  les  noirs.  Je  retire  cette  feuille  et  je  la  place  entre  des  doubles 
de  papier;  l'excès  de  liquide  est  absorbé,  j'étends  la  feuille  sur  la  pierre  par 
le  recto,  elle  adhère  à  la  pierre  lithographique  dans  toutes  ses  parties  au 
moyen  d'une  légère  pression.  Je  prends  alors  une  feuille  de  papier  ordi- 


(  ii 38  ) 
naire,  je  l'étalé  sur  une  dissolution  d'acide  azotique  du  commerce  étendu 
de  10  fois  environ  son  volume  d'eau.  Cette  feuille  imprégnée  d'acide  azoti- 
que est  mise  clans  des  doubles  de  papier  qui  absorbent  l'acide  nitrique  en 
excès  ;  je  la  place  alors  sur  la  feuille  litbographique  qui  adbère  parfaite- 
ment à  la  pierre;  j'exerce  une  pression  uniforme  sur  les  deux  feuilles. 

»  L'acide  azotique  ne  pénètre  ainsi  que  lentement  à  travers  l'épreuve 
lithographique  humide:  il  agit  sur  la  pierre  d'une  manière  plus  uniforme; 
l'acide  carbonique  qui  se  dégage  pénètre  lentement  à  travers  les  pores  des 
feuilles  de  papier  à  mesure  qu'il  se  produit;  l'épreuve  lithographique  n'est 
point  soulevée,  et  la  pierre  est  attaquée  aussi  également  que  possible.    » 

M.  Lambotte  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  hâter  le  travail  de  la  Com- 
mission à  l'examen  de  laquelle  a  été  renvoyée  sa  Note  concernant  l'action 
du  manganèse  sur  la  végétation. 

(Renvoi  aux  Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Decaisne, 

Peligot,  Duchartre  ) 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

La  Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  complétée  par  l'adjonction  de 
M.  Dupin,  présente,  par  l'organe  de  M.  Duperrey,  la  liste  suivante  de  can- 
didats pour  la  place  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Bravais. 

Au  premier  rang M.   le   contre-amiral  Paris. 

Au  deuxième  rang,    ex    a?quo  et  I   M.  de  Moxtravel. 

par  ordre  alphabétique |  M.   Mouchez. 

[  M.  d'Abbadie  (Amt.) 

Au    troisième   ranq,   ex    a^quo   et  \   .,  „ 

,  .    i     .  i  \  M.  Daroxdeau. 

par  ordre  alidiabetique \  _,  _ 

'  '  '  I  M,  Feytier. 

Les  titres  de  ces  candidats,  exposés  par  MM.  Duperrey  et  de  Tessan, 
^ont  discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

Présentation  pour  une  place  vacante  au  Bureau  des  Longitudes. 

La  Commission  chargée  de  cette  présentation  fait,  par  l'organe  de 
M,  Cliasles,  la  déclaration  suivante  : 


(  n39  ) 
«  Les  seules  personnes  qui  aient  manifesté  le   désir  d'être  considérées 

comme  candidats  sont  : 


MM.  Lamé.   .   .   . 

DE   TeSSAN.   . 


Membres  de  l'Académie.   » 


L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E    D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  i5  juin  1 863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Observatoire  impérial.  Bulletin  du  Ier  au  i/j  juin  1 863.  Feuilles  autogra- 
phiées  in-folio. 

Géodésie  d'Ethiopie  ou  Triangulation  d\me  partie  de  la  limite  Ethiopie,  exé- 
cutée selon  des  méthodes  nouvelles  ;  par  Antoine  d'Abbadie,  vérifiée  et  rédigée 
par  Rodolphe  Radau;  3e  fasc.  Paris,  1 863  ;  in-4°. 

Revue  de  Géologie  pour  Vannée  1 86 1  ;  par  MM.  DELESSEet  LauGIER.  Paris, 
1862;  in-8°. 

E  Homme  Jossile,  historique  général  de  la  question  et  discussion  de  la  dé<  ou- 
verte d '  Abbeville ;  par  F '.  Garrigou.  Paris  et  Toulouse,  1 863  ;  br.  in-8°. 

Dieu  et  la  Création  révélés  par  la  Géologie  ;  par  L.  Gruner.  (Extrait  de  la 
Revue  chrétienne  du  i5  mai  i863.)  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

Matériaux  pour  l'étude  des  glaciers;  par  DOLLFUS-AUSSET;  t.  II  et  III.  Pans. 
i863;  2  vol.  in-8°.  (Présentés  au  nom  de  l'auteur  par  M.  d'Arcbiac.) 

Eludes  théoriques  et  pratiques  sur  le  mouvement  des  eaux  dans  les  canaux 
découverts  et  à  travers  les  terrains  perméables;  par  J.    Dupuit  ;   ie  éditio 
Paris,  1 863 ;  vol.  in-4°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Combes 

Théorie  mécanique  de  la  chaleur  :  Confirmation  expérimentale  et  démonstra- 
tion analytique  de  la  seconde  proposition  de  la  théorie;  par  M.  G. -A.  HlRN. 
(Extrait  du  Cosmos.)  Paris,  i863;  br.  in-8°. 

Exposé  de  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur,  présenté  à  ta  Société  des 
Sciences  naturelles  de  Seine-et-Oise ;  par  M.  Achille  Cazin.  (Extrait  des  Mé- 
moires de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Seine-et-Oise.)  Versailles,  1 863  : 
br.  in-8°. 


1. 


(  "4o  ) 

Siteungsberichle...  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Vienne  (classe  des  Sciences  mathématiquts  et  naturelles);  t.  XLVII, 
i™  et  2e  livraisons  (année  i863,  janvier  et  février).  Vienne,    i  863  ;  m-8°. 

General  register... .  Table  générale  des  di.x  premiers  volumes  [vol.  I  fi85o; 
à  X  (1859)]  de  l'Annuaire  de  l'Institut  J.  R.  Géologique  de  Vienne  ;  par  A. -F . 
comte  de  Burgholzhausen.  Vienne,  1 863  ;  in-8°. 

Specimina  zoologica  Mosambicana ,  cura  J.  Josephi  Bjanconi;  fasc.  XV. 
Bononiae,  1862;  br.  in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  JUIN   1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Morin  fait  hommage  à  l'Académie,  en  son  nom  et  en  celui  de  son 
collaborateur  M.  Tresca,  du  premier  volume  d'un  ouvrage  intitulé  :  Des 

Machines  à  vapeur,  et  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Depuis  l'année  i  8/|2,  où  je  publiai  les  Leçons  de  Mécanique  pratique  sur 
les  Machines  à  vapeur,  que  j'avais  professées  au  Conservatoire  des  Arts  et 
Métiers,  des  circonstances  diverses  et  les  devoirs  de  mon  service  militaire 
m'ont  continuellement  empêché  de  me  livrer  aux  études  et  aux  recherches 
nombreuses  qui  eussent  été  nécessaires  pour  tenir  cette  partie  de  l'enseigne- 
ment de  la  Mécanique  appliquée  au  niveau  des  progrès  de  la  science  et  de 
l'industrie.  Aussi,  quoique  l'édition  de  cet  ouvrage  fût  épuisée  depuis  plu- 
sieurs années,  je  n'aurais,  de  longtemps,  été  à  même  d'en  publier  une 
seconde  digne  d'être  offerte  aux  ingénieurs,  si  je  n'avais  trouvé,  dans  mon 
successeur  à  la  chaire  de  Mécanique  appliquée,  M.  H.  Tresca,  sous-directeur 
du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  le  collègue  le  plus  dévoué  et  le  plus 
capable  de  mener  à  bonne  fin  ce  travail  considérable  et  difficile. 

»  Cédant  à  ma  prière,  que  des  motifs  d'une  délicatesse  exagérée  l'avaient 
d'abord  porté  à  rejeter,  il  a  consenti  à  se  charger  de  la  rédaction  complète 
de  l'édition  que  nous  publions  aujourd'hui  en  commun. 

»   Ses  nombreuses  recherches,  les  renseignements  qu'il  a  su  recueillir  et 

C.  R.,  i8(53,  i"  Semeure.  (T.  LVI,  N°  23.)  I  /(C( 


(     I<42    ) 

discuter,  les  expériences  variées  qu'il  a  exécutées,  ont  fait  de  cette  édition 
un  travail  presque  entièrement  neuf,  dans  lequel  ma  part  personnelle  se 
trouve  réduite  au  cadre  général  de  l'ouvrage  et  à  quelques  parties  spé- 
ciales qui  auront  même  reçu,  de  sa  main,  d'importants  développements. 

»  Si  donc  mon  nom  figure  avec  le  sien  en  tète  de  cette  édition,  c'est  pour 
moi  un  devoir,  en  même  temps  qu'une  satisfaction  de  cœur,  de  déclarer 
qu'elle  est,  pour  la  plus  grande  partie,  l'œuvre  de  mou  savant  collabora- 
teur et  ami,  AI.  Tresca.  Les  ingénieurs  y  reconnaîtront,  sans  peine,  les 
traces  de  son  esprit  d'investigation  infatigable  et  de  critique  éclairée,  ainsi 
que  celles  de  la  métbode  qu'il  sait  apporter  à  tous  ses  travaux. 

»  La  machine  à  vapeur  est  devenue,  depuis  1°  commencement  de  ce 
siècle,  d'un  usage  si  général,  sa  construction  alimente  aujourd'hui  de  si 
nombreux  ateliers,  qu'elle  a  été  l'objet  d'un  grand  nombre  de  modifica- 
tions; chacun  de  ses  organes  a  reçu  des  changements  importants;  beau- 
coup de  moyens  nouveaux  ont  été  proposés,  soit  dans  l'ensemble,  soit 
dans  les  détails;  et  c'est  à  peine  si  l'on  peut,  au  milieu  de  toutes  ces  indi- 
cations, distinguer  ce  qui  constitue  un  progrès  réel  de  ce  cpii  n'est  sou- 
vent que  la  reproduction  d'idées  déjà  émises  et  depuis  longtemps  aban- 
données. 

»  Nous  nous  sommes  proposé,  dans  l'ouvrage  dont  nous  publions  au- 
jourd'hui le  premier  volume,  d'examiner,  dans  un  ordre  méthodique,  et 
surtout  en  nous  appuyant  sur  les  faits  les  mieux  constatés,  l'influence  que 
peut  exercer,  sur  l'effet  général,  chacune  des  parties  dont  se  compose  l'en- 
semble d'une  machine  à  vapeur. 

»  Le  travail  développé  dans  les  machines  à  vapeur  a  sa  source  dans  les 
phénomènes  mécaniques  que  la  chaleur  manifeste  principalement  par  le 
changement  d'état  moléculaire  de  l'eau  contenue  dans  la  chaudière;  et 
c'est  peut-être  dans  les  moyens  de  produire  la  vaporisation  qu'il  convient  de 
chercher  les  améliorations  les  plus  importantes,  introduites  ou  à  introduire 
dans  l'établissement  des  chaudières  à  vapeur.  C'est  pour  cette  raison  que 
nous  avons  dû  entrer  dans  de  grands  détails  sur  Ls  dispositions  diverses 
qu'on  peut  adopter  pour  ces  chaudières. 

«  Dans  le  premier  volume  de  ces  études,  nous  considérons  surtout  les 
chaudières  à  vapeur  dans  leur  mode  général  de  fonctionnement  et  dans 
les  lois  physiques  qui  y  président,  nous  proposant  de  revenir  sur  les  détails 
de  construction  et  d'utilisation,  dans  les  chapitres  spéciaux  dont  voici  la 
désignation  : 

»   VIL    Construction  et  entretien  des  chaudières  à  vapeur. 


(  m  43  ) 

«    VIII.   Appareils  de  sûreté. 

»    IX.   Appareils  d'alimentation. 

»   X.  Séchage  et  surchaufjage  de  la  vapeur. 

»   XI.   Incrustation  des  chaudières  à  vapeur. 

»   XII.    Explosion  des  chaudières  à  vapeur. 

»   XIII.    Consti uclion ,  entretien  et  conduite  des  journeaux. 

»    XIV.    Cheminées  et  autres  moyens  de  produire  le  tirage. 

»    XV.  Suppression  de  la  fumée. 

»  Après  avoir  ainsi  passé  en  revue  les  questions  les  plus  importantes 
relativement  à  la  production  de  la  vapeur,  nous  nous  occuperons  de  la 
machine  proprement  dite,  en  nous  attachant,  de  la  même  manière,  à  étudier 
les  faits  en  eux-mêmes  avant  d'examiner  séparément  les  différentes  parties 
qui  constituent  la  machine  complète. 

»  Il  ne  suffit  pas  de  produire  la  vapeur  dans  les  meilleures  conditions,  û 
faut  aussi  en  savoir  tirer  le  parti  le  plus  utile.  A  ce  point  de  vue,  la  théorie 
de  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  nous  fournira  de  précieux  enseigne- 
ments, et  nous  pourrons  comparer,  sous  ce  rapport,  i'emploi  de  la  vapeur 
à  celui  des  autres  fluides  élastiques,  soit  qu'on  les  chauffe  directement 
comme  clans  les  machines  à  air  chaud,  soit  qu'on  détermine  leur  expansion 
par  des  réactions  chimiques,  par  la  combustion  directe,  ou  seulement  par 
le  mélange  des  gaz  brûlés. 

»  Nous  comparerons  entre  eux  les  différents  systèmes  de  machines  à  gaz, 
et  nous  reconnaîtrons  qu'aucune  d'elles  ne  permet  d'utiliser,  dans  l'état 
actuel  des  choses,  qu'une  minime  portion  de  la  chaleur  dépensée,  la  plus 
grande  partie  de  cette  chaleur  étant  conservée,  sans  utilité  réelle  pour  l'effet 
mécanique,  par  les  fluides  auxquels  on  l'a  communiquée. 

»  Les  matériaux  de  ce  long  travail  sont  tous  préparés,  et  nous  avons  lieu 
de  croire  que  les  différentes  parties  dont  il  se  compose  pourront  être  publiées 
sans  interruption.    » 

chimie  organique.  —  Note  sur  le  quinone  ;  parM.  A.-W.  Hofmann. 

»  La  transformation  nette  et  facile  de  la  bêlaphénylène-diamine  en  cptinone, 
que  j'ai  signalée  dans  une  Note  précédente  (i),  m'a  engagé  à  étudier  l'ac- 
tion des  agents  oxydants  sur  quelques  autres  dérivés  de  la  série  phénique. 

»   En  effet,  V aniline,  soumise  à  l'action  d'un  mélange  de   peroxyde  de 

(1}  Comptes  rendus,  t.  I.VI,  p.  995. 

■  49.. 


(  n44  ) 

manganèse  et  d'acide  sulfurique  étendu,  donne  des  quantités  appréciables 
de  quinone  qui  se  sublime,  tandis  que  le  résidu  contient  les  sulfates  man- 
ganique  et  ammonique  : 

C6H'N  +  îO  =  CH'O3  -4-  H3N. 

Aniline.  Quinoue. 

Mais  cette  équation  ne  représente  qu'une  phase  de  la  réaction;  la  plus 
grande  partie  de  l'aniline  subit  des  altérations  plus  profondes. 

»  L'expérience  réussit  beaucoup  mieux  en  traitant  la  benzidine  de  la 
même  manière.  Soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  le  mélange  dégage  instan- 
tanément des  torrents  de  quinone,  qui  se  condense  en  aiguilles  magni- 
fiques dans  le  récipient.  La  benzidine  paraît  se  changer  moléculairement 
en  quinone 

(J,2H,2N2  -H-  HaO  +  30=  aCH'O2  +  2H'N. 

Benzidine.  Quinone. 

»  En  préparant  le  quinone  par  l'oxydation  de  l'aniline,  l'idée  m'est  natu- 
rellement venue  d'étudier  la  réaction  réciproque  entre  ces  deux  corps. 

»  Le  liquide  rouge-brunâtre,  qu'on  obtient  en  dissolvant  le  quinone 
dans  l'aniline,  ne  tarde  pas  à  se  prendre  en  masse.  Le  produit  cristallin  de 
la  réaction  étant  insoluble  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther,  de  sorte  qu'il  est 
impossible  de  le  purifier  par  cristallisation,  il  est  préférable  de  faire  réagir 
le  quinone  et  l'aniline  en  présence  d'une  grande  quantité  d'alcool  bouil- 
lant. La  solution  brune  dépose  par  le  refroidissement  des  écailles  rouge- 
brunâtre  d'un  éclat  presque  métallique,  qu'un  simple  lavage  à  l'alcool  permet 
d'obtenir  à  l'état  de  pureté  parfaite. 

»  Soumise  à  l'analyse,  la  nouvelle  substance  a  donné  des  chiffres  qui 
s'accordent  avec  la  formule 

(CeHs)2       | 
C"Hl*N2Oa  =  (C,H2Oï)"  [N*. 
H2         ) 

»  Le  produit  complémentaire  de  la  réaction  s'élimine  facilement  de  I  eau 
mère  des  cristaux  bruns.  Le  résidu  salin  qu'on  obtient  en  ajoutant  de 
l'acide  chlorhydrique  et  évaporant  à  siccité  est  un  mélange  de  chlorhy- 
drate d'aniline  et  de  Y  hydroquihone  qu'on  sépare  sans  difficulté  par  l'éther. 

»  L'hydroquinone  se  dissout,  tandis  que  le  sel  d'aniline  reste  à  l'état 
insoluble.  En  évaporant  la  solution  éthérée,  j'ai  obtenu  les  aiguilles  inco- 


(  n45  ) 
lores  de  l'hydroquinone  avec  toutes  les  propriétés  saillantes  qui  distinguent 
ce  corps  remarquable.  La  solution  aqueuse,  traitée  par  le  chlorure  fer- 
rique,  a  déposé  aussitôt  les  cristaux  verts  à  reflet  doré  de  l'hydroquinone 
intermédiaire. 

»  L'action  du  quinone  sur  l'aniline  se  représente  donc  par  l'équation 
suivante  : 

aCH'N-l-  3CeH*Oa  =  C4»H,4NïOï-r-2C«H«02. 

Aniline.  Quinone.  Cristaux  bruns.         Hydroquinone. 

»  Les  observations  que  je  viens  de  faire  m'ont  engagé  à  répéter  une 
expérience  décrite  par  M.  Hesse  (i)  dans  son  beau  travail  sur  la  série  qui- 
rionique. 

»  En  taisant  agir  le  chloranile  (quinone  tétrachloré)  sur  l'aniline,  M.  Hesse 
a  obtenu  un  corps  cristallisé  en  écailles  brun-rougeâlre,  dont  les  pro- 
priétés générales  rappellent  le  dérivé  quinonique  décrit  ci-dessus. 

»  La  composition  de  la  substance  obtenue  par  le  chloranile,  M.  Hesse 
l'exprime  par  la  formule 

(C6H5)5         \ 
C*2Hs,Cl'N404  =  (CeCl202)"2  IN5. 
H6  ) 

Mes  analyses  ne  confirment  pas  cette  formule  hardie.  La  substance  que  j'ai 
préparée,  et  dont  les  propriétés  se  confondent  avec  celles  décrites  par 
M.  Hesse,  renferme  moins  de  carbone  et  se  représente  par  l'expression 

(C6H5)2       , 

C,»H,2C12N202  =  (C6C1202)"' N2. 

H2  ) 

C'est  la  formule  du  dérivé  quinonique  avec  i  atomes  d'hydrogène  rem- 
placés par  le  chlore.  L'action  du  chloranile  sur  l'aniline  est  en  quelque 
sorte  analogue  à  celle  du  quinone. 

4C6H7N-+-  C6Ci402  =  C,8H,2Cl2N202+  2(C6H'N,  HCl). 

Aniline,  Chloranile.  Cristaux  rouge-brun.  Chlorhydrate  d'anfrhne. 

»  La  formule  que  je  viens  de  proposer  est  rapportée  d'ailleurs  par  l'action 
réciproque  entre  le  chloranile  et  l'ammoniaque,  qui  donne  naissance  a  la 

i  )   Annulai  der  Chemie  und  Pharmacie,  t.  CXIV,  p    307. 


(  n46  ) 
formation  de  la  chloramlamide  découverte  par  Laurent  (i)et  représentée  par- 
la formule 

C'H4ClNaOs  =       H2  *N3. 

H2  ) 

»  Je  me  suis  convaincu  que  la  toluidine  produit  des  composés  analogues 
et  avec  le  quinone  et  avec  le  chloranile.  La  présence  de  la  toluidine  dans 
l'aniline  qui  a  servi  aux  expériences  de  M.  Hesse  expliquerait  peut-être  le 
carbone  plus  élevé  trouvé  par  ce  chimiste.  » 

chimie  APPLIQUÉE.  —  Nouvelles  recherches  sur  la   conservation  des  matériaux 
de  construction  ;  par  M.  Fréd.  Kuhlmaivn. 

<•  Mon  opinion  sur  le  rôle,  en  quelque  sorte  mécanique,  que  j'ai  assigné 
au  brai  lorsqu'il  pénètre  dans  le  plâtre  moulé  et  se  substitue  à  son  eau 
d'hydratation,  se  trouve  confirmée  par  les  résultats  suivants  : 

»  Lorsque  l'eau  d'hydratation  des  matières  minérales  ne  peut  être  dé- 
placée qu'à  de  très-hautes  températures,  ou  lorsque  les  matières  sont 
anhydres,  le  brai  s'infiltre  seulement  dans  les  fissures  qu'elles  présentent. 
J'ai  constaté  ce  fait  sur  des  échantillons  de  quartz,  de  spath  d'Islande,  de 
sel  gemme,  et  sur  d'autres  minéraux  anhydres  et  inaltérables  au  degré  de 
température  auquel  l'opération  doit  avoir  lieu. 

»  Lorsque  les  cristaux  sont  fibreux  ou  manifestement  poreux,  comme 
ceux  île  l'arragonite,  de  l'analcime,  des  stalactites,  etc.,  la  pénétration  est 
plus  intime.  Je  dois  constater  à  cette  occasion  qu'une  topaze  et  un  cristal 
de  roche,  dont  les  fissures  ont  été  pénétrées  par  le  brai,  ont  présenté  vus 
par  transparence,  sur  les  bords  amincis  de  la  couche  de  brai,  une  couleur 
grenat  sombre,  analogue  à  celle  qu'on  remarque  quelquefois  sur  le  quartz 
enfumé  et  assez  rapprochée  de  celle  que  prend  le  verre  fondu  sous  l'in- 
fluence de  la  fumée,  et  qui  disparaît  par  l'addition  d'un  peu  de  salpêtre. 
Il  est  cependant  permis  d'admettre  aussi  que  cette  coloration  est  inhérente 
aux  propriétés  du  brai,  lorsqu'il  se  présente  à  l'état  d'une  couche  excessi- 
vement mince. 

»  Sur  un  échantillon  d'opale,  soumis  pendant  quelque  temps  à  l'action 
du  brai  bouillant,  j'ai  pu  constater  qu'indépendamment  de  l'infiltration  du 


(i)  Comptes  rendus,  t.  XIX,  p.  323. 


V  "47  ) 
brai  par  des  fissures,  la  faible  perte  d'eau  que  cette  pierre  a  subie  s'est  ma- 
nifestée par  une  teinte  bleue  enfumée,  teinte  exactement   pareille  à   celle 
d'une  variété  girasol,  de  l'opale  du  Mexique,  qui  se  trouve  au   musée  de 
l'École  des  Mines. 

»  Cette  coloration  de  l'opale  mérite  de  bxer  l'attention  des  minéralo- 
gistes; car  c'est  la  pâte  elle-même  qui  est  uniformément  pénétrée  de  bitume, 
et  qui  a  pris  des  nuances  qui  pourraient  être  utilisées  par  les  joailliers.  Elle 
me  semble  conduire  aussi  à  des  recherches  nouvelles  sur  l'origine  des  ma- 
tières bitumineuses  qui  se  trouvent  quelquefois  engagées  dans  le  cristal  de 
roche. 

»  Le  silex  pyromaque  m'a  donné  des  résultats  analogues.  Lorsque  ce 
silex  est  engagé  dans  des  poudingues  siliceux,  la  matière  agglutinante  plus 
poreuse  s'imprègne  facilement  de  brai,  tandis  que  la  couleur  du  silex  s'as- 
sombrit faiblement. 

»  Lorsque  l'on  soumet  à  l'action  du  brai  bouillant,  ou  d'autres  matières 
résineuses  ou  grasses,  certains  marbres  peu  compactes  et  veinés,  de 
l'onyx,  etc.,  des  phénomènes  analogues  ont  lieu.  Les  modifications  de  cou- 
leur très-variées  et  la  grande  consolidation  que  les  marbres  acquièrent  par 
cette  opération  pourront  être  mises  à  profit  dans  les  travaux  de  décor  (i). 

»  Ce  n'est  pas  seulement  la  perte  de  l'eau  d'hydratation  qui  facilite  la 
pénétration  du  brai  ou  d'autres  corps  résineux  dans  les  matières  minérales; 
mais  ce  peut  être  aussi  la  perte  des  autres  principes  constituants  de  ces  ma- 
tières. 

»  Ainsi,  de  la  malachite  soumise  à  l'action  du  brai  à  une  température 
graduée  se  transforme  d'abord  en  une  matière  noire  où  le  cuivre  est  à  l'état 
d'oxyde,  et  qui  conserve  la  forme  fibreuse  et  rubanée  de  la  malachite. 

»  Mais  la  malachite,  de  même  que  l'azurite,  sont  réduites  et  se  présen- 
tent à  l'état  métallique  lorsque  la  température  du  brai  s'élève  à  3oo 
ou  35o  degrés. 

»  Le  cuivre  arséniaté,  dans  les  mêmes  circonstances,  est  également  ré- 
duit, et  l'arsenic  est  entraîné  par  les  vapeurs  que  donne  le  brai  bouillant. 


(1)  Dans  un  travail  que  j'ai  publié  en  i855,  j'ai  indiqué  diverses  méthodes  de  coloration 
des  pierres  poreuses  par  des  matières  minérales.  On  sait  que,  d'ancienne  date,  les  artisles  qui, 
en  Italie,  travaillent  l'agate,  tirent  parti  de  la  porosité  variable  dans  les  diverses  parties  de 
cette  pierre,  pour  en  modifier  les  couleurs.  Ils  font  séjourner  pendant  quelque  temps,  à  une 
douce  chaleur,  les  agates  à  colorer  dans  du  miel,  puis  attaquent  par  l'acide  sulfurique 
concentré  le  miel  qui  a  ainsi  pénétré  dans  la  pierre  en  plus  ou  moins  grande  quantité. 


(   nA8  ) 

>?  Le  carbonate  de  plomb  natif  est  réduit  à  des  températures  moins  éle- 
vées encore. 

»  Un  de  mes  résultats  les  plus  nets  consiste  dans  la  transformation,  au 
moyen  du  brai  bouillant,  du  bioxyde  de  manganèse  en  protoxyde,  sans  alté- 
ration de  la  forme  cristalline  du  bioxyde,  le  brai  ayant  pris  la  place  de 
l'oxygène  déplacé  au  profit  du  corps  réducteur.  L'oxyde  de  manganèse, 
après  la  réaction,  ne  donne  plus  une  trace  de  cldore  par  son  contact  avec 
l'acide  chlorhydrique. 

>•  Dans  toutes  ces  réactions,  soit  que  le  brai  déplace  l'eau  ou  quelque 
autre  principe  constituant  des  matières  minérales,  soit  qu'il  n'intervienne 
qu'en  pénétrant  dans  les  fissures  de  ces  matières,  il  importe  que  sa  tempé- 
rature  ne  soit  élevée  que  graduellement  pour  éviter  la  rupture  des  corps 
soumis  à  son  influence. 

»  Cette  précaution  est  particulièrement  nécessaire  lorsqu'il  s'agit  de  sou- 
mettre à  l'action  du  brai  des  argiles  façonnées  et  seulement  raffermies  à 
l'air  sec  ou  dans  des  étuves,  et  qu'on  désire  par  cette  opération  les  con- 
vertir en  une  poterie  imperméable.  Lorsque  la  chaleur  est  appliquée  trop 
brusquement,  les  minéraux  et  les  argiles  façonnées  sont  exposés  à  se  briser 
avant  que  le  brai  y  ait  pu  pénétrer. 

»  En  usant  delà  précaution  que  je  viens  d'indiquer,  je  suis  arrivé  à  ob- 
tenir avec  des  argiles  façonnées  une  poterie  qui,  indépendamment  de  l'éco- 
nomie extrême  de  sa  production,  se  recommande  par  son  imperméabilité, 
sa  dureté  et  une  grande  résistance  à  l'action  des  acides. 

»  Les  applications  de  cette  sorte  de  poterie  à  la  confection  des  tuyaux 
de  drainage,  des  tuiles,  des  carreaux  et  à  une  infinité  d'autres  objets  usuels 
pour  lesquels  le  bon  marché  est  d'un  puissant  intérêt,  me  paraissent  sus- 
ceptibles de  se  généraliser,  à  en  juger  par  les  résultats  des  premiers  essais 
tentés  dans  cette  direction  d'expérimentation,  et  que  j'ai  l'honneur  de  pla- 
cer sous  les  yeux  de  l'Académie.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Note  relative  aux  fonctions  des  vaisseaux  des  plantes; 

par  M.  H.  Lecoq. 

»  A  l'occasion  de  la  communication  de  M.  Gris  sur  la  présence  de  la 
sève  dans  les  vaisseaux  des  plantes,  et  de  celle  de  M.  Ddimier,  qui  indique 
le  procédé  qu'il  a  suivi  pour  démontrer  le  contraire,  je  me  permettrai  de 
rappeler  en  quelques  mots  à  l'Académie  des  observations  qui  ne  laissent 
aucun  doute  sur  la  présence  des  gaz  dans  le  système  vasculaire. 


(   "49  ) 

»  Mes  expériences,  dont  les  résultats  ont  été  soumis  à  l'Académie,  il  y 
a  plusieurs  années,  ont  été  faites  sur  des  plantes  aquatiques,  et  la  nature  du 
milieu  où  vivent  ces  plantes  m'a  permis  de  suivre  avec  la  plus  grande  faci- 
lité le  dégagement  de  l'air  qui  s'échappe  toujours  du  tissu  vasculaire. 

»  Non-seulement  les  vaisseaux  contiennent  de  l'air  dont  la  composition 
est  variable,  mais  il  existe  une  véritable  circulation  d'air,  plus  active  que 
celle  des  trachées  des  insectes  ;  l'air,  dans  ces  plantes,  au  moyen  des  vais- 
seaux, va  au-devant  de  la  sève,  et  marche  certainement  avec  plus  de 
vitesse. 

»  Les  Myriophyllum,  les  Polamoçjelon,  sur  lesquels  j'ai  continué  mes 
études  depuis  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  mes  observations  à 
l'Académie,  offrent  constamment  un  dégagement  de  petites  bulles  visibles 
à  l'œil  nu,  et  en  quantité  suffisante  pour  remplir  bientôt  une  éprouvette. 

»  Si  l'on  pique  le  tissu  cellulaire  des  feuilles  avec  une  aiguille,  on  n'ob- 
tient  rien  ;  mais  si  la  piqûre  atteint  un  vaisseau,  on  voit  immédiatement  les 
bulles  de  gaz  sortir,  se  grouper  et  se  rendre  à  la  surface  ou  dans  le  vase  des- 
tiné à  les  recueillir. 

»  La  quantité  de  gaz  ainsi  fournie  spontanément,  lé  long  des  nervures 
seulement,  ou  provoquée  par  des  issues  artificielles,  est  considérable.  Elle 
peut,  dans  certaines  circonstances,  modifier  la  composition  de  la  couche 
d'air  qui  repose  sur  l'eau. 

»  Je  n'ai  pas  besoin  de  rappeler  que  la  température,  et  surtout  la  lumière, 
ont  la  plus  grande  influence  sur  le  dégagement  du  gaz.  Le  fait  important, 
c'est  la  circulation  active  de  l'air  qui  a  lieu  au  moyen  des  vaisseaux,  dont 
le  rôle  ne  peut  être  méconnu,  au  moins  pour  les  plantes  submergées.  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Mem- 
bre de  la  Section  de  Géographie  et  de  Navigation,  en  remplacement  de  feu 
M.  Bravais. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  de  5t , 

M.  le  contre-amiral  Paris  obtient.   .   .     45  suffrages. 
M.    d'Abbadie 6 

M.  le  contre-amiral  Paris,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suf- 
frages, est  proclamé  élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 

C.  R.,  iS63,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  2S.  )  I  5o 


(   n5o  ) 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élec- 
tion des  deux  candidats  qu'elle  est  appelée  à  présenter  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique,  pour  une  place  vacante  au  Bureau  des  Longitudes. 

Election  du  premier  candidat.  —  Nombre  des  votants^  5i . 

M.  Lamé  obtient (±i  suffrages. 

M.  de  Tessan g  » 

Election  du  deuxième  candidat.  —  Nombre  des  volants,  5o. 
M.  de  Tessan  obtient.  .   .    .      45  suffrages. 

Il  y  a  4  billets  blancs  et  un  billet  portant  un  nom  écrit  par  erreur. 
D'après  les  résultats  de  ce  double  scrutin,  l'Académie  propose  comme 
candidats  pour  la  place  vacante  : 

En  première  ligne.   .   .     M.  Lamé. 

En  seconde  ligne.    .    .      M.   de  Tessan. 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  les  flexions  et  torsions  que  peuvent  éprouver  les  liges  courbes 
sans  qu'il  y  ait  aucun  changement  dans  la  première  ni  dans  la  seconde  cour- 
bure de  leur  axe  ou  fibre  moyenne  ;  par  M .  de  Saint-Vexant. 

(Commissaires  précédemment  nommés  ) 

«  Soit  ABC  une  tige  solide  élastique  naturellement 
courbe,  dont  nous  supposons,  pour  fixer  les  idées, 
que  la  forme  soit  celle  d'un  arc  de  cercle.  Concevons 
qu'en  appliquant  des  forces  convenables  vers  ses  ex- 
trémités B,  C,  on  lui  fasse  éprouver  une  flexion  telle,  qu'elle  se  change  en 
un  second  arc  de  cercle  A'BC  de  même  rayon  que  le  premier,  et  ayant, 
avec  le  même  point  milieu  B,  et  la  même  tangente  en  ce  point,  sa  courbure 
en  sens  opposé,  et  imaginons  qu'ensuite,  en  maintenant  la  tige  dans  son 
état  nouveau,  on  lui  fasse  faire  une  demi-révolution  autour  de  cette  tan- 
gente, en  sorte  que  son  axe  revienne  justement  à  sa  situation  ancienne  ABC. 
»  La  tige  aura  certainement  été  fléchie;  elle  aura  opposé  et, continuera 
d'opposer  aux  forces  qui  maintiennent  sa  flexion  une  résistance  plus  ou 
moins  énergique,  tenant  à  ce  que  les  fibres  du  côté  primitivement  convexe, 
qui  étaient  les  plus  longues,  sont  devenues  les  plus  courtes,  et  de  ce  que 
les   fibres   du  côté  primitivement  concave,   qui   étaient  les  plus  courtes, 


(  n5i  ) 
sont  devenues  les    plus    longues.    Et    cependant    son    axe    ou    sa    fibre 
moyenne  ABC  se  trouve  finalement  dans  la  même  situation  et  a  partout  la 
même  courbure  que  primitivement. 

»  On  peut  même  opérer  cette  flexion  sans  que  l'axe  change  aucunement 
de  place  non  plus  que  de  forme.  Il  suffit  pour  cela  de  faire  tourner  simulta- 
nément et  également  sur  elles-mêmes  ses  sections  extrêmes  A,  C  en  conte- 
nant les  sections  intermédiaires  entre  des  arrêts  qui  les  empêchent  de  s'é- 
carter latéralement  sans  les  empêcher  de  tourner.  La  tige  n'aura  pas  été 
tordue  si  toutes  ses  sections  ont  tourné  du  même  angle,  mais  elle  aura  été 
fléchie  puisque  ses  fibres  les  plus  longues  se  seront  accourcies,  ses  fibres  les 
plus  courtes  allongées.  Et  si  les  rotations  ont  été  d'une  demi-circonférence, 
la  tige  aura  été  amenée  précisément  au  même  état  que  dans  le  premier  cas 
examiné.  Donc  la  flexion  ne  tient  point  ou  ne  tient  pas  uniquement  au 
changement  des  angles  de  contingence  d'un  fil  ou  d'une  tige  élastique, 
même  de  forme  plane.  Une  flexion  considérable  peut  être  imprimée  sans 
que  ces  angles,  ou  sans  que  les  rayons  de  courbure  changent  aucune- 
ment de  grandeur. 

»  Semblable  chose  peut  être  dite  de  la  torsion.  Qu'on  fasse  tourner  sur 
elle-même  la  section  d'une  des  deux  extrémités  d'une  tige  à  double  courbure, 
en  forme  d'hélice  par  exemple,  en  maintenant  fixe  la  section  de  l'autre  extré- 
mité. Si  elle  est  contenue  latéralement  en  un  nombre  suffisant  de  points  in- 
termédiaires, comme  dans  l'appareil  qu'on  met  sous  les  yeux  de  l'Académie, 
son  axe  conservera  sa  situation  et  sa  forme,  et  cependant  elle  aura  été 
tordue  d'un  bout  à  l'autre.  Donc  la  torsion  ne  tient  point  ou  ne  tient  pas 
uniquement  au  changement  de  la  seconde  courbure,  ou  des  angles  que 
forment  entre  eux  les  plans  oscillateurs  successifs  de  l'axe  d'une  tige.  Une 
torsion  considérable,  à  laquelle  l'élasticité  de  la  matière  résistera  fortement, 
peut  être  prise  sans  que  ces  angles  ou  sans  que  les  rayons  de  seconde  cour- 
bure changent  aucunement. 

»  Que  s'est-il  donc  passé  dans  ces  tiges,  l'une  fléchie,  l'autre  tordue, 
quoique  leurs  axes  courbes  soient  restés  exactement  de  même  forme,  et,  si 
on  l'a  voulu,  dans  la  même  situation  à  travers  l'espace? 

»  La  polarité  ou  l'azimut  des  diverses  sections  a  changé  par  rapport 
aux  rayons  de  courbure  correspondants  de  l'axe;  les  sections  ont  tourné 
relativement  aux  rayons  restés  fixes,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  les  rayons 
ont  tourné  sur  les  sections  de  manière  à  ne  plus  passer  par  leurs  mêmes 
points.  Si,  par  exemple,  la  section  était  carrée,  le  rayon,  dirigé  d'abord  sui- 
vant une  médiane,  l'est  maintenant  suivant  une  diagonale  de  la  section,  etc. 

i5o.. 


(  II5a  ) 

Dans  le  premier  exemple,  où  la  rotation  est  de  deux  angles  droits,  le  rayon 
de  courbure  passe  finalement  par  les  points  qui  se  trouvaient  dans  le  pro- 
longement de  sa  direction  primitive. 

»  L'angle  de  rotation  ou  le  déplacement  angulaire  du  rayon  de  courbure 
sur  le  plan  de  la  section  doit  donc  entrer  dans  le  calcul  au  même  titre  que 
les  changements  de  grandeur  des  rayons  de  première  et  de  seconde  cour- 
bure. 

»  Vainement,  pour  se  soustraire  à  la  nécessité  de  prendre  en  considéra- 
tion cet  élément  essentiel,  dirait-on  qu'on  nes'occupe  que  d'une  ligne  élastique. 
Une  ligne  ne  résiste  à  la  flexion  due  au  changement  de  la  première  courbure 
(pie  si  elle  a  une  épaisseur.  Or  alors,  comme  l'a  fait  remarquer  Binet,  elle 
résiste  aussi  à  la  torsion  due  au  changement  de  la  deuxième  courbure. 

»  Alors  aussi,  et  nécessairement,  elle  s'oppose  aux  flexions  et  aux  tor- 
sions qui  ont  une  autre  cause  que  le  changement  des  courbures,  à  savoir  : 
le  déplacement  angulaire  des  rayons  de  courbure  sur  les  sections  transver- 
sales. Pour  la  torsion,  les  deux  effets  dus  au  changement  de  la  seconde 
courbure  et  au  déplacement  angulaire  du  rayon  de  première  courbure  sur 
la  section  s'additionnent  purement  et  simplement.  Soient  «<•  et  t  les  gran- 
deurs primitive  et  ultérieure  de  ce  qu'on  appelle  le  rayon  de  cambrure  ou 

de  seconde  courbure,  ou  —■>  —  les  angles  primitif  et  ultérieur  des  plans 

oscillateurs  aux  deux  extrémités  de  l'arc  élémentaire  ds\  £  l'angle  (évalué  en 
arc  d'un  rayon  =  i)  de  la  rotation  dont  on  parle,  ou  l'angle  que  forment 
les  directions  primitive  et  ultérieure  du  rayon  de  première  courbure  ou  de 
la  trace  du  plan  osculateur  sur  la  section;  on  a  pour  la  torsion,  ou  pour 
l'angle  (évalué  de  même)  dont  deux  sections  voisines  ont  tourné  l'une 
devant  l'autre,  rapporté  à  l'unité  de  leur  distance  : 

i  i  de 

1-        . 

t  l'a  as 

Cette  torsion  augmente  indéfiniment,  comme  on  voit,  avec  l'angle  de  rota- 
tion s. 

»  Pour  la  flexion,  l'influence  de  l'angle  e  a  une  limite  :  elle  est  à  son 
maximum  quand  a  =  une  demi-circonférence,  et  elle  ne  s'additionne  pas 

purement  et  simplement  à  l'augmentation de  la  première  courbure 

[p0  et  p  étant  les  valeurs  primitive  et  ultérieure  de  son  rayon).  La  flexion, 
c'est-à-dire  le  rapport  constant  de  la  dilatation  d'une  fibre  à  la  distance  où 
elle  se  trouve  de  la  ligne  des  fibres  invariables  ou  non  dilatées,  est  exprimée 


(  h  53  ) 
par 


^ 


I  2  COS  £  I 

?'  PP°  Po 


Elle  n'a  ainsi  la  valeur que  lorsque  3  =  0  ou  que  le  rayon  de  cour- 
bure n'a  pas  tourné  sur  la  section.  L'influence  de  sa  rotation  est  la  plus 
grande  possible  quand  s  =  n,  et  la  flexion  est  alors,  non  pas  la  différence 

des  courbures  antérieure  et  actuelle,  mais  leur  somme 

P       P» 

I  +  I. 

P        P» 

C'est  ce  qui  arrivait  dans  l'exemple  du  commencement  de  cette  Note. 
Comme  la  courbure  ultérieure  était  égale  à  la  courbure  primitive,  et  comme 
l'effet  était  le  même  que  si  celle-ci  eût  été  opposée  à  celle-là,  la  flexion  était 
bien  évidemment 

2 

—  1 
P» 

c'est-à-dire  était  le  double  de  la  courbure  conservée. 

»  En  général,  quand  p  =  p0  ou  quand  la  courbure  ne  change  pas,  la 
flexion  est 

1    , 2    .    1 

-  V2  —  2  COS£  =  _  sin-s. 

?o  po  2 

Si  z  =  -7T  ou  un  quart  de  circonférence,  la  flexion  n'est  pas  la  même  que 
si  l'on  avait  redressé  la  courbe,  car  elle  serait  -,    tandis  qu'à  cause  de   là 

Po 

conservation  supposée  de  la  courbure,  elle  est  plus  grande  dans  le  rapport 
de  1  à  \ji. 

»  Lagrange  a  donné  de  la  courbe  élastique  à  double  courbure  des  équa- 
tions différentielles  incomplètes,  parce  que,  se  bornant  à  étendre  à  cette 
courbe  le  principe  donné  par  Jacques  Bernoulli  pour  la  courbe  plane  solli- 
citée dans  son  plan,  il  regardait  la  résistance  comme  due  uniquement  au 
changement  de  la  courbure  dans  chaque  plan  oscillateur.  Poisson,  à  la 
suite  des  considérations  présentées  par  M.  Binet,  y  a  ajouté  des  termes  pour 
les  résistances  dues  au  changement  des  angles  que  les  plans  oscillateurs  font 
entre  eux  ;  il  en  a  déduit  que,  d'un  bout  à  l'autre,  le  moment  de  torsion  ou 
le  moment  des  forces  autour  des  tangentes  à  la  courbe  devait  être  con- 
stant. Mais  ce  théorème  n'est  vrai  que  quand  la  forme  primitive  de  la  tige 


(  u54  ) 

est  rectiligne  et  que  ses  sections,  égales  d'un  bout  à  l'autre,  sont  de  celles 
qui  ont,  comme  le  cercle,  le  carré,  etc.,  des  moments  d'inertie  tous  égaux 
autour  de  droites  passant  par  leur  centre  de  gravité  :  ce  qui  vient  de  ce  qu'on 
peut  toujours  prendre  la  direction  du  rayon  de  courbure  nouveau  pour  celle 
du  rayon  primitif  et  infini  qui  est  arbitraire,  et  de  ce  que  ce  rayon  se  trouve 
toujours  dirigé  suivant  un  axe  principal  de  la  section.  Il  n'est  plus  vrai,  et 
les  équations  données  par  l'illustre  géomètre  sont  encore  incomplètes,  si  la 
tige  est  primitivement  courbe  ou  si,  bien  que  droite,  elle  a  des  sections 
dont  les  axes  d'inertie  ne  sont  pas  tous  principaux.  Alors,  outre  les  moments 
des  forces  autour  des  tangentes  à  la  courbe  d'axe  et  autour  des  perpendicu- 
laires à  ses  plans  oscillateurs,  il  faut  tenir  compte  d'un  troisième  moment  com- 
posant qu'il  a  omis,  savoir  :  leur  moment  autour  du  rayon  de  courbure.  Les 
équations  complètes  doivent  contenir  l'angle  de  ce  rayon  avec  un  des  axes 
d'inertie  de  la  section  correspondante  et  le  déplacement  angulaire  que  ce 
rayon  subit  sur  cette  section.  Même  dans  le  cas  envisagé  par  Poisson,  et 
pour  lequel  MM.  Biuet  et  Wantzel  ont  donné  des  intégrales  ramenables  aux 
fonctions  elliptiques,  et  aussi  dans  le  cas  plus  simple  où  les  flexions  et  tor- 
sions étant  très-petites,  l'intégration  est  toujours  facile,  l'expression  des  con- 
ditions aux  extrémités  de  la  tige,  et  par  conséquent  la  solution  pratique  des 
problèmes  particuliers,  exige  absolument  qu'on  prenne  en  considération 
cet  angle  e,  sur  lequel  nous  avons  appelé  l'attention  en  1 843  (i).  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

CHIRURGIE.  —  Polypes  du  larynx  et  delà  trachée-artère  reconnus  au  moyen  du 
laryngoscope  et  extirpés  par  les  voies  naturelles;  extrait  d'une  Note  de 
M.  Ch.  Ozanam. 

(Commissaires,  MM.  Serres,  Bernard,  Jobert.) 

«  Mme  X... ,  âgée  de  trente-neuf  ans,  demeurant  rue  de  l'Ouest,  9,  était 
atteinte  depuis  trois  ans  d'une  affection  des  voies  respiratoires,  caractérisée 
par  une  aphonie  complète  et  une  oppression  qui  allait  en  augmentant  de 
plus  en  plus.  L'auscultation  n'indiquait  rien  d'anormal  dans  la  poitrine;  la 
percussion  y  était  sonore;  l'absence  de  fièvre  et  le  teint  naturel  de  la  malade 

(1)  Dans  un  Mémoire  des  3o  octobre  et  6  novembre  que  l'Académie  a  approuvé  (  Comptes 
rendus,  t.  XVII,  p.  g52,  1027,  1234),  et  aussi  dans  des  Notes  de  1 844 »  '•  XIX,  p.  4° 
et  181. 


(  n55  ) 

indiquaient  d'ailleurs  une  assez  bonne  santé.  Le  fond  de  la  gorge  était  un 
peu  rouge,  sans  gonflement.  La  toux  était  fréquente,  éteinte  comme  dans  le 
croup  avancé;  la  respiration,  bruyante  dans  l'inspiration  comme  clans  l'expi- 
ration. Les  symptômes  subjectifs  ne  rendant  pas  suffisamment  compte 
de  la  maladie,  je  fis  l'examen  direct  du  larynx  avec  le  miroir  de  Czermak. 
Les  deux  faces  antérieure  et  postérieure  de  l'épiglotte,  les  cordes  vocales 
supérieures  et  les  ventricules  du  larynx  n'offrirent  à  l'examen  d'autre  lésion 
qu'une  rougeur  vive  de  la  membrane  muqueuse.  Les  cordes  vocales  infé- 
rieures apparaissaient  ensuite  avec  leur  blancheur  nacrée,  parfaitement  pure. 
Mais  en  faisant  respirer  largement  la  malade,  en  lui  faisant  prononcer  pen- 
dant l'examen  certaines  lettres,  j'obtins  la  dilatation  de  la  glotte,  et  je  vis 
apparaître,  tout  à  fait  à  sa  base  et  à  son  angle  postérieur,  deux  tumeurs 
d'un  blanc  rosé,  à  surface  mamelonnée,  disposées  symétriquement  sur  les  deux 
côtés  de  la  ligne  médiane,  et  qui  prenaient  leur  insertion  au-dessous  des 
cordes  vocales  inférieures,  au  point  de  jonction  du  larynx  et  de  la  trachée; 
elles  se  touchaient  par  leur  face  interne,  mais  dans  les  mouvements  de  dila- 
tation extrême  des  cordes  vocales  on  les  voyait  nettement  se  séparer  l'une  de 
l'autre  jusqu'à  la  base. 

»  L'apparence  de  ces  végétations  et  leur  ressemblance  avec  les  condy- 
lomes  vénériens  me  firent  d'abord  soupçonner  cette  cause,  mais  jamais  la 
malade  ni  son  mari  n'avaient  eu  cette  maladie.  J'employai  cependant  un 
traitement  interne...;  au  bout  de  trois  mois  d'un  traitement  varié,  l'op- 
pression augmentant,  ainsi  que  le  volume  de  la  tumeur,  je  résolus  de  faire 
l'opération. 

»  Deux  méthodes  s'offraient  alors  :  la  première,  plus  facile  pour  le  chi- 
rurgien, plus  dangereuse  pour  la  malade  :  c'était  la  laryngotomie  externe  ; 
la  seconde  ,  bien  plus  difficile  comme  manuel  opératoire  ,  mais  sans 
danger  pour  la  malade  :  c'était  V ablation  par  les  voies  naturelles.  Je  résolus  de 
tenter  cette  dernière. 

»  Après  avoir  exercé  plusieurs  fois  la  malade,  pour  lui  apprendre  a 
supporter  le  contact  des  instruments,  je  fis  une  première  séance  opératoire 
le  12  juin,  en  présence  et  avec  l'aide  de  deux  jeunes  chirurgiens  italiens, 
les  docteurs  Barachi  et  Barberi.  J'étais  armé  de  l'instrument  si  ingénieux  de 
M.  Mathieu,  le  poljpolome  en  guillotine,  modelé  sur  l'amygdalotome,  mais 
fonctionnant  à  l'extrémité  d'un  long  manche  recourbé  et  disposé  pour  agir 
avec  son  anneau  sur  la  partie  postérieure  du  larynx.  Jamais  la  malade  n'avait 
été  plus  mal  disposée,  son  oppression  extrême  ne  supportait  pas  d'obstacles. 
Deux  fois  j'introduisis  l'instrument  dans  le  larynx  et  dus  le  retirera  cause 


(  h  56  ) 

de  l'abondance  des  vomissements.  Mais  à  la  troisième  fois,  l'ayant  enfoncé 
avec  rapidité  dans  la  glotte  ,  je  sentis  au  ressaut  de  l'instrument  qu'il  avait 
saisi  l'obstacle,  et  je  l'incisai  d'un  seul  coup. 

»  L'instrument  retiré,  la  malade  eut  un  accès  de  toux  convulsive  et  rejeta 
avec  effort  un  polvpe  divisé  en  deux  masses  charnues,  accompagnées  de 
plusieurs  morceaux,  de  petit  volume,  écrasés  au  passage,  et  quelques  gor- 
gées-de  sang  pur.  J'explorai  l'organe  avec  le  laryngoscope  ;  tout  le  côté  droit 
de  l'organe  était  libre,  mais  le  polype  gauche  existait  encore.  La  malade 
étant  très-fatiguée,  je  remis  à  deux  jours  la  suite  de  l'opération.  11  n'y  eut 
dans  l'intervalle  ni  fièvre  ni  inflammation;  seulement,  une  légère  douleur 
dans  un  point  bien  déterminé  indiquait  le  lieu  précis  où  avait  porté  l'inci- 
sion. 

»  La  deuxième  opération  fut  pratiquée  le  16  juin  :  le  contact  de  l'instru- 
ment fut  bien  mieux  supporté  ;  d'un  premier  coup  j'enlevai  les  deux  tiers  du 
deuxième  polvpe,  et  après  trois  tentatives  vaines  j'obtins  la  dernière  portion. 
La  malade  était  guérie  et  cependant  elle  avait  de  nouveau  perdu  la  voix! 
L'examen  laryngoscopique  nous  donna  la  clef  de  cette  énigme.  Dans  une 
des  tentatives,  la  corde  vocale  inférieure  gauche  avait  été  légèrement 
éraillée  par  la  pince  dans  une  étendue  d'un  millimètre  environ  :  la  voix 
s'était  perdue  à  l'instant.  Je  rassurai  la  patiente,  et  en  effet  la  voix  reparut 
le  troisième  jour,  avec  la  cicatrisation. 

»  Une  dernière  séance  d'exploration  eut  lieu  le  19  juin  ;  je  pus  constater, 
ainsi  que  les  docteurs  Barachi  et  Barberi,  que  le  larynx  et  la  trachée  étaient 
parfaitement  libres  ;  il  ne  restait  aucune  trace  de  polypes.   » 

M.  Hauchecorne  adresse  de  Rouen  un  Mémoire  sur  le  cacao  et  sur  les 
produits  qu'on  en  obtient,  considérés  aux  points  de  vue  hygiénique  et  théra- 
peutique. Un  chapitre  est  consacré  aux  falsifications  assez  nombreuses  qu'on 
fait  subir  à  ces  divers  produits,  et  au  moyen  de  reconnaître  les  sophisti- 
cations, dont  quelques-unes  peuvent  être  nuisibles  à  la  santé. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Longet.) 

M.  Czemichowski  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  le 
miel  et  sur  les  différences  qu'il  présente  selon  les  climats,  la  nature  du  sol, 
les  plantes  croissant  dans  la  région  où  butinent  les  abeilles,  etc. 

(Commissaires,  MM.  Payen,  Blanchard/ 


(  n57  ) 

CORRESPONDANCE . 

M.  Parade,  Directeur  de  l'École  Forestière,  à  Nancy,  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les  candidats  pour  une  place  de  Corres- 
pondant de  la  Section  d'Économie  rurale,  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Renault. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 

L'Académie  des  Sciences  de  Vienne  remercie  l'Académie  pour  l'envoi 
d'une  nouvelle  série  des  Comptes  rendus,  et  lui  transmet  une  publication  du 
Dr  Lorenz  «  Sur  les  conditions  physiques  et  la  distribution  des  êtres  organisés 
dans  le  golfe  de  Quarnero  ». 

M.  Flourexs  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Fan  Kempen,  professeur 
d'Anatomie  à  l'Université  de  Louvain,  de  «  Nouvelles  recherches  sur  les 
fonctions  du  nerf  pneumo-gastrique  et  du  nerf  spinal  ». 

Ce  travail  est  renvoyé  à  l'examen  de  M.  Longet,  avec  invitation  de  le  faire 
connaître  à  l'Académie  par  un  Rapport  verbal. 

M.  Flourens  présente,  également  au  nom  de  l'auteur,  M.  Cap,  une 
«  Étude  biographique  sur  Scheele  ». 

PALÉONTOLOGIE.   —   Sur  l'origine  récente  des  traces  d'instruments  tranchants 
observées  à  la  surface  de  quelques  ossements  fossiles;  Note  de  M.  Eue  Rorert. 

«  L'importance  qu'a  prise  au  sein  de  l'Académie  la  question  de  savoir 
si  l'homme  est  contemporain  ou  non  des  grandes  espèces  éteintes  de  Pachy- 
dermes, en  d'autres  termes,  s'il  peut  être  rangé  ou  non  parmi  les  véritables 
fossiles,  ainsi  que  les  réfutations  dont  cette  haute  question  est  l'objet,  m'o- 
bligent à  faire  les  remarques  suivantes. 

»  Dans  la  séance  du  8  juin  dernier,  M.  J.  Desnoyers  a  lu  une  Notice  sur 
des  «  Indices  matériels  de  la  coexistence  de  l'homme  avec  VEIeplias  meri- 
»  dionalis  dans  un  terrain  des  environs  de  Chartres,  plus  ancien  quelester- 
»  rains  de  transport  des  vallées  de  la  Somme  et  de  la  Seine,  qui  contien- 
»  nent  les  débris  de  YElephas  primigenius  ».  Ces  indices,  suivant  l'auteur  de 
la  Notice,  consistaient  en  traces  d'entailles,  de  stries  et  de  coupures  sur  les 
os  d'Éléphant,  de  Rhinocéros,  etc. 

»  Or,  m'étant  rendu  à  l'École  des  Mines  pour  y  étudier  les  indices  signa- 
lés par  M.  Desnoyers,  la  personne  qui  prépare  les  ossements  fossiles  de  cet 

C.  R.,  !863,    I"  Semestre.  (T.  LV1,  N°  23.)  l5l 


(   n  58  ) 
établissement  me  déclara  formellement  que  les  blessures  des  ossements  des 
environs  de  Chartres  résultaient  de  sa  maladresse  à  les  débarrasser  de  la 
ferre  qui  les  enveloppait,  et  qu'il  ne  fallait  y  voir  que  des  coups  du  burin 
ou  du  ciseau  employé  par  elle  dans  leur  nettoyage. 

»  Néanmoins,  avant  d'avoir  reçu  cette  déclaration  importante  à  laquelle 
j'étais  bien  loin  de  m'attendre,  j'avais  jeté  rapidement  un  coup  d'œil  sur  tous 
les  ossements  provenant  des  sablières  de Jouy,  près  de  Chartres,  recueillis  la 
plupart  par  M.  l'ingénieur  en  chef  de  Boisvillette;  et  ma  première  impression 
avait  été  que  ces  traces  d'entailles,  d'éraflures  et  de  coupures  avaient  eu  lieu 
depuis  leur  extraction  du  sol  qui  les  renfermait.  J'avais  cru  notamment  y 
reconnaître  un  coup  de  pioche  de  terrassier,  et  je  m'apprêtais  à  attribuer 
quelques  stries  profondes,  qui  m'avaient  paru,  dans  ce  rapide  examen,  être 
plus  anciennes,  au  frottement  de  quelque  pierre  aiguë  à  la  surface  des  os, 
pendant  le  charriage  des  cailloux  roulésau  milieu  desquels  ils  se  sont  trouvés 
confondus,  lorsque  le  préparateur  de  paléontologie  à  l'École  des  Mines  est 
venu  me  donner  l'explication  qui  précède.    » 

physique  mathématique.  —  Rapports  entre  les  accumulations  électriques  sur- 
deux  sphères  conductrices  de  rayons  connus,  déterminés  généralement,  et  en 
termes  finis  ;  Note  de  M.  P.  Volpiceixi. 

«  Dans  le  premier  Mémoire  de  M.  Poisson  (*)  sur  la  distribution  de  l'élec- 
tricité à  la  surface  des  corps  conducteurs,  i°  on  exprima  par  A,  B  (§  24,  p.  57, 
I.  18)  les  accumulations  respectives  des  couches  électriques  qui  recouvrent 
uniformément  les  surfaces  de  deux  sphères  métalliques  de  rayon  1  et  b, 
lorsque,  après  avoir  été  chargées  pendant  qu'elles  se  touchaient,  elles  étaient 
soustraites  ensuite  à  leur  influence  réciproque;  20  on  désigna  (§  28,  p.  64, 
1.  5  et  8)  par  Y,  Z  les  accumulations  maximum  sur  les  mêmes  sphères  aux 
pôles  opposés  au  point  de  leur  contact,  lorsque,  en  se  touchant,  elles  restent 
soumises  à  leur  influence  réciproque;  3°  le  rapport  entre  l'accumulation 
maximum  Z  sur  la  sphère  de  rayon  b,  et  l'accumulation  moyenne  A  sur 
celle  de  rayon  1,  fut  exprimé  (§  29,  p.  66,  1.  1 1)  par 


(«.)         7=1  = 


dt 


(*)  Mémoires  de  l'Institut  impérial  de  France,  année  181 1,  p.  1. 


(  ii59) 
»  Cela  posé,  je  me  propose  d'assigner  généralement  en  termes  finis  les 
rapports  suivants 

Z        B       Z       Y 

T    V    b'    â' 

qui  sont  utiles  pour   l'électrostatique,   et  qui  n'ont   pas  été  donnés  par 
Poisson. 

»  Premièrement,  pour  trouver  l'intégrale  du  numérateur  de  l'équation  (a,), 
que  l'on  mette 

i  +  b  =  n,     d-"  =  t,     sera     dt  =  2n62n-,d6, 

çonséquemment  nous  aurons 

/  b  \ 


"  I  t    ,-Hi 


(a2) 


/  r :=co  r  =  co 

>    j    -£<   (ar*  +  sr+i)'  _  ^  2b[2b(r-h  IJ  +  2/-+-  ip 
\  r  =  o  r  =  o 

Mais,  dans  ma  précédente  Note  (*),  j'ai  établi 


p       14-&-I 


A  (fc-f-1) 

2 
1  7    /  /  x  77  &  w-,  2  Z)OT  .  .  11/ 

logaA'lo  +i)  +  -cot jT.  —  'x      >       cos r7ilo«sin  — r--; 


donc,  en  substituant  dans  l'équation  [a,),  l'on  aura 

—  z 

7  ~~  Â 


f«4 


^'+    M  ^  (arè  +  2r+  i)2        2d  [aô  (r-(-  1)  -f-  2r+  ip  | 

'  /■  —  o  r  =  o 


log2/(è  +  i) 


m< 

2 

t:  b  ri  26'H 

>  COS  rTTlOl/.Sin 


COt r  7!  —  2 

i+b 


1  +  6 


/t(l-l-£) 


(*)  Comptes  rendus,  t.  LV,  séance  du  22  décembre  1862,  p.  928,  formule  (  2) 


l5l.. 


(  i 160  ) 

»  Pour  arriver  à  ce  résultat,  j'ai  suivi  une  voie  plus  explicite  et  plus  élé- 
mentaire que  celle  adoptée  par  l'illustre  M.  Plana  (*). 

»  Secondement,  puisque  le  célèbre  Poisson  a  trouvé  (Mémoire  cité,  §  2/j, 
p.  5g)  le  rapport 


A  -5 

ÏJ~  A 


7T   COt    — r 

i-t-A 


rf< 


il  s'ensuit  que,  moyennant  l'équation  (a3),  on  aura 

B 


n 


(«.)  H*" 


A 

ir  cot  • 


m< 


A  (4  +  0 


, ,,        .       7r  6  v<  ibm 

\os,ik(b-\-  i)-f--cot -jr —  2        >        cos r7r  loii.sin-— 7- 

'      2        1  +  1O  ^  i-hb  k{b 


.      I 


comme  je  l'ai  simplement  indiqué  (**)  dans  ma  Note  précédente. 

»  Troisièmement,  en  divisant  l'équation  (aA)  par  l'équation  [as)  nous 
aurons  aussi  en  termes  finis  le  rapport 


1  —  - 

P       B 


»  Enfin  Poisson  (Mémoire  cité,  §  3i ,  p.  68,  1.  i5)  établit 


Y  _  4(i  +  ^: 

A  ~~ 


2(1  -H  4) 


I  —  t 


loir  -  •  dt 

0  t 


1  +  *  1 


~iti  +  b_  , 


j'  On  trouvera  l'intégrale  du  numérateur  de  ce  rapport  en  posant  -  au 
lieu  de  b  dans  l'équation  (as).  Puis,  réfléchissant  que 


1   -t-6 


/„  1  —  '  I  -+-  *  «/o  '  —  ' 


(*)  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Turin,  t.  VII,  sorie  II,  année  i845,  §  XII. 
(**)  Comptes  rendus,  t.  LV,  année  1862,  |).  929,  I.  3. 


(  "6i  ) 
nous  aurons,  moyennant  l'équation  (fl3),  aussi  l'intégrale  contenue  dans  le 
dénominateur  du  même  rapport;  c'est  pourquoi  l'on  aura 

/  r  =  co  r  =  co 

~>     \  2à  [ir-f-(2r+i)i]        ,i[al(rH-i)H-(2/--+-i)*]a( 

,       .  Y  \r=0  /•  =  o 

K)         T  = 


A      A(i-r-l) 

ni  <-i — i 


2  i»i 


,                    ît             0                      ^>               10m                          m 
l0L'2A  (&+l)+-COt tIT  —  2  >  COS  r7rloi!.Sin-— ; ,71 

'      2        i  +  è  ^  n-6        b         /(6-t-i) 

m  =  l 

»  Il  faut  observer  que  chaque  terme  ^  dans  les  formules  précédentes. 

pris  entre  co  et  o,  représente  une  série  convergente  puisque,  en  faisant  dans 
les  mêmes  termes  b  =  o,  ils  deviennent 

r  =  co  /■  =  co  i-  =  ce 

^  2    (,r+l)»'         2    (17)"»'         2    2-<(,-+    ,,■:' 

r  =  o  r  =  o  r  =  o 

qui,  comme  on  le  voit  facilement,  correspondent  par  la  série  (4)  de  Cauchy  (*) 
à  des  séries  convergentes.  D'où  on  doit  conclure  que  les  termes  dont  on 
a  déduit  l'équation  («,)  expriment  des  séries  qui  sont  encore  plus  con- 
vergentes.  » 

PHYSIQUE  DU  GL'OBE.  —  Sur  la  distribution  de  la  température  et  les  types  des  liynei 
isothermes  dans  l'Inde;  par  M.  Hekm.  de  Schlagixtweit. 

«  Le  nombre  des  stations  basées  sur  des  observations  de  plusieurs  années, 
que  j'ai  reçues  spécialement  par  la  médiation  du  docteur  Macpherson, 
a  atteint  le  nombre  de  deux  cent  huit.  Ces  séries  d'observations  météoro- 
logiques ont  été  faites  originalement  en  connexion  avec  les  établissements 
du  service  médical  de  la  Compagnie  des  Indes  ;  j'ai  pu  y  joindre  aussi  les 
stations  françaises  de  Karikal,  Pondichéry  et  Chandernagor;  je  leur  ai 
ajouté  encore  plusieurs  localités  d'un  intérêt  particulier  pour  la  question 
de  la  diminution  de  la  température  avec  l'élévation,  stations  auxquelles 
nous  avons  laissé,  mes  frères  et  moi,  des  instruments  et  des  instructions 
d'observation. 

»  Nos  propres  recherches  pendant  les  voyages  nous  offraient,  par 
suite  du  changement  des  places,  des   dates  d'un  caractère  différent;  elles 

(*)   Cours  d'Analyse;  Paris,  1821,  p.  107. 


(    I1Ô2    ) 

nous  aidaient  à  déterminer  la  marche  de  la  température  dans  la  période 
journalière  et  à  juger  des  extrêmes;  quant  à  la  marche,  je  me  limite  ici  à 
remarquer  la  modification  curieuse  que  le  minimum  du  matin,  générale- 
ment coïncidant  avec  le  lever  du  soleil,  est  suivi  clans  les  tropiques, 
5-io  minutes  plus  tard,  par  une  dépression  secondaire  qui  souvent  dé- 
passait un  demi-degré  centigrade  et  que  je  trouvai  dépendre  de  la  variation 
de  l'humidité  relative. 

»  Le  colonel  Syhis  avec  le  docteur  Lamb(i)  avaient  publié  déjà  un  grand 
nombre  de  ces  stations  pour  l'année  1 85 1  ;  mais  comme  on  ne  leur  avait 
présenté  que  les  résultats  qui  n'étaient  que  la  moyenne  arithmétique  des 
observations  basées  sur  des  heures  bien  variées  et  souvent  choisies  assez 
arbitrairement,  la  communication  des  observations  originales  dans  tout  leur 
détail  et  l'occasion  que  j'ai  eue  de  connaître  personnellement  les  instru- 
ments employés  et  leurs  positions  ont  été  pour  moi  particulièrement  pré- 
cieuses. 

»  Les  valeurs  que  je  présente  sont  la  moyenne  du  minimum  et  de 
4  heures  du  soir,  une  combinaison  dont  les  résultats  ont  été  examinés  dans 
le  quatrième  volume  de  mes  Résultats,  aussi  pour  des  stations  hors  des  tro- 
piques; cette  combinaison  s'est  trouvée  très-favorable.  Pour  l'Inde  spécia- 
lement je  puis  ajouter,  en  faveur  des  publications  qui  ont  précédé,  que 
la  variation  journalière  n'étant  pas  très-grande,  les  erreurs  produites  par 
des  combinaisons  moins  soigneuses  ont  aussi  montré  des  déviations  moins 
grandes  qu'elles  ne  l'auraient  été  pour  des  stations  dans  de  plus  hautes  lati- 
tudes. 

»  Les  éléments  numériques  ont  été  réunis  dans  un  tableau  général  dont 
j'ai  l'honneur  de  présenter  un  exemplaire  à  l'Académie.  Pour  la  construc- 
tion des  lignes  isothermes,  il  était  nécessaire  de  réduire  les  valeurs  abso- 
lues au  niveau  de  la  mer;  sans  entrer  dans  les  détails  de  ces  calculs,  je  me 
limite  à  dire  que  la  diminution  de  la  température  avec  l'élévation  s'est 
montrée  très-lente  dans  le  Dekhan  et  dans  la  partie  centrale  de  l'Inde;  elle 
a  été  plus  rapide  dans  les  montagnes  des  Nilgiris  et  de  l'île  de  Ceylan,  où 
elle  ne  différait  pas  beaucoup  de  la  dépression  que  j'avais  trouvée  dans 
l'Himalaya  et  dans  les  Alpes. 

»   Quant  aux  types  qui  caractérisent  la  température  des  régions  exami- 

(l)  Rapport  de  l'Association  britannique  pour  i852  et  Journal  de  la  Société  asiatique  du 
Bengale  pour  i85a.  M.  Dovc,  dans  ses  publications  bien  connues,  et  M.  Schmidt,  Cours  de 
Météorologie ,  leur  avaient  ajouté  encore  plusieurs  stations  nouvelles. 


(  n63  ) 
nées  ,  je  ne  saurais  mieux  les  condenser  en  peu  de  mots  que  par  une  expli- 
cation descriptive  des  systèmes  des  lignes. 

»  Les  isothermes  de  l'année  sont  comprises  entre  les  valeurs  de  29  à 
23  degrés  centigrades;  la  partie  la  plus  chaude  coïncide  avec  la  partie  méri- 
dionale du  terrain,  elle  est  partagée  assez  uniformément  par  l'écpiateur 
thermique  qui  la  traverse,  et  sa  forme  montre  en  même  temps  une  influence 
très-marquée  de  la  Péninsule  sur  l'élévation  de  la  température  comparée  à 
celle  des  mers  environnantes. 

»  Les  saisons  présentent  dans  ces  régions  un  caractère  particulier,  non- 
seulement  par  la  variation  des  valeurs  numériques  des  lignes,  mais  bien  plus 
encore  par  la  variété  de  leurs  formes. 

»  La  saison  fraîche  (décembre,  janvier  et  février)  montre  des  différences 
comprises  entre  les  valeurs  de  26  à  i4  degrés  centigrades,  et  les  lignes  tra- 
versent le  terrain  assez  uniformément  de  l'ouest  à  l'est,  avec  une  légère 
inclinaison  méridionale. 

»  La  saison  de  notre  printemps  (mars,  avril  et  mai)  est  la  saison  chaude 
pour  ces  terrains,  à  l'exception  des  parties  les  plus  avancées  au  nord-ouest, 
et  les  lignes  présentent  maintenant  un  espace  de  maximum  central  qui  suit 
distinctement  les  formes  de  la  Péninsule;  la  chaleur  est  grande,  elle  atteint 

32  degrés  centigrades,  et  dans  les  parties  littorales,  où  l'humidité  relative 
reste  néanmoins  assez  grande ,  cette  période  de  l'année  a  un  effet  particu- 
lièrement oppressif. 

»  La  saison  des  pluies  (juin,  juillet,  août)  m'a  donné  des  résultats, très- 
inattendus.  L'équateur  thermique,  qui  dans  la  saison  précédente  s'est  élevé 
jusqu'à  25  degrés  de  latitude  nord,  se  trouve  maintenant  dans  une  latitude 
dépassant  32  degrés,  et  nous  trouvons  dans  cette  même  latitude,  dans  la  partie 
orientale   de  la  carte  ,  une  zone  extrême  isolée ,  dont  la  valeur  dépasse 

33  degrés  centigrades  et  qui  peut  bien  être  considérée  comme  une  des 
régions  les  plus  extrêmes  de  tout  le  globe;  car  c'est  là  même  où,  en  hiver, 
nous  avons  vu  descendre  la  valeur  des  isothermes  jusqu'à  14  degrés  centi- 
grades. Ce  fait  m'a  d'autant  plus  surpris,  que  la  sensation  de  la  chaleur  n'est 
pas  en  proportion  avec  sa  valeur  absolue;  la  sécheresse  y  étant  plus  grande, 
la  plupart  des  habitants  souffrent  moins  de  ces  températures  extrêmes  que 
nous  de  celles  de  la  partie  méridionale  de  l'Inde,  où  cependant  la  tempéra- 
ture est  de  4  à  5  degrés  centigrades  moins  élevée. 

»  La  période  correspondante  à  notre  automne  (septembre,  octobre  et 
novembre)  montre  la  variation  de  la  température  la  moins  grande,  si  nous 


(  n64  ) 
comparons  les  parties  du  sud  à  celles  du  nord  :  pour  les  parties  littorales, 
cette  saison  se  distingue  en  même  temps  très-peu  de  la  saison  fraîche. 

»  Les  notices  que  je  viens  de  donner  sont  toutes  en  relation  avec  les 
régions  de  l'Inde,  au  tropique  et  aux  plaines  du  Penjab;  les  chaînes  de 
l'Himalaya,  du  Karakoroum  et  du  Kuenluen  suivent,  par  leurs  formes,  des 
lois  dans  la  distribution  de  leur  climat  qui  ne  pourraient  être  brièvement 
ajoutées  à  celles  de  la  distribution  de  la  température  réduite  au  niveau  de 
la  mer.  » 

CHIMIE  organique.   —   Action   du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool  am^li(jue; 
Note  de  M.  Ad.  Wurtz,  présentée  par  M.  Balard. 

«  On  sait,  par  les  expériences  de  M.  Balard,  que  l'alcool  amylique  se  dé- 
double par  l'action  du  chlorure  de  zinc  en  eau  et  en  plusieurs  carbures 
d'hydrogène  polymériques.  Indépendamment  de  l'amylène  €5H10  et  du 
paramylène  ou  diamylène  G10HS°  décrits  par  M.  Balard,  M.  Bauer  a 
signalé  récemment  le  triamylène  G1SH30  et  le  tétramylène  €20  H*°. 

»  On  sait,  d'un  autre  côté,  que  l'amylène  qui  se  forme  dans  cette  réac- 
tion est  toujours  accompagné  d'hydrure  d'amyle  €5HIS.  J'ai  appelé  l'atten- 
tion sur  ce  fait,  il  y  a  dix  ans,  en  décrivant  l'action  du  chlorure  de  zinc  sur 
l'alcool  butylique,  action  qui  donne  naissance  à  du  butylène  et  à  de  l'hy- 
drure  de  butyle;  et  j'ai  fait  voir  que  la  formation  de  l'hydrure,  dans  cette 
circonstance,  est  liée  à  celle  de  carbures  moins  hydrogénés  et  peu  vola- 
tils. La  réaction  dont  il  s'agit  est  donc  loin  d'être  simple,  et  je  vais  montrer 
qu'on  n'avait  aucune  idée,  jusqu'ici,  de  la  complication  qu'elle  offre  en 
réalité. 

»  J'ai  rencontré,  en  effet,  parmi  les  produits  de  la  réaction  du  chlorure 
de  zinc  sur  l'alcool  amylique,  non-seulement  tous  les  homologues  supé- 
rieurs de  l'amylène  jusqu'au  diamylène  et  au  delà,  mais  encore  les  homo- 
logues supérieurs  de  l'hydrure  d'amyle.  Ces  corps  ne  se  forment  pas  en 
grande  quantité  :  ils  constituent  des  produits  secondaires;  mais  leur  forma- 
tion, dans  cette  circonstance,  est  très-digne  d'intérêt,  au  point  de  vue  de 
!a  génération  des  carbures  d'hydrogène  et  du  mode  de  complication  de 
leurs  molécules;  elle  soulève  aussi  des  questions  d'isomérie  qui  méritent 
de  fixer  l'attention. 

»  Ne  pouvant  donner  ici  la  description  détaillée  de  mes  expériences,  je 
me  contente  de  dire  que  j'ai  séparé  par  la  distillation  fractionnée  les  car- 


(  i i65  ) 

bures  d'hydrogène  compris  entre  l'amylène  et  le  diamylène,  après  les  avoir 
chauffés  à  plusieurs  reprises  avec  du  sodium.  Je  ne  me  suis  pas  contenté 
de  les  analyser  et  d'en  prendre  la  densité  de  vapeur.  Sachant  avec  quelle 
facilité  les  carbures  d'hydrogène  voisins  se  mêlent  dans  les  distillations,  et 
ne  pouvant  obtenir  des  produits  à  point  d'ébullition  parfaitement  fixe,  vu 
les  quantités  limitées  de  matière  sur  lesquelles  je  pouvais  opérer,  j'ai  en- 
gagé chaque  carbure  d'hydrogène  dans  une  ou  plusieurs  combinaisons  qui 
ont  été  analysées  à  leur  tour.  J'espère  avoir  donné  ainsi  à  mes  démonstra- 
tions la  rigueur  suffisante.  En  outre,  j'ai  fait  l'expérience  suivante  :  j'ai 
mêlé  quantités  égales  d'amylène  et  de  diamylène,  et  ayant  distillé  ce  mé- 
lange, j'ai  constaté  qu'après  trois  distillations  fractionnées  on  parvenait  à  le 
séparer  entièrement  en  une  partie  passant  au-dessous  de  5o  degrés,  et  en 
une  partie  passant  au-dessus  de  i3o  degrés.  Il  n'y  avait  plus  de  parties 
intermédiaires. 

»  M.  Faget  ayant  signalé,  dans  les  résidus  de  la  distillation  de  l'alcool 
amylique,  la  présence  des  alcools  hexylique  (caproyque)  et  beptylique 
(œnanthylique),  on  pouvait  craindre  que  Fhexylène  Ge  H12  et  l'hepty- 
lène  €7H14  rencontrés  dans  le  mélange  d'hydrocarbures  ne  fussent  formés 
par  l'action  du  chlorure  de  zinc  sur  des  traces  de  ces  alcools  entraînées  avec 
l'alcool  amylique.  Voulant  aller  au-devant  de  cette  objection,  j'ai  fait  plu- 
sieurs opérations  avec  de  l'alcool  amylique  qui  avait  été  purifié  avec  soin 
et  analysé.  J'ai  toujours  obtenu  les  carbures  intermédiaires  entre  l'amylène 
et  le  diamylène,  non-seulement  l'heptylène  et  l'hexylène,  mais  encore  l'oc- 
tylène  G8  H16  qui  ne  pouvait  avoir  une   semblable  origine. 

»  He.xylène  et  lijdnue  d'Lexyle.  —  lis  sont  contenus  dans  la  partie  des 
hydrocarbures  passant  entre  60  et  70  degrés.  Densité  de  vapeur  trou- 
vée, 2,8g  et  3,o5;  densité  théorique,  2,908. 

)'  i°  On  a  formé  un  bromure  d'hexylène  en  plaçant  cette  partie  des  hy- 
drocarbures dans  un  mélange  réfrigérant,  et  ajoutant  par  petites  portions 
un  excès  debrome.  Le  liquide,  décoloré  par  une  lessive  alcaline  et  déshydraté, 
a  d'abord  laissé  distiller  de  l'hydrure  d'hexyle;  puis  le  thermomètre  s'est 
élevé  rapidement  à  180  degrés.  Ce  qui  a  passé  entre  190  et  200  degrés  pré- 
sentait la  composition  du  bromure  d'hexylène  G6H12Br2.  Des  vapeurs 
bromhydriques  se  sont  dégagées  à  la  fin  de  la  distillation. 

»  20  On  a  chauffé  la  partie  des  hydrocarbures  dont  il  s'agit,  en  vase  clos, 
avec  un  excès  d'une  solution  concentrée  d'acide  iodhydrique.  On  a  distillé 
le  produit.  Il  s'est  d'abord  dégagé  de  l'hydrure  d'hexyle,  qui  a  été  recueilli 

C.  R.,  iSG'J,    Ie'  Semestie.   (T,    LVI,  Nn  23.)  I  52 


(  u66  ) 
et  mis  de  côté,  puis  le  thermomètre  s'est  élevé  rapidement  à  i3o  degrés  et 
au  delà.  Ce  qui  a  passé  vers  i  5o  degrés  a  présenté  la  composition  de  l'iodhj  - 
drate  d'hexylène  G6H'%HI.  Des  vapeurs  d'iode  apparaissent  toujours  a  la 
lin  de  cette  distillation.  On  a  fait  réagir  cet  iodure  sur  l'oxyde  d'argent  et 
l'eau,  et  on  a  obtenu,  indépendamment  d'une  certaine  quantité  d'hexylène 
régénéré,  de  l'hydrate  d'hexy  lène  G"  H12,  H2  O  bouillant  à  i3o  degrés  environ. 

»  le  dois  ajouter  que  l'iodhydrale  d'hexylène,  que  j'ai  préparé  directe- 
ment en  unissant  l'hexvlènc  de  MM.  Wunklyn  et  Erlenmeyer  à  l'acide 
iodhydrique,  a  passé  à  la  distillation  entre  i65  et  168  degrés.  Il  est  donc 
possihle  qu'on  rencontre  ici  un  cas  d'isomérie.  En  général,  les  points  d'ébul- 
lition  des  carhures  d'hydrogène,  que  j'ai  analysés  et  dont  j'ai  pris  la  densité 
de  vapeur,  m'ont  paru  un  peu  inférieurs  à  ceux  qu'on  attribue  aux  carbures 
aujourd'hui  connus.  Et  cette  remarque  s'applique  aussi  à  certains  hydrures. 
M.  Schorlemmer  place  le  point  d'ébullition  de  l'hydrure  d'amyle  retiré  des 
pétroles  d'Amérique,  de  39  à  I\o  degrés.  D'après  mes  expériences,  qui 
s'accordent  avec  celles  de  M.  Frankland,  le  point  d'ébullition  de  l'hydrure 
d'amyle  est  situé  de  28  à  3o  degrés  (*).  Il  se  peut  donc  que  les  deux  hy- 
drures soient  isomériques,  et  cette  isomérie  serait  purement  physique;  car 
on  conçoit  difficilement  la  possibilité  d'une  isomérie  chimique,  fondée  sur 
une  différence  dans  l'arrangement  des  atomes  dans  l'intérieur  de  la  molécule, 
alors  qu'il  s'agit  de  deux  corps  saturés  et  dans  lesquels  toutes  les  affinités 
libres  du  carbone  sont  satisfaites  par  de  l'hydrogène. 

»  L'hydrure  d'hexyle,  séparé  par  distillation  île  l'iodhydrate,  ayant  été 
purifié  convenablement,  a  passé  de  60  à  6/4  degrés  ;  sa  composition  répondait 
exactement  à  la  formule  CCH14;  sa  densité  de  vapeur  a  été  trouvée  =  2,8/|. 
Densité  théorique,  2,98. 

..  Heplylène  el  hydrure  d'heplyk.  —  Ils  sont  contenus  dans  la  partie  des  hy- 
drocarbures bouillant  entre  85  et  93  degrés.  Densité  de  vapeur  trouvée 
pour  ce  liquide,  3,5  1.  Densité  de  vapeur  théorique,  3,427.  On  a  formé  un 
bromure  d'heptylène  qui  a  passé  à  la  distillation  à  110  degrés,  sous  une 
pression  de  20  millimètres,  et  qui  a  donné  à  l'analyse  des  nombres  voisins 
de  ceux  qu'exige  la  formule  G7Hu,Br.  L'hydrure  d'heplyle  a  été  séparé  de 


(*)  On  peut  retirer  des  quantités  notables  d'hydriiie  d'amyle  de  l'amyléne  provenant  de 
l'action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool  amylique,  en  saturant  cet  amylène  avec  du  brome  à 
une  basse  température,  et  distillant  le  liquide  après  l'avoir  décoloré  par  la  potasse  et  séché. 
L'hydrure  d'amyle  passe  de  3o  à  5o  degrés.  On  le  chauffe  avec  du  sodium,  puis  on  le  dis- 
tille de  nouveau.  Il  passe  alors  de  28  à  3o  degrés,  et  la  plus  grande  partie  à  3o  degrés. 


(  ,i67  ) 
l'heptylène  en  distillant  le  bromure.  Il  a  passé  d'abord  à  la  distillation.  On 
n'en  a  obtenu  qu'une  petite  quantité,  les  matras  dans  lesquels  on  chauffait 
avec  du  sodium  cette  partie  des  hydrocarbures  ayant  fait  explosion  à  deux 
reprises. 

»  Octylène  et  hydrure  d'octyle.  —  Ils  sont  contenus  dans  la  partie  du 
mélange  bouillant  entre  no  et  122  degrés.  On  en  a  préparé  une  quantité 
notable.  Densité  de  vapeur  =  /\,o3.  Densité  théorique,  3,878. 

»  35  grammes  de  ce  produit  ayant  été  traités  par  5o  grammes  de  brome 
avec  les  précautions  précédemment  indiquées,  on  a  obtenu  62  grammes 
d'un  mélange  de  bromure  d'oclyléne  et  d'hydrure  d'octyle  qu'on  a  séparés 
par  distillation  sous  une  pression  de  20  millimètres.  On  a  arrêté  la  distil- 
lation lorsque  le  thermomètre  avait  monté  à  80  degrés. 

»  Le  résidu,  coloré  en  jaune  d'ambre,  possédait  la  composition  du  bro- 
mure d'octylène  G8H'6,Brs,  Ce  bromure  ne  peut  être  distillé  dans  le  vide 
sans  décomposition.  La  potasse  alcoolique  l'attaque  avec  formation  de  bro- 
mure de  potassium  et  formation  d'un  liquide  brome  dont  le  point  d'ébulh- 
tion  n'est  pas  constant.  3o  grammes  de  ce  bromure  ont  été  traités  par 
38  grammes  d'acétate  d'argent.  Une  réaction  énergique  s'est  accomplie.  On 
a  ajouté  de  l'éther  et  on  a  chauffé  le  mélange  pendant  quelques  jours,  en 
vase  clos,  an  bain-marie.  La  liqueur  éthérée,  séparée  du  bromure  d'argent, 
ayant  été  soumise  à  la  distillation  fractionnée,  on  a  recueilli  une  petite 
quantité  de  liquide  passant  entre  2/10  et  245  degrés.  Ce  liquide  possédait  la 
composition  du  diacétate  octylénique 


£8H,« 


O2 


»   Soumis  à  l'action  de  la  potasse,  il  a  donné  de  l'acétate  de  potasse. 

»  L'hydrure  d'octyle,  séparé  du  bromure  par  distillation  dans  le  vide,  a 
été  chauffé  avec  du  sodium  à  120  degrés,  puis  distillé.  Le  produit  a  passé 
tout  entier  de  1 10  à  i3o  degrés.  Comme  il  pouvait  renfermer  de  l'octylène, 
il  a  été  traité  par  du  brome  jusqu'à  ce  qu'il  fût  coloré  en  rouge,  puis  dis- 
tillé dans  le  vide.  Presque  tout  a  passé  à  60  degrés  sous  une  pression  de 
20  millimètres.  On  a  chauffé  de  nouveau  avec  du  sodium  et  on  a  distillé 
ensuite.  La  plus  grande  partie  a  passé  de  1 1  5  à  118  degrés.  Cette  partie 
possédait  la  composition,  la  densité,  la  densité  de  vapeur  et  le  point  d'ébulli- 
tiondel'hydrure  d'octyle  G8H19.Densitéào°  =  o,728.  Densitédevapeur,  4,0  r . 
Densité  de  vapeur  théorique,  3,g47.  M.  Schorlemmer  a  trouvé  pour  la  den- 

l52.. 


(  i i68  ) 

site  de  l'hydrure  d'octyle  (de  caproyle)  à  17  degrés  le  nombre  0,719;  il 
place  son  point  d'éhullition  entre  119  et  120  degrés. 

»  Désirant  ajouter  à  ces  preuves  physiques  une  preuve  fondée  sur  les 
propriétés  chimiques,  j'ai  traité  cet  hydrure  par  le  chlore,  et  j'ai  obtenu 
un  produit  chloré  bouillant  vers  167  degrés,  et  qui  présentait  la  composition 
€sHnCI. 

»  Nonylène  et  hydrure  de  nonyle.  —  Ces  corps  sont  contenus  dans  la 
portion  du  mélange  bouillant  de  i35  à  i5o  degrés.  Densité  de  vapeur  d'un 
produit  qui  a  passé  à  140°=  4,54-  Densité  de  vapeur  théorique,  4i35g.  On 
a  séparé  le  nonylène  de  l'hydrure  en  traitant  par  le  brome  et  en  distillant 
dans  le  vide.  Le  résidu  offrait  exactement  la  composition  du  bromure  de 
nonylène  CH^Br'.  L'hydrure  de  nonyle  purifié  convenablement  a  passé 
entre  1 34  et  i3y  degrés.  Il  offrait  la  composition  €9H20,  et  possédait  une 
densité  de  vapeur  de  4, 5o.  Densité  de  vapeur  théorique  =  l\^l\ii.    » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  — Recherches  sur  les  affinités.  Réaction  simultanée  de  plusieurs 
acides  et  de  plusieurs  alcools;  par  M.  Eerthelot,  présentées  par  M.  Balard. 

«  L'examen  de  cette  réaction  constitue  un  problème  fort  intéressant,  soit 
au  point  de  vue  de  la  mécanique  chimique,  soit  au  point  de  vue  de  l'étude  des 
liqueurs  fermentées,  lesquelles  renferment  à  la  fois  plusieurs  acides  et 
plusieurs  alcools.  Aujourd'hui  je  m'occuperai  seulement  de  la  propor- 
tion totale  d'acide  et  d'alcool  qui  se  trouve  neutralisée,  sans  chercher  sui- 
vantquels  rapports  individuels  se  distribuent  les  divers  acides  et  les  divers 
alcools. 

i°   Un  alcool  et  deux  acides. 

1'  Alcool  ordinaire. 2  équivalents. 

1 .  <  Acide  acétique 1    équivalent. 

(  Acide  benzoïque 1    équivalent. 

»   Quantité  d'alcool  éthérifié  (limite):  66,5. 

»  Cette  limite  est  exactement  la  même  que  celle  qui  répond  à  chacun  des 
acides  pris  isolément. 

i  Alcool 5  équiv.  +  (5  X  a3   H;  O '. 

2.  ]  Acide  acétique o,5C«  H*0*. 

(  Acide  succinique o,5XïCa«0'. 

»   Limite  :  12,9. 


(  n69  ) 
»   Or,  le  système  équivalent,  renfermant  l'acide  acétique  seul,  a  fourni  la 
limite  12,7;   le  système  équivalent,  renfermant  l'acide  succinique  seul,  a 
fourni  la  limite  12,5. 

/Glycérine... 5,6C6HaOs+ (5,6  X  2o,5)Hi02. 

3.  ]  Acide  acétique o^C'H'O'. 

(Acide  succinique o,5xiC8HeO\ 

»   Limite  :  12,2. 

»  Or,  le  système  équivalent,  renfermant  l'acide  acétique  seul,  a  fourni  12,3; 
le  système  équivalent,  renfermant  l'acide  succinique  seul,  12,1. 

»  J'ai  fait  des  expériences  semblables  en  faisant  agir  les  acides  acétique 
et  succinique  sur  18  équivalents  d'alcool  étendu  de  9  fois  son  poids  d'eau. 
Dans  tous  les  cas,  l'identité  des  limites,  observée  à  l'égard  des  acides  pris 
individuellement,  subsiste  quand  on  opère  sur  les  acides  mélangés. 


2°   Un  acide  et  plusieurs  alcools. 

Acide  benzoïque.  ......  3  équivalents. 

I  Alcool  méthylique 1   équivalent. 

I  Alcool  ordinaire 1   équivalent. 

Alcool  amyliqne 1    équivalent. 


»  Limite  :  65,8. 

»  Voici  maintenant  un  alcool  polyatomique  : 


En  poids.     lin  cquiv.       Durée.     Tcmpér.      Limiii?. 
Acide  acétique..      25,0        1,0  1 

i..i" 


l  Alcool 

(  Glycérine 

I  Acide  acétique. 

\  Alcool 

I  Acide  acétique. 
|  Glycérine 


34,o  1,8 

4 1,0  i,i 

»  i,oj 

»  2,9^ 

»  1,0 

»  2,9 


3.  {  \  Acide  acétique.. 

Alcool 

Acide  acétique. . 
Glycérine 


2,91 


Acide  acétique..      3g, 3        1,0 

Alcool 36,  o        0,8 

.Glycérine 24,7        0,6 


',4 


1,0 

i,4 
1 ,0 
i,4 


114 


4" 


1600         84,0 
1600         87,3 


J  Moyenne  pour  le 
\  système  ci-dessus 
9,0  environ.)  84,2. 


OG1'       1O0-1800      72,2 

GO1'      160-1800      76,5 
G61'       160-1800       71,0 


I  Moyenne  pour  le 
■  système  ci-dessus 
I  73,7- 


(    n7o   ) 
»   Voici  une  série  analogue  avec  des  systèmes  dilués  : 


En  poids.  En  équivalents.  Durée.      Tempér.       Limite. 

\cide  acétique 2. 35  1 

Alcool 4,77  2,7  / 

( 


n\       '    ■  r  "o    1    5,5  ,       Q6h  l3o°  12,1 

Glycérine 10,00  2,8  \  t     a 


o. 


4    J  \  Eau 82,82  5,5X2i,5H:0; 

\  Système  équivalent  renfer-  / 

mant  de  l'alcool  seulem'.  1  tj6'  l3°t'  I2>7 

De  la  glycérine  seulement.  96''  i3o"  12. 3 

,' Acide  succinique 2,34  ix  jC'H'O' 

1  Alcool 4,75  2,6)  f 

\  ,.,     ,  ■  «  ;  5,4  ■    96  i3o  12,6 

j  Glycérine 10,11  2,8  (  1     J 

(Eau 82,80  5,4X2i,5H'0-         ' 

i  Système  équivalent  renfer-  )  »,  »  »  » 

u    1.  1       1        1      t  S  96  l3°  ,a>5 

(      mant  de  1  alcool  seulem'.  ) 

De  la  glycérine  seulement.  yô'1  i3o°  12,1 

»  Ainsi  le  mélange  de  divers  alcools  donne  sensiblement  les  mêmes 
limites  que  chacun  de  ces  alcools  agissant  isolément. 

3°  Plusieurs  acides  et  plusieurs  alcools. 

•>  Voici  enfin  une  expérience  dans  laquelle  on  a  fait  réagir  à  la  fois  l'acide 
acétique,  monobasique,  et  l'acide  succinique,  bibasique,  sur  l'alcool  ordi- 
naire, monoatomique,  et  sur  la  glycérine,  triatomique,  en  présence  de  l'eau. 
Ses  résultats  résument  en  un  seul  tous  les  précédents  : 

En  poids.  En  équivalents.  Durée.       Tempér.      Limite 

Acide  acétique 1,17  o,5C'H'CV         (        j 

\     Acide  succinique 1,17  o,5x|C!H'0'j        I 

Alcool 4,76  2.7C*HG0!         j             9G"          i3o"          12,6 

Glycérine 10,0g  2,8CCHS06          (     '    l 

Eau 82,81  5.5  x  21,5  H=0: 

CHIMIE.  —  action  de  l'ammoniaque  sur  le  cuivre  en  présence  de  l'air;  action  du 
cyanogène  sur  l' aldéhyde  ;  par  MM.  Berthelot  ei  L.  Péan  de  Saint-Gilles. 
(Lettre  à  M.  Balard.) 

«  En  parcourant  les  notes  des  expériences  communes,  si  malheureuse- 
ment interrompues  par  la  mort  prématurée  de  mon  collaborateur,  j'y  ren- 
contre deux  faits  qui  me  paraissent  mériter  d'être  signalés  aux  chimistes  : 
le  premier  est  relatif  à  l'oxydation  du  cuivre  sous  l'influence  simultanée  de 
l'air  et  de  l'ammoniaque;  le  second,  à  l'action  du  cyanogène  sur  l'aldéhyde. 


(  n7'  ) 

»  i.  Dans  un  grand  nombre  de  réactions  chimiques,  la  substance  active 
se  partage  entre  deux  autres  corps  qui  se  combinent  avec  elle  simultané- 
ment; souvent  même  il  arrive  que  la  substance  se  combine  à  la  fois  avec 
deux  corps  qui  seraient  l'un  ou  l'autre,  ou  tous  deux,  pris  individuellement, 
sans  action  sur  elle.  Nous  nous  étions  proposé  de  chercher  quelle  loi  pré- 
side à  ce  partage  :  s'il  existe,  par  exemple,  une  relation  régulière,  soit  con- 
stante, soit  variable  d'une  manière  continue, soit  variable  par  sauts  brusques, 
entre  les  équivalents  des  deux  corps  qui  réagissent  simultanément.  C'est  là 
un  problème  de  statique  chimique  très-général  et  qui  mérite  un  examen 
approfondi.  Malheureusement  je  n'ai  pas  l'espérance  prochaine  de  pouvoir 
reprendre  sur  ce  point  les  expériences  inachevées;  c'est  ce  qui  me  décide  à 
publier  le  fait  suivant,  le  seul  que  nous  ayons  constaté  avec  la  précision 
convenable. 

»  On  sait  que  si  l'on  arrose  d'ammoniaque  la  tournure  de  cuivre,  elle 
absorbe  l'oxygène  de  l'air  et  forme  de  l'oxyde  de  cuivre.  En  même  temps 
une  partie  de  l'ammoniaque  s'oxyde  et  se  transforme  en  acide  nitreux. 
Tout  le  monde  a  présents  à  l'esprit  les  travaux  de  M.  Peligot  sur  cette 
matière. 

»  Nous  avons  cherché  quel  rapport  existe  entre  la  quantité  de  l'oxyde  de 
cuivre  et  celle  de  l'acide  nitreux  qui  prennent  naissance.  Dans  les  divers 
essais  que  nous  avons  faits,  en  opérant  avec  de  l'ammoniaque  concentrée, 
nous  avons  trouvé  que  ce  rapport  peut  être  regardé  comme  constant.  La 
proportion  d'oxygène  qui  se  fixe  sur  le  cuivre  est  précisément  double  de 
celle  qui  se  fixe  sur  l'ammoniaque  : 

0e  -+-  AzH3  =  AzO3  -+-  3HO, 
G{-  •+  iaCu=  12C11O. 

Ces  proportions  ont  été  vérifiées  très-exactement  par  l'analyse. 

»  2.  On  sait  que  M.  Licbig  a  observé  (i)  qu'une  solution  aqueuse  de 
cyanogène,  additionnée  d'aldéhyde,  se  transforme  régulièrement  en  oxa- 
mide  :  la  métamorphose  résulte  d'une  simple  addition  d'eau  aux  éléments 
du  cyanogène. 

C4  Az2  h-  2  H2  O2  =  C*  W  Az2  0\ 

Cyanogène.  Oxamido. 

»   En  répétant  cette  expérience,  dans  des  vues  qu'il  est  inutile  de  signaler 

(i)   Annalen  der  C/icmie  und  Pharmacie,  t.  CXIII,  p.  246  (1860). 


(  "72  ) 
ici,  et  dans  une  condition  un  peu  différente,  nous  avons  obtenu  un  autre 
résultat.  Nous  avons  fait  passer  du  cyanogène  à  travers  de  l'aldéhyde  brut, 
obtenu  par  la  condensation  directe  des  produits  les  plus  volatils  de  l'action 
de  l'alcool  sur  le  bichromate  de  potasse  et  l'acide  sulfurique.  Il  s'est  produit 
bientôt  un  abondant  précipité  blanc  et  pulvérulent,  tout  semblable  à 
l'oxamide.  Mais  sa  composition  était  bien  différente,  car  cette  matière  a 
donné  à  l'analyse  les  nombres  suivants  : 

C  =  36,3 
H=  5,i 
Az=  26,4 

O    =32,2 

La  seule  formule  qui  s'accorde  avec  ces  nombres  est  la  suivante  : 

C,2H,0AzU)8, 

laquelle  exige 

C  =35,7 
H=    5,o 

Az=  27,7 
O  =  3i,6 

Cette  formule   représente   les   éléments  du  cyanogène,  réunis  à  ceux  de 
l'aldéhyde  et  de  l'eau  : 

2C4  Az2  +  C4  H4  O2  +  3H2  O2  =  C'2  H,0Az"  O8. 

»  Quant  à  la  constitution  de  ce  composé,  il  est  vraisemblable  qu'elle  ré- 
pond à  une  combinaison  d'aldéhyde  et  d'oxamide, 

C4H402  +  2C4H4Az204  —  I1202, 

comparable  aux  combinaisons  que  l'aldéhyde  forme,  soit  avec  les  alcools 
(acétal,  etc.)  : 

C4  H  '  O2  +  -i  C4  H°  O2  -  H2  O2, 

soit  avec  les  acides  : 

C*H40*  -4-  2C4H401  -  H202.  » 

chimie  organique.  —  De  l'action  de  la  chaleur  sur  farséniate  d'aniline  et  de 
Information  d'un  anilide  de  l'acide  arsénique;  par  M.  A.   Béciiamp 

«  L'acide  arsénique  est  un  acide  facilement  réductible.  J'ai  fait  voir 
(Comptes  rendus  de  l'académie,  t.  LU,  p,  538)  que  par  l'action  de  la  chaleur 
sur  le  nitrate  d'aniline  il  se  formait  de  la  nitraniline  qui,  d'après  ce  mode  de 


(  "  73  ) 
formation,  n'est  autre  chose  que  la  nilranilide.  J'ai  cherché  l'anilide  corres- 
pondant de  l'acide  arsénique,  Varsénianilide.  Il  se  produit  par  l'action  de  la 
chaleur  sur  l'arséniate  d'aniline  dans  les  circonstances  que  j'ai  déjà  signalées 
(Comptes  rendus,  t.  L,  p.  872,  mai  1860,  et  t.  LI,  p.  356).  Je  demande  la 
permission  de  rappeler  le  passage  suivant  de  la  seconde  de  ces  Notes  : 

«  Si  l'on  fait  houillir  l'arséniate  d'aniline  (AsO5,  2C,2H7N,  3  HO)  avec 
un  grand  excès  d'aniline,  son  acide  n'est  pas  réduit,  la  dissolution  ne  se 
colore  pas,  il  ne  se  forme  pas  une  trace  de  fuchsine,  même  à  igo  degrés. 
Mais  l'arséniate  cristallisé  entre  en  fusion  vers  iZjo  degrés;  à  160  et  même  à 
170  degrés  il  se  colore  à  peine;  il  dégage  de  l'aniline  à  180  degrés  jusqu'à 
ce  que  le  résidu  ait  sensiblement  la  composition  de  l'arséniate  acide, 
AsO5,  C,2II'N,  3HO,  et  ce  sel  réagissant  alors  sur  lui-même,  vers  igoou 
200  degrés,  fournit  de  l'eau,  de  l'acide  arsénieux  et  une  quantité  de  fuch- 
sine, libre  ou  représentée  par  les  produits  de  sa  décomposition,  propor- 
tionnelle à  celle  de  l'acide  arsénieux  formé.  » 

u  L'arsénianilide  est  un  produit  constant  de  l'action  de  la  chaleur  sur 
l'arséniate  d'aniline.  Lorsqu'on  reprend  par  une  dissolution  de  carbonate 
de  soude  le  produit  de  cette  réaction,  il  se  fait  un  dégagement  d'acide 
carbonique;  un  dépôt  visqueux,  mélange  de  matières  colorantes  et  d'ani- 
line; une  dissolution  faiblement  alcaline  et  colorée  en  rouge  pâle  qui  con- 
tient de  l'acide  arsénieux  et  le  nouvel  anilide.  Si  l'on  concentre  la  liqueur 
sodique  et  qu'on  la  traite  avec  précaution  par  un  très-léger  excès  d'acide 
nitrique  pur,  il  se  dépose  peu  à  peu  un  composé  cristallin.  Les  cristaux 
sont  colorés  en  rose  et  sous  forme  de  paillettes;  on  les  purifie  par  le  char- 
bon animal  et  par  des  recristallisalions  dans  l'eau  ou  l'alcool. 

»  Ces  cris'aux  sont  incolores  à  l'état  de  pureté  et  constituent  le  nouvel 
anilide  qui  cristallise  en  aiguilles  prismatiques  déliées,  brillantes,  peu  so- 
lubles  dans  l'eau  et  l'alcool  froids,  facilement  solubles  dans  ces  liquides 
boni  liants. 

»  La  composition  et  l'équivalent  de  l'arsénianilide  sont  représentés  par  la 
formule 

C,2H8AslNO\ 

»  Il  n'est  point  volatil.  Soumis  à  la  distillation,  il  dégage  de  l'eau,  de 
l'aniline,  de  l'acide  arsénieux  et  de  l'arsenic  métallique,  en  laissant  un  ré- 
sidu de  charbon. 

»  Sa  dissolution  aqueuse,  acidulée  ou  non,  n'est  pas  colorée  ni  précipitée 

C.  R.,    i863,  i«  Semestre.   (T.  LV1,   M  23.)  I  53 


(  H74  ) 
par  l'hydrogène  sulfuré;  mais  si  l'on  dirige  ce  gaz  pendant  longtemps  dans 
la  liqueur  bouillante,  il  se  fait  un  précipité  jaune  pâle  et  des  produits  sulfu- 
rés dont  il  sera  question  plus  tard. 

»  Traité  par  une  dissolution  de  potasse  caustique,  il  se  dissout  facilement 
sans  qu'il  se  sépare  de  1  aniline,  même  à  la  distillation.  Mais  si  on  le  distille 
avec  de  la  potasse  caustique  solide,  la  matière  brunit  légèrement,  il  se  dé- 
gage de  l'aniline  pure  en  abondance,  et  il  reste  de  l'arséniatede  potasse  pour 
résidu. 

»  Il  dégage  l'acide  carbonique  des  carbonates  alcalins  pour  former  des 
sels  cristallisables. 

»  Le  sel  de  soude,  C'2  H7  Na  AsNO6,  10HO,  cristallise  en  prismes  droits 
rectangulaires  transparents,  fort  solubles. 

»   Le  sel  de  potasse  cristallise  facilement  aussi. 

»  Le  sel  de  baryte,  C,2H7BaAsN06,  i HO,  cristallise  en  prismes  obliques. 
»  Le  sel  d'argent,  C12  H7  Ag  AsNO6,  est  anhydre,  très-peu  soluble,  mais 
cristallisable,  toutefois,  en  petits  cristaux  prismatiques. 

»  Le  sel  de  plomb  est  un  précipité  volumineux,  de  même  que  ceux  de 
cuivre  et  de  palladium. 

»  La  combinaison  nouvelle  est  un  anilide.  On  peut  la  représenter,  soit 
comme  de  l'arsénianiline  ou  comme  de  l'arsénianilide,  capables  de  fixer 
deux  équivalents  d'eau  dont  l'un  serait  remplaçable  par  un  équivalent  de 
base  métallique  : 

C,2H8AsO\   N,   2HO;     C,2H6N,  AsO\  2HO. 

Arsénianiline.  Arsénianilide. 

Mais,  d'après  ce  qui  précède  et  à  cause  de  sa  fonction  acide  bien  tranchée, 
on  peut  la  considérer  comme  l'hydrate  de  l'oxyde  d'un  ammonium,  le 
phénarsénylammonium.  D'après  cette  manière  de  voir,  les  combinaisons 
précédentes  seraient  représentées  par  les  formules  rationnelles  suivanles  : 

[(C,2H&H2,  AsO')NjO,  HO  =  hydrate  d'oxyde  de  phénarsénylammo- 
nium ou  phénarsénylammoniate  d'eau, 
[(C,2H5H2,  AsO')N]0,  NaO,  ioHO  =  phénarsénylammoniate  de  soude, 
[(C,2H5H2,  AsO*)N]0,  AgO  =  phénarsénylammoniate     d'oxyde    d'ar- 
gent, etc. 

»   Je  me  réserve  d'achever  ce  travail,   de  même  que  de  continuer  des 
études  commencées  en  1860  sur  divers  composés  colorants  ou  métalliques 


(  "75  ) 
dérivés  de  l'aniline,  pour  lesquels  j'ai  en  le  soin  de  prendre  date.  Malgré 
les  expériences  récemment  publiées  par  M.  H.  Schiff  et  par  M.  Hofmann, 
mon  droit  ne  saurait  être  douteux.  » 

chimie  organique  —  Sur  le  butylène;  Noie  de  M.  V.  de  Luvnes,  présentée 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  J'ai  annoncé,  dans  ma  dernière  communication,  que  l'iodhydrate  debu- 
tylène  dérivé  de  l'ërythrile  donnait,  au  contact  de  l'acétate  d'argent,  deux 
produits  principaux:  l'un  bouillant  de  111  à  ii3  degrés  et  présentant  la 
composition  de  l'acétate  de  butyle,  l'autre  volatil  vers  5  degrés  et  qui  parais- 
sait surtout  formé  de  butylène.  Ayant  préparé  ce  dernier  liquide  en  plus 
grande  quantité,  j'ai  pu  l'étudier  d'une  manière  plus  complète,  et  j'ai 
reconnu  qu'il  n'était  autre  chose  que  du  butylène  parfaitement  pur. 

»  Le  butylène,  C8  H8,  que  Faraday  a'obtenu  le  premier  en  décomposant 
les  corps  gras  par  la  chaleur,  a  été  signalé  ensuite  par  plusieurs  chimistes 
parmi  les  produits  de  décomposition  de  différentes  substances  organi- 
ques (i).  Mais  c'est  surtout  à  l'état  de  combinaison  qu'il  a  été  étudié,  et  à 
part  sa  solubilité  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'acide  sulfurique,  ses  propriétés 
sont  peu  connues. 

»   Le  composé  que  j'ai  préparé  présente  les  caractères  suivants  : 

»  Il  est  gazeux  à  la  température  ordinaire;  il  possède  une  odeur  alliacée 
très-prononcée.  Il  n'est  pas  sensiblement  soluble  dans  l'eau;  l'alcool  ab- 
solu le  dissout  assez  bien,  mais  c'est  dans  l'éther  qu'il  est  le  plus  soluble. 
Sa  solution  éthérée,  étendue  d'alcool,  puis  d'eau,  laisse  dégager  le  gaz  en 
produisant  une  effervescence  extrêmement  vive.  Il  brûle  avec  une  flamme 
rouge,  bordée  de  bleu,  et  fuligineuse. 

»  L'acide  acétique  cristallisable  l'absorbe  en  assez  grande  proportion  ;  il 
ne  paraît  pas  former  avec  lui  de  combinaison  définie  ;  une  partie  du  gaz  de- 
vient libre  par  l'addition  de  l'eau.  M.  Berlhelot  a  déjà  observé  que  le  pro- 
pylene  se  comporte  d'une  manière  analogue  avec  l'acide  acétique.  L'acide 
sulfurique  concentré  le  dissout  totalement  en  prenant  une  légère  colo- 
ration jaune.    La    liqueur,    étendue   d'une   quantité  d'eau   suffisante,   se 

(i)  Faraday,  Philos.  Transact.;  1825,  p.  44°-  —  Cahours,  Comptes  rendus;  t.  XXXI, 
p.  142.  —  Kolbe,  Ann.  der  Chem.  und  Pharm.;  t.  LXIX,  p.  258.  —  Wurtz,  Annales  de 
Chimie  et  de  Physique  ;  3e  série,  t.  LI,  p.  84  —  Berthelot,  même  recueil  ;  t.  LUI,  p.  iti3. 
—  Boucharpat,  Journal  de  Pharmacie;  t.  XXIII,  p.  4^4- 

i53.. 


(  i'76  ) 
trouble,  et  il  se  sépare  un  liquide  moins  dense,  doué  d'une  odeur  agréable, 
qui  se  rassemble  à  la  surface. 

»  Lorsqu'on  fait  passer  du  butylène  dans  une  solution  concentrée  d'acide 
lodhydrique,  il  est  rapidement  absorbé,  et  il  se  produit  de  l'iodhydrate  du 
butylène  qui  forme  une  couche  au-dessus  de  l'acide  iodhydrique. 

»  On  sait  que  le  butylène  est  liquéfiable  par  le  froid,  mais  il  est  moins 
volatil  qu'on  ne  l'avait  cru  jusqu'à  présent.  En  condensant  le  gaz  dans  un 
appareil  convenablement  disposé,  j'ai  reconnu  que  le  liquide  obtenu  distil- 
lait complètement  à  la  température  de  -+-  3  degrés  sous  la  pression  ordi- 
naire. Le  point  d'ébullition  du  butylène  est  donc  de  H-  3  degrés,  et  non 
de  —   18  degrés  comme  on  l'indique  dans  la  plupart  des  Traités  de  chimie. 

"  Enfin  j'ai  fait  passer  le  butylène  dans  le  brome,  qui  l'a  absorbé  com- 
plètement en  dégageant  beaucoup  de  chaleur.  J'ai  obtenu  ainsi  un  liquide 
qui  présentait  toutes  les  propriétés  du  bibromnre  de  butylène  et  qui,  à 
l'analyse,  a  donné  les  nombres  suivants  : 

Carbone 2i>4 

Hydrogène 4  >  ' 

Brome     74 ,3 

La  formule  G8  H8  Br8  exige  : 

Carbone .        .'.2,2 

Hydrogène 3, 7 

Brome  .  .     74  >  ' 

»  Ces  faits  et  ceux  que  j'ai  décrits  antérieurement  me  semblent  établir 
d'une  manière  incontestable  les  relations  qui  unissent  l'érythrite  à  la  série 
butylique.  L'érythrite  forme  le  quatrième  terme  d'un  groupe  commençant 
par  l'alcool  butylique  et  composé  de  la  manière  suivante  : 

Alcool  butylique. ..  .  C'H"0!  monoatomique. 

Butylglycol C8  H,0O'  diatomique. 

Inconnu Cs  H'0  06  triatomique. 

Érythrite Cs  H"  O"  tétratomique. 

*  Ce  qui  confirme  cette  manière  de  voir,  c'est  que,  de  même  que  l'éry- 
ihrite,  le  butylglycol  est  réduit  par  l'acide  iodhydrique  et  transformé  en 
iodure  de  butyle,  ainsi  que  l'a  constaté  M.  Wurtz. 

»  Le  troisième  terme,  C8H,0O6,  qui  serait  la  glycérine  butylique,  est 
inconnu  ;   peut-être  serait-il  possible  de  l'obtenir  au  moyen  de  l'érythrite 


(  '177  ) 
chlorhydrique,  par  la  méthode  qui  a  permis  à  M.  Lourenço  de  dériver  le 
propylglycol  de  la  glycérine  chlorhydrique.  Dans  le  but  de  tenter  cette 
réaction,  j'ai  préparé  l'érythrite  chlorhydrique  en  me  servant  du  procédé 
employé  par  M.  Berthelot  pour  les  composés  correspondants  de  la  mnnnite  ; 
c'est  une  belle  substance  blanche,  d'une  saveur  fraîche  et  amère  ;  elle  est 
fusible;  elle  brûle  avec  une  flamme  bordée  de  vert;  elle  donne,  par  l'éva- 
poration  lente  de  sa  dissolution,  de  gros  cristaux,  comme  l'érythrite  dont 
elle  se  distingue  par  sa  solubilité  dans  l'éther. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  recherches  et  de  perfec- 
tionnement de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  » 

chimie.  —  Nouveau  procédé  d'extraction  des  métaux  des  résidus  plalinijères  ; 
extrait  d'une  Note  de  M.  A.  Gityard,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire 
De  ville. 

«  Ce  procédé  comprend  trois  genres  d'opérations,  que  je  vais  décrire 
succinctement. 

»  i°  Mise  en  dissolution  des  résidus.  —  Les  eaux  mères  qui  restent  après 
la  précipitation  du  platine  par  le  sel  ammoniac  proviennent  de  solutions  de 
la  mine  de  platine,  et  aussi  de  platine  du  commerce.  Elles  renferment  tou- 
jours du  fer  provenant  surtout  du  sulfate  de  fer  employé  à  la  précipitation 
de  l'or,  et  aussi  du  plomb,  du  cuivre,  du  palladium,  de  l'iridium,  du  rho- 
dium surtout,  et  du  platine.  Ces  eaux  mères  sont  acidifiées  par  l'acide  chlor- 
hydrique et  se  trouvent  prêtes  à  être  exploitées.  Je  ne  les  signale  ici  que 
comme  résidus  en  solutions,  et  que  pour  rappeler  leur  composition.  Qu'il 
soit  noté  seulement  qu'on  se  garde  bien  de  les  précipiter  par  le  fer,  comme 
on  le  fait  généralement. 

»  Les  résidus  solides,  tels  quels,  sans  préparation,  sont  fondus  avec  trois 
fois  leur  poids  d'un  mélange  à  parties  égales  de  soude  et  de  nitrate  de  soude. 
La  fusion  s'effectue  au  rouge  vif  dans  un  vase  de  fer  à  parois  épaisses.  Elle 
se  fait  sans  boursouflement  ni  projection,  et  exige  environ  une  heure.  Pen- 
dant les  dernières  vingt  minutes,  l'ouvrier  remue  constamment  la  masse 
avec  une  cuiller  de  fer.  L'opération  est  extrêmement  simple. 

»  Ces  résidus  renferment  de  l'osmiure  d'iridium  inattaquable  par  tous 
les  agents  chimiques;  de  l'osmiure  attaquable,  des  grains  de  l'alliage  triple 
de  platine,  iridium  et  rhodium,  grains  que  l'eau  régjile.  n'a  pu  dissoudre, 
mais  que  le  nitre  oxyde  et  désagrège  totalement.  Viennent  enfin  les  gangues 


(   "7»  ) 
réunies  caractérisant  tel  ou  tel  minerai  de  platine  :  quartz,  silicates  de  toutes 
bases,  titanates,  hyacinthes,  etc.,  etc. 

»  Le  mélange  que  j'ai  adopté  oxyde  donc  tout  ce  qui  est  oxydable  et 
désugrége  toutes  les  gangues  qu'il  dissout  en  partie;  la  masse  fondue  ren- 
ferme tous  les  corps  émnnérés  plus  haut,  plus  une  grande  quantité  d'oxyde 
de  fer  enlevé  aux  parois  du  vase  où  se  fait  cette  opération.  On  coule  la  masse 
en  fusion  dans  des  lingotières  de  fonte.  Après  solidification,  on  la  concasse 
en  fragments  qu'on  fait  bouillir  avec  assez  d'eau,  pour  obtenir  une  forte 
solution  de  soude  pouvant  maintenir  en  dissolution  tous  les  acides  gélati- 
neux. Elle  renferme  en  outre  l'osmium  à  l'état  d'osmiate  (i);  on  la  sépare 
des  oxydes  insolubles,  puis  on  la  sursature  par  l'acide  chlorhydrique.  Les 
oxydes  insolubles  sont  dépouillés  par  la  lixiviation  de  l'excès  d'alcali  qui 
les  imprègne;  puis  on  les  dissout  dans  l'eau  régale. 

«  Cette  dissolution  renferme  du  fer,  du  cuivre,  du  plomb,  de  l'iridium, 
ilti  rhodium,  du  platine  et  du  ruthénium.  On  la  sépare  de  l'osmiure  non 
dissous;  on  l'évaporé  pour  chasser  l'excès  d'eau  régale  et  on  la  reprend  par 
l'eau  et  l'acide  chlorhydrique. 

»  u°  Précipitation  des  liqueurs  par  le  gaz  hydrogène  sulfuré.  —  Les  liqueurs 
ainsi  obtenues  sont  prêtes  à  être  précipitées  par  l'acide  sulfhydrique. 

»  L'appareil  dans  lequel  s'effectue  la  précipitation  de  toutes  les  liqueurs  se 
compose  d'un  générateur  de  gaz  hydrogène  sulfuré  par  l'action  de  l'acide  sul- 
furique  sur  le  sulfure  de  fer.  Ce  générateur  communique  avec  quatre  ou  cinq 
grandes  jarres  de  grès,  de  70  litres  environ,  absolument  disposées  comme 
un  appareil  de  Wolf.  Une  tubulure  spéciale  permet  de  faire  arriver  dans 
chacune  d'elles  la  vapeur  destinée  à  chauffer  le  liquide  qu'elle  contient. 

»  L'appareil  tout  entier  est  renfermé  dans  une  étuve  de  bois,  bien  close, 
située  près  d'une  cheminée  avec  laquelle  elle  communique.  Quant  aux  pe- 
tites quantités  de  gaz  non  absorbées,  elles  se  rendent  par  un  long  tube  dans 
le  foyer  de  la  cheminée,  où  du  feu  détermine  un  tirage  énergique.  On  évite 
ainsi  toute  odeur  pendant  la  précipitation;  mais,  après  l'opération,  on  re- 
foule de  l'air  dans  tout  l'appareil  :  cet  air  provient  de  grands  gazomètres; 
il  expulse  l'acide  sulfhydrique  qui  sature  les  eaux  mères,  et  celles-ci  peuvent 
être  manipulées  sans  répandre  d'odeur  (2). 


(1)  Cette  solution  est  précipitée  à  part  par  l'acide  suif  hydrique;  le  sulfure  d'osmium  est 
isolé  ainsi. 

(2)  Aux  gazomètres  et  à  l'air  on   peut  substituer   un  générateur  d'acide  carbonique  :  le 
résultat  est  le  même  . 


(  'i79  ) 
»  Voici  la  marche  qu'on  suit  pendant  la  précipitation.  Des  que  le  gaz 
commence  à  se  dégager  du  générateur',  on  élève  la  température  des  liquides 
jusqu'à  70  degrés  environ;  cette  température  est  maintenue  quinze  heures 
à  peu  près,  temps  nécessaire  à  une  précipitation  complète  des  sulfures  qui 
se  rassemblent  mieux  aussi  sous  l'influence  de  la  chaleur.  L'opération  est 
terminée  quand  l'eau  mère  n'a  plus  qu'une  teinte  jaunâtre  fort  légère  due 
à  un  peu  de  sulfure  d'iridium  soluble.  Cette  eau  mère,  séparée  des  sulfures 
précipités,  est  mise  dans  une  cuve  avec  des  barreaux  de  fer  à  qui  elle  aban- 
donne un  peu  d'iridium.  Les  sulfures  sont  mis  à  égoutler  sur  de  grands 
filtres  de  toile. 

»  3°  Purification  et  traitement  des  sulfures.  —  La  masse  des  sulfures,  sé- 
parée ainsi  du  fer  et  de  tous  les  corps  non  précipités  par  le  gaz  sulfuré,  ren- 
ferme, outre  les  sulfures  des  métaux  du  platine,  une  forte  proportion  de 
soufre  et  de  sulfures  de  cuivre  et  de  plomb.  Pour  enlever  ces  corps,  j'ai 
songé  à  l'acide  sulfurique  concentré,  qui  les  transforme  en  acide  sulfureux 
et  en  sulfates,  tandis  qu'il  n'agit  pas  sur  les  sulfures  des  métaux  précieux. 
Cet  affinage  peut  s'effectuer  dans  le  fer;  mais  chez  M.  Matthey,  qui  ne  néglige 
rien  pour  l'élégance  et  la  sûreté  des  résultats,  on  le  fait  dans  le  platine. 

»  Quand  après  une  ébullition  prolongée  il  ne  se  dégage  plus  d'acide  sul- 
fureux, c'est  que  l'affinage  est  complet. 

»  Le  tout,  étendu  de  beaucoup  d'eau,  est  jeté  sur  les  filtres,  et  la  masse 
des  sulfures  est  lavée  sans  interruption,  jusqu'à  ce  que  l'ammoniaque  ne 
décèle  plus  dans  le  liquide  filtré  ni  enivre  ni  fer. 

»  A  ce  point,  les  métaux  précienx  se  trouvent  totalement  dépouillés  de 
fer,  véritable  poison  de  ces  corps,  privés  de  cuivre  et  contenant  seulement 
un  peu  de  sulfate  de  plomb  qui  se  séparera  de  lui-même  dans  une  réaction 
ultérieure.  Ils  sont  de  plus  dans  un  état  tel,  que  l'acide  azotique  seul  ou 
l'eau  régale  les  dissout  parfaitement,  et,  certes,  ce  n'est  pas  là  la  condition 
la  moins  précieuse. 

»  Traitement  des  suljuies.  —  Les  sulfures  sont  alors  dissous  dans  l'eau 
régale.  L'eau  régale  ne  doit  pas  être  préparée  à  l'avance,  car  son  action  sur 
les  sulfures  serait  si  soudaine,  si  énergique,  réchauffement  si  rapide  et  le 
dégagement  de  gaz  si  grand,  que  le  mélange  serait  infailliblement  projeté 
hors  des  vases. 

»  On  commence  par  mettre  de  l'acide  azotique  de  force  moyenne.  On  ne 
le  met  que  peu  à  peu,  car  son  action  est  vive  dès  à  froid.  11  se  dégage  beau- 
coup de  vapeurs  rutilantes  ;  quand  l'effervescence  a  cessé,  on  ajoute  l'acide 


(    n8o  ) 

chlorhydrique,  on  chauffe  lentement  d'abord,  puis  on  va  jusqu'à  l'ébulli- 
tion  nécessaire  pour  obtenir  une  complète  dissolution. 

»  Enfin  on  sépare  cette  solution  d'un  peu  de  chlorure  de  plomb  qui  se 
dépose,  et  l'on  sépare  au  moyen  du  sel  ammoniac  les  différents  métaux 
qu'elle  renferme,  selon  la  méthode  ordinaire. 

»  Tel  est  le  procédé  en  faveur  de  qui  l'expérience  en  grand  a  prouvé 
pleinement.  J'ose  espérer  qu'il  pourra  être  utile  parfois  dans  le  laboratoire, 
si  toutefois  il  y  a  quelque  chose  à  ajouter,  dans  l'analyse  des  matières  pla- 
linifeies,  aux  travaux  de  Berzélius,  de  Clans  et  de  MM.  II.  Sainte-Claire 
Deville  et  Debray.  » 

M.  Robinet  présente  quelques  remarques  relatives  au  passage  d'un 
Mémoire  récent  de  M.  Kuhlmann,  où  se  trouve  mentionné  le  fait  observé 
sur  les  murs  de  la  chapelle  Sainte-Eugénie,  à  Biarritz,  et  cité  comme  exemple 
de  Y  action  protectrice  de  la  peinture  à  l huile  sur  les  pierres.  M.  Robinet  rap- 
pelle que  cette  observation  a  déjà  été  faite  par  lui  :  voici  en  effet  ce  qu'on  lit 
au  lome  XXXIX  du  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  extrait  du  procès- 
verbal  de  la  Société  de  Pharmacie  de  Paris,  séance  du  5  décembre  1 85o: 

«    M.  Robinet  fait  encore  à  la  Société  la  communication  suivante: 

«  Frappé  de  la  propreté  et  de  la  blancheur  relative  des  lettres  tracées 
»  sur  les  monuments  publics  depuis  de  longues  années,  il  a  pensé  qu'on 
»  pourrait  arriver  à  préserver  les  monuments  publics  de  la  moisissure  et 
»  des  champignons  qui  recouvrent  leurs  murs,  en  les  enduisant  d'une 
»    légère  couche  d'huile   de   lin   lithargyrée.   Cette  idée  finit  recevoir  son 

application  très-prochainement.  Le  temps  nous  dira  si  les  espérances  de 
»    notre  honorable  collègue  se  sont  réalisées.   » 

«  Antérieurement  à  ma  communication  à  la  Société  de  Pharmacie,  j'avais, 
dit  M.  Robinet,  profité  de  la  présence  de  MM.  les  ingénieurs  de  la  ville  de 
Paris  à  une  séance  de  la  Commission  des  logements  insalubres,  pour  appe- 
ler leur  attention  sur  la  conservation  singulière  des  inscriptions  tracées  en 
1792  et  1793  sur  les  monuments  publics,  inscriptions  qui  se  lisent  aujour- 
d'hui en  blanc,  bien  qu'elles  aient  été  tracées  à  cette  époque  avec  de  la 
peinture  à  l'huile  noire.  Ni  le  grattage  de  la  pierre,  ni  l'action  des  agents 
atmosphériques  n'ont  pu  faire  disparaître  ces  inscriptions.    » 

M.  Baudei.ocqce  soumet  au  jugement  de  l'Académie  deux  Notes,  l'une 


(   "8i  ) 

concernant  la  cicatrisation  rapide  de  deux  plaies  déchirées  au  moyen  d'ablu- 
tions d'alcoolature  d'arnica;  l'autre  concernant  un  succès  obtenu  de  l'em- 
ploi de  l'acoolature  de  douce-amère  dans  un  cas  de  mutisme  suite  d'une 
rîevre  typhoïde. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Serres.) 

M.  JVauck,  qui  dans  une  précédente  Lettre  écrite  en  allemand  avait  en- 
tretenu l'Académie  du  résultat  de  ses  recherches  concernant  les  équations 
du  troisième  degré  (Compte  rendu  delà  séance  du  ier  juin),  y  revient  dans  une 
nouvelle  Lettre  écrite  en  latin. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Rertrand.) 

M.  Ch.  I>m  wm.i  communique  une  observation  qu'il  a  faite  durant  la 
dernière  éclipse  lunaire.  «  Il  y  avait,  dit-il,  déjà  quelque  temps  que  l'éclipsé 
était  entrée  dans  sa  phase  de  décroissance,  quand  j'ai  aperçu  un  petit  point 
lumineux  qui  brillait  dans  l'ombre  à  une  distance  assez  grande  du  bord 
oriental  de  la  lnne,  commençant  à  sortir  de  la  pénombre...  La  position  qu'il 
occupait  était  très-voisine,  comme  je  pus  m'en  assurer  bientôt,  de  celle 
qu'occupe  le  mont  Aristarque  sur  le  disque  lunaire....  Ce  point  avait  l'ap- 
parence d'une  étoile,  et  ainsi  on  peut  s'expliquer  comment  d'anciens  obser- 
vateurs ont  pu  se  persuader  que  l'on  voyait  quelquefois  des  étoiles  à  tra- 
vers la  lnne.    » 

(Renvoi  a  l'examen  de  M.  Faye.) 
A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  F. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  ïi  juin   i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Des  machines  à  vapeur;  par  MM.  Arthur  MORIN   et  TRESCA  ;    t.   Ier,  Pro- 
duction de  la  vapeur.  Paris,  1 863  ;  vol.  in-8°. 

C.    R.,  i863,   i«  Semestre       T.  LVI,  N°  23.)  '  54 


(  il 8a  ) 

Essai  sur  la  constitution  des  corps  célestes;  par  E.-E.  Regneault.  Nancv, 
i863;  in-8°. 

Le  Livre  de  tout  le  inonde  sur  la  santé:  Notions  de  physiologie  et  d'hygiène; 
parle  Dr  Burggraeve.  Paris,  1 863  ;  in-12. 

Causerie  sur  la  pisciculture  ;  par  le  Dr  N.  Joly.  (Extrait  du  Journal  d'Agri- 
culture pratique  pour  le  midi  de  la  France.)  Trois  quarts  de  feuille  in-8°. 

Cucurbitacées  cultivées  au  Muséum  <!' Histoire  naturelle  en  1862  ;  Description 
d'espèces  nouvelles  et  de  quelques  formes  hybrides  obtenues  de  plantes  de  cette 
famille;  par  M.  Ch.  NAUDIN.  (Extrait  des  Annales  des  Sciences  naturelles.) 
Paris,  br.  in-8°. 

Loi  des  deux  substances  et  de  leur  concours  hiérarchique,  ou  du  principe  de 
la  vie;  par  le  Dr  J.  Fournet.  (Extrait  des  Annales  médico-psychologiques.) 
Paris,  i863;  in -8°. 

Nouvelles  Recherches  sur  la  nature  fonctionnelle  des  racines  du  nerf  pneumo- 
gastrique et  du  nerf  spinal;  par  E.  M.  Van  Kempen.  (Extrait  des  Mémoires 
de  l' Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique.  Bruxelles,  i863;  in-4°.  (Ren- 
voyé à  l'examen  de  M.  Longet  pour  un  Rapport  verbal.) 

Scheele,  chimiste  suédois.  Elude  bibliographique  ;  par  P. -A.  Cap.  Paris. 
i865;br.  in-8°. 

Paris  immobilier;  Notions  sur  les  placements  en  immeubles  dans  les  zones 
parisiennes;  par  André  Haussmann.  Paris,  i863;  in-8°. 

Coup  d'œil  rapide  sur  les  avantages  de  la  libre  concurrence  hydrologique  ; 
par  le  Dr  J.  Pujade.  Montpellier,  1861  ;  in-8°. 

Album  de  la  station  tbermo-hjémale  du  Dr  Pujade;  par  le  même.  Perpi- 
gnan, i863  ;  in-8°. 

Etudes  historiques  sur  l'ancien  pays  de  Foix  et  le  Couseran  (suite);  par  A. 
Garrigou.  Toulouse,   1 863 ;  in-8°.  (2  exempl.) 

New  Theory...  Nouvelle  théorie  des  comètes,  expliquant  ce  qu'elles  sont  et 
leurs  effets  sur  l'atmosphère,  la  terre  et  la  mer,  et  aussi  leurs  effets  sur  les  pla- 
nètes et  le  soleil,  etc.  ;  par  Th.  Dance.  Birmingham  ;  br.  in-12. 

Schriftert.  .    Publications  de  la  Société  physico-économique  de  Kœnigsberg  ; 


(   n83  ) 

3e  année.  1862;  ier  et  2e  parties.  Kœnigsberg,  1862  et  1 863  ;  2  livraisons 
in-4°. 

Physicalische.. .  Conditions  physiques  et  distribution  des  êtres  organisés  dans 
le  golfe  Quarnero ;  par  le  D'  J.-R.  Lorenz;  publié  aux  frais  de  l'Académie 
impériale  des  Sciences  de  Vienne.  Vienne,  i863;  in-8u. 

Nuova  zoonomia...  Nouvelle  zoonomie,  ou  doctrine  des  rapports  orga- 
niques; par  le  DrGiov.  COPELLO;  vol.  II.  Lima,  1862;  in-4°. 

Duemiovi...  Deux  nouveaux  baromètres  aréométriques  à  cuvette  mobile; 
parle  Prof.  T.  Armellini.  Rome,  1 863;  1  feuille  in-8°. 

Monatsberichte...  Comptes  rendus  de  l'Académie  royale  des  Sciences  d( 
Prusse;  année  1862.  Berlin,  i863;  vol.  in-8°. 


COMPTE  RENDU 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  29  JUIN  1865. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  VELPEAU. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  le  tome  L/V  des  Comptes  rendus 
est  en  distribution  an  Secrétariat. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  émanations  à  gaz  combustibles  qui  se  sont  échappées  des 
fissures  de  la  lave  de  179/15  à  Torre  del  Greco,  lors  de  la  dernière  éruption  du 
Vésuve ,-  par  MM.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  F.  Le  Blanc  et  F.  Fouqlé. 
(Deuxième  communication.) 

«  Dans  une  première  communication,  faite  à  l'Académie  le  i/j  juillet  de 
l'année  dernière,  nous  nous  sommes  bornés  à  énoncer  un  fait,  entièrement 
nouveau,  qui  ressortait  de  nos  premières  expériences  sur  les  gaz  rejetés  par 
les  fissures  delà  lave  de  17945  lors  de  la  dernière  éruption  du  Vésuve, 
en  1861.  Ce  fait  est  celui-ci  :  le  gaz  combustible  qui  s'échappait  des  fissures 
de  l'ancienne  lave  (sous  laquelle  ou  dans  les  vides  de  laquelle  avait,  suivant 
toute  probabilité,  pénétré  une  partie  du  courant  de  1 861  )  contenait,  outre 
le  carbure  d'hydrogène,  déjà  signalé  sur  les  lieux,  l'hydrogène,  qui  n'avait 
pu  alors  y  être  que  soupçonné,  mais  que  nos  analyses  ont  mis  clairement 
en  évidence,  et  même  en  proportion  plus  considérable  que  l'hydrogène 
protocarboné. 

»   Depuis  lors,  nous  avons  poursuivi  nos  recherches  et  complété  l'analyse 

C.  B.,   [863,   i"  Semestre.    (T.  LVI,  N°  2G.  )  I  55 


(  n86  ) 
de  ces  gaz.  Nos  résultats,  joints  à  ceux  qui  avaient  été  obtenus  sur  les  lieux 
mêmes,  et  dont  le  détail  a  été  donné  par  l'un  de  nous  dans  ses  onzième  et 
treizième  Lettres  à  M.  Elie  de  Beaumonl,  nous  permettent,  par  leur  compa- 
raison, de  déduire  des  conséquences  qui  nous  paraissent  offrir  quelque 
intérêt.  Mais,  pour  rendre  ces  déductions  plus  évidentes  encore,  nous  avons 
jugé  utile  de  réunir  dans  un  tableau  les  nombres  sur  lesquels  elles  s'ap- 
puient. Ce  tableau  présente,  pour  les  sept  époques  (18  et  23  décembre  1861, 
ier,  17  et  27  janvier,  5  février  et  7  mars  1862)  auxquelles  les  gaz  ont  été 
recueillis  et  étudiés  sur  les  lieux,  et  pour  les  trois  stations  (bord  de  la  mer, 
10  à  20  mètres  de  la  côte,  200  mètres  environ  du  rivage),  les  trois  données 
suivantes  :  rapport  de  l'acide  carbonique  à  la  somme  des  autres  gaz,  et, 
dans  les  résidus  laissés  par  la  potasse,  rapport  de  l'hydrogène  protocarboné 
à  l'hydrogène,   rapport  de  l'oxygène  à  l'azote  : 

A  10  ou  20  métros         A  900  mètres 
An  bord  Je  la  mer.         ...  1 

de  la  cote.  du  rivage. 

1  Aciilc  carbonique,  pour  100.              »  59.53                       » 

18  déc.    1861.     C2H4:H »  1:2,30 

(     0  :  Az »  27,16:72,84               » 

(  Acide  carbonique 95,36  38. 61                       » 

23  déc.    1S61.  ]  C2rT  :H 1:  3,07  1:2,60  r:  1,45 

(     0  :Az 2. ,59:78,41      25,57:74,48     (18,21:81,;., 

!  Acide  carbonique 95,95  84,72  44-38 

C-H1  :H »  «  1:  a,44 

0  :  Az »  »              28,70:71,30 

17  janv.  1862.     Acide  carbonique 96, 1G  »  » 

27  janv.  1862.     Acide  carbonique 96,^6  83. 73  37,36 

3  f'évr.  1862.     Acide  carbonique 97.65  86,00  » 

7  mars  1862.     Acide  carbonique 98,17  »  » 

»  Les  données  de  ce  tableau  nous  permettent  d'étudier  les  variations 
relatives  des  éléments  gazeux  avec  le  temps  et  avec  les  lieux. 

«  i°  Recherchons  d'abord  les  rapports  entre  l'acide  carbonique  et  la  son  mu 
des  autres  gaz. 

»  Un  même  point,  où  l'on  a  le  plus  fréquemment  opéré,  et  dont  la  posi- 
tion était  fixée  d'une  manière  précise,  le  bord  de  la  mer,  montre  avec  évi- 
dence que,  du  23  décembre  1861  au  7  mars  1862,  la  proportion  relative 
d'acide  carbonique  a  toujours  tendu  à  s'accroître  (1). 

1  I.a  température  s'élevait  en  même  temps,  et  même,  à  un  certain  moment,  l'acide  suif- 
hydrique  est  apparu.  Ce  point  de  vue  sort  un  peu  de  l'objet  de  notre  travail  acluel,  et  nous 
sommes  obligés  de  renvoyer,  pour  ce  fait  curieux  et  ses  conséquences  sur  la  répartition  des 
émanations  gazeuses,  à  la  treizième  Lettre  <i  M.  Élie  de  Benumcrit. 


(  "87  ) 

»  Les  expériences  du  ier  janvier  indiquent  aussi  qu'en  un  même  moment 
la  teneur  en  acide  carbonique  diminuait  au  furet  à  mesure  qu'on  s  éloignait 
du  rivage.  Mais  on  n'en  peut  conclure  avec  certitude  qu'il  se  produisait  une 
variation  correspondante  dans  les  émanations  naturelles.  Car  on  doit  remar- 
quer qu'en  s'éloignant  du  rivage  ces  émanations  avaient  à  traverser  une 
colonne  d'eau  de  plus  en  plus  élevée,  et  pouvaient  se  trouver  en  contact 
avec  des  masses  d'eau  plus  fréquemment  renouvelées.  L'acide  carbonique, 
le  plus  soluble  des  cinq  gaz  mélangés,  devait  donc  se  dissoudre  en  plus 
grande  abondance. 

»  i°  Rapport  de  i hydrogène  protocarboné  à  l'hydrogène.  —  Ce  rapport  a 
varié  avec  le  temps  pour  un  même  point;  car,  à  10  ou  20  mètres  du  rivage, 
il  était  respectivement  : 

Le   1 8  décembre 1  :  2 ,  3o , 

Le  23  décembre 1  :  2,70; 

à  200  mètres  environ  de  la  côte,  il  était  respectivement  : 

Le  23  décembre 1  ;  i  ,  45 , 

Le    Ier  janvier ....  I  ;  2,44- 

»   Dans  les  deux  points  la  teneur  relative  de  l'hydrogène  s'était  accrue. 

»  Ce  rapport  a  varié  aussi,  en  un  moment  donné,  avec  la  distance  au 
rivage;  car,  le  23  décembre,  on  avait  respectivement,  pour  les  trois  sta- 
tions, les  rapports  suivants  : 

1  :  3,07  1  :  2,70  1  :  1,45. 

»  La  teneur  relative  de  l'hydrogène  diminuait  donc  à  mesure  qu'on 
s'éloignait  du  rivage.  C'est,  au  reste,  ce  qui  résulte  aussi  de  la  comparaison 
de  tous  les  nombres  du  tableau  rapportés  à  leur  station  respective.  On  a, 
en  effet  : 

Au  bord  de  la  mer.  A  10  ou  20  mi'tres.  A  200  mètres. 

1  :  3,07  1  :  2,5o  1  :  1,95. 

»  Il  est  impossible  d'attribuer  les  variations  observées  à  une  différence 
dans  la  solubilité  des  deux  gaz  dans  l'eau  de  mer.  Elles  étaient  donc  le 
résultat  de  variations  réelles  dans  le  phénomène  naturel. 

»  3°  Les  rapports  de  [oxygène  à  [azote  dans  ces  émanations  semblent 
d'abord  assez  difficiles  à  établir,  et  il  est  nécessaire  pour  cela  de  se  livrer 
à  une  petite  discussion. 

»  En  six  occasions,  on  a  déterminé,  sur  les  lieux,  les  proportions  d'oxy- 

i55.. 


(  n88  ) 
gène  du  gaz  qui  se  dégageait  des  fissures  de  la  lave  de  1794  an  bord  de  la 
mer.  Deux  fois,   les   Ier  et   17  janvier,   le  gaz  a  été   recueilli  sur   la  lave 
même,  et  loin  du  contact  de  l'eau  de  mer;  on  a  trouvé  respectivement  0,00 
et  o,ooi3  d'oxygène  dans  le  gaz  analysé. 

»  Les  quatre  autres  jours  (2.3  décembre  1861,  27  janvier,  5  février  et 
7  mars  1862),  le  dégagement  n'étant  pas  suffisant  sur  la  petite  pointe  de 
lave  ancienne  qui  s'avançait  légèrement  en  mer,  on  a  recueilli  le  gaz  au 
pied  de  ce  rocher  et  à  la  lame;  il  traversait  donc  quelques  centimètres 
d'eau  de  mer,  et  pouvait  même,  à  la  rigueur,  y  avoir  été  légèrement  altéré 
par  un  échange  avec  les  gaz  dissous  dans  cette  eau. 

»  Les  quatre  expériences,  exécutées  sur  des  quantités  considérables  de 
matière,  ont  donné  respectivement  0,0021,  o,oo32,  o,oo25et  0,001 5  d'ox\- 
gène,  un  peu  plus,  par  conséquent,  que  lorsqu'on  opérait  sur  la  lave  même. 

»  Néanmoins,  la  moyenne  des  six  déterminations  indiquant  moins  de 
deux  millièmes  d'oxygène  dans  le  gaz  recueilli  au  bord  de  la  mer,  on  a  pu 
en  attribuer  la  présence  à  l'introduction  accidentelle  d'un  centième  d'air 
environ  au  moment  de  la  prise,  et  considérer  le  gaz  originaire  comme  sen- 
siblement dépourvu  d'air. 

»  Lorsqu'on  a  opéré  en  mer,  dans  des  conditions  incomparablement 
plus  pénibles  et  plus  fatigantes,  il  a  été  naturel  de  regarder  les  faibles  pro- 
portions d'oxygène  données  par  l'analyse  sommaire  (1),  comme  résultant 
aussi  d'une  pénétration  accidentelle  de  l'air  dans  la  cloche  qui  servait  à  re- 
cueillir le  gaz. 

«  La  discussion  des  analyses  faites  dans  le  laboratoire  montre  que  cet 
air  était,  en  réalité,  étranger  aux  émanations  naturelles,  qui  l'empruntaient, 
non  à  l'atmosphère,  mais  au  gaz  tenu  en  dissolution  dans  les  eaux  de  la 
mer  et  déplacé  par  l'acide  carbonique.  En  effet,  le  tableau  donne,  pour 
quatre  échantillons  sur  cinq,  entre  l'oxygène  et  l'azote,  un  rapport  supé- 
rieur à  celui  de  21  à  79,  et  qui  atteint  même  29  à  71.  Or,  on  sait  que  l'air 
dissous  dans  les  eaux  contient  environ  32  pour  100  d'oxygène. 

»  Une  seconde  partie  de  notre  travail  a  pour  objet  l'analyse  des  gaz  qui 
s'échappaient  de  la  lave  encore  chaude  de  1861,  ou  des  orifices  d'éma- 
nations qui  entouraient  les  divers  cratères  actifs.  Les  résultats  confirment  en 
tout  point  ceux  qui  ont  été  obtenus  pour  l'éruption  de  1 855,  soit  sur 
les  lieux,  soit  dans    le  laboratoire,  et  qui  se  trouvent  consignés  dans  les 

(1)   Voir  les  onzième  et  treizième  Lettres  à  M.  Élie  de  Bcaumont. 


Cl 


(  1189  ) 

quatrième,  cinquième  et  sixième  Lettres  à  M.  Elie  de  Beaumont,  et  dans  un 
Mémoire  que  deux  d'entre  nous  avons  publié  dans  les  Annales  de  Chimie  et 
de  Physique,  3e  série,  t.  LU.    » 

chimie  PHYSIOLOGIQUE.—  Recherches  sur  la  putréfaction;  fini  M.  L.  Pasteir. 

«  Toutes  les  fois  que  les  matières  animales  ou  végétales  s'altèrent  spon- 
tanément en  développant  des  gaz  fétides,  on  dit  qu'il  y  a  putréfaction.  Nous 
verrons  dans  le  cours  de  ce  travail  que  cette  définition  a  deux  défauts 
opposés  :  elle  est  trop  générale,  parce  qu'elle  rapproche  des  phénomènes 
essentiellement  distincts;  elle  est  trop  restreinte,  parce  qu'elle  en  éloigne 
d'autres  qui  ont  même  nature  et  même  origine. 

»  L'intérêt  et  l'utilité  qu'offrirait  une  étude  exacte  de  la  putréfaction 
n'ont  jamais  été  méconnus.  Depuis  longtemps  on  a  espéré  en  déduire  des 
conséquences  pratiques  pour  la  connaissance  des  maladies,  particulièrement 
le  celles  que  les  anciens  médecins  appelaient  maladies  putrides.  Telle  est  la 
pensée  qui  guidait  le  célèbre  médecin  anglais  Pringle,  lorsqu'il  se  livrait, 
au  milieu  du  siècle  dernier,  à  des  expériences  sur  les  matières  septiques  et 
antiseptiques,  afin  d'éclairer  les  observations  qu'il  avait  faites  sur  ies  mala- 
dies des  armées.  Malheureusement,  le  dégoût  inhérent  à  ce  genre  de  tra- 
vaux, joint  à  leur  complication  évidente,  a  arrêté  jusqu'ici  la  plupart  cIps 
expérimentateurs,  et,  au  demeurant,  presque  tout  est  à  faire  sur  ce  sujet. 

»  Mes  recherches  sur  les  fermentations  m'ont  conduit  naturellement  vers 
cette  étude,  à  laquelle  j'ai  résolu  de  me  livrer,  sans  trop  de  préoccupation 
du  danger  ou  de  la  répugnance  qu'elle  inspire. 

»  Si  j'avais  besoin  d'être  encouragé  à  suivre  ces  recherches,  je  me  repor- 
terais à  ces  paroles  cpie  Lavoisier  prononçait  devant  l'Académie  dans  une 
circonstance  semblable  :  «  L'utilité  publique  et  l'intérêt  de  l'humanité  enno- 
»  blissent  le  travail  le  plus  rebutant,  et  ne  laissent  voir  aux  hommes  éclairés 
»  que  le  zèle  avec  lequel  il  a  fallu  surmonter  le  dégoût  et  les  obstacles.  » 

»  Les  résultats  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie 
se  rapportent  exclusivement  à  la  cause  des  phénomènes.  C'était  là  le  point 
à  élucider  tout  d'abonl,  et  je  crois  y  être  parvenu.  Cependant,  c'est  un  si 
vaste  sujet,  que  je  me  persuade  que  j'aurai  peut-être  à  ajouter  beaucoup 
par  la  suite  à  mes  premiers  aperçus.  Je  réclame  donc  toute  l'indulgence  de 
l'Académie. 

»  La  conséquence  la  plus  générale  de  mes  expériences  est  fort  simple, 
c'est  que  la  putréfaction  est  déterminée  par  des  ferments  organisés  du  genre 
Vibrion. 


(  "9°  ) 
»   Ehrenberg  a  décril  six  espèces  de  vibrions,  auxquels  il  a  donné  les 
noms  suivants  : 

1.  Vibrio  lineola.  h.    Vibrio   rugula. 

2.  T'ibrio  tremulans.  S.  Vibrio  prolifer. 
3     Vibrio   subtilis.  G.    Vibrio   bacillus. 

»  Ces  six  espèces,  déjà  en  partie  reconnues  par  les  premiers  rnicrographes 
des  derniers  siècles,  ont  été  vues  depuis  par  tous  ceux  qui  se  sont  occupés 
des  Infusoires.  Je  réserve,  en  ce  qui  me  concerne,  la  question  de  l'identité 
ou  de  la  différence  de  ces  espèces,  de  leurs  variétés  de  formes  subordonnées 
aux  changements  des  conditions  du  milieu  où  elles  vivent.  Je  les  accepte 
provisoirement  telles  qu'elles  ont  été  décrites.  Quoi  qu'il  en  soit,  j'arrive  à  ce 
résultat,  que  ces  six  espèces  de  vibrions  sont  six  espèces  de  ferments  ani- 
maux, et  que  ce  sont  les  ferments  de  la  putréfaction.  En  outre,  j'ai  reconnu 
que  tous  ces  vibrions  peuvent  vivre  sans  gaz  oxygène  libre,  et  qu'ils  péris- 
sent au  contact  de  ce  gaz,  si  rien  ne  les  préserve  de  son  action  directe. 

»  Le  fait  que  j'ai  annoncé  à  l'Académie  pour  la  première  fois  il  y  a  deux 
années,  et  dont  j'ai  indiqué  tout  récemment  un  second  exemple,  à  savoir, 
qu'il  existait  des  animalcules-ferments  du  genre  Vibrion  pouvant  vivre  sans 
gaz  oxygène  libre,  n'était  donc  qu'un  cas  particulier  se  rattachant  au  mode 
de  fermentation  qui  est  peut-être  le  plus  répandu  dans  la  nature. 

»  Les  conditions  dans  lesquelles  se  manifeste  la  putréfaction  peuvent 
varier  beaucoup.  Supposons,  en  premier  lieu,  qu'il  s'agisse  d'un  liquide, 
c'est-à-dire  d'une  matière  putrescible  dont  toutes  les  parties  ont  été  expo- 
sées au  contact  de  l'air.  De  deux  choses  l'une  :  ce  liquide  aéré  sera  ren- 
fermé dans  un  vase  à  l'abri  de  l'air,  ou  il  sera  placé  dans  un  vase  non  bou- 
ché, à  ouverture  plus  ou  moins  large.  J'examinerai  successivement  ce  qui  se 
passe  dans  ces  deux  cas. 

»  Il  est  de  connaissance  vulgaire  que  la  putréfaction  met  un  certain 
temps  à  se  déclarer,  temps  variable  suivant  les  circonstances  de  température, 
de  neutralité,  d'acidité  ou  d'alcalinité  du  liquide.  Dans  les  circonstances  les 
plus  favorables,  il  faut  au  minimum  environ  vingt-quatre  heures  pour  que  le 
phénomène  commence  à  être  accusé  par  des  signes  extérieurs.  Pendant  cette 
première  période,  un  mouvement  intestin  s'effectue  dans  le  liquide,  mou- 
vement dont  l'effet  est  de  soustraire  entièrement  l'oxygène  de  l'air  qui  est 
en  dissolution,  et  de  le  remplacer  par  du  gaz  acide  carbonique.  La  dispari- 
tion totale  du  gaz  oxygène,  lorsque  le  milieu  est  neutre  ou  légèrement  alca- 
lin, est  due  en  général  au  développement  des  plus  petits  des  Infusoires, 
notamment  le  Monas  crepusculum  et  le  Bacterium  termo.  Un  très-léger 
trouble  se  manifeste,  parce  que  ces  petits  êtres  voyagent  dans  toutes  les  direc- 


(  H91  ) 
lions.  Lorsque  ce  premier  effet  de  soustraction  de  l'oxygène  en  dissolution 
est  accompli,  ils  périssent  et  tombent  à  la  longue  au  fond  du  vase,  comme 
ferait  un  précipité;  et  si,  par  hasard,  le  liquide  ne  renferme  pas  de  germes 
féconds  des  ferments  dont  je  vais  parler,  il  reste  indéfiniment  dans  cet  état 
sans  se  putréfier,  sans  fermenter  d'aucune  façon.  Cecas  est  rare,  mais  j'en  ai 
rencontré  cependant  plusieurs  exemples.  Le  plus  souvent,  lorsque  l'oxygène 
qui  était  en  dissolution  dans  le  liquide  a  disparu,  les  vibrions-ferments  qui 
n'ont  pas  besoin  de  ce  gaz  pour  vivre  commencent  à  se  montrer,  et  la 
putréfaction  se  déclare  aussitôt.  Elle  s'accélère  peu  à  peu,  en  suivant  la 
marche  progressive  du  développement  des  vibrions.  Quant  à  la  putridité, 
elle  devient  si  intense,  que  l'examen  au  microscope  d'une  seule  goutte  du 
liquide  est  chose  très-pénible,  pour  peu  que  cet  examen  dure  quelques 
minutes.  Mais  je  me  hâte  de  faire  remarquer  que  la  fétidité  de  la  liqueur  et 
des  gaz  dépend  surtout  de  la  proportion  de  soufre  qui  entre  dans  la  matière 
en  putréfaction.  L'odeur  est  peu  sensible  si  la  substance  n'est  pas  sulfurée. 
Tel  est,  par  exemple,  le  cas  de  la  fermentation  des  matières  albutninoïdes  que 
l'eau  peut  enlever  à  la  levure  de  bière.  Tel  est  aussi  le  cas  de  la  fermenta- 
tion butyrique;  car,  d'après  les  résultats  mêmes  que  j'expose,  rapprochés 
de  mes  études  antérieures,  la  fermentation  butyrique  est,  par  la  nature  de 
son  ferment,  un  phénomène  exactement  du  même  ordre  que  la  putréfaction  ' 
proprement  dite.  Voilà  pourquoi  la  manière  dont  on  envisage  la  putréfaction 
est  en  quelque  chose  trop  restreinte. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  le  contact  de  l'air  n'est  aucunement 
nécessaire  au  développement  de  la  putréfaction.  Bien  au  contraire,  si  l'oxy- 
gène dissous  dans  un  liquide  putrescible  n'était  pas  tout  d'abord  soustrait 
par  l'action  d'êtres  spéciaux,  la  putréfaction  n'aurait  pas  lieu.  L'oxygène 
ferait  périr  les  vibrions  qui  tenteraient  de  se  développer  à  l'origine. 

i)  Je  vais  examiner  maintenant  le  cas  de  la  putréfaction  au  libre  contact 
de  l'air.  Ce  que  je  viens  de  dire  pourrait  faire  croire  qu'elle  ne  saurait  s'y 
établir,  puisque  le  gaz  oxygène  fait  périr  les  vibrions  qui  la  provoquent.  Il 
n'en  est  rien,  et  je  vais  même  démontrer,  ce  qui  est  d'accord  avec  les  faits, 
que  la  putréfaction  au  contact  de  l'air  est  un  phénomène  toujours  plus 
complet,  plus  achevé  qu'à  l'abri  de  l'air. 

»  Reprenons  notre  liquide  aéré,  cette  fois  exposé  au  contact  de  l'air,  par 
exemple  dans  un  vase  largement  ouvert.  L'effet  dont  j'ai  parlé  tout  à  l'heure, 
à  savoir,  la  soustraction  du  gaz  oxygène  dissous,  se  produit  comme  dans 
le  premier  cas.  La  seule  différence  consiste  en  ce  que  les  bactériums, 
etc.,   ne   périssent,   après    la   soustraction    de    l'oxygène,   que   dans  la 


(  "92  ) 
masse  du  liquide,  en  continuant  de  se  propager,  au  contraire,  à  l'infini  à  la 
surface,  parce  que  celle-ci  est  en  contact  avec  l'air.  Ils  y  provoquent  la  forma- 
tion d  une  mince  pellicule  qui  va  s'épaississant  peu  à  peu,  puis  tombe  en  lam- 
beaux au  fond  du  vase,  pour  se  reformer,  tomber  encore,  et  ainsi  de  suite. 
Cette  pellicule,  à  laquelle  s'associent  d'ordinaire  divers  mucors  et  des  mucé- 
dinées,  empêche  la  dissolution  du  gaz  oxygène  dans  le  liquide,  et  permet 
par  conséquent  le  développement  des  vibrions-ferments.  Pour  ces  derniers, 
le  vase  est  comme  fermé  à  l'introduction  de  l'air.  Ils  peuvent  même  alors 
se  multiplier  dans  la  pellicule  de  la  surface,  parce  qu'ils  s'y  trouvent  pro- 
tégés par  les  bactériumset  les  mucors  contre  une  action  trop  directe  de  l'air 
atmosphérique  (i). 

»  Le  liquide  putrescible  devient  alors  le  siège  de  deux  genres  d'actions 
chimiques  fort  distinctes  qui  sont  en  rapport  avec  les  fonctions  phy- 
siologiques des  deux  sortes  d'êtres  qui  s'y  nourrissent.  Les  vibrions,  d'une 
part,  vivant  sans  la  coopération  du  gaz  oxygène  de  l'air,  déterminent  dans 
l'intérieur  du  liquide  des  actes  de  fermentation,  c'est-à-dire  qu'ils  transfor- 
ment les  matières  azotées  en  produits  plus  simples,  mais  encore  complexes. 
Les  bactériums  (ou  les  mucors...  ),  d'autre  part,  comburent  ces  mêmes  pro- 
duits et  les  ramènent  à  l'état  des  plus  simples  combinaisons  binaires,  l'eau, 
l'ammoniaque  et  l'acide  carbonique. 

»  Il  y  a  encore  à  distinguer  le  cas  très-remarquable  où  le  liquide 
putrescible  est  en  couche  de  peu  d'épaisseur,  avec  accès  facile  de  l'air 
atmosphérique.  Je  démontrerai  expérimentalement  que  la  fermentation  et 
la  putréfaction  peuvent  être  alors  absolument  empêchées  et  que  la  matière 
organique  peut  céder  uniquement  à  des  phénomènes  de  combustion. 

»  Tels  sont  les  résultats  de  la  putréfaction  s'effectuant  au  libre  contact 
de  l'atmosphère.  Au  contraire,  dans  le  cas  de  la  putréfaction  à  l'abri  de 
l'air,  les  produits  de  dédoublement  de  la  matière  putrescible  restent  inalté- 
rés. C'est  ce  que  j'exprimais  tout  à  l'heure  en  disant  que  la  putréfaction  au 
contact  de  l'air  est  un  phénomène,  sinon  toujours  plus  rapide,  du  moins 

(i)  Je  réserve  toujours  néanmoins,  ainsi  que  je  l'ai  fait  antérieurement,  la  question  de 
savoir  si  les  ferments,  notamment  les  vibrions,  ne  deviennent  pas  aérobies  dans  certaines 
circonstances,  à'anaémbics  qu'ils  sont  lorsqu'ils  agissent  comme  ferments.  Je  propose  avec 
toute  sorte  de  scrupules  ces  mots  nouveaux  aérobies  et  anaérobies,  pour  indiquer  l'existence 
de  deux  classes  d'êtres  inférieurs,  les  uns  incapables  de  vivre  en  dehors  de  la  présence  du 
.1/  owgéne  libre,  les  autres  pouvant  se  multiplier  à  l'infini  en  dehors  du  contact  de  ce  gaz. 

La  classe  nouvelle  des  anaérobies  pourrait  être  appelée  la  classe  des  zymiques  {luy-r , 
levain,  ferment),  c'est-à-dire  des  ferments.  Les  aérobies  constitueraient  par  opposition  la 
classe  des  azymiquei . 


(  n93  ) 
plus  achevé,  plus  destructeur  de  la  matière  organique  que  la  putréfaction  à 
l'abri  de  l'air.  Afin  d'être  mieux  compris,  je  citerai  quelques  exemples. 
Faisons  putréfier,  j'emploie  ce  mot  à  dessein,  clans  cette  circonstance, 
comme  synonyme  de  fermenter,  faisons  putréfier  du  lactate  de  chaux  à 
l'abri  de  l'air.  Les  vibrions-ferments  transformeront  le  lactate  en  divers  pro- 
duits au  nombre  desquels  figure  toujours  le  butyrate  de  chaux.  Cette  com- 
binaison nouvelle,  indécomposable  par  le  vibrion  cpii  en  a  provoqué  la 
formation,  restera  indéfiniment  dans  l.t  liqueur  sans  altération  quelconque. 
Mais  répétons  l'opération  au  contact  de  l'air.  Au  fur  et  à  mesure  que  les 
vibrions-ferments  agissent  dans  l'intérieur  du  liquide,  la  pellictde  de  la  sur- 
face brûle  peu  à  peu  et  complètement  le  butyrate.  Si  la  fermentation  est 
très-active,  le  phénomène  de  combustion  de  la  surface  s'arrête,  mais  uni- 
quement parce  que  l'acide  carbonique  qui  se  dégage  empêche  l'arrivée  de 
l'air  atmosphérique.  Le  phénomène  recommence  dès  que  la  fermentation 
est  achevée  ou  ralentie.  C'est  ainsi  également  que  si  l'on  fait  fermenter  un 
liquide  sucré  naturel  à  l'abri  de  l'air,  le  liquide  se  charge  d'alcool  tout  à  fait 
indestructible,  tandis  que,  si  l'on  opère  au  contact  de  l'air,  l'alcool,  après 
s'être  acétifié,  se  brûle  et  se  transforme  entièrement  en  eau  et  en  acide  car- 
bonique; puis  les  vibrions  apparaissent,  et  à  leur  suite  la  putréfaction  lors- 
que le  liquide  ne  renferme  plus  que  de  l'eau  et  des  matières  azotées.  Enfin 
à  leur  tour  les  vibrions  et  les  produits  de  la  putréfaction  sont  brûlés  par  des 
bactériums  ou  des  mucors  dont  les  derniers  survivants  provoquent  la  com- 
bustion de  ceux  qui  les  ont  précédés,  et  ainsi  se  trouve  accompli  le  retour 
intégral  à  l'atmosphère  et  au  règne  minéral  de  la  matière  organisée. 

»   Considérons  à  présent  la  putréfaction  des  substances  solides. 

»  J'ai  prouvé  récemment  que  le  corps  des  animaux  est  fermé,  dans  les 
cas  ordinaires,  à  l'introducti3U  des  germes  des  êtres  inférieurs;  par  consé- 
quent, la  putréfaction  s'établira  d'abord  à  la  surface,  puis  elle  gagnera  peti 
à  peu  l'intérieur  de  la  masse  solide. 

»  En  ce  qui  concerne  un  animal  entier  abandonné  après  la  mort,  soit  au 
contact,  soit  à  l'abri  de  l'air,  toute  la  surface  de  son  corps  est  couverte  des 
poussières  que  l'air  charrie,  c'est-à-dire  de  germes  d'organismes  inférieurs. 
Son  canal  intestinal,  là  surtout  où  se  forment  les  matières  fécales,  est  rem- 
pli, non  plus  seulement  de  germes,  mais  de  vibrions  tout  développés  que 
Leewenhoeck  avait  déjà  aperçus.  Ces  vibrions  ont  une  grande  avance  sur 
les  germes  de  la  surface  du  corps.  Ils  sont  à  l'état  d'individus  adultes,  privés 
d'air,  baignés  de  liquides,  en  voie  de  multiplication  et  de  fonctionnement. 

C.   R.,  i863,    1er  Semestre.  (T.  LV1,  N°  26.)  I  56 


(  "94  ) 
C'est  par  eux  que  commencera  la  putréfaction  du  corps,  qui  n'a  été  pré- 
servé jusque-là  que  par  la  vie  et  la  nutrition  des  organes. 

»  Telle  est,  dans  les  divers  cas,  la  marche  de  la  putréfaction.  L'ensemble 
des  faits  que  j'ai  énumérés  sera  présenté  dans  les  Mémoires  que  je  publierai 
ultérieurement  avec  toutes  les  preuves  expérimentales  qu'ils  comportent, 
mais  ces  faits  pourraient  être  mal  compris  ou  mal  interprétés,  si  je  n'ajoutais 
quelques  développements  que  l'Académie  excusera  sans  doute. 

»  Considérons,  pour  fixer  les  idées,  une  masse  volumineuse  de  chair 
musculaire  :  qu'arrivera-t-il  si  l'on  empêche  la  putréfaction  extérieure:'  La 
viande  conservera-t-elle  son  état,  sa  structure  et  ses  qualités  des  premières 
heures?  On  ne  saurait  espérer  un  pareil  résultat.  En  effet,  il  est  impossible 
aux  températures  ordinaires  de  soustraire  l'intérieur  de  cette  chair  à  la  réac- 
tion des  solides  et  des  liquides  les  uns  sur  les  autres.  Il  y  aura  toujours  et 
forcément  des  actions  dites  de  contact,  des  actions  de  diastases  (que  l'on  me 
permette  cette  expression),  qui  développent  dans  l'intérieur  du  morceau  de 
viande  de  petites  quantités  de  substances  nouvelles,  lesquelles  ajouteront  à 
la  saveur  de  la  viande  leur  saveur  propre.  Bien  des  moyens  peuvent  s'oppo- 
ser à  la  putréfaction  des  couches  superficielles.  Il  suffit,  par  exemple,  d'en- 
velopper la  viande  d'un  linge  imbibé  d'alcool  et  de  la  placer  ensuite  dans 
un  vase  fermé  (avec  ou  sans  air,  peu  importe),  pour  que  l'évaporation  des 
vapeurs  d'alcool  ne  puisse  avoir  lieu.  Il  n'y  aura  pas  de  putréfaction,  soit  à 
l'intérieur  parce  que  les  germes  des  vibrions  sont  absents,  soit  à  l'extérieur 
parce  que  les  vapeurs  d'alcool  s'opposent  au  développement  des  germes  de 
la  surface;  mais  j'ai  constaté  que  la  viande  se  faisande  d'une  manière  pro- 
noncée si  elle  est  en  petite  quantité,  et  qu'elle  se  gangrène  si  elle  est  en 
masses  plus  considérables. 

»  A  mon  avis,  et  c'est  ici  un  des  exemples  où  pèche  par  trop  d'étendue 
la  définition  ordinaire  de  la  putréfaction,  il  n'y  a  aucune  similitude  de 
nature  ni  d'origine  entre  la  putréfaction  et  la  gangrène. 

»  Loin  d'être  la  putréfaction  proprement  dite,  la  gangrène  me  parait  être 
l'état  d'un  organe  ou  d'une  partie  d'organe  conservé,  malgré  la  mort,  à 
l'abri  de  la  putréfaction,  et  dont  les  liquides  et  les  solides  réagissent  chi- 
miquement et  physiquement  en  dehors  des  actes  normaux  de  la  nu- 
trition (i).   » 

(i)  La  mort,  «  n  d'autres  termes,  ne  supprime  pas  la  réaction  des  liquides  et  des  solides 
dans  l'organisme.  I  ne  sorte  de  vie  physique  et  chimique,  si  je  puis  ainsi  parler,  continue 
d'agir,  .l'oserais  dire  que  la  gangrène  est  un  phénomène  de  même  ordre  «pie  celui  que  nous 
offre  un  fruit  qui  mûrit  en  dehors  de  l'arbre  qui  l'a  porté. 


(  "9^  ) 

.GÉODÉSIE.  —  Description  d'un  instrument  pour  la  pratique  de  la  qéodésie 
expéditive ;  par  M.  Antoine  d'Abbaoie. 

«  La  géodésie  expéditive  a  pour  but  de  faire,  avec  une  grande  économie 
de  temps  et  de  peines,  les  levés  topographiques  ou  même  chorographiques, 
tout  en  donnant  à  ces  levés  des  bases  mathématiques  et  certaines.  Après 
avoir  établi  les  principes  de  ce  nouveau  genre  de  géodésie,  et  dans  le  but 
d'en  faciliter  encore  la  pratique,  j'ai  été  naturellement  conduit  à  faire  con- 
struire un  instrument  qui  lui  fût  spécialement  destiné. 

»  Dans  la  combinaison  de  deux  cercles  usitée  pour  relever  à  la  fois  les 
angles  vertical  et  azimutal  et  nommée  altazimut  par  les  Anglais,  mais  le 
plus  souvent  appelée  théodolite  chez  nous,  la  lunette  ne  semble  introduite 
que  pour  diriger  le  rayon  visuel  et  n'est  que  l'accessoire  des  cercles  gra- 
dués. On  sait  que  les  artistes  ne  peuvent  éviter  une  petite  excentricité  entre 
le  cercle  et  son  vernier,  et,  pour  l'éliminer  dans  les  résultats  de  l'observa- 
tion, on  est  toujours  obligé  de  lire  deux  verniers  opposés.  Ces  lectures,  ainsi 
que  celle  du  niveau,  se  font  perpendiculairement  au  cercle  vertical  et 
exigent  un  changement  notable  dans  la  position  de  l'œil  qui  vient  de  relever 
le  signal  dans  la  lunette.  Après  ce  premier  temps  perdu  dans  un  travail 
qui  doit  se  répéter  souvent,  on  subit  encore  des  inconvénients  bien  plus 
grands  par  la  nécessité  de  tourner  autour  de  l'appareil  pour  lire  les  deux 
verniers  azimutaux,  car  on  s'expose  ainsi  au  risque  de  heurter  les  pieds. 
Il  est  alors  souvent  nécessaire  d'anéantir  les  observations  déjà  faites  et 
notées,  pour  recommencer  une  série  de  relevés  dont  le  mérite  principal 
dépend  de  leur  continuité. 

»  Mais  je  n'ai  pas  fini  d'énumérer  les  défauts  du  théodolite.  Par  une  exa- 
gération de  l'esprit  d'analyse  qui  forme  le  caractère  le  plus  saillant  de  notre 
siècle,  les  artistes  décomposent  les  instruments  en  un  grand  nombre  d'élé- 
ments détachés  qu'ils  travaillent  séparément  pour  les  relier  après  coup  par 
des  vis  qui  se  comptent  par  cinq  ou  six  douzaines  au  moins  dans  un  seul 
théodolite.  Ballottées  dans  leurs  écrous  par  les  secousses  du  voyage,  ces  vis 
se  détachent  souvent  tout  à  fait  et  quelquefois  même  se  perdent  ainsi  dans 
des  pays  où  il  est  ordinairement  impossible  de  les  remplacer.  Plus  souvent 
encore  elles  se  relâchent  assez  pour  changer  ces  constantes  que  tout  voya- 
geur sérieux  détermine  une  fois  pour  toutes,  à  son  loisir,  et  par  une  longue 
série  d'observations  préliminaires.  Outre  les  pièces  assemblées  à  demeure, 
il  en  est  d'autres,  comme  la  seconde  lunette,  dite  de  repère,  qu'on  détache 

i56.. 


(  i'9<5  ) 
pour  mieux  les  emballer,  qui  doivent  être   rajustées  avant  chaque  série 
d'angles,  el  qu'on  est  obligé  de  démonter  encore  dès  qu'elle  est  terminée, 
au  risque  de  fausser  ou  même  de  perdre  ces  accessoires  rendus  indispen- 
sables par  un  plan  de  construction  imparfait. 

»  L'une  des  vis  les  plus  importantes  et  les  plus  mobiles  est  celle  qui  sert 
au  règlement  du  niveau.  Si  l'on  répète  cette  opération  chaque  fois  qu'on 
va  observer,  comme  il  conviendrait  toujours  de  le  faire,  on  perd  un  temps 
précieux  sur  le  terrain  et  souvent  plus  long  que  celui  qui  est  consacré  à 
l'observation,  à  la  lecture  et  à  la  transcription  d'une  suite  d'angles.  Plus 
on  s'acharne  enfin  à  bien  régler  son  niveau,  pinson  enlève  à  sa  vis,  par 
une  usure  incessante,  sa  qualité  la  plus  importante,  celle  de  conserver  inva- 
riablement la  position  requise  qu'on  a  eu  tant  de  peine  à  lui  donner. 

»  Tous  ces  inconvénients  sont  assez  grands  pour  occasionner  dans  la 
pratique  des  omissions  fréquentes,  et  assez  graves  pour  jeter  des  doutes  sé- 
rieux dans  le  calcul  des  résultats.  Ainsi  l'observateur,  dans  la  presse  dont 
les  circonstances  lui  font  une  loi  impérieuse,  procède  au  relèvement  de  ses 
angles  sans  consulter  ou  même  sans  placer  la  lunette  de  repère,  sans  vérifier 
d'avance  ni  la  position  de  l'axe  horizontal,  ni  celle  du  niveau,  ni  enfin  celle 
de  la  croisée  des  fils  si  communément  éloignée  de  l'axe  optique.  Est-il  scru- 
puleux, il  espère,  avant  de  finir,  faire  un  retournement  pour  vérifier  ces 
deux  dernières  et  importantes  erreurs  dont  il  peut  rarement  s'affranchir; 
mais  les  circonstances  locales  lui  enlèvent  souvent  ce  vain  espoir.  Est-il 
pressé,  il  se  borne  à  lire  un  seul  niveau  et  deux  des  quatre  verniers.  Il  est 
ainsi  finalement  réduit  à  estimer  dans  ses  calculs  des  erreurs  dont  i!  ne  sait 
ni  la  quantité,  ni  quelquefois  même  le  sens. 

«  Pour  remédier  à  tous  ces  défauts  j'ai  fait  construire  l'instrument  qui 
vient  d'être  terminé  et  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie.  On  pourrait 
l'appeler,  en  parodiant  un  mot  célèbre,  une  lunette  servie  par  des  organes. 
En  effet,  pour  observer  il  faut  d'abord  bien  voir.  Or  l'expérience  m'a  appris 
que  dans  les  pays  chauds  les  objets  terrestres  sont  souvent  invisibles,  à  des 
distances  de  quelques  kilomètres  seulement,  dans  les  faibles  lunettes  qu'on 
a  l'habitude  d'employer  en  campagne.  Cette  difficulté  d'apercevoir  les  si- 
gnaux provient  du  qobar,  probablement  la  callina  des  Espagnols,  sorte  de 
brume  sèche  que  j'ai  décrite  ailleurs  et  qui  envahit  l'atmosphère  par  un  ciel 
d'ailleurs  libre  de  tout  nuage.  Enfin  les  observations  du  soir  ou  du  matin, 
achevées  ou  commencées  par  une  faible  lumière,  réussiront  mieux  par  une 
lunette  qui,  relativement,  en  recueille  beaucoup. 

»   La  pièce  principale  de  mon  instrument  est   donc  une  lunette  ayant 


(  "97  ) 
33  millimètres  d'ouverture  à  son  objectif  et  26  centimètres  de  foyer.  Elle  est 
assez  forte  pour  montrer  les  satellites  de  Jupiter,  et  peut  servir  à  observer 
ces  occulations  d'étoiles  si  précieuses  pour  obtenir  la  longitude.  Cette  lu- 
nette ayant  toujours  une  position  horizontale,  est  ainsi  préservée  de  toute 
flexion,  et  comme  elle  porte  un  prisme  fixé  à  demeure  au  devant  de  son 
objectif,  l'angle  de  hauteur  est  donné  par  la  révolution  du  tube  autour  de 
l'axe  optique.  Cette  disposition  permet  à  l'observateur,  qui  vient  de  regar- 
der par  l'oculaire,  de  lire,  sans  se  déplacer,  les  quatre  verniers  ainsi  que  ies 
deux  niveaux. 

»  Outre  l'oculaire  et  son  tube  servant  à  mettre  an  point  ainsi  que  le 
prisme  objectif,  tout  l'instrument  est  composé  seulement  de  dix-sept  pièces 
détachées,  dont  deux  portent  les  loupes  destinées  à  la  lecture  des  verniers,  et 
trois  sont  les  vis  qui  servent  à  caler  tout  l'appareil.  A.  six  exceptions  près, 
les  autres  quatorze  vis  dormantes  sont  doubles,  c'est-à-dire  une  vis  est  insé- 
rée dans  la  tète  de  l'autre  pour  obvier  à  toute  chance  de  dérangement.  Ces 
vis  pourraient  d'ailleurs  être  remplacées  par  des  goupilles,  car  celles-ci 
servent  à  relier  les  éléments  si  délicats  d'un  chronomètre  tout  aussi  bien  que 
les  lourdes  pièces  des  machines  à  vapeur,  et  l'ouvrier  le  moins  adroit  peut 
toujours  improviser  une  goupille  en  cas  de  besoin. 

»  Au  lieu  de  pinces  et  de  vis  tangentes  dont  le  moindre  défaut  est  d'im- 
poser toujours  une  perte  de  temps,  j'emploie  des  pignons  s'engrenant  dans 
des  circonférences  taillées  en  crémaillère,  qu'une  longue  expérience  d'un 
sextant  de  Gambey  m'a  montré  être  à  la  fois  et  commodes  et  susceptibles 
d'une  haute  exactitude. 

»  La  lunette  de  repère  est  supprimée,  car  d  est  toujours  possible  de 
réitérer  un  relèvement  déjà  fait  quand  on  craint  un  dérangement  accidentel 
dans  l'assiette  de  l'instrument. 

»  Les  deux  cercles,  du  diamètre  respectif  de  99  et  de  102  millimètres, 
comptés  de  vernier  à  vernier,  sont  divisés  d'une  manière  continue  dans  lé 
sens  de  marche  des  aiguilles  d'une  montre,  et  selon  la  graduation  décimale 
dont  l'emploi  assure  une  économie  notable  de  temps,  soit  sur  le  terrain, 
soit  dans  les  calculs  qui  s'ensuivent  dans  le  cabinet.  Les  verniers  donnent 
0,01  grade,  ou  3a  secondes  sexagésimales,  car  la  géodésie  expéditive  n'exige 
point  des  divisions  plus  petites.  Les  chiffres  sont  gravés  très-lisiblement, 
selon  l'alignement  antique  et  inégal,  pour  éviter  la  confusion  que  l'emploi 
des  chiffres  dits  anglais  introduit  souvent  dans  leur  lecture.  Il  y  a  déjà 
longtemps  d'ailleurs  que  les  savants  anglais  ont  renoncé,  pour  ce  motif,  à 


(  "9B  ) 
employer  dans  leurs  livres  les  chiffres  uniformément  égaux  dans  leur  hau- 
teur. 

»  Les  deux  niveaux,  grands  et  placés  eu  croix,  permettent  de  niveler 
vite  et  sans  retournement,  comme  aussi  de  vérifier  à  tout  moment  la  posi- 
tion tant  du  zénith  du  cercle  vertical  que  de  l'axe  de  la  lunette.  Ces  niveaux 
sont  placés  à  demeure  et  sans  rectification  possihle,  car  cette  dernière  opé- 
ration est  faite  par  l'artiste,  de  manière  à  éviter  tout  dérangement. 

»  Les  vis  de  réglage  étant  ainsi  supprimées,  tant  là  que  pour  la  collima- 
tion  de  l'axe  optique,  on  devra  déterminer,  pour  chaque  instrument  indivi- 
duel, et  par  une  série  méthodique  d'observations,  des  constantes  qui  seront 
peu  sujettes  à  varier  et  qui  devront  être  introduites  dans  le  calcul  de  toutes 
les  réductions. 

»  La  grande  saillie  que  j'ai  donnée  au  système  de  l'objectif  a  permis  de 
réaliser  deux  avantages.  Le  premier  consiste  à  pouvoir  déterminer,  dans  le 
cercle  vertical,  le  point  nadiral  par  la  réflexion  des  fils  dans  un  bain  de 
mercure,  et  le  point  zénithal,  en  les  amenant  à  se  réfléchir  sur  la  surface  de 
l'eau  contenue  dans  un  vase  dont  le  fond  est  transparent  et  à  surfaces  pa- 
rallèles, le  tout  sans  renoncer  à  la  vérification  ordinaire  par  retournement 
de  ce  cercle.  Si  l'on  y  joint  la  mesure  de  l'apozénith  d'un  signal  convena- 
blement choisi  et  qu'on  observe  alternativement  par  la  vision  directe  et  par 
sa  réflexion  dans  un  miroir  liquide,  on  obtiendra  quatre  sortes  de  vérifica- 
tion qui,  en  se  contrôlant  mutuellement,  empêcheront  qu'on  ne  s'attribue 
une  exactitude  illusoire  dans  un  même  genre  de  vérification  inutilement 
réitérée. 

»  Mais  l'objectif  saillant  possède  encore  un  autre  avantage,  car  il  permet 
d'observer  l'azimut  et  l'apozénith  d'un  objet  voisin  et  très-abaissé,  comme 
le  serait  un  signal  au  pied  d'une  tour  qui  sert  de  station.  Les  instruments 
construits  jusqu'ici  ne  permettent  point  d'observer  en  cas  pareil. 

»  La  construction  du  pied  le  rend  prêt  à  recevoir  l'instrument  dès  qu'on 
aura  tait  faire  quelques  tours  à  une  seule  vis  qui  en  relie  la  tête  et  qui,  ne 
pouvant  se  détacher,  est  ainsi  bien  moins  exposée  à  se  perdre.  Le  fond 
de  la  boîte  se  fixe  à  cette  tête  de  trépied  :  le  reste  de  cette  boîte  s'en  sépare 
ensuite  en  glissant  sur  deux  coulisses  et  peut  ainsi  être  remis  en  place  très- 
promptement  sans  déranger  l'instrument.  Cet  avantage  est  plus  important 
qu'il  ne  semble,  car  une  ondée  subite  ou  un  autre  événement  imprévu 
oblige  souvent,  sur  le  terrain  même,  à  mettre  l'instrument,  sans  aucun 
délai,  à  l'abri  de  ces  accidents. 


(  "99  ) 
»  Combiné  d'abord  pour  des  besoins  de  voyage,  mon  instrument  épar- 
gnera aussi  bien  des  ennuis  et  beaucoup  de  lenteurs,  tant  dans  les  opéra- 
tions hydrographiques  sur  les  côtes  que  dans  celles  de  l'artillerie  et  du  génie 
militaire.  Il  ne  reste  plus  qu'à  lui  faire  subir  la  sanction  du  temps  et  de 
l'expérience  que  les  théories  les  plus  savantes  comme  les  constructions  les 
plus  habiles  sont  parfois  impuissantes  à  pressentir.    » 

MÉMOIRES  LUS. 

paléontologie.  —  Réponse  à  des  objections  J 'ailes  au  sujet  de  stries  et  d'incisions 
constatées  sur  des  ossements  de  Mammifères  fossiles  des  environs  de  Chartres; 
par  M.  J.  Desnoyers. 

«  L'Académie  a  entendu  dans  sa  dernière  séance,  et  on  lit  dans  le  der- 
nier numéro  du  Compte  rendu,  p.  1 1 67,  une  explication  dont  M.  Eugène 
Robert  s'est  rendu  l'intermédiaire,  à  l'occasion  des  stries  et  des  entailles 
que  j'avais  signalées  précédemment  à  l'Académie,  sur  des  ossements  d'Élé- 
phant [El.  meridionalis)  et  d'autres  grands  Mammifères  fossiles  de  Saint- 
Prest,  aux  environs  de  Chartres  (1). 

»  Cette  interprétation  est  si  étrange,  elle  méconnaît  si  complètement  tous 
les  faits  que  j'avais  fidèlement  et  minutieusement  exposés,  cpie  je  croirais 
manquer  à  mon  devoir  envers  l'Académie  en  n'en  signalant  pas  hautement 
toute  l'invraisemblance  et  l'inutilité  pour  l'opinion  qu'elle  parait  destinée  à 
défendre.  Il  serait  très-dangereux  de  laisser  propager,  par  l'organe  le  plus 
élevé  de  la  publicité  scientifique,  sans  la  protestation  la  plus  formelle,  une 
explication,  de  quelque  source  qu'elle  émane,  qui  tendrait  à  détruire,  par 
une  simple  affirmation  dénuée  de  toutes  preuves,  la  réalité  de  plusieurs 
séries  de  faits  admis  par  tous  les  géologues  non  prévenus,  en  même  temps 
qu'elle  jetterait  un  juste  discrédit  sur  une  précieuse  collection  paléontolo- 
gique,  celle  de  l'École  des  Mines. 

»  Selon  M.  Eug.  Robert,  dont  je  rapporte  les  termes  textuels,  «  La  per- 
»  sonne  qui  prépare  les  ossements  fossiles  de  cet  établissement  lui  aurait 
»  déclaré  formellement  que  les  blessures  des  ossements  des  environs  de 
»  Chartres  résultaient  de  sa  maladresse  à  les  débarrasser  de  la  terre  qui  les 
»  enveloppait  et  qu'il  ne  fallait  y  voir  que  des  coups  du  burin  ou  du  ciseau 
»   employé  par  elle  dans  leur  nettoyage.    » 

»   Ce  n'est  pas  à  moi  à  apprécier  ce  qu'il  y  aurait  d'inquiétant  pour  les 


1)   Compte  rendu  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  séance  du  8  juin  i863,  p.  1073. 


(     I 200    ) 

études  scientifiques  dans  l'altération  de  fossiles  précieux  appartenant  à  un 
musée  de  l'État,  et  dans  l'imitation  moderne,  même  involontaire,  de  carac- 
tères unanimement  reconnus  comme  indices  de  phénomènes  géologiques  et 
paléontologiques  dont  l'interprétation  est  des  plus  difficiles.  Mais  les  termes 
de  cet  aveu  sont  si  formels,  M.  E.  Robert  a  regardé,  dit-il,  après  un  coup 
d'œil  rapide  sur  les  ossements,  cette  déclaration  comme  si  importante,  que, 
malgré  ma  conviction  profonde  de  l'illusion  qu'on  s'est  faite,  je  regrette 
d'avoir  à  combattre  une  assertion  qu'un  examen  un  peu  plus  réfléchi  eût 
empêché  leurs  propres  auteurs  de  produire. 

»  Or,  cette  personne  que  M.  E.  Robert  désigne  sans  la  nommer  ne  serait 
pas  l'unique  coupable  d'une  telle  maladresse,  si  toutefois  il  s'agit  bien  de 
deux  personnes  différentes,  et  si  le  préparateur  des  ossements  fossiles  de 
l'École  des  Mines  n'est  pas  le  conservateur  même  de  cette  collection, 
M.  Rayle,  ingénieur  en  chef  des  Mines,  professeur  de  Paléontologie. 
M.  Bayle  avait  pris  d'abord  sur  lui  seul  la  responsabilité  de  cette  pré- 
tendue maladresse.  C'est  ce  qu'on  a  imprimé,  en  son  nom,  dans  un 
journal  scientifique  (les  Mondes,  numéro  du  i5  juin,  p.  56^);  c'est  ce 
qu'il  nous  avait  signalé  comme  possible,  à  M.  Lartet  et  à  moi-même,  pour 
un  échantillon  unique,  dans  son  embarras  à  expliquer  les  stries  dont  il 
s'agit,  sans  prévoir  la  portée  d'un  propos  tenu  par  lui  fort  peu  sérieusement, 
puis  étendu  à  tous  les  os  de  cette  même  localité.  Cela  était  moins  invraisem- 
blable, mais  aussi  inutile.  On  peut  tranquilliser  la  conscience  du  coupable 
ou  des  coupables  sur  leur  scrupuleux  aveu,  en  même  temps  que  la  foi  un 
peu  aveugle  de  M.  Eugène  Robert,  trop  confiant  interprète  d'une  assertion 
grave  qu'il  ne  pouvait  vérifier  et  qu'il  n'a  cependant  pas  craint  de  repro- 
duire en  toute  hâte,  publiquement,  sans  m'en  prévenir  d'avance,  comme 
s'il  avait  craint  de  voir  son  illusion  trop  tôt  dissipée,  ou  le  monde  savant 
trop  tardivement  informé. 

»  Ainsi  que  je  le  disais,  cette  explication,  dont  le  but  unique  est  de  dé- 
truire la  valeur  des  nouveaux  témoignages  que  j'avais  signalés,  mais  non 
exclusivement,  comme  pouvant  jeter  quelque  jour  sur  la  contemporanéité 
de  l'homme  et  des  espèces  de  grands  Mammifères  éteints,  même  avant  les 
terrains  quaternaires  de  la  Somme,  est  aussi  invraisemblable,  aussi  impos- 
sible à  admettre  qu'inutile  à  la  défense  de  l'opinion  contraire. 

h  En  effet,  si  l'on  avait  bien  voulu  prendre  la  peine  d'examiner  déplus 
près,  et  autrement  que  du  coup  d'œil  rapide  dont  a  parlé  M.  E.  Robert, 
ces  ossements  de  Saint-Prest,  recueillis  et  donnés  généreusement  par 
M.  de  Boisvilletle  à   l'École   des  Mines,  on  aurait  vu,  comme  j'avais  eu 


(     1201    ) 

grand  soin  de  l'indiquer,  que  la  plupart  des  entailles  et  des  stries  multipliées 
et  régulières,  qu'on  prétend  faites  d'hier  par  maladresse,  portent  les  témoi- 
gnages les  plus  incontestables  de  leur  haute  antiquité. 

»  On  aurait  vu  qu'elles  sont  en  partie  recouvertes  des  mêmes  dend rites 
ferrugineuses  ou  manganésifères,  et  des  mêmes  grains  de  sable  quartzeux, 
qui  se  retrouvent  encore  sur  beaucoup  d'autres  points  de  la  surface  des 
mêmes  ossements.  Tel  était  le  caractère  d'authenticité  le  plus  irrécusable 
qu'on  a  fait  valoir,  sans  objection,  en  faveur  de  l'ancienneté  des  silex  tra- 
vaillés d'Abbeville  et  d'Amiens. 

»  On  aurait  vu  que  plusieurs  de  ces  incisions  ont  été  usées  par  un  frotte- 
ment postérieur  dû  au  transport,  au  ballottage  de  ces  os  au  milieu  des  sables  et 
des  graviers,  action  dont  le  résultat,  essentiellement  différent  du  caractère 
des  stries  et  des  entailles  primitives,  prouve  surabondamment  leur  double 
ancienneté. 

»  On  aurait  vu  que  les  incisions,  qui  sillonnent  transversalement  les  os 
dans  leur  largeur  en  coupant  leurs  arêtes,  étaient  fréquemment  traversées 
par  des  fentes  longitudinales  de  dessiccation,  incontestablement  postérieures 
aux  premières  faites  sur  les  os  à  l'état  frais,  tandis  que  les  fentes  de  retrait 
s'étaient  produites  sur  les  os  pendant  leur  fossilisation,  et  que  le  mode  d'alté- 
ration et  de  remplissage  de  ces  deux  sortes  de  fissures  n'était  pas  le  même; 
preuve  nouvelle  et  non  moins  irrécusable  de  l'antiquité  des  unes  et  des  autres. 

»  On  aurait  vu,  sur  une  demi-mâchoire  inférieure  de  Cerf,  le  seul  frag- 
ment auquel  M.  Bayle  eût  fait  d'abord  allusion,  que  des  stries  ou  incisions 
parallèles,  aussi  régulières,  aussi  fines  que  si  elles  eussent  été  faites  avec  la 
lame  de  silex  la  plus  tranchante  ou  le  cristal  de  quartz  le  plus  aigu,  comme 
on  en  voit  sur  beaucoup  d'autres  os  adleurs  qu'à  l'École  des  Mines,  étaient, 
ainsi  que  les  grandes  entailles,  pénétrées  d'une  matière  noire  ferrugineuse. 

»  On  aurait  vu  qu'un  bois  de  Cerf,  d'une  grande  espèce,  portait  vers  sa 
base  une  marque  d'incision  si  profonde  et  si  évidente,  qu'il  serait  difficile 
de  la  distinguer  d'entailles  analogues  faites  sur  d'autres  bois  de  Cerf  tra- 
vaillés, recueillir)  dans  les  cavernes. 

»  Enfin,  si  les  personnes  qui  ont  élevé  l'objection  à  laquelle  je  réponds 
avaient  visité  le  gisement  de  Saint-Prest  autrement  que  dans  les  armoires 
de  l'Ecole  des  Mines,  elles  auraient  vu  que  les  ossements  y  sont  enfouis  dans 
un  sable  généralement  friable,  qu'il  n'est  besoin  d'aucun  instrument  tran- 
chant pour  les  nettoyer,  et  qu'il  faut  avoir  la  main  bien  malheureuse  pour 
leur  imprimer  un  caractère  d'aspect  aussi  trompeur.  Telle  n'est  cependant 

C.  R.,  i8C3,   i"  Semestre.   (T.  LVI,  N»  26.)  I  57 


(    i 20a  ) 
pas  l'habitude  de  M.  Bayle,  qui  sait  d'ordinaire  tirer  un  Irès-bon  parti,  pour 
la  démonstration  et  pour  l'exposition,  des  belles  collections  de  fossiles  de 
l'École  des  Mines. 

»  Mais  admettons,  contre  toute  probabilité,  que  la  mémoire  du  prépara- 
teur ou  conservateur  de  celte  collection  ait  été  fidèle,  et  que  tous  les  osse- 
ments de  Saint-Prest  y  aient  subi  réellement  par  ses  mains  l'altération  dont 
il  s'avoue  ou  dont  on  le  déclare  coupable.  Eh  bien,  cette  assertion  suffirait 
presque  seule  pour  démontrer  l'action  de  la  main  de  l'homme  sur  beaucoup 
d'ossements  de  la  même  localité  préservés  heureusement,  dans  d'autres 
collections,  d'une  si  dangereuse  influence,  puisqu'on  peut  sur  ceux-ci  obser- 
ver, en  plus  grand  nombre  encore,  des  entailles  et  des  stries  dont  l'origine 
primitive  est  incontestable,  et  qui  sont  complètement  identiques  à  celles 
qu'aurait  produites  hier  le  burin  ou  le  ciseau  d'un  fonctionnaire  de  l'École 
des  Mines. 

»  Toutefois,  je  me  garderai  d'invoquer  cet  argument,  et  après  avoir 
démontré  l'invraisemblance,  ou  pour  mieux  dire  l'impossibilité  de  l'inter- 
prétation qu'on  m'oppose  pour  les  ossements  de  l'École,  je  vais  prouver  que 
cette  interprétation,  fût-elle  fondée,  serait  complètement  inutile  pour  le 
soutien  de  l'opinion  qu'on  veut  défendre,  c'est-à-dire  la  non-contempora- 
néité  de  l'homme  et  des  Mammifères  éteints,  de  l'époque  ancienne  du  dépôt 
de  Saint-Prest,  et  même  des  terrains  de  transport  plus  modernes. 

»  En  effet,  supposons  que  l'École  des  Mines,  dont  j'ai  eu  le  malheur  de 
citer  les  collections  avec  l'éloge  dont  elles  me  semblaient  et  dont  elles  me 
semblent  encore  dignes,  ne  possède  aucun  ossement  de  la  localité  dont  il 
s'agit  :  heureusement,  il  existe  cinq  autres  collections  qui  en  sont  parfai- 
tement indépendantes  et  dont  plusieurs  ne  sont  pas  moins  riches  :  celle  de 
M.  le  duc  de  Luynes,  celle  conservée  par  la  famille  de  M.  de  Boisvillette, 
la  collection  du  Musée  de  Chartres,  celle  du  Muséum  d'Histoire  naturelle, 
et  la  mienne. 

»  Or,  comment  n'est-iî  pas  venu  à  la  pensée  de  M.  Bayle  et  de  M.  Robert 
que  leur  argumentation,  tirée  des  échantillons  seuls  de  l'École,  tomberait 
devant  l'examen  que  j'avais  fait  et  si  scrupuleusement  exposé  dans  mon 
Mémoire,  examen  qu'on  pouvait  renouveler,  des  ossements  de  ces  autres 
collections?  Est-ce  que  le  ciseau  ou  le  burin  du  préparateur  des  fossiles  de 
l'École  se  serait  aussi  introduit  furtivement  partout  où  l'on  a  recueilli  des 
os  de  la  même  localité,  pour  y  reproduire  d'une  façon  complètement  iden- 
tique les  mêmes  stigmates,  avec  le  double  caractère  si  remarquable  d'indices 
probables  d'instruments  et  de  stries  analogues  à  celles  des  galets  glaciaires  ^ 


(     1203    ) 

»  Est-ce  que  la  sablonnière  de  Saint-Prest,  ou  j'ai  moi-même  recueilli  en 
place,  dans  la  couche  qui  les  contenait  depuis  tant  de  milliers  de  siècles,  les 
premiers  ossements  qui  m'ont  révélé,  avant  tout  contrôle  clans  des  collec- 
tions déjà  formées,  les  faits  que  j'ai  communiqués  à  l'Académie,  n'aurait  pas 
été  aussi  préservée  de  cette  terrible  préparation?  En  dégageant  moi-même 
de  mes  mains,  sans  burin  ni  ciseau,  le  sable  qui  recouvrait  ces  os,  en  met- 
tant au  jour  les  premiers  indices  parfaitement  visibles  de  striage  et  d'inci- 
sion qu'on  prétend  dénier  aujourd'hui,  est-ce  que  je  ne  découvrais  alors 
que  de  vieux  objets  d'escamotage?  est-ce  que  les  os  d'Eléphant,  de  Rhino- 
céros et  autres,  auraient  été  recueillis,  pais  falsifiés,  puis  réintégrés  dans 
les  couches,  pour  tromper  les  observateurs  futurs? 

»  Au  lieu  d'imaginer  ou  de  reproduire,  avec  une  légèreté  que  j'oserais 
dire  coupable,  pour  ne  pas  employer  un  mot  encore  plus  sévère,  l'erreur 
grossière  qu'ils  m'attribuent,  afin  de  renverser  pur  la  base  des  opinions 
contraires  aux  leurs,  au  lieu  de  protester  devant  l'Académie  contre  des 
faits  qu'ils  avaient  incomplètement  étudiés,  n'eût-il  pas  mieux  valu  que 
M.  Bayle  et  son  organe  M.  Eugène  Robert  m'aient  demandé  à  examiner 
les  ossements  que  j'avais  recueillis?  C'est  ce  qu'ont  bien  voulu  faire,  à 
ma  grande  satisfaction,  plusieurs  savants  Membres  de  cette  Académie, 
MM.  d'Archiac,  Daubrée,  de  Verneuil,  Milne  Edwards,  de  Quatrefages,  et 
d'autres  géologues  et  naturalistes  consciencieux  et  expérimentés. 

»  Si,  comme  je  l'ai  fait  et  comme  l'a  fait,  entre  autres,  M.  Lartet,  ex- 
cellent juge  dans  cette  question  délicate,  MM.  Bayle  et  E.  Robert  avaient 
attentivement  comparé  les  incisions  des  ossements  de  Saint-Prest  à  celles 
des  ossements  des  cavernes  et  d'autres  dépôts  quaternaires  et  même  à  celles 
des  ossements  des  époques  celtique  et  romaine,  ils  auraient  reconnu  une 
grande  similitude,  surtout  avec  les  plus  anciens.  Si,  comme  M.  Daubrée,  le 
savant  et  consciencieux  professeur  de  Géologie  du  Muséum,  et  comme 
M.  Collomb,  parfaitement  connus  l'un  et  l'autre  par  leur  expérience  con- 
sommée dans  l'étude  des  produits  des  phénomènes  glaciaires,  ils  avaient 
comparé  les  stries  fines  et  entre-croisées  des  ossements  avec  celles  qu'on 
remarque  sur  les  roches  et  les  galets  des  anciennes  et  des  nouvelles  moraines 
de  glaciers,  ils  auraient  pu  constater  aussi  les  plus  étonnantes  analogies 
pour  cette  seconde  sorte  d'indices.  Ils  auraient  même  vu,  comme  je  l'ai  con- 
staté récemment  dans  ma  collection,  les  mêmes  stries  entre-croisées,  faites 
sur  des  dents  roulées  de  VEleplias  meridionalis  et  sur  des  galets  siliceux. 
Ils  auraient  vu  qu'une  origine  accidentelle  et  toute  moderne,  telle  que 
celle  qu'ils  ont  imaginée,   est  absolument  inadmissible,  et  que  les  deux 

157.. 


(    I204    ) 

explications  que  j'ai  proposées,  avec  beaucoup  de  réserve  toutefois,  en 
ayant  bien  soin  de  les  dégager  de  la  constatation  des  faits,  sont  encore  les 
plus  vraisemblables.  Ce  n'est  certainement  pas  leur  hypothèse  qui  les  rem- 
placera. 

»  Je  regretterais  d'avoir  si  longtemps  attiré  l'attention  de  l'Académie  sur 
des  faits  dont  l'importance  peut  ne  pas  sembler  d'abord  très-évidente;  mais 
les  savants  auxquels  j'ai  l'honneur  de  m'adresser  n'oublieront  pas,  et  ceux 
qui  en  attaquent  la  réalité  n'ont  pas  oublié,  que  ces  pauvres  petites  stries  et 
entailles  se  rattachent  intimement  à  trois  des  plus  grands  phénomènes  de 
l'histoire  de  la  terre  :  les  origines  diverses  des  grands  dépôts  erratiques  de 
différents  âges,  les  premiers  vestiges  de  l'apparition  de  l'homme  dans  la 
succession  des  temps  géologiques,  et  sa  coexistence  avec  les  grands  Mam- 
mifères d'espèces  éteintes.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ANATOMIE  COMPARÉE  DES  VÉGÉTAUX.    —  Des   caractères  et   affinités   anato- 
miques  des  Cylinées;  par  M.  Ad.  Chatix. 

(Commissaires,  MM.  Brongniart,  Decaisne,  Duchartre.) 

«  L'ordre  des  Cytinées  emprunte  ses  caractères  anatomiques  à  la  tige, 
aux  feuilles-écailles,  aux  lobes  du  périanthe  et  aux  anthères.  La  tige  (le 
rhizome  de  ï Hjdnora  est  regardé  comme  représentant  la  tige  du  Cytinus) 
offre  un  parenchyme  très-développé,  à  cellules  contenant  la  plupart  une 
matière  résinoïde  colorée,  des  faisceaux  vasculaires  disposés  sur  u\i  cercle 
brisé  par  le  parenchyme  et  à  vaisseaux  généralement  groupés,  polyédriques, 
tous,  ou  du  moins  les  plus  rapprochés  de  l'axe,  annulo-spiralés,  mais  peu 
ou  point  déroulables.  Les  feuilles-écailles  manquent  de  stomates;  leur  épi- 
derme  est  chromulifère  et  à  cellules  polygonales;  leur  parenchyme,  homo- 
gène; leurs  faisceaux,  multiples  et  composés  d'une  masse  centrale  de  vais- 
seaux qu'entourent  des  fibres  minces  ou  cellules  étroites  et  allongées.  Les 
lobes  du  périanthe  rappellent  la  structure  des  feuilles-écailles  dans  le  Cytinus; 
chez  YHydnma,  qui  manque  d'écaillés,  le  parenchyme  est  hétérogène.  Les 
anthères  (1)  sont  pourvues  d'une  membrane   fibreuse  ou  à  filets,  ont   la 

(ï)  Il  résulte  d'un  travail  d'ensemble,  auquel  je  me  suis  livré  durant  plusieurs  années  et 
qui  est  aujourd'hui  achevé,  que  l'anatoniie  des  anthères  donne  d'excellents  caractères  à  la 
classification.  Ce  n'est  pas  seulement  la  forme  des  cellules  fibreuses,  comme  le  pensait  Ptirkinge, 
mais  la  présence,  l'absence,  le  développement  partiel,  etc.,  de  ces  cellules,  le  nombre  et  la 


(   iao5   ) 

cloison  simple  (sans  placentoïdes)  et  non  fibreuse;  le  pollen  est  ovoïde,  a 
trois  sillons. 

»  L'anatomie  distingue  très-bien  les  genres  Cylinm  et  Hydnora,  Les 
attributs  du  Cylinus  sont  :  rhizome  nul,  même  anatomique;  tige  à  épirlerme 
n'ayant  qu'une  assise  de  cellules,  à  deux  zones  parenchymateuses,  à  vais- 
seaux groupés  dans  chacun  des  faisceaux  en  une  masse  unique  et  tous  (?) 
annulo-spiralés;  écailles  et  lobes  floraux  à  parenchyme  homogène,  à  vais- 
seaux de  chaque  faisceau  rapprochés  en  un  seul  groupe;  anthères  à  mem- 
brane épidermique  nulle  (à  la  déhiscence),  à  cellules  fibreuses  tangentes  à 
Ja  surface  des  valves,  formant  partout  une  seule  assise  et  à  filets  snbspiralés; 
pollen  à  trois  sillons  superficiels. 

»  VHydnorn  compte  dans  sa  diagnose  :  au  rhizome,  une  membrane  épi- 
dermique  subéroïde  à  assises  multiples,  un  tissu  parenchymateux  divisé  en 
trois  zones  concentriques,  des  vaisseaux  plus  ou  moins  isolés  par  l'inter- 
position de  fibres  minces,  et  dont  les  internes  seuls  sont  annulo-spiralés;  au 
plateau-tige  sous-floral,  des  faisceaux  vasculaires  épars;  aux  lobes  floraux 
(il  n'y  a  pas  trace  de  feuilles-écailles),  deux  parenchymes  très-dissemblables 
vers  les  deux  faces,  l'inférieur  lâche  et  à  très-grandes  cellules,  le  supérieur 
dense  et  entourant  seul  les  faisceaux  vasculaires;  aux  anthères,  une  mem- 
brane épidermique  persistante  et  que  compose  une  assise  d'épaisses  cellules, 
une  membrane  fibreuse  à  cellules  très-allongées  et  perpendiculaires  à  la 
surface  des  valves,  un  pollen  ovoïde  à  trois  sillons  profondément  tracés. 

»  Les  affinités  morphologiques  des  Cytinées  se  vérifient,  dans  ce  qu'elles 
ont  de  plus  fondé,  par  les  faits  anatomiques.  Je  ferai  connaître,  dans  un 
autre  travail,  les  analogies  intimes  qui  rattachent  les  Cytinées  aux  Balano- 
phorées  et  aux  Rafflésiacées  ;  aujourd'hui  je  considère  ces  plantes  dans  leurs 
rapports  avec  les  Népenthées,  les  Aristolochiés,  les  Orobanchées,  les  Loran- 
thacées,  les  Thésiacées  et  les  Cucurbitacées. 

»  Linné  regarda  le  Cylinus  comme  étant  une  espèce  à'Asarum,  et  jus- 
qu'à ces  derniers  temps,  Asarum  et  Aristolochia  ont  été  compris,  ainsi  que  le 
Nepenthes,  dans  le  même  ordre  naturel  que  le  Cylinus,  par  la  plupart  des 
botanistes.  Mais  si  les  aperçus  morphologiques  sur  lesquels  s'appuyaient 
ces  rapprochements  ont  quelque  fondement  (et  l'on  ne  saurait  le  mettre 
en  doute),  rien  n'est  plus  propre  que  les  différences  anatomiques  qui  dis- 


durée des  membranes,  la  nature  des  cloisons,  les  placentoïdes,  le  connectif,  etc.,  qui  doivent 
être  mis  à  contribution  par  la  taxonomie.  Telle  est  la  fixité  des  caractères  donnés  par  l'ana- 
tomie des  anthères,  que  celle-ci  me  paraît  ne  plus  pouvoir  être  omise  désormais. 


(    I20Ô    ) 

tinguent  ces  végétaux  pour  démontrer  les  corrélations  existant    entre  la 
structure  et  le  mode  de  vie. 

»  LesNépenthées  diffèrent  anatomiquement  desCytinées  :  dans  leur  tige, 
par  les  couches  ligneuses  continues,  par  la  disposition  générale  des  vais- 
seaux, par  la  multiplicité  des  trachées  et  leur  extrême  facilité  de  déroule- 
ment, parles  ponctuations  des  fibres  ligneuses  et  des  ntricul.es  médullaires; 
dans  les  feuilles,  par  le  parenchyme  et  les  épidémies,  encore  par  la  dispo- 
sition et  la  structure  du  système  fibro-vasculaire;  dans  les  anthères,  par  la 
direction  des  filets  de  la  membrane  fibreuse,  par  le  pollen  sublrilobé,  et 
portant  de  courtes  papilles,  par  le  mode  de  distribution  des  vaisseaux  dans 
la  colonne  staminale  et  par  la  nature  trachéenne  de  ces  derniers. 

»  Les  Aristolochiées,  depuis  longtemps  étudiées  par  M.  Decaisne  dans  la 
structure  anatomique  de  leur  tige,  se  distinguent  à  leur  tour  par  la  tige,  les 
icuilles  et  les  anthères  qui  ont  pour  caractères:  le  rhizome  (des  drislolochia , 
non  des  Asarum),  un  corps  fibro-cortical  rudimentaire,  et  un  système  li- 
gneux flabellé;  la  tige,  une  disposition  spéciale  des  faisceaux  fibro-vascu- 
laires,  des  fibres  ligneuses  souvent  ponctuées,  des  vaisseaux  allongés  dont 
les  plus  intérieurs  à  spiricule  très-déronlable  ;  les  feuilles,  des  épidermes  à 
cellules  (même  celles  de  la  face  supérieure)  sinueuses,  un  parenchyme 
hétérogène  et  asymétrique,  des  faisceaux  au  nombre  de  trois  seulement,  et 
n'ayant  que  des  vaisseaux  déroulables;  les  anthères,  une  membrane  fibreuse 
à  filets  de  chaque  cellule  dirigés  de  la  paroi  interne  de  la  valve,  où  ils  di- 
vergent d'un  point  commun,  vers  la  surface  épidermique,  par  le  pollen 
arrondi  et  sans  sillon  apparent. 

»  Les  anthères  des  Aristolochiées  et  des  Népenlhées  établissent  d'ailleurs 
les  affinités  de  ces  plantes  avec  les  Cytinées  par  les  points  communs  sui- 
vants :  membrane  externe  souvent  destructible,  membrane  moyenne  (endo- 
thèque  de  Purkinge)  formée,  vers  le  point  d'attache  des  valves  au  connectif, 
d'une  seule  assise  de  cellules  fibreuses;  membrane  interne  toujours  complè- 
tement résorbée  au  moment  delà  déhiscence;  cloison  des  logettes  et  con- 
nectif dépourvus  de  cellules  fibreuses;  placentoïdes  nuls.  heNepenthes,  par 
ses  cellules  fibreuses  assez  allongées  perpendiculairement  à  la  surface  des 
valves,  établit  d'ailleurs  le  passage  entre  VHydnora  et  le  Cylimts. 

»  Les  Cucurbitacées,  qui  touchent  morphologiquement  aux  Népenthées 
et  aux  Cytinées  par  la  forme  et  la  soudure  de  leurs  anthères,  par  leurs 
fleurs  diclines,  etc.,  s'y  rattachent  aussi  par  quelques  faits  de  l'anatomie  de 
la  tige,  des  feuilles  et  des  anthères;  par  la  nature  du  pollen  elles  touchent 
surtout  aux  Népenthées. 


(   1207  ) 

»  Thunberg  avait  pris  le  Cjlinus  pour  une  Orobanche,  erreur  qui 
paraîtra  aujourd'hui  grossière  et  que  ce  savant  botaniste  reconnut  lui-même. 
Cependant  il  existe  dans  les  formes  extérieures,  superficiellement  con- 
sidérées, et  dans  le  mode  de  vivre,  des  rapports  que  l'auatomie  des  or- 
ganes de  végétation  parait  tout  d'abord  justifier  à  plusieurs  égards.  Mais  la 
structure  anatomique  des  anthères  trace  entre  ces  plantes  une  ligne  de 
démarcation  aussi  profonde  que  celle  ressortant  de  l'examen  de  la  Heur. 
En  effet,  l'anthère  des  Orobanchées  dont  nous  trouvons  un  bon  type  dans 
la  Clandestine  d'Europe  (Lathrœa  Clandeslina),  objet  d'une  complète  et 
exacte  étude  par  M.  Duchartre.  offre  une  structure  toute  spéciale  par  la 
réunion  des  points  suivants  :  membrane  externe  des  valves  parfois  détruite 
à  la  déhiscence;  membrane  moyenne  privée  de  cellules  fibreuses  et  par- 
tiellement alors  destructible,  ou  cellules  fibreuses  existant,  mais  localisées, 
soit  le  long  de  la  ligne  de  déhiscence  (Lathrœa),  soit  sur  cette  ligne  et  au 
point  d'attache  des  valves  (Orobanche  rapum);  placentoïdes  existant  sur  la 
côte  des  cloisons  des  logettes,  où  ils  offrent  un  développement  compa- 
rable à  celui  qu'on  observe  en  dehors  des  plantes  parasites,  chez  les  Sola- 
nées,  les  Scrofularinées,  les  Gesnériacées  et  dans  plusieurs  autres  familles 
de  plantes  corolliflores.  La  localisation  des  cellules  fibreuses  sur  la  ligne  de 
déhiscence  établit  en  outre  un  rapprochement  entre  le  Lathrœa  et  le  Rhinan- 
thus.  Or  il  est  très-clair  qu'ici  c'est  l'anatomie  des  anthères  qui  rappelle 
au  plus  haut  degré  les  véritables  affinités  des  Orobanchées.  Quant  aux 
Loranthacées  et  aux  Thésiacées,  elles  se  placent  loin  des  Cytinées  par  le 
développement  de  leur  système  fibro-cortical,  par  le  système  ligneux  des 
tiges,  par  les  anthères  à  cellules  du  connectif  fibreuses,  par  leur  pollen  ha- 
bituellement trigone,  etc. 

»  En  résumé,  l'anatomie  comparée  végétale,  si  négligée  jusqu'à  ces  der- 
nier temps,  disons  plus,  si  contestée  même  par  des  botanistes  éminents,  dans 
la  possibilité  de  ses  applications  à  la  taxonomie,  donne  à  celle-ci,  comme 
les  enseignements  tirés  du  règne  végétal  l'indiquaient,  comme  la  plupart 
de  mes  travaux  le  démontrent,  des  caractères  à  la  fois  fixes  et  variés,  paral- 
lèles à  ceux  que  fournit  la  morphologie.  » 

PHYSIQUE.    —   action   électrique  des  rayons  solaires; 
I\'ote  du  P.  J.-M.  Sanna-Solaro. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Fizeau.) 
«  Si  on  regarde  attentivement  les  atomes  de  poussière  voltigeant  douce- 


(     1208    ) 

ment  dans  un  air  calme  au  sein  d'un  rayon  de  soleil,  on  les  voit  se  repous- 
ser aussitôt  qu'ils  se  trouvent  arrivés  à  une  très-petite  distance  entre  eux.  Si 
on  présente  aux  rayons  lumineux  la  main  fermée,  ayant  soin  de  garantir 
l'air  de  toute  agitation,  on  voit  les  petits  corps  qui  s'en  approchent  lente- 
ment, arrivés  à  la  distance  de  quelques  millimètres,  rebondir  brusquement 
comme  le  ferait  un  ballon  élastique  contre  un  corps  dur.  J'observai  ces 
phénomènes  pour  la  première  fois  au  mois  de  mars  1 856.  Dans  les  années 
suivantes  j'ai  varié  les  expériences  en  plusieurs  manières. 

»  En  fixant  à  la  partie  supérieure  d'un  récipient  en  verre  un  fil  de  cocon 
très-fin  terminé  par  une  assez  petite  boule  en  moelle  de  sureau,  et  exposant 
au  soleil  le  récipient  hermétiquement  fermé  et  privé  d'humidité,  au  bout  de 
quelques  instants  on  voit  ce  fil  vivement  agité.  Si  à  la  place  de  la  boule  on 
met  une  aiguille  très-fine  en  verre  ou  en  métal,  lorsque  la  journée  est  belle, 
calme,  sans  nuages  et  sans  vapeurs  sensibles,  l'aiguille,  d'abord  immobile, 
se  met  en  mouvement  aussitôt  que  le  premier  rayon  de  soleil  vient  à  frapper 
l'appareil  :  elle  se  dirige  tranquillement  vers  l'astre  et  le  suit  dans  sa  marche. 
Ce  phénomène,  il  est  vrai,  ne  s'observe  que  le  matin,  et  rarement  je  l'ai  vu 
se  prolonger  au  delà  de  deux  heures  de  suite.  Après  ce  laps  de  temps,  l'ai- 
guille commence  à  être  affolée.  Si,  lorsque  l'aiguille  suit  régulièrement  le  soleil, 
un  léger  voile  de  vapeurs  vient  s'interposer  entre  l'astre  et  l'appareil,  elle 
abandonne  brusquement  sa  position.  Ses  mouvements  deviennent  très-bi- 
zarres ;  mais  si  les  vapeurs  se  dissipent  de  suite,  l'aiguille  reprend  son  mou- 
vement régulier.  Il  n'est  pas  facile  de  répéter  à  volonté  cette  expérience, 
carie  temps  est  très-rarement  dans  les  conditions  voulues;  mais  on  peut  la 
répéter  avec  des  lumières  artificielles.  Si,  dans  l'intérieur  d'une  chambre 
dont  on  a  eu  soin  de  fermer  les  volets,  on  place  une  bougie  allumée  devant 
l'appareil  à  la  distance  même  de  plusieurs  décimètres,  surtout  pendant  l'été, 
l'aiguille  se  tourne  vers  la  flamme  et  s'y  arrête  en  direction  presque  per- 
pendiculaire. En  transportant  ensuite  la  lumière  en  plusieurs  endroits,  au- 
tour de  l'appareil,  l'aiguille  se  tourne  vers  la  source  lumineuse,  mais  elle 
ne  s'y  dirige  plus  comme  auparavant. 

n  Walt  avait  observé,  il  y  a  une  trentaine  d'années,  quelques  faits  sem- 
blables. D'après  les  expériences  de  Pfaff,  les  mouvements  obtenus  par  Walt 
furent  attribués  à  une  agitation  de*  l'air  intérieur  de  l'appareil  produite 
par  un  échauffetnent  inégal  de  l'air  et  des  parois  de  l'appareil  lui-même. 
Sans  chercher  à  défendre  les  expériences  de  Walt,  je  crois  pouvoir  affirmer 
que,  dans  les  phénomènes  observés  par  moi,  les  courants  d'air  sont  com- 
plètement étrangers. 


(  J209  ) 

»  Si,  dans  l'intérieur  de  l'appareil,  il  y  avait  un  courant,  celui-ci  se 
trahirait  toujours.  Il  imprimerait  à  l'aiguille  le  tremblement  continuel  qu'il 
doit  produire  dans  la  colonne  d'air.  Selon  moi,  dans  l'appareil  non-seule- 
ment il  n'y  a  pas  de  courant  proprement  dit,  mais  pas  même  la  plus  légère 
agitation;  car  si  celle-ci  existait,  un  fil  de  cocon  suspendu  sans  aiguille, 
sous  l'action  du  soleil,  devrait  être  continuellement  agité  :  or,  il  suffit  que 
le  ciel  soit  légèrement  voilé  pour  que  ce  fil  reste  dans  l'immobilité  la  plus 
complète.  Les  températures  ne  sont  nullement  en  rapport  avec  les  agita- 
tions; pendant  des  jours  entiers,  même  à  des  températures  de  36  degrés,  je 
n'ai  obtenu  aucun  mouvement  :  c'est  que  le  soleil  était  légèrement  voilé. 
Dans  d'autres  jours,  à  des  températures  plus  basses,  j'ai  obtenu  des  agita- 
tions très-vives. 

»  Les  phénomènes  que  l'aiguille  présente  sous  l'influence  du  soleil  sont 
des  mouvements  bizarres  presque  continuels.  Elle  marche  tantôt  d'un  côté, 
tantôt  d'un  autre,  parfois  s'arrête  un  instant,  et  tout  à  coup  continue  son 
chemin  dans  le  même  sens.  Souvent  elle  s'arrête  brusquement  et  recule  de 
suite,  décrivant  des  arcs  de  cercle  de  plus  de  90  degrés  ou  faisant  le  tour  du 
cadran.  Ces  mouvements  arrivent  d'une  manière  si  étrange,  qu'il  n'est 
pas  possible  d'en  pouvoir  rendre  compte  par  les  variations  de  température; 
il  faudrait  supposer  dans  celle-ci  des  abaissements  et  des  augmentations 
très-sensibles,  ce  qui  ne  pourrait  arriver  instantanément.  Le  thermomètre, 
d'ailleurs,  qui  fait  partie  de  l'appareil,  quoique  capable  de  donner  les  indi- 
cations à  y^  de  degré  près,  n'accuse  aucune  variation  de  ce  genre.  Il  suffit 
de  répéter  les  expériences  soi-même  pendant  quelque  temps  pour  se  con- 
vaincre qu'il  y  a  là  en  jeu  un  agent  caché.  Selon  moi,  toutes  ces  agitations 
étranges  sont  dues  à  la  fluctuation  continuelle  de  l'électricité  atmosphé- 
rique. Celle-ci,  agissant  par  influence  sur  l'électricité  de  l'air  de  l'appareil, 
imprime  à  l'aiguille  une  mobilité  bizarre  comme  la  sienne. 

»  Dans  le  vide  tous  ces  mouvements  étranges  disparaissent.  Pourrait-on 
voir  en  cela  une  preuve  favorable  aux  courants  d'air?  On  sait  que  l'électri- 
cité ne  se  comporte  pas  également  dans  l'air  et  dans  le  vide.  Les  expériences 
de  M.  Gassiot,  répétées  par  M.  Ruhmkorff,  montrent  qu'un  fort  courant  d'in- 
duction ne  passe  pas  dans  des  tubes  privés  de  toute  matière  pondérable  :  il 
en  est  de  même  de  l'électricité  statique.  Celle  ci  n'agit  pas  non  plus  d'une 
même  manière  sur  les  corps  légers  placés  dans  l'air,  et  dans  le  vide  qu'on 
peut  obtenir  à  l'aide  des  machines  pneumatiques.  Les  petits  bâtons  de  verre 
et  de  résine  dont  je  me  sers  pour  mes  expériences  n'ont  presque  aucune  in- 

C.  R.,  l863,  l«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  20.)  J  58 


(     I2TO    ) 

fluence  dans  le  vide,  tandis  qu'ils  attirent  vivement  l'aiguille  dans  l'air.  Il 
n'est  donc  pas  étonnant  que  les  agitations  bizarres  de  l'aiguille  disparaissent 
dans  le  vide. 

»  Au  lieu  de  ces  mouvements  étranges  il  s'en  manifeste  d'autres  :  ce  sont 
des  attractions  et  des  répulsions.  Si  le  ciel  n'est  pas  trop  voilé,  si  l'atmo- 
sphère n'est  pas  trop  agitée,  exposée  au  soleil,  l'aiguille  (je  me  sers  ordi- 
nairement d'une  aiguille  en  cuivre)  se  comporte  comme  les  corps  électrisés. 
Elle  est  ou  attirée  par  le  bâton  de  résine  et  repoussée  par  le  verre,  ou  bien, 
ce  qui  arrive  plus  souvent,  elle  est  attirée  par  le  verre  et  repoussée  par  la 
résine.  Dans  les  jours  couverts,  ou  voilés,  ou  agités  par  le  vent,  ces  phéno- 
mènes n'ont  pas  lieu,  ou  ils  sont  peu  sensibles.  On  peut  alors  toucher  l'ap- 
pareil plusieurs  fois  de  suite;  l'aiguille  reste  immobile.  Il  arrive  aussi  que 
dans  des  jours  assez  beaux  ces  signes  électriques  n'ont  pas  lieu  ;  mais 
lorsqu'ils  sont  bien  marqués,  il  suffit  de  toucher  tant  soit  peu  l'appareil  avec 
le  revers  de  la  main  dans  le  plan  de  l'aiguille  pour  obtenir  une  répulsion  ou 
une  attraction  instantanée  selon  les  signes  électriques  précédemment  indi- 
qués par  l'aiguille.  Ces  phénomènes  sont  si  bien  marqués,  qu'il  n'est  pas 
possible  de  se  méprendre  sur  leur  nature.  Ici  les  courants  d'air  n'ont  rien  à 
faire;  les  attractions  et  les  répulsions  des  corps  légers  ne  peuvent  être  pro- 
duites que  par  une  action  électrique.  Cette  action  ne  peut  pas  provenir  d'une 
électrisation  de  l'aiguille  par  l'influence  du  bâton  de  verre  ou  de  résine, 
car  un  métal  ne  peut  pas  être  électrisé  par  influence  d'une  manière  stable. 
Et  d'ailleurs,  il  suffit  de  toucher  l'appareil  avant  d'y  avoir  approché  aucune 
source  d'électricité  étrangère,  pour  s'assurer  que  les  signes  électriques  dont 
nous  venons  de  parler  ne  sont  pas  des  effets  d'influence.  Seraient-ils  produits 
par  la  chaleur  comme  telle,  ou  bien  par  la  différence  de  température  causée 
dans  les  parois  de  l'appareil  par  le  rayonnement  solaire?  Mais  alors,  pour- 
quoi, dans  des  jours  simplement  voilés,  ces  signes  électriques  n'ont-ils  pas 
lieu  quoique  le  soleil  soit  parfois  plus  chaud  que  lorsqu'ils  se  manifestent  :' 
Pourrait-on  les  attribuer  à  l'électricité  répandue  dans  l'atmosphère?  Mais 
alors,  pourquoi  l'aiguille  est-elle  inébranlable  dans  les  jours  orageux  lorsque 
l'atmosphère  est  très-chargée  d'électricité? 

»  D'après  tout  ce  que  nous  venons  de  dire,  nous  croyons  qu'à  l'action 
électrique  dont  il  s'agit  on  ne  pourrait  raisonnablement  assigner  d'autre 
source  que  l'action  des  rayons  solaires.  » 


(  IaI l  ) 

PHYSIQUE  GÉNÉRALE.  —  Recherches  sur  l'élher  réel,  comme  l'un  des  grands 
principes  de  la  nature  phpique  ;  par  M.  Ém.  Martin.  (Extrait  fait  par 
l'auteur.) 

(Commissaires,  MM.  Lamé,  Regnault,  Delaunay.) 

«  M.  Lamé,  dans  la  séance  du  i5  mai,  a  fait  connaître  à  l'Académie,  par 
la  lecture  d'une  Note  pleine  d'enseignements  précieux,  qu'il  poursuivait  la 
découverte  du  principe  universel,  et  que,  reconnaissant  à  certains  signes 
l'existence  d'un  fluide  éthéré,  seconde  espèce  de  matière,  il  croyait  pouvoir 
prédire  que  la  science  future  le  reconnaîtra  comme  le  véritable  roi  de  la 
nature  physique. 

»  M.  Lamé  confesse  l'impuissance  de  la  science  officielle,  qui  sait  fort 
peu  sur  la  matière  pondérable,  bien  qu'elle  tombe  sous  nos  sens,  et  qui  ne 
sait  rien  de  la  matière  impondérable,  qui  n'est  révélée  que  par  l'intelli- 
gence. Il  me  sera  donc  permis  de  rappeler  certains  principes  d'une  science 
nouvelle  qui  semble  jeter  une  lumière  inattendue  sur  la  matière  pondé- 
rable comme  sur  la  matière  impondérable.  Ces  principes,  je  les  ai  établis 
et  discutés  dans  un  ouvrage  que  j'ai  publié  en  1 858,  sous  le  titre  de  Nouvelle 
école  électro-chimique,  etc.  Pour  les  corps  pondérables,  j'arrive  à  démontrer 
que  tous  ceux  qui  sont  véritablement  simples  sont  classifiables  en  deux 
«enres  très-distincts,  jouissant  d'affinités  propres  et  invariables  tout  à  fait 
différentes  :  un  genre,  dit  genre  oxique,  ayant  l'affinité  propre  de  l'oxygène, 
du  brome  et  de  l'iode;  l'autre,  dit  genre  basique,  l'affinité  propre  de  l'hy- 
drogène et  des  métaux. 

>>  Les  corps  impondérables,  en  les  considérant  philosophiquement  comme 
des  matériaux  de  ce  grand  tout  qu'on  nomme  l'univers,  étant  soumis  aux 
épreuves  au  point  de  vue  chimique,  sont  également  démontrés  doués  dans 
leurs  éléments  simples  des  affinités  oxiques  et  basiques,  et  par  conséquent 
susceptibles  des  unions  chimiques  avec  proportion  définie  et  changement 
d'état.  Deux  de  ces  corps  impondérables  nous  offrent  les  caractères  des 
véritables  corps  simples  :  ce  sont  les  deux  électricités.  L'électricité  négative 
prend  place  en  tête  du  genre  oxique  sous  le  nom  d'électrile,  l'électricité  posi- 
tive en  tête  du  genre  basique  sous  le  nom  tYéthérile.  Les  composés  impon- 
dérables qui  se  forment  par  l'union  de  l'éthérile  à  l'électrile  sont  toujours 
neutres;  mais  ils  diffèrent  suivant  l'état  de  condensation  sous  lequel  les 

i58.. 


(     1212    ) 

deux  éléments  éthérés  se  sont  unis,  ces  composés  étant,  suivant  l'ordre 
décroissant  des  condensations  :  i°  la  lumière,  2°  le  calorique,  3°  le  fluide 
éthéré. 

«  Les  deux  corps  simples  impondérables  sont  aussi  étudiés  dans  les  com- 
binaisons chimiques  nombreuses  qu'ils  forment  avec  les  corps  simples 
pondérables  de  genres  différents;  je  signale  surtout  ces  deux  classes  im- 
portantes de  composés  mixtes  qui  constituent  les  corps  comburants  et  les 
corps  combustibles  pris  jusqu'ici  pour  des  corps  simples. 

»  Les  deux  corps  simples  impondérables  sont  les  réactifs  qui  vont  me 
servir  à  rechercher  le  fluide  éthéré.  Cependant  la  première  idée  de  son 
existence  et  de  sa  constitution  ne  m'est  pas  venue  par  les  réactions,  mais 
par  une  expérience  :  j'ai  combiné  les  deux  électricités  de  la  pile  aux  deux 
éléments  de  l'eau  dans  le  voltamètre  ;  j'ai  étudié  ensuite  la  chaleur  et  la 
lumière  qui  naissent  par  la  réunion,  sur  des  fils  assez  fins,  des  deux  cou- 
rants de  la  même  pile,  et  lorsque  ensuite  les  deux  électricités  furent  réu- 
nies par  des  fils  plus  gros  et  plus  longs,  nulle  chaleur  ne  fut  produite  ; 
cependant  la  pile  était  en  pleine  activité,  les  fds  donnaient  un  libre  accès 
aux  deux  courants,  et  la  rencontre  avait  nécessairement  lieu  entre  l'éthé- 
rile  et  l'électrile,  qui  se  neutralisaient  en  vertu  de  leurs  affinités  diffé- 
rentes et  complémentaires.  J'en  conclus  que  l'union  de  ces  deux  fluides 
ddatés  devait  produire  un  fluide  neutre  éthéré  se  répandant  dans  l'atmo- 
sphère. C'est  en  réfléchissant  à  cette  disparition  des  deux  électricités, 
amenées  à  l'état  neutre  par  une  combinaison  éphémère,  que  je  me  demandai 
si  ce  n'était  pas  là  l'éther  universel  doublant  notre  atmosphère,  pénétrant 
les  corps  pondérables  et  remplissant  les  espaces  interplanétaires,  et  que  je 
résolus  de  chercher  la  solution  de  ce  problème.  J'ai  cherché,  en  effet,  et  je 
suis  arrivé  aux  résultats  suivants,  qui  s'ajoutent  à  mon  indication  première. 

»  i°  En  étudiant  les  attractions  des  corps  électrisés  isolés  et  suspendus 
dans  l'air  ou  dans  le  vide,  j'ai  constaté  qu'il  se  formait  autour  du  corps  élec- 
trisé  une  atmosphère  d'électricité  contraire  s'étendant  jusqu'aux  limites  de 
sa  sphère  d'action.  Que  signifient  ces  atmosphères  électriques,  si  ce  n'est 
que  le  fluide  neutre  éthéré  nous  enveloppe  de  toutes  parts,  et  qu'il  se 
décompose  en  présence  d'une  charge  d'électricité  condensée,  en  lui  four- 
nissant comme  atmosphère  une  somme  équivalente  d'électricité  dilatée  diffé- 
rente, qui  ne  peut  entrer  en  combinaison  avec  la  première  tant  qu'existe 
la  différence  d'état? 

»   2°  Ayant  construit  un  électrophore  très-sensible  avec  plateau  supérieur 


(     I2l3    ) 

en  glace,  recouvert  d'une  feuille  d'étain,  j'ai  vu  ce  plateau,  posé  sur  le 
gâteau  de  résine  électrisé,  se  charger  de  lui-même  dans  l'espace  d'une 
minute  et  donner  l'étincelle,  sans  qu'il  eût  été  touché  pendant  son  contact. 
Ce  fait  prouve  qu'un  corps  isolé  soumis  à  l'influence  prend  de  l'électricité 
au  fluide  éthéré  ambiant. 

»  3°  La  connaissance  que  j'ai  acquise  de  la  constitution  des  corps  com- 
burants qui  contiennent  l'éthérile  en  combinaison,  et  rien  autre,  et  des 
corps  combustibles  qui  ne  contiennent  que  de  l'électrile,  ne  permettant 
plus  de  croire  à  un  fluide  condensé  servant  de  source  aux  deux  électricités, 
quelle  peut  être  alors  la  source  des  électricités  que  fournit  sans  cesse  le  pla- 
teau de  verre  d'une  machine  électrique  frotté  entre  des  coussinets,  et  qui 
demeurent  intacts  les  uns  et  les  antres  à  la  fin  de  chaque  expérience?  Cette 
source  est  dans  le  fluide  neutre  éthéré  ambiant  qui  se  sépare  en  ses  deux 
éléments,  qui  se  trouvent  ainsi  condensés,  l'un  sur  les  coussins,  pour  se 
rendre  dans  le  sol  par  la  chaîne  ;  l'autre,  ou  l'électricité  positive,  sur  le  verre, 
où  elle  est  recueillie  par  les  appendices  des  conducteurs. 

»  4°  En  présence  du  fluide  éthéré  remplissant  l'atmosphère,  que  doit-il 
donc  arriver,  si  nous  frottons  l'un  sur  l'autre  des  corps  mauvais  conduc- 
teurs? Les  deux  électricités  se  produiront  toujours  en  quantités  équivalentes 
et  se  partageront,  comme  les  produits  d'un  composé  binaire  détruit,  l'éthé- 
rile d'un  côté,  l'électrile  de  l'autre. 

»  5°  Dans  les  mêmes  conditions,  les  corps  bons  conducteurs  frottés,  ou 
subissant  toute  autre  aciion  mécanique,  donneront  lieu  également  à  la  con- 
densation des  éléments  de  l'éther  ambiant  sur  les  corps  frottants  et  frottés; 
mais,  par  suite  de  la  conductibilité  des  mêmes  corps,  ces  deux  électricités 
se  combineront  en  donnant  du  calorique.  Dans  le  choc  des  corps  malléables, 
le  fluide  éthéré  dont  le  corps  est  pénétré  est  transformé  en  chaleur,  mais 
cette  perte  se  répare  aussitôt  aux  dépens  de  l'éther  ambiant. 

»  6°  Si  nous  enfermons  du  gaz  oxygène  dans  le  briquet  à  gaz  dont  le 
lube  est  de  verre,  un  choc  subit  fait  apparaître  une  trace  de  lumière,  et 
l'amadou  est  enflammé.  Or,  le  gaz  oxygène  et  les  autres  gaz  permanents 
sont  pour  moi  des  gaz  de  par  l'électricité,  et  ne  contiennent  pas  de  calorique 
essentiel  que  la  pression  puisse  rendre  libre;  mais  le  fluide  éthéré  qu'ils 
renferment  par  une  pression  vive  et  subite  se  trouve  condensé  et  transformé 
en  chaleur  et  en  lumière. 

»  70  On  peut  rendre  le  fluide  éthéré  sensible  par  une  démonstration 
toute  physique  occasionnée  par  sa  présence.   Lorsque  M.  Desprelz  tentait  la 


(  i«4  ) 

décomposition  de  l'eau  distillée  par  l'action  des  deux  courants  d'une  pile  de 
plusieurs  centaines  d'éléments,  un  frémissement  avait  d'abord  lieu  dans  le 
vase  contenant  le  liquide,  puis  tout  à  coup  la  masse  entière  de  l'eau,  sans 
qu'il  y  eût  ébnllition,  se  soulevait  en  une  mousse  abondante  fort  agitée,  et 
sans  qu'il  y  eût  de  gaz  appréciables  à  recueillir.  Évidemment,  c'était  de 
Péther  qui  se  formait;  les  deux  électricités,  absorbées  par  l'eau  distillée,  ne 
se  rencontraient  que  dans  un  état  de  dilatation  trop  grand  pour  se  combiner 
autrement  que  pour  former  du  fluide  éthéré. 

»  Pour  distinguer  les  trois  composés  impondérables  formés  des  mêmes 
éléments,  éthérile  et  électrile,  modifiés  par  les  trois  degrés  de  condensation, 
en  électro-chimie,  je  formule  la  lumière  par  L*,  le  calorique  par  C*,  et 
le  fluide  neutre  éthéré  par  Et,  El,  en  considérant  ce  dernier  comme  1  union 
la  plus  éphémère,  dans  laquelle  les  deux  corps  simples  se  neutralisent  sans 
perdre  beaucoup  de  leur  liberté  d'action,  comme  le  prouve  la  facilité  avec 
laquelle  on  les  sépare  l'un  de  l'autre  par  influence. 

>.  8°  Il  faut  encore  toutefois  établir  que  ce  fluide  éthéré  remplit  dans 
l'espace  les  fonctions  attribuées  par  les  anciens  et  les  modernes  à  l'éther 
théorique  souvent  invoqué.  On  le  trouvera  en  accord  parfait  avec  le 
système  de  l'émission,  qui  se  trouve  même  ainsi  appuyé  par  des  consi- 
dérations nouvelles.  Le  milieu  éthéré  conçu  par  Newton  devait  toucher 
et  pénétrer  les  masses  planétaires,  remplir  l'espace  qui  les  sépare  sans  causer 
aucun  obstacle  à  leurs  mouvements,  et  surtout  servir  de  soutien  à  l'attrac- 
tion universelle;  car  il  ne  concevait  pas  qu'il  pût  exister  des  actions  réci- 
proques entre  des  corps  séparés  par  le  vide  absolu.  Le  fluide  éthéré  Et  El 
remplit  ces  conditions.  Ne  pouvant  traiter  ici  la  vaste  question  de  l'attrac- 
tion universelle,  je  renverrai  au  chapitre  XX  de  mon  dernier  ouvrage 
L'Jlomisme,  etc.  )  qui  me  semble  établir  par  une  induction  légitime  le  rôle 
du  fluide  éthéré  dans  l'espace. 

'.  Est-ce  à  dire  toutefois  que  ce  fluide  éthéré  soit  de  tout  point  Vêle- 
ment roi  dont  M.  Lamé  met  l'existence  hors  de  doute?  Nullement  :  il  est 
universel,  il  participe  à  tous  les  grands  phénomènes  naturels  comme  élé- 
ment indispensable,  mais  il  n'est  point  l'élément  impondérable  actif;  il  est 
seulement  formé  d'éléments  actifs  amenés  par  union  à  la  passivité.  Les  élé- 
ments actifs  sont  les  deux  corps  simples  impondérables  à  l'état  de  liberté  et 
jouissant  de  leurs  affinités  puissantes,  qui,  par  l'éther,  s'exercent  à  distance 
dans  les  conditions  de  l'attraction  universelle.    » 


(     I2î5    ) 

MÉCANIQUE.  —  Note  sur  la  résistance,  au  choc,  des  matériaux ,  consuléiée  au 
seul  point  de  vue  géométrique  ;  par  M.  J.-A.  Normand. 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  Morin,  Combes.) 

Nous  nous  bornerons  à  donner  de  cette  Note  l'introduction  qui  don- 
nera une  idée  de  la  manière  dont  l'auteur  envisage  la  question. 

«  L'idée  de  travail,  qui,  depuis  quelques  années,  a  fait  faire  de  si  grands 
progrès  à  la  théorie  de  la  résistance  des  matériaux,  n'a  pas  reçu  toutes 
les  applications  dont  elle  est  susceptible.  La  résistance  dynamique ,  si  je 
puis  désigner  ainsi  la  résistance  au  choc,  par  opposition  à  la  résistance  sta- 
tique, a  une  bien  plus  grande  importance  qu'on  ne  serait  souvent,  tenté  de 
le  croire.  Et,  pour  ne  citer  que  ce  fait,  la  récente  introduction,  en  grand,  de 
l'acier  dans  l'industrie,  a  montré  que  dans  de  nombreux  cas  où  de  simples 
pressions  semblaient  être  en  jeu,  ce  corps,  par  suite  de  la  faible  valeur  de  sa 
résistance  vive  de  rupture,  et  malgré  la  supériorité  de  sa  résistance  statique, 
présente  un  emploi  mauvais  et  souvent  dangereux. 

»  La  considération  des  chocs,  si  importante  dans  l'étude  physique  des 
divers  matériaux ,  ne  doit  pas  présenter  une  moindre  valeur  dans  leur 
étude  au  point  de  vue  géométrique. 

«  Lorsque  la  réaction  se  produit  dans  le  sens  même  de  l'action,  la  résis- 
tance dynamique  du  corps,  abstraction  faite  de  sa  section,  est  directement 
proportionnelle  à  sa  longueur,  pourvu  toutefois  que  son  élasticité  ne  subisse 
aucune  altération. 

»  Lorsque  le  choc  se  produit  transversalement,  c'est-à-dire  lorsque  la 
réaction  ne  s'opère  point  parallèlement  à  l'action,  la  question  devient  plus 
compliquée.  Pour  en  faciliter  l'étude,  on  peut  distinguer  : 

»    i°  La  section  transversale  du  solide  résistant  ; 

»  2°  Les  forces  qui  y  sont  appliquées  et  leur  mode  d'application,  abstrac- 
tion faite  de  la  section  transversale. 

»  Pour  compléter  cette  étude,  il  faudrait  encore  considérer:  la  con- 
currence ou  non-concurrence  des  chocs,  avec  les  oscillations  du  solide  résis- 
tant, lorsqu'il  y  a  succession  de  chocs  ;  la  hauteur  de  chute  de  ce  solide 
(laquelle  augmente  le  travail  à  détruire)  par  rapport  à  la  hauteur  de  chute 
totale...,  etc.  Toutes  ces  questions  sont  d'une  grande  importance  et  néces- 
sitent une  prompte  solution,  n'ayant  jusqu'ici  été  étudiées  qu'accidentelle- 


(     I2l6    ) 

ment  et  dans  quelques  cas  particuliers.  Je  me  propose  dans  cette  Note  de 
m'occuper  seulement  de  la  première,  la  résistance  dynamique  des  pro- 
fils. » 

M.  Richard  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  portant  pour 
titre  :  «  Trigonométre  du  major  Richard,  du  47e  »• 

Des  travaux  que  l'on  demande  aujourd'hui  aux  officiers  et  même  aux 
sous-officiers  d'infanterie  auraient  hesoin  pour  être  bien  appréciés  d'être 
accompagnés  d'un  croquis  du  terrain  sur  lequel  se  fait  la  petite  opération 
militaire  décrite  et  ainsi  il  serait  désirable  que  la  topographie  irrégulière  put 
être  enseignée  aux  sous-officiers.  «  Mais,  dit  M.  Richard,  tous  les  auteurs  des 
Traités  de  topographie  s'accordent  à  dire  qu'on  ne  fera  jamais  bien  un  levé 
irrégulier,  si  on  n'a  été  préalablement  familier  avec  les  procédés  de  la  topo- 
graphie régulière  et  si  on  n'a  pas  la  pratique  des  instruments.  Or,  comment 
faire  de  la  topographie  régulière  si  on  ne  sait  un  peu  de  trigonométrie? 

»  Il  est  presque  impossible  d'enseigner  cette  partie  des  mathématiques  dans 
les  écoles  régimentaires  ;  mais  si,  par  une  méthode  quelconque,  on  arrivait  à 
réduire  la  trigonométrie  à  n'être  qu'une  très-facile  application  des  premiers 
éléments  de  la  géométrie,  rien  n'empêcherait  les  sous-officiers  de  résoudre, 
sinon  avec  une  parfaite  exactitude,  du  moins  avec  une  approximation  suffi- 
sante, les  petits  problèmes  que  peut  offrir  le  levé  du  terrain,  nécessairement 
assez  peu  étendu,  qu'ils  auraient  besoin  de  figurer.  .  .  .  L'instrument  que 
nous  proposons  donne  le  moyen  de  faire  de  la  trigonométrie  passable  sans 
employer  le  calcul  logarithmique,  et  il  réunit  en  lui  tous  les  instruments 
dont  on  se  sert  le  plus  ordinairement  en  campagne.  » 

Ce  Mémoire,  qui  contient,  avec  la  figure  et  la  description  de  l'instrument, 
des  instructions  destinées  à  ceux  qui  en  feront  usage,  est  renvoyé  à  l'examen 
d'une  Commission  composée  de  M.  Mathieu,  M.  le  Général  Morin  et  M.  le 
Maréchal  Vaillant 

31.  Colset  d'Huart  adresse  de  Luxembourg  la  suite  de  son  Mémoire  inti- 
tulé :  «  Détermination  de  la  relation  qui  existe  entre  la  chaleur  de  conduc- 
tibilité et  la  chaleur  latente  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Becquerel,  Pouillet,  Fizeau.) 


12!' 


M.  Arthur  Chevalier  présente  divers  instruments  relatifs  à  l'appli- 
cation des  lunettes  ou  besicles,  et  les  accompagne  d'une  Note  descriptive. 

(Commissaires,  MM.  Babinet,  Regnault,  Fizeau.) 

M.  Mène  envoie  de  Lyon  une  «  Note  sur  l'analyse  des  bouilles  de  Sainte- 
Foy-1'Argentière  (Rhône)  ». 

(Commissaires,  MM.  Regnault,  Daubrée,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

M.  Baularu,  qui  avait  soumis  au  jugement  de  l'Académie  un  «  Mémoire 
sur  la  dualité  élémentaire  »,  mentionné  au  Compte  rendu  de  l'avant-der- 
niere  séance,  adresse  aujourd'hui  sous  forme  d'Errata  uneNote  par  laquelle 
il  modifie  quelques  passages  de  son  travail. 

(Renvoi  à  la  Commission  chargée   de  l'examen  du  Mémoire,  Commission 
qui  se  compose  de  MM.  Becquerel,  Pouillet  et  Regnault.) 

Les  Commissaires  chargés  de  l'examen  de  plusieurs  Mémoires  sur  les 
Andes  du  Chili,  présentés  depuis  longtemps  par  M.  Pissis,  prient  M.  le  Pré- 
sident de  vouloir  bien  remplacer  parmi  eux  MM.  Constant  Prévost  et  Du- 
frénoy.  M.  Boussingault  est  adjoint  à  celle  des  deux  Commissions  dont 
il  ne  faisait  pas  partie,  et  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  est  adjoint  aux 
deux.  Elles  se  composent  ainsi  actuellement  de  MM.  Élie  de  Beaumotit, 
Boussingault  et  Charles  Sainte-Claire  Deville. 

CORRESPONDANCE 

M.  le  Ministre  de  la  Marine  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut, 
deux  exemplaires  d'une  Notice  de  M.  le  Général  Faidherbe  sur  l'avenir  du 
Sahara  et  du  Soudan,  Notice  publiée  par  la  «  Revue  Maritime  et  Colo- 
niale ».  et  dont  il  a  été  fait  un  tirage  à  part.  [Voir  au  Bulletin  bildioara- 
pluque.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  au  nom  de  Tailleur,  M.  B.  de  Chàn- 

courtois,  un  tableau  lithographie  du  classement  naturel  des  corps  simples 
comprenant  les  additions  et  corrections  indiquées  dans  son  Mémoire  sup- 
plémentaire du  16  mars  dernier.  Ce  tableau  est  accompagné  des  extraits  in- 
sérés aux  Comptes  rendus  des  7  et  21  avril,  5  mai  1862,  16  mars  i863,  ang- 

C.  R.,  1 86'3 ,   1e1  Srm,-st,e.   (T.   LV1,  N"  26.  '  5o, 


(     12l8    ) 

mentes  de  quelques   intercalations  qui   complètent  l'exposition    résumée 
de  son  système. 

«  Je  profite  de  l'occasion,  dit  l'auteur  dans  la  Lettre  d'envoi,  pour  recti- 
fier un  passage  de  mon  dernier  extrait,  où  j'ai  dit  que  l'on  pouvait  actuelle- 
ment assigner  aux  corps  réputés  simples  des  caractères  numériques  compris 
dans  les  formules  N,N±  r,  1(N±  i).  Or  le  caractère  du  plomb  (207) 
échappe  à  ces  formules,  dans  lesquelles  d'autres  corps  ne  rentrent  d'ailleurs 
que  par  des  nombres  secondaires.  3e  devais  donc  mettre  seulement:  la  plu- 
part des  corps  réputés  simples. 

«  L'observation  placée  à  la  suite,  concernant  la  réductibilité  supposable 
de  la  troisième  catégorie,  montre  bien  que  je  n'ai  entendu  donner  à  cet 
énoncé  aucune  valeur  absolue.  J'ai  expliqué  dans  mon  Mémoire  comment, 
la  réduction  fût-elle  complètement  opérée,  j'hésiterais  encore  à  proposer 
les  deux  premières  formes  restantes  comme  l'expression  d'une  loi  primor- 
diale. On  ne  doit  donc  voir  dans  les  trois  formules  signalées  qu'une  sorte  de 
mémento  de  la  question  d'intervention  des  nombres  premiers,  présenté  poul- 
ie cas  où  la  théorie  des  nombres  viendrait  à  offrir  quelque  série  de  formes 
commençant  par  trois  termes  analogues  et  dont  la  propriété  génératrice 
pourrait  être  par  conséquent  rapprochée  de  la  simplicité  matérielle.  Dans 
cet  ordre  d'idées,  il  convient  plutôt  que  quelques-uns  des  corps  déjà  con- 
nus soient  renvoyés  aux  autres  termes  de  la  série.  Mais  si  l'erreur  est,  on  le 
voit,  de  nulle  importance  au  fond,  je  ne  saurais  cependant  négliger  de  rec- 
tifier une  assertion  qui  effleure  un  point  capital  de  mon  sujet,  sur  lequel  je 
compte  d'ailleurs  revenir  bientôt  en  faisant  ressortir  les  rapports  de  ma  série 
de  caractères  numériques  avec  la  série  des  sons  musicaux  et  avec  celle  des 
bandes  et  des  raies  du  spectre. 

»  Je  désire  aussi,  en  présentant  mon  tableau  amélioré,  signaler  la  confir- 
mation que  vient  apporter  à  mon  opinion  sur  la  nature  du  mméralisateur 
habituel  de  l'or  la  découverte  d'un  gîte  de  tellure  dans  la  région  aurifère  de 
la  Californie  (Moniteur  du  28  mai  i8fi3).    » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de 
l'auteur,  M.  Abich,  présent  à  la  séance,  d'un  ouvrage  qui  vient  d'être 
publié  à  Saint-Pétersbourg  «  sur  l'apparition  récente  (mai  1861)  d'une 
nouvelle  île  dans  la  mer  Caspienne,  avec  des  recherches  pour  servir  à  l'his- 
toire des  volcans  boueux  de  la  région  Caspienne  ». 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  est  invité  à  faire  connaître  à  l'Académie,  par 
un  Rapport  verbal,  cet  ouvrage  qui  est  écrit  en  allemand  et  que  le  nom  de 


(  ,2>9  ) 
son  auteur  ne  recommande  pas  moins  à  l'attention  que  le  sujet  dont  il 


traite. 


M.  le  Général  Morin  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le  Dr  Vinson, 
un  ouvrage  intitulé  «  Des  Aranéides  des  îles  de  la  Réunion,  de  Maurice 
et  de  Madagascar.    » 

L'ouvrage  est  orné  de  quatorze  planches  d'une  très-belle  exécution,  des- 
sinées et  coloriées  par  M.  le  Dr  Vinson. 

M.  Dutaillis,  déjà  connu  de  l'Académie  par  son  observation  de  l'éclipsé 
solaire  du  3i  décembre,  faite  à  Corée  en  commun  avec  M.  Poulain,  et  près 
de  retourner  au  Sénégal,  après  un  séjour  en  France  pour  cause  de  santé, 
se  met  à  la  disposition  de  l'Académie  pour  les  observations  qu'elle  jugerait 
convenable  de  lui  recommander,  principalement  en  ce  qui  concerne  la  mé- 
téorologie. Il  pense  qu'il  travaillerait  avec  plus  de  fruit  «  s'il  partait  muni 
d'instructions  spéciales  qui  seraient  à  la  fois  pour  lui  un  guide  et  un  encou- 
ragement ». 

Une  Commission  composée  de  MM.  Duperrey  et  Babinet  préparera,  si 
elle  le  juge  nécessaire,  une  addition  aux  instructions  précédemment  rédigées 
pour  les  voyageurs. 

La  Société  Anthropologique  de  Londres,  qui  a  déjà  envoyé  à  l'Académie 
le  premier  numéro  de  son  journal  et  qui  se  propose  de  lui  adresser  égale- 
ment ses  Mémoires,  dont  il  paraîtra  un  volume  chaque  année,  exprime  le 
désir  d'obtenir  en  retour  les  Mémoires  et  les  Comptes  rendus  de  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  le  Maire  de  Vendôme  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre  la 
Bibliothèque  de  celte  ville  dans  le  nombre  des  établissements  auxquels  elle 
donne  ses  publications. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  la  distribution  géologique  des  oiseaux  fossiles  et  descrip- 
tion de  quelques  espèces  nouvelles;  Note  de  M.  Alph.  Muni;  Edwards. 
(Extrait  présenté  par  M.  Blanchard.) 

«  On  sait  depuis  longtemps  que  les  couches  miocènes  du  département 
de  l'Allier  renferment  beaucoup  de  débris  d'Oiseaux.  Cuvier  et  Et.  Geoffroy 

i5g.. 


(     I 210    ) 

en  avaient  possédé  quelques-uns  ;  plus  récemment,  l'abbé  Croizet,  Bravard, 
MM.  Poniel,  Poirrier,  Jourdan,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Lyon, 
en  ont  recueilli  un  grand  nombre  se  rapportant  évidemment  à  plusieurs  es- 
pèces différentes;  mais  jusqu'à  présent  aucun  naturaliste  ne  les  a  comparés 
à  nos  types  vivants  et  n'a  cherché  la  place  qu'ils  devaient  occuper  dans  la 
série  ornitbologique.  Cependant,  M.  P.  Gervais  a  fait  connaître,  de  ces 
mêmes  terrains,  une  espèce  du  genre  Flamant,  le  Phœnieopterus  Croizeti,  et 
un  Aigle  ou  Pandion. 

»  J'ai  pu  réunir  de  nombreux  ossements  d'Oiseaux  des  couches  tertiaires 
moyennes  de  la  Limagne  et  du  Bourbonnais,  MM.  Lartet  et  Poirrier  ont 
généreusement  misa  ma  disposition  les  pièces  qu'ils  avaient  recueillies  eux- 
mêmes,  et  à  l'aide  de  ces  matériaux  il  m'a  été  possible  de  distinguer  douze 
espèces  nettement  caractérisées  et  complètement  nouvelles.  La  plupart  des 
ordres  s'y  trouvent  représentés;  en  effet,  on  y  remarque  des  Oiseaux  de 
proie  diurnes  et  nocturnes,  des  Echassiers  et  des  Palmipèdes. 

»  Parmi  ces  fossiles,  quelques-uns  présentent  un  grand  intérêt  zoologique 
en  ce  qu'ils  ne  peuvent  se  rapporter  a  aucun  genre  actuel  et  qu'ils  doivent 
former  un  groupe  à  part  à  côté  de  la  famille  des  Phœnicopteridœ  représentée 
aujourd'hui  par  le  genre  Flamant,  qui,  par  l'étrangeté  de  ses  formes,  semble 
déclassé  dans  la  nature  actuelle,  et  qui  existait  déjà  à  l'époque  tertiaire 
moyenne,  mais  alors  se  rattachait  aux  autres  Echassiers  parce  type  particu- 
lier pour  lequel  je  propose  de  former  le  genre  Palœlodus  (de  7ra.K3.iQc, 
ancien,  et  gAajeTwç,  habitant  des  marais).  Les  différentes  espèces  qui  le  com- 
posent paraissent  avoir  été  très-abondantes  à  l'époque  miocène;  on  en  ren- 
contre de  nombreux  débris,  non-seulement  dans  les  divers  bassins  tertiaires 
moyens  d'Auvergne,   mais  aussi  aux  environs  de  Mayence,  à  Weissenau. 

»  Par  la  conformation  des  os  des  pattes,  les  Palaelodus  s'éloignent  beau- 
coup des  Flamants  et  se  rapprochent  au  contraire,  jusqu'à  un  certain 
point,  de  certains  Echassiers  longirostres,  et  surtout  des  Bécasses.  Mais, 
d'autre  part,  la  disposition  des  phalanges,  des  os  de  l'aile,  de  l'épaule,  etc., 
tend  à  les  faire  ranger  à  côté  des  Phénicopteres.  Le  sternum  tient  à  la  fois 
de  l'un  et  de  l'autre  de  ces  groupes.  La  forme  remarquablement  comprimée 
du  tarso-métatarsien  l'éloigné  de  tous  les  Echassiers  vivants.  Elle  ne  se  re- 
trouve, poussée  aussi  loin,  que  chez  les  Colymbus  et  les  Podiceps,  dont  ils 
s'éloignent  d'ailleurs  par  toutes  les  autres  particularités  de  leur  organisa- 
tion. Cette  analogie  de  forme  tendrait  à  faire  penser  que  les  Palaelodus 
devaient  former  parmi  les  Echassiers  un  type  palmipède  beaucoup  meil- 


f  1111  ) 
leur  nageur  que  les  Flamants.  D'autre  part,  l«'s  profondes  dépressions  que 
l'on  remarque  sur  le  tibia,  à  la  partie  inférieure  de  l'articulation  tibio-tar- 
sienne,  et  qui  sont  destinées  à  loger,  dans  l'extension,  les  saillies  correspon- 
dantes du  métatarse',  annoncent  que  ces  oiseaux  pouvaient  avec  la  plus 
grande  facilité  se  tenir  immobiles  sur  une  patte.  M.  P.  Gervais,  qui  avait 
eu  entre  les  mains  un  certain  nombre  d'os  de  l'une  des  espèces  de  ce  genre, 
et  dont  il  a  figuré  un  os  de  la  patte  (Zoo/,  el  Paléont.  franc.,  PI.  5i,  fig.  9), 
avait  reconnu  les  différences  que  ce  fossile  présente  avec  les  divers  types 
vivants  qu'il  avait  pris  comme  termes  de  comparaison. 

»  J'ai  été  à  même  d'étudier  le  squelette  presque  entier  de  l'un  de  ces 
oiseaux,  et  c'est  ainsi  que  j'ai  pu  arriver  à  cette  conclusion  que  rien 
dans  la  nature  actuelle  ne  pouvait  leur  être  assimilé,  et  qu'ils  devaient 
prendre  place  auprès  du  groupe  des  Phénicoptères.  Je  suis  heureux  d'an- 
noncer que  M.  Blanchard,  qui,  de  son  côté,  avait  examiné  quelques  frag- 
ments du  même  genre  provenant  de  Weissenau,  était  parvenu  à  peu  de 
chose  près  au  même  résultat. 

»  L'espèce  la  plus  commune,  à  laquelle  je  propose  de  donner  le  nom  de 
Palœlodus  ambiauus,  pour  indiquer  ses  caractères  de  transition,  devait  être 
de  la  taille  du  Héron  cendré  ou  de  la  Spatule  blanche,  avec  des  formes  plus 
grêles  et  plus  élancées. 

»  Le  Palœlodus  crassipts,  d'un  quart  plus  grand,  était  surtout  pins 
robuste. 

»  Le  PalœlodLtsgracilipesétmt\)\us petit  queleP.  ambicjuus, etsurtout  beau- 
coup plus  grêle;  sa  patte  très-comprimée  rappelle  jusqu'à  un  certain  point 
celle  des  Plongeons,  dont  elle  diffère  d'ailleurs  par  ses  autres  caractères. 

»  Ces  deux  dernières  espèces  sont  beaucoup  plus  rares  que  le  P.  untbi- 
guus.  Comme  représentant  de  l'ordre  des  Echassiers,  je  puis  encore  citer  un 
Chevalier,  trouvé  dans  les  mêmes  localités,  à  peu  près  de  la  taille  du  Cheva- 
lier à  pieds  rouges;  je  propose  de  le  désigner  sous  le  nom  de  Tolnnus  Lar- 
tetianus.  Parmi  les  Palmipèdes,  les  groupes  des  Longipennes,  des  Latnelli— 
rostres  et  des  Totipalmes  se  trouvent  représentés  dans  les  couches  miocènes 
de  la  Limagne. 

»  Le  Canard  que  je  propose  d'appeler  Anns  Blanc  hardi,  en  le  dédiant  au 
savant  professeur  d'Entomologie  du  Muséum,  est  assez  commun  dans  les 
terrains  qui  nous  occupent.  J'ai  eu  entre  les  mains  la  plus  grande  partie  des 
os  de  son  squelette;  il  était,  à  peu  de  chose  près,  de  la  taille  du  Pilet 
(A.  acuta),  mais  ses  ailes  étaient  plus  courtes. 


(     1222    ) 

»  Parmi  les  Longipennes,  je  citerai  une  Mouette,  le  Lants  Desnoyersii , 
par  ses  dimensions,  cette  espèce  se  rapprochait  de  la  Mouette  rieuse.  J'ai 
rencontré  deux  espèces  de  Totipalmes  :  un  Pélican,  le  Pelecanus  gracilis,  et 
un  Cormoran,  le  Graculus  littoralis. 

»  Le  premier  a  été  recueilli  par  M.  Poirrier,  à  Labeur  (commune  de 
Vaumas);  je  l'ai  déterminé  d'après  l'extrémité  supérieure  d'un  os  métatar- 
sien, qui  présente  de  la  manière  la  plus  saisissante  l'ensemble  des  caractères 
du  CTenre  qui  nous  occupe,  c'est-à-dire  les  mêmes  trous  et  les  mêmes  rainures 
pour  le  passage  des  tendons  des  fléchisseurs  des  doigls,  la  forme  aussi  bien 
que  les  dimensions  extraordinaires  du  trou  à  air,  etc.  L'espèce  que  je  fais 
connaître  était  plus  petite  que  celles  qui  vivent  aujourd'hui  ;  elle  était  éga- 
lement plus  grêle. 

»  Le  Graculus  lilloratis  était  plus  élancé  et  d'une  taille  un  peu  inférieure 
a  celle  de  notre  Cormoran  [G.  carbo).  Les  Rapaces  paraissent  avoir  été 
abondants  à  cette  époque.  En  effet,  je  puis  citer  des  mêmes  localités  une 
espèce  du  genre  Aquila  [VA.  prisca),  trouvée  par  M.  Poirrier,  et  trois  espèces 
d'oiseaux  de  nuit.  L'une,  qui  fait  partie  du  genre  Bubo  (Grand  Duc),  m'a 
été  également  remise  par  M.  Poirrier,  qui  l'avait  recueillie  à  Saint-Giraud- 
le-Puy;  elle  devait  être  d'un  tiers  plus  petite  que  le  Grand  Duc  athénien. 
Je  la  désigne  sous  le  nom  de  Bubo  Poirrieri.  La  seconde,  du  même  genre  et 
trouvée  dans  la  même  localité,  était  d'un  quart  plus  petite  que  la  précé- 
dente; je  l'appelle  Bubo  arvernensis.  Enfin  la  troisième  [Strix  antiqua)  doit 
se  ranger  à  côté  des  Chouettes;  ses  formes  étaient  grêles,  et  par  ses  dimen- 
sions elle  se  rapprochait  de  notre  petit  Scops. 

»  En  résumé,  on  voit  que  le  nombre  des  espèces  d'Oiseaux  qui  jusqu'ici 
ont  été  rencontrées  dans  les  couches  miocènes  du  centre  de  la  France  sont 
assez  nombreuses,  et  qu'elles  doivent  être  ainsi  réparties  : 

»  Rapaces  diurnes.  —  Deux  espèces  d'Aigles;  l'une,  décrite  par  M.  Ger- 
vaiset  que  je  propose  de  nommer  A .  Gervnisii;  l'autre,  dont  je  viens  de  parler 
sous  le  nom  d'A.  prisca. 

»  Rapaces  nocturnes.  —  Deux  Grands  Ducs,  Bubo  Poirrieri,  B.  arver- 
nensis;  une  Chouette,  Strix  antiqua. 

»  ÉCHASSIERS.  —  Un  Chevalier,  Totanus  Lartetianus;  un  Flamant,  Phœni- 
copterus  Croizeti  (Gervais);  trois  Palœlodus  :  P.  ambiguus,  crassipes  et  gra- 
rilipes. 

»  Palmipèdes.  —  Un  Canard,  Anas  Blanchardi  ;  une  Mouette,  Laïus  Des- 
norersii;  un  Pélican,  Pelecanus  gracilis;  un  Cormoran,  Graculus  littoralis.  » 


(     1223    ) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE   —    Nouvelles  observations  sur  la  structure  et  les  foin  - 
tions  des  vaisseaux;  Note  de  M.  Gris,  présentée  par  M.  Brongniart. 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie,  dans  la  séance  du 
ier  juin,  une.Not;:  dans  la  quelle  je  propose  un  moyen  de  mettre  aisément 
en  évidence  la  présence  normale  de  la  sève  dans  les  vaisseaux  proprement 
dits  du  bois.  Dans  cette  même  Note,  je  me  contentais  de  signaler  seule- 
ment ce  fait  intéressant  que  la  liqueur  de  Fehling  bouillante  détermine  dans 
la  spiricule  des  vaisseaux  de  certaines  plantes  la  formation  d'un  précipité 
granuleux  d'oxydule  de  cuivre. 

»  L'existence  de  ce  précipité  dans  la  spiricule  ou  le  réseau  des  vaisseaux 
réticulés,  annulaires,  spiro-annnlaires  et  dans  les  trachées  est  extrêmement 
manifeste  chez  un  grand  nombre  de  plantes  appartenant  aux  familles  les 
plus  diverses,  telles  que  les  Graminées,  Géraniacées,  Balsaminées,  Matvacées, 
Ampèlidées,  Urticées,  Eupliorbirirées,  Nyctaginées,  Phytolaccées,  Ombetlifères, 
Cueurbilacées,  Papnyacées,  Rosacées,  etc. ,  en  sorte  que  le  fait  paraît  susceptible 
de  généralisation;  mais  je  n'ai  pu  le  constater  dans  les  cellules  fibreuses 
qu'on  rencontre  dans  les  feuilles  de  certaines  espèces  d'Orchidées,  ni  dans 
ces  utricules  remarquables  que  M.  Brongniart  a  signalés  chez  les  Echino- 
cactus  et  les  Mamillaria,  dont  les  lames  contournées  en  hélice  et  dont  les 
disques  annulaires  si  développés  semblaient  au  premier  abord  très-propres 
à  présenter  cette  sorte  de  réaction. 

»  Le  phénomène  produit  par  la  liqueur  de  Fehling  sur  les  spiricules  ou 
le  réseau  des  parois  vasculaires  ne  paraît  pas  absolument  en  rapport  avec 
l'âge  du  vaisseau  qui  en  est  le  siège.  En  effet,  si  j'ai  pu  le  constater  dans  les 
mérithalles  supérieurs  et  herbacés  des  rameaux  de  la  Vigne  et  du  Rosier  par 
exemple,  il  n'est  pas  moins  manifeste  dans  les  mérithalles  inférieurs  et  lignifiés 
des  rameaux  annuels  de  ces  mêmes  plantes.  Il  se  présente  encore  avec  une 
remarquable  intensité  dans  les  volumineux  vaisseaux  réticulés  dune  tige  tres- 
développée  de  Carica  papaya,  dans  les  trachées  si  ténues  qui  sillonnent  le 
parenchyme  des  sépales,  des  pétales,  des  filets  staminaux  chez  des  fleurs  ar- 
rivées à  l'état  adulte. 

»  Il  serait  de  la  plus  hante  importance,  au  point  de  vue  physiologique,  de 
déterminer  exactement  sous  quelle  influence  se  manifeste  le  précipité  d'oxy- 
dule de  cuivre  dans  les  circonstances  précédemment  citées.  Le  glucose  ne 
serait-il  point  l'agent  principal  de  cette  réduction  J 

»   Comme  je  n'avais  point  qualité  pour  résoudre  cette  question,  je  m'a- 


(     12^4    ) 

dressai  à  M.  Gloëz  qui  voulut  bien  me  prêter  son  précieux  et  bienveillant 
concours. 

»  Des  fragments  de  tige  d'Impatiem  et  de  Carica  furent  soumis,  dans  di- 
verses conditions  que  je  n'exposerai  point  ici  en  détail,  à  l'influence  de  l'al- 
cool à  55  degrés.  D'une  part,  l'intensité  réductrice  des  tissus  diminua  déplus 
en  plus  à  mesure  que  l'épuisement  fut  de  plus  en  plus  complet.  D'antre 
part,  on  constata  par  divers  procé  lés,  et  entre  autres  par  la  fermentation,  la 
présence  du  glucose  dans  le  résidu  de  l'évaporation  de  la  liqueur  alcooli- 
que qui  avait  servi  an    lavage. 

»  Depuis  la  publication  de  ma  première  Note,  j'ai  pu  m'assurer  de  la  pré- 
sence de  la  sève  dans  les  vaisseaux  lymphatiques  du  bois  d'un  certain  nom- 
bre de  végétaux,  tels  que  le  Châtaignier,  le  Saule,  le  Mûrier,  le  Peuplier,  le 
Cvtise  faux-i'bénier,  l'Aristoloche,  etc.  La  liqueur  de  Fehling  détermine  à 
l'intérieur  de  ces  vaisseaux  la  formation  d'un  précipité  d'oxvdule  de  cuivre 
résultant  très-probablement  d'un  phénomène  de  réduction  produit  par  la 
sève  sucrée. 

•  Ce  résultat  expérimental  n'est  point  favorable  à  l'opinion  d'un  certain 
nombre  de  botanistes  allemands,  opinion  que  M.  Dalimier  vient  tout  ré- 
cemment d'appuyer  par  de  nouvelles  expériences  et  d'après  laquelle  les 
vaisseaux  renfermeraient  habituellement  des  gaz  et  ne  contiendraient  de  la 
sève  que  pendant  quelques  semaines  seulement,  au  printemps.  Il  confirme 
au  contraire  la  manière  de  voir  que  professent  les  botanistes  français  les 
plus  éminents,  pour  lesquels  les  vaisseaux  lymphatiques  renferment  habi- 
tuellement des  liquides  séveux  mêlés  d'une  proportion  de  gaz  plus  ou  moins 
considérable. 

»  Du  reste,  un  physiologiste  allemand,  M.  Brùcke,  nous  paraît  avoir  con- 
venablement indiqué  le  mode  de  pénétration  des  liquides  dans  les  vaisseaux. 
Selon  lui,  ils  se  remplissent  de  liquides  particulièrement  sous  l'influence  des 
cellules  où  abondent  les  matières  solubles.  Grâce  à  ces  substances  solubles 
et  susceptibles  de  déterminer  l'endosmose  de  l'eau,  ces  cellules  commencent 
par  se  remplir  complètement  de  liquide,  et  comme  elles  continuent  d'en 
prendre  plus  que  leur  cavité  n'en  peut  contenir,  elles  en  envoient  dans  les  vais- 
seaux voisins  avec  une  portion  de  la  substance  solubie  sous  la  forme  de  sève. 

»  En  résumé  :  M.  Hoffmeister  a  constaté  que  les  vaisseaux  de  la  Vigne, 
de  l'Érable,  du  Bouleau,  du  Peuplier,  et  de  beaucoup  d'autres  arbres  feuillus 
renferment  pendant  l'hiver  de  l'air  sous  la  forme  de  bulles  à  l'intérieur  d'un 
liquide,  et  que  ce  dernier  forme  dans  les  vaisseaux  une  couche  généralement 
mince  qui  en  revêt  les  parois. 


(  \ii5  ) 

»  D'autre  part,  presque  tous  les  botanistes  admettent  la  présence  de  la 
sève  dans  les  vaisseaux  lymphatiques  au  printemps. 

»  Enfin,  je  viens  de  constater  la  présence  de  cette  sève  dans  ces  mêmes 
vaisseaux  vers  la  fin  du  mois  de  juin,  dans  un  certain  nombre  de  végétaux 
ligneux. 

»  D'ailleurs,  la  présence  de  la  fécule  dans  le  parenchyme  du  bois,  la  trans- 
formation de  cette  fécule  en  dextrine  et  en  glucose,  les  rapports  de  position 
des  éléments  parenchymateux  et  vasculaires,  les  movens  de  communication 
facile  si  admirablement  préparés  entre  la  fibre,  la  cellule  et  le  vaisseau; 
tous  ces  faits,  à  moins  de  mettre  la  nature  en  contradiction  avec  elle-même, 
militent  si  fortement  en  faveur  de  l'opinion  que  nous  soutenons  ici,  qu'ils 
suffiraient  à  la  mettre  hors  de  doute,  même  en  l'absence  des  preuves  directes 
que  nous  croyons  avoir  légitimement  présentées.    » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  lu  germination  des  corpuscules  organisés  qui 
existent  en  suspension  dans  [atmosphère;  Note  de  M.  Duclaux,  présentée 
par  M.  Pasteur. 

«  Tout  le  monde  se  rappelle  les  belles  expériences  de  M.  Pasteur,  relati- 
vement à  la  génération  spontanée.  Entre  autres  résultats  elles  ont  parfaite- 
ment démontré  : 

«  i°  Qu'il  y  a  constamment  dans  l'air  des  corpuscules  organisés  qu'on 
»   ne  peut  distinguer  des  véritables  germes  des  organismes  des  infusions  ; 

»  i°  Que  lorsqu'on  sème  les  corpuscules  et  les  débris  amorphes  qui  leur 
»  sont  associés  dans  des  liqueurs  qui  ont  été  soumises  à  l'ébullition,  et  qui 
»  resteraient  intactes  dans  l'air  préalablement  chauffé  si  l'on  n'y  pratiquait 
»  pas  cet  ensemencement,  on  voit  apparaître  dans  ces  liqueurs  les  mêmes 
»  êtres  qu'elles  développent  à  l'air  libre.  » 

»  De  là  la  conséquence  logique  que  les  corpuscules  organisés  que  ren- 
ferment en  grand  nombre  les  poussières  de  l'air  sont  des  germes  féconds 
des  organismes  inférieurs. 

»  Néanmoins,  eu  égard  à  la  diversité  des  esprits,  on  ne  saurait  accumuler 
trop  de  preuves.  J'ai  cru  qu'il  serait  utile  d'observer  directement  le  déve- 
loppement de  ces  corpuscules  organisés.  «  Ce  qu'il  y  aurait  de  mieux  à  faire 
»  et.de  plus  direct,  dit  en  effet  M.  Pasteur,  consisterait  à  suivre  au  micro- 
»  scope  le  développement  de  ces  germes.  Tel  était  mon  projet,  mais  l'appa- 
»  reil  que  j'avais  fait  construire  pour  cet  objet  ne  m'ayant  pas  été  livré  en 
»   temps  opportun,  j'ai  été  détourné  de  cette  étude  par  d'autres  travaux, 

C.  R  ,  .863,  i"  Semestre.  (T.  LVI,  N»  26.)  l6o 


(     I22Ô    ) 

»  Du  reste,  il  ue  faut  pas  se  dissimuler  la  difficulté  de  cette  méthode  d'ob- 
»  servation.  »  J'ai  essayé  de  lever  cette  difficulté  pour  les  spores  des  moi- 
sissures. La  Note  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  ne  s'applique 
encore  qu'à  cette  sorte  de  germes. 

»  Voici  le  procédé  expérimental  que  j'ai  suivi.  Je  recueille  les  spores 
dans  l'air  en  le  filtrant  sur  du  coton  ordinaire,  au  moyen  de  l'aspirateur 
employé  par  M.  Pasteur.  La  bourre  de  coton  est  malaxée  dans  5  centimètres 
cubes  d'un  liquide  nourricier  renfermant  du  sucre,  des  matières  minérales 
et  un  sel  acide  d'ammoniaque,  et  préparé  au  moment  même.  On  porte  alors 
une  goutte  du  liquide,  où  les  corpuscules  de  l'air  sont  en  suspension,  dans 
une  petite  cuve  de  brai  placée  sous  le  microscope.  Une  platine  mobile,  à 
deux  mouvements  rectangulaires  mesurés  par  deux  verniers  à  -—-^  de  milli- 
mètre, permet  d'explorer  successivement  tous  les  points  de  la  cuve,  et 
chaque  fois  que  l'on  aperçoit  un  globule  paraissant  organisé,  on  en  note  la 
position  sur  les  verniers. 

»  Il  est  évident  dès  lors  que  si  l'on  voit  un  de  ces  globules  se  développer 
en  un  mycélium  ramifié,  c'est  que  ce  globule  était  bien  une  spore  de  mucé- 
dinée.  L'acidité  de  la  liqueur  a  pour  effet  d'empêcher  le  développement 
des  infusoires  qui  priveraient  d'air  le  licpiide  et  s'opposeraient  ainsi  au  dé- 
veloppement des  spores. 

»  Pour  fournir  à  ces  dernières  l'air  dont  elles  ont  besoin,  la  cuve  de  brai 
est  oblongue,  divisée  par  deux  cloisons  de  brins  de  coton  en  trois  parties. 
Celle  du  milieu  seule  est  recouverte  d'un  verre  mince  et  renferme  les  spores, 
les  deux  extrêmes  sont  remplies  du  liquide  nourricier  et  dissolvent  libre- 
ment l'air  ambiant.  Dans  l'intervalle  des  observations  microscopiques,  on 
peut  plonger  le  tout  dans  une  soucoupe  renfermant  du  liquide  nourricier. 
L'évaporation  aux  bords  de  la  cuve  n'est  plus  à  craindre.  D'ailleurs  les  cloi- 
sons de  coton  empêchent  les  courants  qui  dérangeraient  les  spores,  de  sorte 
que  celles-ci  se  retrouvent  à  leur  place,  ce  qui  est  le  point  essentiel.  On  peut 
en  outre,  avec  quelques  ménagements,  et  en  lavant  entre  deux  essais  la 
cuve  par  un  séjour  dans  l'eau  distillée,  la  soumettre  à  l'action  de  divers 
liquides. 

»  Chaque  cuve  renferme  un  grand  nombre  de  corpuscules.  Tous  ne  se 
développent  pas,  ce  qui  tient,  soit  à  ce  qu'ils  sont  inféconds,  soit  à  ce  que 
le  liquide  employé,  qui,  à  l'air  libre,  ne  donne  qu'un  nombre  limité  de  pro- 
ductions, est  impropre  à  les  nourrir.  Dans  une  petite  cuve  de  3  millimètres 
carrés  de  surface,  on  a  généralement,  sur  une  quarantaine  de  corpuscules, 
de  deux  à  six  végétations  dont  on  peut  voir  l'origine  et  suivie  le  développe- 


(  I227  ) 
ment.  Les  espèces  qui  se  produisent,  difficiles  à  définir  à  cause  de  l'absence 
de  fructification,  sont  cependant  bien  différentes  entre  elles  par  leurs  formes 
et  la  grosseur  des  spores  et  des  tubes  du  mycélium.  Ainsi ,  il  s'en  produit  au 
moins  quatre  dans  un  liquide  acidulé  avec  du  bitartrate  d'ammoniaque,  qui 
est  le  sel  que  j'ai  le  plus  souvent  employé. 

»   Je  continue  du  reste  cette  étude,  dont  je  ne  publie  les  premiers  résultats 
que  pour  prendre  date.  » 

GÉOLOGIE.  —  Note  sur  les  atluvions  de  la  vallée  de  i'ItigirèsÊin  (arrondissement 
de  Toul),  à  ioccasion  de  la  mâchoire  humaine  découverte  dans  tes  terrains 
de  transport  de  Moulin-Quiynon  ;  par  M.  Husson. 

«  Mon  Esquisse  géologique  de  1 848  contient  un  aperçu  général  sur  les 
diverses  ailuvions  de  l'arrondissement  de  Toul;  mais  il  ne  m'a  pas  semblé 
inutile  de  revenir,  en  particulier,  sur  celles  de  la  vallée  de  l'Ingressin,  en 
présence  :  i°  de  la  grave  question  qui  occupe  l'Académie  des  Sciences,  re- 
lativement à  une  mâchoire  humaine  découverte  dans  un  terrain  de  trans- 
port, à  Moulin-Quignon,  près  d'Abbeville  (Somme);  2°  delà  citation  que 
M.  Élie  de  Beaumont  a  faite  de  notre  grouine  ou  groise,  dans  le  cours  de 
cette  discussion  (Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  18  mai  i863, 
p.  o,36  et  937)  ;  3°  et  de  l'importance  qui,  par  suite  de  la  découverte  d'Ab- 
beville, s'attachera  dorénavant  à  tous  les  travaux  exécutés  dans  les  couches 
clysmiennes. 

»  A  ce  dernier  titre,  nulle  localité  n'offre  assurément  plus  d'intérêt  que 
la  vallée  de  l'Ingressin.  Elle  présente  à  sa  base  un  fort  dépôt  de  diluvium 
qui,  depuis  vingt  ans,  et  sur  une  étendue  d'environ  8  kilomètres,  c'est-à- 
dire  de  Foug  à  Toul,  a  été  remué,  à  peu  près  de  fond  en  comble,  soit  pour 
la  construction  du  canal  de  la  Marne  au  Rhin  et  du  chemin  de  fer,  soit 
pour  les  nombreuses  et  importantes  exploitations  dont  ce  diluvium  est  l'ob- 
jet, soit  enfin  pour  les  fortifications  de  la  ville.  Les  ailuvions  de  cette 
vallée  forment  deux  classes  distinctes  :  les  anciennes  et  les  modernes.  Parmi 
les  débris  dont  elles  se  composent,  il  y  en  a  de  locaux;  les  autres  sont 
étrangers  et  proviennent  surtout  des  Vosges. 

»  Ailuvions  anciennes.  —  Adoptant  la  classification  si  bien  justifiée  de 
M.  Levallois,  inspecteur  général  des  Mines,  je  subdivise  ce  terrain  en  ailu- 
vions des  plateaux  et  ailuvions  de  la  vallée. 

»    t°  Ailuvions  des  plateaux.  —  Ce  sous-groupe,  qui  existe  sur  plusieurs 

160.. 


(     1228    ) 

points  de  l'arrondissement  de  Toul,  notamment  au  sommet  du  coteau  quï 
domine  Bayonville,  Arnaville  (rive  gauche  du  Rupt-de-Mad),  est  incontes- 
tablement le  plus  ancien,  comme  j'essayerais  de  le  prouver,  si  cette  opinion 
n'avait  pour  elle  quelque  chose  de  mieux  que  mon  argumentation,  l'appui 
de  M.  Daubrée,  Membre  de  l'Institut  (  Annales  des  Mines,  4e  série,  t.  X, 
p.  58). 

»  Dans  la  vallée  de  l'Ingressin,  ce  sous-groupe  est  représenté,  à  Foug,  au 
sommet  de  la  côte  qui  sépare  cette  commune  de  Laneuveville.  Il  y  affecte 
les  deux  caractères  suivants  : 

»  i°  Pies  le  bois  de  Romont,  iieu  dit  Cougniospath,  à  un  kilomètre  environ 
de  Foug  .  c'est  une  argile  rouge,  non  coquillière  et  renfermant  des  cailloux 
roulés  exclusivement  quartzeux,  étrangers  à  notre  localité,  ainsi  qu'un  peu 
de  fer  pisiforme. 

»  i°  Non  loin  de  là,  un  peu  plus  près  du  chemin  de  Laneuveville,  à  la 
Gravier e ,  il  se  compose  d'une  grève  ou  grouine  calcaire  mêlée  de  quelques 
cailloux  également  quartzeux.  La  présence  de  ces  cailloux,  qui  ne  peut 
être  attribuée  à  un  éboulis,  indique  positivement  la  contemporanéité  de  cette 
grève  et  de  l'argile  rouge,  qui  toutes  deux  se  trouvent  à  peu  près  à  la  même 
hauteur. 

»  Au  delà  de  Foug,  au  sommet  du  coteau  du  bois  Grandmont,  sur  les 
calcaires  compactes  de  1  astarte  ou  du  calcaire  à  nérinées,  on  retrouve  éga- 
lement l'argile  rouge  et  une  grouine;  mais  celle-ci  n'y  est  pas  seulement  à 
l'état  de  désagrégation  ;  elle  s'est  cimentée  en  partie  et  forme  çà  et  là  (car- 
rière du  Juré)  des  espèces  de  conglomérats  ou  brèches  calcaires  très-résis- 
tantes qui  ont  même  servi  comme  moellons  piqués  pour  les  parements  du 
souterrain  du  canal.  Ce  calcaire,  par  sa  formation,  se  rapporte  peut-être 
bien  à  l'époque  tertiaire  (Esquisse  </éotogique,  p.  79)  et  existe  encore  à 
Blénod,  Uruffe,  etc. 

»  20  Alluvions  de  la  vallée  et  des  pentes.  —  Diluvium  proprement  dit.  —  La 
majeure  partie  de  ce  sous-groupe,  qui  me  paraît  appartenir  au  diluvium 
proprement  dit,  est  composée  surtout  de  cailloux  roulés  provenant  de 
roches  vosgiennes;  mais  ils  ne  sont  pas  exclusivement  quartzeux  comme 
ci-dessus;  il  y  en  a  de  granitiques,  de  dioritiques,  etc.  Ce  dépôt  présente 
parfois  4  à  5  mètres  de  puissance,  et,  je  le  répète,  depuis  vingt  ans  il  a  été 
fouillé  en  tous  sens.  Ces  fouilles  ont  mis  à  jour  un  grand  nombre  de  dents 
et  d'ossements  d'éléphants  et  autres  animaux  ;  mais  jamais  elles  n'ont 
fourni  le  moindre  indice  de  l'existence  de  l'homme,  soit  en  fait  d'ossements, 
soit  en  fait  de  produits  industriels. 


(   J^9  ) 

»  Post-diluvium.  —  Dans  cette  autre  partie  du  sous-groupe  des  alluvious 
anciennes  se  rangent  aussi  la  plupart  des  principaux  et  nombreux  amas  de 
cj ravier  calcaire,  grouine  ou  groise,  dont  parle  M.  Elie  de  Beaumont  dans  le 
compte  rendu  précité,  et  que  l'on  rencontre  sur  les  pentes  et  au  pied  des 
escarpements  dont  ils  sont  des  débris.  Telles  sont,  dans  la  vallée  de  l'Ingres- 
sin,  la  gravière  de  Cholov,  ouverte  après  le  coteau  du  bois  Haruin,  et  celle 
dont  il  sera  question  tout  à  l'heure. 

»  Ces  dépôts  renferment  parfois  des  cailloux  et  des  ossements  diluviens; 
on  les  a  souvent  classés,  jusqu'alors,  dans  le  diluvium  proprement  dit; 
mais  il  est  incontestable  que  ces  cailloux  et  ces  ossements  proviennent  eux- 
mêmes  d'ébonlis.  Il  y  a  deux  faits  qui  ne  laissent  aucun  doute  à  ce  sujet 
et  qui  prouvent  aussi  de  la  manière  la  plus  irrécusable  que  ces  dépôts  sont 
postérieurs  au  diluvium  : 

»    i°  Beaucoup  de  grouinieres  ne  contiennent  ni  cailloux  ni  ossements; 

»  i°  Dans  la  vallée  de  l'Ingressin,  entre  la  voie  de  fer  et  le  canal  (dans 
la  partie  comprise  entre  les  écluses  17  et  18),  la  carrière  du  moulin  de 
Choatel  présente  la  disposition  ci-dessous  : 

Terre  végétale, 

Gravier  calcaire  ou  gnuine  (environ  2  mètres), 
Diluvium  proprement  dit  (3  à  4  mètres), 
Oxford-ilm  . 

»  Dans  cette  carrière,  très-intéressante  au  point  de  vue  dont  il  s'agit  et 
que  doivent  s'empresser  de  voir  les  géologues  qui  seraient  dans  l'intention 
de  la  visiter,  car  elle  sera  peut-ètre«épuisée  d'ici  quelques  mois,  la  grève 
ne  contient  ni  cailloux  ni  ossements  diluviens,  et  elle  touche  immédiatement 
au  terrain  clysmien. 

»  Alluvions  modernes.  —  Pour  compléter  la  liste  des  alluvions  de  la  vallée 
de  l'Ingressin,  il  resterait  à  parler  de  tous  les  produits  et  dépôts  actuels 
(éboulis  récents,  tourbe,  marnes  et  argiles  lacustres,  alluvions  fluviatiles, 
etc.);  mais  comme  cela  n'importe  pas  à  l'objet  que  je  me  propose  en  ce 
moment,  je  renvoie,  pour  ces  divers  produits,  à  mon  Esquisse  géologique. 

Conclusions. 

»  i°  La  majeure  partie  de  notre  grouine  ou  groise  est  donc  réellement  bien 
un  produit  post-diluvien,  comme  l'a  fait  ressortir  M.  Élie  de  Beaumont 
dans  la  discussion  engagée  à  l'Académie  des  Sciences  au  sujet  de  la  ma- 


(   ia3o  ) 

choire  humaine  découverte  à  Moulin-Quignon.  Toutefois,  on  ne  peut  dis- 
convenir qu'il  y  en  a,  mais  en  petit  nombre,  d'antérieure  à  cette  époque. 

»  20  Les  nombreux  travaux  exécutés  depuis  vingt  ans  dans  la  vallée  de 
l'ingressin,  sur  une  étendue  de  8  kilomètres,  ont  mis  à  jour  beaucoup  d  os- 
sements d'animaux  antédiluviens  ;  mais  ils  n'ont  pas  fourni  la  moindre  trace 
quelconque  de  l'apparition  de  l'homme  au  delà  des  temps  historiques. 

»  3°  Pour  qu'une  découverte  à  ce  sujet,  dans  notre  arrondissement,  ait 
une  valeur  réelle,  par  rapport  aux  idées  admises  sur  l'époque  de  la  création 
de  l'homme,  il  faudrait  qu'elle  se  fît,  soit  dans  notre  premier  sous-groupe 
(ou  alluvions  des  plateaux),  soit  dans  la  première  couche  du  deuxième  sous- 
groupe  (ou  diluvium  proprement  dit).  » 

«  A  l'appui  de  sa  Note  M.  Husson  a  envoyé  une  série  d'échantillons  dont 
voici  la  liste  : 

N°l.   Grouine  de  la  gravière  de  Foug; 

2.   Alluvion  des  plateaux  (Cougniospath  à  Foug); 
5.   Grouine  de  Choloy  ; 

4.  Brèche  calcaire  de  la  carrière  du  Juré; 

5.  Calcaire  de  la  carrière  du  bois  Juré; 

6.  7,  8,  9.  Formes  diverses  de  la  grouine  de  la  carrière  deChoatel; 

10.  Diluvium  de  la  carrière  de  Choatel  (il  y  a  des  cailloux  pesant 

5  kilogrammes); 

11.  Portion  de  dent  d'Éléphant  de  ladite  carrière. 

»  En  présentant  à  l'Académie  la  Note  et  la  collection  de  M.  Husson  , 
M.  Élie  de  Beaumont  fait  observer  que  ce  qui  donne,  pour  l'étude  des 
terrains  de  transport,  un  intérêt  spécial  à  la  vallée  de  l'ingressin,  c'est  la 
diversité  minéralogique  des  éléments,  quartz,  roches  primitives  et  calcaires 
qui  y  caractérisent  respectivement  les  alluvions  anciennes  des  plateaux 
[dépôt  erratique  inférieur,  diluvium  Scandinave),  les  alluvions  anciennes  de 
la  vallée  {dépôt  erratique  supérieur,  diluvium  alpin)  et  le  post-diluvium  {dépôts 
meubles  sur  des  pentes). 

»  M.  Élie  de  Beaumont  exprime  en  même  temps  le  vœu  que  M.  Chevreul 
veuille  bien  analyser  la  dent  d'Éléphant  envoyée  par  M.  Husson,  comme  il 
a  promis  déjà  d'analyser  la  mâchoire  humaine  exhumée  au  Moulin- 
Quignon.   » 


(   ia3i   ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur   l'acide   acétique    de   la  fermentation    alcoolique; 
■  réponse  à  M.  Pasteur;  par  M.  A.  Béchamp. 

h   La  dernière  Note  de  M.  Pasteur  m'oblige  à  protester  de  nouveau  que 
mes  expériences    n'ont   pas   été  entreprises  pour    contrôler  les  siennes. 
....  Je  croyais,  d'ailleurs,  avoir  assez  clairement  exposé  que  je  m'étais  uni- 
quement proposé  de  démontrer  que  l'acide  acétique  est  un  produit  néces- 
saire de  la  fermentation  alcoolique,  sans  rien  préjuger  sur  la  substance  qui, 
dans  cette  opération,  lui  donne  naissance  :  le  sucre  ou  la  levure.  J'ai  en- 
tendu parler  de  la  fermentation  alcoolique  «  faite  dans  de  bonnes  condi- 
tions, »  c'est-à-dire  dans  les  conditions  qu'exige  une  démonstration  scien- 
tifique. Cette  observation,  clans  une  Note  qui  n'est  pas  encore  un  Mémoire, 
m'avait  paru  suffisante  pour  faire  comprendre  que  j'avais  tâché  d'apporter 
autant  de  rigueur  que  possible  dans  les  dispositions  de  l'expérience.  Comme 
je  ne  m'attendais  pas  à  une  objection  sur  la  nature  de  la  levure  employée, 
puisque  tout  le  monde  sait  ce  que  l'on  entend  par  levure  en  pâte  bien  lavée, 
j'avais  surtout  insisté  sur  l'expulsion  de  l'air,  dont  l'influence,  dans  l'espèce, 
pouvait  être  regardée  comme  prépondérante.  Rien,  dans  ma  Note,  n'au- 
torisait à  penser  que,  dans  mon  opinion,  l'acide  acétique  avait  pour  ori- 
gine le  sucre  plutôt  que  la  levure,  et,  au  moment  où  elle  arrivait  à  l'Aca- 
démie, je  tiens  à  le  constater  encore,  de  nouvelles  expériences  étaient  déjà 
instituées  pour  tenter  de  résoudre  la  question.  Comment  M.  Pasteur  peut-il 
dire  que  ma  Note  laissait  supposer  que  les  acides  volatils  dont  je  parle  pro- 
viennent du  sucre?  et,  continuant,  comment  peut-il  ajouter  :  «  Cela  est 
possible,  mais  rien  ne  le  démontre  dans  la  Note  de  M.  Béchamp.    » 

»  Je  remercie  M.  Pasteur  pour  «  le  grand  service  »  qu'il  m'a  rendu  de 
confirmer  mon  observation  et  d'éloigner  l'objection  relative  aux  levures  fili- 
formes dont  personne  n'a  jamais  signalé  l'existence  dans  la  bonne  levure. 
C'est  assurément  une  bonne  fortune  que  celle  de  voir  vérifier,  par  une  per- 
sonne dans  sa  position,  un  fait  qui  a  été  long  et  difficile  à  établir.  Quant  à 
ce  que  je  n'ai  rien  dit  de  l'état  de  la  levure  que  j'ai  employée,  j'avoue  que 
cela  m'a  paru  superflu  ;  il  aurait  fallu  être,  en  effet,  bien  peu  attentif  pour 
se  tromper  grossièrement  sur  ce  point,  lorsque,  d'ailleurs,  on  avait  pris  tant 
de  précautions  et  que  les  travaux  de  M.  Pasteur  étaient  là  pour  apprendre 
à  se  prémunir.  Mais,  puisqu'il  faut  insister,  je  dirai  que  là  levure  des  bras- 
series de  Montpellier  est  parfaitement  pure,  formée  exclusivement  de  glo- 
bules normaux  ;  que  la  levure  qui  avait  été  retirée  de  mes  deux  grandes 
fermentations  était  encore  formée  exclusivement  de  globules;  qu'une  partie 


(   i23a  ) 
de  colle  dernière  levure  a  servi  une  seconde  fois,  et  qu'elle  est  encore  sor- 
tie de  cette  épreuve  avec  son  aspect  normal,  formée  seulement  de  globules 
avant  la  forme  ordinaire.  La  seuie  chose  que  j'aie  constatée  jusqu'ici,  c'est 
que  la  levure  devient  de  moins  en  moins  active  (i). 

»  Certainement,  les  passages  du  Mémoire  de  M.  Pasteur  que  j'ai  cités  sont 
empruntés  à  la  première  partie  et  le  second  est  tiré  du  §  IX,  qui  est  in- 
titulé :  «  De  la  production  accidentelle  de  l'acide  lactique  dans  la  fermen- 
»  tation  alcoolique.  »  En  relisant  attentivement  ce  passage,  il  y  a  quelque 
chose  qui  me  frappe  :  «  Lorsqu'on  trouve  de  l'acide  acétique,  »  dit  M.  Pas- 
teur, «  c'est  que  le  liquide  fermenté  a  eu  le  contact  de  l'air  dans  des  condi- 
»  fions  toutes  particulières.  »  M.  Pasteur  s'était  donc  assuré  qu'à  l'abri 
de  l'air,  avec  de  la  levure  fraîche,  il  ne  se  forme  point  d'acide  acétique. 

»  Qu'il  me  soit  permis,  à  l'occasion  des  conseils  que  me  donne 
M.  Pasteur,  de  rappeler  que,  dans  un  sujet  qui,  il  est  vrai,  n'avait  pas 
pour  objet  immédiat  les  ferments,  j'avais  su  apporter  un  peu  plus  de  ri- 
gueur que  par  le  passé.  Longtemps  avant  que  M.  Pasteur  s'occupât  des  fer- 
mentations, en  i85/j,  pendant  que  j'étudiais  l'action  de  l'eau  sur  le  sucre 
de  canne,  j'avais  signalé  la  formation  de  moisissures  auxquelles  j'attribuais 
la  transformation  de  ce  sucre  on  glucose.  (Voir  Comptes  rendus  de  l'Aca- 
démie, 19  février  1 855  et  l\  janvier  1 858  ;  Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique, 3e  série,  t.  LIV,  p.  28.)  Après  avoir  démontré  que  l'eau  ne  modifie 
pas  le  sucre  de  canne  lorsqu'on  empêche  le  développement  des  moisis- 
sures, soit  en  interceptant  l'accès  de  l'air,  soit  par  l'addition  de  substances 
chimiquement  inactives  sur  le  sucre,  j'ai  fait  voir  que  la  transformation  chi- 
mique est  au  contraire  très-rapide  lorsque  les  moisissures  se  développent, 
et  j'ai  ajouté  : 

«  Mais  de  quelle  manière  agissent  les  moisissures?  Elles  agissent  à  la 
»  manière  des  ferments?  D'où  provient  le  ferment?  »  Voici  la  réponse  que 
je  fis  à  cette  dernière  question  : 

«  Depuis  longtemps  j'enseigne,  à  la  suite  de  M.  Dumas,  qu'à  chaque 
»  fermentation  répond  un  ferment  particulier.  Mais  il  était  admis  qu'il  fal- 
»   lait  qu'une  substance  azotée  de  nature  protéique  se  trouvât  en  présence 


(1  )  J'ai  omis,  dans  la  première  Note,  la  relation  d'une  expérience  qui  a  son  importance 
aujourd'hui.  J'ai  distillé  les  eaux  du  lavage  de  800  grammes  de  levure,  de  celle  qui  m'a  servi 
dans  mes  premières  expériences  ;  le  liquide  obtenu  était  acide,  mais  la  quantité  d'acides 
volatils  qui  y  existait  était  beaucoup  moindre  que  celle  que  l'on  trouve  après  que  3o  grammes 
de  levure  lavée  ont  agi  sur  le  sucre.  Le  dosages  seront  donnés  dans  mon  Mémoire. 


(  i233  ) 

»  de  la  substance  fermenteScible,  pour  que  le  ferment  propre  à  l'accom- 
»  plissement  du  phénomène,  certaines  conditions  de  température  et  de  mi- 
»  lieu  étant  remplies,  se  développât.  C'est  ainsi  que,  d'après  M.  Claude 
»  Bernard,  l'albumine  du  sérum  se  transforme,  dans  l'eau  sucrée,  succes- 
»  sivement  en  globules  blancs,  puis  en  globules  de  levure;  qu'il  est  néces- 
»  saire  que  le  caséum  se  trouve  en  présence  de  la  craie  et  d'un  hydrate  de 
»  carbone  pour  que  cette  substance  albuminoide  se  change  en  ferment  lac- 
»  tique.  Si  les  conditions  changent,  un  autre  ferment  naît,  d'autres  pro- 
»  duits  prennent  naissance.  Mais,  dans  mes  dissolutions,  il  n'existe  pas  de 
»  substance  albuminoide;  elles  étaient  faites  avec  du  sucre  candi  pur,  le- 
»  quel,  chauffé  avec  de  la  chaux  sodée  récente,  ne  dégageait  pas  d'ammo- 
«  niaque.  Il  paraît  donc  évident  que  des  germes  apportés  par  l'air  ont  trouvé 
»  dans  la  solution  sucrée  un  milieu  favorable  à  leur  développement,  et  il 
»  faut  admettre  que  le  ferment  est  produit  ici  par  la  génération  de  végéta- 
»  tions  mycétoïdes.  La  présence  de  ces  végétations  mycodermiques  ne  pa- 
»  raît  cependant  pas  être  la  seule  cause  de  la  transformation  du  sucre  de 
»  canne,  et  le  glucose  lévogyre  n'est  pas  le  seul  produit  qui  prenne  nais- 
»  sance.  En  effet,  la  liqueur,  lorsque  la  rotation  a  diminué  sensiblement 
»  pour  passer  vers  la  gauche,  est  constamment  acide.  L'acide  formé  (acé- 
»  tique  ou  formique)  contribue  sans  doute  pour  sa  part  à  hâler  la  modifi- 
»   cation  du  sucre.    » 

»  Je  n'ai  cité  ces  lignes  que  pour  montrer  qu'avant  M.  Pasteur  j'avais 
su  démêler,  dans  une  étude  qui  n'avait  pas  précisément  pour  objet  les  fer- 
ments, ce  qui  revient  à  l'air  dans  ces  productions  organisées,  et,  de  plus,  que 
mes  idées  sur  la  nature  des  fermentations  étaient  dès  lors  arrêtées.  Mon 
droit  de  poursuivre  ces  études  était  absolu  si  j'avais  voulu  en  user.  Mais  ceci 
pourrait  avoir  l'air  d'une  réclamation  de  priorité,  ce  qui  n'est  pas  dans  ma 
pensée.  Je  ne  suis  pas,  en  ce  moment,  organisé  pour  ce  genre  de  recher- 
ches ;  je  me  garderai  donc  bien  d'empiéter  sur  un  terrain  que  M.  Pasteur 
sait  si  bien  féconder. 

»  Je  le  répète,  pour  n'y  plus  revenir  :  si  je  me  suis  occupé  de  la  recherche 
de  l'acide  acétique  dans  la  fermentation  alcoolique,  c'est  que,  pour  M.  Pas- 
teur, le  sujet  était  épuisé,  et  que  j'y  ai  été  amené  à  la  suite  d'un  travail  sur 
les  vins  (i).  Je  crois  à  mon  droit  d'achever  cette  étude,  et  je  désire  que  la 

(i)  Des  travaux  antérieurs  m'avaient  préparé  à  ce  genre  de  recherches  que  je  poursuis 
depuis  bientôt  deux  ans.  J'ai  constaté  la  disparition  de  la  glycérine  clans  le  vin  tourné  et  la 

G.  R.,  [863;  i«  Semestre.     T.  LVI,  N°  26.)  '^1 


(  i*34  ) 
discussion  s'arrête  là,  car,  à  la  fin,  on  ne  sauraif  plus  ce  qui  m'est  personnel 
dans  cette  recherche.   » 

chimie  organique.  —  Recherches  sur  les  couleurs  d'aniline , 
par  M.  Hugo  Schiff. 

a  l.  Bleu  d'aniline.  —  Dans  nos  recherches  antérieures,  nous  avons 
démontré  que  le  hleu  d'aniline,  traité  par  les  alcalis  caustiques,  dépose 
l'hydrate  d'une  base  qui,  en  se  combinant  avec  les  acides,  fournit  des  sels 
cristallins.  Dans  nos  recherches  sur  la  formation  du  rouge,  nous  avons 
constaté  que  l'ammoniaque  est  un  produit  essentiel  de  la  décomposition  de 
l'aniline.  Si  le  rouge  est  chauffé  avec  une  nouvelle  quantité  d'aniline,  il  se 
manifeste  un  nouveau  dégagement  d'ammoniaque,  et  l'on  sait  que  par  ce 
procédé  on  prépare  le  bleu.  L'hydrate  de  la  base,  retirée  du  bleu,  contient 
près  de  9  pour  100  d'azote,  ainsi  beaucoup  moins  que  l'hydrate  de  rosa- 
ndine  (i3,2  pour  100).  Il  résulte  de  ce  fait  que  l'aniline  ne  se  combine  pas 
en  entier  avec  le  rouge.  Partant  de  ce  point  de  vue,  nous  avons  commu- 
niqué à  M.  Bolley,  déjà  au  mois  de  février,  l'idée  que  le  bleu  est  un  dérivé 
de  substitution  phénique  du  rouge. 

»  D'après  nos  analyses  du  chlorhydrate  et  du  sulfate,  nous  représentons 
la  base  du  bleu  par  la  formule 

(O20  H19)11 

3G6H5. 


N4 


»   Le  dégagement  d'ammoniaque  est  dû  à  la  réaction  primaire 

(G6  H5  ,G6Ii5 

3NÎ      H  =  N    G6H5  +  2NH% 

\     Il  Ig6hs 

tandis  que  la  triphénylamine,  composé  obtenu  à  l'état  libre  par  M.  Goess- 

formation  de  l'acide  propionique  avec  une  grande  quantité  d'acide  acétique.  Le  2  octobre 
dernier,  ayant  fait  fermenter  du  sucre  extrait  du  raisin  avec  de  la  levure  de  bière,  et  aban- 
donné le  produit  fermenté  dans  un  vase  mal  clos,  j'ai  vu  la  levure  disparaître  presque  tota- 
lement :  elle  était  devenue,  dans  le  nouveau  milieu,  la  proie  de  nouveaux  organismes  qui 
s'y  développèrent  pour  la  remplacer.  Dans  une  séance  de  la  Section  des  Sciences  de  notre 
Académie  montpelliéraine,  interprétant  mes  expériences,  je  disais  dernièrement  :  o  Dans  la 
fermentation  alcoolique,  comme  dans  les  autres  fermentations,  le  milieu,  le  terrain,  chan- 
geant de  plus  en  plus,  les  conditions  d'existence  du  ferment  n'étant  plus  les  mêmes,  il  est 
possible  que  le  sens  du  phénomène  initial  se  modifie  consécutivement;  de  là  la  formation  de 
produits  autres  que  l'alcool  et  l'acide  carbonique.    » 


(  1235  ) 

marin,  se  combine  par  suite  d'une  réaction  secondaire  à  1  équivalent  de 
rosaniline.  Il  en  résulte  que  la  base  du  bleu  représenterait  une  tétramine. 

•>  Une  courte  Note  de  M.  Hofmann  dans  les  Comptes  rendus  du  18  mai 
nous  a  engagé  à  communiquer  ces  recherches  encore  incomplètes.  D'après 
M.  Hofmann,  le  bleu  serait  le  rouge  triphénylique.  D'après  cela,  abstrac- 
tion faite  de  l'hydrogène,  il  y  aurait  une  différence  de  i  équivalent  d'azote 
entre  les  deux  notations  des  formules. 

»  Appelé  à  l'Université  de  Pise,  j'ai  dû  interrompre  mes  travaux.  Je 
laisse  à  M.  Hofmann  le  soin  de  faire  disparaître  cette  légère  différence,  ne 
doutant  pas  que  les  moyens  dont  dispose  ce  chimiste  distingué  lui  per- 
mettront de  résoudre  cette  question  d'une  manière  définitive. 

»  2.  Transformation  du  bleu  en  rouge. — Si  le  bleu  se  forme  par  l'addition 
directe  de  rosaniline  et  de  triphénylamine,  on  aurait  pu  s'attendre  qu'une 
séparation  des  deux  groupes  pourrait  être  effectuée.  Le  bleu,  surchauffé 
dans  des  tubes  scellés,  entre  en  fusion  et  se  transforme  en  une  masse  rouge- 
noirâtre.  Si  l'on  ouvre  les  tubes,  il  y  a  un  dégagement  abondant  de  gaz 
inflammables  et  d'ammoniaque.  La  masse  rouge  est  traitée  par  une  solution 
étendue  et  bouillante  de  carbonate  de  soude,  lavée  par  de  Peau  et  chauffée 
avec  de  l'acide  acétique  étendu.  Le  liquide  contient  une  quantité  notable 
d'acétate  de  rosaniline,  tandis  que  le  bleu  non  transformé  et  les  souillures 
restent  dans  le  résidu. 

»  5.  Rosaniline  et  les  éthers  iodhydriques.  —  Les  iodures  de  méthyle, 
d'éthyle  et  d'amyle,  chauffés  pendant  quelque  temps  à  100  degrés,  avec 
de  l'hydrate  de  rosaniline,  fournissent  avec  ce  dernier  des  produits  de  sub- 
stitution qui  se  dissolvent  en  donnant  un  violet  très-intense.  Les  sels  pos- 
sèdent un  aspect  verdâtre  ou  cuivré.  Ils  se  dissolvent  facilement  dans  de 
l'alcool,  peu  dans  les  éthers  iodhydriques  et  dans  l'eau.  Le  produit  de  l'ac- 
tion de  l'iodure  de  méthyle  paraît  être  identique  à  la  matière  violette  ob- 
tenue par  MM.  E.  Kopp  et  Lauth  par  l'oxydation  de  la  méthylaniline. 

»  Les  formules 

l£S0H16  lG20H16  l€,0H16 

N3  N3  •  N3 ) 

(3£H3  )3G2H3  |3€SH" 

se  rattacheraient  au  bleu  d'aniline,  si  plus  tard  des  analyses  ultérieures 

{•GS0H16 
onexis    ae    M-    Hofmann.    Ajoutons    que 

l'hydrate  de  rosaniline,  chauffé  avec  du  phénol  à  200  degrés  pendant 
vingt-quatre  heures,  fournit  une  masse  ronge  foncé,  qui  se  dissout  avec 

i6r.. 


(  1236  ) 
une  couleur  violette  dans  l'alcool  contenant  de  l'acide  acétique.  Aucune 
formation  de  bleu  n'a  pu  être  constatée. 

»   4.  Rouge  d'aniline  par  te  potassium.  —  Le  rouge  se  forme  de  l'aniline 
par  une  perte  d'hydrogène  et  d'ammoniaque  : 

io€eH7N  =  3  G20H,9j\3  +  NH3  -+-  ioH. 

»  D'après  M.  Hofmann  (i  845)  le  potassium  agit  sur  l'aniline  en  dégageant 
de  l'hydrogène.  Cefait  nous  a  suggéré  l'idée  d'essayersi  par  cette  réaction  on 
ne  pourrait  pas  préparer  directement  du  rouge  d'aniline.  En  effet  l'aniline 
dissout  des  quantités  notables  de  potassium,  surtout  à  une  température  un 
peu  élevée;  en  même  temps  il  se  dégage  de  l'hydrogène  et  de  l'ammo- 
niaque. On  obtient  enfin  une  masse  brune,  solide  à  la  température  ordi- 
naire, mais  très-facilement  fusible.  Au  contact  de  l'air  cette  masse  ne  tarde 
pas  à  être  décomposée,  elle  attire  l'oxygène  et  tombe  en  déliquescence;  elle 
est  très-énergiquement  attaquée  par  les  acides;  mais  si  on  la  dissout  dans 
de  l'alcool  et  qu'on  neutralise  peu  à  peu  par  de  l'acide  chlorhydrique, 
on  obtient  une  solution  d'un  rouge  intense  de  cramoisi,  tandis  que  du  chlo- 
rure de  potassium,  insoluble  dans  l'alcool,  se  dépose.  La  masse  brune  ne 
se  prête  pas  à  une  analyse  exacte,  aussi  est-il  difficile  de  transformer  l'ani- 
line en  entier;  parla  synthèse  j'ai  trouvé  que  l'aniline  dissout  à  peu  près  son 
équivalent  de  potassium,  et  le  produit  de  la  réaction  paraît  être  un  dérivé 
potassique  ou  de  l'aniline  ou  de  la  rosaniline,  comparable  à  l'amidure  de 
potassium. 

»  5.  Jaune  d  aniline.  —  Pendant  nos  recherches  sur  le  rouge  d'aniline, 
nous  avons  eu  souvent  occasion  de  remarquer  une  coloration  écarlate 
qui  se  transformait  par  l'eau  en  une  coloration  jaune.  Surtout  les  per- 
chlorures  d'arsenic,  d'antimoine,  de  phosphore  et  le  bichlorure  d'étain 
hydraté  nous  ont  fait  remarquer  ce  phénomène.  Il  paraît  que  l'action  de 
l'acide  nitreux  (Mène)  et  de  l'acide  iodique  étendu  (Lauth)  fait  naître  des 
matières  semblables.  Nous  avons  réussi  à  préparer  cette  matière  en  quan- 
tités plus  grandes,  en  soumettant  l'aniline  à  l'action  des  acides  antimo- 
nique  et  stannique  hydratés.  L'antimoniate  ou  le  stannate  alcalin  est  ajouté 
de  la  moitié  de  son  poids  d'aniline,  on  en  forme  une  bouillie  épaisse  et  on 
ajoute  ensuite  de  l'acide  chlorhydrique,  exempt  d'acide  azotique,,  jusqu'à 
ce  que  le  liquide  montre  une  réaction  fortement  acide.  La  bouillie  rouge 
est  desséchée  et  épuisée  par  de  l'éther  alcoolisé,  qui  dissout  le  chlorhydrate 
d'une  base  qui  n'est  pas  identique  avec  la  rosaniline.  Par  l'évaporation  à  la 
température  ordinaire,  le  chlorhydrate  cristallise  en  feuillets  verdâtres. 
Les  autres  sels  s'obtiennent  par  la  même  méthode.  L'eau  les  décompose, 


(  i*&  ) 
mais  ils  se  dissolvent  dans  de  l'eau  acidulée  avec  une  couleur  rouge  d'écar- 
late.  Si  ces  solutions  sont  étendues  par  de  grandes  quantités  d'eau  ou  qu'on 
ajoute  une  petite  quantité  d'une  solution  de  carbonate  de  soude,  on  voit 
aussitôt  une  poudre  jaune  se  déposer.  Si  des  étoffes  de  soie  ou  de  laine  sont 
empreintes  delà  solution  rouge  acidulée  et  traitées  ensuite  par  une  solution 
étendue  et  chaude  de  carbonate  de  soude,  on  obtient  une  coloration  jaune 
qui  résiste  à  l'eau  et  aux  savons.  Comme  cette  matière  colorante  peut  être 
obtenue  à  la  température  ordinaire  et  qu'on  peut  se  servir  du  stannate  de 
soude  du  commerce,  nous  ne  doutons  pas  que  l'industrie  ne  puisse  tirer 
parti  de  ce  produit.  La  coloration  est  comparable  à  celle  produite  par  l'acide 
picrique. 

»  Nous  nous  proposons  de  communiquer  des  détails  sur  les  objets 
traités  dans  les  Notes  précédentes,  aussitôt  qu'il  nous  sera  possible  de 
reprendre  nos  recherches  dans  le  laboratoire  de  Pise.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  les  densités  de  vapeur  de  certains  corps;  Note  deM.M.  J.-A. 
"XVanklyn  et  J.  Robixsox,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Dans  les  Comptes  rendus  du  20  avril  i863,  M.  H.  Sainte-Claire  Deville 
a  fait  paraître  quelques  remarques  critiques  concernant  notre  Mémoire  sur 
la  diffusion  des  vapeurs.  Quoique  nous  ne  pussions  admettre  la  justesse  de 
ces  critiques,  nous  étions  disposés  à  différer  notre  réponse  jusqu'au  moment 
où  nous  aurions  achevé  une  seconde  série  d'expériences.  Mais  comme 
M.  Deville  renouvelle  ses  objections  dans  les  Comptes  rendus(t.  LVI,  p.  8g5), 
et  que  M.  Cahours  considère  la  question  comme  actuellement  vidée,  nous 
ne  croyons  pas  devoir  faire  attendre  notre  réplique  plus  longtemps. 

»  Dans  notre  Mémoire  nous  avons  défendu  l'opinion  adoptée  par  un 
grand  nombre  de  chimistes,  que  les  densités  de  vapeur,  dites  anormales,  ne 
sont  pas  à  proprement  parler  des  densités  de  vapeur,  mais  les  moyennes  des 
pesanteurs  spécifiques  de  mélanges.  Nous  avons  démontré  qu'il  en  est  ainsi 
par  deux  expériences,  en  faisant  diffuser  les  vapeurs  dans  un  gaz  neutre. 

»  De  même  qu'un  mélange  de  gaz  ne  diffuse  pas  uniformément,  de  même 
nous  avons  trouvé  que  ces  vapeurs  ne  diffusent  pas  uniformément,  et  nous 
en  avons  tiré  la  conclusion  qu'elles  étaient  des  mélanges. 

»  M.  Deville  fait  l'objection  suivante  :  De  même  que  la  diffusion  aqueuse 
décompose  le  bisulfate  de  potasse  et  l'alun,  de  même  la  diffusion  gazeuse 
pourrait  décomposer  les  vapeurs  dont  il  s'agit.  A  cela  nous  répondons  : 
Dans  les  expériences  de  M.  Craliam  ce  n'était  pas  du  bisulfate  de  potasse  sec 


(  ia38  ) 

ou  de  l'alun  sec  qui  était  soumis  à  la  diffusion,  mais  des  dissolutions  con- 
centrées de  ces  sels  ont  diffusé  dans  de  l'eau.  Or  il  y  a  de  bonnes  raisons 
de  croire  que  toutes  les  fois  qu'un  sel  est  dissous  dans  l'eau,  il  éprouve  une 
décomposition  partielle,  sinon  complète,  en  acide  et  en  base. 

»  Si  donc  la  solution  de  bisulfate  de  potasse  renferme  une  petite  quantité 
d'acide  sulfurique  et  une  petite  quantité  de  potasse,  la  seule  action  physique 
de  la  diffusion  est  capable  d'opérer  la  séparation  de  ces  deux  éléments, 
sans  l'intervention  d'une  décomposition  chimique. 

»  En  outre,  nous  ferons  observer  que  l'eau  est  un  agent  chimique  assez 
énergique,  etqu'il  est  à  peine  permis  de  comparer  l'action  d'un  grand  excès 
d'eau  avec  l'action  d'un  grand  excès  d'un  gaz  neutre. 

»  Nous  sommes  occupés  à  étendre  nos  recherches  à  des  cas  de  vapeurs 
normales,  et  nous  espérons  être  en  mesure  d'annoncer  que  tandis  que  les 
vapeurs  anormales  se  résolvent  par  la  diffusion  dans  les  vapeurs  qu'elles 
renferment  à  l'état  de  mélange,  les  vapeurs  normales  n'éprouvent  aucun 
changement  lorsqu'elles  sont  soumises  à  la  diffusion  dans  les  mêmes  con- 
ditions. 

«  Et  ici  nous  demandons  la  permission  de  présenter  quelques  obser- 
vations concernant  le  mot  «  dissociation  »  que  M.  Deville  applique  aux 
décompositions  qu'il  réalise  en  faisant  passer  divers  gaz  à  travers  des 
tubes  poreux  chauffés  au  rouge.  Nous  ne  pouvons  approuver  l'emploi  de 
ce  mot  pour  exprimer  cette  idée.  On  sait,  en  effet,  que  les  corps  poreux 
favorisent  en  général  les  actions  chimiques.  Ainsi  l'oxygène  et  l'hydrogène, 
qui,  dans  les  conditions  ordinaires,  exigent  une  température  élevée  pour 
se  combiner  l'un  avec  l'autre,  sont  convertis  en  eau  à  la  température  ordi- 
naire sous  l'influence  de  corps  poreux.  Il  n'y  a  pas  lieu,  en  conséquence, 
d'être  surpris  de  ce  fait  que  l'acide  carbonique  et  la  vapeur  d'eau  sont  dé- 
composés, sous  l'influence  d'un  tube  poreux,  à  une  température  inférieure 
à  celle  où  la  décomposition  arrive  ordinairement.  Il  nous  semble  donc  que 
les  résultats  de  M.  Deville,  très-intéressants  en  ce  sens  qu'ils  montrent  la 
dépendance  des  actions  chimiques  de  certaines  conditions,  ne  sont  en  réalité 
que  des  cas  de  décompositions  chimiques  qui  ne  diffèrent  pas  d'autres 
actions  connues  depuis  longtemps. 

»  Dans  le  Mémoire  déjà  cité,  M.  Deville  décrit  une  expérience  dont  il 
tire  la  conclusion  que  l'acide  chlorhydrique  et  l'ammoniaque  entrent  en 
combinaison  à  une  température  à  laquelle,  d'après  notre  hypothèse,  ces 
gaz  devraient  exister  »  côte  à  côte  »  sans  réagir  l'un  sur  l'autre.  Il  a  dirigé 
rapidement  l'acide  chlorhydrique  et  l'ammoniaque  dans  un  vase  dans  lequel 


(  133g  ) 
il  avait  placé  un  thermomètre  à  air,  et  qui  était  plongé  dans  un  bain  de 
mercure  bouillant.  Il  a  remarqué  que  lorsque  les  gaz  entrent  le  thermomètre 
à  air  s'élève  à  plusieurs  degrés  au-dessus  du  point  d'ébullition  du  mercure, 
malgré  l'action  réfrigérante  qu'ils  devraient  exercer,  et  a  tiré  de  ce  fait  la 
conclusion  que  l'acide  chlorhydrique  et  l'ammoniaque  s'étaient  combinés  à 
la  température  ou  au-dessus  de  la  température  du  mercure  bouillant. 

»  TNous  sommes  frappés  par  ce  que  cette  expérience  offre  de  vraiment 
ingénieux;  néanmoins  nous  croyons  qu'elle  a  manqué  le  but.  Le  point 
précis  qu'il  s'agissait  de  démontrer  était  que  la  combinaison  s'était  accom- 
plie à  la  température  ou  au-dessus  de  la  température  du  mercure  bouillant. 
Or  nous  cherchons  vainement  une  garantie  pour  ce  fait  que  l'acide  chlorhy- 
drique et  l'ammoniaque  avaient  réellement  atteint  la  température  du  mer- 
cure bouillant  au  moment  où  ils  sortaient  des  tubes.  M.  Deville  a  fait  passer 
rapidement  ses  gaz,  et  les  gaz  ne  prennent  pas  rapidement  la  température  du 
vase  dans  lequel  ils  sont  placés.   » 

M.  H.  S.unte-Claïke  Deville  demande  à  l'Académie  la  permission  de 
faire  à  ce  sujet  quelques  observations  et  les  consigne  dans  la  Note  suivante  : 

«  i°  Je  ne  soutiens  et  je  n'attaque  aucune  théorie  :  je  me  contente  d'éta- 
blir des  faits,  et  je  remarque  avec  plaisir  qu'ils  ne  sont  pas  contestés  par  les 
auteurs  très-courtois  de  la  Noie  précédente.  Les  premières  conséquences  qui 
aient  été  tirées  de  mes  expériences  sur  la  dissociation  ont  été  publiées  par 
mon  savant  ami  M.  Cannizzaro,  de  Païenne  :  il  a  essayé  depuis  longtemps 
d'expliquer  par  leur  moyen  les  densités  de  vapeur  que  MM.  Wanklyn  et 
Robinson  appellent- aujourd'hui  anormales;  mais  je  n'ai  pas  encore  voulu 
admettre  un  système  hypothétique  dont  la  nécessité  ne  me  paraît  pas  bien 
évidente,  quoiqu'il  donne  de  l'importance  à  mes  propres  travaux. 

»  2°  Dans  une  enceinte  chauffée  vers  35o  degrés,  l'acide  chlorhydrique 
et  l'ammoniaque  gazeux  se  rencontrant  à  cette  température  ou  à  une  tem- 
pérature inférieure  s'échauffent  jusqu'à  3g4  degrés.  Il  faut  en  conclure  que 
les  deux  gaz  se  combinent  à  35o  degrés  avec  dégagement  de  chaleur;  donc 
le  sel  ammoniac  existe  à  35o  degrés.  Tout  cela  est  nécessaire. 

»  Le  cjçanhydrate  d'ammoniaque  seforme  au-dessus  .de  iooo  degrés  par 
le  contact  de  l'ammoniaque  et  du  charbon  ;  donc  à  ioo  degrés  il  existe, 
quoiqu'alors  il  représente  8  volumes. 

»  3°  Je  ne  demande  pas  mieux  que  d'admettre  les  raisonnements  très- 
ingénieux  et  très-séduisants  de  MM.  Wanklyn   et  Robinson;   mais   il    faut 


(   ia4o  ) 
qu'ils  démontrent  d'abord  que  les  corps  qui   représentent  8  volumes  (et 
seulement  ceux-là)  se  décomposent  tous  dans  leur  propre  vapeur  à  la  tem- 
pérature où  on  prend  leur  densité. 

»  4°  Je  ferai  remarquer  à  ces  messieurs  que  j'ai  opéré  la  dissociation  de 
l'acide  carbonique  sans  le  concours  d'un  vase  poreux,  et  qu'ils  trouveront 
dans  les  Comptes  rendus  les  résultats  de  mes  expériences.  M.  Grove  et  moi- 
même  après  lui,  nous  avons  décomposé  l'eau  d'une  manière  qui  me  paraît 
difficilement  explicable  avec  les  théories  actuelles.  Je  serais  très-heureux 
qu'on  y  fit  rentrer  nos  expériences,  car  ce  serait  un  progrès.  Dans  les  dis- 
cussions engagées  avec  sincérité  et  aménité,  la  science  gagne  toujours  et  les 
savants  ne  perdent  jamais.   » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  propriétés  calorifiques  et  expansives  des 
fluides  élastiques;  Note  de  M.  F.  Reeche,  présentée  par  M.  Regnault. 

<<  Dans  le  Compte  rendu  du  i5  juin  se  trouve  une  Note  de  M.  Clausius 
ayant  pour  objet  une  réclamation  de  priorité  au  sujet  du  contenu  d'une  Note 
de  M.  Dupré,  insérée  dans  le  Compte  rendu  du  18  mai.  Il  me  sera  permis 
d'intervenir,  à  cette  occasion,  pour  faire  connaître  que  les  équations  trou- 
vées' par  MM.  Dupré  et  Clausius  peuvent  être  établies  sans  qu'on  ait  besoin 
de  savoir  s'il  y  a  ou  s'il  n'v  a  pas  un  équivalent  mécanique  de  la  chaleur. 

»  Je  désigne  par  t  la  température  d'un  liquide  et  par  p  la  pression  de  la 
vapeur  du  liquide  à  la  température  t.  On  sait  que  p  est  une  fonction  de  t. 
Je  me  représente  i  kilogramme  de  vapeur  mélangé  de  liquide.  Je  désigne 
par  v  le  volume  du  mélange,  £  le  poids  de  la  vapeur  et  i  —  S,  le  poids  du 
liquide  dans  le  volume  v  ;  par  w  (fonction  de  t)  ce  que  devient  v  pour  %  =  o 
et  par  W  (fonction  de  t)  ce  que  devient  v  pour  |  =  i. 

On  a  évidemment 

(t)  v  =  |W  -r-(i  —  £)h'  =  w  +  (W— w)|. 

»  Les  quantités  v,  p  (ou  bien  <>,  t)  étant  supposées  représentées  par  des 
abscisses  et  ordonnées  dans  un  plan,  je  désigne  par  r,  R  deux  fonctions  de  t 
telles  que  r  soit  la  quantité  de  chaleur  nécessaire  pour  que  la  dilatation 
de  i  kilogramme  de  liquide  ait  lieu  le  long  de  la  courbe  t>  =  w  (à  partir 
de  t  =  o)  et  que  R  soit  la  somme  de  chaleur  nécessaire  pour  que  la  dilata- 
tion de  i  kilogramme  de  vapeur  saturée  ait  lieu  le  long  de  la  courbe  t>=  W 
aussi  à  partir  de  t  =  o).  Je  désigne  encore  par  L  la  chaleur  latente,  c'est-à- 
dire  la  chaleur  nécessaire  pour  que  le  volume  de  i  kilogramme  de  liquide, 


(  1*4-1  ) 

à  une  température  constante  <,  soit  porté  de  w  à  W,  On  sait  que  L  est  une 
fonction  de  t. 

»  Cela  convenu,  j'observe  que  si  âQ  est  la  somme  de  chaleur  nécessaire 
pour  que  les  variables  t,  %  de  i  kilogramme  de  vapeur  mélangée  de  liquide 
deviennent  t  -+-  dt,  %  -+-  d£,  il  doit  y  avoir  une  relation  telle  que 

âQ  =  bf(t-hBde, 

les  quantités  b,  B  étant  des  fonctions  de  2,  |  seulement. 

»  En  supposant  t =const.,  on  a  f/£=o  et  l'expression  dec?Qse  réduit  à  Bd^; 
ce  terme  est  de  la  chaleur  latente,  mais  il  est  évident  que,  à  une  tempéra- 
ture constante  t,  la  chaleur  nécessaire  pour  produire  une  augmentation  d£ 
dans  le  poids  de  la  vapeur  est  hdi~.  Il  s'ensuit  qu'on  doit  avoir  B  =  L  et  que 
l'expression  de  e?Q  se  réduit  à 

âQ  =  bdt-h'Ld%. 

»  En  supposant  maintenant^  =  const.,  on  a  rf£=  o  et  l'expression  de  t?Q 
se  réduit  à  bdt.  Ce  terme  est  la  quantité  de  chaleur  qui  doit  être  fournie  à 
un  poids  constant  %  de  vapeur  et  à  un  poids  constant  i  —  £  de  liquide  pour 
que  la  température  du  mélange  augmente  de  dt.  Il  est  évident  que  cela 
exige  qu'on  ait 

bdt  =  S,dB.-{-  (i  —  J-)dr=dr-h{dB.—  dr)%. 

L'expression  de  t?Qest  par  conséquent 

W  ^  =  [ï+(ï-S)?]<"-Lrf5- 

»  En  égalant  à  zéro  le  second  membre  de  l'équation  (a)  on  obtient  l'équa- 
tion de  la  détente  d'un  mélange  de  vapeur  et  de  liquide  dans  une  enveloppe 
non  perméable  à  la  chaleur.  Cette  équation  peut  n'être  pas  une  différen- 
tielle exacte  ;  mais  alors  il  y  a  un  diviseur  T  tel,  qu'on  obtiendra  une  diffé- 
rentielle exacte  en  posant 

(3)  dn  =  '-g  =  .... 

»  En  se  servant  de  l'équation  (2)  pour  développer  le  second  membre  de 
l'équation  (3),  on  trouve  une  condition  algébrique  d'après  laquelle  le  divi- 
seur T  doit  être  une  fonction  de  t  seulement.  Cette  condition  est  telle,  que  si 
l'on  regarde  la  fonction  T  comme  connue,  il  est  nécessaire  qu'on  ait 

lf.\  dK        dr         rrd/L 

C.  R.,   i863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,  N°  26.)  ,t)2 


(     1^42    ) 

a   Au  moyen  de  lu  condition  (4)  l'équation  (2)  revient  a 

dr  ,.       ^  ,  /Li 


(5)  m=^dtl^Td(^y 

•>  Au  moyen  de  l'équation  (1)  on  trouve  la  relation  équivalente 
(S  M)  ,Q=§*  +  Ttfi|^]. 

>i   Au  moyen  de  (5  bis)  l'équation  (3)  devient  sous  forme  finie 

(6)  T(W_»r+jTÂA=COnSL"- 

»  Telle  est  l'équation  générale  en  v ,  £  des  courbes  de  détente  d'un  mé- 
lange de  vapeur  et  de  liquide  dans  une  enveloppe  non  perméable  à  la  cha- 
leur. 

»  Il  me  reste  à  dire  que  la  quantité  T  de  mes  équations  (3),  (4),  (5), 
(5  bis),  (6)  est  précisément  celle  que  M.  Clausius  fait  figurer  dans  sa  Note 
sous  la  forme 

T  =  «  +  /=  273  -+-  t 

et  que,  au  moyen  de  cette  expression  de  T,  mon  équation  (4)  se  confond 
exactement  avec  la  première  équation  de  la  Note,  tandis  que,  en  égalant  à 
zéro  le  second  membre  de  l'équation  (5),  on  obtient  exactement  l'autre 
équation  de  la  Note  de  M.  Clausius.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Faits  pour  servir  à  /' histoire  des  corps  polymères . 

porM.  Berthelot. 

«  M.  Balard  a  établi  que  l'alcool  amylique,  traite  parle  chlorure  de  zinc, 
fournit  un  mélange  d'amylène,  de  diainylène,  de  tétramylène,  etc.  :  ces 
résultats  ont  été  confirmés  et  étendus  par  les  travaux  de  M.  Bauer  et  surtout 
par  les  expériences  intéressantes  que  M.  Wurtz  vient  de  publier.  Cette  der- 
nière publication  m'engagea  donner  également  diverses  observations  que 
j'ai  faites,  dans  le  cours  de  ces  dernières  années,  sur  l'amylène  et  sur  les 
corps  polymères. 

»  l.  Je  me  suis  d'abord  proposé  de  chercher  si  les  polymères  de  I  ainy- 
lene  dérivent  directement  de  l'amylène  libre,  ou  s'ils  ne  peuvent  être  obtenus 
que  par  la  métamorphose  de  l'alcool  amylique. 

»   J'ai  pris  de  l'amylène  pur,  du  chlorure  de  zinc  pur  et  préparé  par 


(  ia43  ) 
moi  (i),  et  j'ai  chauffé  ces  deux  corps  en  vase  clos  à  160  degrés  pendant 
quarante  heures.  Il  ne  s'est  pas  produit  une  seule  huile  de  gaz;  mais  l'amy- 
lene  s'est  trouvé  transformé  en  diamylène  et  en  carbures  plus  condensés, 
dont  le  point  d'éhullition  monte  jusqu'au  rouge  sombre.  Ces  phénomènes 
sont  analogues  à  ceux  que  j'avais  observés  autrefois,  en  modifiant  le  térében- 
thène  par  le  chlorure  de  zinc. 

»  2.  L'amylène  peut  être  transformé  plus  rapidement  en  polymères,  en 
le  mélangeant  avec  l'acide  sulfurique  concentré  :  un  vif  dégagement  de 
chaleur  se  produit,  suivi  bientôt  de  la  séparation  du  liquide  en  deux 
couches.  La  couche  inférieure  renferme  de  l'acide  sulfurique ,  de  l'acide 
amvlsulfurique  (2)  et  un  acide  plus  stable  analogue  à  l'acide  iséthionique. 
Au  moment  où  on  l'étend  d'eau,  elle  fournit  en  outre  une  certaine  quantité 
de  carbures  condensés.  La  couche  supérieure  renferme  des  carbures  con- 
densés et  un  peu  d'acide  sulfurique  combiné,  à  la  façon  de  celui  qui  est 
contenu  dans  l'huile  devin.  Soumise  à  la  distillation,  elle  produit  du  diamy- 
lène et  des  carbures  plus  condensés.  —  Ces  faits  expliquent  les  résultats 
obtenus  par  M.  Cahours  dans  la  réaction  de  l'acide  sulfurique  sur  l'alcool 
amylique. 

»  5.  Le  diamylène,  obtenu  par  la  réaction  du  chlorure  de  zinc  sur 
l'alcool  amylique,  ne  représente  pas  une  substance  beaucoup  plus  stable 
que  l'amylène.  Agité  avec  l'acide  sulfurique,  il  s'y  mélange  de  même  avec 
dégagement  de  chaleur  ;  puis  une  partie  surnage  et  se  sépare.  Elle  est  formée 
de  carbures  plus  condensés  et  moins  volatils ,  mélangés  à  une  certaine 
proportion  de  diamylène  inaltéré. 

»  4.  Ces  divers  phénomènes  me  paraissent  résulter  du  dégagement  de 
chaleur  qui  se  produit  au  moment  de  l'union  du  carbure  avec  l'acide  sulfu- 
rique. La  chaleur  agit  ici  pour  modifier  le  carbure  et  déterminer  la  réunion 
de  plusieurs  molécules  en  une  seule,  absolument  comme  il  arrive,  d'après 
mes  expériences,  lorsqu'on  soumet  le  térébenthène  et  l'australène  à  l'action 
directe  de  la  chaleur.  Le  chlorure  de  zinc  exerce  quelque  réaction  analogue. 
Son  influence  peut  donner  lieu,  non-seulement  à  des  condensations  molé- 
culaires, mais  à  des  phénomènes  d'hydrogénation  et  de  déshydrogénation, 
complémentaires  les  uns  des  autres  :  le  plus  simple  de  ces  phénomènes  est 
celui  en  vertu  duquel  le  térébenthène,  dans  mes  expériences,  chauffé  avec 


(1)  Le  chlorure  de  zinc   dit  pur,  du  commerce,  renferme  des  nitrates  dont  la   présence 
donne  lieu  à  des  phénomènes  secondaires. 

(2)  Isomère  avec  l'acide  qui  dérive  de  l'alcool  de  fermentation. 

162.. 


(  1^44  ) 

le  chlorure  de  zinc,  dégage  de  l'hydrogène.  J'ai  observé  d'ailleurs  que  la 
chaleur  seule  peut  produire  ce  même  dégagement  d'hydrogène,  mais  à  une 
température  beaucoup  plus  hante. 

»  Tous  ces  effets  sont  très-généraux  :  ils  peuvent  être  observés,  non- 
seulement  avec  l'amylène,  le  caprylène,  le  térébenthine ,  etc.,  mais  aussi 
avec  des  carbures  plus  simples,  comme  le  prouve  la  formation  des  huiles 
devin,  aux  dépens  de  l'alcool  traité  par  l'acide  sulfuriqueou  par  le  chlorure 
de  zinc;  et  celle  des  dérivés  condensés  du  propylène,  volatils  jusqu'au- 
dessus  de  3oo  degrés,  que  j'ai  obtenus,  en  même  temps  que  l'alcool,  en 
étendant  d'eau  la  solution  sulfurique  du  propylène. 

»  5.  Dans  aucune  des  réactions  qui  précèdent,  je  n'ai  observé  la  forma- 
tion de  carbures  intermédiaires  entre  l'amylène  et  le  diamylène.  Peut-être 
ai-je  opéré  sur  des  quantités  trop  peu  considérables.  Voici  en  effet  quelques 
chiffres  qui  permettront  déjuger  dans  quelles  proportions  se  produisent  les 
nouveaux  carbures  observés  par  M.  Wurtz  dans  la  réaction  du  chlorure  de 
zinc  sur  l'alcool  amylique. 

»  s  o kilogrammes  environ  d'alcool  amylique,  volatil  entre  125  et  1 35  de- 
grés, traités  en  fabrique,  ont  formé,  à  la  suite  de  plusieurs  rectifications  : 

»    i°  Amylène   et   carbures   volatils  jusque 
vers  4o  degrés     3ooo  gr.  ou  3o  pour  ioo. 

»   2°  Produits  volatils  entre  6o  et  i  io  degrés  .        îoo       »        i  » 

»   3°  Produits  volatils  entre  i  ioet  i2odegrés.        200        »        2 

»  4°  Produits  volatils  entre  120  et  i3o  degrés 
(consistant  principalement  en  alcool  amylique 
inaltéré) 4°o        »        4  » 

»  5°  Perte  pendant  les  rectifications  des 
produits  précédents 100       »        1 

»  6°  Produits  volatils  de  i3o  à  160  degrés 
(renfermant  de  l'alcool  amylique  et  du  diamy- 
lène)       3ooo        »     3o  » 

»  70  Eau  séparée  de  l'alcool  par  la  réaction, 
environ     2000        »      20  » 

»  8°  Produits  volatils  au-dessus  de  160  de- 
grés et  perte 1 200        «12  » 

»  On  voit  que  les  produits,  autres  que  l'amylène,  volatils  jusqu  à  1  20  de- 
grés, ne  dépassent  pas  3  centièmes;  encore  renferment-ils  une  certaine 
quantité  d'alcool  amylique. 

»   Or  si  l'on  réfléchit  qu'il  est  impossible  de  séparer  complètement,  par  de 


(  ia45  ) 
simples  distillations,  des  liquides  analogues  qui  s'entraînent  en  raison  de 
leur  tension  de  vapeur,  comme  le  prouve  la  rectification  de  l'alcool  ordi- 
naire, mélangé  d'eau;  si  l'on  se  rappelle  que  l'alcool  amylique  du  com- 
merce renferme  des  alcools  butylique,  C8H,0O2  (Wurlz),  caproïque, 
Cl2H"02,  et  œnanlhylique,  C,4H,602  (Fagel),  mélanges  qu'il  est  égale- 
ment impossible  de  séparer  par  distillation  au  delà  d'un  certain  terme, 
même  en  opérant  à  point  fixe;  si  l'on  remarque  enfin  que  l'analyse  est  inca- 
pable de  déceler  de  semblables  mélanges,  toutes  les  fois  que  la  proportion 
des  alcools  bomologues  ne  dépasse  pas  quelques  centièmes;  on  sera,  je 
pense,  fondé  à  attribuer  à  ces  alcools  la  présence  des  i  on  3  centièmes 
des  carbures  intermédiaires,  tels  que  C,2H'2  et  CMrT'\  Quant  à  C,6H,C. 
c'est  probablement  du  dibutylène,  (C8H8)2,  dérivé  de  l'alcool  butylique, 
etC,8H'8,  du  butylamylene,  C8H8.C,0H'0,  dérivé  à  la  fois  des  alcools 
butylique  et  amylique,  etc.  —  Cette  conclusion  est  d'autant  plus  vraisem- 
blable que  les  mêmes  phénomènes  de  condensation  moléculaire  s'observent 
sur  des  carbures  tels  que  C20H,6,qui  ne  sont  pas  homologues  avec  leurs 
polymères. 

»  6.  J'ai  fait  quelques  expériences  relatives  à  l'union  du  diamylène  avec 
les  hydracides.  J'ai  obtenu  en  effet  un  chlorhydrate,  mais  qui  m'a  paru 
moins  stable  que  les  chlorhydrates  des  carbures  normaux  C2"H2".  11  est 
probable  que  le  diamylène,  (C'°H10)2,  diffère  en  outre  du  carbure  isomère 
C20  H20,  homologue  de  1'étbylène,  par  certaines  réactions  où  il  se  dédouble, 
en  reproduisant  les  dérivés  de  l'amylène.  C'est  ainsi  que  le  carbure  CI0H'°, 
obtenu  par  M.  Wurtz  dans  la  réaction  du  zinc-éthyle  sur  l'éther  allyliodhy- 
drique,  et  qu'il  a  désigné  sous  le  nom  d'amylène,  mais  cpie  je  crois  préférable 
d'appeler  élhylpropylène  (C6  H6  .C4 H4)  se  distingue  de  l'amylène  véritable 
par  certaines  réactions.  En  effet,  dans  les  expériences  très-exactes  qu'il  a 
publiées  sur  ce  corps  (i),  M.  Wurtz  a  observé  que  ce  carbure,  traité  par 
l'acide  iodhydrique,  peut  fournir,  entre  autres  produits,  de  l'éther  éthyl- 
iodhydrique,  C4  H5 1,  et  l'iodhydrate  d'un  carbure,  C,2H'2,  cpie  je  regarde 
comme  du  dipropylène,  (C6  H6)2.  La  formation  de  ces  deux  composés,  que 
l'amylène  véritable  ne  saurait  produire,  est  en  harmonie  avec  l'origine  com- 
plexe de  l'éthylpropylène;  mais  il  reste  à  déterminer  d'une  manière  plus 
certaine  les  conditions  de  ce  dédoublement. 

»  Des  faits  analogues  s'observeront  sans  doute  lorsque  l'on  soumettra  a 
une  étude  plus  complète  les  carbures  (;-"H'-"+2,  c'est-à-dire  les  carbures 

(i)   Bulletin  de  la  Société  chimique,  février  l863,  p.  57. 


(  1246  ) 
limites.  En  effet  ces  carbures,  loin  d'être  incapables  d'isomérie  ou  plus 
exactement  de  métamérie,  sont  au  contraire  les  carbures  qui  doivent  fournir 
le  plus  grand  nombre  de  cas  de  ce  genre,  puisqu'ils  représentent  le  terme 
de  saturation  auquel  on  arrive  par  diverses  voies,  en  ajoutant  deux  à  deux, 
trois  à  trois,  etc.,  des  carbures  plus  simples.  En  général,  l'étude  des  corps 
métamères  et  polvmères  offre  des  difficultés  spéciales  et  réclame  beaucoup 
de  précision  dans  les  idées  et  dans  la  direction  des  expériences,  si  l'on  veut 
éviter  de  jeter  la  science  dans  une  grande  confusion.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE. — Action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool  amylique  (Suite); 
Note  de  M.   Ad.  AYurtz,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Hydrure  de  diamyle.  —  On  a  ajouté  du  brome  par  petites  portions  à  du 
diamylène  refroidi  par  un  mélange  réfrigérant.  On  a  abandonné  dans  la 
glace  le  liquide  rouge  pendant  une  heure,  puis  on  l'a  lavé  avec  la  potasse 
faible,  on  l'a  deshydraté  et  distillé  sous  une  pression  de  20  millimètres.  On 
a  recueilli  tout  ce  qui  a  passé  avant  80  degrés.  Après  avoir  soumis  ce  liquide 
au  traitement  qui  a  été  décrit  pour  la  purification  de  l'hydrure  d'octyle,  on 
s'est  assure  d'abord  qu'une  goutte  de  brome  ou  mieux  les  vapeurs  de  brome, 
en  tombant  dans  ce  liquide,  le  coloraient  en  rouge,  preuve  cpi'il  ne  renfer- 
mait plus  d'hydrogènes  carbonés  C"H2n.  On  l'a  ensuite  soumis  à  la  distilla- 
tion fractionnée.  L'ébullition  a  commencé  à  i/jo  degrés;  un  tiers  du  liquide  a 
passé  de  140  à  1  55  degrés,  et  les  deux  autres  tiers  de  i55  à  160  degrés.  La 
plus  grande  partie  de  ce  dernier  a  passé  de  1 55  à  f  57  degrés.  Sa  densité 
à  o  degré  est  =  0,^53. 

»  Sa  composition  répondait  exactement  à  la  formule  €<0H22.Sa  densité 
de  vapeur  a  été  trouvée  =5,o5,  le  nombre  théorique  est  4>9i°\ 

»  Je  dois  faire  remarquer  d'ailleurs  que  le  corps  que  je  décris  ici  sous  Je 
nom  d'hydrure  de  diamyle,  possède  sensiblement  le  même  point  d'ébul- 
lilion,  la  même  densité  de  vapeur,  et  à  peu  de  chose  près  la  même  densité, 
à  o  degré,  que  l'amyle  (£5  H")2.  Ces  faits  soulèvent  la  question  de  savoir  si 
l'hydrure  de  diamyle  quej'ai  décrit  est  identique  ou  isomérique  avec  l'amyle. 
La  présence  d'autres  hydrures  dans  ce  mélange  d'hydrocarbures  m'a  fait 
penser  que  le  corps  quej'ai  décrit  est  réellement  un  hydrure.  J'ai  d'ailleurs 
transformé  ce  corps  en  un  chlorure,  G,0H2'  Cl,  qui  bout  de  190  à  200  de- 
grés. 

»  Il  résulte  des  expériences  qui  viennent  d'être  décrites,  que  l'action  du 
chlorure  de  zinc  sur  l'alcool  amvlique  donne  lieu  à  deux  séries  de  carbures 


(  i2/,7  ) 
d'hydrogène  parmi  lesquels  ou  a  signalé  les  suivants  : 


Amylène.    . 

.      G5  H10, 

Hydrure  d'amyle.    .   . 

G5H'% 

Hexylène.  . 

.     G6H*% 

Hydrure  d'hexyle.  . 

G6H'\ 

Heptylènc. . 

.     G7HU, 

Hydrure  d'heptyle .    . 

G1  H16, 

Octylène.    . 

.     G8H16, 

Hydrure  d'octyle.    .    . 

G8H1S, 

Nonylène.  . 

.     G9  H18, 

Hydrure  de  nonyle.    . 

€9H20, 

Diamylène. 

.     €20H80, 

Hydrure  de  diamyle. 

G'°HSS. 

»  J'ai  lieu  de  croire  que  ces  carbures  ne  sont  pas  les  seuls,  et  que  la  sent 
de  Pamylène  se  continue  sans  interruption  depuis  le  diamylène  jusqu'au 
triainylène,  et  peut-être  au  delà.  Je  n'ai  pas  isolé  tous  ces  carbures  d'hydro- 
gène intermédiaires;  j'ai  cru  pouvoir  me  contenter  d'en  séparer,  par  distil- 
lation fractionnée,  un  seul  qui  fût  compris  entre  le  diamylène  et  le  triamv- 
lène.  J'ai  obtenu  une  quantité  considérable  d'un  carbure  qui,  après  plu- 
sieurs distillations  fractionnées,  a  passé  de  178  à  184  degrés,  et  dont  la 
composition  et  la  densité  de  vapeur  répondaient  assez  bien  à  la  for- 
mule G'2  H24. 

»  Comment  concevoir  la  formation  de  tous  ces  carbures  d'hydrogène 
dans  la  réaction  dont  il  s'agit?  Ainsi  que  je  l'ai  fait  remarquer  dans  ma  der- 
nière communication,  je  me  suis  sérieusement  préoccupé  de  la  question  de 
savoir  si  ces  carbures  ne  proviendraient  pas  de  l'action  du  chorurede  zinc 
sur  de;  alcools  supérieurs  dont  les  vapeurs  seraient  entraînées  par  la  masse 
des  vapeurs  d'alcool  amylique.  Cette  considération  m'a  engagé  à  purifier 
avec  soin  de  l'alcool  amylique  avant  de  le  soumettre  à  l'action  du  chlorure 
de  zinc.  Bien  que  ces  nouvelles  expériences  m'aient  encore  donné  une  petite 
quantité  de  carbures  intermédiaires  entre  l'amylèneet  le  diamylène,  j'au- 
rais encore  hésité  à  abandonner  l'interprétation  que  je  discute,  si  d'antres 
considérations  ne  m'avaient  pas  conduit  à  en  préférer  une  autre. 

»  La  présence  des  hydrnres  parmi  ces  hydrocarbures,  et  particulièrement 
celle  de  l'hydrure  de  diamyle  qui  me  paraît  être  le  fait  saillant  de  ces  re- 
cherches, prouve  évidemment  que  la  réaction  dont  il  s'agit  est  plus  com- 
pliquée qu'on  ne  l'a  supposé  jusqu'ici.  Ces  hydrures  ne  peuvent  se  former 
que  par  suite  d'une  soustraction  d'hydrogène  qu'éprouvent  certaines  molé- 
cules d'amylène,  ainsi  que  je  l'établirai  plus  loin.  Dès  lors  il  paraît  naturel 
de  supposer  que  dans  la  réaction  énergique  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool 
amylique,  certaines  molécules  d'amylène  succombent  en  quelque  sorte; 
que  les  unes  perdent  de  l'hydrogène,  que  d'autres  se  scindent  en  carbures 
plus  simples,  véritables  débris  qui  s'attachent,  à  l'état  naissant,  à  d'autres 


(  1248  ) 
molécules  d'amylène.  Ainsi  une  molécule  d'amylène  peut  se  scinder  en  GH2 
et  en  G*H8  qui,  en  s'attachantà  deux  autres  molécules  d'amylène.  peuvent 
Former  les  carbures  G6  H12  et  G9 H18.  On  sait  que  de  telles  complications 
s'effectuent  dans  une  foule  de  réactions  énergiques,  telles  que  l'action  de  la 
chaleur  sur  certains  composés.  Je  rappelle  ici  la  formation  de  divers  hydro- 
gènes  carbonés  dans  la  distillation  sèche  de  composés  relativement  sim- 
ples (Derthelot).  La  réaction  énergique  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool 
amvlique  est  jusqu'à  un  certain  point  comparable  aux  réactions  énergiques 
que  je  viens  de  mentionner. 

»  De  plus,  il  m'a  paru  difficile  d'admettre  dans  l'alcool  amylique  bouil- 
lant à  i3o  degrés,  la  présence  d'une  quantité  appréciable  d'alcool  octy- 
lique  et  d'alcool  nonylique.  Et  la  présence  du  nonylène  dans  le  mélange 
d'hydrocarbures  est  particulièrement  significative,  car  à  la  rigueur  l'octylène 
que  j'ai  obtenu  pourrait  être  du  dibutylène. 

»  Telles  sont  les  raisons  qui  m'ont  fait  préférer  l'interprétation  que  je 
viens  d'indiquer.  Il  y  en  a  une  troisième  qui  consisterait  à  admettre  que  les 
carbures  d'hydrogène  signalés  dans  la  réaction  du  chlorure  de  zinc  sur 
l'alcool  amylique  se  forment  par  condensation  de  molécules  d'amylène 
entières.  On  pourrait  exprimer  de  telles  condensations  par  les  formules 
suivantes  : 

6  G5  H10  =  5  G6H,S, 

7  G5H10  =5  G'H14, 

8  €3H10=:5  G8H16, 

9  G5H'°  =  5  G'H'8, 
io  G5H12  =  5  G10H*°. 

Je  préfère  néanmoins  l'interprétation  qui  consiste  à  admettre  que  des  molé- 
cules d'amylène  se  scinderaient  en  des  carbures  d'hydrogène  plus  simples, 
qui  viendraient  compliquer  d'autres  moléculesd'amylène  A  la  vérité,  je  n'ai 
point  rencontré  ces  carbures  d'hydrogène  simples,  mais  on  peut  supposer 
qu'à  l'état  normal  ces  débris  s'attachent  facilementà  de  l'amylène.  Dans  tout 
les  cas,  on  voit  que  la  formation  du  diamylène  n'apparaît  que  comme  un 
cas  particulier  d'une  tendance  générale  que  possède  la  molécule  d'amylène 
à  passer  à  l'état  de  combinaison  saturée,  et  cette  tendance  n'est  pas  entiè- 
rement satisfaite  par  l'adjonction  de  molécules  nGH2,  elle  n'est  satisfaite 
définitivement  que  par  la  transformation  des  carbures  G"  H2"  en  h\- 
d  n ires  GnH2"+2. 

»  Comment  ces  hydrures  prennent-ils  naissance?  Telle  est  la  seconde 
question  qu'il  s'agit  de  discuter.  Ils  se  forment  en  vertu  d'une  décomposi- 


(  1249  ) 
tion  plus  profonde,  d'une  déshydrogénatiou  que  subissent  certaines  mo- 
lécules d'ainylène.  Ces  molécules  déshydrogénées  se  compliquent,  se  con- 
densent pour  former  des  carbures  bouillant  à  des  températures  très-élevées. 
On  trouve,  en  effet,  parmi  les  derniers  produits  de  la  distillation  du  mé- 
lange des  carbures  résultant  de  l'action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool 
amylique,  des  corps  oléagineux  de  consistance  épaisse  et  qui  renferment 
moins  d'hydrogène  que  n'en  exige  la  formule  G" H2".  On  a  analysé  un  tel 
produit  qui  avait  passé  bien  au-dessus  du  point  d'ébullition  du  mercure. 
Il  renfermait  087,0,  H  i3,i.  J'ajoute  que  la  masse  qui  reste  après  la  distil- 
lation de  l'alcool  amylique  sur  le  chlorure  de  zinc  est  généralement  noire, 
et  que  c'est  précisément  l'hydrogène  qui  a  abandonné  cette  matière  noire, 
et  les  anhydrogénides  (Loureinço)  dont  il  vient  d'être  question,  qui  com- 
plète la  saturation  des  carbures  qui  apparaissent  à  l'état  d'hydrures.   » 

chimie.  —  Purification  du  cuivre  ;  Note  de  MM.  E.  Millon  et  A.  Commaille, 

présentée  par  M.  Pelouze. 

«  On  trouve  presque  toujours  du  fer  dans  le  cuivre  métallique,  et  les 
sels  de  cuivre  sont  rarement  exempts  d'un  peu  de  sel  ferrique.  C'est  même, 
dans  la  plupart  des  cas,  à  la  présence  du  fer  qu'il  faut  attribuer  la  colo- 
ration verte  de  certains  sels  de  cuivre  qui  paraissent  indifféremment  verts 
ou  bleus.  Malgré  ces  deux  teintes  bien  caractérisées,  on  ne  reconnaît,  entre 
les  deux  sels  qui  les  présentent,  aucune  différence  de  composition  appré- 
ciable; mais  dans  le  sel  vert  se  retrouve  toujours  une  petite  quantité  de 
fer.  Les  formiale,  iodate  et  lactate  de  cuivre  sont  particulièrement  dans  ce 
cas  :  à  l'état  de  pureté,  ils  sont  bleus,  mais  il  suffit  d'une  trace  de  fer 
pour  leur  communiquer  une  teinte  verte  (1). 

»  Il  est  aussi  très-ordinaire  de  constater  l'existence  de  l'arsenic  dans  le 
cuivre;  la  précipitation  du  cuivre  par  un  courant  galvanique  n'élimine 
pas  entièrement  le  métalloïde.  En  recourant  aux  méthodes  décrites  jus- 
qu'à ce  jour,  la  séparation  de  l'arsenic  et  du  fer  entraînent,  des  manipula- 
tions laborieuses  et  compliquées  que  nous  avons  réussi  à  simplifier. 

»  Le  cuivre  à  purifier  est  attaqué  par  l'acide  sulfurique  du  commerce, 

(1)  Nous  avons  constaté  que  le  bichlorure  de  cuivre  lui-même  peut  être  obtenu  sous 
forme  de  cristaux  bleus;  une  parcelle  de  fer  le  colore  en  vert,  mais  il  devient  également 
vert  dans  d'autres  circonstances  sur  lesquelles  nous  n'avons  pas  à  insister  ici. 

C.  R.,  i863,  1"  Semestre.  (T.  LVI,  N°  26.)  I  <3 3 


(     I20O    ) 

étendu  de  la  moitié  de  son  volume  d'eau.  Cette  addition  d'eau  modère  la 
réaction  et  régularise  remarquablement  le  dégagement  d'acide  sulfureux  ; 
cette  indication  n'est  pas  à  négliger  dans  la  préparation  de  ce  dernier  gaz. 
Il  importe  peu  que  l'acide  snlfiirique  employé  soit  arsenical;  au  bout  de 
quinze  à  vingt  minutes  d'ébullition,  tout  l'arsenic  contenu  dans  l'acide 
serait  précipité,  et  nous  ne  connaissons  pas  de  meilleur  moyen  pour  pur- 
ger entièrement  un  acide  sulfurique  impur  de  l'arsenic  qu'il  contient.  En 
continuant  l'ébullition,  le  cuivre  se  dissout  dans  l'acide  sulfurique  et  se  sé- 
pare aussi  de  l'arsenic  qu'il  contient.  Le  sulfate  de  cuivre  qui  prend  nais- 
sance ne  renferme  pas  la  moindre  trace  de  combinaison  arsenicale.  Le  mé- 
talloïde se  retrouve  tout  entier  dans  une  poudre  noire,  décrite  comme  oxy- 
sulfure  de  cuivre,  et  sur  laquelle  l'acide  sulfurique  bouillant  est  sans 
action  (1).  Lorsque  le  dégagement  d'acide  sulfureux  est  terminé,  on  verse 
de  l'eau  bouillante  sur  le  résidu  de  l'opération  et  l'on  chauffe  de  manière 
à  dissoudre  tout  le  sulfate  de  cuivre  qui  s'est  formé;  on  laisse  reposer  la 
liqueur  acide  jusqu'à  ce  que  l'oxysulfure  noir  de  cuivre  se  soit  déposé; 
on  décante,  on  évapore  à  sec,  pour  se  débarrasser  de  l'excès  d'acide  sul- 
furique, et  le  sulfate  de  cuivre  est  repris  par  l'eau  chaude  d'où  il  cristallise. 
Le  sulfale  de  cuivre  ainsi  obtenu  renferme  presque  toujours  du  fer  et 
assez  souvent  du  zinc.  Le'  cuivre  est  facilement  séparé  de  ces  deux  mé- 
taux par  un  courant  électrique. 

»  On  forme  une  solution  acide  avec  le  sel  précédent,  et  l'on  y  introduit 
les  électrodes  en  platine  d'une  pile.  On  règle  le  courant  de  telle  sorte  que 
le  dépôt  ait  lieu,  non  sous  forme  pulvérulente,  mais  en  lames  flexibles  et 
homogènes.  On  a  soin  de  maintenir  dans  la  solution  le  sel  de  cuivre  en 
grand  excès.  De  cette  façon,  le  cuivre  précipité  a  tous  les  caractères  d'une 
pureté  absolue.  Nous  l'avons  soumis  aux  épreuves  les  plus  minutieuses,  sans 
y  découvrir  la  moindre  trace  de  substance  étrangère. 

»  Parmi  les  essais  auxquels  nous  avons  eu  recours  pour  déceler  l'exis- 
tence du  fer,  nous  croyons  devoir  signaler  une  réaction  singulière  qui  s'ob- 
serve, lorsqu'on  met  des  feuilles  de  cuivre  en  contact  avec  une  solution  de 
sel  cuivrique  additionnée  d'un  grand  excès  d'ammoniaque.  On  opère  à  l'abri 
de  l'air  dans  un  flacon  bouché  à  l'émeri,  que  l'on  remplit  exactement  avec 
la  solution  ammoniacale  du  sel  de  cuivre.  Lorsque  cette  dernière  solution 
n'est  pas  tiès-concentrée,  le  cuivre  métallique  se  dissout  assez  rapidement 


(r)  Il  serait   facile  de  fonder   sur   cette   réaction    un   nouveau   procédé   de  recherche  de 
l'arsenic,  dans  les  opérations  toxirologiques. 


(  i25i  ) 
et  bientôtla  liqueur  bleue  se  décolore;  si  le  cuivre  et  la  solution  cuiviique 
sont  absolument  purs,  on  n'observe  pas  d'autre  phénomène  que  la  dissolu- 
tion du  métal  et  la  transformation  du  bisel  en  prolosel.  Mais  pour  peu  que 
le  métal  ou  la  solution  renferment  du  fer,  celui-ci  se  précipite  et  se  retrouve 
dans  une  poudre  jaune,  très-altérable  au  contact  de  l'air.  Le  fer  n'entre  que 
pour  une  proportion  minime  dans  la  poudre  jaune,  qui  est  surtout  formée 
de  protoxyde  de  cuivre  :  le  zinc  est  également  précipité.  Dans  l'analyse 
d'une  de  ces  poudres,  nous  avons  trouvé  les  proportions  suivantes  : 

Cuivre gg,  17 

Fer o,5o 

Zinc o,33 

>>  Cette  élimination  du  fer  et  du  zinc  n'aurait  pas  lieu  si  le  sel  de  cuivre 
ammoniacal  renfermait  de  l'acide  oxalique  ou  de  l'acide  tartrique;  mais 
nous  l'avons  constatée  avec  les  phosphate,  nitrate,  sulfate  et  chlorure  cui- 
vriques. 

»  Il  est  difficile  d'expliquer  qu'une  si  petite  quantité  de  fer  entraîne  la 
précipitation  à  l'état  d'oxydule  d'une  quantité  de  cuivre  deux  cents  fois  plus 
considérable.  C'est  là  une  influence  tres-originale  et  qui  nous  a  fait  croire 
un  instant  à  l'existence  d'un  métal  indéterminé  dans  le  cuivre  ;  mais  le  cuivre 
entraîné  par  le  fer  a  exactement  toutes  les  propriétés  du  cuivre  ordinaire. 
Dans  tous  les  cas,  nous  ne  connaissons  pas  de  procédé  plus  sensible  pour 
déceler  jusqu'au  moindre  indice  de  fer  dans  le  cuivre  et  dans  ses  combinai- 
sons; nous  y  avons  eu  recours  pour  éprouver  le  cuivre  obtenu  par  la  mé- 
thode précédemment  décrite,  et,  en  agissant  ainsi,  sur  ib  grammes  de  cuivre 
purifié  nous  n'y  avons  pas  retrouvé  trace  de  fer.   » 

PHYSIQUE.—  Sur  la  chaleur  spécifique  des  corps  solides;  déductions  relatives  à  la 
nature  composée  des  corps  considérés  comme  éléments;  par  M.  H.  Kopp. 

«  J'ai  déterminé  les  chaleurs  spécifiques  d'un  très-grand  nombre  de 
corps  solides.  Je  serai  bientôt  en  mesure  de  donner  la  description  complète 
du  procédé  que  j'ai  employé,  des  résultats  que  j'ai  obtenus,  et  d'indiquer 
les  conséquences  que  l'on  peut  déduire  de  ces  nouvelles  déterminations  et 
de  celles  d'autres  expérimentateurs.  Aujourd'hui  je  me  borne  à  communi- 
quer quelques-uns  des  résultats  les  plus  généraux  de  mes  recherches. 

»  On  sait  que  des  combinaisons  solides,  possédant  une  composition  ato- 
mique semblable,  possèdent  en  général  la  même  chaleur  atomique  (produit 
du  poids  atomique  et  de  la  chaleur  spécifique).  Aux  exemples  déjà  connus 

i63.. 


(     1252    ) 

qui  démontrent  cette  proposition,  j'en  ajoute  un  assez  grand  nombre  d'au- 
tres, parmi  lesquels  quelques-uns  offrent  un  intérêt  particulier.  Ce  sont  les 
cas  où  l'analogie  de  composition  ne  se  révèle  que  lorsqu'on  admet  pour  cer- 
tains éléments  les  poids  atomiques  nouveaux  (i),  et  où  les  poids  atomiques 
anciens  et  les  formules  qu'on  en  déduit  auraient  masqué  les  relations  qui 
existent  en  réalité  entre  la  chaleur  spécifique  et  les  poids  atomiques. 

a  De  même  que  les  carbonates  et  les  silicates  RGQ3  et  RSiô3,  les 
nitrates  et  les  chlorates  RNÔ3  etRCIO3,  de  même  aussi  les  permanganates 
et  les  perchlorates  RMnô4  et  RC1Ô4,  les  sulfates  et  les  chromâtes  RSO* 
et  RGrO*  possèdent  sensiblement  les  mêmes  chaleurs  atomiques.  Mais 
d'un  autre  côté,  aux  exceptions  déjà  connues  à  cette  loi,  que  des  com- 
binaisons d'une  composition  atomique  semblable  offrent  sensiblement  la 
même  chaleur  atomique,  mes  recherches  en  ajoutent  quelques  autres. 

»  La  chaleur  atomique  d'une  combinaison  paraît  dépendre  uniquement 
de  la  composition  empirique  et  non  de  la  composition  rationnelle.  Des 
combinaisons  analogues,  même  isomorphes,  dans  lesquelles  un  groupe  ou 
radical  composé  est  venu  prendre  la  place  d'un  élément,  possèdent  des  cha- 
leurs atomiques  différentes.  Ainsi  les  combinaisons  de  l'ammonium  pos- 
sèdent une  chaleur  atomique  sensiblement  plus  élevée  que  les  combi- 
naisons correspondantes  du  potassium.  De  même  les  combinaisons  du 
cyanogène  ont  donné  une  chaleur  atomique  plus  élevée  que  les  combinai- 
sons chlorées  correspondantes. 

»  La  chaleur  atomique  d'un  corps  qui  est  contenu,  ou  dont  on  peut 
admettre  l'existence  dans  une  combinaison,  peut  sans  doute  être  déduite 
indirectement  delà  chaleur  atomique  de  cette  combinaison,  en  déduisant 
de  celle-ci  la  chaleur  atomique  de  tout  le  reste  (2).  Ainsi,  si  de  la  chaleur 
atomique  des  chromâtes  ou  titanates  RRQ>  on   retranche  la  chaleur  ato- 


(1)  Ces  poids  atomiques  sont  pour  H=  1,  Cl  =  35,5,  0=i6,  S  =  32,  B=io,g, 
N=  i4,  G  =  12,  Si  =  28.  R  signifie  un  atome  monoéquivalent  d'un  métal  (par  exem- 
ple, Na  =  23,  K  =  3g,i,  Ag  =  io8);  R  (toujours,  ou  seulement  dans  certaines  combinai- 
sons) un  atome diéquivalent  (par  exemple,  Ga  =  4°>  ^*  =  2°7  >  Fe  =  456,  tr  =  52,2, 
W=  184,  etc.). 

(2)  De  toiles  déterminations  indirectes  de  chaleurs  atomiques  ont  été  tentées  à  diverses 
reprises  par  MM.  Hermann,  Schrœder,  L.  Gmelin,  Wœstyn.  Je  les  discuterai  dans. mon 
Mémoire,  ainsi  que  les  recherches  relatives  aux  relations  entre  la  chaleur  spécifique  et  la 
composition,  recherches  dr.es  à  Neumann,  A.vogadro,  Regnault,  Garnie.-,  Balancari, 
Cannizzaro. 


(  ia53  ) 
mique  de  la  base  PiO,  il  reste  celle  de  l'acide  RO',  et  l'on  obtient  le  même 
reste  en  retranchant  de  la  chaleur  atomique  dn  chromate  acide  de  potasse 
RsGi'2ô7  celle  dn  chromate  neutre  K2£rO*;  ou,  pour  prendre  un  autre 
exemple,  on  peut  admettre  que  les  chaleurs  atomiques  des  combinaisons 
hydratées  sont  les  sommes  des  chaleurs  atomiques  de  la  substance  anhydre 
et  de  l'eau,  prise  à  l'état  solide,  qui  y  est  combinée.  A  la  vérité,  de  telles  dé- 
terminations indirectes  peuvent  être  incerlaines  :  premièrement,  par  la 
raison  que,  dans  certains  cas,  des  combinaisons  analogues  qui  devraient 
posséder  la  même  chaleur  atomique  possèdent  en  réalité  des  chaleurs  ato- 
miques sensiblement  différentes,  d'après  les  déterminations  des  chaleurs 
spécifiques;  en  second  lieu,  par  la  raison  que  toute  incertitude  ou  erreur 
inhérente  aux  chaleurs  spécifiques  de  la  combinaison  et  du  facteur  qu'on 
en  déduit  se  reporte  sur  le  reste,  c'est-à-dire  sur  un  facteur  relativement 
petit. 

»  Toutefois,  si  l'on  fait  de  telles  déductions,  non-seulement  pour  des  cas 
particuliers,  mais  pour  des  séries  entières  de  corps  correspondants,  elles 
acquièrent  un  degré  de  sûreté  suffisant  pour  prêter  quelque  intérêt  aux 
considérations  qu'on  y  rattache. 

»  Ceci  s'applique  particulièrement  à  la  détermination  indirecte  des  cha- 
leurs spécifiques  et  des  chaleurs  atomiques  de  certains  éléments. 

»  On  sait  que  les  chaleurs  atomiques  des  éléments  dont  les  chaleurs  spé- 
cifiques ont  été  déterminées  à  l'état  solide  sont  sensiblement  les  mêmes. 
Elles  sont,  en  moyenne,  =6,4  environ.  On  admet  généralement  que  cette 
loi,  la  loi  de  Dulong  et  Petit,  s'applique  à  tous  les  éléments,  et  on  en  tire 
parti  pour  la  fixation  des  poids  atomiques,  en  s 'appuyant  sur  cette  donnée, 
que  les  produits  des  chaleurs  spécifiques  et  des  poids  atomiques  sont  sensi- 
blement égaux.  Pour  certains  éléments  cependant,  ainsi  que  cela  résulte  de 
recherches  déjà  anciennes  et  des  miennes  propres,  il  n'en  est  pas  ainsi. 
Pour  le  carbone,  pour  le  bore,  pour  !e  silicium,  par  exemple,  les  produits 
des  chaleurs  spécifiques  et  des  poids  atomiques,  tels  qu'il  est  nécessaire  ou 
possible  de  les  admettre,  d'après  les  considérations  chimiques,  sont  inégaux 
mais  toujours  plus  petits  que  les  produits  obtenus  avec  d'autres  éléments 
dont  les  chaleurs  spécifiques  ont  été  déterminées  à  l'état  solide. 

»  La  signification  de  ces  faits,  qu'on  regarde  comme  des  exceptions  ou 
comme  des  cas  douteux,  augmente  en  portée  et  en  intérêt,  lorsqu'on  prend 
en  considération  les  chaleurs  atomiques  des  combinaisons,  et  les  déductions 
qu'on  en  peut  tirer  concernant  les  chaleurs  atomiques  des  éléments. 

»  Les  combinaisons  des  éléments,  auxquels  s'applique  la  loi  de  Dulong 


(  1^54  ) 
et  Petit,  offrent  cette  régularité,  que  leurs  chaleurs  atomiques  (C.  A.)  sont, 
autant  de  fois  plus  grandes  que  celles  d'un  élément,  qu'elles  renferment 

C     A 

d'atomes  élémentaires;  en  d'autres  termes,  quelles  donnent  — '■ — -  =  6,4  en- 
viron, si  ri  représente  le  nombre  desatomes  élémentaires  contenus  dans  une 
molécule  delà  combinaison.  Cette  régularité  se  montre,  indépendamment 
des  alliages  de  métaux  en  proportions  atomiques,  pour  les  chlorures,  bro- 
mures et  iodures  métalliques;  je  l'ai  trouvée  confirmée  même  pour  des 
chlorures  qui  renferment  7  et  jusqu'à  9  atomes  élémentaires  dans  une  mo- 
lécule de  la  combinaison,  par  exemple  pour  Z-nK'Cl*,  PtK5Cl6.  Elle  est 
moins  rigoureuse  pour  les  combinaisons   des  métaux  avec    le  soufre.  Ici 

c  a 

— — -  est  généralement  <  6.  Elle  ne  se  montre  plus  pour  les  oxydes  métalliques 

où  — — :  est  constamment  et  notablement  plus  petit  que  6  et  d'autant  plus 

petit  que  les  atomes  d'oxygène  prédominent  dans  l'oxyde  sur  les  atomes  de 
métal.  Dans  le  cas  de  l'eau,  cette  régularité  se  vérifie  encore  moins,  la  cha- 

C     A 

leur  atomique  de  l'eau  étant  calculée  pour  l'état  solide.  Ici  — — :  est  =  3  en- 

viron.   Et  pour  quelques  combinaisons  organiques,  telles  que  le  sucre  et 

l'acide  tartrique,  — — '-  est  encore  moindre. 
1  n 

»  Ce  fait,  que  la  régularité  dont  il  s'agit  ne  se  montre  plus  dans  un  si 
grand  nombre  de  combinaisons,  n'admet  qu'une  seule  explication,  à  savoir: 
qu'elles  renferment  des  éléments  qui,  dans  ces  combinaisons  du  moins, 
possèdent  une  chaleur  alomique  différente  de  celle  qui  correspond  à  la  loi 
de  Dulong  et  Petit.  On  a  quelquefois  admis  que  la  chaleur  spécifique  et  par 
conséquent  la  chaleur  atomique  d'un  élément  peut  être  différente  à  l'étal 
libre  et  à  l'état  de  combinaison,  et  peut  varier  dans  diverses  combinaisons. 
Une  telle  supposition  est  arbitraire;  car,  premièrement,  les  variations  de 
chaleur  spécifique  qu'offrirait  un  seul  et  même  élément,  en  entrant  dans  les 
combinaisons,  seraient  beaucoup  plus  considérables  que,  les  variations  qu'on 
a  démontrées  comme  possibles  pour  un  corps  donné,  suivant  ses  états  phy- 
siques différents;  en  second  lieu,  on  trouve,  au  contraire,  pour  beaucoup 
de  combinaisons,  que  les  atomes  qu'elles  renferment  y  possèdent  la  même 
chaleur  atomique  qu'à  l'état  libre;  enfin,  on  remarque  que  les  chaleurs  ato- 
miques de  certains  éléments  qui  ne  s'accordent  pas  avec  la  loi  de  Dulong  et 
de  Petit,  et  (pion  a  déduites  indirectement  des  chaleurs  atomiques  des  com- 
binaisons,  s'accordent   sensiblement  avec  les  chaleurs    atomiques  de  ces 


(  i255  ) 
mêmes  éléments,  telles  qu'on  les  a  trouvées  pour  l'état  libre,  c'est-à-dire 
directement. 

>    Il  semble  donc  qu'on  doive  admettre  : 

»  Que  chaque  élément  possède  à  l'état  solide  et  à  une  distance  convenable 
du  point  de  fusion  une  seule  chaleur  spécifique,  et  par  conséquent  aussi 
une  seule  chaleur  atomique  ; 

»  Qu'à  la  vérité  cette  chaleur  spécifique  peut  offrir  certaines  variations, 
suivant  les  conditions  physiques  du  corps  simple,  sa  densité,  sa  cohérence, 
son  état  cristallin  ou  amorphe,  mais  que  ces  variations  ne  présentent  jamais 
l'amplitude  de  celles  qu'offriraient  certaines  chaleurs  spécifiques,  si  tous  les 
éléments  suivaient  la  loi  de  Dulong  et  Petit  ; 

■>  Qu'enfin  la  chaleur  spécifique  d'un  élément  est  la  même  à  l'état  libre 
et  à  l'état  de  combinaison. 

»  Ces  considérations  seront  développées  et  continuées  dans  une  pro- 
chaine communication.  » 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  la  nature  du  jade;   Note   de  M.   Sterry  Hunt, 
présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Le  nom  de  jade  fut  donné  par  de  Saussure  père  à  un  minéral  compacte 
blanchâtre,  le  lemanite  de  Delamettrie  et  le  feldspath  tenace  d'Haùy,  qui 
forme  avec  le  smaragdite  la  roche  nommée  euphotide  par  ce  dernier.  Le 
jade,  d'après  de  Saussure,  rayait  le  quartz  et  avait  une  densité  de  3,32-3,/Jo 
(Naumann  et  Mohs  l'ont  trouvée  de  3,25-3,4o).  Il  n'était  pas  attaqué 
par  les  acides,  et  donnait  à  de  Saussure,  par  la  fusion,  un  verre  tendre 
ayant  une  densité  de  2,8.  M.  de  Saussure  fils  donnait  à  ce  minéral,  qu'avait 
décrit  son  père,  le  nom  de  saussurite.  Plus  tard  les  euphotides  ont  été  exa- 
minés par  Boulanger  et  ensuite  par  Delesse,  qui  ont  pris  pour  le  jade  (saus- 
surite) une  matière  blanche  ayant  une  densité  de  2, 58-2, 80,  attaquable 
par  les  acides,  possédant  souvent  les  clivages  d'un  feldspath,  et  offrant  la 
composition  du  labrador,  avec  lequel  on  a  fini  par  confondre  le  jade  de 
Saussure,  de  sorte  que  l'eupbotide  est  devenu,  dans  ces  derniers  temps, 
synonyme  d'une  variété  de  diorite  ou  d'hypérite.  (Rose,  d'Halloy,  Lenft.) 

»  M.  Damour  a  fait  voir,  il  y  a  quelques  années,  que  certaines  pierres 
orientales,  vulgairement  connues  sous  le  nom  de  jade,  n'étaient  autre  chose 
qu'une  amphibole  compacte,  ayant  une  densité  de  2,97.  Cette  matière  était 
loin  à  la  fois  du  jade  de  Saussure  et  des  feldspaths  de  Delesse,  et  j'ai  été 
amené,  il  y  a  quatre  ans,  à  faire  une  étude  des  spécimens  authentiques  des 
euphotides  de  la  Suisse  (vallée  de  Sass,  mont  Rose),  qui  m'avaient  été  four- 


(  i 256  ) 
nis  par  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Guyot.  Les  résultais  de  mes  recher- 
ches ont  paru  au  mois  de  mars  1 85g,  dans  un  Mémoire  Sur  les  E-upholid.es 
[Amer.  Jour,  of  Science,  vol.  XXVII,  p.  336),  où  j'ai  fait  voir  que  le  jade, 
qui  forme  la  hase  de  ces  euphotides  véritables,  possède  tous  les  caractères 
que  lui  attribuait  de  Saussure.  Il  a  une  densité  de  3,33-3,38,  i\ne  dureté 
égale  à  celle  du  quartz,  et  n'est  attaqué  par  les  acides  qu'après  avoir  été 
chauffé  au  blanc.  Ce  jade  est  toujours  compacte,  tenace,  avec  une  cassure 
esquilleuse  et  une  couleur  blanchâtre,  nuancée  de  vert,  de  bleu  ou  de 
rouge,  renferme  quelquefois  des  lamelles  d'un  feldspath  du  sixième  système, 
attaquable  par  les  acides,  qui  ressemble  à  du  labrador,  et  qui  sert  par  sa 
présence  à  expliquer  l'erreur  de  ceux  qui  ont  pris  cette  dernière  espèce 
pour  le  véritable  jade  ou  saussurite  des  euphotides.  En  outre  ce  jade  était 
accompagné  et  souvent  pénétré  par  du  talc  argenté,  quelquefois  associé  à  de 
l'actinolite.  Le  smaragdite  de  ces  euphotides  est  un  pyroxène  vert  d'herbe, 
quelquefois  mélangé  d'amphibole,  et  donnant,  par  l'analyse,  du  chrome, 
du  nickel  et  des  traces  de  cobalt. 

a  Les  analyses  de  deux  échantillons  du  jade  des  euphotides  du  mont 
Rose  (densité  3,33  et  3,38)  faisaient  voir  qu'il  est  un  silicate  d'alumine  et 
de  chaux,  avec  deux  ou  trois  centièmes  de  soude,  donnant  pour  l'oxygène 
environ  les  rapports  3  :  i  '.  i ,  qui  sont  à  la  fois  ceux  de  la  méionite  (espèce 
de  la  famille  des  wernérites)  et  de  la  zoisite.  Mais  le  jade,  par  sa  densité,  sa 
dureté  et  ses  caractères  chimiques,  est  très-éloigné  des  wernérites,  et  se  rat- 
tache à  la  famille  des  grenats,  des  épidotes  et  des  zoïsites.  C'était  donc  à 
cette  dernière  espèce  que  j'ai  dû  rapporter  le  jade  de  Saussure  (i). 

»  Dans  le  Mémoire  que  je  viens  de  citer,  j'ai  rappelé  la  relation  d'isomé- 
risme  ou  plutôt  de  polymérisme  qui  existe  entre  la  méionite  et  la  zoisite,  et 
j'ai  dit  que  l'augmentation  de  dureté,  de  densité  et  d'indifférence  chimique 
qu'on  remarque  dans  cette  dernière  espèce  tient  sans  doute  à  un  équivalent 
plus  élevé,  c'est-à-dire  à  une  molécule  plus  condensée.  Ces  degrés  de  con- 
densation, dont  on  tient  compte  dans  la  chimie  organique,  ont  d'ailleurs, 
comme  j'ai  déjà  fait  voir,  une  haute  importance  pour  la  Minéralogie,  et 
formeront  la  base  d'un  nouveau  système  de  classification  qui  tiendra  à  la 

(i)  Dans  son  Traité  de  Minéralogie,  p.  242,  M.  Des  Cloizeaux  a  cité  une  de  mes  analyses 
de  la  saussurite  du  mont  Rose;  mais  il  me  fait  dire,  à  tort,  que  je  considère  la  saussurite  du 
mont  Genèvre  et  d'Osezza  comme  étant  de  la  zoisite,  tandis  que  je  ne  donne  ce  nom  qu'au 
jade  de  Saussure  (saussurite).  Là  aussi,  par  une  erreur,  la  densité  du  spécimen  analysé  est 
donnée  comme  2,365  au  lieu  de  3,365. 


(  i»57  ) 
fois  de  la  Chimie  et  de  l'Histoire  naturelle.  (  Voir  les  Comptes  rendus  de  i855. 
t.  XLI,  p.  79.)  Les  carbonates  rhomboédiïques,  ainsi  que  le  disthène  et 
la  sillimanite,  l'amphibole  et  le  pyroxène,  offrent  des  exemples  d'une  con- 
densation plus  ou  moins  grande,  et  appartiennent  à  des  séries  dont  les 
termes,  comme  ceux  des  hydrocarbures  nC'2  H2,  sont  à  la  fois  homologues 
et  polymères  d'un  premier  terme.  Mais  chacun  de  ces  carbonates  et  silicates 
appartient  à  une  autre  série  possible,  dont  les  termes  diffèrent  par  nM202, 
correspondant  à  des  sels  plus  ou  moins  basiques. 

m  La  méionite  (avec  les  rapports  3; 2:1)  est  le  terme  le  plus  basique 
connu  de  la  série  des  wernérites,  dans  lesquelles  la  proportion  de  silice  va  en 
augmentant  jusqu'au  dipyre,  qui  donne  les  rapports  6:2:1,  tout  en  ayant 
sensiblement  la  même  densité  que  la  méionite.  On  pourrait  naturellement 
s'attendre  à  trouver  un  silicate  qui  serait  au  dipyre  ce  que  la  zoïsite  est  à  la 
méionite.  Ce  nouveau  silicate,  M.  Damour  a  eu  le  bonheur  de  le  rencontrer 
dans  un  échantillon  de  jade  provenant  de  la  Chine,  et  dont  il  a  communiqué 
tout  récemment  la  description  et  l'analyse  à  l'Académie  [Compte  rendu  du 
[\  mai).  Ce  minéral,  par  ses  caractères  physiques  et  chimiques,  ressemble 
beaucoup  au  jade  du  mont  Rose,dont  il  a  d'ailleurs  la  densité(3,34;  Damour). 
C'est  un  silicate  d'alumine,  de  chaux  et  de  soude,  et,  par  sa  composition, 
il  rentre  parfaitement  dans  la  formule  empirique  du  dipyre.  On  peut  espérer 
par  la  suite  trouver,  entre  la  saussurite  et  cette  nouvelle  espèce,  d'autres 
jades,  avec  des  formules  correspondant  aux  wernérites  connues,  entre  la 
méionite  et  le  dipyre.  Il  est  évident  que  M.  Damour  a  doté  la  science  d'une 
nouvelle  espèce  minérale  qui,  d'après  les  considérations  que  je  viens  d'ex- 
poser, prend  une  haute  importance.  Par  sa  dureté,  sa  densité  et  son  indif- 
férence aux  acides,  elle  se  distingue  complètement  des  wernérites  et  prend 
place  à  côté  de  la  zoïsite,  se  rattachant  au  groupe  des  grenats,  des  idocrases 
et  des  épidotes.  Le  tableau  suivant  fera  ressortir  les  relations  de  cette  nou- 
velle espèce  : 

Densité,  environ.  ...  2,7  3,3 

Rapport  3:2:i Méionite.  Zoïsite. 

Rapport  6:2: 1 Dipyre.  Nouveau  jade.  * 

CHIMIE.  —  Recherches  relatives  à  l'action  du  brome  sur  le  bromure  d'aeélyle,  et 
élude  de  l'acide  tribromacétique.  —  Préparation  du  bromure  d'acètyle; 
Note  de  M.  H.  Gal,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Le  procédé  qu'on  suit  généralement  pour  obtenir  ce  composé  consiste 

C.  R  ,  i863,  i«  Semestre.  (T.  LVl,  N°  26.)  '  ^4 


(   i258  ) 
a  faire  réagir  le  perbromure  de  phosphore  sur  l'acide  cristallisable.  La  for- 
mule de  la  réaction  est  la  suivante  : 

C  H'  O4  +  Ph  Br5  =  Ph  O2  Br3  -+-  HB  +  CG  H3  O2  Br. 

»  On  voit  que  sur  5  équivalents  de  brome  un  seul  est  employé  a  la 
formation  du  corps  cherché.  De  plus  la  préparation  du  perbromure  de  phos- 
phore est  très-laborieuse,  et  la  séparation  du  bromure  d'acétyle  du  bro- 
moxyde  de  phosphore  n'est  pas  toujours  complète.  Après  diverses  tenta- 
tives pour  trouver  un  nouveau  procédé,  je  me  suis  arrêté  au  suivant  comme 
donnant  de  très-bons  résultats. 

»  J'introduis  dans  une  cornue  3  équivalents  d'acide  acétique  cristallisable 
et  2  équivalents  de  phosphore  rouge,  je  verse  ensuite  par  un  tube  effilé 
6  équivalents  de  brome.  La  réaction  est  très-vive  et  la  décoloration  de 
chaque  goutte  de  brome  instantanée.  Il  se  dégage  de  l'acide  bromhvdrique 
et  l'on  obtient  en  même  temps  de  l'acide  phosphoreux  et  du  bromure  d'acé- 
tyle qu'il  est  facile  de  séparer  par  la  distillation.  La  réaction  peut  être  repré- 
sentée par  l'équation  suivante  : 


3C,H4G4  +  aPhBr*  =  3C4HJ02Br  +  3HBr 


.PhO3 


»  La  moite  du  brome  employé  sert  à  la  formation  du  bromure  d'acétyle. 
Avec  2/10  grammes  de  brome,  go  degrés  d'acide  acétique  cristallisable  et 
33  grammes  de  phosphore,  j'ai  obtenu  i4o  grammes  de  bromure  d'acétyle 
bouillant  à  8i  degrés. 

Bromure  d'acétyle  monobromé  C4H2Br02,Br. 

»  Si  l'on  introduit  dans  un  tube  scellé  à  la  lampe  6  grammes  de  bromure 
d'acétyle  pour  8  grammes  de  brome  et  que  l'on  chauffe  au  bain- marie,  la 
décoloration  est  presque  instantanée,  mais  aussi  il  arrive  souvent,  précisé- 
ment à  cause  de  la  rapidité  avec  laquelle  s'effectue  la  réaction,  que  les  tubes 
font  explosion.  Pour  se  mettre  à  l'abri  de  ce  danger,  il  faut  maintenir  pen- 
dant quelque  temps  la  température  entre  5o  et  6o  degrés  et  avoir  soin  de 
déboucher  une  ou  deux  fois  le  tube  pour  permettre  au  gaz  bromhydiique 
de  s'échapper.  La  réaction  est  terminée  dans  ces  conditions  au  bout  de 
quelques  heures. 

»  Lorsque  la  décoloration  est  complète,  on  verse  le  contenu  des  tubes 
dans  une  cornue  et  l'on  distille;  il  se  dégage  un  peu  d'acide  bromhydrique 
resté  en  dissolution  et  la  température  s'élève  rapidement  jusqu'à  1 5 1  degrés; 
la  plus  grande  partie  du  liquide  passe  entre  i5i  et  1 53  degrés.  J'ai  analysé 


Théorie. 

r,  . 

....     11,9 

H.. 

°>99 

Br.. 

....     79,2 

(  i25g  ) 
cette  portion  : 

o8r,63i  de  substance  ont  fourni  0,279  d'acide  carbonique  et  0,068  d'eau, 
osr,254  de  substance  ont  donné  0,471   de  bromure  d'argent. 

Calcul. 

C 12,1 

H 1 ,2 

hr 79>° 

»  Le  bromure  d'acétyle  monobromé  ainsi  préparé  est  nu  liquide  que 
l'on  peut  obtenir  incolore  par  l'agitation  avec  le  mercure,  mais  qui,  redis- 
tillé, prend  une  teinte  jaunâtre.  Son  odeur  rappelle  celle  du  bromure  d'acé- 
tyle. Il  fume  à  l'air  humide;  versé  dans  l'eau,  il  tombeau  fond  de  ce  liquide 
et  reste  quelque  temps  sans  s'y  dissoudre,  même  par  l'action  de  la  chaleur. 
Lorsqu'avec  le  temps  la  dissolution  s'est  effectuée,  on  trouve  que  la  liqueur 
renferme  de  l'acide  bromhydrique  et  de  l'acide  monobromacétique.  On 
peut  se  procurer  facilement  ce  dernier  corps  en  beaux  cristaux  en  aban- 
donnant à  l'air  une  certaine  quantité  de  bromure  d'acétyle  monobromé;  au 
bout  de  vingt-quatre  heures  environ,  on  peut  décanter  la  partie  liquide  et 
l'on  obtientdes  cristaux  qui,  desséchés  par  la  pression  entre  des  doubles 
de  papier  Joseph,  ont  fourni  à  l'analyse  les  résultats  suivants  : 

o8r,42g5  de  substance  ont  donné  0,266  d'acide  carbonique  et  0,079  d'eau, 
osr,3i2     de  substance  ont  donné  0,423  de  bromure  d'argent. 

Calcul.  Théorie. 

C '6,9  C 17 ,27 

H 2,1  H 2,  i5 

Br 57,7  Br 57,55 

»  Le  bromure  d'acétyle  monobromé  attaque  vivement  l'alcool  ;  de  l'acide 
bromhydrique  se  dégage  et  le  liquide,  traité  avec  une  eau  faiblement  alca- 
line, laisse  déposer  une  huile  dont  l'odeur  est  des  plus  irritantes.  Ce  com- 
posé, lavé  à  l'eau  et  desséché  sur  du  chlorure  de  calcium  fondu,  bout  à 
i5g  degrés.  L'analyse  lui  a  assigné  la  composition  de  l'éther  monobroma- 
cétique. 

>»   La  formule  suivante  rend  compte  de  la  réaction  : 

G*  H°  O-  +  G*  H2  Br  O2  Br  =  H  Br  -+-  C8  H7  Br  O4 . 

Bromure  d'acétyle  bibromé  04HBr202,  Br. 

•>  Ce  composé  est  isomère  avec  le  bromal;  il  bout  à  194  degrés.  On  l'ob- 

164.. 


(  i 160  ) 
tient  en  chauffant  à  i5o  degrés,  dans  des  tubes  scellés  à  la  lampe,  i  équi- 
valent de  bromure  d'acétyle  monobromé  et  a  équivalents  de  brome;  la 
réaction  s'effectue  lentement  et  n'est  complète  qu'au  bout  de  plusieurs 
jours.  Si  on  distille  alors  le  contenu  des  tubes,  la  température  s'élève  rapi- 
dement à  194  degrés  et  presque  tout  passe  à  cette  température. 
»   Ce  liquide  soumis  à  l'analyse  a  donné  les  résultats  suivants  : 

oEr,77i   de  substance  ont  fourni  0,240  d'acide  carbonique  et  o,o34  d'eau, 
o5r,3o2  de  substance   ont  fourni  o,6o4  de  bromure  d'argent. 

Calcul.  Théorie. 

C 8,2  C 8,5 

H 0,4  H o,3 

Br 85,2  Br 85,4 

»  Le  bromure  d'acétyle  bibromé  est  incolore;  il  fume  à  l'air;  versé  dans 
l'eau,  il  tombeau  fond  de  celiquideet  ne  s'y  dissout  que  lentement,  même  à 
la  température  de  l'ébullition.  La  potasse  l'attaque  vivement.  A  l'air  il  ne 
donne  pas  de  cristaux. 

»  Traité  par  l'alcool,  il  donne  naissance  à  une  réaction  des  plus  vives.  De 
l'acide  bromhydrique  se  dégage,  et  on  peut  séparer  de  la  liqueur,  au  moyen 
du  carbonate  de  soude,  un  liquide  pesant  d'une  odeur  aromatique  et  légè- 
rement irritante.  Ce  liquide,  lavé  à  l'eau  distillée  puis  desséché  sur  du  chlo- 
rure de  calcium,  bouta  194  degrés.  L'analyse  lui  a  assigné  la  composition 
de  l'éther  bibromacétique. 

Bromure  d'acétyle  tribromé  C4Br302,  Br. 

»  Lorsqu'on  chauffe  vers  200  degrés  et  dans  des  tubes  scellés  à  la  lampe 
le  composé  précédent  avec  du  brome  en  excès,  jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  dégage 
plus  d'acide  bromhydrique,  on  obtient  le  bromure  d'acétyle  tribromé  que 
l'on  purifie  en  le  distillant  et  en  ne  recueillant  que  ce  qui  passe  entre 
220  et  2a5  degrés. 

»  Ce  corps  est  liquide  et  présente  une  teinte  jaunâtre,  il  fume  à  l'air.  Il 
n'est  attaqué  par  l'eau  que  difficilement.  A  la  longue,  cependant,  il  donne  de 
l'acide  bromhydrique  et  de  beaux  cristaux  incolores  qui  ne  sont  autres 
que  de  l'acide  tribromacétique. 

»  L'alcool  l'attaque  vivement  avec  formation  d'acide  bromhydrique  et 
d'éther  tribromacétique.  Ce  dernier  composé  bout  vers  223  degrés  et  pos- 
sède une  odeur  très-agréable. 


(ia6ï  ) 

Acide  tribromacétique  C4Br3HO'. 

»  Les  cristaux  obtenus  eu  traitant  par  l'eau  le  bromure  de  tribromacétyle 
sec,  ou  en  abandonnant  à  l'air  ce  composé,  fondent  à  1 35  degrés  et  bouil- 
lent à  25o  degrés.  Leur  analyse  a  donné  les  résultats  suivants  : 

i Er, 1 78  de  substance  ont  fourni  0,382  d'acide  carbonique  et  o,o5i   d'eau, 
ogro3q3  de  substance  ont  fourni  0,749  de  bromure  d'argent. 

Calcul.  ThéoHe. 

C 8,88  C 8,88 

H o,5  H o,3 

Br 81,0  Br 80,8 

»  L'acide  tribromacétique  donne  avec  la  potasse  une  réaction  analogue 
à  celle  de  l'acide  trichloracétique.  Ce  dernier,  traité  par  les  alcalis,  donne 
du  formiate  et  du  chloroforme;  l'acide  tribromacétique  donne  du  formiate 
et  du  bromoforme.  On  a,  en  effet, 

C4Br3HO'  -+-  KO,  HO  =  KO,C2H03  +  C4HBr3. 

»  Dans  ces  expériences,  il  faut  éviter  avec  soin  de  toucher  avec  les  doigts 
ces  substances;  elles  occasionnent  toutes  des  brûlures  très-douloureuses 
provenant  de  leur  transformation  à  l'air  en  acides  énergiques. 

»  J'ai  fait  ces  recherches  dans  le  laboratoire  de  M.  Cahours,  à  l'École 
Polytechnique.  » 

chimie  appliqué?:.  —  Sur  (engrais  dit  chaux  animalisée;  Note 
de  M.  A.  Mosselman,  présentée  par  M.  Payen. 

«  L'hygiène  publique  et  l'agriculture  réclament  depuis  longtemps  un 
mode  d'enlèvement  et  d'utilisation  des  matières  fécales  solides  et  liquides, 
qui  permette  d'en  opérer  facilement  le  transport  et  l'épandage.  Les  moyens 
proposés  et  mis  en  pratique  jusqu'à  ce  jour,  outre  les  difficultés  d'exé- 
cution qu'ils  présentent,  sont  tellement  défectueux,  qu'on  perd  la  plus 
grande  partie  des  produits  utiles  que  renferment  les  matières  fécales.  Mou 
procédé  consiste:  i°  à  éteindre  la  chaux  grasse  vive  à  l'état  d'hydrate  pul- 
vérulent avec  des  liquides  de  vidanges,  ou  mieux  avec  de  l'urine  pure  dans 
la  proportion  de  moitié  de  son  poids:  20  à  enrober  et  praliner  les  matières 
solides  avec  cette  sorte  de  farine  dans  la  proportion  de  2hectol,5  de 
chaux  pulvérulente  pour  2  hectolitres  de  matières  fécales.  Par  mon  pro- 
cédé, les  matières  fécales  sont  mises  rapidement  sous  la  forme  d'une  snb- 


(  1262  ) 
stance  solide  immédiatement  maniable  et  transportable.  Le  produit  obtenu 
contient,  on  le  comprend,  tous  les  principes  qui  se  trouvent  dans  les  excré- 
ments humains.  Il  se  produit  cependant,  au  moment  de  l'extinction  de  la 
chaux  et  du  mélange  de  cette  base  alcaline  avec  les  matières  fécales,  un  cer- 
tain dégagement  d'ammoniaque,  lorsque  les  matières  employées  ont  éprouvé 
une  fermentation  qni  transforme  en  partie  l'urée  et  les  substances  azotées 
en  composés  ammoniacaux. 

»  Sauf  la  cause  accidentelle  de  déperdition  légère  que  je  viens  de  signa- 
ler, l'engrais  se  conserve  sans  altération.  La  chaux  qu'il  contient  prévient 
la  fermentation  et  la  destruction  des  matières  organiques.  Ce  fait,  facile  à 
prévoir,  en  se  rappelant  les  expériences  précises  faites  par  M.  Payen,  a 
encore  été  confirmé  par  les  expériences  plus  récentes  exécutées  au  Conser- 
vatoire des  Arts  et  Métiers  sur  un  même  échantillon  de  chaux  animalisée, 
analysé  à  plusieurs  mois  d'intervalle  par  M.  Billequin. 

»  La  composition  du  produit  est  : 

licrlol.  hectol. 

1,00     à      i,9.5      chaux  grasse  vive,  soit...      28,57  Pour  ,0°     *     32,25  pour  100 

o,5o     à     0,62  i  urines ).  ,0  ce 

soit....      71,43  pour  100     a     07,70  pour  100 
2,00     à     2,00      matières  fécales  \ 

3,5o     à     3,87}  Total 100,00  100,00 

»  Apres  essai  j'ai  remarqué  que  2  hectolitres  \  de  farine  de  chaux  étaient 
suffisants  pour  prévenir  la  fermentation,  et  j'ai  ramené  ma  fabricatiorxà  cette 
proportion  qui  permet  de  donner  sous  le  même  volume  plus  de  matières 
fécales. 

>.  L'évaporation  rapide  de  l'eau  contenue  dans  l'urine,  pendant  l'extinc- 
tion de  la  chaux  vive,  et  celle  plus  lente  de  l'eau  contenue  dans  les  matières 
fécales  pendant  et  après  le  pralinage,  dépassent  avec  le  temps  le  poids  de 
la  chaux  employée. 

»   Ainsi,  par  exemple  : 

beclol.  hectol.  _  _  kll0!: 

I  ,00     à     1 ,25  chaux  vive,  poids  maximum 112 

kilop 

o  ,62  urine,  contenant  eau 00 

2,00  matières  fécales,  contenant  eau 177 

Poids  total  d'eau 237 

Après  l'opération  on  ne  retrouve  plus  que 12b 

II  v  a  donc  une  evaporation  de l  ' l    d  eau, 

remplaces  par  1  12  kilogrammes  de  thaux. 


(  ia63  ) 

»  On  trouve  dans  cet  engrais  des  villes  une  certaine  proportion  des  prin- 
cipes recherchés  par  l'agriculture.  Ainsi  l'analyse  y  démontre,  outre  la 
chaux,  la  présence  des  matières  azotées,  des  phosphates,  des  sels  alcalins,  etc. 
La  quantité  d'azote,  un  peu  variable  et  dépendant  de  la  pureté  et  de  la 
date  plus  ou  moins  récente  des  matières  employées,  est  toujours  notable- 
ment supérieure  à  celle  que  contient  le  fumier  et  s'approche  quelquefois  du 
double  de  la  proportion  d'azote  que  celui-ci  renferme.  L'acide  phospho- 
rique  se  trouve  à  peu  près  dans  les  mêmes  proportions  dans  les  deux  engrais 
que  nous  venons  de  comparer. 

»  L'engrais  que  je  prépare  contient  en  outre  une  certaine  proportion 
de  chaux  dont  la  présence,  jamais  nuisible,  est  généralement  utile  sur  le 
plus  grand  nombre  des  cultures  et  des  terrains  pour  lesquels  le  chantage  est 
si  justement  recommandé  par  tous  les  agronomes.   » 

M.  Guérix-Méxeville,  de  retour  d'une  mission  dans  le  midi  de  la  France 
où  il  avait  été  envoyé  par  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et 
des  Travaux  publics,  pour  s'occuper  de  la  propagation  des  nouveaux  vers  a 
soie  del'ailante.  et  de  l'étude  de  l'épidémie  du  ver  à  soie  ordinaire,  exposi 
sommairement  à  l'Académie  les  résultats  de  cette  nouvelle  encpiête  dans 
laquelle  il  a  constaté  : 

«  i°  Que  les  essais  d'éducation  des  nouveaux  vers  à  soie  vont  toujours  en 
croissant  et  promettent  beaucoup  pour  l'avenir; 

»  20  Que  des  faits  déjà  nombreux  permettent  de  considérer  comme  assez 
prochain  le  temps  où  nous  pourrons  nous  dispenser  d'aller  acheter  à  l'étran- 
ger de  la  graine  de  vers  à  soie  ordinaires. 

»  Ce  qui  méfait  espérer,  dit  M.  Guérin,  que  nous  ne  tarderons  pas  à  nous 
affranchir  de  cette  nécessité  fâcheuse  qui  nous  coûte  aujourd'hui  près  de 
io  millions,  c'est  que  j'ai  dans  ma  dernière  tournée  visité  un  assez  grand 
nombre  de  points  qui,  soustraits  par  leur  altitude  ou  par  quelques  autres 
circonstances  topographiques  à  l'épidémie  générale,  ont  conservé  le  privilège 
de  donner  depuis  plusieurs  années  de  bonnes  récoltes  avec  des  graines 
locales.  J'ai  vu  à  Annecy,  à  Poisy,  à  Thonon,  des  éducations  de  vers  à  soie 
de  races  du  pays  qui  continuent  depuis  cinq  ou  six  ans  à  donner  des  résul- 
tats magnifiques  sans  la  moindre  trace  de  l'épidémie  régnante,  et  dont  les 
cocons  pourraient  donner  d'excellentes  graines  pour  la  récolte  prochaine.  » 

M.  Marmisse,  qui  a  précédemment  adressé  au  concours  pour  le  prix  de 
Statistique  un  travail  sur  la  mortalité  des  enfants  dans  la  ville  de  Bordeaux, 


(  1^64  ) 
puis  un  autre  sur  la  mortalité  par  affection  diphthéritique,  annonce  l'inten- 
tion d'en  envoyer  un  troisième  concernant  la  mortalité  par  phthisie  tuber- 
culeuse, et  prie  l'Académie  de  lui  faire  savoir  si  son  Mémoire  arriverait 
encore  à  temps  pour  faire  partie  des  pièces  de  concours  de  1 863. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  le  concours  est  clos  depuis  le  ier  janvier. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu  dans  la  séance  du  29  juin  i863  les  ouvrages  dont 
voici  les  titres  : 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
t.  LV  (juillet-décembre  1862).  Paris,  1862;  vol.  in-4°- 

Aranéides  des  îles  de  la  Réunion,  Maurice  et  Madagascar ,-  par  Auguste 
ViNSON.  Paris,  i863;  in-4°  avec  planches.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur 
par  M.  le  général  Morin.) 

Fis  tellurique.  Classement  naturel  des  corps  simples  ou  radicaux  obtenu  au 
moyen  d'un  système  de  classification  hélicoïdal  et  numérique  ;  par  M.  A.-E. 
Béguyer  de  Chancourtois.  Paris,  i863;  in-4°. 

Interprétation  naturelle  des  pierres  et  des  os  travaillés  par  les  habitants  primi- 
tifs des  Gaules;  parle  Dr  Eug.  Bobert.  (Extrait  des  Mondes.)  Paris,  i863; 
br.  in-8°. 

L'Avenir  du  Sahara  et  du  Soudan;  par  M.  le  général  Faidherbe.  (Extrait 
de  la  Revue  Maritime  et  Coloniale.)  Paris,  i863;  br.  in-8°.  (2  exempl.) 

Climatologie  de  la  ville  de  Fécamp,  ou  Résumé  général  des  observations  mé- 
téorologiques faites  en  cette  ville  pendant  les  années  1 853  à  1862;  par  Eug. 
Marchand.  Le  Havre,  1 863  ;  br.  in-8°. 

Les  Orages  et  le  Paragrêle;  par  M.  Orliaguet.  Paris  et  Limoges,  1  863 ; 
in-8°.  (3  exempl.) 

Rullelin  de  la  Société  industrielle  d'Angers  et  du  département  de  Maine-et- 
Loire;  33e  année,   1862.  Angers,  1862;  in-8°. 

Notice  sur  les  eaux  minérales  ferrugineuses  de  Paris-Auteuil  (source  Qui- 
cherat) ;  par  le  Dr  Migon.  Paris,  i863;  in-12.  (2  exempl.) 


(  ia65  ) 

Uber  eine...  Sur  une  nouvelle  île  apparue  dans  la  mer  Caspienne,  avec  des 
recherches  pour  servir  à  l'histoire  des  volcans  boueux  de  la  région  Caspienne; 
pr  M.  H.  Abich.  Saint-Pétersbourg,  1 863 ;  in-4°.  (Renvoyé  à  l'examen  de 
M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  pour  un  Rapport  verbal.) 

Histologische...  Recherches  histologiqucs ;  par  H.  Karsten.  Berlin,  1862; 
in-4°.  (Présenté  au  nom  de  l'auteur  par  M.  Claude  Bernard.) 

Mittheilungen...  Communications  sur  les  taches  du  Soleil;  par  le  Dr  Ru- 
dolf Wolf;  n°  i5  (pages  1 33- 1 48 ) ;  in-8°. 

Làrobok...  Manuel  de  Minéralogie;  par  Axel  ERDMANN.  Stockholm, 
1860;  in-8°  avec  figures  intercalées  dans  le  texte. 

Trabalhos...  Travaux  de  l'Observatoire  météorologique  de  l'infant  don  Lan 
à  l'Ecole  polytechnique  de  Lisbonne;  8e  année  (1862).  Lisbonne,  1 863  ; 
in-folio. 


PUBLICATIONS     PEKIODIQUES     REÇUES      PAR     l'aCADEMIE     PENDANT 
LE    MOIS    DE    JUIN    1865. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l' Académie  des  Sciences  ;  i er  se- 
mestre i863,  nos  21  à  i5  ;  in-4°. 

Annales  de  l'Agriculture  française  ;  5e  série,  t.  XXI,  nos  9  et  10;  in-8°. 

Annales  forestières  et  métallurgiques;  22e  année,  t.  II,  mai  i863;  in-8°. 

Annales  télégraphiques;  t.  VI  ;  mai-juin  i863;  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  météorologique  de  France;  1°  9,  i5e  livraison,  avril 
i863;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France;  t.  XX,  feuilles  i3  à  20,  livrai- 
son de  juin  i863  avec  la  liste  des  membres  de  la  Société  au  Ier  mai  i863, 
in-8°. 

Bulletin  de  V Académie  impériale  de  Médecine;  t.  XXVIII,  nos  i5  et  16; 
h>8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  mai  i863;  in-8°. 

Bulletin  de  l  Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique  ;  2e  série,  t.  VI,  n°  4  ; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'industrie  nationale,  rédigé  par 
MM.  Combes  et  Peligot;  2e  série,  t.  X,  avril  i863;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  d  Agriculture ,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe,  2e  série, 
t.  IX  (1 863-1 864);  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  9e  année,  mai  i863; 
in-8°. 

C.  R.,  i863,  i«  Semestre.  (T.  LVI,N°  2C.)  1 65 


(  1266  ) 

Bulletin  de  ld  Société  de  Géographie  ;  avril  et  mai  j863;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'agriculture,    Belles-Lettres,  Sciences  et 
.  I ris  de  Poitiers  ;  3e  livraison  ;  niars-avril-mai  i  863  ;  in-8°. 

Bulletin  du  Laboratoire  de  Chimie  scientifique  et  industrielle  de  M.  Ch.  MÈNE; 
juin  1 863.  Lyon;  in-8°. 

Bullellino  meteorologico  dell'  Observalorio  del  Collegio   romand;  vol.   II. 
nu  i  i .  Rome;  in-4°. 

Cosmos.  Revue  encyclopédique  hebdomadaire  des  progrès  des  Sciences  et  <h 
leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'Industrie;  1 2e  année,  t.  XXII,  nos23  à  26;  in-8°. 

Gazelle  des  Hôpitaux;  36e  année,  nos  62  à  76;  in-8°. 

Gazelle  médicale  de  l'am;  33e  année,  t.  XVIII,  n°9  23  à  26;  in-4°- 

Gazelle  médicale  d'Orient;  6e  année,  mai  i863;  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  pratique  ;  27e  année,  1 863,  nos  ri  et  12;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale ,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  t.  IX,  4e  série, 
juin  i863;in-8°. 

Journal   de    la  Société  impériale   et   centrale  d'Horticulture;   t.  IX,    mai 
1 863  ;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  22e   année,   t.   XLI.   juin    1 863 ; 
io-8°. 

Journal  des  Vétérinaires  du   Midi;  26e  année,   t.    VI,   juin  1 863 ;   in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  29e  année,  nos  16 
à   17  ;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  de  la  Côte-d' Or  ;  avril  i863  ;  in-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire  ;  t.  I,  juin  i863;  in-8°. 

Journal  des  fabricants  de  sucre;  4e  année,  noso,  à  12;  in-4°. 

L'Abeille  médicale;  20e  année;  nos  22  à  26;  in-4°. 

L'Agriculteur  praticien;  3e  série,  t.  IV,  n°  17  ;  in-8°. 

L'Art  médical;  9e  année,  t.  XVII,  juin  i863;  in-8°. 

La  Culture;  4e  année,  t.  IV,  nos  23  et  24;  in-8°. 

La  Lumière;  1 3e  année,  n°  ii;  in-4°. 

La  Médecine  contemporaine;   5e  année,  n°  11  ;  in-4°- 

La  Science  pittoresque  ;  8e  année;  nos  6  à  9;  in-4°- 

La  Science  pour  tous;  8e  année  ;  n°8  26  à  3o  ;  in-4°. 

Le  Gaz;  7e  année,  n°4;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie;  3e  année,  nos  6  et  7  ;  in-4°- 

Le  Technologiste ;  a/je  année,  juin  i863;in-8°. 

Les  Mondes.  .  .  Revue  hebdomadaire  des  Sciences  et  de  leurs  applications  au.\ 
Arts  et  11  l'Industrie;  i'e  année,  (.  I,  livraisons  18  à  20;  in-8°. 


(     I2Ô7    ) 

Leopoldina. . .  Organe  officiel  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  Nature, 
publié  par  son  Président  le  Dr  C.-Gust.  Carus;  n°  3,  mai  i863;  in-4°- 

Magasin  pittoresque;  3 Ie  année  ;  juin  1 863 ;  in-4°. 

Montpellier  médical  :  Journal  mensuel  de  Médecine;  6e  année,  t.  X;  juin 
i863;  in-8°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres  ; 
vol.  XXIII,  n°  7;  in-12. 

Nouvelles  Annales   de  Mathématiques;    2e  série;   juin  i863;  in-8°. 

Pkarmaceutical  Journal  and  Transactions;  2e  série,  vol.  IV;  n°  12;  in-8°. 

Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  année  1  863,  t.  Ier,  nos  1 1  et  1 2  ;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie  ;  t.  XIX;  juin  i863;  in-8°. 

Revista  de  obras  publicas.  Madrid  ;  t.  XI,  nos  11  et  12;  in-4°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  3oe  année,  n°  11;  in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale  ;  t.  VII,  juin  i863;  in-8°. 

Revue  viticole ;  5e  année;  n°  5,  mai  1 863  ;  in-8°. 


COMPTES    RENDUS 

DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


TABLES    ALPHABÉTIQUES. 


JANVIER -JUIN  18C5. 


>«««<= 


TABLE  DES  MATIÈRES  DE  TOME  LVI. 


Papes. 
Acétone.  —  Action  de  l'hydrogène  développé 
par  l'ammoniaque  et  le  zinc,  pour  la 
transformation  de  l'aldéhyde  et  de  l'acé- 
tone en  alcool  correspondant;  Note  de 
M.  Lorin 845 

—  Sur  quelques  matières  ulmiques  dérivées 

de  l'acétone  ;  Note  de  M.  Hardy 874 

Acide  acétique.  —  Sur  l'acide  acétique  et  les 
acides  gras  volatils  de  la  fermentation 
alcoolique  ;  Note  de  M.  Béchamp 96g 

—  Sur  la  présence  de  cet  acide  parmi  les 

produits  de  la  fermentation  alcoolique  ; 
Note  de  M.  Pasteur 989 

—  Nouvelle  Note  de  M.   Béchamp  sur  la 

même  question  adressée  à  l'occasion  de 

la  Note  de  M.  Pasteur 1086 

—  Nouvelles  remarques  de  M.  Pasteur  rela- 

tives à  cette  communication 1 109 

—  Réponse  de  M.  Béchamp ia3i 

Acide  arsénique.  —  De  l'action  de  la  chaleur 

sur  l'arséniate  d'aniline,  et  de  la  forma- 
tion d'un  anilide  de  l'acide  arsénique; 

Note  de  M.  Béchamp 1 172 

Acide  carbonique.  —  De  la  dissociation  de 
l'acide  carbonique,  et  des  densités  des 
vapeurs;  Note  de  M.  H.  Sainte-Claire 
Deville 729 

—  Sur  la  présence  de  l'acide  carbonique  dans 

l'air  des  cavernes  de  l'Ariége  ;  Notes  de 

M.  Garrignu 838  et    869 

Acide  sulfurique.  —  Action  de  cet  acide 

C.   R..  i863,  î«  Semestre.  (T.  LVI1 


Pages, 
sur  le  plomb  à  divers  états  de  pureté; 
Note  de  MM.  Cahert  et  Johnson 1 40 

Acides  et  Alcools.  —  Limite  de  combinaison 
entre  les  acides  et  les  alcools;  recher- 
ches sur  les  affinités;  par  MM.  Berthelot 
et  Péan  de  Saint-Gilles 393  et    648 

Acides  monobasiques.  —  Sur  un  nouveau 
mode  de  formation  des  anhydrides  des 
acides  monobasiques;  Note  de  M.  Gai.     3Go 

Acides  thioniques.  —  Sur  la  génération  et 
les  réactions  des  acides  de  la  série  thio- 
nique;  Note  de  MM.  Chance!  etDiacon.     710 

Acier.  —  Sur  la  théorie  de  l'aciération  ;  Mé- 
moire de  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.     325 

—  Études  sur  l'acier;   par  M.  H.  Caron. 

43,  211,  828  et  1017 

—  Application  de  la  vis  tellurique  à  la  théorie 

de  l'acier;  Note  de  M.  Bégujerde  Chan- 

courtois 253 

Voir  aussi  l'article  Fer. 
Acoustique.  —  Soufflerie  de  précision  munie 
d'un  nouveau  système  de  régulateurs  : 
application  à  des  expériences  d'acousti- 
que; Mémoire  et  Lettre  de  M.  Cavaillé- 
Coll 3i4  et    339 

—  Sur  la  théorie  de  la   gamme;  nouveau 

Mémoire  de  M.  Mercadier g54 

—  «  Exposé  des  principes  tant   généraux 

que   particuliers  de    la    musique   mo- 
derne »  ;  Mémoire  de  M.  Pincent  de 

Jozet »o84 

166 


(     ^70   ) 

Pagos. 

Aérolitiies.  —  M.  Èlie  de  Beaumont  met 
sous  les  yeux  de  l'Académie  plusieurs 
spéeimensdesaérolithes  découverts  dans 
le  désert  d'Atacama  (Chili),  par  M.  Do- 
meyko,  et  dont  il  avait  précédemment 
annoncé  l'envoi S-sg 

Aéronautique.  —  Note  de  M.  Desbois  sur  un 
système  de  son  invention  pour  la  loco- 
motion aérienne 78 

—  Lettre  de  M.  Vaillant  concernant  sa  Note 

sur  la  direction  des  aérostats 724 

Affinités.— Recherches  sur  les  affinités  ;  par 
MM.  Berthclot  eXPéan  de  Saint-Gilles  : 
sur  la  limite  de  combinaison  entre  les 
acides  et  les  alcools  ;  sur  l'équilibre  dans 
divers  systèmes  formés  d'acide,  d'alcool 
et  d'eau 3g3  et    G48 

—  Recherches  sur  les  affinités  :  action  des 

acides  sur  l'alcool  étendu  d'eau;  Notes  de 

M.  Berthclot 1  i3i  et  1168 

-  Sur  la  composition  de  l'air  des  cavernes 


Air. 

de  l'Ariége;  Note  de  M.  Garrigou 

838  et    8G9 

—  Températures  de  l'air.  Voir  l'article  Tem- 

pératures. 

Alcoolique  (Fermentation). —Voir  les  ar- 
ticles Acide  acétique  et  Alcools. 

Alcools.  —  Sur  la  limite  de  combinaison 
entre  les  acides  et  les  alcools;  recher- 
ches sur  les  affinités  par  MM.  Berthelot 
et  Péan  de  Saint-Gilles 3o,3  et    648 

—  Recherches  sur  les  alcools  amyliques  : 

action  delà  chaleur  sur  l'aldéhyde;  Noie 

de  M.  Berthelot 700 

—  Sur  quelques  caractères  des  alcools;  sur 

leur  diagnose;  méthode  nouvelle  pour 
apprécier  leur  pureté  et  celle  deséthers; 
par  le  même 84 1 ,  870  et     871 

—  Action   des    acides  sur    l'alcool    étendu 

d'eau.  —  Réaction  simultanée  de  plu- 
sieurs acides  et  de  plusieurs  alcools; 
par  le  même 1 1 3 1   et  1 1 G8 

—  Action  de  l'hydrogène  développé  par  l'am- 

moniaque et  le  zinc,  pour  la  transforma- 
tion de  l'aldéhyde  et  de  l'acétone  en  al- 
cool correspondant;  Note  de  M.  Lorin .  84a 
Aldéhyde.  —  Action  du  cyanogène  sur  l'aldé- 
hyde; Note  Ac  MM.  Berthelot  e\,  Péan  de 
Saint-Gilles 1 170 

—  Action  de  l'hydrogène  développé  par  l'am- 

moniaque et  le  zinc  pour  la  transforma- 
tion de  l'aldéhyde  et  de  l'acétone  en 
alcool  correspondant;  NotedeM.  Lorin.     8  î  "i 

Amidon.  —  Action  de  l'iode  et  du  brome  sur 
l'amidon  :  étude  de  la  matière  colorante 
des  végétaux;  Note  de  M.  B/ondean . . .     G97 

Vmmoniaque.  —  Son  action  sur  la  poudre- 


coton  :  nouvelle  réaction  des  nitrates  ; 
Note  de  M.  Guignet 

—  Action  de  l'hydrogène  développé  par  l'am- 
moniaque et  le  zinc,  pour  la  transforma- 
tion de  l'aldéhyde  et  de  l'acétone  en 
alcool  correspondant  ;  Note  de  M.  Lorin. 

—  Action  de  l'ammoniaque  sur  le  cuivre  en 
présence  de  l'air;  Note  de  MM.  Berthe- 
lot et  Péan  de  Saint-Gilles 

Amvlène.  —  Recherches  sur  les  alcools  amy- 
liques; par  M.  Berthelot 

—  Note  sur  l'hydrate  d'amylène;  par 
M.  Wurtz 

—  Remarques  de  M.  Berthelot  à  l'occasion 
de  la  Note  de  M.  Wurtz 

—  Faits  pour  servir  à  l'histoire  des  corps  po- 
lymères; Note  de  M.  Berthelot 

—  Action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool 
amylique;  Note  de  M.  Wurtz 

Analyse  mathématique.  —  Sur  l'emploi  de  la 
méthode  de  la  variation  des  arbitraires 
dans  la  théorie  des  mouvements  de  rota- 
tion ;  Note  de  M.  Serret 

—  Lettre  de  M.  Cayley  à  M.  Bertrand  con- 

cernant un  Mémoire  de  Jacobi  sur  l'éli- 
mination des  nœuds  dans  le  problème 
des  trois  corps 

—  Mémoire  sur  les    fonctions  elliptiques; 

par  M.  Km.  Mathieu 

—  Sur  la  théorie  des  formes  cubiques  à  trois 

indéterminées;  Lettre  de  M.  Brioschi 
à  M.  Hermite 

—  Application  de  la  théorie  des  covariants 

au  calcul  intégral  ;  Lettre  de  M.  Brioschi 
à  M.  Hermite 

—  Sur  la  théorie  algébrique  des  formes  ho- 

mogènes du  quatrième  degré,  à  trois 
indéterminées;  Notes  du  P.  Joubert . . . 
io45,  1088  et 

—  Lettres  de  M.  Nauch  concernant  la  réso- 

lution des  équations  du  troisième  degré. 
10S2  et 

—  Sur  le  moyen  d'obtenir  d'une  équation  gé- 

nérale aux  différences  finies  une  som- 
mation d'un  ordre  quelconque  sans  faire 
usage  de  constantes  indéterminées;  Mé- 
moire de  M.  A.  Gandin 

—  Sur    les    quantités    ultra-géométriques; 

Note  de  M.  de  Polignnc 

Analyse  spectrale.  —  Voir  l'article  Speé- 
trosenpie. 

Analyses  organiques.  —  Modification  de 
l'appareil  communément  employé  dans 
ces  analyses  pour  le  dosage  de  l'hydro- 
gène et  "du  carbone;  Note  de  M.  Mène. 

Anatomie.  —  Analyse  donnée  par  M.  Mattei 
d'un  Mémoire  sur  les  capsules  surréna- 
le; qu'il  avait  précédemment  présenté.. 


Pages. 
358 


84.1 

1 170 

700 

793 

844 
1242 
124G 

45G 

43 
i36 

3o4 

659 

I  123 


4o3 
38i 


44G 


^49 


(  12 

Pages. 

—  Sur   l'homologie  des  membres  pelviens 

et   tlioraciques  de  l'homme;   Note  de 

M.  Foltz 696 

Anatomie  comparée.—  Sur  deux  articula  lions 
ginglymoïdales  nouvelles  existant  chez 
le  Glvptodon,  l'une  entre  la  deuxième  ot 
la  troisième  vertèbre  dorsale,  l'autre 
entre  la  première  et  la  deuxième  pièce 
du  sternum  ;  Note  de  M.  Serres 885 

—  Note  sur  le  développement  de  l'articula- 

tion vertébro-sternale  du  Glyptodon,  et 
les  mouvements  de  tlexion  et  d'extension 
de  la  tète  chez  cet  animal  fossile;  par 
le  même 1 028 

—  De  la  signification  anatomique  de  l'appa- 

reil operculaire  des  poissons  et  de  quel- 
ques autres  parties  de  leur  système 
osseux;  Mémoire  de  M.  Ebllard 38 

—  De  la  distribution  des  pièces  qui  compo- 

sent l'arc  suspenseur  de  la  mâchoire  in- 
férieure chez  les  poissons  osseux,  et  de 
leur  signification  anatomique;  par  le 
même 633 

—  Sur  un  corps  d'apparence    glanduleuse 

observé    dans    la    baudroie  ;    Note    de 

M.  Jourdain 598 

—  Sur  l'anatomie  de    la  Sirène  lacertine; 

Note  de  M.  L.  Vaillant 83g 

Anestijésie.  —  Mémoire  de  M.  Ozanam  sur 

l'anesthésie  par  les  gaz  carbures 386 

Anhydrides.  —  Sur  un  nouveau  mode   de 

formation    des  anhydrides   des   acides 

monobasiques;  Note  de  M.  Gai 36o 

Aniline.  —  Sur  le  rouge  d'aniline;  Note  de 

M.  Delvaux 445 

—  Note  de  M,  Hofmaim  sur  le  bleu  d'aniline.    g45 

—  Faits  pour  servir  à  l'histoire  des  matières 

colorantesdérivéesdu goudron  de  houille; 

par  le  même io33  et  1062 

—  Théorie  de  la  transformation  du  rouge  d'a- 

niline ;  Note  de  M.  H.  Schiff 545 

—  Recherches  sur  les  couleurs  de  l'aniline  ; 

par  le  même ia34 

—  De  l'action  de  la  chaleur  sur  l'arséniate 

d'aniline,  et  delà  formation  d'un  anilide 
de  l'acide  arsénique;  Note  de  M.  Bé~ 

champ 1172 

Anilométalliotes  (Composés).  —  Sur  les 
combinaisons  anilométalliques,  etsur  la 
formation  de  la  fuchsine.  —  Recherches 
sur  les  trimétalaniles  ;  Notes  de  M.  H. 
Schiff > 268  et  1  oij5 

—  Recherches   sur    les   mercuraniles;  par 

le  même 49  ! 

Anonymes  (Communications)  adressées  pour 
des  concours,  dont  une  des  conditions  est 
que  les  auteurs  ne  se  fassent  pas  connaî- 
tre avant  le  jugement  de  la  Commission  : 


7'   ) 


Pages. 


628 
868 


—  Concours  pour  le  grand  prix  de  Mathé- 
matiques, question  CÔhfcërnarit  la  théorie 
des  polyèdres 37  et      78 

—  Concours  pour  le  grand  jirix  de  Mathé- 

matiques, question  concernant  la  théorie 

des  phénomènes  capillaires.     37,  5g2  et    628 

—  Concours  pour  le  prix  Bordi/i,  question 

concernant  les  vaisseaux  du  latex 37 

—  Concours  pour  le  prix  Bordin ,  question 

concernant  la  structure  des  tiges  des 
végétaux,  considérée  par  rapport  aux 
grandes  familles  naturelles 37 

—  Concours  pour  le  grand  prix  de  Sciences 

physiques,  changements  opérés  durant 
la  germination  dans  l'embryon  et  le  pé- 
risperme 

—  Concours  pour  le  prix  Barbier,  Mémoire 

sur  les  citrates  de  magnésie 

Anthropologie.  —  M.  de  Quatrefages  met 
sous  les  yeux  de  l'Académie  quelques-uns 
des  résultats  des  études  anthropologi- 
ques faites  par  M.  Duhousset ,  durant 
un  séjour  en  Perse,  sur  les  diverses 
races  qu'il  a  eu  occasion  d'observer  dans 
ce  pays 487 

—  Sur  les  proportions   du    corps  humain  ; 

nouvelles  pièces  adressées  par  M.  Fock 
et  se  rattachant  à  ses  précédentes  com- 
munications        4° 

—  Sur  l'homologie   des  membres  pelviens 

et  thoraciques   de   l'homme;  Note   de 

M.  Foltz 696 

—  De  l'influence  de  1  "âge  relatif  des  parents 

dans   le    sexe  des   enfants;   Note    de 

M.  Boudin 353 

—  De  l'influence  de  l'âge  respectif  des  époux 

sur  le  sexe  des  enfants  ;  Note  de  M.  Pap- 

penheim 634 

Voir  aussi  les  articles  Consanguines 
[Alliances)  et  P (déontologie. 
Appareils  divers.  —  Sur  un  nouveau  sys- 
tème d'appareils  d'évaporation  et  de  dis- 
tillation à  simple  ou  à  multiple  effet; 
Note  de  M.  Kessler 94 

—  Sur  la  construction  économique  de  réci- 

pients destinés  à  contenir  de  l'air  soumis 
à  une  très-haute  pression,  ou  à  conserver 
le  vide  ;  Note  de  M.  Berthault 263 

-  Sur  une  soufflerie  de  précision ,  munie 

d'un  nouveau  système  de  régulateurs  : 
application  de  l'appareil  à  des  expé- 
riences d'acoustique  et  à  la  régularisa- 
tion de  l'émission  du  gaz  d'éclairage; 
Mémoire  et  Lettre  de  M.  Cacaillé-Coll. 
3i4  et    33g 

—  Note  sur  un  manomètre  à  sifflet,  de  l'in- 

vention de  M.  Dcdiru ;  présentée  par 

M.Pouillet 485 

166.. 


(   I2 

Pages. 

Adpareils  divers.  —  Compas  traçant  des 
ellipses  d'un  mouvement  continu,  de 
l'invention  de  M.  Carmien 4^9 

—  Sur  le  télomètre  et  le  nautomètre  à  pris- 

mes, appareils  de  topographie  militaire; 
Mémoire  de  M.  Goulier 343 

—  Note  sur  la  construction  et  l'usage  du  tri- 

gonomètre,  instrument  d'arpentage  de 
l'invention  de  M.  Gerbeault 49^ 

—  Note  de  M.  Alciator  concernant  divers 

dispositifs  de  son  invention  destinés  à 
atténuer  les  accidents  dus  aux  rencon- 
tres en  mer  et  sur  les  chemins  de  fer. .     8o5 

Arcs-en-ciel.  —  Mémoire  sur  les  dix-sept 
premiers  arcs-en-ciel  de  l'eau;  par 
M.  Billet g99 

Aréomètres.  —  Nouvelle  méthode  pour  gra- 
duer les  aréomètres  à  degrés  égaux  des- 
tinés aux  liquides  plus  pesants  que  l'eau, 
comme  les  pèse-acides  et  les  pèse-sels 
de  Baume;  Note  de  M.  Pouiltet 888 

—  Sur  l'échelle  densimétrique  accolée  à  l'a- 

réomètre de  Baume  ;  Note  de  M.  Boudin.     1 3(3 
Argent.  —  Action  réciproque  des  protosels 
de  cuivre  et  des  sels  d'argent;  Mémoire 

de  MM.  Millon  et  Commaille 3o<j 

Argenture.  —  Sur  un  procédé  d'argenture 
à  froid  du  verre  par  l'emploi  du  sucre 

interverti;  Note  de  M.  Martin 1044 

Arithmétique.  —  Sur  diverses  approxima- 
tions numériques  et  sur  diverses  sections 
des  solides  dérivés  du  cube  ;  Notes  de 
M.  Willich  analysées  par  M.  Babinet. .      îoo 

—  M.  Babinet  présente  de    nouvelles  ap- 

proximations numériques  obtenues  par 

M.  fVillich 664 

—  Note  de  M.  Dessoye  concernant  ses  mé- 


Pages, 
thodes  de  calcul  et  les  principes  sur  les- 
quels il  les  appuie 40,6 

Artésiens  (Forages).  —  Sur  la  loi  de  la  va- 
riation des  débits  des  puits  artésiens, 
observés  à  diverses  profondeurs  ;  Mé- 
moire de  M.  Michal 78 

Astronomie.— Note  de  M.  Le  Verrier  accom- 
pagnant la  présentation  du  vol.  XVII 
des  Annales  de  l'Observatoire  et  de  la 
VIe  livraison  de  Y  Atlas  écliptique  de 
M.  Chacornac 25o 

—  Présentation  par  M.    Le   Verrier  d'un 

nouveau  volume  des  u  Annales  de  l'Ob- 
servatoire impérial  »  [Observations, 
t- VI) 409 

—  Sur  la  parallaxe  de  deux  étoiles  fixes; 

Lettre  de  M.  Kruger  à  M.  Le  Verrier..     268 

—  Sur  de  nouveaux  compagnons  de  Sirius  ; 

Note  de  M.  Goldschmidt 436 

—  Étoile  double  de  7  de  la  Balance;  Lettre 

de  M.  Goldschmidt 845 

—  Sur  la  nébuleuse  variable  de  t  Taureau  ; 

Note  de  M.  Chacornac 63; 

—  Sur  les  taches  solaires.  —  Sur  la  période 

de  l'étoile  variable  >?  du  navire  Argo  ; 
Lettre  de  M.  fVo/f  k  M.  Élie  de  Beau- 
mont 636 

—  Sur  le  passage  d'une  quantité  considérable 

de  globules  lumineux  observés  à  la  Ha- 
vane durant  l'éclipsé  solaire  du  i5  mai 
i836;  Lettre  de  M.  Poey  à  M.  Élie  de 
Beaumont 88 

—  Lettre  du  P.  Nardini  concernant  une  dis- 

cussion sur  la  nature  des  forces  cosmi- 
ques      855 

—  Du  soleil  et  de  sa  relation  avec  les  autres 

corps  célestes;  Note  de  M.  Mihalinez. .      58 
Voir  aussi  l'article  Mécanique  céleste. 


B 


Balistique.  —  Sur  la  similitude  des  trajec- 
toires des  projectiles  oblongs  de  forme 
extérieure  semblable  ;  Mémoire  de 
M.  Martin  de  Brettes,  présenté  par  M.  le 
Maréchal  Vaillant 211 

Baromètres.  —  Note  de  M.  Mondino  con- 
cernant un  appareil  barométrique  de  son 
invention  pour  la  mesure  des  montagnes.    271 

Benzidine  (Isomères  de  la).  —  Note  de 
M.  Hofmann  sur  un  nouveau  composé, 
l'hydrazobenzole 11 10 

Benzoïle.  —  Réaction  du  chlorure  de  ben- 
zoïle sur  l'indigotine  et  l'isatine;  Note 
de  M.  Schivartz io5o 

Botanique.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.   Duval- Jouve,  intitulé  :    «   Histoire 


naturelle  des  Eq<dsetum  de  France  »; 
Rapporteur  M.  Brongniart 5i8 

—  Caractères  et   affinités  anatomiques  des 

Cytinées  ;  Note  de  M.  Chatin 1 204 

Voir  aussi  les  articles  Organograpkie 
et  Physiologie  végétale. 
BrAI  provenant  de  la  distillation  de  la  houille. 
—  Emploi  de  cette  substance  pour  la 
conservation  des  matériaux  de  construc- 
tion ;  Note  de  M.  Kuhlmann 1066 

—  Remarques  de  M.  Pajren  sur  l'usage  déjà 

fait  de  ce  produit  dans  un  but  semblable.  1072 
Brome.  —  Action  de  l'iode  et  du  brome  sur 
l'amidon,  étude  de  la  matière  colorante 
des  végétaux;  Note  de    M.  B/ondeau.     697 

—  Action  du  brome  et  de  l'acide  bromhy- 


(  i273  ) 


Pages, 
drique  sur  l'acétate  d'éthyle;  Note   de 
M.  Crafis 707 

—  Recherches  relatives  à  Faction  du  brome 
sur  le  bromure  d'acétyle,  et  étude  de 
l'acide  tribromacétique  :  préparation  du 
bromure  d'acétyle;  Note  de  M.  Gai 1257 

Bromures.  —  Sur  un  isomère  du  bromure 
de  butylène  bibromé,  et  sur  les  dérivés 
bromes  du  bromure  de  butylène;  Note 
de  M.  Caventou G46 

Bulletin  bibliographique.  —  60,  102,  1 44i 
190,  23i,  273,  3i6,  4°3,  449i  55 1 ,  (5oo, 
666,  726,  806,  856,  87g,  91g,  975,  1023, 
io52,  1107, 1 i3g,  1181,  1264. 

Bureau  des  Longitudes.  —  Sur  l'invitation 
de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 


Pages. 


blique,  l'Académie  charge  une  Commis- 
sion, formée  par  la  réunion  des  trois 
Sections  de  Géographie  et  Navigation, 
d'Astronomie  et  de  Géométrie,  de  pré- 
parer une  liste  de  candidats  pour  une 
place  vacante  au  Bureau  des  Longitudes.  1023 

—  Cette  Commission  déclare,  dans  la  séance 

du  i5  juin,  que  les  seules  personnes  qui 
aient  témoigné  le  désir  d'être  considé- 
rées comme  candidats  sont  MM.  Lamé  et 

de  Tesson,  Membres  de  l'Académie 1 1 38 

Butylène.  —  Sur  un  isomère  du  bromure  de 
butylène  bibromé  et  sur  les  dérivés  bro- 
mes du  bromure  de  butylène  ;  Note  de 
M.  Caventou 646 

—  Note  de  M.  V.  De  Lûmes  sur  le  butylène.   1 175 


Cacao.  —  Sur  les  produits  qu'on  obtient  du 
cacao,  et  sur  leur  falsification;  Mémoire 
de  M.  Hâuchecorne 1 1 56 

Camphres.  —  Note  de  M.  Chautard  concer- 
nant les  acides  camphoriques  inactifs. . .     698 

Candidats  pour  les  places  auxquelles  V  Aca- 
démie est  appelée  à  présenter.  —  Sur 
l'invitation  de  M.  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique,  l'Académie  charge  une 
Commission  composée  des  Sections  réu- 
nies de  Géographie  et  Navigation,  d'As- 
tronomie et  de  Géométrie  de  préparer 
une  liste  de  candidats  pour  une  place 
vacante  au  Bureau  des  Longitudes 1023 

—  Cette  Commission  présente  pour  candi- 

dats MM.  Lamé  et  de  Tessan 11 38 

Candidatures.  —  M.  Guérin-Méneville  de- 
mande à  être  considéré  comme  candidat 
pour  la  place  vacante,  dans  la  Section 
d'Économie  rurale,  par  suite  du  décès 
de  M.  de  Gasparin 266 

—  M.    Chambrelent  adresse  une  semblable 

demande 635 

—  M.  Foucault  prie  l'Académie  de  ne  point 

le  comprendre  parmi  les  candidats  pour 
la  place  vacante,  dans  la  Section  de  Phy- 
sique, par  suite  du  décès  de  M.  Despretz.     900 

—  M.   Peytier,  déjà  plusieurs  fois  présenté 

comme  candidat  pour  des  places  vacantes 
dans  la  Section  de  Géographie  et  Na- 
vigation, prie  l'Académie  de  lui  conti- 
nuer la  même  faveur  quand  elle  s'occu- 
pera du  remplacement  de  feu  M.  Bravais.  1086 

—  M.  D'Abbadie  adresse  une  semblable  de- 

mande    1120 

—  M.  Parade,  en  faisant  hommage  à  l'Aca- 

démie d'un  exemplaire  de  la  4e  édition 


de  son  «  Cours  élémentaire  de  culture 
des  bois»,  la  prie  de  vouloir  bien  le 
compter  au  nombre  des  candidats  pour 
une  des  deux  places,  en  ce  moment  va- 
cantes, de  Correspondant  de  la  Section 
d'Économie  rurale 42 

—  M.  Parade  demande  à  être  compris  dans 

le  nombre  des  candidats  pour  la  place 
de  Correspondant  de  la  Section  d'Écono- 
mie rurale  devenue  vacante  par  la 
mort  de  M.  Renault 1 1 5y 

—  M.  Castiglioni,  en  adressant  son  ouvrage 

sur  l'affection  scrofuleuse,  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  se  rappeler  ses 
travaux  quand  elle  aura  à  nommer  des 
Correspondants  pour  la  Section  de  Mé- 
decine et  Chirurgie 189 

Capillarité.  —  M.  Artur,  à  l'occasion  d'une 
assertion  de  M.  Lamé  sur  l'état  station- 
naire  de  la  théorie  mathématique  des 
phénomènes  capillaires,  rappelle  ses  tra- 
vaux sur  cette  question  et  annonce  une 
prochaine  communication 1 105 

Carbures.  —  Recherche  sur  quelques  hydro- 
gènes carbonés  ;  Note  de  M.  Wurlz 354 

—  Note  sur  les  hydrates  des   hydrogènes 

carbonés  ;  par  le  même y  1 5 

—  Sur    un   nouvel   hydrogène  carboné    et 

sur  ses  combinaisons  avec  le  brome  ; 
Note  de  M.  Caventou 712 

—  De  l'anesthésie  par  les  gaz  carbures;  Mé- 

moire de  M.  Ozanam 386 

Catalytiques  (Actions).  —  M.  Dumas  com- 
munique l'extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Schœnbein  concernant  l'activité  ca- 
talytique  dans  les  substances  organisées.  1 1 1 3 


Chaleur.  —  Sur  la  détermination  de  la  re- 
lation qui  existe  entre  la  chaleur  rayon- 
nante,  la  chaleur  de  conductibilité  et  la 
chaleur  latente;  Notes  de  M.  Colnet- 
d'Huard 1000,   io85  et 

—  Sur  la  chaleur  spécifique  des  corps  so- 

lides :  déductions  relatives  à  la  nature 
des  corps  considérés  comme  éléments  ; 
Note  de  M.  Kppp 

Chalumeau  à  ehlor-hydrogène.  —  Son  em- 
ploi pour  l'étude  des  spectres;  Note  de 
M.  Diacon 

Chambres  de  plomb  des  fabrique*  d'acide 
sulfuriquc.  ■ —  Diverses  conditions  qui 
influent  sur  la  proportion  du  thallium 
existant  dans  ces  dépôts  ;  Note  de 
M.  Kulùmann 

Chemins  de  fer.  —  Lettre  de  M.  Charvin 
concernant  un  système  de  freins  désignés 
sous  le  nom  de  freins  isolants 

—  Note  sur  diverses  inventions  concernant 

les  chemins  de  fer  et  la  navigation;  par 

M.  Alciator 

Chimie  agricole.  —  Note  sur  la  statique 
chimique  dos  êtres  organisés;  par 
M.  Barrai 

—  Sur  la  nutrition  des  arbres  forestiers  et 

des  arbres  fruitiers  :  analyses  des  cen- 
dres ;  Note  de  M.  Guejmard 

Chimie  générale.  —  M.  le  Secrétaire  per- 
pétuel signale,  parmi  les  pièces  impri- 
mées de  la  Correspondance,  un  projet  de 
Société  pour  la  fondation  d'une  école  de 
chimie  pratique 

—  De  l'activité  catalytique  dans   les  sub- 

stances organiques;  extrait  d'une  Lettre 

de  M.  Schœnbein  à  M.  Dumas 

Chirurgie.  —  Compte  rendu  du  traitement 
des  calculeux  pendant  l'année  1862;  Mé- 
moire de  M.  (  'iviale 

—  Troisième  et  quatrième  opérations  d'ova- 

riotomie  pratiquées  avec  succès;  Note  de 
M.  Kœberlè 

—  Note  sur  deux  nouvelles  opérations  d'ova- 

riotomie;  par  le  même 

—  Cure  radicale  de  la  tumeur  et  de  la  fistule 

dusac  lacrymal  au  moyen  de  l'oblitéra- 
tion du  sac";  Mémoire  de  M.  Magne. . . 

—  Polypes  du  larynx  et  delà  trachée-artère, 

reconnus  au  moyen  du  laryngoscope  et 
extirpés  par  les  voies  naturelles;  Note 
de  M .  Ozàhahi 

Chlore.  —  Sur  deux  nouvelles  combinaisons 
résultant  de  l'action  du  chlore  sur  le 
glycol  ;  Note  de  M.  Mitsckèrliçh 

■  iiloroben/.ol.  —  Nouvelles  recherches  de 
M.  Ca/wurs  sur  ce  composé  :  action  du 


Pajjes 


I27/1 


) 


1216 


12  5 1 


053 


8o5 


763 


354 


in3 


"9 


1  11  ; 


583 


11 54 


Pai;cs. 
chlore  sur  le  chlorobenzol  comparée  à 
celle  que  le  chlore  exerce  sur  le  toluène.    222 

—  Note  sur  les  corps  isomères,  chlorobenzol 

et  toluène  bicolore  ;  par  le  même ;o3 

—  Remarques  de  M.  Naquel  à  l'occasion  de 

cette  dernière  communication 796 

Chlorures.  —  Réaction  du  chlorure  de  ben- 
zoïle  sur  l'indigotine  et  l'isatine;  Note 
de  M.  Sc/iwartz 10  jo 

—  Action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool 

amylique  ;  Note  de  M.  JFurtz 11  G.j 

Choc.  —  Sur  la  résistance  au  choc  des  ma- 
tériaux, considérée  au  seul  point  de  vue 
géométrique;  Note  de  M.  Normand...  1215 
Choléra-morbus.  —  Sur  les  causes  et  le 
traitement  du  choléra  ;  Note  adressée 
par  un  auteur  qui  a  cru,  à  tort,  devoir 
placer  son  nom  sous  pli  cacheté 448 

—  M.  Deroy,  en  adressant  un  Mémoire  sur 

la  non-absorption  des  médicaments  du- 
rant la  période  algide  du  choléra,  réclame 
la  priorité  pour  l'indication  de  ce  fait 
qui  a  de  l'importance  au  point  de  vue  du 
traitement,  puisqu'il  indique  les  deux 
temps  ou  la  médication  peut  être  efficace.     584 

—  Documenls  pour  servir  à  l'histoire  du  cho- 

léra-morbus adressés  par  M.  l'ernais  à 
l'occasion  de  la  question  de  priorité  re- 
vendiquée par  M.  Deroy 778 

—  M.   Borner  demande    à    reprendre    des 

pièces  justificatives  qui  accompagnaient 
sa  Note  sur  un  remède  employé  par  lui 

contre  le  choléra-morbus 724 

Voir,  pour  d'autres  communications 
concernant  le  choléra-morbus,  à  l'ar- 
ticle Legs  Bréant. 
Chronométriques  (Appareils).  —  Sur  un 
nouveau  procédé  fourni  par  la  théorie 
du  spiral  réglant  des  chronomètres  et 
des  montres,  pour  la  détermination  du 
coefficient  d'élasticité  des  diverses  sub- 
stances ;  Mémoire  de  M.  Phillips 296 

—  Sur  le  moyen  d'obtenir  un  synchronisme 

parfait  pour  un  nombre  quelconque 
d'horloges  reliées  entre  elles  par  un  fil 
conducteur  de  courants  électriques; 
Lettre  de  M.  Vérité  à  M.  Séguier Joi 

—  M.  Foucault  rappelle  à  cette  occasion  les 

moyens  qu'il  avait  indiqués  pour  obtenir 
ce  synchronisme,  moyens  qui  ont  été 
signalés  dès  1 847  à  l'Académie  dans  une 
Note  de  M.  Faye 645 

—  Lettre  de  M.  J'érité  à  l'occasion  de  celle 

de  M.  Foucault 697 

—  M.  Olctti  adresse  de  Turin   une  montre 

destinée  à  faire  connaître  les  heures  de 
marée 23o 


(  12 

Pnffes. 

Climatologie. —  Voir  l'article  Météorologie . 

Colorantes  (Matières).  —  Faits  pour  servir 
à  l'histoire  des  matières  colorantes  déri- 
vées du  goudron  de  houille  ;  Notes  de 

M.  Hofmann io33  et  1062 

Voir  aussi  l'article  Aniline. 

Coloration  de. 1  fibres  végétales  par  l'action 
des  acides.  —  Voir  à  Végétales  (Fibres). 

Commission  administrative.—  MM.  Chccreul 
et  Poncelet  sont  nommés  Membres  de 
la  Commission  centrale  administrative.       16 

—  M.  Poncelet,  qui,  avant  l'élection,  avait 

demandé  à  ne  plus  faire  partie  de  cette 
Commission  pour  laquelle  il  était  de- 
puis longtemps  réélu  chaque  année,  prie 
de  nouveau  ses  confrères  de  désigner  un 
autre  Académicien  pour  cette  place,  son 
âge  et  les  travaux  qui  lui  restent  à  pu- 
blier ne  lui  permettant  pas  d'en  remplir 
convenablement  les  fonctions C5 

—  M.    Chastes  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  administrative,  en  rempla- 
cement de  M.  Poncelet,  démissionnaire.     126 
Commissions  des  prix. — Prix  de  Statistique  : 
Commissaires,  MM.  Bienaymé,    Dupin, 
Mathieu,  Passy,  Boussingault 126 

—  Prix  Cui'ier  :  Commissaires,  MM.  d'Ar- 

chiac,  Milne  Edwards,  Valenciennes, 
Daubrée,  Flourens 38i 

—  Prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  :  Com- 

missaires ,  MM.  Andral ,  Velpeau  ,  Ber- 
nard ,  Rayer,  Jobert ,  Serres ,  Cloquet , 
Flourens ,  Longet 623 

—  Grand  prix  de  Mathématiques  (question 

concernant  la  théorie  de  la  chaleur)  : 
Commissaires,  MM.  Liouville,  Bertrand, 
Lamé,  Chasles,  Serret 623 

—  Grand  prix  de  Mathématiques  (question 

concernant  la  théorie  des  polyèdres)  : 
Commissaires,  MM.  Bertrand,  Bonnet, 
Chasles,  Serret,  Liouville 683 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques  (  pro- 

duction des  animaux  hybrides  au  moyen 
de  la  fécondation  artificielle)  :  Commis- 
saires, MM.  Milne  Edwards,  de  Quatre- 
fages,  Flourens,  Blanchard,  Coste 683 

—  Grand  prix  de  Mathématiques  (  théorie 

des  phénomènes  capillaires)  :  Commis- 
saires, MM.  Pouillet,  Bertrand,  Liou- 
ville, Fizeau,  Duhamel 765 

—  Prix  Bordin  (vaisseaux  du  latex)  :  Com- 

missaires, MM.  Brongniart,  Decaisne, 
Duchartre,  Tulasne,  Montagne 765 

—  Grand  prix  des  Sciences  physiques  (chan- 

gements opérés  pendant  la  germination 
dans  les  tissus  de  l'embryon  et  du  pé- 
risperme)  :  Commissaires,  MM.  Tulasne, 


75   ) 


Pages. 
Brongniart,  Duchartre,  Decaisne,  Mon- 
tagne       824 

—  Prix    de    Physiologie    expérimentale    : 

Commissaires,  MM.  Bernard,  Flourens, 
Milne  Edwards,  Longet,  Coste 824 

—  Prix  Bordin  (structure  des  tiges  ligneuses 

des  végétaux,  considérée  au  point  de  vue 
de  la  classification  des  familles)  :  Com- 
missaires, MM.  Montagne,  Duchartre, 
Brongniart,  Tulasne,  Decaisne 868 

—  Prix  dit  des  Arts  insalubres  :  Commis- 

saires, MM.  Chevreul,  Boussingault, 
Rayer,  Dumas,  Payen 868 

—  Prix  Morogues  :  Commissaires,  MM.  Bous- 

singault, Decaisne,  Payen,  Rayer,  Pe- 
ligot 868 

—  Prise     (F Astronomie     :     Commissaires , 

MM.  Mathieu,  Laugier,  Delaunay,  Liou- 
ville, Le  Verrier 946 

—  Prix    de   Mécanique    :    Commissaires , 

MM.  Morin,  Piobert,  Combes,  Poncelet, 
Clapeyron 946 

—  Prix  Barbier:  Commissaires,  MM.  Bron- 

gniart, Montagne,  Rayer,  Cloquet,  De- 
caisne      946 

Commissions  extraordinaires.  —  Sur  l'in- 
vitation de  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique,  une  Commission  formée 
par  la  réunion  des  trois  Sections  de 
Géographie  et  Navigation,  d'Astronomie 
et  de  Géométrie,  est  chargée  de  prépa- 
rer une  liste  de  candidats  pour  une  place 
vacante  au  Bureau  des  Longitudes 1023 

—  Cette  Commission  annonce  dans  la  séance 

du  1 5  juin  que  les  seules  personnes  qui 
aient  manifesté  le  désir  d'être  considé- 
rées comme  candidats  sont  MM.  Lamé 
et  de  Tessan,  Membres  de  l'Académie..  11 38 
Commissions  mixtes.  —  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  des  Inscriptions 
et  Belles- Lettres  invite  l'Académie  des 
Sciences  à  désigner  le  plus  promptement 
possible  celui  de  ses  Membres  qui  devra 
la  représenter  dans  la  Commission  mixte 
chargée  de  décerner  le  prix  de  la  fon- 
dation de  M.  L.  Fould,  prix  destiné  à 
récompenser  le  meilleur  travail  sur 
«  l'histoire  des  arts  du  dessin  avant  le 
siècle  de  Périelès  » 66 

—  M.    Cloquet    est    nommé    Membre    de 

cette  Commission  pour  l'Académie  des 
Sciences 127 

—  M.  Duhamel  est  remplacé  par  M.  Séguier 

dans  la  Commission  mixte  chargée  de 
l'examen  de  l'orgue  de  Saint-Sulpiee. . .     210 

—  Une  Commission  mixte  de  Membres   de 

l'Académie  des  Sciences  et  de  l'Acadé- 
mie des  Beaux-Arts  est  invitée  à  faire 


(  » 

Pages. 

un  Rapport  sur  un  ouvrage  de  M.  A. 
Barberi  intitulé,  «  La  science  nouvelle  de 
l'harmonie  des  sons  »  :  Commissaires  pour 
l'Académie  des  Sciences,  MM.  Pouillet 

et  Fizeau 487 

Commissions  modifiées.  —  M.  Séguier  est 
désigné  pour  remplacer,  dans  la  Com- 
mission mixte  chargée  de  faire  un  Rap- 
port sur  l'orgue  installé  à  Saint-Sulpice 
par  MM.  Cavaillé-Coll,  M.  Duhamel  dont 
l'absence  semble  devoir  se  prolonger...     210 

—  M.  Amiral  demande  à  être  remplacé  dans 

la  Commission  des  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie  :  M.  Milne  Edwards  se 
trouve  désigné  pour  cette  place  par  le 
précédent  scrutin C84 

Condensation  des  vapeurs.  —  Voir  au  mot 
Vapeurs. 

Consanguines  (Alliances).  —Note  sur  les 
fâcheux  résultats  de  ces  sortes  d'al- 
liances ;  par  M.  Balley i35 

—  Sur  un  ensemble  de  faits  qui  semble  dé- 

mentir ce  que  l'on  a  dit  touchant  les 
inconvénients  des  alliances  consan- 
guines; Note  de  M.  Bourgeois 177 

—  Note  de  M.  Bonnajont  à  l'appui  de  l'opi- 

nion admise  de  temps  immémorial  sur 

la  même  question 485 

—  Nouveaux  faits  touchant  les  inconvénients 

des  alliances  consanguines;  Lettre  de 

M.  Chipault 1000 

Construction  (Matériaux  de).  —  Nouvelles 
recherches  sur  la  conservation  des  ma- 
tériaux de  construction  ;  par  M.  Kuhl- 
inaiiii 1066  et  1 1 46 

—  Remarques  de  M.  Payen  à  l'occasion  de 

la  première  de  ces  deux  communications.  1072 

—  Lettre  de  M.  Dalemagne  sur  les  procédés 

qu'il  emploie  pour  la  conservation  des 
monuments  et  des  sculptures 1120 

—  Sur  l'emploi  des  huiles  siccatives  pour  la 

conservation  des  monuments;  Note  de 

M.  Robinet 1 180 


76) 


Pages. 


Cosmiques  (Forces).  —  Lettre  du  P.  Nardini 
concernant  une  précédente  discussion 
sur  ce  sujet 855 

—  Sur  la  marche  à  sttivre  pour  découvrir  le 

principe,  seul  véritablement  universel, 

de  la  nature  physique  ;  Note  de  M.  Lamé.    983 

Voir    aussi    l'article    Mathématiques 
appliquées. 
Coton.  —  Sur  un  moyen  de  rendre  le  coton 
en  laine  impropre  à  s'enflammer  ;  Note 
de  M.  Sauvageon 58 

—  M.  Salle  adresse  des  spécimens,  à  divers 

états  de  préparation,  d'une  substance 
textile  qu'il  croit  propre  à  remplacer 
avantageusement  le  coton  dans  tous  ses 
usages  économiques 86 

Coton-poudre.  —  Action  de  l'ammoniaque 
sur  la  poudre-coton  :  nouvelle  réaction 
propre  aux  nitrates  ;  Note  de  M.  Guignet.    358 

Cristallographie.  —  Sur  les  formes  cristal- 
lines et  sur  les  propriétés  optiques  bi- 
réfringentes du  castor  et  du  petalite  ; 
Note  de  M.  Des  Cloizeaux 488 

—  Note  sur  le  pseudo-dimorphisme  de  quel- 

ques composés  naturels  et  artificiels; 

par  le  même 1018 

Cuivre.  —  Action  réciproque  des  protosels 
de  cuivre  et  des  sels  d'argent  ;  Mémoire 
de  MM.  Millon  et  Commaille 3og 

—  Note  sur  la  purification  du  cuivre  ;   par 

les  mêmes 1  249 

—  Action  de  l'ammoniaque  sur  le  cuivre  en 

présence  de  l'air  ;  Note  de  MM.  Berthelot 

et  Péan  de  Saint-Gilles 1 170 

—  Constatation  du  cuivre  dans  des  huîtres 

draguées  sur  un  banc  voisin  d'une  mine 

de  ce  métal  ;  Note  de  M.  Cuzent 402 

—  Sur  les  mines  de  cuivre  du  Canada  orien- 

tal ;  Lettre  de  M.  Jackson  à  M.  Élie  de 

Beaumont G3j 

Cyanogène.  —  Son  action  sur  l'aldéhyde  ; 
Note  de  MM.  Berthelot  et  Péan  de 
Saint-Gilles « «7° 


D 


DÉCÉ*  de  Membres  et  de  Correspondants  de 
l'Académie.  —  M.  le  Président  annonce, 
séance  du  iG  mars,  la  perte  que  vient 
de  faire  l'Académie  dans  la  personne 
d'un  de  ses  Membres,  M.  Despretz, 
décédé  le  1 5  du  même  mois  dans  sa 
soixante-quatorzième  année 453 

—  L'Académie  apprend  dans  sa  séance  du 
C  avril  le  décès  de  M.  Bravais,  Membre 


6o5 


de  la  Section  de  Géographie  et  Na- 
vigation, mort  à  Versailles  le  3o  mars 
i863 

M.  le  Président  entretient  l'Académie  de 
la  perte  inopinée  qu'elle  a  faite  de- 
puis sa  dernière  séance  dans  la  personne 
de  M.  Moquin-Tandon,  Membre  de  la 
Section  de  Botanique,  décédé  le  i5  avril.    729 

M.   le  Secrétaire  perpétuel  annonce  le 


(   ,277  ) 


décès  de  M.  Sleiner,  Correspondant  de. 
la  Section  de  Géométrie,  mort  à  Berne 
le  ier  marsi863 

—  M.  le  Secrétaire   perpétuel  annonce    le 

décès  déjà  ancien  de  M.  Barloiv,  un  des 
Correspondants  de  l'Académie  pour  la 
Section  de  Physique 

—  L'Académie  apprend,  séance  du  1"  juin, 

la  mort  de  M.  Rendait,  l'un  de  ses 
Correspondants  pour  la  Section  d'Écono- 
mie rurale,  décédé  le  17  mai  à  Bologne 
(Italie)    dans   l'accomplissement  d'une 

mission  scientifique 

Décrets  impériaux.  — M.  le  Ministre d État 
transmet  une  ampliation  du  décret  au- 
torisant l'Académie  à  accepter  la  dona- 
tion faite  par  Mme  Ve Damoiseau, ,  d'une 
somme  de  20000  francs  pour  la  fonda- 
tion d'un  prix  annuel 

—  M.  le  Ministre  d'Etat  transmet  une  am- 

pliation du  décret  impérial  qui  confirme 
la  nomination  de  M.  Edmond  Becquerel 
à  la  place  vacante  dans  la  Section  de 
Physique  par  suite  du  décès  de  M.  Des- 

pretz 

Densités.  —  Sur  la  diffusion  des  vapeurs 
comme  moyen  de  distinguer  entre  les 
densités  de  vapeur  apparentes  et  les 
densités  de  vapeur  réelles  ;  Note  de 
MM.  ll'ankh  n  et  Robinson 

—  Recherches  sur  la  densité  des  vapeurs  à 

des  températures  très-élevées  ;  Note  de 


nges. 


<*J7 


<J9'J 


0'20 


023 


:).,7 


Pages. 
MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  Transi. 
891  et    977 

—  Recherches  sur  les  densités  de  vapeurs 

anomales  ;  Note  de  M.  Cahours 900 

Voir  aussi  l'article  Aréomètres. 
Désinfectantes  (Matières).  —  Nouveaux 
renseignements  ajoutés  par  M.  Dcsmartis 
à  sa  première  communication  sur  l'em- 
ploi de  l'extrait  de  campêche  comme  dés- 
infectant des  plaies  gangreneuses 38 

—  Sur  l'emploi  des  manganates  et  perman- 

ganates comme  désinfectants;  Note  et 
documents  adressés  par  M.  Condy. . . .     583 

—  Du  permanganate  de  potasse  comme  dés- 

infectant; Note  de  M.  Demarquay.  .■  .     852 
Diamines.  —  Recherches    sur   les  diamines 

isomères  ;  par  M.  Hof marin 992 

—  Note  sur  lequinone;  par  le  même n 43 

Voir  aussi  l'article  Aniline. 

Diffusion  comme  moyen  de  distinguer  entre 
les  densités  de  vapeur  apparentes  et  les 
densités  de  vapeur  réelles  ;  Note  de 
MM.  W~anklyn  et  Robinson J-17 

Dimorphis.me.  —  Note  de  M.  Des  Cloizeaux 
sur  le  pseudo-dimorphisme  de  quelques 
composés  naturels  et  artificiels 101 S 

Dissociation.  —  Sur  la  dissociation  de  l'eau; 
Notes  de  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 
1 9.5    et     3ï2 

—  Note  sur  la  dissociation  de  l'acide  carbo- 

nique et  sur  les  densités  des  vapeurs; 

par  le  même 729 


E 


Eau.  —  Sur  la  manière  dont  se  comporte  le 
soufre  en  présence  de  l'eau  ;  Note  de 
M.  Gélis 1014 

—  Sur   la    décomposition  de   l'eau  par  le 

soufre;  Note  de  M.  Gripon 1137 

Eaux  minérales.  —  Nouvelle  analyse  chi- 
mique de  l'eau  du  Boulou  ;  par  M.  Bé- 

champ 5o5 

Eaux  purliques.  —  Conclusion  de  diverses 
communications  de  M.  Grimaud,  de 
Caux,  sur  ce  sujet.  L'auteur  demande 
que  l'ensemble  de  ces  communications 
soit  admis  au  concours  pour  le  prix  dit 

des  Arts  insalubres 2i5  et    C3o 

Éclipses.  —  Remarques  du  P.  Secchi  sur  les 
images  photographiques  de  l'éclipsé'  so- 
laire du  28  juillet  1 860,  prises  au  Desierto 
de  las  Palmas  et  à  Rivabellosa 17'j 

—  Images  photographiques  des  phases  suc- 

cessives de  l'éclipsé  partielle  de  soleil 
du  17  mai  i863  observée  à  Besançon; 
communication  de  M.  Vernier 102  3 

C     F,    ,    i8fi:i,    !<"•  Semestre.  (  T.  LVI.l 


—  Observation  laite  a  Menais  (  Loir-et-Cher  ) 

de  l'éclipsé  lunaire  du  r1'  juin  i863; 
Note  de  MM.  Caillaux  et  Guillet 

—  Observations  faites  pendant  la  dernière 

éclipse  lunaire;  Note  de  M.  ÇA.  Emma- 
nuel  

École  polytechnique.  —  M.  le  Ministre  de 
ta  Guerre  annonce  que  MM.  Combes  et 
Le  Verrier  sont  maintenus  Membres  du 
Conseil  de  perfectionnement  de  cette 
école,  au  ti  tre  de  l'Académie  des  Sciences. 

Économie  rurale.  —  Expériences  sur  l'em- 
ploi des  eaux  d'irrigation  sous  divers 
climats,  et  théorie  de  leurs  effets:  Mé- 
moire de  M.  Hervé-Mangon 

—  Note  sur  un  terrain  communément  appelé 

herbue  froide  ;  par  M.  P.  Thenaril . . .  . 

—  Sur  les  travaux  de  dessèchement,  d'irri- 

gation et  de  mise  en  culture  des  marais 
du  littoral  de  l'Océan  situés  entre  l'em- 
bouchure de  la  Gironde,  et  le  bassin  d'Ar- 
cachon;  Mémoire  de  M.  Chambrelent. 

16- 


1084 
1181 

i83 

292 

023 

684 


(     '3 
Payes. 

Economie  rurale.  —  Sur  le  plâtrage   des 

terres  arables  ;  Note  de  M.  Dehérain. . .     965 

—  Production  des  nitrates  et  leur  applica- 

tion en  agriculture  ;  Note  de  M.  Bortier.  1022 

—  Sur  la  préparation  de  l'engrais  dit  «  chaux 

animalisée  »  ;  Note  de  M.  Mosselman.,   12G1 

—  Sur  la  formation  d'alluvions  artificielles, 

comme  moyen  d'augmenter  l'étendue  des 
terres  cultivables  à  la  surface  du  globe; 
Note  de  M.  Quponchcl 778 

—  Sur  les  matières  organiques  sulfurées  qui 

se  forment  dans  les  fumiers  ;  Note  de 

M.  P.  Thésard ' 83a 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  compo- 

sition de  la  graine  du  colza  aux  diverses 
époques  du  développement  de  la  plante  ; 
Mémoire  de  if.  /.  Pierre (177 

—  Recherches  expérimentales  sur  les  varia- 

tions de  poids  de  la  graine  de  colza  sui- 
vant les  proportions  d'humidité  qu'elle 
renferme  ;  par  le  même 747 

—  Sur  la  nutrition  des  arbres  forestiers  et 

des  arbres  fruitiers;  Note  de  M.  Guey- 
mard 772 

—  Sur  la  maladie  de  la  vigne  et  la  maladie 

de  la  pomme  de  terre,  considérées  dans 
leurs  rapports  avec  certains  phénomènes 
météorologiques;  Note  de  M.  Poulet.. .     898 

—  Expériences  sur   l'alimentation    et    sur 

l'engraissement  du  bétail  ;  par  M.  Reiset. 
569  et    Co5 

—  Recherches  chimiques  sur  la  respiration 

des  animaux  d'une  ferme;  par  le  même.     740 

—  Mémoire  sur  un  système  de  bergeries  à 

étables  mobiles:  par  le  même 747 

—  Études   physiologiques    et  économiques 

sur  la  toison  du  mouton;  par  M.  J. 
Beattdouin.  (Rapport  sur  ce  Mémoire; 
Rapporteur  M.  Passy.) 617 

—  Lettre  de  M.  Pourriau  concernant  divers 

ouvrages  sur  l'économie  rurale  qu'il  a 
successivement  adressés  à  l'Académie. .     8o5 

—  Note  sur  la  statique  chimique  des  êtres 

organisés;  par  M.  Barrai 765 

Élasticité.  —  Sur  la  distribution  des  élas- 
ticités autour  de  chaque  point  d'un  so- 
lide de  contexture  quelconque,  particu- 
lièrement quand  il  est  amorphe  sans 
être  isotrope;  Mémoire  de  M.  de  Saint- 
Venant 475  et    804 

—  Note  sur  les  flexions  et  torsions  que  peu- 

vent éprouver  les  tiges  courbes  sans 
qu'il  y  ait  aucun  changement  dans  la 
première  ni  dans  la  seconde  courbure 
de  leur  axe  ou  fibre  moyenne;  par  le 

même 1 1 5o 

-  Sur  un  nouveau  procédé  fourni   par  la 
mo  du  spiral  réglant  des  chroni 


«    ) 


949 


G<;> 


Pages. 

mètres  et  des  montres,  pour  la  déter- 
mination du  coefficient  d'élasticité  des 
diverses  substances,  ainsi  que  de  la 
limite  de  leurs  déformations  perma- 
nentes ;  Mémoire  de  M.  Phillips 296 

Élastiques  (Fluides).  —  Sur  les  propriétés 
calorifiques  et  expansives  des  fluides 
élastiques  ;  Note  de  M.  Reech 1240 

Électricité.  —  Sur  le  rapport  de  l'intensité 
du  courant  inducteur  au  courant  induit  ; 
Note  de  M.  Lallemand 128 

—  Sur  une  manière  de  faire  varier  la  tension 

de  la  décharge  d'une  batterie  élec- 
trique et  d'une  machine  de  Ruhmkorff; 
Mémoire  de  M.  Cazih 307 

—  Sur  l'évaluation  des  actions  électrodyna- 

niiques  en  unités  de  poids  ;  par/c  même. 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  production  d'é- 

lectricité dynamique;  "SotedeN.Beghiu. 

—  Sur  la  capacité  inductive  des  corps  iso- 

lants; Note  de  M.  Gaagain 799 

—  Note  sur  les  caractères  particuliers  du 

courant  électrique  qui  traverse  l'enve- 
loppe isolante  des  câbles  télégraphiques 
submergés;  par  le  même io35 

—  Sur  l'étincelle  d'induction    appliquée    à 

divers  phénomènes;  Note  de  M.  l'abbé 
Laborde io38 

—  Sur  le  thallium  considéré  au  point  de  vue 

de  la  conductibilité  pour  l'électricité; 
Note  de  M.  L.  de  La  Rive 588 

—  Recherches  sur  la  propagation  de  l'élec- 

tricité à  travers  les  fluides  élastiques 
très-raréfiés  ;  par  le  même 669 

—  Sur  l'électricité  de  la  lumière  solaire  dans 

l'air  et  dans  le  vide;  Notes  de  M.  l'abbé 
Saaiia-.Solaro io35  et   I2< r 

—  Description  et  figure  d'une  pile  électrique 

à  gaz  ;  par  M.  Gérard 220 

—  Influence  de  la  température  sur  l'énergie 

de  la  pile;  Note  de  M.  Roberti 55o 

—  Nouveau  système  de  pile  employé  poul- 

ies  besoins  de  la  thérapeutique;    par 

M.  Arnaud 1  o--».'' 

—  «  Relations  chimiques  entre  l'électricité, 

le  calorique  et  la  lumière  »  ;  Note  de 

M.  Olivieri 1000 

—  Théorie  électrique  du  froid,  de  la  chaleur 

et  de  la  lumière  ;  Note  de  M.  Durand. 

de  Lunel JH7 

Électrochimie.  —  Mémoire  de  M.  Becquerel 
sur  la  décomposition  électrochimique 
des  substances  insolubles 237 

Électrodynamiqces  (Actions).  —  Sur  l'éva- 
luation de  ces  actions  en  unités  de  poids; 
Note  de  M.  Cazin 949 

Électrophvsiologie.  —  Sur  le  pouvoir  élec- 
tromoteur des  nerfs  et  son  application  à 


(  «2 

I'ages. 

l'éfèÔtrophysiologie  ;  Note  de  M.  Mat- 
teucci 760 

Embryogénie.  —  Sur  la  cause  du  déplace- 
ment apparent  de  l'allahtôïdë  dans 
l'œiil'  de  poule  ;  Note  de  M.  Daresie. ...       48 

Empoisonnement  causé  par  des  huîtres  dra- 
guées sur  un  banc  voisin  d'une  mine  de 
cuivre  :  constatation  du  cuivre  dans  le 
parenchyme  de  ces  mollusques;  Note  de 
M.  Ciizrnt 4<52 

Errata.  —  Page  184,  ligne  6,  au  lien  de  Du- 
bois, d'Angers,  lisez  Dubois,  d'Amiens. 
Page  4^9,  ligne  29.  au  lieu  de  Boersch, 
lisez  Boesch.  Page  628,  ligne  20.  au  lieu 
de  Bathaillé,  Usez  Batailhé.  Page  1240, 
ligne  1 3,  au  lieu  de  Reeciie,  lisez  Reech. 
Voir  aussi  pages  104,  148,  235,  555, 
883  et  1108. 

Érvturite.  —  Nouvelles  observations  sur  ce 
composé  ;  par  M.  De  Lûmes 8o3 


79  ) 


l'.'U'OS. 


Essentielles  (Huiles).  —  Sur  les  matières 
organiques  sulfurées  qui  se  forment  dans 
les  fumiers;  Mémoire  de  M.  P.  Tlie- 
nard 832 

Éther.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Re- 
cherches sur  l'éther  réel  comme  l'un 
des  grands  principes  de  la  nature  »  ; 
par  M.  Martin 121 1 

Éthers.  —  Méthodes  nouvelles  pour  appré- 
cier la  pureté  des  alcools  et  des  éthers; 
Note  de  M .  Berlheht 870 

Éyaporation  (Appareils  d').  —  M.  Balard 
présente,  au  nom  de  M.  Kessler,  un 
appareil  d'évaporation,  à  simple  ou  à 
multiple  effet,  construit  sur  un  nouveau 
système 94 

Éthïlé  (  Acétate  d').  —  Action  exercée  sur 
ce  corps  par  le  brome  et  par  l'acide 
bromhydrique;  Note  de  M.  Crafts 707 


Fer.  —  Note  sur  la  théorie  de  l'aciération  ; 

par  M.  Ch.  Sainte-Claire  Denlle 3a5 

—  Étades  sur  l'acier;  par  M.  Carnn 

43,  211,  828  et  1017 

—  Application  de  la  vis  tellurique  dans   la 

théorie  de  l'acier;  Mémoire  de  M.  Be- 
guyer  de  Char/courtois 253 

—  Sur  des  essais  de  fonte  au  wolfram  ;  Note 

de  M.  Le  Guen 5g3 

—  Sur  quelques  nouvelles  combinaisons  du 

fer  et  sur  l'atomicité  de  cet  élément  ; 
Note  de  M.  Scheurer-Kestner 1002 

—  Sur  une  question  de  priorité  concernant 

les  procédés  de  préparation  d'un  per- 
oxyde de  fer  magnétique;  Note  de 
M.  Robbins 386 

—  Lettre  de  M.  Malaguti  à  l'occasion  de 

cette  réclamation 167 

Fermentation.—  Nouvel  exemple  de  fermen- 
tation déterminée  par  des  animalcules 
infusoires  pouvant  vivre  sans  gaz  oxy- 
gène libre,  et  en  dehors  de  tout  contact 
avec  l'atmosphère;  Note  àe  M   Pasteutt    4]6 


—  Recherches  sur  la  fermentation  putride  : 

examen  du  rôle  attribué  à  l'oxygène 
atmosphérique  dans  la  destruction  des 
matières  animales  et  végétales  après  la 
mort;  par  le  même 734 

—  Nouvelles  recherches   sur   la   putréfac- 

tion ;  par  le  même 1 1 8y 

Voir  aussi  les  articles  Acide  carbo- 
nique, Alcool,  Ethers. 

Flexion  des  tiges  élastiques. — Voir  l'article 
Elasticité. 

Fluorures.  —  Action  de  la  magnésie  sur  les 
fluorures  alcalins;  Note  de  M.  Ch. 
Tissier 848 

Fontes.  —  Voir  à  l'article  Fer. 

Formamide.  —  Note  sur  la  production  et 
sur  les  propriétés  de  ce  composé;  par 
M.  Hofmann 3a8 

Fuchsine.  —  Voir  l'article  Aniline. 

Fumiers.  —  Sur  les  matières  organiques  sul- 
furées qui  se  forment  dans  les  fumiers; 

Mémoire  de  M.  P.  Thenard 83a 

Voir  aussi  à  l'article  Soufre. 


G 


Galvanisme.  —  Mémoire  sur  le  galvanisme 
et  sur  les  forces  qui  président  à  la  for- 
mation et  à  la  décomposition  des  corps; 

par  M.  Moreau-Lemoinc g/jô 

Voir  aussi  l'article  Électricité 

Gaz.  —  Sur  l'extraction  et  le  dosage  des  gaz 

dissous  dans  l'eau;  Note  de  M.  Bobierre.     3i3 

—  Mémoire  sur  les  gaz  de  l'hydropneumo- 


thorax  ;  par  MM.   Leconte  et  Demar- 
quay 225 

Voir  aussi  l'article  Acide  carbonique . 

Géodésie.  —  Nouvel  appareil  pour  la  me- 
sure des  bases  géométriques;  Note  de 
M.  Faye 372 

—  M.  Le  Verrier  entretient  à  cette  occasion 
l'Académie  des  dispositions  que  prend 

167.. 


P: 

l'Administration  pour  qu'il  soit  procédé 
prochainement  à  la  mesure  de  plusieurs 

bases 

Géodésie.  —  Sur  la  possibilité  d'une  mesure 
dedegréau  Spitzberg;  NotedeM.  Grad. 

—  Sur  les  instruments  géodésiques  et  sur  la 

densité  moyenne  de  la  terre;  Note  de 
M.  Faye 

—  M.  Boussingault  remarque,  à  l'occasion 

d'un  passage  de  cette  communication, 
que  depuis  longtemps  M.  Élie  de  Beau- 
mont  a  montré  l'heureux  emploi  que  l'on 
peut  faire  d'un  appareil  analogue  à  l'un 
de  ceux  que  propose  M.  Faye 

—  M.  Elie  de  Beaumont  donne  quelques  dé- 

tails à  ce  sujet  et  présente  des  considé- 
rations à  l'appui  de  l'idée  exprimée  par 
M.  Faye  concernant  l'intérêt  d'expé- 
riences sur  les  déviations  du  fil  à  plomb 
dans  le  voisinage  du  Puy-de-Dôme,  et  en 
général  dans  la  chaîne  des  monts  Dôme. 

—  M.  Regnault  rappelle  qu'il  a  depuis  long- 

temps décrit  dans  ses  cours  un  appareil 
destiné  à  répéter  l'expérience  de  Caven- 
dish  pour  la  détermination  de  la  densité 
de  la  terre,  appareil  dont  il  n'a  pu  par  con- 
séquent emprunter  le  principe  à  la  pré- 
sente communication  de  M.  Faye.  Il  tient 
à  le  constater  dès  aujourd'hui 

—  Note  de  M.  D'Abbadie  accompagnant  la 

présentation  de  trois  volumes  manus- 
crits renfermant  les  calculs  exécutés  pour 
sa  «  Géodésie  d'une  partie  de  la  haute 
Ethiopie  » 

—  Rapport  verbal  sur  le   protocole  de  la 

conférence  géodésique  tenue  à  Berlin  en 
avril  1862;  Rapporteur  M.  Faye 

—  Remarque  de  M.  Le  Ferrier  à  l'occasion 

de  ce  Rapport 

—  Réponse  de  M.  Faye 

—  M.  Le  Verrier  annonce   qu'il    attendra 

l'impression  des  critiques  de  M.  Fave 
pour  y  répondre  s'il  y  a  lieu 

—  Réfutation  de  quelques  critiques  et  allé- 

galions  portées  contre  les  travaux  de 
l'Observatoire  impérial  de  Paris;  Note  de 
M.  Le  Verrier 

—  Première  réponse  de  M.  Faye 

—  Réplique  de  M.  Le  Verrier 

—  Sur  la  géodésie  française  et  sur  le  rôle 

qu'y  ont  joué  l'Académie  des  Sciences 
et  le  Bureau  des  Longitudes;  Mémoire 
de  M.  Delaunay 

—  Réponse  à  une  inculpation  de  M.  Le  Ver- 

rier relativement  à  la  part  qu'a  prise 
M.  Faye  à  la  détermination  de  la  longi- 
tude entre  Londres  et  Paris;  Note  de 
M.  Faye 


!  280 


-, 


38o 
634 


566 


5GG 


067 


865 


28 

34 
66 


io5 
116 
118 


«49 


'54 


Pages. 

—  Réponse  de  M.  Faye  à  la  partie  scienti- 

fique des  deux  derniers  articles  de  M.  Le 
Verrier 1 58 

—  Remarques  de  M.  Le  Verrier  à  l'occasion 

des  communications  de  M.  Delaunav  et 

de  M.  Faye ....     i63 

—  De  l'influence  des  erreurs  systématiques 

dans  quelques  recherches  d'astronomie  ; 
Note  de  M.  Le  Verrier 164 

—  Réponse  de  M.  Faye  à  M.  Le  Verrier. . .     170 

—  Réplique  de  M.  Le  Terrier  à  M.  Faye.. .      170 

—  Remarques  de  M.  Faye  à  l'occasion  du 

Compte  rendu  où  se  trouve  reproduite 
cette  réplique  de  M.  Le  Verrier 193 

—  M.  Le  Verrier  déclare  se  refuser  à  pousser 

plus  loin  cette  discussion 194 

—  Note  de  M.  Le  Verrier  annonçant  le  dépôt 

de  documents  réclamés  par  M.  Faye. . .     248 

—  M.  Fayedâdare  que  les  pièces  produites 

ne  forment  qu'une  petite  partie  de  celles 
dont  il  a  demandé  et  dont  il  demande 
encore  le  dépôt 249 

—  Lettre  de  M.  Bruhns  à  M.  Le   Verrier 

concernant  une  nouvelle  détermination 

de  la  longitude  de  Leipsick 184 

—  Sur  le    télomètre    et    le  nautomètre   à 

prismes.  —  Etude  analytique  sur  les 
appareils  propres  à  déterminer  la  dis- 
lance au  but;  Mémoires  de  M.  Goutter. 

343  et    345 

Géographie  physique.  -  Plans-reliefs  topo- 
graphiques des  montagnes  françaises; 
communication  de  M.  Bardin 5*5 

—  Remarques  de  M.   Élie  de  Beaumont  à 

l'occasion  de  cette  communication 52g 

Géologie.  —  Recherches  sur  les  produits  de 
la  vulcanici  té  aux  différentes  époques  géo- 
logiques ;  Mémoire  de  M.Pissis,  2e  partie .       82 

—  Sur  les  mines  de  Vialas  et  sur  la  géologie 

de  ce  canton  ;  Note  de  M.  Rivot 98 

—  Sur  les  gypses  secondaires  des  Corbières; 

Note  de  M.  Noguès 1 83 

—  Sur  une  grauwacke  devonienne  fossili- 

fère des  Pyrénées;  par  le  même 1122 

—  Cycle  du  développement  de  la  vie  orga- 

nique à  la  surface  du  globe;   Mémoire 

de  M.  Duponchel 26 1 

—  Profils   des  chemins   de  fer  de   l'Ouest 

transformés  en  coupes  géologiques;  Note 
de  M.  Triger  accompagnant  l'envoi  de 
ces  coupes 429 

—  Remarques  de  M.  Élie  de  Beaumont  sur 

cette  communication 43* 

—  Sur  quelques  terrains  crétacés  du  Midi  ; 

Note  de  If.  Meugy 4^2 

—  Note  sur  l'existence  de  nodules  de  phos- 

phate de  chaux   analogues   à  ceux  de 


(   ia8i 

Pages. 


tun  de  la  Flandre,  dans  les  terrains  cré- 
tacés du  déparlement  de  la  Dordogne  ; 
par  le  même 77° 

—  Sur  la  constitution  géologique  des  dunes 

voisines  des  lacs  salés  du  Sahara  algé- 
rien ;  Note  de  M.  Fille 44° 

—  M.  Élie  de  Beaumont  communique  quel- 

ques passages  d'une  Lettre  dans  laquelle 
M.  Larroquc  lui  fait  connaître  les  pre- 
miers résultats  de  son  exploration  du 
désert  d'Atacama  (Chili  ) 5ag 

—  Sur  les  mines  de  cuivre  du  Canada  orien- 

tal ;  extrait  d'une  Lettre  de  M.  Jackson 

à  M.  Élie  de  Beaumont 635 

—  Surlediluvium  de  la  vallée  de  la  Somme; 

Note  de  M.  Garrigou 1042 

—  M.  Élie  de  Beaumont  rappelle,  à  l'occa- 

sion de  cette  communication  et  d'une 
Note  de  M.  Hébert  sur  l'existence  de 
l'homme  dans  la  période  quaternaire,  que 
dans  les  deux  précédentes  séances  il  n'a 
parlé  ni  d'Amiens  ni  de  Saint-Acheul, 
mais  seulement  de  lacarrièrede  Moulin- 
Quignon 1044  et  1 108 

Voir  aussi  l'article  Paléontologie. 
Géométrie.  —  Note  de  M.  Chasles  accompa- 
gnant la  présentation  d'un  Mémoire  de 
M.  Cremona  sur  la  théorie  géométrique 
des  courbes  planes 4&7 

—  Note  sur  un  théorème  de  géométrie  ;  par 

M.  Scharoubine 697 

—  Sur  les  principes  fondamentaux  de  la  géo- 

métrie algébrique  à  coordonnées  quel- 
conques; Mémoire  de  M.   Clayeux. .  . .     788 

—  Des  transformations  doubles  des  figures  : 

transformation  des  figures  par  nor- 
males à  la  sphère  réciproques;  Note  de 
M.  l'abbé  Aoust 906 

—  Sur  la  moyenne  des  rayons  vecteurs  dans 

l'ellipse  en  général  et  dans  les  orbites 
planétaires;  Mémoire  de  M.  Dubois...    1039 

—  Sur    diverses    approximations    numéri- 

ques, et  sur  diverses  sections  des  solides 
dérivés  du  cube;  Mémoires  de  M.  fVil- 
lich  analysés  par  M.  Babinet. .     100  et     664 


—  Compas  décrivant  en   l'air  un  cercle  ei 

traçant  une  ellipse  sur  le  papier  ;  M.  Sé- 
guier  présente  cet  appareil  inventé  par 
M.  Carmien 

—  Lettre  de  M.  Argenti  concernant  diverses 

questions  de  géométrie  dont  il  a  fait 
l'objet  de  ses  recherches 

Glace.  —  Addition  à  une  Note  de  M.  En- 
gelhardt  sur  la  formation  de  la  glace  au 
fond  de  l'eau 

Globulaire  (Forme). — Note  de  M.  Demain 
sur  la  forme  globulaire  que  peinent 
prendre  certains  liquides  sur  leur  propre 
surface 

Glycol.  —  Sur  deux  nouvelles  combinaisons 
résultant  de  l'action  du  chlore  sur  le 
glycol  ;  Note  de  M.  Mitseherlich 

Gras  (Oing)  destiné  à  rendre  les  cuirs  im- 
perméables à  l'eau;  Note  de  M.  Ginoul. 

Gravure.  —  M.  Du/os  met  sous  les  yeux  de 
l'Académie  plusieurs  planches  gravées 
en  creux  et  en  relief  par  un  procédé  de 
son  invention,  ainsi  que  des  épreuves 
de  ces  planches 

—  Sur  de  nouveaux  procédés  de  gravure,  et 

sur  la  reproduction  des  anciennes  estam- 
pes; Mémoire  de  M.  Fiai 

—  Reproduction  des  gravures  sur  métal  et  sur 

verre  parfiltration  de  substances  actives 
à  travers  les  blancs  et  par  l'action  des 
courants  électriques  ;  Note  de  M.  Mer- 

.     ge' 

—  Remarques  de  M.   Fiai  à   l'occasion  de 

cette  communication 

—  Nouvelle  Note  de  M.  Merget  sur  son  pro- 

cédé de  gravure;  réponse  aux  remar- 
ques de  M.  Vial 

—  Sur  divers  procédés  chimiques  pour  la 

gravure  et  la  ciselure  sur  métaux  et  sur 

verre  ;  Note  de  M.  Bœsch 

Grêle.  —  Imitation  de  la  grêle  et  nouvelle 
théorie  de  ce  météore  ;  Note  de  M.  l'abbé 
Sanna-Solarn 

—  Sur  des  grêlons  d'une  forme  particulière; 

Note  de  M.  Laroque 


rages. 


439 


181 


no3 


8C 


470 

693 

777 

868 

954 

8a5 
1 1 17 


H 


Héliochromie.  —  Cinquième    Mémoire   de 

M.  Niepee  de  Saint-Victor go 

Histoire  des  sciences.  —  Appréciation  des 
travaux  des  savants  antérieurs  à  la  créa- 
tion de  l'Académie  des  Sciences  :  De- 
sargues et  La  Hire;  Mémoire  de 
M.  Piobert 497 

—  Sur  certains  passages  des  livres  chinois 


relatifs  aux  populations  détruites  par  le 
déluge;  Lettre  adressée  par  M.  de  Para- 
fer h  l'occasion  des  communications  sur 
le  diluvium  de  Moulin-Quignon  et  les 
restes  humainsqui  y  ont  été  découverts. 

Houille.  —  Analyse  des  houilles  de  Sainte- 
Foy-1'Argentière  ;  Note  de  M.  Mène 

Hydraulique.  —  Nouveau  mode  d'action  de 


1  lL)5 


( 

Par 


1282  ) 


l'eau  motrice  et  réalisation  de  très- 
gfànds  siphons  ;  Mémoire  de  M.  Girard.    258 

Hydraulique.  —  Expérience  en  irrand  sur  un 
nouveau  phénomène  de  succion  des 
veines  liquides;  Note  de  M.  de  Caligny.     655 

—  Sur  la  loi  de  la  variation  des  débits  des 
puits  artésiens  observés  à  différentes 
hauteurs;  Note  de  M.  Michal ;8 

Hydrauliques  (Constructions).  —  Expé- 
riences en  grand  sur  un  nouveau  sys- 
tème d'écluses  de  navigation  :  principes 
de  manœuvres  nouvelles;  Note  de  M.  de 
Caligny 433 

Hydrauliques  (Machines).  —  Lettre  de 
M.  Rivière  sur  un  appareil  hydraulique 
centrifuge 55i 

Hydiuzobenzole,  nouveau  composé  isomère 

de  la  In  nzidine.—  Note  de  M.  Hofmann.  1 1 10 

Hydrogène.  —  Action  de  l'hydrogène  déve- 
loppé par  l'ammoniaque  et  le  zinc  pour 
la  transformation  de  l'aldéhyde  et  de 
l'acétone  en  alcool  correspondant;  Note 
de  M.  Lnrin 845 


l'a"i-- 


Hygiène  publique.  --  Note  sur  la  ventilation 

des  amphithéâtres;  par  M.  Morih aoi 

—  Vite    sur    la   ventilation   des   nouveaux 

théâtres  de  Paris;  par  le  même 365 

—  Recherches  sur  les  eaux  publiques;  par 

il.  Grimraid,  de  Caux 2i5  et     f>3<> 

—  De  la  construction  d'une  carte  hygiénique 

de  la  France.  —  Documents  pour  servir 
à  l'établissement  de  cette  carte  dans  le 
département  de  l'Orne;  communications 
de  M.  Grimaud,  de  Caux 85o  et  ioî3 

—  Fermeture  hydraulique  des  bouches  d'é- 

gout  ;  Note  de  M.  Landouzy 535 

—  Sur  l'emploi  des  manganates  et  perman- 

ganates comme  désinfectants;  Note  et 
documents  adressés  par  M.  Condr. . . .     583 

—  Des  causes  de  la  mortalité  des  tailleurs 

de  pierre  et  des  moyens  de  la  diminuer; 
Mémoire  imprimé  adressé  par  M.  Beltz.     47a 

—  Lettre  de  M.  Poire/  concernant  son  appa- 

reil destiné  à  empêcher  la  pénétration 
des  poussières  siliceuses  dans  les  voies 
respiratoires  des  ouvriers  meuliers 3i  5 


Imperméables  (Cuirs).-—  Sur  la  composi- 
tion et  le  mode  d'emploi  d'un  oing  gras 
destiné  à  rendre  les  cuirs  imperméables 
à  l'eau  ;  Note  de  M.  Ginoid 86 

Incubation  artificielle.—  Sur  I  incubation 
artificielle  des  poulets,  et.  sur  le  moyen 
de  conserver  les  œufs  pour  cette  desti- 
nation; Note  de  M.  D'OEfels 144 

Ixnic.oTiNE.  —  Réaction  du  chlorure  de  ben- 
zoïle  sur  l'indigotine  et  l'isatine;  Note 
de  M.  Schwartz io5o 

Ineusoires  (Animalcules)  déterminant  la 
fermentation.  —  Voir  au  mot  Fermen- 
tation. 

Ininelammabilité  des  substances  textiles. 
—  Recherches  ayant  pour  but  de  rendre 
incapables  de  s'enflammer  les  étoffes  em- 
ployées dans  le  vêtement  des  femmes; 
Note  de  M.  Chevallier  fils 1 8a 

—  Sur  un  moyen  de  rendre  le  coton  en  rame 

impropre  a  s'enflammer;  Note  deM. Sau- 
vageon   '. 58 

-  Comparaison  des  sels  métalliques  em- 
ployés pour  rendre  ininflammable,  la  fibre 
végétale;  Note  do  MM.  l  ersmanh  et  Op- 
penheitn 35o 

—  M.    ternaire  adresse    deux   échantillons 

d'une  même  étoile,  dont  l'un,  par  le 
moyen  d'une  préparation  qui  n'est  pas 
indiquée,  a  dû  devenir  impropre  à  s'en- 


flammer. —  Avantages  qu'offrirait  une 
large  application  de  ces  préparations. 
..'. 3o4  et    486 

Inondations.  —  Lettre  de  M.  D'Olincourt 
concernant  son  Mémoire  sur  un  nouveau 
système  de  culture  qui  tendrait  à  pré- 
server le  pays  du  danger  des  inondations.       «1 

Insolubles  (Substances).  —  Sur  leur  de- 
composition  électr ochimique  ;  Mémoire 
de  M.  Becquerel 23; 

Institut.  —  Lettre  de  M.  le  Président  de 
l'Institut  concernant  la  séance  trimes- 
trielle du  1"  juillet  i863 1 109 

Instbuments  de  chirubgie.  —  Mémoire  de 
M.  Serré  sur  plusieurs  instruments  gal- 
vanocaustiques  de  son  invention 536 

—  Appareil  hvgiénique  désigné  sous  le  nom 

de   couvre  -  oreille ,    de    l'invention    de 

M.  Marville Ï36 

Instruments  de  géodésie.  —  Description 
donnée  par  M.  D'Jbbadie  d'un  instru- 
ment de  son  invention  pour  la  pratique 
de  la  géodésie  expéditive 119"! 

—  Description,  ligure  et  usage  d'un  instru- 

ment pour  la  topographie  expéditive. 
désigné  par  l'inventeur.  M.  Richard, 
sous  le  nom  de  frigonomètre  Richard..   1216 

—  Note  sur  deux  instruments  désignés  pif 

l'inventeur.  M.  Goulier,  sous  les  noms 

de  télomètre  et  de  nautométre  à  prismes.     343 


12 


Pages. 

Instruments  de  physique,  -r-  Note  concer- 
nant un  nouvel  appareil  barométrique 
pour  la  mesure  des  montagnes  ;  par 
M.  Monàino 271 

Instruments  d'optique.  —  M.  Chevalier  pré- 
sente deux  microscopes  à  l'usage  des 
étudiants  qui  s'occupent  de  recherches 
histologiques ,  et  divers  appareils  rela- 
tifs à  l'application  des  besicles.     838  et  1217 

Iode.  —  Action  de  l'iode  et  du  brome  sur 
l'amidon;  élude  de  la  matière  colorante 
des  végétaux;  Note  de  M.  Blondeau. . .     697 

Irrigations.  —  Expériences  sur  l'emploi  des 


83  ) 


Pac 


eaux  d'irrigation  sous  divers  climats,  et 
théorie  de  leurs  effets;  Mémoire  de 
M.  Hervé-Mangon 202 

Isatine.  —  Réaction  du  chlorure  de  benzoïle 
sur  l'indigotine  et  l'isatine  ;  Note  de 
M.  Scluvartz io5o 

Isomères  (CoRrs).  —  Sur  les  corps  isomères  : 
chlorobenzol  et  toluène  bichloré;  Note 
de  M.  Çàhours 70'i 

—  Remarques  de  M.  paquet  a  l'occasion  de 

cette  communication 79G 

—  Sur  l'hydrazpbenzple,  corps  isomère  de  la 

benzidine;  Note  de  M.  Èofmann 1110 


Legs  Bkëant.  —  Pièces  concernant  le  eho- 
léra-morbus  ou  les  dartres,  présentées  au 
concours  pour  le  prix  du  legs  Bréant 
par  les  auteurs  dont  les  noms  suivent  : 
MM.  Dorner,  Derov,  Danis,  Barr-Mit- 
chell,  Hoffmann,   Gcrin-Rose,  Poor, 

Brujuet,  de  la  PeTia 

i83,  24o,  448,  537,  584,  629  et    692 

Legs  Godard.  — M.  //■  Ministre  d'Etat  trans- 
met ampliation  d'un  décret  impérial  qui 
autorise  l'Académie  à  accepter  ce  legs, 
destiné  à  la  fondation  d'un  prix  de  la  va- 
leur de  1  000  francs,  décerné  chaque  an- 
née à  l'auteur  du  meilleur  Mémoire  sur 
l'anatomie,  la  physiologie  ou  la  patholo- 
gie des  organes  génilo-urinaires 899 

—  Lettre  de  M.  Ch.  Robin,  exécuteur  testa- 
mentaire de  feu  M.  Godard 899 

Lithographie.  —  Reproduction  sur  pierre 
des  lithographies  nou\  elles  ou  anciennes  ; 
Note  de  M.  Rigaud 1 137 

Longitudes.  —  M.  Le  Verrier  communique 
une  Lettre  de  M.  Airy  relative  à  la  dé- 
termination de  la  longitude  de  Green- 
wich  ;  —  et  une  Lettre  de  M.    Bruhns 


relative  à  une  nouvelle  détermination 
de  la  longitude  de  Leipsick. . .      171  et     18  i 
Voir  aussi  l'article  Géodésie. 
Lumière.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  pro- 
pagation de  la  lumière  ;  Note  de  M.  Ba- 
binet 4  '  ' 

—  Sur  l'électricité  de  la  lumière  solaire  dans 

l'air  et  dans  le  vide;  Note  de  M.  l'abbé 
Sanna-Solaro io35  et  1207 

—  Sur  l'action  chimique  de  la  lumière  dif- 

fuse observée  à  la  Havane  à  l'aide  d'un 
nouvel  actinographe  chimique  ;  Note  de 
M.  Poer 1039 

—  Relations  chimiques  entre  l'électricité,  le 

calorique  et  la  lumière;  Note  deM.CM- 

(7(77 I QOO 

Lumière  zodiacale.  —  Observation  de  ce 
phénomène  à  Yzeuie  (Allier)  dans  le 
mois  de  février  ;  Lettre  de  M.  Laussedat.     3ia 

Lune.  —  Sur  l'application  de  l'analyse  spec- 
trale à  la  question  de  l'atmosphère  lu- 
naire ;  Note  de  M.  Janssen 962 

—  Observations  faites  pendant  la  dernière 

éclipse  lunaire;  Note  de  M.  Ch.  Emma- 
nuel     1 181 


M 


Machines  a  calcul.  —  M.  Mathieu  met  sous 
les  yeux  de  l'Académie  une  machine  à 
calcul  de  M.  fJ'iberg,  avec  laquelle  on 
peut,  au  moyen  des  différences  de  divers 
ordres,  calculer  et  imprimer  des  Tables 
numériques 211 

—  Rapport  sur  cette  machine;  Rapporteur 

M.  Delaunay 33o 

Machines  a  vapeur.  —  Communication  de 
M.  Morin  accompagnant  la  présenta- 
tion du  premier  volume  du,  Tndté  ici 


machines  à  vapeur,  qu'il  publie  avec  la 
collaboration  de  M.  Tresça 1 1 4 1 

Sur  quelques  conditions  auxquelles  un 
doit  avoir  égard  dans  la  construction  de 
ces  machines  pour  réduire  la  dépense 
en  combustible  ;  Note  de  M.  Jacobs.. . .      >"  ; 

Sur  une  machine  à  air  chaud  d'un  nouveau 
système;  Mémoire  de  MM.  Vurdin  et 
Bourget (5 1 1 

Sur  une  machine  à  vapeur  annoncée  comme 
devant  fonctionner  avec  une  grande  w<- 


(  1284  ) 


Pages. 

nomie    de    combustible  ;    Note    signée 

Louazel 496 

Magnésie.  —  Action  de  la  magnésie  sur  les 

fluorures  alcalins;   Note  de  M.  Tissier.     848 

—  Sur  la  séparation  de  la  magnésie  d'avec 

la  potasse  et  la  soude  ;  Note  de  M.  Al- 

vant  Reyrtoso 8;3 

Magnétisme  terrestre.  —  Théorie  du  ma- 
gnétisme terrestre  dans  l'hypothèse  d'un 
seul  fluide  électrique;  Mémoire  deM. ite- 
nard 299 

—  Lettre  de  M.  Roblet  concernant  une  pré- 

cédente communication  sur  le  magné- 
tisme terrestre 496 

—  Lettre  du  P.  Secchi  en  réponse  à  une 

communication  de  M.  Broun  sur  la 
question  des  rapports  entre  les  varia- 
tions météorologiques  et  les  perturba- 
tions magnétiques 7.55 

Mathématiques  appliquées.  —  Note  sur  la 
marche  à  suivre  pour  découvrir  le  prin- 
cipe, seul  véritablement  universel,  de  la 
nature  physique  ;  par  M.  Lamé 983 

Mécanique.  —  Sur  la  chute  des  corps  qui 
tombent  d'une  grande  hauteur  ;  Note  de 
M.  Finck g57 

—  Sur  la  résistance  au  choc  des  matériaux , 

considérée  au  seul  point  de  vue  géo- 
métrique ;   Note  de  M.  Normand i2i5 

Mécanique  céleste.  —  Sur  une  équation 
pour  le  calcul  des  orbites  planétaires; 
Note  de  M.  de  Gasparis 443 

—  Note  de  M.  Delaunay  accompagnant  la 

présentation  de  son  Mémoire  sur  l'équa- 
tion séculaire  de  la  Lune 5i3 

—  Note  présentée  par  M.  de  Pontécmdant 

à   l'occasion  de    la  communication  de 

M.  Delaunay 585 

—  Sur  les  modifications  que  doit  subir,  re- 

lativement à  la  Lune,  le  théorème  gé- 
néral de  l'invariabilité  des  grands  axes 
et.  de  la  permanence  des  moyens  mou- 
vements planétaires  ;  Mémoire  de  M.  de 
Pontécoulant 63g,  720  et     792 

—  Sur  le  calcul  des  perturbations  absolues 

dans  les  orbites  d'une  excentricité  et 
d'une  inclinaison  quelconque;  Note  de 

M.  C'.-J.  Serret 946 

Médecine  et  Chirurgie  (  Concours  pour  les 
prix  de).  —  Analyse  d'ouvrages  impri- 
més ou  manuscrits  destinés  à  ce  con- 
cours, et  adressés  par  les  auteurs  dont 
1rs  noms  suivent  : 

—  M.  Morèl-Lavallée  (  Sur  un  moyen  de  pré- 

venir la  roideur  et  l'ankylose  dans  les 
fractures  j 536 

—  M.  Phœbits  (Sur  le  catarrhe  d'été  typique 

communément  appelé  fièvre  des  foins).     536 


Pa{;e». 


—  M.  Heiuùg  (Sur  le  catarrhe,  des  organes 
génitaux  internes  de  la  femme) 583 

—  MM.  Leven  et  Ollu'ier  (Physiologie  et  pa- 
thologie du  cervelet) 583 

—  M.  Magne  (Cure  de  la  fistule  du  sac  lacry- 
mal)      583 

—  M.  Debout  (Vices  congénitaux  de  confor- 
mation :  hernies  ombilicales  ;  fissures 
horizontales  de  la  joue  ;  arrêt  de  déve- 
loppement des  membres  pelviens  ) 583 

—  M.  Bourdon  (Hipp.)  (Ataxie  locomotrice 
progressive  ) 583 

—  M.  Girard  de  Cailleux  (  Études  pratiques 
des  maladies  nerveuses  et  mentales)...     629 

—  M.  Peter  (Maladies  virulentes  comparées 
chez  l'homme  et  chez  les  animaux) 629 

Mercuraniles.  —  Recherches  de  M.  H.  Schiff 

sur  ces  composés 491 

Mercure.  —  Sur  le  dosage  du  mercure  par 
les  volumes,  à  l'aide  de  liqueurs  titrées; 
Note  de  M.  Personne 931 

Météorologie.  —  Développement  des  idées 
contenues  dans  deux  chapitres  d'un  ou- 
vrage posthume  de  feu  M.  F.  Arago  con- 
cernant les  orages  et  leurs  conséquences  ; 
Mémoire  de  M.  Nowak a5i 

—  Sur  le  climat  de  l'Italie;  Lettres  de 
M.  Zantedeschi  à  M.  Élie  de  Beaumont.    264 

—  Études  sur  le  climat  de  Toulouse  :  consé- 
quences générales  qui  paraissent  résulter 
de  vingt-quatre  années  d'observations; 
Note  de  M-  Petit 749 

—  Album  météorologique  présenté  par 
M.  Coulvier-Gravier  :  représentations 
graphiques  du  phénomène  des  étoiles 
filantes  rapprochées  des  courbes  figurant, 
les  variations  du  niveau  de  la  Seine. . .     352 

—  Sur  deux  nouveaux  types  des  formes  des 
nuages  observés  à  la  Havane  ;  Lettres  de 
M.  Poey  à  M.  Élie  de  Beaumont 36i 

—  Énumération  des  observations  météoro- 
logiques faites  à  l'observatoire  de  la  Ha- 
vane :  méthode  d'observation  adoptée 
dans  cet  établissement  ;  Lettres  de 
M.  Poey  à  M.  Élie  de  Beaumont.    436  et    642 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  Note  de 
M.  Broun  concernant  la  question  des 
rapports  entre  les  variations  météoro- 
logiques et  les  perturbations  magné- 
tiques; Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  Élie  de 
Beaumont 755 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  forma- 
tion de  la  grêle;  par  M.  Samia-Sôlàrô: .     825 

—  Sur  des  grêlons  d'une  forme  particulière; 
Note  de  M.  Laroque 1 1 1  - 

—  Sur  une  pluie  de  terre  tombée  dans  le 
midi  de  la  France  et  en  Espagne;  Note 
de  Al.  Bonis 972 


(    ™ 

Pages. 
—  Lettre  de  M.  Huette  accompagnant  l'envoi 
de  tableaux  résumant  les  observations 
météorologiques  qu'il  a  faites  à  Nantes 
en  1 862 918 

Miel.  —  Sur  la  production  du  miel  : 
différences  qu'il  présente  selon  les  cli- 
mats, la  nature  du  sol  et  les  plantes 
croissant  dans  la  région  explorée  par  les 
abeilles  ;  Note  de  M.  CzcmichowsM 1 1 50 

Minéralogie.  —  Sur  les  formes  cristallines 
et  sur  les  propriétés  optiques  biréfrin- 
gentes du  castor  et  du  pétalite  ;  Note  de 
M.  Des  Cloizcaux 488 

—  Sur  l'astrophyllite  et  l'aegirine  de  Brevig, 

en  Norvège  ;  Note  de  M.  Pisani 846 

—  Sur  le  jade  vert  :  analyse  chimique  de  ce 

minéral  le  rapprochant  de  la  famille  des 
Wernerites  ;  Note  de  M.  Damour 861 

—  Sur  la  nature  du  jade  ;  Note  de  M.  Sterry 

Hunt 1255 

Mines.  —  Mémoire  sur  les  mines  de  Vialas 

(  Lozère)  ;  par  M.  Rwot 98 

—  Sur  les  mines  de  cuivre  du  Canada  orien- 

tal; Lettre  de  M.  Jackson  à  M.  Élie  de 
Beaumont 635 


85  ï 


—  Accidents  dus  au  cuivre,  observés  chez  des 
personnes  qui  avaient  mangé  des  huîtres 
draguées  sur  un  banc  voisin  d'une  mine 
de  ce  métal  ;  Note  de  M.  Cuzent 

Monuments  à  la  mémoire  d'hommes  illustres. 
—  Circulaire  de  la  Commission  chargée 
de  l'exécution  d'un  monument  qui  doit 
être  élevé  à  Kepler  dans  sa  ville  natale, 
Weilerstadt 

Mort  intermédiaire  (État  de).  —  «  Du  dé- 
laissement des  mourants  en  état  de  mort 
intermédiaire  »;  Note  de  M.  Josat.  ... 

Mortalité.  —  Sur  la  mortalité  dans  les  hô- 
pitaux civils  et  militaires  de  l'île  de 
Cuba;  Note  de  M.  Ramon  de  la  Sagra. 

Moteurs.  —  Lettre  de  M.  de  Germes  concer- 
nant une  Note  de  M.  MacMntosh  sur 
un  nouveau  propulseur  des  machines 
marines 

Musique.  —  Mémoires  sur  la  théorie  de  la 
gamme;  par  M.  Mercadier. .-'.     g54  et 

—  «  Exposé  des  principes  tant  généraux  que 
particuliers  de  la  musique  moderne  »  ; 
Mémoire  de  M.  Vincent  de  Jozet 


Pages. 


537 
298 

470 

974 
1119 

1084 


N 


Naissances.  —  Proportions  des  sexes  dans 
les  naissances  :  influence  de  l'âge  rela- 
tif des  parents  ;  Note  de  M.  Boudin.. . .     353 

—  De  l'influence  de  l'âge  respectif  des  époux 

sur  la  proportion  des  sexes  dans  les  nais- 
sances; Lettre  de  M.  Pappenheim 634 

Navigation.  —  Mémoire  sur  les  navires  cui- 
rassés; par  M.  le  contre-amiral  Paris..     345 

—  «  Étude  des  questions  posées  sur  les  si- 

nistres de  mer  »  ;  Mémoire  de  M.  Trem- 
blay      298 

Nerveux  (Système).  —  Sur  les  modérateurs 
des  mouvements  réflexes  de  la  gre- 
nouille; Notes  de  M.  Setchenow.    5o  et     i85 

—  Sur  les  nerfs  moteurs  de  la  vessie;  Note 

de  M.  Giannuzzi 53 

—  Réunion  bout  à  bout  des  fibres  nerveuses 

sensitives  avec  les  fibres  nerveuses  mo- 
trices; Recherches  de  MM.  Philipeaux 
et  Vulpian 54 

Nitrates.  —  Production  de  nitrates  alcalins 
due  à  l'emploi  en  agriculture  de  fumier 
additionné  de  craie;  Note  de  M.  Borticr.  1022 

Noir  animal.  —  Sur  l'emploi  comme  engrais 
du  noir  animal  des  raffineries  ;  Note  de 
M.  Hérouard 1 83 

Nombres  (Théorie  des).  —  Mémoire  de 
M.  Moret  sur  la  théorie  des  nombres 

C.  R.,  iS6:i,  \"  Semestre.  (T.  LVI.) 


premiers  considérés  dans  les  progres- 
sions arithmétiques 34g 

Nominations  de  Membres  et  de  Correspon- 
dants de  l  Académie.  —  M.  Edm.  Bec- 
querel est  nommé  Membre  de  l'Acadé- 
mie (Section  de  Physique)  en  remplace- 
ment de  feu  M.  Despretz 945 

—  M.  Paris  est  nommé  Membre  de  la  Sec- 

tion de  Géographie  et  Navigation  en 
remplacement  de  feu  M.  Bravais 1 149 

—  M.  Ch.  Martins  est  nommé  Correspon- 

dant de  l'Académie  (  Section  d'Économie 
rurale)  en  remplacement  de  feu  M.  Vil- 
morin        252 

—  M.  de  Vibrare  est  nommé  Correspondant 

de  la  même  Section  en  remplacement 

de  feu  M.  Bracy-Clark 33g 

—  M.  Bouisson  est  nommé  Correspondant  de 

la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie  en 
remplacement  de  feu  M.  Maunoir,  de 
Genève 523 

—  M.  Ehrmann  est  nommé  Correspondant 

de  la  même  Section  en  remplacement 

de  feu  M.  Bretonneau 582 

—  M.  Cayley  est  nommé  Correspondant  de 

la  Section  d'Astronomie  en  remplace- 
ment de  feu  M.  le  général  Brisbane. . .     683 

—  M.  Mac  Lear  est  nommé  Correspondant 

168 


1286  ) 


Pages, 
de  la  mêmëSeï  tionen  remplacement  de 
l'eu  M .  Bond 765 

M.  Svhœnbein  est  nommé  Correspondant 
de  la  Section  de  Chimie  en  remplace- 
ment de   M.   Liébig,    devenu  Asso 
étranger 765 

M.  Fiti-Roy  est  nommé  Correspondant 
de  la  Section  de  Géographie  ci  Navi- 
gation en  remplacement  de  feu  Sir  James 
(  'letrk-Ross 867 


Nominations  du  candidats  pour  les  places 
auxquelles  I  icadémie  est  appelée  à  pré- 
senter. ~  L'Académie,  sur  l'invitation 
de  M.  te  Ministre  de  l' Instruction  pu- 
blique, élit  par  voie  de  scrutin  deux  can- 
didats pour  une  place  vacante  au  Bureau 
des  Longitudes  :  candidat  présenté  en 
première  ligne,  M.  Lame;  candidat  pré- 
senté en  seconde  ligne,  M.  de  'fessait. . 


Pages 


o 


Optique.  —  Mémoire  sur  les  dix-sept  pre- 
miers arcs-en-oiel  de  l'eau  ;  par  M.  Billet.    90,9 

—  Théorème  sur  la  relation  entre  les  posi- 

tions des  plans  de  polarisation  des  rayons 
incidents  réfléchis  et  réfractés  dans  les 
milieux  isotropes;  Note  de  M.  Cornu. .       87 

—  Détermination  de  la  longueur  d'onde  de 

la  raie  A  du  spectre  ;  Note  de  M.  Mascart.     1 38 

—  Recherches  sur  les  propriétés  optiques 

développées  dans  les  corps  transparents 
par  l'action  du  magnétisme;  Note  de 
M.  Verdet 63o 

—  Nouvelle  formule  de  la  troisième  partie 

de  la  loi  de  la  réfraction  de  la  lumière; 

Note  de  M.  Baudrimont G97 

Organiques  (Matières).  —  Sur  les  matières 


organiques  sulfurées  qui  se  forment  dans 
les  fumiers  ;  Mémoire  de  M.  P.  Thenard.  832 
OnGANOGRAPiiiE  végétale.  — Sur  les  vaisseaux 
du  latex,  les  vaisseaux  propres,  les  ré- 
servoirs des  sucs  élaborés  des  végétaux; 
Notes  dé  M.  Lestiboudois A>'  et    S 16 

—  Remarques  sur  les  laticifères  de  plusieurs 

plantes  du  Brésil  ;  Note  de  M.  Netto.  ■ .     917 

—  Caractères  et  affinités  anatomiques  des 

Cytinées  ;  Note  de  M.  Chatin iao/j 

Voir  aussi  l'article  Végétales  {Fibres). 
Ostéogénie.  —  Recherches  de  M.  Bruch  sur 

l'ostéogénie 21g 

Ozone.  —  Sur  la  production  de  l'ozone  par 

1  'électrolyse,  et  sur  la  nature  de  ce  corps; 

Note  de  M.  Soret 3gp 


Pain.  —  Étude  analytique  sur  le  blé,    la 

farine  et  le  pain  ;  Mémoire  de  M.  Barrai.     834 

—  Note  sur  la  croûte  de  pain  et  le  gluten  ; 

par  le  même 1 1 1 8 

Paléontologie.  —  Rapport  sur  une  com- 
munication de  MM.  Chopardet  Pidancet 
concernant  les  restes  d'un  reptile  dino- 
saurien  découvert  à  Poligny  (Jura); 
Rapporteur  M.  /  alenciennes 'j.90 

—  Sur  un  chélonien  fossile  d'un  genre  nou- 

veau, trouvé  dans  la  craie  du  cap  la 
Hève;  extrait  d'un  Mémoire  de  M.  I  a- 
lenciennes 317 

—  M.  Elie  <le  Èeaumont  émet  le  vœu  que 

le  Mémoire"  entier,  avec  les  ligures  qui 
l'accompagnent,  trouve  place  dans  les 
Mémoires  de  I' .  icadémie 322 

—  Sur  lieux  nouveaux  genres  de  bois  fossiles 

recueillis  près  de  Constantinople,  et  dé- 
terminés par  M.  Unger;  Note  do  M.  /'. 
de  Tchihatcheff. ii6 

—  Fossiles  nouveaux  provenant  du  terrain 


néocomien  des  environs  de  Gréoulx  ; 
communication  de  M.  J.-B.  Jaubcri. . .     776 

Sur  une  hache  en  pierre  trouvée  près  de 
Savenay  (Loire-Inférieure),  dans  une 
argile  supposée  appartenir  au  terrain  de 
transport  ;  Note  de  M.  Durance 272 

Sur  les  silex  travaillés  du  diluvium  de 
Loir-et-Cher;  Note  de  M.  de  l'ibraye..     5/7 

Sur  une  mâchoire  humaine  découverte  à 
Abbeville,  dans  un  terrain  non  remanié  ; 
Note  de  M.  Bouclier  de  Pertlies 779 

Remarques  de  M.  de  Quatrefages  accom- 
pagnant la  présentation  de  la  Note  de 
M.  Boucher  de  Pertlies  et  des  pièces  qui 
y  étaient  jointes 78^ 

Deuxième  et  troisième  Notes  de  M.  de 
Quatrefages  sur  la  mâchoire  d'Abbe- 
ville ,  avec  l'extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Dclesse 809,  816  et     85; 

Remarques  de  M.  de  l  ibraje  à  l'occasion 
de  la  troisième  communication  de  M.  de 
Quatrefages 861 


(     I2t 


Pages. 

-  Résultats  fournis  par  une  enquête  relative 

à  l'authenticité  de  la  mâchoire  humaine 

et  des  haches  en  silex  dans  le  terni  in 

diluvien  de  Moulin-Quignon;    Note  de 

M.  Milite  Edwards 921 

•  Nouvelles  observations  de  M.  de  Quatre- 
fages sur  la  mâchoire  de  Moulin-Qui- 
gnon      933 

■  Remarques  de  M.  Êlie  de  Beaumont  sur 
l'expression  terrain  diluvien  employée 
dans  ces  Notes 935 

Réponse  de  M.  Mine  Edwards  à  l'occa- 
sion de  ces  remarques 937 

Réponse  de  M.  de  Quatrefages  â  l'occa- 
sion des  mêmes  remarques g38 

Note  de  M.  Eug.  Robert  sur  la  non-con- 
temporanéité  de  l'homme  primitif  et  des 
grandes  espèces  perdues  de  Pachy- 
dermes      955 

Sur  un  examen  de  la  mâchoire  humaine  de 
Moulin-Quignon  au  point  de  vue  anthro- 
pologique;  Note  de  M.  Pruner-Jiey., . .   joot 

Observations  de  M.  de  Quatrefages  à 
propos  de  cette  Note  et  des  remarques 
de  M.  Elie  de  Reaumont  concernant  la 
détermination  géologique  du  terrain  ou 
a  été  trouvée  cette  mâchoire roo3 

M.  Elie  de  Beaumont  rappelle  et  précise 
ce  qu'il  a  dit  à  ce  sujet 1004 

Observations  sur  l'existence  de  l'homme 
pendant  la  période  quaternaire;  Notes 
de  M.  Hébert ioo5  et  1040 

Sur  le  diluvium  de  la  vallée  de  la  Somme; 
Note  de  M.  Garrigou 1042 

M.  Elie  de  Beaumont  rappelle,  à  l'occa- 
sion de  ces  communications ,  que  dans 
les  deux  précédentes  séances  il  n'a  parlé 
ni  d'Amiens,  ni  de  Saint-Acheul ,  mais 
seulement  de  la  carrière  de  Moulin- 
Quignon IC-44 

Note  sur  les  indices  matériels  de  la  co- 
existence de  l'homme  avec  VElephas 
meridioaalis  dans  un  terrain  plus  ancien 
que  les  terrains  de  transport  des  vallées 
de  la  Somme  et  de  la  Seine  ;  Mémoire 
de  M.  Dcsnoyers 1073 

Sur  l'origine  récente  des  traces  d'instru- 
ments tranchants  observées  à  la  surface 
de  quelques  ossements  fossiles;  Note  de 
M.  Et/g.  Robert 1 1 5y 

Réponse  de  M.  Desnoyers 1 199 

Sur  le  diluvium  de  Sainl-Acheuî  et  le  ter- 
rain de  Moulin-Quignon  ;  Note  de  M.  Sci- 

pion  Gras 1097 

Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Garrigou  ac- 
compagnant l'envoi  d'un  opuscule  inti- 
tulé :  «  L'Homme  fossile  :  historique  gé- 


Pàges. 
néral  de  la  question,  et  discussion  de  la 
découverte  d'Abbeville  » 1 1  20 

—  Sur  la  non-contemporanéité  de  l'homme 

et  des  grandes  espèces  éteintes  de  Mam- 
mifères ;  Lettre  de  M.  Eug.  Robert 1 19.1 

—  Sur  les  alluvions  de  la  vallée  de  l'Ingres- 

sin  (arrondissement  de  Toul  ),  à  l'occa- 
sion de  la  mâchoire  de  Moulin-Quignon; 
Note  de  M.  Husson 1227 

—  Remarques  de  M.  Élie  de  Beaumont  sur 

cette  communication i23o 

—  Note  sur  la  distribution  géologique  des 

oiseaux  fossiles  et  description  de  quel- 
ques espèces  nouvelles  ;  par  M.  Alphonse 
Milne  Edwards 1219 

Paquets  cachetés  (Ouverture  de).  —  Sur 
la  demande  de  M.  Toumier,  un  paquet 
cacheté  déposé  par  lui  en  avril  1861  est 
ouvert  le  16  février  i863,  et  renferme 
une  Note  concernant  la  reproduction 
identique  de  l'écriture  parla  télégraphie 
électrique 3i5 

Paratonnerres.  —  Nouvelles  expériences  de 
M.  Perrot  tendant  à  prouver  que  lors- 
qu'un paratonnerre  ordinaire  est  fou- 
droyé, son  conducteur  devient  fou- 
droyant pour  les  corps  voisins 397 

Pathologie.—  Expériences  sur  l'infection  pu- 
rulente; par  M.  Flourens.     241,  4°9  et  1025 

—  Cas  de  méningite  comateuse  sans  para- 

lysie, observé  chez  un  gibbon  ;  Note  de 

M.  Serres 244 

—  Affection  comateuse  due  à  une  méningite 

suraiguë  :  formation  rapide  d'une  col- 
lection purulente  considérable  ;  Note  de 
M.  Billod 853 

—  M.  Batailhé  lit,  dans  la  séance  du  G  avril, 

deux  Notes  sur  l'infection  purulente, 
qu'il  avait  adressées  le  1 3  et  le  22  mars.    628 

—  Sur  la  coïncidence  constante  des  déran- 

gements de  la  parole  avec  une  lésion 
de  l'hémisphère  gauche  du  cerveau  ;  Mé- 
moire de  M.  Dax 536 

—  M.  Colin,  auteur  d'un  travail  clinique  sur 

l'embolie,  qui  a  été  l'objet  d'une  mention 
honorable  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine,  annonce  l'envoi  prochain 
d'une  suite  de  ses  recherches,  où  il  con- 
sidère l'embolie  capillaire  dans  ses  rap- 
ports avec  diverses  diathèses  morbides.    221 

—  Sur  l'affection  scrofuleuse,  ses  causes  et 

sa  prophylaxie  ;  par  M.  Caron 828 

—  Sur  l'albuminurie  chronique  :  cas  de  deux 

jumeaux  succombant  presque  au  même 

âge  à  cette  maladie;  Note  de  M.  Husson.  io85 

—  Sur  l'inosurie;  Note  et  Lettre  de  M.  Gal- 

lois      533  et    583 

168.. 


f  1288  ) 


Pages. 

Pathologie.  —  De  la  déviation  des  règles  et 
de  son  influence  sur  l'ovulation  ;  Note 
de  M.  Puech 6g5 

—  Sur  l'affection  trichinaire  chez  l'homme  ; 

Mémoire  de  M.  Zcnher 3o3 

—  Considérations  sur  les  tumeurs  blanches 

et  les  scrofules  ;  par  M.  Potier 486 

—  Transformation  morbide  des  enveloppes 

du  testicule  ;  Note  de  M.  Martin 855 

—  Sur  un  calcul  biliaire  qui  s'est  fait  jour  à 

travers  les  parois  de  l'abdomen ,  pour 
sortir  vers  la  région  ombilicale  ;  Note 
de  M.  Leclerc 1 4a 

—  Sur  la  durée  de  l'incubation  de  la  rage 

chez  les  chiens;  Note  de  M.  Renault.  .  .       72 

—  Sur  un  nouveau  procédé  d'inoculation  de 

la  péripneumonie  exsudative  et  conta- 
gieuse des  bêtes  bovines;  Note  de 
M.  Lenglen 692 

Pathologie  morale.  —  M.  O/livier  adresse, 
sous  ce  titre,  un  ouvrage  manuscrit  con- 
cernant les  rapports  du  physique  au 
moral  dans  l'état  de  santé  et  dans  l'état 
de  maladie 1 77 

Pesanteur.  —  Appareil  pour  la  mesure  sta- 
tique de  la  pesanteur  ;  Mémoire  de 
M.  Babinct 244 

—  Lettre  de  M.  Broun  sur  un  appareil  de 

son  invention  pour  la  mesure  statique 

de  la  pesanteur 1 135 

—  Sur  la  cause  de  la  pesanteur  et  des  effets 

attribués  à  l'attraction  universelle  ;  Mé- 
moire de  MM.  F.-A.  et  Em.  Keller 53o 

Pétroles.  —  Recherches  sur  les  pétroles  d'A- 
mérique; par  MM.Pe/ouze  et  Cahours. .     5o5 

Phosphore.  —  Sur  la  coloration  de  la  flamme 
d'hydrogène  par  le  phosphore  et  ses 
composés  :  spectre  du  phosphore;  Note 
de  MM.  Christojle  et  Beilstein 399 

Photographie.  —  Rapport  sur  un  appareil 
photographique  présenté  par  M.  de 
Poilly;  Rapporteur  M.  Fizeau 681 

—  Lellre  du  P.  Secehi  accompagnant  l'en- 

voi de  nouvelles  images  photographiques 

de  l'éclipsé  solaire  du  28  juillet  1860..     i;3 

—  Images  photographiques  des  différentes 

phases  de  l'éclipsé  solaire  partielle  du 
i5  mai  i863,  prises  à  Besançon  par 
M.  f'emier 1023 

—  Note  de  M.  J.  CU'ialc  accompagnant  la 

présentation  d'images  photographiques 

du  mont  Rose  et  de  i'Oberland  du  Valais.     5î3 

—  Remarques  de  M.  Élie  de  Bcaumont,  à 

l'occasion  de  la  présentation  de  ces  ima- 
ges orographiques  et  des  plans-reliefs 
desmontagnes  françaises,  présentés  dans 
la  même  séance,  par  M.  Bardin 529 


Pages. 
Physiologie.  —  Expériences  sur  l'infection 

purulente;  par  M.  Flourens.  241,  409  et  1025 

—  M.  Flourens  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous 
ce  titre  :  «  De  la  phrénologie  et  des  études 
vraies  sur  le  cerveau  » 409 

—  M.  Flourens   présente    un   ouvrage  de 

M.  Tigri  concernant  les  effets  qu'exerce 
sur  le  sang  circulant  dans  les  vaisseaux 
le  pus  ou  la  sanie  gangreneuse 48G 

—  Sur  la  distinction  entre  le  coma  produit 

par  la  méningite,  et  le  sommeil  produit 
par  le  chloroforme,  et  sur  la  distinction 
entre  la  méningite  et  l'apoplexie  ;  Note 
de  M.  Flourens 56r- 

—  Sur  un  cas  de  méningite  comateuse,  sans 

paralysie, observé  chez  un  gibbon;  Note 

de  M.  Serres 244 

—  Sur  les  modérateurs  des  mouvements  ré- 

flexes dans  le  cerveau  de  la  grenouille; 
Note  de  M.  Setchenow 5o  et     i85 

—  Sur  les  nerfs  moteurs  de  la  vessie  ;  Note 

(le  M.  Giannuzzi 53 

—  Influence  des  nerfs  sur  les  sphincters  de 

la  vessie  et  de  l'anus  ;  Note  de  MM.  Gian- 
nuzzi et  Nawrocki 1 101 

—  Sur  la  réunion  bout  à  bout  des  fibres 

nerveuses  sensitives  avec  les  fibres 
nerveuses  motrices;  Recherches  de 
MM.  Philipeaux  et  f'ulpian 54 

—  Note  sur  une  modification  physiologique 

qui  se  produit  dans  le  nerf  lingual,  par 
suite  de  l'abolition  temporaire  de  la  mo- 
tricité dans  le  nerf  hypoglosse  du  même 
côté  ;  par  les  mêmes 1009 

—  Sur  les  modifications  qu'éprouvent,  du- 

rant le  sommeil,  la  respiration  et  la  calo- 
rification;  Notes  de  M.  Saurel.  40,  263  et    486 

—  Sur  la  quantité  d'air  indispensable  à  la 

respiration  durant  le  sommeil  ;  Notes  de 

M.  Hitsson 127,  386  et     898 

—  M.  Deschamps  soutient,  contre  l'opinion 

de  M.  Husson,  que  pendant  le  sommeil 
un  moindre  volume  d'air  est  nécessaire 
à  la  respiration 220 

—  Sur  l'introduction  de  l'air  dans  les  vei- 

nes, et  sur  les  meilleurs  moyens  à  em- 
ployer pour  combattre  les  accidents  qui 

en  résultent;  Mémoire  de  M.  Oré 

629  et  io5a 

—  Recherches  expérimentales   sur   l'action 

physiologique  du  tartre  stibié  ;  Note  de 

M.  Pécholicr 718 

—  M.  Danis,  en  adressant,  pour  le  concours 

du  legsBréant,  un  Mémoire  sur  la  dyssen- 
terie,  appelle  l'attention  sur  les  considé- 
rations générales  qu'il  y  a  présentées. 


(  i289 


concernant  une  classe  de  maladies  qu'il 
désigne  sous  le  nom  de  Septicémies  ou 
maladies  par  empoisonnement  du  sang. 
Voir  aussi  l'article  Anthropologie. 
Physiologie  comparée.  —  Recherches  expé- 
rimentales sur  la  distinction  de  la  sensi- 
bilité et  de  l'excitabilité  dans  les  diffé- 
rentes parties  du  système  nerveux  d'un 
insecte,  le  Dytiscus  marginalis  ;  Mémoire 
de  M.  Faivre 

—  Expériences  pour  servir  à  l'histoire  phy- 

siologique de  la  vessie    natatoire   des 

poissons  ;  Mémoire  de  M.  Moreau 

Physiologie  végétale.  —  Expériences  sur 
la  décoloration  des  fleurs  du  lilas  (Sy- 
ringa  vulgaris)  dans  la  culture  forcée  ; 
Note  de  M.  Duchartre 

—  Note  de  M.  Gris  concernant  les  fonctions 

des  vaisseaux  dans  les  végétaux 

1048  et 

—  Sur  la  présence  normale  de  gaz  dans  les 

vaisseaux  des  plantes  ;  Note  de  M.  Da- 
limier 

—  Sur  les  fonctions  des  vaisseaux  des  plan- 

tes ;  Note  de  M.  Lecoq 

—  Sur  la  germination  des  corpuscules  orga- 

nisés qui  existent  en  suspension  dans 

l'atmosphère  ;  Note  de  M.  Duclaux 

Physique.  —  Note  sur  la  marche  à  suivre 
pour  découvrir  le  principe,  seul  vérita- 
blement universel,  de  la  nature  physi- 
que ;  par  M.  Lamé 

—  Réclamation    adressée  par   M.  Artur  à 

l'occasion  d'une  assertion  de  M.  Lamé 
relative  à  l'état  stationnaire  des  travaux 
sur  la  théorie  mathématique  de  la  capil- 
larité  

—  Appareil  pour  la  mesure  statique  de  la 

pesanteur  ;  Mémoire  de  M.  Babinet 

—  Lettre  de  M.  Broun  sur  un  appareil  de 

son  invention  pour  la  mesure  statique 
de  la  pesanteur 

—  Mémoire  sur  la  cause  de  la  pesanteur  et 

des  effets  attribués  à  l'attraction  univer- 
selle; par  MM.  F.-A.-E.  etEm.  Relier. 

—  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  De  la  dualité 

élémentaire  cosmique,  dynamique,  etc., 
d'après  les  observations  astronomiques 
et  les  principes  de  la  physique  expéri- 
mentale ï;  par  M.  Baulard.  11 20  et 
Physique  du  globe.  —  Sur  les  courants 
généraux  de  l'atmosphère  ;  communica- 
tion de  M.  Duperrey 

—  Sur  la  question  d'une  connexion  entre 

les  bourrasques  et  les  perturbations  ma- 
gnétiques ;  Note  de  M.  Broun 

—  Remarques  du  P.  Secc/ii  à  l'occasion  de 

cette  communication 


Pages. 

584 


-172 
629 

939 

1223 

IO97 
Il4S 


983 

I  lui 

244 

n35 
53o 

1217 

514 

54o 
755 


8a5 


1 1G1 


4i5 


Pages. 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  forma- 

tion de  la  grêle  ;  par  M.  l'abbé  Sanna- 
Solaro 

—  Sur  la  distribution  de  la  température,  et 

les  types  des  surfaces  isothermes  dans 
l'Inde;  Note  de  M.  Herm.  de  Schlagint- 

weit 

Physique  mathématique.—  Mouvementd'un 
fil  élastique  soumis  à  l'action  d'un  cou- 
rant de  fluide  animé  d'une  vitesse  con- 
stante ;  Mémoire  de  M.  Duhamel 277 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  propagation  de 

la  lumière  ;  Note  de  M.  Babinet 411 

—  Remarque  de  M.  Morin  sur  l'expression 

de  force  vive  employée  par  M.  Babinet.. 

—  Réponse  de  M.  Babinet  et  remarque  de 

M.  Chastes  dans  le  même  sens 4i5 

—  Sur  la  propagation  des  ondes  ;  Mémoire 

de  M.  Em.  Mathieu a55 

—  Rapports  entre  les  accumulations  élec- 

triques sur  deux  sphères  conductrices 
de  rayons  connus,  déterminés  géné- 
ralement et  en  termes  finis  ;  Note  de 
M.  rolpicelli n58 

Pilesgalvaniques.—  Voirl'articleii'fcrfncrte. 

Planètes.  —  M.  Luther  annonce  la  décou- 
verte, qu'il  a  faite  le  i5  mars  1 863, 
d'une  nouvelle  planète  télescopique  ; 
Lettre  à  M.  Élie  de  Beaumont 636 

Platine.  —  Nouveau  procédé  d'extraction 
des  métaux  des  résidus  platinifères; 
Note  de  M.  A.  Guyard 1 177 

Plâtrage.  —  Sur  le  mode  d'action  du  plâ- 
trage des  terres  arables  ;  Note  de  M.  De- 
hérain g65 

Plomb.  —  Action  de  l'acide  sulfurique  sur 
le  plomb  ;  Note  de  MM.  Calrert  et  John- 
son   

—  Nouveau  cas  de  perforation  du  plomb  par 

des  insectes  ;  Lettre  de  M.  l'abbé  Bouvier. 

Pluie  de  terre.  —  Note  de  M.  Bonis  sur 
une  pluie  de  terre  tombée  dans  le  midi 
de  la  France  et  en  Espagne 972 

Poissons.  —  De  la  signification  anatomique 
de  l'appareil  operculaire  des  poissons  et 
de  quelques  autres  parties  de  leur  système 
osseux  ;  Mémoire  de  M.  Hollard 

—  De  la  distribution  des  pièces  qui  compo- 

sent l'arc  suspenseur  de  la  mâchoire  in- 
férieure chez  les  poissons  osseux,  et  de 
leur  signification  anatomique;  par  le 
même 

—  Sur   un   corps  d'apparence  glanduleuse 

observé    dans    la    baudroie;    Note    de 

M.  Jourdain 598 

—  Expériences  pour  servir  à  l'histoire  phy- 

siologique de  la  vessie  natatoire  des 
poissons  ;  Mémoire  de  M.  Moreau 62g 


i4o 


219 


38 


633 


(      '2<)0    ) 


Pages. 

Polarisation  circulaire  appliquée  à  l'étude 
de  certains  composés.  —  Voir  l'article 
Camphres. 

Potasse.  —  Action  de  la  potasse  alcoolique 
sur  le  toluène  bichloré  et  sur  le  toluène 
trichloré  ;  Note  de  M.  Naquet 129 

—  Sur  la  séparation  de  la  magnésie  d'avec 
la  potasse  et  la  soude  ;  Note  de  M.  AU 
varp  Bejrnaso 87 3 

Présidence  de  l'Académie.  —  M.  Morin  est 
élu  Vice-Président  pour  l'année  iS63. — 
M.  Duhamel,  Président  sortant,  rend 
compte  à  l'Académie  de  l'état  où  se 
trouve  l'impression  des  Recueils  qu'elle 
publie,  et  des  changements  arrivés  parmi 
ses  Membres  et  ses  Correspondants  du- 
rant l'année  qui  vient  de  s'écouler.  — 
M.  Velpeau,  Vice-Président  pendant  Tan- 
né 1862,  passe  à  la  Présidence i3 

Pression- atmosphérique.— Lettre  deM.  Chy- 
linshi  concernant  des  expériences  faites 
avec  un  appareil  de  son  invention 6C5 

Prix  décernés  (Concours  de  1862).  —  M. Pou- 
dra se  fait  connaître  comme  l'auteur 
du  Mémoire  qui  a  obtenu  la  seconde  des 
deux  médailles  décernées  an  concours 
pour  le  grand  prix  de  Mathématiques: 
question  concernant  la  théorie  des  cour- 
bes planes  du  quatrième  ordre 4  > 


Pages. 


—  Lettres  de  remercimenls   adressées  par 

divers  savants  dont  les  travaux  ont  ob- 
tenu, au  concours  de  18O2,  des  Prix 
ou  des  Mentions  honorables,  savoir  : 
MM.  Bernard,  Balbiani,  Leberl,  Fre- 
richs,  Lereèoulletf  Dareste,  Graham, 
de  Bary,  Philipeaux  et  Vulpian 4* 

Prix  Damoiseau.  —  Décret  impérial  autori- 
sant l'Académie  à  accepter  la  donation 
faite  par  M"'"  la  baronne  Damoiseau  d'une 
somme  de  20000  francs  dont  le  revenu 
formera  le  montant  d'un  prix  annuel.. .   1023 

Puits  artésiens.  —  Sur  la  loi  de  la  variation 
des  débits  des  puits  artésiens  observés  à 
différentes  hauteurs;Note  deM.  Malurf.      78 

—  Lettre  de  M.  Dru  concernant  sa  Note  sur 

l'écoulement  de  l'eau  dans  les  puits  arté- 
siens       1 89 

Putréfaction  et  putride  (Fermentation).. 
—  Voir  l'article  Fermentation. 

Pyocyanine.  —  Recherches  sur  les  matières 
colorantes  des  suppurations  bleues,  la 
pyocyanine  et  la  pyoxanthose  ;  Note  de 
M.  Fordos 11 28 

Pvroxyle.  —  Du  mode  de  constitution  du 
pyroxyle  ou  coton-poudre;  Mémoire  de 
M.  Blondeau 220 


Q 

Qhinone.  —  Note  de  M.  Hofmann  sur  ce  produit 11  j'i 


R 


Réfraction.  —  Lettre  de  M.  Durand  con- 
cernant l'application  des  lois  de  la  ré- 
fraction à  l'analyse  chimique 59 


Rubidium.  —  Sur  la  préparation  et  sur 
les  propriétés  du  rubidium  ;  Note  de 
M.  Bunsen 188 


Sections  de  l'Académie.  —  M.  Dupin  est 
adjoint  aux  deux  Membres  de  la  Section 
de  Géographie  et  Navigation,  pour  une 
présentation   do    candidats  à   la    placé 

vacanic  dpps  cette  Sectiori,  par  suite  du 

décès  de  M.  Bravais 1072 

—  La  Section  ainsi  complétée  présente  la 

liste  suivante  de  candidats  :  i°M.  Paris; 
2"  MM.  de  Montravel,  Mouches;  3"  MM. 
D'Abbadie,  Darondeau.  Peytier 1 1 38 

—  La  Section  de  Physique  présente  comme 

candidats  pour   la   place   vacante    par 


suite  du  décès  de  M.  Despretz  :  1"  M. 

Edm.  Recquerel  ;  2"  MM.  Jamin,  de  la 

Provostaye,  P.  Desains,  Verdet  ;  3°  MM. 

lui.  Desains,  Lissajous 919 

La  Section  d'Économie  rurale  présente 

la  liste  suivante  de  candidats  pour  une 

place    de    Correspondant    vacante    par 

suite  du  décès  de  M.   /  ihnorin  ■   1°  M. 

C.h.  Martins;  a"  M.  de  Vibraye  ;  3°  M. 

Parade 2'î  1 

Et  comme  candidats  pour  une  autre  place 

de  Correspondant,  en  remplacement  de 


(     I29I 


Pa{>es. 
3i5 


feu  M.  Bracy-Klark  :  1"  M.  de  Yibraj  e  ; 
2°  M.  Parade ". . . 

—  La  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie 

présente  comme  candidats  pour  la  place 
de  Correspondant  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Maunoir:  i°  M.  Bouisson; 
2°  MM.  Ehrmann,  Landouzy  ;  3"  M.  Gin- 
trac  ;  4°  M.  Serre  (d'Uzes) .". 496 

—  Et  comme  candidats  pour   la   place  do 

Correspondant  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Bretonneàu  :  1°  M.  Ehr- 
mann ;  20  M.  Landouzy;  3°  M.  Gintrac  ; 
4°  M.  Serre  (d'Uzès);  5°  M.  Pétre- 
quin 55 1 

—  La  Section  d'astronomie  présente  comme 

candidats  pour  la  place  de  Correspon- 
dant vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Brisbane:  1"  M.  Cayley  ;  2°MM.  Chal- 
lis,  Cooper,  Galle,  Gàspâris,  Graham , 
llencke,  Lamont,  Lasell.  Littrûw,  Mac 
Lear,  Plantamour,  Robinson ,  Struve 
(Otto) CGC 

—  Et  comme  candidats   pour   la   place   de 

Correspondant  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  Bond  :  1"  M.  Mac  Lear; 
20  MM.  Challis,  Cooper,  Galle,  Gasparis, 
Graham,  Hencke,  Lamont,  Lasell,  Lit- 
trow, Plantamour,  Robinson,  Struve 
(Otto) 725 

—  La  Section  de  Chimie  présente  comme 

candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant  :  1°  M.  Schœnbein  ; 
20  MM.  Frankland ,  Marignac  ,  Piria , 
Schrœtter 725 

—  La  Section   de  Géographie    et    Naviga- 

tion présente  comme  candidats  pour  la 
place  de  Correspondant  vacante  par 
suite  du  décès  de  sir  /.  Clarh-Ross  : 
i°  M.  le  contre-amiral  Fitz-Roy; 
20    MM.    Livingstone,    Mac    Clure,  le 

contre-amiral  Washington 856 

Sels  quadruples  contenant  do  plomb.  — 
Note  de  M.  fficMès  sur  une  nouvelle 
classe  de  combinaisons  chimiques 388 

—  Remarques  de  M.  Carias  à  l'occasion  de 

cette  communication  dans  laquelle  ont 
été  mentionnées  quelques-unes  de  ses 
recherches 5p,5 

—  Réponse  de  M.  Nicklès  aux  remarques  de 

M.  Carius 796 

Sève.  —  Sur  la  circulation  de  la  sève  et  sur 
la   cause  de  ce  phénomène  ;  Note  de 

M.  Poulet 898 

Silicium.  —  Sur  quelques  nouvelles  combi- 
naisons organiques  du  silicium  et  sur 
le  poids  atomique  de  cet  élément:  Note 
de  MM.  Friedel  et  Crafts 590 


SiLYieuLTURE.  —  Sur  l'acclimatation  du  Se- 
quota   gigantea;  Note  de   M.   de    Ji- 


Pages. 


brayi 


403 


229 
663 


48C 


898 


—  Lettre  de  M.  Parade  accompagnant  l'en- 

voi d'un  exemplaire  de  la  4"  édition  de 
son  «  Cours  élémentaire  de  culture  des 

bois  » 

Sirops.  —  Action  destructive  exercée  méca- 
niquement sur  les  lis-ns  par  le  sucre 
des  sirops  quand  il  vienl  a  cristalliser; 
Note  de  M.  Doré 

—  Altération  des  sirops  par  une  ébullition 

prolongée;  Noie  de  M.  Monier 

Soleil.  —  Sur  l'électricité  de  la  lumière  so- 
laire dans  l'air  et  dans  le  vide  ;  Note  de 
M.  l'abbé  Sanna-Solaro io35  et 

Sommeil.  —  Sur  les  modifications  qu'éprou- 
vent, durant  le  sommeil,  la  respiration 
et  la  calorification  ;  Notes  deM.  Satire!. 
4°i  263  et 

—  Sur  la  quantité  d'air  indispensable  à  la 

respiration  durant  le  sommeil  ;  Notes  de 
M.  Husson 1 27,  386  et 

—  Noté  de  M.  Desrhamps  à  l'appui  d'une 

opinion  avancée  à  ce  sujet  par  M.  Del- 
bruck  et  contraire  à  celle  de  M.  Husson.     220 

Soude.  —  Sur  la  séparation  de  la  magnésie 
d'avec  la  potasse  et  la  soude;  Note  de 
M.  Alvaro  Rey/ioso 873 

Soufre.  —  De  quelques  propriétés  nouvelles 
du  soufre  ;  Note  de  M.  Dietzenbacher. . 

—  De  l'action  du  soufre  sur  des  dissolutions 

de  sels  à  réaction  alcaline:  décomposition 
de  l'eau  bouillante  par  ce  corps;  Note 
de  M.  de  Girard 797 

—  Sur  la  manière  dont  se  comporte  le  soufre 

en  présence  de  l'eau  ;  Note  de  M.  Géli.s. 

—  Sur  la  décomposition  de  l'eau  par  le  sou- 

fre ;  Note  de  M.  Grippa 

—  Sur  les  matières  organiques  sulfurées  qui 

se  forment  dans  les  fumiers  ;  Mémoire  de 
M.  P.  Thcnard 

—  Action  du  soufre  sur  un  certain  nombre 

de    substances    organiques;     Note    de 

M.  Brion 87O 

—  M.  Balard  déchue  que  M.  Brion  lui  a 

communiqué,  depuis  un  mois  au  moins, 
les   résultats  des   recherches    qui   font 

l'objet  de  cette  Note 877 

Voir  aussi  à  l'article  Acides  tltioniqucs. 
Spectroscopie.  —  Détermination  de  la  lon- 
gueur d'onde  de  la  raie  A  ;  Note   de 
M.  Mascari 1 38 

—  Documents  adressés  par  M.  .fausse n  et 

relatifs  à  la  disposition  du  speetroscope 
au  moyen  duquel  ont  été  faites  les  ob- 
servations consignées  dans  sa  Note  du 


39 


1014 
i.37 

832 


(    Ï392 

Pages 


a3  juin  1862  sur  les  raies  telluriques  du 

spectre  solaire 1 89 

Spectroscopie.— "Mémoire  sur  les  raies  tellu- 

riquesduspectresolaire  ;parM.  Janssen.     538 

—  Sur  l'application  de  l'analyse  spectrale  à 

la  question  de  l'atmosphère  lunaire  ;  par 

le  même 962 

—  Sur  la  coloration  de  la  flamme  de  l'hy- 

drogène par  le  phosphore  et  ses  com- 
posés :  spectre  du  phosphore  ;  Note  de 
MM.  Christofle  et  Beilstein 399 

—  Expériences  sur  divers  échantillons  de 

chaux  ;  Note  de  M.  Volpicelli 493 

—  De  l'emploi  du  chalumeau  à  chlor-hydro- 

gène  pour  l'étude  des  spectres  ;  Note  de 

M.  Diaeon 653 

Statistique.  —  Statistique  des  communes 
composant  le  canton  de  Pantin;  par 
M.  Chevallier 137 

—  Sur  la  mortalité  dans  les  hôpitaux  de  l'île 

de  Cuba  ;  Note  de  M.  Ramon  de  la  Sa- 

gra 468 

—  Lettre  de  M.  Marmisse  concernant  diffé- 


Pagcs. 
rents  travaux   relatifs  à  la  statistique 

médicale  de  Bordeaux 1263 

Voir  aussi  l'article  Naissances. 

Statique  chimique.  —  Note  sur  la  stati- 
que chimique  des  êtres  organisés;  par 
M.  Barrai 765 

Sucre.  —  Sur  l'emploi  du  bisulfite  de  chaux 
dans  la  fabrication  du  sucre  ;  Notes  de 
M.  Alvaro  Reynoso 46  et     260 

—  Remarques  de  M.  Dumas  à  l'occasion  de 

la  première  de  ces  deux  communications.      48 

—  Remarques  de  MM.  Possoz  et  Périer  sur 

un  passage  qui  les  concerne  dans  la 
première  des  deux  communications  de 
M.  A.  Reynoso 85 

—  Nouveau  procédé  d'extraction  du  sucre 

de  betterave  ;  Note  de  M.  Kessler i3a 

—  Emploi  de  l'acide  sulfureux  dans  l'épura- 

tion des  jus  sucrés  ;  Note  de  Mil.  Pé- 
rier et  Possoz 3oi 

—  Altération  des  sirops  de  sucre  de  canne 

et  des  sirops  de  sucre  de  betterave 
par  une  ébullition  prolongée  ;  Note  de 
M.  Monier 6-3 


T 


Télégraphie  électrique.  —  Nouvelle  Note 
de  M.  Baudry  sur  des  modifications  à 
introduire  dans  les  appareils  télégraphi- 
ques       264 

—  Un  paquet  cacheté,  déposé  en  1861  par 

M.  Tournier  et  ouvert  sur  sa  demande 
le  16  février  i863,  contient  une  Note 
relative  à  un  système  de  télégraphie 
avec  reproduction  identique  de  l'écri- 
ture      3i5 

—  Documents  adressés  par  M.  Gérard  pour 

une  question  de  priorité  concernant  l'in- 
vention des  télégraphes  imprimants...     4o3 

—  Note  sur  un  télégraphe  écrivant;   par 

M.  Sortais 627 

Télomètre,  instrument  pour  déterminer  la 
distance  à  un  but  inaccessible.  —  Mé- 
moire de  M.  Goulier  sur  le  télomètre  et 

le  nautomètre  à  prismes 343 

Températures  de  l'air  et  du  sol.  —  Nou- 
velles recherches  sur  la  température  de 
l'air,  les  maxima  et  les  minima  ;  par 
M.  Becquerel 453 

—  Note  sur  la  détermination  des  tempéra- 

tures à  de  grandes  profondeurs  dans  la 
terre,  avec  le  thermomètre  électrique; 
par  le  même 1057 

—  Du  refroidissement  nocturne  superficiel 

de  diverses  espèces  de   terre  pendant 


l'hiver,  sous  le  ciel  de  Montpellier  ;  Notes 

de  M.  Martins 997  et  1064 

Températures  élevées  (Mesure  des).  — 
Recherches  sur   ce  sujet  par  MM.  H. 

Sainte-Claire  Dei'ille  et  Troost 977 

Voir  aussi  l'article  Densités. 

Tératologie.  —  Figure  et  description 
d'un  cas  rare  d'hermaphrodisme  ;  par 
M.  Martin 3o4 

—  Note   de  M.   Larcher  accompagnant   la 

présentation  de  deux  pièces  tératologi- 
ques 599 

—  Lettre  de  M.  Joly  concernant  un  œuf  de 

poule  monstrueux 899 

Thallium.  —  Sur  les  dépôts  des  chambres 
de  plomb  dans  les  fabriques  d'acide  sul- 
furique  :  circonstances  diverses  qui  in- 
fluent sur  la  proportion  du  thallium  dans 
ces  dépôts  ;  Note  de  M.  Kuhlmann . ...     171 

—  Du  thallium  considéré  au  point  de  vue 

de  la  conductibilité  pour  l'électricité; 
Note  de  M.  L.  de  La  Rive 588 

—  Note  de    M.    Béguyer  de  Cliancourtois 

faisant  suite  à  son  Mémoire  du  17  avril 
1860,  sur  la  vis  tellurique  :  considéra- 
tions relatives  au  thallium 47g 

Thérapeutique.  —  Sur  l'extrait  de  campc- 
che  comme  désinfectant  des  plaies  gan- 
greneuses; Lettre  de  M.  Desmartis 58 


(  I» 

Pages. 

Du  permanganate  de  potasse  comme  dé- 
sinfectant ;  Note  de  M.  Demarquay 85a 

Du  copahu  et  du  styrax  comme  spécifi- 
ques du  croup  et  de  la  diphthérite  ; 
Notes  de  M.  Trideau,  écrit  à  tort  Tri- 
dan ^63  et    485 

Poudre  d'écaillés  d'huître  employée  pour 
hâter  la  cicatrisation  des  plaies;  Note 
de  M.  Gauguin 271 

Emploi  de  l'acide  arsénieux  dans  le  trai- 
tement des  congestions  qui  accompa- 
gnent les  affections  nerveuses  ;  Mémoire 
de  M.  Cahen 583 

Nouveaux  faits  concernant  l'utilité  des 
bains  d'oxygène  dans  la  gangrène  sénile; 
Note  de  M.  Laugier 101 1 

Remarques  de  M.  Demarquay  à  l'occa- 
sion de  cette  communication 1 100 

Pièces  destinées  à  constater  les  heureux 
effets  obtenus  dans  diverses  affections 
intestinales  d'un  remède  proposé  par 
M.  Durner l83 


9^) 


Pages. 

—  Action    thérapeutique    des   alcoolatures 

d'arnica  et  de  douce-amère  ;   Note  d9 

M.  Baudelocque 1 1 80 

—  Lettre  de  MM.  Escallicr  et  Franceschini 

concernant  un  remède  qu'ils  désignent 

sous  le  nom  d'huile  des  Alpes 8o5 

Toluène.  —  Action  de  la  potasse  alcoolique 
sur  le  toluène  bichloré  et  sur  le  toluène 
trichloré  ;  Notes  de  M.  Naquet.     129  et    482 

—  Sur  les  corps  isomères  :  chlorobenzol  et 

toluène  bichloré  ;  Note  de  M.  Cahours.    703 

—  Remarques  de  M.  Naquet  à  l'occasion  de 

la  Note  de  M.  Cahours 796 

Torsion  des  tiges  élastiques.  —  Voir  l'article 

Élasticité. 
Toxicologie.  —  Constatation  du  cuivre  dans 
des  huîtres  draguées  sur  un  banc  voisin 
d'une  mine  de  ce  métal  et  devenu  cause 
d'empoisonnement  ;  Note  de  M.  Cuzent.  402 
Trimétalaniles.  —  Recherches  sur  ces  com- 
posés ;  par  M.  H.  Scliiff 1095 


u 


Ulmiques  (Matières).  —  Sur  les  matières  or- 
ganiques sulfurées  qui  se  forment  dans 
les  fumiers  ;  Mémoire  de  M.  P.  Thenard.    832 

—  Action  du  soufre  sur  quelques  substances 

organiques  ;  Note  de  M.  Brion 876 


Remarques  de  M.  Bâtard  sur  l'époque  à 
laquelle  remonte  la  connaissance  des 
résultats  consignés  dans  cette  Note 877 

Sur  quelques  matières  ulmiques  dérivées 
de  l'acétone  ;  Note  de  M.  Hardy 874 


Vapeurs.  —  Recherches  sur  les  densités  des 
vapeurs  à  des  températures  élevées;  Note 
de  MM.  H.  Sainte-Claire  Dei'ille  et 
Troost 891 

—  Recherches  sur  les  densités  des  vapeurs 

anomales  ;  Note  de  M.  Cahours 900 

—  Sur  la  diffusion  des  vapeurs  comme  moyen 

de  distinguer  entre  les  densités  de  va- 
peurs apparentes  et  les  densités  de  va- 
peurs réelles  ;  Note  de  MM.  Wanklyn  et 
Robinson 547 

—  Note  sur  les  densités  de  vapeur  de  cer- 

tains corps;  par  les  mêmes 1237 

—  Remarques  de  M.  H.  Sainte-Claire  Dc- 

ville  à  l'occasion  de  cette  Note 123g 

—  Sur  la  condensation  des  vapeurs  pendant 

la  détente  ou  la  compression  ;  Note  de 

M.  Dupré gGo 

—  Sur  la  condensation  des  vapeurs  pendant 

la  détente  ou  la  compression  ;  Note  de 

M.  Clausius 1 1 1 5 

C.  R.,  186;!,  \"  Semestre.  (T.  LVI.) 


—  Sur  les  propriétés  calorifiques  et  expan- 

sées des  fluides  électriques  ;  Note  adres- 
sée par  M.  Reech  a  l'occasion  des  deux 

précédentes  communications 1240 

Végétales  (Fibres).  —  Sur  une  coloration 
rose  développée  dans  les  fibres  végé- 
tales, particulièrement  dans  celles  de 
l'écorce,  par  l'action  ménagée  des  acides; 
Note  de  M.  Fan  Ticghcm gG3 

—  Remarques  de  M.  Pasteur  sur  ces  expé- 

riences et  sur  des  expériences  analogues 
faites  antérieurement  par  M.  Payen. . .     991 

—  Sur  la  coloration  que  les  acides  peuvent 

communiquer  aux  organes  végétaux  dans 
certaines  familles;  Note  de  M.  Gaillard.  112G 
Végétation.  —  Lettre  de  M.  L<mib<>tte  con- 
cernant une  précédente  communication 
intitulée  :  «  Action  du  manganèse  sur 

la  végétation  » "38 

Voir  aussi  l'article  Physiologie  végé- 
tale. 

169 


(  I294  ) 


Pages. 
Ventilation.  —  Expériences  sur  les  effets 
île  ventilation  produits  par  les  chemi- 
nées d'appartements;   Mémoire   de  M. 
Morin iC 

—  Note  sur  la  ventilation  des  amphithéâ- 

tres ;  par  le  même 201 

—  Note  sur  la  ventilation  des  nouveaux  théâ- 

tres de  Paris  ;  par  le  même 365 

Vers  a  soie.  —  Notes  de  M.  Guérin-Méne- 
ville  accompagnant  l'envoi  d'écheveaux 
de  soie  grége  du  ver  à  soie  de  l'ailante 
filée  par  des  moyens  industriels.    266  et    364 

—  Madame  de  CorneiUan  adresse,  à  cette  oc- 

casion, un  écheveau  de  soie  grége  pro- 
venant du  dévidage  simultané  de  huit 
cocons 3i4 

—  Madame  de  CorneiUan  annonce  être  par- 

venue à  dévider  les  cocons  de  vers  à  soie 
percés  par  l'éclosion  du  papillon 878 

—  Note  de  M.   Guérin-Ménevillc  accompa- 

gnant la  présentation  des  premiers  co- 
cons du  ver  à  soie  du  chêne io83 

—  Lettre  sur  les  résultats  d'une  mission  ré- 

cente dans  le  midi  de  la  France,  con- 
cernant la  sériciculture;  par  le  même..    1263 

—  Sur  le  ver  à  soie  de  l'ambrevate,  espèce 

propre  à  l'île  de  Madagascar  ;  Note  de 

M.  J'inson 534 

—  Rapport  sur  ce   Mémoire  ;    Rapporteur 

M.  Blanchard 620 

—  Nouvelles    études    séricicoles    faites   en 

Orient  pendant  les  années  1860-1862; 
Note  de  M.  Dufour 68S 

—  Remarques  de  M.  de  Qaatrefages  accom- 

pagnant la  présentation  de  cette  Note  .     6g  1 
Vis  tellurique.  —  Application  de  la  vis  tel- 


atfes. 
253 


lurique  dans  la  théorie  de  l'acier  ;  Mé- 
moire de  M.  Béguyér  de  Chancourtois . 

—  Suite  du  Mémoire  sur  la  vis  tellurique 

(7  avril  1860)  :  application  au  thallium; 
additions  et  corrections  aux  précédentes 
communications;  par  le  même.     479  et  ,al? 

Vitrifiables  (Couleurs).  —  M.  Bœsc/i 
envoie  des  substances  colorantes  propres 
à  l'impression  sur  verre,  et  qui  font 
corps  avec  lui  en  se  fondant  au  feu 439 

Volcans*  —  Analyse  (l'une  eau  acide  du 
volcan  de  Popocatepetl  au  Mexique; 
Note  de  M.  Lefort 9°9 

—  Remarques  de  M.  Cli.  Suinte-Claire  De- 

ville  à  l'occasion  de  cette  communica- 
tion   •     912 

—  Sur  les  émanations  à  gaz  combustibles  qui 

se  sont  échappées,  à  Torre  del  Greco, 
de  la  lave  de  1794  lors  de  la  dernière 
éruption  du  Vésuve;  Note  de  MM.  Ch. 
Sainte-Claire    Deville ,    Le    Blanc     et 

Fouqué "  °  J 

Voyages  scientifiques.  —  M.  Milite 
Edwards  entretient  l'Académie  des  ré- 
sultats scientifiques  d'un  voyage  de 
M.  Bocourt  à  Siam,  et  présente  des  des- 
sins et  des  photographies  rapportés  par 
ce  voyageur 

—  M.  Dutaillis,  près  de  retourner  au  Séné- 

gal, d'où  il  avait  précédemment  adressé 
à  l'Académie  une  observation  de  1  é- 
clipse  solaire  du  3i  décembre  1862,  se 
met  à  sa  disposition  pour  les  observa- 
tions qu'elle  jugerait  convenable  de  lui 
demander I2I9 


349 


z 


845 


Zinc.  —  Action  de  l'hydrogène  développé 
par  l'ammoniaque  et  le  zinc  pour  la 
transformation  de  l'aldéhyde  et  de  l'a- 
cétone en  alcool  correspondant;  Note 
de  M.  Lorin 

Zoologie.  —  M.  Mûrie  Edwards  annonce 
l'arrivée  au  Jardin  des  Plantes  d'un  Au- 
rochs vivant,  le  premier  qui  ait  été  vu 
en  France 497 

—  Observations  sur  les habitudesd'une  poule 

d'eau  apprivoisée;  Note  de  M.  Belamy. 

—  Parasitisme  de  la  chique  sur  l'homme  et 

sur  les  animaux  ;  Mémoire  de  M.  Gin  on  : 
1"  partie 

—  Sur  les  Trichines,  leurs  transformations  et 


1104 


288 


leur  passage  des  intestins  dans  les  mus- 
cles locomoteurs;  Mémoire  de  M.  Zen- 
Aer >  • 

Nouveau  cas  de  perforation  du  plomb  par 
des  insectes;  Lettre  de  M.  l'abbé  Boit- 
fier 219 

Sur  l'habitude  qu'ont  certains  oiseaux 
insectivores  de  rechercher  particulière- 
ment et  presque  exclusivement  pour 
leur  nourriture  une  espèce  déterminée 
d'insectes  ;  Note  de  M.  Coinde 878 

Note  sur  quelques  coléoptères  communs  à 
la  faune  du  Kef  et  à  celle  des  environs 
de  Bone  ;  par  le  même 919 


(  ,29' 


'ABiLE  DES  AiïTEUUS. 


MM.  Payes. 

ACADÉMIE  IMPÉRIALE  DES  SCIENCES  DE 
VIENNE  (l')  envoie  la  seconde  livraison 
de  ses  Comptes  rendus  et  remercie  l'Aca- 
démie pour  un  envoi  semblable.     iS3  et  H37 

ACADÉMIE  ROYALE  DE  MÉDECINE  ET  DE 
CHIRURGIE  DE  LONDRES  (  l'  )  remer- 
cie l'Académie  pour  l'envoi  de  plusieurs 
volumes  de  ses  Mémoires,  du  Recueil  des 
Savants  étrangers  et  des  Comptes  ren- 
dus hebdomadaires iS3 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  DE 
LISBONNE  (l')  adresse  des  remerci- 
mentspour  l'envoi  de  plusieurs  volumes 
des  Recueils  que  publie  l'Académie. . . . 
42,  184,  537,  585,  83g  et  1001 

ACADÉMIE  DES  SCIENCES  DE  MUNICH  (  l'  ) 
remercie  l'Académie  pour  l'envoi  d'une 
nouvelle  série  des  Comptes  rendus  heb- 
domadaires       804 

ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES  D'AM- 
STERDAM (l")  adresse  plusieurs  vo- 
lumes qu'elle  a  récemment  publiés....     i83 


MM.  Pages. 

ALCIATOR.  —  Note  sur  trois  inventions 
concernant  les  chemins  de  fer  et  la  na- 
vigation       8o5 

ANDRAL  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.    6-^3 

ANONYMES.  —  Voir  à  la  Table  des  ma- 
tières l'article  Anonymes  [Communica- 
tions] . 

AOUST  (l'abbé).  — Des  transformations  dou- 
bles des  figures.  Transformation  des  figu- 
res par  normales  à  la  sphère  réciproques.     906 

ARGENT!.  —  Lettre  concernant  des  recher- 
ches de  géométrie  dont  il  indique  le 
sujet 5g 

ARNAUD.  —  Une  pile  de  son  invention  des- 
tinée principalement  aux  usages  médi- 
caux est  mise  sous  les  yeux  de  l'Acadé- 
mie par  M.  Becquerel 1022 

ARTUR  rappelle,  à  l'occasion  d'une  commu- 
nication récente  de  M.  Lamé,  ses  tra- 
vaux sur  quelques  parties  delà  physique.  no5 


B 


BABINET.  —  Appareil  pour  la  mesure  sta- 
tique de  la  pesanteur 244 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  propagation  de 

la  lumière 4 1 l 

—  Réponse  à  une  remarque  faite  à  l'occasion 

de  cette  communication,  par  M.  Moria..     41 5 

—  M.  Babinet  fait  hommage  à  l'Académie  du 

septième  volume  de  ses  «  Études  et  lec- 
tures sur  les  sciences  d'observation  >• . .     55y 

—  M.  Babinet  donne  un  extrait  de  plusieurs 

Notes  écrites  en  anglais  par  M.  ffittich, 
Notes  relatives  à  diverses  approximations 
numériques  et  à  diverses  sections  des 

solides  dérivés  du  cube 100  et    664 

BALARD.  —  Remarques   à  l'occasion  d'une 
communication  de  M.  Brion  intitulée  : 


«  Action  du  soufre  sur  un  certain  nom- 
bre de  substances  organiques  » 877 

BALBIANI  adresse  ses  remerciments  à  l'Aca- 
démie, qui  lui  a  décerné  un  des  prix  de 
Physiologie  expérimentale  pour  son  Mé- 
moire sur  les  phénomènes  sexuels  des 
infusoires 4  ' 

BALLEY.  —  Note  sur  les  inconvénients  des 

mariages  consanguins i35 

BAQUET.  —  Sur  le  meilleur  mode  de  trai- 
tement à  appliquer  au  choléra 629 

BARALLIER  remercie  l'Académie,  qui  lui  a 
décerné  une  récompense  pour  ses  recher- 
ches sur  le  typhus  épidémique 107 

BARDIN.  —  Plans-reliefs  topographiques  des 

montagnes  françaises 5^5 

1G9.. 


(  " 

MM.  Pages. 

BARIÏ   MITCHELL.  —  Nouveau  traitement 

des  fièvres  continues,  du  choléra,  etc..     584 

BARKAL  adresse  plusieurs  ouvrages  d'éco- 
nomie rurale  destinés  au  concours  pour 
le  prix  Morogues 629 

—  Note  sur  la  statique  chimique  des  êtres 

organisés 7^5 

—  Étude  analytique  sur  le  blé,  la  farine  et 

le  pain 834 

—  Note  sur  la  croûte  de  pain  et  le  gluten,  n  18 
BAR  Y  (de)  adresse  ses  remerciments  à  l'A- 
cadémie qui  lui  a  accordé  une  mention 
très-honorable  au  concours  pour  le  prix 
Alhumbert  (  question  des  générations 
spontanées  ) 4'2 

BATA1LI1É.  —  Lecture  de  deux  Notes  sur 
l'infection  purulente,  déposées  par  lui 
le  1 3  et  le  22  mars  i863 628 

BAUDELOCQUE.  —  Actions  thérapeutiques 
des  alcoolatures  d'arnica  et  de  douce- 
amère 1 1 80 

BAUDIN.  —  Note  sur  l'échelle  densimétrique 

accolée  à  l'aréomètre  de  Baume 1 36 

BAUDRIMONT.  —  Nouvelle  formule  de  la 
troisième  partie  de  la  loi  de  la  réfrac- 
tion de  la  lumière 697 

BAUDRY.  —  Sur  la  télégraphie  électrique. .     264 

BAULARD.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Sur  la 
dualité  élémentaire,  cosmique,  dynami- 
que, etc.,  d'après  les  observations  astro- 
nomiques et  les  principes  de  la  physique 
expérimentale  » 1120  et  1217 

BAUSSET-ROQUEFORT  (de)  annonce  l'en- 
voi de  deux  exemplaires  d'un  opuscule 
intitulé  :  «  Étude  sur  le  mouvement  de 
la  population  en  France  depuis  le  com- 
mencement du  xixe  siècle  » 5g 

BEAUDOUIN.  —  Études  physiologiques  et 
économiques  sur  la  toison  du  mouton. 
(Rapport  sur  ce  Mémoire;  Rapporteur 
M.  Passy.  ) 617 

BÉCHAMP.  —  Nouvelle  analyse  chimique  de 

l'eau  du  Boulou 5g5 

—  Sur  l'acide  acétique  et  les  acides   gras 

volatils  de  la  fermentation  alcoolique.. 
969,  1086  et  i23i 

—  De  l'action  de  la  chaleur  sur  l'arséniate 

d'aniline,  et  de  la  formation  d'un  anilide 

de  l'acide  arsénique 1172 

BECQUEREL.  —  Mémoire  sur  la  décomposi- 
tion électrochimique  des  substances  in- 
solubles       237 

—  Nouvelles  recherches  sur  la  température 

de  l'air,  les  maxima  et  les  minima....     453 

—  De  la  détermination  des  températures  à 

de  grandes  profondeurs  dans  la   terre 
avec  le  thermomètre  électrique 1057 


9*  ) 

MM.  Pages. 

—  M.  Becquerel  fait  connaître  une  pile  gal- 

vanique employée  par  M.  Arnaud  pour 
certaines  applications  médicales  de  l'é- 
lectricité     1022 

BECQUEREL  (Edm.)  est  présenté  par  la  Sec- 
tion de  Physique  comme  l'un  des  can- 
didats pour  la  place  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Despretz 919 

—  M.  Ed.  Becquerel  est  élu  Membre  de  la 

Section  de  Physique  en  remplacement 

de  feu  M.  Despretz 945 

—  Décret  impérial  confirmant  cette  nomina- 

tion      977 

BÉGUIN.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  pro- 
duction d'électricité  dynamique 665 

BEILSTE1N  et  Ciiristofle.  —  Sur  la  colora- 
tion de  la  flamme  de  l'hydrogène  par  le 
phosphore  et  ses  composés.  —  Spectre 
du  phosphore 399 

BELAMY.  —  Observations  sur  les  habitudes 

d'une  poule  d'eau  apprivoisée 1 104 

BELTZ.  —  Des  causes  de  la  mortalité  des 
tailleurs  de  pierre  et  des  moyens  de  la 
diminuer 272 

BERNARD  (Claude)  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie 623 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale 824 

BERTHAULT.  —  Sur  la  construction  écono- 
mique de  récipients  propres  à  contenir 
l'air  comprimé  à  une  haute  pression,  ou 

à  conserver  le  vide 263 

BERTHELOT.  —  Recherches  sur  les  affinités. 
Sur  la  limite  de  combinaison  entre  les 
acides  et  les  alcools.— Sur  l'équilibre  dans 
divers  systèmes  formés  d'acides,  d'alcool 
et  d'eau.  (En  commun  avec  M.  Péande 
Saint-Gilles.) 3g3  et    64 8 

—  Recherches  sur  les  alcools   amyliques. 

Action  de  la  chaleur  sur  l'aldéhyde.. . .     700 

—  Sur  quelques  caractères  des  alcools....     841 

—  Remarques    concernant    une    Note    de 

M.  tf'urtz  sur  l'hydrate  d'amylène 844 

—  Sur  la  diagnose  des  alcools 870 

—  Méthodes  nouvelles  pour  apprécier  la  pu- 

reté des  alcools  et  des  éthers 871 

—  Recherches  sur  les  affinités.  Action  des 

acides  sur  l'alcool  étendu  d'eau.— Réac- 
tions simultanées  de  plusieurs  acides  et 
de  plusieurs  alcools n3iet  1168 

—  Faits  pour  servir  à  l'histoire  des  corps 

polymères 1242 

—  Action  de  l'ammoniaque  sur  le  cuivre  en 

présence  de  l'air;  action  du  cyanogène 
sur  l'aldéhyde. (En  commun  avec  M.  Péart 
de  Saint-Gilles.) 1 1 70 


(     !297    ) 

Pages 


66  : 


-65 


126 


099 


683 


MM. 

BERTRAND  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  grand  prix  de  Mathématiques 
pour  i863  (question  concernant  la 
théorie  de  la  chaleur) 6^3 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 

de  Mathématiques  (  question  concernant 
la  théorie  des  polyèdres) 

—  Et  de  la  Commission  du  grand  prix  de 

Mathématiques  (question  concernant 
la  théorie  des  phénomènes  capillaires). 

BIENAYMÉ  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  de  Statistique  pour  1 863. 

BILLET.  —  Mémoire  sur  les  dix-sept  pre- 
miers arcs-en-ciel  de  l'eau 

BILLOD.  —  Affection  comateuse  due  à  une 
méningite  suraiguë;  formation  rapide 
d'une  collection  purulente  considérable.     853 

BLANCHARD.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
M.  Vinson  relatif  à  un  ver  à  soie  propre 
à  Madagascar 620 

—  M.  Blanchard  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  grand  prix  des  Sciences 
physiques  (production  des  animaux  hy- 
brides au  moyen  de  la  fécondation  arti- 
ficielle)   

BLONDEAU.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Du 
mode  de  constitution  du  pyroxyle  ou 
coton-poudre  » 

—  Action  de  l'iode  et  du  brome  sur  l'amidon. 

Étude  de  la  matière  colorante  des  végé- 
taux   .- 

BOBIERRE.  —  Note  sur  l'extraction  et  le 
dosage  du  gaz  dissous  dans  l'eau 

BQERSCH ,  écrit ,  par  suite  d'une  signature 
peu  lisible ,  pour 

BQESCH.— Substances  colorantes  vitrifiables, 
pour  l'impression  sur  verre,  d'images 
qui  seront  amenées,  par  l'action  du  feu, 
à  faire  corps  avec  lui 

—  Note  concernant  divers  procédés  chimi- 

ques pour  la  gravure  et  ciselure  sur  mé- 
tal et  sur  verre g54 

BONACORSI.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi 
de  deux  opuscules,  l'un  sur  la  couenne 
du  sang ,  l'autre  sur  une  variété  étiolo- 
gique  de  l'érysipèle 272 

BONNAFONT.  —  Sur  la  question  des  allian- 
ces consanguines 485 

BONNET  (Ossian)  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  du  grand  prix  de  Mathéma- 
tiques (question  concernant  la  théorie 
des  polyèdres) 683 

BORTIER.  —  Production  de  nitrates;  leur 

application  en  agriculture 1022 

BOUCHARD.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi 
de  son  «  Traité  des  constructions  ru- 
rales » 583 


697 


3i3 


439 


MM.  Pases- 

BOUCHER  DE  PERTHES.  —  Sur  une  mâ- 
choire humaine  découverte  à  Abbeville 
dans  un  terrain  non  remanié 779 

BOUDIN.  —  De  l'influence  de  l'âge  relatif 

des  parents  sur  le  sexe  des  enfants. . . .     353 

BOUIS.  —  Sur  une  pluie  de  terre  tombée 

dans  le  midi  de  la  France  et  en  Espagne.    972 

BOLTSSON  est  présenté  par  la  Section  do 
Médecine  et  de  Chirurgie  au  nombre  des 
candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant 49^ 

—  M.  Bouisson  est  nommé  Correspondant 

de  l'Académie  (Section  de  Médecine  et 
de  Chirurgie)  en  remplacement  de  feu 
M.  Maunoir 523 

—  M.  Bouisson  adresse  ses  remerciments  à 

l'Académie 58i 

BOULARD,  écrit,   par  suite  d'une  signature 

peu  lisible,  pour  Baulard.  Voir  à  ce  nom. 
BOURDON.  —  Analyse  de  deux  opuscules 

sur  l'ataxie  locomotive  progressive 583 

BOURGEOIS.  —  Sur  les  résultats  attribués 

aux  mariages  consanguins 177 

BOURGET  et  Buroin.  —  Machine  à  air  chaud 

d'un  nouveau  système 611 

BOUSSINGAULT.  —  Remarque,  à  l'occasion 

d'une  communication  de  M.  Faye,  sur 

les  instruments  géodésiques  et  sur  la 

densité  moyenne  de  la  terre 566 

—  M.  Boussingault  est  nommé  Membre  de 

la  Commission  du  prix  de  Statistique 
pour  1 863 1 26 

—  Membre  de   la  Commission  du   prix  dit 

des  Arts  insalubres 868 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Morogues. .     868 
BOUVIER  (  l'abbé  )  fait  connaître  un  nouveau 

cas  de  perforation  du  plomb  par  des 
insectes 219 

BOYS  DE  LOURY  demande  et  obtient  l'au- 
torisation de  reprendre  les  planches 
jointes  à  un  Mémoire  présenté  au  con- 
cours pour  le  prix  Montyon 1 106 

BRAVAIS  (A.).  —  Sa  mort,  arrivée  le  3o  mars 
i863,  est  annoncée  à  l'Académie  dans 
la  séance  du  6  avril 6o5 

BREVVSTER  fait  hommage  à  l'Académie  de 
cinq  Mémoires  qu'il  a  publiés  dans  les 
tomes  XXII  et  XXIII  de  la  Société 
philosophique  d'Edimbourg 729 

BRION.  —  Action  du  soufre  sur  un  certain 

nombre  de  substances  organiques 876 

BRIOSCHI.  —  Sur  la  théorie  des  formes  cu- 
biques à  trois  indéterminées.  —  Appli- 
cation de  la  théorie  des  covariants  au 
calcul  intégral  (Lettres  à  M.  Hermite). . . 
3o4  et    65g 

BRONGNTART.  —  Rapport  sur  un  Mémoire 


(  l* 

MM.  Pages. 

de  M.  Duval-Joufe,  intitulé  :  «  Histoire 
naturelle  des  Equisetum  de  France»...     5i8 

—  M.  Brongniurt  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du   prix  Bordin  (  question 

des  vaisseaux  du  latex  ) 7OJ 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 

des  Sciences  physiques  (  changements 
opérés  pendant  la  germination  dans  les 
tissus  de  l'embryon  et  du  périsperme).     824 

—  De  la  Commission  du  prix  Bordin  (  struc- 

ture des  tiges  des  végétaux  considérée 

par  rapport  aux  familles  naturelles)  . . .     868 

—  Et  de   la  Commission   du   prix   Barbier 

(découvertes  intéressant  l'art  de  guérir).     946 
BROUN.  —  Sur  la  connexion  entre  les  bour- 
rasques et  les  variations  magnétiques..     54o 


iS 


MM.  Pagei 

—  Sur  un  appareil  de  son  invention  pour  la 

mesure  statique  de  la  pesanteur 1 1 35 

BHUC1I  adresse  un  résumé  de  ses  recherches 
d'ostéogénie,  et  plusieurs  ouvrages  et 
opuscules  imprimés  dans  lesquels  il  a 
abordé  le  même  sujet -j  19 

BK.UHNS.  —  Extrait  d'une  Lettre  adressée 
à  M.  Le  Verrier,  et  relative  à  une  nou- 
velle détermination  des  longitudes  de 
l'iiris  et  de  Leipsick 184 

BUNSEN.  —  Note  sur  la  préparation  et  sur 

les  propriétés  du  rubidium 188 

BUBDIN  et  Bourget.  —  Machine  à  air  chaud 

d'un  nouveau  système 011 


c 


CAHEN.  —  Emploi  de  l'acide  arsénieux  dans 

le  traitement  de  certaines congestioris..     583 
CAHOUBS.  —  Note  sur  le  chlorobenzol. . . .     222 

—  Recherches  sur  les  pétroles  d'Amérique. 

(En  commun  avec  M.  Pelouze.) 5o5 

—  Note  sur  les  corps  isomères   :  chloro- 

benzol  et  toluène  bichloré 703 

—  Recherches  sur   la  densité  des  vapeurs 

anomales 900 

CAILLAUX  et  Giullet.  —   Sur  l'éclipsé  de 

lune  du  Ier  juin 1084 

CALIGNY  (de).  —  Expériences  en  grand  sur 
un  nouveau  système  d'écluses  de  navi- 
gation :  principes  de  manœuvres  nou- 
velles       433 

—  Expériences  en  grand   sur   un   nouveau 

phénomène  de  succion  des   veines  li- 
quides. Objections  résolues  par  des  faits.    655 

CALVERT  et  Johnson.  —  Action  de  l'acide 

sulfurique  sur  le  plomb i4° 

CAP  remercie  l'Académie,  qui  lui  a  décerné 

le  prix  Barbier  pour  1862 87 

CARIUS.  —  Remarques  à  l'occasion  d'un  Mé- 
moire de  M.  Nici/ès  sur  certains  sels 
quadruples 5g5 

CARMIEN.  —  Un  compas  à  ellipse  de  son 
invention  est  mis  sous  les  yeux  de  l'A- 
cadémie pat  M.  Ségttièr 439 

CARON  (A.).  —  Sur  l'affection  scrofuleuse, 

ses-  causes  et  sa  prophylaxie 828 

CARON  (H.).  —  Etudes  sur  l'acier 

43,  îii,  828  et  1017 

1ARUS.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  du 
premier  numéro  «l'une  nouvelle  série 
ilrs  nmitnuniralions  officielles  de  l'Aca- 
démie LéupolJo-Caroline 47° 

ASTIGLIOM  annonce  l'envoi  d'un  Mémoire 


imprimé  sur  la  scrofule,  et  témoigne  le 
désir  que  l'Académie  veuille  bien,  quand 
elle  s'occupera  de  pourvoira  une  vacance 
parmi  les  Correspondants  de  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  le  com- 
prendre dans  le  nombre  des  candidats.  18g 
CAVA1LLÈ-COLL.  —  Lettre  concernant,  un 
uppareil  pouvant  servir  de  régularisa- 
teur  pour  le  gaz  de  l'éclairage 3 1  i 

—  Sur  une    soufflerie  de   précision   munie 

d'un  nouveau  système  de  régulateurs  : 
applications  de  l'appareil  à  des  expé- 
riences d'acoustique  et  à  la  régularisa- 
tion de  l'émission  du  gaz  d'éclairage...     33g 

CAVALLI  D'OLIYOLA  transmet  un  pro- 
gramme relatif  à  un  monument  qui  doit 
être  élevé  par  souscription  à  Casai  de 
Montferrat,  en  l'honneur  de  L.  Cartina.  1106 

CAVENTOU.  —  Sur  un  isomère  du  bromure 
de  butylène  bibromé,  et  sur  les  dérivés 
bromes  du  bromure  de  butylène O.jO 

—  Sur  un  nouvel  hydrogène  carboné  de  la 

série  G"  H2"-2,  et  sur  ses  combinaisons 

avec  le  brome 712 

CAYLEY.  —  Remarques  relatives  au  Mémoire 
de  Jacobi  «  sur  l'élimination  des  nœuds 
dans  le  problème  des  trois  corps  »  ;  Lettre 
à  M .  Bertrand 43 

—  M.   Cfiylcr  est  présenté  par  la  Section 

d'Astronomie  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  de  Correspon- 
dant      666 

—  M  <  Vn  fej  est  élu  Correspondant  de  la  Sec- 

tion d'Astronomie  en  remplacement  de 

feu  M.  le  général  Brishane 683 

—  M.  Ctn/r\   adresse  ses  remerchnenta  à 

l'Académie 764 


MM. 

CAZIN'.  —  Sur  une  manière  de  faire  varier  la 
tension  de  la  décharge  d'une  batterie  élec- 
trique et  d'une  machine  de  Ruhmkorff.     307 

—  Sur  l'évaluation  des  actions  électrodyna- 

miques en  unités  de  poids 949 

CHACORNAC.  —  Sur  une  nébuleuse  variable 

de  'ç  Taureau 637 

CHALLIS  est  présenté  par  la  Section  d'Astro- 
nomie au  nombre  des  candidats  pour 
deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes G6G  et    j-j.5 

CI1AMRRELENT  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  le  comprendre  au  nombre  des  can- 
didats pour  une  place  vacante  dans  la 
Section  d'Économie  rurale 635 

—  Mémoire  sur  les  travaux  de  dessèche- 

ment, d'irrigation  et  de  mise  en  culture 
des  marais  du  littoral  de  l'Océan  situés 
entre  l'embouchure  de  la  Gironde  et  le 
bassin  d'Arcac.hon 684 

CHANCEL.  —  Sur  la  réaction  et  la  généra- 
tion des  acides  de  la  série  thionique. 
(En  commun  avec  M.  Diacon.) 710 

CHANCOURTOIS  (de).  -  Suite  d'un  Mémoire 
présenté  le  7  avril  sur  la  vis  tellurique  : 
application  à  la  théorie  de  l'acier.  ;  appli- 
cation au  thallium 253  et     479 

CHARVIN —  Lettre  concernant  son  système 

de  freins  pour  les  chemins  de  fer 102 

CHASLES.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 

communication  de  M.  Babinet 4i5 

—  M.  Chastes  présente  un  ouvrage  de  M.  Crc- 

nio/m  sur  la  théorie  géométrique  des 
courbes  planes 487 

—  M.   Chastes  est  nommé   Membre   de   la 

Commission  centrale  administrative  en 
remplacement  de  M.  Pomclet,  démis- 
sionnaire      126 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 

de  Mathématiques  pour  i863  (question 
concernant  la  théorie  de  la  chaleur). . .     623 

—  Et  de  la  Commission  du  grand  prix  de 

Mathématiques  de  i8G3  (question  con- 
cernant la  théorie  des  polyèdres) G83 

CHATIN.  —  Recherches  sur  les  caractères  et 

les  affinités  anatomiques  des  Cytinées. .   1204 

CHAUTARD.    —   Note  relative  aux   acides 

camphoriques  inactifs Gg8 

CHEVALIER  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 
démie deux  modèles  de  microscopes  des- 
tinés principalement  aux  étudiants  qui 
s'occupent  de  recherches  histologiques.     838 

—  Note  accompagnant  la   présentation   de 

divers  instruments  relatifs  à  l'applica- 
tion des  besicles 10.17 

CHEVALLIER. —  Procédés  pour  rendre  inin- 
flammables les  étoffes  employées  aux 
vêtements  des  femmes 182 


(    I299  ) 
Pages 


MM.  .  Pages. 

CHEVREUL  présente,  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Reiset ,  des  «  Recherches  pratiques 
et  expérimentales  sur  l'agronomie  » 824 

—  M.  Chevreul  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  centrale  administrative  pour 
l'année  i863 rG 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  dit  des  Arts 

insalubres 868 

CHIPAULT.  —  Faits  relatifs  à  la  question 

des  mariages  consanguins 1000 

CIIOPARD  et  Pidancet.  —  Description  et 
ligure  des  restes  d'un  reptile  dinosaurien 
découvert  à  Poligny  (Jura).  (Rapport 
sur  cette  communication  ;  Rapporteur 
M.  J alenric/ines.) 290 

CHRISTOFLE  et  Rkilstein.  —  Sur  la  colora- 
tion de  la  flamme  de  l'hydrogène  par  le 
phosphore  et  ses  composés  :  spectre  du 
phosphore 399 

CHYLENSKI.  —  Lettre  concernant  des  expé- 
riences sur  la  pression  de  l'air  faites 
avec  des  appareils  de  son  invention.  . .     665 

CIVIALE.  —  Compte  rendu  du   traitement 

des  calculeux  pendant  l'année  1862 1 19 

CIVIALE  fils.  —  Note  accompagnant  la  pré- 
sentation d'une  nouvelle  série  d'images 
photographiques  :  l'Oberland  dn  Valais 
et  le  mont  Rose 523 

CLAPEYRON  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  de  Mécanique 946 

CLAUSIUS.  —  Sur  la  condensation  des  va- 
peurs pendant  la  détente  ou  la  compres- 
sion     1 1 1 5 

CLAYEUX.  —  Sur  les  principes  fondamen- 
taux de  la  géométrie  algébrique  à  coor- 
données quelconques 78R 

CLOQUET  (Jules)  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  exemplaire  de  son  Rapport  sur  les 
travaux  de  la  Société  impériale  d'Accli- 
matation (Exposition  internationale  de 
Londres  ) 329 

—  M.  Cloquât  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  mixte  chargée  de  décerner 

le  prix  de  la  fondation  L.  Fould 127 

—  Membre  de  la  Commission  des  prix  de 

Médecine  et  de  Chirurgie 623 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Rarbier.  . .     946 
COHN    remercie    l'Académie  qui ,   dans   la 

séance  annuelle  de  1862,  lui  a  décerné 
une  mention  honorable  pour  sa  «  Cli- 
nique des  affections  emboliques  »  et  lui 
annonce  une  continuation  de  ces  travaux 
concernant  les  rapports  de  l'embolie  avec 
certaines  diathèses  spécifiques  ,  comme 
la  pyémie ,  la  carcinose ,  la  tubercu- 
lose, etc 221 

COINDE.  —  Note  sur  les  pucerons  et  gallin- 

sectes  de  l'Alsérie iSû 


(   i3oo  ) 


MM.  Pages. 

COINDE.  —  Considération  sur  l'habitude 
qu'ont  certains  oiseaux  insectivores  de 
rechercher  particulièrement  une  espèce 
déterminée  d'insectes 878 

—  Note  sur  quelques  coléoptères  communs 

à  la  faune  du  Kef  et  à  celle  des  environs 

de  Bone 919 

COLNET-D'HUART.  -  Sur  la  détermination 
de  la  relation  qui  existe  entre  la  chaleur 
rayonnante,  la  chaleur  de  conductibilité 
et  la  chaleur  latente. . .     1000,  io85  et  1216 

COMBES  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  de  Mécanique 946 

COMMAILLE  et  Millon.  —  Recherches  sur 
l'action  réciproque  des  protosels  de  cui- 
vre et  des  sels  d'argent 309 

—  Note  sur  la  purification  du  cuivre 1249 

CONDY.  —  Sur  l'emploi  des  manganates  et 

permanganates  comme  désinfectants. . .     583 
COOPER  est  présenté  par  la  Section  d'Astro- 
nomie au  nombre  des  candidats  pour 
deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes 666  et    725 

CORNEILLAN  (Mme  de)  adresse  un  écheveau 
à  plusieurs  brins  de  la  soie  du  ver  de 
l'ailante,  obtenu  par  le  dévidage  simul- 
tané de  huit  cocons 3i4 

—  Mmp  de  CorneiUan  annonce  être  parvenue 

à  dévider  les  cocons  du  Bombyx  mori  per- 
cés et  ouverts  par  l'éclosion  du  papillon.    878 


MM.  Pages. 

CORNU.  —  Théorème  sur  la  relation  entre 
les  positions  des  plans  de  polarisation 
des  rayons  incident,  réfléchi  et  réfracté 
dans  les  milieux  isotropes 87 

COSTE  est  nommé  Membre  de  la  Commission 
du  grand  prix  des  Sciences  physiques 
(production  des  animaux  hybrides  au 
moyen  de  la  fécondation  artificielle ) . . .     683 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale 824 

COULVIER-GRAVIER.  -  Album  météoro- 
logique :  représentations  graphiques  du 
phénomène  des  étoiles  filantes  rappro- 
chées des  courbes  figurant  les  variations 

de  niveau  de  la  Seine 35a 

CRAFTS.  —  Sur  quelques  nouvelles  combi- 
naisons organiques  du  silicium,  et  sur  le 
poids  atomique  de  cet  élément.  (En 
commun  avec  M.  Friedel.  ) 5go 

—  Action  du  brome  et  de  l'acide  bromhy- 

drique  sur  l'acétate  d'éthyle 707 

CUZENT.— Empoisonnement  par  des  huîtres 
draguées  sur  un  banc  voisin  d'une  mine 
de  cuivre  ;  constatation  de  la  présence 

du  métal  dans  ces  mollusques 4°2 

CZEM1CHOWSKI.  —  Sur  le  miel  et  sur  les 
différences  qu'il  présente  selon  les  cli- 
mats, la  nature  du  sol  et  les  plantes 
croissant  dans  la  région  explorée  par 
les  abeilles n  56 


D 


D'ABBADIE.  —  Description  d'un  instrument 
pour  la  pratique  de  la  géodésie  expédi- 
tive 1 195 

—  M.  D ' Abbadic  fait  hommage  à  l'Académie 

desnos9et  10  de  ses  Cartes  de  l'Ethiopie.     764 

—  Dépôt  des  manuscrits  contenant  les  cal- 

culs exécutés  pour  la  géodésie  d'une 
portion  de  la  haute  Ethiopie 865 

—  U.D'Abbadic  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  exemplaire  du  Rapport  qu'il  a  fait 
à  la  Société  de  Géographie  sur  la  plan- 
chette photographique  de  M.  Auguste 
Chevallier 33o 

—  M.  TV  Abbadic  prie  l'Académie  de  vouloir 

bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des 
candidats  pour  une  place  vacante  dans 
la  Section  de  Géographie  et  Navigation.  1120 

—  M.  D' Abbadic  est  présenté  par  la  Section 

de  Géographie  et  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  vacante  par 

suite  du  décès  de  M.  Bravais 1 138 

DALEMAGNE.  —  Lettre  concernant  les  pro- 


cédés qu'il  emploie  pour  la  conservation 

des  monuments  et  des  sculptures nao 

DALIMIER.  —  Sur  la  présence  normale  de 

gaz  dans  les  vaisseaux  des  plantes 1097 

DAMOUR.  —  Notice  et  analyse  sur  le  jade 
vert.  Réunion  de  cette  matière  minérale 
à  la  famille  des  Wernerites 861 

DANIS.  —  Lettre  accompagnant  son  Mé- 
moire sur  la  dyssenterie  et  les  septicé- 
mies en  général 584 

D'ARCHIAC  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  décerner  le  prix 
Cuvier 38i 

DARESTE,  qui  a  partagé  avec  M.  Lcreboulet 
le  prix  Alhumbert  (modifications  déter- 
minées dans  l'embryon  d'un  vertébré  par 
l'action  des  agents  extérieurs),  adresse 
ses  remercîments  à  l'Académie 4' 

—  Note  sur  la  cause  des  déplacements  appa- 
rents de  l'allantoïde  dans  l'œuf  de  poule.      48 

DARONDEAU  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  Navigation  comme  l'un 


(  '3 

MM.  Pages. 

des  candidats  pour  la  place  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Bravais 1 138 

DAUBRÉE  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  décerner  le  prix 
Cuvier 38i 

DAX.  —  Observations  tendant  à  prouver  la 
coïncidence  constante  des  dérangements 
de  la  parole  avec  une  lésion  de  l'hémi- 
sphère gauche  du  cerveau 53G 

DEBOUT.  —  Analyse  de  trois  opuscules  sur 
des  anomalies  de  conformation  congé- 
nitales     583 

DECAJSNE  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Bordin  (question  des 
vaisseaux  du  latex  ) 765 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 

des  Sciences  physiques  (changements 
opérés  pendant  la  germination  dans  les 
tissus  de  l'embryon  et  du  périsperme).     824 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  Bordin 

(structure  des  tiges  des  végétaux  con- 
sidérée par  rapport  aux  familles  natu- 
relles)      868 

—  De  la  Commission  du  prix  Morogues....     868 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Barbier 946 

DEDIEU.  —  Note  sur  un  manomètre  à  sifflet 

de  son  invention 485 

DEHÉRAIN.  —  Sur  le  plâtrage  des  terres 

arables 965 

DELAUNAY.  —  Sur  la  géodésie  française,  et 

sur  le  rôle  qu'y  ont  joué  l'Académie  des 

Sciences  et  le  Bureau  des  Longitudes. .     149 

—  Note  accompagnant  la    présentation  de 

son  Mémoire  sur  l'équation  séculaire  de 
laLune 5,3 

—  Rapport  sur  la    machine  à  calculer  de 

M.   Wiberg 330 

—  M.  Dclaunay  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  d'Astronomie,  fon- 
dation Lalande 9^6 

DELESSE.  —  Lettre  à  M.  de  Quatrefages 
concernant  les  fossiles  trouvés  à  Mouiin- 
Quignon 8l6 

DE  LUYNES.  —  Nouvelles  observations  sur 

l'érythrite 8o3 

—  Note  sur  le  butylène n75 

DELVAUX.  —  Sur  le  rouge  d'aniline 445 

DEMAIN. -Sur  la  forme  globulaire  que  peu- 
vent prendre  certains  liquides  sur  leur 
propre  surface jI03 

DEMARQUAY.  -  Mémoire  sur  les  gaz  de 
l'hydropneumothorax  de  l'homme.  (En 
commun  avec  M.  Lcconte.  ) 225 

—  Du  permanganate  de  potasse  comme  dés- 

infectant des  plaies  et  ulcères 85a 

—  Sur  l'application  des  bains  d'oxygène  au 

traitement  de  la  gangrène  sénile 1100 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.  LVI.) 


OI     ) 

MM. 

DEROY.  —  Mémoire  destiné  au  concours 
pour  le  prix  du  legs  Bréant 

DESAINS  (Ed.)  est  présenté  par  la  Section 
de  Physique  comme  l'un  des  candidats 
pour  la  place  vacante  par  suite  du  décès 
(le  M.  Dcsprclz 

DESAINS  (P.)  est  présenté  par  la  Section  de 
Physique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Despretz 

DESBOIS.  —  Note  sur  un  système  de  loco- 
motion aérienne  de  son  invention 

DESCHAMPS.  —  Note  concernant  la  quan- 
tité d'air  nécessaire  à  la  respiration  du- 
rant le  sommeil 

DES  CLOIZEAUX.  -  Note  sur  les  formes 
cristallines  et  sur  les  propriétés  optiques 
biréfringentes  du  castor  et  du  pétalite. 

—  Sur  le  pseudodimorphisme  de  quelques 

composés  naturels  et  artificiels 

DESMARTIS.  —  Lettre  concernant  une  pré- 
cédente communication  sur  l'emploi  de 
l'extrait  de  campèche  comme  désinfec- 
tant des  plaies  gangreneuses 

DESNOYERS.  -  Note  sur  des  indices  ma- 
tériels de  la  coexistence  de  l'homme  avec 
XElephas  meridionatis  dans  un  terrain 
plus  ancien  que  les  terrains  de  transport 
des  vallées  de  la  Somme  et  de  la  Seine. 

—  Réponse  à  des  objections  faites  au  sujet 

de  stries  et  d'incisions  constatées  sur  des 
ossements  de  Mammifères  fossiles  des 
environs  de  Chartres 

DESPRETZ.  —  Sa  mort  arrivée  le  i5  mars 
est  annoncée  le  16  à  l'Académie 

DESSOYE. — Note  concernant  ses  méthodes 
de  calcul  et  les  principes  sur  lesquels 
il  appuie  ces  méthodes 

DIACON.  —  De  l'emploi  du  chalumeau  à 
chlorhydrogène  pour  l'étude  des  spec- 
tres  

—  Sur  les  réactions  et  la   génération   des 

acides  de  la  série  thionique.  (  En  com- 
mun avec  M.  Chancel.  ) 

DIETZENBACHER.  -  Note  sur  quelques 
propriétés  nouvelles  du  soufre 

DIRECTEUR  DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  IMPÉ- 
RL\LE  (M.  le)  annonce  que  MM.  les 
Membres  de  l'Académie  qui  voudraient 
visiter  les  Collections  de  M.  le  duc  de 
Luynes,  aujourd'hui  provisoirement  in- 
stallées au  département  des  médailles  et 
antiques,  y  seront  reçus  du  7  au  21  mars, 
le  mardi  et  le  vendredi,  sur  la  simple  pré- 
sentation de  leur  médaille 

DIRECTEUR  GÉNÉRAL  DES  DOUANES  ET 
DES  CONTRIBUTIONS  INDIRECTES 
(M.  le)  adresse,  pour  la  Bibliothèque 

170 


Pages. 

584 

9"9 
9'9 


1018 
58 

1073 

"99 

453 

496 

653 

710 
39 


44o 


(     I002 


UM. 

de  l'Institut ,  lo  Tableau  général  des 
mouvements  du  cabotage  en  18O1 

D'OEFELS.  —  Note  relative  à  l'incubation 
artificielle  des  poulets  et  à  des  moyens 
supposés  propres  à  conserver  les  œufs 
destinés  à  l'incubation . 

D'OLINCOURT.  —  Lettre  concernant  son  Mé- 
moire sur  un  nouveau  système  de  cul- 
ture qui  tendrait  à  préserver  le  pavs  du 
danger  des  inondations 

DORE.  —  Note  sur  la  nature  de  l'altération 
produite  dans  le  linge  par  les  sirops. . . 

DORXER.  —  Documents  concernant  les  ré- 
sultats obtenus  d'un  remède  qu'il  em- 
ploie dans  diverses  affections  intesti- 
nales       i83  et 

—  Envoi  de  ce  médicament  qui  consiste  en 

un  extrait  d'huile  de  genévrier.     220  et 

DOYEN  DE  LA  FACULTÉ  DE  MÉDECINE 
DE  MONTPELLIER  (M.  le)  demande, 
pour  la  bibliothèque  de  la  Faculté,  les 
volumes  qui  lui  manquent  des  Mémoires 
de  t 'Académie  et  du  Recueil  des  Savants 
étrangers 

DRU  demande  et  obtient  l'autorisation  de  re- 
prendre un  Mémoire  qu'il  avait  présenté 
l'an  dernier  sur  l'écoulement  de  l'eau 
dans  les  puits  artésiens 

DUBOIS.  —  Sur  la  moyenne  des  rayons  vec- 
teurs dans  l'ellipse  en  général  et  dans 
les  orbites  planétaires 

DUCHARTRE.  —  Expériences  sur  la  décolo- 
ration des  fleurs  du  Lilas  (Syringa  vul- 
garis  L.)  dans  la  culture  forcée 

—  M.  Duehartre  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  Bordin  (  question 
des  vaisseaux  du  latex  ) 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 

des  Sciences  physiques  (changements 
opérés  pendant  la  germination  dans  les 
tissus  de  l'embryon  et  du  périsperme). 

—  Et  de  la  Commission    du  prix    Bordin 

(structure  des  tiges  des  végétaux  consi- 
dérée par  rapport  aux  familles  natu- 
relles)   

DUCLAUX.  —  Note  sur  la  germination  des 
corpuscules  organisés  qui  existent  en 
suspension  dans  l'atmosphère 

DUFOUR.  —  Nouvelles  études  séricicoles 
faites  pendant  les  dernières  campagnes 
de  1860  à  18G2,  suite  aux  «  Observa- 
tions pratiques  sur  la  maladie  actuelle 
des  vers  à  soie,  faites  en  Orient  en  18^7, 
l858et  i85g  » 

DUHAMEL,  Président  sortant  de  fonctions, 
rend  compte  à  l'Académie  de  l'état  où  se 
trouve  l'impression  des  Recueils  qu'elle 


Pages. 
i83 

144 

229 
724 


GG5 


189 


1009 


9^9 


-)j 


824 


8G8 


1225 


G88 


MM. 

publie,  et  des  changements  arrivés  parmi 

les  Membres  et  les  Correspondants  de 
l'Académie  pendant  l'année  18G2 

—  Mouvement  d'un  fil  élastique  soumis  à 

l'action  d'un  courant  de  fluide  animé 
d'une  vitesse  constante 

—  M.  Duhamel  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  grand  prix  de  Mathéma- 
tiques (théorie  des  phénomènes  capil- 
laires)  

DUHOUS6ET.  —  Son  Mémoire  sur  les  races 
humaines  de  la  Perse  est  présenté  à  l'A- 
cadémie et  analysé  par  M.  île  Quatre* 
f'iges 

DULOS.  —  Note  sur  de  nouveaux  procédés 
de  gravure  en  creux  et  en  relief 

DUMAS  présente,  au  nom  de  M .  Aloys  Neot/aJi, 
quatre  opuscules  concernant  des  ques- 
tions de  météorologie a5a  et 

—  M.  Dumas,  en  présentant  un  Mémoire 

imprimé  de  M.  Âlvaro  Reynose  sur 
l'emploi  du  bisulfite  de  chaux  dans  la 
fabrication  du  sucre  de  canne,  fait  re- 
marquer que  cette  publication  est  anté- 
rieure à  la  date  assignée  par  MM.  Périer 
et  Possoz  à  leurs  essais  sur  le  même 
sujet 

—  M.    Dumas  est  nommé  Membre  de   la 

Commission  du  prix  dit  des  Arts  insa- 
lubres  

DUPERREY.  —  Sur  les  courants  généraux  de 
l'atmosphère  :  système  des  vents 

DUPIN  est  nommé  Membre  de  la  Commission 
du  prix  de  Statistique  pour  i8G3 

—  M.  Dupin  est  désigné,    par  la  voie  du 

scrutin,  pour  concourir  avec  les  deux 
Membres  de  la  Section  de  Géographie 
et  Navigation  à  la  présentation  d'une 
liste  de  candidats  pour  la  place  vacante 
dans  cette  Section  par  suite  du  décès  de 

M.  Bravais 

DUPONCHEL.  —  Cycle  du  développement  de 
la  vie  organique  à  la  surface  du  globe. . 

—  Améliorations  agricoles  réalisables  par  la 

fabrication  et  l'emploi  d'alluvions  arti- 
ficielles   

DUPRÉ.  —  Sur  la  condensation  des  vapeurs 
pendant  la  détente  ou  la  compression.. 

DURANCE  annonce  avoir  trouvé  une  hache 
en  pierre  dans  une  argile  qui  lui  a  paru 
appartenir  aux  terrains  de  transport. . . 

DURAND.  —  Lettre  concernant  l'application 
des  lois  de  la  réfraction  à  l'analyse  chi- 
mique   

DURAND,  de  Lumel.  —  Théorie  électrique 
du  froid,  de  la  chaleur  et  de  la  lumière. 

DUTAILLIS  se  met  à  la  disposition  de  l'Aca- 


P.itfes. 
i3 

277 

765 

45; 
127 

in3 


48 

8G8 
5i4 
12G 


1072 
2G1 

778 
9&9 

59 

387 


(   i3oj  ) 


MM.  Pages, 

demie  pour  les  observations  qu'elle  lui 
indiquerait  comme  utiles  à  faire  durant 
son  séjour  au  Sénégal 1219 


MM.  Parjes. 

DUVAL-JOUVE.  -  Histoire  naturelle  des 
Eqiùsetum  de  France;  (Rapport  sur  ce 
Mémoire;  Rapporteur  M.  Bm/igniart.).     5i8 


E 


EDWARDS  (Mil.ne).  —  Sur  les  résultais 
scientiûques  d'un  voyage  de  M.  Bocnurt 
à  Siam  :  dessins  et  photographies  rap- 
portés par  ce  voyageur 349 

—  M.  Mil/iE  Edwards  annonce  que  le  Musée 

d'Histoire  naturelle  vient  de  recevoir  un 
Aurochs  vivant,  le  premier  qui  ait  été  vu 
en  France  depuis  les  temps  historiques.     497 

—  Note  sur  les  résultats  fournis  par  une  en- 

quête relative  à  l'authenticité  de  la  dé- 
rouverte d'une  mâchoire  humaine  et  de 
haches  en  silex,  dans  le  terrain  diluvien 
de  Moulin-Quignon gai 

—  Observations  à  l'occasion  de  remarques 

laites,  dans  celle  discussion,  par  M.  Elie 

de  Beaumont 937 

—  M.  Milnè  Edwards  est  nommé  Membre 

de  la  Commission  chargée  de  décerner 

le  prix  Cuvier 38i 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 

des  Sciences  physiques  (production  des 
animaux  hybrides  au  moyen  de  la  fécon- 
dation artificielle) C83 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale 824 

—  M.  Milne  Edwards   remplace,    dans   la 

Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  M.  Amiral,  démissionnaire..     684 

EDWARDS  (Almi.  Milne).  —  Note  sur  la 
distribution  géologique  des  oiseaux  fos- 
siles, et  description  de  quelques  espèces 
nouvelles 1219 

EHRMANN  est  présenté  par  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  au  nombre 
des  candidats  pour  deux  places  de  Cor- 
respondant successivement  vacantes.. 
49O  et    55i 

—  M.  Ehrmann  est  nommé  Correspondant  de 

la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie, 

en  remplacement  de  feu  M.  Bretonneau.     58a 

—  M.  Ehrmann  adresse  ses  renierciments  à 

l'Académie 60g 

EKMAN  fait  connaître  M.  Kirhman  comme 
étant  l'auteur  d'un  des  Mémoires  pré- 
sentés au  concours  pour  le  grand  prix 
de  Mathématiques  de  1860,  et  comme 
ayant  complété  depuis  son  travail  sur 
cette  question  qui  avait  été  retirée  du 
concours 877 


ÉL1E  DE  REAUMONT  l'ait  hommage  à  l'Aca- 
démie de  «  l'Éloge  historique  d'OEr- 
sted  »,  qu'il  a  prononcé  dans  la  séance 
publique  annuelle  du  29  décembre  1862.     277 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  Pctléticienties,  sur  un  Ché- 
lonien  fossile 322 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  Triger,  sur  les  profils  des 
chemins  de  fer  de  l'Ouest  transformés 
en  coupes  géologiques 432 

—  Remarque  au  sujet  d'une  communication 

de  M.  Bardin,  ayant  pour  titre  :  «  Plans- 
reliefs  des  montagnes  françaises  » 52g 

—  Remarque  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  Faye,  sur  les  instruments 
géodésiques  et  sur  la  densité  moyenne 
do  la  terre 566 

—  Remarques  à  l'occasion  des  communica- 

tions de  MM.  Milne  Edwards  et  de 
Quatrefagcs,  sur  les  haches  en  silex  et 
la  mâchoire  humaine  trouvées  à  Moulin- 
Quignon  935 

—  M.  Elie  de  Beaumont  donne  quelques  ex- 

plications relativement  au  passa  ge^quij  le 
concerne  dans  des  remarques  de  M.  de 
Quatrcfages  sur  la  pièce  en  question.. .   1004 

—  M.  Elie  de  Beaumont  rappelle,  à  l'occa- 

sion d'une  communication  de  M.  Garri- 
gou,  sur  le  diluvium  de  la  vallée  de  la 
Somme ,  que  dans  les  deux  précédentes 
séances  il  n'a  parlé  ni  d'Amiens,  ni 
de  Saint-Acheul,  mais  seulement  de  la 
carrière  de  Moulin-Quignon 1044 

—  M.  Elie  de  Beaumont  exprime  le  vœu 

que  M.  Cftevreul  veuille  bien  analyser 
une  dent  d'Éléphant  qui  fait  partie  des 
pièces  fossiles  de  la  vallée  de  l'Ingressin 
envoyées  par  M.  Hassan '•„'  ia3o 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture 

d'une  Lettre  de  M.  C.  Bravais,  annon- 
çant la  mort  de  son  frère,  M.  A.  Bra- 
vais, Membre  de  la  Section  de  Géo- 
graphie et  Navigation,  décédé  le  3o 
mars  1 863 6o5 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'A- 

cadémie la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  Renault)  l'un 

170.. 


MM. 


de  ses  Correspondants  pour  la  Section 
d'Économie  rurale 1025 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que 

le  tome  LV  des  Comptes  rendus  est  en 
distribution  au  secrétariat 1 185 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique 

une  Note  de  M.  Hofmann  sur  le  bleu 
d'aniline 945 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  fait  hommage 

à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Petit,  du 
premier  volume  des  Annules  de  l'Obser- 
vatoire de  Toulouse 945 

—  M.  Élie  de  Beaumont  met  sous  les  yeux 

de  l'Académie  des  échantillons  des  aéro- 
lithes  trouvés  par  M.  Domeyko  dans  le 
désert  d'Atacama  au  Chili,  et  communi- 
que quelques  fragments  d'une  Lettre 
dans  laquelle  M.  Larroquc  lui  fait  con- 
naître les  premiers  résultats  de  ses 
explorations  dans  ce  même  désert  d'A- 
tacama       529 

—  M.  Élie  de  Beaumont  donne ,  d'après  sa 

correspondance  privée,  communication 
des  pièces  suivantes  : 

—  Lettre  du  P.  Secchi  :  Remarques  à  l'occa- 

sion d'une  Note  de  M.  Broun  concernant 
la  question  des  rapports  entre  les  varia- 
tions météorologiques  et  les  perturba- 
tions magnétiques 755 

—  Lettre  de  M.  Jackson  sur  les  mines  de 

cuivre  du  Canada  oriental 635 

—  Plusieurs  lettres  de  M.  Poey  concernant 

les  observations  astronomiques  et  mé- 
téorologiques faites  par  lui  ou  sous  sa 
direction  à  l'Observatoire  de  la  Havane. 
88,  30 1,  436  et     642 

—  Lettre  de  M.  Luther  sur  la  découverte 

d'une  nouvelle  planète  télescopique. . . .     636 

—  Lettre  de  M.  //-V/'sur  les  taches  du  soleil, 

sur  la  période  de  l'étoile  variable  >î  du 
Navire  Argo 636 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  fait  hommage, 

au  nom  de  M.  Abich,  d'un  ouvrage 
a  Sur  l'apparition  d'une  nouvelle  île 
dans  la  mer  Caspienne,  avec  des  recher- 
ches pour  servir  à  l'histoire  des  volcans 
boueux  dans  la  région  Caspienne 121 8 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  con- 

naissance à  l'Académie  de  la  circulaire 
du  Comité  chargé  de  s'occuper  de  l'érec- 
tion du  monument  à  la  mémoire  de 
Kepler 537 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au 

nom  deM.  Dubois  (d'Amiens),  unexem- 
plaire  de  son«  Éloge  de  M.  Tlienard  ».     184 

—  Au  nom  do  M.  D'Abbadie,  le  3e"  fascicule 

nouvellement  publié  de  son  ouvrage  in- 
titulé: «Géodésie  d'Ethiopie  ou  triangu- 


(  i3o/j  ) 

Pages.    MM.  Page*, 

lation  d'une  partie  de  la  haute  Ethiopie 
exécutée  selon  des  méthodes  nouvelles  ».   11 20 
Au  nom  de  MM.  Dclesse  et  Lan  gel,  un 
volume  ayant  pour  titre  :  «  Revue  de 

Géologie  pour  l'année  1861  » 1 120 

Au  nom  de  M.  Grimer,  un  opuscule  in- 
titulé :  «  Dieu  et  la  Création  révélés  par 

la  Géologie  » 1 120 

Au  nom  de  M.  Chancourtois,\in  Tableau 
de  classement  naturel  des  corps  simples, 

avec  des  additions  manuscrites 1217 

M.  Élie  de  Beaumont  présente  encore  au 

nom  des  auteurs  les  ouvrages  suivants  : 

Un   opuscule  de   M.   Alph.  de  Ctmdqlle 

ayant  pour  titre  :  «  Étude  sur  l'espèce, 

à  l'occasion  d'une  révision  de  la  famille 

des  Cupulifères  » 86 

Une  nouvelle  livraison  de  l'ouvrage  de 
M.  Kokscharow,  intitulé  :  «  Matériaux 

pour  la  minéralogie  de  la  Russie  » 86 

Une  livraison  de  l'ouvrage  de  Pander, 
publiée  par  le  gouvernement  russe,  et 
relative  à  la  paléontographie  du  système 
devonien,  et  un  exemplaire  des  Annales 
de  l'Observatoire  physique   central  de 

Russie  pour  l'année  1862 264 

Deux  ouvrages  de  M.  Hervé-Mangon  : 
«  Rapport  sur  les  machines  et  instru- 
ments d'agriculture  de  l'Exposition  uni- 
verselle de  1862  »,  et  «  Traité  pratique 

sur  le  drainage  » 44° 

La  4e  livraison  des  «  Animaux  fossiles  et 
géologie  de  l'Attique  »  par  M.  A.  Gau- 
dry.  —  Un  exemplaire  de  l'ouvrage 
intitulé  :  «  Le  terrain  de  transition 
des  Vosges  »  ;  partie  géologique ,  par 
M.  Kœchlin  -  Schlumberger ;  partie  pa- 
léontologique,  par  M.  Schimper.  —  Une 
«  Note  pour  servir  à  la  géologie  du  Cal- 
vados »,  par  M.  Deslongchamps 538 

Deux  nouveaux  fascicules  des  «  Richesses 
ornithologiques  de  la  France  »  ;  par 
MM.  Jaubert  et  Barthélcmy-Lapomme- 

raye 538 

Deux  opuscules  de  M .  Alexis  Perrey, 
intitulés  «  Tableaux  des  observations 
météorologiques  faites  à  Dijon  durant 
les  années  1861  et  1862  »,  et  «  Note 
sur  les  tremblements  de  terre  en  1860, 
avec  Suppléments  pour  les  années  pré- 
cédentes ».  —  Un  opuscule  du  même  sa- 
vant, ayant  pour  titre  :  «  Propositions 
sur  les  tremblements  de  terre   et  les 

volcans» 184,  635  et  1040 

Une  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 

M.  Jomard;  par  M.  de  la  Roquette..  . .     635 
Un  exemplaire  du  «  Rapport  sur  les  ma- 
tériaux de  construction  compris  dans  la 


(  i3o5  ) 


MM.  Pages, 

partie  française  de  l'Exposition  de  1 862  »  ; 
par  M.  Dclesse.  —  Une  Notice  sur  les 
travaux  agricoles  de  M.  Chambrelent 
et  le  2e  semestre  de  1862  du  «Bulletin  de 
l'Observatoire  physico  -  météorologique 
de  la  Havane  »,  par  M.  Poey 779 

—  Un  Mémoire  de  M.  Plana,  «  Sur  l'expres- 

sion du  rapport  qui  (abstraction  faite 
de  la  chaleur  solaire)  existe  en  vertu 
de  la  chaleur  d'origine,  entre  le  refroi- 
dissement de  la  masse  totale  du  globe 
terrestre  et  le  refroidissement  de  sa 
surface  » 857 

—  Trois  livraisons  de  la  seconde  partie  d'un 

«  Traité  de  Physique  expérimentale  »  ; 

par  M.  Mousson 86g 

—  Un  opuscule  de  M.  Sédillot ,  intitulé  : 

«  Courtes  observations  sur  quelques 
points  de  l'histoire  de  l'Astronomie  et 
des  Mathématiques  chez  les  Orientaux  ».     869 

—  Un  opuscule  de  M.  Landouzy,  intitulé  : 

«  De  l'endémie  pellagreuse  sans  maïs».    g54 

—  Un  opuscule  de  M.  Zejszner,  «  Sur  des 

gypses  miocènes  et  des  dépôts  de  sel 
gemme  dans  la  partie  supérieure  de  la 
vallée  de  la  Vistule  » 954 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  met  sous  les 

yeux  de  l'Académie  la  première  livrai- 
son d'une  publication  intitulée  :  «  Ma- 
tériaux pour  la  Carte  géologique  de  la 
Suisse  » 354 


MM.  Pages. 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, les  «  Observations  géologiques 
dans  les  Alpes  du  lac  de  Thoune  »,  par 
M.  B.  Studer 86 

—  Le  Prospectus  d'une  société  pour  la  fon- 

dation d'une  École  de  Chimie  pratique.     354 

—  Les  deux  opuscules  suivants  :  1°  «  Études 

sur  l'essence  vraie  et  la  structure  inti- 
me des  corps,  par  M.  Ga/lo;  2°  «Étude 
d'une  urine  pathologique  et  particu- 
lièrement de  l'urée  qu'elle  renferme  »  ; 
par  M.  Galvani g55 

—  Un  «  Essai  sur  la  constitution  des  corps 

célestes  »;  par  M.  Regneault 1040 

—  Un  opuscule  de   M.    Garrigou,   portant 

pour  titre  :  «  L'homme  fossile,  histori- 
que général  de  la  question  et  discussion 
de  la  découverte  d'Abbeville  » 1 120 

EMMANUEL  (Ch.).  —  Observation  faite  du- 
rant la  dernière  éclipse  lunaire 1 181 

ENGELHARDT.  —  Supplément  à  une  précé- 
dente communication  sur  la  formation 
de  la  glace  au  fond  de  l'eau 1 8 1 

ESCALLIER  et  Franceschim.  —  Lettre  con- 
cernant leur  Mémoire  sur  un  médica- 
ment composé  désigné  sous  le  nom 
d'huile  des  Alpes 8o5 

EUDES-DESLONGCIIAMPS  remercie  l'Aca- 
démie au  nom  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  Caen  pour  le  don  des  Comptes  rendus.    665 


FA1VRE.  —  Recherches  expérimentales  sur 
la  distinction  de  la  sensibilité  et  de  l'ex- 
citabilité dans  les  différentes  parties  du 
système  nerveux  d'un  insecte,  le  Dy- 
tiscus  marginalis 472 

FAYE.  —  Rapport  verbal  sur  le  protocole  de 
la  conférence  géodésique  tenue  à  Ber- 
lin en  avril  1862 28 

—  Réponse  à  des  observations  de  M.  Le  Ver- 

rier relatives  à  ce  Rapport 66 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  lecture  de 

M.  Le  Verrier  concernant  la  part  que 
pourrait  prendre  la  France  aux  opéra- 
tions géodésiques  dont  il  a  été  parlé 
dans  la  conférence  de  Berlin 116 

—  Réponse  à  une  inculpation  de  M.  Le  Ver- 

rier, relativement  à  la  part  que  M.  Faye 
a  prise  à  la  détermination  delà  différence 
de  longitude  entre  Londres  et  Paris. . .     i54 

—  Réponse  à  la  partie  scientifique  des  deux 

derniers  articles  de  M.  Le  Verrier i58 


—  Réplique  à  M.  Le  Verrier  (suite  de  la 

même  discussion) 170 

—  Remarques  à  l'occasion  du  Compte  rendu 

de  la  séance  du  26  janvier  :  défaut  de 
conformité  des  paroles  prononcées  par 
M.  Le  Verrier  à  cette  séance,  avec  la 
rédaction  qu'il  en  a  donnée ig3 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  Lettre  de 

M.  Le  Verrier  relative  à  la  même  dis- 
cussion      249 

—  Note  sur  un  nouvel  appareil  pour  mesurer 

les  bases  géodésiques 372 

—  Sur  les  instruments  géodésiques  et  sur  la 

densité  moyenne  de  la  terre...     557  et    668 
FINCK.  —  Sur  la  chute  des  corps  qui  tom- 
bent d'une  grande  hauteur 957 

FITZ-ROY  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  une  place  vacante  de 
Correspondant 856 

—  M.  Fitz-Roy  est  élu  Correspondant   de 


C  i3oli  ) 


MM. 

l'Académie ,  Section  de  GéogïapMe  et 

Navigation,  en  remplacement  de  Sir 
James  Clark-Ross 

—  M.  Fitz-Roy  remercie  l'Académie 

FIZEAU.  —  Rapport  sur  un  appareil  photo- 
graphique présenté  par  M.  de  Poilly. . . 

—  M.  Fizeau .est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  grand  prix  de  Mathématiques 
de  i863  (question  concernant  la  théorie 

des  phénomènes  capillaires) 

FLOURENS.  —  Notes  sur  l'infection  puru- 
lente      241,  409  et 

—  Sur  la  distinction  entre  le  coma  produit 

par  la  méningite,  et  le  sommeil  produit 
par  le  chloroforme;  sur  la  distinction 
entre  la  méningite  et  l'apoplexie 

—  M.  ftourens  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous 
ce  titre  :  «  De  la  Phrénologie  et  di'S 
éludes  vraies  sur  le  cerveau  » 

—  M.  lé  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'A- 

cadémie la  perte  qu'elle  vient  de  faire 
dans  la  personne  de  M.  Stcii/er,  l'un  de 
ses  Correspondants  pour  la  Section  de 
Géométrie 

—  Et  celle  qu'elle  a  faite  d'un  de  ses  Corres- 

pondants pour  la  Section  de  Physique, 
M.  Baflow,  dont  le  décès,  qui  remonte 
à  l'an  dernier,  ne  lui  avait  pas  encore 
été  notifié 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique 

une  Lettre  de  M.  Ch.  Robin,  exécuteur 
testamentaire  de  M.  Godard,  annonçant 
que  le  capital  d'une  rente  de  1000 francs, 
faite  par  ce  dernier  pour  la  fondation  d'un 
prix,  est  à  la  disposition  de  l'Académie. 

—  M.   le  Secrétaire  perpétuel  communique 

une  Lettre  de  M.  le  Ministre  d'État 
jointe  à  l'ampliation  du  décret  impérial 
autorisant  l'Académie  à  accepter  la  do- 
nation faite  par  M"'0  la  baronne  Damoi- 
seau pour  la  fondation  d'un  prix 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel   communique 

une  Lettre  de  M.  Laussedat  sur  une 
observation  de  la  lumière  zodiacale  faite 
à  Y/.eure  (Allier ) 

—  Une    Lettre    de  M.  Goldsehmidt  sur  l'é- 

toile double  de  y  de  la  Balance 

—  Et  une  Lettre  de  M.  Joly  contenant  la 

description  d'un  œuf  de  poule  mons- 
trueux  

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel fait  hommage, 

au  nom  de  M.  Owen,  de  deux  Mémoi- 
res intitulés,  l'un  :  «  Monographie  de 
l'Aye-Aye  de  Madagascar»,  l'autre, 
«  Étude  osléologique  pour  servir  à  l'his- 
toire na  turello  des  Singes  anthropoïdes  ». 


Pages. 

867 

«j45 
68 1 


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999 


899 


1023 

321 

845 
899 


89S 


MM.  Pages. 

—  Et  au  nom  de  M.   Gerçais }  d'une  Note 

sur  les  notions  relatives  aux  Céphalo- 
podes consignées  dans  l'histoire  des  ani- 
maux d'Aristote,  et  d'un  Tableau  d'une 
classification  générale  des  animaux  ....     SyS 

—  M.  le  Seerétairc  perpétuel  présente,  au 

nom  de  M.  Eusson,  une  Note  sur  la 
quantité  d'air  indispensable  à  la  respi- 
ration durant  le  sommeil 1 27 

—  Au  nom  de  M.  Chevallier,  un  travail  ma- 

nuscrit intitulé  :  «  Statistique  des  com- 
munes composant  le  canton  de  Pantin  », 
et  deux  opuscules  imprimés  concernant, 
l'un  les  désinfectants,  l'autre  les  officines 
de  pharmacie  ,  les  magasins  de  drogue- 
rie ,  etc 137 

—  M.  le  Seerétaire  perpétuel  Sait  encore,  au 

nom  des  auteurs,  les  présentations  sui- 
vantes : 

—  Traité    d'anesthésie    chirurgicale;     par 

il.  Maurice  Perrin a»i 

—  De  la  glycérine  et  de  ses  applications  à 

la  chirurgie  et  à  la  médecine  ;  par  M.  De- 
niarquay 221 

—  Géographie    du    Pérou  ,    tomo    Ier;    par 

M.  Mateo  Paz  S  ■Ida// 221 

—  Des  ellets  du  pus  et  de  la  sanio  gangre- 

neuse sur  le  sang  circulant  dans  les 
vaisseaux  ;  par  M.  Tigri 4  80 

—  Expériences  sur  les  eaux  d'irrigation  sous 

divers  climats;  par  M.  Bervé-Mdng&tti     486 

—  Des  cabinets  ténébreux  dans  le  traitement 

de  l'héméralopie ;  par  M.  Nettcr 486 

—  Un  Mémoire  de  M.  Paolini,  sur  le  mou- 

vement intestinal 584 

—  Un  Mémoire  de  M.  Plai/tamour,  sur   le 

climat  de  Genève C97 

—  La  quatrième  et  dernière  partie  de  l'ou- 

vrage de  .M.  Dumoi/t  sur  les  eaux  de 
Lyon  et  de  Paris 697 

—  Un  Mémoire  de  M.  Bencke,  sur  la  pré- 

sence de  la  cholestérine  dans  les  orga- 
nismes animaux  et  végétaux 83g 

—  Un  Éloge  historique  de  M.  Rid.  Geoffroy 

Saint-Hilaire  ;  par  M.  Joly 899 

—  Un  Mémoire  imprimé  de   M.   Seiiuann, 

sur  l'histoire  naturelle,  du  genre  Boras- 
sus,  traduit  en  français  par  M.  de  Borre.   1001 

—  Trois  opuscules  de  M.  Jos.  Bianconi,  l'un 

sur  la  chaleur  produite  par  le  frotte- 
ment entre  des  solides  et  des  fluides, 
considérée  par  rapport  aux  sources  ther- 
males et  aux  aérolithes;  l'autre  sur  les 
études  paléontologlques  et  géologiques 
qui  se  font  a  Bologne:  le  troisième  sur 
les  écrits  de  Marco-Polo  et  sur  l'oiseau 
Rue  mentionné  par  ce  voyageur 108J 

—  Les   Nouvelles    fi  cherches  de    M.   I  un 


(   i3o7   ) 


MM.  Pages. 
Kempen  sur  les  fonctions  du  nerf  pneu- 
mogastrique et  du  nerf  spinal 1  i5j 

—  Une  Étude  biographique  sur  Scheelc,  par 

M.  Cap 1 1 57 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  correspon- 
dance :  le  Rapport  sur  la  XXXIe  réunion 
de  l'Association  britannique  pour  l'avan- 
cement des  sciences  ;  un  ouvrage  de 
M.  <le  Cammas,  sur  la  vallée  du  Nil  ; 
un  Mémoire  de  M.  D.nère,  sur  la  res- 
piration et  la  chaleur  humaine  dans  le 
choléra;  la  Flore  valaisanne  de  M.  d'Jn- 
grctille,  et  les  recherches  de  M,  Mar- 
cliand  sur  le  C.roton-tiglium 387 

—  Un  volume  intitulé  :  «  Les  Mondes,  cause- 

ries astronomiques  »,  par  M.  Giiilleiuin.     387 

—  Un  ouvrage  de  M.   Guyétant  père  inti- 

tulé :  «  Nouvelles  considérations  sur  la 
longévité  humaine  »  ;  les  nos  2  et  3  de 
la  Revue  de  Sériciculture  comparée,  pu- 
bliée par  M.  Guerin-Méneville 83g 

—  Une  Histoire  des  trois  invasions  épidô- 

miques  du  choléra  -  morbus  au  Havre, 
en  i832,  184849  et  i853-54,  par  M.  Le- 
eadre;  le  Guide  de  l'asthmatique,  par 
M.  Berger;  un  ouvrage  intitulé  :  «La  Té- 
rabdelle  ou  machine  pneumatique,  opé- 
rant à  volonté  la  saignée  locale  et  la  ré- 
vulsion aux  principales  régions  du  corps 
humain  »,  par  M.  Damoiseau goo 

—  Une  publication  de  M.  Rambn.sson  portant 

pour  titre  :  «  La  Science  populaire,  ou 
Revue  du  progrès  des  connaissances  et 
de  leurs  applications  aux  Arts  et  à  l'In- 
dustrie » 900 

—  Un  Mémoire  de  M.  Brioschi,  sur  la  résol- 

vante de  Malfatti  pour  les  équations  du 
cinquième  degré 1086 

—  M.  Flourens  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  Olivier 38i 

—  Membre  de  la  Commission  des  prix  de 

Médecine  et  de  Chirurgie 62.3 

—  De  la  Commission  du  grand   prix    des 

Sciences  physiques  (production  des  ani- 


MM.  Panas*, 
maux  hybrides  au  moyen  de  la  fécon- 
dation artificielle) G83 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale 824 

FOCK.  —  Addition  à  rie  précédentes  commu- 
nications sur  les  proportions  du  corps 
humain 40 

FOLTZ.  —  Sur    l'homologie   des   membres 

pelviens  et  thoraeiques  de  l'homme...     G96 

FORDOS.  —  Recherches  sur  les  matières 
colorantes  des  suppurations  bleues  :  pyo- 
cyanine  et  pyoxanthose j  128 

FOUCAULT  rappelle,  à  l'occasion  d'une  com- 
munication de  M.  Vérité  sur  un  moyen 
d'obtenir  le  synchronisme  des  horloges, 
qu'il  a  lui-même  fait  connaître  dès  l'an- 
née 1847  ce  principe  de  la  subordination 
d'un  pendule  à  un  autre G45 

—  M.  Foucault  prie  l'Académie  de  vouloir 

bien  ne  plus  le  compter  au  nombre  des 
candidats  pour  la  place  vacante  dans  la 
Section  de  Physique goo 

FOUQUÉ.  —  Sur  les  émanations  à  gaz  com- 
bustibles qui  se  sont  échappées  des  fis- 
sures de  la  lave  de  1794 ,  à  Torre  del 
Greco,  lors  de  la  dernière  éruption  du 
Vésuve.  (En  commun  avec  MM.  Ch. 
Sainte-Claire  Deville  et  Le  Blanc.). . .    u85 

FRANCESCHINI  et  Escaluer.  -Leltre  con- 
cernant leur  Mémoire  sur  un  médicament 
composé,  désigné  sous  le  nom  d'huile 
des  Alpes 8o5 

FRANKLAND  est  présenté  par  la  Section  de 
Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  de  Correspondant  vacante  par 
suite  de  la  nomination  de  M.  Liebig  à 
une  place  d'Associé  étranger 72.5 

FRERICHS  remercie  l'Académie,  qui  lui  a 
décerné  un  prix  pour  son  Traité  des  ma- 
ladies du  foie 41 

FRIEDEL.  —  Sur  quelques  nouvelles  combi- 
naisons organiques  du  silicium  et  sur  le 
poids  atomique  de  cet  élément.  (  En 
commun  avec,  M.  Cru  fis,  ) 5go 


GAL.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  formation 
des  anhydrides  des  acides  monobasi- 
ques      36o 

—  Recherches  relatives  à  l'action  du  brome 
sur  le  bromure  d'acétyle,  et  étude  de 
l'acide  tribromacétique.  Préparation  du 
bromure  d'acétyle 1257 

GALLE  est  présenté  par  la  Section  d'Astro- 
nomie au  nombre  des  candidats  pour 


deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes 666  et    725 

GALLOIS.  —  Note  sur  l'inosurie.  .     533  et    583 

GARRIGOU.  —  Sur  la  composition  de  l'air 

des  cavernes  de  l'Ariége 838  et    8G9 

—  Sur    le   diluvium    de   la    vallée    de    la 

Somme 1042 

GASPARIS  (de).  —  Sur  une  équation  pour 

le  calcul  des  orbites  planétaires 443 


(  i3o8  ) 


MM.  Pages. 

—  M.  de  Gasparis  est  présenté  par  la  Sec- 

tion (TAstronomie  au  nombre  des  candi- 
dats pour  deux  places  de  Correspondant 
successivement  vacantes 666  et    725 

GAUDIN  (A.).  —  Équation  générale  aux  diffé- 
rences finies,  par  le  moyen  de  laquelle, 
dans  la  supposition  que  <?x  représente 
une  fonction  des  puissances  entières  et 
positives  de  la  variable  x,  on  peut  obte- 
nir une  différence  d'un  ordre  quelcon- 
que, et  déterminer  immédiatement  une 
sommation  d'un  ordre  quelconque  sans 
faire  usage  de  constantes  indéterminées.     4°3 

GAUGA1N.  —  Topique  employé  pour  hâter 

la  cicatrisation  des  plaies 271 

GAUGAIN  (J.-M.).  —  Sur  la  capacité  induc- 

tive  des  corps  isolants 799 

—  Sur  les  caractères  particuliers  du  courant 

électrique  qui  traverse  l'enveloppe  iso- 
lante des  câbles  télégraphiques  immer- 
gés    i°35 

GÉLIS.  —  Sur  la  manière  dont  se  comporte 

le  soufre  en  présence  de  l'eau 1014 

GENNES  (de).  —  Lettre  concernant  une 
Note  de  M.  Mac  Kintosh  sur  un  «  nou- 
veau propulseur  des  machines  marines  ».    974 

GÉRARD.  —  Description  et  figure  d'une  pile 

électrique  à  gaz 220 

—  Documents  ayant  pour  objet  d'établir  ses 

droits  de  priorité  pour  l'invention  d'un 
télégraphe  imprimant  les  lettres 4°3 

GERBEAULT.  —  Note  sur  la  construction 
et  l'usage  d'un  instrument  d'arpentage 
qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Trigouo- 
mètre 495 

GERIN-ROZE.  —  Sur  1  etiologie  et  le  traite- 
ment des  dartres 584 

GIANNUZZI.  —  Note  sur  les  nerfs  moteurs 

de  la  vessie 53 

—  Influence  des  nerfs  sur  les  sphincters  de 

la  vessie  et  de  l'anus.  (En  commun  avec 

.M.  Nawroçki.) 1 101 

GINOUL.  —  Sur  la  composition  et  le  mode 
d'emploi  d'un  oing  gras  destiné  à  rendre 
les  cuirs  imperméables  à  l'eau 86 

G1NTRAC  est  présenté  par  la  Section  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  au  nombre  des 
candidats  pour  deux  places  de  Corres- 
pondant successivement  vacantes.  496  et    55i 

GIRARD  (de).  —  De  l'action  du  soufre  sur 
des  dissolutions  de  sels  à  réaction  alca- 
line. Décomposition  de  l'eau  bouillante 
par  ce  corps 797 

GIRARD.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Nouveau 
mode  d'action  de  l'eau  motrice  et  réali- 
sation de  très-grands  siphons  » a58 

GIRARD  DE  CA1LLEUX.  — Etudes  pratiques 

des  maladies  nerveuses  et  mentales 629 


MM.  Pages. 
GOLDSCHMIDT.  —  Sur  de  nouveaux  compa- 
gnons de  Sirius 436 

—  Sur  l'étoile  double  de  7  de  la  Balance. . .     845 
GOULIER.  —  Note  sur  le  télomètre  et    le 

nautomètre  à  prismes 343 

GRAD.  —  Sur  la  possibilité  d'une  mesure  de 

degré  au  Spitzberg 63} 

GRAHAM  est  présenté  par  la  Section  d'Astro- 
nomie au  nombre  des  candidats  pour 
deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes 666  et    725 

GRAHAM  (Thomas)  adresse  ses  remerci- 
ments  à  l'Académie,  qui  lui  a  décerné 
le  prix  Jecker  pour  son  travail  sur  la 
diffusion  moléculaire  appliquée  à  l'ana- 
lyse        42 

GRAS  (Scipion).  —  Sur  le  diluvium  de 
Saint-Acheui  et  le  terrain  de  Moulin- 
Quignon 1097 

GRIMAUD,  deCaux.  —  Des  eaux  publiques  : 

résumé  théorico-pratique  et  conclusion.     21 5 

—  De  la  construction  d'une  carte  hygiénique 

de  la  France 85o 

—  Documents  pour  servir  à  l'établissement 

de  la  carte  hygiénique  de  la  France  (dé- 
partement de  l'Orne) 1023 

—  M.  Grimaud  prie  l'Académie  de  vouloir 

bien  admettre  comme  pièces  de  concours 
pour  le  prix  dit  des  Arts  insalubres  ses 
diverses  communications  sur  les  eaux 
publiques 63o 

GRIPON.  —  Sur  la  décomposition  de  l'eau 

par  le  soufre 1 1 37 

GRIS.  —   Note  relative  aux  fonctions  des 

vaisseaux  des  plantes 1048 

—  Nouvelles  observations  sur  la  structure  et 

les  fonctions  des  vaisseaux  des  plantes.  1223 
GUÉRIN  -  MÉNEVILLE  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  la  place  va- 
cante dans  la  Section  d'Économie  rurale, 
par  suite  du  décès  de  M.  de  Gasparin.     266 

—  Lettre  accompagnant  l'envoi  de  flottes  de 

soie  grége  du  ver  à  soie  de  l'ailante, 
filée  par  des  procédés  industriels;  Lettre 
annonçant  que  l'inventeur  du  procédé, 
par  lequel  a  été  obtenue  cette  soie,  est 
M.  Jubewis,  de  Loriol 266  et    364 

—  Note  accompagnant  l'envoi  des  premiers 

cocons  du  ver  à  soie  du  chêne io83 

—  Résultats  de  la  dernière  mission  de  l'au- 

teur dans  le  midi  de  la  France  pour  la 

sériciculture 1 263 

GUEYMARD.  —  Sur  la  nutrition  des  arbres 
forestiers,  des  arbres  employés  dans  les 
constructions  et  des  arbres  fruitiers. . .    772 


MM. 

GUIGNET.  —  Action  de  l'ammoniaque  sur 
la  poudre -coton.  Nouvelle  réaction 
propre  aux  nitrates 358 

GU1LLARD.  —  Sur  la  coloration  que  les 
acides  peuvent  communiquer  aux  or- 
ganes végétaux  dans  certaines  fa- 
milles    1 126 


(    l3o9  ) 

Pages. 


MM.  Pages 

GUILLET  et  Caillaux.  —  Sur  l'éclipsé  de 

lune  du  1"  juin 1084 

GUYARD  (A.).  —  Nouveau  procédé  pour  l'ex- 
traction des  métaux  des  résidus  plati- 
nifères 1177 

GUYON.—  Note  concernant  le  parasitisme  de 

la  chique  sur  l'homme  et  les  animaux..    288 


H 


HARDY.  —  Sur  quelques  matières  ulmiques 

dérivées  de  l'acétone 874 

HAUCHECORNE.  -  Mémoire  sur  le  cacao  et 
sur  les  produits  qu'on  en  obtient,  con- 
sidérés aux  points  de  vue  hygiénique  et 
thérapeutique 1 1 50 

HÉBERT.  —  Observations  sur  l'existence  de 
l'homme  pendant  la  période  quater- 
naire       IOo5  et  1040 

HENCKE  est  présenté  par  la  Section  d'Astro- 
nomie au  nombre  des  candidats  pour 
deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes 666  et    725 

HENNIG.  —  Analyse  de  son  Mémoire  sui- 
te catarrhe  des  organes  génitaux  chez  la 
femme 583 

HÉROUARD.  —  Note  sur  le  noir  animal  des 

raffineries  considéré  comme  engrais...     i83 

HERVÉ-MANGON.  -  Expériences  sur  l'em-  " 
ploi  des  eaux  d'irrigation  sous  divers 
climats,  et  théorie  de  leurs  effets 292 

HOFMANN.  —  Note  sur  la  formamide 328 

—  Note  sur  le  bleu  d'aniline 945 

—  Recherches  sur  les  diamines  isomères. . .     992 

—  Faits  pour  servir   à   l'histoire  des  ma- 


tières colorantes  dérivées  du  goudron 

de  houille io33  et  1062 

—  Sur  l'hydrazobenzole,  nouveau  composé 

isomère  de  la  benzidine 1 1 1 0 

—  Note  sur  le  quinone 1143 

HOFFMANN  (J.).  —  Mémoire  sur  le  traite- 
ment du  choléra-morbus 584 

HOLLARD.  —  De  la  signification  anatomique 
de  l'appareil  operculaire  des  poissons  et 
de  quelques  autres  parties  de  leur  sys- 
tème osseux 38 

—  De  la  distribution  des  pièces  qui  com- 

posent l'arc  de  suspension  de  la  mâ- 
choire inférieure  chez  les  poissons  os- 
seux,et  de  leur  signification  anatomique.    C33 

HUETTE  envoie  en  double  exemplaire  les 
tableaux  résumés  des  observations  mé- 
téorologiques faites  à  Nantes  en  1862. .     918 

HUSSON.  —  Sur  la  quantité  d'air  indispen- 
sable à  la  respiration  pendant  le  som- 
meil      127,  386  et    898 

—  Sur  l'albuminurie  chronique io85 

—  Sur  les  alluvions  de  la  vallée  de  l'Ingres- 

sin  (arrondissement  de  Toul),  à  l'occa- 
sion de  la  mâchoire  humaine  trouvée  à 
Moulin-Quignon ,.  1227 


INSTITUTION  ROYALE  DE  LA  GRANDE- 
BRETAGNE  (l').  -  Lettre  de  remer- 


I. 


ciments  pour  l'envoi  de  plusieurs  vo- 
lumes des  recueils  que  publie  l'Académie. 


42 


JACKSON.  —  Note  sur  les  mines  de  cuivre 
du  Canada  oriental.  (Lettre  à  M.  Élie  de 
Beaumont.) 

JACOBS  indique  quelques  conditions  aux- 
quelles il  faudrait  principalement  avoir 
égard  dans  la  construction  des  machines 
à  vapeur  pour  diminuer  la  dépense  en 
combustible 

JAMIN  est  présenté  par  la  Section  de  Phy- 
sique comme  l'un  des  candidats  pour 

C.  R.,  i863,  i"  Semestre.  (T.LVI.) 


635 


4o3 


la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 

M.  Despretz 919 

JANSSEN.  —  Documents  relatifs  aux  dispo- 
sitions du  spectroscope  avec  lequel  il  a 
fait  les  observations  consignées  dans  sa 
Note  sur  les  raies  telluriques  du  spectre 
solaire  (23  juin  1862) 189  et    538 

—  Note  sur  l'application  de  l'analyse  spec- 
trale à  la  question  concernant  l'atmo- 
sphère lunaire 962 

j7i 


(  *3 

MM.  Pages. 

JAUBERT  (.I.-B.).  -  Note  accompagnant 
l'envoi  de  fossiles  provenant  du  terrain 
néocomien  de  Gréoulx  (  Basses-Alpes  L  .     776 

JOBERT  DE  LAMBALLE  est  nommé  Membre 
de  la  Commission  des  prix  de  Médecine 
et  de  Chirurgie 6^3 

!<  >LY.  —  Description  d'un  œuf  de  poule  mon- 
strueux. (Lettre  à  M.  Flourens.  ) 890 

MXSON  et  Calvert.  —  Action  de  l'acide 
sulfurique  sur  le  plomb 1 4<> 

JONQUIËRES  (de)  se  fait  connaître  comme 
auteur  d'un  Mémoire  qui  a  obtenu  la 


10) 

MM.  PtiRes. 

première  des  deux  médailles  décernées 
par  la  Commission  du  concours  pour  le 
grand  prix  de  Mathématiques  de  1862 
1  théorie  des  courbes  planes).  ...."'....     38j 

.IOSAT.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Du  délaisse- 
ment des  mourants  en  état  de  mort  in- 
termédiaire      298 

JOUBERT  (le  P.).  —  Sur  la  théorie  algébrique 
dos  formes  homogènes  du  quatrième 
degré  à  trois  indéterminées.  io45,  1088  et  iiî3 

JOURDAIN.   —    Sur   un   corps   d'apparence 

glanduleuse  observé  dans  la  baudroie..     598 


K 


KELLER  (Em.  et  F.-A.-E.).  -  Mémoire  sur 
la  cause  de  la  pesanteur  et  des  effets 
attribués  à  l'attraction  universelle 53o 

KESSLER.  —  Sur  un  nouveau  système  d'ap- 
pareils d'évaporation  et  de  distillation  à 
simple  ou  à  multiple  elfet 94 

—  Nouveau  procédé  d'extraction  du  sucre 

de  betterave 1 32 

KIRKMAN.  —  Une  Lettre  de  M.  Elunan  le 
fait  connaître  comme  auteur  d'un  Mé- 
moire présenté  au  concours  pour  le  grand 
prix  de  Mathématiques  de  1860  (ques- 
tion concernant  le  nombre  de  valeurs 
des  fonctions  bien  définies  dans  un  nom- 
bre donné  de  lettres) 877 


KŒBERLÉ.  —  Sur  de .  nouvelles  opérations 
d'uvariotomio  pratiquées  avec  succès. . . 
3o2  et  1 1 13 

KOPP.  —  Sur  la  chaleur  spécifique  des  corps 
solides  ;  déductions  relatives  à  la  nature 
des  corps  considérés  comme  éléments..    ia5i 

KRUGER.  —  Sur  la  parallaxe  de  deux  étoiles 

fixes.  (Lettre  à  M.  Le  Verrier.) 2G8 

KUHLMANN.  —  Note  sur  les  dépots  des 
chambres  de  plomb  dans  les  fabriques 
d'acide  sulfurique  :  proportions  variables 
du  lhallium  dans  ces  dépots 171 

—  Recherches  nouvelles  sur  la  conservation 
•   des  matériaux  de  construction.   1066  et   11 46 


1  ABORDE  (l'abbé).  —  Note  sur  l'étincelle 
d'induction  appliquée  à  différents  phéno- 
mènes     io'38 

!, ALLEMAND.  —  Sur  le  rapport  de  l'inten- 
sité du  courant  inducteur  au  courant 
induit 128 

I.AMBOTTE.  —  Lettre  concernant  l'action  du 

manganèse  sur  la  végétation 1 1 38 

LAMÉ.  —  Note  sur  la  marche  à  suivre  pour 
découvrir  le  principe,  seul  véritable- 
ment universel ,  de  la  nature  physique.    g83 

—  M.  Lamé  est  désigné  par  une  Commission 

spéciale  comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  au  Bureau  des  Longi- 
tudes, et  présenté  par  l'Académie  comme 
son  premier  candidat  pour  cette  place. 
11 38  et  n5o 

—  M.  Lnmê.esï  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  grand  prix  do  Mathématiques 
pour  i863  (question  concernant  la  théo- 

•  rie  mathématique  de  la  chaleur) G23 

LAMONT  est  présenté  par  la  Section  d'Astro- 


nomie au  nombre  des  candidats  pour 
deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes 666  et    72 5 

LANDOUZY.  —  Note  sur  la  fermeture  hy- 
draulique des  bouches  d'égout 535 

—  M.  Liindimzv  est  présenté,  parla  Section 

de  Médecine  et  de  Chirurgie,  au  nombre 
des  candidats  pour  deux  places  de  Cor- 
respondant successivement  vacantes. . . 
496  et    55 1 

LA  PENA  (de).  —  Causes  du  choléra-morbus 
asiatique,  sa  prophylaxie  et  son  traite- 
ment      629 

LARCHER.  —  Note  accompagnant  la  présen- 
tation de  deux  pièces  anatomiques.  .  . .     599 

LA  RIVE  (de).  —  Sur  la  conductibilité  du 

thalliuni  pour  l'électricité 588 

—  Recherches  sur  la  propagation  de  l'élec- 

tricité  à  travers  les  fluides  élastiques 

très-raréfiés 669 

LAROQUE.  —  Sur  des  gréions  d'une  forme 

particulière '"7 


(   '3 

MM.  l'aies. 

LARROQUE.  —  Premiers  résultais  do  ses 
explorations  dans  le  désert  d'Atacama 
au  Chili.  (  Lettre  à  M.  Élie  de  Beaumont.)     5jg 

LASSELL  est  présenté  par  la  Section  d'Astro- 
nomie au  nombre  des  candidats  pour 
deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes G6G  et    725 

LAUGIER  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  d'Astronomie,  fondation 
Lalande g46 

LAUGIER  (Stanislas)  .—  Nouveaux  faits  con- 
cernant l'utilité  des  bains  d'oxygène  dans 
les  cas  de  gangrène  sénile 101 1 

LAUSSEDAT.  —  Observation  de  la  lumière 

zodiacale  à  Yzeure  (  Allier  ) 3i2 

LEBERT  remercie  l'Académie  pour  le  prix 
qu'elle  a  décerné  à  ses  travaux  d'histolo- 
gie pathologique  (  concours  pour  los 
prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de 
1862) 41 

LE  BLANC.  —  Sur  les  émanations  à  gaz 
combustibles  qui  se  sont  échappées  des 
fissures  de  la  lave  de  1794,  à  Torre  del 
Greco,  lors  de  la  dernière  éruption  du 
Vésuve.  (En  commun  avec  MM.  Ch. 
Sainte-Claire  Deville  et  Fouqué,  ) 11 85 

LECLERC.  —  Calcul  biliaire  ayant  traversé 
les  tissus  pour  sortir  par  la  région  om- 
bilicale, sans  troubles  notables  de  la 
santé 142 

LECONTE.  —  Mémoire  sur  les  gaz  de  l'hydro- 
pneumothorax  de  l'homme.  (En  commun 
avec  M.  Demarquay.  ) 223 

LECOQ.  —  Note  relative  aux  fonctions  des 

vaisseaux  des  plantes 1 1 48 

LEFORT.   —    Analyse  d'une  eau  acide  du 

volcan  de  Popocatepetl,  au  Mexique. . .     90g 

LE  GUEN.  —  Sur  des  essais  de  fontes  au 

wolfram 5g3 

LEMA1RE  adresse  deux  échantillons  d'une 
même  étoffe,  dont  l'un  a  été  préparé 
de  manière  à  ne  pouvoir  s'cntlammer. . 
3o4  et    486 

LENGLEN.  —  Note  sur  un  nouveau  procédé 
d'inoculation  de  la  péripneumonie  exsu- 
dative  et  contagieuse  des  bêtes  bovines.     692 

LEREBOULLET,  qui  a  partagé  avec  M.  Da- 
reste  le  prix  Alhumbert  (modifications 
déterminées  dans  l'embryon  d'un  verté- 
bré par  l'action  des  agents  extérieurs), 
adresse  ses  remercimentsà  l'Académie.       41 

LESTIBÛUDOIS.  -  Note  sur  les  vaisseaux  du 
latex,  les  vaisseaux  propres,  les  réser- 
voirs des  sucs  élaborés  de  végétaux.  42 1  et  816 
LEVEN.  —  Recherches  sur  la  physiologie  et 
la  pathologie  du  cervelet.  (En  commun 
avec  M.  Ollh'ier.  ) 583 


Il    ) 

MM.  Paccs.  ' 

LE  "VERRIER.  —  Remarques  à  l'occasion 
d'un  Rapport  verbal  fait  par  M.  Fine 
sur  le  protocole  de  la  Conférence  géo- 
désique  tenue  à  Berlin  en  avril  1862.. .       3  ( 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  lecture  de 

M.  Faye  concernant  les  mesures  proje- 
tées par  le  Bureau  des  Longitudes  pour 
la  continuation  des  opérations  géodési- 
ques  en  France 72 

—  Réfutation  de  quelques  critiques  et  allé-. 

galions  portées  contre  les  travaux  de 
l'Observatoire  impérial  de  Paris io5 

—  Réplique  aux  remarques  faites  par    M. 

Faye  h  l'occasion  de  la  Note  précédente.     1 18 

—  Remarques  à  l'occasion  des  communica- 

tions de  M.  Dclaunay  et  de  M.  Fayc 

(  suite  de  la  même  discussion  ) iG3 

—  De  l'influence  des  erreurs  systématiques 

dans  quelques  recherches  d'astronomie.     164 

—  Réplique  à  de    nouvelles  remarques  de 

M. Fayè  (  suite  de  la  marne  discussion).     170 

—  M.  Le  Verrier  communique  une  Lettre 

de  M.  Airy  relative  à  la  détermination 
de  la  longitude  de  Greenwich,  et  une 
Lettre  de  M.  Brtdms ,  Membre  de  la 
Conférence  de  Berlin,  Directeur  de.  l'Ob- 
servatoire de  Leipsick,  concernant  un 
projet  de  détermination  des  longitudes 
de  Paris  et  de  Leipsick  à  exécuter  de 
concert  avec  l'Observatoire  impérial  de 
Paris 171  et     184 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  assertion  de 

M.  Faye  sur  un  prétendu  défaut  d'exac- 
titude dans  la  rédaction  donnée  par 
M.  Le  Verrier  des  paroles  qu'il  avait 
prononcées  dans  la  séance  du  26  janvier.     194 

—  Lettre  annonçant  le  dépôt  des  documents 

réclamés  par  M.  Faye 248 

—  Sur  les  travaux  préliminaires  relatifs  à  la 

mesure  des  bases 38o 

—  M.  Le  l 'errier  présente  le  tome  XVII  des 

Annales  de  l'Observatoire  et  la  VIe  li- 
vraison de  l'Atlas  écliptique  construit 
par  M.  Chacornac 250 

—  M.  Le  Verrier  présente  un  nouveau  vo- 

lume des  Annales  de  l'Observatoire  im- 
périal de  Paris  (Observations,  t.  VI)..     40g 

—  M.  Le  Verrier  communique  l'extrait  d'une 

Lettre  de  M.  Knigcr  concernant  la  pa- 
rallaxe de  deux  étoiles  fixes 2G8 

—  M.  Le  Verrier  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  d'Astronomie,  fon- 
dation Lalande g  jG 

LIOUVILLE  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  grand  prix  de  Mathématiques 
pour  i863  (question  concernant  la  théo- 
rie de  la  chaleur) 623 

171.. 


(  '3 

MM.  Pages. 

—  M.  Lioiwille  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  grand  prix  de  Mathématiques 
(  question  concernant  la  théorie  des  po- 
lyèdres)      683 

—  De  la  Commission  du  grand  prix  de  Mathé- 

matiques (question  concernant  la  théorie 

des  phénomènes  capillaires) 765 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  d'Astrono- 

mie, fondation  Lalande 946 

L1SSAJOUS  est  présenté  par  la  Section  de 
Physique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 

M.  Despretz 919 

UTTROW  est  présenté  par  la  Section  d'As- 
tronomie au  nombre  des  candidats  pour 
deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes 666  et    726 

LIVINGSTONE  est  présenté  par  la  Section 
de  Géographie  et  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  de  Corres- 


MM.  Pages. 

pondant  vacante  par  suite  du  décès  de 

&>  James  Clark-Ross 8  30 

LONDET.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi  du 
premier  volume  de  son  «  Traité  d'Éco- 
nomie rurale  » 583 

LONGET  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.    6a3 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 
logie expérimentale 824 

LORIN.  —  Action  de  l'hydrogène  développé 
par  l'ammoniaque  et  le  zinc,  pour  la 
transformation  de  l'aldéhyde  et  de  l'acé- 
tone en  alcool  correspondant 845 

LOUAZEL.  —  Sur  un  système  de  machines 
à  vapeur  devant  fonctionner  avec  une 
très-petite  dépense  de  combustible 496 

LUTHER.  —  Lettre  annonçant  la  découverte 
faite  par  lui,  le  i5  mars,  d'une  nouvelle 
planète 636 


ai 


MAC  CLURE  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  de  Corres- 
pondant vacante  par  suite  du  décès  de 
Sir  James  Clark-Ross 856 

MAC  LEAR  est  présenté  par  la  Section  d'As- 
tronomie au  nombre  des  candidats  pour 
deux  places  de  Correspondant  successi- 
vement vacantes 666  et    725 

—  M.  Mac  Lear  est  élu  Correspondant  pour 
la  Section  d'Astronomie  on  remplace- 
ment de  feu  M.  Bond 765 

MAGNE.  —  Cure  radicale  de  la  fistule  lacry- 
male à  l'aide  de  l'oblitération  du  sac...     583 

MAIRE  DE  VENDOME  (M.  le)  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  comprendre  la 
bibliothèque  publique  de  cette  ville  au 
nombre  des  établissements  auxquels  elle 
fait  don  de  ses  publications 1219 

MAIRE  DE  BOULOGNE-SUR-MER  (M.  le) 
prie  l'Académie  de  vouloir  bien  com- 
prendre la  bibliothèque  publique  de  cette 
ville  au  nombre  des  établissements  aux- 
quels elle  fait  don  de  ses  Comptes  rendus.       fo 

MALAGUTI.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
communication  récente  de  M.  Rabbins, 
concernant  la  production  du  peroxyde 
de  fer  magnétique 467 

MANTELLIER  ,  qui  a  obtenu  au  concours  de 
1862  le  prix  de  Statistique,  adresse  ses 
remerciments  à  l'Académie 87 

MARIGNAC  est  présenté  par  la  Section  de 
Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 


la  place  de  Correspondant  vacante  par 
suite  de  la  nomination  de  M.  Liebig  à 
une  place  d'Associé  étranger 

MARM1SSE.  —  Lettre  concernant  ses  précé- 
dentes communications  sur  la  mortalité 
des  enfants  dans  la  ville  de  Bordeaux  . 

MARTIN.  —'Sur  un  procédé  d'argenture  à 
froid  du  verre  par  l'emploi  du  sucre  in- 
terverti  

MARTIN  (Em.).  —  Recherches  sur  l'éther 
réel,  comme  l'un  des  grands  principes 
de  la  nature  physique 

MARTIN,  de  Tonneins.  —  Figure  et  descrip- 
tion d'un  cas  rare  d'hermaphrodisme  . . 

—  Description  et  figure  d'une  transformation 

morbide  des  enveloppes  du  testicule. .. 

MARTIN  DE  BRETTES.  —  Mémoire  sur  la 
similitude  des  trajectoires  des  projec- 
tiles oblongs  de  forme  extérieure  sem- 
blable  

MARTINS  (Cn.)  est  présenté  par  la  Section 
d'Économie  rurale  comme  l'un  des  can- 
didats pour  une  place  vacante  de  Cor- 
respondant, et  nommé  Correspondant  de 
l'Académie,  en  remplacement  de  M.  Vil- 
morin      23 1  et 

—  M.  Martins  remercie  l'Académie 

—  Du  refroidissement  nocturne  superficiel 

des  diverses  espèces  de  terres  pendant 
l'hiver  sous  le  ciel  de  Montpellier. . . 

—  Des  températures  du  sol  pendant  l'hiver 

à  om,o5,  om,io  et  om,3o  de  profondeur, 
sous  le  ciel  de  Montpellier 


723 
1263 
1044 

1211 

3o4 
855 

an 


252 

290 

997 
1064 


( 


i3i3  ) 

MM. 


MM.  Pages. 

MARVILLE.  —  Appareil  hygiénique  désigné 

sous  le  nom  de  couvreroreiUe 536 

MASCART.  —  Détermination  de  la  longueur 

d'onde  de  la  raie  A i38 

MATHIEU  présente,  au  nom  de  M.  JViberg, 
une  machine  disposée  de  manière  à  cal- 
culer et  imprimer  des  tables  numériques.     21 1 

—  M.   Mathieu  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  de  Statistique  pour 
i863 12G 

—  Et  Membre  de  la  Commission  du   prix 

d'Astronomie,  fondation  Lalande g<j(3 

MATHIEU  (Emile).  —Mémoire  sur  les  fonc- 
tions elliptiques i36 

—  Mémoire  sur  la  propagation  des  ondes.. .     255 
MATTEI.  —  Analyse  de  son  travail  sur  les 

capsules  surrénales 549 

MATTEUCCI.  —  Sur  le  pouvoir  électro-moteur 
secondaire  des  nerfs,  et  son  application 

à  l'électrophysiologie 760 

MAYER  demande  et.  obtient,  par  une  excep- 
tion à  la  règle  générale,  l'autorisation  de 
reprendre  un  Mémoire  qu'il  avait  pré- 
senté au  concours  pour  le  grand  prix  de 
Physique  de  1862  (question  concernant 
l'anatomie  comparée  du  système  ner- 
veux des  poissons) 137 

MENE.  —  Modifications  de  l'appareil  analy- 
tique employé  dans  les  analyses  orga- 
niques pour  le  dosage  de  l'hydrogène  et 

du  carbone 446 

—  Note  sur  l'analyse  des  houilles  de  Sainte- 

Foy-1'Argentière  (Rhône) 1217 

MERCADIER.  —  Additions  à  son  Mémoire 
sur  la  théorie  de  la  gamme. .. .  954  et 
MERGET.  —  Reproduction  des  gravures  sur 
métal  et  sur  verre  par  filtration  des 
substances  actives  à  travers  les  blancs, 
et  par  l'action  des  courants  électriques. 
Impressions  électriques  sur  tissus.  693  et  868 
MEUGY.  —  Notice  géologique  sur  quelques 

terrains  crétacés  du  Midi 432 

—  Note  sur  l'existence  de  nodules  de  phos- 
phate de  chaux,  analogues  à  ceux  de 
tan  de  la  Flandre,  dans  les  terrains  cré- 
tacés du  département  de  la  Dordogne. .  770 
MICHAL.  —  Note  sur  la  loi  de  la  variation 
des  débits  des  puits  artésiens  observés 

à  différentes  hauteurs 78 

MIHALINEZ.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Le  Soleil  et  sa  relation  avec  les  autres 
corps  célestes   considérés  du  point  de 

vue  philosophique  » 58 

MILLON  et  Commaille.  —  Recherches  sur 
l'action  réciproque  des  protosels  de  cui- 
vre et  des  sels  d'argent 309 

-  Note  sur  la  purification  du  cuivre 1249 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE ,  DU  COM- 


Pages. 


1119 


MERCE  ET  DES  TRAVAUX   PUBLICS 

(M.  le)  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de 
l'Institut,  un  exemplaire  du  tome  XCIII 
des  Brevets  d'invention  pris  sous  l'em- 
pire de  la  loi  de  1791,  un  du  tome  XL1II 
des  Brevets  pris  sous  l'empire  de  la  loi 
de  1844,  et  les  nos  7  à  11  du  Catalogue 
des   Brevets  d'invention  pris  pendant 

l'année  1862 3o4,  537,  778  et  1001 

—  M.  le  Ministre  envoie  des  billets  pour  la 
distribution  des  prix  au  concours  d'ani- 
maux de  boucherie  de  Poissy 537 

MINISTRE  DE  LA  GUEKRE  (  M.  le  )  adresse, 
pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  un 
exemplaire  du  volume  de  Tables  conte- 
nant l'analyse  des  matières  composant 
les  vingt-deux  volumes  de  la  2e  série  du 
Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de 
Chirurgie  et  de  Pharmacie  militaires , 
un  exemplaire  du  tome  VIII  delà  3e  série 
de  ces  Mémoires,  et  un  exemplaire  du 
XII'  volume  du  Recueil  des  Mémoires 
et  Observations  sur  l'Hygiène  et  la  Mé- 
decine militaires 4 1 ,  537  e'    77^ 

—  M.  le  Ministre  annonce  que  MM.  Combes 
et  Le  Verrier  sont  maintenus  Membres 
du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'École 
Polytechnique ,  au  titre  de  l'Académie 

des  Sciences i83 

MINISTRE  DE  LA  MARINE  (M.  le)  adresse, 
pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  les  nu- 
méros de  février,  mars,  avril  et  mai  de 
la  Revue  maritime  et  coloniale.  —  Un 
Mémoire  extrait  de  cette  Revue  et  ayant 
pour  litre  :  «  Renseignements  nautiques 
recueillis  à  bord  du  Duperré  et  de  la 
Forte  pendant  un  voyage  en  Chine  »,  par 
M.  Bourgois.—  Enfin,  deux  exemplaires 
d'une  Notice  de  M.  le  général  Faidherbe 
«  Sur  l'avenir  du  Sahara  et  du  Soudan  ». 

264,  439,  634,  899  et  1217 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
(M.  le)  annonce  qu'il  vient  de  mettre 
à  la  disposition  de  chacun  des  Membres 
de  l'Académie  des  Sciences  et  de  ses 
Correspondants  un  exemplaire  des  Œu- 
vres de  Lavoisier 1 36 

—  Lettre  relative  à  cette  nouvelle  édition  des 
Œuvres  de  Lavoisier 264 

—  M.  le  Ministre  invite  l'Académie  à  lui  pré- 
senter deux  candidats  pour  une  place 
vacante  au  Bureau  des  Longitudes 1023 

MINISTRE  D'ÉTAT  (M.  le)  transmet  une 
ampliation  du  décret  impérial  qui  con- 
firme la  nomination  de  M.  Edm.  Becque- 
rel à  la  place  devenue  vacante  dans  la 
section  de  Physique  par  suite  du  décès 
de  M.  Despretz 97; 


I  '3 

MM.  Paccs.  | 

—  M.  le  Ministre  transmet  une  ampliation 

du  décret  impérial  autorisant  l'Acadé- 
mie à  accepter  le  legs  d'une  rente  de 
iooo  francs  instituée  par  feu  M.  le 
Dr  Godard,  pour  la  fondation  d'un 
prix 899 

—  M.  le  Ministre  transmet  une  ampliation 

d'un  second  décret  autorisant  l'Académie 
à  accepter  la  donation  faite  par  Mmc  veuve 
Damoiseau,  d'une sommede 20000 francs 
dont  le  revenu  formera  le  montant  d'un 
prix  annuel ioa3 

—  M.  le  Ministre  approuve  l'emploi  proposé 

par  l'Académie  pour  deux  portions  des 
fonds  restés  disponibles i36et    899 

—  M.  le  Ministre  adresse  un  exemplaire  du 

Rapport  du  général  Baeyer  sur  l'état 
actuel  des  opérations  géodésiques  exé- 
cutées dans  l'Europe  centrale 41 

—  M.  le  Ministre  transmet  deux  exemplaires 

d'un  opuscule  de  M.  M.  de  Carvalho, 

sur  la  fièvre  jaune 264 

M1TSCHERLICH.  —  Sur  deux  nouvelles  com- 
binaisons résultant  de  l'action  du  chlore 
sur  le  glycoi 188 

MONDINO.  —  Nouvel  appareil  barométrique 

pour  la  mesure  des  montagnes 271 

MONIER.  —  Altération  des  sucres  de  canne 
et  de  betterave  par  une  ébullition  pro- 
longée       C63 

MONTAGNE  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Bordin  (  question  des 
vaisseaux  du  latex  ) 765 

—  Membre  de  la  Commission  du  grand  prix 

des  Sciences  physiques  (  changements 
opérés  pendant  la  germination  clans  les 
tissus  de  l'embryon  et  du  périsperme).     824 

—  De  la  Commission  du  prix  Bordin  (struc- 

ture des  liges  des  végétaux  considérée 

par  rapport  aux  familles  naturelles)  . . .     688 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Barbier.. .     946 
MONTRAVEL  (de)  est  présenté  par  la  Sec- 
tion de  Géographie  et  Navigation  comme 

l'un  des  candidats  pour  la  place  vacante 

par  suite  du  décès  de  M.  Bravais 1 138 

MOQUIN-TANDON.  —  Sa  mort,  arrivée  le 

1 5  avril,  est  annoncée  le  20  à  l'Académie.     729 

MOREAU.  —  Expériences  pour  servir  à  l'his- 
toire physiologique  de  la  vessie  nata- 
toire des  poissons 629 

MOREAULEMOINE  demande  à  lire  devant 
les  deux  Sections  réunies  de  Physique 


'4  ) 

MM.  Page». 

et  de  Chimie  un  travail  qui  concerne  la 
physique  et  l'élerlrochimie...     272  et    Goo 

—  Mémoire  sur  le  galvanisme  et,  en  géné- 
ral, sur  les  forces  qui  président  à  la 
formation  et  à  la  décomposition  des 
corps 946 

MOBEL-LA VALLÉE.  -  Analyse  de  son  Mé- 
moire sur  un  moyen  de  prévenir  la  roi- 
dour  et  Pankylose  dans  les  fractures. . .     536 

MORET.  —  Théorie  des  nombres  premiers 
considérés  dans  les  progressions  arith- 
métiques      349 

MORIN  est  élu  Vice-Président  pour  l'année 

i863 i3 

—  Expériences  sur  les  effets  de  ventilation 
produits  par  les  cheminées  d'apparte- 
ment        16 

—  Note  sur  la  ventilation  des  amphithéâtres.     201 

—  Note  sur  la  ventilation  des  nouveaux 
théâtres  de  Paris 365 

—  M.  Morin  présente  quelques  remarques 
sur  l'expression  de  force  vive  employée 
par  M .  Babinet  dans  une  Note  sur  un  nou- 
veau mode  de  propagation  de  la  lumière.     4 '5 

—  M.  Morin  fait  hommage  à  l'Académie 
d'un  exemplaire  de  l'ouvrage  qu'il  vient 
de  publier  sous  ce  titre  :  «  Des  machines 
et  appareils  destinés  à  l'élévation  des 
eaux  » 149 

—  M.  Morin  fait  hommage  à  l'Académie,  en 
son  nom  et  en  celui  de  son  collabora- 
teur, M.  Tresca,  du  premier  volume 
d'un  ouvrage  intitulé  :  «  Des  machines 
à  vapeur  » 1141 

—  M.  Morin  présente,  au  nom  de  M.  Du 
Breuil,  un  ouvrage  ayant  pour  titre  : 
«  Culture  perfectionnée  du  vigno- 
ble »  - 184 

—  Au  nom  de  M.  Cavalli,  un  ouvrage  sur  la 
Théorie  de  la  résistance  statique  et  dy- 
namique des  solides jK:"> 

—  Et  au  nom  de  M.  /  'inson ,  un  ouvrage 
«  sur  les  Aranéides  des  îles  de  la  Réu- 
nion, de  Maurice  et  de  Madagascar  «...   1219 

—  M.  Morin  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  de  Mécanique,  fonda- 
tion Montyon 946 

MOSSELMAN.  —  Sur  l'engrais  dit  chaux  ani- 

malisée 1261 

MOUCHEZ  est  présenté  par  la  Section  de 
Géographie  et  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Bravais 1 1 38 


(  i3i5  ) 


N 


MM.  Pages. 

NAQUET.  —  Action  de  la  potasse  alcoolique 
sur  le  toluène  bichlorô  et  sur  le  toluène 
trichloré 129 

—  Nouvelles  recherches  sur  les  toluènes  bi 

et  trichlorés 482 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  Cahours,  concernant  les 
corps  isomères,  le  chlorobenzol  et  le  to- 
luène bichloré 796 

NARDINI  (Le  P.).  —  Lettre  concernant  une 
discussion  sur  la  nature  des  forces  cos- 
miques       855 

NAUCK.  —  Lettre  concernant  un  Mémoire 
d'analyse  mathématique  qu'il  désire  sou- 
mettre au  jugement  de  l'Académie io52 

—  Nouvelle  Lettre  concernant  la  résolution 

des  équations  du  troisième  degré 1 181 

NAUDIN,  dont  le  travail  sur  les   hybrides 

végétaux  a  obtenu  au  concours  de  18G2 

le  grand  prix  des  Sciences  physiques, 

adresse  ses  remerciments  à  l'Académie.     137 

NAWROCKl.  —  Influence  des  nerfs  sur  les 


MM.  Pages. 

sphincters  de  la  vessie  et  de  l'anus.  (En 

commun  avec  M.  Giannuzzi .) 1  lui 

NETTO.  —  Remarques  sur  les  laticifères  de 

plusieurs  plantes  du  Brésil 917 

NICKLES.  —  Sur  une  nouvelle    classe  de 

combinaisons  chimiques 388  et    79G 

NIEPCE  DE  SAINT-VICTOR.  -  Mémoire  sur 

l'héliochromie go 

NOGUES.  —  Sur  les  gypses  secondaires  des 

Corbières 1 83 

—  Sur  une  grauwacke  devonienno  fossili- 

fère des  Pyrénées 1 122 

NORMAND.  —  Note  sur  la  résistance ,  au 
choc,  des  matériaux ,  considérée  au  seul 

point  de  vue  géométrique i2i5 

NOWAK.  —  Développements  relatifs  à  deux 
chapitres  d'un  ouvrage  posthume  de  feu 
M.  Arago  sur  les  orages 252 

—  M.  Dumas  présente  au  nom  de  M.  Nowah 

plusieurs  opuscules  destinés  à  faire 
plus  complètement  connaître  la  théorie 
des  orages  exposée  dans  sa  précédente 
Note iu3 


0 


OLETTI.  —  Montre  destinée  à  faire  connaître 

les  heures  de  marée 23o 

ULIVIERI. — Relations  chimiques  entre  l'élec- 
tricité, le  calorique  et  la  lumière 1000 

OLLIV1ER.  —   Mémoire  ayant  pour  titre  : 

«  Pathologie  morale  » 177 

—  Recherches  sur  la  physiologie  et  la  patho- 
logie du  cervelet.  (En  commun  avec 
M.  Leven.) 583 

OPPENHEIM.  —  Sels  employés  pour  rendre 
ininflammable  la  fibre  végétale.  (  En 
commun  avec  M.  Versmann.) 35o 


ORÉ.  —  Sur  l'introduction  de  l'air  dans  les 

veines 629  et  io52 

OWEN.  —  Envoi  de  la  partie  septième  et 
dernière  de  sa  comparaison  des  squelettes 
du  nègre  ,  du  gorille  et  du  chimpanzé, 
et  d'un  Mémoire  sur  l'Aye-Aye..    557  et    898 

OZANAM.  —  De  l'anesthésie  par  les  gaz  car- 
bures      38G 

—  Polypes  du  larynx  et  de  la  trachée-artère 
reconnus  au  moyen  du  laryngoscope  et 
extirpés  par  les  voies  naturelles 1 154 


PAPPENHEIM.-  De  l'influence  de  l'âge  res- 
pectif des  époux  sur  le  sexe  des  enfants.    634 

TARADE,  en  adressant  un  exemplaire  de  la 
quatrième  édition  de  son  «  Cours  élé- 
mentaire de  culture  des  bois  »,  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre 
parmi  les  candidats  pour  une  place  va- 
cante de  Correspondant  dans  la  Section 
d'Économie  rurale 42 


M.  Parade  est  présenté  par  la  Section 
d'Économie  rurale  au  nombre  des  can- 
didats pour  deux  places  de  Correspon- 
dant successivement  vacantes..     23i  et 

M.  Parade  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  le  comprendre  parmi  les  candidats 
pour  une  place  de  Correspondant  de  la 
Section  d'Économie  rurale,  devenue  va- 
cante par  suite  du  décès  de  M.  Renault. 


i57 


(  i3i6  ) 

Pages. 


MM. 

PARAVEY  (de).  —  Sur  la  mention  faite  par 
les  livres  chinois  des  races  d'hommes 
détruites  par  le  déluge,  et  sur  quelques 
autres  concordances  entre  les  indications 
de  ces  livres  et  celles  que  fournit  la 
Bible "o5 

PARIS.  —  Note  sur  les  navires  cuirassés 345 

—  M.  Paris  est  présenté  par  la  Section  de 

Géographie  et  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  vacante  par 
suite  du  décès  de  M.  Bravais 1 1 38 

—  M.  Paris  est  élu  Membre  de  l'Académie 

en  remplacement  de  feu  M.  Bravais. ..   1 1 49 
PASSY.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  /. 
Baudouin  intitulé  :  «  Études  physiolo- 
giques et  économiques  sur  la  toison  du 
mouton  » G17 

—  M.  Passy  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  de  Statistique  pour  i863.  126 
PASTEUR.  —  Nouvel  exemple  de  fermenta- 
tion déterminée  par  des  animalcules  infu- 
soires,  pouvant  vivre  sans  gaz  oxygène 
libre,  et  en  dehors  de  tout  contact  avec 
l'air  de  l'atmosphère 4'6 

—  Examen  du  rôle  attribué  au  gaz  oxygène 

atmosphérique  dans  la  destruction  des 
matières  animales  et  végétales  après  la 
mort 734 

—  Recherches  sur  la  putréfaction 1 189 

—  Sur  la  présence  de  l'acide  acétique  parmi 

les  produits  de  la  fermentation  alcoo- 
lique      989 

—  Note  relative  à  une  communication  de 

M.  Béchamp  «  sur  l'acide  acétique  de 

la  fermentation  alcoolique  » 1 109 

—  Remarque  au   sujet   de   faits  communi- 

qués par  M.  /  'an  Tieghem  dans  la  séance 
du  18  mai,  et  d'expériences  analogues 
faites  antérieurement  par  M.  Payen —     991 

—  M.  Pasteur  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 

comprendre  l'École  Normale  au  nombre 
des  institutions  auxquelles  elle  fait  don 

de  ses  publications 1 37 

PAYEN.  —  Remarques  à  l'occasion  d'une 
communication  de  M.  Kuhlmann,  sur  la 
conservation  des  matériaux  de  construc- 
tion     1072 

—  M.    Payen   est  nommé  Membre   de  la 

Commission  du  prix  dit  des  Arts  insa- 
lubres      8G8 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Morogues .     868 
PÉAN  DE  SAINT-GILLES  et  Berthelot.  — 

Recherches  sur  les  affinités.  Sur  la  limite 
de  comparaison  entre  les  acides  et  les 
alcools.  —  Sur  l'équilibre  dans  divers 
systèmes  formés  d'acide ,  d'alcool  et 
d'eau 3o3  et    G48 


718 


808 


5o.1 


37 


38 


3oi 


MM.  PaSes 

—  Action  de  l'ammoniaque  sur  le  cuivre  en 

présence  de  l'air  ;  action  du  cyanogène 

sur  l'aldéhyde 1  '  7° 

PÉCHOLIER.  —  Recherches  expérimentales 
sur  l'action  physiologique  du  tartre 
stibié 

PELIGOT  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  Morogues 

PELOUZE.  —  Recherches  sur  les  pétroles 
d'Amérique.  (En  commun  avec  M.  Ca- 
hotas.)   

PERETTI  (Pierre).  —  Sur  les  propriétés 
électrochimiques  de  l'urée 

PERETTI  (Paul).  —  Action  chimique  de 
l'eau  sur  les  sels  et  les  acides 

PÉRIER  et  Possoz.  — Remarque  à  l'occasion 
d'une  communication  de  M.  Alvaro 
Reynoso,  sur  l'emploi  du  bisulfite  de 
chaux  dans  la  fabrication  du  sucre  de 
canne » 

—  Emploi  de  l'acide  sulfureux  dans  l'épura- 

tion des  jus  sucrés 

PERREY  demande  et  obtient  l'autorisation  de 
reprendre  un  manuscrit  présenté  en 
avril  1861,  concernant  les  tremblements 
de  terre 8o5 

PERROT.  —  Expériences  tendant  à  prouver 
que  lorsqu'un  paratonnerre  ordinaire 
est  foudroyé,  son  conducteur  devient 
foudroyant  pour  les  corps  voisins 3g~ 

PERSONNE.  —  Sur  le  dosage  du  mercure 
par  les  volumes,  à  l'aide  de  liqueurs 
titrées 95t 

PETER.  —  Maladies  virulentes  comparées 
chez  l'homme  et  chez  les  animaux 

PETIT.  —  Études  sur  le  climat  de  Toulouse  : 
conséquences  générales  qui  paraissent 
résulter  de  vingt-quatre  années  d'obser- 
vations       749 

PÉTREQUIN  est  présenté  par  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie,  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  de  Correspon- 
dant vacante  par  suite  du  décès  de 
.M.  Bictonneau 

PEYTIER  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  parmi  les  candidats  pour 
une  place  vacante  dans  la  Section  de 
Géographie  et  Navigation '°86 

—  M.  Peytier  est  présenté  par  cette  Section 
comme  l'un  des  candidats  pour  la  place 
vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Bra- 
vais  

PIlILll'EAUX  et  Vulpian  remercient  l'Aca- 
démie pour  un  encouragement  accordé  à 
leur  travail  sur  le  système  nerveux  des 
poissons  (  concours  pour  le  grand  prix 
des  Sciences  physiques  de  1862  ) 


f.29 


55 1 


n38 


42 


(  i3i7) 


^4 


100g 


MM.  I,"8es 

—  Recherches  sur  la  réunion  bout  à  bout 

des  fibres  nerveuses  sensitives  avec  les 
fibres  nerveuses  motrices 

—  Note  sur  une  modification  physiologique 

qui  se  produit  dans  le  nerf  lingual  par 
suite  de  l'abolition  temporaire  de  la  mo- 
tricité dans  le  nerf  hypoglosse  du  même 
côté 

PHILLIPS.  —  Sur  un  nouveau  procédé,  fourni 
par  la  théorie  du  spiral  réglant  des 
chronomètres  et  des  montres,  pour  la 
détermination  du  coefficient  d'élasticité 
des  diverses  substances,  ainsi  que  de  la 
limite  de  leurs  déformations  perma- 
nentes   

PHQEBUS  adresse  au  concours,  pour  les  prix 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,  un  opus- 
cule écrit  en  allemand  «  Sur  le  catarrhe 
d'été  typique  ou  la  fièvre  vulgairement 
dite  fièvre  des  foins  » 

PIDANCET  et  Chopart.  —  Description  et 
figures  des  restes  d'un  reptile  dinosau- 
rien  découvert  à  Poligny  (Jura).  (Rapport 
sur  cette  communication;  Rapporteur 
M .  Valenciennes .) 

PIERRE  (Isidore)  adresse  sept  volumes  con- 
cernant diverses  questions  d'économie 
rurale,  destinés  au  concours  pour  le  prix 
Morogues 

—  Recherches  expérimentales  sur  la  compo- 

sition de  la  grain*  du  colza,  et  sur  les 
variations  qu'éprouve  cette  composition 
pendant  les  diverses  phases  du  dévelop- 
pement de  la  plante 677  et 

PIMONT  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
admettre  au  concours  dit  des  Arts  insa- 
lubres l'invention  qu'il  désigne  sous  le 
nom  de  «  Calorifuge  plastique  » 

PIOBERT.  —  Appréciation  des  travaux  des 
Savants  antérieurs  à  la  création  de  l'A- 
cadémie des  Sciences  :  Desargues  et  La 
Hire 

—  M.  Piobert  présente,  au  nom  de  M.  Favé, 

le  rV'  volume  de  l'Histoire  de  l'artillerie. 

—  M.  Piobert  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  de  Mécanique,  fondation 
Montyon 

PIRIA  est  présenté  par  la  Section  de  Chimie, 
comme  l'un  des  candidats  pour  la  place 
de  Correspondant  vacante  par  suite  de 
la  nomination  de  M.  Liebig  à  une  place 
d'Associé  étranger 

P1SANI.  —  Sur  l'astrophyllite  et  l'œgirine 
de  Brevig  en  Norvège 

P1SSIS.  —  Recherches  sur  les  produits  de 
la  vulcanicité  aux  différentes  époques 
géologiques 

C.  K.,  1863,   i«  Semestre.  (T.  LVI., 


296 
536 
290 

747 
63o 

497 

44o 

946 

72J 

846 

82 


MM.  raijes. 

PLANTAMOUR  est  présenté  par  la  Section 
d'Astronomie,  au  nombre  des  candidats 
pour  deux  places  de  Correspondant  suc- 
cessivement vacantes 666  et    720 

POEY.  —  Sur  le  passage  d'une  quantité  con- 
sidérable de  globules  lumineux  observés 
à  la  Havane  durant  l'éclipsé  solaire  du 
i5  maii836 88 

—  Sur  de  nouveaux    types  de  forme   des 

nuages 3(ii 

—  Énumération  des  observations  météorolo- 

giques diverses  faites  à  l'observatoire 

de  la  Havane 436 

—  Sur  la  méthode  d'observation  adoptée  à 

l'observatoi  re    physico  -  météorologique 

de  la  Havane 642 

—  Sur  l'action  chimique  de  la  lumière  dif- 

fuse observée  à  la  Havane  à  l'aide  d'un 
nouvel  actinographe  chimique 1039 

POILLY  (de).  —  Appareil  photographique 
spécialement  destiné  aux  opérations  qui 
s'exécutent  en  plein  air.  (Rapport  sur  cet 
appareil;  Rapporteur  M.  Fizeau.) 681 

POIREL.  —  Lettre  concernant  son  appareil 
destiné  à  prévenir  la  pénétration  dans 
les  poumons  des  poussières  siliceuses. .     3i5 

POLIGNAC  (de).  —  Sur  les  quantités  ultra- 
géométriques      38 1 

PONCELET,  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion centrale  administrative  pour  l'année 
i863,  annonce  l'intention  de  ne  plus 
faire  partie  de  cette  Commission,  dans 
laquelle  il  est,  en  conséquence,  remplacé 
par  M.  Chastes  1  G,  65  et     126 

—  M.  Poncelet  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  du  prix  de  Mécanique,  fon- 
dation Montyon 946 

PONTÉCOULANT  (de).  —  Remarques  à  l'oc- 
casion d'une  communication  récente  de 
M.  Delaunay,  sur  l'équation  séculaire 
de  la  Lune 585 

—  Sur  les  modifications  que  doit  subir,  re- 

lativement à  la  Lune,  le  théorème  géné- 
ral de  l'invariabilité  des  grands  axes , 
et  de  la  permanence  des  moyens  mou- 
vements planétaires 63g,  720  et    792 

POOR.  —  Sur  l'étiologie  et  la   thérapie  des 

dartres 584 

POSSOZ  et  Périer.  —  Remarque  à  l'occa- 
sion d'une  communication  de  M.  Aharo- 
Reynoso,  sur  l'emploi  du  bisulfite  do 
chaux  dans  la  fabrication  du  sucre  de 
canne Si 

—  Emploi  de  l'acide  sulfureux  dans  l'épu- 

ration des  jus  sucrés 3oi 

POTIER  soumet  au  jugement  de  l'Académie 
des  considérations  sur  les  tumeurs  blan- 

l7u 


MM. 


(  i3i8 

Pages 


ches  et  les  atïections  scrofuleuses  en 
général 486 

POUCHET  demande  et  obtient  l'autorisation 
de  reprendre  les  pièces  qu'il  avait  pré- 
sentées au  concours  sur  la  question  des 
générations  spontanées  et  qu'il  avait  re- 
tirées avant  l'examen  de  la  Commission.      78 

POUDRA  se  fait  connaître  comme  l'auteur 
d'un  Mémoire  présenté  au  concours  pour 
le  grand  prix  de  Mathématiques  pour 
1862  (question  concernant  la  théorie  des 
courbes  planes  du  quatrième  ordre), 
Mémoire  qui  a  obtenu  la  seconde  des 
deux  médailles  décernées 41 

POU1LLET.  —  Nouvelle  méthode  pour  gra- 
duer les  aréomètres  à  degrés  égaux  des- 
tinés aux  liquides  plus  pesants  que  l'eau, 
comme  les  pèse-acides  et  les  pèse-sels 
de  Baume 888 

—  M.  Pouillet  présente,  au  nom  de  M.  Du/m, 

une  Note  sur  de  nouveaux  procédés  de 
gravure  en  creux  et  en  relief 127 

—  M.  Pouillet   présente  une  Note  sur  un 

manomètre  à  sifflet,  de  l'invention  de. 

M.  Dedicu 485 

—  M.   Pouillet  est  nommé  Membre  de  la 


76f> 


MM.  PaC 

Commission  du  grand  prix  de  Mathéma- 
tiques (théorie  des  phénomènes  capil- 
laires)   

POULET.  —  Sur  la  maladie  de  la  vigne  et 
la  maladie  de  la  pomme  de  terre.  —  Sur 
le  double  mouvement  de  la  sève  et  sur 
les  causes  de  cette  circulation 898 

POURRIAU.  —  Lettre  concernant  les  ouvra- 
ges relatifs  à  l'économie  rurale  qu'il  a 
adressés  à  diverses  époques  à  l'Acadé- 
mie  

PRÉSIDENT  DE  L'INSTITUT  (M.  le).  -  Let- 
tres  concernant  les  séances  trimestrielles 
du8avrilel  du  1"  juillet  i8G3.     497  et 

PRÉSIDENT  DE  L'ACADÉMIE  (M.  le).  - 
Voir  au  nom  de  M.  felpeau-, 

PROVOSTAYE  (de  la)  est  présenté  par  la 
Section  de  Physique,  comme  l'un  des 
candidats  pour  la  place  vacante  par 
-uite  du  décès  de  M.  Desprctz 919 

PRUNER-BEY.  —  Examen  de  la  mâchoire  de 
Moulin- Quignon  au  point  de  vue  an- 
thropologique     »oo  1 

PUECH.  —  De  la  déviation  des  règles,  et  de 

son  influence  sur  l'ovulation 69a 


8o5 


1 10g 


Q 


QUATREFAGES  (de).—  Note  accompagnant 
la  présentation  d'un  travail  de  M.  llu- 
housset  sur  les  races  humaines  de  la  Perse.    487 

—  Remarques  accompagnant  la  présentation 

d'une  Note  de  M.  Bufonr  sur  la  maladie 
des  vers  à  soie,  d'après  des  observations 
faites  en  Orient 691 

—  Note  accompagnant  la  présentation  d'un 

Mémoire  de  M.  Boucher  de  Perthes,  sur 
une  mâchoire  humaine  découverte  à  Ab- 

beville  dans  un  terrain  non  remanié 

782,  809  et    857 

—  Observations  sur  la  mâchoire  de  Moulin- 

Quignon 933 


Observations  au  sujet  des  remarques  de 
M.  Élie  de  Benumont  sur  la  pièce  en 
question 938 

Observations  à  propos  d'un  Mémoire  de 
M.  Pruner-Bcy  et  de  la  Note  consignée 
par  M.  È'lie de  BeàùMotà  dans  le  Compte 
rendu  de  la  précédente  séance,  concer- 
nant les  fossiles  de  Moulin-Quignon  . . .   ioo3 

M.  de  Quatrefnges  est  nommé  Membre  de 
la  Commission  du  grand  prix  des  Sciences 
physiques  (production  des  animaux  hy- 
brides au  moyen  de  la  fécondation  arti- 
ficielle)      683 


R 


RAMON  DE  LA  SAGRA.  —  Sur  la  mortalité 
dans  les  hôpitaux  de  l'île  de  Cuba 

—  M.  Ramon  de  la  Sagra  fait  hommage  à 

l'Académie  de  quelques  articles  qu'il  a 
publiés  dans  le  «  Journal  des  fabricants 
de  sucre  »,  sur  l'histoire  et  l'application 
des  bisulfites  à  la  clarification  du  vesou 
de  canne  à  sucre  dans  l'île  de  Cuba. . . 
RAYER  est  nommé  Membre  de  la  Commission 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. . . 

—  De  la  Commission  du  prix  dit  de<   \ri> 

insalubres 


468 


470 


623 


868 


—  De  la  Commission  du  prix  Morogues 868 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Barbier. . .     y46 
REECH.  —  Sur  les  propriétés  calorifiques  et 

expansives  des  fluides  élastiques 1240 

REGNAULT.  —  Remarque  à  l'occasion  d'une 
communication  de  M.  Faye  sur  les  ins- 
truments géodésiques  et  sur  la  densité 

moyenne  de  la  terre $67 

REISET.  —  Expériences  sur  l'alimentation 

et  l'engraissemenl  du  bétail. .     96g  et    605 

—  Recherches  chimiques  sur  la  respiration 

îles  animaux  d'uire  ternie 7i" 


(  l3l9 


MM.  Pages- 

—  Mémoire  sur  un  système  de  bergeries  à 

étables  mobiles 747 

RENARD.  —  Théorie  du  magnétisme  ter- 
restre dans  l'hypothèse  d'un  seul  fluide 

électrique 299 

RENAULT.  —  Note  sur  la  durée  de  l'incuba- 
tion de  la  rage  chez  les  chiens 72 

—  L'Académie  apprend,  dans  la  séance  du 

1e1  juin  i863,  la  perte  qu'elle  vient  de 
faire  dans  la  personne  de  M.  Renault, 
l'un  de  ses  Correspondants  pour  la  Sec- 
tion d'Économie  rurale,  décédé  à  Bolo- 
gne le  27  mai  précédent  dans  l'accom- 
plissement d'une  mission  scientifique  . .    103,5 

REQUIÉ  demande  et  obtient  l'autorisation 
de  reprendre  des  pièces  qu'il  avait  pré- 
cédemment adressées  concernant  une 
presse  mécanique  pour  l'extraction  des 
sucs  végétaux 272 

REYNOSO  (Alvaro).  —  Note  sur  l'emploi 
du  bisulfite  de  chaux  dans  la  fabrication 
du  sucre  de  canne 46  et    260 

—  Sur  la  séparation  de  la  magnésie  d'avec  la 

potasse  et  la  soude 873 

RICHARD.  —  Description,  figure  et  usage  d'un 
instrument  de  son  invention  qu'il  dési- 
gne sous  le  nom  de  trigonomètre 1216 

RIGAUD.  —  Reproduction  sur  pierre  des  li- 
thographies nouvelles  ou  anciennes. ...   1 137 

RIVIÈRE.  —  Lettre  concernant  la  descrip- 
tion et  la  figure  d'une  machine  hydrau- 
lique centrifuge 55i 

RIVOT.  —  Mémoire  sur  les  mines  de  Yialas.      98 


MM.  Pages. 

ROBBINS.  —  Sur  la  production  du  peroxyde 

de  fer  magnétique 386 

ROBERT.  —  Note  sur  la  non-contempora- 

néité  de  l'homme  primitif  et  des  grandes 

espèces  perdues  de  Pachydermes 

355,  g55  et  1121 

—  Sur  l'origine  récente  des  traces  d'instru- 

ments tranchants  observées  à  la  surface 

de  quelques  ossements  fossiles 1 157 

ROBERTI.  —  Note  concernant  l'influence  de 
la  température  sur  l'énergie  d'une  pile 
galvanique 55o 

ROBIN,  exécuteur  testamentaire  de  M.  Eric. 
Godard,  annonce  qu'il  tient  à  la  disposi- 
tion de  l'Académie  le  capital  d'une  rente 
de  1  000  francs  léguée  par  ce  médecin 
pour  la  fondation  d'un  prix  annuel 899 

ROBINET.  —  Sur  l'emploi  des  huiles  sicca- 
tives pour  la  préservation  des  matériaux 
de  construction 11 80 

ROBINSON.  —  Sur  la  diffusion  des  vapeurs 
comme  moyen  de  distinguer  entre  les 
densités  de  vapeur  apparentes  et  les 
densités  de  vapeur  réelles.  —  Sur  les 
densités  de  vapeur  de  certains  corps. 
(En  commun  avec  M.  Jf'anklyn.).  547  et  1237 

—  M.  Robinson  est  présenté  par  la  Section 

d'Astronomie  au  nombre  des  candidats 
pour  deux  places  de  Correspondant  suc- 
cessivement vacantes 666  et    7a5 

ROBLET.  —  Lettre  concernant  une  précé- 
dente Note  sur  le  magnétisme  terrestre.    496 


SAINT- VENANT  (de  ).  —  Sur  la  distribution 
des  élasticités  autour  de  chaque  point 
d'un  solide  ou  d'un  milieu  de  contexture 
quelconque,  particulièrement  lorsqu'il 
est  amorphe  sans  être  isotrope.     475  et    804 

—  Sur  les  flexions  et  torsions  que  peuvent 

éprouver  les  tiges  courbes,  sans  qu'il  y 
ait  aucun  changement  dans  la  première 
ni  dans  la  seconde  courbure  de  leur  axe 

ou  fibre  moyenne 1 1 5o 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (Ch.).  —  Sur  la 

théorie  de  l'aciération 325 

—  Remarques  sur  une  communication  de 

M.  Lefort ,  intitulée  :  a  Analyse  d'une 
eau  acide  du  volcan  de  Popocatepetl,  au 
Mexique  » 912 

—  Sur  les  émanations  à  gaz  combustibles 

qui  se  sont  échappées  des  fissures  de  la 
lave  de  1794,  à  Torre  del  Greco,  lors  de 


la  dernière  éruption  du  Vésuve.  (En 
commun  avec  MM.  Le  Blanc  et  Fou- 
qué.) Ii85 

—  M.   Sainte-Claire  Deville  présente   une 

Note  de  M.  Pierre  Peretti  sur  les  pro- 
priétés électrochimiques  de  l'urée,  et 
une  Note  de  M.  Paul  Peretti  concernant 
l'action  chimique  de  l'eau  sur  les  sels  et 

le.s  acides 37 

SAINTE-CLAIRE  DEVILLE  (H.).  -  Sur  le 
phénomène  de  la  dissociation  de  l'eau. . 
ig5  et     322 

—  De  la  dissociation  de  l'acide  carbonique, 

et  des  densités  des  vapeurs 729 

—  Recherches  sur  la  densité  des  vapeurs  à 

des  températures  tres-élevées.  —  De  la 
mesure  des  températures  élevées.  (En 
commun  avec  M.  Troust.) 891  et    977 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 


(  i3 

MM.  Pages. 

cation  (le  MM.  JVatthlyn  et  Robinson, 
sur  les  densités  de  vapeurs  de  certains 
corps 1239 

SALLE  adresse  différents  spécimens  d'une 
substance  textile,  qu'il  regarde  comme 
pouvant  remplacer  avantageusement  le 

coton 86 

ANNA-SOLARO  (le  P.).  —  Imitation  de  la 
grêle  et  nouvelle  théorie  de  ce  météore.     8a5 

—  Sur  l'électricité  de  la  lumière  solaire  dans 

l'air  et  dins  le  vide io35 

—  Action  électrique  des  rayons  solaires 1207 

UREL.  —Notes  sur  les  modifications  qu'é- 
prouvent, durant  le  sommeil,  la  respira- 
tion et  la  calorification.. . .     40,  263  et    486 

UVAGEON.  —  Sur  un  moyen  propre  à 
rendre  le  coton  en  laine  impropre  à  s'en- 
tlammer 58 

SCHAROUBINE.  —Note  sur  un  théorème  de 

géométrie 697 

SCHEURER-KESTNER.  —  Sur  quelques  nou- 
velles combinaisons  du  fer  et  sur  l'ato- 
micité de  cet  élément 1092 

SCHIFF  (H.  ).  —  Sur  les  combinaisons  anilo- 
métalliques  et  sur  la  formation  de  la 
fuchsine 268 

—  Recherches  sur  les  mercuraniles 491 

—  Recherches  sur  les  trimétalaniles 1095 

—  Théoriede  la  formation  du  rouge  d'aniline.     545 

—  Recherches  sur  les  couleurs  d'aniline 1234 

SCHLAGINTWEIT  (Herm.    de).  -  Sur  la 

distribution  de  la  température  et  les 
typesdessurfacesisothermesdansl'Inde.  1 161 
SCHOENBEIN  est  présenté  par  la  Section  de 
Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 
une  place  vacante  de  Correspondant. . .     725 

—  M.  Schcenbein  est  élu  Correspondant  de 

la  Section  de  Chimie  en  remplacement 

de  M.  Liebig,  devenu  Associé  étranger.     765 

—  M.  Schœnbein    emercie  l'Académie 824 

—  De  l'activité    catalytique  dans  les  sub- 

stances organiques;  extrait  d'une  Lettre 

à  M.  Dumas m3 

SCHRUM TER  est  présenté  par  la  Section 
de  Chimie  comme  l'un  des  candidats 
pour  la  place  de  Correspondant  vacante 
par  suite  de  la  nomination  de  M.  Liebig 
à  une  place  d'Associé  étranger 725 

SCHWARTZ.  —  Note  relative  à  la  réaction 
du  chlorure  de  benzoïle  sur  l'indigotine 
et  l'isatine io5o 

SECCHI  (le  P. (.—Remarques  sur  les  images 
photographiques  de  l'éclipsé  du  28  juil- 
let 1860  prises  à  Rivabellosa  et  au  De- 
sierto  de  las  Palmas 173 

=—  Remarques  à  l'occasion  d'une  Note  de 
M.  Broun  concernant  la  question  des 


20 


MM.  Pages, 

rapports  entre  les  variations  météorolo- 
giques et  les  perturbations  magnétiques.     755 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  DE  L'ACADÉMIE 
DES  BEAUX-ARTS  (M.  le)  transmet 
une  Lettre  concernant  l'ouvrage  de 
M.  Amerigo  Barberi,  intitulé  :  «  La 
Science  nouvelle  de  l'harmonie  des 
sons  » 486 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  DE  L'ACADÉMIE 
DES  INSCRIPTIONS  ET  BELLES-LET- 
TRES (M.  le)  invite  l'Académie  à  lui 
faire  connaître  le  nom  du  Membre  qui 
la  représentera  dans  la  Commission 
mixte  chargée  de  décerner  le  prix  de  la 
fondation  de  M.  L.  Fould 66 

SÉGUIER  est  désigné,  en  remplacement  de 
M.  Duhamel  obligé  de  s'absenter,  pour 
faire  partie  de  la  Commission  mixte  char- 
gée de  l'examen  de  l'orgue  de  Saint-Sul- 
pice 210 

—  M.  Sêguier  présente  un  compas  à  ellipse 
de  l'invention  de  M.  Carmien 43g 

SERÉ  (de).  —  Mémoire  sur  divers  instru- 
ments de  galvanocaustique 536 

SERRE  (d'Uzès)  est  présenté  par  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  au  nombre 
des  candidats  pour  deux  places  de  Cor- 
respondant successivement  vacantes. . . 
496  et    55 1 

SERRES.  —  Observation  d'une    méningite 

comateuse  sans  paralysie 244 

—  Note  sur  deux  articulations  ginglymoï- 
dales  nouvelles  existant  chez  le  Glypto- 
don,  la  première  entre  la  deuxième  et  la 
troisième  vertèbre  dorsale,  la  seconde 
entre  la  première  et  la  deuxième  pièce 
du  sternum 885 

—  Note  sur  le  développement  de  l'articula- 
tion vertébro-sternale  du  Glyptodon,  et 
les  mouvements  de  flexion  et  d'exten- 
sion de  la  tète  chez  cet  animal  fossile.. 

—  M.  Serres  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie  

SERRET.  —  Sur  l'emploi  de  la  méthode  de 
la  variation  des  arbitraires  dans  la  théo- 
rie des  mouvements  de  rotation 456 

—  M.  Serret  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  grand  prix  de  Mathématiques 
pour  i863  (question  concernant  la 
théorie  mathématique  de  la  chaleur)..     623 

—  Et  de  la  Commission  du  grand  prix  de 
Mathématiques  pour  la  même  année 
(question  concernant  la  théorie  des  po- 
lyèdres ) 683 

SERRET  (C.-J.).  — Sur  le  calcul  des  pertur- 
bations absolues  dans  les  orbites  d'une 


1028 


623 


MM.  Pages, 
excentricité  et  d'une  inclinaison  quel- 
conques       946 

SETCHENOVV.  —  Note  sur  les  modérateurs 
des  mouvements  réflexes  dans  le  cerveau 
de  la  grenouille 5o  et    i85 

SILLIMANN  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
comprendre  la  bibliothèque  du  journal 
scientifique  qu'il  publie  en  Amérique, 
dans  le  nombre  des  établissements  aux- 
quels elle  fait  don  de  ses  Comptes  rendus.       42 

SOCIÉTÉ  PHILOSOPHIQUE  AMÉRICAINE 
DE  PHILADELPHIE  (la)  remercie  l'A- 
cadémie des  Sciences  pour  l'envoi  de  ses 
plus  récentes  publications 1 106 

SOCIÉTÉ  ANTHROPOLOGIQUE  DE  LON- 
DRES (la)  prie  l'Académie  de  la  com- 
prendre parmi  les  Sociétés  auxquelles 
elle  fait  don  de  ses  publications,  et  rap- 
pelle qu'elle  a  déjà  envoyé  pour  la  biblio- 
thèque de  l'Institut  le  premier  numéro 
de  son  journal 12 19 

SOCIÉTÉ  DE  GÉOGRAPHIE  (la)  adresse 
des  billets  pour  sa  prochaine  séance  pu- 
blique      839 

SOCIÉTÉ  DES  NATURALISTES  SCANDI- 
NAVES (la)  annonce  que  sa  neuvième 
réunion  aura  lieu  du  8  au  1 5  juillet  1 863 
à  Stockholm 1 1 06 

SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET  CENTRALE  D'HOR- 
TICULTURE (la)  envoie  des  billets 
d'invitation  pour  sa  séance  du  11  juin.   1106 


(    i3ai    ) 

MM.  Pages. 

SOCIÉTÉ  LINNÉENNE  DE  NORMANDIE 
(la)  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  la 
comprendre  dans  le  nombre  des  Socié- 
tés savantes  auxquelles  elle  fait  don  de 
ses  Comptes  rendus 600 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DES  SCIENCES  D'UPSAL 
(la)  remercie  l'Académie  pour  l'envoi 
de  plusieurs  volumes  des  Mémoires  et 
des  Comptes  rendus,  et  lui  adresse  en 
retour  ses  plus  récentes  publications.. .     44° 

SOCIÉTÉ  ROYALE  DE  VICTORIA  (la)  adresse 

le  volume  V  de  ses  Transactions 537 

SORET.  —  Sur  la  production  de  l'ozone  par 
l'électrolyse,  et  sur  la  nature  de  ce 
corps. .. 3go 

SORTAIS. — Note  sur  un  télégraphe  écrivant.    627 

STEINER ,  un  des  Correspondants  de  l'Aca- 
démie pour  la  Section  de  Géométrie. 
Son  décès,  survenu  à  Berne  le  ier  avril, 
est  annoncé  par  une  Lettre  de  M.  Sidler.    697 

STERRY-HUNT.  —  Sur  la  nature  du  jade..   ia55 

STRUVE  (Otto)  est  présenté  par  la  Section 
d'Astronomie  au  nombre  des  candidats 
pour  deux  places  de  Correspondant  suc- 
cessivement vacantes 666  et    72.I 

SURINTENDANT  DU  RELEVÉ  GÉOLOGIQUE 
DE  L'INDE  (M.  le)  adresse  deux  nou- 
veaux volumes  des  publications  relatives 
à  cette  grande  opération 387 


TCHIHATCHEF  (de).  —  Note  sur  deux  nou- 
veaux genres  de  bois  fossile  recueillis 
dans  les  environs  de  Constantinople  et 
déterminés  par  M.  Unger 5i6 

TESSAN  (de)  est  désigné  par  une  Commis- 
sion spéciale  comme  l'un  des  candidats 
pour  une  place  vacante  au  Bureau  des 
Longitudes,  et  présenté  par  l'Académie 
comme  son  deuxième  candidat  pour  cette 
place 11 38  et  n5o 

TEYNARD,  qui  a  obtenu  au  concours  pour 
le  prix  Bordin  (question  des  foyers  op- 
tiques et  des  foyers  photographiques)  la 
première  des  deux  médailles  décernées, 
adresse  ses  remerciments  à  l'Académie.      41 

THENARD.  —  Note  sur  un  terrain  appelé 

vulgairement  herbue  froide 623 

—  Sur  les  matières  organiques  sulfurées  qui 

se  forment  dans  les  fumiers 832 

T1SSIER  (Ch.  ).  —  Action  de  la  magnésie 

sur  les  fluorures  alcalins 848 

TOURNIER.  —  Un  paquet  cacheté,  déposé 


par  lui  en  avril  1861  et  ouvert  sur  sa 
demande,  dans  la  séance  du  16  février 
i863,  renferme  une  Note  concernant  la 
télégraphie  électrique 3i5 

TREMBLAY.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Étude  des  questions  posées  sur  les  si- 
nistres de  mer  » 298 

TRIDAN,  écrit  par  erreur  pour 

TRIDEAU.  —  Du  copahu  et  du  styrax  comme 
spécifiques  du  croup  et  de  ladiphthérite. 
263  et    485 

TRIGER.  —  Sur  les  profils  des  chemins  de 
fer  de  l'Ouest  transformés  en  coupes 
géologiques 4»9 

TROOST.  — ■  Recherches  sur  la  densité  des 
vapeurs  à  des  températures  très-élevées. 
—  De  la  mesure  des  températures  éle- 
vées. (En  commun  avec  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville.) 891  et    977 

TULASNE  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Bordin  (question  des 
vaisseaux  du  latex  ) 7^5 


MM. 


(    l322    ) 
Pages. 


M.  Tulasneestnortaaê  Membre  de  la  Com- 
mission du  grand  prix  dos  Sciences  phy- 
siques (changements  opérés  pendant  la 
germination  dans  les  tissus  de  l'em- 
bryon et  du  périsperme) 8*4 


MM.  PnfiPS. 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  bordin 
(structure  des  tiges  des  végétaux  con- 
sidérée par  rapport  aux  familles  natu- 
relles)      868 


VAILLANT  (le  Maréchal)  présente,  au  nom 
de  M.  Martin  de  JBrettes,  un  Mémoire 
«  sur  la  similitude  des  trajectoires  des 
projectiles  oblongs  de  forme  extérieure 
semblable  » 2I  ' 

—  M.  /<•  Maréchal  Vaillant   transmet   une 

Lettre  de  M.  ) '  attcmare  accompagnant 
l'envoi  de  plusieurs  ouvrages  et  opus- 
cules destinés  à  la  bibliotheepae  de  l'In- 
stitut      869 

VAILLANT  (L.).  —  Sur  l'anatomie  de  la  si- 
rène, lacertine 839 

VAILLANT  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
lui  renvoyer  une  Note  sur  la  direction 
des  aérostats  qu'il  lui  avait  précédem- 
ment adressée 724 

VALENCIENNES.  —  Sur  un  chélonien  fos- 
sile d'un  genre  nouveau,  découvert  dans 
la  craie  du  cap  la  Hève,  par  M.  Lennier.    317 

—  Rapport    sur    une     communication    de 

MM.  Pidancct  et  Chopard,  concernant 
un  reptile  dinosaurien  découvert  à  Po- 
ligny  (Jura  ) 290 

—  M.  Valenciennes  est  nommé  Membre  de 

la  Commission  chargée  de  décerner  le 
prix  Cuvier 38 1 

VAN  TIEGHEM.  —  Sur  une  coloration  rose 
développée  dans  les  fibres  végétales, 
particulièrement  dans  celles  de  l'écorce, 
par  l'action  ménagée  des  acides 963 

VATTEMARE.  —  Lettre  à  M.  le  Maréchal 
Vaillant  annonçant  l'envoi  de  divers  ou- 
vrages destinés  a  la  Bibliothèque  de 
l'Institut 869 

VELPEAU,  Vice-Président  pendant  l'année 

1862,  passe,  aux  fonctions  de  Président.       i3 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la 

perte  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  per- 
sonne de  M.  Despretz,  l'un  de  ses  Mem- 
bres pour  la  Section  de  Physique 453 

—  M.  le  Président  entretient  l'Académie  de 

la  perte  inattendue  qu'elle  a  faite  dans 
la  personne  de  M.Mnr/aia-Tandon.  Mem- 
bre de  la  Section  de  Botanique,  décédé 
le  1  r>  avril 7*9 

—  M.  Vrlpcau  présente,  au  nom  de  M.  «- 

berlé,  une  Note  sur  deux  nouvelles  opé- 
rations d'ovariotomie i"3 


—  M.  Velpeau  est  nommé  Membre  de    la 

Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 

Chirurgie 623 

VERDET.  —  Recherches  sur  les  propriétés 
optiques  développées  dans  les  corps 
transparents  par  l'action  du  magnétisme.    63o 

—  M.  Vcrdet  est  présenté  par  la  Section  de 

Physique  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Dcspretz 919 

VÉRITÉ.  —  Sur  un  moyen  d'obtenir  un  syn- 
chronisme parfait  pour  un  nombre  quel- 
conque d'horloges  reliées  entre  elles  par 
un  lil  conducteur  de  courants  électri- 
ques      4oi  et    69; 

VERNIER  adresse  des  images  photographi- 
ques des  phases  successives  de  l'éclipsé 
partielle  de  soleil  du  17  mai  i863 1023 

VERNOIS.  —  Documents  pour  servir  à  l'his- 
toire du  choléra-morbus 778 

VERSMANN.  —  Sels  employés  pour  rendre 
ininflammable  la  fibre  végétale.  (En 
commun  avec  M.  Oppenheim.  ) 35o 

VIAL.  —  Sur  de  nouveaux  procédés  de  gra- 
vure, et  sur  la  reproduction  des  an- 
ciennes estampes 47° 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  Mcrget  sur  son  procédé  de 

gravure 777 

VIBRAYE  (de)  est  présenté  par  la  Section 
d'Économie  rurale  au  nombre  des  candi- 
dats pour  deux  places  de  Correspondant 
successivement  vacantes a3i  et    3i5 

—  M.  delihrau-  est  nommé  Correspondant 

de  la  Section  d'Économie  rurale  en  rem- 
placement de  feu  M.  Bracy-Clark 33g 

—  M.  de  fibraye  remercie  l'Académie 38i 

—  Note  sur  l'acclimatation  du  Scamna  gi- 

gantea 4"J 

—  Note  sur  les  silex  ouvrés  dans  le  dilu- 

vium  de  Loir-et-Cher 577 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  communi- 

cation de  M.  de  Qualrefaget,  sur  la 
mâchoire  humaine  d'Abbeville 861 

VICE-PRÉSIDENT  DE  L'ACADÉMIE  (M.  le). 
—  Voir  au  nom  de  M.  Marin. 

\TLLE.  —  Note  sur  la  constitution  géologi- 
que des  dunes  voisines  des  lacs  salés  du 
Sahara  algérien 44o 


(  '32'3  ) 


MM.  P''lies- 

VINCENT  DE  JOZET.  —  Exposé  des  prin- 
cipes tant  généraux  que  particuliers  de 
la  musique  moderne 1084 

VINSON.  —  Note  sur  le  ver  à  soie  de  l'am- 

brevate,  espèce  propre  à  Madagascar.. .     534 

—  Rapport  sur    ce    Mémoire  ;    Rapporteur 

M.  Blanchard 620 

YOLPICELLI.  —  Recherches  d'analyse  spec- 
trale :  Étude  du  spectre  de  diverses  sub- 
stances calcaires 493 

—  Rapports  entre  les  accumulations  électri- 

ques sur  deux  sphères  conductrices  de 
rayons  connus ,  déterminés  générale- 
ment, et  en  termes  finis 1 158 

YUILLEMENOT  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  renvoyer  à  l'examen  d'une  Com- 


MM. 


Pui;es. 


mission  un  Tableau  dans  lequel  il  a  réuni 
divers  renseignements  relatifs  au  caten- 

drier,  à  la  chronologie,  etc 5g 

VULPIAN  et  Piiilipeaux  remercient  l'Aca- 
démie, qui  a  accordé  un  encouragement 
à  leur  travail  sur  le  système  nerveux 
des  poissons  (concours  pour  le  grand 
prix  des  Sciences  physiques  de  1862).       4'^ 

—  Recherches  sur  la  réunion  bout  à  bout 

des  fibres  nerveuses  sensitives  avec  les 
fibres  nerveuses  motrices 54 

—  Note  sur  une  modification  physiologique 

qui  se  produit  dans  le  nerf  lingual  par 
suite  de  l'abolition  temporaire  de  la  mo- 
tricité dans  le  nerf  hypoglosse  du  même 
côté 1009 


w 


WANK1YN  et  Robinson.  —  Sur  la  diffusion 
des  vapeurs,  comme  moyen  de  distin- 
guer entre  les  densités  de  vapeur  appa- 
rentes et  les  densités  de  vapeur  réelles.    547 

—  Sur  les  densités   do  vapeur  de  certains 

corps 1237 

WASHINGTON  est  présenté  par  la  Section 
de  Géographie  et  Navigation  comme  l'un 
des  candidats  pour  la  place  de  Corres- 
pondant vacante  par  suite  du  décès  de 

Sir  James  Clark-Ross 856 

W1BERG.  —  Machine  à  calcul  disposée  de 

manière  à  imprimer  les  résultats 211 

—  Rapport  sur  cette  machine;  Rapporteur 

M.  Ddaunar 33o 


YVILLICil.  —  Sur  diverses  approximations 
numériques  et  sur  diverses  sections  des 
solides  dérivés  du  cube 100  et    664 

WOLF.  —  Sur  les  taches  solaires.  —  Sur  la 
période  de  l'étoile  variable  «  du  Navire 
Argo 636 

WURTZ.  —  Recherches  sur  la  formation  de 

quelques  hydrogènes  carbonés 354 

—  Sur  les  hydrates  des  hydrogènes  carbo- 

nés        7'5 

—  Sur  l'hydrate  d'amylène ;g3 

—  Action  du  chlorure  de  zinc  sur  l'alcool 

amylique u64  et  1246 


ZANTEDESCHI.  —  Sur  le  climat  de  l'Italie.    264 
ZENKER.  —  Sur  l'affection  trichinaire  chez 


l'homme 3o3 


MALLET-BACHELIER,   IMPRIMEUR-LIBRAIRE  OES  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L  ACADEMIE  DES  SCIENCES. 
PAn,«.  —  m'F  DE  SrnNF-SWIST-GERMAIN,    IO,   PRÈS  L'iNSTITUT. 


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